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Full text of "Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences"

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D&W1988 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 
DE    L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


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PARIS.  —  IMPRIMERIE  DE  MALLET-BACHELIER, 
rue  du  Jardinet ,  1 2. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 


PUBLIKS 


CONFORMÉMENT  A  UNE  DÉCISION  DE  L'ACADEMIE 

oit    3at«    3a    <3    duvXet   <i885 , 

PAR    MM.  LES    SECRÉTAIRES    PERPÉTUELS. 


TOME   TRENTE -CINQUIEME. 

JUILLET  -  DÉCEMBRE  1852 


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PARIS, 

BACHELIER,    IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DE    L'ÉCOLE    POLYTECHNIQUE,     DU    BUREAU    DES    LONGITUDES,    ETC. 

Quai  des  Augustins,  n°  55. 
1852 


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COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  5  JUILLET  1852. 

PRÉSIDENCE  DE  M.   PIOBERT. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

météorologie.  —  Sur  un  cas  de  foudre  globulaire  ;  par  M.  Cabinet. 

«  Dans  sa  Notice  sur  le  tonnerre,  insérée  dans  X  Annuaire  du  Bureau 
des  Longitudes  pour  i838,  M.  Arago  a  désigné  par  le  nom  d'éclairs  de 
troisième  classe  des  météores  fulminants  qui  diffèrent  de  la  foudre  ordi- 
naire en  plusieurs  points,  et  notamment  par  la  lenteur  de  leur  marche,  leur 
éclat  moins  éblouissant,  et  enfin  par  leur  indifférence  apparente  pour  les 
conducteurs  métalliques, que  la  foudre  ordinaire  suit  avec  tant  de  fidélité.  Je 
n'hésite  pas  à  déclarer  que  je  regarde  comme  une  véritable  découverte  l'éta- 
blissement de  toute  cette  classe  de  foudres  d'après  les  faits  historiques. 
C'est  un  grand  pas  fait  dans  la  science  de  l'électricité  météorique,  puis- 
qu'on devra  chercher  à  part  à  expliquer  et  à  reproduire  ces  curieux  phéno- 
mènes; tandis  qu'en  les  laissant  confondus  avec  les  éclairs  des  deux 
premières  classes,  ils  mettaient  en  défaut  toutes  les  théories  déduites  du 
mode  d'action  de  l'électricité  de  nos  machines.  J'ajouterai  que  ces  foudres, 
désignées  souvent,  depuis  la  Notice  de  Y  Annuaire,  par  les  noms  de  ton- 
nerre en  boule,  tonnerre  en  globe  de  feu,  foudre  globulaire,  globe  fulmi- 
nant, sont  probablement  plus  fréquentes  qu'on  ne  l'admettait  avant  leur 
découverte  par  M.  Arago,  parce  qu'autrefois  on  ne  faisait  pas  suffisamment 

C.  R.    t85a,  2">«  Semestre.  !  T.  XXXV,  N"  1.)  ' 


(  o 

attention  à  un  phénomène  non  encore  reconnu  comme  espèce  particulière. 
Probablement  encore,  dans  plusieurs  orages  électriques,  les  coups  de  fou- 
dres ordinaires  se  compliquent  de  la  présence  de  foudres  globulaires.  Enfin 
je  dirai  que,  malgré  bien  des  réflexions  sur  ce  singulier  météore,  et  bien 
des  conversations  avec  les  physiciens  les  plus  habiles  en  électricité,  je  n'ai 
imaginé  aucune  expérience  de  cabinet  qui  pût  faire  espérer  de  reproduire 
ces  phénomènes  si  extraordinaires  $  électricité  à  lente  transmission. 

»  L'objet  de  cette  Note  est  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  un  des 
cas  de  foudre  globulaire  que  l'Académie  m'avait  chargé  de  constater  il  y  a 
quelques  années,  et  qui  avait  frappé  non  en  arrivant,  mais  en  se  retirant, 
pour  ainsi  dire,  une  maison  située  rue  Saint-Jacques,  dans  le  voisinage  du 
Val-de-Grâce,  et  à  une  distance  telle,  qu'il  semblait  qu'elle  eût  dû  être 
préservée  de  tout  accident  de  ce  genre  par  le  haut  paratonnerre  qui  sur- 
monte le  dôme  de  l'église  du  Val-de-Grâce.  Voici  en  peu  de  mots  le  récit 
de  l'ouvrier  dans  la  chambre  duquel  le  tonnerre  en  boule  descendit  pour 
remonter  ensuite.  Après  un  assez  fort  coup  de  tonnerre,  mais  non  immé- 
diatement après,  cet  ouvrier,  dont  la  profession  est  celle  de  tailleur,  étant 
assis  à  côté  de  sa  table  et  finissant  de  prendre  son  repas,  vit  tout  à  coup  le 
châssis  garni  de  papier  qui  fermait  la  cheminée  s'abattre  comme  renversé 
par  un  coup  de  vent  assez  modéré,  et  un  globe  de  feu  gros  comme  la  tète 
d'un  enfant  sortir  tout  doucement  de  la  cheminée,  et  se  promener  lente- 
ment par  la  chambre  à  peu  de  hauteur  au-dessus  des  briques  du  pavé. 
L'aspect  du  globe  de  feu  était  encore,  suivant  l'ouvrier  tailleur,  celui  d'un 
jeune  chat  de  grosseur  moyenne  pelotonné  sur  lui-même  et  se  mouvant 
sans  être  porté  sur  des  pattes.  Le  globe  de  feu  était  plutôt  brillant  et  lumi- 
neux qu'il  ne  semblait  chaud  et  enflammé,  et  l'ouvrier  n'eut  aucune  sensa- 
tion de  chaleur.  Ce  globe  s'approcha  de  ses  pieds  comme  un  jeune  chat  qui 
veut  jouer  et  se  frotter  aux  jambes,  suivant  l'habitude  de  ces  animaux; 
mais  l'ouvrier  écarta  les  pieds,  et  par  plusieurs  mouvements  de  précaution, 
mais  tous  exécutés,  suivant  lui,  très-doucement,  il  évita  le  contact  du  mé- 
téore. Celui-ci  parait  être  resté  plusieurs  secondes  autour  des  pieds  de  l'ou- 
vrier assis,  qui  l'examinait  attentivement  penché  en  avant  et  au-dessus. 
Après  avoir  essayé  quelques  excursions  dans  divers  sens  sans  cependant 
quitter  le  milieu  de  la  chambre,  le  globe  de  feu  s'éleva  verticalement  à  la 
hauteur  de  la  tète  de  l'ouvrier,  qui,  pour  éviter  d'être  touché  au  visage,  et 
en  même  temps  pour  suivre  des  yeux  le  météore,  se  redressa  en  se  renver- 
sant en  arrière  sur  sa  chaise.  Arrivé  à  la  hauteur  d'environ  i  mètre  au- 
dessus  du  pavé,  le  globe  de  feu  s'allongea  un  peu  et  se  dirigea  obliquement 


vers  un  trou  percé  dans  la  cheminée  environ  à  i  mètre  au-dessus  de  la 
tablette  supérieure  de  cette  cheminée. 

»  Ce  trou  avait  servi  à  faire  passer  le  tuyau  d'un  poêle  qui  pendant 
l'hiver  avait  servi  à  l-'ouvrier.  Mais,  suivant  l'expression  de  ce  dernier,  le 
tonnerre  ne  pouvait  le  voir,  car  il  était  fermé  par  du  papier  qui  avait  été 
collé  dessus.  Le  globe  de  feu  alla  droit  à  ce  trou,  en  décolla  le  papier  sans 
l'endommager  et  remonta  dans  la  cheminée;  alors,  suivant  le  dire  du  témoin, 
après  avoir  pris  le  temps  de  remonter  le  long  de  la  cheminée  du  train  dont 
il  allait,  c'est-à-dire  assez  lentement,  le  tonnerre,  arrivé  au  haut  de  la  che- 
minée, qui  était  au  moins  à  20  mètres  du  sol  de  la  cour,  produisit  une 
explosion   épouvantable  qui  détruisit  une  partie  du  faîte  de  la    chemi- 
née  et  en    projeta  les    débris  dans  la  cour;  les  toitures   de   plusieurs 
petites  constructions  furent  enfoncées,  mais  il  n'y  eut  heureusement  aucun 
accident.  Le  logement  du  tailleur  était  au  troisième  étage  et  n'était  pas  à 
moitié  de  la  hauteur  de  la  maison;  les  étages  inférieurs  ne  furent  pas  visités 
par  la  foudre  et  les  mouvements  du  globe  foudroyant  furent  toujours  lents  et 
non  saccadés.  Son  éclat  n'était  point  éblouissant,  et  il  ne  répandait  aucune 
chaleur  sensible.  Ce  globe  ne  paraît  pas  avoir  eu  de  la  tendance  à  suivre  les 
corps  conducteurs  et  à  céder  aux  courants  d'air. 

»  Pour  terminer  ceci  et  pour  revenir  à  l'opinion  énoncée  plus  haut,  que 
dans  les  orages  il  peut  quelquefois  arriver  qu'il  y  ait  des  foudres  globulaires 
mêlées  aux  éclairs  foudroyants  ordinaires,  je  citerai  l'exemple  d'une  maison 
située  près  de  l'avenue  du  Maine,  rue  Lebouis,  qui  pendant  l'automne 
de  i85o  fut  frappée  par  un  immense  coup  foudroyant  qui  l'enveloppa  et 
laissa  partout  des  traces  de  son  passage  à  l'extéiieur.  La  couverture  était 
en  zinc  et  le  faîte  de  tous  les  murs  était  recouvert  en  métal.  De  nombreux 
tuyaux  métalliques  pour  la  conduite  des  eaux  formaient,  avec  les  toits  cou- 
verts en  métal,  un  admirable  système  de  préservation;  il  n'y  eut  intérieu- 
rement aucun  dégât,  mais,  après  le  premier  coup  de  foudre,  une  seconde 
explosion  endommagea  l'un  des  coins  du  mur  au-dessous  du  revêtement 
métallique  qui  le  couvrait  intérieurement  :  c'était  sans  doute  un  tonnerre 
en  boule  dont  les  masses  conductrices  n'avaient  point  préservé  le  mur.  Au 
reste,  le  but  de  cette  Note  étant  de  rendre  les  observateurs  attentifs  à  ces 
foudres  globulaires,  je  m'abstiendrai  ici  de  tout  essai  de  théorie  sur  les 
fulminations  électriques  ou  chimiques,  aussi  bien  que  sur  les  fusions  froides 
et  chaudes  des  métaux  foudroyés.  » 


1.  . 


(4)  .     •  . 

météorologie.  —  Note  relative  à  la  communication  faite  par  M.  Renon, 
sur  l'excès  de  la  température  moyenne  des  rivières  au-dessus  de  la 
température  moyenne'  de  V  air  ambiant  ;  par  M.  Babixet. 

«  L'observation  de  M.  Renou  [Comptes  rendus,  14  juin  i85a),  en  sup- 
posant qu'on  puisse  la  généraliser,  offre  un  fait  très-curieux  et  très-inat- 
tendu, mais  qui  se  prête,  il  me  semble,  à  une  explication  naturelle.  On  sait 
que  dans  les  pays  à  pluies  d'été  prépondérantes,  les  sources  ont  une  tem- 
pérature moyenne  supérieure  à  la  moyenne  de  l'air.  C'est  le  contraire  pour 
les  pays  à  pluies  d'hiver.  Mais  cette  différence  est  peu  de  chose.  En  Angle- 
terre, la  fréquence  et  la  continuité  des  pluies  rend  la  moyenne  tempéra- 
ture des  sources  égale  à  celle  de  l'air.  On  aurait  donc  été  tenté  de  trans- 
porter ces  notions  aux  rivières,  et  même,  en  tenant  compte  de  l'évaporation 
et  de  cette  circonstance  importante  que  la  source  des  rivières  est  toujours 
dans  une  localité  d'un  niveau  supérieur  et  partant  plus  froide,  on  était  dis- 
posé à  conclure  que  dans  une  portion  quelconque  de  leur  cours  les  rivières 
devaient  avoir  une  température  inférieure  à  celle  de  l'air  en  ce  lieu.  Ces 
causes  de  réfrigération  me  semblent  toujours  devoir  être  admises  comme 
influentes;  mais  il  est  une  cause  de  chaleur  qui  se  manifeste  en  mille  autres 
circonstances,  et  qui  semble  prédominer  ici.  Je  veux  parler  de  la  concen- 
tration et  de  l'accumulation  des  rayons  du  soleil  quand,  après  avoir  tra- 
versé à  l'état  de  chaleur  solaire  un  milieu  ou  une  atmosphère  diaphane,  ils 
se  présentent  pour  rayonner  et  sortir  au  travers  de  ce  même  milieu  à  l'état 
de  chaleur  terrestre.  Tout  le  monde  connaît  l'effet  de  l'atmosphère  pour 
élever  la  température  du  globe  au-dessus  de  ce  qu'elle  serait  sans  la  pré- 
sence de  cette  atmosphère.  On  connaît  aussi  l'expérience  de  Saussure  et 
celle  de  Sir  John  Herschel,  et  tous  les  jours  dans  nos  jardins,  nous  voyons 
une  cloche  en  verre  posée  sur  le  sol  en  plein  soleil  élever  considérablement 
la  température  du  terrain  qu'elle  recouvre  ;  car  les  rayons  solaires  introduits 
et  accumulés  ne  peuvent  plus  franchir  de  nouveau  l'enceinte  de  verre  pour 
s'échapper,  lorsqu'ils  se  sont  transformés  en  rayonnements  terrestres.  Le 
cas  observé  par  M.  Renou  me  semble  tout  à  fait  analogue  et  avoir  pour 
cause  l'introduction  sans  retour  des  rayons  solaires  dans  l'eau  de.  la  rivière 
•dont  ils  vont  frapper  le  fond,  au  travers  de  l'épaisseur  du  courant,  car  ce 
milieu  est  perméable  aux  rayons  de  chaleur  solaire,  mais  il  oppose  un 
obstacle  presque  complet  à  la  sortie  de  ces  mêmes  rayons  une  fois  qu'ils 
sont  devenus  chaleur  et  rayonnements  terrestres. 

»'  Sans  étendre  davantage  cette  Note,  je  dirai  que  l'excès  de  température 


(  5) 
des  rivières  provient  :  i°  de  ce  que  dans  l'hiver  toutes  les  sources  et  filtra- 
tions  affluentes  à  une  rivière  y  apportent  de  l'eau  à  une  température  supé- 
rieure à  celle  de  l'air;  et  i°  que  dans  l'été,  l'absorption  des  rayons  solaires 
qui  pénètrent  la  nappe  d'eau  sans  pouvoir  en  ressortir,  élève  aussi  dans' 
cette  saison  la  température  de  la  rivière.  Pour  ces  deux  causes  et  nonob- 
stant lès  causes  contraires,  on  doit  observer  un  excès  de  température  dans 
le  milieu  soumis  à  ces  influences.  Il  restera  à  examiner  si  cette  explication 
se  prête  à  toutes  les  particularités  relatives  aux  saisons,  à  la  profondeur  du 
lit,  à  son  étendue  et,  enfin,  aux  effets  connus  des  changements  d'altitude 
et  de  latitude  des  diverses  rivières  en  divers  points  de  leur  cours,  soit 
qu'elles  doivent  leur  origine  à  des  localités  marécageuses,  à  des  sources  ou 
à  des  glaciers  (i).  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Remarque  de  M.  Fave  sur  la  communication  précédente 
de  M.  Babinet,  et  extrait  d'une  Lettre  de  M.  E.  Renou. 

«  La  Note  dont  notre  savant  confrère  vient  de  donner  lecture  montre  bien 
l'importance  des  phénomènes  météorologiques  signalés  par  M.  E.  Renou, 
et  communiqués  par  moi,  en  son  nom,  à  l'Académie,  dans  une  de  ses  der- 
nières séances.  Mais  il  est  de  mon  devoir  de  dire  à  l'Académie  que  l'expli- 
cation proposée  par  M.  Babinet  n'avait  point  échappé  à  l'auteur.  M.  Renou 
a  fait  plus  encore,  il  a  suivi  et. vérifié,  par  près  de  quatre  années  d'obser- 
vations, l'action  de  la  cause  à  laquelle  il  attribue  la  surélévation  de  tempé- 
rature des  rivières,  jusque  dans  le  détail  des  variations  diurnes  de  cette 
température. 

»  J'avais  supprimé  la  partie  théorique  de  la  communication  de  M.  Renou, 
afin  de  rester  dans  les  limites  imposées  par  le  Règlement  des  Comptes 
rendus;  mais  je  puis  ici  la  rétablir,  sinon  dans  toute  son  étendue  (2),  du 
inoins  d'une  manière  assez  complète  pour  mettre  la  pensée  de  l'auteur 
dans  tout  son  jour,  en  attendant  qu'il  lui  donne  de  plus  amples  dévelop- 
pements par  la  publication  de  ses  longs  et  consciencieux  travaux  météoro- 
logiques. 


(1)  Dans  la  zone  torride,  l'effet  indiqué  dans  cette  Note  doit  être  immense  et  semble  jus- 
tifier l'expression  de  Lucain  sur  la  chaleur  des  eaux  du  Nil  au-dessus  de  l'Egypte.  Nilum 
videre  calentem.  Tous  les  amateurs  de  natation  savent  aussi  avec  quelle  rapidité  s'échauffent 
les  rivières  par  quelques  jours  de  soleil. 

(2)  Mes  papiers  ayant  été  mis  en  désordre  par  un  déménagement  récent,  je  n'yi  nu 
retrouver  dans  son  entier  la  Note  qui  m'avait  été  remise  par  M.  Renou. 


(  6  ) 

«  Quand  on  observe  le  Loir  d'une  manière  suivie,  disait  M.  Renou,  on 

»  reconnaît  que  lorsque  la  température  de  l'air  est  de  5  à  6  degrés  au- 

»  dessus  de  celle  de  la  rivière,  celle-ci  ne  s'échauffe  que  de  quelques  cen- 

•»  tièmes  de  degré  par  heure;  le  soleil  se  montre-t-il,  quand  même  l'air  est 

»  plus  froid  que  l'eau,  la  température  de  celle-ci  s'élève  de  plusieurs 

»  dixièmes.  Cette  différence  d'action  suffit  pour  faire  comprendre  l'excé- 

»  dant  de  température  indiqué  par  la  rivière. 

»  Un  autre  fait  me  paraît  bien  digne  de  remarque  :  il  arrive  très-sou- 

»  vent  que  la  température  de  l'air  étant,  par  exemple,  io  degrés,  celle  de 

»  la  rivière  1 3  degrés,  et  le  temps  couvert,  on  voit  la  température  de  la 

»  rivière  s'élever  de  plusieurs  dixièmes  de  degré  dans  la  journée  ;  on  voit 

»  donc  que  la  chaleur  solaire  traverse  assez  une  couche  épaisse  de  nuages 

»  pour  influencer  directement  la  température  de  la  rivière.  » 

paléontologie.  —  Note  sur  les  fouilles  que  l'Administration  du  Muséum 
d'Histoire  naturelle  vient  de  faire  exécuter  dans  la  colline  de 
Sansan,  département  du  Gers,  sous  la  direction  de  M.  Laurillard; 
par  M.  Duveknoy. 

«  Le  Compte  rendu  delà  séance  de  l'Académie  du  2  juin  1 85 1  renferme 
une  Lettre  (1)  que  venait  de  m'adresser  M.  Laurillard,  envoyé  à  Sansan 
par  l'Administration  du  Muséum  d'Histoire  naturelle,  pour  y  continuer  les 
fouilles  commencées  par  M.  Lartet,  dès  la  fin  de  1 834,  dans  la  colline  fos- 
silifère que  les  découvertes  de  ce  savant  paléontologiste  ont  rendue  célèbre. 
On  sait  que  cette  colline,  dont  la  superficie  est  d'environ  l\  hectares,  a  été 
acquise  au  domaine  public  par  une  loi  rendue  en  août  1847,  sur. la  pro- 
position de  M.  de  Salvandy,  alors  Ministre  de  l'Instruction  publique, 
y  compris  une  maison  construite  sur  son  sommet,  pour  la  somme  de 
5  5oo  francs  (2).  Notre  honorable  collègue  M.  Constant  Prévost  avait  sin- 
gulièrement contribué,  par  ses  démarches,  à  cette  acquisition.  Durant  une 
tournée  géologique  qu'il  avait  faite  dans  les  Pyrénées  en  1 845 ,  il  s'était 
convaincu  de  l'importance  des  découvertes  qui  pourraient  être  faites  dans 
ce  terrain  fossilifère  ;  par  celles  que  les  fouilles  faites  sous  la  direction  de 
M.  Lartet,  qui  ne  comprenaient  que  la  vingtième  partie  du  terrain  à 
explorer,  avaient  produites. 

(1)  Tome  XXXII,  page  344. 

(2)  Voir,  à  ce  sujet,  la  Notice  sur  la  colline  de  Sansan ,  par  M.  Ed.  Lartet,  année  i85i. 


(7)        . 

»  La  première  campagne  d'exploration  de  M.  Laurillard,  dont  l'Aca- 
démie connaît  déjà  une  partie  des  résultats,  par  la  Lettre  que  je  viens  de 
lui  rappeler,  qui  est  datée  du  16  mai  i85r,  s'est  terminée  à  la  fin  de  juin. 
La  seconde  moitié  du  temps  consacré  à  ces  fouilles  a  été  intéressante,  entre 
autres,  par  la  découverte  de  deux  têtes  de  Mastodontes ,  dont  la  plus  grande 
est  de  l'espèce  à  long  museau. 

»  Occupé,  encore  cette  année,  de  ces  intéressantes  recherches,  pendant 
les  trois  mois  qui  viennent  de  s'écouler,  et  par  suite  d'une  nouvelle  mission 
que  l'Administration  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  lui  avait  confiée, 
M.  Laurillard  m'a  adressé  successivement,  dans  sa  correspondance,  les 
principaux  résultats  des  fouilles  qu'il  a  fait  faire. 

»  En  attendant  un  travail  raisonné  et  comparatif  sur  les  nombreux  osse- 
ments que  ces  fouilles  ont  mis  au  jour,  je  demande  la  permission  à  l'Aca- 
démie de  lui  en  communiquer  une  indication  succincte. 

»  Ils  ne  comprennent,  à  la  vérité,  aucune  espèce  nouvelle,  à  en  juger 
du  moins  par  un  premier  aperçu;  c'est-à-dire  qui  n'ait  déjà  été  signalée, 
par  quelques-uns  de  ses  ossements,  dans  le  Catalogue  de  cette  faune  ter- 
tiaire myocène,  publié  par  M.  Lartet. 

»  Mais  des  morceaux  plus  nombreux,  plus  caractéristiques,  lèveront  les 
doutes  qui  avaient  pu  rester  dans  l'esprit  de  plusieurs  paléontologistes,  sur 
l'exacte  détermination  des  espèces  auxquelles  ces  restes  ont  appartenu. 

»  Dans  sa  Lettre  du  3  mai,  M.  Laurillard  m'écrivait  :  «  J'ai  déjà  des  mor- 
» .  ceaux  qui  ont  de  la  valeur,  entre  autres  une  tête  de  Rhinocéros  tetra- 
»  dactyle  (formant  le  genre  Aceroterium  de  M.  Kaup)  aussi  complète,  et 
»  peut  être  plus  complète  que  celle  du  Rhin,  sansaniensis ,  exposée  dans  la 
»  galerie  paléontologique  du  Muséum. 

»  J'espère  qu'elle  démontrera  aux  plus  incrédules  l'erreur  de  J'opinion 
»  de  M.  de  Blainville,  qui  regardait  le  tetradactjle  comme  la  femelle  du 
y   R.  sansaniensis. 

»  La  forme  générale  de  la  tète,  celle  des  os  du  nez  en  particulier  qui  ne 
»  portaient  pas  de  corne,  sont  très-différentes;  sans  parler  de  la  plus  grande 
»  taille  de  cette  espèce,  dont  la  tête  était  d'un  quart  plus  forte  que  celle  du 
»  sansaniensis. 

■  »  Je  pourrais  encore  citer  les  différences  que  présentent  les  dents,  dont 
»  on  n'a  pas  tenu  compte. 

»  J'ai  une  très-belle  défense  de  Mastodonte,  la  pareille,  je  crois,  de  celle 
»  de  l'année  dernière;  plusieurs  dents  molaires  également  de  Mastodontes; 
»  deux  fémurs,  un  bassin,  quelques  vertèbres,  etc.,  etc.  » 


(  8  ) 

»  La  dernière  Lettre  de  M.  Laurillard,  qui  est  du  a4  juin  dernier,  m'an- 
nonce la  fin  de  sa  seconde  campagne  d'exploration. 

»    Voici  comment  il  s'exprime  sur  ses  produits  ; 

«  J'ai  un  nombre  considérable  de  dents  de  Mastodontes  isolées,  une 
»  douzaine  de  demi-mâchoires  inférieures,  deux  bassins,  cinq  fémurs, 
»   trois  grandes  défenses  et  plusieurs  petites. 

»  Outre  ma  belle  tête  de  Rhinocéros,  j'ai  plusieurs  os  du  squelette, 
»  entre  autres  deux  bassins. 

»  J'ai  en  outre  plusieurs  os  du  Palœotherium  equinum  et  du  Macro- 
»   theriwn. 

»  Je  crois  que  nous  pourrons  essayer  de  monter  un  squelette  de  Masto- 
»  donte,  car  le  bassin  et  les  fémurs  que  j'apporte  ont  été  trouvés  sur  la 
»  même  ligne  que  la  tête,  les  omoplates  et  les  humérus  déterrés  l'année 
»  dernière;  ce  qui  me  fait  penser  que  tout  cela  fait  partie  d'un  même  sque- 
»  lette.  » 

»  Je  terminerai  ma  Note  en  ajoutant  que  ce  squelette,  une  fois  monté, 
de  Mastodonte  originaire  de  France,  sera  l'une  des  plus  instructives  et  des 
plus  intéressantes  démonstrations  des  animaux  qui  ont  vécu  dans  notre 
contrée,  bien  avant  ceux  qui  l'habitent  en  ce  moment  et,  selon  toutes  les 
données  actuelles  de  la  science,  hors  de  la  présence  et  de  la  puissance  de 
l'homme.  » 

M.  Chasles  fait  hommage  à  l'Académie  du  volume  qu'il  vient  de  publier 
sous  le  titre  de  Traité  de  Géométrie  supérieure.  Invité  par  M.  Arago, 
Secrétaire  perpétuel,  à  indiquer  succinctement  quelques  points  principaux 
par  lesquels  cet  ouvrage,  nouveau  par  le  titre,  peut  l'être  aussi  à  d'autres 
égards,  M.  Chasles  s'exprime  à  peu  près  ainsi  : 

«  Ce  qui  caractérise  essentiellement  et.  détermine  l'esprit  dans  lequel 
l'ouvrage  a  été  conçu,  c'est  ¥  uniformité  de  la  méthode,  c'est-à-dire  des  pro- 
cédés généraux  de  démonstration,  et  la  portée  de  ses  applications. 

»  Cette  méthode  donne  à.  la  Géométrie,  sous  deux  points  de  vue  diffé- 
rents, un  degré  de  généralité  et  d'abstraction  qui  rapproche  ses  conceptions 
et  sa  marche  de  celles  de  l'Analyse,  et  sous  un  troisième  point  de  vue, 
une  généralité  qui  lui  est  propre. 

»  Les  deux  premiers  points  de  vue  consistent  dans  la  généralité  dont 
sont  empreints  tous  les  résultats  de  la  Géométrie  analytique,  où  l'on  ne  fait 
acception  ni  des  différences  de  positions  relatives  des  diverses  parties  dune 
figure,  ni  des  circonstances  de  réalité  ou  d'imaginante  des  parties  qui,  dans 


(9) 
la  construction  générale  de  la  figure,  peuvent  être,  indifféremment,  réelles 
ou  imaginaires. 

»  Ce  caractère  spécifique  de  l'Analyse,  qui  manque  en  général  dans  les 
spéculations  de  la  Géométrie  pure,  se  trouve  dans  le  Traité  de  Géométrie 
supérieure. 

»  D'une  part,  on  y  fait  usage,  d'une  manière  générale  et  systématique, 
du  principe  des  signes  pour  marquer  la  direction  des  segments  et  des  an- 
gles ;  de  sorte  que  toutes  les  relations  qui  constituent  les  propriétés  d'une 
figure  s'y  trouvent  démontrées  dans  un  état  de  généralité  et  d'abstraction 
qui  permet  de  les  appliquer,  comme  en  Analyse,  à  tous  les  cas  que  peut 
présenter  la  diversité  de  position  relative  des  différentes  parties  de  la 
figure,  et  sans  lequel  ces  relations  n'exprimeraient  souvent  que  des  propo- 
sitions incomplètes. 

»  Si  cet  avantage  n'a  pas  lieu,  en  général,  dans  les  spéculations  géomé- 
triques, c'est  que  les  propositions  qui  forment,  le  plus  ordinairement,  les 
éléments  de  démonstration,  ne  comportent  pas  l'application  du  principe 
des  signes.  Telles  sont  :  la  proposition  du  carré  de  l'hypoténuse,  celle  de 
la  proportionnalité  des  côtés  homologues  dans  les  triangles  semblables,  celle 
encore  de  la  proportionnalité,  dans  tout  triangle,  des  côtés  aux  sinus  des 
angles  opposés  ;  propositions  où  il  n'y  a  point  lieu  d'appliquer  la  règle  des 
signes,  puisque  les  segments  que  l'on  y  considère  sont  formés  sur  des  lignes 
différentes,  et  les  angles  autour  de  sommets  différents. 

)>  Au  contraire,  les  procédés  de  démonstration  employés  dans  le  pré- 
sent ouvrage  s'appuient  sur  des  propositions  qui  impliquent  toujours  par 
elles-mêmes  le  principe  des  signes,  et  qui  le  conservent  et  le  transmettent 
dans  toutes  les  déductions  résultant  de  leur  combinaison  synthétique, 
comme  cela  a  lieu  en  Géométrie  analytique.  Ce  qui  fait  que  les  formules, 
ou  relations  d'angles  et  de  segments,  se  trouvent  démontrées  dans  l'état  de 
généralité  et  d'abstraction  désirable. 

»  D'une  autre  part,  au  moyen  de  certaines  propositions  qui  comportent 
des  équations  du  second  degré,  on  considère  les  imaginaires  absolument 
comme  en  Analyse  ;  c'est-à-dire  que  les  démonstrations  s'appliquent  aux 
cas  où  certaines  parties  de  la  figure  (comme,  par  exemple,  les  deux  tan- 
gentes menées  par  un  point  à  un  cercle,  ou  les  deux  points  d'intersection 
d'un  cercle  par  une  droite),  se  trouvent  imaginaires  ;  cas  dans  lesquels  les 
méthodes  ordinaires  peuvent  faire  défaut,  et  où  l'on  a  recours  au  principe 
de  continuité. 

»  On  ne  fait  pas  usage,  dans  le  présent  ouvrage,  de  ce  principe,  qui  peut 

G.  R.,  l85î.  3me  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  1.)  2 


(  M  ) 

être  d'un  secours  précieux  dans  certaines  circonstances,  mais  qui,  par 
plusieurs  raisons  indiquées  dans  la  préface,  ne  pouvait  répondre  aux  vues 
suivant  lesquelles  on  a  cru  devoir  traiter  ici  la  Géométrie. 

»  La  généralité  qu'implique  le  troisième  point  de  vue  se  rapporte  aux 
deux  genres  de  propositions  qu'il  y  a  à  distinguer  en  Géométrie  ;  savoir  : 
celles  qui  concernent  des  points,  et  celles  qui  concernent  des  droites  ;  par 
exemple,  celles  qui  concernent  les  points  d'une  Section  conique,  et  celles 
qui  concernent  les  tangentes.  Généralement,  surtout  en  Géométrie  ana- 
lytique, les  propositions  concernant  des  points  se  démontrent  plus  aisé- 
ment que  celles  qui  concernent  des  droites,  et  l'on  a  coutume  de  conclure, 
dans  beaucoup  de  cas,  celles-ci  des  premières,  par  les  méthodes  de  trans- 
formation. Dans  le  Traité  de  Géométrie  supérieure,  les  unes  et  les  autres  se 
démontrent  avec  une  égale  facilité.  Cela  provient  de  ce  que  les  propositions 
qui  constituent  la  méthode  mise  en  usage,  concernent,  au  même  titre  à  tous 
égards,  des  systèmes  de  droites  et  des  systèmes  de  points. 

»  Ces  propositions  donnent  lieu,  dans  leur  coordination  méthodique,  à 
trois  théories  distinctes,  quoique  dérivées  d'une  même  proposition  fonda- 
mentale, et  qui  se  font  suite  naturellement.  Ces  trois  théories  sont  appelées 
théories  du  rapport  anharmonique ,  des  divisions  et  desjaisceaux  homogra- 
phiques,  et  de  Yinvolution. 

»  Pour  ne  pas  abuser  des  moments  de  l'Académie,  on  n'entrera  point 
ici  dans  les  explications  qui  seraient  nécessaires  pour  donner  une  idée  de 
ces  trois  théories  et  des  causes  de  la  facilité  et  de  la  fréquence  de  leurs 
usages  dans  toutes  les  parties  de  la  Géométrie  ;  on  ne  présentera  point  non 
plus  une  analyse  des  applications  qu'on  en  a  faites  dans  le  cours  de  l'ou- 
vrage. » 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Académicien  libre  en  remplacement  de  feu  M.  le  Maréchal  Marmont,  Duc 
de  Raguse. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  48, 

M.  Bienaymé  obtient 38  suffrages.. 

M.   Vallée p/ 

M.  Dubois  (d'Amiens).    ...       i 
M.  Bienaymé,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  proclamé 
élu.    Sa   nomination   sera    soumise  à   l'approbation   du    Président   de  la 
République. 


(  I>  ) 


MEMOIRES  LUS. 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Recherches  a" hématologie  ;  par  M.  Lecanu. 
(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Thenard,  Dumas,  Andral.) 

«  Les  expériences  relatées  dans  le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  déposer 
sur  le  bureau  de  l'Académie  ont  eu  pour  objet  :  la  détermination  de  l'ori- 
gine de  la  fibrine;  la  recherche  d'un  moyen  de  débarrasser  les  globules  du 
liquide  séreux  qui  les  tient  en  suspension  dans  le  sang  vivant;  l'analyse  des 
globules  sanguins,  à  l'état  de  pureté.  En  voici  les  principaux  résultats  : 

»  i°.  Lorsqu'après  avoir  reçu  directement  dans  une  dissolution  de  sul- 
fate de  soude  saturée  à  la  température  de  -+-  \i  degrés,  le  sang  sortant  de 
la  veine  d'un  homme,  d'un  bœuf  ou  d'un  mouton,  on  fdtre  au  papier  le 
mélange  dans  lequel  les  globules  se  sont  conservés  intacts,  le  filtre  retient 
ces  globules,  tandis  qu'il  laisse  passer  un  liquide  salino-séreux  légèrement 
jaunâtre,  susceptible  de  se  maintenir  limpide  tant  que  la  putréfaction  ne 
s'en  empare  pas. 

»  Mais,  si  on  l'étend  de  sept  à  huit  fois  son  volume  d'eau,  il'  ne  tarde 
pas  à  se  prendre  en  une  masse  tremblante,  tout  à  fait  semblable  à  la  gelée 
de  pommes,  laquelle  placée  sur  une  toile  abandonne  un  liquide  chargé 
d'albumine,  s'y  convertit  en  une  sorte  de  glaire,  et  finit,  après  qu'on  l'y  a 
comprimée,  par  laisser  dans  le  tissu  de  la  fibrine  incolore,  translucide  et 
quelque  peu  nacrée,  à  la  façon  de  la  colle  de  poisson,  dite  en  lyre. 

»  Les  globules  lavés  à  l'eau  saline  n'en  fournissent,  au  contraire,  pas. 
De  cette  expérience  facile  à  répéter,  en  tout  temps  et  en  tous  lieux,  sur  des 
masses  de  sang  qui  permettent  de  remplir  de  gelées,  des  terrines,  et  d'obte- 
nir, en  une  seule  opération,  plusieurs  grammes  de  fibrine,  je  crois  pouvoir 
tirer  les  conséquences  suivantes  : 

»  La  fibrine  du  sang  spontanément  coagulé  ou  battu,  ses  analogues,  la 
couenne  inflammatoire,  les  fausses  membranes  du  croup,  etc.,  proviennent 
exclusivement  de  la  portion  liquide  du  sang  en  circulation; 

»  Les  globules  du  sang  spontanément  coagulé  ou  battu  représentent, 
sans  modification  de  composition,  les  corpuscules  rouges  du  sang  vivant 
des  animaux  des  classes  supérieures  :  à  son  tour,  le  sérum  de  l'un  et  de' 
l'autre,  plus  la  fibrine,  en  représentent  la  portion  liquide; 

»  L'apparition  de  la  couenne  inflammatoire,  dans  certaines  conditions 

2.. 


(  i»-) 

pathologiques,  peut  coïncider  avec  la  présence,  dans  le  sang,  d'une  pro- 
portion normale  de  fibrine,  pourvu  que  la  quantité  d'eau  y  ait  augmenté 
dans  un  certain  rapport. 

»  20.  Des  lavages  prolongés  et  convenablement  faits,  à  l'eau  chargée  de 
sulfate  de  soude,  débarrassent  les  globules  sanguins  du  liquide  séreux  qui 
les  avait  tenus  en  suspension  pendant  la  vie,  et  plus  tard  se  trouvait  les 
imprégner  à  la  manière  d'épongés,  les  en  débarrassent,  dis-je,  à  tel  point 
que  les  liqueurs  de  lavage  non-seulement  cessent  de  se  troubler  à  la  tem- 
pérature de  l'ébullition,  d'être  précipitées  par  l'acide  azotique,  le  bichlorure 
de  mercure,  le  tannin,  mais  encore  fournissent,  par  l'évaporation,  un 
résidu  que  la  calcination  ne  noircit  pas. 

»  Si  l'on  fait  alors  agir  l'eau  pure,  ces  globules,  qu'avait  respectés  la  dis- 
solution saline,  sont  presque  immédiatement  détruits;  l'eau  passe  au  tra- 
vers du  filtre  rouge,  de  sang,  chargée  d'hématosine,  de  matières  albumi- 
neuses  et  autres.  D'où  me  paraît  résulter,  pour  ces  globules,  la  preuve  de 
l'existence  d'enveloppes  imperméables  à  l'eau  chargée  de  sulfate  de  soude, 
par  analogie,  à  la  partie  liquide  du  sang  vivant;  incapables,  en  outre,  de 
se  déchirer  sous  l'influence  de  ces  deux  liquides,  ainsi  qu'elles  le  font  sous 
l'influence  de  l'eau  pure; 

»  De  principes  Constituants  indépendants,  et  peut-être  tous  différents 
par  leur  nature,  de  ceux  que  contient  le  liquide  qui  les  tenait  en  sus- 
pension. 

»  3°.  Les  globules  purs  contiennent  : 

»  Des  matières  extractives,  grasses,  salines,  de  l'albumine,  que  rien  ne 
distingue  de  celles  du  sérum  ;  —  de  la  globuline,  matière  albunhneuse 
particulière,  que  sa  solubilité  dans  l'alcool  à  io  degrés  bouillant,  la  pro- 
priété de  former  avec  l'eau  froide  une  dissolution  que  ne  trouble  pas  le 
sous-acétate  de  plomb,  distinguent  de  l'albumine  ordinaire,  et  qu'on  ne 
retrouve  ni  dans  le  sérum,  ni  dans  le  blanc  d'œuf  ;  —  une  matière  fibri- 
neuse,  distincte  de  la  fibrine  :  sa  disposition  en  vessie,  ou  plutôt  en  petits 
sacs  membraneux  ;  son  aspect  nacré,  rappelant  celui  des  globules  sanguins 
s'agitant  au  soleil  dans  l'eau  saline;  sa  résistance  prononcée  à  l'action  dissol- 
vante des  alcalis  caustiques,  porteraient  à  penser  qu'elle  est  la  véritable  ma- 
tière des  enveloppes;  —  de  l'hématosine,  ou  principe  colorant  particulier» 
dont  le  fer  est  l'un  des  éléments  :  elle  forme  un  peu  plus  des  j^  du  poids 
des  globules  supposés  secs;  —  de  l'eau.  La  présence  de  l'eau  dans  les  glo- 
bules du  sang,  jusqu'à  ce  jour  admise  par  simple  induction,  et  parce  qu'elle 
rendait  parfaitement  raison  des  incessantes  déformations  qui  leur    per- 


(  «3  ). 

mettent  de  se  prêter  à  toutes  les  exigences  de  la  circulation,  peut  être 
constatée  expérimentalement. 

»  En  effet,  du  moment  où  l'eau,  saturée  de  sulfate  de  soude,  permet 
d'entraîner  la  sérosité  qui  les  imprègne  sans  les  pénétrer,  sans  leur  rien 
enlever  de  leur  propre  substance,  on  sent  que  les  globules,  s'ils  contiennent 
en  réalité  de  l'eau  de  constitution,  devront,  par  la  dessiccation,  perdre  une 
quantité  d'eau  supérieure  à  celle  provenant  de  l'eau  saline  qui  se  trouvait 
les  mouiller  après  les  lavages,  et  que  fera  connaître  le  poids  du  sulfate  de 
soude  retenu  par  le  produit  de  la  dessiccation,  auquel  l'eau  l'enlèvera. 

»  En  moyenne,  les  globules  du  sang  de  bœuf  contiendraient  un  tiers  de 
leur  poids  d'eau. 

»  L'eau,  l'albumine,  les  matières  extractives,  grasses  et  salines  qu'on  y 
rencontre,  doivent  constituer,  à  l'intérieur  des  globules,  un  véritable  sérum 
hydratant,  liquéfiant  peut-être  leur  hématosine  et  leur  globuline,  de  telle 
sorte  qu'on  pourrait  se  les  représenter  comme  autant  de  petites  ampoules, 
dont  les  parois  tiendraient  en  réserve,  avec  des  principes  spéciaux,  une 
partie  de  ceux  que  contient  aussi  le  sérum  intérieur. 

»  En  confirmant  les  prévisions  de  MM.  Dumas  et  Prévost,  d'après  les- 
quels, dans  le  sang,  l'eau  existerait  tout  entière  à  l'état  de  sérum,  ce  résul- 
tat fait  disparaître  l'objection  grave  que  soulevait  leur  procédé  d'analyse. 
V  l'incontestable  facilité  d'exécution  qui  l'avait  fait  adopter  par  la  plupart 
des  expérimentateurs,  ce  procédé  joint  une  précision  qu'on  lui  avait  au 
contraire  contestée. 

»  On  devra,  toutefois,  ne  pas  oublier  que  la  différence  entre  le  poids  du 
caillot  sec  et  la  somme  des  matières  fixes  du  sérum,  représente  le  poids  des 
matériaux  spéciaux  aux  globules  (hématosine,  globuline),  et  non  plus  celui 
des  globules  eux-mêmes.  • 

»  Les  analyses  de  MM.  Dumas,  Prévost,  Denis,  And  rai,  Gavarret,  Bec- 
querel, Rodier,  Lassaigne,  Delafond,  F.  Simon  et  les  miennes,  se  trouvent 
donc  à  l'abri  d'une  cause  d'erreur  qu'eussent  rendue  profondément  regret- 
table les  importantes  conséquences  qu'en  ont  déduites  les  médecins  et  les 
physiologistes. 

»  Si  ces  nouvelles  expériences,  cette  sorte  d'anatomie  du  sang;  ont  ré- 
solu quelques-unes  des  délicates  et  difficiles  questions  que  j'abordais  ;  si,  en 
démontrant  la  justesse  des  données  qui  leur  ont  servi  de  base,  elles  font 
davantage  encore  ressortir  l'utilité  des  longs  et  consciencieux  travaux  que 
je  viens  de  rappeler,  je  m'estimerai  doublement  heureux  de  les  avoir  entre- 
prises. » 


.  (  '4  ) 

optique.  —  Mémoire  sur  les  anneaux  colorés  ;  par  M.  J.  Jami.v. 

(Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Arago,  Cauchy,  Babinet.) 

«  M.  Arago,  en  étudiant  avec  un  analyseur  la  lumière  des  anneaux  colo- 
rés réfléchis  ou  réfractés,  a  montré  qu'elle  éprouvait  des  modifications, 
aujourd'hui  trop  connues  pour  qu'il  soit  utile  de  les  rappeler.  Je  me  pro- 
pose, dans  ce  Mémoire,  d'ajouter  quelques  faits  à  ceux  découverts  par  cet 
illustre  physicien,  de  faire  voir  que  la  théorie  de  Fresnel  est  insuffisante 
pour  les  prévoir,  tandis  que  les  formules  de  M.  Cauchy  peuvent  en  donner 
une  explication  complète  ;  je  terminerai  par  l'étude  de  déformations  singu- 
lières des  anneaux  réfléchis  ou  réfractés  dans  le  voisinage  de  la  réflexion 
totale. 

»  Quand  le  plan  de  polarisation  de  la  lumière  coïncide  avec  celui  d'in- 
cidence sur  la  lame  mince,  les  lois  des  diamètres  des  anneaux  sont  celles 
que  Newton  a  fait  connaître;  mais  elles  se  modifient  notablement  quand  le 
rayon  incident  est  polarisé  perpendiculairement. 

»  Commençons  par  les  anneaux  réfléchis. 

»  Si  l'incidence  augmente  d'une  manière  continue,  et  que  nous  suppo- 
serons uniforme,  l'éclairement  général  diminue  progressivement,  et  l'on 
voit  les  diamètres  des  anneaux  augmenter  d'abord  jusqu'à  une  certaine 
limite,  y  rester  quelque  temps  stationnaires  et  diminuer  ensuite  avec  une 
grande  vitesse  jusqu'à  l'angle  de  polarisation.  A  ce  moment,  la  tache  noire 
a  disparu,  elle  a  fait  place  à  un  espace  éclairé,  chaque  anneau  obscur  a 
pris  la  place  de  l'anneau  brillant  qui  le  précédait,  et  les  interférences  en 
chaque  point  ont  été  augmentées  d'un  quart  d'ondulation  :  ce  sont  les  an- 
neaux à  centre  blanc. 

»  En  continuant  d'incliner  la  lame  mince,  l'éclairement  général  augmente 
et  le  rétrécissement  des  anneaux  se  poursuit.  Bientôt  le  premier  anneau 
obscur  Occupe  le  point  de  contact  des  verres  et  se  réduit  en  une  nouvelle 
tache  centrale;  le  second  anneau  est  devenu  le  premier,  l'ordre  de  chacun 
d'eux  a  diminué  d'une  unité,  comme  si  en  chaque  point  l'interférence  avait 
augmenté  d'une  demi-longueur  d'onde.  Quand  cette  évolution  complète 
est  terminée,  les  anneaux  restent  un  instant  stationnaires,  puis  ils  croissent 
et  reprennent  peu  à  peu  la  place  que  leur  assigne  la  théorie  ordinaire. 

»  Quand  le  rayon  incident  est  polarisé  dans  un  flan  quelconque,  on  peut 
à  volonté  produire,  dans  le  rayon  réfléchi,  ou  les  apparences  des  anneaux 


(  «5) 
à  centre  noir,  ou  celles  des  anneaux  transmis  ;   il  suffit  de  faire  .varier  la 
position  de  l'analyseur. 

»  Si  la  section  principale  de  l'analyseur  est  à  90  degrés,  on  voit  les  an- 
neaux à  centre  noir  dans  l'image  extraordinaire.  Mais  il  existe  un  autre 
azimut  de  l'analyseur,  qui  passe  par  les  valeurs  de  —  45°?  o°,  +  45" 
pour  les  incidences  normale,  principale  et  rasante,  pour  lequel  on  voit 
apparaître  des  «nneaux  parfaitement  noirs  occupant  la  place  des  anneaux 
obscurs  qu'on  voit  par  transmission. 

»  Quand  l'expérience  est  faite  sous  l'angle  de  polarisation,  on  ne  voit 
apparaître  que  ces  anneaux  à  centre  blanc.  Quand  elle  est  faite  sous  des 
incidences  ou  très-petites  ou  très-grandes,  on  voit  en  même  temps  les  deux 
systèmes  superposés,  c'est-à-dire  des  anneaux  noirs  correspondant  aux  mi- 
nimas  des  anneaux  réfléchis  et  des  anneaux  transmis. 

»  Sous  l'angle  de  polarisation,  on  voit  dans  l'image  extraordinaire  des 
apparences  très-curieuses  quand  l'analyseur  reçoit  un  mouvement  de  rota- 
tion sensiblement  uniforme,  en  passant  par  les  azimuts  go,  »8o,  270  degrés. 
La  tache  centrale  s'agrandit,  s'éclaire  à  son  centre  et  forme  un  anneau  qui 
croît  en  diamètre  en  chassant  les  autres  devant  lui  et  qui  prend  la  place  du 
premier  anneau  brillant  dans  l'azimut  de  1 80  degrés  :  puis  il  continue  à  croître 
en  même  temps  qu'une  nouvelle  tache  centrale  se  forme  en  son  milieu,  et  le 
phénomène,  ramené  à  son  état  primitif  dans  l'azimut  de  270  degrés,  éprouve 
indéfiniment  ces  transformations,  quand  on  continue  la  rotation  de  l'ana- 
lyseur; on  assiste  ainsi  à  la  production  successive  d'anneaux  qui  naissent 
au  point  de  contact,  et  qui,  en  grandissant,  poursuivent  ceux  qui  les  pré- 
cèdent et  sont  poursuivis  par  ceux  qui  les  suivent,  comme  les  ondes  qui  se 
forment  sur  la  surface  d'un  liquide  dont  on  agite  un  point. 

»  Quand  on  change  le  sens  de  la  rotation,  on  change  aussi  le  sens  du 
mouvement  des  anneaux,  qui  diminuent  au  lieu  de  croître,  et  viennent 
successivement  mourir  au  centre,  comme  si  l'on  écartait  les  deux  prismes 
entre  lesquels  ils  se  produisent. 

»  Des  phénomènes  analogues  se  présentent  dans  les  anneaux  vus  par 
transmission,  quand  on  a  polarisé  la  lumière  incidente  dans  un  plan  quel- 
conque. 

*  Quand  l'analyseur  reste  parallèle  au  prisme  polarisant,  on  voit,  dans 
l'image  extraordinaire,  des  anneaux  à  centre  noir,  avec  les  mêmes  particu- 
larités de  dispersion  qui  les  signalent  dans  le  rayon  réfléchi;  seulement,  ils 
sont  bien  plus  brillants  et  se  projettent  facilement  avec  un  admirable  éclat. 


(  i6) 

»  Il  existe  en  outre  un  autre  azimut,  dans  lequel  on  voit  les  anneaux 
transmis,  non  pas  avec  ce  caractère  douteux  et  vague  qui  les  rend  si  diffi- 
ciles à  observer,  mais  avec  autant  de  netteté  que  les  anneaux  réfléchis. 

»  Ainsi  l'on  voit  successivement  apparaître,  dans  les  anneaux  transmis, 
les  anneaux  à  centre  blanc  et  les  anneaux  à  centre  noir. 

»  Tous  ces  faits,  dont  quelques-uns  sont  inexplicables  dans  la  théorie  de 
bresnel,  peuvent  se  calculer  par  les  formules  de  M.  Cauchy. 

»  Les  phénomènes  suivants,  en  dehors  des  prévisions  de  la  théorie,  ne 
peuvent  s'expliquer  que  d'une  manière  plus  incertaine. 

»  Quand  on  produit  des  anneaux  réfléchis  entre  deux  prismes  et  qu'on 
les  éclaire  par  la  lumière  d'un  spectre,  les  anneaux  qu'on  aperçoit  ne  pré- 
sentent, sous  une  incidence  normale,  rien  de  particulier  que  leur  extrême 
netteté  ;  quand  l'inclinaison  augmente,  ils  grandissent  sans  que  les  lignes 
obscures  qui  les  composent  cessent  d'être  bien  accusées  ;  mais  elles  subissent 
une  singulière  déformation. 

»  Chaque  anneau  obscur  se  borde  d'une  frange  très-brillante  immédia- 
tement en  contact  avec  lui  ;  elle  est  extérieure  ou  sur  la  convexité  du  côté 
des  rayons  violets,  elle  est  intérieure  ou  sur  la  concavité  du  côté  des  rayons 
rouges.  On  dirait  que  l'anneau  est  en  saillie  sur  un  fond  uniforme,  qu'il 
est  éclairé  d'un  côté  et  qu'il  projette  des  ombres  de  l'autre. 

»  L'inclinaison  continuant  à  augmenter,  on  voit  naître  dans  l'espace 
brillant,  alors  très-étendu,  qui  sépare  deux  anneaux  noirs,  des  lignes  som- 
bres dues  sans  doute  à  des  interférences  d'un  autre  ordre,  qui  toutes  sont 
bordées  d'une  frange  brillante,  et  présentent  le  même  aspect  que  l'anneau 
principal.  Avec  une  lunette  destinée  à  les  grossir,  on  en  compte  jusqu'à 
cinq,  et  l'on  croirait  voir  une  série  de  petites  saillies  séparées  par  de  petits 
sillons;  mais  ces  apparences  sont  moins  accusées  que  dans  l'anneau  prin- 
cipal. Elles  gagnent  en  éclat  et  en  largeur  à  mesure  que  les  anneaux  s'éten- 
dent, et  ne  disparaissent  que  quand  on  atteint  la  réflexion  totale. 

»  Des  apparences  complémentaires  se  remarquent  dans  le  faisceau 
transmis. 

»  Je  donne,  dans  mon  Mémoire,  une  explication  de  ce  phénomène. 

»  En  augmentant  l'inclinaison  jusqu'à  une  incidence  très-voisine  de  la 
réflexion  totale,  il  arrive  un  moment  où  les  anneaux  réfléchis  et  réfractés 
sont  tellement  agrandis,  qu'ils  sortent  du  champ  de  vision.  On  voit  alors  se 
produire  un  phénomène,  dont  l'aspect  est  entièrement  différent  et  dont  la 
cause  est  fort  incertaine  ;  ce  sont  de  nouvelles  franges  d'interférences,  bril- 


(  '7) 
lantes  et  obscures,  qui  se  produisent  dans  des  épaisseurs  de  lame  mince 
trop  faibles  pour  donner  lieu  aux  anneaux  ordinaires,  et  dont  le  nombre 
est  très-considérable. 

»  Le  défaut  d'espace  ne  me  permet  pas  de  donner  de  ce  phénomène 
une  description  complète  ;  je  suis  obligé  de  renvoyer  à  mon  Mémoire,  tant 
pour  le  détail  que  pour  l'explication  de  ces  sortes  d'interférences.  » 

M.  de  Valory  lit  une  Note  sur  une  concrétion  siliceuse  dont  les  formes 
générales  et  les  dimensions  sont  à  peu  près  celles  d'une  tête  humaine. 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Élie  de  Beaumont,  Constant  Prévost.) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

électricité.  —  Lettre  de  M.  Secchi  à  M.  Arago,  datée  de  Rome  le  16 
juin  i85a,  sur  la  résistance  que  les  fds  opposent  au  courant  élec- 
trique. 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Pouillet,  Despretz. ) 

«  Je  regrette  que  nos  règlements,  vu  la  longueur  de  la  Lettre  du  P.  Sec- 
chi, ne  me  permettent  pas  de  l'insérer  dans  le  Compte  rendu;  mais  nous 
reviendrons  sur  cette  communication  aussitôt  que  les  Commissaires  nom- 
més auront  fait  leur  Rapport.  L'habile  directeur  de  l'observatoire  romain 
s'offrira  alors  aux  lecteurs  sous  un  jour  entièrement  nouveau;  ils  verront 
en  lui,  en  effet,  un  observateur  très  expérimenté  dans  les  questions  de  phy- 
sique, et  un  géomètre  au  courant  de  toutes  les  ressources  que  peut  offrir 
l'analyse  infinitésimale.  Disons  seulement  ici  que  le  but  principal  du  P.  Sec- 
chi est  d'expliquer  le  résultat  obtenu  par  M.  Despretz,  et  suivant  lequel  la 
résistance  des  fils  ne  serait  pas  proportionnelle  à  leur  longueur.  » 

MM.  Adolphe  et  Hermakn  Schlagintweit  adressent  des  déterminations 
hj psométriques  qui,  vu  leur  étendue,  ne  peuvent  être  insérées  dans  le 
Compte  rendu;  mais  nous  ne  manquerons  pas  de  revenir  sur  cet  objet  à 
l'occasion  du  Rapport  qui  doit  être  fait  prochainement  sur  l'ouvrage  éga- 
lement remarquable  au  point  de  vue  de  la  géologie,  de  la  physique  du 
globe  et  de  la  météorologie,  qu'ont  publié  en  allemand  les  deux'savants 
distingués  dont  nous  venons  d'écrire  les  noms. 

(Commission  précédemment  nommée.) 

C.  R.,   i85i,  2me  Semestre.  (T.  XXXV,  IN»  i.)  3 


(  i8  ) 

M.  M  viscii  wi)  adresse  de  nouveaux  documents  à  l'appui  de  sa  réclama- 
tion de  priorité  touchant  la  découverte  de  proportions  dosables  d'acide 
nitrique  dans  les  eaux  de  pluie.  La  Lettre  de  M.  Marchand,  suivant  le  désir 
exprimé  par  lui,  est  renvoyée  à  l'examen  de  la  Commission  qui  a  rendu 
compte  des  travaux  de  M.  Barrai. 

CHIMIE  appliquée.  —  Extraction  du  cuivre  par  l'ammoniaque; 
par  M.  Germain   Barri t.i,. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Balard.) 

«  Un  minerai  de  cuivre,  sulfuré,  pyriteux,  gris,  quelque  complexe  qu'il 
soit,  étant  donné,  en  retirer  tout  le  cuivre,  rien  que  le  cuivre,  sans  grillage 
et  en  laissant  tout  le  reste  des  minerais.  Telle  est  la  question  que  je  me  suis 
posée,  dans  l'intérêt  du  propriétaire  d'un  minerai  de  la  Calle  en  Algérie, 
que  l'on  croyait  cuivre  carbonate,  et  qui  n'était  qu'un  cuivre  gris  recouvert 
de  carbonate. 

»  Guidé  par  la  grande  affinité  du  cuivre  pour  l'oxygène  en  présence  de 
l'ammoniaque,  j'ai  tenté  d'abord  l'emploi  de  ce  réactif  :  le  succès  a  été 
complet.  Ce  minerai  mis  en  poudre,  et  placé  avec  de  l'ammoniaque  étendue 
dans  un  flacon  pouvant  contenir  en  outre  la  quantité  d'air  suffisante  pour 
fournir  au  cuivre  tout  l'oxygène  nécessaire  à  son  oxydation,  fut  agité  quel- 
ques instants,  le  flacon  étant  parfaitement  bouché;  la  coloration  dé  l'am- 
moniaque fut  instantanée,  et  l'oxygène  absorbé  produisit  un  vide  dont  il 
fut  facile  de  s'assurer  en  renversant  le  flacon  et  retirant  faiblement  le  bou- 
chon, car  l'air  rentra  vivement;  la  liqueur,  débarrassée  de  l'ammoniaque, 
laissa  l'oxyde  de  cuivre. 

»  Le  problème  était  résolu  théoriquement,  mais  il  fallait  s'assurer  si  d'au- 
tres métaux,  comme  le  zinc,  le  cobalt,  le  nickel,  l'argent,  qui  auraient  pu  s'y 
trouver,  et  dont  les  oxydes  sont  également  solubles  dans  l'ammoniaque,  ne 
se  comporteraient  pas  comme  le  cuivre.  Je  traitai  donc  de  la  même  manière 
des  combinaisons  naturelles  sulfurées  etsulfo-arsenicales  de  ces  métaux  :  l'ac- 
tion fut  nulle  ;  on  ne  retirait  donc  que  le  cuivre.  Pour  m'assurer  de  l'entière 
efficacité  de  l'action,  je  traitai  le  résidu,  que  je  supposais  épuisé  de  cuivre, 
et  je  n'obtins  pas  trace  de  coloration  rouge  par  le  prussiâte  de  potasse;  et  le 
problème  était  ainsi  complètement  résolu  comme  expérience  de  laboratoire. 

»  Ne  pouvant,  dans  une  Note  aussi  succincte,  donner  les  détails  des  dif- 
ficultés que  j'ai  dû  combattre  pour  l'application  industrielle,  je  dirai  seule- 
ment qu'après  avoir  déterminé  directement  la  proportion  d'ammoniaque 


(  '9) 
nécessaire  à  l'opération,  j'ai  trouvé  qu'il  fallait  exactement  i  équivalent  d'am- 
moniaque pour  i  de  cuivre;  comme  l'oxydation  est  produite  par  un  cou- 
rant d'air  insufflé  lentement  à  travers  le  liquide  au  milieu  duquel  le  minerai 
pulvérisé  est  maintenu  en  suspension,  j'ai  cherché  ce  qu'il  fallait  d'air  pour 
arriver  au  résultat  :  j'ai  trouvé  que  i  kilogramme  de  cuivre  demandai! 
833  décimètres  cubes  d'air. 

»  L'opération  ne  doit  pas  marcher  trop  vivement,  car  la  température 
s'élevant,  une  grande  partie  de  l'ammoniaque  serait  entraînée.  On  ne  peut 
éviter  tout  à  fait  cet  inconvénient,  au  moyen  d'une  disposition  qui  permet 
de  retrouver  cette  ammoniaque. 

»  La  dissolution  cupro-ammoniacale,  séparée  du  reste.du  minerai,  est 
soumise  à  une  distillation  convenable  pour  reprendre  l'ammoniaque  et  l'em- 
ployer aux  opérations  subséquentes;  l'oxyde  de  cuivre  s'est  alors  séparé  sous 
forme  de  paillettes  micacées,  noires,  brillantes,  qui  sont  réduites  et  fondues 
pour  avoir  le  cuivre  métallique.  J'ai  réussi  aussi  complètement  en  em- 
ployant directement  l'urine  putréfiée,  traitée  convenablement,  mais  non 
distillée. 

»  Ce  procédé  peut  être  appliqué  avantageusement  à  l'essai  de  semblables 
minerais,  et  l'on  obtient  ainsi  en  peu  de  temps  tout  le  cuivre  sous  forme  de 
culot,  en  fondant  l'oxyde  obtenu  avec  un  peu  de  charbon. 

»  Ayant  appris  par  M.  Wurtz  qu'on  venait  de  prendre  pour  l'Angleterre 
et  l'Amérique  le  brevet  que  j'ai  pris,  il  y  a  deux  ans,  pour  ce  procédé,  d'a- 
près le  conseil  de  M.  Dumas,  devant  lequel  j'avais  répété  l'expérience,  j'ai 
cru  devoir  communiquer  à  l'Académie  ce  résultat  de  recherches  faites  dans 
le  but  de  préserver  les  ouvriers  et  les  voisins  des  usines  à  cuivre  des 
dangers  résultant  souvent  des  vapeurs  produites  par  le  grillage.  » 

chimie  organique.  —  Recherches  sur  la  fermentation  gallique; 
par  M.   Robiquet. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Pelouze,  Bussy.) 

L'auteur  présente,  dans  les  termes  suivants,  le  résumé  des  recherches  qui 
font  l'objet  de  son  Mémoire  : 

«  La  noix  de  galle  contient,  en  outre  du  tannin  et  des  divers  principes 
déjà  signalés  par  les  chimistes,  de  la  pectose  et  de  la  pectase.  Ce  dernier 
ferment,  qui  y  existe  à  l'état  soluble  et  à  l'état  insoluble,  agit  à  la  fois  sur  la 
pectose  et  sur  le  tannin,  transformant  la  première  en  pectine  et  le  second 
en  acide  gallique.  La  présence  de  l'eau  et  une  température  de  a5  à  3o  de- 

3.. 


(   (Ml.) 
grés  sont  nécessaires  à  cette  réaction,  en  lous  points  semblable  aux  phé- 
nomènes ordinaires  de  fermentation. 

»  Le  tannin  éthérique  ordinaire  contient  assez  de  pectase  pour  être  trans- 
formé spontanément,  en  présence  de  l'eau,  en  acide  gallique;  mais  si  l'on  a 
soin  de  le  purifier  ou  simplement  de  faire  bouillir  quelques  minutes  ses  so- 
lutions, la  métamorphose  ne  s'accomplit  plus. 

»  La  synaptase,  le  ferment  de  bière,  l'albumine  végétale,  l'albumine 
animale,  la  légumine,  ont  une  action  fort  douteuse  sur  le  tannin,  et  retar- 
dent plutôt  qu'ils  n'accélèrent  sa  conversion  en  acide  gallique. 

»  Il  est  tout  aussi  facile  de  convertir  la  pectine  des  fruits  en  acide  pecti- 
que  au  moyen  de  la  pectase  retirée  de  la  noix  de  galle,  que  de  transformer 
le  tannin  en  acide  gallique  avec  de  la  pectase  séparée  du  suc  de  racines 
nouvelles  et  en  particulier  des  racines  de  navets. 

»  L'ensemble  des  phénomènes  observés  dans  mon  Mémoire  peut  être  dé- 
signé sous  le  nom  de  fermentation  gallique ,•  mais  il  ne  faut  pas  oublier  que 
cette  dernière  se  confond  avec  la  fermentation  pectique. 

»  Le  liquide  sirupeux  qu'on  obtient  dans  la  préparation  du  tannin  pu 
la  méthode  de  M.  Pelouze,  ne  doit  pas  être  considéré  comme  un  éther  tan- 
nique,  mais  simplement  comme  une  juxtaposition  d'eau,  de  tannin  et 
d'éther  en  proportions  très-variables  et  nullement  définies.  Il  faut,  pour  que 
cette  espèce  d'association  s'accomplisse,  réaliser  une  des  deux  conditions 
suivantes  :  ou  exposer  assez  longtemps  la  noix  de  galle  à  l'humidité  pour 
que  le  tannin  s'hydrate  directement,  puis  lixivier  avec  l'éther  non  hydraté; 
ou  employer  de  l'éther  sulfurique  lavé  contenant  assez  d'eau  pour  arriver  au 
même  résultat.  » 

M.  Trouessart,  professeur  de  physique  au  collège  de  Brest,  soumet  au 
jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  Essai  d'une  théorie 
de  la  vision. 

(Commissaires,  MM.  Arago,  Pouillel,  Babinet.) 

M.  <\\  i.i.iiiv  adresse  la  troisième  partie  de  ses  recherches  sur  le  fer. 
Dans  ce  nouveau  Mémoire,  l'auteur  traite  de  la  cémentation  que  la  Joute 
éprouve  dans  des  circonstances  variées. 

(Commissaires  précédemment  nommés:  MM.  Poncelet,  Combes,  Séguier.  ) 

M.  Nigri,  professeur  d'anatomie  à  l'Université  de  Pise,  adresse,  à  l'occa- 
sion d'une  communication  récente  de  M.  Guillon,  sur  un  calcul  urinaire 


(  *ï  ) 

formé  principalement  de  carbonate  de  chaux,  un  résumé  des  observations 
qu'il  avait  eu  occasion  de  faire  lui-même  sur  des  calculs  de  cette  nature; 
une  de  ces  concrétions,  trouvée  par  M.  Nigri  dans  la  vessie  d'un  homme  dont 
il  faisait  l'autopsie,  a  été  envoyée  par  lui  en  même  temps  que  sa  Note. 

(Commissaires  nommés  pour  la  Note  de  M.  Guillon  :  MM.  Pelouze, 

Lallemand,  Civiale.) 

M.  Mey  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  faire  examiner  par  une  Commis- 
sion un  petit  appareil  destiné  à  faciliter  l'audition,  et  que  son  inventeur, 
M.  le  Dr  Robinson,  désigne  sous  le  nom  d'Otaphone. 

(Commissaires,  MM.  Magendie,  Velpeau,  Lallemand.) 

M.  Vu  inoiexnes  est  désigné  pour  remplacer,  dans  la  Commission  chargée 
d'examiner  un  travail  de  M.  le  général  Carbucciq  sur  les  dromadaires, 
M.  de  Gasparin,  dont  l'absence  paraît  devoir  se  prolonger. 

CORRESPONDANCE. 

M.  l'Amiral  Reaufort,  directeur  du  Bureau  hydrographique,  annonce 
l'envoi  des  Cartes  marines  et  Instructions  nautiques  publiées  par  ordre  de 
l'Amirauté,  dans  le  cours  de  la  dernière  année. 

Les  Cartes  et  les  Livres  ont  été  reçus  et  sont  mentionnés  dans  le  Bulletin 
bibliographique  de  la  précédente  séance. 

météorologie.  —  Lettre  de  M.  Démidoff,  concernant  les  observations 
météorologiques  faites  par  ses  ordres  à  Nijne-Taguilsk  et  l'érection 
prochaine,  dans  le  même  lieu,  d'un  observatoire  météorologique  et 
magnétique . 

«  Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel, 
»  Par  votre  Lettre  en  date  du  19  février  dernier,  vous  avez  bien  voulu 
m'annoncer  la  nomination  par  l'Académie  d'une  Commission  chargée  d'exa- 
miner les  résultats  de  la  première  période  décennale  des  observations  météo- 
rologiques suivies  à  Nijne-Taguilsk.  Aujourd'hui,  je  viens,  Monsieur  le  Se- 
crétaire perpétuel,  vous  prier  de  porter  à  ma  connaissance  les  conséquences 
tirées  par  la  Commission  de  l'examen  auquel  elle  s'est  livrée.  Je  suis  d'au- 
tant plus  désireux  d'être  édifié  à  ce  sujet,  que  je  m'occupe  en  ce  moment 
même  de  la  fondation,  à  Nijne-Taguilsk,  d'un  observatoire  météorologique, 


aussi  complet  que  les  localités  le  pourront  permettre,  qui  sera  confié  a  des 
personnes  exercées,  et  auquel  je  compte  annexer  un  observatoire  magnéti- 
que. Vous  m'obligeriez  infiniment,  Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel,  si,  en 
me  transmettant  les  renseignements  demandés  sur  les  travaux  de  la  Commis- 
sion nommée  par  l'Académie,  vous  vouliez  bien  y  ajouter  quelques  données 
sur  les  dispositions  qu'il  conviendrait  de  prendre,  pour  imprimer  à  la  fon- 
dation de  l'observatoire  météorologique  et  magnétique  dont  il  vient  d'être 
question,  le  caractère  de  précision  désirable.  » 

(Renvoi  à  la  Commission   chargée  de  préparer  des  Instructions  pour  le 
voyage  scientifique  de  M.  Démidoff.) 

M.  Letellier  (de  Batignolles)  écrit  à  l'Académie  pour  lui  soumettre  une 
idée  qu'il  croit  neuve ,  et  qui  consisterait  à  élever  dans  les  airs,  en  temps 
d'orage,  un  ballon  captif  recouvert  de  plusieurs  plaques  métalliques  et  en 
communication  avec  le  sol  à  laide  d  une  corde  conductrice. 

M.  Letellier  verra  lui-même,  par  les  passages  suivants  empruntés  à 
Y  Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes  de  i838,  qu'aucune  suite  ne  pouvait 
être  donnée  à  sa  communication. 

«  La  propriété  des  paratonnerres,  à  laquelle  nous  venons  de  consacrer 
»  tant  de  pages,  est  d'autant  plus  développée  que  leur  tige  a  plus  de  hau- 
»  teur.  Rien  ne  le  prouve  mieux  que  les  nombreuses  expériences  faites 
»  avec  des  cerfs-volants,  et,  dans  ce  genre,  rien  n'a  approché  des  résul- 
»   tats  obtenus  à  Nérac  par  notre  compatriote  de  Romas. 

»  Cet  intrépide  physicien  lança  dans  les  airs,  à  des  hauteurs  de  i  oO  à 
»  160  mètres  (4  à  5oo  pieds),  un  cerf- volant  dont  la  corde  était,  comme 
»  les  grosses  cordes  de  violon,  entourée  d'un  fil  métallique.  Pendant  un 
»  orage  très-médiocre,  à  peine  accompagné  de  quelques  légers  coups  de 
»  tonnerre,  Romas  tira  de  l'extrémité  inférieure  de  la  corde  de  son  appa- 
»  reil,  non  plus  de  simples  étincelles,  mais  des  lames  de  feu  de  3  mètres 
»  à  3  mètres  un  quart  (9  à  10  pieds)  de  longueur.  Ces  lames  faisaient 
»  autant  de  bruit  qu'un  coup  de  pistolet.  En  moins  d'une  heure  Romas  en 
»  tira  trente,  sans  compter  un  millier  d'autres  de  la  longueur  de  1  mètres  un 
»  quart  (7  pieds)  et  au  dessous! 

»  Le  physicien  de  Nérac  remarqua  plusieurs  fois  que,  pendant  la  durée 
»  de  ses  expériences,  les  éclairs  et  le  tonnerre  cessaient  totalement.  Le 
»  docteur  Lining,  de  Charlestown,  et  M.  Charles,  quoique  ayant  opéré 
»  moins  en  grand,  transformèrent  aussi  des  nuages  orageux  en  nuages 
»  ordinaires. 


(  «3) 

»  Ces  observations  ouvraient  une  large  et  brillante  carrière,  dans  laquelle 
»  il  est  regrettable  que  l'on  ne  soit  pas  entré.  La  formation  de  la  grêle 
»  semble  incontestablement  liée  à  la  présence  dans  les  nuages  d'une  abon- 
»  dante  quantité  de  matière  fulminante.  Soutirez  cette  matière,  et  la  grêle 
»  ne  naîtra  point,  ou  bien  elle  restera  à  l'état  rudimentaire,  et  vous  né  verrez 
»  plus  tomber  sur  la  terre  que  du  grésil  inoffensif.  Doute-t-on  des  grands 
»  avantages  que  l'agriculture  retirerait  dans  certains  pays  de  la  disparition 
«  des  orages  à  grêle?  Voici  ma  réponse  :  En  1764,  un  habitant  éclairé  du 
»  midi  de  la  France  écrivait  ces  lignes  dans  l'Encyclopédie  :  «  Il  n'y  a  pas 
»  d'année  où  la  grêle  ne  ravage  la  moitié,  quelquefois  les  trois  quarts  des 
»  diocèses  de  Rieux,  Comminges ,  Couserans ,  Auch.  et  Lombez.  »  Le  seul 
»  orage  du  i3  juillet  1788,  frappa  en  France  mille  trente-neuf  communes. 
»  Une  enquête  officielle  porta  le  dégât  à  25  millions  de  francs! 

»  Je  sais  très-bien  que  la  manœuvre  du  cerf-volant  n'est  pas  exempte 
»  de  danger;  que  l'orage  naît,  se  développe,  se  fortifie  par  un  temps 
»  généralement  calme  ;  que  le  vent  à  l'aide  duquel  l'appareil  pourrait  être 
»  lancé  dans  les  airs  ne  commence  qu'au  moment  où  la  pluie  et  la  grêle 
»  tombent  déjà ,  etc.  Aussi  n'est-ce  pas  de  cerfs- volants  qu'on  devrait , 
»  suivant  moi,  se  servir.  Je  voudrais  qu'on  employât  des  aérostats  cap- 
»  tifs,  pour  cette  grande  et  belle  expérience;  je  voudrais  qu'on  les  fit 
»  monter  beaucoup  plus  haut  que  les  cerfs-volants  de  Romas.  Si  en  dépas- 
»  sant  d'une  centaine  de  mètres  la  couche  atmosphérique  où  s'arrêtent 
»  ordinairement  les  extrémités  des  paratonnerres,  de  petites  aigrettes 
»  deviennent  des  langues  de  feu  de  3  à  4  mètres  de  long,  que  n'arriverait-il 
»  pas  lorsque  tout  le  système,  suivant  les  circonstances,  s'étant  élevé  trois, 

»   quatre, ,  dix  fois  plus,  irait  presque  affleurer  la  surface  inférieure  des 

»  nuées;  lorsque  aussi,  et  cette  particularité  a  de  l'importance,  la  pointe 
»  métallique  soutirante  qui  serait  en  communication  avec  la  longue  corde 
»  semi-métallique  faisant  fonction  de  conducteur,  étant  fixée  vers  la  partie 
»  supérieure  du  ballon,  se  présenterait  aux  nuages  à  peu  près  verticalement 
»  ou  dans  la  position  d'un  paratonnerre  ordinaire.  Il  n'y  a  rien  de  trop 
»  hasardé  à  supposer  que,  par  ce  système,  on  parviendrait  à  faire  avorter 
»  les  plus  forts  orages.  En  tous  cas,  une  expérience  qui  intéresse  si  direc- 
»  tement  la  science  et  la  richesse  agricole  du  Royaume,  mérite  d'être  tentée. 
»  Si  l'on  se  servait  de  ballons  de  dimensions  médiocres,  la  dépense  serait 
»  certainement  inférieure  à  celle  de  tant  de  décharges  de  boîtes,  de  canons, 
»  que  s'imposent  aujourd'hui,  sans  aucun  fruit,  les  pays  de  vignobles.  » 


(  m 

météorologie.  —  Faits  observés  à  la  station  de  Beuzeville  pendant  l'orage 
du  1 7  mai.  (  Lettre  de  M.  de  Lai, a m>f.  en  réponse  à  une  demande  de 
renseignements  adressée,  an  nom  de  l'Académie,  par  MM.  les  Secrétaires 
perpétuels.  ) 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  les  résultats  de  l'enquête  faite,  à  votre 
intention,  à  Beuzeville  et  dans  les  environs,  pour  connaître  les  principaux 
incidents  de  l'orage  qui  a  éclaté  sur  notre  chemin  de  fer,  pendant  la  journée 
•  lu  17  du  mois  dernier. 

»  Le  17  mai  au  soir,  im  peu  avant  le  départ  du  train  mixte  n°  iS  des- 
cendant, à  5  heures  et  quelques  minutes,  un  violent  orage  ayant  en  lieu  au 
Havre,  les  postes  télégraphiques  de  Beuzeville  (poteau  kil.  202k,222,P.) 
(distance  de  Paris),  Barentin  (i58k,724,  P-)  et  Malaunay  (i48k,875,  P.), 
reçurent  immédiatement  avis  de  celui  du  Havre  (228k,oo3,  P.),  qu'il  mettait 
le  fil  de  la  ligne  en  communication  avec  la  terre,  et  qu'ils  eussent  à  s'éta- 
hlir,  de  leur  côté,  sur  la  communication  directe.  Cet  avis  fut-il  mal  donne 
du  Havre,  ou  bien,  chose  plus  probable  (1),  a-t-il  été  négligé  ou  mal  inter- 
prété à  Beuzeville?  Voilà  ce  qu'il  importerait  desavoir  au  juste  pour  éclairer 
la  question,  et  malheureusement  ce  que  je  ne  saurais  dire. 

»  Je  vais  vous  exposer  tout  simplement,  Messieurs,  les  incidents  atmo- 
sphériques tels  qu'ils  m'ont  été  racontés  par  un  spectateur  auquel  j'accorde 
toute  confiance,  ou  mieux  encore,  je  laisserai  parler  M.  Maillot,  chef  de  la 
station  de  Beuzeville,  ancien  garde  général  des  Forêts,  homme  mûr,  d'un 
grand  sens,  de  beaucoup  de  jugement,  et  incapable  de  s'effrayer  sans  sujet: 
«  Après  avoir  laissé  ma  femme  en  mon  lieu  et  place  au  poste  du  télé- 
»  graphe  (</),  j'étais  allé  de  l'autre  côté  de  la  voie  montante  (H  M),  auprès 
»  du  hangar  des  marchandises,  pour  hâter  le  chargement  d'un  wagon  de 
»  plâtre  qui  devait  être  annexé,  à  6h  18"1,  au  train  mixte  n°  18  montant; 
»  tandis  que  l'expéditeur  (2)  m'exprimait  le  regret  de  n'avoir,  pour  recou- 
«  vrir  sa  marchandise,  que  de  la  paille  seulement  et  point  de  bâche,  je  vis 
»  s'avancer  dans  l'air,  en  face  de  nous,  dans  la  direction  sud-est,  un  globe 
»  lumineux  (C  B  E)  (3)  que  je  lui  fis  remarquer  en  appelant  instinctivement 

(1)  Le  poste  télégraphique  de  Beuzeville  n'a  point  d'agent  spécial;  c'est  le  chef  de  la  sta- 
tion qui  cumule  le  service  télégraphique  avec  celui  de  l'exploitation  commerciale. 

(a)  Heuzé,  Jean,  cultivateur  de  la  commune  de  Bretteville. 

(3)  Lequel  ressemblait,  dit  toujours  M.  Maillot,  à  ces  bombes  d'artifice  dont  on  se  sert 
dant  les  combats  simulés. 


(  i5  )     .. 

»  à  haute  voix  un  des  facteurs  de  ma  gare  (i)  pour  le  faire  jouir  de  ce  spec* 
»  tacle.  Grâce  à  mon  avis  instantané,  cet  homme  a  vu,  aussi  bien  que  Heuzé 
»  et  moi,  cette  bombe  lumineuse,  que  nous  nous  attendions  à  voir  passer 
»  sur  nos  tètes,  s'arrêter  et  disparaître  subitement,  au  moment  où  elle  se 
»  trouvait  au-dessus  des  fils  du  télégraphe  (  a  ),  à  20  mètres  de  nous  environ. 
»  Le  tonnerre,  en  même  temps,  tombait  dans  le  cimetière  de  Beuzeville  (3), 
»  comme  nous  l'apprîmes  plus  tard;  ce  qui  me  porterait  à  croire  que  l'espèce 
»  de  zigzag  qui  semblait  pousser  vers  nous  le  globe  lumineux,  n'était  autre 
«  que  la  foudre.  Quelques  roulements  de  tonnerre  avaient  précédé  le  phé* 
»  nomène  électrique;  il  fut  suivi  d'une  forte  pluie  qui  dura  au  plus  dix  mi- 
»  nutes,  mais  l'orage  fut  ensuite  s'abattre  avec  plus  de  violence  sur  Cri- 
»  quetot-lès-Nesval,  où  la  grêle  causa  de  grands,  dégâts.  » 

»  Madame  Maillot,  laissée  comme  il  est  dit  plus  haut,  au  poste  télégra- 
phique, m'a  raconté  de  son  côté  ce  qui  s'était  passé  en  cet  endroit  dans  le 
moment  même  où  elle  entendait  son  mari  appeler  llilaire. 

»  Il  y  a  eu,  au  dire  de  cette  dame,  de  grandes  perturbations  dans  l'ap- 
pareil Breguet,  placé  derrière  elle  à  1  mètre  au  plus  de  distance;  s'étant 
subitement  retournée  au  bruit  étrange  d'un  cliquetis  qui  lui  semblait  venir 
du  manipulateur  où  aboutissent  les  fils,  elle  vit  très-distinctement  de  nom- 
breuses étincelles  sortir  d'un  petit  trou,  espèce  de  lumière  ménagée  sur  le 
manipulateur,  à  la  base  du  tourniquet  ;  elle  m'a  montré  aussi  une  vis  ser- 
vant à  fixer  le  fil  de  laiton  pénétrant  dans  la  boussole,  vis  qu'elle  prétend 
avoir  été  déplacée  par  la  force  de  la  commotion,  ce  que  je  comprends  d'au* 
tant  moins  que  l'appareil  était  disposé  de  manière  à  renvoyer  en  terre  les 
courants  électriques  (4). 

(1)  Hilaire,  Auguste,  agent  de  la  Compagnie  du  chemin  de  fer,  chargeur  à  la  station  de 
Beuzeville. 

(  2  )  Trois  fils  correspondent  de  Paris  au  Havre  ;  deux  appartiennent  à  la  Direction  géné- 
rale des  Télégraphes;  le  troisième  est  exclusivement  au  service  de  la  Compagnie. 

(  3  )  Le  cimetière  de  la  commune  de  Beuzeville  est  à  2  kilomètres  environ  de  la  station  du 
chemin  de  fer,  au  sud-est. 

(4  )  H  est  à  remarquer  que  le  poste  télégraphique  de  Beuzeville ,  comme  simple  intermédiaire, 
est  dépourvu  de  paratonnerre,  et  qu'il  doit  par  conséquent,  dans  le  cas  d'orage,  se  mettre  en 
communication  directe;  tandis  que  les  postes  extrêmes  et  celui  de  Rouen  se  mettent,  de  leur 
côté,  en  communication  avec  la  terre.  Lors  de  mon  enquête,  pendant  mes  investigations  à  la 
station  de  Beuzeville ,  j'ai  de  plus  remarqué,  non  sans  étonnement,  que  le  fil  conducteur  à  la 
terre  est  placé  à  portée  de  la  main  ,  suivant  l'angle  du  bâtiment  depuis  le  haut  du  mur  jusqu'en 
bas,  de  manière  à  pouvoir  très-facilement  subir  de  la  malveillance  ou  de  la  sottise  une  solution 
de  continuité,  qui  causerait  de  graves  accidents  au  moment  où  surviendrait  l'orage. 
C.  K.,  i85a,  i">*  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  ^.  4 


•      (*6) 

»  N'est-il  pas  à  croire  plutôt,  Messieurs,  que  fonctionnant  en  l'absence  de 
son  mari,  madame  Maillot,  par  une  fausse  manœuvre,  se  sera  remise  sans  le 
vouloir  en  communication,  ou  qu'elle  se  sera  trouvée,  sans  le  savoir  peut- 
être,  avoir,  en  ce  moment,  les  commutateurs  auxquels  sont  adaptés  les  fils  de 
la  ligne,  en  communication  avec  l'appareil  récepteur  ?  Cette  hypothèse  don- 
nerait à  penser  que  lorsque  le  tonnerre  est  tombé  dans  le  cimetière  de  Beu- 
zeville, à  a  kilomètres  de  la  station,  le  fluide  a  joint  le  fil,  s'est  introduit 
dans  le  bâtiment,  a  suivi  la  série  des  fils  qui  communiquent  de  la  ligne  à 
la  boussole,  de  la  boussole  au  manipulateur,  du  manipulateur  au  récepteur, 
et  est  ressorti  de  ce  dernier  pour  retourner  au  manipulateur  et  aller  de  là 
se  perdre  en  terre  (7).  Ce  circuit  du  fluide  accepté,  on  conçoit  jusqu  a  un 
certain  point  les  étincelles  remarquées  à  la  boussole,  à  l'aiguille  du  récep- 
teur et  au  pivot  du  manipulateur;  encore,  pour  admettre  que  ce  dernier  ait 
produit  des  étincelles,  faut-il  supposer  que  la  manivelle  avait  été  mise  en 
mouvement  ou  avait  reçu  une  forte  secousse,  puisque  le  manipulateur  com- 
munique directement  avec  la  terre  au  moyen  des  fils  métalliques  incrustés 
dans  le  bois. 

»  Quant  au  cliquetis  entendu  par  madame  Maillot,  il  a  dû  être  produit  par 
l'appareil  récepteur,  dont  l'aiguille  à  chaque  éclair  prononcé  avance  d'un 
ou  plusieurs  contacts,  et  pourrait  même,  dans  la  circonstance  de  Beuzeville, 
avoir  produit  un  mouvement  de  rotation  assez  prolongé. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  Messieurs,  mon  faible  entendement  se  refuse  à  croire 
que  le  dérangement  qui  a  existé  dans  l'appareil  de  Beuzeville  puisse  être 
attribué  à  la  défection  de  lavis  de  la  boussole  dont  il  est  question  plus  haut; 
je  serais  au  contraire  d'autant  plus  porté  à  croire  que  le  dérangement  était 
au  manipulateur,  que  des  renseignements  positifs  puisés  à  d'autres  sources  (  1  ) 
m'ont  prouvé  que  le  dérangement  subsistait  encore  le  lendemain  1 8  mai 
à  8  heures  du  soir,  alors  même  que  la  boussole  avait  été  remise  dans  son 
état  normal. 

»  Après  avoir  constaté  de  mon  mieux,  d'après  le  témoignage  de  quatre 
spectateurs  dignes  de  foi  (2),  les  incidents  principaux  du  phénomène  attno- 

(1)  Ce  renseignement  me  vient  du  poste  de  la  station  de  Barentin. 

(2)  i°.  M.  Maillot,  chef  de  la  station  de  Beuzeville,  âgé  de  quarante-cinq  ans; 
20.   Heuzé,  cultivateur  de  la  commune  de  Bretteville,  trente-huit  ans  ; 

3".  Hilaire,  agent  de  la  Compagnie  (vingt-sept  ans),  chargeur  à  la  Gare  des  mar- 
chandises ; 

4°.  Mademoiselle  Trichet,  âgée  de  dix-huit  ans,  fille  du  chef  de  la  station  de  ÎNointot,  sur 
la  même  ligne. 


(  *7) 
sphérique  qui  a  été  de  ma  part,  et  à  votre  intention,  l'objet  d'une  enquête 
presque  judiciaire,  je  n'oserais  hasarder  la  moindre  réflexion  touchant  le 
prodigieux  globe  lumineux  qui,  poussé  par  la  foudre  le  17  mai  i852, 
dans  une  direction  sud-est,  est  venu  s'abattre  et  disparaître  subitement  sur 
les  fils  télégraphiques  de  la  station  de  Beuzeville. 
»  Présentement,  c'est  à  la  science  à  dire  son  mot.  » 

chimie.  —  Recherches  sur  les  sulfures  décomposables  par  Veau; 
par  M.  E.  Fremy.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Le  but  de  ce  travail  est  de  faire  connaître  la  production  et  les  princi- 
pales propriétés  d'une  classe  de  sulfures  fort  peu  examinés  jusqu'à  présent, 
et  dont  l'étude  intéresse  à  la  fois  la  chimie  et  la  géologie,  parce  qu'elle  doit 
jeter  quelque  jour  sur  la  formation  des  eaux  minérales. 

»  Lorsqu'on  envisage  l'action  de  l'eau  sur  les  sulfures,  on  reconnaît  que 
ces  composés  peuvent  être  partagés  en  trois  classes.  La  première  comprend 
les  sulfures  alcalins  et  alcalino-terreux  qui  se  dissolvent  dans  l'eau  ;  la  se- 
conde est  formée  par  les  sulfures  insolubles ,  la  troisième  se  compose  des 
sulfures  de  bore ,  de  silicium ,  de  magnésium  et  d'aluminium  qui  sont  dé- 
composés par  l'eau  :  ces  derniers  sulfures  sont  à  peine  connus,  parce  que 
leur  préparation  présentait  jusqu'à  présent  de  grandes  difficultés. 

«  L'étude  de  ces  corps  offre  cependant  un  véritable  intérêt ,  car  l'action 
que  l'eau  exerce  sur  eux  permet  d'expliquer  les  phénomènes  principaux  qui 
accompagnent  la  production  des  sources  sulfureuses. 

»  Pour  étudier  d'une  manière  complète  toutes  les  questions  qui  se  ratta- 
chent à  la  décomposition  des  sulfures  par  l'eau ,  je  me  suis  appliqué  d'abord 
à  trouver  une  méthode  qui  me  permît  de  préparer  facilement  tous  les  sul- 
fures :  c'est  cette  méthode  que  je  vais  d'abord  faire  connaître. 

»  On  sait  que  le  soufre  n'exerce  aucune  action  sur  la  silice ,  l'acide  bori- 
que, la  magnésie  et  l'alumine;  j'ai  pensé  qu'il  serait  peut-être  possible  de 
remplacer  dans  ces  corps  l'oxygène  par  du  soufre,  en  faisant  intervenir  une 
seconde  affinité  comme  celle  du  carbone  pour  l'oxygène.  Ces  décomposi- 
tions produites  par  deux  affinités,  sont  fréquentes  en  chimie;  et  dans  des 
expériences  encore  inédites  sur  les  fluorures,  j'avais  déjà  vu  le  sulfure  de 
carbone  décomposer  complètement  le  fluorure  de  calcium  mélangé  à  la  si- 
lice pour  produire  du  sulfure  de  calcium;  je  devais  donc  présumer  que  le 
sulfure  de  carbone,  agissant  par  ses  deux  éléments  sur  les  oxydes  précé- 

4- 


(  *8  ) 

dents,  enlèverait  l'oxygène  au  moyen  du  carbone  qu'il  contient  et  forme- 
rait en  même  temps  des  sulfures  :  l'expérience  est  venue  confirmer  cette 
prévision. 

»  J'ai  obtenu  en  effet  les  sulfures  de  bore,  de  silicium,  de  magnésium 
et  d'aluminium  en  soumettant  à  l'action  du  sulfure  de  carbone,  sous  l'in- 
fluence d'une  température  élevée ,  l'acide  borique ,  la  silice ,  la  magnésie  et 
l'alumine.  Pour  rendre  cette  réaction  plus  facile  et  pour  soustraire  le  sul- 
fure à  l'action  décomposante  des  alcalis  contenus  dans  les  tubes  de  porce- 
laine ,  il  est  quelquefois  utile  de  mélanger  les  oxydes  à  réduire  avec  du 
charbon  et  de  former  des  boulettes  qui  ressemblent  à  celles  qui  sont  em- 
ployées dans  la  préparation  du  chlorure  de  silicium. 

»  Je  me  suis  assuré  par  l'analyse  que  ces  sulfures  correspondent  aux 
oxydes  qui  les  ont  produits. 

»  Je  dirai  maintenant  quelques  mots  des  sulfures  qui  ont  été  obtenus 
par  la  méthode  que  je  viens  de  faire  connaître. 

»  J^e  sulfure  de  silicium  avait  été  produit  en  petite  quantité  par  Berzelius 
dans  la  réaction  du  soufre  sur  le  silicium,  et  par  M.  Pierre  dans  la  décom- 
position du  chlorure  de  silicium  par  l'acide  suif  hydrique. 

»  J'ai  formé  ce  corps  avec  la  plus  grande  facilité  en  faisant  passer  de  la 
vapeur  de  sulfure  de  carbone  sur  des  boulettes  de  charbon  et  de  silice  gé- 
latineuse qui  sont  placées  dans  un  tube  de  porcelaine  que  l'on  porte  au 
rouge  vif.  Le  sulfure  de  silicium  se  condense  dans  le  tube  et  se  présente 
alops  en  belles  aiguilles  soyeuses  et  blanches  qui  sont  peu  volatiles,  mais 
faciles  à  entraîner  par  des  vapeurs. 

»  Pour  démontrer  tout  l'intérêt  qui  s'attache  à  l'étude  de  ce  corps ,  il 
suffira  de  citer  ici  deux  de  ses  réactions.  Lorsqu'on  chauffe  du  sulfure  de 
silicium  dans  un  courant  d'air  humide,  il  se  décompose  et  forme  des  cris- 
taux soyeux  de  silice  anhydre;  il  est  évident  qu'on  peut  expliquer,  au 
moven  de  cette  expérience ,  la  production  naturelle  de  certains  cristaux 
filamenteux  de  silice. 

>'  Le  sulfure  de  silicium  mis  en  présence  de  l'eau  donne,  comme  on  le 
sait ,  un  vif  dégagement  d'acide  sulfhydrique  et  de  la  silice  qui  reste  entiè- 
rement en  dissolution  dans  l'eau  et  ne  se  dépose  que  lorsqu'on  évapore  la 
liqueur  :  il  est  impossible  de  ne  pas  rapprocher  cette  propriété  curieuse  du 
sulfure  de  silicium  ,  des  circonstances  naturelles  dans  lesquelles  se  forment 
certaines  eaux  minérales  et  quelques  incrustations  siliceuses. 

»  Comme  le  sulfure  de  silicium  se  produit  probablement  dans  tous  les 


(  *9) 
cas  où  la  silice  se  trouve  soumise  à  la  double  action  d'un  composé  binaire, 
qui  lui  cède  du  soufre  et  s'empare  eu  même  temps  de  son  oxygène,  ce  sul- 
fure n'est  peut-être  pas  aussi  rare  qu'on  le  pensait  jusqu'à  présent;  et  en 
admettant  sa  présence  dans  les  terrains  qui  produisent  les  sources  sulfu- 
reuses,  on  expliquerait  l'existence  simultanée  de  la  silice  et  de  l'acide  sulfhy- 
drique  dans  les  principales  eaux  sulfureuses  :  cette  hypothèse  se  trouve  en. 
quelque  sorte  confirmée  par  les  intéressantes  observations  de  M.  Descloi- 
zeaux,  qui  démontrent  que  les  eaux  siliceuses  des  Geysers  d'Islande  contien- 
nent une  quantité  notable  d'acide  sulfhydrique. 

»  Je  me  contente  de  soumettre  ces  considérations  aux  géologues,  et  de 
leur  faire  remarquer  qu'en  expliquant  la  formation  des  eaux  sulfureuses  et 
siliceuses  par  la  décomposition  du  sulfure  de  silicium ,  je  ne  fais  que  don- 
ner de  l'extension  à  la  théorie  ingénieuse  proposée  par  M.  Dumas  pour  ren- 
dre compte  de  la  formation  de  l'acide  borique. 

»  Les  sulfures  de  bore  et  d'aluminium  ont  été  produits  comme  le  sulfure 
de  silicium  et  sont  également  décomposés  par  l'eau. 

»  J'ai  obtenu  le  sulfure  de  magnésium  en  faisant  passer  du  sulfure  de 
carbone  sur  de  la  magnésie  pure;  dans  ce  cas,  la  présence  du  charbon  ne 
parait  pas  utile  :  ce  sulfure  est  cristallisable  et  soluble  dans  l'eau  froide; 
lorsque  sa  dissolution  est  conservée  à  la  température  ordinaire,  elle  ne 
dégage  que  très-lentement  de  l'acide  sulfhydrique  ;  mais  lorsqu'elle  est 
portée  à  l'ébullition,  elle  produit  alors  une  vive  effervescence  d'acide  sulf- 
hydrique en  laissant  déposer  aussitôt  de  la  magnésie. 

»  Tel  est  le  résumé  de  mes  premières  observations  sur  les  sulfures  dé- 
composables  par  l'eau,  et  qui  doivent,  selon  moi,  jouer  un  certain  rôle  dans 
la  production  des  eaux  minérales;  je  suis  persuadé  que  ces  composés  seront 
employés  dorénavant  par  les  chimistes  pour  former  de  nouveaux  corps  sul- 
furés. Je  continue  mes  expériences  sur  cette  classe  intéressante  de  sulfures* 
et  je  m'empresserai  de  communiquer  à  l'Académie  la  suite  de  mon  travail 
si  les  résultats  que  j'obtiens  me  paraissent  dignes  de  son  attention. 

»  Je  me  fais  un  devoir  de  reconnaître  ici  que  dans  mes  recherches  sur 
les  sulfures,  je  suis  aidé  avec  le  plus  grand  zèle  par  un  jeune  chimiste, 
M.  Boutmy.  » 

chimie  appliquée.  —  Méthode  pour  obtenir  des  épreuves  positives,  directes, 
sur  glace;  par  M.  Adolphe  Martin. 

«  La  simplicité  de  l'emploi  du  collodion  ioduré  comme  couche  sensible, 


(3o  ) 

la  rapidité  avec  laquelle  il  reçoit  l'impression  lumineuse,  la  finesse  de  l'é- 
preuve obtenue  ont  tourné  les  esprits  vers  son  emploi  exclusif.  Les  mé- 
thodes qu'on  a  données  jusqu'à  ce  jour  se  rapportent  surtout  à  l'obtention 
des  négatifs,  et,  malgré  les  résultats  remarquables  auxquels  on  est  arrivé, 
on  ne  peut  s'empêcher  de  remarquer  le  manque  d'harmonie  et  de  modelé 
des  épreuves  obtenues  en  dernier  résultat  par  ces  méthodes. 

»  Occupé  depuis  quelque  temps  de  cette  question,  je  ne  tarderai  pas  à 
communiquer  à  l'Académie  quelques  améliorations  qui  me  sont  person- 
nelles. En  attendant,  je  crois  rendre  service  à  la  photographie  en  commu- 
niquant un  procédé  aussi  sûr  que  facile  d'obtenir  des  positifs  directs. 

»  Le  collodion,  tel  que  je  l'emploie,  est  composé  d'une  solution  éthérée 
de  coton  azotique  (obtenu  en  traitant  3.  grammes  de  coton  par  un  mélange 
de  5o  gramme»  d'azotate  dépotasse  et  100  grammes  d'acide  sulfurique; 
le  coton,  bien  lavé  et  bien  séché,  est  entièrement  soluble  dans  un  mélange 
de  10  volumes  d'éther  et  de  1  volume  d'alcool)  ;  on  ajoute  alors  de  l'éther  et 
de  l'alcool,  de  telle  sorte  que  la  dissolution  définitive  se  compose  de 
1  gramme  de  coton,  120  grammes  d'éther  et  60  grammes  d'alcool  :  on  ajoute 
alors  environ  1  gramme  d'azotate  d'argent  transformé  en  iodure,  et  dissous 
dans  20  grammes  d'alcool  au  moyen  d'un  iodure  alcalin,  mais,  de  préfé- 
rence, de  l'iodure  d'ammonium. 

»  La  plaque  de  glace,  enduite  à  la  manière  ordinaire  d'une  mince  couche 
de  cette  dissolution,  est,  avant  qu'elle  soit  sèche,  plongée  dans  un  bain 
composé  de  1  partie  d'eau  distillée,  -^  d'azotate  d'argent  et  -^  d'acide  azo- 
tique. La  pose  a  lieu,  comme  à  l'ordinaire,  pendant  quelques  secondes. 
La  plaque  de  verre  est  alors  plongée  dans  un  bain  de  sulfate  de  protoxyde 
de  fer,  puis  lavée  avec  soin. 

»  L'image  est  restée  négative  jusqu'à  ce  moment;  mais,  en  la  plongeant 
dans  un  bain  de  cyanure  double  d'argent  et  de  potassium,  on  la  voit  devenir 
positive  et  complète,  si  la  pose  a  eu  lieu  dans  les  conditions  convenables.  Il 
n'y  a  plus  qu'à  laver,  enduire  de  dextrine  et  sécher,  puis  encadrer  sur  un 
fond  de  velours  noir. 

»  Le  bain  de  cyanures  que  j'emploie  est  le  même  que  celui  de  MM.  Ruolz 
et  Elkington;  il  est  seulement  étendu  de  3  volumes  d'eau  environ.  Il  se 
compose  de  1  litre  d'eau,  25  grammes  de  cyanure  de  potassium  et  4  grammes 
d'azotate  d'argent. 

»  Je  ferai  remarquer,  en  terminant,  que  ce  procédé  me  donne  toujours 
des  épreuves,  et  que  ces  épreuves  sont  toujours  positives.  Leur  perfection 
seule  dépend  de  la  juste  appréciation  du  temps  de  la  pose.  •> 


(3i  ) 

M.  le  Secrétaire  de  la  Société  Linnéense  de  Londbes  adresse,  an 
nom  de  cette  Société,  des  remercîments  à  l'Académie  pour  l'envoi  du  vo- 
lume XIII  des  Savants  étrangers  et  des  volumes  XXXII  et  XXXIII  des 
Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie. 

chimie.  —  Nouvelle  Lettre  de  M.  Maissiat  concernant  sa  réclamation  de 
priorité  pour  les  procédés  employés  pour  l'analyse  de  l'air. 

«  Monsieur  le  Président, 

«  A  la  dernière  séance  de  l'Académie,  M.  Regnault  prit  la  parole  sur  une 
question  de  priorité  entre  lui  et  moi.  J'avais  l'honneur  d'être  présent,  j'en- 
tendis donc  la  critique  faite  soit  de  ma  réclamation  même,  soit  de  son  objet. 
J'espère  que  l'Académie  me  permettra  de  répondre  un  mot  à  chaque  remar- 
que de  l'honorable  Membre. 

»  On  m'a  trouvé  mal  fondé  scientifiquement  à  dire  qu'une  comparai- 
son de  gaz  par  volumes  respectifs  variables  est  très-difficile  à  préciser  ; 
on  a  ajouté  qu'/7  suffit  de  savoir  s'y  bien  prendre.  Je  rappelle  qu'il  s'agit 
ici ,  pour  l'acide  carbonique  de  l'air,  d'une  quantité  moyenne  égale  à 
,j  millième  du  volume  total,  et  des  variations  de  cette  quantité  minime.  Or, 
depuis  Dulong  jusqu'à  l'époque  présente,  je  trouve  tous  nos  maîtres  d'ac- 
cord sur  ceci  :  que,  dans  la  constitution  d'une  échelle  de  capacité,  on  n'éta- 
blit directement  que  des  points  rares  ;  pour  les  intervalles  qui  les  séparent, 
toute  la  précision  repose  sur  la  régularité  présumée  du  vase.  Ai-je  donc  eu 
bien  tort  de  dire  que  le  \  millième  d'un  volume  et  ses  variations  sont  très- 
difficiles  à  garantir?  En  deux  mots,  pour  comparer  deux  volumes  de  gaz  à 
une  échelle  de  capacité,  il  y  a  chance  d'erreur  soit  dans  la  constitution  de 
l'échelle,  soit  dans  la  lecture  du  point  de  mesure.  J'ai  signalé  un  moyen 
de  tourner  une  de  ces  difficultés  de  précision,  d'atténuer  l'autre,  et  même 
une  troisième  de  même  nature  (un  moyen  d'éviter  l'erreur  d'échelle  de  ca- 
.pacité,  d'atténuer  la  portée  de  l'erreur  de  lecture  soit  du  volume,  soit  de  la 
pression),  et  parce  qu'un  habile  expérimentateur  pourrait,  dit-on,  se  pas- 
ser de  tout  cela,  est-ce  une  raison  de  trouver  inutile  un  tel  moyen  de  faire 
commodément  l'analyse  exacte  de  l'air?  Trouvons-nous  les  ponts  inutiles3 

»  On  a  cité  un  auteur  allemand,  M.  Bunsen,  qui  aurait  mis  en  pra- 
tique cette  même  méthode  d'analyse  des  gaz.  Qu'on  veuille  bien  produire, 
à  cet  égard,  quelque  document  authentique,  et  si  cet  auteur  a  pratiqué,  ou 
même  simplement  signalé  clairement,  suffisamment,  soit  la  méthode,  soit  le 
procédé  en  question,  je  suis  prêt  à  lui  reconnaître  la  priorité.   Mais  aussi, 


(3a  ) 

tant  que  personne  ne  me  précédera  authentiquement,  je  recourrai  a  l'Aca- 
démie pour  qu'elle  me  conserve  l'honneur  de  la  chose. 

»  On  a  dit  que  le  caractère  spécial  de  l'appareil  de  M.  Regnault 
consiste  dans  la  disjonction  possible  des  deux  capacités,  l'une  où  l'on  opère 
Y  élimination  des  gaz,  l'autre  où  l'on  procède  à  leur  mesure.  Ce  point  n'est 
qu'accessoire,  ce  me  semble;  le  mérite  scientifique,  c'est  la  précision  :  cou- 
per la  route  que  suit  le  gaz,  ce  n'est  point  introduire  de  la  précision  scien- 
tifique; au  contraire,  c'est  simplement  obtenir  une  commodité,  peut-être 
au  prix  d'une  petite  chance  d'erreur,  une  petite  bulle  d'air  hétérogène  pou- 
vant s'introduire  par  là  dans  l'appareil,  lors  de  la  coaptation.  Le  mérite 
scientifique  de  l'appareil  de  M.  Regnault  dépend  donc  bien  de  l'objet  même 
de  ma  réclamation. 

»  On  a  dit  :  //  ne  s'agit  point  de  présenter  des  projets  d'appareil, 
triais  bien  des  appareils  exécutés  et  fonctionnant .  Je  voudrais  faire  ici  une 
distinction  :  on  conçoit  qu'on  ne  puisse  venir  demander  un  prix  à  l'Aca- 
démie ou  son  estime  scientifique  sur  un  simple  projet  d'appareil  nouveau 
que  l'on  définit  ;  c'est  uniquement  là  une  date  certaine.  Mais  dès  que  le 
projet  se  trouve  réalisé,  d'une  manière  quelconque,  la  pensée  de  concep- 
tion première  prend  toute  sa  valeur,  mérite  d'exécution  à  part.  L'exécution 
est  une  question  de  dépense  d'argent  et  d'art.  Mais  apercevoir  d'avance, 
par  la  seule  force  de  la  réflexion  et  de  l'étude  poursuivies,  une  vérité  ulté- 
rieure; concevoir  une  méthode  d'analyse  nouvelle  plus  précise,  et  en  indi- 
quer les  voies  et  moyens  d'exécution,  c'est  là,  ce  me  semble,  le  vrai  titre 
scientifique.  C'est,  du  moins,  le  seul  point  que  je  réclame. 

»  M.  Regnault  déclarait  lundi  avoir  conçu  la  méthode  d'analyse  en  ques- 
tion et  le  projet  d'appareil,  peut  être  huit  ans  avant  la  publication  de  son  tra- 
vail, où  il  en  est  fait  mention  pour  la  première  fois.  Je  désirerais  faire  ici  en- 
core une  distinction  :  il  y  a,  concernant  une  chose,  i°  la  pensée  intime,  dont 
évidemment  personne  ne  peut  réclamer  la  date  à  son  avantage  ;  a°  il  y  a  un 
commencement  d'exécution  de  cette  chose,  dans  un  laboratoire  privé,  c'est' 
une  question  de  bonne  foi  qui  ne  saurait  donner  droit  en  public,  mais  que 
j'admets  volontiers  personnellement,  en  présence  de  M.  Regnault.  On 
trouve  dans  le  Compte  rendu  des  séances  de  V Académie,  t.  XXV,  p.  960, 
séance  du  27  décembre  1847,  une  réclamation  de  M.  Regnault  lui-même, 
contre  M.  Doyère,  où  il  est  dit  textuellement,  en  parlant  de  ce  même  appa- 
reil d'analyse  des  gaz,  «  dont  nous  nous  servons  (M.  Reiset  et  M.  Re- 

»  gnault)  depuis  plus  de  trois  ans,  et  que  tout  le  monde  a  pu  voir  fonctionner 
»  dans  mon  laboratoire,  au  Collège  de  France».  La  date  privée,  la  date  de 


(33) 

bonne  foi  remonte  donc  pour  M.  Regnault,  d'après  lui-même,  à  i844;  la 
date  authentique  ne  remonte  qu'à  1847-  ^a  ^ate  authentique  qui  m'a  porté 
a  réclamer  moi-même,  remonte  à  1 843. 

«  Enfin  M.  Regnault  parla  de  personnalité  relativement  au  passage  de 
nia  Lettre,  où  il  est  rappelé  que  j'eus  l'honneur  de  lui  présenter,  en  i843, 
mes  Etudes  de  physique  animale.  Il  dit  que  cette  publication  est  une  Thèse 
de  concours  qui  traite  de  divers  points  de  statique  animale  et  autres  sujets 
de  science  médicale  dont  il  ne  s'occupe  nullement  lui-même,  que  partant 
il  ne  l'a  point  lue.  La  simple  parole  de  M.  Regnault  qu'il  n'a  point  lu  ce 
livre,  me  suffit  parfaitement  et  bien  mieux  que  la  raison  qu'il  y  joint.  En 
effet,  pour  énoncer  ainsi  les  divers  sujets  particuliers  dont  il  s'agit  dans  ce 
Recueil,  il  faut,  ce  semble,  les  avoir  lus  au  seul  endroit  où  ils  se  trouvent 
inscrits,  c'est-à-dire  à  la  première  page,  et  parmi  eux  est  celui-ci  :  Note  sur 
l'analyse  des  gaz.  Mais  il  n'est  point  nécessaire  que  M.  Regnault  ait  lu 
cette  Note  pour  que  mon  droit  de  priorité  soit  constaté  ;  il  suffit  qu'elle 
soit  suffisamment  explicite  et  de  date  certaine  antérieure.  Mes  Etudes  de 
physique  animale  ne  sont  point  une  Thèse  de  concours,  comme  le  dit 
M.  Regnault.  Une  Thèse  est  un  travail  superficiel  de  quinze  jours  :  mes 
Etudes  de  physique  animale  ont  été,  au  contraire,  longues  et  laborieuses 
(quels  qu'en  soient  les  défauts)  ;  j'y  ai  employé  huit  ans.  Plusieurs  parties 
en  ont  été  antérieurement  lues  à  l'académie  des  Sciences  même.  Et  il  était 
facile  d'en  connaître  (puisque  M.  Regnault  tenait  ce  livre  en  main)  soit  par 
ie  simple  titre  de  la  couverture,  soit  par  la  première  page  du  texte  qui  sert 
d'introduction,  soit  par  la  nature  même  du  travail.  Quant  au  reproche  de 
personnalité,  l'honorable  Membre  lui-même  a  été  forcé,  à  une  autre  épo- 
que, d'entrer  dans  des  détails  qui  touchaient  aux  personnes.  Ainsi,  dans  sa 
réclamation  de  1 847  précédemment  citée,  je  lis  ce  passage  textuellement  : 
«  Il  est  même  (l'appareil  visible  dans  le  laboratoire  de  M.  Regnault)  par- 
«  faitement  connu  de  MM.  Dumas  et  Doyère,  bien  que  ce  dernier  savant 
»  n'en  ait  rien  dit  dans  sa  Note  imprimée.  »  Est-ce  à  dire  que  M.  Regnault 
ait  fait  en  cela  une  personnalité?  non  certainement  :  il  a  seulement  voulu 
préciser  les  conditions  réciproques  du  débat  et  mieux  éclairer  la  religion  de 
l'Académie.  Je  me  trouve  aujourd'hui  dans  la  même  situation.  Malheureu- 
sement, en  plaidant  une  cause,  on  ne  peut  pas  toujours  demeurer  stricte- 
ment courtois  ni  agréable  à  la  partie  adverse  ;  mais  commettre  une  person- 
nalité réelle  et  dans  une  Lettre  mûrement  écrite,  je  suis  tranquille  sur  moi 
en  présence  de  M.  Regnault  :  ce  savant  ne  pourrait  avoir  conservé  de  moi 
que  des  souvenirs  d'une  déférence  extrême  à  toute  époque.  Au  sujet  même 

C.  R.,  i85a,  *m' Semestre.  (T.  XXXV,  N»  i.)  5 


(34  ) 
de  ia  présente  réclamation,  me  suis-je  placé  à  côté  de  lui  et  de  M.  Doyère, 
en  1847  '  mi  rappellerai -je  les  démarches  faites  non  par  moi,  mais  à  ma 
prière,  par  un  excellent  ami  commun,  Henri  Dezé,  de  si  regrettable  mé- 
moire, et  inutilement,  pour  obtenir  un  mot  de  citation  qui  m'eût  suffi  ? 

»  Voilà  cinq  ans  que  j'ai  attendu  avant  de  me  décider  à  réclamer  direc- 
tement; mais  aujourd'hui  que  Y  Académie  parle,  c'est  un  jugement  histo- 
rique quelle  écrit  d'avance,  et  je  réclame  devant  elle  à  cause  de  son  auto- 
rité même  sans  seconde  qui  en  approche,  le  fruit  de  mon  travail  durant  de 
longues  années.  Je  demande  donc  à  conserver  les  juges  que  l'Académie  m'a 
donnés,  et  je  m'en  rapporte  à  M.  Regnault  lui-même  :  qu'il  me  fasse  l'hon- 
neur de  ne  pas  se  récuser.  » 

chimie.  —  Réponse  de  M.  Regxault  aux-  nouvelles  observations  de 

M.  Maissiat. 

«  Je  ne  répondrai  que  quelques  mots  à  la  nouvelle  Note  de  M.  Maissiat. 

»  Dans  les  procédés  que  j'ai  suivis  pour  l'analyse  des  mélanges  gazeux, 
on  peut  distinguer  deux  parties  :  la  première  se  rapporte  aux  mesures  ;  la 
seconde  à  la  séparation  des  gaz  par  réactions  chimiques. 

»  i°.  La  mesure  des  volumes  gazeux  s'obtient  en  déterminant  les  forces 
élastiques  que  ces  gaz  exercent  lorsqu'ils  sont  ramenés  constamment  au 
même  volume.  Pour  M.  Maissiat,  c'est  là  le  principe  essentiel  de  l'exacti- 
tude de  mon  procédé  ;  c'est  celui  qu'il  revendique  principalement  comme 
ayant  été  établi  par  lui  dans  sa  Note  de  1 843.  Je  lui  ferai  observer  que, 
dans  mon  travail  sur  la  dilatation  des  gaz,  présenté  à  l'Académie  en  1841 
(annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3e  série,  tome  IV,  page  38),  le  même 
procédé  a  été  employé.  Au  lieu  de  mesurer  l'augmentation  de  volume  que 
le  gaz  subit  par  l'accroissement  de  chaleur,  ou  la  diminution  qu'il  subit 
par  le  refroidissement,  je  déterminais  les  forces  élastiques  que  le  gaz  exerce 
lorsqu'il  est  maintenu  rigoureusement  sous  le  même  volume  aux  deux  tem- 
pératures. Il  y  a  plus  :  l'appareil  manométrique  de  mon  eudiomètre  est 
rigoureusement  le  même  que  celui  qui  a  été  employé  dans  mes  recherches 
sur  les  dilatations. 

»  20.  La  séparation  successive  des  gaz  se  fait  au  moyen  d'un  tube  labo- 
ratoire dans  lequel  on  fait  passer  le  gaz,  après  l'avoir  mesuré  dans  le  mesu- 
reur, pour  le  mettre  en  contact  avec  le  réactif  chimique.  La  réaction  ter- 
minée, on  fait  repasser  le  gaz  dans  le  mesureur  pour  déterminer  son  nouveau 
volume.  M.  Maissiat  regarde  ce  point  comme  secondaire  et  comme  étant 


(  35  ) 

plutôt  une  cause  d'erreur.  Quant  à  moi,  je  le  regarde  comme  le  point 
capital,  et  je  suis  certain  que  toutes  les  personnes  qui  ont  un  peu  d'habi- 
tude de  ce  genre  de  recherches,  seront  de  mon  avis.  La  condition  la  plus 
difficile  à  remplir  dans  les  analyses  de  gaz,  c'est  de  ramener  les  gaz,  non- 
seulement  à  une  température  connue,  mais  surtout  à  un  degré  d'humidité 
déterminé.  Dans  mon  procédé,  le  gaz  est  toujours  à  l'état  de  saturation, 
parce  que,  dans  le  mesureur,  il  est  toujours  hors  de  l'influence  du  réactif 
chimique,  et  au  contact  de  parois  humides.  La  séparation  complète  du 
laboratoire  et  du  mesureur  manométrique  est  absolument  indispensable, 
car  le  réactif  chimique  doit  être  employé,  non  à  l'état  sec,  mais  en  disso- 
lution ;  et,  pour  avoir  une  absorption  complète,  il  est  nécessaire  d'agiter  le 
gaz  au  contact  du  liquide  absorbant. 

»  Ainsi  je  maintiens:  i°.  Que  le  principe  essentiel  des  nouveaux  pro- 
cédés d'analyse  des  gaz  consiste  dans  la  séparation  de  l'appareil  total  en 
deux  parties  qui  peuvent  se  séparer  et  se  réunir  à  volonté  :  c'est  ce  qui  en 
fait  un  appareil  éminemment  pratique  et  susceptible  d'une  grande  pré- 
cision ; 

»  20.  Que  je  n'ai  pas  eu  à  prendre  à  M.  Maissiat  l'idée  de  mesurer  les 
gaz  par  leurs  forces  élastiques,  leur  volume  restant  constant,  puisque  ce 
principe  est  appliqué  d'une  manière  absolue  dans  mes  recherches  sur  la 
dilatation  des  gaz,  qui  ont  été  publiées  avant  l'ouvrage  de  M.  Maissiat.  » 

M.  Nascio  (Enrico)  envoie,  de  Messine,  nue  Note  sur  la  formation  des 
éphémérides  luni-solaires  moyennes. 

M.  Faye  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  à  faire  savoir 
à  l'Académie  si  elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Gaietta  adresse,  de  Bourges,  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  Mémoire 
sur  le  magnétisme  terrestre  et  intersidéral  ou  cosmique. 

M.  Laquèrn  pe  Kerthoman  adresse  des  Tables  destinées  à  l'usage  des 
employés  des  douanes  et  qui  donnent,  dans  un  cadre  restreint,  1 7  000  mul- 
tiples du  nombre  34- 

L'Académie  accepte  le  dépôt  de  trois  paquets  cachetés  présentés 

Par  M.  Brachet  (deux), 

Par  MM.  Kraft  et  de  la  Haye. 

A  4  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  A. 


(36) 

BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  Ja  séance  du  5  juillet  iHSi,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences, 
Ier  semestre  i85a  ;  n°  26;  in -4°. 

Traité  de  Géométrie  supérieure;  par  M.  Chasles.  Paris,  i85a;  1  vol. 
in-8°. 

Annales  des  Sciences  naturelles,  comprenant  la  zoologie,  la  botanique,  l  ana- 
tomie  et  la  physiologie  comparée  des  deux  rèc/nes,  et  l'histoire  des  corps  orga- 
nisés fossiles  ;  3e  série,  rédigée  pour  la  zoologie  par  M.  Milne  Edwards, 
pour  la  botanique  par  MM.  Ad.  Brongniart  et  J.  Decaisne;  tome  XVII; 
n°  1;  in-8°. 

Société  nationale  et  centrale  d  Agriculture.  Bulletin  des  séances,  Compte 
rendu  mensuel  rédigé  par  M.  Payen,  secrétaire  perpétuel  ;  2e  série,  tome  VII, 
n°  7  ;  in-8°. 

Traités  d'ombres  et  de  perspective;  par  M.  Poudra.  Paris,  1849;  petit 
in-fol.  autographié. 

Traités  d'architecture  et  de  gnomonique ;  par  le  même.  Paris,  1849;  petit 
in-fol.  autographié. 

Traité  de  machines;  parle  même.  Paris,  1849;  petit  in-fol.  autographié. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  ;  rédigé  par  M.  DE  la  Roquette, 
secrétaire  général  de  la  Commission  centrale;  avec  la  collaboration  de 
MM.  V.-A.  Malte-Brun,  secrétaire-adjoint,  Daussy,  L.-jfti.  Sédillot,  de 
Froberville  et  Cortambert;  4e  série;  tome  III;  n°  16;  avril  i85a; 
in- 8°. 

Cosmos,  revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  DE  Monfort, 
et  rédigée  par  M.  l'abbé  MoiGNO;  ire  année;  n°  10;  4  juillet  i85a;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie,  de  Toxicologie;  et  revue 
des  tiouvelles  scientifiques  nationales  et  étrangères  ;  par  les  Membres  de  la  Société 
de  Chimie  médicale;  juillet  i852;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médico-chirurgicales ,  publié  par  M.  le  docteur 
A.  Martin -Lauzer;  n°  i3;  i"  juillet  i85s;  in-8°. 

L' Agriculteur-praticien ,  revue  d'agriculture,  de  jardinage  et  d'économie  ru- 
rale et  domestique,  sous  la  direction  de  MM.  F.  Malepeyre,  Gustave  Heuzé 
et  BOSSIN;  juillet  i85a;  in-8°. 

-ra»  o  0  a  ig-i 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  12  JUILLET  1852. 
PRÉSIDENCE  DE  M.   PIOBERT. 


M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  une  ampliation  du 
décret  du  Président  de  la  République  qui  confirme  la  nomination  de 
M.  Bienaymé  à  la  place  d'Académicien  libre,  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  le  Maréchal  Marmont,  Duc  de  Raguse. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Bienaymé  vient  prendre  place 
parmi  ses  confrères. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie,  d'après  une  Lettre 
de  M.  Aubry,  la  perte  qu'elle  vient  de  faire  dans  la  personne  d'un  de  ses 
Correspondants,  M.  Welter,  décédé  à  Paris  le  6  juillet  i852,  à  l'âge  de 
quatre-vingt-neuf  ans. 

RAPPORTS. 

chimie.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  intitulé  :  Recherches  sur  les  eaux 
minérales  sulfureuses  de  Bagnères-de-Luchon  et  de  Labassère,  suivies 
de  considérations  générales  sur  les  eaux  sulfureuses  des  Pyrénées,  par 
M.  Filiiol,  professeur  à  Toulouse. 

(Commissaires,  MM.  Lallemand,  Bussy,  Balard  rapporteur.) 

«  L'étude  des  eaux  minérales  sulfureuses  a  appelé  de  tout  temps  l'atten- 
tion d'un  grand  nombre  d'observateurs  ;  mais  les  résultats  que  la  science  a 
retirés  de  cette  étude  n'ont  pas  toujours  été  proportionnés  au  nombre  et  à 

C.  R.,  i85a,  2m«  Semestre.  (T.  XXXV,  JN»  2.)  6 


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l'étendue  des  recherches  dont  ces  eaux  ont  été  l'objet.  Entreprises,  pour  la 
plupart,  dans  le  but  tout  spécial  de  faire  connaître  une  source  déterminée, 
elles  n'ont  pu  apporter  à  la  discussion  des  phénomènes  généraux  de  la  phy- 
sique du  globe  que  des  résultats  d'une  importance  très-limitée.  Le  défaut 
d'instruments  précis  et  bien  comparés  pour  déterminer  leur  température, 
l'emploi  de  méthodes  diverses  dans  l'appréciation  de  la  nature  et  de  la 
quantité  de  leurs  principes  constituants,  la  confiance  inégale,  enfin,  qu'in- 
spirent les  observateurs  qui  se  sont  livrés  à  ce  genre  de  travaux,  n'ont  pas 
permis  non  plus  de  tirer  tout  le  parti  dont  paraissent  susceptibles,  au 
premier  aspect,  le  rapprochement  et  la  coordination  des  résultats  isolés. 

»  Mais  quand  un  observateur,  d'une  exactitude  déjà  appréciée,  avec  les 
mêmes  instruments,  avec  des  méthodes  d'analyse  discutées,  contrôlées,  el 
surtout  toujours  les  mêmes,  étudie,  dans  des  circonstances  diverses,  non 
pas  une  source  isolée,  mais  un  ensemble  de  sources  constituant  en  quelque 
sorte  une  formation  hydrologique,  ses  recherches  obtiennent,  par  leur 
généralité,  cet  intérêt  qui  s'attache  à  tout  ce  qui  peut  nous  révéler  quelque 
chose  de  la  constitution  intérieure  de  notre  planète  ;  car  ces  courants  d'eau 
qui,  de  la  surface  de  la  terre,  pénètrent  dans  ses  profondeurs  et  en  res- 
sortent,  parfois  en  simples  filets,  mais  tantôt  aussi  en  formant  de  véritables 
rivières,  peuvent,  par  leur  température  et  les  matériaux  qu'ils  apportent, 
nous  éclairer  sur  ces  phénomènes  souterrains  dont  ils  ont  été  les  témoins, 
et  probablement  même,  jusqu'à  un  certain  point,  les  auteurs. 

»  C'est  ce  caractère  de  généralité  que  présentait,  à  un  degré  émirent, 
un  beau  travail  entrepris  à  l'occasion  de  l'étude  des  eaux  minérales  des 
Pyrénées-Orientales,  et  publié,  il  y  a  vingt-cinq  ans,  par  Anglada,  dont 
votre  rapporteur  ne  peut  prononcer  le  nom  qu'avec  un  sentiment  de  recon- 
naissance et  de  respect.  La  mort  n'a  pas  permis  à  Anglada  de  recueillir  l'as- 
sentiment presque  unanime  donné  par  les  chimistes  à  la  plupart  des  résultats 
consignés  dans  son  livre  intitulé  :  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  des  eaux 
minérales  sulfureuses  et  des  eaux  thermales.  Ce  que  le  professeur  de  Mont- 
pellier avait  fait  pour  l'étude  des  eaux  minérales  des  Pyrénées-Orientales, 
M.  Fiihol  a  essayé  de  le  réaliser  pour  celles  des  Hautes-Pyrénées.  Nous 
allons  brièvement  rappeler  à  l'Académie  les  résultats  les  plus  importants 
de  son  travail  qui,  quoique  ayant  pour  base  plus  spéciale  l'étude  des  eaux 
de  Bagnères-de-Luchon  et  de  Labassère,  s'est  pourtant  étendu  à  la  plupart 
des  eaux  sulfureuses  les  plus  fréquentées  des  Hautes-Pyrénées. 

»  M.  Fiihol  a  essayé  d'apporter  sa  part  de  données  précises  à  la  ques- 
tion si  importante  de  la  constance  de  température  des  eaux  thermales. 


(39) 

dette  température  est-elle  réellement  invariable?  On  le  suppose  générale- 
ment; mais  quand  on  recherche  les  motifs  de  cette  opinion,  on  ne  la 
trouve  pas  toujours  justifiée  par  des  faits  suffisamment  rigoureux. 

»  Anglada,  en  examinant,  en  1825,  le  degré  de  chaleur  des  sources 
qui  avait  été  déterminé  soixante-cinq  ans  auparavant  par  Carrère,  avait 
constaté  une  température  généralement  plus  basse  que  celle  que  leur  avait 
assignée  l'auteur  du  Catalogue  général  des  eaux  minérales.  La  différence 
semblait  s'élever  à  6°, 5  R.  pour  la  grande  source  des  bains  d'Arles,  qui, 
par  l'abondance  de  ses  eaux,  eût  paru  devoir  se  maintenir  le  plus  à  l'abri 
des  causes  locales  de  variations.  On  aurait  pu  en  conclure  un  refroidisse- 
ment progressif  des  eaux  thermales;  mais  M.  Legrand,  en  discutant  quelle 
avait  dû  être  la  construction  du  thermomètre  de  Carrère,  la  valeur  de  ses 
degrés  et  les  véritables  températures  que  ces  degrés  devaient  représenter, 
a  montré  plus  tard  que  cette  diversité  apparente  se  transformait  en  une 
concordance  réelle.  Pour  la  presque  totalité  des  sources,  les  différences 
entre  les  températures  observées  par  Anglada  et  les  températures  de  Car- 
rère corrigées,  ne  s'élèvent  qu'à  0,1  ou  o,a  de  degré,  et  si  dans  quelques 
cas  on  trouve  encore  une  divergence  de  a°,5,  ces  résultats  isolés,  et  qui 
peuvent  tenir  à  quelques  circonstances  locales,  ne  sauraient  masquer  le 
résultat  général  de  cette  comparaison.  Ces  observations,  et  la  rectification 
dont  elles  ont  été  l'objet,  ont  ainsi  fourni  à  la  science  le  premier  fait  rigou- 
reusement constaté  qui  établit  la  constance  de  température  des  eaux  ther- 
males, ou  du  moins  l'exiguïté  de  leurs  variations,  même  par  un  laps  de 
temps  très-long. 

»  M.  Bouys  père,  professeur  de  chimie  à  Perpignan,  qui  avait  prêté  à 
Anglada,  dès  ses  premières  recherches,  une  utile  collaboration,  et  qui, 
vingt-cinq  ans  après,  a  pu  examiner  les  mêmes  sources  au  même  point 
d'émergence  et  avec  des  instruments  bien  comparés,  a  aussi  retrouvé, 
dans  des  observations  encore  inédites,  à  0,1  ou  0,2  de  degré  près,  les 
mêmes  températures  qu' Anglada  a  consignées  dans  ses  recherches  comme 
appartenant  à  ces  diverses  sources.  Il  semble  donc  établi  que,  si  la  tempé- 
rature des  eaux  thermales  n'est  pas  absolument  constante,  elle  ne  s'écarte 
d'une  température  déterminée  pour  chaque  source,  que  par  de  légères  oscil- 
lations. 

»  Les  observations  de  M.  Filhol  n'ont  pas  eu  lieu  à  des  époques  assez 
éloignées  l'une  de  l'autre  pour  qu'elles  pussent  apporter  à  la  question  gé- 
nérale de  la  constance  de  température  des  eaux  thermales,  des  données 
aussi  importantes  que  celles  dont  nous  venons  de  parler  ;  mais  il  a  essayé  de 

6.. 


(  4o  ) 

constater,  par  une  série  d'observations  très-multipliées,  l'étendue  des  oscil- 
lations que  présentent  ces  températures  dans  des  espaces  de  temps  plus 
rapprochés. 

»  Les  eaux  de  Bagnères-de-Luchon  se  divisent,  à  cet  égard,  en  deux 
classes.  Il  est  des  sources  qui  n'éprouvent  aucun  changement  dans  leur 
volume,  même  après  les  grandes  fontes  de  neige  et  lorsque  le  niveau  de 
l'eau  froide  s'élève  dans  les  galeries.  Ces  eaux  prises  au  sortir  de  la  roche, 
en  ayant  soin  de  réunir  tous  les  filets  qui  s'écoulant  des  divers  griffons 
peuvent  manifester  parfois  des  différences  sensibles,  précaution  utile  et 
trop  souvent  négligée,  présentent  une  moyenne  de  température  qui  ne 
varie  pas  au  delà  de  0,2  à  o,3  de  degré.  Mais  il  en  est  d'autres  dont  le 
volume  est  influencé  par  les  grandes  fontes  de  neige  ;  leur  température  peut 
éprouver  aussi  des  variations  momentanées  notables.  Le  titre  sulfhydromé- 
trique  de  ces  eaux  peut  aussi  éprouver  des  changements  considérables, 
mais  on  n'observe  aucun  rapport  précis  entre  les  variations  de  température, 
celles  du  volume  et  de  sulfuration  que  ces  eaux  peuvent  présenter.  En  effet, 
M.  Filhol  a  constaté  que  certaines  sources  pouvaient  quelquefois  per- 
dre un  tiers  de  leur  degré  suif  hydrométrique,  doubler  presque  de  volume 
et  n'éprouver  cependant  qu'un  léger  abaissement  de  température;  tandis 
que  d'autres,  dont  le  volume  était  aussi  notablement  augmenté,  avaient  ce- 
pendant conservé  à  la  fois  leur  température  et  leur  sulfuration  :  comme  si 
dans  le  premier  cas  de  l'eau  chaude  non  minérale  se  fût  mêlée  à  l'eau  sul- 
fureuse, et  que  dans  les  deux  autres  l'eau  froide  se  fût  mêlée  à  l'eau  ther- 
male, ou  bien  eût  amené  à  la  surface  du  sol  de  l'eau  sulfureuse  qui  se  per- 
dait en  temps  ordinaire. 

»  Mais,  outre  l'abaissement  considérable  de  titre  que  quelques  eaux  peu- 
vent éprouver  dans  certaines  circonstances  particulières,  M.  Filhol  a  con- 
staté des  variations  légères  et  en  quelque  sorte  quotidiennes.  L'emploi  du 
sulfhydromètre  qu'il  a  perfectionné  en  substituant  à  la  solution  alcoolique 
d'iode  généralement  employée,  d'après  le  conseil  de  Dupasquier,  une  solu- 
tion d'iode  dans  l'iodure  de  potassium ,  liqueur  d'épreuve  à  la  fois  moins  alté- 
rable et  moins  dilatable,  l'usage  des  liqueurs  titrées  argentifères  pour  l'appré- 
ciation des  chlorures  lui  ont  permis  d'exécuter,  pour  apprécier  la  richesse 
des  eaux  en  principes  minéralisateurs,  des  essais  multipliés  qui  n'auraient 
pas  été  réalisables  par  les  méthodes  ordinaires  d'analyse.  Plus  de  mille  ob- 
servations lui  ont  permis  d'entrevoir  quelques-unes  des  lois  de  ces  variations 
et  d'établir  que  la  plus  grande  richesse  des  eaux  existe  pendant  l'hiver  à  la 
suite  d'un  temps  sec  et  de  gelées  fortes  et  soutenues,  et  qu'en  été  l'eau  se 


(  M  ) 

montre  en  général  plus  sulfureuse  quand  la  marche  du  baromètre  est  ascen- 
dante. Ces  variations  ne  sont  pas  les  mêmes  pour  toutes  les  sources  ;  pour 
celles  dans  lesquelles  elle  est  le  plus  considérable,  on  observe  une  variation 
telle,  que  l'eau,  dans  son  état  le  plus  riche,  absorbant  o,ig5  d'iode  par 
litre,  n'en  absorbe  plus  que  o,i65  dans  ces  cas,  où  elle  est  la  plus  pauvre 
en  principe  sulfureux. 

»  Anglada  avait  parfaitement  établi,  par  des  expériences  à  l'abri  de  toute 
contestation,  que  les  eaux  sulfureuses  tiennent  en  dissolution  un  air  plus  ou 
moins  appauvri  en  oxygène,  gaz  qui,  par  son  action  continue  sur  le  principe 
sulfureux,  est  une  cause  de  leur  altération  progressive.  M.  Filhol  a  aussi 
retrouvé  cet  air  dans  toutes  ses  analyses  ;  mais  il  a  constaté  de  plus  que  ces 
quantités  d'oxygène  éprouvaient  des  variations  d'un  jour  à  l'autre,  et  que  la 
proportion  de  ce  gaz  était  plus  abondante  au  moment  de  la  fonte  des  neiges 
qu'à  toute  autre  époque  de  l'année. 

»  Les  proportions  des  chlorures  éprouvent  aussi  des  variations  dans  le 
même  sens  que  celles  des  sulfures. 

»  Les  tableaux  dans  lesquels  M.  Filhol  a  consigné  ses  observations  sur 
le  dosage  du  principe  sulfureux  indiquent  qu'il  n'existe,  du  reste,  aucun  rap- 
port entre  la  température  des  eaux  et  leur  richesse  en  sulfures;  mais  les  plus 
sulfureuses  sont  aussi  les  plus  chlorurées. 

»  On  conçoit  que  dans  l'analyse  des  eaux  qui  doivent  leurs  propriétés  à 
un  principe  sulfureux,  le  dosage  de  cet  élément  sulfureux  est  ce  qu'il  y  a  de 
plus  important  à  faire  bien  et  vite.  L'emploi  du  suif  hydromètre  a  apporté  à 
cet. égard  une  facilité  incontestée;  mais  on  comprend  combien  sont  nom- 
breuses les  causes  qui  peuvent  nuire  à  la  fidélité  de  ses  indications.  Quelles 
sont  les  conditions  pour  que  cette  méthode  donne  des  résultats  exacts  et 
comparables  ?  C'est  ce  que  M.  Filhol  discute  dans  son  Mémoire. 

»  Il  a  vérifié  par  l'expérience  ce  que  la  théorie  faisait  sans  doute  prévoir, 
c'est-à-dire  que  l'emploi  de  cette  méthode,  appliquée  avec  avantage  à  des 
eaux  au  moment  où,  sortant  de  la  roche,  elles  contiennent  le  principe  sulfu- 
reux non  altéré,  donne  des  résultats  tout  à  fait  erronés  quand  on  l'emploie 
pour  des  eaux  qui  ont  séjourné  au  contact  de  l'air  et  dans  lesquelles  le  sul- 
fure; sans  se  détruire,  a  été  transformé  en  polysulfure. 

»  La  présence  de  corps  à  réaction  alcaline  autres  que  le  sulfure,  tels  que 
le  silicate,  le  carbonate  alcalin,  et  à  plus  forte  raison  l'alcali  libre,  s'il  y  en 
a,  doit  avoir  aussi  pour  résultat  d'absorber  un  peu  d'iode,  et  de  rendre  ainsi 
le  titre  sulfureux  trop  élevé.  M.  Filhol  a  montré,  par  des  expériences  directes, 
que  cette  cause  d'erreur  pouvait  être  plus  grande  qu'on  ne  le  pense  gêné- 


(4*) 

ralement.  Une  quantité  de  ces  sels  alcalins  qui,  s'ils  eussent  été  seuls,  au- 
raient transformé  une  certaine  dose  d'iode  en  iodure  incapable  d'agir  sur 
l'amidon,  en  font  disparaître  une  quantité  près  de  cinq  fois  plus  grande 
quand  ils  sont  ajoutés  à  de  l'eau  contenant  un  sulfure  (i).  On  conçoit  dès 
lors  la  nécessité  d'enlever  à  l'eau  son  alcalinité  avant  de  l'essayer  par  le 
sulfhydromètre.  Le  traitement  par  les  acides,  quand  l'eau  est  fortement 
thermale,  peut  faire  craindre  une  certaine  déperdition  d'acide  sulfhydrique. 
Aussi,  M.  Filhol  conseille-t-il  de  traiter  préalablement  ces  eaux  par  un 
excès  de  chlorure  de  barium  ;  mais  cette  méthode,  qui  met  à  l'abri  des  in- 
convénients que  pourraient  présenter  les  carbonates  et  les  silicates  alcalins, 
serait  insuffisante  dans  le  cas  où  l'alcali,  existant  dans  l'eau  en  partie  à 
l'état  libre,  aurait  mis  en  liberté  une  quantité  proportionnelle  de  baryte. 
C'est  ce  qui  paraît,  du  reste,  ne  pas  avoir  lieu  pour  l'eau  de  Bagnères  ; 
aussi,  de  la  presque  identité  des  indications  du  sulfhydromètre  sur  les  eaux, 
avant  et  après  l'emploi  du  chlorure  de  barium,  M.  Filhol  tire  un  argument 
pour  prouver  que  les  eaux  de  cette  localité  ne  contiennent  ni  silicate,  ni 
carbonate  alcalin,  ni  alcali  libre. 

»  Les  variations  observées  dans  les  indications  du  sulfhydromètre  ont 
amené  M.  Filhol  à  chercher  un  autre  mpde  de  dosage  qui  pût  servir  de 
contrôle  dans  les  cas  douteux.  Il  l'a  trouvé  dans  l'appréciation  compara- 
tive de  la  quantité  d'acide  sulfurique  existant  tout  formé  dans  l'eau  préala- 
blement privée  de  sulfure  par  l'azotate  d'argent,  et  dans  celle  qu'elle  ren- 
ferme quand,  sans  avoir  subi  ce  traitement,  elle  a  été  agitée  avec  une  certaine 
quantité  de  sulfate  de  plomb  qui  a  transformé  en  sulfate  le  sulfure  alcalin. 
M.  Filhol  s'est  assuré,  par  des  expériences  directes,  que  dans  le  grand  état 
de  dilution  où  sont  dans  les  eaux  minérales  les  carbonates  et  silicates  de 
soude,  ces  sels  ne  réagissent  pas  sur  le  sulfate  de  plomb,  et  il  a  pu  recon- 
naître que  les  résultats  obtenus  par  l'emploi  du  sulfhydromètre  employé 
dans  de.bonnes  conditions,  ainsi  que  par  le  mode  de  dosage  ordinaire,  c'est- 
à-dire  par  la  précipitation  au  moyen  du  nitrate  d'argent  ammoniacal,  étaient 
tout  à  fait  identiques  avec  ceux  auxquels  donne  lieu  la  méthode  nouvelle 
dont  il  recommande  l'emploi  aux  chimistes. 


(i)  Le  phénomène  constaté  par  M.  Filhol  paraît  pouvoir  être  facilement  expliqué.  Dans 
son  action  sur  les  sels  alcalins,  l'iode  donne  lieu  à  un  iodate,  à  un  iodure,  et  à  un  acide 
libre  ;  or,  sous  l'influence  de  cet  agent ,  l'iodate ,  qui ,   mis  en  présence  de  l'iodure,  tend  à 
égénérer  de  l'iode ,  aura  d'autant  moins  de  stabilité,  que  cet  iodure  sera  lui-même  en  pro- 
portions plus  grandes. 


(43) 

»  La  nature  du  principe  sulfureux  des  eaux  minérales  des  Pyrénées  a 
été  l'objet  de  nombreuses  discussions  auxquelles  les  expériences  si  pro- 
bantes d'Anglada  auraient  semblé  devoir  mettre  un  terme.  Le  choix  et  l'en- 
chaînement de  ces  expériences  semblaient  donner  le  caractère  d'une  vérité 
démontrée  à  la  première  opinion  de  Bayen,  qui  pensait  qu'elles  devaient 
leur  propriété  au  corps  que  nous  nommons  aujourd'hui  mono-sulfure  de 
sodium.  Cependant  des  recherches  nouvelles,  exécutées  par  M.  Fontan,  sur 
les  eaux  des  Hautes-Pyrénées,  essayèrent  d'établir  que  ces  eaux  devaient 
leur  action  sur  l'économie  à  un  sulfhydrate  de  sulfure;  mais  les  observa- 
tions ultérieures  de  plusieurs  chimistes,  et  notamment  de  MM.  Henry  et 
Boulay,  vinrent  apporter  de  nouvelles  preuves  pour  justifier  l'opinion 
d'Anglada.  M.  Filhol  en  ajoute  de  nouvelles  qui  suffiraient  pour  dissiper  le 
moindre  doute,  s'il  en  restait  encore  dans  l'esprit  des  chimistes.  Ainsi  l'eau 
de  Bagnères,  soumise  à  l'ébullition,  ne  laisse  dégager  que  des  quantités  in- 
signifiantes d'acide  suif  hydrique  ;  le  sulfate  de  zinc  en  précipite  tout  le 
soufre;  désulfurée  par  l'acétate  de  zinc,  le  sulfate  ou  le  carbonate  de  plomb, 
elle  ne  contient  ni  acide  carbonique,  ni  acide  sulfurique,  ni  acide  acétique 
libres.  Or  il  est  inutile  de  faire  remarquer  que  ce  sont  précisément  les 
phénomènes  inverses  qui  auraient  dû  se  manifester  si  l'eau  eût  contenu 
un  sulfhydrate  de  sulfure. 

»  Les  résultats  obtenus  par  Anglada  dans  l'étude  des  eaux  des  Pyrénées- 
Orientales,  et  ceux  qu'a  fournis  à  M.  Filhol  l'examen  de  celles  des  Hautes- 
Pyrénées,  présentent  une  trop  grande  concordance  dans  leur  généralité  pour 
qu'on  puisse  douter  que  ces  eaux  appartiennent  à  une  formation  hydro- 
logique commune.  Cette  concordance  rend  dès  lors  plus  singulière  une 
dissidence  relative  à  l'état  de  la  soude  dans  les  eaux  minérales. 

»  Anglada,  en  constatant  que  les  eaux  des  Pyrénées-Orientales  trai- 
tées par  les  acides  laissaient  dégager  du  gaz  acide  carbonique  à  la  tem- 
pérature de  l'ébullition ,  semblait  avoir  établi  qu'une  portion  de  la  soude 
existait  dans  les  eaux  sortant  de  la  roche  à  l'état  de  carbonate.  M.  Filhol 
déduit,  au  contraire,  de  la  constance  entre  le  titre  sulfhydrométrique  de 
l'eau  de  Bagnères  après  et  avant  l'addition  du  chlorure  de  barium,  de  la 
limpidité  qu'elle  conserve  après  cette  addition,  et  enfin  de  son  alcali- 
nité, qui  semble  diminuer  jusqu'à  devenir  tout  à  fait  nulle  quand  on 
l'agite  avec  le  sulfate  de  plomb,  que  ces  eaux  ne  renferment  ni  soude 
libre,  comme  le  pensait  Longchamp,  ni  carbonate  de  soude,  comme 
l'avait  soutenu  Anglada.  Il  n'a  pas  répété  l'expérience  faite  par  ce  dernier, 
et  qui  paraissait  si  décisive.  On  doit  le  regretter,  car,  abstraction  faite  de 


(  44) 

l'acide  carbonique  que  les  eaux  ont  pu  trouver  dans  le  sol,  celui  que  con- 
tiennent les  eaux  pluviales  qui  alimentent  les  sources  sulfureuses  semblerait 
devoir  s'y  trouver  nécessairement  à  l'état  de  carbonate,  et  justifier  ainsi, 
jusqu'à  un  certain  degré,  l'opinion  d'Anglada.  Il  y  a  donc  là  une  étude 
comparative  à  faire,  ainsi  qu'un  doute  à  éclaircir,  et  nous  le  signalons  au 
zèle  investigateur  dont  M.  Filhol  a  donné  tant  de  preuves. 

»  Les  eaux  sulfureuses  sont  éminemment  altérables  ;  l'air  qu'elles  tienne»! 
en  disolution  brûle  lentement  leur  principe  sulfureux,  et  la  silice  dont  elles 
sont  chargées  tend  à  le  dégager  sous  la  forme  d'acide  sulfhydrique  ;  par  là 
s'expliquent  la  présence  dans  les  eaux  de  traces  d'hyposulfites,  et  ces  phéno- 
mènes produits  par  la  vapeur  de  l'eau  sur  les  voûtes  des  conduits  où  elle  cir- 
cule, et  qui,  selon  que  l'air  extérieur  a  eu  plus  ou  moins  d'accès, se  recouvrent 
ou  de  soufre  ou  d'efflorescences  de  sulfates.  Cette  altération  devient  bien  plus 
prompte  encore  quand  on  fait  intervenir  l'air  extérieur.  L'eau  peut  alors  éprou- 
ver deux  sortes  de  changements  :  tantôt  elle  se  colore  en  jaune  par  la  pro- 
duction d'un  polysulfure,  mais  en  conservant  sa  transparence;  d'autres  fois 
le  soufre  se  dépose  sous  la  forme  émulsive,  elle  devient  laiteuse,  et  éprouve 
ce  qu'on  appelle  le  phénomène  du  blanchiment.  Ce  phénomène  ne  se  produit 
que  pour  un  petit  nombre  de  sources,  niais  celles  de  Bagnères-de-Luchon 
le  présentent  à  un  haut  degré.  Pourquoi  ces  rares  exceptions  à  la  manière 
dont  se  comportent  des  eaux  qui  semblent  avoir  une  nature  commune  ?  Les 
observations  de  M.  Filhol  ont  répondu  à  cette  question.  Le  rapprochement 
des  résultats  de  ses  analyses  quantitatives  lui  a  montré  que  les  eaux  sulfu- 
reuses pouvaient  être  partagées  en  deux  groupes.  Il  en  est  qui  contiennent 
une  quantité  de  base  un  peu  supérieure  à  celle  que  pourraient  neutraliser 
les  acides  sulfurique  et  silicique,  le  soufre,  le  chlore  et  l'iode  qu'elles 
renferment  :  ces  eaux  sont  très-stables  et  ne  blanchissent  jamais  ;  mais  il 
en  est  d'autres  dans  lesquelles  cette  quantité  de  base  est  insuffisante  pour  la 
neutralisation  des  acides  et  des  corps  halogènes.  Ces  eaux  doivent  dès  lors 
contenir  de  l'acide  silicique  libre  dont  la  fixité  tend  à  transformer  le  sul- 
fure en  acide  sulfhydrique.  Ces  eaux  sont  plus  altérables,  elles  recouvrent 
de  soufre  les  canaux  où  elles  circulent,  et  blanchissent  dans  la  baignoire  par 
le  dépôt  de  soufre. 

»  M.  Filhol  a  abordé,  dans  son  Mémoire,  la  question  encore  peu  con- 
nue de  l'origine  des  eaux  sulfureuses.  Dans  ses  recherches  exécutées  sur 
celles  des  Pyrénées,  il  a  toujours  vu  que  la  quantité  de  sulfure  marchait  en 
sens  inverse  de  celle  du  sulfate,  et  réciproquement.  Anglada  expliquait  ce 
fait,  qu'il  avait  constaté  de  son  côté,  en  supposant  que  le  sulfure  alcalin 


(45) 

exporté  du  sein  de  la  terre  se  transformait  peu  à  peu  en  sulfate  par  l'action 
incessante  de  l'air  que  renferment  ces  eaux.  Les  hyposulfites  qu'elles  con- 
tiennent n'eussent  été,  dans  ce  cas,  qu'une  phase  d'une  altération  progressive 
encore  incomplète.  De  là  la  classe  d'eaux  minérales  qui,  ne  renfermant  plus 
de  sulfures,  mais  contenant  des  sulfates,  des  carbonates,  et  surtout  cette  ma- 
tière organique  qu'il  regardait  comme  le  cachet  de  leur  origine  première,  de- 
vaient, dans  une  classification  des  eaux  minérales,  porter  le  nom  d'eaux  mi- 
nérales dégénérées.  M.  Filhol  comprend  les  choses  d'une  manière  inverse.  Il 
se  demande  si  les  eaux  n'auraient  pas  originairement  contenu  du  sulfate,  et 
si  celui-ci  n'aurait  pas  été  transformé  en  sulfure  par  l'action  de  la  matière 
organique  préexistante.  Les  eaux  sulfureuses  seraient  dès  lors  pour  lui  des 
eaux  sulfatées  dégénérées.  Ainsi  devrait,  dans  ses  idées,  disparaître  la  dis- 
tinction qu'on  a  voulu  établir  entre  les  eaux  sulfureuses  naturelles,  et  les 
eaux  qu'on  a  appelées  eaux  sulfureuses  accidentelles.  Les  eaux  de  la  chaîne 
pyrénéennedevraient  leur  origine  à  la  même  cause  que  celles  d'Enghien.  Dans 
les  premières,  ce  serait  du  sulfate  de  soude  décomposé  par  la  matière  des 
végétations sulfuraires,  et  dans  l'autre,  du  sulfate  de  chaux  altéré  parla  ma- 
tière soluble  des  tourbes  et  des  lignites  qui  donneraient  naissance  au  prin- 
cipe sulfureux.  Il  y  aurait  bien  à  dire  sur  cette  question,  mais  je  me  garderai 
d'aborder  une  telle  controverse  dans  ce  Rapport  déjà  trop  long.  Quelle  que 
soit  d'ailleurs  l'opinion  qu'on  adopte,  on  trouvera  certainement  qu'il  était 
bien  permis  à  M.  Filhol,  après  avoir  tracé  quelques  chapitres  de  l'histoire 
positive  des  eaux  minérales  sulfureuses,  de  faire,  comme  tous  ses  devan- 
ciers, une  petite  excursion  dans  le  domaine  des  suppositions,  des  hypo- 
thèses, et  pour  ainsi  dire  du  roman. 

»  Les  détails  dans  lesquels  vos  Commissaires  viennent  d'entrer  montrent 
l'étendue  des  recherches  de  M.  Filhol  et  de  quelle  utilité  leur  connaissance 
peut  être  pour  ceux  qui  auront  à  se  livrer  à  des  investigations-  du  même 
genre.  Ils  vous  proposent  de  le  remercier  de  sa  communication,  de  l'en- 
gager à  poursuivre,  avec  la  persévérance  et  l'habileté  dont  il  a  déjà  fait 
preuve,  la  voie  dans  laquelle  il  s'est  heureusement  engagé,  ainsi  qu'à  con- 
tinuer et  à  étendre  cette  série  d'observations  comparatives,  matériaux  qui, 
convenablement  mis  en  œuvre,  serviront  plus  tard  à  établir  sur  ses  véri- 
tables bases  la  théorie  de  la  production  des  eaux  minérales  sulfureuses.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 


C.  R.,  i85î,  ame  Semestre.  (T.  XXXV,  IN°2.) 


(  46) 

MÉMOIRES  LUS. 

chimie  appliquée.  —  Recherche  comparative  de  Viode  et  de  quelques  autres 
matières  dans  les  eaux  [et  les  e'gouts)  qui  alimentent  Paris,  Londres  et 
Turin;  par  M.  Ad.  Chatin.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Thenard,  Magendie,  Dumas, 
Élie  de  Beaumont,  Gaudichaud,  Pouillet,  Regnault,  Bussy.  ) 

«  A.  Les  eaux  de  la  Seine  sont,  à  une  époque  donnée,  plus  iodurées 
près  de  leur  source  qu'aux  environs  de  Paris. 

»  Pendant  que  la  proportion  de  l'iode  diminue,  celle  des  autres  matières 
dissoutes  dans  l'eau  augmente,  quoique  dans  un  rapport  inverse  moindre. 

»  A  Charenton,  la  Seine  est  l'une  des  rivières  dont  l'eau  est  à  la  fois  la 
plus  légère  et  la  plus  riche  en  iode. 

»  MM.  Boutron  et  O.  Henry  avaient  signalé  le  mélange  encore  si  impar- 
fait des  eaux  de  la  Seine  à  celles  de  la  Marne  à  leur  entrée  dans  Paris; 
c'est  en  raison  de  cette  circonstance  que  l'eau  est  plus  légère  et  plus  iodurée 
en  amont  du  Jardin  des  Plantes  et  dans  le  bras  gauche  qui  entoure  l'île 
Saint-Louis  que  devant  l'île  Louvier  et  à  la  roue  hydraulique  du  pont 
Notre-Dame. 

»  En  aval  de  Paris,  les  eaux  de  la  Seine  ne  sont  pas  beaucoup  plus 
iodées  qu'en  amont;  la  masse  du  résidu  y  est  au  contraire  notablement 
augmentée.  Ici  encore,  c'est  sur  la  rive  gauche  que,  en  raison  de  la  moindre 
importance  des  égouts,  sont  les  eaux  les  plus  légères. 

»  Mais  ce  qui  distingue  le  plus  les  eaux  de  la  Seine  à  leur  sortie  de  Paris, 
c'est  moins  la  quantité  des  matières  dissoutes  que  leur  qualité.  La  propor- 
tion des  matières  organiques  et  des  chlorures  est  notablement  accrue,  et 
les  sels  d'ammoniaque  signalés  par  M.  Chevreul  pendant  la  saison  d'été, 
sont  ici  très-appréciables;  on  peut  aussi  quelquefois  trouver  des  indices 
d'hydrogène  sulfuré  et  de  l'urée  apportée  par  les  égouts. 

»  A  l'exception  de  l'Yonne,  dont  les  eaux  sont  sensiblement  pareilles  à 
celles  de  la  haute  Seine,  tous  les  affluents  de  cette  rivière  tendent,  à  partir 
de  Montereau,  à  accroître  la  somme  des  matières  fixes  et  à  faire  baisser  la 
proportion  de  l'iode. 

»  L'Essonne  et  le  Loing  occupent  le  premier  rang  parmi  ces  affluents; 
viennent  ensuite  et  successivement,  l'Orge  et  l'Yvette,  l'Yères,  l'Allamont, 
et  bien  loin  de  tous,  la  Bièvre,  qui  n'est  à  son  embouchure  qu'un  gros 
égout  à  base  d'eau  séléniteuse. 


(47) 

»  En  raison  du  grand  volume  de  ses  eaux,  du  poids  des  matières  terro- 
salines  tenues  en  dissolution  (i),  de  la  faible  proportion  d'iode,  des  trou- 
bles fréquents  qui  nécessitent  pour  beaucoup  d'usages  la  filtration  ou  le 
repos,  la  Marne  doit  être  regardée  comme  le  moins  bon  des  affluents  de  la 
Seine.  Le  petit  Morin  et  le  Morin  versent  dans  la  Marne  des  eaux  qui  ten- 
dent à  accroître  la  proportion  de  l'iode. 

»  L'Orge,  l'Yvette,  et  surtout  l'Allamont,  l'Yères  et  le  Morin  qui  des- 
cendent des  plaines  les  plus  fumées  de  la  Brie,  renferment  souvent  des 
quantités  très-notables  de  matières  extractives,  de  nitrates  et  de  sels  à  base 
d'ammoniaque. 

»  Le  produit  des  égouts  varie  beaucoup  suivant  l'heure  de  la  journée, 
le  quartier  traversé,  l'eau  fournie  par  les  bornes-fontaines.  La  proportion 
de  l'iode  peut  être  de  une  à  deux  fois,  celle  du  résidu  de  deux  à  dix  fois, 
celle  des  chlorures  et  des  matières  extractives  cinquante  fois  plus  considé- 
rable que  dans  l'eau  de  la  Seine. 

»  Aux  heures  où,  les  bornes-fontaines  étant  fermées,  les  égouts  ont  leurs 
eaux  à  l'état  de  plus  grande  concentration,  on  peut  y  trouver  des  traces 
d'urate  d'ammoniaque,  et  par  litre  quelques  milligrammes  de  carbonate 
d'ammoniaque,  de  i  à  a  décigrammes  de  phosphates  et  jusqu'à  i  gramme 
d'urée  et  des  matières  extractives  de  l'urine. 

»  Après  le  dépôt  des  matières  organiques,  des  oxydes  et  des  sulfures 
métalliques  suspendus  dans  l'eau  des  égouts,  celle-ci  est  d'une  couleur 
plus  ou  moins  ambrée,  d'une  saveur  piquante  et  salée  qui  rappelle  celle  de 
l'urine,  d'une  odeur  presque  toujours  urineuse. 

»  Abandonnées  quelques  jours  à  elles-mêmes,  les  eaux  des  égouts  exha- 
lent une  odeur  à  la  fois  sulfureuse  et  piquant  les  yeux,  due  à  la  produc- 
tion d'ammoniaque  et  d'acide  sulfhydrique.  En  un  temps  plus  long  le 
principe  ammoniacal  disparaît  presque  absolument;  l'élément  sulfureux 
domine  alors,  et  l'on  pourrait  croire  que  l'on  a  affaire  à  une  de  ces  eaux 
minérales  trouvées  à  diverses  époques  dans  le  rayon  de  Paris. 

»  A  la  suite  d'une  averse,  les  égouts  portent  à  la  Seine  une  quantité 
notable  de  sulfate  de  chaux  enlevé  dans  la  ville  par  les  eaux  pluviales. 

(i)  Contrairement  à  l'opinion  de  Dupasquier,  je  suis  éloigné  d'admettre  qu'une  eau  ,  pour 
être  salubre,  doit  être  chargée  de  sels  calcaires.  Mes  raisons  sont  :  i°  que  l'économie  trouve 
amplement  dans  les  autres  aliments  la  chaux  dont  elle  a  besoin  ;  2°  que  l'iode,  dont  la  nature 
n'est  pas  aussi  prodigue  que  de  la  chaux ,  est  ordinairement  dans  les  eaux  en  proportion 
inverse  de  celle-ci. 

1- 


(48) 

»  Des  affluents  du  canal  de  l'Ourcq,  la  rivière  d'Ourcq,  à  Mareuil, 
est  celui  qui  se  rapproche  le  plus  de  la  Seine  par  sa  légèreté,  sa  forte  iodu- 
ration,  et  la  petite  quantité  des  matières  organiques. 

»  Près  de  l'Ourcq  se  place  le  Clignon  (introduit  dans  le  canal,  en  i843, 
sur  le  Rapport  de  M.  Thenard),  qui  n'en  diffère  sensiblement  que  par  la 
proportion  plus  grande  des  matières  organiques. 

»  Tous  les  autres  cours  d'eau  tributaires  du  canal  ont  pour  effet  d'ac- 
croître la  proportion  de  la  somme  des  matières  dissoutes  et  de  diminuer 
celle  de  l'iode.  Après  l'Ourcq  et  le  Clignon  vient  la  Gergogne,  puis  succes- 
sivement :  l'Arneuse  qui  s'est  saturée,  dans  les  marais,  de  matières  orga- 
niques, la  Thérouenne,  la  Beuvronne  et  la  Collinance  dont  le  Morv  ne 
s'écarte  pas,  le  Rutel  aux  eaux  déjà  très-calcaires,  et,  enfin,  les  sources 
crues  et  séléniteuses  des  roches  de  Crégy. 

»  A  leur  arrivée  dans  Paris,  les  eaux  du  canal  de  l'Ourcq  contiennent 
à  peu  près  deux  fois  plus  de  sels  terreux  et  deux  fois  moins  d'iode  que 
celles  de  la  Seine  avant  leur  mélange  aux  eaux  de  la  Marne. 

»  L'eau  du  puits  artésien  de  Grenelle  est  sensiblement  ferrugineuse, 
aussi  iodurée  et  plus  légère  que  celle  de  la  Seine  prise  même  au-dessus  de  la 
Marne. 

»  L'eau  d'Arcueil  contient  très-sensiblement  quatre  fois  moins  d'iode  que 
celle  de  la  Seine.  Comme  l'ont  déterminé  MM.  Boutron  et  Henry,  elle  dé- 
pose continuellement  du  carbonate  de  chaux,  un  peu  d'oxyde  de  fer,  etc., 
avec  lesquels  se  précipitent  des  traces  d'iode. 

»  Les  sources  sélétineuses  des  Prés-Saint-Gervais  renferment  cinq  à  six 
fois  moins  d'iode  que  l'eau  de  la  Seine,  et  la  proportion  de  ce  principe  est 
moindre  encore  dans  les  eaux  de  Belleville,  qui  se  distinguent  entre  les 
sources  crues  par  leur  crudité  extrême. 

»  Les  puits  de  Paris,  justement  délaissés,  fournissent  pour  la  plupart  des 
eaux  saturées  de  gypse,  chargées  de  chlorures  déliquescents  et  de  nitrates, 
et  ne  contenant  pas  d'iode  en  quantité  appréciable. 

»  B.  Les  eaux  du  New-River,  amenées  à  Londres  où  elles  sont  tres-esti- 
mées  et  fournissent  à  une  grande  parte  de  la  ville,  notamment  aux  quar- 
tiers les  plus  riches,  se  rapprochent  beaucoup,  par  leur  ioduration  et  leur 
légèreté,  des  eaux  de  la  Seine. 

»  A  Windsor  ou  à  Hampton-Court,  au-dessus  du  barrage,  les  eaux  de  la 
Tamise  ont  beaucoup  de  rapports  avec  celles  du  canal  de  l'Ourcq,  tant  par 
la  proportion  de  l'iode  que  par  celle  des  autres  matières  dissoutes. 


(49  ) 

»  A  leur  sortie  de  la  ville,  les  eaux  de  la  Tamise  se  sont  chargées  de  chlo- 
rures, de  matières  organiques  et  d'un  peu  d'iode. 

»  L'Old-River  pris  à  Feltham,  vers  le  pont  de  pierre  de  la  route  d'Hun  - 
slow,  est  sensiblement  moins  ioduré  que  la  Tamise. 

»  Le  New-River  doit  être  compté,  avec  la  Seine,  parmi  les  rivières  four- 
nissant les  meilleures  eaux  potables  ;  la  Tamise  et  l'Old-River,  comme  le 
canal  de  l'Ourcq,  au  nombre  de  celles  encore  bonnes  et  salubres. 

»  Londres  possède,  au  moins  dans  la  partie  basse  d'Oxford-Street,  quel- 
ques puits-pompes  à  eau  presque  légère  et  assez  iodurée. 

»  C.  Les  eaux  de  puits,  généralement  usitées  à  Turin,  sont  de  moitié 
moins  séléniteuses  que  celles  des  puits  de  Paris;  elles  se  rapprochent,  par  la 
somme  des  principes  dissous,  de  nos  sources  des  Prés-Saint-Gervais,  mais 
elles  renferment  encore  moitié  moins  d'iode  que  ces  dernières. 

»  Les  sources  Valentin  et  Sainte-Rarbe,  très-renommées,  la  première  sur- 
tout, ne  diffèrent  réellement  des  eaux  des  puits  de  Turin  que  par  une  pro- 
portion encore  moindre  d'iode. 

»  Les  eaux  du  Pô,  principalement  utilisées  à  Turin  par  les  établissements 
de  blanchissage,  contiennent  la  moitié  de  la  somme  des  sels  terreux  dissous 
dans  les  eaux  des  sources  précédentes,  et  une  quantité  d'iode  sensiblement 
égale  à  celle  des  eaux  de  puits. 

»  Les  eaux  de  la  petite  Doire  sont  deux  fois  plus  séléniteuses  que  celles 
du  Pô;  elles  le  sont  autant  que  les  sources  Valentin  et  Sainte-Barbe  à  Turin, 
ou  que  les  eaux  des  Prés-Saint-Gervais;  l'iode  ne  s'y  trouve  qu'en  quantité 
minime  ou  nulle. 

»  En  résumé,  tandis  que  les  eaux  principales  qui  alimentent  Paris  et 
Londres  se  ressemblent  et  sont  parallèles,  à  ce  point  que  la  Seine  est  repré- 
sentée par  le  New-River,  et  le  canal  de  l'Ourcq  par  la  Tamise,  les  eaux  po- 
tables de  Turin  ne  peuvent  être  comparées  qu'avec  nos  sources  des  Prés- 
Saint-Gervais  pour  le  poids  total  des  principes  dissous,  et  avec  celles  de 
Belleville  pour  la  minime  proportion  de  l'iode.  » 

M.  Zalewski  lit  une  Note  sur  l'électricité  considérée  comme  cause  des 
effets  attribués  à  la  gravitation  universelle. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Despretz.) 


(  5o  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Domeyko,  professeur  de  chimie  au  Collège  de  Valparaiso,  a  adressé 
à  l'École  des  Mines  une  suite  de  minerais  des  mines  d'argent  des  environs 
de  Coquimbo.  Dans  cette  collection  intéressante,  il  existe  des  cristaux 
d'iodure  d'argent,  de  formes  jusqu'à  présent  inconnues,  ainsi  que  deux 
minéraux  nouveaux.  M.  Dufrénoy  a  l'honneur  de  les  présenter  à  l'Acadé- 
mie, suivant  le  désir  que  M.  Domeyko  lui  a  exprimé. 

«  Les  cristaux  d'iodure  d'argent  ont  2  à  3  millimètres  de  longueur; 
ils  sont  en  prismes  rhomboïdaux  droits,  portant  des  troncatures  sur  les 
arêtes  verticales  aiguës;  il  en  résulte  que  leur  coupe  est  un  hexagone 
symétrique. 

»  Les  deux  minéraux  nouveaux  sont  : 

»  i°.  Un  antimoniate  de  mercure,  provenant  de  la  mine  de  la  Jarilla, 
province  de  Coquimbo  ; 

»  a°.    Un    cuivre   gris    mercuriel  antimonié,   recueilli  dans   la   même 

mine. 

»  Le  cuivre  gris  est  souvent  mélangé  d'antimoniate  dé  mercure,  visible 
à  l'œil;  il  est  dès  lors  probable  que  c'est  à  ce  mélange  qu'est  due  la 
composition  particulière  qu'il  présente. 

»  Les  analyses  faites  par  M.  Domeyko  le  conduisent  à  admettre,  pour 
la  composition  de  l'antimoniate  de  mercure,  les  éléments  suivants  : 

Acide  antimonique o,338 

Oxyde  de  mercure. ,  0,222 

Oxyde  de  cuivre o,i54   . 

Oxyde  de  fer 0,007 

Gangue ,  pyrite ,  cuivre  gris 0,110 

Eau  et  perte o,  169 

analyse  mathématique.  —  Mémoire  sur  une  classe  étendue  de  systèmes 
d'équations  différentielles  qui  se  rattachent  à  la  théorie  des  courbes  à 
double  courbure;  par  M.  J.-A.  Serret.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Cauchy,  Liouville,  Binet.) 

«  Diverses  questions  de  géométrie,  et  particulièrement  un  grand  nombre 
de  celles  qui  se  rattachent  à  la  théorie  des  courbes  à  double  courbure ,  se 
ramènent  à  l'intégration  de  certains  systèmes  d'équations  différentielles 
simultanées  à  trois  variables  qui  ont  un  caractère  remarquable.  Les  systèmes 


(  5i  ) 

dont  il  s'agit  sont  formés  de  deux  équations  entre  plusieurs  fonctions  des 
trois  variables  et  de  leurs  différentielles  jusqu'à  celles  d'un  certain  ordre 
quelconque;  ces  fonctions  sont  telles,  qu'étant  égalées  à  des  constantes  arbi- 
traires, les  équations  qui  en  résultent  se  réduisent,  après  la  différentiation, 
à  une  ou,  au  plus,  à  deux  équations  différentielles  distinctes. 

»  Dans  le  premier  cas,  celui  où  les  équations  dont  nous  parlons  se  rédui- 
sent à  une  seule,  le  système  des  équations  proposées  n'admet  point,  à  pro- 
prement parler,  d'intégrale;  il  se  réduit,  en  quelque  sorte,  à  une  équation 
unique  et  admet,  par  suite,  une  solution  qui  renferme  une  fonction  arbi- 
traire. Mais,  outre  cette  solution  si  générale,  il  en  existe  une  autre  à  laquelle 
on  peut  justement  donner  le  nom  de  solution  particulière,  et  qui  renferme 
un  moindre  nombre  de  constantes  arbitraires  qu'il  n'y  en  a  en  général  dans 
l'intégrale  d'un  système  de  même  ordre  que  le  proposé.  Cette  solution  par- 
ticulière donne  presque  toujours  la  véritable  solution  de  la  question  qui  a 
conduit  aux  équations  différentielles  proposées.  On  en  a  un  exemple  dans 
le  problème  qui  a  pour  objet  de  trouver  une  courbe  dont  les  centres  des 
sphères  osculatrices  soient  situés  sur  une  courbe  donnée.  On  satisfait  effec- 
tivement à  la  question,  en  prenant  une  courbe  tracée  à  volonté  sur  une 
sphère  de  rayon  arbitraire,  et  qui  aurait  son  centre  en  un  point  quelconque 
de  la  courbe  donnée  ;  mais  on  y  satisfait  aussi  par  le  moyen  d'une  courbe 
non  sphérique,  et  dont  les  équations  renferment  deux  constantes  arbi- 
traires. 

»  Le  deuxième  cas  conduit  à  des  résultats  différents.  Les  équations  pro- 
posées admettent  une  intégrale  et  une  solution  particulière  qui  renferme 
généralement  une  constante  arbitraire  de  moins  que  l'intégrale,  et  qui 
donne  presque  toujours  la  vraie  solution  du  problème  qui  a  conduit  aux 
équations  différentielles  proposées.  On  a  un  exemple  de  ce  deuxième  cas 
dans  le  problème  qui  a  pour  but  de  trouver  une  courbe  dont  les  centres  de 
courbure  soient  sur  une  courbe  donnée  plane  ou  à  double  courbure.  On 
satisfait  évidemment  au  problème,  en  prenant  un  cercle  dont  le  rayon  et  le 
plan  soient  arbitraires,  et  dont  le  centre  soit  en  un  point  quelconque  de  la 
courbe  donnée.  Les  équations  de  ce  cercle  renferment  quatre  constantes 
arbitraires,  et  forment  l'intégrale  générale  des  équations  différentielles  du 
problème  auquel  on  satisfait  aussi  par  le  moyen  d'autres  courbes  dont  les 
équations  peuvent  contenir  trois  constantes  arbitraires  au  plus. 

»  Lagrange  est,  je  crois,  le  premier  qui  ait  considéré  des  équations  diffé- 
rentielles à  deux  variables  formées  avec  deux  ou  plusieurs  fonctions  de  ces 
variables  et  de  leurs  différentielles  qui,  égalées  à  des  constantes  arbitraires, 


(5,  ) 

fournissent  autant  d'intégrales  d'une  même  équation.  Dans  une  Note  que 
j'ai  publiée  à  la  fin  de  la  troisième  édition  de  la  Théorie  des  fonctions 
analytiques,  j'ai  ajouté  quelques  développements  à  l'analyse  de  Lagrange, 
et  les  considérations  dont  j'ai  fait  usage  ont  été  le  point  de  départ  des  recher- 
ches nouvelles  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie. 

»  Ce  Mémoire  est  composé  de  deux  parties.  La  première  partie  renferme 
l'analyse  générale  des  équations  différentielles  dont  il  a  été  parlé  plus  haut, 
avec  plusieurs  applications  de  la  théorie.  Dans  la  seconde  partie,  j'étudie  les 
détails  que  présente  la  solution  des  deux  problèmes  principaux  qui  m'ont 
conduit  à  entreprendre  les  recherches  actuelles.  On  y  verra  une  application 
remarquable  des  formules  dont  j'ai  déjà  fait  usage  dans  plusieurs  Mémoires, 
et,  en  particulier,  dans  celui  que  j'ai  publié  au  tome  XVI  du  Journal  de 
Mathématiques  pures  et  appliquées.  » 

analyse  mathématique.  —  Sur  l' extension  du  théorème  de  M.  Sturm  à  un 
système,  d'équations  simultanées  ;  par  M.  Hermite.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Cauchy,  Liouville,  Sturm.) 

«  Le  théorème  de  M.  Sturm  a  pour  objet  de  déterminer  le  nombre  des 
racines  réelles  d'une  équation  à  une  inconnue,  qui  sont  comprises  entre 
deux  limites  données.  Je  me  suis  proposé,  dans  le  Mémoire  que  j'ai  l'hon- 
neur de  soumettre  à  l'Académie,  une  question  analogue  pour  deux  équa- 
tions simultanées,  et  qu'on  peut  énoncer  ainsi  :  Considérant  l'une  des 
inconnues  comme  l'abscisse,  et  l'autre  comme  l'ordonnée  d'un  point  rap- 
porté à  deux  axes  rectangulaires,  déterminer  le  nombre  des  points  auxquels 
correspondent  des  solutions  des  équations  proposées,  et  qui  sont  compris 
dans  l'intérieur  d'un  rectangle  donné.  Cette  question  se  trouve  résolue  de 
la  manière  suivante.  Désignons  les  sommets  du  rectangle  par.  les  lettres  a, 
h,  c,  d,  et  supposons  les  côtés  ab  et  ad  respectivement  parallèles  aux  direc- 
tions positives  des  axes  des  abscisses  et  des  ordonnées.  On  substituera  suc- 
cessivement les  valeurs  numériques  des  coordonnées  de  ces  quatre  points 
à  la  place  des  lettres  x  et  y,  dans  une  certaine  suite  de  fonctions  de  ces 
deux  variables;  et  en  désignant  par  A,  B,  C,  D  les  nombres  de  variations 
que  présente  cette  suite,  lorsqu'on  prend  pour  les  variables  les  coordon- 
nées des  points  a,  b,  c,  d,  on  aura,  pour  le  nombre  cherché,  la  valeur 

A-B+C-D 
n  = 

2 

Ce  résultat  est,  comme  on  voit,  entièrement  analogue  à  celui  du  théorème 


(53.) 

de  M.  Sturm;  cette  analogie  se  maintient  encore  lorsque  l'on  considère 
trois  équations  simultanées  au  lieu  de  deux.  Désignant  alors  les  incon- 
nues par  x,  y,  z,  on  les  regardera  comme  les  coordonnées  d'un  point  de 
l'espace  rapporté  à  trois  axes  rectangulaires,  de  sorte  qu'à  chaque  solution 
des  équations  proposées  réponde  un  point  déterminé.  Cela  posé,  considé- 
rons un  parallélipipède  droit,  dont  les  bases  parallèles  au  plan  des  xy 
soient  les  rectangles  abcd,  a'b'c'd'.  Nous  supposerons  les  côtés  ab,  ad 
parallèles  aux  directions  positives  des  x  et  des  y,  et  les  droites  aa',  bb', 
ce',  dd'  parallèles  à  la  direction  positive  de  l'axe  des  z.  Cela  étant,  le 
nombre  des  points  représentant  des  solutions  et  compris  dans  l'intérieur 
de  ce  parallélipipède,  sera  déterminé  de  la  manière  suivante.  Désignons  res- 
pectivement par  A,  B,  C,  D,  A',  B',  C,  D',  les  nombres  des  variations  que 
présente  une  certaine  suite  de  fonctions  de  trois  variables,  lorsqu'on  sub- 
stitue à  ces  variables  les  valeurs  numériques  des  coordonnées  des  points  a, 
b,  c,  d,  a',  b',  c',  d',  le  nombre  cherché  sera  donné  par  la  formule 

n  =  \  [(A  —  A')  -  (B  -  B')  '■*  (C;,-  C)  -  (D  -  D')]- 

Il  est  remarquable  qu'il  existe  un  grand  nombre  de  suites  jouissant  ainsi 
de  propriétés  semblables  à  celles  des  fonctions  de  M.  Sturm,  dans  la  théorie 
des  équations  simultanées.  Voici  la  plus  simple  pour  le  cas  de  deux  équa- 
tions prises,  si  l'on  veut,  sous  la  forme  : 

F(x)  =  o, 

F  (x)  étant  un  polynôme  entier,  et  $  (x)  une  fonction  rationnelle  de  x. 

»  Nommons  xt,  x2, . .  . ,  xm  les  racines  de  l'équation  Fx=o,  jrt, 
fiti-'-i  fm  les  valeurs  correspondantes  de  y,  S,  la  somme  symétrique 
xl%  4-  xi  +  •  •  •  -+•  xl„,  et  Tt  la  suivante  :  y,  x;  +  ;^i+...  +  ym  x,'„  ;  le 
premier  terme  de  la  suite  sera  l'unité,  et  les  autres  les  déterminants  des 
systèmes  linéaires  : 


T.— S, y  T,-S,r 


T0-S.r  T.-S.j  T,-S!r 
T,— Si/  T2— S,y  T3— S3y 


T -S.y  T,— S,j  T2— S>y  T3-S3j 
T,— S,/  Ta— S,y  T3-S3.r  T4— S,/ 
T2-S2r  T3-S3y  T,— S, 7  T5-S,r 


etc. 


le  dernier  terme  est  le  déterminant  à  m  ■+■  i  colonnes  obtenu  en  conti- 
nuant la  même  loi.  En  général,  c'est  au  moyen  de  fonctions  symétriques 

G.  R.,  1852,  2ra«  Srmestre .    (T.  XXXV,  N°  2.)  8 


(  54  ) 
des  racines  des  équations  proposées  que  se  trouvent  immédiatement  expri- 
mées les  fonctions  analogues  à  celles  de  M.  Sturm,  et  les  propriétés  de  ces 
fonctions  sont  déduites  de  leur  loi  même  de  formation.  L'idée  d'introduire 
ainsi  explicitement  les  racines  est  due  à  M.  Sylvester,  qui,  le  premier,  a 
montré  comment  elles  entraient  dans  la  composition  des  fonctions  de 
M.  Sturm  ;  M.  Cayley  a  fait  voir  ensuite  avec  élégance  comment  les  pro- 
priétés élémentaires  des  déterminants  permettaient  de  transformer  les  pre- 
miers termes  des  formules  de  M.  Sylvester  en  d'autres  qui  contiennent  seu- 
lement les  sommes  des  puissances  semblables  des  racines  (i).  Ce  sont  aussi 
des  expressions  analogues  à  ces  sommes,  pour  le  cas  de  deux  équations 
simultanées,  qui  figurent  dans  nos  formules  et  qui  les  rapprochent  de  celles 
du  savant  géomètre.  Mais  le  fait  le  plus  important  qui  ressort  de  mes  re- 
cherches, consiste  dans  l'existence  d'une  infinité  de  fonctions  possédant  les 
propriétés  de  celles  de  M.  Sturm,  pour  une  ou  plusieurs  équations.  Cela 
ouvre  la  voie  à  des  recherches  importantes,  sur  lesquelles  je  pourrai  peut- 
être  revenir  dans  une  autre  occasion;  je  me  bornerai  pour  le  moment  à 
cette  remarque,  que  les  conditions  de  réalité  des  racines  d'une  équation  à 
une  inconnue  peuvent  s'exprimer  uniquement  à  l'aide  des  fonctions  ration- 
nelles des  coefficients,  qu'on  nomme  hyperdéterminants  ou  invariants.  » 

physique.    —   Mémoire  sur  le  magnétisme   dynamique  ; 
par  M.  Th.  du  Moncel.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commission  précédemment  nommée  :  MM.  Becquerel,  Despretz,  Morin.) 

«  I.  Réactions  magnétiques  des  courants.  —  Le  principe  fondamental 
dynamique  peut  se  résumer  ainsi  qu'il  suit  : 

»  Tout  courant  électrique  agit  magnétiquement  soit  sur  le  fer,  soit  sur 
les  aimants,  et  cette  action  varie,  quant  à  sa  nature  magnétique,  suivant  le 
sens  du  courant. 

»  Il  suffit,  pour  se  convaincre  de  ce  principe,  d'approcher  d'un  circuit 
voltaïque  une  aiguille  posée  en  équilibre  sur  un  pivot,  et  l'on  observe  que 
l'action  exercée  sur  ses  deux  pôles  est  diamétralement  opposée,  suivant  que 
le  courant  marche  dans  un  sens  ou  dans  l'autre. 

».  Il  résulte  de  ce  principe  : 

»  i°.  Qu'un  circuit  voltaïque  fermé  doit  agir  d'un  manière  différente 
d'un  côté  et  de  l'autre  de  son  plan,  et  se  comporter  conséquemment  comme 


(i)  Tomes  IX  et  XIII  du  Journal  de  Mathématiques  de  M.  Lioliville. 


(55) 

un  véritable  aimant  dont  les  pôles  seraient  annulaires  et  distribués  sur  la 
périphérie  du  conducteur  à  gauche  et  à  droite  du  plan  du  circuit;  car  le 
sens  du  courant  dans  le  circuit  est  différent  suivant  qu'on  le  considère  d'un 
côté  ou  de  l'autre  de  son  plan,  et  c'est,  en  effet,  ce  que  l'expérience 
démontre  ; 

»  20.  Que  la  périphérie  externe  ou  interne  d'un  circuit  fermé  doit  agir 
différemment  aux  extrémités  opposées  des  différents  diamètres  ;  mais  il  faut 
pour  cela  que  le  circuit  soit  placé,  à  l'égard  de  l'objet  qui  subit  son  effet 
magnétique,  dans  certaines  conditions.  Et  on  le  conçoit  aisément,  si  l'on 
réfléchit  qu'à  l'égard  d'un  objet  dont  la  position  reste  la  même,  le  courant 
marche  dans  un  sens  différent  aux  extrémités  de  chaque  diamètre  du 
circuit. 

»  Voici  maintenant  deux  autres  principes  qui  vont  fixer  la  nature  de  ces 
actions  magnétiques  suivant  le  sens  du  courant  : 

»  i°.  La  nature  des  réactions  magnétiques  d'un  courant,  d'un  côté  et  de 
l'autre  de  son  plan,  est  toujours  telle,  qu'un  pôle  boréal  semble  exister  à  la 
droite  du  courant  et  un  pôle  austral  à  la  gauche,  en  supposant  le  spectateur 
couché  dans  le  circuit  de  manière  à  avoir  la  tête  dirigée  vers  le  pôle  négatif 
de  la  pile  et  la  face  tournée  vers  le  centre  du  circuit  ; 

»  2°.  La  nature  des  réactions  magnétiques  de  la  périphérie  externe  ou 
interne  d'un  circuit  fermé  est  toujours  telle,  qu'un  pôle  boréal  se  manifeste 
à  l'extrémité  du  diamètre  qui  coupe  par  la  moitié  le  corps  du  spectateur 
placé  dans  le  courant  quand  la  tête  de  celui-ci  est  à  la  droite  de  ce  diamètre, 
tandis  que  c'est  au  contraire  un  pôle  austral  quand  la  tête  du  spectateur  est 
à  la  gauche.  Il  va  sans  dire  que  la  gauche  et  la  droite  du  diamètre  doivent 
s'entendre  ici  de  la  gauche  et  de  la  droite  du  courant  qui  quitterait  le  circuit 
pour  passer  par  ce  diamètre;  mais  alors  la  face  du  spectateur  du  circuit 
serait  censée  tournée  contre  le  plan  de  ce  circuit. 

»  Ces  principes  et  les  conséquences  que  nous  en  avons  déduites  expliquent 
a  eux  seuls  toutes  les  lois  des  réactions  magnétiques  des  courants.  En  effet, 
il  résulte  de  ces  principes  : 

»  i°.  Que  deux  courants  parallèles  marchant  dans  le  même  sens  doivent 
s'attirer,  puisque  les  pôles  de  ces  deux  courants  qui  sont  en  présence  sont 
de  nom  contraire; 

a0.  Que  deux  courants  parallèles  marchant  en  sens  opposé  doivent  se 
repousser,  puisque  des  pôles  de  même  nom  se  trouvent  en  présence; 

»  3°.  Que  deux  courants  croisés  qui  s'éloignent  ou  se  dirigent  en  même 
temps  vers  leur  point  de  croisement,  s'attirent; 

8.. 


(  56  ) 

»  4°-  Que  deux  courants  croisés  qui  s'approchent  ou  s'éloignent  de  leur 
point  de  croisement  dans  un  sens  différent,  se  repoussent  ; 

»  5°.  Qu'une  hélice  métallique  étant  composée  d'autant  d'aimants  qu'il 
y  a  de  spires  dans  sa  longueur  forme  un  seul  et  même  aimant  ayant  ses 
deux  pôles  et  sa  ligne  neutre  ;  car  les  pôles  opposés  de  toutes  les  spires 
comprises  entre  les  spires  extrêmes  étant  en  présence  se  neutralisent  ; 

»  6°.  Que  réciproquement  un  aimant  peut  être  considéré,  quant  à  son 
action  vis-à-vis  un  courant,  comme  une  hélice  métallique  dans  laquelle  cir- 
cule un  courant  électrique  ; 

»  7°.  Qu'une  aiguille  aimantée  tend  toujours  à  se  mettre  en  croix  sur  le 
courant  ;  car  il  y  a  réaction  de  courants  croisés  les  uns  sur  les  autres,  puisque 
l'aiguille  aimantée  peut  être  assimilée  à  une  hélice  ; 

»  8°.  Que  dans  ce  croisement  de  l'aiguille  aimantée  sur  le  courant,  la 
direction  de  son  pôle  austral  vers  l'ouest  ou  vers  l'est  dépend  :  i°  quand  les 
courants  sont  horizontaux  et  dirigés  parallèlement  à  l'axe  de  l'aiguille,  de 
leur  position  au-dessus  et  au-dessous  du  plan  de  déclinaison  ;  i°  quand  les 
courants  sont  verticaux  et  placés  dans  des  plans  perpendiculaires  à  l'axe  de 
l'aiguille,  de  leur  position  à  droite  ou  à  gauche  du  plan  d'inclinaison  ; 
3°  quand  les  courants  verticaux  ou  horizontaux  sont  placés  en  dehors  des 
extrémités  de  l'aiguille  dans  des  plans  parallèles  ou  perpendiculaires  à  son 
axe,  de  leur  position  horizontale  et  verticale; 

»  90.  Que  les  réactions  que  nous  venons  d'étudier  dans  l'hypothèse  d'un 
courant  rectiligne,  se  reproduisent  de  la  même  manière  à  l'égard  d'un  cir- 
cuit fermé  contourné  en  hélice;  car  l'action  des  spires  de  cette  hélice  sur 
l'aiguille  étant  la  même  d'un  côté  comme  de  l'autre,  se  trouve  neutralisée  de 
telle  sorte  qu'il  n'y  a  que  l'action  du  courant  dans  le  sens  de  l'axe  de  l'hé- 
lice qui  soit  effective.  Néanmoins,  l'action  est  plus  marquée  dans  celles  des 
positions  de  l'aiguille  où  le  courant  magnétique  et  le  courant  électrique  se 
trouvent  exercer  un  effet  concordant.  » 

CHIMIE  appliquée.    —  Note  de  M.  Girard  sur  son  nouveau  procédé 
d'étamage  du  fer.  (  Communiquée  par  M.  Dumas.) 

«  Ce  procédé  consiste  dans  l'emploi  des  chlorures,  et  notamment  de 
celui  de  zinc,  pour  couvrir  le  bain  d'étain. 

»  Les  propriétés  du  chlorure  de  zinc  pour  l'étamage  sont  connues  de 

.  tous  les  industriels  compétents  ;  mais  ce  qui  faisait  échec  à  tous  ceux  qui 

en  ont  tenté  l'application,  c'était  la  nécessité  de  repasser  les  pièces  dans  un 


(  $7) 
second  bain  couvert  de  suif  pour  avoir  des  produits  acceptables  par  le 
commerce.  C'est  là  que  résidait  toute  la  difficulté,  et  cette  façon  d'opérer 
n'apportait  point  d'amélioration  sous  le  rapport  de  la  salubrité,  et  encore 
moins  sous  le  rapport  industriel  ;  car  il  était  impossible,  par  ce  système, 
d'éviter  l'introduction  du  chlorure  de  zinc  dans  le  suif  qui  couvrait  le  se- 
cond bain  ;  il  en  résultait  alors  une  décomposition  du  chlorure  de  zinc 
(d'après  ce  que  j'ai  pu  juger  par  les  résultats),  qui  occasionnait  des  vapeurs 
encore  moins  supportables  que  par  l'ancien  étamage  au  suif,  et  qui  alté- 
rait le  bain  en  très-peu  de  temps  par  la  combinaison  du  zinc  avec  l'étain. 

»  Ce  résultat  négatif  indiquait  qu'il  fallait  une  réforme  radicale  des  an- 
ciens procédés  pour  arriver  à  faire  un  emploi  utile  du  chlorure  de  zinc. 

»  Voici  les  conditions  qu'il  fallait  réunir  : 

»    i°.  Suppression  absolue  du  suif  ; 

»  i°.  Opérer  par  une  simple  immersion  et  sans  laisser  séjourner  dans  le 
bain  ; 

»  3°.  Obtenir  des  produits  acceptables  par  le  commerce,  qui  puissent 
se  vendre  de  concurrence  avec  ceux  des  anciens  procédés  d'étamage  au 
suif. 

»  C'est  à  quoi  je  suis  parvenu,  et  ces  trois  conditions  réunies  me  don- 
nent les  résultats  suivants  :  i°  économie  ;  2°  salubrité;  3°  sécurité  contre 
les  incendies. 

»  L'économie  porte  sur  les  points  suivants  : 

»  i°.  Quatre-vingt-dix  pour  cent  de  la  dépense  du  suif  remplacé  par  les 
chlorures  ; 

»  2°.  Cinquante  pour  cent  sur  les  mains-d'œuvre  et  le  combustible  ; 

»  3°.  Soixante  pour  cent  sur  la  mise  de  fonds  en  matériel,  tels  que  four- 
neaux et  chaudières,  et  sur  les  bains  d'étain. 

»  La  salubrité  est  obtenue  par  la  suppression  du  suif  qui,  par  ses  va- 
peurs mêlées  d'acide  carbonique,  ne  permet  pas  à  tous  les  tempéraments 
d'y  résister,  et  incommode  toujours  les  ouvriers  les  plus  forts.  Tandis 
que  par  mon  procédé  d'application  des  chlorures,  il  n'y  a  aucune  émanation 
sensible,  et  le  premier  venu  peut  s'y  mettre  sans  se  trouver  incommodé, 
même  le  premier  jour. 

»  La  sécurité  contre  les  incendies  naît  naturellement  de  la  suppression 
du  suif,  qui,  sans  mentionner  les  cas  d'oubli  ou  de  négligence,  donne  pério- 
diquement des  feux  de  cheminée  très-intenses,  à  cause  des  vapeurs  de  suif 
qui  se  condensent  contre  les  parois  de  la  cheminée. 

»  Les  moyens  à  l'aide  desquels  j'obtiens  ces  résultats  sont  de  deux  sortes  : 


(58) 

la  première  est  relative  à  la  composition  des  chlorures  qui  recouvrent  le 
bain  ;  la  deuxième  à  un  procédé  de  décoloration  des  parties  colorées  par 
le  contact  des  chlorures  en  sortant  du  bain. 

»  Composition  des  chlorures.  —  Le  chlorhydrate  d'ammoniaque,  qui  est 
indispensable  pour  prévenir  la  formation  d'excès  de  base  dans  le  chlorure 
de  zinc,  a  l'inconvénient  d'exercer  une  action  trop  vive  et  de  colorer  la 
surface  de  l'étamage  d'une  façon  indélébile.  Je  diminue  cette  trop  vive  affi- 
nité par  l'adjonction  au  chlorure  de  zinc  d'environ  10  pour  100  de  chlorure 
de  sodium  ou  de  potassium,  et  d'une  quantité  presque  imperceptible  de 
matière  organique  de  la  nature  des  acides  gras,  de  préférence.  Je  n'ai  pas 
encore  une  idée  bien  arrêtée  sur  la  transformation  qu'éprouve  cette  ma- 
tière organique;  mais  ce  que  j'ai  eu  occasion  de  reconnaître  bien  des  fois, 
c'est  qu'il  se  produit  une  odeur  camphrée  dès  qu'elle  est  introduite  en  plus 
grande  quantité,  seulement  de  la  grosseur  d'une  noisette  à  la  fois.  L'addi- 
tion de  4  à  5  pour  ioo  de  protochlorure  d'étain  produit  un  bon  effet. 

»  Procédé  de  décoloration.  —  Le  lavage  ne  suffit  pas  pour  enlever  entiè- 
rement les  traces  des  chlorures  à  la  surface  de  l'étamage;  j'opère  cette 
décoloration  complète  par  l'immersion  des  pièces  dans  une  eau  légèrement 
acidulée  ou  dans  une  légère  dissolution  de  protochlorure  d'étain,  de  ma- 
nière à  ne  pas  altérer  l'éclat  de  l'étamage.  Les  pièces  sont  ensuite  rincées, 
puis  couvertes  de  sciure  de  bois  et  séchées  à  l'étuve.  Une  légère  friction, 
avec  un  linge  doux,  les  débarrasse  de  cette  sciure  lorsqu'elle  est  sèche,  et 
tout  est  terminé.    - 

»  Voilà  les  résultats  auxquels  je  suis  parvenu  après  trois  années  d'appli- 
cation en  grand  du  chlorure  de  zinc  à  l'étamage,  et  après  avoir  essuyé  de 
nombreux  insuccès.  Quoique  encore  restreinte,  l'exploitation  que  j'en  fais 
aujourd'hui  a  acquis  une  marche  régulière  qui  ne  tend  plus  qu'à  progresser. 

»  Cette  transformation  dans  l'étamage  coïncide  heureusement  avec  les 
perfectionnements  obtenus  depuis  quelques  années  dans  le  laminage  des 
tôles,  et  permettra  de  satisfaire  aux  besoins  généralement  sentis  d'avoir  des 
fers-blancs  de  grande  dimension  et  à  bas  prix. 

»  Croyant  avoir  résolu  un  problème  utile  à  la  salubrité  ainsi  qu'au  pro- 
grès industriel,  je  désire  concourir  aux  récompenses  qui  sont  accordées  en 
pareil  cas.  » 

(  Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  chargée  d'examiner  les  pièces  admises 
au  concours  pour  le  prix  concernant  les  moyens  de  rendre  un  art  ou  un 
métier  moins  insalubre.) 


(  59  ) 

anatomie  COMPARÉE.  —  Observations  sur  les  rayons  osseux  supérieurs  des 
membres  ihoraciques  dans  quelques  Mammifères  (deuxième  partie  )  ;  par 

M.   A.   L AVOCAT. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Duméril,  Isidore 
Geoffroy-Saint-Hilaire.  ) 

«  Je  crois  devoir  rappeler  que  la  première  partie  de  ce  travail  a  été 
consacrée  à  l'examen  de  quelques  principaux  détails  relatifs  à  l'os  de 
l'épaule. 

»  os  DU  bras.  —  Empreinte  ou  crête  deltoïdienne.  Dans  tous  les 
Mammifères  que  j'ai  eu  occasion  d'examiner,  cette  surface  d'insertion 
existe  plus  ou  moins  développée.  Dans  le  cheval,  par  exemple,  elle  est 
saillante  et  recourbée  en  arrière.  Bien  que  l'analogie  de  cette  éminence  avec 
l'empreinte  deltoïdienne  de  l'homme  ait  été  indiquée,  il  y  a  déjà  une  dizaine 
d'années,  dans  l' Anatomie  des  animaux  domestiques,  cette  partie,  au  lieu 
de  recevoir  la  dénomination  significative  qui  lui  convient,  a  conservé  le 
nom  vague  de  tubérosité  externe  du  corps  de  l'humérus.  Cela  tient  sans 
doute  à  ce  que,  dans  cette  même  Anatomie,  le  deltoïde  a  été  jusqu'à  présent 
méconnu  sous  le  nom  de  long  abducteur  du  bras  ou  grand  scapulo- 
huméral. 

»  Extrémité  inférieure.  Le  langage  de  l'anatomie  comparée  est  loin 
d'être  fixé  à  l'égard  de  la  surface  articulaire  inférieure  de  l'humérus. 
D'après  les  uns,  elle  est  partagée  en  une  petite  tête  et  une  trochlée;  d'après 
les  autres,  en  deux  condyles  ou  en  deux  trochlées,  etc.;  mais  l'inconvénient 
est  plus  grave  encore  lorsqu'on  admet  qu'il  y  a  une  trochlée  du  côté 
externe,  et  un  condyle  du  côté  interne,  comme  cela  est  établi,  depuis  très- 
longtemps,  dans  l' Anatomie  des  animaux  domestiques.  Il  en  résulte  que 
l'épicondyle  et  l'épitrochlée  occupent  une  position  tout  à  fait  opposée  dans 
les  animaux,  par  rapport  à  ce  qui  est  dans  l'homme  ;  en  conséquence,  les 
muscles  attachés  à  ces  éminences  reçoivent  des  noms  dissemblables  dans 
les  deux  anatomies  :  le  même  muscle  est  appelé  ici  épicondjlo...,  là 
épitrochlo . . . ,  condition  éminemment  nuisible  aux  études  comparatives. 

»  Mais  cette  confusion  ne  repose  que  sur  une  appréciation  inexacte  qu'il 
est  facile  de  rectifier.  Il  est  généralement  admis  que,  dans  l'homme, 
l'extrémité  inférieure  de  l'humérus  porte,  en  dehors,  un  condyle  et,  en 
dedans,  une  trochlée,  séparés  l'un  de  l'autre  par  une  rainure  creusée  en 
dehors  du  bord  externe  de  la  trochlée.  On  retrouve  la  même  disposition 
essentielle  dans  les  quadrupèdes;  la  seule  différence  qu'il  y  ait,  consiste  dans 


(6o) 

les  dimensions  relatives  des  deux  surfaces.  En  effet,  si  dans  l'homme  le 
condyle  est  presque  aussi  large  que  la  trochlée,  dans  les  quadrupèdes,  le 
condyle  est  généralement  étroit  et  la  trochlée  très-élargie  en  dedans,  parce 
qu'il  faut  une  plus  grande  surface  du  côté  interne,  où  se  fait  principale- 
ment l'appui. 

»  En  outre,  le  condyle  est  toujours  caractérisé  par  le  peu  de  longueur 
de  sa  courbe,  qui  ne  représente  guère  qu'un  demi-cercle,  et  il  s'arrête  à  la 
partie  inférieure  de  la  surface  articulaire;  tandis  que  la  trochlée,  qui  se 
prolonge  et  remonte  en  arrière,  figure  un  cercle  presque  complet. 

»  Un  autre  caractère  du  condyle  humerai,  c'est  d'être  toujours  en 
connexion  avec  le  radius;  quant  à  la  trochlée,  elle  repose  exclusivement 
sur  le  cubitus,  dans  l'homme;  moitié  sur  le  cubitus,  moitié  sur  le  radius, 
dans  le  chat  et  dans  le  chien,  et  entièrement  sur  le  radius,  de  même  que  le 
condyle,  dans  le  lièvre,  le  porc,  le  cheval,  les  ruminants,  etc.  (i). 

»  Dans  l'éléphant,  la  démarcation  entre  le  condyle  et  la  trochlée  est  peu 
sensible,  à  peu  près  comme  dans  le  porc;  ces  deux  surfaces  articulaires 
reposent  sur  le  cubitus;  mais,  en  avant,  le  condyle  et  la  partie  externe  de 
la  trochlée  appuient  sur  le  radius.  Ici  encore  la  règle  est  donc  observée. 
Elle  l'est  même  dans  la  taupe. 

»  OS  DE  l'avant-bras.  —  Extrémité  inférieure  du  cubitus.  Ou  sait  que 
généralement,  dans  les  quadrupèdes;  le  cubitus  se  prolonge  jusqu'au  carpe, 
où  il  s'articule  avec  le  pyramidal  et  le  pisiforme.  Cette  disposition  se 
retrouve  même  chez  les  ruminants.  Mais  on  admet  que  dans  le  cheval 
l'extrémité  inférieure  du  cubitus  se  termine  en  pointe  et  s'efface  sur  le  corps 
du  radius  ;  de  sorte  que  ce  dernier  os  forme  à  lui  seul  la  surface  articulaire 
contiguë  aux  os  carpiens  du  premier  rang.  Cette  exception  n'est  pas  fondée  : 
il  est  vrai  que  le  cubitus  se  soude  au  radius  dans  presque  toute  son  éten- 
due, et  même  que  les  deux  os  sont  confondus  dans  le  milieu  de  leur  lon- 
gueur; mais,  vers  la  partie  inférieure,  le  cubitus  reparaît  sous  forme  d'une 
petite  colonne  saillante,  parfois  même  détachée,  au  bord  externe  du  radius  ; 
et  c'est  à  lui  qu'appartient  la  tubérosité  inférieure  externe,  considérée  jus- 
qu'à présent  comme  faisant  partie  du  radius.  Ce  renflement  inférieur  du 
cubitus  porte,  en  dehors,  une  coulisse  pour  le  tendon  du  muscle  extenseur 
latéral  des  phalanges,  comme  dans  l'homme  et  les  autres  Mammifères;  sa 
surface  inférieure,  diarthroïdale,  convexe  d'avant  en  arrière,  et  large  de  16 


(1)  Mais  toujours  la  gorge  de  la  trochlée  répond  en  arrière  à  l'échancrure  sigmoïde  du 
cubitus. 


(  il  ) 

•  t8  millimètres,  s  articule  en  bas  avec  le  pyramidal  el  en  arrière  avec  le 
pisiforme.  Du  côté  interne,  la  démarcation  entre  cette  surface  cubitale  el 
celle  qui  appartient  au  radius  est  indiquée  par  un  sillon  toujours  très-pro- 
noncé en  arrière. 

»  Pour  compléter  cette  restitution,  j'ajouterai  qu'il  en  est  de  même, 
dans  le  membre  pelvien,  pour  l'os  qui  correspond  au  cubitus,  c'est-à-dire 
pour  le  péroné. 

»  Il  est  reconnu  aujourd'hui  que,  dans  les  ruminants  en  général,  cet  os, 
rudimentaire  et  presque  entièrement  fibreux,  a  cependant  son  extrémité 
inférieure  représentée  par  une  pièce  osseuse  irrégulière,  située  du  côté 
externe  entre  le  tibia,  l'astragale  et  le  calcanéum,  pièce  qui  a  été  longtemps 
considérée  comme  un  os  tarsien  particulier. 

»  Dans  le  genre  equus,  le  péroné  est  plus  développé  que  dans  les  rumi- 
nants, et  cependant  on  n'admet  pas  qu'il  se  prolonge  jusqu'au  tarse  :  c'est 
une  erreur  analogue  à  celle  qui  est  relative  au  cubitus.  En  effet,  le  péroné 
du  cheval  descend  et  se  renfle  au  côté  externe  de  l'extrémité  inférieure  du 
tibia,  où  il  est  soudé  ;  ce  renflement  péronéen  porte  en  dehors  la  coulisse 
propre  à  l'extenseur  latéral  des  phalanges  ;  en  dedans,  il  concourt  à  former 
l'articulation  des  os  de  la  jambe  avec  le  tarse  par  son  contact  avec  le  bord 
externe  de  l'astragale.  Ce  plan  articulaire,  qui  a  au  moins  i  5  millimètres  de 
largeur,  est  séparé  de  la  surface  tibiale  par  un  léger  sillon  antéro- postérieur, 
et  le  renflement  tout  entier  représente  exactement  la  malléole  externe,  dont 
il  a  tous  les  caractères^  En  conséquence,  la  disposition  qui  est  offerte,  dans 
le  cheval,  par  l'extrémité  inférieure^du  cubitus  et  du  péroné,  n'est  pas 
exceptionnelle,  elle  est  au  contraire  soumise  à  la  loi  générale.  » 

M.  Fock,  qui  avait  précédemment  soàumis  au  jugement  de  l'Académie  un 
Mémoire  sur  la  stature  de  l'homme  et  les  proportions  de  son  corps,  envoie 
aujourd'hui  une  suite  de  ce  travail,  danV laquelle  il  s'occupe  spécialement 
des  formes  de  la  tète  osseuse. 

Le  résultat  de  ses  nouvelles  recherches  peut  être  exprimé  à  peu  près  dans 
ces  termes  :  «  La  charpente  osseuse  de  la  tète,  qui  offre  aux  muscles  mis 
en  jeu  dans  les  différents  mouvements  de  la  face,  les  points  d'attache  les 
plus  avantageux  de  manière  à  combiner  la  force  et  la  légèreté,  doit  avoir 
une  forme  qui  est  aussi  celle  à  laquelle,  dans  le  monde  civilisé,  on  attache 
l'idée  d'élégance;  en  un  mot,  le  beau  type  grec,  tel  que  nous  l'offrent  quel- 
ques statues  antiques,  doit  être  aux  yeux  des  physiologistes,  comme  il  l'est 

C.  R.,  l85o,  2m'  Semestre.  (T.  XXXV,  N°2.)  9 


(6a) 

aux  yeux  de  l'artiste,  ce  qui,  pour  cette  partie  de  notre  corps,  approche 
le  plus  de  la  perfection  idéale.  » 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Magendie,  Flourens,  Serres.) 

M.  Aktiïr,  en  adressant  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Examen  des 
Recherches  sur  la  capillarité,  de  M.  Simon  (de  Metz)  »,  prie  l'Académie  de 
vouloir  bien  faire  examiner  ce  travail  par  une  Commission  composée  de 
physiciens,  de  chimistes  et  de  naturalistes.    . 

MM.  Babinet,  Regnault,  de  Quatrefages  sont  invités  à  prendre  connais- 
sance du  travail  de  M.  Artur. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  la  Justice  accuse  réception  de  la  Lettre  qui  lui  annon- 
çait qu'à  l'avenir  les  Comptes  rendus  des  Séances  de  l'Académie  seraient 
adressés  chaque  semaine  à  son  Ministère.  M.  le  Ministre  prie  MM.  les  Secré- 
taires perpétuels  de  transmettre  à  l'Académie  l'expression  de  ses  remercî- 
ments. 

M.  le  Ministre  des  Finances  remercie  également  l'Académie  pour  l'envoi 
annoncé. 

M.  le  Ministre  de  l'Intérieur,  de  l'Agriculture  et  du  Commerce  adresse, 
pour  la  bibliothèque  de  l'Institut,  un  exemplaire  du  76e  volume  des  bre- 
vets d'invention  pris  sous  l'empire  de  la  loi  de  1791,  et  un  exemplaire  du 
7e  volume  des  brevets  pris  sous  l'empire  de  la  loi  de  1 844- 

M.  le  Secrétaire  de  la  Société  de  Physique  de  Rerlin  annonce  l'envoi 
d'un  nouveau  volume  de  l'Histoire  des  Progrès  de  la  Physique,  année  1 848, 
ouvrage  publié  sous  les  auspices  de  la  Société  et  rédigé  par  M.  Karster. 

chimie  organique.  —  Sur  la  présence  de  la  triméthj lamine  dans  le  jus 
extrac tif  des  harengs  salés.  (Lettre  de  M.  A.-W.  IIofmann  à 
M.  Dumas.) 

«  A  l'occasion  d'un  travail  concernant  les  bases  ammoniacales  de  la  série 
méthylique,  j'ai  émis  l'opinion  que  la  base  décrite  par  M.  Wertheim,  sous 
le  nom  A' œtvylamyne  ou  propy lamine,  pourrait  bien  être  identique  avec  la' 


(63) 

Iriméthylamine  : 

H  j  C2H,  ) 

H        N  =  C,H,      N  =  C„H9N. 

C6  HT  )  C2  Ha  ) 

L'observation  intéressante,  due  également  à  M.  Wertheim,  que  ce  corps  se 
rencontre  en  quantités  assez  notables  dans  le  liquide  qui  se  sépare  peu  à 
peu  des  harengs  salés,  a  été  le  point  de  départ  de  quelques  essais  dans  le 
but  de  résoudre  cette  question  par  voie  expérimentale. 

»  Sur  mon  invitation,  M.  Henry  Winkles  s'est  occupé  de  ce  sujet.  D'après 
ses  expériences,  qu'il  publiera  bientôt  avec  tous  les  détails,  c'est  bien  la 
triméthylamine  qui  constitue  le  corps  prédominant  dans  le  mélange  de 
plusieurs  bases  que  peut  fournir  le  jus  extractif  des  harengs  salés. 

»  L'identité  de  cette  substance  avec  la  triméthylamine,  préparée  par  voie 
synthétique,  et  dont  l'étude  m'occupe  en  ce  moment,  fut  constatée  non- 
seulement  par  la  comparaison  directe  de  ces  deux  corps,  mais  encore  par  la- 
réaction  si  caractéristique  que  produit  l'iodure  méthylique.  Avec  ce  dernier, 
la  base  en  question  a  fourni  immédiatement  un  magma  cristallin  d'iodure 
de  tétraméthylammonium. 

»  Comme  conséquence  de  ce  résultat,  il  paraît  plus  que  douteux  qu'on 
ait  obtenu  jusqu'à  ce  jour  la  véritable  propylamine.  Par  la  même  raison, 
on  comprend  la  nécessité  de  démontrer  par  des  expériences  jusqu'à  quel 
point  on  est  autorisé  à  donner  à  la  pétinine  le  nom  de  butylamine,  nom 
que  plusieurs  chimiste^  lui  ont  donné  dans  ces  dernières  années. 

«  La  manière  dont  ce  corps  se  comporterait  avec  l'iodure  méthylique  ou 
éthylique  fournirait,  sans  difficulté,  la  solution  de  cette  question. 

chimie.  —  Sur  le  moyen  de  séparer  pur,  de  l'argent  à  l'état  de  fusion, 
l'oxygène  qu'il  a  absorbé  au  contact  de  l'air.  (Extrait  d'une  Lettre  de 
M.  Levol  à  M.   Dumas.) 

a  .  .  .  Ainsi  que  Samuel  Lucas  l'a  reconnu  le  premier,  l'argent  pur, 
fondu  au  contact  de  l'air,  en  absorbe  rapidement  l'oxygène,  et  cet  oxygène 
se  dégage  complètement  au  moment  où  l'argent  reprend  l'état  solide.  Veut- 
on  l'extraire  pendant  la  fusion  de  ce  métal ,  on  peut  y  parvenir  au  moyen 
du  charbon  qui  le  soutire  en  formant  de  l'acide  carbonique,  mais,  pour  le 
séparer  en  nature,  cela  paraissait  assez  difficile  ;  cependant  voici  comment 
on  peut  y  parvenir  :  il  suffit  d'y  ajouter  de  l'or  en  proportion  convenable, 
et  l'on  voit  à  l'instant  même  l'oxygène  se  dégager  si  rapidement  et  si  tumul- 

9-- 


(6/,) 

tueusement,  qu'il  eu  résulte  une  véritable  effervescence;  la  matière  bouil- 
lonne et  s'élève  au  delà  des  bords  du  creuset,  eût-il,  comme  je  l'ai  vu,  deux 
ou  trois  fois  la  capacité  représentée  par  le  volume  des  deux  métaux  fondus. 
»  Indépendamment  de  l'enseignement  que  renferme  cette  expérience, 
elle  procure  encore  un  spectacle  très-curieux,  et  dont  on  pourrait  facile- 
ment rendre  témoins  les  auditeurs  d'un  cours  public.  » 

M.  Buisson  adresse  une  Note  concernant  la  part  qu'auraient,  suivant 
lui,  les  insectes  aux  maladies  épidémiques  qui  affectent  les  végétaux  et  les 
animaux.  Il  pense  qu'on  remédierait  à  la  cause  deces  maladies  en  favorisant 
la  propagation  des  animaux  qui  détruisent  ces  insectes,  et  il  propose, 
comme  une  mesure  préliminaire,  d'apporter  des  entraves  à  la  chasse  qui 
tend  à  diminuer  le  nombre  des  oiseaux  insectivores. 

M.  Gaïetta  adresse  une  Note  relative  à  des  observations  desquelles  il 
"crôiVpoVrvoir  ctmclure  que  l'atmosphère,  même  dans  son  plus  grand  état 
de  transparence,  n'est  pas  complètement  incolore. 

M.  Landes  adresse  deux  Notes,  l'une  sur  la  vision,  l'autre  sur  la  forme 
et  les  couleurs  des  corps. 

M.  Brachet  envoie  une  nouvelle  Note  sur  les  phares  lenticulaires. 

L'Académie  accepte  le  dépôt  de  quatre  paquets  cachetés  présentés 

Par  M.  Brachet, 
Par  M.  Crcsell, 
Par  M.  Frestel, 
Et  par  M.  Perrot. 

A  4  heures  un  quart,  l'Académie  se  formé  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECBET. 

M.  Beautemps-Beaupré,  doyen  de  la  Section  de  Géographie  et  de 
Navigation,  présente,  au  nom  de  cette  Section,  une  liste  de  candidats 
pour  une  place  vacante  de  Correspondant. 

La  Section,  considérant  qu'elle  ne  compte  maintenant  parmi  ses  Çorres- 


(65) 

pondants  qu'un  seul  Français,  a  cru  devoir  ne  proposer  cette  fois  que  des 
candidats  nationaux.  La  liste  qu'elle  présente  est  la  suivante  : 
En  première  ligne  : 

M.  Antoine  d'Abbadie,  à  Urrugne,  près  Saint-Jean-de-Luz. 

En  deuxième  ligne  : 

M.  Victor  Lottin,  capitaine  de  frégate,  à  Versailles. 

En  troisième  ligne,  ex  œquo,  et  par  ordre  alphabétique  : 

M.  Ferret,  capitaine  d'état-major, 
M.  Galinier,  capitaine  d'état-major. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  F. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  5  juillet  1 852,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Le  Magasin  pittoresque;  juin  1832;  in-8°. 

Moniteur  de  la  propriété  et  de  i agriculture  ;  juin  i85a;  in-8°. 

Revue  thérapeutique  du  Midi.  Journal  de  Médecine ,  de  Chirurgie  et  de  Phar- 
macie pratiques  ;  fondé  par  M.  le  professeur  Fuster,  et  rédigé  par  MM.  les 
D™  Louis  Saurel  et  Barbaste  ;  n°  12;  3o  juin  1 85a  ;  in-8°. 

Corrispondenza . . .  Correspondance  scientifique  de  Rome  ;  2e  année  ;  n°  34  ; 
2  juin  i852. 

Boletin.  .  .   Bulletin  de  l'Institut  médical  de  Valence;  mai  i85a;  in-8°. 

The  transactions.  .  .  Transactions  de  la  Société  Linnéenne  de  Londres; 
volume  XXI;  ire  partie.  Londres,  i852;  iri-4°. 

Proceedings.  .  .  Procès-verbaux  des  séances  de  la  Société  Linnéenne  de 
Londres;  noa  45  à  47;  in-8°. 

The  astronomical .  .  .  Journal  astronomique  de  Cambridge  ;  publié  par 
M.  Benj.  Apthorp  Gould  Jr;  n°  4i;  vol.  II;  n°  17;  4  juin  i852. 

Monatsbericht .  . .  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  royale  des 
Sciences  de  Berlin;  mai  i852;  in-8°. 

Astronomische. . .  Nouvelles  astronomiques;  n°  81 4- 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  27. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n0*  76  à  78. 


(  66  ) 

L'Abeille  médicale;  n°  i3. 
La  Lumière;  2e  année;  n°28. 
Moniteur  agricole;  5e  année;  n°  26. 
Réforme  agricole;  n°  45. 

La  Presse  littéraire,  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  10; 
4  juillet  i85a. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  12  juillet  i852,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences, 
ae  semestre  i85a;  n°  1;  in-4°. 

IVotesur  un  pommier  produisant  plusieurs  sortes  de  pommes;  par  M.  Charles 
Gaudichaud;  broch.  in-4°-  (Extrait  des  Comptes  rendus  des  séances  de 
l'Académie  des  Sciences;  tome  XXXIV,  séance  du  17  mai  i852.) 

Remarques  générales  sur  le  Rapport  qui  a  été  fait,  dans  la  séance  du  1 1  mai 
dernier,  sur  un  Mémoire  de  M.  Trécul,  ayant  pour  litre:  Observations  rela- 
tives à  l'accroissement  en  diamètre  des  tiges;  par  le  même  ;  ire  et  2e  partie; 
4  broch.  in-4°-  (Extraits  du  même  Recueil;  séances  des  3i  mai;  7,  21  et  28 
juin  i852.) 

Description  des  machines  et  procédés  pour  lesquels  des  brevets  d'invention  ont 
été  pris  sous  le  régime  de  la  loi  du  5  juillet  1 844  j  publiée  par  les  ordres  de 
M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce;   tome  VIL   Paris,  i85i; 

in-40. 

Description  des  machines  et  procédés  consignés  dans  les  brevets  d'invention,  de 
perfectionnement  et  d'importation  dont  la  durée  est  expirée,  et  dans  ceux  dont 
la  déchéance  a  été  prononcée;  publiée  par  les  ordres  de  M.  le  Minisire  de 
l'Intérieur,  de  l'Agriculture  et  du  Commerce;  tome  LXXVI.  Paris,  i852; 
in-4°. 

Mémoires  sur  la  famille  des  Fougères;  par  M.  A.-L.-A.  FÉE.  Troisième 
Mémoire  :  Histoire  des  Villariées  et  des  Pleurogrammées.  Quatrième  Mémoire  : 
Histoire  des  Antrophyées.  Paris,  i85i-i85u ;  in-fol. 

Annuaire  des  marées  des  côtes  de  France  pour  l'an  1 852 ,  publié  au  Dépôt  de 
la  marine  sous  le  Ministère  de  M.  Chasseloup-Laubat ;  par  M.  A.-M.-R. 
Ghazallon,  ingénieur-hydrographe  de  la  marine,  ancien  Membre  de  la 
Constituante.  Paris,  i85i;  in-12. 

Annuaire  des  marées  des  côtes  de  France  pour  l'an  i853,  publié  au  Dépôt  de 
la  marine  sous  le  Ministère  de  M.  Ducos;  par  le  même.  Paris,  i852  ;  in-12. 


(«7  ) 
Études  sur  les  engrais  de  mer  des  côtes  de  la  Basse- Normandie  (Manche  et 
Calvados).  Travail  exécuté  par  ordre  du  Ministre  de  l' Agriculture  et  du  Com- 
merce; par  M.  J.-I.  Pierre.  Caen,  i85a;  broch.  in-8°.  (Cet  ouvrage  est 
adressé  pour  concourir  au  prix  de  Statistique.) 

Recherches  expérimentales  sur  la  résistance  de  l'air  au  mouvement  des  pen- 
dules; par  M.  Ch.-Ign.  Giulio.  Turin,  i85a;  broch.  in-4°. 

Documents  sur  la  géographie  du  bassin  du  Nil;  par  M.  Ant.  d'Abbadie. 
Paris,  i85a;  broch.  in-8°.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie, 
avril  i852.) 

Coup  d'œil  sur  l'histoire  des  botanistes  et  du  Jardin  des  Plantes  de  Montpel- 
lier. Discours  d'ouverture  du  cours  de  botanique  médicale ,  prononcé  le  i  n 
avril  i852;  par  M.  Ch.  Martins,  professeur  d'Histoire  naturelle  médicale  à 
la  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier,  et  directeur  du  Jardin  des  Plantes. 
Montpellier,  i85a;  broch.  in -8°.  (Extrait  de  la  Gazette  médicale  de  Mont- 
pellier. ) 

La  sapience  normande,  manuel  des  doctes,  ae  livre;  par  M.  Ph.-A.  Aube. 
Elbeuf,  1849;  broch.  in-8°. 

De  l'électricité,  soit  de  l'âme  universelle  considérée  dans  ses  forces  motrices  ■ 
par  le  même.  Elbeuf,   i852;  broch.  in-8°. 

Les  trois  règnes  de  la  nature.  Règne  animal.  Histoire  naturelle  des  oiseaux, 
classés  méthodiquement  avec  l'indication  de  leurs  mœurs  et  de  leurs  rapports 
avec  les  arts,  le  commerce  et  l'agriculture;  par  M.  Emm.  Le  Maout;  6e  à 
8e  livraisons;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d'Horticulture  de  Paris  et  centrale  de  France;  juin 
i852;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  nationale  de  Médecine,  rédigé  sous  la  direction  de 
MM.  F.  Dubois  (d'Amiens),  secrétaire  perpétuel,  et  Gibert,  secrétaire 
annuel;  tome  XVII;  n°  18;  3i  juin  i852;  in-8°. 

Annales  de  ta  propagation  de  la  Foi;  juillet  i852  ;  in-8Q. 
Bibliothèque  universelle  de  Genève;  juin  i852;  in-8°. 
Cosmos,  revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  de  Monfort 
et  rédigée  par  M.  l'abbé  MoiGNO;  n°  1 1  ;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  pratique  et  de  Jardinage }  fondé  par  M.  le  Dr  Bixio 
publié  par  les  rédacteurs  de  la  Maison  rustique,  sous  la  direction  de  M.  Barrât,* 
3e  série;  tome  V;  n°  1;  5  juillet  i852;  in-8°. 


(68  ) 


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COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  19  JUILLET  1852. 
PRÉSIDENCE  DE  M.   de  JUSSIEU. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

anatomif.  ET  PHYSIOLOGIE  végétales.  —  Réponses  aux  observations  qui 
nous  ont  été  faites  dans  les  séances  du  3i  mai  i852,  page  818,  et  du 
>a  juin,  pages  g33  à  9,4 1,  par  MM.  Ach.  Richard,  Ad.  Brongniart  et 
Ad.  de  Jussieu;  par  M.  Charles  Gaudichaud. 

«  Tout  ce  qui  touche  à  l'organisation,  aux  fonctions  et  à  la  vie  des  êtres 
organisés,  est  tellement  enveloppé  de  mystères,  que  les  travaux,  les  efforts 
et  le  génie  des  hommes  ne  parviendront  peut-être  jamais  à  l'éclaircir  entière- 
ment. Cette  vérité,  qui  est  profondément  triste  pour  nous,  est  du  moins 
pleine  d'espérances  et  de  consolations  pour  les  générations  futures,  à  l'in- 
telligence desquelles  elle  assure  un  aliment  durable,  et  sans  doute  infini. 
Contentons-nous  donc  du  peu  auquel  il  nous  est  donné  d'atteindre;  faisons 
faire,  s'il  est  possible,  un  pas  à  la  science,  et  notre  tâche  sera  remplie.  Nos 
successeurs  feront  le  reste. 

»  Depuis  plus  de  trente  ans,  les  plantes  ont  été  pour  nous  le  sujet  de 
recherches  incessantes  et  de  longues  et  douces  méditations. 

»  Nous  les  avons  étudiées  avec  passion  et  avec  un  zèle  toujours  crois- 

C.  K.,  l85î,  1m'  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  3)  'O 


(  7°) 
sant.  Ces  études  nous  ont  conduit  à  une  théorie  qui,  selon  nous,  était  né- 
cessaire, parce  qu'elle  faisait  complètement  défaut  dans  la  science.  On  con- 
naît l'histoire  de  ce  travail  qui,  après  avoir  reçu  la  sanction  de  l'Académie, 
a  été  imprimé  dans  le  tome  VIII  des  Savants  étrangers. 

»  On  sait  de  combien  d'attaques  cet  ouvrage,  qui  touche  à  toutes  les 
branches  de  la  science  des  végétaux,  et  les  éclaire  généralement  toutes,  a 
été  l'objet.  L'Académie  n'a  certainement  pas  oublié  les  efforts  que  nous 
avons  faits  devant  elle  contre  les  suprêmes  tentatives  de  l'un  de  ses  plus 
illustres  Membres,  qui  avait  entrepris  de  le  renverser.  Depuis  ce  temps,  des 
hommes  d'une  incontestable  habileté  et  fort  instruits,  des  savants  très-re- 
nommés, et,  il  faut  bien  le  dire,  puisque  c'est  la  vérité,  des  hommes  illus- 
tres sans  doute,  mais  entièrement  étrangers  à  cette  branche  de  la  science 
des  végétaux,  se  sont  coalisés  pour  tenter  de  détruire  la  théorie  des  phylons, 
et  n'ont  pas  été  plus  heureux.  Enfin,  un  jeune  homme  instruit  et  fortement 
appuyé,  mais  qui  n'a  peut-être  pas  une  connaissance  parfaite  de  l'organisa- 
tion et  des  fonctions  des  végétaux,  est  venu  essayer  de  lui  donner  un  der- 
nier coup.  Il  aura,  nous  l'assurons,  le  sort  de  ses  illustres  devanciers. 

»  C'est  de  cette  même  théorie  des  phytons  que  notre  honorable  confrère 
M.  Richard  a  dit  qu'elle  est  FAUSSE,  qu'elle  repose  sur  des  faits  incomplè- 
tement observés,  mal  interprétés,  et,  enfin,  qu'elle  est  de  plus  de  trente 
ans  en  arrière  des  connaissances  positives,  etc. 

»  Nous  n'avons  pas  à  nous  plaindre  de  ces  expressions,  toutes  sévèfes 
qu'elles  puissent  paraître,  puisque  ce  sont,  à  peu  de  chose  près,  celles  que 
nous  avons  employées,  quand,  réduit  enfin  à  nous  défendre  contre  les  at- 
taques de  M.  Richard,  nous  avons  combattu  les  déplorables  théories  élu 
cambium,  du  tissu  générateur,  etc.,  qu'il  enseigne  dans  ses  cours  et  dans  ses 
Éléments  de  Botanique.  Mais  il  y  a  entre  notre  confrère  et  nous  cette  diffé- 
rence, que  nous  lui  avons  prouvé  la  vérité  de  toutes  nos  assertions,  et  que. 
jusqu'à  présent,  il  n'a  rien  fait  de  semblable  à  l'égard  de  nos  travaux. 

»  Il  lui  reste  donc  une  grande  tâche  à  remplir,  et  tout  nous  porte  à  espé- 
rer qu'il  l'accomplira  promptement. 

»  Ce  qui  nous  a  causé  un  bien  grand  étonnement  et  une  vive  affliction, 
c'a  été  de  voir  que  tous  nos  honorables  confrères  de  la  Section  de  Botanique 
prenaient  part  à  ces  dernières  attaques,  et  qu'ils  partageaient  de  tous  points 
les  douteuses  idées  de  l'auteur  du  Mémoire  sur  l'accident  du  Njssa. 

»  Notre  surprise  a  été  d'autant  plus  grande  que  nous  avions  la  parfaite 
assurance,  même  des  preuves  irrécusables,  que  deux  d'entre  eux  partageaient 


(  v  ) 

en  grande  partie  notre  sentiment  sur  les  matières  qui,  depuis  près  de  dix  ans, 
ont  été  traitées  devant  l'Académie,  que  nous  ignorions  et  que  nous  ignorons 
encore,  nous  l'avouons  avec  humilité,  la  nature  des  travauxcontraires qu'ils 
ont  pu  faire  sur  ces  sortes  de  parties  de  la  science,  et  enfin  que  nous  étions 
loin  de  nous  douter  qu'eux  aussi  nous  contredisaient  dans  leurs  cours. 

»  Mais,  puisqu'il  en  est  ainsi,  et  quelles  que  soient  les  raisons  qui  les 
ont  conduits  à  nous  combattre,  puisqu'ils  sont  entrés  dans  la  discussion,  il 
faut  s'en  féliciter.  Leurs  lumières  nous  seront  certainement  d'un  grand  se- 
cours. Le  sujet  est  même  assez  important  pour  que  d'autres  contradicteurs 
non  moins  éclairés  viennent  y  prendre  part.  Nous  les  appelons  de  tous  nos 
vœux. 

»  Nous  ne  parlerons  pas,  cela  est  bien  entendu,  des  récriminations  que 
notre  confrère  M.  Richard  a  apportées  à  l'Académie.  De  telles  choses  ne 
doivent  pas  se  traiter  en  ce  lieu. 

»  Nous  lui  dirons  seulement,  car  il  lui  faut  une  première  réponse,  que 
pour  être  juste  et  irréprochablement  exact,  il  aurait  dû  commencer  ses 
doléances  par  déclarer  que  ce  n'est  qu'après  avoir  été  poursuivi  pendant 
six  ans  et  plus  d'agressions  incessantes  de  sa  part,  dans  ses  ouvrages  et  dans 
ses  cours,  que,  de  guerre  lasse,  nous  nous  sommes  enfin  décidé,  en  1 85 1 , 
mais  avec  le  plus  vif  regret,  mais  avec  une  douleur  profonde,  nous  le  cer- 
tifions, à  lui  appliquer  la  loi  du  talion.  La  vie  d'un  homme  de  science  est 
toute  dans  ses  travaux.  Nous  avons  défendu  les  nôtres  contre  les  attaques 
persistantes  et  immodérées  (nous  sommes  en  mesure  de  le  prouver)  de 
notre  confrère ,  et  nous  l'avons  fait  avec  d'autant  plus  de  chaleur,  voire 
même  de  vivacité,  que  nous  souffrions  depuis  longtemps  de  telles  agres- 
sions, et  que,  dans  notre  parfaite  conviction,  les  faits  sur  lesquels  notre 
confrère  s'appuyait,  étaient  matériellement  contraires  à  la  vérité.  Tous 
les  savants  qui  voudront  s'édifier  sur  ce  point,  n'auront  qu'à  consulter,  et 
surtout  qu'à  comparer  entre  elles  les  deux  dernières  éditions  des  Éléments 
de  Botanique  de  notre  confrère  M.  Richard,  et,  nous  l'affirmons,  ils  auront 
de  la  peine  à  comprendre  notre  longanimité  et  la  modération  que  nous 
avons  mise  dans  nos  tardives  et  trop  incomplètes  réfutations  du  cambium, 
du  fluide  nutritif,  du  tissu  générateur  et  autres  sortes  de  choses  incroya- 
bles, sous  le  poids  desquelles  on  croyait  pouvoir  ensevelir  la  vitale  et 
féconde  théorie  des  phytons. 

»  Notre  confrère  M.  Richard  nous  reproche,  à  tort,  de  ne  pas  connaître 
les  théories  et  les  lois  organogéniques  qui,  selon  lui,  sont  l'expression  de 

10.. 


(72  ) 
l'état  actuel  de  la  science.  Si  nous  ne  les  connaissions  pas,  ce  serait  peut- 
être  de  sa  faute.  Pourquoi  ne  nous  les  a-t-il  pas  exposées  clairement, 
simplement  dans  ses  ouvrages,  et  surtout  ici,  à  l'Académie,  où  nous  les 
aurions  combattues? 

»  En  attendant  qu'il  veuille  bien  nous  les  présenter,  nous  lui  dirons  que 
ces  théories  et  ces  lois  ne  se  trouvent  encore  que  dans  les  écrits  des  savants 
étrangers,  anglais,  allemands,  etc.,  et  nullement  dans  les  ouvrages  français. 
»  Mais  comme  il  faut,  nous  le  savons,  qu'une  théorie,  pour  être  admis- 
sible et  durable,  soit  étrangère,  nous  allons  voir  tous  les  botanistes  français 
se  réunir  contre  une  théorie  toute  française,  et  tenter  de  la  renverser  parce 
qu'elle  ne  nous  est  pas  arrivée  par  la  Manche  ou  par  le  Rhin. 

»  Mais  on  verra  aussi  un  homme  se  lever  pour  la  défendre,  et  cet 
homme,  on  peut  y  compter,  fera  mentir  l'adage  qui  dit  :  Quon  est  bien 
près  d'avoir  tort  quand  on  est  seul  à  avoir  raison. 

»  Quand,  en  i835,  nous  avons  présenté  notre  premier  travail  sur  la 
théorie  des  phytons  à  l'Académie  des  Sciences,  nous  l'avons  intitulé  : 
Recherches  générales  sur  /'Organographie,  la  Physiologie  et  /'Orga- 
nogénie  des  végétaux. 

»  Cet  ordre  n'était  sans  doute  pas  le  plus  naturel,  puisque,  même  dans 
notre  pensée  intime,  la  physiologie  est  le  premier  effort  de  la  nature  dans 
la  création  des  êtres  organisés.  Mais,  en  partant  de  cet  autre  principe, 
que  je  nommerais  pratique,  principe  qui  veut  qu'il  y  ait  un  organe  pour 
produire  une  fonction,  nous  avons  jugé  convenable  de  commencer  l'ex- 
position de  notre  travail  par  ce  qui  nous  a  semblé  à  la  fois  le  plus  facile 
et  le  plus  important,  par  ce  que  nous  avons  justement  nommé  l'organogra- 
phie,  c'est-à-dire  par  l'étude  des  organes  fondamentaux  de  la  vie  des 
plantes,  par  ceux  de  la  circulation,  de  la  nutrition  et  de  ce  qu'on  est  con- 
venu de  nommer  les  organes  de  l'élaboration.  Nous  avons  choisi  ce  nom, 
parce  qu'il  est  nue  foule  de  végétaux  et.  de  parties  de  végétaux  qui  vivent 
fort  bien  sans  feuilles,  sans  tiges,  sans  racines,  etc.  On  sait  que  nous  comp- 
tons passer  de  l'organographie  à  la  physiologie,  et  que  la  physiologie  doit 
naturellement  précéder  l'organogénie. 

»  On  nous  fera  sans  doute  l'honneur  d'admettre  que  dès  le  temps  pré- 
cité, nous  avions  fait  de  l'organogénie,  et  que  nous  n'avancions  pas  sans 
cause  un  vain  mot.  Dès  cette  époque,  en  effet,  nous  avions  arrêté  les  bases 
de  l'organogénie  comme  celles  des  deux  autres  parties. 

»  Comptant  un  peu  trop  sur  le  temps,  sur  notre  santé,  sur  nos  forces, 


(73  ) 
nous  avions  formé  le  projet  de  présenter  rapidement  à  l'Académie  l'en- 
semble de  ces  différentes  divisions  de  notre  travail,  dans  l'ordre  que  nous 
avions  adopté. 

»  L'Académie  connaît  maintenant  toutes  les  circonstances  qui  nous  ont 
arrêté.  Elle  sait  surtout  quelles  sont  les  entraves  qui  nous  ont  été  opposées 
quant  à  l'organographie,  et  toutes  les  forces  qu'il  nous  a  fallu  employer 
pour  les  briser. 

»  Dans  tout  notre  travail,  c'est  particulièrement  à  la  recherche  des 
causes  ou  des  forces  qui  se  manifestent  dans  les  végétaux  que  nous  nous 
sommes  livré,  et  nous  avons  facilement  reconnu  que  les  causes  organogé- 
niques  étaient  purement  physiologiques. 

»  Il  fallait  donc  faire  de  l'organographie  et  surtout  de  la  physiologie 
avant  de  faire  de  l'organogénie. 

»  La  ligne  que  nous  voulions  suivre  était  donc  de  tout  point  rationnelle. 

»  Entraîné  par  la  marche  des  circonstances  actuelles,  nous  allons  encore 
une  fois  briser  un  des  angles  de  notre  travail  général  et  faire  connaître  quel- 
ques-unes des  observations  essentiellement  organogéniques  que  nous  avons 
faites  dès  l'origine  de  nos  études,  et  qui  ont  puissamment  contribué  à  l'édi- 
fication de  la  théorie  des  phytons.  Nous  voulions  les  réserver  pour  un 
exposé  distinct  et  complet  de  nos  principes  d'organogénie  ;  mais  les  évé- 
nements nous  pressent,  obéissons-leur. 

»  Partant  de  ce  principe,  que  la  physiologie  régit  tout  dans  les  végétaux, 
et  qu'il  faut  des  causes  pour  produire  des  effets,  voici  les  expériences,  as- 
surément bien  simples,  que  nous  avons  faites,  dès  l'hiver  de  1 833  à  i83/j, 
expériences  que  nous  avons  mille  fois  renouvelées  depuis,  et  à  l'aide  des- 
quelles nous  avons  pu  et  nous  pouvons  encore  contredire  toutes  les  asser- 
tions de  nos  opposants  anciens  et  nouveaux. 

»  Par  différents  moyens,  qu'il  serait  trop  long  d'expliquer  en  ce  mo- 
ment, et  spécialement  par  de  petites  entailles  faites  avec  soin  sur  l'écorce 
d'un  certain  nombre  de  jeunes  arbres,  de  branches  et  de  rameaux,  entailles 
qui  allaient  jusqu'au  bois  sans  l'entamer,  nous  nous  sommes  assuré  que 
tous  les  tissus  extérieurs  du  bois  et  intérieurs  de  l'écorce  appartenaient 
bien  à  ces  deux  sortes  de  parties  achevées  de  la  végétation  précédente,  et 
que  rien  d'intermédiaire  n'existait  entre  elles.  Des  tranches  microscopiques 
horizontales  et  verticales,  des  macérations  bien  ménagées,  qui  nous  per- 
mirent d'étudier  la  couche  extérieure  du  bois  et  la  couche  intérieure  de 
l'écorce,  vinrent  confirmer  nos  observations.  Ces  expériences  furent  conti- 


(  74) 
nuées  de  quinze  en  quinze  jours  (souvent  moins,  rarement  plus),  jusqu'au 
printemps,  qui  nous  apporta  aussi  ses  preuves  par  les  premiers  vaisseaux 
radiculaires  enveloppant  toute  la  portion  ligneuse  de  l'année  précédente  ; 
ce  que  nous  pûmes  constater  avec  certitude  au  moyen  de  nos  petites  en- 
tailles d'écorce  qui  nous  servaient  de  repères. 

»  Dès  que  l'écorce  des  arbres  put  s'enlever,  nos  expériences  devinrent  plus 
faciles  et  plus  nombreuses,  parce  qu'elles  exigeaient  moins  de  temps.  Elles 
consistaient,  d'une  part,  à  enlever,  à  des  époques  fixes,  de  petites  bandes 
longitudinales  d'écorce,  sous  lesquelles  les  développements  ligneux  s'arrê- 
taient, et,  d'autre  part,  à  étudier  au  microscope  des  tranches  horizontales 
de  bois  et  d'écorce  encore  unis,  des  tranches  verticales  de  ces  mêmes 
parties,  et  enfin,  après  avoir  soulevé  l'écorce,  à  étudier  par  le  même  moyen 
une  tranche  verticale  de  sa  face  intérieure,  et  une  tranche  verticale  de  la 
surface  extérieure  du  bois.  Par  ces  moyens,  de  la  plus  grande  simplicité,  et 
que  nous  simplifiâmes  encore  par  la  suite,  en  n'étudiant  plus  que  les  tissus 
de  la  surface  intérieure  de  l'écorce  et  ceux  de  la  surface  extérieure  du  bois, 
moyens  qui  furent  continués  des  années  entières  sur  toutes  les  essences 
ligneuses  des  environs  de  Paris,  nous  acquîmes  la  certitude  qu'il  n'existait 
jamais  rien  d'intermédiaire  entre  l'écorce  et  le  bois.  C'est  à  la  recherche 
du  cambium  que  ces  expériences  furent  primitivement  consacrées,  et  l'on 
sait  que  nous  n'avons  pas  rencontré  le  cambium  des  botanistes  anciens, 
et  que  dès  lors  nous  avons  dû  en  nier  l'existence. 

»  Dès  que  le  tissu  générateur  est  entré  dans  la  science,  comme  succé- 
dané du  cambium,  nous  l'avons  cherché  par  les  mêmes  moyens,  et  nous 
n'avons  pas  été  plus  heureux.  Nous  savions  d'avance  que  nous  ne  pouvions 
pas  constater  ce  qui  n'existait  pas,  puisque  nous  n'avions  jamais  rencontré 
dans  nos  expériences,  faites  à  toutes  les  époques  de  l'année,  que  des  tissus 
fibreux  sur  le  bois  et  fibrillaires  sur  l'écorce,  et  des  rayons  médullaires 
parfaitement  isolés,  distincts  et  circonscrits  dans  leurs  orbites  allongées. 
Nous  sommes  donc  autorisé  à  nier  aussi  l'existence  du  tissu  générateur 
des  botanistes  modernes.  Nous  contesterons  même  ce  nom  de  tissu  géné- 
rateur. 

»  Mais  si,  dans  nos  études,  nous  n'avons  rencontré  ni  le  cambium,  ni 
le  tissu  générateur,  nous  avons  trouvé  bien  d'autres  choses.  Nous  avons 
trouvé  l'origine  et  le  mode  d'organisation,  d'agencement  et  de  développe- 
ment des  vaisseaux  ligneux;  l'origine,  le  mode  d'organisation,  d'agence- 
ment et  de  développement  des  fibres  ligneuses  ;  l'origine,  le  mode  d'orga- 


(  75  ) 
irisation,  d'agencement  et  de  développement  des  fibres  corticales,  et  tout  ce 
qui  peut  servir  à  consolider  la  théorie  des  phytons. 

»  Nous  avons  trouvé  que  les  vaisseaux  ligneux  partent  évidemment  des 
bourgeons  ;  que  si  les  bourgeons  sont  très-réduits,  très-faibles,  même  en- 
core invisibles,  les  vaisseaux  qui  en  émanent  sont  composés  d'utricules  ou 
articles  très-courts,  très-variables  dans  leurs  formes  et  leurs  dimensions,  très- 
irrégulièrement  disposés  ;  que,  dès  que  les  bourgeons  prennent  de  la  force 
et  de  l'activité,  les  articles  composant  les  vaisseaux  se  redressent,  s'alignent, 
s'agencent,  se  confondent  parfois  plusieurs  en  un  seul,  et  que,  soit  qu'ils 
partent  de  la  partie  supérieure  du  point  d'attache  du  bourgeon,  soit  qu'ils 
partent  de  toute  autre  partie,  ils  tendent  tous  à  prendre  la  direction  verticale 
descendante;  que,  dans  aucun  cas,  ils  ne  procèdent  de  la  transformation 
d'utricules  précédemment  et  depuis  longtemps  formées,  et  encore  moins 
de  la  transformation  des  tissus  fibreux  et  fibrillaires  qui  peuvent  bien  s'al- 
longer et  grandir  dans  tous  les  sens,  mais  qui  ne  peuvent  jamais  changer,,! 
de  nature. 

»  Nous  avons  trouvé  que  lorsqu'il  se  montre  des  vaisseaux  au  bord  supé- 
rieur d'une  tige  ou  d'une  racine  coupée  transversalement,  au  bord  inférieur 
d'une  décortication  circulaire,  d'une  plaie,  etc.,  ces  vaisseaux  partent  tou- 
jours de  petits  centres,  mal  définis  peut-être,  mais  que  nous  avons  dû-  consi- 
dérer comme  des  bourgeons  naissant  au  contact  de  l'air. 

»  Nous  avons  trouvé  que,  loin  de  se  composer  de  tissus  dits  générateurs, 
les  tissus  fibreux  de  la  périphérie  du  bois,  et  fibrillaires  de  la  partie  interne 
de  l'écorce,  sont  distinctement  des  productions  spéciales  et  annuellement 
nouvelles  de  ces  deux  sortes  d'organismes  ;  qu'ils  naissent  fibres  ou  fibrilles, 
et  persistent  toujours  à  cet  état  organique,  même  en  grandissant  ;  qu'ils 
commencent  au  sommet  des  tiges  et  ordinairement  dans  le  voisinage  des 
bourgeons,  et  se  constituent  progressivement  ensuite  vers  la  base,  au  fur  et 
à  mesure  que  l'écorce  tend  à  se  séparer  du  bois;  que  leur  production  a 
lieu  depuis  le  commencement  du  printemps  jusque  vers  la  fin  de  l'au- 
tomne, et  que  tant  qu'il  se  forme  des  fibres  et  fibrilles,  l'écorce  est  facile- 
ment séparable  du  bois  ;  que  cet  effet  se  produit  aussi  au  sommet  d'une 
tige  et  d'une  racine  tronquées  comme  au  bord  inférieur  des  décortications 
circulaires,  etc.,  avec  cette  seule  différence  que,  tant  qu'il  ne  se  montre  pas 
de  bourgeons,  les  fibres  et  fibrilles  restent  plus  courtes. 

»  Nous  avons  trouvé  que  les  tissus  fibreux  du  bois  et  fibrillaires  de 
l'écorce,  ainsi  que  les  rayons  médullaires,  sont  tous,  plus  ou  moins,  allon- 


(  76  ) 
gés  dans  le  sens  vertical,  circonscrits,  enchâssés,  et,  pour  ainsi  dire,  em- 
boîtés par  un  plexus  de  vaisseaux  capillaires  encore  indéterminés,  et  qu'on 
a  probablement  considérés  à  tort  comme  des  méats  intercellulaires  ;  que  ces 
tissus  fibreux  et  fibrillaires  doivent  certainement  leur  origine  à  ce  que  nous 
avons  nommé  le  rayonnement  cellulaire ,  c'est-à-dire  à  ces  sortes  de  végé- 
tations latérales  centrifuges  du  bois  et  centripètes  de  l'écorce,  nommées  par 
nous  rayonnantes,  parce  qu'elles  se  produisent  encore,  avec  les  modifica- 
tions que  nous  venons  d'indiquer,  sur  des  tiges  et  des  racines  privées  de 
bourgeons,  et  dont  on  a  retranché  les  parties  supérieures.  Enfin  nous  avons 
trouvé,  dans  presque  toutes  nos  expériences,  que  ces  tissus  fibreux  du  bois 
et  fibrillaires  de  l'écorce,  comme  d'ailleurs  tous  les  autres  tissus,  cellulaires 
et  vasculaires,  tendaient  à  descendre  du   sommet  des  tiges  à  leur  base, 
comme,  par  exemple,  dans  ies  racines  de  peuplier,  de  frêne,  etc.,  que  nous 
avons  entièrement  coupées  transversalement,  et  dont  les  nouveaux  tissus 
ligneux  et  autres  du  lambeau  supérieur  sont  descendus  joindre  le  bord  du 
lambeau  inférieur  et  continuer,  entre  le  bois  ancien  et  l'écorce  de  cette  der- 
nière partie,  leur  mouvement  successif  de  descension.  Nous  n'avons  pas  pré- 
tendu dire  pour  cela  que  les  fibres  du  bois,  les  fibrilles  de  l'écorce  et  les 
articles  des  vaisseaux  descendaient,  quittaient  une  première  place  supé- 
rieure pour  en  prendre  une  seconde  inférieure,  mais  que  de  nouvelles  fibres 
et  fibrilles,  de  nouveaux  articles  de  vaisseaux,  d'autres  tissus  se  produi- 
saient et  s'accroissaient  incessamment  du  sommet  des  tiges  à  leur  base.  Voilà 
ce  que  nous  entendons  par  descension,  et  cette  descension  est  incontes- 
table dans  l'exemple  que  nous  présentons  à  l'Académie. 

»  On  voit,  en  effet,  que  les  tissus  ligneux  descendant  du  lambeau  supé- 
rieur, avant  d'atteindre  les  bords  du  lambeau  inférieur,  ont  rampé  de  la 
circonférence  au  centre,  sous  la  surface  horizontale  du  premier.  Là ,  ils  se 
sont  rencontrés  et  déviés  sur  la  surface  horizontale  du  lambeau  inférieur, 
au  bord  duquel  ils  ont  repris  leur  direction  descendante  verticale. 

»  Mais  comme  il  a  fallu  du  temps  pour  que  ces  effets  se  produisissent,  il 
en  est  résulté  que  la  nouvelle  couche  ligneuse  du  lambeau  supérieur,  qui 
n'a  pas  cessé  un  instant  de  s'accroître,  est  beaucoup  plus  épaisse  que  celle 
du  lambeau  inférieur. 

»  Nous  n'aurions  que  ce  fait  pour  prouver  la  tendance  à  descendre  des 
tissus  ligneux,  qu'il  serait  suffisant.  On  sait  que  nous  en  avons  beaucoup 
d'autres. 

»  C'est  donc  à  tort  qu'on  nous  reproche  de  faire  monter  d'un  côté  et  des- 


(^77  ) 
cendre  d'un  autre  côté,  les  différentes  sortes  de  vaisseaux  des  plantes,  puis- 
que dans  la  plupart  de  nos  Notes,  et  particulièrement  dans  notre  Organo- 
graphie  (la  première  de  toutes  nos  Notes),  page  i5,  nous  nous  sommes 
catégoriquement  expliqué  à  ce  sujet.  Si  l'on  se  fût  donné  la  peine  de  lire 
nos  travaux  avant  de  chercher  à  les  combattre ,  cette  erreur  n'eût  probable- 
ment pas  été  commise. 

»  Il  résulté  dçce  que  nous  venons  de  dire,  que  s'il  n'y  a  pas  de  vaisseaux  ' 
formés  en  bas  et  qui  montent ,  de  vaisseaux  formés  en  haut  et  qui  déscen-  ' 
dent  (mais  bien  des  vaisseaux  qui  s'organisent  et  se  complètent  progressi- 
vement de  la  base  au  sommet  pour  le  système  ascendant,  et  de  haut  en  bas 
pour  le  système  descendant),  il  n'y  a  pas  non  plus  de  cambium,  de  tissu 
générateur,  de  fluide  nutritif,  etc.,  du  moins  tels  qu'on  les  a  compris, 
décrits  et  définis  jusqu'à  ce  jour  (i).  » 

astronomie.  —  Note  sur  une  périodicité  annuelle,  observée  flans  les 
collimations  du  cercle  mural  de  Fortin,  à  l Observatoire  de  Paris; 
par  M.  Mauvais. 

o  Dans  un  travail  sur  la  détermination  de  l'obliquité' de  l'écliptique, 
que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  en  juin  1841,  j'avais  eu 
occasion  de  calculer  un  grand  nombre  d'observations  d'étoiles  fondamen- 
tales, pour  en  déduire  la  division  du  cercle  mural  correspondant  à  la  direc- 
tion de  la  lunette  sur  le  pôle ,  ou  ce  que  l'on  nomme  la  collimation  au 
pôle. 

»  Or,  dès  cette  époque,  j'avais  remarqué,  comme  tous  les  astronomes 
qui  ont  eu  à  calculer  de  semblables  observations ,  que  ce  point  polaire 
n'était  pas  fixe  sur  le  cercle  mural;  les  moyennes,  de  semaine  en  semaine, 
différaient  entre  elles  très-notablement,  et  il  était  nécessaire  de  répéter  le,s 
déterminations  à  des  intervalles  très-rapprochés. 

»  Je  me  préoccupai  donc  de  ces  variations,  mais  dans  le  but  seulement 
d'en  éviter  l'influence  sur  les  résultats  que  je  cherchais  à  obtenir,  et  sans  y 

(1)  Dès  qu'on  aura  posé  les  lois  organogéniques  qui  doivent  renverser  la  théorie  des 
phytons,  nous  aborderons,  à  notre  tour,  le  rôle  important,  physiologique  d'abord  et  orga- 
no^énique  ensuite,  que  jouent  les  rayons  médullaires  dans  l'accroissement  en  diamètre  des 
tiges  des  dicotylés.  Tous  les  hommes  de  science,  ceux  surtout  qui  nous  connaissent,  et  qui 
savent  qu'il  nous  faut  cent  preuves  avant  de  rien  avancer,  comprendront  les  scrupules  qui 
nous  retiennent  encore. 

C     K.,  ifry»,  2me  Semestre.   (T.  XXXV,  ti»:S'.)  !  I 


(  78) 
voir  une  grande  régularité.  Mais,-  dernièrement,  ayant  eu  occasion  d'em- 
prunter quelques  résultats  à  ces  anciens  calculs,  je  n'ai  pas  tardé  à  recon- 
naître dans  les  moyennes  une  marche  progressive  qui  m'a  paru  affecter 
une  véritable  périodicité  annuelle. 

»  Je.  me  "suis   empressé  de   soumettre   ce   soupçon  à   une  vérification 
détaillée  dont  j'ai  l'honneur  de   présenter   les  premiers  résultats  à  l'Aca- 
'  demie. 

»   La  graduation  du  cercle  mural  de  Fortin  est  disposée  de  telle  sorte, 
•    que  quand  la  lunette  marche  du  pôle  nord  vers  le  sud,  en  faisant  mouvoir 
avec  elle  le  cercle  auquel  elle  est  attachée,  la  lecture  des  divisions  augmente 
de  plus  en  plus. 

»  Cela  posé,  voici  ce  que  l'on  obtient  aux  différentes  époques  de  l'année, 
.  lorsque  l'on  détermine  la  division  correspondante  à  la  direction  de  la  lunette 
sur  le  pôle,  ou  la  collimation  ;  cette  collimation  augmente  progressivement 
depuis  Y  été  jusqu'au  milieu  de  X  hiver,  où  elle  atteint  son  maximum,  puis 
elle  diminue  de  nouveau  jusqu'à  l'été  suivant,  et  ainsi  de  suite  périodique- 
ment chaque  année. 

»  J'ai  constaté  cette  périodicité  sur  près  de  sept  années  d'observations, 
depuis  le  mois  de  décembre  1 835  jusqu'au  mois  de  juillet  i842-  Je  joins  ici 
le  tableau  des  résultats  moyens  que  j'ai  obtenus,  et  qui,  je  l'espère,  la  ren- 
dront manifeste  à  tous  les  yeux. 

»  Dans  ce  tableau,  je  compare  deux  à  deux  les  maxima  et  mininia  suc- 
cessifs, lorsqu'ils  n'ont  pas  été  interrompus  par  un  changement  de  position 
de  la  lunette  sur  le  cercle;  j'ai  obtenu  ainsi  treize  différences,  dont  quel- 
ques-unes n'ont  pu  embrasser  qu'une  partie  de  la  période  (ce  qui  explique 
déjà  plusieurs  des  écarts  numériques  qu'on  peut  y  remarquer).  On  verra 
qu'il  n'y  a  aucune  discordance  dans  lé  signe  des  différences. 


(79) 

DATES    DES    OBSERVATIONS. 

COLLIMATION 

moyenne 
au  pôle. 

NOMBRE 

d'observations 
calculées. 

DIFFÉRENCES. 

Du  17  décembre  i835  au  i5  janvier  i836. 
Lunette  changée  de  place  sur 

0       t       11 

4g. i 3 . 4 ' ,5           20 
4g. i3.24, 3           36 

le  cercle,  le  25  août  i836. 

17,2 

Du  3o  décembre  i836  au  5  janvier.    1887  . 

i3g. i5. 12,3 
i3g. 15.26,1 

42 
II 

i3,8 

Lunette  changée  de  place,  le  7  janvier  1887. 

22g. 17 .28,4 
22g. 17. i5,8 

ao 

45 

12,6 

Lunette  changée  de  place  le  2g  août  1887  et  microscopes  réparés  et  rectifiés 

le  21  octobre  1837. 

Du  3i  décembre  1837  au  28  janvier  i838. 

3ig. 14.22,8 
3ig. i4-3i  ,0 

3i9-»4  »7>7 
3ig. i4.2g,o 

5i 

ll 

9 

25 

9 

8,2 
«3,3 
n,3    ■ 

Lunette  changée  déplace,  le  3o  janvier  i83g.- 

4.12.48,5 

4.12.38,4 

4.12.46,4 

4.12  34,4 

4- 12.45, g 

i3 
18 
18 

45 
22 

10, 1 

7>7    ' 
".7 
11 ,5 

Lunette  changée  de  placé,  le  6  janvier  1 84 1  • 

Du     n  ianvier  au  1 2 1 84 1 . 

4g. 14. 5g, 8 

49-'4-47>4 
4g. i4.55,i 
4g. i4  47,0 

16 
3i 

«7 
i3 

•2,4 

7.7 
8,1 

Du  27  juin  au   1 1  juillet  1 84 1  -  - . .    184 1  • 
Du  27  décembre  184 «  au  9  janvier  1842. 

II . 


(8o  ) 

»  La  valeur  moyenne  de  la  variation,  du  maximum  au  minimum,  parait 
être  d'environ  r2  secondes  de  degré.' 

»  J'ai  voulu  m'assurer  que  cette  variation  existait  dans  le  même  sens 
pour  les  autres  années  que  je  n'avais  pas  eu  le  temps  de  soumettre  en  détail 
aux  mêmes  calculs;  j'ai  pris,  au  hasard,  deux  années  intermédiaires  entre 
l'époque  actuelle  et  la  dernière  année  qui  avait  servi  à  obtenir  les  résultats 
qui  précèdent;  j'ai  pris  les  années  1847  et  '85o. 

»   Voici  le  résultat  du  calcul. 


DATES    DES    OBSERVATIONS. 

4 

COLLIMATION 

moyenne 
au  pôle. 

NOMBRE 

d'observations 
calculées. 

DIFFIOU.X  r  v 

Dii  ?.3  juin  1847  au  4  juillet 1847 

Du   16  décemb.  1847  au  14  janvier   1848. 

0       1       11 

4^5.58,8 

4- 16. 18,0 

i3 
20 

19,2 

Là  lunette  a  reçu  des  réparations  le  27  décembre  1849. 

Du   19  novembre  au  28  décembre.    i85o. 

4.21.47,4 
4.21 .55,5 

»7 
i5 

8,, 

.  »>  Eh  jetant  un  coup  d'œil  sur  les  tableaux  qui  précèdent,  ou  voit  que  le 
phénomène  n'est  pas  assujetti,  du  moins  quant  à  sa  quantité  numérique,  à 
une  loi  apparente  bien  régulière.  On  pourrait  cependant  déjà  donner,  pour 
chaque  année,  une  expression  assez  approchée  de  la  période  correspon- 
dante de  variation  ;  par  exemple  : 

M  -f-  m         M  ■ 


c  = 


sin  (180°+  O), 


M  étant,  pour  cette  année,  la  moyenne  des  collimations  observées  à  l'époque 
du  maximum,  et  m  à  l'époque  du  minimum. 

»  Mais  il  faut  attendre  que  le  phénomène  ait  pu  être  étudié  dans  tous 
ses  détails  ;  il  suffit,  pour  le  moment,  d'en  avoir  constaté  l'existence  et 
indiqué  les  limites.  Dès  à  présent,  il  est  possible,  je  crois,  d'en  tenir  compte 
en  grande  partie,  ce  qui  permettra  de  faire  concourir,  après  correction,  un 
plus  grand  nombre  d'observations  à  la  détermination  des  points  fixes  si 
importants  dont  dépendent  la  position  observée  du  Soleil  et  des  planètes. 
J'ai  calculé,  comme  vérification,  la  collimation  de  quelques  époques  inter- 


(  8.  ) 

médiaires,  pour  le  mois  de  mars  par  exemple,  ou  pour  le  mois  de 
septembre,  et  j'ai  trouvé  des  résultats  compris  entre  les  extrêmes,  comme 
on  peut  s'en  assurer  en  les  comparant  aux  tableaux  précédents. 


DATES    DES    OBSERVATIONS. 

COLLIMATION 

moyenne 
au  pâle. 

SOMBRE 

d'observations 
calculées. 

49- i3.3o,2 
139. 1 5. 20,4 
229. 17 .24,3 

18 

22 

»  Il  serait,  je  pense,  prématuré  de  porter,  dès  à  présent,  un  jugement 
sur  les  causes  de  cette  périodicité.  Cependant,  comme  elle  est  annuelle, 
il  est  bien  difficile  de  ne  pas  en  faire  le  rapprochement  avec  la  période  des 
températures  annuelles.  On  se  rappelle  cpie  M.  Arago  a  montré,  par  l'obser- 
vation de  grands  thermomètres  dont  les  réservoirs  étaient  plongés  à  diverses 
profondeurs  dans  la  terre,  que  les  températures  extérieures  se  propagent 
lentement  à  travers  le  sol,  et  qu'à  une  certaine  profondeur  le  maximum 
arrive  plusieurs  mois  après  l'effet  produit  à  la  surface. 

»  M.  Henry,  de  l'observatoire  de  Greenwich,  dans  un  Mémoire  présenté 
à  la  Société  astronomique  de  Londres  {Monthly  Notices,  volume  VII I , 
page  i34),  avait  constaté  une  variation  périodique  annuelle  dans  les  indica- 
tions du  niveau  des  lunettes  méridiennes  de  Greenwich  et  de  Cambridge, 
et  une  autre  dans  leur  direction  azimutale.  'Les  amplitudes  de  ces  varia- 
tions étaient  de  1", 5  et  2  secondes.  Les  maxima  et  minime,  correspondaient 
à  peu" près  à  l'époque  des  équinoxes.  L'avenir  montrera  peut-être  s'il  y  a, 
ou  non,  quelque  analogie  entre  ces  phénomènes  et  ceux  que  nous  venons 
de  signaler  à  l'attention  des  astronomes.  » 

A  l'occasion  du  Rapport  lu  par  M.  Balard  dans  la  précédente  séance, 
concernant  un  Mémoire  de  M.  Filhol  sur  les  eaux  minérales  sulfureuses 
des  Pyrénées,  M.  Akago  rappelle  des  observations  qu'il  a  faites  en  1 826 
à  Bagnères-de-Bigorre,  et  qui  lui  paraissent  démontrer  que  les  sources 
thermales  doivent  leur  haute  température,  non  pas  à  des  actions  chimiques, 
mais  à  la  chaleur  des  couches  terrestres  d'où  elles  proviennent. 

M.  Arago  annonce  qu'il  s'occupera  de  ce  sujet  plus  en  détail  très-pro- 
chainement. 


(  8a  ) 


RAPPORTS. 

voyages  scientifiques.  —  Instructions  demandées  par  M.  le  Ministre 
de  l'Instruction  publique  pour  une  expédition  scientifique  qui  va  sejaire 
dans  V Amérique  du  Sud  sous  la  direction  de  M.  Emile  Deville. 

«  L'expédition  ira  directement  à  Rio-Janeiro,  parcourra  ensuite  la  pro- 
vince Saint-Paul,  en  passant  à  Itu  et  en  traversant  le  Pampa  du  Parana,  et 
après  avoir  passé  le  Teité  et  le  Parana,  elle  ira  au  Porto  de  San-Guechella, 
sur  le  Paraguay.  Elle  descendra  ensuite  le  Paraguay  jusqu'à  l'Assomption; 
restera  huit  mois  dans  le  pays  pour  étudier  les  productions,  la  Géologie, 
.la  Paléontologie  ;  puis  elle  remontera  le  Paraguay  jusqu'à  Villa-Maria ,  dans 
la  province  de  Matto-Grosso,  en  s'occupant  de  Géologie,  de  Zoologie,  de 
Botanique,  et  de  recueillir  des  notes  sur  les  rapports  commerciaux.  Plus 
tard,  elle  ira  à  Villa-Bella,  capitale  de  la  province  de  Matto-Grosso;  des- 
cendra le  Guaporé,  puis  le  Madeira  et  l'Amazone  jusqu'au  Para;  étudiera 
l'embouchure  du  Rio-Negro  dans  l'Amazone;  et,  après  avoir  visité  le  Para, 
elle  achèvera  de  faire  le  tour  du  Brésil  en  suivant  les  côtes  par  Fernam- 
bouc  et  Bahia  pour  revenir  à  Rio-Janeiro.  » 

PARTIE    ANTHROPOLOGIQUE. 

(M.  Serres  rapporteur.") 

«  L'histoire  naturelle  de  l'homme,  ou  l'étude  des  races  humaines,  est 
particulièrement  recommandée  à  M.  Emile  Deville  dans  la  mission  qui  lui 
est  confiée  pour  une  expédition  scientifique  dans  l'intérieur  de  l'Amérique 
du  Sud. 

»  Cette  branche  de  nos  connaissances  se  compose  de  deux  parties  :  de 
l'Anthropologie  et  de  l'Ethnologie. 

»  L'Anthropologie  détermine  les  conditions  physiques  qui  séparent 
l'homme  de  l'animalité,  en  ramenant  la  diversité  des  races  à  leur  unité  pri- 
mitive. 

»  L'Ethnologie  embrasse  la  détermination  des  relations  des  différentes 
races,  leur  filiation,  leur  dissémination  et  leur  mélange  sur  la  surface  du 
globe. 

»  La  première  est  plus  intimement  liée  à  la  zoologie,  la  seconde  à  l'his- 
toire. 


•    (  83  ) 

»  Ces  Instructions  ne  porteront  que  sur  quelques  points  de  l'histoire   , 
naturelle  de  l'homme. 

»  La  représentation  fidèle  des  types  humains  est  la  base  de  l'Anthropo- 
logie; elle  est  obtenue  par  deux  procédés  qui  ne  laissent  rien  à  désirer  : 
le  daguerréotype  d'une  part,  et  le  moulage  des  bustes  en  plâtre  de 
l'autre. 

»  A  peu  d'exceptions  près,  les  voyageurs  qui  nous  ont  transmis  les  types 
américains  l'ont  souvent  fait  d'une  manière  idéale;  presque  toujours  les 
figures  que  renferment  leurs  ouvrages  sont  les  types  européens  costumés  à 
l'américaine.  L'art  y  brille  le  plus  souvent  aux  dépens  de  la  réalité.  Or 
c'est  cette  réalité,  toute  nue  et  sans  art,  que  nous  fournit  le  daguerréotype, 
ce  qui  donne  aux  figures  obtenues  par  ce  moyen,  une  certitude  que  nul 
autre  ne  saurait  remplacer. 

»  Nous  ne  saurions  donc  trop  recommander  à  nos  voyageurs  l'emploi 
de  ce  procédé  et  la  multiplication  des  types  pris  sur  l'homme  et  la  femme 
adultes,  ainsi  que  sur  les  enfants. 

»  Après  le  daguerréotype,  la  reproduction  des  types  par  le  moulage  en 
plâtre  sur  nature  est  d'une  exactitude-  d'autant  plus  précieuse,  qu'elle 
reproduit  tout  à  la  fois  le  type  et  les  dimensions  de  la  tète,  du  col  et  des 
épaules.  Ces  dimensions  une  fois  obtenues,  il  est  facile,  d'après  la  corréla- 
tion des  parties,  de  déduire  les  dimensions  de  celles  que  le  plâtre  n'a  pu 
représenter. 

»  Au  moulage  des  bustes,  il  est  nécessaire  d'ajouter  les  empreintes  de 
l'abdomen  et  de  la  paume  de  la  main. 

»  Le  moulage  à  part  de  l'abdomen  à  pour  but  d'obtenir  la  position  rela- 
tive de  l'ombilic  selon  les  sexes  et  les  âges.  Ce  caractère  physique  des  races 
humaines  a  sa  cause  dans  l'élévation  du  foie,  dont  il  indique  le  degré  d'as- 
cension ou  d'abaissement  avec  une  certitude  presque  mathématique.  Cette 
certitude  a  sa  raison  dans  la  direction  opposée  de  la  veine  ombilicale  et  de 
l'ouraque. 

»  La  secte  des  gros  ventres,  dont  M.  le  prince  de  Wied  nous  a  fait  connaître 
les  mœurs,  est  particulièrement  curieuse  à  observer  sous  ce  rapport.  ' 

»   La  zoologie  n'a  jamais  fait  usage  de  ce  caractère,  qui  ne  serait  d'ail- 
leurs applicable  qu'aux  Mammifères  :  il  est  tout  spécial  à  l'Anthropologie, 
et  il  lui  fournit  des  signes  d'autant  plus  importants,  qu'ils  se  lient  intime-  • 
ment  à  la  rectitude  et  à  la  station  bipède,  par  lesquelles  l'homme  se  sépare 
nettement  des  animaux. 

»  Quoique  la  main  de  l'homme  ait  été  le  sujet  de  beaucoup  d'études  de 


( m  ■■-.- 

la  part  des  anatomistes,  il  reste  encore  quelques  points  à  éclairer.  De  ce 
nombre  sont  les  plis  de  la  main  et  'l'espèce  d'M-que  leur  ensemble  repré- 
sente. . 

n  Plus  on  étudie  l'organisation  humaine,  plus  on  y  découvre  des  laits 
qui,  minimes  en  apparence,  acquièrent  de  la  valeur  quand  on  les  observe 
comparativement  sur  les  diverses  races.  Les  plis  de  la  main,  que  la  chiro- 
mancie a  rendus  autrefois  si  célèbres,  sont  particulièrement  dans  ce  cas. 

»  Parmi  ces  plis,  dont  j'ai  indiqué  ailleurs  les  rapports  avec  les  articula- 
tions des  doigts,  il  en  est  un  qui  échappe  à  cette  explication  physique  et 
dont  l'existence  n'est  pas  constante  chez  les  races  humaines  ;  c'est  celui  qui 
de  la  base  de  l'éminence  thénar  se  rend  au  sommet  du  pli  formé  par  les 
articulations  des  premières  phalanges  des  trois  derniers  doigts.  Je  l'ai  nommé 
pli  caucasique ,  parce  qu'il  existe  sur  toutes  les  variétés  de  cette  race.  Peu 
prononcé  chez  la  race  mongole,  il  manque  complètement  chez  la  race  éthio- 
pique  et  paraît  également  absent  chez  les  sous-types  humains  plus  élevés 
qui  paraissent  en  dériver.  C'est  du  moins  ce  qui  résulte  d'une  observation 
rres-curieuse  faite,  en  Abyssinie,  par  M.  d'Abbadie,  sur  plusieurs  milliers  de 
mains  que  ce  savant  voyageur  a  observées  chez  les  Abyssins.  Il  a  constam- 
ment remarqué  l'absence  du  pli  caucasique. 

»  Si  les  Américains  du  Sud  tirent  leur  origine  de  la  Polynésie,  l'absence 
ou  la  présence <ie  cette  ligne  fournirait  une  indication  précieuse. 

»  Nous  ferons  remarquer  à  cette  occasion,  que  chez  les  Américains  du 
Nord,  que  nous  avons  observés  à  Paris,  la  ligne  caucasique  était  faible- 
ment indiquée,  de  même,  au  reste,  que  chez  les  Chinois. 

»  Parmi  les  observations  dont  la  cranioscopie  a  été  l'objet,  depuis 
Camper  et  Blumembach,  il  n'en  est  pas  de  plus  curieuse  que  celle  faite  par 
M.  l'abbé  Frère,  chanoine  actuel  de  la  cathédrale  de  Paris.  Cette  observa- 
tion porte  sur  le  développement  occipito-frontal  du  crâne,  selon  l'ancien- 
neté des  périodes  des  races  humaines.  En  dehors  des  •inductions  histori- 
ques qu'en  a  déduites  ce  savant  théologien,  il  en  ressort  le  fait  important, 
savoir  : 

»'  Que  plus  un  type  est  ancien  ou  primitif,  plus  le  crâne  est  développé. a 
la  région  occipitale  et  aplati  à  la  région  frontale.  Les  progrès  de  la  civili- 
sation semblent  avoir  eu  pour  effet  de  bomber  la  région  antérieure,  en 
affaissant  de  plus  en  plus  la  région  postérieure.  La  nombreuse  collection 
de  paléontologie  humaine  dont  M.  l'abbé  Frère  a  fait  don  au  Muséum,  et 
qu'il  a  recueillie  sur  les  races  de  l'Europe,  montre  les  divers  temps  de  la 
marche  progressive  de  ce  dévelopement. 


(  85  ) 

»  Or,  les  tètes-plates  en  Amérique  offrent  le  terme  le  plus  élevé  de  cette 
configuration,  ce  qui  vient  à  l'appui  de  l'opinion  qui  les  considère  comme 
les  habitants  primitifs  du  nouveau  monde.  L'étendue  de  terrain  où  l'on  dé- 
couvre leurs  os  (du  Brésil  à  la  côte  occidentale  de  l'Amérique),  semble 
confirmer  cette  supposition. 

»  Une  collection  de  crânes,  montrant  les  degrés  divers  de  cette  configu- 
ration, ainsi  que  leurs  rapports  avec  les  crânes  des  autres  variétés  améri- 
caines, offrirait  le  plus  grand  intérêt,  sous  le  double  rapport  de  l'An- 
thropologie et  l'Ethnologie.  Nous  en  recommandons  la  recherche  à  nos 
voyageurs,  en  les  invitant  à  préciser,  autant  que  possible,  l'ancienneté  des 
crânes  qu'ils  pourront  se  procurer. 

»  Dans  tous  les  cas,  ce  sont  les  têtes- plates  que  l'on  doit  prendre  pour 
critérium  dans  l'étude  de  la  cranioscopie  américaine. 

»  Une  semblable  collection,  faite  sans  idées  préconçues,  serait  plus 
utile  à  la  science  que  certains  travaux  que  l'on  publie  présentement  aux 
États-Unis  pour  combattre  l'unité  humaine,  établir  la  pluralité  des  espèces 
d'hommes  et  la  pluralité  des  centres  de  sa  création. 

»  La  plupart  de  ces  travaux,  qui,  selon  la  remarque  de  M.  Thomas  Smy  th, 
ont  pour  but  d'attaquer  la  Bible  et  d'infirmer  les  témoignages  de  l'Écriture 
sainte,  ne  font  que  reproduire  les  assertions,  déjà  jugées,  de  lord  Kaimes, 
de  Montbaddo,  de  Moscati,  de  Voltaire,  de  J.-J.  Rousseau  et  de  Bory- 
Saint-Vincent. 

»  Afin  de  compléter  les  résultats  obtenus  à  l'aide  du  daguerréotype  et 
du  moulage,  nous  recommandons  à  M.  Deville  une  étude  comparée  des 
nuances  de  la  peau. 

»  On  sait  que  chez  les  Américains  du  Sud,  la  coloration  de  la  peau  est 
brune;  que  chez  les  Américains  du  Centre  elle  devient  cuivrée  et  passe  au 
rouge,  à  mesure  que  l'on  s'avance  vers  le  Nord.  On  sait  de  plus  que,  dans 
ces  trois  zones  américaines,  ces  trois  nuances  de  coloration  se  trouvent 
mélangées.  Il  serait  très-important  d'avoir  un  tableau  de  ces  mélanges  chez 
les  Américains  du  Sud,  en  le  rapprochant  de  la  coloration  de  l'iris. 

»  Si  l'on  pouvait  déterminer  à  quelle  variété  de  races  ou  de  mélanges  de 
races  se  rapportent  les  colorations  observées,  on  aurait  des  données  pro- 
bables sur  l'origine  des  populations. 

»  En  résumé,  nous  recommandons  à  M.  Deville  : 

»  i°.  L'exploration  des  sépultures  anciennes  et  modernes,  afin  de  ras- 
sembler les  restes  des  peuples  qui  ont  existé  dans  les  contrées  soumises  à 
ses  investigations. 

C.  R.  ,  i85a,  2m«  Semestre.  (T.  XXXV,  IN0  5.)  I  2 


(  86) 

»  En  recueillant  les  ossements  humains,  il  sera  nécessaire  de  prendre 
des  notes  exactes  sur  les  localités  où  ils  seront  trouvés,  ainsi  que  les  dates 
certaines  ou  probables  auxquelles  ils  répondent. 

»  Il  n'est  pas  nécessaire  de  faire  remarquer  ici  que  ce  sont  les  crânes  et 
les  pièces  constituant  le  bassin  de  l'homme,  de  la  femme  et  du  jeune  enfant, 
qu'il  devra  de  préférence  se  procurer. 

»  Les  os  des  membres  ne  doivent  l'occuper  que  plus  secondairement,  à 
moins  cependant  qu'il  ne  puisse  se  procurer  un  squelette  entier,  ou  même 
des  os  partiels  de  la  variété  des  têtes-plates. 

»  i°.  Il  moulera  ou  daguerréotypera  sur  nature,  les  types  humains  qui 
lui  paraîtront  les  plus  caractéristiques  ou  les  plus  purs,  sans  négliger 
cependant  les  mélanges  de  races  qui  rappelleront,  par  leurs  traits,  leur 
origine  croisée. 

»  Il  prendra,  en  outre,  la  taille  des  hommes  et  des  femmes,. sur  un  assez 
grand  nombre  d'individus,  afin  de  pouvoir  en  déduire  une  moyenne. 

»  3°.  Il  prendra  des  croquis  sur  lesquels  il  représentera  la  coloration 
de  la  peau  et  celle  des  cheveux. 

»  Son  séjour  de  huit  mois  au  Paraguay,  pays  jusqu'ici  fort  peu  exploré, 
lui  fournira  l'occasion  de  faire  des  études  anthropologiques  approfondies 
sur  les  races  de  ce  pays,  études  qui,  par  leur  nouveauté,  ne  peuvent  man- 
quer d'offrir  un  grand  intérêt. 

»  Quant  à  ce  qui  concerne  la  linguistique,  nous  renvoyons  M.  Devdle 
aux  indications  générales  que  nous  avons  données  dans  le  Rapport  sur  le 
voyage  de  C  Astrolabe  et  de  la  Zélée,  ainsi  que  sur  celui  que  nous  avons 
fait  sur  les  travaux  de  M.  de  Froberville. 

»  Telles  sont  les  principales  indications  que  nous  croyons  devoir  donner 
à  ce  voyageur,  comptant  sur  l'intelligence,  le  zèle  et  l'activité  dont  il  a  fait 
preuve,  dans  la  mission  dont  il  a  été  déjà  chargé  sous  M.  de  Castelnau.  » 

PARTIE   ZOOLOGIQUE. 

(M.  Dumékil  rapporteur.) 

«  M.  Deville  trouvera,  dans  la  quatrième  édition  des  Instructions  que 
l'Administration  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  a  fait  réimprimer  pour  les 
voyageurs  naturalistes,  et  dont  se  trouve  joint  ici  un  exemplaire,  les  détails 
les  plus  importants  sur  les  récoltes  qu'il  pourra  faire  en  objets  relatifs  à  la 
zoologie,  comme  sur  les  autres  branches  de  l'histoire  naturelle  qu'il  aura 
à  observer. 


(87) 

»  Je  n'ai  donc  à  lui  indiquer  aucune  considération  générale  sur  la  direc- 
tion de  ses  études  et  de  ses  recherches,  puisque  déjà  nous  savons  qu'il  s'y 
est  livré  avec  succès  dans  ses  voyages  antérieurs. 

»  J'aurais  pu  lui  faire  connaître  quelques-uns  des  animaux  que  nous 
désirons  le  plus,  parce  qu'ils  manquent  dans  la  collection  du  Muséum 
national;  mais  la  liste  en  serait  très-longue,  et  ce  serait  un  hasard  si,  dans 
celle  que  je  lui  fournirais  en  compulsant  nos  catalogues ,  se  trouvaient 
précisément  les  espèces  ou  les  genres  sur  lesquels  nous  manquons  de  ren- 
seignements. Tout  ce  que  nous  devons  lui  recommander,  s'il  trouve  des 
moyens  de  transport  favorables ,  ce  serait  de  faire  placer  dans  des  caisses 
aérées  et  garnies  de  mousse,  les  Reptiles  vivants,  et  surtout  les  Batraciens, 
qui  supportent  aisément  de  longues  privations  de  nourriture. 

»  Malheureusement  il  ne  pourra  songer  à  faire  des  envois  de  Poissons 
que  dans  l'alcool,  en  garnissant  chacun  d'eux  dans  des  enveloppes  de  toile, 
et  chacun  avec  un  numéro  dont  il  tiendra  note. 

»  Nous  mettrons  beaucoup  de  prix  à  obtenir  ceux  des  lacs  et  des  ri- 
vières, avec  l'indication  des  localités  où  ils  auront  été  péchés,  et  la  saison. 

»  Les  détails  relatifs  aux  Mammifères  et  aux  Oiseaux  sont  tellement  con- 
nus de  M.  Deville,  que  nous  avons  cru  inutile  de  les  reproduire,  nous  en 
rapportant  entièrement  à  l'Instruction  imprimée  dont  nous  avons  parlé 
d'abord.  » 

PARTIE    BOTANIQUE. 

(M.  de  Jussieu  rapporteur.  ) 

«  Nous  ne  pouvons  que  renvoyer  aux  Instructions  précédemment  don- 
nées dans  tant  d'occasions,  et  notamment  à  celles  qui  ont  été  rédigées  par 
MM.  les  professeurs  du  Muséum  d'histoire  naturelle  pour  l'usage  de  ses 
voyageurs.  Celles-là  doivent  être  familières  à  M.  Deville  et  ne  nous  laissent 
que  peu  à  ajouter. 

»  Des  contrées  qu'il  se  propose  de  traverser,  le  Paraguay  est  celle  qui  a 
été  jusqu'ici  le  moins  explorée,  et  que,  par  conséquent,  nous  lui  signalons 
particulièrement.  Les  herbiers  et  autres  collections  botaniques  doivent  y 
être  aussi  complets  que  possible. 

»  Sur  tout  son  trajet,  nous  recommandons  à  ses  recherches  les  lianes.  Il 
sait  qu'aux  tronçons  du  bois  il  doit  joindre  des  branches  en  feuilles  et 
fleurs  portant  le  même  numéro.  Mais,  toutes  les  fois  qu'il  le  pourra,  il  devra 
se  procurer  aussi  un  tronçon  de  la  racine,  pour  permettre  la  comparaison  de 

12    . 


(  88) 

son  bois  avec  celui  de  la  tige.  Les  rapports  de  structure  de  l'un  à  l'autre 
sont  encore  fort  peu  connus. 

j>  Des  recherches  sur  les  végétaux  utiles  à  la  médecine,  à  l'agriculture 
ou  à  l'industrie  offriront  aussi  beaucoup  d'intérêt.  Le  palissandre,  le  co- 
pahu,  la  salsepareille,  sont  chacun  produits  par  différents  végétaux,  dont 
plusieurs  encore  inconnus.  Ces  végétaux,  il  faudrait  s'en  procurer  des  échan- 
tillons partout  où  se  présentera  un  de  ces  produits.  On  lui  signale  notam- 
ment les  espèces  de  salsepareille  à  la  récolte  desquelles  on  se  livre  sur  les 
bords  de  l'Amazone. 

»  Le  Victoria  regia,  cette  magnifique  plante  observée  dans  les  cours  d'eau 

de  l'Amérique  méridionale,  a  été  indiquée  par  plusieurs  voyageurs  dans  les 

rivières  du  sud  du  Brésil  et  du  Paraguay.  Il  serait  bon  de  l'y  trouver,  de 

.  constater  son  identité  avec  l'espèce  de  la  Guyane  et  de  la  Bolivie,  et  d'en 

rapporter  au  moins  des  graines. 

»  Deux  espèces  de  riz  sont  indigènes  du  Brésil.  L'une,  Y Orjza  setacea 
Nées,  a  été  rapportée  du  Rio-Grande;  l'autre  (O.  paraguajensis ,  Decne), 
par  M.  Weddell,  du  Paraguay,  où  elle  porte  le  nom  d'Jrros  de  pantanal. 
Ll  sera  utile  de  recueillir  les  graines  de  ces  deux  plantes,  et,  de  plus,  toutes 
les  variétés  cultivées,  notamment  une  que  les  Brésiliens  sèment  dans  les 
mêmes  champs  que  le  maïs  et  qui  peut-être  demande  moins  d'humidité 
que  les  autres. 

»   Une  pomme  de  terre  différente  de  la  nôtre,  et  caractérisée  par  l'âcreté 
de  ses  tubercules,  se  trouve  sauvage  dans  la  république  de  la  Plata.   Il  est 
'  probable  que  cette  plante  se  rencontre  également  dans  les  parties  voisines 

du  Paraguay,  où  il  serait  intéressant  de  la  rechercher.  On  lui  a  donné  en 
botanique  le  nom  de  Solarium  Commersonii. 
t  »  Dans  les  alluvions  où  se  sont  rencontrés,  au  Paraguay,  tant  de  restes 

organiques  d'un  autre  règne,  il  existe  peut-être  quelques  fossiles  végétaux. 
Leur  recherche  est  donc  aussi  recommandée,  si  l'occasion  s'en  présente.  » 

PARTIE  GÉOLOGIQUE. 
(M.  Elie  de  Beaujhont  rapporteur.  ) 
«  L'expédition  dirigée  par  M.  Emile  Deville  n'aura  pas  à  explorer, 
comme  celle  qu'a  dirigée  M.  de  Castelnau,  les  parties  du  Brésil  les  plus 
célèbres  par  leurs  richesses  minérales,  mais  elle  pourra  contribuer  très- 
utilement  à  compléter  le  tableau.de  la  structure  géologique  de  ces  belles 
contrées,  déjà  esquissé  par  M.  d'Osery,  M.  Pissis,  M.  d'Orbigny  et  d'antres 
savants  voyageurs. 


(  89  ) 

»  En  parcourant  la  province  de  Saint-Paul  et  les  bords  du  Teité,  elle 
devra  recueillir  des  échantillons  de  roches,  noter  avec  soin  les  gisements, 
les  terrains  et  les  directions  des  couches,  de  manière  à  combler,  autant  que 
possible,  les  lacunes  que  présentent  encore  les  résultats  des  travaux  de 
M.  d'Osery,  de  M.  Pissis  et  de  leurs  prédécesseurs. 

»  Sur  les  rives  du  Paraguay,  du  Guaporé,  du  Madeira  et  de  l'Amazone, 
les  objets  offerts  aux  explorations  de  l'expédition  seront  moins  variés  au 
point  de  vue  géologique.  Les  terrains  tertiaires  modernes,  les  terrains  de 
transport  et  d'alluvion  y  joueront  sans  doute  un  grand  rôle  ;  mais  on  ne 
saurait  assez  recommander  à  l'expédition  de  rechercher  avec  un  soin  particu- 
lier les  faibles  relèvements  des  roches  anciennes,  qui  peut-être  déterminent" 
les  rapides  et  les  inflexions  de  ces  cours  d'eau  gigantesques. 

»  Ces  points  singuliers  des  grandes  rivières  dont  il  s'agit,  présentent 
plus  d'un  genre  d'intérêt.  Au  train  où  vont  les  choses  dans  le  nouveau . 
monde,  on  peïit  croire  que  dans  un  avenir  à  peine  séculaire,  les  plaines 
magnifiques  de  l'intérieur  de  l'Amérique  méridionale  seront  couvertes, 
comme  celles  du  Bengale,  d'une  nombreuse  et  riche  population.  Le  Ma- 
deira et  le  Paraguay  sont  peut-être  destinés  à  former  les  deux  tronçons 
principaux  d'une  ligne  de  navigation  intérieure  d'une  importance  compa- 
rable à  celle  du  Gange  et  du  Mississipi.  Grâce  aux  progrès  incessants  de  la 
navigation  à  la  vapeur,  cette  navigation  intérieure  ouvrira  aux  produits  de 
notre  industrie  un  débouché  d'autant  plus  utile,  qu'elle  conduit  en  Bolivie 
par  une  voie  beaucoup  plus  courte  que  celle  du  cap  Horn. 

»  Depuis  longtemps  l'Administration  française  s'est  préoccupée  de  ce 
brillant  avenir.  Constamment  aux  avant-postes  de  la  civilisation,  la  France 
jouera  un  rôle  digne  d'elle  en  en  préparant  les  éléments.  Mais  les  rapides 
du  Madeira  et  d'autres  circonstances  naturelles,  présenteront  des  obstacles 
qu'on  doit  s'apprêter  d'avance  à  surmonter.  Il  a  déjà  été  question  plus 
d'une  fois  de  les  explorer,  et  ce  sera  une  des  parties  les  plus  importantes 
de  la  tâche  confiée  à  l'expédition  que  M.  Emile  Devilie  est  appelé  à 
diriger. 

»  Sous  un  autre  point  de  vue,  il  serait  intéressant  de  savoir  si  les  points 
remarquables  des  cours  du  Paraguay,  du  Guaporé,  du  Madeira,  du  Rio- 
Negro  et  de  l'Amazone  s'encadrent  avec  la  même  précision  que  ceux  du  Nil 
et  d'autres  rivières  anciennement  connues  dans  la  charpente  générale  de 
l'écorce  terrestre.  Pour  cela,  il  faudrait  posséder  des  déterminations  exactes 
de  leurs  latitudes  et  de  leurs  longitudes. 


(9°) 

»  La  zone  de  terrain  qui  doit  être  le  théâtre  principal  des  travaux  de 
l'expédition  occupe,  dans  l'ensemble  du  continent  de  l'Amérique  méri- 
dionale, une  position  qui  ajoute  beaucoup  à  l'intérêt  de  son  exploration. 
La  ligne  tirée  de  l'Assomption  à  l'embouchure  du  Madeira  dans  l'Amazone 
s'écarte  peu  du  méridien,  et  elle  divise  le  massif  continental  en  deux  parties 
d'une  largeur  presque  égale,  mais  complètement  dissemblables,  sous  beau- 
coup de  rapports,  par  leur  constitution  géologique:  d'un  côté  se  trouve  le 
Brésil  avec  ses  gisements  de  pierres  précieuses,  d'or  et  de  platine;  de  l'autre, 
le  Chili,  le  Potosi  et  le  Pérou  avec  leurs  mines  de  cuivre  et  d'argent;  d'un 
côté,  un  sol  dépourvu  de  productions  volcaniques  et  où  les  tremblements 
•de  terre  sont  au  moins  très-rares;  de  l'autre,  des  volcans  immenses  dont  les 
tremblements  de  terre  les  plus  redoutables  ébranlent  constamment  les  bases. 
Comment  est  placée  la  ligne  de  raccordement  de  ces  deux  moitiés  du  con- 
tinent par  rapport  au  cours  du  Madeira?  Dans  l'Amérique  septentrionale, 
le  cours  du  Mississipi  occupe  une  position  analogue  entre  les  Alleghanys 
et  les  montagnes  Rocheuses.  La  distance  qui  le  sépare  des  montagnes 
Rocheuses  diffère  peu  de  celle  qui  sépare  le  cours  moyen  du  Madeira  de  la 
base  des  Andes,  et  quelques  parties  de  sa  vallée  ont  été  désolées  dans  le 
siècle  actuel  par  de  grands  tremblements  de  terre.  Ce  peu  de  mots  suffira 
pour  faire  comprendre  que  l'expédition  devra  recueillir  avec  le  plus  grand 
soin,  les  souvenirs,  les  traditions,  les  superstitions  même  qui  se  rapporte- 
raient aux  tremblements  de  terre.  Les  sources  thermales  et  minérales  devront 
aussi  appeler  son  attention  d'une  manière  toute  spéciale. 

»  Des  vues  d'une  sage  prévoyance  ont  donné  à  l'expédition  que  va  diriger 
M.  Emile  Deville  les  moyens  de  recueillir  toutes  les  données  statistiques 
propres  à  éclairer  notre  Administration  et  notre  commerce  sur'les  produc- 
tions et  les  ressources  présentes  et  futures  des  contrées  qu'elle  doit  explorer. 
Votre  Commission  désire  et  espère  qu'elle  pourra  rapporter  aussi  un  bon 
relevé,  à  la  fois  géologique  et  hydrographique,  des  belles  vallées  qu'elle  va 
parcourir,  et  qu'elle  pourra  recueillir  non-seulement  des  échantillons  des 
roches  qui  en  forment  le  sol,  des  coupes  représentant  la  disposition  dé  ces 
roches,  mais  encore  des  chiffres  exprimant  la  latitude,  la  longitude  et  1 alti- 
tude de  tous  leurs  points  remarquables.  En  cela,  l'Académie  le  remarquera, 
nous  exprimons  implicitement  le  vœu  que  l'expédition  soit  munie  de  tous 
les  instruments  nécessaires  pour  mesurer  les  latitudes,  les  longitudes  et  les 
altitudes,  et  que  l'un  de  ses  membres  soit  exercé  à  manier  ces  instruments.  » 


(9'  ) 

PARTIE    PHYSIQUE. 
(M.  Pocillet  rapporteur.) 

«  Il  serait  important  de  connaître  l'intensité  du  rayonnement  nocturne 
dans  les  diverses  régions  que  l'expédition  doit  traverser,  ainsi  que  les  quan- 
tités de  chaleur  données  par  le  soleil.  Ces  observations  et  celles  des  tempé- 
ratures de  l'air  et  des  sources,  me  paraissent  être,  parmi  les  observations 
météorologiques,  celles  qui  peuvent  être  particulièrement  recommandées 
à  une  expédition  qui  ne  doit  pas  faire  de  longs  séjours. 

»  L'Académie  exprime  le  vœu  qu'il  se  trouve  dans  le  nombre  des  voya- 
geurs une  personne  qui  ait  été,  à  l'Observatoire  de  Paris,  spécialement 
exercée  aux  observations  magnétiques,  et  qui  soit  munie  de  tous  les  appa- 
reils convenables  pour  déterminer  les  divers  éléments  du  magnétisme 
terrestre  dans  ces  contrées,  en  se  rapprochant  le  plus  possible  de  la  trace 
de  l'équateur  magnétique.  » 

L'Académie  adopte  ces  Instructions  et  décide  qu'elles  seront  adressées  à 
M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant pour  la  Section  de  Géographie  et  de  Navigation. 
Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants' étant  4i> 

M.  Antoine  d'Abbadie  obtient 36  suffrages. 

M.  Lottin 3 

Un  billet  porte,  sans  doute  par  erreur,  le  nom  d'Abbadie  avec  le  prénom 
François. 

Un  autre  billet  est  illisible. 

M.  d'Abbadie,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  déclaré 
élu. 

MÉMOIRES  LUS. 

chimie  organique.  —  Recherches  sur  le  stannéthyle,  nouveau   radical 
organique  renfermant  de  l'étain;  par  MM.  A.  Cahours  et  A.  Riche. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Pelouze.) 
«  Les  belles  recherches  de  M.  Franckland,  relatives  à  l'isolement  des 
radicaux  alcooliques,  nous  ont  appris  qu'en  faisant  agir  du  zinc  métallique 
sur  les  éthers  iodhydriques  a  une  température  de  1 5o  degrés,  on  obtient,  outre 


(  9*  ) 
les  prétendus  radicaux  des  alcools,  des  combinaisons  du  zinc  avec  diffé- 
rents carbures  d'hydrogène  qui  présentent  la  composition  du  méthyle,  de 
l'éthyle  et  de  l'amyle.  En  terminant  son  travail  remarquable,  M.  Franckland 
fait  observer  que  l'arsenic,  l'étain  et  le  potassium  opèrent  facilement  la 
décomposition  de  l'éther  iodhydrique,  tandis  que  le  fer,  le  plomb,  le  mer- 
cure et  le  cuivre  ne  le  décomposent  pas  d'une  manière  sensible,  du  moins 
entre  les  limites  de  température  de  i  5o  à  200  degrés. 

»  Il  était  probable,  d'après  cela,  qu'en  faisant  agir  les  différents  métanx 
sur  les  éthers  iodhydriques  on  arriverait  dans  plusieurs  cas  à  des  résultats 
offrant  une  analogie  plus  ou  moins  prochaine  avec  ceux  que  présente  le 
zinc.  Rien  n'ayant  été  publié  sur  ces  matières  depuis  bientôt  trois  années, 
je  me  suis  proposé  d'entreprendre  avec  le  concours  d'un  de  mes  anciens 
élèves,  M.  Riche,  aujourd'hui  préparateur  du  cours  de  chimie  à  l'Institut 
agronomique  de  Versailles,  des  recherches  relatives  à  l'action  de  quelques 
métaux  sur  les  éthers  iodhydriques.  Nous  allons  exposer  aujourd'hui  d'une 
manière  sommaire  à  l'Académie  les  résultats  auxquels  nous  sommes  arrivés 
en  ce  qui  concerne  l'étain. 

»  Lorsqu'on  chauffe  au  bain  d'huile,  à  une  température  de  1 60  à  180  de- 
grés, de  la  limaille  d'étain  avec  de  l'éther  iodhydrique  dans  des  tubes 
scellés  à  la  lampe,  on  voit  le  liquide  diminuer  progressivement,  et  au  bout 
de  vingt  à  vingt-quatre  heures  au  plus  tard  la  matière  se  prend  par  le 
refroidissement  en  une  masse  formée  de  grands  cristaux.  Ce  produit  solide 
est  un  mélange  de  limaille  d'étain  inaltérée,  d'iodures  jaune  et  rouge  de  ce 
métal,  et  d'un  corps  cristal lisable  en  aiguilles  incolores  qui  se  dissout  dans 
l'eau  et  mieux  dans  l'alcool,  ce  qui  permet  de  le  séparer  des  autres  pro- 
duits. En  effet,  en  reprenant  par  de  l'alcool  concentré  la  masse  solide  retirée 
de  plusieurs  tubes,  filtrant  la  liqueur  et  l'abandonnant  à  l'évaporation 
spontanée,  il  se  sépare  de  longues  aiguilles  très-brillantes  qui  possèdent  une 
odeur  de  rave  très-prononcée,  et  dont  la  couleur  jaunâtre  est  due  à  la  dé- 
composition d'une  petite  quantité  de  la  matière;  résultat  qui  se  présente 
surtout  lorsque  le  vase  qui  contient  la  dissolution  reçoit  les  rayons  du  soleil. 
Par  l'expression  entre  des  doubles  de  papier  buvard,  les  cristaux  devien- 
nent incolores  et  perdent  presque  entièrement  leur  odeur. 

»  Ainsi  purifié,  ce  corps  fond  à  38  degrés  et  prend  l'apparence  d'une 
huile  très-limpide;  chauffé  beaucoup  plus  fortement,  il  donne  des  vapeurs 
incolores  qui  se  déposent  sur  les  parois  du  vase  où  s'opère  la  distillation 
sous  la  forme  de  longues  aiguilles  incolores  :  une  très-faible  quantité  de 
ce  produit  seulement  se  décompose. 

»  L'eau  froide  dissout  cette  matière  en  petite  quantité;  si  l'on  chauffe, 


(93) 
elle  entre  en  fusion  et  se  précipite  au  fond  de  l'eau  sous  forme  d'une  huile 
incolore  qui  se  dissout  peu  à  peu.  L'alcool  la  dissout  en  forte  proportion, 
surtout  à  chaud.  L'éther  anhydre  la  dissout  mieux  encore.  Soumis  à  l'ana- 
lyse, ce  composé  donne  les  résultats  suivants  : 

I.  o!r,382  de  matière  ont  donné  0,086  d'eau  et  o,i54  d'acide  carbonique. 

II.  o6r,377  du  racme  produit  ont  donné  o,4o6  d'iodure  d'argent. 

III.  osr,399  d'un  deuxième  échantillon  ont  donné  0,094  d'eau  eto,i6i  d'acide  carbonique. 

IV.  o'r,396  du  même  échantillon  ont  donné  0,087  d'eau  et  0,160  d'acide  carbonique. 

V.  0^,396  du  môme  produit  ont  donné  0,428  d'iodure  d'argent. 

VI.  o,r,4o5  d'un  troisième  échantillon  ont  donné  0,090  d'eau  et  o,  166  d'acide  carbonique. 

»  Ces  résultats,  traduits  en  centièmes,  conduisent  aux  nombres  suivants  : 
1.  11.  m  IV.  v.  VI. 

Carbone ,0?9^  »  11,02        '1,09  »  'r>!7 

Hydrogène ■    2,52  »  2,57  2,44  *  2,43 

Etain ...    t   ....         »  »  »  »  »  » 

Iode »  58, 10  »  »    '      58,34  » 


et  s'accordent  avec  la  formule 
»  En  effet,  on  a 


C«H*SnI. 


C4 24  11,21 

H5 5  a,32 

Sn 5g  27,57 

I.    .    .   .   .  126  58.,8o 


214  100,00 

»  La  dissolution  de  ce  composé  se  comporte  avec  les  dissolutions  métal- 
liques exactement  comme  le  font  les  iodures  solubles;  elle  fait  naître,  en 
effet,  dans  les  sels  de  plomb,  de  mercure  et  d'argent  les  mêmes  précipités 
que  l'iodure  de  potassium. 

»  Si  l'on  verse  goutte  à  goutte  une  dissolution  d'azotate  d'argent  dans 
une  dissolution  du  composé  précédent,  on  obtient  un  précipité  d'iodure 
d'argent;  la  liqueur  filtrée  étant  soumise  à  l'évaporation,  laisse  déposer  un 
produit  blanc  cristallisé  auquel  l'analyse  assigne  la  formule 

AzO5,  C'H'SnO. 

»  Le  sulfate  d'argent,  traité  de  la  même  manière,  "donne  un  sel  cristallisé 
en  petites  écailles  nacrées,  dont  la  composition  est  exprimée  par  la  formule 

S03,C*H!SnO. 

C.  H.,  1852.  arae  Semestre.   (T.  XXXV,  N«  5)  l3 


(  94  ) 

»  Si  l'on  verse  de  l'ammoniaque  dans  la  dissolution  des  sels  précédents, 
il  se  sépare  un  précipité  blanc,  pesant,  amorphe,  qui  se  dissout  facilement 
dans  les  acides  azotique  et  sulfurique  étendus  en  reproduisant  les  composés 
précédents.  Il  se  dissout  dans  l'acide  acétique  et  forme  une  combinaison 
cristallisable. 

»  L'acide  chlorhydrique  le  dissout  pareillement  et  donne,  par  l'évapora- 
tion,  un  composé  cristallisé  en  aiguilles  blanches  d'une  grande  beauté. 

»  Le  précipité  amorphe  formé  par  l'ammoniaque  est  représenté  par  la 
formule 

C4H5SnO. 

»  La  composition  du  produit  cristallisé  formé  par  l'acide  chlorhydrique 
est  exprimée  par  la  formule 

G*H*SnCl. 

»  L'examen  de  ces  différents  composés  conduit  à  admettre  l'existence 
d'un  groupement  ternaire  C4H5  Sn  qui  fonctionne  comme  un  véritable 
radical  analogue  au  cacodyle  et  au  stibéthyle,  auquel  nous  donnerons  pour 
cette  raison  le  nom  de  stannéthyle.  On  aurait  alors  : 

C4HsSn,  stannéthyle, 

C*  H'Sn,  O,  oxyde  de  stannéthyle, 

C4H5Sn,S,  sulfure  de  stannéthyle, 

C*H5SnCl,  chlorure  de  stannéthyle, 

C4  H5  Snl,  iodure  de  stannéthyle, 

C4H5Sn,  O,  AzO5,  azotate  d'oxyde  de  stannéthyle, 

C4H5Sn,  O,  SO%  sulfate  d'oxyde  de  stannéthyle. 

»  L'iodure  de  méthyle  étant  placé  dans  les  mêmes  circonstances  que 
I  éther  iodhydrique  donne  des  résultats  analogues;  on  obtient  un  .composé 
correspondant 

CaH'Sn,I, 

qui  renferme  le  radical  stan-méthyle,  mais  l'expérience  réussit  moins  bien. 
L'iodure  d'amyle,  traité  de  la  même  manière,  n'a  pas  éprouvé  d'altération 
appréciable,  même  après  un  contact  de  dix  à  douze  jours. 

»  Si  l'on  admet  avec  M.  Regnault  que  les  éthers  simples  dérivent  tous 
d'un  carbure  d'hydrogène  C4HS  par  la  substitution  d'un  équivalent  d'oxy- 
gène, chlore,  iode,  soufre  à  un  équivalent  d'hvdrogène,  ces  corps  entrant 
comme  molécule  intégrante  de  la  combinaison,  résultat  qui  est  parfaite- 


(95) 
ment  d'accord  avec  le  rôle  passif  de  ces  combinaisons  en  présence  des 
réactifs  propres  à  déceler  la  présence  dn  chlore,  de  l'iode,  du  soufre,  et 
qu'on  ne  saurait  comprendre  si  c'étaient  des  combinaisons  du  chlore,  de 
l'iode,  dn  soufre,  avec  le  radical  éthyle,  on  devra  considérer  le  composé 
C*H5Sn  comme  le  correspondant  de  l'éther  chlorhydrique,  Sn  rempla- 
çant Cl.  Mais,  comme  l'étain  jouit  de  propriétés  électropositives  beaucoup 
plus  prononcées  que  l'hydrogène  qu'il  remplace  dans  le  composé  G4  Ha,  on 

C4H5 
comprend  comment  l'éthylure  d'étain  tend  à  se  comporter  comme  un 

véritable  radical.  » 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  le  Ministre  d'Etat  transmet  un  Mémoire  de  M.  Zalewski,  sur  les 
phénomènes  de  la  gravitation  universelle  considérés  comme  dus  à  l'action 
de  forces  électriques. 

Ce  Mémoire,  qui  ne  paraît  différer  en  rien  de  celui  que  l'auteur  a  lu 
dans  la  précédente  séance,  est  renvoyé  à  l'examen  des  Commissaires  déjà 
désignés,  MM.  Pouillet  et  Despretz. 

chimie  appliquée.  —  Recherches  sur  la  composition  des  matières  solubles 
extraites,  par  l'eau,  des  terres  fertiles;  par  MM.  F.  Verdeil  et  E.  Risler. 

(Commissaires,  MM.  de  Casparin,  Boussingault,  Payen.) 

«  Lorsqu'on  mélange  avec  de  l'eau  distillée  une  certaine  quantité  de 
terre  arable  provenant  d'un  champ  fertile,  si  l'on  remue  le  mélange  et  qu'au 
bout  de  quelques  heures  on  le  jette  sur  un  filtre,  l'eau  qui  s'écoule  renfer- 
mera les  principes  solubles  qui  existaient  dans  la  terre.  En  répétant  ce  la- 
vage une  seconde  et  une  troisième  fois,  on  aura  extrait  sensiblement  tout  ce 
que  la  terre  peut  céder  à  l'eau,  et  par  conséquent  à  la  pluie.  Ces  principes 
solubles  représentent  donc  exactement  la  nourriture  que  les  plantes  peuvent 
trouver  dans  la  terre,  les  racines  des  végétaux  ne  pouvant  absorber  que  des 
principes  à  l'état  de  dissolution. 

»  Ayant  été  chargés  de  faire  l'analyse  des  divers  terrains  qui  composent  le 
domaine  de  l'Institut  agronomique,  nous  reçûmes  de  M.  le  comte  de  Gas- 
parin  le  conseil  de  nous  attacher  surtout  à  l'étude  des  principes  solubles 
que  ces  différentes  terres  peuvent  céder  à  l'eau  à  l'état  de  dissolution. 

»  Ces  recherches,  quoique  loin  d'être  terminées  encore,  nous  ont  con- 

i3.. 


(  96  ) 
duits  à  des  résultats  que  nous  ne  croyons  pas  sans  quelque  intérêt,  et  nous 
avons  l'honneur  de  les  soumettre  au  jugement  de  l'Académie. 

»  Environ  20  kilogrammes  de  chaque  espèce  de  terre,  débarrassée  des 
pierres  et  du  gravier  un  peu  gros,  sont  mélangés  dans  un  grand  vase  avec 
assez  d'eau  distillée  tiède  pour  que  celle-ci  forme  avec  la  terre  une  bouillie 
claire  pouvant  être  facilement  remuée.  Au  bout  de  quelques  heures,  on 
sépare  l'eau  et  l'on  répète  une  deuxième  et  une  troisième  fois  cette  opéra- 
tion. L'eau  qu'on  obtient  ainsi  est  parfaitement  limpide,  légèrement  jau- 
nâtre ;  on  l'évaporé  au  bain-marie  jusqu'à  complète  dessiccation  du  résidu. 

»  Cet  extrait  de  terre  n'est  pas  uniquement  composé  de  substances  mi- 
nérales; il  renferme  également  une  substance  organique  dont  la  proportion 
varie  pour  les  différents  résidus,  mais  qu'on  peut  évaluer  en  moyenne  à 
5o  pour  roo  de  la  masse  de  l'extrait  desséché  à  100  degrés.  Exposé  à 
l'action  de  la  chaleur  rouge,  il  se  décompose,  noircit  et  brûle;  la  matière 
organique  est  détruite,  et  il  reste  une  cendre  parfaitement  blanche. 

»  Nous  avons  analysé  les  cendres  provenant  des  extraits  des  différentes 
terres  traitées  par  l'eau,  et  nous  indiquons,  sous  forme  de  tableau,  les  ré- 
sultats que  nous  avons  obtenus,  en  désignant  la  cendre  analysée  par  le  nom 
de  la  pièce  de  terre  d'où  elle  a  été  extraite. 


oésicnATioN 

de 

la  pièce  de  terre 


Mail 

Faisanderie 

Gazon 

Avenue  de  la  Reine 

Potager 

Satory 

Argile  de  Galy. . . . 
Calcaire  de  Galy. . 

Tourbe 

Sablière t . 


MAT1ÊR. 

orga- 
niques. 


43 ,  00 
70,5o 
35,00 
44,00 
37,00 
33,00 
48,00 
47,00 
46,00 

47>°4 


57,00 
29,50 

65,00 

56,00 
63,oo 
67,00 
5s  ,00 
53,oo 
54,00 
53,06 


SULFATE 

de 

chaux. 


48,92 
Si  ,fe 

48,45 
43,75 
36, 60 
18,70 
18.75 

34,43 
33, 3i 


CARIO- 
SATE 

de 
chaux. 


35, 60 

35,39 
6,08 
6,08 

13,35 
3.4 ,  35 
45,6, 
48, 5o 
3o,6i 
34,59 


PHOS- 
PHATE 

de 
chaux. 


4,2/ 

3,l6 

3,75 

6,3s 

11,30 

18, 5o 
3,83 
9,00 

°,93 
8,10 


OXYDE 

de 
fer. 


1  ,ao 

0,4; 
1 ,31 
3,00 

traces. 
3,73 
0,9.') 

traces. 
5,i5 
1 ,03 


0,63 
traces. 

ti 

traces. 

traces. 

0,80 

1 ,55 


CHLO- 
RURE 

de 
sodium 

et 
de  po- 
tassium 


7,63 
3,55 

6,19 
i4,45 


9,>4 

6,31 

6,,  06 
4,o5 


â.49 
13,67 
35,71 
■  5,6i 
19,60 

31  ,60 

5,00 

5,5o 

8,75 

1 5  58 


POTASSE 

et 

soude 

dos 

silicates 


3,.7 
4.33 

5,o6 
4,i3 

7,s3 

4,65 

7»Co 

n 

7,45 


traces. 

7,60 
8,33 


»  En  parcourant  ce  tableau,  il  est  une  remarque  qu'on  fait  tout  d'abord  ; 
on  se  demande  comment  il  peut  se  rencontrer  dans  ces  cendres  des  sub- 
stances insolubles  dans  l'eau,  telles  que  la  silice,  le  carbonate  de  chaux,  le 
phosphate  de  chaux  et  l'oxyde  de  fer.  En  effet,  on  se  rappelle  que  c'est  au 
moyen  d'eau  distillée  que  ces  matières  ont  été  extraites  de  la  terre,  et  qu'elles 


(97) 
étaient  parfaitement  solubles  dans  très-peu  d'eau.  La  silice  existe  dans  cer- 
taines cendres  en  proportion  considérable  et  d'une  manière  constante;  il  en 
est  de  même  pour  le  carbonate  de  chaux,  qui  existait,  déjà  sous  cette  forme 
dans  l'extrait  avant  l'incinération. 

»  Comme  ces  substances  ne  sont  obtenues  insolubles  dans  l'eau  qu'a- 
près la  destruction,  par  l'incinération,  de  la  substance  organique,  il  faut 
bien  attribuer  à  celle-ci  une  action  dans  la  solubilité  des  principes  minéraux 
que  nous  trouvons  dans  les  cendres  ;  aussi  avons-nous  spécialement  étudié 
la  matière  organique  contenue  dans  les  différents  extraits  de  terres. 

»  Lorsqu'on  chauffe,  à  la  flamme  de  la  lampe  à  alcool,  une  portion  d'un 
résidu  quelconque  provenant  de  l'évaporation  des  eaux  renfermant  les  sub- 
stances solubles  des  terres,  il  se  décompose,  brûle  en  répandant  une  odeur 
de  sucre  ou  de  papier  brûlé.  Au  moyen  d'alcool,  on  parvient  à  précipiter 
de  la  solution  aqueuse  du  résidu  une  partie  des  sels  minéraux,  mais  jamais 
assez  complètement  pour  que  la  substance  organique  qui  reste  en  dissolu- 
tion dans  l'alcool  puisse  être  parfaitement  isolée.  Cependant  nous  avons 
pu  constater  que  cette  substance  présente  toutes  les  propriétés  d'un  corps 
neutre  d'origine  végétale,  analogue  au  sucre,  à  la  dextrine  et  à  la  maunite. 
Cette  substance  ne  forme  pas  de  combinaisons  définies  avec  les  substances 
minérales,  et  peut  exister  dans  l'extrait  mélangée  au  carbonate  de  chaux 
sans  le  décomposer.  Nous  n'avons  pu  établir,  par  l'analyse  élémentaire,  la 
composition  exacte  de  la  matière  organique,  ayant  toujours  analysé  direc- 
tement le  résidu  tel  qu'on  l'obtient  par  l'évaporation,  dans  la  crainte  de 
décomposer  la  substance  organique  en  cherchant  à  l'isoler. 

»  Guidés  par  l'analogie  que  cette  substance,  qui  détermine  la  solubilité 
des  parties  minérales  du  sol,  présente  avec  le  sucre,  nous  avons  recherché 
si  ce  dernier  exerçait  aussi  une  action  sur  la  solubilité  des  substances  miné- 
raies  en  général.  Il  est  reconnu  déjà  que  de  l'eau  sucrée  dissout  une  plus 
grande  quantité  de  chaux  que  l'eau  pure,  et  que  la  présence  d'une  sub- 
stance organique  empêche  l'oxyde  de  fer  de  se  précipiter  de  ses  dissolutions 
salines. 

»  Nous  avons  broyé  dans  un  mortier  du  quartz  avec  un  peu  d'eau  satu- 
rée de  sucre,  soit  de  raisin,  soit  de  canne,  et  en  filtrant  nous  avons  reconnu, 
par  l'évaporation  de  l'eau  sucrée  et  la  calcination  du  résidu,  qu'il  s'était 
dissous  une  quantité  notable  de  silice.  L'eau  sucrée  a  dissous  également  du 
carbonate  et  du  phosphate  de  chaux  ;  la  dextrine  a  présenté  les  mêmes  pro- 
priétés que  le  sucre.  L'un  de  nous,  M.  Verdeil,  auquel  appartient  l'obser- 


vation  de  ces  faits,  aura  l'honneur  de  présenter  a  l'Académie  un  tableau 
du  degré  de  solubilité  des  diverses  substances  minérales  dans  de  l'eau  tenant 
en  dissolution  des  substances  organiques  neutres  à  différents  degrés  de 
saturation. 

»  Comment  se  forme  cette  substance  organique  dans  les  terres  arables? 
elle  provient,  on  n'en  peut  douter,  des  débris  de  végétaux  qui  se  décom- 
posent par  l'action  de  l'air,  car  dans  toutes  terres  fertiles  on  trouve  tou- 
jours des  matières  d'origine  végétale  en  décomposition.  11  est  vrai  de  dire 
que  lorsqu'on  abandonne  des  matières  végétales  à  faction  de  l'air  et  de 
l'humidité,  celles-ci  fermentent,  donnent  des  produits  pour  la  plupart 
acides,  et  finiraient,  avec  le  temps,  par  se  transformer  en  acide  carbonique 
et  en  eau.  Mais  on  ne  peut  comparer  la  fermentation  des  matières  végétales 
abandonnées  à  elles-mêmes,  avec  la  décomposition  de  ces  mêmes  Matières 
an  contact  des  substances  minérales  qui  constituent  les  terres  arables.  Le 
suc  de  betterave  ou  de  canne  à  sucre  entre  aussi  en  fermentation  lorsqu'on 
l'abandonne  à  l'action  de  l'air,  et  donne  des  produits  acides;  mais  la  fer- 
mentation du  sucre  peut  être  arrêtée  aussitôt  par  l'addition  de  chaux  avec 
laquelle  il  s'unit. 

»  Sans  vouloir  comparer  les  deux  phénomènes,  ne  pourrait-on  pas  ad- 
mettre que  dans  la  décomposition  des  matières  végétales  au  contact  de  la 
terre,  et  surtout  des  sels  de  chaux,  les  substances  minérales  s'unissent  à 
notre  matière  soluble  à  mesure  qu'elle  se  forme,  et  empêchent  ainsi  sa  dé- 
composition ultérieure  et  la  formation  de  produits  acides:' 

»  Le  résidu  sec  de  l'extrait  des  terres  par  l'eau  renferme  toujours  une 
certaine  proportion  d'azote,  en  moyenne  i,5  pour  100  de  son  poids.  Lors- 
qu'on fait  bouillir  l'extrait  concentré  avec  du  lait  de  chaux,  la  presque 
totalité  de  l'azote  peut  être  recueillie  sous  forme  d'ammoniaque;  l'azote 
existe  donc  ainsi  à  l'état  de  sels  ammoniacaux  dans  la  partie  soluble  des 
terres. 

»  Des  reclierches  qui  précèdent,  qui  sont  loin  d'être  complètes,  nous 
concluons  : 

»  i°.  Que  dans  toute  terre  fertile,  il  existe  une  substance  organique  so- 
luble, neutre,  analogue  au  sucre; 

»  i°.  Que  cette  matière  détermine  la  dissolution  dans  l'eau  des  sub- 
stances minérales  qui  composent  le  terrain  d'où  on  l'a  extraite,  et  cela,  poul- 
ies substances  insolubles  dans  l'eau  .  en  rapport  avec  la  somme  des  surfaces 
des  minéraux  qui  sont  soumis  à  son  action  :  il  suffit  de  tres-peu  d'eau  pour 


(99) 
opérer  cette  dissolution,  la  substance  organique  étant  hygrométrique  au 
plus  haut  degré  ; 

»  3°.  Que  l'azote  qui  entre  dans  la  composition  des  extraits  de  terre , 
s'y  trouve  à  l'état  de  sels  ammoniacaux. 

»  Quant  aux  déductions  qu'on  peut  tirer  de  ces  faits,  en  vue  d'expli- 
quer certains  phénomènes  de  la  nutrition  des  plantes,  nous  attendrons, 
pour  oser  le  faire,  que  de  nouvelles  recherches  dans  ce  but  nous  paraissent 
dignes  d'être  soumises  au  jugement  de  l'Académie.  » 

physiologie.  —  Des  formes  que  prend  la  fibrine  dans  les  inflammations  ; 

par  M.  Monneret. 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Velpeau.) 

«  Les  études  auxquelles  je  me  livre  depuis  plusieurs  années  sur  les  pro- 
diiits  de  l'inflammation  m'ont  conduit  à  quelques  propositions  générales 
qu'on  peut  résumer  de  la  manière  suivante  : 

»  La  fibrine  ne  se  présente  dans  l'interstice  des  tissus  ou  à  leur  face  libre 
que  dans  deux  conditions  morbides,  l'inflammation  et  l'hémorragie. 

»  Dans  le  premier  cas,  la  fibrine  s'extravase  en  solution  dans  la  sérosité 
du  sang,  et  bientôt  après  passe  à  l'état  solide  et  corpusculaire.  Examinée  au 
microscope  et  à  un  grossissement  de  5  à  6oo  diamètres,  elle  affecte  toujours 
une  des  trois  formes  suivantes  :  i°  la  forme  fibrillaire;  2°  la  granuleuse; 
3°  la  celluleuse.  Les  deux  premières  représentent  la  forme  primordiale,  élé- 
mentaire et  immuable  de  la  fibrine. 

»  iu.  La  forme  fibrillaire  est  constituée  par  des  fibres  excessivement 
fines,  droites,  parallèles,  réunies  en  faisceaux  plus  ou  moins  nombreux,  et 
traversés  parfois  par  d'autres  faisceaux  semblables  plus  ou  moins  régulière- 
ment espacés.  Les  fibres,  très-distinctement  formées  de  nucléoles  très-pe- 
tits, disposés  en  série  linéaire,  sont  tout  à  fait  pareilles  aux  fibres  de  la  tuni- 
que moyenne  des  artères,  des  valvules  sygmoïdes,  des  veines  et  des  muscles 
de  la  vie  organique.  Elles  sont  très-rapidement  et  très-fortement  rétractiles; 
en  quelques  minutes,  elles  se  réduisent  à  un  très-petit  volume. 

»  2°.  La  forme  granuleuse  est  déterminée  par  l'agglomération  de  granu- 
lations sphériques,  presque  de  même  dimension,  et  plus  petites  que  toutes 
celles  qui  appartiennent  aux  tissus  pathologiques.  Elle  constitue  des  masses 
irrégulières,  de  différentes  grandeurs,  et  se  trouve  souvent  dans  le  même 
plasma  mêlée  à  la  forme  précédente,  en  laquelle  elle  ne  se  transforme  pas. 

»  3°.  La  forme  celluleuse  est  caractérisée  par  la  présence  de  la  cellule 


(   «oo  ) 

appelée  granuleuse  ou  composée.  Une  enveloppe  commune  réunit  huit  à 
douze  molécules  qui  se  dissocient  et  se  dissolvent  par  l'action  de  l'acide 
acétique.  Cette  cellule  est  une  manière  d'être  nouvelle  et  pathologique  de 
la  fibrine,  qui  n'appartient  qu'à  l'inflammation. 

»  Les  fibrines  fibrillées  et  granulées  ont  exactement  les  mêmes  pro- 
priétés. Solubles  dans  l'acide  acétique,  fortement  rétractiles,  elles  se  mon- 
trent toujours  identiques  à  elles-mêmes  :  dans  toutes  les  sérosités  des 
phlegmasies  ;  dans  la  concrétion  qui  se  forme  à  la  surface  de  la  peau  dénu- 
dée, ou  dans  le  plasma  des  plaies  réunies  par  première  intention,  dans  les 
plaques  molles  du  muguet  tout  aussi  bien  que  dans  la  fausse  membrane  de 
la  bouche  ou  du  larynx  enflammés-,  dans  les  pustules  varioliques  où  cette 
fibrine  ne  paraît  que  du  sixième  au  douzième  jour,  pour  opérer  la  cicatri- 
sation du  derme  ;  enfin  dans  les  concrétions  plastiques  de  la  pie-mère,  du 
péritoine  et  des  parenchymes  enflammés. 

»  La  fibrine,  dans  tous  ces  cas,  remplit  les  espaces  intra-fibrillaires  des 
tissus,  et  ainsi  rejetée  hors  des  voies  de  la  circulation,  amène  l'oblitération 
des  vacuoles  organiques,  comme  elle  le  fait  en  grand  pour  toute  une  tunique 
séreuse.  Elle  subit  alors  différentes  vicissitudes  :  i°  elle  joue  le  plus  ordi- 
nairement le  rôle  d'une  substance  intermédiaire,  d'un  support  dans  lequel 
pénètrent  les  vaisseaux  de  nouvelle  formation  qui  proviennent  du  tissu 
phlogosé  ;  2°  ou  bien  la  sérosité  fournie  par  les  vaisseaux  dissocie  les  élé- 
ments de  la  fibrine  qui  est  alors  résorbée;  3°  souvent  elle  reste  à  l'état 
granuleux  ou  fibrillaire,  devient  plus  dense  et  plus  serrée,  comme  dans  les 
adhérences,  les  plaques  laiteuses  et  certaines  indurations;  4°  enfin  elle 
reçoit,  par  les  vaisseaux  qui  la  traversent  et  qui  appartiennent  au  tissu  voi- 
sin, les  éléments  normaux  qui  entrent  dans  la  constitution  des  cicatrices 
dont  les  tissus  se  sont  régénérés. 

»  Les  fibrines  fibrillaire,  granuleuse  et  celluleuse,  ne  s'organisent  jamais  ; 
elles  sont  condamnées  à  rester  ce  qu'elles  sont  à  leur  sortie  des  vaisseaux 
phlogosés,  et  à  ne  jamais  prendre  d'autre  forme.  Les  vaisseaux  qui  les  tra- 
versent peuvent  seuls  les  atrophier  et  les  faire  disparaître,  ou  y  jeter  deux 
produits,  les  uns  physiologiques,  les  autres  morbides. 

»  Les  produits  physiologiques  sont  le  résultat  de  la  sécrétion  variable, 
et  propre  à  chaque  tissu  duquel  sortent  les  vaisseaux.  C'est  ainsi  que  l'on 
trouve,  dans  le  plasma  cicatriciel  de  la  pustule  varioleuse,  l'épithélium  à 
toutes  les  périodes  de  développement;  et  dans  le  croup,  dans  le  muguet, 
la  même  formation,  dans  le  poumon  enflammé  chroniquement,  la  méla- 
nose,  etc.  Jamais  on  n'observe,  dans  la  fibrine  déposée,  la  moindre  trace 


(  fcï  ) 

d'une  transformation  quelle  qu'elle  soit.  L'action  dynamique,  vitale  des 
vaisseaux  propres  fait  tout;  la  fibrine  n'y  joue  que  le  rôle  fort  secondaire, 
de  support. 

»  Les  produits  hétéromorphes,  tels  que  le  pus,  le  tubercule,  le  cancer, 
peuvent  y  être  déposés  :  i°  par  le  seul  fait  de  l'endosmose,  quand  les  fausses 
membranes  sont  récentes  ou  anciennes,  mais  alors  de  consistance  médiocre; 
a°  par  sécrétion  spéciale  des  vaisseaux  qui  traversent  la  fibrine.  Ici  encore 
jamais  de  transformation  de  cet  élément  en  un  autre. 

»  De  plus,  la  fibrine  concrète  retenant  toujours  de  la  sérosité,  et  rece- 
vant d'ailleurs  par  endosmose  toutes  les  liqueurs  voisines,  peut,  par  son 
contact  avec  l'air,  ou  avec  des  humeurs  acides,  subir  une  troisième  altéra- 
tion; il  y  naît  des  végétaux  dont  les  formes  sont  assez  variables,  et  parmi 
lesquelles  on  distingue  surtout  le  Sporotrjchium  et  le  Penicillum  glaucum. 
Les  fausses  membranes  de  la  diphthérite  et  du  muguet,  tout  aussi  bien 
que  celles  que  l'on  trouve  à  la  surface  de  la  peau  et  ailleurs  encore,  con- 
stituent une  sorte  de  terre  ou  de  réceptacle  pour  ces  végétations  nouvelles. 
On  obtient  les  mêmes  résultats  avec  la  fibrine  que  l'on  expose  à  l'air  ou  que 
l'on  acidifie  légèrement. 

»  4°-  La  fibrine  sortie  des  vaisseaux  par  hémorragie,  se  présente  éga- 
lement, comme  le  concrétum  phlegmasique,  sous  la  forme  fibrillaire,  mais 
ses  fibres  en  sont  plus  grosses,  moins  régulières,  et  n'ont  plus  une  forme 
striée  aussi  distincte  ni  aussi  élégante  que  l'autre  fibrine.  Jamais  on  n'y 
voit  mêlée  la  cellule  granulaire  de  l'inflammation.  J'ai  observé  cette  fibrine 
dans  des  caillots  sanguins  jaunâtres  que  le  cerveau  renfermait  depuis  long- 
temps; dans  une  caverne  pulmonaire  hémorragique;  dans  des  tumeurs 
anévrismales  et  dans  des  indurations  cérébrales  jaunâtres  que  l'on  aurait 
prises,  sans  le  secours  du  microscope,  pour  des  cicatrices  cérébrales.  La 
fibrine  hémorragique  n'appelle  point  le  travail  de  vascularisation,  comme 
le  fait  si  rapidement  la  fibrine  extravasée  par  inflammation.  On  ne  voit 
jamais  la  moindre  tendance,  de  la  part  de  cette  fibrine,  à  se  transformer 
en  tissu  homologue  ou  hétérologue,  ni  à  faire  les  frais  de  la  plus  mince 
régénération  cicatricielle.  Il  faut,  pour  cela,  que  le  travail  phlegmasique 
intervienne  et  verse  l'autre  fibrine.  Les  différences  qui  existent  entre  le 
plasma  phlegmasique  et  l'hémorragique  sont  donc  assez  tranchées. 

»  Il  résulte  enfin  de  ces  observations  que  la  présence  d'une  quantité  de 
fibrine,  quelque  minime  qu'elle  soit,  et  appréciable  seulement  par  le  mi- 
croscope, suffit  pour  établir,  d'une  manière  irréfragable,  l'existence  d'une 
inflammation,  quand  il  s'y  ajoute  une  cellule  granuleuse.  La  sérosité  du 

C.  R.,  t85u,  a">«  Semeitre.  (T.  XXXV,  M"  3.)  l4 


(  ,oa  ) 

tissu  cellulaire  des  membres  œdématiés,  ou  du  liquide  obtenu  par  la  tho- 
racentèse  m'a  permis  de  reconnaître  des  inflammations  ignorées  jusqu'alors, 
et  par  contre,  je  n'ai  rencontré  aucune  trace  de  fibrine  dans  les  sérosités 
des  phlyctènes,  des  sudamina,  des  bulles  et  de  quelques  productions 
pathologiques  qu'on  aurait  été  disposé  à  rapporter  à  l'inflammation.  On 
peut  donc  en  clinique,  et  par  une  observation  très-facile  et  rapide,  tirer  des 
inductions  précieuses,  soit  pour  le  diagnostic,  soit  pour  le  traitement,  de 
l'étude  de  la  fibrine,  à  l'aide  du  microscope.  » 

météorologie.  —  Phénomène  de  mirage  observé  d'une  maison  de  la  rue  de 
Fleurus,  de  4  à  5  heures  du  soir,  le  mardi  i3  juillet  1802.  (Note  de 
M.  Blondat.) 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Babinet,  Despretz.) 

«  Ce  phénomène  s'est  présenté  avec  la  plus  grande  netteté  pour  les  per- 
sonnes qui  l'observaient  de  mon  appartement,  situé  au  deuxième  étage  de 
la  maison  n°  37,  qui  a  été  occupé  autrefois  par  feu  M.  Dulong,  de  l'Aca- 
démie des  Sciences.  Le  champ  de  l'observation  a  été  limité  par  des  parties 
de  mur  et  de  bâtiments  latéraux  très-élevés.  La  perspective  que  l'on  découvre 
se  compose  de  l'ensemble  des  étages  supérieurs  des  maisons  situées  entre 
le  Panthéon  (e.-rtra)  et  des  maisons  voisines  du  dôme  de  la  Sorbonne;  ce 
dôme  était  l'objet  saillant  et  principal  du  tableau.  L'image  n'était  pas  ren- 
versée et  paraissait  plus  grande  que  la  réalité  :  la  distance  verticale  entre  le 
dôme  réel  et  le  dôme  du  mirage  était  à  peu  près  le  double  de  la  hauteur 
du  dôme  réel.  L'image  était  d'une  netteté  et  d'une  précision  parfaites.  » 

optique.  —  Recherches  sur  la  construction  et  les  avantages  que  présente- 
ront des  instruments  amplifiants  à  deux  grossissements  ;  par  M.  Laurent, 
professeur  d'Astronomie  pratique  à  l'Ecole  navale  de  Brest. 

(Commissaires,  MM.  Arago,  Pouillet,  Babinet,  Laugier.  ) 

MM.   Schlagiktweit    frères   adressent  une    Note    sur   la   hauteur  des 
diverses  sommités  du  mont  Rose. 
(Renvoi  à  la  Commission  chargée  d'examiner  les  travaux  précédents  de 

MM.  Schlagintweit  sur  les  Alpes,  Commission  que  M.  le  Président  invite 

à  hâter  son  Rapport.  ) 

M.  Combescure  adresse  de  New-York  un  Mémoire  sur  la  théorie  des 
tautochrones . 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Lamé.) 


(  io3) 

M.  Versepuy  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  sur  le  blanc 
de  plomb  comparé  au  blanc  de  zinc.  Suivant  lui,  ce  dernier  produit,  dans 
un  bon  nombre  d'applications,  ne  remplacerait  qu'imparfaitement  le  pre- 
mier, et  la  suppression  des  fabriques  de  céruse,  qui  ne  pourrait  être  obtenue 
sans  de  grands  inconvénients,  n'aurait  pas,  au  point  de  vue  de  l'hygiène, 
un  avantage  tel  que  le  supposent  beaucoup  de  gens  qui  ignorent  ou  ne 
veulent  pas  reconnaître  la  différence  qu'il  y  a,  sous  le  rapport  de  la  salu- 
brité, entre  les  anciennes  fabriques  et  les  nouvelles. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  chargée  de  s'occuper  de  cette  ques- 
tion, Commission  qui  se  compose  de  MM.  Pelouze,  Combes  et  Rayer.) 

M.  Letellier  adresse,  à  l'occasion  de  diverses  communications  récentes 
sur  la  composition  du  sang,  une  réclamation  de  priorité.  Il  annonce  que 
plusieurs  des  résultats  consignés  dans  les  Mémoires  de  MM.  Becquerel  et 
Rodier,  de  M.  Hatin  et  autres,  se  trouvent  déjà  présentés  comme  résultats 
de  ses  propres  recherches  dans  un  Mémoire  qu'il  a  soumis,  en  i838,  au 
jugement  de  l'Académie,  et  qui  a  pour  titre  :  De  la  fibrine,  de  ses  variétés, 
de  sa  formation  ;  de  la  couenne  inflammatoire. 

(Renvoi  à  l'examen  des   Commissaires  précédemment  désignés  pour  des 
recherches  concernant  l'hématologie  :  MM.  Thenard,  Dumas,  Andral.) 

M.  Landes  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  se  faire  rendre  compte  d'une 
Note  qu'il  lui  a  adressée  dans  la  précédente  séance,  et  qui  concerne  la  théo- 
rie de,  la  vision. 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Coste. ) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique,  M.  le  Ministre  des  Affaires 
étrangères  et  M.  le  Ministre  de  la  Guerre  remercient,  chacun  en  particu- 
lier, l'Académie  de  la  décision  qu'elle  a  prise  concernant  l'envoi  régulier 
des  numéros  du  Compte  rendu  de  ses  séances  hebdomadaires  aux  différents 
Ministères. 

M.  Mitscherlich  ,  npiiimé  récemment  à  une  place  d'Associé  étranger, 
adresse  ses  remercîments  à  l'Académie  et  annonce  l'intention  de  se  rendre 
prochainement  à  Paris,  où  il  compte  arriver  avant  la  fin  du  mois  d'août. 

14.. 


(  io4  ) 

M.  Temminck,  nommé,  dans  la  séance  du  a8  juin,  à  une  place  de  Corres- 
pondant pour  la  Section  d'Anatomie  et  de  Zoologie,  adresse  également  ses 
remercîments  à  l'Académie. 

M.  Coumer,  à  l'occasion  d'une  communication  faite  en  février  dernier, 
par  M.  Filhol,  sur  le  pouvoir  décolorant  du  charbon  et  de  plusieurs  autres 
corps,  rappelle  qu'il  a  traité  la  même  question  dans  une  Note  présentée  à 
l'Académie  en  182a. 

M.  Thibault  adresse,  de  Saint-Pétersbourg,  un  manuscrit  portant  pour 
titre  :  Investigation  des  phénomènes  de  la  nature  basée  sur  les  lois  de  la 
Physique  et  de  la  Chimie. 

M.  Babinet  est  invité  à  prendre  connaissance  de  ce  Mémoire  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  s'il  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Buissox  envoie  une  nouvelle  copie  de  sa  Note  sur  les  insectes  consi- 
dérés comme  cause  des  maladies  épidémiques,  tant  chez  les  animaux  que 
chez  les  végétaux,  et  sur  l'intérêt  qu'il  y  aurait  à  empêcher  la  destruction 
des  oiseaux  qui  se  nourissent  d'insectes. 

M.  Guérin-Mènevhxe,  chargé  d'une  mission  scientifique  en  Italie,  où 
il  doit  étudier  diverses  questions  d'économie  rurale,  annonce  de  Gênes  le 
résultat  de  ses  premières  observations  concernant  les  insectes  qui  atta- 
quent l'olive. 

M.  Dussert  adresse  une  Lettre  relative  à  un  prix  qu'il  croit  avoir  été 
proposé  par  l'Académie,  relativement  aux  moyens  d'arrêter  la  maladie  des 
pommes  de  terre. 

M.  m:  Bock  communique  les  résultats  de  quelques  observations  qu 'il  a 
faites  sur  un  chien  qu'on  supposait  enragé  et  chez  lequel  n'existait  pas  cette 
horreur  pour  les  liquides,  qu'on  attribue  communément  à  tous  les  animaux 
atteints  d' hydrophobie. 

M.  Iîkai  111:1  demande  l'ouverture  de  deux  paquets  cachetés  qu'il  avait 
déposés  dans  la  séance  du  5  juillet. 

Il  n'est  pas  donné  suite  h  cette  demande. 


(  «o5  ) 

L'Académie  accepte  le  dépôt  de  deux  paquets  cachetés  présentés,  l'un 

Par  M.  Bit  uni  i ,  l'autre 
Par  M.  Goclier. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  A. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  12  juillet  i852,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Journal  des  Connaissances  médicales  pratiques  et  de  Pharmacologie  ;  tome  V  ; 
n°  19;  5  juillet  i85a;  in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques.  Journal  des  candidats  aux  Ecoles  Poly- 
technique et  Normale;  rédigé  par  MM.  TERQUEM  et  Gerono  ;  juillet 
i852;  in-8°. 

Recueil  encyclopédique  d'agriculture,  publié  par  MM.  BoiTEL  et  Londet, 
de  l'Institut  national  agronomique  de  Versailles  ;  tome  III;  n°  1;  10  juil- 
let i85î;  in-8°. 

Royal  astronomical .  . .  Société  royale  astronomique  ;  vol .  XII  ;  n°  9  ; 
7  avril  i852;  in-8°. 

Catalogue. . .  Catalogue  des  étoiles  voisines  de  t 'écliptique  observées  à  Markree, 
pendant  les  années  1848  à  i85o  et  dont  on  suppose  que  les  positions  n'ont  pas 
encore  été  publiées;  vol.  I,  contenant  1 4,888  étoiles,  imprimé  aux  frais  du 
Gouvernement,  sur  la  recommandation  de  la  Société  royale.  Dublin,  r 85 1  ; 
in-8°. 

Jahrbuch...  Annales  de  l'Institut  impérial  et  royal  géologique;  2e  année; 
n05  2,  3  et  4;  avril-décembre  1 85 1  ;  in~4°- 

Die  fatschritle...  Progrès  de  la  physique  pendant  l'année  1848,  publiés  par 
la  Société  de  physique  de  Berlin;  rédigés  par  M.  le  professeur  K.ARSTEN  ; 
4e  année.  Berlin,  i852;  1  vol.  in-8°. 

Die  staaten...  Des  Etats  riverains  de  la  Plata,  considérés  par  rapport  à 
l'Europe;  par  M.  DE  Reden.  Darmstadt,  i852;  broch.  in-8°. 

Messungen...  Mesure  de  la  vitesse  de  transmission  de  l'irritabilité  dans  les 
nerfs;  par  M.  Helmholtz;  ae  partie;  broch.  in-8°. 

Astronomische...   Nouvelles  astronomiques;  n°  81 5. 


(  io6) 

Historische...  Mémoire  d'histoire  et  de  littérature  de  la  Société  hollandaise 
des  Sciences  de  Harlem;  Ier  volume.  Harlem,  i85i;  in-4°. 

L Athenœum  français .  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux-Arts;  ire  année;  n°  i;  3  juillet  i85a. 

La  Presse  littéraire,  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  1 1  : 
1 1  juillet  i852. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  28. 

Gazette  des  Hôpitaux  ;  nos  79  à  8 1 . 

Moniteur  agricole  ;  5e  année;  n°  27. 

La  Lumière;  ie  année  ;  n°  29. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  19  juillet  i852,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences, 
ie  semestre  i852  ;  n°  2;  in-4°- 

Annales  de  Chimie  et  de  Phjsique ;  par  MM.  ARAGO,  Chevreul,  Dumas, 
Pelouze,  Boussingault,  Regnault;  3e  série;  tome  XXXV;  juillet  i852; 
in-8°. 

Histoire  des  eaux  de  Nîmes  et  de  l'aqueduc  romain  du  Gard,  après  dix  ans 
d'études;  par  M.  le  Dr  Jules  Teissier-Rolland;  tome  IV;  ire  partie. 
Nimes,  i852;  in-8°. 

Propositions  pour  l'achèvement  des  Tuileries  et  du  Louvre;  par  M.  A. -F. 
Mauduit.  Paris,  1846;  broch.  in-8°. 

Mémoire  sur  la  nécessité  où  se  trouve  le  Gouvernement  de  ta  République 
française  d'arrêter,  dès  à  présent,  pour  la  Fille  de  Paris,  un  programme  de 
travaux  d'intérêt  général;  par  le  même.  Paris,  1849;  broch.  in-8°. 

Travaux  de  Paris;  par  le  même;  i852  ;  autographie  in-4°. 

Annales  de  la  Société  entomologique  de  France;  2e  série;  tome  X; 
ier  semestre  i852;  in- 8°. 

Annales  forestières;  10e  année;   10  juillet  i852;  in-8°. 

Annales  des  maladies  de  la  peau  et  de  la  syphilis,  publiées  par  MM.  Alphée 
Cazenave  et  Maurice  Chausit;  2e  série;  4e  volume;  juin  i852;  in-8°. 

Annales  médico-psychologiques.  Journal  destiné  à  recueillir  tous  les  docu- 
ments relatifs  à  l'aliénation  mentale,  aux  névroses  et  à  la  médecine  légale  des 
aliénés;  par  MM.  les  D™  Baillarger,  Brierre  de  Boismont  et  Cerise  ; 
juillet  i852;  in-8°. 


(  >°7  ) 

Bulletin  de  l'Académie  nationale  de  Médecine,  rédigé  sous  la  direction  de 
MM.  F.  Dubois  (d'Amiens),  secrétaire  perpétuel,  et  Gibert,  secrétaire 
annuel;  tome  XVII;  n°  19;  1 5  juillet  i852;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  tome  XIX;  n°  6;  in-8°. 

Cosmos.  Bévue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  DE  MONFORT, 
et  rédigée  par  M.  l'abbé  MoiGNO;  ire  année;  n°  12;  18  juillet  i85a;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médico-chirurgicales ,  publié  par  M.  le  docteur 
A.  Martin-Lauzer ;  n°  i4;  i5  juillet  i852;  in-8°. 

Bépertoire  de  Pharmacie,  recueil  pratique  rédigé  par  M.  BOUCHARDAT; 
9e  année;  tome  IX;  n°  1  ;  juillet  i85a;  in-8°. 

Annali...  Annales  des  Sciences  mathématiques  et  physiques;  par  M.  Barnabe 
Tortolini;  juin  185s;  in-8°. 

Soluzione. . .  Solution  d'un  problème  du  Livre  des  inclinaisons,  par  l'Analyse 
géométrique  des  Anciens;  par  M.  Raphaël  Minervini,  de  Naples.  Naples, 
1849;  in_8°-  (Ouvrage  présenté,  de  la  part  de  l'auteur,  par  M.  Chasles.) 

Sopra  il  fenomeno...  Mémoire  sur  un  phénomène  qui  s'observe  dans  les 
aimants  temporaires,  la  persistance  du  pouvoir  attractif  quand  l'hélice  qui 
enveloppe  l'aimant  temporaire  cesse  d'être  en  communication  avec  la  pile;  par 
M.  P.-D.  Mariamni.  Modène,  i85i;  broch.  in-4°. 

Sopra  gli...  Sur  les  instruments  d'observations  à  indications  continues;  par 
M.  l'abbé  Deregi S  (Giovanni);  broch.  in-/j°. 

Sulla...  Sur  l'intensité  de  la  lumière;  par  M.  C.-J.  GlULlo.  Turin,  i85a; 
broch.  in-4°. 

An  act...  Actes  de  la  Législature  de  l'Etat  de  Californie  pour  l'établissement 
d'un  système  d'écoles  communes.  Sacramento,  i852;  broch.  in-8°. 

The  nineteenth...  Dix-neuvième  rapport  annuel  de  la  Société  rodait 
Polytechnique  de  Cornouailles ;  année  i85i.  Falmouth;  in-8°. 

The  astronomical .  .  .  Journal  astronomit/ue  de  Cambridge  ;  nos  !\i  et  43; 
vol.  H;  nos  18  et  19;  i5  et  26  juin  i852. 

Zur  kenntniss...  Etudes  pour  servira  l'histoire  des  animaux  microscopiques, 
leur  structure ,  leurs  fonctions ,  leur  classification  :  espèces  observables  en  Suisse; 
par  M.  le  Dr.-M.  Perty,  professeur  à  l'École  supérieure  de  Berne.  Berne, 
i85a;  in-4°.  (Transmis  par  M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères.) 

Astronomische...  Nouvelles  astronomiques  ;  n°9  816  et  817. 

L Athenœum  français.  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux- Arts;  ire  année;  n05  2  et  3;  10  et  17  juillet  i85a. 


(  io8  ) 

La  Presse  littéraire,  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  iî; 
18  juillet  i85a. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  29. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n°*  82  à  84- 

L'Abeille  médicale;  table  générale  alphabétique  des  matières  contenues 
dans  le  tome  VIII;  année  i85i,  et  n°  14  de  i852. 

Moniteur  agricole;  5e  année;  n°  28. 

La  Lumière;  2e  année;  n°3o. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  26  JUILLET  1852. 

PRÉSIDENCE  DE  M.    PIOBERT. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

CHIMIE.  —  Extrait  d'un  Mémoire  sur  la  gutta-percha  :  ses  propriétés,  son 
analyse  immédiate,  sa  composition  élémentaire  et  ses  applications  (i); 
par  M.  Payes. 

«   Sans  avoir  de  données  précises  sur  toutes  les  circonstances  relatives  à 
l'extraction  du  produit  qui  nous  vient  des  îles  d'Asie  sous  le  nom  de  gutta- 


(i)  La  gutta-percha  fut,  en  1849,  l'objet  d'une  thèse  soutenue  par  M.  Adriani,  et  dont 
M.  Dumas  a  bien  voulu  me  donner  connaissance.  .  » 

L'auteur  avait  alors  exposé  l'état  des  connaissances  sur  l'histoire  naturelle  de  ce  produit , 
il  avait  cherché  à  déterminer  sa  composition  élémentaire  ainsi  que  celle  d'une  résine  qu'il  en 
avait  extraite  et  du  caoutchouc. 

Les  résultats  résumés  dans  un  tableau  offrent  des  différences  très-grandes  entre  eux  rela- 
tivement à  la  composition  du  même  corps  ;  en  effet ,  suivant  treize  de  ces  analyses  la  gutta- 
percha  contiendrait  pour  100  :  o  ,  2  ,  5,  1 1  ,  12  ,  i5  ou  20, 5  d'oxygène. 

La  résine  renfermerait  g,5  ou  12,7  d'oxygène;  quant  au  caoutchouc  ,  l'analyse  tantôt  n'a 
pas  indiqué  d'oxygène  ,  tantôt  en  a  indiqué  7  ou  1 1,5  pour  100. 

On  ne  pouvait  donc  tirer  une  conclusion  de  ces  analyses ,  difficiles  en  effet. 

M.  Adriani  ajoute  d'ailleurs  que  la  petite  quantité  de  matière  sur  laquelle  il  a  opéré ,  ne  lu 
a  pas  permis  d'étudier  la  composition  immédiate  de  la  gutta-percha. 

C.  B.,  i85i,  ame  Semestre.  (T.  XXXV,  H»  4.)  '5 


■      (MO) 

percha,  on  sait  que  cette  substance  est  contenue  dans  la  sève  descendante 
de  Y Isonnndra  percha,  de  Hooker,  famille  des  Sapotées,  genre  Bassia-Buty- 
racea  (Dodecandria  Monogynia).  Cet  arbre  atteint  de  grandes  dimensions: 
jusqu'à  i  mètre  de  diamètre  et  20  mètres  de  hauteur;  son  bois,  mou,  fi-  ' 
breux,  est  sans  valeur  pour  les  constructions  et  les  objets  de  travail  -,  ses 
fruits  fournissent  de  l'huile  grasse. 

»   Un  arbre  abattu  peut  donner,  dit-on,  18  kilogrammes  de  gutta-percha  • 
ou  gomme  solide.  Le  suc  desséche  en  couches  minces,  superposées,  forme 
des  masses  irrégulières  plus  ou  moins  épaisses,  de  couleur  rousse  ou  gri- 
sâtre, dont  on  expédie  en  Europe  et  en  Amérique,  depuis  i845,  des  quan- 
tités chaque  année  plus  considérables. 

»  Pendant  plusieurs  siècles,  les  indigènes  ont  employé  presque  unique- 
ment la  gutta-percha  pour  former,  en  la  malaxant  à  chaud,  des  manches 
de  cognées  doués,  à  froid,  d'une  certaine  souplesse  et  d'une  très-grande  ré- 
sistance. 

»  Aujourd'hui,  on  épure  la  gutta-percha  pour  de  nombreuses  et  utiles 
applications,  en  la  divisant  par  une  sorte  de  râpage  dans  l'eau  froide,  qui 
enlève,  en  grande  partie,  les  matières  organiques  et  les  sels  solubles,  et  facilite 
la  séparation  de  quelques  débris  ligneux  ainsi  que  des  matières  terreuses. 

»  On  achève  l'épuration  à  l'eau  tiède  dans  plusieurs  bassins,  on  dessèche 
ensuite  et  l'on  agglomère  le  produit  en  masse  pâteuse,  en  le  chauffant 
à  1  lo  degrés  environ,  dans  une  chaudière  à  double  enveloppe,  chauffée  par 
la  vapeur, 

»  La  gutta-percha  ainsi  préparée  devient  assez  molle  pour  être  adhésive 
et  facile  à  souder;  laminée  en  feuilles  ou  en  courroies  de  toute  épaisseur, 
étirée  en  tubes  de  différents  diamètres,  moulée  sous  toutes  sortes  de  formes, 
elle  acquiert,  après  s'être  lentement  refroidie,  une  solidité  et  une  ténacité 
très-grandes.  Toutefois  il  importe  de  faire  remarquer  qu'une  petite  quantité 
d'eau  interposée  suffit  pour  empêcher  l'adhérence  entre  ses  parties  ou  com- 
promettre la  résistance  de  ses  soudures. 

»  Propriétés  de  la  gutta-percha  usuelle.  La  gutta-percha  manufactu- 
rièrement  épurée  est  d'une  couleur  rousse  brune;  elle  s'électrise  vite  par  le 
frottement,  conduit  mal  l'électricité  et  la  chaleur. 

»  Aux  températures  ordinaires  de  notre  climat,  de  o  à  i5  degrés,  elle  est 
douée  d'une  ténacité  aussi  forte,  à  peu  près,  que  celle  des  gros  cuirs  et  d'une 
flexibilité  un  peu  moindre;  elle  s'amollit  et  devient  sensiblement  pâteuse 
vers  48  degrés,  quoique  très-consistante  encore.  Sa  ductilité  est  telle,  aux 


(  Ml  ) 
températures  de  45  à  60  degrés,  qu'on  la  peut  aisément  laminer  en  feuilles 
minces,  étirer  en  fils  ou  tubes;  sa  souplesse  comme  sa  ductilité  diminuent 
à  mesure  que  la  température  s'abaisse.  Son  moulage,  facilité  par  la  tempé- 
rature et  la  pression,  peut  reproduire  les  plus  fins  détails  et  le  poli  des 
moules.  Elle  ne  possède  à  aucune  température  cette  extensibilité  élastique 
qui  caractérise  le  caoutchouc.  Exposée  durant  une  heure  à  10  degrés  au- 
dessous  de  o,  elle  a  conservé  sa  souplesse,  un  peu  amoindrie. 

».  Sous  ses  différentes  formes,  la  gutta-percha  est  douée  d'une  porosité 
particulière;  voici  comment  on  peut  aisément  constater  sa  disposition  re- 
marquable à  prendre  cette  structure  poreuse  :  une  goutte  de  solution  dans 
Je  sulfure  de  carbone  est  posée  sur  une  lame  de  verre  ;  l'évaporation  spon- 
tanée réduit  bientôt  cette  solution  à  une  lamelle  blanchâtre  ;  observée  alors 
sous  le  microscope,  on  y  peut  clairement  discerner  les  nombreuses  cavités 
dont  elle  est  toute  criblée.  On  rend  ces  cavités  plus  visibles  encore  au  moyen 
d'une  goutte  d'eau  ;  le  liquide  s'insinue  peu  à  peu  en  dilatant  les  parois,  et  ■ 
bientôt  la  masse  apparaît  plus  opaque  ;  sous  le  microscope,  ses  cavités  se 
montrent  agrandies. 

»  On  obtient  des  résultats  analogues  en  tenant  longtemps  immergés  dans 
l'eau  des  feuillets  minces,  obtenus  transparents  par  l'évaporation  à  chaud, 
d'une  solution  de  gutta-percha. 

»  Les  observations  qui  précèdent  me  conduisirent  à  penser  que  cette 
substance,  en  vertu  de  sa  porosité,  retenant  en  grand  nombre  des  minimes 
huiles  d'air,  devait  à  cette  interposition  l'apparence  d'une  densité  plus  faible 
que  celle  de  l'eau,  et  que  l'on  avait  supposée  égale  à  0,979. 

»  En  effet,  en  soumettant  la  gutta-percha  sèche  à  un  étirage  sous  une 
forte  pression,  et  découpant  aussitôt  en  très-petits  morceaux  les  lanières 
ainsi  obtenues  et  plongées  dans  l'eau,  on  voit  la  plupart  des  fragments 
tomber  au  fond  du  vase  :  les  uns  immédiatement,  les  autres  après  avoir 
absorbé  une  certaine  quantité  d'eau.  Le  même  résultat  s'obtient  encore  en 
tenant  immergées  pendant  un  mois,  dans  de  l'eau  privée  d'air,  des  feuilles 
très-minces  préparées  par  différents  moyens  :  leurs  pores  se  remplissant  peu 
à  peu  de  liquide,  elles  deviennent  alors  plus  pesantes  que  l'eau  et  cessent 
de  surnager.  D'ailleurs  la  gutta-percha  est  d'autant  plus  pesante  qu'elle  a 
été  depuis  plus  longtemps  exposée  à  l'air,  surtout  en  feuilles  minces. 

»  La  structure  poreuse  de  la  gutta-percha  se  change  en  une  contexture 
fibreuse  sous  un  effort  de  traction  qui  peut  doubler  sa  longueur  :  alors, 
devenue  peu  extensible,  elle  supporte,  avant  de  se  rompre,  un  effort  plus 

i5.. 


(     I«3    ) 

que  double  de  celui  employé  pour  produire  le  premier  allongement  (i). 

»  La  gutta-percha  usuelle  résiste  à  l'eau  froide,  à  l'humidité,  comme 
aux  différentes  influences  qui  excitent  les  fermentations;  mais  elle  peut  être 
amoflie,  éprouver  une  sorte  de  fusion  pâteuse,  superficielle,  sous  l'influence 
des  rayons  solaires  de  l'été. 

»  Elle  n'est  pas  attaquée  par  les  solutions  alcalines,  même  caustiques  et 
concentrées  ;  l'ammoniaque,  les  diverses  solutions  salines,  l'eau  chargée 
d'acide  carbonique,  les  différents  acides  végétaux  et  les  acides  minéraux 
étendus,  sont  sans  action  sur  elle  ;  les  boissons  légèrement  alcooliques 
(vins,  cidres,  bière)  ne  l'attaquent  pas;  l'eau-de-vie  même,  en  dissout  à 
peine  des  traces.  L'huile  d'olive  ne  paraît  pas  attaquer  à  froid  la  gutta-per- 
cha ;  elle  la  dissout  en  faible  proportion  à  chaud  et  la  laisse  précipiter  par 
le  refroidissement. 

»  L'acide  sulfurique  à  un  équivalent  d'eau  la  colore  en  brun  et  la  dés- 
agrège avec  dégagement  sensible  d'acide  sulfureux. 

»  L'acide  chlorhydrique  en  solution  saturée  dans  l'eau,  pour  la  tempé- 
rature de  -+-  20  degrés,  attaque  lentement  la  gutta-percha  et  la  colore  en 
brun  de  plus  en  plus  foncé,  et,  à  la  longue,  la  rend  cassante. 

»  L'acide  azotique  monohydraté  l'attaque  très-vivement,  avec  efferves- 
cence et  dégagement  d'abondantes  vapeurs  d'acide  hypoazotique  ;  la  ma- 
tière se  désagrège,  se  colore  en  rouge  orangé  brun,  devient  pâteuse,  puis 
se  solidifie  par  degrés  et  reste  friable. 

»  A  froid,  et  même  à  chaud,  une  partie  seulement  (o,i5  à  0,22)  de  la 
gutta-percha  peut  se  dissoudre  dans  l'alcool  et  dans  l'éther  anhydres. 

»  La  benzine  et  l'essence  de  térébenthine  la  dissolvent  partiellement  à 
froid,  mais  presque  en  totalité  à  chaud. 

»  Le  sulfure  de  carbone  et  le  chloroforme  dissolvent  à  froid  la  gutta- 
percha;  les  solutions  peuvent  être  filtrées  sous  une  cloche  bien  close  qui 
prévienne  l'évaporation  ;  le  filtre  retient  les  matières  étrangères  colorées 
en  brun  rougeâtre,  tandis  que  la  solution  passe  limpide  et  presque  inco- 
lore. 

(1)  Une  très-mince  lanière,  de  20  centimètres  de  long,  3C,6  de  large  et  omm,o3  d'épais- 
seur, soumise  à  une  traction  graduée,  à  l'aide  de  poids  ajoutés  par  10  grammes,  s'est 
allongée  jusqu'à  43  centimètres  sous  un  effort  de  1098  grammes;  l'allongement  fut  de  moitié 
moindre  :  43  +  22  =  65e,  pour  un  poids  total  presque  double  =  2og8Br.  La  rupture  eut 
lieu  sous  un  poids  de  2128  grammes,  après  un  nouvel  allongement  de  1  centimètre  en  deux 
fois;  le  retrait  fut  de  4e, 5.  La  température  de  l'air  était  à  rg  degrés  pendant  cette  expérience. 


(  >«3  ) 
»  Le  liquide  filtré,  exposé  à  l'air  dans  une  soucoupe,  laisse  dégager  le 
dissolvant  et  déposer  la  gutta-pereha  blanche  en  une  lame  plus  ou  moins 
épaisse,  qui  prend  un  retrait  gradué  à  mesure  que  le  liquide  interposé  se 
volatilise. 

»  Sauf  la  coloration,  qui  a  disparu,  la  gutta-percha  offre  alors  les  carac- 
tères et  les  propriétés  indiquées  ci-dessus  de  la  matière  commerciale.  Sou- 
mise à  une  température  graduellement  élevée,  elle  s'amollit,  se  fond,  et  peut 
entrer  en  ébullition  sans  se  colorer  sensiblement  :  le  liquide  diaphane 
donne  d'abondantes  vapeurs  condensables  en  un  liquide  huileux  presque 
incolore. 

»  Les  dernières  portions  distillées  sont  colorées  en  orangé-brun  ;  il  reste 
un  dépôt  charbonneux  en  couche  mince  adhérente  aux  parois  du  vase. 

»  Analyse  immédiate.  Nous  avons  dit  que  l'alcool  et  l'éther  ne  peuvent 
dissoudre  qu'une  partie  de  la  gutta-percha;  c'est  que  cette  substance,  ainsi 
que  nous  l'avons  annoncé  dans  notre  premier  Mémoire,  est  en  effet  compo- 
sée de  trois  principes  immédiats,  dont  la  séparation  a  exigé  des  observa- 
tions assez  délicates,  bien  que,  par  plusieurs  de  leurs  propriétés,  ils  fussent 
très-nettement  distincts. 

»  Si  l'on  met  en  contact  à  froid  la  gutta-percha  en  minces  feuillets  avec 
quinze  à  vingt  fois  son  volume  d'alcool  anhydre,  puis  que  l'on  élève  lente- 
ment au  bain-marie  la  température  jusqu'à  (  -+-  78  degrés)  l'ébullition,  sou- 
tenue durant  quelques  heures  en  vase  clos,  le  liquide  filtré  bouillant  et 
abandonné  dans  un  flacon  fermé  commencera,  au  bout  de  douze  à  vingt- 
quatre  ou  trente-six  heures,  à  déposer  sur  les  parois  du  vase,  et  jusqu'au 
niveau  de  la  solution ,  des  granules  blancs ,  opalins ,  distants  les  uns  des 
autres,  quelques-uns  groupés  ;  leur  volume  s'accroîtra  graduellement  durant 
plusieurs  jours. 

»  Ces  granules,  attentivement  examinés  sous  le  microscope,  affectent  les 
formes  de  sphérules  tronquées  par  les  parois  du  vase.  Leur  superficie  est 
lisse  ou  hérissée  de  très-petits  cristaux  diaphanes,  lamelleux,  allongés. 
Quelques  fissures  superficielles  semblent  indiquer  que  ces  sphérules  sont 
formées  d'une  sorte  de  noyau  diaphane  jaunâtre,  recouvert  d'une  pellicule 
blanche. 

»  Telle  est  réellement  leur  singulière  structure  cristalline,  dont  on  ne 
connaît  peut-être  pas  d'autre  exemple;  en  effet,  l'alcool  anhydre  dissout 
à  froid  toute  la  substance  sphéroïdale,  jaune,  sous-jacente,  tandis  que  les 
pellicules  superficielles,  dans  l'intérieur  desquelles  l'alcool,  moins  dense, 


(  n4  ) 

s'est  substitué  au  globule  solide,  paraissent  alors  plus  blanches  et  moins 
translucides. 

»  La  solution  alcoolique  qui  a  déposé  durant  plusieurs  jours  l'espèce  de 
cristallisation  sphéroïdale  complexe,  peut  de  nouveau  enlever  à  chaud  une 
partie  des  deux  principes  immédiats  restés  dans  la  substance,  et  en  laisser 
cristalliser  une  nouvelle  quantité  par  le  refroidissement.  On  achève  cette 
extraction  en  renouvelant  à  plusieurs  reprises  l'alcool  bouillant  sur  la  gutta- 
percha*  jusqu'à  ce  qu'il  ne  dissolve  plus  rien. 

»  La  substance  solide  qui  a  résisté  à  l'action  du  dissolvant  est  douée,  sauf 
quelques  modifications,  des  principales  propriétés  de  la  gutta-percha  brute, 
nous  la  désignerons  ici  sous  le  nom  de  gutta  pure,  ou  gutta.  Quant  aux 
deux  autres  principes  organiques,  l'un  est  une  résine  jaune  beaucoup  plus 
soluble  à  froid  dans  l'alcool  que  l'autre,  la  résine  cristalline  blanche. 

»  On  profite  de  ces  différences  de  solubilité  pour  arriver,  avec  du  temps 
et  de  la  patience,  à  l'épuration  complète  des  trois  principes  immédiats. 

»  La  séparation  peut  encore  s'effectuer  en  traitant  à  froid  la  gutta- 
percha  très-divisée,  par  l'éther,  qui  dissout  plus  abondamment  que  l'alcool 
le  mélange  des  deux  résines;  on  les  sépare  ensuite  l'une  de  l'autre  par  les 
traitements  alcooliques  précités  (i). 

»  La  tendance  de  la  résine  blanche  à  se  constituer  en  groupes  de  lamelles 
irradiées  se  manifeste  dans  une  circonstance  assez  remarquable,  facile  à 
reproduire  :  on  place  dans  un  tube  des  bandelettes  étroites  découpées 
d'une  feuille  mince  de  gutta-percha  brune  ordinaire,  on  les  immerge  dans 
l'alcool  anhydre,  puis  on  abandonne  le  tube  clos  ainsi  disposé. 

»  Au  bout  de  vingt  à  trente  jours,  quelques  points  blanchâtres  appa- 
raissent çà  et  là  sur  les  bandelettes,  puis  sur  les  parois  du  tube.  Ces  ponc- 
tuations, graduellement  plus  volumineuses,  sont  formées  d'aigrettes  cris- 
fallines  de  la  résine  blanche. 

»  Ainsi  ce  principe  immédiat  est  séparé  directement  et  à  froid,  même 
lorsque  la  température  atmosphérique  s'élève  graduellement,  lorsqu'on 
opère,  par  exemple,  au  printemps  ou  dans  les  premiers  jours  de  l'été. 

»  La  résine  cristalline  blanche,  complètement  épurée  par  des  lavages 
alcooliques,  puis  redissoute  dans  l'alcool  anhydre,  se  dépose,  par  l'évapo- 

(i)  Si  l'on  fait  agir  l'éther  sur  des  feuillets  très-minces  en  opérant  une  sorte  de  foulage 
i  l'aide  d'un  tube  plein,  le  liquide  décanté  entraîne,  avec  les  deux  résines,  une  certain»' 
quantité  de  <j,uUa  pure". 


(  "5  ), 
ration  lente  spontanée,  à  l'air,  en  cristaux  lamelleux  irradiés,  formant  par- 
fois des  aigrettes  symétriquement  disposées  en  étoiles,  et  offrant  alors  l'as- 
pect d'une  sorte  d'inflorescence. 

Caractères  distinctifs  et  propriétés  des  trois  principes  immédiats  qui  constituent  ta  gutta-ptrclta 

usuelle. 

»  Le  plus  abondant  de  ces  trois  principes,  qui  forme  au  moins  les  75  et 
jusqu'aux  82  centièmes  de  la  masse  totale,  est  la  gulta  pure  qui  offre  les 
principales  propriétés  du  produit  commercial  ;  elle  est  blanche,  translucide 
à  la  température  de  100  degrés,  qui  soude  toutes  ses  parties,  opaque  ou 
demi-translucide  à  froid  lorsqu'elle  acquiert,  alors,  la  structure  qui  déter- 
mine une  interposition  d'air  ou  d'un  liquide  doué  d'une  réfraction  différente 
de  la  sienne.  Cette  structure  paraît  plus  prononcée  encore  que  dans  la  sub- 
stance naturelle  contenant  les  trois  principes  immédiats. 

»  En  lames  minces,  et  à  la  température  de  -f-  10  à  -+-  3o  degrés,  elle  est 
souple,  tenace,  extensible,  peu  élastique.  A  -4-  5o  degrés,  elle  s'amollit,  se 
retire  sur  elle-même,  et  devient  de  plus  en  plus  adhésive  et  translucide  à 
mesure  que  la  température  s'élève  davantage,  éprouvant  une  sorte  de  fusion 
pâteuse  qui  se  prononce  davantage  vers  100  à  110  degrés.  Chauffée  davan- 
tage, elle  se  fond,  entre  en  ébullition,  et  distille  en  donnant  une  huile 
pyrogéuée  et  des  gaz  carbures. 

»  La  gutta  pure,  comme  les  deux  autres  principes  immédiats,  s'électrise 
très-vite  par  le  frottement  et  conduit  mal  la  chaleur  ;  ordinairement  elle 
surnage  l'eau,  mais  elle  plonge  au  fond  dès  que  ses  pores  sont  remplis  de 
ce  liquide. 

»  Klle  est  insoluble  dans  l'alcool  et  dans  l'éther  ;  presque  totalement 
insoluble  dans  là  benzine  à  o  degré,  elle  est  soluble  à  -t-  25  degrés,  et  de 
plus  en  plus  à  mesure  que  la.  température  s'élève.  La  solution  saturée  à 
-t-  3o  degrés  se  prend  en  masse  demi-transparente  si  on  la  refroidit  au- 
dessous  de  zéro;  l'alcool  précipite  la  gutta  pure  de  sa  solution  dans  la 
benzine. 

»  A  o  degré,  l'essence  de  térébenthine  dissout  très-peu  de  gutta,  tandis 
qu'elle  la  désagrège  et  la  dissout  facilement  à  chaud. 

»  Le  chloroforme  et  le  sulfure  de  carbone  dissolvent,  à  froid,  la  gutta 
pure. 

»  Lorsqu'on  eut  extrait,  au  moyen  de  l'éther,  les  deux  résines  interpo- 
sées dans  des  feuilles  minces  de  gutta-percha  blanche,  laissant  le  dernier 
éther  qui  les  imprègne  s'évaporer  à  l'air  libre,  ces  feuilles,  enfermées  dans  un 


(  .»i6) 

flacon,  avaient  éprouvé,  après  deux  mois  de  séjour,  à  la  température  de  20 
à  28  degrés,  une  altération  qui  paraissait  dépendre  de  leur  porosité,  de 
l'action  de  l'air,  et  peut-être  de  l'éther  retenu  dans  leurs  pores. 

»  Quoi  qu'il  en  soit;  ces  feuilles  avaient  alors  acquis  des  propriétés 
nouvelles  :  elles  étaient  cassantes  ;  exhalaient  une  odeur  piquante  très-pro- 
noncée ;  mises  en  contact  avec  un  excès  d'éther  anhydre,  elles  se  sont  par- 
tiellement dissoutes,  la  portion  soluble,  obtenue  par  l'évaporation  de  l'éther 
et  une  dessiccation  à  +  90  degrés,  était  glutineuse  et  translucide  ;  elle 
devint  opaque  et  dure  par  le  refroidissement  à  —  10  degrés.  . 

»  La  partie  non  dissoute  par  l'éther,  mise  en  contact  avec  le  sulfure  de 
carbone  s'en  pénétra  rapidement,  se  gonfla  beaucoup,  devint  souple,  trans- 
parente, i\e  se  dissolvant  qu'en  partie  et  conservant  son  volume  acquis, 
quatre  fois  plus  grand  qu'avant  cette  immersion. 

»  Le  sulfure  de  carbone,  renouvelé  trois  fois  en  six  jours,  évaporé  chaque 
fois,  après  deux  jours  de  contact,  laissa  pour  résidu  une  feuille  blanche  et 
souple. 

»  Sa  portion  non  dissoute,  gonflée,  diaphane,  laissée  dans  le  sulfure  de 
carbone  pendant  dix  jours,  n'a  pas  semblé  changer  d'état. 

,  »  Cette  sorte  de  transformation  spontanée  deviendrait  peut-être  complète 
si  elle  se  prolongeait  davantage  ;  son  étude  approfondie  exigera  beaucoup 
de  temps,  elle  pourra  mettre  sur  la  voie  des  causes  de  certains  changements 
observés  sur  quelques  menus  objets  usuels  en  gutta-percha.  Déjà  j'ai  pu 
reconnaître  que  des  feuilles  minces  exposées  au  soleil  dans  l'air  humide, 
pendant  huit  jours  consécutivement,  se  sont  décolorées  et  que  leur  sub- 
stance est  alors  devenue,  en  grande  partie,  soluble  dans  l'éther. 

»  Uacide  sulfurique  monohydraté  colore  en  brun,  attaque  et  désagrège 
lentement  la  gutta  pure,  en  dégageant  de  l'acide  sulfureux  ;  après  huit  jours 
de  contact,  le  liquide  brun  très-foncé,  étendu  d'eau,  se  trouble  et  laisse 
précipiter  des  flocons  de  matière  brune. 

»  Uacide  azotique,  à  un  seul  équivalent  d'eau,  attaque  la  gutta  pure  avec 
une  vive  effervescence  et  dégagement  de  vapeurs  orangées  d'acide  hypoa- 
zotique. 

»  L'acide  chlorhydfique,  en  solution  saturée,  attaque  peu  à  peu  la  gutta 
en  feuilles  minces,  et  la  colore  en  brun  foncé;  au  bout  de  huit  jours, 
elle  est  devenue  friable  ;  étendu  dans  le  liquide  jaune,  laisse  dans  le  même 
état. des 'lamelles  brunes.  La  réaction  de  l'acide  chlorhydrique  établit  un 
caractère  distinctif  de  plus  entre  ce  principe  immédiat  et  les  deux  autres. 
»  Résine  blanche  cristalline.  Obtenue  pure  à  l'aide  des  opérations  ci- 


(  "7) 
dessus  décrites,  elle  se  présente  en  masse  pulvérulente  légère,  en  apparence 
opaque,  qui,  sous  le  microscope,  laisse  voir  les  cristaux  lamelleux  trans- 
parents. 

»  De  o  à  4-  100  degrés,  elle  n'éprouve  pas  de  changement  sensible;  sa 
fusion  commence  à  -+-  160  degrés;  de  -4-175  à  180  degrés,  elle  acquiert 
une  fluidité  oléiforme  et  une  diaphanéité  complète,  sans  coloration 
notable;  elle  se  solidifie  par  le  refroidissement,  éprouve  un  retrait  qui  la 
fendille,  reste  transparente  et  un  peu  plus  dense  que  l'eau. 

»  La  résine  cristallisée  est  très-soluble  dans  l'essence  de  térébenthine,  la 
benzine,  le  sulfure  de  carbone,  l'éther  et  le  chloroforme;  l'évaporation 
spontanée  de  ces  deux  derniers  dissolvants  la  laisse  cristalliser  en  lon- 
gues, étroites  et  minces  lamelles  nacrées,  formant,  par  leur  irradiation  de 
centres  communs,  des  groupes  séparés. 

»  L'alcool  anhydre  la  dissout  assez  abondamment  à  la  température  de 
-+-  75  degrés  pour  donner,  par  le  refroidissement,  une  cristallisation  en 
groupes  de  lamelles  qui  s'accroissent  durant  plusieurs  jours;  la  solution 
froide,  décantée  après  cristallisation  et  abandonnée  à  l'évaporation  spon- 
tanée, laisse  former  des  cristallisations  semblables  de  lamelles  plus  volu- 
mineuses. 

»  Ces  cristaux  sont  inattaquables  et  difficilement  mouillés  par  l'eau 
froide  ou  bouillante,  comme  par  les  solutions  alcalines  caustiques  froides 
ou  chaudes,  l'ammoniaque,  ainsi  que  par  les  différents  acides  étendus. 

»  Les  acides  sulfurique  et  azotique  monohydratés  les  attaquent  vivement 
en  produisant  des  phénomènes  semblables  à  ceux  observés  dans  leur  réac- 
tion sur  la  gutta  pure. 

»  L'acide  chlorhydrique,  au  contraire,  n'attaque  pas  la  résine  blan- 
che. Plusieurs  de  ses  caractères  la  rapprochent  de  la  bréane  extraite  par 
M.  Scribe  de  la  résine  d'icica;  il  serait  bon  de  soumettre  ces  deux  prin- 
cipes immédiats  à  une  étude  comparative. 

»  Résine  jaune.  Cette  résine  amorphe,  d'un  jaune  citrin,  diaphane  ou 
légèrement  orangée,  suivant  son  épaisseur,  est  un  peu  plus  pesante  que 
l'eau;  solide  et  même  dure  et  cassante  à  o  degré,  elle  devient  graduelle- 
ment plus  souple  à  mesure  que  la  température  s'élève  ;  à  +  5o  degrés,  elle 
éprouve  une  fusion  pâteuse  qui  lui  permet  de  reprendre,  en  quinze  ou 
vingt  minutes,  son  niveau  :  ce  n'est  que  de  100  à  110  degrés  que  sa  liqui- 
dité est  complète.  Chauffée  davantage,  elle  peut  entrer  en  ébullition,  mais 
aiors  elle  éprouve  par  degrés  une  altération  profonde,  brunit,  dégage  des 
vapeurs  acides  et  des  carbures  d'hydrogène. 

C.  R.,  i85a,am«  Semestre.  (T.  XXXV,  N«4.)  l6 


(  ««8  ) 

»  Cette  résine  retient  avec  force  l'alcool  qui  l'a  dissoute;  on  l'en  sépare 
en  la  chauffant  à  4-  100  degrés  dans  le  vide  jusqu'à  cessation  totale  de 
boursouflement. 

»  Elle  est  soluble  à  froid  dans  l'alcool,  l'éther,  la  benzine,  l'essence  de 
térébenthine,  le  sulfure  de  carbone,  le  chloroforme;  tous  ces  liquides  éva- 
porés laissent  en  résidu  la  résine  amorphe. 

»  Les  acides  étendus,  ni  les  alcalis  concentrés,  ni  l'ammoniaque  n'atta- 
quent la  résine  jaune. 

»  Les  acides  sulfurique  et  azotique  monohydratés  l'attaquent  vivement 
en  produisant  des  phénomènes  analogues  à  ceux  que  l'on  observe  lors- 
qu'ils agissent  sur  les  deux  autres  principes  immédiats  (i). 

»  L'acide  chlorhydrique  même  en  solution  saturée  à  -+-  10  degrés  ne 
l'attaque  pas. 

»  Mais  le  caractère  le  plus  remarquable  de  cette  résine  est  de  pouvoir 
former,  dans  les  circonstances  que  nous  avons  indiquées,  ces  cristaux  glo- 
buliformes  recouverts  d'une  autre  résine  en  pellicule  blanche  et  offrant 
dans  leur  structure  complexe  l'aspect  de  sphérules  opalines. 

Conclusions. 

»  On  voit  que  la  gutta-percha  telle  qu'elle  nous  arrive  se  compose,  outre 
quelques  autres  matières  en  faibles  proportions  (2),  de  trois  principes 
immédiats  nettement  caractérisés  :  le  plus  abondant  est  doué  des  principales 
propriétés  de  la  substance  normale,  je  le  désigne  sous  le  nom  de  gutta 
pure  ou  gutta,  les  deux  autres  sont  des  résines  indifférentes. 

»  Afin  de  rappeler  leurs  propriétés  caractéristiques,  je  nommerai  cris- 
talbane  ou  albane  celle  que  l'on  obtient  sans  peine  en  cristaux  blancs,  et 
fluavile,  la  troisième  qui  est  jaune,  se  fluidifie  sensiblement  et  coule  à  une 
faible  température. 

»  Les  variétés  commerciales  que  j'ai  examinées  m'ont  donné  les  pro- 


(1)  La  réaction  de  l'acide  azotique,  en  apparence  semblable  sur  les  trois  principes  immé- 
diats, apparaît  différente  sur  chacun  d'eux  si  on  lave  la  substance  attaquée,  puis  qu'on  verse 
dessus  un  excès  d'ammoniaque  étendue  :  on  obtient  alors  avec  la  gutta  pure  une  solution 
jaune  citrine;  avec  la  résine  blanche  cristallisée,  une  solution  jaune  au  fond  de  laquelle  la 
substance  non  dissoute  se  dépose  colorée  en  rouge-orangé;  avec  la  résine  jaune,  une  solution 
de  couleur  orangé-rouge  foncée. 

(2)  Des  sels  solubles  et  insolubles,  des  matières  organiques  azotées,  une  substance  grasse, 
une  huile  essentielle,  une  matière  colorante  et  de  l'oxyde  de  fer. 


(  "9) 

portions  suivantes  : 

Gutta 75  à  82 

Albane 16  à  i4 

FI  ua  vile 6  à  4 

100  100 

»  Dans  la  deuxième  partie  de  ce  Mémoire,  je  me  propose  d'indiquer  la 
composition  élémentaire  de  ces  principes  immédiats  et  les  principales 
applications  de  la  substance  normale.  » 

anatomie  comparée.  —  Suite  des  Mémoires  sur  le  système  nerveux  des 
Mollusques  acéphales  lamellibranches  ou  bivalves;  par  M.  Duvernoy. 
(Extrait  par  l'auteur.) 

«  En  terminant  la  dernière  lecture  de  ce  travail,  que  l'Académie  a  bien 
voulu  entendre,  le  3  mai  de  cette  année,  je  lui  annonçai  que  ma  prochaine 
communication  comprendrait  la  suite  et  la  fin  des  considérations  générales, 
à  la  fois  historiques  et  dogmatiques,  qui  ont  fait  le  sujet  de  cette  lecture  ; 
et  qu'elle  présenterait,  entre  autres,  les  résultats  de  mes  études  anciennes 
et  nouvelles  sur  la  structure  des  nerfs  et  des  ganglions  dans  les  animaux  de 
cette  classe,  et  la  signification  de  leur  système  nerveux  comparé  à  celui 
des  autres  classes  de  Mollusques. 

»  Je  déposerai  en  même  temps,  disais-je  encore,  le  reste  de  mes  Mono- 
graphies, celles  concernant  les  Ordres  des  Cardiacés  et  des  Enfermés. 
C'est  cette  tâche  que  je  viens  remplir  aujourd'hui. 

»  Les  Monographies  que  je  remets  sur  le  bureau  de  l'Académie  sont  au 
nombre  de  seize.  Ce  nombre  porte  à  trente  la  totalité  de  celles  qui  composent 
la  partie  principale  ou  fondamentale  de  mon  travail  (1). 

Suite  de  la  deuxième  partie  de  ce  Mémoire  ou  du  résumé  de  mes  propres  travaux  (2). 

»  §  XXI.  Relativement  à  sa  structure  intime,  le  système  nerveux  des 
Mollusques  bivalves  nous  a  présenté  plusieurs  particularités  importantes, 

(  1  )  Voici  les  Monographies  qui  ne  sont  pas  comprises  dans  ma  première  liste  imprimée ,  au 
nombre  de  vingt ,  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  du  24  février  1 845  ;  tome  XX  ,  pages  483 
et  484  : 

4i.  Trigonia  australis ;  22.  Tridacna  squamata ;  23.  Cytherea  complanata ;  1^.  Cytherea 
chione ;  %5.  Mya  arenaria;  26.  Lutraria  solenoides;  27.  Solen  soliqua ;  28.  Pholas  callosa ; 
20.   Tercbratula  australis;  3o.   Ungulina  rubra ,  d'après  de  nouvelles  observations. 

(  2  )  Voir  la  page  665  du  tome  XXXIV  des  Comptes  rendus. 

16.  . 


(  iao  ) 
soit  dans  ses  parties  centrales  ou  ses  ganglions  principaux  ;  soit  dans  ses 
parties  périphériques  ou  dans  les  nerfs  qui  partent  de  ces  ganglions  ou  qui 
s'y  rendent. 

»  §  XXII.  Les  ganglions  centraux  sont  souvent  colorés  en  jaune  clair  ou 
en  jaune  orange,  tendant  plus  ou  moins  au  rouge. 

»  Dans  X  Anaionte  des  Cygnes,  nous  avons  vu  cette  coloration  en  jaune 
orange  s'étendre  à  l'origine  ou  au  commencement  du  nerf  branchial. 

»  Cette  partie  colorée  se  compose  de  cellules  rondes  ou  de  vésicules  qui 
renferment  des  amas  de  corpuscules  de  diverses  dimensions  et  formes.  Ces 
corpuscules  de  substance  serai-fluide,  dont  quelques-uns  sont  libres,  se 
dissolvent  dans  l'éther.  On  peut  en  conclure  qu'ils  sont  de  nature 
graisseuse. 

»  De  petites  cellules  incolores,  ou  globules  médullaires,  sont  mêlés  à  la 
substance  colorée.  Ils  sont  accolés  aux  filets  nerveux  qui  entrent  dans  la 
composition  du  ganglion. 

»  Une  partie  de  ces  filets  s'entre-croisent  évidemment  d'un  coté  à 
l'autre. 

»  Lorsque  les  deux  ganglions  sont  rapprochés ,  de  manière  à  paraître 
deux  moitiés  d'un  seul  tout,  comme  dans  l'Anodonte  pour  les  ganglions 
postérieurs,  on  ne  voit  pas  de  cloisons  qui  les  séparent. 

»  §  XXIII.  Relativement  à  leur  structure  intime,  les  nerfs  des  bivalves 
peuvent  se  distinguer  en  nerfs  proprement  dits,  et  en  nerfs  ganglion- 
naires. 

»  Les  premiers  ne  sont  jamais  colorés,  et  se  composent  presque  exclusi- 
vement de  filets  nerveux ,  indiqués  par  des  stries  longitudinales  paral- 
lèles (i).  De  rares  vésicules  médullaires  peuvent  s'y  montrer  entre  les  fais- 
ceaux de  filets  qui  constituent  ces  nerfs. 

»  §  XXIV.  Les  nerfs  ganglionnaires  sont  ceux  qui  se  composent  de  filets 
nerveux  et  d'un  grand  nombre  de  vésicules  ou  de  globules  médullaires, 
qui  entrent  essentiellement  dans  la  composition  des  ganglions. 

»  Le  nerf  circulaire  circumpalléal  des  Pecten,  des  Huîtres,  des  A  normes, 
des  Limes,  etc.,  est  un  nerf  ganglionnaire,  qui  transmet  au  bord  du  manteau 
plus  de  filets  nerveux  déliés  qu'il  n'en  reçoit,  en  apparence,  des  nerfs  palléal 
postérieur  et  palléal  antérieur. 

»  Le  nerf  branchial  est  aussi  un  nerf  ganglionnaire;  et  cette  structure 
ganglionnaire  est  surtout  prononcée  dans  le  nerf  branchial  des  Pecten. 

(i)   Comptes  rendus  de  1 844  »  tome  XIX,  page  u36;  §XXV. 


(  m  ) 

Il  peut  même  être  mélangé,  dans  son  origine,  de  la  substance  colorante  qui 
caractérise  les  ganglions  de  certaines  espèces. 

»  §  XXV.  Le  nerf  palléal  postérieur,  dans  quelques  Cardiacés  ou  dans 
l'ordre  des  Enfermés,  nous  a  montré,  dans  la  partie  qui  fournit  les  nerfs 
des  tubes  du  manteau,  des  renflements  colorés,  qui  ne  sembleraient  qu'une 
augmentation  de  diamètre  de  ces  nerfs,  s'ils  n'étaient  pas  colorés  en  jaune, 
comme  les  ganglions  secondaires.  Il  est  évident  que  ces  nerfs  deviennent  des 
nerfs  ganglionnaires  pour  la  forme  dans  ce  trajet,  et  de  véritables  ganglions 
pour  la  composition  intime.  Un  coup  d'œil  jeté  sur  les  figures  de  notre 
planche  en  convaincra. 

»  §  XXVI.  Les  cordons  du  grand  et  du  petit  collier  ne  sont  que  la  struc- 
ture des  nerfs  proprement  dits.  Nous  avons  aussi  rencontré  quelques  rares 
globules  médullaires  dans  la  composition  de  celui  du  grand  collier. 

»  §  XXVII.  Relativement  à  l'application  qu'il  est  possible  de  faire  de  mes 
recherches  à  la  classification  des  Mollusques  bivalves  lamellibranches,  je 
crois  pouvoir  conclure  des  deux  types  principaux  que  m'a  montrés  leur 
système  nerveux;  types  dont  j'ai  donné  la  description  dans  le  §  XIII  de  ce 
résumé  : 

»  i°.  Que  les  Mollusques  bivalves  qui  présentent  le  premier  type,  qu'ils 
soient  monomyaires,  dimyaires  ou  trimyaires,  appartiennent  à  une  division 
principale  de  la  classe,  dont  les  deux  lobes  du  manteau  sont  largement  sé- 
parés, et  qui  est  principalement  caractérisée  par  cette  disposition  du  sys- 
tème nerveux  périphérique  que  j'appelle  palléal  monocirculaire; 

»  2°.  Que  tous  les  autres  bivalves  appartiennent  à  un  second  groupe, 
caractérisé  par  l'arrangement  du  système  nerveux  périphérique  que  j'ai 
appelé  palléal  bicirculaire. 

»  §  XXVIII.  Les  Mollusques  à  système  nerveux  palléal  bicirculaire  peu- 
vent avoir  les  lobes  du  manteau  complètement  séparés  (les  Arches,  les  Tri- 
gonies  )  ;  ils  peuvent  avoir  ces  lobes  réunis  dans  un  court  espace  pour  for- 
mer l'ouverture  anale  (les  Mytiiacés);  ou  réunis  encore  une  seconde  fois 
pour  séparer  l'ouverture  respiratrice  de  celle  du  pied  (  les  Triforés  ou  les 
Camacés). 

»  Enfin,  le  manteau,  au  lieu  desimpies  ouvertures  pour  l'excrétion  fécale 
et  la  respiration,  peut  avoir  deux  tubes  plus  ou  moins  prolongés,  soudée 
entre  eux,  ou  séparés  dans  une  partie  de  leur  longueur,  ou  dans  toute  leur- 
étendue. 

»  Dans  ce  cas  encore,  les  lobes  du  manteau  peuvent  être  libres  en  avant. 


(    122    ) 

et  laisser  passer  largement  le  pied,  comme  dans  certains  Solens ;  ou  se 
souder,  et  ne  laisser  qu'une  étroite  ouverture  pour  aspirer  avec  l'eau  les 
molécules  nutritives,  comme' dans  les  Panopées. 

»  Une  partie  de  ces  différences  ne  me  paraissent  plus  que  secondaires, 
.le  regarde  comme  importante  celle  de  la  présence  ou  de  l'absence  des 
tubes  au  manteau  ;  puisque,  dans  ce  dernier  cas,  l'animal  peut  s'enfoncer 
plus  ou  moins  dans  le  sable,  et  continuer  de  communiquer  avec  l'eau  qui 
baigne  la  surface  du  sable  au  moyen  des  orifices  qui  terminent  ses  tubes. 

»  Mais  la  séparation  plus  ou  moins  grande  de  ces  tubes  ou  leur  soudure 
complète;  celle  du  manteau  en  avant  qui  ferme  au  pied  une  issue,  ou  qui 
la  lui  ouvre  plus  ou  moins  large;  ne  me  paraissent  pas  suffire  pour  carac- 
tériser et  séparer  les  deux  ordres  des  Cardiacés  et  des  Enfermés;  la  dispo- 
sition générale  et  détaillée  du  système  nerveux  étant  la  même  dans  l'un 
et  l'autre  de  ces  Ordres.  Ils  me  paraissent  devoir  être  réunis  en  un  seul, 
caractérisé  par  l'existence  des  tubes  au  manteau  (i). 

»  §  XXIX.  Il  me  reste  à  appliquer  les  connaissances  acquises  sur  le 
système  nerveux  des  Bivalves,  à  celui  des  autres  classes  de  ce  même  em- 
branchement des  Mollusques  ;  afin  d'en  déduire  le  caractère  général  que 
présente  ce  système  dominateur  de  l'organisation,  dans  ce  même  Embran- 
chement, et  la  véritable  signification  de  ses  parties  dans  la  classe  qui  nous 
a  occupé  si  longuement.  Je  rappellerai,  dans  ce  but,  la  disposition  générale 
du  système  nerveux  dans  les  six  classes  que  je  réunis  dans  le  type  des  Mol- 
lusques. 

»  §  XXX.  Les  Céphalopodes  ont  leur  système  nerveux  central,  com- 
posé de  deux  ganglions  principaux,  l'un  dorsal  et  l'autre  ventral,  formant, 
au  moyen  de  deux  commissures,  un  collier  serré  autour  de  l'œsophage.  C'est 
de  ces  deux  renflements  médullaires  cérébraux  que  rayonnent  tous  les 
nerfs  du  corps,  soit  directement,  soit  par  l'intermédiaire  de  ganglions  su- 
bordonnés périphériques. 

»  Les  nerfs  optiques  viennent  du  ganglion  supérieur  ;  tandis  que  des 
ganglions  inférieurs  naissent  les  nerfs  acoustiques  et  ceux  qui  vont  aux 
huit  bras.  Je  ne  cite  ces  détails  que  pour  faire  comprendre  que  l'un  ou  l'au- 
tre ganglion  sont  des  parties  d'un  même  tout,  analogues  à  l'encéphale  des 
animaux  supérieurs. 


(i)  Je  viens  de  voir  que  Latreille  avait  proposé  cette  réunion  dans  les  Familles  naturelles , 
mais  sans  avoir  le  motif  fondamental  que  je  viens  d'énoncer. 


(   i»3) 

»  Il  y  a  de  plus  un  stomato-gastrique,  que  l'on  a  comparé  au  sympa- 
thique des  Vertébrés,  et  une  paire  de  nerfs  branchiaux,  correspondants  aux 
pneumo-gastriques  de  ces  derniers  (i). 

»  Mais  on  n'y  trouve  rien  qui  réponde  à  la  moelle  épinière  ou  vertébrale, 
c'est-à-dire  aucune  trace  de  la  centralisation  médiane  longitudinale  du  sys- 
tème nerveux;  il  n'est  centralisé  dans  cette  classe  que  circulairement. 

»  Il  en  est  de  même  de  toutes  les  autres  classes  du  type  des  Mollusques. 

»  §  XXXI.  Ainsi  dans  les  Gastéropodes ,  que  nous  plaçons  immédiatement 
après  les  Céphalopodes,  tous  les  nerfs  irradient  des  ganglions  formant  au- 
tour de  l'œsophage  un  collier  en  chapelet,  plus  ou  moins  serré,  qui  peut 
d'ailleurs  être  simple  ou  double. 

»  Il  est  simple  dans  le  Colimaçon  et  se  compose  de  deux  ganglions  princi- 
paux ou  de  deux  renflements  médullaires  cérébraux,  l'un  sus-œsophagien, 
l'autre  sous-œsophagien.  C'est  du  cerveau  supérieur  que  naissent  les  nerfs 
optiques,  les  nerfs  buccaux;  du  côté  droit,  ceux  qui  vont  à  la  verge  ;  un  nerf 
stomato-gastrique ,  pourvu  d'un  petit  ganglion  secondaire. 

»  Le  ganglion  ou  le  cerveau  inférieur  produit  les  nerfs  qui  vont  au  pied, 
aux  glandes  de  la  génération  et  à  l'orifice  du  sac  pulmonaire. 

»  Dans  X  Aplysie,  on  peut  compter  jusqu'à  cinq  ganglions  principaux, 
dont  l'un  est  viscéral,  et  formant  proprement  trois  colliers  avec  les  cordons 
qui  en  dépendent (a). 

»  Enfin,  dans  les  Limitées,  le  collier  œsophagien  est  composé  de  neuf 
ganglions  formant  un  double  chapelet  (3). 

»  Comme  toujours,  les  ganglions  sus-œsophagiens  fournissent  les  nerfs 
qui  se  rendent  à  la  bouche  et  aux  yeux.  De  plus,  celui  du  côté  droit,  qui  est. 
plus  grand  que  le  gauche,  envoie  des  nerfs  à  la  verge,  placée  de  ce  côté. 

»  §  XXXII.  Les  Ptéropodes  ont,  comme  certains  Gastéropodes,  un  double 
collier  en  chapelet  (le  Clio  borealis,  d'après  M.  Cuvier;  les  P newnodermes , 
d'après  M.  Cuvier  et  M.  Van  Beneden). 

»  §  XXXIII.  Les  renflements  médullaires  cérébroïdes  disparaissent  dans 
les  Térébratules,  à  en  juger  par  ce  que  nous  avons  vu  dans  la  Térébratide 
australe;  mais  le  collier  entourant  de  près  l'orifice  buccal  subsiste.  Il  est 


(i)  Voir  le  Mémoire  sur  l'Analomie  des  Céphalopodes ,  par  G.  Ciivier,  et  celui  de  M.  Van 
Beneden  ,  sur  le  Système  nerveux  de  l'Argonaute. 

(  2)  Voir  le  beau  Mémoire  de  M.  Cuvier  sur  plusieurs  espèces  de  ce  genre. 

(3)  Voirie  Mémoire  de  M.  Cuvier  sur  le  Limitée  des  étangs,  et  celui  de  M.  Van  Beneden  sur 
le  Limneus  glutinosu-s. 


(  i*4  ) 

même  de  forme  carrée,  et  tous  les  nerfs  du  corps  naissent  du  côté  plus  épais 
qui  répond  à  la  valve  percée,  de  quatre  troncs  principaux  qui  se  ramifient 
dans  les  deux  lobes  du  manteau  revêtant  chaque  valve. 

»  Les  nerfs  viscéraux  ont  leur  origine  dans  le  côté  opposé  de  ce  collier 
quadrilatère.  Ce  côté  est  beaucoup  moins  épais. 

»  Cette  disposition  et  cette  composition  du  système  nerveux  des  Brachio- 
podes  ou  Paltiob ranch es,  si  différente  de  celle  des  Lamellibranches, 
démontrent  combien  on  aurait  tort  de  réunir  ces  deux  classes  ;  sans  parler 
des  autres  différences  importantes  qu'elles  présentent  dans  le  reste  de  leur 
organisation,  dans  les  branchies  entre  autres,  dans  le  cœur,  etc. 

»  Elles  confirment  la  justesse  de  leur  séparation  établie  par  M.  Cuvier. 

»  §  XXXIV.  C'est  encore  une  centralisation  en  collier  œsophagien,  avec 
un  seul  ganglion,  que  l'illustre  auteur  des  Mémoires  sur  les  Mollusques  a 
reconnue  dans  les  Ascidies,  qui  font  partie  de  la  classe  des  Tuniciers  de 
Lamark  et  de  ma  sous-classe  des  Tuniciers  thoraciques.  Tandis  que  dans  les 
Salpa,  dont  j'ai  fait  ma  sous-classe  des  Tuniciers  trachéens,  on  ne  trouve 
plus  qu'un  seul  ganglion  cérébroïde,  duquel  rayonnent  les  nerfs  du  corps. 
C'est  du  moins  ce  que  nous  avons  vu  et  démontré  sur  la  nature,  il  y  a  déjà 
plus  de  six  années,  dans  nos  Leçons  du  Collège  de  France,  en  suivant  les 
exactes  indications  publiées  par  notre  confrère  M.  Milne  Edwards. 

»"§  XXXV.  Si  nous  comparons  à  présent  le  système  nerveux  des  Bi- 
valves avec  celui  des  autres  classes  de  l'embranchement  des  Mollusques, 
nous  trouverons  que  le  double  collier,  que  nous  avons  signalé  et  qui  existe 
généralement  dans  cette  classe,  avec  trois  paires  de  ganglions,  ou  deux  paires 
au  moins,  est  comparable  à  celui  que  l'on  rencontre  chez  plusieurs  Gasté- 
ropodes, t 

»  Il  y  a  ici  la  plus  grande  analogie  sans  complète  ressemblance. 

»  L'analogie  se  tire  des  nerfs  que  fournissent  ces  ganglions  ou  les  cor- 
dons qui  les  réunissent. 

»  On  a  vu  les  nerfs  du  manteau,  qui  se  composent  de  filets  sensibles  et 
moteurs,  naître  principalement  des  ganglions  postérieurs  dans  le  plan  que 
j'ai  désigné  sous  le  nom  de  circwnpalléal  monocirculaire.  Ces  ganglions, 
désignés  improprement  comme  ganglions  branchiaux,  deviennent  les  gan- 
glions cérébraux  les  plus  importants  dans  le  système  nerveux  que  nous 
venons  de  nommer;  tandis  que  les  ganglions  buccaux,  désignés  encore  sous 
le  nom  de  cérébroïdes,  ont  singulièrement  perdu  de  leur  volume  relatif  et 
de  leur  importance,  et  que  les  ganglions  pédieux  peuvent  manquer  au  petit 
collier,  comme  cela  a  lieu  dans  le  système  nerveux  de  l'Huître. 


(  i»5) 

»  Chez  les  Bivalves  lamellibranches,  la  disposition  essentielle  du  système 
nerveux  est  la  même  que  dans  les  autres  classes;  c'est  toujours  une  centra- 
lisation circulaire  du  système  nerveux,  avec  cette  différence  que  le  cercle, 
au  lieu  d'être  étroit  et  serré  autour  de  l'oesophage  ou  de  l'orifice  buccal,  a 
pris  une  extension  qui  lui  permet  de  circonscrire  les  viscères. 

»  Mais  tout  démontre  que  les  ganglions  postérieurs  qui  suivent  le  muscle 
adducteur  postérieur  des  valves,  sont  comparables  au  cerveau,  autant  que 
les  ganglions  buccaux. 

»  C'est  une  manière  de  voir  que  nous  avions  déjà  en  1844  et  i845,  lors 
de  nos  premières  communications  de  ce  travail  à  l'Académie  ;  cette  doc- 
trine, nous  l'exposons  ici  plus  explicitement,  parce  que  nos  études  subsé- 
quentes n'ont  fait  que  la  confirmer  à  nos  yeux. 

»  §  XXXVI.  Nous  serons  très-concis  au  sujet  des  rapports  du  système 
nerveux  de  Y  Embranchement  des  Mollusques  avec  celui  des  trois  autres 
Embranchements  du  règne  animal.  Ces  quatre  grandes  divisions,  reconnues 
par  M.  Cuvier  dès  1812,  ont  été  généralement  adoptées,  avec  des  modifi- 
cations dans  leur  circonscription  ou  dans  leurs  limites;  suite  nécessaire  des 
progrès  que  la  science  de  l'organisation  a  faits,  principalement  dans  la 
connaissance  de  celle  des  animaux  inférieurs. 

»  Je  regarde  en  particulier  les  Types  des  Vertébrés  et  des  animaux- 
articulés,  comme  formant  un  groupe,  dont  le  plan  d'organisation  a  plus 
d'analogie  qu'avec  celui  des  Mollusques  et  des  Zoophytes ,  qui  composent 
un  autre  groupe. 

»  Ces  rapports  et  ces  différences  peuvent  s'exprimer  brièvement  par  la 
disposition  générale  de  leur  système  nerveux.  Dans  les  deux  premiers  Types, 
le  système  nerveux  est  centralisé  à  la  fois  circulairement  et  longitudinale- 
ment;  cette  dernière  centralisation  se  fait  dans  la  ligne  du  corps  médiane 
dorsale,  pour  les  Vertébrés,  et  médiane  abdominale  pour  les  Animaux 
articulés. 

»  §  XXXVII.  La  centralisation  longitudinale  manque  dans  les  deux 
autres  types  des  Mollusques  et  des  Zoophytes;  et  la  centralisation  circu- 
laire est  la  seule  qui  subsiste  :  elle  peut  y  former  plusieurs  cercles  concen- 
triques ou  non,  ou  bien  être  réduite  à  un  simple  segment  de  cercle,  comme 
cela  se  voit  chez  certains  Helminthes  (1).  » 

(1)  Cette  doctrine ,  que  nous  avons  professée  depuis  longtemps  au  Collège  de  France,  se 
trouve  dans  l'extrait  de  nos  Leçons,  imprimé  en  1846.  Nous  l'avons  développée  en  t85i, 
dans  notre  premier  Cours  au  Muséum  d'Histoire  naturelle. 

C.  R.,  i85a,  2>"e  Semestre.  (T.  XXXV,  ]N°  4.)  17 


(  i»6) 

physique.  —  Examen  du  fantôme  magnétique  et  de  ses  usages; 
par  M.  de  Haldat.  (Extrait  par  l'auteur.  ) 

«  A  la  suite  de  ses  recherches  anciennes  et  nombreuses  sur  le  magné- 
tisme, M.  de  Haldat  a  extrait  du  Traité  spécial  qu'il  publie  sur  ce  sujet,  dont 
il  fera  hommage  à  l'Académie  et  dans  lequel  il  expose  les  phénomènes 
caractéristiques  de  l'aimant,  un  Mémoire  intitulé  :  Examen  du  fantôme 
magnétique  et  de  ses  usages.  Sous  le  nom  de  fantôme  magnétique  on 
désigne,  comme  chacun  le  sait,  des  figures  formées  par  la  limaille  ou  la 
batiture  de  fer  projetée  sur  un  aimant  ;  ce  phénomène  est  certainement  l'un 
dés  plus  caractéristiques  et  des  plus  remarquables  que  présente  cette  branche 
de  la  physique;  quoiqu'il  ne  soit,  pour  les  esprits  légers,  qu'un  jeu  puéril, 
son  examen  approfondi  a  conduit  l'auteur  à  l'explication  plus  complète  du 
mode  d'action  des  aimants,  de  plusieurs  de  leurs  propriétés,  de  quelques 
cas  exceptionnels,  et  à  une  théorie  plus  approchée  de  la  cause  de  laquelle 
dépendent,  selon  l'auteur,  des  modifications  dans  la  structure,  et  des  chan- 
gements mécaniques  dans  l'arrangement  moléculaire,  ce  qui  est  amplement 
démontré  dans  le  Mémoire.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

médecine.  —  L'acide  acétique  ou  vinaigre  considéré  comme  antirabique  ; 
par  M.  le  Dr  Acdouard.  (Extrait.) 

«  ...  Baumes  raconta  le  fait  suivant,  il  y  a  près  de  cinquante  ans,  à  la 
Société  de  Médecine  pratique  de  Montpellier  dont  il  était  le  Secrétaire  gé- 
néral et  à  laquelle  j'appartenais  comme  étant  un  de  ses  Membres  fonda- 
teurs. 

»  Une  truie,  ayant  été  mordue  par  un  chien,  devint  enragée  ;  le  proprié- 
taire, loin  de  la  faire  abattre,  la  fit  enfermer  dans  la  loge,  et  lui  fit  servir, 
par  un  trou  fait  au  plancher,  du  son  pétri  avec  du  vinaigre;  la  truie  s'en 
nourrit  et  fut  guérie. 

»  A  l'appui  de  ce  fait  on  peut  citer  celui  que  rapporte  le  Dictionnaire 
des  Sciences  médicales,  à  l'article  Rage  ;  il  y  est  dit  qu'un  homme  en  proie 
aux  accidents  de  la  rage,  but  avec  avidité  une  certaine  quantité  de  vinaigre 
et  fut  guéri.  A  ces  deux  faits  je  n'ajouterai  pas  ce  que  dit  Pline,  que  des 
nids  d'hirondelle  macérés  dans  du  vinaigre  sont  efficaces  contre  la  rage; 
cet  auteur  est  un  peu  trop  prodigue  de  recettes  contre  cette  maladie,  et  je 
ne  mentionne  celle-ci  que  parce  qu'il  y  est  question  de  vinaigre. 


(  i*7  ) 
»  Ce  produit  secondaire  de  la  vigne  est-il  réellement  efficace  contre  la 
rage  ?  Les  faits  que  j'ai  rapportés  doivent  être  accueillis  avec  réserve  et  seu- 
lement comme  propres  à  éveiller  l'attention  des  observateurs  qui  se  livre- 
ront à  de  nouvelles  expériences.  Pour  éviter  la  répugnance  que  la  vue  d'un 
liquide  inspire  aux  hydrophobes,  on  ne  doit  pas  administrer  le  vinaigre 
sous  forme  liquide  tant  aux  hommes  qu'aux  animaux,  mais  sous  forme  so- 
lide et  d'aliment.  Or,  le  moyen  d'administration  le  plus  simple,  le  plus 
commode,  le  plus  économique,  celui  que  l'on  trouve  partout,  c'est  du  pain 
imbibé  de  vinaigre.  Le  pain,  aliment  ordinaire,  inspirera  au  patient  moins 
de  répugnance  qu'un  médicament  présenté  sous  toute  autre  forme...  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

chimie  appliquée.  —  Recherche  comparative  de  l'iode  et  de  quelques 
autres  principes  dans  les  eaux  {et  les  e'gouts)  qui  alimentent  Paris, 
Londres  et  Turin  (suite  et  fin);  par  M.  Ad.  Chaux.  (Extrait.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Thenard,  Magendie,  Dumas, 
Élie  de  Beaumont,  Gaudichaud.  ) 

«  1).  La  proportion  de  l'iode  s'élève  ou  s'abaisse  dans  la  Seine  avec  le 
niveau  des  eaux.  Le  maximum  d'iode  a  répondu,  pendant  la  période  d'ob- 
servations, à  une  hauteur  de  3m,o,5  à  l'échelle  du  pont  de  la  Tournelle  ;  le 
minimum  à  une  hauteur  de  om,  1 5  à  la  même  échelle. 

»  La  quantité  de  pluie  tombée  à  Paris  est  sans  rapport  avec  la  proportion 
d'iode  dans  la  Seine,  à  moins  que  cette  quantité  ne  coïncide  avec  un  chan- 
gement dans  le  niveau  des  eaux,  c'est-à-dire  avec  des  pluies  dans  le  bassin 
supérieur  du  fleuve.  Il  est  évident  qu'alors  le  rapport  de  l'iode'de  la  Seine 
à  la  quantité  de  pluie  tombée  se  confond  avec  celui  donné  par  le  niveau 
des  eaux. 

»  La  proportion  de  l'iode  s'élève  ou  s'abaisse  dans  le  même  sens  que  la 
température.  Ce  rapport  ressort  bien  de  la  comparaison  des  eaux  pendant 
les  mois  froids  de  l'hiver  et  les  mois  de  l'été,  la  hauteur  à  l'étiage  étant  la- 
même. 

«  ÏjSl  nature  des  vents,  défalcation  faite  de  la  température  et  de  la  hau- 
teur des  eaux,  etc.,  ne  se  lie  pas  très- visiblement  à  la  proportion  d'iode  dans 
les  eaux  de  la  Seine. 

»  Une  plus  grande  vitesse  des  vents,  la  diminution  de  la  pression  atmo- 
sphérique (les  variations  observées  pendant  vingt-sept  mois  sont  restées 

17.. 


(  i*8  ) 
comprises  entre  738mm,82  et  770mm,o,5),  la  sécheresse  de  l'air  et  l'état  du 
ciel  agissent  sans  doute,  comme  l'élévation  de  la  température,  sur  l'iode 
des  eaux;  toutefois,  soit  défaut  d'observations  suffisamment  prolongées, 
soit  inhabileté,  soit  que  ces  éléments,  de  moindre  importance  que  la  tempé- 
rature, soient  effacés  par  elle,  la  mesure  de  leur  action  ne  nous  paraît  pas 
avoir  été  mise  en  relief. 

»  Sous  la  réserve  d'études  plus  complètes  pour  juger  de  l'influence  de  la 
pression,  de  l'apparence  du  ciel  et  de  l'état  hygrométrique  de  l'air,  de  la 
direction  et  de  la  vitesse  des  vents,  on  peut  donc  admettre  que  la  proportion 
de  l'iode  dans  l'eau  de  la  Seine  est  à  peu  près  en  raison  de  la  hauteur  des 
eaux  à  l'étiage  et  de  l'abaissement  de  la  température.  A  niveau  égal,  c'est 
donc  en  hiver  que  la  Seine  contient  le  plus  d'iode. 

»  Pendant  la  période  d'observations,  la  proportion  de  l'iode  a  varié  de 
5  à  2.  La  proportion  moyenne  correspond  sensiblement,  toutefois  en  oscil- 
lant en  raison  de  la  température,  à  im,io  à  l'échelle  du  pont  de  la  Tour- 
nelle,  qui  est  la  hauteur  moyenne  des  eaux  dans  le  cours  de  l'année. 

»  Le  poids  de  la  somme  du  résidu  terro-salin  contenu  dans  l'eau  de  la 
Seine,  a  Paris,  a  varié  de  4  à  3;  il  est  généralement  en  raison  inverse  de 
l'élévation  du  niveau  des  eaux  et  en  raison  directe  de  la  température.  Quand 
la  proportion  de  ce  résidu  s'élève  dans  les  eaux,  celle  de  l'iode  s'abaisse, 
et  réciproquement. 

»  A  égalité  des  eaux  à  l'étiage  pendant  l'hiver  et  l'été,  c'est  donc  à  cette 
dernière  saison  que  correspond  le  maximum  de  résidu,  comme  le  minimum 
d'iode. 

»  E.  La  comparaison  des  eaux  de  la  Seine  aux  eaux  pluviales  (j'ai  étu- 
dié celles-ci  dans  un  travail  fait  à  un  autre  point  de  vue)  conduit  à. recon- 
naître : 

»  Que  la  proportion  de  l'iode  est,  en  moyenne,  plus  élevée  dans  l'eau 
de  la  pluie  que  dans  celle  du  fleuve  :  cette  observation,  que  j'ai  faite  bien 
des  fois,  et  notamment  en  comparant  aux  environs  de  Paris,  ainsi  qu'à 
Londres  et  à  Turin,  les  eaux  des  rivières,  des  sources  et  des  puits  aux  eaux 
pluviales  tombées  sur  les  mêmes  points,  indique  que  la  différence  entre  les 
eaux  de  la  pluie  et  celles  qui  sourdent  du  sol  est  accrue  :  i°  par  un  sol 
argileux  qui  retient  l'iode;  2°  par  la  dissolution  d'une  quantité  considé- 
rable de  sels  terreux;  3°  par  le  long  parcours  des  eaux  à  la  surface  du  sol  ; 
4°  par  l'élévation  de  la  température; 

»  Que  les  matières  organiques  sont,  comme  l'iode,  plus  abondantes  dans 
l'eau  de  pluie  que  dans  l'eau  de  Seine; 


(  iag  ) 

»  Que  les  chlorures  sont,  par  rapport  à  l'iode  et  à  la  somme  des  ma- 
tières fixes  ,  plus  abondants  dans  l'eau  de  la  pluie  que  dans  celle  de 
la  Seine,  etc.; 

»  Que  les  carbonates  et  les  sulfates  sont,  par  rapport  à  l'iode,  plus  rares 
dans  l'eau  de  pluie  que  dans  l'eau  de  rivière  et  de  source; 

»  Que  la  magnésie  est,  relativement  à  la  chaux,  ordinairement  plus 
abondante  dans  l'eau  de  pluie  que  dans  l'eau  de  source  ou  de  rivière; 

»  Que  l'eau  de  rivière  contient  souvent  moins  d'acide  carbonique  que 
l'eau  de  pluie. 

»  F.  A  Turin,  la  substitution  des  eaux  pluviales  aux  eaux  actuellement 
bues  est  clairement  indiquée  comme  obviant,  dans  une  certaine  mesure,  à 
l'insuffisance  (suivant  ce  que  j'estime)  de  la  proportion  d'iode  contenue 
dans  celles-ci,  d'ailleurs  très-séléniteuses.  A  Londres  et  à  Paris,  dont  les 
eaux,  assez  légères,  contiennent  une  proportion  suffisante  ou  plus  que  suf- 
fisante d'iode,  cette  substitution  est  inutile;  on  pourrait  cependant  recom- 
mander aux  habitants  de  Belleville,  comme  à  ceux  des  nombreux  villages 
situés  au  pied  des  collines  gypseuses  des  environs  de  Paris ,  d'avoir  des 
citernes  ou  de  l'eau  de  rivière,  et  de  délaisser  leurs  eaux  séléniteuses,  si  la 
sollicitude  de  l'Administration  et  le  bon  sens  des  particuliers  n'avaient  été 
au-devant  d'un  tel  conseil. 

»  Considérées  dans  leur  ensemble,  les  eaux  de  Paris  sont  salubres.  On 
peut  cependant  améliorer  cette  base  de  l'alimentation. 

»  L'eau  d'Arcueil  ne  devrait  être  distribuée  que  mélangée  à  celle  du 
puits  artésien  de  Grenelle,  qui  en  corrigerait  la  demi-crudité  tout  en  com- 
muniquant au  mélange  une  suffisante  ioduration. 

»  Les  eaux  du  canal  de  l'Ourcq,  améliorées  par  les  eaux  du  Clignou,  que 
M.  le  baron  Thenard  y  a  fait  introduire;  par  le  détournement  de  celles  de 
la  roche  de  Crégy,  que  MM.  Boutron  et  O.  Henry  ont  signalées  comme 
trop  dures  et  qui  sont,  en  outre,  sensiblement  privées  d'iode,  sont  vraiment 
bonnes,  quoique  l'opinion  contraire  ait  été  émise  par  le  célèbre  Vauquelin. 
Elles  seront  excellentes  le  jour  où,  pouvant  faire  quelques  sacrifices  sur  la 
quantité,  on  les  composera  seulement  de  la  rivière  d'Ourcq,  du  Clignon  et 
de  la  Gergogne. 

»  La  Seine,  dont  les  eaux  réunissent  toutes  les  qualités  les  plus  rares 
jusqu'au  pont  de  Charenton,  perd  successivement  une  partie  de  ces  qua- 
lités par  le  mélange  des  eaux  de  la  Marne ,  du  canal  de  l'Ourcq,  et  surtout 
par  la  décharge  des  égouts. 

»  L'Administration  municipale  s'occupe  de  canaliser  les  égouts  pour  les 


(  i3o  ) 

jeter  en  aval  de  Paris;  mais,  malgré  tout  son  zèle,  ce  travail,  chaque  jour 
interrompu  par  la  crue  des  eaux,  se  traîne  lentement.  Puis  les  canaux  coù- 
teusement  établis  sur  les  deux  rives,  resteront  encore  les  égouts  des  îles 
populeuses  de  la  Cité  et  Saint-Louis,  qui  se  déverseront  dans  le  fleuve,  sans 
compter  les  nombreux  établissements  de  blanchissage  ou  de  teinturerie, 
établis  sur  bateaux  dans  la  traversée  de  Paris. 

»  Abandonnera-t-on  la  roue  hydraulique  du  pont  Notre-Dame,  et  sur- 
tout les  pompes  à  feu  du  Gros-Caillou  et  de  Chaillot,  pour  remonter  toutes 
les  prises  d'eau  à  l'entrée  de  Paris?  mais  alors  la  construction  des  grands 
égouts  latéraux  à  la  Seine  est  inutile,  et  l'on  devra  encore,  pour  n'échapper 
qu'en  partie  aux  eaux  de  l'Ourcq  et  de  la  Marne,  établir  toutes  les  pompes 
sur  la  rive  gauche. 

»  Ici,  une  idée  bien  simple  s'offre  d'elle-même  ;  non  celle  qu'eut,  en  1 766, 
le  savant  Deparcieux  d'amener  à  Paris  les  eaux  de  l'Yvette,  et  que  condam- 
nèrent les  analyses  faites  par  l'Académie  des  Sciences  et  la  Faculté  de  Méde- 
cine réunies;  non  celle  d'aller  chercher  quelque  autre  des  affluents  de  la 
Seine,  qui  ne  rachèterait  l'infériorité  de  ses  eaux  que  par  le  mérite  de  venir 
de  loin  et  de  coûter  beaucoup  ;  mais  l'idée  qui  se  présente  naturellement  à 
l'esprit  de  chacun  et  que  j'exprime  comme  proposition  dernière  et  princi- 
pale, d'introduire  à  Paris,  par  un  canal,  un  volume  suffisant  des  eaux  de  la 
Seine  prises  tout  à  fait  pures  à  ses  portes,  près  le  pont  de  Charenton.  Ce 
canal,  par  un  trajet  de  4  à  5  kilomètres  seulement  à  travers  des  terrains  de 
peu  de  valeur,  se  rendrait  au  Jardin  des  Plantes,  qu'il  embellirait,  pour 
fournir,  aux  confins  de  ce  dernier,  près  la  Halle  aux  Vins,  à  un  nombre  suf- 
fisant de  pompes  qui  porteraient  ses  eaux  dans  tous  les  quartiers  de  Paris, 
en  empruntant  les  ponts  pour  le  passage  sur  la  rive  droite.  Paris  réalisera 
sans  doute  ce  projet,  le  jour  où  il  voudra  ajouter  à  son  alimentation  un  peu 
de  ce  bien-être  dont  il  entoure  sagement  aujourd'hui  ses  habitations,  ou  de 
ce  luxe  qu'il  prodigue,  par  amour  du  beau  et  par  point  d'honneur,  à  ses 
monuments.  » 

physiologie. — Des  phénomènes  sensibles  de  la  rumination; 
par  M.  G.  Colin. 

(Commissaires,  MM.  Magendie,  Flourens,  Rayer.) 

L'auteur,  en  terminant  son  Mémoire,  le  résume  dans  les  propositions 

suivantes  : 

«    i°.  Le  départ  du  bol  qui  doit  être  envoyé  de  l'estomac  dans  la  bouche 

est  signalé  par  une  inspiration  profonde  suivie  d'une  rapide  expiration. 


(  i3i  ) 

»  a°.  La  marche  ascensionnelle  de  ce  bol  peut  être  suivie  sur  tout  le 
trajet  de  l'œsophage,  d'abord  dans  la  région  thoracique  au  moyen  de 
l'auscultation,  ensuite  dans  la  région  cervicale  par  la  vue  et  le  tou- 
cher. 

»  3°.  Cette  marche,  toujours  très-rapide,  s'accompagne  d'un  bruit  par- 
ticulier bien  caractérisé,  annonçant  que  l'aliment  est  mêlé  à  une  certaine 
quantité  de  liquide  probablement  destiné  à  faciliter  sa  progression. 

»  4°-  Dès  que  la  pelote  est  arrivée  à  la  bouche,  le  liquide  amené  avec 
elle  est  renvoyé  par  une,  deux,  trois  ondées  successives  que  le  mouvement 
de  l'œsophage  traduit,  et  que  l'oreille,  appliquée  sur  le  cou,  fait  très-dis- 
tinctement reconnaître. 

»  5°.  L'existence  du  liquide  qui  accompagne  la  pelote  peut  être  dé- 
montrée directement,  quand,  après  avoir  comprimé  subitement  l'œsophage, 
on  fait  tomber  de  la  bouche  ce  que  la  réjection  y  a  amené,  si  toutefois  on 
a  eu  le  soin  d'opérer  avec  assez  de  promptitude  pour  que  ce  liquide  n'ait 
pas  eu  le  temps  d'être  dégluti. 

»  6°.  Les  aliments,  dès  qu'ils  sont  arrivés  dans  la  cavité  buccale,  ont 
une  réaction  alcaline.  Chaque  réjection  en  amène  en  moyenne  120  grammes 
chez  un  animal  de  l'espèce  bovine. 

»  70.  D'après  le  poids  de  chaque  bol ,  on  peut  calculer  qu'un  bœuf, 
qui  mange  journellement  ia5oo  grammes  de  foin,  ne  les  ramené  à  la 
bouche  que  par  cinq  cent  vingt  réjections,  lesquelles  exigent,  pour  se  pro- 
duire, un  espace  de  temps  de  sept  heures  douze  minutes,  la  mastication 
de  chaque  pelote  durant  en  moyenne  cinquante  secondes;  d'où  il  suit  que 
plus  du  quart  de  la  journée  doit  être  employé  à  la  rumination. 

»  8°.  La  seconde  mastication,  que  l'on  peut  appeler  mérjcique,  s'effec- 
tue de  telle  sorte  que  les  aliments  sont,  chez  la  plupart  des  ruminants, 
broyés  sous  les  molaires  d'un  même  côté,  à  l'exclusion  de  celles  du  côté 
opposé ,  tandis  que  chez  quelques-uns  ils  le  sont  alternativement  de  l'un 
et  de  l'autre  côté.  Aussi  faut-il  distinguer  une  mastication  mérycique  uni- 
latérale, comme  celle  du  bœuf,  du  mouton,  et  une  autre,  alterne,  comme 
celle  du  chameau  et  du  dromadaire. 

»  90.  Les  animaux  qui  ont  la  mastication  unilatérale  ne  mâchent  ce- 
pendant pas  toujours  du  même  côté.  Ils  effectuent  cet  acte  à  droite  pen- 
dant une  demi-heure,  une  heure  et  plus ,  puis  à  gauche  dans  la  période 
suivante. 

»   io°.  Le  nombre  des  coups  de  dents  pour  la  mastication  de  chaque 


(   x3a  ) 

pelote  varie  suivant  les  espèces,  les  âges,  le  régime  et  d'autres  circon- 
stances. Ainsi,  les  jeunes  animaux,  à  cause  de  l'imperfection  de  leur  sys- 
tème dentaire,  mâchent  plus  longtemps  les  aliments  que  les  sujets  adultes; 
les  animaux  nourris  avec  des  fourrages  secs,  plus  longtemps  que  ceux 
entretenus  avec  des  substances  vertes,  etc. 

»  ii°.  La  rapidité  avec  laquelle  s'effectue  la  seconde  mastication  est 
aussi  très-variable.  Elle  est  plus  grande  chez  les  animaux  vifs,  à  allures  ra- 
pides, tels  que  les  gazelles,  les  cerfs,  que  chez  ceux  qui  ont  les  mouve- 
ments lents,  comme  le  bœuf,  le  buffle,  le  bison.  Elle  est  encore  plus  grande 
chez  les  jeunes  animaux  que  chez  les  adultes,  plus  sur  la  fin  de  la  mastica- 
tion d'un  bol  qu'au  commencement. 

»  12°.  La  durée  moyenne  de  la  mastication  d'une  pelote  est,  pour  les 
grands  ruminants,  de  quarante  à  cinquante  secondes.  Elle  peut  descendre 
à  trente  et  monter  quelquefois  jusqu'à  quatre-vingts. 

»  i3°.  Lorsque  l'animal  est  troublé  pendant  qu'il  rumine,  il  peut  in- 
terrompre à  plusieurs  reprises  la  mastication  d'une  pelote ,  et  ne  déglutir 
celle-ci  que  quand  il  se  voit  dans  l'impossibilité  d'en  achever  le  broiement. 

»  i4°-  La  déglutition  mérycique  paraît  se  faire  en  une  seule  fois,  et 
aussitôt  que  la  mastication  de  la  pelote  est  achevée.  Les  mouvements  de 
l'œsophage,  qu'on  aperçoit  dès  que  le  produit  de  la  réjection  est  arrivé 
dans  la  bouche,  indiquent  le  renvoi  de  l'eau  qui  avait  accompagné  l'ali- 
ment; ceux  qui  se  remarquent  plus  tard  signalent  le  déplacement  des  gaz, 
et  peut-être  de  quelques  parties  de  liquide  qui  sont  parvenues  à  s'échap- 
per de  l'estomac.  Dans  tous  les  cas ,  ces  mouvements  ne  coïncident  point 
avec  des  temps  d'arrêt  dans  le  jeu  des  mâchoires. 

»  i5°.  Entre  le  départ  du  bol  ruminé  et  l'arrivée  à  la  bouche  d'un  bol 
nouveau,  il  n'y  a  qu'un  intervalle  de  quatre  à  cinq  secondes,  et  cependant, 
dans  ce  court  espace,  il  se  fait  trois  opérations  distinctes  :  le  bol  ruminé  re- 
vient de  la  cavité  buccale  dans  l'estomac,  un  bol  nouveau  est  formé,  saisi  et 
engagé  dans  l'orifice  cardiaque,  enfin  il  est  envoyé  sous  les  dents  molaires; 
cette  vitesse  de  progression  s'expliquerait  difficilement  si  l'aliment  n'était 
noyé  dans  une  certaine  quantité  de  liquide. 

»  i6°.  La  rumination  ne  peut  s'établir,  et  se  continuer  qu'autant  qu'il 
y  a  dans  l'estomac  une  grande  quantité  d'aliments.  L'animal  cesse  de  ru- 
miner, et  finit  par  mourir  de  faim,  quoiqu'il  ait  encore  dans  sa  panse  le 
tiers  et  presque  la  moitié  de  ce  qu'elle  contient  d'habitude. 

»  170.  Cette  fonction  n'est  plus  possible  quand  les  aliments  sont  dessé- 


(  «33  ) 

(lies,  ainsi  <|iie  M.  Flourens  l'a  démontré,  et  lorsque,  par  des  fistules,  la 
salive  des  deux  parotides  s'écoule  à  l'extérieur. 

»  180.  Elle  se  suspend  pendant  que  les  animaux  sont  soumis  à  des 
travaux  pénibles,  à  moins  qu'ils  ne  soient  très-forts,  d'où  la  nécessité  de 
laisser  ces  animaux  se  reposer  une  partie  de  la  journée,  pour  qu'ils  puis- 
sent ruminer  ce  qu'ils  ont  pris  à  leurs  repas. 

»  190.  Enfin  elle  cesse  d'avoir  lieu  sous  l'influence  de  maladies  même 
légères,  des  opérations  chirurgicales,  des  souffrances  de  toute  espèce,  du 
rut,  de  contrariétés,  etc.  Ainsi  elle  devient,  parla  suspension  plus  ou  moins 
prolongée  et  son  rétablissement,  une  sorte  de  thermomètre  dont  les  indi- 
cations, bien  que  quelquefois  trompeuses,  n'en  ont  pas  moins  le  plus 
souvent  une  grande  importance.  » 

physiologie.  —  Nouvelles  expériences  tendant  à  réfuter  les  opinions 
concernant  l'existence  d'une  circulation  péritrachéenne  chez  les  insectes; 
par  M.  ]\.  Joly.  (Extrait  par  l'auteur.) 

( Commissaires  nommés  pour  le  Mémoire  de  M.  Blanchard  :  MM.  Duméril 

et  Milne  Edwards.  ) 

«  Dans  un  travail  lu  à  l'Académie  des  Sciences  de  Paris,  le  3  décembre 
1849,  et  hiséré  dans  les  Mémoires  de  l'académie  des  Sciences  de  Toulouse 
pour  l'année  i85o,  je  cherchais  à  établir  que  la  circulation  péritra- 
chéenne ou  intermembranulaire  des  insectes  est  physiquement,  anatomi- 
quement  et  physiologiquement  impossible.  Mes  arguments  et  mes  expé- 
riences, faites  sous  les  yeux  mêmes  de  M.  Blanchard  et  sur  ses  propres 
préparations  anatomiques,  n'ont  pas  suffi  pour  convaincre  l'auteur  de  la 
nouvelle  théorie. 

»  Aujourd'hui,  M.  Blanchard  invoque  à  l'appui  de  ses  idées  les  ré- 
centes expériences  de  MM.  Alessandrini  et  Bassi,  sur  la  coloration  du  sys- 
tème trachéen  des  vers  à  soie  nourris  avec  des  feuilles  de  mûrier  saupou- 
drées de  garance  ou  d'indigo,  et  sur  la  possibilité  d'obtenir,  par  ce  moyen, 
des  cocons  roses  ou  bleus. 

»  Nous  avons  repris  ces  expériences  et  elles  nous  ont  conduit  à  de  tout 
antres  résultats  que  nous  avons  exposés  dans  le  Mémoire  que  nous  avons 
l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie,  et  dont  nous  nous 
bornons  à  donner  ici  les  conclusions. 

»    i°.  En  obligeant  les  vers  à  soie  à  se  nourrir  de  feuilles  de  mûrier  sau- 

C.  U.,  i852.  a'ne  Semestre,   [T.  XXXV.  N°  4.)  .  l8 


(  i34) 

poudrées  de  garance  ou  d'indigo,  on  peut  obtenir,  mais  on  n'obtient  pas 
toujours,  des  cocons  rouges  ou  bleus; 

»  20.  La  teinte  plus  ou  moins  prononcée  que  présentent  ces  cocons  est 
due  à  un  simple  frottement  du  corps  du  ver,  chargé  de  particules  colo- 
rantes, sur  la  soie  du  cocon,  et  non  à  un  acte  essentiellement  physiolo- 
gique ; 

»  3".  Il  suffit  de  teindre  extérieurement,  à  l'aide  d'un  pinceau  trempé 
dans  l'indigo,  un  ver  nourri  à  la  garance,  pour  en  obtenir  un  cocon  bleu  ; 

»  4°-  En  lavant  avec  soin  un  ver  à  soie  nourri  de  feuilles  saupoudrées 
d'indigo,  on  voit  l'animal  produire  un  cocon  blanc  ; 

»  5°.  De  l'aveu  de  tous  les  expérimentateurs,  M.  Blanchard  y  compris, 
le  régime  à  la  garance  ou  à  l'indigo  n'a  aucune  action  sur  les  filières  :  com- 
ment donc  pourraient-elles  produire  par  elles-mêmes  des  cocons  roses  ou 
bleus  ; 

»  6°.  Le  régime  en  question  n'exerce  non  plus  aucune  action  sur  les 
trachées  :  ces  tubes  respiratoires  conservent,  comme  tous  les  viscères,  leur 
couleur  naturelle  ; 

»  70.  Lors  même  que  les  trachées  deviendraient  rouges  ou  d'un  bleu 
d'indigo,  ce  fait  s'expliquerait  très-bien  en  admettant  qu'elles  sont  teintes 
à  l'extérieur  par  le  sang  qui  les  baigne,  et  qui  aurait  pris  lui-même  une  de 
ces  nuances  ; 

»  8°.  Cette  coloration  du  sang  en  bleu  ou  en  rouge  n'ayant  été  aperçue 
ni  par  MM.  Alessandrini,  Bassi  et  de  Filippi,  ni  par  moi;  cette  même  colo- 
ration n'étant,  d'après  eux,  ni  un  fait  général,  ni  un  fait  constant,  et  celle 
des  trachées  ne  l'étant  pas  davantage,  cette  irrégularité  même  accuse 
d'inexistence  la  circulation  entièrement  vasculaire  du  sang  chez  les  insectes, 
et  surtout  sa  circulation  dans  des  espaces  péritrachéens  qui,  selon  moi, 
n'existent  pas  non  plus.   » 

prfysiOLOGiE.  —  Note  de  M.  Trouessart,  concernant  ses  recherches  sur  la 

théorie  de  la  vision. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Arago,  Pouillet,  Babinet.) 

«  ...  J'ai  appris  depuis  peu,  par  M.  le  professeur  Plateau,  que  M.  Flied- 
ner  avait  publié  dans  les  Annales  de  Pogendoiff,  mars  i85-2,  un  travail  sur 
le  sujet  qui  m'occupait,  et  qu'il  rattachait,  comme  moi,  l'irradiation  aux 
mêmes  causes  que  la  vision  distincte  et  confuse.  Ce  Mémoire  a  pour  titre  : 


(  '35) 

Observations  sur  les  images  dispersées  dans  l'œil  et  sur  une  nouvelle  théorie 
de  la  vision.  Autant  que  j'en  puis  juger  par  l'analyse  que  m'en  a  envoyée 
un  de  mes  amis,  il  y  a,  entre  le  travail  de  M.  Fliedner  et  le  mien,  bien  que 
nous  ne  présentions  pas  la  même  théorie,  de  très  -  nombreux  rapports. 
Comme  mon  intention  est  de  faire  de  la  théorie  que  je  propose  sur  la  vision 
la  matière  d'une  thèse  pour  le  doctorat  es  sciences,  je  tiens  à  constater 
que  mes  recherches  ont  été  faites  dans  l'ignorance  complète  de  celles  de 
M.  Fliedner.  Je  prie  donc  Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel  de  vouloir 
bien  faire  ouvrir  le  paquet  cacheté  que  j'avais  déposé  au  mois  de  mai,  et 
qui  renfermait  une  esquisse  rapide  de  la  théorie  exposée  dans  le  Mémoire 
que  j'ai  adressé  ultérieurement.  17 Académie  y  verra  que,  même  avant  de 
connaître  les  observations  de  Kepler,  de  La  Hire  et  de  Jurin,  relatées  dans 
mon  Mémoire,  et  dont  la  Note  ne  fait  pas  mention,  car  il  est  très-vrai  que  je 
les  ignorais  alors,  j'avais  été  conduit  aux  mêmes  expériences,  et  que  j'expli- 
quais la  confusion  de  la  vue  et  l'irradiation  par  la  multiplicité  des  images  que 
donne  le  même  objet  à  des  distances  plus  petites  ou  plus  grandes  que  celle 
de  la  vision  distincte.  J'avoue  que  je  croyais  nouveaux  les  faits  d'observa- 
tion sur  lesquels  je  fondais  mon  explication,  sachant  que  les  hommes  les 
plus  versés  dans  la  théorie  de  la  vision,  tels  que  MM.  Arago  et  Plateau  (i), 
regardaient  comme  une  anomalie,  comme  un  vice  organique  individuel,  le 
fait  de  la  multiplicité  des  images  d'un  même  objet,  vu  à  de  grandes  dis- 
tances. Que  l'Académie  me  permette  de  résumer,  en  peu  de  mots,  cette 
théorie  très-simple,  et  établie  désormais  sur  des  faits  nombreux,  parfaite- 
ment observés  et  décrits,  bien  avant  moi,  par  Kepler,  Là  Hire  et  Jurin, 
mais  qu'aucun  d'eux,  cependant,  n'avait  songé  à  prendre  pour  base  de  la 
théorie  de  la  vision  confuse  et  de  l'irradiation. 

»  Les  myopes  à  l'œil  nu,  et  tous  les  autres  yeux  armés  d'une  loupe, 
voient  multiple  et  sans  coloration  la  flamme  d'une  chandelle  (et  la  chan- 
delle elle-même  au  voisinage  de  la  flamme)  à  toute  distance  plus  grande 
que  celle  de  la  vision  distincte.  Le  nombre  et  la  séparation  des  images 
augmentent  avec  la  distance.  Cette  multiplicité  d'images  ne  se  produit 
pas,  comme  on  sait,  daus  l'œil  artificiel  ou  chambre  obscure  ordinaire.  Il 
y  a  seulement  alors,  sur  l'écran  de  verre  dépoli,  pour  les  distances  trop 
grandes  ou  trop  petites,  une  confusion  de  l'image,  dont  les  apparences 

(i)  Comptes  rendus,  1840,  premier  semestre,  page  477  ;  Mémoire  sur  l'irradiation;  par 
M.  Plateau,  page  8. 

18.. 


(  »36  ) 

s'expliquent  très-bien  par  la  théorie  des  cercles  de  dissipation  de  Jurin, 
confusion  que  l'on  peut  d'ailleurs  augmenter  ou  diminuer,  conformément 
à  cette  théorie,  en  augmentant  ou  en  diminuant  l'ouverture  du  diaphragme 
qui   représente  la  pupille.   Mais  on  reproduit  la  multiplicité  des  images, 
comme  dans  l'œil,  en  plaçant,  soit  devant,  soit  derrière  l'objectif  de   la 
chambre  obscure,  un  écran  percé  de  petits  trous.   Toutes  les  images  se  •'• 
superposent  et  se  réduisent  à  une  seule,  à  la  distance  focale.  Elles  sont  mul 
tiples,  plus  ou  moins  superposées,  à  des  distances  plus  grandes  ou  plus 
petites,  exactement  comme  pour  l'œil.  La  conclusion  est  simple  et  pour 
ainsi  dire  forcée  :  l'œil  est  une  chambre  obscure,  devant  ou  derrière  l'ob- 
jectif de  laquelle  est  un  écran  réticulé,  c'est-à-dire  présentant  des  pleins  et 
des  jours,  des  taches  opaques  et  des  parties  transparentes.  La  pupille,  en 
se  contractant,  peut  toujours,  pour  les  bonnes  vues  et  enire  des  limites 
très-écartées,  réduire  toutes  les  images  à  une  seule.  Pour  les  mvopes  et  les 
presbytes,  cela  est  impossible  :  il  leur  faut,  ou  une  petite  pupille  artificielle 
percée  dans  un  écran,  ou  une  lentille  concave  ou  convexe.   Mais  pour  les 
meilleures  vues,  à  de  très-grandes  ou  à  de  très-petites  distances,  il  y  a  tou- 
jours un  certain  degré  de  confusion  produit  par  la  superposition  seulement 
partielle  des  images  multiples.  La  partie  commune  détermine  une  image 
fausse  plus  étroite  et  plus  vive,  entourée  d'une  auréole  plus  pâle,  formée 
par  les  parties  non  communes  des  images,  de  là  l'irradiation.  Les  franges 
ou  bords  multiples  des  objets  très-éloignés,  ainsi  que  les  diverses  appa- 
rences que  présentent  les  corps  minces,  les  fentes  étroites,  les  fils  de  cou- 
leur différente  vus  côte  à  côte,  les  espaces  annulaires,  etc.,  s'expliquenl 
très-facilement  par  cette  même   théorie,   ainsi  qu'on  pourra  le  voir  dans 
mon  Mémoire.  » 

Conformément  à  la  demande  de  M.  Trouessart,  le  paquet  cacheté  déposé 
par  lui  dans  la  séance  du  3i  mai  1 85 1  est  ouvert  en  séance,  et  la  Note  qui 
y  était  renfermée  contient,  ainsi  que  cela  était  annoncé,  un  résumé  som- 
maire, mais  très-suffisant,  du  Mémoire  présenté  dans  une  des  dernières 
séances. 

botanique.  —  Recherches  expérimentales  sur  la  fécondation  dans  les 
Mousses  ;  par  M.  H.  Philibert. 

(Commissaires,  MM.  de  Jussieu,  Brongniart.) 
L'auteur,   en  terminant  son  Mémoire,   le  résume  dans  les  conclusions 
suivantes  : 


(  '37  ) 

«    i°.   L'archégone  des  Mousses  est  un  véritable  ovule. 

»  a°.  L'enveloppe  extérieure,  qu'on  a  appelée  épigone  et  qui  devient 
plus  tard  la  coiffe,  est  l'analogue  du  nucelle  des  Phanérogames. 

»  3°.  L'enveloppe  membraneuse,  qui  est  cachée  sons  l'épigone  et  qui 
jusqu'ici  n'avait  pas  encore  été  aperçue,  représente  un  sac  embryonnaire. 

»  4°.  Le  corps  intérieur,  qui  devient  plus  tard  la  soie  et  l'urne,  est  un 
véritable  embryon. 

»  5°.  Dans  les  Mousses,  l'embryon,  au  lieu  de  se  détacher  de  la  plante 
mère,  pour  donner  naissance  à  une  plante  nouvelle,  se  développe  sur  place, 
et  donne  naissance  à  une  capsule  remplie  de  spores. 

»  6°.  Les  organes  appelés  anthéridies  sont  de  véritables  organes  mâles, 
renfermant  une  matière  fécondante. 

»  70.  Cette  matière  fécondante  s'introduit  par  le  col  tubuleux  du  nucelle 
ou  épigone.  » 

physiologie  végétale.  —  Observations  sur  quelques  assertions  de 
M.  Gaudichaud,  concernant  l'accroissement  des  vége'tauoc  ,•  par 
M.  A.  Trécul. 

(Commission  précédemment  nommée  pour  un   Mémoire  de  M.  Trécul.) 

«  Les  derniers  Mémoires  de  M.  Gaudichaud  renferment  quelques  asser- 
tions qui  me  concernent  personnellement.  J'espère  que  l'Académie  voudra 
bien  me  permettre  de  présenter  à  ce  sujet  quelques  remarques. 

»  On  trouve,  dans  l'un  de  ces  Mémoires  {Comptes  rendus  du  t.  i  juin  1 852 , 
pages  g3a  et  g33),  le  passage  suivant  :  «  L'auteur  du  Mémoire  (y  est-il  dit) 
»   nous  a  communiqué  une  petite  plaque  de  nouvelle  formation  du  Nyssa, 

»  encore  fixée  sur  un  lambeau  de  l'ancien  bois A  la  place  du  tissu 

»  générateur  qui  a  été  décrit  par  l'auteur  et  vérifié  par  les  Commissaires, 
»  nous  avons  trouvé  un  plexus  ligneux  considérable,  formé  de  vaisseaux 
»  ponctués  et  de  fausses  trachées —  Il  nous  a  été  facile  de  constater  que 
»  quelques-uns  de  ces  vaisseaux,  même  ceux  qui  étaient  situés  au  second 
»  rang  intérieur  des  filets  ligneux  et  verticaux  de  la  tige,  se  dirigeaient 
»  vers  les  nouvelles  productions  ligneuses  et  qu'ils  y  pénétraient.  Nous  les 
»  avons  suivis  jusqu'au  centre  de  la  partie  ligneuse  des  plaques,  et  nous 
»  avons  abandonné  l'observation  parce  que  nous  savions  qu'une  autre 
»  personne  qui  a  de  meilleurs  yeux  que  les  nôtres,  et  en  qui  nous  avons 
»  une  entière  confiance,  l'avait  déjà  complétée.  Cette  personne  est 
»  M.  Trécul  lui-même.  » 


(  i38  ) 

»  Ceci  exige  explication  :  Il  est  vrai  que  j'ai  donné  à  M.  Gaudichaud 
quelques  fragments  des  excroissances  du  Njssa,  afin  qu'il  pût  s'éclairer 
lui-même;  et,  avant  de  les  lui  remettre,  je  les  ai  examinés  devant  lui,  avec 
lui,  en  présence  de  quelques  botanistes  qui  se  trouvaient  à  la  galerie  de 
botanique  du  Muséum.  Après  cet  examen,  M.  Gaudichaud  déclara  qu'il 
était  satisfait  et  qu'il  n'avait  jamais  douté  de  l'exactitude  de  mes  obser- 
vations. 

»  Ce  n'est  pas  tout;  j'ai  décrit  dans  mon  Mémoire  des  tubérosités  à  tous 
les  degrés  de  développement;  j'en  ai  décrit  qui  ne  sont  composées  que  d'un 
tissu  cellulaire  uniforme,  d'autres  qui  sont  constituées  de  deux  parties  bien 
distinctes,  l'une  externe,  rudiment  de  l'écorce,  l'autre  interne,  rudiment  du 
bois,  mais  qui  ne  contient  pas  encore  de  vaisseaux;  enfin,  j'en  ai  décrit  qui 
renferment  du  bois  dont  les  éléments  vasculaires  el  fibreux  sont  très-bien 
développés,  et  dans  lesquelles  la  nouvelle  production  fibro-vasculaire  est 
toujours  séparée  de  l'ancien  bois  par  une  couche  de  tissu  cellulaire,  en  sorte 
qu'il  n'y  aucune  communication  directe  entre  les  vaisseaux  de  l'ancien 
bois  et  ceux  du  nouveau. 

»  Désirant  que  M.  Gaudichaud  s'éclairât  sur  tous  les  points,  je  lui 
donnai  des  productions  imparfaites  aussi  bien  que  des  productions  dans 
un  état  de  complet  développement.  C'est  aux  premières  seulement,  aux 
productions  imparfaites,  que  peut  être  rapporté  le  passage  suivant  (  Comptes 
rendus  du  21  juin  i85a,  page  95g),  qu'il  donne  comme  étant  applicable  à 
tout  ce  que  je  lui  ai  remis.  Voici  ce  passage  :  «  Relativement  à  la  partie 
»  corticale  des  plaques  ligneuses,  il  va  sans  dire  que  nous  n'avons  rien 
»  trouvé  sur  l'échantillon  que  nous  possédons,  qui  pût  légitimement  la  faire 
»  comparer  à  l'écorce  naturelle  du  Nyssa.  Il  est  bien  inutile  de  dire  que 
»  la  partie  ligneuse  de  ces  plaques  n'avait  aussi  rien  de  commun  avec  le 
»  bois  de  la  tige  de  cet  arbre.  Cela  est  naturellement  impossible,  physique- 
»  ment  et  organiquement.  » 

»  Ceci,  je  le  répète,  n'est  applicable  qu'à  l'une  des  productions  que  je 
lui  ai  confiées,  à  la  plus  jeune.  M.  Gaudichaud,  d'ailleurs,  me  semble,  en 
contradiction  avec  lui-même,  car  il  dit  avoir  trouvé  dans  la  plus  âgée  un 
plexus  ligneux,  formé  de  vaisseaux  ponctués  et  de  fausses  trachées,  qui 
pénètre  jusqu'au  centre  de  la  partie  ligneuse  des  plaques ,  où  il  l'a  suivi, 
dit-il  dans  le  premier  passage  cité.  S'il  y  a  une  partie  ligneuse  et  des  vais- 
seaux, il  y  a  donc  quelque  chose  de  commun  avec  le  bois  de  la  tige,  quelque 
chose  de  semblable  à  lui. 

»   M.  Gaudichaud  a  omis  d'ajouter  que  j'ai  longtemps  hésité  à  lui  don- 


(  i3g) 
lier  la  tubérosité  imparfaite,  parce  qu'étant  trop  jeune,  lui  disais-je,  elle  ne 
pouvait  lui  fournir  aucun  élément  de  conviction,  tandis  qu'il  avait  dans  le 
fragment  de  la  plus  âgée  tout  ce  qui  était  nécessaire  pour  l'éclairer.  Il  ne 
peut  avoir  oublié  que  c'est  seulement  sur  ses  demandes  réitérées  que  j'ai 
consenti  à' lui  abandonner  la  pièce  imparfaite  dont  il  se  sert  contre  moi. 

»  Qu'il  me  soit  permis,  pour  ma  propre  défense,  de  faire  encore  quel- 
ques observations  sur  d'autres  points  des  Mémoires  de  M.  Gaudichaud. 

»  Dans  la  séance  du  3i  mai  i852  (Comptes  rendus,  page  816)  il  dit  : 
«  Nous  soutenons...  que  le  système  descendant,  ligneux  ou  radiculaire... 
»  se  constitue  successivement  de  haut  en  bas.  »  La  même  opinion  est  ex- 
primée comme  il  suit  à  la  page  2  5  de  ses  Recherches  générales  surl'Orga- 
nographie,  la  Physiologie  et  i  Organogénie  des  végétaux  :  «  En  général  les 
»  tissus  ligneux  descendent  ou  coulent  perpendiculairement,  quand  rien 
*"Â ne  s'oppose  à  leur  marche.  »  On  le  voit  donc,  M.  Gaudichaud  pensait 
encore,  le  3i  mai  i852,  que  les  tissus  ligneux  sont  formés  de  haut  en  bas; 
mais  trois  semaines  plus  tard,  la  discussion  l'ayant  éclairé,  il  a  changé  d'opi- 
nion. Voici  comment  il  s'exprimaità  cet  égard  dans  la  séance  du  21  juin  1 852 
(Crjmptes  rendus,  page  g3o)  :  «  Vers  la  fin  de  mai,  tous  ces  vaisseaux  ont 
»  pour  ainsi  dire  disparu  sous  cette  sorte  de  pâte  ligneuse  qui  se  forme  par 
»  rayonnement,  et  qui  est  composée  de  tissus  fibrillaires,  ou,  si  l'on  veut, 
»  de  cellules  allongées.  » 

»  C'est  précisément  là  ce  que  j'ai  démontré  dans  les  Mémoires  que  j'ai 
publiés  précédemment  et  ce  que  je  cherche  à  prouver  de  nouveau  dans  le 
Mémoire  qui  fait  le  sujet  de  cette  discussion.  Comment  est  produite  cette 
pâte  ligneuse  par  rayonnement  ?  L'est-elle  par  le  cambium  ?  M.  Gaudichaud 
ne  le  dit  pas  ici.  Cependant  on  serait  en  droit  de  le  conclure  des  passages 
que  j'emprunte  aux  pages  26,  27,  28,  29,  36,  92,  95,  109  des  Recherches 
générales  sur  V  Organographie ,  la  Physiologie  et  V  Organogénie  des  végé- 
taux, publiées  en  1 841,  par  M.  Gaudichaud. 

»  Je  ferai  ici  deux  citations  seulement,  je  renvoie  pour  les  autres  à  la  Note 
jointe  à  ce  Mémoire,  ou  aux  pages  indiquées  de  l'ouvrage  de  M.  Gaudichaud. 

Voici  ce  que  l'on  trouve  à  la  page  26  :  «  Chaque  branche  donne  nais- 
»  sance  à  ses  rameaux,  chaque  rameau  à  ses  bourgeons,  chaque  bourgeon 
»  à  ses  feuilles.  Ces  feuilles,  à  leur  tour,  émettent  chacune  un  nombre  égal 
»  de  vaisseaux  tubuleux,  destinés  à  former  une  nouvelle  couche  de  bois,  et 
>»  qui  s'organise  en  descendant  dans  la  voie  du  cambium  (1).  » 

(1)  «  Foie  du  cambium.  C'est  dans  cette  voie  que  les  sucs  élaborés  dans  les  feuilles  viennent 


(  >4o  ) 

»  Il  y  a  plus:  cette  voie  du  cambium  a  été  figurée  par  M.  Gaudichaud 
dans  les  PL  VII,  fig.  i\'A,  c;  PL  VIII,  5,  /•;  PL  XII,  16,  /;/,  ///,  du  même 
ouvrage. 

»  L'explication  de  la  PL  XII  est  accompagnée  de  l'observation  suivante  : 
«  Voie  du  cambium  par  où  passent  les  vaisseaux  descendant  des  feuilles 
»  supérieures.  »  Et  M.  Gaudicbaud  a  le  soin  d'ajouter  :  «  Elle  n'est  pas 
»   assez  nettement  indiquée  ici.  » 

»  Ce  cambium,  cpie  je  n'ai  jamais  vu,  d'ailleurs,  sous  la  forme  signalée  par 
ce  savant  anatomiste,  ne  serait-il  pas  ce  qui  donne  lieu  aux  excroissances  qui 
se  développent  sur  les  parties  dénudées  des  arbres  décortiqués?  Si  ce  n'est 
pas  lui,  c'est  quelque  chose  qui  lui  ressemble  beaucoup,  en  adoptant,  toute- 
fois, l'opinion  de  M.  Gaudichaud.  En  effet,  voici  ce  qu'il  dit  à  ce  sujet,  à  la 
page  932  des  Comptes  rendus  de  la  séance  du  ai  juin  i85a  :  «  On  a  en- 
»  levé  une  longue  bande  circulaire  d'écorce  sur  un  arbre ,  et  il  a  suinté  sur 
»  divers  points  de  la  surface  ligneuse,  fraîchement  mise  à  nu,  un  fluide 
»  gélatineux,  une  gourme,  comme  dit  Duhamel,  ou,  si  l'on  veut,  une  sorte 
»  de  lymphe  plastique,  qui,  malgré  l'ombre  et  l'humidité,  a  fini  par  s'or- 
»  ganiser  entièrement  et  par  se  solidifier  à  la  surface  en  croûte  corticale 
»  Ce  fluide  gélatineux,  qui  sort  ainsi  des  arbres  écorcés,  est-il  le  cambium? 
»  Ce  cambium  forme-t-il  le  tissu  générateur?  et  ce  tissu  générateur,  en  se 
«  transformant,  produit-il  des  vaisseaux?  Voilà  toute  la  question. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  ce  liquide  gélatineux,  et  en  voie  d'organisation, 
»  sort  d'entre  les  vaisseaux  du  bois  par  un  ou  plusieurs  points,  s'étend  a 
»  la  surface  en  plaques  de  diverses  grandeurs  qui  abritent  les  tissus  vas- 
»  culaires  sous-jacents.  » 

»  M.  Gaudichaud,  dans  ce  passage,  tout  en  semblant  adopter  une  opi- 
nion des  anciens  physiologistes,  la  modifie  de  manière  à  la  rendre,  suivant 
moi,  encore  moins  conciliable  avec  les  faits.  Duhamel  a  décrit  seulement  (1  1 
des  mamelons  gélatineux  qui  sortaient  d'entre  les  fibres  longitudinales  de 
l'aubier.  Or,  il  ne  sort  rien  d'entre  les  fibres  de  l'aubier.  Voilà  l'erreur  de 
Duhamel,  et  M.  Gaudichaud  l'a  aggravée  en  disant  que  ces  mamelons  sont 
d'abord  constitués  par  un  liquide  qui  finit  par  s'organiser,  par  se  solidifier. 

»  de  haut  en  bas  se  convertir  en  tissu  ligneux  et  corticaux  ,  d'après  des  lois  que  nous  formu- 
»  lerons  dans  la  partie  de  ce  travail  qui  traitera  de  la  Physiologie  et  de   l'Organogenie.  » 
[Recherches  générales  sur  l'Organographie,  la  Physiologie  et   l'Organogenie  des  végétaux . 
Paris,  1 84 1 ,  page  92  ,  ligne  18.) 
(  1  j   Physique  des  Arbre*,  tome  II ,  page  ^-?. 


(  <4i  )     . 

»  A  aucune  époque,  ces  productions  ne  sont  liquida;  elles  sont  formées 
de  cellules  dès  le  principe,  et  ces  cellules,  d'aspect  gélatineux,  comme 
toutes  les  très-jeunes  productions  ntriculaires,  sont  engendrées  par. celles 
de  la  couche  génératrice  qui  sont  restées  à  la  surface  de  l'aubier  après  l'en- 
lèvement de  l'écorce.  » 

physiologie.  —  Du  phosphate  de  chaux  dans  ses  rapports  avec  la  nutrition 
des  animaux  et  la  mortalité  des  enfants;  par  M.  Mouriès.  (Extrait 
par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Flourens,  Pelouze,  Milne  Edwards,  Rayer.) 

«  Au  milieu  de  quelques  expériences  faites  dans  le  but  d'affirmer,  par  des 
résultats  chimiques,  la  belle  loi  de  la  mutation  des  éléments  dans  les  tissus 
vivants,  le  rôle  du  phosphate  de  chaux  s'est  présenté  à  moi  sous  un  jour 
tout  nouveau  et  si  important  au  point  de  vue  de  l'hygiène  publique,  que  j'ai 
dû  en  faire  une  étude  séparée.  Il  résulte  de  mon  travail,  que  si  le  phosphate 
de  chaux  forme  et  nourrit  les  os,  ce  n'est  pas  là  cependant,  comme  on  le 
croit  communément,  son  rôle  principal.  Son  action  consiste  surtout  à  pro- 
voquer et  entretenir  l'irritabilité  vitale  dans  les  animaux  comme  dans  cer- 
taines plantes;  aussi  le  trouve-t-on  dans  le  sang  en  quantité  déterminée,  mais 
variable,  suivant  la  chaleur  de  l'animal,  sa  jeunesse,  son  activité  vitale  ; 
aussi  les  oiseaux  meurent  plus  rapidement  que  les  quadrupèdes,  par 
insuffisance  de  ce  sel  ;  aussi  en  contiennent-ils  deux  fois  plus,  quoiqu'ils 
aient  quatre  fois  moins  d'os  à  nourrir. 

»  Dans  la  deuxième  partie  de  ce  Mémoire,  je  constate  que,  dans  les  villes 
surtout,  le  fœtus  et  l'enfant  trouvent  rarement  la  quantité  de  ce  sel  néces- 
saire au  développement  et  à  la  vie;  et  de  tous  les  faits  groupés  ensemble,  il 
résulte  que  là  est  évidemment  une  des  causes  des  maladies  et  de  la  morta- 
lité énorme  des  enfants,  de  ceux  surtout  qui  sont  nourris  dans  les  villes.  En 
effet,  de  l'avis  de  tous  les  savants,  sans  une  quantité  suffisante  de  phos- 
phate de  chaux,  un  enfant  ne  peuf  se  développer  ni  vivre  ;  et,  d'après  les 
analyses  les  plus  simples,  les  plus  évidentes,  ce  sel  se  trouve  en  quantité 
insuffisante  dans  l'alimentation  des  enfants.  Ce  principe  de  vie  manquant, 
il  y  aura  nécessairement  principe  de  maladie  et  de  mort.  » 


C.  R.    litfî    i™*  Semestre.  (T.  XXXV,  N»4.)  '9 


.        (   i4a  ) 

M.  Ed.  Robin  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  ayant 
pour  titre  :  «  Loi  nouvelle  permettant  de  prévoir,  sans  l'intervention  des  affi- 
nités, l'action  que  les  corps  simples  exercent  sur  les  composés  binaires,  spé- 
cialement par  la  voie  sèche.   » 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Bussy.  ) 

M.  Dupuy-Delcoubt  présente  la  description  et  la  figure  d'un  appareil 
qu'il  a  imaginé  pour  soutirer  l'électricité  des  nuages  porteurs  de  grêle,  et 
qu'il  désigne  sous  le  nom  d'électro-substracteur. 

(Commissaires,  MM.  Arago,  Babinet.) 

CORRESPONDANCE. 

M.    le  Ministre   de   l'Intérieur,    de   l'Agriculture    et   du    Commerce 

accuse  réception  de  la  Lettre  qui  lui  annonce  que  les  Comptes  rendus  heb- 
domadaires des  séances  de  l'Académie  seront  dorénavant  adressés  réguliè- 
rement à  son  Ministère.  M.  le  Ministre  en  remercie  l'Académie. 

M.  le  Ministre  de  la  Police  générale  remercie  également  l'Académie 
à  l'occasion  d'une  semblable  annonce. 

M.  le  Ministre  de  la  Marine  et  des  Colonies  accuse  réception  d'une 
copie  du  Rapport  fait  à  l'Académie  sur  les  procédés  de  panification  inven- 
tés par  M.  Rolland,  et  témoigne  l'importance  qu'il  attache  à  la  communi- 
cation de  ce  document. 

M.   le   Ministre  de   l'Intérieur  ,  de    l'Agriculture   et    du    Commerce 

adresse,  pour  la  bibliothèque  de  l'Académie,  le  premier  volume  de  X An- 
nuaire des  eaux  de  la  France.  {Voir  au  Bulletin  bibliographique.) 

L'Académie  américaine  des  Arts  et  Sciences  de  Roston  remercie  l'Aca- 
démie des  Sciences  pour  l'envoi  de  plusieurs  volumes  de  ses  publications. 

M.  Flourens  communique  une  Lettre  de  M.  Mitscherlich ,  qui  le  prie 
de  vouloir  bien  transmettre  à  l'Académie,  qui  vient  de  le  nommer  à  une 
place  d'Associé  étranger,  l'expression  de  sa  reconnaissance. 

M.  d'Abbadie,  récemment  nommé  à  une  place  de  Correspondant 
pour  la  Section  de  Géographie  et  de  Navigation,  adresse  ses  remerciments  à 
l'Académie. 


(  i43) 

minéralogie.  —  Note  sur  la  soude  hydrosilicatée  rencontrée  cimentant  un 
amas  bréchiforme  dans  les  sables  de  Sablonville  ;  par  MM.  L.  Kaafft 
et.  IV. -B.  Delahaye. 

«  Dans  la  séance  du  21  juin  dernier,  à  la  Société  géologique  de  France, 
l'un  de  nous  a  déposé  sur  le  bureau  un  bloc  échantillon  de  sable  et  de 
cailloux  agglutinés  par  de  la  soude  hydrosilicatée. 

»  Ce  nouveau  minéral  a  été  rencontré  dans  les  sables,  auprès  des  forti- 
fications de  Paris,  dans  une  propriété,  où  il  incruste  des  masses  considé- 
rables, à  1  mètres,  ou  à  peu  près,  au-dessous  de  la  surface  du  sol. 

%  L'attention  bienveillante  des  géologues,  et  l'intérêt  que  ces  savants  ont 
paru  porter  à  notre  communication,  nous  ont  engagés  à  entreprendre  une 
série  de  recherches  sur  ce  curieux  produit  qui  n'avait  jamais  été  signalé  dans 
le  règne  minéral.  Nous  venons  aujourd'hui  solliciter  de  l'Académie  l'hon- 
neur de  lui  rendre  compte  de  la  première  partie  de  nos  travaux,  nous  réser- 
vant d'entrer  dans  la  théorie  dans  un  Mémoire  subséquent. 

»  Cet  amas  a  été  mis  au  jour  dans  une  tranchée  faite  pour  les  fondations 
d'un  bâtiment.  Une  première  visite  sur  le  terrain  nous  a  permis  de  constater 
que  les  ouvriers  avaient  déjà  sorti  de  la  fosse  10  000  kilogrammes  environ 
d'hydrosilicate  de  soude. 

»  Nous  devons,  à  cette  occasion,  rappeler  ce  que  nous  avons  consigné, 
avec  toute  la  réserve  que  comporte  une  telle  question,  dans  notre  Note  du 
2 1  juin  dernier,  à  la  Société  géologique,  «  que  des  fouilles  faites  avec  soin 
»  dans  les  alentours  du  gisement,  n'avaient  donné  aucune  trace  ni  indice 
»  d'anciennes  usines  ou  de  puisards  qui  pourraient  faire  croire  à  un  acci- 
»  dent  de  l'industrie.  » 

»  En  place,  la  roche  se  présente  en  amas  caverneux  bréchiformes  ;  les 
grains  de  sable  et  les  fragments  de  cailloux  y  sont  cimentés  par  de  l'hydro- 
silicate  de  soude.  Elle  est  poreuse  et  friable;  elle  laisse  voir  de  nombreuses 
cavités  remplies  par  des  rognons  volumineux,  formés  en  entier  du  minéral 
incrustant.  Ces  rognons,  irrégulièrement  disséminés  dans  la  masse  sablon- 
neuse, affectent  l'état  géodique  ;  l'intérieur  des  géodes  est  tapissé  de  cristaux 
cubiques  ou  mamelonnés.  Plusieurs  échantillons  de  la  roche  et  de  ces 
rognons,  déposés  sur  le  bureau,  sont  à  la  disposition  de  l'Académie. 

»  Nos  premières  analyses,  répétées  avec  soin  sur  la  matière  brute,  nous 
ont  donné  un  résultat  sensiblement  identique  à  celui  déjà  consigné  dans 
nos  Notes  du  21  juin  dernier  à  la  Société  géologique  de  France  et  dans 

19.. 


(  '44  ) 
celle  dont  vous  avez  accepté  le  dépôt  sous  pli  cacheté  dans  la  séance  du 
5  juillet  courant.  Nous  prions  M.  le  Président  de  vouloir  bien  autoriser 
l'ouverture  de  ce  paquet. 

Analyses  de  la  roche  incrustée. 

Sable  en  grains 3t),  25  4°  >  '  7 

Argile  légèrement  ferrugineuse 2,  i5  i  ,82 

Silice  à  l'état  solnble 1.2  ,oo  1 3 ,24 

Soude -. 9  ;  00  1  o ,  04 

Eau  et  acide  carbonique .  .  36, 4o  34,62 

98 , 80  99 , 89 

»  L'acide  carbonique  indiqué  dans  nos  premières  analyses,  provient  de 
ce  que  les  échantillons  essayés  avaient  été  préalablement  exposés  à  l'action 
de  l'air  atmosphérique;  nous  y  avions  aussi  constaté,  mais  sans  dosage, 
des  traces  de  chlorure  et  de  sulfate  solubles. 

Analyse  du  centre  des  rognons  et  des  cristaux. 

Matière  insoluble 1 ,  i5i 

Silice  soluble 22,  i56 

Sulfate  sodique ......    o ,  246 

Soude.  . .    ' 20 ,653 

Sel  marin. ...    o  ,453 

Eau 55,34i 

1 00 , 000 

»  Ce  nouveau  minéral  est  entièrement  soluble  dans  l'eau;  l'alcool  absolu 
lui  enlève  un  peu  de  soude  caustique;  la  dissolution  aqueuse  abandonnée 
à  l'air  absorbe  de  l'acide  carbonique;  il  se  forme  du  carbonate  de  soude 
la  silice  passe  à  l'état  gélatineux.  Il  est  probable  que  c'est  à  un  fait  ana- 
logue (le  lavage  des  eaux  de  pluie  par  exemple),  que  les  rognons  doivent  leur 
forme  arrondie  et  que  les  couches  de  la  circonférence  sont  moins  solubles 
et  plus  siliceuses  que  celles  du  centre. 

»  Nous  pensons  que  là  est  le  seul  moyen  de  faire  concorder  l'analyse 
ci-dessus  avec  la  formule  (NaO)*,2SiOs  donnée  par  M.  Fritzsche  à  un 
silicate  de  soude  obtenu  artificiellement,  bien  que  cette  formule  comporte 
2  pour  100  de  soude  de  plus  que  nous  en  trouvons. 

»  Si  le  minéral  que  nous  signalons  à  l'attention  des  savants,  se  rencon- 
trait sur  d'autres  points;  si,  au  lieu  d'être  un  accident  de  l'industrie,  il  était 
un   fait   géologique ,    les    .applications   du   verre    solnble    indiquées    par 


(  iW) 

MM.  Fuch,  de  Berlin,  Kuhlmann,  de  Lille,  et  celles  faites  plus  récemment 
en  Angleterre  deviendraient  réalisables  sur  une  grande  échelle.  » 

mickographie.  —  Sur  un  parasite  qui  se  développe,  dans  des  circonstances 
exceptionnelles ,  à  la  surface  de  certaines  substances  alimentaires  et  les 
jait  paraître  couvertes  de  sang.  (Lettre  de  M.  Montagne  à  M.  Flourens.) 

«  Il  vient  de  se  passer  sous  mes  yeux  un  phénomène  extraordinaire,  sur 
lequel  je  crois  devoir  appeler  un  instant  l'attention  de  l'Académie.  J'en  avais 
bien  eu  déjà  connaissance  par  deux  Mémoires  qui  en  ont  traité  spéciale- 
ment, mais  je  n'en  avais  jamais  été  témoin.  Ce  phénomène  est  d'ailleurs  si 
rare,  que  je  ne  sache  pas  qu'il  ait  encore  été  mentionné  chez  nous.  Il  s'agit 
du  développement  d'un  parasite,  animal  ou  végétal,  qui,  dans  certaines 
circonstances,  envahit  les  substances  alimentaires,  mais  surtout  les  pâtes, 
et  les  teint  d'un  rouge  vif  qui  rappelle  la  couleur  du  sang  artériel. 

»  Selon  l'interprétation  donnée  à  plusieurs  faits  historiques  par  M.  Ehren- 
berg,  qui  a  publié,  sur  cette  production,  un  travail  fort  intéressant  et  plein 
d'érudition,  son  apparition  aurait  donné  lieu,  dans  les  siècles  d'ignorance,  à 
de  funestes  erreurs,  en  faisant  condamner  au  dernier  supplice  de  malheu- 
reuses victimes,  bien  innocentes  du  crime  qu'on  leur  imputait.  C'est,  en 
effet,  à  ce  phénomène  qu'il  faut  rapporter  tous  ces  exemples  de  sang  trouvé 
dans  le  pain,  sur  des  hosties,  etc.,  que  la  crédulité  de  nos  pères  attribuait 
à  de  coupables  maléfices ,  ou  regardait  comme  des  prodiges  de  funeste 
présage. 

»  Le  i/|  juillet  dernier,  j'étais  au  château  du  Parquet,  près  Rouen,  chez 
madame  Ricard,  en  compagnie  de  M.  Auguste  Le  Prévost,  Membre  de  l'In- 
stitut. Chacun  sait  que,  depuis  une  dizaine  de  jours,  la  température  était 
restée  excessivement  élevée.  Les  domestiques,  fort  émerveillés  de  ce  qu'ils 
venaient  de  voir,  nous  apportèrent  la  moitié  d'une  volaille,  rôtie  de  la  veille, 
laquelle  était  littéralement  recouverte  d'une  couche  comme  gélatineuse  d'un 
rouge  de  carmin  très-intense,  et  seulement  d'un  rose  vif  dans  les  lieux  où 
celle-ci  était  plus  mince.  Un  melon  entamé  en  présentait  aussi  quelques 
vestiges.  Des  choux-fleurs  cuits,  mais  qui  avaient  été  jetés  et  que  je  n'ai  pu 
voir,  offraient  la  même  coloration,  au  dire  des  gens  de  la  maison.  Enfin, 
trois  jours  plus  tard,  une  cuisse  de  poulet  avait  encore  été  envahie  par  la 
même  production.  Examinée  avec  un  microscope  d'une  puissance  mé- 
diocre, que  mit  à  ma  disposition  M.  Le  Prévost,  je  pus  facilement  me  con- 
vaincre que  c'était  bien  la  même  qu'avait  observée  le  savant  Académicien 
de  Berlin;  car,  quelques  années  auparavant,  M.  le  docteur  Rayer,  qui  en 


(  i46) 
avait  reçu  de  l'auteur  un  exemplaire,  l'avait  soumise  à  mon  examen,  déve- 
loppée cette  fois  sur  du  riz  cuit. 

»  Que  ce  soit  un  animalcule  (Mouas  prodigiosa)  comme  le  veut  M.  Ehren- 
berg,  ou  un  champignon  (Zoogalactina  imetropha),  comme  le  prétend 
M.  Sette,  toujours  est-il  que  les  individus  en  sont  si  prodigieusement  petits, 
que  leur  diamètre  égale  au  plus  ■—  de  millimètre,  et  qu'il  faut  un  grossis- 
sement d'au  moins  huit  cents  fois  pour  les  observer  convenablement.  Ce 
parasite  se  reproduit  avec  la  plus  grande  facilité  quand  il  est  semé,  dans  des 
conditions  favorables,  sur  du  riz  cuit  par  exemple,  placé  entre  deux  as- 
siettes ou  dans  des  vases  clos.  M.  Pietro  Col,  chimiste  padouan,  l'a  employé 
pour  teindre  la  soie  en  rose  de  plusieurs  nuances. 

»  On  trouvera  des  détails  sur  ce  rare  et  curieux  phénomène  dans  le  tra- 
vail de  M.  Sette ,  intitulé  :  Memoria  storico-naturale  sull'  arrossimento 
straordinario  di  alcune  sostanze  alimentjse  osservato  nella  provincia  di 
P  adova  ,V  anno  18:9,  Venezia,  i8a4,in-8°;  et  dans  le  Mémoire  de  M.  Ehren- 
berg,  publié  parmi  ceux  de  l'Académie  des  Sciences  de  Berlin  pour  l'an- 
née 1848.  » 

A  cette  lettre  est  joint  un  spécimen  de  la  matière  formée  par  le  Monas 
prodigiosa. 

météorologie.  —  Mirage  du  clocher  illuminé  de  la  cathédrale  de 
Strasbourg,  observé  à  10  lieues  de  la  ville.  (Extrait  d'une  Lettre  de 
M.   Andraud.) 

«  M'étant  trouvé  au  nombre  des  invités  à  l'inauguration  du  chemin  de  fer 
de  Strasbourg,  j'ai  eu  la  bonne  fortune  d'être  témoin  d'un  phénomène  de 
mirage  d'une  grande  beauté ,  et  qui  s'est  produit  dans  des  circonstances 
si  rares,  que  le  fait  m'a  semblé  digne  d'être  porté  à  la  connaissance  de 
l'Académie. 

»  Le  19  juillet  au  soir,  je  revenais  de  Bade  a  Strasbourg  par  le  chemin  de 
fer.  Nous  avions  déjà  parcouru  le  petit  embranchement  qui  se  relie  à  la  ligne 
rhénane  ;  il  était  à  peu  près  9  heures  :  l'air  était  calme  et  la  température  éle- 
vée. Malgré  l'obscurité  crépusculaire,*  on  voyait  s'élever  au-dessus  du  Bhin 
une  vapeur  légère  à  travers  laquelle  se  dessinaient  les  montagnes  des  Vosges. 
Tout  à  coup  je  vis  le  haut  clocher  de  Strasbourg  tout  illuminé  ;  il  m'appa- 
raissait  comme  à  une  distance  d'une  demi-lieue  au  delà  du  fleuve  :  ses  dimen- 
sions étaient  colossales.  En  réalité  le  monument  aurait  eu  plus  de  1  000  pieds 
de  hauteur.  Je  distinguais  parfaitement  les  lumières  de  diverses  couleurs 


(  1*7) 

que,  le  matin,  en  visitant  la  cathédrale,  j'avais  vu  préparer.  Dans  ma  sur- 
prise je  crus  que  c'était,  en  effet,  le  clocher  de  Strasbourg  que  j'avais  sous  les 
yeux  ;  mais  quand  je  vins  à  songer  que  nous  étions  à  plus  de  1  o  lieues  de  cette 
ville,  je  compris  que  j'étais  témoin  d'un  phénomène  de  mirage,  et  je  me 
disposais  à  en  examiner  les  particularités,  lorsque  tout  disparut,  soit  que 
dans  l'atmosphère  les  conditions  de  réfraction  aient  cessé  tout  à  coup,  soit 
plutôt  qu'étant  emporté  sur  le  chemin  de  fer,  j'aie  perdu  le  point  conve- 
nable pour  bien  voir.  Quoiqu'il  en  soit,  j'ai  longtemps  cherché  dans  l'ho- 
rizon ma  vision  féerique  sans  pouvoir  la  ressaisir.  Ce  n'est  que  deux  heures 
plus  tard,  après  avoir  repassé  le  Rhin,  que  j'ai  revu  le  vrai  clocher  de  Stras- 
bourg, illuminé  encore,  mais,  hélas!  bien  triste  et  bien  mesquin  auprès  du 
beau  clocher  fantastique  qui  m'était  apparu  à  10  lieues  de  là  deux  heures 
auparavant.  » 

physique  DU  globe.  —  Des  eaux  incrustantes  de  S  a  lies- la-Source ,  et  des 
eaux  sulfureuses  du  Pont  {Aveyron)  ;  par  M.  Ch.  Blokdeau.  (Extrait.) 

«  ...  On  trouve,  à  peu  de  distance  de  Rodez,  une  source  qui  possède  lu 
propriété  incrustante  au  plus  haut  degré,  et  sur  laquelle  il  nous  a  été  facile 
de  faire  des  études  analytiques  fort  nombreuses.  Le  village  de  Salles,  où  l'on 
observe  cette  source,  est  situé  à  1 1  kilomètres  de  Rodez  :  il  est  bâti  en 
amphithéâtre  sur  le  penchant  d'un  coteau  et  dominé  de  toutes  parts  par  les 
puissantes  assises  du  calcaire  de  Lias,  séparées  d'une  couche  épaisse  de 
sable,  par  les  marnés  basiques.  Les  eaux  qui  ont  traversé  la  formation  cal- 
caire sourdent  au  niveau  des  marnes  argileuses  qui  s'opposent  à  leur  pas- 
sage, et  les  forcent  à  s'élancer  tantôt  en  filets  minces  et  isolés,  d'autres  fois 
en  masses  imposantes,  ainsi  que  cela  se  voit  à  Salles,  dont  la  source  est  assez 
abondante  pour  imprimer  le  mouvement  à  plusieurs  usines. 

»  L'eau  de  Salles  est  fortement  alcaline,  elle  verdit  le  sirop  de  violettes 
et  ramène  au  bleu  le  papier  de  tournesol  rougi.  A  sa  sortie  du  rocher,  elle 
n'est  point  incrustante;  elle  ne  dépose  point  de  calcaire  sur  les  substances 
qui  se  trouvent  immédiatement  placées  sur  son  passage. 

»  Cette  eau  est  fortement  corrosive  :  les  matières  organiques  qu'elle  ren- 
contre disparaissent  en  peu  de  temps.  Ainsi,  il  existe  une  fabrique  située  à 
peu  de  distance  de  l'origine  de  la  source,  dont  la  roue  hydraulique  doit 
être  fréquemment  renouvelée,  car  elle  est  rongée  en  peu  de  temps  par  cette 
eau  alcaline  qui  cependant  ne  l'incruste  pas.  Après  avoir  mis  en  mouvement, 
les  machines  de  cette  fabrique,  l'eau  de  la  source  circule  dans  une  prairie 
d'une  assez  grande  étendue  et  forme  un  petit  cours  d'eau  peu  profond, 


(  JM  ) 
qui  se  précipite  sous  forme  de  cascade  d'une  hauteur  de  4o  mètres  environ. 
Après  sa  chute,  l'eau  paraît  avoir  changé  complètement  de  nature;  elle 
corrode  beaucoup  moins  les  substances  organiques  et  devient  alors  capable 
de  les  incruster.  Ainsi,  les  aubes  de  la  roue  hydraulique  qui  imprime  le 
mouvement  à  la  grande  fabrique  de  draps  de  M.  Carsenac,  s'incrustent  si 
complètement,  qu'on  est  forcé  d'enlever  de  temps  en  temps,  à  l'aide  de 
ciseaux,  l'épaisse  couche  de  calcaire  qui  surcharge  le  moteur  d'un  poids 
inutile. 

»  On  est  forcé  de  reconnaître  qu'il  s'est  opéré  un  grand  changement  dans 
Ja  nature  de  ces  eaux  en  parcourant  la  distance  qui  sépare  la  première  de  ces 
fabriques  de  la  seconde.  On  ne  saurait  admettre  que  c'est  à  la  présence  de 
.  l'acide  carbonique  que  cette  eau  doit  sa  propriété  corrosive,  car  rien  n'in- 
dique que  ce  gaz  soit  contenu  en  grande  quantité  dans  l'eau  de  cette 
source  ;  ce  n'est  pas  non  plus  en  perdant  ce  gaz  qu'elle  est  devenue  in- 
crustante, car  elle  sort  du  sol  avec  une  telle  impétuosité,  que  ce  serait  à*cet 
instant  qu'elle  devrait  perdre  la  plus  grande  partie  de  son  acide  carbonique 
et  laisser  un  dépôt  de  carbonate  de  chaux;  or  on  n'observe  ni  dégagement 
de  gaz,  ni  dépôt  de  calcaire. 

»  Ce  premier  examen  nous  portait  donc  à  penser  que  la  propriété  incru- 
stante de  l'eau  de  Salles  n'est  pas  due  à  l'acide  carbonique  tenant  en  disso- 
lution du  carbonate  de  chaux,  mais  bien  à  de  la  chaux  caustique  qui  se 
carbonate  par  son  contact  avec  l'air.  L'analyse  complète  de  l'eau  de  cette 
source,  qu'on  trouvera  dans  cette  Note,  nous  paraît  confirmer  pleinement 
cette  conjecture. 

»  Les  résultats  d'une  analyse  de  l'eau,  prise  à  la  source  le  26  octo- 
bre 1 85 1 ,  nous  donne  pour  l'eau  de  Salles,  en  admettant  que  la  chaux  et 
la  magnésie  s'y  trouvent  à  l'état  caustique,  la  composition  suivante  : 


p 


Chaux  caustique 0,0401 

Magnésie  caustique o,oi38 

Silice 0,0017 

Alumine 0,0016 

Chlorure  de  sodium .  .  .  .  '. o  ,oo23 

Chlorure  de  calcium o  ,oo54 

Chlorure  de  magnésium o ,  oo3 1 

Sulfate  de  magnésie o  ,oo34 

Total 0,0714 

»   ...  Nous  ne  connaissons  aucune  action  chimique  s'accomplissant  de 


(  i4g) 
nos  jours  qui  puisse  rendre  compte  d'une  manière  satisfaisante  de  la  pré- 
sence de  la  chaux  libre  dans  les  eaux  de  source.  Mais  en  examinant  la 
nature  des  terrains  dans  lesquels  sourdent  les  eaux  incrustantes  que  nous 
avons  étudiées,  on  trouve  une  cause  à  laquelle  on  peut  attribuer  ce  phéno- 
mène. Les  terrains  jurassiques  qui  forment  le  département  de  l'Aveyron 
ont  été,  ainsi  que  les  terrains  de  l'Auvergne,  soulevés  par  des  volcans  dont 
les  laves  ont  emprisonné  dans  leur  intérieur  des  fragments  de  carbonate  de 
chaux,  qui  se  sont  trouvés  convertis  en  chaux  par  l'action  de  la  chaleur, 
(^ette  substance  existe  depuis  des  siècles  à  l'état  caustique,  emprisonnée 
qu'elle  est  dans  une  pâte  imperméable  à  l'air.  Les  eaux,  en  s'infiltrant  au 
milieu  de  ces  couches,  peuvent  dissoudre  la  chaux,  entraîner  au  loin  cet 
alcali  et  donner  naissance  aux  phénomènes  d'incrustation  dont  nous  avons 
fait  connaître  le  mode  de  formation. 

»  Cette  explication  s'est  présentée  naturellement  à  notre  esprit  lorsqu'en 
examinant  les  laves  des  volcans  anciens  du  plateau  central  de  la  France, 
nous  y  avons  trouvé  d'énormes  fragments  de  chaux  caustique.  » 

M.  Roulin  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  un  cocon  de  ver  à  soie 
d'une  teinte  rose  uniforme  et  qui  a  été  obtenu,  ainsi  que  quatre  autres 
semblables,  en  nourrissant  les  vers  avec  des  feuilles  de  mûrier  saupoudrées 
de  chica  (i). 

«  Quoique  la  teinte  rose  de  ce  cocon,  dit  M.  Roulin,  soit  notablement 
plus  intense  que  la  teinte  bleue  d'un  cocon  présenté,  il  y  a  quelques  an- 
nées, à  l'Académie  et  qui  avait  été  obtenu  en  employant  l'indigo  comme 
on  a  employé  cette  fois  la  chica,  je  ne  doute  point  qu'on  ne  pût  avoir  des 
résultats  encore  beaucoup  plus  satisfaisants.  L'expérience,  en  effet,  a  été 
faite  dans  des  circonstances  très-défavorables  :  les  feuilles  n'ont  pas  été 
renouvelées  aussi  souvent  qu'il  eût  été  désirable;  les  grandes  chaleurs  du 
milieu  de  ce  mois  ont  aussi  été  contraires  à  la  santé  des  vers,  dont  les  trois 
quarts  ont  péri  avant  leur  dernière  mue.  Six  seulement  se  sont  transformés 
en  chrysalide,  et  un  d'eux  n'a  pas  fdé.  J'ajouterai  que  la  chica  était  de 
qualité  inférieure  (  mélangée  de  matières  terreuses)  et  en  si  petite  quantité, 
qu'on  n'en  a  pu  donner  aux  vers  dans  les  quatre  ou  cinq  derniers  jours  qui 
ont  précédé  leur  montée.  » 

(i)  Voir,  sur  cette  matière  colorante  qui  est  obtenue  du  Bignonia  chica ,  un  Mémoire  île 
M.  Boussingault ,  inséré  dans  les  Annales  de  Chimie  et  de  Physique ,  année  1824. 

C.  K.,  iH5a.  am»  Semestre.  (T.  XXXV, N°  4.  )  ÏÔ 


(  >5o) 

M.  Robouam  communique  un  fait  à  l'appui  d'un  Mémoire  qu'il  avait  lu 
précédemment,  et  dans  lequel  il  signalait  les  Coccus,  les  Acariens  et  les 
Aphidiens  comme  les  agents  les  plus  puissants  de  la  maladie  de  la  vigne , 
de  la  pomme  de  terre  et  la  betterave. 

(Commission  précédemment  nommée.) 

M.  de  Paravey  adresse  une  Note  dont  il  donne  lui-même  le  résumé  dans 
les  termes  suivants  : 

«  M.  de  Paravey,  dans  une  Lettre  à  M.  Flourens,  établit  sur  des  preuves 
»  positives  et  toutes  nouvelles,  que  V hippopotame  est  cité  sous  le  nom  de 
»  pysie  dans  les  anciens  livres  conservés  en  Chine,  ce  qui  confirme  ses 
»  anciens  travaux  sur  le  planisphère  de  Denderah,  qu'il  a  aussi  montré 
»  exister  en  Chine,  comme  l'a  autrefois  vérifié  le  célèbre  Delambre.  » 

M.  Jacob  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  comprendre  dans  le  nombre 
des  ouvrages  admis  à  concourir  pour  les  prix  de  la  fondation  Montvon,  le 
troisième  et  dernier  volume  du  Traité  complet  de  V  Anatomie  de  l'homme, 
qu'il  a  publié  de  concert  avec  feu  M.  Bourgery. 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  la  fondation 

Montyon.  ) 

M.  Sestier  adresse,  pour  le  même  concours,  son  Traité  de  l'Angine 
laryngée  œdémateuse. 

(Renvoi  à  la  même  Commission.) 

M.  Ja.miv  (Célestin)  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  se  prononcer  sur  la 
valeur  d'inventions  qu'il  désigne  sous  le  nom  à' hydraulique  systématique. 

M.  Combes  est  invité  à  prendre  connaissance  de  l'écrit  de  M.  Jamin,  et  à 
faire  savoir  à  l'Académie  s'il  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Brachet  envoie  une  nouvelle  Note  sur  les  Microscopes. 

L'Académie  accepte  le  dépôt  d'un  paquet  cacheté  adressé  par  M.  Jones 
(Bence),  et  de  deux,  paquets  cachetés  adressés  par  M.  Plaut. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  F. 


(  '5.  ) 

BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  26  juillet  i85a,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  sévices  de  l'Académie  des  Sciences, 
ie  semestre  i85a  ;  n°  3;  in-4°. 

Annales  des  Sciences  naturelles,  comprenant  la  zoologie,  la  botanique,  l'ana- 
tomie  et  la  physiologie  comparée  des  deux  règnes,  et  l'histoire  des  corps  orga- 
nisés fossiles  ;  3e  série,  rédigée  pour  la  zoologie  par  M.  MiLNE  Edwards, 
pour  la  botanique  par  MM.  Ad.  Brongniart  et  J.  Decaisne;.  tome  XVII; 
n°  3;  in- 8°. 

Traité  de  l'Angine  laryngée  œdémateuse;  par  M.  le  Dr  F.  Sestier.  Paris, 
i85a  ;  1  vol.  in-8°.  (Présenté  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie.  ) 

Annuaire  des  eaux  de  la  France  pour  1 85 1 ,  publié  par  ordre  du  Ministre 
de  l'Agriculture  et  du  Commerce  et  rédigé  par  une  Commission  spéciale.  Paris 
Imprimerie  nationale;  tome  I;  1 85 1  ;   1  vol.  in-4°. 

Dernières  considérations  morales,  théoriques  et  pratiques,  sur  la  coutume 
imprévoyante ,  anti-chrétienne  et  homicide  des  inhumations  précipitées,  et  sur  la 
nécessité  des  maisons  ou  dépôts  mortuaires  ;  par  M.  Hyac.-L.  de  Kerthomas. 
Lille, 'i  85a;  broch.  in-8°. 

Note  sur  la  composition  chimique  des 'sources  ferrugineuses  de  la  Loire- Infé- 
rieure; par  MM.  Adolphe  Bohierre  et  Moride.  Nantes,  i85a;  broch.  in-8°. 

Etudes  sur  l'organisation  des  espèces  qui  composent  le  genre  Meliola;  par 
M.  Ed.  Borjnet;  broch.  in-8°.  (Extrait  des  Annales  des  Sciences  naturelles; 
tome  XVI;  cahier  n°  5.) 

Place  de  la  géographie  dans  la  classification  des  connaissances,  humaines;  par 
M.  E.  Cortambert.  Paris,  i85a;  broch.  in-8°.  (Extrait "du  Bulletin  de  la 
Société  de  Géographie,  mars  i85a.) 

Les  trois  règnes  de  la  nature.  — Règne  animal.  —  Histoire  naturelle  des  oiseaux , 
classés  méthodiquement,  avec  l'indication  de  leurs  mœurs  et  de  leurs  rapports 
avec  les  arts,  le  commerce  et  l'agriculture;  par  M.  Emm.  Le  Maout  ;  9e  à 
11e  livraisons;  in-8°. 

Mémorial  de  Ingenieros .  .  .  Mémorial  des  Ingénieurs;  7e  année;  n°  6; 
juin  i85a;  in-8°. 

The  quarterly...  Journal  trimestriel  de  la  Société  chimique;  vol.  V;  n°  18  ; 
Ier  juillet  i85a;  in-8°. 

Pharmaceutical...  Journal  pliarmaceutique ;  publié  par  M.  Jacob  Bell; 


'(  i5a  ) 

Vol.  XI;  n05  il  et  12;  mai  et  juin  i852;  et  vol.  XII;  n°  i;  juillet  i852; 
.  in-8°. 

The  Cambridge...  Journal  Malliémntique  de  Cambridge  et  Dublin;  n°  29; 
in-8°. 

Journal  of  the  Bombay  branch  of. . .  Journal  de  la  Société  royale  asiatique 
de  Bombay;  vol.  IV;  n°  r5;  janvier  i85a;  in-8°. 

Atmosphère...  De  l'atmosphère;  par  M.  J.  Woodhead.  Londres,  i852; 
in-8°. 

Vnalvtical...  Physique  analytique  ou  trinologie,  nouvelle  théorie  de  la 
physique;  par  M.  R.  Forfar.  Londres,  i85î;  in-8°. 

On  the  fossil...  Sur  des  restes  fossiles  de  Reptiles  et  des  traces  de  pieds  d<: 
Chélonicns  observés  dans  les  formations  devoniennes  du  Morayshire  ;  par 
M.  J.-A.  Mantell.  Londres,  i85a;  broch.  in-8°. 

Tableaux...  Tableaux  géographiques ,  commerciaux,  géologiques  et  sanitaires 
<lr  la  Nouvelle-Orléans  ;  par  M.  Bknnett  Dowler;  broch.  in-8°. 

Contributions...  Recherches  de  physiologie  expérimentale;  par  le  même. 
Nouvelle-Orléans,  i85a;  broch.  in-8°. 

Conspectus  Crustaceorum...  Catalogue  méthodique  des  Crustacés  obtenu* 
dans  l'expédition  de  l'exploration  commandée  par  M.  le  capitaine  WlLKES, 
de  la  marine  des  États-Unis;  par  M.  Dana:  suite;  2  broch.  in-8°. 

On  lettering...  Sur  la  désignation  par  lettres  des  faces  des  cristaux;  par 
le  même;  broch.  in-8. 

Versuche  ùber  den...  Expériences  sur  l'écoulement  de  l'eau,  ire  partie; 
par  M.  J.  Wkisrach.  Leipzig,  18/12;  in-4°. 

Versuche  ùber  die...  Recherches  sur  la  contraction  incomplète  de  l'eau, 
-  (roulant  par  des  tubes;  par  le  même.  Leipzig,  i843;  in-4°. 

Die  neue...  Nouvelle  méthode  de  géométrie  souterraine  et  son  application 
au  relevé  des  galeries  de  Rothschônberger,  près  de  Freiberg,  en  Saxe;  par  le 
même.  Braunschweig,  1  85 1  ;  broch.  in-4°. 

Versuche  ûber  die...  Expériences  sur  les  effets  d'une  roue  à  réaction  simple, 
appliquées  à  un  grand  modèle;  par  le  même.  Freiberg,  1 85 1 ,  broch.  in-8°. 

Kinige  versuche...  Expériences  en  granl  sur  les  contractions  partielle  et 
totale  des  veines  liquides;  par  le  même;  broch.  in-4°. 

Polytechnisches...  Diverses  Notes  de  mécanique  appliquée,  extraites  du 
Recueil  mensuel  intitulé:  Feuille  centrale  polytechnique  (hydraulique  et 
résistance  des  solides);  par  le  même  ;  broch.  in-4°. 

'Tous  ces  ouvrages  ont  été  offerts,  au  nom  de  l'auteur,  par  M.  Poncelet.  ' 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  2  AOUT  1852. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  PIOBERT. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

anatomie  et  physiologie  végétales.  —  Réponses  aux  observations  qui 
nous  ont  été  faites  dans  les  séances  du  3i  mai  i85a,  page  818,  et  du 
21  juin,  pages  g33  à  941,  par  MM.  Ach.  Richard,  Ad.  Brongniart  et 
Ad.   de  Jussieu   (seconde  partie);   par  M.  Charles   Gaitdichait». 

«  Il  reste  bien  établi,  d'après  ce  que  nous  avons  dit  précédemment,  que 
ce  n'est  pas  nous  qui  avons  attaqué  les  travaux  de  nos  confrères,  mais  que 
ce  sont  eux,  au  contraire,  leurs  aveux  et  leurs  ouvrages  en  font  foi,  qui 
ont  publiquement  contredit  les  nôtres.  En  nous  défendant,  nous  n'avons 
donc  fait  que  remplir  un  devoir,  et  user  d'un  droit  incontestable. 

»  Quel  est  le  Membre  de  l'Académie  des  Sciences,  qui,  certain  de  l'exac- 
titude de  ses  recherches,  comme  nous  le  sommes  de  la  solidité  des  nôtres, 
se  serait  montré  plus  longtemps  indifférent  à  de  telles  agressions,  et  les 
aurait  supportées  six  ans  avant  d'y  répondre? 

»  Il  n'en  est  certainement  pas  un  seul  ! 

»  Nous  laissons  donc  à  nos  savants  contradicteurs  le  regret  de  tout  ce 
qu'ils  ont  dénié  dans  leurs  ouvrages  et  dans  leurs  Cours,  de  tout  ce  qu'ils 
ont  avancé  devant  l'Académie. 

C.  R.,  i85a,  lm°  Semestre.  (T.  XXXV,  W»  S.)  2  1 


(  '54) 

»  Notre  confrère  M.  Richard  vous  a  dit  : 

«  Que  l'Académie  veuille  bien  ne  pas  croire  que  la  théorie  que  nous 
»  avons  exposée  dans  notre  Rapport,  et  que  nous  opposons  à  celle  de 
»  M,  Gaudichaud,  etc.  (page  8ao,  ligne  33).  »  Quelle  est  donc  cette  théo- 
rie organogénique  ou  autre  qu'on  oppose  à  la  théorie  des  phytons,  à  cette 
théorie  générale  et  complète  qui  touche  à  toutes  les  branches  de  l'organi- 
sation des  végétaux? 

»  Serait-ce  par  hasard  la  théorie  du  tissu  générateur,  de  ce  tissu  uni- 
versel (car  s'il  existait,  il  faudrait  qu'il  le  fût),  qui,  selon  nos  savants  con- 
frères, se  trouve  partout,  et,  selon  nous,  nulle  part? 

»  Quel  est  donc  ici ,  parmi  les  phytologistes  et  les  zoologistes,  le  savant 
qui  ait  trouvé  matière  à  une  théorie  quelconque  de  l'organisation  des  végé- 
taux, dans  tout  ce  qui  a  été  avancé  par  nos  honorables  confrères,  et  sur- 
tout par  le  très-habile  rapporteur  de  la  Commission?  Cet  honorable  savant 
nous  dit  (il  est  nécessaire  de  le  rappeler  une  seconde  fois)  que  la  théorie 
des  phytons  est  fausse ,  qu'elle  repose  sur  des  faits  incomplètement  obser- 
vés, mal  déterminés,  mal  interprétés;  et,  enfin,  que  cette  théorie,  qui  date 
de  i835,  qui  n'a  été  imprimée  que  dans  les  premiers  mois  de  1841,  et  dès 
lors  n'a  encore  qu'une  douzaine  d'années  d'existence  réelle,  est  de  plus  de 
trente  ans  eu  arrière  des  connaissances  positives  actuelles. 

»  Eh  bien!  soit.  C'est  une  théorie  en  retard. 

»  Mais  qu'on  veuille  bien  se  donner  la  peine  de  nous  le  démontrer, 
puisque  dans  notre  aveuglement  nous  ne  l'avons  pas  encore  reconnu. 

»  Nous  mettons  toutes  nos  anatomies  à  la  disposition  de  nos  savants 
contradicteurs  ;  qu'ils  les  combattent  les  unes  après  les  autres ,  qu'ils  les 
brûlent  toutes,  s'ils  le  veulent,  et  ils  n'auront  encore  rempli  que  la  moitié 
de  leur  tâche;  car  il  ne  suffit  pas,  pour  briser  une  théorie,  de  dire  qu'elle 
est  fausse  ;  elle  ne  peut  être  démontrée  fausse  que  lorsque  les  faits  sur  les- 
quels elle  repose  sont  prouvés  inexacts;  elle  ne  peut  être  renversée  que 
lorsqu'elle  pèche  par  sa  base.  Nous  savons  tous  ici  qu'il  ne  suffit  pas  de 
détruire,  dans  les  sciences  comme  en  tout,  mais  qu'il  faut  être  en  état  de 
mieux  édifier. 

»  Si  la  théorie  des  phytons  est  mauvaise,  qu'on  la  remplace  par  quoi 
que  ce  soit  qui  vaille  mieux,  et  nous  sommes  très-disposé  à  l'adopter.  Mais 
nous  prévenons  nos  savants  confrères  qu'il  faudra,  pour  nous  y  détermi- 
ner, plus  que  leur  dire,  tout  honorable  qu'est  ce  dire  aux  yeux  des  Mem- 
bres de  cette  Assemblée.  Il  nous  faut  des  preuves,  des  faits  autres  que  les 


(  '55) 
tissus  générateurs  ;  il  nous  faut  des  principes  rationnels.  Qu'ils  veuillent  bien 
nous  les  donner,  et  nous  nous  rendrons. 

»  Relativement  à  ce  que  dit  encore  M.  Richard  des  tissus  utriculaires 
qui,  à  leur  origine,  composent  uniquement  toutes  les  productions  végé- 
tales ,  l'Académie  sait  que  nous  sommes  un  des  premiers  qui  l'aient  dé- 
montré par  des  exemples.  Mais  nous  sommes  aussi  fort  loin  d'admettre  que 
pour  la  composition  des  organes  divers,  il  faille  que  les  tissus  qui  les 
composent  définitivement  aient  passé  par  une  foule  de  transformations. 
INous  n'acceptons  donc  pas  plus  les  reproches  de  notre  confrère  sur  ce 
point  que  sur  tous  les  autres. 

»  M.  Richard  termine  son  Rapport  par  ces  mots  (page  711,  ligne  22)  : 
«  Nous  ne  discutons  pas  pour  connaître  la  structure  des  fibres  ligneuses, 
»  niais  leur  origine,  leur  mode  de  formation  ,  en  un  mot,  leur  organo- 
»  génie.  »  Si  c'est  bien  des  fibres  ligneuses  ou  des  fibrilles  corticales  que 
notre  savant  confrère  veut  parler,  il  connaît  maintenant,  du  moins  en 
grande  partie,  notre  sentiment  sur  ce  point;  si,  comme  dans  ses  attaques 
de  1846,  il  confond  sous  le  même  nom  les  tissus  fibreux  et  les  tissus  vas- 
culaires,  nous  lui  répondrons,  à  l'égard  de  ces  derniers,  par  des  exemples 
pris  sur  les  Dicotylés  et  les  Monocotylés,  et  il  pourra  voir  de  quelle  source 
partent  les  tissus  vasculaires. 

»  Enfin,  notre  confrère  M.  Richard  nous  engage,  «  dans  l'intérêt  de  la 
»  science,  et  pour  arriver  à  une  discussion  qui  puisse  avoir  quelque  uti- 
»  lité,  à  formuler  quelle  est  actuellement  notre  opinion  sur  le  mode  de 
»  formation  des  couches  ligneuses,  et  de  montrer  clairement,  simplement 
»  en  quoi  elle  diffère  de  la  sienne  (page  820,  lignes  28  à  32).  »  Comme 
notre  savant  confrère  ne  nous  a  pas  encore  formulé  son  opinion,  nous  de- 
vons forcément  attendre  qu'elle  soit  connue  pour  lui  répondre. 

»  Mais  en  attendant,  si  ce  que  nous  avons  dit  et  rappelé  ne  lui  suffit  pas, 
nous  lui  déclarerons  catégoriquement,  comme  il  le  demande,  que  : 

»  i°.  Nous  ne  croyons  pas  à  tous  les  cambiums  qu'il  a  préconisés,  dé- 
crits et  enseignés  ; 

»  20.  Nous  ne  croyons  pas  qu'un  cambium  quelconque  se  convertisse 
en  tissu  générateur  et  celui-ci  en  vaisseaux  ; 

»  3°.  Nous  ne  croyons  pas  au  tissu  générateur  lui-même,  du  moins  tel 
qu'on  nous  l'a  présenté  et  défini  ; 

')  4°-  Nous  ne  croyons  pas  qu'un  tissu  générateur  soit  nécessaire  pour 
former  les  fibres  du  bois,  les  fibrilles  de  l'écorce,  et  encore  moins  les  arti- 
cles organiques  des  vaisseaux  ; 

21.. 


(  '56  ) 

»  5°.  Nous  ne  croyons  pas  que  les  tissus  fibreux  du  bois  et  fibrillaires  de 
1  ecorce  puissent  changer  de  nature  et  se  transformer  en  vaisseaux,  n'im- 
porte lesquels; 

»  6°.  Nous  croyons,  au  contraire,  que  chaque  sorte  de  tissu  des  tiges 
est  générée  pour  un  organisme  spécial,  pour  des  fonctions  spéciales  et  par 
des  causes  ou  forces  spéciales  ; 

»  7".  Nous  croyons  de  plus  en  plus,  et  chaque  jour  davantage,  à  la  théo- 
rie des  phytons,  qui,  dès  qu'elle  aura  reçu  les  quelques  perfectionnements 
que  nous  préparons,  rendra  un  compte  exact  de  tous  les  phénomènes  orga- 
nographiques  et  physiologiques  des  végétaux;  aux  causes  générales,  qui 
déterminent  les  deux  modes  de  développement  en  hauteur  et  en  largeur  de 
leurs  troncs;  au  système  ascendant  avec  son  organisation  spéciale  et  incon- 
testablement établie  ;  au  système  descendant  avec  les  caractères  particuliers 
et  invariables  d'agencement  des  tissus  qui  le  composent,  le  long  des  tiges 
et  des  racines,  etc.  ; 

»  8°.  Nous  croyons  à  une  végétation  progressivement  rayonnante,  cen- 
trifuge du  bois  et  centripète  de  l'écorce,  pour  l'accroissement  annuel  de 
ces  deux  sortes  d'organismes,  accroissement  que  nous  avons  primitivement 
désigné,  en  attendant  que  nous  puissions  faire  de  l'organogénie  rationnelle, 
par  les  noms  de  rayonnement  médullaire  et  de  pâte  ligneuse;  à  une  végé- 
tation ascendante  spéciale,  distincte  par  des  caractères  fondamentaux;  à 
une  végétation  descendante  pour  les  tissus  vasculaires  et  autres  non  méri- 
thalliens,  etc. 

»  M.  Richard  verra  peut-être  par  ce  qui  précède  que  nous  n'avons  jamais 
changé  d'avis  sur  aucun  des  points  de  la  théorie  des  phytons,  et,  au  con- 
traire, que  nous  l'avons  considérablement  fortifiée  par  tous  les  travaux 
exacts  qui  se  sont  produits  depuis  qu'elle  a  été  formulée. 

»  Si  nous  avons  semblé  varier,  ce  qui  est  possible,  cela  ne  peut  tenir 
qu'à  la  difficulté  d'exprimer  des  faits  généralement  nouveaux,  peut-être 
même  à  l'insuffisance  du  langage.  Nous  avons  pu  modifier  la  forme  et  l'ex- 
pression; mais  pour  l'idée,  qui  est  invariable,  la  ligne  que  nous  suivons  est 
trop  droite,  trop  bien  tracée,  trop  sûre,  pour  que  nous  ayons  pu  nous  en 
écarter  un  instant. 

»  M.  Ad.  Brongniart  se  borne  presque  à  défendre  la  théorie  du  cambium 
dans  un  long  et  remarquable  article  commençant  page  g33,  ligne  3 1,  et  fi- 
nissant page  94°?  l'gne  21,  d'où  il  semble  résulter  que  notre  savant  con- 
frère veut  à  toute  force  conserver  le  nom  de  cambium,  peu  importe  la  chose 
à  laquelle  on  l'applique. 


(  ih) 

»  Rien  assurément  n'est  respectable  à  nos  yeux  comme  une  opinion  con- 
sciencieuse et  franchement  exprimée.  Mais  de  ce  qu'elle  est  formulée  avec 
une  profonde  conviction,  résulte-t-il  qu'elle  soit  incontestable?  Nous  ne  le 
pensons  pas,  surtout  dans  le  cas  présent. 

»  Il  résulte  de  l'article  que  nous  venons  d'indiquer,  et  dont  nous  avons 
fait  une  analyse  complète  pour  nos  débats  subséquents,  que  des  observa- 
tions, telles  qu'on  n'en  pouvait  faire  à  la  fin  du  XVIIe  siècle,  ont  démontré 
que  le  cambium,  en  tant  que  couche  de  liquide  mucilagineux  interposée 
entre  l'écorce  et  le  bois,  était  un  être  fictif;  que  de  nouvelles  observations 
microscopiques  délicates  ont  prouvé  que  de  jeunes  tissus,  etc.,  formaient 
cette  couche  ou  zone  du  cambium;  qu'on  a  écarté  ce  mot  mal  défini  de 
cambium,  et  que  beaucoup  d'auteurs  modernes  l'ont  remplacé  par  celui 
de  couche  génératrice,  rejetant  le  mot  de  cambium  ou  ne  l'appliquant 
qu'au  liquide  nourricier  qui  baigne  les  jeunes  tissus,  etc. 

»  Il  est  donc  bien  démontré,  aujourd'hui,  que  le  cambium  des  anciens, 
que  nous  avons  si  longtemps  contesté,  n'existe  pas.  D'après  cela,  il  reste 
avéré  que  nous  avions  complètement  raison  sur  ce  point,  et  que  le  règne  du 
cambium -erreur,  qui  a  duré  près  de  deux  siècles,  a  manifestement  été 
funeste  à  la  science,  en  paralysant  les  efforts  de  tous  les  hommes  amis  du 
progrès.  Maintenant,  on  veut  remplacer  le  cambium,  sinon  le  mot,  du 
moins  la  chose,  par  une  couche  de  tissu  générateur  que  nous  contestons 
également,  ou,  enfin,  par  un  fluide  nourricier  encore  indéterminé,  et  qui, 
à  nos  yeux,  est  aussi  douteux  que  tout  ce  qui  a  été  avancé. 

»  Nous  nous  sommes  assez  nettement  expliqué  précédemment  sur  les 
autres  points  des  observations  de  M.  Brongniart  pour  qu'il  nous  paraisse 
superflu  d'y  revenir. 

»  En  parlant  des  plaques  ligneuses  du  Nyssa,  notre  savant  confrère 
M.  Brongniart  nous  a  dit  :  a  Ces  excroissances  ligneuses  ont  été,  dit-on, 
»  souvent  observées;  le  fait  n'est  pas  nouveau;  mais  s'il  est  si  commun  , 
»  comment  n'a-t-il  pas  été  expliqué  dans  la  théorie  phytonienne ,  avec  la- 
»  quelle  il  me  paraît  tellement  en  contradiction.  »  Nous  répondrons  à 
notre  confrère,  que  si  nous  nous  sommes  borné  à  indiquer  ce  fait  dans 
notre  Organographie ,  si  nous  avons  omis,  à  dessein,  de  parler  des  anomalies 
végétales  qui  se  produisent  naturellement  ou  accidentellement,  c'est  qu'il 
nous  a  paru  plus  naturel ,  plus  régulier,  disons  le  mot  propre ,  plus  philo- 
sophique ,  de  poser  primitivement  les  bases  rationnelles  de  la  science  que 
d'aborder  prématurément  les  faits  exceptionnels ,  anormaux  et  trop  souvent 
inexplicables  ,  lorsqu'ils  ne  se  rattachent  pas  à  des  principes  certains;  parce 


(.i58) 

que  nous  avons  pensé  qu'on  n'arriverait  jamais  à  expliquer  les  irrégula- 
rités de  l'organisation  que  par  la  régularité  des  principes;  en  un  mot,  parce 
qu'on  n'explique  généralement  bien  les  effets  que  lorsqu'on  en  connaît 
bien  les  causes. 

»  Notre  honorable  confrère  sait  que  les  causes  nous  étant  connues,  nous 
avons  pu  mutiler  de  cent  manières  les  végétaux  et  obtenir  de  nos  expéri- 
mentations des  effets  réguliers,  constants,  presque  invariables  dans  leurs 
résultats.  Ces  premiers  effets  bien  constatés  nous  conduiront  certainement 
à  l'interprétation  de  tous  ceux  que  la  nature  peut  produire. 

'»  En  procédant  comme  nous  l'avons  fait,  nous  avons  suivi  l'exemple 
qui  nous  a  été  donné  par  la  zoologie,  qui.  n'a  cherché  à  interpréter  et  à 
expliquer  les  écarts  de  la  nature  que  par  les  lois  fixes  et  rationnelles  de 
l'organisation. 

»  Nous  avons  recueilli  un  grand  nombre  de  faits  anormaux  de  la  végéta- 
tion, et  nous  avons  lieu  de  croire  que  les  deux  modes  de  développement 
de  la  théorie  des  phytons  en  rendront  facilement  compte.  Mais  il  faut,  avant 
cela,  que  les  phénomènes  naturels  et  réguliers  soient  bien  connus. 

»  M.  Brongniart  ajoute,  page  938,  ligne  35  :  «  Lorsque  je  parlais  ancien- 
»  nement  à  notre  confrère  M.  Gaudichaud  de  mes  propres  observations  sur 
»  ce  sujet  (celui  des  plaques  ligneuses),  je  lui  ai  toujours  entendu  soute- 
»  nir  que  ces  excroissances  étaient  purement  celluleuses  et  dépourvues  de 
»  tissu  ligneux  et  vasculaire.    » 

»  Puisque  M.  Brongniart  assure  cela,  c'est  qu'il  se  le  rappelle  positivement. 

»  Mais  à  quelle  époque  lui  avons-nous  fait  ces  réponses  et  quelles  re- 
cherches avions-nous  faites  alors  sur  ce  point?  C'est  ce  que  nous  ne  sau- 
rions préciser. 

»  Ce  que  nous  savons  très-bien,  c'est  que  nous  n'avons1  signalé,  dans 
notre  Organographie  (page  121,  ligne  3i,  PL.  XVI,  fig.  14,  lettre  d  , 
qu'une  seule  plaque  ligneuse,  et  que  nous  nous  sommes  expliqué  ainsi  : 
«  La  lettre  d  indique  l'apparition  d'une  matière  ligneuse  au  centre  de  la 
»  plaie.  Elle  était  formée  par  un  amas  de  bourgeons  rudimentaires  latents. 

»  Un  d'eux  s'est  développé,  mais  les  chaleurs  de  l'été  l'ont  fait  mourir. 
»  J'ai  disséqué,  en  i834,  la  partie  LIGNEUSE  des  deux  systèmes.  » 

»  Mais  pourquoi  donc  n'aurions-nous  pas  avoué,  dans  un  temps  quel- 
conque, que  nous  n'avions  rencontré  que  des  tissus  cellulaires  dans  ces 
sortes  d'excroissances,  si  surtout  nous  les  avions  trouvées  très -jeunes, 
puisque  notre  savant  confrère  en  reconnaît  lui-même  la  possibilité  (p.  937, 
ligne  11)? 


(  i59; 

»  Ces  faits,  dit-il,  sans  aucun  doute,  ne  sont  pas  complètement  nou- 
»  veaux;  cependant,  dans  ce  qu'on  peut  appeler  leur  état  simple  et  com- 
»   plet,  ils  sont  rares. 

»  Il  faut,  en  effet,  pour  être  concluants,  que  ces  excroissances  soient 
»  assez  développées  pour  n'être  pas  seulement  cellulaires,  ce  qui  est 
»  ordinairement  leur  premier  état,  etc.   » 

»  Il  est  un  point  très-important  siir  lequel  M.  Brongniart  et  nous,  nous 
différons  complètement  d'avis  et  que  pour  cela  nous  devons  signaler 
encore. 

«  Il  y  a,  dit-il,  des  cas  où  certainement  des  portions  de  vaisseaux  se 
>  forment  indépendamment  et  s'abouchent  ensuite  les  uns  avec  les 
»  autres.   » 

»  Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  partager,  sur  ce  fait ,  le  sentiment  de 
notre  confrère  M.  Brongniart. 

»  Notre  honorable  Vice-Président,  M.  de  Jussieu,  dans  sa  réponse  aux 
objections  que  nous  avons  faites  au  Rapport  qui  a  été  présenté  sur  l'acci- 
dent du  Nyssa  (page  940),  est  porté  à  penser  que  les  principes  que  nous 
défendons  ne  diffèrent  pas  aussi  essentiellement  qu'on  pourrait  le  croire 
des  doctrines  professées  par  nos  autres  confrères. 

»  Nous  aimons  à  penser  que  M.  de  Jussieu  a  déjà  un  peu  modifié  son 
sentiment  à  cet  égard.  La  discussion  qui  va  s'ouvrir  achèvera,  nous  l'espé- 
rons, de  le  dissuader  complètement. 

«  Nous  admettons,  en  effet,  dit  M.  de  Jussieu,  avec  l'immense  majorité 
)>  des  botanistes,  une  sève  brute  ou  ascendante,  une  sève  élaborée,  se  diri- 
»  géant  en  sens  généralement  contraire  et  portant  à  tous  les  organes  les  élé- 
»  ments  de  leur  nutrition  et  de  leur  développement,  etc.  »  (Page  940.) 

»  Nous  répondrons,  sur  ce  point,  à  M.  de  Jussieu,  qu'il  sait  mieux  que 
nous  que  les  sèves  ascendantes  et  les  sèves  descendantes  ou  nutritives  ne 
sont  encore  que  des  mots  sans  significations  satisfaisantes,  et  que  tout, 
absolument  tout,  reste  à  faire  sur  ces  difficiles  parties  de  la  science. 

«  En  s'assimilant  ces  éléments,  ajoute  M.  de  Jussieu,  les  tissus  se  déve- 
»  loppent  à  la  place  même  qu'ils  occuperont  définitivement,  et  les  vaisseaux 
»  se  forment  par  l'union,  bout  à  bout,  d'utricules  disposées  en  séries,  dont 
»  les  parois  en  contact  ne  tardent  pas  à  se  résorber,  résorption  qui  fait  dis- 
»  paraître,  en  tout  ou  en  partie,  les  cloisons  qui  en  interrompaient  la 
»   continuité.  >> 

»  Excepté  le  rôle  qu'on  fait  jouer  à  la  sève  élaborée,  sève  que  nous  ne 
pouvons  accepter  encore  sur  son  titre  seulement,  c'est  en  effet,  et  mot  à 


(    i6o  ) 

mot,  ce  que  nous  avons  avancé  dans  notre  Organographie  et  dans  la  plus 
grande  partie  de  nos  Mémoires.  Nous  croyons  même  être  le  premier  qui  ait 
fait  connaître  la  résorption  partielle  ou  totale  des  extrémités  en  contact  des 
articles  qui  composent  les  vaisseaux,  et  c'est  pour  cela  que  nous  les  avons 
nommés  vaisseaux  tubuleux.  Mais  M.  de  Jussieu  sait  bien  que  la  question 
n'est  pas  là,  et  qu'elle  est  renfermée  dans  l'organogénie  des  tissus  vascu- 
laires,  partie  que  nous  n'avons  pu  aborder  prématurément. 

«  M.  Gaudichaud  reconnaît  des  fluides  séveux  ascendants  et  des  fluides 
»  organisateurs  descendants,  ces  derniers  aux  dépens  desquels  les  tissus  se 
»  forment  sur  place  ;  il  parle  d'ailleurs,  page  860  (M.  de  Jussieu  eût  pu  dire  : 
»  dans  son  Organographie  et  dans  presque  tousses  autres  Mémoires),  des 
»  utricules  qui  composent  les  vaisseaux  descendants.  Sauf  quelques  dispa- 
»  rites  de  langage,  il  semble  y  avoir  un  assez  grand  accord  entre  ces 
»  théories.  » 

»  Nous  serions  heureux  de  voir  les  bienveillantes  idées  conciliatrices  de 
M.  de  Jussieu,  entre  la  théorie  des  phytons  et  la  théorie  du  tissu  généra- 
teur, se  réaliser.  Cela  est  malheureusement  impossible  ;  la  vérité  ne  s'allie 
pas  à  l'erreur,  et  M.  de  Jussieu  doit  le  comprendre  maintenant.  La  suite 
de  la  discussion  le  lui  prouvera  mieux  encore. 

«  Il  nous  reste  à  demander  à  M.  Gaudichaud  ce  qu'il  entend  par  fluide 
»  organisateur.  » 

»  M.  de  Jussieu  reconnaîtra,  nous  en  sommes  certain,  que  ce  serait  peut- 
être  aller  trop  vite  que  de  lui  donner  une  réponse  immédiate,  et  que,  mal- 
gré le  désir  que  nous  avons  de  nous  expliquer  sur  ce  point,  comme  d'ail- 
leurs sur  tous  les  autres,  nous  ne  pouvons  embrasser  dans  un  mot  une 
question  aussi  complexe;  et  d'autant  moins,  que  ce  fait  important  est, 
pour  ainsi  dire,  la  pierre  angulaire  sur  laquelle  repose  tout  l'édifice  de  la 
théorie  des  phytons.  Qu'il  veuille  bien  se  rappeler  que  ce  n'est  pas  nous 
qui  avons  attaqué  les  travaux  de  nos  confrères,  mais  que  ce  sont  nos  con- 
frères qui  ont  combattu  les  nôtres,  et  il  comprendra  qu'en  outre  de  nos 
restrictions  forcées,  notre  droit,  notre  devoir  est  de  rester  sur  la  défensive. 
Qu'on  nous  apporte  la  théorie  organogénique  qui  doit  renverser  tous  nos 
travaux,  théorie  à  laquelle  M.  de  Jussieu  a  donné  son  entière  approbation, 
et  à  laquelle,  nous  aussi,  nous  serons  heureux  de  donner  la  nôtre,  qu'on 
nous  la  présente  promptement,  et  notre  réplique  ne  se  fera  pas  attendre. 
Dans  cette  réplique  nous  parlerons,  non  pas  d'un  fluide  organisateur,  mais 
de  plusieurs  fluides  organisateurs  qui  se  sont  dévoilés  à  nous  dans  nos 
patientes  recherches  physiologiques  et  organogéniques. 


(  161  ) 

»  Il  faut  que  nous  nous  soyons  bien  mal  expliqué  (à  part  un  lapsus 
calami  qu'il  a  bien  voulu  relever,  ce  dont  nous  le  remercions),  pour  que 
M.  de  Jussieu  ne  nous  ait  pas  compris,  relativement  à  ce  que  nous  avons  dit, 
quant  aux  filets  vasculaires  des  étamines  qui  se  changent  en  pétales,  et  à 
ceux  du  funicule,  du  raphé  et  de  la  chalaze  des  ovules.  Ces  filets  vascu- 
laires, qui  ne  sont  composés  que  de  trachées,  appartiennent  incontestable- 
ment au  système  ascendant,  tel  que  nous  le  comprenons.  En  y  réfléchissant 
mieux,  M.  de  Jussieu  reconnaîtra  que  nous  avons  complètement  raison. 

»  Nous  terminerons  aujourd'hui  par  une  remarque  qu'il  est  essentiel  de 
faire  immédiatement,  c'est  que,  en  i843,  lorsque  la  théorie  des  phytons  a 
été  attaquée  devant  l'Académie,  on  ne  se  servait,  pour  désigner  les  vaisseaux 
et  faisceaux  vasculaires  des  Monocotylés,  que  du  nom  de  filets,  dénomina- 
tion peut-être  assez  exacte,  vu  la  complexité  organique  de  ces  sortes  de 
tissus  vasculaires  ;  et  que  nos  autres  contradicteurs,  à  la  tête  desquels 
nous  devons  placer  notre  confrère  M.  Richard,  ont  constamment  em- 
ployé le  nom  de  fibres  pour  les  Monocotylés  et  les  Dicotylés.  Nous  avons 
dû  employer  les  mêmes  mots  pour  répondre  à  nos  confrères,  mais  il  doit 
être  bien  entendu  que  nous  n'avons  nullement  adopté  ces  dénominations, 
bonnes  ou  mauvaises,  et  que  nous  faisons  toutes  nos  réserves  à  cet  égard. 

»  Ayant,  depuis  longtemps,  senti  la  nécessité  d'une  nomenclature  régu- 
lière, uniforme,  afin  d'obvier  aux  ambiguïtés  qui  se  présentent  chaque  jour 
sur  ce  point,  nous  en  avions  préparé  une  pour  les  Dicotylés,  sans  doute 
très-imparfaite,  qui  n'a  pas  été  adoptée,  et  que  nous  sommes  loin  nous- 
même  d'avoir  toujours  suivie.  Mais  comme  dans  la  discussion  qui  va  s'ouvrir 
il  importe  de  se  bien  entendre  sur  la  valeur  à  donner  aux  diverses  sortes  de 
tissus  que  nous  allons  passer  en  revue,  nous  osons  prier  nos  honorables 
confrères  de  vouloir  bien  nous  fixer  sur  les  noms  qu'ils  comptent  employer, 
et  nous  leur  donnons  l'assurance  que  nous  nous  y  conformerons,  du  moins 
pendant  tout  le  temps  que  dureront  nos  débats. 

»  Maintenant  la  discussion  est  ouverte.  Nous  attendons  avec  confiance 
les  attaques  de  nos  savants  confrères,  l'exposition  de  leur  nouvelle  doctrine 
organogénique,  et  la  promulgation  des  lois  scientifiques  qu'ils  en  ont 
déduites.  » 

chimie  organique.  —  Sur  les  tannins  et  les  glucosamid.es y 
par  M.  Aug.  Laurent. 

«  Il  n'existe  peut  être  pas,  dans  toute  la  chimie,  de  combinaisons 
plus  mal  connues,  plus  embrouillées  que  celles  que  l'on  désigne  sous  le 

C.  R.,  l85a,  ame  Semestre.  (T.  XXXV;  M»  S.)  22 


(  i6a  ) 

nom  de  tannins,  et  la  plupart  de  celles  qui  se  transforment  en  sucre  et  en 
d'autres  corps  composés. 

»  On  sait  que  les  travaux  de  MM.  Wohler  et  Liebig  sur  l'amygdaline,  et 
ceux  de  M.  Piria  sur  la  salicine,  la  populine,  l'hélicine,  etc.,  nous  ont  par- 
faitement expliqué  la  transformation  de  ces  diverses  substances  en  sucre  et 
en  acides  benzoique  et  cyanhydrique,  en  saligénine,  hydrure  de  sali- 
cyle,  etc. 

»  On  sait  également  que  M.  Strecker  vient  de  découvrir  que  le  tannin 
ordinaire  se  dédouble  en  sucre  et  en  acide  gallique. 

»  Il  reste  à  connaître  quelles  sont  les  réactions  qui  ont  lien  lorsque  la 
rhodiorétine,  le  rubian,  l'acide  rubérythrique  et  le  tannin  du  china  nova  se 
transforment  en  sucre,  et  quels  sont  les  rapports  qui  lient  les  divers  tannins 
entre  eux  et  avec  les  substances  précédentes. 

»  En  adoptant  les  formules  qui  ont  été  proposées  pour  ces  différents 
corps,  les  réactions  deviennent  inexplicables;  et  les  équations  que  l'on  a 
données,  dans  quelques  cas,  sont  telles,  qu'il  m'est  impossible  de  les  croire 
conformes  à  l'expérience. 

»  Je  citerai,  par  exemple,  la  transformation  du  rubian  en  sucre,  aliza- 
rine  et  rubirétine,  qu'on  explique  à  l'aide  de  ces  équations  : 

C88H68030  =  4CMH,0O*    +  iZ|H20, 

rubian  alizarine 

id.   +9HaO  =  2C,2H2<0,!!  +  C^H^O15. 

sucre  rubirétine 

Une  autre  raison  me  fait  rejeter  toutes  ces  formules,  c'est  qu'elles  ne 
s'accordent  pas  avec  la  loi  des  nombres  pairs. 

»  Pour  découvrir  la  composition  des  tannins  et  celle  des  produits  de 
leurs  métamorphoses,  je  pars  de  cette  hypothèse,  que  tous  les  tannins  ont 
une  composition  analogue,  que  les  produits  de  leur  décomposition  sont 
analogues  à  l'acide  gallique,  et  que  les  équations  qui  président  à  leurs  réac- 
tions appartiennent  à  un  seul  et  même  type  A  +  4  B  —  6  Aq. 

»  L'acide  gallique  renfermant  5  atomes  d'oxygène,  j'admettrai  donc  que 
les  acides  analogues  en  contiennent  autant,  et  que,  par  conséquent,  tous  les 
tannins  renferment  26  atomes  d'oxygène. 

»  En  partant  de  cette  hypothèse,  voici  les  corrections  que  je  propose  : 


Il 


•    i63  ) 

ou  donne  je  propœe 

Ac.  aspertannique C42  H54  O2'  C40  H5a  O26, 

\c.  rubichlorique C,4H,809  CTH,0O», 

Tannin  ordinaire C,8H,sO,1!  C40  H36  O26  (*), 

Ac.  gallique C  H6  O5  CTH605, 

Ac.  mimotaun.  fondu.    .    .    .      CuH,*0'  C48H52026, 

ld.            cristallisé...      C,4H,809  C48  H52  O26 -h  4  Aq, 

Ac.  catéchique CTH804  G'H,00% 

iC'4  H'6  O7  \ 

C<«H<808|  C52H8°026, 

Ac.  caféique C,4H4«07  C,0H,205, 

China-rouge C,2H,205  C10H,0O4, 

Ac.  morintanniq C,8H,eO,°  C44H44026, 

Ac.  inconnu •  C8H8Os, 

Pararhodéorétine C42H680,8  C34H52Ol4, 

Rhodéorétinol C30H46O8  C"H,602  +  Aq, 

/    £T2  JJ80Q40  l 

Ac.  rubérythrique j  c„HMOI1  j  C22H240<2, 

Alizarine C44H,004    j  ,  C,0H6O3  (**), 

(  C30H20O9    ) 

Rubian C5aH88030  C32H38018, 

Rubirétine C,4H,204  C,0H80% 

Phlorizine C42H50O20  C42H48  O20  ('*), 

Phlorétine C30H30O,°  C30H280'°. 

A  l'exception  peut-être  d'une  seule  formule  (ac.  mimot.  fondu),  toutes 
celles  que  je  propose  s'accordent  aussi  bien  et  même  mieux  avec  l'expé- 
rience que  celles  qui  sont  admises. 

»  Voici  maintenant  un  tableau  qui  renferme  toutes  les  glucosamides  et 


(*)  Formule  proposée  par  M.  Strecker. 

(**)  M.  Gerhardt  et  moi,  nous  avons  rejeté  toutes  les  formules  que  l'on  a  proposées  pour 
l'acide  alizarique,  l'alizarine,  etc.  Nous  avons  fait  connaître  la  véritable  composition  .du 
premier  de  ces  corps,  et  c'est  à  M.  Strecker  qu'on  doit  la  formule  du  second. 

22.. 


(  164  ) 
t'ait  voir  les  rapports  qu'elles  ont  entre  elles  : 


c,aH2*0«2  +    2CTH802 


glucose 


saligénine 

+    aC'H'O5 

hydrure  salie. 

j  CTH802 
+  j  CTH*02 
■+-    îC"H,6Oa 

rhodéorétinol 

+    îC,5H,405 

phlorétine 

+    2C,0H8O3 

rubirétine 

+    2C,0H6O» 

alizarine 


—  2  Aq 

—  2  Aq 

—  2  Aq 

—  2  Aq 

—  2  Aq 

—  2  Aq 

—  a  Aq 


=  salicine  (*) 
=  hélicine 

=  hélicoïdine 
=  pararhodéorétine 
=   phlorizine 
=   inconnu 


inconnu  F  s 

a 


C,0H»O* 

Cl0H6O3 

CrH60 

hydrure  benz. 

CNH 
2  CrH0O2 

ac.  benzoïq. 

2  C7  H6  O2 

hydr.  salie. 

'  2  CT  H6  O2 

ac.  benz. 

saligénine 
C.0H6Q3 
alizarine 

4C,0H,0O4    -  2  Aq 

china-rouge 

4C10H,2O5 

ac.  caféique 


—  2  Aq  (**)  =  rubian 

—  2  Aq         =  amygdaline 

I 

1  —  4  Aq  =  benzohélicine 


4Aq 


-  3Aq  = 


-  6  Aq  = 


populine 

nibérythrine 
tannin  chin.  n.   (***) 
id. 


(*)  C'est  la  formule  proposée  par  M.  Gerhardt. 

(**)  Outre  la  rubirétine  et  l'alizarine  ,  le  rubian  donnerait  encore  de  la  rubianine  et  de  la 
vérantine  ;  mais  la  composition  de  celles-ci  diffère  à  peine  de  celle  de  la  rubirétine  et  de 
l'alizarine;  un  peu  d'eau  fait  toute  la  différence.  Ce  sont  peut-être  des  corps  impurs. 

(***)  Ce  tannin  donne  du  china-rouge  et  du  sucre;  mais  l'acide  caféique  ne  différant  du 
china-rouge  que  par  i  atome  d'eau ,  il  faudrait  voir  si  celui-ci  peut  se  transformer  en  acide 
caféique  sous  l'influence  des  bases. 


( 

i65  ) 

C,aH"0° 

glucose 

-t- 

4C9H,0O* 

ac.  catéchique 

-6  Aq 

=  mimotannin  (*)* 

» 

■+• 

4C8H805 

—  6Aq 

=   morintannin  [**) 

» 

+ 

4  C  H6  O5 

ac.  gallique 

-6Aq 

=  tannin  ordinaire 

» 

+ 

4C*H,005 

ac.  rubichloriq. 

-  6Aq 

=  aspertannin  (*** 

)- 

On  remarquera  que  les  acides  caféique,  catéchique  et  gallique  sont  homo- 
logues, et  que  le  rhodéorétinol  et  la  saligénine  le  sont  également. 

»  Le  china-rouge  est  probablement  analogue  aux  autres  matières  rouges 
que  donnent  les  acides  gallique,  morintannique,  etc.  » 

physique.    —  Expériences  sur  le  rayonnement  solaire. 
(Lettre  de  M.  Mii.i.om  à  M.  Jrago.) 

«  La  mise  en  œuvre  d'un  de  vos  anciens  projets  d'expériences  a  fourni 
des  résultats  fort  intéressants.  Vous  savez  sans  doute  que  vers  la  fin  du 
dernier  mois  de  mars  le  P.  Secchi,  directeur  de  l'observatoire  de  Rome, 
observa,  au  moyen  d'un  thermomultiplicateur  dont  le  corps  thermosco- 
pique  était  convenablement  ajusté  au  devant  de  l'oculaire  d'un  télescope 
équatorial,  les  rayonnements  calorifiques  de  diverses   parties   du  disque 
solaire,  et  qu'il  trouva  entre  eux  des  différences  fort  remarquables.  La  cha- 
leur décroissait,  en  général,  du  centre  à  la  circonférence  ;  mais  ce  décaisse- 
ment, assez  régulier  lorsqu'on  étudiait  le  disque  selon  la  direction  normale 
à  l'axe  de  rotation  du  soleil,  prenait  un  tout  autre  aspect  étant  considéré 
dans  le  sens  de  cet  axe.  En  effet,  le  maximum  de  chaleur  n'était  plus  alors 
au  centre  du  disque,  mais  au-dessus,  à  une  distance  fort  rapprochée  «lu 
point  où  la  partie  visible  de  l'équateur  coupait  l'axe  de  la  rotation  solaire 


(*)  On  n'a  pas  observé  ia  formation  du  sucre  dans  cette  réaction.  On  sait  seulement  que 
l'acide  mimotannique  exposé  à  l'air,  donne  de  l'acide  catéchique  ;  mais  comme  l'acide  mimo- 
tannique  donne  les  mêmes  matières  rouges,  brunes  et  noires  que  le  tannin  ordinaire,  il  est 
très-probable  qu'il  renferme  aussi  du  sucre. 

(  **  )  Sa  décomposition  par  la  chaleur  et  par  les  acides  nitrique  et  sulfurique  ,  en  acides 
phénique  et  oxyphénique ,  s'explique  facilement ,  si  l'on  admet  que  ce  tannin  renferme  un 
acide  C8HsOs  homologue  du  gallique. 

(  ***  j  Cette  transformation  n'a  pas  été  observée  ;  mais  on  retire  de  la  même  liqueur  l'asper- 
tannin  ,  l'acide  rubichlorique  et  du  sucre. 


(  i66) 

lorsque'le  P.  Secchi  faisait  ses  expériences.  Ce  grand  rapprochement  et 
l'idée  que  si  un  fluide  atmosphérique  existait  réellement,  comme  on  le  sup- 
pose aujourd'hui,  au-dessus  de  la  photosphère  du  soleil,  son  action  absor- 
bante devait  augmenter  dans  toutes  les  directions  autour  du  centre,  con- 
duisit l'auteur  à  admettre  une  radiation  calorifique  plus  intense  à  l'équateur 
que  dans  les  zones  adjacentes;  conclusion  qui  est,  à  mon  avis,  parfaitement 
exacte;  Mais  peut-on  en  dire  autant  par  rapport  à  la  déduction  que  le 
P.  Secchi  tire  de  l'égalité  des  rayonnements  provenant  des  bords  du  soleil?  , 
Je  ne  le  pense  pas. 

»  Les  différences  de  température  entre  les  points  homologues  des  moitiés 
inférieure  et  supérieure  du  disque  solaire,  très- prononcées,  comme  nous 
venons  de  le  dire,  dans  la  partie  centrale,  s'effacent  complètement  en  appro- 
chant de  la  circonférence. 

»  La  cause  de  ce  phénomène  serait  évidente,  selon  le  P.  Secchi,  «  si  l'on 
»  admet  l'atmosphère  du  soleil  qui,  par  son  absorption  où  la  couche  tra- 
»  versée  est  très-épaisse,  peut  faire  disparaître  toute  différence  entre  les 
»  températures  primitives  des  rayons  lumineux,  de  même  que  l'absorption 
»  de  notre  atmosphère  rend,  en  toute  saison,  la  splendeur  du  soleil  tolé- 
»   rable  à  l'horizon,  et  la  chaleur  de  cet  astre  à  peine  sensible  (l)  ». 

»  Ainsi  l'auteur  suppose  d'abord  que  la  loi  de  la  distribution  calorifique, 
dans  le  sens  de  l'axe,  observée  vers  les  parties  centrales  du  soleil,  s'étend 
aussi  aux  régions  polaires;  et  cela  paraît  effectivement  assez  probable. 
Admettons  donc  avec  lui,  que  deux  points  homologues  situés  tout  près  des 
bords  avaient,  à  l'époque  des  expériences,  des  températures  initiales  diffé- 
rentes. Il  s'agit  de  montrer  comment  les  rayonnements  inégaux  de  ces  deux 
points  peuvent  acquérir  la  même  température  en  traversant  l'atmosphère 
solaire;  et,  pour  moi,  j'avoue  franchement  que  je  n'aperçois  aucun  rapport 
entre  cette  question  et  l'affaiblissement  d'intensité  lumineuse  et  calorifique 
qu'éprouvent  les  rayons  du  soleil  couchant.  Le  phénomène  n'est,  selon 
moi,  explicable  qu'en  faisant  intervenir  la  qualité  différente  des  deux  flux 
de  chaleur,  car  alors  seulement  l'action  inégale  du  fluide  atmosphérique, 
que  nous  supposons  exister  autour  du  soleil,  peul  absorber  plus  fortement 
une  certaine  partie  du  flux  le  plus  intense,  et  produire  ainsi  l'égalité  observée 

(i)  Sopra  le  osservazioni  fatte  alla  specola  del  Collegio  Roraano  durante  l'eclisse  del 
28  Luglio  i85i,  Memoria  del  P.  A.  Secchi,  Direttore  dello  stesso  Osservatorio ,  seguita  da 
alcune  ricerche  sulla  distribuzione  del  calore  alla  superficie  solare.  Rorna,  r85a  ;  pag.  35. 


(  «67  ) 

des  deux  rayonnements.  Et  comme  ceux-ci  pourraient  encore  conserver- 
sous  la  même  température  des  propriétés  thermochroïques  différentes,  je 
viens  de  prier  MM.  Secchi  et  Volpicelli  de  faire  quelques  expériences  ten- 
dantes à  mettre  ces  propriétés  en  évidence  dans  les  radiations  des  bords 
situés  aux  deux  extrémités  de  l'axe  de  rotation,  et  d'étudier,  en  général,  la 
question  de  l'hétérogénéité  des  rayonnements  partant  des  différents  points 
du  disque  solaire.  Ne  savons-nous  pas,  en  effet,  que  nos  sources  de  chaleur, 
plus  ou  moins  intenses,  donnent  des  flux  rayonnants  qui  se  distinguent 
entre  eux  par  des  inégalités  de  transmission,  de  réfraction  et  de  diffusion? 
pourquoi  n'en  serait-il  pas  de  même  à  l'égard  des  points  phis  ou  moins 
chauds  du  disque  solaire? 

»  Remarquez  bien,  mon  honorable  ami,  que  cette  dernière  supposition 
ne  serait  guère  démentie  lors  même  que  le  projet  d'expériences  mentionné 
ci-dessus  conduirait  à  des  résultats  négatifs,  car  il  pourrait  bien  arriver  que 
l'action  absorbante  de  l'atmosphère  solaire  fît  disparaître  des  rayonnements 
dus  aux  différentes  parties  de  la  photosphère  sous-jacente  tous  les  éléments 
susceptibles  d'être  distingués  par  nos  moyens  analytiques  de  ceux  qui 
restent,  dans  la  radiation  de  la  masse  solaire. 

»  Au  reste,  tout  en  n'osant  pas  affirmer  que  ces  expériences  trancheront 
la  question,  je  les  considère  comme  très-dignes  d'attirer  l'attention  des  astro- 
nomes et  des  physiciens.  En  d'autres  temps  je  n'aurais  pas  hésité  à  les 
entreprendre  moi-même,  mais  je  n'en  ai  pas  maintenant  les  moyens. 

»  En  attendant,  pour  tirer  parti  des  ressources  dont  je  puis  disposer,  j'#i 
commencé,  du  côté  de  notre  atmosphère,  l'investigation  des  phénomènes 
que  je  présume  devoir  s'accomplir  dans  l'enveloppe  atmosphérique  de  la 
photosphère  solaire. 

»  Quoique  je  ne  sois  pas  encore  en  état  d'exposer  d'une  manière  com- 
plète les  résultats  de  cette  investigation,  qui  exige  évidemment  du  temps  ef 
des  circonstances  météorologiques  extrêmement  favorables,  je  crois  cepen- 
dant pouvoir  affirmer,  dès  aujourd'hui,  et  cela  sans  crainte  d'erreur  ou 
d'illusion,  comme  je  le  disais  dernièrement  à  l'Académie  de  Naples,  que 
les  divers  principes  élémentaires  dont  se  compose  le  rayonnement  calori- 
fique du  soleil  subissent,  en  traversant  la  masse  gazeuse  qui  entoure  le  globe 
terrestre,  des  absorptions  fort  différentes.  Je  citerai  seulement  quelques  faits 
à  l'appui  de  ma  proposition. 

»  Le  5,  le  6  et  le  7  de  ce  mois  (juillet  iS5i),  une  couche  d'eau  com- 
prise entre  deux  verres  de  glace  d'Allemagne  étant  exposée  aux  rayons 


(  168  ) 

solaires  réfléchis  par  l'héliostat  dans  l'intérieur  d'une  chambre  obscure; 
transmettait  60  pour  ioo  de  la  chaleur  incidente  à  midi,  et  32  pour  100 
une  heure  environ  avant  le  coucher  du  soleil.  La  transmission  calorifique 
d'une  plaque  de  cristal  de  roche  enfumé,  étudiée  dans  les  mêmes  condi- 
tions, donnait  au  contraire  62  pour  100  une  heure  avant  le  coucher  du 
soleil,  et  3o  pour  100  à  midi.  Ces  valeurs,  qui  étaient  d'autant  moins  diver- 
gentes que  l'on  opérait  à  des  époques  plus  rapprochées,  ne  présentaient 
dans  la  répétition  des  mesures  que  des  oscillations  à  peine  sensibles. 

»  Ainsi,  la  proportion  de  chaleur  transmise  par  un  corps  donné  varie 
avec  les  différentes  épaisseurs  atmosphériques  traversées  par  les  rayons 
solaires  ;  et  cette  variation  suit  des  lois  tellement  différentes  en  passant  de 
l'un  à  l'autre  corps,  qu'elle  prend,  dans  les  mêmes  circonstances,  des  signes 
contraires.  Cette  opposition  de  signe  est,  à  mon  avis,  la  meilleure  preuve 
possible  de  la  diversité  d'absorption  subie,  sous  l'influence  de  l'atmosphère 
terrestre,  par  les  divers  éléments  calorifiques  qui  composent  le  rayonne- 
ment solaire,  et  suffit,  à  elle  seule,  pour  mettre  tout  à  fait  hors  de  doute 
que  la  chaleur  projetée  sur  la  terre  par  le  soleil  change  non-seulement 
d'intensité,  mais  aussi  de  qualité  à  mesure  que  l'astre  s'éloigne  ou  s'ap- 
proche de  l'horizon. 

»  Maintenant,  je  n'ai  nullement  l'intention  de  montrer,  par  une  discus- 
sion plus  ou  moins  approfondie,  l'influence  que  la  connaissance  de  ce 
changement  de  qualité  pourra  exercer  sur  les  progrès  de  la  philosophie 

naturelle.  N'êtes-vous  pas  mon  digne  maître? 

J'ajouterai  seulement  qu'il  m'est  arrivé  plus  d'une  fois  de  comparer  la  phy- 
siologie animale  et  végétale  à  deux  grands  problèmes  d'analyse  indéter- 
minée, dont  les  inconnues  surpassent  de  beaucoup  le  nombre  des  équations. 
La  propriété  nouvelle  que  je  viens  d'observer  dans  la  chaleur  solaire  ne 
fournirait-elle  pas  une  équation  de  plus  pour  arriver,  tôt  ou  tard,  à  la 
solution  de  quelques-unes  des  importantes  questions  relatives  au  soutien  et 
au  développement  de  la  vie  organique  à  la  surface  du  globe?  » 


(  i69  ) 

RAPPORTS. 

aNatomie  comparée.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  ayant  pour  titre  : 
Détermination  des  parties  qui  constituent  l'encéphale  des  Poissons; 
par  MM.  Philipeaux  et  Vulpian. 

(Commissaires,  MM.  Duméril,  Flourens,  Duvernoy  rapporteur.) 

«  L'unité  de  plan  d'organisation  des  animaux  vertébrés  est  une  des  plus 
belles  démonstrations  de  l'Anatomie  comparée  et  l'un  des  plus  grands  ser- 
vices qu'elle  ait  rendus,  il  y  a  déjà  un  demi-siècle,  à  la  Zoologie. 

»  Depuis  lors,  ce  point  de  vue  a  été  la  pensée  dominante  d'un  grand 
nombre  d'anatomistes,  dans  les  recherches  qu'ils  ont  faites  sur  les  organes, 
les  appareils  ou  les  systèmes  organiques  de  ces  animaux. 

»  La  détermination  comparative  des  parties  qui  entrent  dans  la  compo- 
sition de  l'encéphale  des  Poissons  a  été  plus  particulièrement  le  sujet  des 
travaux  et  des  efforts  de  plusieurs  anatomistes  célèbres. 

»  En  ne  remontant  pas  plus  haut  que  la  première  année  de  ce  siècle, 
époque  de  la  publication  des  deux  premiers  volumes  des  Leçons  d'Anaio- 
inie  comparée,  par  MM.  Cuvier  et  Duméril,  nous  y  trouverons  la  première 
comparaison  générale  et  rationnelle  de  l'encéphale  de  tous  les  Vertébrés. 

»  Nous  pourrions  citer  ensuite  les  tentatives  et  les  déterminations  plus 
ou  moins  concordantes  ou  différentes  de  cet  appareil  compliqué,  d'Arsaky 
(en  18 1 3 ) ;  de  M.  Weber  (en  18 1 7 ) ;  de  M.  Serres  (en  1821  et  ]8a4);  de 
M.  Desmoulins,  dans  un  ouvrage  publié  avec  M.  Magendie  pour  la  partie 
physiologique  (en  i8a5);  de  M.  Cuvier  (1)  (en  1828);  de  M.  Gotsche  (en 
i83j);  de  M.  Stannius  (en  i8/|3);  enfin  de  M.  Natalis  Guillot  (en  1 84/î). 

»  L'analyse  raisonnée  des  déterminations  successives  adoptées  par  ces 
savants  nous  forcerait  de  trop  étendre  ce  Rapport. 

»  Il  nous  suffira  de  dire  que,  sous  plusieurs  points  de  vue  importants, 
leur  manière  de  voir  diffère  entièrement  de  celle  énoncée  dans  le  Mémoire 
dont  nous  devons  rendre  compte. 

»  On  y  trouve,  en  effet,  une  détermination  des  couches  optiques  entière- 
ment nouvelle  et  inattendue  ;  et  celle  du  cervelet,  à  peu  près  nouvelle,  puis- 
qu'elle n'avait  été  admise  que  par  un  seul  anatomiste,  et  que,  depuis  181  7, 
elle  avait  été  rejetée. 

(1)  Dans  Y  Histoire  naturelle  des  Poissons ,  tome  I. 

C.  ».,  115a,   am*  Semestre.  (T.  \XXV,  N"  iî.  I  ^ 


(  '7°  ) 

»  Ces  considérations  montrent  sous  un  nouveau  jour,  avec  des  détails 
inaperçus  jusqu'ici,  les  différentes  parties  de  l'encéphale  des  Poissons. 

»  Les  auteurs  les  ont  étudiées  en  premier  lieu  dans  les  Poissons  osseux, 
et  dans  la  Carpe  en  particulier. 

»  Puis  ils  indiquent  les  modifications  que  l'encéphale  du  Triple,  du 
Merlan  et  de  Y  Anguille  leur  ont  montrées. 

»  Us  passent  ensuite  à  l'examen  comparatif  de  l'encéphale  des  Raies  et 
des  Squales. 

»  Ce  travail  n'a  pas  été,  pour  ces  anatomistes,  une  simple  interprétation 
des  faits  connus;  ils  ont  mis  beaucoup  de  soin  à  faire  eux-mêmes  de  nou- 
velles analyses  des  organes  qui  composent  le  cerveau  des  Poissons,  et  leurs 
recherches  ont  eu  pour  résultat  une  connaissance,  généralement  plus  exacte 
dans  les  détails,  de  ces  organes  et  de  leurs  parties  ;  elles  les  ont  conduits  à 
une  détermination  plus  juste,  sinon  de  tous,  du  moins  de  plusieurs  de  ces 
mêmes  organes. 

»  Il  nous  reste  à  le  démontrer  par  une  exposition  rapide  des  faits  et  de 
leur  interprétation,  en  suivant  l'ordre  adopté  par  les  auteurs. 

»  Ils  décrivent  d'abord  avec  détail  le  cerveau  de  la  Carpe. 

»  Relativement  aux  ganglions  antérieurs,  ils  ne  leur  donnent  pas,  quoi 
qu'ils  en  disent,  une  autre  détermination  que  M.  Cuvier. 

«  Les  nerfs  olfactifs,  est  il  dit  dans  la  première  édition  des  Leçons  (1), 
»  forment  des  renflements  ou  des  nœuds  dont  le  nombre  varie,  et  qui  sont 
»  souvent  si  volumineux,  que  plusieurs  auteurs  les  ont  pris  pour  le  véritable 
»   cerveau.  » 

»  Ces  nœuds  des  nerfs  olfactifs,  décrits  avec  détail  dès  1800,  M.  Cuvier 
les  désigne  encore,  dans  Y  Histoire  naturelle  des  Poissons  (2),  comme  les 
tubercules  antérieurs  ou  les  lobes  antérieurs.  «  Très-souvent,  ajoute-t-il,  il 
»  y  a  encore,  à  la  racine  des  nerfs  olfactifs,  un  autre  renflement.  Dans  plu- 
»  sieurs,  ces  nerfs  se  renflent  en  un  ganglion  avant  de  se  distribuer  à  la 
»  membrane  pituitaire;  et  l'on  a  remarqué  que  cela  arrive  surtout  dans  les 
»  espèces  où  il  n'y  a  point  de  renflement  à  leur  base,  en  avant  des  lobes 
»  antérieurs.  » 

»  Nous  ne  voyons  nulle  part  que  M.  Cuvier  ait  confondu  les  lobes 
ethmoïdaux  ou  les  renflements  qui  terminent  les  nerfs  olfactifs,  avec  ceux 
dont  ils  sortent. 

»  Les  nœuds,  ou  les  lobes  olfactifs,  ou  les  tubercules  antérieurs,  sont 

(i)  Tome  II,  page  167  ;  1"  édit. 
(2)  Tome  I,  pages  434  et  435. 


(  '7'  ) 
donc  synonymes  des  bulbes  olfactijs  des  auteurs  dont  nous  analysons  le 
Mémoire. 

»  La  glande  pinéale  avait  été  bien  reconnue  par  M.  Cuvier  comme  un 
petit  lobe  de  matière  grise  placé,  dans  V Anguille  et  le  Congre,  au  devant 
des  lobes  creux,  c'est-à-dire  du  cerveau;  mais  il  voyait  dans  sa  position, 
en  avant  du  cerveau,  une  transposition  embarrassante. 

»  Les  auteurs  ont  fait  disparaître  cette  difficulté,  en  montrant  que  les 
rapports  essentiels  de  la  glande  pinéale,  dont  ils  ont  reconnu  généralement  et 
facilement  l'existence,  sont  conservés.  Ce  sont  les  rennes  qu'elle  envoie  aux 
piliers  antérieurs  de  la  voûte,  dans  les  Poissons  comme  dans  les  Mammi- 
fères, malgré  leur  transposition  en  avant  du  cerveau  ;  rennes  que  M.  Cuvier 
avait  indiquées  comme  allant  s'insérer  à  la  base  des  lobes  solides  placés 
devant  les  lobes  creux  (i). 

»  Les  seconds  ganglions  qu'on  observe  dans  l'encéphale  de  la  Carpe,  en 
procédant  d'avant  en  arrière,  sont  les  hémisphères  cérébraux,  suivant 
MM.  Philipeaux  et  Vulpian,  et  ils  en  donnent,  à  notre  avis,  des  preuves 
incontestables. 

»  Ces  deux  hémisphères  forment,  dans  la  Carpe,  une  calotte,  à  parois 
minces,  interceptant  une  cavité  continue.  La  partie  médiane  de  cette 
calotte,  plus  mince  que  les  parties  latérales  et  de  substance  médullaire,  à 
fibres  transversales,  est  un  véritable  corps  calleux  ;  tandis  que  l'on  peut 
reconnaître,  dans  les  parois  latérales  qui  sont  plus  épaisses,  deux  couches, 
dont  l'une  extérieure  est  de  substance  grise,  et  l'autre  intérieure  est  de 
substance  blanche;  ses  fibres  radiées,  très-distinctes,  sont  fournies  par  les 
pédoncules  cérébraux. 

»  Ces  hémisphères  renferment,  comme  ceux  des  Mammifères  : 

»   A.  La  voûte  à  trois  piliers; 

»  B.  Une  commissure  grêle,  qui  unit  les  hémisphères  cérébraux  par  leur 
partie  antérieure  et  inférieure  ; 

»  C.  Une  partie  des  couches  optiques; 

»  D.  Les  corps  striés; 

»  E.  L'orifice  qui  conduit  dans  le  ventricule  moyen; . 

»  F.  Les  ventricules  latéraux  ; 

»  G.  Les  plexus  choroïdes. 

»  Nous  avons  vérifié  toutes  ces  circonstances  organiques  avec  M.  Phili^ 
peaux. 

(i)  Histoire  naturelle  des  Poissons ,  par  MM.  Cuvier  et  Valenciennes,  tomel,   page  43tn 

23.  . 


(  »3*  ) 

»  Déjà  la  première  édition  des  Leçons  renferme  cette  assertion,  que  les 
deux  héniphères  existent  toujours  sans  circonvolution  apparente,  et  con- 
tiennent chacun  un  ventricule,  dont  le  plancher  présente  une  saillie  ana- 
logue aux  corps  cannelés. . .  . 

»  On  y  lit  plus  loin  : 

»  Le  nombre  et  la  forme  des  énnnences  contenues  dans  les  hémisphères, 
diffèrent  dans  les  diverses  espèces  de  Poissons  (i). 

»  Sans  rapporter  ici  textuellement  la  manière  de  voir  de  M.  Cuvier  sur 
les  lobes  creux,  il  est  évident  qu'il  les  considérait,  en  1828,  ainsi  qu'en  1800, 
comme  les  analogues  des  hémisphères  cérébraux. 

»  Il  reconnaît  que  leur  coque  offre  deux  couches,  le  plus  souvent  faciles 
à  séparer;  une  extérieure,  grise,  une  intérieure,  blanche.  Il  en  décrit  avec 
soin  l'origine,  la  direction  et  les  connexions.  «  Les  voûtes  des  lobes  creux, 
»  dit-il  encore,  s'unissent  ensemble,  dans  une  ligue  médiane,  par  une  es- 
»  pèce  de  corps  calleux,  et  une  arête  saillante  en  dedans;  mais  il  n'y  a 
»   point  de  seplum  lucidwn.  »  Il  ajoute  : 

»  Il  y  a  au  fond  de  la  cavité  un  bourrelet  demi-circulaire  de  chaque  côté, 
«   analogue  aux  corps  cannelés  dans  l'homme.  » 

»  Enfin  on  trouve,  sur  le  plancher  de  ce  ventricule,  des  tubercules  dont 
le  nombre,  la  forme  et  les  proportions  relatives  varient  selon  les  genres,  et 
sont  placés  sur  l'aqueduc. 

»  Il  y  a  toujours  une  commissure  qui  unit  les  parties  postérieures  de  la 
base  des  deux  lobes  creux  ;  «  c'est  derrière  elle,  et  en  avant  des  quatre 
»  tubercules  contenus  dans  ces  lobes,  qu'est  ouvert  le  ventricule  ana- 
»  logue  au  troisième  de  l'homme,  qui  conduit,  comme  à  l'ordinaire,  à 
»  l'infundibulum  et  vers  la  glande  pituitaire,  à  la  face  inférieure  de  l'encé- 
»   phale  (u).  » 

»  Il  est  étonnant,  après  tous  ces  détails,  cpie  M.  Cuvier  n'ait  pas  adopté 
la  dénomination  à' hémisphères  cérébraux ,  dont  il  indique  tous  les  carac- 
tères essentiels  de  composition  et  de  connexion. 

»  MM.  Philipeaux  et  Vulpian  ont  le  mérite  d'avoir  complété  cette  dé- 
monstration el  d'avoir  admis  cette  analogie  si  palpable. 

»  Mais  la  partie  de  leurs  déterminations  la  plus  originale,  celle  pour 
laquelle  ils  n'ont  aucun  prédécesseur  et  celle  cependant  qui  a  eu  le  plus 

(1)  Leçons,  tome  H,  pages  167  à  169. 

(2)  Histoire  naturelle  des  Poissons,  tome  I,  page  4^6  et  lyl^. 


(  173) 
d'influence  sur  toutes  leurs  interprétations,  est,  sans  contredit,  celle  des 
couches  optiques. 

»  Ils  ont  vu  que,  chez  les  Poissons,  ces  couches  ont  un  développement 
extraordinaire  et  qu'elles  se  composent  de  deux  parties,  l'une  contenue 
dans  le  ventricule  cérébral  et  y  formant  deux  lobes  distincts,  séparés; 
chacun  de  ces  lobes  se  continue  en  arrière  au  delà  du  ventricule  et  paraît 
à  découvert  en  se  soudant  à  son  semblable,  de  manière  à  ne  former,  en 
apparence,  qu'un  lobe  impair 

»  C'est  ce  lobe  impair  qui  a  été  généralement  déterminé  comme  le 
cervelet. 

»  Cette  partie  extérieure  des  couches  optiques  recouvre  les  tubercules 
dits  quadrijumeaux,  qui  sont  trijumeaux  dans  la  Carpe;  deux  en  avant  et 
un  en  arrière. 

»  Les  auteurs  reconnaissent  le  cervelet  dans  les  tubercules  latéraux 
creux  qui  paraissent  en  arrière,  de  chaque  côté  de  la  moelle  allongée,  et  qui 
flanquent  la  partie  de  la  couche  optique  qui  est  à  découvert  et  qu'on  a 
déterminée  jusqu'ici  comme  le  cervelet  des  Poissons. 

»  On  croyait,  en  effet,  y  voir  un  lobe  unique;  tandis  que  les  auteurs  du 
Mémoire  montrent  qu'il  est  séparable,  sans  déchirure,  en  deux  moitiés 
similaires,  réunies  par  du  tissu  cellulaire,  et  que  chacune  de  ces  moitiés  se 
continue  en  avant  avec  la  partie  correspondante  des  couches  optiques 
enfermées  dans  l'hémisphère  cérébral. 

»  Voici  les  raisons  sur  lesquelles  ils  se  fondent  pour  leur  détermina- 
tion des  couches  optiques,  outre  celle  de  continuité  que  nous  venons 
d'énoncer. 

»  t°.  La  portion  intraventriculaire  de  ces  organes  reçoit  une  grande 
partie  des  fibres  des  pédoncules  cérébraux. 

»   2°.  Elle  est  limitée  en  dehors  par  les  corps  cannelés  ou  striés. 

»  3°.  L'infundibulum  vient  s'ouvrir  entre  ces  couches,  et  elles  forment 
les  parois  latérales  du  troisième  ventricule. 

»  Le  lobe  médian  qui  est  la  continuation  des  couches  optiques  intra- 
ventriculaires,  provenant  des  pédoncules  cérébraux  et  non  de  la  moelle 
allongée,  comme  c'est  le  caractère  essentiel  du  cervelet,  ne  devait  pas  être 
considéré,  suivant  MM.  Philipeaux  et  Vulpian,  comme  ce  dernier  organe. 

»  Le  cervelet  des  Poissons  consiste,  dans  la  Carpe,  comme  l'avait  déter- 
miné M.  Weber  (i),  en  deux  renflements  de  substance  grise,   situés  de 


(i)  Anatomia  comparala  neivi  sympathici.  Leipsig,  1817. 


(  '74  ) 
chaque  côté  de  la  moelle  allongée,   et  dépassant  en  arrière  le  tubercule 
extérieur  de  la  couche  optique,  ainsi  que  les  tubercules  quadrijumeaux. 

»  Deux  prolongements  que  les  hémisphères  cérébelleux  envoient  en 
avant  aux  tubercules  quadrijumeaux  postérieurs,  connus  dans  l'homme  et 
les  Mammifères  sous  le  nom  de  processus  cerehelli  ad  testes,  viennent  à 
l'appui  de  leur  détermination  comme  hémisphères  cérébelleux. 

»  Le  quatrième  ventricule  a  pour  paroi  inférieure  la  moelle  allongée  et 
pour  paroi  supérieure  le  tubercule  impair  et  les  tubercules  quadrijumeaux. 
Ses  côtés  sont  limités  par  les  hémisphères  cëréhèiktix. 

»  MM.  Philipeaux  et  Vulpian  ne  font  qu'indiquer  les  parties  de  la  face 
inférieure  de  l'encéphale  des  Poissons. 

»  i°.  Le  corps  pituitaire  et  sa  tige,  au  sujet  desquels  il  n'y  a  pas  de  dis- 
sentiment parmi  les  anatomistes. 

»   2°.  Les  éininences  mamillaires. 

»  M.  Cuvier  dit  qu'il  les  avait  regardées  autrefois  comme  lès  analogues 
des  lobes  optiques  des  Oiseaux ,  parce  qu'elles  fournissent  une  partie  des 
fibres  des  nerfs  optiques;  «  mais  d'autres  anatomistes,  ajoute-t-il,  préfèrent 
»  de  croire  que  ce  sont  les  analogues  des  protubérances  mamillaires  de 
»   l'homme  et  des  Mammifères  (i).    » 

»  Nous  rapportons  ce  passage  pour  rectifier  l'assertion  des  auteurs,  que 
M.  Cuvier  regardait  ces  éminences  comme  propres  aux  Poissons. 

»  Enfin  MM.  Philipeaux  et  Vulpian  ont  reconnu  dans  la  moelle  allongée, 
en  arrière  ou  en  haut,  la  dépression  triangulaire,  appelée  par  les  anthro- 
potomistes  calamus  scriptorius ;  à  la  face  inférieure  un  rudiment  de  pont 
de  Varole;  enfin  les  pyramides  antérieures,  ici  inférieures,  dont  les  fibres 
s'entre- croisent  évidemment  dans  un  point  que  les  auteurs  ont  déterminé 
avec  précision. 

»  Après  ces  déterminations  comparatives  des  différentes  parties  de  l'en- 
céphale de  la  Carpe,  les  auteurs  du  travail  que  nous  analysons ,  ont  décrit 
les  analogies  et  les  différences  qu'ils  ont  observées  dans  les  proportions , 
les  formes  ou  les  connexions  de  l'encéphale  du  Merlan,  du  Trigle  et  de 
Y  anguille. 

»  En  dernier  lieu,  ils  ont  étudié  comparativement  le  cerveau  de  quelques 
Poissons  cartilagineux,  tels  que  celui  d'une  Raie,  de  la  Roussette  et  de  la 
Torpille.  Ils  n'ont  pas  eu  de  peine  à  y  reconnaître  les  mêmes  parties  que 
dans  les   Poissons  osseux;   avec  de  très-sensibles   modifications  dans  les 

())  Histoire  naturelle  des  Poissons,  tome  I ,  page  45 1 . 


(  «75) 
formes  et  les  proportions,  et,  jusqu'à  un  certain  point,  dans  les  rapports. 
\  insi  la  couche  optique  antérieure ,  ainsi  que  le  corps  strié  y  sont  à  décou- 
vert en  arrière  du  ventricule  cérébral. 

»  Dans  la  Torpille,  le  cervelet  a  un  très-grand  développement,  et  ses 
deux  lobes  rapprochés  sur  la  moelle  allongée,  dépassent  en  volume  les  lobes 
des  couches  optiques. 

»  D'après  la  nouvelle  détermination  de  MM.  Philipeaux  et  Vulpian,  il 
n'v  a  pas  ici  de  lobes  électriques  particuliers,  mais  une  autre  forme  et  d'au- 
tres proportions  d'un  organe  existant  toujours.  D'ailleurs  les  paires  de  nerfs 
qui  fournissent  ceux  qui  se  rendent  à  l'organe  électrique  viennent  de  cette 
partie  du  bulbe  rachidien  qui  adhère  au  cervelet  ou  au  lobe  électrique  par- 
ticulier de  M.  Matteucci. 

»  Dans  toutes  leurs  déterminations,  les  auteurs  ont  procédé,  autant  que 
possible,  par  l'identité  des  connexions,  et  s'en  sont  servis  très-heureusement 
pour  arriver  à  l'analogie  de  composition  de  l'encéphale  des  Poissons  avec 
celui  des  Vertébrés  supérieurs. 

»  Leur  détermination  des  couches  optiques  qui  sont,  chez  les  Poissons, 
très-différentes  de  celles  des  Mammifères,  dans  leurs  formes,  dans  leur  vo- 
lume et  dans  une  partie  de  leur  composition,  est  celle  qui  sera  le  plus  diffici- 
lement adoptée  et  qui  nous  paraît  encore,  à  quelques  égards,  sujette  à 
discussion  (i). 

»  Cependant  nous  reconnaissons  que  MM.  Philipeaux  et  Vulpian  ont  fait 
preuve  d'une  grande  habileté  comme  anatomistes,  et  d'un  esprit  d'analyse 
et  de  comparaison  très-remarquables,  dont  ils  ont  dû  prendre  l'habitude 
par  les  travaux  auxquels  ils  se  livrent  journellement  dans  le  laboratoire  de 
l'un  de  nous  (M.  Flourens). 

»  Ajoutons  que  leur  Mémoire  est  accompagné  de  dessins  comparatifs  qui 
démontrent  avec  beaucoup  de  lucidité  les  propositions  du  texte  et  en  faci- 
litent l'intelligence. 

»  Nous  prierions  l'Académie  de  vouloir  bien  décider  l'insertion  de  leur 
Mémoire  parmi  ceux  des  Savants  étrangers,  si  les  auteurs  avaient  complété 
leur  travail,  comme  ils  en  ont  le  projet  et  comme  cela  est  à  désirer,  par  un 
exposé  détaillé  de  l'origine  des  paires  de  nerfs  cérébraux  et  de  leur  déter- 
mination. 

»  Nous  ne  doutons  pas  qu'avec  la  sagacité  dont  ils  ont  fait  preuve  dans 

(i)  Voir  à  ce  sujet  les  expériences  de  M.  Matteucci  sur  les  différents  lobes  cérébraux  de  la 
Torpille.  [Annales  des  Sciences  naturelles,  2e  série,  tome  VIII,  page  210.) 


(  '76) 
la  question  difficile  de  la  détermination  des  différentes  parties  de  l'encé- 
phale des  Poissons,  ils  ne  parviennent  à  éclairer  quelques  points  encore 
obscurs  touchant  la  détermination  et  l'origine  de  leurs  nerfs  cérébraux. 

Conclmions. 

»  INous  prions  l'Académie  d'accorder  son  approbation  à  ce  premier  et 
important  travail  de  MM.  Philipeaux  et  Vulpian,  qui  nous  paraît  avoir  fait 
faire  un  progrès  sensible  à  la  science  de  l'organisation,  et  d'ajouter  à  cet  en- 
couragement l'invitation  de  compléter  ce  travail,  afin  que,  si  elle  est  satis- 
faite de  ce  complément,  comme  du  premier  travail,  elle  puisse  voter  l'in- 
sertion de  l'ensemble  parmi  les  Mémoires  des  Savants  étrangers.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

MÉMOIRES  LUS. 

cristallographie.  —  Nouvelles  recherches  sur  les  relations  qui  peuvent 
exister  entre  lajorme  cristalline,  la  composition  chimique  et  le  phénomène 
rotatoire  moléculaire;  par  M.   L.  Pasteur.   (Extrait  par   l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Biot,  Dumas,  Senarmont.) 

«  Dans  la  première  partie  du  travail  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à 
l'Académie,  je  reviens  encore,  mais  cette  fois  à  un  nouveau  point  de  vue,  sur 
la  corrélation  de  l'hémiédrie  et  du  phénomène  rotatoire  moléculaire.  J'ai 
fait  voir,  par  mes  recherches  antérieures,  que,  dans  la  pluralité  des  cas,  les 
formes  cristallines  des  substances  actives  sur  la  lumière  polarisée  possèdent 
l'hémiédrie  non  superposable.  Cependant  j'ai  rencontré  un  certain  nombre 
de  substances  actives  qui  se  présentent  toujours  avec  des  formes  cristallines 
homoédriques.  La  corrélation  des  deux  phénomènes  souffre-t-elle  donc  des 
exceptions,  et  l'hémiédrie  n'accompagne-t-elle  pas  d'une  manière  constante 
le  phénomène  rotatoire? 

»  Afin  de  résoudre  ces  questions,  il  faut  d'abord  rechercher  si  l'absence 
de  l'hémiédrie  dans  des  substances  actives  n'est  pas  un  accident  provoqué 
par  les  conditions  de  la  cristallisation,  et  si  cette  propriété  n'est  pas  seule- 
ment cachée,  quoique  toujours  possible.  Ce  ne  peut  être  l'objet  d'aucun 
doute,  que  la  structure  d'un  cristal  soit  très-souvent  ce  qu'exige  le  caractère 
hémiédrique  non  superposable,  bien  qu'aucune  disposition  physique  exté- 
rieure n'accuse  cette  constitution  moléculaire  interne.  Ainsi  les  formes  cris- 
tallines des  tartrates  droits  et  gauches  ne  diffèrent  que  par  la  position  des 


(  «77  ) 
facettes  hémiédriques.  Or  il  est  certains  tartrates  qui,  dans  les  circonstances 
ordinaires,  ne  portent  jamais  de  pareilles  facettes.  Dans  ce  cas,  il  y  a  identité 
parfaite  et  absolue  entre  les  formes  cristallines  des  deux  tartrates  droit  et 
gauche.  N'est-il  pas  incontestable  néanmoins  que  l'hémiédrie,  quoique 
absente,  est  possible,  et  que  la  structure  physique  des  deux  espèces  de 
cristaux  est  complètement  différente. 

»  J'ai  pensé  que  dans  le  cas  où  la  structure  cristalline  propre  aux  sub- 
stances actives  sur  la  lumière  polarisée  ne  serait  pas  visiblement  et  géomé- 
triquement accusée,  il  suffirait  de  modifier  les  conditions  de  la  cristallisation 
pour  faire  apparaître  forcément  et  d'une  manière  constante  les  facettes 
hémiédriques.  J'ai,  en  effet,  réussi  dans  tous  les  casque  j'ai  soumis  à  l'expé- 
rience. Je  citerai  de  préférence,  dans  ce  résumé,  le  bimalate  de  chaux,  le 
himalate  d'ammoniaque,  la  tartramide,  le  bitartrate  d'ammoniaque.- 

»  Le  bimalate  de  chaux  cristallisé  dans  l'eau  pure  n'est  jamais  hémié- 
drique.  Que  si,  au  contraire,  on  le  fait  cristalliser  dans  l'acide  nitrique,  tous 
ses  cristaux  portent  alors  quatre  faces  qui  conduisent  à  un  tétraèdre  irré- 
gulier. Et  même,  pour  une  certaine  concentration  de  l'acide,  les  facettes 
hémiédriques  font  presque  disparaître  sous  leur  développement  les  faces 
principales  ordinaires  du  cristal. 

»  Le  bimalate  d'ammoniaque  cristallisé  dans  l'eau  pure  ou  dans  l'acide 
nitrique  n'est  jamais  hémiédrique,  mais  on  donne  ce  caractère  à  tous  ses  cris- 
taux de  la  manière  suivante  :  on  chauffe  ce  sel  jusqu'à  fusion  et  commence- 
ment de  décomposition,  puis  on  le  fait  cristalliser  de  nouveau.  L'action  de 
la  température  donne  naissance,  en  petite  quantité,  à  divers  produits  dont 
la  présence  provoque  le  développement  des  faces  hémiédriques. 

»  La  tartramide  offre  un  résultat  analogue  et  peut-être  plus  sensible.  Cris- 
tallisée dans  l'eau  pure,  cette  magnifique  substance ,  que  l'on  doit  à  l'ingé- 
nieuse méthode  de  préparation  des  éthers  de  M.  Demondésir,  n'est  jamais 
ou  très-rarement  hémiédrique.  Mais,  si,  au  moment  où  l'on  met  à  cristalliser 
une  solution  chaude  de  tartramide,  on  ajoute  quelques  gouttes  d'ammo- 
niaque à  la  liqueur,  presque  tous  les  cristaux  offrent  des  facettes  hémiédri- 
ques, et  souvent  très-développées. 

»  Enfin,  pour  le  bitartrate  d'ammoniaque,  on  rend  tous  ses  cristaux 
hémiédriques  en  le  faisant  cristalliser  dans  une  dissolution  chargée  de  bitar- 
trate de  soude. 

m  J'étudie  en  outre,  dans  la  première  partie  de  ce  travail,  un  certain 
nombre  de  formes  cristallines  appartenant  à  des  substances  actives,  parmi 
lesquelles  se  trouvent  des  dérivés  des  alcalis  organiques  naturels,  genre  de 

C.  R.,  i852,  ^"Semestre.  (T.  XXXV,  N°  8.)  ^4 


(  '7») 
combinaisons  que  je  n'avais  point  encore  examiné,  et  j'y  reconnais  égale- 
ment le  caractère  de  l'hémiédrie  non  superposable.  Ce  sont  : 

Les  deux  tartramides  droite  et  gauche, 

Les  deux  acides  tartramiques  droit  et  gauche, 

Le  valérianate  de  morphine, 

Le  tartrate  droit  de  cinchonine, 

Le  chlorhydrate  de  papavérine. 

Knfin  je  montre  que  dans  tous  les  cas  la  forme  hémiédrique  est  une  des 
Formes  secondaires  les  plus  simples  du  corps  actif,  et  que  si  on  la  prend 
pour  forme  type,  toutes  les  faces  que  présente  habituellement  la  substance 
ont  des  rotations  excessivement  simples. 

»  La  deuxième  partie  de  ce  travail  est  consacrée  à  l'examen  d'un  nou- 
veau genre  de  combinaisons  isomères  qui  présentent  un  bien  vif  intérêt,  et 
sur  les  propriétés  desquelles  on  ne  se  lasse  point  de  méditer.  Je  rappellerai 
d'abord  à  l'Académie  la  grande  ressemblance  de  propriétés  physiques  et 
chimiques  que  l'on  rencontre  dans  les  acides  tartriques  droit  et  gauche,  et 
dans  leurs  dérivés  correspondants.  Il  n'est  rien  que  l'on  fasse  avec  l'un  de 
ces  acides  que  l'on  ne  puisse  effectuer  avec  l'autre  dans  les  mêmes  circon- 
stances, et  les  produits  obtenus  ont  constamment  même  solubilité,  même 
poids  spécifique,  même  double  réfraction,  mêmes  angles  des  faces.  Tout 
est  identique,  en  un  mot,  si  ce  n'est  l'impossibilité  de  superposer  les  formes 
cristallines,  et  que  le  pouvoir  rotatoire  s'exerce  à  droite  dans  un  cas,  a 
gauche  dans  l'autre,  mais  rigoureusement  de  la  même  quantité  en  valeur 
absolue.  Et  que  l'on  ne  croie  pas  que  cette  identité  ne  se  manifeste  que 
pour  ces  propriétés  importantes,  telles  que  la  solubilité,  le  poids  spéci- 
fique,...; on  la  retrouve  partout  avec  la  même  intensité.  Un  tartrate  droit 
ou  en  général  un  dérivé  quelconque  de  l'acide  tartrique  droit,  se  dépose-t-tl 
en  cristaux  volumineux  ou  aiguillés,  limpides  ou  nébuleux,  à  faces  striées 
ou  planes,  ces  cristaux  offrent-ils  un  mode  de  groupement  déterminé,  se 
brisent-ils  facilement;  enfin  présentent-ils  de  telle  ou  telle  manière  ces  mille 
détails  qui  échappent  pour  ainsi  dire  à  la  narration  :  on  est  assuré  de  les 
reconnaître  avec  les  mêmes  caractères  dans  le  dérivé  gauche  de  même  nom. 
Cela  posé,  voici  le  fait  remarquable  sur  lequel  je  vais  appeler  l'attention  de 
l'Académie.  C'est  que  cette  identité  absolue  pour  tout  ce  qui  n'est  pas 
hémiédrie  et  sens  du  phénomène  rotatoire,  n'existe  qu'autant  que  les  deux 
acides  tartriques  sont  unis  à  des  combinaisons  inactives  sur  la  lumière 
polarisée.  Mais  les  place-t-on,  eux  ou  leurs  dérivés,  en  présence  de  pro- 
duits qui  ont  une  action  quelconque  sur  le  plan  de  polarisation,  et  alors 


(  i79) 
toute  identité  cesse  d'avoir  lieu.  Les  combinaisons  correspondantes  n'ont 
plus  ni  la  même  composition,  ni  la  même  solubilité;  elles  ne  se  comportent 
plus  de  la  même  manière  sous  l'influence  d'une  température  élevée.  Que  si 
par  basard  leur  composition  est  la  même,  leurs  formes  cristallines  sont 
incompatibles,  leurs  solubilités  extrêmement  différentes.  Enfin,  il  arrivera 
souvent  que  la  combinaison  sera  possible  avec  le  corps  droit  et  impossible 
avec  le  corps  gaucbe.  Voici  des  exemples  :  Le  bitartrate  droit  d'ammoniaque 
se  combine  équivalent  à  équivalent  avec  le  bimalate  d'ammoniaque  actif 
ordinaire.  Le  bitrartrate  gauche  ne  se  combine  dans  aucun  cas  avec  ce 
même  bimalate. 

»  La  tartramide  droite  et  la  tartramide  gauche  se  combinent  toutes  deux 
avec  la  malamide  ordinaire  active.  Les  combinaisons  obtenues  ont  exacte- 
ment la  même  composition;  mais  leurs  formes  cristallines  sont  différentes, 
ainsi  que  leurs  solubilités.  La  combinaison  où  entre  la  tartramide  gauche 
est  beaucoup  plus  soluble  que  l'autre. 

»  L'acide  tartrique  droit  donne  très-facilement  avec  l'asparagine  une 
combinaison  nouvelle  en  beaux  cristaux.  L'acide  tartrique  gauche  ne  s'unit 
pas  avec  l'asparagine,  ou  mieux  il  donne  avec  elle  une  liqueur  sirupeuse 
incristal  lisable. 

»  Mais  on  pourrait  croire  que  les  relations  très-probables  de  groupement, 
moléculaire  qui  existent  entre  les  acides  tartrique  et,  malique  ou  leurs  déri- 
vés nous  placent  ici  dans  des  conditions  spéciales.  J'avais  un  moyen  très- 
simple  de  lever  la  difficulté  en  étudiant  les  tartrates  droits  et  gauches  des 
alcalis  organiques  des  végétaux.  On  va  se  convaincre,  par  le  résultat  de  ces 
nouvelles  recherches,  que  le  fait  est  général.  J'ai  étudié  seize  de  ces  combi- 
naisons, huit  tartrates  droits,  et  les  huit  tartrates  gauches  isomères  corres- 
pondants, et  j'ai  toujours  trouvé  le  même  ordre  de  différences  que  celles 
que  je  viens  de  signaler. 

»  Ainsi,  le  tartre  neutre  droit  de  cinchonine  renferme  8  équivalents  d'eau, 
le  tartrate  neutre  gauche  en  renferme  2  seulement.  Le  tartrate  droit  se  dis- 
sout facilement  dans  l'alcool  absolu,  le  tartrate  gauche  y  est  extrêmement 
peu  soluble.  Le  tartrate  droit  perd  son  eau  et  commence  déjà  à  se  colorer 
à  100  degrés,  le  tartrate  gauche  perd  aussi  son  eau  de  cristallisation  à  100 
degrés,  et  dès  lors  il  est  parfaitement  isomère  avec  le  tartrate  droit,  mais  il 
peut  supporter  une  température  de  1,40  degrés  sans  se  colorer.  Outre  les 
tartrates  de  cinchonine,  j'ai  étudié  ceux  de  quinine,  de  brucine,  de  strych- 
nine, et  je  suis  arrivé  aux  mêmes  résultats  généraux.  Deux  fois  seulement 
j'ai  rencontré  la  même  quantité  d'eau  de  cristallisation,  et,  par  conséquent, 

a4    • 


(    >8o  ) 

isomérie  complète  dans  les  sels  correspondants.  Mais  alors  les  formes  cris- 
tallines sont  incompatibles,  les  solubilités  très-différentes  et  les  sels  retien- 
nent leur  eau  avec  des  énergies  très-inégales.  En  effet,  les  deux  tartrates 
acides  de  strychnine  renferment  6  (HO)  et  perdent  tous  deux  cette  eau  de 
cristallisation  à  ioo  degrés,  mais  la  perte  est  bien  plus  rapide  pour  le  sel 
gauche  que  pour  le  sel  droit.  Si  l'on  verse  de  l'alcool  absolu  sur  le  tartrate 
gauche,  il  commence  par  s'y  dissoudre  en  quantité  très-sensible,  puis'  il 
devient  opaque,  s'effleurit  et  ne  s'y  dissout  plus.  Le  tartrate  droit,  au  con- 
traire, ne  se  dissout  pas  dans  l'alcool  absolu,  et  il  y  conserve  toute  sa 
limpidité  première.  Les  deux  tartrates  neutres  de  quinine  renferment  aussi 
chacun  2  équivalents  d'eau  de  cristallisation  ;  mais  le  tartrate  gauche  les 
perd  facilement  déjà  à  roo  degrés,  tandis  que  le  tartrate  droit  exige  une 
température  de  160  degrés  pour  que  la  perte  de  ses  2  équivalents  d'eau 
soit  complète.  Les  solubilités  des  deux  sels  dans  l'eau  chaude  sont  en  outre 
entier  ment  différentes. 

»  Pour  avoir  maintenant  une  idée  de  la  cause  de  ce  mystérieux  phéno- 
mène, si  bien  fait  pour  éclairer  la  partie  mécanique  des  combinaisons,  nous 
devons  nous  représenter  les  produits  que  nous  avons  obtenus,  en  tant  que 
substances  actives,  sur  la  lumière  polarisée. 

»  Lorsque  l'on  unit  les  deux  acides  tartriques  droit  et  gauche  avec  un  corps 
inactif  tel  que  la  potasse,  le  corps  inactif,  c'est  l'expérience  qui  le  prouve, 
modifie  de  la  même  manière  le  pouvoir  rotatoire.  Les  deux  acides  étaient 
identiques  et  non  superposables.  Il  en  est  ainsi  des  deux  combinaisons  nou- 
velles, et  les  pouvoirs  rotatoires  sont  encore  égaux  et  de  sens  opposés.  Mais 
unit-on  les  deux  acides  à  un  corps  actif  tel  que  la  cinchonine,  il  y  a  dans 
un  cas  addition  des  pouvoirs  rotatoires,  dans  l'autre  soustraction.  Les  dé- 
viations résultantes  seront  de  mêmes  sens  ou  de  sens  contraires,  suivant  la 
valeur  relative  des  pouvoirs  rotatoires  des  corps  unis,  mais  jamais  ils  ne 
seront  égaux  et  de  mêmes  sens,  ou  égaux  en  valeur  absolue  et  de  sens  op- 
posés. Il  est  matériellement  impossible  d'assigner  une  autre  origine  à  la 
cause  des  différences  que  l'on  remarque  entre  les  deux  ordres  de  combi- 
naisons que  peuvent  fournir  les  corps  droits  et  gauches  unis  à  des  sub- 
stances actives  ou  inactives. 

»  Ce  qui  me  paraît  devoir  surtout  fixer  l'intérêt  des  chimistes  sur  les 
recherches  que  je  poursuis  depuis  plusieurs  années,  c'est  la  généralisation 
possible  des  résultats  auxquels  je  suis  arrivé.  Ainsi,  je  regarde  comme  très- 
probable  que  toute  substance  droite  peut  avoir  sa  gauche  et  réciproquement, 
offrant  entre  elles  les  mêmes  relations  que  celles  qui  existent  entre  les  acides 


(   '8i   ) 

tàrtriques  droit  et  gauche  ou  leurs  dérivés.  Cette  présomption  puise,  eu 
effet,  une  très-grande  force  dans  l'étroite  dépendance  de  l'hémiédrie  et  du 
phénomène  rotatoire.  Car  la  forme  d'une  suhstance  active  est  telle,  que  l'on 
peut  en  imaginer  une  autre  identique  et  non  superposable,  se  manifestant 
généralement  par  un  tétraèdre  irrégulier  dont  l'inverse  est  toujours  possible. 
Or,  puisque  dans  un  cas,  celui  de  la  série  tartrique,  ces  tétraèdre  inverse*. 
existent,  et  que  le  groupe  moléculaire  correspondant  offre  exactement  la 
même  stabilité  que  celui  des  tétraèdres  directs,  on  ne  voit  pas  pourquoi  il 
n'en  serait  pas  de  même  dans  toutes  les  circonstances. 

»  D'autre  part,  je  regarde  également  comme  très-probable  que  l'inactif 
de  tout  corps  actif  est  possible,  offrant  entre  eux  les  mêmes  relations  que 
nous  avons  trouvées  entre  les  acides  maliques  actif  et  inactif.  Ici  même  les 
présomptions  sont  plus  fortes.  D'abord,  il  existe  deux  exemples  de  corps 
inactifs  correspondant  à  des  corps  actifs,  l'acide  malique  et  l'acide  aspar- 
tiqne.  Mais,  en  outre,  je  montrerai  bientôt  à  l'Académie,  dans  des  recher- 
ches qui  sont  déjà  très-avancées,  que  l'on  peut  enlever  facilement  la  pro- 
priété rotatoire  à  un  grand  nombre  de  produits  organiques.  Ainsi,  je  ferai 
voir  que  l'on  peut  transformer,  presque  poids  pour  poids,  la  cinchonine  et 
la  quinine  en  nouvelles  bases  isomères,  inactives  sur  la  lumière  polarisée. 

»  Cela  posé,  imaginons  qu'à  chaque  corps  actif  corresponde  son  iden- 
tique non  superposable,  et  son  inactif.  On  pourra  former  avec  deux  groupes 
seulement  neuf  combinaisons  isomères  dont  voici  la  tableau  symbolique  : 

(i)      T/Ci/,  (5)      T%Ci\, 

(2)      T/Ci\,  (6)     T\ci/, 

(3)_    T°Ci/,  (7)      T°Ci\, 

(4)     T/Ci»,  (8)     T\Ci°, 

(9)     T°Ci°. 
»  Si  la  nature  pouvait  se  prêter  à  l'union  de  trois  corps  actifs,  supposition 
qui  n'a  rien  que  de  très-rationnel,  l'ensemble  des  combinaison  ternaires 
s'élèverait  à  dix-sept;  celui  des  combinaisons  quaternaires  à  trente-trois,  et 
ainsi  de  suite. 

»  Les  résultats  que  je  viens  d'exposer  conduisent  a  plusieurs  remarques 
dont  voici  les  plus  prochaines  : 

»  i°.  L'acide  racémique  est  un  cas  particulier  de  ce  genre  de  combinai- 
sons, celui  où  les  deux  termes  du  groupe  sont  identiques.  Soit,  en  effet, 
Ci  =  T,  et  alors  les  quatre  combinaisons  (i),  (2),  (5),  (6)  du  tableau  pré- 


(  "i8a  ) 
cèdent  deviennent  : 

T/  Ty   =  acide  tartrique  droit , 
'  T/^T  \  =  acide  racémique, 
T  ^  T  \  =  acide  tartrique  gauche , 
T  X'ï /  =  acide  racémique. 

Les  quatre  combinaisons  se  réduisent  à  trois,  les  deux  acides  tartriques  et 
1  acide  racémique. 

»  2°.  En  observant  que  la  nature  se  plaît  généralement  à  produire  des 
substances  actives  sur  la  lumière  polarisée,  et  considérant  que  l'exemple  de 
l'acide  racémique  n'est  probablement  pas  un  fait  isolé,  on  admettra,  comme 
presque  inévitable,  l'existence  dans  le  règne  végétal  de  combinaisons  du 
même  ordre  que  celles  que  nous  venons  de  passer  en  revue.  Pour  fixer  les 
idées,  considérons  celles  que  nous  ont  fournies  les  deux  tartramides  et  la 
malamide  active.  Elles  sont  isomères,  l'une  dévie  à  droite,  l'autre  à  gaucbe 
le  plan  de  polarisation;  leurs  solubilités  sont  différentes.  N'y  a-t-il  pas  entre 
ces  deux  corps  neutres,  formés  de  substances  neutres,  des  ressemblances  et 
des  différences  analogues  à  celles  que  l'on  trouve,  par  exemple,  entre  deux 
sucres  isomères,  inégalement  solubles,  dont  l'un  dévie  à  droite,  l'autre  à 
gauche  le  plan  de  polarisation?  Je  porterai  toute  mon  attention  sur  ces 
prévisions  dans  des  recherches  ultérieures. 

»  3°.  Nous  pouvons  conclure  aussi  des  faits  qui  précèdent  qu'il  ne  sera  pas 
toujours  nécessaire  d'étudier  avec  l'appareil  de  polarisation  une  substance 
déterminée  pour  reconnaître  si  elle  est  active  ou  inactive.  Il  suffirait  de 
constater  qu'elle  ne  se  comporte  pas  de  la  même  manière  en  présence  de 
deux  corps  droit  et  gauche  non  superposables,  pour  être  assuré  de  ses  pro- 
priétés actives.  Ce  procédé  sera  surtout  utile  dans  l'examen  des  caractères 
optiques  des  matières  colorantes  et  dans  le  cas  où  l'on  soupçonnerait  dans 
un  corps  l'existence  d'un  pouvoir  rotatoire,  mais  où  il  serait  impossible  d'en 
constater  les  effets  trop  peu  sensibles  à  l'appareil  de  polarisation.  L'épreuve 
la  plus  simple  sera  de  rechercher,  par  exemple,  si  la  matière  colorée  a  exac- 
tement la  même  solubilité  dans  les  deux  acides  tartriques  droit  et  gauche  ou 
dans  deux  de  leurs  dérivés  correspondants,  sels,  éthers  ou  amides.  La 
moindre  différence  dans  les  résultats  permettra  de  conclure  rigoureusement 
à  l'existence  de  la  propriété  rotatoire. 

»  Je  pourrais  appeler  l'attention  des  chimistes  sur  d'autres  conséquences 
du  fait  général  qui  forme  le  sujet  de  la  deuxième  partie  de  ce  Mémoire,  con- 


(  i83  ) 

séquences  beaucoup  plus  fécondes,  mais  aussi  beaucoup  plus  éloignées  de 
l'expérience  que  celles  que  je  viens  d'énoncer;  aussi  je  craindrais  de  nuire 
à  la  rigueur  des  unes  par  l'exposition  des  autres.  Je  les  suivrai  avec  tout 
l'intérêt  qu'elles  méritent,  et  je  m'empresserai  d'annoncer  à  l'Académie  les 
résultats  que  je  croirai  être  dignes  d'être  soumis  à  son  examen.    » 

économie  rurale.  —  Mémoire  sur  les  gallinsectes  de  l'olivier,  du  ci- 
tronnier, de  l'oranger,  du  laurier-rose,  et  sur  les  maladies  qu'ils  y 
occasionnent  dans  la  province  de  Nice  et  dans  le  département  du  Var; 
par  M.  .1.-1».  Robiveau-Desvoidy.  (Extrait  par  l'auteur.  ) 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  Decaisne.) 

«  Je  savais  que  les  oliviers  et  les  orangers  de  la  France  méridionale  sont, 
depuis  un  certain  nombre  d'années,  infectés  de  maladies  que  les  efforts  de 
l'homme  n'ont  encore  pu  ni  surmonter,  ni  même  arrêter.  Je  résolus  d'étu- 
dier par  moi-même  ces  fléaux.  Mon  but  était  d'en  rechercher  l'origine, 
d'en  constater  les  causes  et  les  ravages.  Je  voulais  demander  à  l'histoire  de 
ces  maladies,  déjà  naturalisées  dans  ces  provinces ,  l'histoire  probable  des 
maladies  nouvelles  ou  prétendues  nouvelles  qui  affligent  en  ce  moment 
nos  départements  du  centre  et  du  nord. 

» .  Je  me  rendis  donc  dans  la  prbvince  de  Nice  et  dans  la  contrée 
d'Hyères. 

»  Je  vais  en  peu  de  mots  tracer  un  aperçu  de  mes  observations. 

»  Les  oliviers,  citronniers,  orangers,  et  une  foule  d'autres  arbres  cultivés 
dans  ces  climats,  sont  en  proie  à  une  affection  que  les  Italiens  nomment 
la  morfée,  parce  qu'ils  l'ont  comparée  à  une  affection  psorique  cutanée. 
C'est  une  croûte  ou  une  crasse  noire  qui  recouvre  le  tronc,  les  branches, 
les  feuilles  et  les  fruits  des  arbres  sur  des  étendues  quelquefois  considé- 
rables. La  végétation  est  arrêtée,  viciée;  les  arbres  tombent  dans  la  lan- 
gueur, le  marasme  et  la  stérilité.  Ils  n'offrent  plus  qu'un  aspect  de  dégoût 
et  de  répulsion.  Ils  peuvent  rester  plusieurs  années  dans  ce  triste  état. 
D'autres  fois,  la  maladie  quitte  brusquement  une  localité  pour  se  jeter  sur 
une  autre  localité  plus  ou  moins  voisine  qu'elle  ravage  à  son  tour. 

»  D'après  les  témoignages  de  l'histoire,  cette  maladie  ne  paraît  pas  avoir 
plus  d'un  siècle  de  date.  Les  écrivains  la  font  naître  à  Rome,  d'où  elle  se 
serait  répandue  dans  toute  l'Italie,  et  enfin  en  France.  Elle  fait  chaque 
année  des  progrès  nouveaux,  soit  en  intensité,  soit  en  étendue.  On  n'a  en- 
core trouvé  aucun  moyen  de  l'arrêter. 


(  «84  ) 

»  Cette  morfée  porte  dans  le  Nord  le  nom  de.fumagine;  elle  y  est  moins 
désastreuse  et  surtout  moins  hideuse,  parce  que  les  arbres  y  sont  à  feuilles 
caduques,  et  qu'ainsi  ils  ne  conservent  pas  la  maladie  accumulée  sur  eux 
durant  plusieurs  années  de  suite. 

»  Les  Italiens  ne  sont  pas  d'accord  sur  la  nature  de  la  morfée.  Est-ce 
une  maladie  spéciale?  n'est-elle  que  le  produit  des  piqûres  des  gallin- 
sectes? 

»  J'embrasse  cette  dernière  opinion  comme  étant  lapins  rationnelle,  et 
appuyée  sur  l'observation  directe  des  faits;  car  on  ne  rencontre  la  morfée 
que  sur  des  arbres  déjà  attaqués  par  les  kermès.  Il  suffit  du  voisinage  d'un 
arbre  attaqué  par  ces  animaux  pour  rendre  malade  les  arbres  contigus  qu'ils 
envahiront.  La  séquestration  d'une  tige  saine  et  sa  mise  en  contact  avec  les 
kermès  ont  bientôt  occasionné  la  morfée. 

»  Mais  la  morfée,  une  fois  installée  dans  les  climats  chauds,  ne  tarde  pas 
à  prendre  une  énergie  extrême,  au  point  de  devenir  la  maladie  prédomi- 
nante et  envahissante.  Elle  est  alors  comparable  aux  affections  cutanées  qui 
ont  pris  trop  d'extension  sur  les  animaux,  et  qui  finissent  par  amener  des 
accidents  plus  grands  que  ceux  engendrés  par  la  cause  primitive. 

»  Je  constate  que  le  Coccus  adonidum,  la  Cochenille  des  serres,  origi- 
naire du  Sénégal,  attaque  plus  particulièrement  les  arbres  des  genres  ci- 
tronnier et  limonier; 

»  Que  le  Kermès  hesperidum,  Linn.,  ou  le  Kermès  des  orangers,  origi- 
naire d'Amérique  et  d'Afrique,  s'adresse  de  préférence  aux  orangers,  aux 
lauriers-roses,  aux  pêchers  ; 

»  Que  le  Kermès  aonidum,  Linn. ,  ou  le  Kermès  des  lauriers,  originaire 
de  l'archipel  Indien,  en  veut  surtout  aux  laurinées. . 

»  Le  Kermès  oleœ,  inconnu  de  Linné,  et  décrifpar  Bernard  en  1782,  fait 
les  plus  grands  ravages  sur  les  oliviers  :  il  s'est  pareillement  jeté  sur  la 
famille  des  orangers,  sur  les  lauriers  et  sur  une  foule  d'autres  végétaux. 
C'est  l'insecte  le  plus  désastreux  de  cette  époque. 

»  En  outre,  ces  diverses  espèces  de  gallinsectes,  franchissant  les  limites 
que  la  nature  leur  avait  assignées  dès  l'origine,  ont  indifféremment  attaqué 
les  autres  arbres  à  feuilles  persistantes.  On  peut  aussi  les  rencontrer  vivant 
ensemble  sur  le  même  arbre.  Elles  ont  fait  davantage,  elles  se  hâtent  d'oc- 
cuper chaque  arbre  nouveau  au  fur  et  à  mesure  que  la  culture  l'amené  des 
contrées  lointaines  pour  l'acclimater. 

»  Ces  insectes  ne  sont  donc  pas  dangereux  seulement  pour  le  présent,  ils 
sont  encore  redoutables  pour  l'avenir. 


(  i»5) 

»  C'est  dans  les  localités  grasses,  humides,  bien  cultivées,  bien  arrosées, 
bien  engraissées,  et  surtout  à  l'abri  des  vents,  que  kermès  et  morfée  fleu- 
rissent à  l'envie  et  se  manifestent  par  les  plus  grands  ravages.  La  cupi- 
dité de  l'homme,  qui  a  voulu  avoir  à  la  fois  plusieurs  espèces  de  récoltes 
sur  le  même  champ,  et  qui  y  a  accumulé  plusieurs  genres  de  végétaux,  a 
provoqué,  par  une  culture  poussée  à  l'excès,  un  excès  de  végétation  qui 
engendre  les  myriades  d'animaux,  auteurs  de  tant  de  désastres. 

»  Je  termine  mon  Mémoire  en  rappelant  l'attention  du  naturaliste  sur 
les  quatre  espèces  de  gallinsectes  mentionnées,  dont  on  connaissait  bien 
les  habitudes,  et  qui,  à  l'exception  du  Kermès  oleœ,  n'avaient  encore  été 
observées  que  dans  les  serres.  Linné,  en  raison  de  leur  domicile  sur  les 
arbres  aromatiques  et  toujours  verts  des  contrées  les  plus  chaudes,  leur 
imposa  le  glorieux  nom  de  Coccus  adonidum,  Coccus  hesperidum,  Coccus 
aonidum.  Pour  lui,  comme  pour  Geoffroy,  c'étaient  des  insectes  exotiques, 
rapportés  des  pays  lointains  et  torréfiés  par  les  feux  du  soleil.  A.  l'exemple  de 
leurs  végétaux  nourriciers,  ils  n'entretenaient  en  Europe  leur  existence  qu'à 
l'abri  de  domiciles  vitrés  et  sous  l'influence  d'une  chaleur  artificielle.  Ces  in- 
sectes ont  quitté  leur  prison  ;  sous  des  climats  favorables,  ils  ont  retrouvé  en 
plein  air  les  arbres  de  leur  véritable  patrie  :  la  nature  a  repris  ses  droits.  Le 
Coccus  adonidum  s'est  de  nouveau  installé  sur  les  citronniers,  le  Kermès 
hesperidum  sur  les  orangers,  le  Kermès  aonidum  sur  les  lauriers,  ainsi  que 
plusieurs  siècles  auparavant  le  Kermès  oleœ  avait  suivi  l'olivier  dans  ses 
migrations  en  Europe.  Des  végétaux  étrangers  avaient  été  transportés  sur  des 
plages  nouvelles,  leurs  insectes,  également  en  voyage,  les  y  ont  rencontrés. 
Dans  leur  nouvelle  patrie,  plantes  et  animaux  ont  trouvé  des  conditions 
favorables  à  un  excessif  développement.  Les  plantes,  par  de  riches  produits, 
ont  d'abord  répondu  aux  vœux  des  cultivateurs;  mais  les  insectes  se  sont 
accrus  dans  la  même  proportion  :  comme  aucun  obstacle  et  aucun  ennemi 
ne  s'opposaient  à  leurs  générations  incessantes,  ils  n'ont  pas  tardé  de  devenir 
causes  de  maladies,  de  stérilité  et  même  de  mort  pour  leurs  nourriciers. 

»  Ces  faits  sont  positifs  et  au-dessus  de  toute  contestation.  Leur  récit  ne 
pourrait-il  pas  nous  guider  dans  nos  études  sur  ces  grandes  maladies  qui, 
aujourd'hui,  affligent  l'agriculture  dans  tous  les  points  de  l'Europe?  » 

M.  Zalewski  présente  des  considérations  sur  le  système  du  monde ,  et 
en  partie  sur  la  marche  de  la  lumière  émise  par  les  corps  célestes. 

(Commissaires  désignés  pour  un  précédent  Mémoire  :  MM.  Pouillet, 

Despretz.) 

C.  R.,i85a,  a"»  Semestre.  (  T.  XXXV,  N°8.)  a5 


(  '86) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

chimie  appliquée.  —  Recherches  sur  l'incrustation  des  chaudières  à  vapeur 

alimentées  à  Veau  de  mer  ;  par  M.  Coitsté.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Thenard,  Combes,  Séguier.) 

«  La  préservation  des  chaudières  à  vapeur  contre  les  incrustations  cal- 
caires est  une  question  qui  intéresse  la  sécurité  publique,  l'avenir  de  l'in- 
dustrie et  surtout  celui  de  la  navigation  à  vapeur. 

»  Supprimer  ces  incrustations,  c'est,  entre  autres  avantages,  anéantir 
toute  cause  d'explosion,  ou,  du  moins,  ne  laisser  à  ce  fléau  que  les  chances 
de  la  témérité  ou  de  l'incurie  ;  c'est  réaliser  une  économie  de  4o  pour  i  oo 
de  combustible  dans  les  machines  de  terre,  et  de  65  pour  100  dans  les  ma- 
chines navales.  Pour  résoudre  cette  question,  l'auteur  a  opéré  de  la  manière 
suivante. 

»  Il  a  d'abord  visité  les  chaudières  de  plusieurs  bateaux  pour  reconnaître 
la  forme  des  dépôts  et  leur  distribution  sur  la  surface  de  chauffe.  Puis  il  a 
analysé  ces  dépôts,  et,  par  la  synthèse,  il  a  déterminé  la  théorie  de  leur 
formation.  Cette  synthèse  lui  a  révélé  deux  moyens  de  préservation  :  l'un, 
l'évacuation  applicable  aux  seuls  générateurs  à  basse  pression  ;  l'autre,  l'ali- 
mentation à  l'eau  distillée,  applicable  à  toutes  les  chaudières,  mais  exigeant 
un  appareil  spécial,  que  l'auteur  a  imaginé,  pour  opérer  une  condensation 
instantanée.  Enfin,  l'auteur  a  déterminé,  parle  calcul,  la  perte  de  calorique 
due  aux  incrustations.  Voici  les  points  principaux  du  Mémoire. 

»  Il  se  forme  des  dépôts  de  deux  sortes  :  dépôts  concrétionnés,  qui  con- 
stituent l'incrustation,  composés  de  sulfate  de  chaux  en  majeure  partie, 
sous-carbonate  de  magnésie,  magnésie  libre,  eau,  et  traces  de  fer  et  d'alu- 
mine ;  dépôts  vaseux,  composés  des  mêmes  éléments  en  proportions  très- 
variables,  et  mêlés  de  matières  organiques  et  de  silice  et  alumine. 

»  Ces  deux  sortes  de  dépôts  sont  exempts  de  carbonate  de  chaux,  quoi- 
que l'eau  de  mer  en  contienne,  caractère  qui  les  distingue  des  dépôts  pro- 
duits par  les  eaux  douces.  L'absence  de  carbonate  de  chaux  est  due  à  la 
réaction  du  chlorure  de  magnésium.  Ce  fait  conduira  probablement  à  ht 
découverte  d'un  moyen  pratique  d'empêcher  l'incrustation  des  générateurs 
alimentés  à  l'eau  douce. 

»  Dans  l'acte  de  l'incrustation,  tous  les  sels  calcaires  se  transforment  en 
sulfate,  en  vertu  de  réactions  bien  déterminées  qui  ont  permis  d'établir  la 
théorie  du  phénomène;  en.  sorte  qu'au  point  de  vue  particulier  de  l'incrus- 


(  i87) 
tation,  toute  la  chaux  préexistant  dans  l'eau  de  mer  peut  être  regardée 
comme  à  l'état  de  sulfate. 

»  Le  sidfate  de  chaux  est  le  seul  principe  incrustant  ;  il  se  dépose  par 
cristallisation,  et  il  n'y  aurait  aucune  incrustation  si  cette  cristallisation 
n'avait  pas  lieu.  Pour  empêcher  cette  cristallisation,  il  faut  maintenir  l'eau 
de  la  chaudière  au-dessous  du  point  de  saturation  quant  au  sulfate  de  chaux, 
et,  à  cet  effet,  évacuer  de  l'eau  pendant  la  marche,  dans  une  proportion 
telle,  que  le  sulfate  extrait  soit  au  moins  égal  à  celui  que  l'eau  alimentaire 
introduit. 

»  Le  rapport  à  établir  entre  l'évacuation  et  l'alimentation,  dépend  de  la 
proportion  de  sels  calcaires  contenus  dans  l'eau  de  mer  naturelle,  et  de  la 
solubilité  du  sulfate  de  chaux  dans  les  eaux  salées. 

»  Les  eaux  de  l'Océan  et  de  la  Méditerranée  contiennent  de  o,i4  à  0,16 
pour  ioo  en  sulfate  de  chaux  (toute  la  chaux  étant  supposée  à  l'état  de 
sulfate)  et  arrivent  à  saturation  à  i3  degrés  Baume  (observé  à  i5  degrés  de 
température),  lorsqu'on  les  concentre  par  ébullition  sous  la  pression  atmo- 
sphérique. 

»  Le  degré  auquel  la  saturation  a  lieu  s'abaisse  à  mesure  que  la  tempé- 
rature d'ébullition,  ou  la  pression,  augmente.  Entre  i  et  a  atmosphères,  ces 
variations  suivent  la  loi  ci-après  :  Un  accroissement  de  pression  de  0,2  d'at- 
mosphère abaisse  de  1  degré  la  concentration  à  laquelle  a  lieu  la  saturation 
quant  au  sulfate  de  chaux. 

»  Il  s'ensuit  que  l'évacuation,  convenablement  appliquée,  peut  préserver 
les  chaudières  à  basse  pression,  mais  non  celles  à  moyenne  et  haute  pres- 
sions. 

»  Cette  évacuation  doit  être  continue  et  régulière,  et  ne  peut  être  obtenue 
telle  à  l'aide  de  pompes.  L'auteur  propose  de  les  remplacer  par  un  appa- 
reil spécial  qu'il  a  imaginé. 

»  Toutefois  l'évacuation,  efficace  pour  préserver  la  surface  de  chauffe 
indirecte,  n'empêche  pas  l'incrustation  de  la  surface  directe.  L'auteur  le 
prouve  par  l'expérience  et  par  la  théorie. 

»  Il  est  impossible  d'empêcher  l'incrustation  des  générateurs  à  moyenne 
et  haute  pressions  tant  qu'ils  seront  alimentés  à  l'eau  de  mer.  L'auteur  pro- 
pose de  les  alimenter  à  l'eau  distillée  ;  et,  à  cet  effet,  il  propose  un  appa- 
reil, qu'il  appelle  condenseur  instantané '_,  pour  condenser  la  vapeur  sortant 
du  cylindre,  sans  perte  de  force  motrice.  11  indique  les  moyens  de  suppléer 
au  déficit  d'eau  distillée  causé  par  les  fuites  de  vapeur  et  d'eau  de  la  chau- 
dière. 

25.. 


(  «88  ) 

»  Il  résulte  du  calcul  théorique  de  la  perte  de  combustible  due  à  l'in- 
crustation, que  cette  perte  est  supérieure  à  :  l\o  pour  100  de  la  consomma- 
tion actuelle,  pour  les  chaudières  à  basse  pression;  47  pour  100  de  la 
consommation  actuelle ,  pour  les  chaudières  à  moyenne  pression  (  3  atmo- 
sphères); 4o  pour  ioo  de  la  consommation  actuelle,  pour  les  chaudières  à 
haute  pression  (5  atmosphères);  22  pour  100  de  la  consommation  actuelle, 
pour  les  locomotives  (  5  atmosphères  ).  » 

GÉOLOGIE.  —   Note  sur  la  géologie  de  la  Cochinchine  ;  par  M.  Arnoux, 

missionnaire. 
(Commissaires,  MM.  Élie  de  Beaumont,  Dufrénoy.) 

«  M.  Arnoux,  jeune  missionnaire,  plein  de  dévouement  et  d'intelligence, 
après  avoir  suivi  les  Cours  de  l'Ecole  des  Mines,  et  reçu  des  conseils  de 
M.  Mauvais  sur  les  observations  astronomiques,  s'est  embarqué,  il  y  a 
trois  ans,  pour  la  Cochinchine.  Son  premier  soin,  après  un  séjour  de  plu- 
sieurs mois,  a  été  d'adresser  ses  remercîments  à  MM.  Dufrénoy  et  Élie  de 
Beaumont,  ainsi  qu'à  M.  Mauvais,  qui  l'avaient  guidé  dans  ses  travaux,  et 
de  leur  donner  quelques  indications  sur  les  observations  qu'il  avait  été  a 
même  de  faire.  Les  difficultés  dont  sont  entourés  les  missionnaires  sur  la 
terre  de  Cochinchine,  ont  empêché  M.  Arnoux  de  faire  des  courses  de  quel- 
que étendue;  mais  il  a  envoyé,  dans  différentes  directions,  des  émissaires 
qui  lui  ont  rapporté  des  échantillons  de  points  assez  éloignés  et  dont  il 
connaissait  bien  la  position. 

»  Il  résulte  de  l'examen  de  ces  échantillons  que  le  terrain,  depuis  les 
bords  de  la  mer  jusqu'au  delà  de  Go-thi  (1),  village  qu'il  habite  dans  la 
province  de  Biuh-Diuh,  est  entièrement  composé  de  terrains  anciens  dans 
lesquels  le  gneiss  domine.  La  plupart  des  roches  que  les  naturels  lui  ont 
rapportées  sont  du  granit,  du  gneiss,  des  diorites  et  des  éléments  de  ces 
roches.  Le  kaolin  y  paraît  abondant  et  de  bonne  qualité.  On  lui  a  égale- 
ment rapporté  des  pyrites  de  cuivre,  du  fer  hématite  et  du  fer  oligiste  qui 
paraissent  former  des  filons  dans  les  mêmes  terrains. 

»  Outre  ces  roches  anciennes,  il  existe  des  dépôts  modernes  renfermant 
des  argiles  et  du  carbonate  de  soude.  Les  argiles  employées  pour  la  con- 
struction de  presque  toutes  les  habitations,  du  moins  comme  moyen  de 
relier  entre  elles  les  pierres  informes  avec  lesquelles  elles  sont  construites, 
sont  de  bonne  qualité.  M.   Arnoux  annonce  que  les  vases  confectionnés 

(1)  Ce  village  est  situé  à  i3°37'  de  latitude  nord,  et  à  io6°39'  de  longitude  est. 


(  i8g) 
avec  ces  argiles  ont  la  pâte  fine,  et  qu'on  pourrait  les  comparer  avec  les 
argiles  plastiques  les  plus  estimées. 

»  Le  carbonate  de  soude  se  trouve  à  la  surface  du  sol  sous  la  forme  d'ef- 
florescences  qui  soulèvent  la  terre  à  la  manière  des  champignons.  Ce  sel 
est  employé  par  les  naturels  en  guise  de  savon  ;  ils  s'en  servent  pour  laver 
leur  linge.  Mais  un  des  usages  les  plus  fréquents  et  les  plus  indispensables 
est  pour  décrasser  leur  chevelure  qui,  longue  et  tombante  sur  leurs  épaules, 
est  ordinairement  d'une  grande  malpropreté. 

»  Les  minerais  de  fer  hématite  sont  fort  abondants;  les  Aunamites  en 
fabriquent  un  fer  aciéreux  de  bonne  qualité,  par  un  procédé  analogue  à  la 
méthode  catalane  II  ne  diffère  de  celle-ci  que  par  la  petitesse  du  fourneau, 
ce  qui  est  dû  au  peu  de  puissance  de  leur  soufflerie,  qui  consiste  en  deux 
tubes  en  bois  liés  ensemble  de  im,4o  de  haut  sur  om,25  de  diamètre  sans 
soupape. 

»  Dans  le  bas  de  ces  tubes  se  trouvent  les  ouvertures  pour  donner  pas- 
sage à  l'air  qui  est  chassé  par  un  piston  mû  à  la  main.  Un  seul  homme  fait 
jouer  les  deux  pistons,  il  en  tient  un  de  chaque  main. 

»  M.  Arnoux  donne  quelques  détails  sur  les  différentes  phases  de  ce  pro- 
cédé. Il  a  ajouté  les  dessins  des  fourneaux.  Ces  documents  offrent  de  l'in- 
térêt sous  le  rapport  de  l'histoire  du  travail  du  fer. 

»  Les  alluvions  qui  existent  dans  plusieurs  des  vallées  de  la  Cochinchine 
sont  aurifères;  on  lira  avec  quelque  intérêt  les  détails  que  M.  Arnoux  donne 
sur  l'exploitation  de  ce  métal,  et  surtout  sur  l'organisation  des  compagnies 
qui  se  livrent  à  cette  industrie.  Nous  les  extrayons  presque  textuellement 
de  son  Mémoire  : 

«  L'or  s'exploite  en  le  séparant  des  sables  dans  lesquels  il  se  trouve  dis- 
s  séminé,  de  sorte  que  toute  la  métallurgie  de  ce  métal  consiste  en  de  sim- 
»  pies  lavages  qui,  d'après  les  procédés  employés,  doivent  être  assez  impar- 
»  faits.  Les  Aunamites  n'ont  point  de  tables  ni  mouvantes  ni  dormantes  ;  ils 
»  lavent  simplement  sur  terre.  La  méthode  d'amalgamation  leur  est  d'ail- 
»  leurs  inconnue,  du  moins  ils  n'en  font  pas  usage. 

»  Des  compagnies  se  forment  pour  l'exploitation  de  l'or  d'une  province 
»  ou  d'une  portion  de  province.  Elles  ne  peuvent  exploiter  sans  l'autonsa- 
»  tion  du  gouvernement.  Cette  autorisation  leur  est  accordée  à  la  seule  con- 
»  dition  de  fournir  le  tribut  déterminé  qui  est  le  même  partout,  pour  toutes 
»  les  compagnies,  quel  que  soit  d'ailleurs  l'état  du  minerai  exploité. 
•  »  Les  compagnies  exploitantes  sont  composées  de  cinquante  individus 
»  ayant  à  leur  tête  un  chef  responsable.  Elles  doivent  fournir  la  quantité 


(  '9°  ) 
»  d'or  déterminée  pour  le  tribut,  qui  est  réparti  sur  chacun  des  membres, 
»  de  sorte  que  chaque  homme  est  tenu  de  produire  sa  quote-part  au  chef. 
»  Celui-ci  réunit  ces  diverses  quotes-parts  et  en  remet  la  totalité  au  manda- 
»  rin  chargé  de  percevoir  le  tribut.  Tout  individu  qui  a  payé  sa  quote-part 
»  peut  garder  pour  lui  le  surplus  du  produit  de  son  travail.  Dix  hommes 
»  doivent  fournir  pour  le  tribut  une  once  de  métal,  c'est-à-dire  3ç/r,o5, 
»  car  il  s'agit  de  l'once  aunamite.  Les  personnes  qui  font  partie  des  com- 
»  pagnies  exploitantes  ont  le  privilège  d'être  exemptées  du  service  militaire 
»  et  de  toute  corvée  publique.  Il  existe  un  grand  nombre  de  ces  compa- 
»  gnies  dans  la  province  de  Quang-Nam  ;  les  autres  provinces  en  renfer- 
»  ment  une  ou  plusieurs,  chacune.  » 

»  M.  Arnoux  exprime  le  désir,  à  la  fin  de  son  Mémoire,  d'avoir  quelques 
instruments  qui  lui  sont  indispensables  pour  ses  observations,  notamment 
un  chronomètre.  Le  zèle  et  le  dévouement  dont  ce  jeune  missionnaire  a  fait 
preuve  méritent  d'être  encouragés.  M.  Arnoux,  muni  des  instruments  qui 
lui  manquent,  pourra  recueillir  des  données  très-précieuses  sur  ce  pays 
presque  complètement  inconnu.  » 

navigation.  —  Boussole  de  contrôle  des  compas  de  route  d'un  bâtiment,- 

par  M.  Allain,  capitaine  de  vaisseau. 

(Commissaires,  MM.  Arago,  Beautemps-Beaupré,  Duperrey.) 

Après  la  lecture  de  cette  Note,  31.  Morin  fait  remarquer  que,  depuis 
plusieurs  années,  M.  D.  Napier,  habde  ingénieur  anglais,  a  construit  une 
boussole  munie  d'un  appareil  chronométrique,  à  l'aide  duquel  on  recon- 
naît très-facilement  le  temps  pendant  lequel  un  bâtiment  a  marché  dans 
une  direction  déterminée,  ainsi  que  toutes  les  variations  qu'il  a  éprouvées 
dans  sa  route.  Cet  appareil,  qui  figurait  à  l'Exposition  de  Londres,  a  été 
essayé  avec  succès  à  bord  du  vaisseau  de  S.  M.  B.,  le  Ripon.  On  peut  en 
voir  un  spécimen  au  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers. 

mécanique   appliquée.   —   Description  et  figure  d'un  propulseur  articulé 
pour  les  bateaux  à  vapeur;  par  M.  Bailli  i.. 

(Commissaires,    MM.   Morin,  Combes,   Séguier.) 

M.  Boillot  (Alexis)  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire 
ayant  pour  titre  :  Nouvelle  Théorie  des  parallèles  rigoureusement  établie. 

M.  Chasles  est  invité  à  prendre  connaissance  de  ce  Mémoire  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  s'il  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 


(  ig»  ) 

M.  Robardet  adresse  une  Note  additionnelle  à  celle  qu'il  avait  envoyée, 
il  y  a  quelques  séances,  sur  un  instrument  qu'il  désigne  aujourd'hui  sous 
le  nom  de  Thermométrographe  exométrique  à  piston. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  désignés: 
MM.  Pouillet,  Regnault,  Despretz.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  accuse  réception  d'une  am- 
pliation  du  Rapport  fait  à  l'Académie  sur  les  appareils  de  panification  de 
M.  Roland,  et  témoigne  l'importance  qu'il  attache  à  la  communication  de 
ce  document. 

M.  le  Ministre  d'Etat  remercie  l'Académie  de  lui  avoir  fait  connaître 
la  décision  en  vertu  de  laquelle  un  exemplaire  des  Comptes  rendus  sera 
envoyé  régulièrement  à  son  Ministère. 

L'Académie  royale  des  Sciences  de  Bavière  remercie  l'Académie  pour 
l'envoi  d'une  nouvelle  série  de  Comptes  rendus  de  ses  séances. 

Sir  James  Clark  Ross,  nommé  récemment  à  une  place  de  Correspon- 
dant pour  la  Section  de  Géographie  et  de  Navigation,  adresse  ses  remercî 
ments  à  l'Académie. 

astronomie.  —  Comète  découverte  le  il\  juillet  i852. 

«  M.  Westphal,  de  l'observatoire  de  Goettingue,  a  découvert  le 
il\  juillet  une  comète  à  i  degré  f  au  sud  de  l'étoile  j  des  Poissons;  dans 
le  chercheur  elle  paraissait  occuper  un  espace  de  plusieurs  minutes.  Voici 
la  position  estimée  par  M.  Westphal  pour  le  il\  juillet  : 

i852.   24  juillet,  i2h,  temps  moyen  de  Goettingue. 

8=ibnm,7,  D=+i°4'' 

»  La  mut  suivante,  la  comète  se  trouvait  près  d'une  étoile  des  zones  de 
Bessel,  Weis,  n°  197.  Elle  lui  a  été  comparée  par  M.  Klinkerfues.  Cette 
comparaison  ,  ainsi  qu'une  estime  de  M.  Westphal ,  ont  donné  les  positions 


(  J92  ) 
suivantes  pour  le  2 5  juillet  : 

n  —         o  //' 
i3h44m  ai  =  ihi3',i. 

»  On  a  trouvé  la  comète  à  Altona  le  27,  de  suite  après  le  coucher  de  la 
Lune ,  mais  elle  n'a  pu  être  observée ,  à  cause  des  arbres ,  qu'au  moment 
où  le  crépuscule  commençait.  L'observation  suivante  est  de  M.  Sonntag  : 

i852.     27  juillet,    i4h  iom  3o',  temps  moyen  d'Aitona. 
2L*+  Ih  l5m29%12,  D=  +-  3°  4'  11",  7. 

»  Le  même  jour  la  comète  a  été  observée  à  Hambourg,  par  M.  Rumker. 
Voici  la  position  déduite  de  l'observation  : 

i852.     27  juillet,    i3h  38m  26*,3,  temps  moyen  de  Hambourg. 
m*«  i8°5i'5o",7,  D*«=  +  3°3'2i",2. 

météorologie.  —  Tonnerre   en   boule.   (Lettre    de  Madame  Espert 

à  M.  drago.) 

a  Un  feuilleton  de  la  Presse,  écrit  dernièrement  par  M.  Meunier,  sur 
les  effets  du  tonnerre  en  boule,  m'engage  à  vous  transmettre  la  relation 
d'un  phénomène  météorologique  de  ce  genre  dont  j'ai  été  témoin. 

»  Je  demeure  cité  Odiot,  n°  1,  au  second  étage,  d'où  j'ai  la  vue  sur  les 
terrains  Beaujon. 

»  C'était  au  mois  de  juin  1849,  ^e  r6,  je  crois,  un  vendredi  à  6h3om  du 
soir,  le  jour  même  où  le  choléra  sévissait  le  plus  fortement  à  Paris. 

»  La  température  était  suffocante,  le  ciel  paraissait  calme  dans  le  mo- 
ment, mais  on  voyait  des  éclairs  de  chaleur  de  tous  côtés. 

»  Passant  devant  ma  fenêtre,  qui  est  très-basse,  je  fus  étonnée  de  voir 
comme  un  gros  ballon  rouge,  absolument  semblable  à  la  lune  lorsqu'elle 
est  colorée  et  grossie  par  des  vapeurs.  Ce  ballon  descendait  lentement  et 
perpendiculairement  du  ciel  sur  un  arbre  des  terrains  Beaujon.  Ma  pre- 
mière idée  fut  que  c'était  une  ascension  de  M.  Grimm  ;  mais  la  couleur  du 
ballon  et  l'heure  me  firent  penser  que  je  me  trompais,  et  pendant  que  mon 
'  esprit  cherchait  à  deviner  ce  que  cela  pouvait  être,  je  vis  le  feu  prendre  au 
bas  de  ce  globe  suspendu  à  i5  ou  20  pieds  au-dessus  de  l'arbre.  On  aurait 
dit  du  papier  qui  brûlait  doucement  avec  de  petites  étincelles  et  flammèches  ; 
puis,  quand  l'ouverture  fut  grande  comme  deux  ou  trois  fois  la  main,  tout 


(  '93) 
à  coup  une  détonation  effroyable  fit  éclater  toute  l'enveloppe  et  sortir  de 
cette  machine  infernale  une  douzaine  de  rayons  de  foudre  en  zigzag,  qui 
allèrent  de  tous  côtés  et. dont  l'un  vint  frapper  une  des  maisons  de  la  cité, 
le  n°  4,  où  il  fit  un  trou  dans  le  mur,  comme  l'aurait  fait  un  boulet  de  ca- 
non :  ce  trou  existe  encore;  enfin,  un  reste  de  matière  électrique  se  mit  à 
brûler  avec  une  flamme  blanche,  vive  et  brillante,  et  à  tourner  comme  un 
soleil  de  feu  d'artifice. 

»  Ce  phénomène  dura  plus  d'une  minute.  C'était  un  si  beau  spectacle, 
que  je  n'eus  pas  même  l'idée  du  danger  ni  de  la  peur;  je  ne  pouvais  que 
m'écrier  :  Que  c'est  beau!  que  c'est  beau!!! 

»  Cependant  la  détonation  avait  été  si  forte,  qu'elle  avait  renversé  trois 
hommes  dans  la  rue  et  jeté  une  vive  émotion  dans  la  cité  et  le  quartier, 
comme  vous  pouvez  croire.  Ma  cuisinière  fut  presque  asphyxiée  par  un 
rayon  de  foudre  qui  passa  devant  sa  fenêtre.  La  concierge  laissa  tomber  un 
plat  qu'elle  tenait  à  la  main,  ne  pouvant  dire  si  c'était  la  peur  ou  la  com- 
motion d'un  autre  rayon  de  foudre  qui  descendit  le  grand  escalier  de  la  rue, 
sur  le  palier  duquel  elle  se  trouvait.  Un  autre  rayon  de  foudre  alla  dans  la 
pension  de  Madame  Loiseau,  rue  Neuve-de-Berry,  où  il  blessa  une  des  in- 
stitutrices, et  tous  les  habitants  du  n°  4  se  précipitèrent  tout  effrayés  dans 
la  cour,  mais  sans  blessures.  . 

»  Tout  Paris  retentit  du  bruit  affreux  de  ce  terrible  coup  de  tonnerre  ; 
mais  peut-être  suis-je  la  seule  qui  ait  vu,  par  hasard,  le  phénomène  qui  le 
produisit;  et  je  ne  donnerais  pas  pour  beaucoup  de  n'avoir  pas  été  témoin 
d'un  aussi  admirable  et  merveilleux  spectacle.  » 

météorologie.  —  Foudre  globulaire  à  Milan,  en  1841  (juin?).  (Extrait 
d'une  Lettre  adressée  de  Trieste  à  M.  Arago ,  par  M.  Burri ,  peintre  de 
marine  de  l'impératrice  d'Autriche.) 

«  Dans  l'année  1841 ,  et,  si  ma  mémoire  ne  me  trompe,  au  mois  de  juin, 
j'étais  à  Milan,  logé  au  second,  dans  l'hôtel  de  l'Agnellp,  dans  une  chambre 
qui  donnait  sur  la  Corsia  dei  Servi.  C'était  dans  l'après-midi,  vers  six 
heures;  la  pluie  tombait  à  torrents,  les  éclairs  illuminaient  les  pièces  les 
plus  sombres,  mieux  que  ne  fait  le  gaz  chez  nous.  Le  tonnerre  éclatait  de 
temps  en  temps  avec  un  bruit  épouvantable.  Les  fenêtres  des  maisons 
étaient  fermées,  la  rue  était  déserte,  car,  comme  j'ai  dit,  la  pluie  tombait 
à  verse,  et  la  voie  publique  était  convertie  en  un  torrent.  J'étais  assis  tran- 
quillement, fumant  mon  cigare  et  regardant,  à  travers  ma  fenêtre  ouverte, 

C.  R.,  i85a,  2">«  Semestre.  (T.  XXXV,  N°5.)  2^ 


(  '94  ) 
la  pluie  qui,  illuminée  de  temps  en  temps  par  le  soleil,  se  dessinait  en  fils 
d'or,  lorsque  j'entendis  dans  la  rue  plusieurs  voix  d'enfants  et  d'hommes 
qui  disaient  :  guarda  ,  guarria  (regardez,  regardez);  et  en  même  temps 
j'entendis  le  bruit  de  quelques  souliers  ferrés.  Habitué  depuis  une  demi- 
heure  au  silence  humain,  le  bruit  dont  je  parle  m'éveilla,  je  courus  à  la 
fenêtre,  et  tournant  la  tête  du  côté  d'où  venait  le  bruit,  c'est-à-dire  à  droite, 
la  première  chose  qui  frappa  mes  yeux,  fut  un  globe  de  feu  qui  marchait 
au  milieu  de  la  rue  et  au  niveau  de  ma  fenêtre,  dans  une  direction,  non  pas 
horizontale,  mais  sensiblement  oblique. 

»  Huit  ou  dix  personnes  du  peuple,  continuant  à  crier  :  guarda,  guarda, 
les  yeux  fixés  sur  le  météore,  l'accompagnaient  en  marchant  dans  la  rue 
d'un  pas  que  les  soldats  nomment  le  pas  forcé.  Le  météore  passa  tranquil- 
lement devant  ma  fenêtre,  et  m'obligea  à  tourner  la  tête  du  côté  gauche  pour 
voir  comme  finirait  son  caprice.  Après  un  moment,  craignant  de  le  perdre 
de  vue  derrière  les  maisons  qui  sortaient  de  la  ligne  de  celle  dans  laquelle 
j'étais  logé,  je  descendis  en  hâte  dans  la  rue,  et  j'arrivai  encore  à  temps  pour 
le  voir  et  me  joindre  aux  curieux  qui  le  suivaient.  Il  marchait  toujours  aussi 
lentement,  mais  il  s'était  élevé,  car  j'ai  déjà  dit  qu'il  allait  obliquement  ; 
de  manière  que,  après  trois  minutes  encore  de  marche  toujours  montante, 
il  alla  heurter  la  croix  du  clocher  de  l'église  dei  Servi  et  disparut.  Sa  dis- 
parition fut  accompagnée  d'un  bruit  sourd  comme  celui  que  peut  faire  un 
canon  de  36  ouï  à  la  distance  de  i5  milles  avec  un  vent  favorable. 

»  Pour  donner  une  idée  de  la  grandeur  de  ce  globe  igné,  de  sa  couleur, 
je  ne  puis  que  le  comparer  à  la  lune ,  telle  qu'on  la  voit  se  lever  sur  les 
Alpes,  pendant  les  mois  d'hiver,  et  par  une  nuit  claire,  comme  je  me  rap- 
pelle l'avoir  vue  quelquefois  à  Innspruk,  dans  le  Tyrol,  c'est-à-dire  d'un 
jaune  rougeâtre,  avec  quelques  taches  plus  rouges  encore.  La  différence  est 
qu'on  ne  voyait  pas  les  contours  précis  dans  le  météore  comme  on  les  voit 
dans  la  lune,  mais  qu'il  semblait  enveloppé  dans  une  atmosphère  de  lumière 
dont  on  ne  pouvait  pas  marquer  la  limite  précise.  » 

M.  Butti  déclare  qu'il  a  fait  cette  communication  d'après  les  instances 
d'un  de  ses  amis,  médecin  à  Trieste,  M.  Taglia-Pietra,  qui  s'occupe  par 
goût  d'astronomie  et  de  météorologie.  Ce  médecin  ayant  eu  occasion,  il 
y  a  environ  un  an,  de  mentionner  différents  cas  de  foudre  en  boide  en  pré- 
sence de  M.  Butti,  celui-ci  lui  raconta  le  fait  dont  il  avait  été  témoin  à  Milan. 
M.  Taglia-Pietra,  dans  une  Note  adressée  à  M.  Arago,,  garantit  la  fidélité 
des  souvenirs  de  son  ami. 


(  '95  ) 

» 

météorologie.  —  Double  cas  de  joudre  su  boule  observé  dans  un  très- 
court  espace  de  temps.  (Extrait  d'une  Lettre  adressée  à  M.  Jamin,  par 
M.  Al.  Meunier,  chef  de  bureau  au  Ministère  de  l'Intérieur.) 

«  C'était  dans  le  mois  de  juin  dernier,  je  longeais  la  rue  Montholon  en- 
tre i  ih  et  1  ib3o'"  du  soir,  lorsque  la  foudre  éclata  avec  une  violence  peu 
ordinaire  à  Paris.  J'y  fis  d'abord  peu  d'attention  et  je  continuai  ma  route; 
mais,  vers  le  milieu  de  la  rue,  un  éclair  immense  brilla  tout  à  coup  et  fut 
suivi  presque  instantanément  d'un  coup  de  tonnerre,  semblable  à  une  dé- 
charge d'artillerie.  Il  me  sembla  voir  une  bombe  énorme  lancée  avec  vio- 
lence, qui  éclatait  avec  fracas  au  milieu  delà  voie  publique.  Dans  le  moment, 
cette  espèce  de  globe  qui  s'avançait  me  fit  l'effet  de  la  lune  se  détachant  du 
ciel.  C'était  à  peu  près  la  même  dimension,  et  je  dirai  presque  la  même  cou- 
leur. Ce  coup  ne  ralentit  pas  ma  marche,  car  je  me  rappelais  ce  qu'on  dit, 
que  lorsqu'on  a  vu  l'éclair  on  n'a  plus  rien  à  craindre.  Jeme  contentai  d'en- 
foncer mon  chapeau,  que  le  vent  ou  la  commotion  produite  par  la  décharge 
électrique  avait  rejeté  en  arrière,  et  je  continuai  sans  accident  jusqu'au  delà 
de  la  place  Cadet.  Au  moment  où  je  posais  le  pied  sur  le  trottoir,  je  vis  s'a- 
vancer un  peu  obliquement  un  nouveau  globe  de  feu,  semblable  au  premier, 
mais  qui  avait  de  plus  à  la  partie  supérieure  une  espèce  de  flamme  rouge, 
qu'on  peut  comparer  à  la  mèche  d'une  bombe,  quoiqu'un  peu  plus  grosse. 
Ce  globe,  qui  n'avait  pas  été  précédé  d'un  éclair,  au  moins  pour  moi,  des- 
cendit avec  une  effrayante  rapidité,  éclata  dans  la  rue  avec  un  bruit  tel, 
que  je  n'ai  jamais  rien  entendu  de  semblable,  me  donna  une  violente  se- 
cousse sur  le  côté  droit,  et  si  violente,  que  je  fus  jeté  contre  la  muraille. 
Le  coup  ne  me  parut  sans  doute  si  bruyant  que  parce  que  je  me  trouvais 
en  position  de  le  parfaitement  entendre;  mais  ce  qui  m'a  surtout  paru 
remarquable,  c'est  la  forme  sphérique  du  tonnerre.  Mes  souvenirs  à 'cet 
égard  sont  des  plus  précis.  Quant  à  l'accident  en  lui-même,  il  n'eut  pas 
de  suite  bien  fâcheuse  :  j'en  fus  quitte  pour  être-une  quinzaine  de  jours 
sans  pouvoir  digérer.  J'ajouterai,  en  terminant,  que  ce  coup  de  tonnerre 
termina  l'orage,  et  que  le  lendemain  les  journaux  annoncèrent  que  la  fou- 
dre était  tombée  dans  les  environs,  rue  Lamartine,  je  crois.  » 

géologie.    —   Sur  les  variations  des  roches  granitiques  ;  par  M.  Delesse. 

«  Plus  que  toute  autre  roche  cristalline,  le  granit  a  exercé  une  action 
métamorphique  sur  les  roches  au  milieu  desquelles  il  a  cristallisé;  cette 

26.. 


(  196  ) 
action  métamorphique  est  très-complexe,  et  il  est  bien  difficile  de' l'expli- 
quer, mais  de  nombreux  exemples  ne  permettent  pas  de  la  révoquer  en 
doute.  Elle  a  développé  divers  minéraux,  et  surtout  les  minéraux  mêmes  du 
granit,  en  sorte  que,  suivant  l'expression  déjà  consacrée  par  M.  Keilhau, 
les  roches  qui  entourent  le  granit  ont,  en  quelque  sorte,  été  granitifiées. 

»  Or,  lorsqu'on  étudie  un  massif  granitique  se  trouvant  encore  au  con- 
tact des  roches  qu'il  a  granitifiées  et  au  milieu  desquelles  il  a  cristallisé,  on 
reconnaît  que,  généralement,  le  sommet  de  ce  massif  est  à  la  fois  un  centre 
de  figure  et  un  centre  de  cristallisation;  il  est  même  vraisemblable  qu'il  est 
aussi  le  centre  d'une  sorte  d'éruption. 

»  J'ai  recherché  quelles  sont  les  variations  présentées  par  la  roche  gra- 
nitique d'un  même  massif,  quand  on  marche  du  centre  vers  la  circonfé- 
rence; ces  variations  s'observent  à  la  fois  dans  la  composition  minéralogique 
et  chimique  de  la  roche,  ainsi  que  dans  sa  densité. 

»  Sa  structure  cristalline  est  la  plus  développée  vers  le  centre  du  massif; 
elle  se  dégrade  insensiblement,  suivant  des  zones  concentriques,  et  quel- 
quefois elle  disparait  aux  limites. 

»  A  un  granit  bien  cristallisé  succède  un  porphyre  contenant  les  mêmes 
minéraux,  auquel  succède  souvent  une  roche  pétrosilicèuse. 

»  L'orthose  est  ordinairement,  parmi  les  minéraux  du  granit,  celui  qui 
se  trouve  le  plus  loin  du  centre. 

»  Le  passage  du  granit  aux  roches  granitiques  qui  lui  sont  associées  a 
lieu  par  des  changements  insensibles  dans  sa  composition  minéralogique, 
et  il  est  accompagné  de  changements  correspondants  dans  sa  composition 
chimique.  L'analyse  m'a  montré  que,  tant  qu'un  granit  conserve  le  même 
caractère  minéralogique,  sa  composition  chimique  est  assez  constante;  ainsi, 
sa  teneur  en  silice  varie  seulement  de  quelques  centièmes,  mais  il  n'en  est 
plus  de  même  lorsqu'il  se  dégrade. 

»  Lorsqu'un  granit  a  cristallisé  au  contact  d'un  schiste  argileux,  sa  teneur 
en  silice  et  en  alcalis  va.  en  diminuant  à  mesure  qu'on  s'éloigne  du  centre 
du  massif  pour  se  rapprocher  de  ses  limites.  Sa  teneur  en  silice  diminue 
au  moins  de  10  pour  ioo  dans  les  échantillons  qui  ont  encore  tous  les 
caractères  du  granit,  et  en  même  temps  sa  densité  augmente*  Près  des 
limites,  sa  teneur  en  silice  peut  diminuer  de  10  pour  100. 

»  Sur  certains  points,  il  y  a  passage  entre  le  granit  et  le  schiste,  bien 
que,  sur  d'autres  points,  leur  séparation  soit  au  contraire  très-nette. 

»  Lorsqu'un  granit  a  cristallisé  au  contact  d'un  grès,  sa  teneur  en  silice 


(  «97  ) 
va  ordinairement  en  augmentant  ;  toutefois,  dans  certains  cas,  il  s'est  déve- 
loppé, près  des  limites,  du  mica  ou  du  talc  qui  tendent  à  la  diminuer. 

»  Généralement,  la  teneur  en  silice  d'un  granit  va  en  diminuant  ou  en 
augmentant,  suivant  que  la  teneur  en  silice  de  la  roche,  au  contact  de 
laquelle  il  a  cristallisé,  est  elle-même  plus  petite  ou  plus  grande  que  la 
sienne. 

»  Dans  tous  les  cas  cependant,  lorsque  le  granit  était  à  l'état  fluide,  lés 
substances  minérales  les  plus  légères  parmi  celles  qui  entrent  dans  sa  com- 
position, c'est-à-dire  la  silice  et  les  alcalis,  ont  été  concentrées  par  l'action 
de  la  pesanteur  vers  les  parties  les  plus  élevées  de  chaque  massif  grani- 
tique. » 

M.  Gaïetta  adresse  des  considérations  sur  la  cause  des  étoiles  Jilantes 
et  des  aérolithes. 

M.  Vezit  envoie  un  paquet  cacheté. 
L'Académie  en  accepte  le  dépôt. 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  A. 


(  «98) 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  26  juillet  i85a,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  proyrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  DE  Monfort, 
et  rédigée  par  M.  l'abbé  MoiGNO;  ire  année;  n°  i3;  25  juillet  i85a;  in-8°. 

Journal  a" Agriculture  pratique  et  de  Jardinage ,  fondé  par  M.  le  Dr  Bixio, 
publié  par  les  rédacteurs  de  la  Maison  rustique,  sous  la  direction  de  M.  BarraL; 
3e  série;  tome  V;  n"  2  •  20  juillet  i852;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  pratiques  et  de  Pharmacologie;  tome  V; 
n°  20;  20  juillet  i852;  in-8°. 

Recueil  encyclopédique  d'agriculture ,  publié  par  MM.  Boitel  et  Londet. 
de  l'Institut  national  agronomique  de  Versailles  ;  tome  III;  n°  2;  in-8°. 

Handboek...  Manuel  de  Zoologie;  par  M.  Van  der  Hoeven;  2e  vol.; 
4e  livraison.  Amsterdam,  r852;  in-8°. 

La  Presse  littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  1 3  ; 
25  juillet  i852. 

L A thenœum  français.  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux-Arts;  ire  année;  n°  4;  24  juillet  i852. 

Gazette  médicale  de  Paris;  3e  série;  tome  VII;  n°  3o;  24  juillet  1802. 

Gazette  des  Hôpitaux;  noa  85  à  87  ;  20,  22  et  24  juillet  i852. 

Moniteur  agricole  ;  5e  année;  u°  29;  22  juillet  1802. 

La  Lumière;  2e  année;  n°  3i;  24  juillet  i852. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  2  août  i852,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences, 
2e  semestre  1 85a  ;  n°  4  ;  in-4°- 

Mémoires  présentés  par  divers  savants  à  l'Académie  des  Inscriptions  et 
Belles-Lettres  de  l'Institut  national  de  France;  ire  série:  Sujets  divers  d'éru- 
dition; tome  IL  Paris,  Imprimerie  nationale,  i852;  1  vol.  in-4°- 


(  '99  ) 

Lettre  sur  la  maladie  des  cerises,  à  M.  DECAISNE,  professeur  de  culture  au 
Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris;  par  M.  Léveillé;  broch.  in-8°. 
(Extrait  de  la  Revue  horticole;  numéro  du  16  juillet  i85a.) 

Extrait  du  programme  de  la  Société  hollandaise  des  Sciences  à  Harlem ,  pour 
l'année  i85a;  broch.  in-4°- 

Bulletin  de  V Académie  nationale  de  Médecine,  rédigé  sous  la  direction  de 
MM.  F.  Dubois  (d'Amiens),  secrétaire  perpétuel,  et  Gibert,  secrétaire 
annuel;  tome  XYII;  n°  20;  3i  juillet  i852;  in-8°. 

Société  nationale  et  centrale  d' Agriculture.  Bulletin  des  séance*-,  Compte 
rendu  mensuel  rédigé  par  M.  Payen,  secrétaire  perpétuel;  2e  série,  tome  VII; 
n"  8;  in-8°. 

Annales  forestières;  ioe  année;  a5  juillet  1 852;  in-8°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  de  Monfort, 
et  rédigée  par  M.  l'abbé  MoiGNO;  ire  année;  n°  i4;  Ier  août  1 852  ;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie ,  de  Toxicologie;  et  revue 
des  nouvelles  scientifiques  nationales  et  étrangères;  par  les  Membres  de  la  Société 
de  Chimie  médicale;  n°  8;  août  i852;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médico-chirurgicales ,  publié  par  M.,  le  docteur 
A.  Martin-Lauzer ;  n°  i5;  Ier  août  i852;  in-8°. 

L' Agriculteur-praticien.  Revue  d agriculture ,  de  jardinage  et  d'économie  ru- 
rale et  domestique,  sous-la  direction  de  MM.  F.  Malepeyre,  Gustave  Heuzé 
et  BossiN  ;  août  i852;  in-8°. 
.    Le  Magasin  pittoresque ,•  juillet  i8o2;in-80. 

Moniteur  de  la  propriété  et  de  l'agriculture.  Jounfal  des  intérêts  du  sol; 
publié  par  une  Société  de  propriétaires-agriculteurs;  juillet  i852;  in-8°. 

Revue  médico-chirurgicale  de  Paris,  sous  la  direction  de  M.  Malgaigne; 
juillet  1802;  in-8°. 

Rendiconto...  Comptes  rendus  des  séances  et  des  travaux  de  l'Académie 
royale  des  Sciences  de  Naples,  Section  de  la  Société  royale  Bourbonnienne  ; 
nouvelle  série;  nos  i  et  2;  janvier-avril  i852.  Naplês,  i852;  in-4°. 

Il  monte...  Rapport  fait  à  l'Académie  des  Sciences  de  Naples,  par  une 
Commission  composée  de  MM.  L.  Palmieri  et  A.  Scacchi,  sur  le  mont  Vulture 
et  le  tremblement  de  terre  du  14  août  1 85 1 .  Naples,  i85-2  ;  in-4°. 


(    200    ) 

Sulla...  Note  sur  la  théorie  générale  des  surfaces;  par  M.  Gaspakij 
Mainardi,  professeur  de  Mathématiques  à  l'Université  de  Pavie.  Rome, 
]85a;  broch.  in-4°- 

Adress...  Discours  prononcé  par  M.  Murchjson  à  la  séance  annuelle  de  la 
Société  royale  de  Géographie,  le  il\  mai  i852.  Londres,  i85a;  broch.  in-8°. 

Catalogue...  Catalogue  de  la  Bibliothèque  de  la  Société  royale  de  Géogra- 
phie; état  en  mai  1 85 1 .  Londres,  i85a;  in-8°. 

Abhandlungen...  Mémoires  de  la  Classe  des  Sciences  physiques  et  mathé- 
matiques de  l'Académie  royale  de  Bavière;  VIe  volume;  3e  partie.  'Munich, 
i852;  in-4°. 

Astronomische. . .  Nouvelles  astronomiques  ;  n°  818. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  3i;  3i  juillet  i85ï. 

Gazette  des  Hôpitaux  ;  n05  88  à  90;  27,  29  et  3i  juillet  i852. 

L Athenœum  français.  Journal- universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux-Arts;  ire  année;  n°  5;  3i  juillet  i852. 

La  Presse  littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  \l\  ; 
1"  août  i852. 

L  Abeille  médicale  ;  n°  i5;  Ier  août  i852. 

La  Lumière;  2e  année;  n°3a;  3i  juillet  i852. 

Moniteur  agricole;  5e  année;  n°  3o;  29  juillet  i852. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  9  AOUT  1852. 

PRÉSIDENCE  DE  M.   PIOBERT. 


RAPPORTS. 


tonnellerie.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  Essai  sur 
l'application  du  système  métrique  à  la  tonnellerie;  par  M.  Fournerie, 
employé  de  l'octroi  de  Paris. 

(Commissaires,  MM.  Dupin,  Morin,  Mathieu  rapporteur.) 

«  Les  tonneaux  dont  on  se  sert  en  France,  dans  le  commerce  des  liquides, 
présentent  une  variété  infinie  de  formes  et  de  dimensions.  La  mesure  de  leur 
contenance,  qui  exigerait  des  jauges  particulières,  est  souvent  fort  embar- 
rassante :  on  n'a  pas  toujours  des  moyens  expéditifs  de  l'évaluer  avec  une 
approximation  suffisante.  Userait  donc  à  désirer  que  l'on  adoptât  une  forme 
unique  et  simple  qui  permettrait  d'obtenir,  avec  autant  de  facilité  que  de 
certitude,  la  contenance  des  tonneaux  de  diverses  grandeurs  à  l'aide  d'une 
seule  jauge.  Le  producteur,  le  négociant,  le  consommateur  sauraient  exac- 
tement ce  qu'ils  vendent  et  ce  qu'ils  achètent.  Les  transactions  se  feraient 
avec  sécurité,  et  l'on  éviterait  les  difficultés  que  l'on  rencontre  sans  cesse 
dans  le  commerce  et  dans  la  perception  de  l'impôt. 

»  Pour  remédier  aux  inconvénients  que  nous  venons  de  signaler,  M.  Four- 
nerie  propose  de  donner  la  forme  suivante  aux  tonneaux  de  toute  grandeur. 
La  section  méridienne  se  compose  de  deux  lignes  droites  raccordées  par  uij  .S 
arc  de  cercle,  dont  la  corde  est  le  côté  du  polygone  inscrit  de  vingt-quativ 

C.  K.,  i85a,  i™!  Semestre.  I  T.  XXXV  ,  N°  6.  )  1" 


(   20a  ) 

cotés.  Chaque  partie  rectiligne  tangente  à  l'arc  est  la  moitié  du  côté  du  poly- 
gone circonscrit  de  vingt-quatre  côtés,  et  la  longueur  intérieure  du  tonneau 
est  égale  au  double  du  côté  du  polygone  inscrit.  Enfin,  M.  Fournerie  prend 
pour  rayon  des  fonds  six  fois  la  longueur  de  la  flèche  de  la  section  méri- 
dienne ou  de  la  douve  :  le  rayon  du  bouge  est,  en  conséquence,  égal  à  sept 
fois  cette  flèche.  Le  tonneau  produit  par  la  révolution  de  la  courbe  méri- 
dienne autour  de  son  axe,  se  compose  donc  de  deux  troncs  de  cône  et  du 
corps  intermédiaire  engendré  par  une  portion  de  cercle.  Ce  corps  comprend 
la  moitié  et  chaque  tronc  le  quart  de  la  longueur  du  tonneau. 

»  L'auteur,  après  avoir  considéré  ce  tonneau  de  révolution,  passe  à  un 
tonneau  dont  les  douves  ne  sont  pas  concaves  à  l'intérieur.  Alors  les  sections 
perpendiculaires  à  l'axe  ne  sont  plus  des  cercles  :  ce  sont  des  polygones  d'au- 
tant de  côtés  qu'il  y  a  de  douves.  Il  prend  comme  une  sorte  d'étalon  le  ton- 
neau polygonal  formé  par  vingt-quatre  douves  de  même  largeur,  puis  il  cal- 
cule pour  différentes  contenances  de  10  à  2000  litres  la  longueur  de  ce 
tonneau,  le  rayon  de  l'arc  de  cercle  de  la  section  méridienne  et  les  apo- 
thèmes des  polygones  du  bouge  et  des  fonds.  Il  détermine  enfin  les  circon- 
férences ou  plutôt  les  périmètres  des  polygones  du  bouge  et  des  fonds  que 
l'on  doit  employer  pour  construire  un  tonneau  qui  ait  même  courbure 
méridienne,  même  longueur  et  même  contenance  que  le  tonneau  étalon, 
quand  le  nombre  des  douves  diffère  du  nombre  moyen  vingt-quatre. 

»  Nous  ne  suivrons  pas  l'auteur  dans  les  procédés  purement  géométriques 
dont  il  fait  usage  pour  obtenir  tous  ces  résultats  qu'il  a  réunis  dans  un  grand 
tableau  où  le  constructeur  trouvera  tous  les  éléments  nécessaires  pour  faire 
des  tonneaux  de  10,  20,  5o,  100,  etc.,  litres,  formés  de  seize  à  trente-deux 
douves.  Dans  une  colonne  du  tableau  on  trouve,  en  outre,  la  longueur  de 
la  jauge  diagonale  correspondante  à"  chaque  contenance. 

»  Les  tonneaux  manquent  presque  toujours  par  les  fonds  quand  ils  sont 
un  peu  grands  par  rapport  à  la  longueur.  Aussi,  pour  éviter  les  accidents 
dans  les  transports,  on  est  souvent  obligé  de  maintenir  les  fonds  avec  des 
barres  de  bois  retenues  par  des  chevilles  implantées  dans  le  bout  des  douves. 
M.  Fournerie  pense  qu'un  tonneau  construit  dans  les  proportions  qu'il 
adopte,  sera  assez  solide  pour  que  l'on  soit  généralement  dispensé  de  con- 
solider les  fonds  par  le  barrage,  qui  augmente  la  main-d'œuvre  et  qui  affai- 
blit beaucoup  les  jables. 

»  Toutes  les  questions  que  l'auteur  a  traitées  par  la  géométrie  élémen- 
taire, peuvent  être  résolues  directement  par  des  formules  que  nous  allons 
rapporter. 


(ao3) 

»  Appelons  p  le  rayon  de  l'arc  de  cercle  de  la  section  méridienne; 
jï=  i5°  l'angle  au  centre  correspondant  à  cet  arc  ou  au  côté  du  poly- 
gone de  vingt-quatre  côtés;  R  et  r  les  rayons  du  bouge  et  des  fonds;  L  la 
longueur  et  V  la  contenance  du  tonneau  de  révolution.  Nous  aurons 

V=;:||>R2-t-r2-  2,565  (R  -  r)2  ]. 

»  Mais  la  flèche  de  la  section  méridienne  ou  de  la  douve  est  pj\  en  pre- 
nant f  ■=  tanga  sin  a  +  a  sin2  -  a,  et  d'après  l'auteur  on  doit  avoir 
R  =  ^pf,  r=  6pf,  puis  L  =  l\p  sin  a  =  20,284 pj-  Avec  ces  valeurs,  la 
formule  précédente  revient  à  Y  =  -5  0,o45463fj*.  On  en  déduit  facilement 

la  longueur  du  rayon  p  de  l'arc  générateur  qui  convient  à  une  contenance 
donnée  V  et  qui  sert  à  tracer  le  gabarit  ou  le  moule  sur  lequel  on  courbe 
les  douves.  On  calculera  ensuite  les  rayons  R  et  r  et  la  longueur  L.  Le 
tonneau  construit  de  la  longueur  L  ==  20,284  pj\  en  assemblant  les  douves 
sur  les  circonférences  intérieures  îrtRet  inr  pour  le  bouge  et  les  fonds, 
aura  une  contenance  égale  à  V. 

»  Ces  formules  conviennent  à  un  tonneau  de  révolution  en  dedans 
comme  en  dehors;  mais  le  plus  souvent,  pour  économiser  la  main-d'œuvre 
et  conserver  aux  douves  toute  leur  épaisseur,  on  ne  les  creuse  pas  à  l'in- 
térieur. Désignons  par  n  le  nombre  des  douves  que  nous  supposerons  de 
même  largeur.  Toute  section  faite  par  un  plan  perpendiculaire  à  l'axe  est 

un  polygone  de  n  côtés,  et  l'angle  au  centre  pour  un  côté  est  — .  Conce- 
vons un  tonneau  polygonal  construit  en  prenant  pour  apothèmes  des  poly- 
gones du  bouge  et  des  fonds,  les  rayons  R  et  r  des  cercles  inscrits;  son 
volume  intérieur  V'  sera  plus  grand  que  V;  car  on  trouve 


V  =  V=tangJ  =  V  [i  +  £} 


»  Four  que  le  tonneau  à  sections  polygonales  construit  sur  le  même 
gabarit  de  rayon  p,  avec  la  même  longueur  L,  soit  de  même  contenance 
que  le  tonneau  de  révolution  dont  R  et  r  sont  les  rayons  du  bouge  et  des 
fonds,  il  faut  donc  prendre  pour  les  polygones  du  bouge  et  des  fonds  des 
apothèmes  moindres  que  R  et  r.  Ces  rayons  doivent  être  diminués  de  la 

quantité  0,08622710  £—2,  de  sorte  que  les  périmètres  de  ces  polygones  qui 

27.. 


(    204    ) 

servent  à  assembler  les  douves  et  à  former  le  tonneau,  seront 

a7;R+  1,987a  £» 
inr  -+-  1,4099  £• 

»  Ces  formules  suffisent  pour  calculer  facilement  tous  les  éléments  dont 
on  a  besoin  pour  construire  des  tonneaux  de  révolution,  ou  à  sections 
polygonales. 

»  Dans  le  système  de  M.  Fournerie,  la  partie  circulaire  de  la  douve  est 
égale  à  la  moitié  de  la  longueur  du  tonneau.  Supposons  qu'elle  soit  seu- 
lement le  tiers  de  la  longueur,  que  les  parties  rectilignes  comprennent 
aussi  chacune  un  tiers,  que  la  longueur  du  demi-tonneau  soit  toujours 
représentée  par  r  o  fois  la  flèche  de  la  section  méridienne  au  lieu  de  10,1 4a 
que  donne  l'hypothèse  de  M.  Fournerie;  enfin,  que  les  rayons  R  et  r  du 
bouge  et  des  fonds  soient  encore  égaux  à  7  fois  et  à  6  fois  cette  .même 
flèche. 

»  On  satisfait  à  ces  conditions  dans  un  tonneau  de  révolution,  en  pre- 
nant a  a  =  a(6°5o'5i"j  pour  l'angle  au  centre  de  courbure  correspon- 
dant à  l'arc  de  cercle  du  méridien,  et  l'on  trouve  ensuite 

V  =  7r^[aRa  +  ra-  3,593(R  -  r)2]. 

»  Cette  formule  revient  àV  =  ;Oti  193446  p*,  en  y  portant  R  =  7  pj', 

r=6  pj,  -  L  =  10  pf  et  j  =  a  tang  «  sin  a  -+-  a  sin2  -  a.   Quand  on  aura 

déterminé  la  valeur  du  rayon  p  de  l'arc  de  cercle  de  la  section  méridienne, 
on  connaîtra  R,  r,  L,  on  pourra  construire  le  gabarit  pour  courber  les 
douves,  et  on  les  assemblera  ensuite  sur  les  circonférences  arcR  et  2nr  du 
bouge  et  des  fonds. 

»  Pour  un  tonneau  à  sections  polygonales,  on  trouverait  facilement  ce 
qu'il  faut  retrancher  des  rayons  R  et  r  pour  avoir  les  apothèmes  des  poly- 
gones du  bouge  et  des  fonds,  et  ensuite  leurs  périmètres,  qui  servent  à 
assembler  les  douves  et  à  construire  le  tonneau. 

»  On  remarquera  que  la  même  formule 

V  =  ?r|-[aR2+r2] 
donne  une  valeur  très-approchée  de  la  capacité  intérieure  des  deux  ton- 


(    205    ) 

neaux  que  nous  venons  de  considérer.  Du  volume  V   qu'on  en  déduit, 
il  faut  retrancher  —  de  V  dans  le  système  de  M.  Fournerie,    quand 


IOO 


la  partie  circulaire  de  la  douve  est  la  moitié  du  tonneau,  et  —  et  demi  de  V 
r  '       ioo 

quand  l'arc  de  cercle  est  seulement  le  tiers  de  la  longueur.  La  correction 

soustractive  serait  donc  respectivement  de  i  litres  et  de  i  litres  et  demi 

pour  un  tonneau  de  100  litres. 

»  Cette  formule  approchée  montre  que  le  volume  intérieur  de  ces  deux 

espèces  de  tonneaux  est  à  très-peu  près  équivalent  à  un  cylindre  qui  a  pour 

hauteur  la  longueur  L  du  tonneau  et  pour  base  moyenne  ^  7r  (2R2  -+-  r2), 

ou  le  tiers  de  deux  fois  le  cercle  du  bouge  rcR2  et  d'une  fois  le  cercle 
des  fonds  nr2.   Si  l'on    prend  pour  cylindre  de   hauteur   L,   le  rayon 

moyen  4(sR  +  r),  le  volume  V  =  tiL    — 5 —    ,  qui  revient  à 


4[2R2+/-2-!(R -/■)'], 


sera  donc  aussi  un  peu  plus  grand  que  le  volume  exact  ;   mais  il  sera 

plus  approché  que  celui  de  la  base  moyenne  V  =  n  L    — r. —     dont  il 

faut  retrancher  dans  un  cas  2,565  (R  —  r)2  et  dans  l'autre  3,5q3  (R  —  /•)* 
pour  avoir  le  véritable  volume. 

»  Quant  au  jaugeage  des  tonneaux  uniformément  construits,  comme 
nous  venons  de  le  dire,  il  s'opérerait  avec  facilité  en  mesurant  la  lon- 
gueur de  la  diagonale  qui  va  du  centre  de  la  bonde  au  point  le  plus  bas 
d'un  fond.  La  jauge  diagonale  qui  participe  à  la  fois  de  la  longueur 
et  de  la  grosseur  du  tonneau,  se  graduera  en  calculant  par  la  formule 

l)2  ==  j  L*  +  (R  H-  r)2  la  longueur  de  la  diagonale  D  correspondante  à  cha- 
que contenance  décimale. 

»  Dans  le  choix  du  profil  méridien  des  tonneaux,  un  élément  important 
à  considérer,  c'est  l'inclinaison  de  ses  différentes  parties  sur  l'axe  de  rota- 
tion. La  facilité  et  la  solidité  de  la  construction  dépendent  beaucoup  de 
cette  inclinaison.  On  conçoit,  en  effet,  que  les  douves,  vers  leurs  extré- 
mités surtout,  doivent  être  inclinées  de  manière  que  les  cercles  puissent 
rester  dans  l'endroit  où  ils  ont  été  amenés  avec  force.  Si  le  tonneau  était 
formé  seulement  de  deux  troncs  de  cône  dont  la  hauteur  égale  au  demi- 
tonneau  serait  10,  quand  les  rayons  R  et  r  diffèrent  d'une  unité,  l'incli- 


(  aoG  ) 

naison  serait  —  ou  environ  5  degrés  et  demi.  Ainsi,  dans  des  tonneaux  avant 

à  peu  près  ces  proportions,  l'inclinaison  des  extrémités  des  douves  sur  l'axe 
ne  peut  guère  être  au-dessous  de  5  degrés  et  demi.  Par  des  mesures  faites 
sur  des  tonneaux  que  l'on  regarde  comme  solides  et  d'une  bonne  forme, 
l'inclinaison  à  l'extrémité  des  douves  a  été  trouvée  d'environ  7  degrés;  elle 
va  ensuite  en  diminuant  jusqu'au  milieu,  où  elle  est  nulle. 

»  Dans  le  système  de  M.  Fournerie,  les  douves,  à  leur  extrémité  et  dans 
toute  la  partie  rectiligne,  ont  une  inclinaison  qui  est  précisément  égale  au 
demi-angle  au  centre  de  courbure  a  =  70  |,  Elle  diminue  dans  la  partie 
circulaire  et  devient  nulle  à  la  bonde. 

»  Quand  l'arc  de  cercle  occupe  seulement  le  tiers  de  la  longueur  du 
tonneau,  comme  nous  l'avons  supposé,  l'inclinaison,  à  l'extrémité  des 
douves  et  dans  toute  la  partie  rectiligne,  qui  est  alors  de  6°5i',  s'approche 
beaucoup  de  l'inclinaison  de  7  degrés,  employée  dans  la  bonne  tonnellerie. 

»  Si  l'on  prend  dans  toute  la  longueur  du  tonneau  pour  courbe  méri- 
dienne un  arc  de  cercle,  d'ellipse,  de  parabole,  on  tombe  encore  sur  la 

formule  V  =  n  -5  [  a  R2  -+-  r2  ] ,  qui  donne  exactement  la  capacité  du  tonneau 

elliptique,  et  avec  une  grande  approximation  les  volumes  du  tonneau  para- 
bolique et  du  tonneau  circulaire;  ce  dernier,  le  plus  grand  de  tous  à  dimen- 
sions égales,  est  le  seul  dont  la  capacité  surpasse  un  peu  71-5-  [  1  R2  -t-  r2  J.  Mais, 

dans  ces  trois  espèces  de  tonneaux,  l'inclinaison  extrême  des  douves,  qui 
s'élève  de  1 1  à  12  degrés.,  est  beaucoup  trop  forte.  Sous  ce  rapport,  on  doit 
accorder  la  préférence  à  l'arc  de  cercle  combiné  avec  la  ligne  droite  pour 
former  les  douves  des  tonneaux.  L'arc  de  cercle  est  d'ailleurs  bien  plus 
facile  à  tracer  que  l'ellipse  et  la  parabole. 

»  Après  l'examen  du  travail  de  M.  Fournerie,  et  les  développements 
dans  lesquels  nous  venons  d'entrer,  nous  croyons  que,  sans  d'autres 
secours  que  les  procédés  ordinaires  de  la  tonnellerie,  on  peut  parvenir  à 
construire  des  tonneaux  de  même  forme,  avec  des  dimensions  bien  déter- 
minées et  des  contenances  qui  seraient  toujours  des  multiples  décimai*;  du 
litre. 

Conclusion . 

»  Nous  proposons  à  l'Académie  de  remercier  M.  Fournerie  de  la  com- 
munication qu'il  lui  a  faite  sur  la  construction  métrique  des  tonneaux,  et 
de  l'engager  à  continuer  des  travaux  qui  peuvent  donner  à  l'Administration 


(  207  ) 
les  moyens  de  faciliter  la  perception  de  l'impôt  et  d'opérer  une  réforme 
très-importante.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

chimie  appliquée.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Lecaxc,  ayant  pour 
titre  :  Nouvelles  études  chimiques  sur  le  sang. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Andral,  Thenard  rapporteur.) 

«  L'auteur  du  Mémoire  dont  nous  avons  à  rendre  compte  a  déjà  fait  des 
observations  remarquables  sur  le  sang;  il  est  parvenu,  dans  des  recherches 
qui  datent  de  i83o,  à  en  extraire  la  matière  colorante,  qu'il  a  étudiée  avec 
soin  et  qu'on  a  depuis  désignée  sous  le  nom  d'he'matosine. 

»  Aujourd'hui  il  se  propose  de  résoudre  les  trois  questions  suivantes  : 

»  i°.  Le  sang,  d'après  l'analyse  microscopique,  n'étant  évidemment 
formé  que  de  globules  rouges  ou  bruns  rouges  tenus  en  suspension  dans 
un  liquide  jaunâtre  et  limpide,  appelé  sérum,  est-ce  dans  les  globules  ou 
le  sérum,  ou  tout  à  la  fois  dans  ces  deux  liquides,  que  se  trouve  la  fibrine  r1 

»  a°.  Comment  parvenir  à  séparer  complètement  les  globules  sanguins 
du  sérum  au  milieu  duquel  ils  nagent  et  roulent  sans  cesse  pendant  la  cir- 
culation dans  les  animaux  vivants? 

»  3°.  Quelle  est  la  composition  chimique  des  globules  sanguins? 

»  Ces  trois  questions  sont  importantes. 

»  L'auteur  résout  la  première  d'une  manière  fort  simple.  S'étant  assuré 
que  le  sulfate  de  soude  en  dissolution  concentrée  s'oppose  à  la  précipita- 
tion de  la  fibrine,  et  est  sans  action  sur  les  globules  du  sang,  il  reçoit  le 
sang  à  la  sortie  de  la  veine  ou  de  l'artère  dans  de  l'eau  saturée  de  sulfate  de 
soude  à  +  \i  degrés,  puis  il  filtre  le  liquide  à  travers  le  papier  Joseph.  Tous 
les  globules  restent  sur  le  filtre.  Le  sérum,  au  contraire,  tenant  en  dissolu- 
tion toute  la  fibrine,  passe  à  travers  ;  et  lorsqu'on  vient  à  l'étendre  de  huit 
à  neuf  fois  son  volume  d'eau,  la  fibrine  s'en  précipite  tout  entière  en  fila- 
ments gélatineux-,  il  n'en  reste  point  ou  il  n'en  reste  tout  au  plus  que  des 
traces  dans  la  liqueur  filtrée.  Or,  comme  on  verra  tout  à  l'heure  que  les 
globules  ne  contiennent  point  de  fibrine,  il  s'ensuit  que  cette  substance  ne 
fait  partie  que  du  sérum. 

«  Mais  comment  se  procurer  tous  les  globules  sanguins  purs,  ou  plutôt 
comment  les  séparer  complètement  du  sérum  dans  lequel  ils  sont  tenus  en 
suspension  ? 

»  Les  globules  possèdent  une  propriété  remarquable,  c'est  de  ne  pou- 


(    208    ) 

voir  être  attaqués  par  les  dissolutions  salines,  et  surtout  par  la  solution  sa- 
turée de  sulfate  de  soude.  Il  suffira  donc  de  les  laver  avec  cette  solution,  à 
la  température  de  -f-  1 2  degrés,  pour  enlever  tout  le  sérum  qui  pourrait  être 
adhérent  à  leur  enveloppe.  Déjà  le  sulfate  de  soude  avait  été  employé  pour 
opérer  cette  séparation  ;  mais  on  commençait  par  extraire  la  fibrine  en 
battant  le  sang,  puis,  après  avoir  ajouté  le  sulfate  de  soude  au  saug  battu, 
les  globules  en  étaient  séparés  par  le  filtre. 

»  Enfin,  quelle  est  la  composition  des  globules  sanguins? 

»   Ils  contiendraient,  suivant  l'auteur,  jusqu'à  huit  substances  diverses  : 

»    i°.   De  l'hématosine  ; 

»   i°.  Beaucoup  d'une  substance  qui  a  été  signalée  par  Berzelius,  par 
MM.  Gmelin  et  Mudler,  et  qu'ils  ont  nommée  globuline  ; 

»   3°.  Très-peu  d'albumine; 

»  4°-   Une  matière  fibrineuse  qui  leur  sert  d'enveloppe; 

»  5°.  Une  matière  animale  dite  extractive  et  soluble  dans  l'alcool  et 
l'éther; 

»  6°.  Une  matière  grasse; 

»  70.  Divers  sels,  au  nombre  desquels  sont  des  chlorures,  des  phosphates 
el  des  carbonates  alcalins; 

»  8°.  De  l'eau  qui,  sauf  l'enveloppe,  tient  toutes  ces  matières  en  disso- 
lution. 

»  La  propriété  qu'a  l'eau  de  dissoudre  les  globules,  moins  leur  enve- 
loppe, permet  d'isoler  celle-ci.  Lorsque  ensuite  la  liqueur  filtrée  est  soumise 
à  l'ébullition,  l'hématosine,  la  globuline,  l'albumine  se  coagulent;  la  ma- 
tière dite  extractive,  les  sels,  la  matière  grasse  restent,  au  contraire,  en  dis- 
solution. De  là  les  moyens  de  grouper  les  substances  immédiates  qui  consti- 
tuent les  globules,  et  de  les  séparer  ensuite  en  mettant  à  profit  l'action 
qu'exercent  sur  elles  les  différents  dissolvants.  C'est  ce  qu'a  essayé  de  faire 
,»vec  soin  M.  Lecanu. 

»  Parmi  les  diverses  substances  immédiates  qui,  par  leur  réunion,  com- 
posent les  globules  sanguins,  il  en  est  qui  méritent  de  fixer  un  instant 
l'attention  de  l'Académie. 

»  Au  premier  rang  est  l'hématosine.  Dans  l'état  où  elle  avait  été  obtenue 
par  l'auteur  en  i83o  et  18^7,  elle  contenait  encore  de  l'albumine.  M.  Le- 
canu parvient  à  l'en  séparer.  Ainsi  purifiée,  l'hématosine,  substance  si 
remarquable,  est  soluble  dans  l'alcool  concentré  ;  elle  se  dissout  même 
très-facilement  dans  l'éther  à  la  température  ordinaire,  en  lui  donnant  une 
belle  couleur  rouge  de  sang,  et  s'en  dépose  par  l'évaporation  spontanée 


(    209    ) 

sous  forme  de  petites  lamelles  d'éclat  métallique  et  de  couleur  améthyste, 
tout  à  fait  semblables  à  l'argent  rouge. 

»  Vient  ensuite  la  globuline.  Signalée,  comme  nous  l'avons  dit  précé- 
demment, par  Berzelius,  M.  Gmelin  et  M.  Mudler,  M.  Lecanu  l'a  mieux 
caractérisée  et  a  démontré  qu'elle  constituait  une  grande  partie  des  globules 
et.  ne  faisait  point  partie  du  sérum  ;  elle  se  distingue,  d'ailleurs,  de  l'albu- 
mine, avec  laquelle  elle  a  de  grands  rapports,  par  la  propriété  qu'elle  a  de 
se  dissoudre  à  chaud  dans  l'alcool  à  20  degrés,  et  de  ne  pas  être  précipitée 
par  le  sous-acétate  de  plomb. 

»  La  matière  fibrineuse  doit  être  aussi  l'objet  de  quelques  remarques  ; 
c'est  elle  qui  forme  l'enveloppe  des  globules  sanguins  et  qui  permet  de 
concevoir  comment  il  peut  se  faire  que  les  globules  soient  si  solubles  dans 
l'eau  et  la  teignent  à  l'instant  en  un  beau  rouge,  tandis  qu'ils  ne  colorent 
ni  le  sérum,  au  milieu  duquel  ils  nagent,  ni  l'eau  saturée  de  sels  et  surtout 
de  sulfate  de  soude.  La  cause  en  est  évidente  :  c'est  que  la  matière  fibri- 
neuse constitue  une  sorte  de  membrane,  imperméable  soit  au  liquide  albu- 
mineux,  soit  aux  dissolutions  salines;  et  si,  quand  on  fouette  le  sang  à  la 
manière  des  bouchers,  il  reste  coloré,  c'est  sans  doute  parce  qu'on  brise 
l'enveloppe  des  globules,  et  qu'alors  rien  ne  s'oppose  plus  à  leur  mélange 
avec  le  sérum. 

»  Aussi,  lorsqu' après  avoir  violemment  agité  le  sang,  on  abandonne  le 
liquide  au  repos,  la  matière  fibrineuse  se  dépose-t-elle  en  lamelles  inco- 
lores, translucides,  à  reflets  nacrés,  flexibles  et  malléables  au  plus  haut 
degré. 

»  La  substance  dont  elle  se  rapproche  le  plus,  et  ayec  laquelle  on  serait 
tenté  de  la  confondre,  est  la  fibrine.  Cependant  elle  en  diffère,  surtout  par 
sa  résistance  à  l'action  dissolvante  de  la  potasse  caustique.  L'eau,  chargée 
d'un  dixième  de  son  poids  d'alcali,  dissout  même  à  froid  la  fibrine  hydratée, 
et  ne  dissout  même  pas  l'enveloppe  des  globules  à  la  température  de  l'ébul- 
lition. 

»  Enfin,  disons  un  mot  de  l'albumine  des  globules.  N'est-il  pas  extraor- 
dinaire que  les  globules  sanguins  en  contiennent  si  peu,  lorsque  le  sérum 
dans  lequel  ils  nagent  en  est  presque  entièrement  formé,  et  ne  serait-on 
pas  autorisé  à  soupçonner  jusqu'à  un  certain  point  qu'elle  pourrait  peut-être 
ne  provenir  que  de  ce  que  les  globules  en  auraient  absorbé  une  quantité 
sensible  ? 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  il  ressort  évidemment  de  ces  observations  que  les 

C.  K.,  i85a,  *™  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  6.)  28 


(    2IO    ) 

matières  animales  qui  composent  le  sérum  sont  essentiellement  différentes 
de  celles  qui  composent  les  globules  sanguins. 

»  Le  sérum  ne  contient  que  de  l'albumine  et  de  la  fibrine;  point  de  çlo- 
buline,  point  d'hématosine.  Les  globules  sanguins  ne  contiennent  au  con- 
traire que  de  l'hématosine,  de  la  globuline,  de  la  matière  fibrineuse,  point 
.de  fibrine,  peu  d'albumine. 

»  Tels  sont  les  principaux  faits  qu'a  observés  M.  Lecanu.  Il  a  le  projet 
de  continuer  ses  recherches  :  nous  ne  saurions  trop  l'y  encourager. 

»  En  effet,  que  de  questions  encore  à  éclaircir  ou  à  résoudre  ?  Qu'il  nous 
soit  permis  d'en  indiquer  quelques-unes. 

»  i°.  Refaire  et  répéter  plusieurs  fois  l'analyse  des  divers  sangs  veineux 
et  celle  du  sang  artériel,  en  tenant  compte,  autant  que  possible,  des  in- 
fluences qui  pourraient  en  modifier  la  composition  ; 

»  20.  Constater  avec  grand  soin  la  différence  qui  existe  entre  la  nature  de 
l'un  et  celle  de  l'autre; 

»  3°.  Déterminer  la  proportion  des  principes  constituants  de  l'hémato- 
sine, de  la  globuline  et  de  l'enveloppe  des  globules  sanguins; 

»  4°-  En  quoi  l'hématosine  du  sang  artériel  diffère-t-elle  de  l'hématosine 
du  sang  veineux  ?     . 

»  5°.  Quelle  est  l'action  qu'exercent  l'oxygène  et  les  principaux  gaz  sur 
le  sang  veineux  et  le  sang  artériel  ? 

»  6°.  Le  sang  veineux  est-il  transformé  en  vrai  sang  artériel  dans  son 
contact  avec  l'oxygène,  hors  de  la  circulation  ?  Le  sang  artériel  est-il  ramené 
à  l'état  de  sang  veineux  par  l'action  du  gaz  azote,  du  gaz  carbonique,  du 
gaz  hydrogène,  dans  les  mêmes  circonstances? 

»  70.  Quelle  est  la  densité  du  sérum  et  celle  des  globules  sanguins  dans 
la  même  espèce  de  sang? 

»  8°.  Pourquoi  le  sang  abandonné  au  repos  se  prend-il  en  masse,  même 
lorsqu'on  le  maintient  au  degré  de  la  chaleur  animale,  et  qu'on  le  met  en 
mouvement?  Comment  se  fait-il  que  les  sels  du  sérum,  qui  tiennent  la  fi- 
brine en  dissolution  dans  les  artères  et  les  veines,  de  concert  avec  l'albu- 
mine peut-être,  cessent  de  la  dissoudre  quand  le  sang  en  est  extrait  ?  L'air 
entre-t-il  pour  quelque  chose  dans  ce  phénomène  extraordinaire  ? 

»  90.  En  quoi  les  matériaux  du  sang  diffèrent-ils  réellement  des  maté- 
riaux du  chyle  et  de  ceux  de  la  lymphe? 

»  io°.  Comment  s'opère  la  transformation  du  chyle  et  de  la  lymphe  en 
sang? 


(    «I     ) 

»  ii°.  N'y  aurait-il  pas  quelque  analogie  entre  l'enveloppe  des  glo- 
bules et  la  substance  qui  constitue  les  veines  et  les  artères? 
•  »  12°.  Nous  ne  saurions  trop  recommander  aux  physiciens  de  recher- 
cher dans  des  phénomènes  d'optique,  entre  autres  dans  celui  des  anneaux 
colorés,  la  mesure  des  dimensions  des  globules  du  sang;  ils  trouveront  à 
ce  sujet  des  remarques  intéressantes  dans  l'ouvrage  du  célèbre  docteur 
Thomas  Young,  intitulé:  Médical  Littérature.  (Question  proposée  par 
M.  Arago.) 

»  Toutes  ces  questions,  et  tant  d'autres  encore  qu'on  pourrait  y  ajouter, 
sont  d'une  haute  importance.  Déjà  même  elles  ont  fait,  pour  la  plupart, 
l'objet  des  recherches  d'hommes  très-distingués.  Mais  le  sang  joue  un  si 
grand  rôle  dans  l'économie  animale,  qu'on  ne  saurait  trop  s'en  occuper. 
C'est  un  sujet  d'étude  auquel  la  vie  tout  entière  d'un  physiologiste  habile, 
d'un  savant  chimiste,  pourrait  être  consacrée  avec  fruit.  Une  remarque 
nouvelle,  quand  elle  s'applique  à  la  nature  ou  aux  fonctions  du  sang,  n'est 
jamais  sans  une  réelle  valeur.   . 

»  Aussi  lira-t-on  avec  un  grand  intérêt  les  observations  que  M.  Lecanu  a 
faites  sur  l'existence  et  la  dissolution  de  la  fibrine  dans  le  sérum  ;  sur  le 
moyen  simple  et  ingénieux  qu'il  emploie  pour  démontrer  ce  fait  important  ; 
sur  l'hématosine  qu'il  parvient  à  obtenir  pure,  et  qui  est  si  riche  en  cou- 
leur, qu'elle  entre  à  peine  pour  o,3a  dans  la  composition  de  îoo  parties  de 
sang;  sur  la  globuline,  dont  on  ne- trouve  aucune  trace  dans  le  sérum, 
quoique  très-abondante  dans  les  globules  sanguins  ;  sur  la  production  de  la 
couenne  (dite  inflammatoire);  enfin,  sur  la  matière  fibrineuse  qui  sert 
d'enveloppe  aux  globules,  et  qui,  perméable  à  l'eau,  l'est  complètement 
au  sérum  ou  à  l'eau  chargée  de  sels  de  nature  différente. 

»  C'est  pourquoi  nous  n'hésitons  pas  à  proposer  à  l'Académie  de  déci- 
der que  le  Mémoire  de  M  .Lecanu  sera  imprimé  dans  le  Recueil  des  Savants 
étrangers.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

botanique.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Parlatore,  professeur  de 
botanique  à  Florence,  ajant  pour  titre  :  Sur  le  Papyrus  des  anciens  et 
sur  le  Papyrus  de  Sicile. 

(Commissaires,  MM.  Brongniart,  Richard,  de  Jussieu  rapporteur.) 

«  Le  Papyrus,  par  son  emploi  dans  l'antiquité,  a  fixé  l'attention  des 
savants  et  donné  lieu  à  de  nombreux  écrits.  Les  botanistes  se  sont  occupés 

28.. 


(    212    ) 

de  la  plante  qui  le  produisait,  et,  d'après  les  ouvrages  les  plus  récents,  il 
ne  semblait  rester  à  son  sujet  aucun  doute.  C'était  une  espèce  de  Cyperus, 
qu'on  cultive  sous  le  nom  de  C.  papyrus  dans  beaucoup  de  jardins,  que 
beaucoup  de  voyageurs  ont  pu  voir  croissant  naturellement  sur  certains 
points  de  la  Sicile,  où  on  le  trouverait  aujourd'hui  plus  facilement  qu'en 

Egypte- 

»  Cependant,  en  remontant  plus  haut,  on  trouve  plus  d'incertitude  et 
moins  d'accord  entre  les  auteurs,  qui  semblent  reconnaître  plusieurs  espèces 
distinctes  de  Papyrus,  les  uns  dans  l'Egypte  même,  à  l'exemple  de  Théo- 
phraste  ;  les  autres  d'après  les  différents  pays  dont  on  l'avait  cité  comme 
originaire.  C'est  vers  cette  distinction  que  paraissait  incliner  Bernard  de 
Tussieu,  qui  fournit,  pour  la  dissertation  du  comte  de  Caylus  sur  le  Papyrus, 
la  discussion  des  opinions  émises  par  les  botanistes  et  ses  propres  observa- 
tions. Il  sut  reconnaître  la  différence  du  Sar  de  Théophraste  avec  le  vrai 
Papyrus  d'Egypte,  et  soupçonner  celle  de  ce  dernier  avec  le  Papyrus  de 
Sicile,  mais  en  étendant,  d'autre  part,  au  loin  et  à  tort  les  limites  de  sa 
patrie,  puisqu'il  penchait  à  le  confondre  avec  une  espèce  nouvellement 
apportée  de  Madagascar. 

»  M.  Parlatore,  qui  avait  eu  souvent  l'occasion  d'observer  le  Papyrus  en 
Sicile,  le  comparant  à  des  échantillons  recueillis  en  Nubie,  fut  frappé  de 
certains  caractères  qui  pouvaient  établir  entre  les  plantes  d'origine  diverse 
une  distinction  nette  et  facile.  Il  soumit  alors  à  un  nouvel  examen  les  pas- 
sages de  tous  les  écrits  originaux,  qu'il  put  éclairer  à  l'aide  de  cette  nouvelle 
lumière,  et  il  reconnut  qu'il  y  était  question  tantôt  de  l'une,  tantôt  de 
l'autre  espèce;  que  la  Nubienne  était  laseule  qui  eût  été  réellement  observée 
en  Egypte,  et  qu'elle  constituait,  en  conséquence,  le  véritable  Papyrus  des 
Égyptiens  ou  du  Nil.  C'est  le  sujet  du  Mémoire  qu'il  a  présenté  à  l'Académie 
des  Sciences,  et  que  nous  sommes  chargés  d'examiner. 

»  Il  commence  par  décrire  complètement  dans  tous  ses  détails  le  Papyrus 
de  Sicile,  dont  il  recherche  l'origine  et  la  distribution  actuelle;  il  décrit 
ensuite  comparativement  le  Papyrus  de  Nubie,  recueilli  par  M.  Figari,  qui 
lui  a  fourni,  avec  ses  échantillons,  des  notes  pleines  de  sagacité  et  d'intérêt; 
puis,  ayant  appris  à  les  distinguer,  il  recherche  laquelle  est  le  Papyrus 
d'Egypte,  et  c'est  là  que  se  placent  l'examen  et  la  discussion  de  tous  les 
auteurs  qui  l'ont  précédé  et  par  lesquels  il  arrive  aux  conclusions  que  nous 
avons  annoncées. 

»  La  description  de  l'espèce  sicilienne,  d'ailleurs  extrêmement  détaillée 
et  complète,  nous  a  présenté  une  légère  omission  relativement  au  degré  de 


(    213    ) 

composition  de  l'ombelle,  à  la  base  de  laquelle  se  montre  une  série  de 
folioles  ou  bractées  tristiques,  répondant  par  leur  milieu  aux  trois  angles 
de  la  tige.  Or,  de  l'aisselle  de  chacune  de  ces  bractées  partent  des  rameaux, 
au  nombre  de  dix  à  trois,  ceux  que  termine  l'ombellule  ;  et  cette  disposi- 
tion, propre  à  expliquer  la  nature  de  la  gaîne  qui  enveloppe  à  sa  naissance 
chacun  de  ces  rameaux,  et  n'est  autre  chose  qu'un  rudiment  de  feuilles, 
démontre  que  l'ombelle  générale  est  doublement  composée.  C'est  ce  que 
Cyrillo  avait  vu  et  exprimé  dans  sa  grande  monographie  du  Cjperus  papy- 
rus, dans  lequel,  au  reste,  il  n'a  su  voir  que  la  plante  sicilienne.  Nous  avons 
signalé  ce  caractère ,  parce  qu'il  serait  possible  qu'on  trouvât  quelque 
lumière  de  plus  dans  cette  comparaison  des  ombelles  secondaires. 

»  La  Sicile  n'est  pas  la  véritable  patrie  de  cette  espèce  de  Cjperus.  En 
effet,  une  plante  que  signalaient  à  l'attention  sa  grandeur,  son  élégance, 
son  port  si  caractérisé  et  surtout  sa  ressemblance  avec  le  Papyrus  d'Egypte, 
n'aurait  pu  échapper  à  l'observation  dans  un  pays  aussi  peuplé  et  aussi 
civilisé.  Or,  on  n'en  trouve  aucune  mention  dans  les  auteurs  anciens  qui  ont 
pu  traiter  de  l'histoire  naturelle,  de  l'agriculture  ou  de  la  topographie,  non 
plus  que  dans  les  poètes  bucoliques.  C'est  dans  la  relation  d'un  voyage  fait  au 
Xe  siècle  en  Sicile  par  l'Arabe  Ebn-Haucal,  qu'on  rencontre  la  première  men- 
tion du  Papyrus  autour  de  Palerme,  où,  depuis  cette  époque,  nous  le  trou- 
vons cité  à  plusieurs  reprises  et  même  donnant  son  nom  à  une  petite  rivière 
dont  il  garnissait  les  rives.  Cette  rivière  et  les  étangs  qui  s'y  rattachaient 
furent  détruits  par  des  travaux  d'assainissement  en  i5gi,  et  les  Papyrus 
durent  l'être  en  même  temps,  quoiqu'il  doive  en  avoir  survécu  une  certaine 
partie  près  d'un  siècle  plus  tard,  comme  le  prouve  une  Lettre  de  Boccone  à 
Ange  Buonfanti,  datée  de  1674.  Ln  de  vos  Commissaires  se  trouve  posséder 
un  manuscrit  de  deux  botanistes  siciliens  (1),  dont  l'un  est  précisément  ce 
même  Buonfanti  et  l'autre  un  droguiste  de  Palerme,  un  peu  plus  ancien,  du 
nom  de  de  la  Motta.  Un  passage  relatif  au  Papyrus  vient  en  confirmation 
de  celui  de  Boccone,  en  constatant  l'existence  antérieure  près  de  Palerme 
des  Papyrus  qu'on  y  rencontrait  alors  encore,  quoiqu'en  moindre  nombre  ; 
il  parle  aussi  de  l'intervention  que  les  Arabes  auraient  eue  dans  leur  planta- 
tion, et  attribue  leur  origine  à  l'Egypte  d'après  une  assez  singulière  preuve,  la 

(1)  In  icônes  Matthiœ  Lobelii,  Antonini  de  la  Motta  et  Angcli  Matthœi  de  Bonjante  Obser- 
cationes.  Panormi,  i665.  Ce  manuscrit,  de  120  pages  petit  in-folio,  offre  quelque  intérêt, 
surtout  par  l'indication  des  localités  d'un  assez  grand  nombre  de  plantes  siciliennes; 


découverte  d'un  petit  crocodile  dans  cette  rivière  sicilienne  (i).  Aujourd'hui, 
ce  n'est  que  vers  la  côte  orientale  qu'on  rencontre  le  Papyrus,  sur  trois 
points,  dont  le  plus  connu  est  la  source  Ciane,  sur  le  fleuve  Anapo,  au  voi- 
sinage de  Syracuse.  Il  ne  devait  pas  y  exister  en  i6a4,  car  une  description 
très-détaillée  de  la  source  Ciane,  à  cette  époque,  n'en  fait  pas  mention.  Il 
put  y  être  transporté  plus  tard  de  lieux  peu  distants  :  S.  Cosimano,  la  Madel- 
lana,  où  Boccone  nous  le  représente  comme  très-abondant  en  1674.  ■ 

»  Le  Papyrus  se  trouve  dans  plusieurs  anciens  ouvrages  botaniques  dési- 
gné par  l'épithète  sjviaca;  et,  en  effet,  il  a  été  observé  dans  diverses  parties 
de  la  Syrie.  La  mention  qu'en  fait  Théophraste,  et  Pline  après  lui,  y  prouve 
son  antique  existence,  et,  d'une  autre  part,  sa  comparaison  avec  celui  de 
Sicile  ne  laisse  aucun  doute  sur  leur  identité.  Il  est  donc  à  croire  que  c'est  là 
sa  véritable  patrie,  et  que  c'est  de  là  qu'il  a  été  transporté  en  Sicile,  proba- 
blement par  les  Arabes. 

»  Il  est  vrai  que  Pline  le  signale  encore  sur  les  bords  de  l'Euphrate,  où  Gui- 
landini,  auteur  d'un  livre  assez  considérable  et  plein  d'érudition  sur  cette 
matière,  dit  l'avoir  recueilli  lui-même.  Mais  la  confusion  qu'il  a  faite  de 
diverses  espèces  ne  permet  pas  d'admettre  cette  assertion  comme  démonstra- 
tive, jusqu'à  ce  qu'on  ait  pu  en  constater  la  vérité  par  l'inspection  de  la 
plante  elle-même,  que  les  voyageurs  modernes  ue  nous  ont  pas  encore  rap- 
portée de  là.  Quant  à  la  Calabre  et  au  lac  de  Trasimène,  où  l'on  avait  indi- 
qué l'existence  du  Papyrus,  ces  contrées  sont  assez  connues  des  botanistes 
pour  qu'on  puisse  affirmer  qu'il  n'y  existe  pas.  Il  est  facile  de  s'expliquer 
les  illusions  auxquelles  a  pu  donner  fréquemment  lieu  la  ressemblance  de 
plusieurs  grandes  espèces  de  Cyperus. 

»  M.  Parlatore  passe  ensuite  à  l'espèce  de  Nubie,  qu'il  décrit  également 
dans  tous  ses  détails,  auxquels  manque  encore  malheureusement  la  connais- 
sance des  organes  de  la  fructification.  En  la  comparant  à  celle  de  Syrie  et 

(1)  Papyrus  nilotica.  Si  ha,  che  si  ritrovi  al  fiume  grande  di  Mascali.  In  Palermo  è  un 
fiume  che  dal  nome  di  questa  pianta  si  chiama  Papireto ,  e  dal  fiume  è  nominata  Papireto 
ancora  una  contrada.  Alla  sponda  di  questo  fiume  e  nel  suo  letlo  ancora  nascea  questa  pianta. 
Oggi  pero  il  fiume  è  coperto  e  la  contrada  ripiena  di  case  ed  edifui.  Oggi  nel  i632,  verdeggia 
nel  giardino  del  Papireto  di  Palermo  dove  fù  da  Mori  piantato.  (  De  la  Motta.  ) 

Maben  questa  pianta  si  ritrova  al  fiume  di  Favara  ^-mîglia  lunge  dalla  città  ed  in  alcuni 
giardini  di  particolari.  E  perché  questa  pianta  non  germoglia  altrove  se  non  lungo  il  Nilo  di 
Egitto  e  nel  fiume  Papireto  di  Palermo,  si  ritrovô  nel  nostro  secolo  un  piccioîo  coccodrilo  che 
parimente  non  si  ritrova  che  nel  Nilo.   (  Bonfante.  ) 


(  *'5  ) 
de  Sicile,  on  voit  que  dans  celle-ci  les  tiges  s'élèvent  de  1/4  à  16  pieds,  que 
les  rayons  de  l'ombelle  se  dirigent  en  tous  sens,  les  inférieurs  en  bas,  les 
supérieurs  en  haut,  les  moyens  dans  toutes  les  directions  intermédiaires,  de 
manière  que  son  ensemble  figure  une  tête  ou  un  goupillon  ;  que  chaque 
rayon,  très-long,  porte  à  son  sommet  trois  lanières  ou  bractées  beaucoup 
plus  courtes  que  lui,  qui  ne  dépassent  que  de  moitié  les  épis  florifères  ;  qu'au 
contraire,  dans  l'espèce  nubienne  les  tiges  excèdent  rarement  6  pieds,  et  sont 
garnies  inférieurement  de  graines  ou  de  feuilles  dans  une  plus  grande  lon- 
gueur. Les  rayons  de  l'ombelle  se  dirigent  tous  de  bas  en  haut,  de  manière 
qu'elle  figure  un  pinceau  ou  une  gerbe  latéralement  inclinée  ;  chacun  d'eux 
plus  court,  porte  quatre,  cinq  ou  même  six  bractées  plus  longues  que  lui, 
et  qui  doivent  répondre  à  autant  d'épis. 

»  Nous  ferons  remarquer  que,  dans  l'espèce  la  mieux  connue,  celle  de 
Sicile,  il  arrive  souvent  que  les  fleurs  avortent  et  que  l'ombelle  reste  stérile  ; 
ce  qui  a  lieu  fréquemment  dans  nos  jardins,  et  particulièrement  cette  année. 
Alors  les  rayons  restent  assez  courts,  tandis  que  les  lanières  ou  bractées 
acquièrent  une  très-grande  longueur,  et  quelquefois  on  en  observe  quatre 
au  lieu  de  trois.  Ces  ombelles  stériles  se  rapprochent  donc,  par  un  de  leurs 
caractères,  de  celles  de  l'espèce  nubienne  (qui  n'ont  pas  été  trouvées  avec 
leurs  fleurs)  ;  la  direction  des  rayons  reste  donc  un  caractère  plus  essentiel- 
lement distinctif.  Cette  stérilité  fréquente  de  l'ombelle  s'observe  également 
dans  quelques  espèces  voisines,  comme  dans  celle  de  Madagascar.  C'est  sous 
cette  forme  que  Caylus  la  fit  figurer  à  la  suite  de  sa  Dissertation  (Jig.  3), 
ainsi  que  celle  de  Sicile  {fig-  2),  dont  la  Jig.  1  représente  un  échantillon 
florifère  (1). 

u  La  distinction  des  deux  espèces  une  fois  admise,  il  s'agissait  de  déter- 
miner laquelle  était  réellement  celle  d'Egypte.  La  question  n'offrirait  aucune 
difficulté  et  se  fût  résolue  d'elle-même,  si  le  Papyrus  existait  encore  en 
Egypte;  mais  il  ne  s'y  trouve  plus  aujourd'hui,  en  ayant  disparu  peu  à  peu 
avec  son  usage.  Il  ne  figure  pas  dans  la  Flore  de  Delile,  et  M.  Figari,  dont 
l'attention  était  éveillée  sur  ce  point,  l'a  vainement  cherché  hors  de  la  Nu- 
bie. Il  explique  le  témoignage  contraire  de  quelques  voyageurs  par  cette 
confusion  si  facile  dont  nous  avons  signalé  plus  haut  la  cause,  et  pense 
qu'ils  ont  pris  pour  Papyrus  une  autre  belle  espèce  de  Cyperus  [C.  dives, 

(1)  La  fig.  4  représente  une  tout  autre  espèce,  le  Cyperus  œqtialis,  Vahl ,  originaire 
aussi  de  Madagascar.  Ces  points  ont  été  vérifiés  sur  les  échantillons  mêmes  qui  ont  servi  à 
ces  dessins. 


(  »i6  ) 

Delile)  fréquente  sur  les  bords  du  Nil.  Nous  avons  vérifié,  d'après  l'Herbier 
de  Vaillant,  que  c'est  à  elle  que  se  rapportent  deux  plantes  de  Lippi,  citées 
par  Bernard  de  Jussieu. 

»  Il  était  naturel  de  supposer  que  l'espèce  égyptienne  devait  être  plutôt 
celle  qui  habite  encore  les  bords  du  Nil,  en  remontant  son  cours  ;  c'est  ce 
qu'admet  M.  Parlatore,  et  la  preuve  la  plus  forte  qu'il  en  ait  donnée  est 
tirée  de  l'examen  de  deux  ombelles  de  Papyrus  extraites  de  tombeaux 
égyptiens.  Elle  nous  paraît  plus  convaincante  que  celle  que  lui  fournit  la 
forme  en  pinceau  qu'offrent  les  extrémités  de  Papyrus  dans  les  figures  hié- 
roglyphiques ou  autres,  lesquelles  ne  sont  pas  toujours  une  représentation 
bien  authentique  de  la  nature. 

»  Mais  dans  les  siècles  passés,  le  Papyrus  se  trouvait  encore  en  Egypte. 
Les  descriptions  et  les  figures  données  par  quelques  voyageurs,  comme 
Prosper  Alpin  par  exemple,  en  font  foi.  Les  deux  espèces  ont  donc  dû 
s'offrir  tour  à  tour  aux  botanistes,  et  être  enregistrées  dans  leurs  ouvrages. 
Il  s'agit  de  constater  celle  dont  chacun  a  parlé.  C'est  ici  que  se  trouve  la" 
discussion  de  tous  les  passages  recueillis  avec  une  grande  érudition,  et 
d'après  laquelle  l'auteur  fait  à  chacun  sa  part.  Nous  ne  le  suivrons  pas 
dans  les  détails  de  ce  savant  examen  ,  et  il  nous  suffira  d'arriver  à  ses  con- 
clusions, que,  depuis  Théophraste,  toutes  les  fois  que  les  auteurs  ont  parlé 
de  la  plante  d'Egypte,  ils  ont  plus  ou  moins  clairement  reproduit  les  ca- 
ractères de  celle  de  Nubie  ;  qu'en  conséquence,  c'est  à  celle-ci  que  doit 
être  réservé  le  nom  de  Cypeius  papyrus,  tandis  qu'il  appelle  C.  sjrriacus 
celle  de  Syrie  ou  de  Sicile.  Celle-ci,  au  reste,  aurait  pu  sans  doute  servir 
aux  mêmes  usages ,  comme  le  prouvent  les  essais  de  fabrication  de  papier 
à  la  manière  antique,  faits  à  Syracuse  de  notre  temps  même  ;  et  il  est  pro- 
bable qu'on  eût  tiré  encore  le  même  parti  de  la  moelle  de  plusieurs  autres 
grandes  espèces. 

»  Ce  sujet,  qui  intéresse  les  érudits  autant  que  les  naturalistes,  a  déjà 
été  traité  sous  un  autre  point  de  vue  dans  deux  autres  Mémoires  français  : 
en  1759,  celui  de  Caylus,  que  nous  avons  cité,  et  dont  l'Académie  des 
Sciences  peut  revendiquer  une  partie  par  la  collaboration  d'un  de  ses 
Membres;  dans  ces  dernières  années,  celui  de  M.  Dureau  de  la  Malle,  qui 
fait  partie  des  Mémoires  de  l'Institut  parmi  ceux  de  l'Académie  des  In- 
scriptions (1).  Nous  pensons  que  le  travail  de  M.  Parlatore  les  complète 
utilement,  qu'il  mérite,  par  l'étendue  des  recherches  et  la  nouveauté  de 

(1)  Vol.  XIX,  ire  partie,  p.  i4o-i83.  La  figure  jointe  est  celle  de  l'espèce  de  Sicile. 


(  2I7  ) 
quelques-uns  des  résultats,   l'approbation  de  l'Académie,   dont  nous  lui 
proposons  de  lui  donner  le  témoignage  par  l'insertion  dans  le  Recueil  des 
Savants  étrangers.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

mécanique   appliquée.  —  Chemin  de  fer  hydraulique  avec  distribution 
d'eau  et  irrigations;  par  M.  L.-D.  Girard.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Combes,  Séguier.) 

«  §  1.  Le  nouveau  mode  de  propulsion  repose  sur  le  principe  de  la 
transmission  de  la  puissance  des  chutes  d'eau  aux  turbines  hydrauliques, 
que  nous  avons  appelé  principe  de  la  déviation  libre  de  la  veine  liquide, 
dans  nos  précédentes  communications  à  l'Académie  (voir  les  Comptes 
rendus  des  séances  du  6  octobre  1 85 1  et  i3  février  i85a). 

»  Pour  en  réaliser  l'application  à  la  propulsion  sur  les  chemins  de  fer, 
on  fixe,  sous  la  ligne  des  wagons,  deux  séries  rectilignes  d'aubes  courbes, 
l'une  qui  sert  pour  la  marche  en  avant,  et  l'autre  pour  la  marche  en 
arrière. 

»  Le  long  de  la  voie  règne  un  gros  tuyau  en  fonte,  enterré,  mis  en 
communication  avec  des  pompes,  qui  sont  mues,  soit  par  des  chutes  d'eau, 
soit  par  des  machines  à  vapeur  fixes  (Cornouailles),  de  manière  à  fournir 
l'eau  à  haute  pression  destinée  à  faire  marcher  le  convoi.  Les  machines 
seront  placées  à  des  distances  d'environ  20  000  mètres,  en  moyenne,  l'une 
de  l'autre. 

»  Sur  ce  tuyau  sont  placés  à  des  distances  variables  (100  mètres  au  plus), 
selon  le  profil  de  la  voie,  des  prises  d'eau  aboutissant  chacune  à  un  distri- 
buteur à  deux  becs  dirigés  en  sens  opposés.  Les  jets  d'eau  lancés  par  les 
distributeurs,  agiront  sur  la  concavité  des  surfaces  courbes  en  série  recti- 
ligne,  seront  déviés  sur  ces  surfaces  d'environ  deux  angles  droits,  et  pous- 
seront le  train  auquel  ces  surfaces  sont  fixées,  suivant  la  direction  du  bec 
ouvert. 

»  On  fait  connaître,  dans  le  Mémoire,  le  mode  d'action  des  distributeurs 
pour  produire  la  manœuvre  du  convoi,  pour  la  marche  en  avant  et  en 
arrière,  pour  la  mise  en  train  ou  l'arrêt. 

»  Une  vitesse  de  marche  de  10  mètres  par  seconde  correspondant  à  une 
vitesse  de  4o  mètres  de  l'eau  motrice  injectée,  il  y  aura  une  pression  effec- 

C.  R.,  l85a,  an,e  Semestre.  (T.  XXXV,  M0  6.)  20, 


(  «8  ) 
tive  de  8  atmosphères  dans  le  tuyau.  Sous  cette  pression,  un  jet  de  petite 
dimension,  débitant  200  litres  par  seconde,  développera  une  force  de 
160  chevaux  utiles,  suffisante  pour  un  train  de  voyageurs  marchant  à 
72  kilomètres  à  l'heure  sur  un  chemin  de  niveau.  Avec  cette  vitesse  de 
20  mètres  par  seconde,  le  tiroir  distributeur  doit  s'ouvrir  dans  un 
dixième  de  seconde.  Le  Mémoire  montre  que  cette  condition  peut  être 
remplie,  sans  que  l'inertie  de  la  masse  d'eau  à  mettre  en  mouvement 
influe  d'une  manière  appréciable  sur  la  vitesse  de  l'eau  injectée  pendant 
cette  période  de  l'ouverture  du  tiroir. 

»  D'après  le  principe  rappelé  ci-dessus,  cette  vitesse  du  convoi  pourra 
être  maintenue,  malgré  les  variations  de  pression,  même  considérables,  qui 
pourront  résulter  du  profil  en  long  de  la  voie. 

»  §  2.  Les  principaux  avantages  de  ce  système  sont  les  suivants  : 

»  i°.  La  force  propulsive,  agissant  régulièrement  et  dans  l'axe  même  du 
convoi,  annule  les  mouvements  de  lacets  et  autres,  d'où  moins  de  chances 
de  déraillement,  moins  de  fatigues  et  de  dangers  pour  les  voyageurs. 

»  20.  La  suppression  de  la  locomotive  complète  toute  sécurité  à  cet 
égard  ;  cette  suppression  assure  une  longue  durée  au  matériel  des  voies  exis- 
tantes et  permettra  de  faire  ce  matériel  plus  léger  dans  les  applications  du 
système  proposé. 

»  3°.  En  supprimant  les  mouvements  de  lacets  et  autres,  on  détruit  l'un 
des  obstacles  les  plus  puissants  à  l'accroissement  de  la  vitesse.  On  arrive  au 
même  but,  par  la  suppression  du  poids  mort  de  la  locomotive  et  de  son 
tender,  par  la  facilité  de  l'arrêt  et  la  mise  en  train  ,  par  l'absence  du  temps 
perdu  pour  prendre  de  l'eau  et  du  coke,  et  enfin,  par  la  concentration  de 
la  puissance  propulsive  (à  l'aide  de  prises  d'eau  suffisamment  rapprochées) 
aux  points  où  se  présentent  les  plus  grandes  résistances.  A  cet  effet,  des 
réservoirs  d'air  seront  disposés  aux  endroits  convenables  pour  emmagasiner 
la  force  des  machines  fixes,  et  assureront  la  régularité  du  mouvement  des 
eaux  alimentant  les  distributeurs. 

»  4°-  Le  conducteur  du  train,  placé  sur  le  premier  wagon,  peut  facile- 
ment, par  une  manœuvre  analogue  à  celle  d'un  gouvernail,  produire  la 
marché  en  avant,  la  marche  en  arrière.  S'il  veut  modérer  sa  vitesse,  il  peut 
passer,  sans  les  ouvrir,  un  ou  plusieurs  injecteurs;  il  a,  indépendamment 
du  frein,  un  moyen  très-énergique  d'arrêter,  en  faisant  agir  l'eau  en  sens 
inverse  de  la  marche. 

»  5°.  Chaque  wagon  portant  ses  deux  séries  d'aubes  pour  la  marche  en 
avant  et  en  arrière,  les  trains  peuvent  se  composer  comme  on  veut,  les 


(  219  ) 
manœuvres  de  gare  deviennent  faciles,  et  la  plupart  des  plaques  tournantes 
peuvent  être  supprimées.  Le  train  peut  se  diviser  sur  le  parcours  ou  se 
grouper  au  retour,  très-promptement. 

»  6°.  Par  la  facilité  de  parcourir  la  voie  rapidement  avec  un  seul  wagon, 
la  surveillance  de  la  ligne  est  rendue  plus  aisée  et  plus  efficace. 

»  Le  Mémoire  indique  les  moyens  de  parer  à  tout  accident,  tels  que 
rupture  de  tuyau,  engorgement  par  la  gelée,  dérangement  d'un  tiroir,  etc., 
sans  entraver  le  service. 

»  §  3.  Passant  ensuite  à  la  comparaison  entre  le  système  actuel  et  le 
système  proposé  pour  un  chemin  de  fer  établi,  avec  des  rampes  variables 
de  zéro  à  o™,oio,  on  prouve  : 

»  {a).  Que  sur  une  rampe  de  om,oio,  à  consommation  de  charbon  égale 
pour  la  locomotive  et  la  machine  à  vapeur  fixe,  et  à  vitesse  de  marche 
égale  (i4  mètres  par  seconde),  le  propulseur  entraînera  quatre  fois  et 
demie  la  charge  remorquée  par  la  locomotive; 

»  (b).  Que  sur  le  même  chemin,  lorsqu'on  passera  sur  une  rampe  inter- 
médiaire eutre  zéro  et  om,oio,  l'effet  relatif  obtenu  restera  le  même. 
L'augmentation  de  vitesse  qui  aura  lieu  naturellement  est  indépendante  de 
ce  fait. 

»  D'où  il  suit  que,  les  frais  de  traction  diminuant,  on  pourra  abaisser 
le  prix  de  transport,  par  suite  activer  la  circulation  et  faciliter  à  un  haut 
degré  les  transactions  commerciales. 

»  §  4.  L'adoption  du  chemin  de  fer  hydraulique  aurait  encore  deux 
conséquences  importantes  :  on  pourrait,  i°  faire  des  distributions  d'eau  géné- 
rales, à  haute  pression,  dans  toutes  les  localités  traversées  par  le  chemin  de 
fer;  opérations  très- avantage  uses  pour  les  villes  auxquelles  elles  épargne- 
raient les  frais  d'établissement  et  d'entretien  de  machines  spéciales;  a°  re- 
cueillir l'eau,  qui  a  servi  à  la  propulsion,  dans  les  fossés  qui  bordent  la  voie, 
pour  l'employer  aux  irrigations.  » 

physique.  —  Notes  additionnelles  au  troisième  Mémoire  sur  la  sursaturation 
des  dissolutions  salines  ;  par  M.  H.  Lœwel. 

(Commissaires  précédemment  désignés  :  MM.  Chevreul,  Pelouze,  Regnault.) 

M.  Chevreul  communique  à  l'Académie  les  résumés  de  deux  Notes  que 
M.  H.  Lœwel  lui  a  adressées  de  Munster  (Haut-Rhin),  à  la  date  du  1 5  et  du 
a5  juin. 

29-- 


(    220    ) 

«  M.  H.  Lœwel  avait  observé  déjà,  dans  le  Mémoire  qu'il  a  communiqué 
à  l'Académie  : 

»  i°.  Que  l'air  atmosphérique,  dans  l'état  naturel  où  il  se  trouve  par  un 
temps  pluvieux  et  par  un  temps  extrêmement  sec,  a  la  même  aptitude  pour 
déterminer  la  cristallisation  d'une  solution  sursaturée  de  sulfate  de  soude. 

»  Quand  l'air  jouit  de  cette  aptitude,  M.  Lœwel  dit  qu'il  est  dynamique. 
Il  est  adynamique  quand  il  l'a  perdue  ; 

»  i°.  Que  les  cristaux  de  sulfate  de  soude  ainsi  produits  renferment 
10  atomes  d'éau,  tandis  que  lorsqu'ils  l'ont  été  en  faisant  passer  de  l'air 
séché  artificiellement  et  adynamique  dans  une  solution  sursaturée,  ils  ne 
renferment  que  7  atomes  d'eau,  et  que  ceux-ci  n'ont  pas,  comme  les  pre- 
miers, la  propriété  de  déterminer  instantanément  la  cristallisation  d'une 
solution  sursaturée  dans  laquelle  on  les  plonge  ; 

»  3°.  Que  si  l'air  naturel  perd  la  propriété  dynamique  lorsqu'on  le  sature 
de  vapeur  d'eau  ou  qu'on  l'en  prive  absolument,  en  le  faisant  passer  dans 
des  tubes  humides  ou  remplis  de  corps  dessiccatifs,  cela  tient  au  frottement 
qu'il  éprouve  contre  les  surfaces  au  contact  desquelles  il  est  exposé. 

»  Il  a  conclu  de  ses  expériences  que  ce  n'est  point  en  concentrant  par 
évaporation  les  solutions  salines  sursaturées,  que  l'air  en  détermine  la  cris- 
tallisation, ainsi  que  l'ont  prétendu  M.  Goskinski  et  M.  Selmi. 

»  M.  H.  Lœwel  ajoute  de  nouveaux  faits  à  l'appui  de  cette  conclusion. 

»  i°.  Si,  dans  un  premier  tube,  on  sature  l'air  de  vapeur  d'eau,  et  que, 
dans  un  second  tube,  on  l'en  dépouille  absolument,  l'air  est  devenu  adyna- 
mique ; 

»  i°.  Il  n'est  point  devenu  adynamique  en  s'échauffant  par  la  chaleur 
développée  dans  sa  dessication  par  la  potasse  caustique; 

»  3°.  L'air  devient  adynamique  en  passant  dans  un  tube  de  om,4  à  om,5 
de  longueur  sur  ôm,oi5  à  om,oi8  de  diamètre,  rempli  de  coton  :  expérience 
bien  propre  à  démontrer  que  c'est  par  le  frottement  que  l'air  perd  sa  pro- 
priété dynamique  ; 

»  4°.  Q«e  cet  air  arrive  dans  la  solution,  raréfié  ou  plus  condensé  qu'il 
ne  l'est  dans  l'atmosphère,  ou  enfin  également  condensé,  la  cristallisation 
ne  s'opérera  pas  dans  ces  trois  cas.  » 


(  "I  ) 

chimie  organique.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une  communication  récente 
de  M.  Ed.  Robiquet,  sur  la  fermentation  gallique.  (Réclamation  de 
priorité  par  M<  Larocque.  ) 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  désignés  pour  le  Mémoire  de 
M.  Ed.  Robiquet  :  MM.  Chevreul,  Pelouze,  Russy.) 

«  Dans  un  Mémoire  communiqué  à  l'Institut,  et  inséré  dans  les  Comptes 
rendus  du  5  juillet  dernier,  M.  Edmond  Robiquet  annonce  que  le  tannin 
se  transforme  en  acide  gallique  sous  l'influence  d'un  ferment  qu'il  appelle 
pectase,  et  il  donne  le  nom  de  fermentation  gallique  à  cette  transformation. 

»  Cette  communication  n'offre  rien  de  nouveau  quant  à  la  transforma- 
tion du  tannin  en  acide  gallique;  car,  en  1841,  j'ai  eu  l'honneur  de  lire 
dans  deux  Sociétés  savantes  (la  Société  de  Pharmacie  et  la  Société  d'Ému- 
lation) un  Mémoire  sur  la  fermentation  gallique.  Ce  Mémoire  se  trouve 
inséré  dans  le  Journal  de  Pharmacie  et  dans  la  Revue  scientifique  du  doc- 
teur Quesneville  pour  l'année  i8ji.  Voici,  du  reste,  les  principaux  points 
de  mon  Mémoire  : 

»  i°.  La  noix  de  galle  renferme  un  ferment  qui  transforme  le  tannin  en 
acide  gallique  ;  ce  même  ferment  détermine  également  la  fermentation 
alcoolique  ; 

»  20.  Cette  transformation  du  tannin  en  acide  gallique  a  lieu  sans  le 
contact  de  l'air  :  j'ai  donné  à  cette  transformation  le  nom  de  fermentation 
gallique; 

»  3°.  Tous  les  corps  qui  empêchent  ou  retardent  les  fermentations  pu- 
tride et  alcoolique  agissent  de  la  même  manière  sur  le  ferment  de  la  noix 
de  galle  ; 

»  4°-  Au  microscope,  ce  ferment  présente  toutes  les  propriétés  physiques 
du  ferment  de  bière,  seulement  les  globules  qui  le  constituent  sont  beau- 
coup plus  petits. 

»  D'après  ces  faits,  je  concluais  qu'il  y  avait  une  grande  analogie  entre 
les  fermentations  alcoolique,  putride  et  gallique.  » 

chimie  appliquée.  —  Sur  l'emploi  du  chlorure  de  baryte  pour  la  conservation 
des  substances  animales.  (Extrait  d'une  Note  de  M.  Blandet.) 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  Pelouze.) 

«  On  sait  que  l'hyposulfite  de  soude  et  le  chlorure  de  zinc  sont  l'un  et 
et  l'autre  employés  pour  conserver  par  injections  les  cadavres  humains  ;  j'ai 


(  aaa  ) 

mis  du  sang  dans  une  solution  concentrée  de  l'un  et  de  l'autre  sel,  et  au 
bout  de  quinze  jours,  au  contact  de  l'air,  le  sang  sentait  mauvais  avec  l'hy- 
posulfite,  quoique  liquide  et  noir  ;  le  chlorure  de  zinc  l'avait  précipité  sans 
mauvaise  odeur.  J'ai  expérimenté  un  autre  sel,  chlorure  comme  le  sel  de 
zinc ,  alcalin  comme  le  sel  de  soude,  le  chlorure  de  baryte  :  ce  sel  main- 
tient le  sang  liquide  comme  le  sel  de  soude,  et  le  conserve  sans  odeur  comme 
le  sel  de  zinc.  » 

A  cette  Note  est  joint  un  flacon  contenant  du  sang  conservé  depuis  un 
mois  par  ce  chlorure. 

L'auteur  pense  qu'on  pourrait  employer  pour  l'injection  des  cadavres 
humains,  auxquels  on  désire  conserver  l'aspect  d'un  corps  vivant,  du  sang 
rendu  imputrescible  par  le  chlorure  de  baryte. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  annonce  que  la  distribution  des 
prix  du  concours  général  entre  les  Lycées  et  Collèges  de  Paris  et  de  Ver- 
sailles aura  lieu  le  12  août,  et  que  des  places  seront  réservées  pour 
MM.  les  Membres  de  l'Académie  qui  voudraient  assister,  en  costume,  à  cette 
solennité. 

M.  de  Gasparin  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  du  second 
volume  de  son  Traité  d'agriculture,  volume  qui  vient  de  paraître.  (  Voir 
au  Bulletin  bibliographique .) 

M.  Dumeril  présente  à  l'Académie  un  Mémoire  de  M.  le  Dr  Aug.  Dumé- 
ril,  ayant  pour  titre  :  Monographie  de  la  Tribu  des  Torpédiniens  ou  Raies 
électriques. 

«  Le  but  principal  de  ce  Mémoire  est  l'étude  zoologique  de  tous  les 
Poissons  plagiostomes  munis  d'appareils  propres  à  dégager  de  l'électricité, 
et  dont  la  réunion  constitue  une  Sous-Famille  ou  Tribu  très-naturelle  dans 
la  grande  Famille  des  Raies.  Cette  étude  y  est  précédée  de  considérations 
sur  la  structure  et  sur  les  fonctions  des  organes  électriques.  Les  faits  les 
plus  récemment  acquis  à  la  science,  relativement  à  la  disposition  anatomi- 
que  de  ces  appareils  et  aux  phénomènes  physiologiques  dont  ils  sont  le 
siège,  s'y  trouvent  exposés.  Les  résultats  des  recherches  sur  le  pouvoir  ana- 
logue à  celui  des  Torpilles,  et  dont  on  suppose  que  les  Raies  ordinaires  sont 
douées,  y  sont  aussi  consignés. 


(  "3) 

»  Les  Raies  électriques  ont  été  réunies,  pour  la  première  fois,  en  1806, 
dans  la  Zoologie  analytique,  en  un  groupe  particulier,  constituant  le  genre 
Torpille;  mais  ce  genre  a  dû  être  ensuite  divisé,  à  cause  des  différences  re- 
marquables offertes  par  les  espèces  qu'il  comprenait. 

»  L'absence  des  nageoires  dorsales  ou  épiptères,  ou  bien  leur  nombre, 
quand  elles  ne  manquent  pas,  ont  été  le  point  de  départ  de  la  division  en 
trois  groupes  de  ce  genre  nécessairement  élevé  au  rang  de  Sous-Famille  ou 
de  Tribu.  Ce  sont  MM.  Mùller  et  Henle  qui  ont  proposé  ce  système  de  clas- 
sification . 

»  A  l'un  des  groupes  caractérisé  par  le  défaut  d'épiptères,  on  ne  peut 
rapporter  que  le  genre  Temera  de  M.  Gray.  On  n'en  place  qu'un  égale- 
ment, le  genre  Astrape  de  MM.  Mùller  et  Henle,  dans  le  deuxième  groupe 
où  l'épiptère  est  unique.  Il  y  a  trois  genres,  au  contraire,  dans  le  dernier 
groupe  formé  des  espèces  à  deux  épiptères  :  ce  sont  les  genres  Torpille, 
Duméril;  Narcine,  Henle;  et  enfin  le  genre  nouveau  nommé  Hypnos,  par 
M.  Aug.  Duméril. 

»  Ce  genre,  complètement  distinct  de  tous  les  autres  par  l'excessive  briè- 
veté de  la  queue,  diffère  aussi,  de  la  façon  la  plus  tranchée,  des  deux  autres 
genres  rapprochés  dans  ce  même  groupe,  en  ce  qu'il  offre  certains  carac- 
tères spéciaux  aux  Torpilles  proprement  dites,  et  d'autres,  essentiellement 
caractéristiques  des  Narcines. 

»  Le  genre  Hypnos  est  représenté  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  par 
deux  individus  parfaitement  semblables  entre  eux,  rapportés  de  la  baie  de 
Sidney  par  M.  J.  Verreaux,  et  qui  ont  dû  être  rangés  dans  une  même 
espèce  nommée,  à  cause  de  son  système  de  coloration,  Hypnos  noirâtre, 
Hypnos  subnigrum,  A.  Dum. 

»  Parmi  les  Narcines  que  M.  Henle  a,  le  premier,  rassemblées  en  un 
genre  particulier,  M.  Aug.  Duméril  a  trouvé  dans  les  riches  Collections  du 
Muséum  deux  espèces  nouvelles  qu'il  a  décrites  sous  les  noms  de  N.  ma- 
culée et  de  N.  noire,  et  il  a  donné  la  description  de  deux  autres  espèces 
également  inédites,  que  M.  Valenciennes  avait  antérieurement  désignées 
par  les  noms  de  N .  microphthalme  et  de  N.  macroure,  conservés  dans 
cette  Monographie  qui  comprend  ainsi  dix-huit  espèces  de  Torpédiniens, 
huit  espèces  de  plus  que  dans  le  grand  travail  sur  les  Poissons  plagiostomes 
publié  par  MM.  Mùller  et  Henle,  en  1841 . 

»  Des  tableaux  synoptiques  et  un  dessin  de  Y  Hypnos  noirâtre  sont  jointe 
à  la  Monographie  de  M.  Aug.  Duméril.  » 


(    «4    ) 

M.  le  Secrétaire  général  de  l'Académie  impériale  des  Sciences  de  Vienne 

annonce  que  cette  Académie,  depuis  sa  fondation,  a  adressé  régulièrement 
à  l'Académie  des  Sciences  toutes  ses  publications,  et  exprime  la  crainte  que 
quelques-uns  des  envois  ne  soient  pas  parvenus  à  leur  destination. 

L'Académie  des  Sciences,  à  laquelle  étaient  destinées  seulement  les  publi- 
cations faites  par  la  Section  des  Sciences  physiques  et  mathématiques,  a 
reçu  les  tomes  I  et  II  des  Mémoires  (Denkschriften),  années  i85o  et  1 85 1 ; 
quant  aux  Comptes  rendus  (Sitzungsberichte),  elle  a  reçu  seulement,  pour 
l'année  i85o,  les  numéros  de  janvier  à  juin,  avec  le  numéro  de  novembre, 
et  pour  l'année  i85i,  les  numéros  de  janvier  à  juillet. 

M.  le  Secrétaire  de  l'Académie  des  Sciences  de  Hongrie  annonce  l'envoi 
des  volumes  I  à  VII  des  Mémoires  de  cette  Académie,  et  des  volumes  I  à  III 
d'une  autre  publication  faite  sous  les  auspices  de  cette  Académie  :  Monu- 
menta  linguœ  hungaricœ  antiquœ.  Ces  volumes  sont  déposés  sur  le  bureau. 

M.  A.  Jurinal,  député  de  l'arrondissement  de  Bagnères-de-Bigorre,  prie 
l'Académie  de  vouloir  bien  comprendre  la  bibliothèque  de  cette  ville  dans 
le  nombre  des  établissements  auxquels  elle  fait  don  de  ses  publications. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

chimie    appliquée.  —  Note   sur  l'analyse  commerciale  du    cyanure  de 
potassium;  par  MM.  M.-J.  Fordos  et  A.   Gélis. 

«  Le  cyanure  de  potassium ,  tel  qu'on  le  fabrique  pour  les  besoins  de 
l'industrie,  est  un  produit  extrêmement  impur,  qui  contient  à  peine  la 
moitié  de  son  poids  de  cyanure  réel.  Sa  forme,  qui  est  celle  d'une  masse 
fondue,  l'expose,  plus  que  tout  autre  produit,  aux  sophistications,  et  pour- 
tant les  chimistes  n'ont  rien  entrepris  dans  le  but  de  découvrir  les  moyens 
de  constater  rapidement  sa  richesse  commerciale. 

»  L'importance  industrielle  du  cyanure  de  potassium  augmente  cepen- 
dant tous  les  jours,  et  sa  consommation  pour  les  usages  de  la  galvanoplas- 
tie et  de  la  photographie  est  déjà  assez  importante  pour  rendre  regrettable 
cet  oubli  des  chimistes;  aussi  avons-nous  cherché  à  le  réparer. 

»  Le  procédé  d'analyse  que  nous  proposons,  et  dans  les  détails  duquel 
nous  ne  pouvons  entrer  ici,  est  basé  sur  l'action  que  l'iode  exerce  sur  le 
cyanure  de  potassium. 


(    225    ) 

»  Ces  deux  corps  se  combinent  rapidement,  et  chaque  équivalent  de 
cyanure  de  potassium  absorbe  exactement  i  équivalents  d'iode. 

»  La  nature  des  produits  qui  se  forment  dans  ce  cas  est  parfaitement 
connue,  et  la  réaction ,  qui  se  représente  par  la  formule 

CyK  +  aI  =  IK-f-ICy 

a  été  étudiée  par  Serullas  et  M.  Vœlher. 

»  Les  deux  composants  du  cyanure  de  potassium  se  partagent  exacte- 
ment l'iode,  et  il  se  produit  1  équivalent  d'iodure  de  potassium  et  i  équi- 
valent d'iodure  de  cyanogène. 

»  Connaissant  la  réaction,  il  nous  restait  à  déterminer  les  conditions  dans 
lesquelles  elle  doit  être  produite  pour  le  but  que  nous  nous  proposions,  et 
à  indiquer  les  précautions  que  l'opération  exige  ;  c'est  ce  que  nous  avons 
fait  dans  le  Mémoire  détaillé. 

»  Il  fallait  aussi  nous  mettre  en  garde  contre  l'action  que  peuvent  exer- 
cer sur  l'iode  les  substances  étrangères  qui  se  rencontrent  dans  les  cya- 
nures du  commerce  ou  qui  y  sont  ajoutées  à  dessein.  Nous  sommes  arrivés 
à  ce  résultat  par  l'emploi,  dans  l'analyse,  d'une  certaine  quantité  d'eau  de 
Seltz,  qui,  par  l'acide  carbonique  qu'elle  contient,  fait  passer  les  alcalis 
caustiques  et  le  carbonate  de  potasse  à  l'état  de  bicarbonates  composés  qui 
n'absorbent  pas  l'iode. 

»  Les  essais  que  nous  avons  faits  par  ce  procédé  ont  été  très-nombreux, 
et  nous  sommes  arrivés,  à  l'aide  des  indications  qu'ils  nous  ont  fournies,  à 
modifier  les  procédés  de  préparation  du  cyanure  de  potassium  employés 
jusqu'à  ce  jour;  procédés  qui  ne  pouvaient  donner  que  des  produits 
impurs.  » 

chimie.  —  Recherches  sur  les  radicaux  oxygénés  ;  par  M.  Jj.  Chiozza. 

«  Les  recherches  que  M.  Gerhardt  a  publiées  tout  récemment  sur  les 
acides  monobasiques  anhydres,  ont  mis  hors  de  doute  que  ces  acides 
renferment  deux  fois  le  groupe  oxygéné,  qui  préexiste  dans  l'acide  ordi- 
naire. 

»  La  méthode  à  l'aide  de  laquelle  le  benzoate  benzoïque,  le  cuminate 
cuminique,  etc.,  ont  été  obtenus,  permettait  de  supposer  que  l'on  obtien- 
drait les  radicaux  eux-mêmes  en  faisant  agir  les  chlorures  des  groupes  oxy- 
génés sur  les  combinaisons  métalliques  des  aldéhydes.  J'ai  l'honneur  de 
communiquer  à  l'Académie  le  résultat  de  quelques  expériences  qui  confir- 

C.  R.    i85i,  am«  Semestre.  (T.  XXXV.  N°  6.)  3o 


(    226    ) 

ment    entièrement   l'opinion    émise   par  M.   Gerhardt    sur   ce    sujet  (i). 

»  Parmi  les  combinaisons  métalliques  des  aldéhydes,  celle  que  j'ai  pu 
me  procurer  avec  le  plus  de  facilité  et  sur  laquelle  j'ai  d'abord  dirigé  mes 
recherches,  c'est  le  cuminol  potassé  C,0H"  KO.  Cette  substance  s'obtient 
aisément  en  chauffant  du  cuminol  avec  du  potassium  dans  un  petit  creuset 
de  platine  muni  de  son  couvercle.  On  purifie  le  produit  en  le  pressant 
entre  des  doubles  de  papier  à  filtrer  et  en  le  faisant  séjourner  pendant  quel- 
que temps  dans  le  vide  sur  de  l'acide  sulfurique  concentré  qui  absorbe  avec 
avidité  le  cuminol  échappé  à  l'action  du  potassium. 

»  La  substance  ainsi  obtenue,  ayant  été  mise  en  contact  avec  une  quan- 
tité équivalente  de  chlorure  de  cumyle,  ne  tarda  pas  à  se  liquéfier,  en 
donnant  un  mélange  homogène,  qu'une  légère  élévation  de  température 
rendit  pâteux  en  y  déterminant  la  séparation  du  chlorure  de  potassium. 

»  La  masse  fut  traitée  d'abord  par  l'eau,  puis  par  une  solution  de  car- 
bonate de  potasse  et  enfin  agitée  avec  de  l'éther.  La  couche  éthérée  renfer- 
mant tout  le  cumyle  en  solution,  ne  tarda  pas  à  se  rendre  à  la  surface  du 
liquide;  on  la  décanta  au  moyen  d'une  pipette  et  l'on  chassa  l'éther  par 
une  douce  chaleur.  Il  est  cependant  nécessaire,  pour  priver  entièrement  le 
produit  de  l'eau  qu'il  renferme,  de  le  chauffer  jusqu'à  ce  qu'il  commence 
à  émettre  des  vapeurs. 

»  La  réaction  entre  le  cuminol  potassé  et  le  chlorure  de  cumyle  s'exprime 
très-nettement  par  l'équation  suivante  : 

C,0HMO)        jC,0HHO)        j(.,0HHOl        (K 
K        |  +  |        Cl       )=  :|c,0H,,OJ  +  |C1  ' 

»  Le  cumyle  se  présente  sous  la  forme  d'une  huile  épaisse  plus  pesante 
que  l'eau.  A  froid,  il  ne  possède  qu'une  odeur  très-faible;  mais  quand  on 
le  chauffe  légèrement,  il  émet  une  odeur  agréable  qui  rappelle  celle  du 
géranium. 

»  Il  est  curieux  de  voir  que  le  cumyle  partage  ce  dernier  caractère  avec 

(C7  H5  O  ) 
son  homologue,  le  benzoïle  )rïTT5r.|?  obtenu  par  MM.  Ettling  et  Sten- 

[  l_j    rt    \j  ] 

house,  dans  la  distillation  sèche  du  benzoate  de  cuivre. 

»  Le  cumyle  s'enflamme  difficilement  et  brûle  avec  une  flamme  fuligi- 
neuse. Soumis  à  l'action  du  froid  produit  par  un  mélange  de  glace  et  de  sel 
marin,  il  perd  entièrement  sa  fluidité,  si  bien  que  l'on  peut  retourner  le 

(i)  Comptes  rendus  des  séances  de  V Académie ,  tome  XXXIV,  page  9o5. 


(  "7  ) 
vase  sans  qu'il  se  déplace.  Dans  cet  état,  il  est  parfaitement  limpide  et  ne 
présente  aucun  indice  de  cristallisation  ;  en  revenant  à  la  température 
ambiante,*  il  reprend  sa  fluidité. 

»  Il  est  assez  soluble  dans  l'alcool  bouillant,  tandis  qu'il  ne  se  dissout 
qu'en  très-petite  quantité  dans  l'alcool  froid. 

»  Le  cumyle  entre  en  ébullition  à  une  température  supérieure  à  3oo  de- 
grés, et  en  se  décomposant  en  acide  cuminique  et  en  d'autres  produits 
moins  oxygénés,  en  même  temps  qu'il  reste  dans  la  cornue  un  résidu 
charbonneux.  # 

;>  Soumis  à  l'analyse,  il  a  donné  des  nombres  qui  conduisent  aux  rapports 
exigés  par  la  théorie.  Sa  formule  est  Cao  H22Oa- 

»  Quand  on  chauffe  doucement  du  cumyle  avec  une  petite  quantité  d'hy- 
drate de  potasse,  il  se  transforme  en  cuminate,  en  même  temps  qu'il  se 
dégage  l'odeur  forte  et  caractéristique  du  cuminol.  Cette  réaction  s'explique 
par  l'équation  suivante  : 


C,0H"O)  )  (C,0HHO)        (C,0HnO 


C,0HnO  K  H  K 


(). 


»  J'ai  fait  quelques  expériences  dans  le  but  d'obtenir  le  cumyl-ben- 

1  et  ^e  cumyl-acétyle  }  >.    Mais  il  m'a  été  impos- 

sible  jusqu'à  présent  d'obtenir  ces  deux  substances  dans  un  état  de  pureté 
suffisant  pour  l'analyse. 

»  Par  l'action  du  chlorure  de  benzoïle  sur  le  cuminol  potassé,  on  obtient 
une  huile  incristallisable,  semblable  au  cumyle  et  qui  se  transforme  aisé- 
ment en  cette  dernière  substance,  quand  on  la  chauffe  avec  une  solution  de 
carbonate  de  potasse.  L'eau  seule  paraît,  du  reste,  opérer  cette  métamor- 
phose qui  n'est  accompagnée  d'aucun  dégagement  de  gaz. 

»  Je  me  propose  d'étudier  ultérieurement  ce  qui  se  passe  dans  cette 
réaction,  un  examen  superficiel  m'ayant  démontré  que  la  solution  alcaline 
enlève  au  cumyl-benzoile  une  substance  dont  la  forme  cristalline  diffère  de 
celle  de  l'acide  benzoïque  et  qui  apparaît  au  microscope  sous  la  forme  de 
dendrites  opaques,  d'un  blanc  éclatant. 

»  Enfin  je  n'ai  obtenu  que  du  cumyle  en  traitant  le  cuminol  potassé  par 
du  chlorure  d'acétyle  (C2H30,  Cl),  et  en  reprenant  le  produit  par  une 
solution  de  carbonate  de  potasse. 

»  J'espère  qu'en  continuant  ces  recherches,  je  parviendrai  à  isoler  l'acé- 

3o.. 


(    228    ) 

tyle  et  quelques  autres  radicaux  oxygénés  dont  il  me  paraît  important  de 
constater  l'existence.  » 

M.  Vezu  demande  l'ouverture  d'un  paquet  cacheté  dont  l'Académie  avait, 
dans  sa  précédente  séance,  accepté  le  dépôt. 

Le  paquet  ouvert  renferme  une  Note  sur  les  bons  effets  que  l'auteur  avait 
obtenus  en  employant  contre  la  maladie  des  raisins  une  dissolution  de 
protoxjde  de  sulfate  de  fer  à  la  dose  de  s5o  grammes  du  sulfate  pour 
20  litres  d'eau.  % 

M.  Porro,  qui,  dans  un  Mémoire  sur  la  théorie  des  moteurs  hydrauliques, 
présenté  à  la  séance  du  2  février  dernier,  annonçait  qu'un  moteur,  construit 
conformément  à  ses  principes,  avait  donné  des  résultats  qui  confirmaient 
pleinement  ses  principes,  transmet  aujourd'hui  l'extrait  d'une  Lettre  de 
M.  Gualandi,  ingénieur  à  Bologne  (États  Romains),  concernant  des  expé- 
riences faites  avec  une  machine  de  cette  espèce  de  la  force  de  quarante 
chevaux,  expériences  qui  annoncent  un  rendement  moyen  supérieur  même 
à  celui  qu'on  se  promettait. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée  :  MM.  Poncelet,  Combes, 

Morin.) 

M.  Laignel  communique  les  résultats  qu'il  a  obtenus  dans  des  expé- 
riences comparatives  sur  les  locomotives  construites  d'après  le  système  ordi- 
naire, et  celles  qui  sont  construites  d'après  le  système  modifié  par  lui.  Il 
exprime  le  désir  que  ceux  des  Membres  de  l'Académie  qui  s'intéressent  aux 
questions  de  cette  nature  veuillent  bien  assister  aux  expériences  qu'il  répé- 
tera en  leur  présence. 


M.  Lebiaistre,  d'Aboville,  annonce  qu'en  examinant  de  nouveau  les 
papiers  que  lui  a  laissés  son  oncle,  leu  le  P.  Cotte,  dont  il  est  le  légataire 
universel,  il  en  a  trouvé  plusieurs  qui  lui  semblent  de  nature  à  intéresser 
l'Académie,  et  qu'il  lui  adressera,  si  elle  en  témoigne  le  désir.  Il  rappelle 
qu'un  premier  envoi  de  cette  nature,  qu'il  a  fait  autrefois  à  l'Académie,  en 
a  été  favorablement  accueilli. 

M.  Wattemare  adresse  une  liste  de  divers  ouvrages  qu'il  a  été  chargé 
par  diverses  Institutions  scientifiques  des  États-Unis  et  par  quelques  savants 
du  même  pays  d'offrir  à  l'Institut  pour  sa  bibliothèque  [voir  au  Bulletin 
bibliographique).  Ces  livres  sont  mis  sous  les  yeux  de  l'Académie. 


(    239    ) 

M.  Meret  adresse  deux  Notes,  l'une  sur  les  résultats  de  la  décortication 
d'une  partie  du  tronc  pratiquée  sur  un  pommier  infesté  du  Puceron  lani- 
gère; l'autre  sur  les  différences  de  lumière  des  diverses  parties  du  disque 
solaire. 

M.  Brongniart  est  invité  à  prendre  connaissance  de  la  première  Note,  et 
M.  Babinet  de  la  seconde. 

M.  /  vi.kwski  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  un  Mémoire 
qu'il  avait  lu  dans  la  séance  du  \i  juillet  dernier,  Mémoire  sur  lequel  il  n'a 
pas  été  fait  de  Rapport. 

M.  Brachet  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  soumettre  à  l'examen  d'une 
Commission  un  nouveau  Mémoire  qu'il  lui  adresse  sous  le  titre  de  :  Recher- 
ches sur  les  moyens  de  populariser  le  microscope  composé  achromatique ,  etc. 
(Commissaires,  MM.  Magendie,  Flourens,  Regnault.) 

A  4  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  F. 


BULLETIN     BIRLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  g  août  i852,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences, 
ie  semestre  i85a  ;  n°  5;  in-4°. 

Cours  d'Agriculture;  par  M.  le  comte  DE  Gaspamn;  tome  II;  seconde 
édition.  Paris,  i852;  in-8°. 

Annales  des  Sciences  naturelles,  comprenant  la  zoologie,  la  botanique,  l'ana- 
tomie  et  la  physiologie  comparée  des  deux  règnes,  et  l'histoire  des  corps  orga- 
nisés fossiles  ;  3e  série,  rédigée  pour  la  zoologie  par  M.  Milne  Edwards, 
pour  la  botanique  par  MM.  Ad.  Brongniart  et  3.  Decaisne;  tome  XVI; 
n°  6;  in-8°. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  ou  Recueil  mensuel  de 
Mémoires  sur  les  diverses  parties  des  Mathématiques;  publié  par  M.  Joseph 
Liouville;  mai  185a;  in-4°.  • 

De  l'organisation  des  Sociétés  de  prévoyance  ou  de  secours  mutuels,  et  des 
bases  scientifiques  sur  lesquelles  elles  doivent  être  établies,  avec  une  Table  de 
maladie  et  une  Table  de  mortalité  dressées  sur  des  documents  spéciaux.  Publié 
sous  la  direction  du  comité  pour  la  propagation  des  Sociétés  de  prévoyance; 
par  M.  G.  Hubbard,  Secrétaire  du  comité.  Paris,  i852;  î  vol.  in-8°. 


(  23o  ) 

Essai  sur  l'influence  que  les  Sciences  physiques  et  chimiques  ont  exercée  sur 
la  connaissance  de  la  nature  intime  et  sur  le  traitement  des  maladies;  par  M.  le 
Dr  Saucerotte.  Bruxelles,  i852;  broch.  in-4°.  (Extrait  des  Mémoires  de 
V  Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique.  ) 

Expédition  dans  les  parties  centrales  de  V  Amérique  du  Sud,  de  Rio  de  Janeiro 
à  Lima,  et  de  Lima  au  Para;  exécutée  par  ordre  du  Gouvernement J rançais  pen- 
dant les  années  1 843  à  1847,  sous  'a  direction  de  M.  Francis  de  Castelnau; 
4e  partie:  Itinéraire  et  coupe  géologique;  5e  et  6e  livraisons.  Paris,  i85a; 
in-fol. 

Monographie  de  la  tribu  des  Torpédiniens  ou  Raies  électriques,  comprenant 
un  genre  nouveau,  trois  espèces  nouvelles  et  deux  espèces  nommées  dans  le  Musée 
de  Paris,  mais  non  encore  décrites;  par  M.  le  Dr  Auguste  Dcméril;  broch. 
111-80.  (Extrait  de  la  Revue  et  Magasin  de  Zoologie;  mai  i852;  n°  5.) 

Thèses  de  Mécanique  et  d'Astronomie,  présentées  à  la  Faculté  des  Sciences 
de  Paris  le  a  août  i852  ;  par  M.  Ossian  Bonnet.  Paris,  i85a  ;  in-4°. 

Les  trois  règnes  de  la  nature.  —Règne  animal.  —  Histoire  naturelle  des  oiseaux, 
classés  méthodiquement,  avec  l'indication  de  leurs  mœurs  et  de  leurs  rapports 
avec  les  arts,  le  commerce  et  l'agriculture;  par  M.  Emm.  Le  Maout;  12' 
livraison;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  ;  rédigé  par  M.  de  la  Boquette, 
secrétaire  général  de  la  Commission  centrale;  avec  la  collaboration  de 
MM.  V.-A.  Malte-Brun,  secrétaire-adjoint,  Daussy,  L.-Am.  Sédillot,  de 
Froberville  et  Cortambert;  4e  série;  tome  III  ;  n°  17;  mai  i852; 
in-8°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-B.  DE  MONFORT, 
et  rédigée  par  M.  l'abbé  MoiGNO;  ire  année;  n°  i5;  8  août  i852;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  pratique  et  de  Jardinage ,  fondé  par  M.  le  Dr  Bixio, 
publié  par  les  rédacteurs  de  la  Maison  rustique,  sous  la  direction  de  M.  Barral; 
3e  série;  tome  V;  n°  3  ;  5  août  i852  ;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  pratiques  et  de  Pharmacologie  ;  tome  V; 
n°  2 1  ;  5  août  1 852  ;  in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques.  Journal  des  candidats  aux  Ecoles  Poly- 
technique et  Normale;  rédigé  par  MM.  Terquem  et  Gerono  ;  août  i852; 
111-80. 

Revue  thérapeutique  du  Midi.  Journal  de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de  Phar- 
macie pratiques;  fondé  par  M.  le  professeur  FuSTER,  et  rédigé  par  MM.  les 
]),s  Barbaste  et  Louis  Saurel;  n°  14  ;  3o  juillet  i852  ;  in-8°. 


(23t  ) 

A'  magyar  tudos...  Mémoires  de  i Académie  des  Sciences  de  Hongrie; 
tomes  I  à  VII.  Pesth,  1 833- 1847  ;  in-4°. 

Régi  magyar  nyelvemle'kek...  Monuments  de  l'ancienne  langue  hongroise; 
vol.  I  à  III.  Pesth,  1 838-t 842  ;  in-4°. 

M.  Vattemare  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Report...  Rapport  de  la  Commission  des  Patentes  pour  i85o.  Wasinghton, 
1 85  r  ;  1  vol.  in-8°.  (Adressé  au  nom  du  Directeur  du  Bureau  des  Patentes.) 

Wind  and  current  chart...  Carte  thermale  des  vents  et  courants  de  l'Atlan- 
tique, partie  septentrionale,  dressée  d'après  les  matériaux  déposés  aux  bureaux 
de  la  guerre  et  de  la  marine;  8  feuilles  grand  in-fol.,  dernière  édition,  i85o; 
parie  lieutenant  Maury. 

Explanations  and  sailing  directions...  Explications  et  instructions  nautiques 
pour  accompagner  la  grande  Carte  des  vents  et  courants,  approuvées  par  le 
commodore  Maury,  Directeur  du  Bureau  de  l'Ordonnance  et  de  l'Hydro- 
graphie, et  publiées  par  ordre  du  Ministre  de  la  Marine;  1  vol.  in-4°,  accom- 
pagné de  12  planches;  par  le  même. 

Whale  chart...  Carte  baleinière;  par  le  même,  d'après  les  esquisses  des 
lieutenants  Leigh,  Herndon,  etc.  ;  publiée  sous  les  auspices  du  commodore 
Warringhton  ;  i85i;  grand  in-fol. 

Catalogue  of  maps...  Catalogue  des  cartes  existant  dans  les  bureaux  du 
secrétaire  d'Etat,  dans  ceux  de  l'ingénieur  de  l'Etat  et  dans  la  bibliothèque  de 
l'Etat;  publié  par  ordre  de  la  législature.  Albany,  1 85 J  ;  in-8°.  (Adressés  au 
nom  du  Régent,  de  l'Université  de  New- York.) 

Annual  report...  Rapport  annuel  de  l'ingénieur  et  du  géographe  de  l'Etat,  de 
New- York,  sur  la  statistique  des  chemins  de  fer.  Albany,  1 85 1  ;  in-8°. 

Transactions...  Transactions  de  la  Société  d'agriculture  de  Neiv-York. 
\lbany,  1 85 1  ;  1  vol.  in-8°. 

Transactions...  Transactions  de  l'Institut  de  New-York  pour  l'année  i85o. 
Albany,  1 85 1  ;  1  vol.  in-8°. 

Eighth...  Huitième  rapport  annuel  de  l'Institut  américain  de  New-York , 
fait  au  Corps  législatif  dans  la  séance  du  16  février  i85o.  Albany,  i85o; 
1  vol  in-8°.  (Adressés  au  nom  de  l'Institut  américain.) 

Report  on  the...  Rapport  sur  la  géologie  de  la  Caroline  du  Sud;  par 
M.  Tuomey.  Columbia,  1848;   1  vol.  in-4°. 

Anniversary...  Discours  fait  à  la  séance  annuelle  de  la  Société  d 'agriculture 


(  a3*) 

de  la  Caroline  du  Sud;  par  M.  Mitchel  Ring.  Columbia,   1846;  brocli. 
in -8°. 

Monograph. . .  Monographie  des  Squalidées  fossiles  des  Etats-Unis;  par 
M.  R.-W.  Gibbes.  Philadelphie,  1848;  broch.  in-4°. 

An  essay...  Essai  sur  le  Wheat-fly  (Cecidonyia  tritici);  par  M.  Asa 
Fith.  Albany,  1846;  broch.  in-8°. 

The  hessian  fly...  Essai  sur  le  Hessian-flj  (Cecidonyia  destructor);  par 
le  même.  Albany,  1847;  broch.  in-8°.  (Adressés  au  nom  du  Gouverne- 
ment de  la  Caroline  du  Sud.) 

The  astronomical...  Journal  astronomique  de  Cambridge;  n°  44;  v°l-  H; 
n°  20;  10  juillet  i852. 

Astronomische...   Nouvelles  astronomiques;  vol.  XXXIV;  titre  et  tables. 

La  Presse  littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  i5  ; 
8  août  i852. 

L' Athenœum français.  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux- Arts;  ire  année;  n°  6;  8  août  i852. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  32;  7  août  i852. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n°*  91  à  93  ;  3,  5  et  7  août  i85a. 

Moniteur  agricole;  5e  année;  n°  3i  ;  5  août  i852. 

La  Lumière;  2e  année;  n°33;  7  août  i852. 

Réforme  agricole;  n°  46. 


ERRATA. 

(Séance  du  2  août  i852.) 
Page  190,  ligne  3o,  au  lieu  de  M.  Bahxel,  lisez  M.  Batel. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  16  AOUT  1852. 

PRÉSIDENCE  DE  M.   PIOBERT. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

chimie  optique.  —  Expériences  ayant  pour  but  d'établir  que  les 
substances  douées  de  pouvoirs  rotatoires,  lorsqu'elles  sont  dissoutes  dans 
des  milieux  inactifs  qui  ne  les  attaquent  pas  chimiquement,  contractent 
avec  eux  une  combinaison  passagère,  sans  proportions  Jix es,  laquelle 
impressionne  toute  leur  masse  ;  et  subsiste  tant  que  le  système  mixte 
conserve  l'état  de  fluidité;  par  M.  Biot. 

«  Dans  les  nombreuses  expériences  que  je  fis,  entre  les  années  i8i5 
et  i83a,  pour  déterminer  les  lois  suivant  lesquelles  le  pouvoir  rotatoire 
moléculaire  s'exerce,  j'opérais  sur  des  substances  organiques  d'une  compo- 
sition mobile,  comme  les  sucres,  les  gommes,  les  camphres,  les  huiles 
essentielles,  que  j'évitais  soigneusement  d'altérer;  ce  qui  m'obligeait  à  les 
dissoudre  dans  des  milieux  inactifs,  et  indifférents,  tels  que  l'eau,  l'alcool, 
l'éther,  les  huiles  grasses,  qui  ne  pussent  pas  les  modifier  chimiquement, 
au  moins  pendant  la  durée  des  observations  optiques  auxquelles  je  les  sou- 
mettais. 

»  Dans  ces  circonstances,  le  pouvoir  rotatoire  spécifique,  évalué  pour 
l'unité  d'épaisseur  et  l'unité  de  poids  de  chaque  substance  active,  se  mon- 
trait toujours  de  même  sens,  et  de  mèm'e  intensité,  quelle  que  fût  la  propor- 

C   K.,  i85a,  a">«  Semestre.  (T.  XXXV,  H°  7.)  3l 


(  ^34  ) 

tion  du  dissolvant  inactif  qu'on  lui  associait.  De  sorte  que  les  molécules 
actives,  semblaient  seulement  se  disséminer  parmi  les  inactives,  comme  dans 
un  espace  libre,  sans  en  éprouver  aucune  action  qui  modifiât  sensiblement 
leur  faculté  rotatoire.  En  conséquence,  je  pus  établir  les  lois  physiques  du 
phénomène  sur  ces  conditions  simples  ;  et  les  formules  mathématiques  par 
lesquelles  je  les  exprimai,  se  trouvèrent  si  bien  adaptées  aux  expériences, 
qu'on  put  en  déduire  les  résultats  de  celles-ci,  dans  toutes  les  particularités 
de  leurs  détails,  aussi  exactement  que  l'observation  les  donnait  (i). 

»  Toutefois,  en  étendant  ces  essais  -à  un  grand  nombre  de  substances 
organiques,  pour  y  constater  l'existence  ou  l'absence  de  cette  singulière 
propriété;  ayant  aussi  donné  plus  de  délicatesse  aux  procédés  d'observa- 
tion qui  la  faisaient  percevoir;  je  reconnus  que  l'acide  tartrique  dissous 
dans  l'eau,  ou  l'alcool,  ou  l'esprit-de-bois,  exerçait  le  pouvoir  rotatoire,  avec 
des  particularités  phénoménales  qu'aucun  autre  corps  ne  m'avait  jusque-là 
présentées.  Ce  pouvoir  offrait  bien  encore,  dans  chaque  dissolvant,  tous  les 
caractères  distinctifs  d'une  action  exercée  individuellement  par  les  molé- 
cules de  l'acide  sur  la  lumière  polarisée.  Mais  on  y  remarquait  des  diffé- 


(i)  Mes  premières  observations  sur  le  pouvoir  rotatoire  des  liquides,  ont  été  présentées  à 
l'Institut  dans  les  séances  des  i5  et  3o  octobre  i8i5.  Elles  sont  consignées  dans  une  Note 
insérée  au  Bulletin  de  la  Société  Philomatique  pour  cette  même  année,  page  içjo.  J'y  avais 
constaté  le  caractère  moléculaire  de  l'action ,  l'opposition  de  sens  suivant  lequel  diverses 
substances  l'exercent,  et  sa  neutralisation  dans  les  mélanges  formés  de  liquides  à  pouvoir 
contraire  ,  pris  en  proportions  de  volume  inverses  de  leurs  pouvoirs  propres.  Dans  ces  pre- 
miers essais,  et  dans  tous  ceux  que  j'eus  occasion  de  faire  ensuite  jusqu'en  i832,  les  condi- 
tions physiques  de  ces  rotations  se  montraient  semblables  à  celles  que  produisent  les  plaques 
de  quartz  taillées  perpendiculairement  à  l'axe,  l'intensité  absolue  de  l'actiou  étant  seulement 
beaucoup  moindre.  Je  confirmai  cette  similitude,  au  moins  très-approchée,  en  établissant 
par  l'expérience  les  lois  générales  de  ces  rotations  pour  les  divers  rayons  de  lumière  simple 
[Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  tome  II ,  page  4>  ;  et  tome  XIII,  page  39).  Toutefois, 
dans  ce  dernier  travail ,  j'annonçai  que  l'acide  tartrique  dissous  dans  l'eau,  exerce  le  pouvoir 
rotatoire  suivant  un  mode  de  dispersion  totalement  différent,  et  exceptionnel;  mais  je  ré- 
servai l'examen  de  ce  remarquable  phénomène  pour  des  recherches  ultérieures,  qui  fussent 
proportionnées  à  son  importance.  J'y  consacrai  en  effet  plus  tard  une  suite  de  Mémoires 
fort  étendus,  dans  lesquels  j'étudiai  toutes  les  particularités  du  pouvoir  rotatoire  de  l'acide 
tartrique  dissous  dans  des  milieux  divers,  libre  et  combiné,  liquéfié  par  la  chaleur,  et  soli- 
difié à  l'état  amorphe.  Voyez  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  tome  XV,  page  g3  ; 
tome  XVI,  page  22g;  et  les  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3e  série,  i844;  tome  X  , 
pages  5,  175,  307,  385;  tome  XI,  page  82;  ibid.,  tome  XXVIII,  pages  2i5,  35i; 
tome  XXIX,  pages  35,  34',  43o. 


{ «tas  ) 

rences  tout  à  fait  exceptionnelles,  dans  les  grandeurs  relatives  des  dévia- 
tions imprimées  simultanément  aux  plans  de  polarisation  des  rayons  de 
réfrangibilités  diverses,  différences  qui  allaient  jusqu'à  intervertir  l'ordre 
relatif  de  leur  dispersion.  En  outre,  quand  on  évaluait  son  intensité  abso- 
lue, à  une  même  température,  pour  des  proportions  diverses  d'un  même 
dissolvant  inactif,  elle  ne  se  maintenait  pas  rigoureusement  constante, 
comme  cela  aurait  dû  être  si  les  molécules  actives  n'avaient  fait  que  se 
disséminer  parmi  celles  du  dissolvant  inactif,  sans  les  impressionner,  et 
sans  en  être  impressionnées.  L'action  rotatoire  exercée  par  un  même  poids 
d'acide,  à  travers  l'unité  d'épaisseur,  se  montrait  notablement  et  continû- 
ment croissante,  à  mesure  que  la  proportion  relative  du  dissolvant  augmen- 
tait ;  et  cet  accroissement  était  inégal  pour  les  rayons  lumineux  de  diverses 
réfrangibilités.  De  sorte  qu'en  opérant  sur  un  faisceau  de  lumière  blanche, 
le  mode  de  dispersion  relatif  de  leurs  plans  de  polarisation  propres,  se 
trouvait  continuellement  changé;  par  suite  de  quoi  les  images  composées 
que  l'on  observe  à  travers  le  prisme  analyseur,  étaient  colorées  tout  autre- 
ment que  dans  l'universalité  des  cas  jusqu'alors  étudiés.  Cette  continuité  de 
modifications  montrait  donc  avec  évidence,  qu'il  s'opérait  ici,  entre  les 
molécules  de  l'acide  et  celles  du  dissolvant,  une  action  réciproque,  laquelle 
Constituait  immédiatement  leurs  masses  totales  en  un  système  moléculaire 
nouveau,  possédant  des  propriétés  phénoménales  distinctes  de  leurs  pro- 
priétés individuelles,  et  dépendantes  de  leurs  doses  respectives.  De  sorte 
qu'en  variant  ces  doses,  on  formait,  en  réalité,  autant  de  tartrates  liquides 
d'eau,  ou  d'alcool,  ou  d'esprit-de-bois,  à  proportions  indéfiniment  chan- 
geantes; ayant  comme  tous  les  autres  tartrates  un  pouvoir  rotatoire  propre, 
dont  l'intensité  absolue  sur  chaque  rayon  simple,  variait  de  même  avec 
leur  composition  actuelle.  Dans  chaque  solution  de  dosage  constant,  ces 
conditions  d'activité  du  pouvoir  rotatoire  changeaient  sensiblement  avec 
l'état  thermométrique;  et  elles  se  rétablissaient  les  mêmes  quand  la  tem- 
pérature était  revenue  au  même  point. 

»  D'après  ces  faits,  la- constance  du  pouvoir  rotatoire,  que  j'avais  d'abord 
constatée  sur  un  si  grand  nombre  d'exemples,  se  trouvait  être  seulement  la 
condition  restreinte,  et,  pour  ainsi  dire,  abstraite,  du  phénomène,  laquelle 
s'était  présentée  alors  dégagée  des  modifications  qui  auraient  pu  la  faire  mé- 
connaître, celles-ci  ayant  été  heureusement,  dans  ces  premiers  exemples,  ou 
physiquement  nulles,  ou  trop  faibles  pour  être  saisies  par  l'observation.  Mais 
la  variabilité  du  pouvoir  rotatoire,  manifestée  par  l'acide  tartrique,  était  évi- 
demment le  cas  général,  dont  il  fallait  désormais  s'attacher  à  fixer  les  lois. 

3i.. 


(  a36  ) 

»  Je  consacrai  à  cette  étude  beaucoup  d'années,  persuadé  que  la  patience 
que  j'y  apporterais  ne  pouvait  avoir  d'application  plus  utile.  J'arrivai  ainsi 
par  degrés  à  une  série  de  lois  physiques,  qui  embrassent  maintenant  toutes 
les  particularités  jusqu'ici  observées  des  phénomènes  rotatoires,et  qui  repré- 
sentent les  résultats  des  expériences  dont  elles  sont  tirées,  avec  une  fidélité 
numérique  équivalente  aux  observations  mêmes.  Des  faits  nouveaux,  com- 
plètement imprévus,  mis  depuis  en  lumière  par  d'autres  expérimentateurs, 
vinrent  également  se  plier  à  ces  lois.  Ainsi,  quand  M.  Pasteur  eut  découvert 
l'acide  tartrique  gauche,  image  symétrique  de  l'acide  tartrique  droit,  il 
reconnut  que  ce  corps,  dissous  dans  l'eau  pure,  ou  chargée  d'acide  borique, 
y  produit  des  phénomènes  optiques  d'une  variabilité  pareille  à  son  analogue, 
lesquels  se  trouvaient  encore  numériquement  calculables  par  les  formules 
que  j'avais  données.  La  conséquence  mécanique  à  tirer  de  ces  résultats 
inattendus,  étaitdonc  la  même;  c'est  que,  dans  les  systèmes  liquides,  binaires 
ou  ternaires,  formés  par  l'un  ou  l'autre  acide,  toutes  les  molécules  mises  en 
présence  s'impressionnent  mutuellement,  par  des  actions  à  petites  distances, 
de  manière  à  constituer  de  véritables  combinaisons  en  proportions  indé- 
finies. 

»  Plusieurs  tartrates  fixes  m'avaient  présenté  des  phénomènes  analogues, 
mais  moins  sensibles,  qui  conduisaient  à  une  conséquence  pareille.  J'avais 
même  vu  certaines  préparations  de  tartrate  d'alumine,  dissoutes  dans  l'eau 
à  une  température  constante,  parcourir  progressivement  les  phases  les  plus 
diverses  de  pouvoir  rotatoire,  jusqu'à  intervertir  leur  sens  d'action  primitif, 
puis  y  revenir,  selon  les  proportions  de  ce  dissolvant  qu'on  enlevait  au  sys- 
tème mixte,  ou  qu'on  lui  restituait  ;  ce  qui  n'aurait  pas  pu  avoir  lieu,  si  les 
éléments  actifs  du  tartrate,  se  fussent  répandus  entre  les  molécules  de  l'eau 
par  simple  dissémination  (  i).  J'avais  montré  aussi  que  l'acide  tartrique  droit, 
mis  en  solution  dans  l'eau,  perd  de  son  pouvoir  quand  on  oppose  l'acide  sul- 
furique,  ou  l'acide  hydrochlorique,  à  son  action  propre  sur  ce  dissolvant  (2)  ; 
enfin  M.  Pasteur  a,  depuis,  prouvé,  que  les  deux  tartrates  de  chaux  droit 
et  gauche,  étant  successivement  dissous  dans  l'eau  chargée  d'ammoniaque, 
et  dans  l'acide  chlorhydrique,  y  intervertissent  l'un  et  l'autre  le  sens  de  leur 
pouvoir  rotatoire,  en  sens  opposés.  Ces  modifications  démontrent  donc  encore 
l'existence  d'une  action  réciproquement  exercée  entre  les  molécules  actives 

(1)  Mémoires  de  V Académie  des  Sciences,  tome  XVI,  pages  3^8  et  suivantes. 

(2)  lbid. ,  pages  271  et  suivantes. 


(  *37) 

et  celles  de  leurs  dissolvants,  lorsqu'elles  sont  mises  en  présence  dans  les 
conditions  de  liberté  que  l'état  liquide  leur  laisse. 

»  Mais,  jusque-là,  ces  phénomènes,  que  l'on  pourrait  appeler  des  actions 
de  présence,  n'étaient  constatés  que  pour  des  systèmes  liquides  dont  les  acides 
tartriques,  droit  ou  gauche,  combinés  ou  libres,  étaient  un  des  ingrédients. 
Pour  être  autorisé  à  y  voir  un  caractère  général  du  mécanisme  des  solutions, 
il  fallait  trouver  des  exemples  de  ces  mêmes  réactions,  dans  des  systèmes 
liquides  où  les  principes  actifs  fussent  d'une  nature  différente  :  cette  recher- 
che a  été  l'objet  du  travail  que  je  présente  aujourd'hui  à  l'Académie. 

»  J'ai  d'abord  repris,  sous  ce  point  de  vue,  les  divers  systèmes  mixtes 
que  j'avais  autrefois  étudiés,  et  dans  lesquels  les  molécules  actives  m'avaient 
paru  se  répandre  par  simple  dissémination,  sans  que  j'eusse  aperçu,  ni  même 
soupçonné,  qu'il  s'opérait  une  réaction  chimique  appréciable  entre  les  prin- 
cipes qui  les  constituaient.  J'ai  appliqué  à  ces  mêmes  systèmes  une  méthode 
d'observations  comparatives  que  l'on  trouvera  décrite  dans  mon  Mémoire, 
et  qui  joint  à  une  sensibilité  excessive  une  très-grande  facilité  d'application. 

»  J'ai  premièrement  étudié  ainsi  le  sucre  de  canne  en  solution  aqueuse, 
parce  que  les  expériences  quej'avais  faites  autrefois  pour  déterminer  son  pou- 
voirrotatoire  absolu,  dans  des  solutionsd'inégal  dosage,  m'avaient  donné  des 
valeurs  tant  soit  peu  croissantes  avec  la  proportion  de  l'eau,  ce 'que  je  n'a- 
vais pas  cru  pouvoir  attribuer  à  autre  chose  qu'aux  incertitudes  des  obser- 
vations optiques.  Des  effets  de  même  sens  se  sont  également  reproduits  dans 
mes  nouvelles  épreuves  ;  ce  qui  tendrait  à  faire  considérer  ces  solutions 
comme  des  saccharates  d'eau  à  proportions  variables.  Mais  si  cette  interpré- 
tation est  vraie,  comme  je  le  crois,  la  combinaison  qui  se  forme  alors  est 
tellement  faible,  qu'à  moins  de  précautions  extrêmement  minutieuses,  on 
ne  saurait  la  distinguer  d'une  simple  dissémination. 

»  J'ai  ensuite  étudié,  par  le  même  procédé,  l'essence  de  térébenthine  dis- 
soute en  diverses  proportions  dans  l'alcool,  et  dans  l'huile  d'olive  blanchie 
à  la  lumière.  C'étaient  encore  là  des  exemples  qui  m'avaient  servi,  dans 
mes  premiers  essais,  pour  établir  la  formule  qui  donne  la  valeur  absolue  du 
pouvoir  rotatoire,  dans  l'hypothèse  d'une  simple  dissémination.  La  délica- 
tesse de  mes  procédés  actuels  m'a  fait  apercevoir,  dans  ces  deux  cas,  des 
indices  encore  très-faibles,  mais  un  peu  plus  sensibles,  de  la  variation  du 
pouvoir  rotatoire  avec  les  proportions  du  dissolvant.  Toutefois  ces  indices 
ne  semblaient  pas  appréciables  immédiatement  après  la  mixtion,  même 
complète,  mais  seulement  un  peu  plus  tard;  comme  si  les  molécules  de 


(  a38  ) 

diverse  nature,  qui  se  trouvaient  en  présence  les  unes  des  autres,  avaient 
besoin  d'un  certain  temps  pour  exercer  tout  l'effort  de  leurs  influences  mu- 
tuelles, ainsi  que  cela  arrive  dans  le  frottement.  J'ai  l'apporté  en  détail  ces 
observations  minutieuses.  Les  expérimentateurs  décideront  jusqu'à  quel 
point  elles  justifient  l'assimilation  que  je  viens  d'énoncer. 

»  Enfin,  j'ai  rencontré  un  cas  distinct  de  tous  les  précédents,  où  un  corps 
neutre,  de  composition  définie,  et  doué  de  pouvoir  rotatoire,  agit  sur  ses 
dissolvants  avec  assez  de  puissance ,  pour  que  l'on  puisse  constater  tres- 
assurément,  non-seulement  l'existence,  mais  même  la  loi  physique,  de  son 
action.  Ce  corps  est  le  camphre  naturel  des  laurinées.  Je  l'ai  observé  dis- 
sous, en  proportions  diverses,  dans  l'acide  acétique,  et  dans  l'alcool  absolu. 

»  Je  lui  ai  d'abord  appliqué  la  méthode  des  observations  comparatives. 
Alors  la  diversité  des  proportions  du  dissolvant,  s'obtient  par  des  dilu- 
tions progressives,  opérées  suivant  des  rapports  connus  de  volumes;  et  la 
constance  ou  la  variabilité  du  pouvoir  rotatoire  de  la  substance  active,  se 
reconnaît  immédiatement  par  l'égalité  ou  l'inégalité  des  déviations  que  ces 
systèmes  produisent,  quand  on  les  observe  à  travers  des  épaisseurs  calculées 
pour  qu'elles  fussent  égales,  si  les  molécules  actives  ne  faisaient  que  se  dis- 
séminer dans  le  dissolvant  inactif,  comme  dans  un  espace  indifférent.  J'éta- 
blis dans  mon  Mémoire  les  formules  nécessaires  pour  faire  ce  calcul;  et,  en 
les  appliquant,  je  prouve  par  des  observations  nombreuses,  que  le  pouvoir 
rotatoire  du  camphre,  décroît  dans  chacun  de  ces  dissolvants,  à  mesure  que 
leur  quantité  relative  augmente;  ce  qui  prouve  indubitablement  qu'il  entre 
en  combinaison  avec  eux,  de  manière  à  former  des  molécules  mixtes, 
douées  d'un  pouvoir  rotatoire  spécifique,  qu'elles  tiennent  de  lui. 

«  L'existence  et  la  variabilité  de  c%s  réactions  étant  rendues  ainsi  mani- 
festes, j'en  ai  cherché  immédiatement  la  loi  physique;  l'analogie  des  phéno- 
mènes avec  ceux  que  m'avait  présentés  l'acide  tartrique  en  solution  aqueuse, 
annonçant  d'avance  la  parité  de  formes  que  devait  avoir  leur  expression 
générale.  En  conséquence,  je  formai  de  nouvelles  solutions  alcooliques  et 
acétiques  de  camphre,  en  proportions  de  poids  connues,  embrassant  les 
degrés  extrêmes  de  concentration  et  de  dilution,  entre  lesquels  la  marche 
des  effets  optiques  était  pratiquement  saisissable;  puis,  les  ayant  observées, 
j'ai  déterminé  pour  chacune  d'elles  la  valeur  absolue  du  pouvoir  rotatoire 
de  la  substance  active,  tant  sur  le  rayon  rouge,  que  sur  la  teinte  de  pas- 
sage, et  j'ai  rassemblé  ces  résultats  en  tableaux.  Alors,  prenant  les  quan- 
tités relatives  e  du  dissolvant,  pour  abscisses,  et  les  pouvoirs  rotatoires  [a]r 


ou  [a]j,  pour  ordonnées,  j'ai  trouvé,  comme  je  m'y  attendais,  par  construc- 
tion graphique  comme  par  le  calcul,  que,  dans  l'amplitude. embrassée  par 
les  observations,  le  lieu  de  ces  éléments  était  une  ligne  droite.  De  sorte  que, 
entre  ces  limites,  la  loi  du  phénomène  est  exprimée  par  la  relation  linéaire, 

[>]  =  A  +  Be, 

• 

A  et  B  étant  deux  constantes  dépendantes  de  la  nature  du  dissolvant.  Cette 
loi  est  algébriquement  la  même  que  j'avais  trouvée  pour  les  solutions 
binaires  de  l'acide  tartrique.  Elle  ne  comprend,  sans  doute,  que  les  deux 
premiers  termes  du  développement  de  la  fonction  complexe  qui  exprime  la 
loi  rigoureuse  de  ces  actions.  Mais  l'identité  de  forme  de  ces  deux  premiers 
termes  suffit,  pour  nous  découvrir  deux  conséquences  importantes.  La  pre- 
mière, c'est  que  tous  les  arguments  qu'on  en  a  tirés,  pour  démontrer  que 
l'acide  tartrique  entre  en  combinaison  indéfinie  avec  ses  dissolvants,  ont 
la  même  force  pour  établir  que  le  camphre  se  combine  avec  les  siens.  La 
seconde,  c'est  que  la  variabilité  des  pouvoirs  rotatoires  à  divers  degrés  de 
dosage,  n'est  pas  spéciale  à  l'acide  tartrique  et  à  ses  dérivés,  comme  on 
l'avait  pu  croire  d'abord.  Les  expériences  que  je  viens  de  rapporter,  la 
montrent  existante,  et  soumise  à  la  même  loi,  dans  d'autres  corps  d'une 
nature  toute  différente  ;  d'où  il  suit  qu'elle  doit  être  la  règle  générale  de 
cette  classe  de  phénomènes,  comme  je  l'avais  depuis  longtemps  soupçonné. 
»  Alors  on  se  demandera  sans  doute,  comment,  dans  les  premières 
études  que  l'on  avait  faites  sur  les  pouvoirs  rotatoires,  ils  avaient  paru  être 
sensiblement  constants  pour  une  même  substance?  Cela  tient  à  deux  causes  : 
d'abord  à  la  petitesse  absolue  de  leurs  variations  dans  l'amplitude  du  déve- 
loppement où  l'on  peut,  en  général,  les  suivre;  puis  à  la  loi  même  qui  les 
exprime,  laquelle  ne  les  rend  facilement  saisissables  que  dans  les  solutions 
très-chargées  du  principe  actif,  condition  que  le  défaut  de  solubilité  permet 
rarement  de  remplir.  Pour  s'en  convaincre  il  n'y  a  qu'à  considérer  deux 
valeurs  absolues  du  pouvoir  rotatoire  [a]r,  [a]',.,  qui  aient  été  obtenues, 
avec  les  proportions  e,  e',  du  dissolvant.  D'après  la  loi  de  leur  variabilité, 
on  aura 

[«]',■-  [«],  =  B(e'-e). 

Or  e,  e',  sont  toujours  des  fractions  moindres  que  l'unité;  et,  à  mesure 
qu'elles  approchent  de  celte  limite,  leurs  différences  e'  —  e,  deviennent  de 
plus  en  plus  petites,  pour  un  accroissement  égal  du  dissolvant,  ce  qui  rap- 


(    240    ) 

proche  graduellement  les  pouvoirs  rotatoires  de  l'égalité,  à  mesure  que 
la  dilution  augmente.  Supposons,  par  exemple,  une  série  de  solutions, 
dans  lesquelles  les  poids  du  dissolvant  croissent  par  quantités  constantes, 
toutes  égales  au  poids  de  la  substance  active,  qui  restera  invariable.  Alors, 
en  comparant  l'un  à  l'autre  deux  termes  consécutifs  de  cette  série,  le  coef- 
ficient e'  —  e,  deviendra  progressivement  ^>  — >  — ,  -^-,---,  en  général 

, r- r;  de  sorte  que,  si  le  défaut  de  solubilité  de  la  substance  active, 

ne  permet  pas  de  réaliser  les  premières  valeurs,  le  produit  B(e'  —  e),  s'af- 
faiblira tellement,  qu'il  se  confondra  avec  les  incertitudes  des  observations; 
et  alors  les  pouvoirs  rotatoires  paraîtront  constants,  surtout  si  l'on  n'a  pas 
encore  eu  l'occasion  de  reconnaître,  en  fait  général,  qu'ils  doivent  varier. 
C'est  ce  qui  m'est  arrivé  dans  mes  premières  expériences;  et  on  le  conce- 
vra facilement,  par  les  soins  que  j'ai  dû  prendre  aujourd'hui  même,  pour 
découvrir  des  indices  perceptibles  de  leur  variabilité  dans  quelques-uns 
des  systèmes  mixtes  que  j'avais  observés  alors,  avec  des  appareils  moins 
perfectionnés.  Si  l'acide  tartrique  en  solution  aqueuse,  nous  a  fait  aperce- 
voir ce  phénomène,  nous  le  devons  à  deux  circonstances  :  premièrement  à 
la  petitesse  du  coefficient  qui  exprime  la  portion  constante  de  son  pouvoir 
rotatoire,  tandis  que  le  coefficient  de  la  partie  variable  est  fort  considérable, 
ce  qui  le  rend  presque  seul  sensible  dans  les  observations;  secondement,  à 
la  grande  solubilité  de  cet  acide  qui,  aux  températures  ordinaires  de  l'été, 
peut  se  dissoudre  dans  un  poids  d'eau  moindre  que  le  sien,  ce  qui  permet 
de  le  suivre  dans  les  phases  de  dosage  où  la  variabilité  de  son  pouvoir  rota- 
toire est  la  plus  manifeste.  Aucun  autre  corps  connu,  ne  réunit  des  condi- 
tions si  favorables.  Pour  le  camphre,  par  exemple,  dans  les  solutions  alcoo- 
liques et  acétiques,  la  partie  constante  du  pouvoir  rotatoire  est  triple  du 
coefficient  de  variabilité  ;  et  il  a  fallu  toute  la  délicatesse  des  procédés  d'ob- 
servations que  l'on  possède  aujourd'hui,  pour  y  rendre  cette  propriété 
sensible  et  mesurable,  ayant  d'ailleurs  pour  but  spécial  de  l'y  rechercher. 

»  Toutefois,  dans  les  cas  même  où  l'on  ne  peut  réussir  à  la  rendre  immé- 
diatement manifeste,  l'expérience  fournit  encore  une  autre  voie,  indirecte 
à  la  vérité,  mais  non  moins  sûre,  pour  constater  qu'une  substance  active 
exerce  des  actions  moléculaires  sur  ses  dissolvants,  par  sa  seule  présence, 
sans  être  attaquée  chimiquement  par  eux  dans  sa  composition.  Pour  cela  il 
faut  voir,  si  son  pouvoir  rotatoire  spécifique  varie  d'intensité,  ou  de  sens,  à 


(  *4i  ) 
une  même  température,  quand  elle  est  placée  dans  des  dissolvants  inactifs 
de  diverse  nature.  Car  cette  faculté,  étant  propre  à  ses  particules,  ne  peut 
changer  ainsi,  en  présence  de  particules  naturellement  inactives,  à  moins 
d'en  être  impressionnées,  et  de  les  impressionner  réciproquement;  de 
manière  à  constituer  ensemble  un  nouveau  système  liquide,  possédant  des 
propriétés. moléculaires,  distinctes  de  ses  composants.  Or  on  a  déjà  beau- 
coup d'exemples,  de  ces  modifications  temporaires,  qui  ont  été  observes  sur 
des  substances  tout  à  fait  étrangères  aux  deux  acides  tartriques.  M.  Bou- 
chardat  en  a  découvert  plusieurs  dans  les  solutions  des  alcalis  organiques 
naturels  (i).  M.  Pasteur  en  a  constaté  de  pareilles  dans  les  solutions  aqueuses 
de  l'acide  Malique,  lequel,  à  une  même  température,  y  intervertit  le  sens 
de  son  action,  par  le  seul  changement  de  la  proportion  d'eau.  Ces  expé- 
riences, et  celles  que  je  viens  de  décrire,  dans  lesquelles  les  variations  du 
pouvoir  rotatoire  ont  pu  être  mesurées,  nous  autorisent  à  considérer  géné- 
ralement les  substances  douées  de  ce  pouvoir,  comme  formant  avec  leurs 
dissolvants  des  systèmes  liquides,  dont  toutes  les  molécules  sont  dans  un 
état  actuel  de  combinaison,  déterminé  par  leur  mutuelle  présence;  ce  qui 
est  le  résultat  que  j'avais  en  vue  d'établir,  dans  le  présent  travail. 

»  Les  études  que  j'ai  faites  pour  ce  but  sur  le  camphre,  m'ont  appris  de 
plus  qu'il  disperse  les  plans  de  polarisation  des  rayons  d'inégale  réfrangibi- 
lité,  suivant  un  mode  très-notablement  différent  du  quartz,  des  sucres  et 
des  huiles  essentielles.  La  faculté  qu'il  a  de  se  dissoudre  abondamment  dans 
ces  dernières,  m'a  servi  pour  composer  des  systèmes  mixtes,  qui  produisent 
dans  la  polarisation  circulaire,  des  effets  d'achromatisme  approximatif,  cor- 
respondants à  ceux  que  l'on  obtient  dans  la  réfraction  ordinaire,  avec  des 
verres  inégalement  dispersifs.  C'est  d'après  des  conditions  de  dosage,  fon- 
dées sur  ces  expériences,  et  que  je  leur  avais  communiquées,  que  MM.  De- 
sains  et  la  Provostaye,  ont  constaté  l'achromatisme  également  approché 
de  ces  systèmes  pour  les  rayons  calorifiques,  comme  ils  se  sont  plu  à  le 
reconnaître  dans  le  Mémoire  qu'ils  ont  présenté  à  l'Académie  sur  ce  sujet. 
Je  me  propose  de  lui  soumettre  prochainement  l'ensemble  de  ces  recherches, 
qui  donneront  de  nouvelles  preuves  des  mutuelles  réactions,  que  des  sub- 
stances actives,  chimiquement  neutres,  exercent  les  unes  sur  les  autres, 
quand  elles  sont  mises  en  présence,  à  l'état  de  fluidité.  » 

(i)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3e  série,  tome  IX,  pages  21 3  et  suivantes. 
C.  R.,  i85î,  1™  Semestre.  (T.  XXXV, N°  7.  )  3a 


(    *4»    ) 

MÉMOIRES  LUS. 

chimie.  —  Sur  de  nouveaux  procédés  généraux  d'analyse  chimique; 
par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville.   (Extrait  par  l'auteur.  ) 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Pelouze.) 

«  L'analyse  chimique  minérale  repose  essentiellement  sur  l'observation 
d'un  certain  nombre  de  réactions  que  l'on  a  appliquées  successivement  à 
la  détermination  des  éléments  d'une  matière  composée.  Dans  son  état  ac- 
tuel, cette  science  peut  être  considérée  comme  un  catalogue  de  propriétés 
distinctives  dont  l'usage  varie  avec  la  nature  des  mélanges  que  l'art  ou  la 
nature  fournit  à  notre  examen.  Les  personnes  qui,  par  leurs  travaux  ou 
dans  leur  enseignement,  ont  été  à  même  de  contrôler  par  l'expérience  ou 
de  discuter  les  méthodes  dont  l'ensemble  constitue  ce  catalogue,  ont  pu 
vérifier  souvent  que,  dans  bien  des  circonstances  encore  mal  observées, 
leur  emploi  devenait  vicieux.  C'est  qu'en  effet  certains  principes  généraux 
en  chimie  analytique  n'ont  pas  encore  été  assez  nettement  posés,  quoique  la 
théorie  permette  déjà  d'en  saisir  l'importance.  J'insisterai  principalement 
sur  le  rôle  que  joue  le  mode  d'agrégation  des  substances  au  moment  de 
leur  séparation,  d'où  proviennent  de  bons  ou  de  mauvais  résultats  dans 
l'application  des  méthodes  analytiques.  Toute  matière  gélatineuse,  formée  au 
sein  d'un  liquide,  entraîne,  en  se  séparant,  une  portion  des  matières  qui 
devraient  rester  en  dissolution  d'après  les  lois  connues,  mais  qui  n'y  obéis- 
sent plus  dès  quelles  sont  retenues  à  l'état  solide  dans  un  état  intermédiaire 
entre  la  combinaison  et  le  simple  mélange.  Sous  ce  point  de  vue,  l'alu- 
mine gélatineuse  et  le  charbon  animal  ont  des  propriétés  comparables. 
C'est  là  une  première  condition  d'exactitude  négligée  jusqu'ici  dont  il  faut 
nécessairement  se  préoccuper.  Aussi,  j'ai  dû  rechercher  tout  d'abord  le 
moyen  de  changer  l'état  physique  des  matières  sur  lesquelles  doit  porter 
l'action  des  réactifs,  en  évitant  d'une  part  la  division  extrême  des  parti- 
cules qui  détermine  la  séparation  des  matières  hétérogènes,  de  l'autre  un 
rapprochement  trop  considérable  qui  met  obstacle  à  leur  solubilité.  A  cet 
état  particulier  que  je  produis  facilement,  l'agrégation  des  molécules  est 
telle,  qu'on  peut  les  séparer  des  matières  solubles  sans  le  secours  du  filtre 
de  papier,  dont  l'emploi  se  trouve  ainsi  restreint  à  un  très- petit  nombre 
de  cas. 

»  On  a  dû  remarquer  aussi  que  toutes  les  fois  qu'une  matière  doit  se 


(  **3  ) 

séparer  d'un  liquide  sous  forme  cristalline,  le  temps  nécessaire  à  sa  préci- 
pitation complète  n'est  pas  compris  dans  les  limites  que  lui  assignent  nos 
opérations  les  plus  communes. 

»  Pour  tenir  compte  des  difficultés  de  ce  genre,  des  réformes  dans  les 
procédés  les  plus  usuels  de  la  chimie  sont  indispensables.  Je  les  ai  entre- 
prises depuis  longtemps,  et  je  suis  parvenu  à  la  solution  du  problème  dans 
tous  les  cas  que,  pour  procéder  avec  ordre,  j'avais  dû  me  poser  d'abord, 
c'est-à-dire  pour  les  métaux  usuels  des  premières  sections. 

»  Je  dois  ajouter  que  j'ai  rendu  plus  difficiles  les  conditions  de  ce  pro- 
blème en  m'astreignant  à  certaines  règles  auxquelles,  j'en  suis  sûr,  l'ana- 
lyse chimique  devra  plus  tard  un  grand  degré  de  certitude  et  de  précision. 
Je  crois,  par  exemple,  qu'il  faut  employer  exclusivement  des  réactifs  vola- 
tils, de  manière  que  l'épreuve  de  leur  pureté,  sous  certains  rapports,  puisse 
s'effectuer  immédiatement  au  moyen  d'une  simple  lame  de  platine.  Je  ferai 
remarquer  également  que  les  réactifs  employés  à  l'état  de  gaz  ont  été  trop 
négligés,  et  que  les  habitudes  introduites  dans  la  science  par  les  opérations 
de  chimie  organique  rendront  plus  facile  l'adoption  de  moyens  de  cette 
nature.  Dernièrement,  M.  Rivot,  en  donnant  pour  la  séparation  du  fer  et 
de  l'alumine  sa  méthode  fondée  sur  l'emploi  de  l'hydrogène,  a  fait  voir  les 
bons  résultats  que  peuvent  procurer  des  réactions  de  ce  genre. 
^»  Les  procédés  que  je  propose  sont  applicables  aux  métaux  usuels  des 
deux  premières  sections,  y  compris  le  fer  et  le  manganèse;  si  je  ne  généra- 
lise pas  davantage,  c'est  qu'il  est  indispensable  de  contrôler  par  de  sévères 
épreuves  tout  ce  qui  doit  être  proposé  comme  méthode  analytique,  et  que 
l'expérience  me  manque  encore  sur  certains  points.  Ces  moyens  sont  fondés 
en  général  sur  des  réactions  fort  simples.  Ainsi,  j'utilise  le  degré  de  résis- 
tance qu'opposent  certains  sels  à  la  décomposition  par  le  feu  :  les  nitrates 
métalliques,  par  exemple,  quand  ils  sont  composés  soit  avec  des  bases  à  un 
atome  d'oxygène,  soit  avec  des  bases  susceptibles  de  se  suroxyder,  soit  avec 
des  bases  à  3  atomes  d'oxygène.  J'ai  réussi  à  donner  à  ces  calcinations  à 
température  très-basse,  un  degré  de  précision  dont  les  résultats  sont  faciles 
à  constater.  On  remarquera  qu'en  procédant  ainsi  on  amène  les  matières  à 
séparer  à  un  état  tel,  qu'elles  n'ont  pu  encore  se  combiner  entre  elles,  mais 
qu'elles  sont  désormais  incapables  de  s'entraîner  mutuellement. 

»  Je  m'appuie  encore  sur  une  propriété  qui  est  commune  à  toutes  les 
bases  à  un  atome  d'oxygène  que  j'ai  examinées  jusqu'ici,  c'est  qu'elles  dépla- 
cent complètement  l'ammoniaque  des  sels  ammoniacaux  et  du  nitrate  d'am- 
moniaque que  j'emploie  de  préférence. 

•  3a.. 


(  *44  ) 

»  Pour  contrôler  facilement  les  résultats  de  ces  méthodes,  il  suffit  de  les 
appliquer  à  la  séparation  de  deux  corps  qu'aucun  autre  moyen  n'isole 
complètement,  l'alumine  et  la  magnésie. 

»  Pour  que  des  méthodes  de  ce  genre  soient  applicables,  il  est  nécessaire 
de  changer  entièrement  le  mode  d'attaque  des  minéraux  insolubles.  Ce  n'est 
qu'à  regret  qu'un  chimiste  introduit  en  mélange,  dans  la  substance  qu'il 
doit  analyser,  trois  ou  quatre  fois  son  poids  d'une  matière  (le  carbonate  de 
soude  et  de  potasse)  dont  la  pureté  échappe  à  presque  toute  vérification 
facile.  C'est  pourtant  ce  que  l'on  prescrit  partout  pour  l'attaque  des  silicates 
et  des  sulfates.  Il  suffit  de  comparer  entre  elles  les  compositions  des  sili- 
cates naturels  solubles  et  insolubles  dans  les  acides,  pour  constater  qu'une 
très-petite  portion  d'une  base  fixe  ajoutée  aux  derniers  doit  les  rendre  atta- 
quables. Aussi,  en  employant  une  quantité  de  chaux  très-petite  relativement 
au  poids  de  la  matière,  le  quart  au  plus,  on  la  transforme  par  la  fusion  en 
un  verre  homogène  attaquable  et  dans  lequel  il  sera  facile  de  doser  même 
la  chaux  qui  s'y  trouve  naturellement.  Le  disthène,  une  des  matières  les  plus 
rebelles  aux  réactifs  chimiques,  s'analyse  très-facilement  par  ce  procédé. 
J'ai  vérifié  d'ailleurs  que  la  chaux  est  un  corps  qu'il  est  facile  de  se  procu- 
rer en  grande  quantité  avec  une  pureté  absolue;  c'est  de  plus  un  de  ceux 
qui  se  dosent  le  plus  rigoureusement  (i). 

»  Quant  à  la  réduction  des  sulfates  et,  en  particulier,  des  sulfates  de  ba- 
ryte, de  strontiane  et  de  chaux ,  j'emploie  pour  l'effectuer  un  agent  pré- 
cieux pour  ces  sortes  d'actions  :  le  gaz  hydrogène  chargé  de  vapeurs  de  sul- 
fure de  carbone. 

»  Il  m'est  impossible,  dans  cet  extrait,  d'entrer  dans  les  détails  indispen- 
sables pour  que  l'application  de  mes  méthodes  soit  rigoureuse.  J'ai  désiré 
simplement  en  faire  connaître  les  principes  et  le  but  pour  les  soumettre  à 
l'appréciation  de  l'Académie.  » 

physiologie.  —  Recherches  ayant  pour  but  d'administrer  aux  malades  qui 
ne  digèrent  point,  des  aliments  tout  digérés  par  le  suc  gastrique  des 
animaux.  —  Albumine  d'œuf  ;  par  M..  Lucien  Corvisart. 

(Commissaires,  MM.  Magendie,  Pelouze,  Andral,  Rayer.) 
«  J'ai  extrait  d'un  travail  expérimental  sur  la  digestion,  ayant  pour  but 

(i)  Un  avantage  des  méthodes  de  ce  genre,  qui  se  manifeste  dans  ce  cas-ci  surtout,  c'est 
qu'on  doit  prouver,  en  évaporant  les  eaux  qui  ont  tenu  en  dissolution  les  matières  analysées, 
qu'elles  ne  contiennent  plus  aucun  élément  fixe.  Cette  vérification  peut  faire  éviter  bien  des 
erreurs. 


(  245  ) 

d'administrer  aux  malades  dont  l'estomac  ne  digère  point,  des  aliments  tout 
digérés  par  le  suc  gastrique  des  animaux,  les  résultats  suivants,  qui  m'ont 
paru  offrir  quelque  intérêt. 

»  Ces  résultats  ne  portent,  au  reste,  que  sur  un  point  très-limité  de  ce 
travail,  basé  sur  plus  de  trois  cents  expériences. 

»  Il  existe  dans  le  blanc  d'ceuf  une  quantité  assez  fixe  d'une  matière 
animale  soluble  dans  l'eau,  qui  résiste  à  la  coagulation  par  la  chaleur,  pré- 
cipite par  l'alcool,  le  sublimé,  l'azotate  de  plomb,  la  noix  de  galle  même 
acidulée,  c'est-à-dire  qui  présente  les  réactions  que  M.  Mialhe  attribue  à  ce 
qu'il  appelle  albuminose. 

»  Dans  ioo  grammes  de  blanc  d'œuf,  représentant  i5  grammes  de  maté- 
riaux solides,  cette  matière  est  comprise  pour  ogr,o,o  environ. 

»  Elle  vient  de  l'albumine  et  non  des  membranes  ;  car,  à  part  la  mem- 
brane ovine  générale  que  j'ai  toujours  négligée  dans  mes  expériences,  le 
poids  des  autres  n'excède  point  ogr,io. 

»  On  ne  peut  obtenir  cette  matière  qu'en  faisant  subir  à  l'œuf  quelques 
manipulations  ou  réactions  ;  dès  lors  il  reste  un  doute,  à  savoir  si  réelle- 
ment elle  leur  préexiste  ;  mais  de  deux  choses  l'une  :  ou  bien  cette  matière 
préexiste,  ou  bien  une  seule  partie  de  l'albumine  est  telle,  qu'elle  puisse 
subir  la  modification  propre  à  lui  donner  naissance. 

»  La  méthode  qu'on  a  employée  pour  l'extraire  lui  donne  des  propriétés 
différentes. 

»  Lorsqu'on  coagule  l'œuf  dans  sa  coque,  la  matière  qu'on  obtient 
ensuite  par  les  lavages  ne  trouble  nullement  par  l'acide  nitrique  et  diffère 
du  tritoxyde  de  protéine  de  Mulder. 

»  Lorsqu'on  coagule  l'albumine  préalablement  délayée  dans  l'eau,  la 
matière  trouble  par  l'acide  nitrique,  fait  qui  me  paraît  fort  remarquable  et 
qui  la  rapproche  beaucoup  de  l'albumine. 

»  Que  l'albumine  ait  été  coagulée  par  l'une  ou  par  l'autre  méthode,  un 
poids  donné  d'albumine  fournit  un  poids  très- semblable  de  cette  matière 
dans  les  deux  cas,  c'est  la  même  substance. 

»  Elle  diffère  de  l'albumine  en  ce  qu'elle  n'est  point  coagulable  par  la 
chaleur;  je  n'ai  point  trouvé  que  l'acide  chlorhydrique  pur,  qui  la  dissout, 
la  colorât  en  violet  :  il  y  avait  couleur  caramel. 

»  Cette  matière  est  moins  soluble  dans  l'eau  pure  à  froid  qu'à  chaud. 

»  Je  n'ai  point  trouvé  dans  le  blanc  d'œuf  coagulé  par  l'une  ou  l'autre 
méthode,  ce  que  M.  Mialhe  appelle  albumine  modifiée,  caséiforme;  une 
fois  la  matière  dont  j'ai  parlé  enlevée,  il  n'y  avait  plus,  même  à  l'aide  de 


(  a46  ) 

lavages  tièdes  avec  le  carbonate  de  potasse,  aucune  matière  animale,  quel- 
que peu  soluble  qu'accusât  même  la  sensibilité  si  grande  de  la  noix  de 
galle. 

»  L'œuf  pondu  depuis  une  heure,  un,  deux,  trois  ou  quatre  jours,  et 
frais,  contient  la  même  quantité  de  cette  substance  pour  un  poids  égal. 

»  Plusieurs  expériences  ont  été  faites  avec  le  même  œuf  divisé  en  trois 
portions  et  coagulées  chacune  à  une  époque  plus  éloignée. 

»  Il  en  a  été  de  même  dans  plusieurs  expériences  où  j'avais  laissé  putré- 
fier dans  l'eau  pendant  six,  huit  et  dix  jours,  sous  l'influence  de  l'humidité 
et  d'une  température  de  20  à  40  degrés  centigrades,  de  l'albumine  coagulée, 
tantôt  dans  sa  coque,  tantôt  à  l'état  de  dilution  dans  l'eau. 

»  Dans  tous  les  cas,  la  matière  obtenue  après  la  coagulation,  par  l'une  ou 
l'autre  méthode,  a  présenté  les  mêmes  différences  quant  à  l'action  de  l'acide 
nitrique. 

»  Ces  'données  acquises,  j'ai  cherché  quelle  était  l'action  du  suc  gas- 
trique sur  l'albumine  d'œuf. 

»  Le  blanc  d'œuf  coagulé  dans  sa  coque,  écrasé  finement,  soumis  à  la 
digestion  artificielle,  puis  lavé  et  filtré,  m'a  fourni  une  matière  jouissant 
des  mêmes  propriétés  que  si  j'avais  agi  seulement  avec  l'eau. 

»  Le  blanc  d'œuf  cru,  délayé  dans  l'eau,  soumis  à  la  digestion  artifi- 
cielle, puis  coagulé,  lavé  et  filtré,  m'a  donné  une  solution  précipitable  par 
l'acide  nitrique,  présentant,  en  un  mot,  les  mêmes  caractères  qu'il  aurait 
présentés  sous  l'influence  de  la  coagulation  dans  l'eau,  sans  digestion  arti- 
ficielle. 

»  La  quantité  de  cette  matière,  dans  les  deux  cas,  ayant  toujours  été, 
après  l'action  du  suc  gastrique,  supérieure  à  celle  que  l'eau  pure,  soumise 
aux  mêmes  conditions,  m'aurait  donnée,  j'ai  acquis  la  certitude  que  cette 
matière,  naturellement  extraite  de  l'œuf,  comme  on  a  vu,  pouvait  être 
fournie  par  le  suc  gastrique  comme  produit  de  digestion. 

»  L'albumine  coagulée  dans  sa  coque,  épuisée  de  cette  matière  par  des 
lavages  nombreux ,  jusqu'à  ce  que  la  noix  de  galle  ne  trouble  plus  les 
eaux  même  concentrées ,  fut  soumise  alors  seulement  à  l'action  du  suc- 
gastrique;  elle  me  donna  une  nouvelle  quantité  de  matière  présentant 
exactement  les  mêmes  caractères  que  celle  que  les  premiers  lavages  avaient 
donnée  avant  l'action  du  suc  gastrique,  c'est-à-dire  que  l'acide  nitrique  ne 
la  précipitait  point,  etc. 

»  L'albumine,  épuisée  par  l'eau  de  cette  matière,  en  avait  fourni,  sous 
l'influence  du  suc  gastrique,  une  toute  nouvelle  et  toute  semblable. 


(  *47  ) 

»  Le  suc  gastrique  est  impuissant  à  transformer  toute  l'albumine  en  cette 
substance,  il  n'en  transforme  qu'une  portion;  souvent  je  retirais  le  double 
du  poids  que  l'eau  seule  aurait  fourni. 

»  Par  ces  digestions  artificielles,  je  n'ai  jamais  pu  transformer  plus  d'un 
tiers  de  l'albumine  (évaluée  privée  d'eau)  que  renfermait  réellement  le 
blanc  d'œuf,  en  le  mettant  dans  les  meilleures  conditions  que  l'expérience 
m'avait  apprises;  l'autre  portion  réfractaire  pouvait  se  désagréger  plus  ou 
moins,  mais  ne  se  transformait  pas. 

»  Pour  étudier  ces  meilleures  conditions,  j'ai  varié  les  doses  soit  de  suc 
gastrique,  soit  d'albumine,  prolongé  l'action,  varié  la  température,  pré- 
senté le  blanc  d'œuf  sous  diverses  formes;  mon  but  n'était-il  pas  de  fournir 
aux  malades  cette  substance  directement  assimilable,  et  partant  de  la  faire 
le  plus  simplement,  le  plus  sûrement  et  le  plus  abondamment  possible? 

»  Une  partie  de  suc  gastrique  et  6  parties  d'eau  pour  2  parties  de  blanc 
d'œuf  naturel,  maintenues  vingt-quatre  heures  à  une  température  constante 
de  38  à  4o  degrés  centigrades,  m'ont  donné  les  meilleurs  résultats;  chose 
remarquable,  si  l'on  songe  qu'on  avait  considéré  la  dilution  dans  l'eau 
comme  une  chose  défavorable. 

»  Les  résultats  sont  très-inférieurs  si  l'on  emploie  moins  d'eau. 

»  Ce  n'est  point  que  la  matière  ait  seulement  besoin  de  beaucoup  d'eau 
pour  se  dissoudre;  car,  après  une  opération  faite  avec  du  suc  gastrique  non 
dilué,  les  lavages  répétés  accusent  l'infériorité  des  résultats. 

»  L'abondance  de  l'eau  est  nécessaire  pour  que  la  substance  se  fasse. 

»  Hors  les  conditions  que  j'ai  énumérées,  qu'on  prolonge  l'action  un 
jour,  deux  jours  et  même  jusqu'à  commencement  de  putréfaction,  qu'on 
mette  une  grande  quantité  de  suc  gastrique  pour  peu  d'albumine,  les  résul- 
tats sont  toujours  médiocres. 

»  Ni  les  acides  légers,  ni  les  alcalis  étendus,  ne  nous  ont  fourni,  en 
l'absence  du  suc  gastrique,  une  quantité  de  matière  supérieure  à  celle  que 
fournissait  l'eau  pure  :  le  suc  gastrique  agissait  par  sa  matière  propre. 

»  Après  ces  digestions,  l'albumine  inattaquée  était  absolument  réfrac- 
taire; ni  les  alcalis,  ni  les  acides  dilués  n'enlevaient  à  cette  albumine, 
épuisée  par  le  suc  gastrique,  aucune  nouvelle  quantité  de  matière  animale 
soluble. 

»  Notre  but  n'est  point  de  déterminer  la  nature,  l'unité  ou  la  spécialité 
de  cette  matière  soluble  ;  la  chose  capitale  pour  notre  sujet,  c'est  la  trans- 
formation, à  l'aide  de  l'albumine,  d'une  matière  digérée  quelle  qu'elle  soit.. 

»  Quoiqu'il  soit  clair  que  cette  substance  est  une  émanation  de  l'albu- 


(  248  ) 

raine,  nous  n'avons  point  observé  l'état  intermédiaire  appelé  par  M.  Mialhe 
albumine  modifiée,  caséiforme. 

»  Dès  lors,  la  série  de  modifications  comparables  à  amidon,  dextrine  et 
glucose  manquant,  nous  craignons  que  le  mot  albuminose  soit  ici  impropre, 
d'autant  plus  que  les  caractères  assignés  par  M.  Mialhe  sont  partagés  par 
d'autres  substances  animales;  il  ne  paraît  point  encore  temps  de  lui  donner 
un  nom  chimique  aussi  significatif.  Il  serait  peut-être  plus  prudent  de  lui 
donner  un  nom  simplement  physiologique,  exalbumine  par  exemple,  qui 
montrerait  seulement  son  émanation. 

»   J'appelle  l'attention  sur  les  points  suivants  : 

»  i°.  La  présence  dans  lœuf  d'une  substance  pareille  à  celle  qui  prend 
naissance  de  l'albumine  dans  les  digestions  opérées  par  le  suc  gastrique  ; 
dès  lors,  sans  doute,  propre  à  la  nutrition  de  l'embryon,  comme  elle  est 
propre  à  la  nutrition  de  l'animal  parfait; 

»  2°.  La  transformation  de  l'albumine  en  cette  substance,  dont  les  pro- 
priétés se  modifient  avec  la  plus  grande  facilité,  circonstance  favorable  à  la 
production  des  tissus; 

»  3°.  L'impuissance  où  est  l'albumine  d'en  fournir,  sous  l'influence  du 
suc  gastrique,  au  delà  d'une  certaine  quantité  ;  ce  qui  montre  bien  que 
toutes  les  substances  azotées  ne  sont  pas  exclusivement  et  entièrement  digé- 
rées par  le  suc  gastrique,  et  que  les  fèces  pourraient  bien  provenir,  non 
d'une  insuffisance  accidentelle,  mais  d'une  insuffisance  constante  de  cette 
action  ; 

»  4°-  La  nécessité,  pour  obtenir  cette  matière,  de  présenter  à  l'albumine 
une  grande  quantité  d'eau,  en  rapport  avec  l'usage  populaire  de  boire  un 
verre  d'eau  après  un  œuf; 

»  5°.  La  possibilité  de  donner  aux  malades  dont  l'estomac  ne  digère 
point,  i  gramme  seulement  de  cette  substance  pour  équivaloir  à  .un  blanc 
d'œuf  entier  ;  résultat  qui  présente  encore  ses  analogues  :  ne  sait-on  pas 
combien  nourrit  un  bouillon,  quoiqu'il  contienne  si  peu  de  matières,  mais 
de  matières  très-nutritives?  C'est  plus  encore  pour  cette  substance,  car  elle 
est  toute  digérée.  » 

physiologie  végétale.  —  Origine  et  composition  des  fibres  ligneuses  et  des 
fibres  du  liber;  par  M.  Aug.  Trécul. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  de  .Tussieu,  Brongniart, 

Richard.) 

«  Lorsque  l'on  examine  à  l'aide  du  microscope  une  coupe  tran'sversale 


(  *49  ) 
de  la  tige  ligneuse  d'un  végétal  dicotylédoné,  à  l'époque  où  l'écorce  se 
sépare  du  bois  avec  facilité,  on  remarque  que  les  tissus  récemment  formés 
se  partagent  en  deux  zones  concentriques  :  l'une,  interne,  devient  ligneuse 
et  emboîte  l'aubier  formé  l'année  précédente;  l'autre,  externe,  devient  cor- 
ticale et  se  range  par  conséquent  du  côté  de  l'écorce.  C'est  à  l'ensemble  dé- 
cès deux  zones  ou  plutôt  à  leurs  parties  les  plus  jeunes  que  M.  de  Mirbel 
a  donné  le  nom  de  couche  régénératrice  (ou  plus  simplement  génératrice), 
parce  que  c'est  dans  cette  partie  du  végétal  que  naissent  les  éléments  cellu- 
laires qui  doivent  concourir  à  l'accroissement  en  diamètre  du  tronc. 

»  La  couche  génératrice  n'est  donc  point  un  tissu  d'une  nature  spéciale; 
elle  tient  à  la  fois  de  l'écorce  et  du  bois.  Mais  comment  s'opère  la  multi- 
plication des  cellules  dans  son  intérieur,  et  comment  ces  cellules  se  trans- 
forment-elles d'une  part  en  bois,  et  d'autre  part  en  écorce?  Voilà  ce  qu'au- 
cun des  phytotomistes  n'a  décrit  d'une  manière  précise  jusqu'à  ce  jour. 

»  Des  observations  que  je  fis  en  1849,  et  (lue  j'a*  été  assez  heureux  pour 
pouvoir  renouveler  cette  année,  m'ont  démontré  que  c'est  par  le  fraction- 
nement des  utricules  préexistantes  que  les  fibres  sont  produites. 

»  Si,  au  lieu  d'examiner  cette  tige  de  dicotylédoné,  à  l'époque  à  la- 
quelle l'écorce  se  détache  aisément,  on  l'observe  plus  tôt,  avant  que  la  vé- 
gétation ou  la  multiplication  utriculaire  ait  recommencé  dans  l'intérieur 
de  la  plante,  ces  parties  les  plus  récentes  du  bois  et  de  l'écorce  peuvent 
se  présenter  sous  deux  états.  J'y  ai  vu  quelquefois  une  couche  de  bois  seu- 
lement ébauchée,  c'est-à-dire  dont  les  éléments,  au  premier  période  de 
leur  développement,  n'étaient  point  complètement  lignifiés,  comme  si 
leur  accroissement  avait  été  arrêté  par  les  premiers  froids  de  l'automne; 
mais  le  plus  souvent  j'ai  trouvé  la  couche  ligneuse  de  l'année  précédente 
bien  conformée,  composée  de  fibres  à  parois  épaisses,  ayant  en  un  mot 
toutes  les  apparences  de  l'aubier.  La  couche  qui  l'environnait  et  qui  le  sé- 
parait de  la  dernière  formation  libérienne,  était  d'un  tissu  utriculaire  uni- 
forme, ayant  l'aspect  du  tissu  cellulaire  cortical  le  plus  interne. 

»  A  cette  époque  donc,  l'écorce  et  le  bois  sont  bien  distincts;  leur  déli- 
mitation est  nettement  tranchée.  Comment  arrive-t-il  qu'un  peu  plus  tard 
cette  ligne  de  démarcation  n'est  plus  aussi  évidente,  de  manière  qu'il  n'est 
pas  possible  de  dire  précisément  :  cette  cellule  appartient  à  l'aubier,  celle-ci 
fait  partie  de  l'écorce? 

»  Si  l'on  épie  soigneusement  le  départ  de  la  végétation,  on  verra  appa- 
raître entre  la  zone  externe  de  l'aubier  et  la  couche  cellulaire  interne  de 
l'écorce,  d'abord  une  rangée  de  cellules  à  parois  brillantes;  puis  à  l'exté- 

C.  R.,  »85a,  a"»»  Semestre.  (T.  XXXV,  N«  7.)  33 


(  a5o  ) 

rieur  de  chacune  de  ces  utricules  nouvelles,  s'en  développe  une  seconde  ; 
puis  une  troisième,  une  quatrième,  etc.,  succèdent  aux  premières,  et 
toutes  se  disposent  le  plus  ordinairement  en  séries  rayonnantes,  qui  souvent 
continuent  les  séries  des  fibres  de  l'aubier.  On  les  reconnaît  dès  lors 
pour  de  très-jeunes  fibres  ligneuses,  et  l'on  a  pu  se  convaincre  qu'elles  ne 
sont  pas  générées  par  les  éléments  de  l'aubier;  d'un  autre  côté,  on  est 
assuré  qu'il  n'existe  aucun  liquide  mucilagineux  entre  le  bois  et  l'écorce 
qui  ait  pu  leur  donner  naissance;  mais  j'ai  souvent  cru  remarquer  qu'elles 
étaient  le  résultat  du  dédoublement  des  cellules  à' apparence  corticale  les 
plus  internes. 

»  Si  l'on  fait  une  coupe  longitudinale  parallèle  aux  rayons  médullaires, 
on  reconnaît,  ainsi  que  je  l'ai  démontré  antérieurement,  que  ces  cellules, 
qui  sont  oblongues,  constituent  des  séries  horizontales  rayonnantes,  super- 
posées ou  alternes  suivant  qu'elles  sont  dans  le  même  plan  on  dans  des 
plans  différents. 

»  Mes  observations  en  étaient  là  quand  je  partis  pour  l'Amérique,  et 
c'est  pendant  mon  voyage  que  je  parvins  à  découvrir  le  mode  de  formation 
de  ces  utricules.  C'est  principalement  sur  des  ormes,  des  peupliers,  des 
robiniers  et  des  platanes  que  je  fis  mes  observations.  Un  croquis  que  j'ai 
retrouvé  m'a  été  fourni  par  YUlnius  rubra.  Cette  figure  montre  que  les 
jeunes  éléments  fibreux  résultent  du  fractionnement  des  cellules  mères  dans 
lesquelles  j'ai  pu  compter  jusqu'à  quinze  cloisons  verticales,  qui  paraissent 
avoir  été  produites  au  fur  et  à  mesure  que  la  cellule  mère  s'allongeait  ho- 
rizontalement. 

»  Dernièrement,  j'ai  observé  le  même  mode  de  division  des  cellules  dans 
le  tronc  du  Paulownia  imperialis,  mais  cette  fois  sur  une  coupe  transver- 
sale. De  même  que  dans  l'orme,  les  cellules  mères  ont  produit  jusqu'à  quinze 
et  même  ici  dix-sept  utricules,  et  les  plus  jeunes  de  ces  cellules  mères,  dans 
l'orme  comme  dans  le  Paulownia,  se  confondaient  avec  les  cellules  corti- 
cales les  plus  internes. 

»  Ainsi  ce  serait  le  tissu  cellulaire  interne  de  l'écorce.  ou  des  cellules 
qui  n'en  peuvent  être  distinguées,  qui  renouvellerait  à  la  fois  et  les  fibres 
ligneuses  et  les  utricules  corticales. 

»  Je  m'empresse  d'ajouter  que  je  ne  veux  pas  dire  pour  cela  que  le  jeune 
tissu  ligneux  n'est  pas  apte  à  reproduire  des  éléments  fibreux  et  corticaux; 
au  contraire,  que  tous  les  jeunes  tissus  végétaux  sont  susceptibles  de  se  méta- 
morphoser suivant  les  besoins  de  la  plante.  Je  reviens  à  mon  observation. 

»  Les  éléments  fibreux,  dans  l'état  où  je. les  ai  laissés,  n'ont  point  encore 


(  ^5,  ) 

la  forme  qu'ils  doivent  avoir  plus  tard;  ce  ne  sont  que  de  simples  cellules 
oblongues,  rectangulaires  ou  arrondies  par  les  extrémités,  dont  les  parois 
n'ont  que  très-peu  d'épaisseur.  Comment  prennent-elles  la  forme  de  fuseau? 
Comment  ces  cellules,  si  courtes,  peuvent-elles  devenir,  ou  plutôt  donner 
lieu  à  des  tubes  allongés,  telS  qu'on  les  connaît  généralement?  J'ai  observé 
plusieurs  fois  ce  phénomène  pendant  mon  voyage,  et  depuis  mon  retour  je 
l'ai  vu  de  nouveau  sur  le  Paulownia  et  sur  le  Robinia  pseudo  acacia. 

»  Le  Paulownia  surtout  est  très-favorable  pour  cette  observation  ;  sa 
végétation  étant  très-active,  on  a  souvent  sur  la  même  coupe  plusieurs 
phases  du  développement  des  fibres  ligneuses.  En  effet,  j'ai  souvent  remar- 
qué sur  des  tranches  longitudinales,  parallèles  aux  rayons  médullaires,  les 
modifications  suivantes.  On  s'aperçoit  tout  d'abord  que  les  cellules  sont 
disposées  en  séries  horizontales  dans  le  voisinage  de  l'écorce,  ainsi  que  je  l'ai 
dit  plus  haut,  et  que  cet  ordre  n'est  plus  perceptible  dans  les  parties  ligneuses 
complètement  développées.  Ici,  la  cellule  proprement  dite  est  indistincte;  on 
ne  peut  que  très-difficilement  suivre  une  fibre  d'une  extrémité  à  l'autre. 
Un  examen  attentif  fait  découvrir  la  transition  de  la  cellule  oblongiie  ou 
rectangulaire  au  long  tube  fibreux.  En  allant  de  la  circonférence  au  centre, 
de  la  partie  la  plus  jeune  à  la  plus  âgée,  on  voit  d'abord  au  sommet  ou  à  la 
base  de  chaque  cellule,  ou  aux  deux  extrémités  à  la  fois,  se  former  une 
proéminence,  une  pointe  d'abord  courte,  souvent  un  peu  latérale,  qui  s'al- 
longe insensiblement,  s'introduit  et  se  glisse  entre  les  cellules  situées  au- 
dessus  et  au-dessous  ;  on  a  alors  des  cellules  fusiformes,  les  clostres  de 
Dutrochet.  La  métamorphose  ne  s'arrête  pas  là  :  les  parois  plus  ou  moins 
obliques  qui  unissent  deux  cellules  superposées,  disparaissent  fréquemment, 
et  constituent  ainsi  des  tubes  quelquefois  un  peu  recourbés,  d'une  manière 
analogue  à  ce  qui  se  passe  dans  la  formation  de  certains  vaisseaux. 

»  Cette  atrophie  des  parois  cellulaires  pour  donner  naissance  à  des  fibres 
ligneuses,  m'a  été  démontrée  d'une  manière  non  moins  apparente  par  un 
accident  survenu  à  la  surface  d'une  tige  de  Robinia,  dont  l'écorce  avait  été 
enlevée.  La  plaie  s'était  recouverte  par  les  moyens  ordinaires,  par  des  pro- 
ductions qui  se  firent  aux  bords  de  la  plaie,  et  parcelles  qui  se  manifestèrent 
à  la  surface  de  la  couche  génératrice  dénudée.  C'est  dans  l'intérieur  de 
celle-ci  que  j'observai  le  phénomène  dont  je  veux  parler. 

»  Les  cellules  les  plus  externes  de  la  couche  génératrice  s'étaient  trans- 
formées en  une  masse  de  tissu  utriculaire  ordinaire  ;  les  plus  internes  avaient 
continué  à  se  développer.  La  plupart  de  celles-ci  conservèrent  leur  forme 
rectangulaire;  et  par  leur  superposition  suivant  des  lignes  verticales,  et  la 

33.. 


(    252    ) 

modification  de  quelques-unes  d'entre  elles  qui,  de  distance  en  distance, 
s'arrondissaient  ou  le  plus  souvent  se  terminaient  en  pointe  par  une  de  leurs 
extrémités,  on  avait  comme  de  grandes  fibres  ligneuses  divisées  transversale- 
ment par  un  nombre  variable  de  cloisons.  Quelques-unes  de  ces  cloisons 
étaient  déjà  en  partie  ou  en  totalité  résorbées.* 

»  Je  terminerai  en  disant  que  je  n'ai  pas  encore  d'opinion  bien  arrêtée  sur 
l'origine  des  cellules  libériennes;  que,  cependant,  je  suis  porté  à  croire  que 
les  fibres  du  liber  sont  aussi  composées  de  plusieurs  cellules  superposées  ; 
car  j'ai  fréquemment  vu,. dans  celles  du  tilleul  et  du  Robinia,  des  lignes 
transversales,  distribuées  avec  régularité,  qui  semblaient  être  les  indices 
d'anciennes  cloisons.  Sur  la  paroi  externe  de  ces  fibres,  vis-à-vis  ces  sortes 
de  cloisons,  existait  quelquefois  un  angle  rentrant,  comme  on  en  voit  ordi- 
nairement à  la  jonction  de  deux  utricules.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

physiologie  végétale.  —   accroissement  en  diamètre  des  tiges  ; 
par  M.  Durand,  de  Caen. 

(Commissaires  nommés  pour  le  Mémoire  de  M.  Trécul  :  MM.  de  Jussieu, 

Brongniart,  Richard.  ) 

«  Relativement  à  cet  accroissement,  je  me  suis  posé  les  trois  questions 
suivantes  :  i°  Peut-il  se  former  des  couches  ligneuses  sans  la  sève  descen- 
dante, quelle  que  soit  la  signification  qu'on  donne  à  cette  sève?  20  peut-il 
se  produire  des  couches  ligneuses  sans  l'intervention  de  bourgeons  quel- 
conques? 3°  y  a-t-il  une  similitude  complète  entre  les  tissus  utriculaires 
primitifs  ou  parenchymateux,  et  les  tissus  fibro-vasculaires?    . 

»  Pour  avoir  la  réponse  à  ces  questions,  j'ai  institué  des  expériences 
qui  peuvent  se  diviser  en  trois  séries,  parce  qu'elles  ont  été  faites  :  i°  sur 
des  arbres  portant  du  gui;  20  sur  des  troncs  d'arbres  dépourvus  de  bran- 
ches, de  feuilles,  même  de  matière  verte;  3°  enfin,  sur  des  betteraves.  Les 
dessins  qui  doivent  accompagner  la  description  de  ces  expériences  et  leurs 
résultats  ne  sont  pas  encore  terminés.  Cependant  je  sens  le  besoin  de  sou- 
mettre immédiatement  au  jugement  de  mes  maîtres,  sous  forme  de  résumé, 
et  mes  procédés  et  les  résultats  qu'ils  m'ont  donnés.  On  pourra  plus  tôt 
répéter  ce  que  j'ai  fait,  obtenir  ce  que  j'ai  obtenu,  et  peut-être  fixer,  d'une 
manière  définitive,  la  question  qui  est  en  débat  depuis  Duhamel  et  de  la 
Hire. 


(  *53  ) 

«  §  I.  Expériences  faites  sur  des  arbres  portant  du  gui.  —  L'illustre 
de  Candolle,  raisonnant  d'après  la  théorie  de  la  sève  descendante,  pour 
expliquer  la  formation  des  couches  ligneuses  dans  les  tiges  des  dicotylé- 
dones, s'exprime  en  ces  termes  sur  la  végétation  du  gui  :  «  Le  gui  produit 
»  sur  la  branche  qui  le  porte  un  effet  analogue  à  une  section,  ou  à  une 
»  ligature,  de  l'écorce;  au-dessus  du  gui,  il  se  forme  un  bourrelet  d'au- 
»  tant  plus  gros,  que  le  tronc  même  du  gui  approche  davantage  de  la 
»  grosseur  de  la  branche  qui  le  porte  (i).  Le  gui,  qui  pompe  de  l'eau  et 
»  ne  rend  rien,  peut  croître  sur  toutes  les  plantes  dicotylédones  dont  la 
»  sève  ascendante  est  aqueuse.  D'après  cela ,  si  l'on  fait  une  section  circu- 
»  laire  à  l'écorce  d'une  branche  de  pommier  terminée  par  une  houppe  de 
»   gui,  il  ne  se  formera  pas  de  bourrelet  au  côté  supérieur  (2).  » 

»  J'ai  pratiqué  depuis  1846,  sur  des  branches  de  peuplier  portant  du 
gui,  des  décortications  annulaires.  Ces  décortications  ont  été  faites  un  peu 
au-dessous  de  la  houppe  de  gui;  entre  la  décortication  et  le  gui,  il  n'y 
avait  ni  feuilles  ni  bourgeons;  au-dessus  du  gui,  la  branche  de  peuplier  a 
été  coupée. 

»  Ces  décortications  ont  été  abandonnées  à  elles-mêmes;  il  ne  s'est 
développé  sur  la  portion  de  la  branche  de  peuplier  existant  entre  la  décor- 
tication et  le  gui,  ni  feuilles,  ni  bourgeons.  Dès  la  première  année  de  l'ex- 
périence, il  s'est  formé  à  la  lèvre  supérieure  de  chaque  décortication  un 
bourrelet  considérable,  qui  a  augmenté  progressivement  d'année  en  année. 

»  Chaque  bourrelet  a  été  examiné  avec  soin,  et  on  l'a  trouvé  composé 
de  couches  ligneuses  dont  les  fibres  se  continuaient  jusqu'aux  fibres  des 
couches  du  gui. 

»  Les  mêmes  décortications  ont  été  faites  sur  des  pommiers,  sur  le 
Robinia,  etc.,  etc.,  et  elles  ont  donné  lieu  aux  mêmes  remarques. 

»  Ces  expériences  prouvent  donc  que  des  bourrelets  ligneux  se  forment 
aussi  bien  à  la  lèvre  supérieure  de  décortication^  faites  sur  des  branches 
terminées  par  des  houppes  de  gui,  que  sur  des  branches  qui,  étant  dépour- 
vues de  ce  parasite,  sont  terminées  par  des  feuilles  et  des  bourgeons. 

»  J'ai  choisi  un  pommier  dont  presque  toutes  les  branches  portaient  du 
gui.  Au-dessus  du  gui  j'ai  coupé  les  branches  de  l'arbre;  les  branches 
qui  ne  portaient  pas  de  gui  ont  été  coupées  près  du  tronc.  Après  cette 
opération,  qui  avait  été  faite  pendant  l'hiver,  le  pommier  n'avait  d'autre 

(1)  Physiologie  végétale,  page  1  /f  1 1. 

(2)  Ibid.,  pige  791. 


(  *.§<  ) 

matière  verte  que  celle  du  gui.  Au  printemps  il  s'est  développé,  à  l'endroit 
où  les  branches  du  pommier  dépourvues  de  gui  avaient  été  coupées,  des 
bourgeons  :  on  a  enlevé  ces  bourgeons  au  fur  et  à  mesure  de  leur  appari- 
tion. Nonobstant  ces  circonstances,  l'arbre  a  continué  de  végéter,  et  il  a 
formé,  chaque  année,  une  couche  ligneuse. 

»  §  II.  Troncs  d'arbres  produisant  des  couches  ligneuses,  sans  feuilles . 
sans  bourgeons  apparents  et  sans  matière  verte.  —  A  im,5o  au-dessus  du 
sol,  un  vieil  orme  a  été  coupé.  L'arbre  ainsi  mutilé  n'était  plus  qu'une 
portion  de  tronc  sous  l'écorce  duquel  se  trouvaient  des  bourgeons  adven- 
tifs,  agglomérés  et  saillants,  de  manière  à  former  des  loupes.  La  plaie  a  été 
recouverte  de  terre  plastique.  L'expérience  a  été  faite  avant  l'hiver. 

»  Au  moment  de  la  végétation,  quelques  bourgeons  se  sont  développés 
à  l'extérieur  de  l'écorce,  et  ont  produit  des  feuilles;  bourgeons  apparents 
et  feuilles  ont  été  enlevés  avec  beaucoup  de  soin,  à  mesure  qu'ils  parais- 
saient. Pour  s'assurer  aisément  de  l'accroissement  de  l'arbre,  on  a  fait  une 
incision  à  sa  base. 

»  Le  tronc  d'arbre  a  végété  et  il  a  formé  une  couche  ligneuse.  Les  années 
suivantes,  les  mêmes  faits  se  sont  produits,  c'est-à-dire  que  sans  bourgeons 
apparents,  sans  feuilles,  même  sans  parties  vertes,  il  s'est  formé  dans  cet 
arbre,  chaque  année,  une  couche  ligneuse  (i). 

»  La  même  expérience  faite  sur  des  troncs  de  tQJeul  pourvus,  comme 
celui  de  l'orme,  de  bourgeons  sous  l'écorce,  a  donné  les  mêmes  résultats. 

»  §  1TI.  Betteraves.  —  Sur  une  betterave  sortie  de  terre,  on  a  fait  une 
incision  annulaire^  Cette. incision  a  été  pratiquée  à  5  centimètres  au-dessous 
de  la  partie  ou  se  développent  les  feuilles  et  les  bourgeons.  La  betterave 
a  été  tranchée  immédiatement  au-dessous  de  l'insertion  des  premières 
feuilles,  seulement  on  a  ménagé  sur  un  des  côtés  de  la  plante  un  bourgeon 
encore  à  l'état  rudimentaire.  Ce  bourgeon  s'est  développé,  la  betterave 
s'est  accrue  dans  toutes  s#s  parties.  Au-dessous  du  bourgeon,  il  s'est  formé 
un  mamelon  qui  a  été  examiné,  et  qu'on  a  trouvé  composé  de  cinq  nou- 
velles couches  ligneuses;  mais  ces  couches  ne  faisaient  pas  le  tour  de  la 
betterave,  elles  étaient  circonscrites  par  le  mamelon.  A  droite  et  à  gauche 
du  mamelon,  la  plante  n'avait  que  le  nombre  de  couches  ligneuses  qu'elle 
possédait  avant  l'expérience,  lequel  était  de  sept.  Le  diamètre  de  la  bette- 
rave avait  cependant  considérablement  augmenté  dans  les  parties  qui  n'é- 

(i)  Aucune  des  racines  de  ce  tronc  d'orme  n'était  greffée  avec  les  racines  d'un  orme 
entier. 


(  a55  ) 

taient  pas  sons  le  mamelon.  Cet  accroissement  était  dû  uniquement  à  du 
tissu  cellulaire.  , 

»  Quant  à  la  décortication  annulaire,  voici  ce  qu'elle  a  présenté  :  un 
bourrelet  entièrement  cellulaire  existait  à  la  lèvre  inférieure,  un  bourrelet 
ligneux  considérable  se  trouvait  sous  le  bourgeon;  les  autres  bords  delà 
lèvre  supérieure,  qui  n'étaient  pas  sous  le  mamelon,  étaient  sans  bour- 
relet. 

»  La  même  expérience  a  été  répétée  de  la  même  manière,  sauf  que  l'in- 
cision annulaire  a  été  faite  à  10  centimètres  au-dessous  de  la  partie  supé- 
rieure de  la  betterave.  Les  résultats  ont  été  les  mêmes;  seulement,  le  bour- 
relet correspondant  au  bourgeon  était  un  peu  moins  fort  que  si  l'incision 
eût  été  faite  5  centimètres  plus  haut. 

»  Ces  expériences  prouvent,  au  moins  pour  les  betteraves,  que  lès  tissus 
parencbymateux  peuvent  se  former  en  quantité  considérable,  acquérir  tout 
leur  développement  sans  se  transformer  en  tissu  fibreux. 

»  Je  pourrais  ajouter  que  l'apparition  des  fibres  a  eu  lieu  en  même  temps 
([lie  le  développement  du  bourgeon  ;  que,  dans  son  état  primitif,  le  bour- 
geon était  complètement  cellulaire,  et  que  l'évolution  des  fibres  a  eu  lieu  de 
liant  en  bas  à  partir  du  bourgeon. 

»  Mais  je  ne  veux  rien  préjuger  sur  les  conséquences  des  expériences 
consignées  dans  cette  Note;  je  n'ai  d'autre  intention  que  celle  de  mettre 
les  physiologistes  à  même  de  répéter  ces  expériences  et  de  vérifier  leurs 
résultats,  en  attendant  que  je  les  publie  avec  plus  de  détail.  » 

rnvsiOLOGiE.  —  Expériences  démontrant  que  l'origine  du  nerf  sympathique 
est  dans  la  moelle  épinière.  (Note  de  M.  Budge.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Magendie,  Flourens,  Pouillet.) 

«  Les  expériences  que  j'ai  faites  en  commun  avec  M.  Waller  ont  prouvé 
que  l'irritation  d'une  certaine  partie  de  la  moelle  épinière  provoque  la  dila- 
tation des  pupilles,  {Voir  les  Comptes  rendus  de  l'académie,  7  octobre 
i85i.)  Mais,  si  l'on  coupe  le  nerf  sympathique  d'un  côté  seulement,  et 
qu'ensuite  on  irrite  la  moelle  épinière,  la  pupille  correspondante  au  nerf 
sympathique  qui  n'a  pas  été  coupé,  est  la  seule  qui  se  dilate;  l'autre  n'é- 
prouve rien. 

»  Il  résulte  incontestablement  de  cette  expérience  que  la  dilatation  de  la 
pupille,  par  suite  de  l'irritation  de  la  moelle  épinière,  n'a  lieu  qu'au  moyen 
du  nerf  sympathique.  Mais  cela  ne  prouve  pas  encore  que  le  nerf  sympa- 


(  256  ) 

thique  ait  son  origine  dans  la  moelle  épinière;  car  il  est  facile  de  trouver 
une  autre  explication  de  ce  phénomène.  En  effet,  on  peut  supposer  que  le 
nerf  sympathique  naît  des  ganglions  spinaux,  puisque  l'on  a  observé  que 
des  fibres  nerveuses  primitives  sortent  des  globules  des  ganglions  périphé- 
riques. Dans  cette  hypothèse,  on  pourrait  regarder  les  ganglions  comme  des 
organes  centraux,  et  penser  que  les  fibres  dont  l'irritation  provoque  la  dila- 
tation de  la  pupille  se  dirigent  vers  les  ganglions  comme  vers  des  centres,  et 
que  les  ganglions  ont  la  faculté  d'opérer  un  mouvement  réflexe,  comme  le 
lait  la  moelle  épinière  dans  les  cas  ordinaires.  Pour  éclaircir  cette  question, 
j'ai  fait  les  observations  suivantes  : 

»  Après  avoir  mis  à  nu,  sur  un  lapin,  la  première  et  la  deuxième  paires 
des  nerfs  pectoraux,  à  l'endroit  où  ils  sortent  de  la  moelle  épinière,  j'ai  ir- 
rité, en  la  tenant  isolée,  la  racine  postérieure  de  la  première  paire;  et  cette 
irritation  a  amené  la  dilatation  de  la  pupille.  Aussitôt  j'ai  coupé  cette  racine 
tout  près  de  la  moelle  épinière,  et  j'ai  irrité  de  nouveau  cette  partie  ainsi 
séparée  de  la  moelle,  sans  que  la  pupille  éprouvât  la  moindre  dilatation. 
J'ai  ensuite  irrité  la  racine  antérieure  du  même  nerf,  et  il  s'en  est  suivi  une 
très-grande  dilatation  de  la  pupille  correspondante. 

»  On  peut  en  conclure  que,  dans  ce  cas,  le  ganglion  n'est  pas  l'organe 
réflecteur;  car  autrement  l'irritation  de  la  racine  postérieure  aurait  produit 
la  dilatation  de  la  pupille,  même  après  que  cette  racine  eût  été  coupée. 

»  J'ai  fait  la  même  expérience  sur  la  deuxième  paire  des  nerfs  pectoraux, 
et  j'ai  obtenu  exactement  le  même  résultat;  d'où  j'ai  conclu  que  l'origine 
première  du  nerf  sympathique  est  dans  la  moelle  épinière. 

»  Mais  comme,  chez  les  Mammifères,  l'opération  dont  il  s'agit  est  très- 
violente,  que  l'hémorragie  est  plus  considérable,  et  que  la  sensibilité  dis- 
paraît plus  vite,  j'ai  voulu  faire  la  même  démonstration  sur  des  grenouilles, 
qui  peuvent  vivre  encore  longtemps  après  l'ouverture  de  l'épine  dorsale  et 
même  après  des  lésions  de  la  moelle  épinière;  et  ces  expériences  ont  par- 
faitement réussi.  Je  les  indiquerai  en  peu  de  mots. 

»  i  °.  Si  l'on  coupe  le  nerf  sympathique  sur  une  grenouille,  au-dessous  du 
ganglion  du  nerf  pneumo-gastrique,  la  pupille  correspondante  se  rétrécit 
au  bout  d'une  heure  et  demie  ;  et  la  membrane  nictitante  s'avance  plus  ou 
moins  sur  la  cornée,  comme  l'a  observé  le  célèbre  Petit. 

»  a°.  Si  l'on  coupe  la  racine  postérieure  du  deuxième  nerf  spinal  (nerf 
brachial),  la  pupille  correspondante  se  rétrécit  également  dans  beaucoup 
de  cas;  mais  ce  phénomène  n'a  pas  toujours  lieu,  et,  lorsqu'il  se  produit, 
il  ne  dure  pas  longtemps. 


(  *57  ) 

»  3°.  Si  l'on  coupe  la  racine  postérieure  et  la  racine  antérieure  du  même 
nerf,  la  pupille  se  rétrécit  et  persiste  dans  cet  état. 

»  4°-  La  deuxième  et  la  troisième  expérience  s'appliquent  également  au 
troisième  nerf  spinal. 

»  5°.  On  obtient  des  effets  encore  plus  considérables,  en  coupant  les 
deux  racines  de  ces  deux  mêmes  nerfs. 

»  6°.  Si  l'on  extirpe  la  moitié  de  la  moelle,  derrière  le  troisième  nerf,  on 
ne  remarque  aucun  effet  sur  la  pupille  correspondante. 

»  J'ai  montré  à  une  réunion  de  Membres  de  la  Société  scientifique  de  la 
Prusse  rhénane  une  collection  de  grenouilles  vivantes  sur  lesquelles  avaient 
été  faites  ces  différentes  opérations,  et  ils  ont  pu  constater  tous  les  phéno- 
mènes que  je  viens  de  rapporter.  » 

M.  Charlier  adresse  de  nouveaux  documents  relatifs  à  ses  précédentes 
communications  sur  la  castration  des  vaches  par  le  vagin,  et  sur  les  résul- 
tats d'une  opération  semblable  pratiquée  sur  une  jument  qui,  très-vicieuse 
avant  la  castration,  est  devenue  depuis  ce  temps  douce  et  facile  à  manier 
sans  que  sa  santé  ait  paru  d'ailleurs  en  souffrir.  A  cet  envoi  est  jointe  une 
observation  de  congestion  apoplectique  de  l'utérus  et  des  ovaires  chez  une 
vache,  avec  épanchement  de  sang  dans  l'abdomen. 

(Commissaires  précédemment  désignés  :  MM.  Serres,  Rayer,  Lallemand.  ) 

M.  Lekiche  présente,  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  Chi- 
rurgie, la  description  et  la  figure  d'un  instrument  destiné  à  l'exploration 
de  l'utérus  et  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  spéculophore. 

L'auteur  ayant  exprimé  le  désir  que  son  instrument  pût  être  l'objet 
d'un  Rapport  verbal,  MM.  Roux,  Lallemand  et  Velpeau  sont  invités  à  en 
prendre  connaissance. 

M.  Gérard  envoie,  pour  le  concours  concernant  les  moyens  de  rendre 
un  art  ou  un  métier  moins  insalubre,  un  Mémoire  sur  divers  procédés  qu'il  a 
imaginés  pour  le  travail  du  caoutchouc  et  la  fabrication  du  sulfure  de  car- 
bone, produit  très-important  dans  ce  genre  d'industrie  et  dont  la  prépara- 
tion était  accompagnée  de  graves  inconvénients  que  l'auteur  croit  être  par- 
venu à  atténuer  très-notablement. 

(Commission  des  Arts  insalubres.) 

C.  R.,  1852,  *™*  Semestre.  (T.  XXXV,  N»  7.)  34 


(  a58  ) 

M.  Mazade  adresse  un  nouveau  Mémoire  sur  l'analyse  chimique  des 
eaux  minérales  de  Neyrac  (Ardèche). 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  déjà  nommée  pour  de  précédentes 
communications  de  l'auteur  sur  le  même  sujet,  Commission  qui  se 
compose  de  MM.  Berthier,  Balard  et  Bussy.  ) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Mimstre  de  l'Instruction  publiqve  accuse  réception  d'une 
double  copie  des  Instructions  qui  avaient  été,  sur  sa  demande,  préparées 
par  l'Académie  pour  le  voyage  de  M.  E.  Deville  dans  l'Amérique  du  Sud. 

M.  Arago,  qu'une  indisposition  momentanée  empêche  d'assister  à  la 
séance,  envoie  des  épreuves  lithophotographiques  qu'il  devait  présenter  au 
nom  de  MM.  Lemercier,  Lerebours  et  Rarreswil. 

Le  procédé  au  moyen  duquel  ces  épreuves  ont  été  obtenues,  procédé 
que  les  auteurs  se  proposent  de  rendre  public  dès  qu'ils  jugeront  l'avoir 
amené  à  perfection,  a  été  décrit  par  eux  dans  une  Note  déposée  sous  pli 
cacheté  dans  la  séance  du  28  juin  dernier. 
astronomie.  —    Observations  faites.,   par   M.    A.   Graham,   au    grand 

équatorial  de  V observatoire  de  M.  E.  Cooper,  à  Markree  {micromètre 

à  lames  carré,  et  champ  obWur).  Communiquées  par  M.  Le  Verrier. 

Comète  d'Encke. 


Temps  moyen 

Étoiles 

Nombre 

de  Greenwich. 

a 

i 

comparées. 

desobserv 

852.   Janvier  17,304752 

h       m      s 

23. 11 . 17,87 

°     1     » 
-+-  4-3i  24,4 

a 

10 

304^52 

1 1 . i6,g5 

4.31.25,8 

b 

IO 

304752 

"•'7>79 

4.31.27,9 

c 

IO 

20,296745 

i5. 1 1 ,82 

4.50.14, 4 

d 

,10 

23>294799 

19.19,54 

5. 10.25,6 

e 

10 

294799 

19.19.39 

5. 10. 3o, 1 

f 

10 

294799 

19.19.20 

5. 10.27,8 

g 

10 

294799 

19.19,28 

5. 10. 24, 1 

h 

10 

24,294310 

20  45, 3o 

5.17.39,8 

gi 

10 

300704 

20.45,79 

5.17  41,1 

a. 

10 

Février  1 3, 3 14821 

23.54.     7<22 

8.  0.37,5 

k 

10 

21 ,319601 

O.    9.26,45 

9 .  0 . 35 , 1 

l 

8 

24,307928 

i5.   7, 10 

9. 1 5. 25,5 

m 

10 

328856 

i5.  9, 3 1 

9.15.29,9 

m 

10 

25,3o74o5 

16.57,75 

9. 18. 32, I 

n 

10 

323g4g 

16.59,24 

9.18.34,9 

n 

10 

Mars     3,322882 

0.26.22,89 

-+-  9.  6.27,5 

0 

9 

4 . 34 • 3o , 26 

a 

4.34.28,38 

a 

4 .  36 . 1 2 , 96 

b 

4-36. 14,26 

b 

4-3o  22,72 

c 

44i  43,i4 

d 

5.22. 3o, 36 

e 

5.  i3  46, 3o 

f 

5.i5.43,88 

g 

5. i5.4o,49 

g 

8.  7.57,82 

k 

9.19  48,65 

n 

m 


»  Ces  positions  ont  été  corrigées  de  la  parallaxe,  d'après  l'éphéméride  de 
M.  Stratford. 

Positions  moyennes  pour  1 852 ,  o  des  étoiles  de  comparaison,  avec  les  réductions  pour  les 

époques  des  observations. 

B.  A.  C.  .  8127  23   12.48,19  —   1,60  4' 34- 26,46  —  6,99  a 

Weisse. . . .  229  11.17,70  —   1,61  4-36.   8,74' —  7,00  b 

»  252  12.38,19  —  1,60  4'3o.2i,37  —  7,o5  c 

Riimker,  A.  S.  N.  XII.   i38  i4-3i,ig  —  1,62  4*4I'38,go  —   7,25  d 

Weisse....  34o  16  5o,3o  —  i,63  5.22.25,80  —  7,4°  e 

»  359  17.50,11  —  1,62  5.i 3. 4 ',04  —  7,44  f 

»  4'3  20.44,02  —  1 ,61  5.i 5. 38, 80  —  7,46  g 

»  4l4  20.44,68  —   1,61  5  17.   5,4o  —  7,4^  h 

»  4'3  20.44,02  —  1,60  5.i5.38,8o  —  7,37  g, 

B.  A.  C.  8353  23.54.49,50  —   1,61  8.   7.58,80  —  8,70  * 

Weisse....  126  o.   7.47,66  —  1,61  8.55.42,93  —  9»°9  ' 

»  280  16.19,99  —  1,60  9.  6.  5,59  —  9,20 

»  317  ig.i5,68  —   1,60  9.19.46,94  —  9>25 

»  436  0.25.49,61  —  1,61  8.57.11,96  —  9,62 

Positions  moyennes  des  mêmes  étoiles,  d'après  d'autres  catalogues. 

h       m       s  " 

Piazzi 49  2.3.12.47,82 

Rùmker,   A.   S     N.   XII.    i38  12.48,22 

Piazzi 43  11. 16,20 

Lalande.  . . .       4^638  11.16,57 

45683  12.37,98 

»                45753  i4.3i,o5 

458i8  i6.49,85 

45848  17-49,86 

»                4^952  20.43,67 

Rùmker,  A.   S.  N.    XII.  i38            20.44,14 

»                     »  i3g      23.54  49 > 72 

Lalande....           563  0.19.15,21 

NOTES. 
Janvier  1 7 .  Soupçonné  une  légère  condensation,  non  pas  au  centre,  mais  au  nord-est.  Comète 
excessivement  faible  et  très-difficile  à  observer.  L'absence  de  noyau  distinct 
rend  nécessairement  les  observations  incertaines. 
»     20 .   La  comète  ressemble  à  une  très-faible  nébulosité  ,  un  peu  condensée  vers  la  par- 
tie nord.  Je  crains  que  cette  condensation  n'ait  été  causée  par  de  petites  étoiles 
vues  à  travers  la  comète  pendant  l'observation  ,  qui  a  été  d'ailleurs  extrême- 
ment difficile  et  incertaine. 
»      a3 .    Observation  aussi  satisfaisante  qu'il  est  possible  d'en  faire  sur  un  objet  aussi 
faible.  Je  n'ai  jamais  été  si  frappé  que  ce  jour-là  de  la  nature  éminemment  va- 
poreuse de  ces  astres. 

34.. 


(  a6o  ) 

Janvier  24.  La  comète  était  nord  suivant  par  rapport  à  4^4  &e  Weisse  ;  la  proximité  de  cette 
étoile  et  la  présence  de  la  Lune  ont  augmenté  la  difficulté  de  l'observation. 
Observation  peu  sûre,  quoique  faite  avec  soin. 
Février  i3.  Le  changement  d'éclat  de  la  comète  dépasse  toute  attente.  C'est  maintenant  un 
brillant  objet,  d'une  lumière  parfaitement  blanche.  Elle  ressemble  à  une  belle 
nébuleuse  ronde  avec  une  concentration  de  lumière,  mais  sans  noyau.  La  né- 
bulosité faible  qui  l'entoure  ne  paraît  pas  s'étendre  autant  dans  la  direction 
nord-est  que  dans  l'autre  sens. 
.>     21.   Parfaitement  visible.  Semblable  à  une  nébuleuse  ronde ,  entourée  d'une  atmo- 
sphère qui  s'efface  graduellement. 
»     24.   Parfaitement  visible.  Observation  faite  avec  grand  soin, 
v     25.   Observation  faite  avec  grand  soin. 
Mars  8.    Observé  un  objet  près  du  lieu  où  la  comète  devait  se  trouver  ;  mais  son  éclat  était  si 
concentré  et  si  vif,  que  j'ai  lieu  de  craindre  que  ce  n'ait  été  une  étoile.  En  tous 
cas ,  en  voici  la  position  : 

Mars       8, 336i8i  *«?  oh29m4s,35  7"*  i'o^i",^ 

Weisse  ^6  -fc      oh  27m5is,44  — 's>6i   70  19' 53", 22  —  10",  10. 

Je  ne  pouvais  voir  l'étoile  5io  de  Weisse.  L'objet  observé  était  très-bas,  et  le  ciel 
s'est  couvert  avant  que  l'observation  ait  pu  être  complétée  d'une  manière  satis- 
faisante. 
i      10.  La  comète  a  été  cherchée  en  vain  par  un  ciel  passablement  clair. 

Psyché. 


Temps  moyen 

« 

Etoiles 

Nombrt 

de    Greenwich. 

« 

8 

de 

comp. 

des  obs, 

852.  Avril  12, 474 '49 

ti       mi 
9.5o.     8,62 

-f-[9.32ii]:A 

+ 

0       1       h 
•3-47- '9»9 

+[0.7609]: 

\ 

a 

10 

12,506741 

5o.  8,88 

9.4167 

47.24,2 

0.7734 

a 

10 

1 3, 404241 

5o.    7,58 

8. 8475 

47.42,9 

0.7439 

a, 

IO 

i7,398385 

5o. 15,90 

8.9081 

4g.   3,2 

0.7443 

«, 

■4 

24,377393 

51.16,99 

9  094° 

46.36,6 

0.7483 

«, 

5 

24,386856 

9  5i. 16,77 

9l557 

i3.46.3g, 1 

0.7505 

«3 

2 

Mai     22,4645oi 

10.  4-4°>84 

9 . 5o43 

12.47.10,4 

0.8018 

* 

5 

475595 

10.  4.40, 79 

-f-[g.5i52]:A 

+12.47.   8,9 

+[0.8068]: 

A 

b 

5 

»  Les  coefficients  de  la  parallaxe  sont  des  logarithmes  .  A  =  distance  de 
la  planète  à  la  Terre. 

Positions  moyennes  des  étoiles  de   comparaison  pour  i852,o,  et  réductions  à  l'époque  des 

observations. 

h         m        »  «  Of»  11 

Cercle  mér.  de  Markree.       5  obs. 


Weisse 45 


9- 

foi' .09 

-t-o,43 

i3 

5i. 

32 

,80 — 2,95 

a 

» 

+0,42 

» 

—2,88 

a 

» 

+0,37 

» 

—2,61 

a 

» 

+0,28 

» 

—2,18 

a 

10. 

3 . 4o . 09 

+0,00 

12 

.45 

,5i 

.88—0,71 

b 

[0.8047]  'A 

a 

5 

0.8047 

a 

5 

0 . 8092 

b 

5 

0 . 8092 

b 

5 

0,8024 

c 

6 

0 . 8024 

c 

5 

0.8073 

c 

5 

[0.8073]:  A 

c 

5 

(  a6i  ) 
»  D'après  M.  Rùmker,  l'étoile  a  a  pour  coordonnées  : 
AS.N.  Xïï 161  9.49.10.87  i3.5i.33  o 

NOTE. 

Avril  1 3  .  Vent  fort.  Je  crains  que  l'observation  ne  soit  mauvaise. 

Thétis. 
Temps  moyen 
de    Grecnwich.  a 

h      m       s  o     f        g 

i852.Mai    24,482979  n. 58. 18,27  +[g.4o45]:A  +8.8.10,1     ■ 

482979  58.  i8,36           94o45  8.10,4 

501960  58.18,91           9.4452  8.  5,9 

501960  58. 18, g3           g. 4452  8.  5,5 

25,468457  58.41,96           9.3729  3  19,8 

468457  58.42,i3           9.2729  3.20,6 

4goi6o  58.42,61           g. 4263  3.i3,8 

4goi6o  n.58.42,5i  +[9.4263]:  A  +8.3. 14, 4     +[0.8073]:  A 

»  Les  coefficients  numériques  de  la  parallaxe  sont  des  logarithmes. 
A  =  distance  de  la  planète  à  la  Terre. 

Positions  moyennes  pour  i852,o,   des  étoiles  comparées,  et  réductions  pour  l'époque  des 

observations. 

h       m       s  8  o        f        1/  1, 

Weisse ■•   973  11  56.43,86+0,63  8.  i3.3o,83— 1,65         « 

»  971  56.43,oo+o,63  1 3. 58,i  3 — 1,65         b 

»  968  ii.56.33,65+o,62  8.  0.38,4g—  •  >65         <■■ 

géologie.  —  De  l'altération,  par  voie  naturelle  et  artificielle,  des  roches 
silicatêes,  au  moyen  de  l'acide  suljhydrique  et  de  la  vapeur  d'eau; 
par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deviixe. 

«  J'ai  fait  connaître,  dans  un  précédent  travail,  la  composition  des 
roches  qui  constituent  la  soufrière  de  la  Guadeloupe  et  le  cratère  de  sou- 
lèvement qui  l'entoure.  Dans  un  second  Mémoire,  j'ai  étudié  les  effets  de 
désagrégation  et  de  décomposition  qu'exercent  sur  ces  roches  les  vapeurs 
sulfureuses  qui  s'échappent  du  sommet  et  des  flancs  du  cône  volcanique. 

»  Pour  donner  l'idée  du  genre  d'altération  subie  par  la  roche',  il  me 
suffira  de  transcrire,  comparativement,  l'analyse  de  la  roche  intacte  et 
l'analyse  de  l'un  des  états  d'altération  qu'elle  atteint.  Cet  état  n'est  pas  pré- 
cisément le  dernier,  qui  correspond  à  la  réduction  de  la  roche  primitive  en 
une  argile  jaunâtre,  plastique.  L'échantillon  auquel  s'applique  l'analyse 


(  lai  ) 

suivante  (1),  présente  l'aspect  d'une  pâte  grise,  homogène,  où  le  fer  est 
resté  au  minimum  d'oxydation,  et  l'on  y  distingue  encore  des  points  d'un 
blanc  mat,  correspondant  aux  cristaux  détruits  de  feldspath  labrador.  La 
ténacité  y  est,  d'ailleurs,  presque  nulle,  et  la  roche  se  divise  sous  les  doigts 
avec  la  plus  grande  facilité. 


ROCHE    DE    LA    SOUFRIERE    INTACTE. 


Silice 57  ,g5 

Alumine i5,45 


MÊME    ROCHE    ALTÉRÉE    NATURELLEMENT. 


Potasse. 

Soude 

Chaux 

Magnésie 

Protoxyde  de  manganèse. 

Protoxyde  de  fer 

Eau 


o,56 
3,o3 
8,3o 
2,35 

!,45 

9.45 


Préalablement 

Avec  l'eau 

desséchée. 

combinée. 

62,71 

5o,79 

27,59 

22,32 

0,71 

0,55 

3,02 

2,42 

0,20 

0,17 

» 

» 

6,29 

5,io 

» 

18,98 
100,34 

I0O,52 

98,49 

»  La  comparaison  des  deux  premières  analyses  montre  que  l'action  des 
vapeurs  sur  la  roche  a  pour  effet  d'entraîner  la  presque  totalité  des  alcalis, 
de  la  magnésie,  et  la  plus  grande  partie  de  la  chaux  et  du  fer  :  la  propor- 
tion de  silice  s'accroît,  au  contraire,  légèrement,  et  celle  de  l'alumine  est 
presque  doublée. 

»  Dans  les  cavités  de  la  montagne,  on  trouve  des  incrustations  de  sul- 
fate de  chaux,  quelquefois  de  l'alun,  de  la  silice  concrétionnée  :  il  s'en 
écoule  des  sources  contenant  du  sulfure  de  sodium,  et  d'autres  dissolvant 
une  notable  quantité  de  fer  (a)  ;  enfin,  les  fumerolles  se  composent  essen- 
tiellement de  vapeur  d'eau,  à  o,5  ou  96  degrés,  entraînant  une  assez  grande 
quantité  de  soufre,  qui  se  dépose  sur  les  parois  et  à  l'orifice  des  fentes,  et 
où  se  décèle  de  temps  en  temps  l'odeur  si  caractéristique  de  l'hydrogène 
sulfuré. 

»  Les  réactions  dans  ces  phénomènes  naturels  paraissent  donc  assez 


(1)  Cette  dernière  analyse  a  été  faite  en  suivant  une  méthode  nouvelle  applicable  à  tous  les 
silicates ,  qui  appartient  à  mon  frère. 

(2)  Ici  le  fer  paraît  avoir  été  transformé  ultérieurement  en  carbonate  ,  puis  en  peroxyde  ; 
mais  de  la  soufrière  de  la  Dominique  s'échappe  un  ruisseau  assez  abondant ,  dont  les  eaux 
sont  chargées  de  sulfate  de  fer,  et  contiennent  un  excès  d'acide  sulfurique. 


(  a63  ) 

claires,  et  l'on  trouve  sur  les  lieux  tous  les  éléments  qui  permettent  de  les 
établir  rationnellement. 

»  J'ai  cherché  à  les  reproduire  artificiellement. 

»  Pour  cela,  j'ai  fait  arriver  dans  une  cornue  contenant  de  l'eau  dis- 
tillée, qu'on  maintenait  au  point  de  l'ébullition,  un  courant  d'air  et  un 
courant  d'acide  sulfhydrique.  Ces  trois  gaz  ou  vapeurs  passaient  mélangés, 
et  à  une  température  voisine  de  ioo  degrés,  sur  des  fragments  de  la  roche 
de  la  soufrière,  disposés  à  cet  effet  dans  une  allonge.  Le  liquide  se  conden- 
sait dans  un  ballon  et  était  recueilli.  Des  vapeurs  s'échappaient,  consistant 
en  vapeur  d'eau,  acide  sulfhydrique  et  soufre,  dont  une  partie  se  déposait 
sur  les  parois  du  tube  abducteur. 

»  Cette  expérience  a  duré  plusieurs  mois,  mais  d'une  manière  discon- 
tinue. On  a  fait  ainsi  passer  100  litres  d'eau  environ  sur  19  grammes  de 
la  roche.  Cette  eau,  évaporée,  a  laissé  un  résidu  peu  abondant,  contenant 
du  soufre.  Après  calcination  au  petit  rouge,  le  résidu  a  été  repris  par  l'acide 
chlorhydrique,  et  la  portion  dissoute  contenait  : 

Acide  sulfurique o,323 

Chaux o ,  1 26 

Peroxyde  de  fer o ,  o38 

»  L'excès  d'acide  sulfurique,  qui  reste  après  la  saturation  de  la  chaux, 
erait  sans  doute  employé  à  saturer  les  alcalis,  qui  n'ont  pas  été  dosés. 

»  L'examen  des  fragments  de  roche  soumis  à  l'expérience  indiquait  une 
altération  sensible.  Ils  étaient  devenus  poreux,  avaient  un  aspect  fritte  tout 
particulier,  étaient  imprégnés  de  soufre  :  la  plupart  s'écrasaient  sous  une 
légère  pression.  Ils  contenaient,  supposés  anhydres,  plus  de  17  pour  100 
d'alumine. 

»  Cette  expérience,  que  je  me  propose  de  continuer  jusqu'à  l'entière 
altération  de  la  roche,  prouve  déjà  incontestablement  que  l'action  combinée 
de  l'acide  sulfhydrique,  de  l'air  et  d'un  courant  de  vapeur  d'eau  à  100 
degrés,  sur  une  roche  silicatée,  poreuse  comme  celle  de  la  soufrière,  est 
susceptible  de  transformer  en  sulfates  les  bases  alcalines,  terreuses  et  métal- 
liques qui  entrent  dans  sa  composition.  Elle  se  rapproche  essentiellement 
du  fait  si  intéressant,  constaté  par  M.  Dumas,  de  la  transformation  immé- 
diate en  acide  sulfurique,  au  contact  de  l'air  et  de  matières  poreuses,  de 
l'hydrogène  sulfuré  qui  s'échappe  des  eaux  minérales. 

»  D'un  autre  côté,  le  phénomène  des  eaux  minérales,  dites  sulfureuses, 
me  paraît  exactement  le  même  que  celui  qui  se  passe  aux  fumerolles  volca- 


(  *64) 

niques,  aux  lagoni,  etc.  Toutes  les  circonstances  physiques  et  chimiques 
peuvent  presque  s'identifier  de  part  et  d'autre. 

»  Il  reste,  à  la  vérité,  cette  question  assez  délicate  de  la  présence  simul- 
tanée dans  ces  eaux  des  sulfates  et  des  sulfures  alcalins.  L'expérience  pré- 
cédente prouve  que  les  premiers  peuvent  se  former  directement  sans  l'in- 
termédiaire des  seconds,  comme  le  pensait  Anglada.  Mais  faut-il  admettre, 
avec  MM.  O.  Henry  et  Filhol,  que  tous  les  sulfures  des  eaux  minérales 
proviennent  de  la  réduction  des  sulfates?  Cette  opinion,  que  je  crois  parfai- 
tement applicable  aux  sources  froides  qui,  comme  celle  d'Enghien,  sour- 
dent  de  terrains  gypseux  et  contiennent  du  sulfure  de  calcium,  ne  me  paraît 
pas  convenir  aussi  bien  aux  eaux  thermales  à  sulfures  et  carbonates  alca- 
lins. MM.  Fournet  et  Ebelmen  ont  prouvé  que  l'acide  carbonique  suffisait 
à  décomposer  les  silicates  ;  des  dégagements  abondants  d'acide  suif  hydrique 
peuvent ,  d'un  autre  côté ,  transformer  en  sulfures  les  carbonates  ainsi 
formés.  Enfin,  il  reste  à  savoir  si  ces  dégagements  d'acide  suif  hydrique, 
soit  pur,  soit  mélangé  de  vapeur  d'eau,  à  des  températures  et  à  des  pres- 
sions élevées,  ne  suffiraient  pas  pour  transformer  directement  en  sulfures 
les  alcalis  des  silicates.  C'est  ce  qu'une  série  d'expériences  que  je  poursuis 
en  ce  moment  me  permettra,  j'espère,  d'éclaircir.  » 

économie  rurale.  —  Résultats  des  éducations  pour  l'acclimatation  des 
nouvelles  races  et  V étude  des  vers  à  soie,  faites,  en  i852,  à  la  magna- 
nerie expérimentale  de  Sainte-  Tulle  ;  par  MM.  Guérin-Méneville  et 
Eugène  Robert.  (Extrait.) 

«  ...  Des  circonstances  indépendantes  de  notre  volonté  ne  nous  ont  pas 
permis  de  faire  les  expériences  qui  nous  avaient  été  demandées  l'an  dernier 
par  la  Commission  formée  par  le  préfet  des  Basses-Alpes,  et  jusqu'au  i5 
mai,  tous  nos  travaux  projetés  sont  restés  en  suspens.  Nous  avons  donc  été 
obligés  de  nous  borner  à  faire  les  études  qu'il  était  encore  possible  d'en- 
treprendre à  la  magnanerie  expérimentale  de  Sainte-Tulle ,  à  une  époque 
aussi  avancée  de  l'année ,  et  nous  regrettons  d'autant  plus  de  n'avoir  pu 
opérer  à  Rousset  que,  plus  que  jamais,  la  muscardine  a  sévi  dans  cette 
localité,  où  l'on  n'a  obtenu  que  60  kilogrammes  de  cocons  avec  plus  de 
a5  onces  de  graine  (725  grammes). 

»  A  la  magnanerie  de  Sainte-Tulle,  traitée  suivant  nos  procédés,  la  réus- 
site a  été  complète.  Il  n'a  pas  été  trouvé  un  seul  muscardin ,  et  1  o  onces  de 
graine,  malgré  l'infériorité  de  la  qualité  des  feuilles,  occasionnée  par  la 


(  265  ) 

gelée  de  ce  printemps,  ont  produit  en  moyenne  34kil,6oà  l'once,  soit 
346kil,4°  pour  les  10  onces.  La  race  de  Sainte-Tulle  a  donné  o,oklI,5o 
pour  deux  onces,  soit  45kl1,  a5  par  once  (de  a5  grammes).  Il  faut  observer 
que  nous  expérimentions  sur  seize  lots  de  graines  de  races  et  de  prove- 
nances diverses,  qu'il  fallait  élever  séparément  pour  éviter  les  mélanges  et 
reconnaître  les  résultats  donnés  par  chaque  lot  :  ce  qui  rendait  cette  éduca- 
tion très-difficile  à  diriger. 

»  La  petite  race  de  Sainte-Tulle  a,  comme  toujours,  eu  le  pas  sur  les 
autres  sous  tous  les  rapports.  Arrivée  à  la  neuvième  année  d'acclimatation, 
elle  commence  à  être  assez  épurée  pour  que  les  vers  passent  par  les  phases 
diverses  de  leur  vie  avec  une  grande  régularité,  sans  être  aussi  sujets  que 
d'autres  aux  maladies;  pour  que  leurs  cocons  soient  d'une  forme  et  d'un 
brin  semblable,  et  pour  que  leur  produit  en  soie  offre  des  avantages  incon- 
testables; puisqu'il  n'a  fallu,  cette  année,  que  iokll,95  de  cocons  pour  faire 
i  kilogramme  de  soie  d'une  qualité  supérieure,  tandis  qu'il  faut  i/ikiI,47 
des  gros  cocons  du  pays  pour  avoir  i  kilogramme  de  soie  très-médiocre. 

»  Une  belle  race  élevée  généralement  en  Briance,  et  dont  la  graine  nous 
avait  été  envoyée  par  M.  le  comte  Carlo  Bassi,  de  Milan,  a  donné  d'excel- 
lents résultats,  quoique  évidemment  inférieurs.  Cette  race,  qui  commence 
à  peine  à  s'acclimater  chez  nous,  puisque  nous  l'avons  introduite  seulement 
l'année  dernière,  deviendra  certainement  précieuse,  si  nous  pouvons  l'amé- 
liorer et  l'épurer  pendant  cinq  à  six  ans  seulement,  en  l'acclimatant  comme 
la  précédente. 

»  Ces  deux  races  se  sont  également  bien  comportées  chez  la  plupart  des 
éducateurs  qui  avaient  pris  de  ces  graines,  et  chez  qui  les  éducations  ont 
reçu  des  soins  convenables. 

»  Parmi  les  nouvelles  races  expérimentées,  celles  de  Briance  et  du  Mila- 
nais, qui  nous  ont  été  remises  par  MM.  Magretti  et  Gavazzi,  grands  édu- 
cateurs et  fîleurs  de  Milan  et  de  la  Briance,  se  sont  très-bien  comportées 
et  nous  assurent  pour  l'avenir  une  excellente  acquisition,  si  les  résultats  de 
la  filature  sont  aussi  bons  que  ceux  de  l'éducation. 

»  La  race  italienne  de  M.  Antonelli,  dont  nous  tenions  quelques  grammes 
de  l'obligeance  de  M.  de  Gasparin,  a  également  très-bien  réussi.  Cette  va- 
riété, comme  la  précédente,  appartient  à  la  belle  race  élevée  dans  la  Briance 
et  dans  presque  toute  la  Lombardie.  Cette  race  de  M.  Antonelli  était  donnée 
comme  garantie  contre  la  muscardine;  mais,  n'ayant  pu  l'élever  dans  des 
ateliers  à  part  et  notoirement  muscardinés ,  elle  a  fait  partie  de  l'éducation 
générale,  et  n'a  pas  eu  plus  qu'elle  la  muscardine. 

C.  R.,  i85a,  2m«  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  7.)  35 


(  *66  ) 

»  La  race  de  l'Ardèche  a  donné  de  bons  résultats  et  pourrait  être  accli- 
matée en  Provence,  dans  les  parties  montueuses  et  sur  nos  collines.  Elle 
devrait  être  le  sujet  d'expériences  suivies  avec  persévérance  pendant  plu- 
sieurs années. 

»  La  race  de  vers  chinois  provenant  de  la  graine  distribuée  l'année  der- 
nière par  M .  le  Ministre,  race  qui  a  manqué  chez  presque  tous  les  éduca- 
teurs, nous  avait  donné  des  cocons  qui  présentaient  à  l'analyse  une  richesse 
en  soie  supérieure  à  celle  de  toutes  les  races  connues.  Ayant  été  l'objet  de 
soins  extraordinaires  l'année  dernière  dans  la  magnanerie  de  Sainte-Tulle, 
elle  avait  donné  assez  de  cocons  pour  qu'il  nous  fût  possible  d'en  obtenir 
plus  de  1  \  once  de  graine.  Cette  année,  l'éducation  de  ces  vers  a  été  très- 
difficile  ;  il  en  a  péri  beaucoup,  et  ce  n'est  qu'à  force  de  soins  que  nous 
avons  pu  avoir  encore  4kiI3  de  ces  cocons,  qui  appartiennent  à  une  race 
jaune  et  que  nous  avons  tous  convertis  en  graines.  On  voit  que  cette  race 
s'acclimate  difficilement. 

»  Quant  à  la  race  chinoise  à  cocons  blancs,  dont  nous  tenons  la  graine 
du  Ministère  et  de  la  Chambre  du  Commerce  de  Lyon  (san-cho-foo) ,  elle 
a  subi  encore  plus  de  maladies,  s'est  montrée  très-délicate,  et  près  de 
^  once  de  graine  faite  ici  l'année  dernière,  ne  nous  a  donné  que  6  hecto- 
grammes de  cocons  qui  ont  été  convertis  en  graine. 

»  Les  deux  lots  de  graine  de  Syrie  ont  été  plus  malheureux,  car  i  onces 
de  graine  n'ont  donné  ensemble  que  cent  huit  cocons  de  la  plus  belle 
espèce,  dont  cinq  seulement  ont  éclos,  ce  qui  ne  nous  a  pas  permis  d'avoir 
de  la  graine. 

»  Ces  éducations  expérimentales  toutes  ensemble  n'ont  pas  donné  plus 
de  34  kilogrammes  de  cocons  pour  plus  de  10  onces  de  graine.  Tontes  ont 
d'abord  été  placées  dans  la  magnanerie  salubre  ;  mais  il  a  fallu  évacuer 
dans  les  annexes  la  plus  grande  partie  des  éducations  principales  et  de 
graine,  ce  qui  ne  leur  a  pas  nui  comme  on  aurait  pu  le  craindre.  » 

météorologie.  —  Étoiles  filantes  du  mois  d'août; 
Note  de  M.  Coulvier-Gravier. 

«  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  les  résultats  de 
mes  observations  d'étoiles  filantes  du  18  juin  au  i4aoùt. 

»  Comme  toujours,  le  nombre  des  étoiles  filantes  a  été  très-faible  dans 
les  six  premiers  mois  de  l'année.  Mais,  à  partir  de  la  seconde  quinzaine 
de  juin,  on  voit  le  nombre  de  ces  météores  s'accroître  progressivement 
pour  arriver  au  maximum  le  to  août.   Le  tableau  suivant  montrera  par 


(*67  ) 

quelle  phase  le   phénomène'  a  passé  pour  arriver  à  sa  croissance  et  à  sa 
décroissance. 


époque 

NOM BUE 

horaire  à 
minuit 

ÉPOQUE. 

MOYENNE 

de 
plusieurs  jours. 

ÉPOQUE. 

NOMBBE 

horaire  a 
minuit 

EPOQUE . 
< 

HOTBlml 

de 
plusieurs  jours. 

Juin. . . 

•  8 

5  Étoiles. 

Juillet. 

16 

• 
io  Étoiles. \ 

■9 
33 

5  Étoiles./ 

8  Étoiles.  Ju'"--   2' 

5,5  Étoiles. 

18 

20 

7  Étoiles.! 
12  É toiles. f 

1 8 au  19 

11    Étoiles. 

34 

5  Étoiles.) 

21 

i5  Étoiles.) 

Juillet . 

5 

6  Etoiles.  ) 

22 

20  Étoiles. \ 

6 

7 

g  Étoiles,  (juillet.    6 
8  Étoiles.) 

7  Etoiles. 

•>3 

24 

16  Étoiles./ 
23  Étoiles.! 

24  au  25 

2 1   Étoiles . 

8 

io  Étoiles.  \ 

V) 

25  Étoiles.) 

9 

10 

n 

q  Étoiles./ 

j,    .,      )    Q  au  io 
7  Etoiles.! 

7  Étoiles.) 

8  Étoiles. 

Août... 

i 
5 
6 

34  Étoiles. \ 
46  Étoiles.) 

4 

38  Étoiles. 

12 

6  Étoiles.! 

10 

63  Étoiles .  f 

10 

63  Étoiles. 

i3 

■4 

■  5 

io  Étoiles.!    |3  au  Il} 
7  Étoiles.  1 
io  Étoiles.) 

8  Étoiles. 

n 

12 

i3 

5o  Étoiles.  1 
48  Étoiles.  1 
43  Étoiles  f 

1 1 

12  au  i3 

5o  Étoiles. 
45  Étoiles. 

»  Pour  montrer  combien  le  phénomène  marche  avec  régularité,  j'ai 
ajouté  au  tableau  ordinaire  des  nombres  horaires  à  minuit,  la  moyenne  de 
plusieurs  jours,  laissant  seulement  isolés  les  io  et  i  i  août.  La  courbe  tracée 
à  l'aide  de  ces  moyennes  se  trouve  jointe  à  ma  Note,  il  suffira  d'un  seul 
coup  d'oeil  pour  juger  tout  l'ensemble  du  phénomène. 

»  Le  maximum  de  cette  année  est  loin  d'être  extraordinaire,  car  il  rentre 
au  contraire  dans  les  années  moyennes.  » 

M.  Coulier  ,  à  l'occasion  du  Rapport  fait  dans  la  précédente  séance  sur 
un  Mémoire  de  M.  Lecanu  (Nouvelles  études  chimiques  sur  le  sang), 
appelle  l'attention  sur  un  travail  de  même  nature  publié,  il  y  a  plusieurs 
années,  par  MM.  Coulier  fils  et  Roucher,  et  dans  lequel,  suivant  lui,  on 
trouvera  plusieurs  des  résultats  présentés  comme  nouveaux  par  M.  Lecanu, 
qui,  sans  doute,  n'a  pas  eu  connaissance  de  ce  travail. 

Un  opuscule  imprimé  de  MM.  Roucher  et  Coulier  se  trouve  joint  à  cette 
réclamation,  et  est  renvoyé  à  l'examen  de  la  Commission  qui  a  fait  le 
Rapport  sur  le  Mémoire  de  M.  Lecanu. 

M.  A.  Tic.ni,  qui  avait  récemment  adressé  une  Note  sur  des  calculs  uri- 
naires  remarquables  par  les  proportions  de  carbonate  de  chaux  qu'ils  ren- 

35.. 


(  268  ) 

ferment,  fait  remarquer  que  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  du  5  juillet 
dernier,  où  est  mentionnée  cette  communication,  son  nom  a  été  écrit  Nigri. 
A  cette  occasion,  l'auteur  parle  de  plusieurs  travaux  qu'il  a  publiés  sur  des 
questions  de  pathologie,  d'anatomie  et  de  physiologie,  et  joint  à  sa  Lettre 
quelques-unes  de  ces  publications,  dont  on  trouvera  le  titre  au  Bulletin 
bibliographique . 

M.  de  Paravey  communique  quelques  renseignements  sur  un  oiseau  de 
la  Cochinchine  qui  ne  se  trouve  pas  dans  nos  Collections  zoologiques  et 
qui  paraît  être  une  sorte  de  faisan.  «  Cet  oiseau,  dit  M.  de  Paravey,  est 
remarquable  par  le  grand  développement  de  ses  plumes,  caudales,  dont 
quelques-unes  atteignent  une  longueur  qui  dépasse  huit  de  nos  pieds.  Il 
est  bien  connu  en  Cochinchine,  quoique  fort  rarement  rencontré,  et  se 
nomme  Kin-trj  ou  oiseau  des  génies...  Le  capitaine  Rey,  de  qui  je  tiens 
ces  renseignements,  a  vu  une  des  longues  plumes  de  la  queue  de  cet  oiseau, 
et  cette  plume,  bien  que  coupée  à  son  extrémité,  avait  encore,  mesurée  par 
lui,  cinq  pieds  deux  pouces  de  longueur.  » 

M.  Chenot  communique  les  résultats  auxquels  il  est  arrivé  dans  des 
essais  faits  dans  le  but  de  trouver  un  remède  à  la  maladie  des  raisins  ;  ce 
qui  lui  a  le  mieux  réussi,  c'est  l'emploi  de  l'eau  à  une  température  de  80  de- 
grés centigrades.  Cette  eau  chaude  fait  périr,  dit-il,  le  parasite  et  n'altère 
point  le  fruit,  quoiqu'elle  soit  loin  d'avoir  une  action  aussi  innocente  sur 
les  feuilles  qui  se  dessèchent  comme  si  elles  avaient  été  chauffées  à  feu  au, 

M.  Thésard  ,  à  l'occasion  de  la  communication  de  M.  Chenot,  exprime 
le  désir  que  quelqu'un  des  Membres  de  la  Section  d'Économie  rurale 
veuille  bien  faire  savoir  à  l'Académie  si  les  essais  qui  ont  été  faits  pour  la 
guérison  des  vignes  malades  ont  conduit  à  des  résultats  satisfaisants. 

M.  Payen  répond  ainsi  à  la  question  de  M.  Thenard  : 
«  La  Société  nationale  et  centrale  d'Agriculture  s'est  vivement  préoc- 
cupée de  la  maladie  de  la  vigne  dès  son  apparition,  et  des  moyens  d'arrêter 
ses  ravages  ou  de  mettre  obstacle  aux  développements  du  parasite  végétal 
l'Oïdium  Tukeri)  qui  paraît  être  la  principale  cause  de  cette  altération. 

»  Une  correspondance  active  avec  les  agriculteurs  des  départements  viti- 
coles,  avec  les  agronomes  et  les  micrographes  de  France  et  de  l'étranger 
qui  ont  fait  quelques  observations  sur  ce  phénomène,  a  fourni  beaucoup  de 
notions  utiles  à  cet  égard.  On  a  obtenu,  en  dernier  lieu,  des  données  assez 
précises  sur  les  procédés  économiques  propres  à  combattre  le  mal. 


(  >69) 

»  Le  moyen  simple  qui  paraît  jusqu'ici  offrir  le  plus  de  chances  de  suc- 
cès, consiste  en  des  aspersions  des  feuilles,  grappes  et  sarments,  avec  une 
solution  faible  de  sulfure  de  calcium. 

»  Ces  aspersions  doivent  être  pratiquées  dans  les  premiers  temps  de 
l'invasion,  à  l'aide  d'une  pompe  ordinaire  destinée  à  l'arrosage  des  parties 
aériennes  des  plantes.  Il  faut  les  renouveler  une  ou  deux  fois. 

»  On  prépare  la  solution  en  faisant  bouillir,  pendant  dix  à  quinze 
minutes,  a5o  grammes  de  fleurs  de  soufre  avec  un  égal  volume  de  chaux 
hydratée  (ou  récemment  éteinte),  le  tout  délayé  dans  3  litres  d'eau. 

»  Lorsque  la  solution  est  refroidie,  on  soutire  le  liquide  au  clair.  Deux 
litres  de  cette  solution  étendus  de  200  litres  d'eau  suffisent  pour  mouiller 
les  vignes  occupant  3oo  mètres  de  superficie. 

»  M.  Ileuzé,  professeur  à  l'Ecole  de  Grignon,  a  constaté  les  bons  effets 
de  ce  procédé. 

»  A  peine  les  intéressantes  communications  faites  par  M.  Heuzé  à  la 
Société  nationale  et  centrale  d'Agriculture  étaient-elles  parvenues,  par  la 
voie  du  Bulletin  des  séances,  aux  viticulteurs  des  départements,  que  des 
essais  spéciaux  furent  entrepris  et  que  les  effets  favorables  et  prompts  de  la 
méthode  indiquée  furent  transmis  à  la  Société  centrale. 

»  M.  Turrel,  secrétaire  du  Comice  agricole  de  Toulon,  annonçait,  dans 
sa  dernière  lettre,  qu'il  avait  réussi,  par  des  arrosages  avec  la  solution  du 
sulfure  de  calcium,  à  faire  cesser  les  progrès  de  l'Oïdium  sur  un  vignoble 
d'une  étendue  de  10  hectares. 

»  On  pourrait  préparer  plus  facilement  encore  et  plus  économiquement 
en  certaines  localités  (aux  environs  de  Paris,  de  Rouen,  de  Saint-Gobain, 
de  Dieuze,  de  Cirey  et  de  Marseille),  un  liquide  sulfuré,  solution  d'un 
polysulfure  de  calcium,  en  soumettant  à  l'action  de  quatre  à  cinq  fois  son 
poids  d'eau  bouillante,  les  marcs  de  soude  résidus  sans  valeur  des  fabri- 
ques de  sels  de  soude  et  de  savon.  La  solution  sulfurée  ainsi  obtenue, 
étendue  de  cinquante  à  cent  fois  son  poids  d'eau,  employée  en  arrosages, 
produirait  peut-être  d'aussi  bons  résultats  que  les  autres  liquides  analogues 
déjà  essayés  avec  succès.  L'expérience  seule  peut  prononcer  à  cet  égard. 
On  pourrait  d'ailleurs  varier  les  propriétés  du  liquide  en  v  mêlant  un  léger 
excès  de  chaux  hydratée. 

»  Plusieurs  autres  procédés  ont  été  proposés,  et  il  serait  utile,  sans  doute, 
de  les  essayer  tous  comparativement. 

»  Le  vœu  émis  sur  ce  point  par  M.  Thenard  sera  probablement  bientôt 
réalisé,  car  M.  le  Ministre  de  l'Intérieur,  de  l'Agriculture  et  du  Commerce 


(  270  ) 

'vient  de  confier  à  M.  Heuzé  la  mission  d'aller  examiner,  dans  différents 
vignobles,  les  effets  produits  par  les  différentes  méthodes;  puis  de  faire  les 
essais  comparatifs  de  ceux  des  moyens  qui  sembleraient  offrir  le  plus  de 
chances  de  succès. 

»  M.  Heuzé  est  à  l'œuvre  en  ce  moment;  il  a  l'intention  d'essayer  le  sul- 
fure extrait  des  marcs  de  soude  ;  il  tentera  probablement  aussi  l'application 
du  sulfate  de  fer  et  de  ceux  des  autres  réactifs  qui  seraient  signalés  à  son 
attention  comme  doués  d'une  certaine  efficacité  contre  l'Oïdium.  » 

M.  Chevreul  ajoute  que  la  fleur  de  soufre,  soufflée  sur  la  vigne  humec- 
tée, a  produit  un  très-bon  effet  l'année  dernière  dans  un  jardin  des  Gobe- 
lins;  il  est  encore  à  sa  connaissance  que  le  sulfure  de  calcium,  avec  excès 
de  chaux,  en  produit  de  très-bons  en  ce  moment  même  dans  des  jardins 
de  la  commune  de  l'Hay. 

La  Société  des  Sciences  naturelles  de  Hambourg  annonce  l'envoi  du 
deuxième  volume,  seconde  partie,  de  ses  Mémoires. 
(le  volume  est  mis  sous  les  yeux  de  l'Académie. 

M.  Horace  Say  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  de  la  Statis- 
tique générale  de  V Industrie  a  Paris,  d'après  l'enquête  faite  par  la  Chambre 
de  Commerce.  {Voir  au  Bulletin  bibliographique.)  M.  H.  Say,  qui  en  qualité 
de  secrétaire  de  la  Chambre  a  dirigé  l'enquête  et  rédigé  le  Rapport  avec 
l'aide  des  deux  rapporteurs -adjoints,  MM.  N.  Rondat  et  L.  Say,  exprime 
le  désir  que  cet  ouvrage  puisse  être  admis  au  concours  pour  le  prix  de  Sta- 
tistique. 

(Commission  du  prix  de  Statistique.) 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  F. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  16  août  i852,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences, 
ie  semestre  i85a  ;  n°  6;  in-/j°. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  Arago.  Chevreul,  Dumas, 
Pelodze,  Boussingault,  RegnaULT;  3e  série;  tome  XXXV;  août  i852; 
in -8°. 

Annales  des  Sciences  naturelles,  comprenant  la  zoologie ,  la  botanique,  iaita- 


(  >7'   ) 

lomie  et  la  physiologie  comparée  des  deux  règnes,  et  l'histoire  des  corps  orga~ 
nisés  fossiles;  3e  série,  rédigée  pour  la  zoologie  par  M.  Milne  Edwards, 
pour  la  botanique  par  MM.  Ad.  Brongniart  et  J.  DECAISNE;  tome  XVII; 
n°4;  in-  8°. 

Chambre  de  Commerce  de  Paris.  Statistique  de  l'Industrie  à  Paris,  résul- 
tant de  l'enquête  faite  par  la  Chambre  de  Commerce,  pour  les  années  18/J7 
et  1848.  Paris,  i85i;   r  vol.  in-4°. 

Traité  des  hydropisies  et  des  kystes,  ou  des  collections  séreuses  et  mixtes  dans 
les  cavités  closes  naturelles  et  accidentelles  ;  par  M.  le  Dr  J.  Abeille.  Paris, 
i85a;  1  vol.  in-8°.  (Cet  ouvrage  est  destiné  au  concours  pour  les  prix  de 
Médecine  et  de  Chirurgie  de  la  fondation  Montyon.) 

Thèses  de  Physique  et  de  Chimie,  présentées  à  la  Faculté  des  Sciences  de 
Bordeaux;  par  M.  FÉLIX  Bernard.  Paris,  i85a;  broch.  in-4°. 

Solution  d'un  grand  problème.  La  navigation  aérienne  réalisable,  par  la 
substitution  au  ballon  sphérique  du  ballon  en  couronne;  système  de  MM.  A. 
Treille  et  A.  Mayer;  entièrement  nouveau,  facile,  simple,  rationnel,  et 
exempt  de  dangers.  Noyon,  i85a;  broch.  in-8°. 

Recherches  sur  le  sang  ;  par  MM.  Roucher  et  Coulier;  broch.  in-8°.  (Ren- 
voyé, comme  pièce  à  consulter,  à  l'examen  de  la  Commission  qui  a  fait  le 
Rapport  sur  le  Mémoire  de  M.  Lecanu.) 

Les  trois  règnes  de  la  nature.  —Règne  animal.  —  Histoire  naturelle  des  oiseaux, 
classés  méthodiquement,  avec  l'indication  de  leurs  mœurs  et  de  leurs  rapports 
avec  les  arts,  le  commerce  et  l'agriculture  ;  par  M.  Emm.  Le  Maout  ;  i3e 
à  16e  livraisons;  in-8°. 

Rulletin  de  V Académie  nationale  de  Médecine,  rédigé  sous  la  direction  de 
MM.  F.  Dubois  (d'Amiens),  secrétaire  perpétuel,  et  Gibert,  secrétaire 
annuel;  tome  XVII;  n°  ai  ;  i5  août  i85a;   in-8°. 

Annales  de  la  Société  d' Horticulture  de  Paris  et  centrale  de  France;  juillet 
!852;in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Médecine  de  Relgique;  année  i85i-i85a; 
tome  XI;  n09  739.  Bruxelles,  itf5a;  in-8°. 

Ribliothèque  universelle  de  Genève;  juillet  i852;  in-8u. 

Annales  forestières  ;  10e  année;   10  août  1 852;  in-8°. 

Annales  des  maladies  de  la  peau  et  de  la  syphilis,  publiées  par  MM.  Alphée 
Cazenave  et  Maurice  Chausit  ;  juillet  i85a;  in-8°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  de  Monfort. 
et  rédigée  par  M '.  l'abbé  MoiGNO;  ire  année;  n°  16;  i5  août  (85^;  in-8°. 

Recueil  encyclopédique  d'agriculture ,  publié  par  MM.  Boitel  et  Londet, 
de  l'Institut  national  agronomique  de  Versailles  ;  tome  III  ;   n°   3  ;   août 


* 


Illustrazioni. ..   Eclaircissements  et  additions  dynamiques  aux  recherches  sur 


(  *72  ) 

le  pouls  veineux;  par  M.  A(;h.  Dissiderio.  Venise,  i852;  in-8°.  (Adressé 
comme  pièce  à  l'appui  d'un  travail  admis  au  concours  des  prix  de  Médecine 
et  de  Chirurgie  de  i852.) 

Nuova  disposizione...  Mémoire  sur  une  nouvelle  disposition  de  l'appareil 
vasculaire  sanguin  de  la  rate  humaine;  par  M.  A.  TiGRi.  Bologne,  18ZJ7; 
broch.  in-8°. 

Délia  funzione...  Des  fonctions  de  la  rate;  par  le  même.  Bologne,  1848; 
broch.  in-8°. 

Délia  funzione...  Sur  les  fonctions  de  la  rate;  parle  même;  broch.  in-8°. 
(Extrait  du  Journal  italien  des  Sciences  médicales  et  naturelles  il  Progesso.) 

Sulla  natura...  Sur  la  nature  des  tubercules  pulmonaires;  par  le  même. 
Milan,  i85o;  broch.  in-8°. 

Délia  genesi...  Du  mode  de  production  et  de  la  nature  des  tissus  hétérogènes; 
par  le  même.  Milan,  i85i;  in-8°. 

Il  cimento...  Revue  des  Sciences,  Lettres  et  Arts;  ire  année;  6e  livraison; 
in-8°;  i85a.  Turin. 

Annali...  Annales  des  Sciences  mathématiques  et  physiques  ;  par  M.  Barnabe 
Tortolini;  juillet  i852;  in-8°. 

Boletin.  .  .  Bulletin  de  l'Institut  médical  de  Faïence;  juin  et  juillet  i852; 
m-8°. 

The  astronomical...  Journal  astronomique  de  Cambridge;  n°  45;  vol.  II; 
n°  21  ;  24  juillet  i852. 

Abhandlungen . . .  Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  naturelles  de  Hamboiinj  ; 
tome  II;  2e  partie.  Hambourg,  i852;in-4°- 

Astronomische...  Nouvelles  astronomiques  ;  n°  819. 

L A thenœum  français.  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux- Arts;  ire  année;  n°  7;  samedi  i4  août  i852. 

La  Presse  littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  16; 
1 5  août  i85a. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  33;  i4  août  i852. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n°'  94  à  96;  mardi  10,  jeudi  12  et  samedi  i4 
août i852. 

L'Abeille  médicale;  n°  16;   i5  août  i852. 

La  Lumière;  2e  année;  n°  34;  samedi  14  août  i852. 

Moniteur  agricole;  5e  année;  jeudi  12  août  i852. 


ERRATA. 

(Séance  du  9  août  i852.) 
Page  an,  ligne  ?.5 ,  au  lieu  de  et  qui,  perméable  à  l'eau,    l'est  complètement,  liiez  et 
qui,  perméable  à  l'eau  ,  est  complètement  imperméable. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  r5u  LUNDI  23  AOUT.  1852. 

PRÉSIDENCE  DE  M.   PIOBERT. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DKS  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

chimie  appliquée.  —  Note  additionnelle  au  Rapport  sur  les  travaux  de 
M.  Lecanu ,  concernant  l'étude  chimique  du  sang. 

«  M.  Thexakd,  chargé  d'examiner  la  réclamation  de  priorité  adressée  à 
l'Académie  dans  sa  séance  du  16  août  dernier,  n'a  trouvé  aucun  point  de 
ressemblance  entre  les  recherches  de  MM.  Roucher  et  Coulier  sur  le  sang, 
et  celles  de  M.  Lecanu  sur  le  même  sujet,  sinon  que  tous  trois  ont  observé 
que  les  globules  sanguins  se  conservent  très-bien,  pendant  un  certain  temps, 
au  sein  de  quelques  dissolutions  salines  et  surtout  de  la  dissolution  de  sul- 
fate de  soude. 

»  Or,  dès  1837,  M.  Lecanu,  dans  sa  thèse  pour  le  doctorat,  avait  signalé 
le  fait.  M.  Dumas,  ainsi  que  le  rapporte  M.  Lecanu,  l'a  annoncé  dans  son 
Traité  de  Chimie,  tome  VIII,  page  a85. 

»  La  réclamation  de  M.  Coulier  père,  en  faveur  de  son  fils  et  de  M.  Rou- 
cher, officiers  de  santé,  actuellement  en  Algérie,  n'est  donc  point  fondée, 
puisque  leurs  recherches  n'ont  été  publiées  qu'en  1847-  * 

M.  Dufrenoy  offre  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  G.  Rose,  présent  à  la 
séance,  l'ouvrage  que  le  savant  professeur  de  Berlin  vient  de  publier  sous 
le  nom  de  Système  de  Minéralogie  cristallographique  (Das  krystallo-che- 
mische  minerai  System). 

%«  Cet  ouvrage  est  précédé  d'une  introduction  dans  laquelle  M.  G.  Rose 

C.  R..  c85a,  im"  Semestre.  (T.  XXXV,  IN»  8.)  36 


(  274  ) 
expose  les  considérations  qui  l'ont  engagé  à  établir  les  espèces  minérales 
par  la  comparaison  simultanée  de  la  composition  chimique  et  des  formes 
cristallines.  Il  montre  que  dans  certains  cas  il  se  présente  de  grandes  diffi- 
cultés dans  cette  comparaison,  et  par  suite  dans  la  détermination  de  l'es- 
pèce d'une  manière  complète. 

»  D'après  la  classification  qu'il  a  adoptée,  M.  G.  Rose  groupe  toutes  les 
espèces  minérales  en  quatre  classes j  elles  ont  pour  objet  : 

»   Les  corps  simples; 

»  Les  combinaisons  du  soufre,  du  sélénium,  du  tellure,  de  l'arsenic  et 
de  l'antimoine; 

»   Les  combinaisons  du  chlore,  du  brome,  de  l'iode  et  du  fluor; 

»  Les  minéraux  oxydés,  comprenant  les  oxydes,  les  acides  et  les  sels. 

»  Dans  chacune  de  ces  classes,  établies  d'après  le  principe  de  la  combi- 
naison chimique,  les  principales  sous-divisions  sont  au  contraire  en  rap- 
port avec  les  formes  cristallines. 

»  Dans  des  notes  nombreuses,  M.  G.  Rose  donne  des  détails  sur  les 
combinaisons  chimiques  et  sur  les  principales  espèces  minérales.  Cette  par- 
tie de  l'ouvrage  offre  des  considérations  nouvelles  que  tous  les  minéralo- 
gistes étudieront  avec  le  plus  grand  intérêt. 

»  Le  Système  de  minéralogie  de  M.  Rose  est  terminé  par  une  série  de 
tableaux,  et  l'auteur  récapitule  les  espèces  minérales  d'après  leur  forme 
cristalline  et  leur  composition.  Dans  un  de  ces  tableaux,  les  corps  simples, 
les  corps  composés,  binaires,  ternaires,  etc.,  sont  répartis  entre  les  diffé- 
rents types  cristallins.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

géologie.  —  Recherches  sur  les  roches  globuleuses  ;  par  M.  Delesse. 

(Extrait  par  l'auteur.) 
(Commissaires,  MM.  Berthier,  Dufrénoy,  Constant  Prévost.) 

«  Les  roches  qui  sont  riches  en  silice  et  qui  contiennent  généralement 
du  feldspath  orthose,  telles  que  la  pyroméride,  le  trachyte,  le  retinite,  la 
perlite,  l'obsidienne,  présentent  la  plus  grande  analogie  soit  dans  la  struc- 
ture, soit  dans  la  composition  minéralogique  et  chimique  de  leurs  globules. 

»  Ces  globules  ont  une  pesanteur  spécifique  qui  varie  de  2,3  à  2,6. 

»  Us  sont  caractérisés  par  une  grande  teneur  en  silice  et  par  une  faible 
teneur  en  alcalis;  leurs  teneurs  en  oxyde  de  fer,  en  magnésie  et  en  chaux 
sont  également  très-faibles. 

»  Leur  composition  minéralogique  est  assez  simple;  en  effet,  ils  sont 
formés  de  feldspath  ou  de  pâte  feldspathique  et  de  quartz.  Le  feldspath  est 


(    *fï    ) 

assez  souvent  de  l'orthose.  La  pâte  feldspathique  contient  de  la  silice,  de 
l'alumine  et  une  certaine  proportion  d'alcalis;  elle  n'a  pas  une  composition 
définie  ;  elle  est  beaucoup  plus  riche  en  silice  que  les  feldspaths  qui  lui  sont 
associés,  et  même,  dans  certains  globules,  elle  n'est  en  quelque  sorte  que 
'  de  la  silice  impure  ayant  retenu  une  petite  proportion  des  bases  qui  se  trou- 
vent dans  la  roche. 

»  Les  globules  renferment,  surtout  lorsqu'ils  ont  une  forme  irrégulière, 
des  cristaux  isolés  de  quartz  et  de  feldspath  qui  ne  sont  pas  orientés  rela- 
tivement à  leur  centre  et  qui  sont  même  irrégulièrement  disséminés  dans 
leur  pâte  ;  il  est  visible  que  ces  cristaux  n'ont  pas  concouru  à  la  formation 
des  globules,  et  je  les  appelle  en  conséquence  cristaux  indépendants. 

»  Je  distingue  les  globules  en  globules  normaux,  qui  n'ont  pas  de  ca- 
vités, et  en  globules  anormaux ,  qui  ont  des  cavité»  dans  leur  intérieur  ;  ces 
cavités  sont  d'ailleurs  tantôt  vides  et  tantôt  remplies.  Il  importe  de  remar- 
quer que  ces  deux  variétés  de  globules  ne  sont  pas  tellement  distinctes, 
qu'elles  ne  passent  insensiblement  l'une  à  l'autre  et  qu'elles  ne  se  trouvent 
souvent  réunies  dans  le  même  gisement. 

»  Les  globules  normaux  ont  généralement  une  forme  régulière  et  une 
structure  cristalline  bien  développée  ;  cette  structure  est  indiquée  par  des 
rayons  et  par  des  zones.  Us  résultent  de  la  tendance  que  le  feldspath  avait  à 
cristalliser,  ainsi  que  d'une  action  plutôt  indirecte  que  directe  exercée  par 
la  silice.  Quand  ils  ne  renferment  pas  de  cristaux  indépendants  de  quart/, 
ou  de  feldspath,  la  silice,  qui  servait  en  quelque  sorte  d'eau  mère,  a  rem- 
pli, à  l'état  de  quartz  hyalin,  tous  les  interstices  qui  restaient  entre  les 
parties  feldspathiques  sur  lesquelles  elle  s'est  moulée  exactement;  l'ordre 
dans  lequel  le  feldspath  et  le  quartz  se  sont  solidifiés  est  alors  le  même 
que  dans  le  granit.  Quand  ils  renferment  des  cristaux  indépendants,  et 
notamment  des  cristaux  de  quartz,  la  tendance  que  le  quartz  avait  à  cris- 
talliser était  au  contraire  plus  grande  que  celle  qui  a  produit  le  globule; 
l'ordre  dans  lequel  ce  quartz  et  la  pâte  qui  l'enveloppe  se  sont  solidifiés  est  . 
le  même  que  dans  le  porphyre  quartzifère. 

»  Les  globules  anormaux  ont  généralement  une  forme  irrégulière  et  une 
structure  cristalline  peu  développée.  Ils  sont  souvent  fissurés,  déformés  ou 
même  complètement  écrasés.  Us  consistent  en  une  pâte  toujours  très-riche 
en  silice;  tantôt  cette  pâte  est  homogène,  tantôt  elle  présente  un  réseau 
feldspathique  qui  est  dentelé  et  très-complexe  ;  plus  rarement  sa  structure 
est  indiquée  par  des  rayons  ou  par  des  zones. 
(»  Les  globules  anormaux  résultent  de  l'agglomération  d'une  pâte  feld- 

36: . 


(  *76) 
spathique  très-siliceuse  ,  dans  laquelle  le  feldspath  avait  généralement  peu 
de  tendance  à  cristalliser;  aussi  renferment-ils  toujours  des  cristaux  indé- 
pendants. 

»  Des  phénomènes  de  retrait,  tels  que  ceux  qui  ont  été  étudiés  par 
M.  Constant  Prévost  (i),  ont  déterminé  les  cavités  irrégulières  qui  les  carac- 
térisent :  ces  cavités  représentent  souvent  une  proportion  très-notable  du 
volume  des  globules;  elles  sont  quelquefois  vides;  ordinairement,  cepen- 
dant, elles  ont  été  remplies  par  du  quartz,  de  la  calcédoine  ou  de  la  silice 
à  différents  états.  On  y  observe  aussi  du  fer  oligiste,  du  fer  carbonate,  des 
zéolites,  de  la  chlorite  ferrugineuse,  de  la  chaux  carbonatée,  de  la  baryte 
sulfatée  et  de  la  chaux  fluatée. 

»  Dans  certaines  roches  globuleuses,  et  notamment  dans  le  retinite.  cira 
cavités  ont  été  remplies  absolument  de  la  même  manière  que  les  cavités  des 
roches,  dans  lesquelles  se  sont  formées  les  agates  et  les  amygdaloïdes. 

»  L'étude  de  la  structure  dés  globules  normaux  et  anormaux  montre 
que  leur  solidification  à  commencé  tantôt  à  la  circonférence,'  tantôt  au 
centre,  et  qu'elle  peut  avoir  eu  lieu  simultanément  à  la  circonférence  et 
au  centre. 

»  Quoique  les  roches  globuleuses  diffèrent  beaucoup  par  leur  âge,  par 
leur  structure,  ainsi  que  par  leur  composition  minéralogique,  elles  ont 
toutes  un  caractère  commun,  qui  est  une  richesse  en  silice  exceptionnelle 
et  notablement  supérieure  à  celle  du  feldspath  qui  leur  sert  de  base  ;  quel- 
quefois même  elles  sont  entièrement  pénétrées  par  des  filons  de  silice  : 
l'excès  de  silice  de  ces  roches  a  donc  été  la  cause  principale  du  développe- 
ment de  leurs  globules.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

physique.    —   Deuxième   Note  sur  la  double   réfraction  artificiellement 

produite  dans  des  cristaux  du  système  régulier;  par  M   G.  Wertheim. 

(Commissaires  précédemment  désignés  :  MM.  Biot,  Arago,  Pouillet.  ) 

Les  recherches  qui  font  l'objet  de  ce  Mémoire  sont  résumées  par  l'auteur 
dans  les  termes  suivants  : 

«  i°.  Le  coefficient  d'élasticité  a  une  valeur  constante  pour  chaque  es- 
pèce minérale  appartenant  au  système  régulier;  on  le  détermine  avec  une 
exactitude  suffisante  au  moyen  du  son  fondamental  de  lames  taillées  dans 
le  cristal  et  vibrant  transversalement,  les  deux  extrémités  étant  libres  ;  le 

(i)  Constant  Prévost,  Documents  pour  l'histoire  des  terrains  tertiaires ,  p.  i4<5. 


(  277  ) 
coefficient  d'élasticité  devrait  être  compris  parmi  les  caractères  physiques 
que  l'on  emploie  en  minéralogie. 

»  20.  Les  cristaux  qui  ne  présentent  que  les  faces  du  cube  se  compor- 
tent, sous  l'action  de  forces  extérieures,  comme  des  corps  homogènes;  tout 
étant  égal,  du  reste,  une  même  force  produit  toujours  une  même  différence 
de  marche  entre  les  deux  rayons  :  extraordinaire  et  ordinaire,  quelle  que  soit 
la  direction  suivant  laquelle  la  force  agisse,  pourvu  qu'elle  soit  toujours 
perpendiculaire  à  deux  faces  du  cristal. 

»  3°.  Pour  le  sel  gemme  et  pour  le  spath-fluor,  qui  cristallisent  en  cubes, 
la  différence  de  marche  qui  correspond  à  une  même  compression  linéaire 
est  sensiblement  la  même  que  celle  que  nous  avons  trouvée  pour  les  diffé- 
rentes espèces  de  verre;  le  pouvoir  biréfringent  spécifique  est  donc  égale- 
ment le  même. 

»  4°-  L'alun,  qui  cristallise  en  cubo- octaèdres,  ne  se  comporte  pas 
comme  un  corps  optiquement  homogène,  quoique  son  élasticité  soit  égale 
en  tous  sens  ;  les  forces  qu'il  faut  appliquer  pour  y  produire  une  différence 
de  marche  donnée  varient  souvent  dans  le  rapport  de.i  à  4>  selon  la  direc- 
tion suivant  laquelle  on  les  fait  agir,  et  cela  a  lieu  aussi  bien  pour  les 
pièces  taillées  perpendiculairement  aux  faces  cubiques  que  pour  celles  qui 
ont  été  prises  perpendiculairement  aux  faces  octaédriques  du  cristal. 

»  5°.  Nous  avons  déjà  fait  connaître  la  non-coïncidence,  que  l'on  ob- 
serve dans  l'alun,  des  axes  optiques  et  des  axes  mécaniques;  ce  déplace- 
ment a  lieu  comme  si  la  position  des  axes  optiques  était  tracée  d'avance 
dans  le  cristal  ;  il  s'exerce  donc  yers  la  droite  ou  vers  la  gauche  de  l'obser- 
'  vateur,  selon  que  l'une  ou  l'autre  des  deux  faces  que  le  rayon  traverse  est 
tournée  vers  lui. 

»  6°.  Ce  déplacement  est  d'autant  plus  considérable  dans  les  pièces  per- 
pendiculaires aux  faces  cubiques,  que  ces  faces  sont  moins  régulièrement 
formées  :  il  est  nul  ou  presque  nul  dans  les  cristaux  à  faces  hexaédfiques 
carrées;  mais  il  augmente  à  mesure  que  ces  faces  s'écartent  de  la  forme 
carrée ,  et'  il  est  souvent  de  ao  à  a5  degrés  lorsque,  par  suite  d'un  de  ces 
accidents  de  formation  que  l'on  considère  ordinairement  comme  négligea- 
bles, l'un  des  côtés  du  rectangle  est  d'une  longueur  à  peu  près  double  de 
celle  de  l'autre  côté. 

»  70.  Ce  déplacement  n'a  pas  lieu  dans  toutes  les  six  positions  du  pa- 
rallélipipède,  mais  seulement  dans  les  deux  positions  dans  lesquelles  le 
rayon  est  perpendiculaire  aux  faces  cubiques  du  cristal.  • 

»  8°.  A.u  contraire,  bn  observe  des  déplacements  dans  toutes  les  six  po- 
sitions,  lorsque  le  parallélipipède   a  été    taillé  perpendiculairement   aux 


(  11*  ) 

faces  octaédriques;  mais  ces  déplacements  sont  de  différentes  grandeurs. 

»  90.  Tous  ces  phénomènes  :  l'inégale  compressibilité  optique,  aussi  bien 
que  la  rotation  de  l'ellipsoïde  optique,  paraissent  avoir  leur  origine  dans  les 
effets  permanents  produits  par  les  tensions  ou  pressions  qui  ont  lieu  pendant 
l'acte  de  la  cristallisation  ;  on  sait  que  l'élasticité  mécanique  ou  moléculaire 
est  indépendante  des  changements  de  forme  que  le  corps  a  subis  antérieure- 
ment ;  mais  l'élasticité  optique  en  conserve  pour  ainsi  dire  l'empreinte. 

»  io°.  Un  octaèdre  de  chaux  fluatée  a  présenté  un  exemple  d'un  dépla- 
cement de  45  degrés,  tandis  que  les  cristaux  cubiques  du  même  minéral 
n'en  offrent  aucune  trace;  ce  fait  vient  évidemment  à  l'appui  de  l'hypo- 
thèse que  nous  venons  d'émettre. 

»  1 1°.  Tous  ces  faits  que  l'on  observe  lorsqu'on  emploie  la  compression 
pour  convertir  les  cristaux  du  système  régulier  en  cristaux  biréfringents 
répulsifs,  se  produisent  absolument  de  la  même  manière  lorsqu'on  se  sert 
de  la  traction  pour  en  faire  des  cristaux  attractifs.  » 

physique.  —  Recherches  sur  les  rapports  entre  le  poids  atomique  moyen  des 
corps  simples  et  leur  chaleur  spécifique.  (Lettre   de   M.   Ch.   Garmkr 
'    à  M.  Jrago.) 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Regnault.) 
«  Les  belles  recherches  de  Dulong  et  Petit,  et  plus  tard  de  M.  Regnault, 
ont  démontré  que  les  chaleurs  spécifiques  des  corps  simples  sont  en  raison 
inverse  des  poids  de  leurs  atomes,  ou,  en  d'autres  termes,  que  les  atomes 
des  corps  simples  ont  exactement  la  même  capacité  pour  la  chaleur.  La 
chaleur  spécifique  de  l'eau  étant  prise  pour  unité,  celle  du  cuivre  par  , 
exemple  est  de  0,0951 ,  celle  de  l'argent  de  0,0570,  etc.  Jusqu'à  présent  on 
ne  voyait  pas  quel  rapport  il  pouvait  y  avoir  entre  la  chaleur  spécifique  de 
l'eau  et  celle  des  corps  simples  d'une  part,  et  le  poids  atomique  de  l'eau 
et  ceLui  des  mêmes  corps  d'autre  part,  le  poids  atomique  de  l'eau  étant  pris 
pour  1  ia,5,  soit  Ha  =  12,5  -I-  O  =  100. 

»  Si  l'on  divise  ce  poids  atomique  par  le  nombre  des  atomes  élémen- 
taires, soit — ^—1  on  obtient  la  commune  du  poids  de  ces  atomes,  soit  37,5, 

qu'on  pourrait  appeler  le  poids  atomique  moyen  de  l'eau. 

»  En  comparant  ce  poids  atomique  moyen  avec  le  poids  atomique  des 
corps  simples,  j'ai  découvert  un  rapport  remarquable  entre  ces  poids  et  les 
chaleurs  spécifiques.  Ainsi,  le  poids  atomique  du  cuivre,  par  exemple,  est 

de  395,  par  conséquent  ^-g  =  10, 5  fois  plus  fort. que  le  poids  atomique 

moyen  de  l'eau.  La  chaleur  spécifique  du  cuivre  est  de  0.095 1  ;  celle  de 


l'eau  est  donc 


95i 


(  279  ) 
io,5  fois  plus  forte  que  celle  du  cuivre;  c'est-à-dire 


exactement  en  raison  inverse  du  poids  de  son  atome  moyen. 

»  Le  même  rapport  doit  naturellement  exister  entre  l'eau  et  les  autres 
corps  simples,  puisque  ceux-ci  ont,  relativement  au  cuivre,  des  chaleurs  spé- 
cifiques en  raison  inverse  du  poids  atomique  du  cuivre  comparé  au  leur. 

»  On  peut  donc  calculer  directement  la  chaleur  spécifique  des  corps 
simples  au  moyen  de  leur  poids  atomique.  Il  suffit  de  diviser  le  poids  ato- 
mique moyen  de  l'eau,  égal  à  37,5,  par  le  poids  atomique  du  corps  simple, 
et  de  réduire  la  fraction  qui  en  résulte  en  décimales  (ce  que  l'on  obtient  en 
divisant  3^,5000  par  le  poids  atomique  du  corps). 

»  Voici  le  résultat  de  ce  calcul  pour  plusieurs  corps  simples,  comparé 
avec  les  chaleurs  spécifiques  trouvées  par  M.  Regnault,  par  Dulong  et  Petit. 

Tableau  A. 


POIDS   ATOMIQUE. 

CHALEUR  SPÉCIFIQUE 

calculée. 

III  AI.  1 XI;  SPÉCIFIQUE 

déterminée 
par  M.  Regnault. 

CHALEUE  SPÉCIFIQUE 

déterminée  par 
Dulong  et  Petit. 

Zinc 

35o 

ancien  33g 

4o6 
395 
696 
675 

469 
1294 
i33o 
806 
735 
369 
368 

1232 

665 

122_9 

201 

495 
80 1 

793 

125l 

i5o 
196 

0,1071 

0 ,  n  06 
0,0923 

°>°949 
o,o538 

o,o555 

°>°799 
0,0289 
0,0282 
0 , o465 
o,o5io 
0, 1016 
0, 1019 
o,o3o4 
o,o563 
o,o3o5 
o,i865 
0,0757 
0,0468 
0,0472 
o,o3oo 
o,25oo 
o,igi3 

0,n37 
0,0955 

o,og5i 
o,o566 
0,0570 
0,0814 
o,o3i4 
o,o3o8 
0,0507 
o,o562 
0 , 1 086 
0 , 1 06g 
0,0324 
0,o5g2 
o,o324 
0,2025 
0,0837 
o,o5i5 
o,o54i 
o,o333 
0 , 24 1 1 
0,1887 

O , 1 I 00 

°>°927 
o,og4g 

» 
0,o557 

» 

o,02g3 
0,0288 

U 

o,o5i4 
0 , 1 o55 

» 

o,o3i4 

0,0298 
0,1880 

U 

É 

w 

»  • 
Avogadro  0 ,  25o 

a 

Plomb 

Platine 

Or 

Tellure 

(  a8o  ) 

»  Les  chaleurs  spécifiques  déterminées  par  M.  Regnault  différent  un  peu 
de  celles  trouvées  par  Dulong  et  Petit,  et  sont  toutes  plus  élevées.  Celle  qui 
s'accorde  le  mieux  est  celle  du  cuivre  (0,0951  par  M.  Regnault;  0,0949  par 
Dulong  et  Petit).  Il  est  assez  remarquable  que  ce  soit  aussi  celle  qui  s'ac- 
corde le  plus  avec  le  calcul,  qui  donne,  en  effet,  0,0949,  c'est-à-dire  très- 
exactement  le  nombre  de  Dulong  et  Petit. 

»  Il  semblerait  donc  que  dans  l'eau,  corps  composé,  les  atomes  élémen- 
taires subsistent  toujours  et  conservent  au  moins  leur  capacité  pour  la 
chaleur.  On  pourrait  aussi  supposer,  comme  on  l'a  déjà  fait,  que  les 
atomes  élémentaires  se  partagent  dans  leur  combinaison,  c'est-à-dire  que 

^  d'atome  d'oxygène  s'unit  à  f  d'atome  d'hydrogène,  et  que,  par  consé- 

2.    i 
quent,  l'atome  de  l'eau  devrait  se  représenter  par  H3  O3,  de  manière  que  la 

formule  chimique  d'un  composé  représenterait,  non  pas  un  atome,  mais  un 
nombre  d'atomes  égal  au  nombre  des  atomes  élémentaires  qui  le  composent. 
»  Il  était  naturel  de  supposer  que  ce  qui  a  lieu  avec  l'eau  devait  égale- 
ment avoir  lieu  avec  d'autres  corps  composés.  En  effet,  la  chaleur  spécifique 
calculée  de  la  plupart  des  oxydes,  sulfures,  chlorures,  etc.,  s'approche 
sensiblement  de  celle  trouvée  p'ar  M.  Regnault.  En  voici  des  exemples  : 

Tableau  B. 


POIDS 

atomique. 

POIDS 

atomique 
moyen. 

CHALEUR 

spécifique 
calculée. 

CHALEUR  SPÉC. 

déterminée 

par 
M.  Regnault. 

1  Protoxyde  de  plomb. . 

:394 

697 

o,o53 

o,o5i 

1     »       de  mercure .... 

i35o 

675 

o,o55 . 

o,o5i 

»       de  manganèse. . 

446 

223 

0,168 

0,157 

4g5 

248 

o,i5i 

0,142 

469 

234 

0, 160 

0, 162 

!  Peroxyde  de  fer 

1000 

200 

0,187 

0,167 

Oxydes  R'O3.  . . 

Oxyde  de  chrome.  .  . . 

1240 
1004 

248 
201 

o,  i5i 
0,186 

0 , 1 28  1 

i  Oxyde  de  bismuth .  .  . 

2960 

592 

o,o63 

0,060! 

Oxydes  ROJ 

Acide  antimonieux. .  . 

935 

1006 

3l2 

335 

• 

O,  120 

0, 1 1  r 

o,o93/1  > 
0,095! 

Oxydes  ROs 

Acide  molybdique  .  .  . 

488 
898 

372 
226 

0, 100 
0,166 

0>°79] 

0, l32  / 

(*)  Les  combinaisons  produisant  des  acides  s'éca 

rtent  le  plus 

des  nombre 

s  de  M.  Régna 

ait. 

( 

281    ) 

[Suite.] 

Tableau  B. 

POIDS 

atomique. 

POIDS 

atomique 
moyen. 

CHALEUR 

spécifique 
calculée. 

CHALELR  SÏ'KC. 

déterminée 

par 
M.  Regnault . 

Protosulfure  de  fer. . . 

55o 

275 

0,1 36 

0 ,  1 35 

1   Sulfure   de  nickel. . . . 

570 

285 

0,  i3i 

0,  128 

I       »         de  cobalt.  .  . 

570 

285 

0, 1 3 1 

O,  125 

Sulfures  RS.  . 

607 

3o3 

0,  123 

O,  123 

»         de  plomb.  .  . 

r495 

747 

o,o5o 

0,o5o 

»         de  mercure  . 

i45i 

725 

o,o5i 

o,o5i 

Protosulfure  d'étain .  . 

936 

468 

0,080 

o,o83 

Sulfures  R2S3.  . 

|  Sulfure  d'antimoine. . 
|  Sulfure  de  bismuth. . . 

2216 
3262 

443 
652 

0,084 
0,057 

0,084 
0,060 

■ 
Sulfures  R2S. .  . 

i  Sulfure  de  cuivre.    .  . 
I  Sulfure  d'argent. .... 

992 
i55o 

33i 

5.7 

0, 1 13 

0,072 

0,121 
0,074 

Chlorure  de  sodium. . 

733 

i83 

0,205 

0,2l4  ) 

i       »       de  potassium . 

932 

233 

0,161 

°,<i4] 

Chlorures  R2  Cl2. 

»       de  mercure.   . 

2943 

736 

o,o5i 

0,o52 

1       »       de  cuivre.  .  .  . 

1234 

3o8 

0, 122 

o,i38 

'794 

448 

0,084 

0,091 

i  Chlorure  de  barium.. 

,299 

433 

0 ,  086 

0,089 

»        de  strontium. . 

99° 

33o 

o,n4 

0,119 

»       de  calcium.  .  . 

695 

232 

0, 161 

0, 164 

»       de  magnésium. 

601 

2O0 

0,187 

°>'94 

Chlorures  R  Cl3. 

»       de  plomb .... 

1737 

579 

o,o65 

0,066 

»       de  mercure. .  . 

i693 

564 

0,066 

0,068 

849 

a83 

O,  l32 

0,  i36 

1.77 

392 

0,096 

0,  IOI 

»       de  manganèse. 

788 

263 

0, 142 

0, 142 

Bromure  de  potassium. 

1468 

367 

0, 102 

0, 1 13 

Bromures  R2Br2.. 

»       de  sodium. .  . 

1269 

3.7 

0,118 

o,i38 

»       d'argent.  .  .  . 

233o 

582 

0,064 

0,073 

Bromures  RBr2. 

Bromure  de  plomb..  . 

2272 

757 

0,049 

o,o53 

Iodure  de  potassium. 

2074 

5i8 

0,072 

0,081 

»       de  sodium.  .  . 

1875 

468 

0,080 

0,086 

Iouures  K'V.  .  .< 

»       de  mercure.  . 

4o8G 

1021 

o,o36 

o,o3g 

»       d'argent 

2935 

733 

o,o5i 

0,061 

»       de  cuivre.  .  .  . 

2376 

%4 

o,o63 

0,068 

Iodures  RP.  .  .    ! 

Iodure  de  plomb   .  .  . 

2881 

960 

0,039 

0,042 

I 

Iodure  de  mercure.  .  . 

2836 

945 

o,o3g 

o,o4' 

Fluorures  RF12. 

Fluorure  de  calcium. . 

489 

i63 

o,23o 

0,2l5 

(*)  Le  calcul  confirme  l'idée  de  M.  Regnault  sur  1 

a  compositio 

a  atomique  c 

e  la  soude  et  < 

le  la  potasse. 

C.  R.,  i852,  a™«  Semestre.  (T.  XXXV,  N°8.) 


3? 


(    282    ) 

»  Pour  les  sels  à  oxacydes,  la  chaleur  spécifique  calculée  est  toujours 
sensiblement  plus  forte  que  celle  trouvée  par  M.  Regnault,  ainsi  que  le 
montre  le  tableau  suivant  : 


Tableau   C. 


Az'O'H-  R!0.  . 

Cl]Os  +  RJ0  .  . 

P'O'+aR'O. . 

P20'-l-2RO... 
As'O'  +  SPbO. 


SO' 


SO1 


R'O.. . 


RO. 


CrO'-<-R20.  . 
B'06-f-R'0... 
CO'  +  R'O..  . 


CO'  -+-  RO. 


Nitrate  de  potasse 

Nitrate  de  soude 

Nitrate  d'argent 

Chlorate  de  potasse 

Phosphate  de  potasse.  .  . 
Phosphate  de  soude  .  . . 
Phosphate  de  plomb. .  .  . 

Arséniate  de  plomb 

Sulfate  de  potasse..  ... . . 

Sulfate  de  soude 

Sulfate  de  baryte 

Sulfate  de  strontiane. . .  . 

Chromate  de  potasse. .  . . 

Borate  de  potasse 

Carbonate  de  potasse.  .  . 
Carbonate  de  chaux 
Carbonate  de  baryte   . .  . 


POIDS 

POIDS 

atomique 

atomique. 

moyen. 

1266 

126 

1067 

106 

2128 

212 

i532 

l53 

2072 

i5g 

1674 

129 

368 1 

334 

5623 

433 

1091 

i56 

892 

127 

i458 

243 

1148 

•91 

1241 

177 

i46i 

i33 

865 

,44 

63 1 

126 

I23l 

246 

l.HAI.I.IT. 

spécifique 
calculée. 


0,298 
0,354 
0,177 

0,245 
0,235 
0,290 

O,  I  12 
0,087 
O,24o 
0,295 

o,i54 
0,196 

0,21 1 
0,282 
0,260 

°>297 
o,  i52 


spécifique 
déterminée 

par 
M.  Regnault. 


o,238 
0,278 
o,i43 
0,209 
0,191 
0,228 
0,082 
0,072 
o,  190 

0,23l 
O,  I  12 

o,  142 
o,i85 
0,219 
0,216 
0,208 
o,  110 


»  Si  la  cristallisation  des  sels  à  oxacydes  n'est  pas  une  cause  générale 
d'erreur  dans  l'appréciation  expérimentale  de  leur  chaleur  spécifique,  on 
pourrait  conclure  de  la  différence  constante  et  toujours  dans  le  même  sens 
qu'offre  le  calcul,  qu'il  y  a  dans  ces  sels  réellement  diminution  du  nombre 
des  atomes  élémentaires  par  la  combinaison. 

»  En  multipliant  la  chaleur  spécifique  avec  le  poids  atomique,  M.  Re- 
gnault avait  obtenu  des  nombres  qui  étaient  les  mêmes  pour  les  corps  de 
même  composition  atomique  et  de  constitution  chimique  semblable,  mais 
qui  variaient  d'un  composé  à  un  composé  d'un  autre  ordre.  La  cause  de  ces 
variations  était  restée  inconnue.  Elle  s'explique  tout  naturellement  main- 
tenant. Il  suffit  de  prendre,  au  lieu  du  poids  atomique  ordinaire  du  corn- 


(  a83  ) 

posé,  son  poids  atomique  moyen  (c'est-à-dire  le  poids  atomique  ordinaire 
divisé  par  le  nombre  des  atomes  élémentaires),  et  le  produit  de  ce  nombre 
avec  la  chaleur  spécifique  donnera  un  nombre  sensiblement  constant 
(environ  37,5,  le  même  que  pour  les  corps  simples)  pour  tous  les  composés 
du  tableau  B.  Ainsi  : 


POIDS    ATOMIQUE 

moyen. 

CHALEUR  SPÉCIFIQUE 

trouvée 
par  M.  Regnault. 

PRODUIT. 

697 
201 

747 
443 
517 
736. 

579 

757 

1021 

945 

o,o5i 

0,ï79 
o,o5o 

0,084 
0,074 

0,o52 

0,066 
o,o53 
0,039 
o,o4i 

35,54 
35,98 
37,35 
37,21 

38,25 
38,27 
38,2i 
40,12 
39, 81 
38,74 

»  Ce  nombre  de  37,5  n'est  lui-même  autre  que  le  poids  atomique  moyen 
de  l'eau  multiplié  par  la  chaleur  spécifique  de  l'eau,  c'est-à-dire  37,5  mul- 
tiplié paru. 

»  La  différence  des  nombres  de  M.  Regnault  provenait  de  ce  que  les 
poids  atomiques  multipliés  avec  la  chaleur  spécifique  étaient  en  général 
plus  ou  moins  grands,  selon  que  la  formule  contenait  plus  ou  moins 
d'atomes  élémentaires. 

»  De  ces  considérations  et  du  tableau  B,  il  résulterait  que  dans  les  corps 
composés  binaires,  les  atomes  élémentaires  conservent,  dans  le  groupement 
résultant  de  la  combinaison,  la  même  capacité  pour  la  chaleur  qu'avant 
leur  combinaison,  ou  plutôt  que  dans  les  corps  composés  binaires  les  for- 
mules chimiques  (ou  l'équivalent)  représentent  un  nombre  d'atomes  com- 
posés égal  au  nombre  d'atomes  élémentaires  dont  elles  sont  formées. 

»  On  peut  aussi  conclure  du  tableau  C,  que  pour  les  sels  à  oxacydes,  la 
chaleur  spécifique,  sans  être  rigoureusement  en  proportion  inverse  de  leur 
poids  atomique  moyen  (à  moins  que  des  expériences  plus  précises  ne  don- 
nent à  ces  sels  des  chaleurs  spécifique  différentes  de  celles  trouvées  jusqu'à 

37.. 


C  »»4  ) 

présent)  est  cependant  toujours  plus  grande  quand  le  poids  atomique 
moyen  est  plus  faible,  et  vice  versa. 

»  Du  tableau  B,  on  peut,  il  me  semble,  tirer  cette  loi  :  que  dans  les 
corps  composés  binaires  les  chaleurs  spécifiques  sont  en  raison  inverse  du 
poids  atomique  moyen. 

»  Cette  loi  pourra-t-elle  plus  tard,  par  suite  de  recherches  expérimen- 
tales nouvelles,  s'appliquer  à  tous  les  corps  composés?  c'est  ce  qu'il  n'est 
guère  permis  de  décider  encore.  » 

chimie  ORGANIQUE.  —  Sur  certaines  transformations  isomériques  des 
corps  gras;  par  M.  Path  Duffy. 

(Commissaires,  MM.  Chevreu!,  Pelouze.) 

«  D'après  tous  les  auteurs,  la  stéarine  de  la  graisse  de  mouton  fond  à 
62  ou  62°,a5.  Les  chimistes,  tels  que  MM.  Chevreul,  Braconnot,  Lecanu, 
Liebig,  Pelouze,  etc.,  qui  se  sont  occupés  de  cette  question,  s'accordent  à 
reconnaître  que  le  point  de  fusion  de  ce  corps  gras,  même  purifié,  ne  dépasse 
pas  62°,25.  J'ai  entrepris  à  ce  sujet,  dans  le  laboratoire  de  XUriweisity 
Collège,  à  Londres,  une  série  de  recherches,  desquelles  il  résulte  : 

»  i°.  Qu'il  est  possible,  par  des  purifications  convenables,  de  reculer  ce 
point  de  fusion  jusqu'à  6g  degrés; 

■2°.  Qu'on  peut,  à  l'aide  de  la  chaleur,  ramener  ce  point  de  fusion  à  des 
degrés  inférieurs,  et  obtenir  ainsi  trois  points  de  fusion  distincts,  propres  à 
trois  modifications  particulières  ayant  des  densités  différentes. 

»  Voici,  en  peu  de  mots,  la  substance  de  mes  recherches  : 

»  Deux  kilogrammes  de  suif  de  mouton,  brut,  ont  été  purifiés  par  des 
traitements  réitérés  à  l'éther.  Au  bout  de  trente-deux  cristallisations,  j'ob- 
tins 8  grammes  d'une  matière  fusible  à  65  degrés,  et  donnant,  par  la  sapo- 
nification, un  acide  fusible  à  66°, 5. 

»  On  peut  communiquer  à  cette  stéarine  deux  autres  points  de  fusion, 
celui  de  5i  et  celui  de  6o,°,7,  en  la  traitant  par  la  chaleur  d'une  manière 
appropriée;  la  stéarine  appelée  pure  jusqu'à  ce  jour,  se  comporte  d'une 
manière  analogue,  et  comme  il  est  plus  aisé  de  se  procurer  de  cette  der- 
nière, je  dirai  en  quelques  mots  comment  on  peut  produire  avec  elle  les  dif- 
férentes modifications  dont  il  s'agit. 

»  Quand  la  stéarine,  fusible  à  63  degrés,  est  portée  à  une  température 
de  66°  |,  et  qu'ensuite  on  laisse  refroidir  peu  à  peu,  elle  ne  se  solidifie  qu'au 
moment  où  la  température  est  tombée  à  5o°,5.  A  partir  de  ce  moment,  elle 


(  285  ) 

a  acquis  un  point  de  fusion  situé  entre  5i  et  56  degrés;  mais,  si  on  la  main- 
tient à  cette  température,  elle  repasse  dans  la  modification  fusible  à  63  de- 
grés. En  plaçant  cette  dernière  dans  un  milieu  de  température  situé  entre  56 
et  66  degrés,  elle  se  transforme  en  une  troisième  modification,  dont  le  point 
de  fusion  est  à  66°, 5. 

»  Avec  la  stéarine  purifiée  par  mon  procédé,  ces  transformations  s'opèrent 
d'une  manière  moins  nette;  la  substance  qui  correspond  à  la  deuxième 
modification  est  surtout  difficile  à  obtenir,  et  ce  n'est  que  par  voie  indirecte 
que  j'ai  pu  en  déterminer  le  point  de  fusion. 

«  Dans  le  tableau  suivant,  je  donne  la  densité  des  diverses  modifications 
de  la  stéarine  très-pure.  Ces  densités  sont  ramenées  à  celles  de  l'eau,  prises 
pour  unité  aux  différentes  températures  auxquelles  on  a  opéré. 


POI))T 

de  fusion. 

TEMPÉRATURE 

à  laquelle 

la  densité  a 

été  prise. 

MODIFICATIONS. 

1 

2 

, 

FLUIDE. 

Densité. 

Volume 
corresp. 

Densité. 

Volume 
corresp. 

Densité. 

Volume 
corresp. 

Densité. 

Volume 
corresp. 

o 

65,  o 

i5,o 

0,9872 

1,0129 

„ 

„ 

„ 

» 

» 

» 

66,5 

t5,o 

0,9877 

I ,OI24 

» 

» 

» 

T> 

» 

» 

i5,o 

0,9867 

r ,oi34 

I ,0101 

0,9900 

1 ,0178 

0,g825j                » 

» 

i5,o 

» 

» 

» 

» 

1,0179 

0,9824                  0 

» 

69>7 

5i,5 

0,9600 

1 ,01416 

» 

b 

1 ,ooqo 

0,99I0J                » 

» 

65,5 

» 

» 

» 

» 

o,993i 

I    ,O06giO,9245 

1 ,0816 

68,2 

" 

» 

" 

» 

0,9746 

l ,0260!                 » 

" 

»  On  voit  que  la  troisième  modification  est  plus  dense  que  la  seconde 
qui  est,  de  son  côté,  plus  dense  que  la  première. 

»  Entre  les  températures  de  i5  et  de  i5°,5,  la  première  modification  se 
dilate  beaucoup  plus  que  la  troisième  ;  mais  le  coefficient  de  dilatation  de 
cette  dernière  augmente  rapidement  avec  l'élévation  de  température. 

»  Aucune  de  ces  trois  modifications  ne  conduit  l'électricité. 

»  La  stéarine  du  suif  de  bœuf  est  identique  à  celle  du  suif  de  mouton, 
a  kilogrammes  de  suif,  purifiés  par  dix-huit  cristallisations,  ont  fourni 
1  gramme  de  substance  fusible  à  67  degrés. 

»La  palmitine  de  l'huile  de  palme,  la  margarine  extraite  du  beurre  et 


(  a86  ) 

celle  de  la  graisse  humaine  sont  également  susceptibles  d'éprouver  trois 
modifications  isomériques. 

»  Tous  ces  corps  gras  fournissent  des  acides  qui  appartiennent  à  la  série 

(CH)"0\ 

»  A  l'exception  de  la  cocinine,  les  matières  grasses  qui  n'appartiennent 
pas  à  cette  série  ne  subissent  pas  de  transformations  isomériques. 


Stéarine  du  mouton 

Stéarine  du  bœuf 

Substance  extraite  d'un  suif  végétal . 

Palmitine 

Margarine  du  beurre 

Margarine  de  la  graisse  humaine . .  . 


POINT 

ACIDES. 

de 
solidifica- 

tion. 

OH3,0' 

5i,7 

C3«H3<0< 

5o,5 

» 

45,o 

C"H3îO 

45,5 

C3,H3'0« 

4o,o 

» 

43,5 

POINTS    DE    FUSION. 


52,0 

5i,o 
45,6 
46,0 
4o,5 

44,2 


0 

0 

64, o(?) 

69>7 

63, 0 

07,0 

62,0 

64,5 

61,7 

62,8 

5i  ,0 

52,6 

54,5 

56, 0 

physiologie.  —  Recherches  électro-physiologiques  et  pathologiques  sur  les 
fonctions  des  muscles  qui  meuvent  l'épaule  sur  le  tronc,  et  le  bras  sur 
V épaule;  par  M.  Dcchexne,  de  Boulogne. 

(Commissaires,  MM.  Magendie,  Flourens,  Lallemand.) 

«  Les  conclusions  qui  se  déduisent  des  recherches  auxquelles  je  me  suis 
livré  sur  les  effets  des  contractions  des  muscles  obtenues  au  moyen  de  l'élec- 
tricité, et  qui  ne  pourraient  jamais  l'être  par  l'action  volontaire,  se  peuvent 
résumer  dans  les  propositions  suivantes  : 

»  I.  Les  muscles  ou  faisceaux  musculaires  auxquels  on  attribue  la  pro- 
priété de  faire  basculer  le  scapulum  sur  un  axe  fictif  placé  au  centre  de  cet 
os,  de  manière  à  mouvoir  ses  angles  interne  et  externe  en  sens  contraires, 
n'exercent  pas  cette  action  physiologiquement  ;  mais  ils  font  tourner  le 
scapulum  sur  l'un  ou  l'autre  de  ses  angles  supérieurs,  qui  reste  fixe,  tandis 
que  l'angle  inférieur  s'élève  ou  s'abaisse,  en  se  rapprochant  ou  s'éloignant 
de  la  ligne  médiane. 

»  II.  L'humérus,  en  s'élevant  par  la  contraction  isolée  du  deltoïde,  dé- 
place le  scapulum  de  la  manière  suivante  :  1  °  il  déprime  son  angle  externe 
pendant  qu'il  élève  son  angle  inférieur  de  1  à  2  centimètres  au  plus,  en  le 


1*87) 

rapprochant  de  la  ligne  médiane;  i°  il  le  fait  pivoter  sur  son  axe  vertical, 
de  telle  sorte  que  son  bord  spinal,  s'écartant  des  parois  thoraciques  de  4  à  5 
centimètres,  semble  s'en  détacher  sous  la  forme  d'une  aile,  en  formant  entre 
lui  et  le  dos  une  sorte  de  gouttière  profonde  de  4  à  5  centimètres.  Pendant 
cette  expérience,  la  tête  de  l'humérus  a  une  tendance  à  abandonner  la 
cavité  glénoïde,  en  se  subluxant  en  bas. 

»  Cette  attitude  vicieuse  du  scapulum,  la  volonté  ne  saurait  là  repro- 
duire, car  elle  ne  possède  pas,  comme  l'électrisation,  le  pouvoir  dangereux 
de  faire  contracter  isolément  le  deltoïde. 

»  III.  Pendant  l'élévation  volontaire  du  bras,  le  grand  dentelé,  placé, 
pour  ainsi  dire,  sous  les  ordres  du  deltoïde,  vient  à  l'aide  de  ce  dernier, 
non-seulement,  ainsi  qu'on  l'a  dit,  afin  de  fixer  le  scapulum,  mais  aussi 
pour  compléter  l'élévation  verticale  du  bras  :  la  limite  d'élévation  par  ce 
muscle  étant  la  direction  horizontale.  Le  second  temps  de  l'élévation  du 
bras  (l'élévation  au-dessus  de  la  ligne  horizontale)  est  aidée  aussi  par  la 
contraction  synergique  du  tiers  moyen  du  trapèze,  surtout  dans  les  mouve- 
ments de  force. 

»  IV.  L'atrophie  ou  la  paralysie  du  grand  dentelé  occasionne  un  déran- 
gement peu  apparent  dans  l'attitude  du  scapulum,  quand  les  bras  pendent 
sur  les  côtés  du  tronc  ;  l'angle  inférieur  de  cet  os  non -seulement  est  un  peu 
plus  élevé,  plus  saillant  et  plus  rapproché  de  la  ligne  médiane  que  celui  du 
côté  opposé,  mais,  dès  que  le  bras  s'écarte  du  tronc,  on  voit  apparaître 
toutes  les  difformités  qui  résultent  de  l'absence  du  concours  du  grand  den- 
telé et  qui  ont  été  décrites  plus  haut  (proposition  II). 

»  V.  Les  fibres  supérieures  du  grand  dorsal,  excitées  par  l'électrisation, 
alors  que  le  bras  tombe  parallèlement  à  l'axe  du  tronc,  dépriment  l'omoplate 
de  dehors  en  dedans  et  d'avant  en  arrière  par  l'intermédiaire  de  la  tête  de 
l'humérus,  qui  appuie  sur  la  cavité  glénoïde;  les  fibres  inférieures  du  même 
muscle  abaissent  le  moignon  de  l'épaule.  L'excitation  simultanée  de  toutes 
les  fibres  des  deux  grands  dorsaux  produit  de  chaque  côté,  non-seulement 
les  mouvements  précédents,  mais  encore  l'extension  énergique  du  tronc. 

»  VI.  Le  tiers  inférieur  du  trapèze  et  le  rhomboïde  jouissent,  il  est  vrai, 
comme  le  grand  dorsal,  de  la  faculté  d'effacer  les  épaules  en  associant  leur 
action  ;  mais  l'attitude  qui  en  résulte  est  vicieuse  ou  disgracieuse,  parce 
qu'ils  élèvent  en  même  temps  et  inévitablement  le  moignon  de  l'épaule. 
Aussi  n'agissent-ils  physiologiquement  que  pour  maintenir  le  scapulum 
solidement  rapproché  de  la  ligne  médiane  dans  certains  mouvements  de 
force  du  membre  supérieur,  comme  pour  attirer  à  soi  un  corps  résistant. 


(  288  ) 

»  VII.  En  conséquence,  de  tous  les  muscles  qui  meuvent  l'épaule,  le 
grand  dorsal  est  un  de  ceux  cjui  produise  la  meilleure  et  la  plus  belle  atti- 
tude, en  raison  de  son  double  pouvoir  d'effacer  les  épaules  et  de  les  abaisser 
à  la  fois,  en  raison  aussi  de  l'énergie  avec  laquelle  il  redresse  le  tronc. 
C'est  lui  qui,  par  exemple  chez  le  militaire,  produit  l'attitude  au  port 
d'arme. 

»  VIII.  Des  trois  muscles  (le  trapèze,  le  grand  dorsal  et  le  rhomboïde ) 
qui,  par  la  volonté  ou  l'excitation  électrique,  possèdent  le  pouvoir  de  rap- 
procher de  la  ligne  médiane  le  bord  spinal  du  scapulum,  le  trapèze  est  le 
seul  qui,  par  son  tiers  inférieur  et  par  quelques  fibres  de  son  tiers  moyen, 
jouisse,  pendant  le  repos  musculaire,  de  la  faculté  de  maintenir  le  scapu- 
lum à  sa  distance  normale  de  la  ligne  médiane,  laquelle  est  chez  l'adulte 
de  5  à  6  centimètres.  Il  suffit,  en  effet,  que  ces  fibres  du  trapèze  soient 
détruites  par  l'atrophie  musculaire,  pour  que  le  scapulum  s'éloigne  du  plan 
médian  de  io  à  12  centimètres.  Dans  cette  attitude  vicieuse  de  l'épaule,  le 
dos  est  arrondi  transversalement,  le  moignon  de  l'épaule  est  porté  en  de- 
hors et  en  avant,  et  la  poitrine  se  creuse. 

»  IX.  Le  rhomboïde  maintient  par  sa  tonicité  le  bord  spinal  du  scapu- 
lum solidement  appliqué  contre  le  thorax. 

»  Quand  ce  muscle  perd  cette  tonicité  (dans  l'atrophie  progressive,  par 
exemple),  le  bord  spinal  du  scapulum  fait  une  saillie  sous  la  peau,  et  l'es- 
pace compris  entre  ce  bord  spinal,  et  la  ligne  médiane  se  creuse  profon- 
dément pendant  le  repos  musculaire. 

»  Si  l'atrophie  du  rhomboïde  s'ajoute  à  celle  du  grand  dentelé,  au  mo- 
ment de  l'élévation  du  bras,  on  voit  entre  le  scapulum  et  le  thorax  une 
vaste  excavation  qui  pourrait  loger  la  main  tout  entière,  et  dans  laquelle 
la  peau  s'enfonce  en  adhérant  aux  tissus  qu'elle  recouvre  avec  une  telle 
force,  qu'on  ne  peut  la  détacher,  comme  si  un  vide  s'était  formé  sous  elle. 

»  X.  La  connaissance  des  faits  établis  par  les  recherches  électro-ph\sio- 
logiques  et  pathologiques  exposées  dans  le  travail  dont  je  donne  ici  le 
résumé,  permet  d'expliquer  le  mécanisme  des  principaux  mouvements  de 
l'épaule  et  des  attitudes  vicieuses  ou  des  déformations  qui  résultent  des 
affections  des  muscles  qui  exécutent  ces  mouvements  ;  la  connaissance  de 
ces  faits,  enfin,  intéresse  au  plus  haut  degré  le  diagnostic  différentiel  de  ces 
affections  musculaires.  » 


(  »89  ) 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Note  sur  une  masse  de  fer  météorique  trouvée  près 
d'Épinal,  le  •;  juillet  i85i  ;  par  M.  Guery.  (Transmise  par  M.  Haxo, 
Secrétaire  perpétuel  de  la  Société  d'Émulation  du  département  des 
Vosges.) 

(Commissaires,  MM.  Cordier,  Berthier,  Babinet.) 

«  Le  5  décembre  1842,  vers  cinq  heures  et  demie  du  matin,  une  vive 
lumière  se  fit  remarquer  au  sud-ouest  d'Épinal.  Immédiatement  après,  on 
entendit  au  loin  un  bruit  sourd  qui  dura  quelques  secondes,  et  que  l'on 
peut  comparer  aux  décharges  successives  de  plusieurs  pièces  d'artillerie. 
Aussitôt,  on  remarqua  sur  les  hauteurs  de  Saint- Antoine  un  immense  globe 
de  feu  très-éclatant,  qui  se  divisa  en  trois  parties  principales.  L'une  de  ces 
parties  alla  tomber  entre  les  maisons  du  Saut-le-Cerf  et  sembla  rouler  sur 
un  pré  situé  à  droite  du  chemin  qui  conduit  à  Dogneville.  Une  autre 
portion  se  divisa  et  tomba  comme  une  pluie  de  feu  sur  la  ville  d'Epinal, 
particulièrement  sur  la  place  de  l'Atre.  La  troisième  partie,  qui  était  la  plus 
dense  et  dont  je  vis  la  chute,  se  dirigea  comme  un  trait  de  feu  sur  la  côte 
de  l'Eaufromont  et  atteignit  la  terre  à  moitié  de  la  hauteur  de  cette  côte 
sur  le  versant  qui  regarde  la  Moselle. 

»  Pour  avoir  de  plus  amples  renseignements,  je  me  transportai  près  des 
personnes  qui  avaient  été  témoins  oculaires  du  météore.  J'explorai  d'abord 
Épinal.  Les  personnes  qui  avaient  presque  été  atteintes  par  les  fragments 
enflammés  me  montrèrent  du  doigt  la  place  où  ils  étaient  tombés;  mais, 
malgré  la  plus  grande  attention,  je  n'y  trouvai  rien  de  remarquable.  Ces 
personnes,  cependant,  m'assurèrent  que,  s'étant  approchées  de  ces  frag- 
ments enflammés,  elles  aperçurent,  lorsqu'ils  furent  éteints,  une  petite 
quantité  de  cendre  grisâtre,  peu  différente  du  sable  qui  entoure  les  pavés 
de  la  ville. 

»  Vers  les  trois  heures  de  l'après-midi,  je  me  dirigeai  sur  le  Saut-le-Cerf, 
qui  est  à  une  demi-lieue  de  la  ville,  accompagné  de  M.  Saladin,  conseiller 
.à  la  Cour  de  Nancy,  qui  présidait  alors  les  Assises  à  Épinal.  Mais,  malgré 
les  indices  les  plus  précis  et  les  recherches  les  plus  minutieuses,  nous  ne 
trouvâmes  aucune  trace  du  phénomène.  Le  peu  de  succès  de  ces  recherches 
ne  me  rebuta  pas.  Le  lendemain,  je  parcourus  l'Eaufromont  dans  tous  les 
sens,  je  pris  des  informations  exactes  sur  la  chute  de  l'aérolithe,  et  cepen- 
dant mes  recherches,  dans  cette  localité,  furent  aussi  infructueuses  que  dans 
les  autres.  Toutefois,  je  ne  perdis  pas  de  vue  ce  qui  m'intéressait  à  un  haut 

C.  R.,  i35a,  i™  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  8.  )  38 


(  *9°  ) 
degré,  et,  pendant  plusieurs  années,  je  continuai  mes  investigations  sur 
l'Eaufromont.  Enfin,  le  7  juillet  i85i,  je  trouvai,  à  mi-côté  sur  le  chemin 
qui  sépare  les  deux  mamelons  de  l'Eaufromont,  une  masse  de  fer  qui  me 
sembla  de  prime  abord  devoir  être  une  scorie.  Cette  masse  se  trouvait 
parmi  les  pierres  rejetées  sur  le  chemin  par  les  cultivateurs  des  environs  : 
cependant  un  examen  plus  attentif  me  fit  reconnaître  que  cette  espèce  de 
fer  oxydé  n'était  pas  une  scorie,  et  qu'elle  présentait,  comme  on  le  pourra 
reconnaître  par  la  description  que  j'en  vais  donner,  la  plupart  des  carac- 
tères des  aérolithes  métalliques  ;  il  devient  dès  lors  probable  qu'elle  pro- 
vient de  la  chute  du  météore  qui  a  éclaté  sur  Épinal  et  ses  environs  le 
5  décembre  1842. 

»  aspect  général.  —  Masse  ferrugineuse,  dont  la  partie  supérieure  est 
convexe  et  la  partie  inférieure  concave.  Cette  masse  présente  des  portions 
lisses,  dures  à  la  lime  et  difficilement  attaquables  par  le  burin.  D'autres 
parties  sont  caverneuses,  contournées  et  oxydées.  Elle  a  une  influence  mar- 
quée sur  le  barreau  aimanté  suspendu  à  un  fil  à  la  distance  de  1 5  centi- 
mètres. A  la  distance  de  1  o  centimètres,  elle  attire  le  barreau,  pour  y  adhérer 
fortement  et  pour  ne  s'en  séparer  ensuite  qu'à  la  distance  de  20  centimètres. 

Poids  primitif 843  grammes. 

Nota.  Plusieurs  fragments  de  la  surface  ayant  été  détachés,  le  poids 
actuel  est  réduit  à  ^55  grammes. 

Diamètre 10  centimètres. 

Hauteur 5  id. 

Pesanteur  spécifique 5 ,  23. 

»  Partie  supérieure.  —  On  remarque  sur  cette  partie,  çà  et  là,  des  fais- 
ceaux d'une  substance  ferrugineuse  bleuâtre,  formant  des  stries  parallèles. 
Un  de  ces  faisceaux  ayant  été  brisé  par  le  milieu,  on  reconnaît  sur  la  tran- 
che, à  la  loupe,  des  vacuoles  profondes,  semblables  à  des  alvéoles  arron- 
dies, séparées  les  unes  des  autres  par  la  substance  métallique,  et  disposées 
sur  huit  lignes  parallèles  dans  le  sens  des  stries  brisées.  On  aperçoit  ailleurs 
une  réunion  de  petits  mamelons  très  -  brillants ,  d'un  brun  olivâtre,  qui 
paraissent  avoir  été  grillés  par  une  forte  chaleur.  On  voit  au  sommet  de  la 
masse  une  substance  terreuse  de  couleur  jaune-orangé  assez  vive.  On  re- 
marque sur  le  bord  et  dans  l'intérieur  des  cavernes  des  parties,  les  unes 
vertes,  les  autres  d'un  rouge  brun  foncé  tirant  sur  le  violet,  et  qui  parais- 
sent être  colorées  par  le  chrome. 

»  Partie  inférieure.  —  Cette  partie,  qui  est  concave,  s'est  moulée  sur  le 


(  29!  ) 
terrain  où  elle  est  tombée.  La  chaleur  dont  ce  corps  était  pénétré  a  forcé 
le  sable  qui  était  en  contact  avec  cette  partie  d'y  adhérer  fortement  ;  et,  au 
moyen  de  la  loupe,  on  voit  clairement  des  grains  de  quartz  réunis  dans  une 
substance  terreuse,  mêlée  d'un  oxyde  de  fer  jaune-brun.  Sur  cette  face,  on 
remarque  encore  de  petits  amas  saillants  d'un  aspect  métallique  d'un  gris 
de  plomb  clair,  dont  la  substance  est  facilement  entamée  par  la  lime.  (Je 
soupçonne  de  nickel.  ) 

»  Enfin,  on  voit  aussi  de  ces  colorations  en  vert  et  en  brun  dont  j'ai 
parlé  plus  haut,  et  de  petits  corps  lisses  et  très-brillants,  qui  paraissent 
avoir  été  vitrifiés  par  la  chaleur  et  ont  l'aspect  du  péridot.  » 

A  la  Note  est  jointe  une  boîte  contenant  des  fragments  du  corps  trouvé 
à  l'Eaufromont.  MM.  Cordier,  Berthier,  Babinet  sont  invités  à  en  faire 
l'examen. 

M.  Rodier  de  la  Brcgcière  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mé- 
moire intitulé  :  Développement  nouveau  des  Jonctions  d'une  seule  variable. 

(Commissaires,  MM.  Cauchy,  Binet.) 

M.  Valette,  en  adressant  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie  de  la  fondation  Montyon  un  Mémoire  sur  la  possibilité  de  lier 
l'artère  occipitale  près  de  son  origine,  envoie,  conformément  à  une  décision 
prise  par  l'Académie  pour  les  pièces  admises  à  ce  concours,  une  indication 
de  ce  qu'il  considère  comme  neuf  dans  son  travail. 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  Baudens  présente  au  même  concours  quatre  opuscules  imprimés  sur 
des  questions  dont  il  a  fait  précédemment  l'objet  de  communications  à 
l'Académie  des  Sciences.  (P^oir  au  Bulletin  bibliographique.  )  Il  indique  éga- 
lement dans  la  Lettre  d'envoi  les  points  qui  lui  paraissent  devoir  appeler, 
pour  chacun  de  ces  travaux,  l'attention  de  la  Commission. 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.  ) 

M.  Vi  nito.vxAis  envoie  de  Metz,  au  concours  pour  le  prix  de  Statistique, 
deux  publications  concernant  la  Statistique  du  département  de  la  Moselle. 

(Commission  du  prix  de  Statistique.) 

M.  Panizzini  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  faire  examiner  un  sjrstème 

38.. 


%'■■ 


(    »92    ) 

île  transmission,  à  grande  distance,  d'une  force  motrice,  système  qu'il  a 
installé  dans  un  terrain  de  la  rue  Lafayette. 

M.  Poncelet  est  prié  de  prendre  connaissance  des  plans  joints  à  la  Lettre 
de  M.  Panizzini,  et  de  faire  savoir  à  l'Académie  s'il  y  a  lieu  à  nommer  une 
Commission. 

M.  Brachet  envoie  une  suite  à  ses  précédentes  communications  sur  la 
théorie  de  la  vision  et  sur  les  instruments  d'optique. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  dans  la  séance  du  9  août,  Commission 
qui  se  compose  de  MM.  Magendie,  Flourens,  Regnault.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  Toyxbée,  auteur  de  recherches  sur  les  usages  des  différentes  parties 
de  l'organe  de  l'ouïe,  annonce  l'intention  de  soumettre  prochainement  au 
jugement  de  l'Académie  un  travail  sur  la  possibilité  de  remédier,  dans  cer- 
tains cas,  à  lasurdité,  en  établissant,  quand  il  y  a  perforation  de  la  membrane 
du  tympan,  un  tympan  artificiel. 

M.  Toynbée  demande  si  les  règlements  de  l'Académie  permettent  qu'un 
travail,  qui  a  été  soumis  à  son  jugement,  soit  ensuite  publié  à  part. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  que,  comme  il  ne  s'agit  pas  d'un  concours,  il 
aura  toujours  la  libre  disposition  de  son  travail,  et  que  seulement,  s'il  le  fait 
imprimer  avant  le  jugement  de  la  Commission  nommée  par  l'Académie,  il 
ne  pourra  plus  obtenir  de  Rapport. 

économie  rurale.  —  Note  sur  les  résultats  d'éducations  de  vers  à  soie  des- 
tinés à  produire  de  la  graine  étalon ,  entreprises,  en  1 852 ,  à  la  Magnanerie 
expérimentale  de  Sainte-Tulle  ;  par  MM.  Guérix-Méxeville  et  Eugène 
Robert. 

«  L'un  des  principaux  buts  de  nos  travaux  est  l'amélioration  des  races 
de  vers  à  soie,  dont  la  dégénérescence  a  fait  des  progrès  très-inquiétants 
depuis  quelques  années. 

»  Nous  avons  pensé  que  le  seul  moyen  d'arrêter  cette  tendance  à  la  déca- 
dence, était  d'entreprendre  une  série  d'études  ayant  pour  but  d'augmenter 
le  produit  des  récoltes  de  cocons,  en  cherchant  à  soustraire  les  vers  à  soie 
aux  maladies  si  nombreuses  auxquelles  ils  sont  exposés,  et  en  améliorant 
quelques  races  pour  augmenter  la  richesse  de  la  coque  soyeuse,  et  donner 
au  brin  des  qualités  particulières  réclamées  par  les  besoins  des  diverses  spé- 


(  *93  > 
cialités  de  l'industrie.  Nous  avons  donc  apporté  une  attention  toute  particu- 
lière aux  reproducteurs,  et  nous  avons  entrepris  de  faire  de  la  graine  qu'on 
pourrait  appeler  graine  étalon,  pour  la  distribuer  aux  éleveurs. 

»  Voulant  continuer  de  répandre  les  deux  races  acclimatées  ici  (race  de 
Sainte-Tulle  et  Gros  de  Briance),  qui  sont  toutes  deux  d'origine  milanaise, 
mais  acclimatées  en  Provence,  l'une  par  neuf  années  d'éducation  et  d'amé- 
liorations consécutives,  et  l'autre  par  deux  ans,  nous  avons  employé  d'a- 
bord tous  les  cocons  de  choix  de  nos  éducations  principales  de  graines,  et 
une  certaine  quantité  choisie  chez  les  magnaniers  nos  voisins,  dont  les  édu- 
cations, faites  avec  notre  graine,  avaient  été  conduites  de  la  manière  la  plus 
convenable,  et,  pour  ainsi  dire,  sous  nos  yeux. 

»  De  plus,  nous  avons  fait  de  la  graine  de  toutes  nos  races  d'expériences, 
afin  d'en  poursuivre  les  essais  d'acclimatation,  si  la  chose  nous  est  possible, 
et  nous  avons  remarqué,  cette  année  encore,  que,  dans  ces  races  non  accli- 
matées, un  grand  nombre  de  papillons  ne  sont  pas  sortis  des  cocons;  ce  qui 
indique  un  état  de  souffrance.  Sur  cent  cocons  de  ces  races  étrangères,  vingt- 
cinq  à  trente  n'éclosent  pas,  tandis  que  nos  races  acclimatées  perdent  à  peine 
huit  à  dix  cocons  sur  cent. 

»  Nous  nous  sommes  convaincus  de  plus  en  plus,  dans  cette  troisième 
année  de  nos  études  sur  la  graine,  que  la  production  de  bons  œufs  de  vers 
à  soie  ne  peut  être  faite  que  sur  une  échelle  très-restreinte,  et  que  son  prix 
de  revient  est  trop  élevé  pour  que  la  vente  de  cette  graine  puisse  donner  des 
résultats  rémunérateurs.  Qu'on  en  juge  : 

»  La  fabrication  de  la  graine  pourrait,  au  plus,  être  faite  sur  une  échelle 
de  iooo  onces  (25  kilogrammes).  Pour  six  à  sept  cents  kilogrammes  de 
cocons  qui  sont  nécessaires  à  cause  des  éliminations,  et  seraient  à  peine 
suffisants  ;  à  5  fr.  le  kilogramme,  35oo  fr.  ;  manutention,  instruments,  etc., 
5oo  fr.  Total  :  4ooo  fr.  Après  quoi  ces  i  ooo  onces,  au  prix  courant  de 
5  fr.,  produiraient  5ooofr. 

»  On  voit  que,  pour  couvrir  les  dépenses  de  voyage  et  de  séjour  de 
l'homme  de  science  et  du  praticien,  pour  payer  le  loyer,  l'intérêt  des  fonds 
avancés,  etc.,  pour  rémunérer  enfin  un  travail  pénible  de  plus  de  trois  mois, 
sans  compter  le  temps  nécessaire  pour  la  conservation  et  la  vente  de  cette 
graine,  etc.,  il  resterait  seulement  une  somme  de  îooo  fr.  ;  ce  qui  serait, 
comme  on  le  voit,  une  triste  spéculation  pour  l'industrie  privée.  Un  gou- 
vernement seul  peut  et  doit  écarter  toute  idée  de  profit  quand  il  s'agit  du 
bien  public.  C'est  donc  en  lui  que  les  éducateurs  doivent  espérer  pour  tout 
ce  qui  se  fera  dans  le  but  de  la  régénération  des  races. 


(  s94) 

»  Les  nouvelles  qui  arrivent  de  tous  les  points  annoncent  que  la  mau- 
vaise réussite  des  éducations  est  au  moins  autant  due  à  la  mauvaise  qualité 
de  la  graine  étrangère  dont  on  a  inondé  le  pays  cette  année,  qu'aux  résultats 
de  la  gelée  ;  et  il  devait  en  être  ainsi  :  i°  parce  que  la  graine  non  acclimatée 
donne  des  produits  incertains,  même  lorsqu'elle  est  traitée,  comme  nous  le 
faisons  nous-mêmes,  avec  les  plus  grands  soins,  et  même  lorsqu'elle  est 
excellente,  comme  celle  que  nous  avons  reçue  des  premiers  éducateurs  du 
Milanais  ;  a°  parce  que,  à  mesure  que  le  commerce  de  la  graine  s'étend  da- 
vantage, que  la  concurrence  s'établit  sur  tous  les  points,  sur  les  prix,  on 
est  obligé,  pour  la  soutenir,  de  donner  d'autant  moins  de  soins  aux  achats 
et  aux  choix  à  faire  des  cocons  reproducteurs.  » 

économie  rubale.  —  Sur  un  moyen  destiné  à  prévenir  la  maladie  des 
pommes  de  terre.  (Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Bavard.) 

«  Dans  les  propriétés  que  je  possède  dans  le  nord  du  département  de 
Maine-et-Loire  (commune  de  la  Jaille-Yvon),  les  pommes  de  terre  récoltées 
en  i85o  étaient  presque  toutes  tachées  et  malades.  Avant  de  les  mettre  en 
terre  en  1 85 1 ,  j'en  fis  couper  par  morceaux  i  hectolitre,  et  dans  chacun  des 
fragments  on  enfonça,  selon  leur  volume,  un,  deux  ou  trois  pois  secs.  La 
semerie  fut  faite,  selon  l'habitude  du  pays,  en  sillons  élevés.  On  acheva  de 
semer  la  pièce  de  terre  (d'environ  i  hectare)  avec  des  pommes  de  terre  non 
piquées  de  pois. 

»  Malgré  la  sécheresse  de  l'été,  il  y  eut  d'abord  végétation  vive  et  four- 
nie de  rameaux  de  pois  qui  arrivèrent  à  floraison,  et  pousse  vigoureuse  des 
tiges  de  pommes  de  terre. 

»  Ces  dernières  n'ont  pas  été  fanées  ou  malades,  les  tubercules  très-nom- 
breux, mais  petits,  ont  été  sains;  ils  se  sont  parfaitement  conservés  et  ont 
servi  aux  semences  du  mois  de  juin  dernier  i85a.  Une  partie  des  pommes 
de  terre  ordinaires  a  été  malade. 

»  Tandis  que  ces  expériences  comparatives  étaient  faites  dans  un  champ 
dont  la  terre  est  argilo-schisteuse,  compacte  et  durcie  par  la  sécheresse  de 
la  saison,  des  essais  semblables  étaient  pratiqués  dans  un  jardin  potager  dont 
la  terre,  ameublie  par  des  engrais,  est  plus  légère;  en  outre,  les  semis  étaient 
rafraîchis  par  des  arrosements  :  les  résultats  ont  été  semblables.  Les  tuber- 
cules piqués  de  pois  ont  été  préservés  de  la  maladie,  et  ceux  placés  dans  le 
même  terrain  ont  offert  rapidement  les  signes  d'altération. 

»  Pendant  le  développement  des  rames  de  pois  et  des  tiges  de  pommes 


(  >9*  ) 
de  terre,  j'avais  arraché  et  ouvert  des  pieds.  J'ai  remarqué  que  la  végétation 
hâtive  du  pois  enlevait  au  tubercule  son  excès  d'humidité  et  favorisait  le 
travail  de  développement  de  la  pomme  de  terre. 

»  Les  cendres,  dont  on  a  conseillé  l'emploi,  me  paraissent  agir  d'une  ma- 
nière analogue,  mais  moins  complète  ;  elles  absorbent  une  partie  de  l'excès 
d'humidité  en  raison  de  la  nature  des  sels  qu'elles  contiennent,  mais  il  n'y 
a  pas  la  rapidité  d'absorption  que  provoque  la  végétation  des  pois.  » 

M.  Brière  annonce  que,  d'après  tous  les  renseignements  qu'il  a  pu  obte- 
nir, la  maladie  des  pommes  de  terre  ne  se  montre  jamais  dans  des  terrains 
qui  sont  sujets  à  être  atteints  par  l'eau  de  la  mer.  Il  pense,  en  conséquence, 
que*  la  présence  du  sel  dans  le  sol  serait  une  garantie  contre  le  mal,  et  il 
lui  semble  qu'on  pourrait  utiliser  dans  ce  but  la  saumure  qui,  après  avoir 
servi  à  la  conservation  des  viandes,  n'est  plus  propre  à  être  employée  au 
même  usage. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart.  F. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  a3  août  i85a,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences, 
?e  semestre  1 85a  ;  n°  7  ;  in-4°. 

Supplément  à  la  Statistique  historique,  industrielle  et  commerciale  du  dépar- 
tement de  la  Moselle,  publiée  en  i844  Par  M.  Verronnais,  imprimeur- 
libraire,  ouvrage  indispensable  à  toutes  les  personnes  désireuses  de  bien  connaître 
un  département  industriel  et  commercial,  placé  sur  les  frontières  de  la  Bavière, 
de  la  Prusse  et  de  la  Belgique;  suivi  de  Notes  historiques  inédites;  publié  par 
M.  Verronnais  père.  Metz-Paris,  i85a;  1  vol.  in-8°.  (Destiné,  ainsi  que 
les  deux  volumes  suivants,  au  concours  pour  le  prix  de  Statistique.  ) 

Almanach  du  cultivateur  de  France  pour  j853,  suivi  d'un  Traité  sut  la 
culture  de  la  vigne;  publié  par  M.  Verronnais  père.  Paris-Metz,  i85a; 
in-12. 

Almanach  des  militaires  français ,  pour  l'année  1 853  ;  publié  par  le  même. 
Paris,  Metz,  Lille,  i85a;  in-12. 

De  l'entorse  du  pied  et  de  son  traitement  curatif,  par  M.  le  Dr  BAUDENS;  — 
Mémoire  sur  un  nouveau  traitement  de  ihydrocèle,  par  le  même;  —  Mémoire 


(  296) 

sur  la  rupture  du  ligament  rotulien  avec  la  description  d'un  appareil  curatif 
nouveau,  parle  même;  —  Nouvelle  méthode  des  amputations;  par  le  même; 
i  vol.  in-8°.  (Ces  Mémoires  sont  présentés  au  concours  pour  les  prix  de 
Médecine  et  de  Chirurgie.) 

Traité  sur  la  culture  du  tabac  applicable  à  l'Algérie,  d'après  les  observations 
faites  sur  les  lieux;  par  M.  F.  GROS,  fabricant  de  cigares  et  négociant.  Pa- 
ris, i85a;  broch.  in-8°. 

Traité  sur  la  culture  du  tabac  applicable  à  la  Guyane  française ,  d'après  les 
observations  faites  aux  Etats-Unis,  aux  Antilles  et  au  Brésil;  parle  même. 
Paris,  i852;  broch.  in-8°. 

Recherches  électro-physiologiques  et  pathologiques  sur  l'action  individuelle  et 
les  usages  des  muscles  qui  meuvent  le  pouce  et  les  doigts  de  la  main;  par 
M.  le  Dr  Duchenne,  de  Boulogne.  Paris,  i85a;  broch.  in-8°.  (Extrait  des 
Archives  générales  de  Médecine,  numéro  de  mars  i85a,  et  suivants.) 

Appendice  aux  précédentes  recherches;  par  le  même;  Mémoire  lu  à  la 
Société  de  Médecine  de  Paris.  Paris,  i85q  ;  broch.  in-8°.  (Extrait  des  mêmes 
Archives ,  numéro  de  juillet  i85a.) 

Les  trois  règnes  de  la  nature.  —Règne  animal.  —  Histoire  naturelle  des  oiseaux , 
classés  méthodiquement,  avec  l'indication  de  leurs  mœurs  et  de  leurs  rapports 
avec  les  arts,  le  commerce  et  l'agriculture  ;  par  M.  Emm.  Le  Maout;  16e 
et  17e  livraisons;  in -8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  </<■ 
Belgique;  tome  XIX;  n°  7  ;  in-8°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  DE  Monfort, 
et  rédigée  par  M.  l'abbé  MoiGNO;  irc  année;  n°  17;  22  août  i852;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  pratique  et  de  Jardinage,  fondé  par  M.  le  Dr  Bixio, 
publié  par  les  rédacteurs  de  la  Maison  rustique,  sous  la  direction  de  M.  Barral; 
3e  série;  tome  V;  n°  4;  20  août  i852;  in-8°. 

Das  krystallo-chemische...  Système  crystallo-chimique  de  minéralogie  ;  par 
M.  Gustave  Bose.  Leipzig,  i852;  in-8°. 

Lehrbuch...  Manuel  de  l'ingénieur  et  du  mécanicien;  par  M.  Juuus 
Weisbach;  2  livraisons;  1849  et  i852;  in-8°. 

Versuche...  Expériences  sur  la  roideur  des  cordes  en  fd  de  fer;  par  le 
même;  année  1846. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  30  AOUT  1852. 

PRÉSIDENCE  DE  M.   PIOBERÏ. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Augustin  Cauchy  présente  à  l'Académie  une  nouvelle  méthode  pour 
■l'intégration  des  équations  linéaires  aux  dérivées  partielles,  sous  des 
conditions  données  relatives  aux  limites  des  corps.  Cette  méthode,  spé- 
cialement applicable  aux  questions  de  physique  mathématique,  sera  déve- 
loppée par  l'auteur  dans  les  prochaines  séances. 

«  M.  Velpeau,  chargé  d'examiner  la  réclamation  de  M.  Barthélémy 
contre  M.  Gariel,  trouve  que  cette  réclamation  n'est  fondée  que  sur  un 
malentendu  de  la  part  de  l'auteur.  Ce  n'est  point,  en  effet,  pour  l'inven- 
tion de  bandes  en  caoutchouc,  mais  bien  pour  l'application  qu'il  a  faite 
du  caoutchouc  vulcanisé  à  la  confection  de  la  plupart  des  bandages  et  appa- 
reils de  la  chirurgie,  que  M.  le  Dr  Gariel  a  été  récompensé  par  l'Académie. 

»  Or,  M.  Barthélémy  ne  dit  absolument  rien  de  pareil  dans  la  thèse  qu'il 
invoque,  et  dont  M.  Velpeau  était  d'ailleurs  président;  quant  à  l'analogie 
des  brevets,  la  Commission  des  prix  Montyon  et  l'Académie  n'ont  point  à 
s'en  occuper.  Les  auteurs  auront  à  la  discuter,  s'ils  le  jugent  convenable, 
devant  un  autre  tribunal.  » 

C.  R.,  i85a,  a™"  Semestre.  (T.  XXXV,  N"  9.)  3o, 


(  s98) 

géologie.  —  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes; 
par  M.  Elie  de  Beaumont. 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  déposer  sur  le  bureau  un 
petit  ouvrage  que  je  viens  de  terminer  sous  le  titre  de  Notice  sur  les  sys- 
tèmes de  montagnes . 

»  Cet  ouvrage  renferme,  avec  des  développements  plus  étendus,  la  sub- 
stance des  deux  Notes  que  j'ai  eu  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  sur 
la  corrélation  des  directions  des  différents  systèmes  de  montagnes .  [Comptes 
rendus,  séances  du  9  septembre  i85o  et  du  1 1  août  1 85 1 .) 

»  Il  contient  aussi,  avec  le  résumé  de  mes  recherches  personnelles  sur 
les  différents  systèmes  de  montagnes  qui  traversent  l'Europe,  une  indica- 
tion abrégée  des  travaux  faits  sur  le  même  sujet,  soit  en  Europe,  soit  dans 
d'autres  parties  du  monde,  par  différents  géologues.  .T'ai  enregistré  les 
noms  de  quatre-vingt-quinze  systèmes  de  montagnes,  et  j'aurais  même  pu 
y  en  joindre  encore  quelques  autres.  Ces  désignations  sont  dues  à  vingt 
auteurs  différents.  Elles  n'indiquent  pas  quatre-vingt-quinze  systèmes  essen- 
tiellement distincts,  parce  que,  dans  la  liste  nominale  que  j'ai  formée,  il  y 
a  évidemment  des  doubles  et  même  des  triples  emplois;  mais  j'estime  que, 
toute  réduction  faite,  le  nombre  des  systèmes  de  montagnes  réellement 
distincts  qui  ont  été  étudiés  jusqu'à  présent,  n'est  pas  inférieur  a  une 
soixantaine. 

»  Dans  le  premier  Mémoire  que  j'ai  eu  l'honneur  de  soumettre  à  l'Aca- 
démie sur  ces  matières,  le  22  juin  1829,  je  n'avais  étudié  en  Europe  que 
quatre  systèmes  de  montagnes.  Peu  après,  j'ai  pu  en  indiquer  neuf,  puis 
douze,  puis  vingt  et  un.  En  admettant  qu'on  puisse  en  compter  déjà  une 
soixantaine,  il  y  a  lieu  de  présumer  que,  si  l'étude  ne  se  ralentit  pas  sur 
ce  point,  le  nombre  des  systèmes  de  montagnes  s'élèvera  avant  peu  d'an- 
nées à  plus  de  cent. 

»  Cette  multiplication  n'est  pas  indifférente,  car  elle  tend  naturellement 
à  prouver  que  le  groupement  des  montagnes  en  systèmes  se  présente  à 
l'observation  d'une  manière  également  facile  dans  toutes  les  parties  de  la 
surface  du  globe. 

»  J'ose  espérer  que  l'Académie  voudra  bien  accueillir  avec  indulgence 
ce  faible  essai,  très-incomplet  encore  quoiqu'il  m'ait  coûté  déjà  beaucoup 
de  temps  et  de  travail.  » 


(  *99  ) 

MÉMOIRES  LUS. 

optique.  —  Application  de  la  lunette  réciproque  avec  micromètre  parallèle 
et  du  me'roscope  pan-focal;  par  M.  J.  Porro.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(  Renvoyé  à  la  Commission  nommée  pour  l'appareil  à  mesurer  les  bases  tri- 
gonométriques  du  même  auteur,  Commission  composée  de  MM.  Binet, 
Largeteau  et  Faye.  ) 

«  Le  réservoir  de  Gros-Bois,  le  plus  grand  peut-être  de  ceux  qui  ali- 
mentent les  canaux,  consiste  en  un  barrage  de  maçonnerie  de  près  de 
600  mètres  de  longueur,  qui,  malgré  ses  dimensions  considérables  et  son 
ancienneté,  n'est  pas  moins  sujet  à  des  mouvements  et  des  flexions  en  rap- 
port avec  la  charge  d'eau  variable  qu'il  doit  soutenir;  le  sol  lui-même  flé- 
chit peut-être,  ainsi  que  M.  d'Abbadie  l'a  observé  dans  d'autres  localités. 

»  M.  Baumgarten,  ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées,  a  demandé, 
pour  constater  et  mesurer  ces  phénomènes,  des  instruments  spéciaux  sus- 
ceptibles d'apprécier  un  millimètre  de  mouvement  dans  les  trois  sens,  et  de 
relever  et  de  rapporter  à  trois  axes  coordonnés  la  courbure  que  l'édifice 
affecte  sous  la  pression  à  un  instant  donné. 

»  J'ai  construit  à  cet  effet  une  lunette  réciproque  de  im,5o  de  longueur, 
avec  un  oculaire  composé,  indépendant  et  amovible,  pour  servir  alternati- 
vement aux  deux  bouts  de  l'instrument;  j'ai  placé  au  milieu  de  la  longueur 
de  la  lunette,  un  micromètre  parallèle  ou  de  transport  qui  agit  dans  les 
deux  sens  et  qui  permet,  par  des  moyens  faciles,  d'éliminer  toutes  les  er- 
reurs de  collimation  et  autres  de  l'instrument  :  la  force  optique  et  la  divi- 
sion micrométrique  de  l'instrument  sont  telles,  qu'on  peut  espérer  des  ré- 
sultats exacts  à  -fa  de  seconde  près. 

»  Cet  appareil  étant  établi  au  milieu  de  la  longueur  de  l'édifice,  et  des 
points  de  mires  étant  donnés  sur  sa  longueur  dans  les  deux  sens  par  un 
appareil  accessoire  particulier  d'une  grande  visibilité,  on  relève  facilement 
à  tout  instant,  par  des  angles  micrométriques,  la  position  de  ces  mires  et  de 
l'instrument  lui-même  entraîné  par  le  mur  par  rapport  aux  axes  coordonnés 
déterminés  par  des  points  fixés  pris  en  dehors  des  parties  mobiles  ou  soup- 
çonnées de  mouvement. 

»  Par  ce  moyen,  on  détermine  par  points  la  courbure  affectée  dans 
l'espace  par  l'arête  du  couronnement  du  mur;  mais  il  est  intéressant  de 
savoir  aussi  si  dans  le  sens  de  la  section   transversale  le  mur  s'incline  rigi- 

39.. 


(  3oo  ) 

dément  en  pivotant  sur  un  point  de  sa  fondation,  ou  s'il  affecte  une  cour- 
bure par  rapport  à  une  verticale  passant  par  son  pied,  ainsi  que  de  recon- 
naître jusqu'à  quel  point  le  sol,  ou,  pour  mieux  dire,  la  partie  sous-jacente 
de  la  croûte  solide  du  globe  participe  à  ces  mouvements. 

»  Cette  seconde  partie  du  problème  se  résout  en  installant  au  sommet 
de  l'édifice  un  méroscope  pan-focal  tel  que  je  le  construis  pour  mon  appa- 
reil à  mesurer  les  bases  perfectionné,  et  sur  différents  points  de  sa  hauteur 
des  jalons  horizontaux  garnis  d'échelles  convenables  sur  lesquelles  le  méro- 
scope, qui  détermine  la  verticale  absolue,  permet  de  lire  les  amplitudes  li- 
néaires du  mouvement  survenu. 

»  Je  profite  de  l'occasion  pour  appeler  l'attention  de  l'Académie  sur  ces 
deux  instruments,  non-seulement  comme  solution  de  l'important  problème 
proposé  par  M.  Baumgarten,  maisencore,  surl'un,  comme  allinéateur  appli- 
cable au  cas  des  bases  trigonométriques ;  sur  l'autre,  comme  perfectionne- 
ment important  de  mon  appareil  à  mesurer  ces  bases,  que  l'Académie  m'a 
fait  l'honneur  de  juger  favorablement  en  i85o. 

»  J'ajouterai  que  le  méroscope  pan-focal  dégagé  de  sa  monture  est  un 
instrument  d'optique  nouveau  et  précieux,  surtout  pour  les  voyageurs  natu- 
ralistes, en  ce  que,  sans  variations  de  forme  ni  pièces  de  rechange,  il  se  prête 
également  aux  fonctions  de  longue-vue,  de  lunette  à  court  foyer,  et  de  mi- 
croscope composé  à  grossissement  variable;  c'est  aussi  le  meilleur  appareil 
optique  pour  le  cathétomètre.  » 

M.  Zaliwski  lit  une  Note  intitulée  :  Recherches  sur  la  lumière. 

(Renvoi    à   l'examen    des  Commissaires   nommés    pour    une    précédente 
communication  du  même  auteur  :  MM.  Pouillet,  Despretz.  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

physique.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une  Note  récente  de  M.  Garnier  sur 
les  chaleurs  spécifiques  des  corps  composés.  (Lettre  de  M.  Wertheim.) 

(Renvoi   à   l'examen  des   Commissaires   désignés  pour  le   Mémoire  de 
M.  Garnier:  MM.  Pouillet  et  Regnault.) 

«  M.  Garnier  a  présenté  à  l'Académie,  dans  sa  dernière  séance,  un  travail 
sur  les  chaleurs  spécifiques  des  corps  composés,  travail  qui  repose  sur 
l'emploi  «  de  ce  que  l'on  pourrait  appeler  le  poids  atomique  moyen  » 
de  ces  corps.  Je  crois  devoir  rappeler  que  je  me  suis  servi  de  considéra- 


(3oi  ) 

lions  tout  à  fait  pareilles  pour  établir  un  rapport  entre  la  composition 
chimique  et  entre  les  coefficients  d'élasticité  des  alliages  (Mémoire  sur  l'élas- 
ticité et  sur  la  cohésion  des  alliages,  présenté  à  l'Académie  le  8  mai  i843, 
et  inséré  depuis  dans  les  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3e  série, 
tome  XII),  et  que  j'ai  nommé,  défini  et  calculé  le  poids  atomique  moyen 
absolument  de  la  même  manière  que  vient  de  le  faire  M.  Garnier. 

»  Il  m'importe  de  constater  ce  fait,  parce  que  j'aurai  à  revenir  sur  ces 
calculs  et  à  m'en  servir  encore  une  fois  lorsqu'il  s'agira  de  trouver  un  rap- 
port entre  la  composition  chimique  et  l'élasticité  des  corps  cristallisés,  dont 
l'étude  m'occupe  actuellement.  » 

physiologie.  —  Septième  Mémoire  sur  le  système  nerveux;  parM.  Waller. 
(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Magendie,  Flourens, 

Velpeau.) 

«  D'après  les  expériences  antérieures  que  j'ai  eu  l'honneur  de  soumettre 
à  l'Académie,  je  suis  arrivé  à  la  conclusion  que  le  centre  nutritif  des  fibres 
sensitives  spinales  se  trouve  dans  les  ganglions  invertébraux ,  tandis  que 
celui  des  fibres  motrices  est  dans  la  moelle  épinière.  Pour  obtenir  la  contre- 
épreuve  de  ces  observations  faites  sur  les  racines  spinales,  il  restait  à  exa- 
miner les  effets  de  la  section  de  la  moelle  épinière  sur  ces  racines.  A  cet 
effet,  je  divisai  la  moelle  lombaire  d'un  chien  entre  les  troisième  et  qua- 
trième vertèbres  sans  dénuder  la  moelle.  Il  s'ensuivit  une  perte  presque 
complète  de  sensibilité  et  de  mouvement  dans  le  train  postérieur.  Au  bout 
de  vingt  jours,  je  constatai  que  les  parties  paralysées  n'étaient  que  très- 
faiblement  améliorées.  L'animal  fut  tué  à  cette  époque.  L'examen  après  la 
mort  me  donna  les  faits  suivants  :  La  plaie  de  la  moelle  se  trouvait  cica- 
trisée, et  n'était  indiquée  que  par  un  léger  étranglement  circulaire  et  par  des 
adhésions  peu  étendues  des  deux  feuillets  de  l'arachnoïde  au  même  niveau. 
Dans  le  segment  inférieur  de  la  moelle  épinière,  les  fibres  du  faisceau  mé- 
dullaire postérieur  se  trouvaient  à  l'état  normal  depuis  le  point  de  section 
jusqu'à  sa  partie  inférieure.  Sur  toute  cette  étendue,  la  moelle  épinière  se 
composait  de  fibres  larges,  à  doubles  contours,  mesurant  environ  omm,i6, 
présentant  de  nombreuses  varicosités  d'environ  omm,Za;  parmi  celles-ci  se 
trouvaient  des  fibres  variqueuses  extrêmement  fines,  pareilles  à  celles  du 
cerveau,  et  des  particules  globulaires  ou  ovalaires  transparentes,  très-diffé- 
rentes de  celles  de  la  substance  grise,  et  qui  ont  été  signalées  déjà  par 
plusieurs  observateurs. 

»  Dans  le  segment  supérieur,  depuis  le  point  de  section  jusqu'à  environ: 


(    302    ) 

4  décimètres  plus  haut,  ou  environ  l'espace  occupé  par  deux  vertèbres,  le 
faisceau  médullaire  postérieur  se  trouvait  désorganisé  et  composé  de  par- 
ticules semi-opaques  mesurant  environ  omm,20,  avec  des  fibres  vari- 
queuses très-fines.  Les  grosses  fibres,  si  abondantes  dans  cette  partie  de  la 
moelle  épinière  à  l'état  normal,  manquaient  complètement  dans  ces  limites. 
Cet  état  de  désorganisation  se  trouvait  non-seulement  à  la  surface,  mais 
jusque  dans  la  profondeur  du  faisceau.  Au-dessus  de  ce  point,  il  m'était 
impossible  de  suivre  la  désorganisation  de  ce  faisceau.  Sur  la  même  éten- 
due ,  les  faisceaux  antéro-latéraux  de  ces  mêmes  segments  ne  présentèrent 
pas  de  signes  évidents  d'altération;  mais,  par  suite  de  l'extrême  chaleur  du 
temps,  je  ne  pus  garder  les  pièces  au  delà  de  vingt-quatre  heures,  ce  qui 
m'empêcha  d'en  faire  l'examen  approfondi. 

»  Dans  le  segment  inférieur,  je  trouvai  les  fibres  des  racines  anté- 
rieures des  trois  paires  supérieures,  c'est-à-dire  les  quatrième  et  cinquième 
lombaires  et  première  sacrée,  toutes  plus  ou  moins  désorganisées.  Dans  la 
quatrième  paire,  la  racine  intérieure  était  rougeâtre,  et  à  l'œil  nu  se  montrait 
atrophiée  ;  sous  le  microscope,  elle  se  composait  de  fibres  toutes  désor- 
ganisées avec  la  substance  médullaire  à  l'état  de  grains  et  particules  semi- 
opaques. 

»  La  racine  antérieure  de  la  cinquième  paire  se  composait  de  fibres  nor- 
males et  désorganisées  en  proportions  à  peu  près  égales,  tandis  que  celles 
de  la  paire  sacrée  ne  renfermaient  qu'une  moindre  quantité  de  fibres  dés- 
organisées. Dans  les  racines  postérieures  qui  correspondaient  aux  paires 
précédentes,  les  fibres  se  trouvaient  toutes  à  l'état  normal. 

»  La  différence  dans  la  condition  des  racines  antérieures  et  postérieures 
était  surtout  évidente  lorsque,  après  les  avoir  détachées  de  leur  insertion  de 
la  moelle  épinière,  on  enlevait  chaque  paire  spinale  jusqu'au  delà  de  son 
ganglion  intervertébral.  Il  suffisait  alors  d'étaler  les  fibres  de  chacune  des 
racines  pour  reconnaître  la  désorganisation  profonde  des  racines  anté- 
rieures et  la  condition  normale  des  postérieures.  A  partir  de  la  seconde 
paire  sacrée  inclusivement,  les  racines  antérieures  se  trouvaient  toutes  à 
l'état  normal. 

»  Sur  un  autre  chien,  la  moelle  épinière  fut  divisée  entre  les  quatrième 
et  cinquième  vertèbres  lombaires.  La  section  ne  fut  pas  complète,  car  du 
côté  droit,  le  membre  postérieur  possédait  d'une  manière  très-imparfaite 
les  pouvoirs  moteurs  et  sensitifs.  La  queue  et  le  membre  postérieur  gauche 
étaient  complètement  dénués  de  sensation  et  de  mouvement,  soit  volon- 
taires, soit  réflexes.  Au  bout  de  vingt  et  un  jours,  pour  la  première  fois  je 


(  3o3  ) 

pus  constater  l'existence  du  pouvoir  réflexe  dans  la  queue.  Cette  action  *se 
manifestait  au  plus  haut  degré  à  son  extrémité,  où  il  suffisait  du  moindre 
attouchement  pour  l'exciter.  La  plus  forte  irritation  ne  produisit  aucun 
signe  de  douleur.  Les  membres  postérieurs  restaient  dans  le  même  état 
qu'immédiatement  après  l'expérience.  L'animal  fut  sacrifié  trois  semaines 
après  l'opération,  mais  auparavant  j'exposai  le  sciatique  gauche  et  le  galva- 
nisai à  la  partie  supérieure  de  la  cuisse.  Sous  l'influence  du  galvanisme,  il 
se  produisit  à  deux  ou  trois  reprises  une  flexion  presque  imperceptible  des 
doigts  du  pied;  toutes  les  autres  parties  musculaires  restèrent  inertes. 

»  A  l'ouverture  du  canal  vertébral,  la  section  se  trouva  située  immé- 
diatement au-dessous  du  bulbe  rachidien  inférieur.  La  plaie  de  la  moelle 
se  trouvait  déjà  cicatrisée. 

»  L'examen  des  nerfs  du  côté  gauche,  situés  au-dessous  de  la  ligne  de 
section,  me  montra  les  fibres  des  racines  motrices  complètement  désor- 
ganisées, et  celles  des  racines  sensitives  à  l'état  normal.  Comme  à  l'ordi- 
naire, cet  examen  se  fit  en  enlevant  chaque  paire  avec  son  ganglion  in- 
vertébral,  et  en  étalant  alors  une  partie  de  chacune  des  racines  sous  le 
microscope.  La  désorganisation  complète  et  invariable  des  racines  anté- 
rieures, à  côté  des  fibres  normales  des  racines  postérieures,  ne  pouvait 
laisser  aucun  doute  à  l'esprit. 

»  Au  delà  du  ganglion  rachidien,  le  nerf  se  composait  d'un  mélange  de 
fibres  normales  et  désorganisées.  Ce  mélange  des  deux  espèces  de  fibres  fut 
encore  constaté  dans  le  sciatique  gauche. 

»  Sur  le  même  animal,  j'avais,  trois  mois  auparavant,  divisé  les  deux 
racines  de  la  deuxième  paire  cervicale  auprès  du  ganglion.  Comme  à  l'or- 
dinaire, le  bout  spinal  de  la  racine  postérieure  se  trouvait  très-atrophié , 
rougeâtre,  semi- transparent  et  désorganisé,  tandis  que  le  bout  correspon- 
dant de  la  racine  antérieure  se  trouvait  à  son  état  ordinaire,  quant  à  ses 
dimensions,  sa  couleur  et  sa  structure  intime.  La  comparaison  dans  ce 
cas  des  racines  du  segment  sacré  de  la  moelle  épinière  et  de  celles  de  cette 
deuxième  paire,  en  même  temps  qu'elle  mettait  en  évidence  les  effets 
opposés  des  deux  genres  d'expérience,  faisait  encore  mieux  ressortir  la 
cause  commune  qui  les  avait  produits,  c'est-à-dire  la  séparation  de  leurs 
centres  ganglionnaires. 

»  Sur  une  grenouille,  après  avoir  ouvert  le  canal  vertébral,  j'enlevai 
un  segment  de  la  moelle  épinière  de  l'épaisseur  d'une  demi -ligne  au- 
dessus  des  trois  dernières  paires.  Au  bout  de  cinq  mois,  je  trouvai  que  le 
segment  inférieur  de  la  moelle  était  ramolli  et  diffluent.  Plusieurs  des  paires 


(  3o4) 

i 

de  ce  segment  furent  examinées.  Les  racines  postérieures  étaient  à  l'état 
normal,  ainsi  que  les  ganglions  correspondants;  les  racines  antérieures, 
au  contraire,  se  trouvaient  complètement  désorganisées  et  à  l'état  granu- 
leux. 

»  Une  des  paires  rachidiennes  fut  enlevée,  le  ganglion,  ses  deux  racines 
et  une  portion  des  fibres  au  delà  du  ganglion.  Après  avoir  constaté,  au 
moyen  du  microscope,  la  grande  différence  dans  la  condition  des  fibres  des 
deux  racines,  je  pus,  au  moyen  d'une  forte  solution  d'ammoniaque,  rendre 
ces  différences  visibles  à  l'œil  nu;  car,  après  une  immersion  de  quelques 
minutes,  les  fibres  normales  de  la  racine  postérieure  devinrent  plus  pâles  et 
transparentes,  tandis  que  les  fibres  motrices  étaient  plus  blanches  et  plus 
opaques.  J'ai  gardé  cette  paire  dans  cet  état  pendant  plusieurs  jours  sans 
qu'elle  ait  subi  aucune  altération. 

»  Les  observations  précédentes  confirment  donc  ce  que  j'ai  établi  d'a- 
près la  section  des  racines  spinales,  que  le  centre  nutritif  des  racines  anté- 
rieures se  trouve  dans  la  moelle  épinière,  tandis  que  celui  des  racines  sensi- 
tives  est  dans  les  ganglions  invertébraux.  Pour  se  rendre  compte,  dans  la 
première  observation,  du  fait  d'une  désorganisation  limitée  aux  racines 
antérieures  des  trois  paires  supérieures  du  segment  inférieur,  il  faut 
admettre  que  ces  fibres  motrices  sont  en  rapport  avec  des  corpuscules  ner- 
veux situés  au-dessus  de  leur  point  d'insertion  à  la  moelle  épinière.  De  cette 
manière  on  explique  comment  la  première  de  ces  racines  motrices  était  com- 
plètement désorganisée,  tandis  que  dans  les  deux  autres,  plus  inférieures, 
les  fibres  désorganisées  se  trouvaient  de  moins  en  moins  nombreuses  et 
n'existaient  point  dans  les  paires  plus  inférieures.  La  différence  sous  ce 
rapport,  entre  la  première  et  la  deuxième  observation,  tient  probablement 
au  peu  de  volume  du  segment  inférieur  de  la  moelle  épinière,  lequel, 
dans  le  deuxième  cas,  ne  se  composait  plus  que  du  cône  effilé  de  la  queue 
de  cheval. 

»  Quant  à  la  désorganisation  du  faisceau  médullaire  postérieur  dans  le 
segment  supérieur,  elle  s'explique  aussi,  si  l'on  admet  que  ce  faisceau  est  le 
prolongement  des  fibres  sensitives  vers  le  cerveau  :  sa  désorganisation,  dans 
ce  cas,  ne  serait  que  la  conséquence  de  sa  séparation  des  ganglions  inter- 
vertébraux inférieurs. 

»  Les  applications  à  la  pathologie  sont  si  immédiates,  que  je  crois  de- 
voir ne  point  omettre  de  les  signaler  succinctement.  Les  premières  expé- 
riences nous  présentent  les  conditions  qui  existent  dans  les  plaies  ordinaires 
de  la  moelle  épinière  ;  aussi  pouvons-nous  dire  que,  dans  tous  cas  de  ce 


(  3o5  ) 

genre,  lorsqu'il  y  a  division  de  cet  organe  s'étendant  au  faisceau  antérieur, 
on  trouvera  des  racines  antérieures  du  segment  inférieur  désorganisées  avec 
les  racines  postérieures  correspondantes  à  l'état  normal. 

»  La  troisième  expérience  nous  démontre  encore  avec  quelle  puissance, 
même  dans  des  cas  anciens  de  désorganisation  de  la  moelle  épinière,  les 
fibres  sensitives  en  connexion  avec  leurs  ganglions  gardent  leur  structure 
normale  pendant  que  les  fibres  motrices  sont  toutes  altérées. 

»  Désormais,  le  médecin  possédera  donc  un  moyen  sûr  de  reconnaître  avec 
précision  le  siège  et  l'étendue  des  centres  de  tous  les  nerfs  moteurs,  spinaux 
et  crâniens,  et  l'examen  de  ces  fibres  contribuera  en  même  temps  aux  pro- 
grès du  diagnostic  de  la  pathologie  et  à  la  connaissance  de  la  structure  ana- 
tomique  des  centres  cérébro-spinaux.  Dans  une  occasion  précédente,  j'ai 
énoncé,  au  sujet  de  mes  expériences  sur  la  section  du  nerf  vague  au-dessus 
de  son  ganglion  inférieur,  l'opinion  que  l'on  découvrirait,  dans  la  disposi- 
tion de  ces  deux  corps  ganglionnaires,  d'autres  variétés  que  celles  qu'on  con- 
naît jusqu'ici.  J'ai  récemment  trouvé  la  confirmation  de  ces  idées,  par  rap- 
port au  nerf  vague,  en  découvrant  un  nouveau  corps  ganglionnaire  chez  les 
oiseaux,  qui  n'a  point  été  mentionné  parles  auteurs  que  j'ai  consultés  à  cet 
égard,  Cuvier,  Meckel,  Weber,  Siebold,  Stannius,  etc.  Il  se  trouve  situé  à  la 
portion  thoracique  du  nerf,  immédiatement  avant  qu'il  fournisse  sa  branche 
récurrente.  Il  y  forme  un  renflement  fusifprme,  grisâtj-e,  semblable  au  plexus 
gangliforme  des  Mammifères;  ce  corps  existe  sur  tous  les  oiseaux  que  j'ai 
examinés  à  cet  effet,  c'est-à-dire  pigeon,  poule,  tourterelle,  canard,  moi- 
neau, etc.  Sur  les  petits  oiseaux  on  peut  étudier  sans  aucune  préparation, 
sous  le  microscope,  sa  structure  ganglionnaire.  Chez  lès  poules,  les  corpus- 
cules ganglionnaires  mesurent  de  omm,o/}  à  omm,o6. 

»  Après  la  section  du  vague  au  cou  on  observe  les  mêmes  phénomènes 
qu'après  sa  section  au-dessus  du  ganglion  inférieur  des  Mammifères,  c'est- 
à-dire  que  le  bout  central  renferme  un  mélange  de  fibres  saines  et  désorga- 
nisées, ainsi  que  le  bout  inférieur.  Les  fibres  désorganisées  du  bout  supé- 
rieur peuvent  être  suivies  jusque  dans  les  filets  d'origine  à  leur  insertion 
à  la  moelle  allongée.  L'explication  de  ces  faits  se  trouve  la  même  que  poul- 
ies Mammifères,  c'est-à-dire  que  le  ganglion  inférieur,  comme  le  supérieur, 
envoie  des  fibres  radicales  à  la  moelle  allongée.  La  section,  en  séparant 
celles-ci  de  leur  centre,  produit  leur  désorganisation  dans  le  bout  supérieur 
du  nerf  coupé,  où  elles  sont  mélangées  avec  les  fibres  périphériques  nor- 
males du  ganglion  supérieur  et  du  nerf  spinal. 

»  Dans  le  bout  inférieur,  les  conditions  inverses  existent,  et  les  fibres 

C.  H.,  i85a,  a™»  Semestre.  (T.  X.XXV,  M°  9.)  4° 


(  3o6  ) 

normales  qui  s'y  trouvent  avec  une  grande  proportion  de  fibres  désorga- 
nisées, proviennent  du  ganglion  inférieur.  Au  moyen  de  cette  expérience  on 
s'assure  encore  plus  facilement,  que  sur  le  vague  des  Mammifères,  de  l'in- 
fluence exacte  des  deux  corps  ganglionnaires  sur  la  nutrition  des  fibres  qui 
le  composent.  » 

chirurgie.  —  Sur  la  principale  cause  des  vhlentes  douleurs  qui  existent 
dans  l'ophthalmie  purulente,  et  sur  un  moyen  propre  à  les  faire  cesser 
immédiatement  ;  par  M.  Gcyon,  inspecteur  du  service  de  santé  à  l'armée 
d'Afrique. 

(Commissaires,  MM.  Lallemand,  Goste.  ) 

«  Dans  l'ophthalmie  purulente,  les  vaisseaux  de  l'œil  et  de  la  paupière 
sont  plus  ou  moins  gorgés  de  sang,  et  forment  même,  assez  souvent,  des 
nodosités  assez  considérables.  Or  le  moindre  glissement  de  la  paupière 
sur  l'œil  occasionne  alors  des  douleurs  tellement  vives,  qu'on  a  vu  des 
malades,  ne  pouvant,  plus  les  supporter,  se  donner  la  mort.  Un  moyen 
propre  à  les  faire  cesser  immédiatement,  si  intenses  qu'elles  soient,  consiste 
à  interposer,  entre  l'œil  et  la  paupière,  un  corps  lisse  quelconque,  pourvu 
qu'il  soit  approprié  à  la  disposition  des  parties.  On  conçoit  tout  de  suite  le 
modus  faciendi  d'un  pareil  corps.  C'est  en  isolant  les  deux  surfaces,  ou, 
pour  mieux  dire,  en  leur  fournissant  à  chacune  une  surfasse  lisse,  au  lieu 
d'une  surface  rugueuse,  raboteuse,  et  sur  laquelle  le  globe  de  l'œil  de  son 
côté,  comme  la  paupière  du  sien,  peut  se  mouvoir  librement.  Mais  là,  et 
on  l'entrevoit  déjà,  ne  se  bornent  pas  les  avantages  qu'on  peut  retirer  du 
moyen  dont  nous  parlons;  il  diminue  en  même  temps  l'inflammation  dont 
le  frottement  rugueux  des  parties  était  une  cause  incessante. 

»  Comme  corps  lisse  propre  à  cette  destination,  et  se  conformant  assez 
bien  à  la  disposition  des  parties,  je  me  suis  d'abord  servi  de  l'opercule 
dont  les  colons  des  Antilles,  à  l'instar  des  Caraïbes  (leurs  prédécesseurs 
dans  ces  îles),  se  servent  pour  favoriser  la  sortie  des  corps  étrangers  qui 
pénètrent  dans  les  yeux  (i).  On  sait  que,  dans  toute  l'Europe,  les  habitants 
des  campagnes  emploient  au  même  usage  ces  produits  calcaires  qui  se 
forment  chez  l'écrevisse,  et  vulgairement  connus  sous  le  nom  de  pierres  ou 

(i)  C'est  l'opercule  du  Trochus  tuberculatus ;  mais  celui  de  plusieurs  autres  espèces  du 
même  genre  et  de  plusieurs  autres  genres  (le  genre  Turbo,  entre  autres)  peut  être  employé 
à  la  même  destination.  Je  joins  à  ma  communication  des  opercules  du  premier  de  ces 
Mollusques. 


(3o7) 
d'yeux  d'écrevisse.  Depuis,  j'ai  cru  devoir  recourir  à  des  corps  plus  grands 
et  mieux  appropriés,  par  leur  forme,  aux  surfaces  interoculaires.  Ces  corps 
sont  des  disques  en  ivoire  semblables  à  ceux  dont  je  joins  des  échantillons 
à  ma  communication.  Deux  suffisent  au  but  qu'on  se  propose,  le  plus  sou- 
vent même  un  seul,  l'un  sous  la  paupière  supérieure  et  l'autre  sous  l'infé- 
rieure. Pour  procéder  à  leur  introduction,  il  faut  que  le  malade  soit  couché 
si  l'on  opère  sur  la  partie  supérieure  de  l'œil, /et  assis  si  c'est  sur  l'infé- 
rieure. Après  quoi,  ayant  pincé  la  paupière  verticalement  et  de  manière  à 
obtenir,  entre  elle  et  le  globe  de  l'œil,  un  léger  écartement,  on  laisse  glisser 
dans  celui-ci  le  disque,  qu'on  en  a  approché,  porté  à  l'extrémité  d'une 
spatule  ou  d'une  cuiller  à  café.  On  l'y  maintient  ensuite  un  instant,  avec 
l'extrémité  du  petit  doigt,  et  en  l'y  poussant  légèrement,  s'il  y  a  lieu. 

»  Sans  doute,  on  est  naturellement  porté  à  croire,  lorsqu'on  n'en  a  pas 
l'expérience,  que  la  présence  d'un  pareil  corps  dans  l'œil  devrait  incom- 
moder beaucoup  :  il  n'en  est  absolument  rien,  et  c'est  à  ce  point  que,  dans 
l'état  normal  du  moins,  on  peut  le  conserver  plusieurs  jours  sans  s'en 
apercevoir  (i). 

»  Je  me  sers  parfois,  concurremment  avec  le  corps  lisse  interorbitaire, 
de  terre  à  foulon  réduite  en  poudre,  terre  que  les  indigènes  connaissent 
sous  le  nom  de  t'efel,  et  qu'ils  emploient  dans  leurs  bains  en  guise  de  savon. 
Ce  seul  moyen  suffit  même  pour  remplir  le  but  dans  les  cas  peu  graves, 
c'est-à-dire  dans  ceux  où  les  douleurs  sont  modérées,  et  où  les  granula- 
tions, par  conséquent,  sont  peu  considérables,  peu  développées.  Pour  s'en 
servir,  après  avoir  porté  la  tête  du  malade  en  arrière,  on  écarte  les  pau- 
pières avec  le  pouce  et  l'index  de  la  main  gauche,  en  même  temps  que,  de 
la  main  droite,  on  laisse  tomber,  dans  leur  écartement,  une  pincée  de  la 
poudre  dont  nous  parlons.  Quant  à  son  mode  d'action,  la  terre  à  foulon 
appliquée  sur  la  peau,  la  rend  douce  et  lisse,  et  il  est  permis  de  supposer 
qu'il  se  passe  quelque  chose  de  semblable  dans  son  application  sur  la 
conjonctive. 

»  Sans  nul  doute,  c'est  de  la  terre  à  foulon,  dont  les  gisements  ne  sont 
pas  rares  dans  le  nord  de  l'Afrique,  que  veut  parler  Edrisi,  auteur  arabe 
du  xiie  siècle,  dans  sa  description  de  Tadjrin  : 

»  Il  y  a  dans  ce  pays,  dit  Edrisi,  une  montagne  du  nom  de  Macoun  (a), 

(i)  Il  m'est  souvent  arrivé,  pendant  mon  séjour  aux  Antilles,  d'oublier,  en  quelque  sorte, 
sous  mes  paupières ,  où  je  les  avais  introduits ,  des  opercules  de  la  nature  de  ceux  men- 
tionnés plus  haut. 

(2)  Il  existe  d'assez  nombreux  gisements  de  terre  à  foulon  dans  le  nord  de  l'Afrique,  sur- 

4o.. 


(  3o8  ) 

»  dont  la  couleur  est  d'un  gris  tirant  sur  le  blanc,  et. qui  contient  des  veines 
»  d'une  espèce  de  terre  douce,  qu'on  applique  avec  succès  à  la  cure  des 
»   ophthalmies.  »   {Géographie  d'EDRisi  ;  traduction,  page  1 19.) 

A  cette  Note  en  est  jointe  une  autre  relative  à  un  calcaire  que  M.  Guyon 
a  trouvé  dans  les  environs  des  Portes-de-Fer  (Biban) ,  et  qu'il  soupçonne 
être  le  marbre  nwnidique  des  Anciens.  Il  reconnaît,  d'ailleurs,  que  ce 
gisement  est  fort  loin  des  lieux  que  Pline  a  indiqués  comme  fournissant  le 
marbre  en  question.  Un  échantillon  de  cette  roche  accompagne  la  Lettre  de 
M.  Guyon. 

physique.  —  Expériences  sur  les  réactions  réciproques  de  l'électricité 
statique  et  de  l'électricité  dynamique,  et  sur  leurs  effets  à  l'égard  des 
aimants;  par  M.  du  Moncfx. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Becquerel,  Despretz,  Morin.) 

M.  Picard  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  ayant  pour 
titre  :  Recherches  sur  la  cause  du  phénomène  des  marées. 

M.  Faye  est  invité  à  prendre  connaissance  de  ce  travail,  et  à  faire  savoir 
à  l'Académie  s'il  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Bapport. 

CORRESPONDANCE. 

astronomie.    —   Découverte   d'une    nouvelle  planète  dans   la   soirée  du 
11  août.  (Lettre  de  M.  Hixd  à  M.  Arago.) 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  annoncer  la  découverte  que  j'ai  faite  hier  soir, 
11  août,  à  iih3om  temps  moyen,  d'une  nouvelle  planète.  Son  apparence 
est  celle  d'une  étoile  de  cf  grandeur;  sa  lumière  est  jaunâtre. 

»  Voici  les  positions  observées  : 

Temps  moyen  Dist.  pol .  nord 

de  Greenwich.  M  aPP-  aPP* 

Août  22 IIh35m39s  22h22m29%74  97°32'l4",  1 

12.27.  £6  27,88  25, 2 

Mouvement  moyen  diurne  en  m  =  —  53*  En  dist.  pol .  nord  =  -+-  5' 

»  Oserais-je  vous  prier,  Monsieur,  de  vouloir  bien  communiquer  à  l'Aca- 
démie des  Sciences  cette  nouvelle  découverte.  » 

tout  dans  le  Maroc ,  d'où  se  retire  toute  la  terre  à  foulon  employée  dans  les  bains  des  villes  du 
littoral  et  de  l'intérieur  de  l'Algérie.  Cependant,  il  en  existe  un  gisement  considérable  dans 
les  Ziban,  et  qui  pourrait  en  fournir  toute  l'Algérie.  La  terre  à  foulon  des  Ziban  est  en 
même  temps  plus  pure  que  celle  du  Maroc;  elle  conviendrait  donc  mieux,  sous  ce  rapport, 
pour  l'usage  dont  nous  parlons.  Voir  l'échantillon  qui  accompagne  ma  communication. 


(3og) 


astronomie.  —  Ephémérides  de  la  seconde  comète  de  i85i.  (Extrait  d'une 
Lettre  de  M.  A.-C.  Petersen,  communiquée  par  M.  Faje.) 

«  M.  Sonntag  a  calculé  des  éléments  d'après  les  observations  de  Berlin, 
juillet  29,  août  7,  et  d'Altona,  août  16,  que  j'ajoute  avec  une  petite  éphé- 
méride  de  la  même  comète,  calculée  d'après  ces  éléments. 

»  Je  remarque  encore  que  les  éléments  de  cette  comète  ont  une  petite 
ressemblance  avec  les  éléments  de  la  deuxième  comète  de  1793,  mais  les 
différences  dans  l'inclinaison  et  la  distance  du  périhélie  sont  peut-être  un 
peu  trop  fortes  pour  l'identité. 

Èphèméride  de  la  comète  pour  12  heures,  temps  moyen  de  Berlin. 


1832. 

jR^* 

DÊCL.  ^« 

LOG    A 

1852. 

2K^« 

s  m* 

LOG    A 

Août  28 

27°.  54',  8 

4-36.3o,3 

g,83i2 

Sept.  21 

37°49',3 

-i-73.40,2 

9,8o55 

29 

28. 12,3 

37.59,4 

22 

38. 39,6 

75.  2,8 

3o 

28.29,9 

3g-29>9 

23 

39.36,7 

76.23,6 

3i 

28.47,7 

41.  1,6 

24 

4o.43,5 

77.42,6 

Sept.     1 

29.  5,8 

42.34,4 

9,8.45 

25 

42.    1,7 

78.59,6 

9,8168 

2 
3 

29.24,1 
29.42,6 

44-   8,! 
45.42,6 

4 

3o.   i,5 

47.18,0 

Eléments  de  la  comète. 

5 

3o.2o,8 

48.54,0 

9,8025 

6 

3o  4°) 5 

5o . 3o ,  4 

T   i852  oct.  1 1,35920  teraffs  moy.  de  Berl.  i 

7 

3i.  0,6 

52.    7,0 

,  °  /  '    /  "     , 

8 
9 

3i  .21 ,4 
31.42,8 

53.43,6 
55 . 20 , 1 

9>7957 

7T  =     42-47-   4»9  1  ^ 

rs        d/c    //   0          1  Eq.  moy.  de  août  1. 

0,=  346.44.30,9  ) 

10 

32.  4,8 

56.56,4 

i    =     41.39.36,7 

1 1 

32.27.7 

58.32,4 

log  q  =  O,  I0l5642 

12 

32. 5t ,4 

60.  7,9 

direct. 

i3 

33.i6,3 

6i  42,7 

9>7942 

Pour  l'observation  d'août     7 

«4 

33.42,4 

63. 16,6 

// 

i5 

34 • 1 0 , 1 

64.49,6 

(C  — 0)     A  longit.  — —  3i,8 

16 

34.39,7 

66.21 ,5 

A  latit.      =4-      i,3 

»7 

35. 1 1 ,4 

67.52,2 

9>7977 

18 

35.45,6 

49.21,5 

■9 

36.22,9 

70.49,3 

20 

37.  4,0 

72  i5,6 

(  3io  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'alcool  butylique;  par  M.  Adolphe  Wurtz. 

«  Tous  les  chimistes  qui  ont  rectifié  de  l'huile  de  pommes  de  terre  savent 
que  ce  liquide  entre  en  ébullition  à  une  température  bien  inférieure  à  1 3o  de- 
grés. Quand  le  thermomètre  a  atteint  i3o  degrés,  une  partie  considérable 
du  liquide  a  déjà  passé  à  la  distillation. 

»  Le  produit  distillé  forme  ordinairement  deux  couches,  une  inférieure 
aqueuse,  et  une  couche  supérieure  qui  renferme,  indépendamment  d'une 
certaine  quantité  d'alcool  amylique  entraîné,  de  l'alcool  ordinaire,  et, 
comme  je  m'en  suis  assuré,  de  l'alcool  butylique.  Ces  alcools  possèdent  des 
points  d'ébullition  différents;  on  peut  donc  les  séparer  par  la  méthode  des 
distillations  fractionnées.  Pour  abréger  ces  opérations  fort  longues,  comme 
chacun  sait,  je  me  sers  d'un  petit  tube  à  boules  qui  surmonte  le  ballon  dans 
lequel  je  fais  la  distillation  et  qui  permet  aux  vapeurs  des  liquides  les  moins 
volatils  de  se  condenser  et  de  retomber  dans  le  ballon.  Je  décrirai  ce  petit 
appareil  dans  mon  Mémoire. 

»  Quand  on  fait  cette  distillation,  on  remarque  que  le  thermomètre  se 
maintient  longtemps  stationnaire  entre  108  et  1 18  degrés.  J'ai  recueilli  sépa- 
rément le  liquide  qui  passe  entre  ces  limites  de  température,  et,  pour  me 
débarrasser  des  éthers  composés  qui  pouvaient  s'y  trouver,  je  l'ai  fait  bouillir 
pendant  quarante-huit  heures  avec  de  la  potasse  caustique. 

»  Après  de  nouvelles  distillations,  j'ai  recueilli  à  part  ce  qui  passait  vers 
112  degrés.  C'était  de  l'alcool  butylique,  comme  le  font  voir  les  analyses 
suivantes  : 

I.  o8r,3o5  de  matière  ont  donné  o6r,^22  d'acide  carbonique  et  oer,382  d'eau. 

II.  o8r,248  de  matière  ont  donné  ogr,3o25  d'eau  et  oBr,5865  d'acide  carbonique. 

»  Ces  analyses  donnent  en  centièmes  : 

i.  u. 

Carbone 64,55  64,49 

Hydrogène '     13,87  '3,53 

Oxygène.  .......            »  » 

»  La  formule  C8  Ht0  Oa  exige  : 

Carbone 64,86 

Hydrogène 1 3,5 1 

Oxygène 21, 63 

100,00 


(  3n  ) 

a  L'alcool  butylique  ainsi  préparé  est  un  liquide  incolore,  fortement 
réfringent,  moins  dense  que  l'eau.  Son  odeur  rappelle  celle  de  l'alcool 
amylique  ;  seulement  elle  est  moins  désagréable  et  plus  vineuse. 

»  La  potasse  fondante  le  transforme  en  acide  butyrique,  en  dégageant 
de  l'hydrogène  pur.  Le  perchlorure  de  phosphore  le  transforme  en  éther 
butylchlorhydrique . 

»  Lorsqu'on  le  mélange  avec  son  volume  d'acide  sulfurique  concentré, 
en  ayant  soin  que  la  température  ne  s'élève  pas,  le  liquide  se  colore  à  peine, 
•et,  au  bout  de  vingt-quatre  heures,  on  peut  le  mélanger  avec  de  l'eau  sans 
qu'il  se  sépare  une  couche  huileuse.  Si  l'on  sature  ce  liquide  avec  du  car- 
bonate de  potasse,  et  qu'on  évapore  à  siccité  au  bain-marie,  on  obtient  un 
mélange  de  sulfate  de  potasse  et  de  sulfobutylate  de  potasse.  Il  est  facile 
d'extraire  ce  dernier  sel  par  l'alcool  absolu  et  bouillant,  qui  le  laisse  dé- 
poser par  le  refroidissement  sous  la  forme  de  lamelles  brillantes.  Ces  cris- 
taux, qui,  après  la  dessiccation,  possèdent  un  éclat  nacré  et  sont  gras  au 
toucher,  ne  renferment  pas  d'eau  de  cristallisation.  Leur  composition  se 
représente  par  la  formule 

"  C.H°oH0'; 

comme  le  démontrent  les  analyses  suivantes  : 

I.  o,r,4o65  de  matière  ont  donné  08%37o  d'acide  carbonique  et  ogr,  182  d'eau. 

II.  o8r,55i  ont  laissé,  après  la  calcination  au  rouge  dans  un  creuset  de  platine  ouvert , 
oBr,2455  de  sulfate  neutre  de  potasse. 

H 

»  Ces  nombres  donnent  en  centièmes  : 

Expériences. 
- —  ï     -  ■  Théorie. 

Carbone 24,82           »  C8 ■'  24,97 

Hydrogène 4,94           »  H9 4,68 

Oxygène »               »  O » 

Acide  sulfurique.   .    .  »               »  2  SO3   ...          » 

Potasse <>  24,11  KO 24,55 

»  Le  sulfobutylate  de  potasse  a  été  distillé  au  bain  d'huile  avec  du  cya- 
nate  de  potasse.  Il  a  passé  dans  le  récipient  un  liquide  renfermant  un 
mélange  d'éther  butylcyanique  et  d'éther  butylcyanurique.  Ce  mélange, 
décomposé  par  la  potasse,  a  fourni  un  produit  de  distillation  ammoniacal 
qui  renfermait  la  butylamine.  Après  avoir  saturé  par  l'acide  chlorhydrique, 


(  3.a  ) 

on  a  obtenu  du  chlorhydrate  de  butylamine,  avec  lequel  on  a  formé  un 
sel  double  de  platine. 

»  Le  chlorhydrate  double  de  butylamine  et  de  platine  forme  de  belles 
paillettes  d'un  jaune  doré  solubles  dans  l'alcool  absolu  et  renfermant  35, o 
pour  ioo  de  platine. 

»  La  formule 

C8HMAz,   HC1,   PtCP 

exige  35,3  pour  100  de  platine. 

»  La  réaction  que  je  viens  de  décrire,  en  nous  donnant  le  moyen  de  pré- 
parer une  grande  quantité  de  butylamine,  permettra  de  décider  si  cette 
base  et  la  pétinine  de  M.  Anderson  sont  véritablement  identiques,  ou  si 
elles  sont  isomériques.  La  pétinine  pourrait,  en  effet,  être  identique  avec  la 
biéthylamine  de  M.  Hofmann  : 

C8H"Az  =       H     >Az  =  Jc'HMAz. 

(     H     )  (     H     ) 

Butylamine.  Biéthylamine. 

»  On  voit  que,  par  l'ensemble  de  ses  propriétés,  le  liquide  que  j'ai  trouvé 
dans  l'huile  de  pommes  de  terre  est  caractérisé  de  la  manière  la  plus  nette  et 
vient  se  ranger  dans  la  série  des  alcools.  Dès  que  j'en  aurai  obtenu  une 
quantité  suffisante  à  l'état  de  pureté,  je  vérifierai  si,  de  même  que  l'alcool 
amylique,  l'alcool  butylique  possède  la  propriété  de  dévier  le  plan  de  pola- 
risation. » 

M.  le  Dr  Royl,  au  nom  de  la  Compagnie  des  Indes-Orientales  de  la  Grande- 
Bretagne,  adresse,  pour  la  bibliothèque  de  l'Institut,  un  exemplaire  des 
ouvrages  posthumes  du  Dr  Griffith,  publiés  à  Calcutta  par  ordre  de  la 
Compagnie. 

Ces  ouvrages  sont  déposés  sur  le  bureau  de  l'Académie. 

L'Académie  des  Sciences  de  Turin  adresse  le  tome  XII  de  ses  Mémoires. 

L'Académie  royale  des  Sciences  de  Bavière  remercie  l'Académie  pour 
l'envoi  d'une  nouvelle  série  des  Comptes  rendus  hebdomadaires  de  ses 
séances. 

M.  Gaïetta  adresse  une  Note  sur  les  apparences  lumineuses  des  comètes , 
apparences  qui,  dit-il,  semblent  produites,  i°  par  des  carbures  hydrogénés; 
■>.°  par  des  vapeurs  d'eau  électrisées.  « 


(  3i3) 
M.  Brachet  poursuit  ses  communications  sur  les  instruments  d'optique. 
La  séance  est  levée  à  4  heures.  F: 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  a3  août  i85a,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Journal  des  Connaissances  médicales  pratiques  et  de  Pharmacologie;  tome  V; 
n°  22  ;  20  août  i852  ;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médico-chirurgicales ,  publié  par  M.  le  docteur 
A.  Martin-Lauzer ;  n°  16;  i5  août  i852;  in-8°. 

Revue  thérapeutique  du  Midi.  Journal  de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de  Phar- 
macie pratiques  ;  fondé  par  M.  le  professeur  Fuster,  et  rédigé  par  MM.  les 
Drs  Barbaste  et  Louis  Saurel;  n°  i5;  i5  août  i852;  in-8°. 

Memoirs...  Mémoires  sur  le  système  nerveux,  lus  à  la  Société  royale  de 
Londres  en  i833  et  1837,  et  au  Collège  royal  des  médecins  en  i85o,  i85i 
et  i85i;  par  M.  Marshall  Hall;  i  vol.  in-4°. 

Suggested...  Projets  de  travaux  à  exécuter  sur  les  rives  de  la  Tamise.  Lon- 
dres, i852;  broch.  in-8°. 

Monatsbericht. . .  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  royale  des 
Sciences  de  Prusse;  juin  i852;  in-8°. 

Astronomische...  Nouvelles  astronomiques;  n°  820. 

La  Presse  littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  17  ; 
22  août  i85a. 

L Athenœum  français.  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux-Arts;  ire  année;  n°  8;  samedi  21  août  i852. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  34;  21  août  i852. 

Gazette  des  Hôpitaux;  nos  97  à  99;  mardi  ai,  jeudi  23  et  samedi  2  5 
août i852. 

Moniteur  agricole;  5e  année;  n°  33;  jeudi  19  août  i852. 

La  Lumière;  2e  année  ;  n°  35  ;  samedi  21  août  i852. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  3o  août  i85a,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences; 
2e  semestre  i852;  n°  8;  in-4°. 

C.  R. ,  i85a,  a"*  Semestre.  (T.  XXXV,  N»9.)  4* 


(  3i4  ) 

Institut  national  de  France.  Académie  française.  Séance  publique  annuelle 
du  jeudi  ig  \août  i852,  présidée  par  M.  VlTET,  Directeur.  Paris,  i85a; 
in-4°. 

Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes;  par  M.  L.  Élie  de  Beaumont. 
Paris,  i85a;  3  vol.  in-18. 

Eléments  de  pathologie  médicale;  par  M.  A. -P.  Requin;  tome  III.  Paris, 
i852;  i  vol.  in-8°.  (Présenté,  au  nom  de  l'auteur,  par  M.  Velpeau.) 

Mémoires  de  la  Société  des  Sciences,  Lettres  et  Arts  de  Nancy,  pour  l'an- 
née i85o.  Nancy,  i85i;  vol.  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  nationale  de  Médecine,  rédigé  sous  la  direction  de 
MM.  F.  Dubois  (d'Amiens),  secrétaire  perpétuel,  et  Gibert,  secrétaire 
annuel;  tome  XVII;  n°  22;  3i  août  i852;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  ;  rédigé  par  M.  DE  La  Roquette, 
secrétaire  général  de  la  Commission  centrale;  avec  la  collaboration  de 
MM.  V.-A.  Malte-Brun,  secrétaire-adjoint,  Daussy,  L.-Am.  Sédillot,  de 
Froberville  et  CORTAMBERT;  4e  série;  tome  III;  n°  18;  juin  i852; 
in-8°. 

Académie  des  Sciences  et  Lettres  de  Montpellier.  Extraits  des  procès-verbaux 
des  séances  de  la  Section  des  Sciences,  pendant  l'année  i85i-i852.  Montpel- 
lier, i85a;  broch.  in-8°. 

Annales  forestières  ;  10e  année;  25  août  1 852;  in-8°. 

Cosmos.  Bévue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l' Industrie ,  fondée  par  M.  B.-R.  DE  MONFORT, 
et  rédigée  par  M.  l'abbé  MoiGNO;  ire  année;  n°  18;  29  août  i852;  in-8°. 

Becueil  encyclopédique  d'agriculture,  publié  par  MM.  Boitel  et  Londet, 
de  l'Institut  national  agronomique  de  Versailles;  tome  III;  n°  3;  10  août 
i85a;  in-8°. 

Bépertoire  de  Pharmacie,  recueil  pratique  rédigé  par  M.  BouCHARDAT; 
août  i852;  in-8°. 

Bévue  médico-chirurgicale  de  Paris,  sous  la  direction  de  M.  Malgaigne; 
août  i852;  in-8°. 

Illustrationes  plantarum  orientalium  ;  par  MM.  le  comte  Jaubert  et 
Ed.  Spach  ;  36e  livraison  ;  in-4°. 

Memorie...  Mémoires  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Turin;  2e  série; 
tome  XII.  Turin,  i852;  in~4°. 

Circa  il  modo...  Sur  la  manière  dont  il  faut  considérer  les  phénomènes 
capillaires  relativement  à  la  constitution  dynamique  des  liquides;  par  M.  B.  Bizio. 
Venise,  i852;  broch.  in-8°. 


(3i5) 

Corrispondenza...  Correspondance  scientifique  de  Rome;  2  e  année;  n°  35; 
ra  août  i852. 

Ultimo...  Dernier  tiers  des  pronostics  du  temps  pour  l'année  i852;  pat 
M.  A.  Bernardi;  i  de  feuille  in-8°. 

On  the...  Sur  les  roches  schisteuses  du  Sichon  et  sur  l'origine  des  sources 
minérales  de  Vichy;  par  M.  R.-I.  Murchison;  broch.  in-8°. 

Posthumous...  Papiers  posthumes  de  feu  W.  Griffith,  légués  à  la  Compa- 
gnie des  Indes  orientales  et  imprimés  par  l'ordre  du  Gouvernement  du  Bengale; 
arrangés  par  M.   Mac  Cleixand.  —  Partie  première:   Développement  des 
organes  dans  les  plantes  phanérogames.  Calcutta,  1 847  ;  in-8°,  avec  atlas  in-4°. 
—  Partie  deuxième  :  Sur  les  plantes  cryptogames  supérieures.  Calcutta,  i84q; 
in-8°,  avec  atlas  in-4°-  —  Partie  troisième  :  Plantes  monocotylédones.  Cal- 
cutta, 1 85 1  ;  in-8°,  avec  atlas  in-4°.  —Journaux  de  voyages  dans  l'Assam 
le  Barma,  le  Boutan,  l'Afghanistan  et  les  provinces  voisines.  Calcutta,  1847- 
in-8°.  —  Notes  itinéraires  sur  les  plantes  recueillies  dans  les   montagnes   du 
Khasyah  et  du  Boutan,  dans  l'Afghanistan  et  les  contrées  voisines.  Calcutta 
1848;  in-8°.  —  Palms...  Palmiers  des  Indes  orientales  britanniques.  Calcutta 
i85o;  1  vol.  in-fol. 

Ueber...  Considérations  sur  le  côté  scientifique  de  l'activité  pratique,  suivies  de 
Notices  biographiques  sur  les  Académiciens  Y.  Reichenbach,  V.  Fraunhofer  et 
V.  ROTH,  discours  prononcé  au  quatre-vingt-treizième  anniversaire  de  la  fonda- 
lion  de  l'Académie  des  Sciences  de  Munich;  parM.  Fr.-V.  Thiersch,  Président 
de  l'Académie.  Munich,  i852;  broch.  in-4°. 

L Athenœum  français.  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux-Arts;  ire  année;  n°  9 ;  28  août  i852. 

La  Presse  littéraire.  Écho  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  1 8  • 
29  août  i852. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  35;  28  août  i852. 

Gazette  des  Hôpitaux  ;  nos  100  à  102;  24,  26  et  28  août  i852. 

Moniteur  agricole  ;  5e  année;  n°  34;  26  août  i852. 

La  Lumière;  2e  année;  n°36;  28  août  i852. 


(3i6) 


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COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  6  SEPTEMBRE  1852. 
PRÉSIDENCE  DE  M.   P10BERT. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Lioiville  entretient  l'Académie  de  quelques  points  d'analyse  concer- 
nant les  fonctions  gamina  de  Legendre.  Cette  communication  verbale  est 
résumée  brièvement  dans  la  Note  suivante  que  M.  Lion  ville  nous  a  re- 
mise : 

«  J'appellerai  d'abord  l'attention  de  l'Académie  sur  une  formule  célèbre 
qui  porte-  le  nom  de  Sterling  et  qui  a  pour  objet  le  calcul  abrégé  de  la 
somme  des  logarithmes  de  p  —  i  nombres  consécutifs,  commençant  à 
l'unité,  ou  plus  généralement  le  calcul  abrégé  du  logarithme  de  la  fonction 
que  Legendre  désigne  par  T(p),  p  étant  une  quantité  positive  très-grande 
qui  peut  ne  pas  être  un  entier.  La  série  de  Stirling,  dans  ses  premiers  termes, 
tend  d'abord  très-rapidement  vers  la  valeur  demandée,  mais  elle  devient 
ensuite  divergente;  et  de  là  naît  une  difficulté  qui,  dans  ces  derniers  temps 
surtout,  a  beaucoup  occupé  les  géomètres.  Je  ne  rappellerai  pas  les  noms 
très-connus  de  tous  ceux  qui  ont. écrit  sur  ce  sujet,  et  parmi  lesquels  figurent 
deux  de  nos  confrères,  M.  Binet  et  M.  Cauchv.  Je  dirai  seulement  que 
M.  Binet  [Journal  de  l'Ecole  Polytechnique ,  XXVIIe  cahier)  a  substitué  à 
la  formule  de  Stirling  une  autre  série  toujours  convergente,  qui  ne  peut 
donner  lieu  à  aucune  objection  ;  et  que,  d'un  autre  côté,  on  a  levé  très- 

C.  H. ,  i85a,  ame  Sr-mcstre.  (T.  XXXV,  N°  10.)  42 


(3.8) 

heureusement,  de  la  manière  la  plus  directe,  la  difficulté  indiquée,  en 
complétant  par  un  reste  la  série  de  Stirling  bornée  à  un  nombre  fini  de 
termes,  et  mieux  encore,  en  prouvant  que  Y  erreur  commise  en  s' arrêtant  à 
un  terme  quelconque  de  cette  série  est  plus  petite  que  le  terme  suivant  et 
en  a  le  signe. 

»  Ce  dernier  théorème,  dont  Legendre  avait  acquis  pour  ainsi  dire  le 
sentiment  par  ses  calculs  numériques,  est  aujourd'hui  bien  démontré.  Je 
nommerai  d'abord  M.  Raabe  (tomes  XXV  et  XXVII  du  Journal  de 
M.  Crelle).  Il  est  établi  d'une  manière  très-simple  et  très-élégante  dans  un 
Mémoire  de  M.  Malmsteen,  que  je  me  plais  à  citer  comme  remarquable  à 
plus  d'un  titre  (Journal  de  M.  Crelle,  tome  XXXV).  M.  Cauchy  l'a  démontré 
(Comptes  rendus,  tome  XVII)  en  s'appuyant  sur  la  formule 


.iP)  =  f(^~\-l) 


u.{  I  i  P~pt  — 


une  de  celles  au  moyen  desquelles  on  exprime  la  quantité  p.(p)  qu'il  faut 

ajouter  à  (  p ]  log/>  —  p  ■+-  -  log  (a  7;)   pour  avoir   log  r  (p) ,   et   que 

M.  Binet  a  réunies  dans  son  Mémoire.  Je  ferai  à  mon  tour  remarquer  ici 
qu'on  le  déduit  avec  une  merveilleuse  facilité  de  la  formule  suivante  : 


^)=2X   j^?— ;arctan^ 


5 
P 


que  M.  Binet  a  donnée  aussi,  et  à  laquelle  on  arrive  aisément  par  diffé- 
rents moyens. 

»  Après  avoir  écrit  cette  formule  (Journal  de  l'Ecole  Polytechnique, 
xxviie  cahier,  page  241),  M.  Binet  ajoute  ce  qui  suit  : 

«  D'autres  formes  se  seraient  offertes  d'elles-mêmes,  si  l'on  avait  rem- 

»  placé  d'abord  t  par  pt  ;  mais  nous  ne  nous  en  occuperons  pas  en  ce 

»  moment,  où  nous  voulons  faire  remarquer  que  si  l'on  développait  selon 

t       t         t* 
»   les  puissances  de  t  la  fonction  arc  tang-  = ^—  -+-  ...,  et  si  l'on  pro- 

»  cédait  ensuite  aux  intégrations  définies,  on  verrait  se  présenter  les 
»  nombres  de  Bernoulli,  comme  coefficients  des  puissances  réciproques 
»  impaires  de  p  :  ils  tiendraient  lieu  des  intégrales  définies  d'après  fexpres- 
»  sion  (68).  La  formule  divergente  qui  en  résulterait  serait  précisément 
»  celle  que  Stirling  a  formée  pour  la  sommation  des  logarithmes  des  nom- 
»  bres  naturels.  Mais,  pour  arriver  à  ce  résultat,  on  aurait  fait  concourir 


(  3.9  ) 
»  à  une  intégration  la  suite  arc  tang-  que  nous  venons  d'écrire;  cette  in- 
»  tégration  étant  exécutée,  i°  de  t  =  o  à  t  =  p,  fournira  une  partie  exacte, 
»  car  alors  la  suite g— -  H-  ...  n'est  pas  encore  divergente;  a°  l'inté- 

»  gration  depuis  t  =  p  à  t  =  oo  ,  emploiera  la  même  suite  qui,  devenue 
»  divergente,  et  inexacte  entre  ces  limites,  fait  naître  une  autre  suite  diver- 
»  gente  comme  elle.  » 

»  Ces  remarques  sont  justes.  Mais  à  présent  nous  ajoutons  que,  quelle 
que  soit  la  valeur  de  t  entre  p  et  oo  ,  comme  entre  o  et  p,  la  série  dans 

laquelle  on  développe  arc  tang  -  est  toujours  telle,  que  l'erreur  commise,  en 

s'arrêtant  à  un  terme,  est  de  signe  contraire  au  signe  de  ce  terme,  et  alter- 
nativement positive  ou  négative,  par  suite  toujours  moindre  que  le  terme 
suivant.  C'est  ce  que  l'on  voit  par  la  formule 

|  —9  T;     I    ■  - 

■  =  1  —  X2  ■+■  X*  —  . .  .  ±  x- 


.5                                    j.an-t-1 

Çx x*"+2dx 

)                  ~  in  -t-i  ~*~  c 

h       «  +  ** 

rxx,n+'dx 

'o        '  -+•  *' 

~,2n+3 

I  -+-  x' 

qui,  intégrée,  donne 

X3 

arc  tang  x  =  x  —  •=■  +  ~  — 
où  l'erreur 

est  toujours  du  signe  du  terme 

qui  suit  celui  auquel  on  s'arrête,  et  est  visiblement  plus  petite  que  ce  terme, 
auquel  l'intégrale  se  réduirait  si  l'on  ôtait  le  dénominateur  i-h  x2.  Comme 
le  facteur  qui,  dans  la  formule 

^^Jo  ^ZTarctan^' 

multiplie  arc  tang-  sous  le  signe  /  >  est  essentiellement  positif,  il  est  bien 

clair  que  la  propriété  signalée  pour  le  développement  de  arc  tang  -  appar- 
tiendra aussi  au  développement  de  p(p)  et  à  la  série  de  Stirling. 

»  L'analyse  précédente  donne,  en  outre,  pour  la  valeur  exacte  du  reste 

4a.. 


(  3ao  ) 

de  celte  série  une  expression  en  intégrale  double  d'un  usage  très-commode. 

»  Ces  quelques  lignes  me  semblent  compléter  naturellement  le  beau 
Mémoire  de  notre  savant  confrère,  où  l'on  trouvera  ainsi  la  double  solution 
qu'on  pouvait  demander  :  la  substitution  d'une  formule  convergente  à  la 
série  divergente  de  Stirling ,  et  la  discussion  directe  de  cette  série  prise  en 
elle-même. 

»  J'ai  obtenu,  au  surplus,  à  l'aide  de  procédés  qu'il  serait  trop  long 
d'exposer  ici,  diverses  formules  nouvelles  d'où  l'on  pourrait  conclure 
également  les  propriétés  de  la  fonction  jx(/>). 

»  Cette  fonction,  ou  plutôt  la  fonction  T  (p),  a  été  le  sujet  principal  de 
mes  leçons  au  collège  de  France  dans  le  dernier  semestre  de  l'année  cou- 
rante.  J'ai  présenté  en  particulier  à  mes  auditeurs  l'analyse  du  Mémoire  de 
M.  Malmsteen,  dont  il  a  été  question  plus  haut,  et  dont  je  crois  avoir  sim- 
plifié quelques  détails.  J'ai  pris  pour  point  de  départ  la  définition  des  fonc- 
tions T  (p)  donnée  par  M.  Gauss,  à  savoir,  que  T(p)  est  la  limite  vers  laquelle 
tend,  pour  m  grandissant  à  l'infini,  la  formule 

„  ,  .  12.3..  .m ,m?~s 

T  (p,  m) 


p(p  +  i)...(p+m—i) 

»  Cette  définition,  qui  permet  à  la  variable  p  d'être  indifféremment 
positive  ou  négative,  réelle  ou  imaginaire,  conduit  de  la  manière  la  plus 
simple  aux  propriétés  fondamentales  des  fonctions  T,  c'est-à-dire  aux 
équations  connues 

•  r(p  +  i)  =  pr(P),    r(P)r(i-p)=    " 

et 


smpv 


r(/>)T  lp  +  L\...T(p  +  m-Tl    =  (air)  «3         T[np) 


n  —  I 


dont  la  seconde  écrite  ainsi, . 

T{p)Y{-p) 


psmpn 


montre  comment  le  cas  où  la  variable  p  est  négative  ou  à  partie  réelle  né- 
gative se  ramène  à  celui  où  p  est  positive  ou  à  partie  réelle  positive.  Ceci 
est  souvent  utile,  car  la  formule  de  Stirling  même,  complétée  par' un  reste, 
et  cette  formule  curieuse  de  Gudermann, 


f;-(/,)  =  2[(/5  +  '"  +  ^),°g(i  + 


(l-lfci  ) 

où  m  =  o,  i,  2,...,  et  beaucoup  d'autres  formules  encore  s'étendent  aisé- 
ment au  cas  de  p  imaginaire  à  partie  réelle  positive,  mais  non  pas  à  partie 
réelle  négative. 

»  J'ai  cité  en  passant  la  formule  de  Gudermann,  dont  j'ai  donné  dans 
mes  leçons  deux  démonstrations  différentes,  pour  avoir  une  occasion 
d'avertir  qu'il  n'y  a  rien  de  fondé  dans  la  crainte  que  Gudermann  exprime 
(vaguement,  il  est  vrai),  que  sa  formule  ne  soit  en  contradiction  avec  celle 
de  Stirling.  Loin  de  là,  on  tire  assez  facilement  de  la  formule  de  Guder- 
mann  la  série  de  Stirling  et  une  expression   du  reste  qui  la  complète. 

»  L'exponentielle  mp~\  qui  entre  dans  l'expression  de  Y  {p,  m),  montre 
quelles  sont  les  combinaisons  des  fonctions  T  (p)  dont  on  doit  espérer  les 
plus  belles  propriétés.  Ce  sont  celles  où  l'exponentielle  disparaît.  Telle  est 
la  combinaison  si  connue 


r  (/>  +  ?)' 


telle  est  aussi  la  combinaison 


quand  on  y  suppose 


r  (ap  +  b)...T{aip+bi) 

T(a'p  +  b')...r(a't  +wry 


«t 


et  en  particulier  la  combinaison 

r(p)T(ap)...r(<z>->p), 

où  a  est  une  racine  imaginaire  de  l'unité,  en  sorte  que  a.' =  i,  et  dont 
l'étude  présente  beaucoup  d'intérêt.  Quand  on  prend  pour  a  une  racine 
cubique  de  i ,  on  a 


et  le  produit  tp  [p)  placé  au  second  membre,  analogue  à  celui  dont  dépen- 
dent les  sinus  ou  les  différences  d'exponentielles,  mais  d'un  ordre  supé- 
rieur, puisque  les  diviseurs  sont  des  cubes  et  non  plus  des  carrés,  s'obtient 
de  suite,  en  quantités  trigonométriques  et  exponentielles,  par  son  expres- 
sion en  T,  quand  pest  un  entier  positif:  quand  p  est  entier  négatif,  un  des 
facteurs  du  produit  s'évanouit  ;  mais  ce  facteur  supprimé,  le  produit  des 
facteurs  restants  se  calcule  aussi  sans  peine. 

»  Il  y  a  d'autres  produits  semblables  qui  se  rattachent  à  celui-là,  et  qui 


(  3a2  ) 

donnent  lieu  à  des  équations  du  genre  de  celles  qui  fournissent  sin  np  ou 
cos  np  par  sin/)  et  cosp.  Soit  par  exemple 

8/>3\  /         8/>3\  /        8/>3\ 


et  vous  aurez 

<p(ap)  =  8?{p)ty{p). 

Mais  je  réserve  ces  développements  et  d'autres  encore  pour  la  publication 
de  mes  leçons.  » 

M.  Augustin  Cauchy  rappelle,  à  l'occasion  de  cette  communication ,  le 
Mémoire  présenté  par  lui  sur  le  même  sujet,  dans  la  séance  du  28  août  1 843. 

M.  Augustin  Cauchy  présente  la  suite  de  ses  Nouvelles  recherches  re- 
latives à  l'intégration  des  équations  aux  dérivées  partielles,  sous  des  condi- 
tions données. 

MÉMOIRES  LUS. 

économie  rurale.  —  Observations  sur  la  maladie  de  la  vigne  faites  en 
Piémont,  en  Italie  et  dans  la  France  méridionale  ;  par  M.  Guérin- 
Méneville.   (Extrait.) 

(Commissaires  pour  la  maladie  de  la  vigne,  MM.  Duméril,  Magendie, 
Milne  Edwards,  Decaisne.) 

«  Le  rapide  examen  que  j'ai  fait  pendant  mon  voyage,  dans  des  localités 
très-diverses,  d'un  grand  nombre  de  vignobles  atteints  de  la  maladie,  m'a 
montré  que,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  ce  n'est  pas  quand  le  raisin  est  envahi 
par  le  cryptogame  que  l'on  peut  espérer  d'arriver  à  connaître  la  cause  de 
la  maladie,  mais  plutôt  en  la  cherchant  à  des  époques  diverses,  peut-être 
au  commencement  de  l'année,  dans  les  racines,  dans  les  liquides  de  la 
plante.  Tous  les  faits  que  j'ai  observés  pendant  mon  voyage  me  portent,  en 
effet,  à  penser  qu'il  y  a  une  cause  profonde  de  désorganisation  dans  les 
vignes,  comme  dans  les  pommes  de  terre,  comme  chez  les  vers  à  soie,  dans 
les  pays  où  cet  insecte  est  élevé  en  grand.  Cette  cause  paraît  être  un  défaut 
d'équilibre  dans  les  fonctions,  soit  qu'il  y  ait  excès  de  vitalité,  ou  mouvement 
vital  trop  rapide,  soit  qu'il  y  ait  défaut  de  vitalité,  atonie,  affaiblissement 
excessif.  Peut-être  ces  deux  causes  amènent-elles  des  résultats  semblables, 


(  323  ) 

une  maladie  dont  la  terminaison  est  cryptogamique  sous  certaines  condi- 
tions. Je  me  bornerai  à  ces  préliminaires,  qui  m'ont  été  suggérés  pendant 
une  sorte  d'inspection  faite  à  une  époque  où  la  seule  chose  possible  était 
de  constater  les  dégâts  causés  par  le  mal,  et  j'arriverai  de  suite  à  l'exposé  des 
faits  que  j'ai  pu  observer  cette  année. 

»  D'abord  en  Italie,  comme  en  France,  il  est  très-remarquable  que  l'on 
s'accorde  presque  généralement  à  dire  que  le  mal  sévit  principalement  sur 
les  plus  belles  vignes,  sur  celles  qui  sont  abritées,  plantées  dans  de  bons 
terrains,  et  que  les  vignes  de  treilles,  placées  contre  les  maisons,  dans  les 
cours  et  dans  les  jardins,  celles  enfin  qui  sont  dans  les  meilleures  conditions 
de  vigueur,  puisqu'elles  participent  même  souvent  aux  arrosages  et  reçoivent 
une  abondante  fumure,  sont  le  plus  attaquées.  J'ai  constaté  les  mêmes 
faits  à  Nice,  autour  de  Marseille  et  dans  le  département  des  Basses-Alpes. 
Chez  M.  Eugène  Robert,  à  Sainte-Tulle,  j'ai  vu  la  maladie  commencer  par 
de  magnifiques  vignes  de  treille  placées  dans  son  jardin ,  longtemps  avant 
qu'elle  apparût  dans  les  champs,  puis  se  montrer  sur  les  fortes  vignes 
cultivées  dans  la  plaine  de  Manosque,  dans  des  terrains  très-féconds  formés 
par  des  alluvions  de  la  Durance.  Un  fait  digne  de  remarque,  et  qu'il  est 
bon  de  noter,  c'est  que  plusieurs  vignes  du  jardin  de  M.  E.  Robert,  de 
Sainte-Tulle,  que  l'on  avait  oublié  de  tailler,  et  qui  s'étant  couvertes  de 
verdure  ont  quelques  belles  grappes,  se  trouvent  complètement  exemptes 
de  la  maladie,  quoique  se  trouvant  à  côté  de  celles  qui  en  sont  le  plus 
infectées.  Il  est  à  remarquer  aussi  que  toutes  les  vignes  sauvages  qui  rem- 
plissent les  haies  bordant  les-  vignobles  infectés  ne  montrent  aucune  trace 
de  la  maladie.  J'ai  bien  vu  quelques  exceptions,  quelques  vignes  plantées 
dans  des  terrains  maigres  et  élevés  m'ont  montré  la  maladie;  mais  ces  cas 
se  sont  produits  rarement,  tandis  que  les  cas  de  maladie  des  vignes  vigou- 
reuses sont  en  immense  majorité. 

»  A  Sainte-Tulle,  où  j'ai  pu  donner  un  peu  plus  de  temps  à  ces  observa- 
tions, j'ai  reconnu  la  maladie  dans  des  vignes  dont  les  raisins  ne  montraient 
encore  aucune  trace  d'Oïdium.  Ces  vignes  avaient  sur  leurs  ceps  de  l'année, 
sur  les  beaux  sarments  verts  qui  portaient  de  magnifiques  grappes,  des  ta- 
ches rousses  et  noirâtres,  formées  par  des  séries  longitudinales  de  petits 
points,  de  sortes  de  petits  boutons  indiquant  une  altération  de  sève  qui  sem- 
ble avoir  lieu  dans  les  vaisseaux  de  la  plante.  Ayant  étudié  et  dessiné  les 
traces  extérieures  de  ces  altérations,  et  ayant  suivi  jour  par  jour  le  déve- 
loppement de  ces  taches,  j'ai  bientôt  reconnu  qu'elles  précédaient  de  quel- 
ques jours  l'apparition  de  l'Oïdium  sur  les  raisins.  J'ai  montré  ces  faits  à 


(  M  ) 

M.  E.  Robert  et  à  quelques  cultivateurs  de  Sainte-Tulle  et  de  Manosque; 
j'ai  répété  mes  observations  sur  des  vignes  plus  ou  moins  tardives,  et  je 
pouvais  prédire  l'apparition  de  la  maladie;  et,  au  grand  étonnement  des 
paysans,  leur  annoncer  que  leurs  raisins  auraient  le  blanc  dans  quelques 
jours,  quand  je  voyais  les  ceps  verts  et  très-vigoureux  porter  de  ces  séries 
de  taches  noirâtres  rangées  longitudinalement  et  suivant  le  trajet  des  vais- 
seaux. A  ce  caractère  des  taches  aux  sarments,  il  s'en  ajoutait  toujours  un 
autre;  c'est  que  ces  sarments  étaient  beaucoup  plus  cassants  que  ceux  des 
vignes  non  atteintes  de  la  maladie. 

»  Un  entomologiste  distingué,  M.  Lefébure  de  Cérisy,  ancien  ingénieur 
de  la  marine,  aujourd'hui  retiré  à  Toulon,  a  fait  des  observations  analogues 
à  sa  campagne  de  Montrieux  sur  de  magnifiques  vignes  de  son  jardin.  Il  a 
vu,  de  son  côté,  ces  taches  brunes  et  noires  sur  les  sarments,  leur  arran- 
gement en  lignes  longitudinales  et  leur  coïncidence  constante  avec  l'enva- 
hissement des  raisins  par  Y  Oïdium. 

»  De  ces  faits,  quoiqu'ils  soient  encore  à  peine  entrevus,  ne  pourrait-on 
pas  déjà  conclure  que  le  cryptogame  qui  couvre  les  raisins  pourrait  bien 
n'être  que  la  conséquence  d'une  maladie  de  la  vigne,  d'une  maladie  qui 
sévit  le  plus  souvent  sur  les  vignes  les  plus  vigoureuses,  d'une  maladie  que 
l'on  pourrait  appeler  inflammation  provenant  d'un  excès  de  vitalité.' 

»  S'il  en  est  réellement  ainsi,  si  des  observations  bien  faites  viennent 
confirmer  ce  que  je  crois  avoir  entrevu,  il  est  permis  d'espérer  que  Ion 
pourra  peut-être  trouver  un  moyen  de  s'opposer  aux  désastreux  effets  de 
cette  maladie,  sans  attendre  patiemment  qu'elle  se  soit  éteinte  d'elle-même, 
comme  cela  a  heureusement  lieu  dans  toutes  les  épidémies,  en  cherchant  a 
rétablir  l'équilibre  des  fonctions  vitales  de  la  vigne.  Déjà,  des  faits  très- 
curieux  et  très-importants  viennent  appuyer  cette  iJée  et  montrer  qu'il  se- 
rait possible  que  je  fusse  dans  la  bonne  voie.  En  effet,  la  saignée  de  la  vigne, 
conseillée  par  un  agriculteur  piémontais  pour  arrêter  les  effets  du  mal,  sa 
taille  à  une  époque  différente  de  celle  où  on  la  pratique  ordinairement,  à 
une  époque  où  la  sève  est  en  mouvement  et  où  cette  opération  occasionne 
une  perte  plus  ou  moins  grande  de  ce  fluide  nourricier  de  la  plante,  et  jus- 
qu'à la  pratique  qui  consiste  à  cultiver  les  vignes  en  les  déchaussant  et  en 
enlevant  une  portion  du  chevelu  de  leurs  racines,  tous  ces  procédés,  que 
l'on  pourrait  appeler  débilitants,  viennent  s'accorder  avec  l'idée  d'un  excès 
de  vitalité. 

»  Tout  le  monde. a  lu  la  Lettre  du  jardinier  ou  du  fermier  du  comte 
Borromée.  publiée  dans  tous  les  journaux,  et  dans  laquelle  cet  agriculteur 


(  325  ) 

signale  les  bons  résultats  qu'il  a  obtenus  en  Piémont  en  pratiquant  une 
saignée  à  ses  vignes;  aussi,  je  ne  m'arrêterai  pas  sur  ce  fait  qui  devrait  être 
le  sujet  d'expériences  très-sérieuses  l'année  prochaine. 

»  Quant  à  la  taille  de  la  vigne  à  une  époque  tardive,  elle  me  paraît  méri- 
ter toute  l'attention  des  agriculteurs.  Cette  année,  j'ai  appris  qu'un  simple 
paysan,  nommé  Tessier,  propriétaire-cultivateur  à  Trémoulat,  commune 
de  Valence  (Drôme),  désespéré  d'avoir  encore  perdu  sa  récolte  l'année 
dernière  et  voulant  tenter  un  essai,  s'est  décidé  à  ne  tailler  une  partie  de 
sa  vigne  que  cinq  semaines  après  l'autre,  à  l'époque  où  les  bourgeons 
commençaient  à  enfler.  Cette  vigne  a  d'abord  perdu  une  assez  grande 
quantité  de  sève  :  elle  a  pleuré,  comme  on  dit  dans  le  Midi;  mais  elle  n'a 
pas  tardé  à  végéter  comme  l'autre,  elle  n'a  pas  été  atteinte  par  Y  Oïdium, 
tandis  que  tout  le  reste  et  tous  les  vignobles  des  environs  en  sont  presque 
complètement  envahis.  A  mon  retour,  j'ai  appris  que  la  taille  tardive  avait 
donné  des  résultats  semblables  près  de  Paris. 

»  Enfin,  je  dois  encore  citer  un  autre  fait  qui  viendrait  aussi  à  l'appui  de 
l'idée  que  j'ai  émise  plus  haut.  M.  Castera,  dégustateur  juré  de  la  ville  de 
Paris,  très-connu  par  ses  travaux  sur  l'œnologie,  m'a  appris  qu'on  avait 
obtenu  d'excellents  résultats  dans  le  Médoc,  au  château  de  Polycard,  com- 
mune de  Blanfort,  en  déchaussant  les  vignes  à  quelques  centimètres  de 
profondeur,  en  coupant  tout  le  chevelu  superficiel  des  racines  et  en  ne  les 
recouvrant  que  quelques  semaines  après » 

tératologie.  —  Mémoire  sur  un  chat  iléadelphe  à  tête  monstrueuse; 
par  M.  Camille  Dabeste.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Duméril,  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Rayer.) 
«  L'animal  qui  fait  le  sujet  de  ce  Mémoire  m'a  présenté  les  caractères 
d'un  genre  de  monstruosité  double,  établi,  par  Geoffroy-Saint-Hilaire,  sous 
le  nom  d' Iléadelphie  (i),  mais  dont  l'existence  était  restée  douteuse.  En 
effet,  le  monstre  double,  à  l'occasion  duquel  Geoffroy-Saint-Hilaire  avait 
établi  ce  nouveau  genre,  appartenait,  comme  M.  Isidore  Geoffroy-Saint- 
Hilaire  en  a  fait  la  remarque  depuis  longtemps  (a),  à  un  groupe  différent, 
la  Mélomélie. 

(i)  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Mémoire  sur  un  enfant  quadrupède  né  et  vivant  à  Paris; 
monstruosité  déterminée  sous  le  nom  générique  d'iléadelphe.  (Mémoire  de  l'Académie  des 
Sciences,  tome  XI,  page  435. —  Voir  aussi  Comptes  rendus,  tome  XI,  page  3go;  année  1840.) 

(2)  Traité  de  Tératologie,  tome  III,  pages  146  et  280. 

C.  K.,  iS5a,  am«  Semestre,  f  T.  XXXV ,  N»  10.  )  4  3 


(  3a6) 

»  Au  contraire,  le  chat  que  j'ai  eu  occasion  d'observer  présente  d'une  ma- 
nière très-exacte  les  caractères  de  l'iléadelphie,  c'est-à-dire  d'une  monstruo- 
sité double  qui  consiste  dans  l'existence  de  deux  arrière-trains  terminant 
un  corps  parfaitement  simple  d'ailleurs.  J'ai  constaté,  de  plus,  un  caractère 
qui  n'avait  point  été  signalé  dans  la  définition  théorique  du  genre  Iléadel- 
phe  :  l'existence  d'un  anus  unique,  situé  au-dessous  de  la  bifurcation  de  la 
colonne  vertébrale,  à  l'extrémité  de  la  région  lombaire,  et  n'ayant  par  con- 
séquent aucune  relation  avec  les  régions  pelviennes  du  monstre. 

»  Ces  caractères,  que  j'ai  constatés  sur  l'animal  soumis  à  mon  observation, 
se  retrouvent  chez  un  chien  que  Regnault  a  représenté  dans  son  recueil  téra- 
tologique  sous  le  nom  de  chien  à  trois  croupes,  et  dont  la  figure  a  été  repro- 
duite par  Gurlt  sous  le  nom  de  cormotridjmus  (i).  Ce  chien,  figuré  comme 
un  monstre  triple,  est  évidemment  un  iléadelphe,  comme  l'a  déjà  indiqué 
M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire  (2).  L'existence  d'un  anus  unique  situé 
entre  les  deux  arrière-trains  du  monstre ,  circonstance  qui  est  très-évidente 
sur  la  figure  donnée  par  Regnault,  confirme  cette  manière  de  voir. 

»  Les  deux  arrière-trains  du  monstre  soumis  à  mon  observation  sont 
d'ailleurs  parfaitement  conformés,  à  cela  près  que  la  cuisse  droite  prove- 
nant du  bassin  gauche,  et  la  cuisse  gauche  provenant  du  bassin  droit,  sont 
unies  ensemble  par  les  parties  molles.  Les  autres  segments  du  membre  sont 
distincts. 

»  Le  tronc  est  parfaitement  simple  et  régulier. 

»  Le  crâne  et  la  région  cervicale  sont  largement  ouverts  en  haut  et  en 
arrière,  et  présentent  les  anomalies  qui  ont  été  décrites  par  M.  Vincent 
Portai,  chez  les  sujets  affectés  de  dérencéphalie(3).  La  partie  postérieure  de 
la  voûte  du  crâne  n'existe  point,  et  les  os  qui  la  composent  sont  rejetés  sur 
les  côtés;  toutefois  je  n'ai  pu  retrouver  les  occipitaux  supérieurs  et  les  in- 
terpariétaux.  La  colonne  vertébrale  présente  à  sa  région  cervicale  une  fis- 
sure produite  par  l'écartement  des  lames  des  vertèbres,  et  continuant  en 
arrière  l'ouverture  du  crâne.  Je  n'ai  trouvé,  dans  cette  région,  aucune  trace 
de  l'encéphale  ni  de  la  moelle  épinière. 


(1)  Regnault,  Écarts  de  la  nature,  PI.  IX.  —  Guult,  Lekrbuch  der  patologischen  Ana- 
tomie  der  Haussâugethiere ,  partie  II,  page  201;  PL  IX,  fig.  3. 

(2)  Traité  de  Tératologie,  tome  III,  page  335. 

(3)  Vincent  Portal,  Description  de  plusieurs  monstres  humains  anencéphales ,  classés  et 
déterminés  sous  le  nom  de-  dérencéphales.  [Annales  des  Sciences  naturelles,  ire  série, 
tome  XIII,  page  233.) 


(  3*7  ) 

»  Jusqu'à  présent  les  monstruosités  dérencéphaliques,  et  même,  d'une 
manière  plus  générale,  toutes  les  monstruosités  caractérisées  par  le  dépla- 
cement de  l'encéphale,  sa  transformation  en  une  masse  vasculaire,  ou  son 
absence,  n'avaient  été  signalées,  d'une  manière  authentique,  que  dans  l'es- 
pèce humaine. 

»  Il  existe  à  gauche  de  la  mâchoire  inférieure,  une  petite  mâchoire  sur- 
numéraire, dans  une  direction  parallèle  à  celle  de  la  mâchoire  inférieure 
normale;  cette  mâchoire  surnuméraire,  bien  que  déformée,  est  cepen- 
dant parfaitement  reconnaissable  à  ces  bords  garnis  de  germes  den- 
taires, et  aux  trous  qui  servent  pour  le  passage  des  nerfs.  Cette  mâchoire 
surnuméraire  est  attachée  au  maxillaire  supérieur  et  à  l'intermaxillaire  par 
deux  pièces  osseuses  que  je  n'ai  pu  déterminer.  La  présence  de  cette  partie 
surnuméraire  constitue  le  caractère  et  démontre  l'existence  d'un  genre  de 
monstruosités  qui  figure  dans  la  classification  tératologique  de  M.  Is. 
Geoffroy  (i),  avec  un  point  de  doute,  sous  le  nom  de  Paragnathie. 

»  La  partie  supérieure  de  la  face  présente  un  bec-de-lièvre.  Les  os  inter- 
maxillaires sont  séparés  des  maxillaires  et  entraînés  à  gauche  et  en  bas  ;  les 
maxillaires  supérieurs  et  les  palatins  ne  se  réunissent  point  sur  la  ligne  mé- 
diane. 

»  Le  mauvais  état  de  conservation  du  monstre  ne  m'a  point  permis 
d'étudier  la  disposition  de  ses  parties  molles,  et  j'ai  dû  me  borner  à  l'étude 
du  squelette.  Mais,  bien  que  ces  observations  soient  malheureusement  in- 
complètes, elles  me  paraissent  cependant  mettre  en  éviflence  les  faits  sui- 
vants : 

»  i°.  L'iléadelphie  et  la  paragnathie  doivent  figurer  dans  la  classifica- 
tion tératologique,  comme  genres  parfaitement  établis; 

»  i°.  L'existence  d'un  anus  unique  est  probablement  l'un  des  caractères 
du  genre  Iléadelphe. 

»  r>°.  L'existence  de  la  dérencéphalie,  en  dehors  de  l'espèce  humaine, 
est  un  fait  constaté.  » 


(i)    Traité   de    Tératologie,  tome  III,  page    258,   et    Comptes  rendus   de  l'Académi», 
tome  XXXII,  séance  du  io  février  i85i. 


43. 


(  328  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

chimie    ORGANIQUE.  —  Note  sur   l'acide   camphométhylique ; 
par  M.  A.  Loir. 

(Commissaires  nommés  pour  le  Mémoire  de  M.  Pasteur:  MM.  Biot, 

Dumas,  Senarmont.) 

»  J'ai  suivi,  pour  obtenir  l'acide  camphométhylique,  dont  l'existence 
n'était  pas  encore  connue,  le  procédé  indiqué  par  M.  Malaguti  pour  pré- 
parer l'acide  camphovinique,  en  substituant  seulement  l'alcool  méthylique 
à  l'alcool  du  vin. 

»  Cet  acide  se  présente  tantôt  sous  la  forme  d'aiguilles  longues  de  plu- 
sieurs centimètres,  rayonnant  autour  d'un  centre,  tantôt  sous  celle  de  pe- 
tites lames  hexagonales  ou  quadrilatères.  Mis  en  dissolution  dans  l'éther,  il 
donne,  par  une  évaporation  très-lente,  des  cristaux  isolés  assez  gros,  très- 
nets,  dont  la  forme  est  un  prisme  droit  à  base  rhombe  ;  les  faces  latérales 
formant  l'angle  aigu  sont  modifiées  tangentiellement;  chaque  arête  des 
sommets  est  modifiée  par  une  facette.  Les  lames  quadrilatères  qui  se  dépo- 
sent par  une  évaporation  rapide  de  la  solution  éthérée,  en  sont  une  modi- 
fication hémiédrique  ;  à  chaque  extrémité,  deux  des  facettes  placées  en  croix 
se  sont  développées  de  manière  à  se  couper  deux  à  deux.  Ces  lames  offrent 
un  clivage  parallèje  à  l'axe  du  prisme  et  perpendiculaire  à  la  modification 
tangentielle;  alors  elles  reproduisent  les  lames  hexagonales. 

»  L'acide  camphométhylique  dissous  dans  l'alcool,  l'éther,  le  chloro- 
forme, agit  sur  la  lumière  polarisée;  il  dévie  à  droite  le  plan  de  polarisation. 
Le  pouvoir  rotatoire  moléculaire  de  cet  acide  dissous  dans  l'alcool  à  o,5  de- 
grés, pour  les  rayons  jaunes,  est  de  5i°,4  sous  une  épaisseur  de  100  milli- 
mètres. 

»  Cet  acide  possède  la  corrélation  des  propriétés,  pouvoir  rotatoire  et 
hémiédrie  non  superposable  ;  c'est  donc  un  exemple  de  plus  à  ajouter 
aux  nombreux  exemples  indiqués  par  M.  Pasteur. 

*  »  L'acide  camphométhylique  cristallise  avec  une  très-grande  facilité  de 
ses  solutions  alcooliques,  éthérées,  chloroformiques  ;  il  est  peu  soluble  dans 
l'eau  :  sa  dissolution  alcoolique  rougit  fortement  le  tournesol.  Il  fond  à  la 
température  de  68  degrés.  A  une  température  plus  élevée,  il  donne  de 

l'acide  camphorique  anhydre,  un  liquide  visqueux  et  un  faible  résidu  de 

charbon. 


(  3*9  ) 

»  Lorsque  l'on  chauffe  les  cristaux  bien  secs  de  cet  acide  avec  une  disso- 
lution de  potasse,  on  trouve  que  les  produits  de  la  distillation  reçus  dans  un 
mélange  réfrigérant  présentent  les  propriétés  de  l'esprit-de-bois  (odeur, 
inflammabilité,  etc.);  il  reste  dans  la  cornue  du  caniphorate  de  potasse. 

»  Les  cristaux  de  cet  acide,  placés  sous  une  cloche  au-dessus  de  l'acide 
sulfurique,  ne  perdent  pas  de  leur  poids. 

»  La  composition  en  centièmes  est  : 


Expérience. 

Calcul  ( C"  H"  0S). 

C  =  61,37 

6l  ,60 

H=    8,48 

8,41 

0=  3o,i5 

29>99 

100,00 

100,00 

chimie  appliquée.  —  Réclamation  de  priorité  adressée  par  M.  Ed  Robin 
à  l'occasion  d'une  communication  récente  de  M.  Blandet  sur  la  conser- 
vation du  sang  liquide  au  moyen  du  chlorure  de  baryte.  (Extrait.  ) 

(Commissaires  nommés  pour  le  Mémoire  de  M.  Blandet  :  MM.  Velpeau, 

Pelouze.  ) 

«  Une  Note  adressée  à  l'Académie  le  1  février  1 85 1  montre  qu'à  cette 
époque  j'avais  découvert  le  pouvoir  conservateur  des  sels  solubles  de  ba- 
ryte, celui  du  chlorure  de  barium  en  particulier,  et  que  j'avais  appliqué  ce 
chlorure  à  la  conservation  du  lait,  du  sang  et  de  la  chair  musculaire.  Je 
savais  nécessairement  qu'il  maintient  liquides  le  sang,  le  lait  et  les  dissolu- 
tions albumineuses,  puisque  leur  conservation  ne  saurait  être  obtenue  sans 
qu'on  reconnaisse  le  fait  de  la  liquidité;  il  existe  d'ailleurs  une  règle  faisant 
prévoir  ces  sortes  de  faits.  J'ai  donc  sur  ce  point  complètement  la  priorité 
à  l'égard  de  M.  Blandet;  mon  point  de  départ  est  d'ailleurs  aussi  tout 
différent  du  sien.  Les  propriétés  physiologiques  et  toxiques  des  sels  de  baryte 
étant  telles,  qu'on  est  réduit  à  expliquer  leur  pouvoir  par  une  action  sur 
le  système  nerveux;  et  nombre  de  faits  m'ayant  montré  que  ces  actions 
prétendues  sur  le  système  nerveux  proviennent  toujours  d'une  modification 
sur  le  sang  qui,  dans  les  cas  dont  il  s'agit,  consiste  en  un  ralentissement 
de  combustion  ;  j'avais  conclu  que  les  sels  de  baryte  devaient  être  protec- 
teurs des  matières  animales  contre  la  combustion  lente,  et  mes  expériences 
avaient  pour  but  de  vérifier  l'exactitude  de  l'induction. 

»  Qu'il  me  soit  permis,  à  cette  occasion,  de  faire  remarquer  que  le  chlo- 
roforme de  M.   Augendre,  de  Constantinople;  le   mélange  de  sulfite  et 


(  33o  ) 

d'hyposulfite  de  zinc  que  M.  Sucquet  emploie,  et  qui  lui  a  valu  une  récom- 
pense de  l'Académie  ;  l'éther  sulfurique,  dont  M.  Orfila  vient  tout  fraî- 
chement de  signaler  le  pouvoir  protecteur  contre  la  combustion  lente 
(  Toxicologie,  tome  II,  page  694),  et  le  chlorure  de  barium  de  M.  Blan- 
det;  c'est-à-dire  les  seuls  agents  de  conservation  présentés  comme  nou- 
veaux depuis  mes  premières  communications  à  l'Académie,  sont  pris  dans 
la  nombreuse  série  de  ceux  que  j'ai  antérieurement  signalés,  dont  j'ai 
constaté  expérimentalement  le  pouvoir  conservateur,  et,  à  l'exception  du 
chlorure  de  barium,  dont  j'ai  publié  les  propriétés  dans  plusieurs  jour- 
naux. 

»  Les  effets  physiologiques  du  café,  sa  composition  après  la  torréfaction, 
m'ont  fait  penser  qu'il  devait  être  protecteur  des  matières  animales  contre 
la  combustion  lente,  et  dès  lors  antiputride.  Ce  fait,  que  j'ai  eu  l'hon- 
neur de  communiquer,  il  y  a  plusieurs  mois,  est  plus  remarquable  que 
je  n'aurais  pu  le  présumer.  De  la  chair  immergée  dans  du  café  non  sucré, 
mais  un  peu  fort,  préalablement  refroidi,  abandonné  à  l'air  pendant  trois 
jours  et  agité,  se  conserve  sans  altération  appréciable  depuis  le  mois  de 
novembre  1 85 1 .  Elle  a  pris  l'aspect  de  la  viande  cuite  et  n'a  jamais  ré- 
pandu aucune  odeur.  La  ligueur  s'est  décolorée,  mais  a  gardé  une  odeur 
aromatique  très-agréable.  Une  autre  moitié  de  la  même  chair,  mise  dans  la 
même  quantité  de  la  même  eau  bouillie,  refroidie,  abandonnée  à  l'air  puis 
agitée  pendant  le  même  temps,  a  pris  de  l'odeur  au  bout  de  dix  jours,  et  se 
trouvait  putride  au  bout  de  trois  semaines.  Ce  moyen  permettra-t-il  de  con- 
server la  chair  cuite  d'une  manière  profitable  pour  l'économie  domestique? 
C'est  une  question  que  d'autres  occupations  m'ont  empêché  de  résoudre 
jusqu'ici » 

médecine.  —  addition  à  un  Mémoire  ayant  pour  titre:  Recherches  ayant 
pour  but  d'administrer  aux  malades  dont  l'estomac  ne  digère  point,  des 
aliments  tout  digérés  par  le  suc  gastrique  des  animaux;  par  M.  Luciex 

CORVISART. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Magendie,  Pelouze, 

Andral,  Rayer.) 
«  Avant  de  faire  connaître  en  détail  la  suite  de  mes  recherches  sur  les 
autres  aliments  simples  et  composés,  et  les  applications  de  ces  connaissances 
à  l'homme  malade,  je  demanderai  la  permission  à  l'Académie  de  lui  exposer, 
par  cette  Note,  le  but  de  mon  travail,  et  les  principales  données  sur  les- 
quelles il  s'appuie. 


(  33.  ) 

»  J'admets  comme  incontestable  : 

»  i°.  Que  les  aliments,  et  spécialement,  certains  aliments,  subissent  dans 
l'estomac  une  élaboration  ;  a°  que  le  suc  gastrique  est  l'agent  de  cette  élabo- 
ration digestive;  3°  que  les  aliments  subissent  les  mêmes  modifications, 
soit  que  le  suc  gastrique  agisse  dans  la  cavité  stomacale,  soit  qu'il  agisse 
dans  des  vases ,  toutes  circonstances  d'expérimentation,  égales  d'ailleurs  ; 
4°  que  l'ouverture  permanente  causée  par  une  balle  à  l'estomac  du  Cana- 
dien qu'observa  M.  de  Beaumont,  et  celles  que  pratiquèrent  ensuite  les 
physiologistes  sur  les  animaux,  permirent  de  constater,  d'une  manière 
irrécusable,  que  la  digestion,  chez  les  animaux  dont  l'organisation  est  voi- 
sine de  celle  de  l'homme,  se  passait  avec  les  mêmes  phénomènes  que  chez 
ce  dernier,  et  donnait  les  mêmes  résultats  ;  5°  qu'il  est  facile  d'obtenir  des 
quantités  considérables  de  suc  gastrique  pris,  i°  soit  dans  l'estomac  d'ani- 
maux abattus,  par  exemple  dans  la  caillette  des  veaux,  des  bœufs,  des  ani- 
maux de  boucherie;  i°  soit,  et  mieux  encore,  sur  des  animaux  vivants, 
pourvus  d'ouverture  stomacale  permanente,  car  on  peut,  chaque  jour,  s'en 
procurer  ainsi  de  grandes  quantités  ;  l'espèce  de  ces  animaux  peut,  au  reste, 
presque  varier  à  volonté. 

»  Or  il  est  des  malades  nombreux  dont  l'estomac,  par  un  vice  de  sécré- 
tion, n'est  plus  apte  à  faire  subir  aux  aliments  les  modifications  nécessaires 
à  l'entretien  de  la  vie.  Les  nourrir  en  se  passant,  pour  ainsi  dire,  de  leur 
estomac,  est  possible,  en  donnant  à  ces  malades,  suivant  les  cas  : 

»    i°.  Soit  du  suc  gastrique  en  nature  aux  repas  ; 

»  i°.  Soit  du  suc  gastrique  desséché  et  réduit  en  poudre  (il  redevient 
actif  en  se  redissolvant. 

»  Dans  chacun  de  ces  cas,  on  peut  donner  le  suc  digestif  soit  directe- 
ment, soit  par  l'intermédiaire  de  quelque  véhicule  ou  support,  pourvu  ou 
non  soit  de  saveur,  soit  d'odeur  . 

»  3°.  On  peut  encore  humecter  et  saupoudrer  les  aliments  de  ce  suc 
gastrique,  dans  des  conditions  aptes  à  lui  conserver  ses  propriétés  ; 

»  4°-  Bans  les  cas  les  plus  difficiles,  on  peut  opérer  dans  des  vases  la 
digestion  artificielle  des  aliments,  et  ne  les  administrer  que  tout  digérés  par 
le  suc  gastrique,  sous  la  forme  de  bouillons,  pâtes,  gelées,  etc. 

»  L'économie  n'a  plus  qu'à  absorber  et  à  assimiler  ces  matériaux  ;  l'acte 
digestif  est  rempli.  Chacun  sait  que  le  suc  gastrique  liquide  n'a  rien  de 
désagréable  dans  sa  couleur,  sa  transparence,  son  odeur  ou  sa  saveur. 
La  poudre  n'a   aucune  action  bien  sensible  sur  le   palais.  Les   aliments 


(332  ) 

azotés,  digérés,  pourront  recevoir,  comme  les  viandes  cuites,  toutes  sortes 
de  saveurs  par  les  procédés  culinaires.  » 

mécanique  appliquée.  —  Nouvelles  observations  concernant  l'emploi  du 
bateau  sous-marin  et  la  nécessité  dépurer  l'air  quand  on  travaille  dans 
une  eau  stagnante.  (Extrait  d'une  Note  de  M.  Payeuse.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Magendie,  Duperrey, 

Regnault.) 

«  Le  bateau  plongeur  dont  j'ai  eu  précédemment  l'honneur  d'entretenir 
l'Académie  vient  d'être  agrandi.  Sa  chambre  de  travail,  qui  n'avait  sur  le 
fond  que  im,20  de  surface  découverte,  a  maintenant  11  mètres.  Le  vo- 
lume de  cette  chambre,  déduction  faite  de  l'eau  qu'on  y  introduit  comme 
lest  volant,  a  été  porté  de  7  à  35  mètres.  L'équipage,  qui  n'était  composé 
que  de  deux  travailleurs  utiles  et  de  deux  auxiliaires  pour  la  manœuvre  du 
bateau,  comprend  aujourd'hui  huit  travailleurs  utiles  et  deux  auxiliaires. 
Chacun  des  dix  ouvriers  actuels  a  quatre  fois  plus  d'espace  en  volume  que 
n'en  avaient  les  précédents,  et  dispose  d'une  surface  découverte  double. 

»  C'est  le  2 3  août  dernier  que  nous  avons  repris,  dans  la  passe  Chante- 
revne,  les  travaux  d'approfondissement,  suspendus  depuis  un  an  pour 
donner  à  notre  appareil  l'agrandissement  dont  il  avait  besoin.  Nous  avions 
de  nouveau  prescrit  l'usage  de  l'appareil  épurateur  de  l'air  respiré,  et 
l'avions  fait  remettre  en  bon  état.  Mais  notre  contre-maître,  plus  expert  en 
mécanique  qu'en  physiologie,  négligea  de  s'en  munir  pendant  les  premières 
immersions.  Il  pensait,  nous  a-t-il  dit  tardivement,  qu'on  pouvait  bien  se 
dispenser  de  purifier  l'air,  puisque  chaque  homme  en  avait  quatre  fois  plus 
qu'avant  la  refonte  du  bateau.  L'expérience  sembla  lui  donner  raison  le  23 
et  le  24;  mais  il  n'en  fut  pas  ainsi  le  25.  Les  premiers  jours,  on  opérait  en 
plein  courant  de  flot  ou  de  jusant,  et  le  troisième  à  la  fin  de  l'un  et  au 
commencement  de  l'autre,  c'est-à-dire  au  moment  où  le  courant  est  nul, 
ou  peu  sensible.  D'un  autre  côté,  le  25  se  trouvait  jour  de  mortes  eaux.  De 
ce  concours  de  circonstances,  il  est  arrivé  ce  qu'il  était  facile  de  prévoir  : 
une  indisposition  générale  (céphalalgie  susorbitaire)  a  gagné  l'équipage  et 
l'a  forcé  à  mettre  fin  à  l'immersion  plus  tôt  qu'il  n'avait  l'intention  de  le 
faire.  Depuis  ce  contre-temps,  l'appareil  épurateur  a  repris,  dans  le  bateau, 
son  rôle  qu'il  n'abdiquera  désormais  qu'en  faveur  d'un  courant  moins 
problématique  que  ne  l'était  celui  du  25  août  dernier. 

»  De  ces  faits,  et  d'autres  précédemment  communiqués  à  l'Académie, 


(  333  )  .     :     ' 

découle,  d'une  part,  la  preuve  que,  en  éliminant  l'acide  carbonique  expiré, 
200  litres  d'air  suffisent  par  heure  à  la  respiration  d'un  homme,  tandis  que, 
sans  élimination,  800  litres  ne  suffisent  point.  » 

ÉCONOMIE  rurale.  —  Avantages  de  la  taille  tardive  pour  prévenir 
la  maladie  de  la  vigne. 

M.  Jos.  Roussel  ,  vigneron  à  Joyeuse,  département  de  l'Ardèche, 
annonce  avoir  constaté  que  de  deux  portions  d'une  même  vigne  taillées, 
l'une  au  mois  de  décembre,  l'autre  au  mois  d'avril,  la  dernière  a  été  exempte 
d?.  la  maladie,  tandis  que  la  première  en  a  été  atteinte.  Il  a  vu  les  mêmes 
heureux  effets  se  produire  sur  une  autre  vigne  dont  la  taille  avait  été  pré- 
coce, mais  chez  laquelle  des  incisions  pratiquées  à  dessein,  à  une  époque 
postérieure,  et  quand  la  sève  était  déjà  en  mouvement,  avaient  amené  un 
écoulement  assez  considérable  de  ce  liquide. 

Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  de  la  Commission  ci-dessus  désignée 
pour  le  Mémoire  de  M.  Guérin-Méneville. 

physique.  —  Expériences  sur  les  relations  réciproques  de  deux  courants 
voltaïques  existant  simultanément  dans  le  même  circuit.  —  Note  sur  la 
manière  différente  dont  s'exerce  l'induction  parles  courants  magnétique 
ou  voltaique,  suivant  que  les  corps  métalliques  qui  en  subissent  l'effet 
présentent  ou  ne  présentent  pas  d'éléments  continus  de  surf  aces  opposées 
piopres  au  développement  de  l'électricité  statique;  par  M.,  du  Moxcel. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée,  à  laquelle  M.   Pouillet 

est  prié  de  s'adjoindre.  ) 

M.  Augustin  Cauchy  présente,  au  nom  de  M.  de  Polignac,  une  addi- 
tion aux  recherches  du  même  auteur  sur  les  nombres  premiers. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Cauchy,  Liouville,  Lamé.) 

M.  Tourasse  soumet  au  jugement  de  l'Académie  la  description  et  la 
figure  d'un  appareil  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  locomotive  de  montagnes. 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Morin,  Séguier.) 

M.  Delasiauve,  en  présentant  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine 
et  de  Chirurgie  divers  opuscules  sur  la  médecine  mentale  {voir  au  Bulletin 

C.  R. ,  i85a,  am«  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  10.)  44 


(  334) 
bibliographique),  adresse,  conformément  à  une  décision  de  l'Académie  con- 
cernant les  pièces  admises  à  ce  concours,  une  indication  des  points  qu'il 
considère  comme  neufs  dans  ces  diverses  publications. 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.  ) 

CORRESPONDANCE. 

astronomie.  —  Découverte  d'une  comète  dans  la  constellation  des 
Gémeaux.  (Lettre  du  P.  Secchi  à  M.   Arago.) 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  annoncer  que  ce  matin,  -i6  août  i85a,  j'ai  dé- 
couvertune  petite  comète  dans  la  constellation  des  Gémeaux.  A.  3h  3om  temps 
moyen  civil,  elle  précédait  de  4  secondes  environ  une  petite  étoile  {s')  de 
g-ioe  grandeur,  et  à  3h32m  elle  la  couvrait  exactement  par  son  centre,  de 
sorte  qu'on  n'apercevait  l'existence  de  la  comète  que  parce  que  l'étoile 
paraissait  enveloppée  d'une  légère  nébulosité.  Après  une  demi-heure,  la 
comète  ne  se  projetait  plus  sur  l'étoile,  et  nous  avons  fait  quelques  compa- 
raisons entre  les  deux  ;  mais,  à  cause  de  la  lumière  croissante  du  crépus- 
cule ,  la  comète  était  très-faible,  et  ces  dernières  observations  sont  peu 
sûres. 

..  Avec  trois  comparaisons  faites  à  l'aide  du  micromètre  circulaire  au 
télescope  de  Cauchoix,  en  prenant  pour  terme  de  comparaison  l'étoile  14637 
de  Lalande  H.  C,  j'ai  déterminé  la  position  suivante  de  l'étoile  (*')  : 
m  ( s ' )  =  Lalande  -f-  5m  43%  6 ;     décl .(*')  =  Lalande  -I-  5' 20" , 

ce  qui  servira  à  reconnaître  l'étoile. 

»  En  prenant  pour  position  de  la  comète  celle  de  l'étoile  à  l'instant  de 
l'occultation  centrale,  on  trouverait  : 

Temps  moyen 
de  Rome. 

1 85a.  Août.     a5>  15*52»,     ai*^=7b29m3is4,     S*m  —  +2i048'3'j". 

Le  mouvement  horaire   approché   résultant  de   l'observation  serait  :  en 
JR.  =  ■+-  1  a9;  en  décl.  —  1 15"  (un  peu  incertain,  elle  tend  vers  le  Sud). 

»  Les  meilleures  des  dernières  observations  donnent  : 

25août.     i6hi4™5"     a  *«  =  (*')-+-  3»,85;     £*«  =  (*')  —  42"- 

»  Je  ne  saurais  vous  dire  si  cette  comète  est  nouvelle  ou  bien  encore  une 
portion  de  la  comète  de  Biela,  qui  se  divisa  au  commencement  de  1 846.  La 
différence  entre  la  position  de  l'éphéméride  est  très-grande,  et  l'on  ne  sau- 
rait l'expliquer  sans  l'une  des  deux  hypothèses.  » 


(335  ) 

M.  J.  Camracéres  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  un 
Mémoire  sur  Y  application  des  acides  gras  à  l'éclairage,  Mémoire  sur  lequel 
il  n'a  pas  encore  été  fait  de  Rapport,  et  qu'il  se  propose  de  soumettre  de 
nouveau  à  l'Académie,  après  y  avoir  fait  entrer  les  résultats  de  recherches 
ultérieures. 

M.  Arnaud  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  des  Tables 
de  multiplication  et  de  division  précédemment  présentées  par  lui,  et  sur  les- 
quelles il  n'a  pas  été  fait  de  Rapport. 

M.  Girard  adresse  quelques  remarques  sur  des  insectes  qu'il  a  trouvés 
en  observant  des  pommes  de  terre  malades. 

M.  Legros,  en  adressant  divers  opuscules  sur  la  photographie  (voir  au 
Bulletin  bibliographique),  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  se  prononcer 
sur  l'efficacité  de  ses  procédés. 

Une  Commission,  composée  de  MM.  Chevreul,  Becquerel,  Regnault,  exa- 
minera les  produits  que  M.  Legros  sera  invité  à  présenter. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel,  après  avoir  présenté  divers  paquets  cachetés 
dont  le  dépôt  est  accepté,  annonce  qu'en  vertu  d'une  décision  récente  de 
l'Académie,  les  pièces  de  cette  nature,  tout  en  continuant  à  être  inscrites  sur 
le  procès-verbal  de  la  séance,  ne  figureront  plus  dans  les  Comptes  rendus. 

A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  F. 


44- 


(  336  ) 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  6  septembre  i85a,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  i Académie  des  Sciences; 
2e  semestre  i85a  ;  n°  9;  in-4°. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  ou  Recueil  mensuel  de 
Mémoires  sur  les  diverses  parties  des  Mathématiques;  publié  par  M.  JOSEPH 
Liouville;  juin  i85a;  in-4°. 

Sur  l'état  de  l'électricité  statique  et  de  l'électricité  dynamique,  pendant 
plusieurs  averses  observées  à  Bruxelles,  le  i4  juin  i85a;  par  M.  A.  QuÉTELET; 
broch.  in-8°.  (Extrait  du  tome  XIX ,  n°  7,  des  Bulletins  de  l'Académie  royale 
de  Belgique.) 

Sur  l'électricité  de  l'air,  d'après  les  observations  de  Munich  et  de  Bruxelles; 
Lettre  de  M.  Quételet  à  M.  Lamont,  directeur  de  l'observatoire  de 
Munich;  broch.  in-8°.  (Extrait  du  n°  8  des  mêmes  Bulletins.) 

Tableaux  de  population ,  de  culture,  de  commerce  et  de  navigation ,  formant , 
pour  l'année  1849,  la  suite  des  tableaux  insérés  dans  les  Notices  statistiques  sur 
les  colonies  françaises.  Paris,  i85a;  in-8°. 

Manuel  de  la  jeune  mère,  ou  Conseils  aux  jeunes  femmes  sur  les  soins  que 
demandent,  en  toute  occasion,  leur  santé  et  celle  de  leurs  enfants  en  bas  âge,  etc.  ; 
par  Madame  veuve  Messager.  Paris,  i852;  1  vol.  in-ia. 

Photographie.  Traité  nouveau  théorique  et  pratique  des  procédés  et  mani- 
pulations sur  papier  sec,  humide,  et  sur  verre  au  collodion,  à  l'albumine;  par 
M.  Gustave  Le  Gray.  Paris;  in -8°. 

Photographie  perfectionnée  sur  papier,  pour  opérer  avec  la  plus  grande  faci- 
lité. Photographie  sur  verre;  par  M.  Legros.  Paris;  broch.  in-8°. 

Photographie  sur  collodion;  par  le  même.  Paris  ;  broch.  in-8°. 

Daguerrèotypie.  Photographie  sur  plaqué;  par  le  même.  Paris;  broch. 
in-8°. 


(  337  ) 

Des  progrès  des  machines  locomotives  et  de  leur  influence  sur  les  conditions 
de  l'établissement  des  chemins  de  fer;  par  M.  C.  Couche.  Paris,  i85a; 
broch.  in-8°.  (Extrait  des  Annales  des  Mines,  5e  série;  tome  I;  i852.) 

Traité  et  description  d'instruments  aratoires,  inventés  par  M.  Moysen. 
Paris-Londres,  i85i;  broch.  in-8°. 

Lettres  sur  la  rage  humaine;  par  M.  le  Dr  Bellanger.  Bar-le-Duc,  i85a  ; 
broch.  in-8°.  (MM.  Velpeau  et  Rayek  sont  invités  à  prendre  connaissance 
de  cette  publication.) 

Notice  historique  sur  la  découverte  de  la  soude  artificielle,  par  Leblanc  et 
DizÉ,  lue  à  la  Société  de  Pharmacie ,  dans  sa  séance  du  4  août  i85a,  par 
M.  Félix  Boudet.  Paris,  i852;  broch.  in-8°.  (Présenté,  au  nom  de  l'auteur, 
par  M.  Bussy.) 

Du  diagnostic  différentiel  de  la  lypemanie;  par  M.  Delasiauve.  —  Dia- 
gnostic du  delirium  tremens  ou  stupeur  ébrieuse;  par  le  même.  —  D'une  forme 
grave  de  delirium  tremens;  par  le  même.  —  D'une  forme  mal  décrite  de 
délire  consécutif  à  l'épilepsie;  par  le  même.  —  Lettre  de  M.  le  Dr  Delasiauve 
à  M.  le  rédacteur  du  Journal  l'Observation,  en  réponse  au  dernier  article  de 
M.  BouRDlN  sur  le  suicide;  i  vol.  in-8°.  (Adressé  pour  le  concours  Montyon, 
Médecine  et  Chirurgie.) 

De  l'enseignement  médical  en  Toscane  et  en  France;  par  M.  le  Dr  Prosper 
de  Pietra  Santa.  Paris,  i85a;  broch.  in-8°. 

Article  de  M.  Amédée  Latour,  Extrait  de  l'Union  médicale  du  10  août 
i85a,  sur  l'ouvrage  de  M.  le  Dr  Pros.  de  Pietra  Santa,  intitulé:  De  l'ensei- 
gnement médical  en  Toscane  et  en  France;  broch.  in-8°. 

Observation  d'éclampsie;  par  M.  le  Dr  P.  de  Pietra  Santa  (Article  de 
M.  G.  RiCHELOT,  extrait  de  l'Union  médicale  du  10  août  i85a);  bro- 
chure in-  8°. 

Enseignement  médical  en  France  et  en  Toscane.  Réponse  du  Dr  P.  DE  Pietra 
Santa,  médecin  adjoint  à  Mazas,  à  M.  le  Dr  Dechambre,  rédacteur  de  la 
Gazette  médicale  de  Paris.  Réflexions  de  ce  dernier.  Paris,  i85a;  bro- 
chure in -8°. 

Les  trois  règnes  de  la  nature .  —  Règne  animal.  —  Histoire  naturelle  des  oiseaux, 


(  338  ) 
classés  méthodiquement,  avec  l'indication  de  leurs  mœurs  et  de  leurs  rapports 
avec  les  arts,   le  commerce  et  l'agriculture;  par  M.  Emm.   Le  MaOUT;    18e 
à  20e  livraisons;  in-8°. 

Rapport  général  des  travaux  de  la  Société  des  Sciences  médicales  de  l'arron- 
dissement de  Gannat  pendant  l'année  i85i-52,  présenté  dans  ta  séance  du 
1  juin  i85a;  par  M.  le  Dr  Trapenard,  Secrétaire  de  la  Société;  6e  année. 
Gannat,  i85a;  broch.  in-8°. 

Annales  de  la  propagation  de  la  Foi;  septembre  i852;  in-8°. 

Annales  de  ta  Société  entomologique  de  France;  ie  série;  tome  X; 
ime  trimestre  i852;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d' Horticulture  de  Paris  et  centrale  de  France;  août 
r852;  in-8°. 

Bibliothèque  universelle  de  Genève;  août  i852;  in-8°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  DE  Monfort, 
et  rédigée  par  M.  l'abbé  Moigno;  ire  année;  n°  18;  5  septembre  [85a; 
in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie,  de  Toxicologie;  et  revue 
des  nouvelles  scientifiques  nationales  et  étrangères;  par  les  Membres  de  ta  Société 
de  Chimie  médicale;  septembre  i85a;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  pratiques  et  de  Pharmacologie;  tomeV; 
n°  a 3  ;  5  septembre  i85a  ;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médico-chirurgicales ,  publié  par  M.  le  docteur 
A.  Martin-Lauzer ;  n°  17;  Ier  septembre  i85a;  in-8°. 

V  Agriculteur-praticien.  Revue  d'agriculture ,  de  jardinage  et  d'économie  ru- 
rale et  domestique,  sous  la  direction  de  MM.  F.  Malepeyre,  Gustave  Heuzé 
et  Bossus;  septembre  i85a;  in-8°. 

Le  Magasin  pittoresque;  septembre  i85a;  in-8°. 

Moniteur  de  la  propriété  et  de  l'agriculture;  août  i85a;  in-8°. 

Revue  thérapeutique  du  Midi.  Journal  de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de  Phar- 
macie pratiques;  fondé  par  M.  le  professeur  FuSTER,  et  rédigé  par  MM.  les 
Drs  Barraste  et  Louis  Saurel;  n°  16;  3o  août  i85a  ;  in-8°. 


(  339) 

Rapporte.  Rapport  fait  à  l'académie  médico-chirurgicale  de  Gènes,  par 
la  Commission  quelle  avait  chargée  de  lui  rendre  compte  des  opérations  du 
congrès  sanitaire  international,  réuni  à  Paris  en  i85i.  Gênes,  i85a;  bro- 
chure in-8°. 

Mémorial  de  Ingenieros . .  .  Mémorial  des  Ingénieurs;  7e  année;  n°  7; 
juillet  i85a;  in-8°. 

On  the...  Sur  la  signification  de  l'expression  de  système  Silurien  employée 
par  les  géologues  des  différents  pays,  dans  les  dix  dernières  années;  par 
sir  R.-J.  Murchison.  Londres,  i85a;  broch.  in-8°. 

Die  inokulation...  L'Inoculation  considérée  comme  moyen  prophylactique  de 
la  phthisie  des  bêtes  à  cornes;  par  M.  J.-M.-J.  DE  Saive.  Cologne,  i852; 
broch.  in-8°. 

Astronomische. . .  Nouvelles  astronomiques;  n°  821 . 

L A thenœum  français.  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux- Arts;  n°  10;  4  septembre  i85a. 

La  Presse  littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  19; 
5  septembre  i85a. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  36;  4  septembre  i85a. 

Gazette  des  Hôpitaux;  nos  io3  à  io5;  3i  août,  1  et  4  septembre  i85a. 

L  Abeille  médicale  ;  n°  17;  ier  septembre  i85a. 

Moniteur  agricole;  5e  année;  n°  35;  1  septembre  i852. 

La  Lumière;  2e  année;  n°  37  ;  4  septembre  i85a. 


(  34o  ) 


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COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  13  SEPTEMBRE  1852. 

PRÉSIDENCE  DE  M.   RAÏER. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Augustin  Cauchy  présente  à  l'Académie  de  Nouvelles  recherches  ou 
les  principes  établis  dans  les  Mémoires  précédents  sont  particulièrement 
appliqués  à  la  théorie  des  calorifères  cylindriques. 

MÉMOIRES  LUS. 

ORGANOGÉNIE.  —  Sur  le  développement  des  animaux  vertébrés; 

par  M.   Rejmak. 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Serres,  Coste.) 

*  Si  l'on  considère  le  rôle  que  les  parties  de  l'œuf  des  animaux  verté- 
brés jouent  dans  les  phases  de  leur  développement,  on  peut  établir  deux 
catégories  distinctes  :  ceux  que  nous  désignerons  sous  le  nom  de  Méro- 
blastiques ,  c'est-à-dire  ceux  dont  l'embryon  se  forme  d'une  partie  de  l'œuf 
seulement,  et  ceux  que  nous  désignerons  sous  le  nom  de  Holoblastiques , 
c'est-à-dire  ceux  dont  l'œuf  entier  se  segmente  pour  se  convertir  en  em- 
bryon. La  première  catégorie  aurait  son  type  dans  l'œuf  des  oiseaux,  la  se- 
conde dans  l'œuf  des  batraciens. 

G   R.,  1 852,  a™«  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  11.)  45 


(  34a  ) 

»  Le  germe  de  l'œuf  des  oiseaux  est,  comme  on  sait,  aplati,  et,  ainsi  que 
Wolff  l'avait  déjà  découvert  il  y  a  un  siècle,  il  forme  le  tube  alimentaire  et 
les  parois  du  corps  de  l'embryon  en  se  repliant  par  en  bas.  Pander  avait 
distingué  trois  feuillets  :  le  séreux,  le  vasculaire  et  le  muqueux.  Baer  y  re- 
connut les  mêmes  éléments.  Reichert  n'acceptait  pas  cette  distinction  ;  mais. 
de  son  côté,  il  a  démontré,  ce  que  Baer  avait  déjà  indiqué,  savoir  que  le 
feuillet  moyen  (le  vasculaire)  se  sépare  en  deux  couches,  dont  la  supérieure 
participe  à  la  formation  du  système  nommé  animal,  l'inférieure  à  celle  du 
système  nommé  végétatif. 

»  D'après  mes  observations,  déjà  publiées  dans  mon  ouvrage  d'embryo- 
génie (Untersuchungen  ùber  die  Entwickelung  der  PVirbelthiere ;  Berlin  , 
i85o  et  i85i),  il  y  a  en  effet  trois  feuillets  dans  le  blastoderme  de  l'oiseau  , 
mais  ils  ont  une  autre  signification  que  celle  qu'on  leur  avait  attribuée 
jusqu'à  présent. 

»  Le  feuillet  supérieur  serait,  selon  nous,  le  feuillet  sensoriel,  parce  qu'il 
sert  à  la  formation  des  organes  des  sens  et  de  leurs  centres  nerveux;  c'est, 
en  effet,  de  l'axe  de  ce  feuillet  que  se  forme  le  tube  médullaire,  c'est-à-dire 
les  rudiments  de  la  moelle  épinière  et  du  cerveau,  et  c'est  du  cerveau  que 
pousse  la  vésicule  ophthalmique,  qui  devient  plus  tard  le  nerf  optique,  la 
rétine  et  la  choroïde.  La  lentille  pour  l'œil  et  le  labyrinthe  pour  l'oreille  se 
détachent,  sous  forme  de  vésicules  utriculeuses  observées  déjà  par  Huschke, 
de  la  partie  périphérique  du  feuillet  supérieur.  Cette  partie  envoie  aussi  des 
prolongements  utriculeux  dans  le  feuillet  moyen,  pour  former  les  cavités  de 
l'olfaction  et  de  la  dégustation,  et  les  tapisser  d'une  couche  celluleuse 
épithéliale.  Le  reste  de  la  partie  périphérique  du  feuillet  supérieur,  que  je 
nomme  feuillet  corné,  revêt  les  organes  du  tact,  en  donnant  aussi  les  plumes 
chez  les  oiseaux,  les  poils  et  les  glandes  cutanées  chez  les  mammifères.  Le 
feuillet  supérieur,  servant  à  former  les  organes  des  sens  et  leurs  centres 
nerveux,  semble  donc  mériter  le  nom  de  sensoriel  que  nous  lui  avons 
donné. 

»  Le  feuillet  moyen  serait,  selon  nous,  le  feuillet  motoriel,  parce  que  sa 
destination  et  sa  propriété  spéciales,  qui  manquent  aux  autres  feuillets, 
c'est  de  fournir  les  muscles,  tant  volontaires  qu'involontaires.  La  partie  de 
ce  feuillet  correspondant  à  l'axe  cérébro-spinal  contient  les  rudiments  de  la 
colonne  vertébrale  et  des  côtes.  Les  vertèbres  primitives  donnent  d'abord 
naissance  à  de  grands  ganglions  et  aux  nerfs  spinaux,  ensuite  aux  muscles 
et  aux  os  du  rachis  et  aux  parois  costales.  Les  deux  lames  latérales  (abdo- 
minales de  Wolff)  contigués  à  l'axe  cérébro-spinal  se  séparent  en  effet  eh 


(  343  ) 

deux  couches  :  la  couche  supérieure,  se  réunissant  avec  les  produits  des  ver- 
tèbres primitives  et  avec  le  feuillet  corné ,  forme  les  parois  thoraciques  et 
abdominales  ainsi  que  les  membres;  la  couche  inférieure  (la  lame  intesti- 
nale) sert  surtout  à  former  la  couche  musculeuse  du  tube  alimentaire;  c'est 
elle  qui  engendre  les  rudiments  du  cœur  et  des  vaisseaux  primitifs,  de  là  son 
nom  de  feuillet  vasculaire.  Au  moyen  des  lames  médianes  ou  mésentériques, 
d'où  sortent  aussi  les  organes  génitaux,  elle  passe  dans  la  couche  supé- 
rieure ou  animale.  La  cavité  formée  par  la  séparation  des  lames  latérales  est 
la  cavité  séreuse  ou  pleuropéritonéale.  Du  feuillet  moyen  on  voit  sortir 
encore,  outre  les  nerfs  spinaux,  les  quatre  groupes  ou  systèmes  de  nerfs 
viscéraux  dont  j'ai  déjà  entretenu  l'Académie,  et  qui  se  trouvent  décrits 
dans  mon  ouvrage  sur  les  nerts  intestinaux.  (Berlin  ,  1847) 

»  Le  feuillet  inférieur,  enfin,  nous  semble  mériter  le  nom  de  trophique 
ou  nutritif.  Il  sert  surtout  à  former,  dans  le  canal  alimentaire,  la  couche 
celluleuse  épithéliale  dépourvue  des  nerfs  et  des  vaisseaux,  comme  Reichert 
l'avait  déjà  signalé,  tandis  que  les  parois  externes  et  musculeuses  provien- 
nent de  la  lame  intestinale,  c'est-à-dire  du  feuillet  moyen.  D'après  nous,  le 
feuillet  inférieur,  que  nous  appelons  encore  glandulaire ,  enverrait  aussi  des 
prolongements  utriculeux  pour  former  le  parenchyme  celluleux  du  foie, 
du  pancréas,  des  reins  et  des  petites  glandes  intestinales,  ainsi  que  l'épithé- 
lium  des  poumons.  De  la  partie  pharyngienne  de  ce  feuillet  se  détachent 
aussi  la  glande  thyroïde  et  le  thymus.  Les  enveloppes  de  toutes  ces  glandes, 
dès  qu'elles  sont  pourvues  de  vaisseaux  et  de  nerfs,  proviennent  de  la  couche 
externe  du  tube  alimentaire. 

»  Le  plan  de  développement  esquissé  plus  haut  pour  l'oeuf  des  oiseaux 
se  trouve  être  le  même  chez  les  reptiles,  les  mammifères  et  même  les  batra- 
ciens. Chez  ces  derniers,  on  peut  distinguer  aussi  les  trois  feuillets,  dont 
l'inférieur  seulement  n'offre  pas  la  forme  aplatie,  à  cause  de  la  forme  ronde 
du  germe,  c'est-à-dire  de  l'œuf.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  descendre  dans 
les  détails  qui  confirmeraient  l'analogie  de  développement  chez  les  batra- 
ciens et  les  oiseaux.  Nous  ne  mentionnerons  qu'un  fait  relatif  à  la  forma- 
tion primitive  de  la  cavité  du  canal  alimentaire.  D'après  Rusconi,  Baer  et 
Reichert,  cette  cavité  devrait  se  former  par  un  vide  dans  l'intérieur  de  l'œuf; 
mais,  d'après  les  recherches  que  je  communique  pour  la  première  fois  en 
ce  moment,  il  y  a  aussi  une  analogie  surprenante  à  cet  égard  entre  l'œuf 
des  batraciens  et  celui  des  oiseaux.  L'œuf  de  la  grenouille  se  replie  aussi 
par  en  bas  ',  comme  le  germe  aplati  des  oiseaux  ;  la  surface  inférieure  de 
l'œuf  de  la  grenouille  devient  ainsi  la  face  interne  de  la  cavité  du  tube  ali- 

45.. 


(  344  ) 
mentaire.  Pour  faciliter  l'intelligence  de  ces  métamorphoses  étonnantes,  il 
ne  me  paraît  pas  hors  de  propos  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  les 
modèles  que  j'ai  fait  exécuter  ici  dans  les  ateliers  de  Thibert.  » 

L'auteur  place  sous  les  yeux  de  l'Académie  les  modèles  en  grand  des  états 
successifs  que  présente,  par  suite  de  ces  changements,  l'œuf  de  le  gre- 
nouille, états  dont  chacun  correspond  à  quelque  apparence  déjà  signalée 
par  les  zoologistes,  mais  entre  lesquels  on  n'avait  pas  fait  de  rapproche- 
ments, et  dont,  par  suite,  on  n'avait  pu  donner  l'interprétation. 

physique  appliquée.  —  Expériences  sur  l'appareil  de  ventilation  d'été, 
construit  par  M.  Duvoir- Leblanc,  pour  la  salle  des  séances  de  l'acadé- 
mie des  Sciences  à  l'Institut;  par  M.  V.  Ciieroxnet. 

(Renvoyé  à  l'examen  de  la  Commission  nommée  pour  s'occuper  des  ques- 
tions relatives  au  chauffage  et  à  la  ventilation  de  la  salle  des  séances.  ) 

«  Cet  appareil  est  composé  de  deux  parties,  dont  l'une  déjà  connue 
(Note  présentée  le  a6  avril  i85a)  sert  à  l'appel  ou  à  l'évacuation  de  l'air 
renfermé  dans  la  salle,  et  dont  l'autre,  entièrement  nouvelle,  est  destinée  à 
refroidir  l'air  introduit  pour  remplacer  celui  que  l'on  extrait. 

»  L'appel  est  fait  par  un  conduit  d'une  assez  grande  section,  mais  très- 
court,  qui  réunit  la  grande  cheminée  d'évacuation  et  la  salle.  La  chemi- 
née contient  deux  tuyaux,  dont  l'un  est  constamment  parcouru  par  de 
l'eau  chaude,  et  dont  l'autre  sert  à  la  sortie  des  gaz  et  de  la  fumée  pro- 
duits par  le  feu  du  fourneau.  Ces  deux  tuyaux  entretiennent  dans  la  che- 
minée une  chaleur  moyenne  qui  varie  de  36  à  4o  degrés. 

»  L'air  introduit  dans  la  salle  est  pris  sur  le  toit,  et  passe,  avant  d'entrer 
dans  un  conduit  qui  doit  le  mener  à  l'appareil  de  refroidissement,  sous  un 
auvent  en  maçonnerie  légère,  dont  le  but  est  de  produire  une  ombre  assez 
étendue  pour  que  l'air  qui  la  traverse  y  perde  déjà  une  partie  de  la  cha- 
leur qui  lui  vient  de  son  passage  au  soleil. 

»  De  l'auvent,  l'air  passe  dans  le  conduit  d'introduction  qui  se  divise  en 
deux  parties;  chacune  d'elles  contient  un  grand  réservoir  en  tôle  à  section 
elliptique,  dont  les  axes  ont  im,25  et  om,8o,  et  dont  la  hauteur  est  égale 
à  4m>5o. 

»  Ces  réservoirs,  complètement  fermés  et  pleins  d'eau,  à  la  température 
d'environ  12  degrés,  sont  traversés  de  haut  en  bas  par  cent  vingt  tuyaux 
de  om,o4o  de  diamètre,  ouverts  aux  deux  extrémités. 

»  Chacun  de  ces  tuyaux  et  leur  enveloppe  générale,  ou  le  réservoir,  sont 


(  345  ) 

percés  d'un  grand  nombre  de  trous  extrêmement  petits  qui  laissent  suinter 
une  certaine  quantité  d'eau,  de  telle  sorte  que  la  paroi  intérieure  des  tuyaux 
et  celle  inférieure  de  l'enveloppe  sont  toujours  mouillées. 

»  Cette  eau  perdue  est  remplacée  constamment  par  celle  d'un  puits  que 
lui  envoie  une  pompe  alimentaire. 

»  L'air  d'introduction  qui  vient  du  conduit,  après  être  passé  sous  l'au- 
vent, est  forcé,  avant  d'entrer  dans  la  salle,  de  traverser  les  tuyaux  des  ré- 
servoirs où  il  perd  une  partie  de  sa  chaleur;  ainsi  refroidi,  il  pénètre  dans 
la  salle  par  une  grande  grille  placée  à  fleur  du  sol  et  par  une  foule  de  pe- 
tits orifices  pratiqués  sur  le  couvercle  d'un  conduit  ménagé  dans  le  plan- 
cher, commençant  sous  les  réservoirs,  et  s'étendant  sous  toutes  les  tables. 

»  Quatre  expériences  ont  été  faites  pendant  les  séances  des  9,  16  et  a3 
août,  et  6  septembre. 

»  Le  tableau  suivant  donne  les  résidtats  de  ces  quatre  expériences  : 


DATES 

des  expériences. 

TEMPÉRATURES 

VOLUME 

d'air  extrait 

de  la  salle  en 

une  heure. 

NOMBRE 

de  personnes 

présentes 

à  la  séance. 

OBSERVATIONS. 

de  l'air 
extérieur. 

de  l'air 
introduit. 

moyennes 

dans  la  salle. 

if>  Août 

a3  Août 
G  Septembre. 

0 
23,5 

32,0 
26,0 
31,0 

0 
l6,o 

» 
» 

0 
21  ,5 
31,0 
21,0 
20,8 

10282™  c 
7855 
6896 
7452 

100 

Temps  brumeux. 
Temps  pluvieux. 
Temps  beau  et  assez  sec. 
Temps  pluvieux. 

»  Les  températures  extérieures  ont  été  relevées  sur  un  thermomètre  placé 
dans  la  cour  et  à  l'ombre. 

»  Les  températures  intérieures  sont  la  moyenne  des  observations  faites 
sur  plusieurs  thermomètres  placés  aux  extrémités  et  au  milieu  de  la  salle. 

»  Un  thermomètre  suspendu  sous  la  grande  grille  du  fond  a  donné  la 
température  de  l'air  d'introduction. 

»  Le  nombre  de  personnes  n'a  pu  être  évalué  qu'approximativement,  et 
n'a  pas  dépassé  cent  en  moyenne. 

»  Enfin,  l'anémomètre  de  M.  Moriu,  placé  dans  la  grande  cheminée 
d'évacuation,  aux  deux  tiers  environ  de  sa  hauteur,  a  servi  à  mesurer  la 
quantité  d'air  extraite. 

»  L'expérience  anémométrique  du  9  août  n'a  duré  que  quelques  minutes, 
tandis  que  les  autres  ont  été  prolongées  pendant  près  d'une  heure  ;  ce  qui 
peut  expliquer  la  différence  des  résultats  entre  cette  expérience  et  les  autres. 


(  346  ) 

»  En  prenant  le  nombre  7401  mètres  cubes,  moyenne  des  trois  dernières 
expériences,  pour  la  quantité  d'air  extraite  de  la  salle  en  une  heure,  on  aura 
une  approximation  assez  exacte  du  débit  d'air. 

»  D'après  cela,  en  admettant  que  l'air  extrait  soit  à  la  température 
moyenne  de  38  degrés  à  l'endroit  de  la  cheminée  où  l'on  a  placé  l'anémo- 
mètre, et  que  la  quantité  d'air  soit,  par  heure,  7401  mètres  cubes,  on  aura, 
pour  le  poids  de  cet  air,  8356  kilogrammes. 

»  Et,  en  supposant  que  les  poids  d'air  entrés  et  sortis  soient  égaux,  ce 
qui  n'est  pas  absolument  vrai,  attendu  qu'il  en  entre  par  les  portes  et  les 
fenêtres,  on  trouverait,  pour  le  volume  de  l'air  entré  à  16  degrés,  6809  mè- 
tres cubes  en  une  heure. 

»  Un  fait  digne  de  remarque,  et  démontré  par  un  grand  nombre  d'obser- 
vations, c'est  que,  pour  un  passage  de  ao  à  3o  degrés  dans  la  température 
extérieure,  l'air  arrivant  paraît  rester  à  la  température  constante  de  16  de- 
grés au  moment  de  son  introduction  dans  la  salle. 

»  Ce  fait  peut  d'ailleurs  s'expliquer,  jusqu'à  un  certain  point,  en  admet- 
tant que  la  division  extrême  de  l'air  à  son  passage  dans  les  réservoirs  et  la 
longueur  du  chemin  qu'il  y  parcourt,  sont  suffisantes  pour  qu'entre  des 
limites  de  ao  et  3o  degrés1  cet  air  y  perde  tout  son  excès  de  température 
sur  celle  des  réservoirs. 

»  D'un  autre  côté,  dans  la  saison  d'été,  on  peut  admettre  qu'une  tempé- 
rature de  a5  à  3o  degrés  n'existe  généralement  que  par  un  temps  assez 
beau  et  assez  sec,  tandis  qu'une  température  de  20  à  a5  degrés  indiquerait, 
au  contraire,  un  temps  humide  et  pluvieux  ;  de  sorte  que,  dans  le  premier 
cas,  cet  air  sec,  en  traversant  les  réservoirs  humides,  y  détermine  une  éva- 
poration  assez  considérable  qui  tend  à  le  refroidir  davantage;  et  que  dans 
le  second,  cet  air,  étant  déjà  plus  chargé  de  vapeurs  d?eau,  ne  peut  plus 
produire  une  évaporation  aussi  considérable,  et  se  refroidit,  par  conséquent, 
beaucoup  moins. 

»  Si  nous  cherchons  à  nous  rendre  compte  des  éléments  de  la  question, 
nous  supposerons  que,  dans  une  salle  quelconque  où  l'on  a  réuni  un  cer- 
tain nombre  de  personnes,  on  vienne  à  introduire  une  certaine  quantité  d'air 
par  heure,  cet  air  étant  extrait  ensuite  à  une  autre  température. 

»  Il  est  évident,  dans  ce  cas,  que  dès  qu'on  aura  obtenu  un  régime  con- 
stant entre  l'introduction  et  l'extraction  de  l'air,  on  aura  une  relation  qui 
pourra  s'exprimer  ainsi  : 

»  Le  nombre  d'unités  de  chaleur  contenues  dans  le  poids  d'air  sortant 
sera  égal  au  nombre  d'unités  de  chaleur  contenues  dans  le  poids  d'air  intro- 


(347) 
duit,  augmenté  de  la  chaleur  développée  par  les  personnes  présentes  dans 
la  salle,  et  augmenté  ou  diminué  de  la  chaleur  transmise  par  les  murs,  en 
vertu  de  la  différence  des  températures  entre  l'extérieur  et  l'intérieur. 

»  Appelons 
P  le  poids  d'air  introduit  en  une  heure,  poids  qui  sera  sensiblement  égal  au 

poids  d'air  extrait  en  une  heure  ; 
a  la  capacité  de  l'air  pour  la  chaleur  rapportée  à  celle  de  l'eau  ; 
t   la  température  de  l'air  au  moment  de  l'extraction  ; 
t'  la  température  de  l'air  au  moment  de  l'introduction  ; 
N  le  nombre  de  personnes  renfermées  dans  la  salle  $] 
Q  la  quantité  de  chaleur  développée  par  heure  et  par  personne  ; 
K  la  chaleur  transmise  du  dehors  au  dedans  ou  du  dedans  au  dehors  par- 
les murs; 
«t  au  moyen  de  ces  notations ,  la  relation  énoncée  deviendra 

¥at  =  Pet*'  +  .NQ:fcK; 
d'où 

p^   WQ±K 

et 

NQ±K 


t  — 


«P 


»  Ainsi  donc,  lorsque  l'on  se  sera  donné  la  différence  entre  les  tempé- 
ratures extérieure  et  intérieure,  et  qu'à  l'aide  de  ces  données  on  aura  obtenu 
le  nombre  R,  soit  par  l'observation  directe  du  phénomène  de  transmission 
à  travers  les  parois  de  la  salle  à  ventiler,  soit,  à  défaut  d'autres  moyens, 
par  les  formules  pratiques  approximatives  employées  par  les  constructeurs, 
on  pourra  très-facilement  déterminer  la  quantité  d'air  à  introduire  si  la 
température  à  l'entrée  est  donnée,  ou  la  température  à  l'entrée  si  la  quan- 
tité d'air  à  introduire  est  au  contraire  donnée. 

»  En  appliquant  ce  calcul  à  la  salle  des  séances  de  l'Académie  des 
Sciences,  et  en  supposant  la  température  extérieure  égale  à  i5  degrés,  et 
celle  intérieure  à  21  degrés,  ce  qui  produirait  une  différence  de  /j  degrés; 
l'air  introduit  étant  à  16  degrés,  et  la  salle  renfermant  environ  cent  per- 
sonnes, on  commencerait  par  déterminer  le  nombre  que  nous  avons 
désigné  par  K,  qui  est  donné  par  la  formule  proposée  par  M.  Péclet,  dans 
son  Traité  de  la  Chaleur  : 


(348) 

dans  laquelle  l'auteur  a  représenté  par  S  et  S'  les  surfaces  des  murs  expo- 
sées à  l'air  libre  et  des  verres,  par  t  la  différence  entre  les  températures 
extérieure  et  intérieure  ;  C  étant  pris  ici  pour  la  conductibilité  de  la  matière, 
K  pour  la  transmission  de  sa  surface,  et  e  pour  l'épaisseur  de  la  muraille  ; 
et  l'on  trouverait  enfin  pour  P  =  685o  kilogrammes,  tandis  que  l'expérience 
a  donné  8556  kilogrammes. 

»  La  comparaison  de  ces  deux  nombres  permet  de  conclure  que  la 
moyenne  8356  kilogrammes  trouvée  par  l'expérience,  est  très-suffisante 
pour  produire  le  refroidissement  que  l'on  s'est  proposé,  et  pour  assainir 
complètement  la  salle. 

»  Dans  les  considérations  qui  précèdent,  on  a  supposé,  ainsi  qu'on  l'a 
vu,  de  l'air  introduit  à  une  certaine  température.  Il  est  facile  d'en  faire 
l'application  au  procédé  de  M.  Duvoir;  et  l'on  peut  conclure  de  la  descrip- 
tion de  son  système,  autant  que  des  faits  qui  ressortent  de  l'expérience,  que 
ces  appareils  satisfont  à  toutes  les  conditions  imposées  par  ces  considé- 
rations. 

»  Remarquons,  d'ailleurs,  qu'il  pourrait  devenir  nuisible  aux  personnes 
présentes  d'introduire  une  trop  grande  quantité  d'air  à  la  fois,  tandis  qu'un 
abaissement  de  quelques  degrés  dans  la  température  de  cet  air  serait  pour 
ainsi  dire  insensible. 

»  Cet  abaissement  de  température  de  l'air  introduit  peut  être  facilement 
produit  dans  des  limites  assez  étendues  dans  le  cas  dont  nous  nous  occu- 
pons; car  il  suffit  aujourd'hui  à  M.  Duvoir  d'envoyer  de  l'eau  à  12  degrés 
dans  ses  réservoirs,  pour  que  l'air  qui  les  traverse  en  sorte  à  16  degrés, 
donnant  ainsi  lieu  à  une  différence  de  4  degrés  entre  les  températures 
extérieure  et  intérieure,  celle  extérieure  étant  25  ou  26  degrés.  Un  mélange 
d'une  certaine  quantité  de  glace  pourrait  encore  abaisser  la  température  de 
cette  eau  à  7  ou  8  degrés,  et,  par  suite,  celle  de  l'air  d'introduction  à  1 1  ou 
12  degrés;  ce  qui  produirait  dans  la  salle  un  abaissement  beaucoup  plus 
sensible  au-dessous  de  la  température  extérieure. 

»  On  peut  donc  conclure  de  ces  expériences  : 

»  i°.  Que  la  quantité  d'air  extraite  de  la  salle,  en  été  et  par  une  tempé- 
rature extérieure  égale  à  25  degrés,  est  par  heure  égale  à  7  4oi  mètres  cubes 
à  38  degrés,  ou  à  6809  mètres  cubes  à  16  degrés,  quantité  supérieure  à  celle 
qui  ressort  des  considérations  précédentes,  et  qui  donne  une  garantie  de  la 
fidèle  exécution  des  conditions  imposées  à  l'entrepreneur  ; 

»  20.  Que  l'air  introduit  à  20  ou  3o  degrés  dans  les  réservoirs  rafraîchis- 
sants, en  sort  à  16  degrés; 


(  349) 

»  3°.  Qu'un  mélange  de  glace  pourrait  abaisser  la  température  de  l'air 
introduit  à  i  r  ou  la  degrés,  au  moment  de  son  entrée  dans  la  salle; 

»  4°-  Que>  pour  une  température  extérieure  de  a5  degrés,  la  température 
moyenne  de  la  salle  ne  s'élève  pas  au-dessus  de  2 1  degrés  lors  des  séances  et 
pendant  que  les  appareils  fonctionnent.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.   Arago,  en  présentant,    au    nom  de  l'auteur,  M.  Em.  Liais,  un 

Mémoire   ayant   pour   titre  :   Résultats  des  observations  météorologiques 

faites  à  Cherbourg  pendant  les  années  1848,  1849,  !85o  et  i85i,  indique 

quelques-unes  des  conséquences  que  l'auteur  a  déduites  de  ses  recherches. 

Cet  important  travail  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée 

de  MM.  Arago,  Pouillet  et  Babinet. 

météorologie.  —  Description  d'un  orage ,  accompagné  de  circonstances 
remarquables ,  qui  a  eu  lieu  à  Cherbourg  dans  la  nuit  du  1 1  au  1a juil- 
let 18  5a;  par  M.  Em.  Liais. 

(Commission  nommée  pour  le  précédent  Mémoire.  ) 

«  Le  1 1  juillet,  la  température  a  été  à  Cherbourg  plus  basse  que  le  10. 
Le  matin ,  le  ciel  était  couvert  d'un  stratus  brumeux.  Les  rayons  du  soleil 
l'ont  traversé  dans  la  journée,  mais  l'air  est  resté  brumeux  sur  la  mer. 
Dans  l'après-midi,  il  y  avait  des  cirrus  et  quelques  cirro-cumulus.  Le  soir, 
le  ciel  s'est  de  nouveau  couvert  d'un  stratus  brumeux  semblable  à  celui 
du  matin,  et  il  y  avait  une  brume  assez  épaisse  sur  la  mer.  Parfois,  on 
voyait  bien  qu'il  y  avait  des  nuages  au-dessus  du  stratus  brumeux.  A 
9h  3om  du  soir,  j'ai  vu  un  éclair.  Il  s'est  ensuite  écoulé  un  temps  assez  long 
sans  nouveaux  éclairs;  mais  à  10  heures,  ils  étaient  très- fréquents,  et  il  n'a 
cessé  d'éclairer  toute  la  nuit.  Il  paraît  que  dès  minuit  et  demi,  on  a  en- 
tendu des  roulements  éloignés  de  tonnerre,  et  il  est  tombé  une  ou  deux 
ondées.  Mais  c'est  à  a1'  3om  du  matin  que  l'orage  a  commencé  avec  toute 
son  intensité.  D'abord  il  s'écoulait  de  17a  18  secondes  entre  l'éclair  et  le 
coup  correspondant,  et  il  ne  pleuvait  pas.  Les  roulements  duraient  depuis 
3o  jusqu'à  36  secondes.  En  cet  instant,  j'entendis  un  bruit  particulier  dans 
l'air,  une  sorte  de  sifflement  un  peu  métallique,  parfaitement  distinct  du 
tonnerre  et  du  vent.  Bientôt  les  intervalles  entre  l'éclair  et  le  coup  cor- 
respondant n'ont  plus  été  que  de  10  à  12  secondes,  et  il  est  tombé  une 

C.  R.;  i85a,  a"»  Semeitre.  (T.  XXXV,  N°  H.)  4^ 


(  35o  ) 

très-forte  ondée,  dans  laquelle  étaient  mêlés  quelques  grêlons.  J'ai  vu  alors, 
dans  la  direction  du  port  militaire,  plusieurs  traits  de  feu  suivis  d'éclats  et 
de  roulements  de  tonnerre  au  bout  de  5  à  6  secondes.  En  même  temps,  on 
entendait  un  autre  tonnerre  éloigné.  Pendant  toute  la  durée  de  l'orage,  on 
a  ainsi  entendu  à  la  fois  un  tonnerre  rapproché  et  un  tonnerre  éloigné,  et 
voici  ce  qui  donnait  lieu  à  cet  effet  :  Des  stratus,  chassés  par  le  vent  de 
nord-est  qui  soufflait  assez  fort  depuis  la  veille,  étaient  le  siège  des  éclairs. 
Il  y  avait,  dans  le. nord-est,  un  stratus  et  un  tonnerre  lointain;  en  peu  de 
temps,  il  arrivait  au  zénith,  et  il  tombait  une  très-forte  ondée.  Le  nuage 
passait  et  continuait  de  produire  des  éclairs  dans  le  sud.  En  même  temps 
un  autre  nuage,  venant  du  nord-est  et  qui  suivait  le  premier,  s'approchait 
du  zénith,  donnait  de  nouveau  des  coups  de  tonnerre  rapprochés  et  des 
ondées.  Voici  les  observations  que  j'ai  faites  sur  les  éclairs  et  le  bruit  du 
tonnerre.  A  3haom,  un  éclair  très-vif  a  été  suivi,  après  2S,25,  d'un  coup  de 
tonnerre  qui  a  commencé  par  un  éclat  aussi  fort  que  la  décharge  d'une 
grosse  pièce  d'artillerie;  après  une  seconde  de  silence,  ce  coup  a  roulé  pen- 
dant 56  secondes,  en  s'affaiblissant,  quoique  présentant  quelques  éclats  de 
temps  en  temps.  Il  s'est  terminé  par  un  dernier  éclat  faible.  Le  coup  sui- 
vant a  été  précédé  d'un  vif  éclair  qui  a  commencé  à  6o  degrés  environ  de 
hauteur,  et  dont  l'extrémité  inférieure  m'était  cachée  par  l'horizon.  Cet 
éclair  était  un  zigzag  légèrement  rougeâtre  et  comme  interrompu  aux 
points  où  il  changeait  de  route.  Il  a  été  suivi,  au  bout  de  6  secondes,  d'un 
coup  de  tonnerre  qui  a  roulé  pendant  [\i  secondes.  Un  éclair  faible,  dont 
je  n'ai  vu  que  la  lueur,  a  été  suivi,  après  3g  secondes,  d'un  coup  de  ton- 
nerre très-faible,  difficile  à  entendre  :  c'est  le  plus  long  intervalle  que  j'aie 
compté.  Un  éclair  en  zigzag  très-court,  à  19  degrés  au-dessus  de  l'horizon 
pour  son  point  le  plus  élevé,  a  été  suivi,  au  bout  de  17  secondes,  d'un 
coup  de  tonnerre  qui  a  roulé  29  secondes.  Peu  après,  j'ai  remarqué  un 
éclair  en  zigzag  partant  à  28  degrés  de  hauteur,  s'abaissant  d'abord  d'en- 
viron 10  degrés,  puis  remontant  à  la  hauteur  de  son  point  de  départ  et  à 
peu  de  distance  de  ce  point.  Il  a  été  suivi,  au  bout  de  10  secondes,  d'un 
coup  qui  n'a  pas  roulé  longtemps.  Le  tonnerre  s'éloignait  alors  dans  le  sud  ; 
un  autre  orage  venait  du  nord,  je  regardai  de  ce  côté.  Je  vis,  après  plu- 
sieurs éclairs  peu  brillants,  un  trait  de  feu  blanc  parfaitement  rectiligne, 
s'abaissant  verticalement  sur  la  mer.  Son  extrémité  inférieure  se  projetait 
sur  la  rade  au-dessous  de  l'horizon.  Il  s'est  reproduit  trois  fois  de  suite, 
peut-être  à  un  dixième  de  seconde  d'intervalle,  formant  ainsi  comme  un 
trait  de  feu  scintillant,  ayant  toujours  son  extrémité  inférieure  projetée  sur 


(35.  ) 

l'horizon;  ce  qui  prouvait  qu'il  tombait  dans  la  mer.  Il  s'est  écoulé  6  se- 
condes entre  l'éclair  et  le  coup.  Le  bruit  a  commencé  comme  plusieurs 
coups  de  canon  consécutifs,  suivis  de  roulements  et  de  nouveaux  éclats. 
Pendant  l'orage,  il  passait  de  temps  en  temps  un  fort  coup  de  vent,  et,  le 
soir,  le  canon  de  retraite  de  l'arsenal  a  retenti  pendant  i2*,5. 

»  J'ai  appris  le  lendemain  que  le  tonnerre  était  tombé  plusieurs  fois  au 
port  militaire;  deux  fois,  entre  autres,  sur  le  paratonnerre  du  grand  mât 
de  la  frégate  \  Alceste,  qui  était  complètement  armée.  Il  s'est  produit, 
disent  les  douaniers,  sous  forme  de  traits  de  feu.  C'est  aussi  l'aspect  des 
éclairs  que  j'ai  vus  dans  cette  direction.  Le  paratonnerre  n'a  été  nullement 
endommagé,  mais  la  chaîne  passait  le  long  du  porte-haubans,  dont  le 
tonnerre  a  enlevé  un  éclat. 

»  Le  tonnerre,  en  tombant,  à  3  heures  du  matin,  sur  le  mât  de  misaine 
du  Patriote,  a  produit  un  effet  très-curieux.  Ce  navire  est  en  fer,  et,  comme 
il  est  désarmé  en  ce  moment,  il  n'a  que  ses  bas-mâts,  de  sorte  qu'il  n'était 
pas  protégé  par  ses  paratonnerres.  De  plus,  ses  hunes  sont  en  fer,  et  elles 
étaient  en  place.  Le  mât  foudroyé  a  été  fendu  sur  une  longueur  de  26  mè- 
tres. D'abord,  entre  son  extrémité  et  la  hune,  il  a  été  éclaté  en  plusieurs 
morceaux  projetés  à  une  grande  distance.  La  force  de  projection  a  été  telle, 
qu'un  morceau  de  mât,  qui  était  en  sap,  long  de  2  mètres  et  de  20  centi- 
mètres environ  d'équarrissage  par  le  bout  le  plus  épais,  terminé  en  pointe 
par  l'autre  extrémité,  est  venu,  à  80  mètres  environ  de  distance,  enfoncer 
la  cloison  en  chêne  du  bâtiment  de  la  tôlerie,  cloison  épaisse  de  3  centi- 
mètres. Cet  éclat  est  entré  par  le  bout  le  plus  gros,  s'est  enfoncé  de  près  de 
moitié  de  sa  longueur  dans  la  cloison,  et  y  est  resté  fiché  dans  la  direction 
de  la  ligne  sensiblement  droite  qu'il  a  parcourue  de  l'extrémité  du  mât  à 
ce  point.  Cette  ligne  fait  un  angle  d'environ  10  degrés  avec  l'horizon.  Un 
nœud  de  cet  éclat  est  ce  qui  l'a  arrêté.  En  examinant  le  trou  fait  à  la  cloison, 
on  voit  qu'il  a  été  fait  comme  par  un  corps  lancé  avec  une  grande  vitesse  ; 
car  il  serre  tellement  juste  cet  éclat,  qu'un  de  ses  nœuds  a  suffi  pour  l'ar- 
rêter. Après  le  premier  choc,  la  vitesse  de  cet  éclat  a  dû  être  très-réduite; 
elle  l'aura  été  plus  encore  par  le  frottement,  et  c'est  ce  qui  fait  que  quand 
l'éclat  est  arrivé  à  son  nœud,  il  ne  lui  est  plus  resté  la  force  nécessaire  pour 
le  faire  passer.  C'est  sans  doute  quand  sa  vitesse  a  été  réduite,  qu'il  a  aussi 
fait  sauter  deux  ou  trois  éclats  qui  ont  produit  dans  la  cloison  une  petite 
fente  au-dessous  et  au-dessus  de  lui.  C'est  éclat  porte  sur  un  point  une  pe- 
tite trace  de  carbonisation.  Au-dessous  de  la  hune,  le  tonnerre  est  descendu 
le  long  du  mât  d'abord  par  deux  côtés  opposés.  D'un  côté,  il  a  écarté  une 

46.. 


(  35a  ) 

des  fortes  pièces  du  mât,  qu'il  a  suivi  dans  toute  sa  longueur  jusqu'au  pont, 
en  faisant  sortir  les  clous  en  cuivre  qui  la  retenaient.  De  l'autre  côté,  il  a 
arraché  le  .bois  en  le  jetant  au  loin  en  petits  fragments,  et  il  a  formé  ainsi 
un  sillon  d'une  profondeur  de  i  décimètre  environ.  Le  sillon  tourne  autour 
du  mât,  de  sorte  que  les  deux  routes  opposées  suivies  par  le  tonnerre  se 
réunissent  au  pied  du  mât,  où  un  très-fort  éclat  a  été  enlevé  jusqu'au  pont. 
J'ai  remarqué  quelques  très-légères  traces  de  carbonisation  sur  quelques 
points  de  cette  route.  Au-dessus  du  pont  se  trouvait  une  toile  fixée  au  mât  : 
le  tonnerre  l'a  arrachée  en  la  déchirant.  Arrivé  au  pont,  il  a  disparu  sans 
laisser  d'autres  traces  de  son  passage;  mais  à  plus  de  ioo  mètres  de  dis- 
tance, une  guérite  de  factionnaire  a  été  renversée. 

»  On  a  dit  que  le  tonnerre  est  tombé  huit  fois  sur  les  paratonnerres  de 
la  poudrière  du  nord,  qui  est  peu  éloignée  des  bâtiments  foudroyés,  et  une 
fois  sur  un  des  parcs  à  charbon  ;  mais  il  n'a  laissé  aucune  trace  de  son  pas- 
sage. 

»  Auprès  de  l'église  d'Octeville,  à  cent  pas  environ  de  cette  église,  à 
i  kilomètres  sud-ouest  de  Cherbourg,  sur  une  hauteur,  le  tonnerre  a  frappé 
un  orme  planté  sur  une  haie.  Cet  orme  était  un  peu  plus  grand  que  les 
arbres  voisins.  Il  n'a  d'abord  été  nullement  endommagé;  mais,  arrivé  au 
pied,  le  tonnerre  a  enlevé  l'écorce  d'une  des  racines  qui  était  à  la  surface 
de  la  terre,  et  a  fait  dans  le  sol,  auprès  de  cette  racine,  plusieurs  trous  très- 
profonds  de  5  centimètres  de  diamètre.  Ces  trous  se  recourbent  un  peu 
dans  la  terre,  qui  est  très-fortement  battue  sur  leurs  bords.  La  haie  en  terre 
sur  laquelle  est  planté  cet  orme  est  à  im,4o  environ  au-dessus  du  creux  du 
fossé.  Le  tonnerre  est  sorti  de  cette  masse  de  terre  à  4°  centimètres  au- 
dessus  de  ce  creux,  où  l'on  trouve  la  seconde  extrémité  d'un  des  trous  par- 
tant de  la  racine  de  l'orme,  et  il  a  frappé  une  vache  qui  s'était  réfugiée  à 
l'abri  de  la  haie.  Il  l'a  tuée  et  lui  a  brûlé  un  peu  le  poil  du  cou.  Une  autre 
vache,  placée  à  côté  de  celle-là,  et  dont  la  tête  touchait  presque  celle  de  la 
première,  a  été  également  tuée,  mais  sans  que  le  tonnerre  ait  laissé  aucune 
trace  sur  elle.  D'autres  trous  semblables  à  ceux  dont  j'ai  déjà  parlé,  se 
remarquaient  sur  la  haie,  à  peu  de  distance  de  l'orme  frappé,  mais  sans 
aucune  communication  avec  lui,  comme  si  le  tonnerre  s'était  élancé  de  ses 
branches.  La  seconde  ouverture  d'un  de  ces  trous  par  où  le  tonnerre  est 
sorti,  se  trouve  du  côté  de  la  haie  opposé  à  celui  où  les  vaches  ont  été  tuées. 

»  Au  nouveau  fort  des  Flamands,  encore  en  construction,  le  tonnerre 
a  frappé  le  paratonnerre  de  la  poudrière.  L'ingénieur  chargé  des  travaux 
de  ce  fort,  M.  Bresson,  a  trouvé  le  lendemain  la  pointe  en  platine  de  ce 


(  353  ) 

paratonnerre  en  cuivre  tombée  au  pied  du  paratonnerre.  Elle  n'a  pas 
été  endommagée.  Ce  fait  est  d'autant  plus  extraordinaire,  que  cette  pointe 
était  vissée  dans  le  paratonnerre  et  retenue  par  une  goupille  qui  a  été  égale- 
ment arrachée. 

»  Le  tonnerre  est  tombé  plusieurs  fois  dans  la  rade,  et  une  fois  dans 
l'anse  d'Urville.  Il  est  tombé  sur  plusieurs  autres  points  de  la  Hague,  entre 
autres  à  Nacqueville,  où  il  a  brisé  une  croix  de  pierre.  Il  a  aussi  fendu  un 
arbre  à  6  kilomètres  sud-est  de  Cherbourg,  sur  la  route -de  Valognes. 

»  Un  phénomème  très-curieux  et  rare  dans  la  Manche  s'est  produit  en 
même  temps  que  l'orage.  Je  veux  parler  d'un  ras  de  marée  qui  a  eu  lieu  à 
4  heures  du  matin,  au  moment  de  la  pleine  mer.  On  entrait  un  navire  d'un 
tirant  d'eau  de  4  mètres  dans  le  port  de  commerce.  Il  y  avait  dans  la  passe 
4m,35  d'eau.  Tout  à  coup  la  mer  se  retire  et  le  navire  reste  échoué.  En  dix 
minutes  environ,  la  mer  a  baissé  de  la  quantité  dont  elle  baisse  en  deux 
heures. 

»  Le  moment  de  ce  ras  de  marée  est  celui  où  l'orage  commençait  à  aban- 
donner Cherbourg  et  à  ne  plus  retentir  que  dans  le  lointain,  du  côté  de  la 
Hague.  La  coïncidence  de  ce  curieux  phénomène  avec  l'orage  m'a  fait 
penser  que  probablement  l'électricité  atmosphérique  exerce  une  grande 
influence  sur  les  ras  de  marée.  On  conçoit,  en  effet,  que  l'attraction  ou  la 
répulsion  des  nuages  électrisés  sur  la  surface  de  la  mer,  suivant  la  nature 
des  électricités,  doit  tendre  à  élever  ou  à  abaisser  le  niveau  de  la  mer,  même 
sur  des  points  où  ne  serait  pas  l'orage,  puisque  la  mer  ne  peut  monter  sur 
un  point  sans  baisser  sur  un  autre.  » 

météorologie.  —  Météores  ignés  observés  à  Cherbourg,  le  1 5  janvier  1 85o  ; 

par  M.  L.  Flecky. 
(  Commission  nommée  pour  le  Mémoire  de  M.  Liais.  ) 

«  Le  i5  janvier  i85o,  une  neige  abondante  était  tombée.  Le  soir,  elle 
commença  à  fondre.  Le  ciel  était  gris. 

»  A  7h45m  environ  du  soir,  j'étais  sur  la  route  du  Roule,  vis-à-vis  la 
scierie  mécanique.  J'aperçus,  en  ce  moment,  de  faibles  éclairs  dans  le  sud- 
ouest.  Ils  se  succédaient  tantôt  rapidement,  tantôt  avec  lenteur.  Peu  à  peu 
leur  sphère  d'action  se  porta  plus  au  sud.  Des  lueurs,  plus  brillantes,  se 
montrèrent  dans  la  même  partie  du  ciel  où  se  déclaraient  ces  éclairs,  et 
s'évanouirent  après  plusieurs  secondes. 

»  A  ces  lueurs  succédèrent  de  plus  brillants  éclairs  que  les  précédents. 
Enfin  une  flamme  très-vive  parut  au-dessus  des  arbres  du  Cauchin. 


(  354  ) 

• 

»  Cette  flamme  était  animée  d'un  balancement  sur  sa  base,  qui  semblait 
reposer  sur  l'horizon.  Ce  mouvement  s'effectuait  indistinctement  dans  tous 
les  sens. 

»  Outre  ce  mouvement  oscillatoire,  la  flamme  était  pénétrée  d'une 
espèce  de  scintillation  continue,  inégale,  incolore,  semblable  au  scintille- 
ment de  ces  doubles  ou  triples  éclairs  qu'on  remarque  dans  les  orages 
ordinaires. 

»  Cette  scintillation  faisait  varier  sans  cesse  les  dimensions  de  la  flamme. 
Plusieurs  fois  cette  flamme  faillit  s'éteindre,  mais  elle  se  ralluma.  A  la  fin 
elle  disparut,  et  les  petits  éclairs  réapparurent  et  continuèrent  leur  marche 
vers  le  sud. 

»  Arrivé  au  pont  de  Carreau,  je  vis  une  bande  de  lumière  rougeâtre, 
d'une  largeur  égale  à  celle  de  la  voie  lactée,  mais  plus  brillante  que  cette 
zone  céleste. 

)>  J'oubliais  de  dire  que  cette  colonne  de  lumière,  se  dirigeant  au  nord- 
est  et  ayant  ioo  à  1 10  degrés  de  longueur,  semblait  s'élever  de  la  Faucon- 
nière,  et  qu'étant  mal  terminée  à  son  extrémité  nord-est  opposée  à  la  Fau- 
connière,  il  était  difficile  d'en  évaluer  la  longueur. 

»  Cette  colonne  lumineuse,  après  être  restée  quelque  temps  immobile, 
varia  de  grandeur  et  d'éclat,  puis  disparut. 

»  Je  continuais  de  m'avancer.  Arrivé  au  pont  du  chemin  de  fer  de  la 
Marine,  j'aperçus,  encore  plus  vers  le  sud  que  la  première  flamme,  une 
seconde  flamme,  semblable:  seulement,  elle  était  surmontée  d'une  espèce 
de  raie  lumineuse  qui  inclinait  vers  l'est-nord-est.  Cette  seconde  flamme 
paraissait  en  partie  cachée  derrière  la  colline  de  la  Fauconnière,  et,  après 
son  extinction,  j'aperçus  encore  plusieurs  faibles  éclairs  dans  le  sud.  » 

physique.  —  Mémoire  sur  le  magnétisme  statique  et  le  magnétisme 
dynamique;  par  M.  Th.  du  Moncel.  (Extrait,  fait  par  l'auteur,  d'un 
Mémoire  qu'il  annonce  avoir  adressé  à  l'Académie,  mais  qui  n'est  pas 
encore  arrivé.  ) 

(Commissaires  nommés  pour  de  précédentes  communications  de  l'auteur 
sur  le  même  sujet  :  MM.  Becquerel,  Pouillet,  Despretz,  Morin.) 

«  Toute  la  théorie  du  magnétisme  statique  et  du  magnétisme  dyna- 
mique, qui  fait  l'objet  de  ce  Mémoire,  peut  se  résumer  dans  les  principes 
suivants  : 

»    i°.  Toutes  les  molécules  des  corps  possèdent  les  deux  électricités; 


(  355  ) 

mais  comme  l'action  de  l'une  détruit  l'action  de  l'autre  à  leur  état  de  com- 
binaison, elles  ne  peuvent  manifester  leur  présence  que  quand  une  cause 
étrangère  détermine  leur  séparation  (i). 

»  1°.  Cette  cause  étrangère  peut  agir  par  influence  ou  par  communi- 
cation; mais,  quel  que  soit  son  mode  d'action,  elle  a  un  effet  différent, 
suivant  que  cette  action  se  porte  sur  les  électricités  superficielles  des  corps 
ou  sur  les  électricités  des  molécules  intérieures. 

»  3°.  Dans  leur  séparation  à  la  surface  des  corps,  les  électricités  se 
déplacent  et  viennent  s'accumuler  sur  des  surfaces  opposées,  suivant  leurs 
lois  d'attraction  et  de  répulsion,  pourvu  toutefois  que  les  corps  ainsi  in- 
fluencés soient  suffisamment  isolés. 

»  4°-  A  l'intérieur  des  corps  ce  déplacement  est  impossible,  et  la  décom- 
position des  électricités  ne  peut  s'opérer  que  moléculairement,  c'est-à-dire 
par  voie  de  décompositions  successives  de  molécule  à  molécule  ;  ce  qui 
rend  l'isolement  des  corps  d'autant  plus  facile  dans  ce  cas,  que  les  électri- 
cités ainsi  développées  ne  sont  pas  à  l'état  de  tension. 

»  5°.  De  là  les  deux  modes  de  manifestation  électrique  qui  constituent 
l'électricité  à  l'état  statique  et  l'électricité  à  l'état  dynamique,  modes  tout 
à  fait  différents  quant  aux  effets  exercés,  mais  qui  peuvent  être  développés 
simultanément  et  indépendamment  l'un  de  l'autre  sur  un  même  corps. 

»  6°.  Quand  la  séparation  des  fluides  s'opère  par  influence,  il  faut,  pour 
qu'elle  agisse  à  la  surface  des  corps  ou  sur  leur  électricité  statique,  que 
la  cause  agissante,  c'est-à-dire  l'électricité  développée  sur  le  corps  par 
l'intermédiaire  duquel  on  agit,  occupe  elle-même  une  surface  suffisamment 
grande  pour  que  son  effet  puisse  se  faire  sentir  sur  une  partie  considérable 
de  la  surface  du  corps  qui  le  subit.  Mais  si,  au  contraire,  elle  n'agit  que  sur 
un  point  d'une  surface  très-développée  ne  fournissant  pas  d'éléments  con- 
tinus de  surfaces  opposées  propres  au  développement  de  l'électricité  de 
tension,  l'influence  électrique  s'opère  moléculairement,  c'est-à-dire  de  telle 
manière  que  la  molécule  influencée  réagit  sur  les  autres  molécules  qui  la 
touchent,  soit  latéralement,  soit  inférieurement.  Celles-ci  à  leur  tour  réa- 
gissent sur  leurs  voisines,  et  ainsi  de  suite  de  proche  en  proche  jusqu'à  ce 
que  le  conducteur  entier  ait  participé  à  cette  première  influence. 

»  70.  Il  résulte  de  cette  différence  d'action  que  les  électricités  étant  déve- 
loppées par  influence  et  à  l'état  de  tension  sur  un  fil  métallique,  se  trou- 

(i)  Cette  hypothèse  n'exclut  pas  celle  de  Francklin  ni  le  système  de  la  propagation  de 
l'électricité  par  vibration. 


(  356  ) 

vent  distribuées  sur  la  périphérie  de  ce  fil,  perpendiculairement  à  sa  sec- 
tion ou  parallèlement  à  sa  surface,  l'une  sur  la  demi- périphérie  du  côté  de 
la  cause  inductive,  l'autre  sur  la  demi-périphérie  opposée,  tandis  qu'étant 
développées  moléculairement,  leur  ligne  de  recomposition  est  dans  le  sens 
de  la  section  du  fil  (1). 

»  8°.  Un  courant  résultede  la  recomposition  des  deux  électricités,  quand 
la  cause  qui  les  maintenait  séparées  n'agit  plus  ou  quand  elles  se  recomposent 
à  mesure  qu'on  les  sépare.  En  unissant,  par  conséquent,  les  deux  arma- 
tures d'une  bouteille  de  Leyde,  ou  en  faisant  communiquer  les  coussins 
d'une  machine  électrique  à  ses  conducteurs,  ou  en  faisant  même  commu- 
niquer le  conducteur  d'une  machine  avec  le  sol,  on  obtient  un  courant 
d'électricité  statique.  A  l'intérieur  des  corps,  les  choses  se  passent  d'une 
manière  analogue  ;  mais  c'est  à  la  suite  d'une  série  de  décompositions  suc- 
cessives que  l'électricité  de  même  nom  que  la  cause  déterminante  se  trouve 
transmise  aux  extrémités  du  conducteur  :  il  faut  donc,  pour  qu'il  y  ait 
création  d'un  courant,  que  l'électricité  de  nom  contraire,  qu'on  fera  agir 
pour  opérer  la  neutralisation  du  fluide  développé  sur  le  conducteur,  résulte 
elle-même  de  la  production  de  l'autre  électricité  que  nous  avons  considérée 
comme  cause  déterminante.  Sans  doute,  si  l'on  pouvait  forcer  un  courant 
à  suivre  une  direction  constante  ou  à  ne  pas  se  bifurquer,  on  pourrait 
obtenir,  aVec  une  seule  électricité  agissant  à  l'intérieur  des  corps,  un  cou- 
rant permanent  qui  survivrait  même  à  la  cause  agissante;  car  en  soudant 
l'extrémité  du  conducteur  précisément  au  point  correspondant  à  la  pre- 
mière tranche  influencée,  on  déterminerait  une  neutralisation  qui  aurait 
pour  effet  subséquent  une  décomposition;  mais,  comme  il  ne  peut  en  être 
ainsi,  il  faut  que  cette  cause  productrice  agisse  d'une  manière  double, 
c'est-à-dire  que  les  deux  électricités  contraires  agissent  aux  deux  extrémités 
du  conducteur. 

»  90.  Toute  action  mécanique  n'ayant  d'effet  qu'à  la  superficie  des  corps, 
ne  peut  agir  directement  sur  leurs  électricités  moléculaires  intérieures;  il 
faut,  pour  cela,  qu'il  y  ait  action  chimique,  et  c'est  effectivement  ce  qui  se 
passe  dans  la  pile. 

»  io°.  Si  la  création  d'un  courant  permanent  est  impossible  par  l'action 
directe  de  l'électricité,  à  cause  de  l'impuissance  dans  laquelle  nous  sommes 
de  faire  suivre  à  un  courant  une  direction  fixe,  elle  devient  au  moins  sup- 
posable  si  la  cause  inductive  agit  par  influence.  Alors  le  circuit  peut  être 

(i)  De  là  la  double  polarité  des  lignes  de  force  magnétique. 


(357) 

fermé,  et  les  décompositions  et  recompositions  peuvent  s'effectuer  dans  le 
même  sens;  mais  il  faut,  pour  cela,  que  le  corps  induit  ne  présente  pas 
d'éléments  continus  de  surfaces  opposées  propres  au  développement  de 
l'électricité  de  tension,  et  qu'il  possède  une  force  coercitive  telle,  que  les 
divers  éléments  du  courant  induit  puissent  se  manifester  sans  confusion 
dans  l'ordre  de  leur  création.  Or  c'est  précisément  ces  conditions  que 
remplissent  les  corps  magnétiques,  et  telle  est  l'origine  des  aimants  qui 
peuvent  devenir  persistants  si  leur  force  coercitive,  après  avoir  été  surexcitée 
par  le  courant  inducteur,  reste  développée. 

»  ii°.  Puisqu'un  courant  électrique  peut  créer  par  induction  un  cou- 
rant clans  les  corps  magnétiques,  il  doit  s'ensuivre  que  le  faisant  réagir  sur 
des  corps  non  magnétiques  dans  lesquels  on  aura  suppléé  à  la  force  coer- 
citive qui  leur  manque  par  une  disposition  particulière  exerçant  le  même 
effet,  on  doit  obtenir  également  un  courant  d'induction  analogue  aux  cou- 
rants voltaïques.  C'est  effectivement  ce  à  quoi  sont  parvenus  MM.  Nobili 
et  Antinori  en  faisant  tourner  très-rapidement  un  disque  métallique  sous  le 
pôle  d'un  aimant;  seulement,  les  courants  ne  pouvant  se  propager  dans 
une  direction  fixe,  ne  pouvaient  être  accusés  que  dans  le  voisinage  de  la 
cause  agissante. 

»  12°.  Si,  au  lieu  de  faire  agir  un  courant  sur  des  corps  ne  présentant 
pas  d'éléments  continus  de  surfaces  opposées,  on  exerce  son  influence  sur 
un  fil  assez  fin  et  assez  replié  sur  lui-même  pour  que  l'électricité  de  tension 
puisse  se  développer  à  sa  surface  sous  l'influence  des  électricités  successi- 
vement décomposées  dans  le  courant  inducteur,  il  se  forme,  sur  les  deux 
demi-périphéries  opposées  de  ce  fil,  deux  courants  d'électricité  statique  qui, 
d'après  l'ordre  des  décompositions  et  recompositions  opérées,  sont  en  sens 
inverse  l'un  de  l'autre,  mais  dont  l'un  se  manifeste  avant  l'autre  dans  le 
moment  infiniment  court  où  commence  l'action  inductive.  Il  en  résulte 
que  la  manifestation  du  courant  induit  n'est  pas  continue,  et  ne  peut  être 
constatée  qu'au  commencement  et  à  la  fin  de  l'action  du  courant  induc- 
teur. Telle  est  l'origine  des  courants  d'induction  que  les  aimants  comme 
les  courants  voltaïques  peuvent  produire,  et  qui  ne  sont  que  des  courants 

d'électricité  de  tension. 

t 

»  i3°.  En  vertu  de  ces  réactions  d'induction,  une  hélice  métallique, 
dans  laquelle  circule  un  courant  voltaïque,  doit  réagir  sur  elle-même  en 
créant  un  courant  d'induction  qui  existe  simultanément  avec  le  courant 
voltaïque. 

»   i4°-   Par  la  même  raison,  l'hélice  magnétique  doit  réagir  sur  elle- 

C.  H.,  i85a,  a">«  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  il.)  4/ 


(  358  ) 

même;  mais,  comme  les  éléments  continus  de  surfaces  opposées  lui  man- 
quent, l'action  inductive  ne  peut  que  contribuer  à  renforcer  le  courant,  et 
en  même  temps  à  faire  prendre  aux  électricités  moléculaires  du  circuit  ma- 
gnétique tour  à  tour  développées  une  disposition  corrélative  qui  puisse 
satisfaire  aux  conditions  d'équilibre  de  toutes  les  réactions  exercées.  Or 
cette  disposition  est  remplie  si  l'on  suppose  la  section  de  chaque  tranche 
moléculaire,  selon  laquelle  s'est  effectuée  la  décomposition  des  électricités, 
inclinée  à  45  degrés  sur  le  plan  des  spires  de  l'hélice  magnétique.  Alors 
chaque  extrémité  de  cette  hélice  présente  une  électricité  différente. 

»  1 5°.  Il  en  résulte  que  les  deux  pôles  d'un  aimant  agissent  sur  les  corps 
magnétiques,  en  attirant  vers  la  surface  induite  les  électricités  de  nom 
contraire  de  chaque  molécule,  de  telle  sorte  que  les  électricités  de  même 
nom  se  trouvent  refoulées  de  proche  en  proche  dans  tous  les  sens  opposés 
à  l'action  inductive,  et  manifestent  leur  présence  à  l'extérieur  par  influence. 
La  force  coercitive  n'agit  alors  que  pour  maintenir  les  actions  ainsi  exercées, 
et  empêcher  les  recompositions  latérales. 

»  i6°.  Puisqu'un  courant  agissant  par  induction  sur  les  molécules  inté- 
rieures des  corps  crée  un  courant  de  même  nature  que  lui  et  dirigé  dans  le 
même  sens,  il  doit  s'ensuivre  que  deux  courants  préexistants  marchant 
dans  le  même  sens  doivent  s'attirer,  et  par  contre  que  deux  courants  mar- 
chant en  sens  contraire  doivent  se  repousser.  » 

KCONOMIE  rurale.  —  Moyen  simple  et  économique  de  préserver  la  vigne  de 
la  maladie  spéciale;  par  M.  Roboi  am. 

(  Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  précédemment  nommée  pour  diverses 
communications  relatives  à  la  maladie  de  la  vigne,  Commission  qui  se 
compose  de  MM.  Duméril,  Magendie,  de  Jussieu,  Brongniart,  Milne 
Edwards,  Decaisne.) 

«  Le  20  octobre  1 85 1 ,  dans  un  Mémoire  que  j'ai  eu  l'honneur  de  lire 
à  l'Académie  des  Sciences,  après  avoir  parlé  de  l'emploi  du  soufre,  de  la 
chaux  et  de  quelques  autres  moyens,  comme  préservatifs  de  la  maladie  de 
la  vigne  ;  après  avoir  signalé  la  difficulté  et  l'impossibilité  de  leur  emploi 
dans  la  culture  en  grand,  je  disais  :  Il  est  un  fait  qui  a  dû  frapper  bien  des 
cultivateurs  ;  c'est  que  toutes  les  branches  de  vigne,  leurs  feuilles  et  les 
grappes  couvertes  par  l'herbe  ou  autre  chose  sont  vertes  et  saines,  tandis 
que  celles  du  même  ceps,  de  la  même  branche,  qui  sont  élevées  et  bien 
aérées,  sont  malades.  Une  lumière  vive  et  l'action  immédiate  de  l'air  sem- 
blent donc  indispensables  au  développement  du  mal. 


(359) 

»  Cette  observation  me  parut  une  indication  thérapeutique  précieuse 
qu'il  fallait  remplir;  le  moyen  qui  en  découlait,  et  que  je  proposai,  était 
simple,  d'un  emploi  facile  et  économique  :  il  semblait  réunir  toutes  les 
conditions  pour  la  culture  en  grand,  car,  loin  d'augmenter  les  frais,  il  pou- 
vait les  diminuer.  Je  -viens  le  rappeler  à  votre  souvenir;  parce  qu'aujour- 
d'hui je  l'ai  suffisamment  expérimenté  pour  en  connaître  la  valeur.  Il  est 
d'une  efficacité  générale  et  incontestable.  Au  reste,  tous  ceux  qui  voudront 
voir,  peuvent  s'en  assurer.  Je  me  fais  un  véritable  plaisir  de  le  montrer. 

»  Dans  plus  de  cent  endroits  différents  de  mon  jardin,  toutes  les  bran- 
ches qui  rampent  sur  la  terre  sont  saines,  leurs  grappes  et  leurs  feuilles  sont 
saines  aussi  ;  celles  qui  rampent  sur  la  terre  labourée  sont  d'un  vert  moins 
vif  que  celles  qui  rampent  sur  la  terre  couverte  de  gazons.  Les  ceps  qui 
n'ont  reçu  que  les  façons  du  printemps  (taillage  et  bêchage),  et  qui  de- 
puis n'ont  été  ni  ratisses,  ni  ébourgeonnés,  ni  rognés,  sont  beaucoup  moins 
malades  que  ceux  qui  ont  été  convenablement  façonnés.  Sur  le  même  ceps 
on  peut  comparer  les  branches  supérieures  convenablement  façonnées  aux 
branches  inférieures  que  j'ai  fait  ramper  sur  la  terre  :  sur  les  premières,  tout 
est  malade;  sur  les  dernières,  tout  est  sain.  Il  est  des  ceps  où  l'on  peut  sui- 
vre les  progrès  du  mal  qui  devient  d'autant  plus  grand  que  l'on  s'élève 
davantage.  Je  suis  heureux  que  ce  dernier  fait,  ainsi  que  celui  de  certaines 
expositions  où  le  mal  paraît  sévir  avec  plus  de  force,  aient  frappé  aussi  plu- 
sieurs savants  des  plus  éminents;  l'un  deux  en  a  même  fait  le  sujet  de  nom- 
breuses communications  aux  premiers  corps  savants  dont  il  est  Membre. 

»  J'avais  conseillé,  dès  les  premiers  symptômes  du  mal,  de  coucher  la 
vigne  sur  la  terre  et  d'engazonner  le  sol  ;  l'avoine,  qui  peut  être  semée  en 
tout  temps,  qui  donne  un  excellent  fourrage,  qui,  coupée  verte,  repousse 
et  peut  de  la  sorte  être  toujours  maintenue  à  une  hauteur  convenable,  m'a- 
vait paru  devoir  remplir  le  but  ;  mais  on  doit  comprendre  que  ces  essais, 
bien  concluants  dans  leurs  généralités,  ont  besoin,  dans  les  détails,  d'être 
régularisés  par  la  pratique.  » 

M.  Arago  présente,  au  nom  de  M.  Zaivtedeschi ,  présent  à  la  séance,  une 
Note  manuscrite  sur  une  question  de  dynamique  chimique,  débattue  entre 
ce  physicien  et  M.  JBizio. 

(  Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  un  précédent  Mémoire 
de  M.  Zantedeschi.) 

M.  Rodierre  soumet  au  jugement  de  l'Académie  deux  Mémoires  ayant 
pour  titre,  l'un:  Tables  dyarithmiques  pour  la  multiplication  {par  addi- 

47- 


(  36o  ) 

tion)  et  la  division  [par  soustraction)  des  nombres;  l'autre  :  Mémoire  sur 
l'usage  des  Tables  dyarithmiques . 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Binet  qui  avait  été  déjà  chargé  de  prendre 
connaissance  d'une  précédente  communication  de  l'auteur,  concernant 
des  méthodes  destinées  à  faciliter  les  opérations  sur  les  nombres.  ) 

M.  Reynaud  adresse,  de  Bone  (Algérie),  une  Note  relative  à  diverses 
inventions  de  mécanique  concernant  la  navigation. 

(Commissaires,  MM.  Duperrey,  Combes,  Morin.) 

M.  Josat  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  admettre  au  concours  pour 
les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  un  travail  qu'il  lui  a  précédemment 
adressé  et  qui  a  pour  titre  :  Mémoire  sur  les  morts  apparentes,  les  inhuma- 
tions anticipées  et  le  délaissement  des  malades  en  état  de  mort  apparente. 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Directeur  général  des  Douanes  adresse,  pour  la  bibliothèque 
de  l'Institut,  le  Tableau  général  du  commerce  de  la  France  avec  ses 
Colonies  et  les  Puissances  étrangères  pendant  l'année  1 85 1 .  {Voir  an 
Bulletin  bibliographique.  ) 

M.  Forchiiammer  adresse,  au  nom  de  la  Société  royale  des  Sciences  de 
Danemark,  trois  dès  nouvelles  publications  faites  par  cette  Société.  {Voir 
au  Bulletin  bibliographique.) 

astronomie.  —  Eléments  de  la  seconde  comète  de  i852.  (Extrait  d'une 
Lettre  de  M.  Valz  à  M.  Jrago.) 

«  . .  .  Voici  les  éléments  provisoires  de  la  seconde  comète  de  i852,  que 
je  viens  d'obtenir  d'après  les  premières  observations,  et  qui  devront  être 
corrigés  maintes  fois,  l'apparition  devant  être  fort  longue,  et  se  prolonger 
même  jusqu'à  l'année  prochaine,  après  que  la  comète  aura  passé  près  du 
pôle,  au  commencement  d'octobre,  pour  devenir  à  peu  près  stationnaire 
vers  la  fin  de  novembre.  Son  éclat  augmente  assez,  et  l'on  reconnaît  un 
noyau  prétendu  bien  distinct,  ainsi  qu'une  velléité  de  queue  qui,  aussi 
anticipée,  annoncerait  un  assez  fort  accroissement.  Passage  au  périhélie  en 


(  36  r  ) 

octobre,  9,699,  T.  M.  à  Marseille;  distance  périhélie,  i,3o32;  longitude 
périhélie,  4o°5';  il,  346°  58';  inclinaison,  4o°44'j  mouvement  direct.  » 

astronomie.  —  Cartes  des  étoiles  situées  à  \\  degré  au  nord  et  au  sud  de 
l'écliptique,  destinées  à  amener,  dans  un  temps  assez  court,  la  décou- 
verte de  toutes  les  petites  planètes.  (Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Valz  à 
M.  Arago.) 

«  Dès  que  la  première  comète  de  cette  année  eut  disparu,  vers  le  com- 
mencement de  juin,  M.  Chacornac  s'occupa  de  la  confection  des  cartes 
écliptiques  que  j'avais  proposées  à  l'Académie,  et  qu'elle  parut  accueillir  assez 
favorablement.  J'ose  aujourd'hui  réclamer  son  appui  pour  faire  graver  ces 
caries  dont  la  publication  ne  doit  pas  être  ajournée,  si  l'on  veut  en  conserver 
l'initiative  à  la  France;  puisque,  depuis  l'annonce  que  j'en  fis  en  1847,  deux 
projets  entièrement  pareils  ont  paru  en  Angleterre,  et  un  à  Naples;  aucun 
d'eux,  d'ailleurs,  n'a  encore  reçu  d'exécution,  que  je  sache,  car  le  catalogue 
de  i4  888  étoiles,  dressé  à  Markree,  ne  peut  être  considéré  que  comme  une 
simple  préparation  à  des  cartes  du  genre  des  miennes  pour  lesquelles  ici, 
du  reste,  il  n'a  été  d'aucun  secours,  non  plus  que  les  étoiles  de  Lalande  et 
de  Bessel,  qui  avaient  pu  servir  pour  les  cartes  de  Berlin,  établies  sur  une 
bien  moindre  échelle,  mais  qu'il  a  fallu  entièrement  abandonner,  par  suite 
des  erreurs  et  par  suite  des  mouvements  propres  dans  un  espace  de  plus  de 
cinquante  ans  ;  les  nouvelles  cartes  sont  encore  plus  rigoureusement  calquées 
sur  le  ciel  que  celles  de  Berlin,  sur  lesquelles  Neptune  fut  indûment  placé, 
comme  étoile  où  il  ne  se  trouvait  plus.  Je  vous  envoie  en  spécimen  la 
carte  déjà  terminée  de  i4h  3om  à  i5h  (ayant  reconnu  la  division  en  demi- 
heure  plus  commode  par  ses  dimensions  pour  un  usage  fréquent),  je 
vous  prie  d'en  faire  hommage,  au  nom  de  M.  Chacornac,  à  l'Académie. 
J^es  &.  et  D  sont  inscrites  en  sens  inverse  aux  côtés  opposés,  afin  d'en 
faciliter  la  lecture  dans  le  renversement  pour  les  lunettes.  Le  non:bre  des 
étoiles,  jusqu'à  la  12e  grandeur  sur  la  bande  de  3  degrés  de  largeur,  s'élève 
à  douze  cents,  ce  qui  ferait  environ  soixante  mille  pour  le  tour  de  l'éclip- 
tique,  et  trois  millions  et  demi  pour  tout  le  ciel.  Dans  les  observatoires  les 
plus  septentrionaux,  les  bandes,  dans  la  direction  des  colures,  seulement 
au  nord  de  l'écliptique,  pourraient  être  plus  favorables,  vu  l'abaissement 
considérable  de  ce  cercle. 

»  Lorsque  je  fis  part  de  mon  projet  à  l'Académie,  je  n'étais  pas  encore 
en  position  de  le  mettre  aussitôt  à  exécution,  et  j'aurais  eu  grand  besoin 


(  36a  ) 

que  l'on  me  vînt  en  aide  pour  cela.  Je  n'avais  pas  de  lunette  assez  puissante 
pour  atteindre  la  12e  grandeur  d'étoiles,  ni  de  local  assez  convenable,  ni 
de  grands  pieds  parallactiques,  que  je  fus  obligé  d'établir  provisoirement 
aux  balcons  des  deux  façades  de  l'observatoire.  Notre  grand  toit  tournant 
était  encloué,  et  il  ne  fallait  pas  moins  que  les  forces  de  quatre  hommes 
pour  le  manoeuvrer.  J'y  fis  d'abord  interposer  une  couronne  à  roulettes, 
pour  changer  les  frottements  de  la  première  espèce  en  ceux  de  la  seconde, 
et  placer  des  engrenages  pour  rendre  la  manœuvre  facile,  à  l'aide  d'une 
manivelle,  ainsi  qu'aux  trappes  de  divers  genres.  Notre  grande  machine 
parallactique  n'arrivait  qu'à  3o  degrés  du  pôle,  et  je  l'ai  transformée  en 
équatoriale  qui  peut  atteindre  jusqu'à  ce  point.  Le  grand  télescope  de 
Short  ne  pouvait  plus  servir,  depuis  1787  qu'il  avait  été  employé   aux 
observations  de  satellites  de  Saturne,  demandées  par  Lalande  qui  s'occupait 
alors  d'en  fixer  la  théorie,  dans  laquelle,  pour  le  dire  en  passant,  il  a  laissé 
d'assez  graves  erreurs  :  c'est  ce  que  j'ai  eu  occasion  de  reconnaître  en  m'occu- 
pant  d'une  nouvelle  planète  qu'annonçait  avoir  découverte  M.  de  Gasparis, 
et  dont  il  n'a  plus  parlé,  et  qui  ne  me  parait  autre  que  Japet,  le  dernier  des 
satellites  de  Saturne.  Le  grand  miroir  d'un  pied  d'ouverture  avait  été  entiè- 
rement terni,  par  les  émanations  des  fabriques  et  du  port.  M.  Amici  l'a 
parfaitement  repoli,  et  en  a  trouvé  la  matière  fort  supérieure  pour  le  pou- 
voir réfléchissant  ;  mais  malheureusement  j'ai  reconnu  qu'il  s'affaiblissait 
irop  par  un  fréquent  emploi ,  qu'il  fallait  donc  restreindre  aux  observa- 
tions assez  importantes,  et  non  usuelles.  N'ayant  pu  obtenir,  pour  y  sup- 
pléer, une  lunette  à  grande  ouverture,  je  me  suis  vu  réduit  à  en  tenter  la 
construction,  en  cherchant  à  la  rendre  plus  facile,  par  un  achromatisme, 
que  j'appelle  postérieur,  comme  plus  rapproché  de  l'oculaire  que  de  l'ob- 
jectif, ce  qui  présente  l'avantage  de  réduire  à  de  faibles  dimensions  la  gran- 
deur du  flint;  mais  je  m'abstiendrai  d'en  rien  dire  jusqu'à  ce  que  l'exécu- 
tion pratique  soit  venue  confirmer  la  théorie  sur  ce  point.  J'ai  donc  travaillé 
d'abord  un  objectif  simple  de  7  pouces  d'ouverture,  qui  m'a  permis  de 
distinguer  jusqu'aux  étoiles  de  la   11e  grandeur,  et  m'a  encouragé  à  en 
entreprendre  un   autre  de   i5  pouces  d'ouverture,  le  plus  grand  encore 
pour  atteindre  à  la  12e  grandeur  des  cartes  projetées.  Mais  il  fallut  alors 
changer  entièrement  les  procédés  du  travail,  qui  devint  fort  long  à  exécu- 
ter, et  ensuite  le  montage  de  la  lunette  sur  un  pied  assez  solide,  qu'il  fallut 
construire  à  cet  effet,  présenta  des  difficultés  d'un  tout  autre  genre.  Pour 
obvier  à  la  flexion  du  tuyau ,  il  fallut  recourir  à  des  couronnes  en  bois  cer- 
clées en  fer,  comme  pour  les  tonneaux.  J'ai  encore  placé  une  lunette  méri- 


(  363  ) 

dienne  dans  le  premier  vertical,  et  fait  exécuter  ma  lunette  réciproque,  qui 
a  bien  répondu  à  mon  attente,  et  se  règle  même  encore  plus  facilement 
que  je  ne  comptais.  » 

A  cette  occasion,  et  sur  la  proposition  de  [M.  Arago  ,  l'Académie  charge 
une  Commission,  composée  de  MM.  Arago,  Laugier  et  Mauvais,  des'occuper 
des  moyens  de  publier  complètement  ces  cartes,  dont  le  spécimen,  adressé 
par  M.  F'alz,  ne  forme  que  -^. 

astronomie.  —  Nouvelle  observation  de  la  comète  découverte  le 
26 août  i85a.  (Lettre  du  P.  Secchi  à  M.  Arago.) 

«  Je  me  hâte  de  vous  communiquer  une  autre  observation  de  la  comète 
découverte  le  26  courant, que  nous  avons  faite  ce  matin,  car  hier  le  brouil- 
lard nous  en  empêcha. 

»  Elle  a  été  comparée  avec  une  étoile  de  8-o,e  grandeur  qui,  par  plusieurs 
comparaisons  faites  avec  la  79  des  Gémeaux  2556  (B.  A.  C),  se  trouve  être 
identique  avec  l'étoile  de  Bessel  indiquée  comme  il  suit  (sans  aucune  cor- 
rection) : 

Zone  279  (8e  grandeur)     R  -fr  =  7œ38m  2i%9i;     3  -ft  =  -+-  210  i3'46",7, 
et  nous  avons  trouvé 

Temps  moyen 
de  Rome. 

i852.  27août.     i5h46mn5    m*^=  &  -fc  -t-i3%  36,     *  »^  =  J  ^-  —  g'  3g  ",  i5. 

Elle  était  plus  belle  qu'hier,  mais  bien  faible  et  pas  visible  dans  le  cher- 
cheur ordinaire  :  la  Lune,  je  crains,  nous  l'enlèvera  bientôt. 

»  P.  S.  Comme  cette  Lettre  n'est  pas  arrivée  à  temps  au  bureau  de 
poste,  je  profiterai  de  ce  retard  pour  vous  transmettre  la  dernière  observa- 
tion faite  hier  matin. 

»  La  comète  a  été  comparée  avec  une  étoile  (c)  de  9e  grandeur,  qui,  de 
deux  comparaisons  faites  au  micromètre  angulaire  avec  l'étoile  85  des  Gé- 
meaux a63a  (B.  A.  C),  a  pour  coordonnées  approchées  les  suivantes  : 

a  (c)  =  m  2632  (B.  A.  C.)  —  im28s,7;       sic)  =  6  2^32  (B.  A.C.)  +  17' 3i". 

La  position  relative  de  la  comète  comparée  à  l'étoile  (c)  prise  avec  beau- 
coup de  soin  était  la  suivante  : 

Temps  moyen 
de  Rome. 

i85s.  a8août.     i6hi5m35"     m.*m  =  M(c)  +  i3s,26;     8*^  =  3  (c)  -+-  gô'Vf. 
La  forte  lumière  du  crépuscule  nous  a  empêché  de  déterminer  mieux  la 


(  364  ) 

position  de  l'étoile  (c),  qui  peut-être  est  en  erreur  de  quelques  secondes; 
mais  la  position  donnée  sera  toujours  suffisante  pour  la  reconnaître  sans 
difficulté.  » 

magnétisme  terrestre.  —  Liaison  entre  les  taches  du  Soleil  et  les 
variations  en  déclinaison  de  l'aiguille  aimantée.  (Lettre  de  M.  Wolf, 
directeur  de  l'observatoire  de  Berne,  à  M.  Arago.  Berne,  a  août  1 85 1 .) 

«  Je  viens  de  faire  une  découverte  qui  me  paraît  assez  intéressante  pour 
en  faire  l'objet  d'une  communication  à  l'Académie  des  Sciences.  J'ai  étudié 
comparativement,  dans  ces  derniers  temps,  d'une  part,  les  nombres  annuels 
que  M.  Schwabe,  à  Dessau,  a  obtenus  pour  les  taches  du  Soleil  ;  et,  d'autre 
part,  les  moyennes  annuelles  que  M.  Lamont,  à  Munich,  a  trouvées  pour 
les  variations  des  aiguilles  aimantées  en  déclinaison.  Le  résultat  de  cette 
comparaison  est  celui-ci  :  Les  nombres  des  taches  et  les  variations  moyennes 
en  déclinaison  .sont  soumis,  non-seulement  à  la  même  période  de  io  4  ans, 
mais  ces  périodes  correspondent  jusqu'au  moindre  détail,  de  manière  que  les 
nombres  des  taches  arrivent  à  leur  maximum  à  la  même  époque  que  les 
variations.  Il  en  résulte  évidemment  que  la  dernière  cause  de  ces  deux 
changements  sur  le  Soleil  et  sur  la  Terre  doit  être  la  même,  et  je  crois 
qu'il  y  aura  une  base  pour  la  solution  de  plusieurs  problèmes  importants 
qu'on  n'a  pas  osé  toucher  jusqu'à  présent.  » 

PHYSIQUE  appliquée.  —  Sur  la  question  de  priorité  concernant  l'application 
de  la  réflexion  totale  aux  appareils  d'éclairage  des  phares.  (Lettre  de 
M.  Léonor  Fresnel  à  M.  Arago,  datée  d'Aix,  en  Savoie,  le  3i  août  i85a .) 

«  Vous  vous  rappellerez  peut-être  que,  dans  une  entrevue  que  j'eus 
l'honneur  d'avoir  avec  vous  il  y  a  quelques  mois,  vous  me  parlâtes  inci- 
demment d'une  publication  récente  tendant  à  établir  que,  si  l'application 
de  la  réflexion  totale  aux  appareils  d'éclairage  des  phares  n'était  pas 
d'invention  anglaise,  elle  avait  du  moins  reçu  en  Angleterre  des  dévelop- 
pements tout  nouveaux,  qui  nous  plaçaient  à  cet  égard  dans  une  situation 
de  notable  infériorité. 

»  Je  pensai  d'abord  que  cette  étrange  prétention  ne  devait  reposer  que 
sur  l'idée  émise  par  M.  Thomas  Stevenson  (frère  du  directeur  des  phares 
d'Ecosse)  de  substituer  aux  miroirs  à  courbure  sphérique  (que  nous  plaçons 
du  côté  de  terre,  dans  les  phares  non  isolés  en  mer),  des  miroirs  catadiop- 
triques.  Ces  nouveaux  appareils  accessoires  auraient  été  formés  d'anneaux 


(  365  ) 

concentriques  de  verre,  à  section  triangulaire  isocèle,  de  manière  à  ce  que 
les  rayons  incidents  émanés  du  foyer  y  fussent  renvoyés  après  deux  ré- 
flexions totales. 

»  Cette  combinaison,  tout  ingénieuse  qu'elle  pût  paraître,  donnait  lieu 
cependant  à  une  grave  objection  :  c'est  que  les  deux  réflexions  totales  de- 
vaient s'opérer  si  près  de  la  limite,  que  la  plupart  des  rayons  émanés  du 
corps  éclairant  seraient  transmis  au  lieu  d'être  réfléchis. 

»  Mais  une  brochure,  intitulée  Holophotal  syîlein  of  illuminating 
fighthouses,  et  accompagnée  d'une  Lettre  de  M.  Thomas  Stevenson,  du 
14  juillet  dernier,  est  venue  m'apprendre  qu'il  réclamait  la  priorité  pour 
l'idée  d'engendrer  des  anneaux  catadioptriques,  applicables  aux  appareils 
d'éclairage,  par  la  révolution  du  profil  ordinaire  autour  de  l'axe  horizontal 
passant  par  le  foyer. 

»  Il  m'a  été  facile  de  prouver  en  deux  mots,  que  cette  singulière  reven- 
dication n'était  pas  soutenable. 

»  Les  petits  appareils  catadioptriques  exécutés  en  1825  et  en  1826,  par 
M.  Tabouret,  sur  les  dessins  et  sous  la  direction  d'Augustin  Fresnel,  com- 
prenaient en  effet  des  anneaux  à  réflexion  totale  résultant,  les  uns  de  la  ré- 
volution du  profil  générateur  autour  de  son  axe  vertical,  et  les  autres  de  la 
révolution  du  même  profd  autour  de  l'axe  horizontal  répondant  au  foyer. 

»  Le  premier  mode  de  génération  donne  le  système  ordinaire  d'anneaux  • 
horizontaux  distribuant  uniformément,  dans  l'espace  angulaire  qu'ils  em- 
brassent, les  rayons  émanés  du  foyer; 

»  Par  le  second  mode  on  obtient  un  système  d'anneaux  verticaux  ras- 
semblant et  projetant  en  faisceau  horizontal  les  rayons  incidents. 

»  J'ai  cru  devoir  faire  observer  de  plus  à  M.  Th.  Stevenson,  qu'une  fois 
le  profil  générateur  imaginé,  l'application  nouvelle,  qui  pouvait  être  faite 
de  cet  élément  à  l'un  ou  à  l'autre  des  deux  modes  de  génération  que  com- 
portent également  les  pièces  catoptriques,  dioptriques  et  catadioptriques  des 
appareils  d'éclairage,  ne  constituait  pas,  à  proprement  parler,  une  nouvelle 
invention . 

»  Depuis  longtemps  nous  avons  appliqué  sur  une  grande  échelle  les  an- 
neaux horizontaux  à  réflexion  totale.  Quant  à  l'exécution  des  anneaux  ver- 
ticaux, elle  n'exigeait  pas  moins  que  tous  les  moyens  que  présentent  main- 
tenant, pour  la  fabrication  des  appareils  lenticulaires,  les  vastes  ateliers  de 
M.  Henri  Lepàute,  et  de  M.  Soter,  successeur  de  la  maison  Soleil  et  Lé- 
tourneau.  Il  s'agissait  en  effet  de.  travailler  au  tour,  des  anneaux  de  verre 
ayant  jusqu'à  3  mètres  de  diamètre. 

C.  R.,i85a,  im<Semestre.  (T.  XXXV,  N°ll.)  •  48 


(  366  ) 

»  J'ai  admiré,  il  y  a  deux  mois,  dans  les  ateliers  de  M.  Henri  Lepaute, 
un  magnifique  appareil  de  premier  ordre,  à  coupole  catadioptrique  tour- 
nante, que  M.  l'ingénieur  en  chef  Reynaud  a  fait  exécuter  pour  le  renou- 
vellement du  phare  catoptrique  à  éclipses  du  cap  de  l'Ailly,  près  Dieppe. 
Cet  appareil  reproduit  les  apparences  de  celui  de  Cordouan,  avec  la  supé- 
riorité d'effet  utile  résultant  d'une  judicieuse  combinaison  des  éléments 
imaginés  par  mon  frère,  et  du  progrès  considérable  de  la  fabrication.  Ainsi, 
i°  le  tambour  prismatique  des  huit  panneaux  lenticulaires  plan-convexes  a 
i  mètre  de  hauteur  an  lien  de  76  centimètres,  et  l'intensité  des  éclats  se 
trouve  augmentée  de  plus  d'un  tiers;  0°  les  éclats  accessoires,  qui  précèdent 
immédiatement  les  éclats  principaux  et  en  augmentent  la  durée,  sont  pro- 
duits par  les  fuseaux  de  la  coupole  catadioptrique  qui  remplacent,  avec 
grand  avantage,  les  anciennes  lentilles  additionnelles  surmontées  de  miroirs 
plans;  3°  le  feu  fixe  accessoire  provenant  des  ravons  lumineux  recueillis 
au-dessous  du  système  mobile,  est  projeté  par  six  anneaux  catadioptriques 
horizontaux  d'un  effet  supérieur  de  moitié  à  celui  des  zones  polygonales  de 
miroirs  concaves. 

»  Vous  savez,  monsieur,  que  la  presque  totalité  des  trois  cents  (?)  et  quel- 
ques appareils  lenticulaires  (de  3o  centimètres  à  2  mètres  de  diamètre), 
aujourd'hui  établis,  depuis  la  Norwége  jusqu'aux  Philippines,  provient  de 
nos  ateliers  parisiens.  Un  petit  nombre  sont  sortis  de  la  belle  manufacture 
de  glaces  de  M.  Cookson,  à  Newcastle,  et  l'on  a  vu  figurer  à  l'exposition 
universelle  de  Londres  un  phare  catadioptrique  de  premier  ordre  exécuté, 
dans  les  ateliers  de  MM.  Chance  à  Birmingham,  par  deux  artistes  français, 
M.  Bontemps,  ancien  directeur  des  verreries  de  Choisy-le-Roi,  et  M.  Tabou- 
ret, conducteur  des  ponts  et  chaussées,  longtemps  attaché  au  service  central 
des  phares. 

»  La  teinte  verte  très-prononcée  du  verre  de  Birmingham  contrastait 
d'une  manière  frappante  avec  la  blancheur  relative  du  verre  de  Saint-Gobin 
composant  l'appareil  exposé  par  M.  Létourneau.  M.  Bontemps  s'est,  en 
conséquence,  livré  à  la  recherche  des  moyens  de  fabriquer  un  crown-glass 
d'une  plus  belle  eau.  Il  paraît  qu'il  y  est  parvenu;  mais  la  nouvelle  matière, 
présentant  une  réfraction  une  peu  différente  de  celle  du  verre  de  Saint- 
Cobin,  ne  pouvait  être  taillée  d'après  les  mêmes  patrons.  Il  ne  s'agissait 
toutefois,  après  avoir  déterminé  avec  toute  la  précision  requise  le  nouvel 
indice  de  réfraction,  que  de  le  substituer  à  celui  du  verre  de  Saint-Gobin, 
dans  les  formules  calculées  par  mon  frère  pour  les  appareils  dioptriques,  et 
par  moi-même  pour  les  anneaux  à  réflexion  totale. 


(  367) 
»  A  raison  de  l'absence  de  M.  Reynand,  M.  Bontemps  vient  de  m'écrire 
pour  me  prier  de  l'aider  à  résoudre  cette  difficulté.  Je  n'ai  pu  que  le  ren- 
voyer aux  publications  de  M.  Alan-Stevenson  où  les  formules  dont  il  s'agit 
se  trouvent  reproduites.  » 

météorologie.  —  Etoiles  filantes  dans  la  nuit  du  g  au  10  août.  (Lettre 
de  M.  E.  de  Joxqitières,  lieutenant  de  vaisseau,  à  M.  Arago,  écrite 
du  vaisseau  la  faille  de  Paris,  le  10  août  i85a,  en  mer,  dans  l'est  de 
la  Sardaigne.  ) 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  adresserde  résultat  des  observations  que  j'ai 
eu  l'occasion  de  faire  sur  les  étoiles  filantes,  pendant  la  nuit  du  9  au 
10  août. 

»  L'escadre  d'évolutions  se  trouvait  hier  sur  la  rade  de  Cagliari,  et  elle 
a  mis  sous  voiles  sur  les  x  1  heures  du  soir.  Temps  superbe  et  très-sec  ; 
belle  brise  de  nord-nord-ouest;  ciel  clair;  étoiles  brillantes  et  scintillantes; 
la  Lune  sur  l'horizon  à  partir  de  minuit  et  demi. 

»  J^es  apparitions  d'étoiles  filantes  ont  été  très-nombreuses  depuis  le 
commencement  de  la  nuit;  ce  phénomène  m'a  été  signalé  à  minuit,  au  mo- 
ment où  je  prenais  le  quart.  Il  était  si  remarquable,  qu'il  a  fortement  attiré 
mon  attention  jusqu'à  4  heures  du  matin;  mes  fonctions  me  permettaient 
d'ailleurs  de  me  livrer  avec  quelque  suite  à  cette  intéressante  observation. 
En  voici  le  résultat. 

»  Le  nombre  moyen  des  apparitions  a  été  approximativement  de  soixante- 
dix  par  heure.  Grâce  à  la  pureté  de  l'atmosphère,  la  trace  de  chaque  fusée 
était  assez  persistante  et  permettait  de  bien  juger  la  direction.  Cette  direc- 
tion était  très-variable;  mais,  pour  chaque  étoile  filante,  elle  convergeait 
très-exactement  au  même  point  du  ciel,  ou,  pour  parler  plus  exactement, 
elle  divergeait  du  même  point.  Ce  point  était  situé  entre  (35  Hév.)  de  Cas- 
siopée  et  33  a  de  Persée,  mais  plus  près  de  la  première  que  de  la  dernière 
de  ces  deux  étoiles.  Je  ne  crois  pas  me  tromper  de  plus  de  deux  ou  trois 
degrés  en  lui  assignant  la  position  suivante,  savoir  :  ascension  droite,  ah20m; 
déclinaison  boréale,  60  degrés.  Cette  fixation  résulte  d'un  grand  nombre 
d'observations  toutes  concordantes,  bien  que  les  unes  résultassent  d'appa- 
ritions voisines  du  point  de  divergence  (c'étaient  en  général  les  plus  courtes 
et  les  moins  vives),  et  les  autres  de  traces  aperçues  dans  une  partie  du  ciel 
plus  voisine  de  l'horizon. 

»  Ces  faits,  dont  je  garantis  l'exactitude,  me  semblent  être  une  confir- 

48.. 


(  368  ) 

mation  des  théories  nouvellement  émises  sur  ce  sujet,  et  j'ai  pensé  qu'ils 
seraient  pour  vous  de  quelque  intérêt. 

»  P.  S.  Le  10  au  soir,  quelques  étoiles  filantes,  mais  peu  nombreuses, 
se  sont  montrées  au  commencement  de  cette  nuit.  Mais  le  temps  n'a  pas 
tardé  à  se  couvrir  et  à  rendre  les  observations  impossibles.  Celles  que  j'ai 
vues  divergeaient  exactement  du  même  point,  qu'hier.  Une  telle  coïncidence 
est  bien  remarquable,  et  je  ne  doute  pas  qu'on  n'en  tire  une  conséquence 
importante,  en  ayant  égard  (ce  que  je  n'ai  pas  les  moyens  de  faire)  aux 
directions  combinées  du  mouvement  propre  du  système  solaire  et  du  mou- 
vement de  translation  de  la  Terre  autour  du  Soleil.  » 

A  l'occasion  de  l'intéressante  communication  de  M.  Jonquières,  M.  Arago 
fait  remarquer  que  les  météorologistes  allemands  essayèrent  jadis  de  déter- 
miner par  les  observations  simultanées  faites  dans  différentes  villes  les  hau- 
teurs verticales  des  étoiles  filantes.  Il  pense  qu'à  une  époque  où  ce  phéno- 
mène fixe  l'attention  de  tant  de  personnes,  on  pourrait  reprendre  avec 
avantage  ces  mêmes  recherches,  qui  conduiraient  certainement  à  d'impor- 
tants résultats. 

L'Académie,  prenant  en  considération  la  remarque  de  M.  Arago,  décide 
qu'une  Commission  rédigera  à  ce  sujet  un  programme  qui  sera  ensuite  en- 
voyé à  divers  observateurs.  Cette  Commission,  nommée  séance  tenante,  est 
composée  de  MM.  Arago,  Mathieu,  Mauvais. 

physique  appliquée. — Sur  l'emploi  de  la  vapeur  d'eau  pour  éteindre  les 
incendies  à  bord  des  navires.  (Lettre  de  M.  Dujardi.y,  de  Lille,  à 
M.  Arago,  à  l'occasion  du  désastre  du  Henry -Clay S) 

«  Il  y  a  quelque  temps,  on  s'en  souvient,  un  bateau  à  vapeur  anglais, 
l'Amazone,  prit  feu  en  mer,  et  un  nombre  considérable  de  personnes  péri- 
rent victimes  de  ce  sinistre.  Les  journaux  donnent  aujourd'hui  les  détails 
d'un  incendie  qui  a  éclaté  à  bord  d'un  vaisseau  à  vapeur  américain,  le 
Henry-Clay,  et  où  plus  de  cent  personnes  ont  de  même  péri  dans  les 
flammes. 

»  M.  l'ingénieur  Fourneyron  a  démontré  dans  le  temps  qu'il  aurait  été 
facile  d'éteindre  l'incendie  de  ï Amazone  au  moyen  de  la  vapeur  de  ses 
chaudières.  N'est-on  pas  fondé  à  penser  qu'on  aurait  pu  se  rendre  maître, 
par  le  même  procédé,  de  l'incendie  du  paquebot  américain  le  Henry-Clay? 
Et,  s'il  vient  à  être  prouvé  qu'il  eût  pu  en  être  ainsi,  ne  devra- t-on  pas  se 
demander  comment  il  se  fait  que  l'idée  d'employer  la  vapeur  pour  éteindre 


(  36g  ) 

les  incendies,  idée  que  j'ai  proposée  en  1837,  et  qui,  par  conséquent,  devrait 
être  connue  depuis  longtemps  de  toutes  les  personnes  qui  se  servent  d'ap- 
pareils à  vapeur,  soit  encore  aussi  peu  vulgarisée?  Ce  fait  est  vraiment 
inexplicable.  » 

M.  i.e  Maire  de  la  ville  de  Reims  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
comprendre  la  bibliothèque  de  cette  ville  dans  le  nombre  des  établissements 
auxquels  elle  accorde  ses  publications. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

M.  Gaïetta  adresse,  de  Bourges,  deux  Notes,  dont  l'une,  sur  un  projet 
de  défense  militaire  de  la  France,  ne  paraît  pas  du  ressort  de  l'Académie, 
et  dont  l'autre  concerne  le  rôle  que,  suivant  l'auteur,  jouerait  l'électricité 
dans  certains  phénomènes  astronomiques. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  A. 


BULLETIN    bibliographique. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  i3  septembre  i852,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences; 
2  e  semestre  i85a  ;  n°  10;  in-4°. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  Arago,  Chevreul,  Dumas, 
Pelouze,  Boussingault,  Regnault;  3e  série;  tome  XXXVI;  septem- 
bre i852;  in-8°. 

Tableau  général  du  commerce  de  la  France  avec  ses  Colonies  et  les  Puissances 
étrangères ,  pendant  l'année  i85i.  Paris,  i852;  1  vol.  in-4°. 

Annales  de  l'Institut  agronomique.  Recueil  de  Notices,  d'observations  et  de 
recherches  sur  l'enseignement  et  la  culture  à  l'Institut  agronomique  ;  ire  année; 
ire  et  2e  livraisons.  Paris,  juin  et  août  i85a;  in-4°. 

Histoire  naturelle  des  Mollusques  terrestres  et  d'eau  douce  qui  vivent  en 
France;  par  M.  l'abbé  D.  Dupuy;  sixième  fascicule;  in-4°. 

Le  cheval  dompté  et  dressé  par  lui-même,  ou  Théorie  de  la  bride  à  mors  régu- 
lateur combinée  d'après  une  découverte  physiologique;  par  M.  Cas.  Noël. 
Paris,  i852;  broch.  in-8°. 

Nouvelle  méthode  provisoire,  approuvée  par  le  Ministre  de  la  Guerre,  pour 
dresser  les  jeunes  chevaux,  d'après  les  principes  de  M.  Baucher  ;  broch.  in-3a. 


(37o) 

Bulletin  de  l'Académie  nationale  de  Médecine,  rédigé  sous  la  direction  de 
MM.  F.  Dubois  (d'Amiens),  secrétaire  perpétuel,  et  Gibert,  secrétaire 
annuel;  tome  XVII;  n°  23;  i5  septembre  i852;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie,  rédigé  par  M.  DE  La.  Roquette, 
secrétaire  général  de  la  Commission  centrale;  avec  la  collaboration  de 
MM.  V.-A.  Malte-Brun,  secrétaire-adjoint,  Daussy,  L.-Am.  Sédillot,  de 
Froberville  et  Cortambert;  4e  série;  tome  IV;  n°  19;  juillet  i852; 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  la  Sarthe;  2e  série; 
4e  trimestre  1 85 1  ;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Médecine  de  Poitiers;  2e  série;  n°  19;  mai  i852  ; 
in-8°. 

Travaux  de  l'Académie  de  Beims,  année  j852-i853;  n°  2;  ier  trimes- 
tre i852;  in-8°. 

académie  de  Beims.  Séance  publique  du  ier  juillet  i852.  Programme  des 
concours  ouverts  pour  i853,  i854,  i855,   18 56  et   1857;  une  feuille  in- 8°. 

Becueil  des  travaux  de  la  Société  médicale  du  département  d'Indre-et-Loire  ; 
2e  série;  2e  semestre  i85i  ;  in-8°. 

Cosmos.  Bévue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  DE  Monfort, 
et  rédigée  par  M.  l'abbé  MOIGNO;  irfi  année;  n°  20;  12  septembre  i852; 
in-8°. 

Journal  d'Agriculture  pratique  et  de  Jardinage ,  fondé  par  M.  le  Dr  Bixio, 
publié  par  les  rédacteurs  de  la  Maison  rustique,  sous  la  direction  de  M.  Barral; 
3e  série;  tome  V;  n°  5  ;  5  septembre  i852  ;  in-8°. 

Journal  de  Médecine  vétérinaire,  publié  à  l'Ecole  de  Lyon;  tome  VIII; 
juin  i852;  in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  3e  série;  tome  XXII;  septem- 
bre i852 ;  in-8°. 

Becueil  encyclopédique  d'agriculture,  publié  par  MM.  Boitel  et  Loindet, 
de  l'Institut  national  agronomique  de  Versailles;  tome  III;  n°  5;  10  sep- 
tembre i852  ;  in-8°. 

Flora  batava;  169e  livraison;  in-4°. 

Sul  sanitario...  Du  congrès  sanitaire  international  ouvert  à  Paris,  le  z'5  juil- 
let i85i;  par  M.  A.  Cappello.  Rome,  i852;  1  vol.  in-8°. 

Lezioni...  Leçons  de  minéralogie  adaptées  spécialement  aux  études  de  l'ar- 
chitecte constmeteur  et  de  l'ingénieur  des  ponts  et  chaussées;  par  M.  G.  Tenore. 
Naples,  i85i-5a;  1  vol.  in-8°. 


(  37'  ) 

Meinorie...  Mémoires  de  physique  ;  par  M.  F .  Zantedeschi.  Padoue,  i85s; 
in-4°. 

Astronomical...  Observations  astronomiques  faites  à  l'observatoire  Radcliffe, 
à  Oxford,  en  i85o;  par  M.  M.-J.  Johnson  ;  vol.  XI.  Oxford,  i852;  in-8°. 

The  astronomical...  Journal  astronomique  de  Cambridge  ;  n°  47».  vol.  II; 
n°  23;  25  août  i852. 

Sitzungsberichte...  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  impériale  de 
Vienne,  classe  des  Sciences  physiques  et  mathématiques ,  année  1 85 1  ;  tome  VII  ; 
fascicules  3,  4  et  5.  Vienne,  1 85 1  ;  in-8u.  —  Année  i852  ;  tome  VIII;  fasci- 
cules i,  2  et  3.  Vienne,  i852;  in-8°. 

Denkschriften...  Mémoires  de  i Académie  impériale  des  Sciences  de  Vienne, 
classe  des  Sciences  physiques  et  mathématiques;  tome  III;  livraisons  i  et  3  ; 
in -fol. 

Berichte. . .  Rapport  sur  les  travaux  de  la  Société  royale  des  Sciences  de  Saxe, 
séant  à  Leipzig,  classe  des  Sciences  physiques  et  mathématiques;  i85i;  fasci- 
cule 2  ;  in-8°. 

Zusàtze...  Addition  au  problème  florentin  ;  par  M.  W.  DROBISCH.  Leipzig, 
1 852  ;  broch.  in-4°.  (Extrait  des  Mémoires  de  ta  Société  royale  des  Sciences  de 
Saxe.  ) 

Neue...  Nouvelles  expériences  faites  avec  la  balance  de  torsion;  par 
M. -F.  Reich.  Leipzig,  i852;  broch.  in-4°.  (Extrait  des  mêmes  Mémoires.) 

Elektrodynamische...  Déterminations  électro-dynamiques  des  masses,  et 
en  particulier  du  diamagnétisme  ;  par  M.  W.  Weber.  Leipzig,  i852;  broch. 
in-4°.  (Extrait  des  mêmes  Mémoires.) 

Tafeln...  Tables  de  comparaison  et  de  réduction  des  hauteurs  barométriques 
indiquées  suivant  divers  systèmes  de  graduation;  calculées  par  MM.  J.-J.  POHL 
et  J.  SchabuS  ;  broch.  in-8°. 

Tafeln...  Tables  de  réduction  des  hauteurs  barométriques  marquées  en  mil- 
limètres, à  la  température  normale  de  zéro  du  thermomètre  de  Celsius;  calculées 
par  les  mêmes;  broch.  in-8°. 

Kalender. . .  Calendrier  de  la  flore  de  l'horizon  de  Prague,  dressé  sur  des 
observations  de  végétations  faites  durant  dix  ans;  par  M.  K.  Fritsch.  Pra- 
gue, >  852;  broch.  in-S°. 

Oversigt...  Rapports  sur  les  travaux  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de 
Danemark,  pendant  les  années  1849,  i85o  et  1 85 1  ;  par  MM.  OErsted  et 
Forchhammer.  Copenhague;  3  vol.  iu-8°. 

Det  kongelige...  Mémoires  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Danemark; 


(  37*  ) 
5e  série,  classe  des  Sciences  physiques  et    mathématiques;    cinquième  série; 
tome  II.  Copenhague,  i85i;  broch.  in-4°- 

Quœstiones,  quœ  in  a.   i852  proponuntur  a  Societate  Regia  Dnnica  scien- 
tiarum  cum  prœmissi  promisso  ;  -j  de  feuille  in-8°. 

Astronomische. . .  Nouvelles  astronomiques;  n°  822. 

La  Presse  littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  20; 
12  septembre  i852. 

L  Athenœum  français .  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux- Arts;  n°  1 1  ;  11  septembre  i852. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  37  ;   11  septembre  i852. 

Gazette  des  Hôpitaux;  nos  106  à  108;  7,  9  et  11  septembre  i85a. 

Moniteur  agricole;  5e  année;  n°  36;  9  septembre  i852. 

La  Lumière;  ie  année;  n°  38;  11  septembre  i852. 

Réforme  agricole;  n°  47;  juillet  1802. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


«-©-©-©-* 


SÉANCE  DU  LUNDI  20  SEPTEMBRE  1852. 

PRÉSIDENCE  DE  M.   RATER. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  l/ACADÉMIE. 

optique,    photométrie    chromatique.   —  Note    sur   une  propriété 
photométrique  des  plaques  daguerriennes ;  par  M.  Pouillet. 

«  En  «l'occupant  de  photographie,  j'ai  été  conduit  à  remarquer,  dans 
les  images  que  l'on  obtient  sur  plaqué  d'argent,  une  propriété  curieuse, 
qui  a  sans  doute  frappé  la  plupart  des  observateurs  ;  mais  il  n'est  pas  venu 
à  ma  connaissance  que  l'on  ait  essayé  d'en  tirer  parti  pour  l'appliquer  à  des 
recherches  de  photométrie.  Il  me  paraît  cependant  que  la  propriété  dont  il 
s'agit  donne  un  moyen  de  comparer  le  pouvoir  éclairant  des  diverses  cou- 
leurs ;  de  trouver,  par  exemple,  si  une  étoffe  rouge  renvoie  plus  ou  moins 
de  lumière  qu'une  étoffe  bleue,  ou  d'une  autre  couleur  quelconque,  lors- 
qu'elles sont  l'une  et  l'autre  éclairées  ou  par  la  lumière  du  ciel  ou  par 
d'autres  lumières  diversement  colorées  ;  et  même  de  déterminer,  avec  une 
certaine  approximation,  les  quantités  relatives  de  ces  lumières  différentes 
mesurées  par  leur  action  sur  l'organe  de  la  vue. 

»  C'est  le  principe  sur  lequel  reposent  ces  comparaisons  que  je  vais 
essayer  de  faire  comprendre  en  peu  de  mots. 

»  On  sait  que  les  images  daguerriennes  sont  miroitantes  ;  que  les  noirs 
les  plus  noirs  y  sont  produits  par  les  portions  dans  lesquelles  la  plaque  a 
conservé  sensiblement  tout  l'éclat  de  son  poli  primitif;  que  les  blancs  les 

C.  R. ,  i85a,  a™«  Semestre.  (T.  XXXV,  N»  12.)  49 


(  374  ) 
plus  blancs  y  sont  produits  par  les  parties  dans  lesquelles  la  plaque  a  pris 
une  surface  mate  plus  ou  moins  prononcée. 

»  Il  importe  de  remarquer  que,  dans  les  images  les  plus  miroitantes,  les 
blancs  les  plus  blancs  conservent  encore  la  propriété  de  réfléchir  spéculai- 
reraent  une  proportion  très-considérable  de  la  lumière  incidente  ;  le  mat 
n'est  en  quelque  sorte,  sur  le  miroir,  qu'une  tache  légère,  d'une  très-petite 
épaisseur,  que  la  lumière  traverse  en  grande  partie  pour  aller  subir  sur  le 
miroir  la  réflexion  régulière  ;  aussi  les  objets  un  peu  éclairés  sont-ils  vus 
par  réflexion  sur  ces  blancs  avec  leur  forme  très-correcte  et  avec  leur  cou- 
leur légèrement  voilée  de  blanc.  Sur  les  images  les  moins  miroitantes,  la 
couche  qui  forme  le  mat  n'est  pas  tellement  épaisse,  qu'il  n'y  ait  encore  sur 
les  blancs  les  plus  intenses  une  réflexion  régulière  très-sensible  ;  on  y  voit 
les  objets  comme  sur  un  miroir  fortement  taché  ;  les  contours  restent,  mais 
les  traits  délicats  ont  disparu,  et  la  couleur  semble  enveloppée  d'un  voile 
blanc  plus  épais. 

»  De  quelque  manière  qu'une  image  daguerrienne  plane  soit  disposée 
par  rapport  au  jour,  on  peut  toujours  considérer  chacun  de  ses  points 
comme  étant  le  centre  d'un  hémisphère,  et  comme  recevant  des  objets  envi- 
ronnants vin  pinceau  lumineux,  suivant  chacun  des  rayons  de  cette  surface 
hémisphérique.  Ainsi,  en  supposant  la  plaque  verticale  sur  le  mur,  et  à 
contre-jour,  entre  deux  fenêtres  d'un  appartement,  elle  reçoit  des  pinceaux 
lumineux  de  tous  les  points  de  l'intérieur,  excepté  de  la  face  sur  laquelle 
elle  repose;  et  l'on  ne  pourrait  pas  mettre  une  feuille  de  papier  noir  sur  le 
parquet,  sur  le  plafond,  ou  contre  l'une  des  trois  faces  latérales  de  l'appar- 
tement, sans  que  l'image  se  trouve  moins  éclairée  qu'elle  n'était  aupa- 
ravant; seulement,  la  feuille  de  papier  noir,  dans  un  grand  appartement, 
n'étant  qu'une  très-petite  portion  de  l'hémisphère  éclairant,  son  effet  sera 
peu  sensible. 

»  Il  est  facile  de  voir  que  cette  lumière  incidente  se  partage  très-diver- 
sement, suivant  qu'elle  tombe  sur  des  noirs,  sur  des  blancs,  ou  sur  des 
points  d'un  ton  intermédiaire.  Toute  la  lumière  émise  par  l'hémisphère 
éclairant  qui  vient  tomber  sur  un  noir  s'y  réfléchit  spéculairement  ;  le  poli 
étant  très-parfait,  il  n'y  a  pas  de  diffusion  possible  ;  mais  lorsqu'elle  tombe 
sur  le  blanc  le  plus  blanc,  il  y  a,  par  exemple,  un  quart  seulement  de  cette 
lumière  qui  est  réfléchi  spéculairement,  et  trois  quarts  qui  se  trouvent 
diffusés  dans  toutes  les  directions  (du  moins  si  l'on  néglige  la  petite  pro- 
portion qui  se  trouve  absorbée).  C'est  cette  lumière  diffusée  qui  fait  voir 
les  blancs  de  l'image  et  qui  les  fait  ressortir  avec  plus  ou  moins  d'éclat. 


(375) 

»  Supposons  maintenant  que  l'on  s'avance  pour  regarder  cette  image  un 
peu  obliquement,  afin  de  ne  pas  se  voir  soi-même  comme  dans  une  glace, 
et  qu'on  se  mette  bien  à  la  distance  de  la  vision  distincte,  en  tenant  l'œil 
immobile  dans  cette  position  ;  alors  l'œil  reçoit  trois  espèces  de  lumière  : 

»  i°.  Sur  les  noirs,  il  voit  par  réflexion  spéculaire  les  points  de  l'appar- 
tement qui  correspondent  à  sa  position  ; 

»  a0.  Sur  les  blancs,  il  voit  par  réflexion  spéculaire  plus  ou  moins  voi- 
lée, les  points  de  l'appartement  qui  correspondent  aussi  à  sa  position  ; 

»  3°.  Enfin,  il  voit  les  blancs  par  la  lumière  diffusée  de  l'ensemble  de 
l'hémisphère  éclairant. 

»  Quelle  sera  la  résultante  définitive  de  ces  diverses  lumières  qui  con- 
courent ici  au  phénomène  de  la  vision?  C'est  ce  que  personne  n'ignore; 
il  suffit  d'avoir  regardé  une  image  daguerrienne  pour  savoir  qu'elle  sera 
vue  positive  très- vive  et  très-bien  modelée,  si  les  points  de  l'appartement  sur 
lesquels  elle  se  projette  sont  noirs  ou  d'une  couleur  foncée;  qu'au  contraire, 
s'ils  sont  blancs  ou  très-lumineux,  l'image  sera  vue  négative,  les  noirs 
paraissant  vivement  éclairés  et  les  blancs  se  montrant  seulement  comme  des 
taches  sur  un  miroir. 

»  Que  l'on  mette  donc  tour  à  tour  une  demi-feuille  de  papier  noir 
et  une  demi-feuille  de  papier  blanc  sur  le  point  de  l'appartement  qui  est 
vu  par  réflexion  directe,  et  l'on  aura  tour  à  tour  une  image  positive  dont  les 
noirs  seront  très-noirs  et  les  blancs  très-blancs  ;  puis  une  image  négative 
dont  les  noirs  auront  le  blanc  vif  du  papier  vu  par  réflexion,  tandis  que 
les  blancs  seront,*  au  contraire,  semblables  à  des  ombres  plus  ou  moins 
foncées. 

»  L'explication  de  ce  phénomène  se  présente  d'elle-même  :  dans  le  se- 
cond cas,  les  blancs  ne  sont  pas  moins  blancs  que  dans  le  premier,  car 
l'hémisphère  éclairant  qui  fait  voir  les  blancs  n'a  pas  été  sensiblement  mo- 
difié par  la  présence  successive  des  deux  demi-feuilles  de  papier;  mais  ils 
ne  paraissent  plus  que  comme  des  ombres  à  côté  du  blanc  beaucoup  plus 
vif  du  papier  qui  est  vu  sur  les  noirs,  par  réflexion  directe.  L'image  devient 
donc  négative  quand  la  quantité  de  lumière  réfléchie  spéculairement  sur  les 
noirs  fait  sur  l'œil  une  impression  plus  vive  que  la  lumière  renvoyée  par 
les  blancs. 

»  De  là  cette  conséquence  :  que  l'image  daguerrienne  doit  avoir  un 
point  à' équilibre ,  c'est-à-dire  un  point  à' invisibilité  complète;  et  que 
l'équilibre  a  lieu  lorsque  la  lumière  réfléchie  spéculairement  sur  les  noirs 
fait  sur  l'œil  la  même  impression  que  la  lumière  qu'il  reçoit  des  blancs. 

49- 


(  376) 

C'est  là  la  propriété  dont  je  parlais  en  commençant,  qui  a  dû  être  remar- 
quée et  qui  me  semble  propre  à  faire  des  comparaisons  de  photométrie 
chromatique. 

»  Indiquons  d'abord  comment  cette  propriété  peut  être  mise  en  évidence. 

»  Supposons  que  l'on  ait  des  étoffes  ou  des  papiers  d'un  gris  nuancé 
entre  le  noir  et  le  blanc,  d'une  grandeur  convenable  à  raison  de  la  distance 
à  laquelle  on  les  regarde,  par  exemple  des  carrés  de  3  ou  4  décimètres  de 
côté,  si  on  les  regarde  à  la  distance  de  3  ou  4  mètres  ;  on  pourra  choisir  un 
ton  assez  clair  ou  assez  foncé,  pour  que,  mis  à  la  place  du  papier  blanc 
ou  du  papier  noir  dont  nous  parlions  tout  à  l'heure,  l'image  soit  complè- 
tement invisible  lorsqu'on  la  regarde  de  manière  à  voir  ce  gris  par  réflexion 
directe.  Elle  est  alors  effacée  à  tel  point,  que  l'on  ne  distingue  plus  rien  des 
traits  qui  la  caractérisent  ;  les  noirs  et  les  blancs  sont  confondus,  c'est  une 
teinte  uniforme  ;  la  plaque  a  un  aspect  intermédiaire  entre  le  mat  et  le  poli, 
mais  l'image  a  disparu,  il  n'en  reste  pas  trace.  Les  circonstances  restant  les 
mêmes,  si  l'on  substitue  au  gris  de  l'équilibre  un  gris  plus  clair,  à  l'instant 
l'image  devient  négative;  pour  un  gris  plus  foncé,  elle  devient  positive  ;  en 
un  mot,  il  y  a  là  un  équilibre  qui  n'a  rien  d'incertain  :  une  très-faible 
lumière,  ajoutée  d'un  côté  ou  de  l'autre,  suffit  pour  le  déranger  et  pour 
faire  paraître  le  positif  ou  le  négatif,  suivant  qu'elle  s'ajoute  à  la  lumière 
diffusée  ou  à  la  lumière  réfléchie. 

»  Désignons  par  <p  l'intensité  de  la  lumière  diffusée  résultant  de  l'hémi- 
sphère éclairant,  par  p  l'intensité  de  la  lumière  réfléchie  spéculairement  sur 

les  noirs,  par  £-  l'intensité  de  la  lumière  réfléchie  spéculairement  sur  les 

blancs;  la  condition  d'équilibre  sera  exprimée  par  la  relation 

(f  +  ^-  —  p. 

»  Voici  maintenant  le  passage  de  la  lumière  blanche  à  la  lumière  colo- 
rée. Lorsqu'on  substitue  une  couleur  quelconque  au  gris,  qui  tout  à  l'heure 
faisait  l'équilibre,  on  peut  toujours  la  choisir  d'un  ton  convenable  pour 
qu'elle  produise  elle-même  un  équilibre  bien  caractérisé,  tout  aussi  sen- 
sible que  le  précédent,  et  passant,  comme  lui,  du  positif  au  négatif,  pour 
une  très-faible  lumière  ajoutée  ou  retranchée  dans  un  sens  ou  dans  l'autre. 
Supposons  que  ce  soit  une  étoffe  rouge;  alors  la  lumière  diffusée  est  la 
même  en  intensité  et  en  coloration,  elle  reste  représentée  par  9  ;  soit  p'  la 
quantité  de  lumière  rouge  réfléchie  spéculairement  sur  les  noirs,  la  pro- 


(377) 


portion  réfléchie  spéculairement  sur  les  blancs  sera  ^71  et  l'on  aura,  cette 
fois, 

?  h-  £7  =  /s'  ; 
d'où 

>(-±)='(-i)- 

Bien  que  les  blancs  soient  d'un  blanc  assez  pur  lorsqu'ils  sont  éclairés  par 
la  lumière  du  jour,  il  n'est  pas  certain  que  l'on  doive  avoir  rigoureuse- 
ment m  =  m';  cependant,  dans  les  essais  que  j'ai  pu  faire,  il  m'a  paru  que, 
pour  une  première  approximation ,  on  pouvait  prendre  m  =  m'  ;  d'où  il 
résulte  p  =  p'  ;  c'est-à-dire  que  le  gris  et  le  rouge  dont  il  s'agit  renvoient  la 
même  quantité  de  lumière  ou  sont  doués  du  même  pouvoir  éclairant. 

»  L'expérience  est  encore  plus  frappante  lorsqu'on  place  à  côté  l'une  de 
l'autre,  dans  un  point  où  elles  sont  également  éclairées,  les  deux  surfaces 
de  couleur  différente  dont  on  veut  faire  la  comparaison  ;  il  suffit  alors  d'un 
très-petit  déplacement  de  l'œil  pour  les  voir  tour  à  tour,  sur  les  mêmes 
points  de  l'image  daguerrienne.  Si  l'une  donne,  par  exemple,  une  image 
positive,  et  l'autre  une  image  négative,  celle-ci  est  celle  qui  renvoie  le  plus 
de  lumière,  ou  qui  a  le  pouvoir  éclairant  le  plus  considérable;  si  elles 
donnent  l'une  et  l'autre  des  images  positives,  il  faut  les  éclairer  davantage, 
les  deux  ensemble  également,  ou  diminuer  la  lumière  générale  de  l'hémi- 
sphère éclairant  pour  amener  l'une  d'elles  à  passer  au  négatif:  celle  qui  se 
transforme  ainsi  la  première  est  celle  qui  est  douée  du  plus  grand  pouvoir 
éclairant;  si,  enfin,  elles  donnent  l'une  et  l'autre  des  images  négatives,  il 
faut  les  éclairer  moins,  ce  qui  est  toujours  facile,  ou,  ce  qui  est  encore  plus 
simple,  augmenter  la  lumière  de  l'hémisphère  éclairant,  soit  en  renvoyant 
sur  la  plaque  la  lumière  du  jour  avec  un  réflecteur,  soit  en  approchant  à 
une  distance  convenable,  et  à  peu  près  perpendiculairement,  une  bougie 
ou  une  lampe,  jusqu'à  ce  que  l'image  correspondant  à  l'une  des  couleurs 
devienne  positive  :  la  couleur  dont  l'image  se  transforme  ainsi  la  première 
est  celle  qui  possède  le  moindre  pouvoir  éclairant. 

»  On  peut  ainsi,  dans  tous  les  cas,  pour  deux  couleurs  données,  et 
éclairées  de  la  même  manière,  reconnaître  celle  des  deux  qui  donne  à  l'œil 
l'impression  relative  la  plus  forte.  Les  divers  échantillons  que  j'ai  soumis  à 
cette  épreuve  donnent  des  résultats  qui  semblent  d'abord  très-extraordi- 
naires :  ainsi,  le  rouge  le  plus  éclatant  d'une  étoffe  de  laine  ou  de  coton  3 


(378) 

un  pouvoir  éclairant  un  peu  moindre  qu'un  bleu  très-foncé,  qui  a  lui- 
même  un  pouvoir  éclairant  un  peu  moindre  qu'un  gris  qui  n'est,  en 
quelque  sorte,  qu'un  noir  un  peu  clair.  En  jugeant  ces  couleurs  à  la  pre- 
mière vue,  on  n'hésiterait  pas  à  les  classer  dans  un  ordre  précisément 
inverse. 

»  Il  est  bon  de  rappeler  que,  pour  chaque  couleur,  le  point  d'équilibre 
ou  d'invisibilité  de  l'image  daguerrienne  s'obtient  surtout  à  la  faveur  de  la 
proportion  de  lumière  colorée,  spéculairement  réfléchie  par  les  blancs,  qui 
vient  se  mêler  à  la  lumière  blanche  générale  de  l'hémisphère  éclairant  ;  de 
telle  sorte  que  l'équilibre  s'établit,  en  définitive,  entre  une  couleur  plus 
foncée,  mais  plus  éclairée,  et  la  même  couleur  plus  claire,  plus  lavée  de 
blanc,  et  moins  éclairée,  à  peu  près  comme  l'égalité  d'impression  s'établit 
entre  un  gris  vivement  éclairé  et  un  blanc  plus  ou  moins  rejeté  dans 
l'ombre.  * 

»  C'est  pourquoi  |il  faut  choisir  pour  ces  expériences  des  plaques  dont 
les  blancs  ne  soient  pas  trop  fortement  accusés;  celles  qui  sont  trop  mates 
ne  réfléchissent  alors  spéculairement  qu'une  très-faible  proportion  de  la 
lumière  incidente,  et  l'équilibre  ne  s'obtient  pas  avec  la  même  précision  ; 
mais  il  y  a  pour  cela  une  assez  grande  latitude,  et  je  n'ai  pas  aperçu  de 
différence  sensible  en  prenant  pour  point  de  repère  sur  la  même  plaque, 
tantôt  des  blancs  très-légers,  tantôt  des  blancs  plus  fortement  prononcés, 
pourvu  qu'ils  ne  soient  pas  d'un  mat  presque  complet. 

»  Il  pourra  sans  doute  arriver  que  l'ordre  des  pouvoirs  éclairants  des 
diverses  couleurs  ne  soit  pas  le  même  pour  toutes  les  vues,  et  qu'il  change  aussi 
avec  l'intensité  de  l'éclairage;  mais  je  suis  porté  à  croire  que  les  différences 
ne  seront  pas  très-grandes;  du  moins  je  n'ai  rien  remarqué  de  très-frap- 
pant, en  passant  de  la  vive  lumière  du  jour  à  celle  d'un  temps  très-sombre, 
et,  en  consultant  diverses  personnes,  les  différences  dans  leurs  jugements 
sont  restées  comprises  dans  des  limites  très- restreintes. 

»  Le  même  principe  conduit  à  une  solution  plus  complète  de  la 
question  ;  dans  ce  que  nous  venons  de  dire,  il  s'agit  seulement  de  recon- 
naître si  une  couleur  a  un  pouvoir  éclairant  plus  grand  ou  plus  petit  qu'une 
autre  couleur,  mais,  par  une  méthode  un  peu  différente,  on  peut  déterminer 
le  rapport  des  pouvoirs  éclairants  Cette  méthode  consiste  à  ne  laisser  venir 
à  l'image  daguerrienne  qu'une  lumière  d'une  intensité  connue,  toujours 
assez  grande  pour  que  l'on  puisse  par  comparaison  négliger  la  lumière 
diffusée  qui  résulte  des  échantillons  soumis  à  l'épreuve.  Il  suffit  donc  de 
couvrir  la  plaque  d'un  papier  noir,  à  l'exception  du  petit  espace  de  i  à 


(  379  ) 
a  centimètres  réservé  pour  l'expérience  ;  de  la  disposer  verticalement  sur 
une  des  parois  d'une  chambre  noire  carrée,  de  3  à  4  décimètres  de  côté, 
sur  i  à  a  décimètres  de  hauteur;  de  percer  la  paroi  opposée  de  trois 
ouvertures  :  l'une  au  milieu  pour  éclairer  la  plaque  presque  perpendi- 
culairement avec  une  lampe  carcel,  dont  on  varie  la  distance  pour  avoir 
des  intensités  variables  ayant  un  rapport  connu  ;  les  deux  autres,  pla- 
cées à  égale  distance  de  celle-là,  servent  à  donner  passage,  la  première  aux 
faisceaux  incidents  qui  viennent  des  échantillons,  la  seconde  aux  faisceaux 
qui  ont  subi  la  réflexion  directe  ainsi  qu'aux  faisceaux  diffusés  qui  doivent 
faire  ressortir  les  blancs  :  c'est  sur  cette  dernière  ouverture  qu'on  applique 
l'œil  pour  faire  l'observation.  Il  n'y  a  ici  aucun  inconvénient  à  donner  à  la 
plaque  un  petit  mouvement  autour  d'un  axe  horizontal  pour  amener  suc- 
cessivement au  point  de  vue  les  deux  échantillons  disposés  verticalement , 
l'un  au-dessus  de  l'autre  à  3  ou  4  mètres  de  distance;  au  reste,  rien  ne  s'op- 
pose à  ce  qu'on  les  mette  plus  près,  pourvu  que  l'on  ait  pris  les  précautions 
convenables  pour  que  les  déplacements  de  la  lampe  ne  modifient  pas  la 
lumière  naturelle  du  jour  qui  les  éclaire.  Au  moyen  de  cette  disposition, 
toute  l'expérience  se  réduit  à  donner  successivement  à  la  lampe  les  deux 
positions  convenables  pour  que  les  deux  échantillons  soient  tovir  à  tour  mis 
en  équilibre. 

»  On  voit,  d'après  ce  qui  précède,  qu'en  opérant  ainsi,  les  pouvoirs 
éclairants  des  échantillons  seront  en  raison  inverse  des  carrés  des  distances 
de  la  lampe. 

»  Un  autre  travail  dont  je  m'occupe  en  ce  moment  et  que  je  n'ai  pu  in- 
terrompre que  quelques  instants,  ne  m'a  pas  permis  de  faire  autre  chose 
que  des  essais  avec  un  appareil  mal  établi;  cependant  les  expériences  répé- 
tées à  plusieurs  reprises  avec  des  lumières  d'intensité  très-différente,  m'ont 
donné  des  résultats  assez  concordants  pour  que  cette  méthode  me  semble 
propre  à  résoudre  plusieurs  questions  importantes  de  photométrie  chroma- 
tique. J'espère  que  je  pourrai  un  peu  plus  tard  reprendre  ces  recherches, 
avec  des  appareils  moins  imparfaits,  et  dans  un  local  mieux  approprié  à  ce 
genre  d'expériences.  » 

chimie  organique.  —  Sur  la  résine  de  jalap  et  sur  l'éther  succinique 
perchlorê ;  par  M.  An;.  Laurent. 

«  Dans  le  dernier  Mémoire  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Acadé- 
mie, j'ai  mis  en  doute  l'exactitude  des  formules  qu'on  attribue  à  la  rhodéo- 
rétine  et  aux  produits  de  ses  métamorphoses.  M.  Mayer  vient  de  publier 


(  38o  ) 

sur  ce  sujet  un  Mémoire  dans  lequel  il  est  démontré  que  mes  soupçons 
étaient  parfaitement  fondés;  mais  M.  Mayer  donne  de  nouvelles  formules 
qui  sont  aussi  inacceptables  que  les  anciennes. 

»  Voici  le  résumé  de  ses  recherches  : 

»  La  rhodéorétine  séchée  à  ioo degrés  renfermerait CT1H,aa08'. 

»  La  rhodéorétine  fondue  à  i5o  degrés  renfermerait.   .   .     C'aH,20O8S. 

»  L'acide  rhodéorétinique,  produit  de  l'action  des  alcalis 
sur  le  corps  précédent CT  H      O    . 

»  L'acide  rhodéorétinolique,  produit  de  l'action  des  acides 
sur  les  corps  précédents CH     O. 

»  La  transformation  de  la  rhodéorétine  en  acide  rhodéorétinolique  et  en 
sucre,  se  ferait  d'après  l'équation  suivante  : 

C"Hll0O"  -h  ioHaO  =  C^H^O'0  -f  3C,4Ha40,a, 

rhod.  acide  rhod.  sucre 

et  celle  de  l'acide  rhodéorétinolique  en  acide  ipomique  ou  sébacique  et  en 
acide  oxalique,  d'après  celle-ci  : 

c>6H«»o«°  ■+■  6NaO*Ha  =  3  (C,0H,8O4)  +  3CaHa04  4-  6NaOa  +  ioHaO. 

acide  ipomiq. 

De  semblables  réactions  sont  peu  probables. 

»  Divisons  les  formules  précédentes  par  3  en  négligeant  les  fractions, 

alors  nous  aurons  : 

rhodéorétine  à  1 5o  degrés Ca4H40O,a, 

acide  rhodéorétinique Ca4H4aO,s, 

acide  rhodéorétinolique C'aHaaOs. 

Les  réactions  deviennent 

Ca4H40O,a4-aHaO  =C,aH"0,a+C,aHaaO», 
c.i.Hm0s  +  o  =  C,aHaa04 

—  CaH4,        qui  se  change  en  acide  oxalique; 
il  reste C,0H18O4  acide  ipomique  ou  sébaciq. 

»  L'acide  rhodéorétinolique  appartient  évidemment  à  ce  que  j'ai  nommé 
autrefois  la  série  des  acides  gras,  série  qui  commence  à  l'acide  formique 
pour  monter  jusqu'aux  acides  stéarique  et  mélissique. 

»  J'ai  fait  voir  que  tous  ces  acides  dérivent  des  carbures  d'hydrogène 
«CHa,  et  qu'ils  rentrent  dans  une  des  quatre  formules  suivantes  : 
n  CHa  +  Oa  monob . ,  n  CHa  +  O8  -  Ha  monob . , 

n  CHa  -+■  O8  bibas.,  n  CHa  4-  O4  -  Ha  bibas. 


(  38i  ) 

L'acide  rhodéorétinolique  se  rapporte  à  la  formule  nCH2  +  O3  —  H2. 
Comme  tous  les  acides  de  ce  genre,  il  donne  naissance,  sous  l'influence  de 
l'acide  nitrique,  à  un  composé  bibasique  qui  appartient  à  la  formule 
nCH3-t-04  -II2. 

»  On  attribue  à  l'éther  succinique  chloré,  aux  acides  chlorazosuccique 
et  chlorosuccique,  à  la  chlorosuccilamide,  à  l'éther  chlorosuccique  et  au 
chlorosuccide  des  formules  qui  ne  s'accordent  ni  avec  la  loi  des  nombres 
pairs,  ni  avec  les  équivalents  que  M.  Gerhardt  et  moi  nous  employons. 

»  M.  Gerhardt  a  déjà  cherché  à  corriger  les  formules  des  composés  pré- 
cédents, en  s'appuyant  sur  la  composition  suivante  de  l'éther  succinique 
chloré  :C8HC1,304. 

»  Mais  comme  les  corrections  proposées  feraient  supposer  que  M.  Mala- 
gutti  a  constamment  obtenu  dans  ses  analyses  moins  d'hydrogène  que  le 
calcul  n'en  donne,  j'ai  cherché  s'il  ne  serait  pas  possible  d'obtenir  d'autres 
formules  qui  s'accordassent  mieux  avec  l'expérience. 

»  Si  l'on  admet  que  la  première  erreur  existe  dans  la  formule  de  l'éther 
succinique  chloré,  et  que  celui-ci,  semblable  aux  autres  éthers  perchlorés, 
renferme  C8C1I404,  alors  on  sera  conduit  à  donner  aux  produits  de  ses 
métamorphoses  les  formules  suivantes,  et  expliquer  ses  réactions  ainsi  : 

»  i°.  Action  de  la  chaleur, 

f!  pp  o  ] 
C8  01**0*  =       ~,  +  C02  +  C3C1*0. 

»  Le  composé  ;C3C1*0  serait  le  chlorosuccide  ou  l'aldéhyde  acroléique 
perchlorée.  Cette  aldéhyde,  sous  l'influence  de  l'eau,  de  l'ammoniaque  et  de 
l'alcool,  donnerait  : 

a.  de  l'acide  acroléique  trichloré, 

C3C14  O  +  H20  =  C3  Cl3  HO2  -+-  HC1; 

b.  de  l'acroléamide  trichlorée, 

C3C1*0  +  H3N  =  C3  Cl3  H2  NO  +  H  Cl; 

c.  de  l'éther  acroléique  trichloré, 

C3CPO  +  CaH80  =  C5C13HH)2  +  HC1. 

»  a°.  Action  de  la  potasse, 

C2  HCl8  O2  ) 
C8C1,40*  +  4H20=     „  .     4-C02+C3HCl3Oa  +  5ClH. 

CaHCl302 


C.  R.    i85a,  a"»"  Semeitre.  (T.  XXXV,  N«  12. 


5o 


(  38a  ) 

1-e  composé  CHCl'O*  ou  l'acide  chlorosuccique  serait  donc  l'acide  aero- 
léique  trichloré. 

»  3°.  Action  de  l'ammoniaque, 

C»Cl-0'4-3H3N=J:2^|:i,3^J+C^HCPNO'  +  4ClH. 

chloracétamide 

Le  composé  C4  H  Cl4  NO2  ou  l'acide  chlorazosuccique  ne  serait  pas  un  acide, 
mais  de  la  succinimide  quadrichlorée,  qui  peut,  comme  la  succinimide  nor- 
male, se  combiner  avec  quelques  métaux. 
»  4°-  Action  de  l'alcool, 

CC1,404  -+-  5C2H60  =  ®  ^^^!  j  +  C5H,0O3  +  C5H5CP02  -h  5Cl  II. 

CJC13H°02  j 

éther  chloracét.  éthercarbon.  éther  chlorosuccique 

»   5°.  Transformation  de  l'acide  chlorazosuccique  en  chlorosuccilamide, 
C4  HC14  NO2  +  H2  O  =  C3  NH2  CI3  O  +  CO2  -+-  Cl  H . 

acroléamidc 

»  Pour  avoir  la  clef  de  ces  métamorphoses,  il  faut  imaginer  que  l'éther 
succinique  perchloré  renferme  de  l'anhydride  succinique  perchloré 
C4  Cl4  O3  ;  alors  celui-ci,  avec  l'ammoniaque,  donne  la  succinimide  chlo- 
rée, et  en  perdant  CO2,  il  laisse  l'aldéhyde  acroléique  C3Cl4  O,  qui  produit 
à  son  tour  les  autres  réactions.  » 


MEMOIRES  LUS. 

mécanique  appliquée.  —  Nouvelle  machine  oscillante,  sans  piston  ni 
soupapes,  mise  en  mouvement  par  les  forces  combinées  de  la  vapeur  et 
des  gaz  engendrés  par  la  combustion  ou  par.  la  vapeur  et  l'air  dilatés 
à  de  très-hautes  températures;  par  M.  Galy-Cakalat.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Morin,  Combes.) 

«  Dans  le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de 
l'Académie,  avant  de  faire  la  description  de  ma  machine,  je  calcule  les 
puissances  comparatives  des  moteurs  engendrés  par  la  force  expansive  du 
calorique,  en  me  fondant  sur  les  principes  suivants  : 

»  Chaque  kilogramme  de  houille,  qualité  moyenne,  peut  développer 


(  383  ) 

75oo  calories  en  se  combinant  avec  l'oxygène  de  9  mètres  cubes  d'air, 
sur  18  qu'on  laisse  passer  à  travers  la  grille  du  foyer. 

»  En  prenant  pour  unité  le  calorique  nécessaire  pour  élever  de  1  degré,- 
1  kilogramme  d'eau,  le  calorique  spécifique  de  i  kilogramme  de  vapeur  est 
égal  à  0,70,  et  le  calorique  spécifique  de  1  kilogramme  d'air  est  0,28. 

»  Les  produits  gazeux  de  la  combustion  de  la  houille  ont  à  peu  près  la 
même  capacité  pour  la  chaleur  que  l'air. 

»  Les  puissances  dynamiques  des  gaz,  et  des  vapeurs  agissant  sans  con- 
densation, sont  proportionnelles  aux  accroissements  de  volume  qu'ils 
prennent,  dans  le  même  temps. 

»  D'après  ces  principes,  je  calcule  la  puissance  dynamique  de  la  flamme, 
ou  des  produits  gazeux  de  la  combustion  de  1  kilogramme  de  houille 
moyenne  dans  un  foyer  clos  alimenté  par  une  soufflerie  qui  absorbe 
i5  pour  100  de  la  force  emprisonnée  dans  le  foyer. 

»  Je  calcule  ensuite  la  portion  de  cette  puissance  qui  passe  dans  les  gé- 
nérateurs pour  y  vaporiser  de  l'eau,  pour  y  surchauffer  de  la  vapeur  déjà 
formée,  pour  augmenter  la  force  élastique  d'un  poids  connu  d'air  empri- 
sonné. 

»  Les  résultats  du  calcul  fondé  sur  les  principes  ci-dessus,  admis  en 
physique,  sont  représentés  comme  il  suit  :  • 

»  i°.  La  puissance  dynamique  de  la  flamme,  ou  des  gaz  développés  par 
75oo  calories  (en  retranchant  un  quart  absorbé  par  la  machine  souf- 
flante)  .- 100 

»   20.  455o  calories,  sur  75oo,  produisant  dans  l'a  chaudière  7  kilo- 
grammes de  vapeur .   .   '. •  .       20 

»  3°.  /p5o  calories  employées  à  surchauffer  de  la  vapeur 67 

»  4°-  455o  calories  se  combinant  avec  une  masse  d'air  dans  un 

vase  clos 77 

»  Ces  résultats  démontrent  que  le  moteur  le  plus  économique  est  la 
flamme,  ou  la  réunion  des  gaz  développés  dans  un  foyer  clos  alimenté  d'air 
par  une  machine  soufflante. 

»  Toutefois,  l'application  de  la  flamme  comme  puissance  motrice  est 
impraticable,  parce  que  l'action  des  gaz,  agissant  à  très-hautes  températures, 
ferait  gripper  le  piston  ;  la  fermeture  hermétique  du  foyer  rendrait  trop 
difficile  la  continuité  de  la  combustion;  enfin,  la  soufflerie  devrait  avoir 
des  dimensions  si  grandes,  qu'elle  compliquerait  notablement  le  méca- 
nisme. J'ai  obvié  à  ces  graves  inconvénients  au  moyen  de  la  nouvelle 

5o.. 


(  384) 

machine,  qui  réalise  une  partie  de  l'économie  due  aux  moteurs  agissant  à 
très-hautes  températures. 

»  Description.  —  Cette  machine  se  compose  d'une  capacité  annulaire 
logée  dans  une  chambre  à  feu,  entourée  d'eau,  ménagée  à  la  suite  de  la 
grille  d'une  chaudière  tubulaire.  La  partie  supérieure  de  la  capacité  est 
divisée  en  deux  compartiments  distincts  par  une  cloison  fixe,  tandis  que  la 
partie  inférieure  est  à  moitié  remplie  de  plomb  fondu.  La  machine  est  liée 
par  des  bras  de  fer  avec  un  axe  horizontal,  qui  doit  osciller  sur  deux  pa- 
liers extérieurs  à  la  chambre  qui  la  contient.  Une  des  extrémités  de  l'axe 
fait  corps  avec  la  manivelle  destinée  à  mener  une  bielle,  qui  transforme  le 
mouvement  d'oscillation  en  mouvement  rotatif.  L'autre  extrémité  de  l'axe 
creux  est  embrassée  par  un  manchon  qui  porte  la  boîte  connue  de  distri- 
bution de  la  vapeur.  Cette  dernière  est  conduite  de  la  chaudière  dans  la 
boîte  par  un  tuyau  fixe,  autour  duquel  oscille  hermétiquement  l'axe  creux 
du  manchon. 

»  La  distribution  du  moteur  est  réglée  par  le  mouvement  du  tiroir, 
comme  dans  les  machines  oscillantes,  sans  condensation  et  à  détente. 

»  Pour  mettre  la  machine  en  train,  on  laisse  arriver  la  vapeur  entre  le 
bain  métallique  et  la  cloison  qu'elle  repousse  du  côté  vers  lequel  elle  fait 
monter  le  plomb  fondu.  La  différence  des  niveaux  métalliques  mesure  la 
force  de  la  vapeur  qui  afflue  jusqu'à  ce  que  le  tiroir  l'arrête.  Alors  elle  agit 
par  détente.  Après  la  délente,  vers  la  limite  de  l'oscillation,  le  tiroir  met  en 
communication  les  trois  orifices  qu'il  recouvre.  Aussitôt  la  vapeur  s'échappe 
par  l'ouverture  centrale,'  et  le  plomb  qu'elle  soulevait,  tombe  en  faisant  un 
vide  sous  la  cloison.  Ce  vide  se  remplit  à  l'instant  de  gaz  chauds,  ou  d'air 
froid,  selon  que  l'orifice  central,  sous  le  tiroir,  communique  avec  la  chambre 
à  feu,  ou  avec  l'atmosphère.  Immédiatement  après  l'entrée  des  gaz  dans  la 
machine,  le  tiroir  les  y  emprisonne,  en  continuant  son  mouvement  qui 
laisse  entrer  la  vapeur.  Les  forces  combinées  des  gaz  et  de  la  vapeur  qui  se 
dilatent  dans  la  capacité  annulaire,  repoussent  la  cloison  en  sens  contraire, 
en  agissant  par  détente,  jusqu'à  l'autre  limite  de  l'oscillation,  et  ainsi  de 
suite. 

»  Comparaison  avec  les  machines  à  vapeur.  —  Dans  l'application  aux 
bateaux,  l'appareil  se  composerait  de  quatre  chaudières  contenant  chacune 
une  machine  oscillante  respiratoire.  Une  machine  de  mille  chevaux,  éva- 
luée à  raison  de  35  kilogrammes  de  vapeur  utilisée,  par  heure  et  par  cheval, 
coûte  aujourd'hui  à  la  marine  i  400  000  francs  ;  elle  dépense,  par  heure, 


(  385  ) 

35  ooo  kilogrammes  de  vapeur,  et  5  ooo  kilogrammes  de  houille.  Elle  pèse 
65o  tonneaux  avec  l'eau  dans  la  chaudière,  plus  960  tonneaux  de  houille, 
pour  un  approvisionnement  de  huit  jours.  Enfin,  elle  occupe,  comme  la 
machine  du  Napoléon,  28™, 6  de  longueur  au  milieu  du  bateau,  dont  la 
longueur  totale  est  de  7im,23. 

»  Suivant  notre  système,  une  machine  de  mille  chevaux  coûterait 
5oo  000  francs,  dépenserait  deux  fois  moins  de  houille,  et  elle  occuperait 
deux  fois  moins  de  place.  » 

chirurgie.  —  De  l'utilité  clinique  du  microscope  pour  le  diagnostic  des 
maladies  cancéreuses  ;  par  M.  Alquié,  de  Montpellier.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Velpeau,  Lallemand,  Rayer.) 

«  On  a  publié  récemment  plusieurs  travaux  sur  la  distinction  à  établir 
entre  les  différentes  altérations,  généralement  considérées  comme  cancé- 
reuses. MM.  Lebert,  Gluge,  Sédillot,  Broca,  etc.,  soutiennent  que  bien  des 
tissus  communément  rangés  parmi  les  cancers,  sont  de  simples  cancroïdes, 
et  notamment  les  produits  où  se  trouvent  seulement  des  cellules  épidernri- 
ques  et  épithéliales.  Selon  ces  médecins,  le  vrai  cancer  a  pour  caractère 
spécifique  une  cellule  propre  sans  laquelle,  et  malgré  les  apparences  les 
plus  nombreuses,  il  n'existe  que  des  cancroïdes.  Ceux-ci  ont  une  marche 
plus  lente,  beaucoup  moins  grave,  n'infectent  point  l'économie,  consti- 
tuent des  maladies  locales,  ne  récidivent  point  quand  on  les  extirpe 
complètement,  ne  déterminent  pas  la  cachexie  cancéreuse.  Ainsi  les  altéra- 
tionssquirrheuses,  colloïdes,  mélanées,  etc.,  généralement  adoptées  comme 
cancéreuses,  ne  le  sont  pas  cependant,  quels  que  soient  l'aspect  et  la  marche 
du  mal,  s'il  n'existe  pas  au  sein  de  ces  tissus  morbides  la  cellule  spécifique. 
De  là  résulte  que  la  plupart  des  lésions  si  fréquentes  aux  jlèvres,  à  la  face, 
à  la  dure-mère,  etc.,  ne  sont  pas  des  cancers,  mais  bien  des  cancroïdes 
épidermiques. 

»  C'est  contre  ces  propositions  que  je  viens  m'élever,  à  l'aide  de  nom- 
breuses observations  cliniques  tirées  de  mon  service  chirurgical  à  l'hôpital 
Saint-Eloi  de  Montpellier,  et  des  faits  non  moins  multipliés  empruntés 
à  divers  "observateurs  célèbres.  J'invoque  d'abord  l'opinion  des  praticiens 
et  des  micrographes  les  plus  distingués  de  l'Allemagne,  de  l'Angleterre  et 
de  la  France.  Les  recherches  spéciales  de  Rokitanski,  Bruch,  Gornp-Besa- 


(  386  ) 

nez,  Vogel,  Virchow,  Bonnet,  Mayor,  Velpeau,  etc.,  sont  contraires  au 
sentiment  que  je  viens  combattre.  Je  dois  faire  remarquer  que  le  but  de 
mes  recherches  et  de  mon  Mémoire  n'est  pas  de  faire  une  discussion  d'ana- 
tomie  pathologique  pure,  mais  spécialement  une  étude  au  lit  des  malades, 
afin  de  savoir  l'utilité  des  distinctions  microscopiques  pour  la  clinique  et 
l'art  de  guérir. 

w  Selon  moi,  les  travaux  de  MM.  Lebert,  Broca,  etc.,  établissent  des 
distinctions  anatomiques  entre  des  tissus  de  même  nature  morbide  ou 
produits  par  le  même  vice  de  l'économie  vivante.  Il  est  vrai  que,  parmi 
les  altérations  dont  il  est  question,  les  unes  renferment  une  cellule  spé- 
ciale, et  les  autres  des  cellules  ou  plaques  d'épithélium  ou  d'épiderme; 
les  unes  sont  composées  de  squirrhe  ou  d'encéphaloïde,  les  autres  de  col- 
loïde ou  de  mélanose.  Dans  cette  analyse  physique,  quelque  minutieuse 
qu'on  l'établisse,  ne  se  trouve  pas  le  motif  essentiel  et  pratique  de  leur  dis- 
tinction et  de  leur  diagnostic,  mais  bien  dans  l'histoire  clinique  du  mal  et  du 
malade. 

»  Dans  mon  Mémoire,  je  compare  donc  les  cancroïdes  aux  cancers  sous 
les  principaux  rapports  cliniques.  A  la  faveur  d'observations  nombreuses, 
où  l'étude  microscopique  n'est  jamais  oubliée,  je  démontre  la  ressemblance 
physiologique  des  cancers  et  des  cancroïdes  en  examinant  les  causes,  l'inva- 
sion et  la  marche,  l'ulcération,  l'extension  opiniâtre,  les  récidives,  l'associa^ 
tion  ou  la  transformation  de  ces  divers  tissus  ou  leur  dégénérescence,  la 
cachexie,  les  indications  et  les  moyens  thérapeutiques. 

»  Je  termine  enfin  par  les  conclusions  suivantes  :  L'invasion  et  la  marche 
de  ces  différentes  formes  cancéreuses  en  démontre  l'identité  de  nature; 
développement  lent  et  insidieux,  apparence  d'une  lésion  bénigne,  maladie 
stationnaire  pendant  assez  longtemps,  douleurs  lancinantes,  opiniâtreté 
du  mal,  extension  progressive  et  parfois  rapide  des  désordres  organiques, 
tendance  à  l'ulcère  rebelle  et  destructeur  et  ayant  la  plus  grande  ressem- 
blance dans  la  plupart  des  cas,  récidive  fréquente  de  l'altération  détruite 
par  le  feu  ou  par  les  caustiques  et  malgré  tous  les  soins  et  l'habileté  du 
chirurgien  ;  réunion ,  substitution  ou  transformation  de  ces  différents 
produits  morbides  dans  la  même  région  du  corps;  détérioration  profonde 
de  l'organisme,  cachexie  pareille,  indication  thérapeutique  semblable, 
inefficacité  ordinaire  des  remèdes  opératoires  et  besoin  d'un  médicament 
spécial.  » 


(387) 

ÉCONOMIE  burale.  —  Mémoire  sur  une  observation  tendant  à  éclairer 
l'étiologie  de  la  maladie  de  la  pomme  de  terre  et  de  plusieurs  autres 
végétaux;  par  M.  Roboûam.  (Extrait  par  l'auteur.) 
(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  chargée  de  s'occuper  des  communi- 
cations relatives  à  la  maladie  de  la  vigne  ou  à  la  maladie  des  pommes  de 
terre,  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Duméril,  Magendie,  de 
Jussieu,  Brongniart,  Milne  Edwards,  Decaisne.) 

«  Des  pommes  de  terre  altérées  à  des  degrés  différents  m'ont  été  en- 
voyées, par"  M.  F.  Gall,  des  environs  de  Melun.  Voici  l'état  qu'elles  m'ont 
présenté  :  Le  Rhizoctonia  violacea  les  recouvre,  ce  qui  de  blanches  les  fait 
paraître  violettes.  Leur  altération  commence  par  les  zones  extérieures,  et 
paraît  se  rapprocher  de  l'altération  molle  du  tubercule  dans  la  maladie 
ordinaire,  mais  en  diffère  réellement  par  le  mode  d'envahissement  des 
cellules  amylacées.  Pour  m'assurer  si  la  maladie  spéciale  existait,  je  me 
suis  transporté  sur  les  lieux,  et  j'ai  constaté  sur  les  tiges,  leurs  branches  et 
les  feuilles,  ces  taches  brunes  et  noires,  avec  cette  altération  si  profonde  des 
tissus  devenus  cassants  comme  du  verre,  signes  qui  ne  laissent  aucun  doute 
sur  l'existence  de  la  maladie.  J'ai  poussé  plus  loin  mes  investigations,  j'ai 
fouillé  la  terre  que  j'ai  trouvée  saupoudrée  d'un  blanc  farineux,  dont  on  avait 
déjà  constaté  la  présence  lors  de  l'arrachement  des  pommes  de  terre  l'année 
précédente,  et  lors  du  défrichement  de  la  luzerne  qui  avait  précédé  les 
pommes  de  terre.  J'y  ai  trouvé  une  grande  quantité  de  Coccus  radicum 
dont  j'ai  surpris  aussi  plusieurs  individus  près  du  renflement  terminal  de  la 
racine  d'une  jeune  vigne  tout  récemment  morte.  Une  luzerne  de  quatre  ans, 
aux  trois  quarts  détruite,  était  située  tout  auprès;  j'en  ai  arraché  un  grand 
nombre  de  pieds  ;  tous  étaient  atteints  du  Rhizoctonia  violacea,  et  la  terre 
aussi  était  farcie  de  blanc  et  de  Coccus  radicum.  Enfin  j'ai  trouvé  à  Mont- 
rouge,  sur  du  sainfoin  et  de  la  luzerne  malades,  le  Rhizoctonia  violacea; 
la  terre  était  de  même  remplie  de  blanc,  mais  le  Coccus  radicum  était  ici 
remplacé  par  le  Puceron  lanigère,  hémiptère  qui,  après  avoir  détruit  quel- 
ques centaines  de  pommiers,  s'était  porté  d'abord  sur  le  Ranunculus  acris 
puis  sur  le  sainfoin,  la  luzerne  et  bien  d'autres  plantes  encore.  Cependant 
je  ne  crois  pas  que  ces  êtres  soient  la  seule  cause  de  la  maladie  spéciale  ;  je 
pense,  et  ces  faits  semblent  l'autoriser,  que  toutes  les  causes  qui  vicient  la 
nutrition  dans  le  même  sens,  déterminent  des  phénomènes  morbides,  sinon 
parfaitement  identiques,  du  moins  analogues.  De  même  qu'il  n'y  a  pas  une 
cause  unique  des  états  anémique,  chlorotique,  etc.,  de  même  il  n'y  a  pas 


(  388  ) 

une  cause  unique  des  phénomènes  morbides  constituant  la  soi-disant  ma- 
ladie spéciale.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

anatomie  comparée.  —  Etudes  d'anatomie  philosophique  sur  la  main  et  le 
pied  de  l'homme  et  sur  les  extrémités  des  Mammifères,  ramenées  au 
type  petitadactyle;  par  MM.  N.  Joly  et  A.  Lavocat.  (Extrait  par  les 
auteurs.) 

(Commissaires,  MM.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Duvernoy.) 

«  Dans  le  travail  que  nous  avons  l'honneur  de  soumettre  au  jugement 
de  l'Académie,  nous  cherchons  à  prouver  par  l'analogie,  le  raisonnement 
et  l'observation  directe,  que,  malgré  les  formes  si  variées  que  prennent  la 
main  et  le  pied,  considérés  dans  l'ensemble  des  Mammifères,  malgré  les 
usages  si  divers  auxquels  ils  sont  affectés,  ces  deux  extrémités  sont  néan- 
moins construites  sur  un  même  plan  et  peuvent  être  ramenées  au  même 
type  :  la  pentadactylie. 

»  Pour  arriver  à  cette  démonstration,  appuyés  sur  les  principes  féconds 
de  la  théorie  des  analogues,  nous  nous  livrons  d'abord  à  une  nouvelle 
étude  de  la  main  et  du  pied  del'homme,  et,  après  avoir  établi,  contrairement 
à  l'opinion,  partout  dominante,  qu'il  y  a  réellement  dix  os  carpiens,  nous 
prouvons  facilement  qu'il  existe  aussi  dix  os  tarsiens.  Ces  os  sont  disposés 
sur  deux  rangs,  formés  chacun  de  cinq  pièces  correspondant  aux  cinq 
métacarpiens,  qui,  eux-mêmes,  correspondent  chacun  à  trois  phalanges. 

»  Les  os  carpiens  et  tarsiens  sont  donc  dans  un  rapport  numérique  exact 
avec  ceux  du  métacarpe  et  du  métatarse,  et,  par  conséquent,  aussi  avec 
les  doigts,  dont  ils  font  réellement  partie.  Ces  mêmes  os  sont  plus  constants 
que  tous  ceux  qui  entrent  dans  la  composition  de  la  main  et  du  pied;  mais 
souvent  ils  se  soudent  entre  eux,  d'après  des  combinaisons  très- diverses, 
et  ces  soudures  masquent  (Ruminants,  Solipèdes),  sans  le  détruire,  le  type 
quinaire,  parfois  aussi  très-évident  (taupe,  cochon  d'Inde,  agouti,  échidné, 
ornithorhynque,  etc.). 

»  En  général,  ce  type  quinaire  ou  pentadactyle  est  facile  à  constater  chez 
les  Mammifères  onguiculés,  bien  que  Vicq  d'Azyr  ait  formé  parmi  eux  huit 
classes,  fondées  sur  le  nombre  apparent,  mais  non  réel,  des  doigts.  Aussi, 
ne  nous  arrêtons-nous  pas  à  faire  ressortir  ici  une  vérité  qui  n'a  point 
échappé  à  Cuvier,  et  qui  maintenant  est  assez  généralement  admise.  Nous 


(389) 

nous  bornerons,  en  ce  qui  concerne  les  Onguiculés,  à  signaler  une  erreur  de 
ce  grand  naturaliste  relative  au  nombre  des  phalanges  qu'on  trouve  aux 
doigts  des  chauves-souris  (  ce  nombre  est  normal),  et  à  redresser  une  inter- 
prétation très-fautive  des  os  en  faucille  de  la  main  et  du  pied  de  la  taupe. 
Selon  nous,  ces  os  ne  sont  rien  autre  chose  que  l'apophyse  styloïde 
détachée  du  radius,  ou  bien  la  malléole  interne,  également  détachée  du 
tibia,  et  reportée  au  pied. 

»  Il  est  beaucoup  moins  aisé  de  ramener  au  type  pentadactyle  les  Mam- 
mifères ongulés.  Vicq  d'Azyr  les  divise  en  deux  classes,  selon  qu'ils  ont 
deux  doigts  (Ruminants)  ou  un  seul  (Solipèdes).  Cuvier  s'exprime  à  leur 
égard  ainsi  qu'il  suit  (i)  : 

«  Les  Solipèdes  ont  deux  doigts  imparfaits  et  un  parfait;  en  tout  trois  : 
»  Les  Rhinocéros,  trois;  les  Ruminants,  deux  imparfaits,  deux  parfaits, 
»  en  tout  quatre;  le  tapir  et  l'hippopotame,  quatre  parfaits.  » 

»  Or,  chez  les  cochons,  si  voisins  des  tapirs,  nous  avons  vu  et  fait  voir 
cette  année  même,  à  l'Académie  des  Sciences  de  Toulouse,  un  pouce 
anormalement  développé  :  cette  anomalie  n'était  évidemment  qu'un  retour 
au  type. 

»  Du  cochon  domestique  au  pécari,  il  n'y  a  qu'un  pas,  et  tout  le  monde 
sait  que  chez  ce  dernier  animal,  les  deux  métacarpiens  et  métatarsiens 
principaux  sont  soudés  en  une  espèce  de  canon,  comme  chez  les  Rumi- 
nants, «  avec  lesquels,  dit  Cuvier,  leur  estomac,  divisé  en  plusieurs  poches, 
»  leur  donne  un  rapport  très-marqué.  » 

»  Le  pécari  établit  donc  une  transition  presque  insensible  entre  les 
Pachydermes  et  les  Ruminants,  qui  ne  diffèrent  généralement  des  premiers 
que  par  des  soudures  plus  nombreuses  entre  leurs  os  carpiens  et  tarsiens, 
par  un  moindre  développement  du  premier  et  du  quatrième  doigt  (2),  et  par 
un  pouce  tellement  rudimentaire,  surtout  aux  membres  postérieurs,  que  sa 
présence  est  simplement  indiquée  par  un  bouquet  de  poils  ou  épi  situé  en 


(1)  Anatomie  comparée,  tome  I,  page  432. 

(2)  Pour  établir  les  analogies  qui  existent  entre  les  extrémités  antérieures  et  les  posté- 
rieures, nous  plaçons,  avec  M.  Flourens,  la  main  en  état  de  pronation  par  la  simple  rota- 
tion du  radius.  C'est  là  évidemment  sa  position  naturelle.  De  plus ,  nous  comptons  de  dehors 
en  dedans  les  doigts  et  tous  les  éléments  osseux  qui  entrent  dans  leur  composition.  Ainsi, 
pour  nous,  les  termes  de  premier,  deuxième,  troisième,  quatrième  et  cinquième  doigts 
indiquent  X auriculaire,  X annulaire,  le  médius,  l'index  et  le  pouce. 

C.  il.,  i852,  -i™<  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  12.)  5l 


(  39o) 

dedans  du  carpe,  ou  bien  par  une  petite  plaque  cornée,  rugueuse  et  noi- 
râtre (chamois),  analogue  à  la  châtaigne  du  cheval.  Il  est  à  noter  que  cette 
portion  de  pouce  qui  porte  l'épi  ou  la  châtaigne,  reçoit  à  sa  face  interne 
des  nerfs  et  des  vaisseaux  qui  lui  sont  propres. 

»  Les  rhinocéros  se  laissent  également  ramener  au  type  pentadactyle. 
Aussi,  bien  qu'ils  n'aient  que  trois  doigts  apparents,  Rymer  Jones  a  cepen- 
dant trouvé  chez  eux  deux  pièces  carpiennes  qu'il  nomme  surnuméraires , 
et  qui  sont  situées  l'une  en  dedans  du  scaphoïde,  l'autre  en  dehors  de  l'os 
crochu.  Or  l'existence  de  ces  deux  os  carpiens  suffit  pour  indiquer,  selon 
nous,  celle  du  pouce  et  du  petit  doigt  ici  réduits  aux  éléments  carpiens  qui 
en  forment  la  base.  Ignore-t-on  d'ailleurs,  que  M.  E.  Lartet  a  découvert,  à 
Sansan,  un  rhinocéros  auquel  il  a  donné  le  nom  de  letradactylus }  en  raison 
du  nombre  apparent  de  ses  doigts?  Qui  sait  si  les  rudiments  du  pouce  n'ont 
pas  échappé  à  cet  habile  et  infatigable  paléontologiste?  Du  reste,  ces  rudi- 
ments existent,  même  chez  les  rhinocéros  à  trois  doigts,  où,  comme  nous 
l'avons  dit,  ils  sont  représentés  par  l'os  articulé  en  dedans  du  scaphoïde. 

»  L' A noplotheriwn  ne  faisait  pas  non  plus  exception  à  la  loi  générale, 
puisque,  de  l'aveu  de  Cuvier  lui-même,  outre  ses  deux  grands  doigts,  sem- 
blables à  ceux  des  Ruminants,  mais  à  canons  séparés,  il  en  avait  encore 
trois  autres  réduits  à  l'état  de  vestiges.  Cet  animal  se  rapprochait  donc  beau- 
coup du  genre  Hjœmoschus ,  dont  les  deux  métacarpiens  principaux  restent 
séparés,  comme  l'étaient  ceux  des  Anoplotherium. 

»  Quant  aux  Solipèdes,  si  improprement  nommés  monodactyles ,  en 
nous  basant  sur  des  considérations  empruntées  à  la  tératologie,  à  l'anato- 
mie  comparée  et  à  la  paléontologie,  nous  croyons  avoir  démontré  que  : 

»  i°.  Leur  grand  doigt,  généralement  regardé  comme  unique,  est  double 
en  réalité  et  représente  les  deux  grands  doigts  (index  et  annulaire)  du  porc 
et  des  Ruminants;  i°  l'auriculaire  et  l'index  sont  évidemment  représentés 
par  les  stylets  métacarpiens;  3°  le  pouce,  celui  de  tous  les  doigts  qui,  chez 
les  Mammifères  marcheurs,  se  modifie  le  plus,  en  raison  de  son  peu  d'im- 
portance fonctionnelle,  le  pouce  est  indiqué,  chez  le  cheval,  par  cette 
excroissance  cornée  à  laquelle  les  vétérinaires  ont  donné  le  nom  de  châ- 
taigne, et  que  l'on  voit  à  là  face  interne  des  membres  thoraciques  et  des 
membres  pelviens  dans  la  région  carpienne  et  tarsienne. 

»  La  paléontologie  vient  à  l'appui  de  ces  conclusions  et  les  confirme  de 
la  manière  la  plus  heureuse  et  la  plus  éclatante. 

»  En  effet,  d'après  le  Dr  Raup,  chez  les  Hippotherium  ou  chevaux  de 


(39i  ) 
1  ancien  inonde,  indépendamment  du  doigt  principal,  unique  pour  l'auteur 
allemand,  équivalent,  selon  nous,  au  deuxième  (annulaire)  et  au  troisième 
(médius)  doigt  de  l'homme  ou  des  Ruminants,  il  y  avait  deux  doigts  laté- 
raux pourvus  de  phalanges,  plus  un  prolongement  styloïde  que  le  Dr  Kaup 
regarde  comme  un  quatrième  doigt  rudimentaire,  et  qui,  pour  nous,  est 
incontestablement  le  cinquième.  Sous  ce  rapport,  ces  chevaux  se  rappro- 
chaient donc  des  Palœotheriwn,  et  surtout  du  Palceotherium  hippoides, 
découvert  à  Sansan  par  M.  E.  Lartet  (1). 

»  On  le  voit  par  tout  ce  qui  précède,  afin  d'établir  les  analogies  souvent 
virtuelles,  pour  ainsi  dire,  entre  les  extrémités  de  l'homme  et  celles  des 
Mammifères,  nos  comparaisons  devaient  naturellement  porter  sur  les  pièces 
vraiment  essentielles  de  ces  extrémités. 

»  Or,  avons-nous  dit,  les  os  du  carpe  sont  en  quelque  sorte  la  base  fon- 
damentale de  la  main,  comme  ceux  du  tarse  sont  la  base  fondamentale  du 
pied.  Ils  ont  chacun,  et  surtout  ceux  des  rangées  métacarpienne  et  métatar- 
sienne, une  valeur  et  une  signification  qui  traduisent  assez  fidèlement  l'état 
souvent  obscur  des  doigts.  C'est  donc  l'examen  comparatif  des  os  du  carpe 
et  du  tarse  qui  devait  être  plus  particulièrement  l'objet  de  nos  recherches. 
Par  ce  moyen  si  simple,  qui  est  la  clef  de  notre  méthode,  nous  sommes 
arrivés  à  des  résultats  que  nous  n'aurions  certainement  pas  obtenus  si, 
comme  nos  devanciers,  nous  nous  étions  bornés  à  la  région  phalangienne, 
région  tellement  modifiable,  qu'elle  donne  à  certains  Mammifères  l'appa- 
rence de  ne  posséder  essentiellement  qu'un,  deux,  trois  ou  quatre  doigts. 
De  là  sont  venus  les  termes  de  monodactyles,  didactyles,  tridactyles,  tétra- 
dactyles  réguliers  ou  irréguliers  ;  toutes  dénominations  erronées  en  ce  sens 
que,  d'après  des  caractères  superficiels  et  inexacts,  elles  établissent  une 
profonde  division  entre  des  animaux  qui,  en  réalité  et  à  ce  même  point  de 
vue,  se  rapprochent  et  se  groupent  sous  un  même  type  :  la  pentadactylie. 

»  On  sait  combien  la  nomenclature  des  éléments  osseux  du  carpe  et  du 
tarse  est  défectueuse,  non-seulement  en  anatomie  vétérinaire,  mais  encore 
dans  l'anatomie  humaine  et  comparée.  Obligés  de  signaler  des  os  jusqu'à 
présent  inaperçus  chez  l'homme,  et  désireux  d'éviter  les  inconvénients  que 
présentent  les  noms  trop  significatifs  uniquement  dérivés  de  la  forme  des 
objets  qu'ils  expriment,  nous  nous  sommes  résolus  à  proposer  une  nomen- 
clature nouvelle,  que  nous  croyons  être  plus  que  l'ancienne  en  harmonie 

(i)   Voyez  sa  Notice  sur  la  colline  de  Sansan,  page  3o. 


(39*  ) 

avec  la  vérité.  On  la  trouvera  dans  les  tableaux  synonymiques  et  synop- 
tiques ci-joints. 


Ier  Rang. 

OS  DU  CARPE. 

PROTOCARPIES. 

(Pisiforme,  or- 
bicuiaire). 
(Hors  de  rang,— 
os  crochu ,  —  os 
suscarpien    des 
vétérinaires.  ) 

DEUTOCARPIEN. 

(  Pyramidal.  — 
Cunéiforme.  ) 

TRITOCARPIEN. 

(  Semi-lunaire.  — 
Lunaire.) 

TÉTROCARPIES. 

(Scaphoïde.  — 
Naviculaire.) 

PEMPTOCARPIEN. 

(Sans  nom.) 
Ordinairement 
soudé  au  pré- 
cédent. 

2e  Rang. 

PROTOCARPE. 
(Sans  nom.) 
Ordinairement 
soudé  au  sui- 
vant. 

lECTOCARPE. 

(Os  crochu, — un- 
ciforme.) 

TRITOCARPE. 

(Grand  os.) 
Os  capitatum , 

(Stemm.) 

TÉTROCARI'E. 

(  Trapézoïde.  ) 

PEMPTOCARPE. 

(Trapèze.) 

Doigts. 

Ier  ou 
Auriculaire. 

2e  ou 
Annulaire. 

3e  ou 
Médius. 

4e  ou 
Index, 

5e  ou 
Pouce. 

Ier  Rang. 

OS  DU  TARSE. 

PROTOTARSIEN. 

(Sommet  du  cal- 
canéum.) 

"deototarsien. 

(Partie  antérieure 
du  calcanéum.) 

TRITOTARSIEN. 

(  Astragale.  ) 

TÉTROTARSIEN. 

(  Scaphoïde.  ) 

PEMPTOTARSIEN. 

(Sans  nom.  ) 
Ordinairement 
soudé  au  pré- 
cédent. 

2e  Rang. 

PROTOTARSE. 

(Sans  nom.) 

Ordinairement 
soudé  au  sui- 
vant. 

deutotarse. 
(  Cuboïde.  ) 

TRITOTARSE 

3e  ou  moyen 

cunéiforme    de 

l'homme. 

Ier  ou  grand 
cunéiforme  des 

quadrupèdes 

domestiques. 

TETROTARSE. 

2e  ou  petit 

cunéiforme  de 

l'homme. 

2e  ou  moyen 

cunéiforme  des 

quadrupèdes 

domestiques. 

PEMPTOTARSE. 

ier    ou   grand 
cunéiforme    do 
l'homme. 

3e  cunéiforme, 
tantôt  le  petit, 
tantôtlemoyen, 
chezles  quadru- 
pèdes domesti- 
ques. 

Orteils. 

iflr. 

2«. 

3e. 

4e- 

5e. 

(  393) 

chimie.  —  Examen  de  la  graisse  et  des  concrétions  trouvées  dans  le 
corps  d'un  éléphant  femelle,  mort  récemment  à  Toulouse  (i);  par 
MM.  E.  Filhol  et  flf.  Joly.  (Extrait  par  les  auteurs.  ) 

(Commissaires,  MM.  Ghevreul,  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire.) 

«  Tous  les  anatomistes  qui  ont  disséqué  des  éléphants  ont  été  frappés  de 
la  petite  quantité,  et  même  de  l'absence  complète  de  graisse  qu'ils  obser- 
vaient chez  les  individus  soumis  à  leur  scalpel.  Les  organes  ordinairement 
le  plus  chargés  de  tissu  adipeux  [épiploons,  mésentères,  reins)  n'en  offraient 
aucune  trace  dans  l'éléphant  disséqué  par  Perrault.  Celui  de  Blain  était  dans 
le  même  cas.  Nous  en  dirons  autant  de  celui  dont  Camper  a  étudié 
l'anatomie,  etc. 

»  Après  les  assertions  si  précises  des  auteurs  que  nous  venons  de  citer, 
on  sera  peut-être  surpris  d'apprendre  que  l'éléphant  femelle  mort  cette 
année  à  Toulouse  (6  mai  i852),  était  pourvu  d'une  si  grande  quantité  de 
graisse,  qu'elle  s'échappait  à  l'état  liquide  des  incisions  faites  aux  muscles 
par  le  couteau  des  équarrisseurs,  et  venait  se  figer  à  la  surface  du  sang  qui 
s'écoulait  des  veines  coupées  en  même  temps.  Les  intestins,  les  épiploons, 
les  mésentères,  les  reins,  les  vaisseaux  sanguins  eu  général  étaient  presque 
littéralement  noyés  dans  la  graisse.  Les  ligaments  larges  de  la  matrice  eux- 
mêmes  en  contenaient  en  si  grande  abondance,  que  les  découpures  qui 
festonnent  leurs  bords  libres  paraissaient  avoir  été  farcies  de  substance  adi- 
peuse. Il  en  était  de  même  des  tuniques  de  l'estomac  et  des  intestins  propre- 
ment dits.  Quant  au  foie,  il  avait  presque  entièrement  subi  la  transforma- 
tion graisseuse  si  bien  étudiée  dans  ces  derniers  temps  par  M.  le  professeur 
Lereboullet.  Enfin,  la  plupart  des  ganglions  lymphatiques  de  la  cavité  abdo- 
minale étaient  devenus  d'une  dureté  presque  pierreuse  et  offraient  un 
volume  vraiment  extraordinaire.  Les  plus  petits  avaient  la  grosseur  d'une 
noix;  les  plus  gros  n'avaient  pas  moins  de  10  à  i5  centimètres  de  long,  sur 
7  à  8  de  large.  Leur  tissu  semblait  quelquefois  en  partie  cartilagineux,  en 
partie  osseux  ;  mais,  le  plus  souvent,  il  présentait  une  très-grande  analogie 
avec  celui  des  os  courts,  bien  qu'il  se  fût  formé  au  sein  même  de  la  graisse. 

»  L'analyse  chimique  nous  a  prouvé  que  cette  ressemblance  s'étendait 
jusqu'à  la  composition  tlémentaire.  En  effet,  nous  avons  trouvé  dans  ces 


(i)  MM.  N.  Joly  et  A.  Lavocat  annoncent  qu'ils  préparent,  sur  l'anatomie  de  cet  animal , 
in  travail  qu'ils  se  proposent  de  présenter  prochainement  à  l'Institut. 


(  394) 

concrétions  : 

• .  Matière  organique 82 ,38 

.  Phosphate  de  chaux 1 5 , 1 2 

Carbonate  de  chaux 2,5o 

100,00 
»   Leur  partie  inorganique  renfermait  : 

Phosphate  de  chaux 85 ,84 

Carbonate  de  chaux 1 14,16 

100,00 

»  Dans  son  beau  travail  sur  les  graisses,  M.  Chevreul  n'a  ni  mentionné 
ni  analysé  celle  de  l'éléphant.  Aucun  auteur,  que  nous  sachions,  ne  l'a  étu- 
diée au  point  de  vue  chimique.  Nous  avons  cherché  à  combler  cette  lacune 
importante. 

»  La  graisse  d'éléphant  est  blanche  ou  légèrement  jaunâtre,  douce  au 
toucher,  presque  inodore  quand  elle  est  fraîche.  Sa  consistance  est  analogue 
à  celle  de  l'axonge  :  elle  est  sensiblement  neutre  au  papier  de  tournesol. 
Elle  se  fond  à  28  degrés  centigrades.  Privée  de  sa  partie  liquide,  elle  est 
fusible  à  47°>8o.  Purifiée  par  des  cristallisations  réitérées  dans  l'alcool,  elle 
ne  fond  plus  qu'à  5o  degrés. 

»  A  peine  soluble  dans  l'alcool,  lorsqu'elle  renferme  encore  son  oléine, 
la  graisse  d'éléphant  s'y  dissout  un  peu  mieux  lorsqu'on  l'a  dépouillée  de 
sa  partie  liquide.  Après  cette  opération,  elle  devient  très-soluble  dans 
l'éther,  et  se  dépose  de  ses  dissolutions  sous  la  forme  de  petites  écailles 
brillantes,  satinées,  d'une  blancheur  éclatante. 

»  Cent  parties  de  graisse  d'éléphant  nous  ont  fourni  : 

Graisse  solide  (  margarine) 21 ,3o 

Oléine 78,70 

1 00 , 00 

»  Après  avoir  saponifié  cette  graisse,  nous  en  avons  extrait  les  acides  au 
moyen  de  l'eau  distillée  bouillante  et  de  l'acide  chlorhydrique;  puis  nous 
avons  comprimé  fortement  et  à  plusieurs  reprises  la  masse  obtenue  entre  des 
papiers  à  filtrer,  afin  de  séparer  l'oléine.  La  portion  solide  restée  dans  le 
papier  était  d'une  blancheur  éclatante,  douce  au  toucher,  nacrée,  friable, 
soluble  en  entier  dans  l'alcool  et  dans  l'éther,  rougissant  franchement  le 
tournesol.  Purifiée  à  l'aide  de  plusieurs  cristallisations  dans  l'alcool,  cette 
matière  était  fusible  à  5o,°,6. 

»   La  partie  solide  de  la  graisse  d'éléphant  et  l'acide  qu'elle  fournit   se 


(  395  ) 
fondent  précisément  aux  points  que  M.  Chevreul  a  indiqués  pour  la  marga- 
rine et  pour  l'acide  margarique. 

»  L'analyse  élémentaire  nous  conduit  aussi  à  regarder  l'acide  que  nous 
avons  obtenu  comme  étant  de  l'acide  margarique. 

»  En  effet,  nous  avons  trouvé  qu'il  est  formé,  sur  cent  parties,  de 

Carbone 75, 3o 

Hydrogène. 12, 35 

Oxygène 1 2 ,  35 

100,00 

»  L'oléine  de  la  graisse  que  nous  venons  d'analyser  est  de  couleur  jaunâ- 
tre. Sa  consistance  est  analogue  à  celle  de  l'huile  d'olives.  Elle  est  très-peu 
soluble  dans  l'alcool;  l'éther  la  dissout  avec  facilité.  L'acide  hypoazotique 
ne  la  transforme  pas  en  acide  élaïdique,  ce  qui  la  rapproche  des  huiles  sicca- 
tives; cependant  elle  ne  s'est  pas  desséchée  comme  ces  dernières,  quand 
nous  l'avons  laissée  exposée  au  contact  de  l'air. 

»  Nous  avons  fait  avec  la  graisse  d'éléphant  une  très-bonne  pommade, 
ainsi  que  du  savon  à  détacher  et  du  savon  de  toilette.  » 

zoologie.  —  Mémoire  sur  un  nouveau  genre    de  Reptile  saurien ,  de  la 

famille  des    Chalcidiens  {le   Lépidophyme),    et  sur   le  rang   que   les 

AmpUishéniens  doivent  occuper  dans  la  classe  des  Reptiles;  par  M.  le 

Dr  ACG.  DUMÉRIL. 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Isid.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Duvernoy.) 
«  Le  Reptile,  dont  la  description  détaillée  est  donnée  dans  ce  travail, 
appartient,  par  tout  l'ensemble  de  son  organisation,  à  la  famille  de  Sau- 
riens, décrite  dans  le  tome  V  de  X Erpétologie  générale de  MM.  Duméril  et 
Bibron,  sous  les  noms  de  Chalcidiens  ou  Cjclosaures ,  et,  en  particulier,  à 
la  première  tribu,  celle  des  Ptychopleures. 

»  Les  caractères  tout  à  fait  exceptionnels  de  l'écaillure  de  ce  Lézard, 
laquelle  consiste  en  un  mélange  d'écaillés  granuleuses,  fort  petites,  et  de 
tubercules  coniques  et  pointus,  ne  permettent  son  classement  dans  aucun 
des  genres  admis,  jusqu'ici,  par  les  zoologistes.  Ceux  dont  il  s'éloigne  le 
moins  sont  les  Zonures,  et  spécialement,  l'espèce  connue  sous  le  nom  de 
Zonure  microlépidote,  puis  le  Tribolonote,  si  remarquable  par  les  fortes 
épines  dont  il  a  le  dos  hérissé.  Ces  analogies  ne  sont  cependant  pas  assez 
manifestes,  pour  que  ce  Reptile  puisse  prendre  rang  dans  l'une  ou  dans 
l'autre  de  ces  coupes  génériques.  Il  a  donc  dû  devenir  le  type  d'un  genre 


(  396  ) 

nouveau,  comme  cela  a  été  indiqué  dans  le   Catalogue  méthodique  de  la 
Collection  des  Reptiles  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris. 

»  Le  nom  de  Lépidophyme,  qui  lui  a  été  donné,  rappelle,  par  sa  signifi- 
cation même,  la  particularité  la  plus  remarquable  de  cet  animal,  celle  qui 
consiste  dans  les  écailles  saillantes  ou  tuberculeuses  dont  les  téguments 
sont  revêtus. 

»  On  ne  connaît  encore  qu'une  seule  espèce.  Elle  est  représentée  au 
Musée  de  Paris  par  un  bel  individu  donné  par  M.  Arthur  Morelet,  qui  l'a 
rapporté,  avec  plusieurs  autres  animaux  précieux,  de  la  province  du  Peten 
(Amérique  centrale). 

»  Cette  espèce,  en  raison  de  son  système  de  coloration  tres-caractéris- 
tique,  a  été  nommée  Lépidophyme  taches-jaunes  [Lepidophrma  Jlavi-ma- 
culatum),  A.  Dum. 

»  La  famille  des  Chalcidiens  ou  Cyclosaures,  dont  le  Lépidophyme, 
comme  il  vient  d'être  dit,  fait  partie,  comprend,  telle  qu'elle  a  été  instituée 
par  les  auteurs  de  Y  Erpétologie  générale,  des  animaux  fort  différents  entre 
eux,  mais  réunis  cependant  par  un  petit  nombre  de  caractères  communs. 
Le  principal  est  la  disposition  verticillée  des  téguments.  Malgré  ces  analo- 
gies, ils  ont  dû  partager  cette  famille  en  deux  sous-familles  ou  tribus.  Dans 
l'une,  ils  ont  réuni  tous  les  genres  à  peau  écailleuse,  à  yeux  apparents,  et 
à  sillon  latéral,  c'est-à-dire  les  Chalcides,  types  de  ce  groupe,  les  Zonures, 
quelques  petits  genres  voisins,  puis  les  Tribolonotes,  les  Pseudopes  et  les 
Ophisaures,  et,  à  l'exemple  de  M.  Wiegmann,  ils  les  ont  nommés  Ptycho- 
pleures. 

»  L'autre  tribu,  celle  des  Glyptodermes,  ne  comprend  qu'un  groupe, 
parfaitement  délimité  :  ce  sont  les  Amphisbéniens,  très-remarquables  par 
l'aspect  singulier  de  leurs  téguments  sans  écailles,  et  comme  quadrillés,  el 
par  l'absence  des  paupières,  la  peau  un  peu  amincie  recouvrant  complète 
ment  les  yeux. 

»  Or,  ces  deux  particularités  si  notables  ont  fait  naître  chez  les  zoolo- 
gistes beaucoup  d'hésitations  relativement  à  la  place  qu'il  convient  d'assi- 
gner à  ces  Reptiles. 

»  MM.  Duméril  et  Bibron  eux-mêmes  ont  déclaré,  dans  la  préface  de  leur 
cinquième  volume,  que  le  classement  adopté  par  eux  ne  pouvait  pas  être 
conservé,  et  que  le  groupe  des  Glyptodermes  devait,  d'après  leur  nouvelle 
manière  de  voir,  former  une  division  à  part. 

»  C'est  cette  assertion  émise  sans  les  preuves  à  l'appui,  dont  la  seconde 
partie  de  ce  Mémoire  a  eu  pour  but  de  démontrer  l'exactitude. 


(  397  ) 

»  Il  y  est,  en  effet,  prouvé,  par  l'examen  détaillé  de  l'organisation  des 
Amphisbéniens,  que  ce  sont  des  Sauriens  assez  différents  de  tous  les  autres 
Reptiles  du  même  ordre,  gtiir  pouvoir  être  réunis  en  une  famille  distincte, 
qui,  prenant  rang  après  les  nuit  premières,  peutservir,  en  quelque  sorte,  de 
lien  entre  les  Sauriens  et  les  Typhlops  ou  Serpents  aveugles  qui  ouvrent  la 
série  des  Ophidiens  dans  Y  Erpétologie  générale. 

»  Quant  à  leur  assimilation  aux  Serpents  proprement  dits,  elle  n'est  pas 
possible,  comme  l'ont  parfaitement  établi  M.  J.  Miiller  et,  en  dernier  lieu, 
MM.  Duméril  et  Bibron. 

»  Ils  ne  sont  pas  non  plus  assez  différents  des  Sauriens,  pour  qu'il  soit 
nécessaire  de  créer  pour  eux,  ainsi  que  certains  naturalistes  l'ont  proposé, 
un  ordre  intermédiaire  aux  Sauriens  et  aux  Ophidiens.  » 

chirurgie.  —  Nouveau  traitement  des  rétentions  d'urine  chez  les 
hommes  âgés;  par  M.  Aug.  Mercier. 

(Commissaires,  MM.  Roux,  Lallemand,  Velpeau.) 

«  L'auteur  résume,  dans  les  termes  suivants,  les  conséquences  qui  se 
déduisent  de  son  travail  : 

»  i°.  La  rétention  d'urine  peut  résulter  et  résulte  souvent  de  deux  es- 
pèces de  valvules  survenant  au  col  de  la  vessie,  les  unes  musculaires  et  les 
autres  prostatiques;  les  premières  appartenant  spécialement  à  la  jeunesse 
et  à  l'âge  mûr,  les  secondes  à  la  vieillesse  ;  les  premières  tout  à  fait  incon- 
nues avant  moi,  les  autres  entrevues  par  quelques  pathologistes,  mais 
jamais  décrites  et  surtout  traitées  d'une  manière  rationnelle  et  efficace. 

»  20.  Les  premières  peuvent  être  opérées  avec  succès  par  l'incision  et 
par  l'excision;  mais  les  secondes  exigent  presque  toujours  l'excision. 

»  3°.  Cette  opération  est  des  plus  innocentes. 

»  4°-  Certaines  petites  tumeurs  de  la  portion  sus-montanale  de  la  pro- 
state, ainsi  que  certaines  tumeurs  plus  volumineuses,  mais  étalées  et  à  large 
base,  que  je  serais  tenter  de  nommer  valvulif ormes ,  peuvent  et  doivent  être 
traitées  par  ce  dernier  procédé. 

»  5°.  Il  résulte  de  là  que,  sur  dix  cas  de  rétention  d'urine  chez  les  vieil- 
lards, rétentions  qui  passent  encore  pour  incurables  même  aux  yeux  des 
médecins,  huit  au  moins  pourraient  être  guéries  par  cette  opération  si  l'on 
avait  soin  de  ne  pas  attendre  l'apparition  de  complications  plus  graves 
que  la  maladie  primitive. 

»  6°.  L'âge   du  sujet  n'est  jamais,  à  lui  seul,  une  contre-indication, 

C.  K.,i85a,  *"">  Semestre.  (T.XXXV,N°  12.)  5a 


(  398  ) 

puisque  j'en  ai  opéré  de  soixante- seize  et  de  soixante-dix-huit  ans.  Il  en 
est  de  même  du  degré  et  de  l'ancienneté  de  l'affection,  puisque  l'un  de  mes 
malades  a  été  guéri  d'une  rétention  d'urine  qui,  depuis  sept  années,  était 
complète.  J'en  ai  également  guéri  qui  étaient  atteints  de  complications 
très-graves . 

»  70.  Des  faits  datant  de  plusieurs  années  déjà  prouvent  que  la  guérison 
est  radicale,  et  même  que  le  temps  peut  ajouter  à  l'amélioration  immé- 
diate. » 

physiologie.  —  Sur  les  >  rayons  lumineux  qui  se  voient  autour  des 
flammes  :  Note  additionnelle  à  un  précédent  Mémoire  sur  la  vision  ; 
par  M.  Trocessart. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Arago,  Pouillet,  Babinet.  ) 

«  Dans  cette  Note,  dit  l'auteur,  j'explique,  d'après  mon  hypothèse, 
mieux  qu'on  ne  l'avait  fait  jusqu'ici,  je  crois,  les  rayons  lumineux  qu'on 
observe  autour  des  flammes,  quand  on  regarde  ces  flammes  à  travers  les 
paupières  à  demi  fermées.  Je  montre  que  ces  rayons  ne  sont  qu'un  cas 
particulier  d'un  phénomène  très-général,  et  qui  consiste  dans  les  images 
multiples  que  donnent  les  flammes  et  tous  les  corps  très-lumineux,  en  se 
réfléchissant,  sous  une  grande  obliquité,  à  la  surface  des  corps  placés,  de 
côté,  très-près  de  l'œil;  images  multiples  qui  sont  une  conséquence  néces- 
saire de  la  multiplicité  des  surfaces  limites  que  présentent  à  l'œil  les  objets 
que  l'on  en  tient  ainsi  très-près.  Dans  les  mêmes  circonstances  de  proximité 
de  l'œil,  on  observe  des  phénomènes  analogues  par  réfraction,  en  regar- 
dant une  flamme  à  travers  le  bord  d'un  corps  transparent,  celui  d'un  verre 
de  montre  par  exemple.  Les  images  multiples,  formées  ici  par  réfraction, 
sont  toujours  vivement  colorées.  J^a  multiplicité  des  bords,  lorsque  la  cour- 
bure est  très-grande,  peut  donner  naissance,  soit  par  réflexion,  soit  par 
réfraction,  au  phénomène  des  réseaux.  » 

hygiène.  —  Mémoire  sur  l'hygiène  des  ouvriers  qui  travaillent  les  coquilles 
de  nacie  de  perle;  par  MM.  A.  Chevallier  et  Marier. 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Payen,  Morin.) 

«  De  l'étude  que  nous  avons  faite  des  maladies  qui  atteignent  ces 
ouvriers,  il  résulte,  disent  les  auteurs  : 

»  i°.  Que  le  travail  de  la  nacre  expose  ceux  qui  s'y  livrent  à  contracter 
des  affections  diverses  :  la  bronchite  aiguë  et  chronique,  l'emphysème  pul- 


(  399) 
monaire,  l'hémoptysie,  enfin  des  ophthahnies  plus  ou  moins  graves  selon  les 
individus; 

»  i°.  Que  la  poussière  de  nacre  de  perle  que  l'on  range  parmi  les  pous- 
sières dures,  ne  détermine  la  phthisie  que  chez  les  individus  qui  y  sont  pré- 
disposés ; 

»  3°.  Qu'il  est  des  moyens  à  mettre  en  pratique  pour  soustraire  les 
ouvriers  aux  poussières  produites  pendant  le  travail,  moyens  que  nous 
indiquons.  » 

M.  Toynbée  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  écrit  en 
anglais  et  ayant  pour  titre  :  Sur  l  emploi  d'une  membrane  du  tympan  arti- 
ficielle, dans  les  cas  de  perforation  ou  de  destruction  de  cette  partie  de 
l'appareil  auditif. 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Milne  Edwards,  Velpeau,  Lallemand.) 

M.  Crochut  envoie  la  description  succincte  d'un  appareil  qu'il  fait 
construire  présentement  et  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  Machine  aérienne 
dirigeable  par  l'air. 

(Commissaires,  MM.  Cagniart-Latour,  Séguier.) 

M.  de  Pakavey  adresse  des  recherches  sur  les  noms  de  la  squille  mari- 
time et  de  la  pivoine  dans  les  langues  anciennes  et  modernes,  et  sur  les 
conséquences  historiques  qui  peuvent  se  déduire  du  rapprochement  de  ces 
noms. 

(Commissaires,  MM.  Gaudichaud,  Decaisne.) 

M.  Duran  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Com- 
mission à  l'examen  de  laquelle  a  été  renvoyé  un  Mémoire  sur  la  physique 
générale  qu'il  a  autrefois  présenté;  il  adresse  en  même  temps  un  opuscule 
imprimé  qu'il  croit  de  nature  à  faciliter  l'intelligence  de  ce  qui  pourrait 
paraître  obscur  dans  le  travail  en  question. 

Renvoi  à  la  Commission  nommée  à  l'époque  de  la  présentation  du 
Mémoire  de  M.  Duran,  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Arago, 
Becquerel,  Babinet.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Intérieur,  de  l'Agriculture  et  du   Commerce,  en 

transmettant  un  Mémoire  de  M.  Fournerie  sur  la  tonnellerie  métrique  avec 

5a.. 


(   hoo  ) 

des  tableaux  qui  s'y  rapportent,  exprime  le  désir  de  connaître  le  jugement 
de  l'Académie  sur  ce  travail. 

Il  sera  répondu  à  M.  le  Ministre  que  ce  travail  a  été  déjà  l'objet  d'un 
Rapport  inséré  en  entier  dans  le  Compte  rendu  des  séances  de  L'Académie, 
publication  dont  les  numéros  sont  adressés,  à  mesure  qu'ils  paraissent,  à 
chacun  des  Ministères. 

M.  Pocillet  communique  l'extrait  suivant  d'une  Lettre  qu'il  a  reçue  de 
M.  de  l'Espée,  Président  du  Conseil  d'administration  du  chemin  de  fer  de 
Rouen,  auquel  il  avait  demandé,  de  la  part  de  l'Académie,  des  renseigne- 
ments sur  le  coup  de  foudre  extraordinaire  qui  a  été  observé  sur  cette  ligne 
dans  le  cours  du  mois  de  mai. 

«   Pari?,  18  septembre  i85a. 

»...  Je.  vais  essayer  de  vous  raconter,  aussi  exactement  que  possible, 
ce  que  j'en  ai  appris  en  interrogeant  un  témoin  oculaire,  dont  les  souvenirs 
m'ont  paru  fort  présents. 

»  Le  1 7  mai  dernier,  vers  cinq  heures,  le  chef  de  la  station  de  Beuze- 
ville  reçut  du  Havre,  qui  est  à  9.6  kilomètres,  l'avis  télégraphique  que,  le 
temps  étant  très-nuageux,  il  y  avait  lieu  de  mettre  son  appareil  en  commu- 
nication avec  le  sol.  Il  le  fit,  quoiqu'il  n'y  eût  pas  alors  d'orage  à  portée. 
Peu  après,  un  vent  violent  s'éleva,  des  nuages  épais  s'amoncelèrent;  et 
comme  il  ne  tombait  pas  une  goutte  de  pluie,  le  chef  de  la  station  crut 
que  l'orage  passerait  pour  aller  tomber  plus  loin,  et  il  continua  le  charge- 
ment d'un  wagon  de  plâtre  qu'il  devait  livrer  au  premier  train.  A  ce 
moment,  il  était  plus  de  cinq  heures,  trois  coups  de  tonnerre  violents  se 
succédèrent  à  peu  d'intervalle;  au  troisième,  la  foudre  tomba  derrière  une 
ferme,  à  i  kilomètre  environ  de  la  station;  des  arbres  masquèrent  le  point 
où  la  brillante  et  forte  décharge  atteignit  le  sol.  Mais,  au  même  moment, 
on  vit  sortir,  jaillissant  de  derrière  les  arbres,  un  globe  de  feu  de  la  gros- 
seur apparente  d'un  petit  obus,  d'une  couleur  rouge-brun,  décrivant  une 
trajectoire  allongée,  laissant  derrière  lui  une  traînée  de  vive  lumière,  mar- 
chant à  une  vitesse  modérée  que  l'œil  suivait  très-facilement,  suivant  une 
courbe  régulière  et  paraissant,  d'après  sa  direction  apparente,  devoir  dé- 
passer la  station  sans  s'y  arrêter.  Le  mouvement  de  ce  globe,  la  vive  lumière 
qu'il  laissait  derrière  lui  le  faisaient  ressembler  à  un  projectile  à  fusée,  tiré 
dans  une  école  de  nuit.  On  se  le  montrait  avec  admiration,  quand  on  le 
vit  se  poser,  comme  un  oiseau,  sur  les  fils  électriques,  à  une  centaine  de 
mètres  de  la  station.  A  ce  moment  il  disparut,  et  toute  lu  m'ière  avec  lui,  avec 


(  4o.  ) 

la  rapidité  de  la  pensée.  Il  ne  laissa  nulle  trace  sur  les  fils,  ni  au-dessous; 
mais  à  la  station,  la  femme  du  chef,  qui  en  ce  moment  préparait  des  billets, 
fut  témoin  des  phénomènes  suivants  :  l'appareil  fut  mis  en  mouvement,  les 
aiguilles  tournèrent  rapidement  avec  un  bruit  strident  comme  celui  d'un 
tourne-broche  se  lâchant  tout  à  coup,  ou  comme  une  meule  aiguisant 
rapidement  un  fer  d'où  jailliraient  des  étincelles;  il  en  sortait  effectivement 
et  en  grand  nombre  des  aiguilles  de  l'appareil.  L'une  d'elles,  celle  du  côté 
de  Rouen,  resta  affolée;  toutes  les  vis  de  cette  partie  de  l'appareil  furent 
dévissées,  et  sur  le  cadran  de  cuivre,  près  du  pivot  de  l'aiguille,  on  remar- 
qua un  trou  à  faire  passer  un  grain  de  blé.  L'autre  partie  de  l'appareil  ne 
subit  aucune  altération,  l'aiguille  du  Havre  conserva  sa  marche  régulière; 
son  cadran,  les  vis,  etc.,  restèrent  intacts. 

»  Aucune  odeur  sulfureuse  ne  se  répandit. 

»  Après  ce  coup,  la  pluie  d'orage  tomba  avec  violence,  et  il  n'y  eut  plus 
rien  de  remarquable. 

»  La  femme  du  chef  de  station  fut  fort  effrayée,  mais  ne  ressentit  aucune 
secousse,  ni  effet  physique  quelconque,  et  son  mari  resta  persuadé  que, 
sans  la  mise  en  communication  de  son  appareil  avec  le  sol,  il  y  aurait  eu 
de  grands  effets  de  foudre  dans  son  établissement. 

»  Tels  sont,  cher  collègue,  mes  renseignements  sur  cette  espèce  de  mé- 
téore fulgurant.  Sa  couleur  rouge-brun  assez  terne,  le  jet  lumineux  très-vif, 
au  contraire,  qu'il  laissait  derrière  lui,  la  courbe  allongée  qu'il  décrivait, 
régulière  sans  aucun  zigzag,  sa  marche  régulière  aussi,  suspendue  instan- 
tanément, mais  sans  à-coup  ni  jarret  de  la  courbe,  puis  sa  rencontre  avec 
les  fils  sur  lesquels  il  a  semblé  se  poser  comme  un  oiseau,  voilà  des  faits 
que  je  me  suis  fait  répéter  plusieurs  fois,  et  qui  m'ont  été  redits  avec  exac- 
titude et  ponctualité  par  un  homme  âgé,  ancien  militaire,  d'un  caractère 
solide  et  sûr,  et  dont  la  femme  est  elle-même  assez  ferme  pour  ne  pas  s'être 
laissé  impressionner  outre  mesure  de  ce  qu'elle  a  vu  et  éprouvé.  » 

M.  Arago  fait  remarquer,  à  cette  occasion,  que  cette  relation  et  celle 
qu'avait  adressée  précédemment  M.  Delalande  reposent  sur  les  observa- 
tions d'une  même  personne,  de  sorte  que  dans  les  points  peu  nombreux 
où  elles  semblent  différer,  on  doit  rester  dans  le  doute. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  met  sous  les  veux  de  l'Académie  un 
opuscule  imprimé  de  M.  Bridge,  qui  y  élève  quelques  réclamations  à  l'é  - 


(  4û2  ) 

gard  d'un  autre  physiologiste,  M .  fValler,  qu'il  a  eu  pour  collaborateur 
dans  un  travail  précédemment  présenté  à  l'Académie. 

Cette  brochure  est  renvoyée  à  l'examen  de  la  Commission  du  prix  de 
Physiologie  expérimentale  qui  aura  à  s'occuper  du  travad  en  question. 

L'Institution  Smithsoxif.xxe  ,  en  adressant  une  nouvelle  série  de  ses 
publications  et  divers  autres  travaux  de  Sociétés  scientifiques  américaines, 
exprime  le  désir  d'être  comprise  dans  le  nombre  des  établissements  auxquels 
l'Académie  fait  don  de  ses  publications  ;  elle  indique  les  lacunes  qui  exis- 
tent dans  ces  publications  qu'elle  s'est  procurées  par  la  voie  du  commerce  et 
l'intérêt  qu'elle  attacherait  à  les  pouvoir  compléter. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.  ) 

Le  Secrétaire  de  la  Correspondance  scientifique  de  Rome,  en  adres- 
sant une  nouvelle  série  de  numéros  de  ce  Recueil,  demande  à  recevoir  en 
échange  les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie. 
(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

médecine.  —  Procédé  pour  faire  cesser  les  crampes  des  cholériques. 
(Extrait  d'une  Note  de  M.  Guyon.ï 

«  La  réapparition  du  choléra  en  Pologne  et  en  Prusse  m'engage  à  porter 
a  votre  connaissance  un  fait  important  dans  la  thérapeutique  de  cette  ma- 
ladie. Je  veux  parler  de  la  cessation  immédiate  des  crampes  des  jambes,  en 
renversant  le  pied  sur  la  jambe.  A  cet  effet,  on  saisit  le  talon  d'une  main,  tandis 
que  de  l'autre,  avec  laquelle  on  saisit  également  la  pointe  du  pied,  on  opère  le 
renversement  de  cette  dernière  partie.  Or  on  sait  combien  on  tourmente  les 
malades  pour  remédier  aux  crampes  des  jambes  dans  le  choléra  (frictions 
plus  ou  moins  rudes  et  douloureuses,  application  de  rubéfiants  plus  ou 
moins  irritants,  etc.),  ajoutant  ainsi,  et  en  pure  perte,  les  douleurs  de  la 
médication  à  celles  de  la  maladie.  Je  passe  sous  silence  le  refroidissement 
des  parties,  auquel  on  les  expose  en  les  découvrant,  soit  pour  les  friction- 
ner, soit  pour  y  faire  des  applications  rubéfiantes. 

»  J'ai  employé  et  fait  employer,  en  Algérie  et  dans  la  régence  de  Tunis, 
dans  les  dernières  épidémies  cholériques  de  ces  contrées,  le  moyen  dont 
je  viens  de  parler,  moyen  aussi  rationnel  qu'il  est  de  facile  exécution,  et 
que,  depuis,  j'ai  consigné  dans  plusieurs  opuscules.  Le  premier  médecin 
de  Son  Altesse  le  bey  de  Tunis,  M.  le  Dr  Lumbroso,  à  qui  je  l'avais  recom- 


(  4<>3  ) 

mandé  pendant  mon  séjour  dans  ce  pays,  en  parle  ainsi  dans  son  histoire 
du  choléra  de  la  régence  de  Tunis,  de  1849  à  i85o  : 

«  J'ai  mis  en  pratique  le  moyen  que  m'avait  indiqué  M.  le  Dr  Guyon, 
»  pour  faire  cesser  les  crampes  des  extrémités,  et  j'en  ai  toujours  obtenu 
»  la  cessation  instantanée  [istantaned]  de  ce  terrible  symptôme.  »  (Cenni 
storico-scientifici  sul  cholera-morbus  che  invase  la  reggence  di  Tunis  nel 
1 849-1 85o,  p.  220.  Marsiglia,  i85o.) 

»  J'ajoute  que  les  crampes  des  doigts  et  des  mains,  dans  la  même  mala- 
die, disparaissent  comme  celles  des  jambes,  par  l'extension  des  doigts  sur 
la  main,  et  de  la  main  sur  l'avant-bras  (face  dorsale).  A  cet  effet,  tenant 
l'avant-bras  d'une  main,  et  après  avoir  saisi,  de  l'autre,  les  parties  cram- 
pées,  on  les  renverse  sur  l'avant-bras,  non  brusquement,  mais  avec  une  cer- 
taine lenteur.  Il  va  sans  dire  qu'on  doit  procéder  de  même  pour  l'extension 
des  orteils  sur  le  pied,  et  du  pied  sur  la  jambe,  dans  les  crampes  des  extré- 
mités inférieures » 

M.  IK1t1.su:  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  un  Mémoire 
sur  Y iléadelphie  qu'il  a  lu  dans  une  des  dernières  séances  et  qu'il  se  propose 
île  publier. 

M.  PiciioN  Prémêlé  annonce  que  la  ville  de  Seés  (Orne)  doit  inaugurer, 
le  3  octobre  prochain,  une  statue  en  bronze  du  célèbre  Conté,  et  exprime, 
au  nom  de  la  municipalité  de  cette  ville,  le  désir  devoir  quelque  Membre  de 
l'Académie  s'associer  à  cet  hommage  rendu  à  un  homme  qui  a  fait  de  si 
utiles  applications  de  la  science. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  F. 


■  »»a. 


(  4o4  ) 

BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  20  septembre  i852,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l Académie  des  Sciences, 
2e  semestre  i85a  ;n°  1 1  ;  in-4°. 

Institut  national  de  Fiance.  Académie  française .  Discours  prononcés  à  l'inau- 
guration des  statues  de  Bernardin  de  Saint-Pierre  et  de  Casimir  Delavigne, 
au  Havre,  le  lundi  9  août  i85a;  in-4°. 

Institut  national  de  France.  Académie  des  Sciences  morales  et  politique:,. 
Inauguration  des  statues  de  BERNARDIN  DE  Saint-Pierre  et  de  CASIMIR 
Delavigne,  au  Havre,  le  lundi  9  août  i85a,  discours  prononcé  par  M.  Michel 
Chevalier,  Membre  de  l'Académie;  une  feuille  in-/j°- 

Statistique  géologique ,  minéralogique ,  métallurgique  du  département  de  la 
Meuse;  par  M.  Amand  Buvignier.  Paris,  i85a;  1  vol.  in-8°,  accompagné 
d'un  atlas  in -fol.  de  32  planches. 

Traité  sur  les  maladies  chroniques  qui  ont  leur  siège  dans  les  organes  de 
l'appareil  respiratoire;  par  M.  I.  Bricheteau.  Paris,  i852;  1  vol.  in-8°. 
(Concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

Topographie  et  statistique  médicales  de  la  ville  et  de  la  commune  d'Auluu; 
par  M.  L.-M.  GVJYTON.  Autun,  i852;  1  vol.  in-8°.  (Concours  pour  le  prix 
de  Statistique.  ) 

Révolution  dans  la  marche;  parM.  Lutterbach.  Paris,  i85i;  1  vol.  in-12. 

Catalogue  des  corps  organisés  fossiles  qui  se  rencontrent  dans  le  déparlement 
de  l'Isère.  Grenoble,  i852;  broch.  in-8°. 

Histoire  de  la  nature,  ou  Synthèse  générale  de  la  création  et  du  perfection- 
nement des  êtres,  d'après  le  code  des  créations  et  la  révélation  scientifique ,  de 
J.-A.  Duran;  par  A.  DE  Laurrière.  Nice,  i852;  broch.  in-8°. 

Description  d'un  monstre  pygomèle ,  de  l'espèce  bovine,  suivie  de  l'analyse 
chimique  du  lait  fourni  par  chacun  des  individus  composants;  par  MM.  N.  JOLï 
et  E.  FlLHOL;  broch.  in-8°.  (Extrait  des  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences 
de  Toulouse.) 

Études  tératologiques  sur  une  chatte  Gastromèle  ,  observée  vivante  à  Tou- 
louse; par  M.  N.  Joly;  broch.  in-8°.  (Extrait  des  mêmes  Mémoires.) 

Réponse  aux  assertions  de  M.  le  Dr  Waller  ;  par  M.  Jules  Budge,  profes- 
seur à  l'Université  de  Bonn;  broch.  in-8°.  (Cette  brochure  est  adressée 
pour  le  concours  de  Physiologie  expérimentale.) 


(  4o5) 

Les  trois  règnes  de  ta  nature.  —Règne  animal.  —  Histoire  naturelle  des  oiseaux, 
i  tassés  méthodiquement,  avec  l'indication  de  leurs  mœurs  et  de  leurs  rapports 
nuée  les  arts,  le  commerce  et  l'agriculture;  par  M.  Emm.  Le  MaOUT;  21e 
à  a3e  livraisons;  in-8°. 

Exposé  des  travaux  de  la  Société  des  Sciences  médicales  de  la  Moselle;  1 85 1 . 
Metz,  i85a;  1  vol.  in-8°. 

Annales  forestières;  10e  année;   10  septembre  1 85  2;  in-8°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  de  Monfort, 
et  rédigée  par  M.  l'abbé  MoiGNO;  ire  année;  n°2i;  19  septembre  i85a; 
in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  pratiques  et  de  Pharmacologie;  tome  V; 
n°  it\  ;  20  septembre  i8j2  ;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médico-chirurgicales ,  publié  par  M.  le  docteur 
A.  Martijn-Lauzer ;  n°  18;  i5  septembre  i852;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie,  recueil  pratique  rédigé  par  M.  BouChardat; 
septembre  i852;  in-8°. 

Revue  thérapeutique  du  Midi.  Journal  de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de  Phar- 
macie pratiques  ;  fondé  par  M.  le  professeur  Fuster,  et  rédigé  par  MM.  les 
I)ra  Barbas  te  et  Louis  Saurel;  n°  17;  i5  septembre  i85a;  in-8°. 

Cenni  storico-scieutifici...  Essais  sur  l'épidémie  du  choléra-morbus  asia- 
tique qui  a  régné  en  i84ç)-i85o  dans  la  régence  de  Tunis;  par  M.  A.  Lum- 
broso,  premier  médecin  du  bey  de  Tunis.  Marseille,  i85o;iri-8°. 

Giornale...  Journal physico-chimique  italien.  Venise,  i85i  ;  iu-8°. 

Giornale...  Journal  physico-chimique  italien,  ou  Recueil  de  Mémoires  con- 
cernant les  travaux  italiens  sur  la  physique  et  ta  chimie  ;  publié  par  M.  l'abbé 
F.  Zantedeschi;  7e  année,  ire  et  2  e  livraison.  Padoue,  i85a;  in-8°. 

Il  cimento...  Revue  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Arts;  ire  année;  fasci- 
cule 7.  Turin,  1802;  in-8°. 

Expérimental  researches...  Recherches  expérimentales  sur  l'électricité; 29e sé- 
rie; par  M.  F.  Faraday;  broch.  in-4°. 

On  the...  Sur  le  caractère  des  lignes  de  force  magnétique  ;  par  le  même; 
broch.  in-8°. 

Sinithsonian   contributions...    Contributions   smitlisoniennes   pour   l'avan-. 
cernent  des  sciences;  vol.  III  et  TV.  Washington,  i852;  in-4°. 

Fifth  animal...  Cinquième  Rapport  annuel  des  régents  de  l'Institution  Smithso- 
nienne.  Washington,  1 85 1  ;  in-8°. 

C.  R.,  i85a,  a™«  Semestre.  (T.  XXXV,  B»  12.)  53 


(  4o6  ) 

Smithsonian  report...  Rapport  sur  les  progrès  récents  des  arts  chimiques  ;  par 
MM.  Booth  et  Morfit.  Washington,  i85i  ;  in-8°. 

Directions.. .  Instructions  sur  les  moyens  de  recueillir,  conserver  et  transporter 
les  objets  d'histoire  naturelle;  rédigées  pour  l'usage  de  l'Institution  Smithsonienne. 
Washington,  i852;in-8°. 

Registry . . .  Tableaux  préparés  pour  l'indication  de  l'époque  de  certains  phéno- 
mènes périodiques  dans  la  vie  d'un  nombre  déterminé  de  plantes  et  d'animaux  ; 
i  feuille  d'impression. 

List  of. ..  Liste  des  ouvrages  publiés  par  l'Institution  Smithsonnienne .  Wa- 
shington ;  \  de  feuille  in-8°. 

List  of...  Liste  des  Institutions  scientifiques  étrangères  qui  sont  en  correspon- 
dance avec  l  Institution  Smithsonienne  ;  i  feuille  in-4°. 

Abstract  of...  Résumé  du  septième  receiisement  de  la  population  des  Etats- 
Unis  ;  3e  édition  ;  i  feuille  d'impression  in-4°. 

American.. .  Bibliographie  américaine  pour  l'année  1 85 1  ;  ouvrages  concernant 
ta  zoologie,  la  botanique  et  la  géologie,-  broch.  in-8°.  (  Extrait  du  Journal  amé- 
ricain des  Sciences  et  Arts;  2e  série,  vol.  XIII.  ) 

Reports. . .  Rapport  du  Secrétaire  de  la  trésorerie  sur  les  recherches  scienti- 
lifiques  concernant  le  sucre  et  les  hydromètres ,  faites  sous  la  direction  du  pro- 
fesseur Bâche;  parle  professeur  Mac  Culloh.  Washington,  1848;  in-8°. 

Report. . .  Rapport  du  département  des  brevets  d  invention,  pour  l'année  1 85o; 
parties  1  et  2.  Washington,  j85i;  2  vol.  in-8°. 

Tables...  Table  pour  les  hydromètres  adoptés  par  la  douane,  et  instructions 
sur  la  manière  de  s'en  servir.  Washington,  1 85 1  ;  in-8°. 

Report...  Rapport  du  Secrétaire  d'Etat  de  la  Guerre  concernant  le  projet 
d  approfondir  le  passage  dans  la  barre  située  à  l'embouchure  du  Mississipi  ; 
1  feuille  d'impression  in-8°. 

Army  meteorogical...  Résumé  des  observations  météorologiques  faites  pendant 
I  espace  de  douze  années,  de  i83i  à  1842  inclusivement,  par  les  médecins  et  chi- 
rurgiens attachés  aux  différents  postes  militaires  dans  les  Etats-Unis.  Wa- 
shington; in-8°. 

Second  and  third...  Second  et  troisième  Rapport  sur  la  météorologie;  par 
M.  Espy;  1  vol.  in-folio  oblong. 

•     United  States. . .  Loi  sur  les  brevets  d'invention  pour  les  Etats-Unis;  juin  1 85 1  ; 
in-8°. 

Information...  Instructions  pour  les  personnes  qui  veulent  obtenir  des  brevets 
d'invention;  in-8°. 


(  4o7  ) 

Report  of. ..  Rapport  du  directeur  en  chef  de  la  topographie  des  cotes, 
M.  BACHE,  concernant  l'état  où  se  trouve  ce  travail;  broch.  in-8°. 

Travellers'...  Guide  du  voyageur  dans  les  Etats-Unis;  par  M.  Williams. 
Philadelphie,  1 85 1 ;  in-ia.   . 

History...  Histoire  et  statistique  de  l'Etat  de  Maryland,  conformément  au 
recensement  de  i85o;  par  M.  J.  Kennedy,  surintendant  du  recensement. 
Washington,  i85a;  in-fol. 

Statistics...  Statistique  des  chemins  de  fer  américains;  dressée  sur  les  docu- 
ments officiels,  d'après  la  demande  du  Ministre  des  Travaux  publics  de  France, 
par  M.  J.  Kennedy;  broch.  in-8°. 

Sailing...  Instructions  nautiques  pour  accompagner  les  cartes  des  vents  et 
des  courants;  par  le  lieutenant  M.  F.  Maury,  directeur  de  l'observatoire 
national.  Washington,  i85i;  in-4°. 

Report...  Rapport  sur  la  navigation  des  grands  lacs  et  les  travaux  à  faire 
sur  ces  lacs,  pour  les  besoins  de  la  navigation  intérieure;  broch.  in-8°. 

Report...  Rapport  de  la  Commission  des  phares.  Washington,  i85a; 
i  vol.  in-8°  avec  planches. 

Proceedings. . .  Procès-verbaux  des  séances  de  l'académie  des  Sciences  natu- 
relles de  Philadelphie;  année  1 85 1 ,  pages  aoi  à  296,  et  année  i852,  pages  1 
à  70;  in-8°. 

A  notice...  Notice  sur  l'origine,  les  progrès  et  l'état  présent  de  l'Académie 
des  Sciences  naturelles  de  Philadelphie  ;  par  M.  RUSCHENBERGER.  Philadel- 
phie, i852;  in-8°. 

Letter...  Trois  opuscules  sur  l'hybridité  chez  les  animaux;  par  M.  S.-G. 
Morton;  in-8°. 

A  memoir...  Mémoire  sur  feu  M.  S.-G.  MORTON  ;  par  M.  C.  Meigs; 
broch.  in-8°. 

Proceedings...  Procès-verbaux  des  séances  de  l'Académie  américaine  des 
Arts  et  des  Sciences;  vol.  II;  mai  1849  a  mai  i85a;  in-8°. 

Proceedings...  Procès-verbaux  de  la  Société  philosophique  américaine; 
vol.  V;  juillet  1 85 1  à  février  i852;  in-8°. 

Observations...  Obsetvations  sur  le  genre  Unio;  par  M.  J.  Lea;  vol.  V. 
Philadelphie;  in-4°. 

A  synopsis...  Sjnopsis  de  la  famille  des  Naïades;  par  le  même.  Philadel- 
phie, i85a;  in-4°. 

On  a...  Sur  un  Saurien  fossile  de  la  formation  du  nouveau  grès  rouge  de 
Pensylvanie;  par  le  même.  Philadelphie,  i85a  ;  in-4°. 


(  4o8  ) 

On  the...  Sur  les  traces  de  pieds  laissées  à  la  surface  des  strates  dans  le  grès 
de  Pottsville;  par  le  même;  broch.  in -4°. 

History...  Renseignements  concernant  l'histoire,  la  condition  et  l'avenir  des 
tribus  indiennes  des  Etats-  Unis;  recueillis  et  mis  en  ordre  parM.  H.  Schoolcraft, 
sous  la  direction  des  affaires  indiennes;  2e  partie.  Philadelphie,  i852;  i  vol. 
in-8°. 

Nachrichten...  Mémoires  de  l'Université  et  de  l'Académie'  royale  des 
Sciences  de  Gôttingue;  nos  9  et  10;  9  et  16  août  1862;  in-8°. 

\stronomische...   Nouvelles  astronomiques;  nM  8s3  à  826. 

L Athenœum  français.  Journal  .universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux-Arts;  ire  année;  n°  12;  18  septembre  i852. 

La  Presse  littéraire.  Echo  de  la  Littérature^  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  2 1  ; 
19  septembre  i852. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  38;  18  septembre  1802. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n°*  109  à  1 11;  i4,  16  et  18  septembre  1802. 

L'Abeille  médicale;  n°  18;  i5  septembre  i852. 

Moniteur  agricole  ;  5e  année;  n°  37;  16  septembre  i852. 

La  Lumière;  2e  année;  n°39;  18  septembre  1  M5a. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

SÉANCE  DU  LUNDI  27  SEPTEMBRE  1852. 

PRÉSIDENCE  DE  M.   RAYER. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DtvS  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

GÉOLOGIE.  —  Sur  un  projet  d'exploration   de  VEtna    et  des  formations 
volcaniques  de  l'Italie;  par  M.  Constant  Prévost. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

«  Lorsque,  en  1 83 1 ,  l'Académie  me  fit  l'honneur  de  me  charger  d'aller, 
en  son  nom,  explorer  la  nouvelle  île  volcanique  qui  venait  de  surgir  dans  la 
Méditerranée,  entre  les  côtes  de  Sicile  et  celles  d'Afrique,  la  mission  qui 
m'était  confiée  ne  pouvait  se  borner  à  constater  avec  exactitude  les  faits 
qui  avaient  précédé  et  accompagné  un  événement  rare,  mais  dont  l'histoire 
et  la  science  avaient  déjà  enregistré  plusieurs  exemples. 

»  Je  devais,  après  m'ètre  rendu  compte  de  toutes' les  circonstances  du 
phénomène  récent,  et  l'avoir  comparé  avec  ceux  que  l'on  avait  précédem- 
ment observés,  chercher  à  en  rattacher  l'explication  à  la  grande  cause  géné- 
rale qui  tant  de  fois  a  successivement  modifié  le  relief  du  sol. 

»  C'est  pour  remplir  les  obligations  qui  m'étaient  imposées  par  mon 
mandat  et  par  la  science,  qu'après  avoir  abordé  et  examiné  la  nouvelle  île 
au  moment  où  elle  continuait  encore  à  s'accroître,  après  avoir  pour  ainsi 
dire  assisté  à  sa  disparition  graduelle,  et  avoir  recueilli  tous  les  rensei- 
gnements relatifs  aux  signes  précurseurs  de  son  apparition,  j'ai  regardé 

C.  R. ,  i85a,  ame  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  15.)  54 


(4>o) 

comme  indispensable  d'étudier  en  détail  et  dans  leur  ensemble  les  phéno- 
mènes volcaniques  de  tous  les  âges  produits  dans  des  conditions  secondaires 
diverses. 

»  La  Sicile  m'a  fourni  les  documents  les  plus  précieux  à  cet  égard.  En 
effet,  du  cap  Passaro  au  sommet  de  l'Etna,  on  peut  suivre  presque  pas  à  pas 
les  produits  de  la  cause  ignée,  depuis  les  plus  anciens  jusqu'aux  plus 
récents;  reconnaître  ceux  qui  ont  eu  lieu  sur  un  sol  alors  évidemment 
submergé;  apprendre  à  distinguer  ainsi  les  bouches  volcaniques  sous- 
marines  de  celles  qui  s'ouvrent  dans  l'atmosphère,  et  à  ne  pas  confondre 
les  altérations  et  dégradations  dues  à  l'action  des  eaux  ou  à  celle  de  l'air. 

»  L'étude  des  îles  Lipari,  l'étude  du  Vésuve,  qui  était  en  activité  au 
mois  de  mars  i832,  celle  des  champs  Phlœgréens  et  des  îles  du  golfe  de 
Naples,  m'ont  fourni  de  nouvelles  et  indispensables  lumières.  A  mon  retour 
à  Paris,  après  une  absence  de  huit  mois,  j'ai  encore  cherché  à  compléter 
mon  instruction  par  deux  nouveaux  voyages,  l'un  au  Mont-Dore,  au  Cantal 
et  au  Mezenc,  et  l'autre  dansl'Eifel  et  les  contrées  volcaniques  des  bords  du 
Rhin. 

»  Ces  travaux  préparatoires  m'étaient  devenus  nécessaires  pour  répondre 
à  la  confiance  de  l'Académie,  qui  se  rappellera  peut-être,  qu'entraîné 
par  de  profondes  convictions,  j'ai  dû  persévérer  à  exposer  et  soutenir 
devant  elle,  avec  franchise  et  sans  réserve,  des  opinions  qu'une  première 
impression  avait  fait  naître  d'abord  dans  mon  esprit,  et  sur  lesquelles  des 
recherches  multipliées  et  la  réflexion  ne  m'ont  pu  faire  revenir  relative- 
ment au  mode  de  formation  de  l'île  Julia  ;  opinions  que  j'ai  été  conduit  à 
étendre,  par  analogie,  à  tous  les  cônes  volcaniques  connus. 

»  Je  comprenais,  dès  lors,  combien  il  me  serait  difficile  de  faire  admettre 
des  idées  .contraires  à  celles  déjà  adoptées  par  la  plupart  des  géologues, 
dont  l'autorité  devait  être  d'un  grand  poids  pour  moi  comme  pour  tout  le 
monde;  je  venais,  ep  effet,  combattre  une  théorie  aussi  célèbre  que  sédui- 
sante, mais  que,  dans  ma  conscience,  je  ne  pouvais  admettre,  malgré  le 
respect  et  la  vénération  que  je  n'ai  jamais  cessé  d'avoir  pour  son  auteur 
(M.  L.  de  Buch). 

»  Il  serait  superflu  de  rappeler  ici  à  l'Académie  les  longues  et  très- 
utiles  discussions  auxquelles,  il  y  a  déjà  vingt  ans,  elle  a  prêté  toute  son 
attention. 

»  Mais  je  ne  puis  lui  cacher  que  l'autorité  des  savants  avec  lesquels  je  me 
suis  trouvé  en  désaccord,  m'a  quelquefois  fait  perdre  mon  assurance;  j'ai 
souvent  douté  de  ce  dont  je  croyais  m'être  le  mieux  assuré,  et  j'ai  désiré 


(  4n  ) 

ardemment  trouver  une  nouvelle  occasion  de  lever  mes  incertitudes  par  de 
nouvelles  observations. 

»  Telles  sont  les  dispositions  qui  m'ont,  jusqu'à  présent,  empêché  de 
profiter  de  la  faveur  que  m'avait  accordée  l'Académie,  en  autorisant  la 
publication,  dans  ses  Recueils,  des  résultats  de  mon  voyage;  travail  que 
j'espérais  toujours  pouvoir  rendre  plus  digne  d'elle,  en  différant. 

»  Le  temps,  si  puissant  pour  faire  triompher  la  vérité,  la  rétractation  si 
honorable  et  si  rare  de  Frédéric  Hoffmann,  mon  plus  redoutable  adversaire, 
puisqu'il  avait  vu  comme  moi  la  nouvelle  île,  et  que  nous  avions  visité 
l'un  et  l'autre  toutes  les  localités  qui  nous  avaient,  conduits  à  embrasser  des 
opinions  théoriques  opposées;  les  résultats  du  Congrès  scientifique  tenu  à 
Naples,  des  observateurs,  dont  le  nombre  s'accroît  chaque  jour,  sont  venus 
raffermir  mes  premières  convictions,  et  je  suis  heureux  de  penser  qu'au- 
jourd'hui aucun  géologue  qui  aura  vu  ou  revu  les  volcans  sans  idées  pré- 
conçues, ne  se  présentera  plus  pour  tenter  de  faire  l'application  de  la  théo- 
rie des  soulèvements  à  la  formation  de  l'île  Julia,  de  Stromboli,  de  Vulcano, 
de  l'Etna,  du  Vésuve  et  de  la  Somma,  du  Monte-Nuovo...,  et  j'ajouterai, 
dans  ma  conviction  profonde,  des  anciens  volcans  du  Mont-Dore,  du  Can- 
tal ou  de  l'Eïfel,  pour  ne  pas  sortir  du  champ  que  j'ai  particulièrement 
exploré. 

»  Mais  si  la  question  théorique  de  la  formation  des  cônes  volcaniques  est 
maintenant  presque  résolue,  si  tout  le  monde  est  presque  d'accord  pour 
regarder  ces  cônes  comme  élevés  par  l'entassement  et  la  superposition  des 
matières  projetées  ou  épanchées  autour  des  ouvertures  du  sol  qui  leur 
ont  donné  issue,  il  n'en  est  pas  de  même  à  l'égard  des  phénomènes  parti- 
culiers des  éruptions. 

»  L'étude  de  ceux-ci  offre  autant  d'intérêt  qu'elle  peut  contribuer  aux 
progrès  de  l'histoire  positive  de  la  terre. 

»  La  constatation  des  effets  variés  des  éruptions  est  difficile  autant  que 
les  occasions  de  les  observer  sont  rares  pour  les  géologues. 

»  La  recherche  directe  de  leurs  causes  fondamentales  ou  secondaires, 
de  leur  importance  et  de  leur  nécessité  dans  l'ensemble  des  phénomènes 
ignés,  est  un  point  tout  nouveau  à  traiter  dans  la  science. 

»  Qu'est-ce  qu'une  éruption? 

»  Quelle  est  la  cause  ou  la  puissance  qui  force  la  matière  fluide  des  laves 
à  s'élever  dans  les  cheminées  des  volcans? 

»  Cette  force  est-elle  sous  la  matière  qui  monte?  Procède-t-elle  du  foyer 
volcanique? 

54.. 


(  4»»  ) 

»  Ou  bien  la  cause  de  l'ascension,  de  l'épanchenienl  est-elle  dans  la 
matière  elle-même?  Dans  quelles  circonstances  alors,  et  à  la  suite  de  quels 
incidents  préliminaires  agit-elle? 

»  Est-ce  que  la  matière  change  d'état  physiquement  et  chimiquement  à 
mesure  qu'elle  s'élève,  qu'elle  s'épanche  et  se  refroidit? 

»  Quels  sont  les  différents  modes  d'épanchement  des  laves  en  rapport 
avec  leur  nature,  leur  densité,  leur  température  et  la  disposition  des  ouver- 
tures qui  leur  donnent  issue? 

»  Comment  se  produisent  les  coulées  étroites,  ou  les  nappes  qui  couvrent 
de  grandes  surfaces? 

»  De  véritables  éruptions  peuvent-elles  avoir  lieu  sous  les  eaux,  et  quelles 
différences  leurs  effets  et  produits  doivent-ils  présenter  si  on  les  compare  à 
ceux  des  éruptions  dans  l'air? 

»  Quelles  sont  les  conditions  et  les  conséquences  des  projections  de  cen- 
dres, de  fragments  et  de  gaz? 

»  Oii  se  trouve  le  foyer  de  ces  dernières  éruptions?  Quel  est  le  point  de 
départ  des  matières  lancées  avec  violence  et  avec  bruit? 

»  A  quoi  sont  dus  les  bruits  et  détonations  qui  précèdent  et  accompa- 
gnent les  éruptions? 

»  Peut-on  expliquer  les  intermittences,  les  recrudescences,  le  repos, 
l'extinction  des  phénomènes  volcaniques  ? 

«  Combien  de  questions  de  ce  genre  ne  peut-on  pas  faire,  sans  qu'il  soit 
possible  d'y  répondre  maintenant  d'une  manière  satisfaisante? 

»  Pourquoi  la  lave  s'écoule-t-elle  parfois  avec  la  rapidité  d'un  torrent  qui 
renverse  et  détruit  tout  sur  son  passage,  tandis  que  dans  d'autres  cas,  lenle 
et  inoffensive  dans  sa  marche,  elle  contourne  les  moindres  obstacles? 

»  Connait-on  les  lois  du  refroidissement  des  laves,  des  tufs,  des  cendres, 
leur  conductibilité  variable,  leur  action  physique  et  chimique  sur  les  corps 
avec  lesquels  ces  diverses  matières  sont  en  rapport? 

»  D'où  provient  l'immense  quantité  de  vapeur  d'eau  qui  s'exhale,  non- 
seulement  des  bouches  volcaniques,  mais  aussi  de  la  surface  des  laves 
épanchées,  en  mouvement  et  même  consolidées? 

»  Ce  qui  précède  suffira,  je  le  pense,  pour  expliquer  le  vif  désir  que  je 
dois  éprouver  au  bruit  des  nouvelles  éruptions  de  l'Etna  et  justifier  la  de- 
mande que  j'ai  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie,  de  laquelle  je  viens 
réclamer,  avec  instance,  une  mission  analogue  à  celle  qu'elle  a  bien  voulu 
me  confier,  il  y  a  vingt  ans,  et  dont  les  résultats  resteraient  incomplets  s'il 
ne  m'était  pas  possible  de  faire,  sous  les  mêmes  auspices,    les  nouvelles 


(4'3) 

recherches  que  l'expérience  m'a  démontré  être  indispensables  dans  l'étal 
actuel  de  la  science. 

»  Si  l'Académie  peut  accueillir  favorablement  m'a  demande  : 

»  Je  me  proposerais  d'aller  directement  à  Catane,  où  j'espère  trouver, 
dans  les  relations  que  j'ai  eu  l'avantage  d'avoir  déjà  avec  les  savants  de  cette 
ville  et  particulièrement  avec  le  professeur  Gemellaro,  les  moyens  et  les 
conseils  qui  pourront  m'aider  à  connaître  et  à  observer  toutes  les  particula- 
rités de  la  nouvelle  éruption  de  l'Etna. 

»  Je  voudrais  ensuite  revoir  rapidement  la  série  des  formations  volca- 
niques depuis  l'Etna  jusqu'au  cap  Passaro,  afin  de  chercher  à  résoudre 
quelques  questions  encore  incertaines  et  relatives  aux  divers  âges  des  roches 
de  formation  marine  qui  sont  associées  à  celles  de  formation  ignée. 

»  Avant  de  quitter  la  Sicile,  je  désirerais  m'arrèter  quelques  instants  aux 
environs  de  Païenne,  pour  y  examiner  de  nouveau  ses  grottes  à  ossements. 

»  Je  reviendrais  à  Naples  pour  soumettre  à  de  nouvelles  épreuves  mes 
impressions  d'il  y  a  vingt  ans  sur  le  Vésuve,  Pouzzole  et  le  Monte-Nuovo. 

»  Enfin,  il  me  resterait  à  voir  avec  soin  les  formations  volcaniques  des 
environs  de  Rome,  que  je  n'ai  pu  étudier  convenablement;  l'invasion  du 
choléra  en  France,  au  mois  d'avril  i83a,  ne  m'ayant  pas  permis  de  rester 
éloigné  de  ma  famille  et  m'ayant  forcé,  pour  la  rejoindre,  d'interrompre 
brusquement  mon  voyage  d'exploration  que  l'Académie  et  le  Gouvernement, 
qui,  comme  on  le  sait,  avait  mis  à  ina  disposition  le  brick  de  l'État  la  Flèche, 
m'avaient  autorisé  à  poursuivre  en  revenant  par  la  Sardaigne,  la  Corse  et 
l'île  d'Elbe. 

»  Je  consacrerais  environ  quatre  mois  à  cette  excursion  géologique,  dé- 
sirant pouvoir  être  de  retour  au  mois  de  mars  prochain  pour  l'ouverture 
de  mon  Cours  à  la  Faculté.  » 

optique.   —  Note  de  M.  Babinet  sur  les  raies  longitudinales  observées 
dans   le  spectre  prismatique ,  par  M.  Zantedeschi. 

«  Depuis  la  découverte  des  raies  obscures  du  spectre  solaire  par  Wol- 
laston,  et  surtout  depuis  l'étude  approfondie  qu'en  a  faite  Fraunhofer,  les 
physiciens  se  sont  beaucoup  occupés  de  ces  raies  obscures  d'une  réfrangi- 
bilité  constante  et  d'une  fixité  absolue  au  milieu  des  couleurs  du  spectre 
solaire.  Elles  ont  servi  de  point  de  mire  dans  plusieurs  recherches  impor- 
tantes, et  elles  ont  été  reproduites  et  diversifiées  par  la  transmission  des 
rayons  non  solaires  au  travers  de  plusieurs  gaz.  Toutes  ces  raies  occupent 
une  place  fixe  dans  chaque  couleur,  et,   comme  les  bandes  colorées  elles- 


(  4'4  ) 
mêmes,  elles  sont  situées  perpendiculairement  à  la  longueur  du  spectre, 
c'est-à-dire  perpendiculairement  à  la  ligne  médiane  allant  du  rouge  au 
violet,  suivant  le  sens  de  la  dispersion.  On  doit  à  M.  Zantedeschi,  éminenl 
physicien  italien,  la  découverte  d'autres  raies  obscures,  brillantes  et  de 
moyen  éclat,  qui  traversent  toutes  les  couleurs  dans  le  sens  de  la  lon- 
gueur du  spectre,  du  rouge  au  violet.  Le  phénomène  est  tout  à  fait  sem- 
blable à  ce  que  l'on  obtiendrait,  en  regardant  avec  un  prisme  une  ligne 
lumineuse  dont  l'éclat  serait  différent  dans  ses  différents  points;  car  le 
spectre  qui  en  résulterait  transversalement  offrirait,  tout  au  travers  des 
diverses  couleurs,  des  lignes  obscures,  brillantes  et  d'éclat  moyen,  suivant 
que  les  points  de  la  ligne  lumineuse,  qui  auraient  donné  naissance  à  cha- 
que portion  du  spectre,  seraient  eux-mêmes  obscurs,  brillants  ou  d'éclat 
intermédiaire. 

«  Dans  la  disposition  d'appareil  adoptée  par  M.  Zantedeschi,  un  rayon 
réfléchi  horizontalement  arrive  à  une  fente  étroite,  située  verticalement,  et 
la  lumière  de  cette  fente,  reçue  sur  un  prisme  dont  l'axe  est  vertical  comme 
l'ouverture  lumineuse,  donne  naissance  à  un  spectre  horizontal,  c'est-à-dire 
dont  la  direction  du  rouge  au  violet  est  horizontale,  lequel  est  reçu  sur  un 
écran  vertical  dont  la  distance  au  prisme  peut  varier  à  volonté.  Une  lentille 
convergente,  placée  près  du  prisme,  rend  les  rayons  des  diverses  couleurs 
susceptibles  de  faire  foyer  sur  l'écran  à  une  distance  déterminée,  et  permet 
de  recevoir  ces  mêmes  rayons  avant  ou  après  leur  point  de  concours  fo- 
cal, en  déplaçant  l'écran.  Dans  cette  disposition,  les  lignes  de  Fraunhofer 
sont  verticales,  comme  le  sont  aussi  les  diverses  bandes  colorées  du  spectre, 
et  les  lignes  longitudinales  de  M.  Zantedeschi  sont  au  contraire  horizon- 
tales et  traversent  toutes  les  couleurs,  du  rouge  au  violet. 

»  M.  Zantedeschi,  dans  son  bel  ouvrage  publié  à  Venise,  en  1846,  sous 
le  titre  de  Recherches  sur  la  Lumière  (Ricerche  suiln  Luce),  a  donné 
deux  belles  figures  de  ces  spectres  traversés  par  les  lignes  longitudinales 
découvertes  par  lui,  en  indiquant  les  difficultés  que  présente  leur  repro- 
duction constante,  et  plusieurs  influences  de  distance  à  l'écran,  de  gran- 
deur d'ouverture,  d'état  de  l'atmosphère,  etc.,  qui  rendent  l'aspect  de 
ces  lignes  longitudinales  presque  perpétuellement  variable  et  très-difficile  à 
reproduire  identiquement.  Je  dois  dire,  du  reste,  que  la  même  instabilité 
s'est  présentée  à  moi  lorsqu'avec  deux  des  appareils  de  M.Porro,  le  mieux 
combinés  possible,  j'ai  pu  être  témoin  de  la  reproduction  de  ce  brillant 
phénomène. 

»  Ce  n'est  pas  lorsque  le  foyer  de  la  lentille  convergente  tombe  sur  l'écran, 


(  4.i5  ) 

que  les  ligues  de  M.  Zantedeschi  sont  visibles;  c'est  lorsqu'on  place  l'écran 
beaucoup  plus  près  du  prisme.  En  réflécliissaut  à  cette  circonstance,  il  m'a 
semblé  probable  que  l'explication  des  lignes  longitudinales,  obscures  et  bril- 
lantes, larges  et  étroites,  devait  se  trouver  dans  l'expérience  curieuse  que 
M.  Arago  a  appliquée  à  l'observation  de  la  scintillation;  savoir  :  qu'à  partir 
du  foyer  d'une  lunette  dont  l'objectif  est  convenablement  diaphragmé,  l'axe 
du  faisceau  lumineux  présente  une  série  de  points  obscurs  et  brillants,  en- 
tourés d'anneaux  étroits,  brillants  et  obscurs,  en  sorte  qu'à  des  distances 
égales  à  i ,  2  ,  3 ,  l\,  5,  etc.,  à  partir  du  foyer,  les  points  de  l'axe  sont  al- 
ternativement noirs  et  blancs,  avec  des  anneaux  complémentaires. 

»  Dans  la  disposition  de  M.  Zantedeschi,  comme  dans  les  deux  appareils 
de  M.  Porro,  lesquels  se  prêtent  à  des  mesures  exactes,  les  diaphragmes 
de  l'objectif  de  M.  Arago  sont  remplacés  par  les  ouvertures  limitées  du 
prisme,  de  la  lentille  ou  des  petits  objectifs  des  lunettes  employées. 
Chaque  point  de  la  ligne  lumineuse,  suivant  sa  distance  au  prisme,  à 
l'écran  on  aux  oculaires,  donne  des  points  obscurs  ou  lumineux  qui  se 
traduisent  par  l'action  du  prisme  en  raies  longitudinales,  obscures  et  bril- 
lantes. Le  centre  d'un  anneau  noir,  en  se  dilatant  prismatiqtiement,  don- 
nera une  large  raie  noire.  Le  centre  d'un  anneau  brillant  donnera  de  même 
une  large  raie  blanche,  colorée  prismatiquement  du  rouge  au  violet. 
Les  raies  étroites,  obscures  et  brillantes,  résulteront  des  anneaux  étroits, 
obscurs  et  brillants,  qui  environnent  les  centres  brillants  et  obscurs;  et 
enfin,  suivant  toutes  les  circonstances  de  position  relative  et  de  grandeur 
de  toutes  les  pièces  de  l'appareil,  on  devra  obtenir  une  immense  variété  dans 
la  position  et  l'éclat  des  diverses  lignes  longitudinales. 

»  Une  fois  la  cauee  indiquée,  des  appareils  de  précision,  tels  que  ceux 
que  nous  a  montrés  M.  Porro,  permettront  de  pousser  jusqu'au  bout  la 
comparaison  numérique  de  ces  beaux  et  curieux  phénomènes  avec  la  théorie, 
ou,  ce  qui  est  plus  simple,  avec  l'observation  fondamentale  de  M:  Arago, 
laquelle  est  elle-même,  comme  je  l'ai  montré,  une  conséquence  des  lois  des 
interférences. 

»  M.  Zantedeschi  avait  déjà  très-bien  reconnu  l'influence  de  l'appareil 
même  dans  le  beau  phénomène  découvert  par  lui.  Ajoutons  que  la  nécessité 
de  placer  l'écran  plus  près  du  prisme  que  la  distance  nécessaire  pour  voir  les 
raies  de  Fraunhofer,  ramène  l'expérience  de  la  fente  lumineuse  à  l'expérience 
de  M.  Arago,  dans  laquelle  l'oculaire  est  plus  ou  moins  rapproché  de  l'ob- 
jectif, à  partir  du  foyer  de  celui-ci.  Chaque  point  de  la  fente  lumineuse  de- 
vient un  point  lumineux,  fournissant  un  anneau  à  centre  noir  ou  à  centre 


(  4'6) 

blanc  à  une  certaine  distance  du  prisme  et  de  la  lentille,  et  la  dispersion  pris- 
matique compose  de  tous  ces  points  et  anneaux  obscurs  et  brillants,  de  véri- 
tables raies  longitudinales  d'uu  éclat  correspondant  à  ce  qui  doit  résulter  de 
la  superposition  des  centres  ou  des  circonférences  des  anneaux  juxtaposés 
dans  la  direction  de  la  dispersion  du  prisme. 

»  On  doit  laisser  à  celui  qui  a  découvert  ce  brillant  phénomène  le  soin 
et  l'avantage  d'en  poursuivre  le  développement  par  des  observations  pré- 
cises. C'est  sur  sa  demande  que  je  fais  part  à  l'Académie  de  la  théorie  qui 
me  semble  en  donner  l'explication,  et  guider  dans  les  mesures  à  prendre 
pour  comparer  numériquement  les  faits  à  la  théorie.  Voici  déjà  des  preuves 
de  cette  théorie  fournies  par  l'observation  même  superficielle  : 

»  i°.  C'est  à  une  distance  du  prisme  moindre  que  la  distance  où  se 
montrent  nettement  les  lignes  de  Fraunhofer,  que  M.  Zantedeschi  a  vu 
nettement  les  raies  longitudinales.  Et,  en  effet,  c'est  en  deçà  du  foyer  que 
M.  Arago  trouve,  sur  l'axe  d'un  objectif,  les  centres  noirs  et  brillants  les 
mieux  définis,  et  des  anneaux  obscurs  et  brillants.  A  quoi  j'ajouterai  que 
M.  Porro  a  pu,  conformément  à  la  théorie,  faire  naître  deux  ordres  de  lignes 
longitudinales  dans  l'expérience  de  M.  Zantedeschi  :  le  premier  ordre, 
quand  l'écran  était  rapproché  du  prisme  en  partant  du  fover  ;  et  le  second 
ordre,  quand  il  était  à  une  distance  plus  petite  encore  du  prisme. 

»  20.  En  expérimentant  avec  l'appareil  que  M.  Porro  appelle  polropto- 
mètre,  et  qui  est  ici  sous  les  yeux  de  l'Académie,  nous  avons  reconnu  l'in- 
fluence immense  des  diaphragmes  sur  la  position  et  l'éclat  des  raies  longi- 
tudinales (ce  qui,  du  reste,  contredit  toute  idée  de  production  des  raies  par 
des  corps  opaques  obstruant  l'ouverture). 

»  3°.  Je  n'ai  pas  pu  observer  avec  la  fente  rendue  oblique  dans  le  plan 
vertical  passant  par  son  milieu  et  par  l'axe  du  prisme,  ce  qui  aurait  per- 
mis de  mettre  les  divers  points  lumineux  de  la  fente  à  des  distances  diverses 
du  prisme  et  de  la  lentille,  circonstance  capitale  dans  l'expérience  de 
M.  Arago.  L'appareil  de  M.  Porro  ne  s'y  prêtait  pas  instantanément.  Un 
autre  appareil,  long  de  plusieurs  mètres,  du  même  savant  constructeur,  el 
qui  forme  une  espèce  de  double  collimateur  réciproque,  nous  a  présenté 
l'expérience  et  les  brillantes  raies  de  M.  Zantedeschi  tout  à  fait  dans  les 
conditions  que  les  rayons  stellaires  ont  dans  le  scintillomètre  de  M.  Arago; 
et  le  résultat  a  toujours  été  le  même. 

»  4°-  Les  larges  lignes  noires  ou  brillantes  sont  accompagnées  de  lignes 
plus  étroites,  tant  noires  que  brillantes,  mais  non  moins  bien  marquées, 
ainsi  que  l'a  bien  vu  M.  Zantedeschi.  Elles  résultent,  comme  nous  l'avons 


(  417  ) 
dit,  de  la  superposition  des  anneaux  beaucoup  plus  étroits  qui  entourent 
les  centres  brillants  et  obscurs.  Enfin,  nous  indiquerons  à  M.  Zantedeschi 
le  fait  élémentaire  le  plus  simple  à  constater,  c'est  l'expérience  même  de 
M.  Arago  avec  l'adjonction  du  prisme,  en  ne  prenant  qu'un  point  lumi- 
neux, au  lieu  d'une  ligne  lumineuse.  Ce  phénomène,  qui,  nous  le  répé- 
tons, doit  être  le  phénomène  fondamental  et  élémentaire,  donnera  la  clef 
de  tout  le  reste. 

Conclusion, 

»  Les  lignes  longitudinales  découvertes  dans  le  spectre  solaire,  par 
M.  Zantedeschi,  ont  très-probablement  leur  origine  dans  un  effet  analogue 
à  celui  qui  se  produit  dans  l'expérience  du  scintillomètre  de  M.  Arago 
{Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes,  pour  i85a).  Il  en  résulte,  suivant 
l'axe  des  lentilles,  des  cercles  et  des  anneaux  brillants  et  obscurs,  que  la 
dispersion  du  prisme  transforme  en  lignes  longitudinales,  suivant  le  sens 
delà  dispersion,  c'est-à-dire  du  rouge  au  violet.  L'étude  de  ces  phénomènes 
sera  importante,  au  point  de  vue  théorique,  quand  l'expérience,  ne  mar- 
chant plus  en  aveugle,  aura  fourni  les  données  nécessaires  au  calcul  ;  mais 
il  est  encore  un  autre  point  de  vue  très-important,  suivant  lequel  ces  re- 
cherches se  rattachent  aux  résultats  que  permet  d'obtenir  le  scintillomètre 
de  M.  Arago.  Je  veux  dire  que  l'appareil  des  raies  longitudinales,  conve- 
nablement construit,  deviendra,  comme  le  scintillomètre,  un  appareil  ex- 
plorateur des  agitations  de  l'atmosphère.  On  voit,  du  reste,  dans  l'ouvrage 
de  M.  Zantedeschi,  que  ces  considérations,  d'une  haute  utilité  pratique, 
ne  lui  avaient  point  échappé.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

astronomie.  —  L'appareil  de  Bohnenberger  pour  la  précession  des  équinoxes 
peut  servir  à  constater  la  rotation  de  la  Terre;  par  M.  Pehson.  (Extrait 
par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Arago,  Pouillet,  Babinet.) 

«  L'appareil  de  Bohnenberger  est  un  petit  instrument  très-portatif  qu'on 
trouve  dans  tous  les  cabinets  de  physique.  Il  a  été  introduit  en  France 
par  M.  Arago  à  qui  Bohnenberger  en  avait  envoyé  deux  exemplaires.  Il  se 
compose  essentiellement  d'une  petite  sphère  massive  qui,  au  moyen  d'une 
suspension  de  Cardan,  peut  tourner  dans  tous  les  sens  autour  de  son  centre 

C.  R.,  l853,a">«  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  15.)  °5 


(4>8  ) 

de  gravité.  On  remplace  souvent  cette  sphère  par  un  sphéroïde  aplati;  mais, 
ainsi  que  l'a  fait  remarquer  M.  Arago,  c'est  un  tort,  parce  que  cela  tend  à 
faire  croire  que  les  phénomènes  observés  dépendent  de  cette  forme  aplatie.  A 
cause  des  anneaux  de  suspension,  même  dans  le  cas  d'une  sphère,  les  axes 
principaux  appartenant  au  centre  de  gravité  ne  sont  pas  égaux.  On  en  a  d'ail- 
leurs la  preuve  dans  les  oscillations  coniques  dont  l'instrument  est  suscep- 
tible. D'autre  part,  il  a  un  axe  de  figure.  D'après  cela,  pour  avoir  égard 
aux  anneaux,  nous  le  considérerons  dans  son  ensemble  comme  un  ellip- 
soïde à  deux  axes. 

»  Imaginons  que  la  Terre  soit  fixe  tout  en  continuant  de  tourner  sur 
elle-même  et  qu'elle  ait  son  axe  couché  dans  le  plan  de  l'écliptique.  Il  ré- 
sulte des  lois  de  la  précession  que,  si  l'on  vient  à  pousser  un  pôle  par  une 
force  perpendiculaire  à  l'axe  et  contenue  dans  le  plan  précité,  l'axe,  au 
lieu  de  marcher  dans  la  direction  de  la  force,  va  marcher  perpendiculaire- 
ment à  cette  direction,  décrivant  ainsi  un  plan  normal  à  l'écliptique.  Et  ce 
plan  ne  prendra  pas  de  mouvement  azimutal  malgré  l'action  continue  de 
la  force. 

»  Maintenant,  prenons  l'appareil  de  Bohuenberger;  l'application  est  fa- 
cile. Nous  mettons  la  petite  sphère  en  rotation  autour  d'un  axe  horizontal; 
l'horizon  ici  va  remplacer  l'écliptique.  L'a  rotation  de  la  Terre  a  prise  sur 
le  pied  de  l'instrument;  ne  considérons  de  cette  rotation  que  la  compo- 
sante pour  notre  latitude;  cette  composante  tend  à  faire  tourner  autour  de 
la  verticale  et  agit,  en  définitive,  aux  deux  pôles  de  la  petite  sphère.  Or  il 
est  clair,  d'après  ce  que  nous  avons  vu  tout  à  l'heure,  que  ce  couple  ne  va 
pas  faire  tourner  l'axe  dans  son  plan  ;  au  lieu  d'un  mouvement  horizontal, 
û  va  lui  donner  un  mouvement  vertical,  c'est-à-dire  lui  faire  décrire  lente- 
ment un  plan  perpendiculaire  à  l'horizon.  Nous  retrouvons  donc  ici  un 
plan  invariable  sans  mouvement  azimutal,  et  qui  peut,  par  conséquent, 
nous  faire  reconnaître  si  la  Terre  tourne.  A  la  rigueur,  ce  plan  ne  nous 
est  indiqué  que  par  les  extrémités  de  l'axe  ;  mais  l'appareil  de  Bohnenber- 
ger  offre  un  plan  plus  matériel  et  plus  complet,  qui  est  l'anneau  moyen  ;  il 
est  clair,  par  la  construction,  que  cet  anneau  ne  peut  prendre  de  mouve- 
ment azimutal  quand  l'axe  de  la  sphère  n'en  prend  pas. 

»  On  vérifie  d'abord  ces  résultats  en  faisant  tourner  l'appareil  entier  au- 
tour de  la  verticale,  soit  par  un  mécanisme,  soit  avec  la  main,  car  de  grandes 
précautions  ne  sont  pas  ici  nécessaires.  La  stabilité  de  cet  anneau  moyen 
est  vraiment  étonnante  ;  on  peut  transporter  l'instrument,  tourner  avec 
lui:  quand  on  le  replace  sur  la  table,  l'anneau  se  retrouve  parallèle  au  mur 


f  419  ' 

s'il  l'était  d'abord.  Toutes  ces  expériences  ont  été  faites  par  M.  Foucault 
avec  un  pendule  portatif;  mais,  avec  l'appareil  de  Bohnenberger,  l'inva- 
riabilité du  plan  est  bien  plus  assurée,  elle  l'est  même  mieux  qu'avec  l'hé- 
lice élastique  de  Wheatstone.  Quand  la  rotation  autour  de  la  verticale  est 
un  peu  rapide,  l'inclinaison  de  l'axe  se  prononce;  on  la  détermine  à  vo- 
lonté dans  un  sens  ou  dans  l'autre  suivant  le  sens  de  la  rotation  autour  de 
la  verticale.  Si  l'on  rend  les  deux  anneaux  intérieurs  solidaires  pour  empê- 
cher l'inclinaison  de  l'axe,  tout  l'appareil  est  entraîné  comme  quand  la 
sphère  ne  tourne  pas. 

»  Ces  vérifications  ne  laissent  aucun  doute  sur  la  possibilité  de  constater 
la  rotation  de  la  Terre  avec  un  instrument  bien  équilibré.  Si  le  mouvement 
observé  a  le  sens  et  la  grandeur  convenables,  on  ne  peut  encore  rien  con- 
clure; car  un  bien  léger  défaut  d'équilibration  suffit  à  produire  un  mouve- 
mentde  précession.  Il  faut  donc  immédiatement  faire  tourner  en  sensinverse; 
le  mouvement  azimutal  doit  se  reproduire  de  même  sens  et  de  même 
grandeur.  Au  contraire,  si  le  mouvement  azimutal  n'est  qu'une  précession, 
le  changement  de  rotation  le  renverse.  La  nécessité  de  ce  contrôle  rend 
dangereux  tous  les  instruments  compliqués;  car  il  faut,  dans  les  deux  ex- 
périences, que  tout,  excepté  le  sens  de  la  rotation,  soit  identique. 

»  Sans  remonter  à  la  précession  des  équinoxes,  on  peut  voir,  par  des 
considérations  simples,  que  la  Terre  ne  doit  pas  donner  de  mouvement  azi- 
mutal à  Taxe  de  la  sphère.  Soient  O  le  centre  de  gravité,  OZ  une  verticale, 
OV  l'axe  réel.  Le  mobile  est  soumis  à  deux  forces,  l'action  du  fil  qui  le 
fait  tourner  autour  de  OV  et  l'action  de  la  Terre  qui  le  ferait  tourner  autour 
de  OZ,  si  OZ  était  un  axe  principal.  Soient  OV  et  OT  les  moments  linéaires 
de  ces  deux  forces  ;  le  momentrésultant  OR  et  l'axe  instantané  de  rotation  OT 
sont  tous  deux  dans  le  plan  vertical  ZOV  des  moments  des  forces;  le 
premier  est  donné  par  la  règle  du  parallélogramme,  l'autre  par  la  formule 

tang  IOV  =  |  tang  ROV, 

A  et  B  désignant  les  moments  d'inertie.  Ainsi,  du  moins  dans  le  premier 
instant,  la  rotation  de  la  Terre  ne  tend  pas  à  faire  sortir  l'axe  du  plan  ver- 
tical où  il  était  d'abord;  elle  ne  fait  que  changer  sa  position  dans  ce  plan. 
Ne  considérons  toujours  que  la  première  impulsion  due  à  la  Terre,  et  sup- 
posons qu'elle  soit  assez  forte  pour  que  l'axe  instantané  s'écarte  notable- 
ment de  l'axe  de  figure;  alors,  il  est  vrai,  celui-ci  sortira  du  plan  vertical 

55.. 


(  ^o   ) 

et  fera  des  oscillations  coniques  autour  de  l'axe  OR  du  moment  résultant, 
mais  le  frottement  aura  bientôt  réduit  à  rien  l'amplitude  de  ces  oscillations  ; 
de  sorte  que,  même  quand  la  rotation  autour  de  la  verticale  est  produite 
par  une  impulsion  incomparablement  plus  grande  que  celle  que  pourrait 
donner  la  Terre  dans  le  même  temps,  l'axe  réel  revient  encore  sensible- 
ment au  plan  où  il  était  d'abord. 

»  Il  est  à  remarquer  que  les  choses  se  passent  ici  comme  pour  l'axe  de  la 
Terre,  quoique  par  un  mécanisme  différent.  Il  semblerait,  d'après  la  com- 
position des  rotations,  que  les  attractions  du  Soleil  et  de  la  Lune  sur  le 
ménisque  terrestre  devraient  changer  l'axe  de  rotation  du  globe,  mais  cela 
n'a  pas  lieu  ;  ces  attractions  font  seulement  tourner  l'axe  et  sont  impuis- 
santes à  en  créer  un  autre.  De  même  dans  l'appareil  de  Bohnenberger, 
l'axe  réel  tourne  pour  prendre  la  place  assignée;  c'est  une  conséquence 
curieuse  du  mode  de  suspension. 

»  Il  est  facile  maintenant  de  voir  ce  qui  se  passe  quand  on  opère  sans 
choc  et  d'une  manière  continue.  Dans  les  rotations  produites  mécanique- 
ment, et  à  plus  forte  raison  dans  la  rotation  de  la  Terre,  chaque  impulsion 
a  un  moment  infiniment  petit  ;  par  la  première,  l'axe  du  moment  résul- 
tant OR  et  l'axe  instantané  OI  s'écartent  à  peine  de  la  position  primitive  de 
l'axe  réel  OV,  par  conséquent  l'amplitude  des  oscillations  coniques  est  in- 
sensible. Comme  d'ailleurs  l'axe  réel  vient  en  OR,  la  seconde  impulsion  se 
produit  dans  les  mêmes  conditions  que  la  première. 

»  La  composition  des  rotations  montre  que  l'axe  marche  toujours  dans 
un  sens  tel  que,  quand  il  arrive  à  la  verticale,  la  rotation  de  la  sphère  se 
fait  dans  le  même  sens  que  celle  de  la  Terre  (ou  du  mécanisme).  Il  s'ensuit 
que  l'axe  ne  peut  pas  dépasser  la  verticale,  et  que  son  mouvement  n'est 
pas  indéfini,  comme  dans  l'expérience  qu'on  fait  avec  le  même  appareil 
pour  la  précession  des  équinoxes. 

»  Eo  résumé,  je  crois  avoir  montré,  par  une  analogie  exacte  avec  le 
phénomène  de  la  précession  des  équinoxes,  par  une  expérience  directe 
aussi  facile  que  celle  du  pendule,  et  enfin  par  le  raisonnement,  que  l'ap- 
pareil de  Bohnenberger,  malgré  la  rotation  qu'on  imprime  à  son  support, 
fournit  un  plan  sans  mouvement  azimutal,  et  que,  par  conséquent,  un 
instrument  de  ce  genre,  exécuté  avec  précision,  donne  le  moyen  de  con- 
stater la  rotation  de  la  Terre.  » 


(  4»i  ) 

ASTitOiNOMiK.  —  Sur  une  nouvelle  démonstration  expérimentale  du  moii' 
veinent  de  la  Terre,  fondée  sur  la  fixité  du  plan  de  rotation;  par 
M.  Léon  Foucault. 

(Commissaires,  MM.  Arago,  Pouillet,  Babinet.) 

«  Dans  un  précédent  Mémoire,  j'ai  montré  qu'en  vertu  de  l'inertie  le 
plan  d'oscillation  du  pendule  libre  est  assujetti  à  garder,  relativement  à  la 
verticale,  une  position  invariable,  et  j'ai  appliqué  cette  propriété  à  la  dé- 
monstration expérimentale  du  mouvement  de  la  Terre  sur  son  axe.  Le  phé- 
nomène sensible  qui  apparaît  dans  cette  expérience,  est  une  déviation  re- 
lative du  plan  d'oscillation  rapporté  à  un  plan  vertical  quelconque  solidaire 
avec  la  Terre;  cette  déviation  est  un  mouvement  angulaire  égal  et  de 
signe  contraire  au  mouvement  de  la  Terre  multiplié  par  le  sinus  de  la 'lati- 
tude du  lieu  où  l'on  opère. 

»  Cette  loi,  qu'aucuue  observation  sérieuse  n'est  venue  infirmer,  im- 
plique une  réduction  de  la  déviation  à  partir  du  pôle  où  elle  est  totale,  jus- 
qu'à l'équateur  où  elle  devient  nulle;  et  sa  variation  progressive  en  pré- 
sence d'une  rotation  réellement  constante,  montre  assez  clairement  que  la 
fixité  du  plan  d'oscillation  ne  doit  être  prise  dans  un  sens  absolu  qu'au  pôle 
seulement,  et  que  dans  toute  autre  situation  à  la  surface  du  globe,  elle  est 
seulement  relative  à  la  verticale  dont  la  direction  change  incessamment  dans 
l'espace. 

»  C'est  faute  d'avoir  compris  dans  son  acception  véritable  la  fixité  du 
plan  d'oscillation,  que  beaucoup  de  personnes  se  sont  fait,  de  la  déviation, 
une  idée  inexacte,  et  ont  méconnu  sa  valeur  et  son  uniformité. 

»  Mais,  si  au  plan  d'oscillation  du  pendule  on  substitue  le  plan  de  rota 
tion  d'un  corps  librement  suspendu  par  son  centre  de  gravité  et  tournant 
autour  d'un  de  ses  axes  principaux,  on  a  à  considérer  un  plan  physique- 
ment défini  et  qui  possède  réellement  une  fixité  de  direction  absolue.  C'est 
pour  réaliser  cette  conception  et  en  obtenir  de  nouveaux  signes  de  la  rota- 
tion de  la  Terre,  que  j'ai  composé  et  fait  exécuter  un  nouvel  appareil  que 
je  puis  mettre  dès  à  présent  sous  les  yeux  de  l'Académie. 

»  Le  corps  que  j'ai  choisi  de  préférence  à  tout  autre  pour  lui  communi- 
quer un  mouvement  de  rotation  rapide  et  durable,  est  un  tore  circulaire  en 
bronze  monté  à  l'intérieur  d'un  cercle  métallique  dont  un  diamètre  est  figuré 
par  l'axe  d'acier  qui  traverse  le  mobile;  le  diamètre  perpendiculaire  est 
représenté  par  les  tranchants  de  deux  couteaux  implantés  dans  le  même 
alignement  sur  le  contour  extérieur  du  même  cercle.  Les  couteaux  sont  diri- 


(  4*2  ) 

gés  de  telle  sorte,  que  les  tranchants  regardant  en  bas,  le  plan  du  cercle  et 
l'axe  du  tore  y  compris,  soient  horizontalement  situés.  C'est  dans  cette  posi- 
tion, et  après  avoir  imprimé  au  mobile  une  grande  vitesse,  qu'on  introduit 
le  système  dans  un  second  cercle  extérieur  où  les  couteaux  trouvent  à  re- 
poser sur  des  plans  horizontaux  ;  ce  second  cercle  vertical  est  suspendu  à  un 
fil  sans  torsion,  et  guidé  en  même  temps  par  des  pivots  qui  préviennent 
tout  mouvement  oscillatoire. 

»  Si  l'axe  du  tore  est  très-mobile  sur  ses  tourillons,  si  son  cercle  enve- 
loppant est  soutenu  par  ses  couteaux  dans  un  état  d'équilibre  indifférent, 
si  enfin  le  fil  qui  supporte  le  tout  est  réellement  sans  torsion,  il  est  clair 
que  le  tore  jouit  lui-même  d'une  entière  liberté  et  qu'il  peut  pirouetter  en 
tous  sens  autour  de  son  centre  de  gravité.  Telle  est  en  effet  la  mobilité  de 
ces  différentes  pièces  dans  l'appareil  construit  par  M.  Froment,  qu'elles 
s'agitent  au  moindre  souffle  et  qu'il  faut  quelque  précaution  pour  les  ame- 
ner sans  vitesse  dans  une  position  déterminée. 

»  Toutefois  cette  grande  mobilité,  qui  témoigne  de  l'habileté  du  con- 
structeur, n'apparaît  qu'autant  que  le  corps  révolutif  reste  au  repos.  Car, 
dès  que  le  tore  est  mis  en  mouvement  et  déposé  en  sa  place,  le  système 
tout  entier  se  consolide  dans  l'espace  avec  une  énergie  remarquable.  Dans 
cet  état  le  corps  ne  peut  plus  participer  au  mouvement  diurne  qui  anime 
notre  globe;  et,  en  effet,  bien  que  son  axe,  en  raison  de  sa  brièveté, 
semble  conserver  sa  direction  première,  relativement  aux  objets  terrestres, 
il  suffit  d'en  approcher  un  microscope  pour  constater  un  mouvement  ap- 
parent, uniforme  et  continu,  qui  lui  fait  suivre  exactement  le  mouvement 
de  la  sphère  céleste.  Cet  axe  se  meut,  relativement  à  l'axe  du  monde, 
comme  une  lunette  parallactique  que  l'on  aurait  pointée  dans  la  même 
direction  sur  le  ciel.  Quant  à  l'origine,  on  place  l'axe  dans  le  premier  ver- 
tical, on  a  une  déviation  parallèle  au  plan  de  l'équateur,  et  qui  aug- 
mente proportionnellement  au  temps,  à  raison  d'un  tour  entier  en  vingt- 
quatre  heures  de  temps  sidéral.  Quand,  au  contraire,  on  part  du  plan  du 
méridien ,  la  déviation  se  fait  suivant  les  premiers  éléments  d'un  cône 
semblable  au  cône  tangent  au  parallèle  terrestre. 

»  Toutefois  cette  manière  d'observer  n'est  pas  celle  que  j'ai  définitive- 
ment adoptée.  Profitant  de  la  construction  de  l'instrument,  qui  permet 
de  décomposer  la  déviation  en  deux  mouvements  partagés  entre  les  deux 
cercles  qui  supportent  le  tore,  j'ai  préféré  observer  isolément  la  compo- 
sante horizontale  qui,  seule,  déplace  le  cercle  extérieur  mobile  autour  de 
la  suspension  verticale. 


(4*3) 

»  Comme  l'observation  ne  peut  être  prolongée  au  delà  de  huit  à  dix 
minutes,  il  arrive  que,  pourvu  qu'à  l'origine  l'axe  de  rotation  soit  hori- 
zontalement dirigé,  la  déviation  observée  sur  le  cercle  vertical  prend  une 
valeur  indépendante  de  l'azimut  où  l'on  s'est  placé  ;  cette  valeur  est  préci- 
sément celle  qui  est  donnée  par  la  loi  du  sinus  de  la  latitude.  Pour  s'en 
convaincre,  il  suffit  d'assimiler  la  marche  de  l'axe  de  rotation  du  mobile  à 
celle  d'une  ligne  menée  vers  une  étoile  quelconque  passant  à  l'horizon.  Or 
il  est  facile  de  démontrer  qu'à  tout  instant  les  mouvements  en  azimut  de 
toutes  les  étoiles  observées  très-près  de  l'horizon  sont  sensiblement  égaux 
entre  eux,  et  mesurés  par  le  mouvement  de  la  Terre  compté  en  sens  inverse 
et  multiplié  par  le  sinus  de  la  latitude. 

»  Si  donc,  au  lieu  de  viser  sur  l'axe  même  du  corps  tournant,  on 
dirige  le  microscope  sur  le  cercle  des  mouvements  horizontaux,  on  doit 
s'attendre,  dans  les  premiers  instants  qui  suivent  la  mise  en  train,  à  le  voir 
se  déplacer  conformément  à  la  loi  énoncée.  Cette  loi,  il  est  vrai,  ne  s'ap- 
plique, en  toute  rigueur,  qu'à  une  déviation  infiniment  petite;  mais,  au 
bout  de  cinq  minutes,  l'erreur  commise  est  encore  très-faible,  et  insaisis- 
sable à  ce  genre  d'expérimentation.  Si,  d'ailleurs,  on  tenait  à  élever  la 
méthode  à  un  degré  supérieur  d'approximation,  il  suffirait  d'exécuter,  dans 
deux  directions  rectangulaires,  deux  observations  de  même  durée,  et  de 
prendre  la  moyenne  ;  comme  alors  les  erreurs  se  produisent  en  sens 
inverses,  elles  s'élimineraient  en  grande  partie,  et  l'excès  persistant  ou 
l'erreur  de  second  ordre  deviendrait  tout  à  fait  négligeable  en  raison  de 
son  extrême  petitesse. 

»  On  est  donc  par  là  complètement  affranchi  de  la  nécessité  d'opérer 
dans  un  azimut  déterminé;  on  est  seulement  astreint  à  partir  du  plan  hori- 
zontal; aussi,  pour  satisfaire  à  cette  indication,  a-t-on  monté  au  centre  du 
tore  une  glace  parallèle  au  plan  de  rotation,  et  qui,  avec  le  concours  d'une 
mire  et  d'une  lunette  à  niveau,  permet  de  satisfaire  très-promptement  à 
cette  dernière  condition. 

»  Lors  donc  qu'on  opère  en  prenant  toutes  les  précautions  requises,  que 
je  ne  puis  indiquer  dans  cette  Note,  quel  que  soit  le  sens  de  la  rotation 
imprimée  au  mobile,  on  obtient  à  coup  sûr,  avec  une  déviation  dans  le  sens 
voulu,  un  nouveau  signe  de  la  rotation  de  la  Terre,  et  on  l'obtient  avec  un 
instrument  réduit  à  de  petites  dimensions,  aisément  transportable,  et  qui 
donne  l'image  du  mouvement  continu  de  la  Terre  elle-même.  Vous  n'avez 
plus  seulement  sous  les  yeux,  comme  avec  le  pendule,  le  déplacement  pro- 
gressif d'un  plan  idéal,  plus  ou  moins  bien  défini  par  la  trajectoire  d'une 


(  4*4  ) 

masse  oscillante,  vous  possédez  des  pièces  matérielles  réellement  soustraites 
à  l'entraînement  du  mouvement  diurne,  et  c'est,  je  crois,  un  desideratum 
qu'un  des  plus  illustres  Membres  de  cette  Académie,  M.  Poinsot,  signalait 
dans  la  science,  même  après  avoir  connu  l'expérience  du  pendule.  » 

mécanique.  —  Sur  les  phénomènes  d'orientation  des  corps  tournants  en- 
traînés par  un  axe  fixe  à  la  surface  de  la  Terre.  —  Nouveaux  signes 
sensibles  du  mouvement  diurne;  par  M.  Léon  Foucault. 

(Commissaires,  MM.  Arago,   Pouillet,  Babinet. ) 

«  Quand  un  corps  tournant  sur  un  de  ses  axes  principaux  est  librement 
suspendu  par  son  centre  de  gravité,  il  donne  à  la  surface  de  la  Terre  les 
déviations  apparentes  que  nous  avons  étudiées  dans  le  Mémoire  précé- 
dent; mais  si,  au  lieu  de  laisser  ce  corps  libre  pirouetter  en  tous  sens,  on 
assujettit  son  axè  de  rotation  à  ne  pouvoir  tourner  qu'autour  d'un  axe 
fixe  à  la  surface  de  la  Terre,  on  fait  naître  une  force  qui  tend  à  ramener 
l'axe  du  corps  tournant  dans  la  direction  la  plus  voisine  possible  de  celle 
de  l'axe  du  monde,  et  à  disposer  les  deux  rotations  dans  le  même  sens. 
Ces  évolutions  des  corps  animés  d'une  rotation  rapide  donnent  ainsi  de 
nouveaux  signes  très-prompts  et  très-apparents  du  mouvement  delà  Terre. 

»  Pour  procéder  méthodiquement  dans  l'exposé  de  ces  faits,  et  pour  ar- 
river à  les  éclaircir  par  de  simples  considérations  empruntées  aux  éléments 
de  mécanique  et  de  géométrie,  j'examinerai  d'abord  le  cas  où  le  corps  tour- 
nant autour  de  son  axe  propre,  est  en  même  temps  assujetti  sur  un  axe 
vertical  autour  duquel  il  est  libre  de  se  mouvoir  en  même  temps.  Je  suppo- 
serai qu'à  l'origine  le  corps  ait  son  axe  dirigé  de  l'est  à  l'ouest  et  qu'il 
tourne  de  droite  à  gauche  pour  l'observateur  qui  le  voit  devant  lui,  ayant 
lui-même  la  face  tournée  vers  l'orient. 

»  Dans  cette  situation,  le  mobile  est  non-seulement  animé  de  sa  vitesse 
initiale,  mais  il  ressent  encore  l'influence  de  la  composante  de  la  rotation 
diurne  autour  de  la  méridienne  du  lieu,  qui  agit  à  la  façon  d'un  couple  ac- 
célérateur dont  l'axe  est  dirigé  suivant  cette  méridienne.  Or  ce  couple,  très- 
petit  par  rapport  à  celui  qui  anime  le  mobile,  ne  s'en  compose  pas  moins 
avec  ce  dernier,  de  la  manière  suivante. 

»  Si  l'on  se  conforme  aux  représentations  enseignées  par  M.  Poinsot,  le 
couple  d'impulsion  du  corps  a  son  axe  qui  vise  vers  l'occident;  celui  qui 
provient  de  la  rotation  de  la  Terre  a  son  axe  qui  vise  au  midi,  et  l'axe  du 
couple  résultant,  compris  dans  le  plan  des  deux  autres  et  donné  par  la  cou- 


(  4>-5  )        •       - 

struction  du  parallélogramme,  incline  tant  soit  peu  de  l'occident  au  midi. 
Il  en  résulte  qu'à  l'axe  principal,  sfir  lequel  le  corps  a  été  primitivement 
lancé,  se  substituent  une  suite  d'axes  instantanés  de  rotation  occupant  suc- 
cessivement des  positions  différentes  dans  le  corps  et  dans  l;espace,  et  qui 
s'en  vont  gagnant  peu  à  peu  le  plan  du  méridien.  En  même  temps  que  ce 
déplacement  a  lieu,  le  moment  du  couple  communiqué  de  la  Terre  au 
mobile  diminue  de  valeur,  et  enfin  il  s'annule  au  moment  précis  où  l'axe 
instantané,  toujours  voisin  de  l'axe  principal,  atteint  le  plan,  du  méridien. 
Mais,  en  vertu  de  cette  nouvelle  vitesse  acquise,  qui  a  modifié  le  mouvement 
du  corps,  ce  plan  est  bientôt  dépassé;  alors  le  petit  couple  terrestre  reparaît 
en  sens  inverse,  son  action  rapproche  l'axe  instantané  de  l'axe  principal, 
retarde  en  même  temps  le  mouvement  qui  les  emporte  tous  deux  hors  du 
méridien,  et  quand  ils  coïncident,  ils  ont  atteint  tous  deux  le  maximum 
de  leur  excursion;  mais  le  couple  terrestre,  continuant  d'agir,  les  sépare 
de  nouveau  et  les  ramène  vers  le  méridien  qu'ils- dépassent  encore,  et  ainsi 
de  suite. 

»  Il  en  résulte,  en  définitive,  que  l'axe  principal  qui  est  le  seul  obser- 
vable, s'anime  d'un  mouvement  oscillatoire  très-lent  autour  du  méridien, 
où  il  finirait  par  se  fixer  si  la  rotation  persistait  assez  longtemps. 

»  Le  plan  du  méridien  est  donc  le  seul  dans  lequel  l'axe  de  rotation  se 
trouve  en  équilibre  ;  mais  il  y  peut  être  conduit  par  deux  chemins  diffé- 
rents :  l'un  qui  amène  le  mobile  tournant  parallèlement  à  la  composante 
.  de  la  rotation  terrestre  considérée  autour  de  la  méridienne,  chemin  qu'il 
prend  spontanément,  et  l'autre  qui  amènerait  le  mobile  tournant  en  sens 
inverse.  Dans  ces  deux  conditions,  la  composante  efficace  du  couple  terrestre 
s'annule;  mais  il  faut  bien  remarquer  que  dans  la  première  tout  écart  fait 
reparaître  le  couple  affecté  du  signe  convenable  pour  rétablir  l'équilibre, 
tandis  que  dans  l'autre  condition  le  moindre  écart  fait  renaître  ce  même 
couple  avec  le  signe  contraire  :  dans  la  première  position  l'équilibre  est  sta- 
ble, dans  la  seconde  il  y  a  encore  équilibre,  mais  il  est  instable. 

»  Donc,  tout  corps  tournant  autour  d'un  axe  libre  de  se  diriger  sans  sor- 
tir du  plan  horizontal, fournit  un  nouveau  signe  de  la  rotation  de  la  Terre; 
car  cette  rotation  développe  une  force  directrice  qui  sollicite  l'axe  du 
corps  vers  le  méiidien  et  dispose  ce  corps  pour  tourner  dans  le  même  sens 
que  le  Globe. 

»  Donc,  sans  le  secours  d aucune  observation  astronomique,  la  rotation 
dun  corps  à  la  surface  de  la  Terre  suffit  à  indiquer  le  plan  du  méridien. 

»  Le  méridien  étant  actuellement  connu,  je  vais  disposer  l'axe  du  mobile 

C.  R.,  iS5a,  am«  Semestre.  { T  XXXV ,  N<>  13.  )  56 


.        .  (4*6  ) 

dans  ce  plan  avec  liberté  complète  de  s'y  mouvoir  sans  pouvoir  en  sortir  ; 
c'est-à-dire  que  tout  en  tournant  sur  son  axe  ordinaire,  le  corps  pourra 
s'incliner  comme  une  lunette  méridienne  autour  d'une  ligne  horizontale 
perpendiculaire  au  méridien. 

»  A  l'origine  je  dirige  cet  axe  horizontalement,  et  je  fais  encore  tourner 
le  mobile  de  droite  à  gauche  pour  l'observateur  regardant  au  nord  ; 
autrement  dit,  l'axe  du  couple  cpii  l'anime  vise  au  midi.  Mais  à  peine  aban- 
donné dans  cette  position,  l'appareil  ressent  l'influence  du  mouvement  de  la 
Terre  autour  de  l'axe  du  monde. 

»  En  effet,  si  l'on  applique  au  cas  actuel  le  raisonnement  que  j'ai  déve- 
loppé pour  le  cas  précédent,  on  trouve  de  même  à  considérer  un  couple  ter- 
restre qui  incline  graduellement  l'axe  de  rotation  et  ne  devient  inactif  qu'à 
l'instant  où  l'inclinaison  donne  une  direction  parallèle  à  l'axe  du  monde. 

»  Quand  on  lance  le  tore  dans  l'autre  sens,  l'inclinaison  commence  aussi 
en  sens  inverse,  et  si  la  construction  de  l'instrument  le  permet,  elle  s'ac- 
complit en  entier  jusqu'au  point  de  ramener  toujours  l'axe  et  la  rotation 
du  mobile  parallèles  à  ceux  de  la  Terre. 

»  Donc  tout  corps  tournant  autour  d'un  axe  libre  de  se  diriger  sans 
sortir  du  méridien,  jouit  de  la  propriété  de  s'orienter  parallèlement  à  l'axe 
du  monde  et  de  manière  à  tourner  dans  le  même  sens  que  la  Terre. 

».  Le  résultat  de  cette  expérience  doit  encore  compter  pour  un  nouveau 
signe  de  la  rotation  du  Globe  ;  ainsi  que  la  précédente,  elle  réussit  assez 
bien  pour  que  je  puisse  espérer  qu'elle  sera  répétée.  Ce  n'est  pas  que  je 
propose  de  déterminer  de  la  sorte  la  position  exacte  de  l'axe  du  monde; 
mais,  dès  qu'on  s'est  appliqué  à  rechercher  toutes  les  conséquences  méca- 
niques de  ce  fait  :  la  Terre  tourne  sur  elle-même,  il  m'a  semblé  que  parmi  ces 
conséquences,  l'une  des  plus  curieuses  à  constater  expérimentalement, 
était  cette  propriété  d'orientation  que  la  théorie  indique  dans  les  corps 
animés  sous  nos  yeux  d'un  mouvement  de  rotation. 

»  Cette  tendance  remarquable  de  l'axe  de  rotation  vers  une  direction 
définie,  ne  laisse  pas  que  de  présenter,  avec  la  propriété  fondamentale  de 
l'aiguille  aimantée,  une  certaine  ressemblance  extérieure  qui  est  d'autant 
plus  frappante,  que  généralement  la  position  d'équilibre  autour  de  laquelle 
oscille  le  nouvel  instrument  est  oblique  sur  l'horizon,  ce  qui  permet  de 
mettre  la  force  directrice  en  évidence,  en  opérant  soit  dans  le  plan  hori- 
zontal, comme  on  le  fait  avec  la  boussole  de  déclinaison,  soit  dans  un  plan 
vertical,  comme  on  le  fait  aussi  avec  la  boussole  d'inclinaison. 

»  L'appareil  spécialement  destiné  à  mettre  en  évidence  et  à  mesurer 


(  4*7  ) 
approximativement  la  déviation  d'un  corps  tournant  eii  toute  liberté,  peut 
servir  également  à  produire  et  à  observer  les  phénomènes  d'orientation 
que  je  viens  d'énoncer  et  de  décrire.  Comme  tous  ces  phénomènes 
dépendent  du  mouvement  de  la  Terre  et  en  sont  des  manifestations  variées, 
je  propose  de  nommer  gyroscope  l'instrument  unique  qui  m'a  servi  à  les 
constater.  »  •     - 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  le  Ministre  d'État  transmet  diverses  pièces  manuscrites  et  impri- 
mées concernant  des  projets  d'application  delà  force  électrique  à  l'industrie, 
pièces  adressées  au  Président  de  la  République  par  M.  Chamolle  qui  désire 
obtenir  sur  son  travail  un  jugement  de  l'Académie. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Pouillet,  Despretz. ) 

météorologie.  —  Deuxième  Mémoire  sur  les  eaux  de  pluie  recueillies  à 
l'Observatoire  de  Paris  (ier  semestre  i85a);  par  M..  Rarral.  (Extrait 
par  l'auteur.  ) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Arago,  Dumas,  Boussingault, 

de  Gasparin,  Regnault.) 

«  L'Académie,  en  donnant  son  approbation  à  notre  premier  Mémoire  (i) 
sur  les  eaux  de  pluie  recueillies  à  l'Observatoire  de  Paris  (2e  semes- 
tre i85i),  nous  a  imposé  le  devoir  de  continuer  nos  recherches  avec  une 
persévérance  à  laquelle  nous  tâcherons  de  ne  pas  faillir.  Des  appareils  que 
nous  devons  à  sa  généreuse  munificence  nous  permettront  sans  doute  de 
résoudre  prochainement,  toutes  les  questions  exposées  dans  le  bienveillant 
Rapport  (7)  fait  par  M.  Arago,  au  nom  de  la  Commission  chargée  d'examiner 
notre  travail.  Cependant,  en  attendant  que  ces  appareils  fussent  construits, 
nous  avons  cru  devoir  continuer  nos  recherches  avec  les  moyens  que  nous 
avions  d'abord  employés. 

»  Déjà  nous  étions  arrivé  à  une  assez  grande  approximation,  pour  que 
cette  continuation  présentât  un  intérêt  scientifique  sérieux.  Une  remarque 
nous  encourageait  d'ailleurs,  c'est  que  les  recherches  futures,  exécutées  avec 
des  instruments  qui  ne  laisseront  rien  à  désirer,  serviront  à  rectifier  les 
recherches  actuelles.  Du  rapprochement  de  nos  travaux  présents  et  futurs, 


(1)  Mémoire  présenté  le  23  février  i852 ,  Compte  rendu,  tome  XXXIV,  page  283. 

(2)  Séance  du  3i  mai  i852,  tome  XXXIV,  page  824. 

56.. 


(4*8) 

.  il  résultera,  en  outre,  des  renseignements  intéressants  sur  les  méthodes 
qu'il  faut  conseiller  à  ceux  qui  voudront  se  livrer  à  de  semblables 
observations.  Nous  pensons  que  le  Mémoire  auquel  l'Académie  a  déjà  bien 
voulu  donner  son  approbation  et  celui  que  nous  soumettons  aujourd'hui 
sont  de  nature  à  montrer  l'utilité  de  faire,  dans  plusieurs  stations  météoro- 
logiques, des  analyses  d'eaux  pluviales.  Nous  désirons  vivement  voir  cette 
opinion  partagée  par  le  monde  savant,  et  c'est  pourquoi  nous  n'avons  pas 
hésité  à  présenter  les  résultats  de  nos  recherches  sur  les  six  premiers  mois 
de  i852,  sans  attendre  que  l'année  entière  fût  écoulée. 

»  Nous  avons  borné  nos  analyses  à  la  recherche  de  l'azote  et  du  chlore 
dans  les  eaux  qui  nous  ont  été  remises  par  M.  Charles  Mathieu,  en  négligeant 
de  doser  la  chaux,  la  magnésie  et  autres  bases  fixes,  parce  que  nous  avons 
constaté  que  l'eau  de  pluie  enlève  au  verre  des  quantités  considérables  d'alca- 
lis. Ces  quantités  changent  avec  la  nature  du  verre  des  flacons  et  des  cornues, 
avec  la  masse  d'eau  mise  en  contact  avec  les  silicates  toujours  un  peu  varia- 
bles dont  sont  composés  les  ustensiles  des  laboratoires.  Cette  action,  exercée 
sur  les  flacons  par  les  liqueurs  qu'ils  contiennent,  a  été  constatée  bien  long- 
temps avant  nous;  M.  Chevreul  notamment  en  a  reconnu  toute  l'impor- 
tance, surtout  en  ce  qui  concerne  le  verre  blanc  dont  on  fait  le  plus  souvent 
usage;  aussi  cet  éminent  chimiste  conseille-t-il  de  préférer  les  flacons  de 
verre  vert  pour  renfermer  les  réactifs.  Quant  à  nous,  nous  avons  con- 
staté que  la  distillation  de  4  litres  d'eau  de  pluie  repassant  dans  la  même 
cornue  de  manière  à  être  évaporés  et  condensés  sept  fois  de  suite,  sans  que 
dans  la  cornue  on  laisse  jamais  moins  qu'un  demi-litre,  finit  par  enlever 
au  verre  plus  de  i  grammes  de  chaux,  i  gramme  de  silice,  ogr,5  de  potasse 
et  de  soude.  Cette  action,  en  quelque  sorte  corrosive,  augmente  quand  l'eau 
contient  une  légère  quantité  de  carbonate  de  potasse,  i  à  i  grammes  pour 
-4  litres,  ou  bien  encore  d'acide  sulfurique  dans  les  ïnèmes  proportions. 
Comme  pour  retenir  les  sels  ammoniacaux  ou  l'acide  azotique  nous  sommes 
forcé  d'employer  tour  à  tour  ces  deux  agents,  on  conçoit  que  nous  ne  de- 
vions attacher  aucune  confiance  aux  déterminations  les  plus  consciencieuses 
des  matières  contenues  en  même  temps  dans  les  eaux  de  pluie  et  dans  le 
verre.  Ce  n'est  qu'à  partir  du  jour  où  les  eaux  que  nous  analyserons  n'au- 
ront touché  que  du  platine,  soit  sur  les  udomètres  où  elles  tomberont,  dans 
les  vases  où  elles  seront  recueillies,  dans  les  entonnoirs  où  elles  seront 
filtrées,  dans  les  cornues  où  elles  seront  distillées,  que  nous  pourrons  être 
certain  de  l'existence  et  des  proportions  des  bases  fixes  contenues  dans  les 
eaux  météoriques. 


(  m  ) 

»  Quelques  doutes  peuvent  encore  exister  sur  un  point.  Est-il  exact  de 
séparer,  ainsi  que  nous  faisons  dans  ce  Mémoire,  l'azote  total  en  azote  à 
l'état  d'ammoniaque,  et  en  azote  à  l'état  d'acide  azotique?  N'est-il  pas  pos- 
sible que  dans  l'udomètre  même  l'azot;e  qui  est  à  l'état  d'acide  azotique  se 
transforme  en  azote  à  l'état  d'ammoniaque,  out  réciproquement,  au  con- 
tact du  fer,  du  cuivre  et  du  zinc?  Si  nous  ne  levons  pas  encore  ces 
doutes,  il  est  certain  que  le  chiffre  de  l'azote  total  ne  saurait  être  contesté. 
Il  en  est  de  même  pour  le  chiffre  qui  représente  la  quantité  de  chlore 
que  nous  avons  trouvée.  Nous  ajouterons  que  pour  le  semestre  actuel 
nos  déterminations  relativement  à  l'azote  restreignent  les  erreurs  dans 
des  limites  très-étroites.  Nous  avons  recherché  les  traces  d'acide  azotique 
ou  d'ammoniaque  dans  les  eaux  condensées  provenant  des  premières  dis- 
tillations, de  manière  à  être  certain  de  ne  rien  perdre  absolument.  Les 
chiffres  que  nous  donnons  dans  ce  Mémoire  peuvent  donc  servir  de  bases 
à  de  futures  discussions  météorologiques;  ce  sont  des  éléments  qui  présen- 
tent assez  de  certitude  pour  être  enregistrés  à  côté  des  meilleures  données 
à  l'aide  desquelles  on  cherche  à  définir  les  climats. 

»  La -présence  de  l'iode  dans  les  eaux,  de  pluie  signalée  par  MM.  Marchand 
et  Chatin,  a  attiré  aussi  spécialement  notre  attention.  Nous  avons  dit,  dans 
notre  premier  Mémoire,  que  nous  n'avions  encore  aucun  moyen  de  retrouver 
avec  certitude  une  quantité  très-petite  d'iode  introduite  dans  une  grande 
masse  d'eau.  Depuis  six  mois,  nous  avons  fait  de  nouvelles  tentatives  à  cet 
égard  avec  notre  préparateur,  M.  de  Luca,  qui  nous  donne,  dans  les  tra- 
vaux longs  et  pénibles  de  distillations  et  d'analyses  que  demandent  nos 
recherches  sur  les  eaux  pluviales,  une  collaboration  intelligente  dont  nous 
nous  plaisons  à  le  remercier  publiquement.  Nous  avons  fini  par  rencontrer 
une  méthode  analytique  qui  nous  permet  de  trouver  de  très-petites  quan- 
tités d'iode.  Cette  méthode  nous  a  été  suggérée  par  l'un  des  procédés  em- 
ployés par  M.  Henry  Bence  Jones,  dans  ses  recherches  sur  l'oxydation  de 
l'ammoniaque  dans  le  corps  humain  (i).  M.  le  Dr  Price,  préparateur  de 
M.  Jones,  a  eu  l'idée  d'employer,  comme  réactif  de  l'acide  azotique, 
une  dissolution  d'amidon  à  laquelle  on  ajoute  une  goutte  ou  deux  gouttes 
d'une  solution  d'iodure  de  potassium  dont  la  pesanteur  spécifique  est  de 
io5a,  et  de  l'acide  chlorhydriqne  étendu  dont  la  densité  est  >oo5.  Nous 
avons  pensé  que  la  coloration  que  donne  ce  réactif  pourrait  nous  servir 

(i)  Transactions  philosophiques  de  la  Société  royale  de  Londres,  i85i  ,  page  4°5,  el 
annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3e  série ,  tome  XXXV ,  page  1 76. 


(  43o  ) 
pour  reconnaître  l'iode,  si  nous  employions  de  l'amidon ,  de  l'acide  azo- 
tique très-étendu  et  une  goutte  d'acide  chlorhydrique,  pour  essayer  les 
résidus  salins  de  nos  distillations.  Nous  avons  reconnu,  de  plus,  qu'en 
opérant  par  comparaison  avec  une  liqueur  normale  contenant  une  quan- 
tité connue  d'iodure  de  potassium,  nous  pourrions  arriver  a  doser  les 
plus  minimes  fractions  d'iode. 

»  Afin  de  faciliter  toutes  les  comparaisons,  nous  avons  réuni  dans  les 
deux  tableaux  suivants  les  résultats  de  nos  analyses,  en  prenant  les 
moyennes  des  nombres  fournis  par  les  eaux  de  la  terrasse  et  celles  de  la 
cour  de  l'Observatoire.  Ces  tableaux  devront  être  rapprochés  de  ceux  qui 
résultent  de  notre  Mémoire  sur  le  second  semestre  de  i85i  . 


Moyennes  des  matières  dosées  chaque  mois  dans  les  eaux  de  pluie  recueillies  dans  les 
deux  udomètres  de  l'Observatoire  de  Paris  pendant  le  premier  semestre  de  i852, 
rapportées  au  mètre  cube  d'eau  de  pluie  tombée. 


Janvier . . 
Février . . 
Mars 
Avril 

Mai 

Juin 

Movennes 


8r 
3,900 

11 , 1 3 1 

2,gi5 

3,63i 

2,54i 

2,012 


4,355 


i,bi2 
4,6i8 

2,Il3 

2,  184 

i,i5i 
1,371 


2,175 


ACIDE 

azotique. 


7,641 

1  »  ,774 
6,862 

3,567 

5,574 

i,837 


6,209 


AMMONIAQl'E. 


8r_ 
2,53o 

9,646 

»>474 

3,53i 
1 ,  i35 
i,835 


3»7'7 


CHLORURE 

de  sodium. 


8r 

2,644 

7,606 

3,58o 
3, 597 

',899 

2,258 


3,597 


Moyennes  des  matières  dosées  chaque  mois  dans  les  eaux  de  pluie  recueillies  dans  les 
deux  udomètres  de  l'Observatoire  de  Paris  pendant  le  premier  semestre  de  i852, 
rapportées  à  l'hectare. 


Janvier 

Février 

Mars 

Avril 

Mai 

Juin 

Totaux  pour  six  mois 


kil 
2,127 

1,841 

°>937 
o,838 

1,664 

i,389 


8,796 


kil 
0,882 

0,772 

0,682 

o,5o4 
0,745 
0,957 


4,542 


kil 

4,i65 
1,955 

2,210 

o,852 

3>998 
1,276 


i4,456 


kil 

1,271 

1,619 
0,427 

0,749 
0,762 

i,285 


6,n3 


kil 

1,404 
1,247 

I  ,  1 23 

o,83o 
1,227 
1,537 


9,368 


.     ( .43i  ) 

»  Quant  à  l'iode,  nous  ne  l'avons  trouvé  que  dans  les  eaux  du  mois  de 
juin  et  seulement  en  quantité  très-petite  de  i5o  milligrammes  par  hectare. 

»  De  nos  recherches,  il  résulte  : 

»  i°.  .Que,  pendant  une  année  comptée  du  Ier  juillet  i85i  au  3o 
juin  i85a,  il  est  tombé  à  Paris  une  quantité  d'azote  combiné,  égale  à  22kil, 5 
par  hectare,  savoir  iakil,5  à  l'état  d'acide  azotique  et  io  kilogrammes  à  l'état 
d'ammoniaque;  . 

»  2°.  Que  la  quantité  d'ammoniaque  tombée  pendant  cet  espace  de 
temps  s'est  élevée  à  i3kil,8  par  hectare; 

»  3°.  Que  la  quantité  d'acide  azotique  réel  qui  s'est  trouvée  dans  le 
même  temps  dans  les  eaux  de  pluie  monte  à  46klI,3  par  hectare; 

»  4°-  Que  la  quantité  d'ammoniaque  a  diminué  dans  les  mois  où  la 
quantité  d'acide  azotique  a  augmenté; 

»  5°.  Que  la  quantité  d'acide  azotique  s'accroît  dès  que  le  temps  devient 
orageux  ; 

»  6°.  Que  durant  les  mois  de  février,  mars,  avril  et  juin  seulement  la 
quantité  d'azote  à  l'état  d'acide  azotique  s'est  trouvée  être  un  peu  plus 
petite  que  la  quantité  d'azote  à  l'état  d'ammoniaque  ; 

»  7°.  Que  la  quantité  de  chlore  tombée  s'est  élevée  à  n  kilogrammes 
représentant  i8ka,t  de  sel  marin  par  hectare; 

»  8°.  Que  les  matières  en  suspension  dans  les  eaux  de  pluie  et  non  solu- 
bles  contenaient,  pour  les  six  premiers  mois  de  l'année  i852,  de  l'azote 
s'élevant  à  ikl,,2  par  hectare. 

»  La  continuation  de  pareilles  recherches  permettra  seule  de  déter- 
miner l'influence  que  la  quotité  des  pluies  exerce,  concurremment  avec 
la  direction  des  vents,  sur  les  matériaux  déversés  sur  le  sol  par  les  eaux 
pluviales.  » 

astronomie.  —  Note  sur  un  appareil  pouvant  servir  à  démontrer  la  rotation 

de  la  Terre;  par  M..  G.  Sire. 

(Commissaires,  MM.  Arago,  Pouillet,  Babinet.) 

a  Dans  l'expérience  de  M.  Foucault,  si  l'on  se  représente  que  le  pen- 
dule, au  lieu  de  décrire  un  arc  plus  ou  moins  grand,  décrive  une  circon- 
férence entière,  par  sa  révolution  il  engendrera  un  cercle  dont  la  surface 
sera  le  prolongement  du  plan  d'oscillation,  et  les  phénomènes  observés- ne 
■  me  paraissent  pas  devoir  être  changés  par  cette  supposition. 


(  43a  )     . 

»  Partant  de  là ,  j'eus  l'idée  de  remplacer  le  pendule  par  une  roue  massive 
parfaitement  équilibrée  et  tournant  autour  de  deux  axes  rectangulaires. 
L'un  d'eux,  celui  qui  se  trouve  dans  le  plan  de  rotation  de  la  roue,  serait 
toujours  placé  suivant  la  verticale  du  lieu.  Cette  roue,  transportée  au  pôle, 
et  l'axe  vertical  étant  sur  \e  prolongement  de  l'axe  terrestre,  cette  roue, 
dis-je,  tournant  rapidement,  devra  conserver  presque  invariablement  son 
plan  de  rotation,  et,  par  le  fait,  la  rotation  de  la  Terre  sera  mise  en  évidence 
par  son  déplacement  .au-dessous  d'elle.  Cette  même  roue,  transportée  a 
l'équateur,  pe  doit  pas  éprouver  de  déviation,  soit  que  son  plan  de  rotation 
se  trouve  dans  un  plan  méridien,  soit  dans  le  plan  même  de  l'équateur. 

»  Je  fis  donc  construire. une  roue  comme  je  viens  de  l'indiquer;  les  rota- 
tions s'exécutent  sur  des  pivots  d'acier  trempé  très-délicats.  Le  système  peut 
se  fixer  sur  un  cercle  représentant  un  méridien  tournant  autour  d'un  de  ses 
diamètres  figurant  l'axe  terrestre. 

»  L'équilibre  d'une  pareille  roue  est  très-difficile  à  réaliser,  et  j'attribue 
à  son  imperfection  les  irrégularités  que  j'ai  observées.  Dans  le  cas  où  la  roue 
est  placée  au  pôle,  par  exemple,  il  est  extrêmement  difficile  de  faire  que 
l'axe  terrestre  et  l'axe  vertical  de  la  roue  soient  rigoureusement  sur  la 
même  ligne.  Alors,  tantôt  la  roue  est  un  peu  entraînée  dans  le  sens  de  la 
rotation  de  la  Terre,  tantôt  en  sens  contraire,  d'autres  fois  elle  reste 
immobile. 

»  J'ai  constaté  en  outre  que,  quand  la  roue  est  placée  à  l'équateur,  son 
plan  de  rotation  ne  peut  exister  dans  un  plan  méridien;  il  se  place  toujours 
dans  le  plan  de  l'équateur,  et  le  sens  de  rotation  de  la  roue  est  le  même  que 
celui  de  la  Terre.  Celui-ci  vienl-il  à  se  produire  en  sens  inverse,  immédiate- 
ment la  roue  fait  un  demi-tour  sur  elle-même,  et  les  deux  rotations  ont  lieu 
dans  le  même  sens.  Il  résulte  de  ces  faits,  que  jamais  les  axes  de  rotation 
d'une  pareille  roue  ne  peuvent  se  trouver  simultanément  dans  le  plan  de 
rotation  de  la  Terre  ;  l'axe  horizontal  de  la  roue  se  place  toujours  perpendi- 
culairement à  ce  plan.  D'où  il  suit  qu'à  une  latitude  quelconque,  la  roue  se 
place  toujours  perpendiculairement  au  méridien,  c'est-à-dire  qu'elle  se 
trouve  toujours  dans  la  surface  conique  engendrée  par  la  révolution  de  la 
verticale. 

»  Peut-être,  en  exécutant  cet  appareil  avec  une  extrême  précision,  obtien- 
drait-on des  résultats  plus  concluants.  » 


(  433  )     • 

optique.  —  Note  sur  un  instrument  désigné  sous  le  nom  de  polyoptomètre  ; 
par  M.  J.  Porro.  (Extrait  par  l'auteur.  ) 

(Commissaires,  MM.  Arago,  Pouillet,  Babinet.) 

«  Cet  instrument,  présenté,  au  nom  de  M.  Porro,  par  M.  Babinet,  est, 
ainsi  que  son  nom  l'indique,  propre  à  différentes  observations  de  précision 
en  optique.  Celui  qui  est  sous  les  yeux  de  l'Académie  est  une  transforma- 
tion d'un  théodolite  de  Gambey;  il  est  destiné  à  l'observatoire  de  Mar- 
seille. 

»  L'auteur,  qui  se  propose  de  décrire  avec  détail  l'instrument  dans 
un  second  Mémoire,  se  borne  aujourd'hui  à  le  présenter  comme  moyen 
de  sonder  la  profondeur  du  spectre. 

»  Avec  cet  instrument,  ainsi  qu'avec  un  très-grand  appareil  de  4  mètres 
de  foyer,  l'auteur  a  pu  constater  que  les  raies  transversales,  les  raies  longi- 
tudinales et  un  fil  tendu  sur  la  fente  du  porte-lumière  donnent  dans  la  lu- 
nette trois  foyers  très-différents  et  tels,  que  les  deux  premiers  ont  leur  foyer 
conjugué  en  dehors  de  l'appareil.  L'auteur  conclut  que  les  raies  longitudi- 
nales, décoixvertes  par  M.  Zantedeschi,  n'ont  pas  uniquement  pour  cause, 
ainsi  qu'on  a  paru  le  croire,  les  corps  étrangers  d'une  grande  ténuité  qui 
pourraient  se  trouver  accidentellement  sur  le  porte-lumière.  » 

hydraulique.   —   Discussion   du  paradoxe    hydrostatique   et  expérience 
faite  à  cette  occasion;  par  M.  Ih  pus. 

(Commissaires,  MM.  Cauchy,  Poncelet,  Pouillet,  Despretz.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  Chevki  i il  présente  la  Note  suivante  de  M.  Calvert,  sur  la  préparation 
du  coke  destiné  à  la  fabrication  de  la  fonte. 

«  Il  est  à  la  connaissance  des  savants  Membres  de  l'Académie,  ainsi  qu'à 
celle  des  hommes  pratiques,  que  la  présence  du  soufre  dans  le  fer  commu- 
nique à  ce  métal  des  propriétés  qui  en  diminuent  la  valeur,  principalement 
en  le  rendant  cassant  lorsqu'il  est  porté  au  rouge.  Le  soufre  que  le  fer 
contient  provient  rarement  du  minerai,  mais  des  combustibles  employés. 
J'ai  donc  dû  chercher  des  moyens  qui  me  permissent  de  décomposer  les 
sulfures,  soit  dans  les  minerais,  soit  et  principalement  dans  les  combusti- 
bles. Après  bien  des  essais,  j'ai  découvert  que  le  chlorure  de  sodium,  appli- 
qué d'une  certaine  manière  et  dans  des  proportions  convenables,  atteignait 

C.  R. ,  t85a,  a""  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  15.)  5^ 


■     (  434  ) 

le  but  que  je  m'étais  proposé,  et  ceci,  en  conséquence  de  la  réaction 
chimique  suivante. 

»  Sous  l'influence  de  la  chaleur,  le  bisulfure  de  fer  se  décompose  en  proto- 
sulfure, lequel,  se  trouvant  en  contact  avec  du  chlorure  de  sodium,  forme 
entre  autres  produits  du  chlorure  de  fer  qui,  en  présence  d'une  haute 
température  et  de  la  vapeur  d'eau,  se  décompose  en  oxyde  de  fer  et  en 
acide  chlorhydrique  ;  le  soufre  et  le  sodium  passent  dans  les  scories  des 
hauts  fourneaux,  et  par  conséquent  le  soufre  ne  se  fixe  pas  au  fer.  Ce  pro- 
cédé, que  j'ai  appliqué  en  grand  dans  trois  usines,  deux  en  Ecosse  et  l'autre 
dans  le  pays  de  Galles,  m'a  donné  des  résultats  très-satisfaisants,  comme 
le  prouvent  les  échantillons  que  mon  savant  maître,  M.  Chevreul,  a  la 
bienveillance  de  vouloir  bien  présenter  à  l'Académie.  (Je  suis  en  train  d'é- 
tudier les  propriétés  que  le  fer  purifié  acquiert  à  mesure  que  la  quantité  de 
soufre  décroît.  ) 

»  Je  ferai  remarquer  à  l'Académie  que  le  fer  que  j'ai  l'honneur  de  lui 
soumettre  a  été  obtenu  dans  le  même  haut  fourneau,  toutes  choses  égales 
d'ailleurs,  sauf  l'application  de  mon  procédé.  On  remarquera  que  dans  le 
fer  disparaissent  les  cristaux  qui  en  diminuent  la  ténacité  et  qu'il  acquiert  une 
fibre  longue  d'une  grande  ténacité.  Je  n'ai  pas  encore  pu  déterminer  dans  le 
fer  malléable  l'exact  rapport  de  ténacité  que  le  fer  malléable  purifié  pré- 
sente en  comparaison  avec  le  même  fer  fait  par  les  moyens  ordinaires; 
mais  j'ai  déterminé  la  résistance  comparative  des  deux  fers  à  l'état  de  fonte. 
J'ai  pris  des  barres  de  fer  parfaitement  calibrées  ayant  i  pouce  carré  an- 
glais et  5  pieds  de  long,  je  les  ai  mises  sur  deux  supports  placés  à  une  dis- 
tance de  4  pieds  6  pouces  anglais. 

»  On  a  alors  appliqué  sur  le  centre  de  la  barre  une  pression  graduelle 
au  moyen  d'une  vis  de  pression  jusqu'à  ce  que  la  barre  cassât. 


POIDS  ES    LITRES    ANGLAISES 

POIDS    EN    LIVRES  ANGLAISES 

auxquels  s'est  cassée 

auxquels  s'est  cassée 

la  fonte  non  purifiée. 

la  fonte  purifiée. 

487 

556 

456 

5a5 

487 

544 

47° 

562 

56q 

544 

(  435  ) 

»  Ces  mêmes  fontes  ont  été  analysées,  et  l'on  a  trouvé  que  la  fonte  non 
purifiée  contenait  6  millièmes  de  soufre,  tandis  que  la  fonte  purifiée,  qui 
a  servi  aux  expériences  ci-dessus,  n'en  contenait  que  i  millième.  Consé- 
quemment,  par  l'addition  du  sel  j'avais  retiré  5  millièmes  de  soufre. 

»  J'ai  mis  en  application,  sur  une  grande  ligne  de  chemin  de  fer  en 
Angleterre,  le  même  procédé  appliqué  à  la  fabrication  du  coke;  il  a  été 
prouvé  que,  durant  la  combustion  de  ce  coke,  le  soufre  n'était  nullement 
mis  en  liberté,  ce  qui  confirme  ce  que  j'ai  avancé  plus  haut,  que  le  soufre 
reste  dans  les  cendres,  et  dès  lors,  ne  pouvant  agir  ni  sur  les  enveloppes  de 
cuivre  des  fire-boxes,  ni  sur  les  tubes  de  laiton,  il  en  résulte  une  grande 
économie.  Dans  quelque  temps,  je  prendrai  liberté  de  soumettre  à  l'Aca- 
démie la  différence  d'user  représentée  par  la  différence  de  parcours  sans 
réparation  d'une  locomotive  brûlant  de  mon  coke,  comparativement  avec 
une  autre  locomotive  faisant  usage  du  coke  ordinaire. 

»  J'ai  aussi  obtenu,  à  Manchester,  en  employant  un  coke  préparé,  des 
résultats  très-satisfaisants  pour  la  refonte  des  fontes  dans  les  cubilots.  La 
fonte  d'une  fonte  de  même  qualité,  fondue  dans  le  même  cubilot  avec  du 
coke  de  même  origine,  a  été,  durant  son  passage,  purifiée,  et  par  là  a 
acquis  une  plus  grande  ténacité,  ainsi  que  le  prouvent  les  chiffres  ci- 
dessous  : 

Barres  de  fonte  de  >  pouce  carré  et  de  4pi>6  préparées  avec  le  coke  ordinaire .      5i4  livres. 
Barres  de  fonte  de  i  pouce  carré  et  de  4pi>6  préparées  avec  le  coke  préparé. .      528  livres. 

»  Maintenant  que  la  multiplication  des  chemins  de  fer  rendra  les  trans- 
ports faciles,  j'ai  tout  lieu  d'espérer  que  l'introduction  en  France  d'un  pro- 
cédé à  la  fois  si  simple  et  si  facile  permettra  aux  maîtres  de  forge  d'em- 
ployer, sans  altérer  leur  fer,  le  coke  dont  l'usage  est  si  avantageux  pour  la 
production  économique  de  ce  métal,  car,  à  l'aide  de  ce  combustible,  les 
hauts  fourneaux  anglais  produisent  de  iaoooo  à  aooooo  kilogrammes 
de  fonte  par  semaine,  tandis  que,  par  l'emploi  du  charbon  de  bois,  la 
quantité  produite  est  de  20000  à  3oooo  kilogrammes  seulement.  » 

astronomie.  —  Découverte  d'une  nouvelle  planète,  faite  à  Marseille  le 
20  septembre  ;  par  M.  Chacornac.  (  Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Valz 

à  M.  drago.) 

«  Je  viens  vous  annoncer,  avec  une  vive  satisfaction,  la  découverte 
d'une  nouvelle  planète  due  à  la  confection  des  cartes  écliptiques,  par 

57.. 


(  436  )  , 

M.  Ghacornac  (x).  La  nuit  dernière,  ayant  remarqué  une  étoile  de 
9e  grandeur  à  une  place  où  il  n'en  avait  pas  encore  vu,  il  la  compara  à  une 
étoile  voisine  qu'elle  précédait  de  3  secondes  de  temps  à  ioh5oID,  de  7  se- 
condes à  iih25m,  et  de  i3  secondes  à  i5h3om.  Par  des  observations  plus 
complètes,  le  20  septembre,  à  i2b2m,  elle  précédait  449  des  étoiles  de 
Lalande,  réduites  dans  le  catalogue  anglais,  de  4m  54%  et  se  trouvait  de 
9' 45"  plus  méridionale.  Mais,  à  1 5h  57"1,  elle  la  précédait  de  5™  4%  et  était 
plus  au  sud  de  10' 45".  En  cherchant  à  remonter  aux  positions  antérieures, 
M.  Chacornac  reconnut  que  le  9  septembre,  vers  12  heures,  il  avait  inscrit 
une  étoile  de  9e  grandeur,  qui  ne  se  retrouvait  plus,  et  qui  ne  pouvait  être 
que  la  nouvelle  planète,  dont  la  position  était  alors  à  5° 4'  fà,  et  2°48'DB 
à  la  minute  près.  M.  Chacornac  ayant  laissé  à  ma  disposition  le  nom  à  don- 
ner à  la  nouvelle  planète,  je  lui  ai  proposé  celui  de  Massilia,  avec  le  sym- 
bole (ao)  indiquant  le  rang  de  sa  découverte,  et  paraissant  préférable  à  tout 
autre  signe  arbitraire  ;  ce  qu'il  a  agréé. 

»  Une  circonstance  accidentelle  ayant  retardé  le  départ  de  cette  Lettre, 
je  puis  ajouter  une  autre  détermination  de  la  nouvelle  planète.  Le  2  1  septem- 
bre, à  ioh4om,  elle  précédait  la  44e  des  Poissons  de  7™  28%  et  était  plus 
septentrionale  de  33'  r5",  ce  qui  ne  diffère  du  lieu  de  Junon  que  de  1  degré 
en  yR,  et  de  4°i  en  D.  » 

astronomie.  —  Nouveaux  éléments  de  la  seconde  comète  de  1 852  ; 
par  M.  Valz.  (Communiqués  par  M.  Arago.  ) 

Passage  au  périhélie,  i852,  1 1,97 3  octobre,  T.  raoy.  à  Marseille  ; 

Distance  périhélie 1,2644 

Longitude  périhélie 43°  26' 

& 346«58' 

Inclinaison 42°  a' 

Mouvement.  .    Direct. 

»  Déjà  il  paraît  que  la  parabole  ne  pourra  pas  suffire  à  représenter  le 
cours  entier  de  la  comète.   » 


(1)  La  carte  écliptique  que  je  vous  ai  transmise  plus  tôt  que  je  ne  comptais,  pour  profiter 
de  l'occasion  de  M.  Gras,  n'était  que  pour  vous  donner  un  aperçu  sur  la  confection  de  ces 
cartes;  car  M.  Chacornac  compte  la  remplacer,  en  y  ajoutant  un  plus  grand  nombre  d'étoiles, 
et  j'espère  pouvoir  vous  envoyer  sous  peu  de  temps  celles  de  la  première  heure,  et  continuer 
ainsi  successivement. 


(437) 

astronomie.  —  Eléments  de  la  planète  Melpomène ,  calculés  par 
M.  Trettenero,  d'après  1rs  observations  faites  le  \gjuin,  à  Berlin,  au 
cercle  méridien,  et  les  i3  et  18  juillet,  à  Padoue.  (Extrait  d'une  Lettre 
de  M.  Saiïtini  à  M.  Ara°o.  ) 

Époque.  .  . .   19,0  juin  i852,  temps  moyen  de  Berlin. 

Anomalie  moyenne i84°4°'  lI">42 

Longitude  du  nœud i5o.i6.io,85  1  Équinoxe  moyen 

Longitude  du  périhélie i4-33.i5  ,98  |       de  l'époque. 

Inclinaison 10.   5.i5,i6 

Angle  d'excentricité j2.3o.33  ,  19 

Log  a  =  0,3602861  ;  logf*"=  3,0095775 

astronomie.  —  Recherches  concernant  la  théorie  des  météores  lumineux, 
faites  à  V occasion  du  bolide  observé  le   10  juillet  i85o,  à  Toulouse 
et  à  Bordeaux.  (Note  de  M.  Petit.) 

«  J'ai  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie  les  résultats  de  quelques  nou- 
velles recherches  relatives  à  la  théorie  des  météores  lumineux.  Le  bolide 
auquel  se  rapportent  principalement  ces  recherches,  fut  aperçu  dans  la  soi- 
rée du  6  juillet  i85o,  à  Bordeaux,  pendant  une  longue  partie  de  sa  course, 
par  M.  Abria,  doyen  de  la  Faculté  des  Sciences,  et  à  Toulouse  par  diverses 
personnes  dont  les  souvenirs  ont  puissamment  contribué  à  compléter  nos 
propres  observations,  qui  n'avaient  été  faites  que  sur  un  élément  extrême- 
ment court  de  la  trajectoire. 

»  D'après  les  renseignements  que  M.  Abria  voulut  bien  m'envoyer,  le 
bolide  du  6  juillet  1 85o,  présentant  l'apparence  d'une  étoile  filante  extraor- 
dinairement  brillante,  se  serait  mù  à  peu  près  dans  un  plan  vertical  dirigé 
du  nord-ouest  vers  le  sud-est,  mais  un  peu  plus  rapproché  cependant  de  la 
direction  nord-sud  que  de  la  direction  ouest-est  ;  et  il  aurait  parcouru  dans 
ce  plan  un  arc  d'environ  3o  degrés,  depuis  20  jusque  vers  5o  degrés  de 
distance  zénithale,  dansos,8  de  temps.  La  disparition,  pour  M.  Abria, aurait 
coïncidé  avec  l'extinction  complète  du  bolide,  qu'aucun  objet  terrestre  ne 
masqua  au  moment  de  cette  disparition. 

»  A  Toulouse,  le  météore  jeta  un  éclat  assez  vif  pour  illuminer  fortement 
la  campagne,  et  ce  fut  même  la  cause  qui  m'avertit  de  l'apparition.  Mal- 
heureusement je  n'aperçus  que  la  fin  de  cette  apparition  ;  aussi  l'évaluation 
de  la  vitesse  apparente  qui  résulta  de  mon  estimation  sur  un  arc  extrême- 
ment court,  dut-elle  se  trouver  très-influencée  par  la  plus  légère  erreur 
d'appréciation  dans  la  durée  du  phénomène.  Quant  à  la  direction  de  la  tra- 


(  438  ) 

jectoire  apparente,  d'après  les  renseignements  qui  me  furent  fournis  plus 
tard  par  quelques  personnes  placées  aux  environs  de  l'observatoire,  je  suis 
porté  à  croire  que  cette  direction  avait  été  assez  bien  déterminée  par  moi, 
malgré  le  peu  d'étendue  de  l'arc  correspondant  à  la  durée  de  mon  obser- 
vation. J'ajouterai  que  j'ai  été  moi-même  témoin  de  l'extinction  du  bolide, 
et  que  cette  heureuse  circonstance  m'a  permis  de  faire  subir  aux  observa- 
tions les  corrections  les  plus  probables,  en  les  astreignant,  sans  changer 
sensiblement  l'orientation  des  trajectoires  apparentes,  à  fixer  dans  le  même 
point  du  ciel  le  lieu  où  le  bolide  s'éteignit  pour  les  observateurs,  soit  de 
Bordeaux,  soit  de  Toulouse.  J'ajouterai  également  que  le  bolide  me  parut 
avoir  un  diamètre  égal  environ  à  £  du  diamètre  de  la  Lune. 

»  Pour  ne  pas  entrer  dans  une  discussion  trop  étendue,  je  me  bornerai  à 
rapporter  ici  les  données,  corrigées  d'après  les  considérations  précédentes, 
qui  ont  servi  de  base  à  mon  travail. 

Observation  de  Bordeaux. 


Point  de  départ  du  bolide. 

1R 249°  19'  20" 

Dist.  pol.  nord 62°46'2o" 

Point  d'extinction  du  bolide. 

a 263°58'io" 

Dist.  pol.  nord 990  6' 

Observation  de   Toulouse 

Point  du  commencement  de  l'observation. 

S, 2o8°3o' 

Dist.  pol.  nord 58°  3o, 

Point  d'extinction  du  bolide. 
A 211°   3o 

Dist.  pol.  nord 66°3o' 


Heure  de  l'apparition. 

Vers  9  heures  du  soir,  le  6  juillet  i85o. 
Durée  de  l'apparition =s  o%8 


Heure  de  l'apparition. 

Le  6  juillet  i85o,  à  gh  3m  du  soir  (temps 

moyen  de  Toulouse). 
Durée  de  l'observation =  o%5  (?) 


»  Voici  maintenant  les  principales  particularités  de  la  trajectoire,  qui 
résultent  des  données  précédentes  : 

Distance  du  bolide  à  la  Terre  quand  M.  Abria  l'aperçut  de  Bordeaux ....   =  253  kilomètres. 

Distance  du  bolide  à  Bordeaux,  au  même  moment =  268 

Position  du  point  de  la  Terre  au-dessus  duquel  passait  I  latitude  boréale.  L  —  44"  9'  4° " 

alors  le  bolide |  longitude  occid.    /  =  —  2°2i'4o" 

Distance  du  bolide  à  la  Terre  quand  je  l'aperçus  de  Toulouse =  i49Lil,5 

Distance  du  bolide  à  Toulouse  au  même  moment : .  . .   s=  i68k",  5 


(439) 

Position  du  point  de  la  Terre  au-dessus  duquel  passait  (  latitude  boréale.  L  =  43°  25' 4c" 

alors  le  bolide |  longitude  occid.  I  =  —  i°47'  3o" 

Distance  du  bolide  à  la  Terre  quand  nous  le  vîmes,  M.  Abria  et  moi, 

s'éteindre  dans  le  ciel =  1 27kil,  5 

Position  du  point  de  la  Terre  au-dessus  duquel  passait  i  latitude  boréale.  L  s=  43°  16' 

alors  le  bolide j  longitude  occid.  /  =  —  i°4o'  io" 

Distance  du  bolide  à  Bordeaux  dans  le  même  moment =  23gkn,5 

Distance  du  bolide  à  Toulouse  dans  le  même  moment =  i47kiI,5 

Vitesse  apparente  résultant  de  l'évaluation  de  M.  Abria =  2i4kl1, 5 

Vitesse  apparente  résultant  de  mon  évaluation ==    621"1, 5 

Vitesse  absolue  dans  l'espace,  résultant  de  mon  évaluation =    ■j5kll,o 

Diamètre  du  bolide  résultant  de  mon  observation =2i5  mètres. 

»  Je  suis  loin  de  vouloir  donner  comme  rigoureusement  exacts  les  ré- 
sultats que  je  viens  d'indiquer,  et  encore  moins  ceux  qui  vont  suivre;  mais 
les  conclusions  que  l'on  peut  en  tirer  doivent  cependant  être  regardées 
comme  assez  fortement  probables.  En  effet,  de  quelque  manière  qu'on 
veuille  examiner  la  question,  on  est  à  peu  près  obligé  d'admettre,  ce  me 
semble,  que  le  bolide  du  6  juillet  i85o  a  brillé  hors  de  notre  atmosphère 
d'un  très-vif  éclat,  et  qu'il  devait  avoir  un  diamètre  considérable;  peut-être 
même  qu'il  était  en  partie  gazeux,  particularité  qui,  rapprochée  de  la  rareté 
des  habitants  vers  le  centre  des  Pyrénées,  au  point  donné  par  la  latitude 
boréale  43°  4^5  et  par  la  longitude  occidentale  —  (i°7')>  point  dans  le  voi- 
sinage duquel  dut  tomber  le  bolide,  expliquerait  pourquoi  la  chute  n'au- 
rait pas  été  signalée.  On  doit  admettre  également,  je  crois,  que  la  vitesse 
du  météore  était  fort  grande  ;  car,  après  mûre  réflexion  et  après  avoir  com- 
paré la  durée  du  phénomène  avec  le  temps  de  la  chute  des  corps,  M.  Abria 
m'a  donné  comme  très-sensiblement  exact  le  nombre  os,8  pour  la  durée 
totale  de  l'apparition;  tandis  que  mon  évaluation  o9,5,  faite  dès  le  premier 
moment,  a  pu  être  exagérée  pour  bien  des  motifs,  et  principalement  parce 
que  l'arc  de  la  trajectoire  auquel  elle  s'est  appliquée  est  extrêmement  petit, 
parce  que  la  durée  o%5  comprend  le  temps  total  de  l'impression  lumineuse 
sur  ma  vue  (impression  qui  a  dû  se  prolonger  de  os,i  ou  o*,2  après  la  dis- 
parition du  bolide,  à  cause  de  la  vivacité  de  l'éclat)  ;  enfin,  parce  que  cette 
même  impression  s'est  compliquée,  selon  toute  apparence,  de  l'effet  pro- 
duit sur  moi  par  la  lumière  très-intense  qui  éclaira  subitement  la  campagne 
avant  que  j'eusse  regardé  le  ciel,  et  parce  qu'aussi  j'ai  très-bien  pu  me  trom- 
per de  o%i  ou  os,a  sur  une  évaluation  faite  dans  un  moment  de  véritable 
surprise.  De  sorte  qu'en  définitive,  on  pourrait  parfaitement  supposer,  avec 
quelque  probabilité,  que  mon  évaluation  de  la  vitesse  donne  un  résultat 


(  44o  ) 

quatre  ou  cinq  fois  trop  faible,  tandis  qu'au  contraire,  l'évaluation  de 
M.  Abria  serait  beaucoup  plus  près  de  la  vérité.  Or  l'une  et  l'autre  des 
deux  évaluations  donnant  une  orbite  hyperbolique  non-seulement  autour 
de  la  Terre,  mais  encore  autour  du  Soleil,  si,  l'action  perturbatrice  de  la 
Terre  étant  défalquée,  on  trouve  encore,  avec  la  vitesse  résultant  de  mon 
évaluation,  une  hyperbole  pour  l'orbite  dans  laquelle  se  mouvait  le  bolide 
avant  d'être  soumis  à  notre  planète,  il  sera  évident  qu'à  plus  forte  raison, 
on  aurait  eu  un  mouvement  hyperbolique  avec  la  vitesse  trois  fois  et  demie 
plus  considérable,  fournie  par  l'observation  de  M.  Abria.  C'est  d'après  ces 
motifs  que,  pour  étudier  la  nature  du  mouvement,  j'ai  adopté  la  vitesse 
apparente  U  =  6iul, 5,  de  laquelle  j'ai  déduit,  pour  la  vitesse  ab- 
solue autour  du  Soleil,  le  nombre  75  kilomètres;  une  hyperbole  autour  de 
la  Terre;  enfin  des  mouvements  hyperboliques  autour  du  Soleil,  non-seu- 
lement après  les  modifications  produites  par  l'action  perturbatrice  de  la 
Terre,  mais  encore  avant  que  l'influence  de  notre  planète  se  fût  sensible- 
ment exercée  sur  le  bolide. 

»  Je  ne  consignerai  pas  ici  les  divers  éléments  des  mouvements  hyperbo- 
liques auxquels  je  suis  arrivé.  Je  me  contenterai  de  dire,  parce  que  cette 
indication  suffit  à  justifier  mes  conclusions,  que  l'excentricité  4>74  de  l'or- 
bite autour  du  Soleil,  au  moment  où  le  bolide  se  montra,  n'avait  été  aug- 
mentée que  de  o,  16  environ  par  l'action  de  la  Terre,  et  que  cette  excentricité 
était,  par  conséquent,  encore  égale  à  4,58  lorsque  la  Terre  commença  à 
agir.  Le  mouvement  du  bolide  a  donc  été  toujours  très-largement  hyperbo- 
lique, même  avec  la  vitesse,  peut-être  trois  ou  quatre  fois  trop  faible,  que 
j'ai  adoptée.  A  moins  donc  que  les  autres  corps  du  système  solaire  n'aient 
produit  eux-mêmes  sur  le  bolide  une  action  énorme  avant  son  arrivée  vers 
nous  (ce  qu'il  serait  absolument  impossible  de  décider  en  présence  de  l'in- 
certitude que  laissent  les  observations  sur  la  valeur  exacte  de  la  vitesse  du 
bolide  et  sur  la  position  rigoureuse  de  la  trajectoire,  mais  ce  qui,  néan- 
moins, paraît  fort  peu  probable  quand  on  compare  à  la  masse  énorme  du 
Soleil  le  peu  de  masse  de  l'ensemble  des  planètes,  dispersées  d'ailleurs  en 
si  petit  nombre  dans  les  divers  points  du  ciel),  on  peut  conclure,  sinon 
avec  certitude,  du  moins  avec  quelque  probabilité,  que  le  bolide  du  6  juil- 
let i85o  était,  comme  d'autres  bolides  dont  j'ai  déjà  déterminé  les  trajec- 
toires, un  de  ces  corps  qui  circuleraient  dans  l'espace  en  allant  d'une  étoile 
à  l'autre,  et  dont  l'analyse  chimique  serait  de  nature  à  nous  éclairer  sur  la 
constitution  matérielle  de  ces  régions  stellaires  que  la  lumière  elle-même, 
malgré  sa  prodigieuse  rapidité,  met  des  années  entières  à  parcourir.  » 


(44i  ) 

physique.  —  De  la  différence  de  pouvoir  dispersif  des  deux  électricités. 
(Note  de  M.  Zantedeschi ,  communiquée  par  M.  Arago.) 

«  On  a  dit  et  répété,  dans  différents  Mémoires,  que  l'électricité  négative 
ou  résineuse  se  perd  plus  promptement  que  l'électricité  positive  ou  vitrée. 
Les  expériences  avaient  été  faites  avec  l'électricité  d'une  bouteille  de  Leyde 
qui  se  déchargeait  par  une  espèce  d'excitateur  (spinterometro),  terminé  à 
chacune  de  ses  deux  bifurcations  par  une  boule  et  une  pointe.  Telles  étaient, 
par  exemple,  les  expériences  de  Belli.  Pour  moi,  j'ai  trouvé  que  la  propo- 
sition ne  se  vérifiait  pas,  du  moins  pour  la  décharge  des  électrophores. 
Deux  électrophores  chargés  positivement  dans  leurs  mastics,  n'ont  pas 
conservé  leur  charge  au  delà  d'un  mois  environ.  Les  mêmes  électrophores, 
chargés  négativement,  donnaient  encore,  après  huit  mois,  des  signes  très- 
manifestes  d'électricité.  Ces  observations  ont  été  faites  par  moi  en  i85o, 
i85i  et  i85a,  avec  deux  électrophores  que  j'avais  fait  construire  pour  le 
cabinet  de  physique  de  l'Université  de  Padoue. 

«  Ces  remarques  m'ont  conduit  à  une  application  utile,  qui  consiste  à 
charger  négativement  les  mastics  des  électrophores,  de  même  que  les  col- 
lecteurs [collettori)  des  condensateurs,  quand  on  veut  qu'ils  conservent 
longtemps  leur  charge.  » 

physique  du  globe.  —  Corrélation  entre  les  grandes  émissions  de  vent 
d'Afrique  {siroco),  et  les  inondations  du  Rhin,  du  Rhône  et  de  la  Loire. 
(Lettre  de  AI.  Fabke-AIassias  à  M.  Arago.) 

«  Le  17  octobre  1846,  nous  ressentîmes  à  Philippeville  (Algérie)  un 
siroco  d'une  violence  extraordinaire  :  deux  jours  après,  d'effroyables  inon- 
dations désolaient  les  vallées  dont  l'origine  est  aux  Alpes  et  aux  Cévennes. 

»  Dans  les  premiers  jours  de  novembre  suivant,  une  seconde  émission  de 
siroco  fut  également  suivie  d'inondations.  Cette  fois,  la  question  de  coïnci- 
dence s'était  déjà  posée  dans  mon  esprit,  et  j'avais  annoncé  l'inondation  que 
les  journaux  nous  racontèrent  après  quelques  jours. 

»  Samedi  dernier,  18  septembre,  tout  Paris  a  senti,  et  non  sans  étonne- 
ment,  un  vent  du  sud  dont  la  température  tranchait  singulièrement  avec 
celle  de  la  nuit  précédente  et  de  la  matinée  même.  Je  crus  y  reconnaître  le 
caractère  du  siroco  que  j'avais  souvent  subi  en  Afrique,  et  j'annonçai,  aux 
personnes  qui  m'entouraient,  des  inondations  prochaines.  L'événement  n'a 
que  trop  donné  raison  à  cette  prédiction. 

»  A  mes  yeux,  une  relation,  sinon  constante,  du  moins  habituelle  entre 

C.  H.,  i85a,  am«  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  13.)  58 


(  44*  ) 

le  vent  d'Afrique  et  les  inondations  de  nos  fleuves,  est  aujourd'hui  tout  à 
fait  établie;  mais  tous  les  détails  de  ce  phénomène  restent  à  étudier. 

»  Que  la  sphère  d'action  du  vent  d'Afrique  s'étende  à  d'énormes  distan- 
ces, cela  ne  peut  faire  doute.  Il  se  fait  sentir  aux  îles  du  cap  Vert.  Tous 
les  rivages  de  la  Méditerranée  le  reconnaissent  et  le  redoutent.  Il  y  porte 
même  souvent  encore  cette  fine  poussière  qui  le  rend  visible  en  Algérie 
et  qui  permet  d'y  fixer  le  soleil,  comme  en  temps  débrouillard. 

»  Mais  quel  est  son  mode  d'action? 

»  N'agit-il  que  par  sa  haute  température,  en  fondant  les  neiges  des  mon- 
tagnes? Alors,  il  ne  déterminera  d'inondations  que  là  où  peuvent  arriver 
des  neiges  fondues.  Le  Rhin  et  le  Rhône,  seuls  en  France,  en  seront  affectés 
en  été.  La  Loire,  l'Allier,  l'Ardèche  grossiront  aussi,  si  les  neiges  couvrent 
déjà  les  Cévennes.  Quant  aux  régions  pyrénéennes,  je  ne  sais  rien  de  l'ac- 
tion exercée  sur  elles. 

»  Faut-il  croire  qu'à  cette  action  s'en  ajoute  une  autre?  Que  ce  veut 
d'une  sécheresse  si  caractéristique  en  Afrique,  se  charge,  au  passage  de  la 
Méditerranée,  d'une  eau  qu'il  abandonne  ensuite  à  mesure  qu'il  s'élève  au 
nord  et  que  sa  température  diminue?  L'influence  de  pluies  déterminées  par 
cette  cause  me  semble  être  moindre  que  celle  de  la  fonte  des  neiges. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  si  la  relation  que  j'indique  se  trouve  confirmée  par 
des  témoignages  ultérieurs  de  façon  à  passer  à  l'état  de  vérité  démontrée, 
l'étude  des  circonstances  qui  accompagnent  la  naissance  et  la  marche  du 
remarquable  météore  dont  nous  parlons  ici,  présentera  un  intérêt  pratique 
du  premier  ordre. 

»  Le  cercle  d'action  du  siroco  est  plus  ou  moins  étendu;  mais  il  est  à 
croire  que  l'intensité  du  vent  à  une  latitude  donnée  pourrait  servir  de 
mesure  à  sa  portée,  et  qu'il  serait  utile  de  faire  toujours  noter  dans  le  Tell 
algérien,  par  exemple,  sa  naissance,  son  intensité,  et  sa  fin. 

»  Mais  est-il  certain  que  le  siroco  se  fasse  toujours,  à  la  même  latitude, 
sentirai!  niveau  du  sol?  Le  courant  ne  s'établit-il  pas,  aux  lieux  d'origine, 
à  une  grande  altitude?  Après  quel  parcours  s'abaisse-t-il  jusqu'au  terrain? 

»  Où  naît-il?  Pour  répondre  à  cette  autre  question,  il  faudrait  connaître 
avec  précision  la  nature  et  l'altitude  des  régions  qui  séparent  de  Tombouc- 
tou  et  des  vallées  du  Sénégal  et  du  Niger  le  Sahara  algérien.  Que  des  trou- 
bles atmosphériques  considérables  se  manifestent  fréquemment  dans  toute 
la  contrée  qui  s'étend  au  sud  du  Tell,  cela  ne  fait  pas  doute.  Mais  quelle 
est  la  direction  de  ces  vents  qui  désolent  les  voyageurs  du  désert?  Comment 
distinguer  des  réactions  locales  qui  doivent  suivre  chaque  grande  émission 


(  443  ) 
d'air  échauffé,  le  mouvement  général  qui  emporte  celui-ci  vers  d'autres 
pays?  Peut-on  même  s'apercevoir  de  l'émission  elle-même,  et  n'est-elle  pas 
accompagnée,  au  contraire,  par  le  calme  de  l'atmosphère  qui  n'éprouve, 
au  commencement  du  phénomène,  qu'un  mouvement  d'ascension? 

»  Qu'il  me  soit  permis  d'exposer,  en  finissant,  deux  faits  dont  j'ai 
été  témoin  et  qui  peuvent  entrer  dans  l'histoire  des  questions  que  je  viens 
o  indiquer. 

>>  Le  Ier  novembre  1848,  je  quittai  Biskra,  me  dirigeant  vers  le  sud-ouest 
(Oughlal,  Liona).  Un  vent  violent  avait  soufflé  la  veille  :  je  remarquai  der- 
rière chaque  touffe  de  dis,  chacun  des  arbustes  épineux  et  rabougris  qui 
couvrent  le  sol,  une  traînée  de  sable  allant  de  ma  gauche  à  ma  droite  :  il 
semblait,  sur  ce  terrain  balayé  comme  il  l'eût  été  de  main  d'homme,  voir 
des  amas  semblables  à  ceux  que  forme,  en  aval  de  chaque  obstacle,  la  neige 
chassée  par  un  ouragan.  Leur  direction  indiquait  un  vent  d'ouest  qui  au- 
rait remonté  la  vallée  de  l'O.  Djedi;  j'ajouterai,  comme  circonstance  sin- 
gulière, qu'un  peu  de  sel  marin  blanchissait  la  surface  du  sable.  Le  sel  ma- 
rin, et,  plus  loin,  les  nitrates,  abondent  dans  cette  contrée. 

»  Or,  ce  jour  même,  je  l'appris  à  mon  retour,  un  violent  siroco  s'était 
fait  sentir  à  Philippeville.  Était-ce  le  même  vent  qui  s'était  infléchi  vers  le 
nord?  N'avais -je  pas  plutôt  sous  les  yeux  les  traces  d'une  réaction  locale? 

»  Le  16  juin  i84o,  j'avais  été  laissé  au  commandement  de  l'artillerie  du 
col  de  Mouzaïa,  à  9^0  mètres,  je  crois,  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Nous 
eûmes,  pendant  une  grande  heure,  le  spectacle  et  la  sensation  d'une  lutte 
qui  s'établissait,  au  col  même,  entre  le  siroco  et  le  vent  dernier;  lutte  d'au- 
tant plus  sensible,  à  l'œil  même,  que  le  vent  de  mer  arrivait  chargé  de  brouil- 
lard. Je  ne  pus  étudier  le  phénomène  avec  toute  l'activité  désirable.  Cepen- 
dant, en  gravissant  un  des  mamelons  qui  surgissent  sur  le  plateau,  je  trouvai 
que  le  siroco  régnait  à  cette  hauteur  sans  contradiction.  En  descendant,  je 
trouvai,  au  contraire,  le  brouillard  froid  établi  à  hauteur  du  col,  et  le  siroco 
ne  s'y  fit  plus  sentir  de  la  journée. 

»  Je  désire  vivement,  monsieur,  avoir  contribué  à  attirer  l'attention  de 
l'Académie  sur  les  phénomènes  météorologiques  que  présente  en  grand 
nombre,  je  crois,  la  contrée  nouvelle  où  nous  avons  pris  pied  il  y  a  vingt- 
deux  ans. 

»  Je  crois  que  plusieurs  de  ces  phénomènes  présentent  un  réel  intérêt, 
soit  pour  la  science,  soit  pour  l'histoire  physique  de  notre  Europe  et  pour 
l'origine  de  quelques  faits  qui  affectent  gravement  le  climat  de  la  France.  » 

58.. 


(444) 

chimie  appliquée.  —  Procédé  pour  la  préparation  de  la  colle  forte  liquide. 
(Note  de  M.  Se.  Dumoitli.v.  ) 

«  Tous  les  chimistes  savent  que  lorsque  l'on  fait  chauffer,  et  refroidir  à 
plusieurs  reprises,  au  contact  de  l'air,  une  dissolution  de  colle  (gélatine)  elle 
perd  la  propriété  de  se  prendre  en  gelée.  M.  Gmelin  démontra  qu'une  disso- 
lution de  colle  de  poisson,  renfermée  dans  un  tube  de  verre  soudé,  tenue  en 
ébullition  au  bain-marie  pendant  plusieurs  jours,  présentait  le  même  phé- 
nomène, c'est-à-dire  que  la  colle  restait  liquide,  et  ne  se  prenait  point  en 
gelée. 

»  Ce  changement  ainsi  produit,  est  un  des  problèmes  les  plus  difficiles  à 
résoudre  de  la  chimie  organique.  On  peut  croire  cependant  que,  dans  l'alté- 
ration subie  par  la  colle,  l'oxygène  de  l'air  ou  de  l'eau  joue  un  principal 
rôle  ;  ce  qui  me  porterait  à  le  penser,  c'est  l'action  produite  sur  la  colle  forte 
par  une  petite  quantité  d'acide  azotique.  On  sait  qu'en  traitant  la  gélatine 
avec  un  excès  de  cet  acide,  au  moyen  de  la  chaleur,  on  la  convertit  en  acides 
malique,  oxalique,  en  graisse,  en  tannin,  etc.  Mais  il  n'en  est  point  ainsi 
quand  on  traite  cette  colle  avec  son  poids  d'eau  et  une  petite  quantité  d'acide 
azotique  ;  on  obtient  seulement  une  colle  forte  qui  a  conservé  à  peu  près 
toutes  ses  qualités  primitives,  et  qui  n'a  plus  la  propriété  de  se  prendre  en 
gelée.  C'est  sur  le  procédé,  du  reste,  que  j'ai  communiqué,  qu'est  fondée 
la  fabrication,  à  Paris,  de  la  colle  vendue  en  France  sous  le  nom  de  colle 
liquide  et  inaltérable. 

»  Cette  colle  étant  très-commode  pour  les  ébénistes,  les  menuisiers,  les 
cartonniers,  les  tabletiers,  etc.,  attendu  qu'elle  s'applique  à  froid  et  n'a  pas 
besoin  d'être  chauffée,  je  crois,  pour  en  répandre  la  fabrication,  devoir  livrer 
le  procédé  à  la  publicité. 

»  Il  consiste  à  prendre  i  kilogramme  de  colle  forte ,  dite  de  Givet,  ou 
mieux,  de  Cologne,  la  faire  dissoudre  dans  i  litre  d'eau  et  dans  un  pot  ver- 
nissé avec  un  feu  doux,  ou  mieux,  au  bain-marie  :  on  a  soin  de  remuer 
de  temps  à  autre.  Quand  toute  la  colle  est  fondue,  on  y  verse  peu  à  peu 
et  par  fraction,  jusqu'à  concurrence  de  200  grammes  d'acide  azotique 
à  36  degrés.  Cette  addition  produit  une  effervescence  due  au  dégagement  de 
l'acide  hypoazotique.  Quand  tout  l'acide  est  versé,  on  ôte  le  vase  de  dessus 
le  feu,  on  laisse  refroidir.  J'ai  conservé  de  la  colle,  ainsi  préparée,  pendant 
plus  de  deux  ans,  dans  un  flacon  débouché  ;  elle  n'avait  subi  aucune  alté- 
ration .  Cette  colle  liquide  est  très-commodé  dans  les  opérations  de  chimie  ;  je 


(445  ) 

m'en  sers  avec  avantage  dans  mon  laboratoire  pour  la  préservation  de  di- 
vers gaz,  comme  lut,  en  induisant  de  cette  colle  des  bandelettes  de  linge.  » 

M.  Leseca  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  un  Mémoire 
précédemment  présenté  par  lui  et  sur  lequel  il  n'a  pas  encore  été  fait  de 
Rapport.  Ce  Mémoire  était  relatif  à  une  méridienne  portative  et  à  divers 
autres  appareils  chromatiques  de  même  genre. 

M.  Focrcault  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la 
Commission  à  l'examen  de  laquelle  a  été  renvoyé  son  Mémoire  sur  les  irri- 
gations générales,  sur  la  télégraphie  sous-Jluviale,  etc. 

L'auteur  ayant  fait  imprimer  ce  Mémoire,  dont  il  adresse  aujourd'hui  un 
exemplaire,  la  Commission  ne  peut  plus  en  faire  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Briard  annonce  avoir  trouvé  un  nouveau  moyen  de  fixer,  dans 
l'éclairage  électrique,  le  point  lumineux  et  d'empêcher  toute  vacillation. 

L'auteur  ne  faisant  pas  connaître  le  procédé  qu'il  emploie,  sa  communica- 
tion ne  peut  être  renvoyée  à  l'examen  d'une  Commission. 

M.  Tschep  adresse,  de  Rovigno  (Illyrie),  une  Note  sur  la  possibilité  de 
prédire,  par  l'étude  des  nuages,  les  changements  de  temps  jusqu'à  six  mois 
d'avance. 

M.  Lecoy  communique  les  résultats  de  ses  réflexions  sur  les  moyens  à 
prendre  pour  faire  adopter  à  tous  les  peuples  de  la  terre  un  même 
calendrier. 

M.  Gaïetta  adresse  deux  nouvelles  Lettres  :  l'une,  qui  fait  suite  à  une 
précédente  communication  sur  l'établissement  militaire  delà  France,  et  con- 
cernant des  modifications  proposées  par  l'auteur  pour  l'artillerie,  l'autre  est 
un  projet  d'établissement  maritime  pour  la  France. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  A. 


(  446  ) 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  27  septembre  i852,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  /' Académie  des  Sciences; 
2e  semestre  i852  ;  n°  12;  in-4°. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  ou  Recueil  mensuel  de 
Mémoires  sur  les  diverses  parties  des  Mathématiques;  publié  par  M.  Joseph 
Liouville;  juillet  i852;  in-4°. 

Des  vertus  thérapeutiques  de  la  belladone;  par  M.  le  Dr  Debreyne.  Paris, 
i852;  1  vol.  in-8°.  (Cet  ouvrage  est  destiné' au  concours  pour  les  prix  de 
Médecine  et  de  Chirurgie.) 

De  l'industrie  chevaline  en  France  et  des  moyens  pratiques  d'en  assurer  la 
prospérité;  par  M.  le  comte  d'ÀURE;  3e  édition.  Paris,  1847;  1  vol.  in-8°. 

Quelques  observations  sur  le  système  de  M.  Baucher  pour  dresser  les  chevaux. 
Doit-on  adopter  ce  système  pour  les  régiments  de  cavalerie  de  l'armée?  par 
M.  P. -A.  Aubert.  Paris,  1802;  broch.  in-8°. 

Moyens  d'améliorer  les  conditions  physiques  et  morales  des  peuples;  par 
M.  Alexandre  Fourcault.  Paris,  1 852  ;  broch.  in-8°. 

Douze  figures  relatives  au  dodécagone  régulier  inscrit,  à  priori,  dans  le 
cercle,  et  à  la  trisection  de  l'angle  au  centre;  par  M.  le  baron  Silvio  Ferrari  ; 
in-fol. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  de  Monfort, 
et  rédigée  par  M.  l'abbé  MoiGNO;  ire  année;  n°  22;  26  septembre  1852; 
in-8°. 

Journal  d  Agriculture  pratique  et  de  Jardinage -,  fondé  par  M.  le  Dr  Bixio, 
publié  par  les  rédacteurs  de  la  Maison  rustique,  sous  la  direction  de  M.  BaRRAL; 
3e  série;  tome  V;  n°  6  ;  20  septembre  i852  ;  in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques.  Journal  des  candidats  aux  Ecoles  Poly- 
technique et  Normale;  rédigé  par  MM.  Terquem  et  Gerono;  septembre  1 852  ; 
in-8°. 

Recueil  encyclopédique  d'agriculture,  publié  par  MM.  BoiTEL  et  LoNDET, 
de  l'Institut  national  agronomique  de  Versailles;  tome  III;  n°  6  ;  25  sep- 
tembre 1 852;  in-8°. 


(  447  ) 

Revue  médico-chirurgicale  de  Paris,  sous  ta  direction  de  M.  Malgaigne; 
septembre  i852;  in-8°. 

Memorie...  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  de  l'Institut  de  Bologne; 
tome  II.  Bologne,  i85o;   i  vol.  in-4°. 

Annali...  Annales  des  Sciences  mathématiques  et  physiques  ;  par  M.  Barnabe 
Tortolini;  août  i85a;  in-8°. 

Boletin...   Bulletin  de  l'Institut  médical  de  Faïence;  août  i85a;  in-8°. 

The  astronomical...  Journal  astronomique  de  Cambridge;  n°  46;  vol.  II  ; 
n°  22;  io  août  i852. 

Annalen...  Annales  de  l'observatoire  de  Vienne;  publiées  par  M.  Littrow; 
3e  série;  2e  volume,  tienne,  i852;  in-8°. 

Astronomische. . .  Nouvelles  astronomiques  ;  n°  827. 

L  Alhenœum  français.  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux- Arts;  n°  i3;  25  septembre  i852. 

La  Presse  littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  22  ; 
26  septembre  i85a. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  3o;  2 5  septembre  18$ 2. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n°5  112  à  ii4;  21,  23  et  2  5  septembre  i852. 

Moniteur  agricole;  5e  année;  n°  38;  23  septembre  i852. 

La  Lumière;  2e  année;  n°  4o;  25  septembre  i852. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


>-»*»< 


SÉANCE    DU    LUNDI    4    OCTOBRE    1852. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  PIOBERT. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 
physique.  —  Dixième  communication  sur  la  pile;  par  M.  Despretz. 

Boussole  des  tangentes. 

«  1 .  A  peine  la  découverte  d'OErstedt  a-t-elle  été  connue,  que  différents 
physiciens  ont  fait  servir  l'aiguille  aimantée  à  l'étude  des  propriétés  des 
courants  électriques. 

»  On  a  employé  la  méthode  des  oscillations  (MM.  Biot  et  Savart  en 
France,  M.  Fechner  en  Allemagne);  la  méthode  des  torsions  (M.  Ohm  en 
Allemagne);  la  méthode  des  déviations  (M.  de  la  Rive  à  Genève,  M.  Pouillet 
en  France,  M.  Poggendorff  en  Allemagne,  MM.  Nobili  et  Melloni  en 
Italie,  etc.). 

»  On  pourrait  ajouter  le  procédé  de  l'inégalité  ou  de  l'égalité  des  inten- 
sités, appliqué  par  M.  Becquerel,  par  M.  Wheatstone,  au  multiplicateur  de 
Schweigger. 

»  Il  s'agit  spécialement  dans  ce  Mémoire  de  la  boussole  des  tangentes. 

<>  M.  de  la  Rive  a  proposé,  dès  1 8a4,  de  comparer  les  intensités  des  cou- 
rants par  les  déviations  qu'ils  impriment  à  l'aiguille  aimantée. 

»  M.  Nervander  (i833,  Annales  de  Physique  et  de  Chimie,  tome  LV, 
page  i  56)  a  remplacé  le  châssis  rectangulaire  du  galvanomètre  de  Schweigger 

G,  R.,  i85a,  ame  Semestre.  (T.  XXXV,  N"  J4.)  5o, 


(  45o) 

par  un  châssis  cylindrique,  et  a  cherché  la  limite  de  l'amplitude,  au-dessous 
de  laquelle  les  intensités  des  courants  sont  proportionnelles  aux  tangentes 
des  déviations;  il  a  trouvé  cette  limite  égale  à  3o  degrés  pour  son  instru- 
ment: nous  ne  pouvons  nous  dispenser  de  faire  remarquer  que  dans  la  réa- 
lité cette  proportionnalité  est  loin  de  s'étendre  à  une  amplitude  aussi  grande, 
puisque  M.  Nervander  dit  lui-même  que  la  différence  entre  les  résultats 
fournis  par  la  loi  des  tangentes  et  les  résultats  de  l'expérience  ne  dépasse 
jamais  i5  minutes;  c'est,  selon  nous,  une  différence  beaucoup  trop  grande 
pour  être  négligée. 

»»  M.  Poggendorff,  M.  W.  Weber,  M.  Lenz  ont  cherché,  chacun  avec  un 
instrument  particulier,  les  conditions  nécessaires  pour  que  les  tangentes  des 
déviations  soient  proportionnelles  aux  intensités  des  courants  [annales  de 
Poggendoiff,  tomes  LVII,  LV  et  LIX).  Notre  méthode,  entièrement  expé- 
rimentale, diffère  essentiellement  des  procédés  suivis  par  ces  savants 
étrangers. 

»  M.  Péclet  (Traite  de  Physique,  tome  H,  page  222)  a  proposé  une 
disposition  qu'il  considère  comme  devant  donner  des  intensités  proportion- 
nelles aux  tangentes  des  déviations  ;  nous  ne  pensons  pas  que  cette  propo- 
sition de  M.  Péclet  ait  été  réalisée. 

»  Les  instruments  qu'on  connaît  aujourd'hui  en  France  comme  boussoles 
des  tangentes  sont  construits  dans  les  mêmes  principes  que  celui  qu'a 
employé  M.  Pouillet  dans  ses  recherches  sur  les  courants,  travail  que  nous 
avons  cité  dans  notre  dernière  communication. 

»  L'histoire  de  la  science,  depuis  un  certain  nombre  d'années,  semble 
montrer  que  des  physiciens  assez  nombreux  ont  douté  de  la  rigueur  des  indi- 
cations des  boussoles  des  tangentes.  Récemment  encore,  un  physicien  étran- 
ger a  lu  devant  l'Académie  des  observations  critiques  sur  cet  instrument  et 
sur  la  plupart  des  instruments  destinés  à  la  mesure  de  l'intensité  des  cou- 
rants, sans  toutefois  faire  accompagner  sa  critique  d'un  travail  expé- 
rimental. 

»  2.  Avant  la  lecture  du  Mémoire  de  M.  Jacobi,  je  m'étais  déjà  servi  de 
la  boussole  des  tangentes;  je  me  proposais  de  m'en  servir  encore,  mais  je 
voulais  préalablement  la  soumettre  à  quelques  essais,  afin  de  m'assurer 
jusqu'à  quel  point  les  indications  en  sont  exactes  ou  défectueuses  :  c'est  le 
résultat  de  ces  recherches  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie. 

»  Quand  on  réfléchit  aux  principes  sur  lesquels  est  fondée  la  boussole 
tles  tangentes,  on  reconnaît  aisément  que  les  tangentes  des  déviations 
données  par  cet  instrument  ne  peuvent  pas  être  rigoureusement  propor- 


(  45i  ) 

lionnelles  aux  intensités  des  courants.  La  théorie  qui  donne  I  =  T  tangtf, 
pour  l'expression  de  l'intensité  1  d'un  courant,  0  étant  la  déviation  imprimée 
à  l'aiguille,  ï  l'action  du  magnétisme  terrestre,  suppose  constante,  en  gran- 
deur et  en  direction,  la  résultante  des  actions  du  courant  circulaire  sur  le 
pôle  de  l'aiguille  pour,  toutes  les  positions  de  cette  dernière.  Cette  con- 
stance ne  serait  rigoureuse  que  pour  le  cas  d'une  aiguille  infiniment  petite 
par  rapport  au  diamètre  du  cercle.  Dans  la  réalité,  la  longueur  de  l'ai- 
guille n'étant  jamais  au-dessous  de  3  à  4  centimètres,  et  le  diamètre  du 
cercle,,  traversé  par  le  courant  dans  les  boussoles  employées  jusqu'ici, 
n'étant  jamais  égal  à  5o  centimètres,  la  première  de  ces  dimensions  ne  peut 
pas  être  regardée  comme  infiniment  petite,  relativement  à  la  seconde;  il  y  a 
lieu  à  chercher  quelle  est  la  relation  exacte  entre  l'intensité  d'un  courant  et 
la  déviation  de  l'aiguille  qu'elle  produit. 

»  3.  Je  me  proposais  de  représenter  par  une  courbe  les  intensités  réelles 
données  par  le  mode'même  d'expérimentation,  et  par  une  autre  courbe  les 
intensités  correspondantes  déduites  des  déviations  par  la  formule 

I  =  T  tangfl. 

J'aurais  pu  ainsi  former  une  Table  des  intensités  correspondantes  aux  diffé- 
rents degrés  des  boussoles  qui  me  servaient  dans  mes  expériences;  mais 
M.  Blanchet  et  M.  de  la  Provostaye,  à  qui  j'avais  parlé  des  expériences  dont 
j'étais  occupé,  cherchèrent,  séparément,  en  s'appuyant  sur  la  théorie  d'Am- 
père, l'expression  de  l'action  du  courant  circulaire  de  la  boussole  sur  l'ai- 
guille aimantée.  Les  deux  formules,  fondées  sur  les  mêmes  principes,  doi- 
vent rentrer  et  rentrent  en  effet  l'une  dans  l'autre. 

»  Par  un  procédé,  que  nous  décrirons  plus  loin,  nous  avons  d'abord  pu 
apprécier  la  différence  entre  les  indications  de  la  boussole  des  tangentes  et 
les  intensités  réelles;  par  la  formule  plus  complète,  nous  avons  pu  voir  si 
cet  instrument  est  en  effet  propre  à  faire  connaître  le  rapport  des  intensités 
des  courants.  Du  moment  que  nous  avons  reconnu  que  la  formule  plus 
complète  que  I  =  T  tang  Q  donne  des  résultats  qui  s'accordent  avec  les 
intensités  réelles,  nous  avons  dû  renoncer  au  procédé  du  tracé. 

»  4.  Nous  décrirons  maintenant  la  méthode  expérimentale  à  l'aide  de 
laquelle  nous  constatons  la  non-proportionnalité  des  tangentes  des  dévia- 
tions aux  intensités,  après  avoir  donné  quelques  détails  sur  les  boussoles 
qui  nous  ont  servi,  qui  diffèrent  à  certains  égards  des  boussoles  qui  ont  été 
décrites  en  France. 

59.. 


(45*  ) 

»  Chacune  de  ces  boussoles  se  compose,  comme  toutes  les  boussoles, 
principalement  d'une  aiguille  aimantée  placée  au  centre  d'un  cercle  destiné 
à  recevoir  le  courant. 

»  Dans  la  plus  grande,  le  diamètre  du  cercle  dans  lequel  passe  le  courant 
est  de  444  millimètres,  et  le  diamètre  du  cercle  divisé  de  180  millimètres. 

»  Le  cercle  du  courant  et  le  cercle  divisé  peuvent  se  mouvoir,  indépen- 
damment l'un  de  l'autre,  autour  d'un  axe  vertical  passant  par  leur  centre 
commun,  qui  est  en  même  temps  le  sommet  du  pivot  sur  lequel  tourne  l'ai- 
guille aimantée. 

»  La  bande  de  cuivre  rouge  qui  forme  le  cercle  du  courant  se  replie  sui- 
vant l'axe  vertical,  les  deux  extrémités  plongent  dans  des  godets  rectangu- 
laires en  verre,  lesquelles  ne  sont  séparées  l'une  de  l'autre  que  par  l'épais- 
seur du  ruban  de  soie  qui  les  recouvre,  si  ce  n'est  dans  la  partie  qui  pénètre 
dans  le  mercure,  où  elles  sont  écartées  de  l'épaisseur  des  parois  des  deux 
minces  godets  qui  les  reçoivent.  La  distance  entre  le  bord  inférieur  du 
cercle  et  la  surface  du  mercure  est  de  2  décimètres;  on  ne  saurait  la  rendre 
trop  grande. 

»  Le  cercle  horizontal  destiné  à  accuser  la  déviation  de  l'aiguille  est  divisé 
en  sizièmes  de  degrés.  Comme  on  estime,  à  l'aide  d'une  loupe,  facilement 
des  cinquièmes  de  division,  les  erreurs  de  lecture  ne  doivent  pas  dépasser 
deux  minutes. 

»  L'appareil  que  nous  venons  de  décrire  a  été  construit  avec  soin  par 
M.  Rhumkorff,  d'après  quelques  simples  indications  que  nous  lui  avions 
données. 

»  5.  Dans  quelques  essais  faits  avec  la  boussole  à  suspension  du  cabinet 
de  la  Faculté  des  Sciences  et  avec  une  boussole  plus  moderne,  que  M.  Bre- 
guet  nous  avait  obligeamment  confiée,  la  boussole  à  suspension  nous  a 
paru  beaucoup  moins  commode  que  la  boussole  dont  l'aiguille,  avec  sa 
chape  en  agate,  repose  sur  une  pointe  d'acier.  Pendant  le  temps  plus  ou 
moins  long  qu'exige  une  aiguille  suspendue  pour  arriver  à  l'état  de  repos, 
la  pile  la  plus  constante  subit  toujours  de  légères  variations.  Nous  savons 
bien  qu'on  a  proposé  différents  artifices  pour  diminuer  le  nombre  des  oscil- 
lations (1);  néanmoins  nous  avons  préféré,  pour  nos  expériences,  l'instru- 
ment dont  l'aiguille  repose  sur  un  pivot  :  il  faut  seulement  avoir  le  soin  de 
donner,  avec  un  petit  bâton  de  verre,  quelques  légers  chocs  à  la  table  sur 

(1)  M.  Lenz  termine  la  tige  mince  fixée  à  l'aiguille  par  une  boule  en  platine  plongeant 
dans  l'huile  d'olive.  Il  tient  ce  procédé  de  M.  Schilling  (voir]e  Mémoire  cité,  page  207). 


(  453  ) 

laquelle  repose  l'instrument,  au  moment  où  l'aiguille  a  atteint,  ou  est  sur 
le  point  d'atteindre  la  position  d'équilibre.  Sans  cette  précaution,  les  dévia- 
tions de  l'aiguille  seraient  presque  toujours  ou  un  peu  trop  faibles  ou  un 
peu  trop  fortes. 

»  6.  Nous  avons  cherché,  à  l'aide  de  deux  boussoles,  dont  l'une  était  la 
boussole  directrice  et  l'autre  la  boussole  d'étude,  quelle  influence  pertur- 
batrice pouvaient  exercer  les  diverses  parties  de  l'appareil,  afin  de  les  dispo- 
ser de  manière  à  ce  que  l'aiguille  ne  fût  soumise  qu'à  la  seule  action  du 
courant  du  grand  cercle. 

»  Nous  venons  de  dire  que  le  cercle  du  courant  et  le  cercle  divisé  sont 
mobiles,  indépendamment  l'un  de  l'autre,  autour  d'un  axe  vertical.  Cette 
disposition,  que  nous  croyons  utile,  permet  de  placer  avec  facilité  chaque 
cercle  dans  la  position  exigée  par  la  nature  de  l'expérience. 

»  Le  défaut  d'homogénéité  du  cercle  que  traverse  le  courant  et  l'incerti- 
tude de  la  direction  de  l'axe  magnétique  de  l'aiguille  s'opposent  à  ce  qu'on 
règle  par  des  procédés  purement  géométriques  la  position  des  diverses  par- 
ties de  l'appareil. 

»  L'aiguille  aimantée  et  l'aiguille  d'argent  étant  placées  perpendiculai- 
rement l'une  à  l'autre,  on  fait  tourner  le  cercle  divisé  autour  de  l'axe  qui 
le  porte,  jusqu'à  ce  que  la  ligne  zéro  soit  à  peu  près  normale  au  cercle 
du  courant.  On  fixe  le  cercle  divisé  au  moyen  d'une  vis  de  pression,  en 
sorte  qu'il  ne  peut  plus  se  déplacer  qu'avec  le  cercle  du  courant,  et  l'on 
fait  mouvoir  celui-ci  de  manière  à  ramener  le  zéro  vis-à-vis  de  l'index.  On 
fait  passer  le  courant  dans  l'instrument,  et  l'on  note  la  déviation  à  droite  et 
à  gauche.  Si  ces  déviations  sont  égales,  l'instrument  est  réglé;  dans  le  cas 
contraire,  qui  est  le  cas  général ,  on  imprime  un  léger  déplacement  au  cercle 
divisé,  dont  la  grandeur  et  le  sens  sont  donnés  par  la  différence  des  deux 
déviations  observées;  on  ramène  de  nouveau  l'index  à  zéro,  en  déplaçant 
le  cercle  du  courant,  puis  on  recommence  à  noter  les  déviations,  et  l'on 
continue  jusqu'à  ce  que  les  déviations  soient  égales  à  droite  et  à  gauche. 
Comme,  avec  notre  boussole,  on  apprécie  l'amplitude  des  mouvements 
qu'on  exécute,  et  que,  d'ailleurs,  les  deux  cercles  tournent  à  frottement 
doux  sur  leur  axe  commun,  le  tâtonnement  est  moins  long  qu'avec  les  bous- 
soles dans  lesquelles  le  cercle  divisé  est  fixé  invariablement. 

»  Lorsque,  pour  savoir  si  la  boussole  est  bien  réglée,  on  observe  les 
déviations  à  droite  et  à  gauche  produites  par  le  même  courant,  il  est  indis- 
pensable que  ce  courant  soit  assez  énergique  pour  produire  des  déviations 
d'une  amplitude  au  moins  égale  à  celle  des  plus  grandes  déviations  qu'on 


(454) 

veut  atteindre  dans  les  expériences.  Il  est,  en  effet,  aisé  de  reconnaître 
qu'un  défaut  d'orientation,  capable  d'altérer  notablement  les  déviations  de 
5o  et  de  60  degrés,  se  fait  à  peine  sentir  sur  une  déviation  de  10  degrés. 

»  Il  n'est  pas  toujours  facile,  même  en  suivant  la  méthode  indiquée  ci- 
dessus,  d'arriver  à  avoir  à  droite  et  à  gauche  des  déviations  rigoureusement 
égales  ;  nous  croyons  en  conséquence  que,  dans  tous  les  cas,  on  doit  obser- 
ver les  déviations  à  droite  et  à  gauche  du  zéro,  et  prendre  la  moyenne  pour 
mesure  de  l'intensité  du  courant.  Cette  moyenne  reste  d'ailleurs  invariable, 
que  le  cercle  du  courant  soit  exactement  dans  le  méridien  magnétique,  ou 
qu'il  s'en  écarte  d'un  degré  ou  plus,  comme  on  le  démontre  par  le  calcul  et* 
comme  nous  l'avons  constaté  par  l'expérience,  en  maintenant  dans  le  cours 
de  l'épreuve,  à  l'aide  d'une  boussole  auxiliaire  et  d'un  rhéostat,  le  courant 
au  même  degré  d'intensité. 

Méthode  expérimentale  pour  la  comparaison   des  déviations  de  la   boussole  avec  les 
intensités  correspondantes  du  courant. 

»  7.  La  méthode  que  nous  avons  suivie  est  fort  simple  :  en  principe, 
elle  consiste  à  faire  passer  dans  la  boussole  un  courant  d'une  intensité  con- 
stante, et  à  noter  la  déviation  correspondante  ;  puis  à  réduire  le  courant  dans 
un  rapport  déterminé  au  moyen  d'une  dérivation  convenablement  établie, 
et  à  noter  la  nouvelle  déviation  -,  enfin  à  comparer  le  rapport  des  tangentes 
des  deux  déviations  au  rapport  des  intensités  donné  par  le  procédé  même. 
La  seule  difficulté  que  présente  cette  méthode  se  borne  à  la  réduction  de 
l'intensité  d'un  courant  dans  un  rapport  déterminé. 

»  Nous  avons  rempli  cette  condition,  pensons-nous,  par  la  disposition 
suivante  : 

»  Les  deux  pôles  de  la  pile  sont  en  communication  avec  deux  petits  go- 
dets A  et  B  pleins  de  mercure,  au  moyen  de  deux  gros  fils  de  cuivre  de 
l\  millimètres  environ  de  diamètre  et  de  4  mètres  de  longueur;  les  vases  A 
et  B  communiquent  à  leur  tour  avec  les  godets  de  la  boussole  d'étude  par 
deux  fils  de  1  millimètre  de  diamètre  et  de  38  centimètres  de  longueur. 
Pour  réduire  le  courant  qui  traverse  la  boussole  dans  un  rapport  donné  n 
à  1 ,  on  établit  entre  A  et  B  une  dérivation  au  moyen  d'un  faisceau  de  n  —  1 
fils  de  1  millimètre  de  diamètre;  la  longueur  de  chacun  de  ces  fils  a  été  dé- 
terminée par  l'expérience,  de  manière  à  présenter  exactement  la  même  résis- 
tance que  le  circuit  de  la  boussole  ;  c'est-à-dire  le  cercle  du  courant  et  ses 
deux  prolongements,  les  deux  godets  pleins  de  mercure  dans  lequel  ils 
plongent,  et  les  deux  fils  qui  relient  ces  deux  godets  aux  godets  A  et  B. 


(  455  ) 

»  La  méthode  qui  se  présente  le  plus  naturellement  à  l'esprit  pour  déter- 
miner la  longueur  des  fils  de  dérivation,  consiste  à  placer  une  boussole  auxi- 
liaire dans  le  même  circuit  que  la  boussole  d'étude,  à  rompre  la  communi- 
cation de  cette  dernière  bo*ussole  avec  les  godets  A  et  B,  à  remplacer  cette 
boussole  par  un  fil  dont  on  fait  varier  graduellement  la  longueur  jusqu'à 
ce  que  l'on  ait  ramené  l'aiguille  delà  boussole  auxiliaire  sur  la  division  qu'elle 
occupe  quand  la  boussole  d'étude  est  dans  le  circuit-,  mais,  comme  on  re- 
connaît bien  vite  que  cette  méthode  que  nous  avons  employée  d'abord,  n'est 
pas  suffisamment  précise,  nous  avons  été  obligé  d'en  suivre  une  autre.  La 
boussole  auxiliaire  a  été  placée  hors  du  circuit  de  la  boussole  d'étude,  et 
mise  en  communication  avec  les  godets  A  et  B  au  moyen  de  deux  gros  fils 
de  cuivre  offrant  à  peu  près  la  même  résistance  que  les  fils  qui  vont  de  ces 
godets  à  la  boussole  d'étude.  Dans  cette  disposition,  le  courant  se  partage 
à  peu  près  également  entre  la  boussole  auxiliaire  et  la  boussole  d'étude; 
nous  notons  la  déviation  marquée  par  la  boussole  auxiliaire  ;  nous  suppri- 
mons la  communication  des  godets  A  et  B  avec  la  boussole  d'étude,  et  nous 
en  établissons  une  nouvelle  entre  ces  deux  godets  par  un  fil  de  cuivre  de 
i  millimètre  de  diamètre  ;  nous  le  prenons  d'abord  un  peu  trop  long,  et 
nous  le  raccourcissons  jusqu'à  ce  que  l'aiguille  de  la  boussole  auxiliaire  soit 
ramenée  à  sa  position  primitive  :  à  chaque  raccourcissement  qu'on  fait  subir 
au  fil  de  dérivation,  on  a  le  soin  de  remettre  la  boussole  d'étude  dans  le  cir- 
cuit. On  prépare  ainsi  douze  fils  équivalents  pour  chaque  boussole.  Il  est 
probable  que  les  erreurs  qui  affectent  chaque  détermination  se  compensent 
presque  entièrement,  puisque  les  douze  fils  servent  aux  expériences,  et  que 
les  déviations  sur  lesquelles  portent  les  calculs  sont  les  moyennes  des  dévia- 
tions obtenues  avec  chacun  des  faisceaux  formés  de  trois  fils  simples. 

»  8.  La  pile  chargée  de  sulfate  de  cuivre  saturé  et  de  sel  marin  dissous 
dans  10  parties  d'eau,  était  aussi  constante  que  possible;  cependant  elle 
n'était  pas  absolument  invariable  dans  la  durée  de  chacune  des  séries  d'ob- 
servations (il  ne  peut  pas  en  exister  qui  soient  à  la  fois  énergiques  et  con- 
stantes, voyez  la  huitième  communication).  Pour  nous  mettre  à  l'abri  des 
légères  et  inévitables  variations  de  l'intensité  du  courant,  nous  avons  em- 
ployé un  rhéostat  très-simple  formé  d'un  fil  de  cuivre  de  i  millimètre  de 
diamètre  replié  sur  lui-même,  et  dont  chaque  branche  plongeait  dans  un 
tube  en  verre  plein  de  mercure  placé  dans  le  circuit.  En  enfonçant  ou  en 
soulevant  ce  fil  dans  le  mercure,  on  raccourcissait  ou  l'on  allongeait  le  cir- 
cuit :  on  maintenait  ainsi  l'aiguille  de  la  boussole  auxiliaire  sur  la  même 
division. 


(  456  ) 

»  9.  Nous  avons  porté  nos  recherches  sur  trois  boussoles. 

»  Le  diamètre  du  cercle  a  dans  la  première  444  millimètres,  dans  la 
seconde  4o5  millimètres,  dans  la  troisième  a5o  imllimètres. 

»  Quatre  séries  d'expériences  ont  été  faites  avec  la  première  boussole  ; 
nous  rapporterons  les  nombres  partiels  relatifs  à  la  première  expérience, 
afin  qu'on  puisse  mieux  apprécier  la  marche  que  nous  avons  suivie.  La  lon- 
gueur de  l'aiguille  est  de  38mm,5,  la  distance  des  pôles  3o  millimètres. 

Première  série. 

Courant  total ,  moyenne  des  déviations  à  droite  et  à  gauche 4°°  29' 

Courant  réduit  au  quart  par  le  faisceau  n°  i 1 2°   6' 

Courant  réduit  au  quart  par  le  faisceau  n°  2 12°    6' 

Courant  total 4°°  3o' 

Courant  réduit  au  quart  par  le  faisceau  n°  3 12°    7' 

Courant  réduit  au  quart  par  le  faisceau  n°  4-  •    120   6' 

Courant  total 4o°3o'-i- 

Moyenne  des  valeurs  du  courant  total 4°°  3o' 

Moyenne  du  courant  réduit  au  quart 12°   6' 


/  1 


tang  4o°3o'  s=  854o, 

tang  1 20  6'  j  =  2 1 44  > 

Le  {  de  854o  =  2i35  <d  2i44- 

»  La  différence  9  répond  à  peu  près  à  une  différence  angulaire  de 
4  minutes. 

»  Si  l'on  introduit  les  déviations  observées  dans  la  formule  plus  com- 
plète, qui  est 

I  =5  (1  -+-  3a2)  tango ^-  sin  iQ, 

1  étant  l'intensité  du  courant,  Q  la  déviation  qu'il  imprime  à  l'aiguille,  a  le 
rapport  entre  la  demi-distance  des  pôles  de  l'aiguille  et  le  rayon  du  cercle 
du  courant,  la  différence  est  au-dessous  d'une  minute. 

»  Une  deuxième  série,  dans  laquelle  le  courant  total  était  représenté  par 
43°  36'|  et  le  quart  par  i3°3i'|,  a  donné  une  différence  qui  équivaut  a 
tf  minutes.    Par  la  formule  plus  complète,  cette   différence  est  réduite  à 

2  minutes  environ . 

»  Pour  la  troisième  série,  dans  laquelle  le  grand  courant  était  repré- 
senté par  5 1°  53'  et  le  quart  par  i8°26'^,  la  différence  a  correspondu  à 
1  o  minutes. 


(457) 

»  La  formule  plus  complète  a  fourni  des  résultats  d'accord  avec  la  réduc- 
tion du  courant  total  au  quart. 

»  Dans  la  quatrième  série,  la  déviation  relative  au  courant  total  était  de 
64°  32'  j,  la  déviation  relative  au  quart  était  de  280  2'  \. 

»  La  simple  formule  des  tangentes  a  donné  une  différence  angulaire  de 
20  minutes  ou  d'un  tiers  de  degré. 

»  La  formule  plus  complète  a  conduit  à  une  différence  angulaire  de  5'  J-; 
c'est  la  plus  grande  différence  que  nous  ayons  trouvée  avec  la  formule  com- 
plète :  peut-être  y  a-t-il  eu  ici  une  erreur  qui  nous  aura  échappé. 

»  Dans  les  trois  séries  faites  avec  la  seconde  boussole  et  dans  lesquelles 
le  courant  total  a-  été  exprimé  par  23°  55'-~-,  45°  9' j,  54°  56',  et  le  quart  du 
courant  par  6°  20'  f,  i4°  12'f,  ic)049'?  les  différences  données  par  la 
simple  formule  des  tangentes  ont  été  1',  6',  i3'. 

»  L'emploi  de  la  formule  plus  complète  a  donné  zéro  ou  presque  zéro, 


>'i- 


»  La  même  aiguille  de  38,5  millimètres  a  servi  dans  ces  expériences  ainsi 
que  dans  les  suivantes  qui  ont  été  faites  avec  la  troisième  boussole. 

»  Le  courant  total,  dans  une  série  d'expériences,  a  donné  une  déviation 
de  45°  23'-*,  et  le  quart  une  déviation  de  i4°  35'  \. 

v  L'erreur  à  laquelle  conduit  la  simple  formule  des  tangentes  est  23  mi- 
nutes. Par  la  formule  plus  complète,  on  trouve  1'  \  seulement. 

»  Dans  la  deuxième  série,  où  le  courant  total  était  représenté  par  7 1°  36', 
et  le  quart  par  370  43'  ^,  la  simple  formule  des  tangentes  a  donné  une  erreur 
de  48  minutes,  et  la  formule  plus  complète  presque  zéro. 

»  On  a  fait,  avec  la  même  boussole  de  25  centimètres,  quelques  expé- 
riences dans  lesquelles  l'aiguille  avait  5imm,2  de  longueur,  la  distance  des 
pôles  était  de  38  millimètres. 

»  Dans  quatre  séries  d'expériences  où  le  courant  total  était  représenté 
par  720  12',  62°28',  490  22',  32°  28',  et  le  quart  par  390  16',  260  53', 
i6°54'f,  9°  i2'f>  les  intensités  calculées  par  la  tangente  présentent  des 
erreurs  angulaires  de  i°2i'{,   i°  16',  39' •§,  10'. 

»  La  formule  plus  complète  ne  donne  que  4-  5'|-,  +  3'-|,  —  2'^,  —  i'| 
pour  les  erreurs  correspondantes. 

»  10.  En  résumé,  ces  expériences  montrent  que  les  intensités  des  courants 
ne  sont  pas  proportionnelles  aux  tangentes  des  déviations,  même  dans  les 
boussoles  dont  le  cercle  du  courant  a  près  de  \  mètre  de  diamètre,  et  l'ai- 
guille seulement  une  longueur  de  4  centimètres. 

»  Elles  prouvent,  en  outre,  que  les  déviations  introduites  dans  la  for- 

C.  R.    i85a,  a">«  Semestre    (T.  XXXV,  N°  14.)  60 


(  458  ) 

rnule  qui  exprime  l'action  d'un  courant  circulaire  sur  une  aiguille  aimantée, 
conduisent  au  véritable  rapport  des  intensités  des  courants. 

»  L'emploi  de  la  simple  formule  I  =  T  tang  0  conduirait  à  des  intensités 
qui  seraient  souvent  en  erreur  d'une  quantité  trop  considérable  pour  être 
négligée.  Néanmoins  la  boussole  des  tangentes,  avec  les  légères  modifi- 
cations que  nous  avons  cru  devoir  y  apporter,  est  un  instrument  commode 
et  précieux  pour  les  recherches  sur  les  courants  développés  par  les  piles, 
pourvu  que  l'on  corrige  les  résultats  par  la  formule  citée  ou  par  tout  autre 
moyen . 

»  Le  physicien  qui  aurait  un  grand  nombre  de  déviations  à  calculer 
pourrait  préalablement  former  une  Table  de  degré  en  degré  entre  60  et 
80  degrés,  et  de  5  en  5  degrés  pour  les  angles  plus  petits,  des  rapports  entre 
les  tangentes  correspondantes  aux  degrés  de  la  boussole  dont  il  devrait  se 
servir,  et  les  intensités  corrigées  par  la  formule  complète;  il  aurait  ainsi  les 
facteurs  par  lesquels  il  faudrait  multiplier  les  intensités  fournies  par  la 
formule  simple  pour  avoir  les  intensités  réelles. 

»  La  formation  de  cette  Table  exigerait,  ou  que  l'on  connût  la  distance 
réelle  des  pôles  de  l'aiguille,  ou  qu'on  eût  réduit  plusieurs  courants  d'in- 
tensité différente  par  une  dérivation  convenable  dans  un  rapport  donné. 

»  La  détermination  exacte  de  la  distance  des  pôles  est  une  opération 
assez  délicate  quand  il  s'agit  de  courtes  aiguilles.  Nous  croyons  que  le  plus 
certain,  quand  on  a  pour  plusieurs  intensités  les  dérivations  qui  corres- 
pondent au  courant  total  et  à  une  fraction  connue  de  ce  courant,  est  de 
chercher  la  distance  des  pôles  qui,  introduite  dans  la  formule,  conduit  au 
véritable  rapport  des  intensités;  c'est  ainsi  qu'on  a  procédé  dans  ce 
Mémoire. 

»  Si  l'on  voulait  s'épargner  les  calculs  et  les  déterminations  expérimen- 
tales préalables,  il  faudrait  agrandir  le  cercle  du  courant  et  diminuer  la 
longueur  de  l'aiguille,  sans  toutefois  la  prendre  au-dessous  de  3o  millimè- 
tres de  longueur  totale. 

»  Une  boussole,  dont  le  cercle  du  courant  a  1  mètre  de  diamètre  et  l'ai- 
guille 3o  millimètres  de  longueur,  donne  des  déviations  dont  les  tangentes 
sont  sensiblement  proportionnelles  aux  intensités. 

»  La  différence  entre  l'intensité  donnée  par  la  simple  tangente  et  par  la 
formule  plus  complète,  ne  dépasse  pas  une  valeur  angulaire  de  2  minutes 
entre  20  et  80  degrés. 

»  Ces  grandes  boussoles  seraient  à  la  vérité  peu  sensibles  ;  on  leur  don- 
nerait la   sensibilité    des   petites  boussoles,   en  substituant  à  la  lame  du 


(  459  ) 

grand  cercle  quatre  gros  fils  de  5  à  8  millimètres  de  diamètre,  et  isolés  les 
uns  des  autres  par  un  ruban  de  soie. 

»  Les  tangentes  des  déviations  de  cet  instrument  représentant  les  inten- 
sités des  courants,  on  aurait  ainsi  de  irritables  rhéomètres  proportionnels . 

»  Si  l'on  remplaçait  les  quatre  gros  fils  par  un  faisceau  de  la  à  ao  fils 
moins  gros,  par  exemple  de  3  à  4  millimètres,  on  obtiendrait  des  rhéoscopes 
proportionnels  qui  auraient  une  sensibilité  suffisante  pour  la  mesure  de 
l'intensité  de  la  plupart  des  faibles  courants.  On  pourrait,  pour  que  la  sen- 
sibilité du  cercle  divisé  fût  en  rapport  avec  la  précision  de  l'appareil,  donner 
à  ce  cercle  environ  3o  centimètres  de  diamètre. 

»  Ces  rhéomètres  et  ces  rhéoscopes  proportionnels  auraient  encore 
l'avantage  d'être  propres  à  servir  comme  étalons  pour  la  graduation  des 
rhéomètres  et  des  rhéoscopes  ordinaires.  » 

physique  mathématique.  —  Note  sur  la  théorie  de  l'élasticité  des  corps 

solides  ;  par  M.  Lamé. 

«  J'ai  l'honneur  de  faire  hommage  à  l'Académie  d'un  ouvrage  intitulé  : 
Leçons  sur  la  Théorie  mathématique  de  l'élasticité  des  corps  solides.  Je  prie 
l 'Académie  de  me  permettre  d'exposer  succinctement  le  but  et  les  caractères 
distinctifs  de  cette  publication.  Je  me  suis  proposé  d'établir,  avec  toute  la 
clarté  nécessaire,  les  équations  qui  régissent  l'élasticité,  considérée  dans  les 
corps  solides  ;  d'en  déduire,  le  plus  simplement  possible ,  les  lois  générales 
de  ce  phénomène  physique;  enfin,  de  prouver  que  cette  théorie  mathéma- 
tique est  maintenant  aussi  exacte,  aussi  rigoureuse  que  la  mécanique  ration- 
nelle. C'est,  en  grande  partie,  une  œuvre  de  coordination  :  car  les  éléments 
de  la  science  dont  il  s'agit  se  trouvent  disséminés  dans  les  travaux  des  géo- 
mètres de  notre  époque,  même  dans  ceux  d'analyse  pure,  qui,  souvent,  ont 
plus  aidé  aux  progrès  de  la  physique  mathématique  que  les  Mémoires 
spéciaux . 

»  Les  premiers  pas  de  cette  science,  toute  nouvelle,  ont  été  incertains. 
Des  discussions  se  sont  élevées  entre  d'illustres  géomètres  de  cette  Académie, 
sur  les  principes  posés,  sur  la  nature  des  actions  moléculaires,  et  sur  les 
fonctions  qui  peuvent  les  représenter.  Les  objections  et  les  réponses,  égale- 
ment obscures  et  incomplètes,  ont  inspiré  des  doutes  sur  la  réalité  de  la 
nouvelle  théorie;  doutes  que  sont  venues  confirmer  plusieurs  épreuves  expé- 
rimentales, constatant  l'inexactitude  de  certains  nombres  déduits  de  cette 
théorie.  Aujourd'hui,  toutes  ces  discussions  sont  sans  objet ,  ces  doutes  ne 

6o.. 


(46o) 

peuvent  plus  exister,  et  les  épreuves  expérimentales  serviront  à  faire  con- 
naître des  coefficients  spécifiques,  que  la  théorie  seule  ne  saurait  déter- 
miner. Quelques  développements  sont  nécessaires  pour  justifier  ces  asser- 
tions. 

»  Un  corps  solide  étant  en  équilibre  d'élasticité  ,  si  l'on  imagine  un  plan 
qui  le  coupe  en  deux  parties  que  l'on  isole,  chacune  de  ces  parties  s'agitera 
intérieurement  ;  mais  on  conçoit  que  son  état  d'équilibre  pourrait  être  con- 
servé, si  l'on  appliquait,  sur  chaque  élément  du  plan  sécant,  une  force  d'in- 
tensité et  de  direction  convenables.  Cette  force,  que  j' appellera rce  élastique, 
est  analogue  à  la  tension  du  fil  que  l'on  considère  en  mécanique,  ou  plutôt 
cette  tension  n'en  est  qu'un  cas  particulier.  La  force  élastique  varie  autour 
de  chaque  point,  suivant  l'orientation  du  plan  sécant,  et  d'un  point  à  l'autre 
du  milieu  solide.  Les  lois  de  ces  variations  se  déduisent  de  la  nécessité  que 
tout  élément  de  volume  soit  en  équilibre,  sous  l'action  des  forces  élas- 
tiques, et  des  forces  qui  sollicitent  la  masse,  y  compris  les  forces  d'inertie 
si  le  corps  se  déforme  ou  vibre. 

»  Mais  les  forces  élastiques  résultent  d'une  déformation,  elles  dépendent 
donc  du  déplacement  moléculaire,  ou  des  projections  orthogonales  de  ce 
déplacement,  lesquelles  constituent  trois  fonctions  de  quatre  variables  en 
général.  Dans  le  cas  d'une  faible  déformation,  le  seul  que  l'on  doive  étudier 
d'abord,  les  composantes  des  forces  élastiques  s'expriment  à  l'aide  des  déri- 
vées partielles  du  premier  ordre  des  trois  fonctions  dont  je  viens  de  parler. 
Les  coefficients  compris  dans  ces  expressions  sont  au  nombre  de  trente-six  ; 
ils  sont  variables  si  le  corps  est  hétérogène,  constants  s'il  est  homogène  ; 
et  ce  dernier  cas  est  le  seul  que  l'on  traite  dans  la  théorie  actuelle. 

»  Le  grand  nombre  des  coefficients  donnant  aux  équations  de  l'élasticité 
une  forme  compliquée  qui  rend  leur  étude  difficile,  les  géomètres  ont  voulu 
horner  leurs  premières  recherches  à  des  solides  homogènes,  dits  à' élasticité 
constante,  ou  dans  lesquels  l'élasticité  pût  être  considérée  comme  étant  la 
même  suivant  toutes  les  directions.  Partant  de  cette  définition  de  la  con- 
stance d'élasticité,  et  considérant  la  force  élastique  comme  la  résultante 
d'actions  moléculaires  en  nombre  infini,  ils  ont  obtenu  ses  composantes 
par  des  intégrations.  De  la  sorte,  les  trente-six  coefficients  se  sont  réduits 
à  un  seul.  Mais  cette  simplification  était  exagérée.  Elle  s'appuyait  d'ailleurs 
sur  l'hypothèse  inadmissible  de  la  continuité  de  la  matière  dans  les  milieux 
solides,  ou  bien  elle  supposait,  gratuitement,  que  les  actions  moléculaires 
qui  composent  la  force  élastique  sont  en  nombre  infini.  De  là  sont  venus 
les  doutes  et  les  inexactitudes. 


(  46i  ) 

»  Sans  faire  aucune  hypothèse,  aucune  supposition  de  cette  nature,  sans 
avoir  recours  à  aucune  intégration,  on  peut  restreindre  de  beaucoup  le  nom- 
bre des  coefficients  :  d'abord,  l'indifférence  relative  des  axes  choisis  dimi- 
nue ce  nombre  de  trente-six  à  huit  seulement;  puis,  une  disposition  symé- 
trique des  molécules,  par  rapport  à  deux  plans  rectangulaires,  le  réduit  à 
trois;  enfin,  il  suffit  d'établir  une  relation  fort  simple  entre  les  coefficients 
qui  restent,  pour  que  les  effets  de  l'élasticité  soient  indépendants  de  la  po- 
sition des  plans  de  symétrie;  c'est-à-dire,  par  exemple,  pour  que  le  corps 
solide  se  torde,  ou  qu'il  s'allonge  de  la  même  quantité,  sous  l'action  des 
mêmes  efforts  extérieurs,  quelle  que  soit  la  direction  de  l'axe  de  torsion, 
ou  celle  de  la  ligne  de  traction.  On  a  ainsi  une  définition  naturelle  des  so- 
lides homogènes  d'élasticité  constante;  et  les  équations  correspondantes 
contiennent  deux  coefficients,  dont  le  rapport  reste  indéterminé. 

»  Ce  rapport  deviendrait  l'unité  si  l'on  avait  encore  recours  à  la  méthode 
défectueuse  de  l'intégration  autour  d'un  point.  Les  expériences  de  M.  Wer- 
theim  ont  démontré  que  telle  ne  pouvait  être  la  valeur  de  ce  rapport. 
Cet  ingénieux  physicien  a  cru  pouvoir  conclure  des  mêmes  expériences  que 
la  vraie  valeur  est  i.  Mais  divers  motifs  conduisent  à  penser  que  le  rapport 
dont  il  s'agit  est  incommensurable,  et  même  qu'il  varie  d'un  solide  homo- 
gène à  un  autre.  Dans  les  Leçons  que  jepublie,  j'admets  deux  coefficients  dis- 
tincts au  lieu  d'un  seul,  ce  qui  n'amène  d'ailleurs  aucune  complication  no- 
table dans  les  formules. 

»  M.  Clapeyron  a  découvert  un  théorème  général,  qui  mérite  le  nom  de 
principe  du  travail  des  forces  élastiques.  Lorsqu'un  corps  solide  est  en  équi- 
libre d'élasticité  sous  l'action  de  plusieurs  forces,  on  obtient,  comme  on 
sait,  le  double  du  travail  de  la  déformation,  en  faisant  la  somme  des  produits 
respectifs  de  chaque  force  extérieure  parla  projection,  sur  sa  direction,  du 
déplacement  relatif  de  son  point  d'application.  Or  M.  Clapeyron  a  trouvé 
une  autre  expression  du  même  travail,  dans  laquelle  entrent,  sans  en  excep- 
ter aucune,  toutes  les  forces  élastiques  développées  à  l'intérieur  du  solide 
déformé  ;  et  c'est  l'égalité  de  ces  deux  expressions  différentes  qui  constitue 
son  théorème.  Ce  nouveau  principe  sert  de  base  à  une  théorie  des  ressorts, 
et  détermine  les  dispositions  les  plus  avantageuses  des  différentes  parties  de 
toute  construction.  L'ouvrage  que  je  présente  ne  pouvait  passer  sous  silence 
un  théorème  aussi  utile;  il  en  contient  la  démonstration  et  plusieurs  appli- 
cations. 

»  L'équilibre  d'un  fil  ou  d'une  surface  élastique,  les  vibrations  des 
cordes  ou  des  membranes  tendues,  ne  sont  que  des  cas  très-exceptionnels 


(  462  ) 

de  l'élasticité  des  corps  solides.  Je  fais  voir  comment  ces  anciens  problèmes 
doivent  se  rattacher  à  la  nouvelle  théorie,  et  de  quelle  manière  il  convient 
de  les  mettre  en  équation.  Je  signale,  à  cette  occasion,  la  liaison  intime  qui 
existe  entre  la  théorie  des  nombres  et  les  vibrations  des  membranes  :  il  faut, 
en  effet,  recourir  aux  formes  quadratiques  des  nombres  entiers,  pour  classer 
les  sons,  pour  savoir  à  combien  d'états  vibratoires  différents  correspond 
chacun  d'eux,  enfin  pour  assigner  la  forme  des  surfaces  nodales.  J'établis 
ensuite  les  équations  de  l'élasticité,  en  coordonnées  rectilignes,  en  coor- 
données semi-polaires  ou  cylindriques,  en  coordonnées  polaires  ou  sphé- 
riques,  pour  traiter  successivement  :  l'équilibre  et  les  vibrations  des  corps 
de  forme  prismatique,  la  torsion  et  les  vibrations  des  tiges,  les  vibrations 
des  sphères  et  des  timbres,  l'équilibre  d'une  enveloppe  sphérique  et  celui 
d'une  croûte  planétaire.  Toutes  ces  questions  exigeaient  une  nouvelle 
étude,  dans  le  but  de  reconnaître  les  modifications  que  l'emploi  de  deux 
coefficients,  au  lieu  d'un  seul,  pouvait  apporter  aux  anciennes  solutions. 

»  Jusque-là,  j'ai  présenté  la  théorie  de  l'élasticité  comme  une  science  ra- 
tionnelle, expliquant  des  faits  qui  ne  peuvent  pas  évidemment  avoir  une 
autre  origine.  J'ai  cru  utile  de  la  considérer  ensuite  comme  un  instrument 
de  recherches,  ou  comme  un  moyen  de  reconnaître  si  telle  idée  préconçue., 
sur  la  cause  d'une  certaine  classe  de  phénomènes,  est  vraie  ou  fausse.  Pour 
cela,  je  ne  pouvais  choisir  un  meilleur  exemple  que  celui  du  travail  qui  a 
conduit  Fresnel  à  ses  découvertes  sur  la  double  réfraction.  Je  suppose  donc 
connus  le  fait  de  la  non-interférence  des  rayons  polarisés  à  angle  droit,  et 
celui  de  la  double  réfraction  du  verre  comprimé  dans  un  seul  sens  :  le  pre- 
mier démontre  que  les  vibrations  lumineuses  sont  transversales  ;  le  second 
prouve  que  la  biréfringence  d'un  corps  diaphane  dépend  de  la  différence 
d'élasticité  qu'il  présente  dans  des  directions  diverses  autour  d'un  de  ses 
points.   Cette  dépendance  semble  indiquer  que  les  molécules  mêmes  des 
corps  diaphanes  reçoivent,  exécutent  et  propagent  les  vibrations  lumi- 
neuses, puisqu'une  simple  inégalité  dans  les  intervalles  de  ces  molécules 
modifie  la  lumière  transmise,  au  point  de  doubler  sa  route. 

»  Telle  est  l'idée  préconçue  dont  il  s'agit  de  reconnaître  la  vérité  ou  la 
fausseté.  Si  elle  est  vraie,  les  états  vibratoires,  que  la  lumière  établit 
dans  un  corps  cristallisé,  sont  représentés  par  les  équations  générales  des 
petits  mouvements  intérieurs  des  milieux  solides  homogènes.  Je  prends 
donc  les  équations  de  l'élasticité  avec  tous  les  coefficients  au  nombre  de 
trente-six,  et  je  cherche  les  relations  qui  doivent  exister  entre  ces  coeffi- 
cients, pour    qu'une   onde  plane  de  vibrations  transversales    puisse  se 


(463) 

propager  avec  deux  vitesses  différentes.  J'obtiens  ainsi  les  équations  qui  re- 
présenteraient les  mouvements  vibratoires  du  milieu  cristallisé,  et  d'où  naî- 
traient toutes  ses  propriétés  optiques,  suivant  l'idée  préconçue  qu'il  faut 
juger. 

»  Je  déduis  successivement  de  ces  équations  la  loi  des  vitesses  des  ondes 
planes,  les  directions  des  vibrations,  et  l'équation  de  la  surface  des  ondes. 
A  l'aide  d'une  analyse  très-simple,  je  démêle  toutes  les  propriétés  géomé- 
triques de  la  surface  trouvée,  telles  que  :  ses  sections  principales,  ses  cer- 
cles de  contact,  ses  ombilics,  ses  coniques  spbériques  et  ellipsoïdales  qui  la 
découpent  en  éléments  rectangulaires.  La  généralisation  de  la  construction 
d'Huyghens  transforme  ces  diverses  propriétés  en  lois  qui  doivent  régir  la 
double  réfraction.  La  vérification  complète  de  ces  lois,  et  surtout  celle  des 
réfractions  coniques  et  cylindrique,  semblent  répondre  affirmativement  à 
la  question  posée. 

»  Mais  l'explication  des  phénomènes  optiques  des  cristaux  biréfringents, 
déduite  de  la  construction  d'Huyghens  généralisée,  repose  sur  ce  principe, 
qu'une  molécule  de  la  surface  du  corps  diaphane,  atteinte  par  la  lumière, 
devient  le  centre  d'un  système  d'ondes  à  deux  nappes.  Il  est  donc  néces- 
saire, pour  la  vérité  de  cette  explication,  qu'un  pareil  système  puisse  exister 
seul.  Interrogeant  de  nouveau  les  équations  trouvées,  j'en  déduis  la  loi  des 
amplitudes  des  vibrations,  et  celle  de  leurs  directions,  aux  différents  points 
du  milieu  agité  par  un  seul  centre  d'ébranlement.  Or  il  résulte  de  ces  lois 
que  le  centre  même  devrait  exécuter  des  vibrations  d'une  amplitude  infinie, 
et  cela,  dans  toutes  les  directions  à  la  fois,  ce  qui  est  physiquement  impos- 
sible. Ainsi,  l'hypothèse  d'une  suite  indéfinie  d'ondes  progressives  produite 
par  un  seul  centre  d'ébranlement,  sur  laquelle  repose  l'explication  des  phé- 
nomènes optiques  des  milieux  biréfringents,  est  complètement  inadmissible, 
quand  on  suppose  que  ce  sont  les  molécules  pondérables  qui  reçoivent, 
exécutent  et  propagent  les  vibrations  lumineuses.  De  là  résulte  la  nécessité 
d'admettre  la  présence  du  fluide  éthéré  dans  les  corps  diaphanes,  et 
d'autres  conséquences  non  moins  importantes.  » 

M.  Caitchy  demande  en  quoi  les  résultats  que  M.  Lamé  a  indiqués,  et 
auxquels  il  est  parvenu,  en  appliquant  la  théorie  des  corps  élastiques  aux 
vibrations  lumineuses,  diffèrent  des  résultats  obtenus  par  M.  Cauchy  lui- 
même,  en  t83o. 

M.  Lamé  répond  que,  si  aucune  différence  essentielle  n'existe  dans  les 


(464  ) 
résultats,  il  était  néanmoins  utile  de  chercher,  le  plus  possible,  à  présenter 
cette  application  d'une  manière  élémentaire. 

M.  Biot  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  des  articles  qu'il 
"a  insérés  dans  le  Journal  des  Savants,  sur  la  «  Correspondance  de  Newton 
et  de  Cotes  »  (voir  au  Bulletin  bibliographique'),  extraite  des  manuscrits 
originaux  appartenant  à  la  bibliothèque  du  Collège  de  la  Trinité  de  Cam- 
bridge, et  publiée  par  M.  J.  Eddleslon,  sous  les  auspices  de  l'Administra- 
tion du  même  Collège. 

M.  Biot  présente  une  analyse  orale  de  cet  important  Recueil. 

MÉMOIRES    LUS. 

physiologie  végétale.  —  Recherches  expérimentales  sur  la  végétation  ,- 

par  M.  G.  Ville.  (Extrait  par  l'auteur.) 
(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Boussingault,  Payen,  deJussieu,  Regnault.) 

«  Tandis  que  56  éléments  concourent  à  la  formation  des  minéraux, 
4  suffisent  à  la  production  de  toutes  les  plantes.  Ces  4  éléments  sont  l'hy- 
drogène, l'oxygène,  le  carbone  et  l'azote. 

»  Si  nous  pouvions  déterminer,  avec  certitude,  la  source  où  les  plantes 
vont  puiser  chacun  de  ces  corps  et  les  circonstances  qui  en  règlent  l'ab- 
sorption, nous  posséderions  tous  les  éléments  d'une  théorie  complète  de 
la  production  agricole.  Résultat  désirable,  mais  dont  nous  sommes  encore 
bien  éloignés. 

»  On  s'est  souvent  demandé  si  l'air,  et  en  particulier  l'azote,  contribuait 
à  la  nutrition  des  plantes,  et,  en  ce  qui  concerne  ce  dernier  gaz,  on  a  tou- 
jours répondu  négativement  à  cette  question. 

»  D'un  autre  côté,  cependant,  on  sait  que  les  plantes  ne  tirent  pas  tout 
leur  azote  du  sol.  Chaque  année,  les  récoltes  qu'une  terre  produit  contien- 
nent plus  d'azote  que  l'engrais  qu'elle  a  reçu.  D'où  vient  donc  l'azote  des 
récoltes,  et,  d'une  manière  plus  générale,  l'azote  des  plantes  que  le  sol  ne 
leur  a  pas  fourni?  Telle  est  la  question  que  je  me  suis  posée. 

»  Lorsque  je  dis  qu'on  a  toujours  refusé  à  l'azote  de  l'air  la  faculté  de 
servir  à  la  nutrition  des  plantes,  il  faut  excepter  Priestley  et  Ingenhoutz. 
Ces  deux  savants  avaient  admis,  au  contraire,  que  l'air  est  une  condition  de 
la  vie  des  plantes;  mais  leurs  expériences,  insuffisantes  pour  résoudre  ce 
problème,  furent  reprises  et  réfutées  par  Th.  de  Saussure;  et  voici  en  quels 
termes  ce  savant  résume,  à  la  fois,  ses  critiques  et  ses  observations  : 


(  465) 

«  Si  l'azote  est  un  être  simple,  s'il  n'est  pas  un  élément  de  l'eau,  on  doit 
»  être  forcé  de  reconnaître  que  les  plantes  ne  se  l'assimilent  que  dans  les 
»  extraits  végétaux  et  animaux,  et  dans  les  vapeurs  ammoniacales.  On  ne 
»  peut  douter  de  la  présence  des  vapeurs  ammoniacales  dans  l'air,  lors- 
»  qu'on  voit  que  le  sulfate  d'alumine  pur  finit  par  se  changer  en  sulfate 
»  ammoniacal  d'alumine.  » 

»  Théodore  de  Saussure  a  le  premier  attiré  J'attention  des  savants  sur  la 
présence  de  l'ammoniaque  dans  l'air,  et,  le  premier,  il  lui  a  assigné  un  rôle 
déterminé  daiis  l'économie  des  plantes.  Nous  verrons  bientôt  ce  qu'il  faut 
penser  de  cette  opinion  :  l'expérience  en  décidera.  Mais  auparavant  nous 
devons  terminer  l'histoire  des  travaux  plus  récents  dont  l'absorption  de 
l'azote  par  les  plantes  a  été  l'objet. 

»  M.  Boussingault  a  consacré  deux  années  à  l'étude  de  cette  question. 
Mais,  au  lieu  de  procéder  comme  Priestley  et  de  Saussure,  au  lieu  d'analyser 
l'air  dans  lequel  une  plante  aurait  séjourné,  et  de  déterminer  les  change- - 
ments  qu'elle  aurait  produits  dans  sa  composition,  M.  Boussingault  a  ren- 
versé le  problème.  •    • 

»  Il  a  semé  un  certain  nombre  de  graines  d'une  composition  connue, 
dans  un  sol  privé  de  matières  organiques.  Tous  les  jours  les  plantes  étaient 
arrosées  avec  de  l'eau  distillée,  et  tous  les  pots  qui  servaient  à  l'expé- 
rience étaient  enfermés  dans  un  pavillon  éloigné  de  toute  habitation. 
»  En  opérant  dans  ces  conditions  nouvelles,  M.  Boussingault  a  constaté 
que  les  plantes  absorbent  des  quantités  appréciables  d'azote  sans  préciser 
dans  quelles  circonstances,  ni  sous  quelle  forme,  l'absorption  de  ce  gaz 
avait  lieu.  «Les  recherches  que  j'ai  entreprises,  dit-il,  semblent  donc  éta- 
»  blir  que,  dans  plusieurs  conditions,  certaines  plantes  sont  aptes  à  puiser 
»  l'azote  dans  l'air.  Mais  dans  quelles  circonstances,  à  quel  état  l'azote  se 
»  fixe-t-il  dans  les  végétaux  ?  C'est  ce  que  nous  ignorons  encore.  » 

»  Reprenant  en  sous-œuvre  une  opinion  primitivement  avancée  par 
Théodore  de  Saussure,  M.  Liebig  considère,  comme  un  fait  démontré  jus- 
qu'à la  dernière  évidence,  que  l'azote  des  plantes  vient  de  l'ammoniaque 
de  l'air;  et  cette  opinion,  dans  l'état  présent,  est  la  plus  généralement  ad- 
mise. Ainsi,  lorsque  les  plantes  empruntent  de  l'azote  à  l'air,  ce  serait  à  l'état 
d'ammoniaque. 

»  Il  paraît  que  les  corps  organiques  privés  d'azote,  produisent  de  l'am- 
moniaque lorsqu'ils  se  décomposent.  Cette  production  résulte  de  la  com- 
binaison de  l'hydrogène  naissant  que  la  matière  dégage  avec  l'azote  de  l'air. 

C.  R.,  185a,  3°"  Semestre.  (T.  XXXV,  W»  14.)  6l 


(  466  ) 

A  son  tour,  M.  Mulder  attribue  à  cette  origine  tout  l'azote  que  les  plantes 
n'ont  pu  emprunter  au  sol. 

»  Si  nous  dégageons  pour  un  instant  le  sujet  de  toute  préoccupation  théo- 
rique et  de  toute  considération  personnelle,  et  si,  nous  posant  de  nouveau 
la  question  par  laquelle  nous  avons  commencé  :  d'où  vient  l'azote  des 
plantes,  l'azote  de  l'air  sert-il  à  leur  nutrition?  nous  voulons  y  répondre 
par  des  expériences  ;  nous  devons  d'abord  nous  assurer  si  l'air  contient  de 
l'ammoniaque  et  déterminer  combien  il  en  contient,  puis  si  une  plante,  qui 
végète  dans  un  sol  privé  de  matières  organiques  et  aux  dépens  d'un  volume 
d'air  connu,  trouve  dans  cet  air  assez  d'ammoniaque  pour  rendre  compte 
de  l'azote  qu'elle  a  absorbé. 

»  Enfin,  si  l'ammoniaque  de  l'air  remplit,  dans  l'économie  des  plantes, 
un  rôle  aussi  important  qu'où  la  prétendu,  il  est  intéressant  de  constater 
par  quels  phénomènes  se  traduit  son  influence,  lorsqu'on  augmente  la 
quantité  que  l'air  en  contient  déjà. 

»  Ces  trois  questions  :  i°  recherche  et  dosage  de  l'ammoniaque  de  l'air; 
2°  absorption  de  l'azote  par  les  plantes;  3°  influence  des  vapeurs  ammonia- 
cales sur  la  végétation  ;  ces  trois  questions  forment  le  cadre  des  études  que 
j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie,  et  dont  il  me  reste  à  lui  faire 
connaître  les  principaux  résultats. 

»  Recherche  et  dosage  de  l'ammoniaque  de  l'air.  —  Lorsqu'on  aban- 
donne à  l'air  une  dissolution  de  sulfate  d'alumine,  elle  se  change  en  alun 
amoniacal  :  preuve  évidente  que  l'air  est  mêlé  de  vapeurs  ammoniacales. 

»  Depuis  que  M.  Th.  de  Saussure  a  publié  cette  curieuse  observation, 
trois  tentatives  ont  été  faites  pour  doser  l'ammoniaque  de  l'air.  La  première 
est  due  à  M.  Gràger,  la  seconde  à  M.  Kemp,  et  la  troisième  à  M.  Frésénius. 

D'après  M.  Grager,  i  million  de  kilogrammes  d'air  contient 333gr     Az  H1 

D'après  M.  Kemp 3k,88o 

l'air  diurne o ,  098 


D'après  M.  Frénésius  ,  . 

(  I  air  nocturne o,  ibg 

»  De  ces  trois  tentatives,  la  dernière  méritait  surtout  de  fixer  notre  atten- 
tion, par  les  soins  de  tout  genre  dont  l'auteur  s'est  entouré;  cependant, 
M.  Frésénius,  comme  ses  devanciers,  faute  d'avoir  opéré  sur  un  volume 
d'air  suffisant,  est  arrivé  à  des  résultats  inexacts  ;  en  voici  la  preuve  : 

»  La  quantité  d'ammoniaque  que  M.  Frésénius  a  obtenue,  dans  les  deux 
seules  déterminations  qu'il  ait  faites,  est  de  ogr, 00004  et  0^,000079.  Or, 
en  opérant  par  la  méthode  de  M.  Frésénius,  je  n'ai  jamais  pu  doser  une 


(  467  ) 

quantité  connue  d'ammoniaque  à  plus  de  ogr, 00007  ;  ce  qui  fait  que  les 
chiffres  de  ce  savant,  se  trouvant  compris  dans  la  limite  des  erreurs  que  le 
procédé  comporte,  ne  peuvent  conduire  à  aucun  résultat  fondé. 

»  Pour  mon  compte,  j'ai  fait  seize  déterminations  de  l'ammoniaque  atmo- 
sphérique, en  opérant  successivement  sur  20,  3o,  et  55  000  litres  d'air; 
je  suis  forcé  de  renvoyer  à  mon  Mémoire,  pour  la  description  des  appa- 
reils. Je  dirai  cependant  que  l'air  était  pris  à  8  à  10  mètres  au-dessus  du  sol; 
qu'avant  d'arriver  dans  les  réactifs,  il  traversait  un  tube  rempli  de  fils  de 
verre,  disposés  en  petits  tampons  superposés,  et  destinés  à  arrêter  les  pous- 
sières qu'il  tient  en  suspension  ;  l'air  passait  ensuite  par  dix  pointes  effilées 
dans  de  l'acide  hydrochlorique  étendu;  puis  il  venait  se  mêler  à  des  va- 
peurs du  même  acide,  au  moyen  d'une  disposition  d'appareil  très-simple, 
qui  m'a  été  suggérée  par  M.  Regnault;  enfin,  il  venait  se  laver  une  dernière 
lois,  dans  une  dissolution  de  bichlorure  de  platine.  Pour  faire  l'analyse,  les 
liqueurs  étaient  réunies,  et  évaporées  dans  un  alambic  de  platine;  l'ammo- 
niaque était  dosée  à  l'état  de  bichlorure  de  platine  et  d'ammoniaque.  Pour 
peser  le  précipité,  on  le  réunissait  dans  un  tube  effilé,  qui  faisait  l'office  de 
filtre.  En  prenant  toutes  les  précautions  que  j'indique,  on  peut  doser  l'am- 
moniaque à  ogr,oooo8.  Je  m'en  suis  assuré  par  des  épreuves  multipliées  et 
directes;  je  me  suis  assuré  aussi,  par  des  expériences  dont  je  rapporte  tous 
les  éléments  dans  mon  Mémoire,  que  les  laveurs  arrêtent  toute  l'ammo- 
niaque de  l'air,  et  que  le  filtre  de  verre,  placé  en  avant  des  appareils 
d'analyse,  n'en  arrête  pas. 

»  Dans  les  années  1849  et  i85o,  j'ai  trouvé  que  1  million  de  kilo- 
grammes d'air  contenait  en  moyenne  a3gr,,73  d'ammoniaque  (AzH3),  le 
maximum  s'est  élevé  à  3 1 gr , -7 1 ,  le  minimum  est  descendu  à  1 7^,76. 

»  En  i85o,  la  moyenne  a  été  de  2igr,io,  le  maximum  27^,26,  et  le  mi- 
nimum i6gr,52. 

»  Ce  qui  donnerait  enfin,  comme  résultat  définitif,  en  moyenne,  22gr,4i  ; 
en  maximum,  29^,00;  et  en  minimum,  1 7Br,  1 4- 

»  Deuxième  partie.  —  L'azote  de  l'air  est-il  absorbé  par  les  plantes?  Pour 
répondre  à  cette  question,  voici  la  méthode  qu'on  a  suivie  : 

»  On  a  disposé  un  appareil  composé  essentiellement  d'une  cloche  et  d'un 
aspirateur.  On  plaçait  dans  la  cloche  un  certain  nombre  de  graines  semées 
dans  du  sable  blanc,  additionné  des  cendres  de  la  plante.  Le  fond  des  pots 
plongeait  dans  une  nappe  d'eau  distillée.  L'arrosage  se  faisait  ainsi  de  lui- 
même  par  la  seule  capillarité  des  pots. 

»  Chaque  jour,  l'aspirateur  faisait  passer  dans  la  cloche  un  volume  connu 

61.. 


(  468  ) 

d'air;  et  comme  ce  volume,  bien  que  considérable,  n'eût  pas  contenu  assez 
d'acide  carbonique,  on  .en  dégageait  un  excès  dans  la  cloche,  au  moyen 
d'une  pendule  électrique  qui  en  réglait  la  production. 

»  En  même  temps  que  cet  appareil  fonctionnait,  en  même  temps  que  les 
plantes  enfermées  dans  la  cloche  parcouraient  les  phases  successives  de  leur 
végétation,  on  déterminait  l'ammoniaque  de  l'air. 

»  De  ces  deux  expériences,  faites  simultanément,  on  pouvait  donc  déduire  : 

»  i°.  La  quantité  d'ammoniaque  contenue  dans  l'air  qui  avait  passé 
dans  la  cloche  ;  a°  la  quantité  d'azote  que  les  plantes  avaient  absorbée  ;  et 
de  la  comparaison  de  ces  deux  quantités  conclure  si  l'ammoniaque  de  l'air 
avait  suffi  à  cette  absorption. 

»  Or,  en  1849,  il  a  pénétré  dans  la  cloche  ogr,ooi:»5  d'ammoniaque,' et 
l'azote  des  récoltes  l'emportait  sur  celui  des  semences  de  ogr,  104. 

»  En  i85o,  il  a  passé  dans  la  cloche  ogr,oo2i  d'ammoniaque,  et  l'azote 
des  récoltes  l'emportait  de  igr,i88. 

»  En  i85o  on  avait  renouvelé  l'eau  des  cloches  sept  fois  :  à  chaque  re- 
prise on  introduisait  1  litres.  Pour  préparer  les  pots,  on  en  a  employé 
8  litres;  soit  1%  litres.  Or  1  litre  d'eau  a  fourni  ogr,oi4  de  bichlorure  de 
platine  ammoniacal,  ce  qui  porterait  l'ammoniaque  de  l'eau  à  ogr,oa4-  Or, 
en  supposant  que  toute  l'ammoniaque  de  l'eau  ait  profité  aux  plantes,  il  res- 
terait encore  igr, t63  d'azote,  dont  ni  l'ammoniaque  de  l'air,  ni  celle  de 
l'eau  ne  peuvent  rendre  compte. 

»  En  i85i,  on  a  fait  l'expérience  autrement.  Avant  d'arriver  dans  la 
cloche,  l'air  passait  sur  de  la  ponce  imbibée  d'acide  sulfurique,  puis  dans 
une  dissolution  de  bicarbonate  de  soude.  Ainsi  l'ammoniaque  de  l'air  ne 
pouvait  plus  intervenir  dans  les  phénomènes.  De  plus,  l'eau  qui  a  été  mise 
dans  la  cloche  n'a  jamais  été  renouvelée.  Dans  ces  conditions,  l'azote  des 
récoltes  a  dépassé  celui  de  semences  de  ogr,48i.  J'ajouterai  que,  dans 
cette  expérience,  qui  portait  sur  trois  soleils  et  deux  tabacs,  les  deux  soleils 
ont  fleuri,  et  produit  o,5  graines  rudimentaires. 

»  Enfin,  en  i852,  une  expérience  faite  sur  le  blé  a  produit  les  mêmes 
résultats.  La  plante  a  fructifié  complètement,  et  l'azote  de  la  récolte  l'a 
emporté  sur  celui  de  la  semence  de  ogr,o36. 

»  D'où  nous  tirerons  cette  nouvelle  conclusion,  que  l'azote  de  l'air  est 
absorbé  par  les  plantes  et  sert  à  leur  nutrition,  et  que  les  céréales  ne  font 
pas  exception  sous  ce  rapport. 

»  Dans  un  troisième  Mémoire,  je  traiterai  de  l'influence  des  vapeurs 
ammoniacales  sur  la  végétation.  » 


(469) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

astronomie.  —  Démonstration  expérimentale  du  mouvement  de  la  Terre. 
Addition  aux  communications  faites  dans  les  précédentes  séances;  par 
M.  Léon  Foucault. 

(Commission  précédemment  nommée.) 

«  Après  avoir  réalisé,  dans  le  courant  du  mois  de  mai  dernier,  toutes 
mes  expériences  sur  la  démonstration  du  mouvement  de  la  Terre,  au  moyen 
de  la  rotation  des  corps,  j'ai  été  cependant  contraint,  pour  m'en  conserver 
la  propriété,  d'en  consigner  les  résultats  dans  une  Lettre  et  de  les  annoncer 
en  dehors  de  l'Académie.  Comme  ce  document  a  été  discuté  dans  cette  en- 
ceinte et  considéré  comme  insuffisant  à  m'assurer  la  priorité,  je  viens  de- 
mander à  l'Académie  la  permission  de  le  mettre  sous  ses  yeux,  et  la  prier 
d'en  autoriser  l'insertion  dans  les  Comptes  rendus. 

[Extrait  du  Journal  des  Débats  du  mercredi  22  septembre  i852.) 

«  Monsieur  le  Rédacteur, 

»  Permettez-moi  de  vous  communiquer  quelques  nouveaux  résultats 
»  d'expériences  que  je  poursuis  depuis  un  certain  temps  et  qui  fournissent 
»   encore  quelques  preuves  physiques  du  mouvement  de  la  Terre. 

»  En  cherchant  à  découvrir  de  nouveaux  signes  de  ce  grand  phénomène, 
»  j'ai  raisonné  sur  le  plan  de  rotation  d'un  corps  qui  tourne,  comme  je 
«   l'avais  fait  précédemment  sur  le  plan  d'oscillation  du  pendule. 

»  Il  m'a  semblé  qu'un  corps  tournant  autour  d'un  axe  principal,  et 
»  librement  suspendu  par  son  centre  de  gravité,  devait,  tout  aussi  bien 
»  qu'un  pendule  mis  en  branle,  résister  à  l'entraînement  de  la  rotation 
»  du  Globe.  Un  appareil  que  j'ai  fait  construire  sur  cette  donnée  a,  en 
»  effet,  fourni  du  mouvement  de  la  Terre  le  nouveau  signe  que  je  cher- 
»  chais. 

»  Fixement  orienté  dans  l'espace  absolu,  l'axe  du  corps  tournant,  exa- 
»  rniné  au  microscope,  semble  rétrograder  lentement  d'orient  en  occident, 
»  et  chemine  d'une  manière  continue  dans  le  champ  de  l'instrument, 
»  comme  l'image  des  corps  cèles! es  au  foyer  de  la  lunette  astronomique. 

»  J'ai  de  plus  reconnu  par  expérience  dans  les  corps  tournant  sur  eux- 
»  mêmes  une  propriété  singulière,  que  le  raisonnement  m'avait  désignée 
»  d'avance;  je  veux   parler  d'une  force  d'orientation  qui  tend  à  diriger: 


(  470  ) 

»  l'axe  du  corps  parallèlement  à  celui  de  la  Terre,  et  à  disposer  en  même 
»  temps  les  deux  rotations  dans  le  même  sens.  Cette  force  d'orientation  se 
»  manifeste  toutes  les  fois  que  l'axe  du  corps  tournant  est  maintenu  dans 
»  un  plan  fixe  avec  la  Terre,  tout  en  conservant  la  liberté  de  se  diriger  dans 
»  ce  plan. 

»  Cette  nouvelle  propriété  des  corps  tournants  donne  du  mouvement  de 
»  la  Terre  des  signes  très-apparents  et  qui  rappellent,  jusqu'à  un  certain 
»   point,  les  évolutions  de  l'aiguille  aimantée. 

»  Opère-t-on  dans  le  plan  horizontal,  l'axe  du  corps  se  dirige  vers  le 
»  nord,  et  l'appareil  fonctionne  à  la  manière  de  la  boussole  de  déclinai- 
»  son;  opère-t-on  dans  un  plan  vertical  quelconque,  l'axe  de  rotation  s'in- 
»  cline  et  figure,  en  se  rapprochant  de  la  direction  de  l'axe  terrestre, 
»  l'aiguille  qui  manœuvre  dans  les  boussoles  d'inclinaison. 

»  Depuis  quatre  mois  tous  ces  faits  sont  pour  moi  hors  de  doute,  et, 
»  pour  en  faire  part  à  l' Académie  des  Sciences,  j'attendais  paisiblement 
«  l'expiration  des  vacances  et  le  retour  d'une  époque  plus  favorable  à  la 
»  présentation  d'un  assez  long  travail.  Mais  ayant  appris  qu'un  savant  des 
»  plus  honorables  allait  s'engager  dans  la  voie  que  j'avais  suivie,  j'ai  cru 
»  devoir,  Monsieur,  sans  tarder  d'un  seul  jour,  préciser  devant  vous  et 
»  devant  le  public  les  faits  acquis  par  mes  efforts  à  cette  partie  de  la 
»  science.  » 

zoologie.  —  Description  des  Reptiles  nouveaux  ou  imparfaitement  connus 
de  la  Collection  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris,  et  remarques 
sur  la  classification  et  les  caractères  des  Reptiles  (  premier  Mémoire)  ; 
par  M.  le  Dr  Aog.  Duméril. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Flourens,  Isidore  Geoffroy- 

Saint-Hilaire,  Duvernoy.) 

«  Ce  travail  a  pour  but  de  faire  connaître  les  acquisitions  nouvelles  qui  ont 
enrichi  la  collection  des  Reptiles  du  Muséum  depuis  la  publication  des  six 
premiers  volumes  et  du  huitième  de  l'Erpétologie  générale  de  MM.  Dumé- 
ril  et  Bibron.  Il  peut  donc  être  considéré  comme  le  complément  de  ce  grand 
ouvrage.  Il  se  composera  d'une  série  de  Mémoires  embrassant  toute  la  classe 
des  Reptiles. 

»  Le  premier,  que  l'auteur  soumet  aujourd'hui  au  jugemeut  de  l'Acadé- 
mie, traite  de  l'ordre  des  Chéloniens,  et  des  deux  premières  familles  de 
l'ordre  des  Sauriens,  celles  des  Crocodiliens  et  des  Caméléoniens. 


(  47i  ) 

»  En  laissant  de  côté,  dans  cet  extrait,  les  détails  relatifs  à  vingt  et  une 
espèces,  dont  l'inscription  sur  les  registres  de  la  science  par  des  zoologistes 
français  et  étrangers  est  postérieure  à  l'époque  où  parurent  les  différents 
volumes  de  Y  Erpétologie  générale,  on  trouve  dans  ce  Mémoire  une  assez 
longue  liste  d'animaux  que  le  Musée  de  Paris  possède  seul,  sans  doute,  car 
ils  n'avaient  jamais  été  décrits  (i). 

»  Ainsi,  parmi  les  Tortues  paludines  ou  Élodites,  le  genre  Émyde,  si 
accru  dans  ces  dernières  années,  par  l'adjonction  d'espèces  nouvelles  des 
États-Unis,  signalées  par  Lesueur  et  par  MM.  Harlan,  Troost  et  Holbrook, 
a  dû  être  encore  augmenté  de  deux  autres  très-distinctes.  L'une,  originaire 
de  la  province  du  Peten  (  Amérique  centrale)  a  reçu,  en  raison  de  l'aspect 
particulier  de  sa  carapace,  le  nom  d'Émyde  aréolée  (Emys  arcolata)  A.  Dum. 
L'autre  provient  des  eaux  douces  de  Vera-Cruz,  et  l'un  des  deux  exem- 
plaires par  lesquels  elle  est  représentée  ayant  été  donné  par  M.  Bérard,  le 
nom  de  cet  officier  supérieur  de  la  marine  a  servi  pour  la  désignation  spéci- 
fique (Emys  Berardiï)  A.  Dum. 

»  Étudiant  les  analogies  que  ces  deux  Émydes  américaines,  et  sept  autres 
des  États-Unis,  lesquelles  ne  sont  pas  mentionnées  dans  Y  Erpétologie  géné- 
rale, offrent  soit  entre  elles,  soit  avec  leurs  congénères  des  mêmes  contrées, 
l'auteur  les  a  groupées  méthodiquement  dans  un  grand  tableau  synoptique 
où  figurent  seules  toutes  les  Émydes  de  l'Amérique  du  Nord  qui  sont  au 
nombre  de  vingt-cinq. 

»  De  deux  Émydes  originaires  du  Japon,  données  au  Musée  de  Paris  par 
le- Musée  de  Leyde,  et  que  M.  Schlegel,  dans  la  Faune  japonaise,  a  décrites 
comme  représentant  deux  variétés  de  climat  de  l'Émyde  Caspienne  (Emys 
caspicà)  Schweigger,  l'une  est  véritablement  le  type  d'une  espèce  distincte  : 
elle  se  trouve  donc  décrite  dans  ce  travail  sous  le  nom  d'É.  japonaise  (Emys 
japonica)  Dum.  et  A.  Dum.  L'autre  n'offre  pas  de  différences  spécifiques 
suffisantes  pour  être  séparée  de  l'É.  Caspienne.  Or,  comme  celle-ci  ne  vit 
pas  seulement  sur  les  bords  de  la  mer  dont  elle  porte  le  nom,  mais  aussi 
dans  la  Dalmatie  et  dans  la  Morée,  cette  variété  locale  constante  d'une  espèce 
européenne  fournit  un  curieux  exemple  de  ce  fait  singulier,  que  le  Japon 
renferme  quelques  Reptiles  parfaitement  identiques  à  ceux  de  l'Europe. 

(i)  Le  Catalogue  méthodique  de  la  Collection  des  Reptiles  du  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle de  Paris,  publié  par  M.  Aug.  Duméril,  sous  la  direction  de  son  pure,  M.  le  professeur 
Duméril  (Ve  et  ?.e  livraison,  i85i-52),  ne  contient  qu'une  description  abrégée  de  ce» 
espèces. 


(  47^  ) 

»  Le  genre  nommé  Cinosterne,  à  cause  de  la  mobilité  des  portions  anté- 
rieure et  postérieure  du  plastron  sur  une  pièce  médiane  immobile,  renferme 
maintenant  deux  espèces  nouvelles  très-nettement  caractérisées,  et  que 
MM.  Duméril  et  Bibron  avaient  nommées,  mais  non  décrites  :  ce  sont  les 
Cinosternes  ensanglanté  et  à  bouche  blanche  (  Cinosternon  cruentatum  et 
C.  leucostomum)  Dum.  Bib.  Ces  tortues  sont  américaines,  et  ont  vécu  l'une 
et  l'autre  à  la  ménagerie  du  Muséum. 

»  Une  cinquième  Elodite  nouvelle  est  décrite  dans  ce  Mémoire.  Elle 
appartient  au  groupe  de  celles  qu'on  désigne  par  la  dénomination  de  Pleur 
rodères,  parce  que  le  cou  et  la  tête,  au  lieu  d'être  rétractiles  en  arrière, 
comme  chez  les  Cryptodères,  vient  se  placer  de  côté  entre  le  disque  et  le 
plastron.  Elle  se  rattache  au  genre  Podocnémide  :  c'est  la  P.  de  Léwy 
(Podocneinis  Lewjrana),  du  nom  du  voyageur  qui  l'a  rapportée  de  Santa- 
ls é-de-Bogota. 

»  Parmi  les  Crocodiliens ,  il  s'est  trouvé  une  espèce  jusqu'alors  incon- 
nue, et  représentée  par  deux  grands  individus  pris  dans  le  lac  Florès 
(Yucatan)  par  M.  A.  Morelet.  Comparés  aux  deux  autres  espèces  du  nouveau 
monde,  les  C.  à  museau  effilé  et  rhombifère,  ils  ont  dû  devenir  les  types 
d'une  espèce  nouvelle,  le  C.  de  Morelet  (C.  Moreletii)  A.  Dum. 

»  Enfin  les  collections  du  Muséum  renfermaient  deux  beaux  Caméléons 
tout  à  fait  différents  entre  eux,  et  qu'il  est  impossible  de  confondre  avec 
aucun  autre.  Le  premier,  dont  le  capuchon  est  énorme,  a  pris,  par  cela 
.  même,  le  nom  de  C.  à  cape  (  Chamœleo  caljrplratus)  A.  Dum.  ;  et  le  second, 
remarquable  par  la  belle  bande  jaune  oblique  dont  chaque  flanc  est  orné, 
est  .dit  C.  à  baudrier'  (Ck.  balteatus)  A.  Dum. 

»  A  ces  descriptions,  l'auteur  a  joint  des  observations  sur  la  classifica- 
tion et  sur  les  caractères  des  Reptiles.  Dans  les  Mémoires  ultérieurs,  il  con- 
tinuera cette  revue  analytique  des  autres  groupes ,  et  fera  connaître  les 
espèces  nouvelles  qui  doivent  y  être  intercalées.  » 

CHIMIE   appliquée.    —    Réponse    à    la    réclamation    de   priorité  élevée 
par  M.  "Larocque  au  sujet  de  la  fermentation  gallique.  (Lettre  de 

M.     E.     RoBIQlïET.) 

(Commissaires  précédemment  nommés:  MM.  Chevreul,  Pelouze,  Bussy.) 
«  Il  y  a  quelques  jours  seulement,  j'ai  eu  connaissance  de  là  réclama- 
tion de  priorité  présentée  par  M.  Larocque  au  sujet  de  mon  Mémoire  sur  là 
fermentation  gallique  (séance  du  9  août).  Si  M.  Larocque  avait  attendu  la 
publication  de  mon  travail  complet,  il  n'aurait  pas  sans  doute  fait  de  ré- 


(473) 
clamation,  puisqu'il  eût  vu  que  je  rendais  justice  à  ses  premiers  travaux. 
Dans  letat  où  il  a  mis  la  question,  je  suis  obligé  d'établir  une  fois  pour 
toutes,  que  :  i°  je  n'ai  pas  eu  la  prétention  de  créer  la  fermentation  gal- 
lique,  et  j'ai  seulement  dit  qu'elle  se  confondait  avec  la  fermentation  pec- 
tique;  2°  j'ai  avancé  que  le  ferment  gallique  était  de  la  pectase,  et  je  l'ai 
prouvé. 

»  Maintenant,  voici  le  passage  textuel  du  Mémoire  de  M.  Larocque,  rela- 
tivement au  ferment  de  la  noix  de  galle  {Journal  Ph.,  tome  XXVII, 
page  204)  :  «  Si  l'on  examine  la  poudre  d'un  blanc  grisâtre  qui  se  dépose 
«  dans  une  macération  de  noix  de  galle  ou  dans  une  infusion  filtrée,  on 
»  retrouve  dans  ce  dépôt  toutes  les  propriétés  du  ferment  de  bière.  Toute- 
»  fois,  les  globules  sont  plus  pâles  et  sous  forme  de  chaînons;  ils  ont  de  j~ 
»  à  2^-j  de  millimètre.  Il  se  dépose  dans  ces  liqueurs  des  flocons  comme 
»  albumineux  qui,  examinés  au  microscope,  se  présentent  sous  forme  de 
»  buissons,  d'où  partent  des  branches  qui  se  répandent  assez  loin  ;  elles 
»  sont  bifurquées  et  parsemées  de  points  noirs.  » 

»  Or,  d'après  mes  expériences,  ces  globules  sont  un  mélange  d'acides 
gallique  et  ellagique,  disparaissant  instantanément  dans  une  solution  de 
potasse.  De  plus,  ils  sont  incapables  de  convertir  en  acide  gallique  le  tannin 
purifié.  Quant  aux  flocons  albumineux,  ce  n'est  autre  chose  que  de  l;i 
pectase  altérée.  » 

chimie  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  la  pyroxjline  (premier  Mémoire); 
par  M.  A.  Béchamp,  agrégé  à  l'École  de  Pharmacie  de  Strasbourg. 
(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Pelouze.) 

«  On  ne  parvient  pas  toujours  à  préparer  de  la  pyroxyline  soluble.  Pour 
obtenir  celle  qui  devait  me  servir,  j'ai  suivi  le  procédé  de  MM.  Gandin  et 
Mialhe.  J'ai  constaté  que,  si  l'on  plonge  le  coton  dans  le  mélange  d'acide 
sulfurique  et  de  nitre,  préalablement  refroidi,  la  pyroxyline  que  l'on  obtient 
est  bien  fulminante,  mais  insoluble  dans  l'éther.  Ayant  recommencé  la 
même  opération  avec  les  mêmes  matériaux,  mais  à  la  température  qui  se 
développe  naturellement  pendant  la  réaction,  le  produit  que  je  retirai  fut 
trouvé  fulminant  et  soluble.  Enfin,  la  pyroxyline  insoluble  de  la  première 
opération  devint  soluble  après  avoir  été  plongée  dans  le  mélange  chaud 
de  nitrate  et  d'acide. 

»  La  condition  pour  toujours  obtenir  de  la  pyroxyline  soluble  est  donc 
d'opérer  à  chaud. 

C.  R.,  i85a,  am«  Semestre.  (  T.  XXXV ,  N»  M.  )  62 


(  474  ) 

»  Lorsqu'on  fait  passer  pendant  une  demi-heure,  au  moins,  un  courant 
de  gaz  ammoniac  dans  une  dissolution  de  i  parties  de  pyroxyline,  80  par- 
ties d'étber  et  3o  parties  d'alcool  à  86  degrés  centigrades,  on  trouve  que  la 
dissolution  visqueuse  se  fluidifie  complètement. 

»  Le  gaz  sulfhydrique  détermine,  dans  cette  dissolution  ammoniacale, 
la  formation  d'un  précipité  jaune  insoluble  dans  l'alcool  à  90  degrés  centi- 
grades. Ce  précipité  est  complexe  :  il  contient  une  parue  soluble  et  une 
partie  insoluble  dans  l'eau.  D'après  quelques  réactions,  j'ai  cru  y  recon- 
naître un  composé  sulfuré. 

»  La  dissolution  ammoniacale,  versée  tout  à  coup  dans  quinze  à  vingt 
fois  son  volume  d'eau,  donne  un  précipité  d'une  poudre  blanche,  parfaite- 
ment insoluble  dans  l'eau;  un  séjour  de  quarante-huit  heures  dans  ce  li- 
quide ne  l'altère  pas.  Voici  ses  propriétés  : 

»  Desséchée  à  20  degrés  dans  une  cloche  sur  l'acide  sulfurique,  puis  à 
100  degrés,  elle  se  conserve  très-bien.  Elle  est  peu  dense,  sans  odeur  et 
sans  saveur.  Elle  est  électrique  par  frottement.  Chauffée  dans  un  tube, 
elle  fulmine  plus  tard  que  la  pyroxyline,  répand  des  vapeurs  nitreuses  et 
laisse  un  résidu  decharbon.  Chauffée  avec  de  l'acide  chlorhydrique  fumant, 
elle  se  dissout  peu  à  peu  et  dégage  du  chlore  en  abondance.  L'acide  sulfu- 
rique concentré  la  dissout  sans  dégagement  apparent  de  gaz.  Le  mélange 
sulfurico-nitrique  ne  parait  pas  l'altérer;  toutefois,  je  ne  me  suis  pas  encore 
assuré  si  la  pyroxyline  était  ou  non  régénérée. 

»  L'eau  dans  laquelle  la  précipitation  a  lieu,  contient  du  nitrate  d'ammo- 
niaque, mais  très-peu  de  matière  organique.  Ce  fait  est  digne  d'attention. 
L'analyse  élémentaire  montre,  en  effet,  que  la  nouvelle  combinaison  ne  dif- 
fère de  la  pyroxyline  que  par  un  équivalent  d'acide  nitrique  en  moins. 

»  Je  me  suis  assuré  que  la  nouvelle  substance  est  de  composition  con- 
stante. J'ai  analysé  le  produit  recueilli  tout  de  suite  après  la  précipitation, 
ou  après  un  contact  de  quarante-huit  heures  avec  l'eau.  La  composition  n'a 
pas  varié. 

»  Dans  six  analyses  pour  doser  le  carbone  et  l'hydrogène,  et  trois  autres 
où  j'ai  dosé  l'azote  par  le  procédé  de  M.  Dumas,  j'ai  obtenu  des  résultats 
concordants,  dont  la  moyenne  en  centièmes  pour  les  quatre  éléments  est  : 
carbone,  28,216;  hydrogène,  3,575;  azote,  10,777;  oxygène,  57,43a.  La 
matière  avait  été  desséchée  à  100  degrés. 

»  En  tenant  compte  de  la  formation  du  nitrate  d'ammoniaque  dans  la 
réaction,  et  en  admettant  la  formule  que  M.  Pelouze  [Comptes  rendus  de 
t  A 'endémie  des  Sciences ,  tome  XXIV,  page  1)  attribue  à  la  pyroxyline, 


(  4?5  ) 

savoir  : 

C24H,70,7,5Az03, 

la  substance  que  j'étudie  se  formerait  d'après  l'équivalence 
C24Hi7Q,7,5Az05  +  AzH3  +  HO  =  Az05,AzH40  +  C24  H,70,7,4AzO\ 

Si  l'on  prend  cette  dernière  formule  pour  celle  du  nouveau  composé,  le 
calcul  donne  pour  composition  centésimale  théorique  :  carbone,  9.8,070; 
hydrogène,  3,3i5;  azote,  10,916;  oxygène,  57,699. 

»  De  ao  à  100  degrés  la  substance  perd,  en  centièmes,  moyenne  de  deux 
dosages,  1 ,727  d'eau.  Ce  nombre,  en  posant  H  =  1 ,  représente  9,01 5  d'eau, 
pour  la  quantité  de  matière  qu'exprime  la  formule 

Ca4H,70,7,4Az05, 

c'est-à-dire  1  équivalent  d'eau.  La  formule  de  la  nouvelle  substance  à  la 
température  de  20  degrés  est  donc 

C24H,70,7,4Az05,HO, 

ou,  en  divisant  par  2, 

C,2H909,2Az05  =  C,îH9(Az04)2On; 

c'est-à-dire  la  formule  du  sucre  de  canne,  où  2  AzO4  tiennent  lieu  de  2  H. 

»  Conclusion.  Beaucoup  de  formules  sont  attribuées  à  la  pyroxyline.  La 
nouvelle  combinaison,  par  sa  composition  comme  par  les  circonstances  de 
sa  formation,  confirme  la  formule  de  M.  Pelouze. 

»  Voici  la  formule  moléculaire  que  je  propose  pour  la  pyroxyline  : 

C24H,7X402<,Az05(i), 
celle  de  la  nouvelle  combinaison  desséchée  à  20  degrés  étant 

C2'H"X,0",HO, 

et  celle  de  la  même  substance  à  100  degrés, 

Ca4H,7040!n. 

»  J'ai  déjà  commencé  quelques  expériences  sur  le  produits  nitrés  inso- 
lubles dans  l'eau,  qui  résultent  de  Faction  du  mélange  sulfurico-nitrique 
sur  le  glucose,  la  dextrine,  la  gomme,  etc.  » 

(1)  X  =  AzO<. 

62.  . 


(  476) 

physiologie.  —  Troisième  Mémoire  sur  les  couleurs  accidentelles  ; 
par  M.  J.-M.  Seguin.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :MM.  Magendie,  Pouillet,  Despretz.) 

«  Ce  Mémoire  est  le  complément  du  deuxième,  où  il  était  question  de  la 
production  des  images  accidentelles  dans  les  cas  les  plus  simples  :  celui 
d'un  objet  coloré  placé  sur  un  fond  noir  (ou  blanc),  et  celui  d'un  objet 
noir  (ou  blanc)  placé  sur  un  fond  coloré.  [Comptes  rendus,  17  mai  i852.) 

»  La  netteté  et  la  constance  des  faits  généraux  observés  dans  ces  condi- 
tions se  retrouvent  dans  les  expériences  qui  font  le  sujet  du  troisième  Mé- 
moire; il  en  résulte,  comme  nous  l'avons  annoncé,  que  celles-ci  sont  une 
nouvelle  confirmation  de  ceux-là. 

»  i°.  Sans  insister  de  nouveau  sur  les  phénomènes  décrits  dans  le  pre- 
mier Mémoire,  je  fais  voir  qu'ils  se  lient  à  ceux  du  deuxième  :  pendant  la 
contemplation  d'un  objet  blanc  sur  un  fond  noir,  par  l'apparition  de  l'image 
accidentelle  à  la  surface  de  l'objet  dont  la  blancheur  en  est  altérée;  pen- 
dant la  contemplation  d'un  objet  noir  (ou  coloré)  sur  un  fond  blanc,  par 
l'extension  de  la  lumière  du  fond  sur  l'objet. 

»  i°.  Je  suppose  qu'on  observe  un  objet  coloré  placé  sur  un  fond  co- 
loré, un  rectangle  de  papier  orangé  sur  une  feuille  de  papier  rouge.  Pen- 
dant la  contemplation,  le  rectangle  orangé  produit  son  image  accidentelle 
bleue,  et  le  fond  rouge  son  image  verte.  En  outre,  la  lumière  rouge  du  fond 
s'étend  sur  le  rectangle.  A  la  surface  de  celui-ci,  il  y  a  donc  une  image  ac- 
cidentelle qui  est  un  mélange  de  bleu  et  de  rouge,  qui  est  violette.  Aussi, 
qu'on  tourne  les  yeux  vers  une  surface  blanche  ou  qu'on  les  ferme,  on  verra 
l'apparence  d'un  rectangle  violet  au  milieu  d'un  fond  vert.  Le  fait  était 
connu,  mais  notre  interprétation  est  celle  qui  résulte  de  notre  deuxième 
Mémoire. 

»  3°.  Arrivant  enfin  au  cas  de  deux  objets  colorés,  placés  côte  à  côte  et 
contemplés  simultanément,  je  montre  comment  les  effets  dont  M.  Chevreul 
a  établi  les  lois  dans  un  Mémoire  célèbre,  viennent  encore  à  l'appui  du  phé- 
nomène général  des  images  accidentelles  produites  à  la  surface  des  objets 
colorés  et  susceptibles  de  se  déplacer  suivant  les  mouvements  des  yeux.  » 

optique.  —  additions  à  ses  recherches  sur  la  théorie  de  la  vision  : 
phénomènes  de  coloration  qui  accompagnent  les  images  multiples  ; 
par  M.  Trouessart. 

(Commissaires  précédemment  nommés:  MM.   Arago,  Pouillet,  Babinet.) 


(  477) 

M.  Manneville  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  se  prononcer  sur 
un  système  d'appareils  au  moyen  desquels  il  fabrique  des  tonneaux  parfai- 
tement réguliers  et  dont  la  capacité  peut  être  déterminée  avec  facilité  et 
précision . 

»  La  première  partie  de  l'opération  a  pour  objet  la  taille  des  biseaux 
des  douves,  qui  doit  être  telle,  que  chaque  biseau  se  trouve  dans  un  plan 
passant  par  l'axe  du  tonneau;  la  deuxième  a  rapport  à  l'évidement  des 
douves  à  l'intérieur,  évidement  qui  se  fait,  dans  le  système  de  M.  de  Man- 
neville, de  manière  à  ce  que  toute  section  perpendiculaire  à  l'axe  du  ton- 
neau soit  exactement  un  cercle  et  d'un  rayon  prévu. 

(Commissaires,  MM.  Mathieu,  Dupin,  Morin.) 

M.  Chenot,  à  l'occasion  d'une  Note  de  M.  Calvert  présentée  dans  la 
précédente  séance,  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  lui  désigner  une  Com- 
mission à  laquelle  il  soumettra  les  résultats  de  ses  recherches  sur  la  purifi- 
cation des  combustibles  en  général,  et  en  particulier  sur  la  préparation 
des  houilles  pour  la  fabrication  de  la  fonte. 

(Commissaires,  MM.  Berthier,  Dumas,  Combes.  ) 

M.  Raboisson  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  admettre  au  concours 
pour  le  prix  concernant  les  Arts  insalubres,  les  perfectionnements  imaginés 
par  lui  pour  la  boulangerie,  et  particulièrement  un  système  de  pétrissage 
mécanique  qu'il  décrit  brièvement. 

(  Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  qui  a  fait  le  Rapport  sur  les  appa- 
reils de  panification  de  M.  Rolland;  Commission  qui  se  compose  de 
MM.  Poncelet,  Boussingault,  Payen.) 

M.  Lecour  transmet,  d'Annonay,  quelques  renseignements  sur  les  bons 
résultats  qu'il  a  vu  obtenir  du  chaulage,  pour  la  conservation  des  pommes 
de  terre. 

Dans  une  récolte  dont  plus  de  la  moitié  était  déjà  gâtée  au  moment  de 
l'arrachage,  on  a  trié  les  tubercules  sains  qui  formaient  un  poids  de  a5  ki- 
logrammes :  de  cette  quantité  une  moitié  a  été  chaulée  et  s'est  conservée 
saine  tout  l'hiver,  à  part  deux  ou  trois  tubercules  ;  dans  le  même  cellier, 
l'autre  moitié,  qui  n'avait  subi  aucune  préparation,  s'est  pourrie  presque 
tout  entière. 
(Commission  nommée   pour  les  diverses   communications  relatives  à  la 

maladie  de  la  vigne  et  de  la  pomme  de  terre  :  MM.  Duméril ,  Magendie , 

de  Jussieiij  Brongniart,  Milne-Edwards ,  Decaisne.  ) 


(  478  ) 

M.  Letellier  adresse,  de  Saint-Leu-Tavemy,  des  observations  concer- 
nant la  maladie  de  la  vigne.  Aux  causes  qu'il  avait  signalées  dans  de  précé- 
dentes communications,  il  en  ajoute  une  nouvelle,  l'action  du  soleil,  sur- 
tout à  son  lever,  et  de  là  il  est  conduit  à  recommander  pour  les  vignobles 
l'exposition  au  couchant. 

(Commission  de  la  maladie  de  la  vigne  et  de  la  pomme  de  terre.) 

M.  Regnault  annonce  avoir  arrêté  la  maladie  du  raisin  en  enlevant,  au 
moyen  d'une  brosse  molle  ou  d'un  plumeau,  sur  des  grappes  déjà  partiel- 
lement envahies,  les  taches  qui  étaient  déjà  apparues  à  la  surface  des  grains. 

(Commission  de  la  vigne  et  de  la  pomme  de  terre.  ) 

M.  Zaliwski  adresse  une  nouvelle  rédaction  des  Notes  qu'il  avait  précé- 
demment adressées. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée.) 

CORRESPONDANCE. 

M.   le   Ministre  de    l'Intérieur,   de    l'Agriculture    et    du  Commerce 

adresse,  pour  la  bibliothèque  de  l'Institut,  un  exemplaire  du  VIIIe  volume 
des  brevets  d'invention  pris  sous  l'empire  de  la  loi  de  1 844- 

Le  même  Ministre  transmet  la  copie  d'une  Lettre  sur  les  causes  des  épi- 
démies, Lettre  dont  l'original  avait  été  adressé  directement  à  l'Académie 
par  l'auteur,  M.  Buisson. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  communication  d'une  Lettre  de 
M.  Le  Maistre,  d'Aboville,  accompagnant  l'envoi  précédemment  annoncé 
de  manuscrits  du  P.  Cotte,  relatifs  à  la  météorologie. 

Une  Commission,  composée  de  MM.  Arago,  Pouillet,  Babinet,  sera  invitée 
à  prendre  connaissance  de  ces  manuscrits. 

astronomie.    —   Découverte   d'une   nouvelle  planète. 
(Lettre  de  M.  A.  de  Gasparis  à  M.  Àrago.) 

«  Naples,   21  septembre  1802. 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  apprendre  la  découverte  que  je  viens  de  faire 

d'une  nouvelle  planète  dans  le  soir  du  19  septembre  à  7h5om  temps  moyen. 

»  J'en  ai  déduit  les  positions  suivantes  en  la  comparant  avec  les  étoiles 


(  479  ) 
2o3  Lalande,  449  Lalande  =  273  Weisse,  579  Lalande  =  33o  Weisse,  et  je 
l'ai  jugée  un  |>eu  plus  faible  que  la  première  de  ces  étoiles,  c'est-à-dire  à 
tirs-peu  près  de  9e  grandeur. 

»  En  voici  les  positions  apparentes  : 

T.  m.  Naplcs.  x  app.  o  app. 

i852.   Sept.    19       ioh2om24s  o''i2mio*,73  -+-  i°53'   o",6 


20 


7h  5om228  Oh  I  Im  22',62  -f-    i°47'  l6",8 


optique.  —  Raies    longitudinales   du  spectre. 
(Lettre  de  M.  Porro  à  M.  Babinet.) 

«  D'après  le  désir  que  vous  m'en  avez  exprimé,  Monsieur,  je  me  suis 
empressé  de  répéter  avec  mon  grand  appareil  l'expérience  fondamentale  de 
la  théorie  des  raies  longitudinales  de  M.  Zantedeschi,  indiquée  dans  votre 
récente  communication  à  l'Académie  des  Sciences;  voici  les  résultats 
que  j'ai  obtenus  hier  entre  3  et  4  heures  avec  le  soleil  et  un  petit  trou 
de  omm,6  placé  au  foyer  d'un  objectif  de  4  mètres,  et  avec  une  lunette 
d'observation  de  280  millimètres  de  longueur  focale,  munie  d'une  échelle 
à  l'oculaire,  disposée  parallèlement  à  l'axe  optique;  même  prisme  que  dans 
les  expériences  précédentes. 

»  Le  diaphragme  avait  7ram,5,  il  était  rectangulaire  et  placé  sur  la  pre- 
mière face  du  prisme  dont  il  occupait  toute  la  largeur:  les  résultats  qui 
suivent  sont  de  la  même  nature  que  ceux  que  vous  avez  observés  vous- 
même  avec  le  diaphragme  rond  sur  l'objectif  de  la  lunette;  seulement  ils 
ont  plus  de  netteté. 

»  N°  1.  Avec  ces  dispositions,  la  vision  nette  du  point  lumineux  avait 
lien  au  foyer  des  rayons  parallèles  (280  millimètres),  et  avec  le  prisme  on 
avait  un  spectre  linéaire  très-allongé,  mais  très-net,  dans  lequel  aucune  raie 
n'apparaissait  ni  en  long  ni  en  travers. 

»  En  poussant  l'oculaire  vers  l'objectif  on  trouve  successivement  : 

»  N°  2.  A  277™"", 90  une  raie  noire  fine  au  milieu  et  deux  bandes  claires 
qui  traversent  toutes  les  couleurs  du  rouge  au  violet. 

»  N°  3.  A  276mm,5o  on  n'aperçoit  presque  pas  de  raies  longitudinales, 
mais,  quoique  très-courtes,  on  distingue  assez  bien  les  principales  raies  de 
Fraunljofer. 

»  N°  4-  A  274""",  57  on  voit  une  paire  de  raies  noires  fines  au  milieu,  sé- 
parées par  une  raie  brillante  très-fine,  deux  bandes  d'éclat  moyen  suivent 
symétriquement,  et  deux  raies  noires  longitudinales  très-fines  se  montrent 
près  des  bords  du  spectre  déjà  fort  dilaté. 


(  48o  ) 

»  N°  5.  A  272,nm,  i  5  trois  bandes  brillantes  sontséparées  par  deux  paires 
<le  raies  noires  très-fines  et  terminées  par  les  limites  latérales  du  spectre. 

»  N°  6.  A  270mm,i  5  deux  bandes  brillantes  se  présentent  symétriquement 
aux  deux  côtés  d'une  bande  d'à  peu  près  même  largeur  qui  règne  au  milieu, 
laquelle  se  trouve  assombrie  et  sillonnée  par  une  multitude  de  raies  longi- 
tudinales très-fines. 

»  L'oculaire  de  la  lunette  d'observation  ne  peut  pas  s'enfoncer  au  delà 
de  ce  point;  en  le  retirant,  au  contraire,  plus  loin  que  le  foyer  principal  on 
trouve  ce  qui  suit  : 

»  N°  7.  A  284ram,o,o  même  phénomène  qu'au  N°  2. 

»  N°  8.  A  289mm,4o  le  spectre  est  partagé  par  deux  raies  longitudinales 
en  trois  bandes  égales  de  largeur,  deux  raies  se  voyant  dans  les  bandes  la- 
térales, ainsi  qu'une  multitude  de  raies  très-fines  dans  la  bande  du  milieu. 

»  N°  9.  A  3oomm,/|0  les  raies  longitudinales  sont  très-fines  et  très-serrées 
vers  le  milieu,  le  spectre  est  terminé  sur  les  côtés  par  deux  bandes  médio- 
crement lumineuses. 

■»  L'instrument  n'a  pas  permis  d'aller  au  delà;  d'ailleurs  la  lumière  de- 
vient très-faible  au  delà  de  ce  point. 

»  En  passant  de  l'une  à  l'autre  de  ces  positions,  les  raies  longitudinales 
propres  à  la  position  précédente  ne  se  transforment  que  par  gradations  à 
peu  près  insensibles,  à  l'exception  des  deux  premières  à  partir  du  foyer,  en 
enfonçant  l'oculaire,  et  des  trois  qu'on  trouve  en  retirant  l'oculaire,  dans 
l'intervalle  desquelles  on  trouve  un  espace  à  peu  près  vide  de  raies;  d'où 
il  suit  que  les  ordres  distincts  de  raies  longitudinales  sont  au  nombre  de 
cinq.  Dans  toutes  ces  expériences  on  a  remarqué  une  grande  symétrie  par 
rapport  à  la  ligne  médiane  du  spectre. 

»  Je  me  borne  à  vous  rapporter  fidèlement  les  faits  tels  que  je  les  ai  ob- 
servés ;  c'est  à  vous,  Monsieur,  qu'il  appartient  de  les  coordonner  avec  la 
théorie.  » 

PHYSIQUE.  —  Nouvelles  expériences  d'électricité  animale; 
par  M.  Zantedeschi.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Dans  des  expériences  sur  les  courants  physiologico-électriques  chez  les 
animaux  à  sang  chaud,  expériences  faites  en  1 840  avec  le  Dr  L.-P.  Fario,  je 
suis  arrivé  à  un  résultat  que  j'exprimais  de  la  manière  suivante  :  «  La  douleur 
»  affaiblit  ou  suspend  les  courants  électro- vitaux,  et  si  elle  est  très-intense, 
»  elle  en  intervertit  la  direction.  Les  mouvements  volontaires  ou  automa- 


(48.  ) 

»  tiques  convulsifs  produisent,  au  contraire,  un  courant  plus  fort,  une 
»  sorte  de  décharge  d'électricité.   » 

»  Depuis  cette  époque,  j'ai  continué  mes  recherches  sur  ce  sujet,  comme 
le  témoignent  plusieurs  Mémoires  insérés  dans  mes  annales  Je  Physique, 
années  1849  et  *8jo,  et  dont  j'ai  l'honneur  d'offrir  aujourd'hui  un  exem- 
plaire à  l'Académie.  Cependant,  comme  on  avait  opposé  à  mes  résultats, 
de  même  qu'à  ceux  de  M.  du  Bois-Reymond,  l'action  chimique  qui  se  pro- 
duit par  le  fait  de  la  clôture  du  circuit,  j'ai  imaginé  un  mode  d'expéri- 
mentation dans  lequel  cette  action  chimique  doit  se  trouver  neutralisée  par 
des  actions  égales  et  contraires.  Aux  extrémités  du  fil  galvanométrique  d'un 
multiplicateur  à  fil  très-fin,  je  fais  souder  métalliquement  des  dés  d'ar- 
gent, ou  mieux  de  platine,  et  je  les  place  au  doigt  médian  de  chacune  de 
mes  mains,  après  avoir  mouillé  ces  deux  doigts  d'eau  salée  pour  les  rendre 
meilleurs  conducteurs.  Quand  je  ferme  ainsi  le  circuit,  l'aiguille  ne  dévie 
que  très-peu  de  la  position  qu'elle  occupait;  elle  y  revient  promptement, 
et  reste  bientôt  en  repos.  Alors  il  suffit  de  fléchir  ou  d'étendre  un  bras  pour 
occasionner  une  déviation  qui  peut  être  plus  ou  moins  grande,  suivant  que 
le  multiplicateur  est  plus  ou  moins  sensible,  mais  qui  est  toujours  très-suffi- 
sante pour  montrer  que  le  courant  est  direct  de  la  main  au  bras  fléchi. 

»  Il  est  vrai  que,  dans  ce  mode  d'expérimentation,  on  ne  met  pas  en  action 
tous  les  systèmes  nerveux  et  musculaires  du  bras  et  de  la  main,  comme  cela 
a  lieu  dans  les  expériences  auxquelles  j'ai  fait  allusion  plus  haut,  et  que, 
par  conséquent,  l'effet  électrique  est  bien  moindre;  mais,  d'un  autre  côté, 
on  évite  les  inégalités  de  contact;  de  sorte  que  toute  la  question  physiolo- 
gico-électrique  se  réduit  au  point  d'insertion  des  nerfs  dans  les  muscles. 

»  Laissant  à  la  chimie  organique  le  soin  de  s'occuper  des  phénomènes 
de  synthèse  ou  d'analyse  qui  peuvent  se  produire  dans  l'acte  de  la  contrac- 
tion musculaire,  nous  nous  bornerons  à  énoncer  comme  bien  établie 
aujourd'hui  par  nos  nombreuses  expériences,  la  proposition  suivante  : 
«  L'exhaustion  de  la  force  nervoso-musculaire  correspond  toujours  à  une 
><  exhaustion  de  l'électricité,  et,  réciproquement,  le  retour  des  forces  s'ac- 
»  compagne  d'une  reproduction  d'électricité.  » 

météorologie.  —  Arc  lumineux  observé  le  29  septembre. 
(Lettre  de  M.  Eue  Robert.) 

«  En  sortant  de  Paris,  le  29  septembre,  à  9  heures  du  soir,  par  le  chemin 
de  fer  de  l'Ouest,  je  vis,  au  nord-ouest,  un  grand  arc  lumineux  qu'au  pre- 
mier abord  on  aurait  pu  prendre  pour  un  arc-en-ciel  imparfait. 

C.  R.,  i85a,  a™«  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  14.)  63 


(  482  ) 

»  L'arc,  nettement  dessiné  et  d'une  teinte  jaunâtre,  renfermait  un  espace 
d'une  lumière  assez  vive  que  faisaient  surtout  ressortir,  par-ci  par-là,  des 
petits  nuages  noirâtres  du  côté  de  l'observateur,  et  paraissant  devoir  être  de 
même  couleur  que  l'arc,  du  côté  opposé.  Le  ciel  en  dehors  de  l'arc,  et  immé- 
diatement après,  avait  une  teinte  uniforme  d'un  gris  noirâtre.  Dix  minutes 
à  peine  après  avoir  pu  noter  ces  particularités  atmosphériques  qui  m'ont 
semblé  appartenir  à  une  aurore  boréale,  l'arc  avait  disparu,  et  il  ne  resta 
plus  dans  la  même  région  du  ciel  qu'une  lueur  blafarde.  » 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  F. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE* 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  4  octobre  i852,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences; 
ie  semestre  i85a;  n°  i3;  in-4°. 

Leçons  sur  la  théorie  mathématique  de  l'élasticité  des  corps  solides;  par 
M.  G.  Lamé.  Paris,  i852;  i  vol.  in-8°. 

Correspondance  of  sir  Isaac  Newton  and  Cotes,  etc.  (  Articles  deM.  J.-B. 
BiOT  ;  extraits  du  Journal  des  Savants)  (cahiers  de  mars  à  juin  )  ;  broch.  in-4°. 

Réponse  au  deuxième  article  de  M.  É.  Quatremère  (Journal  des  Savants, 
septembre  i85a);  par  M.  F.  DE  Saulcy;  broch.  in-4". 

Société  nationale  et  centrale  d' Agriculture.  Bulletin  des  séances,  Compte 
rendu  mensuel  rédigé  par  M.  Payen,  secrétaire  perpétuel;  2e  série,  tome  VII; 
n°  9;  in-8°. 

Description  des  machines  et  procédés  pour  lesquels  des  brevets  d'invention  ont 
été  pris  sous  le  régime  de  la  loi  du  5  juillet  i844;  publiée  par  les  ordres  de 
M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce;  tome  VIII.  Paris,  i85i; 
i  vol.  in-4°. 

Expédition  dans  les  parties  centrales  de  l'Amérique  du  Sud,  de  Rio  de  Janeiro 
à  Lima,  et  de  Lima  au  Para;  exécutée  par  ordre  du  Gouvernement  français  pen- 
dant les  années  1 843  à  1847,  sous  ^a  direction  de  M.  Francis  de  Castelnau; 
2e  partie  :  Vues  et  scènes;  ie  et  3e  livraisons;  in-4°;  4e  partie  :  Itinéraires  et 
coupe  géologique;  7e  et  8e  livraisons;  in-fol. 

Topographie  et  statistique  médicales  de  la  ville  et  de  la  commune  d'Aulun; 


(483) 

par  M.  L.-M.  Guyton.  Autun,  i852;  i  vol.  in-8°.  (Second  exemplaire 
destiné  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  1 853.  ) 
Description  générale  des  phares  et  fanaux  et  des  principales  remarques  exis- 
tantsur  le  littoral  maritime  duglobe,  à  l'usage  des  navigateurs  ;  parM.  COUDER; 
10e  édition.  Paris,  i85a;  1  vol.  in-12. 

Mémoires  sur  quelques  points  fondamentaux  de  la  médecine  dentaire  consi- 
dérée dans  ses  applications  à  i 'hygiène  et  la  thérapeutique  ;  par  M.  A. -F.  Talma  ; 
ire  série.  Bruxelles,  i85a;  1  vol.  in-8°. 

Description  d'unastrolabe  construit  àMaroc  en  l'an  1 208;  par  M.  F.  Sarrus  ; 
broch.  in- 8°.  (Extrait  des  Mémoires  de  h.  Société  d'Histoire  naturelle  de 
Strasbourg.) 

Du  chanvre,  de  son  rouissage  et  des  meilleurs  modes  de  préparation  ;  par 
M.  Louis  Terwangne,  à  Lille;  broch.  in-8°. 

Histoire  et  statistique  de  r  Académie  nationale  de  Médecine  depuis  sa  fondation 
jusqu'à  ce  jour;  par  M.  le  Dr  Félix  Rouraud.  Paris,  i852;  broch.  in-8°. 

Les  trois  règnes  de  la  nature.  —  Règne  animal.  —  Histoire  naturelle  des  oiseaux , 
classés  méthodiquement,  avec  l'indication  de  leurs  mœurs  et  de  leurs  rapports 
avec  les  arts,  le  commerce  et  l'agriculture;  par  M.  Emm.  Le  Maout;  24e 
à  26e  livraisons;  in-8°. 

Note  sur  le  nom  antique  et  hiéroglyphique  DU  PERROQUET,  oiseau  katré  ou 
guerrier;  par  M.  de  Paravey;  ^  de  feuille  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie,  rédigé  par  M.  DE  la  Roquette, 
secrétaire  général  de  la  Commission  centrale;  avec  la  collaboration  de 
MM.  V.-A.  Malte-Brun,  secrétaire-adjoint,  Daussy,  L.-Am.  Sédillot,  de 
Froberville  et  Cortambert;  4e  série;  tome  III;  n°  20;  août  i852; 
in-8°. 

Bulletin  de  i  Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  tome  XIX;   n°  8  ;  in-8°. 

Annales  des  maladies  de  la  peau  et  de  la  syphilis,  publiées  par  MM.  Alphée 
Cazenave  et  Maurice  Chausit ;  2e  série;  IVe  volume;  août  i852;  in-8°. 

Annales  forestières  ;  10e  année;  25  septembre  i852;  in-8°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  DE  MONFORT, 
et  rédigée  par  M.  l'abbé  Moigno;  1™  année;  n°  23;  3  octobre  i852; 
in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie,  de  Toxicologie  ;  et  Revue 
des  nouvelles  scientifiques  nationales  et  étrangères;  par  les  Membres  delà  Société 
de  Chimie  médicale;  n°  10;  octobre  l852;  in-8°. 


(  484  ) 

Journal  des  Connaissances  médico-chirurgicales,  publié  parMAe  docteur 
A.  Martin-Lauzer ;  n°  19;  ier  octobre  i85a;  in-8°. 

Le  Magasin  pittoresque;  septembre  i85a;  in-8°. 

Revue  thérapeutique  du  Midi.  Journal  de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de  Phar- 
macie pratiqués ,*  fondé  pur  M.  le  professeur  Fuster,  et  rédigé  par  MM.  les 
l)ra  Barbaste  et  Louis  Saurel;  n°  18;  3o  septembre  i85a;  in-8°. 

Annali...  Annales  de  Physique;  par  M.  l'abbé  FraNCESCO  Zantedeschi. 
Padoue,  i849-i85a;  1  vol.  in-8°. 

Sullo...  Monographie  du  squelette  de  /'Acipenser  ruthenus  (te Sterlet);  par 
M.  R.  Molin  ;  broch.  in-8°. 

Falsità...  Expérience  d'électricité  animale  tendant  à  démontrer  i inexacti- 
tude de  la  conclusion  tirée  d'une  autre  expérience  faite  par  M.  MatteuCCi; 
Note  de  M.  R.  Molin  ;  broch.  in-8°. 

Corrispondenza...  Correspondance  scientifique  de  Rome;  i"  année;  n°  35; 
8  septembre  i85a. 

Astronomische. . .  Nouvelles  astronomiques  ;  n°  8a8. 

L  Athenœum  français.  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux- Arts;  n°  i4;  2  octobre  i85a. 

La  Presse  littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  a3  ; 
3  octobre  i85a. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  40;  2  octobre  i85a. 

Gazette  des  Hôpitaux;  nOÏ  1 1 5  et  116;  28  et  3o  septembre  18 5a. 

Moniteur  agricole;  5e  année;  n°  3g;  3o  septembre  i85a. 

La  Lumière;  ae  année;  n°  4'  ;  2  octobre  i85a. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SEANCE    DU    LUNDI    11    OCTOBRE    1852. 

PRÉSIDENCE  DE  M.   PIOBERT. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce,  d'après  une  Lettre  de  M.  Ad. 
Richard,  la  perte  douloureuse  que  l' Académie  a  faite  dans  la  personne 
de  M.  Achille  Richard,  Membre  de  la  Section  de  Botanique,  décédé  le 
5  octobre. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  également  à  l'Académie  la  perte 
irréparable  qu'elle  vient  de  faire  dans  la  personne  de  M.  le  contre-amiral 
Berard,  Correspondant  de  la  Section  de  Géographie  et  de  Navigation. 
M.  Berard  est  décédé  à  Toulon,  le  7  de  ce  mois. 

zoologie.  —Sur  une  espèce  de  Serpent  à  coiffe  (Naja  Haje),  présenté 
vivant  a  l'Académie;  par  M.  C.  Duméril. 

«  La  Ménagerie  des  Reptiles  du  Muséum  s'étant  procuré  un  Serpent 
extrêmement  curieux  par  ses  formes,  ses  allures  bizarres  et  par  ses  habi- 
tudes toutes  particulières,  j'ai  pensé  que  cet  animal,  très-rarement  vu  vi- 
vant à  Paris,  pourrait  intéresser  l'Académie  si  nous  lui  faisions  connaître 
quelques  traits  de  son  histoire.  C'est  dans  cette  intention  que  je  vous  de- 
mande la  permission  de  vous  communiquer  un  extrait  abrégé  de  l'article, 
encore  manuscrit,  que  j'ai  rédigé  pour  la  seconde  partie  du  VIP  volume  de 

C.  R. ,  i85a,  am«  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  18.)  64 


(  486  ) 

Y  Erpétologie  générale,  ouvrage  pour  lequel,  comme  on  le  sait,  M.  Biforon 
me  prêtait  son  laborieux  concours. 

»  Ce  Serpent  appartient  au  genre  Naja  établi  par  Laurenti  ;  il  est  carac- 
térisé par  des  dents  venimeuses  simplement  cannelées,  placées  en  avant  sur 
les  os  sus-maxillaires;  par  sa  queue  arrondie  et  conique;  par  les  pla- 
ques polygones  qui  recouvrent  le  dessus  du  crâne  ;  enfin  par  des  écailles 
plus  grandes  que  les  autres  qui  garnissent  la  peau  du  cou,  où  elles  sont 
distribuées  par  rangées  obliques.  D'après  ces  caractères,  ce  genre  appartient 
au  sous-ordre  des  OPHIDIENS  PROTÉROGLYPHES  et  à  la  famille  des 

CONOCERQUES. 

»  A  la  suite  de  ces  notes,  d'autres  caractères  sont  établis  d'après  l'obser- 
vation, facile  à  faire,  du  mode  d'insertion  des  écailles  du  cou  dans  l'épais- 
seur de  la  peau  où  elles  sont  enchatonées  et  adhérentes  par  leur  circonfé- 
rence. Cette  région  des  téguments  est  susceptible  de  s'élargir  ou  d'être  di- 
latée par  la  volonté  de  l'animal,  car  il  peut  la  distendre  et  la  développer, 
comme  les  lames  d'un  double  éventail,  en  une  large  membrane  au  moyen 
des  muscles  qui  occupent  les  intervalles  des  côtes  antérieures,  qui  sont  lon- 
gues, presque  droites,  et  très-mobiles  dans  leurs  articulations  vertébrales. 
Ici,  ces  petits  os,  ordinairement  courbés  pour  protéger  les  viscères,  four- 
nissent, par  leur  grande  étendue  comme  leviers,  une  attache  plus  favorable 
à  l'action  des  faisceaux  de  fibres  motrices  qui  les  font  agir  dans  deux  sens 
opposés.  Les  uns  les  dirigent  en  avant,  et  les  étalent  comme  les  rayons  d'un 
cercle  pour  étendre  la  peau  que  les  côtes  soutiennent  ;  et  les  autres,  au  con- 
traire, agissant  en  sens  opposé,  tendent  à  les  ramener  le  long  de  l'échiné  et 
permettent  ainsi  aux  téguments  de  revenir  sur  eux-mêmes,  de  se  raccourcir 
légèrement  peu  à  peu,  comme  le  feraient  les  plis  déployés  d'un  étoffe  élastique 
appuyée  sur  des  rayons  solides. 

»  Je  dois  maintenant  passer  sous  silence  toutes  les  particularités  indi- 
quées avec  détails  dans  notre  ouvrage  et  qui  ont  servi  à  séparer  les  Najas 
des  sept  autres  genres  que  comprend  la  même  famille  et  que  nous  avons 
résumées  et  analysées  dans  le  tableau  synoptique  dont  nous  faisons  con- 
stamment précéder  nos  divisions  systématiques  et  naturelles. 

»  Le  genre  Naja,  limité  par  nous,  ne  comprend  plus  les  dix  espèces  que 
M.  Schlegel  y  avait  inscrites,  ainsi  que  la  plupart  des  auteurs,  ce  dont  nous 
exposons  les  motifs.  Nous  ne  mentionnons  ici  que  celles  qui  ont  été  dési- 
gnées sous  les  noms,  i°  de  Tripudians ,  ou  Baladine;  et  a°  de  Haje,  qui  lui 
est  donné  par  les  Égyptiens  et  qui  nous  a  été  transmis  d'abord  par  Hassel- 
quitz. 


(  487  ) 

»  C'est  le  célèbre  voyageur  Kaempfer  qui,  à  son  retour  de  Perse,  a  fait 
le  premier  connaître  et  figurer  ces  Najas,  Serpents  des  Indes,  dont  la  forme 
est  si  singulière,  le  port,  les  mouvements  si  extraordinaires;  il  a  indiqué 
<uissi  les  usages  auxquels  certains  bateleurs  les  emploient;  la  nature  de  leur 
venin  et  quelques-uns  des  remèdes  qu'on  y  apporte. 

»  Séba  vint  ensuite  et  donna,  dans  son  grand  ouvrage,  beaucoup  de 
figures,  très-fautives  pour  la  plupart,  avec  des  indications  erronées  relati- 
vement à  la  forme  et  à  la  distribution  des  plaques  de  la  tète  et  des  écailles 
sur  les  diverses  régions  du  corps.  Ces  figures  pèchent  surtout  par  l'enlumi- 
nure, les  couleurs  en  étant  tout  à  fait  fausses  et  distribuées  d'après  des  ren- 
seignements ou  des  signalements  fournis  par  les  vendeurs  qui  avaient  très- 
souvent  intérêt  à  tromper  ce  pharmacien  trop  crédule,  afin  d'obtenir,  pour 
ces  objets,  un  prix  plus  avantageux.  Nous  ne  faisons  cette  critique  que  parce 
que  ces  figures  ont  été  considérées  par  quelques  auteurs,  surtout  par  Lau- 
renti,  qui  a  été  ensuite  suivi  comme  un  bon  guide,  pour  autant  de  types 
d'espèces  distinctes,  sous  les  noms  divers  que  nous  énumérons  et  dont 
nous  ne  nous  sommes  pas  servis  ou  que  nous  avons  indiqués  comme  se 
rapportant  à  de  simples  variétés. 

»  La  science  possède  aujourd'hui  d'admirables  représentations  de  ces 
Serpents  dans  les  ouvrages  de  Patrick  Russel,  et  dans  les  belles  et  magnifi- 
ques gravures  de  la  grande  édition  des  travaux  sur  l'Egypte,  par  nos  confrères 
Geoffroy-Sain t-Hilaire,  père  et  fils,  et  Savigny,  ainsi  que  dans  l'ouvrage 
anglais  de  M.  Smith,  qui  a  pour  titre  :  Illustrations  de  la  Zoologie  du  sud 
de  l'Afrique. 

»  Nous  avons  cru  devoir  entrer  d'abord  dans  ces  détails  historiques  pour 
nous  disculper  d'avance,  si  cela  était  nécessaire,  ou  plutôt  afin  de  faire 
connaître  pourquoi  nous  n'avons  admis  dans  le  genre  Naja  que  deux  espèces, 
qui  ont  même  entre  elles  les  plus  grands  rapports  pour  les  formes,  la  struc- 
ture et  les  habitudes.  Elles  ont  été  observées  ou  recueillies  dans  les  contrées 
les  plus  chaudes  des  climats  rapprochés  de  la  ligne  équatoriale  :  aux  gran- 
des Indes,  en  Asie,  en  Afrique,  et  même,  à  ce  qu'on  assure,  en  Australie  ; 
car  les  individus  nombreux  que  possède  la  collection  du  Muséum  ont  pour 
origines,  indiquées  sur  les  bocaux  qui  les  renferment,  les  localités  suivantes  : 
Ceylan,  Siam,  la  Chine,  Java,  Sumatra,  Malabar,  les  Philippines,  le  Bengale, 
Pondichéry,  Ceylan,  Coromandel,  Calcutta,  l'Egypte,  le  Cap,  Mogador,  le 
Sénégal,  la  Guinée.  Quelques-uns  sont  même  indiqués  comme  provenant 
du  Brésil,  du  Pérou,  de  la  Nouvelle-Hollande;  mais  ces  dernières  annota- 
tions ne  sont  pas  certaines  pour  nous. 

64.. 


(  488  ) 

»  Jusqu'ici,  ce  genre  nous  paraît  donc  ne  devoir  comprendre  que  deux 
espèces  principales  ;  mais  chacune  réunit  un  assez  grand  nombre  de  variétés, 
au  moins  pour  les  couleurs.  L'une  est  la  vipère  à  lunettes  des  Indiens, 
Cobra  di  Capello,  et  Vautre  Y Haje  des  Égyptiens,  que  quelques  voyageurs 
ont  regardé  comme  l'aspic  de  Cléopâtre. 

»  Les  principales  espèces  ou  variétés  indiennes,  qui  sont  celles  dont  le 
Muséum  possède  le  plus  grand  nombre  d'exemplaires,  ont  le  dessus  du 
tronc  d'une  couleur  brune  ou  fauve,  le  ventre  plus  pâle,  avec  des  lâches 
ou  des  plaques  noires  plus  ou  moins  foncées.  Leur  tète  est,  en  apparence, 
semblable  à  celle  de  nos  couleuvres;  la  fente  de  la  bouche  un  peu  sinueuse. 
Nous  passons  sur  les  autres  détails.  Ces  Serpents,  nous  nous  en  sommes 
assurés  sur  plusieurs  individus,  ont  bien  des  dents  cannelées  sur  le  devant 
de  la  mâchoire  supérieure,  et  celles-ci  sont  suivies  de  deux  ou  Irois  petits 
crochets  lisses,  ce  qu'il  était  important  de  vérifier. 

»  Les  écailles  qui  recouvrent  la  nuque  et  le  cou  sont  grandes,  ovales  et 
semblent  se  toucher  dans  l'état  de  repos;  mais  quand  la  peau,  à  laquelle 
ces  plaques  adhèrent,  vient  à  s'étendre,  on  voit  ces  écailles  s'écarter  ou  s'é- 
loigner les  unes  des  autres  et  former  ainsi  comme  les  mailles  d'un  réseau 
rangées  par  lignes  obliques  et  en  quinconce.  Nous  avons  expliqué  le  méca- 
nisme qui  produit  cette  dilatation.  Les  côtes  et  les  muscles  qui  les  meuvent 
sont  les  mêmes  que  ceux  des  autres  Ophidiens,  mais  ces  organes  ont  pris 
tant  de  volume  et  d'étendue,  que  par  cela  même  ils  semblent,  en  apparence, 
et  par  les  effets  qu'ils  produisent,  constituer  un  appareil  tout  particulier. 
Nous  les  avons  indiqués  nous-même  anatomiquement  ;  déjà  ils  ont  été  dé- 
crits et  figurés  par  Home  et  Russel,  ainsi  que  par  Meckel  dont  nous  citons  les 
ouvrages. 

w  Gomme  ces  cotes  antérieures  sont  droites  et  très-longues,  les  muscles 
qui  les  meuvent  déterminent  sur  l'échiné  des  mouvements  tout  autres  que 
ceux  qui  sont  destinés  uniquement  à  l'action  mécanique  de  la  respiration  et 
à  celle  de  la  reptation.  Elles  élargissent  le  cou,  elles  entraînent  et  transpor- 
tent la  peau  en  travers,  souvent  en  s'avançant  même  au  devant  de  la  tète, 
de  manière  à  la  recouvrir  et  à  la  faire  totalement  disparaître  dans  certaines 
circonstances,  chez  quelques  individus  qui  jouissent  de  cette  faculté.  La 
partie  antérieure  du  tronc  change  tout  à  fait  de  forme  et  d'apparence,  car  la 
peau  du  cou,  ainsi  élargie,  devient  une  gaine  aplatie,  échancrée  en  avant, 
en  forme  de  cœur  de  carte  à  jouer,  et  la  tète  du  Serpent  s'y  trouve  enveloppée 
et  protégée  dans  une  sorte  de  capuchon  cutané,  semblable  à  celui  qui  se 
forme  chez  les  Chéloniens  Cryptoderes,  quand  ces  tortues  cachent  leur  tète, 


(48g  ) 

et  même  les  vertèbres  du  cou,  dans  une  gaîne  ou  étui  de  peau  qui  rentre  et 
disparaît  sous  leur  carapace.  Cet  état  d'expansion  se  manifeste,  a  ce  qu'il 
paraît,  à  différents  degrés,  dans  les  divers  individus  de  la  même  espèce. 
Chez  quelques-uns,  la  tête  reste  plus  ou  moins  apparente  au  dehors,  et  dans 
une  direction  horizontale,  pour  s'y  mouvoir  comme  sur  un  pivot,  et  alors 
la  membrane  élargie  latéralement,  confondue  avec  la  peau  du  dos,  repré- 
sente une  sorte  de  poire  aplatie,  et  tantôt,  comme  dans  l'individu  de  l'Haje 
que  nous  allons  mettre  sous  vos  yeux,  les  membranes  latérales  représentent 
de  très-longues  oreilles  un  peu  concaves,  pendantes,  larges  en  haut,  termi- 
nées par  une  pointe  qui  se  perd  insensiblement  sur  les  téguments  du  cou. 

»  On  sait  que  ces  Serpents  ne  dilatent  ainsi  leur  cou  que  lorsqu'ils  se 
dressent,  ou  quand  ils  élèvent  presque  verticalement  la  portion  antérieure 
de  leur  tronc,  sur  le  haut  duquel  l'animal  porte  la  tête  inclinée,  pour  la 
faire  tourner  à  droite  et  à  gauche,  et  pour  la  diriger  à  volonté  partout  où  le 
besoin  et  la  crainte  semblent  l'exiger.  Quand  le  Serpent  est  étendu  plus  ou 
moins  horizontalement,  et  en  repos,  dans  une  sorte  de  sommeil  apparent, 
le  cou  n'a  pas  plus  de  diamètre  que  la  tête;  mais,  sous  l'influence  des  pas- 
sions, dès  le  moment  où  il  est  irrité,  il  s'érige,  gonfle  son  cou  et  le  dilate 
rapidement;  puis,  lorsque  le  danger  cesse,  on  voit  cette  sorte  de  membrane 
se  resserrer,  se  plisser  lentement  sur  elle-même,  et  alors  les  cotes  qui  la 
soutiennent,  se  placer  successivement  et  parallèlement  les  unes  aux  autres, 
le  long  de  la  colonne  vertébrale. 

»  Le  redressement  du  tronc  et  sa  persistance  prolongée  dans  cet  état 
tiennent  à  une  faculté  particulière  dont  paraît  douée  cette  race  de  Serpents. 

»  En  effet,  dans  la  crainte  du  danger,  et  surtout  à  l'aspect  de  l'homme, 
les  Serpents  à  coiffe,  comme  on  les  nomme,  peuvent  élever  presque  verti- 
calement le  quart  de  leur  tronc  dans  la  partie  antérieure,  et  la  maintenir 
ainsi  longtemps  presque  droite,  comme  une  verge  inflexible.  L'autre  por- 
tion du  corps  porte  alors  sur  le  sol  et  sert  de  point  d'appui  à  cette  colonne, 
avec  la  particularité  remarquable  que  cette  base  de  sustentation  devient 
mobile  sur  elle-même,  et  produit  alors  une  sorte  de  progression  majes- 
tueuse, déterminée  et  dirigée  par  la  volonté  du  Serpent,  qui  avance  ainsi 
verticalement  et  semble  menacer  de  poursuivre  l'homme  qui  l'irrite,  en 
continuant  de  porter  la  tête  élevée  qui  se  meut  horizontalement  sur  le 
cou. 

»  Il  n'est  pas  étonnant  que  cette  allure  si  bizarre,  cette  sorte  de  fierté 
apparente,  confiante,  hardie  et  présomptueuse,  jointe  à  l'élégance  des 
formes,  à  ce  cou  plat  et  élargi,  au-dessus  duquel  paraît  une  tête  très-mobile, 


(  4go) 
comme  supportée  sur  de  larges  épaules,  ait  de  tout  temps  fixé  l'attention 
des  peuples.  D'ailleurs  ces  Serpents,  reconnus  armés  de  dents  acérées  qui 
transmettent  rapidement  dans  les  chairs  un  poison  subtil  et  très-actif,  ont 
dû  inspirer  des  craintes  salutaires.  C'est  par  cela  même  que  leur  existence 
paraît  avoir  été  trop  souvent  épargnée,  en  raison  d'une  sorte  de  respect 
aveugle  et  fanatique,  porté  jusqu'à  la  vénération,  parmi  les  hommes  cré- 
dules et  peu  éclairés  au  milieu  desquels  la  nature  paraît  avoir  confiné  cette 
race  si  pernicieuse. 

»  Il  est  avéré  que  les  anciens  Égyptiens ,  cédant  à  des  idées  supersti- 
tieuses, semblaient  adorer  ces  Serpents.  On  a  cherché  à  expliquer  la  cause  de 
cette  sorte  de  culte  :  il  aurait  pour  origine,  dit-on,  leur  reconnaissance  en- 
vers ces  animaux  pour  les  services  qu'ils  leur  rendaient  en  conservant  les 
produits  de  leurs  moissons.  Ils  les  laissaient  vivre  et  se  reproduire  au  milieu 
des  champs  cultivés,  qu'ils  semblaient  confier  à  leur  garde  tutélaire.  Ils 
avaient  reconnu  que  ces  reptiles  les  débarrassaient  des  rats,  animaux  ron- 
geurs et  voraces,  dont  le  nombre  immense  produisait  ailleurs  d'effrayants 
ravages  et  même  des  famines,  des  disettes  absolues.  C'était  donc  par  recon- 
naissance qu'ils  avaient  voué  à  ces  Serpents  une  sorte  de  respect  religieux  ; 
que  leur  image  était  suspendue  dans  les  temples;  qu'ils  embaumaient  et 
conservaient  leurs  dépouilles;  que  leur  effigie,  si  facile  à  reconnaître  et  à 
reproduire  grossièrement  à  cause  de  sa  bizarrerie,  était  gravée  ou  sculptée 
sur  les  pierres  de  leurs  monuments,  où  elle  se  rencontre  encore  fréquem- 
ment, et  que  des  peintures,  des  dessins  reconnaissables  sont  souvent  repro- 
duits dans  les  hiéroglyphes  et  même  sur  les  sarcophages. 

»  Aujourd'hui  même,  d'après  les  rapports  des  voyageurs,  dans  presque 
toutes  les  contrées  de  l'Asie,  de  la  Perse  et  de  l'Egypte,  une  curiosité 
respectueuse  et  fanatique  entraîne  les  gens  du  peuple  à  s'assembler  et  à 
former  des  cercles  nombreux  autour  de  certains  jongleurs  qui  s'annoncent 
comme  doués  d'un  pouvoir  surnaturel,  de  facultés  héréditairement  trans- 
mises, ou  comme  possesseurs  de  certains  procédés  secrets  à  l'aide  desquels 
ils  sont  parvenus  à  faire  obéir  ces  serpents  à  leurs  volontés.  Dans  l'espoir  et 
même  avec  la  certitude  de  recevoir  certaines  rémunérations  dont  ils  déter- 
minent d'avance  la  quotité,  ils  font  sortir  des  sacs,  des  cages  ou  des  pa- 
niers dans  lesquels  ces  Reptiles  se  trouvent  placés,  suivant  un  ordre  déter- 
miné et  successif,  un  assez  grand  nombre  de  ces  Serpents,  sur  lesquels  ils 
semblent  exercer  une  sorte  d'enchantement. 

»  Pour  y  faire  croire,  ils  donnent  à  leur  corps  et  aux  mouvements  de 
leurs  membres   certaines   inflexions  réglées  par  un  chant  modulé,  avec 


(4gi  ) 
accompagnement  de  sifflets  divers  ou  de  petites  flûtes  et  d'airs  variés, 
plus  ou  moins  vifs,  auxquels  paraissent  obéir  ces  animaux  en  se  dressant, 
se  baissant  et  relevant  le  cou  en  cadence.  D'autres,  en  apparence  fort  ani- 
més, semblent  tout  à  coup,  à  l'aide  d'attouchements  particuliers,  entrer 
dans  une  sorte  de  léthargie  ou  de  mort  apparente.  Ils  se  roidissent  alors  et 
deviennent  inflexibles  comme  des  baguettes  dans  les  mains  qui  les  sou- 
tiennent par  l'une  de  leurs  extrémités.  Enfin,  d'après  des  ordres  auxquels 
ces  Najas  paraissent  obéir,  ils  deviennent  souples  et  flexibles,  de  manière  à 
enrouler  eux-mêmes  leur  corps  sur  un  bâton  arrondi,  comme  une  corde 
dans  la  rainure  d'une  poulie. 

»  La  plupart  de  ces  détails  nous  ont  été  transmis  par  Kaempfer,  Olivier 
et  Geoffroy-Saint-Hilaire  ;  mais  ces  savants  voyageurs  nous  ont  appris  de 
plus  qu'afin  d'obtenir  quelques-uns  des  résultats  de  cette  éducation. 
,  les  gens  qui  font  un  métier  de  cette  industrie  présentent  souvent,  au  public 
réuni  dans  les  places  et  sur  les  marchés  forains,  des  vipères  cornues  ou  des 
cérastes,  et  même  à  leur  place  de  gros  éryx,  sortes  de  couleuvres  fort  inno- 
centes, sur  la  tête  desquels  ils  ont  implanté  des  ongles  crochus  d'oiseaux 
qui  continuent  d'y  croître  par  suite  de  cette  greffe  animale  analogue  à  celle 
qui  se  pratique  dans  certaines  fermes,  quand  on  vient  à  priver  de  jeunes 
coqs  des  organes  générateurs  internes,  et  qu'à  la  suite  de  cette  opération  on 
enlève  à  ces  gallinacés  l'éperon  qui  devait  armer  leurs  jambes  pour  le  placer 
et  le  retenir  dans  les  chairs  de  la  crête,  cette  matière  cornée  continuant  d'y 
croître  et  de  s'y  développer. 

»  Pour  en  revenir  à  cette  sorte  d'apprivoisement  ou  d'éducation  des 
Najas,  on  prétend  que  les  Psylles  commencent  par  leur  arracher  ou  par  leur 
briser  les  dents  venimeuses,  ce  qui  n'est  pas  difficile,  car  elles  occupent  une 
place  déterminée,  en  avant  de  la  mâchoire  supérieure.  Ce  premier  procédé 
les  préserve  de  toute  morsure  ou  piqûre  dangereuse,  et  alors,  dit-on,  en 
exerçant  sur  la  nuque  un  certain  degré  de  compression,  le  bateleur  peut 
faire  tomber  le  Serpent  dans  un  sommeil,  accompagné  d'un  tétanos  ou  d'une 
roideur  instantanée  des  muscles  de  l'échiné,  qui  vient  à  cesser  dès  l'instant  où 
l'on  comprime  la  queue  d'une  manière  particulière.  Voilà  du  moins  quel- 
ques-uns des  détails  dont  plusieurs  nous  ont  été  rapportés  d'Egypte  par 
notre  regrettable  confrère  M.  Geoffroy  père;  et  Kaempfer  a  consigné  dans 
les  aménités  exotiques,  sous  le  titre  de  Tripudia  Serpentium ,  des  renseigne- 
ments très-positifs  sur  les  manœuvres  employées  par  les  bateleurs  aux 
Indes  orientales. 

»  C'est  principalement,  dit-il,  par  la  crainte  des  coups  de  baguette  que 


(  49*  ) 
les  hommes  qui  se  livrent  à  ce  métier  dans  les  spectacles  forains,  parviennent 
à  dompter  cette  sorte  de  colère  ou  d'irritation  naturelle  auxquelles  les  Najas 
sont  naturellement  disposés,  et  voici  quelques  détails  sur  leurs  procédés. 
La  plupart  commencent  par  présenter  à  l'animal  qu'ils  ont  excité  un  mor- 
ceau de  drap  ou  de  quelque  matière  molle,  dans  laquelle  les  dents  venimeuses 
peuvent  pénétrer  et  qu'ils  retirent  rapidement  avec  violence,  afin  d'arracher 
ainsi  les  dents  qui  se  sont  engagées  dans  ces  étoffes,  opérations  qu'ils  répè- 
tent à  certains  intervalles  afin  de  pouvoir  les  combattre  impunément.  Pour 
les  accoutumer  à  produire  les  mouvements  cadencés  et,  pour  ainsi  dire, 
ordonnés  par  la  flûte,  les  bateleurs,  ayant  la  main  introduite  dans  un 
pot  de  terre  solide,  excitent  l'animal  avec  une  baguette  et  profitent  du 
moment  où  il  s'élance  pour  lui  opposer  le  vase  dont  le  poing  est  protégé  et 
sur  lequel  le  Serpent  se  jette  avec  violence  ;  mais  comme  il  se  blesse  et  se 
meurtrit  le  museau,  l'expérience  l'instruit  bientôt  et  lui  fait  craindre  la  main 
et  les  gestes  commémoratifs  du  bateleur,  auxquels  il  paraît  obéir. 

»  On  a  vu  des  Najas  rester,  pendant  des  heures  entières,  dressés  et  la  tête 
tournée  constamment  du  côté  où  se  portait  le  maître,  en  suivant  les  mouve- 
ments de  son  poing,  à  droite  et  à  gauche,  et  même  subitement  en  sens  in- 
verse, et  de  haut  en  bas.  Mais  quand  le  Serpent  paraissait  fatigué,  le  chant 
cessait,  et  l'animal  se  mettait  à  ramper.  C'était  le  moment  dont  le  bate- 
leur profitait  pour  faire  sa  collecte,  après  avoir  montré  au  Serpent  une 
racine  qu'il  annonçait  et  cherchait  à  vendre  comme  douée  de  la  vertu  de 
faire  fuir  les  Serpents,  et  surtout  comme  propre  à  neutraliser  leur  poison, 
pourvu  qu'on  ait  eu  le  temps  d'appliquer  cette  substance  râpée  sur  la  mor- 
sure. Cette  racine,  qui  se  débite  écorcée  et  par  petits  fragments,  n'est  pas 
reconnaissable.  Kaempfer  dit  qu'elle  ressemble  à  la  salsepareille,  mais  qu'elle 
paraît  plus  grosse.  C'est  probablement  celle  que  l'on  désigne  sous  le  nom 
d' Ophiorhiza  mungos,  de  la  famille  des  Rubiacées.  Gaertner  adopte,  à  cet 
égard,  l'opinion  de  Kaempfer.  On  dit  qu'on  la  désigne  aux  Indes,  en  par- 
ticulier, sous  le  nom  de  Raiz  cla  Cobra. 

y>  Nous  entrons  ensuite  dans  beaucoup  de  détails  relativement  à  la  dis- 
tinction des  espèces  ;  mais  il  serait  inutile  de  les  reproduire  ici,  sans  l'exposé 
des  motifs  qui  ont  dirigé  nos  recherches  et  notre  opinion. 

»  Si  l'on  admet,  comme  nous,  la  distinction  en  deux  espèces  principales, 
nous  dirons  que  le  type  de  l'une  d'elles  est  la  Vipère  à  lunettes,  ou  le  Naja 
Tripudians ,  indiqué  d'abord  par  Kaempfer,  et  dont  Séba  a  donné  plusieurs 
figures.  C'est  celle  que  Russel  a  décrite  et  figurée  si  bien,  au  moins  pour  les 
parties  importantes  de  l'organisation  de  quelques  individus,  c'est-à-dire  de 


(493) 
ceux  qui  portent  sur  la  partie  dilatable  du  cou  une  sorte  de  représentation 
d'une  portelette  d'agrafe,  quand  cette  figure  est  allongée;  mais  quand  la 
peau  s'étend,  dans  les  adultes  surtout,  ce  dessin  prend  des  dimensions  plus 
considérables  en  travers,  et  on  l'a  comparé  alors  à  ces  besicles  ou  lunettes 
doubles,  dites  pince-nez,  formées  par  deux  cercles  dans  lesquels  des  verres 
d'optique  sont  enchâssés  et  réunis  par  une  tige  courbe  élastique.  Cette 
marque,  ainsi  inscrite  sur  le  dos,  serait  véritablement  caractéristique;  mais 
elle  n'existe  pas  constamment  dans  tous  les  individus,  et  Russel  lui-même, 
dans  son  grand  ouvrage  sur  les  Serpents  de  la  côte  de  Coromandel,  figure 
et  décrit  des  variétés  où  elle  manque.  Ce  sont  celles  que  Laurenti  a  signalées 
sous  le  nom  de  Naja  non  Najas,  comme  formant  une  espèce  distincte. 
Nous  en  faisons  connaître  les  variétés;  elles  proviennent  toutes  des  Indes. 

»  Jamais  VHaje  d'Afrique  ne  porte  ce  dessin  de  lunettes;  cependant  cette 
absence  ne  suffirait  pas  pour  la  faire  distinguer  comme  espèce.  Nous  en  in- 
diquons avec  détails  tous  les  caractères  tirés  de  la  comparaison  relative  des 
formes  et  des  dimensions  de  certaines  parties,  telles  qu'une  plus  grande 
courbure  des  côtes,  qui  restent  un  peu  concaves,  et  qui  ne  se  prolongent 
jamais  au-dessus  de  la  tête  pour  servir  à  la  cacher  entièrement  sous  la  peau, 
et  la  surface  des  écailles  qui  sont  ici  comme  bombées  et  non  aplaties.  Au 
reste,  tous  ces  individus  sont  originaires  d'Afrique,  où  on  les  désigne  quel- 
quefois sous  le  nom  de  Cracheurs.  On  suppose  que  leur  salive  est  un  ppi- 
son  et  qu'ils  peuvent  projeter  ce  venin  à  distance,  lorsqu'ils  sont  irrités,  par 
une  sorte  d'expuition,  au  moyen  d'une  puissante  et  subite  expiration.  Les 
gens  du  pays  affirment,  au  Cap  de  Bonne  Espérance,  que  l'animal  peut  lan- 
cer ainsi  sa  salive  à  la  distance  de  quelques  pieds,  surtout  si  le  vent  souffle 
dans  le  sens  de  la  projection. 

»  D'après  les  détails  dans  lesquels  est  entré  M.  Smith,  on  voit  que  ces 
Najas,  quoique  farouches,  ne  sont  pas  très-craintifs,  qu'ils  ne  cherchent  pas 
à  fuir  d'abord,  même  lorsqu'ils  sont  attaqués,  qu'ils  montrent  véritable- 
ment une  sorte  de  hardiesse  belliqueuse  qui  intimide,  et  qu'il  n'est  pas  rare 
de  leur  voir  prendre  l'offensive.  Ils  grimpent  sur  les  arbres  avec  une  grande 
facilité  et  souvent  ils  vont  à  l'eau,  comme  par  choix,  en  portant  la  tête  éle- 
vée au-dessus  de  la  surface.  Comme  la  plupart  des  autres  Ophidiens,  ils  se 
nourrissent  de  petits  quadrupèdes,  d'oiseaux  et  de  leurs  œufs  qu'ils  vont 
rechercher  dans  les  nids.  Souvent  on  a  trouvé  dans  leurs  viscères,  des  dé- 
bris osseux  de  Batraciens  et  surtout  de  crapauds.  » 


C.  K.,  i85a,  a">«  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  18.) 


65 


•      (  494  ) 

mécanique  appliquée.  —  Examen  critique  et  historique  des  principales 
théories  ou  solutions  concernant  l'équilibre  des  voûtes;  par  M.  Pojtcelet. 

«  Les  questions  relatives  à  la  stabilité  des  édifices,  celles  qui  concernent 
notamment  l'équilibre  des  voûtes,  joignent  à  une  haute  utilité  pratique,  une 
importance  théorique  que  l'on  ne  saurait  méconnaître  d'après  le  grand 
nombre  de  tentatives  qui,  jusqu'ici,  ont  été  faites  par  les  géomètres  pour 
en  soumettre  les  données  au  calcul.  Ces  questions  ont  d'ailleurs  acquis, 
par  les  immenses  travaux  des  chemins  de  fer  en  cours  d'exécution  ou  en 
projet,  un  intérêt  d'actualité  tel,  que  l'auteur  de  cette  Notice,  déjà  si  éten- 
due et  pourtant  bien  incomplète,  a  cru  rendre  un  véritable  service  aux 
ingénieurs,  en  leur  mettant  sous  les  yeux  le  tableau  résumé  des  principales 
recherches  concernant  la  théorie  des  voûtes,  et  qui  ont  pu  exercer,  direc- 
tement ou  indirectement,  une  certaine  influence  sur  les  solutions  aujour- 
d'hui admises  en  pratique.  L'extrême  divergence  des  opinions  relative- 
ment à  l'utilité  réelle  de  semblables  recherches,  l'obscurité  même  et  les 
incertitudes  que  l'on  remarque  dans  les  nombreux  ouvrages  écrits  sur 
cette  épineuse  matière,  nous  ont,  d'autre  part,  imposé  le  devoir  de  ne 
point  aborder  devant  l'Académie  des  Sciences,  l'analyse  des  importants 
Mémoires  présentés,  en  dernier  lieu,  par  MM.  Yvon  Villarceau  et  J.  Car- 
vallo,  sans  avoir  fait  un  examen  comparatif  et  suffisamment  approfondi 
des  recherches  de  leurs  prédécesseurs,  en  nous  limitant,  toutefois,  à  celles 
d'entre  elles  qui  ont  acquis  quelque  valeur  aux  yeux  des  personnes  qui  ne 
dédaignent  pas  de  se  laisser  guider  par  les  lumières  de  la  théorie. 

»  Avant  Coulomb,  on  ne  possédait  sur  l'équilibre  des  voûtes,  que  des 
considérations  mathématiques  ou  des  règles  empiriques  fort  imparfaites, 
fondées  sur  des  hypothèses  restreintes,  et  la  plupart  dénuées  du  caractère 
de  précision  et  de  certitude  qui  peut  seul  les  recommander  à  la  confiance 
des  ingénieurs  éclairés.  Parent,  Couplet,  Bélidor  et  Bossut,  en  France; 
Gregory,  Whewell,  Emerson,  Hutton,  en  Angleterre;  Lorgna,  Masche- 
roni,  etc.,  en  Italie,  et,  avant  eux,  de  Lahire  ( Mémoires  de  l'Académie  des 
Sciences,  171  s),  en  négligeant  toute  influence  de  la  cohésion  et  du  frotte- 
ment sur  les  plans  des  joints,  avaient  considéré  la  partie  supérieure  de  la 
voûte  comme  une  sorte  de  coin  agissant  symétriquement,  de  part  et  d'autre 
de  la  clef,  pour  renverser  les  parties  latérales  et  inférieures  par  rotation 
autour  de  l'arête  extérieure  de  la  base  des  pieds-droits;  car  on  avait  senti 
de  bonne  heure,  que  l'hypothèse  du  poli  des  joints  n'était  nullement  ad- 
missible pour  ces  dernières  parties. 


(495) 

»  Nous  n'insisterons  point  ici  sur  les  premières  recherches  par  lesquelles 
on  espérait,  dans  cette  même  hypothèse  du  coin  sans  frottement  ni  cohé- 
sion, déterminer  la  forme  de  plus  grande  stabilité  d'une  voûte,'  d'après 
diverses  conditions  ou  hypothèses,  notamment  la  forme  de  l'extrados, 
quand  celle  de  l'intrados  est  donnée  à  priori,  ce  qui,  en  considérant  l'équi- 
libre de  chaque  voussoir  isolément,  conduisait  à  des  épaisseurs  ou  largeurs 
de  joints  infinies  vers  les  naissances  de  la  voûte,  contrairement  aux  indi- 
cations journalières  de  l'expérience.  Néanmoins,  cette  solution  dans  laquelle 
les  pressions  mutuelles  des  voussoirs  étaient  censées  normales  aux  plans  de 
joints,  a  eu  cela  d'avantageux,  qu'elle  a  fait  sentir,  de  bonne  heure,  aux 
constructeurs,  l'importance  d'extradosser  les  voûtes  de  manière  à  en  aug- 
menter progressivement  les  épaisseurs,  en  allant  du  sommet  vers  la  base. 
Aujourd'hui  même,  où  l'influence  du  frottement  sur  les  conditions  de  sta- 
bilité des  voûtes  est  bien  reconnue  et  soumise  au  calcul,  d'après  les  belles 
découvertes  de  Coulomb,  la  recherche  de  leur  forme  la  plus  avantageuse  à 
la  stabilité,  ou  la  plus  économique,  conserve  encore,  ainsi  qu'on  le  verra, 
son  importance  pratique  lorsqu'on  prétend  y  tenir  compte  des  véritables 
éléments  de  la  question. 

»  D'un  autre  côté,  la  détermination  de  l'épaisseur  des  pieds-droits  des 
voûtes,  d'après  la  méthode  de  Lahire,  quoique  fondée  sur  l'hypothèse, 
également  précaire  et  déduite  de  quelques  vagues  données  de  l'expérience, 
que  les  joints  de  rupture  qui  limitent  de  part  et  d'autre  la  partie  supé- 
rieure, agissant  par  glissement  comme  un  coin,  divisent  symétriquement 
chacune  des  demi-voûtes  en  parties  égales,  cette  détermination,  qui  donne 
des  poussées  généralement  trop  fortes,  et,  par  suite,  des  épaisseurs  de 
pieds-droits  très-propres  à  assurer  l'excès  de  stabilité  indispensable,  n'en  a 
pas  moins  servi  de  base  à  l'établissement  d'utiles  Tables  dressées  par  les 
célèbres  ingénieurs  Perronet  et  deChézy;  car  il  faut  bien,  quoi  qu'on  fasse, 
que  les  règles  les  plus  éminemment  pratiques,  celles,  par  exemple,  qui  ont 
servi  aux  architectes  du  moyen  âge  pour  la  construction  de  nos  belles  églises 
gothiques,  et  qui  nous  ont  été  transmises  par  Delarue,  Frézier,  etc.,  aient 
été  tirées  originairement  de  quelques  conceptions  théoriques  plus  ou  moins 
rationnelles  ou  empiriques.  Les  Tables  de  Perronet,  dont  on  s'était,  jusque 
dans  ces  derniers  temps,  contenté  dans  le  service  des  Ponts  et  Chaussées, 
pour  l'établissement  des  arches  de  pont,  ont  été  établies  d'ailleurs,  en  fai- 
sant subir  quelques  corrections  à  la  formule  de  Lahire  pour  le  cas  des 
arches  surbaissées  en  anse  de  panier,  dont  les  joints  de  rupture  furent 
choisis  à  6o°  au-dessus  de  l'horizontale  des  naissances,  en  même  temps  que 

65.. 


(49°  ) 

l'on  répaississait,  d'un  pied  à  un  pied  et  demi,  les  données  du  calcul  rela- 
tives aux  piles  et  culées  des  grandes  ouvertures  (i);  corrections  qui,  sans 
aucun  doute,  ont  eu  pour  point  de  départ  les  observations  mêmes  de  l'il- 
lustre Perronet,  continuées  par  d'autres  célèbres  ingénieurs,  de  Prony, 
Gauthey,  Rondelet,  etc.,  sur  les  phénomènes  d'affaissement  qui  s'observent 
lors  du  décintrement  des  voûtes  de  grands  ponts  (2). 

»  Dans  son  Mémoire  de  1773,  publié  parmi  ceux  des  Savants  étrangers 
de  l'Académie,  sous  le  titre  d'Application  des  règles  de  maximis  et  minimis 
à  quelques  problèmes  de  statique  relatifs  à  l'architecture,  Coulomb,  auquel 
on  ne  saurait  dénier  la  qualité  de  praticien  comme  ayant  appartenu  au 
corps  du  Génie  militaire,  a  indiqué  le  premier,  d'une  manière  précise,  les 
véritables  conditions  de  l'équilibre  et  de  la  stabilité  des  voûtes  en  berceau, 
supposées  symétriques  par  rapport  au  plan  vertical  qui  partage  la  clef  en 
parties  égales.  Après  avoir  indiqué  et  démontré  l'insuffisance  des  anciennes 
solutions,  où  l'on  négligeait  le  frottement  sur  les  plans  de  joint,  et  donné 
un  aperçu  lumineux  des  questions  qui  se  rapportent  à  la  forme  d'équilibre 
des  voûtes  dans  cette  hypothèse,  Coulomb  fait  intervenir  la  considération 
de  ce  frottement  et  de  la  cohésion  ;  d'où  résulte,  non  plus  simplement  la 
possibilité  du  glissement  des  voussoirs  les  uns  sur  les  autres,  mais  aussi  de 
leur  rotation  autour  des  arêtes  extrêmes  des  joints,  dans  les  régions  où  la 
rupture  peut  se  faire  virtuellement.  Il  détermine  ainsi,  pour  chaque  cas 
d'équilibre  ou  mode  distinct  de  rupture,  la  position  des  joints  où  le  glis- 
sement et  la  rotation  ont  le  plus  de  tendance  à  se  faire,  ainsi  que  les  limites 
inférieures  et  supérieures  correspondantes  de  la  poussée  horizontale  ou 
résultante  des  pressions  qui  s'exercent  à  la  clef,  et  dont  l'intensité  a  cela 
de  remarquable,  qu'elle  est  absolument  indépendante  de  la  hauteur  des 
pieds-droits.  Un  passage  de  ce  Mémoire,  où  il  avertit  que  la  plupart  des 
cas  de  rupture  de  l'équilibre  se  réfèrent,  contrairement  aux  hypothèses 
de  Lahire,  à  la  rotation  et  à  la  division  de  la  voûte  en  quatre  portions, 
deux  à  deux  symétriques,  tournant  autour  de  leurs  arêtes  extrêmes,  ce 
passage  donne  lieu  de  penser  que  Coulomb  avait  eu  connaissance  du 
résultat  des  expériences  faites,  en  1732,  par  Danisy,  de  l'Académie  de 
Montpellier,  sur  des  modèles  de  voûtes  établis  d'ailleurs  à  une  trop  petite 
échelle  pour  conduire  à  des  résultats  bien  précis  (  Traité  de  la  Coupe  des 

(1)  Sganzin,  Cours  de  contractions  (180g). 

(2)  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  de  1^73;  Nouvelle  architecture  hydraulique  de 
Prony;  Traité  de  la  construction  des  ponts,  par  Gauthey;  Art  de  bâtir,  par  Rondelet. 


(  497  ) 
pierres,  de  Frézier,  tome  III).  Mais,  en  recommandant  spécialement  aux 
ingénieurs  la  solution  relative  à  ce  dernier  cas  d'équilibre,  Coulomb  a 
soin  de  remarquer  que  la  résultante  des  pressions  sur  les  joints  de  rup- 
ture doit  s'écarter  assez  de  l'arête  de  rotation  de  ces  joints,  pour  éviter 
l'écrasement  de  la  partie  avoisinante,  et  il  rappelle,  à  ce  sujet,  les  règles 
théoriques  que,  dans  une  autre  partie  de  son  Mémoire,  il  a  établies  relati- 
vement à  la  résistance  maximum  des  piliers  en  maçonnerie,  règles  qui 
paraissent  néanmoins  s'appliquer  difficilement  au  cas  des  voûtes  où  l'é- 
tendue réelle  de  la  surface  d'appui  et  la  répartition  des  pressions  sur  les 
joints,  restent  indéterminées  dans  la  condition  d'une  véritable  stabilité. 

»  La  généralité  et  le  vague  dans  lesquels  Coulomb  s'était  renfermé  sur 
ce  point  et  celui  qui  concerne  la  position  de  la  poussée  à  la  clef,  le  défaut 
même  d'exemple  ou  de  toute  application  des  principes  à  des  cas  spéciaux, 
suffisent  pour  expliquer  comment  les  belles  et  utiles  conceptions  de  cet 
illustre  ingénieur  étaient  demeurées,  jusque  dans  ces  derniers  temps,  en  un 
complet  oubli,  malgré  leur  valeur  scientifique  et  pratique. 

»  Les  anciennes  expériences  de  Gauthey  et  de  Rondelet,  celles  de  l'in- 
génieur en  chef  des  Ponts  et  Chaussées,  Boistard,  faites  en  1800,  sur  des 
modèles  d'une  assez  forte  dimension,  et  où  des  précautions  convenables 
avaient  été  prises  pour  mettre  en  complète  évidence  les  véritables  lois  du 
phénomène  de  la  rupture  des  voûtes  par  rotation,  les  essais  de  théorie  qui 
s'ensuivirent  et  qui  ont  conduit  à  considérer  les  voûtes  comme  suscepti- 
bles de  se  rompre  en  quatre  parties  tournant,  par  leurs  arêtes  extrêmes,  les 
unes  autour  des  autres,  comme  autant  de  leviers  articulés,  ces  expériences 
et  ces  essais  ont  rendu  un  grand  service  aux  ingénieurs,  en  leur  faisant 
abandonner  complètement  les  anciennes  théories  de  Lahire  et  Bélidor,  pour 
revenir  à  un  mode  de  solution  moins  entaché  d'arbitraire. 

»  Mais  cette  nouvelle  manière  d'envisager  l'équilibre  des  voûtes  était,  à 
son  tour,  trop  exclusive,  en  ce  sens  qu'on  n'y  tenait  plus  aucun  compte  de 
la  possibilité  du  glissement  (1)  ;  elle  offrait  d'ailleurs  des  complications  dont 
la  méthode  de  Coulomb  était  exempte,  et  qui  provenaient  principalement 
de  la  supposition  que  les  parties  inférieures  au  joint  de  rupture  des  reins, 
peuvent   exercer   de   l'influence   sur   la   détermination   du    maximum   de 


(1)  Il  n'avait  point  été  observé  dans  les  expériences  en  petit  dont  il  a  été  parlé,  et  il  ne 
pouvait  l'être  dans  les  conditions  où  l'on  s'était  placé;  mais  ses  effets  sur  l'équilibre  des 
voûtes  ont  été  mis  en  évidence  dans  des  expériences  spéciales  de  G.  Atwood,  publiées 
en  1801,  et  où  les  voussoirs  étaient  exécutés  en  cuivre  poli  sur  les  joints. 


(49«) 
poussée  horizontale  à  la  clef.  Comme  elle  aussi,  cette  théorie  n'indiquait 
aucun  moyen  précis  de  régler  la  surépaisseur  à  donner  aux  pieds- droits  de 
la  voûte,  pour  leur  assurer  un  surcroît  de  stabilité  indispensable,  con- 
forme à  celui  que  possèdent  les  constructions  déjà  existantes,  et  qu'indi- 
quaient également  les  Tables  pratiques  jusque-là  admises  dans  les  Ponts  et 
Chaussées  ;  surépaisseur  dont  Gauthey  attribuait  principalement  la  néces- 
sité aux  vices  inhérents  à  la  constitution  du  sol  des  fondations,  et  aux 
chances  d'écrasement  de  l'arête  extérieure  de  rotation  des  pieds-droits  où 
la  résultante  des  efforts  tend  à  se  reporter. 

»  Navier,  en  reproduisant  les  idées  de  Gauthey  et  de  Boistard  dans  les 
Notes  dont  il  enrichit  la  nouvelle  édition  de  la  Science  des  Ingénieurs  de 
Bélidor,  y  ajouta  des  développements  et  des  remarques  utiles,  surtout  au 
point  de  vue  des  pressions  supportées  par  les  voussoirs  et  les  cintres.  Mais 
on  doit  plus  particulièrement  à  M.  Audoy,  alors  chef  de  bataillon  du  Génie, 
d'avoir,  le  premier,  ramené  les  ingénieurs  aux  méthodes  générales  et  lumi- 
neuses de  Coulomb.  En  développant,  rectifiant  les  théories  incomplètes 
dont  il  vient  d'être  parlé,  dans  son  beau  Mémoire  inséré  au  quatrième  nu- 
méro du  Mémorial  de  l'Officier  du  Génie  (année  1820),  il  fit  remarquer 
qu'elles  rentraient,  ainsi  que  les  faits  déduits  des  résultats  de  l'expérience, 
dans  les  conséquences  qui  auraient  pu  immédiatement  se  conclure  de  la 
théorie  de  cet  illustre  physicien.  Les  formules  analytiques  établies  par 
M.  Audoy,  comme  une  suite  nécessaire  de  ces  mêmes  doctrines,  pour  les 
voûtes  en  plein  cintre,  en  arc  de  cercle,  en  anse  de  panier,  extradossées  di- 
versement, ont  rendu  les  plus  grands  services  aux  ingénieurs,  et  ont  formé, 
dès  lors,  la  base  de  l'enseignement  des  élèves  de  l'artillerie  et  du  génie,  à 
I  Kcole  d'application  de  Metz. 

»  Dans  ces  formules,  on  suppose  que  l'épaisseur  de  la  voûte  à  la  clef,  ait 
été  déterminée  par  la  règle  pratique  adoptée  par  Perronet,  ou  d'après  d'au- 
tres données  équivalentes  ;  qu'en  un  mot,  la  forme  et  les  dimensions  de  cette 
voûte  aient  été  fixées  d'après  la  nature  propre  de  la  construction  et  les  don- 
nées de  l'expérience;  puis  on  recherche  analytiquement  les  joints  de  rupture 
des  reins  qui  correspondent  au  maximum  de  la  poussée  horizontale  à  la 
clef  dans  l'hypothèse  de  l'équilibre  strict  par  glissement  ou  rotation  des 
parties  supérieures,  d'où  l'on  déduit  ensuite  l'épaisseur  à  donner  aux  pieds- 
droits  de  la  voûte.  Mais,  comme  toute  construction  de  ce  genre  exige  un 
excès  de  stabilité  pour  parer  aux  accidents  divers  qui  peuvent  provenir  soit 
du  défaut  des  fondations,  soit  de  surcharges  accidentelles,  de  mal-façons 
ou  d'ébranlements  quelconques,  soit  en  raison  même  de  la  compressibilité 


(  499  ) 
des  matériaux  et  du  sol,  M.  Audoy  recherche,  dans  l'exemple  des  construc- 
tions déjà  anciennes  et  encore  existantes,  quel  est  le  coefficient  ou  multi- 
plicateur numérique  qu'il  faut  appliquer  à  la  valeur  de  la  poussée,  fournie 
par  les  conditions  de  l'équilibre  strict,  pour  donner  à  chaque  espèce  de 
voûte  le  surcroit  de  stabilité  indiqué  par  l'expérience;  et  cette  méthode, 
déjà  adoptée  par  M.  Français  pour  les  revêtements  destinés  à  soutenir  la 
poussée  des  terres,  a  fait  ainsi  sortir  la  question  de  l'état  fâcheux  d'incerti- 
tude où  elle  était  jusque-là  restée,  en  en  bannissant,  pour  ainsi  dire,  tout 
empirisme  ou  arbitraire. 

»  Le  coefficient  de  stabilité  dont  il  s'agit,  et  qui  revient,  au  fond,  à 
accroître  dans  une  certaine  proportion,  le  moment  de  la  résistance  ou  des 
pieds-droits,  ce  coefficient,  assez  voisin  du  nombre  2,  pour  les  édifices  les 
plus  solides,  tels  que  les  grands  ponts  et  les  magasins  à  poudre  du  système 
de  Vauban,  paraît  suffire,  en  effet,  pour  rassurer  contre  toutes  les  chances 
d'accidents,  lorsque  la  voûte  est  établie  selon  les  règles  de  l'art  et  en  maté- 
riaux suffisamment  résistants;  car,  par  son  adoption,  la  résultante  de  la 
poussée  au  sommet  et  du  poids  des  parties  inférieures,  vient  rencontrer  la 
base  du  pied-droit,  à  une  distance  de  l'arête  extérieure  de  rotation,  toujours 
supérieure  au  quart  de  la  largeur  effective  de  cette  base,  pour  les  voûtes  les 
plus  légères  ou  les  pieds-droits  les  plus  élevés,  et  qui  croît  à  mesure  que  la 
voûte  est  plus  forte,  plus  surchargée  au  sommet  ou  reçoit  une  plus  grande 
ouverture  (1),  à  tel  point  que,  pour  les  voûtes  de  grands  ponts  et  des  ma- 

(1)  Il  est  aisé  d'apercevoir,  en  effet ,  géométriquement,  que  la  résultante  fictive  de  cette 
poussée,  ainsi  accrue,  et  du  poids  de»  parties  inférieures  étant  assujettie,  dans  les  calculs,  à 
passer  par  l'arête  extérieure  de  la  base  du  pied-droit,  dont  elle  sert  à  déterminer  la  position,  il 
arrive  nécessairement  que  la  résultante  effective,  celle  qui  correspond  à  la  poussée  simple, 
déduite  des  conditions  de  l'équilibre  strict  et  du  maximum,  divise,  à  peu  près  en  parties 
égales,  l'intervalle  compris  entre  l'arête  de  rotation  dont  il  s'agit  et  la  verticale  abaissée  du 
centre  de  gravité  de  la  masse  entière  de  la  demi-voûte  et  du  pied-droit.  Or  cette  verticale,  tou- 
jours située  évidemment  au  delà  de  l'axe  de  ce  dernier  par  rapport  à  cette  même  arête,  pour 
les  voûtes  les  plus  minces  et  les  pieds-droitsles  plus  élevés,  s'en  écarte  progressivement  à  mesure 
que  l'épaisseur  et  l'ouverture  de  la  voûte  augmentent,  à  hauteur  et  surcharge  égales  du  pied- 
droit.  On  voit  aussi  que ,  pour  les  faibles  hauteurs  de  ce  dernier,  pour  les  naissances  notam- 
ment ,  et  lorsque  la  voûte,  réduite  à  un  simple  bandeau,  est  nouvellement  décintrée ,  la  verti- 
cale du  centre  de  gravité  général  tombant  de  beaucoup  en  dedans  de  la  base  d'appui  ou  du 
coussinet,  le  coefficient  de  stabilité  2  donnerait  à  la  résultante  dont  il  a  été  parlé,  une  direction 
qui  irait  elle-même  passer  au  delà  du  milieu  de  cette  base;  ce  qui  est  ici  plus  nuisible  qu'utile, 
et  montre  que  le  coefficient  par  rotation  doit  s'approcher  alors  beaucoup  de  l'unité,  comme 
le  montre  aussi  l'exemple  des  constructions  existantes.  Il  parait  convenable,  dans  ces  circon- 


(  5oo  ) 

gasins  à  poudre,  elle  surpasse  notablement  la  moitié  de  l'épaisseur  du  pied- 
droit. 

»  Le  savant  ingénieur  auquel  on  doit  ce  progrès  de  la  question  des 
voûtes,  considérée  dans  ses  applications  aux  constructions  les  plus  en  usage, 
n'a  pas  manqué  d'ailleurs  de  montrer  comment  les  principes  mis  en  avant 
par  Coulomb,  pouvaient  également  servir  à  constater  l'état  de  solidité  et 
de  stabilité  dans  les  diverses  autres  parties  de  la  voûte,  et  notamment  au 
droit  des  naissances.  Malheureusement,  la  complication  extrême  et  inévi- 
table des  formules  auxquelles  il  est  arrivé,  et  qui  devaient  remplacer  la 
méthode  d'approximation  purement  géométrique  indiquée  par  cet  illustre 
physicien,  la  longueur  même  des  calculs  ou  tâtonnements  nécessaires  pour 
déterminer  numériquement,  dans  chaque  cas,  la  valeur  du  maximum  de 
poussée  et  la  position  du  joint  de  rupture  qui  dépendent  de  la  résolution 
d'une  équation  transcendante  ;  ces  difficultés  ont  engagé,  plus  tard,  divers 
ingénieurs  militaires  à  s'occuper  des  méthodes  géométriques  ou  analyti- 
ques propres  à  simplifier  les  applications  des  formules  à  la  pratique,  sim- 
plifications que  l'auteur  avait  appelé  de  ses  vœux  vers  la  fin  de  son  impor- 
tant Mémoire,  et  qui  ont  permis  d'ailleurs  d'étendre  et  d'approfondir,  de 
plus  en  plus,  les  différentes  questions  qui  se  rapportent  à  la  stabilité  des 
voûtes  envisagées  à  ce  même  point  de  vue. 

»  Avant  d'en  venir  à  ces  simplifications  des  formules  de  M.  Audoy,  nous 
mentionnerons,  en  premier  lieu,  le  remarquable  Mémoire  sur  la  stabilité  des 
voûtes,  rédigé,  en  Russie,  par  MM.  Lamé  et  Clapeyron,  à  l'occasion  de  la 
reconstruction  de  l'église  de  Saint-Isaac  de  Saint-Pétersbourg,  et  qui  fut, 
en  mai  1823,  l'objet  d'un  Rapport  très-favorable  de  M.  de  Prony,  fait  à 
l'Académie  des  Sciences,  en  son  nom  et  en  celui  de  M.  Ch.  Dupin  (Annales 
des  Mines,  tome  VIII,  année  i8a3  ).  MM. Lamé  et  Clapeyron  adoptant  exclu- 
sivement l'hypothèse  de  la  rupture  par  rotation  des  voûtes  cylindriques, 
sous  la  forme  de  quatre  leviers  articulés  aux  deux  bouts  et  sans  glisse- 
ment ;  considérant,  en  outre,  la  stabilité  d'une  telle  voûte  ou  d'une  portion 
de  vovite  quelconque,  comme  mesurée  par  l'excès  du  moment  de  la  résis- 
tance sur  celui  de  la  puissance,  excès  dont  la  valeur  reste  ici  arbitraire,  ils 
sont  conduits,  pour  la  détermination  des  joints  de  rupture  ou  de  maximum 

stances  où  l'on  néglige  la  considération  des  répaississements  et  surcharges,  de  préférer  à  l'usage 
du  coefficient  de  stabilité ,  la  règle  qui  consiste  à  déterminer  Pépaisseiir  à  la  naissance  des 
voûtes  d'après  la  condition  que  la  résultante  des  forces  passe  au  milieu  de  la  base  d'appui ,  ou 
tout  au  moins  au  tiers  de  sa  largeur  à  partir  de  l'extrados ,  comme  on  le  verra  plus  loin. 


(  5oi  ) 

de  poussée,  à  des  résultats  analogues  à  ceux  qui  avaient  déjà  été  obtenus 
par  M.  Audoy,  d'après  la  théorie  de  Coulomb;  mais  ils  y  ont  joint  diverses 
remarques  ou  applications  qui  donnent  à  leurs  recherches  un  caractère  par- 
ticulier d'originalité. 

»  Ainsi,  par  exemple,  partant  de  l'hypothèse  que  les  plans  de  joint  ou 
de  division  de  la  voûte,  au  lieu  d'être  normaux  à  l'intrados  suivant  l'usage, 
soient  dirigés  verticalement  et  parallèlement  à  l'axe,  au  travers  du  bandeau 
de  cette  voûte  et  de  sa  surcharge,  hypothèse  favorable  à  la  solidité  des  con- 
structions et  à  la  simplicité  des  formules  ou  expressions  analytiques,  ils  dé- 
terminent, par  des  considérations  à  priori,  relatives,  comme  toujours,  au 
profil  moyen  d'une  voûte  en  berceau  ou  cylindrique,  l'influence  d'une  sur- 
charge plus  ou  moins  voisine  du  point  de  rupture  des  reins,  sa  meilleure 
repartition  autour  de  ce  point,  et  ils  en  concluent  ce  théorème  subordonné 
aux  hypothèses  admises,  mais  qui  s'écarte  très-peu  de  la  vérité  pour  les 
voûtes  surbaissées  :  le  point  de  rupture  sur  l'intrados,  est  tel  que  sa  tan- 
gente va  rencontrer  l' horizontale  du  sommet  de  l'extrados  où  s' arc -boulent, 
réciproquement  et  symétriquement ,  les  deux  demi-voûtes,  sur  la  verticale 
du  centre  de  gravité  de  la  partie  supérieure,  active  ou  agissante,  de  la  demi- 
voûte  à  laquelle  ce  point  de  rupture  appartient. 

»  Les  auteurs  tirent  de  là  un  procédé  graphique  pour  déterminer  ce 
même  point,  au  moyen  d'une  courbe  auxiliaire  qui  n'a,  comme  le  tâtonne- 
ment géométrique  indiqué  par  Coulomb,  d'autre  difficulté  que  la  détermi- 
nation même  des  centres  de  gravité  ou  des  moments  des  parties  supérieures 
relatives  à  chacune  des  hypothèses  faites  sur  la  position  du  point  de  rup- 
ture. L'analyse  relative  au  calcul  d'une  voûte  en  berceau  circulaire  extra- 
dossée  également  ou  de  niveau,  est  d'ailleurs  ici  étendue  au  cas  des  voûtes 
sphériques  ou  en  dôme,  en  supposant  leur  division  en  fuseaux,  par  des 
plans  méridiens  verticaux,  et  lès  auteurs  font  ressortir  cette  remarque  uti- 
lisée depuis  pour  la  formation  de  Tables  pratiques,  que  «  dans  les  voûtes 
»  semblables,  la  position  du  joint  de  rupture  ne  dépend  pas  des  dimensions 
»  absolues,  ou  n'est-simplement  fonction  que  du  rapport  des  rayons  de  l'in- 
»   trados  et  de  l'extrados.  » 

»  Enfin,  MM.  Lamé  et  Clapeyron  ont,  les  premiers,  indiqué  la  voie  ana- 
lytique par  laquelle  on  pourrait,  dans  les  mêmes  hypothèses  d'équilibre 
par  rotation,  déterminer,  en  profil,  la  forme  des  courbes  d'intrados  ou  d'ex- 
trados des  voûtes  cylindriques,  qui  correspondent  au  maximum  de  stabilité 
ou  à  une  égale  stabilité  en  tous  les  points;  mais  ce  n'étaient  là  que  de  simples 

C.  R.,  mi,  a»«  Semestre.  (T,  XXXV,  M°  15.  )  66 


(  5oa  ) 

indications,  envisagées  principalement  au  point  de  vue  mathématique,  et 
auxquelles  les  auteurs  n'attachaient  aucun  intérêt  pratique.  Toutefois, 
on  ne  saurait  considérer  ainsi  les  remarques  par  lesquelles  ils  terminent  leur 
intéressant  Mémoire,  et  où  ils  montrent  l'importance  qu'il  y  aurait  à  établir 
une  exacte  répartition  des  pressions  sur  les  joints  réels  des  voussoirs. 
pour  les  grandes  voûtes  dans  lesquelles  ces  pressions,  concentrées  sur  une 
très-petite  étendue,  peuvent  acquérir  des  valeurs  énormes  au  voisinage  de 
la  clef  et  des  points  de  rupture  inférieurs,  ce  qui,  en  l'absence  d'aucune 
solution  rigoureuse,  réclame,  de  la  part  du  constructeur,  des  soins  et  des 
précautions  de  toute  espèce  dans  l'exécution  et  le  décintrement  de  telles 
voûtes.  MM.  Lamé  et  Clapeyron  n'ont  pas  exposé,  dans  leur  Mémoire,  la 
méthode  à  l'aide  de  laquelle  on  pourrait  aborder  mathématiquement  le  pro- 
blème relatif  à  la  répartition  exacte  des  pressions;  mais  on  n'en  doit  pas 
moins  reconnaître  que  leurs  indications  rapides  ont  dû  contribuer  à  fixer 
l'attention  des  ingénieurs  sur  l'utilité  d'une  pareille  solution. 

»  Quant  aux  formules  Ou  équations  particulières  auxquelles  ils  arrivent 
pour  la  détermination,  dans  chaque  cas  d'application,  de  la  poussée  et  des 
points  de  rupture  d'une  voûte,  il  ne  paraît  pas  que  l'hypothèse  des  joints 
verticaux  ait  apporté  à  leur  résolution  ou  calcul  numérique,  aucune  facilité 
notable,  relativement  à  celles  qu'avait  obtenues,  un  peu  avant,  M.  Audoy, 
dans  son  Mémoire  de  1820.  A  la  vérité,  la  forme  analytique,  simple  et  gé- 
nérale, qui  résulte  de  cette  hypothèse  pour  l'expression  des  intégrales  indé- 
finies des  aires  et  des  moments  des  diverses  portions  de  voûtes  cylindriques, 
permet  d'aborder  avec  une  certaine  facilité  les  questions  relatives  à  l'équi- 
libre de  ces  voûtes,  quelles  que  soient  les  équations  de  l'intrados  et  de  l'ex- 
trados; mais  la  détermination  explicite  et  numérique  de  ces  intégrales  pour 
une  voûte  de  forme  donnée  et  la  résolution  de  l'équation  transcendante 
qui  sert  à  trouver  le  joint  de  rupture,  n'en  réclame  pas  moins  des  calculs 
et  des  tâtonnements  extrêmement  pénibles.  Cette  circonstance,  jointe  à  la 
répugnance  des  ingénieurs  à  admettre  l'hypothèse  des  joints  verticaux  et 
de  la  division  des  voûtes  qui  s'ensuit,  toute  favorable  qu'elle  soit  à  la  sta- 
bilité; la  nécessité,  enfin,  d'avoir  égard  à  la  véritable  direction  des  plans  de 
joint  dans  les  questions  relatives  aux  glissements  et  aux  pressions,  expli- 
quent d'ailleurs  pourquoi  la  méthode  qui  nous  occupe  n'avait  point  jus- 
qu'ici été  adoptée  par  les  auteurs,  qui  se  sont  plus  particulièrement  occu- 
pés des  applications  de  la  théorie  de  Coulomb.  » 


(  5o3  ) 

astronomie.  —  Note  sur  les  moyens  d atténuer  les  vibrations  produites  à 
la  surface  du  mercure  dans  le  voisinage  des  routes,  des  chemins  de  fer  et 
des  usines,  dans  le  but  de  faciliter  les  observations  astronomiques  ;  par 
MM.   Séguin  et  Mauvais. 

«  Tous  les  astronomes  savent  combien  le  voisinage  des  routes,  des  che- 
mins de  fer  et  des  grandes  usines  est  un  obstacle  incommode  à  la  précision 
des  observations  astronomiques,  surtout  des  observations  faites  par  réflexion 
sur  la  surface  du  mercure. 

»  Sur  l'invitation  bienveillante  de  M.  Arago,  j'avais  tenté,  sans  obtenir 
de  succès  satisfaisant,  diverses  expériences  dans  le  but  d'atténuer  l'effet  des 
vibrations  produites  par  le  passage  des  voitures  dans  les  rues  qui  entourent 
l'Observatoire. 

»  Pendant  le  séjour  que  j'ai  fait  dernièrement  à  Fontenay,  près  de  Mont- 
bard,  chez  notre  confrère  M.  Séguin,  et  dont  j'ai  été  heureux  de  profiter 
pour  visiter  ses  usines  et  son  petit  observatoire,  cet  habile  ingénieur  me  fit 
part  des  difficultés  qu'il  éprouvait  depuis  longtemps  à  observer  les  astres, 
soit  directement,  soit  par  réflexion;  les  trépidations  produites  paries  cylin- 
dres de  son  usine  de  papeterie  étaient  telles,  que  les  étoiles  paraissaient  agi- 
tées dans  le  champ  des  lunettes  :  il  avait  essayé  divers  moyens  d'y  remé- 
dier, sans  obtenir  de  succès  complet. 

»  M.  Séguin  me  proposa  de  faire  avec  lui  des  expériences  à  cet  égard, 
dans  la  partie  de  son  habitation  la  plus  sujette  aux  influences  de  ces  vibra- 
tions. 

»  Nous  essayâmes  de  placer  le  vase  contenant  le  mercure  sur  des  corps 
élastiques  de  diverse  nature,  tels  que  des  plaques  de  caoutchouc  empilées, 
des  ballons  vides,  également  en  caoutchouc,  d'autres  ballons  en  parchemin 
mouillé,  remplis  d'air,  sans  obtenir  d'amélioration  sensible. 

»  En  plaçant  ce  même  vase  sur  les  ressorts  en  hélice  dont  on  garnit  les 
sommiers  élastiques,  nous  remarquâmes  d'abord  une  petite  atténuation 
dans  les  vibrations;  cette  atténuation  augmenta  visiblement  en  suspendant 
le  vase  à  l'extrémité  d'une  portion  de  ressort  de  pendule  fixé  horizontale- 
ment sur  un  support  en  bois.  Il  en  fut  de  même  avec  quelque  avantage 
encore  en  le  suspendant  à  l'extrémité  inférieure  de  divers  ressorts  en  hélice 
cylindrique  attachés  au  plafond. 

»  Dans  toutes  ces  expériences,  il  restait  encore  une  très-petite  trépida- 
tion visible  à  l'oeil  nu,  et* qui,  certainement,  eût  été  beaucoup  trop  forte 

vue  dans  de  grandes  lunettes. 

66.. 


(  5o4  ) 

»  Nous  essayâmes  enfin  des  lanières  de  caoutchouc  vulcanisé,  et  les  vi- 
brations nous  parurent  complètement  éteintes.  Il  nous  fut  impossible  d'en 
apercevoir  aucune  trace  en  regardant  l'image  réfléchie  de  divers  objets 
terrestres  avec  une  lunette  portative  d'un  médiocre  grossissement. 

»  Voici  comment  l'appareil  était  disposé  :  un  fort  crochet  en  fer  avait 
été  fixé  au  plafond,  nous  y  attachâmes  une  corde  doublée,  passant  dans  un 
anneau  de  caoutchouc  (nous  avions  formé  cet  anneau  d'une  lanière  repliée 
sur  elle-même  en  liant  ensemble  les  deux  extrémités  au  moyen  d'une  petite 
corde).  C'est  dans  cet  anneau  en  caoutchouc,  que  nous  avions  fait  passer 
les  cordons  qui  soutenaient  la  planche  sur  laquelle  reposait  le  vase  à  mer- 
cure, comme  sur  le  plateau  d'une  balance. 

»  Le  tout  étant  ainsi  disposé,  nous  attendîmes  que  les  grandes  oscillations 
de  tout  l'appareil  fussent  calmées,  et  alors  nous  observâmes,  avec  une  lu- 
nette dirigée  sur  le  mercure,  l'image  réfléchie  de  divers  objets  terrestres;  ils 
restèrent  parfaitement  immobiles  et  nettement  terminés. 

»  Nons  avions  laissé  en  place  les  autres  appareils  qui  avaient  servi  à  nos 
précédents  essais,  tels  que,  par  exemple,  les  suspensions  à  des  ressorts  mé- 
talliques très-élastiques;  nous  y  replaçâmes  à  plusieurs  reprises  le  vase  à 
mercure,  les  vibrations  reparurent  immédiatement  et  persistèrent  sans  s'af- 
faiblir avec  le  temps. 

»  Nous  fîmes  varier  les  dimensions  de  nos  lanières  de  caoutchouc,  soit 
en  longueur,  soit  en  épaisseur,  et  nous  remarquâmes  qu'on  pouvait  étendre 
ces  variations  jusqu'aux  limites  de  l'élasticité  sans  leur  rien  faire  perdre  de 
leur  efficacité.  Cependant,  quand  l'épaisseur  du  caoutchouc  fut  rendue  telle, 
que  le  poids  suspendu  ne  produisait  pas  d'allongement  sensible,  les  vibra- 
tions commencèrent  à  reparaître. 

»  Il  nous  semble  résulter  de  ces  expériences  :  i°  que,  pour  atténuer  ou 
éteindre  les  vibrations  si  fâcheuses  pour  les  observations  astronomiques 
dont  nous  nous  sommes  occupés,  il  est  plus  avantageux  de  suspendre  le 
vase  contenant  le  mercure,  à  des  corps  élastiques  que  de  le  faire  peser  sur 
eux  ;  en  un  mot,  l'élasticité  par  traction  paraît  préférable  à  celle  qui  résulte 
de  la  pression;  20  de  tous  les  corps  élastiques  essayés  jusqu'ici,  celui  qui 
donne  les  résultats  les  plus  satisfaisants,  est  le  caoutchouc  vulcanisé,  taillé 
en  lanières  et  disposé  en  anneaux.  Le  poids  que  l'on  y  suspend  doit  être  le 
plus  léger  possible.  » 


(  5o5  ) 


RAPPORTS. 

chimie.  —  Rapport  sur  les  travaux  de  M.  Chatin  ,  relatifs  à  la  recherche 
de  l'iode,  et  sur  différentes  Notes  ou  Mémoires  présentés  sur  le  même 
sujet,  par  MM.  Marchand,  IViepce,  Meyrac. 

(Commissaires,  MM.  Thenard,   Magendie,  Dumas,  Gaudichaud,  Élie  de 
Beaumont,  Pouillet,  Regnault,  Bussy  rapporteur.) 

«  Depuis  la  découverte  de  l'iode,  par  Courtois,  en  1811,  jusqu'au  pre- 
mier travail  de  M.  Chatin,  qui  date  de  i85o,  ce  corps  simple  n'avait  été 
signalé  que  dans  un  petit  nombre  de  produits  naturels. 

»  Ce  fut  d'abord  Davy  qui  en  démontra  la  présence  dans  différents  fucus 
marins;  plus  tard,  MM.  Colin  et  Gaultier  de  Claubry  ayant  fait  connaître 
l'action  caractéristique  que  l'iode  exerce  sur  l'amidon,  la  sensibilité  de  ce 
nouveau  réactif  permit  d'étendre  les  recherches  et  de  constater  plus  facile- 
ment l'existence  de  ce  corps  simple. 

»  Angelini  et  Cantu  signalèrent  l'iode  dans  un  certain  nombre  d'eaux 
minérales  sulfureuses. 

»  Ce  dernier  chimiste  put  le  retrouver  dans  la  sueur,  la  salive,  l'urine 
des  malades  soumis  au  traitement  iodé;  notre  confrère,  M.  Ballard,  l'indi- 
qua dans  divers  mollusques  et  polypiers  marins;  Vauquelin,  dans  un  mine- 
rai d'argent  du  Mexique;  del  Rio,  dans  l'argent  corné  de  Témeroso; 
Yniestra  et  Bustamante,  dans  le  plomb  blanc  de  Catorce. 

»  Malgré  ces  faits  et  quelques  autres  moins  généralement  connus,  l'iode 
passait  encore  pour  l'un  des  corps  les  moins  répandus  dans  la  nature,  lors- 
que M.  Chatin,  dans  un  Mémoire  qu'il  soumit  à  l'Académie,  le  25mars  i85o, 
fit  connaître  que  ce  corps  existe  en  quantité  appréciable  dans  tous  les  végé- 
taux aquatiques;  depuis  cette  époque,  encouragé  par  l'approbation  de 
l'Académie,  il  a  poursuivi  les  recherches  qu'il  avait  si  heureusement  entre- 
prises :  ses  efforts  ont  été  couronnés  de  nouveaux  succès. 

»  Existence  de  l'iode  dans  les  eaux  douces,  dans  les  plantes  et  les  animaux 
terrestres,  a6  août  i85o.  —  Après  avoir  constaté  la  présence  de  l'iode  dans 
les  végétaux  aquatiques,  arrivé,  par  l'examen  des  conferves,  sur  la  limite  du 
règne  animal,  M.  Chatin  examina  à  leur  tour  les  espèces  animales  qui  se 
rapprochent  le  plus  des  végétaux,  les  alcyonelles,  les  spongilles;  puis, 
s'élevant  davantage  dans  l'organisai  ion,  il  a  examiné  successivement  les 
moules,  les  limnées,  les  planorbes,  les  sangsues,  les  crevettes  d'eau  douce. 


(  5o6  ) 

les   écrevisses,  les   tritons,  les  salamandres,   les   grenouilles   et  différents 
poissons  :  dans  tous,  il  a  rencontré  l'iode. 

»  La  Commission  a  constaté,  par  l'organe  de  son  rapporteur,  en  suivant 
le  procédé  indiqué  par  M.  Chatin,  plusieurs  de  ces  résultats  et  notamment 
l'existence  de  l'iode  dans  le  goujon   (Cyprinus  gabio)  pris  dans  la  Seine. 

»  Dans  un  autre  Mémoire,  M.  Chatin  a  démontré  la  présence  de  l'iode 
dans  la  plupart  des  eaux  douces. 

»  C'est  ici  que  se  place  un  travail  considérable  à  la  fois  par  son  étendue 
et  par  ses  résultats;  l'examen  de  plus  de  trois  cents  échantillons  d'eaux 
appartenant  aux  principaux  fleuves  ou  rivières,  sources  ou  puits  qui,  par 
leur  position  géographique  ou  géologique,  pouvaient  offrir  quelque  intérêt. 

»  Les  résultats  de  ces  essais  sont  réunis  dans  un  tableau  renfermant  le 
nom  de  la  localité  où  l'eau  a  été  prise,  la  nature  du  sol,  le  poids  du  résidu 
de  l'évaporation,  la  réaction  produite,  etc. 

»  Ce  qui  ressort  immédiatement  de  l'inspection  de  ce  tableau,  en  écar- 
tant pour  le  moment  toutes  conséquences  ultérieures,  c'est  que  ces  eaux, 
au  nombre  de  plus  de  trois  cents,  prises  dans  des  conditions  très-va- 
riées, ont  donné  presque  toutes  de  l'iode;  il  n'y  en  a  que  vingt  dans 
lesquelles  la  présence  de  ce  corps  n'a  pu  être  démontrée,  c'est-à-dire 
environ  7  pour  100. 

»  Ainsi  l'existence  de  l'iode  dans  l'eau  serait  un  fait  général  qui  souffre 
peu  d'exceptions. 

»  Ici,  comme  pour  les  expériences  précédentes,  il  n'a  pas  été  possible  à 
la  Commission  de  vérifier  tous  les  faits,  mais  son  rapporteur  a  pu  constater 
la  présence  de  l'iode  dans  l'eau  de  la  Seine,  prise  au-dessus  de  Paris  en 
dehors  de  toutes  les  causes  accidentelles  qui  auraient  pu  en  altérer  la 
pureté. 

»  Examinant  à  leur  tour  les  produits  terrestres,  ceux  qui  se  développent 
hors  du  contact  permanent  de  l'eau,  M.  Chatin  n'a  pas  tardé  à  y  reconnaître 
aussi  la  présence  de  l'iode,  et  à  donner  ainsi  à  ses  premiers  résultats  une 
étendue  et  une  généralité  qu'il  était  loin  de  prévoir  en  commençant  ses 
travaux. 

»  Toutes  les  plantes  terrestres  qu'il  a  examinées,  au  nombre  de  plus  de 
cent,  et  dont  rémunération  se  trouve  dans  son  Mémoire,  renferment  de 
l'iode. 

»  Ce  sont  des  plantes  légumineuses  ou  fourragères,  des  plantes  d'agré- 
ment cultivées  dans  nos  jardins,  des  plantes  médicinales,  etc. 

»  Le  rapporteur  de  la  Commission  a  vérifié  l'exactitude  de  ces  résultats 


(  5o7  ) 

sur  la  pariétaire,  la  bourrache  et  plusieurs  autres  plantes  prises  aux  envi- 
rons de  Paris,  ainsi  que  sur  les  cendres  provenant  des  bois  employés  dans 
le  chauffage  domestique. 

»  Les  potasses  du  commerce,  qui  ne  sont  que  le  résultat  de  la  lixiviation 
des  cendres  des  végétaux,  renferment  toutes  de  l'iode. 

»  Comme  conséquence  de  ce  fait  primordial,  on  est  exposé  à  rencontrer 
l'iode  dans  un  grand  nombre  de  produits  chimiques  dans  lesquels  la  potasse 
intervient  comme  matière  première  ou  comme  agent. 

»  Il  était  intéressant  de  rechercher  si  les  végétaux  qui  ont  appartenu  aux 
époques  géologiques  anciennes  renfermaient  aussi  de  l'iode;  l'expérience 
interrogée  sur  ce  point  a  répondu  affirmativement.  L'iode  avait  déjà  été 
constaté  dans  les  produits  de  la  distillation  de  la  houille  :  M.  Chatin  l'a 
retrouvé  encore  dans  les  cendres  de  ce  combustible  ;  il  l'a  retrouvé  également 
dans  l'anthracite,  et  même  dans  le  graphite,  qui  paraît  s'éloigner  davantage 
encore  des  substances  organiques. 

»  Conduit  ainsi  à  examiner  les  matières  minérales  proprement  dites, 
M.  Chatin  a  constaté  la  présence  de  l'iode  dans  la  plupart  des  minerais  de 
fer,  dans  le  sol  arable;  mais  ce  qui  pourra  paraître  plus  extraordinaire,  c'est 
que  l'iode  peut  être  découvert  également  dans  beaucoup  de  corps  simples 
qu'on  est  habitué  à  considérer  comme  purs  :  ainsi,  M.  Chatin  le  signale  dans 
le  soufre,  dans  le  fer,  dans  le  cuivre  du  commerce. 

»  La  démonstration  de  ces  faits  est  des  plus  simples  ;  il  suffit  pour  le  cui- 
vre, par  exemple,  de  faire  bouillir,  dans  une  capsule  de  porcelaine,  de  la 
tournure  de  cuivre  avec  de  l'eau  renfermant  i  millième  de  potasse  parfaite- 
ment pure,  ou  même  de  faire  bouillir  la  dissolution  de  potasse  dans  une 
bassine  de  cuivre  parfaitement  décapée. 

»  Après  un  certain  temps  d'ébullition,  la  dissolution  renferme  de  l'iode 
dont  on  peut  constater  l'existence  par  un  traitement  convenable;  lorsqu'on 
répète  le  même  essai  dans  une  capsule  de  porcelaine,  avec  la  même  disso- 
lution de  potasse  hors  de  la  présence  du  cuivre,  on  n'obtient  pas  d'iode. 

»  Ces  expériences  ont  été  exécutées  sous  les  yeux  du  rapporteur  de  la 
Commission. 

»  De  la  présence  de  l'iode  dans  l'air;  absorption  de  ce  corps  dans  lacté 
de  la  respiration.  —  Tel  est  le  titre  du  deuxième  Mémoire  communiqué  à 
l'Académie  des  Sciences;  il  porte  la  date  du  5  mai  i85i. 

»  Pour  constater  la  présence  de  l'iode  dans  l'atmosphère,  M.  Chatin  a  fait 
passer  une  quantité  déterminée  d'air  atmosphérique  dans  un  appareil  composé 


(  5o8  ) 

d'un  certain  nombre  de  tubes  laveurs  analogues  à  ceux  que  les  chimistes 
emploient  sous  le  nom  de  tubes  de  Liebig,  pour  recueillir  et  condenser 
l'acide  carbonique  dans  les  analyses  organiques. 

»  Dans  ces  tubes,  il  introduit  une  dissolution  faible  de  potasse  pure  des- 
tinée à  retenir  l'iode;  l'une  des  extrémités  de  l'appareil  communique  avec 
un  aspirateur  ;  l'autre,  qui  reste  libre,  sert  à  l'introduction  de  l'air  qui  passe 
successivement  dans  les  différents  tubes,  où  il  se  dépouille  de  l'iode  qu'il 
peut  contenir. 

»  En  opérant  de  la  sorte  sur  des  quantités  d'air  qui  ont  varié  de  i  ooo  à 
8000  litres,' M.  Chatin  a  pu  y  reconnaître  la  présence  de  l'iode. 

»  Dans  onze  expériences  faites  à  Paris,  depuis  le  i5  février  i85i  jusqu'au 
4  mai,  dans  des  conditions  diverses,  il  a  obtenu  des  quantités  d'iode  com- 
prises entre  -^  et  ■i~  de  milligramme  pour  4oooo  litres  d'air. 

»  Il  existe  un  moyen  plus  simple  de  constater  la  présence  de  l'iode  dans 
l'atmosphère,  moyen  qui  dispense  des  appareils  et  des  manipulations  pré- 
cédentes :  c'est  de  le  rechercher  dans  l'eau  de  la  pluie,  dans  laquelle  il 
existe,  en  effet,  en  quantité  appréciable. 

»  M.  Chatin,  dans  des  expériences  qu'il  a  faites  à  différentes  reprises  sur 
l'eau  de  pluie,  y  a  constaté  la  présence  de  l'iode,  évaluée  par  lui  entre  £  et 
~  milligramme  pour  10  litres  :  ce  résultat,  qui  offre  un  très-grand  intérêt, 
méritait  d'être  vérifié  ;  il  l'a  été  avec  tout  le  soin  possible  et  avec  un  plein 
succès,  par  le  rapporteur  de  la  Commission. 

»  Un  litre  d'eau  de  pluie  recueillie  dans  les  ùdometres  de  l'Observatoire 
de  Paris,  sous  la  surveillance  de  notre  confrère,  M.  Mauvais,  a  été  évaporé 
avec  i  décigramme  de  carbonate  de  potasse  parfaitement  pur;  le  résidu  de 
l'évaporatiou  chauffé  de  manière  à  décomposer  une  petite  quantité  de  ma- 
tière organique  qu'il  renfermait,  puis  repris  par  l'alcool,  a  donné  des  indices 
certains  de  la  présence  de  l'iode. 

»  Quelle  est  l'origine  de  cet  iode?  Existe- t-il  dans  l'atmosphère  à  l'état 
de  vapeurs,  ainsi  que  le  prétend  M.  Chatin,  ou  bien  ne  s'y  trouve-t-il 
qu'accidentellement,  et  comme  élément  des  corpuscules  organiques  qui 
flottent  constamment  dans  l'air  sous  forme  de  poussière  ?  Question  impor- 
tante, que  M.  Chatin  a  cherché  à  résoudre  par  voie  d'induction.  Mais,  sans 
s'arrêter  aux  considérations  présentées  par  M.  Chatin,  la  Commission  a 
pensé  que  c'était  à  l'expérience  seule  qu'il  appartenait  de  prononcer  sur 
des  faits  de  cette  nature,  et  qu'il  était  indispensable  de  faire  de  nouvelles 
expériences  à  ce  sujet. 


(  5o9) 

»  Recherches  de  l'iode  dans  l'air,  les  eaux,  le  sol  et  les  produits  alimen- 
taires des  Alpes  de  la  France  et  du  Piémont.  —  Les  Mémoires  suivants, 
présentés  à  l'Académie  les  17  novembre  i85i,  5  et  12  janvier  i852,  ont 
pour  objet  la  recherche  comparative  de  l'iode  dans  l'air,  les  eaux,  le  sol  et 
les  produits  alimentaires  des  Alpes  de  la  France  et  du  Piémont. 

»  Les  stations  principales  dans  lesquelles  l'air  a  été  examiné  sont  Mous- 
tiers,  Aoste,  Turin,  Gènes,  Alexandrie,  Saint-Jean-de-Maurienne,  Aigue- 
belle,  Lyon,  Tullins,  Villars-de-Lans,  Vaulnaveys,  Grenoble,  Allevard, 
Bourg-Saint-Maurin,  petit  Saint-Bernard,  mont  Cenis,  etc. 

»  Les  observations  ont  été  consignées  par  M.  Chatin  dans  des  tableaux 
où  se  trouvent  indiquées  toutes  les  circonstances  météorologiques  et  topo- 
graphiques dans  lesquelles  les  essais  ont  été  faits. 

»  Il  en  tire  cette  conséquence,  que  l'air  analysé  dans  les  stations  que 
nous  avons  indiquées,  ne  contient  pas  d'iode  ou  en  contient  moins  que 
l'atmosphère  de  Paris,  examinée  par  les  mêmes  moyens  et  dans  les  mêmes 
circonstances.  Avant  d'admettre  comme  constant  un  fait  aussi  imprévu,  la 
Commission,  qui  n'a  pu  répéter  les  expériences  indiquées,  aurait  désiré 
qu'il  fût  confirmé  par  l'emploi  de  méthodes  variées,  permettant  de  con- 
stater directement  par  la  balance  les  différences  qui  peuvent  exister  ;  toute- 
fois l'examen  des  eaux  pluviales  dans  les  mêmes  stations  conduit,  d'après 
M.  Chatin,  au  même  résultat  général  ;  c'est-à-dire  qu'elles  renferment  moins 
d'iode  que  les  eaux  de  pluie  recueillies  à  Paris. 

»  Dans  les  eaux  de  source  et  dans  les  eaux  de  puits,  la  quantité  d'iode 
dépend  plus  essentiellement  de  la  nature  du  sol  qu'elles  traversent  ;  aussi 
trouve-t-on  sous  ce  rapport  des  différences  extrêmement  grandes,  quelque- 
fois même  dans  des  localités  très-rapprochées.  M.  Chatin  cite  comme  l'un 
des  faits  les  plus  remarquables,  celui  de  Lans-le-Bourg,  village  de  la  Mau- 
rienne,  qu'on  rencontre  en  descendant  le  mont  Cenis,  et  dont  les  eaux  sont 
presque  aussi  iodurées  que  les  meilleures  eaux  de  Paris,  bien  que  toutes 
celles  des  environs  de  ce  bourg  le  soient  très-peu. 

»  En  général,  les  eaux  sont  d'autant  moins  iodurées  qu'elles  sont  plus 
dures,  c'est-à-dire  qu'elles  contiennent  plus  de  sulfate  de  chaux;  c'est  ainsi 
que  les  eaux  de  puits  de  Paris  ne  donnent  pas  d'iode.  Il  arrive  cependant 
quelquefois  aussi  que  des  eaux  très-pures  n'en  renferment  pas  non  plus  ; 
c'est  ce  qu'on  observe  pour  les  eaux  de  beaucoup  de  torrents  ou  de  rivières 
qui  coulent  dans  les  parties  supérieures  des  Alpes  ;  elles  sont  privées  d'iode, 
bien  qu'elles  soient  presque  parfaitement  exemptes  de  sels  calcaires  :  telles 
seraient  les  eaux  du  Drac,  à  Grenoble;  du  Furon,  à  Sassenage;  de  la 

C.  R.,  i85a,  a°»«  Semettra.  (T.  XXXV,  N<  1S.)  67 


(  5«o  ) 

Bannie  et  du  Vernaison,   à  Po;it-en-Boyans,  département  de  l'Isère,    et 
plusieurs  autres. 

»  Iode  du  sol.  —  Dans  un  Mémoire  particulier,  M.  Chatin  examine  com- 
parativement l'ioduration  du  sol,  et  il  conclut  que,  tandis  qu'il  suffit  de  i 
ou  a  grammes  de  terre  prise  dans  les  champs  de  Paris,  surtout  dans  ceux 
qui  s'étendent  sur  les  collines  formées  de  sable  jaune  et  de  meulières  super- 
posées aux  marnes  argileuses  du  gypse  dans  la  Brie,  la  Beauce,  le  Bourbon- 
nais, la  Bourgogne,  pour  y  constater  la  présence  de  l'iode,  il  faut,  pour 
obtenir  un  résultat  semblable,  opérer  sur  un  poids  double  des  terres  argi- 
leuses de  la  Bresse  ou  des  environs  de  Bourgoin,  de  Grenoble,  de  Cham- 
béry,  et  sur  une  quantité  quadruple  ou  décuple  des  terres  noires,  légères, 
superposées  aux  schistes  du  lias  dans  la  Tarentaise,  la  Maurienne  et  le 
Val-d'Aoste. 

»  Comme  on  le  voit,  l'iode  ne  manque  pas  absolument  dans  les  contrées 
des  Alpes  dont  nous  parlons;  seulement  il  y  serait  en  moindre  proportion 
que  dans  les  terrains  de  Paris,  ou,  plus  exactement,  on  en  retire  une  moindre 
quantité  d'un  poids  donné  de  matière. 

i>  M.  Chatin  fait  observer  en  outre  que  la  température  de  l'eau  qu'on 
fait  agir  sur  les  roches  iodurées,  l'état  d'agrégation  de  ces  dernières  ont  une 
grande  influence  sur  la  proportion  d'iode  qu'on  en  retire  :  il  explique  ainsi 
comment,  dans  les  conditions  naturelles,  les  eaux  froides  provenant  de  la 
fonte  des  neiges,  qui  lavent  les  sommets  élevés  des  montagnes,  doivent, 
toutes  choses  égales  d'ailleurs,  renfermer  moins  d'iode,  tandis  que  les  eaux 
thermales,  et  les  eaux  alcalines  en  particulier,  renferment  ordinairement  de 
l'iode  en  plus  grande  quantité  que  l'eau  ordinaire. 

»  Appréciation.  —  La  quatrième  partie  des  recherches  de  M.  Chatin,  sous 
le  titre  d'Appréciation,  a  pour  objet  d'établir  la  relation  qui  existe  entre  les 
données  précédentes  qui  indiquent  la  distribution  de  l'iode  dans  les  diffé- 
rentes contrées  qu'il  a  parcourues,  et  l'existence  du  goitre  et  du  crétinisme 
dans  ces  mêmes  contrées. 

»  Peut-on,  se  demande  l'auteur,  sachant  quelle  est  la  somme  d'iode 
répartie,  soit  dans  l'air,  soit  dans  les  eaux,  soit  dans  le  sol  et  dans  les  pro- 
ductions alimentaires,  reconnaître  qu'il  y  a  coïncidence  entre  l'abondance 
de  ce  principe  et  l'absence  complète  du  goitre  et  du  crétinisme?  entre  sa 
diminution  progressive  et  le  développement  correspondant  de  ces  maladies  ? 

»  Cette  question,  M.  Chatin,  comme  il  était  facile  de  le  prévoir,  la  ré- 
sout affirmativement.  Il  pense  que  l'existence  du  goitre  et  du  crétinisme  est 
essentiellement  Liée  à  l'absence  de  l'iode.  Toutefois  il  admet  aussi  l'influence 


(  5.i  ) 

des  conditions  hygiéniques  générales  dans  la  production  de  ces  deux  affec- 
tions. Il  discute  les  différents  faits  particuliers  qui  sont  dans  la  science,  et 
cherche  à  montrer  comment  ils  s'accordent  avec  sa  manière  de  voir. 

»  Nous  ne  suivrons  pas  M.  Chatin  dans  cette  discussion.  L'Académie  n'i- 
gnore pas  l'influence  heureuse  que  l'iode  et  ses  préparations  exercent  sur  les 
affections  dont  il  s'agit;  elle  comprendra,  sans  qu'il  soit  nécessaire  d'in- 
sister beaucoup,  tout  le  parti  que  l'auteur  peut  tirer  de  cette  circonstance 
pour  l'établissement  de  sa  théorie.  Mais  la  Commission  a  pensé  que  les  faits 
eux-mêmes  sur  lesquels  elle  repose,  ne  sont  encore  ni  assez  nombreux  ni 
assez  concluants  pour  permettre,  dès  à  présent,  de  porter  sur  cette  question 
un  jugement  suffisamment  motivé. 

»  Lorsqu'on  se  reporte,  par  exemple,  aux  quantités  extrêmement  faibles 
d'iode  signalées  dans  l'atmosphère,  lorsqu'on  y  joint  l'incertitude  dans' 
laquelle  nous  laissent  encore  les  expériences  de  M.  Chatin  sur  la  manière 
dont  il  y  existe,  sur  la  nature  des  composés  dont  il  peut  faire  partie,  on  est 
en  droit  de  douter  que  ce  corps  ait  réellement,  dans  cette  proportion,  au 
point  de  vue  du  goitre  et  du  crétinisme,  toute  l'importance  qu'il  lui  attribue. 

»  D'une  autre  part,  on  sait  que  l'iode  est  volatil;  qu'en  présence  de 
certains  corps,  il  peut  être  mis  en  liberté  en  totalité  ou  en  partie.  Ce  qui 
rend  sa  détermination  absolue  très-difficile,  dans  les  circonstances,  du 
moins,  dans  lesquelles  a  opéré  M.  Chatin. 

»  Il  y  a  donc  lieu,  par  cette  raison  encore,  d'être  très-réservé  dans  les 
conséquences  que  l'on  tire  des  analyses  comparées  de  l'air,  des  eaux  et  des 
aliments  pour  en  déduire  les  proportions  d'iode  qui  doivent  être  absorbées 
par  l'homme. 

»  Toutefois  cette  incertitude,  qui  tient  à  la  nature  des  procédés  employés, 
et  en  partie  aussi  à  l'état  de  la  science,  ne  saurait  infirmer  les  conséquences 
générales  et  essentielles  du  travail  de  M.  Chatin,  savoir,  l'extrême  diffusion 
de  l'iode  dans  la  nature  organique  et  inorganique. 

»  M;  Chatin  s'était  imposé  la  tâche  de  poursuivre  la  recherche  de  l'iode 
dans  tous  les  corps  et  dans  toutes  les  conditions  accessibles  à  l'expérience; 
pour  la  remplir,  il  a  dû  employer  des  procédés  simples,  rapides,  d'une 
exécution  facile,  qui  puissent  mettre  immédiatement  en  relief  le  fait  qu'il 
voulait  constater,  sauf  à  revenir  plus  tard  sur  le  détail  des  expériences  ;  ces 
procédés  lui  ont  permis,  en  effet,  de  faire  en  peu  de  temps  un  grand  nombre 
d'essais. 

»  On  lui  doit  la  connaissance  d'un  fait  important,  incontestable  aujout'T 
d'hui,  celui  de  la  dissémination  de  l'iode  sur  tout  notre  globe,  dans  l'eau, 

67.. 


(  5«a) 

dans  la  terre  arable,  dans  beaucoup  de  rainerais,  dans  les  substances  orga- 
niques. La  persévérance  qu'il  a  mise  dans  ces  recherches,  le  zèle  qu'il  y  a 
déployé,  ne  lui  feront  pas  défaut  lorsqu'il  s'agira  de  leur  donner  la  préci- 
sion nécessaire  pour  qu'on  puisse  en  tirer  toutes  les  conséquences  utiles 
qu'elles  renferment,  particulièrement  en  ce  qui  touche  leur  application  au 
goitre  et  au  crétinisme. 

»  C'est  dans  cette  voie  qu'il  s'engage  aujourd'hui.  La  Commission  désire 
qu'il  y  soit  soutenu  par  les  encouragements  de  l'Académie. 

»  Pendant  que  M.  Chatin  poursuivait  ses  laborieuses  recherches,  d'autres 
chimistes  confirmaient  ses  résultats  par  leurs  observations  particulières. 
L'Académie,  dans  la  séance  du  11  avril,  a  reçu  une  Note  de  M.  Personne, 
qui  annonce  l'existence  de  l'iode  dans  le  Jungermania  pinguis  de  Linné. 
A  la  même  date,  M.  Meyrac  l'indiqua  dans  diverses  oscillaires  des  eaux 
thermales  de  Dax.  Quelques-uns,  travaillant  aussi  à  éclairer  la  question 
du  goitre  et  du  crétinisme,  cherchaient  également  à  déterminer  si  l'existence 
de  ces  affections  est  liée  à  l'absence  de  l'iode. 

Travail  de  M.  Marchand. 

»  L'Académie  a  reçu,  le  2  février  dernier,  un  Mémoire  de  M.  Marchand, 
pharmacien  à  Fécamp  ;  il  a  pour  titre  :  Des  eaux  potables,  et  leur  influence 
sur  le  développement  endémique  du  goitre  et  du  crétinisme. 

»  Dans  ce  Mémoire,  l'auteur  a  examiné  avec  un  soin  particulier  la  com- 
position des  eaux  potables  qui  alimentent  la  vi'le  de  Fécamp,  et  déterminé 
les  variations  que  subissent  dans  leurs  proportions  les  principes  dissous 
dans  ces  eaux,  suivant  les  diverses  époques  de  l'année  ;  il  donne  une  nou- 
velle analyse  très-détaillée  de  l'eau  de  la  mer. 

»  En  ce  qui  concerne  plus  particulièrement  l'objet  de  ce  Rapport,  la 
recherche  de  l'iode,  il  en  signale  la  présence,  ainsi  que  celle  du  brome, 
dans  les  eaux  de  divers  puits,  sources  et  rivières;  il  démontre  aussi  la  pré- 
sence de  ces  deux  corps  simples  dans  l'eau  de  la  mer;  enfin,  il  en  rencontre 
des  traces  dans  l'eau  de  la  pluie  et  dans  la  neige. 

»  M.  Marchand  procède,  dans  la  recherche  de  l'iode  et  du  brome,  par 
un  moyen  différent  de  celui  employé  par  M.  Chatin  ;  il  ne  soumet  l'eau  à 
aucune  évaporation  ou  concentration  préalable  ;  il  opère  sur  une  quantité 
de  liquide  qui  varie  entre  20  et  /Jo  litres  ;  il  précipite  directement  l'iode  et 
le  brome  au  moyen  du  nitrate  d'argent  ajouté  en  excès  ;  le  précipité  ainsi 
obtenu  qui  renferme  de  l'iodure,  du  bromure  et  du  chlorure  d'argent,  est 


(5.3) 

dissous  dans  de  l'hyposulfite  de  soude,  cette  dissolution  est  soumise  à  l'ac- 
tion de  l'hydrogène  sulfuré  qui  précipite  l'argent  à  l'état  de  sulfure;  la  li- 
queur est  ensuite  sursaturée  au  moyen  du  bicarbonate  de  potasse  qui  trans- 
forme les  acides  hydrogénés  du  chlore,  du  brome  et  de  l'iode,  en  chlorure, 
bromure  et  iodure  de  potassium;  on  évapore  à  siccité,  puis  on  traite  par 
l'alcool  à  8")  centièmes;  on  reclissout  ainsi  l'iodure  et  le  bromure  de  potas- 
sium qu'on  peut  reconnaître  et  isoler  par  les  moyens  ordinaires. 

»  Ce  procédé  exige  une  précaution  particulière  pour  l'évaporation  de  la 
liqueur  dont  le  résidu  doit  être  traité  par  l'alcool  ;  il  faut  évaporer  complè- 
tement le  liquide,  car,  sans  cela,  on  courrait  le  risque  dedissoudre  dans  l'al- 
cool affaibli  par  l'eau  restant,  une  petite  quantité  d'hyposulfite  dont  la 
présence  nuirait  à  la  réaction  qu'on  cherche  à  produire  pour  reconnaître 
l'iode. 

»  D'une  autre  part,  il  faut  éviter  de  dépasser  la  température  de  ^5  degrés, 
une  température  supérieure  pouvant  déterminer  la  perte  d'une  portion  de 
l'iode  par  suite  de  la  décomposition  possible  de  l'iodure  de  potassium  en 
présence  de  l'hyposulfite.  Il  y  a  donc  ici,  comme  dans  le  procédé  de  M.  Cha- 
tin,  qui  consiste  à  agir  par  évaporation  et  calcination  du  résidu,  une  chance 
de  perte  à  éviter,  mais  ces  deux  procédés  se  confirment  l'un  par  l'autre  en  ce 
qu'ils  indiquent  tous  deux  la  présence  de  l'iode  :  il  faut  ajouter  que  ]Vi .  Mar- 
chand est  parvenu  à  doser  l'iode  dans  l'eau  de  l'Océan  ;  il  l'évalue  à  o6r,ooqa 
d'iodure  de  sodium  par  kilogramme. 

»  De  plusieurs  essais,  dont  il  donne  les  résultats  dans  son  Mémoire 
M.   Marchand  conclut  que  les  eaux  des  arrondissements  du  Havre,  de  Saint- 
Valery,  et  généralement  toutes  celles  qui  viennent  des  terrains  supérieurs  à 
la  craie,  renferment  de  l'iode. 

»  Il  admet  que  l'iode  et  le  brome  peuvent  disparaître  des  eaux  en  pas- 
sant dans  les  plantes  sous  l'influence  des  forces  vitales;  que  le  goitre  et  le 
crétinisme  ne  sauraient  être  attribués  à  l'usage  des  eaux  calcaires  ou  magné- 
siennes, mais  uniquement  à  l'absence  de  l'iode  résultant  de  son  absorption 
plus  ou  moins  complète  par  les  végétaux. 

*  Comme  conséquence  de  cette  manière  de  voir,  M.  Marchand  admet 
que  le  goître  et  le  crétinisme  ne  se  manifestent  que  dans  les  pays  très-boisés 
et  dont  les  eaux  ont  arrosé  des  plantes  en  grand  nombre. 

»  La  Commission  a  regretté  que  des  conclusions  aussi  importantes  et  aussi 
positives  ne  fussent  pas  appuyées  sur  des  expériences  incontestables  ;  que 
M.  Marchand,  qui  paraît  si  capable  de  résoudre  les  questions  de  cette  na- 
ture, n'ait  pas  recherché,  ou  du  moins  n'ait  pas  fait  connaître  dans  son  Mé- 
moire si  réellement  les  eaux  qui  abreuvent  les  populations  goitreuses  en 


(  5.4  ) 

France,  ou  à  l'extérieur,  sont  réellement  moins  chargées  d'iode  que  les 
autres? 

»  S'il  en  est  de  même  pour  les  produits  alimentaires  ;  si  cette  différence, 
en  la  supposant  réelle,  s'observe  partout  où  l'on  voit  le  goitre. 

»  Des  expériences,  dans  cette  direction,  étendues  au  plus  grand  nombre 
de  localités  possible  et  faites  avec  toute  la  précision  que  comporte  la 
science  actuelle,  avanceraient  plus  la  solution  de  la  question  que  des  con- 
clusions prématurées  qui  ne  sont  pas  la  conséquence  rigoureuse  des  faits, 
quelque  probables  qu'elles  puissent  paraître  d'ailleurs. 

»  Ainsi  que  l'Académie  a  pu  en  juger  par  l'exposé  sommaire  que  nous 
venons  de  faire  du  travail  de  M.  Marchand,  ce  travail  coïncide  sur  plu- 
sieurs points  avec  celui  de  M.  Chatin,  particulièrement  en  ce  qui  concerne 
l'existence  de  l'iode  dans  les  plantes  terrestres,  dans  les  eaux  qui  coulent  à 
la  surface  du  sol,  dans  les  eaux  de  pluie,  dans  la  neige. 

»  Ces  deux  chimistes  se  rencontrent  également  dans  la  conclusion  qu'ils 
tirent  de  leur  travail  considéré  au  point  defvue  de  l'endémicité  du  goitre  et 
du  crétinisme  qu'ils  attribuent  l'un  et  l'autre  à  l'absence  de  l'iode  ou  à  une 
trop  faible  proportion  de  cette  substance. 

»  Cette  coïncidence  dans  les  conclusions,  bien  que  les  moyens  d'investi- 
gation employés  par  les  deux  expérimentateurs  soient  différents,  devait  faire 
naître  quelque  difficulté  sur  la  question  de  priorité;  il  appartenait  à  la 
Commission  de  l'examiner  et  de  faire  connaître  la  part  qui  revient  à  chacun 
dans  l'ensemble  des  résultats  obtenus. 

»  M.  Chatin  s'est  évidemment  occupé  le  premier,  dans  ces  derniers 
temps  et  d'une  manière  spéciale,  de  la  recherche  de  l'iode,  de  démontrer  sa 
présence  dans  un  grand  nombre  de  corps. 

»  Son  premier  travail  a  été  adressé  à  l'Académie  le  a5  mars  i85o,  il 
taisait  dès  lors  pressentir  que  l'iode  était  beaucoup  plus  répandu  qu'on  ne 
le  supposait;  le  22  avril,  l'Académie  a  entendu  un  Rapport  sur  ce  travail,  et 
dans  ce  Rapport  il  est  annoncé  que  M.  Chatin,  qui  continuait  ses  recher- 
ches, avait  reconnu  la  présence  de  l'iode  dans  les  eaux  de  la  Seine,  de  la 
Marne,  de  l'Ourcq,  de  l'Oise,  du  puits  de  Grenelle,  etc. 

»  Son  second  travail  a  été  adressé  à  l'Académie  le  26  août  de  la  même 
année;  les  autres  Mémoires  l'ont  été  à  diverses  époques,  que  nous  avons 
fait  connaître  dans  ce  Rapport. 

»  Le  Mémoire  de  M.  Marchand  est  arrivé  à  l'Académie  le  a  février  i85s. 
D'après  les  dates  que  nous  citons,  la  priorité  serait  acquise,  sans  conteste,  à 
M  Chatin;  mais  M.  Marchand,  à  la  date  du  21  juillet  i85o,  a  déposé  à 
l'Académie  un  paquet  cacheté  qui  renferme,  sous  forme  de  propositions  sans 


(5i5) 

aucun  détail  d'expérience,  les  résultats  de  recherches  dont  il  s'occupait  à 
cette  époque,  résultats  qui  coïncident  sur  plusieurs  points  avec  ceux  que 
M.  Chatin  avait  obtenus  déjà  ou  qu'il  a  fait  connaître  plus  tard. 

»  Ce  paquet  cacheté  a  été  ouvert  le  \i  janvier  i85a,  sur  la  demande  de 
l'auteur;  les  propositions  qu'il  renferme  ont  été  imprimées  en  entier  dans  le 
Compte  rendu  des  séances  de  V Académie,  elles  ont  été  également  insérées 
dans  plusieurs  publications  périodiques,  notamment  dans  le  Journal  de 
Pharmacie  et  de  Chimie,  tome  XVIII,  page  358,  20  mai  i85o. 

»  Cette  circonstance  nous  dispense  de  les  reproduire  ici  et  permettra  à 
chacun  de  juger,  sur  le  vu  des  pièces,  jusqu'où  M.  Marchand  avait,  dès  cette 
époque,  poussé  ses  investigations. 

»  Il  est  arrivé  dans  ces  recherches  sur  l'iode  ce  qui  se  produit  fréquem- 
ment lorsqu'une  question  à  laquelle  se  rattache  un  certain  intérêt  est  signalée 
à  l'attention  des  savants,  surtout  lorsque,  par  sa  nature,  cette  question  est 
accessible  à  un  grand  nombre  d'expérimentateurs;  plusieurs  peuvent  dé- 
couvrir les  mêmes  faits,  en  tirer  les  mêmes  conséquences  sans  y  être  amenés 
autrement  que  par  leurs  propres  réflexions  et  par  l'impulsion  donnée  à  la 
science  par  les  travaux  ou  les  idées  du  moment. 

»  M.  Chatin,  suivant  pas  à  pas  la  ligne  qu'il  s'était  tracée  et  donnant  le 
résultat  de  ses  expériences  à  mesure  qu'il  les  obtenait,  était  inévitablement 
conduit  à  trouver  l'iode  qui  pouvait  exister  dans  les  substances  qu'il  a  exa- 
minées. 

»  M.  Marchand,  tirant  des  conséquences  générales  d'un  petit  nombre  de 
laits,  a  formulé,  dès  le  mois  de  mai  i85o,  une  opinion  sur  l'existence  de 
l'iode  dans  les  eaux  de  différentes  provenances  et  même  dans  la  neige. 

»  Toutefois,  le  Mémoire  renfermant  les  expériences  qui  se  rapportent  à 
ce  sujet  n'a  été  présenté  à  l' Académie  que  le  a  février  i852,  c'est-à-dire 
dix-huit  mois  plus  tard,  et  lorsque  tous  les  résultats  de  M.  Chatin  avaient 
déjà  subi  l'épreuve  de  la  publicité. 

»  L'un  et  l'autre  ont  suivi,  comme  on  le  voit,  une  marche  différente; 
la  science  ne  peut  que  s'en  applaudir,  puisque  ces  voies  diverses  les  ayant 
conduits  à  la  même  conclusion,  leurs  travaux  se  trouvent  pour  ainsi  dire 
contrôlés  l'un  par  l'autre,  ce  qui  donne,  aux  résultats  qu'ils  ont  obtenus, 
une  plus  grande  probabilité  d'exactitude. 

Mémoire  de  M.  le  Dr  Niepge,  n  mai  i85a. 

»  Le  Mémoire  de  M.  le  Dr  Niepce,  médecin,  inspecteur  des  eaux  miné- 
rales d'Allevard,  a  pour  titre  :  Recherches  de  l'iode  dans  l'air,  les  eauot  et 


(  5.6) 

les  produits  alimentaires  des  Alpes  de  la  France,  comprenant  les  départe- 
ments de  l'Isère,  des  Hautes-Alpes  et  des  Basses-Alpes  ainsi  que  les 
Cevennes. 

»  Ce  Mémoire  a  pour  objet  de  rechercher  si  la  présence  du  goitre  et  du 
crétinisme  est  dépendante  de  l'absence  de  l'iode  dans  l'air,  dans  les  eaux 
et  dans  les  produits  alimentaires. 

»  Il  vient  corroborer  les  conséquences  que  M.  Chatin  avait  tirées  de  ses 
propres  expériences  :  «  Les  recherches  de  M.  Chatin  et  les  miennes,  dit 
»  M.  le  Dr  Niepce,  ont  amené  des  résultats  à  peu  près  identiques  et  démon- 
»  trent  d'une  manière  absolue  que,  dans  les  vallées  très-profondes  des 
»  Alpes,  l'iode  manque  complètement.  » 

»  La  Commission  a  déjà  fait  connaître  son  opinion  sur  les  recherches  de 
M.  Chatin;  en  ce  qui  touche  celles  de  M.  le  Dr  Niepce,  qui  considère  la 
question  du  goitre  plus  particulièrement  au  point  de  vue  médical,  elle 
pense  que  les  expériences  chimiques  sur  lesquelles  il  s'appuie,  expé- 
riences dont  il  se  borne  à  indiquer  les  résultats,  ne  sont  pas  présentées 
avec  les  détails  nécessaires  pour  qu'il  soit  possible  d'en  tirer,  quant  à  pré- 
sent, aucune  conséquence  rigoureuse  pour  la  question  générale  de  l'inégale 
répartition  de  l'iode  et  surtout  pour  la  corrélation  qu'il  s'agirait  d'établir 
entre  l'existence  du  goitre  et  l'absence  de  ce  corps. 

»  Ce  sujet  appelle  nécessairement  de  nouvelles  expériences;  la  science, 
comme  l'hygiène  publique,  ne  peuvent  que  gagner  beaucoup  à  ce  qu'elles 
soient  continuées. 

»  La  Commission  a,  en  conséquence,  l'honneur  de  vous  proposer  d'en- 
gager les  auteurs  des  différents  Mémoires  dont  nous  venons  de  rendre 
compte,  à  poursuive  leurs  recherches. 

»  Elle  vous  propose,  en  outre,  d'insérer  dans  le  Recueil  des  Savants 
étrangers  le  Mémoire  de  M.  Chatin  et  celui  de  M.  Marchand.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

Observations  de  M.  Thexard  sur  l'état  auquel  l'iode  se  trouve  dans  l'air. 

«  M.  Chatin,  qui  a  fait  de  nombreuses  recherches  sur  l'iode,  pense  que 
l'iode  qu'il  a  découvert  dans  l'air  atmosphérique  y  existe  à  l'état  de  vapeur. 

»  Les  expériences  qu'il  cite  à  l'appui  de  son  opinion  sont  loin  de  résoudre 
cette  importante  question. 

»  En  effet,  on  rencontre  dans  l'air  atmosphérique  un  grand  nombre  de 
corpuscules  organiques  qui  contiennent  de  l'iode,  soit  à  l'état  d'iodure  de 
sodium,  soit  combiné  avec  les  éléments  de  la  matière  organisée. 


(  5.7) 

»  Il  est  donc  évident  qu'une  partie  au  moins  de  l'iode  que  M.  Chatin  est 
parvenu  à  extraire  de  l'air  atmosphérique,  provient  de  ces  corpuscules. 

»  Or,  comme  en  faisant  passer  plusieurs  milliers  de  litres  d'air  dans 
l'appareil  de  Liebig,  on  obtient  de  l'iode,  et,  de  plus,  du  chlore  uni  au 
sodium,  ne  doit-on  pas  être  porté  à  croire  que  c'est  au  sodium  que  l'iode 
est  lui-même  uni  dans  la  plupart  desjmatières  organiques  qui  le  renferment? 

»  M.  Chatin  répond  à  cette  objection  en  disant  que  l'eau  de  pluie  est 
plus  riche  en  iode  que  toutes  les  autres  eaux.  Cela  doit  être,  car,  en  tombant 
de  très-haut,  elle  a  été  en  contact  avec  une  très-grande  quantité  de  cor- 
puscules organiques,  auxquels  elle  a  pu  enlever  plus  ou  moins  d'iodure  de 
sodium;  et  ce  qui  vient  à  l'appui  de  cette  opinion,  c'est  qu'elle  contient 
en  même  temps  des  quantités  très-sensibles  de  sel  marin. 

»  Il  faut  donc  tenter  de  nouvelles  expériences.  Depuis  longtemps  j'en 
avais  indiqué  à  M.  Chatin  quelques-unes  dont  les  résultats  seraient,  ce  me 
semble,  de  nature  à  pouvoir  porter  quelque  jour  sur  la  question. 

»  Ce  serait  de  se  procurer  des  métaux  parfaitement  exempts  d'iode,  en 
lames,  en  fils,  en  petits  grains,  et  de  les  exposer  pendant  longtemps  à  l'air 
dans  un  lieu  élevé  et  loin  des  habitations.  Le  fer,  le  zinc,  l'étain,  le  plomb, 
le  cuivre,  l'argent,  le  mercure  seraient  très-propres  à  ces  expériences.  Les 
expériences  devraient  être  au  moins  doubles  :  dans  les  unes,  les  métaux 
seraient  à  l'abri  de  la  pluie  ;  dans  les  autres,  ils  n'y  seraient  pas.  Il  serait  bon 
même  de  les  mettre  en  contact  avec  des  solutions  d'iodure  de  sodium  et  des 
solutions  d'iodure  de  potassium  pour  savoir  si  le  métal  s'iodurerait  :  de  mois 
en  mois  on  constaterait  l'état  du  métal. 

»  Si  le  métal  ne  s'iodurait  pas,  on  en  conclurait  que  l'iode  n'existerait 
point  à  l'état  de  vapeur  dans  l'air;  car  on  sait  que  l'iode  en  vapeur  attaque 
tous  ces  métaux;  et  d'ailleurs  on  pourrait  s'en  assurer  en  les  mettant  en  con- 
tact avec  de  l'air  qu'on  renouvellerait  et  qui  serait  chargé  d'une  quantité 
très-minime  d'iode. 

»  Si,  au  contraire,  le  métal  s'iodurait,  il  faudrait  rechercher  si  l'iode  ne 
proviendrait  pas  de  l'iodure  de  sodium  qui  pourrait  être  contenu  dans  l'eau 
que  les  changements  de  température  précipiteraient  de  l'air  sur  le  métal 
même. 

»  J'ai  cru  devoir  présenter  ces  diverses  réflexions,  dans  l'espérance  que 
les  expériences  que  j'indique  et  d'autres  encore  seront  faites  surtout  par 
M.  Chatin,  à  qui  l'on  doit  déjà  des  recherches  si  nombreuses  et  si  pleines 
d'intérêt  sur  l'iode.  » 


G.  R.,  i852,  2™  Semestre.  (T.  XXXV,  N»  W.) 


68 


(  5x8  ) 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission de  cinq  Membres,  qui  sera  chargée  de  l'examen  des  pièces  adressées 
au  concours  pour  le  grand  prix  des  Sciences  mathématiques  de  l'année  1 852 . 

MM.  Cauchy,  Liouville,  Lamé,  Binet,  Duhamel  réunissent  la  majorité 
des  suffrages. 

L'Académie  procède  ensuite,  également  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomi- 
nation d'une  Commission  qui  sera  chargée  de  proposer  un  sujet  de  concours 
pour  le  grand  prix  des  Sciences  mathématiques  à  décerner  en  1 854- 

MM.  Liouville,  Cauchy,  Lamé,  Binet,  Biot  réunissent  la  majorité  des 
suffrages. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  place  sous  les  yeux  de  l'Académie  deux 
boussoles  qui  avaient  été  mentionnées  dans  la  séance  du  i  août  dernier,  et 
qui  toutes  deux  également,  quoique  par  des  moyens  différents,  permettent  de 
constater  avec  exactitude  la  direction  suivant  laquelle  un  navire  s'est  mû 
aux  différents  instants  de  la  journée.  L'une  est  la  boussole  de  M.  le  capi- 
taine Allain,  l'autre  celle  que  M.  le  capitaine  Napier  a  fait  exécuter  à  Paris 
par  M.  Deleuit. 

(  Benvoi  à  l'examen  de  la  Commission  nommée  à  l'occasion  de  la  présentation 
du  Mémoire  de  M.  Allain  ;  cette  Commission  est  composée  de  MM.  Arago, 
Beautemps- Beaupré,  Duperrey.) 

L'Académie  reçoit  un  Mémoire  destiné  au  concours  pour  le  grand  prix 
des  Sciences  mathématiques  (question  proposée  pour  sujet  du  prix  de  i85o, 
puis  proposée  de  nouveau  pour  i853).  Ce  Mémoire  a  été  inscrit  sous  le  n°  3. 
(Benvoi  à  la  future  Commission.) 

géométrie  analytique.  —  Mémoire  sur  les  développées  des  courbes 

planes;  par  M.  Max  Dunesme. 

(Commissaires,  MM.  Binet,  Duhamel.) 

physique.  —  Expériences  sur  les  circuits  greffés  ;  par  M.  Tu.  du  Moncel. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Becquerel,  Despretz,  Morin.) 

«  Dans  un  Mémoire  que  j'ai  présenté  à  l'Académie,  dans  sa  séance  du 

3o  août  dernier,  j'ai  prouvé  que  l'électricité  statique  et  l'électricité  dyna- 


(5i9) 

mique  pouvaient  être  développées  simultanément  sur  le  même  conducteur, 
sans  influence  sensible  de  leurs  réactions  réciproques.  Je  viens  aujourd'hui 
compléter  cette  communication  en  ce  qui  concerne  la  coexistence  de  deux 
courants  sur  un  même  conducteur. 

»  Cette  coexistence  peut  se  formuler  ainsi  qu'il  suit  :  Tout  circuit  élec- 
trique sur  lequel  est  greffé  un  autre  circuit  de  source  différente  peut  bien 
servir  de  conducteur  à  ce  dernier,  mais  il  s'établit  alors  une  double  dériva- 
tion qui  réagit  en  affaiblissant  ou  en  renforçant  le  courant  primitif,  suivant 
qu'on  considère  le  circuit  que  celui-ci  parcourt  à  gauche  ou  à  droite  des 
points  où  se  trouve  greffé  le  second  circuit.  Alors  les  intensités  différentes 
du  courant,  résultant  dans  les  diverses  parties  des  deux  circuits,  peuvent 
être  calculées  d'après  les  formules  des  courants  dérivés. 

»  Pour  se  convaincre  de  ce  principe  par  l'expérience,  il  suffit  de  bifur- 
quer les  deux  bouts  d'un  conducteur  métallique  quelconque,  et  de  les 
mettre  en  rapport  avec  les  pôles  de  deux  piles  différentes.  On  verra  alors 
que  quand  les  courants  seront  neutralisés  (i)  les  uns  par  les  autres  dans  le 
conducteur  commun,  il  se  manifestera  une  double  dérivation  à  travers  les 
deux  piles,  et,  comme  les  deux  courants  ainsi  dérivés  marchent  de  ce  côté 
dans  le  même  sens,  on  trouvera  que  l'intensité  du  courant  résultant  s'est 
considérablement  accrue.  D'un  autre  côté,  si,  en  permutant  les  points  d'at- 
tache des  deux  piles,  on  fait  en  sorte  que  les  courants  marchent  d'accord 
dans  le  conducteur  métallique,  l'inverse  a  lieu  et  les  courants  se  trouvent 
presque  neutralisés  dans  leur  dérivation  à  travers  les  deux  piles. 

»  Les  différents  cas  de  ces  réactions  ont  été  expérimentés  avec  un  fil  de 
i3a  mètres  développé  dans  toute  sa  longueur,  pour  éviter  les  influences  du 
courant  sur  lui-même.  Mais  auparavant  de  les  passer  en  revue,  je  vais  ana- 
lyser les  cas  les  plus  simples,  afin  de  bien  établir  les  variations  d'intensité 
qui  doivent  se  manifester  dans  ces  sortes  de  courants  complexes. 

»  Supposons,  pour  fixer  les  idées,  que  la  longueur  du  circuit  greffé  soit 
précisément  la  moitié  de  celle  de  notre  circuit  primitif  de  i32  mètres,  la 
résistance  des  deux  piles  étant,  bien  entendu,  réduite  en  fonction  de  leur 
conducteur.  Admettons,  en  outre,  que  les  points  d'attache  du  circuit  greffé 
coupent  par  moitié  le  circuit  primitif. 

»  En  faisant,  pour  le  moment,  abstraction  de  la  pile  du  courant  greffé 

(i)  Cette  neutralisation  est  très-rarement  complète,  parce  qu'il  est  difficile  d'avoir  des 
piles  ayant  identiquement  la  même  intensité  ;  il  en  résulte  donc  un  courant  différentiel  dont 
Je  sens  dépend  de  la  position  de  la  plus  forte  des  deux  piles  à  l'égard  du  système. 

68.. 


(  5ao  ) 

comme  source  électrique,  et  ne  la  considérant  que  comme  un  simple  con- 
ducteur, on  pourra  comprendre  qu'à  partir  des  points  d'attache,  le  circuit 
greffé  constitue  une  véritable  dÉ'ivation  égale  d'une  part  à  l'intervalle  de 
la  dérivation,  de  l'autre  au  circuit  principal,  lesquels  ne  sont  que  les  parties 
du  courant  primitif  à  droite  et  à  gauche  des  points  d'attache  du  courant 
dérivé.  Or  si  nous  calculons  l'intensité  électrique  dans  ces  différentes  par- 
ties des  deux  circuits,  en  prenant,  comme  l'a  fait  M.  Pouillet,  les  désigna- 
tions x,y  et  z  pour  exprimer  les  intensités  inconnues  du  courant  principal, 
du  courant  partiel  et  du  courant  dérivé,  nous  trouverons  que,  dans  les 
conditions  de  l'expérience,  les  formules  de  M.  Pouillet  se  réduisent  à 

2  4 

x=t. -  =  \t, 

2 


2  — 

2 


2 
=  ô   t. 


i        3 

2 

2 


Mais  remarquons  que  le  courant  greffé  étant  à  l'égard  du  courant  primitif 
identiquement  dans  les  mêmes  conditions  que  l'était  celui-ci  par  rapport  à 
lui,  il  réagit  sur  ce  courant  en  l'atténuant  ou  en  le  renforçant,  suivant  que 
dans  les  différentes  parties  du  conducteur  commun,  il  marche,  par  rapport 
à  lui,  dans  le  même  sens  ou  en  sens  inverse.  Les  formules  deviennent  donc 
alors  : 

»  i°.  Quand  les  pôles  positifs  des  deux  piles  sont  greffés  sur  une  branche 
différente  du  circuit  primitif, 

__  4         2     _  6 
X  ~  3*+3*~  3*' 

4  2 

426 

»  20.  Quand  les  pôles  positifs  des  deux  piles  sont  greffés  sur  la  même 
branche  du  circuit  primitif, 

4  • .     2   2 

x  ~  3       3 t  —  zt' 

224 

422 


(  6*i  ) 

C'est  effectivement  ce  que  l'expérience  démontre.  Mais  il  faut  pour  cela  que 
les  piles  soient  bien  égales  et  que  la  réduction  de  leur  résistance  soit  exac- 
tement comptée,  par  rapport  aux  points  d'attache  du  circuit  greffé.  Or, 
comme  ces  conditions  sont  très-difficiles  à  réaliser,  il  faut  s'attendre  à 
quelques  petites  différences. 

»  A  l'aide  des  formules  dés  courants  dérivés  on  peut  facilement  discuter 
'  la  plupart  des  cas  qui  peuvent  se  présenter,  et  prévoir  d'avance  leur  résul- 
tat, suivant  qu'on  fait  varier  la  section  des  fils,  les  points  d'attache  du 
courant  greffé,  les  différentes  longueurs  des  dérivations,  etc.  C'est  ainsi 
que  nous  saurons  que  si  le  courant  greffé  résulte  de  l'interposition  directe 
de  la  pile  au  milieu  du  courant  primitif,  le  courant  principal  sera  affaibli 
presque  de  moitié,  tandis  que  le  courant  partiel  aura  son  intensité  presque 
doublée.  C'est  encore  ainsi  que  nous  constaterons  que  quand  les  points 
d'attache  du  courant  greffé  sont  situés  aux  deux  extrémités  diamétrales  de 
la  section  du  circuit  primitif,  le  courant  greffé  passe  au  travers  sans  donner 
lieu  à  aucune  dérivation  ou  du  moins  à  une  dérivation  sensible.  » 

M.  Sire  adresse  une  Lettre  faisant  suite  à  sa  Note  du  27  septembre  der- 
nier sur  un  appareil  destiné  à  rendre  sensible  aux  jeux  la  rotation  de  la 
Terre;  il  y  joint  une  Note  de  l'horloger  qui  a  construit  pour  lui  cet  instru- 
ment au  mois  de  décembre  1 85 1  et  l'a  aidé  dans  les  premières  expériences. 

(Renvoi  aux  Commissaires  nommés  :  MM.  Arago,  Pouillet,  Babinet.) 

M.  Il  \>i.uax  demande  l'ouverture  d'un  paquet  cacheté  déposé  par  lui  à 
la  séance  du  10  mars.  Ce  paquet,  ouvert  en  séance,  renferme  l'indication 
succincte  d'un  appareil  qui,  étant  animé  d'un  mouvement  très-rapide,  doit, 
en  vertu  de  la  fixité  du  plan  de  rotation,  posséder  la  propriété  de  s'orienter 
de  manière  à  ce  que  son  axe  de  rotation  devienne  parallèle  à  l'axe  du  globe 
terrestre  et  conserve  ce  parallélisme,  quel  que  soit  le  mouvement  qu'on  im- 
prime au  support  de  l'appareil. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  désignés  pour  le  Mémoire  de  M.  Sire  : 
MM.  Arago,  Pouillet,  Babinet.) 

M.  Chenot  adresse  un  supplément  à  la  réclamation  qu'il  avait  présentée 
dans  la  précédente  séance,  à  l'occasion  de  la  Note  de  M.  Colvert,  sur  la  pré- 
paration du  coke  destiné  à  la  fabrication  de  la  fonte  de  fer. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  nommée  dans  la  précédente  séance, 
Commission  qui  se  compose  de  MM.  Berthier,  Dumas  et  Combes.) 


(    522    ) 

M.  Journet  soumet  au  jugement  de  l'Académie  deux  Mémoires,  l'un  sur 
un  système  de  ventilation  qu'il  propose  pour  les  théâtres  et  lieux  de  réunions 
nombreuses,  l'autre  sur  un  appareil  dont  il  suppose  qu'on  pourrait  faire  une 
utile  application  quand  on  doit  percer  des  montagnes,  pour  l'établissement 
d'un  tunnel  de  chemin  de  fer. 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Piobert,  Morin.) 

CORRESPONDANCE. 

physique.  —  Des  mouvements  que  présentent  quelques  végétaux  exposés  à 
l'action  de  la  lumière  lunaire.  (Note  de  M.  Zaxtedeschi.) 

«  L'influence  de  la  lumière  lunaire  (influence  physique,  chimique  et 
physiologique)  a  été  déjà  l'objet  de  beaucoup  de  recherches  et  de  spécula- 
tions de  la  part  des  physiciens  et  des  agronomes,  et  j'ai  eu  l'occasion  de 
présenter  un  résumé  historique  de  ces  travaux  dans  un  Mémoire  où  je  me 
suis  efforcé  de  jeter  quelque  jour  sur  divers  points  considérés  encore  comme 
douteux  par  plusieurs  savants.  Mais,  quand  je  m'occupais  de  cette  ques- 
tion, le  point  qui  m'a  toujours  paru  particulièrement  digne  de  fixer  l'atten- 
tion parce  qu'il  se  rattache  plus  intimement  à  la  vie,  c'est  celui  qui  con- 
cerne le  mouvement  que  manifestent  dans  certaines  circonstances  les 
organes  des  végétaux.  J'en  ai  donc  fait  un  objet  d'études  sérieuses  et  ap- 
profondies. 

»  Mes  observations  ont  été  commencées  en  1847  au  jardin  botanique  de 
Venise;  je  les  ai  poursuivies  en  1848  au  jardin  botanique  de  Florence,  et 
reprises  à  Padoue  pendant  les  années  i85o,  i85i  et  i852.  Dans  cette 
série  d'expériences,  j'ai  vu  constamment,  sur  les  plantes  d'une  organisa- 
tion sensible  et  délicate,  se  manifester,  sous  l'influence  des  rayons  lu- 
naires (i),  des  mouvements  qu'il  m'a  été  impossible  d'obtenir  par  l'action 
du  seul  calorique,  soit  à  égalité  de  température  dûment  constatée  par  le 
thermomètre,  soit  à  des  températures  supérieures  ou  inférieures.  Il  y  a  là, 
ce  me  semble,  un  phénomène  très-intéressant,  même  au  point  de  vue  de 
la  théorie. 

»  Les  plantes  sur   lesquelles  j'ai  expérimenté  sont  principalement  le 
Mimosa  ciliata,  le  Mimosa  pudica  et  le  Desmodium  gyrans.  Toujours  j'ai 

(1)  On  a  toujours,  dans  ces  expériences  sur  l'influence  des  rayons  lunaires,  employé  la 
lumière  diffuse  et  non  les  rayons  concentrés  par  une  lentille  ou  un  miroir. 


(5,3) 

eu  grand  soin  de  bien  'déterminer  la  position  des  pédoncules  et  des  folioles, 
après  que  ces  plantes  avaient  été  exposées  à  l'air  libre  et  avant  qu'elles 
fussent  frappées  directement  des  rayons  lunaires.  J'écartais  ainsi  les  causes 
d'erreur  qui  auraient  pu  dépendre,  soit  des  mouvements  imperceptibles  de 
l'air,  soit  d'un  léger  changement  dans  la  température  des  milieux,  et  je  m'as- 
surais que  les  effets  qui  se  manifestaient  résultaient  uniquement  de  l'action 
des  rayons  lumineux  lunaires.  L'étendue  des  mouvements  observés  était 
d'ailleurs  en  rapport  avec  l'état  de  la  plante,  la  température  de  l'air  et  son 
état  hygrométrique.  Afin  de  ne  pas  entrer  dans  des  détails  fastidieux,  je  ne 
parlerai  que  des  résultats  constatés  lorsque  la  température  était  à  +  i7°R, 
et  que  l'hygromètre  de  Saussure  indiquait  l'état  moyen  d'humidité. 

»  Le  Mimosa  ciliata  a  présenté  dans  ses  pédoncules  une  érection  d'un 
demi-centimètre  (  présenta  un  erezione  ne'  suoi  pedunculi  di  mezzo  centime- 
tro)  ;  le  Mimosa  pudica  une  érection,  dans  ses  pédoncules,  de  3  centimètres  ; 
le  Desmodium  gjrans  offre  des  mouvements  distincts  de  vibration  dans  ses 
folioles. 

»  Ainsi  le  réved  des  plantes  sous  l'influence  des  rayons  lumineux  lu- 
naires a  été  parfaitement  mis  en  relief  par  ces  expériences,  et  quoique  ce 
réveil  n'ait  pas  été  complet,  il  n'en  résulte  pas  moins  que  l'influence  de  la 
lumière  de  la  Lune  sur  l'organisation  végétale,  niée  d'après  des  considéra- 
tions purement  spéculatives,  ne  pourra  plus  désormais  être  soutenue  par 
des  savants  de  bonne  foi.  » 

MM.  Paillet  et  Gidel  consultent  l'Académie  pour  savoir  si  un  nouveau 
système  de  tuiles  en  fonte,  pour  lequel  ils  sont  brevetés,  n'exposerait  pas  les 
bâtiments  ainsi  couverts  à  être  frappés  de  la  foudre  plus  que  ne  le  seraient 
des  bâtiments  couverts  en  ardoises  ou  en  tuiles  ordinaires. 

Une  Commission,  composée  de  MM.  Arago,  Becquerel  et  Pouillet,  est 
invitée  à  s'occuper  de  cette  question. 

M.  Pons  adresse,  de  Turin,  une  Lettre  concernant  un  envoi  qu'il  dit 
avoir  fait  précédemment  de  deux  échantillons  d'étoffe  teinte  en  une  cou- 
leur noire  très-peu  altérable. 

L'Académie  n'a  pas  reçu  cet  envoi  qui  n'aurait  pu,  du  reste,  lui  être 
adressé  que  par  erreur. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  A . 


(  5a4  ) 

BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE» 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  11  octobre  i852,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  i Académie  des  Sciences; 
2  e  semestre  i85a  ;  n°  i4;  in-4°- 

Institut  national  de  France.  Académie  des  Beaux-Arts.  Séance  publique 
annuelle  du  samedi  2  octobre  i85a;  présidée  par  M.  Caristie,  Président; 
9  feuilles  |;  in-4°. 

Traité  de  la  vieillesse,  hygiénique,  médicatet  philosophique;  parM.  le  Dr  J.-H. 
Reveillé-Parise.  Paris,  r853;  i  vol.  in-8°.  (Cet  ouvrage  est  destiné  au  con- 
cours pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  la  fondation  Montyon.) 

Traité  théorique  et  pi-atique  de  la  maladie  scrofuleuse;  par  M.  Vincent 
Duval.    Paris,   i85a;    i   vol.    in-8°.   (Présenté  pour  le  même  concours.) 

Travaux  de  Paris,  nécessité  d'arrêter  un  programme  des  travaux  d'intérêt 
général;  par  M.  Mauduit  ;  autographie  in-4°- 

Démonstration  philosophique  du  principe  du  calcul  des  infiniment  petits  ;  par 
M.  Alexandre  Gicca.  Naples,  i852;  broch.  in-8°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  DE  Monfort, 
et  rédigée  par  M.  l'abbé  MoiGNO;  ire  année;  n°  24 ;  10  octobre  i852; 
in-8°. 

Journal  d' Agriculture  pratique  et  de  Jardinage ,  fondé  par  M.  le  Dr  Bixio, 
publié  par  les  rédacteurs  de  ta  Maison  rustique,  sous  la  direction  de  M.  Barral; 
3e  série;  tome  V;  n°  7  ;  5  octobre  i852;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  pratiques  et  de  Pharmacologie;  tome  VI; 
n°  1  ;  5  octobre  i852  ;  in-8°. 

L Agriculteur-praticien.  Revue  d  agriculture ,  de  jardinage  et  d'économie  ru- 
rale et  domestique,  sous  la  direction  de  MM.  F.  Malepeyre,  Gustave  Heuzé 
et  BOSSIN  ;  octobre  i852;  in- 8°. 

Moniteur  de  la  propriété  et  de  l'agriculture;  septembre  i852;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie ,  recueil  pratique  rédigé  par  M.  BouChardat; 
tome  IX;  n°  4;  octobre  i852. 

Mémorial  de  Ingenieros .  .  .  Mémorial  des  Ingénieurs;  7e  année;  n°  8; 
août  i852;  in-8°. 

Jahrbuch...  Annuaire  de  l'Institut  impérial  géologique;  3e  année,  n°  1, 
janvier,  février,  mars  i85a.  Vienne,  in-4°- 

L ' Athenœum  français .  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux- Arts;  n°  iô;,o,  octobre  i85a. 

La  Presse  littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  24; 
10  octobre  i852. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  4i  ;  9  octobre  i852. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n°*  118  à  120;  5,  7  et  9  octobre  i852. 

L'Abeille  médicale;  n°  19;  5  octobre  i852. 

Moniteur  agricole;  n°  4o;  7  octobre  i852. 

La  Lumière;  n°  42;  9  octobre  i852. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE    DU    LUNDI    18    OCTOBRE    1852. 
PRÉSIDENCE  DE  M.   PIOBERT. 


Les  cinq  Académies  de  l'Institut  devant  tenir  leur  séance  publique  lundi 
prochain,  iS  octobre,  M.  le  Président  avertit  que  la  séance  ordinaire  de 
l'Académie  sera  remise  au  lendemain,  mardi  a6  octobre  :  le  lundi  suivant 
Ier  novembre  étant  un  jour  férié,  la  séance  sera  également  remise  au 
lendemain  mardi  i  novembre. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

Communication  sur  l'amélioration  de  la  Sologne;  par  M.  Becquerel. 

«.  Depuis  1848,  chargé  par  le  Conseil  général  du  Loiret,  à  chacune  de 
ses  sessions,  de  lui  rendre  compte  des  travaux  d'étude  entrepris  pour  la 
régénération  de  la  Sologne,  j'ai  envisagé  cette  question  tantôt  sous  le  point 
de  vue  géologique,  hygiénique  et  agricole,  tantôt  sous  le  point  de  vue 
forestier.  Dans  mon  dernier  Rapport,  je  l'ai  considérée  dans  ses  relations 
avec  l'amélioration  d'autres  contrées  dignes,  comme  la  Sologne,  d'attirer  la 
sollicitude  du  Gouvernement,  et  je  l'ai  rattachée  à  la  question  des  colonies 
agricoles  appliquées  au  défrichement. 

»  Je  demande  la  permission  à  l'Académie  de  lui  donner  un  précis  de  ce 
Rapport,  dans  lequel  se  trouvent  des  documents  qui  pourront  avoir  quel- 
que intérêt  pour  elle. 

C.  K. ,  i85a,  a">«  Semestre.  (T.  XXXV,  N»  16.)  69 


(  5a6  ) 

»  L'Administration,  chargée  d'examiner  le  réseau  de  canaux  proposé  par 
MM.  les  ingénieurs  des  Ponts  et  Chaussées  pour  l'assainissement,  l'irriga- 
tion et  les  voies  de  communication,  n'a  autorisé  jusqu'ici  que  l'exécution 
d'une  seule  ligne,  celle  du  canal  de  la  Sauldre,  commencé  par  les  ateliers 
nationaux,  en  remettant  à  une  époque  assez  éloignée  celle  de  la  ligne  prin- 
cipale, empruntant  ses  eaux  à  la  Loire.  Une  partie  des  fonds  pour  ce  tra- 
vail a  seulement  été  votée. 

»  Le  Conseil  général  du  Loiret,  considérant  que  le  canal  de  la  Sauldre 
n'aura  d'utilité  réelle  que  lorsqu'il  sera  mis  en  communication  avec  la 
Loire  par  plusieurs  débouchés,  a  témoigné  le  regret  que  les  travaux  actuels 
n'aient  pas  été  combinés  de  manière  à  établir  ces  débouchés  dans  le  plus 
court  délai  possible.  Il  est  d'autant  plus  important  que  les  voies  de  com- 
munication par  eau  soient  exécutées,  que  les  trois  moyens  d'amélioration 
proposés,  le  marnage,  l'irrigation  et  le  boisement,  leur  sont  subordonnés, 
puisqu'il  s'agit  de  transporter  la  marne  de  la  périphérie  à  l'intérieur,  de  ti- 
rer les  eaux  des  canaux  pour  l'irrigation,  et  de  conduire  les  bois  au  loin  à 
un  prix  très-modéré. 

»  Le  boisement  est  sans  aucun  doute  un  des  moyens  les  plus  efficaces 
d'utiliser  les  landes  de  la  Sologne;  j'ai  déjà  traité  cette  question  dans  mon 
dernier  Rapport;  mais  j'y  suis  revenu,  dans  celui  de  cette  année,  pour  don- 
ner une  idée  de  l'excellent  travail  de  notre  confrère  M.  Ad.  Brongniart, 
chargé  d'une  mission  à  ce  sujet,  et  qui  est  arrivé  aux  mêmes  conclusions 
que  moi  :  suivant  lui,  les  deux  tiers  de  la  Sologne  peuvent  être  plantés  en 
bois,  qui  donneront  un  jour  une  augmentation  de  10  millions  pour  une 
dépense  de  55  millions.  Sans  être  aussi  explicite  que  M.  Brongniart, 
j'ai  démontré  seulement  qu'une  très  -  grande  partie  des  landes  pouvait 
être  boisée;  mais,  pour  tirer  parti  un  jour  des  produits,  il  faut  pouvoir  les 
transporter  à  peu  de  frais  de  l'intérieur  vers  la  Loire  et  le  Cher.  Les  ca- 
naux ne  sont  pas  les  seules  voies  économiques,  il  serait  possible  de  con- 
struire, sans  beaucoup  de  dépenses,  sur  les  plateaux,  des  rails-way  sembla- 
bles à  ceux  que  l'on  voit  à  l'entour  des  grandes  usines  et  sur  lesquels  les 
wagons  sont  traînés  par  des  chevaux. 

»  Il  est  bien  démontré  aujourd'hui  que  l'amélioration  de  la  Sologne  re- 
pose sur  l'établissement  de  canaux,  le  marnage,  l'irrigation  et  le  boise- 
ment; mais  ces  différents  moyens  doivent  être  mis  en  œuvre  avec  discerne- 
ment et  prudence,  particulièrement  le  premier,  afin  de  ne  pas  entraîner 
l'Etat  dans  des  dépenses  qui  ne  seraient  pas  en  rapport  avec  les  produits. 
M.  Puvis,  dont  l'autorité  est  ici  d'un  grand  poids,  et  qui  a  fait  une  étude 


(5a7  ) 
particulière  de  la  Sologne,  nous  a  donné,  à  cet  égard,  de  sages  conseils 
dont  nous  devons  profiter  :  «  Les  grandes  améliorations  à  faire,  dit-il,  dans 
»  cette  contrée  doivent  être  d'une  facile  exécution  et  exiger  d'abord  peu 
»  de  temps  et  d'argent,  afin  de  ne  pas  décourager  les  cultivateurs,  et  de  se 
»  mettre  à  la  portée  du  plus  grand  nombre;  il  faut  enfin  s'écarter  le  moins 
»  possible  des  habitudes  de  la  population.  » 

»  Dans  mon  Rapport,  j'ai  établi  un  parallèle  entre  la  Brenne,  la  Bresse, 
la  Bombes,  les  Landes  et  la  Sologne,  afin  de  montrer  que  des  causes  sem- 
blables ont  concouru,  à  diverses  époques,  à  mettre  ces  contrées  dans  l'état 
où  nous  les  voyons  aujourd'hui,  et  que  les  mêmes  moyens  doivent  être  em- 
ployés pour  les  améliorer. 

»  La  Sologne,  dans  des  temps  plus  ou  moins  reculés,  comme  je  l'ai  déjà 
prouvé,  était  couverte  de  forêts  ;  les  causes  qui  ont  concouru  à  son  déboi- 
sement sont  nombreuses  :  les  principales  sont  les  conquêtes,  les  guerres  in- 
cessantes qui  ont  ravagé  la  France  dans  les  temps  de  barbarie  et  dans  le 
moyen  âge,  les  progrès  de  la  civilisation,  les  usagers  et  le  libre  pacage  du 
bétail,  particulièrement  des  moutons.  Au  déboisement  succédèrent  les 
bruyères,  leur  envahissement  par  les  eaux  et  l'établissement  des  étangs  qui 
en  a  été  la  conséquence.  Aujourd'hui  cette  contrée  se  compose  de  parties 
sablonneuses  et  sèches  et  de  parties  inondées  et  marécageuses;  les  premières 
ne  peuvent  convenir,  du  moins  la  plupart,  comme  les  landes  de  Gascogne, 
qu'à  la  culture  des  arbres  verts  ;  les  autres,  comme  la  Brenne,  la  Bresse  et 
la  Dombes,  ont  besoin  d'être  assainies,  marnées  et  cultivées  par  les  mêmes 
moyens. 

»  La  Brenne,  éloignée  de  5o  à  60  kilomètres  de  la  Sologne,  et  d'une  su- 
perficie de  80000  hectares,  dont  4000  en  étangs,  était  comme  la  Sologne, 
il  y  a  douze  siècles,  couverte  de  forêts  entrecoupées  de  prairies  arrosées 
d'eaux  courantes  et  vives.  Elle  était  renommée  par  la  fertilité  de  ses  pâtu- 
rages et  la  douceur  de  son  climat.  Les  forêts  tombèrent  par  la  main  de 
l'homme,  sons  la  dent  meurtrière  du  bétail  et  par  les  incendies  allumés 
pour  renouveler  les  brandes,  landes  couvertes  de  bruyères  et  de  genêts  ;  les 
eaux  ne  tardèrent  pas  à  envahir  les  terrains  productifs,  qui  devinrent  fan- 
geux. D'un  autre  côté,  le  terrain  avec  son  sous-sol  imperméable,  se  prêtait 
parfaitement  à  l'établissement  des  étangs  ;  aussi  les  communautés  religieuses 
se  hâtèrent-elles  de  les  propager,  dans  le  double  but  d'utiliser  des  terres 
sans  valeur  et  d'en  retirer  une  nourriture  préférable  à  celle  des  plantes  po- 
tagères. Le  problème  à  résoudre  pour  la  Brenne,  comme  pour  la  Sologne, 

69.. 


(  5a6  ) 

est  d'en  revenir  à  son  état  primitif;  il  faut,  pour  cela,  planter  et  cultiver  les 
terres,  après  les  avoir  assainies  et  amendées. 

»  La  partie  inondée  de  la  Bresse  et  de  la  Dombes  présente  une  super- 
ficie de  107  200  hectares,  dont  20000  en  étangs,  c'est-à-dire  quatre  fois  plus 
qu'en  Brenne  et  sept  fois  plus  qu'en  Sologne;  sur  ce  nombre,  83  200  hec- 
tares appartiennent  à  la  Bresse,  et  24000  à  la  Dombes.  Ces  deux  contrées 
étaient  également  riches  et  peuplées  il  y  a  peu  de  siècles  ;  le  dépeuplement 
et  l'insalubrité  ne  remontent  pas  au  delà  du  XVIe  ou  XVIIe  siècle,  époque  où 
l'on  a  commencé  à  établir  des  étangs.  Il  est  prouvé  en  outre,  par  des  do- 
cuments authentiques,  que  l'insalubrité  cesse  là  où  l'on  dessèche  les  étangs 
pour  les  transformer  en  prairies,  et  que  la  disparition  des  bois  dans  la 
Dombes  est  là  conséquence  de  la  nécessité  où  l'on  s'est  trouvé  d'avoir  de 
grands  pâturages  pour  remplacer  les  prés  transformés  en  étangs.  La  Bresse 
est  dans  des  conditions  meilleures,  à  cause  de  ses  prairies  qui  sont  plus  éten- 
dues, de  ses  étangs  desséchés  et  de  ses  terres  calcaires.  Ce  sont  là  d'utiles 
avertissements  pour  la  Sologne. 

»  Les  landes  de  Gascogne,  dont  le  sol  est  sec  ou  marécageux,  paraissent 
avoir  une  même  origine  que  celles  de  la  Sologne,  car  les  Bomains,  lors  de 
la  conquête  des  Gaules,  trouvèrent,  en  s'avançant  vers  l'ouest,  dans  l'Aqui- 
taine des  dunes  couvertes  de  pins. 

»  On  voit  donc  que  le  déboisement  dans  les  contrées  à  sol  argilo-siliceux, 
et  à  sous-sol  imperméable,  amène  à  sa  suite  les  landes,  les  bruyères,  l'en- 
vahissement des  eaux,  les  terrains  marécageux,  l'établissement  des  étangs 
et  enfin  l'insalubrité  qui  est  suivie  du  dépeuplement. 

»  J'arrive  maintenant  aux  colonies  agricoles  appliquées  au  défrichement. 
Dans  plusieurs  États  de  l'Europe,  on  a  cherché  à  appliquer  le  principe  de 
la  colonisation  et  du  travail  agricoles  au  défrichement  des  terres,  en  y  fai- 
sant concourir  toutes  les  catégories  d'indigents  honnêtes,  vicieux  ou  cou- 
pables, hommes,  femmes,  enfants,  valides  ou  invalides.  Les  efforts  persis- 
tants tentés  à  diverses  reprises,  dans  le  but  d'organiser  et  d'administrer  ces 
colonies,  n'ont  pas  toujours  été  couronnés  de  succès,  même  avec  le  con- 
cours des  gouvernements. 

»  Ces  colonies  ne  datent  guère  que  du  commencement  de  ce  siècle,  de 
l'époque  où  l'on  a  fait  des  efforts  incessants  pour  soulager  la  misère,  com- 
battre les  progrès  du  paupérisme  et  moraliser  les  indigents,  quels  que  soient 
le  sexe  et  l'âge.  En  1819,  dans  les  Pays-Bas,  on  forma  de  semblables  éta- 
blissements pour  mettre  en  valeur  les  landes  et  les  bruyères  de  la  Campine 


hollandaise  ;  mais  on  ne  prit  aucune  des  mesures  nécessaires  pour  en  assurer 
le  succès;  aussi  échouèrent-ils  tous,  après  qu'on  eut  dépensé  des  sommes 
considérables. 

»  La  Société  qui  s'était  mise  à  la  tète  de  cette  installation  possédait,  lors 
delà  formation, en  18 19, 9400  hectares  de  bruyères,  et,  le  3i  décembre  1849, 
il  n'y  en  avait  encore  que  3a  17  de  défrichés  et  de  mis  en  culture.  En 
commençant  les  travaux,  on  avait  oublié  de  pourvoir  aux  engrais.  Bientôt, 
elle  fut  obligée  d'interrompre  l'œuvre  de  défrichement,  qui  est  presque 
abandonnée  aujourd'hui.  Cette  entreprise  échoua,  parce  qu'elle  fut  com- 
mencée sur  une  trop  vaste  échelle,  avec  une  déplorable  précipitation,  avec 
des  ressources  pécuniaires  insuffisantes,  et  parce  qu'on  n'avait  pas  songé  à 
créer  un  moyen  d'existence  pour  une  population  toujours  croissante,  com- 
posée d'éléments  qui  étaient  eux-mêmes  une  cause  de  non-succès. 

»  Des  colonies  libres,  fondées  avec  ces  mêmes  éléments,  ne  réussirent 
pas  mieux.  Quelle  chance  de  succès  pouvait-on  avoir  avec  des  malheureux 
exténués  par  la  misère,  habitués  à  l'existence  des  villes,  avec  des  hommes 
à  états  peu  propres  à  devenir  agriculteurs?  La  Belgique  ne  fut  pas  plus 
heureuse  dans  ses  essais.  Le  gouvernement,  ayant  reconnu  par  une  triste 
expérience,  dont  la  France  malheureusement  ne  profita  pas  en  1848,  les 
inconvénients  résultant  de  colonies  agricoles  de  défrichement,  peuplées 
d'indigents  et  d'hommes  à  états,  opéra  sur  d'autres  bases,  et,  cette  fois,- 
réussit.  Le  département  de  l'intérieur  forma  dans  la  commune  de  Lommel, 
province  de  Limbourg,  sur  une  superficie  de  96  hectares,  une  petite  colonie, 
composée  d'un  presbytère,  d'une  église,  d'une  école  et  de  vingt  fermes; 
colonie  non  de  bienfaisance,  mais  destinée  à  démontrer  aux  propriétaires 
l'avantage  qu'il  y  aurait  à  créer  des  petites  fermes  en  Campine  pour  arriver 
au  défrichement  des  bruyères.  Pour  exciter  l'émulation  des  colons  et  faire 
naître  chez  eux  l'amour  de  la  propriété,  on  leur  passa  des  baux  à  long  terme 
avec  faculté  d'achat,  moyennant  de  grandes  facilités  de  payement.  Les  résul- 
tats obtenus  jusqu'ici  sont  satisfaisants.  Grâce  aux  efforts  persistants  du 
gouvernement,  la  Campine  deviendra,  d'ici  à  dix  ans,  l'une  des  plus  belles 
provinces  de  la  Belgique,  digne  conquête  des  sciences,  des  arts,  de  l'indus- 
trie et  de  l'amour  du  bien  public. 

»  La  France  a  montré,  d'un  autre  côté,  le  parti  avantageux  que  l'on  peut 
tirer  des  colonies  de  jeunes  orphelins  pour  le  défrichement  et  la  mise  en 
culture  des  marais  défrichés  et  des  bruyères.  En  première  ligne  se  trouve  la 
colonie  agricole  d'essai  du  Val-d'Yèvre,  près  de  Bourges,  fondée  en  1847 
par  notre  confrère,  M.  Ch.  Lucas,  dans  un  marais  desséché,  et  dont  le  succès 


(  53o  ) 

est  aujourd'hui  assuré.  Cette  colonie  semble  avoir  été  placée  à  l'entrée  de 
la  Sologne  pour  présenter  au  Gouvernement  un  de  ces  types  de  colonie  de 
jeunes  délinquants,  appliquée  au  défrichement  des  marais,  à  prendre  pour 
modèle  dans  une  contrée  où  les  étangs  et  les  marais  occupent  une  si  grande 
étendue. 

»  Vient  ensuite  la  colonie  agricole  d'Ostwald  (Bas-Rhin).  Formée  en  184 1 , 
en  vue  d'éteindre  le  paupérisme,  dans  un  domaine  appartenant  à  la  ville  de 
Strasbourg,  et  dont  le  revenu  était  alors  à  peu  près  nul,  elle  échoua  par  les 
mêmes  causes  qui  amenèrent  la  ruine  de  celles  des  Pays-Bas  et  de  Bel- 
gique. En  1847,  le  Conseil  général  proposa  d'y  placer,  à  titre  d'essai,  en 
payant  à  la  caisse  municipale  une  certaine  rétribution  journalière,  des  jeunes 
détenus,  pour  y  recevoir  une  éducation  propre  à  en  faire  des  cultivateurs 
laborieux  et  intelligents.  Cette  proposition  fut  acceptée,  et  le  succès  fut  tel, 
que  le  nombre  en  augmenta  d'année  en  année.  On  voit  encore  ici  une  nou- 
velle preuve  de  la  supériorité  des  colonies  agricoles  composées  de  jeunes 
détenus  sur  celles  où  il  n'entre  que  des  indigents  adultes. 

»  Je  dois  parler  aussi  de  la  colonie  agricole  et  pénitentiaire  de  Mettray, 
près  Tours,  connue  de  tout  le  monde  par  ses  succès,  et  qui  sert  encore  de 
type  à  la  plupart  des  institutions  du  même  genre  créées  en  France  et  dans 
d'autres  pays.  Dans  le  principe  elle  rî'était  pas  purement  agricole,  et  ne  l'est 
devenue  que  depuis  la  suppression  du  travail  dans  les  prisons.  Les  colons, 
quoique  ne  s'occupant  pas  de  défrichement,  ont  dû  cependant  défricher 
pour  leurs  besoins,  faire  et  réparer  tous  les  chemins  nécessaires  à  la  colo- 
nie; ils  sont  donc  devenus  agriculteurs  par  nécessité;  mais  le  but  spécial 
de  la  colonie,  auquel  il  faudra  revenir,  est  le  travail  dans  les  ateliers  sé- 
dentaires. 

»  Je  citerai  encore  la  colonie  agricole  et  horticole  de  Notre-Dame-des- 
Orphelins,  près  de  Gien,  sur  les  confins  de  la  Sologne,  créée  en  1849  Par 
l'abbé  Tallereau,  dans  des  landes  d'une  facile  culture.  Cette  colonie  est  un 
autre  type  que  l'on  peut  citer  comme  modèle,  et  dont  la  base  est  la  charité 
chrétienne.  Le  fondateur,  comme  l'Arabe,  a  planté  sa  tente  au  milieu  du 
désert,  et  s'est  mis  à  cultiver  à  la  grâce  de  Dieu,  sans  s'occuper  de  l'avenir. 
Son  but  est  d'y  recueillir,  jusqu'à  l'âge  de  vingt  ans,  des  orphelins  pauvres 
et  abandonnés,  de  huit  à  douze  ans,  pour  les  initier  aux  travaux  de  l'agri- 
culture et  de  l'horticulture,  tout  en  leur  donnant  une  instruction  religieuse 
et  des  leçons  de  lecture,  d'écriture  et  de  calcul.  L'existence  de  la  colonie 
est  maintenant  assurée;  de  magnifiques  récoltes,  obtenues  cette  année  dans 
des  terres  couvertes  de  bruyères  il  y  a  trois  ans,  ont  récompensé  les  efforts 


(53,  ) 

du.  colon.  Des  établissements  de  ce  genre,  encouragés  par  le  Gouvernement 
sur  différents  points  de  la  France,  et  surtout  en  Sologne,  contribueraient  à 
moraliser  cette  classe  de  pauvres  orpbelins,  dont  l'existence  est  si  triste  dans, 
nos  campagnes,  en  même  temps  qu'ils  rendraient  à  la  culture  une  foule  de 
marais  improductifs  ou  de  landes  facilement  cultivables. 

»  L'enfant  de  dix  à  douze  ans,  surtout  quand  il  n'est  pas  corrompu  par 
le  séjour  des  prisons,  est  l'élément  par  excellence  des  colonies  agricoles 
affectées  au  défrichement  des  terres  de  facile  culture,  et  qui  peuvent  rem- 
placer jusqu'à  un  certain  point  les  anciennes  communautés  religieuses.  On 
ne  saurait  méconnaitre,  en  effet,  les  services  rendus  par  ces  communautés  : 
ce  sont  elles  qui  défrichèrent  une  partie  de  la  France ,  qui  abattirent  les 
forêts  dans  les  plaines  et  sur  les  coteaux,  et  qui  plantèrent  la  vigne  dans  ces 
clos  si  renommés  de  la  Bourgogne,  de  la  Champagne  et  du  Jura.  Prenons 
ce  qu'il  y  a  de  bon  dans  ces  institutions  que  le  temps  a  renversées,  leur 
charité,  leur  esprit  d'association  et  leur  persévérance  dans  l'exécution  de 
leurs  projets,  afin  de  faire  concourir  ces  précieuses  qualités  aux  progrès  de 
la  civilisation,  au  bien-être  des  classes  malheureuses  et  à  la  gloire  de  la 
France.  » 

mécanique  appliquée.  —  Examen  critique  et  historique  des  principales 
théories    ou   solutions    concernant    l'équilibre  des   voûtes   (suite);    par 

M.    PoNCELET. 

«  Les  recherches  de  MM .  Audoy ,  Lamé  et  Clapeyron  furent  bientôt  suivies 
de  la  publication,  en  i8a5  et  1826,  des  savantes  leçons  de  MM.  Navier  et 
Persy  à  l'École  des  Ponts  et  Chaussées  et  à  l'École  d'application  de  Metz.  Le 
dernier  de  ces  professeurs  s'attacha  surtout  à  développer  les  idées  théoriques 
de  Coulomb,  en  considérant  séparément  les  divers  modes  distincts  de  rup- 
ture des  voûtes  par  glissement  et  rotation,  sans,  pour  ainsi  dire,  rien  em- 
prunter à  l'expérience.  Il  reprit  aussi,  dans  le  même  esprit  de  discussion 
abstrait  et  mathématique,  les  applications  que  M.  Audoy  avait  déjà  faites, 
de  la  théorie  de  Coulomb,  aux  différentes  voûtes  en  berceau  usitées  en  pra- 
tique, applications  auxquelles  il  a  joint,  à  l'exemple  de  MM.  Lamé  et  Cla- 
peyron, la  détermination  analytique  de  la  poussée  dans  les  voûtes  en  dôme 
ou  sphériques,  extradossées  parallèlement,  suivie  d'autres  applications  rela- 
tives aux  voûtes  d'arêtes  et  en  arcs-de-cloître,  dont  les  formules,  fondées  sui- 
des hypothèses  plausibles,  sont,  si  je  ne  me  trompe,  ici  présentées  pour  la 
première  fois  aux  ingénieurs.  Malheureusement,  toutes  ces  formules  et  les 
calculs  qu'elles  nécessitent  conservent  une  effrayante  complication,   qui 


(  53a  ) 

rend  très-pénible  la  vérification  des  conditions  de  stabilité  relatives  aux 
divers  modes  hypothétiques  de  rupture  envisagés  par  l'auteur  et  dont  la 
discussion  n'est  pas  toujours  exempte  d'une  certaine  obscurité. 

»  Dans  l'important  ouvrage  déjà  cité,  M.  Navier,  après  avoir  exposé  les 
différents  faits  d'expérience  connus,  relatifs  à  la  stabilité  et  à  la  rupture  de 
l'équilibre  des  voûtes  en  berceau,  se  borne  à  un  résumé  très-clair  et  très- 
succinct  des  conditions  générales  de  cet  équilibre,  eu  égard  au  frottement  et 
à  la  cohésion  des  mortiers  sur  le  joint  des  reins,  ainsi  que  de  la  marche  à 
suivre  pour  s'assurer,  à  posteriori,  si  une  voûte  donnée  est  stable  relative- 
ment aux  divers  modes  de  rupture  dont  elle  peut  être  susceptible.  Mais  ces 
indications  générales,  conformes  aux  principes  posés  par  Coulomb,  ne  sont 
accompagnées  d'aucune  des  applications  spéciales  qui  ont  occupé  MM.  Au- 
doy,  Lamé,  Clapeyron  et  Persy,  et  elles  laissent  à  l'ingénieur  le  soin  de  ré- 
gler, dans  chaque  cas,  par  des  tâtonnements,  la  surépaisseur  des  pieds-droits 
et  la  disposition  des  surcharges  de  la  voûte,  nécessaires  pour  en  assurer  la 
parfaite  stabilité;  ce  qui  constitue  véritablement  la  principale  difficulté  de  la 
question,  et  n'ôte  rien  à  son  indétermination  et  à  ses  incertitudes  pratiques. 
En  revanche,  M.  Navier  fait  suivre  ces  indications  générales  de  considéra- 
tions relatives  à  l'élasticité  des  matériaux  d'une  voûte  supposée  en  équilibre 
Stable,  au  mode  de  distribution  des  pressions  sur  les  plans  de  joints  ou  d'ap- 
pui, et  aux  effets  de  compression  ou  de  rupture  par  écrasement  qui  peuvent 
en  résulter,  considérations  fort  délicates  et  d'autant  plus  importantes  qu'elles 
sont  devenues,  comme  on  le  verra,  le  point  de  départ  d'un  nouveau  mode  de 
solution  directe  du  problème  concernant  la  stabilité  des  voûtes  cylindriques, 
mode  dans  lequel  on  laisse  entièrement  de  côté  la  règle  pratique  de  Peironet, 
pour  calculer  les  épaisseurs  à  la  clef,  ainsi  que  celles  des  pieds-droits  et  des 
reins;  contrairement,  sans  doute,  aux  intentions  de  M.  Navier,  qui  n'a  eu 
pour  but,  dans  son  ouvrage,  que  d'indiquer  des  vérifications  à  posteriori, 
qu'il  ne  convient,  pas  de  négliger  dans  beaucoup  de  cas. 

»  Il  est  très-certain  d'ailleurs  que,  dans  les  conditions  d'équilibre  d'une 
voûte  ordinaire,  et  non  d'un  modèle  en  petit,  les  résultantes  de  pressions 
sur  les  plans  de  joints  ne  peuvent,  d'après  la  remarque  même  de  Coulomb, 
être  nulle  part  dirigées  sur  les  arêtes  de  rotation,  qu'elles  écraseraient  infail- 
liblement; pour  éviter  cette  rupture,  il  devient  donc  nécessaire  de  donner  à 
la  surface  d'appui  une  étendue  en  rapport  avec  la  qualité  des  matériaux. 
D'un  autre  côté,  s'il  y  a  stabilité,  les  résultantes  dont  il  s'agit  sont  com- 
plètement indéterminées  de  grandeur  et  de  position  dans  l'hypothèse  de  la 
solidité  parfaite.  Pour  éluder  ces  difficultés  dans  la  vérification,  à  posteriori, 


(  533) 

des  conditions  de  l'équilibre  relatives  à  une  voûte  donnée,  M.  Navier  sup- 
pose que,  pour  les  joints  les  plus  comprimés,  que  l'on  continue  à  nommer 
joints  de  rupture,  la  pression  normale  relative  à  l'unité  superficielle,  ne  doit 
pas  excéder  une  certaine  fraction  de  celle  qu'indiquent  les  expériences  sur 
l'écrasement  instantané,  aux  environs  de  l'arête  supposée  de  rotation  où  elle 
est  la  plus  forte,  ni  devenir  négative  à  l'arête  opposée  où  le  joint  tend  vir- 
tuellement à  s'ouvrir.  Il  suppose  en  outre,  conformément  aux  hypothèses  déjà 
anciennement  admises  dans  la  théorie  de  la  résistance  des  solides  élastiques, 
qu'entre  ces  deux  points  extrêmes,  les  pressions  élémentaires,  toujours  rap- 
portées à  l'unité  de  surface,  croissent  proportionnellement  à  leur  distance  à 
à  la  première  de  ces  arêtes  ;  d'où  il  résulte  :  i  °  que  la  résultante  des  pressions 
normales  au  joint  doit  passera  une  distance  de  l'arête  la  plus  comprimée  égale 
au  tiers  de  la  largeur  effective  de  ce  joint;  i°  que  la  pression  en  cette  arête 
est  le  double  de  celle  qui  aurait  lieu  dans  l'hypothèse  d'une  répartition 
uniforme  sur  la  surface  entière  du  joint. 

»  Ces  résultats,  où  l'on  fait  une  complète  abstraction  de  l'influence  des 
composantes  parallèles  aux  plans  de  joints  et  des  déplacements  molécu- 
laires qui  en  résultent,  déplacements  dont  les  effets  n'ont  nullement  été 
observés  lors  des  expériences  directes  et  en  petit  sur  l'écrasement  des  ma- 
tériaux, permettent  à  M.  Navier  de  calculer  de  nouvelles  valeurs  de  la  pous- 
sée horizontale  à  la  clef,  un  peu  plus  fortes  que  celles  qui  se  concluent  de 
l'équilibre  strict  ou  mathématique  relatif  à  l'hypothèse  d'une  solidité  par- 
faite, et  qui  offrent  le  moyen  de  s'assurer,  d'après  les  propositions  ci-dessus, 
que,  dans  la  voûte  en  projet,  les  matériaux  ne  courent  aucun  risque  d'être 
écrasés.  Néanmoins  ce  savant  ingénieur  se  garde  bien  de  conclure,  de 
cette  donnée  et  de  la  limite  qu'il  a  lui-même  assignée  aux  charges  perma- 
nentes à  faire  supporter  à  ces  matériaux ,  l'épaisseur  à  la  clef  ou  à  la  base 
des  pieds-droits.  L'état  de  stabilité  ou  d'instabilité  d'une  voûte  dépend,  en 
effet,  redisons-le,  et  quoi  qu'on  fasse,  de  celui  des  parties  inférieures,  des 
surcharges  accidentelles  ou  momentanées,  ainsi  que  d'autres  causes  quel- 
conques d'ébranlement  ou  de  rupture  de  l'équilibre.  Si  l'on  considère  en 
outre,  que  l'état  de  compression  réciproque  des  voussoirs  dépend  essen- 
tiellement du  mode  d'exécution  et  de  fichage  des  joints  de  la  clef,  etc.,  on 
est  forcément  ramené  aux  préceptes  qui  dérivent,  pour  chaque  cas,  de  l'ap- 
plication du  calcul  aux  constructions  existantes,  comme  l'a  fait  partielle- 
ment, il  est  vrai,  M.  Audoy,  par  la  détermination  d'un  coefficient  de  sta- 
bilité qui,  au  fond  et  comme  on  l'a  vu,  assure  aussi  à  la  surface  d'appui  des 
pieds-droits  une  largeur  toujours  nécessaire  et  suffisante. 

C.  R.,  i«5a,  a""  Semestre.  (  T.  XXXV ,  N°  16.  )  7» 


(  534) 

»  Du  reste,  tous  les  ingénieurs  éclairés  et  qui  craignent  de  rien  donner  au 
hasard,  regrettent  que  M.  Navier  n'ait  pas  entrepris  des  rapprochements  de 
ce  genre  relativement  aux  pressions  supportées  par  les  joints  des  voûtes 
soumises  à  l'épreuve  du  temps,  et  qu'il  n'ait  pas  fait  suivre  l'exposé  lumi- 
neux des  principes,  d'une  série  d'applications  à  des  cas  spéciaux,  comme  il 
en  a  offert  de  si  utiles  et  nombreux  exemples  dans  la  partie  de  ses  leçons 
qui  concerne  la  résistance  des  solides  élastiques.  Ces  applications,  en  fixant 
mieux  les  idées  sur  la  valeur  et  l'étendue  de  ces  mêmes  principes,  eussent 
au  moins  empêché  d'en  tirer  de  fausses  conséquences  dans  les  cas  de  pra- 
tique. 

»  C'est  aussi  pourquoi  on  doit  attacher  une  grande  importance  aux 
résultats  des  pénibles  études  par  lesquelles  ses  successeurs  ont  cherché  à 
simplifier,  de  plus  en  plus,  l'application  des  formules  et  leurs  réductions  en 
Tables  qui  limitent  le  nombre  des  calculs  ou  tâtonnements  nécessaires  à 
l'établissement  des  voûtes.  Parmi  ces  utiles  recherches,  nous  rangerons  d'a- 
bord celles  qui  ont  paru  en  1 835,  dans  le  n°  la  du  Mémorial  de  l'Officier 
du  Génie,  et  qui  ont  principalement  pour  point  de  départ  le  Mémoire  de 
M.  Audoy. 

»  M.  de  Garidel  dispose  ou  transforme  les  équations  et  formules  analyti- 
ques obtenues  par  ce  savant  ingénieur,  de  manière  à  en  ramener  le  calcul  à 
celui  de  certains  arguments  ou  fonctions  trigonométriques  de  l'angle  relatif 
au  joint  inconnu  de  rupture  ou  de  maximum  de  poussée,  fonctions  que  l'au- 
teur réduit  en  Tables  numériques,  qui  se  représentent  fréquemment  dans  ce 
genre  de  questions  et  dont  MM.  Lamé  et  Clapeyron  avaient  déjà  offert  un 

exemple  pour  la  fonction  -^—-  M.  de  Garidel  donne,  même  pour  quelques 

cas,  des  formules  approchées  qui  permettent  de  calculer  directement,  ou 
par  un  très-petit  nombre  de  substitutions  numériques,  le  maximum  de 
poussée  et  l'angle  dit  de  rupture,  dans  le  cas  d'une  voûte  surchargée  ou  non 
de  terre  et  de  maçonnerie.  Mais  l'auteur  ne  se  borne  pas  aux  cas  traités 
primitivement  par  M.  Audoy,  il  y  ajoute  celui  des  voûtes  à  intrados  ellipti- 
ques, extradossées  parallèlement  ou  en  chape,  dont  le  tracé,  l'exécution  en 
grand  n'offriraient  plus  aujourd'hui  de  difficultés  sérieuses  et  qui  doivent 
continuer  à  les  faire  proscrire  par  les  constructeurs  (i). 


(i)  M.  deSaint-Guilhem,  ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées  ,  a  traité  depuis,  mais 
à  un  point  de  vue  différent,  la  même  question  des  voûtes  elliptiques,  dans  l'un  des  Mémoires 
publiés  en  1848,  par  l'Académie  des  Scipnces  de  Toulouse.  Malgré  les  simplifications  heureuses 


(  535  ) 

•»  M.  Petit,  dans  un  Mémoire  qui  suit  immédiatement  le  précédent, 
introduit  aussi  dans  les  formules  de  M.  Audoy,  quelques  simplifications 
qui  consistent  principalement  à  mettre  en  évidence  le  rapport  des  rayons 
de  l'extrados  et  de  l'intrados,  qui,  pour  les  voûtes  semblables,  reste  con- 
stant aussi  bien  que  l'angle  du  joint  de  rupture,  tandis  que  la  poussée 
elle-même,  les  poids  et  les  moments  des  voussoirs  deviennent  proportion- 
nels au  carré  ou  au  cube  de  l'un  des  rayons.  Il  parvient  ainsi,  pour  les 
voûtes  de  cette  espèce,  en  plein  cintre  et  en  arc  de  cercle,  extradossées  pa- 
rallèlement, de  niveau  ou  en  chape  à  45  degrés,  à  dresser  des  Tables  qui 
n'exigent,  pour  ainsi  dire,  aucun  calcul  de  la  part  des  ingénieurs,  puis- 
qu'elles comprennent  des  formules,  toutes  préparées,  pour  calculer  l'épais- 
seur des  pieds-droits  dans  l'hypothèse  de  l'équilibre  strict  et  du  coefficient  de 
stabilité  1,90,  obtenu  par  M.  Audoy,  pour  les  voûtes  les  plus  solides.  L'au- 
teur a  d'ailleurs  accompagné  son  Mémoire  de  calculs  et  de  remarques  utiles, 
notamment  sur  la  limite,  toujours  finie,  des  épaisseurs  de  pieds-droits,  quelle 
qu'en  soit  la  hauteur.  L'accueil  fait  à  ces  Tables  par  les  ingénieurs,  les  nom- 
breuses applications  quelles  ont  reçues  dans  la  construction  des  voûtes  de 
magasins  à  poudre  et  des  casernes  dont  l'étage  supérieur,  souvent  très-élevé, 
doit  être  mis  à  l'épreuve  de  la  bombe,  par  une  épaisse  surcharge  de  terre, 
prouvent  assez  la  bonté  et  la  sûreté  des  méthodes  qui  ont  servi  à  les  établir. 

»  Le  Mémoire  de  M.  Petit  est  suivi,  dans  le  même  Recueil,  d'une  solution 
purement  graphique  des  principales  questions  relatives  à  la  stabilité  des 
voûtes,  laquelle  offre  l'avantage  de  s'appliquer  à  des  formes  d'extrados  ou 
d'intrados  quelconques,  et  de  n'exiger,  pour  ainsi  dire,  aucun  calcul  dans 
la  discussion  des  différents  cas  d'équilibre  et  de  rupture,  mais  simplement 
le  tracé  d'une  épure  familière  à  tout  ingénieur  chargé  de  la  rédaction  d'un 

apportées  aux  formules  et  aux  méthodes  de  calcul,  malgré  les  Tables  numériques  dont  elles  sont 
accompagnées,  nous  doutons  fort  que  les  ingénieurs  accordent  à  cette  nouvelle  solution,  une 
préférence  exclusive  sur  celle  dont  il  s'agit;  d'autant  plus  que  l'auteur  attribue  à  l'extrados  des 
voûtes ,  en  vue  de  faciliter  les  calculs ,  une  forme  particulière  peu  économique ,  et  que  ,  tout 
en  repoussant  le  coefficient  de  stabilité,  sous  le  nom  fort  impropre ,  de  coefficient  de  correction, 
il  y  substitue  la  considération  d'une  surcharge  au  sommet,  dont  le  choix  laisse  beaucoup  à 
l'arbitraire ,  puisqu'elle  ne  répond  qu'à  une  seule  cause  d'instabilité  et  ne  s'appuie  sur  aucune 
donnée  antérieure  de  l'expérience.  Disons',  au  surplus,  qu'après  avoir  indiqué,  dans  les 
Notes  de  son  Mémoire ,  une  nouvelle  formule  empirique  pour  calculer  l'épaisseur  au  sommet 
des  voûtes,  M.  de  Saint-Guilhem  expose  une  méthode  graphique  assez  expéditive,  pour 
déterminer  approximativement  les  valeurs  des  aires  et  des  moments  de  voussoirs  relatifs  à 
une  voûte  de  profil  quelconque. 

70. . 


(  536  ) 

projet.  Cette  méthode,  qui  consiste  principalement  dans  la  représentation 
graphique  et  linéaire  des  aires  et  des  moments  d'une  somme  de  vous- 
soirs  (i),  est  accompagnée  de  formules  et  de  constructions  relatives  au  cas 
où  l'on  voudrait  se  rendre  compte  de  l'influence  de  la  cohésion  des  mor- 
tiers sur  les  plans  de  joints,  qu'on  néglige,  avec  de  justes  raisons,  dans  la 
solution  usuelle  et  pratique  du  problème  des  voûtes.  Enseignée  pendant 
longtemps  à  l'École  des  Ponts  et  Chaussées,  elle  continue  à  faire  la  base  des 
leçons  à  l'École  d'application  de  l'Artillerie  et  du  Génie,  où  elle  a  reçu 
des  simplifications  qui  la  rendent  encore  plus  usuelle  ou  plus  rapide,  et 
qui,  en  raison  même  de  la  grande  facilité  qu'elle  offre  pour  les  voûtes  d'une 
forme  quelconque,  ont  conduit  MM.  Ardant  et  Michon(2)à  l'établissement 
de  Tables  plus  étendues  que  celles  qu'on  possédait  déjà,  et  qui  ont  été 
complétées  finalement,  par  ce  dernier  ingénieur,  dans  un  important  travail 
inséré,  en  1848,  au  n°  i5du  Mémorial  de  l'Officier  du  Génie. 

»  Les  Tables  dont  il  s'agit,  au  nombre  de  66,  embrassent  à  peu  près  tous 
les  cas  d'application  relatifs  aux  voûtes  en  arc  de  cercle,  en  plein  cintre 
et  en  anse  de  panier,  usitées  dans  la  pratique  et  extradossées  en  chapes 
diversement  inclinées.  Elles  fournissent  tous  les  éléments  essentiels  de  ces 
voûtes,  dont  la  stabilité  est  ici  assurée  par  une  forme  d'extrados,  des  épais- 
seurs au  sommet,  aux  reins  et  aux  naissances  très-convenables,  et  déter- 
minées, ainsi  que  le  coefficient  de  stabilité,  d'après  l'exemple  des  construc- 
tions existantes,  les  plus  légères  ou  les  plus  fortes,  qui  assignent  à  ces  coeffi- 
cients des  valeurs  variables  en  Ire  1 ,5  et  2  pour  les  pieds-droits;  le  coefficient 
relatif  aux  cas  de  glissement  et  de  rotation  sur  les  naissances,  pouvant  être 
beaucoup  plus  faible,  grâce  au  système  de  construction  en  usage. 


(1)  On  fera  remarquer  que  dans  celles  de  ces  constructions  où  l'on  considère  des  voussoirs 
infiniment  minces,  on  a  admis  que  le  centre  de  gravité  de  l'aire  de  ces  voussoirs  coïncidait 
avec  le  milieu  de  l'épaisseur  correspondante  de  la  voûte,  tandis  qu'il  en  est  distant ,  au  delà, 

d'une  quantité  ^- .  ,  e  étant  cette  épaisseur,  et  r  le  rayon  de  courbure  de  l'extrados. 

Quoique  très-petite  pour  les  grandes  voûtes,  une  pareille  différence  n'en  exerce  pas  moins 
une  influence  appréciable  sur  les  résultats  du  n°  18,  où  l'on  devra  remplacer  le  facteur 

e3  2e3  /         2e\ 

facile  à  évaluer  et  à  construire  dans  chaque  cas. 

(2)  On  doit  en  particulier,  à  cet  olficier,  un  moyen  très  ingénieux  pour  construire  rapi- 
dement la  quantité  linéaire,  représentative  de  la  somme  des  moments  des  profils  de  voussoirs, 
par  la  considération  des  propriétés  bien  connues  du  polygone  funiculaire. 


(  537  ) 

»  Au  surplus,  l'auteur  de  ces  nouvelles  Tables  ne  se  dissimule  pas  leur 
insuffisance  pour  l'établissement  définitif  et  pratique  des  voûtes  ;  il  a  soin 
de  montrer,  par  des  exemples,  comment  on  doit  se  conduire  dans  les  calculs 
relatifs  à  chaque  cas  spécial,  et  notamment  comment  on  peut  avoir  égard  à 
la  qualité  des  matériaux  afin  d'en  éviter  l'écrasement  sur  l'arête  des  pieds- 
droits,  où  il  suppose  la  charge  uniformément  répartie  sur  une  étendue  de 
la  base,  égale  au  double  environ  de  l'intervalle  qui  sépare  cette  arête  du 
point  d'application  de  la  résultante. 

»  Nous  avons  un  peu  insisté  sur  le  travail  de  M.  Michon,  dont  les  Tables 
peuvent  être  considérées  comme  le  complément  indispensable  de  celles  de 
M.  Petit,  parce  que,  sans  aucun  doute,  elles  exerceront  une  influence  non 
moins  grande  sur  les  projets  à  venir  concernant  l'établissement  des  voûtes. 
Il  nous  reste  maintenant  à  exposer  les  tentatives  faites  en  vue  de  généraliser 
les  principes  mêmes  de  la  théorie  qui  sert  de  point  de  départ  aux  utiles 
travaux  que  nous  venons  de  citer. 

»  Ces  tentatives  reposent  principalement  sur  la  considération  du  polygone 
qui  a  pour  sommets  les  centres  de  pressions  sur  chacun  des  plans  de  joints 
respectifs,  c'est-à-dire  les  points  d'application  des  résultantes  de  pressions 
ou  de  réactions  sur  ces  mêmes  joints;  polygone  qui  se  change  en  une  ligne 
continue  quand  les  joints  sont  indéfiniment  multipliés,  et  dont  Coulomb  a, 
le  premier,  si  je  ne  me  trompe,  donné  une  indication  précise  dans  son 
Mémoire  de  1773,  en  montrant  que,  dans  le  cas  où  l'on  suppose  les  joints 
sans  frottement  ni  cohésion,  cette  courbe,  normale  alors  aux  plans  de  joints, 
serait,  par  là  même,  parallèle  ou,  plutôt,  équidistante  à  la  directrice  d'in- 
trados de  la  voûte. 

»  Depuis,  la  ligne  des  résultantes  de  pressions  a  été  étudiée  par  M.  Mose- 
ley,  d'une  manière  toute  spéciale  et  mathématique,  dans  un  Mémoire  lu, 
en  juin  1837,  à  la  Société  Philosophique  de  Cambridge  (tomes  V  et  VI  des 
Transactions),  et  dans  divers  autres  écrits  publiés  en  i83g  (1),  où,  sous  le 
nom  de  ligne  de  résistance,  elle  lui  sert  à  discuter  géométriquement  l'état 
et  les  conditions  de  l'équilibre  d'un  massif  pesant  composé  d'un  nombre 
quelconque  de  solides  en  contact  immédiat,  tel  qu'une  voûte  avec  ou  sans 


(1)  A  Trcatisc  of  mechanic  applied  to  the  arts;  Londres  ,  i83g;  Theoritical  and pratical 
papcrs  on  bridges,  etc.  Ce  dernier  Mémoire  fait  partie  de  la  livraison  de  novembre  i83q,d'un 
Traité  sur  les  ponts,  publié  à  Londres  par  M.  James  Hann,  dont  les  propres  travaux  ont 
contribué  à  répandre,  en  Angleterre,  la  connaissance  de  ceux  des  ingénieurs  français,  sur 
cette  matière. 


(  538  ) 

pieds-droits,  contre-forts,  surcharges,  etc.  Cette  ligne,  qu'une  seule  résultante 
de  pression  détermine,  qui  passe  entièrement  dans  l'intérieur  du  massif 
quand  il  y  a  stabilité,  qui  coupe  sa  surface  extérieure  libre,  sous  un  certain 
angle  quand  la  rupture  est  immédiate  dans  la  région  correspondante,  qui 
la  touche  simplement  aux  points  où  la  rotation  des  voussoirs  est  imminente 
et  correspond  à  l'état  d'équilibre  strict,  cette  ligne  sert  à  M.  Moseley  à 
expliquer  les  phénomènes  de  rupture  des  voûtes  observés  par  le  professeur 
Robison  et  M.  Gauthey  qui  avait  eu  également  un  sentiment  instinctif  de  son 
existence,  et  il  montre  comment  les  conditions  d'équilibre  strict  auxquelles 
elle  conduit,  s'accordent  avec  celles  jusque-là  admises  d'après  Coulomb. 
Malheureusement,  la  recherche  de  l'équation  de  cette  même  ligne  dans  le 
cas  des  voûtes  circulaires,  la  manière  dont  l'auteur  détermine  la  poussée 
au  sommet,  et  les  discussions  purement  mathématiques  qui  s'ensuivent, 
offrent  des  complications  et  des  incertitudes  inhérentes  non  moins  au  point 
de  vue  abstrait  où  il  s'est  placé,  qu'aux  difficultés  analytiques  mêmes  du 
problème.  Toutefois,  en  limitant  les  formules  à  celles  qui  se  rapportent  au 
cas  de  rupture  ordinaire,  elles  comprennent  implicitement  celles  que 
MM.  Audoy,  Petit  et  de  Garidel  ont  soumises  au  calcul  dans  des  condi- 
tions de  surcharges,  à  la  vérité,  moins  générales,  mais  aussi  plus  immédia- 
tement applicables  à  la  pratique  des  ingénieurs. 

»  Remarquons,  en  outre,  que  ce  savant  professeur  ne  s'est  pas  borné, 
dans  ses  recherches,  à  la  considération  des  conditions  d'équilibre  ou  de 
stabilité  qui  concernent  la  rotation  à  laquelle  la  considération  de  la  ligne 
de  résistance  est  particulièrement  applicable  ;  mais  qu'il  a  aussi  envisagé 
les  cas  de  rupture  relatifs  au  glissement  réciproque  des  voussoirs,  ou 
parties  quelconques  de  voûte,  sur  les  plans  de  joints,  plans  dont  il  déter- 
mine la  position  au  moyen  d'une  seconde  courbe  qu'il  nomme  ligne  des 
pressions,  et  qui  est  l'enveloppe  des  positions  occupées  par  les  résultantes 
mentionnées  ci-dessus,  comme  l'autre  est  le  lieu  des  points  de  rencontre  de 
ces  résultantes  respectives  avec  les  plans  de  joints  qui  leur  correspondent.  Il 
est  évident,  en  effet,  que  le  plus  petit  angle  sous  lequel  la  première  de  ces 
lignes  rencontre  ces  divers  plans,  détermine  celui  d'entre  eux  où  le  glisse- 
ment devient  possible  virtuellement  et  a  inévitablement  lieu  quand  l'angle 
dont  il  s'agit  est  inférieur  au  complément  de  celui  du  frottement  des  sur- 
faces en  contact.  Ici  encore,  l'auteur  est  demeuré  dans  des  généralités  pré- 
cieuses, sans  doute,  au  point  de  vue  géométrique,  mais  dont  la  difficulté 
et  les  incertitudes  dans  l'application,  tiennent  à  l'indétermination  même 
des  courbes  de  résistances  et  de  pressions. 


(539) 

»  Nous  appliquerons  des  réflexions  analogues  au  contenu  d'un  intéres- 
sant Mémoire  de  M.  Méry,  sur  l'équilibre  des  voûtes  en  berceau,  daté  de 
février  i83g,  mais  qui  n'a  été  publié  qu'en  i8£o,  dans  les  Annales  des 
Ponts  et  Chaussées ,  'et  où  il  s'occupe  plus  spécialement,  des  propriétés 
géométriques  et  mécaniques  de  la  première  de  ces  lignes,  nommée  ici,  à 
l'inverse,  courbe  des  pressions.  En  effet,  la  construction  et  l'équation  que 
l'auteur  donne  de  cette  courbe,  offrent  un  arbitraire  qui  ne  peut  être  évité 
ou  levé  qu'au  moyen  des  données  mêmes  fournies  par  l'expérience  ou  les 
calculs  numériques  relatifs  à  la  position  des  joints  de  rupture  dans  chaque 
cas  spécial.  Néanmoins,  le  grand  nombre  des  exemples  de  voûtes,  figurées 
dans  les  planches  qui  accompagnent  le  Mémoire  de  M.  Méry,  et  où  la 
courbe  de  pression  est  approximativement  tracée  d'après  les  résultats  ob- 
servés ou  calculés  antérieurement  par  MM.  Boistard  et  Audoy,  donnent,  de 
dette  courbe  et  de  la  position  des  joints  de  rupture  dans  la  voûte,  les 
contre-forts  ou  pieds-droits,  un  sentiment  intuitif  qui  a  aussi  son  but  d'uti- 
lité, et  qui  n'a  pas  manqué  d'exercer  sa  part  d'influence  dans  la  solution 
pratique  ou  théorique  des  problèmes  concernant  la  stabilité  des  voûtes. 

»  Cette  observation  est  applicable,  surtout,  aux  conditions  par  lesquelles 
ce  jeune  ingénieur  cherche  à  régler,  à  priori,  le  surcroît  d'épaisseur  qu'une 
voûte  réclamerait  aux  différents  points,  en  raison  de  la  résistance  des  maté- 
riaux et  des  surcharges  auxquelles  elle  serait  exposée.  Partant  de  prin- 
cipes analogues  à  ceux  mis  en  usage  par  M.  Navier,  sur  la  compressibilité 
des  solides  élastiques  et  sur  la  distribution  des  pressions  le  long  des  plans 
de  joints  exposés  à  s'ouvrir  intérieurement  ou  extérieurement,  il  arrive  à 
des  conséquences  peut-être  discutables  en  toute  rigueur  (i),  mais  qui,  au 
fond,  diffèrent  assez  peu  de  celles  de  cet  illustre  ingénieur,  pour  la  fixation 
de  l'intervalle  minimum  à  observer  entre  la  courbe  des  pressions  et  les  lignes 

(i)  M.  Bélanger,  dans  ses  leçons  à  l'École  des  Ponts  et  Chaussées,  adoptant,  en  partie, 
les  idées  de  M.  Méry,  les  a  rectifiées  en  généralisant  l'hypothèse  de  M.  Navier,  relative  à  Ja 
distribution  des  pressions  entre  deux  solides  élastiques  limités  à  un  plan  de  joint  commun  , 
hypothèse  qui  revient,  en  réalité,  à  supposer  les  pressions  élémentaires  en  chaque  point, 
proportionnelles  aux  ordonnées  d'un  plan  infiniment  voisin  du  premier,  et  dont  elles  mesu- 
rent, en  quelque  sorte,  les  déplacements  moléculaires  et  relatifs  correspondants,  censés  pa- 
rallèles à  la  résultante  générale.  Seulement  ici  ce  plan  est  dirigé  d'une  manière  quelconque , 
quoique  parallèlement,  par  rapport  à  l'arête  la  plus  comprimée,  et  le  point  pour  lequel  la 
pression  serait  nulle  n'est  plus  nécessairement  situé  à  l'extrémité  opposée  du  joint,  comme 
l'a  supposé  M.  Navier.  En  un  mot,  M.  Bélanger  remplace  la  considération  du  triangle  de 
compression  par  celle  d'un  trapèze  quelconque  déterminé  par  la  connaissance  de  la  résultante. 


(  54o  ) 

d'intrados  ou  d'extrados  de  la  voûte.  Cet  intervalle  étant  une  fois  réglé, 
en  le  prenant,  par  exemple,  comme  le  veut  M.  Navier,  au  tiers  de  la  lon- 
gueur correspondante  du  joint,  permet  de  tracer  deux  courbes  respective- 
ment équidistantes  à  ces  lignes  et  dans  l'intervalle  desquelles  doit  se  trou- 
ver la  courbe  des  pressions  relatives  à  l'état  de  stabilité  du  système;  mais 
cette  courbe  elle-même  reste  indéterminée,  à  moins  de  supposer  fictivement 
la  rupture  de  l'équilibre  par  rotation  autour  des  arêtes  des  plans  de  joints 
limités  aux  nouveaux  intrados  et  extrados,  ce  qui  réclamerait  des  calculs 
ou  tâtonnements  fort  pénibles  et  peu  justifiés  en  principe.  » 

physique.  —  Note  en  réponse  à  M.  Langberg,  de  Christiania.  Nouveaux 
nombres  sur  la  propagation  de  la  chaleur  dans  les  corps  (1);  par 
M.  C.  Despretz. 

«  1.  M.  Langberg,  dans  un  travail  communiqué  le  il\  août  1 845  à  l'A- 
cadémie de  Berlin,  critique  mes  expériences,  j'ose  le  dire,  un  peu  trop  sévè- 
rement. J'ai  gardé  le  silence  sur  ces  critiques.  Je  devais  croire  qu'elles 
n'avaient  point  paru  fondées  aux  physiciens  français,  du  moins  à  ceux  qui 
ont  publié  des  Traités  de  physique  depuis  l'apparition  du  travail  du  savant 
Danois.  Les  auteurs  de  ces  ouvrages  ont  considéré  mes  expériences  comme 
des  faits  acquis  à  la  science,  sans  faire  mention  des  recherches  de  M.  Lang- 
berg, pourtant  imprimées  avec  quelques  détails  dans  un  recueil  français 
(  Journal  F  Institut,  page  i65;  1846). 

»  Occupé  alors  d'un  nouveau  travail  sur  la  propagation  de  la  chaleur, 
je  tâchais,  en  variant  les  corps  et  les  conditions  des  expériences,  de  donner 
de  l'étendue  à  mes  recherches  sur  cette  importante  question. 

»  Ce  travail,  qui  m'avait  déjà  pris  beaucoup  de  temps,  a  été  interrompu 
par  mon  départ  forcé  de  la  rue  Saint-Hyacinthe  (2)  ;  j'attendais  qu'il  fût  ter- 
miné pour  insérer  ma  réponse  dans  la  lecture  que  j'aurais  faite  à  l'Acadé- 
mie. Une  circonstance  particulière,  qu'il  serait  inutile  de  faire  connaître, 
m'oblige  à  rompre  le  silence. 

«  I.,es  expériences  de  M.  Despretz,  dit  M.  Langberg,  semblent  démon- 
»  trer  le  contraire  de  ce  qu'elles  étaient  destinées  à  prouver,  puisque,  dans 

(1)  Je  ne  parle,  dans  cette  Note,  ni  des  recherches  anciennes  de  M.  Biot,  ni  des  recherches 
postérieures  de  MM.  de  la  Rive  et  De  Candolle,  de  M.  Forbes,  de  M.  Fischer,  de  M.  Péclet, 
de  M.  de  Senarraont ,  etc.  ;  cette  Note  est  purement  une  défense  personnelle. 

(2)  L'établissement  de  la  rue  Souflot  a  entraîné  la  démolition  partielle  de  plusieurs  mai- 
sons dont  la  façade  donnait  sur  la  rue  Saint-Hyacinthe. 


(54i  ) 
»  la  plupart  des  cas,  les  températures  décroissent  plus  rapidement  que  les 
»  termes  d'une  progression  géométrique.  » 

»  M.  Langberg  est  tombé  ici  dans  l'erreur  :  mes  expériences  ne  devaient 
pas  donner  une  progression  géométrique,  les  barres  n'étaient  pas  assez 
longues  pour  que  l'influence  de  la  source  fût  nulle  à  l'extrémité. 

»  Après  quelques  observations  relatives  aux  thermomètres  ordinaires, 
le  professeur  de  Christiania  propose  et  emploie  la  pile  thermo-électrique. 

»  Je  ne  m'attacherai  nullement  à  discuter  cette  méthode;  moi-même,  j'ai 
voulu  l'employer  avant  i845  pour  étudier  la  conductibilité  des  corps  cris- 
tallisés dans  différents  sens;  j'espérais  ainsi  échapper  à  la  difficulté  de 
trouver  des  corps  cristallisés  anhydres  et  homogènes  en  volumes  un  peu 
considérables. 

»  Je  pense  toujours,  je  dois  l'avouer,  que  le  thermomètre  à  mercure,  à 
étroit  et  court  réservoir,  est  encore  ce  qu'il  y  a  de  plus  sûr  et  de  plus 
commode,  quand  on  ne  doit  pas  expérimenter  sur  des  barres  d'une  section 
très-petite. 

»  Dans  mes  expériences  sur  la  conductibilité,  j'ai  trouvé  constant  le  quo- 
tient de  la  somme  de  deux  excès  par  l'excès  intermédiaire,  pour  les  petites 
barres  de  bons  conducteurs.  J'ai  fait  en  même  temps  remarquer  que,  dans 
le  plomb,  et  surtout  dans  le  marbre,  la  porcelaine,  la  terre  cuite,  etc.,  les 
quotients  décroissent  plus  ou  moins  rapidement. 

»  M.  Munke  a  pensé  que  les  expériences  n'avaient  pas  eu  assez  de 
durée  (i)  [Dictionnaire  de  Gehler  (chaleur,  i84i)]î  M.  Fechner  (traduc- 
tion allemande  du  Traité  de  Physique  de  M.  Biot,  volume  V),  M.  Pouillet, 
M.  Lamé  ont  admis  les  résultats. 

»  Le  décroissement  doit-il  se  manifester  réellement  dans  les  mauvais 
conducteurs  pris  sous  la  forme  de  petites  barres  ?  Je  ne  puis  rien  dire  à  cet 
égard  aujourd'hui;  je  suis  seulement  en  droit  d'affirmer  que,  dans  une 
barre  d'une  dimension  suffisante,  la  loi  est  toujours  vérifiée,  quelque 
faible  que  soit  la  conductibilité  de  la  matière,  comme  nous  le  verrons  plus 
loin. 

»  M.  Langberg  objecte  aussi  que  la  loi  de  Newton  ne  doit  être  admise 
que  pour  des  excès  de  température  peu  considérables. 

»  Tout  le  monde  sait  depuis  longtemps  que  les  expériences  de  Laroche, 
et  les  expériences  plus  modernes  et  plus  complètes  de  MM.  Dulong  et  Petit, 
ont  prouvé  que  cette  loi  n'est  applicable  que  pour  de  faibles  excès  de  tem- 

(l)  J'ai  toujours  attendu  que  les  températures  fussent  station  naircs. 

G.  R.,  i85î,  am«  Semestre.   (T.  XXXV,  N°  16.)  7  I 


(  54a) 

pérature.  J'ai  dit  moi-même,  dans  la  quatrième  édition  de  mon  Traité 
élémentaire  de  Physique,  1 836,  page  aoo  :  La  série  exponentielle  serait 
altérée  si  les  excès  étaient  trop  considérables. 

»  J'avouerai  cependant  qu'il  serait  possible  que  l'excès  de  60  degrés  frit 
déjà  trop  fort  ;  ce  n'est  pas  toutefois  cette  circonstance  qui  a  conduit  aux 
résultats  obtenus  pour  les  corps  mauvais  conducteurs,  puisque  la  série  est 
exactement  observée  pour  les  mêmes  excès  dans  les  corps  bons  conduc- 
teurs. 

»  J'avais  bien  porté  mon  attention  sur  l'influence  de  la  hauteur  de  l'ex- 
cès; j'avais  même  fait  disposer  des  barres  en  cuivre  pour  l'étude  de  cette 
influence ,  barres  que  plusieurs  physiciens  de  Paris  ont  vues  et  exa- 
minées. 

»  2.  Il  nous  est  permis  de  dire  qu'en  i838  la  science  ne  possédait  que 
quelques  indications  vagues  sur  la  propagation  de  la  chaleur  dans  les  li- 
quides; la  propagation  directe  par  ces  corps  n'était  peut-être  pas  même 
démontrée.  Nous  avons  eu  l'honneur  de  lire  à  cette  époque,  devant  l'Aca- 
démie, l'extrait  d'un  travail  dans  lequel  nous  avions  non-seulement  constaté 
la  propagation  directe  de  la  chaleur  dans  les  liquides,  mais  même  les  lois 
de  cette  propagation,  (annales  de  Physique  et  de  Chimie,  i838.) 

»  Nous  sommes  dans  la  nécessité  de  rappeler,  pour  notre  défense,  une 
expérience  sur  l'eau. 

»  Un  cylindre  d'eau  de  1  mètre  de  hauteur  et  de  4o5  millimètres  de  dia- 
mètre, chauffé  par  la  partie  supérieure,  a  donné,  après  soixante  heures, 
l'état  final  suivant  : 


Quotients  de  la 

Quotients  de  la  série 

Températures. 

Excès. 

progression  géométrique. 

exponentielle. 

42°,46 

29,21 

1,42 

33,82 

20,57 

■*39 

2,i38 

28,03 

14,78 

.,43 

2,092 

23,60 

10,35 

i,43 

2,  125 

20,47 

7,22 

i,44 

2,  i3o 

10,28 

5,o3 

Température  de  l'air  pendant  les  huit  dernières  heures,  i3°,a5;  la  dis- 
tance des  thermomètres  fixés  horizontalement,  45  millimètres;  le  centre 
du  réservoir  de  chaque  thermomètre  placé  dans  l'axe  du  cylindre. 

»  Ce  cylindre  d'eau  a  présenté  le  résultat  d'une  barre  de  longueur  in- 


(  543) 

finie;  les  thermomètres  les  plus  éloignés  de  la  source  n'ont  pas  varié;  les 
quotients  fournis  par  la  progression  géométrique  des  excès  sont  aussi  con- 
stants que  dans  un  corps  bon  conducteur. 

>»  Si  l'on  compare  le  quotient  1,609  f°urni  Par  un  cylindre  de  218  milli- 
mètres de  diamètre  (voyez  le  Mémoire  cité  sur  les  liquides),  au  quotient 
1,422  obtenu  avec  le  cylindre  de  4o5  millimètres,  on  trouve  qu'ils  satisfont 
à  la  relation 

log£  _  y/F. 

log?'       \/T>  ' 
en  effet, 

!^=.,35     et     S-Ùil». 

»  3.  M.  Langberg  s'exprime  ainsi  dans  sa  communication  :  «  Bien  peu 
»  de  résultats  donnés  par  la  théorie  mathématique  ont  pu  être  vérifiés  et 
»  démontrés  par  l'expérience.  » 

»  Cette  appréciation  des  services  rendus  à  l'époque  de  i845  par  la  phy- 
sique expérimentale  ne  me  paraît  pas  très-juste;  car,  parmi  les  résultats  aux- 
quels conduit  la  théorie  mathématique  de  la  chaleur,  les  plus  simples  et  les 
plus  importants  sont,  ce  nous  semble,  les  suivants  : 

»  i°.  La  constance  du  quotient  de  la  somme  de  deux  excès  par  l'excès 
intermédiaire,  dans  une  barre  de  longueur  finie; 

»  20.   La  progression  géométrique  des  excès  dans  une  barre  infinie  ; 

»  3°.  La  relation  entre  les  diamètres  de  deux  barres  infinies,  et  les  quo- 
tients donnés  par  les  deux  progressions  géométriques.  (Théorie  mathéma- 
tique de  la  chaleur,  par  Fourier;  idem,  par  Poisson.) 

»  La  première  conséquence  était  suffisamment  vérifiée  par  nos  expé- 
riences avec  la  barre  de  cuivre  et  avec  la  barre  de  fer. 

»  On  voit  par  nos  expériences  sur  l'eau  que,  dans  une  barre  infinie,  les 
excès  des  températures  des  points  équidistants,  sur  la  température  de  l'air, 
forment  une  progression  géométrique;  enfin,  ces  dernières  expériences  sa- 
tisfont encore  pleinement  à  la  relation  des  diamètres  et  des  quotients. 

»  Ce  n'est  donc  pas  sans  raison  que  nous  nous  plaignons  de  l'opinion 
exprimée  par  M.  Langberg,  puisque  les  trois  résultatsque  nous  venons  de  rap- 
peler avaient  été  constatés  longtemps  avant  i845;  à  la  vérité,  les  géomètres 
s'étaient  peu  occupés  de  la  question  de  la  propagation  de  la  chaleur  par  les 
liquides  :  les  résultats  trouvés  par  l'expérience  sur  ces  corps  n'en  avaient 
que  plus  d'importance. 

»  4.  M.  Fischer,  M.  Munke  (owerage  cité)  blâment  l'emploi  d'une  lampe 

71.. 


(  544) 

comme  source  de  chaleur  et  préconisent  l'emploi  d'un  métal  en  fusion  dans 
lequel  on  jette  successivement  des  fragments  du  même  métal.  Je  me  sou- 
mets avec  docilité  à  toutes  les  critiques  qu'on  veut  bien  faire  de  mes 
recherches,  mais  je  conserve  le  droit  de  les  examiner  et  de  les  apprécier. 
Je  reste  toujours  convaincu  qu'une  lampe  (mes  premières  recherches 
sur  la  conductibilité),  que  l'ébullition  de  l'eau  pure  (mes  expériences  sur 
le  passage  de  la  chaleur  d'un  corps  dans  un  autre),  qu'un  réservoir  dans 
lequel  on  fait  arriver,  à  des  intervalles  équidistants,  des  volumes  égaux 
d'eau  bouillante  (mes  expériences  sur  la  propagation  de  la  chaleur  dans  les 
liquides)  fournissent  une  source  constante  de  chaleur,  comme  on  le  recon- 
naît par  l'invariabilité  du  thermomètre  le  plus  voisin  de  la  source,  quand 
cet  instrument  a  atteint  la  température  de  l'état  final  ;  mais  je  suis  loin  de 
prétendre  qu'un  métal  en  fusion,  procédé  dont  s'est  déjà  servi  M.  Biot  il  y 
a  plus  de  quarante  ans,  pour  chauffer  de  très-longues  barres  de  fer  ou  de 
cuivre,  ne  soit  pas  aussi  très-propre  à  donner  une  source  constante.  Je  me 
permettrai  cependant  de  faire  remarquer  qu'on  se  tromperait  étrangement, 
si  l'on  pensait  que  ce  procédé  n'exige  pas  aussi  beaucoup  de  soins  et  qu'il 
suffit  de  tenir  toujours  quelques  fragments  solides,  dans  un  corps  en  fu- 
sion, métallique  ou  non  métallique  soumis  à  un  échauffement  extérieur, 
pour  le  maintenir  à  une  température  constante.  L'épreuve  est  facile  à  faire 
avec  de  l'eau  et  de  la  glace  et  même  avec  un  corps  quelconque. 

»  5.  Nous  rapporterons  maintenant  quelques  résultats  tirés  du  travail 
commencé  en  i844  et  interrompu  en  1846,  comme  nous  l'avons  déjà  dit, 
travail  dont  nous  avons  entretenu,  à  plusieurs  reprises  à  l'époque  citée,  nos 
deux  confrères,  M.  Élie  de  Beaumont  et  M.  Constant  Prévost. 

»  Barre  de  fonte  :  diamètre,  om,2a5;  longueur,  om,6o4  ;  distance  des  trous 
comptée  du  centre,  om,o45;  diamètre  des  trous,  o,n,oo52;  le  milieu  du  ré- 
servoir de  chaque  thermomètre  dans  l'axe  du  cylindre. 

»  Température  de  l'air,  220,  1 4- 

Moyenne. 
2,002-4 


Températures. 

Excès. 

Quotients 

46°,oo 

23,86 

44.77 

22,63 

'.991 

43,33 

21,19 

2,029 

42,52 

20,38 

>.993 

4l.47 

19,33 

2,007 

4o,  56 

18,42 

2,009 

39,83 

'7.% 

2,004 

39,17 

17,03 

2,000 

38, 5i 

16,37 

2,005 

37>94 

!5,8o 

2,002 

37.77 

i5,63 

(  545) 

»  6.  Barre  de  fer  : 

diamètre,  0 

V795. 

Températures. 

Excès. 

Quotients. 

43°,o4 

18,96 

4i  ,o3 

16,95 

2,022 

39,4° 

i5,3a 

2,Ol4 

37-99 

13,91 

2,023 

36,90 

12,82 

2,Ol4 

35,99 

I,'9I 

2,Ol3 

35,23 

1  i,i5 

2,0l5 

34,64 

10, 56 

Moyenne. 
2,017 


»  Température  de  l'air,  24°, 08. 

»  La  température  de  la  partie  supérieure  était  de  5o  degrés,  mais  je  me 
suis  aperçu  trop  tard  qu'un  des  trous  voisins  de  l'extrémité  n'avait  pas  la 
même  profondeur  que  les  autres;  j'ai  rejeté  les  trois  températures  les  plus 
élevées. 

»  Les  quotients  trouvés  pour  la  fonte  et  le  fer  diffèrent  à  peine  d'une 
unité  dans  le  troisième  chiffre  ;  nous  pensons  qu'on  rendrait  encore  la  dif- 
férence plus  petite  en  multipliant  les  précautions.  L'égalité  de  l'intervalle 
qui  sépare  deux  thermomètres  consécutifs  est  la  condition  importante  à 
remplir. 

»  7.  Marbre  statuaire  blanc  :  diamètre,  om,2i9. 

Moyenne. 

2,i33 


Températures. 

Excès. 

Quotients 

53°,7o 

35,66 

4»  .74 

24,70 

2,  io5 

34,39 

i6,35 

2,217 

29>59 

ii  ,55 

2,  io5 

26,01 

7.97 

2,  i53 

23,64 

5,6o 

2,l4l 

22,06 

4,02 

2,082 

20,81 

2>77 

»  Température  de  l'air,  i8°,o4- 

»  Les  quotients  n'ont  pas  la  même  régularité  que  dans  la  fonte  et  le  fer  ; 
la  discordance  peut  tenir  à  un  défaut  d'homogénéité  dans  la  matière.  On 
constate,  chaque  jour,  que  le  marbre  et  les  différentes  pierres  ne  présentent 
pas  la  même  résistance  dans  toutes  les  directions  et  dans  la  même  section  ; 
elle  tient  aussi  à  ce  que  des  cavités  cylindriques,  étroites  et  profondes,  sont 
difficiles  à  percer  dans  cette  espèce  de  marbre  suivant  une  direction  bien  rec- 
tiligne.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  moyenne  doit  être  peu  éloignée  de  la  vérité. 
.    »  Je  ne  prends  pas  les  derniers  coefficients,  parce  qu'une  légère  erreur, 


(  546) 

sur  des  températures  peu  éloignées  de  la  température  de  l'air,  en  entraîne 
une  considérable  sur  les  quotients. 

d  8.  Pierre  lithographique:  diamètre,  om,aio,. 

Moyenne. 


Températures, 

Excès. 

Quotiem 

54°,39 

30,09 

45,82 

21  ,52 

2,  l3 

39>97 

l5,67 

2,12 

35,98 

11,68 

2,07 

3?,  79 

8,49 

2,  II 

3o,53 

6,23 

2,11 

28,94 

4,64 

2,09 

27,75 

3,45 

2,11 

26,g3 

2,63 

»  Température  de  l'air,  a4°,3o. 

»  9.  Pierre  de  Tonnerre,  séchée  pendant  un  certain  temps  dans  une 
boulangerie  :  diamètre,  om,22i. 


Températures. 

Excès. 

Quotients. 

Moyenne 

5o°,92 

3o,70 

38,27 

i8,o5 

2,260 

2,3o2 

3o,32 

10,  10 

2,373 

26,14 

5,92 

2,295 

23,71 

3 ,49 

2,283 

22,27 

2,o5 

2,3l7 

21,48 

1 ,26 

2,285 

21  ,o5 

o,83 

»  Température  de  l'air,  -100, 11. 

»  Dans  la  pierre  de  Tonnerre,  telle  qu'on  l'emploie  pour  les  construc- 
tions, la  propagation  décroissante  de  la  chaleur  dans  son  intérieur  amenait 
une  dessiccation  inégale.  C'est  pour  ne  pas  opérer  sur  un  corps  hétérogène 
que  j'ai  fait  sécher  le  cylindre  dans  toute  son  étendue  avant  de  l'employer. 

»   10.  Bois  de  sapin  :  diamètre,  om,ai5;  température  de  l'air,  i5°,68. 


Températures. 

Excès. 

Quotients. 

Moyenne. 

53°,83 

38,  i5 

40,59 

a4t»9> 

2,20 

2,19 

32, 40 

16,72 

2,l5 

26,70 

11 ,02 

2,  l6 

22,77 

7>°9 

2,22 

20,37 

4,69 

2,l8 

18,81 

3,i3 

2,27 

18,09 

2,4' 

(547) 

»  Ces  coefficients  sont  aussi  égaux  qu'ils  peuvent  l'être  dans  une  barre 
si  peu  homogène;  il  est  assez  singulier  que  le  bois  de  sapin,  dans  le  sens 
des  fibres,  soit  meilleur  conducteur  que  la  pierre  de  Tonnerre;  à  la  vérité, 
ce  dernier  corps,  après  sa  dessiccation,  est  plus  ou  moins  poreux. $ 

»  11.  Toutes  les  barres  qui  ont  servi  dans  ces  nouvelles  expériences 
étaient  couvertes  d'une  feuille  de  papier  blanc  et  mince,  collée  sur  la  sur- 
face ;  elles  étaient  placées  verticalement  et  chauffées  à  la  partie  supérieure 
par  le  procédé  détaillé  dans  le  Mémoire  sur  la  propagation  de  la  chaleur 
dans  les  liquides;  elles  avaient  toutes  une  même  hauteur,  les  thermomètres 
étaient  placés  dans  toutes  de  la  même  manière.  On  vérifiait  les  zéros  des 
thermomètres,  on  estimait  l'influence  de  la  position  horizontale  de  ces  in- 
struments ;  on  avait  constaté  que  le  résultat  final  était  le  même,  que  le  cy- 
lindre fût  vertical  ou  horizontal. 

»  Nous  n'avons  rapporté  que  les  résultats  de  l'état  final,  quoique  nou£ 
ayons  suivi  réchauffement  et  le  refroidissement  de  ces  barres  de  demi- 
heure  en  demi-heure,  depuis  le  commencement  de  réchauffement  jusqu'à 
l'état  final,  et  depuis  l'état  final  jusqu'à  l'abaissement  des  températures  à 
un  état  voisin  de  l'état  initial,  nous  observions,  en  même  temps,  les  tem- 
pératures dans  plusieurs  directions  parallèles  à  l'axe  du  cylindre,  comme 
nous  l'avions  déjà  fait  pour  l'eau  en  i838,  etc.  Nous  aurons  l'honneur  de 
présenter  à  l'Académie  l'ensemble  des  résultats  quand  nous  reprendrons  ce 
travail. 

a  12.  On  sait  que  la  propriété  de  conduire  l'électricité  est  singulière- 
ment exaltée  dans  l'eau  pure  par  l'addition  d'un  sel  ou  d'un  acide.  Nous 
avons  cherché  quelle  serait  l'influence  de  cette  addition  sur  la  conducti- 
bilité calorifique  ;  elle  nous  paraît  être  à  peu  près  nulle. 

»  Nous  avons  trouvé  dans  l'eau  pure  2,10  pour  le  quotient  de  la  somme 
de  deux  excès  par  l'excès  intermédiaire  2,106  dans  la  dissolution  renfer- 
mant 37  parties  de  chlorure  de  sodium  pur  sur  997  d'eau,  enfin  2,102  clans 
la  dissolution  renfermant  trois  fois  plus  de  sel. 

»  Je  ne  rapporte  point  les  coefficients  partiels  ;  en  voici  la  raison  :  j'avais 
fait  choix,  pour  ces  expériences,  d'un  cylindre  en  cuivre  rouge,  très-mince 
et  du  diamètre  et  de  la  hauteur  des  barres  cylindriques  de  fonte,  de  mar- 
bre, etc.  :  me  proposant  d'étudier  l'influence  des  sels  et  des  acides  sur  la 
conductibilité  calorifique  de  l'eau,  j'avais  craint  qu'un  vase  en  bois  ne  s'im- 
prégnât de  la  dissolution  et  ne  devînt  par  cela  même  impropre  à  la  répétition 
des  expériences  :  malheureusement  les  vases  métalliques,  quelque  minces 


(  548) 

qu'ils  soient,  propagent  une  portion  plus  ou  moins  notable  de  chaleur  trans- 
mise par  l'appareil,  ce  qui  est  une  suite  de  leur  plus  grande  conductibilité; 
ces  vases,  très-minces,  ontencore  un  autre  inconvénient  aussi  très-grave,  c'est 
de  s'agiter  et  même  de  vibrer  avec  la  plus  grande  facilité.  L'arrivée  de  l'eau 
chaude  dans  le  réservoir  placé  sur  la  basé  supérieure  de  la  colonne  liquide, 
le  passage  d'une  voiture  dans  la  rue  les  ébranlent  même  dans  le  cas  où  le 
support  de  l'appareil  est  posé,  non  sur  le  plancher  du  lieu  des  observations, 
mais  sur  un  massif  de  maçonnerie  assis  sur  le  sol  et  à  plus  de  20  mètres  de 
la  rue.  Ce  dernier  inconvénient  ne  peut  être  bien  reconnu  que  lorsqu'on  a 
déjà  fait  plusieurs  séries  d'expériences.  Des  vases  plus  épais  vibreraient  peu 
et  donneraient  des  résultats  de  nature  à  exercer  les  géomètres;  mais,  pour 
l'étude  des  propriétés  des  liquides,  les  vases  en  bois,  peints  à  l'intérieur, 
paraissent  les  plus  convenables. 

»  En  résumé  : 

»  i°.  Nous  pensons  que  notre  réponse  à  M.  Langberg  a  été  claire  et  dé- 
monstrative. 

»  i°.  L'eau  paraît  très-peu  modifiée  dans  sa  propriété  conductrice  de  la 
chaleur  par  l'addition  d'un  sel. 

»  3°.  L'eau,  le  fer,  la  fonte,  le  marbre,  la  pierre  lithographique,  la 
pierre  de  Tonnerre,  le  bois  de  sapin  offrent  des  différences  assez  tranchées 
dans  leurs  propriétés,  pour  que  les  résultats,  tirés  des  expériences  faites 
sur  ces  corps,  soient  applicables  à  tous  les  corps  de  la  nature.  Les  géomè- 
tres, les  géologues  et  les  physiciens  sont  donc  autorisés  à  considérer  les 
trois  lois  fondamentales  de  la  propagation  de  la  chaleur  énoncées  plus  haut 
comme  constatées  par  l'expérience.  » 

M.  Jomard  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  de  son  Éloge 
de  Conté. 

RAPPORTS. 

M.  Duvernot  fait  un  Rapport  verbal  sur  la  première  livraison  de  l'ou- 
vrage sur  l'anatomie  microscopique  des  Animaux  et  le  développement  des 
Vertébrés,  de  M.  R.  Wagner,  intitulé  :  Icônes  phjsiologicœ ,  dont 
M.  Va  kiu  publie  une  seconde  édition  entièrement  refondue. 


(  549) 

MÉMOIRES  LUS. 

astronomie.  —  Disposition  de  l'appareil  de  Bohnenberger  pour  les  diffé- 
rentes latitudes;  par  M.  C.-C.  Persojî.  (Extrait  par  l'auteur.) 
(Commission  précédemment  nommée:  MM.  Arago,  Pouillet,  Babinet.) 
«  Dans  la  première  partie  de  ce  travail,  j'ai  montré  que  l'appareil  de  Boh- 
nenberger n'était  pas  entraîné  par  la  rotation  de  son  support,  et  j'en  ai  conclu 
qu'un  instrument  de  ce  genre,  exécuté  avec  précision,  donnait  le  moyen  de 
constater  la  rotation  de  la  Terre.  De  cette  rotation,  j'ai  dit  que  je  ne  considé- 
rais d'abord  que  la  composante  qui  tend  àfaire  tourner  autourdela  verticale. 
Mais  sur  le  Globe,  c'est  seulement  au  pôle  que  ce  cas  simple  se  réalise;  à 
toute  autre  latitude  intervient  la  composante  horizontale  de  la  rotation  ter- 
restre qui  complique  les  phénomènes.  J'examinerai  maintenant  cette  force  ; 
je  dirai  comment  on  l'élimine,  et  comment  on  peut  reproduire  partout  des 
conditions  aussi  simples  qu'au  pôle. 

»  Soient  ZPH  un  méridien,  X  la  latitude  du  point  Z,  n  la  Vitesse  angu- 
laire de  la  Terre  autour  de  son  axe  CP  ;  on  a,  d'après  le  théorème  d'Euler, 
n  sin  X  et  n  cos  X  pour  les  vitesses  angulaires  autour  de  la  verticale  CZ  et  de 
l'horizontale  CH.  L'appareil  de  Bohnenberger  étant  en  Z,  on  conçoit  facile- 
ment sa  rotation  autour  de  la  verticale,  puisque  cette  verticale  passe  par  son 
centre.  Quant  à  la  rotation  autour  de  l'horizontale  CH,  d'après  les  règles  de 
la  composition  des  rotations  parallèles,  elle  équivaut  à  chaque  instant  à  une 
translation  en  ligne  droite  et  à  une  rotation.  Pendant  sa  translation  suivant 
chaque  élément  rectiligne  de  la  trajectoire,  l'appareil  reste  parallèle  à  lui- 
même,  et  il  tourne  instantanément,  en  passant  d'un  élément  à  un  autre, 
avec  une  vitesse  angulaire  n  cos  X.  Cette  rotation  s'effectue  autour  de  la 
méridienne  menée  par  le  centre  de  l'instrument,  laquelle  est  une  parallèle 
à  l'horizontale  CH'  du  méridien  passant  alors  par  ce  centre. 

»  Faisant  abstraction  de  la  translation,  qui  n'a  pas  ici  d'influence,  on 
voit  que  la  rotation  de  la  Terre,  en  entraînant  l'instrument,  donne 
naissance  à  un  couple  dont  l'axe  est  dans  la  méridienne  et  les  forces  dans 
le  premier  vertical.  Ce  plan  est  donc  ici  ce  qu'était  l'horizon  par  rap- 
port à  la  composante  de  la  rotation  terrestre  autour  de  la  verticale.  Or  cette 
composante  faisait  sortir  l'axe  du  plan  de  l'horizon  ;  donc  ici  l'axe  va  sortir 
du  premier  vertical,  ou,  en  d'autres  termes,  il  va  prendre  un  mouvement 
azimutal.  Un  pareil  mouvement,  quoique  très-lent,  pourrait  rendre  dou- 
teuses les  observations  faites  pour  constater  la  rotation  de  la  Terre,  puisque 

C.  R.,  i85a ,  am«  Semestre.  (T.  XXXV,  N°iC.)  72 


(  55o  ) 

ces  observations  supposent  l'axe  sans  mouvement  azimutal.  Voici  comment 
on  obvie  à  cette  difficulté  :  "     • 

»  Les  deux  composantes  de  la  rotation  terrestre,  agissant  séparément, 
impriment  à  l'appareil  les  vitesses  angulaires  n  sin  X  et  n  cos  X.  Par  consé- 
quent, en  agissant  ensemble,  elles  lui  donnent  la  vitesse  n  autour  d'un  axe 
parallèle  à  celui  de  la  Terre.  Mettons  dans  cette  direction  l'axe  général  de 
l'instrument  qui,  jusqu'ici,  était  vertical;  nous  rentrons  alors  dans  le  cas 
simple  supposé  par  le  calcul  :  seulement,  la  composante  verticale  de  la  rota- 
tion terrestre  est  maintenant  remplacée  par  la  rotation  totale,  et  il  n'existe 
plus  de  force  qui  tende  à  donner  un  mouvement  azimutal.  La  rotation  de 
la  Terre  fera  simplement  décrire  à  l'axe  de  la  petite  sphère  le  méridien  où  il 
nous  aura  plu  de  le  mettre;  mais  ce  mouvement  sera  excessivement  lent.  En 
ascension  droite,  on  aura  un  mouvement  apparent  plus  rapide,  qui  sera  pré- 
cisément égal  à  celui  de  la  Terre  ;  de  sorte  que  l'anneau  moyen  paraîtra  faire 
un  tour  en  vingt-quatre  heures.  En  un  mot,  on  se  retrouvera  exactement 
dans  les  mêmes  conditions  qu'au  pôle. 

»  J'ai  été  engagé  dans  ce  travail  par  une  question  que  m'a  faite  M.  Sire, 
préparateur  de  physique  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Besançon.  M.  Sire  m'a 
demandé  si,  dans  les  expériences  sur  la  rotation  de  la  Terre,  on  ne  pour-, 
rait  pas  remplacer  le  pendule  par  une  roue  qui  tournerait  autour  d'un  axe 
horizontal  dans  une  chape,  mobile  elle-même  autour  d'un  axe  vertical.  J'ai 
répondu  négativement,  par  la  raison  que  l'analogie  était  inexacte,  le  pendule 
ne  décrivant  pas  un  plan,  ainsi  que  M.  Foucault  l'avait  annoncé,  mais  fai- 
sant des  oscillations  elliptiques,  ainsi  que  l'avait  démontré  M.  Binet.  Depuis, 
ayant  réfléchi  à  la  liberté  d'inclinaison  latérale  qui  manquait  à  la  roue  de 
M.  Sire,  et  qui,  suivant  moi,  était  nécessaire,  je  pensai  que  l'appareil  de 
Bohnenberger  avec  ses  trois  axes  devait  résoudre  la  question,  c'est-à-dire 
devait  ne  pas  être  entraîné  par  la  rotation  de  la  Terre  ou  de  son  support.  Je 
fis  quelques  essais  sur  l'instrument  qui  était  à  la  Faculté,  instrument  d'un 
prix  modique,  et  construit  pour  un  autre  usage.  Il  m'offrit  des  irrégularités  : 
ainsi  l'axe  de  la  petite  sphère  n'était  jamais  rigoureusement  fixe,  même 
quand  le  support  était  immobile.  Mais,  d'un  autre  côté,  il  n'était  pas  plus 
dérangé  quand  on  faisait  tourner  le  support,  et  que  la  sphère  d'ailleurs  était 
animée  d'une  rotation  un  peu  rapide.  Ayant  consolidé  entre  eux  les  deux 
anneaux  intérieurs  pour  ôter  à  l'appareil  ce  troisième  mouvement  que  j'avais 
jugé  nécessaire,  je  vis  la  petite  sphère,  malgré  sa  rotation,  infailliblement 
entraînée  quand  je  tournais  le  support.  Je  jugeai  alors  la  probabilité  assez 
grande  pour  étudier  théoriquement  la  question.   Je  reconnus  que  cette 


(  55.  ) 

résistance  à  l'entraînement  était  une  conséquence  extrêmement  simple  du 
théorème  d'Euler  sur  la  composition  des  rotations,  et  que  d'ailleurs  il  y 
avait  une  expérience  de  vérification,  beaucoup  mieux  faite  que  toutes  les 
miennes,  dans  le  grand  phénomène  de  la  précession  des  équinoxes.  Je  me 
convainquis  ainsi  que  les  irrégularités  de  mon  instrument  n'avaient  pas 
plus  d'importance  que  les  irrégularités  d'un  cercle  tracé  sur  le  tableau  pour 
une  démonstration  géométrique. 

»  Afin  d'appuyer  mes  résultats,  je  ferai  quelques  remarques  sur  ceux  qui 
ont  été  publiés  sur  le  même  sujet.  M.  Sire  n'a  pas  donné  de  démonstration 
rationnelle  :  c'est  seulement  par  l'expérience  qu'il  veut  établir  la  fixité  de 
sa  roue,  malgré  la  rotation  du  support.  J'ai  vu  son  expérience  ;  son  appareil, 
dépourvu  du  troisième  axe,  est  entraîné  par  toute  rotation  régulière  du  sup- 
port. Mais,  par  cela  même  qu'il  n'a  que  deux  axes,  cet  appareil  réalise  des 
phénomènes  curieux  d'évolution  dont  je  ne  me  suis  occupé  que  pour  en 
chercher  la  cause,  qui  est  fort  simple. 

»  M.  Foucault  ne  prouve  pas  par  le  raisonnement  qu'un  corps  en  rota- 
tion doive  résister  à  l'entraînement  de  son  support.  Il  ne  donne  pas  non  plus 
de  démonstration  expérimentale  réellement  suffisante;  nulle  part  il  ne  dit 
avoir  établi  son  appareil  sur  un  support  tournant,  ni  avoir  tordu  le  fil  de 
suspension  pour  s'assurer  qu'il  n'y  a  pas  entraînement.  Il  ne  soumet  son 
appareil  qu'à  une  rotation  excessivement  lente,  qui  est  celle  de  la  Terre  :  il 
observe  alors  au  microscope  des  mouvements  apparents,  desquels  il  conclut 
que  le  plan  de  rotation  possède  une  fixité  de  direction  absolue.  C'est  une  con- 
clusion d'autant  plus  hardie,  qu'elle  paraît  contraire  aux  lois  de  la  Mé- 
canique; car,  dans  cette  expérience,  interviennent  des  forces  qui  dérangent 
nécessairement  cette  fixité  annoncée  comme  absolue.  Il  est  évident  d'abord 
que  le  gyroscope,  par  cela  seul  qu'il  tourne  avec  la  Terre,  en  lui  présentant 
toujours  la  même  face,  tourne  en  même  temps  sur  lui-même  :  c'est  le  cas 
bien  connu  de  la  Lune.  Or,  cette  rotation  se  combinant  avec  celle  qu'on  a 
donnée  au  mobile  pour  l'expérience,  la  fixité  absolue  est  généralement  im- 
possible. Elle  n'aurait  pas  lieu  même  quand  on  mettrait  l'axe  du  tore  dans 
la  méridienne  pour  faire  coïncider  les  axes  des  deux  rotations;  car  cette 
coïncidence  ne  durerait  qu'un  instant,  vu  que  l'axe  du  tore  ne  marche  pas 
avec  la  méridienne.  Et  si  on  l'oblige  à  marcher  avec  elle,  comme  l'auteur  le 
fait  plus  loin,  la  fixité  est  encore  plus  dérangée;  une  force  qui  existait  déjà, 
mais  qu'on  avait  méconnue,  se  trouve  alors  notablement  agrandie,  et  l'axe 
se  met  en  mouvement  dans  un  plan  vertical.  Comment  parler  de  fixité  ab- 
solue quand  il  y  a  ainsi  des  forces  continuellement  en  jeu  sur  un  appareil 

■      72.. 


(  552  ) 

librement  suspendu,  c'est-à-dire  prêt  à  leur  obéir!  On  se  trouve  alors  conduit 
à  des  contradictions  réelles.  M.  Foucault  admet  que  l'axe  de  son  gyro- 
scope tend  à  se  placer  parallèlement  à  l'axe  de  la  Terre,  et  en  même  temps 
il  prétend  que  cet  axe,  libre  de  se  mouvoir,  a  une  fixité  absolue  dans  toutes 
les  positions  qu'on  lui  donne. 

n  Voici  maintenant  la  cause  de  ces  contradictions.  M.  Foucault  n'a  pas 
vu  que  les  forces  qui  agissent  quand  il  opère  avec  deux  axes,  comme  M.  Sire, 
agissent  aussi  quand  il  opère  avec  trois  axes.  Ces  forces  sont  les  composantes 
verticale  et  horizontale  de  la  rotation  terrestre.  M.  Foucault  n'a  reconnu  la 
dernière  que  quand  elle  se  trouvait  agrandie  par  cette  suppression  d'un  axe. 
Quant  à  la  composante  verticale,  il  n'en  parle  nulle  part. 

»  Comment  cette  composante  a-t-elle  pu  lui  échapper  ?  C'est  qu'il  croyait 
l'avoir  annulée  par  son  mode  de  suspension  à  l'aide  d'un  fil  sans  torsion.  Ce 
serait  bien  si  le  fil  restait'sans  torsion ,  mais  il  s'en  produit  nécessairement  une, 
puisque  l'extrémité  inférieure  du  fil  est  attachée  à  un  cercle  qui,  d'après  l'au- 
teur lui-même,  ne  tourne  pas,  tandis  que  l'extrémité  supérieure  tourne  avec 
la  Terre.  Et  cette  torsion  n'est  pas  négligeable  dans  un  cas  où  l'on  parle  de 
fixité  absolue. 

»  Je  résumerai  en  quelques  mots  cette  deuxième  partie  de  mon  travail  : 

»  i°.  Je  fais  connaître  une  disposition  qui  permet  d'employer  l'appareil 
de  Bohnenberger  à  toutes  les  latitudes,  dans  des  conditions  aussi  simples 
qu'au  pôle; 

»  20.  J'explique  comment  la  roue  de  M.  Sire,  qui  ne  fournit  pas  de  plan 
fixe,  m'a  donné  l'idée  de  l'appareil  de  Bohnenberger,  qui  en  fournit  un; 

»  3°.  Je  crois  avoir  signalé  des  erreurs  de  mécanique  dans  le  travail  de 
M.  Foucault;  je  pense  que  ce  physicien  devra  renoncer  à  la  fixité  absolue 
qu'il  avait  admise,  et  admettre,  au  contraire,  la  force  de  rotation  autour 
de  la  verticale  qu'il  avait  méconnue.  » 

chimie.  —  Recherches  sur  une  combinaison  nouvelle  du  cobalt; 
par  M.  Edouard  Saint-Evre.  (Extrait  par  l'auteur.) 
(Commissaires,  MM.  Thenard,  Chevreul,  Dumas,  Pelouze.) 
«   Lorsqu'on  met  en  contact  une  dissolution  froide  et  concentrée  d'azo- 
tite  de  potasse  avec  une  dissolution  également  froide  et  concentrée  d'azo- 
tate de  cobalt,  on  observe  les  phénomènes  suivants  :  il  se  dégage  du  bioxyde 
d'azote,  en  même  temps  qu'il  se  dépose  un  précipité  insoluble  d'une  teinte 
jaune  particulière.  Enfin,  si  l'on  examine  la  liqueur  qui  a  donné  naissance 
à   ce   dernier,   on    y   trouve   une    quantité   considérable    de  nitrate   de 
potasse. 


(  553  ) 

»  On  peut  encore  produire  ce  nouveau  corps  dans  les  deux  circon- 
stances suivantes  :  premièrement,  on  n'a  qu'à  précipiter  l'azotate  de  cobalt 
par  la  potasse,  de  manière  à  former  le  sous-sel  bleu,  mettre  celui-ci  en 
contact  avec  un  léger  excès  d'azotite  de  potasse,  et  y  laisser  tomber  un 
mince  filet  d'acide  azotique  au  moyen  d'une  pipette  :  on  observe  dans  ce  cas 
le  dégagement  du  bioxyde  d'azote,  la  formation  du  nitre  et  la  production 
du  précipité  jaune  ;  secondement,  on  détermine  encore  la  formation  du 
nouveau  corps,  en  précipitant  l'azotate  de  cobalt  par  la  potasse  en  léger 
excès,  jusqu'à  ce  que  l'hydrate  rose  de  protoxyde  de  cobalt  ait  paru,  et  en 
faisant  passer  dans  le  magma  qui  en  résulte  un  courant  de  bioxyde  d'azote. 
L'expérience,  dans  ce  dernier  cas,  est  si  nette  et  si  prompte,  qu'elle  peut 
être  exécutée  dans  un  cours  public. 

»  Ce  corps  jaune  est  doué  des  propriétés  suivantes  : 

»  Il  est  d'un  jaune  éclatant  ;  sa  nuance  est  tellement  vive,  qu'il  constitue 
le  type  du  jaune  dans  le  cercle  chromatique  de  M.  Chevreul.  Il  est  neutre 
au  tournesol. 

»  Examiné  au  microscope,  il  constitue  des  prismes  à  quatre  pans,  ter- 
minés par  des  facettes  triangulaires.  Il  est  sensiblement  insoluble  dans  l'eau, 
et  tout  à  fait  insoluble  dans  l'alcool  et  l'éther.  Le  sulfure  de  carbone  en 
dissont  des  traces. 

»  L'eau  bouillante  le  décompose,  à  l'abri  de  l'air,  en  dégageant  du 
bioxyde  d'azote.  Au  contact  de  l'air,  on  remarque  la  formation  de  vapeurs 
d'acide  azotique;  en  même  temps  la  liqueur  devient  alcaline  et  se  colore 
en  rose.  On  y  trouve  de  l'azotate  ordinaire  de  cobalt  et  de  l'azotite  de 
potasse. 

»  Mis  en  suspension  dans  l'eau,  il  résiste  pendant  longtemps  à  l'action 
d'un  courant  de  chlore.  Ce  n'est  qu'en  chauffant  le  mélange  qu'on  parvient 
à  le  décomposer. 

»  Il  résiste  également  bien,  dans  les  mêmes  circonstances,  à  l'action  de 
l'hydrogène  sulfuré.  Mais  le  sulfhydrate  d'ammoniaque  détermine  presque 
immédiatement  la  formation  du  sulfure  noir  de  cobalt. 

»  L'action  des  acides  en  dégage  des  vapeurs  rutilantes. 

»  La  potasse  en  dissolution  dans  l'eau  précipite  l'hydrate  de  sesquioxyde 
de  cobalt.  Cet  hydrate  perd  peu  à  peu  son  eau  à  la  température  de  100  de- 
grés, et  n'en  retient  plus  qu'un  seul  équivalent,  qu'il  n'abandonne  qu'à 
une  température  supérieure  à  1 55  degrés.  Il  est  en  outre  légèrement  soluble 
dans  l'eau  chaude. 

»  Calcinée  au  contact  de  l'air,  dans  un  tube  bouché,  la  matière  change 


(  55/4  ) 

de  teinte  pour  prendre  une  nuance  d'un  jaune  orangé.  En  même  temps  elle 
entre  en  fusion,  en  dégageant  de  l'eau,  des  vapeurs  rutilantes  d'acide 
hypoazotique  et  des  vapeurs  blanches  d'acide  azotique.  Le  résidu  qu'on 
obtient  se  compose  de  sesquioxyde  de  cobalt  et  d'azotite  de  potasse.  En 
opérant  dans  un  courant  d'azote  ou  d'acide  carbonique  desséché,  on 
obtient,  outre  tous  ces  produits,  du  bioxyde  d'azote.  Enfin,  dans  les 
mêmes  circonstances,  mais  en  employant,  pour  décomposer  la  substance, 
la  température  élevée  d'un  feu  de  charbon,  après  s'être  débarrassé  de 
l'acide  carbonique  par  la  potasse,  du  bioxyde  d'azote  par  le  sulfate  de 
protoxyde  de  fer,  on  obtient  un  résidu  gazeux  qui  présente  les  propriétés 
de  l'azote. 

»  L'auteur  de  ce  Mémoire,  en  raison  des  difficultés  imprévues  qu'il  a 
rencontrées  dans  le  dosage  de  la  potasse  et  du  cobalt,  s'est  arrêté  au  pro- 
cédé suivant.  Ce  procédé  consiste  à  faire  bouillir  la  matière  destinée  à  l'ana- 
lyse avec  de  l'acétate  de  soude  pur,  légèrement  acidulé,  lorsqu'il  est  alca- 
lin, par  une  petite  quantité  d'acide  acétique.  Il  faut  ensuite  précipiter  le 
cobalt  au  moyen  de  l'hydrogène  sulfuré,  reprendre  le  sulfure  obtenu,  par 
l'acide  azotique  étendu  d'eau,  évaporer  et  calciner1  le  nitrate  de  cobalt 
ainsi  obtenu,  et  réduire  par  l'hydrogène  le  sesquioxyde  résultant  de  la 
calcination.  Il  faut  enfin  s'assurer  que,  dans  l'oxyde  destiné  à  la  réduction, 
il  ne  reste  pas  de  soufre  à  l'état  de  sulfure  ou  d'oxysulfure,  malgré  toutes 
les  précautions  employées,  et  le  doser,  s'il  en  existe,  à  l'état  de  sulfate  de 
baryte  pour  défalquer  son  poids  du  poids  total.  Quant  au  dosage  de  la 
potasse,  il  faut  d'abord  se  débarrasser  du  cobalt  en  le  précipitant  à  l'état  de 
sulfure. 

»  Les  résultats  bruts  de  l'analyse  conduisent  à  la  formule 

Aza08,CbO,KO,  {HO. 

»  Il  faut  donc,  tant  à  cause  de  la  présence  de  l'eau,  que  de  la  formation 
du  sesquioxyde  de  cobalt  par  la  calcination,  doubler  la  formule  précédem- 
ment citée,  qui  devient  alors 

a(Az308,CbO,  KO)  HO  en  équivalents. 

»  En  ramenant  la  réaction  à  sa  forme  la  plus  simple,  on  peut  s'en  rendre 
compte  de  la  manière  suivante  :  i  équivalent  de  nitrate  de  cobalt,  2  équi- 
valents d'acide  nitrique,  et  4  équivalents  d'azotite  de  potasse,  renferment 
les  éléments  de  3  équivalents  de  nitre,de  2  équivalents  de  bioxyde  d'azote, 
qui  se  dégagent,  et  de  i{  équivalent  du  corps  jaune  qui  se  précipite  en 


(  555  ) 
prenant  la  quantité  d'eau  qui  lui  est  nécessaire  : 

Az05CbO]       /        3(Az05KO) 
+  2(Az05)  =      +  a(Az02) 

+  4(AzOsKO)   )       (  +  a(AzO%CbO,KO). 

»  La  formule  citée  plus  haut  exige  : 

Calculé  en  centièmes.       Trouvé  en  moyenne. 

Az\ 56  1 5,34  i5,4a 

o,s.  .......    128  35,07 

2CbO 76  20,82  20,48 

2  KO 96    »  26,3o  26, 5o 

HO 9  2,47  » 

365  100,00 

»  En  résumant,  ce  sel  paraît  devoir  être  considéré  comme  une  combinai- 
son d'acides  azotique  et  azoteux  unis  à  de  la  potasse,  à  de  l'eau  et  à  du 
protoxyde  de  cobalt.  C'est  au  moins  la  manière  de  l'envisager  la  plus  simple 
qui  résulte  de  l'examen  matériel  des  faits. 

»  En  raison  de  la  beauté  de  sa  nuance,  de  la  résistance  qu'il  oppose  aux 
agents  ordinaires  d'oxydation  ou  de  sulfuration,  l'auteur  de  ce  Mémoire  a 
pensé  que  ce  jaune  de  cobalt  pourrait  être  avantageusement  employé  dans 
la  peinture.  Des  expériences  commencées  depuis  plus  d'un  an,  et  dont  les 
résultats  sont  entre  les  mains  de  M.  Chevreul,  démontrent  qu'il  peut  s'em- 
ployer sans  altération  aucune,  soit  seul,  soit  à  l'état  de  mélange  dans  la 
peinture  à  l'huile  et  dans  la  peinture  à  l'aquarelle.  L'auteur  se  croit  en 
conséquence  fondé  à  pouvoir  affirmer  que  le  jaune  de  cobalt  constitue  une 
couleur  susceptible  à  l'avenir  d'être  employée  dans  la  peinture.  Plusieurs 
artistes  en  ont  déjà  essayé  l'emploi,  et  l'auteur  ne  fait  ici  que  reproduire 
leur  témoignage.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ORGANOGKNIE    végétale.  —  Organoge'nie  des  P  unie  des  ;  par  M.  Payer. 

(Extrait  par  l'auteur.  ) 

(Commission  précédemment  nommée  :  MM.  de  Jussieu,  Brongniart.) 

«  Inflorescence.  L'inflorescence  du  Grenadier  est  très-simple.  La  fleur  naît 
à  l'extrémité  du  rameau;  elle  est,  selon  l'expression  des  botanistes  descrip- 


(  556  ) 

teurs,  solitaire  et  terminale.  Deux  bractées  en  enveloppent  la  base  et  sont, 
le  plus  ordinairement,  stériles;  parfois,  cependant,  il  arrive  qu'à  l'aisselle 
de  chacune  d'elles  une  fleur  se  développe.  L'inflorescence  se  compose  alors 
de  trois  fleurs,  une  centrale  et  deux  latérales.  C'est  une  cjme  triflorc 
contractée,  ce  que  M.  A.  Saint-Hilaire  appelle  un  glomérule. 

»  Calice.  La  grenade,  à  l'origine,  se  présente  sous  la  forme  d'un  petit 
mamelon  cellulaire,  un  peu  plus  large  au  sommet  qu'à  la  base,  de  manière 
à  représenter  assez  bien  une  toupie.  Puis  le  mamelon  se  déprime,  et  cette 
dépression  se  continuant,  il  en  résulte  une  sorte  de  coupe  à  bord  festonné. 
(Iliaque  feston  est  le  rudiment  d'une  foliole  calicinale.  J'ai  cherché  long- 
temps si  ces  festons  apparaissent  simultanément  ou  successivement.  Je  n'ai 
pu  arriver  à  une  certitude.  Je  les  ai  vus  tantôt  égaux  et  tantôt  inégaux.  Ce 
qu'on  peut  dire  de  plus  généralement  vrai,  c'est  que  la  dépression  est  d'a- 
bord assez  irrégulière,  et  que  quand  les  sépales  deviennent  distincts,  ils 
sont  tous  de  même  forme  et  de  même  grandeur. 

»  Corolle.  Les  pétales  alternent  avec  les  sépales.  Ils  naissent  tous  en 
même  temps  et  offrent,  dans  le  premier  âge,  l'aspect  d'un  petit  mamelon 
conique.  Us  sont  insérés  plus  bas  que  les  sépales  sur  les  parois  internes  de 
l'espèce  d'entonnoir  produit  par  la  dépression  de  l'axe  floral.  Du  reste,  leur 
développement  ultérieur  ne  présente  rien  de  particulier. 

»  Androcée.  Les  étamines  sont  très-nombreuses  et  apparaissent  comme 
les  pétales  sur  les  parois  internes  de  l'entonnoir  floral,  du  sommet  à  la  base; 
cela  est  très-facile  à  observer,  soit  sur  les  Grenadiers  à  fleurs  simples,  soit 
sur  les  Grenadiers  à  fleurs  doubles,  où  l'on  peut  suivre  pas  à  pas  la  transfor- 
mation des  étamines  en  pétales.  Les  étamines  voisines  de  la  corolle  sont 
déjà  très-avancées,  que  celles  qui  sont  au  fond  de  l'entonnoir  floral  com- 
mencent à  peine  à  poindre.  Elles  ne  forment  point  un  cercle  régulier.  Insé- 
rées assez  bas  vis-à-vis  les  sépales,  elles  se  relèvent  vers  les  pétales,  en  sorte 
qu'elles  forment  comme  des  guirlandes  qui  vont  d'un  pétale  à  l'autre,  chaque 
guirlande  étant  composée  de  quatre  étamines. 

»  Gynécée.  A  peine  toutes  les  étamines  sont-elles  nées,  que  le  fond  de  l'en- 
tonnoir floral  se  creuse  dans  son  milieu  et  forme  un  puits  peu  profond, 
bordé  par  une  étroite  margelle.  C'est  sur  cette  margelle  qu'apparaissent  cinq 
petits  mamelons,  rudiments  des  stigmates,  et  c'est  sur  les  parois  du  puits, 
au-dessous  de  chacun  des  mamelons  stigmatiques,  que  se  produisent  autant  de 
cavités,  rudiments  des  loges  supérieures  de  l'ovaire.  Les  stigmates  s'allon- 
gent, se  recouvrent  de  papilles;  une  membrane  stylaire  commune  les  sou- 
lève, et  l'on  a  bientôt  cette  colonne  centrale  que  l'on  observe  dans  la  fleur 


(557) 

des  Grenadiers.  En  même  temps,  les  loges  qui  leur  correspondent  s'appro- 
fondissent davantage,  et,  par  un  mouvement  de  bascule  tout  à  fait  analogue 
à  celui  que  j'ai  décrit  dans  le  Mesembrjranthemum  edule,  de  presque  verti- 
cales qu'elles  sont  dans  l'origine,  elles  deviennent  horizontales,  puis  renver- 
sées, en  sorte  que  les  placentas,  qui  sont  axiles  dans  le  principe,  deviennent 
basilaires,  puis  pariétaux. 

»  Ce  qui  se  forme  au  fond  de  l'entonnoir  floral,  immédiatement  au-des- 
sous de  l'androcée,  se  reproduit  au  fond  du  puits  ovarien,  c'est-à-dire  qu'il 
s'y.  creuse  un  second  puits  plus  étroit  et  moins  profond  que  le  premier,  et 
qui,  par  suite,  a  aussi  sa  margelle.  Des  stigmates  tendent  à  se  montrer  sur 
cette  nouvelle  margelle  ;  mais,  gênés  dans  leur  développement,  ils  restent 
rudimentaires  ou  disparaissent.  Au-dessous  d'eux,  sur  les  parois  de  ce  second 
puits,  se  creusent  autant  de  cavités,  éléments  de  nouvelles  loges.  Dans  les 
Grenadiers  des  Tuileries,  ces  loges  sont  au  nombre  de  cinq,  et  alternent  avec 
les  loges  de  l'étage  supérieur.  Dans  les  Grenadiers  du  Jardin  des  Plantes,  il 
n'y  en  a  que  trois.  Ces  loges  deviennent  de  plus  en  plus  profondes,  mais  ne 
subissent  point  de  mouvement  de  bascule  comme  les  premières  ;  par  suite, 
les  placentas  restent  toujours  axiles. 

»  Dans  une  variété  que  l'on  cultive  au  Jardin  des  Plantes,  sous  le  nom 
de  Punica  granatum  flavum ,  il  y  a  trois  étages  de  loges.  Le  second  étage  se 
comporte  alors  absolument  comme  le  premier;  les  placentas,  d'abord  axiles, 
deviennent  horizontaux,  puis  pariétaux,  et  c'est  au  fond  du  second  puits 
ovarien  que  se  creuse  un  troisième  qui  produit  trois  nouvelles  loges,  analo- 
gues aux  loges  du  second  étage  dans  le  Grenadier  ordinaire. 

»  La  fleur  des  Grenadiers  offre  donc  deux  verticilles  de  carpelles;  le 
premier,  le  plus  extérieur,  dont  les  stigmates  se  développent,  et  dont  les 
loges,  par  un  mouvement  de  bascule,  se  renversent;  le  second,  le  plus  inté- 
rieur, dont  les  stigmates  avortent,  et  dont  les  loges  conservent  leur  direction 
primitive.  Qu'on  se  représente  le  réceptacle'  concave  de  la  Rose  creusé  sur 
ses  parois  internes  d'un  cercle  de  cinq  loges  horizontales,  et  à  son  fond  de 
trois  autres  loges  verticales,  on  aura  une  idée  assez  nette  de  l'organisation 
de  l'ovaire  des  Grenadiers. 

»  Ovules.  Les  ovules  naissent  sur  ies  placentas  sans  beaucoup  d'ordre.  On 
n'y  observe  point  ces  séries  régulières  que  j'ai  indiquées  dans  les  Mesem- 
bryanthemum ;  mais  on  remarque  toujours  que  les  ovules  commencent  à 
paraître  au  sommet  organique  du  placenta,  et,  quand  le  placenta"en  est 
recouvert,  on  peut  facilement  constater  que  les  ovules  sont  d'autant  plus 
jeunes,  qu'ils  sont  plus  rapprochés  de  la  base  organique.  J'emploie  à  des- 

C.  R.,  i85a,  s=»  Semestre.  (T.  XXXV,  H°  16.)  73 


(  558  ) 

sein  les  expressions  de  sommet  organique  et  base  organique,  afin  de  pou- 
voir généraliser.  Car,  par  suite  du  mouvement  de  bascule  que  les  placentas 
des  loges  supérieures  éprouvent,  et  qui  les  rend  pariétaux,  leur  sommet 
organique  devient  la  base,  et  leur  base  organique  le  sommet;  tandis  que 
dans  les  loges  inférieures,  où  ce  mouvement  n'a  pas  lieu,  les  placentas  restent 
dans  leur  situation  primitive,  et  l'on  voit  très-bien  les  ovules  naître  du 
sommet  à  la  base.  » 

chimie.  —   Sur  une  matière  colorante  verte  qui  vient  de    Chine; 

par  M.  .!.  Persoz. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze.) 

«  J'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  de  l'Académie  un  échantillon 
d'une  matière  colorante,  employée  en  Chine  pour  teindre  en  vert  les  fibres 
textiles.  L'Académie  voudra  bien  me  permettre  de  lui  retracer,  en  peu  de 
mots,  comment  je  suis  parvenu  à  constater  l'existence  de  cette  couleur. 

»  M.  Daniel  Kœchlin-Schouc,  en  me  remettant,  l'automne  dernier,  un 
échantillon  de  calicot  teint  en  Chine,  de  nuance  vert  d'eau  d'une  grande 
stabilité,  m'invita  à  rechercher  la  composition  de  cette  couleur  verte.  Tous 
les  essais  que  je  fis  sur  cet  échantillon,  en  vue  de  mettre  en  évidence  un 
bleu  ou  un  jaune  quelconque,  demeurèrent  sans  résultat,  et  je  fus  bientôt 
convaincu,  par  l'isolement  du  principe  colorant,  que  ce  vert  était  dû  à  une 
matière  tinctoriale  d'une  nature  particulière  et  sui  generis.  De  plus,  il  de- 
venait évident  : 

»    i°.  Que  cette  matière  colorante  était  d'origine  organique  et  végétale  ; 

»  2°.  Que  le  tissu  sur  lequel  elle  était  fixée  se  trouvait  chargé  d'une  forte 
proportion  d'alumine  et  d'un  peu  d'oxyde  de  fer  et  de  chaux,  corps  dont  la 
présence  implique  nécessairement,  comme  conséquence,  que  pour  adhérer 
au  tissu  la  matière  colorante  employée  avait  exigé  le  concours  des  mordants. 

»  Ces  résultats  si  positifs  et  cependant  si  contraires,  non-seulement  à 
tout  ce  que  nous  connaissons  en  Europe  touchant  la  composition  des  verts, 
mais  encore  à  tout  ce  qui  a  été  écrit  sur  les  procédés  de  teinture  mis  en 
usage  chez  les  Chinois  pour  faire  cette  couleur,  nécessitaient  de  ma  part  un 
examen  plus  approfondi;  aussi,  vers  la  fin  du  mois  de  novembre  dernier, 
j'eus  recours  à  la  complaisance  de  M.  Forbes,  consul  américain  à  Canton, 
pour  lui  demander  un  spécimen  de  la  précieuse  matière.  Il  eut  la  bonté  de 
m'en  envoyer  environ  i  gramme. 

»  Cette  substance  se  présente  en  plaques  minces,  de  couleur  bleue,  ayant 


'  (  559  ) 

beaucoup  d'analogie  avec  celle  de  l'indigo  Java,  mais  d'une  pâte  plus  fine 
et  qui  diffère  d'ailleurs  de  l'indigo  par  sa  composition  et  toutes  ses  propriétés 
chimiques.  Après  avoir  fait  infuser  un  très-petit  fragment  de  cette  substance 
dans  l'eau,  ce  véhicule  ne  tarda  pas  à  se  colorer  en  bleu  foncé,  avec  reflet 
verdâtre.  La  liqueur  portée  progressivement  à  l'ébullition,  il  s'effectua,  en 
y  plongeant  un  échantillon  de  calicot  sur  lequel  étaient  imprimés  des  mor- 
dants de  fer  et  d'alumine,  une  véritable  teinture  et  l'on  vit  passer  : 

»  Les  parties  du  tissu  recouvertes  d'alumine,  au  vert  d'eau  plus  ou  moins 
foncé,  suivant  l'intensité  du  mordant; 

»  Les  parties  recouvertes  d'alumine  et  d'oxyde  ferrique,  au  vert  d'eau 
foncé  tirant  à  l'olive; 

»  Les  parties  enfin  chargées  d'oxyde  ferrique  pur,  à  l'olive  foncé. 

»  Quant  aux  parties  du  tissu  non  recouvertes  de  mordant,  elles  restèrent 
sensiblement  blanches. 

»  Les  couleurs  ainsi  obtenues  furent  mises  en  présence  de  tous  les  agents 
auxquels  nous  avions  précédemment  soumis  le  vert  chinois,  et  les  résultats 
prouvèrent  qu'elles  se  comportaient  de  la  même  manière.  De  ces  expériences 
on  peut  conclure  : 

»  i°.  Que  les  Chinois  possèdent  une  matière  colorante  (laque)  ayant 
l'aspect  physique  de  l'indigo,  qui  colore  en  vert  les  mordants  d'alumine  et 
de  fer  ; 

»  i°.  Que  cette  matière  colorante  ne  contient  ni  indigo,  ni  aucun  dérivé 
de  ce  principe  tinctorial. 

»  L'honorable  Président  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Paris,  M.  Le- 
gentil,  ayant  compris  tout  l'intérêt  qu'il  y  avait  pour  la  science  et  l'industrie 
à  ce  que  notre  pays  fût  promptement  mis  en  possession  de  cette  précieuse 
matière,  prit,  il  y  a  quelques  mois,  toutes  les  mesures  nécessaires  pour  s'en 
procurer  le  plus  tôt  possible  une  certaine  quantité  et  pour  avoir  en  même 
temps  tous  les  renseignements  touchant  son  origine  et  sa  préparation. 

»  J'attends,  pour  soumettre  à  l'Académie  un  travail  complet  sur  cette 
nouvelle  couleur,  que  j'aie  été  en  mesure  d'en  faire  une  étude  plus  appro- 
fondie. » 

entomologie  —  Sur  une  petite  phalène  dont  la  larve  vient  d'exercer  des 
ravages  sur  le  blé  et  l'orge  dans  les  colonies  agricoles  des  environs  de 
Mostaganem ;  par  M.  le  Dr  Guyon. 

(Commissaires,  MM.  Duméril,  Milne  Edwards,  de  Quatrefages.  ) 

«  Comme  je  visitais  les  colonies  agricoles  des  environs  de  Mostaganem, 

73.. 


(  56o  ) 

dans  les  journées  des  23  et  il\  du  mois  de  septembre,  la  phalène  qui  fait  le 
,  sujet  de  cette  Note  sortait  en  grande  quantité  des  tas  de  blé  et  d'orge  que  leurs 
habitants  venaient  de  récolter  ;  ils  en  nourrissaient  leurs  poussins,  en  les 
mettant  sur  ces  mêmes  tas  de  céréales.  Ce  lépidoptère  est  peut-être  nouveau 
pour  la  science  ;  aussi  en  ai-je  recueilli  un  assez  grand  nombre,  pour  que 
l'étude  en  puisse  être  faite  convenablement.  J'en  joins  à  cette  communica- 
tion quelques  individus  plus  ou  moins  maltraités,  en  attendant  ceux  que 
j'enverrai  plus  tard  avec  des  échantillons  du  grain  où  sa  larve  a  vécu.  La 
colonie  qui  en  a  le  plus  souffert  est  celle  d'Aboukir,  sur  la  route  de  Mas- 
cara. 

»  Dans  cette  même  colonie,  la  récolte  du  seigle  a  complètement  manqué 
cette  année,  le  grain  ayant  avorté  dans  la  paille  ou  enveloppe.  Le  seigle,  du 
reste,  est  une  céréale  à  laquelle  le  climat  du  nord  de  l'Afrique  ne  paraît  pas 
convenir.  » 

entomologie.  —  Sur  une  mouche  venimeuse  de  V Afrique  méridionale;  par 
M.  W.  Oswell.  (Présenté  par  M.  de  la  Roquette  au  nom  de  la 
Commission  centrale  de  la  Société  de  Géographie.) 

(Commissaires,  MM.  Duméril,  Milne  Edwards,  de  Quatrefages.) 

«  Cette  mouche,  appelée  par  les  indigènes  Tsetsé,  est  la  même  que  celle 
qui  fut  trouvée  à  l'est  du  Limpopo,  et  qui  infeste  la  contrée  de  Sebitoani  ; 
elle  est  heureusement  confinée  en  certaines  localités  dont  elle  ne  s'éloigne 
jamais.  Les  habitants  mènent  leurs,  troupeaux  à  une  certaine  distance  des 
lieux  où  elle  se  trouve,  et  s'ils  sont  forcés,  en  les  changeant  de  place,  de 
traverser  des  portions  de  pays  dans  lesquelles  cet  insecte  existe,  ils  choisis- 
sent le  clair  de  lune  d'une  nuit  d'hiver,  parce  que  pendant  les  nuits  de  la 
saison  froide,  cet  animal  ne  pique  pas.  D'après  ce  que  j'ai  vu,  je  pense  qu'il 
suffit  de  trois  à  quatre  mouches  pour  tuer  un  gros  bœuf.  Nous  examinâmes 
une  vingtaine  environ  des  nôtres  qui  avaient  été  piqués  et  qui  moururent,  et 
tous  offraient  les  mêmes  apparences.  En  soulevant  la  peau,  les  muscles  et 
la  chair  avaient  un  aspect  glaireux,  et  paraissaient  fort  altérés.  L'estomac  et 
les  intestins  étaient  sains;  le  cœur,  les  poumons,  le  foie,  quelquefois  tous 
à  la  fois,  et  invariablement  l'un  ou  l'autre  de  ces  organes,  étaient  malades. 
Le  cceiir,  en  particulier,  attira  notre  attention;  ce  n'était  plus  un  muscle 
ferme,  mais  un  organe  contracté  et  aminci,  se  laissant  écraser  par  la  moin- 
dre pression  de  ses  parois;  il  ressemblait  à  de  la  chair  qui  aurait  été 
trempée  dans  l'eau.  Le  sang  était  diminué  en  quantité  et  altéré  en  qualité. 
Le  plus  gros  bœuf  n'en  rendit  pas  plus  de  vingt  pintes;  i!  était  épais  et  albu- 


(  56 1  ) 

milieux.  Les  mains  qu'on  plongeait  dans  ce  sang  n'en  étaient  point  tachées. 
Le  poison  semblerait  se  développer  dans  le  sang,  et  par  son  intermédiaire 
altérer  les  organes. 

»  Tous  les  animaux  domestiques,  à  l'exception  de  la  chèvre,  je  crois, 
meurent  de  la  piqûre  de  cet  insecte;  les  veaux  et  les  jeunes  animaux  pen- 
dant tout  le  temps  qu'ils  tettent  en  sont  garantis;  l'homme  et  tous  les  ani- 
maux sauvages  sont  aussi  à  l'épreuve  de  son  venin.  » 

physiologie.  —  Huitième  Mémoire  sur  le  système  nerveux; 
par  M.  Waller. 

(Commissaires   précédemment   nommés  :  MM.    Magendie,  Flourens* 

Velpeau.)  • 

«  D'après  des  observations  faites  en  1849  (1),  j'ai  déjà  eu  occasion  de 
remarquer  l'influence  de  la  température  sur  les  altérations  des  fibres  ner- 
veuses coupées.  Je  me  propose,  dans  les  observations  suivantes,  d'exposer 
quelques  nouvelles  observations  sur  ce  sujet.  Au  lieu  de  faire  l'examen  des 
grenouilles  à  différentes  époques  de  l'année,  où  les  différences  qu'on  ob- 
servait pouvaient  être  compliquées  de  plusieurs  autres  causes,  j'ai  ex- 
posé des  grenouilles  à  des  températures  différentes  à  la  même  époque  de 
l'année. 

»  Ces  observations  ont  été  faites  principalement  pendant  les  mois  de 
décembre  et  de  janvier  derniers.  Les  altérations  dans  la  structure  des  fibres 
nerveuses  coupées  ont  été  observées,  en  général,  dans  les  ramifications  du 
nerf  glosso-pharyngien  ;  les  changements  dans  les  fonctions  motrices  ont  été 
étudiés  sur  la  partie  périphérique  du  nerf  hypoglosse.  Ce  choix  a  été  dicté 
par  la  plus  grande  facilité  d'examiner  les  fibres  nerveuses  des  papilles  fon- 
giformes.  Nous  avons,  du  reste,  prouvé  que  les  altérations  se  font  avec  la 
même  rapidité  dans  les  fibres  sensitives  et  musculaires. 

»  Les  grenouilles  furent  exposées,  les  unes  à  une  température  de  1 7  à 
20  degrés  centigrades,  les  autres  à  la  température  de  o  à  7  degrés  centi- 
grades. Chez  les  premières,  on  apercevait  déjà,  au  bout  de  quatreà  cinq  jours, 
une  altération  très-évidente  des  fibres  nerveuses  coupées.  Leur  substance 
médullaire  portait  déjà  des  traces  très-manifestes  de  fissures  et  de  solutions 
de  continuité.  A  la  même  époque,  le  nerf  moteur  avait  déjà  perdu  une 
grande  partie  de  sa  puissance;  car  le  galvanisme  ne  déterminait  plus  que  de 

(1)  Philosophical  Transactions  of  t lie  royal  Society  London ,  part.  2;   i85o. 


(  562  ) 

faibles  contractions.  Au  bout  de  huit  à  neuf  jours,  les  fibres  nerveuses  se 
trouvaient  encore  plus  évidemment  altérées,  et  leur  substance  tubulaire  était 
convertie  en  particules  séparées,  mélangées  de  granules.  En  même  temps 
le  nerf  moteur  avait  entièrement  perdu  son  excitabilité.  Chez  les  mêmes  ani- 
maux, après  quatre  ou  cinq  jours,  on  apercevait,  sur  les  bords  de  la  plaie 
faite  pour  découvrir  les  nerfs  en  question,  un  gonflement  inflammatoire,  et 
vers  le  quatorzième  jour,  la  plupart  des  sutures  étaient  détachées.  Lorsque 
l'animal  avait  une  plaie  plus  profonde,  il  y  avait  formation  de  matière  puru- 
lente en  grande  abondance. 

»  Je  fais  ordinairement  la  division  de  la  moelle  épinière,  et  par  ce  moyen 
on  'diminue  les  mouvements  violents  de  l'animal ,  et  la  plaie  est  moins 
exposée  au  contact  des  corps  environnants.  Le  pus  est  sécrété  en  grande 
quantité;  et  l'eau  dans  laquelle  est  placé  l'animal  devient  promptement 
infecte  et  malfaisante  pour  l'animal.  La  matière  purulente  ressemble,  quant 
à  ses  caractères  physiques,  à  celle  de  l'homme,  excepté  que  les  globules  de 
pus  sont  plus  grands.  L'amaigrissement  des  animaux  gardés  à  cette  tempé- 
rature est  très-manifeste. 

»  Les  grenouilles  tenues  à  une  basse  température  présentaient  des  phéno- 
mènes tout  à  fait  différents.  Les  nerfs  examinés  vingt,  trente  et  même  quarante 
jours  après  la  section,  ne  m'ont  présenté  aucune  apparence  d'altération. 
L'excitabilité  du  nerf  moteur  était  non-seulement  conservée,  mais  était  con- 
sidérablement augmentée,  à  tel  point  que,  dans  quelques  cas  où  j'avais  trouvé 
qu'après  la  section  le  nerf  n'agissait  plus  quand  les  hélices  de  l'appareil 
de  du  Bois-Reymond  étaient  écartés  au  delà  de  4°6  millimètres,  se  trou- 
vait au  bout  de  vingt  jours  excitable  à  un  écartement  de  im,3o.  La  langue 
humaine,  dans  les  mêmes  conditions,  ne  commençait  à  sentir  l'influence 
électrique  qu'à  284  millimètres.  Ainsi,  comme  dans  certains  cas  de  paraly- 
sie, le  nerf,  par  son  inaction,  était  devenu  beaucoup  plus  irritable  qu'à 
l'état  normal.  A  la  même  époque,  la  plaie  ne  présentait  aucun  signe  d'in- 
flammation; les  points  de  suture  étaient  presque  comme  au  premier  jour 
de  leur  application  ;  l'eau  dans  laquelle  l'animal  avait  été  placé  était  claire, 
et.  l'on  y  trouvait  seulement  quelques  débris  d'épithélium.  L'animal  ne 
présentait  aucune  apparence  d'amaigrissement.  On  peut  constater  de  la 
même  manière  que  l'abaissement  de  température  arrête  l'altération  des 
nerfs  qui  ont  déjà  subi  un  commencement  de  dégénération  ;  car,  prenant 
une  grenouille  qui  avait  été  gardée  cinq  jours  à  une  température  élevée,  et 
chez  laquelle  on  distinguait  déjà  une  altération  des  fibres  nerveuses,  et  la  sou- 
mettant à  une  basse  température,  j'ai  constaté  qu'au  bout  de  quinze  jours, 


(  563  ) 

l'altération  des  fibres  n'avait  pas  fait  de  progrès  appréciables,  et  en  même 
temps  que  l'excitabilité  du  nerf  moteur  était  augmentée. 

»  L'explication  de  la  plupart  des  faits  précédents  me  paraît  être 
la  suivante  :  le  corps  de  l'animal,  comme  tout  physiologiste  l'admet,  se 
compose  de  parties  qui  se  détruisent  et  se  renouvellent  sans  cesse.  Si  nous 
n'avons  pas  occasion  de  nous  assurer  directement  de  ce  fait,  cela  provient 
de  l'équilibre  qui  existe  entre  ces  deux  actions  contraires.  Tant  que  l'in- 
fluence du  ganglion  sur  la  fibre  nerveuse  subsiste,  cet  équilibre  est  main- 
tenu ;  mais  aussitôt  que  la  connexion  du  corpuscule  ganglionnaire  avec  la 
fibre  nerveuse  est  détruite,  son  bout  périphérique  reste  dans  les  tissus 
comme  un  corps  étranger,  sur  lequel  s'exercent  seulement  les  forces  des- 
tructives qui  l'éliminent  plus  ou  moins  vite  suivant  le  degré  de  leur  activité. 
La  fibre  nerveuse  décentralisée  peut  donc  nous  servir  d'indice  de  l'activilé 
des  forces  vitales,  soit  par  le  changement  de  structure,  soit  par  la  perte  de 
ses  propriétés  motrices,  si  c'est  un  nerf  moteur.  Il  ne  me  paraît  pas  douteux 
que  tout  ce  qui  influe  sur  l'activité  vitale  affectera  aussi  la  rapidité  avec  la- 
quelle s'accompliront  l'altération  de  la  structure  et  la  perte  des  propriétés 
fonctionnelles. 

»  Si  donc  nous  observons  une  aussi  grande  différence  dans  ces  altéra- 
tions suivant  la  température,  c'est  par  suite  du  ralentissement  qui  existe 
dans  toutes  les  actions  chimiques  et  vitales  du  corps. 

»  Le  médecin  et  le  physiologiste  connaissent  la  grande  influence  exercée 
par  l'âge  sur  toutes  les  fonctions  vitales;  ils  savent  combien  ces  fonctions 
sont  plus  actives  dans  la  jeunesse.  La  même  différence  existe  par  rapport 
aux  altérations  des  nerfs  divisés  chez  les  très-jeunes  batraciens;  car  on 
trouve  que  dans  les  mêmes  conditions  de  température,  chez  une  très-jeune 
grenouille  pesant  environ  8  décigrammes,  les  fibres  sont  considérablement 
désorganisées  au  bout  de  quarante  heures,  tandis  que  sur  l'animal  adulte 
ces  altérations  ne  s'aperçoivent  qu'au  quatrième  ou  cinquième  jour.  L'exci- 
tabilité du  nerf  se  perd  aussi  avec  une  rapidité  correspondante. 

»  Sur  les  Mammifères,  j'ai  vu  dans  mes  expériences  que  l'âge  exerce  la 
même  influence  sur  les  altérations  des  fibres  nerveuses  et  sur  la  perte  de 
leurs  fonctions,  soit  sensitives,  soit  motrices.  Pour  observer  la  perte  de 
sensibilité,  il  faut  agir  sur  le  bout  central  de  la  racine  postérieure  du 
deuxième  nerf  spinal  ,  comme  je  l'ai  déjà  décrit  ailleurs. 

»  L'analogie  indique  que  ces  principes  trouveront  également  leurs  appli- 
cations chez  tous  les  animaux  à  sang  froid,  et  même  chez  les  animaux  hy- 
bernants.  Dans  une  expérience  sur  un  hérisson,  gardé  à  la  température 


(  564  ) 

de  o  degré  centigrade,  dans  une  glacière  artificielle,  au  bout  de  dix  jours 
je  n'ai  trouvé  aucune  altération  dans  le  nerf  sciatique  divisé,  tandis  qu'à  la 
température  ordinaire  il  y  avait  désorganisation  très-facile  à  reconnaître  au 
quatrième  jour. 

»  Les  physiologistes,  à  diverses  occasions,  se  sont  occupés  avec  grand 
intérêt  de  la  corde  du  tympan,  dont  le  trajet  et  si  remarquable,  et  dont  les 
fonctions  sont  encore  si  peu  connues. 

»  Quant  à  son  rapport  avec  les  nerfs  lingual  et  facial,  le  procédé  de  section 
nous  permet  d'en  décider  avec  la  plus  grande  facilité.  Il  suffit  d'introduire 
un  stylet  dans  la  cavité  du  tympan  en  le  tournant  en  divers  sens  dans  cette 
cavité  ;  on  déplace  facilement  les  osselets  de  l'ouïe,  et  en  même  temps  le  nerf 
est  divisé.  Au  bout  de  dix  à  vingt  jours  on  peut  s'assurer  que  la  partie  infé- 
rieure est  presque  complètement  désorganisée  dans  le  chat,  le  chien  et  le 
lapin.  Chez  tous  ces  animaux,  je  n'ai  aperçu  qu'environ  douze  à  vingt 
tubes  normaux  au  milieu  des  autres  tubes  désorganisés.  Ces  premiers  me 
paraissent  provenir  du  nerf  lingual,  et  suivre  une  marche  ascendante  dans 
la  corde  du  tympan.  » 

physiologie.  —  De  l'influence  directe  de  la  lumière  sur  les  mouvements  de 

l'iris;  par  M.    J.   Budge. 
(Commissaires  déjà  nommés  :  MM.  Magendie,  Flourens,  Pouillet.) 

«  D'après  les  expériences  de  Lambert,  de  Fontana  et  de  M.  E.-H.  Weber, 
on  croyait  que  la  lumière  n'a  pas  d'influence  directe  sur  l'iris,  mais  qu'elle 
agit  seulement  par  l'intermédiaire  de  la  rétine  et  des  centres  nerveux.  En 
conséquence,  on  a  regardé  jusqu'à  présent  le  rétrécissement  de  la  pupille 
produit  par  la  lumière,  comme  un  mouvement  réflexe. 

»  Mais  j'ai  trouvé  que  la  pupille  se  rétrécit  aussi  si  l'on  éclaire  l'œil  après 
avoir  coupé  les  deux  nerfs  optiques  ou  seulement  un  de  ces  nerfs  ;  il  faut, 
toutefois,  avoir  coupé  aussi  le  nerf  qui  produit  la  dilatation  de  la  pupille.  Si 
chez  une  grenouille  on  coupe  le  tronc  du  nerf  grand  sympathique  de  l'un 
des  côtés,  au-dessous  du  ganglion  du  nerf  pneumogastrique,  et  que  l'on  fasse 
en  même  temps  la  section  des  deux  nerfs  optiques,  la  pupille  se  rétrécit  au 
bout  d'une  heure  ou  un  peu  plus  du  côté  où  l'on  a  coupé  le  nerf  grand 
sympathique.  Si  l'on  met  alors  cette  grenouille  dans  un  endroit  obscur,  la 
pupille  qtii  était  contractée  se  dilate,  et  quand  on  expose  l'œil  à  la  lumière, 
elle  se  rétrécit  de  nouveau;  mais  la  lumière  n'agit  point,  ou  n'agit  que 
peu  sur  la  pupille  de  l'autre  côté,  où  l'on  a  coupé  seulement  le  nerf  optique 
sans  couper  le  nerf  grand  sympathique. 


(  565  ) 

»  Les  résultats  restent  les  mêmes,  si  l'on  coupe  la  tête  à  une  grenouille  et 
si  l'on  enlève  les  yeux  de  l'orbite.  Dans  ce  cas,  la  pupille  se  rétrécit  aussi  sous 
l'influence  de  la  lumière  et  se  dilate  quand  on  met  l'œil  dans  l'obscurité. 
On  peut  observer  ce  phénomène  à  peu  près  pendant  une  heure. 

»  Plusieurs  savants  de  Bonn  ont  vu  et  ont  confirmé  ces  expériences.  » 

jyjme  veuve  Réveillé-Parise  envoie,  pour  le  concours  des  prix  de 
Médecine  et  de  Chirurgie  auquel  a  été  adressé  le  Traité  de  la  Vieillesse , 
publié  par  son  mari,  une  analyse  de  ce  livre  rédigée  par  M.  Réveillé-Parise 
lui-même. 

(Renvoyé  à  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  Dean  demande  que  l'Académie  veuille  bien  se  faire  rendre  compte 
d'un  travail  intitulé  :  L'Hélice  dans  les  courbes  planétaires. 

M.  Faje  est  prié  d'examiner  ce  travail  et  de  faire  savoir  à  l'Académie  s'il 
est  de  nature  à  faire  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Poncelet  demande  l'adjonction  d'un  nouveau  Membre  à  la  Commis- 
sion chargée  d'examiner  un  travail  de  M.  Carvallo  sur  les  conditions  de 
stabilité  des  ponts  suspendus.  M.  Piobert  s'adjoindra  à  cette  Commission. 

CORRESPONDANCE. 

anatomie  comparée.  —  Sur  Vanatomic  comparée  des  Solipèdes  vivants  et 
fossiles  ;  par  M.  de  Ciiristol.  (Présenté  par  M.  Milne  Edwards.) 

«  M.  Lavocat  a  annoncé  à  l'Académie,  dans  sa  séance  du  1 2  juillet  der- 
nier, qu'il  avait  découvert,  dans  l'ostéologie  du  cheval,  i°  que  le  cubitus 
s'articulait  avec  le  carpe,  par  son  extrémité  inférieure;  20  que,  dans  le  tibia, 
on  retrouvait  l'os  qui  correspond  à  l'os  péronien  des  Ruminants. 

«  Or  ces  faits  ont  été  signalés  par  moi,  depuis  plus  de  quinze  ans,  dans 
mon  cours  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Dijon.  Mon  collègue,  le  professeur 
Brullé,  les  a  aussi,  depuis  longues  années,  indiqués,  d'après  moi,  dans  son 
cours  à  la  même  Faculté.  En  1847,  J'a*  uiontré  à  M.  Is.  Geoffroy-Saint- 
Hilaire,  dans  la  galerie  d'histoire  naturelle  de  la  Faculté  des  Sciences  de 
Dijon,  où  elles  sont  exposées,  les  pièces  sur  lesquelles  reposent  ces  décou- 
vertes ostéologiques.  La  même  année,  j'ai  déposé  au  Muséum  d'histoire 
naturelle  de  Paris,  des  modèles  en  plâtre  de  ces  pièces.  Enfin,  j'ai  publié 
ces  faits,  depuis  plusieurs  mois,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  géologique; 

C.  R.,  i85s,  ame  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  16. ,  74 


(  566  ) 

on  trouve  en  effet,  dans  ce  Bulletin  (séance  du  i er  mars  1 802),  les  indications 

suivantes  : 

«  Dans  tous  les  Solipèdes,  et  contrairement  à  l'opinion  régnante,  le  pé- 

»  roné  est  toujours  pourvu  d'une  tète  articulaire  inférieure  qui  s'articule 

»  avec  l'astragale;  c'est  l'os  péronien  des  Ruminants. 

«   Dans  tous  les  Solipèdes,  et  contrairement  à  l'opinion  régnante,  le  cu- 

»  bitus  est  toujours  pourvu  d'une  tète  articulaire  inférieure  qui  s'articule 

»  avec  le  carpe.  Ni  Cuvier  ni  M.  de  Blainville  ne  se  sont  doutés  de  cela; 

»  c'est  qu'en  effet,  quand  on  l'ignore,  cela  est  difficile  à  reconnaître.  » 
»  Dans  un  passage  qui  précède  ceux  que  je  viens  de  citer,  je  dis  aussi 

que,  «  dans  l'Hipparion,  l'os  péronien  est  soudé  au  tibia,  comme  dans  tous 

»  les  chevaux.  » 

»  Ce  n'est  pas  seulement  au  genre  cheval,  seul  genre  de  Solipèdes  dont 

se  soit  occupé  M.  Lavocat  dans  son  travail,  que  ces  faits  sont  propres,  ils 
s'appliquent  encore  aux  deux  genres  que  j'ai  ajoutés  à  la  famille  des  Soli- 
pèdes, le  genre  Hipparion,  que  j'ai  découvert  et  établi  en  1 83 1 ,  et  le  genre 
Hipparithérium  (  Palœotherium  awelianense,  Cuv.  ),  que  j'ai  établi  en  1 8/J7, 
en  le  considérant  comme  un  Solipède  à  molaires  non  cémentées,  c'est-à-dire 
à  molaires  affectées  d'un  arrêt  de  développement. 

»  C'est  dans  l'extension  de  ces  faits  à  la  famille  entière  des  Solipèdes  que 
se  trouvent  plusieurs  points  importants  des  doctrines  de  Cuvier,  que  je  vais 
sommairement  indiquer. 

»  §  Ier.  —  i°.  Dans  le  genre  des  chevaux,  le  cubitus  est  interrompu  vers 
son  tiers  inférieur  ;  il  y  a  là  arrêt  de  développement,  comme  il  y  a  arrêt  de 
développement  dans  le  péroné,  qui  est  aussi  interrompu  vers  son  tiers  infé- 
rieur, comme  il  y  a  arrêt  de  développement  dans  les  métacarpiens  et  dans 
les  métatarsiens  latéraux,  qui  sont  dépourvus  de  tètes  articulaires  et  de  pha- 
langes. Tous  ces  arrêts  de  développement  se  lient  entre  eux,  et  l'on  ne  peut 
y  méconnaître  une  application  du  principe  de  la  corrélation  des  formes. 

»  20.  Dans  l'Hipparion,  le  cubitus  n'est  point  interrompu;  mais  il  est  si 
grêle,  si  peu  développé,  qu'il  reste  intimement  soudé,  dans  toute  sa  lon- 
gueur, au  radius.  Il  n'y  a  plus  là  complet  arrêt  de  développement;  et, 
comme  corollaire,  il  y  a  aussi,  dans  les  métacarpiens  et  métatarsiens  laté- 
raux des  Hipparion,  absence  d'arrêt  de  développement.  Ces  métacarpiens 
et  métatarsiens  latéraux  sont,  en  effet,  entiers,  pourvus  d'une  tête  articu- 
laire inférieure,  et  portent,  chacun,  un  doigt  complet,  ainsi  que  je  l'ai  fait 
connaître  dès  (832.  Il  y  a  donc  encore  dans  ce  Solipède  tridactyle,  une 
application  remarquable  du  principe  de  la  corrélation  des  formes,  si  habi- 


(  567) 

lement  mis  en  lumière  par  Cuvier.  Le  développement  du  cubitus  est  lié  au 
développement  des  doigts  latéraux;  le  cubitus  est  au  radius  dans  le  même 
rapport  que  les  doigts  latéraux  au  doigt  du  milieu.  La  même  loi  se  retrouve 
dans  les  chevaux  et  dans  l'Hipparithérium  ;  l'une  quelconque  de  ces  parties 
donne  les  autres. 

»  3°.  L'Hipparithérium  est  un  Solipède  tridactyle  comme  l'Hipparion  ; 
en  d'autres  termes,  il  n'y  a  pas  d'arrêt  de  développement  dans  les  méta- 
carpiens et  dans  les  métatarsiens  latéraux.  J'en  avais  conclu,  dès  1847,  que 
le  cubitus  devait  aussi  être  entier,  comme  dans  l'Hipparion  ;  maintenant  que 
j'ai  eu  occasion  de  voir  cet  os  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  je  puis  dire 
qu'il  est  effectivement  entier;  mais,  comme  il  est,  à  proportion,  plus  déve- 
loppé que  dans  l'Hipparion,  il  est  moins  intimement  soudé  au  radius;  mais, 
à  mon  avis,  il  l'est  incontestablement  encore.  Il  y  a  là,  aussi,  corrélation 
entre  le  développement  du  cubitus  et  le  développement  des  doigts  latéraux; 
il  y  a  là,  aussi,  une  preuve  de  plus  que  le  bras  du  Palœotherium  aurelia- 
nense  n'est  pas  un  bras  de  Paléothérium,  car,  dans  ceux-ci,  le  cubitus 
n'est  jamais,  ni  ne  pouvait  être  soudé  au  radius. 

»  Pour  moi,  en  effet,  le  bras  des  Paléothérium  dérive  du  bras  des  Car- 
nassiers, comme  le  crâne  et  les  canines  des  Paléothérium  dérivent  du  crâne 
et  des  canines  des  Carnassiers  ;  et  cela,  au  point  qu'à  une  époque  où  la  pa- 
léontologie, qu'il  a  créée,  n'existait  point,  Cuvier  put  prendre  un  crâne  de 
Paléothérium  pour  un  crâne  de  Carnassier. 

»  Pour  moi,  le  bras  des  Solipèdes  dérive,  au  contraire,  du  bras  des  Ru- 
minants; ce  qui  explique  comment  M.  de  Blainville  a  rapporté  à  un  Rumi- 
nant l'humérus  de  Palœotherium  aurelianense  (Hipparithérium),  dont 
Cuvier  a  donné  le  dessin  dans  ses  planches. 

»  §  IL  —  i°.  Dans  le  genre  cheval,  où  le  cubitus  est  interrompu,  où  les 
métacarpiens  et  les  métatarsiens  latéraux  sont  aussi  affectés  d'un  arrêt  de 
développement,  le  péroné  devait  aussi  être  nécessairement  interrompu .  C'est 
une  conséquence  du  priucipe  de  la  corrélation  des  formes,  bien  que  l'on 
sache  que  le  péroné  est  accidentellement  entier  dans  quelques  chevaux. 

»  u°.  Dans  l'Hipparithérium,  où  le  cubitus  et  les  métacarpiens  et  méta- 
tarsiens latéraux  sont  relativement  très-développés,  le  péroné  devait  être 
aussi  relativement  développé.  Il  est  en  effet  entier,  mais  si  grêle,  qu'il  est 
toujours  soudé  au  tibia,  offrant  ainsi,  comme  état  normal,  ce  qui  n'est 
qu'accidentel  dans  quelques  individus  du  genre  cheval. 

»  3°.  L'Hipparion,  pour  le  degré  de  développement  du  cubitus  et  des 
métacarpiens  et  métatarsiens  latéraux,  se  trouve  pour  ainsi  dire  dans  un 

74- 


(  568  ) 

état  moyen  entre  les  chevaux  et  l'Hipparithérium;  aussi  son  péroné  est-iJ 
interrompu  comme  dans  les  chevaux;  mais  ce  péroné  a,  comme  dans  tous 
les  Solipèdes,  une  extrémité  inférieure  qui  s'articule  avec  l'astragale.  C'est 
l'os  péronien  des  Ruminants,  c'est-à-dire  l'épiphyse  inférieure  du  péroné; 
et  cet  os,  toujours  intimement  soudé  au  tibia,  dont  il  forme  la  malléole  ex- 
terne dans  les  trois  genres  de  Solipèdes  (Chevaux,  Hipparion,  Hipparithé-. 
riumr),  constitue  un  fait  sans  exemple  dans  la  longue  série  des  Pachy- 
dermes; il  est  essentiellement  caractéristique  des  Solipèdes. 

»  Ce  fait,  considéré  purement  et  simplement  comme  résultat  de  l'obser- 
vation directe,  serait  déjà  très-important  en  lui-même,  puisqu'il  suffirait 
pour  distinguer  un  tibia  de  Solipède  quelconque  de  tout  tibia  de  Paléothé- 
rium;  mais  il  acquiert  une  importance  d'un  ordre  plus  élevé,  quand  on 
sait  y  découvrir  le  point  des  doctrines  de  Cuvier,  qu'il  renferme,  et  que 
j'aurai  occasion  de  développer  dans  un  travail  spécial.  » 

chimie  —  Sur  L'acide  valérianique  anhydre;  par  M.  L.  Chiozza.  (Présenté 

par  M.  Bussy.) 

«  Les  expériences  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de  l'Aca- 
démie ont  été  entreprises  sur  l'invitation  de  M.  Gerhardt,  et  font  suite  à 
celles  que  ce  chimiste  lui  a  communiquées  dans  ses  séances  du  i  7  mai  et 
du  14  juin.  Elles  ont  pour  but  d'apporter  de  nouvelles  preuves  en  faveur 
de  l'opinion  émise  par  M.  Gerhardt  sur  la  constitution  des  acides  monoba- 
siques, et  sur  les  rapports  qui  existent  entre  ceux-ci  et  les  acides  anhydres 
qui  y  correspondent.  Les  homologues  de  l'acide  formique  étant  sans  con- 
tredit les  plus  importants  à  examiner  sous  ce  point  de  vue,  et  les  premiers 
termes  de  cette  série  (les  acides  acétique  et  butyrique  anhydres)  ayant  déjà  été 
obtenus  par  M.  Gerhardt,  j'ai  dirigé  mes  recherches  sur  l'acidevalérianique. 

»  Le  sel  potassique  de  cet  acide  est  celui  qui  se  prête  le  mieux  à  ce  genre 
d'expériences;  on  l'obtient  parfaitement  pur  en  évaporant  à  siccité  sa  solu- 
tion dans  l'alcool,  et  en  chauffant  le  résidu  jusqu'à  ce  qu'il  commence  à 
fondre. 

»  Le  valérianate  potassique  préparé  de  cette  manière  étant  mis  en  con- 
tact avec  de  l'oxychlorure  de  phosphore  dans  les  proportions  de  6  équiva- 
lents de  sel  pour  1  équivalent  d'oxychlorure,  il  se  manifeste  immédiatement 
une  réaction  très-violente;  l'odeur  insupportable  de  l'oxychlorure  de  pho- 
sphore disparaît  entièrement,  et  le  mélange  se  transforme  en  une  masse  sa- 
line imprégnée  d'une  huile  épaisse  qui  ne  présente  plus  qu'une  odeur  très- 
faible. 


(  569) 

»  Cette  dernière  substance  constitue  le  valerianate  valérianique  ou  acide 
valérianique  anhydre. 

»  Pour  l'obtenir  pur,  il  suffit  de  le  traiter  d'abord  par  une  solution  très- 
étendue  de  carbonate  potassique,  puis  par  de  l'éther,  et  enfin  d'évaporer 
au  bain-marie  la  solution  éthérée,  après  l'avoir  agitée  avec  du  chlorure  de 
calcium. 

»  Le  produit  ainsi  purifié  ayant  été  soumis  à  l'analyse,  m'a  donné  des 
nombres  qui  s'accordent  exactement  avec  la  formule 

C^H^O3. 

»  Le  valerianate  valérianique  est  une  huile  limpide,  douée  d'une  assez 
grande  mobilité  et  plus  légère  que  l'eau. 

»  Récemment  préparé,  il  possède  une  faible  odeur  de  pommes  qui  n'a 
rien  de  désagréable;  mais  quand  on  s'en  frotte  les  mains,  il  leur  com- 
munique une  odeur  d'acide  valérianique  qui  persiste  pendant  plusieurs 
jours. 

»  Sa  vapeur  irrite  les  yeux  et  provoque  la  toux. 

»  L'eau  bouillante  ne  le  transforme  que  très-lentement  en  acide  valéria- 
nique, tandis  que  cette  transformation  est  assez  rapide  par  les  solutions  alca- 
lines et  instantanée  par  la  potasse  en  fusion. 

»  Il  bout  d'une  manière  constante  à  environ  2 1 5  degrés,  et  distille  sous 
forme  d'un  liquide  limpide  comme  l'eau. 

»  La  réaction  qui  donne  naissance  à  l'acide  valérianique  anhydre  se  con- 
çoit très-aisément  de  la  manière  suivante  :  l'oxychlorure  de  phosphore,  en 
réagissant  sur  le  valerianate  potassique,  transforme  une  partie  de  ce  sel  en 
phosphate  potassique  et  en  chlorure  de  valéryle,  comme  l'indique  l'équa- 
tion suivante  : 

3[C^,0jo]  +  PU.O  =  PK.O-  +  3(CScH;0]. 

chlorure  de  valéryle 

»  Mais  le  chlorure  de  valéryle  réagit  à  son  tour  sur  le  valerianate  po- 
tassique, de  sorte  que  le  produit  final  de  la  réaction  consiste  en  phosphate 
de  potasse,  chlorure  de  potassium  et  acide  valérianique  anhydre. 

»   L'équation  suivante  s'applique  à  la  seconde  période  de  la  réaction  : 

valerianate  valérianique 


(  570  ) 

»  L'exactitude  de  cette  manière  d'interpréter  l'action  de  l'oxychlorure  de 
phosphore  sur  les  sels  des  acides  monobasiques  a  été  mise  hors  de  doute 
par  les  expériences  de  M.  Gerhardt  sur  les  acides  acétique  et  benzoïque 
anhydres  ;  elle  permet  aussi  de  prédire  que  l'on  obtiendra  par  ce  procédé 
les  acides  anhydres  correspondants  aux  homologues  supérieurs  de  l'acide 
valérianique,  tels  que  l'acide  caproïque,  caprilyque,  pélargonique,  etc. 

»  Afin  de  multiplier  les  preuves  sur  l'existence  de  deux  fois  le  groupe 
valéryle  dans  le  valérianate  valérianique,  j'ai  préparé  un  acide  anhydre 
renfermant  deux  groupes  différents.  En  faisant  réagir  le  chlorure  de  ben- 
zoïle  sur  le  valérianate  de  potasse,  on  obtient  très-facilement  le  valérianate 
de  benzoïle 

C5H90| 
C7H50) 

»  C'est  une  huile  plus  pesante  que  l'eau,  neutre  aux  papiers  réactifs,  et 
dont  l'odeur  est  presque  identique  avec  celle  de  l'acide  valérianique  an- 
hydre. 

»  Sa  vapeur  est  acre  et  provoque  le  larmoiement. 

»  Les  solutions  alcalines  la  transforment  en  valérianate  et  en  benzoate. 

»  Soumise  à  l'analyse,  elle  a  donné  les  nombres  exigés  par  la  théorie. 

»  Le  valérianate  benzoïque  se  dédouble  par  la  distillation  en  acides  ben- 
zoïque et  valérianique  anhydres.  Cependant  ce  dédoublement  ne  s'effectue 
pas  aussi  nettement  que  pour  l'acétate  benzoïque,  et  il  est  nécessaire  de 
rectifier  plusieurs  fois  le  produit  avant  d'obtenir  de  l'acide  valérianique 
anhydre  à  l'état  de  pureté. 

»  La  propriété  des  acides  anhydres  de  se  transformer  en  amides  et  en 
anilides  quand  on  les  fait  réagir  sur  l'ammoniaque  ou  sur  l'aniline,  m'a 
permis  d'obtenir  avec  l'acide  valérianique  anhydre  une  nouvelle  substance, 
la  valéranilide,  cristallisable  en  magnifiques  lamelles  rectangulaires,  allon- 
gées, très-brillantes  et  fusibles  à  1 1 5  degrés. 

»  Cette  substance  prend  naissance  dès  que  l'on  met  l'acide  valérianique 
anhydre  en  contact  avec  l'aniline.  Elle  est  peu  soluble  dans  l'eau  bouillante, 
dans  laquelle  elle  fond  en  gouttelettes  limpides.  A  une  température  supé- 
rieure à  220  degrés,  elle  distille  en  grande  partie  sans  se  décomposer.  L'al- 
cool et  l'éther  la  dissolvent  avec  facilité. 

»  Une  solution  de  potasse  caustique,  concentrée  et  bouillante,  ne  l'at- 
taque qu'avec  une  difficulté  extrême,  et  il  faut  recourir  à  la  potasse  en 
fusion  pour  obtenir  un  dégagement  d'aniline  appréciable. 


(57i  ) 

»  Sa  cristallisation  présente  une  circonstance  remarquable  qui  a  déjà  été 
observée  par  M.  Gerhardt  dans  la  cristallisation  de  la  formanilide.  Voici  en 
quoi  elle  consiste  :  quand  la  valéranilide  se  sépare  de  sa  solution  dans  l'al- 
cool étendu  et  bouillant,  il  arrive  quelquefois  qu'elle  affecte  la  forme  de 
gouttelettes  huileuses  parsemées  dans  le  sein  du  liquide;  on  peut  la  con- 
server pendant  plusieurs  heures  dans  cet  état,  même  après  l'entier  refroi- 
dissement du  liquide  ;  mais  il  suffit  d'agiter  légèrement  le  vase  pour  que 
toute  la  masse  se  transforme  presque  instantanément  en  une  bouillie  de 
fines  aiguilles. 

»  L'analyse  de  la  valéranilide  a  fourni  des  nombres  qui  s'accordent  par- 
faitement avec  la  formule 

CHH,5NO 

que  la  théorie  assigne  à  cette  substance. 

»  Je  me  .propose  de  poursuivre  ces  recherches  sur  d'autres  acides  homo- 
logues de  l'acide  valérianique,  spécialement  dans  le  but  de  constater  les 
rapports  qui  peuvent  exister  entre  les  points  d'ébullition  de  ces  acides  et 
ceux  des  acides  anhydres  qui  y  correspondent.  » 

médecine.  —   Epilepsie  traitée  par  la  trachéotomie; 
par  M.  le  Dr  Marshall  Hall. 

«  Un  nouveau  cas  de  succès  du  traitement  de  l'épilepsie  par  la  trachéo- 
tomie s'est  présenté. 

»  Le  malade  éprouvait  des  accès  affreux  et  presque  journaliers  depuis 
vingt  ans;  il  était  devenu  blême  et  maigre,  avait  perdu  l'intelligence,  etc. 
L'opération  a  été  faite  il  y  a  sept  semaines.  Il  y  a  eu  depuis  des  menaces 
d'accès,  mais  ces  menaces  ont  entièrement  avorté.  Il  n'y  a  plus  eu  d'accès. 

»  Cette  epilepsie  avait  la  forme  de  Y  epilepsie  laryngée,  forme  à  laquelle 
la  trachéotomie  est  appropriée  et  doit  être  limitée. 

»  Voici  la  description  d'un  de  ces  accès  donnée  par  M.  Mackarsie,  de 
Clay-Cross,  Chersterfield,  à  qui  la  médecine  est  redevable  de  ce  fait  im- 
portant : 

«  L'accès  est  subit,  et  jette  le  malade  avec  violence  sur  la  terre;  il  y  a, 
»  pendant  quelques  minutes,  des  efforts  infructueux  pour  respirer;  la  res- 
»  piration  s'effectue  enfin  par  des  inspirations  striduleuses  d'abord ,  puis 
»  librement,  et  l'accès  finit;  restent  le  coma,  la  perte  de  mémoire,  etc.  Pen- 
»  dant  l'accès,  la  figure  est  fortement  congestionnée,  le  cou  tuméfié,  les 
»  veines  gonflées.  » 

»  Depuis  l'opération,  je  le  répète,  il  n'y  a  point  eu  d'accès.  Aussi  le  teint 


(  57*  ) 

devient  moins  blafard,  l'intelligence  est  déjà  moins  faible.  «  Je  n'ai  jamais, 
»  dit  M.  Mackarsie,  vu  le  malade  paraître  si  bien  portant.  » 

»  Le  malade  qu'a  traité  M.  Cane  continue  à  être  libre  d'attaques  ;  il  porte 
la  canule  depuis  vingt  mois. 

»  Le  malade  de  M.  Mackarsie  porte  la  canule  depuis  sept  semaines. 

»  L'opération  faite  par  M.  Cane  a  d'abord  sauvé  la  vie,  et  a  prévenu  en- 
suite les  accès  ;  celle  de  M.  Mackarsie  prévient  les  accès  et  laisse  se  rétablir 
l'intelligence. 

»  On  a  injustement  critiqué  ma  proposition  d'instituer  la  trachéoto- 
mie pour  traiter  l'épilepsie.  Je  répondrai  par  des  faits.  Il  est  vrai  que  ce 
traitement  est  bien  héroïque,  mais  aussi  la  maladie  qu'il  s'agit  de  combattre 
est  des  plus  rebelles  et  des  plus  redoutables.  » 

chimie    appliquée.  —  De    V analyse   des    huiles    au    moyen    de    l'acide 
sulfurique;  par  M.  Maoikxk.  (Extrait.) 

(Présenté  par  M.   Dumas.) 

«  Les  huiles  grasses  mêlées  à  l'acide  sulfurique  dégagent  de  la  chaleur. 
Cette  action  peut  servir  à  les  distinguer  :  elle  sépare  d'une  manière  tran- 
chée les  huiles  siccatives  de  celles  qui  ne  le  sont  point. 

»  Dans  un  verre  à  expérience  ordinaire,  on  a  placé  5o  grammes  d'huile 
d'olive.  Un  thermomètre  plongé  dans  le  liquide  ayant  pris  la  température, 
on  a  fait  tomber  avec  soin  10  centimètres  cubes  d'acide  sulfurique  bouilli 
(66  degrés  Baume).  On  a  mêlé  les  liquides  en  agitant  le  thermomètre  et 
suivant  des  yeux  la  marche  du  mercure.  En  partant  de  la  température  de 
o.5  degrés  pour  l'huile  et  l'acide,  le  thermomètre  s'élève  à  67  degrés  :  aug- 
mentation, [\i  degrés. 

»  Le  mélange  n'exige  pas  plus  de  deux  minutes  ;  il  n'en  faut  pas  plus 
d'une  pour  arriver  à  la  température  maximum. 

»  Dans  un  autre  verre  pareil,  on  a  placé  5o  grammes  d'huile  d'œillette, 
et  on  l'a  traitée  de  même  par  l'acide. 

»  En  partant  de  26  degrés,  le  thermomètre  est  monté  à  ioo°,5  :  augmen- 
tation, 74°?5. 

»  Il  est  essentiel  de  remarquer,  dans  ce  cas  :  i°  un  développement  très- 
notable  d'acide  sulfureux  qui  ne  se  produit  pas  avec  l'huile  d'olive;  20  un 
boursouflement  considérable  du  liquide.  Par  suite  de  ces  deux  circon- 
stances, le  chiffre  74°>5  est  trop  faible. 

»  La  différence  de  l\i  degrés  à  74°, 5  est  assez  forte  pour  offrir  un  moyen 
d'analyse. 


(573) 

»  L'expérience  répétée  à  plusieurs  reprises  dans  les  mêmes  conditions, 
avec  la  même  huile  d'olive,  a  donné  chaque  fois  le  même  développement 
de  chaleur  de  ^i  degrés. 

»  L'expérience  faite  sur  des  huiles  d'olive  de  diverses  provenances  a 
prouvé  que  l'action  de  l'acide  sulfurique  est  constante  lorsque  l'huile  est 
pure,  et  lorsqu'on  opère  à  un  même  degré  de  chaleur. 

»  L'action  de  l'acide  n'est  pas  moins  constante  sur  l'huile  d'œillette. 
Les  expériences  prouvent  de  plus  que  le  développement  de  chaleur  dû  à 
cette  huile  est  réellement  de  86°, 4  au  lieu  de  71a  74  degrés  qu'indique 
l'expérience  directe. 

»  Ce  procédé  d'analyse  peut  s'appliquer  aux  huiles  d'olive  du  commerce. 
Souvent  ces  huiles  ne  sont  falsifiées  que  par  l'œillette,  et  dans  ce  cas  leur 
analyse  peut  être  faite  avec  exactitude,  si  l'on  est  assuré  de  la  composition 
qualitative. 

»  Mais  qu'arriverait-il  en  cas  de  mélange  avec  d'autres  huiles?  Pour  ré- 
pondre à  cette  question,  j'ai  déterminé  l'élévation  de  température  produite 
par  la  plupart  des  huiles  pures.  Il  résulte  de  mes  recherches  que  l'huile  de 
ben  et  l'huile  de  suif  donnent  à  peu  près  le  même  dégagement  de  chaleur 
que  l'huile  d'olive  ; 

»  Que  les  autres  huiles  produisent  un  dégagement  de  chaleur  plus  consi- 
dérable à  l'aide  duquel  on  peut  aisément  les  distinguer  de  l'huile  d'olive; 

»  Enfin,  que  les  huiles  siccatives  donnent  beaucoup  plus  de  chaleur  que 
les  huiles  non  siccatives,  et  peuvent  être  facilement  reconnues. 

»  L'huile  de  ben  et  l'huile  de  suif  ne  peuvent  être  mêlées  à  l'huile  d'olive. 
Par  conséquent,  toutes  les  fois  que  l'huile  d'olive  donnera  plus  de  [\i  degrés 
de  chaleur  dans  son  mélange  avec  10  centimètres  cubes  d'acide  sulfurique 
bouilli  (à  la  température  de  25  degrés),  cette  huile  ne  sera  pas  pure. 

»  Ce  qui  précède  me  paraît  suffire  à  montrer  le  parti  qu'on  peut  tirer  de 
l'acide  sulfurique  pour  l'analyse  des  huiles.  Dans  les  mélanges  formés  seu- 
lement de  deux  huiles,  l'emploi  de  cet  acide  aidera  puissamment  à  déter- 
miner la  qualité.  L'analyse  qualitative  opérée,  la  quantité  pourra  souvent 
en  être  déduite  avec  précision.  » 

M.  Stanski  communique  un  nouveau  fait  de  mort  subite  causée  par  le 
chloroforme.  Ce  fait  lui  paraît  confirmer  l'opinion  qu'il  a  émise  sur  l'in- 
fluence qu'exerce  la  position  assise  dans  la  production  des  accidents  mortels 
observés  à  la  suite  de  l'emploi  du  chloroforme.  M.  Stanski  rappelle,  à  cette 
occasion,  Yécrit  qu'il  a  publié,  il  y  a  déjà  plusieurs  années,  sur  ce  sujet. 

C.  R.,  i85a,  2">«  Semestre.  (T.  XXXV,  1N°  16.)  7$ 


(  574) 

M.  Lamakle  adresse  une  réclamation  de  priorité  relativement  aux  der- 
nières expériences  de  <)7.  Léon  Foucault,  concernant  la  démonstration  du 
mouvement  de  la  Terre.  Il  fonde  sa  réclamation  sur  le  dépôt  fait  par  lui  au 
mois  de  mars  i85i,  d'une  Note  renfermée  dans  un  paquet  cacheté  adressé 
à  l'Académie  royale  de  Belgique.  «  L'ouverture  de  ce  paquet,  dit-il,  a  eu 
»  lieu  le  9  octobre  i85a,  et  la  Note  qu'il  contenait  sera  imprimée  prochai- 
»  nemeut  dans  le  Bulletin  de  V Académie  de  Belgique.  Cette  publication 
»  établira,  j'espère,  qu'aux  dates  précitées  j'étais  en  possession  non-seule- 
»  ment  des  moyens  d'expérimentation  réalisés  par  M.  Foucault,  mais  en- 
»  core  des  lois  mathématiques  qui  régissent  le  phénomène  d'orientation 
»  signalé  par  ce  physicien .  » 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  F. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  18  octobre  i852,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences; 
ie  semestre  i852;  n°  i5;  in-4°- 

Cinquième  Rapport  sur  l'amélioration  de  la  Sologne ,  fait  au  Conseil  général 
du  Loiret,  dans  la  session  de  i85a;  par  M.  Becquerel.  Orléans,  i852; 
broch.  in -8°. 

Conté;  par  M.  Jomard.  Paris,  i852;  in-12. 

Annales  des  Sciences  naturelles,  comprenant  la  zoologie,  la  botanique,  l'ana- 
lomie  et  la  physiologie  comparée  des  deux  règnes,  et  l'histoire  des  corps  orga- 
nisés fossiles  ;  3e  série,  rédigée  pour  lu  zoologie  par  M.  MlLNE  Edwards, 
pour  la  botanique  par  MM.  Ad.  Brongniart  et  i.  Decaisne;  tome  XVII; 
n°  6;  in-8°. 

Exposé  historique  des  travaux  exécutés  jusqu'à  la  fin  de  l'année  i85i,  pour 
la  mesure  de  l'arc  du  méridien  entre  Fuglenœs  700  40'  et  Jsmaïl  45°  20';  par 
M.  W.  Struve,  directeur  de  l'observatoire  central  de  Bussie;  suivi  de  deux 
Rapports  de  M.  G.  Lindhagek,  astronome  de  l'observatoire  central,  sur 
l'expédition  de  Finnmarken  en  i85o,  et  sur  les  opérations  de  Lnponie  exécu- 
tées en  1 85 1 .  Saint-Pétersbourg,  iH5a;  broch.  in-4°. 

Traité  de  la  vieillesse  hygiénique,  médirai  et  philosophique ,  ou  Recherches 
sur  l'état  physiologique,  les  facultés  morales,  les  maladies  de  l'âge  avnncé,  et 
sur  les  moyens  les  plus  sûrs,  les  mieux  expérimentés ,  de  soutenir  et  de  prolonger 
l'activité  vitale  à  cette  époque  de  l'existence;  pur  le  Dr  Beveillé-Parise. 
Paris,  i853;  1  vol.  in-8°. 

Traité  pratique  des  maladies  vénériennes ,  contenant  un  chapitre  sur  la  sjpld- 
lisalion,  et  suivi  d'un  formulaire  spécial;  par  MM.  J.-G.  MAISONNEUVE  et 
H.  Montanier.  Paris,  1 853;  1  vol.  in-8°. 

Nouvel  appareil  pour  te  traitement  des  fractures  du  col  et  du  corps  du  fémur, 


.      (  575  ) 

et  méthode  pour  donner  des  soins  à  tous  les  grabataires  immobiles;  par  M.  le 
Dr  H.  Damoiseau.  Alençon,  i852;  broch.  in-8°.  (Adressé  pour  le  concours 
Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Détermination  des  diverses  ondes  dont  l'ensemble  constitue  la  marée;  par 
M.  A.-M.-R.  Chazallon.  (Extrait  d'un  Mémoire  présenté  à  l'Institut,  le 
7  mars  1842,  et  extrait  des  Annales  hydrographiques ,  2  e  partie.)  Paris,  i852  ; 
broch.  in-8°. 

Les  trois  règnes  de  la  nature.  — Règne  animal.  —  Histoire  naturelle  des  oiseaux, 
classés  méthodiquement,  avec  l'indication  de  leurs  mœurs  et  de  leurs  rapports 
avec  les  arts,  le  commerce  et  l'agriculture;  par  M.  Emm.  Le  Maout;  28e 
et  29e  livraisons;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  nationale  de  Médecine,  rédigé  sous  la  direction  de 
MM.  F.  Dubois  (d'Amiens),  secrétaire  perpétuel,  et  Gibert,  secrétaire 
annuel;  tome  XVII;  n°  24;  3o  septembre  i852,  et  tome  XVIII;  n°  1; 
i5  octobre  i852;  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  de  Physique  et  d'Histoire  naturelle  de  Genève; 
tome  XIII;  ire  partie.  Genève-Paris,  i852;  in-4°. 

Annales  de  la  Société  d  Horticulture  de  Paris  et  centrale  de  France;  sep- 
tembre 1862;  in-8°. 

Annales  forestières;  10  octobre  i852;  in-8°. 

sfnnales  médico-psychologiques.  Journal  destiné  à  recueillir  tous  les  docu- 
ments relatifs  à  l'aliénation  mentale,  aux  névroses  et  à  la  médecine  légale  des 
aliénés;  par  MM.  les  Dre  Baillarger,  Brierre  de  Boismont  et  Cerise; 
octobre  1802  ;  in-8°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  DE  Monfort, 
et  rédigée  par  M.   l'abbé  MoiGNO;  ire  année;    n°   25;    17   octobre  i852; 
in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médico-chirurgicales ,  publié  par  M.  le  docteur 
A.  Martin-Lauzer;  n°2o;  i5  octobre  i852;  in-8°. 

Stellarum  fixarum  imprimis  duplicium  et  multiplicium  positiones  rnediae  pro 
epoclia  i33o,o,  deductae  ex  observationibus  meridianis  annis  1822  ad  i843  iu 
spécula  Dorpatensi  institutis.  Auctore  F.-G.-W.  Struve.  Petropoli,  i852; 
1  vol.  in- fol. 

Memorie. . .  Mémoires  de  Mathématiques  et  de  Physique  de  la  Société  italienne 
des  Sciences  de  Modène;  tome  XXV;  ire  partie.  Modène,  1832  ;  in-4°. 

Proposta. . .  Proposition  d'un  nouvel  électromètre  voltaïque;  par  M.  Pietro 
Marianini  ;  broch.  in-80., 

Sopra  l'equivalenza. . .  Etudes  sur  certains  espaces  et  solides  infiniment  étendus, 
équivalents  à  des  espaces  et  à  des  solides  finis;  par  le  même.  Modène,  1 845  ; 
broch.  in-8°. 

Sui  logaritmi...  Des  logarithmes  des  nombres  et  de  leurs  applications  ;  par  le 
même.  Acqui,  1848;  broch.  in-8°. 

Sopra  il  fenomeno...  D'un  phénomène  qui  s'observe  dans  les  aimants  tem- 
poraires; parle  même.  Modène,  i85i;  broch.  in-4°- 


(  576  )      . 

Alcune...  Quelques  observations  chimico-géologiques  sur  le  pouvoir  agrè- 
galeurdu  fer;  par  M.  Nardo;  \  de  feuille  in-8°. 

Holetin...  Bulletin  de  l'Institut  médical  de  Faïence;  septembre  i85a;  in-8°. 

ïhe  quarterly...  Journal  trimestriel  de  la  Société  géologique;  vol.  VIII; 
part,  2;  n°  3i;  ier  août  i85a. 

Pharmaceutical...  Journal  pharmaceutique;  publié  par  M.  Jacob  Bell; 
vol.  XII;  n0"  2  à  4;  août,  septembre  et  octobre  i85a;  in-8°. 

On  the  meaning...  Du  sens  de  l'expression  du  système  silurien;  par  M.  R.-J. 
Mukchison.  Londres,  i85a;  broch.  in-8°. 

On  the  siliceous. . .  Des  corps  siliceux  de  la  chaux;  par  M.  J.-S.  Bowerbank  ; 
broch.   in-8°.   (Extrait   du  Magasin    d'Histoire   naturelle  de  Londres,  avril 

Microscopical...  Observations  microscopiques  sur  ta  structure  des  os  du 
Pterodactylus  giganteus;  par  le  même;  broch.  in-8°.  (Extrait  du  Journal 
de  la  Société  géologique  ;  février  1848;  n°  i3.) 

On  a  siliceous...  Sur  un  zoophjte  siliceux,  appelé  Alcyonites  parasiticum; 
parle  même;  broch.  in-8°.  (Extrait  du  même  Journal,  novembre  1849; 
vol.  V.) 

On  the  Ptérodactyles...  Du  Ptérodactyle  de  la  formation  crétacée;  par  le 
même;  broch.  in-8".  (Extrait  des  procès-verbaux  de  la  Société  zoologique  de 
Londres ,  1 4  janvier  1 85 1 .  ) 

A  revision...  Revue  des  Astacus  de  l'Amérique  du  Nord,  de  leurs  habitudes 
et  de  leur  distribution  géographique  ;  par  M.  Ch.  Girard;  broch.  in-8°.  (Extrait 
des  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  de  Philadelphie ,  mai  i852.) 

Report  of. . .  Rapport  fait  à  la  séance  annuelle  du  24  mars  1 85 1 ,  de  la 
Société paléontologique;  par  M.  H. -T.  de  la  Bêche;  ~  feuille  in-8°. 

Abhandlungen. ..  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  de  Berlin  pour  1 85o. 
Berlin,  i852;  1  vol.  in-4°. 

Preisfrage...  Programme  des  prix  proposés  par  l'Académie  des  Sciences  de 
Berlin;  |  feuille  in- 8°. 

L Athenœum  français.  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux-Arts;  n°  16;,  16  octobre  i852. 

La  Presse  littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  2 5  ; 
17  octobre  i852. 

Gazette  médicale  de  Paris  ;  n°  l^i;  16  octobre  i85a. 

Gazette  des  Hôpitaux;  nos  121  à  123;  la,  i4  et  16  octobre  i852. 

L'Abeille  médicale;  n°  20;  i5  octobre  i852. 

Moniteur  agricole;  n°  4«  ;  i4  octobre  i852. 

La  Lumière;  n°  43;  16  octobre  i852. 

Réforme  agricole;  n°  48;  août  i852. 


ERRATA. 

(Séance  du  4  octobre  i852. 
Page  477,  liijne  25,  au  lieu  de  M.  Lecour,  lisez  M.  Lacoub. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SEANCE    DU    MARDI    26    OCTOBRE    1852. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  PIOBERT. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

mécanique  appliquée.  —  Examen  critique  et  historique  des  principales 
théories  ou  solutions  concernant  l'équilibre  des  voûtes  (suite  et  fin); 
par  M.  Poncelet. 

«  Nous  n'avons  rien  dit  des  considérations  analytiques  qui  terminent  le 
Mémoire  de  M.  Méry,  parce  qu'elles  n'apportent  aucun  élément  nouveau 
ou  essentiel  à  la  solution  pratique  du  problème  des  voûtes,  et  qu'elles  ren- 
ferment même  quelques  assertions  douteuses  concernant  la  nature  de  la 
courbe  des  pressions  et  de  celle  des  centres  de  gravité,  dont,  suivant  l'au- 
teur, la  coïncidence  entraînerait  inévitablement  l'identité  avec  la  funiculaire 
ou  chaînette  ordinaire,  dans  les  voûtes  d'épaisseur  constante. 

»  Il  y  a  longtemps,  en  effet,  que  Coulomb,  dans  son  célèbre  Mémoire 
de  1773,  et,  après  lui,  Salimbeni,  officier  du  Génie  italien,  dans  un  ouvrage 
publié  à  Vérone,  en  1787,  ont  montré,  à  la  vérité  pour  des  cas  particuliers, 
que  si' cette  identité  avait  lieu  dans  l'hypothèse  d'une  voûte  infiniment  mince, 
il  n'en  était  plus  ainsi  dans  celle  où  l'épaisseur  étant  finie,  l'équation  différen- 
tielle de  la  courbe  d'intrados  reste  fonction  de  cette  épaisseur  et  conserve  une 
forme  plus  générale  que  celle  de  la  chaînette  ordinaire,  même  pour  une  voûte 
d'épaisseur  constante,  cas  pour  lequel  l'intégration  est  ramenée,  par  le  se- 

C.  H. ,  186a,  »">«  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  17.)  76 


(  578) 

cond  de  ces  auteurs,  à  une  simple  quadrature  appartenant  à  une  classe  de 
transcendantes  plus  élevée  (i). 

»  Salimbeni  a  exclusivement  considéré  les  voûtes  dans  l'hypothèse  an- 
cienne où,  négligeant  le  frottement  et  la  cohésion  sur  les  plans  de  joints, 
chaciui  des  voussoirs  doit  être  en  équilibre  séparément  sous  l'action  de  son 
poids  et  des  résultantes  de  pressions  ou  réactions  provenant  des  voussoirs 
voisins;  il  suppose,  en  outre,  que  ces  résultantes,  perpendiculaires  aux 
joints  respectifs,  sont  naturellement  dirigées,  de  part  et  d'autre,  vers  le 
centre  de  gravité  du  voussoir  interposé;  ce  qui  fait  coïncider  la  ligne  des 
pressions  avec  celle  des  centres  de  gravité,  à  laquelle  les  joints  sont  ainsi 
censés  normaux,  en  chaque  point.  Recherchant,  dans  ces  conditions  parti- 
culières, l'expression  analytique  de  la  différence  infiniment  petite,  des  pres- 
sions exercées  de  part  et  d'autre  d'un  même  joint,  et  qui  proviennent  des 
poids  des  voussoirs  contigus,  décomposés  perpendiculairement  à  ce  joint  et 
à  ses  opposés  ;  égalant  cette  différence  à  zéro  pour  exprimer  les  conditions 
mathématiques  de  l'équilibre  dans  le  polygone  des  centres  de  gravité,  l'au- 
teur arrive,  par  une  route  fort  laborieuse,  à  l'équation  différentielle  men- 
tionnée ci-dessus  et  à  son  intégrale  indéfinie,  sans  d'ailleurs  se  préoccuper, 
en  aucune  façon,  de  déterminer  les  constantes  arbitraires  d'après  les  don- 
nées physiques  ou  pratiques  du  problème. 

»  L'ouvrage  de  Salimbeni,  qui  n'a  pas  moins  de  trois  cents  pages  in-4°, 
contient  un  grand  nombre  de  propositions  concernant  l'équilibre  des 
voûtes  en  berceau  ou  en  dôme,  d'une  forme  donnée  à  priori,  et  où,  par  con- 
séquent, les  conditions  de  stabilité  ci-dessus,  ne  sont  pas  rigoureusement 
satisfaites,  même  dans  le  cas  des  bandeaux  sans  surcharges,  d'épaisseur  uni- 
forme, etc.,  dont  la  voûte  en  plein  cintre  offre  un  exemple  particulier.  Aussi 
les  résultats  auxquels  il  arrive  pour  la  détermination  des  épaisseurs  de  pieds- 
droits  sont-ils  entachés  du  même  vice,  de  la  même  exagération,  que  ceux 
obtenus  par  Lahire  et  Bélidor,  quoique,  au  point  de  vue  théorique,  ils  offrent 
peut-être  moins  d'incertitude  et  d'arbitraire. 

»  Salimbeni  examine  également  le  cas  des  surcharges  limitées  par  un 
profil  supérieur  d'une  forme  continue  quelconque,  qu'il  suppose,  à  l'ordi- 
naire, subdivisée  en  prismes  verticaux  infiniment  minces;  mais,  au  lieu 
d'admettre,  avec  la  plupart  des  ingénieurs,  que  le  poids  de  ces  prismes 
s'ajoute  simplement  à  celui  du  voussoir  correspondant  de  la  voûte,  hypo- 
thèse très-favorable  à  la  solidité,  puisqu'elle  ne  tient  aucun  compte  du  mode 

(i)  Dcgli  archi  e  délie  volte,  lib.  V,  prop.  8,  corol.  3. 


(579) 
de  liaison  de  ces  prismes,  il  est  conduit  à  considérer  ce  poids  comme  dé- 
composable  en  deux  forces  :  l'une  horizontale,  perpendiculaire  à  leur  surface 
d'appui  mutuel  et  que  doit  détruire  la  résistance  ou  réaction  du  pied-droit  et 
du  massif  extérieur  au  bandeau  de  la  demi-voûte;  la  seconde  perpendicu- 
laire à  la  direction  de  l'élément  correspondant  de  l'extrados  contre  lequel 
la  réaction  dont  il  s'agit  est  censée  retenir  le  prisme  superposé,  sans  frotte- 
ment ni  cohésion,  comme  sur  un  petit  plan  incliné,  en  l'y  pressant  ainsi  avec 
un  effort  normal,  évidemment  égal  à  celui  qui  aurait  lieu  dans  l'hypothèse 
de  la  liquidité  de  ce  même  prisme.  La  normalité  de  cet  effort  devient,  en 
effet,  indispensable  pour  assurer  mathématiquement  l'équilibre  individuel 
des  voussoirs  d'une  voûte  extra  dossée  parallèlement  et  où  l'on  néglige  le 
frottement  et  la  cohésion  sur  les  plans  de  joints,  puisqu'alors  seulement  les 
forces  peuvent  être  censées  concourir  au  centre  de  gravité  de  chacun  de  ces 
coins  ou  voussoirs  élémentaires  ;  toute  tendance  à  la  rotation  étant,  par  là 
même,  empêchée  ou  détruite. 

»  D'un  autre  côté,  si  l'on  décompose,  à  son  tour,  la  pression  normale 
dont  il  vient  d'être  parlé,  en  ses  composantes  verticale  et  horizontale,  la 
première  reproduira  évidemment  le  poids  du  prisme  vertical  superposé  et 
qui  répond  à  l'hypothèse  ordinaire,  la  seconde  donnera,  en  plus,  une  force 
égale  à  celle  qui  retient  ce  prisme,  sans  frottement,  contre  l'extrados,  et 
qui,  agissant  du  dehors  en  dedans  de  la  voûte,  augmentera  d'autant  la 
poussée  ou  réaction  au  sommet  et  les  moments  relatifs  à  la  rotation  autour 
des  points  d'appui  inférieurs.  L'hypothèse  admise  par  Salimbeni  sur  l'in- 
fluence des  surcharges  supérieures,  paraît  donc  plus  favorable  encore  à  la 
stabilité  ou  solidité  du  système  que  celle  dont  il  s'agit;  mais  elle  doit  aussi 
entraîner,  dans  la  détermination  des  massifs  d'appui  latéraux  et  inférieurs, 
à  des  exagérations  d'épaisseur  qui  auraient  besoin,  comme  toujours,  d'être 
justifiées  à  posteriori,  par  la  comparaison  des  résultats  du  calcul  avec  les 
données  de  l'expérience  offertes  par  les  constructions  déjà  existantes;  d'au- 
tant plus  que,  quelles  que  soient  les  précautions  dont  on  use  dans  l'exécu- 
tion et  le  décintrement  d'une  voûte,  on  ne  saurait  prévenir  les  mouvements 
et  effets  de  tassements  qui  modifient  plus  ou  moins  l'état  de  stabilité  ou  de 
compression  réciproque  des  voussoirs,  supposé  par  les  calculs. 

»  Enfin,  la  difficulté  qu'on  éprouve  à  suivre  les  idées  et  les  démonstra- 
tions de  l'auteur  italien,  toutes  synthétiques  et  à  la  manière  des  anciens,  de 
Huygens  notamment,  nous  aurait  détourné  de  mentionner  son  ouvrage,  si, 
aujourd'hui  même,  le  sujet  dont  il  traite  n'offrait  un  certain  intérêt  au  point 
de  vue  mathématique  et  des  tentatives  heureuses  qui  viennent  d'être  faites, 

76.. 


(  58o  ) 

par  M.  Yvon  Villarceau,  pour  déterminer  la  forme  la  plus  avantageuse  ou  de 
maximum  de  stabilité  des  voûtes,  c'est-à-dire  abstraction  faite  de  toute  con- 
sidération de  frottement  et  de  cohésion  sur  les  plans  de  joints. 

»  Dans  un  premier  Mémoire  sur  les  voûtes  en  berceaux  cylindriques 
(Revue  de  l'architecture  et  des  travaux  publics,  de  M.  Daly,  tome  V,  1 845), 
M.  Yvon  suppose  que,  dans  le  profil,  la  ligne  des  centres  de  gravité  soit 
chargée,  en  chaque  point,  du  voussoir  élémentaire  correspondant,  et  que 
les  joints  sont  partout  normaux  à  cette  courbe  ;  que  les  résultantes  de  pres- 
sion ou  de  tension  agissant  perpendiculairement  à  la  surface  entière  de  ces 
joints,  passent  par  le  centre  de  gravité  du  voussoir,  et  qu'en  outre,  s'il 
existe  des  forces  extérieures  ou  étrangères  au  bandeau  de  la  voûte,  elles 
soient  également  dirigées  vers  ce  centre,  ce  qui  réduit  forcément  à  deux  les 
équations  d'équilibre  exprimant  que  la  somme  des  forces  verticales  et  celle 
des  forces  horizontales  sont  séparément  nulles;  le  problème  ne  différant 
ici  de  celui  de  la  caténaire  qu'en  ce  que  le  poids  et  les  tensions  qui  agissent 
en  chaque  point,  sont  des  fonctions  implicites  de  la  densité,  de  la  forme  et 
des  dimensions  mêmes  du  voussoir.  Après  avoir  exprimé  ces  forces  en  fonc- 
tion de  la  largeur  du  plan  de  joint  ou  épaisseur  correspondante  de  la 
voûte,  de  la  pression  moyenne  par  unité  de  surface  sur  ce  joint,  du  rayon 
de  courbure  et  de  l'intervalle  qui  sépare  le  centre  de  gravité  du  milieu  de 
l'épaisseur,  M.  Yvon  intègre,  en  premier  lieu,  les  deux  équations  ainsi 
transformées,  dans  le  cas  où  l'on  supposerait  les  forces  extérieures  nulles  et 
la  pression  ou  tension  moyenne  constante  et  égale  à  la  limite  de  celle  que 
les  matériaux  de  la  voûte  peuvent  supporter,  d'une  manière  permanente, 
d'après  l'expérience,  cette  limite  étant  ici  exprimée  en  hauteur  d'une  co- 
lonne de  mêmes  matière  et  poids;  cela  lui  fait  connaître  la  loi,  très-simple, 
des  épaisseurs  croissantes  de  la  voûte  à  partir  du  sommet  où  elle  reste 
entièrement  arbitraire  et  doit  être,  en  conséquence,  déterminée  par  l'usage 
seid  des  constructeurs,  jusqu'à  la  naissance  de  cette  voûte,  censée  reposer 
sur  un  coussinet  inébranlable  et  dont  l'inclinaison  est  fixée  par  les  données 
mêmes  du  calcul,  aussi  bien  que  la  ligne  des  centres  de  gravité,  exprimée 
par  une  équation  transcendante  d'une  forme  très-simple,  et  qui  permet  de 
tracer  rapidement  les  courbes  d'intrados  et  d'extrados  de  la  voûte. 

»  Les  résultats  de  cette  analyse  sont  ensuite  appliqués,  par  l'auteur,  au 
cas  d'une  voûte  non  chargée  et  qui  doit  recouvrir  simplement  un  espace 
de  largeur  assignée,  ainsi  qu'à  celui  où  la  voûte  devrait  supporter,  vers  le 
sommet,  une  surcharge  formée  par  le  pied-droit  ou  la  retombée  oblique 
d'une  autre  voûte  donnée  à  priori;  problèmes  dont  le  dernier  exige  que 


(58,  ) 

l'on  détermine  préalablement  les  dimensions  et  la  forme  de  la  clef  servant 
de  coussinet;  ce  qui  se  fait  par  des  considérations  et  des  calculs  à  la  fois  sim- 
ples et  ingénieux,  mais  qui,  malheureusement,  ne  sont  pas  destinés  à  rece- 
voir beaucoup  d'applications  pratiques.  Passant  enfin  aux  voûtes  ou  arches 
de  ponts,  dans  lesquelles  le  bandeau  est  surmonté,  à  l'ordinaire,  d'un  tym- 
pan ou  surcharge  en  maçonnerie,  en  terre,  etc.,  limitée  à  un  plan  supé- 
rieur horizontal,  M.  Yvon  remarque  que  la  pression  exercée  par  une  telle 
surcharge  sur  l'extrados  de  la  voûte,  peut  varier  avec  la  nature  de  la  con- 
struction adoptée,  et  offre  une  véritable  indétermination,  puisque  sa  valeur, 
qui  serait  à  peu  près  nulle  dans  le  cas  d'un  système  en  pierres  de  taille 
formant  au-dessus  de  cette  voûte  un  véritable  arc-boutement  par  les  di- 
mensions ou  le  mode  même  de  superposition  de  ces  pierres  (i),  pourrait, 
dans  d'autres  cas,  acquérir  une  intensité  comparable  à  celle  d'un  liquide 
d'une  densité  égale  à  la  densité  moyenne  de  la  surcharge. 

»  Ce  motif  et  ceux  qui  ont  déjà  été  précédemment  exposés  à  l'occasion 
de  l'ouvrage  de  Salimbeni,  conduisent  l'auteur  à  adopter  définitivement 
l'hypothèse  de  la  liquidité,  où  les  pressions  normales  à  la  courbe  des  centres 
de  gravité,  dirigées  vers  l'intérieur  ou  l'extérieur  de  la  courbure,  comme 
dans  les  conduites  d'eau  souterraines,  sont  proportionnelles  à  l'étendue  de 
chacun  de  ses  éléments,  ainsi  qu'à  l'épaisseur  verticale  correspondante  de 
la  surcharge;  ce  qui  entraîne,  comme  autre  conséquence  forcée  de  l'équi- 
libre individuel  des  voussoirs  sans  frottements,  le  parallélisme,  la  presque 
équidistance  des  courbes  d'intrados  et  d'extrados  par  rapport  à  celle  des 
centres  de  gravité.  Aussi,  pour  éviter  la  contradiction  qui  aurait  lieu  entre 
cette  hypothèse  et  les  résultats  du  calcul  dans  le  cas  où  la  nature  de  ia  sur- 

(1)  Les  exemples  de  pareilles  constructions,  qui  se  rapportent,  au  fond,  à  la  classe  des  encor- 
bellements, systèmes  à  crossettes ,  à  décharges  ,  etc.,  ne  manquent  pas  dans  les  édifices  anti- 
ques, où  ils  tiennent  lieu  des  systèmes  à  voussoirs,  plus  modernes  ,  et  suppriment  en  quelque 
sorte,  par  la  grande  dimension  des  pierres,  toute  poussée  horizontale ,  au  détriment  de  la  vé- 
ritable solidité,  en  mettant  ainsi  enjeu,  d'une  manière  souvent  très-énergique,  la  résistance 
oblique  ou  relative  des  matériaux ,  source  de  tant  de  ruines  dans  les  monuments  publics  de 
l'Egypte,  de  la  Grèce  et  de  Rome.  Rondelet,  dans  son  Art  de  bâtir,  énonce  d'ailleurs  comme 
un  fait  de  l'expérience ,  que  cinq  ou  six  assises  en  pierres  de  taille,  superposées  à  une  voûte  en 
plein  cintre,  suffisen  t ,  non-seulement  pour  la  décharger  du  poids  des  constructions  supérieures , 
mais  aussi  pour  annuler  complètement  sa  poussée  horizontale.  L'exemple  des  ruines  dont  il 
vient  d'être  parlé  ne  permet  pas  d'user  d'un  pareil  principe  ou  de  tels  artifices  de  construc- 
tions, et  l'on  ne  doit  pas  être  surpris  de  voir  les  ingénieurs  des  services  publics  ne  tenir  aucun 
compte  de  l'influence  qui  peut  être  due  à  la  résistance  relative  ou  transversale  des  pierres  et  à 
la  cohésion  des  mortiers  sur  les  joints  d'une  voûte. 


(  58a  ) 

charge  exigerait  un  répaississement  progressif  du  bandeau  de  la  voûte  à 
partir  du  sommet ,  l'auteur  est-il  conduit  à  envisager  un  mode  de  construc- 
tion de  l'extrados  à  redans,  purement  fictif  et  propre  seulement  à  justifier 
les  hypothèses  du  calcul,  où  l'on  fait  complètement  abstraction  de  tout 
frottement  des  surfaces  en  contact.  Nous  verrons  d'ailleurs  bientôt  l'au- 
teur abandonner  cette  disposition,  qui  serait  difficilement  adoptée  par  les 
ingénieurs,  et  revenir  à  l'emploi  d'un  extrados  continu  parallèle  à  la  ligne 
des  centres  de  gravité,  et  dont,  par  conséquent,  les  pressions  normales  pas- 
sent naturellement  par  ces  centres  respectifs. 

»  L'intégration  des  équations  relatives  à  ce  cas,  au  moyen  de  méthodes 
d'approximation  ou  du  tracé  de  la  courbe  par  ses  rayons  de  courbure,  la 
détermination  des  constantes  arbitraires,  soit  dans  l'hypothèse  où  le  poids 
de  la  voûte  pourrait  être  considéré  comme  entièrement  négligeable  vis-à-vis 
de  celui  de  la  surcharge,  soit  dans  celle  où  il  lui  serait  très-comparable  nu- 
mériquement, et  qui  se  rapporte  aux  voûtes  de  ponts  surchargées  d'un  tym- 
pan limité  à  un  plan  supérieur  horizontal,  cette  intégration,  cette  détermi- 
nation, dis-je,  ainsi  que  la  recherche  des  poussées  contre  les  pieds-droits  ou 
massifs  de  culées,  conduisent  l'auteur  à  des  résultats  et  à  des  méthodes  de 
résolution  fort  compliqués,  toujours  ingénieux  au  point  de  vue  mathéma- 
tique, mais  qui,  dans  cet  état,  ne  pouvaient  guère  être  utiles  aux  ingénieurs 
praticiens,  puisque,  reposant  sur  l'hypothèse  où  la  pression  moyenne  reste 
constante  dans  chaque  joint  et  où  l'épaisseur  de  la  voûte  croît  du  sommet 
aux  naissances,  on  est  conduit  aux  difficultés  déjà  mentionnées  ci-dessus. 
Aussi  M.  Yvon  Villarceau  a-t-il  repris  courageusement  la  question  relative 
aux  arches  de  ponts-droits,  dans  un  Mémoire  qui,  présenté  en  no- 
vembre 1 845,  à  l'Académie  des  Sciences,  a  été,  l'année  suivante,  l'objet  d'un 
Rapport  très-favorable,  d'après  lequel  l'Académie  en  a  ordonné  l'impres- 
sion dans  le  Recueil  des  Savants  étrangers:  «  En  résumé,  dit  le  savant  rap- 
»  porteur,  M.  Lamé,  le  travail  de  M.  Yvon  Villarceau  est  remarquable  sur 
»  plus  d'un  point;  outre  les  vues  neuves  qui  concernent  la  théorie  des 
»  voûtes,  il  offre  un  exemple  curieux  de  l'utilité  des  transcendantes  ellip- 
»  tiques  ;  les  calculs  et  surtout  les  méthodes  d'approximation  y  sont  ma- 
»  niés  avec  une  dextérité  peu  ordinaire.  »  [Comptes  rendus,  tome  XXIII, 
pag.  866  et  suivantes.) 

»  Il  nous  suffira  de  rappeler  que  l'auteur,  abandonnant  ici  la  condition 
arbitraire  de  l'uniformité  des  pressions  dans  l'étendue  entière  de  la  voûte, 
est  conduit  à  donner  au  bandeau  ou  plutôt  aux  surfaces  d'appui  réciproque 
des  voussoirs,  une  largeur  constante  limitée  par  un  extrados  et  un  intrados 


(  583  ) 

parallèles  à  la  ligne  des  centres  de  gravité,  et  qui  lui  sont  équidistants,  mais 
dont  le  dernier  n'est  que  purement  fictif,  et  doit  être  remplacé,  lors  de 
l'exécution,  par  un  intrados  réel,  rapproché  de  l'intérieur  de  la  voûte  d'une 
quantité  toujours  très-petite,  et  qui  croît  à  peu  près  en  raison  inverse  du 
rayon  de  courbure  en  chaque  point,  afin  de  tenir  compte  de  l'intervalle 
analogue  qui  doit  nécessairement  exister  entre  la  ligne  moyenne  ou  milieu 
des  plans  de  joints  et  celle  des  centres  de  gravité.  De  cette  manière,  en 
effet,  et  moyennant  un  refouillement  des  j  oints  égal  en  profondeur  à  l'in- 
tervalle qui  sépare  l'intrados  réel  de  l'intrados  fictif,  M.  Yvon  parvient  à 
satisfaire  à  toutes  les  conditions  mathématiques  du  problème,  puisque  les 
résultantes  de  pressions  passant  par  les  milieux  des  surfaces  d'appui  sur 
les  plans  de  joints,  il  y  a  tout  lieu  d'admettre  que  les  pressions  élémen- 
taires et  réciproques  se  trouveront,  par  là  même,  uniformément  répar- 
ties sur  cette  surface.  Néanmoins  il  existe  une  si  faible  différence  dans 
la  position  de  la  ligne  moyenne  par  rapport  à  celle  du  centre  de  gravité, 
pour  les  grandes  voûtes  extradossées  parallèlement,  qu'il  n'y  aurait  aucun 
inconvénient  à  la  négliger  dans  les  calculs  comme  dans  l'exécution. 

»  Ajoutons  que  l'extrados  de  la  voûte  étant  ici  continu  et  parallèle  à  la 
ligne  des  centres  de  gravité,  l'auteur,  afin  de  réaliser  la  condition  relative  à 
la  normalité  des  pressions  extérieures,  se  contente  de  supposer  que,  dans 
l'exécution,  les  pierres  de  taille  prismatiques  qui  surmontent  la  surface  de 
l'extrados,  seront  posées  debout  et  terminées  par  une  coupe  en  sifflet,  qui 
en  permette  le  glissement  le  long  des  éléments  de  cette  surface,  dans  l'hypo- 
thèse où  l'on  néglige  leur  frottement  mutuel  comme  l'a  fait  Salimbeni.  Mais, 
outre  qu'il  peut  résulter  de  ce  genre  de  coupe,  des  difficultés  d'exécution  qui 
répugnent  aux  ingénieurs,  il  est  également  douteux  qu'ils  consentent  à  poser 
ainsi,  en  délit,  des  pierres  qui  doivent  supporter  de  très-fortes  charges  vers 
les  parties  inférieures  de  la  voûte,  où  de  telles  combinaisons  seraient  tout  au 
plus  applicables  aux  deux  têtes.  Toutefois,  cette  considération,  quiferamain- 
tenir  la  construction  en  gradins  dans  l'établissement  des  voûtes  de  grands 
ponts,  n'est  nullement  un  motif  pour  repousser,  à  priori,  les  déductions  de 
l'auteur,  fondées  sur  la  supposition  extrême  de  la  liquidité  parfaite  des  sur- 
charges, très-favorable,  comme  on  l'a  vu,  à  la  stabilité,  surtout  si  les  dimen- 
sions qui  en  résultent  pour  les  culées,  n'offrent  rien  d'exagéré  au  point  de 
vue  économique. 

»  Pour  accomplir  la  tâche  que  nous  nous  sommes  imposée,  il  nous  reste 
à  mentionner  les  études  récentes  et  approfondies,  trop  étendues  peut-être, 
que  M.  Scheffler,  de  Brunswick,  a  entreprises  sur  les  propriétés  géométri- 


(  584  ) 

ques  et  mécaniques  de  la  courbe  des  pressions,  dont  cet  ingénieur  attribue, 
par  erreur,  l'initiative  à  M.  Méry,  lequel,  ainsi  qu'on  l'a  vu,  ne  s'en  est  oc- 
cupé que  quelques  années  après  M.  Moseley.  Ces  nouvelles  recherches,  qui 
ont  paru  en  allemand,  dans  le  tome  XXIX  (3e  cahier)  du  Journal  des  Con- 
structions, de  M.  Crelle,  concernent  plutôt  le  point  de  vue  théorique  et 
abstrait  de  la  question  des  voûtes  que  ses  applications  pratiques  à  l'art  de 
l'ingénieur;  il  s'agit,  en  un  mot,  de  généraliser,  en  les  rectifiant  et  complé- 
tant en  quelques  points,  les  principes  qi#ont  servi  de  base  aux  théories  exis- 
tantes, en  considérant  que,  dans  l'état  d'équilibre  d'une  voûte,  la  résultante 
des  pressions  sur  le  joint  vertical  de  la  clef,  doit  satisfaire  à  la  condition  du 
minimum  d'après  un  principe  mis  en  avant  par  M.  Moseley  (Philosophical 
Magazine,  octobre  i833),  sous  le  nom  de  principe  de  moindre  résistance, 
et  dont  M.  Scheffler  a  ensuite  étendu  et  mis  en  son  jour,  la  véritable  signi- 
fication dans  un  précédent  Mémoire  inséré  au  tome  XXVIII  du  Journal  déjà 
cité  de  M.  Crelle. 

»  Ce  principe,  dont  l'énoncé,  assez  évident  en  lui-même,  pourrait  être 
généralisé  encore,  ne  diffère  pas,  quant  au  fond,  de  celui  dont  Coulomb  a 
offert,  dans  son  Mémoire  de  1783,  de  si  belles  applications  aux  théories  de 
la  résistance  des  solides,  de  la  poussée  des  terres  et  des  voûtes;  toute  la  diffi- 
culté étant  seulement  d'en  tirer,  sans  trop  de  tâtonnements  ou  de  calculs,  des 
conséquences  exactes,  relatives  à  la  forme  et  à  la  position  de  la  ligne  des 
pressions,  en  dehors  du  cas  où  elle  est  supposée  devoir  passer  par  certains 
points  donnés,  à  priori,  ainsi  que  l'avaient  fait  auparavant  MM.  Moseley  et 
Méry,  en  se  plaçant  franchement  dans  les  conditions  de  l'équilibre  strict,  en- 
visagées, par  Coulomb,  comme  de  simples  limites  à  la  stabilité  des  voûtes. 
Or  c'est  là  précisément  ce  que  se  propose  de  faire  M.  Scheffler,  tout  en  res- 
tant dans  l'hypothèse  de  l'incompressibilité  parfaite  des  voussoirs,  et  sans 
rien  emprunter  à  l'expérience  non  plus  qu'aux  données  antérieurement 
acquises  sur  les  différents  modes  de  rupture  des  voûtes. 

»  Malgré  la  généralité  et  la  complexité  du  point  de  vue  où  s'est  placé 
l'auteur  des  nouvelles  études  sur  les  propriétés  de  la  ligne  des  pressions,  et 
quoiqu'à  première  vue,  il  paraisse  attribuer  parfois,  à  cette  ligne,  une  forme 
qui  ne  saurait  exister  dans  les  conditions  physiques  et  pratiques  des  voûtes, 
les  discussions  qui  en  ressortent  n'en  contribueront  pas  moins  à  éclairer  de 
plus  en  plus,  le  fond  de  la  question  théorique,  qu'avaient  peut-être  obscurcie 
quelques-uns  des  commentateurs  de  Coulomb  ou  de  M.  Moseley,  cités  par 
M.  Scheffler,  lequel  a  d'ailleurs  indiqué,  dans  son  Mémoire,  un  procédé 
graphique,  en  lui-même  assez  simple  et  fondé  sur  l'hypothèse  de  la  division 


(  585  ) 

de  la  voûte  en  joints  verticaux,  pour  déterminer  approximativement  et  sous 
certaines  données,  la  courbe  des  résultantes  de  pressions,  appartenant  à 
une  portion  de  voûte  cylindrique  d'un  profil  assigné  et  qui  satisfait,  ou 
non,  à  la  condition  de  symétrie  ordinaire  de  ses  parties  ou  de  ses  surcharges, 
par  rapport  au  joint  vertical  de  la  clef.  Mais  cette  détermination  toute 
géométrique,  à  nos  yeux  le  point  capital  du  Mémoire,  exigeant,  pour  ainsi 
dire,  un  nombre  illimité  de  constructions  et  de  tâtonnements,  rend  la  mé- 
thode à  peu  près  illusoire  dans  ses  applications  à  la  pratique. 

»  Le  Mémoire  de  M.  Scheffler  aura  d'ailleurs,  pour  nous,  l'avantage  de 
mettre  en  lumière  les  travaux  de  quelques  ingénieurs  allemands  ou  an- 
glais, jusqu'ici  peu  connus  en  France,  et  que,  par  ce  motif,  il  nous  eût  été 
impossible  de  citer.  Telles  sont  notamment  les  théories,  déjà  anciennes,  de 
M.  Eytelwein  et  de  son  continuateur  M.  Unger,  où  l'on  fait  intervenir, 
quoique  incomplètement,  dans  la  solution  de  Lahire  ou  du  coin,  la  consi- 
dération du  frottement  sur  les  plans  de  joints;  celle  de  MM.  Gerstner, 
Knochenhauser,  Schubert,  toutes  fondées  sur  l'existence  d'une  certaine 
ligne  dite  d'appui  des  voussoirs,  qu'on  suppose  se  confondre  tantôt  avec  la 
funiculaire,  tantôt  avec  la  chaînette,  mais  qui  n'est,  en  réalité,  que  la  ligne 
même  des  centres  de  pression.  Telles  sont  aussi  les  recherches  de  M.  Hagen, 
publiées  dans  les  Mémoires  de  V  Académie  des  Sciences  de  Berlin,  et  où 
supposant  arbitrairement  que  cette  ligne  passe,  à  la  fois,  par  le  milieu  du 
joint  de  la  clef  et  par  celui  du  joint  inférieur,  on  espère  obtenir  une  ligne 
de  pressions   qui  fasse  jouir  la  voûte  du  maximum  de  stabilité.  Telle  est, 
enfin,  la  théorie  de  M.  Barlow,  publiée  en  1847,  dans  l'ouvrage  intitulé: 
Mechanical  principles,  et  dans  le  journal  anglais  des  Ingénieurs  civils  et 
architectes,  théorie  où,  tout  en  adoptant  les  idées  du  Dr  Moseley,  l'auteur 
aurait  également  commis  la  faute  de  confondre  la  ligne  des  pressions  avec 
la  funiculaire  et  la  chaînette. 

»  Au  surplus,  cette  confusion  d'idées  remarquée  par  M.  Scheffler  et  que 
nous  avons  nous-même  mentionnée  à  l'occasion  du  Mémoire  de  M.  Méry, 
se  retrouve  dans  plusieurs  écrits  publiés  postérieurement  en  France,  parmi 
lesquels  il  nous  suffira  de  citer  celui  qui  a  paru,  en  i8/j5,  sous  le  titre  de 
Routine  de  rétablissement  des  voûtes,  et  dont  le  mode  de  solutions  se  rap- 
porte exclusivement  à  l'hypothèse  du  glissement  des  joints  adoptée  par  les 
anciens  auteurs,  mode  qu'on  avait  également  vu  se  reproduire  dans  un 
Mémoire  italien  du  Dr  Vincenzo  Amici  (Modène,  i833),  sous  une  forme 
et  avec  des  développements  analytiques  qui  appartiennent  bien  plus  aux 
mathématiques  abstraites  qu'aux  applications  pratiques  de  la  mécanique. 

C.  R.,  i85a,a«"  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  17.)  77 


(  586  ) 

»  Tel  est,  si  je  ne  me  trompe,  le  résumé  à  peu  près  exact,  sinon  com- 
plet, des  efforts  qui,  avant  les  derniers  travaux  de  MU.  Yvon  Villarceau  et 
J.  Carvallo,  dont  nous  avons  à  rendre  compte  à  l'Académie,  ont  été  faits, 
dans  divers  pays,  pour  résoudre  le  problème  si  intéressant  et  si  difficile  de 
la  stabilité  des  voûtes;  problème  qui,  à  en  juger  d'après  l'état  d'imper- 
fection où  se  trouvent  encore  les  théories  relatives  à  l'élasticité  des  solides, 
attendra  longtemps,  peut-être,  une  solution  satisfaisante  au  point  de  vue 
physique  et  mathématique.  On  comprend,  en  effet,  d'après  tout  ce  qui  pré- 
cède, que  les  deux  questions  de  l'équilibre  des  voûtes  et  de  la  résistance 
élastique  des  solides,  sont  liées  entre  elles  de  la  manière  la  plus  intime,  toutes 
les  fois  que  l'on  prétend  sortir  de  l'hypothèse  abstraite  où  l'on  suppose  aux 
voussoirs  une  continuité,  une  invariabilité  de  forme  absolue.  L'analogie 
même  est  telle,  que  l'on  peut  dire,  sans  trop  s'avancer,  que  la  théorie  des 
voûtes  et  celle  des  solides  élastiques  courbés  naturellement  n'en  constituent, 
en  réalité,  qu'une  seule,  considérée  dans  des  conditions  et  sous  des  aspects 
différents. 

»  Il  y  a  plus  :  la  courbe  des  résultantes  de  pressions,  envisagée  dans  la 
théorie  actuelle  des  voûtes,  où  l'on  néglige  toutes  les  forces  moléculaires 
de  traction  qui  pourraient  résulter  de  la  cohésion  des  mortiers  sur  les  plans 
de  joint,  cette  courbe  se  trouve  représentée,  en  quelque  sorte,  dans  la 
théorie  ordinaire  de  la  résistance  des  solides,  par  la  ligne  nommée,  impro- 
prement peut-être  pour  quelques  cas,  axe  neutre,  axe  desjihres  invariables, 
et  dont  la  coïncidence  avec  celle  des  centres  de  gravité,  est  uniquement  su- 
bordonnée à  certaines  hypothèses  faites  sur  le  rôle  des  forces  moléculaires 
d'extension  et  de  compression,  dans  chacune  des  sections  transversales  du 
solide,  ou,  plus  spécialement  encore,  sur  la  rigoureuse  égalité  qui  subsisterait 
d'après  certaines  données  de  l'expérience,  entre  ces  deux  genres  de  forces, 
pour  des  allongements  et  accourcissements  relatifs,  égaux  et  contraires, 
des  fibres  élémentaires.  Pareillement,  ce  qu'on  nomme  point  ou  joint  de 
rupture  dans  les  voûtes,  correspond  précisément  aux  points  ou  sections  que 
l'on  pourrait  appeler  dangereux  dans  les  solides  élastiques,  attendu  que  les 
molécules  y  éprouvent  des  déplacements  relatifs  et  maximums  qu'il  ne  con- 
viendrait pas,  d'après  l'exemple  des  constructions  existantes,  de  leur  faire 
subir  d'une  manière  permanente. 

»  Enfin,  il  n'est  pas  moins  évident  que  toute  théorie  de  l'élasticité,  toute 
indication  de  l'expérience  qui  ferait  connaître  explicitement  la  loi  des  défor- 
mations et  actions  moléculaires  relatives  à  une  tranche  infiniment  mince  d'un 
solide  soumis  à  des  efforts  de  compression  ou  d'extension  donnés,  serait,  par 


(  587  ) 
là  même,  très-propre  à  conduire  à  la  solution  analytique  de  l'un  et  de  l'autre 
problèmes,  qu'elle  tendrait  à  ramener  à  celles  qui  dépendent  du  calcul  aux 
différentielles  ordinaires.  Malheureusement  la  loi  dont  il  s'agit,  paraît  tout 
aussi  difficile  à  découvrir  à  priori,  dans  un  prisme  infiniment  mince  que 
dans  un  prisme  de  grandeur  finie,  attendu  qu'elle  dépend,  quoi  qu'on  fasse, 
des  équations  mêmes  qui  expriment  les  conditions  aux  limites  du  corps  ou 
la  loi  de  répartition  des  forces  moléculaires  à  sa  surface  libre  ou  extérieure. 
Or  on  sait  assez  que  l'Académie  des  Sciences  a,  jusqu'ici,  vainement  proposé 
l'un  de  ses  grands  prix  pour  la  solution  analytique  de  cette  difficile  et  impor- 
tante question,  qu'il  conviendrait  peut-être  de  limiter,  quant  à  présent,  au 
cas  d'un  prisme  élastique  uniquement  soumis  à  l'action  de  la  pesanteur  et 
reposant  sur  un  plan  matériel  horizontal,  supposé  non  déformable,  par  une 
base  dont  les  distances  inter-moléculaires  seraient  elles-mêmes  censées 
invariables.  Aussi  doit-on  appeler,  de  tous  ses  vœux,  le  perfectionnement 
et  le  développement  des  méthodes  par  lesquelles  MM.  Navier,  Poisson, 
Cauchy,  Lamé  et  Clapeyron  ont  abordé,  au  point  de  vue  mathématique,  les 
questions  qui  concernent  l'équilibre  intérieur  des  solides  élastiques,  et  qui, 
en  attendant  une  solution  entièrement  rigoureuse,  ont  déjà  conduit  M.  de 
Saint- Venant  à  perfectionner  l'ancienne  théorie  de  la  résistance  des  corps  à 
la  flexion,  au  glissement  parallèle  et  à  la  torsion  transversale,  produits  par 
des  forces  extérieurement  et  diversement  appliquées.  Le  long  intervalle  qui 
s'était  écoulé  depuis  les  premières  recherches  des  géomètres  d'abord  cités, 
avait  fait  craindre  aux  amis  éclairés  de  la  science,  que  cette  branche  im- 
portante de  la  physique  mathématique  ne  tombât  dans  un  complet  abandon, 
lorsque  le  remarquable  ouvrage  de  M.  Lamé  (i)  est  venu  dissiper  cette 
appréhension,  en  nous  donnant  l'espoir  de  voir  bientôt  la  théorie  des  voû- 
tes, elle-même,  soumise  à  des  principes  plus  satisfaisants  encore  que  ceux 
que  nous  possédons.  Du  moins,  doit-on  savoir  un  gré  infini  à  ce  savant,  d'a- 
voir répandu  sur  une  aussi  difficile  matière,  une  clarté  d'exposition  qui  la 
rend,  pour  ainsi  dire,  élémentaire,  et  d'y  avoir  semé  des  aperçus  neufs  et 
féconds,  qui  ne  tarderont  pas,  sans  doute,  à  recevoir  d'utiles  applications 
aux  problèmes  variés  qui  intéressent  l'art  de  l'ingénieur.  Ajoutons  que  les 
belles  et  délicates  expériences  de  M.  Wertheim,  sur  la  compression  des 
solides  élastiques,  sont  un  autre  motif  d'espérer  une  prompte  et  heureuse 
solution.  » 

(l)  Leçons  sur  la  Théorie  mathématique  de  l'Elasticité  des  corjis  solides  ;  Paris,  i852,  im- 
primerie de  Bachelier. 

77- 


(  588  ) 

M.  Augustin  Cauchy  présente  à  l'Académie  un  Mémoire  sur  plusieurs 
nouveaux  théorèmes  d'analyse  algébrique.  Ces  théorèmes  seront  exposés 
et  développés  dans  les  prochaines  séances. 

physique  appliquée.  —  Expériences  ayant  pour  but  de  déterminer  la  cause 
de  la  transformation  du  pain  tendre  en  pain  rassis;  par  M.  Boussingaui.t. 

«  Assez  généralement  on  croit  que  le  pain  tendre  diffère  du  pain  rassis 
par  une  plus  forte  proportion  d'eau;  attribuant  par  là,  à  une  dessiccation 
progressive,  la  consistance  qu'il  acquiert  après  qu'on  l'a  retiré  du  four. 
Comme  conséquence,  on  admet  que  le  pain  est  plus  nutritif  quand  il  est 
rassis,  par  la  raison,  qu'à  poids  égal,  il  renferme  plus  de  matières  sèches. 

»  Cependant,  lorsqu'on  connaît  les  précautions  prises  pour  prévenir  la 
dessiccation  du  pain  frais  dans  les  ménages  où  l'on  ne  cuit  qu'à  des  inter- 
valles assez  éloignés,  on  est  peu  disposé  à  accepter  cette  opinion. 

»  Ainsi,  dès  qu'une  fournée  est  cuite,  on  l'enferme  dans  la  huche,  on  la 
porte  au  cellier  ou  on  la  descend  à  la  cave  ;  toujours  elle  est  placée  dans 
les  conditions  les  moins  favorables  à  la  déperdition  de  l'humidité.  Néan- 
moins, il  ne  se  passe  pas  vingt-quatre  heures  sans  que  la  mie  ait  perdu  une 
partie  de  sa  flexibilité,  sans  qu'on  puisse  l'émietter  facilement;  la  croûte, 
au  contraire,  de  croquante,  de  cassante  qu'elle  est,  devient  tenace  en  pre- 
nant une  certaine  souplesse.  Ce  changement  d'état  suit  l'abaissement  de  la 
température,  et  il  ne  m'a  jamais  paru  qu'il  fût  raisonnable  de  l'attribuer  à 
un  effet  de  dessiccation.  Qui  ne  sait,  par  exemple,  qu'un  pain  froid  et  ras- 
sis recouvre,  dans  le  four,  toutes  les  propriétés  du  pain  tendre,  ou  bien, 
encore,  lorsqu'on  en  grille  une  tranche  sur  un  feu  vif?  A  la  vérité,  les  sur- 
faces d'un  morceau  de  pain  rôti  sont  torréfiées,  carbonisées,  fortement  des- 
séchées par  l'action  trop  directe  de  la  chaleur;  mais  à  l'intérieur,  la  mie  est 
flexible,  élastique,  tendre.  On  ne  saurait  nier,  cependant,  que  le  pain  en 
séjournant  dans  le  four,  que  la  tranche  grillée  n'aient  perdu  l'un  et  l'autre 
une  quantité  notable  d'eau. 

»  Ces  faits  suffiraient,  ce  me  semble,  pour  établir,  contre  l'opinion  accré- 
ditée, que  le  pain  tendre  ne  devient  pas  rassis  par  cela  seul  qu'il  se  dessèche. 
Mais  j'ai  cru  qu'il  ne  serait  pas  inutile  de  faire  quelques  expériences,  ne  fût-ce 
que  pour  montrer  avec  quelle  lenteur  un  pain  de  quelques  kilogrammes  se 
refroidit,  et  combien  est  minime  la  quantité  d'eau  évaporée  pendant  le 
changement  d'état  qui  accompagne  et  suit  ce  refroidissement. 

»  Dans  un  pain  rond  ayant  33  centimètres  de  diamètre,  i4  centimètres 
d'épaisseur,  et  pris  lorsqu'on  défournait,  j'ai  introduit  au  centre,  à  7  cen- 


(  589) 

timèlres  de  la  surface,  le  réservoir  d'un  thermomètre;  quelques  instants 
après  son  introduction,  l'instrument  marquait  97  degrés.  Cette  tempéra- 
ture paraîtra  bien  faible  si  on  la  compare  à  celle  du  four;  mais  si  la  partie 
extérieure  d'un  pain  que  l'on  fait  cuire  est  exposée  au  rayonnement  de  pa- 
rois échauffées  à  25o  ou  3oo  degrés,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  les 
parties  situées  au-dessous  de  la  croûte  n'atteignent  jamais  plus  de  100  de- 
grés de  chaleur,  à  cause  de  l'eau  contenue  dans  la  pâte,  et  en  proportion 
telle,  qu'après  la  cuite,  la  mie  en  retient  encore  35  à  45  pour  100. 

»  Le  pain  chaud  pesait  3kll,76o;  on  l'a  placé  dans  une  chambre  où  un 
thermomètre  suspendu  dans  l'air  indiquait  19  degrés.  Voici,  maintenant, 
les  observations  faites  pendant  le  refroidissement. 


DATES. 

HEURES. 

TEMPÉRATURES 

! 

POIDS  DU  PAIN.  ' 

1 

DU    PAIS. 

DE    LA   CHAMBRE. 

9  matin 
10 
1 1 
midi 

i 

2 

3 

4 
5 
6 
8 
10 
7  matin 

9 
10 

1 1 

midi 

2 

.7 

9  matin 

9 
9 
9 
9 

0 

97  >° 
81,0 

68,0 

58,i 

5o,2 

44,0 

38,6 

34,7 
3t,6 
28,9 

25,0 

23,0 

18,8 

18, 3 
j.8,1 
18,0 
18,0 
18,0 
17,8 
17,0 
16,  i 
i5,8 

» 

0 

'9>° 

>9>' 

'9'° 

'9>» 

'9>° 

•9'° 

'8,9 

'9»° 

■8,7 

18,6 

.8,4 

i8,3 

,8,.. 

.8,1 

.8,, 

18,0 

'7.9 
18,0 

'7,7 
«7.4 
i6,5 
i6,3 

» 

kil 
3,760 

1 
1 

3,735 

3,73o 

3,727 
3,712 
3,70O 
3,696 
3,690 

i3 

il 

i5 

!6 

I<7 

18. 

(  59o  ï 

»  A  côté  du  pain  portant  un  thermomètre,  on  en  avait  placé  un  autre 
pour  juger  du  changement  d'état.  Vingt-quatre  heures  après  qu'on  eut  dé- 
tourné, la  température  du  pain  étant  sensiblement  la  même  que  celle  de  la 
chambre  et,  dès  lors,  le  refroidissement  pouvant  être  considéré  comme  ac- 
compli, le  pain  était  demi-rassis  comme  l'est  ordinairement  celui  qui  est 
cuit  depuis  un  jour;  la  croûte  ne  se  brisait  plus  sous  la  pression;  il  y  avait 
eu  3o  grammes  d'eau  de  dissipés,  soit  les  0,008  du  poids  initial.  Le  sixième 
jour,  lorsque  le  pain  était  extrêmement  rassis,  la  perte  ne  s'est  pas  élevée 
au-dessus  de  0,0 1  ;  dans  les  cinq  derniers  jours,  c'est-à-dire  pendant  la  pé- 
riode où  la  modification  a  été  la  plus  prononcée,  bien  qu'elle  ait  eu  lieu 
après  le  complet  refroidissement,  la  perte  en  eau  n'a  été  que  de  [\o  grammes 
sur  3^30,  ou  à  très-peu  près  de  0,01 .  L'expérience  suivante  prouvera  d'ail- 
leurs que  l'élimination  de  l'eau,  dans  des  limites  aussi  restreintes,  ne  con- 
tribue en  rien  à  la  transformation  du  pain  tendre  en  pain  rassis. 

»  Le  pain  cuit  depuis  six  jours,  et  dont  le  poids  était  3kil,69o,  a  été  remis 
au  four;  une  heure  après,  le  thermomètre  placé  au  milieu  de  la  mie  indiqua 
seulement  70  degrés.  Ce  pain  ayant  été  coupé,  on  le  trouva  tout  aussi  frais 
que  ceux  que  l'on  venait  de  cuire.  Il  ne  pesait  plus  que  3kll,57o,  ayant  perdu 
120  grammes  d'eau,  ou3{  pour  100. 

»  Cette  expérience  a  été  répétée  sous  une  autre  forme  -,  on  a  mis  une  tran- 
che de  pain  chaud  dans  une  capsule  placée  sous  une  cloche  dont  l'ouver- 
ture reposait  sur  de  l'eau,  de  manière  à  ce  que  l'air  confiné  dans  la  cloche 
fût  saturé  d'humidité.  Chaque  jour,  à  la  même  heure,  la  tranche  a  été  exa- 
minée et  pesée. 

Poids  de  la  tranche 32!r,o5  pain  tendre, 

perte  0^,23 
Après  être  restée  :  vingt-quatre  heures  sous  la  cloche.  3i8r,82  pain  demi-rassis, 

perte  ogr,o7 

quarante-huit  heures Si81, 7 5  pain  rassis, 

perte  0^.05 

soixante-douze  heures 3i*r,70 

perte  o'r,oi 
quatre-vingt-seize  heures Si^fiç)  pain  très-rassis. 

»  On  voit,  par  les  pesées,  que  le  pain  chaud  est  devenu  demi-rassis  en 
perdant  les  0,007  de  son  poids.  Une  fois  à  cet  état,  la  consistance  a  été  en 
augmentant,  bien  que  les  pertes  successives  n'aient  plus  été  que  de  0,00a, 
0,0016,  o,ooo3  du  poids  initial. 

»  La  tranche  de  pain  rassis  a  été  grillée,  elle  a  pesé  28gr,65  ;  plus  des  -^ 


(  59'  ) 
étaient  régénérés  à  l'état  de  pain  tendre  quoique,  par  l'action  de  la  chaleur, 
la  perte,  due  en  grande  partie  à  de  l'eau  volatilisée,  se  soit  élevée  à  près 
de  -j^  du  poids  primitif. 

»  En  remettant  au  four  un  pain  très-rassis,  on  a  vu  qu'il  était  devenu  ten- 
dre lorsque  le  thermomètre  placé  dans  son  intérieur  se  tenait  à  70  degrés. 
Afin  de  constater  si  le  changement  d'état  aurait  lieu  à  une  température 
moins  élevée,  j'ai  introduit,  dans  un  étui  en  fer-blanc,  un  cylindre  de  mie 
taillé  dans  du  pain  cuit  depuis  plusieurs  jours.  Pour  prévenir  toute  dissipa- 
tion d'humidité,  l'étui  a  été  fermé  avec  un  bouchon,  puis  on  l'a  maintenu 
pendant  une  heure  au  bain-marie  chauffé  entre  5o  et  60  degrés.  La  mie  est 
devenue  souple,  élastique  comme  si  on  l'eût  retirée  du  four.  On  la  laisse 
refroidir.  Vingt-quatre  heures  après,  sa  consistance  est  celle  du  pain  demi- 
rassis,  et,  au  bout  de  quarante-huit  heures,  celle  du  pain  rassis.  La  dispo- 
sition prise  pour  élever  la  température  sans  qu'il  y  eût  perte  d'eau,  a  permis 
de  modifier  nombre  de  fois  le  pain  enfermé  dans  l'étui,  en  le  chauffant  et 
le  laissant  refroidir  alternativement. 

»  Des  faits  exposés  précédemment,  il  est,  je  crois,  permis  de  conclure 
que  ce  n'est  pas  par  une  moindre  proportion  d'eau  que  le  pain  rassis  diffère 
du  pain  tendre,  mais  par  un  état  moléculaire  particulier  qui  se  manifeste 
pendant  le  refroidissement,  se  développe  ensuite,  et  persiste  aussi  longtemps 
que  la  température  ne  dépasse  pas  une  certaine  limite.  » 

«  M.  Thenard  présente  quelques  observations  sur  la  communication 
que  vient  de  faire  M.  Arago,  au  nom  de  M.  Boussingault;  il  pense  que  si 
le  pain,  après  sa  cuisson,  prend  peu  à  peu  de  la  fermeté  et  devient  rassis, 
c'est  parce  qu'il  doit  être  considéré  comme  un  hydrate  que  la  chaleur 
ramollit  et  auquel  une  basse  température  donne  plus  de  consistance.  » 

«  M.  Payes  demande  à  l'Académie  la  permission  de  rappeler  qu'il  s'est 
occupé  de  déterminer  la  température  de  la  cuisson  du  pain  :  il  a  trouvé 
que  les  parois  du  four  étant  échauffées  à  290  degrés,  la  croûte  se  formait  à 
la  température  de  +  210  degrés,  et  la  mie  à  +  100  degrés  centésimaux 
dans  le  centre  des  pains.  Il  a  constaté,  en  outre,  que  les  sporules  rougeà- 
tres  capables  de  reproduire  les  champignons  microscopiques,  désignés  sous 
le  nom  de  Oïdium  aurantiacum ,  ou  champignons  rouges  du  pain,  peuvent 
supporter  une  température  de  +100  à  120  degrés,  sans  perdre  leur  faculté 
végétative,  tandis  que  cette  faculté  cesse  lorsque  la  température  s'élève 
jusqu'à  +  140. 


(  59*  ) 

»  M.  Payen  en  a  tiré  cette  conclusion,  que  les  sporules  de  Y  Oïdium 
conservent  la  faculté  de  reproduire  le  champignon  dans  la  mie,  tandis  que 
dans  la  croûte,  la  température  qui  dépasse  200  degrés  anéantit  cette 
faculté. 

»  Les  faits,  à  cet  égard,  sont  consignés  dans  plusieurs  publications,  et 
notamment  pages  455  et  462  du  Précis  de  Chimie  industrielle,  2e  édition, 
dont  M.  Payen  eut  l'honneur  de  faire  hommage  à  l'Académie  en  i85o.  » 

chirurgie.   —  Sur  l'urétrotomie  périnéale,  appliquée   au   traitement  des 
rétrécissements  de  l'urètre;  par  M.  Sédillot.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Les  rétrécissements  de  l'urètre  sont  unedes  lésions  le  plus  fréquentes  et 
le  plus  compliquées  de  la  chirurgie,  et  il  en  est  peu  dont  le  traitement 
réclame  autant  de  sagacité  et  d'expérience. 

»  Les  maîtres  de  l'art  les  plus  renommés  ne  se  montrent  pas  d'accord 
sur  la  valeur  des  méthodes  et  des  procédés  curatifs,  et  ces  dissidences  indi- 
viduelles sont  devenues  internationales. 

»  L'enthousiasme  exagéré  des  hommes  pour  leurs  propres  inventions,  ou 
pour  les  moyens  de  traitement  dont  ils  font  usage,  fait  en  partie  compren- 
dre cette  regrettable  confusion,  dont  nous  signalerons  encore  une  autre 
cause. 

»  Certains  procédés  complexes  doivent  leurs  succès  à  la  même  méthode 
de  traitement;  mais,  par  une  préoccupation  facile  à  comprendre,  leurs  au- 
teurs les  rapportent  à  de  prétendus  perfectionnements  tout  à  fait  insigni- 
fiants dans  beaucoup  de  cas,  et  quelquefois  même  plus  désavantageux 
qu'utiles. 

»  Dans  un  ordre  de  faits  où  la  nature,  le  siège  et  l'étendue  des  altéra- 
tions offrent  les  plus  notables  différences,  une  méthode  curative  unique  et 
toujours  semblable  ne  saurait  être  supposée  ni  admise,  et  la  supériorité  pra- 
tique consiste  à  bien  préciser  les  indications  de  chaque  cas  particulier,  et  à 
y  appliquer  les  moyens  de  traitement  qui  y  conviennent  le  mieux. 

»  C'est  à  ce  titre  que  nous  chercherons  à  remettre  en  honneur  une  opé- 
ration presque  entièrement  abandonnée  en  France,  quoiqu'elle  y  ait  compté, 
à  d'autres  époques,  de  nombreux  partisans,  et  qu'elle  soit  aujourd'hui  en 
grand  honneur  en  Angleterre,  où  le  célèbre  professeur  Syme  d'Edimbourg 
en  a  presque  généralisé  l'usage. 

»  Les  rétrécissements  de  l'urètre  peuvent  être  divisés  en  trois  classes  : 
A,  ceux  que  l'on  traverse  et  que  l'on  parvient  à  dilater  d'une  manière  du- 


(593) 

rable;  B,  ceux  contre  lesquels  échouent  les  moyens  de  dilatation  ;  C,  ceux 
qui  restent  infranchissables. 

»  Les  rétrécissements  de  la  première  classe  sont  les  plus  nombreux.  La 
dilatation  permanente  en  est  la  méthode  curative  la  plus  efficace,  et  cette 
méthode  fait  le  principal  mérite  de  tous  les  procédés  sous  lesquels  on  la 
déguise. 

»  Les  rétrécissements  infranchissables  sont  très-rares,  mais  nous  en  avons 
déjà  rencontré  plusieurs  exemples,  et  nous  en  avons  publié  un  cas  avec  la 
description  des  dispositions  anatomo-pathologiques  qui  le  constituaient. 

»  Les  rétrécissements  de  la  deuxième  classe  sont  plus  communs  et  offrent 
des  degrés  de  dilatation  variables.  Les  uns  laissent  passer  des  instruments  de 
plusieurs  millimètres  de  diamètre,  puis  se  reforment  immédiatement  par  la 
grande  élasticité  des  tissus  qui  les  composent;  d'autres  sont  susceptibles 
d'un  certain  élargissement,  mais  opposent  une  résistance  invincible  au  delà 
d'une  limite  de  dilatation  très-circonscrite  ;  quelques-uns  enfin  sont  tra- 
versés avec  beaucoup  de  difficultés  et  d'une  manière,  pour  ainsi  dire,  for- 
tuite, par  les  bougies  les  plus  fines,  sans  qu'on  puisse  parvenir  ensuite  à  les 
dilater  notablement. 

»  Les  dilatations  successives  et  passagères,  les  débridements  internes,  la 
cautérisation,  la  rupture  par  la  dilatation  forcée,  sont  des  procédés  appli- 
cables à  des  cas  exceptionnels,  et  ne  sauraient  être  considérés  comme 
méthodes  générales  de  traitement. 

»  Les  rétrécissements  très-étroits,  non  dilatables  et  infranchissables  ont 
été  combattus  :  a,  par  la  ponction  avec  les  sondes  coniques  ou  à  dard  ;  b,  par 
les  cautérisations  profondes  d'avant  en  arrière;  c,  par  les  débridements  in- 
ternes; et  g?,  par  l'urétrotomie,  désignée  aussi  sous  le  nom  de  boutonnière. 

»  Les  ponctions  intrà-urétrales  exposant  à  des  fausses  routes  et  à  de 
graves  accidents  consécutifs,  ont  été  abandonnées.  La  cautérisation  destruc- 
tive des  tissus  coarctés  peut  également  produire  des  fausses  routes  et  laisse 
des  cicatrices  dont  la  rétractilité  ramène  le  rétrécissement.  Les  débridements 
internes  supposent  l'introduction  préalable  d'un  instrument  conducteur 
et  occasionnent  des  épanchements  de  sang  dans  l'urètre  et  la  vessie,  des 
rétentions  d'urine,  des  infiltrations  et  des  suppurations  diffuses  de  la  plaie. 
L'expérience  semble  néanmoins  établir  qu'en  rendant  ces  incisions  très- 
profondes  comme  le  fait  M.  le  Dr  Reybard,  on  évite  l'étranglement  et  la 
plupart  des  accidents  que  nous  signalons,  mais  dans  ce  cas  l'urétrotomie 
serait  probablement  préférable. 

C.  R.(  i85a,  im*  Semestre .  (T.  XXXV,  N°  17.)  78 


(  594) 

»  L'urétrotomie  périnéale,  injustement  oubliée,  comme  nous  l'avons  dit, 
fend  le  rétrécissement  de  dehors  en  dedans  par  une  plaie  nette  et  régulière, 
étendue  des  téguments  à  la  partie  supérieure  de  l'urètre  et  comprenant  le 
bulbe,  s'il  y  a  lieu,  sans  crainte  d'hémorragie.  On  n'observe  de  rétention  de 
sang,  ni  de  pus,  nulle  trace  d'étranglement,  pas  d'inflammations  diffuses 
ni  de  pyoémies  ;  la  plaie  se  ferme  sur  une  grosse  sonde  de  gomme  élas- 
tique, laissée  à  demeure  dans  la  vessie,  et  donne  une  cicatrice  souple  et 
mince,  sans  tendance  marquée  à  la  récidive  de  la  coarctation. 

»  L'opération  de  la  boutonnière  était  employée  contre  les  rétentions  d'u- 
rine, et  ne  s'appliquait  au  traitement  des  rétrécissements  que  d'une  manière 
accessoire  et  secondaire.  Les  procédés  en  étaient  confus,  et  le  mot  d'urétro- 
lomie  périnéale  nous  paraît  mieux  caractériser  la  nature  et  le  but  de  l'opé- 
ration que  nous  décrivons. 

»  L'urétrotomie  se  pratique  sur  toute  la  longueur  de  l'urètre,  et  l'épi- 
thète  de  périnéale  s'explique  par  la  grande  fréquence  des  rétrécissements 
de  la  portion  membraneuse  ou  périnéale  du  canal . 

»  Quoiqu'il  y  ait  dix  ans  que  nous  ayons  fait  nos  premières  opérations 
d'urétrotomie,  et  que  nous  en  ayons  cité  un  succès  en  1846  dans  notre 
Traité  de  médecine  opératoire,  nous  ne  rapporterons  ici  que  nos  dernières 
opérations,  recueillies  depuis  l'année  i85i. 

»  Les  malades  que  nous  avons  soumis  à  cette  opération  étaient  dans  des 
conditions  presque  désespérées,  et  tous  néanmoins  guérirent  vite  et  d'une 
manière  complète. 

,■>  Le  premier  de  ces  opérés,  capitaine  dans  un  régiment  de  ligne,  souf- 
frait depuis  vingt  ans  d'un  rétrécissement  Depuis  six  mois  il  n'urinait  plus 
que  par  des  pressions  manuelles  répétées  sur  le  périnée  d'arrière  en  avant 
pour  chasser  l'urine  goutte  à  goutte  au  travers  de  la  coarctation  du  canal. 
La  vessie  et  les  reins  étaient  enflammés,  les  urines  fétides  et  purulentes  ; 
toutes  les  tentatives  de  cathétérisme  et  de  cautérisation  avaient  échoué. 

»  L'urétrotomie  pratiquée  le  11  juillet  1 85 1  permit  au  malade  de  quitter 
Strasbourg  au  mois  de  septembre  suivant,  et  le  capitaine  B...  a  repris  sou 
service  au  régiment,  où  il  jouit  aujourd'hui  d'une  magnifique  santé. 

»  Notre  second  malade,  venu  de  Suisse,  portait  son  rétrécissement  de- 
puis quinze  ans.  Des  fistules  périnéales  s'étaient  établies,  et  les  tentatives  de 
cathétérisme  étaient  restées  infructueuses.  Une  fine  bougie  introduite  par 
hasard  par  le  malade  n'avait  pu  être  remplacée,  et  M.  X...  étant  parvenu, 
quinze  jours  plus  tard,  à  la  remettre,  l'urétrotomie  fut  pratiquée  le  11  juil- 


(595) 

let  i85i.  Les  suites  en  furent  heureuses,  une  incision  semi-lunaire  faite 
autour  de  l'orifice  de  la  fistule  périnéale  en  facilita  la  cicatrisation,  et  le 
malade  quittait  Strasbourg  et  retournait,  le  9  septembre,  dans  son  pays, 
d'où  il  nous  a  écrit  dernièrement  qu'il  continuait  à  jouir  d'une  parfaite 
guérison . 

»  Le  troisième  opéré  était  tombé  sur  le  périnée  et  s'était  rompu  l'urètre  : 
rétention  d'urine,  ponction  périnéale;  séjour  à  demeure  de  la  canule  du 
trois-quarts  pendant  dix-sept  semaines;  formation  d'un  calcul  dans-la  ves- 
sie; oblitération  de  la  canule;  fistule  urinaire  périnéale,  urètre  infranchis- 
sable. On  envoya  cet  homme  en  cet  état  à  la  Clinique  de  Strasbourg.  L'uré- 
trotomie  est  pratiquée  le  7  janvier  1862,  le  calcul  est  extrait  par  la  taille 
latéralisée  le  3  février,  et  le  malade,  complètement  guéri,  retourne  à  Mul- 
house le  i3  mars,  où  il  continue  à  se  bien  porter,  comme  nous  l'a  tout  ré- 
cemment écrit  M.  le  Dr  Stakler.  Le  col  de  la  vessie  a  conservé  sa  contracti- 
lité,  les  urines  sont  bien  retenues  et  largement  chassées  par  l'urètre.  Les 
fonctions  génitales  sont  restées  intactes,  et  l'on  n'observe  aucune  trace  des 
anciennes  infirmités  dont  peu  de  personnes  avaient  espéré  la  guérison. 

»  Notre  quatrième  malade  était  atteint  depuis  quinze  mois  d'un  rétrécis- 
sement de  l'urètre  avec  cystite,  néphrite,  urines  purulentes  et  fétides,  éma- 
ciation,  danger  imminent.  Les  tentatives  de  dilatation  et  de  cautérisation 
furent  infructueuses.  Cystite  aiguë,  angioleucite  de  la  verge;  les  ganglions 
de  l'aine  droite  s'enflamment  et  suppurent.  Rétentions  d'urines  qui  néces- 
sitent deux  ponctions  hypogastriques. 

»  Urétrotomie  le  9  août  i852.  Guérison  le  8  septembre,  époque  où  le 
malade  quitte  Strasbourg  pour  retourner  dans  sa  famille,  où  sa  santé  s'est 
complètement  rétablie. 

»  L'introduction  des  sondes  Mayor,  de  i  centimètre  de  diamètre,  s'opère 
sans  aucune  difficulté. 

»  Ces  succès  doivent  corroborer  ceux  anciennement  obtenus  et  ceux 
plus  récents  de  MM.  Lallemant  de  Montpellier,  Viguerie  de  Toulouse, 
Stœss  de  Strasbourg,  et  de  MM.  Civiale,  Leroy  d'Étiolés,  Amussat  et  d'au- 
tres maîtres  de  l'art  qu'il  serait  trop  long  de  citer. 

»  Une  précaution  essentielle,  dans  le  cas  de  rétrécissements  infranchis- 
sables, est  d'ouvrir  l'urètre  au  devant  de  la  coarctation  sur  une  grosse 
sonde  métallique,  et  de  fixer  immédiatement  les  parois  du  canal  par  un  fil, 
une  épingle,  une  mince  érigne,  etc.,  pour  être  certain  de  les  retrouver  dans 
tous  les  moments  de  l'opération.  Une  irrigation  d'eau  froide  facilite  l'exa- 

78.. 


(  5g6) 

inen  des  parties  et  permet  de  découvrir,  à  l'aide  d'un  stylet  d'argent  can- 
nelé, l'orifice  du  rétrécissement.  Si  l'on  ne  parvient  pas  à  traverser  l'ob- 
stacle, on  pourrait  le  franchir  avec  un  stylet  conique,  ou  aller  ouvrir  l'u- 
rètre au  devant  de  la  prostate  et  découvrir  le  rétrécissement  d'arrière  en 
avant  au  moyen  d'un  stylet  d'argent  recourbé  et  introduit  dans  cette  por- 
tion du  canal.  Ces  manœuvres  et  les  décisions  à  prendre  sont  on  ne  peut 
plus  difficiles  et  délicates,  et  il  ne  faudrait  pas  légèrement  en  prendre  la  res- 
ponsabilité. Un  chirurgien  sûr  de  son  sang-froid,  de  son  esprit  de  res- 
sources et  de  sa  main,  est  seul  capable  de  surmonter  heureusement  de 
pareils  obstacles,  qu'aucune  opération  chirurgicale  ne  présente  peut-être 
au  même  degré. 

»  Si  l'on  est  parvenu  à  placer  à  l'avance  une  bougie  dans  le  canal,  on  glisse 
sur  elle  le  stylet  cannelé  qui  sert  à  fendre  la  coarctation.  Un  autre  stylet, 
introduit  à  côté  du  premier,  donne  la  facilité  de  dilater  l'urètre,  et  d'y  por- 
ter, sans  crainte  de  fausse  route,  une  sonde  de  gomme  élastique  que  l'on 
fait  parvenir  dans  la  vessie.  M.  le  professeur  Syme  donne  le  conseil  de  fran- 
chir le  rétrécissement  avec  un  petit  cathéter  cannelé  en  argent.  L'urétro- 
tomie  est  alors  rendue  facile  ;  mais  cette  manœuvre  suppose  un  rétrécis- 
sement assez  dilatable  pour  recevoir  un  cathéter,  et  telles  n'étaient  pas  les 
conditions  dans  lesquelles  nous  avons  opéré. 

»  Le  défaut  d'écoulement  de  l'urine  par  la  sonde  dépend  souvent  des 
caillots  de  sang  qui  en  bouchent  les  yeux.  Une  injection  d'eau  tiède  remédie 
à  cette  difficulté. 

»  La  sonde  de  gomme  élastique  est  alors  retirée  sans  déranger  la  position 
des  stylets  conducteurs,  et  on  la  réintroduit  par  le  gland  jusqu'à  la  plaie 
périnéale,  et  ensuite  dans  la  vessie,  avec   les   précautions  déjà  signalées. 

»  M.  le  professeur  Syme  ne  place  pas  toujours  de  sonde  dans  l'urètre, 
ou  retire  l'instrument  au  bout  de  peu  de  jours.  Nous  avons  préféré  laisser 
les  sondes  à  demeure  jusqu'à  la  cicatrisation  presque  complète  de  la  plaie, 
et  nous  croyons  cette  conduite  plus  avantageuse  lorsque  les  rétrécissements 
sont  extrêmement  étroits  et  que  le  canal  de  l'urètre  est  depuis  longtemps 
coarcté. 

»  L'expérience  clinique  proclame  hautement  la  valeur  de  l'urétrotomie, 
et  nous  ne  doutons  pas  que  cette  opération  mieux  comprise  ne  soit  bientôt 
comptée,  en  France,  au  nombre  des  plus  précieuses  ressources  de  l'art.  » 


(  597  ) 

RAPPORTS. 

mécanique  appliquée.  —  Rapport  sur  la  deuxième  partie  du  Mémoire  de 
M.  Yvon  Villauceau,  relatif  à  l'établissement  des  arches  de  pont. 

(Commissaires,  MM.  Piobert,  Lamé,  Poncelet  rapporteur.) 

«  Le  Rapport  de  M.  Lamé,  sur  la  première  partie  du  Mémoire  de  M.  Yvon 
Villarceau,  dont  les  conclusions  ont  reçu  l'approbation  de  l'Académie 
dans  la  séance  du  lundi  9  novembre  1846,  fait  connaître  les  simplifica- 
tions heureuses  que  l'auteur  a  introduites  dans  la  solution  analytique 
du  problème  qui  consiste  à  déterminer,  par  coordonnées  ou  par  le  tracé 
des  cercles  de  courbure,  le  profil  d'intrados  d'une  voûte  de  pont,  assu- 
jettie aux  conditions  du  maximum  de  stabilité  ;  problème  dans  lequel  on  se 
donne,  à  priori,  la  flèche  ou  montée,  l'ouverture  et  la  charge  au-dessus  du 
sommet  extrados  de  la  voûte;  ce  qui  permet  ensuite  de  régler  l'épaisseur 
sensiblement  uniforme  du  bandeau,  d'après  la  limite  de  pression  à  faire 
subir  aux  matériaux  qui  y  entrent,  et  vice  versa. 

»  Malgré  ces  remarquables  simplifications  et  les  formes,  les  proportions 
très-convenables  auxquelles  l'auteur  avait  été  conduit  pour  les  voûtes  de 
grands  ponts ,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  les  nombreux  calculs  et  tâton- 
nements nécessaires  pour  parvenir  à  la  détermination  pratique  et  complète 
des  éléments  d'un  projet,  étaient  peu  propres  à  encourager  les  ingénieurs 
dans  l'adoption  d'un  tel  mode  de  construction  ;  même  en  laissant  de  côté 
la  répugnance,  très-légitime,  qu'ils  éprouvent  à  abandonner  la  route  tracée 
par  d'illustres  prédécesseurs  et  fondée  sur  une  longue  expérience,  une  ob- 
servation attentive  des  faits  présentés  par  les  constructions,  déjà  réalisées  et 
soumises  à  l'épreuve  du  temps.  Aussi,  M.  Yvon,  revenant  sur  ses  premiers 
calculs,  les  a  simplifiés  encore,  soit  en  profitant  des  circonstances  qui,  dans 
les  arches  de  grands  ponts,  permettent  de  supposer  la  densité  de  la  sur- 
charge à  très-peu  près  égale  à  celle  des  maçonneries  mêmes  de  la  voûte,  et 
son  épaisseur  moyenne  au-dessus  du  plan  horizontal  tangent  à  l'extrados, 
comme  très-faible  par  rapport  aux  dimensions  principales  de  cette  voûte  ; 
soit  en  réduisant,  dans  les  arches  en  arcs  simples,  non  raccordés  avec  les 
pieds-droits,  le  calcul  si  pénible  de  l'épaisseur  à  la  clef,  à  celui  d'une  formule 
empirique,  fort  simple,  qui,  dans  les  ponts  soumis  à  de  très-grandes  pres- 
sions, donne  cette  épaisseur  à  moins  d'un  dixième  près  de  sa  valeur;  soit 
enfin  en  dressant,  au  moyen  de  considérations  analytiques  ingénieuses,  deux 


(598) 

Tables  numériques  à  double  entrée,  qui  fournissent  les  éléments  propres  à  cal- 
culer, dans  les  différents  cas  de  surbaissement  offerts  par  la  pratique,  l'épais- 
seur au  sommet  et  la  poussée  horizontale  des  arches  en  anse  de  panier,  en 
fonction  du  rapport  de  l'ouverture  et  de  l'épaisseur  moyenne  de  la  sur- 
charge, à  la  flèche  ou  montée  correspondante. 

»  L'utilité  de  pareilles  Tables  ne  pouvant  être  mise  en  doute,  on  doit 
vivement  désirer  que  l'application  en  soit  bientôt  étendue,  par  M.  Yvon,  au 
cas  des  voûtes  dites  en  arc  ;  tâche  à  coup  sûr  très-pénible,  mais  qui  ne  sau- 
rait rebuter  un  aussi  infatigable  calculateur. 

»  Au  surplus,  M.  Y.von  Villarceau  ne  s'est  pas  contenté  de  ces  simplifica- 
tions, qui  réduisent  la  solution  du  problème  à  des  calculs  faciles,  assez  ra- 
pides, et  dont  il  a  offert,  dans  cette  partie  de  son  Mémoire,  divers  exem- 
ples et  tableaux  numériques  complets,  pouvant,  au  besoin,  servir  de  guide 
aux  ingénieurs.  Il  a,  de  plus,  mis  à  profit  cette  facilité  même,  pour  faire 
l'application  de  sa  méthode  à  un  grand  nombre  de  ponts  existants  ou  à  pro- 
jeter dans  des  dimensions  qui  n'ont  point  jusqu'ici  été  atteintes  pour  les 
constructions  en  pierres,  et  il  en  a  déduit  divers  rapprochements,  comparai- 
sons ou  conséquences  propres  à  éclairer  la  conscience  des  constructeurs,  et 
qui  ne  manqueront  pas  d'exciter  leur  intérêt  et  leur  attention,  en  les  met- 
tant à  même  d'apprécier,  à  leur  juste  valeur,  la  portée  et  le  degré  d'utilité 
ou  d'importance  des  conceptions  de  l'auteur. 

»  Nous  nous  bornerons  à  citer,  parmi  ces  conséquences,  un  résultat  de 
calcul  conforme  à  la  pratique  des  plus  grands  ingénieurs,  et  qui,  néan- 
moins, pourrait  surprendre  tous  ceux  qui  n'y  auraient  pas  suffisamment 
réfléchi  :  c'est  que,  dans  les  ponts  en  anse  de  panier,  non-seulement  le  sur- 
baissement n'est  point  une  quantité  tout  à  fait  arbitraire  ou  qu'on  puisse  se 
donner  à  priori,  mais  encore  pour  les  épaisseurs  ordinaires  et  assez  faibles 
de  la  surcharge  horizontale,  régnant  au-dessus  de  l'extrados  de  la  voûte,  le 
rapport  de  la  flèche  à  l'ouverture,  doit  demeurer  compris  entre  les  frac- 
tions j  et  \,  quand  on  tient  à  obtenir  des  voûtes  jouissant  du  maximum  de 
stabilité  que  s'est  imposé  l'auteur  d'après  des  conditions  qui,  rappelons-le, 
consistent  à  faire  en  sorte  que  les  résultantes  de  pressions  soient  partout  nor- 
males aux  plans  de  joints,  en  des  points  situés  très-près  de  leurs  milieux 
respectifs  :  les  plus  petites  et  les  plus  grandes  flèches  correspondant  respec- 
tivement aux  plus  faibles  et  aux  plus  fortes  épaisseurs  de  la  surcharge  hori- 
zontale et  d'égale  épaisseur  placée  au-dessus  du  sommet  de  la  voûte. 

»  L'auteur  arrive  également,  par  ses  calculs,  à  conclure  que  les  voûtes  en 
plein  cintre  ou  circulaires  doivent  être  exclusivement  réservées  aux  grandes 


(  Sy9) 
surcharges,  telles  que  celles  des  tunnels,  etc.,  résultat  dont  on  peut  se  ren- 
dre compte  à  priori,  en  observant  que,  dans  l'hypothèse  de  la  liquidité  des 
parties  inférieures,  admise  par  M.  Yvon,  la  pression  uniforme  ou  constante 
relative  à  ces  surcharges,  transmise  normalement  et  intégralement  à  l'ex- 
trados de  la  voûte,  vient  s'ajouter  eu  chaque  point,  à  la  pression  variable 
due  au  poids  de  ces  mêmes  parties  ;  pression  par  rapport  à  laquelle  la  pre- 
mière tend  à  devenir  de  plus  en  plus  prépondérante,  à  mesure  que  l'épais- 
seur de  la  surcharge  augmente,  ce  qui  rapproche  incessamment  le  système 
proposé  des  conditions  où  il  se  trouverait  si,  la  surcharge  uniforme  deve- 
nant infinie,  les  pressions  normales  pouvaient  être  considérées  comme  rigou- 
reusement égales  entre  elles,  dans  l'étendue  entière  de  la  voûte,  cas  auquel, 
comme  on  sait,  la  forme  circulaire  est  celle  qui  convient  à  l'équilibre  de 
toutes  les  parties. 

»  L'énorme  influence  exercée  ici  par  le  rapport  de  l'épaisseur  de  la  sur- 
charge uniforme  à  la  flèche  de  la  voûte,  sert  d'ailleurs  à  expliquer  l'espèce 
de  contradiction  à  laquelle  M.  Yvon  Villarceau  arrive,  pour  les  arches  en  anse 
de  panier  fortement  surbaissées,  lorsqu'il  compare  les  données  du  calcul  à 
celles  que  fournissent  certains  ponts  existants,  le  pont  de  Neuilly  par  exem- 
ple, qui  a  toujours  été  considéré  comme  un  chef-d'œuvre  de  construction  et 
de  hardiesse.  M.  Yvon  est,  en  effet,  conduit  par  l'application  de  ses  formules 
à  ce  dernier  pont,  à  des  épaisseurs  de  bandeau  inadmissibles  par  leur  peti- 
tesse ou  l'énormité  de  la  pression  à  laquelle  elles  devraient  correspondre 
en  raison  de  la  limite  de  surbaissement  adoptée  par  Perronet.  On  peut  s'en 
rendre  compte  en  observant  que  les  arches  en  anse  de  panier,  présentant 
une  donnée  de  plus  que  les  autres  voûtes,  celle  de  la  verticalité  des  retom- 
bées extrêmes,  la  pression  moyenne  sur  le  joint  des  naissances  le  plus  com- 
primé de  tous,  n'y  peut  plus  recevoir  une  valeur  arbitraire,  et  cette  valeur 
résulte  forcément  des  autres  données  du  problème.  Or,  pour  faire  rentrer  la 
solution  relative  au  pont  de  Neuilly,  dans  les  proportions  assignées  par 
l'usage,  et  afin  de  satisfaire  aux  conditions  de  stabilité  qu'il  s'est  imposées, 
M.  Yvon  se  voit  obligé  d'augmenter  la  flèche  de  l'intrados  aux  dépens  de 
l'épaisseur,  ici  un  peu  forte,  de  la  surcharge  uniforme  du  pont;  ce  qui,  dans 
l'exécution,  n'aurait  probablement  offert  aucune  difficulté  de  construction, 
comme  le  remarque  l'auteur. 

»  Evidemment  de  tels  résultats,  exactement  déduits  des  équations  du  pro- 
blème, tendent  seulement  à  prouver  que,  dans  ce  pont  et  ses  semblables, 
l'état  de  l'équilibre  et  la  répartition  des  pressions  sur  les  joints,  s'écartent 
plus  ou  moins  des  conditions  mathématiques  où  l'auteur  s'est  placé,  et  dans 


(  6oo  ) 

lesquelles  on  néglige  l'énorme  influence  du  frottement  et  de  la  cohésion  des 
maçonneries  de  la  surcharge  et  des  tympans.  En  considérant  d'ailleurs  que 
la  forme  d'intrados  adoptée  par  Perronet,  offre  moins  d'évidement  vers  les 
reins,  plus  de  courbure  au  sommet,  tandis  que  les  épaisseurs  de  bandeau, 
beaucoup  plus  fortes,  vont  en  croissant  du  sommet  aux  naissances,  on  sera 
amené  à  conclure  que  le  calcul  ne  prouve  rien  pour  ou  contre  le  système  de 
construction  du  pont  de  Neuilly,  si  ce  n'est  peut-être  au  point  de  vue  de 
l'économie  en  pierres  de  taille,  puisque  le  nouveau  bandeau  n'aurait  eu  que 
]m,9-45  au  lieu  de  im,94o,. 

»  D'autre  part,  l'accord  très-satisfaisant  qui  existe  entre  les  détermina- 
tions de  M.  Yvon  et  les  données  offertes  par  un  bon  nombre  d'autres  grands 
ponts  construits  en  anse  de  panier,  et  qu'il  a  également  soumis  au  calcul, 
tendrait  à  prouver  que  sa  manière  d'envisager  la  question  et  de  la  résoudre 
dans  chaque  cas,  ne  s'écarterait  pas  trop  de  celle  qui  pourrait  servir  à  fixer 
les  meilleures  proportions  dans  les  ponts,  de  maximum  de  portée,  analogues 
à  ceux  dont  il  s'est  tout  d'abord  occupé  dans  cette  deuxième  partie  de  son 
Mémoire  ;  du  moins  offrirait-elle  d'utiles  indications  à  l'ingénieur  qui  tien- 
drait à  ne  rien  livrer  au  hasard,  dans  des  circonstances  aussi  exceptionnelles, 
aussi  critiques,  et  où  il  conviendrait  peut-être  encore  d'avoir  égard  aux  effets 
d'infléchissement,  d'ondulations  ou  d'oscillations  inévitablement  suhis  par 
des  voûtes  de  60  mètres  d'ouverture,  surbaissées  du  tiers  au  quart,  lors  du 
parcours,  plus  ou  moins  rapide,  d'une  locomotive  et  de  son  convoi  de  mar- 
chandises. L'attention  que  le  gouvernement  anglais  a  récemment  accordée, 
du  moins  pour  les  ponts  en  fer  ou  en  fonte,  à  de  pareilles  causes  d'instabilité 
et  de  rupture,  la  nomination  d'une  Commission  composée  des  plus  savants 
ingénieurs  de  la  Grande-Bretagne,  prouvent  assez  la  haute  importance  de  la 
question',  et  combien  il  serait  utile  de  pouvoir  la  soumettre  au  calcul. 

»  Toutefois  il  ne  suffit  pas  de  fixer  la  forme  et  les  dimensions  du  bandeau 
d'une  voûte,  pour  être  assuré  qu'elle  est  parfaitement  stable  sur  ses  appuis, 
et,  puisque  l'hypothèse  de  la  liquidité  des  parties  inférieures  et  de  la  sur- 
charge a  été  admise,  par  M.  Yvon,  comme  une  condition  indispensable  au 
maintien  dé  l'équilibre  du  bandeau,  il  faut  que  les  réactions  qui  leur  cor- 
respondent sur  les  pieds-droits,  culées  ou  remplissage  des  reins,  puissent 
être  détruites  par  la  résistance  ou  l'inertie  de  leur  massif.  Aussi  indique-t-il 
la  manière  d'en  calculer  la  forme  et  l'épaisseur  dans  la  double  hypothèse  du 
glissement  et  de  la  rotation,  en  ayant  égard,  cette  fois,  à  l'influence  du  frot- 
tement et  de  la  cohésion  des  mortiers  sur  les  joints.  Faisant  l'application  des 
formules  ainsi  obtenues  à  l'arche  de  60  mètres  mentionnée  ci-dessus,  M.  Yvon 


(6oi   ) 

obtient  une  culée  à  profil  à  peu  près  triangulaire,  dont  la  base  est  de  28  mètres 
et  la  hauteur  au-dessus  des  naissances,  de  19  mètres;  résultat  qui  n'a  rien 
d'exorbitant,  si  l'on  réfléchit  que  le  pont  d'Iéna ,  à  Paris,  par  exemple,  dont 
l'ouverture  est  seulement  de  1 5  mètres,  a  reçu  des  culées  rectangulaires  de 
1 5  mètres  d'épaisseur  horizontale.  On  doit  néanmoins  regretter  que  l'auteur, 
considérant  cette  partie  de  son  intéressant  travail  comme  purement  acces- 
soire à  la  théorie  des  voûtes,  n'ait  fait  aucune  application  de  ses  formules 
aux  ponts  existants,  déjà  soumis  par  lui  au  calcul,  afin  de  s'assurer  que  les 
épaisseurs  de  culées  ainsi  obtenues,  n'offrent  rien  qui  s'écarte  par  trop,  des 
proportions  en  usage  et  des  conditions  d'économie  que  l'ingénieur  doit 
toujours  s'imposer. 

»  Quelques  développements,  à  cet  égard,  auraient  été  d'autant  plus 
utiles,  que,  on  ne  peut  se  le  dissimuler,  le  mode  d'exécution,  la  compressi- 
bilité  ou  flexibilité  naturelle,  et  toute  cause  de  dérangement  de  la  maçon- 
nerie des  reins  ou  des  pieds-droits,  peuvent  exercer  une  très-grande  in- 
fluence sur  le  mode  même  de  répartition  des  pressions  dans  le  bandeau  de 
la  voûte,  à  l'époque  du  décintrement.  Alors,  en  effet,  les  surcharges  ne 
sauraient  encore,  comme  le  suppose  l'auteur,  être  établies  dans  toute  leur 
étendue  horizontale,  mais  en  partie  seulement,  vers  les  naissances  et  les 
reins  où  le  bandeau  a  particulièrement  besoin  d'être  soutenu  dans  le  nou- 
veau système,  puisque  les  pressions  extérieures  y  ont  été  théoriquement 
considérées  comme  les  plus  fortes  :  c'est  même  de  là  qu'est  résultée  une  aug- 
mentation de  courbure  ou  d'évidement  latéral  très-favorable  au  débouché 
des  ponts,  qui  se  remarque  dans  le  nouveau  tracé,  et  qui  n'existe  pas,  au 
même  degré,  dans  les  tracés  généralement  en  usage. 

»  Quelle  que  soit,  au  surplus,  l'opinion  que  l'on  puisse  se  former,  à 
priori,  du  contenu  de  cette  seconde  partie  du  Mémoire  de  M.  Yvon  Villar- 
ceau,  on  ne  peut  méconnaître  que  le  résultat  des  discussions  et  des  calculs 
approfondis  auxquels  il  s'est  livré,  ne  fournisse  d'utiles  indications  pour 
l'établissement  ultérieur  des  projets  où  l'on  se  proposerait  de  construire  des 
ponts  dont  la  portée  excéderait  la  limite  de  ceux  que  l'on  doit  jusqu'ici 
aux  plus  habiles  ingénieurs;  et,  à  ce  point  de  vue,  ces  additions  nous  pa- 
raissent, ainsi  que  les  Tables,  les  exemples  numériques  et  dessins  d'arches 
de  pont  qui  les  accompagnent,  mériter  de  paraître  dans  les  Mémoires  des 
Savants  étrangers,  à  la  suite  de  la  première  partie  dont  l'impression  a  déjà 
été  ordonnée  par  l'Académie.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

C    R.,  l85î,  2">«  Semestr,.  (T.  XXXV     M°  17.)  79 


(  6oa  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

mécanique.  —  Sur  la  tendance  des  rotations  au  parallélisme; 
par  M.  Léon  Foucault. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Arago,  Pouillet,  Babinet.  ) 

«  On  peut  énoncer  ainsi  le  principe  qui  m'a  servi  de  guide  dans  mes 
recherches  sur  l'orientation  et  sur  l'inclinaison  des  corps  tournants  : 

»   Quand  un  corps  tourne  autour  d'un  axe  principal  et  qu'une  force  ou 
un  système  de  forces  tend  à  produire  une  rotation  nouvelle  non  parallèle  à 
la  première,  l'effet  résultant  est  un  déplacement  de  l'axe  de  rotation  pri- 
mitive, qui  se  dirige  vers  l'axe  nouveau  par  le  chemin  favorable  au  parai 
lélisme  des  deux  rotations. 

»  L'axe  nouveau  de  rotation  peut,  suivant  les  cas,  être  fixe  ou  mobile, 
et  dépendant  de  la  position  du  corps  ;  quand  il  est  fixe,  le  corps  tournant 
tend  vers  une  position  définie,  c'est  ce  qui  arrive  en  présence  du  seul  mou- 
vement de  la  Terre  ;  quand  il  est  mobile  avec  l'axe  du  corps,  celui-ci  change 
constamment  de  direction,  sans  jamais  rencontrer  de  position  d'équilibre; 
c'est  ce  qu'on  observe  dans  les  phénomènes  de  précession  antérieurement 
étudiés,  et  auxquels  se  rattache  l'expérience  qui  consiste  à  abandonner  à 
l'action  de  la  pesanteur  un  corps  tournant  posé  sur  un  point  fixe  par  l'une 
ou  l'autre  extrémité  de  son  axe. 

»  En  formant  avec  le  corps  tournant  un  pendule  conique,  on  trouve 
pareillement  que  l'axe  de  rotation  doit  se  maintenir  dans  un  plan  normal 
à  la  surface  du  cône,  et  qu'il  doit  se  retourner  bout  pour  bout  par  l'inter- 
version du  sens  de  l'oscillation  ;  l'expérience  vérifie  très-fidèlement  encore 
cette  prévision  fondée  sur  la  tendance  des  rotations  au  parallélisme.  » 

mécanique  céleste.  —  Solution  analytique  du  problème  suivant  :  Déter- 
miner le  mouvement  de  rotation  d'un  corps  solide  autour  d'un  de  ses 
points,  lorsqu'on  suppose  que  ce  point  est  posé  sur  la  Terre  et  entraîné 
avec  elle  dans  son  mouvement  diurne.  (Mémoire  de  M.  Quet.) 

(Commissaires  nommés  pour  le  Mémoire  de  M.  Foucault,  auxquels  sont 
adjoints  MM.  Cauchy  et  Binet.) 

«  Le  résultat  principal  de  cette  solution  peut,  dit  l'auteur,  être  exprimé 
dans  les  termes  suivants  : 

»  Lorsque  le  corps  solide  est  de  révolution  autour  d'un  axe,  et  que  le 


(  6o3  ) 

mouvement  de  rotation  a  commencé  autour  de  cette  droite,  l'axe  du  corps 
conserve  une  direction  fixe  dans  l'espace,  et,  par  conséquent,  paraît  se 
mouvoir,  pour  un  observateur,  comme  s'il  était  l'axe  d'une  lunette  paralla- 
tique. 

»  Ce  résultat  coïncide  avec  la  proposition  énoncée  par  M.  Foucault  dans 
la  première  communication  qu'il  a  faite  pour  les  Comptes  rendus  du  20  sep- 
tembre i852.  » 

M.  de  la  Roquette,  qui  avait  transmis  la  Note  de  M.  Oswell,  sur  les 
mouches  venimeuses  du  Tsetse  {voir  le  Compte  rendu  de  la  précédente 
séance),  adresse  aujourd'hui,  comme  devant  se  rattacher  à  cette  communi - 
cation,  une  Note  d'un  voyageur,  M.  Arnaud,  qui  a  observé,  dans  d'autres 
points  de  l'Afrique,  des  insectes  probablement  identiques  à  ceux  qu'a  vus 
M.  Oswell. 

Note  de  M.  Arnaud. 

«  D'après  l'inspection  que  j'ai  pu  faire  de  cette  mouche  sur  le  bureau  de 
la  Société  de  Géographie,  il  m'a  semblé  qu'elle  était  identique  à  celle  qu'on 
rencontre  dans  l'île  du  Sennâr,  entre  le  i5e  et  le  11e  degré  de  latitude 
nord,  où  ses  piqûres  réitérées  tuent  également  les  animaux,  ce  qui  oblige 
les  pasteurs  de  troupeaux,  de  bœufs  surtout,  à  abandonner  la  contrée  pen- 
dant la  saison  où  elle  est  le  plus  inquiétante,  c'est-à-dire  dans  les  mois  de 
janvier  à  mai,  pour  se  réfugier  sur  les  bords  du  Nil,  où  l'on  ne  la  retrouve 
que  très- rarement. 

»  J'ai  été  moi-même  piqué  par  une  de  ces  mouches,  et  la  plaie  qui  en  est 
résultée  a  duré  plus  de  quatre  mois,  avec  des  démangeaisons  insuppor- 
tables, qui  quelquefois  se  réveillent  encore  aujourd'hui.  » 

(Renvoi  à  l'examen  des   Commissaires  nommés  pour  le  Mémoire  de 
M.  Oswell  :  MM.  Duméril,  Milne  Edwards,  Decaisne.) 

mécanique  appliquée.  —  Obturateur  mécanique  pour  la  lumière  du  canon  ; 
appareil  destiné  à  prévenir  un  des  accidents  les  plus  communs  dans  le  ser- 
vice des  bouches  à  jeu;  par  M.  Oppelt. 

(Commissaires,  MM.  Piobert,  Duperrey,  Morin.) 

M.  Gitbal,  inventeur  d'un  appareil  désigné  sous  le  nom  de  machine  à 
défoncer,  annonce  qu'il  ne  lui  est  plus  possible  de  faire  fonctionner,  sous 
les  yeux  des  Membres  de  la  Commission,  cette  machine  qui  faisait  partie 

79- 


(6o4) 

du  matériel  de  l'Institut  agronomique  de  Versailles,  et  qui,  depuis  la  sup- 
pression de  cet  établissement,  a  été  envoyée  au  loin.  M.  Guibal  espère  que 
MM.  les  Commissaires  trouveront  dans  des  documents  qu'il  envoie  aujour- 
d'hui les  renseignements  nécessaires  pour  pouvoir  porter  un  jugement  sur 
l'utilité  de  son  invention. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  de  Mécanique.) 

M.  Dalmas  adresse,  de  Rosières  (Ardèche),  une  Note  sur  la  maladie  de 
la  vigne  et  la  maladie  de  la  pomme  de  terre.  L'auteur  pense  que  la  pre- 
mière a  principalement  pour  cause  une  stagnation  de  la  sève  ;  et  il  a  été  con- 
firmé dans  cette  idée,  par  les  résultats  très-différents  qu'il  a  observés  dans 
le  pays  qu'il  habite,  selon  que  l'opération  de  la  taille  était  pratiquée  tar- 
divement ou  de  bonne  heure.  Quand,  faute  d'avoir  taillé  dans  la  saison 
opportune  (tardivement),  la  maladie  a  commencé  à  se  manifester,  on  peut, 
suivant  M.  Dalmas,  en  arrêter  le  développement  par  des  scarifications 
profondes  pratiquées  dans  les  ceps,  ou  par  l'émondage  des  extrémités 
des  sarments.  Relativement  aux  pommes  de  terre,  il  recommande  de 
les  planter  de  bonne  heure,  et  assure  que  dans  le  canton  de  Rosières, 
toutes  celles  qui  ont  été  plantées  en  février,  ont  échappé  à  la  maladie, 
tandis  que  celles  qui  l'ont  été  en  avril  ou  mai,  ont  presque  toutes  plus  ou 
inoins  souffert.  La  maladie  s'est-elle  montrée  dans  les  fanes,  il  suffit  sou- 
vent de  les  faucher  pour  préserver  les  tubercules.  Quant  à  ces  derniers, 
M.  Dalmas  recommande  de  les  conserver  dans  des  lieux  secs  et  élevés,  en 
les  couvrant  toutefois  de  manière  à  les  préserver  de  la  gelée. 

(Commission  chargée  de  l'examen  des  diverses  communications  relatives  à 
la  même  question  :  MM.  Duméril,  Magendie,  de  Jussieu,  Brongniart, 
Milne  Edwards,  Decaisne.  ) 

M.  Dussugues,  médecin  à  Lyon,  envoie  une  Note  sur  le  même  sujet;  il 
regarde  comme  cause  principale  de  la  maladie,  l'abus  des  fumures  ;  il  pro- 
pose donc  de  supprimer  les  engrais,  et  de  revenir  au  régime  des  jachères, 
sans  se  dissimuler,  toutefois,  les  objections  que  cette  proposition  doit 
soulever. 

(Renvoi  à  la  même  Commission.) 

M.  le  pasteur  Clavel  soumet  au  jugement  de  l'Académie  la  description  et 
la  figure  d'un  héliostat  portant  un  réflecteur  de  très-grandes  dimensions,  et 


(  6o5  ) 

qui  est  destiné  à  faire  pénétrer  la  lumière  solaire  dans  des  appartements 
obscurs. 

(Commissaires,  MM.  Mathieu,  Babinet.) 

M.  Henri  IXascio,  de  Messine,  auteur  d'une  Note  sur  les  éphémérides 
luni-solaires  moyennes,  précédemment  soumise  au  jugement  de  l'Académie, 
adresse,  comme  pièces  à  consulter  par  la  Commission  chargée  d'examiner 
son  travail,  la  correspondance  qu'il  a  eue,  relativement  à  ces  éphémérides, 
avec  le  directeur  de  l'observatoire  de  Campidoglio,  à  Rome. 

(  P envoi  à  l'examen  de  M.  Faye  déjà  chargé  de  prendre  connaissance  de  la 

première  communication.) 

M.  Vial  présente  une  Note  concernant  la  démonstration  élémentaire  de 
plusieurs  propositions  de  géométrie. 

(Commissaires,  MM.  Babinet,  Chasles.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Directeur  général  des  Douanes  adresse,  pour  la  bibliothèque  de 
l'Institut,  un  exemplaire  du  Tableau  général  du  mouvement  du  cabotage 
en  i 85 i . 

M.  Valz  envoie  un  nouveau  spécimen  des  Cartes  célestes  dressées  sous 
sa  direction  par  M.  Chacornac.  Cette  Carte  représente  la  portion  du  ciel 
comprise  entre  ohom  et  oh20m  d'ascension  droite,  et  entre  4  degrés  décli- 
naison australe  et  6  degrés  déclinaison  boréale.  Elle  donne  la  place  de 
i5oo  étoiles.  M.  Valz  y  a  marqué,  de  plus,  la  position  qu'occupait,  le  9  oc- 
tobre, la  nouvelle  planète  Massilia,  découverte  par  M.  Chacornac. 

astronomie  physique.  —  Lettre  du  P.  Secchi,  directeur  de  l'observatoire 
du  Collège  romain.  (Extrait  par  M.  Faye.) 

«  Comme  je  crois  qu'il  ne  sera  pas  sans  intérêt  pour  vous,  et  pour  les  sa- 
vants en  général,  de  connaître  quel  a  été  le  succès  des  observations  héliother- 
miques que  l'on  devait  faire  six  mois  après  celles  dont  l'Académie  a  déjà 
reçu  communication  à  la  fin  de  mars,  je  viens  aujourd'hui  vous  en  rendre 
compte,  tout  en  déclarant  d'avance  qu'il  ne  s'agit  pas  encore  ici  de  donner 
la  solution  définitive  de  toutes  les  questions  qui  ont  été  soulevées  sur  ce 


(  606  ) 

sujet  compliqué.  H  y  a  encore  beaucoup  à  faire  pour  les  épuiser,  quoique 
nous  ayons  fait,  ce  me  semble,  quelques  progrès. 

»  Profitant  des  idées  que  les  savants  les  plus  distingués  ont  émises  à  ce 
sujet,  je  me  suis  efforcé  de  diriger  mes  observations  nouvelles  de  manière 
à  éviter,  autant  que  possible,  toutes  les  objections,  et  à  mettre  en  relief  les 
diverses  causes  auxquelles  on  pourrait  attribuer  les  différences  de  tempéra- 
ture observées.  Et  d'abord,  j'ai  dû  m'occuper  de  perfectionner  mon  appa- 
reil. Dès  le  mois  d'août,  les  observations  ont  été  faites  avec  la  lunette  de 
Cauchoix  (am,43  de  longueur  focale,  et  om,i62  d'ouverture),  montée  tout 
exprès  pour  cela  sur  un  pied  parallactique  (i). 

»  Les  observations  ont  été  conduites  de  manière  à  mettre  successivement 
à  l'épreuve  les  hypothèses  auxquelles  on  pourrait  avoir  recours  pour  expli- 
quer les  différences  de  température  observées  sur  le  disque  du  Soleil  :  i°  ex- 
cédant de  chaleur  de  la  zone  équatoriale  ;  2°  inégalité  de  chaleur  des  deux 
hémisphères  boréal  et  austral;  3°  inégalité  des  différentes  faces  que  le  Soleil 
nous  présente,  c'est-à-dire  des  hémisphères  séparés  par  un  cercle  de  décli- 
naison héliocentrique;  4°  variations  irrégulières  et  purement  accidentelles; 
5°  action  de  l'atmosphère  terrestre;  6°  thermochrôse  solaire. 

»  Afin  d'éviter  toute  objection  relative  à  l'absorption  atmosphérique,  et 
d'éliminer  entièrement  son  influence,  j'ai  choisi  quatre  points  placés  aux 
extrémités  de  deux  cordes  égales  ab,  cd,  parallèles  à  la  direction  du  mou- 
vement diurne.  Vers  le  milieu  de  juin,  l'équateur  solaire  se  projetait  sur  un 
diamètre  à  peu  près  dirigé  de  b  vers  d;  ces  points  étaient  donc  les  plus 
voisins  de  l'équateur,  tandis  que  les  points  a  et  c  en  étaient  les  plus  éloi- 
gnés. Or  les  observations  ont  donné  constamment  b  plus  chaud  que  a,  et  d 
plus  que  b.  Cependant  la  température  de  b  et  de  a  était  relativement  plus 
forte,  en  général,  que  celle  de  det  de  c;  ce  qui  s'expliquerait  en  attribuant 
aux  deux  hémisphères  une  inégalité  de  température,  conformément  à  une 
hypothèse  d'Herschel  que  M.  Arago  a  rappelée. 

»  Quant  à  l'excès  de  température  de  l'équateur  solaire,  cette  expérience 
paraît  trancher  la  question,  car  elle  porte  son  contrôle  en  elle-même,  et  se 
trouve  totalement  indépendante  de  l'influence  de  notre  atmosphère. 

»  On  attendait  cependant,  avec  raison,  que  ces  expériences  fussent  répé- 
tées dans  le  mois  de  septembre,  où  l'équateur  prend  une  position  inverse 
relativement  au  mouvement  diurne ,  et  se  projette,  non  plus  au-dessus, 
mais  au-dessous  du  centre. 

•  ... 

(i)  La  description  de  l'appareil  n'a  pu  être  placée  icj. 


(6o7  ) 

»  Je  les  ai  donc  continuées  jusqu'à  cette  époque,  en  employant  concur- 
remment mon  ancienne  lunette  et  l'instrument  beaucoup  plus  puissant  de 
Cauchoix.  Ces  deux  appareils  donnaient  les  mêmes  résultats  ;  cependant  on 
a  eu  soin  de  les  comparer  constamment,  afin  d'éviter  toute  source  d'erreur. 

»  Voici  les  résultats  que  j'ai  obtenus  par  les  observations  faites  dans  le 
sens  du  diamètre  vertical  (ou,  pour  parler  plus  exactement,  dans  le  sens  du 
cercle  de  déclinaison).  Au  mois  d'août,  l'hémisphère  supérieur  se  montrait 
un  peu  plus  chaud  que  l'hémisphère  inférieur  ;  mais  les  différences,  toujours 
très-petites,  avaient  lieu  souvent  en  sens  inverse.  En  septembre,  l'hémisphère 
inférieur  s'est  montré  décidément  le  plus  chaud;  le  maximum  de  différence 
était  de  plus  de  i  degrés  (  du  galvanomètre) ,  et  c'est  à  peu  près  ce  que  nous 
avions  trouvé  au  mois  de  mars,  mais  en  sens  opposé.  De  plus,  ce  maximum 
a  eu  lieu  du  1 4  au  16  septembre,  et  c'est  aussi  l'époque  du  maximum  de 
dépression  de  l'équateur  solaire. 

»  Cependant  toutes  ces  coïncidences  ne  seraient  pas  démonstratives,  si  l'on 
ne  prouve  en  même  temps  que  le  Soleil  tournait  vers  nous,  en  mars  et  en 
septembre,  toujours  la  même  face.  Or  la  durée  de  la  rotation  du  Soleil  n'est 
pas  assez  bien  connue  pour  qu'on  en  puisse  répondre  à  un  ou  deux  jours 
près  (i).  En  adoptant  27^,4  pour  la  durée  de  la  rotation  relative  à  la  Terre, 
on  trouve  que  la  face  qui  était  tournée  vers  nous  le  1 5  septembre  l'était  en- 
core le  20  mars,  le  4  avril,  le  29  mai  et  le  25  juin.  Or  nous  avons  heureu- 
sement de  nombreuses  observations  faites  à  ces  deux  dernières  époques,  et 
elles  s'accordent  à  placer  le  maximum  de  chaleur  dans  l'hémisphère  supé- 
rieur, tandis  qu'en  septembre  ce  maximum  s'est  transporté  dans  l'hémi- 
sphère opposé. 

»  Il  faut  donc,  de  deux  choses  l'une,  ou  qu'il  se  soit  produit,  dans  l'in- 
tensité absolue  de  la  chaleur  du  Soleil,  une  variation  de  près  de  —,  ou  que 
la  différence  observée  soit  due  au  simple  changement  de  position  de  l'équa- 
teur solaire  par  rapport  à  nous.  On  ne  peut  prouver  que  la  première  alter- 
native soit  absolument  fausse,  et  c'est  pour  cela  seulement  que  la  deuxième 
reste  encore  incertaine. 

»  Mais  nous  avons  une  autre  ressource  dans  l'examen  comparatif  des 
extrémités  des  cordes.  Celles-ci  nous  ont  donné  des  différences  qui  s'accor- 
dent parfaitement  avec  la  dernière  hypothèse,  car  le  point  a  est  devenu  plus 
chaud  que  /;,  et  c  plus  que  d.  Ces  différences  sont  constantes,  quoique 


(1)  Delambre  donne  25J,oi ,  Wichmann   donne  25J,536,  et  M.   Laugier  assigne   des 
extrêmes  plus  distants  encore,  savoir  2^,28  et  2&,23. 


(  608  ) 

petites;  on  ne  pouvait  s'attendre  à  de  grandes  différences  dans  des  points 
placés  près  du  bord,  où  l'action  des  rayons  émis  par  le  corps  du  Soleil  est 
interceptée  et  affaiblie  par  l'épaisseur  très-considérable  de  l'atmosphère 
solaire. 

»  Pour  réussir  dans  ces  expériences,  il  faut  prendre  garde  qu'il  n'y  ait 
point  de  taches  dans  le  voisinage  des  points  a,  b,  ç,  cl,  car  les  taches  pro- 
duiraient de  grandes  anomalies.  Leur  influence  semble  s'étendre  à  une  dis- 
tance plus  considérable  pour  la  chaleur  que  pour  la  lumière.  J'ai  vu  quel- 
quefois une  petite  tache,  qui  n'occupait  pas  -j-oô  de  l'ouverture  de  la  pile, 
faire  tomber  la  chaleur  de  3  degrés  ou  même  davantage,  c'est-à-dire  de-j^ 
environ  de  l'intensité  totale.  Cependant,  en  isolant  la  tache  avec  un  petit 
diaphragme,  on  trouve  qu'elle  a  une  action  sensible  dans  la  partie  obscure. 
Les  parties  plus  lumineuses  des  facules  ne  font  point  compensation  pour  la 
perte  de  chaleur  que  les  taches  occasionnent,  et  même  les  endroits  où  se 
montrent  des  facules  sont  en  général  moins  chauds. 

»  Afin  d'analyser  les  effets  de  la  thermochrôse  suggérée  par  M.  Melloni, 
j'ai  fait  plusieurs  séries  en  interposant  l'eau,  le  quartz  blanc  et  le  quartz  en- 
fumé, mais  sans  trouver  des  différences  bien  remarquables,  en  sorte  que 
si  ces  effets  existent,  ils  doivent  être  très-faibles;  du  moins  mes  observations 
ne  sont  pas  encore  assez  nombreuses  pour  qu'on  puisse  les  y  démêler. 

»  En  ôtant  les  verres  du  télescope,  et  en  recevant  directement  les  rayons 
du  Soleil  sur  la  pile  avec  différentes  substances  interposées,  j'ai  constaté  la 
singulière  inversion  de  thermochrôse  que  M.  Melloni  a  découverte  entre 
I  eau  et  le  quartz  enfumé  :  mes  nombres  sont  plus  petits,  à  la  vérité,  et 
cela  tient  peut-être  à  la  qualité  du  quartz,  qui  est  peu  foncé. 

»  J'ai  cherché  aussi,  mais  sans  succès  jusqu'à  présent,  s'il  n'y  aurait  point, 
hors  du  disque  solaire,  des  points  rayonnants  équivalents  aux  protubé- 
rances rougeâtres  que  l'on  a  observées  pendant  les  éclipses. 

»  Enfin  j'ai  appliqué  les  formules  de  Laplace  aux  nombres  obtenus  dans 
ces  expériences,  en  suivant  la  marche  indiquée  dernièrement  par  M.  Plana 
dans  les  A 'stronomische  JS achrichten ,  n°  8i3;  mais  j'ai  trouvé,  pour  les 
différents  points,  des  valeurs  si  divergentes  des  constantes,  qu'il  ne  paraît 
guère  que  l'hypothèse  fondamentale  soit  complètement  admissible. 

»  Les  limites  d'une  Lettre  ne  me  permettent  pas  d'entrer  dans  le  détail 
de  toutes  ces  matières  ;  celles-ci  trouveront  place  ailleurs.  Je  me  bornerai  à 
donner,  dans  un  tableau  à  l'appui  de  mes  assertions,  quelques  résultats 
numériques  extraits  du  journal  des  observations  (i).  Quoique  l'ensemble 

(i)  Ce  tableau  n'a  pu  être  inséré  dans  les  Comptes  rendus. 


(6o9) 

de  ces  résultats  tende  à  prouver  que  la  chaleur  de  l'équateur  solaire  sur- 
passe celle  des  pôles,  je  ne  regarderai  cependant  pas  la  preuve  comme 
vraiment  acquise,  tant  qu'une  longue  suite  d'observations,  faites  d'après  un 
plan  bien  arrêté,  avec  la  constance  des  observations  météorologiques  ordi- 
naires, n'aura  pas  mis  hors  de  doute  que  ces  différences  sont  au-dessus  de 
toutes  les  variations  accidentelles  auxquelles  est  exposé  un  corps  placé, 
comme  le  Soleil,  dans  des  circonstances  exceptionnelles,  où  l'agitation  doit 
être  extrême,  et  où,  par  conséquent,  les  variations  d'une  époque  à  l'autre 
doivent  être  considérables.  J'ai  voulu  pourtant  rendre  compte  de  mes  re- 
cherches, quoique  les  résultats  n'en  soient  pas  encore  définitifs,  afin  de 
montrer  sous  quel  jour  la  question  se  présente  maintenant,  et  de  quelle 
manière  l'expérience  peut  conduire,  à  mon  avis,  à  la  théorie  véritable. 

»  Passons  à  un  autre  sujet.  Vous  savez  déjà  que  j'ai  trouvé  la  seconde 
partie  de  la  comète  de  Biéla  ;  à  peine  visible  le  16  septembre,  cette  seconde 
partie  [la  suivante)  égalait  presque  l'autre  le  20  du  même  mois.  A  cause  du 
mauvais  temps,  je  n'ai  pu  encore  observer  la  planète  découverte  par  MM.  de 
(l;isparis  et  Chacornac » 

M.  i,e  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  de  la  correspon- 
dance, un  article  d'un  journal  [le  Nouvelliste  vaudois),  concernant  l'in- 
fluence du  siroco  d'Afrique  sur  certains  phénomènes  météorologiques  de 
nos  climats.  Il  a  paru  convenable  de  reproduire  ici  cet  article  qui  vient  à 
l'appui  des  opinions  émises  par  M.  Fabre- Massias  dans  une  Lettre  com- 
muniquée à  la  séance  du  27  septembre  dernier. 

«  Mardi  dernier  5  octobre,  dit  le  journal  ci-dessus  mentionné,  un  vent 
»  des  plus  violents  a  passé  sur  le  canton  de  Vaud  dès  les  1  heures  de 
»  l'après-midi;  ce  vent,  qu'on  appelle  siroco  et  qui  était  très-chaud,  venait 
»  dans  la  direction  de  Genève  et  soufflait  horizontalement.  Le  temps  était 
»  assez  beau  et  le  ciel  sans  nuages.  Après  avoir  arraché  beaucoup  d'arbres 
»  dans  la  campagne,  le  siroco  a  baissé  dans  la  soirée,  et  la  pluie  lui  a 
»  succédé  avec  abondance. 

»  Ce  vent  nous  arrive  à  l'ordinaire  par  la  vallée  du  Rhône,  où  il  s'est 
»   fait  sentir  aussi. 

»  Il  a  dû  être  d'une  violence  considérable  pour  tourner  les  Alpes  et  nous 
»   arriver  par  la  direction  de  Genève. 

»  Il  n'a  pas  soufflé  dans  la  vallée  de  Joux,  où  le  calme  a  régné  pendant 
»  toute  la  journée.  Il  a  été  très-fort  à  Fribourg.  Le  thermomètre,  qui  ne 
»  marquait  que  4  à  5  degrés  les  jours  précédents,  dépassait  i5  degrés,  et, 

C.  R.,  i85a,  am«  Semestre.  { T.  XXXV  ,  N»  17.  )  80 


(  6io) 

»  dans  les  endroits  exposés  au  vent,  il  s'est  élevé  à  19  degrés.  A  Berne  et 
»  dans  la  plaine  du  Rhône,  il  a  atteint  la  même  hauteur. 

»  Il  faut  que  l'air  du  pays  où  le  siroco  prend  son  origine,  soit  à  une 
»  température  bien  élevée,  pour  que  ce  vent  puisse  réchauffer  de  la  sorte 
»  l'air  froid  des  contrées  qu'il  traverse,  tout  en  conservant  lui-même  une 
»  température  d'environ  20  degrés  centigrades. 

»  On  est  porté  à  croire  qu'il  prend  naissance  dans  les  plaines  de 
»   l'Afrique. 

»  Il  serait  très-intéressant  de  faire  des  observations  sur  ces  courants,  de 
»  déterminer  leur  cause,  leur  point  de  départ  et  les  chemins  qu'ils  par- 
»  courent. 

»  Depuis  quelques  mois,  le  courant  d'air  qui  domine  vient  du  sud;  il  est 
»  très-chaud  et  chargé  de  vapeurs  d'eau  qui  tombent  sous  forme  de  pluie 
»  lorsqu'elles  arrivent  dans  notre  bassin,  dont  l'atmosphère  a  une  tempé- 
»  rature  beaucoup  plus  basse. 

»  Il  alterne  avec  un  courant  du  nord  qui  est  aussi  très-violent.  Ainsi,  le 
»  22  septembre,  nous  avons  eu  une  bise  des  plus  fortes,  qui  a  duré  trois 
»  jours,  et  qui  ne  soufflait  que  dans  le  fond  de  la  plaine  suisse.  » 

M.  Velpeau,  en  présentant  au  nom  de  l'auteur,  M.  Vidal  (de  Cassis), 
un  exemplaire  du  Traité  des  maladies  vénériennes,  s'exprime  dans  les 
termes  suivants  : 

«  Ce  livre  est  écrit  dans  l'intérêt  des  jeunes  médecins.  Il  forme  un  corps 
de  doctrine  complet.  M.  Vidal  a  mis  à  profit  les  travaux  de  ses  devanciers, 
et  surtout  les  observations  et  les  expériences  qu'il  a  pu  faire  sur  un  vaste 
théâtre,  l'hôpital  du  Midi. 

»  Son  livre  renferme  un  progrès.  On  y  trouve  la  preuve  expérimentale 
de  la  transmissibilité  de  l'accident  secondaire  de  la  syphilis.  M.  Vidal  l'a 
inoculé  la  première  fois  en  France,  et  la  même  chose  a  été  faite  depuis  par 
une  foule  de  praticiens.  L'ouvrage  est  d'ailleurs  accompagné  de  figures  qui 
ne  laissent  rien  à  désirer,  et  ont  toutes  été  prises  d'après  nature.  » 

M.  Goodrich,  consul  des  États-Unis  d'Amérique,  demande,  au  nom 
d'un  de  ses  compatriotes,  des  renseignements  sur  un  prix  qu'aurait  pro- 
posé l'Académie  des  Sciences  pour  la  découverte  du  mouvement  perpétuel. 

On  fera  savoir  à  M.  Goodrich  que  non-seulement  l'Académie  n'a  point 
proposé  un  tel  prix,  mais  qu'elle  s'est  imposé  la  règle  de  ne  pas  prendre 
en  considération  toute  communication  relative  à  ce  sujet. 


(  6n  ) 

M.  Delfkayssé  présente  des  considérations  concernant  Y  influence  du 
tnoral  sur  le  physique,  et  les  appuie  d'observations  qu'il  a  faites  sur  lui- 
même. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  A. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  26  octobre  i85a,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  i Académie  des  Sciences, 
ie  semestre  i852  ;  n°  16;  in-4°. 

Institut  national  de  France.  Académie  des  Sciences.  Discours  prononcés  aux 
funérailles  de  M.  ACHILLE  RICHARD,  le  jeudi  7  octobre  i85a  ;  2  feuilles  in-4°. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  Arago,  Chevreul,  Dumas, 
Pelouze  ,  Boussingault  ,  Regnault  ;  3e  série  ;  tome  XXXVI  ;  octo- 
bre i852;  in-8°. 

Direction  générale  des  douanes  et  des  contributions  indirectes.  Tableau  général 
des  mouvements  du  cabotage  pendant  l'année  j85i.  Paris,  i852;  in-4°. 

Traité  des  maladies  vénériennes;  par  M.  A.  VlDAL  (de  Cassis).  Paris,  i853- 
un  vol.  in-8°. 

Traité  pratique  des  maladies  vénériennes ,  contenant  un  chapitre  sur  la  syphi- 
lisation,  et  suivi  d'un  formulaire  spécial;  par  MM.  J.-G.  Maisonneuve  et 
H.  Montannier.  Paris,  1 853;  i  vol.  in-8°. 

Leçons  cliniques  sur  les  affections  cancéreuses,  professées  à  l'hôpital  Cochin , 
par  M.  le  Dr  Maisonneuve;  recueillies  et  publiées  par  M.  le  Dr  Alexis 
Favrot;  ire  partie,  comprenant  les  affections  cancéreuses  en  général.  Pa- 
ris, i852-,  in-8°. 

Description  de  la  défonceuse-Guibal ,  extraits  du  Recueil  encyclopédique  d'A- 
griculture du  25  mai  1 852  et  du  Journal  d' Agriculture  pratique  du  5  juin  i852- 
deux  broch.  in-8°.  (Renvoi  comme  pièce  à  consulter  à  la  Commission  du 
prix  de  Mécanique  chargée  de  l'examen  de  l'appareil  de  M.  Guibal.) 

Nouveaux  perfectionnements  apportés  au  traitement  des  fistules  vésico-vagi- 
nales,  Mémoire  lu  à  la  Société  de  Chirurgie,  le  i4  avril  i852;  par  M.  Maison- 
neuve;  broch.  in -4°. 

Introduction  philosophique  à  l'étude  de  la  géologie;  par  M.  A.  GAUTIER. 
Paris,  i853;  i  vol.  in-8°. 


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COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

SÉANCE    DU    MARDI    2    NOVEMBRE    1852. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  PIOBERT. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADEMIE. 

chimie  optique.  —  Sur  l'application  de  la  théorie  de  l'achromatisme  à  la 
compensation  des  mouvements  angulaires  que  le  pouvoir  rotatoire  imprime 
aux  plans  de  polarisation  des  rayons  lumineux  d'inégale  réfrangibilité ; 
par  M.  Biot. 

Introduction. 

«  Dans  un  Mémoire  que  j'ai  présenté,  il  y  a  peu  de  temps,  à  l'Académie, 
j'ai  annoncé  que  l'on  peut  former  artificiellement  des  systèmes  liquides, 
doués  de  pouvoir  rotatoire  moléculaire,  qui,  au  lieu  de  disperser  les  plans 
de  polarisation  des  rayons  lumineux  dans  des  amplitudes  diverses,  crois- 
santes avec  la  réfrangibilité,  comme  c'est  le  cas  ordinaire,  leur  impriment 
des  déviations  que  l'on  peut  rendre  presque  égales  pour  une  portion  consi- 
dérable du  spectre,  et  dont  les  grandeurs  relatives  ne  sont  plus  en  rapport 
fixe,  ou  même  continu,  avec  lesréfrangibilités.  Je  vais  rapporter  aujourd'hui 
les  expériences  qui  constatent  ce  fait.  J'espère  montrer  qu'elles  n'offrent 
pas  seulement  l'intérêt  d'une  curiosité  physique,  mais  qu'elles  fournissent 
de  nouvelles  preuves,  et  de  nouveaux  exemples,  du  phénomène  de  mécani- 
que chimique  que  j'ai  signalé  dans  mon  dernier  Mémoire;  lequel  consiste, 
en  ce  que,  des  molécules  matérielles  de  différente  nature,  incapables  de  s'unir 

C.  R.,  1852,  am«  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  18.)  8l 


(6.4  ) 

en  combinaisons  permanentes,  et  même  relativement  neutres,  lorsqu'elles 
sont  mises  en  présence  à  l'état  de  liquidité,  exercent  les  unes  sur  les  autres 
des  actions  à  petite  distance,  qui  les  constituent  en  groupes  moléculaires 
nouveaux,  possédant  des  propriétés  spéciales  dépendantes  de  leur  dosage, 
et  de  la  nature  des  ingrédients  qui  s'y  trouvent  rassemblés;  véritables 
groupes  chimiques,  de  composition  uniforme  dans  chaque  système  mixte, 
par  conséquent  sans  proportions  fixes,  qui  ne  se  forment  et  ne  subsistent 
que  dans  les  conditions  de  libre  arrangement  des  particules,  auquel  l'état 
de  liquidité  donne  lieu. 

»  Les  phénomènes  que  je  veux  aujourd'hui  considérer,  se  rattachent  aux 
effets  de  la  réfraction  prismatique  par  des  analogies  nombreuses  et  très- 
intimes,  que  j'ai  besoin  de  faire  ressortir,  je  dois  donc  rappeler  ceux-ci 
brièvement. 

»  La  réfraction  prismatique  présente  deux  particularités  principales  : 
i°  la  déviation  absolue  que  tous  les  rayons  lumineux  subissent,  en  passant 
du  vide  dans  un  même  milieu  matériel,  sous  une  incidence  commune; 
20  l'inégalité  des  déviations,  éprouvées  dans  ces  circonstances,  par  les  rayons 
qui  possèdent  des  facultés  colorifiques  diverses.  Ce  second  fait,  appliqué 
comme  caractère  individuel,  constitue  ce  que  l'on  appelle  leur  inégale 
réfrangibilité ;  appliqué  à  leur  ensemble,  on  l'appelle  la  dispersion. 

»  Jusqu'à  présent,  la  dispersion  a  été  trouvée  de  même  sens,  dans  tous 
les  milieux  continus,  liquides  ou  solides,  cristallisés  ou  non  cristallisés,  à 
réfraction  double  ou  simple.  Les  spectres  colorés  qu'ils  produisent,  par  une 
réfraction  absolue,  correspondante  à  une  incidence  égale,  sont  inégalement 
étendus  ;  et  les  espaces  que  chaque  nuance  appréciable  pour  l'œil,  y  occupe, 
ont  entre  eux  des  rapports  notablement  différents.  Mais  la  distribution  rela- 
tive de  ces  nuances  est  toujours  la  même.  La  déviation  absolue  y  va  tou- 
jours croissant,  depuis  le  rouge  extrême,  jusqu'au  dernier  violet  perceptible. 
On  ne  connaît  aucun  milieu  continu,  qui  dévie  les  rayons  rouges  plus  que* 
les  rayons  verts,  ou  ceux-ci  plus  que  les  violets. 

»  Cette  identité  de  sens  de  la  dispersion,  et  son  peu  d'amplitude  compa- 
rativement à  la  diversité,  ainsi  qu'à  la  grandeur  des  déviations  absolues, 
permettent  de  la  compenser  approximativement,  pour  l'œil,  sans  compen- 
ser totalement  la  déviation.  Pour  cela,  on  forme,  avec  des  corps  diaphanes 
de  différente  nature,  des  prismes  triangulaires,  dont  les  angles  réfringents 
sont  calculés  de  manière  à  produire  des  spectres  d'une  amplitude  totale  à 
peu  près  pareille,  les  déviations  absolues  desquels  ils  résultent  étant  très- 
inégales.  On  connaît  aujourd'hui  beaucoup  de  matières,  tant  solides  que 


(  6.5  ) 

liquides,  qui  remplissent  ces  conditions.  Prenant  donc  deux  de  ces  prismes, 
on  les  superpose,  en  les  plaçant  base  contre  pointe.  Si  l'on  transmet  un 
faisceau  de  lumière  blanche  à  travers  un  tel  couple,  les  deux  dispersions  se 
trouvent  approximativement  compensées  par  opposition,  sans  que  la  dévia- 
tion absolue,  la  plus  énergique,  le  soit  en  totalité.  Alors,  quand  l'œil,  placé 
contre  le  double  prisme,  reçoit  le  faisceau  transmis,  il  lui  parvient  rassem- 
blé sur  une  direction  finale,  presque  unique,  conséquemment  presque 
incolore,  à  peu  près  comme  s'il  eût  été  réfracté  sans  dispersion.  C'est  là  le 
principe  sur  lequel  repose  la  construction  des  objectifs,  que  l'on  appelle 
achromatiques. 

»  Les  phénomènes  rotatoires  présentent  des  particularités  correspon- 
dantes, et  tout  à  fait  analogues  à  celles  que  je  viens  de  décrire,  comme 
appartenant  à  la  réfraction.  Seulement,  elles  s'y  manifestent  avec  plus  de 
généralité,  dans  toutes  les  variétés  de  rapports  et  de  grandeur,  que  la  ré- 
fraction nous  présente  réalisées,  ou  désirables,  ou  spéculativement  possi- 
bles. En  suivant  ce  parallèle,  on  est  conduit  à  des  applications  du  même 
genre,  qui,  si  elles  sont,  pratiquement,  moins  fructueuses,  ne  sont  pas  moins 
instructives  par  les  effets  qu'elles  manifestent,  les  vérifications  qu'elles  four- 
nissent, et  les  conceptions  qu'elles  suggèrent.  Un  court  résumé  des  lois 
générales  que  suivent  les  phénomènes  rotatoires,  justifiera  ces  assertions. 

»  Lorsqu'un  faisceau  de  lumière  blanche,  polarisé  en  totalité  suivant  un 
même  plan,  a  traversé,  sous  l'incidence  normale,  un  milieu  liquide  ou 
gazeux,  doué  de  la  faculté  moléculaire  que  l'on  a  nommée  rotatoire,  si  on 
l'analyse  après  son  émergence,  avec  un  prisme  biréfringent  achromatisé, 
on  observe  que  les  rayons  simples,  dont  le  faisceau  était  composé,  ont  tous 
perdu  leur  sens  de  polarisation  primitif,  et  se  retrouvent  individuellement 
polarisées  suivant  d'autres  plans,  qui  ont  des  directions  diverses  autour  de 
leur  axe  de  transport  commun.  Considérez  séparément  un  quelconque  de 
ces  rayons ,  et  mesurez  les  déviations  angulaires  que  son  plan  de  polarisa- 
tion éprouve,  après  qu'il  a  traversé  des  épaisseurs  progressivement  crois- 
santes du  même  liquide,  maintenu  à  une  même  température.  Vous  verrez 
qu'elles  sont  toujours  dirigées  dans  un  même  sens,  vers  votre  droite,  ou  vers 
votre  gauche.  Mais  leur  grandeur  s'accroît  en  proportion  exacte  de  l'épais- 
seur traversée  ;  comme  si  le  plan  de  polarisation  du  rayon  était  emporté  par 
un  mouvement  rotatoire  continu  et  uniforme.  Ces  phénomènes  subsistent, 
sans  modification,  quand  le  milieu  traversé  est  agité  ou  en  repos.  D'après 
l'ensemble  de  leurs  caractères,  on  démontre  mathématiquement  qu'ils  ne 
peuvent  s'opérer  qu'en  vertu  d'une  action  moléculaire  ;  et  le  nom  de  pou- 

8i.. 


(  6'6  ) 

voir  rotatoire,  que  l'on  a  donné  à  cette  action,  n'est  qu'une  appellation  qui 
la  désigne  par  ses  effets  les  plus  apparents. 

»  Les  déviations  angulaires,  que  les  plans  de  polarisation  de  chaque 
rayon  simple  éprouvent  dans  ces  circonstances,  sont  analogues,  et  assimi- 
lables, aux  changements  absolus  de  direction  que  la  réfraction  produit;  leur 
inégalité  pour  les  différents  rayons  simples,  à  travers  une  même  épaisseur 
du  milieu  actif,  représente  la  dispersion  prismatique,  et  en  reproduit  les 
plus  minutieuses  particularités. 

»  Ainsi,  dans  tous  les  milieux,  simples  ou  composés,  qui  ne  contien- 
nent qu'une  seule  substance  active,  sauf  une  exception  unique  dont  je  par- 
lerai tout  à  l'heure,  les  plans  de  polarisation  des  rayons  simples,  ont  leurs 
déviations  continûment  croissantes  avec  la  réfrangibilité;  soit  que  leur 
mouvement  rotatoire  les  porte  tous  à  droite  ou  à  gauche  du  plan  de  pola- 
risation primitif,  soit  qu'il  les  répartisse  partiellement  dans  ces  deux  sens, 
comme  cela  arrive  dans  certains  cas,  où  le  pouvoir  rotatoire  absolu  est  très- 
faible.  En  général,  l'éparpillement  de  ces  plans  est  peu  considérable,  com- 
parativement aux  déviations  absolues  ;  et  les  nuances  colorifiques  diverses 
v  occupent  des  amplitudes  angulaires  dont  les  rapports  varient  avec  la  na- 
ture des  substances  agissantes.  Tous  ces  caractères  se  retrouvent  dans  la 
dispersion  prismatique.  La  complète  analogie  des  deux  phénomènes,  peut 
être  rendue  sensible  aux  yeux,  dans  les  liquides  doués  d'un  pouvoir  rota- 
toire énergique,  en  construisant,  pour  des  épaisseurs  diverses,  et  progres- 
sivement croissantes,  les  directions  absolues  que  prennent  les  plans  de  po- 
larisation des  sept  rayons  principaux,  à  mesure  qu'ils  s'écartent  de  celui 
qui  leur  était  primitivement  commun.  Car,  si  l'on  colore  ensuite,  sur  de 
pareils  dessins,  les  intervalles  qui  séparent  ces  plans,  en  donnant  à  chaque 
intervalle,  la  nuance  moyenne,  qui  est  comprise  entre  les  rayons  simples 
qui  le  limitent,  on  voit  l'espace  angulaire  que  leur  ensemble  embrasse,  pré- 
senter l'aspect  d'un  véritable  spectre  prismatique,  qui  se  transporte  pro- 
gressivement sur  des  portions  diverses  de  la  circonférence,  en  se  dilatant 
toujours,  et  s'écartant  toujours  davantage  de  la  direction  de  polarisation, 
qui  était  originairement  commune  à  tous  les  rayons  simples  dont  le  fais- 
ceau incident  était  composé.  J'ai  publié,  dans  les  tomes  II  et  XX,  des  Mé- 
moires de  l'Académie,  des  séries  de  figures  coloriées,  construites  ainsi,  d'a- 
près des  mesures  précises.  Leur  simple  inspection  rend  manifestes,  tous  les 
rapprochements  que  je  viens  d'énumérer. 

»  Mais  en  voici  un  dernier,  qui  est  plus  intime,  et  plus  important  par 
ses  conséquences.  Lorsqu'un  faisceau  de  lumière  blanche  a  traversé  un 


(6.7) 

seul  prisme  réfringent,  de  nature  quelconque,  les  rayons  simples  qui  le 
composent  se  trouveut  toujours,  après  leur  émergence,  avoir  subi  des  dé- 
viations continûment  croissantes,  depuis  l'extrême  rouge,  jusqu'à  l'ex- 
trême violet;  de  sorte  que  les  spectres  formés  ainsi  par  une  seule  réfraction, 
présentent  toujours  à  l'œil  la  même  série  de  nuances.  Cette  similitude  de 
coloration,  et  conséquemment  cet  ordre  constant  de  déviations  relatives, 
ne  subsistent  plus  généralement,  lorsque  la  transmission  a  été  opérée  à 
travers  plusieurs  prismes  de  nature  différente,  dont  les  angles  réfringents 
ne  sont  pas  tous  disposés  dans  un  même  sens.  Alors,  les  rayons  colorifi- 
ques  d'inégale  réfrangibilité,  peuvent  se  trouver  répartis  dans  le  faisceau 
émergent  final,  d'une  infinité  de  manières,  qui  dépendent  de  la  diverse  na- 
ture des  prismes,  et  du  mode  d'arrangement  relatif  que  l'on  a  donné  aux 
directions  de  leurs  angles  réfringents.  C'est  là  ce  qui  produit  en  partie  les 
franges  colorées  que  l'on  aperçoit  toujours  sur  les  bords  des  objets  lumi- 
neux, quand  on  les  observe  attentivement  à  travers  les  lunettes  achromati- 
ques les  plus  parfaites,  franges  que  l'art  s'efforce  de  rendre  aussi  sombres, 
aussi  étroites  que  possible,  sans  jamais  réussir  à  les  annihiler  entièrement. 

»  Des  modifications  toutes  pareilles  à  celles-là  s'opèrent  dans  la  disper- 
sion des  plans  de  polarisation,  quand  le  liquide  qui  leur  imprime  le  mou- 
vement rotatoire,  au  lieu  de  contenir  une  seule  substance  active,  en  con- 
tient deux  ou  plusieurs  de  différente  nature,  dont  l'action  propre  n'est  pas 
de  même  sens  pour  toutes.  Alors,  les  déviations  de  ces  plans,  au  lieu  d'être 
continûment  croissantes  avec  la  réfrangibilité,  peuvent  être  rendues  varia- 
bles suivant  toutes  sortes  de  lois.  L'amplitude  angulaire  qu'elles  embrassent, 
à  travers  une  épaisseur  constante  du  milieu  liquide,  peut  être  resserrée  ou 
agrandie  ;  leur  ordre  relatif  peut  être  changé,  interverti,  même  rendu  dis- 
continu, au  gré  de  l'expérimentateur.  Il  ne  lui  faut,  pour  cela,  que  diversi- 
fier le  nombre,  la  nature,  et  les  doses  des  substances  actives,  qui  entrent 
dans  la  composition  du  système  liquide,  sur  lequel  on  opère.  Les  molécules 
actives  de  diverses  natures,  qui  se  succèdent  alors  sur  le  trajet  du  faisceau 
polarisé,  y  font  individuellement  l'office  des  prismes  de  différentes  matières, 
dont  l'action  successive,  lui  imprime  des  déviations  de  sens  contraire,  et  des 
dispersions  inégales,  dans  l'acte  de  la  réfraction. 

»  L'étude  physique  et  chimique  de  ces  compensations  moléculaires,  est 
l'objet  de  mon  Mémoire.  Les  expériences  préparatoires,  qui  en  font  con- 
naître les  conditions  et  les  lois,  sont  entièrement  analogues  à  celles  que  l'on 
effectue,  pour  pouvoir  compenser  méthodiquement  les  réfractions,  par  des 
prismes  superposés.  De  même  que,  dans  celles-ci,  on  mesure  d'abord,  le» 


(6i8  ) 

pouvoirs  réfringents  et  dispersifs  de  chaque  prisme,  avant  d'en  former 
des  assemblages,  de  même,  dans  celles-là,  on  commence  par  mesurer  les 
pouvoirs  rotatoires  absolus  et  dispersifs  de  chacune  des  substances  que  l'on 
veut  employer,  en  les  observant,  soit  libres  quand  cela  est  possible,  soit 
associées,  en  doses  connues,  à  des  substances  inactives  dont  la  présence  ne 
modifie  que  peu,  ou  pas  sensiblement,  leur  action  propre.  Cela  fait,  on  exa- 
mine, si,  parmi  les  systèmes  liquides  ainsi  composés,  il  y  en  a  de  tels,  qu'é- 
tant pris  à  des  épaisseurs  convenables  pour  disperser  les  plans  de  polarisa- 
tion de  la  lumière  blanche  dans  d'égales  amplitudes  angulaires,  ils  leur 
impriment  des  déviations  absolues  inégales,  en  sens  opposés.  Un  calcul  fa- 
cile et  certain,  établi  sur  les  observations  isolées  de  ces  divers  systèmes,  fait 
connaître  ceux  qui  satisfont  à  cette  condition.  Alors  on  introduit  ceux-là, 
dans  des  tubes  séparés  ,  auxquels  on  donne  les  rapports  de  longueurs 
prescrits  par  le  calcul,  et  on  les  observe  en  succession;  ce  qui  fait  subir 
au  faisceau  transmis,  la  somme  totale  de  leurs  actions  propres.  On  ob- 
tient ainsi  un  faisceau  émergent  de  lumière  blanche,  dont  tous  les  éléments 
simples,  surtout  ceux  qui  impressionnent  le  plus  vivement  l'œil,  ont  un 
mouvement  rotatoire  résultant,  presque  égal.  De  sorte  qu'en  l'étudiant  à  tra- 
vers le  prisme  analyseur  qui  soit  lui-même  achromatisé,  on  ne  le  voit  jamais 
se  séparer  qu'en  deux  images  sensiblement  blanches,  où  l'on  peut  tout  au 
plus  discerner  quelques  faibles  traces  de  coloration,  dans  certaines  positions 
spéciales  du  prisme  analyseur,  quand  on  les  examine  avec  beaucoup 
d'attention. 

»  Jusque-là,  ces  résultats  n'offrent  qu'une  imitation  de  ceux  que  produit 
la  réfraction  achromatique.  La  sûreté  des  procédés  et  des  calculs,  par  lesquels 
on  les  réalise,  n'aurait  d'autre  intérêt  que  de  fournir  une  confirmation  nou- 
velle des  lois  assignées  aux  phénomènes  rotatoires.  Mais  on  peut  leur  donner 
un  caractère  chimique  et  moléculaire,  que  la  réfraction  prismatique  ne  com- 
porte point.  Pour  cela,  connaissant  les  doses  de  chaque  suhstance  active, 
qui  entrent  dans  les  liquides  que  l'on  a  observés  en  succession,  et  les  épais- 
seurs à  travers  lesquelles  leurs  pouvoirs  de  dispersion  rotatoire  se  compen- 
sent, on  peut  calculer  les  proportions  relatives  dans  lesquelles  il  faut  les 
associer  dans  un  même  milieu  liquide,  composé  d'elles  seules,  ou  complété 
par  des  substances  inactives,  pour  que  leurs  facultés  dispersives  s'y  neutra- 
lisent mutuellement,  et  ne  laissent  apercevoir  que  la  différence  de  leurs 
pouvoirs  rotatoires  absolus  ;  de  manière  à  produire  un  achromatisme  de 
dispersion  moléculaire,  semblable  à  celui  que  produiraient  les  mêmes  sub- 
stances, observées  en  succession  dans  des  tubes  séparés.  Ces  effets  de  com- 


(6.9) 
pensation  intérieure,  correspondent  à  ceux  que  l'on  obtiendrait  dans  la 
réfraction  prismatique,  si  l'on  pouvait  composer  artificiellement  des  mi- 
lieux incolores,  dont  les  molécules  intégrantes  feraient  les  unes  pour  les 
autres  l'office  de  prismes,  ayant  des  pouvoirs  réfringents  et  dispersifs  iné- 
gaux, avec  leurs  angles  tournés  en  sens  opposés,  en  proportions  telles  que 
la  résultante  totale  de  leurs  actions  dispersives  fût  sensiblement  nulle,  pour 
la  presque  universalité  des  rayons  du  spectre.  Mais  la  fabrication  de  mi- 
lieux ainsi  constitués  dépasse  les  ressources  de  notre  art;  et  si  nous  pou- 
vons en  former,  dont  les  pouvoirs  rotatoires  présentent  des  effets  de  compen- 
sation analogues,  c'est  parce  que  la  nature  nous  en  offre  les  ingrédients  tout 
préparés.  Encore  faut-il  savoir  les  choisir,  et  les  associer  convenablement. 
Le  but  de  mon  Mémoire  est  d'établir  les  règles  théoriques  de  ces  associa- 
tions, et  d'en  donner  des  exemples  pratiques.  J'ai  réalisé  ceux-ci,  avec  au- 
tant de  facilité  que  d'évidence,  en  y  employant  le  camphre  naturel  des  lau- 
rinées,  dissous  dans  l'essence  de  térébenthine  extraite  du  Pinus  maritima. 

»  Ces  expériences  m'ont  présenté,  dans  leurs  détails,  une  particularité, 
qui  pouvait  se  prévoir,  d'après  le  Mémoire  que  j'ai  soumis  dernièrement  à 
l'Académie.  C'est  que,  en  vertu  des  actions  de  présence  que  les  molécules 
des  milieux  liquides  exercent  généralement  les  unes  sur  les  autres,  comme 
je  crois  en  avoir  donné  des  preuves  manifestes,  les  effets  optiques  du  sys- 
tème mixte,  dans  lequel  les  deux  substances  actives  entrent  simultanément, 
ne  sont  pas,  et  ne  doivent  pas  être  en  général,  complètement  identiques  à 
ceux  que  le  calcul  indiquerait,  d'après  les  observations  faites  sur  les  systèmes 
liquides  où  elles  agissaient  séparément,  si  l'on  voulait,  dans  les  deux  cas, 
les  considérer  comme  étant  réparties  par  simple  dissémination.  Ainsi,  dans 
les  expériences  que  je  viens  de  mentionner,  le  camphre,  observé  d'abord  en 
solution  acétique  ou  alcoolique,  impressionnait  notablement  et  inégalement 
les  molécules  de  l'acide  acétique  ou  de  l'alcool,  comme  il  en  était  récipro- 
quement impressionné;  et  les  phénomènes  rotatoires  qui  s'opéraient  alors, 
étaient  dus  aux  groupes  chimiques  résultant  de  cette  combinaison  occa- 
sionnelle. Pour  conclure  de  ces  résultats  son  pouvoir  rotatoire  propre,  celui 
que  l'on  doit  lui  attribuer  individuellement  quand  on  l'introduit  dans  l'es- 
sence, il  faut  déterminer  la  loi  physique  des  modifications  qu'il  éprouve 
dans  les  deux  dissolvants,  selon  les  proportions  de  l'un  et  de  l'autre  aux- 
quelles il  est  associé;  et  prendre,  pour  sa  valeur  propre,  celle  que  cette  loi 
lui  assigne  quand  la  dose  relative  du  dissolvant  est  supposée  nulle.  C'est  ce 
que  j'ai  fait;  et  l'on  commettrait  de  graves  erreurs,  si  l'on  procédait  autre- 
ment. Mais  ensuite,  quand  on  introduit  le  camphre  dans  l'essence,  il  se 


(6ao) 

présente  une  difficulté  analogue.  Car  alors,  on  doit  généralement  concevoir 
que  ces  deux  substances  réagiront  aussi  l'une  sur  l'autre,  et  formeront  des 
molécules  mixtes,  auxquelles  seront  dus  les  phénomènes  rotatoires  que  l'on 
observera  ;  de  sorte  que  les  nouvelles  modifications  résultantes  de  cette  cause, 
pourront  démentir  toutes  les  prévisions  du  calcul,  qui  ne  saurait  en  tenir 
compte  à  l'avance,  puisqu'elles  se  produisent  dans  l'accomplissement  même 
des  phénomènes  complexes  dont  il  n'a  pu  combiner  que  les  éléments  isolés. 
Heureusement  l'expérience  prouve,  qu'ici,  comme  dans  beaucoup  d'autres 
cas  mentionnés  dans  mon  précédent  Mémoire,  ces  modifications  pour  les 
deux  substances  que  j'ai  désignées  se  trouvent  si  faibles,  que  leur  influence 
n'est  pas  physiquement  perceptible;  de  sorte  que  tous  les  effets  optiques 
du  système  mixte,  s'accomplissent  sans  différence  appréciable,  comme  si  le 
camphre  se  répandait  dans  l'essence,  par  simple  dissémination.  Alors  ils 
s'accordent  avec  les  prévisions  du  calcul,  dans  tous  leurs  détails,  comme 
je  le  prouve  par  des  exemples  où  je  les  suis  dans  leurs  phases  les  plus  acci- 
dentées. Mais  cet  accord  ne  s'obtient,  qu'en  établissant  le  calcul  sur  le  pou- 
voir propre  du  camphre  évalué  comme  je  l'ai  dit  plus  haut;  et  non  pas  sur 
son  pouvoir  apparent  tel  qu'il  se  montre  à  l'observation  dans  les  milieux 
qu'il  influence. 

»  D'après  l'exposé  qui  précède,  il  est  aisé  de  comprendre,  qu'en  diver- 
sifiant les  doses  des  substances  actives  que  l'on  met  ainsi  en  présence  simul- 
tanément liquéfiées,  on  peut,  comme  je  l'ai  annoncé  plus  haut,  former  des 
systèmes  doués  de  pouvoir  rotatoire  moléculaire,  qui  dévient  les  plans  de 
polarisation  des  rayons  simples,  suivant  toutes  sortes  de  lois,  même  discon- 
tinues. Cela  constitue  une  différence  phénoménale  très-caractéristique, 
entre  les  effets  optiques  de  ces  systèmes  mixtes,  et  ceux  que  produisent  les 
liquides  qui  ne  contiennent  qu'une  seule  substance  active  libre,  ou  associée 
à  des  inactives.  Ces  derniers  dispersent  généralement  les  plans  de  polarisa- 
tion, suivant  l'ordre  des  réfrangibilités. 

»  J'ai  dit  que  l'on  connaissait,  à  cette  règle,  une  exception  jusqu'à  présent 
unique.  Elle  est  fournie  par  l'acide  tartrique,  droit  ou  gauche.  Quand  cet 
acide,  pris  à  l'état  de  cristal,  avec  l'une  ou  l'autre  de  ces  dispositions  molé- 
culaires, est  dissous  dans  l'eau,  l'alcool  ou  l'esprit-de-bois,  aux  tempéra- 
tures ordinaires,  le  liquide  résultant  imprime  aux  plans  de  polarisation  des 
rayons  simples,  des  déviations  dont  les  amplitudes  relatives  ne  s'accordent 
nullement  avec  l'ordre  des  réfrangibilités  ;  au  point  que  cet  ordre  se  trouve 
partiellement  interverti  dans  leur  dispersion,  laquelle,  à  une  même  tempé- 
rature, se  montre  continuellement  variable,  dans  ses  particularités  internes, 


(  6a  i  ) 

Selon  la  nature  et  la  proportion  actuelle  du  dissolvant,  auquel  l'acide  est 
associé.  Ces  phénomènes,  pour  chaque  acide,  sont  donc,  en  ce  point,  exac- 
tement pareils  à  ceux  que  l'on  observerait,  si  l'on  introduisait,  en  doses  con- 
venables, dans  les  mêmes  dissolvants,  deux  substances  actives  ayant  des 
pouvoirs  rotatoires  inégaux,  de  sens  contraire,  et  qui  seraient  inégalement 
impressionnables  par  les  molécules  inactives  mises  en  leur  présence.  Mais 
les  conditions  de  cette  association,  telles  que  nous  pourrions  aujourd'hui 
les  imaginer,  même  les  définir  pour  chacun  de  ces  acides  considéré  indivi- 
duellement, ne  satisferaient  pas  aux  conditions  résultantes  de  leur  dualité, 
lesquelles  exigent  qu'étant  composés  des  mêmes  éléments  chimiques,  en 
mêmes  proportions,  ils  possèdent  des  pouvoirs  rotatoires  identiquement 
égaux,  de  sens  contraire,  et  qu'ils  neutralisent  mutuellement,  complètement 
leurs  actions  rotatoires,  quand  on  les  réunit  dans  un  même  liquide,  en 
poids  égaux.  La  dérogation  absolue  de  ce  singulier  couple  aux  lois  com- 
munes de  la  dispersion  rotatoire,  que  l'on  observe  dans  toutes  les  substances 
chimiquement  simples  qui  ont  été  jusqu'ici  étudiées,  est  donc  un  nouveau 
mystère,  ajouté  à  tant  d'autres  propriétés  exceptionnelles  que  l'on  y  remar- 
que; et  l'on  ne  peut  que  la  signaler  comme  une  des  conditions  les  plus 
caractéristiques  de  son  individualité. 

»  Ayant  fait  ainsi  connaître  le  sujet  de  recherches  que  j'ai  eu  en  vue 
dans  ce  Mémoire,  je  vais  exposer  les  calculs,  et  les  expériences  que  j'y  ai 
fait  concourir.  » 

zoologie.  —  Mémoire  sur  la  classification  des  Reptiles  de  l'ordre  des 
Serpents ,  par  M.  C.  Duméril. 

«  L'étude  des  Serpents  a  toujours  offert  les  plus  grandes  difficultés  aux 
zoologistes  pour  la  classification.  Ces  Reptiles,  comme  s'ils  avaient  été  con- 
struits sur  un  modèle  unique,  se  ressemblent  excessivement  entre  eux  au 
premier  aspect.  Ils  n'ont,  à  l'extérieur,  aucun  de  ces  organes  dont  les  formes 
particulières  se  prêtent  si  avantageusement  aux  observations  variées  et 
importantes  que  fournit,  en  général,  l'économie  des  corps  vivants  et  ani- 
més. Chez  les  animaux  vertébrés,  ces  particularités  ont  été  reconnues  et 
employées  avec  un  grand  succès  pour  faciliter  les  distributions  plus  ou 
moins  naturelles,  en  genres  et  en  espèces.  Ces  arrangements  se  sont  trouvés 
établis  sur  la  présence,  la  forme,  la  division  et  les  usages  des  membres,  et 
surtout  d'après  les  grandes  différences  qui  se  remarquent  dans  le  squelette 
et  les  parties  de  la  bouche.  Ces  organes,  très-variés,  dénotent,  en  effet, 

C.  K.,  i85a     1m*  Semestre.  (T.  XXXV  ,  N°  18.)  8a 


(  6aa  ) 

d'avance  les  habitudes,  les  mœurs  et  aussi  la  nature  diverse  des  aliments 
chez  les  Mammifères,  les  Oiseaux,  la  plupart  des  Reptiles,  et  même  chez  les 
Poissons. 

»  Les  Serpents,  en  général,  ont  une  conformation  extérieure  et  une  struc- 
ture interne  presque  identiques.  Comme  ils  sont  privés  de  membres,  ils 
n'ont  offert  jusqu'ici  à  l'observateur  naturaliste  d'autres  notes  précises  que 
celles  qui  avaient  été  empruntées  à  la  forme,  à  la  distribution  des  cou- 
leurs, ou  au  nombre  des  écailles  qui  recouvrent  certaines  régions  de  leur 
corps;  mais  il  est  reconnu  que  ces  particularités  ne  suffisent  pas  aux  besoins 
et  aux  exigences  de  la  science. 

»  Il  était  donc  nécessaire  de  chercher  ailleurs  qu'au  dehors  de  l'ani- 
mal des  caractères  matériels  dont  la  présence  constatée  serait  d'accord 
avec  les  modifications  observées  dans  les  mœurs  et  les  habitudes  de  cer- 
taines races  parmi  les  Ophidiens.  D'après  quelques  remarques  importantes, 
consignées  dans  la  science,  ces  caractères  sont  évidents;  ils  sont  inscrits  sur 
des  organes  qui  ont  la  plus  grande  influence  dans  la  manière  de  vivre  de 
ces  Reptiles.  Ce  sont  les  parties  constituantes  de  la  bouche,  et  surtout  les 
dents  dont  les  mâchoires  sont  armées.  Déjà  depuis  dix  années,  M.  Bibron  et 
moi,  nous  nous  étions  livrés  à  ces  recherches,  dont  les  preuves  matérielles 
très-nombreuses  sont  aujourd'hui  conservées  dans  les  collections  du  Mu- 
séum; car  nous  avons  dirigé  nos  études  sur  tous  les  Serpents  que  nous  avons 
pu  soumettre  à  notre  observation. 

»  J'ose  me  flatter  d'avoir,  le  premier,  établi,  pour  cet  ordre  des  Reptiles, 
un  corps  de  doctrine  complètement  nouvelle  dans  son  ensemble,  et  heu- 
reuse dans  ses  résultats;  car  ces  animaux  se  trouvent  ainsi  classés  d'une 
manière  beaucoup  plus  naturelle.  Maintenant  que  notre  travail  est  terminé, 
et  dans  l'impossibilité  où  nous  sommes  de  pouvoir  le  publier  dans  son 
ensemble,  nous  prenons  le  parti  de  faire  connaître  nominativement,  dans 
un  tableau  général  et  succinct,  les  familles,  les  genres,  les  espèces  et  les 
variétés  de  tous  les  Serpents  que  nous  avons  pu  examiner,  et  dont  l'his- 
toire complète  se  trouve  consignée  dans  notre  ouvrage  manuscrit. 

»  C'est  un  prodrome,  une  analyse  de  la  méthode  que  nous  croyons  utile 
d'exposer  pour  donner  une  idée  exacte  et  la  preuve  écrite  du  travail  con- 
sidérable que  nous  avions  entrepris,  et  qui  se  trouve  achevé. 

»  Nous  avons  cru  devoir  expliquer,  par  ces  préliminaires,  le  but  et  l'in- 
tention de  ce  prodrome,  mais  nous  ne  présentons  aujourd'hui  à  l'Académie 
que  des  considérations  générales  sur  la  méthode  naturelle,  les  sous-ordres 
et  les  familles  que  nous  avons  proposés.  L'analyse  de  ce  travail  entier  ne 


(  6a3  ) 

pourrait  intéresser  spécialement  que  les  naturalistes,  au  jugement  desquels 
nous  avons  l'intention  de  le  soumettre  dans  ses  détails. 


»  L'ordre  des  Serpents  comprend  aujourd'hui,  pour  les  naturalistes,  un 
très-grand  nombre  d'espèces.  Toutes  se  ressemblent  par  la  forme  générale 
de  leur  corps  qui  est  allongé,  constamment  privé  de  pieds  ou  de  nageoires 
paires  latérales;  de  plus,  leur  bouche  est  toujours  garnie  de  dents  poin- 
tues, coniques,  courbées  et  dirigées  en  arrière,  implantées  dans  les  os  des 
mâchoires  qui  sont  mobiles  ou  non  solidement  fixées  sur  ceux  du  crâne. 
Jamais  ces  animaux  n'ont  l'œil  protégé  par  des  paupières  distinctes,  et  leur 
oreille  n'offre  pas  de  conduit  auditif  externe.  Leur  langue  charnue,  pro- 
tractile,  fendue  profondément  à  la  pointe,  peut  rentrer  dans  un  fourreau 
membraneux.  Enfin  l'organisation  interne  de  ces  Re'ptiles  correspond  aux 
modifications  générales  déterminées  par  cette  conformation  extérieure. 

»  Tels  sont  les  caractères  généraux  qui  distinguent  les  Serpents,  quand 
on  les  compare,  ou  lorsqu'on  les  oppose  à  ceux  que  présentent  les  autres 
animaux  de  la  même  classe  des  Reptiles. 

»  Plusieurs  naturalistes  ont,  proposé  de  faire  dans  cet  ordre  quelques 
coupes  ou  des  distributions  plus  ou  moins  naturelles  ;  mais  ces  aperçus, 
souvent  heureux,  n'étaient  cependant  pas  le  résultat  de  considérations  gé- 
nérales importantes,  ni  de  la  comparaison  des  espèces,  ce  qui  est  toujours 
nécessaire  pour  établir  une  méthode  naturelle,  ou  même  une  classification 
systématique,  telle  que  l'exigent  aujourd'hui  l'analyse  raisonnée,  ou  les 
systèmes  artificiels  proposés  pour  l'étude  de  l'histoire  naturelle. 

»  La  classification  que  nous  proposons  est  établie  sur  une  série  de  con- 
sidérations importantes,  qui  diffèrent  de  celles  qui  ont,  jusqu'ici,  dirigé  les 
études  des  ophiologistes  qui  nous  ont  précédé. 

»  Parmi  les  caractères  généraux,  propres  à  fournir  aux  naturalistes  un 
arrangement  méthodique  dans  l'ordre  des  Serpents,  nous  n'en  avons  pas 
'  trouvé  de  meilleurs  que  ceux  qui  nous  ont  été  fournis  par  l'examen  des 
crochets  dont  leur  bouche  est  armée.  Nous  avons  donc  étudié,  avec  le 
plus  grand  soin,  la  structure  des  parties  de  la  bouche,  la  composition  et  le 
jeu  des  mâchoires,  surtout  les  modifications  nombreuses  et  variées  que 
présentent  les  dents,  dont  les  rapports  sont  assez  constants  dans  quelques 
races  pour  les  caractériser  d'une  manière  certaine. 

»  Nous  avons  fait  préparer  et  conserver  ces  pièces  osseuses  pour  nos 
démonstrations  :  elles  sont  rangées  et  distribuées,  comme  les   animaux 

82.. 


(  624  ) 

mêmes,  par  sous-ordres,  familles  et  genres,  et  leur  nombre  est  considérable. 

»  La  base  de  la  classification  que  nous  avons  adoptée  est  donc  fondée 
sur  le  nombre,  la  forme  et  les  modifications  que  les  dents  peuvent  pré- 
senter, en  se  bornant  même  au  simple  examen  extérieur.  Tantôt  c'est  le 
mode  d'implantation  des  crochets  sur  les  différents  os  de  la  bouche,  leur 
longueur  respective  et  leur  arrangement  réciproque;  tantôt  la  situation 
constante  et  déterminée  de  quelques-unes  de  ces  dents,  dont  la  structure 
reconnue,  même  au  dehors  et  d'avance,  offre  par  cela  même  des  différences 
très-importantes  à  apprécier  pour  l'étude  des  mœurs  et  des  rapports 
naturels. 

»  L'examen  des  dents  des  Ophidiens  devient  donc  la  clef  de  la  méthode 
suivant  laquelle  les  Serpents  se  trouvent  divisés  et  rapportés  à  cinq  sous- 
ordres  principaux,  et  ceux-ci  distribués  en  un  assez  grand  nombre  de 
familles  qui  réunissent  les  genres. 

»  Les  deux  premiers  sous-ordres  ne  comprennent  que  des  Serpents  dont 
les  morsures  ne  peuvent  être  dangereuses,  parce  que  leurs  dents,  quoique 
très-piquantes  et  acérées,  ne  sont  réellement  destinées  qu'à  saisir  et  à  retenir 
momentanément  la  proie  animale,  lorsqu'elle  jouit  encore  de  la  vie.  Ces 
crochets,  arrangés  comme  on  voit  disposées  sur  les  cardes  les  pointes  de 
fer  courbées  et  opposées  les  unes  aux  autres,  sont  ici  destinés  à  faciliter  la 
préhension  de  la  victime;  ils  la  retiennent  accrochée  et  la  font  avancer 
peu  à  peu  vers  la  gorge,  pour  aider  la  déglutition,  car  l'action  d'avaler  ne 
peut  s'opérer  qu'en  masse  et  en  totalité,  la  proie  n'étant  jamais  divisée 
par  parties  ou  portions  distinctes.  Ces  crochets  sont  toujours  séparés  les 
uns  des  autres,  lisses  et  polis;  leur  surface  émaillée  ne  porte  pas  de  rainure 
apparente,  ou  cette  ligne  enfoncée  longitudinale  que  l'on  désigne  sous  le 
nom  de  sillon,  qui,  chez  les  Serpents  des  autres  sous-ordres,  est  toujours 
visible  sur  la  face  antérieure,  vers  la  pointe  de  la  dent,  et.  les  caractérise. 

»  Dans  l'un  des  deux  premiers  sous-ordres  à  dents  lisses,  on  n'observe 
de  crochets  que  sur  l'une  des  mâchoires  seulement;  tantôt  sur  la  supé- 
rieure, tantôt  sur  l'inférieure.  Or,  c'est  là  un  caractère  unique  et  très-évi- 
dent, qui  réunit  plusieurs  genres  dont  les  espèces,  jusqu'ici  peu  connues, 
sont  pour  la  plupart  étrangères  à  l'Europe.  Ces  Serpents,  très-faibles,  ne 
peuvent  être  rapportés  qu'à  une  seule  famille,  subdivisée  elle-même  en 
deux  groupes  et  en  huit  genres  distincts.  Toutes  les  espèces  ont  un  corps 
arrondi,  dont  les  extrémités  sont  à  peu  près  de  même  grosseur  :  leur  bouche 
est  fort  petite  et  leurs  dents  très-grêles.  Comme  ces  Serpents  sont  petite, 
couverts  d'écaillés  polies  et  luisantes,  et  qu'ils  ressemblent  un  peu,  pour  la 


(  6a5  ) 

forme,  à  des  vers  de  terre,  avec  lesquels  on  a  pu  les  comparer,  à  cause  de 
leur  habitude  de  vivre  et  de  se  retirer  dans  les  terrains  sablonneux,  nous 
les  avions  nommés  Scolécophides  ou  vermiformes.  Maintenant  nous  préfé- 
rons une  désignation  qui  porte  essentiellement  sur  cette  particularité,  que 
l'une  des  deux  mâchoires  n'a  pas  de  dents  ou  de  crochets,  lorsque  l'autre 
en  est  garnie;  mais,  dans  ces  deux  cas,  comme  les  os  du  palais  sont  dentés, 
ils  remplissent  les  fonctions  de  la  mâchoire  supérieure.  Nous  désignons  ce 
premier  sous-ordre  par  le  nom  d'OPOTÉRODONTES. 

»  Dans  le  second  sous-ordre,  nous  avons  réuni  tous  les  Serpents  dont 
les  deux  mâchoires  sont  constamment  armées  de  crochets  ou  de  dents, 
toujours  lisses  à  leur  surface,  sans  cannelures,  ni  sillons.  C'est  à  cause 
de  ce  caractère  inscrit,  que  nous  donnons  aujourd'hui  à  ce  groupe  un 
nom  par  lequel  nous  traduisons  cette  note  de  dents  sans  rainures  : 
AGLYPHODONÏES. 

»  C'est  une  note  importante  que  ce  défaut  de  cannelure  ;  car  lorsque  les 
mâchoires  des  Serpents  de  ce  sous-ordre  s'écartent  l'une  de  l'autre,  et 
qu'elles  se  rapprochent  ensuite,  quoique  les  crochets  dont  elles  sont  armées 
puissent  pénétrer  assez  profondément  dans  la  peau  et  les  chairs,  il  n'en 
résulte  aucune  action  réellement  fâcheuse.  Voilà  pourquoi  nous  avions  d'a- 
bord désigné  ce  sous-ordre  comme  des  À zèmiophides ;  mais  nous  préférons 
maintenant  un  terme  qui  se  trouve  composé  de  manière  à  exprimer  beau- 
coup mieux,  et  matériellement,  la  particularité  des  dents  sans  sUlons,  qui 
caractérise  ces  Reptiles. 

»  Ce  second  sous-ordre  réunit  donc  tous  les  Serpents  à  dents  pointues, 
recourbées,  arrondies,  coniques,  pleines,  lisses  et  sans  cannelure,  toujours 
implantées  dans  les  deux  mâchoires.  C'est  une  division  très-nombreuse  en 
espèces  et  en  genres.  Ceux-ci  sont  partagés  en  quinze  familles,  sous  des 
noms  divers  et  significatifs. 

»  Il  nous  reste  à  faire  connaître  trois  autres  sous-ordres,  des  Serpents 
dont  tous  les  individus,  sans  exception,  offrent  un  caractère  inscrit  sur 
quelques-unes  de  leurs  dents.  Celles-ci  sont  presque  toujours  plus  longues 
et  plus  fortes  que  les  autres  ;  elles  ont  une  partie  de  leur  surface  entamée  par 
une  rainure.  C'est  ce  signe,  ce  caractère  que  nous  avons  fait  en  sorte  d'in- 
diquer par  la  dénomination  même  de  chacun  de  ces  trois  sous-ordres,  en  y 
faisant  entrer  la  finale  du  mot  grec  gljphe,  qui  signifie  une  ligne,  une  enta- 
mure  enfoncée;  ce  nom  ayant  pu  être  grammaticalement  joint  à  d'autres 
termes  très-courts,  propres  à  dénoter  la  position  relative  ou  la  structure  de 
ces  dents  sillonnées. 


(  6a6  ) 

»  Dans  les  trois  circonstances  distinctes  que  nous  signalons,  ces  crochets 
cannelés  sont  l'apanage  des  Serpents  venimeux  à  degrés  divers,  suivant  leur 
longueur,  leurs  forces,  leur  situation  relative  et  leur  structure.  Ce  sont  des 
instruments  vulnérants  qui  servent  de  gorgerets  et  de  canaux  de  conduite 
à  une  humeur  vénéneuse  plus  ou  moins  abondante.  Ce  poison  est  sécrété 
constamment  par  des  organes  spéciaux,  par  des  glandes  dont  les  tuyaux 
aboutissent  à  ces  crochets,  plus  ou  moins  avancés,  mais  constamment 
implantés  dans  la  mâchoire  supérieure,  et  qui  sont  terminés  en  gouttière 
pour  faciliter  ainsi  l'inoculation  de  ce  virus  délétère. 

»  Le  troisième  sous-ordre  des  Serpents  est  caractérisé  par  la  présence 
d'une  ou  plusieurs  dents  qui  excèdent  les  autres  par  la  longueur,  et  qui  sont 
cannelées  vers  leur  pointe.  Comme  ces  crochets  sont  situés  tout  à  fait  en 
arrière,  ils  terminent  la  rangée  des  autres  dents  plus  grêles  et  non  sillon- 
nées. Nous  avons  cherché  à  indiquer  cette  disposition,  en  désignant  par  un 
seul  mot  la  rainure  qui  caractérise  les  dents  postérieures.  INous  appelons  les 
Serpents  compris  dans  ce  sous-ordre,  les  OPISTOGLYPHES. 

»  Ces  dents  sillonnées,  qui  sont  vénénifères,  se  trouvent  toujours  logées 
dans  une  cavité  peu  profonde,  où  l'on  rencontre  ordinairement,  par  la 
dissection,  des  rudiments  d'autres  crochets  semblables;  ce  sont  des  germes 
destinés  à  être  fixés,  afin  de  remplacer  et  succéder  au  besoin  aux  cro- 
chets cannelés  dont  l'importance  est  très-grande  dans  l'économie  de  ces 
Reptiles. 

»  Il  résulte  de  cette  disposition  que  les  Serpents  ainsi  constitués,  ne 
peuvent  être  considérés  comme  très-dangereux,  au  moins  pour  les  animaux 
d'une  certaine  taille,  pour  ceux  dont  le  diamètre  excède  l'écartement  pos- 
sible des  mâchoires,  car  leur  bouche  ne  peut  éprouver  que  peu  d'amplia- 
tion.  Ce  n'est  que  quand  la  proie  vivante  est  engagée  vers  la  gorge,  qu'elle 
se  trouve  soumise  à  la  piqûre  vénéneuse  des  derniers  crochets.  Comme  le 
plus  grand  nombre  des  Serpents  de  ce  groupe  ressemblent  en  apparence  aux 
Couleuvres,  lesquelles  ne  passent  pas  pour  être  très-dangereuses,  nous  les 
avions  appelés  les  Aphobèrophides. 

»  Nous  divisons  le  groupe  des  Opistoglyphes  en  six  familles,  d'après  la 
longueur  proportionnelle  et  l'ordre  relatif  que  gardent  les  autres  dents,  tou- 
jours lisses,  situées  en  avant,  sur  le  bord  libre  de  la  mâchoire  supérieure. 

»  Le  quatrième  sous-ordre  comprend  les  Serpents  beaucoup  plus  veni- 
meux, ceux  dont  les  dents  cannelées  ou  les  crochets,  marqués  d'un  simple 
sillon,  sont  constamment  placés  en  avant  sur  l'os  sus-maxillaire,  à  l'inverse 
de  ce  qui  se  voit  dans  les  Opistoglyphes.  Le  plus  ordinairement,  après  ces 


(  627  ) 
crochets  sillonnés,  il  existe  un  espace  libre  entre  ces  premières  dents  et  celles 
qui  suivent,  et  qui  sont  lisses.  Quant  à  cette  position  en  avant  des  crochets 
venimeux,  ce  sous-ordre  se  lie  au  suivant,  excepté  que  les  Serpents  qui  sont 
rangés  dans  le  dernier  groupe  offrent  cette  particularité,  qu'un  canal  inté- 
rieur perfore  leurs  dents  vénénifères,  suivant  leur  longueur,  depuis  la  base 
jusqu'à  l'origine  du  sillon. 

»  Nous  avons  cherché  à  rappeler,  par  le  nom  sous  lequel  nous  réunis- 
sons les  genres  et  les  espèces  de  ce  quatrième  sous-ordre,  le  caractère  qui 
s'y  voit  inscrit  par  le  sillon  dont  est  marquée  la  première  dent  antérieure,  en 
avant  des  crochets  lisses.  Ce  nom  est  celui  de  PROTÉROGLYPHES.  Comme 
cette  dénomination  est  empruntée  à  la  disposition  anatomique  évidente 
qu'elle  exprime,  nous  la  préférons  à  celle  que  nous  avions  donnée  d'abord 
à  ce  groupe,  et  qui  n'était  destinée  qu'à  indiquer,  rationnellement,  les  dan- 
gers auxquels  la  morsure  de  ces  Serpents  pouvait  exposer,  malgré  leur 
apparence  trompeuse;  ce  que  signifiait  l'expression  d' A 'pistophides  (i),  que 
nous  abandonnons  maintenant. 

»  Le  cinquième,  ou  le  dernier  sous-ordre,  comprend  les  Ophidiens  dont 
les  morsures  sont  extrêmement  dangereuses  et  même  fatales  ou  mortelles, 
aussi  les  avions-nous  nommés  d'abord  les  Thanatophides;  mais  cette  expres- 
sion, résultat  de  l'observation  et  de  l'expérience  acquise,  ne  portait  pas  sur 
un  fait  matériel  facile  à  vérifier.  Aujourd'hui  il  est  aisé  de  constater  ce  carac- 
tère par  l'examen  de  la  forme,  de  la  position,  et  par  la  structure  particulière 
des  dents  venimeuses.  Non-seulement  ces  crochets,  longs  et  sillonnés,  sont 
les  seuls  que  portent  chacune  des  masses  rabougries  de  la  mâchoire  supé- 
rieure; mais  ces  crocs  sont  excessivement  développés,  et  offrent,  en  outre, 
un  second  caractère  particulier.  Leur  base  étant  perforée  par  un  long  canal 
intérieur  dont  l'orifice  distinct  aboutit  au  sillon  externe,  voilà  ce  qui  nous  a 
engagé  à  désigner  ce  groupe  important  sous  le  nom  de  SOLÉNOGLYPHES. 

»  Deux  familles  seulement  font  partie  de  ce  dernier  sous-ordre;  elles  ont 
été  établies  d'après  des  observations  qui  avaient  servi  depuis  longtemps  à 
distinguer  les  deux  genres  primitivement  reconnus  qui  se  subdivisent  aujour- 
d'hui en  plusieurs  autres  :  ce  sont  les  Crotaliens  et  les  Vipériens. 

»  L'histoire  de  ces  Serpents  est  fort  remarquable  par  la  faculté  spéciale 
dont  les  a  doués  la  nature,  toujours  admirable  dans  sa  prévoyance.  Sans 
cette  prévision,  ces  animaux,  appelés  à  se  nourrir  puisqu'ils  ont  été  créés, 
eussent  été  cependant,  par  leur  faiblesse  même,  dans  l'impossibilité  de 
se  procurer  les  moyens  de  subvenir  à  leur  alimentation,  qui  consiste  en 


(i)  Erpétologie  générale,  tome  VI,  page  71 . 


(  6a8  ï 

êtres-  vivants  et  le  plus  souvent  vertébrés.  Privés  de  membres  et  de  la  puis- 
sance motrice  nécessaire  pour  courir  après  la  victime  et  l'atteindre,  ils  sont 
cependant  toujours  obligés  de  saisir  une  proie  vivante,  et  celle-ci,  accrochée 
à  l'improviste,  fait  tous  ses  efforts  pour  échapper  au  danger  et  lutter  par  sa 
résistance,  comme  tout  être  actif  s'oppose  à  sa  destruction.  C'est  en  vain 
que  celui-ci  veut  fuir  et  chercherait  à  se  défendre,  le  Serpent  venimeux, 
qui  l'a  épié  sur  son  passage,  où  il  s'était  placé  en  embuscade,  le  happe  su- 
bitement et  l'arrête.  Armés  d'un  pouvoir  occulte,  ces  Reptiles  suspendent 
dans  l'être  animé  les  deux  attributs  les  plus  importants  pour  la  conservation 
de  la  vie  active,  savoir  la  motilité  et  la  sensibilité.  C'est  ainsi  que  ces  Ser- 
pents abhorrés  stupéfient  les  nerfs  de  la  proie  vivante,  et  anéantissent 
d'abord  dans  la  victime  la  douleur  qui,  prompte  dans  son  action  comme 
l'éclair,  lui  aurait  dénoncé  le  danger  suprême,  et  prédit  la  mort  par  instinct; 
puis,  par  une  paralysie  subite  dont  sont  frappés  les  muscles,  survient  leur 
inertie  absolue  et  l'insensibilité  générale  :  l'animal,  incapable  de  se  défendre 
ou  de  fuir  pour  se  soustraire  au  péril,  est  devenu  une  matière  tout  à  fait 
inerte  et  essentiellement  nutritive. 

»  Le  tableau  synoptique  qui  suit  présente  le  résumé  de  cette  première 
classification  de  l'ordre  des  Ophidiens  en  cinq  sections  principales  ou  sous- 
ordres.  La  suite  de  notre  travail  se  trouve  divisée  de  la  même  manière,  et 
successivement  en  familles,  en  genres  et  en  espèces. 

TROISIÈME  ORDRE  DE  LA  CLASSE  DES  REPTILES.  -  LES  OPHIDIENS. 

".akaCTères.  —  Corps  allongé,  étroit,  sans  pattes  ni  nageoires  paires; 
bouche  garnie  de  dents  pointues  recourbées  ;  mâchoire  inférieure  à 
bianchcs  désunies ,  plus  longues  que  le  crâne;  tête  à  un  seul  condylv 
arrondi,  sans  cou  distinct,  ni  conque  ou  conduit  auditif  externe, 
point  de  paupières  mobiles  ;  à  peau  extensible,  recouverte  d'un  épidémie 
caduc. 

SOlS-IIKDKts. 

!à  l'une  des  deux  mâchoires  uniquement ,  soit  à  la  supérieure ,  soit 

à  l'inférieure 1-  Opotérodohtes. 

|  toutes  lisses,  pleines  et  sans  sillon  profond 2.  Aglyphodontbs. 

aux  deux  I  {  1  seules ,  isolées ,  perforées..      S.  Solénoglyphes. 

mâchoires    qudqUeS"UneS    d^ant       ••    \  l       ■• 

sillonnées     )  f  suivies  de  crochets  lisses   .4.  Photkroglyphes . 

'  derrière  et  plus  longues S.  Opistogi/yphes. 

fl.   onOTfiPOS,  de  deux  manières,  alter-uter,  et  de  OAOÏ2,  oSovros,  dents. 
g    \  1.  A  privatif,  sine.  TATOH ,  sillon,  rima,  sulcus,  et  de  OiOTZ,  dents. 
3    I  5.  oniSTH,  en  arrière,  ponè,  retrà,  et  de  TATOjH,  rainure. 
g    |  4.   nPOTEPON,  en  avant,   anteriks,  et  de  rAT*H,  entamure,  incisiu. 
iS    !  S.   SOAHN,  un  tuyau,  un  canal,  fistula,  ductus  canaliculatus,  et  de  rAï<I>H. 


(6*9) 

CHIMIE  organique.   —  Sur  les  combinaisons  uriques,  chlorosuljaliques  et 
percarboniques ;  par  M.  Aug.  Laurent. 

«  Il  existe  des  combinaisons  qui  ont  entre  elles  un  rapport  de  filiation 
très-intime,  mais  dont  il  n'a  pas  été  possible,  jusqu'à  présent,  de  saisir  le 
lien  qui  les  rattache  les  unes  aux  autres;  telles  sont  les  combinaisons 
uriques,  qui  forment  un  groupe  à  part  et  sans  analogue  dans  la  science. 

»  Il  en  est  d'autres  qui  sont  isolées  çà  et  là  au  milieu  des  nombreux  corps 
de  la  chimie,  et  qui  ne  paraissent  avoir  aucun  rapport  les  unes  avec  les 
autres  ;  tels  sont,  d'un  côté,  le  sulfate  de  chloride  sulfurique,  le  chlorhypo- 
sulfite  d'oxychlorure  de  carbone,  l'acide  chlorélaïhyposulfurique,  l'acide 
éthylique  sulfuré,  le  sulfate  nitreux,  etc.,  et,  de  l'autre,  l'acide  persulfb- 
cyanhydrique,  l'hydranzotine,  l'éther  oxysulfocyanhydrique,  les  combi- 
naisons de  MM.  Desains,  Debus  et  Chancel,  etc. 

»  Je  me  propose,  dans  ce  Mémoire,  de  déterminer  quels  sont  les  rapports 
qui  unissent  les  uns  aux  avitres  les  composés  de  chacune  des  catégories  que 
je  viens  de  citer,  et  d'indiquer  quelles  sont  les  fonctions  qu'ils  remplissent. 

»  Avant  d'examiner  les  combinaisons  uriques,  je  crois  devoir  déclarer, 
quoique,  certes,  je  n'y  sois  nullement  obligé,  que  les  recherches  de 
MM.  Liebig  et  Wôhler  sur  ce  sujet  me  paraissent  être  une  des  plus  belles 
acquisitions  de  la  chimie,  et  avoir  été  exécutées  avec  le  plus  grand  soin.  Si 
donc  je  viens  changer  presque  toutes  les  formules  qui  ont  été  données  par 
ces  chimistes  distingués,  et  si  les  nouvelles  interprétations  que  je  propose 
exigent  que  de  très-légères  corrections  soient  faites  à  leurs  analyses,  ou  que 
les  poids  atomiques  soient  doublés  ou  dédoublés,  ces  corrections,  même  en 
les  supposant  parfaitement  justes,  ne  peuvent  diminuer  en  rien  le  mérite  de 
leiir  travail. 

»  Voici  les  formules  de  MM.  Liebig  et  Wohler.  On  remarquera  qu'il  n'y 
en  a  pas  la  moitié  dont  l'oxygène  soit  pair,  et  dont  la  somme  de  l'hydrogène 
et  de  l'azote  soit  un  multiple  de  4  •' 

Allantoïne C4H6N408,  Uramile.  .    .   .   .  C8H,2N606, 

Alloxane C8H8N40,°;  Ac.  uramilique..  C,6H2oN,0O,s, 

Ac.  alloxanique.  .  .  C4H4N2Os,  Alloxantine .   .   .  C8H,0N*CV0, 

Ac.  mycoméliniq.  .   C^H^N^O10,  Ac.  dialurique.  .  C8H8N408, 

Ac.  parabanique.    .  C6H4N406,  Murexide.    .   .    .  C,,9H,!!N4008, 

Ac.  oxalurique.  .   .  C6H8N408,  Murexan C*H8N405. 

Ac.  thionurique.   .  C8H,4N60,4S2, 

C.  R.,  t85a.  im'  Semestre.  (T.  XXXV,  1N°  18.)  83 


(  63o  ) 
Combinaisons  Je  M.  Schliepper. 

Ac.  hydnrilique.  .  .  C'2H,0N6O",     Ac.  dilitur.  anh.  C8H2N608, 

Ac.  nitrohydrilur.  .  C8H4N0OM,        Sels  de  potasse.  .  +  K20  et  4-  2R20, 

Ac.  leucoturique.   .  C6H6N406,  Ac.  hydantoïq.  .  C4H8N404, 

Difluan..    .....   CaH8N405,       (  Ac.  lantanuriq. .  C4H4N404, 

Ac.  alliturique.   .   .  CTH*N404,       \  ouallanturiq.     .  C,0H,4N8O9. 

(Pelouze.  ) 

»   Voici  les   formules  que  je  propose,  formules  qui  sont  indépendantes 
de  toute  hypothèse  sur  l'arrangement  des  atomes  : 

(  V  =  ac.  monob.,  A"  =  ac. bib. ,  Am  =  ammon.,  An  =  anil.,  Ur  =  urée. ) 
Premier  groupe.  —  ALLOXANIQUE. 

Fonction  Type. 

Ac.  bibasique.   .  A"  alloxan.     C4H4N205  ac.  alloxan.  (1), 

»  »  selacid.      C4H3MN205, 

»  »  selneut.      C4H2M2N205, 

»  »  nitré  C*H»XN*Os  ac.  nitro-hyd. 

Dianhydride.  .  .  A"-  Aq  alloxanide.C4H2N204  alloxane  (2  . 

Diamide A"+îAm-  aAq    alloxamid.  C4H8N4 O3  inconnue, 

Ac.  amidé.  .  .   .   A"+Am  — Aq         alloxamiq.  C4H5N304  lib.  inconnu=A', 

Diénide A"-f-  2  Am  —  3  Aq  alloxénide.  C4H4N402  ac.  mycom.  (3), 

»  »  argentiq.     C4  H3  AgN4  O2  sel  d'argent, 

alloxamo- 
Ac.  complexe.    .   A'+A"— Aq  sulfureux.   C4H5N30\  SO2  ac.  thion. 

Deuxième  groupe.  —  DIALURIQUE. 

Fonction.  Type. 

Ac.  bibasique.    .   A"  dialuriq.      C8H8N408  ac.  dialur.  (4), 

Dianhydride..   .   A"— Aq  dialurid.      C8  H"  N4  O7  inconnue, 

Ac.  amidé..   .   .   A"+ Am  —  Aq  dialuram.     C8H°N507  ac.  uramiliqùe, 

Diamide A"+  îAm  -  2Aq  dialuramid.  C*H,0N60*  uramile, 

»  »  isomère  »  difluan  (5), 

Diimide A"+ Am-  2Aq  dialurimid.  C8  H'N'O6  murexan. 

(1)  La  bibasicité  de  ce  corps  a  été  annoncée  par  M   Gerhardt,  puis  reconnue  au  labora- 
toire de  Giessen. 

(2)  M.  Graelin  a  vu  que  l'alloxane,  supposée  anhydre  à  too  degrés,  retient  encore  1  atome 
d'eau;  de  mon  côté,  j'ai  fait  la  même  observation. 

(  3)  Ce  composé  n'est  pas  un  acide;  semblable  à  la  plupart  des  amides,  des  diimides,  il 
peut  échanger  1  atome  d'hydrogène  contre  i  atome  d'argent. 

(4)  On  ne  connaît  pas  les  sels  de  cet  acide.  Ce  sont  ses  métamorphoses  qui  me  le  font 
considérer  comme  bibasique. 

(5)  Voyez  la  note  (5)  du  troisième  groupe. 


(63i  ) 
appendices  aux  premier  et  deuxième  groupes. 

Combinaisons  complexes. 

Ac.  bibasique ? .  A"  raurexique  C8  H4  W  0T  alloxantine  (  i  ), 

Ac.  amidé. .    .   .   A"-+-  Am  —  Aq       murexamiq.C8H5N506  ac.  purpur.  (a), 

»  »  seld'amm.  C8H4AmN506murexid.(3), 

Troisième  groupe.  —  OXALIQUE. 

Fonction.  Type. 

Ac.  bibasique.  .  A"  oxalique       C2H*0*, 

Ac.  amidé.  .  .  .  A"+ Am —  Aq       oxamique     C2H3NO% 

»  A"-f-  Ur  —  Aq        oxaluréïq.     C3H4N20*  ac.  oxalurique, 

Biamide A"+  2 Am- aAq    oxamide       C2H*N202, 

»  »  .  id.  bisulf.     C2H4N2S2    cyanogène  bi- 

hydrosulfuré, 

{An 
—  otAq     iV/.uréoanil."  C9H9]N303  paraban.  d'ani- 
line (4), 
Biimide A"+  Am  —  sAq     oximide         C2HN02  ac.  leucotur.  (5), 


id.  iamm.  C2H2Am2]N02 


»  »  id.  ammon.  C2Am  NO2  leucoFur.  d'am- 

moniaque, 
»  A"+ Dr  —  aAq       id.   uréïque  C2H2N203  ac.     parabani- 

que  (3), 

Diénide A"+aAm  — 3Aq  oxalén.  suif.  C2H2N2S    cyanogène  hy- 

drosulfuré, 
Émonide.    .    .   .   A"+ 2  Am  —  4  Aq  oxalémon.     C2N2  cyanogène. 

»  Ce  n'est  qu'avec  la  plus  grande  réserve  que  je  donne  les  formules  des 
groupes  suivants,  parce  que  les  composés  auxquels  elles  s'appliquent  ont 
été  trop  incomplètement  étudiés. 

1 

(1)  L'alloxantine  ordinaire  perd  3  atomes  d'eau  vers  le  point  d'ébullition  de  l'acide  sul- 

furique.  Ce  composé  est-il  un  acide?  Il  est  difficile  de  répondre  à  cette  question  ,  parce  que 
les  bases  le  décomposent.  Cependant  il  forme,  avec  la  baryte,  un  précipité  violet  qui  n'a  pas 
été  analysé. 

(2)  Formule  proposée  par  M.  Gmelin. 

(  3)  Formule  proposée  par  M-  Gerhardt. 

(4)  Il  n'a  pas  les  propriétés  d'un  sel. 

(5)  Ce  composé  n'est  pas  un  acide,  il  n'a  donné  qu'un  seul  sel,  celui  d'ammoniaque.  île 
difluan  et  l'acide  leucoturique  se  préparent  en  soumettant  l'acide  alloxanique  à  l'ébùllition. 

83.. 


(  63a  ) 
Quatrième  groupe.  —  DILITIQUE. 

Fonction.  Type. 

Ac.  bibasique.  .   A"  dilitique        C4H8TM205  inconnu, 

»  '  »  ici.  nitré        C4H*XNa05   ac.  dilituri- 

que  (i), 

Diimide A"+  Am  -  aAq      dilitim.  nitr.  C/H9XNsO' diliturate  ae. 

d'amm.  (a). 

Cinquième  groupe.  —  HYDURIQUE. 

Fonction.  Tpye. 

Ac.  bibasique.  .  A"  hydurique     C8HsN305  ac.  hyduriliq., 

Ac.  amidé.  .   .   .   A"+ Am  —  Aq        hyduramiq.  C6HeN*0*  ac.  allituriq., 

Sixième  groupe.  —  LANTALIQUE. 

Fonction.  Type. 

Ac.  bibasique.  .   A"  lantalique     C8H8N408ac.  lantanuriq.. 

Diamide A"+2Am-  aAq    lantamide      C6H,0N8O*  inconnue, 

»  A"-f-2Ur  —  aAq     id.  uréïque   C8H,2N806  allantoïne, 

Ac.  amidé..   .   .   A"-t- Am  —  Aq         lantamique   CGH9N505  inconnu, 

»  A"-t- Ur  —  Aq  lanturéïque  C7H,0N6O6  acide  hydan- 

toïque. 
•  *  Combinaisons  nitro  et  chlorosu/Jaliques. 

»  Voici  les  formules  qu'on  leur  attribue  : 

A,  Sulfate  de  chloride    sulfu- 

rique 5S03+SCi6, 

Dans  cette  réaction ,  il  ne  se  forme  que  du  difluan ,  de  l'acide  leucoturique  et  de  l'acide  car- 
bonique. On  peut  considérer  le  difluan  comme  isomère  de  l'uramile  ou  de  l'acide  uramilique. 
L'acide  leucoturique  a  la  composition  de  l'oximide  ou  de  l'oximide  demi-ammoniacale.  Avec 
les  formules  que  je  propose,  on  a 

dans  le  premier  cas.      2ClH'N,Oi  =  C,NHO'  +  ClHsN10]4-4CO=  -+-  2H20, 

oximide  difl.  isom.  nramile 

dans  le  deuxième  cas.   £Q  H'  N205  =  C'NJ  B?0'  -f-  CrFN'O'  -+-  4  C  O3  -+-  H'O. 

oximide  j  am.     difl.  isom.  ac.  uramiliq. 

Les  formules  du  deuxième  cas  s'accordent  mieux  avec  l'expérience  que  celles  du  premier. 
L'acide  leucoturique  se  transforme  facilement  en  acide  oxalique  et  en  ammoniaque;  et  le 
difluan  ,  comrrîe  l'uramile ,  donne  de  l'alloxane  par  l'acide  nitrique. 

(i)  La  couleur  de  ses  sels,  leur  détonation  et  leur  préparation,  prouvent  que  c'est  un 
corps  nitré.  On  peut  hésiter  entre  cette  formule  et  celle  que  j'ai  donnée  autrefois  avec  H'O 
de  moins. 
(2)  Ce  n'est  pas  un  sel  ;  la  potasse  n'en  dégage  l'ammoniaque  que  par  Pébullition. 


(  633  ) 

B,  Sulfate  ammoniacal.  .....     5  (SO»-+-  H»  N2)  -+-  (SC16+  4  H»  N2), 

C,  Chlorhyposulfite  d'oxy  chlo- 

rure de  carbone COCP -t- SOCP, 

(  Combinaison  de  Rerzélius  et  Marcet.  ) 

D,  '        Combinaison  de  Kolbe.  .   .     S204H2C2C18  (i), 

E,  Ac.  méthylhyposulfurique.     S2  O5  -+-  C2  H»  +  H2  O, 

F,  Ac.  chloroformylhyposulfu- 

rique S205  +  (C2H4-f- Cl2)  +  H2G, 

G,  H,     etc.,  etc. 

I,  Sulfate  nitreux 2S03-t-N2Oâ, 

J,  Cristaux  des  chambres.  .    .     Diverses  formules. 

»  J'ai  déjà  fait  voir  que  les  acides  E,  F,  G,  H  ne  sont  que  des  variétés 
d'un  même  type,  que  ce  sont  des  sulfométhénates  mono,  bi,  trichlorés  ana- 
logues aux  sulfonaphtalates  mono,  bi,  trichlorés.  (Méthène  =  CH4  gaz  des 
marais.) 

»  Pour  saisir  la  clef  de  toutes  ces  combinaisons,  admettons  l'existence 
d'un  acide  chlorosulfureux  ou.  chlorosulfalique  qui  soit  aux  acides  sulfu- 
reux et  sulfurique  ce  que  l'acide  chloroformique  (des  éthers  oxychloro- 
carbonatés)  est  aux  acides  formique  et  carbonique  : 

Ac.  sulfureux SOs  HH,         Ac.  formique C02HH, 

Ac.  chlorosulfalique.  .   SO'ClH,        Ac.  chloroformique.    .   C02ClH,  • 

Ac.  sulfurique S04HH,         Ac.  carbonique.  .   .    .  CO'HH. 

»   Alors  nous  aurons  la  série  suivante  : 

Ac.  bibasiq.  A"  sulfurique  S04H2, 

Ac.  monob.  A'  chlorosulfaliq.   S03C1H  (2), 

»  »  nitrosulfalique.  SO'XH     J, 

»  »  sel  d'ammon.     SO'ClAm  Btrait.  parl'e.  (3), 

Monanhyd.  1  A'  —  Aq  chlorosulfalid.  S205C12    A, 

»  *        »  nitrosulfalide.    S2OsX2     I, 

Amide.  .   .   A'+Am-Aq  chlorosulfaIam.S02ClH2N    B(3), 

»  A' +  Mé — Aq  id.  méthénique  SO2  CH4  inconnue, 

id.    mé.  3chl.  SO'CHCl»    D, 


» 

»  » 


id.    mé.  4  chl.  S02CC14    C, 


(1)  C'est  la  formule  proposée  par  M.  Gerhardt ,  et  celle  que  j'adopte. 

(2)  Cet  acide  paraît  se  former  lorsqu'on  verse  l'acide  anhydre  A  dans  l'eau.  Car,  d'après 
M.  Rose  ,  A  passe  d'abord  à  l'état  d'hydrate  avant  de  se  décomposer. 

(3)  Lorsqu'on  traite  A  par  le  gaz  ammoniaque,  il  se  forme,  d'après  M.  Rose,  une  com- 
binaison qui  se  dissout  dans  l'eau  et  y  cristallise  par  I'évaporation.  Il  doit  exister,  suivant  moi, 


(  634) 
Diamide.  .  .  A"+2Am  —  aAq  sulfamide  S02H*N2, 

»  A"+|__    —  aAq     »  ammomét.  S02CH5N  inconnue, 

(Me  n 

»  achl.  S02CH3CPN  (i), 

»  3chl.  S02CH2C13N  (2),  . 

Ac.  amidé..  A"-t-Mé  —  Aq       sulfométhéniq.   S03CH*         hyposulfométhi- 

lique, 

»  »  »  chloré         S03CH3Cl   hyposulfochloré- 

laïlique, 

»  »  »   2  chloré  .   SO3  CH2  Cl2  hyposulfochloro- 

formylique, 

»  »  »  3  chloré     S03CHC13  hyposulfochloro- 

carbonique. 

Combinaisons  percarboniques . 

»  M.  Gerhardt  a  déjà  fait  faire  un  premier  pas  à  cette  question ,  en  rappro- 
chant l'hydranzothine  du  composé  de  M.  Desains,  et  en  les  considérant 
lune  comme  l'amide  et  l'autre  comme  l'éther  d'un  acide  copule  formé  de 
2CO2  -f-  H2 S2.  Nous  laisserons  la  constitution  de  cet  acide  de  côté,  et  nous 

de.ux  combinaisons:  i"  la  combinaison  sèche  du  monanhydride  ;  on  doit  avoir  une  des  deux 
réactions  suivantes  : 

a.     S'O'Cl  -+-  2ffN  =  2(S01CIH,N)  +  H'O, 

tout  comme  l'on  a,  avec  le  monanhydride  acétique,  2  équivalents  d'acétamide  et  1  équiva- 
lent d'eau , 

b.     S'OsCl  -+-  2H3N  =  SO'ClHIN-(-S03Cl(H<N); 

chlorosulfalamide      chlorosulfalate  d'am. 

20  la  combinaison  a  ou  b  traitée  par  l'eau, 

S0,C1H'N-+-2HÎ0  =  [S03CI(H'N)  -f- Aq]. 
amide  •  sel  d'am.  hydraté 

Cette  derniène  formule  SO3  Cl  H'  N  -f-  Aq  s'accorde  avec  l'analyse  de  M.  Rose;  malheureu- 
sement celle-ci  n'a  pas  été  faite  complètement,  de  sorte  qu'elle  se  prête  à  plusieurs  supposi- 
tions. Il  y  a  encore  un  troisième  cas  possible;  si  l'on  traitait  A  par  le  gaz  ammoniaque,  à  une 
température  un  peu  élevée,  on  pourait  avpir  les  réactions  suivantes  : 

S'05C1!  4-  4H3N  =  SO'H'N'  -t-  SO'CIH'N  4-C1H,  H3  N  -f-  H'O, 
sulfamide        chlorosulfalam.  sel  amm. 

S'OCl3  4-  6H'N  =  2S02H,N!  -f-  2CIH,  H3N  4-HJ0. 

•  (1  )  On  obtiendra  cette  amide  en  traitant  D  par  l'ammoniaque, 

S02CC13H  •+-  H3N  =  S0'CC12HJN  -+-C1H. 
(2)  On  obtiendra  cette  amide  en  traitant  C  par  l'ammoniaque, 

SO'CCl'  ■+-  H3N  =  S0'CC13H'N  -t-  Cl  H. 


■   (  635  ) 

y  verrons  simplement,  en  remplaçant  le  soufre  par  l'oxygène,  un  acide  per- 
carbonique  qui  est  à  l'acide  carbonique  ce  que  l'acide  sulfureux  est  à  l'acide 
hyposulfurique  : 

Acide  sulfureux ' S03H2 

Acide  carbonique C03H2 

Acide  carbonique  3  sulfuré CS3  H2 

Acide  hyposulfurique S*  O6  H2 

Acide  percarbonique C206H2 

Acide  percarbonique  6  sulfuré C2S6H2 

»  Nous  admettrons,  de  plus,  les  variétés  mono-bi-tri... sulfurées  de  cet 
acide  percarbonique.  Voici,  maintenant,  les  fonctions  des  termes  de  cette 
série  dont  les  formules  n'ont  à  subir  aucune  correction. 

(Al  =  alcool,     Em  =  Éthylamine.) 
Ac.  bibas.  A"  percarbonique  C2H2  O6, 

O4 

»  »  »     2  sulfuré  C2  H2    „ 

S2 


»     4  sulfuré  C2H2°  j, 


Vf 

»     6  sulfuré         C2H2S6, 
Diamide..  A"+2Âm  —  2  Aq  percabamide  C2  H4  N204  inconnue, 

».     4  sulfuré         C2H4N2S4hydranzorhine, 


» 


)> 


O4 1  ' 

A"+  i  Al  -  2  Aq        »  éthol.  asulfur.  C6H10  comb.  Debus, 

'  O2  ) 

»  »  »  éthol.  4  sulfur.  C6H10       [  Desains, 

»        •  »  »  éthol.  6  sulfur.  C2 H* °      I  Chancel, 

S4  j 

Diénide.  .  A"  +  2Am  —  3  Aq  percarbénide  3  suif.  C2H2N2S3  Acide  persulfo- 

cyanhydr.  (i), 

S  \ 
A"+2Em-3Aq      »  éthylam.  suif.  C° H10N2        éth.  oxysulfo- 

cyanhyd.  (2). 
»  Toutes  les  formules  que  j'attribue  aux  combinaisons  uriques,  chloro- 

.    (1)  Ce  composé  n'a  aucun  caractère  des  acides;  il  ne  se  dissout  même  pas  dans  l'ammo- 
niaque. 

(2)  Je  dois  faire  remarquer  que  ce  composé  ne  se  dédouble  pas  en  donnant  de  l'éthyla- 
mine ,  mais  de  l'alcool  et  de  l'ammoniaque. 


(  636  )  . 

sulfaliques  et  percarboniques  satisfont  à  la  loi  des  nombres  pairs,  et  tontes 
les  réactions  s'enchaînent  avec  une  simplicité  remarquable.  » 

M.  Biot  demande  à  reprendre  un  paquet  cacheté  qu'il  avait  déposé  à 
la  séance  du  10  décembre  1 838. 

«  Ce  dépôt,  dit-il,  avait  uniquement  pour  but,  de  me  conserver  la  liberté 
de  suivre  et  d'exposer  l'interprétation  que  j'avais  conçue  d'un  ancien  docu- 
ment astronomique  récemment  découvert,  sans  entrer  dans  des  discussions 
de  priorité,  dont  les  motifs  n'existent  plus  aujourd'hui.  » 

L'  Académie  accorde  le  retrait  du  paquet  déposé  par  M.  Biot. 

RAPPORTS. 

mécanique  appliquée.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  J.  Carvallo, 

intitulé:  Étude  sur  la  stabilité  des  voûtes. 

(Commissaires,  MM.  Piobert,  Morin,  Poncelet  rapporteur.  ) 

«  M.  J.  Carvallo  a  eu,  sur  la  plupart  de  ses  prédécesseurs,  l'avantage 
inappréciable  de  pouvoir,  comme  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  mettre 
a  exécution  un  assez  grand  nombre  de  ponts  importants  projetés  d'après  ses 
Tables  ou  formules,  pour  la  partie  du  chemin  de  fer  du  Centre,  comprise 
entre  Limoges  et  Châteauroux.  Ce  sont  même  les  études  et  expériences 
qu'il  a  dû  entreprendre  à  ce  sujet,  dès  i843  et  i844,  qui  l'ont  conduit  à 
soumettre  à  l'Académie  des  Sciences,  le  Mémoire  dont  nous  avons  à  rendre 
compte  aujourd'hui,  et  qui,  ainsi,  n'a  pas  uniquement  pour  but,  de  perfec- 
tionner la  théorie  des  voûtes,  mais  bien  de  fournir  aux  ingénieurs  des 
éléments  de  calcul  tout  préparés,  déjà  sanctionnés  par  l'expérience,  et  mis 
sous  la  forme  qui  peut  le  mieux  convenir  aux  applications  pratiques. 

»  L'objet  principal  que  M.  Carvallo  s'est  proposé,  consiste  :  étant  donné, 
à  l'ordinaire,  le  profil  de  l'intrados  d'une  voûte  cylindrique,  le  poids  du 
mètre  cube  et  la  résistance  à  l'écrasement  de  la  pierre  à  employer,  le  coeffi- 
cient du  frottement  sur  les  plans  de  joints,  déterminer  la  forme  de  l'extra- 
dos de  manière  à  circonscrire,  dans  de  justes  limites,  le  volume  de  cette 
pierre,  sans  compromettre,  en  aucun  point,  la  stabilité  sous  le  rapport  du 
glissement,  de  la  rotation  et  de  l'écrasement  des  différentes  parties  du 
système. 

»  La  condition  d'économie  est,  à  coup  sûr,  d'un  très-haut  intérêt  pour 
les  ingénieurs  et  les  compagnies  qui  ont  un  grand  nombre  de  ponts  à  con- 
struire sur  une  ligne  de  parcours  donnée;  mais  elle  n'est  pas  la  seule,,  ni  la 
plus  importante  de  celles  que  s'est  imposées  l'auteur  du  nouveau  Mémoire 
sur  la  stabilité  des  voûtes,  surtout  en  ce  qui  concerne  l'établissement  des 


(637  ) 

ponts  d'une  grande  ouverture,  couronnés,  suivant  l'usage,  d'une  surcharge 
horizontale  de  terre  et  de  maçonnerie  pour  servir  de  chaussée.  Dans  ce 
cas,  en  effet,  la  question  d'économie  disparaît,  en  quelque  sorte,  vis-à-vis 
de  celle  qui  consiste  à  préserver  la  construction  des  affaissements  et  défor- 
mations qui  surviennent,  et  continuent  plus  ou  moins  de  temps,  après  le 
décintrement  de  la  voûte;  ce  dont  les  ponts  de  Neuilly  et  de  Mantes,  con- 
struits par  Perronet,  ont  offert  de  si  remarquables  exemples.  Or,  ces  défor- 
mations ne  sont  guère  moins  dangereuses,  pour  la  stabilité,  que  le  défaut 
même  de  proportion  entre  les  intensités  des  pressions  exercées  en  certains 
points  du  bandeau  de  la  voûte  et  le  manque  de  résistance  des  matériaux  qui 
la  composent;  car  elles  mettent  forcément  en  jeu,  quand  elles  ne  sont  pas 
resserrées  entre  certaines  limites,  des  actions  obliques  ou  transversales  qui 
tendent  à  rompre  les  assises  horizontales  des  pierres  de  tête  et  de  remplis- 
sage du  tympan,  ou  à  y  occasionner,  tout  au  moins,  des  fissures  qui  com- 
promettent l'apparente  solidité  de  l'édifice. 

»  Les  équations  qui  expriment  les  conditions  de  l'équilibre  d'une  voûte 
dont  l'intrados  est  donné,  montrant  que  ces  conditions  peuvent  être  satis- 
faites pour  une  infinité  de  courbes  d'extrados,  M.  Carvallo  a  mis  cette  cir- 
constance à  profit,  soit  pour  remplir  la  condition  d'économie,  relative  au 
cube  de  la  pierre,  dont  il  a  été  d'abord  parlé,  soit  pour  déterminer  une  forme 
d'extrados  qui  jouisse  de  la  propriété,  en  elle-même  fort  remarquable,  que 
le  bandeau  de  la  yoûte  étant  construit  seul  et  sans  tympans,  la  ligne  de  ses 
centres  de  pression  coïncide  avec  celle  qui  est  relative  au  système  entier  de 
ce  bandeau  et  des  tympans.  Cette  dernière  ligne  ne  pouvant,  en  effet,  dé- 
pendre de  la  forme  de  l'extrados,  dans  l'hypothèse  d'une  densité  à  peu  près 
constante,  et  des  joints  verticaux  prolongés  au  travers  de  la  surcharge, 
devient  déterminable  à  priori,  et  l'on  conçoit  comment  l'auteur  est  parvenu 
à  satisfaire  à  la  seconde  des  conditions  qu'il  s'est  imposées.  De  plus,  il 
résulte  de  son  analyse,  comme  on  le  verra,  que  la  courbe  d'extrados  qui 
résout  la  question  est  du  même  degré  que  celle  d'intrados,  avec  laquelle 
elle  offre  une  grande  analogie  de  forme,  déterminée  par  une  relation  simple, 
du  premier  degré,  entre  les  ordonnées  relatives  à  une  même  abscisse. 

»  On  conçoit  parfaitement  encore  comment  l'identité  des  courbes  de 
pression  relatives  au  bandeau  isolé  de  la  voûte  et  à  ce  bandeau  surmonté 
de  ses  tympans,  lorsqu'elle  est  rigoureusement  établie,  peut  atteindre  le  but 
d'abord  indiqué,  qui  consiste  à  empêcher  les  déformations,  postérieures 
au  décintrement  et  provenant  des  surcharges,  d'acquérir  une  amplitude 
appréciable.   Quels  que  soient  les  avantages  pratiques  inhérents  à  cette 

C.  R. ,  i85:j,  a""  Semestre.  (T.  XXXV,  TX«  18.)  84 


(  638  ) 

nouvelle  détermination  de  la  forme  de  l'extrados  des  voûtes,  et,  bien  que 
cette  forme  n'offre,  en  elle-même,  aucune  particularité  ou  difficulté  d'exé- 
cution qui  puisse  la  faire  rejeter  par  les  ingénieurs,  néanmoins  M.  Carvallo 
n'a  pas  voulu  s'en  tenir  exclusivement  à  cette  solution  dans  son  Mémoire  ; 
il  s'est  également  occupé  du  cas  où  l'intrados  et  l'extrados  d'une  voûte  se- 
raient donnés  à  priori,  selon  l'usage  ordinaire;  cas  qui  a  été  traité  dans  ces 
derniers  temps,  mais  à  un  point  de  vue  un  peu  différent,  avec  toute  l'éten- 
due désirable,  c'est-à-dire  de  manière  à  mettre,  en  quelque  sorte,  sous  la 
main  des  constructeurs,  les  éléments  numériques  du  problème,  relatifs  aux 
principales  circonstances  qui  intéressent  la  pratique. 

»  En  se  rapprochant  plus  particulièrement  du  mode  de  solution  indiqué 
par  MM.  Lamé  et  Clapeyron,  en  en  étendant  l'application  aux  divers  sys- 
tèmes de  voûtes  déjà  soumises  au  calcul  ou  réduites  en  Tables  par  MM.  Au- 
doy,  Petit,  de  Garidel,  etc.  ;  enfin,  en  introduisant  des  simplifications  et  des 
données  nouvelles  dans  les  formules  et  les  Tables  relatives  à  ce  mode  de  so- 
lution, qui  comprend  aussi  les  éléments  de  la  courbe  des  pressions  pour  les 
voûtes  en  plein  cintre,  M.  Carvallo  a  prétendu  rendre  particulièrement  ser- 
vice aux  ingénieurs  qui  repoussent  l'usage  du  coefficient  de  stabilité  adopté 
dans  le  génie  militaire,  quelque  fondé  d'ailleurs  qu'il  soit  en  principe,  pour 
y  substituer  la  considération  exclusive  des  conditions  de  stabilité  qui  assor- 
tent des  hypothèses  mêmes  de  M.  Navier,  concernant  la  loi  de  compressi- 
bilité  des  matériaux  solides  et  la  limite  des  charges  permanentes  qu'il  est, 
dans  chaque  cas,  permis  de  leur  faire  supporter. 

»  Après  avoir  montré,  dans  la  Notice  historique  servant  d'introduction 
à  ce  Rapport,  les  liens  intimes  qui  existent  entre  ces  deux  points  de  vue,  et 
exprimé  la  crainte  que  la  règle  qui  fait  passer  les  résultantes  de  pressions  par 
un  point  situé  au  tiers  de  la  largeur  des  joints  les  plus  comprimés,  ne  soit 
pas  toujours  suffisante  dans  les  cas  de  pratique,  il  devient  inutile  d'insister 
•ici,  et  nous  devons  nous  borner,  dans  ce  qui  suit,  à  donner  une  idée  suc- 
cincte des  méthodes  qui  caractérisent  le  travail  de  M.  Carvallo,  et  qui  le 
distinguent  plus  particulièrement  des  recherches  de  ses  prédécesseurs. 

»  Dans  un  premier  chapitre,  qui  contient  l'exposé  des  formules  générales, 
équations  ou  théorèmes  qui  servent  de  base  à  tout  le  Mémoire,  et  dont  la 
connaissance  est  indispensable  pour  l'intelligence  des  applications  variées, 
des  Tables  et  exercices  de  calcul  qui  le  terminent;  l'auteur,  considérant  une 
voûte  cylindrique  en  berceau,  d'un  profil  quelconque,  et  supposant,  à  l'or- 
dinaire, cette  voûte  réduite  à  l'unité  de  longueur,  ou  à  la  section  transver- 
sale représentée  par  ce  profil,  exprime,  par  trois  équations  séparées,  les  con- 


(639) 

ditions  de  l'équilibre  d'une  tranche  verticale,  supposée  infiniment  mince, 
du  bandeau  de  la  voûte,  tranche  qui  peut  aussi  comprendre  la  surcharge 
s'il  en  existe.  Deux  de  ces  équations  sont  relatives  aux  projections  verticale 
et  horizontale  des  forces  appliquées  à  la  tranche  et  qui  se  composent  de  son 
poids,  de  la  résultante  des  pressions  antérieures  et  de  celle  des  réactions 
postérieures  ;  la  troisième  équation ,  relative  aux  moments  des  mêmes  forces 
par  rapport  à  l'origine  des  axes,  se  trouve  naturellement  satisfaite  au  moyen 
des  deux  autres,  attendu  qu'on  y  suppose  implicitement  le  concours  des 
trois  forces  en  un  même  point  de  la  courbe  inconnue  des  pressions. 

»  Si  l'auteur  n'avait  pas  admis  à  priori,  ce  concours  entre  les  directions 
des  trois  forces,  il  serait  arrivé  à  une  équation  de  moments  exprimant  que 
la  résultante  des  pressions,  en  chaque  point  d'application,  est  tangente  à 
la  courbe  qui  contient  tous  ces  points  ;  ce  qu'il  admet  aussi,  mais  sans  en 
donner  la  démonstration.  Quant  au  cas  où  la  division  de  la  voûte  serait 
censée  se  faire  suivant  des  plans  normaux  à  l'intrados,  il  est  facile  de  se  con- 
vaincre que,  non-seulement  l'équation  des  moments  ne  pourrait  être  satis- 
faite par  la  condition  de  tangence  ci-dessus,  mais  que,  de  plus,  elle  devien- 
drait généralement  fonction  de  l'abscisse  du  centre  de  gravité,  ou,  ce  qui 
revient  au  même,  du  rayon  de  courbure,  de  la  largeur  et  de  l'inclinaison 
du  joint  au  point  correspondant  de  la  voûte;  à  moins  que,  laissant  au  pro- 
blème ou  à  la  forme  de  cette  voûte  toute  son  indétermination,  on  ne  vînt 
à  supposer,  à  priori,  que  la  courbe  des  pressions  se  confond,  point  pour 
point,  avec  celle  des  centres  de  gravité;  ce  qui,  évidemment,  pourrait  avoir 
lieu  sans  que  les  résultantes  de  pressions  en  devinssent,  pour  cela,  nor- 
males aux  plans  de  joints  respectifs,  etc. 

»>  Pour  ce  qui  est  des  équations  d'équilibre  relatives  aux  projections 
verticale  et  horizontale  des  joints,  les  seules  à  considérer  dans  les  hypo- 
thèses admises  par  M.  Carvallo,  sur  la  division  de  la  voûte  en  tranches  verti- 
cales infiniment  minces,  elles  sont  intégrables,  une  première  fois,  dans  toute 
leur  généralité,  et  elles  expriment,  moyennant  une  détermination  convenable 
des  constantes  arbitraires  :  l'une,  que  la  composante  horizontale  de  la  résul- 
tante des  pressions  est  constante  dans  toute  l'étendue  de  la  voûte  et  égale  à 
celle  qui  se  rapporte  au  joint  de  la  clef,  nommée  spécialement  poussée; 
l'autre,  que  la  composante  verticale  de  cette  même  résultante,  diminuée  de 
celle  qui  correspond  au  joint  du  sommet,  est  égale  au  poids  entier  de  la  por- 
tion de  voûte  comprise  entre  ce  même  point  et  celui  que  l'on  considère  en 
particulier.  Ces  équations  ou  intégrales  indéfinies,  qui  correspondent  à  des 

84.. 


(  64o  ) 

théorèmes  de  statique  bien  connus,  auraient  lieu  d'ailleurs,  dans  toute 
hypothèse  faite  sur  le  mode  de  division  par  tranches. 

»  Dans  le  cas  d'une  voûte  symétrique  par  rapport  au  joint  vertical  de  la 
clef,  la  résultante  des  pressions  sur  ce  joint  peut  être  censée  réduite  à  la 
seule  poussée  ou  composante  horizontale,  puisque  la  tranche  verticale  cor- 
respondante doit  être,  elle-même,  soutenue  symétriquement  par  deux  résul- 
tantes de  pressions  ou  réactions  agissant  en  sens  contraire,  et  dont,  en  vertu 
de  la  continuité,  les  directions  indéfinies  doivent  se  confondre  entre  elles,  à 
une  quantité  infiniment  petite  près,  représentative  de  l'angle  de  contingence 
de  la  courbe  des  pressions  au  sommet  de  la  voûte.  Or,  cela  exige  que  la 
tangente  et  la  résultante  des  pressions  y  soient  horizontales,  suivant  l'hy- 
pothèse généralement  admise,  et  qui  sert  aussi  de  point  de  départ  à  M.  Car- 
vallo  pour  aborder  les  questions  relatives  à  l'équilibre  des  voûtes  de  forme 
continue.  Toutefois,  la  même  conséquence  ne  serait  plus  aussi  rigoureu- 
sement vraie  pour  les  voûtes  en  ogives,  qui,  bien  que  symétriques  par  rap- 
port au  plan  vertical  du  sommet,  offrent  en  ce  point,  une  véritable  disconti- 
nuité :  cette  remarque  devient  surtout  applicable  au  cas  où  l'on  considère 
la  direction  réelle  des  plans  de  joint. 

»  Nous  avons  un  peu  insisté  sur  ces  préliminaires,  parce  que  la  mise  en 
équation  de  semblables  problèmes  en  constitue  véritablement  la  partie  dé- 
licate; et,  sous  ce  rapport,  il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  rappeler  que  les 
trois  équations  différentielles  qui  expriment  les  conditions  de  l'équilibre 
d'une  tranche  infiniment  mince  d'une  voûte  divisée  ou  non  suivant  la  di- 
rection naturelle  des  joints,  restent  applicables  au  cas  où  l'on  voudrait  avoir 
égard  à  l'élasticité  des  matériaux;  de  sorte  qu'il  suffirait  d'ajouter  à  ces 
équations  celles  qui,  d'après  l'hypothèse  admise  sur  la  loi  de  compressibi- 
lité  de  l'élément  solide  considéré,  établissent  une  relation  nécessaire  entre  les 
résultantes  de  pressions  et  les  déplacements  moléculaires  relatifs,  correspon- 
dants à  la  déformation  subie  par  la  tranche,  et  dont  les  plus  grandes  et  les 
plus  petites  valeurs,  essentiellement  positives,  feraient  connaître  les  points 
les  plus  dangereux  dans  l'étendue  entière  de  la  voûte,  soit  que  l'on  se  donne, 
à  priori,  l'état  final  ou  l'état  initial  du  bandeau,  c'est-à-dire  sa  forme  après 
ou  avant  le  décintrement. 

»  Maintenant,  nous  ferons  observer  que  l'auteur,  procédant  par  la  voie 
analytique  des  coordonnées,  et  faisant  subir  aux  deux  équations  d'équilibre 
dont  il  se  sert  exclusivement,  des  transformations  ou  intégrations  toujours 
faciles,  mais  seulement  indiquées  quant  aux  aires  et  moments  des  voussoirs, 


(64.  ) 

retombe  naturellement  sur  les  théorèmes  déjà  connus  concernant  l'équilibre 
des  voûtes,  lesquels  acquièrent,  par  ce  procédé  direct,  un  caractère  de  clarté 
et  de  précision  que  l'on  ne  saurait  méconnaître.  Ainsi,  par  exemple,  l'une 
des  équations  obtenues,  exprime  que  le  moment  de  la  poussée  horizontale 
au  sommet,  pris  relativement  à  l'un  quelconque  des  points  de  la  courbe  des 
pressions,  est  égal  à  celui  du  poids  de  la  portion  de  voûte  comprise  entre  la 
section  verticale  correspondante  et  le  joint  de  la  clef;  ce  qui  revient  à  la  dé- 
finition ordinaire  de  cette  courbe  en  quantité  finie.  L'auteur  en  conclut 
d'ailleurs,  par  des  considérations  fort  simples  et  sans,  pour  ainsi  dire,  aucune 
discussion  préalable,  les  expressions  des  limites,  supérieure  et  inférieure, 
entre  lesquelles  la  poussée  au  sommet  doit  demeurer  comprise,  et  qui  dépen- 
dent de  la  détermination  des  points  d'intrados  ou  d'extrados  pour  lesquels 
le  rapport  du  dernier  des  moments  ci-dessus,  à  la  distance  respective  de  ces 
points  à  l'horizontale  hypothétique  de  cette  poussée,  est  un  maximum  ou  un 
minimum,  conformément  à  la  théorie  de  Coulomb,  puisque  les  raisonne- 
ments peuvent  s'étendre  au  cas  où  les  joints  fictifs  seraient  normaux  à  la 
courbe  d'intrados. 

»  Les  points  de  maximum  et  de  minimum  dont  il  s'agit,  sont,  comme  on 
sait,  précisément  ceux  où  la  courbe  des  pressions  se  rapproche  le  plus  de 
l'intrados  et  de  l'extrados,  dans  les  conditions  de  stabilité,  et  où  elle  les 
touche  dans  l'hypothèse  de  la  rupture  effective,  cas  auquel  la  poussée  hori- 
zontale vient,  à  l'inverse,  toucher  l'extrados  ou  l'intrados  au  sommet  de  la 
voûte.  De  là  et  de  l'équation  différentielle  qui  exprime  la  condition  ordinaire 
du  maximum,  l'auteur  conclut  que,  dans  l'hypothèse  de  la  verticalité  des 
joints,  la  tangente  au  point  de  rupture  de  l'intrados,  celle  qui  répond,  sur 
la  même  verticale,  à  la  courbe  de  pressions,  et  enfin  la  verticale  du  centre 
de  gravité  de  la  portion  supérieure  de  la  voûte,  vont  concourir  en  un  même 
point  de  l'horizontale  appartenant  au  sommet  de  la  courbe  des  pressions  : 
théorème  dont  la  première  partie  rappelle  l'un  de  ceux  qui  ont  été  démon- 
trés dans  le  Mémoire  de  MM.  Lamé  et  Clapeyron.  Mais  ce  théorème  n'étant 
point  rigoureusement  exact  dans  l'hypothèse  de  la  normalité  des  joints, 
M.  Carvallo  n'en  a  fait  aucun  usage  pour  la  recherche  géométrique  des  points 
ou  joints  de  rupture. 

»  Après  avoir  établi  ces  diverses  propositions,  M.  Carvallo  reprend  l'équa- 
tion différentielle  du  second  ordre,  qui  exprime  que  la  somme  des  compo- 
santes verticales  des  forces  est  nulle,  et  d'où  la  résultante  inconnue  des  pres- 
sions a  été  éliminée  au  moyen  de  l'équation  du  premier  ordre  qui  indique 
que  la  composante  horizontale  de  cette  résultante  est  la  même  en  tous  les 


(  642  ) 

points  de  la  voûte.  Cette  équation  du  second  ordre  contenant,  à  la  fois,  les 
ordonnées  de  la  courbe  des  pressions  et  de  celles  d'intrados  et  d'extrados, 
permet  de  se  donner,  à  volonté,  deux  de  ces  courbes  et  d'en  conclure  la  troi- 
sième par  les  méthodes  d'intégration  connues. 

»  Considérant  d'abord  le  cas  le  plus  facile  où  la  courbe  des  pressions 
serait  donnée  à  priori,  l'auteur  montre  comment,  en  satisfaisant  à  cette 
même  équation,  on  obtient  immédiatement  la  différence  correspondante  des 
ordonnées  de  l'extrados  et  de  l'intrados  ;  ce  qui  détermine  l'une  de  ces  der- 
nières courbes,  au  moyen  de  l'autre.  De  plus,  il  résulte  de  cette  discussion 
que  l'équation  de  la  courbe  des  pressions  est,  pour  les  voûtes  proprement 
dites,  au  moins  du  second  degré,  si  elle  n'est  transcendante.  Ainsi  notam- 
ment, c'est  une  parabole  dans  le  cas  où  l'épaisseur  de  la  voûte,  mesurée  dans 
le  sens  de  la  verticale,  serait  constante,  ce  qui  a  sensiblement  lieu  pour  les 
arcs  en  fonte  très-surbaissés;  c'est  sensiblement  une  branche  d'hyperbole, 
pour  les  parties  inférieures  ou  pieds-droits  d'une  voûte,  etc.  Le  cas  où  les 
courbes  d'extrados  et  d'intrados  sont  données  à  priori,  se  résout,  très-sim- 
plement encore,  au  moyen  de  l'intégrale  générale  de  l'équation  du  second 
ordre  ci-dessus,  intégrale  qui  exprime  l'égalité  entre  les  moments  finis,  de 
la  poussée  horizontale  et  du  poids  de  la  partie  supérieure  de  la  voûte,  car 
cette  équation  n'est  alors  autre  chose  que  l'équation  même  de  la  courbe 
cherchée  des  pressions. 

»  Quand  la  voûte  est  surmontée  d'une  surcharge  limitée,  vers  le  haut,  par 
un  plan  horizontal,  l'équation  des  moments  ou  de  la  courbe  des  pressions 
dont  il  vient  d'être  parlé,  conserve  une  forme  très-simple  et  qui  devient  in- 
dépendante des  ordonnées  de  l'extrados  proprement  dit,  si  la  densité  des  ma- 
çonneries du  bandeau  et  de  la  surcharge  est  supposée  la  même  ;  et  c'est  ainsi 
que  l'auteur  a  été  conduit  à  identifier  cette  équation  avec  celle  qui  corres- 
pond à  un  extrados  à  déterminer  d'après  l'hypothèse  où  la  surcharge  n'exis- 
terait pas  encore,  comme  il  arrive  à  l'époque  de  décintrement  de  la  voûte. 
Or  cela  se  fait  d'une  manière  générale,  au  moyen  d'une  relation,  purement 
linéaire,  entre  les  ordonnées  des  courbes  d'extrados  et  d'intrados,  corres- 
pondant respectivement  aux  mêmes  abscisses  :  cette  relation  mentionnée  au 
commencement  de  ce  Rapport,  est  d'autant  plus  remarquable,  qu'elle  con- 
serve aux  deux  courbes,  le  même  degré  et  une  analogie  de  forme  qui  s'ac- 
corde assez  avec  les  conditions  que  l'on  doit  s'imposer  dans  la  question 
économique  et  pratique  des  voûtes. 

»  Dans  le  chapitre  II  de  son  Mémoire,  M.  Carvallo  se  propose  de  dé- 
terminer les  constantes  arbitraires  qui  entrent  dans  les  équations  gêné- 


(  643  ï 

raies  de  l'équilibre,  en  s'imposant  diverses  conditions;  à  savoir,  que  la 
pression  sur  les  plans  de  joints,  n'excède,  nulle  part,  la  limite  des  charges 
permanentes  relatives  à  chaque  espèce  de  matériaux,  et  que  le  plus  petit 
rapprochement  de  la  courbe  des  pressions  par  rapport  à  celle  d'extrados  ou 
d'intrados,  lequel  correspond  aux  joints  de  rupture  du  sommet  et  des  reins, 
ne  soit  jamais  au-dessous  du  tiers  de  la  largeur  correspondante  du  joint, 
mesurée  ici,  non  plus  sur  la  verticale,  mais  sur  la  direction  naturelle  de  ce 
joint.  On  obtient  ainsi  sept  équations  de  condition,  dont  le  nombre  est  équi- 
valent à  celui  des  indéterminées,  pourvu  qu'on  ne  se  donne  pas  à  l'avance 
l'extrados,  ou  qu'on  ne  fixe  pas  invariablement  le  module,  le  coefficient  de 
la  résistance  des  matériaux  à  l'écrasement. 

»  L'auteur,  en  établissant  ces  conditions,  s'occupe  successivement  du 
cas  le  plus  ordinaire  où  le  sommet  de  la  voûte  tend  naturellement  à  s'abais- 
ser, et  de  celui  où  il  tendrait,  au  contraire,  à  s'élever  comme  dans  certaines 
voûtes  en  ogives  ;  enfin ,  il  recherche  aussi  ce  que  deviendraient  ces  condi- 
tions dans  l'hypothèse  où  la  courbe  des  pressions  passerait,  pour  le  pre- 
mier cas,  par  le  milieu  des  joints  fictifs  de  rupture  du  sommet  et  des  reins. 
Il  espère,  par  là,  obtenir  la  solution  la  plus  économique  du  problème;  mais, 
pour  affirmer  qu'il  en  sera  ainsi,  il  faudrait,  ce  semble,  non  pas  seulement 
que  la  courbe  des  pressions  fût  possible,  mais  encore  qu'elle  jouît  alors  de 
la  propriété  de  passer  par  tous  les  milieux  des  joints  naturels  de  la  voûte; 
ce  que  l'auteur  n'a  pas  vérifié,  et  ce  qui  serait  d'autant  plus  nécessaire,  que 
l'hypothèse  de  la  division  en  joints  verticaux,  quoique  favorable  à  la  sta- 
bilité, puisqu'elle  tend  à  diminuer  les  moments  de  la  résistance  due  aux 
poids  des  diverses  portions  de  la  voûte,  conduit  à  une  courbe  des  centres 
ou  résultantes  de  pressions,  qui  diffère  plus  ou  moins  sensiblement  de  la 
véritable,  surtout  vers  les  parties  inférieures  où  la  direction  des  joints 
naturels  s'approche  notablement  de  l'horizontalité. 

»  Avant  d'indiquer  les  conditions  qu'il  est  indispensable  de  remplir  encore 
pour  assurer  l'équilibre  de  la  voûte  contre  le  glissement  des  voussoirs  sur  les 
joints  inclinés,  conditions  par  lesquelles  M.  Carvallo  termine  le  chapitre  II  de 
son  Mémoire,  et  qui  ont  lieu  dans  toutes  les  voûtes  qu'il  a  soumises  au  calcul, 
il  déduit  de  la  combinaison  des  sept  équations  mentionnées  ci-dessus,  un 
résultat  fort  singulier  et  remarquable  par  sa  généralité;  savoir,  «  que,  dans 
»  les  voûtes  qui  y  satisfont,  et  pour  lesquelles,  en  outre,  la  distance  de  la 
»  courbe  des  pressions  à  l'intrados,  serait  la  même  à  la  clef  et  au  joint  de 
»  rupture  des  reins,  la  direction  de  ce  joint,  censée  normale  à  l'intrados, 
»  fait  avec  l'horizon,  un  angle  égal  à  3o  degrés,  qui  indique  aussi ,  à  très- 


(  644  ) 

»   peu  près,  celui  qui  a  lieu  pour  toutes  les  voûtes  où  l'on  est  dans  l'usage 
»  de  répaissir  les  reins  d'une  quantité  plus  ou  moins  appréciable.  » 

»  Pour  compléter  ces  déterminations  relatives  à  l'établissement  des  voûtes 
en  général,  il  reste  à  fixer  les  proportions  de  leurs  parties  latérales  et  infé- 
rieures, comprenant  les  piles,  pieds-droits  et  culées,  et  c'est  ce  qui  fait  le 
sujet  du  chap.  III  du  Mémoire,  où  le  module  relatif  à  la  limite  des  charges 
permanentes,  continue  à  servir  de  base  à  la  recherche  des  dimensions  dans 
chaque  cas.  Les  formules  auxquelles  l'auteur  est  parvenu  pour  calculer  les 
épaisseurs  aux  différents  points  de  la  hauteur  des  piles  de  maçonneries,  sur- 
chargées au  sommet,  et  dont  la  forme  rigoureuse  est,  comme  on  sait  (i),  celle 
de  la  logarithmique  dans  l'hypothèse  où  la  pression  est  uniformément  ré- 
partie sur  la  surface  horizontale  de  chaque  assise;  ces  formules,  quoique 
analogues  à' ce  qu'on  connaissait  déjà,  sont  ici  complétées  et  présentées  d'une 
manière  analytique  et  précise.  Celles  qui  concernent  la  forme  extérieure  des 
culées  et  surcharges  latérales,  que  l'auteur  continue  à  appeler  extrados,  et 
qu'il  traite,  en  conséquence,  par  des  procédés  entièrement  semblables  à 
ceux  de  la  voûte  proprement  dite,  ces  formules  mettent  en  état  de  fixer  les 
proportions  des  différentes  parties  par  la  considération  de  la  courbe  des  cen- 
tres de  pression,  qui,  ici,  offre  un  caractère  particulier  de  simplicité,  et  per- 
met de  régler  facilement  les  épaisseurs  des  pieds-droits  et  culées,  de  manière 
;'i  satisfaire  à  la  condition  de  stabilité  relative  à  la  limite  des  charges 
permanentes. 

»  Ces  différentes  déterminations  offrent  d'ailleurs  le  précieux  avantage  de 
ne  rien  laisser  de  vague  ni  d'arbitraire  dans  l'esprit  de  l'ingénieur  chargé 
de  l'exécution  d'un  projet  de  pont;  mais  il  eût  été  désirable  que  l'auteur 
donnât  un  peu  plus  d'attention  à  celles  qui  concernent  les  cas  de  glisse- 
ment, puisqu'ils  peuvent  conduire  à  modifier  la  forme  extérieure  des  sur- 
charges et  des  culées. 

»  Enfin,  les  formules  que  M.  Carvallo  a  établies  aux  dernières  pages  de 
ce  chapitre,  et  qui  ont  pour  objet  l'équilibre  des  piles  ou  supports  isolés, 
destinés  à  servir  de  butée  commune  à  deux  voûtes  d'inégales  dimensions  et 
poussées,  offrent  aussi  un  caractère  d'utilité  qui  peut  avoir  son  importance 
dans  quelques  cas  de  pratique.  Remarquons  toutefois,  que  l'auteur  ne  s'est 
plus  astreint,  ici,  à  faire  passer  le  point  d'application  de  la  résultante  des 
pressions  sur  la  base  des  piles,  au  tiers  même  de  l'épaisseur  de  cette 
base,  etc.  ;  car  le  nombre  des  équations  de  condition  en  serait  devenu  supé- 

(i)  Introduction  à  la    Mécanique  industrielle  ;  p.  368,  art.  3o4. 


(  6/45  ) 

rieur  à  celui  des  données  ou  arbitraires;  il  s'est  contenté  de  s'assurer,  d'a- 
près les  hypothèses  admises  par  MM.  Navier  et  Bélanger,  sur  la  loi  de  com- 
pressihilité  des  solides,  que  l'étendue  de  la  surface  d'appui  est,  dans  chaque 
cas,  suffisante  pour  éviter  l'écrasement  des  maçonneries. 

»  Le  chapitre  IV  est  destiné  à  l'application  des  formules  générales  des 
chapitres  I  et  II,  aux  voûtes  en  plein  cintre,  en  arcs  de  cercle,  en  anse 
de  panier,  en  ellipse  et  en  ogive  ou  tiers-points,  surmontées  de  tympans 
limités  à  un  plan  supérieur  horizontal,  ce  qui  se  rapporte  plus  particulière- 
ment au  cas  des  ponts.  Toutes  ces  formules  ou  équations  sont  des  fonc- 
tions explicites  et  trigonométriques  d'un  certain  angle  a,  servant  à  fixer 
la  position  des  joints  normaux  à  l'extrados,  ici  choisi  pour  variable  in- 
dépendante au  lieu  de  l'abscisse  x  de  cette  courbe;  de  sorte  qu'il  ne  reste 
plus  qu'à  substituer  les  valeurs  de  a,  relatives  aux  différents  points,  pour 
obtenir  les  valeurs  correspondantes  des  ordonnées  de  la  courbe  des  pressions 
et  des  divers  autres  éléments  qui  lui  appartiennent,  lorsqu'on  a  une  fois 
déterminé  les  constantes  qui  y  entrent  ;  je  veux  dire  la  valeur  de  la  pous- 
sée horizontale  et  celle  qui  fixe  la  position  de  son  point  d'application  sur 
le  joint  vertical  du  sommet. 

»  Ces  mêmes  équations,  conservant,  à  l'ordinaire,  une  forme  transcen- 
dante, ne  peuvent  être  résolues  que  par  la  voie  des  tâtonnements  géométri- 
ques ou  numériques,  et  c'est  celle  que  M.  Carvallo  adopte  dans  le  chap.  V 
de  son  Mémoire,  où  il  s'est  principalement  proposé  la  formation  de  Tables 
destinées  à  résoudre  les  diverses  questions  relatives  aux  voûtes,  à  surcharge 
horizontale,  indiquées  ci-dessus,  et  dont  il  fait  dépendre  le  calcul  de  celui 
d'une  fonction  trigonométrique  auxiliaire  d'autant  plus  remarquable  que, 
lestant  la  même  pour  toutes  ces  voûtes,  il  a  suffi  d'établir  des  Tables  numé- 
riques pour  le  seul  cas  de  l'intrados  circulaire  ou  en  plein  cintre,  dont  le 
quadrant  a  été  divisé  en  dix  parties  égales  ;  ce  qui  a  suffi  aussi  pour  fixer 
approximativement,  par  autant  d'ordonnées,  la  forme  de  la  courbe  des 
pressions,  la  position  du  joint  de  rupture,  etc.,  au  moyen  d'un  tâtonnement 
rapide  où  l'on  met  à  profit  la  formule  pratique  de  Perronet,  donnant  les 
épaisseurs  à  la  clef,  ainsi  que  les  indications  déjà  fournies  par  l'expérience 
ou  les  calculs  d'autres  ingénieurs.  M.  Carvallo,  qui  abandonne  momenta- 
nément, mais  pour  y  revenir  plus  tard,  la  condition  de  la  limite  de  résis- 
tance des  matériaux,  détermine  une  première  valeur  de  la  poussée  à  la  clef, 
en  choisissant  son  point  d'application  d'après  les  indications  fournies  par 
l'habitude  acquise  dans  la  solution  de  ce  genre  de  problème.  Il  se  sert, 
à  cet  effet,  d'une  méthode  d'approximation  fort  simple,  et  qui  dispense  de 

C.  R.     !»52,  2">«  Semestre    |  T    XXXV,  N"  18  )  85 


(  646  ) 

recourir  au  calcul  de  la  fonction  auxiliaire  déjà  mentionnée,  pour  des  va- 
leurs non  insérées  dans  la  Table.  De  là,  ensuite,  il  conclut  la  valeur  de  la 
charge  maximum  correspondante  à  la  clef  ou  au  joint  de  rupture  des 
reins;  ce  qui  le  met  en  mesure  de  recommencer  l'opération  quand  le  résul- 
tat obtenu  dépasse  la  limite  de  résistance  relative  à  l'espèce  de  matériaux 
dont  l'ingénieur  peut  disposer  dans  chaque  cas.  Mais  la  nature  des  hypo- 
thèses dont  on  part,  et  qui  sont  fondées  sur  des  données  pratiques  anté- 
rieurement acquises,  force  rarement  à  reprendre  ainsi  les  premiers  calculs; 
tout  au  plus,  est-on  conduit  à  déterminer  la  poussée  et  l'épaisseur  au 
sommet  par  de  simples  interpolations. 

»  Telle  est  aussi  la  méthode  qui  a  été  suivie  par  M.  Carvallo,  pour  cal- 
culer les  éléments  de  vingt-huit  voûtes  en  plein  cintre  dont  les  rayons  sont 
de  f ,  2,  3,  4,  5,  6,  8,  io,  i5,  20,  2.5,  3o,  35  et  40  mètres,  et  les  épaisseurs 
de  maçonnerie  au-dessus  de  l'intrados  de  la  clef,  de  4  et  12  mètres;  épais- 
seurs dont  la  première  sera  peut-être  considérée  comme  un  peu  forte  pour 
servir  de  limite  inférieure  aux  surcharges.  Grâce  à  la  régularité  des  varia- 
tions subies  par  les  divers  éléments  de  ces  voûtes,  l'auteur  a  pu  en  déduire 
ceux  des  voûtes  intermédiaires,  par  des  séries  de  courbes  d'interpolation 
assujetties  à  la  continuité,  et  dans  lesquelles  les  rayons  variables  d'intrados 
ont  été  pris  constamment  pour  abscisses.  M.  Carvallo  montre  ensuite,  par 
des  considérations  ingénieuses,  comment  les  Tables,  ainsi  établies  pour  le 
plein  cintre,  peuvent  s'appliquer  au  cas  des  voûtes  en  arc  de  cercle,  en 
ellipse,  etc.,  ainsi  qu'à  des  voûtes  semblables  à  celles  qui  auraient  déjà  été 
calculées.  Ajoutons  que,  dans  les  déterminations  relatives  à  la  poussée  et  au 
joint  de  rupture,  il  a  constamment  restitué  à  ce  joint,  sa  véritable  direc- 
tion, sans  supposer  que  la  courbe  des  pressions  y  soit  nécessairement  tan- 
gente à  l'intrados,  et  d'après  la  seule  condition  relative  à  la  limite  supé- 
rieure de  la  poussée;  c'est-à-dire  sans  retomber  dans  l'hypothèse  de  l'é- 
quilibre strict,  qui  ne  peut  s'appliquer  au  cas  de  stabilité. 

»  Le  chapitre  VI,  qui  termine  le  Mémoire  dont  nous  avions  à  rendre 
compte  à  l'Académie,  contient  l'application  des  formules  et  des  Tables  nu- 
mériques à  cinq  des  nombreuses  voûtes  projetées,  par  M.  Carvallo,  pour  le 
chemin  de  fer  de  Chàteauroux  à  Limoges,  et  parmi  lesquelles  les  plus  im- 
portantes, quant  aux  dimensions,  se  rapportent  au  viaduc  de  la  Cou/.anne, 
élevé  de  38m  au-dessus  du  sol,  ayant  treize  arches  de  i6m  d'ouverture,  et 
au  viaduc  de  la  Creuze,  élevé  de  19"1,  avec  trois  arches  de  20m  d'ouver- 
ture; arches  dans  lesquelles  ce  savant  ingénieur  a  cherché  à  satisfaire  à 
la  condition  relative  au  minimum  de  déformation  dont  il  a  été  parlé  à 
l'occasion  du  chapitre  Ier.  Le  viaduc,  en  arc  de  cercle,  de  la  route  de  Saint- 


(647) 
Gaultier,  établi  d'après  les  mêmes  conditions  et  construit  principalement 
en  moellons  smillés,  avec  i  mètre  de  flèche  seulement  et  8  mètres  d'ouver- 
ture, est  surtout  remarquable  par  les  vérifications  précises  auxquelles  l'au- 
teur l'a  soumis,  avant  et  après  le  décintrement  de  la  voûte;  ces  vérifications 
n'ayant  donné  que  om,oo  1 5  d'abaissement  au  sommet,  et  om,ooo5  de  relève- 
ment au  droit  des  reins.  Quel  que  soit  d'ailleurs  l'intérêt  qui  s'attache  à  de 
semblables  résultats,  et  bien  qu'ils  se  reproduisent  à  l'égard  des  autres 
ponts  construits,  par  l'auteur,  sur  la  même  ligne  de  chemin  de  fer,  ils  n'en 
laissent  pas  moins  à  regretter  que  cet  ingénieur  n'ait  point  songé  à  faire  l'ap- 
plication de  ses  Tables  et  formules,  à  un  certain  nombre  de  ponts  existants 
parmi  les  plus  hardis,  afin  d'y  découvrir  les  limites  de  pressions  auxquelles 
ils  se  trouvent  soumis,  et  de  reconnaître,  par  une  comparaison  à  poste- 
riori, toujours  utile,  si  les  résultats  qui  se  déduisent  des  nouvelles  formules 
offrent  les  garanties  désirables  d'économie,  de  solidité  ou  de  durée. 

»  En  résumé,  le  Mémoire  de  M.  Carvallo  est  une  œuvre  considérable 
et  par  les  applications,  les  tableaux  numériques  qu'il  renferme,  et  par  la 
nouveauté  de  plusieurs  théorèmes  ou  solutions,  enfin  par  l'esprit  dans  lequel 
les  méthodes  analytiques  d'approximation  et  les  calculs  ont  été  conduits,  en 
vue  d'atteindiv  le  but,  essentiellement  utile  et  pratique,  qu'on  s'y  est  im- 
posé. Nous  pensons,  en  conséquence,  que  ce  Mémoire  mérite  l'approba- 
tion de  l'Académie,  et  nous  en  aurions  réclamé  l'insertion  dans  le  Recueil 
des  Savants  étrangers,  si  l'auteur  ne  se  proposait  d'en  faire  l'objet  d'une 
publication  particulière,  à  l'usage  des  ingénieurs.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

MÉMOIRES  LUS. 

physique.  —  Observations  relatives  aux  propriétés  électrochimiques  de 
l'hydrogène;  par  M.  Edmond  Becquerel.  (Extrait  par  l'auteur.) 
(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Regnault,  Despretz.) 
«  Le  travail  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  et  dont  je  vais 
lire  un  extrait,  est  relatif  aux  propriétés  électrochimiques  du  gaz  hydrogène. 
»  On  sait  que,  lorsque  deux  lames  de  platine  ont  été  mises  en  contact 
préalablement,  l'une  avec  du  gaz  hydrogène,  l'autre  avec  du  gaz  oxygène, 
et  qu'elles  sont  plongées  dans  l'eau  acidulée  par  l'acide  sulfurique,  elles 
constituent  momentanément  un  couple  voltaïque;  la  lame  recouverte  d'hy- 
drogène se  comporte  comme  le  côté  zinc  d'un  couple  ordinaire.  En  dis- 
posant sur  le  liquide  conducteur  deux  éprouvettes  à  moitié  remplies,  l'une 

85.. 


(  648  ) 

d'hydrogène,  l'autre  d'oxygène,  et  plongeant  les  lames  de  platine  en  partie 
dans  le  liquide  et  en  partie  dans  un  des  gaz,  le  couple  fournit  alors  de  l'élec- 
tricité jusqu'à  ce  qu'il  n'y  ait  plus  de  gaz  dans  les  éprouvettes.  En  réunis- 
sant plusieurs  couples,  on  forme  ce  que  l'on  a  nommé  une  pile  à  gaz.  On 
doit  remarquer  que,  dans  cette  pile,  lorsque  le  circuit  est  fermé,  les  ^az 
contenus  dans  les  éprouvettes  de  chaque  couple  diminuent  de  volume,  l'I ty- 
drogène  deux  fois  plus  rapidement  que  l'oxygène,  de  sorte  que  la  recom- 
position de  l'eau  s'opère  dans  chaque  élément. 

»  Je  rappellerai  d'abord  que  mon  père  a  étudié  le  premier  les  propriétés 
des  lames  recouvertes  de  gaz  par  suite  de  la  polarisation  ;  ensuite  plusieurs 
physiciens  se  sont  occupés  des  couples  à  gaz,  et  particulièrement  MM.  Mat- 
teucci,  Grove,  Schœnbein,  Faraday,  de  la  Rive,  Beetz,  etc.  Au  commen- 
cement du  travail  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  j'ai  indi- 
qué les  principaux  résultats  auxquels  ces  physiciens  ont  été  conduits.  Leurs 
travaux  ont  montré  que  la  cause  probable  du  dégagement  de  l'électricité 
est  la  combinaison  de  l'oxygène  dissous  dans  le  liquide,  avec  l'hydrogène 
adhérent  au  platine,  par  l'intermédiaire  de  ce  métal  ;  l'oxygène  adhérent  à 
la  seconde  lame  s'oppose  donc  seulement  à  la  polarisation  qui  serait  pro- 
duite par  le  transport,  sur  cette  lame,  de  l'hydrogène  provenant  de  la  dé- 
composition du  liquide  conducteur.  Ainsi,  le  platine,  comme  d'autres  corps 
solides  employés  dans  quelques  circonstances  à  la  place  de  ce  métal,  n'est 
que  l'intermédiaire  qui  détermine  la  combinaison  des  gaz  et  permet  la  cir- 
culation de  l'électricité. 

»  J'ai  pensé,  d'après  cela,  que  la  nature  du  liquide  conducteur  devait 
avoir  une  influence  sur  le  développement  de  l'électricité  ;  les  résultats  nou- 
veaux qui  se  trouvent  rapportés  dans  la  deuxième  et  la  troisième  partie  de 
mon  Mémoire  ont  confirmé  l'exactitude  de  cette  assertion. 

»  L'expérience  sur  laquelle  on  peut  se  fonder  pour  mettre  le  fait  en  évi- 
dence est  la  suivante  :  Si  l'on  place  une  éprouvette  d'un  très  petit  diamètre, 
remplie  de  gaz  hydrogène,  dans  un  vase  contenant  une  dissolution  assez 
concentrée  de  chlorure  d'or,  au  bout  de  quelques  jours,  la  température 
n'ayant  pas  sensiblement  varié,  le  niveau  du  chlorure  d'or  à  l'intérieur  du 
tube  sera  peu  différent  de  ce  qu'il  était  précédemment  ;  en  introduisant 
alors  un  fil  de  platine  dans  l'éprouvette,  de  manière  à  ce  que  ce  fil  se  trouve 
en  partie  dans  le  gaz  hydrogène  et  en  partie  plongé  par  son  autre  extré- 
mité dans  le  chlorure  d'or,  on  voit  le  gaz  diminuer  lentement  de  volume, 
et  même,  au  bout  d'un  certain  temps,  disparaître  complètement,  lorsque  le 
fil  de  platine  monte  en  haut  de  l'éprouvette.  Mais,  en  même  temps  que  le 
gaz  hydrogène  disparaît,  l'or  se  précipite  à  l'état  métallique  sur  la  portion 


(  649  ') 
du  fil  de  pJatine  plongeant  dans  le  chlorure.  Il  est  à  remarquer  que  le 
liquide  ne  contient  pas  de  platine  en  dissolution;  ainsi,  le  platine  n'est  pas 
attaqué  par  le  chlorure  d'or  neutre,  du  moins  autant  que  les  procédés  d'a- 
nalyse permettent  de  s'en  assurer.  En  outre,  l'air  extérieur  n'intervient  pas 
dans  la  manifestation  du  phénomène,  puisque  ce  dernier  se  produit  égale- 
ment dans  des  tubes  fermés. 

»  Du  reste,  pour  que  l'on  puisse  juger  des  différents  résultats  obtenus,  il 
me  suffira  de  rapporter  ici  les  conclusions  de  mon  Mémoire  : 

»  i°.  Un  fil  de  platine  qui  ne  réduit  pas  une  dissolution  neutre  de 
chlorure  d'or,  peut  acquérir  cette  propriété  lorsque  la  solution  se  trouve 
en  contact  avec  le  gaz  hydrogène,  et  que  le  fil  est  plongé  en  partie  dans  le 
gaz  et  en  partie  dans  le  chlorure;  l'or  se  précipite  à  l'état  métallique  sur  la 
portion  du  fil  de  platine  plongeant  dans  le  liquide ,  et  le  gaz  est  absorbé  à 
mesure  que  le  dépôt  s'opère. 

»  20.  Cette  action  se  manifeste  dans  des  tubes  fermés  et  soustraits  à  l'ac- 
tion de  l'air  atmosphérique.  Comme  le  liquide,  après  la  réaction,  ne  ren- 
ferme pas  de  platine  en  dissolution,  il  en  résulte  que  ce  métal  ne  subit 
aucune  altération,  qu'il  ne  sert  que  de  conducteur,  et  qu'il  agit  seulement 
par  sa  présence. 

»  Ces  recherches  me  paraissent  démontrer  que  dans  cette  circonstance 
il  se  produit  entre  un  liquide  et  un  gaz  (  le  chlorure  d'or  et  l'hydrogène  ), 
sous  l'influence  du  platine,  une  action  du  même  genre  qu'entre  l'hydro- 
gène et  l'oxygène  en  présence  de  ce  métal. 

»  3°.  Un  fil  ou  une  lame  d'or  dans  les  mêmes  conditions,  ne  donne  lieu 
à  aucun  effet  appréciable. 

»  4°-  On  peut  former  un  couple  voltaïque  avec  un  seul  liquide  (la  solu- 
tion déjà  citée),  deux  lames  de  platine  et  un  seul  gaz  (le  gaz  hydrogène), 
mais  ce  dernier  étant  en  contact  avec  une  des  lames  et  avec  le  liquide.  En 
réunissant  plusieurs  couples,  on  a  donc  une  pile  à  gaz  composée  d'un  seul 
gaz,  d'un  métal  et  d'un  liquide.  Jusqu'ici  on  avait  reconnu  qu'avec  le  pla- 
tine et  l'eau  acidulée,  deux  gaz,  l'oxygène  et  l'hydrogène,  étaient  néces- 
saires pour  obtenir  ce  résultat.  Seulement,  les  éléments  de  pile  formés  avec 
le  chlorure  d'or  ont  une  intensité  d'action  plus  faible  que  les  couples  à  gaz 
ordinaires. 

»  5°.  La  dissolution  de  chlorure  d'or  chimiquement  pure  peut  donc  être 
considérée,  en  définitive,  comme  remplaçant  l'eau  acidulée  et  l'oxygène 
dans  la  pile  à  gaz.  On  ne  doit  pas  confondre  les  effets  remarquables  qui  se 
manifestent  dans  cette  circonstance,  avec  ceux  auxquels  donneraient  lieu 
certaines  dissolutions  gazeuses  ou  des  liquides  (tels  que  l'acide  azotique) 


("65o  ) 

absorbant  l'hydrogène  à  la  température  ordinaire  et  sans  l'intervention  du 
platine;  les  détails  dans  lesquels  je  suis  entré  précédemment  me  dispensent 
d'insister  sur  ce  sujet. 

»  Les  essais  tentés  jusqu'ici  en  faisant  usage  d'autres  dissolutions,  ne  m'ont 
pas  donné  d'effets  suffisamment  nets.  J'aurai  l'honneur  de  présenter  à  l'Aca- 
démie les  résultats  auxquels  je  serai  conduit  en  continuant  ces  recherches    » 

physiologie  végétale.  —  Recherches  expérimentales  sur  la  végétation 
(Troisième  partie).  Influence  de  l'ammoniaque,  ajoutée  à  l'air,  sur  le 
développement  des  plantes;  par  M.  Ville.  (Extrait.) 

(Commissaires précédemment  nommés:  MM.  Chevreul,  de  Jussieu,  Payen, 

Boussingault,  Regnault.) 

«  I.  Si  on  ajoute  de  l'ammoniaque  à  l'air,  la  végétation  prend  une  activité 
remarquable;  à  la  dose  de  4  décimillièmes,  l'influence  de  ce  gaz  se  fait  sentir 
au  bout  de  huit  à  dix  jours,  et,  à  partir  de  ce  moment,  elle  se  manifeste  avec 
une  intensité  toujours  croissante. 

»  Les  feuilles,  qui  à  l'origine  étaient  d'un  vert  pâle,  prennent  une  colo- 
ration de  plus  en  plus  foncée;  il  vient  un  moment  où  elles  sont  presque 
noires.  Leurs  pétioles  sont  longs  et  redressés,  et  leur  surface  large  et  brillante. 

»  Enfin,  lorsque  la  végétation  est  arrivée  à  son  terme,  on  trouve  que  la 
récolte  l'emporte  beaucoup  sur  celle  des  mêmes  plantes  qui  sont  venues 
dans  l'air  pur;  on  trouve  de  plus  qu'à  égalité  de  poids,  elles  contiennent 
à  peu  près  le  double  d'azote. 

»  Ainsi,  l'ammoniaque  ajoutée  à  l'air  produit  deux  effets  sur  la  végétation  : 
1  °  elle  favorise  l'accroissement  des  plantes  ;  o.°  elle  rend  leurs  produits  plus 
azotés. 

»  En  i85o,  les  récoltes  obtenues  dans  l'air  pur  se  sont  élevées  à  64gr,i9 
(desséchéesà  120  degrés),  et  cellesobtenuesdansl'air  ammoniacal  à  1  iogr,o6. 
Les  premières  contenaient  isr,a66  d'azote,  et  les  secondes  4gr,3i3. 

»  En  i85i,  les  récoltes  obtenues  dans  l'air  pur  se  sont  élevées  à  68^,72; 
elles  contenaient  ogr,494  d'azote.  Dans  l'air  ammoniacal,  les  mêmes  récoltes 
se  sont  élevées  à  i35gr,20,  et  elles  contenaient  .igr,5oi  d'azote. 

»  En  1802,  trente  grains  de  blé  ont  produit  dans  l'air  pur  iigr,86  de 
paille,  et  quarante-sept  grains  qui  pesaient  igr,o6.  Dans  l'air  ammoniacal, 
le  même  nombre  de  grains  ont  produit  si^go,  de  paille  et  soixante-quinze 
grains  qui  pesaient  igr,89- 

»  La  paille  venue  dans  l'air  pur  contenait  ogr,o43  d'azote,  et  celle  venue 
dans  l'air  ammoniacal  ogr,  tG5. 


;  mt  ) 

»  Les  grains  obtenus  dans  l'air  pur  contenaient  ogr,oaa  d'azote,  et  ceux 
obtenus  dans  l'air  ammoniacal  ogr,o65. 

»  II.  A  côté  de  ces  effets  généraux,  que  produit  l'ammoniaque,  il  en  est 
d'autres,  qui  sont  plus  variables,  qui  dépendent  de  conditions  particulières, 
mais  qui  sont  également  dignes  d'intérêt. 

»  En  effet,  au  moyen  de  l'ammoniaque,  on  peut,  non-seidement  activer 
la  végétation,  mais  encore  en  modifier  le  cours,  ralentir  l'exercice  de  cer- 
taines fonctions,  et  exagérer  outre  mesure  le  développement  ou  la  multipli- 
cation de  certains  organes. 

»  Si  l'emploi  de  ce  gaz  est  mal  dirigé,  il  peut  occasionner  des  accidents. 
Ceux  qui  se  sont  produits  dans  le  cours  de  mes  expériences,  me  semblent 
jeter  un  jour  inattendu  sur  le  mécanisme  de  la  nutrition  des  plantes  ;  ils  m'ont 
appris  du  moins  au  prix  de  quels  soins,  l'ammoniaque  peut  devenir  l'auxi- 
liaire de  la  végétation.  Il  est  bien  entendu  qu'il  ne  peut  être  question  ici 
que  de  la  végétation  dans  les  serres.  Je  dirai  plus  tard  quelle  extension  son 
emploi  est  susceptible  de  recevoir. 

»  III.  Si  on  soumet  les  plantes  à  l'action  de  l'ammoniaque,  lorsqu'un 
intervalle  de  plusieurs  mois  les  sépare  encore  de  la  floraison,  la  végétation 
ne  présente  rien  de  particulier.  Elle  est  plus  active  que  dans  l'air  pur,  mais 
il  ne  se  produit  aucun  trouble  dans  la  succession  des  phases  qu'elle  doit 
traverser.  Il  arrive  même  souvent  que  les  plantes  cultivées  dans  l'air  pur 
ne  fleurissent  pas,  et  que  celles  venues  dans  l'air  ammoniacal  donnent  des 
fruits  complets.  Mais  si  on  change  les  conditions  de  l'expérience;  si  on  attend 
qu'une  plante  soit  sur  le  point  de  fleurir  pour  la  soumettre  à  l'action  de 
l'ammoniaque,  les  phénomènes  changent  complètement.  Dans  ces  nouvelles 
conditions,  la  floraison  s'arrête  ;  la  végétation  prend  un  nouvel  essor.  On 
dirait  que  la  plante  repasse  par  la  phase  qu'elle  vient  de  traverser;  la  tige 
s'élance  et  se  ramifie  dans  tous  les  sens;  elle  se  couvre  de  feuilles  innombra- 
bles, puis,  si  la  saison  n'est  pas  trop  avancée,  la  floraison,  un  moment  sus- 
pendue, s'opère  encore,  mais  toutes  les  fleurs  sont  stériles. 

»  Si  on  fait  l'expérience  sur  une  céréale,  dont  la  tige  fistuleuse  s'oppose 
à  la  production  de  nouveaux  rameaux,  l'allure  du  phénomène  est  modifiée. 
L'accroissement  de  la  tige,  qui  est  couronnée  de  son  épi  s'arrête,  et,  du 
collet  de  la  racine,  il  part  de  véritables  touffes  de  chaume  qui  ont  bientôt 
dépassé  la  tige  mère.  Dans  ce  cas  encore,  la  plante  ne  donne  pas  de  fruit. 
»  IV.  Tous  ces  phénomènes  rentrent  complètement  dans  les  lois  les  plus 
générales  de  la  physiologie.  En  effet,  tous  les  êtres  organisés  sont  soumis  à 
une  loi  de  compensation,  qui  maintient  l'harmonie  entre  les  fonctions 
et  règle  le  développement  des  organes.  Toutes  les  fois  qu'un  organe  prend 


(  65a  ) 

un  développement  exagéré,  c'est  aux  dépens  d'un  autre  organe,  et  toutes 
les  fois  qu'une  fonction  s'exerce  avec  trop  d'activité,  c'est  aux  dépens  d'une 
autre  fonction.  Si  les  organes  de  la  végétation,  c'est-à-dire  la  tige,  les  bran- 
ches et  les  feuilles,  se  développent  au  delà  d'une  certaine  mesure,  c'est  aux 
dépens  des  organes  de  la  reproduction.  Les  fleurs  sont  stériles,  et  la  plante 
ne  donne  pas  de  fruit. 

»  Dans  l'expérience  qui  précède,  la  plante,  parvenue  au  moment  de  la 
floraison,  a  été  soumise  à  l'action  des  vapeurs  ammoniacales.  Leur  influence 
a  déterminé  la  formation  d'un  certain  nombre  de  feuilles.  Cette  brusque 
formation  de  nouveaux  organes  foliacés,  a  détruit  l'équilibre  entre  les  fonc- 
tions de  la  végétation  et  celles  de  la  reproduction,  et  fait  prédominer  les 
premières  sur  les  secondes. 

»  V.  L'action  de  l'ammoniaque  ne  s'exerce  pas  avec  la  même  activité  pen- 
dant toutes  les  périodes  de  la  vie  des  plantes.  Les  effets  sont  plus  marqués 
depuis  la  germination  jusqu'à  la  floraison,  que  depuis  cette  dernière  pé- 
riode jusqu'à  la  maturation  des  fruits.  Cette  différence  est  facile  à  com- 
prendre. 

»  Jusqu'au  moment  de  la  floraison,  toute  l'activité  de  la  plante  réside 
dans  les  organes  foliacés.  Si  une  influence  favorable  se  produit,  elle  déter- 
mine la  formation  d'un  plus  grand  nombre  de  feuilles,  lesquelles,  étant  des 
organes  d'absorption,  ajoutent  leur  effet  à  la  cause  qui  les  a  fait  naître. 

»  A  partir  de  la  floraison,  au  contraire,  toute  l'activité  de  la  plante  se 
tourne  du  côté  des  organes  de  la  reproduction.  Une  partie  des  feuilles  se 
flétrissent  et  tombent.  Celles  qui  persistent  sont  loin  d'avoir  les  mêmes 
dimensions  que  les  premières.  Il  en  résulte  que  la  surface  d'absorption  a 
diminué. 

»  D'un  autre  côté,  à  partir  de  la  floraison,  la  plante  approche  de  la  limite 
extrême  du  développement  qu'elle  doit  acquérir.  Par  ces  deux  considéra- 
tions, on  se  rend  facilement  compte  des  effets  moins  marqués  que  l'am- 
moniaque produit  pendant  la  seconde  période  de  la  vie  des  plantes. 

»  VI.  L'emploi  de  l'ammoniaque  ne  peut  manquer  de  se  répandre  dans  les 
serres.  Les  résultats  que  j'ai  obtenus,  dans  ces  nouvelles  conditions,  sont  si 
saillants,  qu'on  peut  considérer  la  question  pratique  comme  définitivement 
résolue.  A  la  dose  de  ogr,025  par  mètre  cube  d'air  (ce  qui  fait  ogr,oooig, 
la  moitié  de  ce  que  j'employais  dans  mes  expériences),  j'ai  imprimé  une  acti- 
vité extraordinaire  à  la  végétation  d'une  serre  d'Orchidées.  <  )n  trouvera  dans 
mon  Mémoire  tous  les  détails  de  cette  application. 

»  VII.  Pendant  les  fortes  chaleurs  de  l'été,  l'ammoniaque  peut  occasionner 
des  accidents;  on  fera  bien  d'en  suspendre  l'usage  pendant  les  mois  de 


(  (353  ) 

juin,  juillet  et  août.  Ceux  que  j'ai  observés  se  sont  toujours  produits  dans 
les  mêmes  conditions,  et  avec  des  caractères  dont  la  constance  dénote  un 
phénomène  bien  déterminé.  Ils  se  déclarent  de  préférence  sur  les  plantes 
dont  la  végétation  est  avancée.  Les  feuilles  jaunissent,  se  crispent  et  se  dessè- 
chent, bien  que  l'atmosphère  soit  saturée  d'humidité;  le  mal  s'étend  à  un 
certain  nombre  de  feuilles  du  sommet,  et  la  plante  succombe. 

»  Cet  effet  est  le  résultat  d'un  défaut  d'équilibre,  survenu  tout  à  coup 
entre  la  quantité  des  éléments  absorbés  par  les  feuilles  et  les  racines.  Je 
m'explique  : 

»  D'une  manière  générale,  les  racines  sont  destinées  a  pourvoir  les  plantes 
de  substances  minérales.  Si  l'absorption  de  ces  substances  va  au  delà  d'une 
certaine  limite,  les  plantes  ne  peuvent  utiliser  tout  ce  qu'elles  reçoivent,  et 
il  se  forme  des  efflorescences  salines  à  la  surface  des  feuilles.  Si,  après  une 
forte  pluie,  le  temps  se  remet  au  sec,  on  observe  de  fréquents  exemples  de 
ces  sortes  d'efflorescences,  sur  les  larges  feuilles  des  Cucurbitacées. 

»  Lorsque,  par  un  concours  de  circonstances  différentes,  l'activité  des 
feuilles  l'emporte  sur  celle  des  racines,  l'absorption  des  éléments  organiques 
devient  prédominante.  A  défaut  d'une  quantité  suffisante  de  matière  miné- 
rale, ces  éléments  ne  peuvent  recevoir  leur  emploi.  Alors,  il  se  passe  un 
phénomène  remarquable  :  ce  que  les  racines  n'ont  pu  amener  à  la  plante, 
la  plante  le  puise  en  elle-même;  il  y  a  résorption  de  la  substance  d'un 
certain  nombre  de  feuilles. 

»  Dans  la  nature  on  observe  souvent  des  exemples  de  ces  sortes  de 
résorptions  des  organes  les  plus  anciens,  au  profit  d'organes  de  formation 
plus  récente. 

»  Si  l'on  arrache  un  pied  de  Pourpier,  lorsqu'il  est  en  fleurs,  et  si  on  le 
met  à  l'ombre,  sur  une  feuille  de  papier,  la  végétation  continue,  la  graine 
se  forme  et  mûrit.  Or,  dans  ce  cas  particulier,  les  substances  minérales  con- 
tenues dans  la  graine  ne  peuvent  pas  venir  du  sol,  il  faut  donc  qu'elles 
viennent  des  tissus  mêmes  de  la  plante.  Lçs  accidents  que  je  signale  pré- 
sentent un  phénomène  du  même  ordre. 

»  VIII.  De  tous  ces  faits,  je  tirerai  les  conclusions  suivantes,  comme  je 
l'ai  dit  en  commençant  : 

»  i°.  A  la  close  de  4  décimillièmes ,  l'ammoniaque  ajoutée  à  l'air  imprime 
à  la  végétation  une  activité  remarquable. 

»  i°.  Les  récoltes  obtenues  dans  ces  conditions,  à  égalité  de  poids,  con- 
tiennent beaucoup  plus  d'azote  que  celles  des  mêmes  plantes,  venues  dans 
l'air  pur. 

C.  B. ,  i85a,  a">e  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  13.)  86 


(  654) 

»  A  ces  conclusions,  j'ajouterai  qu'il  y  a  des  époques  d'élection  pour 
l'emploi  de  l'ammoniaque,  pendant  lesquelles  l'influence  de  ce  gaz  se  tra- 
duit par  des  effets  différents,  et  de  là  deux  nouvelles  conséquences  : 

»  r°.  Si  on  commence  l'emploi  de  l'ammoniaque  deux  ou  trois  mois  avant 
la  floraison  des  plantes,  la  végétation  suit  son  cours  ordinaire,  et  il  ne  se 
produit  aucun  trouble  dans  la  succession  des  phases  quelle  doit  traverser. 

»  a0.  Si  on  commence  l'emploi  de  ce  gaz  au  moment  de  la  floraison,  cette 
fonction  s'arrête  ou  se  ralentit.  La  plante  se  couvre  de  feuilles,  et  la  plante 
ne  donne  pas  de  fruits.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ORGANOGRAPHIE  végétale.  — '  Etudes  anatomiques  et  organogéniques  sur 
la  Victoria  regia,  et  structure  comparée  du  Nelumbium,  du  Nuphar  et  de 
la  Victoria;  par  M.  Aug.  Tréccl.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  de  Jussieu,  Brongniart,  Decaisne.) 
«  Les  Njmphéacées  ont  d'abord  été  classées  parmi  les  monocotylédones; 
elles  le  furent  plus  tard  parmi  les  dicotylédones,  quand  M.  de  Mirbel  eut 
fait  connaître  que  leur  embryon  est  réellement  dicotylédoné.  En  i845,  je  le 
constatai  de  mon  côté,  et  je  démontrai  que  le  rhizome  possède  en  même 
temps  la  structure  propre  aux  monocotylédones.  En  i85i,  M.  Planchon 
reconnut  la  même  structure  chez  la  Victoria,  mais  il  prétendit  que  son  em- 
bryon n'a  réellement  qu'un  seul  cotylédon  bilobé.  La  même  année,  je  dus 
à  l'obligeance  de  sir  W.  Hooker  de  commencer  l'étude  de  cette  plante,  et  je 
vis  que  son  embryon  ne  diffère  en  rien  de  celui  du  Nuphar.  Il  est  ovoïde,  à 
deux  cotylédons  parfaits,  charnus,  qui  enserrent  la  gemmule;  celle-ci  est 
épaisse,  un  peu  comprimée,  divisée  en  deux  parties  :  l'une,  plus  grosse,  est 
la  première  feuille  ;  l'autre,  plus  petite,  insérée  sur  le  côté  de  la  précédente, 
est  la  seconde  feuille  primordiale.  La  radicule  est  à  peine  sensible. 

»  Les  phénomènes  de  la  germination  sont  les  mêmes  que  dans  le  Nu- 
phar :  le  testa  se  gonfle,  s'ouvre  par  un  opercule  qui  laisse  passer  la  radicule 
et  la  gemmule;  les  cotylédons  restent  engagés  dans  les  enveloppes  de  la 
graine.  Des  racines  adventives  naissent  bientôt  au-dessous  de  la  seconde 
feuille  et  de  celles  qui  se  développent  ensuite.  Celles-ci  sont  protégées  dans 
leur  jeunesse  par  une  stipule  embrassante. 

»  Toutes  les  feuilles  de  la  jeune  plante  n'ont  point  la  même  forme  :  la 
première  est  dépourvue  de  limbe;  elle  consiste  dans  le  pétiole  et  la  nervure 
médiane;  la  seconde  est  lancéolée,  rose;  la  troisième  hastée,  rose  aussi;  la 
quatrième  est  verte,  peltée,  sagittée  et  revêtue  d'aiguillons  à  la  face  infé- 
rieure et  sur  son  pétiole.  Les  autres  affectent  la  forme  circulaire. 


(  655  ) 

»  J'ai  signalé  dans  le  Nuphar  des  papilles  qui  existent,  pendant  la  germi- 
nation, sur  un  renflement  de  l'axe,  à  la  base  des  cotylédons.  Elles  sont  beau- 
coup plus  prononcées  encore  sur  la  Victoria.  Ces  organes  paraissent  des- 
tinés à  nourrir  la  plante  pendant  le  développement  de  la  radicule. 

»  La  structure  de  la  jeune  Victoria  est  semblable  à  celle  du  Nuphar.  En 
effet,  la  radicule  et  la  tigelle  n'ont  qu'un  seul  faisceau  central,  d'où  partent 
de  la  base  de  celle-ci  deux,  filets  vasculaires  qui  vont  dans  les  cotylédons. 
Au  sommet  de  la  tigelle,  le  nombre  des  vaisseaux  augmente;  son  faisceau 
unique  se  divise  pour  envoyer  des  vaisseaux  dans  les  feuilles  primordiales 
et  dans  le  bourgeon  terminal.  On  distingue  au-dessous  de  celui-ci  des  vais- 
seaux qui  se  dirigent  vers  des  feuilles  rudimentaires,  dons  ils  n'atteignent 
pas  encore  la  base,  et  dont  ils  ne  peuvent  descendre  par  conséquent.  Des 
vaisseaux  se  séparent  aussi  du  faisceau  central  de  la  tigelle  pour  se  prolon- 
ger dans  les  premières  racines  adventives.  Ils  remontent  obliquement  dans 
l'axe,  puis  se  recourbent  pour  pénétrer  dans  les  racines.  Ils  ne  descendent 
donc  pas  des  feuilles,  puisqu'ils  remontent  dans  l'axe  comme  les  vaisseaux 
des  feuilles  eux-mêmes. 

»  Un  autre  trait  de  ressemblance  entre  la  Victoria  et  le  Nuphar  est  offert 
par  la  disparition  des  vaisseaux  dans  les  pétioles  et  les  pédoncules.  Leurs 
vaisseaux,  composés  de  tracbées,  s'étendent  parla  dilatation  de'  la  spiricule, 
qui  bientôt  se  rompt;  chaque  fragment  se  soude  à  ses  deux  extrémités  en 
deux  anneaux  unis  par  un  filet.  Celui-ci  étant  résorbé,  les  anneaux  sont 
isolés  et  forment  des  séries  régulières  qui  disparaissent  par  l'allongement  du 
pétiole.  La  suppression  totale  des  vaisseaux  du  pétiole  et  du  pédoncule  est 
très-instructive.  Elle  démontre  que  ces  organes  ne  sont  pas  indispensables  à 
la  circulation  des  sucs. 

»  Ces  études  sur  la  Victoria  et  des  observations  sur  le  Nelumbiwn  m'ont 
permis  de  reconnaître  les  premières  phases  de  l'évolution  des  feuilles  pel- 
tées.  J'ai  pu  voir  que  ce  n'est  point  le  limbe  qui  naît  le  premier,  comme  on 
le  croit  généralement;  mais  le  pétiole  et  la  nervure  médiane,  sur  les  côtés 
de  laquelle  paraissent  deux  bourrelets  bientôt  unis  par  la  base,  et  qui  s'en- 
roulent sur  eux-mêmes  chacun  de  son  côté. 

»  Des  mesures  multipliées  m'ont  prouvé  aussi  que  les  pétioles  s'allongent 
suivant  la  même  loi  que  les  rameaux  et  les  tiges.  La  base  a  cessé  de  croître 
quand  le  haut  s'allonge  encore,  et  cette  extension  est  d'autant  plus  considé- 
rable qu'on  l'observe  plus  près  du  sommet. 

»  Après  que  le  limbe  s'est  déroulé,  il  est  soumis  à  une  loi  différente.  J'ai 
trouvé  que  sa  dilatation  est  à  peu  près  égale  dans  toute  son  étendue  à  la  fois. 

86.. 


.     (  656  ) 

Divisé  dans  tous  les  sens  en  parties  égales,  toutes  les  divisions  ont  augmente 
de  la  même  quantité,  au  centre  et  à  la  circonférence.  Quand  la  feuille  avait 
une  végétation  très-vigoureuse,  j'ai  remarqué  quelquefois  une  légère  aug- 
mentation dans  la  proportion,  près  delà  circonférence. 

»  De  même  que  dans  le  Nuphar,  l'épiderme  du  limbe  des  feuilles  n'a 
qu'une  seule  couche  de  "cellules;  les  stomates  sont  à  la  face  supérieure;  sur 
la  face  inférieure  sont  aussi  les  petites  cellules  arrondies,  sur  lesquelles 
étaient  insérés  des  poils  dans  le  jeune  âge  de  la  feuille. 

»  La  face  inférieure  du  limbe  est  parcourue  par  des  côtes  puissantes  et 
garnie  de  nombreux  aiguillons.  Les  plus  volumineux  de  ceux-ci  sont  insé- 
rés à  la  jonction  des  plus  fortes  côtes.  Leur  structure  mérite  une  mention 
toute  spéciale.  Suivant  M.  Planchon,  le  plus  faible  comme  le  plus  fort  con- 
tient des  vaisseaux.  J'ai  vu  que  les  gros  seuls  en  renferment.  Je  négligerais 
cette  petite  inexactitude,  si  ce  fait  n'acquérait  de  l'importance  par  la  pré- 
sence d'un  organe  nouveau  coexistant  dans  ces  mêmes  aiguillons  princi- 
paux. Il  consiste  en  une  petite  cavité  qui  s'ouvre  à  l'extrémité  de  chacun 
d'eux.  Cette  petite  bouche  communique  avec  le  milieu  ambiant  par  une 
ouverture  circulaire. 

»  Une  autre  particularité  intéressante  de  la  feuille  de  la  Victoria,  ce 
sont  de  très-petites  perforations  qui  la  traversent  de  part  en  part,  et  que 
M.  Planchon  a  nommées  stomatoles .  Voici  comment  elles  se  développent  : 
vis-à-vis  la  tache  qui  la  précède  sur  les  deux  épidermes,  le  parenchyme 
intérieur  est  remplacé  par  un  mucilage  dans  lequel  nagent  des  granules; 
plus  tard,  on  aperçoit  de  très-petites  cellules  globuleuses.de  volumes  très- 
divers,  et  contenant  de  la  chlorophylle.  Enfin,  j'y  ai  souvent  rencontré,  vers 
l'époque  de  la  rupture  des  épidermes,  un  ou  deux  corps  beaucoup  plus 
gros,  globuleux  ou  un  peu  ovoïdes,  incolores  et  composés  de  deux  mem- 
branes; l'intérieur  renferme  un  liquide  qui  tient  des  granules  en  suspension. 
Il  n'y  a  donc  point  là  une  simple  destruction  du  parenchyme,  comme  l'a 
décrit  M.  Planchon. 

»  J'ai  fait  beaucoup  d'autres  observations  sur  la  Victoria;  elles  rentrent 
dans  ce  que  j'ai  dit  du  Nuphar,  ou,  se  rapportant  à  l'accroissement  des 
plantes  en  général,  elles  ne  sont  point  assez  complètes  pour  que  je  les  cite 
ici.  Parmi  ces  questions,  dont  je  me  propose  de  reprendre  l'étude,  je  citerai 
les  vaisseaux  laticifères  qui  me  sont  apparus  comme  de  longs  tubes  à  parois 
minces  qui  se  moulent  ordinairement  sur  les  cellules  adjacentes.  Je  revien- 
drai aussi,  s'il  m'est  possible,  sur  quelques  problèmes  des  plus  importants 
de  l'accroissement  des  végétaux,  qui  me  semblent  pouvoir  être  résolus  sur 
cette  plante  plus  facilement  qu'ailleurs. 


(  657  ) 

»  Le  Nelumbium  diffère  des  Njmphéacées  non-seulement  par  les  carac- 
tères de  sa  fleur,  de  son  fruit  et  de  sa  graine,  mais  encore  par  sa  germi- 
nation, la  structure  de  l'embryon,  des  rhizomes,  des  feuilles,  etc. 

»  Pendant  la  germination,  la  radicule  et  la  gemmule  des  Njmphéacées 
sortent  de  la  graine  par  le  soulèvement  d'un  opercule  au  point  qui  corres- 
pond au  micropyle  de  l'ovule,  à  la  radicule.  Dans  le  Nelumbium,  la  radi- 
cule (car  il  en  existe  une  cachée  sous  un  repli  des  cotylédons)  ne  sort  pas 
de  la  graine,  dont  les  enveloppes  et  le  péricarpe  se  fendent  par  l'extrémité 
opposée  à  la  radicule. 

»  La  radicule  et  la  tigelle  des  Njmphéacées  que  j'ai  examinées,  ne  ren- 
ferment qu'un  seul  faisceau  central;  celles  du  Nelumbium.  en  contiennent 
plusieurs  disposées  autour  d'un  axe  en  quelque  sorte  médullaire.  Il  y  a  même 
deux  zones  de  faisceaux  dans  la  tigelle  de  ce  dernier  végétal,"  l'une  centrale, 
l'autre  périphérique.  C'est  de  la  zone  centrale  que  partent  les  vaisseaux  qui 
se  répandent  aussi  en  cercle  autour  de  l'axe  des  racines  adventives. 

»  La  multiplication  des  faisceaux  du  rhizome  du  Nelumbium  est  digne 
de  l'attention  des  botanistes.  Je  regrette  que  les  limites  imposées  à  cet  extrait 
ne  me  permettent  pas  de  l'exposer  ici. 

»  Le  rhizome  des  Njmphéacées  est  continu,  et  les  feuilles  y  sont  insérées 
suivant  les.lois  ordinaires  de  la  phyllotaxie.  Celui  du  Nelumbium  est  inter- 
rompu ;  ses  entre-nœuds  sont  grêles  et  souvent  très-longs  dans  la  jeune 
plante;  plus  courts,  épais,  féculents  dans  la  plante  adulte;  ils  sont  séparés, 
dans  celle-ci,  par  des  rétrécissements  courts  sur  lesquels  étaient  insérées  les 
feuilles  et  les  racines  adventives. 

»  Dans  les  Njmphéacées,  les  vaisseaux  disparaissent  du  pétiole  et  du 
pédoncule  ;  dans  le  Nelumbium,  ils  persistent,  et  les  faisceaux  sont  reliés 
entre  eux  par  un  réseau  vasculaire  très-remarquable,  correspondant  aux 
cloisons  transversales  par  lesquelles  sont  divisées  les  lacunes  qui  parcou- 
rent les  pétioles  et  les  pédoncules  du  sommet  à  la  base. 

»  Je  terminerai  en  disant  que  c'est  une  erreur  d'admettre,  comme  on  le 
fait  généralement,  sur  la  foi  de  M.  Delile,  que  les  stomates  sont  réunis  vers 
le  centre  de  la  feuille  du  Nelumbium,  car  ils  sont  répandus  sur  toute  la 
surface  de  son  limbe.  » 

organogénie  végétale.  —  Organogénie  de  la  famille  des  Loasées  (Loasa, 
Menzelia,  Cajophora,  Bartonia)  et  de  la  famille  des  Philadelphées  (Phi- 
ladelphus,  Deutzia);  par  M.  Payer.  (Extrait  par  l'auteur.) 
(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  de  Jussieu,  Brongniart.  ) 
v  Loasées.  —  Inflorescence.  Dans  les  Menzelia,  chaque  axe  se  termine 


(  658  ) 

par  une  fleur.  Les  deux  dernières  feuilles  que  porte  cet  axe  sont  stériles  et 
enveloppent  plus  ou  moins  complètement  le  bouton.  Toutes  les  autres  sont 
fertiles  et  produisent  à  leur  aisselle  autant  de  rameaux  florifères.  Dans  les 
Cajophom,  il  n'y  a  ordinairement  que  deux  feuilles  qui  accompagnent  la 
fleur;  l'une,  la  plus  voisine  du  bouton,  est  stérile,  l'autre  donne  naissance 
à  son  aisselle  à  un  rameau  florifère  qui  continue  la  tige. 

»  Calice.  Tontes  les  Loasées  ont  un  calice  de  cinq  sépales  qui  naissent  et 
se  disposent  en  préfloraison  quinconciale.  Les  nos  i  et  3  sont  antérieurs,  le 
n°  i  postérieur,  et  les  nos  [\  et  5  latéraux.  Libres  dès  l'origine,  ces  sépales 
restent  toujours  distincts  jusqu'à  la  base. 

»  Corolle.  La  corolle  des  Menzelia  a  cinq  pétales  alternes  avec  les  sé- 
pales et  disposés  en  préfloraison  contournée.  Celle  des  Bartonia  en  a  dix  : 
cinq  alternes  qui  correspondent  aux  cinq  pétales  des  Menzelia,  et  cinq  op- 
posés qui  ne  sont  autre  chose  que  cinq  étamines  transformées.  Dans  les 
Cajophora ,  outre  les  cinq  pétales,  il  y  a  également  cinq  groupes  d'ap- 
pendices pétaloïdes  opposés  aux  sépales  et  qui  ne  sont  que  des  stami- 
nodes. 

»  Androcée.  Le  mode  de  développement  de  l'androcée  est  très-différent 
selon  les  genres,  et  l'on  peut  partager  les  Loasées  sous  ce  rapport  en  deux 
sections  qui  ont  pour  types  le  Menzelia  d'une  part,  le  Cajophorade  l'autre. 
Dans  les  Menzelia,  le  réceptacle  se  creuse  et  prend  la  forme  d'un  enton- 
noir sur  les  parois  internes  duquel  naissent  les  étamines.  Elles  sont  très- 
nombreuses  et  apparaissent  successivement  du  sommet  à  la  base.  On  en  voit 
poindre  d'abord  cinq  alternes  avec  les  pétales,  puis  dix  autres  placées  deux 
par  deux  de  chaque  côté  des  premières  et  un  peu  plus  bas,  puis  quinze,  puis 
vingt-cinq,  etc.,  de  façon  que  bientôt  l'entonnoir  floral  en  est  comme  ta- 
pissé; celles  qui  sont  sur  les  bords  de  cet  entonnoir  étant  déjà  très-avan- 
cées lorsque  celles  qui  sont  au  fond  sont  à  peine  visibles.  Dans  les  Bartonia, 
les  choses  se  passent  comme  dans  les  Menzelia,  à  cette  seule  différence  près, 
que  les  cinq  premières  étamines  alternes  avec  les  pétales  perdent  prompte- 
ment  leur  caractère  staminal  et  se  métamorphosent  en  pétales.  Dans  les 
Cajophora,  le  développement  de  l'androcée  a  lieu  tout  autrement.  Le  récep- 
tacle, au  lieu  de  se  creuser  en  entonnoir,  al'aspectd'un  monticule  au  sommet 
duquel  se  trouve  un  cratère.  Cinq  sillons  opposés  aux  pétales  et  allant  du 
sommet  à  la  base  de  ce  monticule  divisent  sa  surface  en  cinq  parties  alternes 
avec  ces  pétales.  Ces  cinq  parties  prennent  bientôt  la  forme  d'un  fer  à  che- 
val dont  la  courbure  est  en  haut  et  les  branches  en  bas.  C'est  sur  ce  fer  à 
cheval  que  naissent  les  staminodes  et  les  étamines,  en  commençant  par  la 
courbure  et  en  descendant  ensuite  le  long  des  branches.   Ainsi,   on  voit 


(65g  ) 

poindre  d'abord  sur  cette  courbure  deux  petits  mamelons,  rudiments  des 
deux  staminodes  internes,  qui  s'allongent  ultérieurement  en  longs  stylets. 
Les  trois  autres  staminodes  externes  se  montrent  ensuite,  le  médian  en  pre- 
mier lieu  dans,  l'espace  compris  entre  les  deux  branches  du  fer  à  cheval,  les 
deux  autres  sur  ces  deux  branches  elles-mêmes.  Les  deux  staminodes  in- 
ternes restent  toujours  complètement  libres;  seulement,  peu  de  temps  avant 
l'épanouissement  de  la  fleur,  il  croît  à  leur  base  du  côté  extérieur  une  sorte 
d'éperon.  Les  trois  extérieurs,  au  contraire,  sont  promptement  soudés  et 
réunis  par  une  membrane  commune  et  offrent  l'aspect  d'une  écaille  tri- 
dentée.  Quant  aux  étamine*s,  elles  naissent  sur  les  branches  du  fer  à  cheval 
au-dessous  des  staminodes  et  de  haut  en  bas,  c'est-à-dire  que  les  plus  âgées 
sont  les  plus  rapprochées  de  la  courbure  ;  comme  les  cinq  fers  à  cheval  sont 
contigus,  leurs  branches  se  touchent  deux  à  deux.  Pendant  longtemps,  on 
distingue  très-nettement  les  étamines  qui  appartiennent  à  chacune  des  deux 
branches  voisines;  mais,  lorsquelles  sont  très-développées,  cette  distinction 
n'est  plus  possible,  et  l'on  a  alors  cinq  groupes  d'étamines  opposées  aux  pé- 
tales et  cinq  groupes  de  staminodes  alternes.  Les  étamines  des  Cajophora 
naissent  donc  par  groupes  opposés  aux  sépales;  mais  dans  chacun  de  ces 
groupes,  un  certain  nombre  se  transforment  en  staminodes.  C'est  quel- 
que chose  d'analogue  à  ce  que  j'ai  déjà  indiqué  dans  quelques  espèces  de 
Tilleul. 

»  Gjnécée.  Au  fond  de  l'entonnoir  floral  des  Menzelia  et  des  Bartonia, 
comme  au  fond  du  cratère  réceptaculaire  des  Cajophora  et  des  Loasa,  une 
nouvelle  cavité  se  forme.  Plus  étroite  que  la  première,  elle  laisse  une  mar- 
gelle sur  laquelle  trois  bourrelets  semi-lunaires  se  montrent.  Ces  trois  bour- 
relets sont  les  rudiments  du  style,  et  la  cavité  qu'ils  limitent,  le  rudiment  de 
l'ovaire.  Cette  cavité  devient  très-profonde;  sur  ses  parois  apparaissent  trois 
cordons  blanchâtres,  qui  s'étendent  d'un  bout  à  l'autre,  et  qui  sont  les  pla-  . 
centas.  Ces  trois  cordons,  alternes  avec  les  bourrelets  semi-lunaires,  grossis- 
sent ;  un  sillon  longitudinal  les  divise  chacun  en  deux  branches,  et  les  ovules 
naissent  à  leur  surface.  Dans  les  Bartonia,  il  n'y  a  qu'une  seule  série  d'ovu- 
les sur  chaque  branche  placentaire,  et  les  ovules  se  développent  de  haut  en 
bas.  Dans  les  Cajophora,  il  y  a  plusieurs  séries  d'ovules  sur  chaque  branche- 
placentaire,  et  les  ovules  naissent  d'abord  à  mi-hauteur,  en  sorte  qu'aux 
deux  extrémités  des  placentas  ils  sont  beaucoup  plus  jeunes  que  vers  le 
milieu.  Dans  les  Cajophora  comme  dans  les  Bartonia,  les  ovules  n'ont 
qu'une  seule  enveloppe  et  sont  anatropes. 

»  Pendant  que  la  cavité  se  creuse  davantage  et  que  les  placentas  se  mon- 
trent sur  les  parois,  les  trois  petits  bourrelets  semi-lunaires  grandissait  et 


(  66o  ) 

sont  soulevés  par  une  membrane  commune  qui  forme  le  style.  Mais,  par  un 
phénomène  qu'on  rencontre  dans  d'autres  plantes,  les  placentas  font  saillie 
au  dehors.de  la  cavité;  ils  dépassent  en  hauteur  le  milieu  des  bourrelets 
semi-lunaires,  et  constituent  trois  stigmates  placentaires. 

»  Philadelphées.  —  Inflorescence.  Chaque  fleur,  dans  les  Philadel- 
phus, est  accompagnée  de  deux  feuilles  opposées  fertiles,  c'est-à-dire  qu'à 
l'aisselle  de  chacune  de  ces  deux  feuilles  naît  une  autre  fleur  accompagnée 
de  même  de  deux  nouvelles  feuilles  plus  petites,  mais  également  fertiles,  el 
cette  trichotomie  se  continue  pendant  plusieurs  générations  successives. 
C'est  à  peu  près  la  même  chose  dans  les  Deutzia. 

»  Calice  et  corolle.  Le  calice  des  Philadelphus  est  de  quatre  sépales  : 
deux  sont  latéraux  et  deux  sont,  l'un  antérieur  et  l'autre  postérieur.  Les 
deux  latéraux  apparaissent  après  les  autres.  Dans  les  Deutzia,  les  sépales 
sont  au  nombre  de  cinq  et  naissent  en  préfloraison  quinconciale.  Deux  sont 
antérieurs,  ce  sont  les  nos  i  et  3;  deux  latéraux,  les  n°*  4  et  5,  et  un  posté- 
rieur, le  n°  i.  Du  reste,  dans  les  Philadelphus  comme'  dans  les  Deutzia,  ces 
sépales  restent  toujours  libres  et  se  disposent  en  préfloraison  valvaire.  La 
corolle  est  de  quatre  pétales  alternes  dans  les  Philadelphus,  de  cinq  dans 
les  Deutzia,  et  disposés  en  préfloraison  contournée. 

'  »  Androcée.  Le  mode  de  développement  de  l'androcée  des  Philadelphus 
rappelle,  à  beaucoup  d'égards,  celui  que  j'ai  décrit  dans  les  Nitrariées.  Ce 
sont  à  l'origine  quatre  mamelons  alternes  avec  les  pétales;  puis,  à  la  place 
de  chacun  d'eux,  on  en  aperçoit  bientôt  trois  autres,  dont  un,  le  médian, 
est  beaucoup  plus  développé  que  les  latéraux.  Plus  tard,  au  lieu  de  trois, 
on  en  observe  cinq;  plus  tard  encore,  sept,  neuf,  etc.,  et  au  fur  et  à  me- 
sure que  le  nombre  augmente  dans  chaque  groupe,  on  remarque  toujours 
qu'ils  vont  en  diminuant  de  grandeur  en  s'éloignant  de  plus  en  plus  de 
.  chaque  côté  du  mamelon  médian.  Comme  toutes  ces  étamines  sont  sur  un 
t  même  verticille,  tant  qu'elles  ne  sont  point  entièrement  développées,  l'an- 
drocée a  l'aspect  d'un  cercle  à  quatre  festons.  Dans  les  Deutzia,  il  n'y  a  que 
dix  étamines,  cinq  alternes  avec  les  pétales  et  qui  apparaissent  en  premier 
lieu,  et  cinq  opposées  qui  ne  se  montrent  qu'ensuite. 

»  Gynécée.  Lorsque  les  étamines  sont  presque  toutes  nées  dans  les  Phila- 
delphus, le  centre  de  la  fleur  se  creuse  en  laissant  une  margelle  sur  laquelle 
s'élèvent  quatre  petits  mamelons,  rudiments  des  stigmates.  Ces  quatre  pe- 
tits mamelons  sont  ensuite  soulevés  par  une  membrane  commune  qui 
deviendra  le  style.  D'un  autre  côté,  la  cavité  centrale  se  creusant  davantage, 
on  voit  poindre  sur  ses  parois  quatre  cordons  blanchâtres  qui  s'étendent 
d'un§  extrémité  à  l'autre,  et  qui  alternent  avec  les  élévations  stigmatiques. 


(66i  ) 

Ces  cordons  blanchâtres  sont  les  placentas;  ils  se  gonflent,  s'avancent  vers 
le  centre  de  la  cavité  qui  est  l'ovaire,  s'y  rencontrent,  s'y  soudent,  et  par- 
tagent cette  cavité,  d'abord  unique,  en  quatre  compartiments  ou  loges. 
Quand  cette  soudure  est  opérée,  on  voit  les  placentas  continuer  à  se  gon- 
fler et  à  former,  dans  l'angle  interne  de  chaque  loge,  deux  masses  charnues 
qui  se  couvrent  bientôt  d'un  grand  nombre  d'ovules  rangés  sur  plusieurs 
séries.  Ces  ovules  sont  anatropes  et  se  développent  de  l'intérieur  vers  l'exté- 
rieur; c'est-à-dire  qu'ils  commencent  à  paraître  de  chaque  côté  de  la  ligne 
médiane  qui  sépare  les  deux  placentas.  Je  n'ai  jamais  pu  y  observer  qu'une 
enveloppe.  Dans  les  Deutzia,  où  le  type  est  cinq,  c'est  la  même  chose,  si  ce 
n'est  qu'il  y  a  cinq.loges  et  cinq  stigmates.  » 

chirurgie.  —  Réduction  dune  luxation  ancienne  de  la  mâchoire  inférieure 
au  moyen  du  levier  à  plaques  paraboliques  ;  par  M.  P.  Bouisson. 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Velpeau,  Lallemand.) 

«  Françoise  Arnaud,  née  Astier,  de  Saint-Laurent  (Gard),  est  entrée  à 
l'hôpital  Saint-Éloi,  de  Montpellier,  le  16  février  i852.  Cette  femme 
âgée  de  trente  et  un  ans,  a  toujours  joui  d'une  bonne  santé  ;  elle  est  d'un 
tempérament  lymphatique  peu  prononcé.  Interrogée  sur  ses  antécédents, 
elle  fit  mention  d'une  circonstance  dont  elle  n'avait  pas  tenu  grand  compte 
et  qui  prouvait  qu'elle  était  disposée  aux  luxations  de  la  mâchoire.  Cette 
femme  a  raconté*  en  effet,  qu'il  y  a  environ  cinq  ans,  elle  fut  prise,  après  un 
bâillement  intense  et  prolongé,  d'une  immobilité  soudaine  de  la  mâchoire 
inférieure  qui  lui  laissa  la  bouche  largement  ouverte.  Ignorant  ce  dont  il 
s'agissait,  mais  voulant  y  remédier  au  plus  tôt,  elle  appuya  fortement  le 
menton  sur  sa  poitrine,  s'aida  instinctivement  de  ses  mains  et  réussit  à  faire 
disparaître  le  mal.  Cette  première  luxation,  pour  laquelle  la  malade  ne 
consulta  pas  de  chirurgien,  n'eut  aucune  suite  fâcheuse. 

»  Le  i5  décembre  i85i,  Françoise  Arnaud,  voulant  mordre  sur  une 
poire  qu'elle  avait  eu  la  malencontreuse  idée  d'enfoncer  dans  la  bouche 
par  le  gros  bout,  éprouva  le  même  écartement  des  mâchoires  et  la  même 
immobilité  que  dans  l'occasion  précédente;  mais  cette  fois,  il  y  avait  dou- 
leur très-vive  à  l'articulation  temporo-maxillaire,  s'iradiant  vers  la  tempe 
et  vers  l'orbite,  et  la  malade,  qui  habitait  un  village  du  département  de 
Vaucluse,  dut  requérir  l'assistance  du  médecin  le  plus  voisin.  Ne  pouvant 
parler  que  très-difficilement,  elle  négligea  de  rappeler  son  premier  accident 
au  médecin  peu  expérimenté  qui  avait  été  appelé.  Celui-ci  méconnut  la  ua- 

G.  R.,  t85a,  ame  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  18.)  87 


(  662  ) 

ture  de  la  lésion,  s'imagina  qu'il  existait  quelque  affection  nerveuse,  et  ne 
fit  aucune  tentative  régulière  de  réduction.  Il  se  borna  à  prescrire  une  ap- 
plication de  dix  sangsues  au-dessous  de  chaque  oreille,  dans  le  creux  paro- 
tidien.  Mais  aucun  soulagement  ne  suivit  et  ne  devait  suivre  l'action  de  ces 
moyens,  dont  on  réitéra  l'emploi  avec  une  aveugle  constance. 

»  Trois  semaines  environ  après  l'accident,  la  malade,  lassée  de  se  trou- 
ver toujours  dans  le  même  état,  fit  appeler  un  second  médecin  qui  malheu- 
reusement entra  dans  les  vues  de  son  confrère,  et  fit  reprendre  l'emploi  des 
sangsues  depuis  quelque  temps  abandonnées.  Peut-être  des  symptômes  in- 
flammatoires ou  une  douleur  profonde  des  parties,  suggéraient  l'idée  de  ce 
traitement  antiphlogistique  prescrit  avec  persévérance?  mais  les  assertions 
de  la  malade  ne  sont  pas  même  favorables  à  cette  supposition.  La  nature 
de  la  lésion  fut  toujours  méconnue,  et  l'on  ne  se  livra  à  aucune  tentative  de 
réduction. 

»  Le  Ier  février  i852,  Françoise  Arnaud  se  décida  à  aller  à  Avignon  pour 
réclamer  d'autres  soins.  Le  chirurgien  consulté  reconnut  une  double  luxa- 
tion du  maxillaire  inférieur,  et  se  livra  aussitôt  à  des  tentatives  de  réduc- 
tion. Ces  manœuvres  n'ayant  pas  été  suffisantes  pour  dégager  les  condyles, 
on  fit  pratiquer  une  saignée  et  l'on  prescrivit  des  frictions  belladonées  sur  les 
régions  massétérines  afin  d'amoindrir  la  résistance  musculaire.  La  malade 
retourna  à  son  village  où  ces  frictions  furent  employées  pendant  quelques 
jours.  La  réduction  fut  alors  essayée,  et,  pour  agir  plus  fortement  sur  la  mâ- 
choire, on  se  servit,  d'après  le  récit  de  la  malade,  d'un  •couteau  dont  le 
manche  introduit  dans  la  bouche  entre  les  arcades  dentaires  servait  de  le- 
vier pour  abaisser  l'os.  Ces  tentatives  firent  perdre  à  la  patiente  trois  dents 
molaires  à  la  mâchoire  supérieure  et  une  à  la  mâchoire  inférieure,  sans  pro- 
fit pour  la  réduction. 

»  La  malade  revint  alors  à  Avignon  se  confier  aux  soins  éclairés  de  M.  le 
Dr  Pamard.  Notre  confrère  et  ami  se  livra  à  son  tour  à  des  tentatives  de  ré- 
duction avec  l'habileté  qui  lui  est  familière.  Mais  la  résistance  était  telle, 
qu'il  fut  impossible  de  faire  perdre  à  l'os  maxillaire  sa  position  nouvelle. 
M.  Pamard,  qui  n'avait  point  à  sa  disposition  l'instrument  de  M.  Stromeyer, 
pensa  que  la  malade  trouverait  à  Montpellier  toutes  les  ressources  conve- 
nables, et  l'engagea  à  entrer  à  l'hôpital  Saint-Éloi,  dans  mon  service  chirur- 
gical. Elle  y  fut  admise  le  1 7  février. 

»  Cette  femme  présentait  les  signes  les  plus  évidents  d'une  luxation 
des  deux  condyles  de  la  mâchoire.  La  bouche  était  béante;  mesuré 
dans  le  plus  graud  rapprochement  des  mâchoires,   l'intervalle  qui   les 


(  663  ) 

sépare  était  de  a5  millimètres  en  avant,  et  allait  en  diminuant  jusqu'aux 
dernières  dents  molaires,  qui  étaient  presque  en  contact.  La-mâchoire  infé- 
rieure proéminait  en  avant  de  la  supérieure  d'environ  i  centimètres.  Les 
dents  ne  se  correspondaient  plus;  les  lèvres  ne  pouvaient  se  rapprocher, 
l'articulation  des  sons  était  difficile,  et  la  malade  ne  prenait  que  des  ali- 
ments mous  ou  liquides.  En  avant  de  l'oreille,  au  niveau  des  condyles  du 
maxillaire  inférieur,  on  remarquait  une  dépression.  Les  muscles  temporaux 
étaient  tendus  et  formaient  une  saillie  assez  prononcée.  En  introduisant  un 
doigt  dans  la  bouche,  on  sentait  les  apophyses  coronoïdes  portées  en  avant. 
L'état  général  de  la  malade  était  satisfaisant,  bien  qu'elle  eût  un  peu  maigri 
depuis  l'accident.  Elle  ressentait  de  légères  douleurs  au  niveau  de  l'articu- 
lation luxée  et  dans  les  tissus  environnants. 

»  Aucun  doute  ne  pouvant  exister  sur  la  nature  de  cette  lésion,  je  me 
livrai,  dès  le  premier  jour  de  l'entrée  de  la  malade  à  l'hôpital,  à  des  tenta- 
tives de  réduction.  Ces  essais  furent  exécutés,  soit  d'après  le  procédé  ordi- 
naire, soit  d'après  celui  qui  consiste  à  dégager  les  apophyses  coronoïdes  de 
leurs  rapports  avec  les  tubérosités  malaires.  Pour  mieux  agir  dans  le  but 
que  je  me  proposais,  la  malade  fut  placée  sur  un  siège  très-bas,  afin  d'exer- 
cer une  pression  plus  commode  et  plus  efficace  sur  les  deux  côtés  de  la 
mâchoire.  Mais  celle-ci  fut  à  peine  ébranlée,  et  je  ne  réussis  qu'à  me  fatiguer 
et  à  occasionner  de  la  douleur  à  la  malade.  Aussi  je  résolus,  dès  le  lende- 
main, d'appliquer  l'instrument  de  Stromeyer  comme  pouvant  seul  vaincre 
la  résistance  des  muscles,  et  peut-être  celle  de  liens  fibreux  nouvellement 
organisés  autour  des  condyles  déplacés. 

»  Cet  instrument,  fabriqué  en  acier,  se  compose  de  deux  branches  ter- 
minées à  leur  extrémité  buccale  par  une  plaque  en  fer  à  cheval,  à  laquelle 
on  donne  la  courbe  parabolique  des  arcades  dentaires,  et  qui  doit  être  con- 
venablement matelassée  en  peau  de  chamois.  Les  branches  superposées  s'ar- 
ticulent à  la  partie  moyenne  sans  se  croiser.  Cette  articulation  représente 
un  point  d'appui  qui  permet  au  chirurgien  d'agir  à  la  manière  d'un  levier 
du  premier  genre,  sur  l'extrémité  opposée  de  ces  branches,  qu'un  ressort 
tient  habituellement  écartées.  La  pression,  en  rapprochant  les  extrémités 
postérieures  de  l'instrument,  écarte  nécessairement  les  extrémités  anté- 
rieures, et  permet,  en  conséquence,  d'utiliser  ce  simple  mécanisme  pour 
agir  sur  les  arcades  dentaires  entre  lesquelles  on  porte  les  plaques  rappro- 
chées par  leur  extrémité  buccale,  et  pour  opérer  rabaissement  de  la  mâ- 
choire inférieure,  afin  d'agir  plus  graduellement,  et  de  déployer  plus  de 
force  dans  l'action  de  l'instrument,  on  exerce  la  pression  au  moyen  d'une 

87.. 


(  664  ) 

cheville  à  vis  et  d'un  écrou.  La  cheville  repose,  par  une  de  ses  extrémi- 
tés, sur  un  trou  borgne  pratiqué  sur  la  branche  inférieure,  et  s'y  trouve 
retenue  par  une  vis  de  pression.  L'autre  extrémité  traverse  librement  un 
trou  pratiqué  à  la  branche  supérieure,  et  l'écrou,  placé  par-dessus,  sert  à 
opérer  la  pression  et  le  rapprochement.  L'instrument  doit  être  introduit 
fermé  dans  la  bouche.  Quand  il  est  convenablement  placé,  on  fait  agir 
l'écrou  jusqu'au  degré  auquel  on  veut  porter  l'écartement  des  plaques  para- 
boliques, et,  comme  il  serait  peut-être  douloureux  pour  l'opéré,  qu'après 
l'abaissement  de  la  mâchoire  l'instrument  fût  retiré  ouvert,  on  relâche  la 
vis  de  pression  qui  agit,  sur  l'extrémité  inférieure  de  la  cheville.  Le  ressort 
reprend  alors  son  action,  il  rend  brusquement  à  leur  premier  écartement 
les  extrémités  postérieures  des  branches,  et  ferme,  en  conséquence,  l'instru- 
ment à  l'autre  bout,  ce  qui  permet  de  le  retirer  de  la  bouche  opportuné- 
ment et  sans  difficulté. 

»  J'empruntai  à  l'arsenal  chirurgical  de  la  Faculté,  l'instrument  précé- 
demment décrit,  et,  le  18  février,  pendant  la  visite  du  matin,  j'en  fis  l'appli- 
cation à  la  malade.  Je  jugeai  tout  aussitôt  de  sa  puissance  et  de  son  effica- 
cité, car  je  pus  écarter  les  dents  molaires  auxquelles  l'action  des  pouces 
n'avaient  pu  imprimer  aucun  déplacement.  Mais  cette  action  était  très-dou- 
loureuse, et  suscitait  une  contraction  violente  des  masseters  et  des  tempo- 
raux. Je  crus  prudent  de  suspendre  l'opération  et  de  provoquer  le  sommeil 
anesthésique,  afin  de  triompher  plus  facilement  de  l'action  musculaire,  et 
d'épargner  des  souffrances  à  la  malade.  Lopération  fut  différée  jusqu'à  la 
fin  de  la  visite. 

»  Françoise  Arnaud  fut  conduite  à  la  salle  des  opérations  ;  on  la  plaça 
dans  la  position  horizontale,  et  je  la  soumis  à  l'action  du  chloroforme.  J^e 
sommeil  anesthésique  fut  poussé  assez  loin  de  manière  à  déterminer  à  la 
fois  l'insensibilité  et  un  relâchement  musculaire  complet.  Au  bout  de  troi.s 
minutes,  ce  résultat  était  obtenu.  J'introduisis  alors  dans  la  bouche  l'instru- 
ment de  M.  Stromeyer,  et,  après  avoir  poussé  entre  les  dents  molaires  ses 
plaques  rapprochées,  j'en  opérai  l'écartement  à  l'aide  de  la  vis  de  pression. 
La  mâchoire  inférieure  céda  et  s'abaissa  peu  à  peu.  Lorsque  cet  abaissement 
fut  suffisant,  je  confiai  l'instrument  à  un  aide,  et,  agissant  à  la  fois  sur  le 
corps  de  l'os  et  sur  ses  branches  pour  le  repousser  en  arrière,  je  parvins  à 
lui  rendre  en  quelques  instants  sa  position  normale.  Aussitôt  que  l'instru- 
ment fut  retiré,  la  mâchoire  inférieure  reprit  ses  rapports  réguliers  avec  la 
supérieure,  et  il  fut  facile  de  voir  par  la  correspondance  et  le  rapproche- 
ment des  arcades  dentaires  que  la  réduction  était  à  la  fois  régulière  et  coin- 


(  665  ) 

plète.  La  bouche  était  fermée,  les  lèvres  se  touchaient  naturellement.  Ce 
résultat  fut  obtenu  sans  la  moindre  douleur,  et  à  l'insu  de  la  malade  qui  se 
réveilla  heureuse  et  étonnée  de  se  voir  ainsi  instantanément  guérie. 

»  Le  pansement  a  consisté  dans  l'emploi  d'une  fronde  et  dans  des  appli- 
cations de  compresses  imbibées  d'eau  blanche  sur  les  régions  temporo- 
maxillaires.  Une  sensation  médiocrement  douloureuse  et  contusive  a  été 
éprouvée  dans  ces  régions  le  jour  et  le  lendemain  de  la  réduction  ;  mais  il 
n'est  survenu  ni  gonflement  ni  inflammation  ;  la  malade  a  été  mise  à  la 
diète  liquide,  et  on  lui  recommanda  de  ne  pas  ouvrir  largement  la  bouche. 
Dès  le  troisième  jour,  les  douleurs  étaient  presque  nulles.  Les  mouvements 
de  la  mâchoire  s'exécutaient  librement.  Quelques  aliments  furent  permis. 
La  malade  a  séjourné  encore  plusieurs  jours  à  l'hôpital,  afin  qu'on  pût  s'as- 
surer de  la  solidité  de  sa  guérison.  Le  26,  toute  douleur  avait  disparu,  et 
rien  ne  gênait  les  mouvements  de  la  mâchoire  inférieure  :  la  malade  pouvait 
mâcher  des  aliments  solides;  elle  sortit  de  l'hôpital. 

»  Nous  n'ajouterons  que  peu  de  réflexions  à  ce  fait  assez  probant  par 
lui-même.  Jusqu'à  ce  jour,  les  livres  de  chirurgie  n'ont  guère  enregistré  que 
trois  ou  quatre  exemples  de  réduction  de  luxation  ancienne  de  la  mâchoire 
inférieure.  Le  plus  long  délai  compris  entre  la  production  de  l'accident  et 
le  moment  de  la  réduction  a  excédé  à  peine  un  mois,  époque  après  laquelle 
le  plus  grand  nombre  des  chirurgiens  déclarent  la  luxation  irréductible,  et 
conseillent  de  s'abstenir  de  toute  tentative.  Dans  le  cas  même  où  M.  Stro- 
meyer  a  employé  pour  la  première  fois  le  levier  à  plaques  paraboliques, 
l'accident  ne  datait  que  d'un  mois.  Dans  le  second  exemple  que  nous  four- 
nissons, un  temps  deux  fois  plus  long  s'était  écoulé  depuis  la  luxation,  et 
l'action  de  l'instrument  s'est  montrée  tout  aussi  prompte  et  tout  aussi  effi- 
cace. Les  résultats  de  notre  observation, 'facilités  par  l'intervention  de  la 
méthode  anesthésique,  tendent  à  agrandir  le  cercle  d'action  chirurgicale 
applicable  au  traitement  des  luxations  anciennes,  et,  dans  l'espèce  particu- 
lière de  luxation  qui  nous  a  occupé,  justifient  les  conclusions  suivantes  : 

»  La  réduction  de  la  luxation  de  la  mâchoire  inférieure  est  non-seule- 
ment possible,  mais  facile,  deux  mois  après  la  production  de  l'accident. 

»  Le  meilleur  moyen  d'opérer  la  réduction,  consiste  à  se  servir  du  levier 
à  plaques  paraboliques. 

»  L'emploi  de  la  méthode  anesthésique  ajoute  une  condition  majeure  au 
succès  de  l'opération.  » 


(  666  ) 

physique.   —  Sur  la  structure  des  corps  solides  ;  par  M.  Ch.  Brame. 

(Lettre  à  M.  Babinet.) 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Babinet,  de  Senarmont.) 

«  J'ai  eu  l'honneur  de  vous  faire  part,  à  plusieurs  reprises,  des  résultats 
que  j'ai  obtenus,  en  m'oceupant  de  la  structure  intime  des  corps  solides, 
cristallisés  ou  amorphes,  et  en  cherchant  à  la  mettre  à  nu.  Je  vous  envoie 
aujourd'hui  le  grenat  que  vous  m'avez  confié,  afin  d'y  faire  apparaître  des 
stries,  qui  expliquassent  les  deux  lignes  non  perpendicidaires,  qui  se  for- 
ment sur  les  faces  des  grenats,  lorsqu'on  y  reçoit  l'image  d'une  flamme; 
l'expérience,  comme  vous  l'avez  constaté  vous-même,  a  bien  réussi. 

»  Le  grenat  employé  est  de  la  variété  ferrugineuse  de  couleur  rouge- 
brun;  il  renferme  du  mica  à  l'intérieur,  si  bien  que  son  aspect  rappelle  un 
peu  celui  de  l'aventurine. 

»  Du  4  août  au  8  octobre,  ou  pendant  deux  mois,  il  a  été  à  demi  plongé 
dans  de  l'eau  acidulée  par  de  l'acide  fluorhydrique  (a  pour  ioo)  ;  la  partie 
plongée  a  donné  le  résultat  attendu,  tandis  que  la  partie  émergée  a  été 
respectée,  comme  on  le  pense  bien.  Plusieurs  faces  plongées  ont  été  pro- 
fondément ou  superficiellement  attaquées.  Sur  les  premières,  du  mica  a  été 
mis  à  nu;  sur  les  secondes,  sont  apparues  des  stries  parallèles  aux  arêtes, 
et  l'on  voit  sur  plusieurs  faces  principales  de  petites  lames  rhomboïdales 
étroites  et.  allongées,  qui  forment  des  stries  dans  deux  directions,  obliques 
l'une  à  l'autre.  Cela  explique,  comme  vous  l'avez  si  bien  prévu,  les  deux 
lignes  non  perpendiculaires  qui  se  forment  sur  les  faces  des  grenats,  lors- 
qu'on y  reçoit  l'image  d'une  flamme. 

»  La  présence  du  mica  dans  les  grenats  cristallisés" et  le  procédé  commode 
qui  permet  de  mettre  celui-ci  à  nu,  pourra  faciliter  aux  géologues  leurs  re- 
cherches sur  le  métamorphisme,  indiqué  par  la  composition  des  grenats,  et 
variable  avec  la  nature  de  la  roche  dans  laquelle  ils  sont  enclavés,  comme 
l'ont  fait  remarquer  MM.  Mitscherlich  et  Dufrénoy. 

»  Je  profite  de  l'occasion  qui  m'est  offerte  pour  vous  annoncer  que  j'ai 
fait  naître  sur  le  verre,  et  en  peu  de  temps,  des  cercles  analogues  à  ceux 
qu'a  observés  M.  Brewster  sur  des  échantillon'  de  verre  composé,  trouvé 
dans  les  ruines  de  Ninive  ;  la  surface  de  ces  verres  présentés  à  l'Association 
britannique  par  M.  Brewster,  était  couverte  de  plaques  iridescentes  de  cou- 
leur très-brillante.  Il  y  a  quelques  années,  M.  Brewster  a  déjà  eu  occasion 
d'expliquer  la  marche  de  cette  décomposition,  à  propos  d'un  morceau  de 


(  667  ) 

verre  altéré.  Il  avait  contenu  du  manganèse,  qui  s'était  séparé  à  des  places 
centrales,  autour  duquel  des  cercles  de  cristaux  les  plus  ténus  de  véritable 
quartz  s'étaient  arrangés  d'eux-mêmes,  bordés  par  des  cercles  de  manganèse 
irrégidiers  et  dentelés,  disposés  en  anneaux  concentriques,  etc. 

»  J'ai  produit  sur  le  verre  des  cercles  réguliers  ou  irréguliers,  isolés  ou 
concentriques,  dentelés  à  l'intérieur  (cristaux  incomplets  ou  altérés).  Pour 
cela,  on  plonge  des  fragments  de  verre  épais  dans  un  mélange  de  fluorure 
de  calcium  et  d'acide  sulfurique  concentré,  ou  bien  on  les  expose  à  l'action 
de  la  vapeur  de  l'acide  fluorhydrique.  Au  centre  des  cercles,  on  trouve 
presque  toujours  soit  une  petite  cavité,  soit  un  petit  noyau.  En  même  temps, 
une  ou  plusieurs  cassures  du  verre  se  couvrent  de  stries,  de  petites  anfrac- 
tuosités,  etc. 

»  Les  observations  de  M.  Brewster  et  les  miennes  me  semblent  propres 
à  jeter  beaucoup  de  jour  sur  la  formation  des  orbicules  siliceux,  des  grès 
et  des  agates,  qui  fait  le  sujet  d'un  beau  travail  d'Al.  Brongniart;  et, 
d'un  autre  côté,  celle-ci  me  semble  se  rattacher  directement,  comme 
celle  des  cercles  du  verre  eux-mêmes,  aux  formations  encyclides  que  j'ai- 
découvertes. 

»  Je  crois  devoir  aussi  vous  rappeler  la  nacre,  que  présentent  dans  cer- 
taines directions  les  cristaux  de  bichromate  de  potasse,  clivés  par  la  voie 
humide.  J'ai  réussi  à  nacrer  le  carbonate  de  chaux,  métastatique,  au  moyen 
de  l'acide  carbonique  humide  ;  la  nacre  que  ce  minéral  présente  s'explique 
par  un  grand  nombre  de  petites  inégalités,  de  petits  enfoncements  équi- 
distants.  Sur  le  verre,  les  très-petites  vésicules  de  soufre  prennent  aussi  un 
aspect  nacré.  Ainsi,  la  nacre  des  minéraux,  si  difficile  à  expliquer,  comme 
vous  le  disiez,  paraît  devoir  être  attribuée  à  de  nombreuses  réflexions  de 
la  lumière,  qui  s'effectuent  à  la  surface  de  corps  très-divisés,  équidistants 
ou  à  peu  près,  que  ces  corps  soient  cristallisés  ou  amorphes. 

»  J'ai  réussi  à  cliver  des  spinelles  au  moyen  de  la  potasse  ;  ces  spineiles 
étaient  en  petits  galets  presque  opaques  ;  plusieurs  sont  devenus  transpa- 
rents et  ont  pris  une  assez  belle  eau.  Ce  procédé  me  paraît  donc  pouvoir 
être  appliqué  dans  la  joaillerie.  La  surface  attaquée,  et  sur  laquelle  les 
clivages  sont  manifestes,  a  abandonné  de  l'alumine  à  la  potasse.  On  a  pu 
aussi  cliver  les  spinelles  par  l'acide  fluorhydrique. 

»  La  potasse  et  le  carbonate  de  potasse  attaquent  à  froid  divers  corps 
insolubles  ou  peu  solubles.  Ainsi  les  diverses  variétés  de  chaux  car- 
bonatée  rhomboédrique,  l'arragonite,  le  sulfate  de  baryte  natif  en  gros 
cristaux,  le  gypse,  sont  attaqués  par  la  potasse  à  froid.  L'acide  chlorhy- 


(  668  ) 

drique  très-faible,  à  ioo  degrés,  communique  au  spath  d'Islande  un  très- 
bel  éclat,  et  peut  en  polir  les  faces.  Ce  procédé,  étendu  à  d'autres  cristaux, 
pourra  peut-être  rendre  quelques  services  à  la  cristallographie. 

»  J'ai  décrit  les  résultats  que  j'ai  obtenus  sur  l'alun,  le  soufre,  la  chaux 
carbonatée  métastatique,  l'arragonite,  des  sels  de  potasse,  de  soude,  de  fer, 
de  cuivre,  l'acide  tartrique,  etc.  Les  cristaux  de  sulfate  de  zinc  et  d'alun 
ont  présenté  dans  leur  structure  des  lignes  courbes  qui  me  paraissent  de. 
voir  attirer  l'attention  des  physiciens  et  des  cristallographes.  Des  cristaux 
recouverts  de  cire  ont  paru  avoir  une  solubilité  inégale,  suivant  les  axes  ; 
ce  résultat  me  semble  avoir  de  l'analogie  avec  ceux  que  M.  de  Senarmont  a 
obtenus  dans  son  beau  travail  sur  la  conductibilité  inégale  pour  la  chaleur, 
suivant  les  axes. 

»  Je  termine  cette  Lettre  en  vous  annonçant  que  j'ai  pu,  au  moyen  du 
sulfure  de  carbone,  cliver  des  octaèdres  rhomboïdaux  naturels  ou  artifi- 
ciels de  soufre,  de  telle  manière  qu'ils  se  sont  réduits  à  une  tablette  à  base 
carrée,  dont  les  diagonales  sont  dans  le  sens  de  deux  axes  principaux  de 
l'octaèdre.  Ces  tablettes,  je  les  avais  obtenues  antérieurement,  soit  par  la 
division  du  soufre  liquide,  au  moyen  du  doigt,  soit  par  le  ramollissement 
des  utricules,  au  moyen  de  la  chaleur.  Je  me  suis  assuré  que,  dans  tous  les 
cas,  ces  tablettes  sont  des  carrés  parfaits;  je  les  ai  mesurées  un  grand 
nombre  de  fois,  et  toujours  j'ai  trouvé  les  côtés  égaux  et  les  angles  de 
90  degrés.  Or  ces  tablettes  ne  se  modifient,  le  plus  souvent,  que  sur  les 
deux  angles  droits  correspondants  aux  deux  angles  aigus  du  rhombe. 

»  Ainsi,  dans  ce  cas,  il  y  a  symétrie  géométrique  et  dissymétrie  physique. 
Cela  vient  donc  à  la  suite  des  remarquables  observations  de  M.  Delafosse 
sur  la  boracite  et  autres  cristaux.  «  L'identité  absolue  comporte  deux  con- 
»   ditions,  a  dit  M.  Delafosse,  l'une  géométrique,  l'autre  physique.  » 

»  Dans  la  boracite,  la  condition  physique  est  différente,  la  condition 
géométrique  {générale)  est  semblable  ;  ici  la  condition  géométrique  est  sem- 
blable, la  condition  physique  est  différente. 

»  Il  faut  noter  que  la  tablette  carrée,  engendrée  par  le  prisme  rhom- 
boïdal  droit  du  soufre,  est  à  la  limite  des  prismes  directs  et  inverses.  J'ai 
obtenu  les  octaèdres  correspondants  très-aplatis  qui  me  paraissent  avoir 
été  pris  pour  des  prismes  obliques  par  diverses  personnes. 

»  Enfin,  je  crois  devoir  faire  remarquer  que  si  mes  observations  sur  le 
clivage  du  soufre  par  le  sulfure  de  carbone,  ajoutent  un  fait  d'un  nouvel 
ordre  à  la  loi  de  M.  Delafosse,  les  stries  du  grenat,  non -seulement  con- 
firment vos  belles  observations  sur  les  phénomènes  lumineux  qui  se  pro- 


(669) 

duisent  à  la  surface  de  ce  cristal,  mais  encore  ils  viennent  à  l'appui  des 
idées  de  M.  Delafosse  sur  la  constitution  moléculaire  du  sulfure  de  fer  tri- 
glyphe  qui,  suivant  ce  savant  professeur,  est  un  cube  composé  de  prismes 
rectangulaires  droits.  » 

M.  Fock  envoie  un  supplément  aux  Mémoires  qu'il  avait  précédemment 
adressés  sur  les  proportions  du  corps  humain. 

Cette  nouvelle  communication,  que  l'auteur  donne  comme  de  nature 
à  confirmer  et  étendre  à  certains  égards  les  résultats  qu'il  avait  précédem- 
ment annoncés,  a  de  plus  pour  objet  une  rectification  en  ce  qui  concerne 
les  proportions  de  la  tête.  Des  mesures  nouvelles,  prises  directement  sur 
un  des  beaux  produits  de  la  statuaire  antique,  ne  se  sont  pas  trouvées  par- 
faitement conformes  à  celles  qui  avaient  été  prises  sur  un  dessin  de  la  même 
statue,  ce  qui  tient  à  un  effet  de  perspective  dont  on  n'avait  pu  tenir  suffi- 
samment compte  tant  que  l'examen  ne  portait  que  sur  un  trait.  Ce  change- 
ment d'ailleurs,  loin  d'infirmer  les  résultats  généraux  précédemment  énon- 
cés, ne  rend  que  plus  commode  dans  l'application,  la  division  de  la  longueur 
entière  du  corps  en  onze  parties  égales  ;  les  diverses  parties  de  la  face  sont 
maintenant  mesurées  en  fractions  très-simples  de  cette  unité. 

Des  figures  sont  jointes  à  ce  nouvel  envoi.  L'une  d'elles,  une  tête  de 
l'Apollon  pythien,  est  destinée  à  remplacer  celle  qui  accompagnait  un  pré- 
cédent Mémoire,  non-seulement  en  raison  des  mesures  plus  précises  qu'elle 
présente,  mais  à  cause  d'une  légère  inexactitude  que  présentait  la  première 
relativement  à  la  position  de  l'oreille.  M.  Fock  croit  avoir  retrouvé  les 
proportions  que  l'antiquité  admirait  dans  la  statue  connue  sous  le  nom  de 
canon  de  Poljclète. 

(  Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Magendie,  Serres,  Flourens.  ) 

L'Académie  reçoit  un  Mémoire  destiné  au  concours  pour  le  grand  prix 
de  Mathématiques,  question  proposée  pour  1848,  puis  pour  i853. 

Ce  Mémoire,  portant  pour  épigraphe  :  Fortiter  et  recte,  a  été  inscrit  sous 
le  n°  1 . 

Un  Mémoire  de  M.  Qcet,  concernant  des  recherches  mathématiques 
sur  les  expériences  destinées  à  rendre  sensible  aux  yeux  le  mouvement  de 
rotation  de  la  Terre,  est  arrivé  trop  tard  pour  qu'on  puisse  faire  autre  chose 
que  d'en  annoncer  la  réception.  Il  sera  présenté  à  l'Académie  dans  la 
prochaine  séance. 

C.  R. ,  i85ï,  1™  Semestre.  (T.  XXXV,  M»  18.)  88 


(67o) 

CORRESPONDANCE. 

M.  J.  Wilson,  secrétaire  général  de  la  Société  royale  d'Edimbourg,  prie 
l'Académie  de  vouloir  bien  lui  faire  savoir  si  elle  a  reçu  un  Mémoire  adressé 
pour  le  concours  au  grand  prix  de  Mathématiques  de  i853,  Mémoire  qu'il 
désigne  par  l'épigraphe  mise  en  tète. 

La  pièce  en  question  est  arrivée  à  sa  destination,  et  se  trouve  mention- 
née à  la  page  précédente  du  présent  Compte  rendu. 

M.  Chenot  fait  remarquer  qu'un  Mémoire  précédemment  adressé  par 
lui  avait  pour  objet  la  préparation  de  combustibles  non-seulement  pro- 
pres à  la  fabrication  de  la  fonte  de  fer,  mais  pouvant  remplacer  le  char- 
bon de  bois  dans  toutes  ses  applications,  et  propres,  par  conséquent,  à 
donner  un  gaz  d'éclairage  exempt  de  tout  mélange  de  soufre,  de  phosphore 
ou  d'arsenic.  M.  Chenot  demande  que  la  partie  de  son  travail,  relative  à  la 
préparation  du  gaz  pur,  soit  renvoyée  à  l'examen  de  la  Commission  chargée 
de  décerner  le  prix  fondé  par  M.  de  Montyon  pour  les  découvertes  qui  peu- 
vent rendre  un  art  ou  un  métier  moins  insalubre. 

(Commission  des  Arts  insalubres.) 

M.  lînto  adresse  une  Note  qui  fait  suite  à  celles  qu'il  a  précédemment 
adressées  concernant  V action  thérapeutique  des  métaux  appliqués  sur  la 
peau.  La  nouvelle  Note  a  pour  titre  :  Traitement  préservatif  et  curatif  du 
choléra. 

L'auteur  avait  précédemment  indiqué  l'emploi  des  armures  métalliques 
contre  un  des  symptômes  du  choléra,  les  crampes,  mais  il  n'y  avait  vu  autre 
chose  qu'un  cas  particulier  de  l'influence  qu'il  reconnaît  à  oet  agent  thé- 
rapeutique sur  les  névroses.  Depuis  lors,  il  annonce  avoir  reconnu  chez 
les  ouvriers  qui  travaillent  le  cuivre,  une  sorte  d'immunité  à  l'égard  du 
choléra.  Les  ouvriers  qui  travaillent  le  fer  participent  aussi,  suivant  lui, 
jusqu'à  un  certain  point,  à  cette  immunité,  mais  avec  cette  différence,  que 
le  fer  aurait  simplement  une  action  préservative,  tandis  que  le  cuivre  au- 
rait une  action  curative;  de  sorte  que  la  maladie  une  fois  déclarée,  les  cas 
de  guérison  seraient  moins  nombreux  parmi  les  ouvriers  travaillant  le  fer 
que  parmi  ceux  qui  travaillent  le  cuivre  ou  ses  alliages. 

(  Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée:  MM.  Magendie,  Serres,. 

Andral.) 


(67i  ) 

M.  Fleureau  adresse  une  Note  faisant  suite  à  ses  précédentes  commu- 
nications concernant  la  locomotion  aérienne  et  la  navigation  par  la  vapeur. 
L'auteur  demande  que  l'Académie  dispose  en  sa  faveur,  pendant  quatre 
années,  d'une  rente  provenant  d'un  fonds  récemment  légué,  rente  destinée 
à  venir  en  aide  aux  inventeurs  qui  n'auraient  pas  par  eux-mêmes  les  res- 
sources pécuniaires  suffisantes  pour  la  réalisation  de  projets  jugés  utiles. 

L'Académie  n'ayant  pas  encore  accepté  définitivement  le  legs  en  question, 
il  n'y  a  pas  lieu  de  prendre  en  considération  la  demande  de  M.  Fleureau, 
dont  la  nouvelle  Note  est  d'ailleurs  renvoyée  à  l'examen  des  Commissaires 
nommés  pour  ses  précédentes  communications,  MM.  Cagniard-Latour, 
Seguier. 

M.  Didier  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  un  Mémoire 
sur  la  prothèse  dentaire  qu'il  avait  précédemment  soumis  au  jugement  de 
l'Académie  et  qui  n'a  pas  encore  été  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  H.  Nascio  adresse  une  Lettre  concernant  l'envoi  qu'il  a  fait  de  docu- 
ments relatifs  à  sa  Note  sur  les  éphémérides  luni-solaires  moyennes. 

Ces  pièces  sont  parvenues  à  l'Académie  et  ont  été  mentionnées  dans  le 
Compte  rendu  de  la  précédente  séance. 

M.  Gaïetta  présente  des  considérations  sur  des  moyens  qu'il  croit  pro- 
pres à  favoriser  l'extension  et  la  propagation  des  Sciences,  et  sur  des  pro- 
jets d'utilité  publique  qu'il  a  conçus. 

M.  Brachet  continue  ses  communications  sur  les  améliorations  qu'il 
croit  possible  d'apporter  à  divers  instruments  d'optique. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  F. 


ERRAT J. 

(Séance  du  26  octobre  i85a.) 
Page  6o3,  ligne  27,  au  lieu  de  M.  Decaisne,  lisez  M.  de  Qcatrefages. 


(67a  ) 

BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  26  octobre  i85a,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Lettres  sur  les  crocodiles  vivants  et  fossiles.  — Lettre  adressée  à  M.  Eudes- 
Deslongchamps,  par  M.  DE  Blainville.  —  Réponse  à  la  Lettre  précédente  par 
M.  Eudes-Deslongchamps.  Caen,  i852;  broch.  in-4°.  (Extrait  du  IXe  vo- 
lume des  Mémoires  de  la  Société  Linnéenne  de  Normandie.) 

Bibliothèque  universelle  de  Genève;  septembre  i85a;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie,  rédigé  par  M.  DE  la  Roquette, 
secrétaire  général  de  la  Commission  centrale;  avec  la  collaboration  de 
MM.  V.-A.  Malte-Brun,  secrétaire-adjoint,  Daussy,  L.-Am.  Sédillot,  de 
Froberville  et  Cortambert  ;  4e  série  ;  tome  III  ;  n"  21  ;  septembre  1 85a  ; 
in-8°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  DE  MONFORT, 
et  rédigée  par  M.   l'abbé  MoiGNO;  n°  26;  it\  octobre  i85a;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  pratique  et  de  Jardinage _,  fondé  par  M.  le  Dr  Bixio, 
publié  par  les  rédacteurs  de  la  Maison  rustique,  sous  la  direction  de  M.  Barral; 
3e  série;  tome  V;  n°  8;  20  octobre  i852;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  pratiques  et  de  Pharmacologie;  tome  VI; 
ii°  2  ;  20  octobre  i852  ;  in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques.  Journal  des  candidats  aux  Écoles  Poly- 
technique et  Normale;  rédigé  par  MM.  TERQUEM  et  Gerono;  octobre  i852; 
in-8°. 

Recueil  encyclopédique  d'agriculture,  publié  par  MM.  BoiTEL  et  Londet, 
de  l'Institut  agronomique  de  Versailles  ;  tome  III;  n°  8;  25  octobre  i852  ; 
in -8°. 

Revue  thérapeutique  du  Midi.  Journal  de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de  Phar- 
macie pratiques  ;  fondé  par  M.  le  professeur  FuSTER,  et  rédigé  par  MM.  les 
D"  Barbaste  et  Louis  Saurel;  n°  19;  i5  octobre  i852;  in-8°. 

Osservazioni  sulla...  Observations  sur  la  structure  des  tubercules  spongio- 
lairesde  quelques  plantes  légumineuses,  par  M.  G.  Gasparuni;  broch.  in-4°. 

Osservazioni  intorno...  Observations  sur  la  structure  des  gemmes  et  du  fruit 
de  /'Opontia;  par  le  même.  Naples,  i852;  broch.  in-4°. 

Il  cimento...  Revue  des  Sciences,  Lettres  et  Arts;  in  année;  8e  livraison. 
Turin,  i852;  in-8°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE   DU    LUNDI    8   NOVEMBRE    1852. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  PIOBERT. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Faye,  qui  avait  été  chargé  de  prendre  connaissance  d'un  Mémoire 
sur  lequel  l'auteur,  M.  Dean,  désirait  obtenir  le  jugement  de  l'Académie, 
annonce  que  ce  Mémoire  est  imprimé  et  qu'ainsi  il  ne  peut  devenir  l'objet 
d'un  Rapport. 

M.  Fave,  également  chargé  de  prendre  connaissance  de  diverses  commu- 
nications de  M.  Nascio,  de  Messine,  concernant  des  éphémérides  1  uni- 
solaires,  déclare  que  ce  travail  n'est  pas  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un 
Rapport. 

M.  Pouillet  présente  à  l'Académie  la  sixième  édition  de  ses  Eléments 
de  Physique  expérimentale  et  de  Météorologie. 

«  Il  annonce  qu'il  y  a  fait  des  additions  très-étendues,  principalement 
sur  le  diamagnétisme  et  la  télégraphie  électrique,  sur  le  microscope,  la  po- 
larisation rotatoire,  la  vitesse  de  la  lumière  et  les  phénomènes  d'optique 
céleste.  » 

M.  Morin  annonce  qu'il  est  parvenu  à  se  procurer  un  portrait  authen- 
tique de  Coulomb,  qui  lui  a  été  envoyé  de  Philadelphie  par  le  fds  du  célèbre 

C.  R.,  i85a,  a™  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  19.)  89 


(674) 

physicien,  et  qu'il  le  mettra  à  la  disposition  de  l'Académie  si  elle  juge  con- 
venable d'en  faire  faire  une  copie  pour  la  joindre  à  la  série  de  portraits  de 
savants  illustres  qu'elle  possède  déjà. 

Cette  proposition  sera  soumise  à  l'examen  de  la  Commission  administra- 
tive. 

astronomie.  —  Eléments  de  la  planète  Massalia.  (Extrait  d'une  Lettre  de 

M.  Valz  à  M.  Jrago.) 

«  Marseille,  2  octobre  i852. 

»  Je  m'empresse  de  vous  transmettre  les  éléments  provisoires  de  Massalia, 
qne  je  viens  d'obtenir  pour  un  intervalle  d'un  mois.  Quoiqu'ils  ne  puissent 
encore  être  assez  exacts,  ils  représentent  fort  bien  à  la  même  minute  la 
position  du  9  septembre,  d'après  les  détails  que  je  vous  ai  donnés,  et  la 
carte  qui  vous  a  été  envoyée,  soit  5°6'  en  yR.  et  2°48',5  en  D,  ou  5° 48'  en 
long,  et  33'  en  latit.,  comme  les  donnent  les  éléments  que  voici  : 

Long,  moy 2^5°  56'  pour  l'époque  20, 5  septembre. 

Long,  périh 107 .   3 

a • 204.48 

Incl o  46 

Exe o.  1910 

Demi-grand  axe 2 .  4748 

Mouv.  moy.  diurne. 91 1",  34 

»#  L'inclinaison  est  la  plus  faible  de  toutes,  soit  planètes  ou  comètes,  ce 
qui  rentre  dans  les  cas  d'exception  du  calcul  des  orbites,  et  les  rend  peu 
sûres,  le  problème  devenant  alors  indéterminé  pour  trois  observations 
seules,  et,  comme  l'a  montré  M.  Gauss,  exigeant  alors  quatre  observations, 
et  rendant  ainsi  les  calculs  bien  plus  longs  et  pénibles.  Je  devais  donc 
craindre  de  rencontrer  des  difficultés,  sans  avoir  la  certitude  encore  de 
parvenir  au  but  désiré.  Cependant  j'y  suis  arrivé  aussi  facilement  que 
promptement  par  une  méthode  qui  m'est  propre,  en  n'employant  que  les 
petites  Tables  à  cinq  décimales,  et  aussi  courte  que  pour  les  comètes,  lors- 
qu'on veut  vérifier,  comme  on  doit  le  faire  d'ordinaire,  l'observation 
moyenne;  deux  pages  communes  de  calcul  y  suffisant.  Comme  elle  est 
fondée  sur  des  principes  et  une  marche  analogues  à  ceux  de  la  méthode  que 
j'ai  exposée  dans  la  Connaissance  des  Temps  de  1 835,  et  que  je  puis  y 
ajouter  quelques  développements  historiques,  qui  se  sont  accrus  depuis 
vingt  ans,  lorsque  vous  jugerez  qu'elle  peut  être  insérée  dans  la  Connais- 
sance des  Temps,  je  vous  la  transmettrai  avec  une  application  à  Massalia. 


(675) 

Je  l'avais  communiquée  l'an  dernier  à  M.  Airy,  avant  qu'elle  eût  aussi  bien 
réussi  dans  un  pareil  cas  désespéré  ;  mais  les  nombreuses  applications  que 
j'en  avais  faites  avaient  été  fort  satisfaisantes.  Le  cas  exceptionnel  de  Mas- 
salia montre  qu'elle  peut  être  encore  employée  avec  une  aussi  faible  incli- 
naison que  celle  de  l\&  minutes,  tandis  que  M.  Gauss  a  eu  recours  au\ 
quatre  observations  pour  une  inclinaison  de  7  degrés  neuf  fois  plus  forte. 
La  vérification  du  9  septembre,  complétant  toutefois  les  quatre  observations, 
montre  que  l'orbite  n'est  pas  du  moins  incertaine,  comme  on  pouvait  le 
craindre  dans  ce  cas  extrême. 

»  La  dernière  Carte  que  vous  avez  reçue  a  été  restreinte  à  5  degrés  pour 
la  rendre  plus  commode  à  comparer  avec  le  ciel,  en  la  tenant  à  la  main,  et 
alternant  l'inspection  de  la  Carte  à  la  lunette;  mais  l'étendue  en  déclinaison 
a  été  triplée  pour  augmenter  les  chances  favorables.  La  deuxième  Carte 
sera  bientôt  prête  à  vous  être  envoyée,  malgré  les  tempsles  plus  défavorables 
qui,  pendant  dix  jours  de  suite,  n'ont  pas  permis  d'observer  Massalia,  mais 
nous  ont  laissé  le  temps  de  nous  occuper  des  calculs.  » 

astronomie.  —  Sur  le  nom  de  Massalia,  donné  à    la   nouvelle  planète. 
(Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Valz  à  M.  Arago.) 

«  Marseille,  27  octobre  i85a. 

»  J'ai  appris  avec  gratitude,  qu'en  communiquant  la  Lettre  de  M.  de  Gas- 
paris,  vous  aviez  fort  bien  remarqué  que  la  nouvelle  planète  avait  été 
aperçue,  dès  le  9  septembre,  à  Marseille,  et  placée  soigneusement  sur  la 
dernière  carte  écliptique  qui  vous  a  été  envoyée.  Il  n'y  aurait  que  M.  de 
Gasparis,  lui-même,  qui  pût  faire  quelque  réclamation  quant  au  droit  de 
nommer  le  nouvel  astre,,  et  il  en  paraît  assez  éloigné  d'après  le  passage 
suivant  de  la  Lettre  qu'il  m'écrivit  le  1 1  oclobre,  et  qui  ne  m'est  parvenue 
que  le  s3  courant  :  «  J'avais,  dit-il,  déjà  adopté  le  nom  de  Thémis,  pro- 
»  posé  par  Herschel  ;  mais,  pour  vous  faire  hommage  et  plaisir,  j'y  renonce, 
»  et  j'adopte  avec  empressement  le  nom  de  Massalia,  qui  rappelle  le  lieu 
»  de  la  découverte.  J'ai  écrit  à  M.  Petersen  à  ce  sujet.  » 

»...  Pour  ce  qui  est  du  nom  antique  grec  de  Massalia,  je  l'avais  pris  dans 
l'historien  de  Marseille,  Ruffi;  mais  j'ai  voulu  consulter  aussi  les  médailles 
phocéennes  qui  sont  assez  rares,  et  n'ont  été  données  d'abord  que  par  Goltzius. 
Ruffi,  deuxième  édition,  page  328,  n'en  représente  que  trois,  avec  les  effi- 
gies de  Diane  ou  d'Apollon,  et  au  revers  un  lion,  un  vautour,  ou  un  tau- 
reau, avec  l'inscription  MA22A.  J^e  médailler  de  Nîmes  étant  assez  riche, 
j'ai  été  le  consulter;  les  médailles  phocéennes  y  étaient  assez  nombreuses, 

89.. 


(676) 

mais  elles  ont  été,  comme  à  Paris,  dérobées  depuis  peu  d'années.  Heureu- 
sement que  Lavernede,  comme  bibliothécaire,  en  avait  fait  une  description 
fort  minutieuse,  et  j'y  en  ai  trouvé  de  pareilles  à  celles  de  Ruffi;  mais  le 
plus  grand  nombre  portaient  MA22AAIHTÎ2N,  au  génitif  pluriel,  des  Massa- 
liotes;  ce  serait  donc  Massalia  pour  la  planète,  comme  Parthénope  pour 
Naples,  Cérès  pour  la  Sicile,  les  noms  de  lieux  offrant  ainsi  des  souvenirs 
perpétuels,  plus  significatifs  pour  la  découverte  que  ceux  de  la  mythologie.  » 

météorologie.  —  Note  sur  un  bolide  observé  le  i  avril  i852; 

par  M.  Petit. 

«  Ce  corps  fut  aperçu  de  Toulouse  par  MM.  Grouselle,  Lespinasse  et 
Brisson  ;  et  de  Marignac-Lasclares  par  M.  le  Dr  Rey,  qui  voulut  bien  me 
communiquer  les  détails  de  son  observation,  dont  la  partie  mathématique 
a  été  relevée,  avec  la  complaisance  la  plus  empressée  comme  la  plus  habile, 
par  M.  Dedieu,  géomètre,  et  par  M.  Lavallette,  instituteur  supérieur  à 
Fousseret.  Quant  aux  divers  observateurs  de  Toulouse,  quoique  placés  en 
différents  points  de  la  ville,  ils  m'ont  fourni  sur  la  position  de  la  trajectoire, 
sur  la  durée  de  l'apparition,  etc.,  des  renseignements  qui  se  sont  accordés 
entre  eux  d'une  manière  très-satisfaisante,  et  qui,  se  contrôlant  l'un  par 
l'autre,  m'ont  procuré,  je  crois,  des  données  aussi  exactes  qu'il  peut  être 
permis  de  l'espérer  dans  ce  moment,  pour  ce  genre  de  recherches. 

»  Les  observations  ont  dû  cependant,  comme  d'habitude,  subir  dans  le 
cas  actuel  quelques  modifications  destinées  à  faire  concorder  le  mieux  pos- 
sible toutes  les  particularités  signalées  dans  les  deux  stations.  Mais,  afin  de 
ne  pas  entrer  dans  des  détails  trop  étendus  sur  la  discussion  fort  délicate  et 
sur  les  longs  calculs  préliminaires  auxquels  j'ai  dû  me  livrer  avant  d'adop- 
ter les  données  définitives  qui  devaient  servir  de  base  à  mon  travail,  je  me 
bornerai  à  consigner  ici  ces  données  avec  les  résultats  auxquels  elles  m'ont 
conduit. 

i,     ,  (  latitude  boréale =  +  43°  36'  in" 

Toulouse {  ':..*' 

(  longitude  occidentale.   = —    o°52'3o" 

Commencement  de  l'observation. .   \ ','. ',' '  '     ~    '* 

(  Dist.  polaire  nord ...    =    9g0  26'  5o" 

ifc-v'vii.       •  (* =  q3°4o'4o" 

Fin  de  1  observation <      .  u     ^    ~ 

(  Dist.  polaire  nord.  . .   =  i2i°46'5o" 

Heure  de  l'apparition,  le  2  avril  i852  ,  à  6h47m  du  soir  (temps  moyen  de  Toulouse). 
Durée  de  l'observation,  de  3  à  4  secondes.  Moyenne  adoptée  =  3S,5. 


(  677  ) 


Marignac-Lasclares J 

|  Ion 


latitude  boréale =  -+•  43°  i8'5o" 

longitude  occidentale.  = —    i°i2'45" 

Commencement  de  l'observation . .   | !.*, ',  '  '  "   "  " 

(  Dist.  polaire  nord ..  .    =  io3°4i'io" 

Fin  de  l'observation !  * '  \ =    69°l5'3°" 

(  Dist.  polaire  nord .. .   =  iii°3i' 

Heure  de  l'observation ,  le  2  avril  i852,  vers  6h  3om  du  soir. 
Durée  de  l'observation,  de  3  à  4  secondes.  Moyenne  adoptée  =  3% 5. 

Diamètre  apparent,  comme  une  bille  de  billard.  D'après  diverses  considérations,  je  le  suppose 
égal  à  5  minutes  au  moment  de  l'apparition. 

Distance  minima  du  bolide  à  la  Terre sa  1  ^"oin  , 

Distance  du  bolide  à  la  Terre  quand  l'observation  de  Toulouse  commença.  35  1  ittiom  , 
Distance  du  bolide  à  Toulouse  dans  le  même  moment =  47kiIo,n>7 


latitude  boréale.  .  .    =  4-  43° 25'  20" 
longitude  occid .. .    = —    o°2i'5i" 


Position  du  point  de  la  Terre  au-dessus  duquel  passait 

alors  le  bolide 

Distance  du  bolide  à  la  Terre  quand  l'observation  de  Toulouse  se  termina.  =  1  ikiIom,3 

Distance  du  bolide  à  Toulouse  dans  le  même  moment =  5ikiIom,o 

Position  du  point  de  la  Terreau-dessus  duquel  passait  l  latitude  boréale.  .  .  =  -+-43°  1 i'6" 

alors  le  bolide.  . . . {  longitude  occid. . .  =  —    i°   3'8" 

Vitesse  apparente  déduite  des  observations  de  Toulouse ■  =  iljkiloni,584,  en  supposant  la  du- 
rée de  l'observation  égale  à  3%5. 

(Si  l'on  supposait  cette  durée  égale  à  4  secondes,  on  trouverait  1 5kllom,383 
pour  la  vitesse  apparente'.  ) 

Distance  du  bolide  à  la  Terre  quand  l'observation  de  Marignac-Lasclares 

commença =  1  ikilom,3 

Distance  du  bolide  à  Marignac  dans  le  même  moment =  2ikilom,g 

Position  du  point  de  la  Terre  au-dessus  duquel  passait  J  latitude  boréale ...    =4-  43°   9'  25" 
alors  le  bolide |  longitude  occid . .  .    =  —    1  °    8'  28* 

Distance  du  bolide  à  la  Terre  quand  l'observation  de  Marignac  se  ter- 
mina     =:  11 kilom  ,8 

Distance  du  bolide  à  Marignac  dans  le  même  moment =  48kilom,6 

Position  du  point  de  la  Terre  au-dessus  duquel  passait  (  latitude  boréale  ;...•=='•+-  420  5c/  3o" 
alors  le  bolide |  longitude  occid .  . .    =  —    1  °  35'  4 1  " 

Vitesse  apparente  déduite  de  l'observatoire  de  Marignac  =  1  iki,om,683,  en  supposant  la  du- 
rée de  l'observation  égale  à  3S,5. 

(Si  l'on  supposait  cette  durée  égale  à  3  secondes,  on  trouverait  pour  la 
vitesse  i3kllom,633;  valeur  presque  identique  à  celle  trouvée  pour  Toulouse 
dans  l'hypothèse,  parfaitement  permise  d'après  l'observation  même,  où  l'on 
aurait  admis  une  durée  de  4  secondes  à  Toulouse!) 


(678) 

Diamètre  du  bolide  d'après  l'observation  de  M.  Rey.' =32  mètres. 

Vitesse  apparente  moyenne,  résultant  des  observations  de  Toulouse  et  de 

Marignac —  i4kilom,6  34 

Vitesse  relative,  rapportée  au  centre  de  la  Terre =  i4kilom,33o 

Vitesse  absolue  dans  l'espace =  2gk',om,'j43 

«  Les  valeurs  précédentes  de  la  vitesse  relative  et  de  la  vitesse  absolue 
ont  donné  une  trajectoire  hyperbolique  autour  de  la  Terre,  et  des  éléments 
elliptiques  pour  l'orbite  que  le  bolide  décrivait  autour  du  Soleil,  non- 
seulement  au  moment  où  ce  corps  fut  aperçu,  mais  encore  avant  que  notre 
planète  eût  commencé  à  agir  sur  lui  d'une  manière  sensible.  Voici,  en  effet, 
l'action  perturbatrice  de  la  Terre  défalquée,  quels  étaient,  d'après  les  don- 
nées adoptées  ci-dessus,  les  éléments  de  l'orbite  primitive  du  bolide  : 

Excentricité e  =  0,3975432 

Distance  périhélie n  =  0,4295361 

Demi-grand  axe 0  =  0,71 29742 

Distance  aphélie A  =  0,9964 1 23 

Inclinaison  de  l'orbite  sur  l'équateur. ...  I  =  32°  57'  35" 

M  du  Çl  ascendant  sur  l'équateur Mn~    ^°    4' 35" 

00 
M  du  périhélie Ma  =  1 1°  35'    5" 

Sens  du  mouvement  héliocentrique  en  ascension  droite,  direct. 

Passage  au  périhélie,  le  26  juin  i852,  à  6  heures  du  matin  (temps  moyen  de  Paris  . 

Durée  de  la  révolution  =  2i9ioursm°yen5,6964. 

»  On  ne  peut  guère  espérer  sans  doute,  tant  que  les  observations  faites 
sur  les  bolides  resteront  dans  l'état  d'imperfection  où  elles  se  trouvent  au- 
jourd'hui, d'obtenir  des  éléments  exacts  pour  les  trajectoires  de  ces  corps. 
Néanmoins,  dans  le  cas  actuel,  la  concordance  des  diverses  particularités 
indiquées  par  chacun  des  observateurs  permet  d'admettre,  ce  me  semble, 
que  les  éléments  précédents  ne  sont  pas  extraordinairement  éloignés  de  la 
vérité,  et  qu'ils  donnent,  par  conséquent,  au  moins  une  idée  des  trajec- 
toires parcourues  autour  du  Soleil  par  les  corpuscules  météoriques  dont 
l'influence  sur  les  températures  terrestres  a  déjà  été  rigoureusement  con- 
statée. Les  résultats  que  je  viens  d'indiquer  pour  le  bolide  du  a  avril  i85a 
auraient  d'ailleurs  une  importance  évidente  si,  au  lieu  de  s'appliquer  à  un 
seul  astéroïde  périodique,  ils  pouvaient  être  étendus  à  un  grand  nombre  de 
ces  corps,  aux  corps  surtout  qui  font  partie  des  anneaux  météoriques  cor- 
respondant à  des  époques  d'apparitions  extraordinaires  d'étoiles  filantes  ; 
car,  alors,  la  position  connue  du  périhélie,  la  valeur  de  l'excentricité,  la 
durée  de  la  révolution  comparée  à  la  révolution. de  la  Terre,  etc.,  etc.,  per- 


(679) 
-mettraient  d'expliquer  à  coup  sûr  l'absence  d'uniformité  dans  les  appari- 
tions annuelles,  peut-être  même  de  reconnaître  et  de  prévoir,  dans  les  phé- 
nomènes météorologiques,  certains  retours  périodiques  séparés  entre  eux 
par  des  intervalles  de  plusieurs  années.  Malheureusement,  les  longues  re- 
cherches que  j'ai  déjà  depuis  longtemps  entreprises  sur  les  astéroïdes  du 
mois  d'août,  m'ontprésenté  jusqu'ici  des  difficultés  véritablement  rebutantes, 
occasionnées  principalement  par  l'absence  de  signes  bien  caractéristiques 
pour  les  diverses  étoiles  filantes  qu'on  observe  simultanément  dans  des  sta- 
tions un  peu  éloignées  entre  elles,  à  une  époque  où  les  étoiles  filantes  sont 
ordinairement  fort  nombreuses.  Je  ne  désespère  pas  cependant  de  parvenir 
à  placer  au  moins  quelques  jalons  sur  cette  route  hérissée  d'obstacles  ca- 
pables de  décourager  la  ténacité  la  plus  persévérante;  et  s'il  ne  m'est  pas 
donné  de  la  déblayer  comme  je  le  désirerais,  j'ose  espérer  que  les  astro- 
nomes voudront  bien,  en  faveur  de  mes  efforts,  accueillir  avec  quelque 
indulgence  les  résultats  trop  incomplets  auxquels  ces  efforts  peuvent 
atteindre.  » 

NOMINATIONS. 

M.  Beactemps-Beauprè  ,  au  nom  de  la  Section  de  Géographie,  demande 
à  l'Académie  de  vouloir  bien  lui  désigner  un  de  ses  Membres  pour  rem- 
placer, dans  la  Commission  chargée  de  présenter  une  liste  de  candidats 
pour  une  place  vacante  de  Correspondant,  M.  l'amiral  Eonssin,  que  l'état 
de  sa  santé  tient  éloigné  de  l'Académie. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  cette  nomination. 

M.  Arago  réunit  la  majorité  des  suffrages. 

MÉMOIRES  LUS. 

optique.  —  Théorie  de  l'œil  (treizième  Mémoire).  De  la  vision  considérée 
dans  les  influences,  en  quelque  sorte  moléculaires ,  exercées  dans  les 
réfractions,  et  du  phénomène  de  l'irradiation;  par  M.  L.-L.   Vallée. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.   Magendie,  Pouillet,  Faye. 

«  Lorsque  l'on  considère  la  grossièreté  des  moyens  qui  sont  mis  en  jeu 
dans  l'action  de  l'œil,  on  est  tenté  de  croire  qu'une  machine  d'optique  ne 
doit  pas  pouvoir  fonctionner  dans  les  conditions  auxquelles  nos  yeux  sont 
soumis.  La  vision,  toutefois,  pour  les  cas  ordinaires,  s'accomplit  d'une  ma- 
nière merveilleuse;  mais  l'imperfection  des  moyens  n'en  a  pas  moins  ses 


•(  680  ) 

inconvénients,  et  ils  apparaissent  dans  beaucoup  de  circonstances.  Il  était 
important  d'étudier  ces  inconvénients  et  leurs  effets  pour  arriver  à  des  con- 
sidérations qui  seront  l'objet  des  Mémoires  suivants.  Celui-ci  est  uniquement 
consacré  à  l'examen  des  causes  délicates  et  corpusculaires  qui  nuisent  à  la 
vision,  qui  nous  font  voir  des  choses  qui  n'existent  pas,  ou  qui  changent  les 
proportions  des  choses  qui  existent. 

»  Nous  étudions  d'abord  l'apparence  d'un  corps  éclairant  ou  très-éclairé, 
comme  la  fenêtre  d'une  chambre,  lorsque,  en  resserrant  nos  paupières,  nous 
réduisons  cette  apparence  à  une  lueur  plus  ou  moins  prononcée  qui  ne  laisse 
pas  distinguer  les  bords  des  vitres.  Nous  reconnaissons  qu'il  y  a  dans  cette 
lueur  un  mouvement  de  haut  en  bas  d'objets  granulaires  bien  sensibles,  et 
d'autres  mouvements,  en  sens  divers,  d'autres  objets  granulaires  peu  appa- 
rents. Les  premiers  coulent  sur  la  cornée  par  l'action  de  la  gravité  ;  les  der- 
niers nagent  dans  l'humeur  aqueuse,  et  les  uns  et  les  autres  doivent  avoir 
une  certaine  action  sur  les  sensations  de  la  vue. 

»  Nous  étudions  ensuite  les  fausses  images  formées  dans  l'œil  par  des 
stries  d'une  excessive  ténuité  produites,  par  exemple,  en  passant  la  main 
sur  une  boîte  de  montre,  et  en  exposant  cette  boîte,  la  nuit,  à  la  lumière 
d'une  ou  de  plusieurs  bougies.  On  reconnaît  qu'il  y  a  sur  la  boîte  des  images 
brillantes  qui  donnent  la  sensation  de  corps  éclairants,  et  que  la  forme  de 
ces  corps  change  selon  la  direction  des  stries  que  la  sueur  de  la  main  im- 
prime sur  la  montre.  Tout,  dans  ce  phénomène,  s'explique  parfaitement  par 
la  théorie  des  images  brillantes,  et  l'action  des  corpuscules,  pour  ce  cas 
particulier,  est  tout  à  fait  manifeste. 

»  Nous  passons  de  l'étude  de  cette  action  à  celle  de  la  vision  d'une 
bougie  au  travers  des  larmes  quand  les  paupières  sont  resserrées  convena- 
blement. On  sait  qu'alors  la  bougie  présente,  en  dessus  et  en  dessous,  des 
rayons  de  feu  très-remarquables.  Rohault  s'était  occupé  de  ce  phénomène, 
et  la  Hire,  depuis,  a  établi  qu'il' est  dû  à  l'action  réfractive  des  larmes, 
laquelle  brise  le  dessus  et  le  dessous  du  faisceau  de  rayons  qui  donnent 
l'image,  ce  qui  allonge  cette  image  en  haut  et  en  bas.  Mais  il  restait  à  savoir 
pourquoi  les  rayons  de  feu  ont  un  si  grand  éclat,  pourquoi  celui  de  dessus 
est  plus  fourni  que  celui  de  dessous;  pourquoi  chacun  d'eux  se  divise  en 
raies  bien  séparées;  pourquoi  ces  raies  sont  des  lignes  droites;  pourquoi 
ces  droites  sont  continues  ;  pourquoi  le  rayon  d'en  haut  en  présente  plus 
que  le  rayon  d'en  bas  ;  pourquoi  leurs  écartements  ne  sont  soumis  à  aucun 
loi  ;  pourquoi  ces  écartements  se  maintiennent  quand  on  cligne  les  pau- 
pières; pourquoi  la  plupart  d'entre  eux  changent  lorsque,  en  tournant  la 


(68i  ) 

tète,  on  maintient  cependant  l'axe  optique  dans  sa  direction,  etc.,  etc.  ? 
Suivant  nous,  ces  particularités  sont  dues  :  i  °  aux  corpuscules  des  milieux 
de  l'œil,  et  notamment  à  ceux  qui,  comme  des  grains  de  poussière,  ou 
comme  des  particules  de  matière  transparente  d'une  densité  anormale, 
existent  à  la  surface  des  larmes  ;  i"  aux  inégalités  des  surlaces  des  paupières. 
La  géométrie,  appliquée  à  ces  considérations  d'actions  moléculaires,  nous 
semble  résoudre  heureusement  toutes  les  difficultés. 

»  Leur  examen  et  l'ensemble  des  faits  exposés  dans  les  Mémoires  précé- 
dents, nous  amènent  à  apprécier,  du  côté  pratique  et  avec  une  certaine  exac- 
titude, la  nature  intime  du  phénomène  de  la  vision  pour  un  point  peu 
éclairé  et  pour  un  point  très-éclatant.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  l'image  est 
formée  d'un  foyer  auquel  les  vices  moléculaires  des  milieux  enlèvent  plus 
ou  moins  de  lumière,  et  ce  foyer  est  environné  d'une  auréole  due  aux  rayons 
qui  sont  en  dehors  du  pinceau  efficace,  la  lumière  de  cette  auréole  décrois- 
sant à  mesure  qu'on  s'écarte  du  centre.  Dans  le  cas  d'un  point  peu  éclairé, 
elle  est  comme  non  avenue;  et  dans  le  cas  d'un  point  très-éclatant,  sa  partie 
externe,  ayant  une  intensité  que  rien  ne  distingue  suffisamment  de  celle  de 
l'image,  elle  agrandit  cette  image,  et  fait  paraître  le  point  rayonnant  plus 
gros  qu'il  ne  l'est.  C'est  la  cause  de  Y  irradiation. 

»  Les  effets  du  croissant  lunaire  et  de  la  lumière  cendrée  nous  servent  à 
justifier  cette  explication  ;  car,  si  par  une  belle  nuit,  quand  la  Lune  est  au 
commencement  du  premier  quartier,  on  la  regarde  par  un  trou  d'épingle 
percé  dans  une  carte,  au  lieu  de  voir,  comme  à  l'œil  nu,  le  cercle  du  crois- 
sant plus  grand  que  celui  de  la  lumière  cendrée,  l'effet  de  la  carte,  en  rétré- 
cissant l'auréole,  diminue  ou  anéantit  la  cause  d'irradiation  qui  donnait 
au  croissant  des  dimensions  trop  fortes. 

»  Le  principe  qui  sert  de  base  à  cette  explication  nous  fournit  un  moyen 
d'apprécier  numériquement,  dans  certains  cas,  la  grandeur  de  la  partie 
annulaire  qui,  sur  l'auréole,  se  joint  à  l'image  du  point  rayonnant.  Ainsi 
le  rayon  du  cercle  extérieur  du  croissant  étant  supposé  plus  grand  d'un 
dixième  que  le  cercle  apparent  de  la  lumière  cendrée,  la  partie  annulaire 
en  question,  partie  à  laquelle,  suivant  nous,  on  doit  l'irradiation,  aurait 
autour  de  l'image  une  largeur  de  80  millionièmes  de  millimètre. 

»  D'autres  résultats  de  cette  nature  se  déduiront  de  notre  travail,  si,  par 
des  expériences  soignées,  il  se  perfectionne  ou  se  rectifie.  On  verra  dans 
les  Mémoires  suivants  que  les  faits  déjà  établis,  quant  à  l'organisation  intime 
de  l'œil,  sont,  pour  diverses  théories,  d'une  notable  utilité.  » 

C.  K.,   i85a,  2me  Semestre.   (T.  XXXV,  N°  19.)  ÇjO 


(  682  ) 

organogénik   végétale.  —   Origine  et  développement  des  loupes  et  des 
broussins ;  par  M.  A.  Trécul.  (Extrait.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  de  Jnssieu,  Decaisne.) 

«  L'individualité  des  bourgeons  ou  des  feuilles  a  été  soutenue  par  des 
botanistes  illustres.  M.  Dutrochet  en  était  partisan,  mais  il  n'admettait  pas 
que  l'accroissement  en  diamètre  des  végétaux  se  fit  par  des  prolongements 
radiculaires  envoyés  par  ces  bourgeons  ou  ces  feuilles  entre  le  bois  et  l'é- 
(  orce.  Il  reconnaissait  que  tout  embryon  végétal,  séminal  ou  gemmaire, 
est  un  corps  globuleux  primitivement  dépourvu  d'appendices  foliacés.  Il 
admettait  aussi  deux  sortes  d'embryons  gemmaires  :  les  embryons  normaux 
et  les  embryons  adventifs.  Les  embryons  normaux  naîtraient  en  dedans  de 
l'étui  médullaire;  les  embryons  adventifs  seraient  formés  dans  l'écorce  et 
vers  sa  périphérie.  Ce  seraient,  selon  M.  Dutrochet,  ces  embryons  adventifs 
qui  produiraient  les  loupes  et  les  broussins. 

»  Tous  ces  embryons  gemmaires  sphériques  ne  seraient  unis  d'abord  que 
par  le  tissu  cellulaire  qui  les  aurait  produits;  plus  tard,  le  système  central 
de  ces  embryons  se  grefferait  à  celui  du  tronc  sur  lequel  ils  seraient  nés. 
Tant  que  l'embryon  n'aurait  pas  contracté  d'adhérence  avec  le  bois  de  l'ar- 
bre qui  le  porte,  il  ne  produirait  pas  de  feuilles  ;  il  resterait  sphérique  et 
s'accroîtrait  en  développant  des  couches  concentriques  de  bois  et  d'écorce. 
Mais  aussitôt  que,  par  les  progrès  de  son  développement,  ce  nodule  serait 
parvenu  à  mettre  son  bois  en  contact  avec  celui  de  l'arbre,  un  bourgeon 
apparaîtrait,  des  feuilles  se  manifesteraient.  Quand  la  greffe  de  ce  nodule 
avec  le  bois  du  tronc  serait  opérée,  il  constituerait  une  loupe,  et  ce  serait 
de  l'agglomération  d'une  grande  quantité  de  ces  loupes  soudées  ensemble 
et  surmontées  de  petites  branches,  que  résulterait  ce  que  l'on  nomme  un 
broussin. 

»  Telle  était  la  théorie  de  M.  Dutrochet  sur  la  formation  de  ces  excrois- 
sances singulières;  mais  il  est  facile  de  s'assurer  que  l'origine  de  tous  les 
broussins  et  des  loupes  n'est  point  ce  que  cet  ingénieux  physiologiste  avait 
imaginé.  Il  ne  faut  pas  confondre,  en  effet,  ce  qui  appartient  aux  bourgeons 
et  ce  qui  est  engendré  par  la  tige  qui  les  porte.  Un  grand  nombre  de  brous- 
sins ne  sont  que  des  productions  de  cette  tige.  L'excroissance  que  j'ai  l'hon- 
neur de  présentera  l'Académie,  en  est  un  bel  exemple.  Elle  s'est  formée  sur 
un  rameau  de  bouleau  qui  n'a  que  6  millimètres  de  diamètre  au-dessus  de 
la  tubérosité,  et  9  millimètres  au-dessous  d'elle.  Celle-ci  est  sphérique  et 


{  683 

mesure  a-  centimètres  de  circonférence.  Ses  couches  ligneuses  concentri- 
ques sont  épaisses;  mais  ses  rayons  médullaires;  qui  s'étendent  du  centre  à 
la  circonférence,  sont  d'une  grande  ténuité. 

»  Les  protubérances  que  l'on  observe  à  la  surface  des  ormes,  sont  le 
plus  souvent  dues  à  de  tels  développements  anormaux;  mais  elles  ont  une 
cause  différente.  Celle  que  je  viens  de  décrire  fut  probablement  occasion- 
née par  l'excitation  déterminée  par  la  piqûre  d'un  insecte. 

»  Le  plus  fréquemment,  sinon  toujours,  les  excroissances  souvent  con- 
sidérables des  troncs  de  l'orme  ne  sont  point  le  résultat  de  la  réunion 
d'une  multitude  de  nodules  ligneux,  ainsi  que  le  pensait  M.  Dutrochet. 
Elles  commencent  ordinairement  là  où  des  rameaux  ont  été  coupés.  Apres 
quoi,  ces  rameaux  tronqués  sont  enveloppés  par  les  nouvelles  couches 
ligneuses  (première  cause  de  protubérance);  puis  des  bourgeons  naissent 
en  nombre  plus  ou  moins  considérable;  il  en  résulte  des  interruptions  dans 
l'écorce,  des  obstacles  autour  desquels  la  sève  est  obligée  de  tourner;  et 
l'accroissement,  la  production  des  fibres  et  des  vaisseaux,  accompagnant 
toujours  la  marche  de  la  sève,  ceux  qui  sont  formés  ont  la  direction  sinueuse 
qu'elle  a  suivie.  De  là,  les  contournements  que  ces  organes  élémentaires  pré- 
sentent. De  plus,  ces  obstacles  ralentissent  la  marche  du  fluide  nutritif:  il  y 
séjourne  plus  longtemps;  les  tissus,  plus  abondamment  nourris,  se  multi- 
plient aussi  davantage.  Cependant  des  bourgeons  se  développent  en  plus 
grand  nombre,  créent  de  nouveaux  obstacles  qui  forcent  la  sève  à  décrire 
ces  circonvolutions  singulières  marquées  par  la  direction  des  filets  vascu- 
laires. 

»  Un  examen  attentif  fait  donc  découvrir  que  souvent  les  broussins  ne 
doivent  pas  être  attribués  à  la  réunion  des  nodules  ligneux  dont  j'ai  parlé. 
Aussi,  peut-on  ranger  sous  deux  chefs  principaux  les  excroissances  qui  nais- 
sent à  la  surface  des  arbres.  Les  premières,  auxquelles  on  pourra  conserver 
le  nom  d'exostoses  donné  par  Duhamel,  seront  produites  par  le  tronc  même 
sur  lequel  on  les  observe  ;  les  secondes  seront  formées  par  un  ou  plusieurs 
nodules  ligneux  réunis  :  on  leur  conservera  le  nom  de  loupes.  Mais  ces  deux 
sortes  d'excroissances  peuvent  se  combiner;  car  l'obstacle  créé  par  l'agglo- 
mération de  plusieurs  loupes  peut  occasionner  des  accidents  analogues  à 
ceux  que  j'ai  décrits.  C'est  à  ces  productions  mixtes  que  l'on  donnerait  le 
nom  de  broussins,  qui  aussi  pourrait  être  appliqué  à  toutes  les  excroissances 
en  général,  à  cause  de  la  difficulté  d'en  reconnaître  la  nature  sans  une  étude 
particulière,  ou  au  moins  une  section. 

»  Voyons  maintenant  quelle  est  l'origine  des  loupes  proprement  dites, 

90- 


(684  ) 

de  celles  que  M.  Dutrochet  attribue  à  des  embryons  solitaires  spbériques, 
d'abord  isolés  dans  l'écorcé  et  aussi  sans  trace  de  bourgeon. 

»  Y  a-t-il  ou  non  un  bourgeon  dès  le  principe?  S'il  y  a  un  bourgeon, 
est-il  indépendant  du  bois  de  l'arbre  dès  l'époque  de  sa  formation?  Toutes 
les  fois  que  j'ai  eu  des  loupes  assez  jeunes,  je  les  ai  vues  terminées  par  un 
bourgeon;  et  ce  bourgeon  était  toujours  dans  l'origine  en  communication 
vasculaire  directe  avec  le  corps  ligneux  de  la  tige. 

»  Le  charme  est  très- favorable  pour  la  démonstration  de  ces  deux  asser- 
tions. Sur  cet  arbre,  en  effet,  on  trouve  souvent  des  loupes  à  tous  les  de- 
grés d'accroissement  à  la  fois.  Elles  sont  dues  à  l'évolution  de  bourgeons 
très-souvent  fort  remarquables  par  leur  végétation  bizarre.  Ils  paraissent 
couchés  et  ramper  sur  le  tronc.  Ils  ont  quelquefois  i5  millimètres  de  lon- 
gueur sur  a-j  millimètres  de  largeur,  sont  un  peu  déprimés,  marqués  d'un 
sillon  longitudinal,  et  composés  d'une  multitude  de  petites  écailles  imbri- 
quées. Leur  structure  et  leur  accroissement  sont  non  moins  singuliers  que 
leur  aspect.  Us  ne  s'élèvent  pas  à  plus  de  i  {  à  2  millimètres  au-dessus  de  la 
surface  de  l'écorcé,  bien  qu'ils  aient  souvent  plusieurs  années  de  végéta- 
tion. Si  on  les  détache  du  tronc  de  manière  à  enlever  avec  eux  quelques 
couches  de  bois,  on  est  tout  surpris  de  s'apercevoir  que  leur  point  d'ori- 
gine ne  correspond  pas  à  leur  insertion  apparente  sur  l'écorcé,  c'est-à-dire 
à  celles  des  écailles  les  plus  éloignées  du  sommet  du  bourgeon,  ou  les  plus 
âgées.  Cette  origine,  cette  insertion  réelle  du  bourgeon  est,  au  contraire,  au- 
dessous  de  son  sommet  lui-même,  au-dessous  des  écailles  les  plus  jeunes; 
en  sorte  que  ces  bourgeons  ne  sont  rampants  qu'en  apparence.  L  accroisse- 
ment de  leur  système  fibro-vasculaire  se  fait  donc  avec  une  excessive  len- 
teur, puisque,  dans  l'espace  de  quelques  années,  il  ne  s'élève  pas  à  plus  de 
2  millimètres  au-dessus  de  l'écorcé. 

»  Le  déplacement  des  écailles  de  ces  bourgeons  et  de  l'écorcé  à  laquelle 
elles  sont  attachées ,  est  digne  d'être  noté.  Au  fur  et  à  mesure  que  de  nou- 
velles écailles  sont  formées  au  sommet  de  ces  branches  rudimentaires,  elles 
refoulent  en  arrière  celles  qui  les  ont  précédées,  avec  l'écorcé  à  laquelle 
elles  restent  fixées.  Comme  le  refoulement  des  écailles  ne  peut  se  faire  sans 
rupture  des  tissus  de  l'écorcé,  ceux-ci  se  déchirent  toujours  du  même  coté, 
de  manière  que  les  écailles  qui  étaient  disposées  tout  autour  du  bourgeon, 
sont  toutes  rejetées  du  côté  opposé  à  la  rupture;  et  ces  écailles  ne  pouvant 
plus  occuper  qu'une  demi-circonférence  à  la  surface  de  l'écorcé,  il  en  ré- 
sulte ce  sillon  qui  parcourt  longitudinalement  la  série  des  écailles  détachées 
et  repoussées  loin  du  point  où  elles  sont  nées.  Ces  écailles  refoulées  exer- 


(  685  ) 

cent  nécessairement  une  certaine  pression  sur  le  bourgeon,  aussi  est-il  un 
peu  penché  du  côté  opposé  à  leur  direction. 

»  Quand  un  nodule  ligneux  se  développe  sur  le  charme,  c'est  souvent 
un  tel  bourgeon  qui  le  produit.  Il  n'est  pas  rare  d'observer  sur  un  côté  du 
tubercule  la  série  des  écailles  décrite  précédemment  ;  elle  se  prolonge  aussi 
sur  l'écorce  du  tronc. 

»  Le  renflement  de  la  partie  ligneuse  du  bourgeon  commence  lorsque 
celui-ci  est  encore  attaché  au  bois  de  la  tige;  mais,  à  mesure  qu'il  s'accroît, 
à  mesure  que  son  axe,  de  cylindrique  qu'il  était,  devient  sphérique,  une 
pression  est  exercée  sur  l'écorce;  celle-ci,  de  son  côté,  augmentant  en  épais- 
seur, soulève  le  nodule,  et. rompt  le  pédicide  fibro-vasculaire  qui  le  tenait 
fixé  au  bois  du  tronc. 

»  Ce  nodide,  isolé  dans  l'écorce,  continue  à  végéter.  Il  existe  alors  d'une 
vie  qui  lui  est  pour  ainsi  dire  propre;  il  a  son  système  ligneux  et  son  sys- 
tème cortical  particuliers.  Enveloppé  par  l'écorce,  il  en  reçoit  sa  matière 
nutritive.  La  sève  qu'il  y  puise  étant  tout  élaborée,  pouvant  être  assimilée 
immédiatement,  ce  nodule  n'a  pas  besoin  des  organes  considérés  comme 
nécessaires  à  cette  élaboration;  aussi  le  bourgeon  avorte-t-il,  quand  la 
séparation  des  deux  systèmes  ligneux  est  opérée. 

»  Après  l'avortement  de  son  bourgeon  et  sa  propre  séparation  du  bois 
de  l'arbre,  le  nodule  peut  développer  sans  obstacle  ses  couches  ligneuses 
sur  tous  les  points  de  sa  surface.  Dès  cette  époque  aussi,  toute  trace  de 
bourgeon  disparaît,  et  aucune  réunion  n'a  lieu  normalement  par  la  suite 
avec  le  bois  du  tronc,  contrairement  à  l'opinion  de  M.  Dutrochet. 

»  Les  premiers  phénomènes  de  l'apparition  des  loupes  sont  à  peu  près 
les  mêmes  dans  le  hêtre  (j'ai  observé  aussi  ces  modules  dans  le  Pau- 
lownia _,  l'aulne,  les  érables).  Quand  elles  ont  acquis  un  certain  volume, 
l'écorce  qui  les  recouvrait  se  détruit  en  vieillissant,  l'altération  gagne  le  no- 
dule, de  manière  qu'il  se  détruit  du  côté  qui  est  soumis  à  l'influence  des 
agents  atmosphériques,  pendant  que  de  nouvelles  couches  de  bois  s'ajou- 
tent à  sa  face  interne.  Il  y  a  alors  deux  formations  ligneuses  en  sens  inverse  : 
l'une  centrifuge  dans  le  tronc,  l'autre  centripète  dans  la  loupe.  Quelquefois, 
j'ai  vu  la  destruction  s'étendre  par  le  centre  du  nodule  jusqu'à  sa  partie  la 
plus  interne.  Il  ne  restait  plus  dans  ce  cas  qu'un  anneau  de  bois  qui  conti- 
nuait à  végéter  au  milieu  de  l'écorce. 

»  La  forme  de  ces  loupes  est  variable.  Elles  sont  ovoïdes,  globuleuses  ou 
allongées  transversalement.  Elles  sont  ovoïdes  dans  la  jeunesse  et  souvent 
terminées  par  la  pointe  ou  pédicule  qui  les  tenait  fixées  au  bois  de  l'arbre. 


(  686  ) 

J  ai  vu  dans  le  Paulownia  un  nodule  globuleux  qui  était  adhérent  au  bois 
par  deux  pédicules  parcourus  chacun  par  un  canal  médullaire  :  ce  qui 
paraît  indiquer  que  deux  bourgeons  avaient  concouru  à  sa  formation. 

»  Certains  arbres  produisent,  près  de  la  périphérie  de  leur  écorce,  des 
bourgeons  adventifs  que  j'ai  vus  liés  avec  le  bois  (damY4ilanthus  glandu- 
losa)  par  des  filets  vasculaires  très-ténus.  De  tels  bourgeons  se  transforment 
aussi  quelquefois  en  nodules  ligneux.  J'en  ai  observé  un  dans  le  Paulownia 
qui  n'avait  que  i  \  millimètre  de  diamètre.  Ses  vaisseaux,  formés  de  cellules 
réticulées  très-courtes,  étaient  disposés  en  cercles  concentriques,  et  il  por- 
tait sur  le  côté  externe  un  bourgeon  composé  de  quelques  feuilles  rudi- 
mentaires. 

»  L'accroissement  de  ces  nodules  ligneux,  isolés  dans  l'écorce,  est  une 
nouvelle  preuve  de  la  non-intervention  de  fibres  et  de  vaisseaux  radicu- 
laires  provenus  des  feuilles  de  l'arbre,  dans  la  production  des  couches  du 
bois.  » 

MEMOIRES  PRÉSENTÉS. 

mécanique.  —  Recherches  mathématiques  faites  à  l'occasion  des  expé- 
riences de  M.  Foucault ,  pour  rendre  sensible  aux  jeux  le  mouvement 
de  rotation  de  la  Terre;  par  M.  Quet.  Mémoire  présenté  à  la  séance 
précédente.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Un  corps  solide  de  révolution  tourne  autour  de  son  axe  de  figure  ;  son 
centre  de  gravité  est  fixe  sur  la  Terre  ;  son  axe  ne  peut  pas  sortir  d'un  plan 
quelconque,  qui  est  aussi  fixe  sur  la  Terre;  mais  il  peut  librement  tourner 
dans  ce  plan  directeur;  il  s'agit  de  déterminer  les  oscillations  de  l'axe  mo- 
bile lorsque  le  centre  de  gravité  du  corps  et  le  plan  directeur  de  l'axe  sont 
emportés  dans  le  mouvement  diurne. 

»  Les  principaux  résultats  auxquels  je  suis  parvenu  sont  les  suivants  : 

»  i°.  Lorsque  le  plan  directeur  est  horizontal,  l'axe  du  corps  ne  peut 
être  en  équilibre  relatif  que  suivant  la  méridienne  ;  cet  équilibre  est  stable 
si  la  rotation  du  mobile  projetée  sur  l'équateur  terrestre  est  de  même  sens 
que  celle  de  la  Terre,  il  est  instable  dans  le  cas  opposé. 

»  20.  Lorsque  le  plan  directeur  est  le  méridien,  l'axe  du  corps  ne  peut 
être  en  équilibre  relatif  que  s'il  est  parallèle  à  l'axe  terrestre.  L'équilibre  est 
stable  si  la  rotation  du  corps  est  de  même  sens  que  celle  de  la  Terre. 

»  Ces  cas  particuliers  correspondent  aux  deux  expériences  de  M.  Fou- 
cault. 


(687) 

»  3°.  Pour  que  l'axe  du  solide  se  dirige  parallèlement  à  l'axe  de  la  Terre, 
il  n'est  pas  nécessaire  que  son  plan  directeur  soit  le  méridien,  il  suffit  que 
ce  plan  directeur,  quelle  que  soit  son  inclinaison  sur  l'horizon,  se  trouve 
lui-même  parallèle  à  l'axe  terrestre. 

»>  4°.  L'axe  du  solide  est  indifférent  dans  son  plan  directeur,  lorsque  ce 
plan  est  perpendiculaire  à  l'axe  du  monde. 

»  Dans  cette  condition,  l'appareil  présente  un  cas  analogue  à  celui  de 
l'aiguille  astatique,  imaginée  par  Ampère. 

»  5°.  Généralement,  quelle  que  soit  la  direction  du  plan  directeur,  si 
l'on  projette  sur  lui  l'axe  de  la  Terre,  on  aura  la  direction  d'équilibre  relatif 
de  l'axe  du  corps  tournant. 

»  Cette  règle  générale  est  analogue  à  celle  qui  donne  la  direction  de 
l'aiguille  aimantée,  lorsque  le  plan  de  la  boussole  est  quelconque. 

»  6°.  Lorsque  l'axe  du  corps  est  hors  de  sa  ligne  d'équilibre,  il  oscille 
dans  le  plan  directeur  autour  de  sa  position  stable.  Ses  oscillations,  grandes 
et  petites,  suivent  les  mêmes  lois  que  celles  des  pendules. 

»  70.  Si  l'on  fait  osciller  l'axe  du  corps  tour  à  tour  dans  le  méridien  et 
dans  le  plan  horizontal,  on  trouve  que,  pour  la  même  rapidité  de  rotation, 
les  oscillations,  dans  le  méridien,  sont  plus  rapides  que  les  autres. 

»  8°.  La  durée  des  oscillations,  dans  le  méridien,  peut  servir  à  détermi- 
ner la  durée  de  la  révolution  de  la  Terr.e,  qu'on  peut  calculer  au  moyen 
d'une  formule  que  je  donne. 

»  ç>°.  Si  l'on  compare  les  carrés  des  nombres  d'oscillations  exécutées 
dans  le  plan  horizontal  et  dans  le  méridien,  avec  la  même  vitesse  de  rota- 
tion, leur  rapport  donne  le  cosinus  de  la  latitude. 

»  Il  suit,  de  ces  dernières  propositions,  qu'un  expérimentateur,  sans 
sortir  de  son  cabinet,  sans  voir  le  ciel,  peut  déterminer  la  direction  suivant 
laquelle  le  ciel  paraît  immobile,  le  sens  dans  lequel  les  étoiles  paraissent 
tourner,  la  durée  de  la  révolution  des  étoiles. 

»  Sans  doute  ces  déterminatious  ne  peuvent  atteindre  la  précision  qu'on 
obtient  dans  la  mesure  des  éléments  du  mouvement  terrestre  ;  cependant 
j'ai  cru  devoir  les  signaler,  parce  que  je  ne  crois  pas  que,  jusqu'ici,  on  ait 
indiqué  qu'elles  peuvent  se  faire,  au  moins  au  point  de  vue  spéculatif,  par 
l'observation  des  oscillations  d'un  corps.  Au  reste,  il  me  semble  qu'une 
personne  même  obstinée  ne  pourrait  pas  résister  à  ce  mode  de  démonstra- 
tion du  mouvement  de  la  Terre. 

»  i  o°.  Lorsque  l'axe  du  solide  est  astreint  à  se  mouvoir,  non  dans  un  plan, 
mais  sur  la  surface  d'un  cône  fixe  sur  la  Terre,  il  perd  sa  position  d'équi- 
libre dans  un  plan  mené  par  l'axe   du   cône  parallèlement   à  l'axe  ter- 


(  688  ) 

restre;  ses  oscillations  autour  de  la  position  d'équilibre  stable  ont   pour 
durée 


/   A  sin  8 

t  —  n\f  n ! : 

y    C  n  p  sin  u 


on  désigne  par  w  l'angle  que  l'axe  du  cône  fait  avec  l'axe  du  monde,  par 
iQ  l'angle  du  cône,  par  n  la  vitesse  angulaire  de  rotation  de  la  Terre,  par  p 
celle  du  corps,  par  C  le  moment  d'inertie  du  corps  pris  par  rapport  à  l'axe 
de  figure,  par  A  le  moment  d'inertie  par  rapport  à  une  droite  menée  par 
le  centre  de  gravité  perpendiculairement  à  l'axe  de  figure.  » 

mécanique.  —  Application  de  la  théorie  générale  des  mouvements  de  rota- 
tion à  la  théorie  spéciale  du  gyroscope  horizontal  de  M.  Foucault, 
employé  pour  mesurer  par  ses  oscillations  la  latitude.  (Nouvelle  Note  de 
M.  Qcet  faisant  suite  à  la  précédente.  ) 

«  J'ai  pensé,  dit  l'auteur  dans  une  Lettre  adressée  à  M.  Arago,  en  même 
temps  que  cette  nouvelle  Note  était  adressée  à  l'Académie,  que  peut-être 
vous  ne  regarderiez  pas  comme  chose  inutile  un  travail  expérimental  dans 
lequel  on  chercherait  avec  quelle  approximation  on  peut  déterminer  la  lati- 
tude par  les  oscillations  horizontales  du  gyroscope  de  M.  Foucault.  Aussi, 
j'ai  appliqué  mes  formules  générales  à  ce  gyroscope ,  en  tenant  compte  des 
divers  anneaux  qui  servent  à  guider  l'axe. 

»  Les  moments  d'inertie  principaux  des  divers  anneaux  entrent  d'une 
manière  fort  simple  dans  la  formule  qui  donne  le  cosinus  de  la  latitude.  On 
peut  se  servir  de  cette  formule  de  deux  manières  :  si  l'on  veut  déterminer  la 
latitude  absolue,  il  faut  connaître  les  moments  d'inertie  des  deux  cercles  et 
du  corps  tournant  par  rapport  à  la  verticale  du  centre  de  gravité  et  le  mo- 
ment d'inertie  du  corps  tournant  par  rapport  à  son  axe  ;  si  l'on  veut  déter- 
miner les  latitudes  en  faisant  osciller  le  même  appareil  dans  deux  lieux  dif- 
férents dont  l'un  a  une  latitude  connue,  il  n'est  pas  nécessaire  de  connaître 
les  moments  d'inertie,  car  la  formule  montre  que  les  cosinus  des  latitudes 
sont  comme  les  carrés  des  nombres  d'oscillations  lorsque  la  durée  de  la  ro- 
tation est  la  même,  et  en  raison  inverse  des  produits  des  vitesses  de  rotation 
par  les  carrés  des  durées  d'oscillation  lorsque  la  vitesse  de  rotation  est 
différente.   » 

l 'Les  deux  communications  de  M.  Quet  sont  renvoyées  à  l'examen  de  la 
Commission  qui  aura  à  faire  le  Rapport  sur  les  communications  de  M.  Fou- 
cault, sur  celles  de  M.  Person,  et  sur  une  Note  antérieurement  adressée  par 
M.  Quet.  ) 


•    (  689  ) 

mécanique.  —  Remarques  de  M.  Persox  à  l'occasion  d'une  Note  récente 

de  M.  Quet. 

(Commission  précédemment  nommée.  ) 

«  Permettez-moi  de  soumettre  à  l'Académie  une  simple  remarque  sur  le 
résultat  énoncé  par  M.  Quet  dans  les  Comptes  rendus,  tome  XXXV,  page  602  .< 
Le  corps  considéré  par  M.  Quet  est  soumis  à  deux  rotations,  l'une  due  à  la 
Terre,  l'autre  due  à  l'action  d'un  fil,  par  exemple.  Pour  que  la  rotation  ré- 
sultante commence,  ainsi  qu'on  le  suppose,  autour  de  l'axe  de  révolution, 
qui  a  une  direction  quelconque,  il  faut,  en  général,  que  ni  l'une  ni  l'autre 
des  deux  rotations  composantes  ne  tende  à  se  faire  autour  de  cet  axe;  cela 
est  évident  d'après  le  principe  de  la  composition  des  rotations.  Mais,  dans 
le  gyroscope,  c'est  justement  autour  de  l'axe  de  révolution  que  la  rotation 
due  au  fil  tend  à  se  faire  ;  donc  le  cas  traité  par  M.  Quet  n'est  pas  le  cas  con- 
sidéré par  M.  Foucault,  .et,  par  suite,  la  coïncidence  signalée  n'est  qu'illu- 
soire. Quand  M.  Quet  aura  traité  le  cas  véritablement  en  question,  il  renon- 
cera, je  pense,  à  la  fixité  qu'il  admet;  il  trouvera  que  l'axe  de  révolution  ne 
devient  fixe  que  quand  il  devient  parallèle  à  l'axe  de  la  Terre,  et  qife  par 
conséquent  on  ne  peut  pas  l'assimiler  à  une  lunette  parallactique.  » 

mécanique.— M.  Lamarle  adresse,  de  Gand,  une  Note  ayant  pour  titre  : 
Résumé  général  présentant  les  bases  du  calcul  relatif  aux  effets  que  la 
rotation  de  la  Terre  produit  sur  le  mouvement  gjratoire  des  corps  entraînés. 

Le  manuscrit  de  M.  Lamarle  est  renvoyé  à  l'examen  de  la  Commission 
qui  doit  faire  le  Rapport  sur  les  communications  de  M.  Foucault,  de 
M.  Quet  et  de  M.  Person. 

Les  documents  imprimés  que  M.  Lamarle  avait  annoncés  dans  une  précé- 
dente communication,  et  qui  font  partie  de  son  nouvel  envoi,  sont  égale- 
ment renvoyés,  à  titre  de  renseignements,  à  la  même  Commission. 

M,  du  Moncel  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  ayant  pour 
titre  :  Système  de  carillon  électrique  propre  à  la  sonnerie  des  cloches  de 
signal  dans  les  grands  établissements,  aux  différentes  heures  où  il  en  est 
besoin. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Becquerel,  Despretz,  Morin.) 
M.  le  pasteur  Clavel  envoie  un  supplément  à  sa  précédente  communi- 

C.  R.  ,  i852,  2""  Semestre.  (T.  XXXV,  IN»  19.)  91 


cation  sur  un  hélioslat  destiné  à  faire  pénétrer  les  rayons  du  soleil  dans  des 
appartements  obscurs. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Mathieu,  Babinet.) 

M.  Riche  adresse,  de  Colmar,  une  Note  sur  la  détermination  approxima- 
tive du  volume  utile  du  fer  pour  une  hélice  d'un  nombre  de  tours  donné, 
afin  d'obtenir  le  maximum  d'aimantation. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Pouillet,  Despretz.) 

M.  l'abbé  Chapsal  adresse  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  Sur  un  fluide 
électro-animal  polarisé  observé  dans  le  corps  humain. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Pouillet,  Babinet.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Maire  de  la  ville  de  Reims  remercie  l'Académie  d'avoir  bien 
voulu  comprendre  la  bibliothèque  de  cette  ville  dans  le  nombre  des  établis- 
sements auxquels  elle  fait  don  de  ses  publications. 

chimie  organique.  —Recherches  sur  les  combinaisons  de  l'acide  sulfuiique 
avec  les  matières  organiques  ;  par  MM.  Gerhardt  et  G.  Chancel. 

«  Parmi  les  combinaisons  que  l'acide  sulfurique  produit  avec  les  sub- 
stances organiques,  il  n'y  a  que  les  composés  qu'on  obtient  avec  les  alcools 
qui  aient  été,  jusqu'à  présent,  réunis  dans  une  théorie  commune.  Tous  les 
chimistes,  en  effet,  sont  d'accord  pour  cousidérer  les  acides  viniques  et  les 
éthers  sulfuriques,  suivant  le  point  de  vue  auquel  ils  se  placent,  soit  comme 
des  sulfates  à  base  d'oxydes  organiques,  soit  comme  de  l'acide  sulfurique 
dans  lequel  la  moitié  ou  la  totalité  de  l'hydrogène  est  remplacée  par  un 
groupe  organique,  méthyle,  éthyle,  amyle,  phényle,  etc. 

»  Il  existe  un  nombre  considérable  d'autres  combinaisons  semblables 
sur  la  constitution  desquelles  on  n'est  pas  encore  parvenu  à  s'entendre, 
faute  de  données  suffisantes  sur  leurs  métamorphoses.  Sous  ce  rapport,  il 
faut  particulièrement  citer  les  composés  qui  s'obtiennent  avec  l'acide  sul- 
furique, et  les  hydrocarbures  ou  les  acides  organiques.  Tels  sont  l'acide 
sulfobenzidique,  la  sulfobenzide,  l'acide  sulfobenzoïque,  et  leurs  homo- 
logues. 

»  Nous  avons  fait  quelques  expériences  dont  les  résultats  permettent,  ce 


(69i  ) 

nous  semble,  de  formuler  la  constitution  des  composés  précédents  par  une 
expression  commune,  qui  vient  elle-même  se  rattacher  à  la  théorie  générale 
des  alcools  et  des  acides. 

i>  Le  fait  principal  qui  se  dégage  de  notre  travail,  c'est  que  les  combi- 
naisons de  V acide  sulfurique  avec  les  matières  organiques  sont  parallèles  à 
d'autres  combinaisons ,  dans  lesquelles  le  groupe  SOa  est  remplace'  par  le 
groupe  CO.  Dans  les  deux  séries,  on  retrouve,  de  la  manière  la  plus  frap- 
pante, les  mêmes  termes  avec  les  mêmes  propriétés,  les  mêmes  fonctions 
chimiques.  Nous  appellerons  l'une  des  deux  séries,  la  série  carbonique, 
l'autre  la  série  sulfurique. 

»  Voici  un  tableau  synoptique  qui  démontre  l'existence  de  ces  deux 
séries  parallèles  : 


CO, 
CO.O, 

CO.Ci 

Cl 

CO.C'H5 

Cl 

CO.CcHs 

H 

CO.CH4 

C6HS 

CO.C6Hs 

NH2 

CO.C6H5 

H 

CO.O,  C8H4 

H 

CO.CH5 

NH2 

CO.O,  C'H1 

CO.  H 


O, 


». 


o 


Série  carbonique. 

Oxyde  de  carbone.  SOs, 

Acide    carbonique    an-  S02.0, 

hydre. 

SO'.Cl 

Oxychlorure  de  carbone.  ' 

Chlor.  de  benzoïle  (chlo-  S02.CH5 

rure  phénylformique).  Cl 

Hydrure  de  benzoïle  (  hy-  SO2 .  C6  H5 

drure  phénylformique).  H 

Benzophénone  (  phényle  SO2 .  C6  H5 

phénylformique  ) .  C6  H5 

Benzamide    (  phénylfor-  SO'.C'H5 

miamide).  NH' 

Acide   benzoïque   (acide  SO'.C6H5 

phénylformique).  H 

Acide  salicylique   (acide  S02.0,  C6H5 

phénylearbonique).  H 

Acide  anthranilique  (ac.  S02.C6Hs 

phénylearbamique).  NH2 

Acide   phtalique    (acide  S02.0,  C6H5 

phényloxalique  ) .  CO .  H 


Série  sulfurique. 

Gaz  sulfureux. 

Acide  sulfurique  anhy- 
dre. 

Acide  chlorosulfurique. 

Corps  nouveau   (  chlo- 
rure phénylsulfu  reux) . 

Inconnu. 


Sulfobenzide    (  phényle 
phénylsulfureux  ). 

Corps  nouveau  (phényl 
sulfimide). 

Ac.  sulfobenzidique(ac. 
phénylsulfureux  ). 

Acide  sulfophénique(ac. 

phénylsulfurique  ) . 
Acide  sulfanilique  (acide 

phénylsulfamique  ). 


O, 
O, 
0, 


O,   Acide  sulfobenzôïque. 


»  Deux  composés  nouveaux  de  la  série  sulfurique  ont  été  découverts  par 
nous  :  l'un,  le  chlorure  phénylsulfureux ',  le  correspondant  du  chlorure  de 
benzoïle  dans  la  série  sulfurique,  renferme 

C6H5ClSOa. 

91.. 


(  69a  ) 

a  C'est  une  huile  incolore,  d'une  densité  de  1,378  à  23  degrés,  réfrac- 
tant fortement  la  lumière,  fumant  légèrement  à  l'air,  insoluble  dans  l'eau, 
fort  soluble  dans  l'alcool,  et  bouillant  d'une  manière  constante  à  i5^  degrés; 
son  odeur,  assez  forte,  rappelle  celle  de  l'essence  d'amandes  amères.  On 
l'obtient  aisément  et  en  quantité  notable,  en  distillant  un  sulfobenzidate 
avec  un  léger  excès  d'oxychlorure  de  phosphore. 

»  L'eau  attaque  à  peine  le  nouveau  chlorure,  néanmoins  elle  en  devient 
acide  ;  mais  les  alcalis  fixes  le  transforment  immédiatement  en  sulfoben- 
zidate. 

»  Ce  chlorure  est  attaqué  avec  énergie  par  l'ammoniaque,  et  donne 
l'autre  composé  {phénylsuljimide)  qui  manque  dans  la  série  sulfurique,  le 
composé  correspondant  à  la  benzamide  : 

C8H7NSOa. 

»  C'est  un  corps  solide  presque  insoluble  dans  l'eau,  fort  soluble  dans 
l'alcool.  On  l'obtient  surtout  bien  cristallisé  en  paillettes  nacrées,  ressem- 
blant beaucoup  à  la  benzamide,  en  le  faisant  cristalliser  dans  l'ammoniaque 
bouillante. 

»  Il  serait  difficile  de  trouver,  parmi  les  composés  organiques,  un 
ensemble  d'analogies  plus  nettement  accusées  que  dans  les  composés 
inscrits  au  tableau  précédent.  Les  mêmes  types  reviennent  des  deux  côtés, 
et  les  termes  correspondants  se  ressemblent  souvent  jusque  dans  leurs  carac- 
tères physiques,  à  un  aussi  haut  degré  que  certains  corps  chlorés  ou  bromes 
ressemblent  à  des  corps  hydrogénés  d'où  ils  dérivent  par  substitution.  Si 
l'acide  carbonique,  au  lieu  d'être  gazeux,  était  un  agent,  solide  ou  liquide, 
aussi  énergique  que  l'acide  sulfurique,  nul  doute  qu'on  ne  pût  produire 
directement,  avec  lui  et  la  benzine  ou  l'hydrate  de  phényle,  l'acide  ben- 
zoïque  ou  l'acide  salicylique  aussi  bien  qu'on  produit  aujourd'hui  l'acide 
sulfobenzidique  ou  l'acide  sulfophénique  au  moyen  de  l'acide  sulfurique. 

»  D'ailleurs,  les  composés  de  la  série  carbonique  peuvent  souvent  être 
convertis  en  ceux  de  la  série  sulfurique,  par  l'effet  d'une  double  décompo- 
sition :  qu'on  dissolve  à  chaud  des  cristaux  de  benzophénone  dans  l'acide 
sulfurique  fumant,  il  se  dégagera  de  l'acide  carbonique  pur,  et  l'on  aura  de 
l'acide  sulfobenzidique  en  dissolution  (on  sait  que  la  sulfobenzide,  le  cor- 
respondant de  la  benzophénone,  se  transforme  en  acide  sulfobenzidique 
par  la  seule  dissolution  dans  l'acide  sulfurique). 

»  Les  analogies  que  nous  venons  de  signaler  se  retrouvent,  avec  les 
mêmes  caractères,  dans  les  composés  qui  dérivent  des  alcools  et  des  acides 


(  693  ) 

volatils  correspondants  ;  de  même  que  l'acide  benzoïque  représente  l'acide 
phénylformique  auquel  correspond,  dans  la  série  sulfurique,  l'acide  sulfo- 
benzidique  ou  phénylsulfureux ,  de  même  l'acide  acétique  représente  l'acide 
méthylfôrmique  auquel  correspond  l'acide  métbylsulfureux  ( i )  ;  de  même, 
encore,  l'acide  propionique  représente  l'acide  éthylformique  auquel  cor- 
respond l'acide  éthylsulfureux  (2),  etc.,  et  chacun  de  ces  termes  a  aussi  son 
métal,  son  bydrure,  son  amide,  son  chlorure. 

»  Rien  de  plus  semblable,  par  exemple,  que  les  chlorures  des  deux  séries  ; 
ce  sont  des  liquides  plus  ou  moins  volatils,  plus  ou  moins  fumants,  plus 
pesants  que  l'eau,  et  que  les  alcalis  transforment  en  leurs  acides  respectifs. 
Ils  peuvent  tous  s'obtenir  avec  l'oxychlorure  de  phosphore  et  un  sel  de 
l'acide  correspondant.  Le  chlorure  éthylsulfureux ,  entre  autres, 

CaH5ClSOa, 

est  un  liquide  incolore,  légèrement  fumant,  insoluble  dans  l'eau,  fort  soluble 
dans  l'alcool,  d'une  densité  de  1 ,357  ^  a2°,5,  et  bouillant  à  171  degrés.  Ce 
composé  correspond  évidemment  au  chlorure  de  l'acide  propionique  ou 
éthylformique,  dans  la  série  carbonique.  Le  soi-disant  sulfite  de  chlorure 
de  carbone  de  Berzélius  et  Marcet,  CC14S02,  représente  le  chlorure  de  l'acide 
trichlorométhylsulfureux,  correspondant,  dans  la  série  carbonique,  au  chlo- 
rure trichlorométhylformique  (chlorure  trichloracétique,  aldéhyde  per- 
chloré  de  M.  Malaguti). 

»  Enfin,  pour  compléter  ces  analogies,  nous  dirons  que,  dans  la  série  car- 
bonique, l'acide  succinique  et  ses  homologues  (adipique,  pimélique,  subé- 
rique,  sébacique)  sont  autant  de  représentants  du  type  acide  oxalique  (3) 
qui  correspondent  à  l'acide  sulfacétique  et  à  ses  homologues,  tout  comme, 
au  même  point  de  vue,  l'acide  phtalique  est  le  correspondant  de  l'acide 
sulfobenzoïque. 

>»  Nous  nous  proposons  de  continuer  ces  recherches,  en  fixant  particu- 
lièrement notre  attention  sur  les  moyens  d'opérer  la  transformation  des 
termes  carboniques  en  termes  sulfuriques.  Nous  avons  déjà  remarqué,  par 
exemple,  que  l'acide  acétique  anhydre  dégage  du  gaz  carbonique  pur, 
lorsqu'on  le  chauffe  légèrement  avec  de  l'acide  sulfurique  fumant;  il  est 
probable  que  le  sulfacide,  produit  dans  ces  circonstances,  est  l'acide  méthyl- 

(1)  CH'SO3,  par  l'oxydation  de  l'acide  méthylsulfhydrique  (  mercaptan  méthylique)  au 
moyen  de  l'acide  nitrique. 

(2)  CrPSO3,  par  l'oxydation  de  l'acide  étliylsulfhydrique  (mercaptan). 

(3)  L'acide  succinique  est  l'acide  éthyloxalique. 


(694) 

sulfureux,  c'est-à-dire  le  même  que  celui  qu'on  obtient  en  oxydant  le  mer- 
captan  méthylique  par  l'acide  nitrique.  » 

physique  APPLIQUÉE.  —  Troisième  Mémoire  sur  l'héliochromie ; 
par  M.  Niepce  de  Saint-Victor. 

«  Dans  ce  nouveau  Mémoire,  je  traiterai  principalement  des  phénomènes 
d'optique  que  j'ai  observés  en  cherchant  à  fixer  les  couleurs  à  la  chambre 
obscure. 

»  Après  avoir  obtenu  par  contact,  c'est-à-dire  en  appliquant  le  recto 
d'une  gravure  coloriée  sur  une  plaque  sensible,  et  la  recouvrant  d'un  verre 
pour  l'exposer  ensuite  à  la  lumière,  tout  ce  qu'il  était  possible  d'obtenir 
dans  l'état  actuel  des  choses,  j'ai  cherché  à  parvenir  aux  mêmes  résultats 
dans  la  chambre  obscure.  Le  passage  était  difficile,  et  je  m'attendais  à  ren- 
contrer de  grandes  difficultés,  que  je  suis  parvenu,  jusqu'à  un  certain  point, 
à  surmonter. 

»  J'ai  reconnu  que  la  reproduction  de  toutes  les  couleurs  était  possible, 
qu'il  ne  s'agissait,  pour  l'obtenir,  que  de  préparer  convenablement  la 
plaque. 

»  3 'ai  commencé  par  reproduire  à  la  chambre  noire  des  gravures  colo- 
riées, puis  des  fleurs  artificielles  et  naturelles;  enfin  la  nature  morte:  une 
poupée  que  j'ai  habillée  d'étoffes  de  différentes  couleurs,  et  toujours  avec 
des  galons  d'or  et  d'argent. 

»  J'ai  obtenu  toutes  les  couleurs,  et  ce  qu'il  y  a  de  plus  extraordinaire 
et  de  plus  curieux,  c'est  que  l'or  et  l'argent  se  peignent  avec  leur  éclat  mé- 
tallique, de  même  que  le  cristal,  l'albâtre  et  la  porcelaine  se  dessinent  avec 
l'éclat  qui  leur  est  propre. 

»  J'ai  produit  des  images  de  pierres  précieuses  et  de  vitraux,  et  les  essais 
m'ont  fait  observer  une  particularité  curieuse  que  je  crois  devoir  consigner 
ici.  J'avais  placé  devant  mon  objectif  un  verre  vert  foncé,  qui  m'a  donné 
une  image  jaune  au  lieu  d'une  image  verte,  tandis  qu'un  verre  vert  clair, 
placé  à  côté  du  vert  foncé,  s'est  parfaitement  reproduit  avec  sa  couleur. 

»  La  grande  difficulté,  celle  qui  m'a  le  plus  arrêté  jusqu'à  ce  jour,  est 
d'obtenir  plusieurs  couleurs  à  la  fois;  cela  est  possible  cependant,  puisque 
je  l'ai  souvent  fait. 

»  Toutes  les  couleurs  claires  se  reproduisaient  beaucoup  plus  vite  et 
beaucoup  mieux  que  les  couleurs  foncées,  c'est-à-dire  que  plus  les  couleurs 
se  rapprochent  du  blanc,  plus  elles  se  reproduisent  facilement,  et  que  plus 
elles  se  rapprochent  du  noir,  plus  elles  sont  difficiles  à  reproduire.  Cela 


(695  1 

doit  être,  puisque  plus  les  couleurs  sont  lumineuses,  plus  leur  action  pho- 
togénique est  grande.  Les  corps  qui  réfléchissent  le  plus  de  lumière  blanche 
sont  aussi  ceux  qui  se  reproduisent  le  mieux. 

»  Ainsi  la  lumière  blanche,  loin  de  nuire  à  la  reproduction  des  couleurs, 
la  rend,  au  contraire,  plus  facile,  comme  on  va  le  voir. 

»  Ayant  remarqué  que  les  couleurs  claires  et  éclatantes  se  reproduisent 
beaucoup  mieux  que  les  couleurs  mates,  pourvu  cependant  que  les  pre- 
mières ne  soient  pas  exposées  aux  rayons  directs  du  soleil,  parce  que,  dans 
ce  cas,  elles  réfléchiraient  la  lumière  comme  un  miroir,  et  brûleraient 
l'image  dans  certaines  parties,  j'ai  eu  l'idée  d'opérer  dans  une  chambre 
dont  l'intérieur  fût  le  plus  éclairé  possible;  pour  cela,  j'ai  d'abord  employé 
une  chambre  tapissée  de  papier  blanc.  Les  résultats  ont  été  au  moins 
égaux  à  ceux  que  me  donnait  la  chambre  noire,  quant  à  la  production 
des  couleurs,  ce  qu'il  était  important  de  constater. 

»  J'ai  ensuite  garni  l'intérieur  d'une  chambre  noire  avec  des  glaces  éta- 
mées,  et  j'ai  encore  obtenu  les  mêmes  résultats;  cette  circonstance,  cepen- 
dant, est  contraire  à  toutes  les  règles  de  la  photogénie. 

»  Je  ne  puis  néanmoins  assurer  d'une  manière  positive  qu'il  y  ait  réelle- 
ment avantage  à  se  servir  de  préférence  de  ces  deux  chambres,  soit  pour  la 
puissance  de  l'effet,  soit  pour  sa  rapidité,  parce  que  les  moyens  dont  je  dis- 
pose ne  m'ont  pas  permis,  jusqu'à  ce  jour,  de  faire  des  expériences  compa- 
ratives suffisamment  concluantes. 

»  Par  cela  même  que  les  couleurs  claires  se  reproduisent  plus  facilement 
et  surtout  plus  promptement  que  les  couleurs  foncées,  il  est  très-important 
que  les  nuances  du  modèle  soient  des  nuances  du  même  ton,  si  l'on  veut 
les  reproduire  toutes  à  la  fois,  sans  cela  les  nuances  claires  seraient  passées 
avant  que  les  secondes  se  fussent  produites. 

»  On  peut  cependant  fixer  des  couleurs  de  tons  différents,  en  ayant  soin 
de  prendre  des  couleurs  claires  mates,  et  des  couleurs  foncées  brillantes 
ou  glacées,  ce  que  j'ai  fait  avec  succès. 

»  La  couleur  la  plus  difficile  à  obtenir  avec  toutes  les  autres,  est  le  vert 
foncé  des  feuillages,  parce  que  les  rayons  verts  ont  peu  d'action  photogé- 
nique, et  sont  presque  aussi  inertes  que  Je  noir;  le  vert  clair  cependant  se 
reproduit  très-bien,  surtout  s'il  est  brillant  comme  dans  le  papier  vert  glacé. 
»  Pour  obtenir  des  verts  foncés,  il  faut  à  peine  chauffer  la  plaque  avant 
de  l'exposer  à  la  lumière,  tandis  que,  pour  obtenir  la  plupart  des  autres 
couleurs,  et  surtout  de  beaux  blancs,  il  faut,  comme  je  l'ai  dit  ailleurs,  que 
la  couche  sensible  soit  amenée  par  la  chaleur  à  la  teinte  rouge-cerise.  Cette 
teinte  rouge  a  de  graves  inconvénients,  les  noirs  et  les  ombres  restent  presque 


(696) 

rouges;  quelquefois  cependant  il  arrive  que  les  noirs  sont  bien  indiqués, 
surtout  quand  on  opère  par  contact. 

»  J'ai  essayé,  par  tous  les  moyens  en  mon  pouvoir  aujourd'hui,  de  sup- 
primer cette  préparation  par  l'élévation  de  la  température,  mais  cela  ne  m'a 
pas  encore  été  possible. 

»  Les  expériences  suivantes  m'ont  mis  sur  la  voie  qui  me  conduira,  je 
l'espère,  à  une  solution  complète  du  problème  de  l'héliochromie. 

»  Si  au  sortir  du  bain  on  ne  fait  que  sécher  la  plaque  sans  élever  la  tem- 
pérature au  point  de  lui  faire  changer  de  couleur,  et  qu'on  l'expose  ainsi  à 
la  lumière,  recouverte  d'une  gravure  coloriée,  on  obtient  réellement,  après 
très-peu  de  temps  d'exposition,  une  reproduction  de  cette  gravure  avec 
toutes  ses  couleurs;  mais  les  couleurs,  le  plus  souvent,  ne  sont  pas  visibles, 
quelques-unes  seulement  apparaissent  lorsque  l'exposition  à  la  lumière  a 
été  assez  prolongée  :  ce  sont  les  verts,  les  rouges  et  quelquefois  les  bleus. 
Les  autres  couleurs,  et  fréquemment  toutes  les  couleurs,  quoique  certaine- 
ment produites,  sont  restées  à  l'état  latent;  en  voici  la  preuve.  Si  l'on  prend 
un  tampon  de  coton  imprégné  d'ammoniaque,  ayant  déjà  servi  à  nettoyer 
une  plaque,  et  que  l'on  frotte  doucement  sur  la  plaque,  on  voit  apparaître 
peu  à  peu  l'image  avec  toutes  ses  couleurs.  Il  a  fallu,  pour  cela,  enlever  la 
couche  superficielle  du  chlorure  d'argent  pour  arriver  à  la  couche  infé- 
rieure plus  profonde,  à  celle  qui  adhère  immédiatement  à  la  plaque  d'ar- 
gent, et  sur  laquelle  s'est  formée  l'image. 

»  On  voit  par  là  qu'il  ne  s'agirait  que  de  trouver  une  substance  qui  dé- 
veloppât l'image,  et  peut-être  qu'en  même  temps  elle  fixerait  les  couleurs  ; 
le  problème  alors  serait  résolu  tout  entier. 

»  Dans  les  nombreuses  recherches  faites  dans  cette  direction,  voici  ce 
que  j'ai  remarqué.  Si  l'on  emploie  la  vapeur  du  mercure,  on  développe 
très-bien  l'image,  mais  elle  est  d'un  ton  gris  uniforme  sans  aucune  trace 
de  couleur;  son  apparence  diffère  de  celle  de  l'image  daguerrienne,  quoi- 
que, comme  celle-ci,  elle  se  montre  sous  deux  aspects  divers,  c'est-à-dire 
image  positive  dans  un  sens,  et  négative  dans  l'autre. 

»  Si  l'on  emploie  une  faible  dissolution  d'acide  gallique,  additionnée  de 
quelques  gouttes  d'ammoniaque,  on  fait  également  apparaître  l'image,  sur- 
tout si  l'on  chauffe  un  peu,  et  qu'on  sèche  ensuite  la  plaque  sans  la  laver. 
L'image  qui  apparaît  alors  est  assez  semblable  à  celle  produite  par  le  mer- 
cure; et  si  l'on  ajoute  à  l'acide  gallique  quelques  gouttes  d'acéto-azotate 
d'argent,  elle  devient  presque  noire. 

»  Le  temps  d'exposition  nécessaire  à  la  production  des  couleurs  varie 
considérablement,  selon  la  préparation  de  la  plaque;  je  l'ai  déjà  beaucoup 


(697) 
abrégé,  car  j'ai  fait  des  épreuves  au  soleil  avec  un  objectif  allemand  pour 
demi-plaque  dans  moins  d'un  quart  d'heure,  et  en  moins  d'une  heure  à  la 
lumière  diffuse.  Plus  la  plaque  est  sensible,  plus  les  couleurs  passent  vite, 
et,  jusqu'à  présent,  je  n'ai  réussi  qu'à  fixer  les  couleurs  momentanément  : 
la  question  de  la  fixation  permanente  est  encore  à  résoudre,  elle  se  lie  peut- 
être,  comme  je  l'ai  indiqué  plus  haut,  à  la  découverte  d'une  substance  qui 
ferait  passer  l'image  de  l'état  latent  à  l'état  sensible. 

»  Malgré  ce  qui  reste  à  faire,  je  crois  avoir  déjà  obtenu  des  résultats 
extraordinaires,  qui  ont  surpris  toutes  les  personnes  auxquelles  j'ai  montré 
des  épreuves  de  ma  poupée  où  les  galons  d'or  et  d'argent  étaient  reproduits 
avec  leur  éclat  métallique,  où  le  modelé  de  la  figure  et  toutes  les  couleurs 
des  vêtements  se  dessinaient  avec  une  assez  grande  netteté. 

»  Mes  meilleures  épreuves  réalisent  déjà,  en  partie,  les  espérances  enthou- 
siastes de  mon  oncle,  qui  disait  à  l'un  de  ses  amis,  M.  le  marquis  de  Jouf- 
froy,  qu'un  jour  il  reproduirait  son  image  telle  qu'il  la  voyait  dans  une 
glace.  Cet  immense  progrès  n'est  malheureusement  pas  encore  atteint,  mais 
on  peut  espérer  d'y  arriver  un  jour;  et  quoique  les  difficultés  à  vaincre 
soient  encore  nombreuses  et  graves,  j'ai  mis,  il  me  semble,  hors  de  doute 
la  possibilité  d'une  réussite  complète. 

»  Tels  sont  les  faits  que  j'ai  cru  devoir  porter,  dès  aujourd'hui,  à  la  con- 
naissance de  l'Académie,  me  réservant  de  révéler  plus  tard  le  mode  de  pré- 
paration des  plaques  qui  m'a  conduit  aux  résultats  que  je  viens  d'annoncer, 
et  dont  on  peut  juger  par  les  épreuves  que  j'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le 
bureau  (i).  » 

Observations  de  M.  Becquerel  sur  la  communication  de  M.  Niepce  de 

Saint- Victor. 

«  M.  Becquerel  fait  remarquer  à  l'Académie  que  le  fait  de  la  préparation 
d'une  surface  impressionnable,  capable  de  recevoir  à  la  fois  les  impressions 
colorées  de  tous  les  rayons  lumineux,  n'est'pas  nouveau,  puisqu'il  y  a  près 
de  cinq  ans  (7  février  1848),  M.  Edmond  Becquerel  fit  connaître,  pour  la 
première  fois  à  l'Académie,  la  manière  de  préparer  des  lames  d'argent  de 
façon  à  obtenir  non-seulement  des  impressions  colorées  du  spectre  solaire, 
mais  encore  des  peintures  par  décalcage  ou  à  la  chambre  obscure;  ainsi  la 

(1)  Les  deux  épreuves  auxquelles  il  est  fait  ici  allusion  ont  été  mises  sous  les  yeux  de 
l'Académie;  mais,  déjà  à  demi  effacées  par  une  exposition  assez  prolongée  à  la  lumière  du 
matin,  elles  ne  peuvent  donner  une  idée  des  résultats  obtenus  par  l'auteur. 

C.  R.    iH5a,  31»"  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  19.)  •  92 


lumière  blanche  colore  en  blanc  ces  mêmes  lames;  du  reste,  le  12  février 
1849,  une  Commission,  composée  de  MM.  Biot,  Chevreul  et  Regnault,  fit 
un  Rapport  favorable  sur  ce  sujet. 

»  Sur  l'observation  de  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  que  M.  Herschel  avait 
avant  lui  obtenu  des  couleurs,  M.  Becquerel  répond  que  les  conditions  ne 
sont  pas  les  mêmes,  M.  Herschel  n'ayant  observé  que  quelques  teintes 
légères  sur  des  papiers  sensibles;  il  ajoute  que  ce  célèbre  physicien,  dans 
une  Lettre  qu'il  lui  a  adressée  à  cette  occasion,  s'exprime  ainsi  :  «  Mes 
»  impressions  ne  sont  que  peu  de  chose  en  comparaison  de  celles  obtenues 
»  par  monsieur  votre  fils.  »  M.  Edmond  Becquerel  a  donc  trouvé  la  méthode 
de  préparation  des  lames  d'argent  pouvant  recevoir  et  conserver  les  impres- 
sions colorées  de  tous  les  rayons  lumineux,  méthode  qui  a  été  employée  par 
les  différentes  personnes  qui  se  sont  occupées  depuis  de  cette  question  ;  en 
un  mot,  il  a  annoncé  et  démontré  le  premier  que  l'on  pouvait  peindre  avec 
la  lumière.  » 

M.  le  Secrétaire  dit  que  la  priorité  de  M.  Edmond  Becquerel  n'est 
contestée  par  personne;  elle  a  été  reconnue  par  M.  Niepce  lui-même  dans 
un  Mémoire  qui  a  été  inséré  aux  Comptes  rendus. 

analyse  mathématique.  —  Sur  un  nouveau  théorème  de  mécanique 
analytique  ;  par  M.  Joseph  Bertrand. 

«  Dans  un  Mémoire  récemment  présenté  à  l'Académie,  je  me  suis  pro- 
posé d'étudier  le  théorème  célèbre  au  moyen  duquel  deux  intégrales  d'un 
problème  de  mécanique  étant  connues,  on  peut  en  obtenir  une  troisième. 
Malheureusement,  cette  troisième  intégrale  est  le  plus  souvent  illusoire.  Mais, 
en  renversant  la  question  et  se  proposant  de  chercher  les  intégrales  qui,  com- 
binéesavecune  intégrale  don  née  j  rendent  la  formule  identique,  on  obtientune 
méthode  d'intégration  applicable  aux  problèmes  les  plus  célèbres  de  la  dyna- 
mique. Cette  méthode  est  fondée'sur  la  formation  d'une  équation  différentielle 
partielle  à  laquelle  certaines  intégrales  doivent  satisfaire  identiquement. 

»  La  possibilité  de  former  une  équation  à  laquelle  doivent  satisfaire 
identiquement  certaines  intégrales ,  qui  se  trouvent  ainsi  séparées  des 
autres,  est,  à  mes  yeux,  un  fait  de  grande  importance.  En  cherchant  si  ce 
fait  remarquable  doit  être  considéré  comme  exceptionnel,  je  suis  parvenu 
à  un  théorème  nouveau,  analogue  à  celui  de  Poisson,  et  qui  peut  fournir, 
comme  lui,  des  équations  auxquelles  certaines  intégrales  doivent  satisfaire 
identiquement. 


(699) 

»  Je  me  bornerai  aujourd'hui  à  communiquer  à  l'Académie  l'énoncé  de 
ce  théorème. 

»  Si  l'on  désigne  par  q{,  q2,---,  q„  des  variables  indépendantes,  en  fonc- 
tion desquelles  soient  données  les  coordonnées  des  points  d'un  système; 
par  q\ ,  q'2,...,  q'n  leurs  dérivées  par  rapport  au  temps,  par  T  la  demi- 
somme  des  forces  vives,  et  par  U  la  fonction  des  forces;  en  posant,  en 

outre, 

dt  dl  dj  _      TT 

les  équations  différentielles  du  mouvement  sont,  comme  on  sait, 

dp,  _           (VR  dp1_           dH  dpn  _           dR 

dt  ~            dqS  dt                dq,'  dt                 dq» 

dq1_dn  dq1_dn  dqn  _  dE 

dt          dp,  dt          dp,  dt          dp,, 

»  Cela  posé,  soient 
quatre  intégrales  des  équations  différentielles  qui  précèdent  ;  la  somme  des 


déterminants,  dont  le  type  est 

do. 

da 

da. 

da. 

dqt 

dpt, 

dqk- 

dpk' 

d& 
dqk 

dp 
dfk 

d^, 
dpk> 

il, 

dpk> 

dy. 
dqn 

dy 

dpk 

dy 

dqy 

dy 

dpv 

dâ 

dS 

dS 

dS 

dqk 

dpk 

dqk'' 

dpv 

et  dans  lesquels  les  indices  k  et  k'  doivent  recevoir  toutes  les  valeurs  pos- 
sibles, sera  constante  pendant  toute  la  durée  des  mouvements,  de  sorte 
qu'en  la  désignant  par  (a,  /3,  7,  &), 

(a,  ]S,  y,  &)  =  constante 
sera  une  cinquième  intégrale  ou  une  identité.  » 

physique.   —   Note  sur  la  conductibilité  des  métaux  pour  la  chaleur; 

par  M.  II. -.1.  Gomllaud. 

«  On  sait  que  l'analyse,  appuyée  sur  l'hypothèse  du  rayonnement  molécu- 
laire, a  conduit  les  géomètres  à  représenter  par  la  formule  y  =  Aeair+  Be~ 

92. 


ax 


(  7°°  ) 
la  loi  des  températures  stationnaires  d'une  barre  métallique  chauffée  par 
une  de  ses  extrémités. 

»  J'ai  cherché  à  vérifier  par  expérience  l'exactitude  de  cette  expression, 
et  j'ai  reconnu  :  i°quesi,  toutes  les  autres  quantités  restant  les  mêmes,  on 
fait  seulement  varier  la  longueur  de  la  barre,  la  valeur  de  A  varie  aussi, 
qu'elle  diminue  sensiblement  comme  les  termes  d'une  progression  géomé- 
trique quand  la  première  augmente  en  progression  arithmétique;  20  que  si, 
la  longueur  de  la  barre  restant  constante,  on  fait  seulement  varier  la  tem- 
pérature de  la  somme  de  chaleur,  A  augmente  ou  diminue  proportionnel- 
lement à  l'excès  de  cette  dernière  quantité  sur  la  température  environnante, 
si  bien  qu'il  peut  être  représenté  par  une  expression  de  cette  forme  kTm1  ; 
T  étant  l'excès  de  la  température  de  la  source  sur  la  température  de  l'en- 
ceinte, /  la  longueur  de  la  barre,  k  et  m  deux  quantités  constantes  dépen- 
dant seulement  de  la  nature  et  de  l'épaisseur  de  la  barre. 

»  De  plus,  comme  on  a  nécessairement  B  =  T  —  A,  l'équation  indiquée 
plus  haut  devient 

y  =  kTmleax+(T —kTml)e-ax, 
ou  plutôt 

y  =  kTml{eax—  <r"*)  +.Tr". 

»  Sous  cette  nouvelle  forme  on  voit  comment  la  longueur  de  la  barre 
influe  sur  la  loi  des  températures  stationnaires  et  pourquoi  l'équation  se 
réduit  à  y  =  rïe~ax  quand  cette  longueur  devient  assez  grande. 

»  Je  joins  ici  quelques-unes  des  nombreuses  observations  que  j'ai  faites 
et  seulement  pour  donner  une  idée  de  l'accord  remarquable  que  présentent 
la  formule  et  l'expérience. 

•  Je  me  suis  servi  d'une  barre  de  fer  carrée,  de  43  millimètres  d'épais- 
seur; les  thermomètres  étaient  placés  à  une  distance  de  20  centimètres  les 
uns  des  autres. 

»  On  avait  dans  ce  cas 

k  =  0,409,     m  =  0,24»     ea=a,24,     e~"=:o,45, 
ce  qui  donne  la  formule 

j=o,4o9(o,24)'T[(2,24r-(o,45)*]  +  T(o,45)*. 

»  En  faisant  varier  successivement  ou  simultanément  /,  x  et  T,  on  obtient 
les  résultats  consignés  dans  le  tableau  suivant;  9  y  représente  la  température 
de  l'enceinte  : 


(  701  ) 


LONGUEURS 

VALEURS 

NUMÉROS 

INDICATIONS 

EXCÈS 

EXCÈS 

de  la  barre. 

de  8  et  de  T. 

des  thermo- 
mètres. 

des  thermo- 
mètres. 

du 

calcul. 

observés. 

calculés. 

0 

0 

0 

0 

/          i 

76,23 

5o,36 

5o,36 

0 

1  —  5 

S  =  25o,87     j        3 

47,97 
36, i5 

22,10 
10,28 

22,72 
10,17 

-+-  0,62 

—    0,11 

T=  5o°,36    j        4 

3o,78 

4)9» 

4,73 

—  0,18 

f        5 

28,45 

2,58 

2,45 

—  o,i3 

'        6 

27,6a 

1,78 

1,89 

-t-  0,11 

/        1 

73,70 

49,45 

49,45 

0 

(    8  =  j4°,25    \        2 

46,48 

22,23 

22,36 

-t-  o,i3 

l       3 

34,71 

10,46 

10,21 

—   0,25 

|   t=  490,45   /      4 

29,65 

5,40 

5,i8 

—  0,22 

'  =  4 

\         5 

27. 9' 

3,66 

3,6i 

—  o,o5 

1                              /         ' 

47.97 

22, 10 

22,10 

-r-  0 

• 

8  =  250,87     1        J 

36,  i5 

10,28 

10,01 

—  0,27 

■      {        3 

30,78 

4)9i 

4,57 

—  0,34 

T  ==   22°, 10      J          4 

28,45 

2,58 

2,33 

t—  0,25 

l        5 

.  a7>65 

j,78 

i,63 

—  o,i5 

1    8  =  230,85    l        \ 

72,61 
46,07 

48,76 
22,22 

48,76 
22,43 

-r-  0 
-+-  0,21 

1    T=  480,76     )        3 

34,88 

m, o3 

11,07 

-t-  0,04 

l  —  3 

1                      t      4 

3 1,26 

7)4' 

7,44 

-t-  o,o3 

,„    -    (      "' 

46,48 

22,23 

22,23 

'-+-  0 

6  =  240,25     J         , 

•  34,7' 

10,46 

10,23 

—    0,23 

T=    220,23      )            3 

2g,65 

5,40 

5,l8 

—    0,22 

l      4 

27»9' 

3,66 

3,4i 

—    0,25 

/       * 

36, i5 

10,28 

10,28 

0 

i  —  3 , 

8  =  250,87     \        a 
T  =  100,28     )        3 

30,78 
28,45 

4*9» 

2,58 

4,73 
2,34 

—  0,l8 

—  0,24 

1 

(      4 

27,65 

1,78 

1,57 

—    0,21 

e  —  22<>,8i    (      « 

72,48 

49,67 

49,67 

0 

» 

46,72 

23,91 

24,41 

-t-  o,5o 

T=49°.67     (        3 

38,42 

i5,6i 

i5,5o 

—  0,10 

8  =  23°,  85     .'         > 

46,07 

22,22 

22, 22 

-t-  0 

34,88 

11,  o3 

10,71 

—    0,32 

/  -  •>                           j 

T  =    22°,  22       (            3 

3 1 ,  26 
34,71 

7,4' 
10,46 

7,12 
10,46 

—  0,29 

-+-  0 

1 

8  =  ï30,ï5 

ï 

2 

29,65 

5-,  40 

5,i6 

—  0,24 

J 

T  =  io°,  46 

ï 

27,91 

3,66 

3,35 

—  o,3i 

f 

8  =  250,87     /          ' 

30,78 

4,9' 

4,9' 

-r-  0 

28,45 

2,58 

2,42 

—   0,16 

1 

T=     40,9,     (         j 

27,65 

1,78 

.,5, 

—    0,21 

/ 

8  =  250,02     l         1 

76,42 

5i,4o 

5i,4o 

0 

'  -  '         ! 

T=  5iO,4o     \        .2 
8  =  22°,  81      |           1 

57,20 
46,72 

32, 18 
23,91 

3i,7° 
23,90 

-  o,48 
0 

l 

T=  230,91     (         2 

38,42 

i5,6i 

'4,97 

-r-  0,64 

(  702  ) 

physique.  —  Note  sur  des  courants  d'induction  produits  par  la  torsion 
du  fer;  par  M.  G.  Weiitheim. 

«  On  sait  depuis  longtemps  qu'un  fil  de  fer  soumis  à  l'action  du  magné- 
tisme terrestre  s'aimante  d'une  manière  permanente  lorsqu'on  lui  fait  éprou- 
ver une  torsion  considérable  et  également  permanente.  On  cherche  à  ex- 
pliquer ce  fait  en  disant  que  la  torsion  agit  de  la  même  manière  que  tout 
autre  ébranlement  mécanique,  qu'elle  facilite  la  décomposition  des  deux 
fluides  magnétiques,  et  qu'en  même  temps  elle  donne  au  fer  une  certaine 
force  coercitive. 

»  Cette  opinion  repose  sur  des  faits  incomplètement  observés;  la  torsion 
agit  d'une  manière  toute  spéciale  en  forçant  les  molécules  matérielles  à  se 
disposer  en  spirales,  et  en  donnant  ainsi  à  la  matière  elle-même  la  forme 
qu'Ampère  a  assignée  aux  courants  intérieurs. 

»  La  torsion  produit  des  effets  magnétiques  temporaires  lorsqu'elle  est 
temporaire,  et  permanents  lorsqu'elle  est  permanente;  et  ces  effets  ne  peu- 
vent être  reproduits  par  aucun  autre  mode  d'action  des  forces  mécaniques. 

»  Effets  temporaires.  —  Une  barre  de  fer  aimantée  à  saturation  se  désai- 
mante partiellement  au  moment  où  elle  éprouve  une  torsion  temporaire,  et 
se  réaimante  au  moment  de  la  détorsion,  ou,  en  d'autres  termes:  elle  est 
traversée  par  un  courant  inverse  pendant  la  torsion,  et  par  un  courant  di- 
rect pendant  la  détorsion,  quelle  que  soit  du  reste  la  direction  suivant 
laquelle  cette  torsion  s'exerce. 

»  Nous  entendons  par  aimantation  à  saturation  l'état  d'équilibre  ma- 
gnétique dans  lequel  se  trouve  un  fer  qui  a  pris  toute  l'aimantation  qu'il 
est  susceptible  d'acquérir  sous  l'action  d'un  courant  donné,  ou  qui,  après 
l'interruption  de  ce  courant,  a  déjà  perdu  toute  l'aimantation  qu'il  ne  peut 
pas  conserver;  tant  que  cet  état  d'équilibre  ne  s'est  pas  établi,  les  torsions 
et  les  détorsions  n'agissent  que  comme  les  autres  ébranlements  mécaniques. 

»  Voici  comment  se  fait  l'expérience  :  une  barre  de  fer  doux  bien  recuite 
d'avance,  de  j  mètre  de  longueur  et  de  i5  millimètres  de  diamètre,  est  fixée 
par  l'une  de  ses  extrémités  ;  l'autre  extrémité  est  placée  au  centre  d'une 
roue  au  moyen  de  laquelle  on  peut  la  tordre  dans  les  deux  sens.  Elle  porte 
deux  spirales,  dont  l'une  est  destinée  à  recevoir  le  courant  d'un  seul  élé- 
ment de  Daniell,  tandis  que  l'autre  sert  comme  spirale  d'induction;  cette 
dernière  est  mise  en  communication  avec  un  galvanomètre  sensible  à  ai- 
guille astatique.  Il  est  inutile  de  dire  que  les  deux  spirales  sont  assez  éloi- 
gnées l'une  de  l'autre  pour  qu'il  ne  puisse  pas  y  avoir  d'induction  directe. 


{  7o3  ) 

»  L'établissement  du  courant  fait  marcher  l'aiguille  à  >  90  degrés  vers 
la  droite;  le  pôle  boréal  se  trouve  encastré,  et  le  pôle  austral  tordu;  lors- 
qu'on établit  le  courant  en  sens  inverse,  le  pôle  austral  de  la  barre  est 
encastré,  le  pôle  boréal  tordu,  et  l'aiguille  tourne  à  gauche.  Le  tableau 
suivant  fera  facilement  comprendre  la  marche  de  l'expérience. 


vers 
la  droite. 


>  90  droite. 
5o  droite. 

3  gauche. 

5  gauche. 

20  gauche. 


70  gauche. 
5o  gauche, 
ia  droite. 
3o  droite. 


>  90  droite. 
5o  droite. 
20  droite. 
20  droite. 


>  90  droite. 
45  droite. 

5o  droite. 
35  droite. 
3o  droite. 


60  gauche 
5o  gauche 
/|0  gauche 
42  gaucho 


20  droite. 

o 

5  gauche. 
10  gauche. 


TORSION 

vers 
la  gauche. 


90  droite. 
20  droite. 

12  gauche 
20  gauche 
20  gauche 


90  gauche 

5  droite. 

14  droite. 

3o  droite. 


90  droite. 
35  droite. 
3o  droite. 
1 2  droite. 


OBSERVATIONS. 


70  droite. 
35  droite. 

45  droite. 
45  droite. 
3o  droite. 


La  barre  s'aimante;  tout  autre  ébranlement 
mécanique  agit  sur  l'aiguille  dans  le  même 
sens  que  la  torsion. 

La  barre  étant  aimantée  à  saturation  ,  l'ap- 
plication de  toute  force  qui  ne  produit  pas  de 
torsion  laisse  l'aiguille  à  o. 


75  gauche. 

"  '  f      On  a  renversé  le  courant,  et,  par  suite,  les 

'    "  '  1  mêmes  faits  se  reproduisent  en  sens  inverse 

40  gauche. 


10  droite. 
i5  gauche. 
i5  gauche. ' 
1 0  gauche.  I 


Le  courant  a  été  interrompu;  la  barre  se 
désaimante  d'abord  jusqu'à  saturation. 


I 


>>  On  pourrait  mesurer  la  force  coercitive  de  chaque  fer  par  le  nombre  de 
torsions  nécessaires  pour  le  faire  arriver  au  point  de  saturation. 

»  Effets  permanents.  —  Lorsqu'une  barre  (ou  un  faisceau  de  fils)  de 
fer  a  été  aimantée  au  moyen  d'une  forte  torsion  permanente  sous  l'action  , 
soit  du  courant  terrestre,  soit  de  tout  autre  courant,  elle  ne  se  comporte 
pas  comme  un  aimant  ordinaire.  Toute  torsion  ou  détorsion  temporaire  qui 
agit  sur  elle  dans  le  sens  de  sa  torsion  permanente,  produit  une  aimantation 
ou  un  courant  direct,  et  toute  torsion  ou  détorsion  qui  agit  en  sens  con- 
traire, produit  une  désaimantation  ou  un  courant  inverse. 

»  Cette  expérience  se  fait  facilement  avec  deux  faisceaux  du  même  fil  de 
fer,  que  l'on  suspend  verticalement,  et  que  l'on  tord  de  manière  à  faire  de 
l'un  une  hélice  dextrorsum,  et  de  l'autre  une  hélice  sinistrorsum  ;  ils  ont, 
l'un  et  l'autre,  le  pôle  boréal  en  haut,  et  le  pôle  austral  en  bas  :  leur  intro- 
duction dans  la  spirale  fait  marcher  l'aiguille  vers  la  droite.  Mais  lorsqu'a- 
près  avoir  encastré  le  pôle  boréal  de  chaque  faisceau,  on  donne  au  pôle  aus- 


(  7<>4  ) 

tral  des  torsions  temporaires,  on  voit  qu'une  torsion  de  même  sens  pro- 
duit des  courants  contraires,  selon  qu'elle  est  appliquée  à  l'un  ou  à  l'autre 
des  deux  faisceaux.  On  obtient  les  résultats  suivants  : 


TORSION 

à  droite. 

DÉTORSION. 

TORSION 

à  gaucho. 

DÉTORSION. 

Pour  le  faisceau  dextrorsum ,  qui  avait  été 
primitivement    tordu   de    la    droite    à    la 

i5  gauche. 
i5  droite. 

jo  droite. 
i5  gauche. 

i5  droite 
i5  gauche. 

i4  gauche. 
i5  droite. 

»  Par  conséquent,  on  n'a  qu'à  ajouter  à  l'appareil  un  commutateur  qui 
renverse  le  sens  du  courant  après  chaque  demi-oscillation,  pour  obtenir, 
par  le  moyen  de  vibrations  tournantes,  un  courant  continu,  que  l'on  pourra 
rendre  très-intense. 

»  Ces  faits  me  semblent  devoir  soulever  des  questions  théoriques  assez 
importantes  ;  je  me  propose  de  les  discuter  dans  un  travail  sur  la  torsion 
des  corps  solides  en  général,  qui  m'occupe  depuis  longtemps,  et  que  je  n'ai 
pu  entreprendre  que  grâce  à  l'extrême  bienveillance  avec  laquelle  M.  Morin 
a  mis  à  ma  disposition,  au  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers,  un  local  qui 
m'a  permis  de  donner  aux  appareils  les  dimensions  et  la  stabilité  néces- 
saires. » 


astronomie.  —  Sur  le  retour  périodique  de  minimums  des  taches  solaires; 
concordance  entre  ces  périodes  et  les  variations  de  déclinaison  magnétique. 
(Lettre  de  M.  Rod.  Wolf.) 

«  L'Académie  des  Sciences  a  bien  voulu  s'intéresser  à  la  relation  que  j'ai 
établie  dans  ma  dernière  communication  entre  les  taches  solaires  et  le  ma- 
gnétisme terrestre.  Depuis  ce  temps  j'ai  continué  à  étudier  ces  phénomènes, 
et  j'ai  dépouillé  au  moins  quatre  cents  volumes  pour  avoir  toutes  les  obser- 
vations des  taches  solaires  depuis  leur  découverte.  Il  en  résultera  un  Mé- 
moire, que  je  terminerai  sous  peu ,  dont  le  contenu  me  semble  assez  impor- 
tant pour  vous  en  faire  dès  à  présent  le  rapport  en  peu  de  mots.  Mon  Mémoire 
se  divise  en  six  parties,  comme  suit  : 

»  Dans  le  premier  chapitre,  je  démontrerai,  appuyé  sur  seize  époques 
différentes,  établies  par  le  minimum  et  le  maximum  des  taches  solaires,  que 


(  7°5) 
la  durée  moyenne  des  taches  solaires  doit  être  fixée  à 

iijiii  ±  o,o38  années, 

de  sorte  que  neuf  périodes  équivalent  justement  à  un  siècle. 

»  Dans  le  deuxième  chapitre,  j'établirai  que  dans  chaque  siècle  les  années 

0,00     11,11     a2,2*    33,33    44>44     55,56     66,67     77,78    88,89 

correspondent  à  des  minimums  des  taches  solaires.  L'intervalle  entre  le 
minimum  et  le  maximum  suivant  est  variable;  la  moyenne  en  est  de  cinq  ans. 

»  Le  troisième  chapitre  contiendra  l'énumération  de  toutes  les  observa- 
tions des  taches  solaires  depuis  Fabricius  et  Scheiner  jusqu'à  Schwabe, 
continuellement  mise  en  parallèle  avec  ma  période.  L'accord  est  surprenant. 

»  Le  quatrième  chapitre  établira  des  analogies  remarquables  entre  les 
taches  solaires  et  les  étoiles  variables,  par  lesquelles  on  peut  présumer  une 
liaison  intime  entre  ces  phénomènes  singuliers. 

»  Dans  le  cinquième  chapitre,  je  démontrerai  que  ma  période  de  1  1 ,1  1 1  an- 
nées coïncide  encore  plus  exactement  avec  les  variations  en  déclinaison 
magnétique  que  la  période  de  10  Cannées  établie  par  M.  Lamont.  Les  va- 
riations magnétiques  suivent  même  les  taches  solaires,  non-seulement  dans 
leurs  changements  réguliers,  mais  aussi  dans  toutes  les  petites  irrégularités, 
et  je  pense  que  cette  dernière  remarque  suffira  pour  avoir  prouvé  définiti- 
vement cette  relation  importante. 

»  Le  sixième  chapitre  traitera  d'une  comparaison  entre  la  période  solaire 
et  les  indications  météorologiques  contenues  dans  une  chronique  zuricoise 
sur  les  années  1000—  1800.  Il  en  résulte  (conformément  aux  idées  de  Wil- 
liam Herschel)  que  les  années  où  les  taches  sont  plus  nombreuses,  sont  aussi 
en  général  plus  sèches  et  plus  fertiles  que  les  autres;  ces  dernières,  au  con- 
traire, plus  humides  et  plus  orageuses.  Les  aurores  boréales  et  les  tremble- 
ments de  terre,  indiqués  dans  cette  chronique,  s'accumulent  d'une  manière 
frappante  sur  les  années  de  taches.   » 

physique  appliquée.  —  Emploi  de  la  vapeur  d'tau  poui  eteutdi  e  des  nu  en- 
dies.  (Lettre  de  M.  Dujardin  à  M.  jérago,  transmettant  une  Lettre  de 
M.  Desurmont  sur  un  nouveau  cas  dans  lequel  ce  moyen  a  été  appliqué 
avec  succès.) 

«  J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  la  Lettre  que  M.  Desur- 

C.  R.,  1852,  a"»  Semestre.  (T    XXXV     h°19.)  9-3 


(  7°6  ) 

mont,  filateur  d'étoupe,  à  Seclin,  m'a  écrite  à  l'occasion  d'un  incendie  qui 
s'est  déclaré  récemment  dans  ses  ateliers,  et  qu'il  a  éteint  au  moyen  de  la 
vapeur. 

»  Voilà  encore  un  faitqui  prouve  que  la  proposition  que  j'ai  faite,  en  18^7, 
d'employer  la  vapeur  pour  éteindre  les  incendies,  méritait  d'être  prise  en 
sérieuse  considération. 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  prier,  Monsieur  le  Secrétaire,  d'avoir  l'obligeance 
de  me  renvoyer  la  Lettre  de  M.  Desurmont.  Je  désire  en  donner  communi- 
cation à  M.  le  Ministre  de  la  Marine,  qui,  sur  ma  demande,  a  bien  voulu 
charger  la  Commission  des  travaux,  instituée  auprès  de  son  département, 
d'examiner  la  question  de  Y  emploi  de  la  vapeur  pour  éteindre  les  incendies 
dans  les  bateaux  à  vapeur.  » 

«  Lettre  de  M.  Desurmont  à  M.  Dujardin.  —  Je  reçois,  à  midi,  votre 
honorée  Lettre  du  1 5  courant,  à  laquelle  je  m'empresse  de  répondre  le 
moins  mal  possible. 

»  Il  y  a  aussi  fort  longtemps  que  je  suis  convaincu  de  l'efficacité  de 
l'emploi  de  la  vapeur  dans  les  incendies,  et,  à  cet  effet,  je  regardais  mes 
tuyaux  de  chauffage  comme  pouvant  servir  en  cas  de  sinistre  à  lancer  de  la 
vapeur  dans  mes  ateliers.  L'été  dernier,  j'avais  démonté  un  joint  à  l'en- 
droit le  plus  convenable  pour  que  l'action  de  la  vapeur  eût  au  besoin  un 
effet  plus  direct  et  plus  prompt.  I^e  tuyau  qui  se  trouvait  à  découvert  ne 
présentait  qu'une  ouverture  de  10  à  12  millimètres,  et,  malgré  la  petitesse 
de  ce  passage,  la  vapeur  est  parvenue  à  éteindre,  d'une  manière  instantanée, 
les  flammes  qui  étaient  déjà  répandues  sur  une  surface  de  7  à  8  mètres 
carrés,  et  qui  léchaient  les  poutres  et  le  plancher  à  la  hauteur  de  5  mètres. 
Notez  que  les  matières  en  manutention  sont,  ici,  très-inflammables,  qu'elles 
font  beaucoup  de  duvet  qui  se  répand  dans  toutes  les  parties  de  la  place. 
Eh  bien,  j'ai  trouvé,  après  l'incendie,  du  duvet  d'étoupe  qui  en  avait  été 
préservé,  quoique  se  trouvant  jusqu'au  milieu  des  bûches,  tellement  l'ac- 
tion de  la  vapeur  avait  été  générale  et  immédiate  ;  et  ce  qui  prouve  encore 
plus  sa  puissance  et  sa  rapidité,  c'est  que  l'incendie  s'était  déclaré  dans  ma 
carderie,  qui  a  une  surface  de  16  mètres  de  long  sur  9  de  large,  et  5  mè- 
tres de  hauteur,  et  que  le  petit  tuyau  qui  a  lancé  la  vapeur  se  trouvait 
1  l'extrémité  de  la  place  du  côté  opposé  où  l'incendie  s'était  déclaré. 
Aujourd'hui,  je  n'aurai  plus  recours  à  mes  tuyaux  de  chauffage,  car  j'en  ai 
monté  qui  n'ont  d'autre  destination  que  celle  d'éteindre  un  incendie.  Nos 


(  7°7  ) 
confrères,  et  bien  d'autres,  feraient  bien  de  m'imiter  (au  moins  sous  ce 
rapport),  et,  à  mon  avis,  les  assurances  devraient  leur  accorder  une  grande 
faveur  sur  la  prime  ;  elles  y  trouveraient  encore  leur  compte. 

»  J'espère,  monsieur,  que  ces  quelques  renseignements,  que  je  vous 
donne  à  la  hâte,  pourront  être  utiles  à  l'œuvre  que  vous  poursuivez.  » 

M.  Babinet  présente,  au  nom  de  M.  Peron,  des  estampes  en  taille-douce 
et  épreuves  lithographiques  tirées  sur  un  papier  fabriqué  avec  la  gutta- 
percha.  M.  Peron,  dans  la  Note  jointe  à  cet  envoi,  annonce  l'intention  de 
faire  connaître  prochainement  le  mode  de  fabrication  du  papier  sur  lequel 
sont  tirées  ces  épreuves. 

M.  Burq  adresse  une  addition  à  la  Note  qu'il  avait  présentée  dans  la 
précédente  séance  sur  l'emploi  du  cuivre  pour  le  traitement  préservatif  et 
curatif  du  choléra. 

M.  Arago,  en  annonçant  parmi  les  pièces  imprimées  de  la  correspon- 
dance une  Note  qui  porte  le  nom  de  Néocartes,  Note  dans  laquelle  il  est 
question  de  la  cause  de  la  pesanteur,  fait  remarquer  que  les  moyens  qu'in- 
dique l'auteur  pseudonyme  pour  arriver  à  une  conclusion  certaine  ne  sau- 
raient atteindre  le  but. 

La  séance  publique  est  levée  à  5  heures.  A. 

Ensuite  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 


93.. 


(  7°8) 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 

» 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  26  octobre  i85a,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Corrispondenza...  Correspondance  scientifique  de  Rome;  n°  37;  26  sep- 
tembre i85a. 

Report...  Rapport  sur  la  vingt  et  unième  session  de  l'Association  britannique 
pour  l'avancement  des  Sciences,  tenue  à  Ipswich  en  juillet  1 85 1 .  Londres, 
i85a;  1  vol.  in-8°. 

Transactions...  Transactions  de  la  Société  royale  d  Edimbourg;  vol.  XX; 
3e  partie,  pour  l'année  r85i-i85a;  in-4°- 

Proceedings. . .  Procès-verbaux  des  séances  de  la  Société  royale  d'Edim- 
bourg; vol.  III;  n°  4î;  in-8°. 

The  Edimburgh...  Nouveau  Journal  philosophique  d Edimbourg  ;  juillet  à 
octobre  i852.  Edimbourg,  i852;  in-8°. 

The  astronomical...  Journal  astronomique  de  Cambridge;  n°  48;  vol.  II; 
n°  a/i;  18  septembre  i852. 

Observations. . .  Observations  sur  le  genre  Unio  ;  avec  la  description  de  nou- 
velles espèces  dans  les  familles  des  Naïades,  des  Colinacea,  Lymnœana,  Mala- 
niana  et  Peristomima;  par  M.  J.  Lea;  vol.  IV.  Philadelphie;  in-40. 

On  the...  Sur  le  genre  Acostœa  de  d' Orbigny  (une  Lamellibrauche  d'eau 
douce);  par  le  même  ;  1  feuille  in-4°. 

Upon  some...  Sur  quelques  empreintes  de  pieds  de  Reptiles  trouvés  dans  la 
gorge  de  Sharp  Mountain,  près  Potswille;  par  le  même;   1  \  feuille  in-8°. 

Astronomische. . .  Nouvelles  astronomiques;  nos  829  à  83 1. 

Magnetische...  Déterminations  magnétique  et  géographique  de  différents 
points  de  i  empire  d' Autriche  ;  5e  année,  i85i.  Prague,  i852;  in-4°. 

L  Athenœum  français.  Journal  universel  de  la  Littérature ,  de  la  Science  et 
des  Beaux- Arts;  n°  17;  23  octobre  i852. 


(  7°9  ) 
La  Presse  littéraire.  Écho  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  26; 
24  octobre  i85a. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  43;  23  octobre  i85a. 

Gazette  des  Hôpitaux;  noa  ia4  à  137  ;  19,  ai,  a3  et  a6  octobre  i85a. 

L Abeille  médicale;  n°  ai  ;  a 5  octobre  i85a. 

Moniteur  agricole;  n°  4^;  2  r -octobre  i85a. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  2  novembre  i85a,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences, 
ie  semestre  1 85a  ;  n°  1 7  ;  in-4°. 

Comptes  rendus   hebdomadaires   des  séances   de  l'Académie  des  Sciences 
tables  du  ier  semestre  i85a  ;  in-4°- 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  ou  Recueil  mensuel  de 
Mémoires  sur  les  diverses  parties  des  Mathématiques;  publié  par  M.  Joseph 
Liouville;  août  r852;  in-4°. 

Rapports  adressés  à  MM.  Carlier  et  PiETRl ,  Préfets  de  Police,  par  la 
Commission  chargée  de  l'examen  des  conditions  physiques  et  morales  de  la 
prison  cellulaire  de  Mazas.  Paris,  i852;  broch.  in-4°. 

Annales  forestières  ;  25  octobre  i85a;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  nationale  de  Médecine,  rédigé  sous  la  direction  de 
MM.  F.  Durois  (d'Amiens),  secrétaire  perpétuel,  et  Girert,  secrétaire 
annuel;  tome  XVIII;  n°  a;  3i  octobre  i852;  in-8°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  de  Monfort, 
et  rédigée  par  M.  l'abbé  MoiGNO;  n°  27  ;  3 1  octobre  i852  ;  in-8°. 

Le  Magasin  pittoresque;  octobre  i85a;  in-8°. 

Revue  médico-chirurgicale  de  Paris,  sous  la  direction  de  M.  Malgaigni;; 
octobre  1 852  ;  in-8°. 


(  710  ) 

The  quarterly...  Revue  trimestrielle;  n°  182;  septembre  i852;  in-8°. 

The  astronomical...  Journal  astronomique  de  Cambridge;  vol  II;  titre  et 
table;  in-4°. 

Craniometrie...  Craniométrie ,  ou  Recherches  sur  le  crâne  humain  chez 
différents  peuples ,  suivies  d'une  comparaison  avec  le  crâne  de  l'Orang-Outan; 
par  M.  J.-A.  Kool.  Amsterdam,  i85a;  broch.  in-8°. 

Monatsbericht . . .  Comptes  rendus  mensuels  des  séances  de  l'Académie 
royale  des  Sciences  de  Prusse;  juillet  et  août  i85a  ;  in-8°. 

Astronomische. . .   Nouvelles  astronomiques;  n°  832. 

Verhandelingen...  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  et  Arts  de 
Batavia;  tome  XXIII.  Batavia,  i85o;  1  vol.  in-4°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  nos  1 28  et  1 29.  (Ces  deux  numéros,  qui  contiennent 
une  traduction,  par  M.  A.  Bayard,  d'un  Mémoire  de  M.  GftÉGORY,  de  Lon- 
dres, sur  la  vaccine,  sont  renvoyés  comme  pièces  à  consulter  à  la  Com- 
mission des  prix  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.  ) 

L Athenœum français.  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux-Arts;  n°  18;  3o  octobre  i85a. 

La  Presse  littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  27; 
3i  octobre  i852. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  44  '■>  3o  octobre  i852. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n°»  128  et  129;  28  et  3o  octobre  i85a. 

Moniteur  agricole  ;  n°  43;  28  octobre  i852. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  8  novembre  i85a,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  . 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences, 
2*  semestre  i85a;  n°  18;  in-4°. 

Eléments  de  Physique  expérimentale  et  de  Météorologie;  par  M.  Pouillet  ; 
sixième  édition;  2  vol.  de  texte  in-8°,  et'un  atlas  in-8°. 


(  7"  ) 

Encyclopédie  populaire.  Physique;  par  MM.  J.  Plateau  et  A.  Quételet; 
première  partie;  par  M.  J.  Plateau;  if  livraison,  in- 12. 

Hydraulique  appliquée.  Nouveau  système  de  locomotion  sur  les  chemins  de 
fer;  par  M.  L.-D.  Girabd.  Paris,  i85a;  broch.  in-4°. 

Annales  de  la  propagation  de  la  Foi;  novembre  i852  ;  n°  i45;  in-8°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  DE  MONFORT, 
et  rédigée  par  M.   l'abbé  MoiGNO;  n°  28;  7  novembre  185a;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  pratique  et  de  Jardinage  }  fondé  par  M.  le  Dr  BiXiO, 
publié  par  les  rédacteurs  de  la  Maison  rustique,  sous  la  direction  de  M.  Barral; 
3e  série;  tome  V;  n°  9;  5  novembre  i852  ;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie ,  de  Toxicologie  ;  et  Revue 
des  nouvelles  scientifiques  nationales  et  étrangères;  par  les  Membres  de  la  Société 
de  Chimie  médicale;  n°  1  1  ;  novembre  i852;  in-8°.  ^i  . 

Journal  des  Connaissances  médicales  pratiques  el  de  Pharmacologie;  tome  VI; 
ii°  3  ;  5  novembre  i852;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médico-chirurgicales ,  publié  par  M.  le  Dr  A. 
Martin-Lauzer;  n°  i5  ;  Ier  novembre  i852;  in-8°. 

L' Agriculteur-praticien.  Revue  d  agriculture ,  de  jardinage  et  d'économie  ru- 
rale et  domestique,  sous  la  direction  de  MM.  F.  Malepeyre  ,  Gustave  Heuzk 
et  Bossin  ;  n°  1 58  ;  novembre  i852;  in-8°. 

Le  Propagateur  des  sciences  appliquées,  Recueil  scientifique  avec  gravures , 
mettant  à  la  connaissance  et  à  la  portée  de  tout  le  monde  les  progrès  qui  se  font 
journellement  dans  les  sciences  et  dans  les  arts  mécaniques  et  industriels;  par 
M.  Th.  Du  Moncel;  3e  et  4e  numéros.  Paris,  i852;  in-8°. 

Moniteur  de  la  propriété  et  de  l'agriculture;  octobre  i852;  in-8°. 

Recueil  encyclopédique  d'agriculture,  publié  par  MM.  BoiTEL  et  Londet, 
de  l'Institut  national  agronomique  de  Versailles  ;  tome  III;  n°  7;  10  octo- 
bre i85a;  in-8°. 

Revue  thérapeutique  du  Midi.  Journal  de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de  Phar- 
macie pratiques  ;  fondé  par  M.  le  professeur  FuSTER,  et  rédigé  par  MM.  les 
D"  Louis  Saurel  et  Barbaste;  n°  20  ;  3o  octobre  i852  ;  in-8°. 


(  712  ) 

Nooorum  aclorum  Academiae  caesareae  Leopoldino-Carolinae  naturae  curio- 
sorum,  voluminis  vicesimi  tertii  pars  posterior.  Cum  tabutis  XL.  Vratislaviae 
et  Bonnae,  i85a;  in-4°. 

Sulla...  Mémoire  sur  la  théorie  mathématique  de  l'induction  élertrodyna- 
mique;  par  M.  RlG.  Felici.  Pise,  i85a;  broch.  in-4°.  (Présenté,  au  nom 
de  l'auteur,  par  M.  Ravaisson.) 

Mémorial  de  Ingenieros.  .  .  Mémorial  des  Ingénieurs;  7e  année;  n°  9; 
septembre  i85a;  in-8°. 

The  quarterly...  Journal  trimestriel  de  la  Société  chimique;  vol.  V;  n°  19  ; 
ier  octobre  t85a;  in-8°. 

A.  History...  Histoire  de  l'hôpital  général  du  Massachusetts;  par  M.  N.-J. 
Howditch.  Boston,  i85i;  1  vol.  in-8°. 

Verhandelingen...  Mémoires  de  la  première  classe  de  l'Institut  royal  Néer- 
landais; 3e  série  ;  5e  volume.  Amsterdam,  1 85a  ;  in-4°. 

Jaarboek...  Annuaire  de  l'Institut  royal  Néerlandais,  pour  l'année  i85r. 
Amsterdam,  i85a;  in-8°. 

Tijdschrift. . .  Journal  de  Sciences  physiques  et  de  Sciences  naturelles,  publié 
par  In  première  classe  de  l'Institut  royal  Néerlandais;  5e  partie;  ire,  2e,  3e  et 
dernière  livraison.  Amsterdam,  i85i;  in-8°. 

Bemerkungen . . .  Remarques  sur  la  Syenite  à  zyrcons;  par  M.  J.-F.-L. 
Hausmann.  Gôttingue,  i85a;  broch.  in-4°. 

\stronomische...   Nouvelles  astronomiques  ;  n°  833. 

L  Athenœum  français.  Journal  universel  de  In  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux- Arts;  n°  19;  6  novembre  t85a. 

La  Presse  littéraire.  Echo  de  la  Littérature ,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  28; 
7  novembre  i852. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  45;  6  novembre  i85a. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n°*  i3o  et  i3i  ;  4  «t  6  novembre  1802. 

L'Abeille  médicale;  n°  22;  5  novembre  i852. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


Md-Q-^4 


SÉANCE    DU    LUNDI     15    NOVEMBRE    1852. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DUPERREY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

astronomie.  —  Note  sur  la  disposition  la  plus  favorable  à  donner  aux 
appareils  destinés  à  atténuer  les  vibrations  de  la  surface  du  mercure , 
et  sur  les  moyens  d'approprier  ces  appareils  à  l'usage  des  instruments 
méridiens;  par  M.  Mauvais. 

«  Dans  la  séance  du  1 1  octobre  dernier,  j'ai  eu  l'honneur  de  communi- 
quer à  l'Académie  le  résultat  des  expériences  que  nous  avons  faites  à  Fon- 
tenay,  M.  Séguin  et  moi,  dans  le  but  de  détruire  ou  d'atténuer  autant  que 
possible  l'effet  des  vibrations  produites  à  la  surface  du  mercure  par  le  pas- 
sage des  voitures  et  dans  le  voisinage  des  usines.  Nous  avons  reconnu  que 
la  suspension  à  une  lanière  élastique  de  caoutchouc  volcanisé,  produisait 
les  effets  les  plus  satisfaisants. 

»  Il  s'agissait  d'appliquer  ce  résultat  important  à  l'usage  des  instruments 
méridiens. 

»  La  suspension  en  forme  de  plateau  de  balance,  qui  nous  avait  si 
bien  réussi  dans  nos  expériences,  devient  impossible  quand  on  veut  s'en 
servir  pour  la  détermination  du  nadir,  parce  qu'alors  la  suspension  se 
trouve  sous  l'objectif  même  de  la  lunette,  et  intercepte  l'image  réfléchie 
des  fils. 

C.  H.,  i85a,  a">'  Semestre.  (T.  XXXV,  W>  20.)  9/4 


(  7'4) 

»  J'ai  essayé  divers  modes  d'installation  qui  avaient  pour  but  de  rendre 
le  vase  à  mercure  excentrique  à  la  suspension,  en  le  plaçant,  par  exemple, 
sur  l'un  des  bras  d'une  espèce  de  balance  et  en  lui  faisant  équilibre  par  des 
contre-poids  du  côté  opposé. 

»  Le  vase  ainsi  suspendu  pouvait  commodément  être  placé  sous  l'ob- 
jectif du  cercle  mural ,  et  l'on  a  pu  de  cette  manière  constater  parfaitement 
l'effet  amortissant  de  la  lanière  en  caoutchouc  ;  car,  au  moment  même  du 
passage  des  plus  grosses  voitures  dans  la  rue  Saint-Jacques,  les  images  des 
fils  du  réticule  de  nos  cercles  muraux  restaient  nettement  visibles,  comme 
M.  Laugier  a  bien  voulu  le  constater  avec  moi.  Les  petites  trépidations  qui 
lestaient  encore  perceptibles  n'étaient  plus  un  obstacle  aux  observations. 
Mais  la  mobilité  de  l'ensemble  de  l'appareil  suspendu  à  une  lanière  lon- 
gue et  déliée  était  telle,  que  les  oscillations,  longtemps  prolongées,  qui  en 
résultaient,  comme  dans  tout  pendule  libre,  donnaient  lieu  à  un  balance- 
ment périodique  des  images,  sans  les  troubler  ni  les  ternir,  il  est  vrai,  mais 
de  manière  à  rendre  impossibles  les  observations. 

»  Il  fallait  donc  détruire  ce  balancement  résultant  de  la  gravité,  sans  faire 
obstacle  à  l'élasticité  de  la  suspension  en  caoutchouc. 

»  Pour  obtenir  ce  résultat,  voici  les  dispositions  que  j'ai  données  à  l'ap- 
pareil. 

»  Sur  une  planche  horizontale,  j'ai  fait  ajuster  quatre  montants  verti- 
caux ;  à  leur  partie  supérieure  on  a  fixé  les  extrémités  de  quatre  lanières  en 
caoutchouc,  et  attaché  l'extrémité  inférieure  de  ces  mêmes  lanières  au  con- 
tour d'une  planchette  circulaire  horizontale,  destinée  à  recevoir  le  vase  à 
mercure.  Cette  disposition,  que  j'avais  déjà  essayée  il  y  a  quelque  temps, 
ne  pourrait  suffire  à  elle  seule,  car  il  serait  impossible  alors  de  maintenir 
le  mercure  en  équilibre;  au  moindre  mouvement,  il  se  porte  tantôt  vers 
une  lanière,  tantôt  vers  une  autre,  il  fait  fléchir  de  plus  en  plus  la  lanière 
vers  laquelle  il  a  commencé  à  incliner;  le  mercure  finit  par  se  porter  en 
masse  vers  un  des  côtés  du  vase,  et  il  ne  reste  plus  une  étendue  suffisante 
de  la  surface  réfléchissante.  C'est  un  équilibre  instable. 

»  Il  fallait  donc,  pour  remédier  à  ce  nouvel  inconvénient,  trouver  un 
moyen  de  maintenir  l'horizontalité  de  la  planchette  circulaire  qui  porte 
le  vase  à  mercure;  c'est  ce  que  j'ai  obtenu  en  ajustant,  d'une  manière  fixe 
et  solide,  au  centre  de  cette  planchette  et  en  dessous,  une  tige  rigide  por- 
tant à  son  extrémité  inférieure  une  boule  pesante. 

»  De  cette  manière,  la  tige,  par  sa  tendance  prépondérante  à  revenir  à  la 


(7,5) 

verticale,  ramène  forcément  la  planchette  circulaire  à  l'horizontalité,  et  par 
conséquent  le  vase  à  mercure  lui-même  qui  est  posé  sur  elle. 

»  Ainsi  :  i°  les  lanières  conservent  toute  leur  élasticité  pour  détruire  les 
vibrations  transmises  par  le  sol  ;  a°  l'appendice  de  la  planchette  maintient 
l'horizontalité  du  vase  à  mercure  sans  altérer  la  surface  du  mercure  lui- 
même  qui  reste  libre;  3°  enfin,  les  balancements  dus  à  la  pesanteur  sont 
arrêtés  par  l'effet  de  la  quadruple  suspension.  » 

M.  Raoux-Rochette  communique  l'extrait  suivant  d'un  article  inséré  dans 
le  journal  grec  le  Temps,  concernant  la  découverte  d'un  gisement  très-abon- 
dant d'ossements  fossiles  et  celle  de  nombreux  spécimens  de  végétaux  fossiles. 

«  Par  une  Lettre  du  Nomarque  de  la  Phthiotide  et  de  la  Phocide, 
»  M.  Zjgomalas ,  datée  de  Lamia,  le  i  r  août  i85a,  il  est  donné  connais- 
»  sance  de  la  découverte  de  deux  faits  importants  pour  la  géologie.  Le 
»  premier  concerne  des  plantes  pétrifiées  et  des  ossements  divers  d'ani- 
»  maux  inconnus,  qui  se  trouvent  dans  les  pierres  angulaires  d'un  fort 
»  appelé  Derben  Phowka;  le  second  a  rapport  à  des  Mastodontes,  gisant 
»  dans  la  montagne  d'Antinitza.  L'auteur  de  la  Lettre  ajoute  qu'il  n'avait 
»  pu  découvrir  encore  la  carrière  d'où  avaient  été  tirées  les  pierres  renfer- 
»  mant  les  plantes  fossiles,  mais  qu'il  s'occupait  de  cette  recherche.  Quant 
»  aux  Mastodontes ,  qui  font  ici  leur  première  apparition  sur  le  sol  de  la 
»  Grèce,  en  une  quantité  qui  surpasse,  à  sa  connaissance,  tout  ce  qui  en 
»  existe  en  aucun  lieu  du  globe,  il  se  livre  à  des  observations  qui  semblent 
»  mériter  d'être  soumises  à  l'examen  de  la  science.  » 

M.  Eue  de  Reaumont  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  com- 
munication, et  d'examiner  s'il  y  aurait  lieu,  dans  l'intérêt  de  la  science,  à 
faire  demander,  au  nom  de  l'Académie,  de  plus  amples  renseignements  sur 
cette  découverte. 

M.  le  Président  annonce  que  le  XXXIVe  volume  des  Comptes  rendus 
hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences  est  en  distribution 
au  secrétariat. 

MÉMOIRES  LUS. 

tératologie.  —  Résumé  d'un  Mémoire  sur  les  kystes  dermoïdes  et  sur 
Vhétérotopie  plastique;  par  M.  le  Dr  Lebert.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Velpeau,  Rayer.) 
«  Les  kystes  dermoïdes  constituent  des  tumeurs  dont  la  paroi  interne 

94-   ' 


(  7'6  ) 
offre  une  organisation  tégumentaire  pouvant  montrer  de  l'épidémie,  du 
derme,  des  glandes  sébacées,  même  sudoripares,  des  poils  implantés,  du 
tissu  adipeux  sous-cutané,  de  la  graisse  sébacée,  des  os  et  des  dents.  Ces 
kystes,  que  l'on  a  souvent  pris  pour  les  produits  d'une  conception  anormale, 
se  forment  en  vertu  d'une  loi  pathogénique  particulière,  que  j'appelle 
hétérotopie  plastique.  D'après  cette  loi,  beaucoup  de  tissus  simples  ou  com- 
posés ,  des  organes  complexes  même,  peuvent  se  former  de  tontes  pièces 
dans  des  parties  du  corps  où  à  l'état  normal  on  ne  les  rencontre  point.  Cette 
loi  s'applique  à  l'épiderme,  au  pigment,  aux  tissus  adipeux,  fibreux,  fibro- 
plastique,  musculaire,  organique  et  du  mouvement  volontaire,  cartilagi- 
neux et  osseux,  et,  parmi  des  organes  plus  complexes,  aux  poils,  aux 
glandes  et  aux  dents. 

»  Le  travail  actuel  est  le  fruit  de  l'analyse  de  cent  quatre-vingt-huit 
observations,  dont  cinquante-neuf  se  rapportent  à  des  kystes  dermoïdes 
non  ovariens,  et  cent  vingt-neuf  à  des  kystes  placés  dans  l'ovaire.  Les  kystes 
de  la  première  catégorie  se  rencontrent  sous  la  peau,  dans  les  méninges, 
dans  les  bourses  et  dans  des  parties  profondes  viscérales. 

»  Outre  l'organisation  tégumentaire  de  la  paroi,  on  ne  trouve  générale- 
ment dans  les  kystes  de  cette  catégorie,  lorsqu'ils  sont  superficiels,  que  des 
poils  et  de  la  graisse;  dans  les  kystes  scrotaux,  en  outre,  du  cartilage  et  de 
l'os,  et  dans  les  kystes  viscéraux,  des  os  et  des  dents. 

»  Les  kystes  dermoïdes  de  l'ovaire  sont  deux  fois  plus  fréquents  dans 
l'ovaire  droit  que  dans  le  gauche;  on  les  rencontre  quelquefois  dans  les 
deux  ovaires,  on  les  voit  souvent  coexister  avec  d'autres  altérations  kys- 
teuses  de  ces  glandes.  Leur  volume  n'atteint  de  très-grandes  dimensions 
que  lorsqu'au  produit  de  leur  sécrétion  ordinaire  vient  se  joindre  une  exsu- 
dation inflammatoire  ou  hydropique.  Leur  enveloppe  subit  souvent  une 
calcification  ossiforme;  des  projections  cutanées  munies  de  poils,  de 
glandes  et  même  de  fragments  d'os  se  rencontrent  fréquemment  à  la  face 
interne,  et  peuvent  se  détacher  pour  prendre  ainsi  l'aspect  de  corps  libres. 
J'y  ai  vu  distinctement  des  papilles  ;  les  glandes  sébacées  y  sont  faciles  à 
constater,  les  glandes  sudoripares  y  sont  rares  ;  il  en  est  de  même  de  forma- 
tions cornées  ressemblant  à  des  ongles.  Dans  la  moitié  environ  du  nombre 
total  des  kystes  dermoïdes,  les  os  et  les  dents  manquent.  Les  poils  sont 
libres  ou  implantés,  leur  chute  se  fait  par  atrophie  du  bulbe  ;  on  les  voit 
quelquefois  d'une  finesse  tout  à  fait  microscopique;  ils  peuvent  atteindre 
jusqu'à  i  mètre  de  longueur;  leur  couleur  varie  dans  la  même  tumeur, 
quelquefois  dans  le  même  poil,  aussi  est-elle  souvent  différente  de  celle  des 


(  7*7  ) 

cheveux  chez  le  même  individu.  La  graisse  offre  tous  les  caractères  du 
séhum  ;  les  globes  pili-graisseux  sont  quelquefois  multiples. 

»  Le  nombre  des  kystes  dermoïdes  ovariens  pili-osseux  ou  pili-dentaires 
a  été  de  quatre-vingt-deux,  dont  dix-neuf  ne  renfermaient  que  des  os,  ordi- 
nairement incrustés  dans  les  parois  qui  leur  servaient  pour  ainsi  dire  de 
périoste  formatif,  ce  qui  fait  rentrer  leur  production  dans  les  lois  d'ostéo- 
génie  si  bien  établies  par  M.  Flourens.  Les  dents  étaient  tantôt  implantées 
dans  des  os,  tantôt  dans  des  capsules  situées  simplement  dans  la  memhrane 
d'enveloppe  des  kystes,  tantôt  enfin  elles  étaient  libres;  il  y  en  avait  à  tous 
les  degrés  de  développement,  même  plusieurs  fois  elles  étaient  cariées. 
Dans  quarante-six  cas,  le  nombre  des  dents  a  été  déterminé,  et  ne  dépassait 
point,  dans  les  trois  quarts  des  cas,  celui  de  /j,  et  dans  les  huit  neuvièmes 
en  tout,  il  n'excédait  pas  le  chiffre  de  6  dents.  Dans  trois  autres  cas,  il 
dépassait  au  contraire  de  beaucoup  le  chiffre  normal,  étant  une  fois  de  44  > 
une  fois  de  ioo  et  une  fois  de  plus  de  3o0.  Il  ne  reste  donc  en  tout  que  trois 
faits  dans  lesquels  le  nombre  des  dents  se  rapproche  de  l'état  physiologique. 
Rien  de  fixe  ni  dans  l'ordre  ni  dans  la  qualité  de  ces  dents. 

»  Les  caractères  cliniques  de  ces  tumeurs  sont  basés  sur  l'analyse  de 
quarante-trois  observations.  La  maladie  reste  souvent  latente.  Les  premières 
manifestations  cliniques  sont  des  douleurs  et  l'apparition  d'une  tumeur 
dans  l'un  des  flancs,  plus  souvent  dans  le  droit;  l'engorgement  s'accroît, 
un  écoulement  puriforme  survient,  les  fonctions  menstruelles  se  troublent. 
Les  épanchements  séreux  ou  séro-purulents  dans  l'intérieur  de  ces  tumeurs 
deviennent  la  source  des  principaux  accidents,  et  à  la  ponction,  on  voit 
quelquefois  sortir  des  poils  avec  le  li]uide.  Cette  hydropisie  a  existé  dans 
un  cinquième  des  cas.  Les  accidents  du  côté  des  voies  urinaires  ont  existé 
dans  un  septième  des  faits  :  dysurie,  rétention  d'urine,  accidents  inflam  • 
matoires  de  la  vessie,  sortie  de  poils,  de  graisse  et  même  de  fragments  d'os 
avec  les  urines.  Lapili-mixtion  chez  la  femme  est  ordinairement  consécutive 
à  la  communication  anormale  d'un  kyste  dermoïde  avec  la  vessie.  Nous 
avons  réuni  cinq  faits  dans  lesquels  le  kyste  s'est  vidé  par  les  parois  abdo- 
minales, et  a  entraîné  une  suppuration  prolongée  suivie  de  dépérissement. 
Dans  deux  cas,  une  rupture  subite  dans  le  péritoine  a  entraîné  une  mort 
prompte;  plusieurs  fois  enfin  ces  kystes  ont  été  expulsés  par  le  rectum. 
Merriman  et  Baudelocque  les  ont  signalés  comme  cause  de  dystocie. 
Ils  rendent  en  général  le  pronostic  des  couches  assez  graves  ;  sept  femmes 
sur  quarante-trois  ont  succombé  à  cette  époque.  La  marche  de  ces  affec- 
tions est  lente,  et  même,  dans  les  cas  où  des  accidents  sérieux  sont  survenus, 


(  7'8) 
la  durée  a  varié  entre  trois  et  sept  ans,  et  dans  quatre  cas  entre  dix-sept  et 
vingt- cinq  ans.  Le  plus  souvent,  la  maladie  se  développe  à  l'époque  de  la 
puberté  ou  chez  de  jeunes  femmes;  mais  il  existe  dans  la  science  six  cas  bien 
avérés  dans  lesquels  tous  les  signes  physiques  de  la  virginité  coexistaient 
avec  la  présence  de  ces  kystes. 

»  Lorsqu'on  tient  compte  de  tous  les  faits  anatomiques,  physiologiques 
et  cliniques,  constatés  par  l'étude  et  la  comparaison  de  toutes  ces  obser- 
vations, on  arrive  à  la  conviction  que  ni  l'inclusion  fœtale,  ni  une  gros- 
sesse anormale  ne  sauraient  rendre  compte  de  leur  mode  de  production, 
mais  qu'il  s'agit  d'une  formation  spontanée  qui  rentre  tout  à  fait  dans  le 
cadre  des  faits  qui  m'ont  engagé  à  formuler  la  loi  de  l'hétérotopie  plas- 
tique.  » 

okganographie  végétale.  —  Note  sur  des  feuilles  ramijères  de  Tomates; 
par  M.  P.   Duchartke.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  de  Jussieu,  Brongniart,  Gaudichaud.) 

«  Les  botanistes  de  nos  jours  s'accordent  généralement  à  diviser  les 
organes  des  plantes  en  deux  catégories,  l'axe  et  les  appendices,  c'est-à-dire 
d'un  côté  la  tige  avec  la  racine,  de  l'autre  la  feuille  et  ses  modifications.  Il 
est  aussi  généralement  reconnu  par  eux  que  l'axe  constitue  la  partie  fonda- 
mentale du  végétal  ;  que  c'est  à  lui  seulement  que  se  rattachent  les  organes 
appendiculaires ;  et  que,  de  leur  côté,  ceux-ci  ne  peuvent  normalement 
émettre  à  leur  surface  des  productions  axiles,  tige  ou  rameaux.  Cependant, 
par  opposition  avec  ce  dernier  principe,  on  a  cité  plusieurs  exemples  de 
feuilles  qui  sont  devenues  le  point  de  départ  de  productions  de  nature 
axile,  ou,  en  d'autres  termes,  de  feuilles  qui  ont  usurpé  le  rôle  des  tiges,  et 
qui  ont  donné  des  bourgeons  à  leur  surface.  Ces  bourgeons  se  sont  ensuite 
développés  en  une  nouvelle  tige. 

»  Dans  le  travail  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  ;tujourdhui  au  juge- 
ment de  l'Académie,  j'examine  successivement  les  exemples  de  ce  genre 
qui,  à  ma  connaissance,  ont  été  décrits  et  publiés,  et  j'essaye  de  prouver 
qu'ils  sont  beaucoup  moins  en  opposition  qu'on  ne  le  croirait  d'abord 
avec  le  principe  de  la  production  normale  des  axes.  Je  montre  en  effet 
que,  dans  ces  divers  cas  de  développements  anormaux,  il  y  a  eu  géné- 
ralement une  formation  intermédiaire  entre  la  feuille  et  l'axe  produit,  un 
bourrelet  cellulaire  dans  les  boutures  de  feuilles,  un  bulb'ille  dans  les 
feuilles  gemmifères  ;  qu'en   outre,  cette  production  intermédiaire  a  donne 


(  7'9  ) 
naissance  à  des  racines  lorsqu'elle  a  commencé  son  évolution,  et  quelle  a 
formé  dès  cet  instant  un  individu  à  part,  tellement  indépendant  de  la  plante 
mère,  qu'il  a  dû,  pour  se  développer  tout  à  fait,  s'isoler  et  vivre  de  sa  vie 
propre. 

»  Je  décris  ensuite  un  exemple  de  production  réelle  d'axes  sur  des 
feuilles,  sans  apparition  de  bulbilles  ni  de  racines,  production  qui  a  eu  lieu 
de  manière  à  faire  jouer  entièrement  à  ces  feuilles  le  rôle  de  tiges  émettant 
des  branches.  Cet  exemple  a  été  observé  par  moi  dans  le  jardin  de  bota- 
nique agricole  de  l'Institut  agronomique,  sur  deux  variétés  de  Tomates- 
cerises  [Lycopersicon  cerasifonne,  Dun.),  et  sur  la  variété  à  fruit  rouge  de 
la  Tomate- poire  [L.  pjriforme,  Dun.),  principalement  sur  les  deux  pre- 
mières. Presque  toutes  les  feuilles  que  portaient  quatre  ou  cinq  pieds  de 
chacune  de  ces  variétés,  dès  qu'elles  ont  été  complètement  développées,  ont 
produit  à  l'aisselle  de  leurs  pinnules,  ou  dans  l'angle  formé  par  celles-ci 
avec  le  pétiole  commun,  un  mamelon  celhileux  qui,  bientôt,  est  devenu  un 
bourgeon  ordinaire,  et  s'est  allongé  en  un  rameau  généralement  vigoureux, 
chargé  de  feuilles  et  même  de  fleurs.  Ce  fait  s'est  montré  vers  le  milieu  de 
la  longueur  des  feuilles.  Tantôt  il  s'est  produit  un  seul  rameau,  tantôt  uns 
même  feuille  en  adonné  deux,  quatre,  ou  même  davantage.  Plusieurs  de  ces 
rameaux  ont  acquis  une  longueur  d'environ  à  décimètres  ;  mais  les  froids 
précoces  de  l'automne  et  la  mort  des  plantes  elles-mêmes  ont  alors  mis  fin 
à  leur  développement. 

»  J'ajoute  à  la  description  de  ce  fait  anormal  l'exposé  des  détails  anato- 
miques,  nécessaires  pour  en  compléter  la  connaissance. 

»  Dans  les  feuilles  des  Tomates  de  nos  jardins,  le  pétiole  commun  ou  la 
côte  médiane  (selon  qu'on  regarde  ces  feuilles  comme  composées  ou  comme 
simples),  possède  l'organisation  qui  caractérise  les  parties  analogues  dans 
la  généralité  des  plantes.  La  portion  fibro-vasculaire  qui  constitue  son 
corps  ligneux,  forme  un  arc  ouvert  du  côté  de  la  face  supérieure,  embras- 
sant la  moelle  dans  sa  concavité,  recouvert  par  la  zone  corticale  tout  autour 
de  sa  convexité.  Les  deux  lignes  latérales  dans  le  sens  desquelles  naissent 
les  rameaux  foliaires,  correspondent  aux  deux  extrémités  de  cet  arc.  Or 
chacun  de  ceux-ci  reçoit  de  l'extrémité  correspondante  de  l'arc  ligneux 
un  faisceau  de  vaisseaux  qui  se  porte  directement  vers  lui.  A  leur  point  de 
départ,  ces  vaisseaux  sont  très-enchevêtrés,  très-sinueux,  formés  générale- 
ment d'articles  courts  et  peu  réguliers;  en  outre,  leur  faisceau  est  étroit  et 
assez  serré.  Mais,  à  mesure  que  celui-ci  s'éloigne  de  son  point  de  départ,  ses 
vaisseaux  se  dissocient,  s'écartent  graduellement  les  uns  des  autres,  se  diri- 


(  72°  ) 
gent  sur  un  cercle  de  plus  en  plus  régulier,  et  laissent  à  leur  centre  un  vide 
que  la  moelle  vient  occuper.  Ils  vont  ainsi  constituer,  avec  les  cellules 
allongées  qui  se  forment  autour  d'eux,  une  zone  fibro-vasculaire  continue 
et  régulière  qu'entoure  extérieurement  une  zone  corticale.  C'est  ainsi  que 
de  la  disposition  unilatérale  des  éléments  anatomiques  du  pétiole  commun, 
provient  l'organisation  régulière  et  normale  de  ces  rameaux  foliaires.   » 

médecine.  —  Mémoire  sur  une  nouvelle  méthode  curative  externe, 
pour  les  rhumatismes  y  par  M.  Poggioli.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Velpeau,  Serres.) 

«  Le  rôle  que  joue  la  douleur  dans  les  maladies  est,  dit  l'auteur,  plus 
important  que  beaucoup  de  pathologistes  ne  le  pensent;  à  lui  seul,  l'élé- 
ment douleur  est  une  cause  puissante  de  maladie,  et  peut  produire  les  acci- 
dents le  plus  graves.  Dans  beaucoup  d'affections,  la  douleur  est  le  symptôme 
prédominant,  si  ce  n'est  toute  la  maladie,  et,  en  la  faisant  cesser,  l'état 
morbide  tout  entier  disparaît.  Après  des  recherches  multipliées  et  des  essais 
nombreux,  je  suis  parvenu  à  composer  un  topique  dont  l'efficacité  est  si 
prompte,  si  générale,  que  j'éprouve  une  certaine  appréhension  à  appeler 
l'attention  de  l'Académie  sur  ce  nouveau  moyen  de  combattre  la  douleur. 
Voici  quelle  en  est  la  composition  :  un  sel  de  morphine  (hydrochlorate;; 
eau  distillée  ;  extrait  de  belladone,  ou  atropine  ;  onguent  populeum,  c'est- 
à-dire  bourgeons  de  peuplier,  feuilles  de  pavot  noir,  de  belladone,  de 
jusquiame  et  de  morelle  noire  ;  axonge  macérée  dans  feuilles  de  datura,  Q.  S. 
Le  tout  aromatisé  avec  essence  de  citron  ou  eau  de  laurier-cerise. 

»  On  remarquera,  sans  doute,  que  les  substances  qui  entrent  dans  cette 
formule  ont  déjà  été  employées.  La  médecine  contemporaine,  trop  analy- 
tique peut-être,  s'est  jetée  dans  les  formules  simples,  et  a  repoussé,  comme 
inutiles,  les  formules  complexes.  Placé,  encore  jeune,  par  suite  de  circon- 
stances exceptionnelles,  à  la  tête  de  services  importants,  j'ai  toujours  remar- 
qué que  la  combinaison  de  plusieurs  substances  analogues  donnait  de 
meilleurs  résultats  que  les  mêmes  substances  employées  isolément  et  succes- 
sivement. Les  effets,  parfois  surprenants,  de  quelques  médicaments  qui  ont 
traversé  les  siècles,  ceux  de  la  thériaque  par  exemple,  sont  dus  au  nombre 
de  substances  qui  entrent  dans  leur  composition  ;  aussi,  ce  médicament  a 
beaucoup  perdu  de  ses  propriétés  curatives  depuis  qu'on  a  voulu  en  modi- 
fier la  formule,  en  en  retranchant  un  grand  nombre  de  substances  jugées 
inutiles  et  sans  action  thérapeutique  sur  l'économie  animale. 


(-#»»  ) 
»  L'exemple  des-anciens,  et  ma  propre  expérience,  m'ont  guidé  dans  la 
composition  du  topique  en  question,  dont  les  résultats  ont  dépassé  mes 
espérances.  » 

Suit  le  détail  de  dix-sept  cas  de  rhumatisme  qui  ont  .cédé,  tous  plus  ou 
moins  promptement,  à  l'application  de  ce  topique. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

chimie  appliquée.  —  Recherches  sur  la  composition  chimique  de  la  sueur 
chez  l'hornme;  par  M.  P.  A.  Favre.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Bussy.) 

«  Plusieurs  chimistes  ont  déjà  soumis  la  sueur  à  quelques  recherches.  Je 
citerai  particulièrement  MM.  Thenard,  Chevreul,  Berzelius,  Anselmino, 
Simon,  etc.  T>es  expériences  jusqu'à  ce  jour  ont  été  faites  sur  de  petites 
quantités  de  matière,  rendant  très-difficile  une  analyse  complète  ;  puisque 
Anselmino,  par  exemple,  que  l'on  cite  pour  avoir  opéré  sur  la  plus  forte 
proportion,  n'a  guère  évaporé  au  delà  de  8  à  1  o  centimètres  cubes  de  sueur. 
Souvent  cette  sécrétion  n'a  pu  être  examinée  que  dans  des  conditions  où 
l'on  peut  craindre  qu'elle  n'eût  subi  déjà  un, commencement  de  fermen- 
tation. 

»  J'espère  que  les  analyses  dont  les  résultats  vont  être  exposés  lèveront 
quelques  incertitudes  sur  les  principes  constituants  de  la  sueur  que  j'ai  pu 
soumettre  à  une  analyse  précise.  J'ai  opéré  en  effet  sur  des  masses  de  sueur 
considérables,  et  recueillies  avec  des  soins  de  nature  à  garantir  l'absence  de 
mélange  et  d'altération  des  produits.  Il  suffira  de  dire  que  la  quantité  totale 
de  sueur  qui  a  fait  l'objet  d'une  série  d'expériences  n'a  pas  été  moindre  de 
4o  litres.  .     . 

»  Lors  de  la  transpiration  du  sujet,  on  avait  soin  de  fractionner  la  sueur 
recueillie.  On  a  pu  ainsi  constater  que  sur  2  litres,  par  exemple,  le  pre- 
mier tiers  est  toujours  acide,  le  second  neutre  ou  alcalin;  la  troisième  par- 
tie recueillie  est  constamment  alcaline.  L'odeur,  très-légère,  n'a  rien  de 
désagréable  et  ne  rappelle  nullement  l'odeur  repoussante  de  l'acide  buty- 
rique ou  des  acides  volatils  qui  s'exhalent  toujours  de  la  sueur  fermentée. 
On  a  remarqué  que  la  partie  acide  de  la  sueur  perdait,  dès  les  premières 

C.  R.  ,   i85l,  am«  Semestre.  (T.  XXXV",  W°  20.)  9^ 


(  722  )  ■ 
gouttes  vaporisées,  sa  réaction  acide  qui  faisait  place  à,  une  réaction  forte- 
ment alcaline. 

»  Voici  les  éléments  contenus  dans  la  sueur  : 

»  Partie  insoluble  dans  l'alcool  absolu.  —  La  fraction  de  ce  résidu,  inso- 
luble dans  l'eau  pure  et  dans  l'eau  acide,  consiste  en  fragments  insignifiants 
d'épiderme;  la  fraction  soluble  dans  l'eau  acide  ne  fournit  que  des  traces 
de  phosphates  alcalino-terreux ;  enfin,  la  partie  soluble  dans  l'eau  pure 
contient  de  fortes  proportions  de  sel  marin,  une  certaine  quantité  de  chlo- 
rure de  potassium,  très-peu  de  sulfates  et  d'albuminates  alcalins,  des  traces 
de  phosphates  alcalins,  de  sels  calcaires  et  pas  de  magnésie. 

»  L'ensemble  des  matières,  insoluble  dans  l'alcool  absolu,  ne  contient 
pas  d'acide  urique.  L'existence  de  l'ammoniaque  n'a  pas  été  reconnue  dans 
la  matière. 

»  Partie  soluble  dans  l'alcool  et  insoluble  dans  l'éthei.  —  L'analyse  a 
signalé  l'existence  de  deux  acides  organiques  combinés  avec  la  soude  et  un 
peu  de  potasse. 

»  Acide  lactique.  —  Le  premier  est  incontestablement  l'acide  lactique, 
ainsi  qu'il  résulte  de  l'analyse  du  lactate  de  zinc  que  l'on  a  formé,  et  dont 
on  n'a  pas  obtenu  moins  de  6  grammes  (i). 

»  Acide  hidrotique.  —  Le  second  acide  n'a  été  analysé  que  sous  forme 
de  sel  d'argent.  Il  constitue  à  cet  état  une  combinaison  très-peu  soluble 
dans  l'alcool  absolu,  ce  qui'permet  de  le  séparer  du  lactate  d'argent. 

y>  L'acide  en  question  ne  possédant  pas  de  propriétés  susceptibles  de  le 
rapprocher  d'aucun  acide  connu,  je  proposerai  de  le  désigner  provisoi- 
rement sous  le  nom  à' acide  hidrotique  (de  'iJpaç ,  sueur)  ou  sudorique. 

»  A  l'état  libre,  cet  acide  est  sirupeux,  incristallisable,  soluble  dans 
l'alcool  absolu;  il  forme  des  sels  solubles  avec  presque  toutes  les  bases.  Son 
sel  d'argent,  très-peu  soluble  dans  l'alcool  absolu,  se  colore  rapidement  a 
la  lumière  et  se  décompose  instantanément  au  contact  de  l'eau.  Cet  acide  est 
azoté. 

(1)  Voici'  l'analyse  du  lactate  de  zinc  cristallisé  d'abord,  puis  chauffé  à  100  degrés  : 

Trouvé.  Calculé  pour  C'H'O5,  ZnO,    1  HO 

Carbone 25,69  25, 80 

Hydrogène 5, 02  5, 02 

Oxygène, .   4°>25  4°>'4 

Oxyde  de  zinc 29>°4  29?°3 


(  7*3  ) 
»    Voici  les  résultats  de  l'analyse  du  sel  d'argent  (i)  : 

Rapports  atomiques. 
I.  II.  I.  II. 

Carbone.... i9>8o  20,10  9>79  10,24 

Hydrogène...    ..  .  2,78  2,72  8,25  8,32 

Azote •  4  '79  "  'j°4 

Oxygène »  34,47  "  i3,i8 

Oxyde  d'argent 39,08  3^  ,92  1 ,00  1 ,00 

»  La  formule  qui  se  rapproche  le  plus  des  nombres  fournis  par  l'expé- 
rience est 

C^H'AzO",  AgO. 

»  Cette  formule  présente  cette  circonstance  particulière,  que  le  nombre 
d'équivalents  de  carbone  est  le  même  dans  l'acide  hidrotique  que  dans 
l'acide  urique,  l'oxyde  xanthiqueet  l'acide  inosique,  ce  qui  peut  faire  soup- 
çonner quelques  liens  de  constitution. 

»  On  est  porté  à  admettre  que  l'acide  lactique  et  l'acide  hidrotique  sont 
les  seuls  acides  organiques  combinés  avec  les  alcalis  dans  la  partie  soluble 
dans  l'alcool  absolu  :  en  effet,  on  a  constaté  l'absence  de  l'acide  acétique  et 
des  acides  volatils;  d'ailleurs  la  proportion  d'alcalis  fixes  (2)  étant  déter- 
minée ainsi  que  l'acide  lactique,  le  complément  se  trouve  correspondre  à 
peu  près  à  la  quantité  d'acide  hidrotique  nécessaire  pour  saturer  l'excès 
d'alcali  non  combiné  à  l'acide  lactique. 

»  Partie  soluble  dans  l'éther.  —  Le  résidu  de  l'évaporation  consiste 
uniquement  en  urée,  et  un  peu  de  matières  grasses;  l'urée  a  pu  être 
obtenue  en  cristaux  très-nets  et  d'un  assez  grand  volume,  et  doués  de  tous 
les  caractères  de  cette  substance. 

»  Résumé.  —  La  sueur  recueillie  à  des  jours  différents  sur  le  même  indi- 
vidu présente,  sinon  une  identité  dans  les  proportions  des  matériaux  qui  y 
sont  contenus,  du  moins  peu  de  variations  dans  les  rapports  des  éléments 
qui  s'y  retrouvent  constamment. 

(1)  Ces  deux  analyses  ont  été  faites  sur  deux  sels  d'argent  qui  ont  été  précipités  en  traitant 
des  sueurs  prises  à  différentes  époques. 

(  2)  L'expérience  a  conduit  à  exclure  la  présence  de  l'ammoniaque. 

95- 


(  7*4) 
»  Voici  les  résultats  d'une  analyse  faite  sur  14  litres  : 

Sur  14  litres.  Pour  10000  gramme». 

gr  gr. 

Chlorure  de  sodium 31,227  22,3o5 

Chlorure  de  potassium 3,4'2  2 ^4^7 

Sulfates  alcalins 0,161  o,ii5 

Phosphates  alcalins trace  » 

Phosphates  alcalino-lerreux trace  » 

Sels  calcaires trace  » 

Albuminates  alcalins  (i) 0,070  o,o5o 

Débris  d'épithéliiim trace  » 

Lactates  de  soude  et  de  potasse ...  4  '  44°  3 , 1 7 1 

Hidrotate  de  soude  et  de  potasse .  .  21,873  i5,623 

Urée 0ï5p/9  0,428 

Matières  grasses o ,  t gi  o ,  1 36 

Eau i3g38,o27  9955,733 

»  En  comparant  cette  constitution  à  celle  d'autres  sécrétions,  on  voit 
que  la  matière  minérale  la  plus  prédominante  est  le  sel  marin,  comme  cela  a 
lieu  pour  l'urine  :  il  n'en  est  plus  de  même  pour  les  sulfates,  beaucoup  plus 
abondants  dans  l'urine  que  dans  la  sueur,  où  l'on  n'en  trouve  que  des 
traces.  Cette  circonstance  ressortira  clairement  de  la  comparaison  suivante,, 
faite  sur  des  poids  égaux  de  sueur  et  d'urine  appartenant  au  même  individu 
et  recueillies  à  la  même  époque  : 

Sueur  sur  14  litres.  Urine  sur  14  litres. 

Chlorures 34,63g  57  ,018 

Sulfates 0,160  21,70g 

Phosphates ; . . .      trace  5,38i 

»  Remarquons  aussi  que  la  proportion  de  soude  et  de  potasse  éliminée 
par  la  sueur  à  l'état  de  combinaison  avec  des  acides  organiques,  dépasse 
beaucoup  la  proportion  que  l'on  pourrait  rencontrer  dans  l'urine,  ainsi  que 
j'ai  pu  le  constater  par  des  essais  alcalimétriques  comparés  sur  les  extraits 
calcinés. 

»  Il  semble  résulter  de  ces  faits  que  les  sels  minéraux  ne  sont  pas  indis- 
tinctement éliminés  par  les  divers  émonctoires  de  l'économie. 

•»  Quant  aux  matières  organiques  de  la  sueur,  il  en  est  qui  existent  dans 
l'urine;  une  autre  paraît  spéciale  à  la  sueur;  mais  tous  ces  matériaux  pré- 

(1)  Les  urines  correspondantes  ne  contenaient  pas  d'albumine. 


(7*5) 
sentent  le  caractère  de  substances  fortement  oxygénées  et  ayant  subi  déjà 
dans  le  torrent  de  la  circulation  une  combustion  assez  avancée,  et  compa- 
rable jusqu'à  un  certain  pointa  celle  des  éléments  éliminés  parle  rein.  » 

chimie  agricole.  —  Note  sur  le  danger  qu 'il y  aurait  à  transformer  en  sels 
fixes,  le  sous-carbonate  d'ammoniaque  contenu  dans  les  engrais;  par 
M.  Jacquemart.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Payen,  Decaisne.) 

«  On  s'est  souvent  occupé  et  l'on  s'occupe  beaucoup,  en  ce  moment,  de 
divers  moyens  proposés  pour  fixer  l'ammoniaque  dans  les  fumiers  et  dans 
les  eugrais;  pour  moi,  je  crois  et  j'espère  prouver  que  les  meilleurs  conseils 
qu'on  puisse  donner  aux  cultivateurs,  c'est  d'avoir  pour  leurs  fumiers  tous 
les  soins  nécessaires,  de  manière  à  rendre  les  déperditions  presque  nulles, 
et  d'être  d'une  prudence  extrême  dans  tout  ce  qui  aurait  pour  but  de 
changer  les  éléments  du  fumier  et  autres  engrais  ,  et  de  transformer  le  sous- 
carbonate  d'ammoniaque  qu'ils  renferment,  en  sels  non  volatils,  c'est-à-dire 
en  sulfates,  muriates,  etc. 

»  Mon  opinion  est  fondée  sur  ce  fait  naturel  et  général,  que  l'azote  se 
dégage  presque  toujours  à  l'état  de  sous-carbonate  d'ammoniaque  des  ma- 
tières animalisées  ;  sur  la  composition  des  meilleurs  engrais,  tels  que  le 
fumier,  la  poudrette,  l'engrais  flamand,  les  lizées,  etc.,  etc.;  et  sur  les  résul- 
tats d'essais  nombreux,  déjà  anciens,  faits  dans  le  but  d'étudier  la  valeur 
des  divers  sels  ammoniacaux  comme  engrais,  et  dont  M.  Dumas  a  cité  le 
résumé  dans  le  VIIIe  volume  de  sa  Chimie. 

y>  Personne  n'ignore  en  effet  avec  quelle  facilité  et  en  quelle  abondance 
le  sous-carbonate  d'ammoniaque  se  développe  dans  les  fumiers,  et  il  résulte 
de  mes  propres  analyses  publiées  dans  les  Annales  de  Chimie  et  de  Phy- 
sique : 

»  i°.  Que  sur  ioo  parties  d'azote  contenu  dans  la  poudrette,  53  pour  ioo 
sont  à  l'état  de  sous-carbonate  d'ammoniaque  tout  formé,  et  47  pour  100 
à  l'état  de  matière  animalisée  ; 

»  a°.  Que  sur  100  parties  d'azote  contenu  dans  l'engrais  flamand, 
70  environ  sont  à  l'état  de  sous-carbonate  d'ammoniaque  tout  formé. 

»  D'après  ces  compositions,  il  est  difficile  de  ne  pas  admettre  que  la 
puissance  de  ces  engrais  et  la  rapidité  avec  laquelle  ils  agissent  sur  les 
plantes,  ne  soient  dues  en  très-grande  partie  au  sous-carbonate  d'ammo" 
niaque  tout  formé  qu'ils  renferment. 


(  7*6  ) 

»  Mais  on  objecte  que  ce  sel  est  volatil,  qu'une  grande  partie  se  perd 
dans  l'atmosphère  ;  si  l'on  pouvait  le  fixer,  on  augmenterait  beaucoup  la 
valeur  des  engrais. 

»  Ce  raisonnement  n'aura  de  valeur  que  : 

»  i°.  Lorsqu'on  aura  prouvé  que  la  portion  de  sous-carbonate  d'ammo- 
niaque perdue  dans  l'air  est  importante  et  ne  peut  être  réduite  à  peu  de 
chose  ; 

»   20.  Lorsqu'on  aura  transformé  ce  sel  en  un  autre  aussi  efficace. 

»  J'ai  voulu  m'éclairer  sur  ce  dernier  point,  et  je  suis  arrivé,  par  les 
moyens  suivants,  à  des  résultats  tout  à  fait  défavorables  à  cette  suppo- 
sition . 

»  J'ai  fait  absorber  séparément  par  de  la  tourbe  sèche,  des  dissolutions 
de  sous-carbonate  et  de  sulfate  d'ammoniaque,  de  manière  à  former  des 
composts  d'un  volume  égal  à  celui  de  la  poudrette  qu'on  voulait  employer 
comparativement,  et  tenant  sous  le  même  volume  la  même  quantité 
d'azote. 

»  La  poudrette  et  ses  composts  ont  été  semés  sur  des  surfaces  égales 
placées  les  unes  à  côté  des  autres  dans  un  terrain  uniforme,  en  ayant  soin 
de  laisser  de  temps  en  temps  une  place  où  l'on  ne  semait  aucun  engrais  et 
servant  de  zéro;  chaque  engrais  était  fait  en  double. 

»  On  a  aussi  employé  du  sulfate  d'ammoniaque  en  sel  contenant  la  même 
quantité  d'azote. 

»  Toutes  ces  diverses  substances  ont  été  répandues  le  même  jour  sur  le 
grain,  chacune  dans  ses  places  respectives,  et  toutes  ont  été  enfouies  avec 
le  grain  par  un  même  tour  de  herse. 

»  On  a  opéré  sur  des  céréales  d'automme  et  de  printemps. 

»  Les  résultats  ont  toujours  été  les  suivants  : 

»  A  dose  égale  d'azote , 

»  Le  sous-carbonate  et  le  carbonate  d'ammoniaque,  bien  qu'employés  en 
liqueurs  concentrées  (tenant  io  à  22  pour  100,  tandis  que  l'engrais  flamand 
n'en  contient  que  2  pour  iûo),  ont  donné  les  mêmes  résultats  que  la  pou- 
drette ; 

»  Le  sulfate,  soit  en  sel,  soit  dissous  et  absorbé  par  de  la  tourbe  ou  à 
l'état  de  composts,  a  donné  zéro,  résultat  utile. 

»  On  est  donc  autorisé  à  conclure  que  les  sels  ammoniacaux  fixes  (sulfate, 
muriate,  etc.)  n'ont  aucune  action  sur  la  récolte,  quand  on  les  enfouit  dans 
le  sol  en  même  temps  que  le  grain;  à  plus  forte  raison  en  serait-il  ainsi,  s'ils 
étaient  mis  en  terre  bien  avant  le  grain  et  au-dessous  du  grain,  comme 


(  7a7  î 
cela  arriverait  si  l'on  avait  arrosé  le  fumier  avec  leur  dissolution,  ou  bien 
encore  si  l'on  avait  transformé  le  carbonate  du  fumier  ou  des  autres  engrais, 
en  sels  fixes,  en  employant  ou  de  l'acide,  ou  des  sels  agissant  par  double 
décomposition. 

»  Qu'il  me  soit  permis,  pour  lever  toute  espèce  de  doute,  de  citer  ici 
M.  Boussingault,  dont  l'opinion  a  tant  de  valeur  dans  toutes  les  questions 
de  cette  nature  : 

«  J'ai  eu  l'occasion  de  citer  (dit-il)  les  observations  de  Davy,  qui  éta- 
»  Missent  l'action  "favorable  exercée  par  le  carbonate  d'ammoniaque  sur  le 
»  développement  des  plantes. 

»  Je  dois  insister  de  nouveau  afin  de  mieux  faire  comprendre  qu'il  est 
»  matériellement  impossible  que  les  sels  ammoniacaux  à  acides  inorganiques, 
»  autres  que  l'acide  carbonique,  soient  utiles  aux  plantes  comme  engiais, 
»  quand  ils  sont  donnés  isolément,  et  que  leur  emploi  n'est  réellement  avan- 
»  tageux,  qu'alors  qu  ils  ont  modifié  leur  composition. 

»  Il  faut  donc  de  toute  nécessité  que  l'ammoniaque  des  sels  à  acides 
»  inorganiques,  pour  céder  aux  végétaux  l'azote  qui  entre  dans  sa  consti- 
»  tution,  arrive  dans  leurs  organes  sous  la  forme  de  carbonate,  d'autant 
»  plus  que  ce  carbonate  est  le  seul  sel  ammoniacal  qui  paraît  agir  directe- 
»  ment  et  favorablement  sur  la  plante.  » 

»  Il  paraît  donc  acquis,  jusqu'à  preuve  contraire,  que  toutes  les  fois 
qu'on  détruit  le  carbonate  d'ammoniaque  dans  une  substance  qu'on  veut 
employer  comme  engrais,  fumier  ou  vidange,  on  diminue  sa  valeur  de  toute 
celle  du  carbonate  détruit. 

»  Pour  recouvrer  une  partie  de  leur  vertu,  il  faudrait  que  les  matières 
altérées  rencontrassent  dans  le  sol  des  circonstances  favorables  qui  pour- 
raient les  régénérer  en  leur  rendant  leur  composition  première.  L'expérience 
seide  peut  indiquer  quelles  sont  ces  circonstances  favorables. 

»  Or,  elle  a  démontré  : 

»  Que  lorsqu'on  semait  en  même  temps-  que  le  grain,  ces  sels,  soit  à  l'état 
de  poudre  fine,  soit  à  l'état  de  dissolution  absorbée  par  de  la  tourbe,  soif  à 
l'état  de  compost,  on  n'obtenait  aucun  résultat  utile. 

»/  Comment,  après  ce  qui  vient  d'être  exposé,  ne  pas  être  inquiété  des 
tentatives  qui,  reposant  sur  des  données  inexactes,  doivent  avoir  pour  résul- 
tats de  détruire  une  partie  des  ressources  déjà  si  faibles  dont  l'agriculture 
peut  disposer  ! 

»  A  ce  point  de  vue,  examinons  quelles  peuvent  être  les  conséquences 
pour  l'agriculture,  d'un  nouveau  procédé  pour  l'exploitation  des  vidanges 


(  7*8  ) 

sur  lequel  l'attention  publique  est  appelée  par  des  brochures  répandues  en 
grand  nombre. 

»  D'après  ce  procédé,  les  matières  extraites  des  fosses  sont  traitées  par 
des  sels  acides,  ou  de  l'acide  en  excès,  afin  de  détruire  tout  le  carbonate 
quelles  contiennent,  et  pouvoir  les  solidifier  ensuite  par  l  addition  de  silicate 
de  soude. 

»  Ainsi  donc,  voici  la  poudrette  et  l'engrais  flamand  qui  contenaient 
5o  à  70  pour  100  de  leur  azote,  à  l'état  de  sous-carbonate,  qui  ne  con- 
tiennent plus  que  des  muriates  et  sulfates  d'ammoniaque.  Qu'arrivera-t-il 
quand  on  voudra  utiliser  ces  engrais  ?  Tout  ce  qu'ils  renferment  de  sels 
ammoniacaux,  ce  qui  représente  de  5o  à  70  pour  1 00  de  leur  azote,  sera 
sans  effet  sur  la  végétation  ;  tout  le  produit  des  urines  deviendra  inutile,  et 
l'effet  de  la  poudrette  proprement  dite  sera  notablement  diminué. 

»  Une  perte  d'argent  supportée  par  le  cultivateur,  une  quantité  considé- 
rable d'engrais  annihilé  ou  rendu  inefficace,  au  grand  préjudice  de  l'agri- 
culture, seraient  la  conséquence  d'une  appréciation  erronée  de  la  puissance 
des  sels  ammoniacaux  comme  engrais. 

»  J'ai  cru  qu'il  était  utile  pour  tous,  d'appeler  l'attention  de  l'Académie, 
et  celle  de  tous  les  hommes  compétents,  sur  cette  importante  question,  afin 
qu'elle  fût  complètement  étudiée.  » 

GRtSTALLOGÉNiE.    —  Sur  la  forme  utriculaire  et  la  cristallisation 
du  phosphore;  par  M.  Brame. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Dufrénoy,  Despretz.) 

«  J'ai  décrit  une  partie  des  phénomènes  que  présente  le  phosphore  utri- 
culaire. Aujourd'hui,  j'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie 
un  tube,  sur  la  paroi  duquel  on  avait  disposé  un  grand  nombre  de  petits 
globules  de  phosphore.  Ce  tube,  scellé  à  la  lampe,  a  été  maintenu  dans 
l'obscurité,  à  la  température  ordinaire,  pendant  douze  heures;  puis  il  a  été 
exposé  six  heures  par  jour  à  la  chaleur  d'une  étuve  (60  à  75  degrés)  pen- 
dant un  mois  et  demi.  A  cette  époque,  il  n'existait  parmi  les  globules  de 
phosphore  que  quelques  cristaux  disséminés,  tandis  qu'à  une  chaleur  un 
peu  inférieure,  un  autre  tube  semblable  au  premier,  entouré  de  sable  et 
maintenu  dans  une  étuve  constamment  chauffée,  a  présenté  une  cristallisa- 
tion fort  rapide  des  globules  de  phosphore. 

»  Au  bout  d'un  mois  et  demi,  une  partie  du  premier  tube  a  été  exposée 
au  soleil  pendant  deux  heures  (température  de  l'air  à  l'ombre  -+-  6  degrés); 


(  7a9  ) 
l'autre  partie  du  tube,  enveloppée  d'une  étoffe  noire,  était  encore  abritée 
par  un  étui  en  carton.  A  la  fin  de  cette  expérience,  les  globules  et  les  cris- 
taux exposés  au  soleil  sont  colorés  en  rouge  ;  il  en  est  de  même  des  glo- 
bules et  des  cristaux  situés  dans  la  partie  du  tube  la  plus  voisine  de  ceux-ci, 
et  qui  est  incomplètement  abritée. 

»  Ensuite,  le  tube  ayant  été  garanti  de  l'action  de  la  lumière  et  aban- 
donné à  la  température  ordinaire,  on  trouve  quelques  jours  plus  tard  que 
presque  tous  les  globules,  ayant  om,ooi  et  moins,  sont  en  voie  de  cristallisa- 
tion, isolée  ou  intevutriculaire  (dendrites). 

»  Sur  beaucoup  de  globules,  rougis  au  soleil,  se  sont  développés  des 
cristaux  parfaitement  incolores,  et  l'on  voit  au  voisinage  quelques  traces  de 
phosphore  rouge  d'aspect  membraneux.  Sur  d'autres  globules  se  sont  éga- 
lement formés  des  cristaux  par  absorption  de  vapeur,  et  de  très-petits  glo- 
bules voisins  ont  disparu. 

»  Mais  le  plus  grand  nombre  des  globules  se  sont  métamorphosés  par 
un  développement  cristallogénique  direct  (aplatissement  et  extension)  et 
intérieur  (syncristallie). 

»  Parmi  les  cristaux,  en  général  assez  mal  déterminés,  on  reconnaît  ce- 
pendant des  prismes  rhomboïdaux  droits  (i),  très-nets  (qui  paraissent  être 
la  forme  dominante)  et  leurs  dérivés  :  prismes  hexagones  irréguliers  ou 
peu  près  réguliers.  Plusieurs  de  ces  derniers  sont  incomplets  par  manque 
de  matière  active;  ces  prismes  incomplets,  comme  ceux  du  camphre,  égale- 
ment cytogénés,  rappellent  les  macules  de  la  variété  de  pegmatite,  appelée 
vulgairement  pierre  de  Judée  (cristaux  de  quartz  incomplets). 

»  Les  expériences  dont  je  viens  de  décrire  quelques  résultats  concou- 
rent avec  celles  que  j'ai  publiées  antérieurement,  pour  montrer  que  le  phos- 
phore forme  non-seulement  des  vésicules  cristallogéniques,  qui  se  métamor. 
phosent  par  la  formation  en  cyclides ,  mais  encore  de  véritables  utricules. 

»  Je  crois  devoir  ajouter  que  l'action  de  la  lumière  diffuse  un  peu  vive 
sur  les  cristaux  de  phosphore,  que  j'ai  observée  dans  beaucoup  d'autres  cir- 
constances, dont  j'ai  annoncé  les  résultats,  de  même  que  l'action  de  la 
lumière  solaire  directe,  montre  que  la  couleur  rouge  n'appartient  pas 
exclusivement  au  phosphore  amorphe,  dont  on  doit  la  découverte  à 
M.  Schroetter.  » 


(i)  Les  cristaux  de  phosphore ,  obtenus  dans  d'autres  circonstances ,  appartiennent ,  comme 
on  sait,  au  système  régulier,  et  ont  la  forme  de  dodécaèdres  rhomboïdaux. 

C.  R.,  i85a,  i™*Seme«re.  (T.  XXXV,  N°20.)  9^ 


(  73o) 

tératologie.  —  Recherches  sur  les  poljgénèses  monovariennes. 
(Extrait  d'un  Mémoire  de  M.  Lesacvage.) 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Velpeau,  Coste.) 

«...  Les  œufs  doubles  ou  multiples  chez  les  mammifères  sont  un  fait 
acquis  à  la  science,  et  les  caractères  que  je  leur  ai  assignés  lèvent  toute 
espèce  de  doute  à  ce  sujet.  Dans  l'œuf  constitué  comme  je  l'ai  établi,  les 
fœtus  sont  compris  dans  un  seul  et  même  chorion,  et  ils  sont  constamment 
de  même  sexe.  Cette  disposition,  assez  fréquemment  remarquée  dans  l'es- 
pèce humaine,  je  l'ai  rencontrée  plusieurs  fois  dans  les  annexes  de  la  truie, 
et  une  seule  fois  chez  la  vache;  et  je  me  propose  d'appeler  plus  particulière- 
ment l'attention  sur  quelques  particularités  qui,  chez  l'homme,  résultent  de 
cette  primitive  organisation. 

»  J'observe  d'abord  que,  dans  les  cas  assez  nombreux  soumis  à  mon 
observation,  chaque  fœtus  était  isolément  inclus  dans  son  amnios;  de  sorte 
que  la  cloison  interfœtale  était  uniquement  formée  par  l'adossement  de  ces 
membranes.  J'ai  peine  à  croire,  ainsi  que  l'ont  avancé  Voitgel,  Meckel  et 
Burdach,  qu'on  ait  rencontré  plusieurs  fœtus  plongés  dans  les  mêmes  eaux, 
ou  cette  particularité,  bien  exceptionnelle,  serait  le  résultat  de  la  destruc- 
tion des  membranes  amnios  à  leur  point  de  contact,  et  par  l'effet  de  leur 
rapide  développement,  que  ne  pourrait  suivre  le  système  cellulo-vasculaire 
intermédiaire.  C'est  ce  qui  arrive  dans  les  mêmes  circonstances  aux  allan- 
toïdes,  ainsi  que  je  l'ai  exposé  dans  mon  Mémoire  sur  les  annexes  du  fœtus 
humain. 

»  ...  Les  particularités  si  spéciales  qui  accompagnent  les  générations  mul- 
tiples à  un  seul  chorion  me  paraissent  capables  de  jeter  quelques  lueurs  sur 
les  mystères  si  cachés  de  la  fécondation  et  de  la  détermination  des  sexes. 
»  Les  physiologistes  admettent  que  l'ovule  est  l'élément  reproducteur 
par  excellence;  que  la  fécondation  résulte  d'un  rapport  immédiat  entre  le 
sperme  et  cet  ovule,  et  que  c'est  à  son  intérieur  qu'a  lieu  la  mise  en  contact 
des  deux  éléments  dont  la  mixtion  constitue,  à  proprement  parler,  l'acte 
fécondant  ;  mais  quand  plusieurs  embryons  sont  contenus  dans  une  en- 
veloppe commune,  serait-il  rationnel  d'admettre  qu'ils  étaient  primitive- 
ment compris  dans  un  seul  ovule?  ou  peut-il  paraître  plus  probable  que 
cette  disposition  est  un  résultat  de  la  rencontre  fortuite,  accidentelle  de 
deux  ovules  ou  de  leur  produit? 

»  Le  mode  de  rapport  des  deux  germes  ou  embryons,  dans  le  cas  pré- 


(  73«  ) 
cité,  peut  facilement  servir  à  éclairer  la  question.  En  effet,  ils  se  déve- 
loppent alors  avec  des  conditions  qui  excluent  toute  idée  de  hasard,  de 
réunion  accidentelle  entre  deux  ovules.  C'est  surtout  dans  les  diplogénèses 
monstrueuses  qu'on  est  frappé  d'un  mode  d'adhérence  qui  se  produit  avec 
une  constante  régularité.  J'ai  fait  valoir  ailleurs  l'influence  que  doit  avoir 
sur  cette  disposition  symétrique  des  congénères  la  réunion  préalable  de 
leur  système  vasculaire  ombilical,  ou,  si  l'on  veut,  allantoïdien.  Ainsi,  dans 
la  classe  si  nombreuse  des  monophaliens  régulièrement  constitués,  et  ainsi 
que  l'a  remarqué  M.  Isid.  Geoffroy-Sain t-Hilaire,  on  n'a  jamais  rencontré 
deux  fœtus  réunis  en  sens  inverse,  et  de  telle  sorte  que  les  deux  pieds  de 
l'un  répondissent  à  la  tête  de  l'autre.  Il  y  a,  dans  le  plus  grand  nombre  de 
ces  cas,  une  disposition  qui  décèle  un  arrangement  primitif,  une  organisa- 
tion primordiale  dont  on  pourrait  facilement  se  rendre  compte  avec  la  sup- 
position que  les  deux  germes  auraient  été  symétriquement  disposés  dans 
une  seule  enveloppe,  enfin  dans  un  même  ovule.  D'après  cette  supposition, 
qui  réunit  le  plus  de  probabilités,  il  y  aurait  nécessité  d'admettre  que  plu- 
sieurs espèces  d'ovules   seraient  générés  dans  les  ovaires,  que  les  uns 
seraient  monembrjonnaires ,  les  autres  poly embryonnaires. 

»  Ces  points  posés,  si  l'on  considère,  en  second  lieu,  que  dans  les  diplo- 
génèses à  chorion  unique,  et  quel  que  soit  le  mode  de  rapport  entre  les 
conjoints,  il  y  a  constamment  identité  de  sexe,  ne  doit-on  pas  en  inférer 
que  le  fluide  spermatique  n'a  aucune  faculté  pour  la  détermination  des 
sexes?  En  effet,  que  les  embryons  monovipares  soient  accolés  comme  dans 
les  diplogénèses  monstrueuses,  ou  qu'ils  soient  libres  d'adhérence,  l'action 
du  sperme  doit  être  isolée  et  particulière  pour  chacun  d'eux,  et,  qu'il  agisse 
par  l'influence  directe  des  spermatozoaires,  ou  par  tout  autre  moyen,  il  est 
impossible  de  comprendre  que  cette  influence,  qu'on  aurait  volontiers 
appelée  dominatrice,  ne  puisse  influer  directement  sur  la  sexualité,  qui 
reste  constamment  la  même  pour  les  deux  conjoints  :  alors  il  serait  plus 
facile  d'admettre  que  le  sexe  est  déterminé  dans  l'ovule,  et  que  préalable- 
ment à  l'acte  générateur,  il  existe  à  l'ovaire  des  ovules  mâles  et  des  ovules 
femelles. 

»  ...  En  admettant  cette  détermination  du  sexe,  préalablement  à  la  fécon- 
dation, je  réduis  de  beaucoup  l'influence  de  cette  dernière  sur  le  dévelop- 
pement du  nouvel  être,  et  il  devient  plus  facile  peut-être  de  se  rendre  rai- 
son de  ces  ressemblances  si  frappantes,  dont  je  rapporte  dans  ce  Mémoire 
des  exemples  si  remarquables.  On  peut  plus  volontiers  expliquer  cette 
exacte  similitude  dans  toute  l'organisation  par  l'identité  des  conditions  de 

96.. 


(  73*  ) 
leur  évolution  dans  l'œuf,  et  indépendamment  de  toute  influence  du  sperme 
sur  la  production  des  organes  de  la  génération. 

»  Des  réflexions  exposées  dans  ce  travail,  il  résulterait  : 

»    i°.  Qu'il  existe  à  l'ovaire  des  ovules  monembryonnaires  et  des  ovules 
polyembryonnaires  ; 

»  2°.  Que  la  fécondation  n'a  aucune  influence  sur  la  détermination  de 
la  sexualité  ; 

»  3°.  Qu'avant  la  fécondation,  il  existe  dans  l'ovaire  des  ovules  mâles  et 
des  ovules  femelles  ; 

»  l\°.  Enfin  que,  dans  les  ovules  polyembryonnaires,  et  quel  que  soit  le 
nombre  des  conjoints,  l'unisexualité  est  constante.  » 

mécanique.  —  Nouvelle  méthode  appliquée  au  mouvement  de  rotation  d'un 
corps  retenu  sur  la  Terre  par  son  centre  de  gravité;  par  M.  Qcet. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :    MM.    Arago,   Cauchy,   Pouillet, 

Babinet,  Binet.) 

L'auteur  annonce  que  le  résultat  final  des  calculs  a  été  le  même  que  celui 
qu'il  avait  obtenu  et  fait  connaître  dans  une  précédente  communication. 
«  La  nouvelle  méthode,  ajoute-t-il,  présente  une  particularité  que  je  crois 
devoir  signaler  :  les  équations  qu'elle  fournit  reproduisent,  suivant  le  point 
de  vue  auquel  on  se  place,  tous  les  phénomènes  connus  qui  dépendent  du 
mouvement  terrestre.  » 

Chïkurgie.  —  Ablation  de  deux  loupes  très-volumineuses  à  l'aide  de  la 
cautérisation  linéaire  ;  observation  de  MM.  Lagger  ,  médecin  ,  et 
Deslongchamp,  chirurgien  à  Fribourg.  Transmise  par  M.  Legrand  comme 
pièces  à  l'appui  de  précédentes  communications  sur  sa  méthode  de  cau- 
térisation linéaire  remplaçant  l'action  du  bistouri. 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  Lallemand.) 

«  lia  fallu  nécessairement,  dit  M.  Legrand,  établir  sur  chaque  loupe  deux 
lignes  de  cautérisation,  ayant  chacune  la  forme  d'une  demi-ellipse,  de 
manière  à  comprendre  entre  elles  un  lambeau  de  peau  de  om,  io  dans  son 
plus  grand  diamètre,  et  de  om,8  pour  le  plus  petit,  et  qui,  frappé  de  mort 
par  l'action  isolante  du  caustique,  pût  être  enlevé  avec  les  kystes,  afin  de 
permettre  (par  suite  de  cette  grande  perte  de  substance)  l'affaissement  du 
cuir  chevelu,  énormément  distendu  et  hypertrophié  par  suite  du  dévelop- 
pement de  deux  tumeurs  aussi  considérables,  de  favoriser  le  rapprochement 


r^ 


(  733  \ 
des  bords  de  la  plaie,  et  de  procurer  enfin  une  cicatrisation,  semblable  à 
celle  qui  succède  à  une  simple  incision. 

»  La  première  cautérisation  double,  faite  pour  chaque  loupe  dans  le 
même  moment,  eut  lieu  le  9  mars,  et  les  deux  kystes  purent  être  enlevés, 
l'un  le  29  mars,  et  le  second  le  8  avril  dernier;  la  cicatrisation  fut  complète 
le  1 5  du  mois  de  mai  suivant. 

»  Les  premières  cautérisations  furent  peu  douloureuses,  mais  les  suivantes 
donnèrent  lieu  à  un  peu  de  fièvre,  à  un  peu  d'agitation  nerveuse;  accidents 
légers  toutefois,  puisqu'un  bain  suffit  pour  les  calmer,  et  que  les  médecins 
signataires  de  l'observation  les  attribuent  plutôt  à  l'impressionabilité  exces- 
sive de  la  malade  qu'à  la  douleur  causée  par  l'action  du  caustique.  Aussi 
terminent-ils  leur  relation  en  déclarant  qu'ils  considèrent  cette  méthode 
«  comme  peu  douloureuse,  évitant  les  hémorragies,  n'exposant  point  aux 
»  inflammations  érysipélateuses  consécutives,  et  procurant  nécessairement 
»  une  cure  radicale,  puisque  la  totalité  du  kyste  est  enlevée.  » 

M.  G.  Giovanini  adresse,  de  Bologne,  la  description  et  la  figure  de  trois 
instruments  de  son  invention  qu'il  désigne  sous  les  noms  de  trépan-scie , 
de  scie  ostéotomique  et  de  cuiller  ostéotomique. 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  Roux.) 

M.  Vebiot  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  ayant  pour 
titre  :  Système  de  roues  à  palettes  mobiles  :  application  aux  bateaux  à 
vapeur ,  aux  moulins  à  vent,  etc. 

(Commissaires,   MM.  Poncelet,  Morin,  Combes.) 

M.  Rabgisson  envoie  une  Note  qui  se  lie  à  celle  qu'il  avait  précédem- 
ment adressée  concernant  un  système  de  pétrissage  pour  la  boulangerie. 

(Commissaires précédemment  nommés: MM.  Poncelet, Boussingault,Payen.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel,  en  signalant  parmi  les  pièces  imprimées  de 
la  correspondance  un  Mémoire  de  M.  Mayer  sur  les  organes  vocaux  de 
l'homme  et  des  mammifères,  rappelle  que  ce  travail,  présenté  manuscrit  à 
l'Académie,  en  1 843,  a  été  honoré  par  elle  d'une  récompense. 


(734) 

M.  Andkal  présente,  au  nom  des  auteurs,  MM.  Ch.  Robin  et  Verdeil, 

un  Traité  de  Chimie  anatomique  et  physiologique. 

«  Le  but  de  ce  livre  est  de  faire  connaître  la  constitution  intime  et  molé- 
culaire des  tissus  et  des  humeurs  des  animaux.  L'étude  des  éléments  anato- 
miques,  tels  que  fibres,  cellules,  etc.,  faite  par  le  microscope,  devait  être 
suivie  d'une  autre,  celle  de  la  substance  qui  compose  elle-même  ces  élé- 
ments. C'est  cette  dernière  étude  qui  est  faite  dans  l'ouvrage  que  je  pré- 
sente à  l'Académie.  Les  auteurs  y  ont  retracé  l'histoire  des  principes  immé- 
diats des  tissus  et  des  humeurs;  ils  ont  étudié  chacun  d'eux,  dans  la  double 
condition  de  la  santé  et  de  la  maladie,  relativement  à  leur  quantité,  à  leur 
situation,  à  leurs  combinaisons  diverses,  au  lieu  et  au  mode  de  leur  entrée 
ou  de  leur  formation  dans  l'organisme,  et  enfin  au  lieu  et  au  mode  de  leur 
issue  ou  de  leur  destruction,  pour  les  espèces  qui  se  décomposent  dans  le 
corps  vivant.  Les  faits  que  renferme  cet  ouvrage  sont  du  nombre  de  ceux 
que  réclame  la  marche  actuelle  de  la  physiologie  et  de  la  pathologie,  et 
qui  doivent  concourir  d'une  manière  puissante  aux  progrès  de  ces  deux 
sciences. 

chimie  organique.  —  Etudes  sur  les  huiles  grasses  végétales; 
par  M.  J.  Lefort.   (Extrait  par  l'auteur.  ) 

«  Les  réactions  qui  s'opèrent  lorsque  les  corps  haloïdes  sont  mis  au  con- 
tact des  corps  gras,  n'ont  pas  été  l'objet  d'expériences  suivies.  Tous  les  au- 
teurs s'accordent  à  dire  que  le  chlore,  le  brome  et  l'iode  se  combinent  aux 
corps  gras  en  dégageant  des  hydracides;  mais,  quant  aux  proportions  dans 
lesquelles  ces  substitutions  ont  lieu,  tous  s'accordent  à  dire  que  les  recher- 
ches n'ont  pas  été  poussées  jusque-là. 

»  Voici  les  réactions  qu'on  observe  lorsque  le  chlore  et  le  brome  se 
trouvent  au  contact  des  huiles  grasses,  et  de  quelle  manière  j'obtiens  les 
nouveaux  composés  que  je  décris  dans  mon  Mémoire. 

»  Lorsqu'on  fait  passer  un  courant  de  chlore  humide  dans  une  huile 
grasse  végétale  quelconque,  la  combinaison  se  fait  avec  élévation  de  tempé- 
rature, mais  sans  explosion  ;  de  l'acide  chlorhydrique  se  dégage,  et  chaque 
équivalent  d'hydrogène  enlevé  est  remplacé  par  un  équivalent  de  chlore. 

»  Pour  faciliter  la  combinaison,  je  mets  l'huile  qu'il  s'agit  de  chlorurer 
dans  une  éprouvette  à  pied,  avec  huit  ou  dix  fois  son  poids  d'eau,  que  je 
plonge  dans  un  bain-marie  chauffé  de  5o  à  8o°.  A  mesure  que  le  chlore  se 


(735) 

combine,  l'huile  devient  plus  dense  et  plus  consistante  ;  aussi,  pour  obtenir 
un  produit  parfaitement  saturé,  est-il  nécessaire  de  maintenir  l'eau  du  bain- 
marie  à  la  température  que  j'indique. 

»  L'huile  chlorée  qu'on  retire  de  l'éprouvette  est  ordinairement  blanche 
ou  légèrement  jaunâtre,  opaque  et  émulsionnée.  Je  la  lave  à  plusieurs  re- 
prises avec  de  l'eau  chaude,  pour  lui  enlever  la  plus  grande  partie  de  l'acide 
chlorhydrique  qui  l'imprègne,  puis  je  la  dissous  dans  de  l'éther  sulfurique; 
la  dissolution  est  versée  dans  de  l'eau  chaude  qui  précipite  l'huile  sans  dé- 
composition. Souvent  après  un  premier,  mais  surtout  après  deux  traitements 
successifs  par  l'éther,  l'huile  chlorée  est  insensible  au  papier  de  tournesol. 
Je  la  soumets  à  la  température  de  1 200  dans  un  bain-marie  et  dans  un 
courant  d'hydrogène,  jusqu'à  ce  qu'elle  ne  contienne  plus  d'eau.  D'opaque 
qu'elle  était,  elle  devient  aussi  claire  et  aussi  transparente  que  l'huile  qui  a 
servi  à  la  préparer. 

»  Le  brome  déplace  dans  les  huiles  grasses  végétales  le  même  nombre 
d'équivalents  d'hydrogène  que  le  chlore,  mais  il  réagit  avec  plus  de  vio- 
lence; aussi,  pour  éviter  des  explosions  qui  pourraient  être  dangereuses, 
est-on  obligé  d'opérer  en  commençant  avec  de  l'eau  froide.  Lorsque  l'huile 
commence  à  devenir  plus  dense  que  l'eau  et  à  prendre  une  consistance  Un 
peu  ferme,  j'achève  la  saturation  en  plongeant  le  ballon  dans  un  bain  d'eau 
chaude. 

»  Ainsi  préparée,  l'huile  bromée  est  blanche,  opaque,  émulsionnée  et 
plus  dense  que  l'eau.  Pour  la  priver  de  tout  l'acide  bromhydrique  et  de 
l'eau  qu'elle  contient,  je  lui  fais  subir  les  mêmes  traitements  qu'à  l'huile 
chlorée. 

»  Aucun  réactif  ne  se  décèle,  soit  dans  les  huiles  chlorées  lorsqu'elles  ont 
été  dépouillées  de  tout  le  chlore  et  de  tout  l'acide  chlorhydrique  libres,  soit 
dans  les  huiles  bromées  lorsqu'on  a  bien  saisi  le  point  de  saturation  et 
qu'elles  ont  été  suffisamment  lavées,  la  présence  du  chlore  et  du  brome. 

»  Voici,  du  reste,  les  caractères  généraux  qu'elles  présentent  : 

»  Elles  ont  pour  la  plupart  une  teinte  jaune  prononcée  ; 

»  J^eur  odeur  et  leur  saveur  sont  nulles  le  plus  ordinairement; 

»  Elles  sont  toutes  plus  denses  que  l'eau; 

»  Leur  consistance  est  beaucoup  plus  grande  que  celle  de  l'eau  ; 

»  Exposées  à  l'air,  elles  s'épaississent  assez  rapidement; 

»  Soumises  à  l'action  de  la  chaleur,  elles  commencent  à  prendre  une 
légère  teinte  brune  vers  i5o°;  à  200  ou  210  degrés  elles  entrent  en  ébul- 
lition  ; 


(736) 

»  Mises  dans  des  flacons  qui  bouchent  hermétiquement,  elles  peuvent  se 
conserver  pendant  un  certain  laps  de  temps,  mais  à  la  longue  elles  prennent 
une  légère  odeur  de  rance  et  réagissent  sur  le  papier  de  tournesol. 

»  Pour  établir  la  composition  exacte  des  huiles  chlorées  et  bromées,  j'ai 
dû  entreprendre  l'analyse  élémentaire  des  huiles  grasses  sur  lesquelles 
j'avais  à  opérer. 

»  Avant  toutes  choses,  j'ai  dû  prendre  toutes  les  précautions  possibles 
pour  obtenir  des  huiles  d'une  pureté  absolue. 

»  La  combustion  a  été  opérée  au  moyen  du  chromate  de  fer. 

»  Voici  les  résultats  que  j'ai  obtenus  : 

Huile  d'amande  douce.  1 

Huile  d'amande  amère.     rao„,8n4  j  CÏ0H"C1  O* 

Huile  de  colza L  |  C»°H"Br  O* 

Huile  de  sésame .   .   .   .  J 

Huile  d'olive.  .....  j  (C3,H,0C1'04 

Huile  de  pavot j  C86H8a04     CS(,HSoBr204 

Huile  de  noisette.  .   .   .  ) 

Huile  de  lin.  .  . |  rl0H1.o,  |  C»H"CPO* 

Huile  de  faîne J  |  C80H2«BraO* 

Huile  de  chènevis |  r„n„n,  j  C»H»°ClaO* 

Huile  de  noix j  C  \  CÎSH20Brs04 

(C5<1H49C1808 
Huile  de  ricin C"HM  O8  j  c„H<9Br308 

»  Comme  on  le  voit  par  ce  tableau,  toutes  les  huiles  que  j'ai  analysées 
contiennent  4  équivalents  d'oxygène;  une  seule,  celle  de  ricin,  a  une  for- 
mule qui  doit  être  doublée  ;  deux  seulement,  les  huiles  de  chènevis  et  de 
noix,  appartiennent  à  la  série  dont  la  composition  générale  s'exprime  par  la 
formule  C"HnO*.  » 

chimie  organique.  —  Sur  le  bichlorhfdrate  d'essence  de  térébenthine  ; 
par  M.  Marcellin  Berthelot. 

«  L'essence  de  térébenthine  et  l'essence  de  citron  possèdent  la  même 
composition;  elles  se  ressemblent  par  la  plupart  de  leurs  propriétés  tant 
physiques  que  chimiques.  Toutes  deux  produisent  un  hydrate,  un  chlorhy- 
drate cristallisés.  Seulement,  le  composé  obtenu  avec  l'essence  de  térében- 


(737  ) 
thine  par  saturation  directe  est  un  monochlorhydrale  C20H,6.H  Cl;  tandis 
que  le  composé  de  l'essence  de  citron  est  un  bichlorhydrate  G20]!1*.  aH  Cl. 
D'où  l'on  a  conclu  que  l'essence  de  citron  possède  une  capacité  de  satura- 
tion double  de  celle  de  l'essence  de  térébenthine. 

»  Cette  différence  n'est  pas  essentielle  :  si  l'on  change  les  conditions'de 
la  saturation  de  l'essence  de  térébenthine,  on  obtient  le  plus  souvent  le 
bichlorhydrate  cristallisé  C20H'6.  2HCI,  en  tout  semblable  à  celui  de  l'es- 
sence de  citron  et  à  celui  que  M.  Deville  a  préparé  avec  l'hydrate  d'essence 
de  térébenthine. 

»  On  obtient  ces  cristaux  en  abondance  en  abandonnant  pendant  un 
mois  une  couche  d'essence  de  térébenthine  à  la  surface  d'une  solution 
aqueuse  saturée  d'acide  chlorhydrique.  On  les  obtient  encore  en  dissolvant 
l'essence  dans  l'alcool,  l'éther  ou  l'acide  acétique  et  saturant  par  l'acide 
gazeux  la  dissolution.  Cette  opération  fournit  un  composé  liquide  qui, 
abandonné  à  l'air  libre,  se  change  en  quelques  heures  en  cristaux. 

»  Ces  cristaux  possèdent  l'aspect,  l'odeur,  la  facile  fusibilité,  en  un  mot 
les  diverses  propriétés  du  bichlorhydrate  d'essence  de  citron.  Ils  n'ont  pas 
non  plus  de  pouvoir  rotatoire.  Leur  composition  est  la  même,  car  : 

I.  o,2g65  de  matière  ont  fourni  o,6o65  d'acide  carbonique  et  0,240  d'eau. 

II.  o,325  de  matière  ont  fourni  0,433  de  chlorure  d'argent. 


»  Ce  qui  fait  en  centièmes 


Cl =  33,3 
C  =  55,8 
H  =    9,0 


»  La  formule  C20  H'6.  2  H  Cl  exige  : 

Cl  =34,0 

C  À  57,4 
H  =    8,6 

»  Les  deux  composés  C20H'\HC1,  C20H'6.  2  H  Cl,  ne  sont  pas  les  seules 
combinaisons  d'acide  chlorhydrique  et  d'essence  de  térébenthine.  En  effet, 
le  liquide  formé  en  saturant  l'essence  dissoute  préalablement  dans  l'alcool 
ou  l'acide  acétique,  est  un  corps  défini;  c'est  un  chlorhydrate  sesquicar- 
buré,  3C,0H8.  aHCl,  de  composition  constante  dans  diverses  préparations. 

»  Préparé  avec  l'essence  de  térébenthine  française  dissoute  dans  l'alcool, 
il  contient  25,7  centièmes  de  chlore. 

C.  R.,   1852,  am«  Semestre.  (T.  XXXV,  M°20)  97 


(  738  ) 

»  Avec  l'essence  de  térébenthine  anglaise  dissoute  dans  l'alcool,  il  ren- 
ferme 25,6  centièmes  de  chlore. 

»  Avec  l'essence  française  dissoute  dans  l'acide  acétique,  il  contient 
il\ , 3  centièmes  de  chlore. 

»  La  formule  3C,0H8.  2HCI  exige  25,5  centièmes  de  chlore. 

»  Ces  liquides  paraissent  être  une  combinaison  des  deux  chlorhydrates 
fondamentaux  : 

2(3C,0H8.2HC1)  =  C20H,6.2HC1  -t-  1  (C20^6.  HC1); 

car  ils  fournissent  constamment  du  bichlorhydrate,  et  parfois  ils  contien- 
nent simultanément  du  monochlorhydrate  cristallisé  (camphre  artificiel). 

»  On  le  voit,  d'après  ces  expériences,  la  quantité  d'acide  chlorhydrique 
absorbée  par  l'essence  de  térébenthine  varie  avec  la  manière  dont  cette 
.absorption  se  fait.  Plus  elle  est  ralentie,  plus  l'essence  absorbe  d'acide. 
Opère-t-on  avec  l'essence  et  le  gaz  directement,  c'est  le  monochlorhydrate 
qui  se  produit.  Interpose-t-on  un  dissolvant  mixte ,  l'essence  se  partage 
entre  les  deux  chlorhydrates;  un  tiers  absorbe  jusqu'à  deux  équivalents 
d'acide.  Enfin,  la  saturation  a-t-elle  lieu  en  quelques  semaines  au  moyen 
d'une  solution  aqueuse  saturée  d'acide,  solution  qui  ne  dissout  ni  l'essence, 
ni  ses  chlorhydrates,  alors  la  plus  grande  partie  de  l'essence  passe  à  l'état 
de  bichlorhydrate. 

»  Ces  faits  nous  montrent  que  l'essence  de  térébenthine  et  l'essence  de 
citron  ont  la  même  capacité  de  saturation.  Seulement,  le  terme  ultime  de  la 
saturation  est  atteint  du  premier  coup  avec  l'essence  de  citron,  tandis  qu'il 
faut  passer  par  un  détour  avec  l'essence  de  térébenthine.  » 

MÉTÉOROLOGIE.   —   Sur  un  éclair  de  forme  particulière.   (Extrait   d'une 

Lettre  de  M.  Corxcel.) 

«  Il  y  a  cinq  ou  six  ans,  dans  le  courant  de  l'été,  j'examinais  de  nia 
fenêtre  l'état  de  l'atmosphère  après  un  orage.  Il  était  dix  heures  du  soir; 
l'azur  du  ciel  était  très-pur,  l'air  très-calme,  et  il  n'y  avait  plus  que  quelques 
nuages,  de  forme  moutonnée,  très-distants  les  uns  des  autres,  et  passant 
très-lentement.  Un  de  ces  nuages,  de  médiocre  étendue,  et  dont  le  centre 
pouvait  être  à  35  degrés  au-dessus  de  l'horizon,  attira  mon  attention,  parce 
que  ses  bords  étaient  argentés  par  la  lumière  de  la  Lune  qu'il  cachait  et  qui 
était  alors  dans  son  plein.  Trois  minutes  au  moins  avant  la  réapparition  de 
l'astre,  je  fixais  le  bord  par  lequel,  vulgairement  parlant,  je  supposais  que 


(  739) 
la  Lune  se  dégagerait  du  nuage  :  ce  bord  était  divisé  en  deux  parties,  l'une 
supérieure  et  l'autre  inférieure,  imitant  en  grand  à  peu  près  deux  lobes  d'une 
feuille  de  chêne.  Tout  à  coup  je  vis  un  jet  électrique,  semblant  avoir  la 
grosseur  du  doigt,  et  lancé  latéralement  de  la  partie  supérieure  sur  la  partie 
inférieure  en  suivant  une  courbe  régulière.  Il  n'en  résulta  ni  changement 
dans  la  forme  du  nuage,  ni  bruit  ni  fulguration,  et  je  ne  puis  mieux  décrire 
ce  phénomène  qu'en  le  comparant  à  un  jet  instantané  de  métal  en  fusion 
lancé  par  un  orifice  latéral  et  tombant  sans  autre  vitesse  que  celle  que  lui 
imprimerait  son  propre  poids.  Son  apparence  était  plutôt  celle  d'une  veine 
liquide  incandescente  que  celle  d'un  trait  fulminant. 

»  Je  signale  ce  fait,  parce  qu'il  me  paraît  être  intermédiaire  entre  les  deux 
que  cite  M.  Arago  dans  Y  Annuahe  de  1 838,  pages  261  et  263,  l'un  d'après 
Nicholson,  où  il  y  avait  deux  nuages  au  lieu  d'un  seul,  et  l'autre  d'après 
Schûbler. 

»  J'ai  continué  à  observer  le  nuage  pendant  près  de  vingt  minutes,  mais 
il  s'est  éloigné  lentement  sans  en  attirer  d'autres,  en  conservant  presque  la 
même  forme,  et  sans  donner  de  nouveaux  signes  d'électricité.  Rien  n'indi- 
quait qu'il  y  eût  deux  nuages  que  la  perspective  aurait  fait  prendre  pour 
un  seul.  » 

M.  Lavocat,  auteur  d'une  Note  sur  les  rayons  osseux  supérieurs  des 
membres  thoraciques  de  quelques  mammifères,  adresse  une  Lettre  relative  à 
cette  communication  et  à  une  réclamation  de  priorité  qu'elle  a  soulevée  de 
la  part  de  M.  Christol. 

«  Je  me  suis  assuré,  dit  M.  Lavocat,  que  cette  réclamation  est  parfaite- 
ment fondée,  et  je  m'empresse  de  reconnaître  à  M.  Christol  une  priorité  que 
j'étais  étonné  d'avoir  relativement  à  des  détails  ostéologiques  aussi  appa- 
rents (l'existence  de  l'extrémité  inférieure  du  cubitus  et  du  péroné  dans  les 
chevaux).  Conduites  isolément,  nos  recherches  nous  ont  conduits  au  même 
but;  elles  se  confirment  mutuellement  pour  établir  une  vérité  si  longtemps 
méconnue.  » 

M.  Gaigneau,  à  l'occasion  d'une  communication  récente  de  M.  Briard 
sur  un  procédé  pour  corriger  les  variations  d'intensité  de  la  lumière  élec- 
trique, réclame,  au  nom  de  MM.  Slaite  et  Pétrie ,  la  priorité  pour  l'inven- 
tion d'un  moyen  qu'on  suppose  être  le  même  que  celui  de  M.  Briard. 

Cette  Lettre  et  la  Note  de  M.  Briard  sont  renvoyées  à  l'examen  d'une 
Commission  composée  de  MM.  Pouillet,  Babinet,  Despretz. 


(  74o) 

"M.  Dussurgey  se  fait  connaître  comme  auteur  d'une  Note  sur  les  causes 
de  la  maladie  des  pommes  de  terre,  Note  qu'une  signature  peu  distincte 
avait  fait  inscrire  sous  le  nom  de  Dussugues. 

M.  Vallot  adresse  un  spécimen  de  Ljrcoperdon  pedunculatwn ,  Linn., 
remarquable  par  une  disposition  qui  ne  paraît  pas  avoir  été  signalée  par  les 
botanistes,  et  qui  se  présentait  non-seulement  sur  un  individu,  mais  sur 
trois  autres  recueillis  dans  les  environs. 

M.  Gaudichaud  est  invité  à  prendre  connaissance  de  l'échantillon  qui 
fait  l'objet  de  cette  communication. 

COMITÉ  SECRET. 

La  Section  de  Géographie  et  Navigation,  à  laquelle  M.  Arago  a  été 
adjoint  par  l'Académie  pour  suppléer  M.  l'amiral  Roussin  à  qui  l'état  de 
sa  santé  ne  permet  pas  d'assister  aux  séances,  présente,  par  l'organe  de 
M.  Beautemps-Beaupré,  doyen,  la  liste  suivante  de  candidats  pour  la  place 
de  Correspondant  devenue  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  le  contre- 
amiral  Bérard  : 

En  première  ligne, 

M.  Victor  Lottin,  capitaine  de  frégate,...  à  Versailles. 
En  seconde  ligne,  ex  œquo  et  par  ordre  alphabétique, 

M.  Ferret,  capitaine  d'état-major, 
M.  Galinier,  capitaine  d'état-major. 

«  En  considérant,  dit  l'honorable  rapporteur,  qu'on  ne  compterait  plus 
qu'un  seul  Français  parmi  les  Correspondants  de  la  Section  de  Géographie 
et  Navigation,  M.  Antoine  d'Abbadie,  si  le  contre-amiral  n'était  pas  rem- 
placé par  un  Français,  nous  avons  été  amenés  à  n'appeler  cette  fois  encore 
les  suffrages  de  l'Académie  que  sur  des  candidats  français.  » 

Les  titres  des  candidats  sont  présentés  par  M.  Duperrey.  Ces  titres  sont 
discutés.  L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  F. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE    DU    LUNDI    22    NOVEMBRE    1852. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  JUSSIEU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

astronomie.  —  Note  de  M.  Faye  sur  les  derniers  résultats  publiés,  par 
M.  de  Struve,  relativement  à  la  61e  du  Cjgne. 

«  Maintenant  que  l'enseignement  de  l'astronomie  élémentaire  se  répand 
de  plus  en  plus,  les  professeurs  qui  voudront  tenir  leurs  leçons  au  courant 
de  la  science,  iront  sans  aucun  doute  chercher  dans  les  Comptes  rendus  les 
éléments  nouveaux  dont  ils  auront  besoin.  Il  devient  donc  plus  important 
que  jamais  de  ne  pas  laisser  subsister,  sans  avertissement,  dans  ce  Recueil, 
des  erreurs  ou  des  documents  surannés  (1).  C'est  pour  cela  que  je  demande 
à  l'Académie  la  permission  de  lui  signaler  une  correction  que  la  dernière 
et  importante  publication  de  M.  de  Struve  rend  indispensable. 

»  On  a  cru  généralement  jusqu'ici  que  l'une  des  composantes  de  la 
61e  du  Cygne  parcourt  en  5  ou  600  ans,  autour  de  l'autre  composante,  une 
orbite  dont  le  demi-grand  axe  ne  devait  guère  dépasser  i5  ou  16".  Ces 
conclusions  étaient  assurément  prématurées,  caries  observations  de  la  61e 

(1)  Voir  les  Comptes  rendus,  tome  XXVI,  page  lj4>  Note  de  M.  Faye  à  l'occasion  d'une 
Lettre  de  M .  de  Struve. 

C.  R.,  i85a,  a«»  Semestre.  (T.  XXXV,  N»  21.)  98 


(  74a) 
ne  pouvaient  réellement  en  autoriser  de  pareilles.  C'est  pourtant  sur  ces 
vagues  données  qu'on  a  calculé  la  masse  de  la  61e  du  Cygne  et  la  longueur 
absolue  du  grand  axe  de  leur  orbite. 

»  Or  il  arrive  aujourd'hui  que  M.  de  Struve  déclare,  dans  son  grand 
Catalogue  de  Dorpat  nouvellement  publié,  que  depuis  iooans  le  mouve- 
ment relatif  des  deux  étoiles  ne  diffère  pas  sensiblement  du  mouvement 
rectiligne  et  uniforme.  Cette  conclusion  extraordinaire,  et  assurément  bien 
inattendue,  doit  nous  décider  à  faire  le  sacrifice  de  tout  ce  que  nous  a\ons 
pu  dire  jusqu'ici  sur  l'orbite  et  sur  la  masse  de  cette  étoile  double,  dont  la 
parallaxe  est  d'ailleurs  si  bien  connue  depuis  les  admirables  travaux  de 
Bessel.  » 

chimie  organique.  —  Sur  les  transformations  que  la  chaleur  fait  éprouver 
à  V acide  tartrique;  par  M.  Aug,  Laurent. 

«  M.  Braconnot  a  reconnu  que  l'acide  tartrique,  soumis  à  l'action  de  la 
chaleur,  se  transforme  en  un  nouvel  acide  qui  a  été  désigné  sous  les  noms 
de  tartrélique  et  d'isotartridique. 

»  Suivant  M.  Fremy,  l'acide  tartrique,  soumis  à  une  température  de 
200  degrés  environ,  perd  progressivement  2  atomes  d'eau  ou  -~  de  son 
poids,  en  se  transformant  en  acide  anhydre  ;  mais  cette  déperdition  offri- 
rait trois  phases  intermédiaires  qui  donneraient  autant  d'acides  définis, 
distincts  entre  eux. 

»  Dans  la  première  phase,  il  perdrait  ^  atome  d'eau  en  donnant  de  l'acide 
tartralique  ; 

»  Dans  la  deuxième ,  il  perdrait  1  atome  d'eau  en  donnant  de  l'acide 
tartrélique; 

»  Et  enfin,  dans  la  troisième,  il  perdrait  a  atomes  d'eau  en  donnant  de 
l'acide  tartrique  anhydre. 

»  Les  résultats  de  M.  Fremy  ne  nous  ayant  pas  paru  être  d'accord  avec 
ce  qu'on  observe  généralement  en  chimie,  nous  avons,  M.  Gerhardt  et  moi, 
repris  ce  sujet,  et  nous  sommes  arrivés  aux  résultats  suivants  : 

»  Dans  la  première  phase,  l'acide  tartrique  se  modifie  sans  rien  perdre 
de  son  poids,  en  donnant  : 

»    i°.  De  l'acide  métatartrique  dont  les  sels  sont  cristallisables  ; 

»  20.  De  l'acide  isotàrtrique  dont  les  sels  sont  incristallisables,  et  dont 
le  sel  de  chaux  est  très-soluble. 

»  Dans  la  deuxième  phase,  l'acide,  après  avoir  perdu  -^  de  son.  poids, 
donne  : 


(  743) 
»  3°.  De  l'acide  tartrélique  ou  isotartridique  de  M.  Braconnot; 
»  4°-  De  l'acide  tartrique  anhydre  ou  du  tartride. 
»  Nous  avons  également  constaté  qu'il  se  forme  un  acide  qui  possède 
les  propriétés  de  l'acide  tartralique  de  M.  Fremy;  mais,  ayant  reconnu  que 
cet  acide  était  un  mélange,  et  donnait  des  résultats  variables  à  l'analyse, 
nous  l'avons  laissé  de  côté. 

»  Il  y  a  dix-huit  mois  environ,  M.  Fremy  a  lu  devant  l'Académie  une 
réfutation  de  notre  travail,  dans  laquelle  il  conteste  l'exactitude  de  toutes 
les  observations  que  nous  avons  faites,  et  maintient  celle  des  premiers  résul- 
tats qu'il  a  obtenus. 

»  J'aurais  désiré  répondre  immédiatement  à  M.  Fremy;  mais,  pour  cela, 
j'aurais  voulu  d'abord  répéter  une  expérience  capitale,  et  je  n'avais  pas  de 
laboratoire  pour  le  faire.  Un  de  mes  amis,  M.  Hautefeuille,  ayant  bien 
voulu  répéter  cette  expérience  lui-même,  et  ayant  confirmé  les  résultats  que 
M.  Gerhardt  et  moi  nous  avions  obtenus,  je  réponds  à  M.  Fremy. 

»  Je  laisserai  la  question  théorique  de  côté,  parce  que  M.  Fremy  nous 
prête  des  idées  que  nous  n'avons  jamais  émises,  et  parce  qu'il  donne  des 
citations  qu'il  prétend  avoir  extraites  de  notre  Mémoire,  et  qui  ne  s'y  trou-  . 
vent  pas. 

»  Suivant  son  premier  Mémoire,  M.  Fremy,  après  avoir  fait  perdre  par 
la  fusion,  j,  i  et  a  atomes  d'eau  à  l'acide  tartrique,  analysait  les  résidus  et 
trouvait  que  leur  composition  correspond  précisément  à  celle  de  l'acide 
tartrique  moins  -|,  i  et  a  atomes  d'eau.  Nous  avons  dit  que  ces  analyses  ne 
prouvaient  absolument  rien,  et  que,  en  interrompant  plus  souvent  l'action  • 
de  la  chaleur,  on  aurait  pu  découvrir  autant  d'acides  qu'on  aurait  voulu, 
et  dont  la  composition  se  serait  représentée  par  celle  de  l'acide  tartrique 
moins  \,  \,  \,  -f ,  -f,...  d'atomes  d'eau. 

»  Nous  avons  prouvé  en  même  temps  que,  lorsque  l'acide  tartrique  a 
perdu  j  et  i  atome  d'eau,  les  résidus  ne  sont  que  des  mélanges. 

»  M.  Fremy  reconnaît  tacitement  la  justesse  de  nos  observations;  car, 
dans  son  dernier  Mémoire,  il  ne  revient  plus  sur  cette  singulière  manière  de 
préparer  et  d'analyser  des  acides  purs. 

»  Nous  avons  prouvé,  par  une  expérience  bien  facile  à  répéter,  que 
l'acide  tartrique  se  transforme  en  acide  métatartrique,  par  la  simple  fusion, 
et  sans  rien  perdre  de  son  poids,  ou  en  ne  perdant  que  des  quantités  insi- 
gnifiantes d'eau,  et  que  c'est  encore  d'une  manière  semblable  que  l'acide 
tartrélique  soluble  se  transforme  en  acide  tartrique  anhydre  et  insoluble. 
»  M.  Fremy  avait  eu  tout  le  temps  de  nous  répondre  ;  mais  il  paraît  qu'un 

98.. 


(  744  ) 

pressant  motif  l'a  surpris  à  l'improviste  et  l'a  forcé,  à  jour  fixe,  de  nous 
faire  une  réponse  bonne  ou  mauvaise,  car  il  ne  s'est  pas  aperçu  que  les 
arguments  dont  il  s'est  servi  tournent  précisément  contre  lui. 

»  Les  pertes  d'eau,  que  nous  avons  constatées  à  la  balance,  ne  prouvent 
rien,  dit-il,  car  l'eau  qui  se  dégage  est  une  eau  acide;  et  il  s'étonne  que 
des  chimistes  aussi  exercés  que  nous  ne  se  soient  pas  aperçus  d'un  fait  si 
facile  à  constater. 

j>  Remarquons,  d'abord,  que  le  dégagement  de  cette  eau  acide  avait 
complètement  échappé  à  M.  Fremy,  qui  n'en  dit  mot  dans  son  premier 
Mémoire;  et,  ensuite,  que  nous  avons  signalé  ce  dégagement  dans  trois 
passages  différents  de  notre  Mémoire. 

»  Mais  admettons-le,  l'eau  qui  se  dégage  est  non -seulement  acide,  mais 
très-fortement  acide  ;  qu'en  résulte-t-il?  Que  l'acide  tartrélique,  qui,  sui- 
vant nous,  ne  perdait  que  deux  à  trois  millièmes  d'eau  pour  se  transformer 
en  acide  anhydre,  en  perd  beaucoup  moins  et  même  pas  du  tout  si  nous 
nous  plaçons  dans  l'hypothèse  que  M.  Fremy  considère  comme  la  plus  favo- 
rable à  son  opinion,  si  nous  supposons  que  c'est,  non  de  l'eau,  mais  un  acide 
pur  qui  s'est  dégagé. 

»  Ainsi,  la  transformation  de  l'acide  tartrélique  en  acide  tartrique  anhy- 
dre, se  faisant  sans  perte  sensible  d'eau,  nous  prouve  bien  que  ces  deux 
composés  sont  isomères  et  ne  diffèrent  pas  l'un  de  l'autre  par  i  atome  d'eau. 

»  Nous  avons  prouvé  que  l'acide  tartrique,  en  perdant  moins  de  -—  d'eau 
(pour  se  transformer  en  acide  taitralique,  il  devrait  perdre  -5-5^-),  donne 
un  résidu  qui  renferme  une  très-grande  quantité  d'acide  métatartrique  et 
d'acide  tartrélique.  D'après  la  théorie  de  M.  Fremy,  ce  dernier  ne  devrait 
pas  se  former,  et  le  résidu  ne  devrait  être  que  de  l'acide  tartralique  sensi- 
blement pur. 

»  M.  Fremy  nous  réfute  en  disant  que  l'eau  dégagée  était  acide,  et  que, 
par  conséquent,  notre  expérience  ne  prouve  rien.  Ici,  encore,  M.  Fremy 
ne  s'aperçoit  pas  que  plus  l'eau  qui  se  dégage  est  acide,  plus  notre  expé- 
rience est  contraire  à  sa  théorie. 

»  Enfin,  pour  en  finir  d'un  seul  coup  avec  cette  eau  acide,  je  dirai  que 
M.  Biot  s'est  assuré,  par  des  procédés  optiques,  que  la  quantité  d'acide  tar- 
trique détruit  (qui  sert  à  la  formation  de  l'acide  volatil)  était  si  minime, 
même  en  poussant  la  déperdition  de  l'eau  aussi  loin  que  possible,  qu'on 
pouvait  la  présumer  plutôt  que  la  constater  matériellement  (1). 

(1)   Annales  de  Physique  et  Chimie  ,  tome  XXIX,  pages  35o  et  35 1. 


(  7*5  ) 

»  M.  Fremy  a  encore  recours  à  une  autre  explication;  il  suppose  que,  si 
nous  avons  reconnu  que  l'acide  tartrique  se  modifie  sans  changer  de  poids, 
cela  ne  doit  pas  empêcher  cet  acide  de  se  déshydrater:  car,  dit-il,  il  n'est 
pas  rare  de  voir  des  corps  se  déshydrater,  même  au  sein  de  l'eau. 

»  Que  du  horax  se  déshydrate  au  sein  de  l'eau  à  70  ou  80  degrés;  que  le 
poids  total  du  horax,  de  l'eau  et  de  la  fiole  dans  laquelle  on  fait  l'opération, 
reste  le  même,  rien  de  plus  facile  à  concevoir.  Mais  avec  l'acide  tartrique, 
les  circonstances  sont  bien  différentes  :  nous  le  chauffons,  non  au-dessous 
du  point  d'ébullition  de  l'eau,  mais  à  70  ou  80  degrés  au-dessus  de  ce  point, 
non  au  sein  de  l'eau,  mais  seul,  ou  bien  en  n'y  ajoutant  que  quelques  cen- 
tièmes d'eau  pour  en  faciliter  la  fusion.  Nous  trouvons  que  l'acide  s'est 
modifié  et  que  le  poids  est  resté  le  même,  car,  lorsque  nous  ajoutons  quel- 
ques centièmes  d'eau,  nous  prolongeons  la  fusion  jusqu'à  ce  que  cette  eau 
soit  partie.  Néanmoins  M.  Fremy  pense  qu'à  180  degrés,  l'acide  tartrique 
s'est  déshydraté,  et  que  l'eau  devenue  libre  reste  bénévolement  liquide  à 
cette  température  sans  se  volatiliser. 

»  Cependant  M.  Fremy  ne  paraît  pas  être  bien  sûr  de  la  solidité  de  ses 
arguments,  car  il  ajoute  que  les  modifications  que  nous  avons  observées, 
sans  perte  de  poids,  sont  dues  à  des  phénomènes  de  trempe.  Eh  bien,  que 
ce  soit  la  trempe,  la  cuisson,  la  coagulation  ou  toute  autre  cause  qui  pro- 
duise ces  modifications,  cela  empêche-t-il  celles-ci  de  se  faire  comme  nous 
l'avons  dit  ? 

»  Nous  avons  prouvé  que  l'acide  tartralique  n'est  qu'un  mélange,  ainsi 
que  le  tartralate  de  chaux.  M.  Fremy  le  reconnaît  lui-même  maintenant, 
mais  la  manière  dont  il  l'avoue  est  si  surprenante,  que,  plus  je  relis  son 
Mémoire,  moins  je  puis  croire  qu'il  ait  écrit  lui-même  la  phrase  suivante  : 
//  m'est  impossible  d'admettre,  avec  MM.  Laurent  et  Gerhardt,  que  l'on 
puisse  préparer  un  tartralate  de  chaux  pur  en  versant  de  l'alcool  dans  une 
liqueur  qui  tient  en  dissolution  quatre  à  cinq  substances  différentes  ;  le  sel 
visqueux  qui  se  précipite  doit  retenir  nécessairement  une  certaine  proportion 
des  corps  étrangers  contenus  dans  la  dissolution  ;  je  crois  donc  que  ces  chi- 
mistes ont  souvent  analysé  des  sels  impurs . 

»  C'est  comme  pour  l'eau  acide  qui  lui  avait  échappé,  M.  Fremy  met  ses 
propres  erreurs,  celles  que  nous  avons  rectifiées  nous-mêmes,  sur  notre 
compte. 

»  Néanmoins  je  soupçonne  fortement  que  M.  Fremy  n'a  pas  reconnu, 
dans  le  tartralate  de  chaux  ainsi  préparé,  quatre  à  cinq  substances  diffé- 


(  746) 
rentes,  et  qu'il  ne  grossit  le  nombre  des  matières  étrangères  que  pour  aug- 
menter nos  erreurs.  Quelles  sont  donc  ces  quatre  à  cinq  substances  étran- 
gères ? 

»  D'ailleurs  M.  Fremy  tombe  ici  dans  une  contradiction  qui  est  un  peu 
trop  forte.  Dans  son  premier  et  dans  son  second  Mémoire,  M.  Fremy  affirme 
que,  sous  l'influence  de  la  chaleur,  l'acide  tartrique  ne  donne  que  des  acides 
tartralique  et  tartrélique  ;  or,  si  l'on  traite  un  mélange  de  ces  trois  acides 
par  la  craie,  il  doit  se  former  du  tartrate  et  du  tartrélate  de  chaux  insolu- 
bles, et  du  tartralate  de  chaux  soluble.  Comment  alors,  en  versant  de  l'al- 
cool dans  la  dissolution,  pourrait-on  en  précipiter  autre  chose  que  du 
tartralate  de  chaux  parfaitement  pur;  encore  urie  fois,  quelles  sont  ces 
quatre  à  cinq  substances  étrangères  ? 

»  Mais  passons  :  M.  Fremy  obtient  maintenant  du  tartralate  de  chaux 
parfaitement  pur,  et,  chose  merveilleuse,  il  lui  trouve  exactement  la  même 
composition  qu'à  son  ancien  tartralate  mêlé  de  quatre  à  cinq  substances 
différentes. 

»  Passons  encore,  et  voyons  enfin  ce  que  c'est  que  ce  nouveau  tartralate 
de  chaux  pur. 

»  J'ai  recommandé  à  M.  Hautefeuille  de  suivre  pas  à  pas  le  procédé  de 
M.  Fremy.  La  précipitation  du  sel  de  chaux  a  été  fractionnée,  les  trois  pré- 
cipités ont  été  lentement  desséchés  à  la  température  de  iao  degrés,  et  ils 
ont  donné  19,4»  iÇ)>3  et  19, 5  de  chaux.  M.  Fremy  a  obtenu  23,8  et23,6de 
chaux;  mais  ce  n'est  pas  tout  :  M.  Hautefeuille  a  reconnu,  ainsi  que  nous 
l'avions  vu  nous-même,  que  ce  tartralate  de  chaux  pur  renferme  environ 
CINQUANTE  POUR  CENT  d'une  matière  étrangère.  » 

mécanique  céleste.   —  Nouvelle  solution  du  problème  de  Kepler; 

par  M.  Il axskn 

«  On  connaît  les  efforts  qu'ont  faits  les  géomètres  pour  résoudre  le  pro- 
blème de  Kepler,  et,  en  même  temps,  on  ne  sait  pas  moins  combien  les 
résultats  trouvés  pour  les  coefficients  de  l'équation  du  centre  sont  com- 
pliqués. Voici  une  nouvelle  solution  de  ce  problème  que  je  viens  de  trou- 
ver, et  qui  donne  une  loi  de  ces  coefficients  plus  simple  qu'on  ne  pouvait 
l'espérer,  vu  l'extrême  complication  des  résultats  obtenus  auparavant. 
»  Soient  g  l'anomalie  moyenne, 

(p  l'angle  de  l'excentricité, 

i  un  nombre  quelconque  positif  et  entier. 


(  747  ) 
»  En  posant 

,3  =  tang^ç,     fx  =  î'cos^y, 

P,_  ,  -+-  p  +  -  +  0  +  ...+  2-3~ 

„<-h 

'  2.3.  .  .  I  +  I 

etc., 
Q,  =  i  -  fi, 

Qa=Q,  +  £, 


2 
I 

2.1' 

etc., 


Q3-Q2--^, 


on  a 


l'éq.  du  centre  =  (i  -  f32)2    -.  (P./3' +  P,+,  Q,  |3<-2-+-  Pi+1Q1/3'"-"-K..)sinig. 

»  L'analyse  qui  ma  conduit  à  ce  résultat  et  la  forme  qu'il  a  s'applique 
non-seulement  à  l'équation  du  centre,  mais  aussi  à  toutes  les  fonctions  du 
rayon  vecteur  et  des  anomalies  qu'en  Astronomie  on  a  besoin  de  dévelop- 
per en  séries  procédantes  suivant  les  sin  ig  ou  cos  ig.  » 

M.  Dupin  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  du  Rapport  qu'il 
a  fait,  sur  une  partie  de  la  grande  exposition  de  l'Industrie  à  Londres, 
au  nom  de  la  huitième  Commission  du  Jury,  chargée  de  rendre  compte 
des  objets  appartenant  à  l'architecture  navale,  au  génie  militaire,  etc.  {Voir 
au  Bulletin  bibliographique.) 

M.  de  II 4ldat  annonce  l'envoi  de  plusieurs  exemplaires  d'un  ouvrage 
sur  le  magnétisme  qu'il  vient  de  faire  paraître,  et  dans  lequel  il  a  réuni 
tout  ce  qu  il  avait  publié  depuis  longtemps  sur  ce  sujet. 

Les  exemplaires  annoncés  ne  sont  pas  encore  parvenus  à  l'Académie. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Correspondant  pour  une  place  vacante  dans  la  Section  de  Géographie  et 
Navigation . 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  quarante-cinqr 
M.  Lottin  réunit  l'unanimité  des  suffrages  et  est  déclaré  élu. 


(  748) 

MÉMOIRES  LUS. 

minéralogie.  —  Recherches  sur  les  densités  du  soufre; 
par  M.  Ch.  Brame. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Pelouze,  Despretz.) 

L'auteur  résume  dans  les  termes  suivants  les  conséquences  qui  se  déri- 
vent de  son  nouveau  travail  : 

«  i°.  Les  pesanteurs  spécifiques  des  diverses  variétés  du  soufre,  ou  états 
moléculaires,  connues  jusqu'aujourd'hui,  étaient  peu  concordantes,  non- 
seulement  pour  les  différentes  formes,  mais  encore  pour  chacune  en  particu- 
lier, et  cela,  dans  des  limites  qui  dépassent  toutes  les  erreurs  possibles  dans 
l'expérimentation.  Les  causes  des  différences  tiennent  tantôt  aux  corps 
étrangers  contenus  dans  le  soufre  employé,  tantôt  aux  circonstances  va- 
riables dans  lesquelles  l'état  moléculaire  a  été  obtenu,  tantôt  à  l'action  des 
agents  physiques  sur  le  soufre  dans  un  état  moléculaire  donné.  Les  limites 
de  la  variation  paraissent  être  comprises  entre  1,87  ou  1,9319,  densité 
inférieure  du  soufre  mou,  et  2,0757,  densité  la  plus  élevée  qu'on  ait  trouvée 
au  soufre  natif  cristallisé.  Cependant,  la  limite  supérieure  de  la  densité  du 
soufre  paraît  pouvoir  s'élever  davantage  jusqu'à  a, 08  —  2,0g,  et  peut-être 
même  jusqu'à  2,1. 

»  20.  Les  accroissements  de  densité  du  soufre  témoignent  de  la  persi- 
stance d'un  mouvement  moléculaire  sensible  dans  un  corps  d'apparence 
solide.  Ce  mouvement  est  plus  ou  moins  lent  ou  plus  ou  moins  rapide,  et 
prouve  que  souvent  le  repos  dans  lequel  semblent  être  les  molécules  du 
soufre  n'est  qu'apparent. 

»  3°.  L'accroissement  lent  de  la  pesanteur  spécifique  ne  détermine  pas 
toujours  la  condensation  complète  de  la  matière  ;  si  bien  que  nous  ne  con- 
naissons peut-être  pas  le  soufre  dont  les  molécules  seraient  en  équilibre 
statique.  Mais  le  soufre  naturel  cristallisé  et  le  soufre  durci  ancien  s'en  rap- 
prochent probablement  le  plus;  les  cristaux  de  fusion  s'en  rapprochent 
également,  bien  qu'ils  conservent  une  densité  un  peu  inférieure  à  celle  des 
précédents. 

»  4°-  L'état  cristallin  octaédrique  ne  paraît  pas  être  le  terme  nécessaire 
vers  lequel  tendraient  toutes  les  formes  du  soufre,  du  moins  intégralement. 
Dans  tous  les  soufres  artificiels  il  existe  un  mélange  de  soufre  cristallin  et  de 
soufre  membraneux,  ce  qui  a  été  reconnu  par  M.  Ch.  Deville  comme  par 


(749) 
moi-même.  (D'après  cela,  je  crois  pouvoir  comparer  plusieurs  états  molécu- 
laires du  soufre  à  ceux  de  quelques  verres,  etc.) 

»  5°.  La  tendance  de  tous  les  états  moléculaires  du  soufre  pris  dans  leur 
ensemble  serait  réellement  vers  l'état  compacte,  amorphe  ou  cristallin,  trans- 
parent ou  opaque.  La  forme  et  l'état  utriculaire  du  soufre  sont  le  lien  né- 
cessaire des  faits  exposés  dans  ce  Mémoire,  et  des  conclusions  de  MM.  Schee- 
rer,  Marchand,  Ch.  Deville  et  de  moi-même,  qui  sont  relatives  à  la 
corrélation  du  passage  d'un  état  moléculaire  à  un  autre,  avec  un  change- 
ment de  chaleur  spécifique,  de  cristallisation  et  de  pesanteur  spécifique.  Il 
en  est  de  même  du  changement  de  la  volatilité,  du  point  de  fusion,  de  la 
divisibilité  et  des  propriétés  chimiques,  comme  je  l'ai  fait  voir  il  y  a  plu- 
sieurs années. 

»  6°.  L'état  utriculaire  du  soufre  peut  donc  persister  longuement  sous  les 
autres  formes  apparentes  de  ce  corps.  Encore  une  fois,  c'est  dans  cette  cir- 
constance qu'il  faut  reconnaître  la  cause  des  changements  des  propriétés 
physiques  et  chimiques  que  présente  le  soufre  à  divers  états. 

»  70.  La  densité  du  soufre  est  une  des  principales  propriétés  physiques 
variables  qui  sont  en  corrélation  directe  avec  la  persistance  de  la  forme 
utriculaire,  sous  les  autres  formes  apparentes  du  soufre.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

physique.  —  Expériences  sur  le  magnétisme  du  fer  doux;  par  M..  Qukt. 
(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Despretz.) 

«  Lorsque,  par  une  action  brusque,  on  change  l'état  magnétique  du  fer 
doux,  le  nouvel  état  qui  s'établit  ne  s'accomplit  pas  brusquement  à  c  vise  de 
la  force  coercitive  ;  mais  cependant  il  se  produit  avec  beaucoup  de  rapidité. 
Je  ne  crois  pas  qu'on  ait  cherché  à  évaluer  la  durée  de  ce  phénomène  ; 
comme  cette  question  n'est  pas  tout  à  fai!  sans  intérêt  par  elle-même  et  aussi 
par  ses  applications  aux  machines  électro-magnétiques,  j'ai  fait  diverses 
expériences  que  je  vais  décrire  sommairement. 

»  Première  expérience.  —  Dans  cette  expérience,  la  résistance  produite 
par  la  force  coercitive  se  manifeste  pendant  plus  d'une  minute.  —  Je  me  sers 
du  grand  électro-aimant  de  M.  Rumkorff  ;  au  lieu  de  faire  passer  dans  le 
fil  des  bobines  un  courant  voltaïque,  comme  c'est  l'usage,  je  mets  ce  fil  en 
communication  avec  un  galvanomètre  très-sensible  et  je  me  donne  la  faculté 
d'interrompre  ou  de  fermer  le  circuit  à  volonté. 

C.  R . ,  i852,  3m«  Semestre.   (T.  XXXV  ,  N°  21.  )  99 


(  75o) 

»  Le  circuit  étant  interrompu,  j'approche  brusquement  les  deux  fers  pres- 
que au  contact,  puis  j'attends  qu'il  se  soit  écoulé  cinq  secondes;  .alors  je 
ferme  le  circuit,  et  aussitôt  j'ai  un  courant  d'induction  si  considérable,  que 
l'aiguille  du  galvanomètre  est  chassée  au  delà  de  90  degrés.  Il  résulte  de  cette 
expérience  que  le  nouvel  état  magnétique  du  fer  doux  est  bien  loin  d'être 
accompli  après  une  durée  de  cinq  secondes. 

»  Si  l'on  recommence  la  manœuvre  précédente  et  qu'on  attende  quinze 
secondes  pour  fermer  le  circuit,  on  obtient  un  courant  d'induction  qui  est 
encore  fort  considérable,  mais  qui,  néanmoins,  ne  chasse  pas  l'aiguille  à 
90  degrés. 

»  Quinze  secondes  forment  certainement  une  durée  très-longue  dans  ce 
genre  d'expériences  et  qui  dépasse,  ce  me  semble,  les  prévisions  que  l'on 
pouvait  avoir;  néanmoins  cette  durée  n'est  pas  la  limite  du  phénomène. 
En  effet,  si  l'on  recommence  l'expérience  et  qu'on  attende  trente,  quarante 
et  même  soixante  secondes  pour  fermer  le  circuit,  on  a  toujours  un  courant 
induit,  d'intensité  décroissante,  il  est  vrai,  mais  dont  l'existence  nous 
apprend  que  le  changement  magnétique  du  fer  doux  n'est  pas  encore 
accompli;  au  bout  d'une  minute,  l'effet  est  presque  complet. 

»  Une  durée  aussi  considérable  que  celle  que  je  viens  d'indiquer,  ne  m'a 
jamais  été  donnée  par  aucun  appareil  autre  que  celui  de  M.  Rumkorff,  soit 
à  cause  de  la  différence  de  masse  dans  le  fer  employé,  soit  à  cause  d'une 
plus  grande  douceur  dans  ce  fer. 

»  Il  est  à  peine  nécessaire  de  dire  que  des  phénomènes  analogues  aux 
précédents,  mais  avec  des  courants  induits  renversés,  se  produisent  lors- 
qu'on éloigne  brusquement  l'une  de  l'autre  les  pièces  mobiles  de  l'électro- 
aimant,  et  que  dans  les  premières  expériences  le  sens  du  courant  indique 
une  augmentation  dans  l'intensité  magnétique  des  fers. 

»  Deuxième  expérience.  —  Moyen  de  reconnaître  par  quels  degrés  les 
variations  magnétiques  du  fer  doux  s'accomplissent  d  instant  en  instant. — 
Lorsqu'après  avoir  rapproché  brusquement  les  pièces  mobiles  de  l'électro- 
aimant,  on  tient  le  circuit  fermé  pendant  les  cinq  premières  secondes  seu- 
lement, le  courant  induit  qu'on  obtient  ainsi  est  dû  à  la  variation  d'état  ma- 
gnétique qui  s'opère  dans  le  fer  pendant  les  cinq  premières  secondes.  En 
agissant  de  la  même  manière  et  en  ne  laissant  passer  le  courant  dans  le  cir- 
cuit que  depuis  la  cinquième  seconde  jusqu'à  la  dixième,  ou  depuis  la 
dixième  jusqu'à  la  quinzième,  et  ainsi  de  suite,  on  obtient  une  série  de  cou- 
rants induits  d'intensité  décroissante  et  qui  font  connaître  par  quels  degrés 
les  variations  magnétiques  se  sont  opérées  dans  des  temps  donnés.  L'obser- 


(7*«  ) 
vation  montre  que  les  variations  décroissent  suivant  une  loi  très-rapide.  Si 
l'on  avait  quelque  intérêt  à  déterminer  cette  loi,  on  pourrait  apporter  plus 
de  précision  dans  l'expérience;  il  n'y  aurait,  en  effet,  qu'à  opérer  un  seul 
rapprochement  des  pièces  mobiles  de  l'appareil  et  à  lancer  de  cinq  secondes 
en  cinq  secondes  le  courant  induit  successivement  dans  des  galvano- 
mètres différents  et  comparés. 

»  Troisième  expérience.  —  Courants  d'induction  produits  par  des  chocs 
exerces  sur  le  fer  doux.  —  Le  circuit  étant  fermé  et  les  deux  pièces  de 
l'électro-aimant  étant  immobiles,  je  choque  l'une  d'elles  avec  un  morceau 
de  bois  ou  de  plomb,  et  aussitôt  un  courant  très-intense  s'établit  dans  le 
circuit,  et  indique  par  sa  direction  une  augmentation  dans  l'état  magné- 
tique du  fer.  Il  est  aisé  de  reconnaître  encore  ici  que  le  nouvel  état  magné- 
tique ne  se  produit  que  lentement  ;  il  suffit  pour  cela  de  tenir  le  circuit 
interrompu  pendant  le  choc  et  de  le  fermer  quelques  secondes  après. 

»  Si  au  lieu  d'un  seul  choc  on  en  produit  plusieurs  se  succédant  rapide- 
ment, on  obtient  un  courant  plus  intense;  l'efficacité  de  ces  chocs  dépend 
de  la  rapidité  avec  laquelle  on  les  renouvelle  et  aussi  de  leur  grandeur  :  il  y 
a  une  limite  à  partir  de  laquelle  des  coups  nombreux,  forts  ou  faibles,  ne 
produisent  presque  plus  d'effet. 

»  Lorsque  le  fer  est  dans  cet  état,  si  on  le  frappe  sur  la  partie  opposée  à 
celle  qui  a  reçu  les  premiers  chocs,  on  n'obtient  rien  de  plus  ;  mais  si  l'on 
frappe  les  pieds  de  l'électro-aimant,  c'est-à-dire  les  pièces  de  fer  qui  sont 
maintenues  par  un  écrou  contre  l'armature,  on  obtient  encore  des  courants 
très-variés  dont  la  cause  sera  suffisamment  indiquée  par  des  expériences  que 
je  donnerai  bientôt. 

»  Quatrième  expérience.  —  L'aimantation  du  fer  de  T électro-aimant 
opérée  par  la  Terre  ne  s'accomplit  que  lentement.  —  Je  retourne  maintenant 
sur  lui-même  l'appareil  de  M.  Rumkorff,  et,  après  avoir  attendu  un  nombre 
convenable  de  secondes,  je  ferme  le  circuit,  et  aussitôt  j'ai  un  courant  induit. 
En  s'y  prenant  comme  dans  la  première  expérience,  il  est  aisé  de  constater 
que  le  nouvel  état  magnétique  produit  par  l'action  de  la  Terre  ne  s'accom- 
plit que  lentement. 

»  Lorsque  le  nouvel  état  magnétique  est  complet,  si  j'exerce  un  choc  ou 
une  série  de  chocs  rapides  sur  Je  fer  de  l'électro-aimant,  l'appareil  qui 
refusait  de  donner  un  courant  induit  dans  sa  première  position  en  donne 
maintenant,  et  l'on  a  ici  de  nouveau  à  faire  les  mêmes  observations  que  pré- 
cédemment, sur  la  question  de  temps  et  sur  la  limite  des  chocs  efficaces. 

•  99- • 


(75a) 

»  Si  dans  cette  expérience  j'ai  retourné  bout  pour  bout  l'appareil  sur  lui- 
même,  ce  n'est  que  pour  obtenir  un  maximum  d'effet;  car  l'appareil  donne 
des  courants,  pour  peu  qu'on  le  déplace  par  rapport  au  méridien  magné- 
tique. Au  reste,  la  sensibilité  de  l'électro-aimant  est  si  grande,  cet  appareil 
donne  si  aisément  et  par  des  causes  si  diverses  des  courants  électriques, 
qu'il  n'y  a  pour  ainsi  dire  qu'un  seul  moyen  de  ne  pas  en  tirer,  c'est  de  ne 
pas  y  toucher  du  tout. 

»  Cinquième  expérience.  —  Courants  d'induction  produits  en  rendant 
plus  ou  moins  intime  le  contact  de  l'armature  de  l'électro-aimant.  —  Si  l'on 
serre  les  écrous  qui  fixent  les  pièces  mobiles  de  l'appareil,  on  obtient  par 
cela  même  un  courant  d'induction,  et  par  chaque  degré  de  pression  exercée 
on  obtient  un  nouvel  effet  électrique. 

»  Sixième  expérience.  —  L'état  magnétique  du  fer  doux  dans  l'électro- 
aimant  est  rendu  plus  stable  par  un  contact  plus  intime  de  l'armature.  — 
Les  écrous  étant  fortement  serrés,  si  on  frappe  le  fer  doux,  on  obtient  encore 
des  courants  induits,  mais  d'une  intensité  faible  par  rapport  à  ceux  qui  se 
produisent  lorsque  les  écrous  ne  sont  pas  serrés.  Ce  phénomène  de  plus 
grande  stabilité  a  une  analogie  facile  à  saisir  avec  celui  que  présentent  les 
armatures  des  aimants  ordinaires. 

»  Je  ne  parlerai  pas  ici  des  courants  que  l'on  obtient  lorsqu'on  chauffe 
ou  qu'on  refroidit  le  fer  de  l'électro-aimant,  parce  que  ces  courants  ont  une 
origine  complexe,  ce  qui  tient  à  ce  que  les  bobines  de  l'appareil  sont  d'une 
grande  sensibilité  thermo-électrique. 

»  Septième  expérience.  —  La  question  de  temps  peut  aussi  être  étudiée 
en  expérimentant  sur  des  tringles  de  fer  très-doux  que  l'on  aimante  par  la 
lierre,  mais  ici  les  phénomènes  sont  plus  faibles  que  dans  les  expériences 
précédentes.  —  La  tringle  que  j'emploie  a  im,5o  de  longueur;  elle  a  été 
préalablement  portée  au  rouge,  puis  refroidie  dans  une  direction  perpendi- 
culaire au  méridien  magnétique.  L'un  des  bouts  de  la  tringle  est  placé  dans 
une  bobine  d'induction  de  i  décimètres  de  longueur  environ  ;  le  fil  de  la 
bobine  communique  avec  un  galvanomètre  très-sensible,  et  le  circuit  peut 
être  fermé  ou  ouvert  à  volonté. 

»  Le  circuit  étant  interrompu  et  la  tringle  étant  verticale  et  dans  son  état 
d'équilibre  magnétique,  je  la  retourne  brusquement  et  je  la  remets  dans  la 
situation  verticale,  puis  j'attends  quelques  secondes  pour  fermer  le  circuit, 
et  j'obtiens  un  courant  électrique  qui  est  très-faible,  surtout  si  on  a  laissé 
s'écouler  trois  ou  quatre  secondes. 


(  753  ) 

»  Dans  cette  expérience,  la  question  de  temps  est  encore  rendue  mani* 
feste,  seulement  la  rapidité  avec  laquelle  le  nouvel  état  magnétique  s'établit 
est  de  beaucoup  supérieure  à  celle  que  nous  avons  eu  occasion  d'examiner 
dans  l'appareil  de  M.  Rumkorff. 

»  Il  est  à  peine  nécessaire  d'ajouter  que  le  courant  induit  indique  une 
augmentation  de  magnétisme  dans  l'expérience  que  nous  venons  de  décrire, 
et  aussi  qu'on  obtient  des  courants  remarquables  en  frappant  sur  la  tringle. 

»  Huitième  expérience.  —  Le  milieu  de  la  tringle  produit  des  courants 
d  induction  remarquables  lorsqu'on  frappe  la  tringle,  ou  qu'on  la  retourne.  — 
La  bobine  est  placée  vers  le  milieu  de  la  tringle;  dans  cette  région  se  trouve 
la  ligne  neutre,  et  l'état  magnétique  du  fer  aux  environs  de  cette  ligne  est 
extrêmement  faible,  puisque  la  tringle,  ayant  im,5o  de  longueur,  a  ses  pôles 
fort  éloignés  de  la  partie  moyenne. 

»  Si  dans  ces  conditions  on  vient  à  frapper  la  tringle,  il  semble  que  le 
changement  magnétique,  éprouvé  par  la  partie  moyenne,  doit  être  en  quel- 
que sorte  insignifiant,  au  moins  pour  les  effets  extérieurs;  cependant 
l'expérience  donne  des  courants  induits  très-intenses,  et  la  même  chose  a 
lieu  lorsqu'on  retourne  la  tringle.  » 

mécanique.  —  Note  sur  le  mouvement  de  rotation;  par  M.  Person. 

( Commissaires  précédemment  nommés:  MM.    Arago,   Cauchy,   Pouillet, 

Babinet,  Binet.) 

«  Voici  une  manière  bien  simple  de  démontrer  que,  dans  les  expériences 
sur  la  rotation,  l'axe  du  tore  doit  devenir  parallèle  à  l'axe  de  la  Terre,  et 
non  pas  rester  fixe  comme  une  lunette  parallactique.  On  prouve  d'abord 
aisément  que  l'effet  du  mouvement  diurne  pour  faire  tourner  le  tore  au- 
tour de  son  centre  est  le  même  que  si  ce  point  coïncidait  avec  le  centre  du 
Globe.  Dans  cette  position,  on  voit  nettement  deux  rotations  qui  se  com- 
binent, l'une  due  à  un  fil,  par  exemple,  et  l'autre  due  à  la  Terre.  L'axe  du 
tore  prend  donc  une  position  intermédiaire  entre  les  axes  des  deux  rotations 
composantes,  et  il  garderait  fixement  cette  position,  si  l'action  de  la  Terre 
cessait  comme  a  cessé  l'action  du  fil.  Mais  il  n'en  est  pas  ainsi  ;  la  Terre 
continue  d'agir  ;  elle  donne  une  nouvelle  impulsion  tendant  à  faire  tourner 
autour  d'un  axe  qui  ne  coïncide  pas  avec  l'axe  actuel  :  c'est-à-dire  qu'on 
se  retrouve  dans  le  même  cas  que  tout  à  l'heure,  avec  deux  rotations  com- 
posantes et  avec  une  rotation  résultante  ;  seulement  l'axe  de  celle-ci  est,  cette 


(7^4) 
fois,  plus  rapproché  de  l'axe  du  Globe.  Et  il  est  clair  que  ce  raisonnement 
peut  se  continuer  tant  que  les  axes  ne  sont  pas  en  coïncidence. 

»  Si,  dans  la  composition  des  rotations,  M.  Quet  traite  celle  qui  est  due 
à  la  Terre  simplement  comme  celle  qui  est  due  au  fil,  il  est  tout  naturel  qu'il 
trouve  un  axe  résultant  fixe;  mais  de  cette  manière  il  n'aurait  tenu  compte 
que  de  la  première  impulsion  due  à  la  Terre.  Il  est  difficile  de  croire  qu'il 
ait  fait  un  tel  paralogisme;  mais  la  Commission  a  les  pièces,  elle  jugera.  » 

mécanique  appliquée.  —  Description  dune  horloge  thermomètre  ; 
par  M.  Edmond  Becquerel.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Regnault,  Despretz.) 

«  On  sait  que  lorsque  les  variations  de  température  changent  la  lon- 
gueur du  pendule  d'une  horloge,  cette  horloge  retarde  ou  avance  suivant 
que  la  température  augmente  ou  diminue;  il  est  donc  naturel  de  penser 
qu'en  augmentant  le  plus  possible  les  variations  de  position  du  centre 
d'oscillation  du  pendule,  on  parviendra  à  estimer  les  variations  de  tempé- 
rature moyenne  d'après  les  changements  observés  dans  la  marche  de  l'hor- 
loge. Cette  idée  a  dû  sans  doute  se  présenter  à  l'esprit  de  beaucoup  d'ob- 
servateurs, et  l'on  peut  voir  dans  les  Comptes  rendus  de  l'académie 
pour  i836  (tome  III,  page  i43)  une  Note  de  M.  Jurgensen  dans  laquelle 
il  décrit  la  construction  d'un  chronomètre  donnant  par  ses  variations 
l'indication  de  la  température  moyenne. 

»  M.  Edm.  Becquerel  a  fait  construire,  pour  l'observatoire  météorolo- 
gique de  l'Institut  agronomique,  un  appareil  conduisant  au  même  but, 
mais  disposé  d'une  autre  manière.  Cet  instrument  se  compose  essentielle- 
ment d'un  mouvement  à  ressort  de  pendule  ordinaire,  porté  sur  un  sup- 
port en  fonte  bien  fixe,  et  d'un  pendule  d'une  construction  particulière, 
situé  à  l'arrière  du  mouvement,  et  en  relation  avec  son  échappement.... 

»  ...  L'horloge  a  marché  d'une  manière  continue  pendant  plusieurs 
mois  dans  des  limites  de  température  comprises  entre  —  5°  et  -+-  3o°;  la  va- 
riation moyenne  a  été  de  six  minutes  pour  chaque  degré  de  différence  dans 
la  température  moyenne  pendant  les  vingt-quatre  heures.  L'auteur  a  joint 
à  son  travail  différents  tableaux  d'observations.  » 


(755  ) 

mécanique  céleste.  —  Mémoire  sur  la  théorie  des  atmosphères  (seconde 
partie);  par  M.  Edouard  Roche.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Cauchy,  Binet,  Le  Verrier.) 

«  Dans  la  première  partie  de  ce  travail,  nous  nous  sommes  occupé  spé- 
cialement de  la  forme  que  tend  à  prendre  l'atmosphère  d'une  comète,  dans 
son  mouvement  vers  le  Soleil,  et  des  apparences  qui  doivent  en  résulter. 
Nous  avons  indiqué,  relativement  à  l'atmosphère  du  Soleil,  quelques  pro- 
priétés des  surfaces  de  niveau,  qui  n'avaient  pas  été  remarquées  par  Laplace 
dans  le  chapitre  de  la  Mécanique  céleste  consacré  à  cette  question.  Enfin, 
nous  avons  étudié  la  forme  de  l'atmosphère  des  satellites ,  dans  le  cas  où 
elle  n'aurait  qu'une  faible  épaisseur. 

»  Dans  cette  seconde  partie,  nous  discutons,  d'une  manière  complète, 
la  forme  des  surfaces  de  niveau  dans  l'atmosphère  d'un  satellite,  c'est-à- 
dire  d'un  corps  qui  tourne  sur  lui-même  dans  le  même  temps  qu'il  circule 
autour  d'une  planète  située  dans  le  plan  de  son  équateur.  Cette  égalité  des 
mouvements  angulaires  de  rotation  et  de  translation  est  nécessaire  pour 
que  l'atmosphère  puisse  prendre  une  figure  permanente. 

»  Lorsque  l'équilibre  s'établit  dans  l'atmosphère,  les  couches  de  niveau 
se  disposent  suivant  des  surfaces  fermées,  symétriques  par  rapport  à  trois 
plans  rectangulaires  etaux  trois  axes  inégaux  :  le  plus  grand  axe  est  dirigé 
vers  la  planète  ;  le  plus  petit  axe  est  l'axe  de  rotation. 

»  Les  rapports  entre  les  trois  axes  varient  d'une  surface  de  niveau  à 
l'autre.  Dans  le  voisinage  du  centre,  ces  surfaces  sont  à  peu  près  sphériques  ; 
en  s'en  éloignant,  au  contraire,  elles  s'aplatissent  aux  pôles  ,  et  s'allongent 
de  plus  en  plus  suivant  la  direction  de  la  planète. 

»  La  surface  libre  de  l'atmosphère  est  nécessairement  une  surface  de 
niveau.  Il  faut,  de  plus,  qu'en  tout  point  de  cette  surface  libre,  la  pesanteur 
d'une  molécule  soit  dirigée  de  dehors  en  dedans.  Or  cela  n'a  pas  lieu  pour 
toutes  les  surfaces  de  niveau.  La  plus  grande  des  surfaces  qui  satisfont  à 
cette  condition  sera  donc  une  limite  extrême,  au  delà  de  laquelle  l'atmo- 
sphère ne  saurait  exister. 

»  La  forme  de  cette  surface  limite  dépend  du  rapport  de  la  masse  de  la 
planète  à  celle  du  satellite.  Si  ce  rapport  est  très-petit,  on  a  un  sphéroïde 
sensiblement  de  révolution  autour  de  l'axe  de  rotation,  avec  un  aplatisse- 
ment égal  à^.  Si,  au  contraire,  ce  rapport  est  très-grand,  le  sphéroïde,  res- 
tant aplati  aux  pôles,  s'allonge  vers  la  planète,  c'est-à-dire,  que  le  grand 
axe  augmente  et  l'axe  moyen  diminue. 


(756  ) 

»  Ce  que  nous  disons  d'un  satellite  s'appliquerait  aux  planètes,  si 'leurs 
atmosphères  étaient  assez  étendues  pour  que  l'attraction  du  Soleil  eût  une 
influence  sensible  sur  leur  figure.  On  admet  généralement  qu'il  a  existé  une 
époque  où  cette  condition  était  satisfaite.  Prenons  pour  exemple  la  Terre, 
et  supposons  que  la  durée  de  sa  rotation  soit  égale  à  celle  de  sa  transla- 
tion autour  du  Soleil,  et  que  son  atmosphère  s'étende  aussi  loin  que  pos- 
sible. Sa  surface  libre  serait  alors  à  la  fois  allongée  vers  le  Soleil  et  aplatie 
aux  pôles  :1e  grand  axe  dirigé  vers  le  Soleil  serait  3,9,  l'axe  moyen  2,6  et 
l'axe  des  pôles  a, 5;  en  prenant  pour  unité  la  distance  de  la  Terre  à  la  Lune. 
L'atmosphère  de  la  Terre  a  donc  pu  atteindre  son  satellite,  et  aller  même 
bien  au  delà.  L'explication  qu'a  proposée  Laplace  de  l'origine  des  planètes 
exigeait  qu'il  en  fût  ainsi.  Son  hypothèse  serait  inadmissible  pour  la  Lune, 
si  l'atmosphère  terrestre  n'avait  jamais  pu  embrasser  l'orbe  de  ce  satellite.  » 

M.  Dupré  envoie  une  seconde  rédaction  de  son  Mémoire  sur  la  Réso- 
lution des  équations  numériques  (  ire  et  2e  parties),  et  demande  qu'elle  soit 
substituée  à  la  première. 

(  Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Cauchy, 

Sturm,  Liouville.) 

M.  Petrowitch  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  sur  une 
machine  électromotive  à  air  comprimé. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Pouillet,  Babinet.) 

M.  Gcilbaud  adresse,  de  Saintes,  une  Note  sur  un  moyen  qu'il  a  imaginé 
pour  permettre  aux  jeunes  aveugles  de  prendre  part  aux  travaux  de  la  typo- 
graphie. 

(Commissaires,  MM.  Morin,  Seguier.) 

M.  Fcsz  adresse  la  figure  d'une  voiture  dont  il  avait  fait  déjà  l'objet 
d'une  communication  précédente,  et  qui,  destinée  au  transport  des  veaux, 
épargnera  à  ces  animaux  les  souffrances  auxquelles  ils  sont  soumis  dans  les 
véhicules  habituellement  employés  à  cet  usage. 

Sur  la  demande  de  l'auteur,  cette  invention  est  renvoyée  à  l'examen  de 
la  Commission  chargée  de  décerner  le  prix  concernant  les  Arts  insalubres. 

M.  Edwin  Bâtes  adresse  un  Mémoire  écrit  en  français  sur  un  p/vcédé 
destiné  à  arrêter  sans  danger  la  marche  d'un  convoi  sur  un  chemin  de 


(  ?57  ) 
fer,  procédé  qui   peut ,   suivant  l'auteur,   être  également    appliqué    aux 
voitures  marchant  sur  les  routes  ordinaires. 

(Commissaires,  MM.  Morin,  Combes,  Seguier.), 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Ml.VlSTRE  DE  l'I.VTÉRIEUR ,  DE  l' AGRICULTURE  ET  DU  COMMERCE  .amiOllCe 

que  l'Administration  se  propose  de  donner  prochainement  unegrande  exten- 
sion aux  lignes  de  télégraphie  électrique,  et  invite  l'Académie  à  charger  une 
Commission  d'examiner  les  divers  systèmes  mis  en  essai  jusqu'à  ce  jour, 
pour  que  l'on  puisse,  dans  l'exécution  de  ce  projet,  faire  choix  du  système 
qui  concilie  le  mieux  la  célérité  de  transmission  et  la  fidélité  dans  la  repro- 
duction des  dépêches. 

Une  Commission,  composée  de  MM.  Arago,  Becquerel,  Pouillet,Regnault 
et  Seguier,  s'occupera  de  la  question  posée  par  M.  le  Ministre. 

M.  le  Conseiller  d'Etat,  Directeur  de  l'Agriculture  et  du  Commerce, 

invite,  au  nom  du  même  Ministre,  l'Académie  à  présenter,  conformément 
à  l'article  20  de  l'arrêté  du  ier  septembre  1843,  une  liste  de  candidats  pour 
une  place  de  Professeur  de  Physique  devenue  vacante  au  Conservatoire  des 
Arts  et  Métiers. 

La  section  de  Physique  est  invitée  à  préparer  le  plus  promptement  pos- 
sible une  liste  de  candidats. 

astronomie.   — 'Nouvelle    planète    découverte     le    i5    novembre,    par 
M.  Hermaxn  Goldschmidt.  (Extrait   d'une  Lettre  de  M.   Goldschmidt 
a  M.  Arago.) 
«  J'ai  l'honneur   de  vous  annoncer  la  découverte  que  j'ai  faite  d'une 

nouvelle  planète  dans  la  constellation  du  Bélier,   le   i5  novembre    i852, 

à  -,  oh  3om  du  soir.  » 

Observations  de  cette  planète  faites  à  l'Observatoire  de  Paris,  le  18  et  le 
10  novembre,  par  MM.  Goujon,  Charles  Mathieu  et  Ernest  Liouville. 
«  Le  jeudi  18  novembre  i85a,  à  iab6m299  T.  M.  de  Paris, 

S,  planète  =  2b  4«"1  8%  7 

D  planète  =  1 2°  41' 38",8  boréale. 

»  Le  samedi  ao  novembre  i85a,  à  9h55m548  T.  M.  de  Paris, 

m.  planète  =  2h   39"n27s,2 
D  planète  ==  i2°36'  22", 6  boréale. 

Ayant  reconnu  que  jusqu'à  présent  nulle  réclamation   ne  s'est  élevée 

C.  R.,  i85a,  2«"  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  21.)  I°° 


(758) 

contre  le  nom  de  Massalia  imposé  par  M.  Valz  à  la  planète  découverte 
par  MM.  de  Gasparis,  de  Naples,  et  Chacornac ,  de  Marseille,  M.  Arago, 
à  qui  M.  Goldschmidt  avait  conféré  le  droit  de  nommer  la  nouvelle  pla- 
nète, l'a  appelée  Lutetia. 

astkonomie.  —  Extrait  d'une  Lettre  de  M.  IIix» ,  annonçant  la  découverte 
d'une  nouvelle  planète.  (Communiquée  par  M.  Le  Verrier.) 

«  Regent's  Park  Observatory  ;  i85î  novembre  18. 

»  Je  vous  annonce  la  découverte  que  je  viens  de  faire  d'une  nouvelle 
planète  (my  seventh).  Je  l'ai  trouvée  le  16  novembre  à  iih3om;  mais  je 
n'ai  pu  avoir  une  preuve  suffisante  de  son  mouvement  jusqu'à  la  nuit  der- 
nière. La  position  du  16  novembre  est  simplement  approchée,  les  nuages 
s'opposant  alors  aux  observations  : 

Temps  moyen  Dist.  app 

d-    Greenwich.  M  a  pp.  .  au  pôle  nord. 

BWv.    16  à  i2b32m  "  5hi3m37%5  65°3o',7 

Nov.   17  à  ii.5i.52*  5.12.49,38  65.26  44">5. 

»  A  1  ih45'n7s  la  planète  suivait  à  î^ai'^o  une  étoile  de  9e  grandeur 
et  elle  était  de  3'5o",2  au  nord  d'elle  :  ces  différences  fourniront  une 
excellente  position  quand  l'étoile  aura  été  exactement  déterminée. 

»  La  planète  paraît  comme  une  étoile  de  9- 10e  grandeur.  Notre  caite 
écliptique  de  la  5e  Heure,  qui  renferme  cette  partie  du  ciel,  est  maintenant 
sur  le  point  d'être  publiée.  » 

«  A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Le  Verrier  ajoute,  relative- 
ment à  la  découverte  d'une  autre  nouvelle  planète,  faite  à  Paris  par 
M  Goldschmidt,  que  ce  savant  artiste  lui  a  donné  connaissance  de  sa  décou- 
verte, immédiatement  après  l'avoir  lui-même  complétée,  et  qu'il  lui  a  en 
même  temps  exposé  l'ensemble  des  considérations  et  des  calculs  par  les- 
quels il  s'était  assuré  que  la  planète,  dont  il  avait  constaté  le  mouvement, 
était  un  astre  distinct  des  vingt  petites  planètes  connues  jusqu'alors.  » 

M.  Milne  Edwards  ayant  examiné  les  insectes  qui  se  trouvent  joints  à 
la  J^ettre  de  M.  Guyon  (insérée  dans  les  Comptes  rendus ,  le  18  octobre 
dernier),  y  a  reconnu  X  Alucite  des  céréales,  qui,  à  diverses  époques  et  sur- 
tout depuis  plusieurs  années,  a  causé  de  grands  dégâts  dans  diverses  parties 
du  centre  de  la  France. 

A  l'occasion  de  cette  communication,  le  même  Académicien  présente  un 


(  759) 
Mémoire  sur  l'Alucite  des  céréales,  par  M.  Doyere.  «  Ce  travail,  dit-il, 
est  le  résultat  de  recherches  faites  par  ordre  du  Ministre  de  l'Agriculture 
et  du  Commerce,  et  contient  un  grand  nomhre  d'observations  importantes 
sur  l'histoire  naturelle  de  cet  insecte  ainsi  que  sur  les  moyens  d'en  arrêter 
les  ravages  et  de  conserver  les  grains.  Les  questions  traitées  avec  beaucoup 
de  talent  par  M.  Doyère,  sont  d'un  intérêt  capital  pour  notre  agriculture, 
et  le  fait  signalé  par  M.  Guyon  montre  que  la  prospérité  de  nos  colonies 
algériennes  s'y  trouve  également  liée.  » 

métallurgie.  —  Note  sur  un  alliage  d'argent;  par  M..  Germain  Barruel* 

«  En  traitant  un  minerai  d'argent  de  l'Amérique  du  Sud,  j'ai  obtenu  un 
lingot  qui,  d'après  le  mode  de  traitement  et  sa  blancheur  éclatante,  devaii 
être  de  l'argent  sensiblement  fin.  Cependant,  voulant  en  faire  l'essai,  Ré- 
prouvai sous  la  cisaille  une  résistance  telle,  que  j'aurais  pu  le  croire  à  75o  mil- 
lièmes; l'essai  donna  cependant  pour  titre  994  millièmes.  Ainsi,  6  millièmes 
seulement  de  métaux  étrangers  avaient  suffi  pour  lui  donner  cette  résistance 
anormale,  sans  lui  ôter  sa  malléabilité. 

»  M.  de  Cailleux,  ancien  directeur  général  des  Musées,  pour  lequel  j'avais 
fait  ce  traitement,  en  fit  faire  des  lames  de  couteau  et  une  râpe  d'une  grande 
résistance,  qu'il  possède  encore  maintenant,  et  m'engagea  à  suivre  mon  idée 
de  rechercher  la  cause  de  cette  dureté,  malgré  un  titre  si  élevé.  L'analyse 
me  donna  3  |  millièmes  de  fer,  2  millièmes  de  cobalt  et  \  millième  de 
nickel. 

»  J'ai  reproduit  cet  alliage  en  faisant  varier  les  proportions  à  volonté 
pour  augmenter  ou  diminuer  la  dureté.  Dans  un  des  meilleurs,  j'avais 
introduit  ces  trois  métaux  en  parties  égales. 

»  N'ayant  vu  ni  dans  les  divers  Traités  de  Chimie,  ni  dans  le  savant 
Traité  de  la  voie  sèche,  par  M.  Berthier,  aucun  indice  d'un  alliage  sem- 
blable qui  pourrait  être  susceptible  de  diverses  applications,  entre  autres 
pour  des  robinets  de  certains  appareils,  pour  des  médailles  dont  le  relief 
serait  bien  plus  durable  que  dans  celles  qui  sont  fabriquées  avec  les  alliages 
employés  habituellement,  j'ai  cru  pouvoir  en  donner  connaissance  à 
l'Académie.  » 

Une  Personne,  qui  avait  présenté  un  Mémoire  au  concours  pour  le  grand 
prix  de  Mathématiques  de  i853,  demande  à  retirer  ce  Mémoire  pour  en  pré- 
senter une  nouvelle  rédaction. 

La  condition  imposée  aux  auteurs  des  Mémoires  admis  à  ces  concours 

100. . 


(  ?6o  ) 
rie  ne  pas  faire  connaître  leur  nom  empêche  qu'on  ne  puisse  accéder  a  une 
pareille  demande;  mais,  le  concours  n'étant  pas  encore  clos,  U  est  loisible 
à  l'auteur  de  présenter  sa  nouvelle  rédaction,  et  les  Commissaires  jugeront 
si  la  première  doit  être  considérée  comme  non  avenue. 

M.  Save  adresse  des  considérations  sur  la  distance  des  planètes  au 
Soleil. 

M.  Nascio  envoie  un  nouveau  Mémoire  qui  se  lie  à  ses  précédentes  com- 
munications sur  les  éphémérides  luni-solaires  moyennes. 

D'après  la  déclaration  faite,  dans  une  des  précédentes  séances,  par 
M.  Faye,  qui  avait  été  chargé  de  prendre  connaissance  des  premiers 
Mémoires,  le  nouvel  envoi  n'est  pas  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  A. 


ERRATA. 

(Séance  du  8  novembre  i85a.) 
Page  707,  lignes  6  et  8,  au  lieu,  de  M.  Peron,  liiez  M.  Perrot. 

(Séance  du  i5  novembre  i85a.) 

Page  715,  ligne  1^,  au  lieu  de  M.   Éire  de   Beaumoktt  est  invité,   lisez  MM.   Élie  de 
Beaumont  et  Dufbénoy  sont  invités. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  i5  novembre  i85a,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  . 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences. 
■>."  semestre  i85a;  n°  19;  in-4°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences, 
tome  XXXIV;  1"  semestre  i85a;  1  vol.  in-4°- 

Institut  national  de  France.  Académie  des  Beaux-Arts.  Discours  prononcés 
aux  funérailles  de  M.  Ramey,  le  dimanche  3i  octobre  i85a;    1  feuille  in-40. 

Mémorial  de  l'Artillerie,  ou  Recueil  de  Mémoires,  expériences ,  observations 
et  procédés  relatifs  au  service  de  l'artillerie;  rédigé  par  les  soins  du  comité, 
avec  l'approbation  du  Ministre  de  la  Guerre;  n°  vu.  Paris,  i85s;  1  vol.  in-8°. 

Traité  de  chimie  anatomique  et  physiologique  normale  et  pathologique,  ou 


(  76i  ) 

des  principes  immédiats  normaux  et  morbides  qui  constituent  le  corps  df. 
l'Homme  et  des  Mammifères  ;  par  MM.  Ctî.  Robin  et  F.  Veudeil.  Paris, 
1 853;  trois  vol.  in-8°,  avec  un  atlas  in-8°  de  45  planches. 

Voyage  d'Alger  aux  Ziban,  l'ancienne  Zèbe,  en  1847,  avec  at^as  ou  ft(Jurii"1 
les  principales  oasis  de  cette  contrée,  quelques  monuments  du  Tell,  en-deçà  des 
Aurès,  et  un  portrait  du  dernier  bey  de  Constantine;  par  M.  le  Dr  Guyon. 
Alger,  i85a;  1  vol.  in-8°. 

Note  sur  la  coloration  rouge  des  substances  alimentaires  par  la  présence  du 
Monas  (Palmella,  Mihi)  Prodigiosa,  Elirenb.  ;  par  M.  C.  Montagne,  lue 
à  la  Société  nationale  et  centrale  d'Agriculture,  dans  sa  séance  du  iS  juil- 
let 1802;  I  de  feuille  in-8°. 

Note  sur  le  genre  Riella,  et  description  d'une  espèce  nouvelle  R.  Reuteri  ; 
par  le  même;  ^  de  feuille  in-8°.  (Extrait  des  Annales  des  Sciences  naturelles  ; 
tome  XVIII  ;  cahier  n°  1 .  ) 

Phyceœ  hispanicœ  novœ  aut  minus  notœ  auctore  C.  Montagne,  D.  M.  Ex 
opère  celeberrimi  et  amicissimi  viri  P.  Rarker  Webb,  Otia  Hispanica  DICTO 
excerptœ.  Parisis,  i853 ;  1  feuille  in -4°. 

Rapport  sur  un  ouvrage  manuscrit,  ayant  pour  titre  :  Des  eaux  potables  en 
Général,  considérées  dans  leur  constitution  physique  et  chimique,  et  dms  leurs 
rapports  avec  la  physique,  la  géologie,  la  physiologie  générale  et  l'hygiène  pu- 
blique, ainsi  que  dans  leurs  applications  à  l'industrie  et  à  l'agriculture;  en  par- 
ticulier des  eaux  utilisées  dans  les  deux  arrondissements  du  Havre  et  d'Yvetot; 
par  M.  Eugène  Marchand,  pharmacien  à  Fécamp,  etc.  (Commissaires, 
MM.  Routron,  Ossian  Henry  et  Roullay  rapporteur);  \  feuille  in-8°. 
(Extrait  du  Bulletin  de  l  Académie  nationale  de  Médecine,  tome  XVIII, 
page  1 55.)  (Adressé  pour  le  concours  au  prix  de  Statistique.) 

De  la  maladie  de  la  vigne,  ses  causes,  ses  effets,  et  des  moyens  simples  et  faciles 
à  e,nployer  pour  les  combattre;  par  M.  C.-L.  Flechet.  Lyon,  i85a; 
1  feuille  in-  8°. 

Le  premier  méridien  liturgique  au  détroit  des  deux  mondes;  par  M.  l'abbé 
Rondon.  Aix,  i85i  ;  \  de  feuille  in-8°. 

Les  trois  règnes  de  la  nature.— Règne  animal.  —Histoire  naturelle  des  oiseaux , 
classés  méthodiquement,  avec  l'indication  de  leurs  mœurs  et  de  leurs  rapports 
avec  les  arts,  le  commerce  et  l'agriculture;  par  M.  Emm.  Le  Maout;  3ie 
à  33e  livraisons;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d'Horticulture  de  Paris  et  centrale  de  France; 
8  octobre  i85a;  in-8°. 

Annales  forestières  ;  10  novembre  i852;  in-8°. 


(762  ) 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  de  Monfort, 
et  rédigée  par  M.   l'abbé  MoiGNO;  n°  29;  14  novembre  i852;  in-8°. 

Flora  batava;  170e  livraison;  in-4°. 

%ulla  struttura...  Sur  la  structure  intime  de  i organe  électrique  du  Gjmnole 
et  d'autres  poissons  électriques  ;  par  M.  Ph.  PaCINI.  Florence,  i85a;  in-8°. 

Sul  trapano-sega...  Sur  le  trépan-scie  inventé  par  M.  G.  Giovanini,  de 
Bologne  ;  2  brochures  in-8°. 

Uber  den...  Recherches  sur  la  structure  des  organes  vocaux  de  l'homme,  des 
mammifères  et  de  quelques  grands  oiseaux,  considérés  au  point  de  vue  physiolo- 
gique; par  M.  C.  Mayer.  (Extrait  des  Nova  acta  Acad.  César.  Leopol.  Carol. 
Nat.  Curios.;  vol.  XXIII;  part.  2.)  In-4°. 

Bericht...  Rapporta  la  Société  impériale  de  Géographie  sur  l'expédition  à 
Machnowka ,  faite  pour  l'observation  de  l'éclipsé  totale  de  soleil  de  l'année  1 85 1  ; 
par  M.  Schweizer.  Moscou,  i85i;  broch.  in-8°. 

Gelehrte...  Nouvelles  scientifiques  publiées  par  les  Membres  de  l'Académie 
"oyale  de  Ravière;  1"  semestre  i852.  Munich;  in-4°- 

Bulletin...  Rulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Ravière;  1"  se- 
mestre i852;  in-4°. 

Ueber  den...  Sur  la  valeur  et  l'importance  des  feuilles,  principalement 
dans  le  pommier,  ta  vigne  et  dans  quelques  autres  végétaux;  par  M.  Mau. 
Wurzbourg,  185a;  in-8°. 

Nachrichten...  Mémoires  de  l'Université  et  de  l'Académie  royale  des 
Sciences  de  Gôttingue;  n°  1 1  ;  a5  octobre  1 852  ;  in-8°. 

\stronomische...  Nouvelles  astronomiques  ;  n°  834- 

IJ Athenœum  français .  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  el 
des  Reaux-Arts;  n°  20;  i3  novembre  i85a. 

La  Presse  littéraire.  Écho  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  29  ; 
>4  novembre  f852. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  46;  i3  novembre  i852. 

Gazette  des  Hôpitaux;  nos  i32  à  1 34;  9,  1  f  et  i3  novembre  i85'2. 

Moniteur  agricole;  n°  ^5;  11  novembre  i852. 

La  Lumière;  n°  47  ;  i3  novembre  i85a. 

Réforme  agricole;  n°  49;  septembre  i852. 


(7^3) 
L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  22  novembre  1 85a ,'^le3 ouvrages 
dont  voici  les  titres  :  % 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences , 
a*  semestre  i85a;  n°  20;  in-4°. 

Institut  national  de  France.  Séance  publique  annuelle  des  cinq  Académies, 
du  lundi  2S  octobre  i852,  présidée  par  M.  Lebrun,  Directeur  de  l'Académie 
française,  et  par  MM.  Guizot,  Piobert,  Caristie  et  Vivien,  délégués  des 
Académies  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres,  des  Sciences,  des  Beaux-Arts ,  des 
Sciences  morales  et  politiques.  Paris,  i852;  in-4°. 

Beports...  Bapports  faits  par  les  jurys  à  ta  grande  exposition  de  l'Industrie 
de  Londres.  Bapport  sur  les  objets  compris  dans  la  8e  classe  :  architecture  na- 
vale, génie  militaire,  artillerie,  armures  et  objets  d'équipement;  Rapporteur 
M.  le  baron  Ch.  Dupin  ;  broch.  in-8°.  (Extrait  du  Bapport  général.) 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  ARAGO,  Chevreul,  Dumas, 
Pelouze,  BoussingaULT  ,  Regnault;  3e  série;  tome  XXXVI;  novem- 
bre i852  ;  in-8°. 

Annales  des  Sciences  naturelles,  comprenant  la  zoologie,  la  botanique,  l'ana- 
tomie  et  la  physiologie  comparée  des  deux  règnes,  et  l'histoire  des  corps  orga- 
nisés fossiles  ;  3e  série,  rédigée  pour  la  zoologie  par  M.  MlLNE  Edwards, 
pour  la  botanique  par  MM.  Ad.  BRONGNIART  et  3.  DECAISNE;  tome  XVIII; 
n°  1  ;  in-8°. 

Académie  des  Sciences,  Belles- Lettres  et  Arts  de  Bouen.  Bapport  sur  les  Ira- 
vaux  dans  la  Classe  des  Sciences,  pendant  l'année  i85i-i852;  par  M.  J.  Girar- 
din,  Secrétaire  de  la  Classe  des  Sciences;  broch.  in-8°. 

Becherches  sur  l'Alùcite  des  céréales,  l'étendue  de  ses  ravages  et  les  moyens 
de  les  faire  cesser,  suivies  de  quelques  résultats  relatifs  à  l'ensilage  des  grains; 
par  M.  L.  DOYÈRE.  Paris,  i85s;  in-8°. 

Quelques  questions  pouvant  servir  de  programme  à  un  cours  de  philosophie 
zoologique;  par  Henri  Aucapitaine;  broch.  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d'émulation  du  département  des  Vosges;  tome  Vil; 
3e  cahier  i85i.  Épinal,  i852;  in-8°.. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse;  n°  in;  in-8°. 

Bulletin  semestriel  de  la  Société  des  Sciences,  Belles- Lettres  et  Arts  du  dépar- 
tement du  Far;  20e  année;  n°  1 .  Toulon,  i852;  in-8°. 


764  ) 


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COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE    DU    LUNDI    29    NOVEMBRE    1852« 
PRÉSIDENCE  DE  M.  PIOBERT. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

chimie  agricole.  —  Mémoire  sur  la  composition  de  l'air  confiné  dans  la 
terre  végétale;  par  MM.  Bocssingault  et  LréwY. 

«  §  I.  —  Les  matières  organiques,  quand  elles  sont  soumises  aux 
influences  réunies  de  l'air,  de  l'humidité  et  d'une  température  convenable, 
donnent  naissance  à  de  l'acide  carbonique,  à  de  l'eau,  et,  si  elles  sont  azo- 
tées, à  de  l'ammoniaque.  Lorsqu'elles  sont  enfouies  dans  un  sol  suffisam- 
ment meuble,  leur  combustion  est  si  manifeste,  que,  dans  les  pays  chauds, 
il  arrive  quelquefois  qu'une  terre  foncièrement  riche  est  souvent  appauvrie 
au  point  de  ne  pouvoir  donner  des  récoltes  sans  l'intervention  des  engrais. 
C'est  que  s'il  est  vrai  que  le  terreau  humide  se  conserve,  en  l'absence  de 
l'air,  sans  subir  d'altération,  sans  qu'il  y  ait  la  plus  légère  émission  de  gaz, 
il  ne  l'est  pas  moins  que  sa  destruction  s'opère  rapidement  lorsque  l'oxygène 
intervient.  Cette  destruction,  on  la  constate  dans  les  terrains  très-chargés 
d'humus,  toutes  les  fois  qu'on  essaye  de  suppléer  aux  engrais  par  des  labours 
profonds  et  répétés.  La  terre  s'appauvrit  graduellement  jusqu'à  devenir 
stérile. 

»  Ainsi,  le  terreau  et  l'humus,  derniers  termes  de  la  putréfaction  des 

C.  R.    i85a,  lmt  Semestre.  (T.  XXXV,  N"  22.)  IOI 


(  766) 

substances  végétales,  le  fumier,  sont  autant  de  sources  d'où  émane  de  l'acide 
carbonique,  et  il  est  hors  de  doute  qu'une  part  importante  de  l'efficacité 
des  engrais  d'origine  organique  doit  être  attribuée  à  cette  émission,  soit  que 
le  gaz  acide,  absorbé  par  les  racines,  parcoure  l'organisme  de  la  plante,  soit 
que,  versé  dans  l'atmosphère  environnante,  la  lumière  le  décompose  sous 
l'influence  des  feuilles  qui  en  assimilent  le  carbone.  Il  en  résulte  que  l'air 
en  séjournant  dans  la  terre  est  d'autant  plus  profondément  modifié  dans  sa 
constitution,  que  c'est  en  grande  partie  aux  dépens  de  son  oxygène  qu'est 
formé  le  gaz  acide  carbonique. 

»  Que  l'air  confiné  dans  les  interstices  laissés  par  les  particules  du  sol 
n'ait  plus  la  composition  de  l'air  normal,  c'est  ce  qu'on  admettra  sans  la 
moindre  difficulté  ;  on  prévoit  aussi  dans  quel  sens  l'altération  doit  avoir 
lieu;  mais,  à  notre  connaissance,  on  ne  possède  pas  encore  une  notion  tant 
soit  peu  précise  sur  ce  qu'on  pourrait  appeler  Y  intensité  de  cette  altération  : 
à  en  juger  d'après  la  facilité  avec  laquelle  on  suppose  que  s'exerce  la  diffu- 
sion des  gaz  dans  une  terre  ameublie,  on  serait  disposé  à  croire  qu'elle  est 
peu  considérable.  Aussi,  toutes  les  fois  qu'on  a  essayé  d'évaluer  la  quantité 
de  carbone  qu'une  surface  de  culture  prélève  sur  l'atmosphère,  on  a  négligé 
de  tenir  compte  de  l'acide  carbonique  émanant  du  sol,  et  l'on  a  pris  pour 
base  unique  de  cette  évaluation  toujours  très-hasardée,  la  très-minime 
proportion  de  ce  gaz  contenue  dans  l'air. 

»  L'utilité,  dans  le  fumier,  de  principes  carbures  propres  à  être  modifiés 
en  humus,  en  acides  bruns,  qu'une  combustion  lente  détruit  ensuite,  est  si 
évidente,  qu'aujourd'hui  un  cultivateur  exercé  regarderait  comme  incom- 
plet l'engrais  qui  en  serait  dépourvu.  On  peut  donc  concevoir  chaque  par- 
ticule de  fumier,  d'humus,  de  terreau,  comme  un  foyer  d'où  émane  con- 
stamment du  gaz  acide  carbonique,  émanation  bien  faible,  mais  assez 
continue  pour  modifier  la  composition  de  l'air  atmosphérique  dont  le  sol 
est  imprégné.  C'est  dans  cette  atmosphère  souterraine  que  se  développent 
et  vivent  les  racines,  et  ces  recherches  établiront  qu'elles  y  trouvent,  en 
proportion  notable,  des  principes  assimilables  qu'on  ne  rencontre  qu'en 
infiniment  petites  quantités  dans  les  deux  véhicules  les  plus  essentiels  à  la 
végétation  :  l'eau  et  l'air. 

»  Il  nous  a  semblé  que,  dans  l'état  actuel  de  la  science  agricole,  l'examen 
attentif  de  l'air  confiné  dans  la  terre  végétale  ne  pouvait  manquer  d'offrir 
un  certain  degré  d'intérêt;  c'est  avec  cet  espoir  qu'a  été  entrepris  le  travail 
que  nous  avons  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie. 


(767) 

"  §  II.  —  Les  procédés  très-simples  à  l'aide  desquels  on  se  procure  l'air 
confiné  des  lieux  habités,  des  mines,  des  fosses,  etc.,  n'étaient  pas  applica- 
bles dans  la  circonstance  actuelle.  On  ne  pouvait  pas  davantage  déplacer 
l'air  en  faisant  passer  de  la  terre  sous  une  cloche  renversée  et  remplie  d'eau. 
D'abord,  le  gaz  que  nous  tenions  surtout  à  doser  avec  une  grande  exacti- 
tude est  soluble;  ensuite,  il  devenait  évident  qu'en  remuant  la  terre  sans 
aucun  ménagement,  on  substituerait  de  l'air  extérieur  à  l'air  stagnant  dont 
l'examen  était  précisément  le  but  de  nos  recherches. 

»  La  condition  à  laquelle  il  fallait  satisfaire  autant  que  possible,  s'il 
n'était  pas  donné  de  la  remplir  entièrement,  c'était  d'aspirer  l'air  confiné 
avec  une  extrême  lenteur,  afin  qu'il  n'y  eût,  pour  ainsi  dire,  pas  d'appel  de 
l'air  extérieur.  L'appareil  dont  nous  avons  fait  usage  remplissait  cette  con- 
dition ;  sa  disposition  était  telle,  que  nous  pouvions,  sur  le  terrain,  doser 
directement  l'acide  carbonique  par  la  baryte,  et,  en  même  temps,  recueillir 
de  l'air  pour  l'analyser  ensuite  dans  le  laboratoire. 

»  §  IV.— La  nature  de  notre  travail  nous  obligeait,  naturellement,  à  re- 
chercher l'ammoniaque  dans  l'air  confiné  de  la  terre  végétale.  Afin  de  fixer 
cet  alcali ,  on  substituait  à  l'eau  de  baryte  de  l'acide  chlorhydrique  dilué 
parfaitement  pur,  et  qu'on  préparait  au  moment  où  l'on  montait  l'appareil. 
Après  avoir  fait  traverser,  très-lentement,  au  moins  60  litres  d'air  confiné 
dans  la  liqueur  acide,  on  l'évaporait  à  l'étuve.  Dans  deux  circonstances 
mentionnées  dans  ce  Mémoire,  le  sel  ammoniac  obtenu  a  pu  être  pesé  ; 
mais  dans  la  plupart  des  cas,  nous  n'avons  eu  que  des  traces  de  ce  sel,  traces 
suffisantes  cependant  pour  établir  la  présence  constante  de  vapeurs  ammo- 
niacales dans  l'air  extrait  du  sol. 

»  §  VI.  —  Expérience  n°  1  :  Air  confiné  dans  un  sol  récemment  fumé. — 
Un  sol  léger  sablonneux  provenant  de  la  désagrégation  du  grès  bigarré 
(  bunder  sandstein  ) ,  dans  lequel  on  avait  récolté  des  pommes  de  terre,  a 
été  amendé,  le  2  septembre,  avec  du  fumier  à  demi  consommé,  à  raison  de 
600  quintaux  par  hectare.  Six  jours  après,  le  7  septembre,  on  a  monté  l'ap- 
pareil au  milieu  du  champ.  Le  tube  pour  puiser  l'air  était  posé  à  35  centi- 
mètres de  profondeur,  dans  un  endroit  où  l'épaisseur  de  la  couche  arable 
a  [\o  centimètres.  La  terre  se  trouvait  dans  de  bonnes  conditions  d'humi- 
dité ;  cependant  il  n'avait  pas  plu  depuis  environ  trois  semaines.  L'expé- 
rience a  été  mise  en  train  à  midi  ;  l'eau  de  baryte  de  l'éprouvette  s'est 
bientôt  troublée.  A  cinq  heures,  le  précipité  était  assez  abondant  pour 
qu'on  arrêtât  l'aspiration. 

101.. 


(  768  ) 

— . 

...  ^  j.-  En  volume.       En  poids. 

lit  gr 

Air  jaugé  à  o  degré ,  pression  om,76 5, 221         6,7821 

Carbonate  de  baryte  obtenu  i8r,024  =  CO'.. .     0,119        o,235i 

5,33o        7,0171 
Dans  100  parties  d'air  confiné  CO' 2,23  3,35 

»  Expérience  n°  2.  —  A  6  heures  du  soir,  comme  il  commençait  à  pleu- 
voir, on  entreprit,  à  la  même  place,  un  nouveau  dosage  d'acide  carbonique. 
L'aspirateur  a  coulé  goutte  à  goutte  pendant  toute  la  nuit.  La  pluie  avait 
cessé  à  10  heures  du  soir.  Le  8  septembre,  à  6  heures  du  matin,  il  y  a  eu 
pour  résultats  : 

En  volume.      En  poids. 

lit  gr 

Air  jaugé  à  o  degré,  pression  om,76 9>755         12,6718 

Carbonate  de  baryte  2gr,o43  =  CO' o,23i  0,4578 

9,986         13,1296 
Dans  100  parties  d'air 2,3i  3,49 

»  Expérience  n°  8.  —  Elle  a  été  faite  à  la  même  place,  le  1 1  septembre. 
Dans  les  trois  derniers  jours,  les  pluies  avaient  été  très-fréquentes.  La  terre 
se  trouvait  fortement  mouillée,  mais  sa  nature  sablonneuse  ne  permettait 
pas  à  l'eau  de  former  des  flaques.  Dès  le  passage  des  premières  bulles  d'air 
dans  l'éprouvette  E,  on  fut  frappé  de  l'abondance  du  précipité,  et  bientôt 
cette  abondance  fut  telle,  qu'il  devint  nécessaire  de  terminer  l'expérience. 
L'aspiration,  commencée  à  midi,  à  cessé  à  3  heures  et  demie  : 

En  volume.      En  poids, 
lit  gr 

Air  jaugé  à  o  degré,  pression  om, 76 2,6o3         3,38i4 

Carbonate  de  baryte  2«r,494  =  acide  carbon.     o , 282         o  ,5587 

2,885        3,g4oi 
Dans  100  parties  d'air,  acide  carbonique. . .       9,78  i4i  18 

»  On  voit  que,  depuis  la  dernière  observation,  la  proportion  de  l'acide 
carbonique  a  beaucoup  augmenté,  sans  qu'il  soit  possible  de  décider  si  cette 
augmentation  est  due  à  l'abondance  de  la  pluie  ou  au  plus  long  séjour  du 
fumier  dans  le  sol.  C'est  cette  forte  quantité  d'acide  carbonique  que  nous 
venions  de  constater  dans  l'air  confiné  de  la  terre  végétale,  qui  nous  a  portés 
à  doser  l'oxygène,  afin  de  rechercher  s'il  n'existerait  pas  une  certaine  rela- 
tion dans  les  proportions  de  ces  deux  gaz. 


(769) 

»  Nous  avons  trouvé,  dans  100  volumes  d'air  confiné  r 

Oxygène 11 ,47 

Azote 88,53 

Or,  puisque  l'air  confiné  contenait,  sur  100  volumes,  9,78  d'acide  carbo- 
nique, on  a,  pour  sa  composition  : 

Acide  carbonique 9,78  )  , 

Oxygène 10, 35  )      ' 

Azote 79*87 

100,00 

»  Rappelons  ici  que  dans  l'air  atmosphérique,  dont  l'action  sur  le  sol  est 
incontestable,  il  entre  20,9  pour  100  d'oxygène.  Maintenant,  la  somme  de 
l'oxygène  et  de  l'acide  carbonique  contenus  dans  100  parties  d'air  confiné 
de  la  terre  végétale  sera  nécessairement  ou  égale,  ou  supérieure,  ou  infé- 
rieure à  20,9.  Si  cette  somme  est  égale,  il  y  aura  d'assez  fortes  raisons  pour 
croire  que  l'oxygène  de  l'atmosphère  a  brûlé  seulement  le  carbone  de  la 
matière  organique  disséminée  dans  le  terrain;  si  elle  est  supérieure,  on 
pourra  soutenir  que  la  matière  organique  a  émis,  par  le  fait  de  la  fer- 
mentation putride,  assez  d'acide  carbonique  pour  compenser  et  même 
pour  dissimuler  les  effets  dus  à  une  combustion  lente;  enfin,  si  la  somme 
de  l'oxygène  et  de  carbone  ne  représente  pas  20,9,  on  pourra  soutenir  que 
de  l'hydrogène  de  la  matière  organique  a  brûlé  en  même  temps  que  le  car- 
bone. Ce  dernier  cas,  que  nous  a  révélé  le  dosage  de  l'oxygène,  est  celui 
qui  se  présente  le  plus  ordinairement. 

»  Expérience  n°  i(\.  —  Commencée  le  i&  septembre,  à  6  heures  du  soir, 
dans  le  même  champ,  mais  2  mètres  plus  loin  que  dans  les  expériences  pré- 
cédentes, le  tube  étant  toujours  enfoncé  à  35  centimètres  de  profondeur. 
Il  y  avait  alors  plus  de  deux  semaines  que  le  fumier  était  enfoui.  Il  pleu- 
vait fréquemment  depuis  plusieurs  jours.  L'appareil  a  fonctionné  jusqu'à 
7  heures  de  matin;  il  y  a  eu  quelques  interruptions  dans  l'écoulement  de 
l'aspirateur. 

En' volume.  En  poids. 

..,..,'.  L  1K  gr 

Air  jauge  a  o  degré,  pression  om,7b 2,600  3,38oo 

Carbonate  de  baryte ,  1  ",939  =  acide  carbonique . .       0,219  °  >  4^4^ 

2,819  3,8i45 

Dans  100  parties  d'air,  acide  carbonique 7 ,78  11 ,5a 


(  77°  ) 

»   L'air  du  ballon  a  donné  : 

Acide  carbonique 8,02 

Oxygène 1 2 ,  34 

Azote 79 ,64 

100,00 
Soit  i3,4o  pour  100  d'air  confiné  privé  d'acide  carbonique.  Etablissant  la 
composition  en  prenant  l'acide  dosé  par  la  baryte,  on  a  : 

Acide  carbonique 7 ,78  j  . 

Oxygène 12, 36)      ' 

Azote 79>86 

1 00 ,  00 

Résultat,  en  ce  qui  concerne  la  somme  de  l'oxygène  et  de  l'acide  carboni- 
que, entièrement  conforme  à  celui  obtenu  dans  les  expériences  précédentes. 

»  Recherche  de  l'ammoniaque.  —  Le  4  septembre,  dans  le  champ  récem- 
ment fumé,  l'appareil  avait  été  disposé  pour  essayer  de  doser  l'ammoniaque 
que  l'air  confiné  de  la  terre  végétale  contient  certainement  à  l'état  de 
carbonate.  L'aspirateur  a  été  vidé  le  6,  à  4  heures  du  soir.  Le  sol  se  trou- 
vait suffisamment  humide,  les  labours  s'exécutaient  bien  et  sans  grands 
efforts  de  la  part  des  attelages.  La  liqueur  acide  évaporée  au  bien-marie, 
dans  une  capsule  de  platine,  a  laissé  ogr,oo7  d'un  résidu  cristallin  ayant 
toutes  les  propriétés  du  sel  ammoniac,  et  dans  lequel  devait  se  trouver 
ogr,ooaa4  d'ammoniaque. 

»  Voici  le  résultat  de  l'expérience  : 

En  volume.  En  poids, 

lit  «r 

Air  jaugé  à  o  degré,  pression  om, 76. .  .      54,620  70,g5i38 

Ammoniaque 0,00224  =  0,000032 

70,95362 

»  On  a  essayé  de  doser  de  nouveau  l'ammoniaque  dans  le  même  champ 
et  à  la  même  place,  le  9  septembre.  L'appareil  a  fonctionné  jusqu'au  1 1 . 
La  pluie  avait  fortement  imbibé  la  terre. 

»  La  liqueur  acide  a  laissé  ogr,oo3  de  sel  ammoniac  renfermant  ogr,ooog6 1 
d'alcali  : 

En  volume.  En  poidî. 

lit  Gf 

Air  jaugé  à  o  degré,  pression  om,76.  . .     56,o32  72,78600 

Ammoniaque 0,00096  =  0,0000132 

72,78696 


(  771  ) 
»  11  paraîtrait  qu'une  plus  forte  humectation  du  sol,  ce  qui  serait,  au 
reste,  fort  naturel,  a  fait  baisser  la  proportion  de  carbonate  d'ammoniaque. 
Bien  que  les  aspirations  de  l'air  confiné  aient  eu  lieu  avec  une  grande  len- 
teur, nous  sommes  loin  de  considérer,  dans  son  ensemble,  la  méthode  que 
nous  avons  suivie,  comme  donnant  des  résultats  satisfaisants,  mais  notre 
but  était  plutôt  de  prouver  la  présence  des  vapeurs  ammoniacales  que  de 
les  doser  rigoureusement.  L'air  confiné  dans  la  terre  récemment  fumée  ne 
contenait  pas  d'acide  sulfhydrique  (hydrogène  sulfuré),  nous  l'avons  con- 
staté; voici  à  quelle  occasion.  Lorsque  nous  commençâmes  les  recherches, 
objet  de  ce  Mémoire,  nous  fîmes  usage  du  sous-acétate  de  plomb  pour 
doser  l'acide  carbonique;  l'extrême  sensibilité  de  ce  réactif  justifiait  ce 
choix,  mais  nous  apprîmes  bientôt,  à  notre  grande  surprise,  nous  pourrions 
même  dire  à  nos  dépens,  car  il  y  eut  bien  du  temps  perdu,  que  la  dissolu- 
tion de  sous-acétate,  très-propre  à  faire  découvrir  des  traces  d'acide  carbo- 
nique, ne  convient  aucunement  pour  doser  cet  acide.  Toutefois,  comme  le 
carbonate  de  plomb,  formé  par  l'acide  carbonique  provenant  du  sol  fumé, 
était  d'un  blanc  parfait;  que  les  dissolutions  n'ont  pas  pris  cette  teinte  sale 
que  leur  eût  communiquée  la  plus  petite  quantité  de  sulfure  métallique, 
nous  en  avons  conclu  qu'il  n'y  avait  pas  trace  d'acide  sulfhydrique  dans 
l'air  confiné  que  nous  avons  examiné. 

»  Nos  observations  ont  été  faites  :  dans  des  champs  de  carottes  et  de 
betteraves;  dans  une  culture  de  topinambours;  dans  un  carré  d'asperges, 
avant  et  après  qu'on  l'eut  fumé;  dans  une  vigne;  dans  une  forêt;  dans  une 
luzernière  ;  dans  une  prairie  située  sur  les  bords  de  la  Saùer  ;  dans  une  terre 
de  jardin  chargée  d'humus,  et,  tout  récemment,  dans  la  serre  des  palmiers 
du  Jardin  des  Plantes. 

»  Ces  analyses  établissent  de  la  manière  la  plus  nette  que  l'air  atmosphé- 
rique, en  séjournant  dans  la  terre  végétale,  modifie  singulièrement  sa  com- 
position. En  effet,  à  l'état  normal  il  renferme,  en  volume,  0,0004  d'acide 
carbonique,  soit  4  décilitres,  par  mètre  cube,  équivalent  à  ogr,2i6  de 
carbone  si  l'on  suppose  les  gaz  à  la  température  de  o  degré  et  à  la  pression 
de  om,76.  Dans  le  sol,  l'air  est  constamment  plus  chargé  d'acide  carboni- 
que ;  par  exemple,  la  moyenne  obtenue  dans  les  cultures  qui  n'avaient  pas 
été  fumées  depuis  une  année,  serait,  par  mètre  cube,  de  9  litres  de  gaz  acide 
contenant  près  de  5  grammes  de  carbone,  c'est-à-dire  22  à  i3  fois  autant 
que  l'air  normal.  Dans  les  sols  récemment  fumés,  la  différence  a  été  bien 
plus  grande  encore,  puisque  l'air  pris  dans  la  terre  d'un  champ  où  le  fumier 
était  incorporé  depuis  neuf  jours,  renfermait  98  litres  d'acide  carbonique 


(  772  ) 
par  mètre  cube,  soit  53  grammes  de  carbone,  environ  a45  fois  autant  que 
dans  l'air  extérieur.     . 

»  Le  développement  de  cette  quantité,  relativement  considérable,  d'acide 
carbonique  dans  l'air  atmosphérique  engagé  dans  la  terre  végétale  récem- 
ment fumée,  provient  évidemment  de  la  combustion  lente  du  carbone 
des  matières  organiques.  Cela  semble  si  vrai,  que,  dans  le  plus  grand  nombre 
de  cas,  le  volume  du  gaz  acide  carbonique  développé  représente,  à  peu 
de  chose  près,  le  volume  du  gaz  oxygène  qui  a  disparu. 

»  Ainsi,  d'après  nos  analyses,  la  somme  de  ces  deux  gaz  dans  ioo  vo- 
lumes de  l'air  pris  dans  le  sol,  a  été  : 

Terre  fumée  depuis  dix  jours 20 , 1 3 

Terre  fumée  depuis  seize  jours 20, 14 

Culture  de  carottes 20 ,44 

Culture  de  vigne 20 ,  78 

Culture  de  forêt 20 ,47 

Sous-sol  de  la  forêt 20 ,45 

Carré  d'asperges  non  fumé ig, 77 

Carré  d'asperges  fumé 20 ,  3o 

Terre  très-riche  en  humus 20 ,09 

Culture  de  betteraves 20,57 

Lnzernière 20 ,  87 

Champ  de  topinambours 20,66 

Ancienne  prairie 2 1 ,  o3 

Serres  de  palmiers 20 ,64 

Sable  fumé 20 ,  65 

»  Dans  100  parties,  en  volume  d'air  atmosphérique,  il  y  a  20,9  d'oxy- 
gène; et,  bien  que  la  somme  des  volumes  de  l'acide  carbonique  et  de 
l'oxygène  de  l'air  qui  a  séjourné  dans  le  sol  approche  de  ce  nombre,  la 
différence  qu'on  a  observée,  toute  faible  qu'elle  est,  s'est  présentée  avec 
une  telle  constance,  que  nous  n'hésitons  pas  à  croire  qu'une  partie  de  l'oxy- 
gène est  employée  à  brûler  de  l'hydrogène  appartenant  à  la  matière  orga- 
nique disséminée  dans  la  terre  végétale. 

»  La  connaissance  de  la  proportion  d'acide  carbonique  contenue  dans 
l'air  confiné  du  sol,  ne  suffit  plus  lorsqu'on  cherche  à  apprécier  la  quantité 
du  même  acide  que  la  combustion  lente  de  l'humus  ou  des  engrais  met  à  la 
disposition  des  plantes.  Pour  arriver  à  une  approximation  tant  soit  peu 
exacte  de  cette  quantité,  il  fallait  savoir  ce  qu'il  y  avait  d'air  enfermé  dans 
une  étendue  donnée  de  terrain.  Pour  déterminer  le  volume  de  l'air  enfermé 


(  773  ) 
dans  la  terre  végétale,  nous  nous  sommes  servis  d'un  vase  cylindrique  en 
bois,  d'une  capacité  de  34  litres,  et  de  35  centimètres  de  profondeur. 

»  Nous  remplissions  ce  vase  avec  de  la  terre  jusqu'à  ce  qu'il  fût  comble, 
puis,  avec  une  règle,  nous  nivelions  la  surface.  Ensuite,  nous  ajoutions 
peu  à  peu  de  l'eau  jusqu'à  ce  que  ce  liquide  fût  sur  le  point  de  déborder, 
l'ouverture  du  vase  étant  maintenue,  à  l'aide  de  cales,  dans  un  plan  hori- 
zontal. On  favorisait  la  sortie  du  gaz  en  remuant  avec  une  tige  de  fer.  Le 
volume  d'eau  introduit  représentait  nécessairement  le  volume  d'air  déplacé. 
L'opération  est  d'une  exécution  rapide,  et  la  difficulté  n'est  pas  dans  la 
détermination  du  volume  d'air,  mais  bien  dans  le  degré  de  tassement  que 
l'on  doit  donner  aux  34  litres  de  terre;  car  on  conçoit  que,  suivant  que  la 
compression  aura  été  plus  ou  moins  forte,  on  obtiendra  des  volumes  d'air 
très-différents. 

d  II  y  a  dans  le  tassement  de  la  terre,  mise  dans  la  jauge,  un  arbitraire 
fâcheux  que  nous  nous  empressons  de  signaler,  tout  en  regrettant  de  ne  pas 
l'avoir  fait  disparaître;  nous  croyons  toutefois  pouvoir  assurer  que,  dans 
nos  essais,  la  terre  a  toujours  été  plus  fortement  tassée  dans  la  jauge  qu'elle 
ne  l'est  dans  les  champs,  de  sorte  que  l'estimation  du  volume  d'air  que  nous 
avons  déduite  de  nos  expériences  est  plutôt  trop  faible  que  trop  forte.  Voici 
les  résultats  que  nous  avons  obtenus  : 


AIR   CONFINÉ 

dans  3^  litres. 

dans  1  mètre  cube 
de  terre  végétale. 

Ut 
8,0 

:>9 

9>6 

4,0 

2,4 
3,0 

7.6 

.4,3 
8,0 

7,5 

7-° 

5,5 

12,3 

lit 

235,3 

232,4 

282,4 

117,6 

70,6 

88,2 

223,5 

420,6 
235,3 
220,6 
205,9 
161,8 
36 1 ,2 

Terre  de  la  forêt,  sol  sablonneux,  fortement  tassé. .  .  . 

Terre  d'un  carré  d'asperges,  sol  sablonneux 

Terre  d'un  champ  de  betteraves,  assez  argileuse 

Terre  d'un  champ  de  topinambours,  très-argileuse..  . 

C.  R.,  i85a,  2m«  Semestre.  (T.  XXXV,  N»  22.) 


I02 


(  774  •) 
»  L'épaisseur  de  la  couche  de  terre  végétale,  dans  les  champs  auxquels 
nos  recherches  se  rapportent,  varie  de  3o  à  [\o  centimètres.  Nous  adoptons 
35  centimètres  pour  l'épaisseur  moyenne.  On  a,  par  conséquent,  pour  la 
terre  d'un  hectare,  35oo  mètres  cubes,  dans  lesquels  les  analyses  indiquent 
les  quantités  suivantes  d'acide  carbonique  : 


NUMÉROS 

des 
expériences. 


i  et  2 

8 

3  et  i5 

5  et  6 

1 1  et  i3 

16,  29  et  3 1 

3o  et  32 

i8et  25 

28  - 

.3 

'7 

21 
23 
22 


Terre  récemment  fumée.  ...... 

Terre  récemment  fumée 

Champ  de  carottes. 

Vigne 

Forêt  de  Goersdorff 

Loam  ,  sous-sol  de  la  forêt .... 
Sable ,  sous-sol  de  la  forêt .... 
Asperges,  anciennement  fumées 
Asperges,  récemment  fumées. 

Sol  très-riche  en  humus 

Champ  de  betteraves 

Champ  de  luzerne 

Champ  de  topinambours 

Prairie 


ACIDE    CARBONIQUE 

dans  100  parties  d'air 
confiné 


en 
volome. 


2,27 
9.78 
1  ,00 
0,96 
0,86 

o,83 
0,24 
0,80 
',54 
3,63 
0,86 
o,83 
0,67 

'^79 


poids. 


3,42 
.4, .8 

':49 
.,45 

1 ,3o 
1,28 
0,37 
1 ,21 
2,33 

5,44 

i,3. 
1 ,26 
1 ,01 
a, 71 


AIR 

confiné 

dans 

1   hectare 

de  terre. 


824 
824 

8i3 
988 
412 
247 
309 
817 
817 
1472 
8a3 
772 
721 
566 


ACIDE 

carbonique 

de  l'air 

confiné 

dans 

1  hectare 

de  terre. 


i8695 

8o543 

8i34 

9488 

354o 

2o5l 

y4:i 

6538 

12586 

53437 

7083 

6408 

4828 

10139 


«  Il  ressort  des  nombres  insérés  dans  ce  tableau  :  i°  que  l'air  enfermé 
dans  1  hectare  de  terre  arable,  fumé  depuis  près  d'une  année,  contient  au- 
tant d'acide  carbonique  qu'il  s'en  trouve  dans  18000  mètres  cubes  d'air 
atmosphérique  ;  a°  que  dans  l'air  de  1  hectare  de  terre  arable  récemment 
fumée,  l'acide  carbonique  peut,  dans  certaines  circonstances,  représenter 
celui  qui  est  contenu  dans  200000  mètres  cubes  d'air  normal;  3°  que  dans 
le  loam  sous-sol  de  la  forêt,  en  prenant  l'épaisseur  de  35  centimètres  adoptée 
pour  la  terre  arable,  on  constate  que,  dans  cette  alluvion,  l'air  confiné  con- 
tient autant  d'acide  carbonique  qu'il  y  en  a  dans  5  000  mètres  cubes  d'air 
pris  dans  l'atmosphère.  Si  l'on  considère  que  ce  dépôt  atteint  quelquefois 
une  puissance  de  plusieurs  mètres,  on  doit  croire  que  cette  notable  pro- 
portion d'acide  carbonique  ajoute  aux'  qualités  qui.  dans  le  grand-duché 


(  775) 

de  Baden  et  dans  les  Vosges,  d'après  un  très-habile  observateur,  M.  Che- 
vandier,  ont  fait  placer  le  loam  parmi  les  meilleurs  terrains  forestiers.  » 

zoologie.  —  Note  sur  les  trois  espèces  d'Oryctéropes  qui  existent 
en  JJrique  ;  par  M.  DuvEiurov. 

«  Le  genre  Oryctérope  (qui  signifie  pieds  fouisseurs)  a  été  établi,  déjà  à 
la  fin  du  siècle  dernier,  par  M.  E.  Geoffroy-Saint-Hilaire  (  i  )  pour  une  seule 
espèce  qui  habite  l'extrémité  sud  de  l'Afrique,  et  que  les  Hollandais  du  cap 
de  Bonne-Espérance  appellent  cochon  de  terre,  à  cause  de  son  long  museau, 
en  forme  de  boutoir,  de  ses  longues  oreilles  et  de  l'habitude  qu'il  a  de  se 
creuser  un  terrier,  dans  lequel  il  se  retire  pendant  le  jour. 

»  \1  Oryctérope  avait  été  confondu,  par  de  célèbres  naturalistes,  avec  les 
Fourmiliers. 

»  Pallas,  qui  n'en  avait  vu  qu'un  fœtus  encore  sans  poils  (2)  ;  Allamand, 
dans  les  Suppléments  de  Buffon  (3);  Gmelin,  dans  la  dernière  édition  du 
Systema  naturce,  de  Linné,  le  désignent  sous  les  noms  générique  de  Four- 
milier [Myrmecophaga),  et  spécifique  de  Capensis. 

»  Ils  le  croyaient  privé  de  dents,  comme  les  Fourmiliers  d'Amérique;  et 
ces  rapports  prétendus,  fondés  sur  une  erreur,  avaient  conduit  à  regarder  cet 
animal  comme  formant  une  exception  très-remarquable  à  la  loi  que  Buffon 
crut  pouvoir  établir  sur  la  séparation  des  Mammifères  du  nouveau  conti- 
nent, du  moins  dans  sa  partie  méridionale,  de  ceux  de  l'ancien  continent. 

»  Une  observation  attentive  de  l'organisation  de  ce  prétendu  Fourmilier 
du  Cap,  ayant  confirmé,  à  la  vérité,  l'absence  de  dents  incisives  et  de  ca- 
nines, et  constaté,  en  même  temps,  la  présence  de  dents  molaires,  jointe  à 
l'existence  d'ongles  fouisseurs,  assez  forts  aux  doigts  des  quatre  extrémités; 
fit  reconnaître  à  M.  E.  Geoffroy-Saint-Hilaire  un  type  générique  distinct, 
dans  ce  mangeur  de  fourmis  du  Cap. 

»  Il  est,  en  effet,  quant  à  l'existence  des  molaires,  aux  Pangolins  de 
l'ancien  continent,  ce  que  les  Tatous  sont  aux  Fourmiliers  du  nouveau 
continent. 

»  On  a  cru  longtemps  que  l'extrémité  sud  de  l'Afrique  était  la  seule  con- 


(i)  Bulletin  de  la  Société philomathique ,  tomel,  page  102;  1792. 

(2)  Miscellanea  Zoologica  ,  6. 

(3)  Histoire  naturelle  de  Buffon,  édit.  in-4°-  Supplément,  tome  VI,  page  23o. 

*  102 , 


(  776) 
trée  habitée  par  le  genre  Orjctérope  et  par  la  seule  espèce  connue  de  ce 
genre. 

»  Feu  Lesson,  Correspondant  de  l'Académie,  en  a  signalé,  dès  1840, 
une  nouvelle  espèce,  Y  Orycteropus  Senegalensis ,  qui  habite  les  contrées 
sablonneuses  des  environs  du  Sénégal,  où  il  se  nourrit  des  innombrables 
termites  qui  y  vivent  en  société  (i). 

»  L'individu  qui  a  servi  à  établir  cette  espèce  nouvelle  est  au  musée  de 
Rochefort  ;  mais  nous  avons  pu  comparer  les  caractères  tirés  de  la  couleur 
et  de  la  nature  du  pelage,  indiqués  par  Lesson,  avec  une  peau  qui  a  été 
donnée  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  en  1842,  par  M.  Larcher.  Nous  les 
avons  trouvés  assez  conformes. 

»  Nous  y  ajouterons  tout  à  l'heure  ceux  que  présentent  la  forme  générale 
de  la  tète  et  le  système  de  dentition,  en  les  comparant  aux  têtes  d'origine 
du  cap  de  Bonne-Espérance,  du  Nil  Blanc  et  de  l'Abyssinie,  qui  font  partie 
des  collections  d'Anatomie  comparée. 

»  Le  volume  des  Mémoires  de  V Académie  des  Sciences  de  Stockholm 
pour  1841,  qui  a  paru  en  1842,  renferme  entre  autres  un  travail  important 
de  Mammalogie,  par  M.  J.  Sundevall,  dans  lequel  sont  nommés  et  caracté- 
risés beaucoup  de  Mammifères  nouveaux  recueillis  dans  l'est  de  l'Afrique 
et  en  Arabie,  par  M.  le  professeur  Hedenborgs. 

»  Il  se  trouvait,  parmi  ces  Mammifères,  une  espèce  à'  Orjctérope  distincte 
de  celle  du  Cap,  dont  ce  voyageur,  à  son  retour  du  Sennaar,  avait  adressé 
trois  peaux  au  musée  de  Stockholm. 

»  Elles  provenaient  d'individus  de  sexes  différents,  tués  près  du  Bahi-el- 
Abiad  ou  du  haut  Nil,  qui  sépare  le  Sennaar  et  l'Abyssinie,  des  contrées 
plus  à  l'ouest  de  cette  partie  de  l'Afrique. 

>>  C'est  encore  des  mêmes  contrées  (du  Nil  Blanc)  que  M.  d'Arnaud 
envoyait,  en  i843,  au  Musée  d'Histoire  naturelle  de  Paris,  deux  peaux 
A'  Orjctérope  adulte,  renfermant  leur  crâne,  dont  un  a  été  déposé  dans  les 
galeries  d'Anatomie  comparée. 

»  Enfin,  ces  galeries  viennent  d'être  enrichies,  par  les  soins  de  M.  An- 
toine d'Abbadie,  d'un  squelette  presque  entier,  provenant  d'un  individu 
tué  en  Abyssinie,  dans  les  environs  de  Gondar,  dont  il  a  été  forcé  de  dé- 
terrer les  os  furtivement,  pour  se  soumettre  aux  préjugés  des  Abyssins. 

»  Il  est  donc  bien  constaté,  en  ce  moment,  que  le  genre  Orjctérope,  au 

(1)  Species  des  Mammifères  Bimanes  et  Quadrumanes ,  suivi  d'un  Mémoire  sur  les  Orycté- 
ropes,  par  M.  B.-P.  Lesson;  Paris,  1840. 


(  777  ) 
lieu  d'être  limité  aux  contrées  les  plus  méridionales  du  continent  africain, 
habite  encore,  comme  Y  Hippopotame,  les  contrées  opposées  de  l'est  et  de 
l'ouest  de  cette  partie  du  globe,  presque  sous  des  latitudes  semblables. 

»  Resterait  cependant  à  confirmer,  par  des  observations  de  détail  sur  les 
différences  que  présenterait  leur  squelette,  si  les  Oryctéropes  de  ces  trois 
origines,  du  Cap,  du  Sénégal  et  du  Nil  Blanc  ou  d'Abyssinie,  forment  réel- 
lement trois  espèces  distinctes?  Tel  est  le  but  principal  de  cette  Note. 

»  Grâce  à  M.  A.  d'Abbadie  (i),  la  comparaison  que  nous  avons  pu  faire  du 
squelette  d'Abyssinie,  avec  les  deux  squelettes  du  Cap  que  possède  le  Musée 
d'Anatomie  comparée,  nous  a  mis  à  même  de  confirmer  cette  distinction 
spécifique  relativement  à  l'Oryctérope  d'Abyssinie,  et  de  montrer  que  c'est 
la  même  espèce  que  l'Oryctérope  du  Nil  Blanc,  dont  la  détermination  est 
due,  en  premier,  lieu  à  M.  I.  Sundevall. 

»  Nous  ajouterons  quelques  caractères  distinctifs  à  ceux  déjà  indiqués 
par  ce  savant,  en  étendant  notre  comparaison  à  la  tête  osseuse  non-seule- 
ment de  notre  squelette  d'Abyssinie,  mais  encore  à  celle  de  l'Oryctérope 
du  Nil  Blanc,  rapportée  par  M.  d'Arnaud,  et  qui  a  conséquemment  la  même 
origine  que  les  peaux  examinées  par  M.  Sundevall. 

»  Suivant  M.  Sundevall,  la  tête  et  les  pieds  postérieurs  sont  plus  courts 
à  proportion  dans  Y Orjctérope  d'Ethiopie  que  dans  X Oryctérope  du  Cap. 
Il  suppose  que  leur  taille  est  la  même. 

»  A  en  juger  par  les  deux  squelettes  que  nous  avons  sous  les  yeux,  dont 
l'un  est  adulte  et  l'autre  a  encore  ses  épiphyses,  comme  le  squelette  de 
M.  d'Abbadie,  l'espèce  du  Cap  atteindrait  de  plus  fortes  dimensions  que 
l'espèce  d'Abyssinie. 

»  La  forme  du  museau  et  de  la  face  différeraient  sensiblement  dans  les 
deux  espèces.  Celle  du  Cap  a  le  profil  plus  droit.  Le  museau  paraît  bombé 
à  sa  base,  s'abaisse  et  se  rétrécit  sensiblement  dès  le  milieu  de  sa  longueur, 
dans  l'Oryctérope  d'Abyssinie. 

»  Le  trou  occipital  est  rond  dans  cette  dernière  espèce.  Il  est  transversal, 
plus  large  que  long  et  plus  grand  à  proportion  dans  l'Oryctérope  du  Cap. 

»  Ajoutons  que,  dans  l'une  et  l'autre  espèce,  nous  avons  trouvé  un  petit 
condyle  supplémentaire  plus  en  dedans  et  plus  bas  que  lecondyle  principal, 
qui  n'en  est  distinct  que  par  une  échancrure.  C'est  une  conformation  qui 
se  rapproche  de  celle  découverte  par  M.  le  professeur  Rapp  dans  le  Tatou 

(i)  Voir  sa  Note,  Comptes  rendus,  tome  XXXIV,  page  ioo. 


(  77»  ) 

géant ,  qui  a  deux  petits  condyles  rapprochés  sur  la  ligne  médiane,  et  séparés 
des  grands  par  un  intervalle  plus  étendu  que  chez  nos  Oryctéropes. 

»  Il  y  a  de  plus,  dans  la  mâchoire  inférieure,  plusieurs  caractères  diffé- 
rentiels importants.  Les  branches  de  cette  mâchoire  sont  plus  longues  dans 
Y  Oryctérope  du  Cap;  la  partie  montante,  à  la  fois  plus  large  et  plus  haute, 
depuis  son  angle  arrondi  jusqu'à  l'apophyse  postérieure  qui  la  termine. 
Cette  apophyse  est  plus  bas  dans  Y  Oryctérope  d'Abyssinie,  ainsi  que 
l'échancrure  qui  la  sépare  de  l'apophyse  condyloïde.  De  sorte  que  la  surface 
d'attache  du  muscle  masseter  est  triangulaire  et  montre  de  profondes 
impressions. 

»  Cette  forme  de  la  branche  montante  rapproche  un  peu  davantage  cette 
espèce,  des  Mammifères  carnivores;  et  les  impressions  musculaires,  qui  in- 
diquent des  muscles  plus  forts,  sembleraient  montrer,  dans  Y  Oryctérope 
d'' '  Abyssinie,  des  habitudes  plus  carnassières,  ainsi  que  l'indiquent  les  ren- 
seignements recueillis  par  M.  d'Abbadie  sur  les  mœurs  de  cet  animal.  Le 
nom  de  déterreur  de  cadavres,  que  lui  donnent  les  Abyssins,  fait  penser 
qu'il  est  loin  de  se  contenter  de  fourmis,  et  qu'il  recherche  les  chairs 
décomposées. 

»  Les  dents  des  Oryctéropes  se  distinguent  de  toutes  celles  des  autres 
Mammifères  par  leur  structure,  déjà  reconnue  par  M.  Cuvier  dans  la  pre- 
mière édition  des  Leçons  d'Anatomie  comparée.  Elles  sont  sans  racine,  et 
montrent  une  surface  triturante  unie,  horizontale,  ou  tant  soit  peu  inclinée 
dans  différents  sens  et  en  biseau  pour  les  petites,  aux  deux  mâchoires. 

»  Nous  les  décrirons  un  peu  différemment  que  les  précédents  observa- 
teurs . 

»  Il  y  a  quatre  arrière-molaires,  dont  la  première  est  cylindrique  et 
simple,  dont  la  seconde  et  la  troisième  se  composent  de  deux  cylindres 
soudés. 

»  La  quatrième  ou  dernière  arrière-molaire  montre  encore  plus  ou  moins 
évidemment  des  traits  de  cette  composition  en  double  cylindre  dans  un 
léger  sillon  vertical  de  sa  face  extérieure. 

»  L' Oryctérope  d'Abyssinie  a,  de  plus,  deux  petites  avant-molaires,  dont 
la  première,  qui  est  très-petite  et  tranchante,  paraît  très-caduque.  La  se- 
conde de  ces  petites  molaires,  un  peu  moindre  cependant,  a  sa  couronne 
taillée  en  biseau. 

»  Dans  l' Oryctérope  du  Cap,  le  nombre  des  avant-molaires  est  de  trois 
et  même  de  quatre.  Les  premières  sont  rudimentaires,  très-petites,  distantes 
et  tombent  de  bonne  heure.  Ce   caractère  différentiel  d'un  plus  grand 


(  779  ) 
nombre  d'avant-molaires  tient  à  la  plus  grande  longueur  des  mâchoires;  il 
se  remarque  encore  dans  celle  de  la  symphise,  qui  est  plus  longue. 

«  Pour  ne  pas  trop  étendre  cette  Note,  je  n'ajouterai  plus  que  quelques 
mots  sur  le  reste  du  squelette. 

»  Le  bassin  et  les  extrémités  postérieures  sont  très-sensiblement  pins 
courts  dans  YOrjctérope  d'Jbjssinie. 

»  Les  vertèbres  du  sacrum,  au  nombre  de  six  dans  nos  deux  squelettes 
du  Cap,  se  soudent  de  très-bonne  heure. 

»  Il  n'y  en  a  que  cinq,  dans  l'Oryctérope  d'Abyssinie,  qui  ne  sont  pas 
encore  soudées. 

»  Ce  moindre  nombre,  cette  soudure  plus  tardive  des  apophyses  trans- 
verses dans  les  vertèbres  caudales,  sensiblement  moins  épaisses;  sojit 
autant  de  caractères  de  détails  que  nous  pouvons  ajouter  à  ceux  précédem- 
ment énoncés,  pour  distinguer,  comme  espèce,  Y  Orjctérope  dAhjssinie. 

M.  Sundevall  a  remarqué  que  le  premier  des  quatre  doigts  de  devant 
était  le  plus  grand  dans  l'Oryctérope  d'Abyssinie,  tandis  que  c'est  le  second 
dans  l'Oryctérope  du  Cap. 

»  Le  squelette  rapporté  par  M.  d'Abbadie  les  montre  à  peu  près  égaux; 
cependant,  avec  la  différence  de  longueur,  quoique  peu  sensible,  indiquée 
par  M.  Sundevall. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  les  autres  caractères  différentiels  décrits  par  M.  Sun- 
devall, dans  la  couleur  du  pelage,  ainsi  que  ceux  indiqués  par  M.  d'Ab- 
badie, joints  aux  caractères  que  nous  avons  reconnus  dans  le  squelette, 
nous  paraissent  suffisants  pour  en  conclure,  avec  un  certain  degré  de  cer- 
titude, que  les  Orjctéropes  d'Abyssinie  et  "du  Nil  Blanc  (Y Orycteropus 
œtfriopicus ,  Sundevall),  appartiennent  à  une  espèce  distincte. 

»  \J  Orjctérope  du  Sénégal  doit-il  être  distingué  comme  espèce  particu- 
lière de  celui  du  Cap,  ainsi  que  l'a  proposé  feu  Lesson?  Doit-on  la  séparer 
de  l'espèce  du  Nil  Blanc  ou  d'Abyssinie,  dont  nous  venons  d'exprimer  les 
caractères?  A  cause  des  matériaux  que.nous  avons  eus  à  notre  disposition 
pour  essayer  de  résoudre  ces  questions,  nous  nous  sommes  fait  un  devoir 
de  nous  en  occuper  encore. 

»  La  tête  de  Y  Orjctérope  du  Sénégal  a  la  forme  bombée  du  front;  que 
nous  avons  remarquée  dans  l'Oryctérope  d'Abyssinie,  mais  avec  une  forte 
dépression  médiane  au  fond  de  laquelle  se  voit  la  suture  des  deux  frontaux. 

»  Les  os  du  nez  relevés  à  leur  base  sont  déprimés  dans  leur  moitié  anté- 
rieure; tandis  qu'ils  conservent  à  peu  près  le  même  niveau  dans  l'Oryctérope 
du  Cap. 


(  7«o) 

»  Le  système  dentaire  est  plus  fort  que  dans  l'Oryctérope  du  Nil  Blanc. 
La  dernière  molaire  est  plus  évidemment  composée  de  deux  cylindres.,  sur- 
tout à  la  mâchoire  inférieure. 

»  Elle  a,  dans  l'une  et  l'autre  mâchoire,  les  dimensions  de  l'avant-der- 
nière  molaire  de  l'Oryctérope  d'Abyssinie;  tandis  que  les  pénultième  et 
antépénultième  sont  plus  grandes  que  les  dents  du  même  numéro,  dans 
cette  dernière  espèce  (i). 

»  Quant  à  la  forme  de  la  branche  montante  de  la  mâchoire  inférieure, 
elle  a  encore  plus  les  caractères  carnassiers  que  dans  YOryctérope  du  Nil 
Blanc;  l'apophyse  condyloïde  étant  encore  plus  bas. 

»  Le  pelage,  d'ailleurs,  dans  cette  espèce,  est  jaune  clair  sur  le  dos,  et 
d'une  nuance  plus  dorée  sur  la  croupe,  ainsi  que  l'a  décrit  feu  Lesson.  Il  est 
brun  clair  sur  le  dos  et  brun  foncé  sur  la  croupe  dans  l' Oryctérope  du  Cap. 

»  Nous  ajouterons  que  les  individus  de  ces  trois  origines  ont  les  ouver- 
tures des  narines  percées  au  bout  du  museau  et  garnies  d'une  rosette  de  poils 
en  pinceau,  évidemment  destinée  à  protéger  l'organe  de  l'odorat  et  ceux  de 
la  respiration  contre  les  corps  étrangers,  lorsque  l'animal  s'aide  de  son 
groin  pour  fouir  le  sol,  et  sonder  en  flairant  la  direction  qu'il  doit  prendre 
pour  découvrir  une  proie. 

»  La  communication  à  l'Académie  de  cette  simple  Note,  qui  devait  faire 
le  sujet  d'un  Rapport  adopté  et  signé  par  notre  honorable  collègue  M.  Isi- 
dore Geoffroy-Saint-Hilaire,  le  jour  même  de  l'élection  de  M.  A.  d'Abbadie 
comme  Correspondant,  aurait  eu  pour  but  de  montrer  que  le  soin  qu'il  avait 
eu  de  recueillir  en  Abyssime  un  squelette  presque  complet  d'Oryctérope, 
avait  contribué  à  avancer  la  connaissance  de  ce  genre  si  particulier. 

»  Notre  communication  trouvera  peut-être  encore  aujourd'hui  son 
excuse  dans  les  réflexions  suivantes  : 

»  Tout  ce  qui  peut  contribuer  à  éclairer  les  questions  difficiles  sur  les 
différences  qui  caractérisent  les  espèces,  ou  de  simples  variétés,  est  d'un 
grand  intérêt  pour  la  science.  D'un*  côté,  ces  questions  tiennent  à  la  distri- 
bution géographique  des  espèces;  de  l'autre,  elles  servent  à  éclairer  les 
limites  des  variations  d'une  même  espèce  par  les  influences  climatériques. 

Nous  ferons,  à  l'égard  des  Oryctéropes  du  Cap,  du  Sénégal  et  de  V  Abys- 

(1)  Les  cinq  dernières  dents  de  la  mâchoire  supérieure  occupent  une  longueur  de  om,o5a 
dans  l'Oryctérope  du  Sénégal,  et  seulement  de  om,o48  dans  l'Oryctérope  du  Nil  Blanc. 

A  la  mâchoire  inférieure,  les  mêmes  dents  occupent  une  ligne  de  om,o56  de  long  dans  la 
première  espèce ,  et  de  om,o48  dans  la  seconde. 


(  78'  ) 
sinie,  une  remarque  qui  est  uniforme  à  celle  que  nous  avons  faite  au  sujet 
des  Hippopotames  de  ces  trois  origines  (i). 

»  UOrjctérope  du  Sénégal,  quoique  différent  de  celui  à'  Abjssinie,  lui 
ressemble  cependant  davantage  qu'à  celui  du  sud  de  l'Afrique,  qui  constitue 
une  espèce  bien  distincte  des  Oryetéropes  des  deux  autres  origines. 

»  Enfin  notre  excuse  se  trouvera  encore  dans  l'énoncé  de  plusieurs  carac- 
tères tirés  du  squelette,  qui  montreront  surabondamment  que  l'anatomie 
comparée  doit  servir  de  base  à  la  zoologie  et  de  pierre  de  touche  à  ses  clas- 
sifications. » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient 
de  faire  dans  la  personne  d'un  de  ses  Correspondants  pour  la  Section  de 
physique,  M.  de  Haldat. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

L'Académie  reçoit  deux  Mémoires  adressés  au  concours  pour  le  prix 
concernant  l'amélioration  de  la  navigation  par  la  vapeur. 

(Renvoi  à  la  future  Commission.) 

médecine.  —  La  physiologie  de  l'épilepsie  et  de  l'apoplexie  d'origine 
inorganique  ;  par  M.   Marsh  al  Hall. 

(Commissaires,  MM.  Magendie,  Serres,  Flourens.) 

«  Dans  les  observations  qui  suivent,  je  sépare  entièrement  les  cas  d'épi- 
lepsie  et  d'apoplexie  d'origine  inorganique  de  ceux  qui  résultent  de  lésions 
organiques  antérieures,  soit  récentes,  soit  déjà  invétérées  ou  même  congé- 
niales.  Ces  épilepsies  et  apoplexies  peuvent  survenir  à  tous  les  âges,  dans 
l'enfance,  dans  l'âge  adulte  ou  déjà  un  peu  avancé;  peuvent  cesser  entière- 
ment, pour  revenir  à  des  intervalles  variables  et  même  prolongés  de  plu- 
sieurs années. 

»  Il  arrive  des  cas  pour  lesquels  il  est  impossible  d'abord  de  dire  s'ils 
sont  épileptiques  ou  apoplectiques,  la  question  pouvant  être  décidée  seule- 
ment par  des  événements  ultérieurs;  ce  qui  m'autorise  à  dire,  dès  à  présent, 
que  ces  deux  maladies  sont,  en  effet,  identiques,  et  ne  diffèrent  que  par  le 
centre  nerveux  principalement  affecté. 

(i)  Voir  les  Comptes  rendus  des  séances  des  6  octobre  1846;  4  j'un  et  I0  septembre  1849- 
C.  R.,  i85a,  im*  Semestre.  (T.  XXXV,  N«  22  1  Io3 


(  78a  ) 

»  Je  dois  dire  aussi  que  c'est  dans  ma  clientèle  particulière  que  j'ai 
puisé  les  faits  récents  et  très-nombreux  qui  font  les  bases  des  opinions 
que  je  vais  émettre,  et  non  dans  les  hôpitaux,  où  l'on  ne  rencontre  guère 
que  les  maladies  déjà  organiques.  C'est  dans  mon  cabinet  que  j'ai  pu 
réunir,  probablement  plus  que  tout  autre,  les  cas  particuliers  de  ce  genre, 
et  poursuivre  leur  étude  spéciale. 

»  Aussi  les  cas  d'épilepsie  ou  d'apoplexie,  dont  il  est  question,  peuvent 
être  les  plus  petits  maux,  ou  les  plus  grands;  peuvent  cesser  sans  laisser 
aucun  effet  permanent,  ou  en  laissant  le  coma,  la  folie,  la  paralysie,  la 
contracture,  la  démence,  etc. 

»  Je  crois  avoir  fait  un  pas  dans  la  recherche  des  maladies  des  centres 
nerveux  en  établissant  ce  premier  diagnostic  entre  les  accès  d'origine  inor- 
ganique et  d'origine  organique. 

»  §  I.  Idée  de  l'épilepsie  et  de  l'apoplexie  d'origine  inorganique.  —  L'é- 
pilepsie  et  l'apoplexie  simples  (selon  l'expression  d'Abercombie,  relative 
à  la  dernière  de  ces  deux  maladies),  ou  paroxysmale,  c'est-à-dire,  d'origine 
inorganique,  sont  des  actions  directes  ou  réflexes  diastaltiques  des  muscles 
du  cou  (trachelismus),  du  larynx  (  larjngismus)  ou  des  deux,  suivies  de  leurs 
effets  sur  la  circulation  veineuse  de  cette  région  et  des  centres  nerveux. 

»  Cette  idée  de  l'épilepsie  et  de  l'apoplexie  doit  être  nouvelle,  puisqu'elle 
découle  de  nos  connaissances  du  système  spinal  diastaltique,  elles-mêmes 
nouvelles.  En  effet,  l'application  du  principe  des  actions  diastaltiques  à  la 
physiologie  date  de  vingt  ans;  l'application  de  ce  même  principe  à  la  patho- 
logie date  d'aujourd'hui. 

»  §  II.  Des  causes  de  l'épilepsie  et  de  l'apoplexie  d'origine  inorganique.  — 
Les  causes  des  accès  de  l'épilepsie  ou  de  l'apoplexie  d'origine  inorganique 
se  divisent  principalement  en  deux  catégories  :  i°  celles  des  émotions  ou  des 
causes  morales,  la  colère,  la  frayeur,  etc.  ;  i°  celles  des  irritations  physiques, 
la  dentition,  les  aliments  indigestes,  les  rétentions  intestinales,  les  excita- 
tions utérines,  etc. 

»  Les  premières  agissent  sur  le  système  spinal  diastaltique  en  ligne  di- 
recte, c'est-à-dire  depuis  le  siège  des  passions,  à  travers  le  centre  spinal,  sur 
les  muscles.  Ces  actions  pourraient  être  nommées  cflta-staltiques. 

»  Les  causes  de  la  seconde  catégorie  agissent  en  ligne  réflexe  dia- 
stal  tique. 

»  Que  ces  actions  catastaltiques  et  diastaltiques  s'exercent  principalement 
au  cou  et  au  larynx,  nous  en  serons  moins  surpris  si  nous  songeons  à  la 
distribution  extraordinaire  de  nerfs,  provenant  de  la  moelle  allongée  en 


(  783) 
cette  région  et  à  cet  organe  :  il  y  a  deux  branches  remarquables  comme 
descendantes  :  une  récurrente;  une  accessoire. 

»  Les  causes  morales  et  les  causes  physiques,  sur  lesquelles  j'ai  attiré  l'at- 
tention, sont  également  remarquables  pour  leur  choix  de  cette  même  ré- 
gion et  de  ce  même  organe  comme  sièges  de  leur  influence.  Il  est  proverbial 
qu'on  suffoque  par  le  chagrin,  par  la  colère.  Mille  fois  j'ai  vu  et  fait  voir  le 
trachélisme  et  le  laryngisme  comme  effets  des  indigestions,  des  irritations 
utérines  périodiques ,  etc.  ;  mille  fois  j'ai  fait  répéter,  et  même  j'ai  fait  écrire 
des  descriptions  pleines  d'intérêt  aux  malades  qui  ont  été  les  sujets  de  ces 
mouvements  de  trachélisme  et  de  laryngisme,  en  les  associant  avec  les  causes 
que  je  riens  d'énumérer. 

»  On  sait  que  des  causes  morales  et  physiques,  le  dégoût,  l'irritation  de 
l'estomac,  des  intestins,  font  vomir  par  des  actions  diastaltiques  non  moins 
spéciales  et  bien  plus  compliquées  encore. 

»  Enfin,  c'est  par  une  observation  bien  soutenue,  bien  répétée  et  bien 
attestée,  que  je  crois  avoir  établi  ces  faits. 

»  §111.  Des  arcs  nerveux  diastaltiques  de  l'épi lepsie  et  de  l'apoplexie 
inorganiques.  —  Les  causes  de  l'épilepsie  et  de  l'apoplexie  d'origine  inorga- 
nique agissent  par  des  arcs  nerveux  diastaltiques  bien  distincts.  Ce  fait 
sera  très-évident  en  parcourant  la  table  suivante  : 

I.  Les  émotions  agissent  par  la  moelle  II.  Les  irritations  agissent  par  la  moelle 
allongée  des  nerfs  exodiques.  allongée  des  nerfs  eisodiques. 

i.  Le  facial.  i.  Le  trifacial. 

2.  Le  glosso-pharyngial.  2.  Le  pneumogastrique. 

3.  Le  pneumogastrique.  3.  Les  spinaux. 
4-  L'accessoire. 

5.  L'hypoglossal. 

»  Les  émotions  ou  causes  morales  agissent  en  ligne  directe,  de  l'encé- 
phale par  la  moelle  allongée  et  par  les  nerfs  exodiques. 

»  Les  irritations  ou  causes  physiques  agissent  par  les  nerfs  eisodiques,  la 
moelle  allongée  et  les  nerfs  exodiques. 

u  Selon  les  muscles  ainsi  excités  à  se  contracter,  c'est  le  trachélisme,  le 
laryngisme  ou  tous  deux. 

»  Je  n'ai  pas  besoin  de  dire  qu'avec  ces  phénomènes,  d'autres  muscles 
sont  aussi  appelés  en  contraction  :  dans  le  cas  du  trachélisme,  ce  sont  les 
muscles  de  la  figure,  des  membres,  etc.,  dans  toutes  les  combinaisons  pos- 
sibles; dans  le  laryngisme,  c'est  souvent  la  convulsion  générale. 

io3.  . 


(  784  ) 

»  §  IV.  Du  trachélisme  et  du  laryngisme  spasmodiques  et  de  leurs  effets. 
—  Les  actions  que  j'ai  décrites  sont  toutes  spasmodiques. 

»  Le  trachélisme  prend  souvent  la  forme  du  torticolis.  Souvent  la  tète 
n'est  pas  tournée,  mais  seulement  fixée  roide.  Dans  d'autres  cas,  le  traché- 
lisme est  moins  évident  ;  et  dans  l'apoplexie,  il  est  même  tout  à  fait  latent 
et  reconnu  seulement  par  ses  effets.  Il  est  toujours  de  nature  spasmodique, 
quelque  obscur  que  cela  puisse  être. 

»  Les  veines  sont  comprimées  par  ce  trachélisme  ,  d'où  viennent  gonfle- 
ment et  purpurescence  du  cou  et  de  la  figure.  Dans  les  cas  où  le  laryngisme 
est  ajouté  au  trachélisme,  il  y  a  des  efforts  de  respiration  infructueux,  avec 
enflure  et  purpurescence  augmentée,  et  même  quelquefois  des  ecchymoses 
sur  les  tempes,  les  paupières,  etc. 

»  Tel  est  l'état  des  veines  extérieures,  tel  est  celui  des  veines  de  l'en- 
céphale ;  d'où  tous  les  phénomènes  cérébraux  et  spinaux  de  l'épilepsie  et 
de  l'apoplexie  :  le  vertige,  l'oubli,  le  délire,  la  confusion  d'esprit;  les  affec- 
tions spasmodiques  ou  paralytiques  les  plus  fugaces  ou  les  plus  terribles,  et 
les  plus  persistantes;  le  petit  mal,  le  haut  mal,  l'apoplexie  et  l'hémiplégie  les 
plus  fortes. 

»  §  V.  De  l'épilepsie  et  de  l'apoplexie  trachéliennes .  —  J'ai  vu  bien  des 
malades  qui  ne  se  sont  plaints  que  de  sensations  d'étranglement  par  le  cou 
ou  le  larynx;  quelquefois  avec  des  vertiges  ou  des  étourdissements,  quelque- 
fois avec  des  contractions  évidentes  des  muscles. 

»  Quelquefois  il  y  a  des  actions  spasmodiques  des  muscles  des  yeux,  de 
la  figure,  etc.  ;  quelquefois  il  y  a  paralysie  passagère  de  la  parole  ou  des 
doigts,  etc.,  de  sorte  que  le  malade  ne  peut  parler  ni  écrire.  Le  premier  cas 
est  l'épilepsie  trachélienne,  le  second  l'apoplexie  trachélienne.  Elles  sont 
ordinairement  paroxysmales,  cessent  tout  à  coup;  ou,  si  elles  sont  mortelles, 
ne  laissent  pas  de  lésions  appréciables  à  l'autopsie.  M.  Andral  a  un  beau 
chapitre  sur  le  sujet  des  congestions  cérébrales  saus  lésion  organique. 

»  §  VI.  De  l'épilepsie  et  de  V apoplexie  laryngiennes.—  Quelquefois  les 
effets  spasmodiques  du  cou  sont  beaucoup  plus  graves;  quelquefois  ces 
effets  ne  sont  pas  limités  au  cou,  et  alors  il  y  a  laryngisme  spasmodique, 
avec  cri,  dyspnée,  apnée,  efforts  respiratoires,  convulsions  générales. 

»  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  il  survient  du  coma.  Ce  coma  peut  devenir 
grave  à  son  tour,  et  alors  il  s'y  joint  le  stertor,  autre  espèce  de  laryngisme 
qui  s'appelle  laryngisme  paralytique. 

»  Le  laryngisme  spasmodique,  effet  de  l'irritation,   s'accompagne  d'ini- 


(  785) 

tation  du  nerf  pneumogastrique,  à  son  tour,  et  il  y  a  dans  bien  des  cas, 
palpitation  du  cœur,  irritation  à  l'estomac,  bile  et  urines  anormales  ;  état 
qui  a  du  rapport  avec  ce  qui  s'observe  dans  les  expériences  où  le  pneumo- 
gastrique est  excité  par  le  galvanisme,  etc. 

»  Le  laryngisme  paralytique  est  l'effet  de  la  compression  de  la  moelle 
allongée  produite  par  la  congestion  de  l'encéphale.  Il  ressemble  aux  effets 
de  la  division  du  récurrent  dans  les  belles  expériences  de  Legallois. 

»  Et  comme  le  laryngisme  spasmodique  s'accompagne  d'irritation  du 
nerf  pneumogastrique,  le  laryngisme  paralytique  est  associé  avec  les  phéno- 
mènes qui  suivent  la  section  du  tronc  de  ce  nerf  important  :  les  bronches, 
les  poumons,  l'estomac,  sont  frappés  de  paralysie;  il  y  a  des  râles  muqueux 
bronchiaux,  sans  toux,  distension  de  l'estomac,  etc.  Ce  sujet  demande  de 
nouvelles  expériences  et  de  nouvelles  observations. 

»  C'est  ainsi,  et  par  l'occlusion  du  larynx,  que  l'apoplexie  épileptique  et 
l'apoplexie  simple,  ou  de  congestion,  est  mortelle.  Il  y  a  laryngisme  paraly- 
tique, sterior,  coma  augmenté,  râle  bronchique,  asphyxie  lente,  et  mort. 

»  §  VII.  Conséquences  des  attaques  d'épilepsie  et  d'apoplexie.  —  Un  accès 
épileptique  est  une  surexcitation  de  la  moelle  allongée,  centre  des  arcs 
diastaltiques  nerveux;  il  s'ensuit  un  état  d'épuisement  nerveux;  ensuite 
une  réaction  qui  va  à  l'excès,  d'où  susceptibilité  à  de  nouvelles  attaques. 
Il  arrive  d'ordinaire  qu'une  fois  épileptique,  le  malade  l'est  pour  long- 
temps, et  même  quelquefois  pour  toujours. 

»  Cet  état  peut  se  comparer  avec  l'expérience  de  la  décapitation  de  la 
grenouille  :  dans  les  premiers  moments,  il  n'y  a  pas  d'actions  diastaltiques  ; 
bientôt  ces  actions  reviennent;  plus  tard,  elles  sont,  en  quelque  sorte, 
plus  vives  que  dans  l'état  naturel  comme  il  arrive  dans  le  narcotisme. 

»  Le  plus  souvent  les  attaques  d'épilepsie  et  d'apoplexie  simples,  laissent 
le  coma  ;  quelquefois  il  reste  délire  ou  folie  ;  souvent  il  y  a  paralysie  ou 
spasmoparalysie;  enfin,  démence,  paralysie  générale,  etc.  Qui  ne  voit  pas 
que  ces  cas  sont  plutôt  différentes  phases  de  la  même  maladie  que  des  mala- 
dies distinctes? 

»  Enfin,  une  attaque  d'épilepsie  a  souvent  lieu  pendant  la  nuit,  ou  lorsque 
le  malade  est  sorti  de  la  maison.  Elle  est  alors  cachée  aux  yeux  de  ses  amis, 
souvent  même  de  son  médecin,  et  les  effets,  qui  persistent,  sont  pris  pour 
une  encéphalite,  un  ramollissement,  etc. 

»  §  VIII.  Du  traitement  de  l'épilepsie  et  de  l'apoplexie  d'origine  inor- 
ganique. —  Jusqu'ici  l'épilepsie  a  été  regardée  comme  incompréhensible. 
Son  traitement  a  donc  été  un  pur  empirisme. 


(786) 

»  Les  causes  du  mal  doivent  être  éloignées.  Les  états  anormaux  et  mor- 
bifiques  de  l'estomac  et  des  intestins  doivent  être  corrigés.  J'ai  eu  à  me 
louer  des  bons  effets  d'apéritifs  alcalins.  L'excitabilité  augmentée  de  la 
moelle  allongée,  laissée  parles  attaques,  doit  être  diminuée.  Je  crois  m'être 
aperçu  des  bons  effets  de  la  jusquiame  pour  arriver  à  cet  objet.  Lorsque 
les  attaques  ont  été  nombreuses  et  qu'elles  ont  laissé  le  teint  pâle  et  blême, 
épileptique  enfin,  avec  maigreur,  faiblesses,  etc.,  j'ai  prescrit  le  cinquan- 
tième d'un  grain  d'acétate  de  strychnine,  trois  fois  par  jour,  pendant 
plusieurs  mois,  avec  un  grand  succès,  comme  tonique  spinal.  J'attache 
surtout  de  l'importance  au  régime  du  malade  :  les  exercices,  les  aliments, 
les  excrétions,  etc. 

»  Je  conclus  par  cette  observation  essentielle  :  c'est  que  les  dangers  de 
l'épilepsie  et  de  l'apoplexie  d'origine  inorganique,  toutes  les  fois  qu'ils  dé- 
pendent du  laryngisme,  spasmodique,  ou  paralytique,  sont  éloignés  par  la 
trachéotomie,  moyen  qui  a  évidemment  cette  valeur,  ni  plus,  ni  moins  ; 
moyen  qui  a  déjà  sauvé  la  vie  à  deux  malades,  restauré  l'intelligence,  à  un 
certain  degré,  à  deux  autres,  et  empêché  le  retour  des  accès  d'épilepsie  à 
deux  d'entre  eux.  » 

physiologie  végétale.  —  Etudes  expérimentales  sur  L'action  des  sels,  des 

bases,  des  acides  et  des  matières  organiques  sur  la  végétation  (première 

partie)  ;  par  M.  Ad.  Chatin.   (Extrait  par  l'auteur.  ) 

(Commissaires,  MM.  Boussingault,  Payen,  Decaisne.) 

«  L'expérimentation  dont  je  fais  connaître  les  résultats  a  été  faite  à  Mor- 
mant,  sur  le  domaine  de  M.  Guilloteaux;  elle  a  porté  sur  un  arpent  de  terre 
argilosiliceuse,  qui  venait  d'être  soumise  aux  assolements  de  la  rotation  sui- 
vie à  Béchelbronn,  chez  M.  Boussingault. 

»  Le  ier  avril  i85a,  la  plantation  fut  faite  à  la  pioche(apres  trois  labours), 
en  plein  champ,  loin  de  bordures  d'arbres  et  de  rigoles,  qui  eussent  pu  faire 
varier  les  conditions  communes,  qui  devaient  être  aussi  égales  que  possible. 
Elle  se  compose  de  lignes  de  100  mètres  de  longueur,  distantes  les  unes  des 
autres  de  om,8o,  et  placées  tant  parallèlement  que  bout  à  bout.  Chaque 
substance  à  essayer  comptait  a-4  lignes,  séparées  sur  des  points  diffé- 
rents. 

»  Des  lignes  à  blanc  isolaient  chacune  des  lignes  additionnées  de  sels; 
des  lignes  ayant  reçu  une  bonne  demi-fumure  étaient  cà  et  là  intercalées 
dans  des  lignes  à  blanc,  et  encadraient  le  tout;  sur  chacune  des  lignes,  les 
tubercules  étaient  distants  de  o™,8o. 


(  7»7) 
»  Les  sels,  préalablement  mis  en  poudre,  ont  été  déposés  dans  les  trous 
autour  des  tubercules  ;  leur  poids  correspondait  aux  quantités  suivantes, 
qui  représentent  ce  qui  eût  dû  être  employé  de  chacun  d'eux  par  hectare  : 


kil  Ml 

Chlorhydrate  d'ammoniaque. .  .  i 35, 625 

Sulfate  de  chaux  calciné i6o,5oo 

Sulfate  de  magnésie   275 

Sulfate  de  zinc 335, 705 

Sulfate  de  manganèse 2^9 

Sulfate  de  fer 3o4,6o?. 

Sulfate  de  cuivre 289,602 

Acétate  de  plomb 445»  120 

Sulfate  de  plomb 355, 25o 


Carbonate  de  potasse 161  ,25o 

Sulfate  de  potasse 2o4,5oo 

Nitrate  de  potasse 237  ,5oo 

Chlorure  de  potassium 193,500 

Carbonate  de  soude  sec 1 25 

Sulfate  de  soude  cristallisé 246,600 

Nitrate  de  soude 204, 25o 

Phosphate  de  soude  effleuri. .  .  .  160, 25o 

Chlorure  de  sodium i3^  ,307 

Sulfate  d'ammoniaque i53,3o7 

»  La  végétation  des  parties  vertes,  très-vigoureuse  chez  les  pommes  de 
terre  additionnées  de  sels  d'ammoniaque  et  de  phosphate  alcalin,  fut,  au 
contraire,  très-maigre  chez  celles  qui  avaient  reçu  du  sulfate  de  magnésie,  du 
sulfate  de  soude,  du  chlorure  de  sodium,  de  l'acétate  de  plomb,  et  surtout 
des  sulfates  de  zinc  et  de  cuivre.  La  durée  de  la  vie  des  fanes  fut  en  raison 
de  leur  vigueur.  C'est  ainsi  que  quelques  parties  vertes  existaient  encore  le 
3o  août  sous  l'influence  du  sel  ammoniac,  tandis  que,  dès  le  5  du  même 
mois,  l'action  des  sels  de  cuivre  et  de  zinc  avait  fait  disparaître  toute  trace 
de  végétation. 

»  Le  ("septembre,  la  récolte  fut  faite  simultanément  (relativement  trop 
tôt  pour  celles  des  pommes  de  terre  qui  avaient  conservé  leurs  parties 
aériennes  le  plus  longtemps).  La  moyenne  des  récoltes  correspondant  à 
chaque  substance  employée  est  portée  au  tableau  suivant,  où  le  produit 
d'une  ligne  de  100  mètres  est  traduit  en  hectare  par  1  x  120. 

Substances  ajoutées  au  sol,  et  moyennes,  par  hectare,  du  produit  en  tubercules. 


kil 

Fumier 23820,200 

Sulfate  d'ammoniaque 21  >j5o 

Chlorhydrate  d'ammoniaque.  21  1 56, 200 

Phosphate  de  soude i853o,2oo 

Carbonate  de  potasse 16875 

Sulfate  de  chaux 16790,600 

Nitrate  de  potasse 16750 

Sulfate  de  potasse '^937 

Nitrate  de  soude i5  375 

Chlorure  de  potassium i5ooo 


kil 

Carbonate  de  soude i4o62,5oo 

Sulfate  de  plomb i38i2,5oo 

Sulfate  de  fer. ...    1 3  562 ,  5oo 

Sulfate  de  manganèse i3 3^5 

Sulfate  de  soude 12  750 

Sulfate  de  magnésie 12  718,700 

Acétate  de  plomb i2  5i2,5oo 

Chlorure  de  sodium 12  187  ,5oo 

Sulfate  de  zinc ...  11  437  ,5oo 

Sulfate  de  cuivre 11  437 ,  5oo 


Rien  ou  à  blanc i47o3kii,ioo. 


(  788  ) 

»  D'où  l'on  voit  que  la  moitié  des  substances  essayées  a  augmenté  le 
produit  du  sol  à  blanc,  tandis  que  l'autre  moitié  l'a  diminué;  que  les  sels 
d'ammoniaque,  dont  l'action  est  presque  égale  à  celle  du  fumier,  et  qui  ont 
porté  le  rendement  de  100  à  i5o,  tiennent  la  tête  des  substances  favorables, 
tandis  que  les  sulfates  de  zinc  et  de  cuivre  ont  été  même  plus  nuisibles  que 
le  chlorure  de  sodium  et  l'acétate  de  plomb.  On  remarquera  peut-être  d'au- 
tant plus  qu'on  pouvait  moins  s'y  attendre,  qu'à  l'exception  du  phosphate 
et  du  nitrate,  tous  les  sels  de  soude  ont  nui,  tandis  que  les  sels  de  potasse 
ont  été  favorables  sans  exception,  et  que  loin  du  sulfate  de  chaux,  dont 
,.  l'action  a  été  très-bonne,  se  trouve  le  sulfate  de  magnésie,  qui,  par  son 
*  influence  fâcheuse,  se  place  près  de  l'acétate  de  plomb  et  du  sel  marin. 
»  Quoique  les  premières  expériences  aient  été  faites  avec  des  sels,  on 
comprend  qu'elles  puissent  servir  à  apprécier  l'action  spéciale  des  acides  et 
des  bases  qui  entrent  dans  les  premiers  comme  parties  constituantes.  Il  suffi- 
sait, pour  la  recherche  du  pouvoir  des  acides,  d'annihiler  l'influence  des 
bases  qui  leur  étaient  unies  en  la  rendant  commune  à  tous,  ce  qui  laissait  les 
acides  seuls  en  comparaison;  et,  pour  l'évaluation  des  bases,  de  les  consi- 
dérer unies  à  un  même  acide.  Or,  cette  recherche  conduit  (dans  les  condi- 
tions de  sol,  d'espèce  végétale,  etc.,  où  nous  nous  sommes  placés)  à  dis- 
poser ainsi  ces  corps,  dans  l'ordre  de.  leur  action  favorable  décroissante  : 
Bases  :  ammoniaque,  chaux,  potasse,  fer,  manganèse,  soude,  magnésie, 
plomb,  zinc  et  cuivre;  acides  :  phosphorique,  nitrique  et  carbonique  ou 
sulfurique,  chlorhydrique. 

»  La  comparaison  de  l'action  si  différente  des  nitrates  de  potasse  et  de 
soude  d'une  part,  du  sulfate  et  chlorhydrate  d'ammoniaque  d'autre  part, 
contenant  les  uns  et  les  autres  le  même  équivalent  d'azote,  conduit  à  cette 
conclusion  :  Qu'il  n'est  pas  indifférent  d'offrir  aux  plantes  l'azote  engagé 
dans  telle  ou  telle  combinaison  chimique. 

»  Toutes  les  substances  minérales  sont-elles  absorbées  par  les  plantes  ? 
Conformément  aux  travaux  et  aux  idées  de  MM.  Payen  et  Boussingault, 
l'azote  des  engrais  n'est-il  absorbé,  et  n'agit-il  utilement  que  lorsqu'il  a 
préalablement  été  amené  à  l'état  de  combinaison  ammoniacale  ou  d'ammo- 
niaque libre  ?  L'azote  qui  a  pu  pénétrer  dans  les  plantes  à  un  autre  état 
qu'à  celui  d'ammoniaque ,  est-il  assimilable  en  tout  ou  en  partie  ?  Sur  ces 
questions,  que  nous  abordons  à  peine  aujourd'hui,  nous  faisons  seulement 
remarquer  : 

»  Que  la  proportion  de  fer  était  sensiblement  accrue  dans  les  pommes  de 
ferre  soumises  à  l'action  de  ce  corps  ; 


{ 789) 

»  Que  le  cuivre  et  le  plomb  ont  pu  être  facilement  décelés  ; 
»  Que  les  nitrates  existaient  en  nature  dans  les  tubercules  développés 
soug  leur  influence.   » 

chimie.  —  De  l'analyse  qualitative  et  quantitative  de  l'iode,  et  de  sa  se'pa- 
ration  du  brome  et  du  chlore,  au  moyen  de  la  benzine  et  de  l'azotate 
d'argent;  par  M.  Ed.  Moride. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Pelouze,  Balard.) 

«  La  benzine  a  la  propriété  de  dissoudre  l'iode  partout  où  elle  le  rencontre 
à  l'état  de  liberté. 

»  La  couleur  qu'offre  alors  cette  solution  est  d'un  rouge  vif;  elle  devient 
d'autant  plus  foncée  qu'elle  contient  plus  d'iode. 

»  Lorsqu'on  l'expose  à  l'air,  l'iode  se  volatiKse  et  elle  se  décolore. 

»  Vient-on  à  instiller  quelques  gouttes  d'acide  hypo-azotique  dans  un 
liquide  contenant  un  iodure  alcalin,  et  à  y  ajouter,  après  avoir  opéré  le 
mélange,  2  ou  3  grammes  de  benzine,  si  l'on  agite  fortement  le  tout,  la  ben- 
zine ne  tarde  pas  à  monter  à  la  surface  du  liquide  en  prenant  une  couleur 
magnifique  due  à  l'iode  qu'elle  entraîne  avec  elle. 

»  Cette  réaction  permet  de  constater  avec  la  plus  grande  facilité  la  pré- 
sence de  1  milligramme  d'iode  dans  4  litres  d'eau. 

»  Ni  l'éther,  ni  les  essences  de  lavande,  de  citron,  de  térébenthine,  ne 
peuvent  donner,  dans  de  semblables  circonstances,  des  renseignements 
aussi  décisifs. 

»  Le  chloroforme  employé  soit  par  la  méthode  de  M.  Rabourdin,  soit 
par  celle  de  M.  Grange,  dénote  bien,  il  est  vrai,  dans  beaucoup  de  cas,  la 
présence  de  l'iode,  mais  sa  sensibilité  et  la  couleur  qu'il  acquiert  sont  loin 
d'être  aussi  concluantes  que  les  caractères  qu'offre  la  benzine.  Dans  des 
expériences  conduites  avec  précaution,  j'ai  pu,  par  cette  méthode,  déterminer 
la  présence  de  l'iode  partout  où  la  colle  d'amidon  en  indiquait  les  traces,  et 
toujours  l'emploi  de  la  benzine  m'a  paru  donner  des  résultats  plus  satis- 
faisants. 

»  J'ajouterai  à  ces  considérations,  que  si  l'on  peut,  au  moyen  de  la  ben- 
zine, séparer  de  l'eau  d'infiniment  petites  quantités  d'iode,  il  est  aussi  très- 
facile  de  les  doser  quantitativement  par  l'azotate  d'argent  ou  le  mercure 
métallique. 

»  Voici  comment  j'opère  : 

»  Après  avoir  lavé,  à  plusieurs  reprises,  la  benzine  iodée  dans  l'eau  dis- 

C.  K.,l85a..  1™  Semestre.  ï  T.  XXXV ,  N°  22.  )  io4 


(  79°  ) 
tillée,  je  l'enlève  avec  une  pipette  et  je  l'introduis  dans  un  tube  bouché,  où 
îe  l'agite  en  contact  de  quelques  gouttes  d'une  solution  d'azotate  d'argent, 
ou  bien  d'un  poids  connu  de  mercure,  jusqu'à  parfaite  décoloration  de  la 
liqueur. 

»  Je  lave  le  précipité  jaune  d'iodure  d'argent  avec  de  l'alcool  à  33  degrés, 
je  le  jette  sur  un  filtre,  et  je  le  traite  comme  on  fait  pour  le  chlorure  d'ar- 
gent qu'on  veut  peser. 

»  Dans  le  second  cas,  j'agite  le  mercure,  pesé  à  l'avance,  dans  la  solution 
iodée,  et  j'en  détermine  l'augmentation  de  poids.  On  peut  contrôler  ces 
résultats  en  dissolvant,  par  l'iodure  de  potassium  en  excès,  le  proto-iodure 
de  mercure  formé. 

»  Le  brome,  les  bromures  additionnés  d'acides  azotique,  hypo-azotique 
ou  chlorhydrique  étendu,  ne  colorent  nullement  la  benzine;  il  en  est  de 
même  du  chlore  et  des  chlorures.  Le  brome  et  le  chlore  restent  dissous  dans 
les  eaux  qui  servent  à  laver  la  benzine,  et  on  peut  les  en  séparer  à  l'état  de 
précipité  blanc  par  l'azotate  d'argent.  La  benzine,  entraînant  l'iode  sans 
avoir  la  propriété  de  dissoudre  ni  le  brome  ni  le  chlore,  permet  donc  de 
séparer  parfaitement  l'iode  de  ces  deux  derniers  corps  et  de  constater  d'une 
manière  précise  la  présence  de  chlorures  ou  de  bromures  dans  l'iodure  de 
potassium  du  commerce.  » 

chimie    appliquée.   —  Des  différences    observées   dans  l'emploi  du   noir 
animal  en  agriculture;  par  M.  A.  Bobierre.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Boussingault,  Balard.) 

«  Depuis  que  l'emploi  du  noir  animal  des  raffineries  a  donné  à  l'agricul- 
ture de  l'ouest  de  la  France  un  développement  dont  la  production  crois- 
sante des  céréales  a  nettement  établi  l'importance,  des  théories  diverses  ont 
été  émises  sur  l'action  fécondante  de  ce  précieux  engrais.  Un  examen  pro- 
longé des  engrais  introduits  chaque  année  dans  le  port  de  Nantes  par  les 
caboteurs  de  diverses  contrées,  et  notamment  de  France,  de  Hollande  et 
d'Angleterre,  m'a  permis  de  reconnaître  que  l'on  a  confondu  jusqu'à  ce  jour 
sous  un  seul  nom  deux  substances  fécondantes,  essentiellement  distinctes 
au  point  de  vue  pratique  ;  ces  deux  substances  sont  : 

»  i°.  Le  noir  résidu  de  raffinerie  proprement  dit,  matière  riche  en  azote 
et  en  phosphate  calcaire,  et  contenant,  dans  une  heureuse  proportion,  les 
principes  les  plus  utiles  aux  céréales. 

»  a°.  Le  noir  animal,  substance  le  plus  souvent  grenue,  ayant  subi  un 
grand  nombre  de  revivifications,  et  dont  l'emploi  réussit  spécialement  dans  le 


(  791  ) 
défrichement  des  Landes.  Quelques  chiffres  extraits  de  mon  registre  d'ana- 
lyses vont  tout  d'abord  me  permettre  de  formuler  d'une  manière  précise 
la  distinction  que  j'adopte. 


PREMIÈRE  CATÉGORIE.  —  Noir  résidu  de  raffinerie.  Substance  fine  recueillie  sur  les 
filtres  et  ayant  servi  h  la  clarification  au  contact  du  sang  ou  du  blanc  d 'œuf. 


AZOTE 

CHARBON , 

PHOSPHATE 

CARBONATE 

PROVEX ABCES. 

pour 
rooo. 

matière 
organique. 

solubles. 

de 
chaux. 

de 

chaux. 

SILICB.   . 

llAONKSIE. 

Raffinerie  de  Nantes. 

3o 

38 

i,3 

54 

3,8 

2 

°>9 

25 

3i 

1,2 

6o 

4 

3 

o,8 

DEUXIÈME  CATÉGORIE. —  Substance  le  plus  souvent  grenue,  ayant  subi  un  grand 
nombre  de  revivifications  et  dont  la  composition  varie  entre  celles  des  deux  types  suivants 


Russie .  . .  . 
New-York. 


9>2 
7>9 


,7,5 
5,5 


o,5 
o,4 


68,5 
8i 


7 

9 


i,5 


»  Ces  types  généraux  établis,  si  nous  examinons  ce  qui  se  passe  dans  le 
domaine  des  faits  agricoles,  nous  reconnaîtrons  aisément  que  les  discus- 
sions sur  l'action  fécondante  du  noir  animal  eussent  été  promptement  ter- 
minées si,  déprime  abord,  on  avait  tenu  compte  des  qualités  différentes 
de  cette  substance,  ainsi  que  des  modes,  non  moins  différents  de  son 
emploi. 

»  Les  effets  du  noir  riche  en  azote  et  en  phosphate  sur  lès  sols  argilo- 
siliceux  de  la  Bretagne  et  d'une  partie  de  la  VenSée,  sont  parfaitement 
connus.  Il  existe  des  propriétés  dans  lesquelles,  dépuis  vingt  années,  cette 
substance  réussit  à  merveille;  mais,  ce  qu'il  faut  remarquer,  c'est  que  si, 
dans  les  terres  depuis  longtemps  en  culture,  les  noirs  résidus  de  raffinerie* 
sont  les  engrais  surtout  convenables,  en  revanche  les  terres  de  landes  riches 
en  matière  organique  végétale  et  propres  dès  lors  à  favoriser  la  solubilité  des 
phosphates  par  leur  acide  carbonique,  sont  fertilisées  avec  un  grand  avan- 
tage par  le  noir  animal,  alors  même  que  ce  dernier  est  grenu  et  qu'il  ne 
contient  point  de  matière  animale. 

io4-. 


(  792  ) 
»  Ainsi,  deux  faits  bien  tranchés  qu'on  peut  résumer  air  si  : 
»  Pour  les  terres  pauvres  en  substances  organiques,  emploi  du  noir 
azoté  ayant  servi  à  la  clarification . 

»  Pour  les  landes,  terres  chargées  de  substances  organiques,  source  in- 
cessante d'acide  carbonique,  emploi  du  noir  animal  le  plus  souvent 
grenu.  » 

mécanique.  —  Analyse  du  pendule  simple,  abstraction  faite  de  la  résistance 
de  l'air,  et  eu  égard  à  la  rotation  de  la  Terre,  suivie  de  celle  du  mou- 
vement d'un  point  matériel  libre  dans  les  mêmes  circonstances  ;  par 
M.  DiEtt.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  précédemment   nommés   :  MM.  Arago,  Cauchy,  Pouillet, 

Babinet,  Binet.) 

«  Ce  Mémoire  est  divisé  en  deux  parties,  ainsi  que  le  titre  l'indique. 

»  J'ai  démontré,  dans  la  première  partie,  par  des  procédés  analytiques, 
différents  de  ceux  employés  par  M.  Binet,  que  les  lois  de  M.  Foucault  s'ap- 
pliquent par  approximation  au  pendule  simple.  La  déviation  du  plan  d'os- 
cillation, observée  avec  des  pendules  rapprochés  autant  que  possible  des 
conditions  abstraites  du  pendule  simple,  tient  à  ce  que,  dans  deux  oscilla- 
tions consécutives,  le  fil  ne  décrit  pas  complètement  une  certaine  surface 
conique  dont  la  section  droite  est  approximativement  une  ellipse;  et  la 
déviation  est  liée  à  l'ellipticité,  de  telle  sorte  qu'elles  diminuent  en  même 
temps  et  disparaissent  ensemble.  Le  mode  de  suspension  imaginé  par 
M.  Foucault  a  l'avantage  d'atténuer  extrêmement  l'ellipticité  qui  rend  l'ob- 
servation très -difficile,  sans  détruire  la  déviation.  Enfin,  les  anomalies  peu 
considérables  sont  susceptibles  d'être  expliquées  comme  le  phénomène  des 
marées. 

»  Dans  la  seconde  partie,  je  trouve,  en  me  bornant  à  une  certaine  approxi- 
mation, et  en  faisant  abstraction  de  la  résistance  de  l'air  qui  ne  peut  avoir 
une  influence  considérable  sur  les  déviations  :  i°  que  la  trajectoire  d'un 
point  matériel  libre,  projeté  dans  une  direction  Voisine  de  l'horizontale,  est 
l'intersection  de  deux  cylindres  paraboliques,  l'un  à  arêtes  horizontales, 
l'autre  à  arêtes  verticales;  et  que  la  déviation,  à  partir  du  plan  azimutal 
de  la  vitesse  de  projection  (sur  la  droite  d'un  spectateur  qui  regarde  la  tra- 
jectoire au  point  de  départ  quand  on  est  au  nord,  et  sur  la  gauche  quand 
on  est  au  sud),  est  proportionnelle  au  sinus  de  la  latitude  (comme  la  dévia- 
tion du  plan  d'oscillation),  au  carré  de  la  portée  horizontale,  et  inverse  de  la 


(  79*  ) 
vitesse  de  projection  ;  a°  que  la  déviation  a  lieu  vers  l'ouest  quand  le  point  est 
projeté  verticalement  de  bas  en  haut,  vers  l'est  quand  on  le  laisse  tomber,  qua- 
tre fois  plus  grande  dans  le  premier  cas  que  dans  le  second,  et  proportion- 
nelle au  cosinus  de  la  latitude  ;  3°  que  la  vitesse  de  projection  étant  inclinée 
à  l'horizon  d'une  manière  quelconque,  le  sens  et  la  grandeur  de  la  dévia- 
tion dépendent  nécessairement  de  l'orientation  de  cette  vitesse  ainsi  que  de 
l'angle  qu'elle  fait  avec  l'horizon;  mais  que  la  trajectoire  se  projette  tou- 
jours sur  le  méridien  suivant  une  parabole.  Enfin,  j'ai  calculé  les  déviations 
à  la  latitude  de  Paris,  pour  une  vitesse  initiale  de  1 20  mètres  inclinée  à 
45  degrés  et  pour  les  huit  orientations  principales  de  cette  vitesse. 

»  En  terminant,  j'ai  démontré  les  lois  qui  se  rapportent  au  second  et  au 
troisième  cas,  en  m'appuyant  seulement  sur  les  principes  de  la  théorie  des 
rotations.  » 

chimie.  ~~.  Nouvelle  théorie  de  la  fusion  aqueuse  et  du  mode  d'action  de  la 
chaleur  dans  la  fusion,  la  volatilisation  et  la  décomposition  des  corps. 
Lois  nouvelles  régissant  les  propriétés  chimiques  fondamentales ,  la  sta- 
bilité et  la  solubilité  ;  par  M.  Ed.  Robin.  Résumé  des  doctrines  chimiques 
professées  par  l'auteur  ( première  partie). 

(Renvoyé  à  l'examen  de  la  Section  de  Chimie.) 

analyse  mathématique.  —  Principes  du  calcul  différentiel  et  du  calcul 
intégral  rigoureusement  démontrés  par  la  simple  géométrie  et  par  l'al- 
gèbre; par  M.  Jos.  Morand. 

(Commissaires,  MM.  Cauchy,  Liouville,  Binet.  ) 

économie  rurale.  —  De  la  production  des  races  chevalines  de  demi-sang; 

par  M.  Gayot. 

(Commissaires,  MM.  Magendie,  Boussingault,  Rayer.) 

Économie   rurale.  —  Note  sur  l'acclimatation  et  la  culture  du  thé  en 
Algérie;  par  M.  Lia  ri  vii>,  chirurgien-major  de  la  marine. 

(Commissaires,  MM.  de  Jussieu,  Decaisne.) 

médecine.  —  De  l'emploi  thérapeutique  des  séminoïdes  de  ciguë  et  de  la 
conicinedans  les  affections  cancéreuses  et  les  engorgements  réfractaires  ; 
par  M.  Devoy. 

(Renvoyé  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 


(  794  ) 

M.  Laignel  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  sur  une  modi- 
fication qu'il  propose  pour  les  rails  des  chemins  de  fer. 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Morin,  Seguier.^ 

M.  Claude  David  adresse,  à  l'occasion  d'une  communication  faite  dans 
la  séance  du  4  octobre  dernier,  par  M.  Manneville ,  la  réclamation  suivante  : 

«  On  a  soumis  dernièrement  au  jugement  de  l'Académie  un  système  de 
fabrication  de  tonneaux,  dont  la  partie  principale  est  la  confection  des  joints 
de  douves  en  les  courbant  d'avance  sur  un  gabarit,  et  sciant  les  faces  des 
joints  par  des  outils  opérant  dans  un  plan. 

»  Tous  les  géomètres  savent  que  quand  les  douves  sont  redressées,  ces 
faces  des  joints,  de  planes  qu'elles  étaient  pendant  la  courbure,  deviennent 
alors  courbes ,  et,  comme  on  le  dit  dans  les  ateliers,  gauches.  Il  y  a  donc 
avantage  à  faire  les  joints  quand  les  douves  sont  sur  le  gabarit,  et  c'est  là  une 
invention  qui  m'appartient,  que  j'ai  fait  breveter,  ainsi  que  le  constatent  le 
Rapport  du  jury  de  l'exposition  de  1 839  et  le  Mémoire  déposé  au  Ministère 
lors  de  ma  prise  de  brevet  en  i836. 

»  Je  joins  à  cette  Lettre  un  extrait  du  Rapport  et  un  extrait  de  mon 
brevet.  » 

Cette  réclamation  est  renvoyée,  avec  les  pièces  justificatives  qui  l'accom- 
pagnent, à  l'examen  de  la  Commission  chargée  de  faire  un  Rapport  sur  la 
Note  de  M.  Manneville,  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Mathieu, 
Dupin  et  Morin. 

M.  de  Sussex  adresse  quelques  remarques  concernant  une  Note  pré- 
sentée récemment  par  M.  Jacquemart,  «  sur  le  danger  qu'il  y  aurait  à 
transformer  en  sel  fixe  le  sous-carbonate  d'ammoniaque  contenu  dans  les 
engrais  »,  Note  dans  laquelle  l'auteur  de  la  Lettre  croit  voir  une  attaque 
indirecte  et  mal  fondée  contre  les  produits  obtenus  dans  le  nouveau  sys- 
tème de  vidanges  dont  il  est  l'inventeur  (le  traitement  par  le  silicate  de 
soudé  ou  de  potasse). 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  nommés  pour  la  Note  de 
M.  Jacquemart,  MM.  Pelouze,  Payen,  Decaisne.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  une  nouvelle  copie 
d'un  Mémoire  manuscrit  de  M.  Casaseca,  directeur  de  l'Institut  de  re- 


(  795  ) 
cherches  chimiques  à  la  Havane,  Mémoire  que  l'auteur  avait  fait  déjà  par- 
venir  par  une  autre  voie  à  l'Académie,  et  dans  lequel  il  s'occupe  des 
moyens  propres  à  former  des  chimistes  pratiques. 

M.  le  Ministre  de  l'Intérieur,  de  l'Agriculture  et  du  Commerce  adresse, 
pour  la  bibliothèque  de  l'Institut,  un  exemplaire  du  IXe  volume  des  bre- 
vets d'invention,  pris  sous  l'empire  de  la  loi  de  i844- 

A  la  suite  et  à  l'occasion  de  la  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière 
séance,  M.  Le  Verrier  donne  lecture  de  la  Lettre  suivante  qu'il  a  reçue 
le  18  novembre,  au  matin,  de  M.  Goldschmidt  : 

«  Paris,  18  novembre  i852,  8  heures  du  matin. 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  annoncer  la  découverte  d'une  vingt  et  unième 
petite  planète,  dans  la  constellation  du  Bélier.  J'avais  inscrit  le  i5  du  mois 
courant  une  étoile  de  9e- 10e  grandeur  par  2h4im  et  -+-  ia°34'  sur  la  carte 
de  Berlin,  18e  Heure  (1800).  Le  16  novembre  au  soir  je  la  voyais  déplacée  , 
et  j'étais  à  peu  près  certain  sur  sa  nature  planétaire,  puisque  j'avais  observé 
cette  partie  du  ciel  avec  un  soin  spécial  pendant  les  mois  de  novembre  et 
décembre  i85i,  et  durant  sept  mois  de  cette  année.  Cette  planète  était 
la  708e  ajoutée  par  moi  dans  la  partie  nord  de  la  carte  de  Berlin.  Voici  la 
position  de  la  planète,  ces  trois  derniers  jours  ;  je  vous  prierai  seulement  de 
considérer  ces  chiffres  comme  approximatifs,  vu  que  je  n'ai  aucun  instru- 
ment de  précision  à  ma  disposition  : 

i5  novembre  ioh3om  du  soir,    ai  =  2h4im  o5    S  =  -+-  i2°34' 


16 

11 .  45                   a  =  2 .  4o     5    S  =  -1-  1 2 .  3a 

'7 

10.   0                   ^1=2.39.15     iî=-t-i2.3o 

Précession  ena  =  +  2'"  49* 

en  8  =  -h  i3'  17" 

»  La  planète  paraît  s'approcher  vers  l'écliptique.    » 

M.  Le  Verrier  fait  remarquer  que  les  trois  positions  de  la  planète,  dé- 
terminées les  i5,  16  et  17  novembre  par  M.  Goldschmidt,  et  au  moyen  de 
procédés  graphiques,  offrent  un  grand  intérêt.  Ces  observations  originales 
jouissent  d'un  certain  degré  d'exactitude,  et  d'ailleurs  elles  ont  un  rapport 
trop  intime  et  trop  immédiat  avec  la  découverte  de  la  planète  pour  qu'on 
puisse  se  dispenser  de  les  insérer  aux  Comptes  rendus. 

M.  Lottin,  récemment  nommé  à  une  place  de  Correspondant  pour  la 
Section  de  Géographie  et  de  Navigation,  adresse  ses  remercîments  à  l'Aca- 
démie. 


(  796) 

physique.  —  Note  sur  la  température  produite  par  la  combustion  du 
charbon  dans  l'air;  par  M,  Henri  Sainte-Claibe  Deville. 

«  On  sait  que  près  des  tuyères  des  hauts  fourneaux,  il  se  développe  une 
température  excessivement  élevée,  que  M.  Ebelmen  croyait  égale  à  la  tem- 
pérature de  fusion  du  platine.  Quelques  expériences  entreprises  au  milieu 
d'un  travail  dont  le  sujet  est  tout  différent,  me  portent  à  croire  que  la  cha- 
leur qui  se  développe  pendant  la  combustion  du  charbon,  peut  produire 
des  effets  bien  plus  énergiques  et  comparables  à  la  chaleur  obtenue  par  un 
mélange  d'hydrogène  et  d'oxygène.  Ainsi,  par  une  disposition  particulière 
des  fourneaux,  avec  du  charbon  convenablement  choisi,  on  peut  arriver  à 
fondre  et  à  volatiliser  le  platine,  à  liquéfier  la  silice  pure.  Ces  résultats  et  la 
simplicité  des  moyens  destinés  à  les  obtenir,  me  donnent  la  conviction  qu'ils 
pourront  être  utilisés  par  les  chimistes  et  les  industriels  :  ils  me  déterminent 
à  soumettre  à  l'Académie  des  détails  que,  j'espère,  elle  ne  considérera  pas 
comme  indignes  de  son  attention. 

»  L'appareil  dont  je  me  sers  est  un  simple  laboratoire  de  fourneau,  haut 
de  3o  centimètres,  large  de  18  centimètres,  qui  s'appuie  sur  une  plaque  de 
fonte  percée  de  trous  rangés  circulairement  à  5  centimètres  autour  du  centre. 
Le  tout  est  mis  en  communication  avec  le  soufflet  d'une  forge  volante  de 
M.  Enfer. 

»  Les  meilleurs  creusets  donnant  aux  températures  dont  il  est  question 
un  verre  parfaitement  fluide,  j'ai  eu  recours,  pour  les  remplacer,  à  des  mor- 
ceaux de  chaux  bien  cuite  qui  se  façonnent  trèsi-facilement  en  forme  de 
creusets  épais,  munis  de  leurs  couvercles  également  en  chaux,  M.  Berthier 
a  vu  que  les  chaux  hydrauliques  fondaient  facilement  au  grand  feu.  J'ai 
constaté  que  les  chaux  tout  à  fait  pures  se  fendillaient  trop  souvent.  Il  est 
donc  indispensable  d'employer  une  chaux  un  peu  poreuse,  légèrement  sili- 
ceuse, et  dont  la  matière  devient  seulement  compacte  aux  températures  les 
plus  élevées. 

»  Quant  au  combustible,  il  doit  être  très-divisé  et  très-poreux,  et  je  dois 
dire  de  suite  que  je  n'ai  jamais  réussi  qu'en  employant  exclusivement  des 
résidus  de  la  combustion  imparfaite  de  la  houille.  Je  me  sers,  à  cet  effet, 
des  escarbilles  mêlées  de  cendres  qui  tombent  sous  les  fourneaux  du  calori- 
fère de  l'École  normale  et  de  l'alambic  du  laboratoire,  alimentés  à  la  houille. 
On  tamise  ces  résidus  au  travers  d'un  crible  en  toile  métallique,  et  c'est  là 
le  combustible  qui  seul  me  permet  d'atteindre  mon  but.  Avec  du  coke  de 


(  797.) 
bonne  qualité  mis  en  menus  morceaux,  les  effets  sont  bien  moindres  et  ne 
diffèrent  pas  de  ceux  que  l'on  a  obtenus  jusqu'ici. 

»  Cette  température  excessive  se  développe  avec  une  rapidité  telle,  que 
quelques  minutes  suffisent  pour  qu'elle  arrive  à  son  maximum.  Mais  elle 
n'existe  avec  cette  intensité  que  sur  une  petite  hauteur,  l'oxyde  de  carbone 
se  formant  de  suite  au-dessus  avec  refroidissement  notable  et  production 
d'une  flamme  très-longue  et  peu  échauffée.  M.  Ebelmen  a  fort  bien  expli- 
qué ces  phénomènes,  dont  la  cause  est  aujourd'hui  connue  de  tout  le 
monde. 

»  J'ai  l'honneur  de  montrer  à  l'Académie  un  creuset  de  platine  fabriqué 
avec  de  vieux  platine  fondu  dans  la  chaux,  un  couvercle  de  creuset  sur 
lequel  on  voit  de  nombreux  globules  de  platine  volatilisé,  et  enfin  un  échan- 
tillon de  silice  pure  fondue  dans  le  graphite.  » 

chimie  organique.  —  Sur  une  combinaison  de  l'acide  pe'largonique  avec  le  ■ 
bioxyde  d'azote;  par  M.  L.  Chiozza. 

«  On  sait,  d'après  les  expériences  de  M.  Cahours  (i),  que  l'hydrogène 
carboné  de  l'essence  de  fenouil  amer  s'unit  directement  au  bioxyde  d'azote 
pour  former  avec  ce  gaz  une  combinaison  cristallisable.  Ce  fait  offrait 
jusqu'à  présent  le  seul  exemple  d'une  substance  organique  renfermant  du 
bioxyde  d'azote. 

»  Ayant  voulu  me  procurer  de  l'acide  pélargonique,  par  l'oxydation  de 
l'essence  de  rue  (Ruta  graveolens ,  L.)  d'après  le  procédé  indiqué  par  M.  Ger- 
hardt(a),  j'ai  été  conduit,  dans  le  courant  de  cette  préparation,  à  décou- 
vrir une  combinaison  de  cet  acide  avec  le  bioxyde  d'azote,  jouissant  de 
propriétés  acides  très-marquées,  et  formant  avec  les  bases,  des  sels  parfai- 
tement cristallisés. 

»  L'action  de  l'acide  nitrique  sur  l'essence  de  rue  a  été  étudiée  par 
MM.  Gerhardt  et  Cahours  (3),  et  si  la  substance  que  je  me  propose  de 
décrire  ne  s'est  pas  présentée  dans  les  expériences  de  ces  chimistes  distin- 
gués, il  faut  probablement  l'attribuer  à  la  nature  de  l'essence  qu'ils  ont 
employée;  on  sait,  en  effet,  que  la  présence  ou  l'absence  de  certains  hydro- 
gènes carbonés,  modifie  souvent  d'une  manière  très-notable  l'action  de 
l'acide  nitrique  sur  les  substances  organiques. 

(i)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  tome  II,  page  2^4- 

(2)  Comptes  rendus  des  Travaux  de  Chimie ,  1848,  page  243. 

(3)  Ibid.,  page  247. 

C.  R.,  i852,  ^"Semestre.  (T.  XXXV,  N°22.)  Io5 


(.798) 

»  Voici,  du  reste,  comment  j'ai  opéré  :  l'essence  de  rue  a  été  traitée  par 
son  poids  d'acide  nitrique  du  commerce  étendu  de  son  volume  d'eau;  dans 
une  autre  opération,  j'ai  employé  de  l'acide  nitrique  pur,  mais  les  résultats 
ont  été  les  mêmes.  Après  trois  à  quatre  heures  d'ébullition,  la  couche  hui- 
leuse qui  surnageait  l'acide  a  été  décantée,  soumise  au  lavage  et  enfin  traitée 
par  une  lessive  concentrée  de  potasse  caustique.  Il  se  forma  aussitôt  une 
espèce  d'émulsion  sirupeuse  fortement  colorée,  et  tenant  en  suspension  un 
précipité  cristallin  qui  s'accrut  par  l'addition  d'une  plus  grande  quantité 
d'eau.  La  liqueur  a  été  filtrée  et  le  liquide  clair,  consacré  à  la  préparation 
de  l'acide  pélargonique,  qui  constitue  la  plus  grande  partie  du  produit; 
quant  au  précipité,  il  a  été  traité  d'abord  par  l'éther  pour  le  débarrasser 
d'une  huile  neutre  dont  il  était  souillé,  puis  soumis  à  plusieurs  cristallisa- 
tions dans  l'alcool. 

»  A  l'état  de  pureté,  il  se  présente  sous  la  forme  de  magnifiques  tables 
carrées,  d'une  belle  couleur  jaune  et  douées  de  beaucoup  d'éclat;  il  est 
très-peu  soluble  dans  l'alcool  et  dans  l'eau  froide,  mais  il  se  dissout  facile- 
ment dans  l'eau  et  l'alcool  bouillants.  Quand  on  le  chauffe  brusquement, 
il  fuse  comme  un  mélange  de  uitre  et  de  charbon,  en  laissant  pour  résidu 
du  carbonate  de  potasse. 

»  L'expérience  m'a  démontré  que  ce  précipité  jaune  n'est  autre  chose 
que  le  sel  potassique  d'un  nouvel  acide  auquel  mes  analyses  assignent  la 
formule 

C0H,8O2,N2O2. 

»  Pour  l'isoler,  on  n'a  qu'à  dissoudre  le  sel  potassique  dans  l'eau  bouil- 
lante et  à  décomposer  la  solution  par  un  acide  minéral  étendu;  l'acide 
C9H,802,  N202  se  rend  alors  au  fond  du  vase  sous  forme  d'une  huile  très- 
pesante,  légèrement  colorée  en  jaune  et  douée  d'une  faible  odeur  qui  ne 
présente  aucune  analogie  avec  celle  de  l'acide  pélargonique.  Il  suffit  de  le 
laver  à  l'eau  bouillante  et  de  le  sécher  au  bain-marie  pour  l'obtenir  tout  a 
fait  pur.  On  ne  peut  le  dessécher  sur  du  chlorure  de  calcium,  car  il  en  dis- 
sout une  petite  quantité. 

»  Il  produit  sur  le  linge  une  tache  jaune,  et  sur  le  papier  une  tache  grasse 
qui  disparaît  par  la  chaleur.  Quand  on  en  chauffe  une  petite  quantité  dans 
un  tube  à  essais,  il  arrive  un  moment  où  il  se  produit  presque  instantané- 
ment, un  abondant  dégagement  de  bioxyde  d'azote,  mélangé  à  des  gaz  com- 
bustibles. Cette  propriété  de  l'acide  C9H,802,  N202  rend  son  analyse  assez 
difficile  et  nécessite  l'emploi  de  tubes  très-longs. 


(  799  ) 
3>  Voici  les  résultats  que  j'ai  obtenus  : 

osr,2gg  de  matière  ont  donné  o8r,543  d'acide  carbonique  et  ofr,228  d'eau; 
0^,^63  de  matière  ont  donné  30"  d'azote  à  la  température  de  i8°  et  sous  la  pression 
de  pm,765. 

»  Ce  qui  fait  en  centièmes  : 

Calcul. 

C 4g. 5  48.5 

H 8.4  8.2 

N i3.3  i2.8 

»  D'autres  analyses  m'ont  donné  des  nombres  très  -  rapprochés  de 
ceux-ci. 

»  J'aurais  désiré  pouvoir  contrôler  l'exactitude  de  la  formule  que  j'attri- 
bue à  cette  substance  en  la  produisant  directement  par  l'action  du  bioxyde 
d'azote  sur  l'acide  pélargonique,  mais  les  expériences  que  j'ai  tentées  dans 
ce  but  ne  m'ont  conduit  à  aucun  résultat  satisfaisant. 

»  Il  se  pourrait,  du  reste,  que  l'acide  C9H,802,  Na02  ne  prît  naissance 
que  par  l'action  de  la  potasse  sur  les  produits  de  l'oxydation  de  l'essence 
de  rue,  car  j'ai  toujours  observé  que  le  traitement  par  la  potasse  était 
accompagné  d'une  élévation  de  température  beaucoup  plus  considérable 
que  celle  qu'aurait  pu  occasionner  la  neutralisation  de  l'acide  pélargonique  ; 
c'est  ce  que  des  recherches  ultérieures  pourront  seules  décider. 

»  Le  caractère  le  plus  saillant  de  l'acide  C9  H,8Oa,  N2  O2  est  la  très-faible 
solubilité  de  tous  ses  sels  dans  l'eau  froide. 

a  Le  sel  de  soude  s'obtient  en  beaux  feuillets  jaunes,  semblables  au  sel 
potassique;  une  solution  de  ce  sel  saturée  à  l'ébullition,  le  dépose  presque 
en  totalité  par  le  refroidissement. 

»  Le  sel  ammonique  n'est  guère  plus  soluble  que  le  précédent  ;  il  cris- 
tallise en  lamelles  allongées  très-brillantes.  Un  papier  imbibé  d'acide 
C9H,802,  N202  se  colore  en  jaune  et  perd  sa  translucidité,  quand  on  le 
plonge  dans  une  solution  d'ammoniaque,  étendue  de  plus  de  iooo  fois  son 
volume  d'eau. 

»  Le  sel  de  baryte  a  été  obtenu  par  double  décomposition  ;  il  se  présente 
sous  la  forme  d'une  poudre  jaune  très-légère. 

o(r,26  de  ce  sel  ont  donné  o,i3o  de  sulfate  de  baryte, 

ce  qui  représente  23,3  pour  ioo  de  barium. 
»  La  formule  C9HnBaO%  N202  exige  23,9. 

»  Le  sel  d'argent  ressemble  entièrement,  par  son  aspect,  au  sel  de  baryte. 

io5.. 


(  800  ) 

Quand  on  le  chauffe  à  l'air,  il  s'enflamme  et  brûle  avec  une  flamme  verdâtre 
en  laissant  un  résidu  d'argent  pur. 
o«r,  ng  de  ce  sel  ont  laissé  pour  résidu  ogr,o4o  d'argent, 

ce  qui  fait  en  centièmes  33,6. 

»  La  formule  C9H,7AgO%  N202  exige  33,2. 

»  Je  regrette  de  ne  pouvoir  communiquer  de  plus  amples  détails  sur 
cette  nouvelle  substance,  le  manque  de  matière  m'ayant  obligé  à  limiter 
mes  recherches  aux  faits  les  plus  importants.  » 

chimie  organique.  —  Recherches  sur  les  combinaisons  formées  par  quelques 
huiles  essentielles  avec  les  bisulfites  alcalins  ;  par  M.  C.  Bertagmxi. 

«  Ayant  déjà  constaté  la  formation  d'une  combinaison  de  l'essence  d'a- 
mandes amères  nitrée  avec  les  sulfites,  j'ai  cherché  si  l'essence  d'amandes 
amères  serait  susceptible  de  contracter  une  combinaison  analogue  avec  les 
sulfites  alcalins;  cette  hypothèse  s'est  trouvée  réalisée  par  l'expérience. 

»  Par  extension  de  cette  vue,  j'ai  cherché  à  réaliser  des  combinaisons 
analogues  avec  d'autres  huiles  essentielles. 

»  J'ai  opéré  sur  un  nombre  considérable  d'essences.  Ainsi,  j'ai  soumis  à 
l'action  des  sulfites  alcalins  les  hydrures  de  benzoyle,  de  salicyle,  d'ani- 
syle,  de  cinnamyle,  de  cuminyle,  les  aldéhydes  œnanthylique  etcaprique; 
puis  les  essences  de  lavande,  d'anis,  de  badiane,  de  citron,  de  cèdre, 
de  carvi,  de  genièvre,  de  coriandre,  de  myrthe,  de  fenouil,  de  marjolaine, 
de  sabine,  de  gaidteria,  de  néroli,  de  persil,  de  muscade,  dé  piment,  de 
sassafras,  de  camomille,  de  menthe,  de  cubèhe,  de  thym,  etc. 

»  Or  l'expérience  prouve  que  toutes  les  substances  susnommées,  celles 
qui  peuvent  être  considérées  comme  des  hydrures  ou  des  aldéhydes,  possè- 
dent seules  la  propriété  de  s'unir  aux  sulfites  alcalins  en  donnant  des  com- 
posés définis  et  cristallisés  qui  ont  été  analysés  par  moi. 

»  Ce  caractère  peut  donc  être  ajouté  à  ceux  que  les  chimistes  attribuent 
à  la  classe  des  hydrures  ou  des  aldéhydes. 

»  Sont  également  sans  action  sur  les  sulfites  alcalins  de  furfurol,  l'alcool 
méthylique,  les  carbures  de  l'esprit-de-bois  brut,  la  créosote,  la  benzine 
le  cymène,  tous  les  corps  de  la  classe  des  alcools  et  des  éthers  composés,  le 
chloroforme,  le  sulfure  de  carbone,  etc. 

»  A  l'égard  de  l'aldéhyde  ordinaire,  je  ferai  remarquer  que  la  combi- 
naison d'aldéhydate  d'ammoniaque  et  d'acide  sulfureux  isomère  ch?  la 
taurine,  et  obtenus  par  Redtenbachef,  rentre  dans  la  classe  des  composés 
étudiés  dans  le  présent  Mémoire. 


(  Soi  ) 

»  La  formation  des  composés  dont  il  s'agit  peut  être  utilisée  pour  séparer 
à  l'état  de  pureté  les  aldéhydes  des  carbures  d'hydrogène  ou  des  autres 
produits  auxquels  elles  pourraient  se  trouver  mêlées.  Il  suffit  d'employer 
des  solutions  de  bisulfites  alcalins  marquant  de  27  à  3o  degrés  de  Baume, 
et  de  les  agiter  à  froid  avec  les  hydrures  ;  ordinairement  la  combinaison 
cristallise  immédiatement.  Quelquefois  il  est  nécessaire  de  chauffer  légère- 
ment et  de  prolonger  le  contact  pendant  quelque  temps  dans  des  tubes 
fermés. 

»  On  recueille  les  cristaux  et  on  les  purifie  par  cristallisation  dans  l'al- 
cool à  o,5o.  Ils  sont  très-solubles  dans  l'eau. 

»  Ces  combinaisons  régénèrent  ordinairement  l'essence  quand  on  les 
soumet  à  l'ébullition;  à  froid,  les  alcalis  produisent  une  décomposition 
analogue.  En  général,  ces  composés  sont  très-peu  stables. 

»  Je  résume  dans  le  tableau  suivant  la  constitution  des  composés  que  j'ai 
soumis  à  l'analyse;  cette  constitution  est  représentée  à  deux  points  de  vue 
différents  : 

1    Première  hypothèse.  Seconde  hypothèse 

Combin.  de  l'iiydrure  de  ben- 

zoyle NaO,  S!0<,C"H602,  aAq  NaO,  C'*HsS2Oi+  3Aq 

ld.      de  l'hydrure  de  ben-  j  AzH'O,  S20',  Cl,H5AzO°-+-2Aq  I  AzH'O,  C'H'AzSO»,  3Aq 

zoyle  nitré (  NaO,  S^',  C,<H5AzOs-f-i  !  Aq    j  NaO,  C"HlAzS!09,  i?.Aq 

ld.      de  l'hydrure  de  sali- 

cyle KO,  S50%  C"  HG0«+ Aq  KO,  CISH5SJ0',  ?.Aq 

ld.      de  l'hydrure  d'anisyle.   NaO,  S'O',  C^H'O'H-  Aq  NaO,  C,eH:S!0;,  ?.Aq 

ld.      de  l'hydrure  de  cumi- 

nyle NaO,  S'0«,  CKYI"02+  3Aq  NaO,  C1(H"S2Os,  4Aq 

ld.       de  l'aldéhyde  œnan- 

thylique NaO,S20',  C'H'OM- 3Aq  NaO,  C"H'3S2Os,  4Aq 

ld.      de  l'aldéhyde  caprique   AzH40,  S^',  C2°HM0!-r- 3  Aq       AzH'O,  C20H'"S2Os,  4  Aq 
(Essence  de  rue.  ) 

»  La  facile  décomposition  de  ces  sels  par  la  chaleur  ne  m'a  pas  permis 
de  fixer  d'une  manière  définitive  mon  opinion  sur  l'hypothèse  la  plus  ration- 
nelle à  adopter  pour  leur  constitution.  Je  ferai  remarquer  néanmoins  que 
les  composés  de  cette  classe  obtenus,  par  Redtenbacher  et  Tilley,  par  l'action 
du  bisulfite  d'ammoniaque  sur  l'aldéhyde  ordinaire  et  sur  l'aldéhyde  œnan- 
thyliqué,  composés  qui  sont  anhydres,  satisfont  mieux  à  la  seconde  hypo- 
thèse qu'à  la  première. 

»  La  constitution  de  l'isatosulfite  de  potasse  anhydre,  d'après  les  der- 
nières expériences  de  M.  Laurent,  viendrait  à  l'appui  de  la  formule  ration- 
nelle C,6H4  AzS20',  KO.  Or  les  isatosulfites  paraissent  pouvoir  être  assimilés 
aux  combinaisons  qui  font  l'objet  de  ce  Mémoire.  » 


(  802  ) 

physique.  —  Note  sur  deux  modification?  de  La  pile  de  Bunsen,  dont 
l'une  augmente  la  conductibilité  intérieure,  et  l'autre  la  tension;  par 
MM.  Liais  et  Fueitry. 

«  Lorsqu'on  supprime  le  diaphragme  dans  une  pile  de  Bunsen ,  dont  le 
charbon  est  poreux  et  maintenu  imprégné  d'acide  nitrique,  la  conducti- 
bilité intérieure  de  la  pile  est  augmentée  cinq  fois  ;  ce  qui,  d'après  les  lois 
des  courants  électriques,  correspond  à  un  accroissement  semblable  de  sur- 
face, sans  augmentation  de  dépense,  comme  dans  ce  dernier  cas.  Nous 
avons  reconnu  ce  fait  par  l'expérience  suivante  :  Un  élément,  ainsi  modifié, 
a  fait  porter  58  kilogrammes  à  un  électro-aimant.  Pour  faire  supporter  le 
même  poids  par  un  accroissement  de  surface  de  l'ancienne  pile,  il  a  fallu 
réunir  5  éléments  de  Bunsen  par  leurs  pôles  semblables,  de  manière  à  for- 
mer i  élément  de  surface  quintuple. 

»  Pour  maintenir  imprégné  d'acide  nitrique  le  charbon  poreux,  nous 
avons  employé  la  disposition  suivante  :  Un  cylindre  de  verre  entoure  le 
cylindre  de  charbon,  de  manière  à  ménager  une  cavité  annulaire  qui  est 
remplie  d'acide  nitrique.  De  l'argile  ou  un  mastic  sert  à  luter  les  deux  cylin- 
dres à  leur  partie  inférieure.  Dans  le  cas  où  le  charbon  serait  à  l'intérieur 
du  zinc,  il  suffirait  de  ménager  une  cavité  dans  ce  charbon. 

»  Dans  la  pile  précédente,  à  charbon  imprégné  d'acide  nitrique,  en  in- 
troduisant de  nouveau  un  diaphragme  chargeant  du  côté  du  charbon  avec 
l'acide  sulfurique  concentré,  du  côté  du  zinc  avec  de  l'acide  dilué,  comme 
à  l'ordinaire,  la  conductibilité  de  la  pile  est  presque  la  même  que  dans  la 
pile  de  Bunsen,  mais  la  tension  est  à  peu  près  doublée. 

»  Si,  au  lieu  de  faire  agir  directement,  à  l'aide  d'un  seul  diaphragme, 
l'acide  sulfurique  concentré,  sur  l'acide  à  12  degrés,  on  interpose  plusieurs 
diaphragmes  de  manière  à  faire  agir  l'acide  concentré  sur  un  acide  à  un 
degré  moindre,  celui-ci  sur  un  autre  un  peu  plus  étendu,  et  ainsi  de  suite 
jusqu'à  l'acide  à  12  degrés  environ,  dans  lequel  plonge  le  zinc,  on  trouve 
qu'il  y  a  un  accroissement  considérable  de  tension  ;  mais  bous  ne  l'avons 
pas  encore  mesuré  exactement.  Un  élément  de  cette  dernière  pile  se  com- 
porte donc  comme  une  pile  de  Bunsen,  de  plusieurs  éléments  de  même 
surface,  et  elle  coûte  beaucoup  moins.  » 

économie  rurale.  —  Recherches  sur  la  maladie  des  pommes  de  terre; 

par  M.  Mazade. 


(  8o3  ) 

chimie.  —  Découverte  de  l'acide  rhodanhydrique  dans  une  ammoniaque 
du  commerce;  par  M.  Mazade. 

«  Il  résulte,  dit  l'auteur,  des  recherches  exposées  dans  cette  Note,  que 
l'ammoniaque  provenant  des  eaux  de  condensation,  de  l'usine  à  gaz  de  Saint- 
Étienne  contient  du  rhodanure  ammonique,  et  la  couleur  rouge  qui  résulte 
de  la  combinaison  de  cette  ammoniaque  avec  les  acides,  est  produite  par  la 
réaction  de  l'acide  rhodanhydrique  sur  le  fer  contenu  dans  les  acides  et 
dans  l'ammoniaque.  » 

A  l'occasion  de  cette  communication,  M.  Pelouze  rappelle  que  M.  Mo- 
reau  a  constaté  la  présence  du  sulfocyanhydrate  d'ammoniaque  dans  les 
produits  de  la  distillation  de  la  houille,  et  que  c'est  à  ce  sel  qu'on  doit 
attribuer  la  couleur  rouge  qu'offre  quelquefois  l'alun  fait  avec  le  sulfate 
d'ammoniaque  provenant  des  fabriques  de  gaz. 

M.  de  Paravey  appelle  l'attention  de  l'Académie  sur  deux  passages  pris 
dans  Figueroa  (ambassade  de  Perse  de  1617  a  1619),  passages  dont  l'un  est 
relatif  à  deux  comètes  vues  au  commencement  de  novembre,  l'autre  à  un  ani- 
mal trouvé  en  Perse  dans  les  canaux  souterrains  qui  amènent  l'eau  des  mon- 
tagnes vers  les  champs  cultivés.  Cet  animal,  qu'on  décrit  comme  sans  poils, 
et  de  la  taille  d'un  chien  couchant,  n'est  qu'une  grande  salamandre,  suivant 
M.  de  Paravey,  qui,  à  cette  occasion,  extrait  d'un  ouvrage  chinois  divers 
passages  concernant  des  salamandres  gigantesques  qu'il  suppose  ne  pas 
différer  spécifiquement  de  celle  dont  le  squelette  fossile  avait  été  pris  par 
Scheuchzer  pour  un  squelette  humain. 

M.  Maille  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  un  Mémoire 
sur  les  hydrométéores,  présenté  par  lui  en  1848,  et  qui  n'a  pas  été  l'objet 
d'un  Rapport. 

COMITÉ  SECRET. 

La  Section  de  Physique  présente,  par  l'organe  de  M.  Babinet,  la  liste  sui- 
vante de  candidats  pour  la  place  de  professeur  de  physique  appliquée  aux 
arts,  vacante  au  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers: 

MM.  Becquerel  (Edmond), 


Ex  œquo  et  par  ordre  alphabétique  :  , 

*  r  |  Foucault  (Léon). 

Les  titres  des  candidats  sont  discutés.  L'élection  aura  lieu  dans  la  pro- 
chaine séance. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  quart.  F. 


(  8o4  ) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  22  novembre  i852,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences, 
2e  semestre  i85a  ;  n°  20;  in-4°. 

Mémoires  de  l'Académie  d'Arras;  tome  XXV.  Arras,  i85i;  in-8°. 

Mémoires  de  l'Académie  du  Gard;  année  i852.  Nîmes,  i852;  in-8°. 

Travaux  de  l'Académie  de  Reims;  année  i85i-i852;  n°  1;  2e  trimes- 
tre 18D2  ;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  impériale  des  Naturalistes  de  Moscou,  publié  sous  la 
rédaction  du  Dr  RENARD;  année  i85i;  n°*  3  et  4  ;  et  année  i852;  n°  t.. 
Moscou,  i84i.et  i852;  in-8°. 

Bibliothèque  universelle  de  Genève;  octobre  i852;  in-8°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  V Industrie ,  fondée  par  M.  B.-R.  DE  MONFORT, 
et  rédigée  par  M.  l'abbé  MoiGNO;  n°  3o;  21  novembre  i85a;  in-8°. 

Journal  de  Médecine  vétérinaire,  publié  à  l'Ecole  de  Lyon;  tome  VIII; 
août  à  octobre  i85a;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  pratiques  et  de  Pharmacologie;  tome  VI; 
n°  4;  20  novembre  i852;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médico-chirurgicales ,  publié  par  M.  le  Dr  A. 
Martin-Lauzer;  n°  22  ;  i5  novembre  i85a;  in-8°. 

Recueil  encyclopédique  d'agriculture,  publié  par  MM.  BoiTEL  et  Londet, 
de  l'Institut  national  agronomique  de  Versailles  ;  tome  III;  n°  9;  10  no- 
vembre i852  ;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie,  recueil  pratique  rédigé  par  M.  Bouchardat ; 
novembre  i852;  in-8°. 

Istruzioni...  Instructions  pour  délivrer  à  coup  sur  te  raisin  de  la  maladie 
régnante  aujourd'hui,  tant  en  Italie  qu'à  l'étranger;  par  M.  A.  Bacci.  Lodi, 
i85a;  -j  feuille  d'impression,  in-8°. 

Annali. ..  Annales  des  Sciences  mathématiques  et  physiques;  par  M.  Barnabe 
Tortolini;  septembre  i852;  in-8°. 

Corrispondenza . . .  Correspondance  scientifique  de  Rome;  n°  38;  i3  oc- 
tobre i85a. 


(  8o5  ) 

Boletin...  Bulletin  de  l'Institut  médical  de  Valence;  octobre  i85a;  in-8°. 

Sesion...  Séance  publique  de  l'Institut  médical  de  Valence  (12e  anniver- 
saire). Valence,  i85a;  grand  in-8°. 

The  Cambridge...  Journal  mathématique  de  Cambridge  et  Dublin;  n°  3o  ; 
in-8°. 

Morse's  patent...  Brevet  d'invention  de  Morse.  Réfutation  des  prétentions  du 
Dr  C.-T.  JACKSON,  à  l'invention  du  télégraphe  électromagnétique  américain  ; 
par  M.  A.  Kendall.  Wasinghton,  i85a;  broch.  in-8°. 

Ueber...  Sur  les  établissements  dans  lesquels  on  reçoit  et  on  traite  tes  idiots , 
avec  des  remarques  sur  plusieurs  de  ces  établissements  existants  dans  le  Wurtem- 
berg; par  M.  Karl  Rôsch;  broch.  in-8°. 

Astronomische...  Nouvelles  astronomiques;  n°  835. 

L Athenœum  français.  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux-Arts;  n°  ai  ;  20  novembre  i85a. 

La  Presse  littéraire.  Écho  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  3o  ; 
ai  novembre  i852. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  47;  20  novembre  i85a. 

Gazette  des  Hôpitaux  ;  nOT  1 35  à  137;  16,   18  et  ao  novembre  i85a. 

L'Abeille  médicale;  n°  a3;  i5  novembre  i85a. 

Moniteur  agricole;  n°  46;  18  novembre  i85a. 

La  Lumière;  n°48;  20  novembre  i85a. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  29  novembre  i85a,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l  Académie  des  Sciences, 
ae  semestre  i852;  n°  21  ;  in-4°. 

Institut  national  de  France.  Séance  publique  annuelle  de  i Académie  des 
Inscriptions  et  Belles- Lettres,  du  vendredi  12  novembre  i852;  présidée  par 
M.  de  Wailly,  Président.  Paris,  i852;  in-4°. 

Exposition  de  la  doctrine  magnétique,  ou  Traité  philosophique ,  historique  et 
critique  DU  MAGNÉTISME;  par  M.  DE  Haldat.  Nancy-Paris,  i852  ;  in-4°. 

C.  R.,  i85a,  2m«  Semestre.  (T.  XXXV,  N»2S.)  Io6 


(  806  ) 

Sur  le  climat  de  la  Belgique.  Cinquième  partie.  Des  pluies,  des  grêles  et  des 
neiges;  par  M.  A.  Quetelet.  Bruxelles,  i852;  in-4°. 

Résumé  des  observations  sur  la  météorologie  et  sur  le  magnétisme  terrestre, 
faites  à  l'observatoire  royal  de  Bruxelles,  en  i85o,  et  communiquées  par  le 
directeur,  M.  A.  Quetelet;  broch.  in-4°. 

Description  des  machines  et  procédés  pour  lesquels  des  brevets  d'invention  ont 
été  pris  sous  le  régime  de  la  loi  du  5  juillet  1844.  Publiée  par  les  ordres  de 
M.  le  Ministre  de  l'Intérieur,  de  i  Agriculture  et  du  Commerce  ;  tome  IX. 
Paris,  i852;  in-4°. 

Rapport  présenté  à  M.  te  Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce,  par 
l'académie  nationale  de  Médecine,  SUR  LES  VACCINATIONS  pratiquées  en  France 
pendant  l'année  i85o.  Paris,  i852;  broch.  in-8°. 

Traité  des  fièvres  intermittentes;  par  M.  Auguste  Bonnet;  2e  édition. 
Pa-ris,  i853;  in-8°. 

Expédition  dans  les  parties  centrales  de  l'Amérique  du  Sud,  de  Rio  de  Janeiro 
à  Lima,  et  de  Lima  au  Para;  exécutée  par  ordre  du  Gouvernement  français  pen- 
dant les  années  1 843  à  1847,  sous  ^a  direction  de  M.  Francis  de  Castelnau; 
ie  partie  :  Vues  et  scènes  ;  4e  livraison  ;  in-4°  ;  4e  partie  :  Itinéraires  et 
coupe  géologique;  9e  et   10e  livraisons;  in-fol. 

Les  trois  règnes  de  la  nature.  — Règne  animal.  —  Histoire  naturelle  des  oiseaux, 
classés  méthodiquement,  avec  l'indication  de  leurs  mœurs  et  de  leurs  rapports 
avec  les  arts,  te  commerce  et  l'agriculture;  par  M.  Emm.  Le  Maout  ; 
feuilles  28  à  54,  formant  la  fin  de  cette  partie  du  règne  animal. 

Mémoires  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux- Arts 
de  Belgique;  tome  XXVI.  Bruxelles,  1 85 1  ;  in-4°. 

Mémoires  couronnés  et  Mémoires  des  Savants  étrangers ,  publiés  par  l'Acadé- 
mie royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de  Belgique;  tome  XXIV; 
i85o-i85i;in-4°. 

Mémoires  couronnés  et  Mémoires  des  Savants  étrangers,  publiés  par  l'Acadé- 
mie royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de  Belgique  ;  tome  V; 
première  partie.  Bruxelles,  i85a;  in-8°. 

Bulletins  de  l 'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux- Arts  de 
Belgique;  tome  XVIII;  2  e  partie,  i85i;  tome  XIX;  ire  et  2e  partie,  i852. 
Bruxelles,  i852;  3  vol.  in-8°. 


(8o7) 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  tome  XIX;  n°9;  in-8°. 

Annuaire  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux- Arts  de 
Belgique;  année  i85a;  in-8°.  • 

Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique;  année  i85i-i85a  ; 
tome  XI;  n°  10;  in- 8°. 

Annales  de  l'observatoire  royal  de  Bruxelles,  publiées  aux  frais  de  l'Etal  par 
le  directeur,  M.  A.  Quetelet;  tome  VIII;  2e  partie,  et  tome  IX.  Bruxelles, 
i852;  in-4°. 

Annuaire  de  l'observatoire  royal  de  Bruxelles;  par  M.  A.  QUETELET,  direc- 
teur de  cet  établissement;  année  i85a  ;  in- 12. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  J)E  Monfort. 
et  rédigée  par  M.   l'abbé  MoiGNO;  n°  3i;  28  novembre  1802;  in-8°. 

Journal  d' Agriculture  pratique  et  de  Jardinage  }  fondé  par  M.  le  Dr  BixiO, 
publié  par  les  rédacteurs  de  la  Maison  rustique,  sous  la  direction  de  M.  BaRRAL; 
n°  10;  20  novembre  i852;  in-8°. 

Le  Magasin  pittoresque;  novembre  1832;  in-8°. 

Revue  médico-chirurgicale  de  Paris,  sous  la  direction  de  M.  Malgaigne; 
novembre  1 852;  in-8°. 

Illustrationes  plantarum  orientalium  ;  par  MM.  le  comte  Jaubert  et  Ed. 
SpaCH;  37e  livraison;  in-4°. 

Atti....  Actes  de  l'Académie  pontificale  des  Nuovi  Lincei,  4e  année;  9e  ses- 
sion, du  26  septembre  i85i.  Rome,  i852;  in-4°. 

Sui  criteri...  Sur  les  conditions  d'intégrabilité  des  fonctions  différentielles; 
par  M.  P.  Volpicelli.  Rome,  i852;  broch.  in-4°. 

Flora  italiana...  Flore  italienne,  ou  Description  des  plantes  qui  croissent 
spontanément  et  végètent  en  Italie  et  dans  les  îles  adjacentes ,  disposée  suivant  la 
méthode  naturelle;  par  M.  Ph.  Parlatore;  vol.  II;  part.  ire.  Florence, 
i852;  in-8°. 

The  journal...  Journal  de  la  Société  asiatique  de  Bombay;  juillet  i852; 
in--8°. 

Geology...  Géologie  de  l'île  de  Bombay  ;  par  M.  H.-J.  Carter,  du  corps 
médical  de  Madras  ;  broch.  in-8°.  (Extrait  du  précédent  Journal.) 


(  808  ) 

Planta:  Wrightianse"  Texano-Neo-Mexicanœ...  Plantes  recueillies  par 
M.  Ch.  Wright,  dans  une  expédition  du  Texas  au  Nouveau-Mexique  en  1849; 
décrites  par  M.  AsaGrey;  partie  ire.  Wasinghton,  185a;  in-4°. 

Eroffnung...  <Découverte  d'un  nouveau  moyen  pour  arriver  sûrement  à  la 
connaissance  des  propriétés  thérapeutiques;  par  M.  A.  Garms.  Leipzig,  1 853  ; 
1  vol.  in-8°.  (Adressé  pour  le  concours  aux  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie.) 

iVstronomische...   Nouvelles  astronomiques  ;  n°  836. 

L Athenœum  français .  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux- Arts;  n°  22;  27  novembre  i85a. 

La  Presse  littéraire.  Écho  de  la  Littérature ,  des  Sciences  et  des  Arts  ;  n°  3 1  ; 
28  novembre  i85a. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  48;  27  novembre  i852. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n°9  i38  à  i4o;  a3,  a5  et  27  novembre  18^2. 

L'Abeille  médicale;  n°  24  ;  2 5  novembre  i852. 

Moniteur  agricole  ;  n°  47  ;  25  novembre  i852. 

La  Lumière;  n°  49;  27  novembre  i852. 


ERRATA. 

(Séance  du  22  novembre  i852.) 
Page  756,  ligne  20,  au  lieu  de  machine  électromotive ,  lisez  machine  électromotrice. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE    DU    LUNDI    6    DÉCEMBRE    1852. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  PIOBERT. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  pebpétuel donne  communication  d'une  Lettre  de  M.  Ch. 
de  Haldat  qui  annonce  la  mort  de  son  grand-père,  M.  Charles-Nicolas- 
Alexandre  de  Haldat  du  Lys ,  Correspondant  de  l'Académie  pour  la  Section 
de  Physique.  L'Académie  avait  été  déjà,  dans  la  précédente  séance,  instruite, 
par  une  autre  voie,  de  la  perte  qu'elle  venait  de  faire. 

zoologie.  —  Etudes  sur  les  types  inférieurs  de  V embranchement  des 
Annelés ;  par  M..  A.  de  Quatrefages.  (Extrait.) 

Mémoire  sur  le  Branchellion  de  la  Torpille  (Branchellio  Torpedinis,  Sav.). 

«  Les  premiers  naturalistes  qui  ont  fait  une  science  de  la  zoologie ,  de- 
vaient nécessairement  accorder  presque  toute  leur  attention  aux  groupes 
nettement  tranchés  et  à  type  fixe,  ainsi  qu'aux  animaux  qui  se  rattachent 
le  plus  directement  à  quelques  plans  fondamentaux.  Ils  ne  pouvaient  guère 
s'arrêter  à  l'examen  détaillé  des  groupes  à  type  variable;  ils  n'auraient  sou- 
vent pas  pu  comprendre  les  particularités  que  présente  l'organisation  de 
certains  êtres.  Mais  aujourd'hui  que  l'ensemble  du  règne  animal  a  été  assez 
bien  exploré,  c'est  à  la  connaissance  approfondie  de  ces  groupes  et  de  ces 

G.  R.,  i85a,  imt  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  23.)  IO7 


(8,o) 

êtres  exceptionnels  que  s'attache  le  plus  grand  intérêt;  car  cette  étude,  plus 
qu'aucune  autre,  nous  éclaire  sur  la  valeur  réelle  de  généralisations  accep- 
tées parfois  sur  parole,  soit  en  classifications,  soit  en  anatomie  ou  en  phy- 
siologie. 

»  A  ce  titre,  l'examen  anatomique  du  Branchellion  offrait  un  grand 
intérêt. 

»  L'extérieur  exceptionnel  de  cette  Hirudinée  pouvait  faire  soupçonner 
une  organisation  interne  non  moins  intéressante.  Malheureusement,  le 
Branchellion  qui  vit  en  parasite  sur  la  Torpille  paraît  être  assez  rare. 
M.  Moquin-Tandon  est,  je  crois,  le  premier  qui  ait  essayé  d'en  faire  l'ana- 
tomie.  Mais  ce  naturaliste  n'avait  eu  à  sa  disposition  qu'un  seul  individu 
conservé  dans  l'alcool,  et  je  sais  depuis  longtemps,  par  mon  expérience 
personnelle,  que  cette  circonstance  rend  impossible  toute  recherche 
sérieuse.  Un  naturaliste  allemand,  le  Dr  Leydig,  a  été  plus  heureux  :  il  a 
eu,  à  Gênes,  l'espèce  trouvée  par  Rudolphi,et  a  publié  récemment  sur  elle 
une  Notice  très-intéressante.  Je  ne  connaissais  pas  le  travail  de  M.  Leydig 
lorsque,  pendant  le  séjour  que  je  viens  de  faire  à  la  Rochelle,  j'ai,  à  mon 
tour,  étudié  le  Branchellion.  Les  résultats  auxquels  nous  sommes  parvenus, 
l'auteur  allemand  et  moi,  s'accordent  sur  certains  points  et  diffèrent  relati- 
vement à  quelques  autres.  Ces  divergences  tiennent  sans  doute,  d'une  part, 
à  ce  que,  mieux  servi  peut-être  parles  circonstances,  j'ai  pu  voir  beaucoup 
plus  que  M.  Leydig;  et,  d'autre  part,  aux  données  générales  diverses  avec 
lesquelles  chacun  de  nous  a  abordé  cette  étude  difficile.  Peut-être  aussi 
notre  désaccord  tient-il  quelquefois  à  ce  que  nous  avons  examiné  deux 
espèces  différentes  (i).  Quoi  qu'il  en  soit,  je  renverrai  au  Mémoire  lui- 
même  la  discussion  des  détails  et  me  bornerai  à  présenter  dans  cet  extrait 
les  faits  principaux,  en  insistant  sur  ce  que  mes  recherches  ont  d'entière- 
ment nouveau. 

»  Chez  toutes  les  autres  Hirudinées,  les  fibres  musculaires  sous-cutanées, 
quelle  que  soit  leur  direction,  forment  des  plans  d'épaisseur  à  peu  près 
égale  qui  enveloppent  le  corps  entier.  Il  en  est  de  même  chez  le  Branchel- 
lion, mais  dans  le  cou  seulement.  A  partir  du  premier  anneau,  branchifère, 
les  muscles  longitudinaux  forment,  en  outre,  d'épais  rubans  qui  font  saillie 
à  l'intérieur  et  dont  la  disposition  rappelle  ce  qui  existe  chez  quelques 
Rayonnes. 

(i)  On  n'a  encore  admis  qu'une  seule  espèce  de  Branchellion;  quelques  détails  donnés 
par  M.  Leydig  me  font  penser  qu'il  pourrait  en  exister  deux  bien  distinctes. 


(8u  ) 

»  J'ai  cherché  vainement,  au-dessous  des  couches  musculaires,  les  organes 
sécréteurs  remarquables  qu'on  pouvait  jusqu'ici  regarder  comme  caractéri- 
sant les  Hirudinées  proprement  dites  (i).  L'absence  de  ces  organes,  déjà 
admise  avec  doute  par  M.  Moquin,  est  d'ailleurs  largement  compensée  par 
le  développement  extrême  que  prennent  les  glandes  sous-cutanées  dont  les 
lobules  remplissent  presque  toute  la  cavité  générale  du  corps. 

»  Le  Branchellion  n'a  pas  la  moindre  trace  des  dents  qui  servent  aux 
Sangsues  à  entamer  la  peau.  En  revanche,  je  lui  ai  trouvé  ,  comme  l'avait 
faitM.Leydig,une  trompe  musculaire  exsertile.  J'ai  vainement  cherchéà  celte 
trompe  une  armature  solide.  Elle  est  parfaitement  inerme,  et  cette  circon- 
stance explique  pourquoi  le  Branchellion  se  tient  toujours  dans  le  voisinage 
des  branchies  de  la  Torpille,  sur  un  point  où  les  téguments  amincis  lui  per- 
mettent d'obtenir  par  la  succion  seule  le  sang  nécessaire  à  sa  nourriture. 
L'appareil  digestif  qui  fait  suite  à  la  trompe  ressemble  assez  à  celui  des 
Sangsues.  Il  est  seulement  beaucoup  plus  boursouflé,  et  rien  ne  rappelle 
chez  lui  les  grands  canaux  latéraux  des  Sangsues. 

»  La  digestion  me  semble  être  beaucoup  plus  rapide  chez  les  Branchellions 
que  chez  les  Sangsues.  Nous  verrons  plus  loin  que  c'est  là  une  particula- 
rité importante.  Tant  que  le  sang  séjourne  dans  l'estomac,  on  y  reconnaît 
les  globules  elliptiques  du  sang  des  Poissons  ,  et  la  couleur  caractéristique. 
L'appareil  reproducteur  n'offre  rien  de  remarquable,  il  n'en  est  pas  de 
même  du  système  nerveux.  Ce  système  ressemble,  par  sa  disposition  géné- 
rale, à  celui  des  autres  Hirudinées,  mais  présente  une  structure  histolo- 
gique  tout  à  fait  exceptionnelle.  Tous  les  centres  nerveux,  les  ganglions 
abdominaux  comme  le  cerveau,  semblent  formés  par  la  juxtaposition  de 
petits  ganglions  élémentaires  ayant  chacun  leur  enveloppe  propre,  et  com- 
posés de  globules  nerveux  très-distincts.  J'ai  vu  très-nettement  les  fibres 
élémentaires  prendre  naissance  dans  ces  derniers. 

»  Les  ganglions  de  renforcement  que  présentent  sur  leur  trajet  les 
nerfs  du  corps,  sont  aussi  remarquables  par  leur  volume  et  leur  forme 
allongée. 

»  Pour  ne  pas  abuser  des  moments  de  l'Académie,  j'ai  voulu  être  très-bref 
dans  l'examen  des  systèmes  organiques  précédents.  Je  crois  devoir  insister 
davantage  sur  les  organes  de  la  circulation  et  de  la  respiration.  Les  premiers 
ont  été  décrits  imparfaitement  ;  les  seconds  ont  été  refusés  au  groupe  entier 
des  Hirudinées  par  Cuvier,  par  Blainville  et  par  tous  leurs  successeurs. 

(i)  Je  partage  entièrement  l'ppinion  de  M.  Grube  qui  sépare  les  Clepsinesdes  Hirudinées. 

107.  . 


(  8. a  ; 

M.  Leydig  lui-même,  qui,  à  certains  égards,  a  bien  vu  ce  qui  se  passe,  ne 
prononce  nulle  part  le  mot  d'organe  de  respiration.  Pourtant  ces  organes 
existent,  mais  dans  des  conditions  bien  particulières,  puisque  ce  n'est  pas  le 
sang  qui  vient  y  subir  l'action  de  l'air. 

»  Lorsqu'on  examine  un  Branchellion,  même  contenu  dans  l'alcool,  on 
reconnaît  que  les  appendices  latéraux  ne  sont  pas  tous  pareils.  Les  uns  sont 
entièrement  foliacés,  les  autres  présentent  à  leur  base  un  renflement  très- 
prononcé.  Ces  derniers  sont  distribués  régulièrement  de  trois  en  trois 
segments,  et  correspondent  à  la  région  antérieure  des  anneaux  du  corps. 
Sur  le  vivant,  on  aperçoit  à  l'intérieur  de  ces  renflements,  à  l'aide  d'une 
simple  loupe,  une  ampoule  d'un  rouge  plus  ou  moins  vif,  qui  se  contracte 
et  se  dilate  d'une  manière  régulière.  Ces  mouvements  sont  alternes  dans  les 
deux  ampoules  correspondantes,  et  se  répètent  environ  vingt  fois  par  minute. 
Rien  de  semblable  ne  se  montre  dans  les  appendices  dépourvus  de  renfle- 
ment. 

»  Cependant  ces  appendicessont,  sous  tous  les  autres  rapports,  exactement 
semblables  aux  précédents.  Examinés  au  microscope,  les  uns  et  les  autres  se 
montrent  formés  par  les  couches  cutanées  amincies,  au-dessous  desquelles 
on  distingue  des  fibres  musculaires,  des  fibres  ligamenteuses  et  des  nerfs  ; 
mais  surtout  on  découvre  des  canaux  ramifiés  et  donnant  naissance  à  un 
réseau  dont  les  mailles  sont  extrêmement  fines  sur  les  bords  de  l'appendice" 
Ces  canaux  sont  parcourus  par  un  liquide  parfaitement  incolore  et  charriant 
des  granulations  irrégulières  transparentes,  dont  les  mouvements  indiquent 
ceux  du  liquide  lui-même. 

*>  La  structure  que  je  viens  d'indiquer  est  tellement  caractéristique,  que 
l'observation  seule  m'eût  peut-être  autorisé  à  regarder  ces  appendices  comme 
de  véritables  branchies  ;  mais  cette  manière  de  voir  me  mettait  en  désaccord 
avec  tous  ceux  de  mes  prédécesseurs  qui  avaient  essayé  d'asseoir  la  détermi- 
nation de  ces  organes  sur  l'anatomie.  Cuvier  et  Blainville,  entre  autres,  sont 
très-explicites  à  cet  égard.  D'un  autre  côté,  quoique  habitué  à  rencontrer 
chez  les  animaux  inférieurs  une  grande  variabilité,  j'étais  réellement  surpris 
de  trouver  chez  une  Hirudinée  un  organe  respiratoire  aussi  largement  déve- 
loppé. Pour  lever  mes  doutes  à  cet  égard,  j'eus  recours  à  l'expérience  sui- 
vante : 

»  Sur  un  individu  bien  vivant,  je  poussai  une  injection  en  employant 
comme  masse  le  précipité  d'un  bleu  très-pâle  que  produisent  le  prussiate 
de  potasse  et  le  protosulfate  de  fer  du  commerce.  Je  ne  pus  tout  d'abord 
juger  du  résultat  de  l'opération,  la  masse  injectée  ne  ressortant  pas  assez 


(8.3) 

sous  le  pigment  violacé  des  appendices;  mais  au  bout  de  quelques  instants, 
l'air  contenu  dans  l'eau,  agissant  à  travers  les  tissus  vivants  de  l'animal  sur 
le  précipité  employé,  le  transforma  en  bleu  de  Prusse,  et  les  réseaux  vas- 
culaires  des  appendices  devinrent  apparents  à  la  simple  loupe.  Ce  même 
précipité,  que  je  trouvai  vingt-quatre  heures  après  dans  les  vaisseaux  pro- 
fonds, avait  à  peine  changé  de  teinte.  Cette  expérience  me  semble  mettre 
hors  de  doute  la  nature  des  appendices.  Elle  m'a  permis,  qu'on  me  passe 
l'expression,  de  voir  respirer  le  sel  dejer,  et  de  suivre  de  l'œil  les  résultats 
de  celte  respiration. 

»  Le  rôle  des  appendices  une  fois  fixé,  restait  à  déterminer  la  nature  du 
liquide  qui  vient  y  subir  l'action  de  l'air.  Chez  un  animal  vertébré  quelcon- 
que, ce  liquide  eût  été  le  sang,  à  coup  sûr,  et  l'on  n'aurait  même  pas  eu  à 
se  poser  la  question.  Il  n'en  était  pas  de  même  du  moment  qu'il  s'agissait 
d'un  Invertébré,  et  en  particulier  d'un  Annelé. 

»  En  effet,  l'Académie  n'a  peut-être  pas  oublié  les  diverses  communica- 
tions que  j'ai  eu  l'honneur  de  lui  faire  sur  la  cavité  générale  du  corps  des 
Invertébrés,  et  sur  le  liquide  que  renferme  cette  cavité.  Elle  se  rappellera 
peut-être,  entre  autres,  que  ce  liquide  respire  aussi  bien  que  le  sang  lui- 
même  dont  il  remplit  souvent  les  fonctions  en  tout  ou  en  partie.  Ces  faits, 
longtemps  niés  à  cause  de  leur  nouveauté,  reçoivent  chaque  jour  une  con- 
firmation d'autant  plus  précise  que  quelques-uns  de  ceux  qui  les  répètent 
croient  les  avoir  découverts. 

»  En  outre,  chez  le  Branchellion,  comme  nous  venons  de  le  dire,  le 
liquide  qui  remplit  les  ampoules  contractiles  latérales,  et  celui  qui  circule 
dans  les  branchies,  présentent  des  caractères  différents.  Le  premier  est 
rouge,  le  second  est  parfaitement  incolore;  différence  qui  rappelle  celle  qui 
existe  chez  un  grand  nombre  d'Annelés,  entre  le  sang  et  le  liquide  de  la 
cavité  générale.  L'examen  extérieur  à  lui  seul  devait  me  porter  à  penser 
que  c'était  ce  dernier  qui  venait  ici  recevoir  directemeut  l'action  de  l'air.  Le 
résultat  des  injections  me  semble  confirmer  encore  cette  manière  de  voir. 

»  En  effet,  on  trouve  dans  le  Branchellion  à  peu  près  les  mêmes  troncs 
vasculaires  que  chez  les  Sangsues.  Seulement  on  trouve  ici  deux  vaisseaux 
abdominaux  :  le  vaisseau,  ou  mieux  peut-être  le  sinus  des  Sangsues  ordi- 
naires entourant  la  chaîne  ganglionnaire  abdominale,  et  un  tronc  parfaite- 
ment libre  placé  au-dessus.  Le  vaisseau  dorsal  communique  largement  avec 
les  vaisseaux  latéraux,  et  ce  sont  ceux-ci  qui  fournissent  des  troncs  non 
ramifiés  qui  se  terminent  en  ampoules. 

»  En  injectant  soit  le  vaisseau  abdominal  libre,  soit  l'un  des  deux  vais- 
seaux latéraux,  j'ai  rempli  le  reste  de  cet  appareil.  Deux  fois,  entre  autres,. 


(  814  ) 

j'ai  injecté  toutes  les  ampoules  contractiles.  Mais,  en  suivant  cette  voie,  mon 
injection  n'a  jamais  pénétré  dans  les  appendices  branchiaux. 

»  Au  contraire,  en  poussant  le  liquide  coloré  dans  la  petite  cavité  placée 
à  la  base  d'une  des  branchies  postérieures,  j'ai  injecté  toutes  les  branchies 
des  deux  côtés  de  l'animal.  En  même  temps,  j'ai  reconnu  que  cette  cavité 
communique  à  l'intérieur,  par  un  trajet  tout  lacunaire,  avec  l'intestin,  à  la 
surface  duquel  l'injection  est  venue  former  un  réseau  à  larges  mailles;  et 
à  l'extérieur  avec  un  vaisseau  particulier,  placé  entre  les  deux  couches  mus- 
culaires sous-cutanées  et  qui  règne  d'un  bout  à  l'autre  du  corps  proprement 
dit.  C'est  ce  vaisseau  qui  met  en  communication  toutes  les  branchies.  Il  ne 
leur  fournit  d'ailleurs  qu'un  tronc  unique  servant  à  la  fois  à  l'entrée  et  à  la 
sortie  du  liquide  qui  doit  respirer.  A  deux  reprises,  en  essayant  d'injecter 
directement  ce  vaisseau,  j'ai  rempli  deux  très-petits  rameaux  placés  presque 
à  la  superficie  des  téguments  et  qui  avaient  des  parois  propres  parfaitement 
caractérisées. 

«  Si  je  ne  me  trompe,  les  faits  que  je  viens  d'indiquer  présentent  un  grand 
intérêt.  On  n'a  encore  découvert  chez  aucun  Invertébré  l'appareil  chylifere 
et  lymphatique  qui,  chez  les  Mammifères  ou  les  Oiseaux,  verse  directement 
dans  le  sang  les  produits  de  la  digestion  et  de  l'exhalation  interstitielle.  Jus- 
qu'à ce  jour,  cet  appareil  s'est  montré  suppléé  par  la  cavité  générale  elle- 
même.  Or,  chez  le  Branchellion,  cette  cavité  est  dissimulée,  quoique  moins 
complètement  que  chez  les  Sangsues  proprement  dites.  On  en  retrouve  des 
traces  à  la  partie  postérieure  du  corps  et  dans  le  cou,  sous  la  forme  de 
chambres  lacunaires.  Les  cavités  où  sont  logées  les  ampoules  contractiles, 
les  lacunes  qui  entourent  l'intestin  en  sont  aussi  des  dépendances;  mais  à 
cet  ensemble  de  cavités  lacunaires  se  joint  un  système  vasculaire  à  parois 
propres,  qui  me  semble  devoir  être  considéré  comme  un  véritable  appareil 
lymphatique  rudimentaire.  Par  conséquent,  les  appendices  latéraux  du 
Branchellion  seront  aussi  pour  nous  des  branchies  lymphatiques. 

»  En  présentant  à  l'Académie  des  résultats  aussi  nouveaux,  je  crois  devoir 
ajouter  que  c'est  ici  surtout  que  M.  Leydig  et  moi  sommes  en  désaccord. 
J'indiquerai  très-brièvement  les  points  qui  nous  séparent. 

»  M.  Leydig  a  vu  les  ampoules  contractiles;  il  a  reconnu  aussi  la  pré- 
sence d'un  liquide  dans  les  appendices  foliacés;  mais  il  a  regardé  ce  liquide 
comme  le  sang  proprement  dit,  et  il  a  cru  qu'il  venait  directement  du  vais- 
seau abdominal.  Ces  inexactitudes  du  naturaliste  allemand  s'expliquent 
bien  aisément.  M.  Leydig  n'a  pas  vu  le  vaisseau  sous-cutané,  et  par  consé- 
quent il  n'a  pu  reconnaître  la  véritable  origine  des  troncs  branchiaux.  11  a 
été  ainsi  entraîné  à  prendre  pour  des  vaisseaux  les  brides  qui  maintiennent 


(8.5) 

en  place  l'ampoule  contractile.  Un  coup  d'œil  jeté  sur  ses  figures  ne  peut 
laisser  de  doute  à  cet  égard. 

»  Il  est  plus  difficile  d'expliquer  comment  M.  Leydig,  après  avoir  vu  le 
sang  coloré  dans  l'ampoule,  a  pu  regarder  comme  étant  identique  avec  lui 
le  liquide  parfaitement  incolore  qui  circule  dans  les  branchies.  Peut-être 
l'auteur  allemand  n'a-t-il  eu  à  sa  disposition  que  des  Branchellions  affaiblis 
ou  à  jeun  depuis  longtemps.  Dans  ces  deux  cas,  ainsi  que  j'ai  pu  le  consta- 
ter, la  teinte  rouge  du  sang  s'éclaircit  en  effet  beaucoup;  mais,  lorsque  les 
individus  sont  robustes  et  que  leurs  poches  digestives  sont  remplies,  leur 
sang  est  presque  aussi  fortement  coloré  que  chez  les  autres  Hirudinées,  et 
alors  la  confusion  dont  il  s'agit  est,  je  crois,  impossible. 

»  Au  reste,  l'Académie  voudra  bien  se  rappeler  que  les  résultats  que  j'ai 
obtenus  l'ont  été  à  l'aide  d'injections.  Ces  résultats  ont  été  vérifiés  sur  place 
par  M.  Valenciennes,  que  sa  mission  le  long  de  nos  côtes  amena  à  la  Ro- 
chelle pendant  que  je  m'occupais  de  ces  études,  et  qui  voulut  bien  dissé- 
quer lui-même  un  des  vaisseaux  terminés  par  l'ampoule  contractile. 
MM.  Garreau,  chirurgien  en  chef  de  l'hôpital  militaire,  et  le  Dr  Sauvé,  qui 
s'occupe  des  Sangsues  depuis  plusieurs  années,  ont  suivi,  pour  ainsi  dire, 
jour  par  jour  toutes  mes  études  sur  ce  sujet.  Enfin,  malgré  la  difficulté  de 
conserver  des  préparations  aussi  délicates  et  faites  uniquement  pour  l'étude, 
celles  que  j'ai  rapportées  suffisent  pour  démontrer  clairement  les  trois  faits 
essentiels  sur  lesquels  nous  sommes  en  désaccord  avec  M.  Leydig,  savoir  . 
la  non-communication  des  vaisseaux  abdominaux  avec  les  branchies,  l'exi- 
stence du  vaisseau  lymphatique  sous-cutané,  et  la  naissance  sur  ce  vais- 
seau des  troncs  qui  se  portent  aux  branchies. 

»  Sans  aborder  ici  des  considérations  générales  qui  ressortent  des  obser- 
vations précédentes,  je  crois  devoir  ajouter  que,  malgré  ses  caractères 
exceptionnels,  le  Branchellion  n'en  appartient  pas  moins  à  la  classe  des 
Bdelles,  mais  qu'il  doit  former  à  lui  seul  une  division  de  cette  classe,  la- 
quelle devra  être  partagée  en  Bdelles  bmnchifères  et  en  Bdelles  abranches .  » 

astronomie.  —  Ascensions  droites  relatives  des  36  étoiles  fondamentales , 
déduites  des  observations  faites  à  l'observatoire  royal  de  Greenwich, 
depuis  i^o  jusqu'en  1762,  et  depuis  1 836  jusqu'en  i85o  (seconde  partie); 
par  M.  U.-J.  Le  Verrier. 

«  J'ai  présenté  la  première  partie  de  ce  travail  à  l'Académie  des  Sciences 
dans  la  séance  du  5  avril  i852.  Ayant  fait  connaître  alors  que  j'avais  soumis 


(  8i6) 

à  une  nouvelle  discussion  les  ascensions  droites  observées  par  Bradley, 
depuis  1750  jusqu'en  1762,  et  que  cette  discussion  avait  mis' en  évidence  la 
nécessité  de  modifications  au  Catalogue  fondamental  pour  1755,  plusieurs 
astronomes  ont  bien  voulu  mexprimer  le  désir  d'avoir  une  communication 
immédiate  de  mes  résultats.  Pour  satisfaire  à  leur  demande,  je  me  propose 
de  donner  ici  le  Catalogue  des  positions  pour  1760  telles  que  je  les  ai  éta- 
blies, et  d'y  joindre  le  Catalogue  des  positions  pour  i85o  telles  que  je  les  ai 
déduites  de  la  série  des  observations  faites  pendant  quinze  années  à  l'obser- 
vatoire royal  de  Greenwich,  depuis  i836  jusqu'en  1 85o.  L'ensemble  du  tra- 
vail et  les  détails  des  réductions  seront  prochainement  publiés  dans  toute 
leur  étendue. 

Catalogue  pour  1750,0. 

»  Ce  Catalogue  résulte  de  la  discussion  de  toutes  les  observations  faites 
par  Bradley;  il  comporte  donc,  je  l'espère,  toute  l'exactitude  qu'on  peut 
attendre  de  l'ensemble  de  ces  observations.  Le  travail  a  été  conduit  de  la 
manière  suivante  : 

»  i°.  L'état  de  la  lunette  a  été  établi  au  moyen  de  toutes  les  observations 
de  la  polaire.  Aux  époques  où  cette  ressource  a  manqué,  on  a  eu  recours  à 
l'ensemble  des  observations  des  étoiles  Nord  et  Sud  :  dans  ce  cas,  plusieurs 
approximations  successives  ont  été  nécessaires,  à  cause  des  corrections  no- 
tables qu'ont  eu  à  subir  les  positions  de  plusieurs  des  étoiles  comparées. 

»  20.  Les  positions  des  étoiles  7  et  ]3  de  l'Aigle,  Wéga,  Arcturus,  a  de  la 
Vierge  et  a.  du  Cygne,  étoiles  très-fréquemment  observées,  ont  été  fixées 
entre  elles  et  par  rapport  à  a  de  l'Aigle. 

»  3°.  Les  positions  des  étoiles  Castor  et  Pollux,  a  d'Orion,  la  Chèvre, 
Rigel,  Aldébaran  et  Sirius  ont  été  fixées  entre  elles  et  par  rapport  à 
Procyon. 

»  4°-  La  comparaison  de  l'ensemble  des  étoiles  du  premier  groupe  par 
rapport  à  l'ensemble  des  étoiles  du  second  groupe,  a  été  établie  au  moyen 
de  8o4  comparaisons,  en  ayant  soin  de  déterminer  toujours  le  mouvement 
de  la  pendule  au  moyen  des  observations  d'un  même  groupe  faites  à  des 
jours  différents. 

»  5°.  Enfin  les  autres  étoiles  fondamentales,  moins  fréquemment  obser- 
vées par  Bradley,  ont  été  comparées  à  l'ensemble  des  étoiles  déjà  détermi- 
nées dans  le  premier  et  dans  le  second  groupe. 

»  La  variabilité  du  mouvement  propre  de  Sirius,  mise  en  évidence  par 


(  8i7  ) 
les  seules  observations  de  Bradley,  nécessite  qu'on  donne  pour  cette  étoile 
un  Catalogue  à  part.  On  le  trouvera  à  la  suite  du  Catalogue  général. 

»  L'époque  moyenne  des  observations  de  Bradley  tombe  en  l'année  1 756, 

pour  la  plupart  des  étoiles.  Pour  la  commodité  des  calculs,  j'ai  ramené  le 

Catalogue  de  cette  époque  à  l'époque  1750,0  (commencement  de  l'année 

fictive  de  Bessel),  au  moyen  du  mouvement  déduit  de  la  comparaison  de 

ce  Catalogue  avec  celui  de  notre  époque,  et  dont  je  vais  parler. 

Catalogue  pour  i85o,0. 

»  Ce  Catalogue  résulte  de  l'ensemble  des  observations  faites  à  Green- 
wich,  sous  la  direction  de  M.  Airy,  depuis  i836  jusqu'en  i85o  inclusive- 
ment. Les  positions  ayant  été  ramenées  à  l'époque  i85o,o,  au  moyen  du 
Catalogue  pour  i75o,  on  retrouvera  aisément,  si  on  le  désire,  les  positions 
correspondant  à  l'époque  moyenne  des  observations  employées. 

»  Grâce  aux  excellentes  réductions  des  observations  de  Greenwich,  pu- 
bliées chaque  année  par  les  soins  de  M.  Airy,  le  travail  nécessaire  pour 
constituer  un  Catalogue  à  notre  époque  a  été  moins  considérable  que 
pour  l'époque  de  Bradley. 

»  i°.  Admettant,  pour  l'intervalle  d'une  année  seulement,  les  réductions 
des  positions  observées,  publiées  chaque  année  par  l'observatoire  de  Green- 
wich, mais  reprenant  toutes  les  déterminations  nécessaires  pour  comparer 
les  positions  observées  dans  les  différentes  années,  j'ai  commencé  par  for- 
mer trois  Catalogues  :  le  premier,  au  moyen  des  cinq  années  d'observations, 
depuis  i836  jusqu'en  1840;  le  deuxième,  au  moyen  des  cinq  années  d'ob- 
servations, depuis  1841  jusqu'en  i845;  le  troisième;  au  moyen  des  cinq 
années  d'observations,  depuis  1846  jusqu'en  i85o. 

»  Ces  trois  Catalogues  se  sont  trouvés,  pour  presque  toutes  les  étoiles, 
aussi  concordants  qu'on  pouvait  l'espérer  :  Procyon  et  Sirius  seules  ont  fait 
exception. 

»  Sirius.  Les  observations  ont  fourni  les  trois  corrections  suivantes, 
applicables  aux  positions  données  par  Bessel  : 

diff.  1"».  diff.  2e. 

i838,5     -+-o5,2i5 

i843,5     +o',a83     +O's'°°o     -o',i66 

1848, 5     -t-o',i85         °  '09^ 

Ces  positions,  dont  on  déduit  encore  avec  évidence  la  variabilité  du  mou- 
vement propre  de  Sirius,  concordent  avec  la  théorie  de  ce  mouvement  don- 
née par  M.  Peters.  Cette  théorie  fournit  les  positions  de  Sirius,  depuis  i83o 
jusqu'à  i85o,  avec  une  très-grande  exactitude. 

C  R.  ,  i85a,  am«  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  83.)  Io8 


I  818  ) 

»  Procjron.  Les  trois  déterminations  partielles  de  l'ascension  droite  dif- 
fèrent de  leur  moyenne  des  quantités  suivantes  : 

En   i838,5  —  os,o3g 

En  1843,5  +o',oi3 

En  i848,5  4-0', oa5 

Bien  que  ces  écarts  paraissent  suivre  une  marche  régulière,  et  bien  qu'au- 
cune autre  étoile  n'en  offre  de  pareils,  ceux-ci  sont  cependant  encore  trop 
faibles  pour  que  nous  devions  nous  y  arrêter. 

»  20.  Par  la  marche  précédente,  naturellement  indiquée  par  le  sys- 
tème de  réduction  suivi  à  Greenwich,  chaque  étoile  étant  surtout  com- 
parée à  celles  qui  l'entourent,  on  peut  être  certain  que  les  étoiles  voisines 
sont  bien  rapportées  les  unes  aux  autres.  Dans  la  crainte  qu'il  n'en  fût  pas 
de  même  des  étoiles  situées  dans  des  régions  opposées  du  ciel,  j'ai  com- 
paré directement  l'ensemble  des  étoiles,  comprises  depuis  a  de  la  Baleine 
jusqu'à  Pollux,  à  l'ensemble  des  étoiles  comprises  depuis  a  de  la  Couronne 
jusqu'à  a2  du  Capricorne.  J'ai  trouvé  ainsi,  par  4' 8  comparaisons,  qu'il 
était  nécessaire,  d'appliquer  au  Catalogue  déduit  des  premiers  calculs  une 
correction  systématique  représentée  par  la  formule 

—  os,oi5  sin  (a  —  ih). 

La  faiblesse  de  cette  correction  est  elle-même  une  garantie  de  l'exactitude 
des  observations,  des  réductions  et  de  l'harmonie  des  différentes  parties  du 
Catologue  (1). 

»  J'ajoute  qu'en  groupant  ces  4 18  comparaisons,  suivant  les  mois  de 
l'année,  je  n'ai  trouvé  ici  aucune  trace  de  ce  fait  que  j'ai  signalé  dans  les 
observations  de  Bradley,  savoir,  que  les  observations  ne  donneraient  pas  à 
toute  époque  de  l'année  la  même  distance  en  ascension  droite  entre  les 
étoiles  éloignées  de  douze  heures. 

»  Je  pourrais  présenter  directement  les  positions  pour  1  ^5o  et  pour  1 85o. 
Les  astronomes  trouveront,  sans  doute,  plus  commode  et  plus  utile  que  je 
mette  à  leur  disposition  les  corrections  qui  doivent  être  appliquées  aux 

(1)  Il  arrive  presque  toujours  que  les  trois  groupes  d'observations  nécessaires  pour  établir 
l'une  des  4>8  comparaisons  ne  sont  pas  donnés  par  le  même  observateur;  en  sorte  que  cha- 
que comparaison  se  trouve  affectée  à  raison  des  erreurs  individuelles  ,  erreurs  qui ,  on  ne 
peut  en  douter,  sont  elles-mêmes  variables  avec  le  temps.  J'ai  eu  soin  de  m'assurer  que 
cette  cause  d'incertitude  n'a  aucune  influence  sur  le  résultat  déduit  de  l'ensemble  des  com- 
paraisons. 


ï  819  ) 

Tabulas  regiomontante.  J'ai  d'ailleurs  reconnu  qu'il  était  nécessaire  d'ap- 
porter quelques  modifications  à  la  partie  séculaire  de  la  précession  ;  en  sorte 
qu'on  ne  doit  pas  faire  usage  d'une  correction  proportionnelle  au  temps. 
Par  ce  motif,  je  ne  me  bornerai  pas  à  donner  les  corrections  pour  \rj$o  et 
pour  i85o,  mais  je  les  fournirai  9e  dix  en  dix  ans  pour  les  36  étoiles  fonda- 
mentales. 


Corrections  des  ascensions  droites  relatives  des  36  étoiles  fondamentales  comprises 
dans  les  Tabulas  regiomontanae. 

Nota.  Ces  corrections  sont  exprimées  en  millièmes  de  seconde  de  temps. 


y  Pégase 

g  Bélier 

a  Baleine 

Aldébaran 

La  Chèvre 

Rigel 

/3  Taureau 

a  Orion 

Sirius 

Castor 

Procyon 

Poilu* 

«  Hydre 

Régulus 

,5  Lion 

[i  Vierge 

a  Vierge 

Arcturus 

a'  Balanoe 

a'  Balance 

a  Couronne. . .. 

a  Serpent 

Antarès 

y.  Hercule 

k  Ophiuchus.  . . 

Wega 

y  Aigle........ 

a  Aigle 

/2  Aigle 

a'  Capricorne.  . 
a1  Capricorne.  . 

a  Cygne  

a  Verseau 

Fomalhaut 

a  Pégase   

a.  Andromède    . 


17o0 


108 
46 
II 

26 

24 

5i 

i63 

42 

61 

58 
112 
101 
I2i 
106 
9 

'9 

34 
i36 
2:28 

3 

i65 
106 

56 
141 

52 

176 

12 

■Sa 

5i 
20 
110 

97 

58 

6 

i3 


1760 


17 

23 

49 
142 
38 

43 

57 

r4 
82 
102 

87 

i3 

•9 

23 

120 

200 

25 

142 

89 

52 
"H 

46 

i5i 

12 

128 

49 
11 

96 
87 
69 

7 

4 


1770 


■+■  7a 

-  24 
-+-  i3 

-  8 

-  21 

-t-  47 

-t-  iai 

-+-  33 

-  24 

-  55 

-  75 

-  63 

-  82 

-  68 

-+-  18 

-  '9 

-  .3 

-t-  io3 

-+-  172 

-  »7 

-t-  118 

-+-  72 

-  47 

-  86 

-  40 
-+-  126 

-  i3 
-+-  102 

-  46 
-+-  3 

-  82 

-  77 

-  81 

-t-  8 

-(-  5 


1780 


53 

i3 

«4 

o 

'9 
45 

101 

«9 


53 
56 
45 
63 
5o 
22 
"9 
4 
85 

i'i4 
9 

94 
56 
43 

59 

33 

101 

i3 

75 

44 

6 

68 
68 

94 
8 

"4 


1790 


-+■  34 

-  3 

-f-  i5 

S*  9 

-  i5 

+  43 

-(-  81 

-t-  25 

+  '4 

-  5o 

-  37 

-  27 

-  45 

-  32 

4-  27 

-  >9 

-t-  4 

-r-  66 

-4-  1 1  5 

-  I 

-t-  ;o 

-1-  39 

-  39 
r-  32 

-  27 
-t-  75 

-  i4 
-r-  48 

-  42 

-  i5 

-  55 

-  59 

-  107 
■+-  8 
-t-  22 


1800 


i3 
8 
16 
18 
9 

4" 
62 
21 

34 

40 
18 

9 
27 
i5 
3i 

19 
1 1 
48 
87 

G 
46 
22 
35 

6 
21 
5o 
i5 
21 
40 

25 

42 

5o 

121 

8 
3o 


1810 


8 
18 

•7 
28 

38 
42 
'7 

54 
42 
1 
9 
9 
2 

35 
20 
16 

29 
58 
11 
21 

5 

32 

20 
i5 

4 
16 

7 

38 
35 
?o 

4i 
i35 

7 
37 


1820 


28 
27 

'7 

37 

7 
36 

23 

(3 


37 

20 

27 

9 
■  8 

38 
21 
20 

9 
29 
'7 

3 
12 
29 
46 

9 
2 

'7 
35 
36 

44 
18 
33 

'49 
5 

44 


1850 


49 

36 

'7 

4<'> 
i(i 
M 
5 


353 
3i 
40 

44 

26 

34 

40 

23 

22 
10 
O 
24 
28 
28 
26 
71 

3 
28 

18 

64 

35 

54 

6 

25 

i63 

3 

5i 


1840 


-  70 

-r-  44 

4-  17 

-i-  56 

+-  26 

-t-  3o 

-  i3 

+-  7 

-r-  263 

-1-  3;3 

-  26 

+-  6l 

-t-  61 

+.  43 

+■■  49 

+-  42 

-  25 

+-'  23 

-  3o 

-  3o 
-1-  3o 

-  53 

-  45 

-  22 

+■  97 

-t-  3 

-  54 

-  18 

-  93 

-  33 

-  64 

-1-  6 

-  '7 

-  >77 

+-  2 

4-  57 


1880 


92 
53 

'7 
66 

37 

27 

3o 

3 

"4 

394 

20 
82 

78 
59 

64 

44 
28 

23 

49 
60 
36 
78 
62 

19 

122 

8 

81 
18 

123 

32 

74 
•7 
10 

'9' 

o 

61 


I08.. 


(  8ao  ) 


Table  de  correction  spéciale  à  l'étoile  Sirius 

i^So  4-  o%2ig 

i836  4-  o',i62 

1751  4-  o,i85 

1837  +  0^87 

1752  4-  0, i53 

i838  4-  o,2i3 

1753  4-  0,123 

i83g  4-  0,239 

1754  +  0,096 

1840  4-  0,263 

1755  -+-  0,073 

1841  4-  0,280 

1756  4-  o,o53 

1842  4-  0,286 

1757  4-  o,o36 

1843  4-  0,279 

1758    4-    0>023 

i844  4-  0,261 

1759  4-  o,oi3 

i845  4-  o,236 

1760  -+-  o,oo5 

1846  4-  0,210 

1761   -+-  0,001 

1847   +  0,184 

1762  -+-  0,000 

1848  4-  o,i5g 

1 849  4-  0 , 1 36 

i85o  4-  0,1 14 

Observation.  De  1 750  à  1810,  la  correction  relative  à  Castor  convient  au  centre  de  lumière 
des  deux  étoiles.  De  i83o  à  i85o,  la  correction  se  rapporte  à  la  situation  de  la  seconde  étoile. 

astronomie  et  géodésie.   —  Sur  la  dernière  communication 
de  M.  le  Ministre  de  l'Intérieur;  par  M.  Faye. 

«  En  annonçant  à  l'Académie  le  projet  grandiose  de  relier,  dans  un 
même  réseau  électrique,  les  chefs-lieux  de  tous  nos  départements,  M.  le 
Ministre  de  l'Intérieur  ouvre  aux  sciences  une  voie  nouvelle  où  elles  ne 
peuvent  manquer  d'entrer.  Chacun  a  pressenti,  par  exemple,  l'avantage 
qu'en  retireront  les  études  météorologiques  ;  mais  je  n'ai  point  à  m'occuper 
ici  de  cette  face  de  la  question;  elle  revient  de  droit  à  des  confrères  plus 
compétents.  Pour  moi,  l'intérêt  se  concentre  sur  la  question  "astrono- 
mique et  géodésique. 

»  On  sait  le  parti  que  les  Américains  ont  tiré  de  leurs  télégraphes  pour 
la  détermination  des  longitudes.  Évidemment  on  doit  en  faire  autant  en 
France.  Mais  en  France,  où  le  sol  est  couvert  de  la  plus  vaste  triangula- 
tion qui  existe,  ce  ne  serait  pas  assez,  et  la  question  prend  chez  nous  une 
tout  autre  importance. 

»  Je  propose  de  déterminer,  par  les  procédés  nouveaux  dont  la  science 
dispose,  non-seulement  les  longitudes,  mais  encore  les  latitudes  astro- 
nomiques de  tous  nos  chefs-lieux,  et  de  les  comparer  aux  coordonnées  géo- 
désiques  déjà  connues,  afin  de  compléter  les  travaux  antérieurs  et  de  mettre 
en  relief  les  irrégularités  locales  dont  la  surface  du  sphéroïde  terrestre  peut 


(8ai  ) 

être  affectée  sur  notre  sol.  Nos  procédés  actuels  sont  si  parfaits,  qu'un  ob- 
servateur exercé  peut  promettre,  sans  trop  s'aventurer,  de  poursuivre  les 
centres  ou  les  lignes  de  perturbations  locales  qui  auront  été  indiqués  par 
cette  première  opération,  en  procédant,  s'il  le  faut,  de  3  mètres  en  3  mètres. 
C'est  aux  géologues  de  nous  dire  s'il  y  a  quelque  intérêt  à  rapprocher  ces 
observations  de  leurs  cartes  géologiques,  de  leurs  cercles  de  comparaison, 
et  à  chercher  ainsi  des  traces  perdues  dans  l'épaisseur  de  la  croûte  terrestre. 
Quant  à  l'intérêt  géodésique,  il  est  trop  évident  pour  qu'il  soit  nécessaire 
d'insister. 

»  Les  moyens  d'observation  qui  manquaient  autrefois  existent  aujour- 
d'hui. Par  exemple,  une  des  coordonnées  de  la  verticale  peut  être  déter- 
minée, en  chaque  point,  dans  l'espace  d'une  seule  nuit,  avec  la  précision 
qu'on  admire  dans  les  mesures  micrométriques  d'étoiles  doubles.  De  même, 
la  longitude,  si  souvent  affectée  d'erreurs  inextricables,  si  souvent  dou- 
teuse, sera  délivrée  de  ces  incertitudes  par  une  simple  combinaison  des 
procédés  photographiques  avec  ceux  de  la  télégraphie  actuelle.  Ici,  l'artifice 
consiste  à  supprimer  l'observateur;  ailleurs,  il  suffit  de  réduire  son  inter- 
vention au  point  où  l'expérience  nous  enseigne  qu'elle  devient  irrépro- 
chable. 

»  Ceux  qui  ont  suivi  la  transformation  qui  s'est  accomplie  de  nos  jours 
dans  la  géodésie,  savent  tout  ce  que  l'exécution  du  projet  dont  je  parle  don- 
nerait de  valeur  aux  travaux  déjà  faits,  sans  ajouter  notablement  aux  dé- 
penses qu'ils  ont  coûtées  au  pays.  Ces  travaux,  on  ne  les  recommencera 
plus  nulle  part  sur  le  globe,  si  ce  n'est,  peut-être,  dans  un  intérêt  purement 
théorique.  » 

astronomie.  —  Nouveaux  éléments  de  la  planète  Massalia . 
(Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Valz  à  M.  Arago.) 

«  Aussitôt  qu'il  y  a  eu  un  intervalle  de  deux  mois  dans  les  observations 
de  Massalia,  j'ai  cherché  à  corriger  les  éléments  provisoires  que  je  vous 
avais  transmis,  et  sur  lesquels  je  dois  faire  la  remarque  que,  par  mégarde, 
au  lieu  de  la  longitude  moyenne,  c'était  réellement  l'anomalie  moyenne 
qui  se  trouvait  portée,  comme  d'usage,  pour  simplifier  davantage  les  sup- 
putations. Ma  méthode  de  calcul  présentant  encore  l'avantage  de  s'appli- 
quer avec  la  même  facilité  à  quatre  observations,  comme  à  trois  seulement, 
et  dans  ce  cas  extrême  d'une  aussi  faible  inclinaison,  j'en  ai  tenté  l'emploi. 
Voici  ce  que  j'ai  obtenu  pour  deux  mois  d'intervalle  : 


(  8aa  ) 

Époque. ...    2o,5  septembre  i8Ô2. 

Longitude  moyenne 5°  55'  42" 

Anomalie  moyenne .  2290  3^'  3o" 

Longitude  périhélie 1 36°  1 8'  1 2" 

Çl 2o6°i8'3o" 

Inclinaison 41'  33" 

Excentricité,  0,057771,  dont  l'angle  répondrait  à .  3°i8'42' 

Demi-grand  axe 2,3io37 

Révolution -.  .  3ans,5i  125 

Mouvement  moyen  diurne 1010"  ,4 

Cela  diffère  assez  des  premiers  éléments  provisoires,  mais  moins  cependant 
que  d'autres  qui  ont  déjà  été  publiés,  et  même  en  sens  inverse.  Ceux  de 
M.  Schoenleld,  qui  s'en  rapprochent  assez,  donnent  cependant  encore, 
pour  le  19  novembre,  des  erreurs  de  -+-  26'  en*  et  —  10'  en  D,  qui  se 
trouvent  réduites  à  quelques  secondes  seulement  par  les  éléments  ci- 
dessus. 

»  Des  mauvais  temps  continus,  et  comme  je  ne  me  rappelle  pas  d'en 
avoir  encore  remarqué,  n'ont  pas  permis,  jusqu'à  présent,  d'observer  Lute- 
tia,  ni  la  22e  petite  planète,  et  ont  occasionné  bien  des  retards  dans  le  tra- 
vail des  Cartes  écliptiques.  J'espère  cependant  vous  envoyer  dans  quelques 
jours  la  seconde,  qui  est  sur  le  point  d'être  terminée;  mais,  à  cause  des 
contre-temps  continuels,  il  restera  dans  les  heures  une  lacune  qui  ne  pourra 
être  comblée  que  l'année  prochaine.  » 

M.  Pouillet  présente  à  l'Académie  la  deuxième  édition  de  ses  Notions 
générales  de  Physique  et  de  Météorologie  à  l'usage  de  la  jeunesse.  Il  indique 
les  principales  additions  qu'il  a  pu  y  introduire  et  qui  se  rapportent 
à  la  presse  hydraidique,  aux  machines  à  vapeur  et  à  la  télégraphie 
électrique. 

M.  Mathieu,  au  nom  de  la  Commission  chargée  de  l'examen  des  pièces 
admises  au  concours  pour  le  prix  de  Statistique,  prie  l'Académie  de  vouloir 
bien  adjoindre  deux  nouveaux  Membres  à  cette  Commission,  devenue  trop 
peu  nombreuse  par  l'absence  prolongée  de  quelques-uns  des  Membres  pri- 
mitivement nommés. 

MM.  Boussingault  et  Bienaymé  sont  désignés  à  cet  effet. 


(  8*3) 

4 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  candi- 
dat pour  la  place  de  professeur  de  Physique,  vacante  au  Conservatoire  des 
Arts  et  Métiers. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  56, 

M.  Edmond  Becquerel  obtient.   ....     35  suffrages. 
M.  Léon  Foucault 1 5 

Il  y  a  six  billets  blancs. 

M.  Ed.  Becquerel,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  sera 
présenté  au  choix  de  M.  le  Ministre  comme  le  candidat  de  l'Académie. 

MÉMOIRES    LUS. 

physique  terrestre.  —  Carte  de  la  température  des  eaux  à  la  surface  de 
la  merdes  Antdles,  du  golfe  du  Mexique  et  de  la  portion  voisine  de  l'océan 
Atlantique  ;  par  M.  Ch.   Sainte-Claire  Deville. 

«  Le  rôle  essentiel  que  joue  la  température  de  la  mer  dans  les  phéno- 
mènes météorologiques  généraux,  explique  suffisamment  l'intérêt  qu'il  y 
aurait  à  connaître  exactement  les  lignes  isothermes  des  eaux  à  la  surface 
des  mers.  Cette  étude  est  encore  peu  avancée  :  d'abord,  parce  que  les  obser- 
vations manquent,  surtout  pour  certains  parages;  puis,  parce  que,  comme 
le  fait  remarquer  M.  Dove  à  propos  des  isothermes  de  l'air  à  la  surface  des 
mers,  chaque  navigateur  ne  donnant  généralement  qu'une  fois  par  jour  la 
position  du  navire,  on  est  obligé  de  conclure  par  interpolation  la  position 
qui  correspond  à  la  plupart  des  observations. 

»  La  Carte  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  a  pour  objet  de 
faire  connaître  les  températures  des  eaux  superficielles  dans  tout  l'espace 
compris,  dans  l'océan  Atlantique,  entre  les  ioe  et  4oe  degrés  de  latitude 
nord,  et  entre  les  55e  et  iooe  degrés  de  longitude  ouest,  c'est-à-dire  dans 
la  mer  des  Antilles,  le  golfe  du  Mexique,  et  toute  la  portion  de  l'Atlantique 
qui  remplit  l'angle  compris  entre  les  côtes  de  la  Floride  et  du  Maryland  et 
les  hauts-fonds  de  Bahama.  C'est  le  point  à  la  fois  le  plus  compliqué  et  le 
plus  intéressant  du  cours  du  Gulf-Streain. 

»  Les  matériaux  qui  ont  servi  à  la  construction  de  cette  Carte  provien- 
nent de  plusieurs  sources  différentes. 

»  Les  uns  sont  déjà  publiés;  ce  sont  les  chiffres  très-nombreux  portés 


(  824  ) 

sur  1a  Carte  des  Vents  et  des  Courants  de  l'océan  Atlantique,  et  dont  l'au- 
teur, M.  Maury,  lieutenant  de  la  marine  américaine,  a  fait  connaître  l'ori- 
gine dans  une  intéressante  publication. 

»  Les  autres  sont  entièrement  inédits  ;  ce  sont  : 

»  i°.  Un  très-grand  nombre  de  registres  tenus  à  bord  du  vaisseau  anglais 
le  Thunder,  durant  la  campagne  hydrographique  faite  par  ce  bâtiment,  de 
j834à  1848,  sous  le  commandement  des  capitaines  R.  Owen  et  Barnett,  et 
à  bord  des  schooners  Jackdaw  (i833)  et  Lark  (i835-i836),  commandés 
tous  deux  par  le  capitaine  Barnett.  Ces  documents  m'ont  été  communiqués 
à  Londres,  en  1849,  avec  une  générosité  dont  je  conserve  le  plus  reconnais- 
sant souvenir,  par  le  directeur  et  le  secrétaire  de  Y  Hjdrographical-OJJîce  ; 

»  20.  Le  journal  manuscrit  des  observations  recueillies  par  le  capitaine 
de  corvette,  aujourd'hui  contre-amiral,  Bérard  (1),  sur  le  brick  le  Volti- 
geur, en  i838  et  1839,  durant  la  campagne  de  la  Vera-Cruz  ; 

»  3°.  Enfin,  les  observations  que  j'ai  recueillies  moi-même  sur  les  lieux, 
ou  qui  m'ont  été  remises  par  plusieurs  navigateurs  qui  avaient  bien  voulu 
se  charger,  à  ma  demande,  de  thermomètres  vérifiés  avec  soin.  Ces  derniers 
documents  sont  imprimés  en  entier  dans  les  tableaux  météorologiques  qui 
terminent  le  Ier  volume  de  mon  Voyage  géologique  aux  Antilles. 

»   Voici  comment  j'ai  utilisé  ces  nombreux  matériaux  : 

»  J'ai  divisé  l'étendue  de  mer  qui  m'occupait  en  rectangles  ayant  pour 
côtés  2  degrés  et  demi  en  latitude,  et  a  degrés  et  demi  en  longitude  ;  subdi- 
visant, d'ailleurs,  chacun  de  ces  rectangles  en  quatre  parties  égales,  chaque 
fois  que  la  rapidité  dans  les  variations  de  la  température  l'exigeait  et  que 
l'abondance  des  matériaux  le  permettait.  Pour  les  parages  où  les  températures 
varient  très- peu,  et  où  les  observations  ne  sont  pas  nombreuses,  j'ai  réuni,  au 
contraire,  en  un  seul,  deux  ou  plusieurs  de  ces  compartiments.  J'ai  calculé 
alors  séparément,  dans  chacun  de  ces  rectangles,  la  température  moyenne 
pour  chaque  mois  de  l'année,  en  ayant  soin  de  calculer  à  part  la  moyenne 
qui  résultait  des  observations  faites  avec  les  thermomètres  américains,  an- 
glais et  français,  afin  de  contrôler  les  uns  par  les  autres  les  éléments  de  la 
moyenne  générale.  Puis  j'ai  placé  sur  laCarte,  au  centre  de  chaque  rectangle, 
le  nombre  qui  représentait  la  moyenne  des  douze  mois.  J'ai  enfin  construit 
les  courbes  des  isothermes  annuelles,  en  interpolant  d'un  de  ces  centres 
aux  centres  immédiatement  voisins. 


(1)  Cette  Note  était  rédigée  avant  la  perte  si  regrettable  que  la  science  vient  de  faire  parja 
jnort  de  ce  savant  navigateur. 


(  8a5  ) 

»  Ne  pouvant,  de  crainte  de  trop  grande  complication,  tracer  les  courbes 
de  chaque  mois,  j'ai  pris  la  moyenne  des  six  mois  les  plus  chauds,  qui  sont, 
pour  l'espace  qui  nous  occupe,  les  mois  de  juin,  juillet,  août,  septembre, 
octobre  et  novembre;  enfin,  j'ai  conclu  de  la  même  manière  les  isothermes 
des  six  mois  les  plus  froids.  J'avais  alors  les  éléments  nécessaires  pour  con- 
struire les  trois  séries  de  courbes  qui  sont  tracées  sur  la  Carte. 

»  Je  vais  essayer  maintenant  de  résumer  brièvement  les  conséquences 
qu'on  peut  déduire  de  l'examen  de  ces  courbes. 

»  Les  isothermes  de  la  mer,  dans  tout  cet  espace,  offrent  un  grand  nombre 
d'inflexions.  Cette  complication  est  due  à  l'action  du  Gulf-Stream,  qui  est 
ici  le  trait  dominant. 

»  Une  remarque  générale  qu'on  peut  faire,  c'est  que  la  température 
des  eaux  croît  toujours  à  mesure  qu'on  s'éloigne  des  côtes.  Cette  ceinture 
d'eau  froide  se  retrouve  le  long  des  terres,  non-seulement  sur  les  côtes  de 
la  Floride,  où  elle  a  été  si  souvent  signalée,  mais  sur  tout  le  littoral  du 
golfe  du  Mexique,  du  Yucatan,  de  la  Nouvelle-Grenade,  jusqu'aux  parages 
de  Cumana  et  de  la  Margarita,  où  elle  avait  été  déjà  reconnue  par  M.  de 
Humboldt,  en  1799. 

»  Le  courant  équinoxial  entre  dans  la  mer  des  Antilles  avec  une  tempéra- 
ture de  26  degrés,  pour  la  moyenne^  des  mois  d'hiver;  de  27°,5,  pour  celle 
des  mois' d'été.  Il  traverse  cette  mer,  en  conservant  sa  température  en  été, 
s'y  refroidissant  légèrement  en  hiver.  Ses  eaux  ne  pénètrent,  surtout  en 
hiver,  d'après  les  observations  du  contre-amiral  Bérard,  qu'en  très-faible 
partie  dans  le  golfe  du  Mexique.  Elles  n'occupent  pas  toute  la  largeur  du 
détroit  qui  sépare  le  cap  San-Antonio  du  cap  Catoche.  La  presque  totalité 
de  leur  masse,  en  quittant  ce  détroit,  monte  rapidement  au  nord,  pour  s'en- 
gager dans  le  canal  deBahama;  mais,  avant  d'y  entrer,  elle  subit  un  accrois- 
sement de  température  dans  l'espace  triangulaire  compris  entre  le  banc  de 
la  Floride,  ceux  de  Bahama  et  la  côte  nord  de  Cuba.  En  été,  où  il  y  afflue 
des  eaux  qui  se  sont  très-échauffées  à  la  surface  du  golfe  du  Mexique,  leur 
température  y  atteint  un  maximum  de  28°,2. 

».Les  isothermes  tournent  alors  fortement  leur  convexité  vers  le  nord- 
est,  indiquant  parfaitement  le  cours  connu  du  Gulf-Stream,  jusqu'au  cap 
Hatteras,  dont  la  rencontre  les  fait  dévier  vers  l'est-nord-est.  De  ce  point 
aux  parages  voisins  de  la  Delaware  et  de  New-York,  la  température  moyenne 
des  eaux  décroît  avec  une  grande  rapidité. 

»  L'entrée  dans  l'Atlantique  de  ce  grand  fleuve  thermal  produit  naturel- 
lement des  remous  très-considérables,  qui  déterminent  des  anomalies,  sur- 

C.  {t.,  i852,  2">«  Semestre.  (T.  XXXV,  N°83.)  IO9 


(  8a6  ) 

tout  dans  l'espace  compris,  de  l'est  à  l'ouest,  entre  les  55e  et  65e  méri- 
diens, et,  du  nord  au  sud ,  entre  les  3ae  et  4oe  parallèles.  L'effet  de  ces 
remous  se  suit  très-bien,  dans  les  courbes  annuelles  qui,  d'un  point  situé 
entre  les  Bermudes  et  le  cap  Hatteras,  jusqu'au  petit  banc  de  Bahama,  tour- 
nent toutes  leur  convexité  vers  le  sud-ouest. 

»  A  partir  de  ce  dernier  point,  les  courbes  d'hiver  se  dirigent  vers  l'est 
d'abord,  puis  vers  le  sud-est  avec  quelques  ondulations  peu  marquées. 

»  Mais,  dans  les  mois  d'été  et  d'automne,  les  phénomènes  semblent  plus 
complexes.  On  sait  que  la  limite  des  vents  variables  et  du  courant  équinoxial 
remonte,  pendant  les  mois  d'été,  de  plusieurs  degrés  vers  le  nord  :  ce  fait 
coïncide  avec  la  prédominance  des  vents  de  sud  et  de  sud-est  dans  les  pa- 
rages des  Antilles.  Ces  deux  causes  réunies  paraissent  déterminer,  à  l'est  de 
ces  îles,  une  déviation  considérable  des  eaux  chaudes  qui  s'élèvent  au  nord- 
nord-ouest  vers  les  Bermudes.  Ce  sont  sans  doute  des  eaux  ayant  cette  pro- 
venance que  j'ai  suivies  pendant  plusieurs  semaines,  en  juillet  et  août  1842, 
et  dont  j'ai  déjà  fait  remarquer  ailleurs  la  haute'  température.  Ce  courant, 
s'établissant  ainsi,  presque  parallèlement  au  Gulj-Stream,  presserait  les  eaux 
plus  froides  comprises  entre  lui  et  ce  dernier  courant,  et  les  ferait  même 
refluer  jusque  dans  les  canaux  des  grandes  Antilles,  comme  l'indiquent 
les  courbes  de  température. 

»  En  juillet  i83g,  le  commandant  Bérard,  sur  le  brick  le  Voltigeur,  a 
rencontré,  dans  les  eaux  de  ces  parages,  la  direction  qui  résulterait  de  ce 
qui  précède.  «  Du  47e  degré  de  longitude  jusqu'au  méridien  des  Antilles, 
»  dit  ce  navigateur,  les  courants  ont  porté  vers  le  nord  (du  nord-nord-ouest 
»  au  nord-nord-est)  avec  une  vitesse  de  o,3  à  1 ,7.  C'étaitle  courantqui  vient 
»  de  la  Guyane  ».  Néanmoins, -ce  qui  vient  d'être  dit  du  mouvement  des 
eaux  étant  déduit  de  la  seule  étude  de  leur  température,  a  besoin  d'être  con- 
firmé par  de  plus  nombreuses  observations  directes  de  courants. 

»  Il  me  reste  enfin  à  parler  des  points  singuliers  que  présente  la  Carte  et 
autour  desquels  les  courbes  s'infléchissent  conceritriquement.  Ces  anoma- 
lies me  paraissent  un  résultat  des  remous  que  j'ai  déjà  signalés;  ce  sont  des 
espaces  où  les  eaux  superficielles,  ne  trouvant  pas  un  écoulement  libre  et 
suffisant,  sont,  sans  doute,  en  partie  obligées  de  tourner  sur  elles-mêmes 
et  s'échauffent  alors  considérablement  sous  l'action  prolongée  du  soleil. 

»  Quelques-uns  de  ces  pôles  fie  chaleur  (si  l'on  peut  donner  ce  nom  à 
des  espaces  aussi  restreints)  se  manifestent  en  hiver  ausi  bien  qu'en  été  :  ce 
sont  ceux  qui,  comme  on  le  voit,  dans  les  parages  de  la  Guadeloupe,  du 
golfe  au  nord  de  Panama,  mais  surtout  dans  l'espace  triangulaire  compris 


(827  ) 
entre  la  pointe  de  la  Floride,  l'île  de  Cuba  et  les  bancs  de  Bahama,  sont 
entoures  en  toutes  saisons  d'eaux  chaudes. 

»  D'autres,  au  contraire,  ne  paraissent  se  déterminer  que  dans  l'été  ou 
l'automne,  par  exemple  le  centre  du  golfe  du  Mexique  qui,  dans  cette 
saison,  s'échauffe  considérablement  à  sa  surface,  et  présente  une  tem- 
pérature moyenne  estivale  de  plus  de  28  degrés.  On  voit  un  autre  centre 
analogue  au  nord  des  îles  de  Saint-Domingue  et  de  Porto-Rico,  qui  ne 
se  détermine  que  par  le  courant  estival  extraordinaire  dont  nous  venons  de 
parler. 

»  Deux  de  ces  points  singuliers  paraissent  être  des  pôles  de  froid.  On  en 
voit  un,  peu  marqué,  dans  l'espace  anormal  que  j'ai  déjà  signalé  au  nord- 
est  des  Bermudes;  l'autre,  qui  comprend  toute  la  portion  méridionale  de  la 
chaîne  des  petites  Antilles,  est  sans  doute  en  relation  avec  les  eaux  froides 
des  côtes  du  Venezuela;  mais  le  nombre  des  observations  que  nous  possé- 
dons sur  ces  parages  étant  encore  assez  restreint,  il  peut  y  avoir  quelque 
doute  sur  son  existence  ou  au  moins  sur  ses  limites. 

»  Les  conclusions  relatives  au  mouvement  des  eaux  n'étant  ici  appuyées 
que  sur  les  indications  données  par  leur  température,  je  n'ai  pas  dû  tracer 
sur  ma  Carte  le  parcours  qui  en  résulterait  pour  elles,  puisque  ce  parcours . 
aurait  eu  quelque  chose  d'incertain,  tandis  que  les  courbes  isothermes  sont 
le  résultat  de  données  positives.  Je  n'ai  même  point  voulu  lier  par  un  trait 
continu  les  sommets  de  ces  courbes,  parce  que  j'aurais  ainsi  confondu  deux 
phénomènes  très-distincts,  savoir  :  celui  qui  résulte  du  transport  réel  des 
eaux,  et  celui  qui  s'observe  dans  les  points  où  ces  eaux  s'échauffent,  au 
contraire,  par  leur  stationnement  ou  leur  retour  sur  elles-mêmes. 

»  Quant  à  ces  phénomènes  de  remous  qui,  on  le  conçoit  aisément,  doivent 
nécessairement  s'établir  dans  un  circuit  aussi  accidenté,  il  m'a  paru  de 
quelque  intérêt  de  montrer  qu'ils  ressortaient  clairement  de  la  seule  consi- 
dération des  températures.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

astronomie  —  Recherches  sur  le  prochain  retour  de  la  comète  de  d ' Arrest; 

par  M.  Yvon  Villarceau.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Mauvais,  Le  Verrier,  Faye.) 

«  Dans  une  précédente  communication,  en  date  du  27  octobre  «85i ,  j'ai 
eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le  résultat  de  mes  calculs  sur  la 
comète  de  M.  d'Arrest  :  les  éléments  que  j'avais  obtenus,  basés  sur  des 

109.. 


(  828  ) 

observations  qui  vont  jusqu'à  la  fin  de  septembre,  sont  affectés  d'une  in- 
déterminée. J'ai  indiqué  comment  les  observations  méridiennes  des  étoiles 
de  comparaison  permettraient  de  réduire  l'incertitude  qui  affecte  le  moyen 
mouvement  en  particulier  ;  j'ai  aussi  manifesté  l'espoir  que  les  observations 
de  la  comète  seraient  continuées  pendant  quelques  mois  encore  dans  les 
établissements  astronomiques  pourvus  de  puissantes  lunettes,  ce  qui  aurait 
contribué  grandement  à  l'exactitude  des  éléments  de  l'orbite.  Malheureu- 
sement il  n'en  a  point  été  ainsi,  et  les  observations  ne  vont  pas  au  delà  du 
6  octobre  :  l'ensemble  des  observations  embrasse  un  intervalle  qui  est  seu- 
lement de  quatre-vingt-dix-neuf  jours. 

»  Quant  aux  étoiles  de  comparaison,  je  les  ai  observées  pour  la  plu- 
part au  méridien  ;  le  Mémoire  contient  leurs  positions  moyennes  au  Ier  jan- 
vier i85i.  Pour  plus  d'uniformité,  j'ai  partout  substitué  mes  propres  déter- 
minations de  ces  étoiles  à  celles  qui  ont  été  publiées;  sauf  un  petit  nombre 
de  cas,  les  corrections  ont  été  fort  légères.  Voici  d'abord  les  observations 
de  la  comète  qui  ont  été  faites  à  Paris,  et  les  positions  des  étoiles  déduites 
des  observations  méridiennes. 


DITES    1881 

T.  M   do  Pari». 

POSITIONS   DE  LA    COMETE 

corrigées  de  la  parallaxe. 

NOMBRE 

des 
comp. 

POSITION  MOYENNE  DE    L'ÉTOILE 

le  1  Janvier  1851. 

NOMBRE 

des 

Asc.  droite  app. 

Déclinaison  app. 

Asc.  droite. 

Déclinaison. 

M 

D 

Juillet     5,579  54 
6,56i  55 

27,565  73 
Août..     3,54g  72 

2i,53i  04 

22,552   49 

0     1      H 
16  44     6,0 

17.47.54,7 

38.i2.4i,7 

43.53.33,0 

55.38-45,4 

56.io.4i,7 

56.10.47,1 

0      1      11 
-f-10  49  34,4 

-Mo. 4g. 56, 8 

•+-  9.33.19,2 

-1-  8.38.  5,5 

-r-   5.28.55,7 
-r-  5.16   53,1 

2 

3 
3 

3  et  2 

4 
3. 

h      m     s 

1   i3  27,69 

id. 
2.36.53,56 
2.56.43,08 
3.37.45,77 
3.46.56,i5 
3.48.33,32: 

0     1      11 
-t-  10  45  14 »3 

id. 

-1-    9.28.55,5 

-t-      8.30.22,0 

-t-  5.34.46,4 

-+-    5.  8.27,7 

n 

5  ' 
id. 

2 
2 
0 

2 

I 

3 

id. 
1 
3 
3 
3 
0 

»  L'ensemble  des  observations  que  j'ai  pu  recueillir,  y  compris  celles 
de  Paris,  s'élève  à  soixante-seize.  En  les  comparant  aux  éléments  que  j'ai 
précédemment  fait  connaître,  j'ai  formé  d'abord  treize  positions  normales. 
Les  écarts  des  éléments  primitifs  avec  ces  positions  m'ont  servi  à  établir 
vingt-six  équations  de  condition  :  j'ai  mis  à  part  celles  qui  se  rappor- 
tent à  la  position  normale  du  4  octobre,  attendu  qu'il  y  a  tout  lieu  de  sus- 
pecter cette  position,  qui  est  cependant  déduite  de  dix  observations.  Les 
vingt-quatre  autres  équations,  traitées  par  la  méthode  de  M.  Cauchy,  laissent 
encore  la  correction  du  moyen  mouvement  mal  déterminée;  leur  ensemble 


(  8a9  ) 
donne  pour  correction  de  cet  élément  le  nombre  i", 92.  Il  est  assez  remar- 
quable, ou  du  moins  très-curieux,  que  ce  nombre  s'accorde  presque  exac- 
tement avec  celui  que  fournit  l'hypothèse  de  l'identité  de  la  comète  décou- 
verte en  1678  par  Lahire  avec  celle  de  d'Arrest.  Au  surplus,  quelque  valeur 
que  l'on  attribue  au  moyen  mouvement,  les  écarts  que  laissent  les  éléments 
corrigés  sont  systématiques  et  assez  considérables  pour  qu'il  convienne  d'en 
rechercher  la  cause.  On  ne  peut  guère  s'attendre  à  ce  que  les  perturbations 
s'élèvent  en  un  court  espace  de  temps  à  quinze  secondes,  parexemple,  en 
ascension  droite;  néanmoins,  pour  qu'il  ne  reste  aucun  doute  à  cet  égard, 
j'ai  effectué  le  calcul  des  perturbations  des  éléments  de  la  comète  par  les 
planètes  Mercure,  Vénus,  la  Terre,  Mars,  Jupiter  et  Saturne.  J'en  ai  déduit 
les  perturbations  d'ascension  droite  et  déclinaison  correspondantes  aux  épo- 
ques des  positions  normales.  Ces  perturbations  ne  s'élèvent  pas  au  delà 
de  o",5o  en  ascension  droite,  et  o",^  en  déclinaison. 

»  En  reprenant  la  résolution  des  équations  de  condition  complétées  au 
moyen  des  perturbations,  j'ai  obtenu  de  nouvelles  corrections  des  éléments, 
qui  sont  restées  très-petites  dans  leur  partie  connue,  et  dont  la  partie  indé- 
terminée n'a  pas  dû  varier.  Les  erreurs  de  ces  nouveaux  éléments  que 
j'appellerai  éléments  (C),  sont  restées  par  conséquent  peu  différentes  de 
celles  qu'il  s'agissait  d'atténuer. 

»  Un  paragraphe  du  Mémoire  est  consacré  à  la  discussion  des  causes  qui 
peuvent  produire  des  erreurs  systématiques  dans  les  ascensions  droites  des  co- 
mètes très-faibles,  comme  celle  de  d'Arrest,  lorsqu'on  les  déduit  de  l'observa- 
tion des  passages  par  des  fils  fixes.  Les  instruments  parallactiques  entraînés 
par  un  mouvement  d'horlogerie,  a  l'aide  desquels  les  observations  de  comètes 
se  font  comme  celles  des  étoiles  doubles,  ne  paraissent  pas  sujets  aux  causes 
d'erreur  que  nous  avons  discutées.  En  comparant  les  observations  héliomé- 
triques faites  à  Kœnigsberg  du  2 1  au  3o  septembre,  époque  où  la  comète  de 
d'Arrest  était  très-faible,  avec  les  observations  faites  par  les  procédés  ordi- 
naires à  Cambridge  et  à  Bonn,  on  trouve  que  ces  dernières  observations 
donnent  des  ascensions  droites  plus  faibles  en  moyenne  d'environ  18" 
que  celles  de  Kœnigsberg.  Si  l'on  admet  de  préférence  l'exactitude  des 
observations  héliométriques,  on  est.  conduit  à  rejeter  la  position  normale 
du  4  octobre,  qui  résulte  d'observations  faites  uniquement  par  les  procédés 
ordinaires  :  on  ne  pourrait,  en  effet,  l'accorder  avec  les  autres  observations 
qu'en  augmentant  l'ascension  droite  de  12"  à  1 5" 

»  Afin  d'exclure  de  notre  travail  tout  ce  qui  semblerait  plus  ou  moins 
conjectural,  nous  avons  cru  devoir  calculer  de  nouveaux  éléments  (D),  en 


(  83o  ) 

tenant  compte  de  la  position  normale  du  4  octobre,  et  effectuant  le  calcul 
des  coefficients  des  équations  de  condition  à  l'aide  des  éléments  précédem- 
ment obtenus.  Les  formules  que  nous  avons  employées  sont  données  dans 
le  Mémoire.  Voici  maintenant  les  éléments  (C)  et  (D). 

Éléments  oscillateurs  de  la  comète  de  d'Arrest,  le  3o  juin  1 85 1 .  • 


Passage  au  périhélie  ;  temps 
raoy.  Paris,  i85i  juillet. 

Longitude  du  périhélie. . . 

Longit.  du  nœud  ascendant. 

Inclinaison 

Angle  (sin  =  excentricité). 

Moyen  mouvement  hélio- 
centrique  diurne 


(C) 

8,6go  o3  —  o,oo3  707  SX 

32a°56'57",i4—  48,5a3JN 

1 48. a5. 3 1,  46—  34,422 5N 

i3. 55. 21,  86—  11,901  5N 

4t.  16.29,  00  — io3,3i7  rîN 

554",  1592 -+-JN 


(D) 

8,685  71  —  o,oo3  787 *N 

322"56'6",26—  48,3i65N)(*) 

148.24  59,02—  34,572 S x) 

i3.55.io,3o —  n,974^N 

4i.i5.  2,07  —  io2,979^N 

555",oi89+5N 


d'où 

Distance  périhélie 

Excentricité 

Demi-grand  axe 

Durée  de  la  révolution  si- 
dérale   

Prochain  passage  au  péri- 
hélie; temps  moyen  de 
Paris,  1857 


1,1734952  —  0,0001137    <îN 
0,6596701  — 0,000  37644  *N 

3,4481114  —  0,0041482  SX 


jours 

2338,678  — 4,2202  £N 


1,173  3748  —  0,000  n65o<îN 
0,65g  3535  —  0,000  37535  <îN 
3,444  55i    —0,0041375   SX 


Jours 

2335, o56 — 4»2072l^N 


nov.  28,742— 4,2110  SX 


déc.  2,368  —  4,223g SX 

»  La  différence  que  l'on  trouve  ici  entre  les  coefficients  de  c?N  dans  ces 
deux  svstèmes  d'éléments  tient  à  l'adjonction  d'une  nouvelle  position  nor- 
male dans  le  deuxième  cas,  et  aussi  à  ce  que  les  coefficients  des  équations 
de  condition  y  ont  été  calculés  en  partant  des  éléments  (C)  :  cette  différence 
est  assez  peu  sensible.  Quant  à  la  partie  connue  du  moyen  mouvement, 
elle  a  été  augmentée  d'environ  o",86  dans  les  éléments  (D);  c'est  ce  qui  a 
produit  la  différence  sensible  que  présente  leur  partie  connue  avec  les  élé- 
ments (C) 

»  On  pourra  commencer  la  recherche  de  la  comète  de  d'Arrest  vers  le 
milieu  de  septembre  1 85^,  et  employer  à  cet  effet  l'un  ou  l'autre  des  systèmes 
d'éléments  (C)  et  (D),  en  attribuant  à  l'indéterminée  c?N  trois  valeurs  telles 
que  ±  5"  et  o",  et  calculant  les  éphémérides  correspondantes.  De  puissantes 
lunettes  devront  être  employées  à  cette  recherche,  car  aux  valeurs  négatives 


(*)  Équinoxe  moyen  du  8,7  juillet  i85i. 


(  83i  ) 

de  c?N  répondront  d'assez  grandes  distances  à  la  Terre.  C'est  ce  que,  du 
reste,  le  calcul  des  éphémérides  mettra  en  évidence. 

»  Le  défaut  d'espace  nous  prive  de  présenter  ici  la  comparaison  générale 
de  nos  éléments  avec  les  observations;  nous  donnerons  à  la  place  le  résul- 
tat de  la  comparaison  avec  les  positions  normales . 


DATES 

1851. 

ÉLÉMENTS   (C) 

ÉLÉMENTS   (D) 

cosD(3\obs. — ^  cale.) 

Décl.  obs. — Décl.  cale. 

cosD(iR  obs. — 51  cale.) 

Décl.  obs. — Décl. cale. 

juin     3o 

—  5",2  +  o,64<ÎN 

—  7*7—  0,68  *N 

—  3",8  +  o,3g<ÎN 

—  9^6  —  o,46<ÎN 

juillet    3 

+  7,7  +  0,34 

—  3,9—0,49 

+  8, 6+0, ii 

—  5,6 —  0,29 

6 

+  2,4  +  0,12 

+  3,2  —  o,3i 

+  2,9  —  0,08 

+  1,8— 0,!3 

24 

+  3,7  +  0,01 

+  4, 1  — 0,21 

+  3,4  —  0,11 

+  3,7+o,3i 

28 

—  2,0  +  0,08 

+  1,7  +  0,21 

—  2,2  —  0,02 

+ 1 ,4  +  o,3o 

Août      2 

—  0,2  +  0, 16 

—  °.9  +  0»16 

—  0,2  +  0,08 

—  1 ,2  +  0,23 

7 

—  2,1  +0,22 

—  0,7  +  0,08 

—  1,8  +  0,14 

—  0,9  +  0,08 

21 

+  5,8  +  0,10 

-+-  I  ,2 —  0,25 

+  6,9+  0,04 

+  0,8  —  0 ,  3o 

28 

+  2,6  —  0,08 

+  4.5  —  0,37 

+  4,i  —  o,i5 

+  4,i  —0,44 

Sept.     5 

+  4,7  —  0,29 

—  5,0  —  0,01 

+  6,8  —  o,36 

—  5,5  —  o,5i 

•  22 

—  2,7  —  0,23 

+  3,8  —  0,00 

+  1,2—0,29 

+  3,6  —  0,17 

3o 

—  4,8+0,41 

—  4,7-r-°>42 

+  o,3  +  o,3o 

—  4,6  +  0,25 

Octob.  4 

—14,2+0,92 

—  3,0  +  0,64 

—  8,3  +  0,72 

—  2,8  +  0,43 

chirurgie.   —  Nouveau  traitement  de  4'ostéite.  (Extrait  d'une  Note 

de  M.  Laugier.) 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Andral,  Velpeau.) 

«  L'analogie  que  les  maladies  du  tissu  osseux  établissent  entre  ce  tissu 
et  les  parties  molles,  m'a  fait  penser  que  plusieurs  moyens  usités  pour  com- 
battre les  affections  des  parties  molles  pourraient  être  avec  avantage  intro- 
duits dans  le  traitement  des  maladies  des  os.  J'ai  cru,  par  exemple,  qu'il  y 
aurait  utilité  à  saigner  les  os  dans  l'ostéite,  et  à  ouvrir  le  plus  tôt  possible,  aux 
productions  accidentelles  qui  se  forment  dans  leur  intérieur,  une  voie  que  la 
nature  ne  prépare  et  n'opère  que  lentement,  et  trop  souvent  dans  une  direc- 
tion fâcheuse,  ainsi  qu'elle  le  fait,  lorsqu'elle  épanche  ces  produits  mor- 
bides dans  une  articulation  voisine  de  l'extrémité  d'un  os  long. 

»  Je  n'ai  pas  été  effrayé  de  la  nouveauté  de  l'entreprise,  ni  des  objections 
théoriques  qu'elle  pourrait  soulever.  Après  avoir  trouvé  un  instrument  con- 
venable, je  me  suis  occupé  de  déterminer  ses  points  d'application  sur  chaque 
os  malade. 


(  832  ) 

»  Des  expériences  faites  à  Alfort,  et  plusieurs  observations  recueillies  sur 
l'homme,  prouvent  déjà  qu'il  est  possible  et  même  facile  de  tirer  en  quel- 
ques minutes  d'un  os  sain,  et,  à  fortiori,  d'un  os  malade  (c'est  dans  ce  der- 
nier cas  seulement  que  la  méthode  a  été  appliquée  à  l'homme)  ,  une  quan-. 
tité  très-notable  de  sang,  par  exemple  4o  à  45  grammes.  Ces  observations, 
dont  le  résultat  a  été  jusqu'ici  satisfaisant,  ont  démontré  aussi  que  la  piqûre 
faite  au  tissu  osseux  pour  extraire  ce  sang  est  d'une  complète  innocuité. 

»  Je  n'avais  point  dessein  de  communiquer  mes  recherches  sur  ce  sujet 
à  l'Académie  des  Sciences  avant  d'avoir  recueilli  des  faits  assez  nombreux 
pour  fournir  une  conclusion  rigoureuse  ;  mais  la  publicité  anticipée  donnée 
dans  un  journal  de  médecine  à  mes  premières  expériences  sans  ma  partici- 
pation, et  même  à  mon  insu,  quoique  faite  dans  une  intention  qui  n'était 
pas  malveillante,  me  force,  pour  prendre  date,  d'annoncer  mes  essais  à 
l'Académie,  et  de  lui  en  indiquer  le  but.  » 

météorologie.  —  Pluie  rouge  tombée  à  Reims.  (Lettre  de  M.  Bocrq  à 
M.  Jamin.)  —  Examen  de  l'eau  recueillie  ;  par  M.  Cahours. 

«  D'après  la  demande  que  vous  m'en  avez  faite,  je  viens  vous  donner,  par 
écrit  les  détails  sur  l'observation  que  j'ai  faite,  et  dont  je  vous  ai  déjà  entre- 
tenu verbalement. 

»  Dans  la  maison  que  j'habite,  rue  de  Chativesle,  19,  se  trouvent  deux 
bassins  en  zinc;  l'un  est  élevé  au-dessus  du  sol  de  am,5o,  et  l'autre  de 
4  mètres;  ils  sont  complètement  isolés  l'un  de  l'autre. 

»  Ces  bassins  sont  exposés  à  l'air,  sans  aucun  abri  ;  l'un  (n°  1  )  ne  reçoit 
que  l'eau  de  la  pluie  qui  tombe  directement  sur  sa  surface,  l'autre  (  n°  1  ) 
reçoit  également  l'eau  qui  tombe  sur  sa  surface,  et,  en  outre,  les  eaux  de 
toute  la  surface  de  la  maison,  qui  est  entièrement  couverte  en  zinc. 

»  Cette  couverture  et  ces  bassins  sont  établis  depuis  douze  ans. 

»  L'un  des  bassins  (n°  a)  est  toujours  tenu  dans  un  grand  état  de  pro- 
preté, parce  que  les  eaux  qu'il  reçoit  servent  aux  usages  domestiques  ;  il 
avait  été  nettoyé  deux  ou  trois  jours  avant  le  fait  dont  je  vais  vous  entre- 
tenir. 

»  L'autre  (n°  1)  n'a  pas  été  nettoyé  depuis  plusieurs  années. 

»  Ceci  posé,  j'arrive  à  l'observation  que  j'ai  faite,  et  qui  a  été  constatée 
par  les  personnes  de  ma  maison. 

»  Le (vers  le  milieu  du  mois  d'août),  à  6  heures  du  matin, 

après  plus  de  quinze  jours  de  chaleur  et  de  sécheresse,  il  est  tombé  dans 
l'un  et  l'autre  des  bassins  une  eau  colorée;  les  matières  en  suspension  se 


(  833  ) 

précipitaient  aussilôt  la  chute  de  cette  eau,  et,  en  s'accumulant  autfond  des 
bassins,  présentaient  alors  l'aspect  du  sang  ou  d'un  oxyde  métallique  très- 
coloré. 

»  L'aspect  était  identique  dans  les  deux  bassins. 

»  L'eau  qui  tombait  dans  le  même  moment  sur  le  pavé  de  la  cour,  était 
également  colorée  ;  mais  les  matières  en  suspension  étaient  entraînées  avant 
d'avoir  pu  former  de  dépôt. 

»  Le  lendemain  de  cette  pluie,  le  bassin  n°  2  a  été  nettoyé,  et  l'eau  qui 
est  tombée  depuis  a  l'aspect  ordinaire. 

»  Le  bassin  n°  1  est  resté  intact. 

»  Depuis  que  ces  bassins  sont  établis,  je  n'avais  rien  observé  de  pareil. 

»  Je  vous  adresse,  en  même  temps  que  la  présente,  un  flacon  de  l'eau  et 
du  dépôt  pris  dans  le  bassin  n°  1 .  Dans  les  premiers  jours,  l'eau  n'était  que 
rousse  après  le  dépôt  de  la  matière  colorée,  mais,  depuis  quelques  jours, 
elle  prend  une  tein.te  sensiblement  plus  foncée.  » 

M.  Cahours,  qui  avait  reçu  de  M.  Jamin  une  portion  de  l'eau  adressée  par 
M.  Bourq,  rend  compte,  dans  les  termes  suivants,  de  l'examen  qu'il  en  a  fait  : 

«  Mélange  formé  de  petits  globules  sphériques  organisés  qui  paraissent 
être  des  sporules  de  Champignon  ou  de  Fongus.  Il  y  a,  en  outre,  de  petits 
animaux  de  la  classe  des  Monades,  qui  sont  rouges  au  centre  et  qui  ont 
deux  ou  trois  cils  contractiles.  » 

Un  flacon,  contenant  encore  une  quantité  considérable  de  cette  eau 
rouge,  est  mis  sous  les  yeux  de  l'Académie  et  renvoyé  à  l'examen  d'une 
Commission  composée  de  MM.  Milne  Edwards,  Pelouze,  Decaisne,  de 
Qnatrefages. 

M.  Ossian  Henry  adresse,  à  l'occasion  d'un  Rapport  fait  dans  la  séance 
du  1 1  octobre  dernier  sur  les  travaux  de  M.  Chatin,  concernant  la  présence 
de  l'iode  dans  l'air,  les  eaux  et  les  substances  alimentaires,  une  réclama- 
tion de  priorité.  Il  se  fonde  sur  la  publication,  dès  l'année  i844,  de  travaux 
exécutés  déjà  depuis  deux  ans  et  qui  établissaient  la  présence  de  l'iode  dans 
diverses  eaux  minérales. 

Cette  réclamation  est  renvoyée  à  l'examen  de  la  Commission  qui  a  fait 
le  Rapport  sur  les  recherches  de  M.  Chatin,  Commission  composée  de 
MM.  Thenard,  Magèndie,  Dumas,  Gaudichaud,  Élie  de  Beaumont,  Pouillet, 
Regnault  et  Bussy. 

M.  Billaut  adresse  une  Note  concernant  une  boussole  marine  de  son 
invention,  jouissant  de  la  propriété  de  tracer  la  route  parcourue  par  le 

C.  R. ,  i85a,  a""  Semestre.  { T.  XXXV ,  N»  23.)  HO 


(  834  ) 

navire,  à  l'aide  d'un  appareil  à  pointage  fonctionnant  à  courts  intervalles. 
L'auteur  annonce  avoir  envoyé  depuis  six  ou  sept  ans,  au  Ministère  de  la 
Marine,  la  description  de  sa  boussole. 

Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  de  la  Commission  précédemment 
nommée  pour  deux  compas  de  mer  ayant  une  semblable  destination,  Com- 
mission qui  se  compose  de  MM.  Arago,  Beautemps-Beaupré,  Duperrey. 

M.  Silvestre  adresse  une  Note  sur  un  moyen  qui  lui  semble  propre  à 
prévenir  le  déraillement  des  convois  marchant  sur  chemins  de  Jer. 

(Commissaires,  MM.  Combes,  Seguier.) 

M.  Picou  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  ayant  pour  titre  : 
De  la  Vitesse  de  propagation  de  la  lumière. 

(Commissaires,  MM.  Laugier,  Mauvais,  Faye.) 

M.  Dalmas  envoie  une  addition  à  ses  précédentes  communications  sur 
la  maladie  de  la  vigne. 

(  Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  nommée  pour  les  communications 
concernant  la  maladie  de  la  vigne  et  la  maladie  des  pommes  de  terre, 
Commission  qui  se  compose  de  MM.  Duméril,  Magendie,  de  Jussieu, 
Brongniart,  Gaudichaud,  Milne  Edwards,  Rayer  et  Decaisne.) 

Un  Mémoire,  adressé  sans  nom  d'auteur  et  portant  pour  titre  :  De  l'É- 
lectricité considérée  comme  agent  universel,  ne  peut,  d'après  un  article  du 
règlement  de  l'Académie  concernant  les  communications  anonymes,  être 
renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Intérieur,  de  l'Agriculture  et  du  Commerce  adresse 
pour  la  bibliothèque  de  l'Institut  un  exemplaire  du  «  Rapport  fait  au  Conseil 
général  d'hygiène  publique  et  de  salubrité  du  département  de  la  Gironde, 
sur  l'épidémie  de  choléra  qui  a  régné  dans  ce  département  en  i849-  " 

astronomie.  —  Lettre  de  M.  Cooper  à  M.  Arago  sur  les  Cartes  célestes 
de  l'observatoire  de  Markree 

«  23  novembre  i852. 

»  N'ayant  pas  reçu,  pendant  six  semaines  environ,  mes  numéros  des 
Comptes  rendus,  je  n'ai  pas  eu,  avant  le  19  de  ce  mois,  connaissance  de  la 
Lettre  adressée  par  M.  ValzkX  Académie  des  Sciences,  concernant  les  étoiles 


(  835  ) 

écliptiques;  aujourd'hui,  je  crois  qu'il  est  de  mon  devoir  d'annoncer  à 
l'Académie  que  la  construction  des  Cartes  célestes  de  Markree  a  marché  pari 
passa  avec  les  observations ,  de  sorte  qu'elles  sont  considérablement  avan- 
cées. Quelques-unes  ont  été  déjà  présentées,  au  commencement  de  cette 
année,  à  la  Société  astronomique  de  Londres,  et  l'ont  été  aussi,  en  sep- 
tembre, à  l'Association  britannique  pour  l'avancement  des  sciences.  J'espère 
que  l'impression  du  second  volume  des  étoiles  écliptiques  sera  terminée 
vers  le  mois  de  février  ou  de  mars  prochain.  » 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Etudes  sur  l'affinité  chimique  (première  partie)  ;  , 
pareil.  Bunsen.  Communiqué  par  M.  Dumas.  ^Extrait.) 

«  La  force  qui  produit  et  détruit  les  combinaisons  chimiques  est  influencée 
par  une  foule  de  circonstances.  Les  effets  changent  sous  l'action  de  la 
lumière,  de  la  chaleur  et  de  l'électricité,  de  même  aussi  que  sous  celle  des 
masses  qu'on  met  en  présence.  Elle  est  encore  influencée  par  l'état  d'agré- 
gation des  corps,  ainsi  que  par  le  contact  de  substances  hétérogènes.  En 
conséquence,  on  peut  regarder  l'affinité  chimique  comme  étant  une  fonction 
de  toutes  ces  influences  variées.  Il  suffirait  donc  de  déterminer  mathéma- 
tiquement la  forme  de  cette  fonction,  pour  trouver  la  valeur  de  cette  force. 

»  L'immortel  Berthollet,  auteur  de  la  statique  chimique,  est  le  premier 
savant  qui  ait  envisagé,  sous  ce  point  de  vue,  la  cause  des  actions  chimi- 
ques. Il  fut  amené  par  ces  considérations  théoriques  à  formuler  la  loi  de 
l'influence  des  masses  à  laquelle  il  imposa  ce  nom  qu'elle  conserve  encore, 
à  l'aide  de  laquelle  il  chercha  à  expliquer  l'action  que  la  masse  des  corps 
que  l'on  met  en  présence  exerce  sur  les  combinaisons  auxquelles  ils  don- 
nent naissance.  Suivant  cette  loi,  lorsqu'on  met  un  corps  en  présence  de 
deux  autres,  de  nature  et  de  poids  différents,  mais  capables  de  s'unir  à  lui, 
et  tous  les  deux  en  quantité  trop  considérable  pour  se  combiner  en  totalité 
avec  lui,  il  se  partage  entre  eux  deux,  dans  le  rapport  de  leur  affinité  absolue 
pour  lui,  avec  leurs  masses  relatives.  Si  donc  on  représente  par  A  et  B  la 
masse  des  deux  corps  employés  en  excès,  et  par  a.  et  j3  le  coefficient  de  l'af- 
finité  absolue  de  chacun  d'eux  pour  le  troisième  corps  C,  les  quantités  de  A 
et  de  B  qui  s'uniront  à  C,  appelées  a  et  b,  seront  entre  elles  dans  le  rap- 
port a  A  '.  jSB.  On  trouvera  alors  le  rapport  sous  lequel  A  et  B  s'uniront  à 

_,  ,,  ,  .         a       a  B 

C,  par  1  équation  g  =  -r~r 

»  Il  nous  a  paru  fort  intéressant  d'étudier  la  valeur  de  cette  loi  qui  ne 
s'appuie  encore  sur  aucune  expérience  décisive.  Notre  travail  n'a  point  du 

no.. 


(  836  ) 

tout  confirmé  la  loi  de  Berthollet;  mais  il  en  a  fait  découvrir  une  autre  qui 
semble  promettre  de  beaux  résultats  relativement  à  l'étude  de  l'action  de 
l 'affinité .  Cette  loi  peut  être  exprimée  à  l'aide  des  quatre  propositions  suivantes  : 

»  i°.  Lorsqu'on  met  le  corps  A  en  présence  de  deux  ou  de  plusieurs 
autres  B,  B', . . .  en  excès,  et  qu'on  les  place  dans  les  conditions  les  plus  favo- 
rables à  leur  union,  le  corps  Aprend  de  chacun  d'eux  B,  B',  ...,  des  quan- 
tités qui  sont  toujours  entre  elles  dans  un  rapport  simple.  Il  en  résulte  que 
lorsque  i,  2,  3,  4  ou  plus  d'atomes  de  l'une  de  ces  combinaisons  apparais- 
sent, il  s'en  forme  i,  2,  3,  4  ou  plus  de  l'autre. 

»  2°.  Quand  il  se  produit  de  cette  manière  i  atome  du  composé  A  +  B 
et  t  atome  du  composé  A  -+-  B',  on  peut  augmenter  la  masse  du  corps  B  en 
présence  de  celle  de  B',  jusqu'à  un  certain  point,  sans  que  ce  rapport  ato- 
mique change.  Mais  si  l'on  dépasse  alors  une  certaine  limite,  le  rapport  ato- 
mique qui  était  de  î  :  i  change  brusquement,  et  devient  i  :  2,  1  :  3,  2  : 3, 
et  ainsi  de  suite.  On  peut  alors  augmenter  de  nouveau  la  masse  de  l'un  des 
corps  sans  que  ce  rapport  atomique  change,  jusqu'au  moment  où,  ayant 
atteint  une  seconde  limite,  le  rapport  des  corps  mis  en  présence  change  de 
nouveau,  et  ainsi  de  suite. 

»  3°.  Quand  un  corps  A,  en  agissant  sur  un  excès  de  la  combinaison 
BG,  la  réduit  en  produisant  le  composé  AB  et  mettant  C  en  liberté,  et  que  C 
peut,  à  son  tour,  réduire  la  nouvelle  combinaison  née  de  l'union  de  A  avec 
B,  il  arrive,  en  dernière  analyse,  que  la  portion  réduite  de  B  -4-  C  se  trouve 
dans  un  rapport  atomique  simple  avec  celle  qui  ne  l'a  pas  été. 

»  4°-  On  peut  aussi,  pour  ces  réductions,  augmenter  la  masse  de  l'un  des 
corps  mis  en  présence,  sans  changer  leur  rapport  chimique,  jusqu'au 
moment  où,  ayant  atteint  une  certaine  limite,  il  passe  brusquement  à  une 
autre  série,  dans  laquelle  les  corps  restent  cependant  toujours  dans  un  rap- 
port simple  et  entier » 

géographie.  —  Sur  le  moyen  de  donner,  par  les  chiffres >  des  notions  justes 
de  l'étendue  des  différents  pays.  (Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Balachoff 
à  M.  Jrago.) 

«  Bien  des  fois  je  me  suis  aperçu  que  des  personnes,  du  reste  instruites, 
avaient  des  idées  très-confuses  sur  les  superficies  comparatives  des  diffé- 
rentes parties  du  globe  :  y  en  a-t-il  beaucoup  qui  se  soient  demandé,  par 
exemple,  combien  il  y  a  d'îles  plus  grandes  que  la  France,  ou  bien  quel 
rang  occupe  parmi  elles  la  Grande-Bretagne,  etc.  ? 

»  Si  l'on  se  forme,  en  général,  des  idées  erronées  sur  les  superficies  ter- 


(  837) 

restres,  et  si,  comme  je  l'ai  dit,  il  répugne  même  au  public  de  s'en  occuper, 
cela  tient  évidemment  à  ce  que  toutes  les  mesures  employées  sont  beau- 
coup trop  petites,  et  donnent  lieu  à  des  nombres  beaucoup  trop  grands 
dont  on  pourrait  sans  doute  se  borner  à  retenir  les  centaines  de  mille  ou  les 
millions  ;  mais  ce  moyen  est  peu  propre  à  frapper  et  à  intéresser  la  mémoire. 

»  J'ai  donc  senti  ta  nécessité  de  choisir  une  unité  de  surface  beaucoup 
plus  grande,  et  j'ai  été  tout  d'abord  frappé  des  avantages  qu'offrirait,  sous 
ce  rapport,  le  degré  carré.  Toutefois,  cette  mesure  ne  rentrant  pas  directe- 
ment dans  le  système  métrique,  je  ne  puis  me  décider  à  poursuivre  ma 
Lettre  avant  de  vous  avoir  exprimé  toute  l'admiration  que  me  fait  éprouver 
ce  système  de  mesures  qui,  depuis  longtemps,  aurait  dû  être  adopté  par  le 
monde  civilisé  tout  entier,  car  les  esprits  les  plus  hostiles  aux  créations  de 
la  révolution  doivent  s'incliner  devant  celle-là.  Et  sachant  que  nul  ne  s'in- 
téresse autant  que  vous  à  cette  matière,  je  ne  puis  m'empêcher  de  vous 
exprimer  ici  combien  il  est  regrettable  qu'on  ait  laissé  échapper  en  1814 
une  occasion  peut-être  unique  de  répandre  le  système  métrique.  En  effet, 
si,  lors  de  la  conclusion  du  traité  de  Fontainebleau,  on  avait  eu  l'idée  de 
stipuler,  au  nom  de  la  France,  que  les  mesures  métriques  seraient  main- 
tenues dans  tous  les  pays  où  elles  avaient  déjà  pénétré  à  cette  époque,  et 
que  les  puissances  s'engageraient  même  à  en  propager  l'usage  autant  qu'elles 
le  jugeraient  possible,  je  suis  convaincu  que  l'empereur  Alexandre  aurait 
été,  le  premier,  séduit  par  ce  qu'il  eût  vu  de  désintéressé  et  de  généreux 
dans  cette  pensée  ;  je  crois  même  qu'il  ne  serait  pas  resté  sourd  à  un  projet 
raisounable  qui  eut  pu  lui  être  soumis  pour  l'introduction  graduelle  de  ce 
système  dans  son  vaste  empire  ;  et  s'il  doit  un  jour  se  répandre,  je  ne  pense 
pas  que  mon  pays  soit  le  dernier  à  l'adopter.  Fils  d'un  ministre  et  gendre 
du  défunt  président  du  conseil  de  l'empire,  je  puis  vous  assurer  qu'avant 
que  ma  santé  m'eût  obligé  de  quitter  momentanément  ma  patrie,  j'ai  fait 
tous  mes  efforts  pour  coopérer,  pour  une  part  bien  faible  et  bien  incertaine, 
il  est  vrai,  à  amener  peut-être  un  jour  ce  résultat. 

»  Vous  excuserez,  je  le  répète,  cet  hommage  involontaire  rendu  à  une 
des  plus  belles  conceptions  des  temps  modernes,  à  la  fondation  de  laquelle 
votre  nom  sera  nécessairement  lié  dans  le  souvenir  de  la  postérité. 

»  Toutefois,  quelque  immenses  que  soient  les  avantages  qu'offre  le  sys- 
tème décimal,  puisqu'il  forme  la  base  de  notre  numération,  ses  meilleurs 
partisans  doivent,  ce  me  semble,  borner  leurs  désirs  à  voir  un  jour  les  autres 
pays  adopter  les  mesures  admises  aujourd'hui  en  France  :  il  ne  faut  pas  aller 
*au  delà;  car  il  est  des  fautes,  si  faute  il  y  a,  auxquelles  on  doit  savoir  se 


(  838  ) 

résigner.  Ainsi,  la  division  du  méridien  en  36o  degrés  restera  probablement 
en  usage;  de  même  que  la  semaine  de  sept  jours  n'a  pas  pu  être  remplacée 
par  la  décade.  D'ailleurs  le  nombre  36o  se  rattache  au  système  duodécimal, 
dont  on  connaît  les  avantages. 

»  Sauf  les  imperfections  qu'offrent  toutes  les  projections  géographiques, 
en  défigurant  plus  ou  moins  les  terrains,  la  simple  inspection  d'une  carte 
suffit  presque  pour  évaluer  approximativement  les  superficies  en  degrés 
carrés.  Je  me  suis  livré  à  quelques  recherches  principales  de  ce  genre  ;  et 
voici  les  résultats  que  j'ai  obtenus,  avec  l'exactitude  que  m'ont  permis  d'y 
mettre  les  cartes  que  j'avais  à  ma  disposition. 

»  Avant  de  consigner  le  résultat  de  ces  mesures,  je  dois  observer  que 
l'Océanie  m'a  offert  des  difficultés  particulières  à  cause  de  la  projection  de 
Mercator  employée  généralement  pour  représenter  cette  contrée.  Le  chiffre 
que  j'offre  est  la  moyenne  de  plusieurs  mesures.  La  longueur  du  degré  de 
latitude  étant  variable  dans  cette  projection,  j'ai  dû  faire  une  courbe  pour 
en  représenter  la  valeur  dans  un  point  donné.  J'ai  obtenu  d'ailleurs  les  me- 
sures des  différentes  superficies  en  les  réduisant  par  des  équivalents  aux 
figures  géométriques  les  plus  simples.  On  verra  ci-dessous  que,  d'après  mes 
mesures,  la  terre  ferme  contient  10  85o  degrés  carrés,  un  peu  plus  du  quart 
de  la  surface  entière  du  globe  que  j'ai  évaluée  à  4'  126  degrés  carrés,  en 
multipliant  les  36o  degrés  de  l'équateur  par  son  diamètre,  c'est-à-dire 
1  i4,59i5  degrés,  et  en  retranchant  du  produit  126  degrés  carrés  à  cause 
de  l'aplatissement  terrestre  aux  pôles;  j'ai  obtenu  ce  dernier  nombre  en 
multipliant  les  36o  degrés  de  l'équateur  par  o,35,  l'aplatissement  étant 
d'environ  -3j^g  du  diamètre  et  en  tenant  un  compte  approximatif  de  la  diffé- 
rence de  courbure. 

Superficie  en  degrés  carrés  des  parties  du  monde. 


Europe 796, 18 

Asie 3365 ,46 

Afrique 2366, 3g 

6528, o3 


Amérique  du  Nord .        2000 
Amérique  du  Sud. .        1447*28 
Océanie 8^5 


io85o,3i 


»  L'Europe  seule  n'a  pas  été  mesurée  par  moi;  ayant  sous  la  main  des 
données  précises  sur  la  superficie  de  ses  différents  États,  j'ai  naturellement 
préféré  les  réduire  en  degrés  carrés.  J'ai  dû  admettre  pour  l'Amérique  du 
Nord  un  nombre  approximatif,  vu  l'incertitude  de  ses  limites  boréales. 
L'Australie  seule  m'a  donné  633  degrés,  ce  qui  fait  à  peu  près  les  quatre 


(  839  ) 
cinquièmes  de  l'Europe,  et  j'ai  évalué  à  342  degrés  les  nombreux  archipels 


de  l'Océanie. 


Évaluation  des  principales  îles  du  globe. 


Bornéo 58 , 1 2 

Nouvelle-Guinée.  .  56,7 

Madagascar 49  >  5 

Sumatra 34 

Niphon.  .  .  : «9>5 

Grande-Bretagne .  .  17 ,54 

Célèbes i4»5 

Nouvelle-Zélande . .      12 

L'ile  du  Nord ...  n 


Java 

Luçon 

Cuba 

Terre-Neuve 

Nouvelle-Zemble. 

Irlande 6,8 

Terre  de  Feu 6,5 

Islande 6,25 

Saint-Domingue. .  .        6 


1 1 ,25 

10 

7,8 
7,5 

7 


Spitzberg 6 

Diémen 5 

Ceylan 5 

Sicile 2,2 

Sardaigne 2 

Jamaïque 1 ,33 

Chypre .  1 

Corse 0,7 

Candie 0,7 


»  La  superficie  de  la  France  avec  la  Corse,  équivalant  à  43,323,  vient 
après  Madagascar,  et  la  Grande-Bretagne  occupe  le  sixième  rang  parmi  les 
îles  de  la  terre,  car  je  crois  n'avoir  omis  aucune  des  principales  en  étendue, 
en  faisant  toutefois  une  réserve  pour  les  contrées  polaires,  comme  le  Groen- 
land qui  forme  peut-être  une  île  immense,  mais  qu'on  fera  mieux  de  consi- 
dérer comme  faisant  partie  du  continent.  Les  terres  australes  sont  tellement 
peu  connues,  qu'on  ne  peut  pas  dire,  même  approximativement,  combien 
elles  ajouteraient  à  la  terre  ferme.  L'île  de  Chypre  donne  une  idée  approchée 
de  l'étendue  du  degré  carré.  J'ai  mesuré  quelques  autres  superficies;  ainsi  : 
lac  Ladoga  =  1, 56;  lac  de  Genève  =  0,06;  Crimée  =  2,06;  les  mers  d'Azof 
et  de  Baykal  sont  chacune  d'environ  3  degrés;  la  mer  Noire  équivaut  à  peu 
près  à  Sumatra,  et  la  plus  grande  des  îles,  Bornéo,  à  la  presqu'île  Scandi- 
nave sans  les  îles  qui  l'environnent.  » 

météorologie.  —  Sur  un  signe  auquel  on  reconnaîtrait  l'approche  des 
tremblements  de  terre.  (Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Rati-Me.\ton  à 
M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères,  transmise  par  M.  le  Ministre 
de  l'Instruction  publique.) 

«  Me  trouvant  dernièrement  chez  mon  collègue,  le  chargé  d'affaires  des 
Etats-Unis,  j'entendis  énoncer  par  un  officier  argentin,  le  colonel  Espinosa, 
un  fait  très-remarquable  relativement  à  l'action  du  fluide  électrique  sur 
l'aimant.  M.  Espinosa  nous  dit  que,  pendant  vin  séjour  de  quelques  années 
à  Aréquipa,  il  avait  été  à  même  de  constater  que  chaque  tremblement  de 
terre  était  précédé,  de  quelques  secondes,  par  la  chute  d'un  morceau  de 
fer,  ordinairement  adhérent  à  un  aimant  qu'il  tenait  suspendu  dans  son 


(  84o  ) 

cabinet  de  travail.  Ce  phénomène,  que  je  rapporte  tel  que  je  le  tiens  de 
M.  Espinosa  ,  a  peut-être  été  observé  ailleurs,  mais  je  l'ignore,  et  c'est  à  ce 
titre  que  j'ai  cru  devoir  le  consigner  dans  ma  correspondance.  Dans  le  cas 
où  cette  observation  aurait  le  mérite  de  la  nouveauté,  il  ne  serait  pas,  je  crois, 
sans  intérêt  pour  l'Académie  des  Sciences  d'en  avoir  communication,  ce 
corps  savant  pouvant  s'en  servir  comme  de  premier  jalon  pour  arriver  à  une 
constatation  plus  précise.  » 

M.  Dujarduv,  de  Lille,  demande  que  son  système  de  télégraphie  élec- 
trique soit  examiné  par  la  Commission  récemment  nommée  sur  la  demande 
de  M.  le  Ministre  de  l'Intérieur,  et  chargée  de  proposer  les  moyens  qui  sem- 
bleront les  plus  efficaces  pour  assurer  la  rapidité  de  transmission  et  la  fidé- 
lité des  dépêches. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée,  Commission  qui  se  compose  de 
MM.  Arago,  Becquerel,  Pouillet,  Regnault,  Seguier.) 

A  4  heures  et  demie  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  A. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu ,  dans  la  séance  du  6  décembre  i852,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences, 
ie  semestre  i85a  ;  n°  22;  in-4°. 

Institut  national  de  France.  Académie  des  Beaux-Arts.  Discours  de 
M.  Raoul-Rochette,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie,  prononcé  aux 
Jiinérailles  de  M.  HuvÉ,  le  jeudi  a5  novembre  i852  ;  demi-feuille  in-4°- 

Notions  générales  de  Physique  et  de  Météorologie  à  l'usage  de  la  jeunesse; 
par  M.  Pouillet;  2e  édition.  Paris,  1 853  ;  1  vol.  in- 12. 

Notesur  un  nouveau  générateur  à  vapeur;parM.  P.-H.  BoUTiGNY(d'Évreux); 

broch.  in-4°- 

Télégraphe  électrique,  du  Dr  Dujardin  (de  Lille);  broch.  in-8°. 

Rapport  fait  au  Conseil  central  d'Hygiène  et  de  Salubrité  publique  du  dépar- 
tement de  la  Gironde,  sur  l'épidémie  cholérique  qui  a  régné  dans  ce  départe- 
ment pendant  l'année  1849;  ParM-  lcDrCH.  Levieux,  secrétaire  du  Conseil. 
Bordeaux,  1 852;  broch.  in-8°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE    DU    LUNDI    13    DÉCEMBRE    1852. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  PIOBERT. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Arago  présente,  au  nom  du  Bureau  des  Longitudes,  un  exemplaire 
de  Y  annuaire  pour  Vannée  i853. 

M.  Flourens  présente,  au  nom  de  l'auteur,  M.  de  Hwnboldt ,  et  du  tra- 
ducteur, M.  Galuskj _,  le  troisième  volume  du  Cosmos.  [Voir  au  Bulletin 
bibliographique.) 

MÉMOIRES    LUS. 

botanique.  —  Nouvelles  recherches  sur  V appareil  reproducteur  des  Cham- 
pignons; par  M..  L.-R.  Tulasne.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  Section  de  Botanique.  ) 

«  Des  observations  assidues  et  la  perfection  apportée  à  la  construction 
des  microscopes  auront  permis  aux  botanistes  de  ce  siècle  de  constater  qu'il 
n'y  a  point  de  plantes  vraiment  agames,  c'est-à-dire  privées  de  sexe  ;  du 
moins  peuvent-ils,  dès  aujourd'hui,  soupçonner  avec  fondement  que  chez 

C.  R. ,  i85a,  a">e  Semestre.  (T.  XXXV,  N<>  24.)  I  I  I 


(  8/h  } 

tous  les  végétaux,  à  quelque  groupe  naturel  qu'ils  appartiennent,  existent 
deux  ordres  distincts  d'organes  reproducteurs  dont  la  valeur  relative  peut 
être  comparée  à  celle  des  deux  sexes  dans  les  animaux.  Jusqu'en  ces  derniers 
temps,  néanmoins,  les  Lichens  et  les  Champignons  semblaient  faire  excep- 
tion à  cette  loi  ;  car  toutes  les  recherches  des  phytotomistes  n'avaient  pu  y 
découvrir  cette  dualité  d'organes  qui,  après  avoir  été  pendant  si  longtemps 
le  privilège  exclusif  des  plantes  cotylédonées,  s'est  trouvée  depuis  appartenir 
à  presque  toutes  les  Cryptogames.  J'ai  appliqué  tous  mes  efforts  à  faire  dis- 
paraître cette  anomalie,  et  je  voudrais  pouvoir  me  flatter  d'y  avoir  travaillé 
efficacement. 

»  En  ce  qui  touche  les  Lichens,  j'ai  montré  (i)  que  le  thalle  du  plus 
grand  nombre  recèle  de  petits  organes  globuleux,  des  sortes  de  conceptacles 
simples  ou  multiloculaires,  pourvus  d'un  ostiole  et  qui,  à  une  certaine 
époque  de  leur  développement,  laissent  échapper  une  incroyable  quantité 
de  corpuscules  linéaires  extrêmement  ténus,  droits  ou  courbés,  tels,  en  un 
mot,  qu'aucune  ressemblance  n'existe  habituellement  entre  eux  et  les  véri- 
tables spores  du  Lichen.  Des  spermogonies  (anthéridies,  fleurs  mâles)  toutes 
semblables  ou  fort  analogues  s'observent  également  en  diverses  tribus  de 
Champignons  (a);  les  Pyrénomycètes  (Hypoxylées  DC),  auxquels  j'ai  par- 
ticulièrement consacré  mon  premier  travail,  en  fournissent  surtout  de  beaux 
exemples  ;  mais  on  en  trouve  aussi  de  très- variés  chez  les  Discomjcètes , 
sur  lesquels  je  souhaiterais  aujourd'hui  d'attirer  spécialement  l'attention 
des  botanistes  qui  s'intéressent  à  l'histoire  physiologique  et  organographique 
des  Champignons. 

»  Parmi  les  Discomjcètes  d'un  ordre  inférieur,  j'ai  déjà  signalé  les  Rhjr- 
tisma  foliicoles,  dont  le  développement  commence  en  été  par  la  production, 
sur  une  tache  noire  d'une  étendue  et  d'une  forme  variables,  de  petites  cap- 
sules pulviniformes  {spermogonies)  que  remplit  un  noyau  solide  et  conique, 
tout  couvert  d'un  hymenium  pareil  à  celui  des  Cytispora.  Hors  de  ces  cap- 
sules s'épanche  une  pulpe  dorée,  dans  laquelle  des  corpuscules  fort  ténus 


(i)  Voyez  mes  premières  observations  sur  les  organes  reproducteurs  des  Lichens,  dans  les 
Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences ,  séance  du  24  mars  1 85 1,  et  mon 
Mémoire  pour  servir  à  l'histoire  organographique  et  physiologique  des  mêmes  végétaux,  dans 
les  Annales  des  sciences  naturelles,  3e  série,  tome  XVII,  page  5. 

(2)  Voyez  ma  Note  sur  l'appareil  reproducteur  des  Champignons ,  dans  les  Comptes  rendus 
de  l'Académie  des  Sciences ,  séance  du  3 1  mars  1 85 1 . 


(  843  ) 

(spermaties)  sont  unis  à  un  mucilage  abondant;  et  c'est  seulement  après 
l'expulsion  de  cette  matière  spermatique  que  le  stroma  du  Champignon 
s'épaissit  autour  des  spermogonies  pour  servir  de  base. aux  lirelles,  c'est-à- 
dire  aux  appareils  générateurs  des  spores  (semences).  Ces  nouveaux  organes 
emploient  l'automne  et  l'hiver  à  prendre  tout  leur  accroissement,  et  ne 
mûrissent  leurs  graines  qu'au  premier  printemps.  Les  spermaties  du  Rhy- 
tisma  acerinum  Fr.  sont  linéaires  et  courtes  ;  celles  du  R.  salicinum  Fr.  sont 
globuleuses.  On  sait  que  M.  Léveillé  regardait  comme  un  Champignon  sui 
generis,  l'appareil  qui  engendre  ces  corpuscules,  et  qu'il  lui  appliquait  le 
nom  de  Melasmia. 

»  Plusieurs  Hysterium  possèdent  certainement  des  spermogonies ,  mais 
elles  sont,  en  général,  assez  faciles  à  confondre  avec  des  productions  étran- 
gères au  Champignon  ;  on  doit  cependant  reconnaître  pour  celles  de  V Hys- 
terium Fraxini  Pers.,  les  petits  corps  lageniformes  et  très-noirs  si  abon- 
damment semés  sur  l'aire  occupée  par  ses  lirelles,  et  qui  ne  renferment  plus 
de  spermaties  longtemps  avant  la  maturité  des  spores.  Les  spermogonies  de 
l 'Hysterium  commune  Fr. ,  comme  celles  des  H.  scirpinum  Fr .  et  H.  Rubi  Pers. , 
sont  de  petites  capsules  déprimées  et  d'un  noir  brillant  dans  lesquelles  on 
trouve  une  innombrable  quantité  de  spermaties  atomiques;  elles  ont  été 
prises  jusqu'ici  pour  des  espèces  de  Leptostroma. 

.  »  Les  spermogonies  du  Triblidium  quercinum  Pers.  imitent  dans  leur 
forme  et  leur  structure  celles  des  Rhytisma;  elles  naissent  accolées  aux  pre- 
miers rudiments  de  ses  lirelles,  et  leurs  débris  persistent  auprès  de  celles-ci 
pendant  presque  toute  la  durée  de  leur  longue  végétation.  Les  spermaties 
sont  linéaires,  droites  et  longues  d'environ  omm,oo65;  les  spores  sont  aussi 
fort  ténues,  mais  d'une  longueur  beaucoup  plus  considérable. 

»  Dans  le  Stictis  ocellata  Fr.,  Champignon  pézizoïde  qui  répand  une 
odeur  de  miel  très-prononcée,  un  grand  nombre  des  tubercules  qui  doivent 
se  transformer  en  cupules  ne  passe  à  cet  état  parfait  qu'après  avoir  produit 
soit  des  spermaties  linéaires  et  très-courtes,  soit  des  stylospores ;  celles-ci 
sont  des  corps  reproducteurs  acrogènes,  oblongs,  et  qui  égalent  en  volume 
les  spores  endothèques.  Quelques  tubercules  bornent  leur  fécondité  à  cette 
génération  gongylaire  et  restent  des  pycnides  pures  et  simples,  c'est-à-dire 
des  organes  analogues  par  leur  rôle  aux  conceptacles  que  j'ai  ainsi  désignés 
chez  les  Lichens  (i). 

(i)  Annales  des  sciences  naturelles,  3e  série,  tome  XVII,  page  108. 

III.. 


(  844) 

»  Je  regarde  également  comme  des  pjcnides  les  petites  capsules  unilo- 
culaires  et  à  parois  épaisses  qu'on  voit  mêlées  aux  cupules  du  Phacidium 
Patella  Fr.  (Heterosphœria  Patella  Grev.),  et  dans  lesquelles  naissent, 
sur  des  basides  très-courtes,  des  stylospores  lancéolées  et  courbées  en  arc.  Il 
existe  également,  entre  le  Ceuthospora  phacidioides  Grev .  et  le  Phacidium 
llicis  Lib.,  de  telles  relations,  que  le  premier  devra  être  tenu  pour  la  pyc- 
nide  ou  la  spermogonie  du  second. 

»  Les  spermogonies  du  Tjmpanis  conspersa  Fr.  ont  une  forme  oblon- 
gue-turbinée,  la  consistance  dure  et  la  couleur  noire  ordinaires  aux  périthèces 
desSphéries;  mais  leur  paroi  interne  est  tapissée  du  même  hymenium  que 
le  noyau  central  des  spermogonies  des  Rhytisma,  c'est-à-dire  de  filaments 
déliés  et  rameux  desquels  naissent  d'innombrables  spermaties.  Ces  corpus- 
cules, enveloppés  qu'ils  sont  de  mucilage,  sortent  de  leur  conceptacle  sous 
la  forme  d'un  long  cirrhe,  et  chacun  d'eux,  pris  à  part,  n'a  pas  plus  de 
omm,oo3  de  longueur.  Il  n'y  a  aucune  apparence  que  ces  appareils  sperma- 
tophores  se  transforment  jamais,  comme  on  l'a  cru,  en  organes  cyathiformes 
et  pourvus  de  thèques.  De  tels  organes  sont  habituellement  plus  rares  dans 
le  Tytnpanis  conspersa  Fr.  que  les  spermogonies  ;  ils  se  développent  sur- 
tout autour  du  sore  formé  par  celles-ci,  et  l'on  y  observe  en  chaque  thèque 
une  infinité  de  spores  extrêmement  ténues. 

»  Les  spermogonies  du  Cenangiwn  Ligni  Desm.,  Champignon  à  peine 
différent  des  vraies  Pézizes,  sont  de  très-petits  périthèces  ponctiformes, 
faciles  à  confondre  avec  les  jeunes  cupules,  et  dont  la  cavité  simple  ren- 
ferme une  infinité  de  spermaties  droites  qui  n'ont  pas  plus  de  omra,oo35  de 
longueur. 

»  D'autres  Cenangium  n'offrent  communément  que  des  pycnides  et  des 
cupules  ascophores.  Les  pycnides  du  C .  juliginosum  Fr.  sont  des  sortes  de 
tubercules  peu  réguliers  et  uniloculaires;  elles  ont  une  forme  plus  symé- 
trique dans  les  C.  Ariœ  N.  (Tjmpanis  Ariœ  Fr.)  et  C.  Padi  Fr.  (o/z'/n), 
et  contiennent  de  même  des  stylospores  lancéolées-arquées,  longues  de  i5 
à  20  millièmes  de  millimètre.  Celles  des  Cenangiwn  Cerasi  Fr.  et  C.  Pru- 
nastri  Fr.  sont  fréquemment  étroites  et  allongées  en  manière  de  tubes; 
elles  se  soudent  par  leurs  bases,  et  leurs  cavités  communiquent  entre  elles. 
On  y  trouve  de  très-grandes  stylospores  lancéolées-linéaires  et  flexueuses. 
Le  C.  Ribis  Fr.  possède,  au  contraire,  des  pycnides  globuleuses  substipi- 
tées,  agglomérées  sur  un  épais  subiculum ,  et  leur  masse  compacte  est 
divisée,  par  un  réseau  de  cloisons  colorées,  en  une  multitude  de  loges  où 


(  845  ) 

prennent    naissance  d'innombrables    stylospores  ovoïdes  et  très-petites. 

»  Les  C.  FraxinilS.  et  C.  FrangulœN.  (Tympanidis  sp.  Fr.)  méritent 
une  mention*  spéciale,  car  ils  possèdent,  de  plus  que  leurs  congénères  légi- 
times, des  spermaties.  Chez  le  premier,  ces  corpuscules,  qui  sont  courbes  et 
longs  d'environ  omm,oi ,  se  développent  soit  dans  de  petits  appareils  spéciaux 
et  ovoïdes,  soit  dans  la  cavité  des  pycnides  et  vers  leur  orifice;  mais,  en  ce 
dernier  cas,  elles  se  distinguent  parfaitement  des  stylospores,  qui  sont  pa- 
reillement arquées,  mais  relativement  très-volumineuses.  Les  spermaties  du 
C.  Frangulœ  N.  sont  droites,  longues  de  3  à  5  millièmes  de  millimètre, 
et  remplissent  l'orifice  de  quelques-unes  des  jeunes  cupules,  alors  que  celles- 
ci  sont  encore  presque  closes  et  qu'on  dirait  leur  hymeniwn  formé  d'élé- 
ments similaires.  Au  contraire,  les  pycnides  du  même  Champignon,  qui 
simulent  des  périthèces  de  Sphérie,  ne  produisent  pas  habituellement  de 
spermaties. 

»  Chez  divers  Dermatea  coexistent  en.  très-grande  abondance  des  sty- 
lospores et  des  spermaties  ;  suivant  ce  qui  a  lieu  dans  tous  les  Champignons 
d«îjà  cités,  ces  deux  sortes  de  corpuscules  reproducteurs  sont  disséminées 
avant  l'apparition  des  cupules  ascophores,  mais  elles  naissent  ici  ensemble  sur 
un  stroma  qui  n'a  point  de  tégument  propre.  Ce  subiculum  ressemble  beau- 
coup à  un  Tubercularia,  dans  le  D.  carpinea  Fr.;  il  est  moins  bien  défini, 
de  moindre  consistance,  et  parfois  locellé,  dans  les  D.  Coryli  N.,  D.  dis- 
septa  N.,  et  D.  amœna  N.,  qui  sont  tous  des  sortes  de  petites  Pézizes 
cespiteuses  et  corticicoles. 

»  Le  Bulgaria  inquinans  Fr.,  qui,  à  l'état  adulte,  figure,  comme  on  sait, 
une  très-grande  Pézize  d'un  noir  profond,  est  dans  son  extrême  jeunesse 
un  tubercule  obtus  dont  toute  la  masse  est  partagée  en  lobes  ramifiés  et  de 
forme  très-irrégulière.  Les  extrémités  de  ces  lobes  deviennent,  vers  la  sur- 
face du  tubercule,  des  récipients  d'où  s'échappent  pendant  quelque  temps 
des  flots  soit  de  spermaties  pures,  soit  de  spermaties  mêlées  à  des  stylo- 
spores. Les  unes  et  les  autres  sont  ovoïdes,  mais  les  spermaties  sont  rosées  ou 
incolores  et  beaucoup  plus  petites  que  les  stylospores,  lesquelles  sont  aussi 
noires  que  les  spores  des  Melanconium  (î). 

(i)  J'ai  dit  à  tort  [Annales  des  Sciences  naturelles ,  3e  série,  tome  XVII,  page  84,  note  i) 
que  les  petites  spores  imparfaites  et  à  peine  colorées  qui  accompagnent  les  spores  normales 
du  Bulgaria  inquinans,  étaient  impropres  à  germer;  car  j'ai  constaté  depuis  que  ces  petites 
spores  germent  tout  aussi  bien  et  plus  tôt  même  que  les  autres. 


(  846) 

»  Une  tout  autre  organisation  s'observe  dans  le  Bulgaria  sarcoïdes  Fr. 
Les  clavules  inégales  et  parfois  rameuses  qui  accompagnent  ses  cupules, 
sont  revêtues  dans  toute  leur  partie  supérieure  d'un  hymeuiuïn  spermato- 
phore,  et  disséminent  en  très-grande  abondance  des  corpuscules  (sper- 
maties)  droits  et  excessivement  ténus.  Dans  les  premiers  temps  de  leur 
végétation,  elles  sont  en  outre  couvertes  de  conidies  globuleuses.  Comme 
ces  clavules  cespiteuses  ne  sont  pas  toujours  jointes  à  la  forme  parfaite 
(pézizoïde)  du  Bulgaria,  elles  ont  été  prises  jusqu'à  ce  jour  pour  une 
espèce  distincte  de  Champignon  du  groupe  des  Tremelles  (  Tremella  sar- 
coïdes With.,  Corynes  sp.  aliis). 

»  On  sait  la  cohabitation  sur  les  tiges  mortes  des  Orties  du  Peziza  jusa- 
rioïdes  Berk.,  avec  le  Dacrymyces  Urticœ  Fr.,  et  la  couleur  rouge- 
orangée  commune  à  l'un  et  à  l'autre.  Nul  doute  que  ces  deux  productions 
n'appartiennent,  ainsi  que  plusieurs  mycologues  l'ont  déjà  supposé,  à  une 
seule  et  même  espèce  végétale  dont  Ie  Dacrymyces  représenterait  l'état 
spermogonique,  et  le  Peziza,  la  forme  parfaite. 

»  Une  autre  petite  Pézize,  qui  croît  en  automne  autour  de  Paris  sur  ïes 
branches  mortes  de  divers  arbres,  et  que  j'appellerais  volontiers  Peziza  bene- 
suada  à  cause  de  l'instruction  que  son  étude  procure  au  mycologue,  offre 
dans  quelques-unes  de  ses  cupules,  à  la  place  des  paraphyses  ordinaires  qui 
sont  linéaires,  droites  et  simples,  des  filaments  ténus,  rameux  et  flexueux, 
desquels  naissent  en  très-grande  quantité  de  très-fines  spermaties.  Les 
cupules  ainsi  douées  ne  renferment  pas  moins  de  nombreuses  thèques  fer- 
tiles, et  par  suite  peuvent  être  rigoureusement  qualifiées  d'hermaphrodites. 
Elles  sont  justement  dans  le  même  cas  que  les  périthèces  de  certains  Lichens 
{Verrucariœ  sp.),  tandis  que  chez  plusieurs  espèces  de  Pyrénomycètes,  telles 
que  le  Polystigma  rubrumDC.,  le  Phoina  salignum  Fr.,  et  autres,  il  y  a 
seulement  succession  dans  le  même  récipient  des  spermaties  et  des  thèques, 
celles-ci  ne  venant  jamais  qu'après  les  premières.  » 

physiologie  végétale.  —  Reproduction  du  bois  et  de  Vécorce  à  la  surface 
de  l'aubier  décortiqué;  par  M.  A.  Tbéccl.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  Section  de  Botanique.) 

«  Il  y  a  un  siècle  environ  que  Duhamel  a  dit  que  le  bois  dépouillé  de  ses 
tissus  corticaux  peut  reproduire  du  bois  et  une  nouvelle  écorce.  Cette  vérité, 
contestée  jusque  dans  ces  derniers  temps,  fut  mise  hors  de  doute  par  mes 


(  84?  ) 
observations  sur  le  Njrssa;  mais  de  nouvelles  études  étaient  nécessaires. 
Duhamel,  en  effet,  n'avait  pu  reconnaître  par  quel  mode  de  multiplication 
utriculaire  les  tissus  du  bois  dénudés  se  recouvrent  de  productions  ligneuses 
et  corticales  nouvelles,  et  moi,  j'avais  trouvé  les  excroissance  du  Njssa 
toutes  développées.  Tout  le  phénomène  organogénique  était  donc  à  dé- 
couvrir. 

»  Depuis  les  expériences  de  Duhamel,  qui  avait  vu,  à  la  surface  du  bois 
décortiqué,  des  mamelons  gélatineux,  isolés,  sortant  d'entre  les  fibres  lon- 
gitudinales de  l'aubier,  s'étendant  peu  à  peu  et  se  réunissant  pour  consti- 
tuer la  nouvelle  écorce  sous  laquelle  était  aussi  un  feuillet  ligneux-  très- 
mince,  depuis  ces  expériences,  dis-je,  il  en  a  été  fait  par  Dutrochet,  Meyen 
et  M.  Dalbret.  Ayant  déjà  exposé  ailleurs  l'opinion  de  Dutrochet,  je  ne 
m'en  occuperai  pas  dans  cet  extrait.  Quant  aux  deux  derniers  observateurs, 
ils  virent  des  gouttelettes  gélatineuses  exsuder  du  corps  ligneux,  se  con- 
denser en  tissu  cellulaire,  s'étendre  et  se  réunir  comme  l'avait  remarqué 
Duhamel.  Ces  gouttelettes,  dit  Meyen,  ne  sont  pas  sécrétées  sous  la  forme 
d'un  tissu,  mais  sous  celle  d'un  mucilage  sans  organisation,  qui  renferme 
le  principe  de  son  organisation  ultérieure. 

»  L'observation  attentive  des  faits  montre  qu'il  ne  sort  rien  d'entre  les 
fibres  de  l'aubier,  qu'à  aucune  époque  les  nouvelles  productions  ne  sont 
liquides,  mais  qu'elles  sont  formées  de  cellules  dès  le  principe,  et  que  ces 
cellules,  d'aspect  gélatineux  comme  toutes  les  très-jeunes  productions  utri- 
culaires,  sont  engendrées  par  celles  de  la  couche  génératrice  qui  sont  restées 
à  la  surface  de  l'aubier  après  l'enlèvement  de  l'écorce. 

»  Mais  ce  phénomène  de  régénération  de  l'écorce  présente  deux  modifi- 
cations principales  :  i°  ou  bien  la  reproduction  se  fait  à  la  surface  des  tissus 
mis  à  nu,  c'est-à-dire  par  les  cellules  les  plus  externes;  'i°  ou  bien  elle  a 
lieu  dans  les  cellules  internes  de  la  couche  de  l'année,  produite  avant  la 
décortication  ;  les  cellules  externes  sont  alors  repoussées  au  dehors  par 
celles  qui  se  sont  formées  plus  à  l'intérieur,  dans  le  voisinage  de  l'aubier. 

»  Dans  le  premier  cas,  quand  ce  sont  les  cellules  extérieures  qui  opèrent 
la  multiplication,  les  rayons  médullaires,  les  jeunes  cellules  ligneuses  et  les 
vaisseaux  d'un  petit  diamètre  eux-mêmes  peuvent  concourir  à  la  régéné- 
ration des  nouveaux  organes;  ils  sont  métamorphosés  en  tissu  cellulaire 
ordinaire. 

»  Le  Gleditschia,  le  Robinia,  Y  Orme,  le  Marronnier  d'Inde,  le  Tilleul, 
le  Paulownia,  etc.,  m'ont  fourni  de  nombreux  exemples  de  ces  transfor- 


(  848  ) 

mations.  Dans  quelques  circonstances,  les  cellules  ligneuses  seules  produi- 
sirent les  nouveaux  tissus;  celles  des  rayons  médullaires  les  plus  externes, 
devenues  brunes,  étaient  mortes  en  apparence.  D'autres  fois,  ainsi  que  l'a 
observé  M.  Brongniart,  les  rayons  médullaires  seuls  donnent  naissance  aux 
excroissances. 

■>  Dans  tous  les  cas,  voici  comment  le  phénomène  s'accomplit.  Toutes 
lés  cellules  de  la  couche  utriculaire  formée  dans  l'année  se  gonflent;  les 
plus  externes  s'étendent  les  premières,  et  cette  extension  des  utricules  se 
propage  de  la  périphérie  à  l'intérieur.  La  plus  externe  est  souvent  globu- 
leuse, puis  elle  devient  claviforme;  c'est  alors  qu'elle  se  partage  en  deux 
par  une  cloison.  Les  nouvelles  cellules  et  celles  qui  sont  placées  au-dessous 
d'elles  se  divisent  de  la  même  manière,  en  sorte  que  la  multiplication  s'opère 
bientôt  dans  toute  l'épaisseur  de  la  couche  utriculaire.  Cependant  il  arrive 
,  quelquefois  que  les  cellules  les  plus  internes  ne  subissent  aucune  modifi- 
cation. 

»  Dans  quelques  arbres,  j'ai  vu  ces  changements  se  faire  simultanément 
dans  les  rayons  médullaires  et  dans  les  cellules  ligneuses;  dans  d'autres,  la 
multiplication  commençait  par  les  rayons  médullaires.  C'est  alors  que 
ceux-ci  sont  terminés  par  des  groupes  de  cellules  qui  constituent  les  pré- 
tendues gouttelettes  qui  semblent  exsuder  des  rayons  médullaires.  Insensi- 
blement, la  métamorphose  s'étend  aux  tissus  adjacents.  Le  Tilleul  m'a 
fourni  les  plus  beaux  exemples  de  cette  dernière  modification. 

»  Rien  de  liquide  n'exsude  donc  des  rayons  médullaires.  De  nouvelles 
preuves  en  sont  données  par  le  second  mode  de  génération  des  protubé- 
rances, par  celui  qui  consiste  dans  la  multiplication  au  moyen  des  cellules 
les  plus  internes  de  la  jeune  couche  ligneuse. 

»  La  même  espèce  d'arbre  peut  présenter  les  deux  modes  de  génération 
des  utricules.  Ils  sont  dus  sans  doute  à  des  états  différents  de  dessiccation 
de  la  surface  des  tissus  sur  lesquels  ces  phénomènes  s'accomplissent.  J'ai 
observé  le  second  mode  sur  Y  Orme,  le  Paulownia  et  le  Robinia. 

»  Dans  Y  Orme,  les  cellules  primitives,  rejetées  à  l'extérieur,  recouvraient 
les  plus  jeunes.  Celles-ci  s'étaient  étendues  considérablement;  elles  for- 
maient des  tubes  horizontaux  dont  la  longueur  diminuait  graduellement  en 
se  rapprochant  du  bois,  près  duquel  le  nouveau  tissu  n'avait  rien  de  parti- 
culier dans  son  aspect. 

»  Dans  le  Paulownia  et  dans  le  Robinia  les  longues  cellules  transver- 
sales signalées  dans  YOrine  n'existaient  pas.  Il  y  avait  déjà  de  grands  vais- 


(  849  ) 
seaux  dans  la  jeune  couche  ligneuse  à  l'époque  de  la  décortication.  Dans 
les  points  où  des  protubérances  se  sont  développées,  ces  vaisseaux  ont  sou- 
vent été  rejetés  loin  du  point  où  ils  sont  nés,  avec  les  cellules  les  plus 
externes,  par  celles  qui  naissaient  près  de  l'aubier.  Quelquefois  aussi  la 
multiplication  ne  se  faisant  pas  immédiatement  au  contact  de  cet  aubier, 
les  vaisseaux  qui  en  étaient  les  plus  rapprochés  n'étaient  pas  déplacés 
comme  ceux  qui  étaient  plus  voisins  de  la  périphérie. 

»  Quand  une  excroissance  composée  de  tissu  utriculaire  a  été  produite 
par  l'un  ou  par  l'autre  des  deux  modes  de  génération  dont  je  viens  de 
donner  la  description,  d'autres  changements  surviennent  au  milieu  des 
nouveaux  tissus.  Il  s'y  développe  des  vaisseaux,  des  fibres  ligneuses  et  des 
fibres  du  liber;  mais,  dans  la  formation  de  l'écorce,  des  cellules  assez 
grandes,  à  parois  épaisses  et  ponctuées,  disposées  par  groupes,  précèdent 
ordinairement  l'apparition  des  fibres  du  liber.  Ce  que  l'on  remarque  d'abord 
dans  la  masse  utriculaire,  ce  sont  les  vaisseaux;  puis,  vers  la  même  époque, 
quelquefois  même  avant  eux,  on  aperçoit  une  zone  de  cellules  délicates, 
aplaties  parallèlement  à  la  circonférence  de  la  tige,  et  disposées  en  séries 
horizontales  :  ce  sont  les  premières  fibres  ligneuses.  Bientôt  se  manifeste  le 
périderme  dont  les  utricules  forment  aussi  près  de  la  périphérie  une  zone 
plus  transparente  que  les  tissus  environnants;  ses  utricules  sont  aussi  dis- 
tribuées avec  assez  de  régularité  en  séries  perpendiculaires  à  la  circonfé- 
rence. A  peu  près  en  même  temps,  naissent  dans  plusieurs  arbres  les  cel- 
lules incrustées  dont  j'ai  parlé.  Les  vraies  fibres  du  liber  sont  les  derniers 
organes  développés. 

»  Assez  souvent  aussi  j'ai  observé,  au  lieu  d'une  zone  ligneuse  continue, 
plusieurs  centres  fibro-vasculaires  dans  la  même  masse  utriculaire.  Un  ou 
plusieurs  vaisseaux  occupaient  ordinairement  le  milieu  de  ces  sortes  de 
faisceaux  isolés. 

»  Je  terminerai  en  demandant  s'il  ne  serait  pas  possible  que  les  divers 
centres  ligneux  que  l'on  remarque  dans  les  tiges  d'un  grand  nombre  de 
lianes,  dont  la  structure  bizarre  a  tant  occupé  les  anatomistes,  eussent  une 
origine  analogue  à  celle  des  parties  fibro-vasculaires  des  excroissances  que 
je  viens  d'étudier?  Je  suis  porté  à  croire  que  leur  développement  est  le 
même;  c'est  pourquoi  j'ai  cru  devoir  appeler  sur  ce  point  l'attention  des 
botanistes  qui  pourraient  se  trouver  dans  des  circonstances  favorables  pour 
étudier  l'accroissement  de  ces  végétaux  singuliers.  » 

C.  R.,  i852,  2m0  Semestre.  (T.  XXXV,  N°24.)  112 


(  &5o  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

géologie.   —  Note  sur  l'existence  probable  des  terrains  salifères  dans  le 
nord  de  la  France;  par  M.  Dixvxoi  e. 

(Commissaires,  MM.  Elie  de  Beaumont,  Dufrénoy.) 

«  L'étude  de  l'arête  dévonienne,  qui  relève  et  borne  au  sud  les  terrains 
houillers  du  Hainaut  et  de  l'Artois,  est  signalée  depuis  longtemps  (i)  comme 
une  des  plus  intéressantes  pour  les  progrès  de  la  science  et  de  l'industrie 
minérale.  Quelques  faits  nouveaux  viennent  encore  d'accroître  cette  impor- 
tance; ils  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

»  i°.  Cette  zone  de  vieux  grès  rouge  est  double.  Une  première  bande 
septentrionale,  celle  de  Rinche,  en  Belgique,  s'étend  à  Montignies-sur- 
Roc,  Monchécourt,  Esquerchin,  Bouvigny-en-Cobelle,  Pernes,  Fléchin, 
et  vient  d'être  retrouvée  à  Wizernes,  par  un  forage  de  1 47  mètres,  pour 
reparaître  au  jour  une  dernière  fois  à  Caffiers  et  Binghen.  Les  bancs  de 
grès  paléozoïques,  atteints  à  Wizernes,  se  retrouvent  avec  les  mêmes  carac- 
tères entre  Audincthun  et  Matringhen,  à  17  kilomètres  sud,  i5  degrés  ouest, 
parconséquent  sur  une  seconde  bande  parallèle  plongeant  de  3o  degrés  sud- 
sud-ouest,  et  sans  doute  identique  avec  celle  de  Merbes-le-Château,  qui 
est  à  10  kilomètres  sud  de  la  zone  précitée  de  Rinche. 

»  i°.  Un  poudingue,  dont  le  ciment  est  rougeâtre  et  les  éléments  géné- 
ralement calcaires,  recouvre  le  terrain  dévonien  à  Lillette,  Dennebraucq, 
Fléchin,  Féboin,  etc.  Les  galets  proviennent  des  terrains  siluriens,  dévo- 
niens  et  carbonifères,  ils  en  contiennent  encore  les  fossiles.  Ce  poudingue 
est  très-peu  incliné  et  en  sens  opposé  du  vieux  grès  rouge;  il  a  au  moins 
1 5  mètres  de  puissance  à  Audincthun,  où  il  a  été  longtemps  exploité  comme 
marbre.  Il  représente  la  brèche  beaucoup  plus  calcaire  de  Rerlaimont  près 
d'Avesnes,  et  probablement  le  grès  vosgien. 

»  3°.  Ce  poudingue  est  recouvert  en  stratification  concordante  par  des 
grès  quartzeux  et  argileux,  rouges  et  jaunes,  qui  doivent  appartenir  au  grès 
bigarré,, 

»  4°-  Enfin,  à  Lillette,  des  argiles  à  vives  bigarrures  jaunes,  blanches, 
rouges  et  violettes,  rappellent  les  marnes  irisées. 

(1)  Explication  delà  Carte  géologique  de  France,  tomel,  pages  7?.5,  777,  786. 


(85,  ) 

»  On  sait  qu'il  existe  du  sel  dans  le  forage  actuel  de  Rouen,  dans  une 
source  de  Mézières  et  dans  les  terrains  houillers  de  Valenciennes,  et  qu'un 
puits  percé  à  Meulers,  au  sud  d'Arras,  a  été  noyé,  en  1806,  par  une  irrup- 
tion d'eau  salée.  Ces  souvenirs  m'ont  fait  observer  plus  attentivement, 
dans  la  contrée,  de  nombreux  affaissements  du  sol,  où  s'engouffre  inces- 
samment (sans  les  combler)  le  loos  entraîné  par  les  eaux  pluviales.  Je  me 
suis  alors  involontairement  souvenu  de  ce  passage  de  la  description  des 
terrains  salifères  des  Vosges  : 

«  Les  eaux  qui  circulent  dans  l'intérieur  du  sol  peuvent,  en  dissolvant 
»  certaines  parties  constituantes,  produire  des  cavités,  et,  par  suite,  des 
»  affaissements.  Telle  est  du  moins  la  setde  explication  qu'on  puisse 
»  donner  de  certains  trous  qui  existent  dans  les  environs  de  Dieuze,  et  que 
»   l'on  dit  avoir  été  formés  par  l'affaissement  spontané  des  terrains.   » 

»  On  est,  dès  lors,  bien  tenté  de  conclure  que  ce  n'est  point  la  mer, 
comme  on  le  croit,  mais  bien  le  sel  gemme  du  trias  qui  produit  cette  salure 
remarquable  et  nous  révèle  ainsi  sa  présence  dans  nos  contrées. 

»  Les  explorateurs  de  houille,  aujourd'hui  si  nombreux  dans  le  Pas-de- 
Calais,  et  les  ingénieurs  du  Gouvernement  qui  les  guident,  auront  à  tenu- 
compte  désormais  de  ce  double  soulèvement  du  vieux  grès  rouge.  Il  leur 
importe  aussi  de  bien  connaître  ces  terrains  complémentaires  de  l'hiatus 
géologique  du  Nord  ;  car  dans  un  sondage  il  serait  aussi  fâcheux  que  facile 
de  confondre  ces  nouvelles  roches  avec  les  variétés  si  nombreuses  du  vieux 
grès  rouge.  » 

botanique.  —  Recherches  sur  la  fécondation  et  la  formation  de  l'embryon 
dans  les  Hépatiques  et  les  Fougères;  par  M.  H.  Philibert. 

(Commissaires  nommés  pour  une  précédente  communication  de  l'auteur  : 

MM.  de  Jussieu,  Brongniart.) 

L'auteur,  en  terminant  son  Mémoire,  résume  dans  les  conclusions  sui- 
vantes les  résultats  de  ses  recherches  : 

«  I.  Hépatiques.  —  i°.  Dans  les  Hépatiques,  comme  dans  les  Mousses, 
l'organe  appelé  épigone,  qui  enveloppe  la  capsule  à  peu  près  jusqu'à  sa 
maturité,  est  un  véritable  ovule,  réduit  au  nucelle,  dans  lequel  se  déve- 
loppe un  embryon. 

»  20.  Cet  épigone  ou  nucelle  est  doublé  d'un  sac  membraneux  ou  sac 
embryonnaire. 

11a. . 


(  85a  ) 

»  3°.  L'embryon  développé  dans  cet  ovule  est  représenté  par  la  capsule 
avec  son  pédicelle. 

»  4°-  Le  nucelle  et  le  sac  embryonnaire  sont  d'abord  fermés,  et  ils  s'ou- 
vrent un  peu  avant  la  fécondation. 

»  5°.  Le  sac  embryonnaire  contient  un  utricule  libre  qui,  en  se  déve- 
loppant, produit  l'embryon.  Cet  utricule  embryonnaire  existe  avant  l'ouver- 
ture du  nucelle,  et,  par  conséquent,  avant  la  fécondation. 

»  IL  Riccia.  —  6°.  Dans  les  Riccia,  il  existe  un  nucelle,  un  sac  em- 
bryonnaire et  une  cellule  embryonnaire  entièrement  semblables  à  ceux  des 
Mousses.  Mais  cette  cellule  embryonnaire,  au  lieu  de  produire  une  cap- 
sule avec  son  pédicelle,  grandit  en  demeurant  simple;  et  les  cellules  mères 
des  spores  naissent  immédiatement  dans  l'intérieur  de  ce  sac  membraneux, 
enveloppé  lui-même  par  l'épigone. 

»  III.  Fougères.  —  70.  Les  Fougères  ont  des  ovules  exactement  sem- 
blables à  ceux  des  Mousses  et  des  Hépatiques,  et  qui  se  composent  également 
d'un  nucelle,  formé  d'une  simple  couche  de  cellules  et  doublé  intérieure- 
ment par  un  sac  embryonnaire. 

»  8°.  Dans  les  Fougères,  ces  ovules  naissent  sur  une  fronde  très-simple 
qui  résulte  immédiatement  de  la  germination  des  spores.  L'embryon  qui  se 
forme  dans  ces  ovules  reproduit  la  plante  mère,  comme  dans  les  Phanéro- 
games. 

»  90.  L'ovule  ou  nucelle  des  Fougères  est  d'abord  fermé  à  son  sommet, 
et  il  s'ouvre  pour  la  fécondation;  il  contient  déjà,  avant  son  ouverture, 
une  cellule  embryonnaire  qui,  en  se  développant,  produit  l'embryon. 

»  io°.  L'embryon  des  Fougères  se  compose  d'une  première  feuille,  d'une 
première  racine  et  d'une  base  conique  représentant  la  tige  ou  l'axe  de  la 
plante.  La  première  racine  ne  continue  pas  la  tige,  comme  dans  l'embryon 
des  Phanérogames;  elle  est  oblique,  et,  d'après  ce  caractère,  l'embryon  des 
Fougères  peut  s'appeler  embryon  plagiorhize. 

»  i  i°.  Ce  caractère  se  retrouve  dans  la  plante  développée.  Chaque  feuille 
a  sa  racine  propre,  qui  se  sépare  presque  immédiatement  de  la  tige,  et  se 
dirige  obliquement  vers  la  terre. 

»  12°.  Dans  les  Fougères,  les  Mousses  et  les  Hépatiques,  la  base  de 
l'embryon  est  tournée  vers  la  base  de  l'ovule,  et  le  sommet  de  l'embryon 
vers  le  sommet  de  l'ovule  ou  micropyle;  de  sorte  qu'il  se  trouve  dans  une 
position  inverse  de  celle  qu'il  occupe  dans  les  Phanérogames.  » 


(  853  ) 

anatomie  comparée.  —  De  la  pentadactjlie  chez  les  animaux  domestiques  ; 

par  M.  A.  Goubaux. 

(Commissaires  précédemment  nommés  pour  les  travaux  de  MM.  Joly  et 
Lavocat  :  MM.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Duvernoy.) 

L'auteur,  en  terminant  son  Mémoire,  indique  dans  les  termes  suivants 
le  but  qu'il  s'est  proposé  : 

«  i°.  Je  n'ai  pas  voulu  discuter  la  question  de  savoir  si  tous  les  animaux 
peuvent  être  ramenés  au  type  pentadactyle. 

»  -2°.  J'ai  voulu  prouver  que  les  os  du  carpe  et  ceux  du  tarse  ne  sont 
pas  au  nombre  de  dix  chez  les  animaux  domestiques,  ainsi  que  MM.  Joly 
et  A.  Lavocat  l'ont  admis  en  principe. 

»  3°.  J'ai  voulu  prouver  que  le  nombre  des  doigts  n'est  pas  en  rapport 
numérique  exact  avec  le  nombre  des  os  de  la  rangée  inférieure  du  carpe 
ou  du  tarse. 

»  4°-  Enfin,  j'ai  voulu  prouver  que  la  châtaigne  ne  peut  pas  être  consi- 
dérée comme  le  rudiment  du  pouce  ;  que  le  métacarpien  principal  ne  se 
développe  pas  par  deux  moitiés  latérales  chez  le  cheval  comme  chez  le 
bœuf,  et  que  des  os  qui  existent  accidentellement  sur  le  contour  postérieur 
de  la  rangée  inférieure  du  carpe  sont  véritablement  les  rudiments  du  pre- 
mier et  du  cinquième  doigts  (de  l'auriculaire  et  du  pouce).  » 

histoire  naturelle.  —  De  la  symétrie  considérée  dans  les  trois  règnes  de 
la  nature  (première  partie)  ;  par  M.  Ch.  Fermond.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Brongniart,  de  Senarmont,  de  Quatrefages.) 

«  Pour  peu  que  l'on  examine  avec  attention  un  animal,  un  végétal  et 
un  minéral,  on  reste  frappé  de  l'ordre  et  de  la  régularité  avec  lesquels 
les  parties  qui  les  composent  sont  placées  les  unes  par  rapport  aux  autres 
quand  ces  parties  sont  homologues  ou  de  même  nom.  La  symétrie  appar- 
tient aux  trois  règnes  de  la  nature;  aussi,  zoologistes,  botanistes,  minéra- 
logistes l'ont-ils  parfaitement  reconnue  dans  les  règnes  qui  font  l'objet  de 
leurs  occupations.  Mais,  il  faut  bien  le  dire,  l'étude  en  particulier  de  la 
symétrie  n'a  pas  encore  reçu  toute  l'extension  qu'elle  paraît  susceptible  de 
recevoir. 

»  Depuis  longtemps  on  a  reconnu  la  régularité  dans  la  forme  des  cris- 


(  854  ) 
Taux  et  les  modifications  que  leurs  angles  ou  leurs  arêtes  subissent  à  la  fois 
ou  isolément,  suivant  l'espèce  de  ces  angles  ou  de  ces  arêtes. 

»  Depuis  longtemps  aussi  l'idée  de  symétrie  est  appliquée  à  la  botanique, 
mais  le  mot  n'a  commencé  à  avoir  un  sens  précis  que  dans  les  écrits  des 
botanistes  de  notre  siècle;  encore,  si  l'on  compare  entre  elles  les  définitions 
qu'ils  en  donnent,  celles  par  exemple  de  M.  de  Candolle  et  de  M.  A.  de 
Saint-Hilaire,  on  voit  qu'ils  ne  sont  pas  complètement  d'accord  sur  sa  signi- 
fication. 

»  Enfin,  il  n'est  pas  permis  de  douter  que  l'idée  de  symétrie  ne  soit  depuis 
longtemps  employée  dans  la  science  zoologique,  car  depuis  longtemps  déjà 
M.  de  Blainville  a  fondé  sa  classification  des  animaux  sur  ce  caractère,  quoi- 
qu'il le  restreigne  au  premier  sous-règne  de  sa  classification,  qu'il  caractérise 
ainsi  :  Animaux  pairs  ou  artiomorphes ;  espèces  toujours  divisibles  en  deux 
moitiés  extérieures  égales.  Enfin  M.  Serres,  de  son  côté,  se  fondant  sur  les 
caractères  de  dualité  que  présente  le  développement  des  organes  animaux, 
a  établi  une  loi  de  symétrie  ou  de  dualité  applicable  à  tous  les  organes 
animaux  et  que  les  observations  embryogéniqires  semblent  confirmer 
chaque  jour  davantage — 

»  "Notre  but  étant  de  considérer  la  symétrie  dans  l'ensemble  des  trois 
règnes,  nous  avons  dû  chercher  à  en  donner  une  définition  générale,  et 
voici  celle  que  nous  proposons  : 

»  La  symétrie  est  la  disposition  particulière  que  présentent  des  parties 
homologues  ou  semblables  placées  à  égales  distances  de  chaque  côté  d'un 
point,  d'une  ligne,  ou  d'un  plan,  et  dont  un  des  côtés,  quoiquen  sens  con- 
traire, représente  exactement  le  côté  opposé. 

»  Partant  de  cette  définition,  dans  toute  symétrie  nous  commencerons 
par  considérer  deux  choses,  savoir  :  les  parties  constituantes  de  la  symétrie, 
et  le  milieu  par  rapport  auquel  ces  parties  sont  ordonnées.  Ce  milieu  peut 
être  un  point,  une  ligne,  ou  un  plan.  Nous  espérons  démontrer  dans  les 
parties  suivantes  de  ce  travail  que  la  symétrie  par  rapport  à  un  point  est 
essentiellement  celle  des  corps  bruts  cristallisés  (symétrie  minérale);  que  la 
symétrie  par  rapport  à  une  ligne  {symétrie  végétale)  est  celle  qui  est  plus 
particulièrement  propre  à  la  végétation,  et  que  la  symétrie  par  rapport  à 
nn  plan  est  celle  qui  convient  plus  spécialement  aux  animaux  [sjitiétrie 
animale).  ■» 


(  855  ) 

MÉCANrQUK.  —  La  rotation  de  la  Tertre  démontrée  pat'  la  fixité  du  plan  d  os- 
cillation du  pendule.  Nouvel  appareil  pour  l'observer;  par  M»  J.  P®hh«. 
(  Extrait  par  l'auteur.  ) 

(Commissaires  précédemment  nommés  pour  les  Mémoires  de  MM.  Foucault, 
Person,  etc.  :  MM.  Arago,  Cauchy,  Pouillet,  Babinet,  Binet.) 

«  Le  haut  intérêt  qu'a  justement  inspiré  dans  le  monde  savant  l'expé- 
rience par  laquelle  M.  Foucault  a  non-seulement  démontré,  sans  le  secours 
des  astres,  mais  rendue  sensible  aux  yeux  la.  rotation  de  la  Terre,  a  fait 
naître  universellement  le  désir  de  pouvoir  répéter  partout  cette  expérience. 

»  Mais  pour  donner  des  résultats  facilement  observables,  cette  expé- 
rience exige  un.  long  pendule  installé  dans,  un  édifice  trèsr-élevé ;  elle  exige 
aussi  que  l'oscillation  soit  plane  et  d'une  assez  grande  amplitude. 

»  Je  me  suis  proposé  de  rendre  possible  cette  expérience  avec  un  appa- 
reil portatif  et  un  pendule  d'une  longueur  ordinaire,  de  pouvoir  expéri- 
menter par  de  très-petites  amplitudes  d'oscillation,  et  même  dans  le  vide, 
et  finalement  de  pouvoir  observer  et  relever  par  des  mesures  exactes  toutes 
les  phases  des  oscillations  elliptiques,  ce  qui  permettra  de  vérifier  expéri- 
mentalement la  théorie  nouvelle  de  M.  Dieu. 

»  Un  prisme  triangulaire  rectangle  en  flint  est  pour  cela  lié  invariable- 
ment à  la  tige  du  pendule  près  de  la  suspension,  en  sorte  qu'il  participe  à 
ses  mouvements  ;  au  repos,  sa  face  hypoténuse  est  horizontale  ;  la  tige  de 
suspension  traverse  l'axe  creux  d'une  espèce  de  théodolite  qui  est  armé 
d'un  système  de  collimation;  le  prisme  se  trouve  placé  entre  les  objectifs 
du  collimateur  et  cte  la  lunette;  il  y  a  un  micromètre  et  un  cercle  de  posi- 
tion à  l'oculaire. 

»  Une  oscillation  plane  du  pendule  orientée  suivant  les  arêtes  du  prisme, 
se  traduit  dans  la  lunette  par  un  mouvement  de  roulis  de  l'image  réfléchie 
autour  d'un  point  fixe  ;  le  cercle  de  position  permet  de  mesurer  son  ampli- 
tude :  au  contraire,  une  oscillation  plane,  mais  dans  un  plan  normal  au 
précédent,  se  traduit  dans  la  lunette  par  un  mouvement  vertical  recliligne 
alternatif  de  limage  que  le  micromètre  permet  aussi  de  mesurer. 

»  Finalement,  une  oscillation  elliptique  quelconque  pouvant  toujours  être 
considérée  comme  le  résultat  de  deux  oscillations  planes  dont  elle  serait 
là  résultante,  se  traduira  dans  la  lunette  par  un  mouvement  mixte  dont  les 
composantes  pourront  être  simultanément,  mais  séparément  mesurées  :  ces 
mesures,  combinées  avec  l'azimut  de  leur  plan  donné  parle  cercle  horizon- 
tal, permettront  de  relever  par  points  la  courbe  d'oscillations  rapportée  à. 


'  (  856  ) 

un  système  de  coordonnées  polaires  ayant  pour  axe  le  diamètre  zéro  du  théo- 
dolite, et  pour  origine  le  centre  de  la  courbe. 

>»  Pour  observer  la  déviation  azimutale  apparente  du  plan  d'oscillation 
du  pendule  ou  du  grand  axe  de  l'ellipse  (si  l'oscillation  est  elliptique)  par 
rapport  au  diamètre  zéro  du  théodolite,  il  n'y  a  qu'à  orienter  le  système 
optique,  de  manière  qu'à  un  instant  donné,  l'un  des  deux  mouvements 
optiques,  vu  par  l'oculaire,  soit  zéro  ou  un  minimum,  et  à  répéter  l'obser- 
vation à  un  autre  instant;  la  différence  des  deux  orientations  sera  évidem- 
ment la  déviation  apparente  cherchée. 

»  Pour  les  cours  publics,  on  peut  substituer  un  objectif  de  microscope 
solaire  à  l'oculaire  de  la  lunette,  et,  en  introduisant  de  la  lumière  solaire  ou 
électrique,  au  moyen  d'un  miroir,  par  l'ouverture  du  collimateur,  projeter 
le  phénomène  sur  un  écran,  afin  de  le  rendre  visible  à  la  fois  à  un  nom- 
breux auditoire.  » 

M.  Baudelocque  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  charger  une  Commis- 
sion de  constater  les  résultats  qu'il  obtient  dans  le  traitement  de  la  surdi- 
mutité congéniale. 

(Commissaires,  M.  Serres,  Andral,  Pouillet.) 

M.  Launoy  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  concernant 
quelques  observations  météorologiques  qu'il  a  faites  pendant  une  ascension 
aérostatique  exécutée  le  i  de  ce  mois. 

(Commissaires,  MM.  Thenard,  Dumas,  Faye.) 

M.  Besnou  rappelle,  à  l'occasion  d'une  communication  récente  de 
M.  Malade  et  de  la  remarque  à  laquelle  elle  avait  donné  lieu  de  la  part  de 
M .  Pelouze,  les  recherches  qu'il  avait  faites  depuis  longtemps  sur  la  composi- 
tion de  l'ammoniaque  provenant  de  la  condensation  des  eaux  d'usines  à  gaz. 

Cette  Note,  ainsi  que  celle  de  M.  Mazade ,  sont  renvoyées  à  l'examen 
d'une  Commission  composée  de  MM.  Pelouze  et  Balard. 

M.  Toynbee  adresse  un  complément  aux  communications  qu'il  a  faites 
précédemment  sur  l'emploi  d'une  membrane  du  tympan  artificielle  dans 
certains  cas  de  surdité. 

(Commission  précédemment  nommée,  Commission  qui  se  compose  de 
MM.  Flourens,  Milne  Edwards,  Velpeau,  Lallemand.) 

M.  »e  Paravey  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  ayant  pour 
titre  :  «  Sur  le  dattier,  arbre  cultivé  surtout  par  les  Phéniciens  et  les  Arabes; 


(  857  ) 

sur  ses  noms  hiéroglyphiques  et  orientaux ,  et  sur  sa  description  dans  les 
livres  conservés  en  Chine  et  au  Japon,  pays  où  il  n'existe  pas.  » 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  nommée  pour  une  Note  précédente 
du  même  auteur,  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Gaudichaud  et 
Decaisne.  ) 

M.  de  Demowiixe  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  renvoyer  à  l'examen 
d'une  Commission  un  appareil  qu'il  lui  présente  et  qu'il  désigne  sous  le  nom 
de  pendule gyroscopique. 

(Commissaires,  MM.  Babinet,  Binet.  ) 

M.  L.  Cassal  se  fait  connaître  comme  auteur  d'un  Mémoire  présenté 
dans  la  précédente  séance  sous  le  titre  :  De  l'Electricité  considérée  comme 
agent  universel. 

Ce  Mémoire,  qui,  d'après  l'article  du  règlement  concernant  l?s  com- 
munications anonymes,  n'avait  pu  être  pris  en  considération,  est  aujour- 
d'hui renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Becquerel, 
Pouillet,  Babinet. 

L'Académie  reçoit  un  Mémoire  destiné  au  concours  pour  le  grand  prix 
des  Sciences  mathématiques  de  1 853. 
Ce  Mémoire  a  été  inscrit  sous  le  n°  4- 

CORRESPONDANCE. 

astronomie.  —  Éléments  elliptiques  des  orbites  des  deux  planètes  ré- 
cemment découvertes ,  Vune,  à  Naples  et  à  Marseille,  par  MM.  deGasparis 
et  Chacornac  ;  l'autre,  à  Paris,  par  M.  Goldschmidt.  Ephémérides  des 
positions  apparentes  pour  le  mois  de  décembre  i85a,  calculées  par 
M.  Georges  Rumker  fils,  de  Hambourg.  (Extraits  d'une  Lettre  de 
M.  Rumker  à  M.  Mauvais.) 

Massalia. 

Orbite  calculée  sur  trois  observations  de  Hambourg. 

Longitude  moyenne. .......  =  297°   o'46",o    Nov.  0,0,  t.  moy.  de  Berlin 

Longitude  du  périhélie =    o4032'3q",7  )  .      .  , 

Longitude  du  nœud =  207°  8'  4,",6  |  ÉqU,n°Xe  m0y "  de  ° janv-  ' 85î ■ 

Inclinaison as      o°  4o'  28",  1 

Excentricité =  o,  1 7463g 

Demi-grand  axe se  2,44g34 

Mouvement  moyen  diurne. . .  =  g25",6202 

C.  R.,  i85a,  2""  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  24 .)  I  I  3 


(  858 


ÉPHÉMÉRLDES  POUR  MINUIT  MOYEN  DE  BERLIN. 

DATES. 
1832. 

Logarithme 

M  apparente. 

Déclinaison. 

de  la  distance  à  la  Terre. 

h       m       s 

0      „'  ,. 

Décembre. .        i 

23-47 "2° 

-    I.16.6 

2 

47.57 
48.35 

12. 9 

O . 25 I 2 

3 

9-1 

4 

4g.  i5 

5.1 

5 

4g.56 

—   1 .   0.9 

6 

5o.3g 

-  0.56.6 

O.261 I 

7 

5i.23 

52.  I 

8 

52.    9 

47.5 

9 

52.56 

42.7 

io 

53.44 

37.8 

O.27O9 

.          ii 

54.53 

32.7 
27.5 

12 

55.24 

i3 

56. 16 

22.2 

4 

57. 10 

16.7 

O . 2806 

i5 

58.  5 

I  I  .  I 

16 

5g.   i 

O.    5.3 

'7 

23. 59. 58 

+    O.     O.6 

ié 

0 .  0 . 56 

6.7 

O.2902 

•9 

i.55 

12-9 

20 

2.56 

19.2 

21 

3.58 

25.6 

22 

5.    1 

32.2 

O.2995 

23 

6.  5 

38.9 

24 

7 .  10 

45.7 

• 

25 

8.16 

52.6 

26 

9.23 

5p. 6 

-+-  1.  6.7 

O.3o87 

3 

10. 3i 

1 1 .40 

14.0 

29 
3o 

12.50 

21 .3 

14.  I 

28.8 

0.3l75 

3i 

i5.i3 

36.6 

O.SigÔ 

Lutetia. 
Orbite  calculée  sur  une  observation  de  Paris  du  18  novembre,  et  deux  de  Hambourg,   du 

28  novembre  et  du  3  décembre: 

Longitude  moyenne =    6i°29'  23",3   Dec.  0,0,  t.  moy.  de  Berlin. 

Longitude  du  périhélie =  3o9°53^  i{£,4  I  Éq„inoxe  moy.  deojanv.  i853. 

Longitude  du  nœud =    780  38'  4°">4  ) 

Inclinaison =      3°  19'  49",9 

Excentricité =  o  ,33g8io5 

Demi-grand  axe =»  2,60477 

Mouvement  moyen  diurne.  .  .      =  844">OI79 


(859) 

ÉPHÉMÉRIDES  POUR  MINUIT  MOYEN  DE  BERLIN. 

DATES 
1862. 

Logarithme 

M  apparente. 

Déclinaison. 

de  la  distance  à  la  Terre. 

b    -   m       s 

«        / 

Décembre. . 

6 

2.28.48 

-r-12.  ig.2 

O . 2 I o4 

7 

28.21 

ig.i 

8 

27.57 

ig.i 

9 

27.35 

ig.3 

10 

27.14 

ig.6 

0 . 2230 

1 1 

26.55 

20.0 

12 

26.38 

20.6 

i3 

26.23 

21,3 

«4 

26.  IO 

22. 1 

0.236t 

i5 

25.5g 

23.0 

16 

25.4g 

24. 1 

\l 

25.41 

25.3 

25.34 

26.7 

0 . 24g5 

l9 

25.  2Q 

28.1 

20 

25.2D 

29.8 

21 

25.25 

3t.  5 

22 

25.25 

33.3 

0 . 2Ô3o 

23 

25.  27 

35.2 

24 

25. 3o 

37.3 

25 

25.35 

3g.5 

26 

25.42 

4i.8 

0.2767    ' 

3 

25. 5o 

44.2 

26.  0 

46.7 

29 

26. 1 1 

49-4 

3o 

26.24 

52.  I 

o.2go4 

3i 

26.38 

55.0 

1855. 

Janvier. . .  . 

1 

2 . 26 . 54 

+  12. 57. g 

2 

27.12 

i3.    1 .0 

3 

1 

27.31 

t3.  4.1 

o.3o4o  '     . 

astronomie.  —  Note  de  M.  Faye,  sur  une  nouvelle  détermination  de  la 
parallaxe  de  Vétoile  d ' Argelander ,  par  M.  M.  Wichmann. 

«  L'Académie  se  rappelle  mes  travaux  sur  la  parallaxe  de  cette  étoile, 
moins,  sans  doute,  pour  leur  importance,  que  pour  les  longues  discussions 
qu'ils  ont  soulevées.  En  comparant  cet  astre  remarquable  à  une  petite 
étoile  située  à  peu  près  sur  le  même  parallèle,  je  lui  avais  trouvé  i",o8  de 
parallaxe,  celle  de  la  petite  étoile  étant  supposée  nulle.  M.  Peters  trouvait, 

n3   . 


f  860  ) 

au  contraire,  o",23;  M.  Wichmann,  o",i8,  et  M.  Otto  de  Struve,  o",o3. 
Tant  que  j'ai  cru  avoir  la  raison,  sinon  l'évidence,  de  mon  côté,  j'ai  soutenu 
mes  propres  travaux;  mais  à  la  fin,  j'ai  dû  céder  devant  la  contradiction 
de  tant  de  résultats  obtenus  par  des  astronomes  d'élite,  à  l'aide  des  plus 
puissants  instruments  de  mesure  qui  aient  jamais  existé. 

»  Cependant  M.  Wichmann  n'a  pas  pensé  que  la  question  fût  épuisée. 
Il  vient  de  la  reprendre,  de  l'étudier  de  nouveau,  et  il  prononce,  en  s  ap- 
puyant sur  de  récentes  mesures,  que  la  parallaxe  de  l'étoile  d'Argelander 
est  de  o",72. 

»  Ce  qui  me  frappe  plus  encore,  c'est  l'explication  que  cet  astronome 
distingué  est  conduit  à  donner  de  nos  discordances  antérieures,  et,  comme 
il  m'a  semblé  que  l'Académie  y  prendrait  intérêt,  je  me  suis  décidé,  en 
attendant  une  discussion  détaillée,  à  lui  communiquer  la  Lettre  suivante 
que  M.  Wichmann  m'a  fait  l'honneur  de  m'écrire  sur  ce  sujet  : 

«  Permettez- moi  de  vous  donner  communication  d'un  travail  sur  la 
»  parallaxe  de  l'étoile  d'Argelander  (i83o  Groombridge)  que  je  viens  de 
»  finir,  et  dont  vous  lirez  bientôt  les  détails  dans  les  A  stronomische  Nach- 
»  richten.  L'année  passée  j'ai  fait,  à  l'aide  de  l'héliomètre,  une  nouvelle 
»  série  d'observations  sur  cette  étoile,  en  la  comparant  non-seulement 
»  avec  les  étoiles  choisies  par  M.  Schlueter,  mais  aussi  avec  l'étoile  dont 
»  vous  vous  êtes  servi  auparavant.  En  désignant  la  dernière  étoile  par  a", 
»  les  étoiles  de  M.  Schlueter  par  a  et  a!  {a'  et  a"  étant  sur  le  même  côté 
»  de  l'étoile  d'Argelander,  opposées  à  l'étoile  a),  et  en  désignant  l'étoile 
»  d'Argelander  par  A,  le  résultat  de  mes  recherches  s'exprime  par  ces  mots  : 

»    i°.  La  parallaxe  de  l'étoile  a"  est  égale  à  la  parallaxe  de  l'étoile  a'. 

»  20.  La  parallaxe  de  l'étoile  a  est  de  1",  1 7  plus  grande  que  la  parallaxe 
»  de  l'étoile  a'. 

»  3°.  La  parallaxe  de  l'étoile  A  est  de  o",i/(  plus  grande  que  la  moyenne 
»  arithmétique  des  parallaxes  des  étoiles  a  et  a',  c'est-à-dire  de  o",72  plus 
»  grande  que  la  parallaxe  de  a'  ou  de  a". 

»  Ainsi  la  discordance  mystérieuse  qui  existait  autrefois  entre  la  parallaxe 
»  trouvée  par  vous  en  1 846  et  celle  donnée  par  l'héliomètre  de  Kœnigsberg, 
»  s'explique  par  le  fait  intéressant  que  l'étoile  de  comparaison  a  est  encore 
»  plus  rapprochée  de  nous  que  l'étoile  d'Argelander.  Vous  savez  que  ma 
»  réduction  des  observations,  faites  par  M.  Schlueter,  avait  donné  pour 
»  résultat  que  la  parallaxe  de  l'étoile  A  est  o",i8,  sous  la  condition  que 
»  les  parallaxes  des  étoiles  de  comparaison  soient  nulles,  résultat  trouvé 
»  par  la  discussion  des  différences  des  distances.  Mais  dans  la  somme  des 


(  86 1  ) 

distances,  qui  devait  être  constante,  il  se  manifestait  un  changement 
annuel  et  périodique  dont  la  cause  restait  inconnue.  Ces  résultats  sont 
confirmés  par  mes  nouvelles  observations;  la  même  variation  annuelle 
s'y  présente  aussi,  dans  le  même  sens,  et  de  la  même  grandeur.  Pour 
l'expliquer,  j'ai  formé  deux  hypothèses  :  l'une,  que  cette  variation  dans  la 
somme  des  distances  est  causée  par  l'influence  de  la  température  sur  les 
parties  de  l'instrument,  et  l'autre,  qu'elle  provient  d'une  différence  entre 
les  parallaxes  des  étoiles  de  comparaison.  La  dernière  hypothèse  repré- 
sente fort  bien  les  observations,  sans  laisser  subsister  d'erreurs  pério- 
diques ni  trop  grandes,  tandis  que  la  première  hypothèse,  donnant  à  l'ac- 
tion de  la  chaleur  une  valeur  trois  jusqu'à  cinq  fois  plus  grande  qu'elle 
n'est  trouvée  par  Bessel,  ne  peut  représenter  néanmoins  les  observations, 
et  laisse  surtout  des  résultats  tout  à  fait  invraisemblables.  Voyez  com- 
ment, dans  la  deuxième  hypothèse,  les  observations  faites  par  M .  Schlueter 
s'accordent  avec  les  miennes.  En  supposant  les  parallaxes  des  étoiles  a' 
et  a"  =  o,  on  trouve  les  parallaxes 

De  l'étoile  A.  De  l'étoile  a. 

Par  les  observations  de  M.  Schlueter.  . .      =  o",  ^5  =   i",  i5 

Par  les  miennes =  o",  68  =   i  ",  19 

Or,  si  l'on  voulait  nier  la  différence  des  parallaxes  des  étoiles  de  compa- 
raison, ce  serait  un  résultat  incontestable  des  observations  faites  à  l'hé- 
liomètre  que  la  parallaxe  de  l'étoile  d'Argelander  soit  plus  petite  que  o",2; 
car  ces  observations  sont  arrangées  de  telle  manière,  comme  vous  le 
verrez  dans  mon  Mémoire,  que  les  différences  des  distances,  et  le  résultat 
qui  s'ensuit,  sont  tout  à  fait  libres  de  l'influence  du  changement  pério- 
dique qui  se  manifeste  dans  la  somme  des  distances,  quelle  qu'en  soit  la 
cause.  Ainsi  il  y  a  ici  l'alternative  de  deux  cas,  dont  nécessairement  l'un, 
doit  avoir  lieu;  ou  la  parallaxe  de  l'étoile  A  est  plus  petite  que  o",2,  valeur 
très-peu  probable,  ou  l'étoile  a  est  plus  rapprochée  de  nous  que  l'étoile 
d'Argelander.  Je  ne  doute  plus  que  le  dernier  cas,  indiqué  par  les  obser- 
vations, existe  réellement,  et  je  crois  que  ce  résultat  intéressant  est  établi 
si  sûrement  par  les  mesures  héliométriques,  qu'il  sera  très-difficile  de 
démontrer  que  la  grande  parallaxe  de  cette  étoile  de  comparaison  trouvée 
par  moi  n'existe  pas. 

»  Je  suis  très-satisfait  d'avoir  trouvé,  par  mes  recherches,  une  valeur  qui 
s'approche  de  la  parallaxe  trouvée  par  vous,  parallaxe  que  je  ne  regarde 
pas  comme  réfutée,  ni  par  les  observations  de  M.  Peters,  ni  par  celles  de 
M.  Othon  Struve.  J'ai  cherché  en  vain  de  nouvelles  communications  de 


(  86a  ) 

»  vous  sur  cet  objet,  quoique  je  croie  que  vous  avez  encore  continué  les 
»  observations  sur  cette  étoile,  et  il  me  serait  très-agréable  d'entendre  si 
»  elles  ont  confirmé  la  parallaxe  auparavant  publiée  par  vous. 

»  Kœnigsberg,  i852,  6  décembre.» 

»  Je  n'ai  qu'un  mot  à  ajouter  à  la  Lettre  de  M.  Wichmann  sur  l'appel 
qu'il  veut  bien  faire  à  mes  propres  observations.  Les  objections  de  M.  de 
Struve  père  m'avaient  décidé  à  les  abandonner  entièrement  pour  suivre  un 
plan  nouveau,  lorsque  les  projets  du  gouvernement  portugais  me  donnè- 
rent l'espérance  de  voir  d'autres  astronomes  reprendre  ces  recherches  à 
l'observatoire  de  Lisbonne,  dans  des  conditions  bien  autrement  favorables. 
Il  y  a  quelques  raisons  de  croire  que  ces  projets,  dont  l'exécution  devait 
m'être  confiée  en  partie  comme  l'Académie  le  sait,  n'auront  à  subir  qu'un 
simple  ajournement.  » 

GÉOLOGIE.  —  Note  sur  la  limite  qui  sépare  le  terrain  crétacé  du   terrain 

tertiaire;  par  M.  E.  Hébert. 

«  Bien  que  l'opinion  de  M.  Elie  de  Beaumont  sur  l'âge  du  calcaire  piso- 
litique  du  bassin  de  Paris  soit  aujourd'hui  généralement  adoptée,  plusieurs 
géologues,  dans  des  publications  récentes,  s'en  écartent  notablement. 
M.  d'Archiac,  dans  son  Histoire  des  Progrès  de  la  Géologie,  repousse  le 
synchronisme  de  ce  dépôt  avec  la  craie  supérieure  de  Belgique,  et  croit  que 
l'ensemble  des  espèces  fossiles  qu'on  y  rencontre  présente  un  faciès  beau- 
coup plus  tertiaire  que  crétacé.  M.  Raulin  déclare  qu'il  continue  à  regarder 
le  calcaire  pisolitique,  qu'il  réunit  aux  sables  de  Bracheux,  comme  la  pre- 
mière formation  marine  du  terrain  tertiaire  parisien.  Enfin,  M.  Lyell,  dans 
un  Mémoire  sur  le  terrain  tertiaire  de  la  Belgique,  groupe  ensemble  le  cal- 
caire pisolitique  et  le  Landénien  inférieur  de  M.  Dumont,  que  nous  regar- 
dons comme  l'exact  équivalent  de  nos  sables  de  Bracheux,  dont  il  renferme 
les  principaux  fossiles,  povir  en  faire  un  nouveau  système  qu'il  propose  de 
placer  entre  la  période  crétacée  et  la  période  éocène. 

»  Cette  Note  a  pour  objet  de  faire  connaître  quelques  faits  de  nature  à 
montrer  que  ces  opinions,  si  divergentes  d'ailleurs,  s'écartent  toutes  de  la 
vérité.  Le  calcaire  pisolitique  est  bien  le  représentant  de  la  craie  supérieure 
de  Maestricht,  comme  le  pensait,  dès  i834,  M.  Elie  de  Beaumont. 

»  En  1847,  nous  avons  établi  que  les  fossiles  du  calcaire  pisolitique  dif- 
féraient essentiellement  des  espèces  tertiaires  dont  ils  avaient  reçu  les  noms, 
et  bien  que  M.  Aie.  d'Orbigny  n'ait  trouvé  aucune  espèce  commune  à  la 


(  863  ) 

craie  de  Maestricht  parmi  les  fossiles  que  nous  avions  recueillis  à  cette 
époque,  il  n'en  a  pas  moins  confirmé  pleinement  ce  premier  résultat.  De- 
puis, nous  avons  trouvé  plusieurs  fois,  dans  le  calcaire  pisolitique  de  Mon- 
tereau,  le  Pecten  quadricostatus ,  qui  caractérise  la  craie  supérieure  de 
Maestricht  et  du  Cotentin.  En  outre,  dans  une  exploration  récente,  nous 
avons  rencontré  à  Maestricht,  dans  la  craie  jaune  de  la  montagne  Saint- 
Pierre,  des  couches  de  calcaire  dur,  pétries  de  troques,  cérites,  émargi- 
nules,  lucines,  corbeilles,  tellines,  bucardes,  etc.  Plusieurs  de  ces  fossiles 
appartiennent  au  calcaire  pisolitique;  nous  citerons,  entre  autres,  la  Corbis 
sublamellosa,  d'Orb.  Cette  espèce,  qui  avait  été  confondue  avec  la  C.  lamel- 
losa  du  calcaire  grossier,  est  l'une  des  plus  abondamment  répandues  dans 
le  calcaire  pisolitique. 

»  Le  calcaire  qui  renferme  ces  fossiles  si  nombreux  a  une  telle  analogie 
de  structure  avec  le  calcaire  pisolitique,  que  nous  pourrions  produire  des 
échantillons  de  Maestricht  et  de  Montainville,  près  Beyne,  qu'il  serait  im- 
possible de  distinguer.  Sa  position  ne  permet  pas  de  le  séparer  du  reste  de 
la  craie  supérieure  :  il  forme#généralement  le  ciel  des  carrières,  mais  il  est 
recouvert  par  la  craie  jaune  sableuse,  épaisse  de  plus  de  10  mètres,  et  par- 
faitement semblable  à  celle  que  l'on  exploite  au-dessous,  quoiqu'il  y  ait 
une  certaine  différence  sous  le  rapport  des  débris  organiques  qu'on  y  ren- 
contre. Nous  avons  distingué  deux  bancs  de  calcaire  dur  :  l'inférieur,  plus 
sableux  et  pétri  de  Dentalium  mosce  ;  l'autre,  plus  compacte,  offrant  plus 
particulièrement  les  caractères  du  calcaire  pisolitique,  et  séparé  du  précé- 
dent par  quelques  pieds  de  craie  jaune  sableuse  ordinaire. 

»  Sur  un  autre  point,  à  Folx-les-Caves,  où  la  craie  jaune  est  également 
exploitée,  nous  a*vons  fait  une  rencontre  qui  n'est  pas  moins  précieuse  pour 
la  thèse  que  nous  soutenons.  On  sait  que  le  calcaire  pisolitique  du  Mont- 
Aimé,  près  Vertus  (Marne),  est  célèbre  par  la  quantité  de  débris  de  croco- 
dile qu'il  renferme.  Ce  genre,  que  l'on  regardait  comme  spécial  aux  ter- 
rains tertiaires,  se  reconnaît  facilement  à  ses  vertèbres  concavo-convexes, 
tandis  que  les  autres  sauriens  du  terrain  crétacé  ont  des  vertèbres  bicon- 
caves. Or,  nous  avons  précisément  trouvé  à  Folx-les-Caves,  dans  la  craie 
jaune  sableuse,  une  vertèbre  du  crocodile  du  Mont-Aimé,  au  milieu  d'un 
nombre  prodigieux  de  fossiles  de  la  craie  de  Maestricht. 

»  C'est  donc  bien  dans  la  faune  de  la  craie  supérieure,  et  non  dans  celle 
du  terrain  tertiaire,  qu'il  faut  chercher  les  espèces  identiques  à  celles  du  cal- 
caire pisolitique.  On  ne  connaît  encore  que  très  imparfaitement  la  faune  de 


(  864  ) 

la  craie  supérieure,  autrement  les  rapports  que  nous  signalons  n'eussent 
soulevé  aucune  objection. 

»  Il  nous  reste  à  considérer  la  question  sous  un  autre  point  de  vue. 

»  Les  géologues  dont  nous  avons  cité  les  noms  au  commencement  de 
cette  Note  n'ont  point  été  frappés,  comme  nous,  de  la  disposition  trans- 
gressée des  assises  tertiaires  par  rapport  au  calcaire  pisolitique,  et  M.  d'Ar- 
chiac,  en  comparant  ce  dernier  dépôt  à  la  craie  supérieure  de  Belgique, 
cite,  parmi  les  motifs  qui  le  conduisent  à  les  séparer  l'un  de  l'autre,  la  dis- 
cordance qui  existe  entre  le  calcaire  pisolitique  et  la  craie  blanche,  tandis 
que,  entre  celle-ci  et  la  craie  supérieure,  il  y  aurait  continuité  parfaite. 

»  Cette  différence  n'existe  pas;  M.  d'Archiac  lui-même  a  montré,  par 
l'étude  du  mode  de  superposition  de  la  craie  supérieure  sur  la  craie  blan- 
che, à  Ciply,  que  la  craie  supérieure  s'était  déposée  dans  des  dépressions  de 
la  craie  blanche.  On  voit,  en  outre,  à  Ciply,  que  ces  dépressions  sont  le 
résultat  d'un  ravinement,  dont  il  reste  les  preuves,  consistant  en  cailloux 
roulés,  blocs  de  craie  blanche ,  Ananchiles  ovata ,  Belemnites  mucro- 
natiis,  etc.,  le  tout  formant  un  congloméra^  qui  sépare  les  deux  étages 
crayeux.  Il  n'y  a  nulle  part,  entre  la  craie  blanche  et  le  calcaire  pisolitique, 
une  discordance  aussi  prononcée. 

»  Quant  à  celle  qui  sépare  le  calcaire  pisolitique  des  assises  tertiaires, 
établie  par  M.  de  Beaumont  il  y  a  dix-huit  ans,  et  confirmée  depuis  par 
toutes  les  observations  faites  sur  les  divers  lambeaux  connus  du  calcaire  pi- 
solitique, qui  ne  sont  autre  chose  que  les  témoins  d'une  vaste  décavation, 
elle  est  tellement  visible,  qu'il  semblerait  inutile  d'insister  sur  ce  point.  Tou- 
tefois, nous  pouvons  indiquer  aux  géologues,  qui  doutent  encore,  le  bois 
d'Esmans,  près  Montereau,  où  l'on  voit  en  ce  moment  une  extraction  d'ar- 
gile plastique  sur  le  flanc  du  coteau,  à  la  partie  supérieure  duquel  le 
calcaire  pisolitique  est  exploité.  Cette  argile,  qui  repose  probablement  sur 
la  craie  blanche,  s'adosse  évidemment  au  calcaire  pisolitique.  Les  sables  qui 
la  recouvrent  ont  dépassé  le  niveau  de  ce  calcaire  dénudé,  et  se  retrouvent 
remplissant  des  cavités  souvent  très-vastes,  creusées  à  la  partie  supérieure 
du  calcaire  par  aine  action  puissante  d'érosion. 

»  L'émersion  du  calcaire  pisolitique,  sa  consolidation  et  son  ravinement 
avant  le  dépôt  des  assises  tertiaires  qui  se  sont  placées  dans  les  dépressions 
creusées  à  la  fois  dans  le  calcaire  et  la  craie  sous-jacente,  sont  là  des  faits 
d'une  évidence  palpable. 

»  Le  calcaire  pisolitique  et  la  craie  de  Maestricht  se  trouvent  donc  exac- 


(  865  ) 

tement  dans  les  mêmes  conditions  stratégraphiques  par  rapport  à  la  craie 
blanche.  Au  point  de  vue  paléontologique,  leur  analogie  n'est  pas  moindre, 
et  cette  analogie  se  poursuit  jusque  dans  les  caractères  pétrographiques. 
Nous  croyons  donc  qu'il  serait  utile  de  supprimer  ces  dénominations  de  cal- 
caire pisolitique,  de  terrain  danien,  de  calcaire  à  baculites  du  Cotentin,  etc. , 
puisqu'elles  ne  représentent  que  des  lambeaux  isolés  d'un  même  dépôt,  la 
craie  supérieure,  et,  de  même  que  l'on  dit  craie  supérieure  de  Maestricht, 
de  dire  :  craie  supérieure  de  Faxoè',  du  Cotentin,  craie  supérieure  du  bassin 
de  Paris.  » 

chimie  obganique.  —  Sur  les  acides  caprjlique  et  pélargonique  anhydres; 

par  M.  L.  Chiozza. 

«  Dans  une  précédente  communication,  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  con- 
naître à  l'Académie  le  résultat  de  quelques  expériences  sur  l'acide  valéria- 
nique  anhydre.  Désireux  d'augmenter  le  nombre  des  faits  qui  viennent  à 
l'appui  de  la  théorie  émise  par  M.  Gerhardt  sur  la  constitution  des  acides 
monobasiques  anhydres,  j'ai  étendu  mes  recherches  aux  acides  caprylique 
et  pélargonique;  j'ai  l'espoir  que  de  semblables  exemples  choisis  parmi  la 
série  des  acides  organiques  qui  ont,  jusqu'à  présent,  le  plus  fixé  l'attention 
des  chimistes,  contribueront  à  modifier  leurs  opinions  sur  les  rapports  qui 
existent  entre  ces  acides  et  les  acides  anhydres  qui  y  correspondent. 

»  L'acide  caprylique  a  été  extrait  du  beurre  de  coco,  d'après  le  procédé 
de  M.  Fehling;  on  le  sépare  de  l'acide  caproïque  qui  l'accompagne  en  neu- 
tralisant le  mélange  par  de  la  baryte  caustique  et  en  soumettant  à  plusieurs 
cristallisations  le  sel  barytique  qui  se  dépose  le  premier. 

»  Ce  sel  est  très-facilement  attaqué  par  l'oxychlorure  de  phosphore,  ce 
qui  dispense  de  le  transformer  en  sel  potassique;  la  réaction  est  accompa- 
gnée d'une  faible  élévation  de  température,  et  le  mélange  se  transforme  en 
une  masse  pâteuse  d'où  l'on  extrait  facilement  l'acide  caprylique  anhydre 
par  de  l'éther  bien  exempt  d'alcool. 

»  On  traite  la  solution  éthérée  par  une  lessive  faible  de  potasse  caus- 
tique, et,  après  l'avoir  séchée  sur  du  chlorure  de  calcium,  on  en  chasse 
l'éther  par  l'évaporation  au  bain-marie. 

»  L'acide  caprylique  anhydre  (caprylate  caprylique)  obtenu  delà  sorte, 
a  donné  à  l'analyse  des  nombres  qui  s'accordent  exactement  avec  la  formule 

(C8ir50) 
C,8H30O3=  O. 

(C8H,50) 

C.  K.,  18Ô2,  i™  Semestre.  (T.  XXXV,  M»  24.)  Il4 


(  866  ) 

»  C'est  une  huile  limpide,  douée  d'une  assez  grande  mobilité,  grasse  au 
toucher  et  plus  légère  que  l'eau.  Elle  possède  une  odeur  nauséabonde  qui 
offre  quelque  analogie  avec  celle  des  fruits  du  caroubier.  Quand  on  la 
chauffe,  elle  émet  des  vapeurs  qui  irritent  fortement  le  gosier  et  dont  l'odeur 
est  plus  aromatique  que  celle  de  l'huile  froide. 

»  Placée  dans  un  mélange  de  glace  et  de  sel  marin,  elle  se  prend  en  une 
masse  blanche  dont  la  texture  cristalline  n'est  apparente  qu'à  la  loupe.  A 
quelques  degrés  sous  zéro,  elle  reprend  sa  fluidité. 

»  L'acide  caprylique  anhydre  entre  en  ébullition  à  environ  280  degrés. 
Mais  cette  température  s'élève  à  la  fin  de  la  distillation  jusqu'à  290  degrés, 
en  même  temps  que  le  résidu  dans  la  cornue  prend  une  teinte  de  plus  en 
plus  foncée  et  se  transforme  en  produits  empyreumatiques  d'une  odeur  très- 
fétide. 

»  Quand  on  le  met  en  contact  avec  de  l'aniline,  le  mélange  s'échauffe 
légèrement,  et  se  fige  au  bout  de  quelques  jours  en  une  masse  butyreuse. 
La  facilité  avec  laquelle  l'acide  valérianique  anhydre  fournit  la  valéranilide, 
m'avait  fait  espérer  d'obtenir,  dans  les  mêmes  circonstances,  la  caprylani- 
lide  par  l'acide  caprylique  anhydre;  il  est  très  probable,  en  effet,  que  cette 
substance  se  trouve  parmi  les  produits  de  la  réaction  de  cet  acide  sur  l'ani- 
line, mais  la  tendance  qu'elle  paraît  posséder  à  conserver  l'état  liquide, 
rend  sa  purification  très-difficile  et  m'a  engagé  à  en  abandonner  l'étude. 

»  L'eau  bouillante  est  sans  action  sur  l'acide  caprylique  anhydre;  on 
peut  même  le  distiller  avec  de  l'eau  sans  que  l'odeur  du  produit  y  dénote 
la  présence  de  l'acide  hydraté;  cependant,  par  un  séjour  prolongé  dans  l'air 
humide,  il  s'hydrate  en  partie. 

»  Une  solution  potassique,  de  concentration  moyenne,  le  convertit,  à 
l'aide  de  la  chaleur,  en  caprylate  de  potasse. 

»  Ainsi,  tandis  que  l'acétate  acétique  se  transforme  immédiatement  en 
acide  acétique,  par  le  simple  contact  de  l'eau,  et  que  cette  hydratation  s'ef- 
fectue rapidement  sur  l'acide  valérianique  anhydre,  par  son  exposition  à 
l'air  humide,  le  caprylate  caprylique,  homologue  supérieur  de  ces  acides, 
nécessite  l'intervention  des  alcalis  caustiques  pour  se  transformer  en  acide 
caprylique  ordinaire.  Cette  résistance  aux  réactifs  est  encore  plus  marquée 
dans  l'acide  pélargonique  anhydre,  dont  la  préparation  est  tout  à  fait  sem- 
blable à  celle  de  l'acide  précédent. 

»  Il  se  présente  sous  forme  d'une  huile  incolore  plus  légère  que  l'eau  ; 
son  odeur  est  très-faible  à  froid  et  rappelle  celle  du  beurre  rance;  mais 
quand  on  le  place  dans  l'eau  bouillante,   il  communique  à  la  vapeur 


(867) 

aqueuse  une  odeur  aromatique,  légèrement  vineuse,  qui  n'a  rien  de  dés- 
agréable. 

»  Chauffé,  seul,  sur  une  lame  de  verre,  il  répand  des  vapeurs  acres  qui 
sentent  la  graisse  brûlée.  A  zéro,  il  se  prend  en  une  masse  de  fines  aiguilles 
qui  se  liquéfient  de  nouveau  à  5  degrés.  Soumis  à  l'analyse,  il  a  donné 
exactement  les  rapports  de  la  formule 

C«H3*0>=!C9H,T0J0. 
(CH^O) 

»  J'ai  préparé  également  le  pélargonate  de  benzoile, 

CTH50 


r..H220s  _  (CTH  °  )0 


huile  limpide  plus  pesante  que  l'eau  et  très-semblable,  par  ses  propriétés 
physiques,  à  l'acide  pélargonique  anhydre;  à  quelques  degrés  sous  zéro, 
elle  se  transforme  en  une  masse  butyreuse,  qui  reprend  sa  fluidité  aussitôt 
qu'on  la  sort  du  mélange  réfrigérant. 

»  Quand  on  la  chauffe,  elle  émet  des  vapeurs  excessivement  acres  et  se 
décompose,  à  une  température  élevée,  en  acides  benzoique  et  pélargonique 
anhydres,  ainsi  qu'eu  d'autres  produits  provenant  de  la  décomposition  de 
ce  dernier  acide. 

»  On  peut  s'assurer  du  changement  que  cette  substance  a  subi  par  l'effet 
de  la  chaleur  en  l'exposant  à  l'action  du  froid  ;  il  se  forme  alors  un  précipité 
cristallin  qui  ne  se  redissout  que  par  l'agitation  du  mélange.  Une  goutte  de 
pélargonate  benzoique,  abandonnée  à  l'air  humide,  se  remplit  de  fines 
aiguilles  d'acide  benzoique. 

»  Les  alcalis  le  transforment  aisément  en  benzoate  et  en  pélargonate.  » 

M.  Demies  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie,  pour  l'envoi  d'un 
certain  nombre  d'exemplaires  du  Mémoire  qu'il  avait  autrefois,  de  concert 
avec  feu  M.  Solier,  présenté  au  concours  pour  le  grand  prix  de  Sciences 
physiques  de  l'année  1847,  Mémoire  honoré  à  ce  concours  d'un  deuxième 
prix  et  de  l'insertion  dans  le  Recueil  des  savants  étrangers. 

M.  Hulot,  en  présentant  la  reproduction,,  par  les  procédés  galvanoplas- 
tiques,  d'une  planche  gravée  au  burin,  fait  remarquer  que  ces  procédés 
ont  maintenant  acquis  un  degré  de  perfection  qui  en  fait  un  art  à  l'état 
pratique;  puisque  d'une  part  on  peut  obtenir,  à  coup  sûr,  un  grand  nombre 
de  copies  identiques  à  la  planche  originale,  et  que  de  l'autre  on  n'a  plus  à 

114. • 


(  868  ) 

craindre  que  cette  planche  originale  soit  exposée  à  des  chances  de  détério- 
ration par  suite  des  opérations  destinées  à  obtenir  la  contre-épreuve  en 
relief. 

«  Il  convient,  dit  à  cette  occasion  M.  Hulot,  de  faire  remarquer  que  dans 
la  pratique  galvanoplastique,  on  doit  se  garder  de  suivre  un  avis  qui  a  été 
trop  souvent  donné,  celui  d'enduire  de  cire  ou  d'une  autre  matière  grasse  pré- 
tendue préservatrice,  la  planche  gravée,  avant  son  immersion  dans  le  bain 
électrochimique.  Une  pareille  précaution,  qui  n'empêche  pas  l'adhérence 
si  l'opération  est  d'ailleurs  mal  dirigée,  a  pour  résultat  nécessaire  de  rendre 
moins  cohérentes  les  premières  couches  métalliques  qui  sont  les  plus  impor- 
tantes pour  la  durée  des  planches,  et  de  produire,  dans  le  tirage,  des 
épreuves  qui  accusent  l'imperfection  du  procédé.  » 

M.  Macrin  adresse  une  Note  sur  un  procédé  qu'il  a  imaginé  pour  con- 
server aux  champignons  destinés  aux  collections  botaniques,  non-seulement 
leur  forme,  mais  aussi  leur  texture  intime,  de  manière  à  pouvoir  servir  plus 
tard  à  des  recherches  d'organographie. 

Ce  procédé  consiste  à  les  tremper  une  ou  deux  fois  dans  du  collodion  ou 
dans  une  solution  de  gutta-percha  par  le  chloroforme.  Ils  acquièrent  ainsi, 
suivant  l'auteur,  une  consistance  qui  permet  de  les  transporter  au  loin. 
Lorsqu'on  veut  en  examiner  la  texture,  on  fait  disparaître  l'enduit  par  une 
lotion  dans  l'éther  ou  le  chloroforme. 

Une  seconde  partie  de  la  Note  de  M.  Maurin  a  rapport  à  un  moyen  qui 
permet  d'abréger  le  temps  nécessaire  pour  l'extinction  du  mercure  dans 
l'axonge. 

M.  Davbrée,  doyen  de  la  Faculté  de  Strasbourg,  prie  l'Académie  de  vou- 
loir bien  comprendre  la  bibliothèque  de  cette  Faculté  dans  le  nombre  des 
établissements  scientifiques  auxquels  elle  fait  don  du  Compte  rendu  hebdo- 
madaire de  ses  séances . 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

M.  Vidal  de  Cassis  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  admettre  au  con- 
cours pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  le  Traité  des  maladies 
vénériennes  dont  il  lui  a  déjà  adressé  un  exemplaire. 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 
M.  Christophe,  en  adressant  un  ouvrage  intitulé  :  «  Exposition  de  la  doc- 


(869) 

tiine  des  impondérables ,  »  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  renvoyer  ce  livre 
à  l'examen  d'une  Commission. 

L'ouvrage  étant  imprimé,  et  ne  pouvant  ainsi  devenir  l'objet  d'un  Rap- 
port spécial,  est  renvoyé  à  la  Commission  chargée  de  faire  le  Rapport  sur 
les  pièces  admises  à  concourir  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

COMITÉ   SECRET. 

La  Section  de  Botanique  déclare,  par  l'organe  de  M.  de  Jussieu,  qu'il 
y  a  lieu  de  nommer  à  la  place  devenue  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  Richard. 

L'Académie  va  aux  voix  sur  cette  proposition . 

Sur  44  votants,  il  y  a  l^-x  oui  et  2  non;  en  conséquence  la  Section  est 
invitée  à  présenter,  dans  la  séance  qui  suivra  la  séance  publique,  une  liste 
de  candidats. 

La  séance  est  levé  à  6  heures.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  6  décembre  i852,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Sur  r Insalubrité  relative  des  Hôpitaux,  eu  égard  au  traitement  des  maladies 
chirurgicales,  et  des  meilleures  conditions  de  salubrité  des  lieux  destinés  au  trai- 
tement des  maladies  chirurgicales.  Thèse  pour  le  doctorat  en  chirurgie,  pré- 
sentée et  soutenue  le  26  novembre  i85i;  par  M.  Amédée  Joux.  Paris,  i852; 
broch.  in-4°- 

Annales  des  maladies  de  la  peau  et  de  la  syphilis,  publiées  par  MM.  Alphée 
Cazenave  et  Maurice  Chausit;  2e  série;  IVe  volume;  septembre  i852; 
in-8°. 

Annales  forestières  ;  23  novembre  i852;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  nationale  de  Médecine,  rédigé  sous  la  direction  de 
MM.  F.  Dubois  (d'Amiens),  secrétaire  perpétuel,  et  Gibert,  secrétaire 
annuel;  tome  XVIII;  nos  3  et  4  ;  i5  et  3o  novembre  i852;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie ,  rédigé  par  M.  DE  LA  ROQUETTE, 
secrétaire  général    de  la  Commission    centrale;    avec  la   collaboration  de 


(  «7°  ) 
MM.  V.-A.  Malte-Brun,  secrétaire-adjoint,  Daussy,  L.-Am.  Sédillot,  de 
Froberville  et  Cortambert;  octobre  i85a;  in-8°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  DE  Monfort, 
et  rédigée  par  M.   l'abbé  MoiGNO;  n°  32;  5  décembre  i85a;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie,  de  Toxicologie,  et  Revue 
des  nouvelles  scientifiques  nationales  et  étrangères;  par  les  Membres  de  la  Société 
de  Chimie  médicale;  décembre  i852;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  pratiques  et  de  Pharmacologie;  tome  V  ; 
5  décembre  i852;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médico-chirurgicales ,  publié  par  M.  le  Dr  A. 
Martin-Lauzer;  Ier  décembre  i85a;  in-8°. 

Moniteur  de  la  propriété  et  de  l'agriculture;  novembre  i852;  in-8°. 

Recueil  encyclopédique  d'agriculture,  publié  par  MM.  Boitel  et  Londet, 
de  l'Institut  national  agronomique  de  Versailles;  a5  novembre  i85a  ;  in-8°. 

Revue  thérapeutique  du  Midi.  Journal  de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de  Phar- 
macie pratiques  ;  fondé  par  M.  le  professeur  Fuster,  et  rédigé  par  MM.  les 
Drs  Louis  Saurel  et  Barbaste;  3o  novembre  i85a;  in-8°. 

Mémorial  de  Ingenieros .  .  .  Mémorial  des  Ingénieurs;  7e  année;  n°  to; 
octobre  i852;  in-8°. 

On  the...  Sur  la  classification  des  Crustacés  choristopodes  ou  tétradécapodes; 
par  M.  J.-D.  Dana;  broch.  in-8°. 

Note  on...  Note  sur  l'éruption  du  Mauna  Loa;  par  le  même;  broch.  in-8°. 

Abstract...  Analyse  d'un  Mémoire  de  M.  A.  Scacchi  sur  ihumite  de 
Monte  Somma,  avec  des  remarques  par  M.  J.-D.  Dana;  broch.  in-8°. 

Mineralogical...  Miscellanées  minéralogiques ;  par  M.  MeneGHIMI,  de  Pise. 
(Lettre  à  M.  J.-D.  Dana);  broch.  in-8°. 

Mineralogical...   Miscellanées  minéralogiques;  par  M.  J.-D.  Dana;  broch. 

in-8°. 
Monatsbericht.  .  .    Comptes   rendus   mensuels   des  séances   de  l'Académie 

royale  des  Sciences  de  Prusse  ;  septembre  et  octobre  i852  ;  in-8°. 

L  Athenœum  français .  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Reaux-Arts;  n°  23;  4  décembre  i852. 

La  Presse  littéraire.  Écho  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  32  ; 
5  décembre  i852. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  49;  4  décembre  i852. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n03  i4i  et  142;  mardi  3o  novembre,  jeudi  2  et 
samedi  4  décembre  i852. 


(  87i  J 
L'Abeille  médicale;  n°  2 5  ;  5  décembre  i852. 
Moniteur  agricole  y  n°  48;  2  décembre  i852. 
La  Lumière;  n°  5o  ;  4  décembre  i852. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  i3  décembre  i852,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l' Académie  des  Sciences, 
o.e  semestre  i852;  n°  23;  in-4°. 

Institut  national  de  France.  Biographie  de  Jean-Sylvain  Bailly ,  astronome 
de  l'ancienne  Académie  des  Sciences,  membre  de  l'Académie  française  et  de 
l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres,  premier  président  de  l'Assem- 
blée constituante,  premier  maire  de  Paris,  etc.  ;  par  M.  ARAGO ,  Secrétaire 
perpétuel  de  l'Académie  des  Sciences,  lue  le  lundi  26  février  i844-  Paris, 
1 852  ;  in-°/(.  (Extrait  du  tome  XXIII  des  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences.) 

Annuaire  pour  l'an  x 853,  publié  par  le  Bureau  des  Longitudes.  Augmenté 
de  Notices  scientifiques,  par  M.  Arago.  Paris,  i852;  in- 18. 

Ostéographie ,  ou  Description  iconographique  comparée  du  squelette  et  du 
système  dentaire  des  cinq  classes  d'animaux  vertébrés  récents  et  fossiles ,  pour 
servir  de  base  à  la  zoologie  et  à  la  géologie  ;  par  M.  H.-M.  Ducrotay  de 
Blainville;  24e  livraison,  texte  in-4°  et  atlas  in-fol. 

Cosmos.  Essai  d'une  description  physique  du  monde;  par  M.  Alexandre 
de  Humboldt  ;  traduit  par  M.  Ch.  Galusky;  tome  III,  2e  partie.  Paris,  i852; 
in-8°. 

Lobelia,  ou  Becueil  d'observations  de  botanique  et  spécialement  de  tératologie 
végétale,  dédié  à  la  mémoire  d'un  des  pères  de  la  botanique  belge,  Mathias  de 
L'Obel,  né  à  Lille  en  Flandre  en  1 538,  et  mort  à  Highgate  en  1616; 
par  M.  Ch.  Morren.  Bruxelles,  i85i  ;  in-8°. 

Exposition  de  la  doctrine  des  impondérables ,  ou  Nouveaux  principes  de  mé- 
decine transcendante  et  analytique;  par  M.  C.-A.  Christophe.  Paris,  r852; 
in-8°.  (Benvoyé,  d'après  une  demande  de  l'auteur,  à  l'examen  de  la  Com- 
mission des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

Mémoire  sur  le  métal  que  les  anciens  appelaient  orichalque;  par  M.  J.-P. 
Bossignol.  Paris,  i852;  in-8°. 

Bapportfait  au  Conseil  central  d'hygiène  et  de  salubrité  publique  du  dépar- 
tement de  la  Gironde,  sur  l'épidémie  cholérique  qui  a  régné  dans  ce  départe- 
ment pendant  l'année  1849;  Par  M-  le  Dr  Ch.  Levieux,  secrétaire  du  Conseil. 
Bordeaux,  i852;  in-8°. 


(87a  ) 


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COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  PUBLIQUE  DU  LUNDI  20  DÉCEMBRE  1852. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  PIOBERT. 


La  séance  s'ouvre  par  la  proclamation  des  prix  décernés  et  des  sujets  de 
prix  proposés. 

PRIX  DÉCERNÉS 

potm  l'année  1832. 

SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 

RAPPORT    SUR    LE   CONCOURS    POUR    LE    PRIX    D'ASTRONOMIE 

POUR  L'ANNÉE  i85a. 

FONDÉ     PAR     M.     DE     LALANDE. 

(Commissaires,  MM.  Arago,  Mauvais,  Laugier,  Liouville, 
Mathieu  rapporteur.) 

«  L'astronomie  s'est  enrichie  de  sept  planètes  télescopiques  dans  le  cours 
de  l'année  i852. 

»  La  Commission  a  pensé  que  tous  ceux  qui  ont  concouru  à  la  décou- 
verte de  ces  astres  avaient  droit  au  prix  d'Astronomie  fondé  par  Lalande. 
Cette  opinion  a  été  partagée  unanimement  par  l'Académie.  Des  médailles  de 
la  fondation  Lalande  seront  conséquemment  décernées  à  M.  IIim>,  de  l'ob- 
servatoire de  M.  Bishop  à  Londres;  à  M.  de  Gasparis,  de  l'observatoire  de 
Naples  ;  à  M.  Luther,  astronome  de  l'observatoire  de  Blik,  près  de  Dussel- 
dorf ;  à  M.  Chacornac,  de  l'observatoire  de  Marseille ,  et  à  M.  Herm  \w 
Goldschmidt,  peintre  d'histoire  demeurant  à  Paris.  » 

C.  R.,  i85a,  am«  Semestre.  (  T.  XXXV,  N»  2S.  )  I  1 5 


(  S74  ) 

RAPPORT   SUR    LE   CONCOURS    POUR    LE    PRIX  DE  MÉCANIQUE 

POUR  L'ANNÉE  i85a. 
FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Ch.  Dupin,  Piobert,  Morin, 
Combes  rapporteur.) 

«  La  Commission  a  l'honneur  de  proposer  à  l'Académie  de  décerner  cette 
année  le  prix  de  Mécanique,  fondé  par  le  baron  de  Montyon,  à  M.  Triger, 
ingénieur  civil,  pour  l'invention  du  procédé  de  refoulement  de  l'eau  dans 
les  terrains  aquifères  au  moyen  de  l'air  comprimé,  procédé  qu'il  a  appli- 
qué pour  la  première  fois,  vers  l'année  i83o„  au  creusement  d'un  puits 
de  i5  mètres  de  profondeur  à  travers  des  sables  mouvants,  dans  une  île  de 
la  Loire,  près  de  Chalonnes,  pour  atteindre  le  terrain  houiller  inférieur. 

»  M.  Triger  communiqua  à  l'Académie,  dans  sa  séance  du  iS  oc- 
tobre i84>,  la  description  de  l'appareil  dont  il  avait  fait  usage,  auquel  il 
donna  le  nom  de  sas  à  air,  et  les  détails  de  l'opération  qui  avait  eu  un 
succès  complet. 

»  Il  annonçait  dès  lors  que  plusieurs  puits  allaient  être  forés,  par  le 
procédé  qu'il  avait  imaginé  et  mis  en  œuvre,  dans  les  terrains  aquifères  su- 
périeurs au  terrain  houiller  du  département  du  Nord  et  de  la  Relgique,  et 
indiquait  les  applications  heureuses  que  pourraient  en  faire  les  ingénieurs 
des  Ponts  et  Chaussées  à  la  construction  des  ponts.  Toutes  les  prévisions 
de  M.  Triger  ont  été  réalisées. 

»  La  Commission  propose  de  réunir  la  valeur  du  prix  qui  n'a  pas  été 
délivré  dans  l'année  1 85 1 ,  au  prix  à  décerner  en  i852.  » 

RAPPORT  SUR   LE    CONCOURS    POUR   LE   PRIX  DE  STATISTIQUE 

POUR  L'ANNÉE  i852. 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 

(Commissaires,  MM.  Mathieu,  Héricartde  Thury,  Rayer,  de  Gasparin, 
Boussingault,  Bienaymé,  Ch.  Dupin  rapporteur.) 

Statistique  des  industries  à  Paris,  en    1847   et   '848,  sous  la   direction 

spéciale  de  M.  Horace  Sa  y. 

«  M.  Horace  Say,  fils  du  célèbre  économiste  J.-B.  Say,  présente  au 
concours  de  Statistique  un  volume  in-folio  de  r,oo8  pages.  Ce  volume  porte 


(875) 

pour  titre  :  Statistique  de  l'industrie  à  Paris,  résultant  de  l'enquête  faite 
par  la  Chambre  de  Commerce  de  Paris,  pour  les  années  1847  et  1848. 

»  Ce  grand  travail  est  composé  de  trois  parties  :  la  première  embrasse  les 
résultats  généraux;  la  deuxième,  les  faits  propres  à  chaque  espèce  d'indus- 
trie; la  troisième  réunit  des  enquêtes  exceptionnelles  sur  les  travaux  qui 
s'effectuent  dans  quelques  établissements  publics,  l'Imprimerie  impériale, 
la  Monnaie,  les  Gobelins,  les  théâtres,  les  pompes  funèbres,  etc. 

»  La  première  partie  est  celle  qui  devait  surtout  fixer  notre  attention. 

»  Elle  présente  d'abord  un  historique  abrégé  des  efforts  infructueux 
tentés,  depuis  soixante  ans,  pour  obtenir  la  statistique  des  industries  pari- 
siennes. 

»  La  population  soumise  à  l'enquête  dont  nous  examinons  les  résultats, 
est  celle  des  douze  arrondissements  qui  composent  la  ville  de  Paris,  et  qui 
sont  terminés  par  l'enceinte  que  définit  le  mur  d'octroi. 

»  Cette  population  s'est  trouvée  : 

En   1817,   de 713,765 

En  i83i,  de 774,338 

En   1846,  de 1,053,897 

En  i85i ,   de 1 ,053,262 

»  La  population  de  Paris  étant  presque  identiquement  la  même  en  1 846 
et  i85i,  on  connaît  ainsi  le  terme  de  comparaison  fondamental  pour  les 
recherches  entreprises  dans  la  capitale,  entre  ces  deux  époques. 

»  Afin  de  limiter  le  cercle  des  relevés  statistiques,  l'enquête  sépare  avec 
soin  les  professions  industrielles  et  les  professions  purement  commerciales. 

«  Tout  entrepreneur  qui  fait  subir  aux  pz'oduits,  par  le  travail,  un  chan- 
»  gement  quelconque,  est  un  industriel  ;  tous  ceux  qui  se  bornent  à  re- 
»  vendre  les  produits  tels  qu'ils  les  ont  achetés,  sans  autre  façon  qu'un 
»  transport  ou  un  fractionnement  nécessaire  à  la  vente,  sont  des  commer- 
»  çants.  » 

»  Ce  qui  caractérise  l'enquête  actuellement  examinée,  c'est  qu'elle  est  la 
première  et  la  seule  qui,  pour  arriver  à  des  résultats  complets,  ait  procédé 
par  énumération  individuelle.  On  a  suivi  pour  cela  l'exemple  remarquable 
donné  pour  recenser  la  population  de  Paris  en  1817,  d'après  les  vues 
éclairées  de  l'illustre  Fourier. 

»  On  a  donc  fait  le  recensement  individuel  de  tous  les  chefs  d'industrie, 
depuis  ceux  qui  dirigent  les  plus  grands  ateliers,  jusqu'à  l'ouvrier  indépen- 
dant qui  n'a  pour  atelier  que  sa  propre  famille. 

n5.. 


(  876) 

»  On  a  constaté  de  la  sorte,  par  des  bulletins  isolés,  l'existence  de 
63,685  chefs  d'industrie  n'exerçant  qu'une  seule  profession,  et  de  i ,  1 3 1  chefs 
d'industrie  exerçant  ou  dirigeant  à  la  fois  plusieurs  professions. 

»  A  chacun  de  ces  chefs  ont  été  posées  vingt  questions  ayant  pour  objet  : 

»  i°.  La  nature  de  la  fabrication; 

»  i°.  L'importance  de  la  fabrication  en  1847,  et  'a  réduction  du  chiffre 
des  affaires  en  1 848  ; 

»  3°.  Le  nombre  des  ouvriers  sédentaires  travaillant  à  l'atelier; 

»  4°-  Le  nombre  des  ouvriers  sédentaires  travaillant  en  ville; 

»   5°.   Le  nombre  des^ouvriers  sédentaires  travaillant  en  chambre  ; 

»  6°.  Le  nombre  des  ouvriers  mobiles  ; 

»   70.  Le  nombre  des  ouvriers  travaillant  à  l'atelier; 

»  8°.  Le  nombre  des  ouvriers  travaillant  en  chambre; 

»  90.  Le  nombre  des  jeunes  garçons  de  6  à  1 2  ans  ; 

»    10.  Le  nombre  des  jeunes  garçons  de  12  à  16  ans; 

»    ii°.  Le  nombre  des  jeunes  filles  de  6  à  1 2  ans  ; 

»   1 1°.  Le  nombre  des  jeunes  filles  de  12  à  16  ans  ; 

»  1 3°.  Le  nombre  des  apprentis  compris  dans  I  énumération  précédente, 
avec  l'indication  des  conditions  d'apprentissage  ; 

»  i4°.  Le  nombre  des  ouvriers  congédiés  pendant  les  quatre  mois  de 
mars,  avril,  mai  et  juin  1 848  ; 

»  i5°.  Le  salaire  journalier  des  hommes  payés,  soit  à  la  journée,  soit 
aux  pièces  ; 

»  160.  Le  salaire  journalier  des  femmes  payées,  soit  à  la  journée,  soit 
aux  pièces; 

»  1 70.  Le  salaire  journalier  des  enfants  et  jeunes  gens  non  considérés 
comme  apprentis; 

»    180.  La  durée  et  l'époque  de  la  morte  saison  ; 

»    190.  Les  habitudes  et  les  conditions  générales  d'existence  des  ouvriers  ; 

»  ao°.  Enfin,  pour  les  industries  textiles,  le  matériel  industriel,  c'est-à- 
dire  le  nombre  des  métiers. 

»  L'enquête  portant  sur  toute  l'industrie  manufacturière  et  sur  l'en- 
semble de  la  population  laborieuse  qu'elle  occupe,  on  a  recensé  : 
»    i°.  Tout  individu  fabricant  pour  son  compte; 

»  20.  Tout  individu  fabricant  à  façon  et  employant  un  ou  plusieurs 
ouvriers  ; 

»  3°.  Tout  individu  fabricant  à  façon  et  travaillant  seul,  lorsque  son 
ouvrage  était  destiné  à  une  clientèle  bourgeoise  :  bien  qu'il  pût  être  consi- 


(877  ) 
déré  comme  simple  ouvrier  en  chambre ,  on  ne  pouvait  se  dispenser  de  le 
considérer  comme  entrepreneur;  car  sans  cela  il  n'eût  figuré  nulle  autre 
part  dans  l'enquête  ; 

»  4°-  Tout  individu  fabricant  à  façon  et  travaillant  seul,  lorsque,  em- 
ployé par  divers  entrepreneurs,  il  ne  pouvait  être  considéré  comme  attaché 
spécialement  à  l'un  d'eux. 

»  Pour  ne  pas  commettre  d'omissions,  les  agents  de  l'enquête  ont  visité 
complètement  les  3.2, ooo  maisons  qu'offre  la  ville  de  Paris. 

»  Afin  d'opérer  avec  méthode,  on  a  subdivisé  la  capitale  en  trois  cent 
soixante-deux  circonscriptions  ;  elles  correspondaient  au  même  nombre  de 
compagnies  qui  composaient,  en  1848,  la  garde  nationale  de  Paris. 

»  Dans  la  distinction  faite  entre  l'industrie  qui  élabore  des  produits  et  le 
commerce  qui  se  contente  de  les  revendre,  il  y  avait  nécessairement  des 
points  de  partage  assez  délicats,  et  quelques-uns  nous  semblent  fixés  sui- 
vant des  idées  trop  arbitraires.  On  a  compris  parmi  les  industriels  produc- 
teurs, les  bouchers  qui  tuent,  qui  dépècent  et  revendent  les  viandes  crues  ; 
et  l'on  n'a  pas  compris  parmi  les  industriels  les  restaurateurs,  qui  font  subir 
aux  viandes  ainsi  qu'aux  végétaux  des  transformations  bien  plus  labo- 
rieuses. 

»  On  a  compris  parmi  les  industriels  les  boulangers  et  les  pâtissiers,  en 
excluant  les  rôtisseurs. 

»  On  n'a  pas  compris  parmi  les  industriels  les  nourrisseurs  de  bétail,  les 
jardiniers  et  les  maraîchers,  qui  certainement  sont  des  producteurs. 

»  Nous  regrettons  que  l'enquête  ne  se  soit  pas  étendue  à  ces  diverses 
catégories;  mais,  comme  les  professions  auxquelles  on  a  cru  devoir  se 
borner  sont  parfaitement  définies,  il  ne  saurait  en  résulter  ni  confusion  ni 
cause  d'inexactitudes. 

»  L'investigation  relative  à  l'importance  des  affaires  de  chaque  chef 
d'industrie  présente,  sous  cette  désignation,  le  produit  brut  des  ventes 
annuelles,  premièrement  en  1847,  secondement  en  1848.  On  opère  ainsi  : 
i°  pour  un  temps  de  paix  civile  et  de  prospérité  commerciale;  i°  pour  un 
temps  d'extrême  misère,  de  chômage  immense  et  de  production  industrielle 
réduite  à  son  minimum.  Ce  contraste,  imposé  par  la  nature  des  choses,  est 
plein  de  résultats  qui  jettent  une  vive  lumière  sur  les  conditions  qu'on  a 
trop  méconnues  de  la  prospérité,  de  l'existence  même  d'une  grande  cité 
ma  n  ufacturière . 

»  Paris  est  à  la  fois  la  ville  la  plus  peuplée,  la  plus  industrieuse  et  la  plus 
productive  de  tout  le  continent  européen.  Elle  renferme  aujourd'hui  trois 


(  878  } 

cent  vingt-cinq  industries  essentiellement  distinctes,  et  beaucoup  d'entre 
elles  se  subdivisent  avec  une  rare  intelligence,  pour  arriver  à  l'exécution  la 
plus  économique,  la  plus  rapide  et  la  plus  parfaite  des  travaux  productifs. 

»  L'enquête  explique  avec  soin  les  moyens  de  contrôle  et  de  vérification 
des  résultats  obtenus  par  les  recensements  nominatifs;  elle  dit  comment  on 
vérifiait  à  nouveau  tous  ceux  qui  paraissaient  douteux  ou  fautifs. 

»  Afin  d'arriver  à  des  points  de  vue  généraux,  d'où  la  lumière  et  l'in- 
struction pouvaient  sortir,  on  a  réuni  les  industries  qui  sont  analogues,  au 
moins  quant  à  leur  objet,  en  treize  groupes  collectifs. 

Désignation  des  groupes  Nombre  des  industries 

d'industries.  .  de  chaque  groupe. 

i  °.  Alimentation 17 

20.  Bâtiment 21 

3°.  Ameublement 32 

4°.  Vêtement 21 

5°.  Fils  et  tissus 36 

6".  Peaux  et  cuirs 7 

70.  Carrosserie,  sellerie,  équipements  militaires t4 

8°.  Industries  chimiques  et  céramiques 33 

90.  Travail  des  métaux,  mécanique,  quincaillerie 33 

io°.  Travail  des  métaux  précieux,  orfèvrerie,  bijouterie,  joaillerie.  35 

1 1°.  Boissellerie ,  vannerie,  layeterie i5 

1 20.  Articles  de  Paris 34 

i3°.  Imprimerie,  gravure,  papeterie 27 

Total  des  industries 325 

»  Apres  avoir  fait  connaître  le  système  et  l'exécution  de  l'enquête,  nous 
allons  en  signaler  les  principaux  résultats,  qui  sont  d'une  extrême  impor- 
tance. 

»  On  a  trouvé  que  les  6/J»8i6  chefs  d'industries  emploient  34a,53o  tra- 
vailleurs de  tout  âge  et  de  tout  sexe;  ce  qui  donne  en  somme  407,346  per- 
sonnes dont  l'intelligence  ou  les  bras  sont  occupés  par  3^5  industries  pro- 
ductives, dans  la  ville  de  Paris. 

»  Il  faut  voir  maintenant  la  corrélation  de  ce  nombre  de  travailleurs  avec 
le  produit  des  ventes  pour  chaque  groupe  de  professions. 


(  *79) 


Parallèle  des  ouvriers  employés  :  y"  pendant  l'année  1847  >  2°  P^'dant  la  crise  commerciale 
de  1848  (mars,  avril,  mai  et  juin),  nombre  qui  n'avait  pas  même  atteint  son  minimum  en 
juillet  et  août  de  cette  même  année. 


OUVRIERS  EMPLOYES. 


Alimentation 

Peaux  et  cuirs.  . .  .  '.    

Industries  chimiques  et  céramiques 
Imprimerie,  gravure,  papeterie.  .  . 

Boissellerie,  vannerie 

Carrosserie,  équipements  militaires 

Vêtements 

Articles  de  Paris 

Fils  et  tissus 

Travail  des  métaux  précieux 

Travail  des  métaux  communs 

Bâtiments. 

Ameublement 

Total  des  ouvriers  occupés 


EN  1847. 


10,428 
4,573 

9>737 
16,705 

5,4o5 
13,754 
90 , 064 
35,679 
36,685 
16,819 
24,894 
4i ,6o3 
36, 184 


EN  1848. 


34?.,  53o 


8,404 
2,754 

5,212 

8,g5o 
2,90.5 
7,168 

44,o5i 

17,233 
17,233 

7,i63 
10,408 
14,812 

9,832 


1 56, 825 


»  Ces  disproportions  énormes  sont  d'autant  plus  à  considérer,  que  cha- 
cune en  particulier  affecte  non  pas  une  industrie  unique,  mais  un  groupe 
de  10,  20,  3o,  et  jusqu'à  36  industries  distinctes.  Aussi,  parmi  les  indus- 
tries isolées,  celles  qui  sont  les  plus  souffrantes  dépassent-elles,  de  beau- 
coup, la  misère  moyenne  de  chaque  groupe. 

»  Ce  qui  doit  ensuite  attirer  le  plus  l'attention,  ce  sont  les  chiffres  qui 
constatent  l'importance  absolue  des  affaires  ;  c'est-à-dire  la  vente  des  pro- 
duits dans  les  divers  groupes  d'industrie  : 


880  ) 


VENTE  TOTALE  DES  PRODUITS. 


Peaux  et  cuirs 

Alimentation 

Industries  chimiques  et  céramiques 

Carrosserie,  sellerie,  équipements  militaires 

Imprimerie 

Boissellerie ,  vannerie 

Vêtements , 

Articles  de  Paris 

Fils  et  tissus 

Travail  des  métaux  précieux   

Travail  des  métaux  communs 

Bâtiments 

Ameublement    


EN  1847 


4i ,762,965 

226,863,080 

74, 546,606 

52,357,176 

5i  ,171 ,873 
20,482,304 
240,947,293 
128,658,777 
io5,8i8,474 
134,830,276 
io3,63i ,601 
145,412,679 
137,145,246 


EN  1848 


1 ,463,628,350 


28,014,000 
i5o,8i 1 ,980 
40,867,552 
28, 106,557 
27,363,484 
io,o35,6o4 
i 14,801 ,8o3 
6o,o3o,223 
45,782,971 
49,657,804 
37, 165,698 
50,170,045 
34,716,396 


677,524,117 


»  La  statistique  est  précieuse  lorsqu'elle  parvient  à  constater  authenti- 
quement  des  résultats  d'une  aussi  grande  conséquence. 

»  Il  est  une  autre  portion  intéressante  de  l'enquête,  et  qui  dans  la  pre- 
mière partie  forme  l'objet  d'un  chapitre  spécial.  Elle  fait  connaître  les  lieux 
qui  sont  plus  particulièrement  le  siège  des  diverses  industries.  De  là  résulte 
la  richesse  comparée  et  l'activité  relative  des  divers  arrondissements,  qui 
divisent  Paris  en  douze  villes  ayant  chacune  un  caractère  et  des  ressources 
qui  leur  sont  propres. 


POPULATION 

totale. 


1 12,740 

1 14,616 
65,35g 
45,896 
97,208 

io4,54o 
69,735 

114,271 
50,198 

113,875 
69,581 
95,243 


24,956 
40,457 
32,33i 
21,042 
5i,4i6 
68,3 12 
41,576 
50,999 
13,426 
20,096 
19,853 
22,58a 


IMPORTANCE 

des 

affaires . 


102,792,486 
177,668,700 
127,125,591 
72,35o,4oi 
169,777.482 
235,178,629 
153,898,974 
175,163,964 

39.9o3>794 
70,721,813 
63,735,882 
75,3io,634 


TOPOGRAPHIE   DES   ARRONDISSEMENTS 


Champs-Elysées,  place  Vendôme,  Roule,  Tuileries. 

Chaussée-d'Antin,  faubourg  Montmartre,  Feydeau ,  Palais-Royal . 

Faubourg  Poissonnière,  Montmartre,  Saint-Eustache ,  le  Mail. 

Louvre,  Saint-Honoré,  Banque,  les  Marchés. 

Porte  St-Martin,  faub.  St-Denis,  Montorgueil,  Bonne- Nouvelle. 

Porte  Saint-Denis,  Lombards,  Temple. 

Mont-de-Piété,  Sainte-Avoie ,  marché  Saint-Jean,  les  Arcis. 

Saint-Antoine,  Marais,  Popincourt,  Quinze-Vingts. 

Hôtel-de-Ville ,  Arsenal,  Cité,  ile  Saint-Louis. 

Invalides,  Monnaie,  faubourg  St-Germain,  St-Thomas-d'Aquin. 

Luxembourg,  Écple-de-Médecine ,  Sorbonne,  Palais-de-justice. 

Quartier  St-Jacques ,  Observatoire ,  Jardin  des  Plantes,  St-Marceau 


,053,262  407,346  i,463,628,35o 


(88,  ) 

»  En  partant  de  ce  tableau,  nous  avons  calculé  les  chiffres  du  suivant, 
qui  sont  dignes  de  la  plus  sérieuse  attention. 

Richesse  industrielle  comparée  des  divers  arrondissements  de  la  capitale,  en  prenant  pour 
terme  de  comparaison  la  base  de  10,000  habitants. 


PAR     10,000    1IAB1TASTS. 


ier  arrondissement , 
2e  arrondissement. 
3e  arrondissement 
4e  arrondissement. 
5e  arrondissement 
6e  arrondissement, 
7e  arrondissement. 
8e  arrondissement 
9e  arrondissement 
toe  arrondissement 
iic  arrondissement 
12e  arrondissement 


TRAVAILLEURS    INDUSTRIELS 

de  tout  sexe 
et  de  tout  âge. 


2,2l4 

4,046 
4»  946 
4,584 
5,28g 

6,534 

6,i38 
4,463 
2,675 
1,765 
2,853 
2,371 


VESTE  TOTATE  DES  PRODUITS 

élaborés. 


9,117,600 

i5, 564, 100 

19,450,100 

15,764,000 

16,745,000 

22,495,200 

22,724,000 

15,329,000 

7,g49,3oo 

6,210,600 

9,159,900 

7,907,300 


»  Le  chapitre  des  ouvriers  et  des  salaires  est  un  des  plus  intéressants  de 
la  première  partie  ;  il  renferme,  si  nous  pouvons  parler  ainsi,  les  conditions 
d'existence  de  la  population  laborieuse. 

»  Il  constate  en  premier  lieu  que  cette  population  d'ouvriers  présente  : 

204,925  hommes , 
ti2,85t   femmes, 
et  seulement 

24,714  adolescents  ou  enfants. 

»  Parmi  ces  derniers,  on  trouve  : 

Sexe  masculin.  Sexe  féminin . 

Enfants  au-dessous  de  12  ans  '»249  869 

Adolescents  de  12  à  16  ans  i5,6i4  6,982 

»  Il  y  aurait  à  faire  un  très-beau  travail,  et  plein  d'humanité,  sur  l'iné- 
galité d'occupation  entre  les  deux  sexes,  et  sur  le  salaire  du  sexe  le  plus 
faible.  Ce  salaire  est,  à  mon  avis,  inférieur  à  l'intelligence,  et  mèmeàla  puis- 
sance de  travail  des  filles  et  des  femmes.  Il  faudrait  en  même  temps  montrer 

C.  R.,  i852,  ^""Semestre.  (T. XXXV,  N°2S.)  '  I  l6* 


(  88a  ) 

quelles  voies  on  pourrait  ouvrir  pour  diminuer  cette  inégalité  déplorable,  et 
ses  conséquences  funestes  à  la  morale  publique.  Les  recherches  statistiques 
dont  l'enquête  offre  le  détail,  industrie  par  industrie,  seraient  du  plus  grand 
secours  dans  les  études  qu'on  entreprendrait  afin  d'atteindre  ce  noble  but. 

»  Le  salaire  des  hommes,  constaté  pour  204, 1 85  ouvriers  payés,  soit  à 
l'année,  soit  à  la  journée,  soit  à  la  tâche,  donne  ces  résultats  totaux  : 

»  195,062  hommes  à  la  journée  reçoivent  739,424  fr.  par  jour,  c'est-à- 
dire  par  journée  moyenne  3  fr.  79  c.  -~. 

»  Un  tel  salaire  est  plus  que  double  du  salaire  qu'ont  les  ouvriers  de 
l'agriculture  et  de  l'industrie  dans  85  départements.  Cette  extrême  inégalité 
représente  la  supériorité  des  ouvriers  de  Paris  sous  les  différents  rapports  de 
l'activité,  de  l'adresse  et  de  l'intelligence. 

»  Lorsque  les  soi-disant  réformateurs  de  l'organisation  du  travail  pro- 
clamaient, comme  un  droit  de  l'homme,  l'égalité  des  salaires  entre  les  ou- 
vriers de  toutes  les  professions  et  pour  toute  la  France,  ils  demandaient  pu- 
rement et  simplement  qu'on  réduisît  des  deux  tiers  ou  de  moitié  la  solde 
des  ouvriers  de  la  capitale;  et  c'est  à  ces  derniers  qu'ils  adressaient  de  telles 
propositions!  Aussi,  malgré  toute  l'éloquence  des  promoteurs  de  semblables 
idées,  les  propositions  ont  été  repoussées  par  les  travailleurs  de  la  capitale, 
à  la  presque  unanimité. 

»  Les  ouvriers  de  Paris,  suivant  leur  instruction,  leur  force  et  leur  habi- 
leté, sont  eux-mêmes  rétribués  à  des  degrés  fort  inégaux  et  parfaitement 
justifiés. 

»  L'enquête  a  trouvé  : 

24,463  ouvriers  qui  reçoivent  par  jour  moins  de  3  fr.  ; 
157,216  ouvriers  qui  reçoivent  de  3  à  5  fr.  ; 
enfin,    10,393  simples  ouvriers  qui  reçoivent  phis  de  5  fr.,  et  dont  quel- 
ques-uns gagnent  par  jour  jusqu'à  ao  fr.  ;  l'enquête  dit   même   jusqu'à 
35  fr.  par  jour! 

»  Commençons  par  faire  observer  que  la  première  catégorie  renferme  la 
plupart  des  ouvriers  qui  ne  savent  ni  lire  ni  écrire;  ceux  qui  n'ont  pas  d'in- 
telligence, ni  d'adresse,  ni  d'activité,  ni  de  ponctualité;  les  hommes  de 
peine,  les  manœuvres  qui  servent  les  maçons,  etc. 

»  Les  ouvriers  proprement  dits,  les  vrais  artisans  de  la  catégorie  inter- 
médiaire, forment  par  bonheur  les  cinq  sixièmes  de  la  masse.  Ceux  là  gagnent 
de  3  à  5  fr.,  près  de  4  fr-  en  moyenne;  c'est-à-dire,  à  3oo  journées  par  an, 
qu'ils  gagnent  plus  de  1,100  fr.  par  année. 

»  Il  est  très-  honorable  pour  la  population  parisienne  d'avoir  graduelle- 


(  883  ) 

ment  élevé  la  valeur  moyenne  de  ses  salaires  jusqu'à  ce  taux  qui  démontre 
sa  supériorité  artistique  et  industrielle. 

»  Les  meilleurs  ouvriers  de  la  France  ne  sont  pas  les  seuls  qui,  attirés 
par  cette  juste  rétribution  de  leurs  talents,  accourent  à  Paris.  Dans  beau- 
coup d'industries,  les  plus  habiles  artisans  de  l'Allemagne,  de  l'Italie,  de 
la  Hongrie,  de  la  Suisse  et  de  la  Belgique  s'empressent  de  mettre  à  profit 
l'hospitalité  française  pour  jouir  du  sort  des  ouvriers  parisiens;  la  gratitude 
aurait  dû  leur  rappeler  plus  souvent  les  devoirs  d'obéissance  aux  lois 
d'un  pays  qui  les  accueille  et  les  nourrit  comme  ses  propres  enfants. 

»  C'est  une  belle  récompense  assurée  par  l'industrie  d'une  cité,  que  celle 
d'offrir  à  io,3g3  ouvriers  d'élite  un  salaire  quis'élève  de  i  ,5oo  fr.  à  6,000  fr. 
par  année. 

»  Le  sort  de  ces  artisans  distingués  est  d'autant  plus  heureux,  qu'ils  for- 
ment la  classe  au  milieu  de  laquelle  se  trouvent  le  plus  ordinairement  les 
sujets  qui  joignent  à  l'habileté  du  travail  l'esprit  d'ordre,  de  calcul  et  de 
commandement,  indispensable  au  bon  chef  d'industrie.  Chaque  sujet  d'élite 
est  libre  de  se  classer,  au  moment  qu'il  juge  opportun,  parmi  les  maîtres 
d'atelier;  sa  fortune  alors  ne  dépend  plus  que  de  lui-même. 

»  De  cette  faculté  résulte  un  mouvement  annuel  d'une  extrême  activité, 
qui  tend  à  faire  monter  progressivement  chaque  artisan,  chaque  artiste 
capable,  jusqu'au  rang  le  plus  élevé  de  l'opulence  industrielle. 

»  Telle  est  dans  la  société  française,  et  particulièrement  à  Paris,  la  véri- 
table organisation  du  travail.  Les  hommes  industrieux,  comme  les  molé- 
cules d'un  grand  fluide  en  équilibre,  se  rangent  par  couches  d'un  niveau 
juste  et  naturel,  suivant  leur  pesanteur  spécifique,  laquelle  représente  ici 
la  capacité,  l'économie,  l'esprit  d'ordre  et  l'activité.  Voilà  l'organisation 
qui,  loin  d'être  un  état  imparfait,  révoltant,  et  qu'il  faille  à  tout  prix  dé- 
truire, est  le  résultat  naturel  de  vingt  générations  dont  chacune  a  déve- 
loppé, multiplié  les  arts  utiles,  et  les  a  fécondés  par  les  sciences  qui  les 
dirigent  en  les  éclairant. 

»  Une  observation  qui  nous  a  frappés  lorsque  nous  avons  comparé  des 
industries  très-diverses,  c'est  la  faible  différence  du  salaire  moyen  pour  les 
bons  ouvriers  dans  ces  nombreuses  industries. 


116.. 


(  884  ) 

SALAIRES  MOYENS. 

fr.       c 

Vêtements  :  tailleurs,  bottiers,  cordonniers,  etc 3  33 

Fils  et  tissus  :  châles,  bonneterie,  passementerie 3  |2 

Boissellerie,  vannerie  :  layeterie,  tonnellerie,  etc 3  44 

Alimentation  :  garçons  bouchers  ,  boulangers  ,  etc 3  50 

Arts  chimiques  et  céramiques 3   «, 

Le  bâtiment:  charpentiers,  menusiers,  maçons,  etc 3  81 

Carrosserie  :  carrossiers,  charrons,  selliers,  etc 3  86 

Peaux  et  cuirs  :  tanneurs,  mégissiers,  chamoiseurs  ,  etc 3,87 

Ameublement:  ébénistes,  hronziers,  sculpture  pour  ameublement 3, 90 

Articles  de  Paris  :  facteurs  d'instruments  de  musique ,  horlogers ,  tabletiers    ....  3,g4 

Métaux  communs  :  mécaniciens,  fondeurs,  armuriers,  etc 3,q8 

Métaux  précieux  :  orfèvres,  joailliers,  bijoutiers,  horlogers. 4»  '7 

Imprimerie  :  gravure,  lithographie    4,  18 

Somme 4g,  1 1 

Salaire  moyen  des  treize  groupes 3  --_l 

»  Une  question  du  plus  haut  intérêt  a,  pendant  plusieurs  années,  été 
l'objet  d'une  incroyable  controverse.  On  prétendait  que  les  salaires  des  ou- 
vriers de  Paris,  loin  de  s'accroître  par  la  richesse  publique  et  par  le  progrès  des 
arts,  diminuaient  de  plus  en  plus.  L'année  même  où  commençait  l'enquête 
sur  l'industrie  de  Paris,  ces  assertions  étaient  répétées  avec  plus  d'assu- 
rance que  jamais.  On  s'en  servait  pour  irriter  les  ouvriers  contre  la  forme 
même  de  la  société  laborieuse,  et  contre  ce  qu'on  osait  appeler  l'organi- 
sation inhumaine  et  stupide  du  travail. 

»  De  semblables  assertions  tombent  aujourd'hui  ;  elles  sont  pleinement 
réfutées  par  les  chiffres  que  l'enquête  statistique  a  constatés  pour  toutes 
les  professions.  C'est  un  service  éminent  qu'elle  seule  pouvait  rendre  à  la 
concorde  publique. 

»  Loin  qu'on  ait  lieu  de  regarder  comme  un  édifice  mal  construit  et 
barbare  la  corrélation  merveilleuse  des  métiers,  des  beaux-arts,  des  arts 
libéraux  et  des  sciences,  dans  une  grande  cité  telle  que  Paris,  ne  doit-on 
pas,  au  contraire,  être  saisi  d'admiration  pour  cet  équilibre  animé,  mouvant 
et  pourtant  stable,  qui  coordonne  tant  d'esprits,  d'imaginations  et  de  forces 
physiques,  pour  les  répartir  entre  plusieurs  centaines  d'industries,  et  dans 
chacune  offrir  à  l'habileté,  à  l'activité,  à  la  bonne  conduite,  des  salaires 
proportionnés  à  la  puissance  productive. 

»  Lorsque  des  novateurs,  dont  aucun  n'avait  perfectionné  une  science, 
un  art,  un  métier,  un  outil,  ont  essayé  d'anéantir,  à  titre  de  progrès,  cette 
harmonie  des  travaux  et  des  intelligences,  faut-il  s'étonner  qu'à  l'instant 


(  885  ) 

même  la  richesse  épouvantée  se  soit  cachée  sous  la  terre,  que  l'activité  des 
ateliers  ait  été  paralysée  ;  et  qu'aussitôt  une  immense  misère  ait  démontré 
l'ignorance  et  l'erreur  de  ceux  qui  prétendaient  rebâtir  sur  des  modèles  im- 
possibles les  sociétés  modernes,  telles  que  les  ont  développées,  améliorées, 
embellies,  quatre  siècles  de  progrès  dans  les  sciences  et  les  arts  ?.... 

»  Voyez  de  quelle  manière  l'enquête  statistique  de  l'industrie  parisienne 
traduit  en  chiffres  écrasants  la  vérité  de  ces  observations,  pour  deux  années 
qui  se  suivent  sans  intervalle  : 

»  En  1847,  dans  l'année  où  les  capitaux  sont  en  paix, 
les  industries  respectées  et  le  travail  laissé  libre,  l'im- 
portance totale  des  affaires  industrielles  de  Paris  s'é- 
lève à i,463,6a8,35o  fr. 

»  En  1848,  où  les  capitaux  sont  effrayés,  où  les  sa- 
laires sont  taxés  à  titre  de  minimum,  où  la  durée  du 
travail  est  réduite  par  force  à  titre  de  maximum,  l'impor- 
tance totale  des  affaires  industrielles  de  Paris  descend, 
par  une  chute  immédiate,  à. 677,5^4?  1 1 7  fr. 

»  Et,  dans  cet  appauvrissement,  la  moitié  des  citoyens  de  la  ville  d'un 
million  d'âmes  reçoit  le  pain  de  la  charité  municipale  ! 

»  Nous  montrerons  encore  un  service  qui  peut  être  produit  par  de  sem- 
blables recherches  statistiques. 

»  Toutes  les  fois  qu'on  a  voulu  diminuer  le  bienfait  des  caisses  d'épargne, 
en  s'effrayant,  terreur  singulière!  que  les  économies  des  classes  laborieuses 
fussent  trop  accumulées,  on  s'est  efforcé  de  faire  accroire  que  l'institution 
était  faussée.  On  affirmait  qu'au  lieu  de  servir  aux  ouvriers,  elle  servait  sur- 
tout à  des  classes  qu'on  faisait  remonter  jusqu'à  l'opulence. 

»  Pour  dissiper  ces  erreurs  systématiques,  il  a  fallu  que  notre  respectable 
confrère,  M.  Benjamin Delessert,  fît  dresser  la  statistique  de  trente  mille  dépo- 
sants pris  sans  distinction  dans  la  même  année  à  la  caisse  de  Paris;  il  a  fallu 
qu'on  les  rangeât  par  professions,  pour  reconnaître  qu'en  réalité  les  classes 
assimilables  au  simple  ouvrier  formaient,  à  Paris,  plus  des  70  centièmes  de 
la  totalité  des  déposants. 

»  Les  Commissions  législatives  formées  à  diverses  époques  pour  abaisser 
la  limite  des  dépôts,  ralentir  les  économies  et  réduire  les  avantages  des  caisses 
d'épargne,  refusaient  de  croire  que  des  charpentiers,  des  menuisiers,  des 
bronziers,  en  un  mot  de  simples  .artisans,  pussent  déposer  à  la  fois,  non  pas 
un  franc,  comme   on  leur  offrait  de  le  faire  en  créant  l'institution,  mais 


(  886  ) 

jusqu'à  trois  cents  Jrancs ,  limite  la  plus  élevée  des  dépôts  à  recevoir  en 
une  fois. 

»  Il  a  fallu,  pour  vaincre  leur  incrédulité,  que  MM.  les  directeurs  de  la 
caisse  d'épargne  de  Paris  montrassent  eux-mêmes  aux  incrédules  officiels, 
parmi  les  livrets  anciens  et  récents,  avec  les  professions  des  déposants  régu- 
lièrement inscrites,  la  réalité  des  dépôts  qu'on  aimait  à  croire  impossibles. 

»  Si  l'enquête  sur  l'industrie  de  Paris  javait  été  publiée,  il  aurait  suffi  de 
montrer  io,3o,3  ouvriers  qui  reçoivent  depuis  5  francs  jusqu'à  20  francs  par 
jour,  sans  compter  les  ouvriers  chefs  d'industrie  dans  leur  propre  famille. 
Alors  les  esprits  incrédules  auraient  compris 'aisément  combien  ils  suppo- 
saient à  tort  qu'un  ouvrier  de  la  capitale  ne  peut  s'élever  qu'à  des  économies 
misérables.  Ils  auraient  reconnu  que  cet  ouvrier,  dans  sa  prospérité,  doit 
trouver  et  remplir,  à  la  caisse  d'épargne  d'une  grande  capitale,  autre  chose 
qu'un  tronc  des  pauvres. 

»  La  statistique  dont  nous  venons  d'expliquer  le  plan,  l'exécution  et 
quelques-uns  des  résultats,  répandra  beaucoup  de  lumière  sur  la  nature  et 
les  rapports  des  diverses  professions  exercées  par  une  grande  population. 

»  La  Chambre  de  Commerce  de  Paris  a  dépensé  plus  de  100,000  francs 
pour  faire  exécuter  le  recensement  général  des  industries  et  la  publication  des 
résultats.  Cette  entreprise  honore  à  la  fois  l'esprit  qui  dirige  ce  corps  et  sa 
libéralité. 

»  Cette  Chambre  présente  aux  grandes  cités  du  monde  civilisé  un  exemple 
digue  d'être  imité. 

»  Il  serait  d'un  extrême  intérêt  que  les  capitales  du  premier  ordre  et  les 
principales  villes  manufacturières  en  Europe,  ainsi  qu'aux  États-Unis,  fus- 
sent recensées  d'après  le  plan  qu'on  a  suivi  pour  la  ville  de  Paris.  Nous  vou- 
drions qu'on  étudiât,  au  premier  rang,  Londres,  Berlin,  Vienne,  Péters- 
bourg,  Moskow,  Naples,  etc.,  etc.;  New-York,  Philadelphie,  Boston, 
Cincinnati;  ensuite  Lyon,  Bouen  et  Marseille,  Manchester,  Glasgow,  Liver- 
pool,  etc.,  parmi  les  villes  les  plus  renommées. 

»  Il  est  à  regretter  qne  la  Chambre  de  Commerce  de  Paris  ait  laissé  son 
œuvre  incomplète,  et  qu'elle  ait  omis,  elle,  Chambre  de  Commerce,  les 
industries  purement  commerciales,  c'est-à-dire  celles  qui  s'occupent  de 
transporter,  d'acheter  et  de  revendre,  soit  en  gros,  soit  en  détail,  pour  la 
ville  et  pour  le  dehors.  Ce  genre  de  professions  fait  travailler  des  classes 
nombreuses  :  le  tableau  de  leur  vie  intérieure,  le  dénombrement  de  leur 
population  par  catégories,  les  taux  variés  des  salaires,  etc.,  présenteraient  à 


(887) 

coup  sûr  un  intérêt,  une  instruction  comparables  aux  résultats  des  indus- 
tries manufacturières. 

»  L'Académie  serait  heureuse  de  voir  la  Chambre  de  Commerce  de  Paris, 
en  accomplissant  cette  tâche  nouvelle,  doubler  le  service  éminent  qu'elle 
a  rendu. 

»  En  résumé,  la  Statistique  de  l'Industrie  de  Paris  est  un  travail  qui  nous 
paraît  mériter,  par  la  sagesse  du  plan,  la  grande  étendue  des  études  et  l'ex- 
posé méthodique  des  résultats,  l'approbation  de  l'Académie.  Nous  propo- 
sons de  décerner  le  prix  annuel  fondé  par  M.  Montyon  pour  la  statistique  à 
M.  Horace  Say,  secrétaire  à  la  fois  de  la  Chambre  de  Commerce  et  de  la 
Commission  de  l'enquête,  dont  il  est  devenu  le  rapporteur.  Il  a,  pendant 
trois  années,  dirigé,  surveillé  les  opérations  du  recensement  et  la  formation 
des  tableaux  dont  nous  avons  indiqué  les  résultats. 

»  Nous  devons  aussi  mentionner  honorablement  son  fds,  M.  Léon  Say, 
et  M.  Rondot,  qui,  sous  ses  ordres,  concouraient  aux  travaux  de  collection 
et  de  rédaction. 

M.  Gayot.  —  Atlas  statistique  de  la  production  des  chevaux  en  France. 

»  M.  Gayot  a  rempli  très-honorablement  des  fonctions  administratives 
importantes  dans  la  direction  centrale  des  haras.  Il  a  présenté ,  pour  le 
concours  de  statistique,  un  ouvrage  in-folio  intitulé  :  Atlas  statistique  de  la 
production  des  chevaux  en  France. 

»  Avant  cette  remarquable  publication,  l'auteur  avait  exposé  dans  un 
ouvrage  considérable  [la  France  chevaline,  4  vol.  in-8°,  Paris ),  l'histoire 
des  haras,  depuis  leur  institution  en  France,  sous  Louis  XIII,  jusqu'en 
18/18. 

»  La  publication  de  l'Atlas  statistique  a  pour  objet  de  faire  connaître, 
par  des  cartes  explicatives,  par  des  dessins  corrects  et  par  des  descriptions 
exactes,  la  population  chevaline  de  la  France. 

»  L'auteur  divise  le  territoire  en  27  circonscriptions  hippiques,  savoir  : 
•x  haras;  a4  dépôts  d'étalons;  un  dépôt  de  remonte.  Chacune  de  ces  circon- 
scriptions est  représentée  par  une  carte  indiquant  le  chef-lieu  de  la  circon- 
scription, les  points  sur  lesquels  les  stations  ont  été  créées,  les  chefs-lieux 
de  courses  et  les  divers  établissements  qui  ressortent  des  remontes  militaires. 

»  Le  recensement  de  la  population  chevaline,  tel  que  le  publie  M.  Gayot, 
a  été  exécuté,  pendant  l'année  i85o,  par  des  hommes  ayant  une  connais- 
sance spéciale  du  cheval.  Fait  de  village  en  village,  par  canton,  par  arron- 
dissement, et  enfin  par  département,  ce  recensement  embrasse  quatre-vingt- 


(  888  ) 

trois  départements,  ceux  de  la  Seine,  de  Seine-et-Oise  et  de  la  Corse  n'ayant 
pas  pu  y  être  compris.  INon-seulement  l'auteur  a  donné  la  population  che- 
valine de  chaque  circonscription,  mais  il  a  fait  connaître  l'aptitude  de  chaque 
localité  à  produire  des  chevaux  appropriés  aux  diverses  armes  de  la  cava- 
lerie et  aux  besoins  variés  de  l'agriculture  et  de  l'industrie.  Les  dessins  re- 
présentent les  types  primitifs  ou  les  anciens  types,  les  types  améliorés  et 
parfois  même  les  types  dégénérés  qu'on  rencontre  dans  les  diverses  circon- 
scriptions. L' Atlas  statistique  est  en  réalité  le  tableau  fidèle  de  notre  popu- 
lation chevaline  actuelle.  Il  montre  que  toutes  nos  anciennes  races  ont  été 
modifiées  :  le  plus  grand  nombre  s'est  amélioré;  d'autres  se  sont  détério- 
rées. Le  pur  sang  anglais  a  rendu  la  race  normande  plus  active  et  plus  éner- 
gique. L'heureuse  influence  du  sang  arabe  et  de  l'anglo-arabe  se  fait  re- 
marquer dans  les  produits  de  plusieurs  de  nos  contrées  du  Midi.  D'un  autre 
côté,  l'emploi  d'étalons  non  appropriés  aux  races  de  certaines  parties  de  la 
France,  et  surtout  l'incurie  et  les  préjugés  des  éleveurs,  ont  amené  la  dété- 
rioration de  certaines  races  qu'il  eût  été  possible  d'améliorer  par  elles- 
mêmes.  Le  type  de  la  race  ardennoise,  si  vantée  pour  ses  qualités  solides  et 
sa  résistance  au  travail,  peut  à  peine  être  retrouvé;  les  beaux  types  de  la 
race  francomtoise  ont  presque  entièrement  disparu  ;  enfin  notre  belle  race 
percheronne  a  couru  plus  d'un  danger,  par  suite  de  croisements  mal  appro- 
priés. Toutefois  un  fait  consolant  résulte  des  nombreux  documents  rassem- 
blés dans  Y  Atlas  statistique  :  la  population  chevaline,  en  France,  non- 
seulement  a,  dans  ces  derniers  temps,  acquis  une  augmentation  considé- 
rable (puisque  en  i85o  elle  est  trouvée  supérieure  de  165,409  chevaux  à 
l'énumération  de  18/jo),  mais  encore  elle  tend  à  devenir  de  plus  en  plus 
appropriée  aux  besoins  de  l'armée,  ainsi  qu'aux  nouvelles  exigences  de 
l'agriculture  et  de  l'industrie. 

»  L'Académie,  reconnaissant  l'importance  des  documents  et  des  observa- 
tions rassemblés  dans  l'Atlas  statistique  de  la  production  chevaline  en 
France,  accorde  à  l'auteur  une  mention  honorable. 

M.  Bloxdel.  —  Statistique  comparée  des  épidémies  cholériques , 

de  i83a  et  de  1849. 

»  Une  statistique  précise  et  complète  peut  seule  fournir  une  base  pour 
faire,  d'une  manière  exacte  et  fructueuse,  l'histoire  des  grandes  épidémies. 

»  Sans  cette  base,  l'appréciation  d'une  foule  d'influences,  très-impor- 
tantes à  connaître,  telles  que  celles  des  localités,  des  saisons,  des  conditions 
météorologiques,  des  âges,  des  sexes,  des  professions,  etc.,  ne  peut  être 


(889) 

tentée  avec  quelque  chance  de  succès.  Le  Rapport  fait  par  la  Commission 
centrale  de  la  ville  de  Paris,  sur  l'épidémie  de  i832,  avait  fourni  des  docu- 
ments statistiques  précieux.  Le  Rapport  de  M.  Blondel  sur  l'épidémie  cho- 
lérique de  1 849  n'est  pas  moins  important  ;  il  offre  en  outre  un  intérêt  par- 
ticulier, résultant  de  la  comparaison  de  ces  deux  grandes  épidémies  entre 
elles. 

»  Les  deux  épidémies  de  Paris  comptent  parmi  les  plus  meurtrières 
en  Europe.  M.  Blondel  a  suivi  ces  deux  épidémies  dans  leurs  différentes 
phases. 

»  Les  deux  épidémies  cholériques  qui  ont  frappé  cette  ville  à  dix-sept 
années  d'intervalle,  en  i832  et  en  1849,  ont  commencé  et  fini  aux  mêmes 
époques  de  Vannée;  elles  ont  duré  à  peu  près  le  même  nombre  de  mois. 

»  Toutes  deux  ont  fait  irruption  en  mars  :  la  première  le  26  et  la  seconde 
le  1 8  ;  toutes  deux  se  sont  étendues  presque  simultanément  dans  tous  les 
quartiers  de  la  capitale.  Mais  l'épidémie  de  i832,  après  avoir  éclaté  subi- 
tement, a  sévi  dès  son  début  avec  une  violence  extrême;  celle  de  1849, 
annoncée  plusieurs  semaines  à  l'avance  par  des  cas  isolés,  s'est  développée 
avec  autant  de  lenteur  que  d'uniformité.  Dans  les  deux  épidémies,  l'inten- 
sité de  la  maladie  a  augmenté  et  diminué,  pour  ainsi  dire,  aux  mêmes  jours 
pour  toutes  les  classes  d'habitants  et  de  malades. 

»  On  n'aurait  pas  une  idée  juste  de  l'intensité  relative  des  deux  grandes 
épidémies,  si  l'on  ne  considérait  que  le  total  des  décès  occasionnés  par  le 
choléra.  Ces  décès  s'élèvent  pour  i83a  à  18,402,  et  pour  1849  A  18,069, 
Mais,  dans  les  dix-sept  années  qui  séparent  ces  deux  époques,  la  ville  de 
Paris,  par  l'effet  d'une  admirable  prospérité,  s'est  augmentée  de  279924 
habitants.  En  ayant  égard  à  cet  accroissement,  on  trouve  que  la  mortalité 
produite  par  le  choléra  s'est  élevée,  pour  100,000  habitants  de  la  capitale  : 

En  i832 à  2,247; 

En  1849 *  li11^- 

Diminution  d'intensité  de  l'épidémie,  24  pour  100. 

»  Le  travail  de  M.  Blondel  contient  un  grand  nombre  de  tableaux  où 
sont  donnés  séparément  le  nombre  des  décès  dans  les  maisons  particulières, 
dans  les  hôpitaux  et  dans  les  établissements  publics,  en  distinguant  les  âges, 
les  sexes  et  les  professions.  Des  tableaux  graphiques  rendent  ces  résultats 
visibles  aux  yeux.  Le  nombre  des  décès  par  jour,  depuis  le  commencement 
jusqu'à  la  fin  des  deux  épidémies,  est  également  exprimé. 

»  Si  des  travaux  analogues  à  celui  de  M.  Blondel  sont  exécutés  lors  des 

C.  R.,  i85a,  a">«  Semestre.  (T.  XXXV,  N»  83.)  •  '  7 


(  89o  ) 

épidémies  qui  pourront  attaquer  ultérieurement  les  grands  centres  de  po- 
pulation, ces  documents  rapprochés  les  uns  des  autres,  avec  leurs  résultats 
éclairés  par  des  observations  topographiques  et  météorologiques,  condui- 
ront probablement  à  la  découverte  des  causes  qui  influent  sur  la  propaga- 
tion, sur  l'intensité  et  sur  la  durée  des  épidémies  cholériques. 

»  D'après  ces  considérations,  l'Académie  accorde  une  mention  honorable 
au  Rapport  de  M.  Blondel  sur  les  grandes  épidémies  de  Paris,  en  i832  et 

i849- 

M.  le  général  Daumas.  —  Ouvrages  sur  l'Algérie. 

»  Pendant  seize  ans  passés  en  Afrique,  M.  le  général  Daumas  a  rempli 
des  missions  variées,  en  exerçant  des  fonctions  de  plus  en  plus  impor- 
tantes. L'accomplissement  de  ces  devoirs  l'a  mis  en  rapport  avec  les 
Arabes  de  toutes  classes,  avec  les  chefs  indigènes  et  les  familles  influentes, 
soit  de  l'ancienne  régence  d'Alger,  soit  des  pays  circonvoisins.  Tantôt 
d'après  ses  propres  observations,  tantôt  d'après  les  renseignements  puisés 
aux  sources  qu'il  pouvait  juger  les  meilleures,  enfin  d'après  des  documents 
recueillis  au  Ministère  de  la  Guerre,  il  a  composé  quatre  ouvrages  adressés 
au  concours  de  Statistique.  En  voici  les  titres  : 

»  i°.  Le  Sahara  algérien,  études  géographiques,  statistiques  et  histo- 
riques sur  la  régiou  au  sud  des  établissements  français  en  Algérie,  i  vol. 
in-8°.  Paris,  i845. 

»  20.  La  Grande  Kahjrlie,  i  vol.  in-8°.  Paris,  1 847- 

»  3°.  Le  Grand  Désert,  1  vol.  in-8°.  Paris,  18^9- 

»  4°-  Les  Chevaux  du  Sahara,  1  vol.  in-8°.  Paris,  i85i. 

»  Le  premier  travail  du  général  Daumas  avait  pour  objet  de  faire  con- 
naître, au  point  de  vue  géographique  et  statistique,  la  région  située  au 
sud  des  établissements  français,  en  Algérie.  Pour  atteindre  ce  but,  l'auteur 
a  lui-même  interrogé  chaque  jour  pendant  deux  ans,  des  Arabes  de  tous  , 
les  pays  et  de  toutes  les  conditions,  au  nombre  de  mille  au  moins.  A  chaque 
fois,  M.  Gaboriaud,  capitaine  d'état-major,  dessinait,  séance  tenante,  et 
coordonnait  ensuite  le  tracé  de  tous  les  lieux  dont  la  connaissance  était 
ainsi  recueillie.  Un  second  collaborateur,  M.  Aussone  de  Chancel,  secré- 
taire-archiviste de  la  direction  des  affaires  arabes,  consignait  tous  les  faits 
qui  paraissaient  dignes  d'être  notés.  La  carte  approximative  et  la  notice 
résultant  de  cette  longue  et  minutieuse  enquête  ont  été  recommencées 
cinq  fois.  On  comprend  tout  ce  qu'il  a  fallu  de  peine  et  de  travail  pour 
donner,  à  l'aide  de  cette  méthode,  la  position  à  peu  près  exacte  de  toutes 


(89i  ) 
les  montagnes  du  désert,  des  cours  d'eau,  des  puits,  des  villes  et  des  vil- 
lages ;  pour  constater  les  diverses  tribus,  leurs  territoires  de  station  et  de 
parcours;  enfin  pour  acquérir  quelques  notions  sur  les  races,  les  mœurs, 
le  langage,  l'industrie  et  le  commerce  de  ces  peuplades. 

»  Ce  premier  travail  ayant  été  favorablement  accueilli,  le  général  Damnas 
publia,  avec  la  collaboration  du  capitaine  Fabar,  un  nouvel  ouvrage  inti- 
tulé :  la  Grande  Kahjlie.  Les  auteurs  ont  esquissé  à  grands  traits  la  confi- 
guration matérielle  et  la  physionomie  de  ce  pays,  dont  la  superficie  ap- 
proche d'un  million  d'hectares,  et  dont  la  population  est  supposée  de 
a5o,ooo  âmes.  Il  résulte  de  leurs  recherches  historiques  et  de  leurs  obser- 
vations que  le  peuple  kabyle,  en  partie  autochthone,  en  partie  germain 
d'origine,  autrefois  chrétien,  aujourd'hui  musulman,  est  resté  distinct  de 
l'Arabe,  malgré  l'affinité  religieuse  et  les  contacts  les  plus  multipliés. 

»  Ce  peuple  se  compose  de  tribus  qui  se  gouvernent  elles-mêmes,  comme 
autant  d'États  indépendants. 

»  Lorsque  l'armée  française  a  pénétré  dans  le  pays  difficile,  inconnu  de 
la  Grande  Kabylie,  qu'elle  a  conquis,  les  indications  données  par  l'ouvrage 
que  nous  citons  ont  été  du  plus  grand  secours ,  et  l'on  en  a,  de  la  sorte, 
constaté  la  vérité.  Un  service  de  cet  ordre  avait  été  rendu,  il  y  a  cinquante 
ans,  par  l'illustre  Volney,  à  notre  première  armée  d'Afrique,  lorsqu'elle 
parcourait  l'Egypte  et  la  Syrie. 

»  Les  recherches  sur  la  Kabylie  ont  été  suivies  d'un  nouvel  ouvrage  dans 
lequel  le  général  Daumas,  de  concert  avec  M.  Aussone  de  Chancel,  s'est 
proposé  d'ajouter  aux  connaissances  que  l'on  possédait  déjà  sur  le  Grand 
Désert.  Cette  partie  de  l'Afrique  est  fréquemment  traversée  par  des  cara- 
vanes qui,  parties  des  villes  du  Sahara,  vont  trafiquer  dans  celles  du  Sou- 
dan. Après  avoir  pris  un  grand  nombre  de  renseignements,  soit  auprès  des 
voyageurs  des  caravanes,  soit  auprès  des  nègres  d'Alger,  dont  la  plupart 
sont  nés  au  Soudan,  MM.  Daumas  et  Aussone  de  Chancel  ont  fait,  de  cette 
partie  du  continent  africain,  une  esquisse  plus  exacte  et  plus  complète  que 
celles  qui  avaient  été  tracées  jusqu'à  ce  jour. 

»  Un  dernier  travail  du  général  Daumas  se  recommande  par  un  nouveau 
genre  de  mérite  :  ses  recherches  sur  les  chevaux  du  Sahara  ajoutent  un 
complément  important  à  ses  travaux  sur  l'Algérie.  Les  hommes  les  plus 
éclairés  dans  l'étude  hippique  reconnaissent  aujourd'hui  que  la  propagation 
du  sang  arabe  est  le  moyen  le  plus  sûr  d'améliorer  l'espèce  chevaline.  On 
comprend  dès  lors  tout  l'intérêt  que  doit  offrir  un  travail  qui  fait  connaî- 
tre le  cheval  arabe  du  Sahara  et  les  causes  de  sa  perfection. 

117.. 


(  89*  ) 

»  Les  quatre  traités  publiés  par  le  général  Damnas,  fruit  de  longues  et 
laborieuses  recherches,  sont  écrits  dans  un  style  plein  d'intérêt  :  ils  font 
penser,  ils  instruisent.  Ils  se  recommandent  par  d'autres  titres  que  celui 
d'une  statistique  rigoureuse  et  qui  procède  au  moyen  de  recensements 
positifs  et  complets.  Ils  méritent  tous  nos  éloges;  mais  nous  ne  pouvons 
leur  accorder  qu'une  mention  honorable  dans  un  concours  de  statistique 
où  le  prix  est  remporté  par  une  œuvre  colossale,  par  une  œuvre  possible 
seulement  au  milieu  d'une  société  concentrée  et  régulièrement  organisée. 

M.  Maurice  Block.  —  Des  Charges  de  l' agriculture.  Paris,  i85i. 

»  La  première  partie  de  cet  ouvrage  est  relative  à  la  France  ;  c'est  la  seule 
qui  rentre  dans  le  programme  du  concours.  M.  Block  fait  observer  qu'on  a 
considéré  d'une  manière  trop  restreinte  les  charges  de  l'agriculture,  en  se 
bornant  à  celles  qui  résultent  de  l'impôt,  des  contributions  et  des  rede- 
vances de  tout  genre.  Il  remarque  avec  raison  que  l'agriculture,  comme 
toutes  les  industries,  supporte  des  frais  de  production  bien  autrement 
importants.  Il  indique  aussi  les  charges  physiques  produites  par  la  nature 
du  sol,  par  le  climat,  par  les  vicissitudes  atmosphériques,  et  même  les 
charges  personnelles  qui  pourraient  provenir  d'un  travail  et  d'une  admi- 
nistration mal  entendus.  Mais,  dans  son  ouvrage,  il  ne  compte  que  les 
charges  économiques  et  sociales.  Il  cherche  d'abord  à  déterminer  les  élé- 
ments qui  concourent  à  la  production.  Il  trouve  une  population  rurale  de 
a5  millions  d'âmes,  et  4'>8io,ooo  hectares  pour  l'étendue  du  territoire 
cultivé,  non  compris  les  forêts.  Il  porte  à  8  milliards  goo  millions  de 
francs  la  valeur  des  produits  agricoles  bruts.  Il  passe  ensuite  aux  charges 
diverses  de  la  production  agricole.  Elles  s'élèvent  à  5  milliards  454  millions 
de  francs  pour  les  fermages,  les  salaires,  les  semences,  la  nourriture  des 
bestiaux,  etc.  Cette  somme  étant  retranchée  du  produit  brut  8  milliards 
900  millions,  il  reste  encore  3  milliards  446  millions  pour  le  produit  net 
annuel  de  l'agriculture  en  France.  Mais  M.  Block  trouve  que  l'impôt  réparti 
sur  les  propriétés  cultivées  s'élève  à  242  millions  de  francs;  cette  partie 
de  l'impôt,  cette  charge  qui  pèse  sur  l'industrie  agricole,  est  à  peu  près 
équivalente  à  3  pour  1 00  du  produit  brut,  8  milliards  900  millions,  et  à  7 
pour  100  du  produit  net,  3  milliards  446  millions. 

»  Nous  ne  suivrons  pas  plus  loin  l'auteur  dans  la  première  partie  de  son 
ouvrage.  Nous  nous  contenterons  de  dire  que  dans  la  deuxième  et  la  troi- 
sième, où  il  s'occupe  des  divers  États  de  l'Europe,  il  a  profité  de  toutes  les 
occasions  qui  se  sont  présentées  pour  faire  des  rapprochements  qui  donnent 


(  893  ) 

un  nouvel  intérêt  à  son  travail  sur  la  France.  C'est  par  là  qu'il  montre  les 
efforts  que  nous  devons  faire  en  agriculture  pour  soutenir  la  comparaison 
avec  les  autres  États  de  l'Europe. 

»  M.  Block  discute  avec  soin  les  faits  nombreux  qu'il  a  recueillis,  et 
c'est  toujours  avec  une  prudente  réserve  qu'il  présente  les  résultats  auxquels 
il  est  conduit.  L'Académie,  voulant  encourager  des  recherches  d'une  si 
grande  conséquence  économique  pour  l'agriculture,  mentionne  honora- 
blement M.  Block. 

MM.  Talbot  et  Guéraud.  —  Petite  Géographie  de  la  Loire- /inférieure , 

i  vol.  in- 12,  2e  édition. 

»  Ce  livre,  adopté  par  le  Conseil  d'instruction  publique,  est  digne  de  cet 
honneur.  Il  est  rédigé  avec  méthode,  écrit  avec  intérêt,  accompagné  de 
notices  historiques  et  descriptives  succinctes  et  bien  faites  ;  enfin  les  résul- 
tats statistiques  sont  puisés  aux  bonnes  sources  et  bien  présentés.  Nous 
mentionnons  avec  plaisir  ce  modeste  ouvrage. 

M.  J.-I.  Pierre,  professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Caen.  —Études  sur 
les  Engrais  de  mer  des  côtes  de  la  basse  Normandie  (Manche  et  Calvados), 
1  vol.  in-8°,  i852. 

»  Cet  ouvrage  succinct  est  éminemment  recommandable  au  point  de  vue 
de  l'agriculture  et  de  l'analyse  chimique  des  engrais  de  mer;  mais  il  peut  à 
peine  être  compté  comme  travail  de  statistique. 

M.  Eugène  Marchand,  de  Fécamp.—  Des  Eaux  en  général,  et  en  particulier 
des  eaux  employées  dans  les  deux  arrondissements  du  Havre  et  d'Yvetot. 
(Manuscrit.) 

»  Nous  ne  mentionnons  ici  que  pour  Mémoire  l'ouvrage  très-important 
de  M.  Eugène  Marchand.  C'est  l'exposition  complète  et  raisonnée  d'analyses 
rigoureuses  telles  que  peut  aujourd'hui  les  faire  la  chimie,  pour  faire  con- 
naître la  nature  de  toutes  les  eaux  potables  des  arrondissements  du  Havre 
et  d'Yvetot. 

»  Ce  travail  appartient  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie. Des  prix  de  M.  le  baron  de  Montyon,  qui  comprennent  l'hygiène 
publique,  offriront  la  récompense  naturelle  de  cette  œuvre  si  laborieuse  et 
si  savante.  La  statistique  des  eaux  a  sans  doute  son  importance,  mais  elle 
ne  suffirait  pas,  cette  année,  pour  donner  à  l'auteur  un  prix  digne  de  ses 
efforts.  » 


(894  ) 
PRIX  FONDÉ  PAR  MADAME  DE  LAPLACE. 

■a  Une  ordonnance  royale  ayant  autorisé  l'Académie  des  Sciences  à 
accepter  la  donation,  qui  lui  a  été  faite  par  Madame  de  Laplace,  d'une 
rente  pour  la  fondation  à  perpétuité  d'un  prix  consistant  dans  la  collection 
complète  des  ouvrages  de  Laplace,  prix  qui  devra  être  décerné  chaque 
année  au  premier  élève  sortant  de  l'École  Polytechnique, 

»  Le  Président  remettra  les  cinq  volumes  de  la  Mécanique  céleste, 
l'Exposition  du  système  du  monde  et  le  Traité  des  probabilités ,  à  M.  Bout 
(Jacques-Edmond-Émile),  sorti  le  premier  de  l'École  Polytechnique,  le 
23  septembre  i85a,  et  entré  à  lÉcole  des  Mines.  » 

SCIENCES  PHYSIQUES 

pour  l'année  I8S2. 

PRIX  DE  PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  POUR  LE  PRIX   DE   PHYSIOLOGIE 
EXPÉRIMENTALE  DE  L'ANNÉE  i852. 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Serres,  Rayer,  Duméril, 
Magendie  rapporteur.) 

«  Le  prix  de  Physiologie  expérimentale  ne  sera  pas,  cette  année,  décerné 
à  l'une  de  ces  brillantes  découvertes  qui  révèlent  ou  éclairent  quelque 
important  phénomène  de  la  nature  vivante. 

»  Ce  n'est  pas  toutefois  que  la  matière  fasse  défaut  au  génie  investigateur 
des  physiologistes,  car  la  plupart  des  principaux  actes  de  la  vie  sont  encore 
enveloppes  de  nuages  plus  ou  moins  épais;  personne  n'ignore,  par  exemple, 
que  certains  organes,  que  des  systèmes  d'organes  même  ont  des  usages  tout 
à  fait  ignorés  ou  à  peine  entrevus. 

»  Tel  est  cet  appareil  nerveux  désigné  par  les  anatomistes  sous  les  noms 
de  grand  sympathique,  nerf  tris planchnique,  système  ganglionnaire,  etc. 
Bien  que  les  physiologistes  aient  presque  tous  cherché  à  en  deviner  les  usages 
et  qu'ils  en  aient  fait  l'objet  d'hypothèses  plus  ou  moins  ingénieuses,  la 
vérité  est  que  ses  fonctions  sont  encore  un  mystère. 

»  Celui  qui  démontrerait  expérimentalement  les  usages  de  ce  système 
organique  ferait  donc  une  découverte  du  plus  haut  intérêt  pour  la  physio- 
logie. 

»  Mais,  sans  arriver  à  un  résultat  aussi  désirable,  si  un  physiologiste 


(895) 

établissait  quelques  faits  qui  soulèveraient  une  partie  du  voile  qui  cache 
encore  les  fonctions  de  cet  important  appareil,  on  comprend  qu'il  méri- 
terait d'être  encouragé.  C'est  le  cas  où  s'est  heureusement  trouvée  votre  Com- 
mission du  prix  de  Physiologie  expérimentale  ;  elle  a  reconnu  dans  les 
recherches  de  MM.  Budge,  professeur  à  l'université  de  Bonn,  et  Waller, 
médecin  anglais,  des  résultats  nouveaux  qui  établissent  d'une  manière  cer- 
taine quelques  faits  positifs  de  nature  à  éclairer  les  fonctions  du  système  ner- 
veux ganglionnaire. 

»  On  savait  par  les  expériences  de  Pourfour  du  Petit,  anatomiste  du 
dernier  siècle  et  Membre  de  cette  Académie,  que  la  section  du  grand  sym- 
pathique au  cou  détermine  le  resserrement  de  la  pupille  du  côté  correspon- 
dant. On  avait  appris  plus  récemment,  par  une  expérience  de  M.  Biffi,  de 
Pise,  qu'en  galvanisant  le  bout  supérieur  de  ce  nerf  coupé,  il  en  résultait 
au  contraire  la  dilatation  de  la  pupille.  MM.  Budge  et  Waller  prouvent,  par 
des  expériences  dont  vos  Commissaires  ont  constaté  l'exactitude,  que  ces 
propriétés  de  la  partie  cervicale  du  grand  sympathique  sont  en  rapport  avec 
un  segment  de  la  moelle  épinière,  compris  entre  la  septième  vertèbre  du 
cou  et  la  deuxième  dorsale.  Si  l'on  détruit  cette  partie  de  la  moelle,  l'in- 
fluence du  grand  sympathique  sur  l'iris  disparaît;  d'où  l'on  tire  cette  consé- 
quence, que  c'est  la  moelle  épinière  qui  influence  les  mouvements  de  la 
pupille,  et  que  le  rôle  du  nerf  sympathique  est  de  transmettre  cette  influence, 
au  lieu  de  l'exercer  de  lui-même,  comme  il  était  naturel  de  le  penser  d'après 
les  expériences  qui  viennent  d'être  citées.  Il  résulte  encore  de  ces  recher- 
ches que  le  filet  cervical  sympathique,  au  lieu  de  procéder  du  crâne  vers  le 
thorax,  procéderait  au  contraire  du  cou  vers  la  tête.  Une  autre  conséquence 
qu'on  pourrait  encore  déduire  de  ces  expériences,  est  que  le  système  gan- 
glionnaire, au  lieu  d'avoir  des  fonctions  indépendantes,  comme  beaucoup 
d'auteurs  l'ont  avancé,  serait,  ainsi  que  les  autres  nerfs,  une  dépendance 
du  système  cérébro-spinal.  La  Commission  a  regardé  ces  faits  comme  assez 
importants  et  assez  nouveaux  pour  partager  entre  leurs  auteurs  le  prix  de 
Physiologie  expérimentale  de  l'année  i85a. 

»  La  Commission  a  en  outre  examiné  un  Mémoire  de  M.  Ségoxd,  sur  la 
phonation  et  la  théorie  du  chant;  mais,  comme  les  expériences  que  renferme 
ce  Mémoire  n'ont  pas  pu  être  vérifiées  par  la  Commission,  ce  travail  est 
réservé  pour  le  concours  de  l'année  prochaine. 

»  Par  le  nombre,  l'importance  et  la  variété  des  travaux  qui  ont  été  pré- 
sentés pour  le  prix  de  Physiologie  expérimentale  depuis  quelques  années,  la 
Commission  constate  avec  satisfaction  que  cette  belle  science,  complément 


(  896) 

nécessaire  de  toutes  les  autres  sciences  naturelles,  est  aujourd'hui  cultivée 
et  enseignée  dans  la  plupart  des  universités  d'Europe  et  d'Amérique,  et 
que  tout  fait  espérer  qu'elle  continuera  à  faire  de  rapides  et  importants 
progrès.  » 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  POUR  LES  PRIX  RELATIFS  AUX 
ARTS  INSALUBRES  DE  L'ANNÉE  i85a. 

(Commissaires,  MM.  Payen,  Rayer,  Chevreul,Pelouze,  Dumas  rapporteur.) 

«  La  Commission  chargée  de  l'examen  des  pièces  adressées  au  concours 
pour  i852  déclare  qu'il  n'y  a  pas  lieu,  cette  année,  de  décerner  de  prix.  » 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  POUR  LES  PRIX  DE  MÉDECINE 
ET  DE  CHIRURGIE  DE  L'ANNÉE  i85a. 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  Roux,  Andral,  Rayer,  Magendie,  Duméril, 
Flourens,  Lallemand,  Serres  rapporteur.) 

«  Parmi  les  ouvrages  envoyés  au  concours  de  l'année  i85a  pour  les  prix 
de  Médecine  et  de  Chirurgie,  la  Commission  en  a  distingué  plusieurs  sur 
lesquels  elle  vient  appeler  l'attention  de  l'Académie. 

»  Ces  ouvrages,  si  divers  par  les  sujets  qu'ils  traitent,  embrassent  l'en- 
semble de  la  science  médicale  et  de  l'art  chirurgical ,  ainsi  que  le  prévoit 
l'article  ier  de  l'ordonnance  du  20  août  1829. 

»  Mais,  afin  que  les  legs  faits  par  M.  de  Montyon  pour  le  perfectionne- 
ment de  la  médecine  et  de  la  chirurgie  produisent,  au  degré  le  plus  étendu, 
les  avantages  que  le  testateur  avait  en  vue,  la  Commission  a,  plus  que  les 
années  précédentes,  insisté  sur  les  travaux  relatifs  à  l'anatomie  et  à  la  phy- 
siologie, par  des  motifs  que  nous  allons  brièvement  exposer. 

»  Nous  ne  rappellerons  pas  à  l'Académie  que  ces  deux  sciences  ont  fourni 
à  la  médecine  les  données  indispensables  à  la  connaissance  physique  de 
l'homme,  et  les  bases  sur  lesquelles  reposent  les  degrés  de  son  application 
dans  l'état  de  maladie.  Depuis  trois  siècles,  l'histoire  de  l'art  de  guérir  est 
tellement  empreinte  de  cette  vérité,  qu'elle  constitue  un  de  ses  axiomes. 

»  Mais  en  même  temps  que  l'histoire  de  la  science  nous  révèle  ce  fait, 
elle  nous  apprend  aussi  que  ce  n'est  que  très-tardivement  que  les  vérités 
nouvelles  en  anatomie  comme  en  physiologie,  se  font  jour  dans  le  sanc- 
tuaire des  écoles,  et,  par  suite,  dans  la  pratique  médico-chirurgicale. 

»  L'introduction  tardive  de  la  découverte  de  la  circulation  du  sang  dans 


(  897  ) 
la  clinique  médicale,  l'appréciation  plus  tardive  encore  des  affections  du 
cœur  et  des  gros  vaisseaux,  qui  se  lient  si  intimement  à  ce  grand  fait  phy- 
siologique, attestent  cette  lenteur  si  préjudiciable  au  bien-être  de  l'huma- 
nité, lenteur  qui  se  remarque  au  même  degré  en  anatomie,  quoique  en 
apparence  ses  vérités  soient  plus  matérielles. 

»  Afin  d'apprécier  ce  fait,  il  faut  distinguer  avec  soin  les  deux  parties  dont 
se  compose  l'anatomie.  L'une  est  relative  à  la  forme  et  à  la  position  relative 
des  parties;  l'autre,  plus  difficile,  considère  plus  particulièrement  leur  struc- 
ture. La  première  est  l'œuvre  du  xvie  siècle  ;  c'est  celle  sur  laquelle  la  chi- 
rurgie française  a  posé  ses  assises  et  élevé  si  haut  l'art  chirurgical.  La  seconde, 
plus  particulièrement  dévolue  à  la  pathologie  interne,  ouverte  avec  éclat 
parle  xvne  siècle,  délaissée  par  le  xvme,  paraît  destinée  à  devenir  un  des  titres 
de  gloire  du  xixe,  grâce  au  perfectionnement  apporté  dans  la  composition 
du  microscope. 

i>  Les  noms  de  Boerhave  et  de  Haller  se  rattachent,  par  la  théorie  de 
l'inflammation  et  les  vues  sur  l'irritabilité,  au  perfectionnement  de  la  méde- 
cine, sorti  des  notions  acquises  sur  la  structure  des  parties.  Mais  c'est  l'école 
italienne,  et  en  particulier  Albertini  Valsalva  et  Morgagni,  qui  en  firent  l'ap- 
plication à  l'étiologie  des  maladies  internes.  L'immortel  traité  de  Sedibus 
et  causis  morborum  ouvrit  avec  modestie  cette  ère  moderne  de  la  science 
qui,  au  fond,  n'est  que  le  perfectionnement  de  la  méthode  d'Hippocrate 
et  de  Galien.  Bichat  en  fut  le  continuateur;  or,  que  sommes-nous  pré- 
sentement en  médecine,  sinon  les  émules  de  Haller,  de  Morgagni  et  de 
Bichat? 

»  La  Commission  tenait  à  donner  cette  explication,  afin  de  bien  faire 
apprécier  le  but  qu'elle  se  propose  en  élargissant  le  cadre  des  prix  de  Méde- 
cine et  de  Chirurgie. 

ANATOMIE. 

»  Et,  de  suite,  nous  allons  faire  l'application  de  ce  qui  précède  aux 
ouvrages  de  MM.  Bourgery,  Jacob  et  Ludovic  Hirschfeld  sur  l'anatomie 
du  système  nerveux,  ainsi  qu'au  travail  de  M.  le  Dr  Follin  sur  les  corps  de 
Wolf. 

»  L'étude  du  système  nerveux  commence  et  finit  l'histoire  de  l'anatomie. 
Mais  si,  malgré  les  travaux  immenses  dont  il  a  été  l'objet,  il  reste  encore 
bien  des  points  à  éclairer,  la  cause  ne  réside  pas  uniquement  dans  la  diffi- 
culté du  sujet,  elle  réside  aussi  dans  l'isolement  où  se  tiennent  les  ana- 

C.  R.,  i85a,  a"»  Semestre.  (T.  XXXV,  N°  28.)  IIO 


(  898  ) 
tomistes  en  négligeant  les  faits  que  nous  dévoilent  la  physiologie  et  la 
pathologie. 

»  Nulle  part,  en  effet,  le  concours  réciproque  de  ces  sciences  n'a  été  plus 
efficace  que  dans  l'étude  de  ce  système.  N'est-ce  pas,  en  effet,  à  la  connais- 
sance physiologique  et  pathologique  du  croisement  d'action  des  hémi- 
sphères cérébraux  et  cérébelleux  que  sont  dues  les  découvertes  de  l'entre- 
croisement des  pyramides  antérieures  et  des  faisceaux  convergents  de  la 
protubérance  annulaire  et  du  corps  calleux  ? 

»  N'est-ce  pas  à  la  physiologie  expérimentale  que  sont  dues,  en  premier 
lieu,  la  délimitation  des  cordons  composant  la  moelle  allongée;  en  second 
lieu,  la  séparation  tranchée  des  cordons  antérieurs  et  postérieurs  de  la  moelle 
épinière  ;  et,  en  troisième  lieu,  la  destination  si  précise  des  nerfs  moteurs  et 
des  nerfs  sensibles,  qui  a  permis  aux  anatomistes  de  déterminer  le  siège 
précis  des  ganglions  intervertébraux? 

»  Ces  exemples,  que  nous  pourrions  multiplier,  ont  rendu  nécessaire  Je 
remaniement  des  descriptions  iconographiques  que  l'on  avait  faites  de  l'axe 
cérébro-spinal  et  des  nerfs  qui  en  émanent.  C'est  ce  travail  que  MM.  Bour- 
gery,  Jacob  et  Hirschfeld  viennent  d'exécuter  sur  nature,  avec  une  préci- 
sion qui  répond  aux  besoins  de  la  science.  Le  premier,  celui  de  MM.  Bour- 
gery  et  Jacob,  est  remarquable  par  l'anatomie  d'ensemble  du  système  nerveux 
qui  se  rattache  au  grand  ouvrage  sur  l'anatomie  qu'ils  ont  publié  en  com- 
mun, et  sur  lequel  portent  plus  spécialement  les  encouragements  que  nous 
paraît  mériter  un  si  grand  travail . 

»  Les  planches  de  ce  bel  ouvrage,  exécutées  par  M.  Jacob,  sont  remar- 
quables par  leur  exactitude;  c'est  la  nature  rendue  plus  expressive  par  l'art. 
Leur  composition  rappelle  les  belles  planches  anatomiques  d'Albinus,  de 
Haller  et  de  Scarpa. 

»  La  partie  descriptive  offre  aussi  un  caractère  qui  lui  est  propre.  Ce  n'est 
plus  ce#tte  anatomie  morte  qui  rebute  les  sens  et  dégoûte  l'esprit  par  l'aridité 
de  ses  descriptions  ;  c'est  la  science  de  l'anatomie  mise  au  service  de  la  phy- 
siologie, de  la  médecine  et  de  la  chirurgie. 

»  Quanta  celui  de  M.  Hirschfeld,  que  l'on  pourrait  croire  n'être  que  la 
répétition  du  précédent,  un  examen  comparatif  a  permis  à  la  Commission 
d'en  apprécier  l'originalité,  sur  les  points  les  plus  difficiles  et  les  plus  con- 
testés de  la  science. 

»  Pour  l'encéphale,  nous  citerons  les  radiations  quintuples  du  faisceau 
innominé  du  bulbe  et  leur  immersion  dans  le  pédoncule  cérébral,  dans  le 
pédoncule  moyen  du  cervelet  et  clans  la  valvule  de  Vieussens;  l'origine  de 


(  «99) 
la  cinquième  paire,  par  trois  ordres  de  filets,  dont  un  s'anastomose  avec  la 
racine  du  nerf  auditif.  Parmi  les  nerfs,  nous  mentionnerons  ses  belles  études 
sur  le  nerf  facial;  celles  sur  l'hypoglosse  et  le  nerf  spinal;  celles  sur  la  cin- 
quième paire  et  ses  ganglions,  que  l'auteur  détache  avec  raison  du  grand 
sympathique;  celles  sur  le  nerf  pneumo-gastrique  et  le  ganglion  qu'il  a  fait 
connaître,  placé  à  la  division  principale  des  bronches.  Enfin,  nous  signale- 
rons ses  observations  nouvelles  sur  le  grand  sympathique,  nerf  sur  la  struc- 
ture duquel  les  expériences  physiologiques  de  MM.  Bernard,  Waller  et  Budge 
appellent  de  nouveau  l'attention  des  anatomistes. 

»  De  ces  travaux  sur  l'anatomie  descriptive,  nous  passons  au  Mémoire  de 
M.  le  Dr  Follin,  relatif  à  l'embryogénie  et  à  l'anatomie  pathologique.  Le 
perfectionnement  de  l'organisme  animal  s'opère  par  additions  de  tissus,  par 
additions  d'organes  et  d'appareils,  d'une  part,  et,  d'autre  part,  par  substi- 
tutions d'appareils  nouveaux  succédant  à  d'autres  appareils  qui  cessent  de 
fonctionner,  et,  par  suite,  disparaissent  chez  l'animal  parfait.  Parmi  les 
organes  temporaires  qui  traversent  la  vie  embryonnaire  de  l'homme,  il  n'en 
est  pas  de  plus  importants  que  ceux  désignés  sous  le  nom  de  corps  de  Wolf 
chez  les  oiseaux,  et  de^corps  d'Oken,  de  reins  primitifs  ou  de  faux  reins, 
chez  les  mammifères  et  l'homme. 

»  On  désigne  sous  ces  divers  noms  de  petits  organes  glanduleux  situés 
sur  les  côtés  de  la  colonne  vertébrale,  et  s' étendant,  chez  certains  animaux, 
de  la  région  cervicale  jusqu'au  bas  de  la  région  lombaire  (i). 

»  D'où  viennent  ces  corps  ?  quel  est  leur  usage  dans  la  vie  embryonnaire 
et  leurs  rapports  avec  la  formation  des  organes  génito-urinaires  des  animaux 
vertébrés  et  de  l'homme?  Telles  sont  les  questions  qui,  depuis  1806,  occu- 
pent les  anatomistes.  Leur  solution  intéresse  à  un  haut  degré  l'embryogénie 
comparée,  l'anatomie  pathologique  et  la  tératologie.  C'est  donc  avec  intérêt 
que  la  Commission  a  vu  ces  organes  soumis  à  un  nouvel  examen  par  le  tra- 
vail de  M.  le  Dr  Follin. 


(1)  Depuis  Kulman  et  Wolf,  qui  les  premiers  ont  signalé  ces  organes  transitoires,  ils  ont 
été  étudiés  chez  les  oiseaux  par  Haller,  Ratke,  Christophe  Muller,  Valentin,  Coste,  Serres; 
chez  les  mammifères  et  l'homme,  par  Oken ,  Meckel ,  Jacobson ,  Burdak ,  Valentin ,  Coste  et 
Serres;  chez  les  reptiles,  par  Emmert,  Hoschteter,  Muller,  Ratke  et  Valentin.  Nul  de  ces 
anatomistes  n'a  pu  encore  les  reconnaître  chez  les  poissons. 

Parmi  les  mammifères,  ils  ont  été  particulièrement  observés  chez  l'homme,  le  chien,  le 
chat,  le  lapin ,  le  rat ,  la  souris,  le  hérisson ,  le  bœuf,  le  mouton ,  le  chevreuil,  le  narval,  le 
cabiai  et  le  cochon. 

118.. 


(  9°°  ) 

»  Nous  ferons  remarquer  d'abord  que  M.  Follin  ne  s'occupe  pas  de  ces 
corps  dans  leurs  rapports  avec  le  mode  d'existence  propre  à  l'embryon;  il 
ne  les  envisage  que  sous  le  point  de  vue  de  leur  origine,  de  leurs  évolutions 
et  de  leurs  connexions  avec  l'apparition  primitive  des  organes  génito-uri- 
naires.  Par  cette  délimitation,  il  a  restreint  son  sujet  à  l'organologie  des 
corps  de  Wolf  ou  d'Oken. 

»  Relativement  à  leur  origine,  on  sait  que  M.  Baé'r  les  fait  provenir  de  la 
lame  vasculaire  du  blastoderme  ;  Muller,  de  la  lame  muqueuse,  et  Valentin, 
des  lames  vasculaires  et  séreuses.  M.  Follin  croit,  au  contraire,  que  leur 
formation  est  indépendante  des  trois  lames  blastodermiques,  et  il  se  fonde 
sur  ce  fait  incontestable,  qu'on  les  voit  apparaître  dès  leur  origine  sur  le 
blastème  situé  sur  les  côtés  des  noyaux  vertébraux.  Mais  ce  blastème  lui- 
même,  de  quelle  lame  provient-il?  Telle  est  la  question  en  litige,  question 
qui,  comme  le  fait  observer  M.  Valentin,  se  lie  intimement  à  l'apparition 
primitive  des  deux  aortes,  ainsi  qu'à  celle  des  plaques  abdominales  de  M.  de 
lîaèr,  et  des  deux  lames  premières  du  canal  intestinal  de  Wolf. 

»  Les  stries  dont  se  composent  les  corps  de  Wolf  sont-elles  solides,  comme 
le  pensent  MM.  Muller,  Jacobson,  Ratke  et  Valenfcn?  sont-elles  creuses  et 
canaliculées,  comme  l'avait  dit  M.  Oken?  D'après  de  nombreuses  observa- 
tions faites  sur  des  embryons  d'oiseaux  et  de  cocbon,  M.  Follin  se  prononce 
pour  cette  dernière  opinion. 

*  Le  fait  de  la  canaliculation  des  corps  de  Wolf  est  un  des  plus  remar- 
quables de  ce  travail,  car  il  se  lie  à  l'étude  de  leur  canal  excréteur  dont 
M.  Follin  a  fait  une  étude  spéciale,  et  dont  il  a  parfaitement  indiqué  les 
changements  de  position  en  rapport  avec  les  évolutions  de  ces  corps. 

»  Il  est  à  regretter  que  M.  Follin  n'ait  pas  suivi  avec  le  même  soin  les 
évolutions  de  la  bandelette  rubanée  et  filiforme  qui  s'étend  sur  la  face  supé- 
rieure des  corps  de  Wolf,  et  qui  peut-être  est  l'analogue  des  bandelettes  géné- 
ratrices de  certains  polypes  et  des  éosphoriens  parmi  les  infusoires.  Cette 
bandelette,  qui,  pour  nous  servir  des  expressions  de  M.  Valentin,  s'unit 
plus  tard  à  un  filet  bien  plus  épais,  qui  est  l'organite,  d'où  sortent  la 
trompe  et  le  conduit  déférent,  se  loge  dans  un  fourreau  particulier  du  péri- 
toine. Ce  fourreau  péritonéal  devient  à  son  tour  le  régulateur  ou  le  guber- 
naculum  du  testicule  et  de  l'ovaire,  entraînant  avec  lui  quelques  débris  des 
corps  de  Wolf. 

»  Afin  de  bien  concevoir  comment  et  pourquoi  les  débris  de  ces  corps 
restent  toujours  étrangers  et  à  l'ovaire  et  au  testicule,  il  est  nécessaire  de 
faire  remarquer  que  l'organite,  duquel  proviennent  ces  derniers  organes, 


(  901  ) 
est  logé  lui-même  dans  un  fourreau  péritonéal  entièrement  indépendant 
primitivement  du  fourreau  précédent. 

»  Cela  posé,  nous  voyons  maintenant  l'application  de  l'embryogénie  à 
certains  cas  de  l'anatomie  pathologique  de  l'appareil  génital,  que  M.  Follin 
décrit  avec  une  précision  qui  ne  laisse  rien  à  désirer.  Tels  sont,  en  premier 
lieu,  l'organite  d'Isenflam  et  de  Rosenmuller,  dans  lequel  Meckel  avait  si 
bien  reconnu  chez  l'homme  un  des  restes  des  corps  de  Wolf,  et  auquel 
M.  Jacobson  rapporte  les  corps  jaunes  que  l'on  rencontre  aux  environs  de 
l'ovaire  chez  les  femelles  de  quelques  mammifères;  en  second  lieu,  le  corps 
hydatifère  de  Morgagni,  qui  se  rencontre  tout  à  la  fois  et  dans  les  environs 
des  franges  du  pavillon  de  l'ovaire,  et  dans  les  environs  des  franges  de 
l'épididyme,  qui  en  sont  les  analogues;  en  troisième  lieu,  les  canaux  aveu- 
gles ou  cœcums,  que  Valsalva,  Morgagni,  Tannenberg  et  Haller  nomment 
vas  aberrans,  et  qui,  d'après  les  recherches  de  l'un  de  nous,  se  rencontrent 
plus  particulièrement  chez  les  jeunes  sujets;  en  quatrième  lieu  enfin,  l'ap- 
pareil de  Malpighi  et  de  Gartner,  destiné  peut-être  à  nous  donner  l'expli- 
cation de  l'anomalie  si  singulière  de  l'appareil  génital  des  didelphes. 

»  D'après  ces  considérations,  la  Commission  propose  d'allouer  : 

»    i°.  A  feu  M.  Bourgery  et  M.  Jacob,  une  récompense  de  2,000  francs. 

»  i°.  A  M.  L.  Hirschfeld,  une  récompense  de  i,5oo  francs. 

«  3°.  A  M.  Follin,  une  récompense  de  1 ,000  francs. 

PHYSIOLOGIE. 

»  C'est  dans  le  même  esprit  et  d'après  les  mêmes  vues  que  la  Commission 
propose  de  récompenser  les  recherches  physiologiques  de  MM.  Blondlot, 
Duméril,  Demarquay  et  Lecointe. 

»  Le  premier,  M.  Blondlot,  a  envoyé  à  l'Académie,  pour  le  concours 
des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  deux  Mémoires  intitulés  :  i°  Essai 
sur  les  Jonctions  du  foie;  a°  De  l'inutilité  de  la  bile  dans  la  digestion.  Ces 
deux  travaux  sont  la  suite  du  Traité  analytique  sur  la  digestion,  du  même 
auteur,  déjà  mentionné  par  l'Académie  il  y  a  huit  ans.  Dans  ces  différents 
ouvrages,  qui  se  rapportent  tous  à  l'étude  des  phénomènes  digestifs  , 
M.  Blondlot  a  suivi  une  méthode  expérimentale  nouvelle,  laquelle  consiste 
à  recueillir  sur  les  animaux  vivants,  au  moyen  de  fistules  permanentes,  les 
deux  fluides  qu'il  a  étudiés,  la  bile  et  le  suc  gastrique. 

»  En  établissant  les  fistules  biliaires,  M.  Blondlot  a  voulu  simplement 
éliminer  au  dehors  la  bile  et  la  détourner  de  l'intestin,  afin  de  juger  ainsi  de 
son  degré  d'utilité  dans  la  fonction  si  complexe  de  la  digestion.  Sous  ce 


(  9°2  ) 
rapport,  M.  Blondlot  a  montré  que  des  chiens  privés  de  bile  pouvaient  vivre 
beaucoup  plus  longtemps  qu'on  n'aurait  sans  doute  été  porté  à  le  croire  à 
priori.  Mais  ce  fait  est  loin  de  démontrer  que  le  fluide  biliaire  est  absolument 
inutile  dans  l'acte  digestif. 

»  Relativement  au  suc  gastrique,  M.  Blondlot,  inspiré  par  l'observation 
du  Dr  Beaumont,  relative  à  un  Canadien  qui  avait  à  l'épigastre  une  fistule 
gastrique,  a  établi  le  premier  des  fistules  gastriques  sur  des  chiens,  qui  n'en 
éprouvent  aucun  inconvénient  et  vivent  en  conservant  une  santé  parfaite. 
Avec  des  animaux  soumis  à  cette  opération,  qui  est  devenue,  on  peut  le 
dire,  une  expérience  courante  de  laboratoire  physiologique,  on  a  pu  non- 
seulement  faire  connaître  d'une  manière  beaucoup  plus  approfondie  la  sé- 
crétion et  les  qualités  digestives  du  suc  gastrique,  mais  on  a  pu  encore 
exécuter  un  grand  nombre  de  recherches  relatives  aux  modifications  que 
les  substances  médicamenteuses,  les  venins,  etc.,  éprouvent  dans  l'estomac. 

»  On  conçoit  facilement  tous  les  services  que  de  pareils  moyens  d'ob- 
servation bien  institués  peuvent  rendre  à  la  physiologie  et  à  la  thérapeu- 
tique, qui,  dans  leur  avancement  scientifique,  se  trouvent  nécessairement 
solidaires  l'une  de  l'autre.  En  conséquence,  la  Commission  lui  alloue  une 
récompense  de  i,5oo  francs. 

»  L'étude  des  modifications  imprimées  à  la  température  animale  par  l'in- 
troduction des  médicaments  dans  l'économie  constitue  un  sujet  de  recher- 
ches aussi  neuf  qu'important  pour  la  physiologie  et  la  thérapeutique. 

»  MM.  Auguste  Dumériî,  Demarquay  et  Lecointe  ont  étudié  expérimen- 
talement ces  modifications  sur  les  animaux,  après  l'administration  d'un 
grand  nombre  de  substances  médicamenteuses.  Les  résultats  auxquels  sont 
arrivés  ces  physiologistes  offrent  déjà  beaucoup  d'intérêt;  cet  intérêt  est 
accru  encore  par  l'analogie  qu'ils  offrent  avec  ceux  observés  chez  l'homme 
malade  placé  dans  les  mêmes  circonstances. 

»  Néanmoins,  la  Commission  ayant  reçu  trop  tard  ce  travail  pour  pouvoir 
en  vérifier  tous  les  résultats,  elle  se  borne  pour  le  moment  à  proposer  à 
l'Académie  d'accorder  à  MM.  Auguste  Duméril,  Demarquay  et  Lecointe, 
une  récompense  de  i  ,5oo  francs. 

PATHOLOGIE  MÉDICALE. 

»  Mais  nulle  part  les  considérations  que  nous  avons  présentées  dans  le 
préambule  de  ce  Rapport  ne  sont  d'une  application  plus  directe  qu'à  l'his- 
toire des  maladies  dont  se  compose  la  pathologie  médicale  et  chirurgicale. 
Plus  nous  avançons  dans  la  connaissance  intime  de  l'organisme  normal  de 


(  9°3) 

l'homme,  mieux  nous  apprécions  les  modifications  que  lui  fait  subir  l'état 
de  maladie.  La  physique,  par  l'application  du  microscope;  la  chimie,  par 
ses  procédés  analytiques  si  délicats,  viennent  augmenter  la  puissance  de 
l'observation  médicale.  Les  travaux  de  MM.  Lebert,  Becquerel  et  Rodier  en 
sont  de  nouvelles  preuves. 

M.  le  Dr  Lebert.  —  Traité  pratique  des  maladies  cancéreuses  et  des 
affections  curables  confondues  avec  le  cancer. 

»  L'idée  principale  qui  domine  dans  cet  ouvrage,  c'est  que  beaucoup  de 
maladies  confondues  avec  le  cancer  doivent  en  être  séparées,  et  offrent 
vis-à-vis  de  celui-ci,  non-seulement  des  différences  anatomiques  incontes- 
tables et  incontestées,  mais  aussi  une  marche  clinique  essentiellement  dif- 
férente. 

»  L'histoire  de  la  cellule  cancéreuse  est  faite  d'une  manière  très-com- 
plète, soit  pour  ses  caractères  spéciaux,  soit  pour  ses  phases  de  développe- 
ment et  ses  altérations.  L'unité  du  cancer  est  un  des  points  fondamentaux 
des  doctrines  de  cet  ouvrage.  Les  affections  cancroïdes  en  sont  séparées,  et 
les  diverses  espèces  de  cancer  des  auteurs  ne  sont  en  réalité  que  des  formes 
d'importance  secondaire.  La  nutrition  du  cancer  se  fait  par  une  vascularité 
complète,  renfermant  des  artères,  des  veines  et  des  capillaires,  contraire- 
ment à  l'opinion  de  quelques  auteurs  modernes.  L'auteur  étudie  d'abord 
son  accroissement  régulier,  puis  les  troubles  circulatoires  qui  peuvent  pro- 
duire l'inflammation,  l'ulcération,  le  ramollissement,  la  gangrène,  les 
épanchements  hémorragiques,  même  l'atrophie,  qui,  malheureusement, 
n'est  qu'un  phénomène  local,  et  n'implique  point  la  cessation  de  la  dia- 
thèse. 

»  A  l'occasion  de  la  propagation  du  cancer,  l'auteur  étudie  l'envahisse- 
ment, l'irradiation,  les  dépôts  successifs  et  secondaires,  et  il  insiste  sur  le 
fait  que  les  cancéreux  peuvent  mourir  avec  les  signes  d'une  infection  qui  a 
eu  lieu  directement  dans  le  sang,  sans  dépôts  secondaires  nombreux  ou 
importants. 

»  En  examinant  les  opinions  d'exclusions  par  rapport  au  cancer,  l'auteur 
arrive  à  ce  résultat,  que  les  cancéreux  peuvent  se  tuberculiser  ;  mais  il  n'a 
jamais  vu  survenir  le  cancer  dans  le  courant  d'une  affection  tuberculeuse 
à  marche  progressive. 

»  La  fréquence  comparative  du  cancer  dans  les  divers  organes  est  ensuite 
établie  sur  une  statistique  à  laquelle  l'auteur  attache  la  plus  grande  impor- 
tance. En  effet,  tout  ce  livre  repose  sur  l'analyse  de  quatre  cent  quarante- 


(  9«4  ) 
sept  observations,   tres-étendues  et  très-détaillées,  sur  Je  cancer   propre- 
ment dit ,    sur  cent  soixante-huit   cas  de  maladies  confondues    avec   le 
cancer,  et  sur  plus  de  quatre  cents  observations  sur  les  tumeurs  dites 
bénignes. 

»  Dans  presque  tous  ces  faits,  tous  les  détails  cliniques  sont  confrontés 
avec  les  dissections  anatomiques  ordinaires  et  des  études  microscopiques 
minutieusement  et  habilement  exécutées. 

»  Dans  le  chapitre  où  l'auteur  parle  des  affections  cancroïdes,  il  cherche 
à  démontrer  que  la  structure  anatomique  des  cancroïdes  est  complètement 
différente  de  celle  du  cancer.  A  ces  différences  correspondent,  d'après  l'au- 
teur, des  différences  cliniques  non  moins  tranchées.  Les  tumeurs  épider- 
miques  et  fibro-plastiques,  par  exemple,  peuvent  récidiver  après  les  opéra- 
tions, mais  la  récidive  est  toujours  locale.  La  marche  de  ces  affections  est 
bien  autrement  lente  et  bénigne  que  celle  du  cancer.  Les  tumeurs  fibro- 
plastiques  peuvent  se  généraliser  dans  quelques  cas,  comme  exceptionnelle- 
ment toutes  les  tumeurs  ;  les  cancroïdes  épidermiques  ne  se  sont  jamais 
montrés  généralisés  dans  les  nombreuses  observations  et  autopsies  de  l'au- 
teur; leur  propagation  locale  se  borne  à  la  zone  anatomique  et  aux  gan- 
glions lymphatiques  en  rapport  direct  avec  le  siège  primitif  du  mal. 

»  Le  cancer  est  l'expression  d'une  diathèse,  tandis  que  les  cancroïdes 
sont  des  maladies  locales  pendant  toute  leur  durée,  sauf  des  cas  rares  et 
exceptionnels. 

»  L'auteur  insiste  sur  la  nécessité  des  opérations  hardies  et  répétées  dans 
les  affections  cancroïdes  qui  ne  sont  que  des  maladies  locales,  et,  dans  le 
courant  de  l'ouvrage,  il  cite  de  nombreux  faits  de  guérison  complète  par 
cette  méthode,  tandis  qu'au  contraire,  dans  le  vrai  cancer,  l'opération  ne 
donne  qu'un  secours  palliatif  et  doit  être  réservée  pour  les  tumeurs  stricte- 
ment localisées,  qui  peuvent  être  enlevées  en  totalité  et  qui  ne  sont  pas 
encore  accompagnées  d'une  atteinte  profonde  de  la  santé  générale. 

»  L'auteur  fait  ensuite  l'application  des  principes  qu'il  a  exposés  au  trai- 
tement des  cancers  qui  peuvent  affecter  les  divers  organes,  et  les  conclu- 
sions qu'il  en  déduit,  toujours  sages  et  réservées,  reposent  sur  un  très-grand 
nombre  de  faits,  dont  il  donne,  pour  chaque  cancer,  une  statistique  rai- 
sonnée. 

»  En  conséquence,  la  Commission  est  d'avis  d'accorder  à  cet  important 
travail  une  récompense  de  2,000  francs. 


(9°5) 

MM.  Becquerel,  et  Rodier.  —  Nouvelles  recherches  d'hématologie. 

»  Les  auteurs  ont  eu  surtout  pour  but,  dans  ces  nouvelles  recherches, 
d'étudier  les  changements  de  proportion  que  les  globules,  la  fibrine  et  l'al- 
bumine du  sang  éprouvent  dans  les  maladies  chroniques. 

»  Les  globules  diminuent,  bien  que  les  individus  continuent  à  se  nourrir 
pendant  le  cours  de  la  plupart  des  maladies  chroniques. 

»  L'albumine  diminue  dans  les  maladies  de  cœur  avancées,  dans  la 
cachexie  paludéenne,  dans  la  diathèse  cancéreuse. 

»  Ils  ont  prouvé  que,  lorsque  l'albumine  diminue  rapidement  dans  le 
sang,  une  diminution  de  ce  principe  détermine  l'hydropisie,  tandis  qu'il 
faut  que  cette  diminution  soit  beaucoup  plus  considérable  pour  la  produire, 
lorsqu'elle  a  lieu  lentement. 

»  Us  ont  montré  qu'un  scorbut  bien  caractérisé  peut  exister  sans  qu'il  y 
ait  dans  le  sang  diminution  de  fibrine. 

»  D'après  ces  observations  nouvelles,  importantes  pour  l'étiologie  géné- 
rale des  maladies  qu'ils  ont  observées,  la  Commission  propose  d'accorder 
aux  auteurs  une  récompense  de  t  ,200  francs. 

»  M.  Davaine.  —  Avant  les  recherches  de  M.  Davaine,  on  connaissait  peu 
la  paralysie  double  de  lajace;  il  n'en  est  fait  mention  ni  dans  les  Traités  de 
pathologie  les  plus  récents,  ni  dans  les  nombreux  dictionnaires  de  méde- 
cine qui  se  sont  succédé  depuis  une  trentaine  d'années. 

»  Pour  l'hémiplégie  faciale,  l'attention  des  pathologistes  s'est  principa- 
lement fixée  sur  les  phénomènes  extérieurs,  sur  la  distorsion  de  la  face,  si 
frappante  et  si  caractéristique.  A  peine  avait-on  indiqué  d'autres  symp- 
tômes de  la  maladie  présentés  par  le  pharynx  et  le  voile  du  palais,  symp- 
tômes que  l'on  considérait,  du  reste,  comme  peu  graves  et  peu  importants. 

»  M.  Davaine  a  montré  que  dans  la  paralysie  générale  des  deux  nerfs  de 
la  septième  paire,  surtout  lorsqu'elle  est  incomplète,  l'expression  sympto- 
matique  extérieure  était  bien  moins  apparente,  bien  moins  nettement  des- 
sinée que  dans  les  paralysies  d'un  seul  des  nerfs  de  la  face. 

»  Dans  la  paralysie  d'un  nerf  facial,  quel  que  soit  le  degré  de  cette  affec- 
tion, la  distorsion  de  la  face  ou  la  déformation  des  traits  est  toujours  évi- 
dente et  facilement  reconnaissable  ;  dans  la  paralysie  des  deux  nerfs 
faciaux,  la  physionomie  conservant  sa  symétrie,  son  peu  de  mobilité  ou  son 
immobilité  ne  frappe  pas  de  prime  abord. 

»  Ce  sont  quelquefois  des  troubles  fonctionnels  intérieurs,  observés  du 

C.  R.,  i85a,a"»«  Semestre.  JT.  XXXV,  N°  23.)  I  19 


(  9o6) 

côté  du  voile  du  palais  et  de  la  langue,  qui,  à  raison  de  leur  plus  grande 
évidence,  attirent  les  premiers  l'attention  et  permettent  de  reconnaître  le 
siège  de  l'affection. 

»  L'étude  très-attentive  de  ces  phénomènes  de  la  paralysie  faciale  double 
a  permis  à  M.  Davaine  d'établir  d'une  manière  nette  la  part  que  prennent 
les  nerfs  faciaux  dans  les  fonctions  du  voile  du  palais,  du  pharynx  et  de  la 
langue.  Dans  la  paralysie  d'un  des  nerfs  de  la  septième  paire,  dans  l'hémi- 
plégie faciale,  on  n'avait  point  remarqué  l'action  que  le  nerf  facial  a  sur  la 
prononciation  des  lettres  linguales.  Cette  influence  devient  très-manifeste 
dans  la  paralysie  faciale  double.  D'un  autre  côté,  la  paralysie  du  voile  du, 
palais  se  trouve  indiquée  par  le  nasonnement  et  par  le  passage  des  liquides 
du  pharynx  dans  les  fosses  nasales,  alors  que  la  luette  semble  intacte  et 
conserve  sa  symétrie. 

»  A  l'appui  de  ces  faits  pathologiques,  M.  Davaine  cite  l'expérience  sui- 
vante :  l'excitation  galvanique  du  bout  central  du  glosso-pharyngien  coupé, 
produit  dans  le  voile  du  palais  des  mouvements  d'élévation  très-évidents; 
mais  les  mouvements  cessent  en  grande  partie,  si  l'on  coupe  le  nerf  facial 
dans  le  crâne  du  même  côté. 

»  L'ignorance  où  l'on  était  assez  généralement  de  l'expression  sympto- 
matique  de  la  paralysie  double  de  la  face  explique,  en  partie  au  moins,  le 
petit  nombre  d'observations  recueillies  sur  cette  maladie. 

»  Le  travail  de  M.  Davaine,  en  signalant  les  caractères  symptomatolo- 
giques  de  cette  paralysie,  en  rendra  la  connaissance  plus  générale  et  plus 
complète. 

»  Quant  au  traitement  de  cette  maladie,  M.  Davaine  fait  observer  que 
les  chances  de  succès  sont  fort  inégales,  suivant  que  les  nerfs  faciaux  sont 
affectés  dans  l'intérieur  du  crâne,  dans  leur  trajet  et  à  travers  le  rocher,  ou 
dans  leur  portion  extérieure,  distinction  importante  qui  peut  aussi  servir 
de  base  au  pronostic  et  à  des  indications  thérapeutiques  spéciales. 

»  La  Commission  propose  de  décerner  à  M.  Davaine  une  récompense 
de  i  ,000  francs. 

»  M.  Facconîîeau-Dufresne.  —  Le  Traité  de  Y  affection  calculeuse  du 
foie  et  du  pancréas,  publié  par  M.  Fauconneau-Diifresne,  est  la  mono- 
graphie la  plus  exacte  qui  ait  été  faite  sur  cette  matière.  L'auteur  a  décrit 
avec  le  plus  grand  soin  les  altérations  et  les  symptômes  produits  par  la 
présence  des  calculs  dans  les  diverses  parties  des  voies  biliaires,  dans  les 
radicules  du  conduit  hépatique,  dans  le  conduit  lui-même,  dans  la  vésicule 


(  9<>7  ) 
biliaire,  dans  le  canal  cystique,  dans  le  canal  cholédoque  et  jusque  dans 
les  différentes  parties  de  l'appareil  digestif.  Cette  première  partie  est  ter- 
minée par  l'histoire  des  fistules  biliaires.  De  nombreuses  observations 
viennent,  comme  autant  de  pièces  justificatives,  témoigner  de  l'exactitude 
des  descriptions  générales.  Dans  toutes  les  parties  de  son  travail,  M.  Fau- 
conneau-Dufresne  a  constamment  cherché  à  relier  les  symptômes  patholo- 
giques et  les  actions  thérapeutiques  avec  les  connaissances  physiologiques 
et  chimiques  actuelles,  sur  la  sécrétion  de  la  bile  et  la  composition  des 
calculs  biliaires. 

»  A  l'aide  de  cet  ensemble  de  notions,  l'auteur  a  réellement  contribué  à 
l'avancement  de  l'histoire  scientifique  et  thérapeutique  des  maladies  du  foie 
et  du  pancréas. 

»  La  Commission  propose  d'accorder  à  M.  Fauconxeac-Dufresne  un 
encouragement  de  i  ,000  francs. 

»  M.  A.  Richard.  —  M.  le  D*  Richard  a  soumis  à  l'examen  de  l'Aca- 
démie un  Mémoire  court,  mais  fort  intéressant,  sur  certains  kystes  de 
l'ovaire  communiquant  avec  la  trompe  utérine. 

»  Ces  kystes  pédicules,  qu'il  nomme  tubo-ovariens ,  sont  distincts  de 
ceux  dont  le  pédicule  tient  à  l'ovaire  même,  et  dont  Ruisch  a  fait  repré- 
senter un  bel  exemple. 

»  La  découverte  de  cette  communication,  intéressante  pour  rendre  raison 
de  l'évacuation,  par  les  parties  génitales  de  la  femme,  de  diverses  hydro- 
pisies  para-ovariennes  dont  la  science  renferme  un  certain  nombre  de  cas, 
le  devient  aussi  pour  le  pronostic  de  ces  affections,  qui  ne  sont  pas  rares. 

»  L'ayt  a  si  peu  de  prise  pour  modifier  les  hydropisies  enkystées  qui  se 
développent  dans  les  dépendances  de  l'ovaire,  qu'il  est  heureux  pour  les 
femmes  qui  en  sont  atteintes  de  voir  le  moyen  que  se  fraye  quelquefois 
la  nature  pour  les  débarrasser  elle-même  d'une  maladie  qui  les  affecte  si 
profondément  et  si  péniblement  lorsqu'elle  devient  une  des  causes  de  leur 
stérilité. 

»  En  invitant  l'auteur  à  continuer  ses  recherches  sur  un  fait  si  curieux 
d'anatomie  pathologique,  nous  l'engageons  à  chercher  à  remonter  à  son 
origine. 

»  Ne  serait-ce  pas  une  transformation  pathologique  des  restes  des  corps 
de  Wolf  ? 

»  D'après  ces  motifs,  la  Commission  propose  d'accorder  à  M.  Richard 
un  encouragement  de  1,000  francs. 

119.. 


(9°8  ) 

THÉRAPEUTIQUE. 

»  La  thérapeutique  n'est  pas  seulement  la  partie  la  plus  difficile  de  la 
médecine,  elle  est  aussi  celle  qui  engage  le  plus  la  responsabilité  du  prati- 
cien. Quel  est  le  médecin  qui,  assistant  à  l'agonie  d'un  enfant  affecté  du 
croup,  n'ait  déploré  son  impuissance?  C'est  ce  sentiment,  sans  doute,  qui 
suggéra  de  nouveau  à  notre  savant  confrère  M.  Bretonneau  l'idée  d'ouvrir 
la  trachée-artère,  pour  livrer  un  passage  à  l'air  auquel  s'opposait  le  rétrécis- 
sement de  la  glotte.  Les  résultats  heureux  qu'il  obtint  de  cette  pratique 
hardie,  qu'ilfit  connaître  en  18^5,  fixèrent  d'autantplusvivementl'attention, 
qu'il  posait  en  même  temps  et  lesindications  et  le  procédé  de  l'opération.  A 
partir  de  cetteépoque,  la  trachéotomie  entra  danslathérapeutiquede  l'affec- 
tion du  croup,  si  fréquente  et  si  dangereuse.  Tout  en  rehaussant  le  mérite 
de  M.  Bretonneau,  les  nouvelles  recherches  de  M.  Trousseau  sur  la  trachéo- 
tomie, pratiquée  dans  la  période  extrême  du  croup,  n'en  marquent  pas 
moins  par  elles-mêmes  un  progrès  très-réel. 

»  En  perfectionnant  l'opération  et  en  simplifiant  de  plus  en  plus  le  pro- 
cédé, M.  Trousseau  a  rendu  la  trachéotomie  si  facile  à  pratiquer,  qu'elle 
est  maintenant  à  la  portée  de  tous  les  médecins.  A  l'aide  de  cette  opération, 
on  sauve  aujourd'hui  une  foule  de  malades  qui  paraissaient  voués  autrefois 
à  une  mort  certaine.  Plus  de  cent  cinquante  opérations,  faites  par  M.  Trous- 
seau, et  celles  qu'on  pratique  fréquemment  à  l'hôpital  des  Enfants,  permet- 
tent d'affirmer  que  la  trachéotomie,  ainsi  perfectionnée  et  simplifiée,  réussit 
aujourd'hui  dans  le  tiers  ou  même  dans  près  de  la  moitié  des  cas. 

»  En  conséquence,  la  Commission  propose  d'allouer  à  M.  Bretonneau 
un  prix  de  2,5oo  francs,  et  à  M.  le  professeur  Trousseau  une  récompense 
de  2,000  francs. 

M.  Manec,  chirurgien  de  la  Salpêtrière.  —  Du  traitement  local  du  cancer 

par  la  pâte  arsenicale. 

»  Du  croup,  nous  passons  à  la  thérapeutique  des  affections  cancéreuses. 
L'emploi  des  préparations  arsenicales,  pour  détruire  les  altérations  cancé- 
reuses, n'est  pas  nouveau  dans  la  pratique;  mais  M.  le  Dr  Manec  en  a  suivi 
les  effets  immédiats  et  consécutifs  avec  beaucoup  plus  de  soin  qu'on  ne 
l'avait  fait  avant  lui.  La  méthode  qu'il  a  employée  dans  le  maniement  de  la 
pâte  arsenicale  du  frère  Corne  lui  a  permis,  d'une  part,  de  faire  des  appli- 
cations plus  sûres  et  plus  hardies  de  cet  agent  puissant,  et,  d'autre  part, 


(  9°9  ) 
d'en  obtenir  des  résultats  inespérés,  dans  des  cas  tellement  graves,  qu'on 
aurait  pu  les  regarder  comme  au-dessus  des  ressources  de  l'art. 

»  Voici  en  quoi  consistent  les  nouvelles  données  que  M.  le  Dr  Manec  a 
puisées  dans  la  longue  pratique  de  ce  médicament  : 

»  En  premier  lieu,  la  pâte  arsenicale  pénètre  les  altérations  cancéreuses 
par  une  sorte  d'action  spéciale  qui  s'arrête  aux  limites  des  tissus  malades. 
Son  action  n'est  pas  seulement  escharotique,  ainsi  qu'on  le  pensait  avant 
lui ,  mais,  de  plus,  au-dessous  de  la  couche  noirâtre  superficielle  que  le 
caustique  a  désorganisée  immédiatement,  les  tissus  morbides  sous-jacents 
paraissent  frappés  de  mort,  quoiqu'ils  conservent  en  apparence  leur  texture 
propre  et  presque  leur  aspect  ordinaire.  Plus  tard,  la  masse  cancéreuse  est 
séparée  des  tissus  sains  par  une  inflammation  éliminatrice  qui  s'établit  tout 
autour  de  la  limite  du  mal.  Il  est  à  remarquer  que  la  même  pâte  arsenicale, 
qui  peut  étendre  son  action  à  plus  de  6  centimètres  de  profondeur  dans  des 
cancers  d'une  texture  serrée,  lorsqu'elle  est  appliquée  à  dose  égale  sur  des 
ulcères  rongeants  superficiels,  ne  détruit  le  plus  souvent  que  le  tissu  mor- 
bide, quelque  mince  qu'il  soit,  et  respecte  en  quelque  sorte  les  parties 
saines.  Ce  fait,  dont  plusieurs  de  vos  Commissaires  ont  été  témoins,  est 
des  plus  remarquables,  quoiqu'il  ne  puisse  être  expliqué  dans  l'état  actuel 
de  la  science. 

»  En  second  lieu,  l'absorption  de  l'arsenic  est  proportionnée  à  l'étendue 
de  la  surface  sur  laquelle  on  l'applique. 

»  Tant  que  cette  surface  ne  dépasse  pas  les  dimensions  d'une  pièce  de 
i  francs,  l'absorption  n'est  pas  suivie  de  danger.  Si  la  maladie  présente 
ime  surface  beaucoup  plus  grande,  on  peut  encore  l'attaquer  impunément 
en  y  revenant  à  plusieurs  reprises  et  en  mettant  un  intervalle  convenable 
entre  chaque  application.  C'est  pour  n'avoir  pas  pris  ces  précautions  que 
l'on  a  vu  des  malades  succomber  à  l'intoxication  arsenicale,  par  suite  d'une 
application  faite  sur  une  surface  trop  étendue. 

»  En  troisième  lieu,  l'arsenic  absorbé  se  trouve  éliminé  principalement 
par  les  voies  urinaires,  dans  un  espace  de  temps  qui  ne  dure  pas  moins  de 
cinq  jours,  ni  plus  de  huit,  ainsi  que  l'ont  démontré  les  nombreuses  ana- 
lyses faites  par  notre  confrère  M.  Pelouze.  Il  suit  de  là  qu'en  mettant  un 
intervalle  de  neuf  ou  dix  jours  entre  deux  applications  de  la  pâte  arseni- 
cale, il  devient  facile  d'éviter  tout  danger  provenant  de  l'absorption  de 
l'arsenic.  C'est  dans  la  démonstration  pratique  de  ces  données  capitales, 
qui  reposent  sur  plus  de  cent  cinquante  cas,  que  consiste  le  mérite  du  tra- 
vail de  M.  le  Dr  Manec.  Ces  faits  ne  sont  pas  seulement  nouveaux,  ils  offrent 


(  9IQ  ) 
encore  la  plus  grande  importance  pour  le  traitement  d'une  maladie  qui  fait 
si  souvent  le  désespoir  de  la  chirurgie.   En  conséquence,  la  Commission 
propose  d'allouer  à  M.  Manec  une  récompense  de  2,000  francs. 

»  Depuis  les  communications  faites  par  l'un  de  nous  (M.  Serres)  à  l'Aca- 
démie sur  l'efficacité  du  sulfure  noir  de  mercure  (éthiops  minéral)  dans  le 
traitement  de  la  fièvre  entéro-mésentérique  ou  thyphoïde,  la  médication 
dont  il  fait  la  base  a  été  employée  par  divers  médecins.  Parmi  les  résultats 
obtenus,  nous  mentionnerons  celui  de  M.  le  Dr  Ancelon,  médecin  de  l'hô- 
pital de  Dieuze  (1),  qui  annonce  avoir  obtenu  dix-neuf  guérisons  sur  vingt 
malades  affectés  de  cette  fièvre. 

»  Avant  d'admettre  un  résultat  qui  dépasse  les  avantages  qu'en  avait 
obtenus  l'un  de  nous,  on  conçoit  qu'il  est  nécessaire  de  connaître  avec 
exactitude,  d'une  part,  les  conditions  morbides  dans  lesquelles  étaient  les 
malades  au  moment  de  l'administration  du  traitement,  et,  de  l'autre,  les 
circonstances  détaillées  de  son  effet  sur  la  marche  de  la  maladie. 

»  Ces  conditions,  indispensables  en  thérapeutique,  ont  été  parfaitement 
remplies  par  M.  A.  Becquerel,  médecin  des  hôpitaux  de  Paris,  dans  un 
Mémoire  sur  l'emploi  des  mercuriaux  dans  le  traitement  de  la  fièvre  typhoïde 
(sulfure  noir  de  mercure  et  frictions  avec  onguent  mercuriel).  Le  résumé 
qui  suit,  en  faisant  connaître  ce  qui  est  propre  à  l'auteur  dans  l'emploi  de 
cette  médication,  en  précise  les  effets  favorables  avec  une  grande  netteté  : 

»  i°.  Expérimentation  faite  avec  le  plus  grand  soin  et  la  plus  grande 
persévérance,  pendant  deux  ans  et  demi ,  et  portant  sur  soixante  faits  de 
fièvre  typhoïde,  la  plupart  graves,  et  divisés  en  trois  catégories  : 

Première  catégorie 1 5  cas  ; 

Deuxième  catégorie 24  cas  ; 

Troisième  catégorie 21  cas. 

»  i°.  Persévérance  de  l'emploi  du  sulfure  noir  et  des  frictions,  quelles 
que  fussent  : 

»  La  nature  des  accidents  ; 

»  L'intensité  de  la  maladie  ; 

»  La  forme  de  la  maladie  ; 

»  L'époque  à  laquelle  elle  était  arrivée. 

»  3°.  L'association  du  musc  et  du  froid  aux  mercuriaux  pour  certains 
cas  exceptionnels. 

(1)  Gazette  des  hôpitaux,  18  novembre  i852. 


(9"  ) 

»  4°-  L'étude  de  l'influence  de  la  salivation  sur  la  marche,  la  durée  et 
l'intensité  de  la  maladie. 

»  5°.  L'étude  de  l'influence  des  frictions  mercurielles  sur  le  ballonne- 
ment du  ventre  et  sur  sa  disparition  rapide. 

»  6°.  La  faible  action  purgative  du  sulfure  noir  de  mercure,  et  la  sûreté 
plus  grande  de  son  action  quand  il  ne  purge  pas,  et  quand  il  agit  surtout 
sur  les  glandes  salivaires. 

»  70.  Enfin  l'action  définitive  des  mercuriaux,  qui  se  résume  dans  la 
conclusion  suivante  : 

»  Soixante  cas  de  fièvre  typhoïde  généralement  graves  ou  très-graves  : 

»  Cinquante-cinq  guérisons,  cinq  morts. 

»  Ou  divisés  en  trois  catégories  recueillies  en  deux  ans  et  demi  : 

Première  catégorie i5  cas,        i4  guérisons,        i   mort; 

Deuxième  catégorie 24  cas ,        22  guérisons ,        2  morts  ; 

Troisième  catégorie 21  cas,        19  guérisons,       2  morts. 

Total 60  cas,       55  guérisons,        5  morts. 

»  Quoique  ces  résultats  soient  moins  avantageux  que  ceux,  annoncés  par 
M.  le  docteur  Ancelon,  quoiqu'ils  portent  sur  une  expérience  de  deux  ans 
et  demi,  reste  à  savoir  si  l'influence  des  constitutions  médicales,  et  les  varia- 
tions qu'elles  font  éprouver  à  la  fièvre  entéro-mésentérique  ou  typhoïde,  ne 
modifieront  pas  les  effets  obtenus  par  cette  médication;  dans  tous  les  cas, 
nous  ne  saurions  trop  recommander  aux  praticiens  l'ordre  et  la  méthode 
suivis  par  M.  Becquerel  dans  l'appréciation  des  phénomènes  morbides  qui 
constituent  cette  maladie. 

»  En  conséquence,  la  Commission  propose  d'allouer  au  travail  de 
M.  A.  Becquerel  un  encouragement  de  1 ,000  francs. 

»  L'ouvrage  de  M.  Bouisson  sur  la  Méthode  anesthésique,  appliquée  à 
la  chirurgie  et  aux  différentes  branches  de  l'art  de  guérir^  ne  contient 
rien  d'absolument  nouveau  ;  les  avantages  que  l'auteur  accorde  à  l'éther 
sur  le  chloi'oforme  pour  certaines  opérations  ne  paraissent  même  pas  admis- 
sibles actuellement  ;  néanmoins  nulle  part  l'éthérisation  n'a  été  aussi  com- 
plètement, aussi  clairement  exposée,  soit  au  point  de  vue  historique,  soit 
au  point  de  vue  de  l'application ,  soit  au  point  de  vue  des  résultats  obtenus 
et  de  l'appréciation  physiologique.  La  Commission  a  pensé  qu'une  systé- 
matisation si  bien  conçue  et  si  habilement  coordonnée  à  l'occasion  d'une 
découverte  de  si  haute  valeur  ne  pouvait  point  être  oubliée;  elle  propose, 
d'après  ce  motif,  de  lui  allouer  une  récompense  de  1 ,000  francs. 


(  912  ) 

»  M.  Boinet.  —  Proposées  par  un  de  nous  (M.  Velpeau),  mises  en  pra- 
tique avec  soin  par  un  certain  nombre  de  médecins,  les  injections  iodées 
dans  le  péritoine  des  malades  atteints  d'ascite  soulèvent  des  questions  de 
thérapeutique  trop  graves  pour  être  facilement  jugées.  Bien  pénétré  des  dif- 
ficultés du  sujet,  M.  le  Dr  Boinet  n'a  pas  craint  de  les  affronter  :  il  ne  les  a 
pas  toutes  surmontées  sans  doute;  il  n'a  encore  démontré  ni  l'efficacité,  ni 
l'innocuité  absolue  du  traitement  de  certaines  ascites  par  les  injections 
iodées  ;  mais  quelques  observations  qu'il  a  rassemblées,  les  faits  qui  lui  sont 
propres,  les  expériences  qu'il  invoque  et  les  considérations  auxquelles  il  se 
livre  paraissent  de  nature  à  justifier  de  nouvelles  tentatives.  En  raison  de  la 
haute  importance  du  fait,  la  Commission  a  pensé  qu'il  convenait  d'allouer 
aux  efforts  de  M.  Boinet  un  encouragement  de  i  ,000  francs. 

»  M.  Bapdens.  —  Lorsque  le  pied  est  assez  malade  pour  ôter  tout  espoir 
de  le  conserver,  les  chirurgiens  se  croyaient  obligés,  il  n'y  a  guère  plus  de 
vingt-cinq  ans  encore,  d'amputer  la  jambe  près  du  genou.  Aujourd'hui  c'est 
au-dessus  des  malléoles,  et  non  plus  à  la  partie  supérieure  des  membres, 
qu'on  ampute,  quand  le  mal  ne  permet  pas  de  s'en  tenir  à  l'ablation  de  la 
moitié  antérieure  du  pied.  M.  Baudens  a  pratiqué  la  désarticulation  de  cette 
partie  du  membre,  de  manière  à  conserver  toute  la  jambe.  C'est  une  opéra- 
tion mise  en  usage  un  grand  nombre  de  fois  déjà  et  souvent  avec  succès. 
M.  Baudens  n'est  pas  le  premier  qui  l'ait  proposée,  ni  le  seul  qui  l'ait  appli- 
quée; son  procédé  n'est  peut-être  pas  même  le  meilleur;  mais,  comme  c'est 
une  opération  qui  restera  dans  la  pratique,  la  Commission  a  pensé  qu'il  y 
avait  lieu  de  tenir  compte  à  M.  Baudens  des  efforts  auxquels  il  s'est  livré 
pour  la  faire  prévaloir  et  pour  en  démontrer  les  avantages  :  en  conséquence, 
elle  propose  d'allouer  à  M.  Baudens  un  encouragement  de  1,000  francs. 

HYGIÈNE. 

»  Plusieurs  travaux  sur  le  crétinisme  ont  été  encore,  cette  année,  soumis 
à  l'examen  de  la  Commission.  Nous  savons  encore  si  peu  de  chose  sur 
l'action  des  agents  physiques  qui  contribuent  au  perfectionnement  ou  à  la 
dégradation  de  la  race  humaine,  qu'il  est  utile  d'encourager  les  travaux 
qui,  de  près  ou  de  loin,  peuvent  servir  à  éclairer  cette  haute  question. 

»  C'est  ce  qu'a  essayé  de  faire  M.  Niepce  en  allant  pendant  trois  ans  sur 
les  lieux  mêmes  où  règne  le  crétinisme. 

»  L'auteur  a  d'abord  observé  avec  soin  les  individus  qui  en  étaient  affec- 


(9'3) 

tés,  et,  de  même  que  ceux  qui  l'avaient  précédé  dans  cette  étude,  il  a  con- 
staté que  cette  dégradation  de  l'espèce  humaine  frappait  simultanément 
l'ensemble  de  tout  l'organisme.  Par  là  il  différencie  le  crétinisme  de  l'idio- 
tie, bornée  presque  toujours  à  l'arrêt  de  développement  des  facultés  men- 
tales. Neuf  ouvertures  de  cadavres  faites  avec  beaucoup  de  soin  viennent  à 
l'appui  de  ses  assertions. 

»  Passant  ensuite  à  l'examen  des  conditions  physiques  qui  peuvent 
amener  ce  résultat,  M.  Niepce  établit  qu'elles  sont  multiples,  et  non  uni- 
ques, ainsi  qu'ont  pu  le  croire  certains  observateurs. 

»  Ainsi,  ni  la  présence  de  la  magnésie  dans  les  eaux,  ni  celle  en  excès 
du  sulfate  de  chaux,  ni  même  l'absence  de  l'iode  dans  les  plantes  et  dans 
l'air,  ne  lui  paraissent  susceptibles  à  elles  seules  de  produire  un  effet  si 
général  et  si  profond  sur  l'ensemble  de  tout  l'organisme;  il  faut,  de  plus, 
la  disposition  des  lieux  qui  arrête  la  ventilation,  produit  la  stagnation  de 
l'air  et  le  charge  d'une  humidité  surabondante.  De  plus  encore,  dans  les 
localités  visitées  par  M.  Niepce,  le  développement  du  crétinisme  est  favo- 
risé par  la  mauvaise  nourriture  et  l'insalubrité  des  habitations. 

»  Au  milieu  du  triste  tableau  que  retrace  l'ouvrage  de  M.  Niepce,  un 
fait  consolant  se  fait  jour  en  montrant  la  diminution  du  crétinisme  dans  les 
localités  où  l'industrie  vient  diminuer  la  misère  de  la  population. 

»  Il  ressort  encore  de  ce  travail  que  la  dégradation  humaine  a  des  limites 
qu'elle  ne  franchit  jamais.  Quel  que  soit  le  degré  d'abaissement  qu'il  pré- 
sente, l'organisme  humain  conserve  toujours  la  supériorité  physique  que 
le  Créateur  lui  a  assignée  :  il  se  dégrade  sans  reculer  vers  l'animalité. 

»  D'après  ces  considérations,  d'après  aussi  l'utilité  dont  pourra  devenir 
cet  ouvrage  pour  ceux  qui  de  nouveau  voudront  se  livrer  à  l'étude  du  cré- 
tinisme, la  Commission  propose  d'accorder  à  M.  Niepce  un  encouragement 
de  1,000  francs. 

»  M.  Renault,  directeur  de  l'Ecole  vétérinaire  d'Alfort,  a  adressé  pour 
le  concours  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  un  Mémoire  intitulé  : 
Etudes  expérimentales  et  pratiques  sur  les  effets  de  l'ingestion  des  ma- 
tières virulentes  dans  les  voies  digestives  de  l'homme  et  des  animaux 
domestiques.  Ce  travail  repose  sur  un  grand  nombre  d'expériences  faites 
sur  le  cheval,  le  mouton,  le  porc,  le  chien  et  la  poule.  De  ces  expériences 
l'auteur  s'est  cru  autorisé  à  conclure  à  l'innocuité  de  ces  substances  ingé- 
rées dans  l'appareil  digestif.  Il  pense  même  que  la  chair  des  animaux 
n'éprouve,  par  cette  alimentation,  aucune  diminution  appréciable  de  qua- 

C.  R.,  i85a,  lme  Semestre.  (T.  XXXV,  IN»  28.)  *  2° 


(  9'4  ) 

lité,  et  que,  par  conséquent,  il  n'existe  aucune  raison  d'empêcher  l'alimen- 
tation des  porcs  et  des  poules  avec  les  débris  des  clos  d'équarrissage  ;  enfin 
l'auteur  ajoute  qu'il  n'y  a  aucun  danger  pour  l'homme,  à  manger  la  viande 
cuite,  provenant  d'animaux  atteints  de  maladies  virulentes,  ou  à  se  nourrir 
du  lait  qu'ils  fournissent.  La  Commission  n'a  pu  faire  répéter  les  expériences 
que  l'auteur  assure  avoir  poursuivies  pendant  plus  de  vingt  ans.  Si  les  ré- 
sultats annoncés  par  l'auteur  sont  confirmés  par  des  expériences  ulté- 
rieures, la  viande  cuite,  provenant  d'animaux  atteints  de  maladies  viru- 
lentes, pourra  être  utilisée  avec  sécurité  pour  la  nourriture  de  certains 
animaux  domestiques,  et,  dans  quelques  conditions  exceptionnelles,  pour 
celle  de  l'homme  même. 

»  Toutefois  la  Commission  a  pensé  que  de  nouvelles  expériences  sont 
nécessaires  avant  que  l'autorité  puisse  modifier  les  règlements  qui  s'oppo- 
sent à  la  vente  et  à  l'emploi  de  la  viande  provenant  d'animaux  atteints  de 
maladies  contagieuses. 

»  Reconnaissant  néanmoins  l'importance  des  recherches  de  31.  Eue. 
Renault,  qui  tendent  à  la  solution  d'une  des  questions  les  plus  graves  de 
l'hygiène  et  de  l'économie  domestique,  la  Commission  propose  d'accorder 
à  l'auteur  un  encouragement  de  i  ,000  francs. 

»  M.  le  Dr  Josat  a  adressé,  pour  le  concours  de  Médecine  et  de  Chirur- 
gie, un  travail  relatif  aux  maisons  mortuaires  établies  dans  plusieurs  villes 
d'Allemagne.  Les  asiles  destinés  à  recevoir  les  corps  des  personnes  dont 
l'inhumation  ne  doit  avoir  lieu  qu'après  le  développement  des  premiers 
phénomènes  de  putréfaction,  ont  été  créés  dans  l'opinion  que  la  décompo- 
sition générale  du  corps  était  le  seul  signe  certain  de  la  mort.  Cette  opinion 
et  la  conséquence  que  M.  Josat  en  a  déduite,  en  proposant  d'établir  des 
maisons  mortuaires  dans  toutes  les  villes  de  France,  ne  peuvent  être  ad- 
mises. Mais  le  travail  de  M.  Josat  contient,  sur  l'organisation  de  ces  asiles, 
qu'il  est  allé  étudier  sur  les  lieux,  des  renseignements  qui  pourront  être 
consultés  avec  fruit  si  le  Gouvernement  croyait  devoir  établir  dans  les  quar- 
tiers pauvres  et  populeux  des  grandes  villes  manufacturières,  des  dépôts 
mortuaires ,  pour  soustraire  des  familles  réunies  dans  une  chambre  com- 
mune au  contact  et  aux  émanations  d'un  cadavre  plus  ou  moins  altéré. 

»  D'après  cette  considération,  votre  Commission  a  accordé  à  M.  Josat 
un  encouragement  de  1,000  francs. 


(  9'5  ) 

TOXICOLOGIE. 
M.  Louis  Orfila.—  De  l'Élimination  des  poisons. 

»  En  toxicologie,  l'élimination  des  poisons  était  bien  admise  d'une 
manière  générale,  mais  elle  n'avait  pas  été  démontrée  expérimentalement 
pour  le  plomb,  l'argent,  le  cuivre,  le  mercure,  et  c'est  ce  qu'a  fait  M.  Louis 
Orfila. 

»  Plusieurs  des  expériences  relatives  aux  voies  par  lesquelles  les  poisons 
sont  éliminés  ne  sont  que  la  confirmation  de  celles  qui  avaient  été  faites 
antérieurement;  mais  il  en  est  beaucoup  qui  sont  propres  à  l'auteur  et  qui 
renferment  des  faits  nouveaux  :  telles  sont,  en  particulier,  les  expériences 
relatives  à  l'élimination  du  mercure,  élimination  qui,  comme  on  le  sait,  a 
été  si  longtemps  controversée. 

»  En  conséquence,  la  Commission  propose  d'accorder  à  M.  Louis  Orfila 
un  encouragement  de  i  ,000  francs. 

»  Enfin,  la  Commission  a  examiné  l'ouvrage  de  M.  Ricord  sur  la  maladie 
syphilitique.  Elle  y  a  remarqué  plusieurs  observations  relatives  à  des  affec- 
tions des  viscères  profonds  que  l'auteur  considère  comme  vénériennes.  Par 
ses  travaux  antécédents,  de  même  que  par  sa  position,  l'auteur  étant  mieux 
que  tout  autre  à  même  d'éclaircir  ce  point  presque  nouveau  et  si  important 
de  la  pathologie,  la  Commission  lé  recommande  à  son  attention.  Elle  réserve 
aussi  pour  un  concours  prochain  deux  travaux  importants  :  l'un  est  celui  de 
M.  Renault,  relatif  à  la  rapidité  avec  laquelle  les  différents  virus  pénètrent 
dans  l'économie;  l'autre  est  le  travail  de  M.  Petrequin,  sur  la  galvano-punc- 
ture  appliquée  au  traitement  des  tumeurs  anévrismales. 

»  En  résumé,  après  un  examen  approfondi  des  travaux  qui  lui  ont  été 
soumis,  la  Commission  a  l'honneur  de  proposer  à  l'Académie  : 

»  i°.  De  décerner  un  prix  de  2,5oo  francs  à  M.  le  Dr  Bretonneau,  pour 
l'application  de  la  trachéotomie  au  traitement  de  la  période  extrême  du 
croup; 

»  20.  D'allouer  une  récompense  de  2,000  francs  à  M.  Trousseau,  pour 
le  perfectionnement  de  cette  opération  et  la  propagation  de  cette  méthode; 

»  3°.  Une  récompense  de  2,000  francs  à  M.  le  Dr  Manec,  pour  le  trai- 
tement des  affections  cancéreuses  par  la  pâte  arsenicale  du  frère  Côme; 

»  4°-  Une  récompense  de  2,000  francs  à  feu  M.  Bourgery  et  M.  Jacob, 
pour  leur  ouvrage  sur  X Anatomie  iconographique  de  l'homme; 

120. . 


(9'6) 

r>  5°.  Une  récompense  de  a,ooo  francs  à  M.  le  Dr  Lebert,  pour  son 
Traité  pratique  des  maladies  cancéreuses  et  des  affections  curables 
confondues  avec  le  cancer; 

»  6°.  Une  récompense  de  i,5oo  francs  à  M.  Lud.  Hirschfeld,  pour 
son  ouvrage  sur  la  Névrologie  et  les  organes  des  sens  ; 

»  70.  Une  récompense  de  i,5oo  francs  à  M.  Blojîdlot,  pour  son  Essai 
sur  les  fonctions  du  Joie,  etc.  ; 

»  8°.  Une  récompense  de  i  ,5oo  francs  à  MM.  A.  Duméril,  Demarquay 
et  Lecoiste,  pour  leurs  Recherches  expérimentales  sur  la  température 
animale  ; 

»  90.  Une  récompense  de  1,200  francs  à  MM.  Becquerel  et  Rodier, 
pour  leurs  Nouvelles  recherches  sur  l'hématologie; 

»  ro°.  Une  récompense  de  1,000  francs  à  M.  Davaixe,  pour  son  travail 
sur  la  Paralysie  générale  et  partielle  des  deux  nerfs  de  la  septième  paire; 

»  ii°.  Un  encouragement  de  1,000  francs  à  M.  Renault,  pour  ses 
Etudes  expérimentales  et  pratiques  relatives  aux  effets  de  l  Ingestion  des 
matières  virulentes  dans  les  voies  digestives  ; 

»  1 1".  Un  encouragement  de  1 ,000  francs  à  M.  A.  Becquerel  ,  pour  son 
travail  sur  l'Emploi  des  mercuriaux  dans  la  fièvre  typhoïde; 

»  1 3°.  Une  récompense  de  1 ,000  francs  à  M.  Bouisson,  pour  son  Traité 
théorique  et  pratique  de  la  méthode  ânes  t  liés  ique  ; 

»  i4°.  Un  encouragement  de  1,000  francs  à  M.  Boinet,  pour  le  Trai- 
tement des  ascites par  les  injections  iodées; 

»  1 5°.  Un  encouragement  de  1 ,000  francs  à  M.  Fauconneau-Dufresxe  , 
pour  son  Traité  de  l'affection  calcnleuse  du  foie  et  de  la  rate; 

»  160.  Un  encouragement  de  1,000  francs  à  M.  Baudexs,  pour  sa  Nou- 
velle méthode  de  l'amputation  de  la  jambe  ; 

»  170.  Une  récompense  de  1,000  francs  à  M.  Follin,  pour  ses  Recher- 
ches sur  les  corps  de  Wolf; 

»  180.  Un  encouragement  de  1 ,000  francs  à  M.  Louis  Orfila,  pour  son 
travail  sur  Y  Elimination  des  poisons  ; 

»  190.  Un  encouragement  de  1,000  francs  à  M.  Richard,  pour  son 
Mémoire  sur  les  kystes  tubo-ovariens  ; 

»  io°.  Un  encouragement  de  1,000  francs  à  M.  Niepce,  pour  son  ou- 
vrage sur  le  Crétinisme  ; 

»  11".  Un  encouragement  de  1,000  à  M.  Josat,  pour  son  Mémoire  sur 
les  maisons  mortuaires .  » 


(  9d7  ) 

PRIX  PROPOSÉS 

POUR    I.ES    ANNÉES      1835,     I8S4    ET    18BJ5. 


SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 
GRAJVD   PRIX  DE   MATHÉMATIQUES, 

PROPOSÉ     POUR     18S4   (t). 

Newton,  dans  la  XXXIe  question  de  l' Optique ,  a  signalé  un  grand  nom- 
bre de  phénomènes,  physiques  et  chimiques,  qui  semblent  être  opérés  par 
des  forces  attractives,  dont  la  loi  de  décroissement  est  si  rapide,  qu'elles  ne 
produisent  d'effets  sensibles  qu'à  de  très-petites  distances  des  éléments 
matériels  dont  elles  émanent.  Il  attribua  spéculativement  à  des  actions  de 
ce  genre  l'élévation  de  l'eau  au-dessus  de  son  niveau  dans  les  tubes  de  verre 
d'un  petit  diamètre,  son  ascension  entre  des  plaques  de  verre  très-rappro- 
chées,  et  beaucoup  d'autres  effets  analogues  qui  se  produisent  par  infil- 
tration à  travers  les  poussières  des  corps  inertes,  ou  à  travers  les  organes 
des  animaux;  effets  qui,  ayant  pour  caractère  commun  de  se  manifester 
spécialement  dans  des  espaces  très-restreints,  se  désignent  sous  le  nom 
générique  de  Phénomènes  capillaires .  Clairaut,  dans  son  Traité  de  la  figure 
de  la  terre,  a,  le  premier,  signalé,  analysé  les  directions,  les  résultantes  et 
le  mode  d'action  propre  des  forces  particulières  qui,  en  se  combinant  avec 
la  pesanteur,  produisent  ces  dérogations  aux  lois  habituelles  d'équilibre 
des  fluides  incompressibles.  Sur  cet  ensemble  de  données  bien  reconnues, 
il  forma  exactement  l'équation  qui  assure  l'équilibre  intérieur  du  fluide, 
dans  ce  cas  complexe;  et  il  indique  non  moins  exactement  la  condition  que 
devait  exprimer  celle  qui  l'assure  à  sa  surface  libre.  Après  lui,  Laplace,  appli- 
quant à  ce  problème  mécanique  des  procédés  d'analyse  devenus  plus  puis- 
sants, pénétra  beaucoup  plus  profondément  dans  ses  détails  intimes;  et,  en 
le  faisant  dépendre  de  forces  moléculaires  dont  l'effet  est  insensible  à  toute 
distance  sensible,  dans  la  même  hypothèse  d'incompressibilité  des  fluides 
qu'elles  sollicitent,  il  parvint  à  enchaîner  par  ses  formules  tout  l'ensemble 
des  phéuomènes  capillaires  observés  jusqu'alors,  avec  une  sûreté  de  con- 


(i)  La  Commission  chargée  de  proposer  le  sujet  du  prix  était  composée  de  MM.  Cauchy, 
Binet,  Lamé,  Liouville,  Biot  rapporteur. 


(  9i8ï 
nexion  si  fidèle,  qu'il  a  pu  les  en  déduire  en  nombres,  jusqu'aux  dernières 
limites  de  précision  que  les  expériences  de  son  temps  atteignaient.  Plus  tard, 
un  géomètre  dont  tous  les  travaux  se  distinguent  par  une  grande  généralité 
de  vues  jointe  à  une  grande  puissance  de  calcul,  M.  Gauss,  a  repris  la  ques- 
tion au  point  de  vue  d'un  problème  général  d'hydrostatique,  comme  l'avait 
fait  Clairaut,  en  n'empruntant  de  Laplace  que  le  caractère  spécial  des  forces, 
et  la  condition  d'incompressibilité  (t)  ;  puis,  l'ayant  soumis,  dans  ces  termes, 
à  une  analyse  qui  l'embrassait  tout  entier  dans  son  abstraction  la  plus  com- 
plète, il  a  retrouvé  tous  les  résultats  de  Laplace,  mais  délivrés  des  difficultés 
de  détails  que  ce  grand  génie  avait  rencontrées,  en  même  temps  qu'épurés 
de  toutes  les  objections  que  l'on  aurait  pu  élever  contre  les  procédés  de 
calcul  qu'il  avait  employés  pour  en  attaquer  successivement  les  diverses  par- 
ties. A  ces  travaux  mémorables  ont  succédé  ceux  de  Poisson,  qui,  dans  un 
ouvrage  étendu,  spécial,  a  présenté  une  nouvelle  théorie  de  l'action  capil- 
laire, dans  laquelle,  en  admettant,  comme  ses  devanciers,  l'extinction  sen- 
sible de  cette  action,  à  toute  distance  sensible,  il  y  joint  la  variabilité  de  la 
densité  du  fluide  près  de  ses  surfaces  limites;  variabilité  qu'il  regarde  comme 
si  essentielle  aux  phénomènes  capillaires,  que,  selon  lui,  ces  phénomènes  ne 
se  produiraient  point  si  elle  n'existait  pas.  Néanmoins,  soit  que,  par  une  sin- 
gulière combinaison  de  circonstances  dont  on  a  déjà  d'autres  exemples,  des 
principes  aussi  différents  aient  pu  conduire  à  des  conséquences  mathéma- 
tiques pareilles,  ou  que  la  condition  introduite  par  Poisson  ne  soit  pas  effec- 
tivement aussi  indispensable  qu'il  le  suppose,  les  formules  finales  qu'il 
obtient  sont  identiquement  les  mêmes  que  Laplace  avait  données.  On  voit 
donc,  qu'au  seul  point  de  vue  mathématique,  une  révision  comparée  de  ces 
théories  serait  nécessaire;  et,  comme  le  dit  si  noblement  M.  Gauss  :  Vastus 
adhuc  campus  superest,  novam  messem  pollicens.  Mais  une  considération 
d'un  autre  ordre  fortifie  encore  cette  nécessité.  Au  temps  où  ces  théories 
ont  été  composées,  leurs  auteurs  n'ont  pu  les  comparer  qu'à  des  expériences 
faites  occasionnellement  pour  en  vérifier  les  conséquences  principales,  et 
non  pas  à  des  études  d'ensemble,  étendues  avec  un  égal  esprit  de  précision 
à  toutes  les  formes  si  variées  des  phénomènes  capillaires,  dans  le  dessein 
d'explorer,  de  suivre,  de  fixer  par  des  mesures  exactes  leurs  plus  délicates 
et  trop  inconstantes  particularités.  Déjà  des  recherches  expérimentales  qui 
avaient  été  entreprises  pour  ce  but,  avec  de  grands  soins,  mais  q\ii  ont  été 
interrompues  par  la  mort  de  leur  auteur,  sembleraient  annoncer  que  les 


(i)  Mémoires  de  Gottingue,  tome  VII  ;  i83o. 


(  9'9  ) 
lois  simples,  données  par  le  calcul,  s'écartent  progressivement  des  réalités, 
à  mesure  que  les  phénomènes  s'opèrent  dans  des  espaces  plus  étroits,  c'est- 
à-dire  dans  les  cas  les  plus  propres  à  faire  voir  ce  qui  pourrait  manquer 
encore  aux  théories  (i).  Dans  cet  état  de  la  science,  il  nous  a  paru  qu'il 
serait  utile  d'appeler  le  concours  des  géomètres  et  des  expérimentateurs  sur 
une  question  de  physique  mathématique  aussi  importante,  qui  semble 
devoir  être  accessible  à  leurs  efforts;  et  nous  demandons  à  l'Académie  de 
la  proposer  comme  sujet  de  prix  pour  1 854,  sous  l'énoncé  suivant  : 

Reprendre  l'examen  comparatif  des  théories  relatives  aux  phénomènes 
capillaires  ;  discuter  les  principes  mathématiques  et  physiques  sur  lesquels 
on  les  a  fondées  ;  signaler  les  modifications  qu'ils  peuvent  exiger  pour  s'a- 
dapter aux  circonstances  réelles  dans  lesquelles  ces  phénomènes  s'accom- 
plissent ;  et  comparer  les  résultats  du  calcul  à  des  expériences  précises, 
faites,  entre  toutes  les  limites  d'espace  mesurables,  dans  des  conditions 
telles,  que  les  effets  obtenus  par  chacune  d'elles  soient  constants. 

Le   prix  consistera  en  une  médaille  d'or   de  la  valeur  de   trois  mille 
francs. 

Les  Mémoires  devront  être  arrivés  au  secrétariat  de  l'Académie  avant  le 
ier  avril  i854.  Ce  terme  est  de  rigueur.  Les  noms  des  auteurs  seront  con- 
tenus dans  des  billets  cachetés,  qui  ne  seront  ouverts  que  si  la  pièce  est 
couronnée. 

GRAND    PRIX    DE    MATHÉMATIQUES, 

PROPOSÉ  POUR  1880,    ET  REMIS  AU  CONCOURS  POUR   1885. 

(Commissaires,  MM.  Sturm,  Liouville,  Lamé,  Poinsot, 
Cauchy  rapporteur.) 

Les  travaux  récents  de  plusieurs  géomètres  ayant  ramené  l'attention  sur  le 
dernier  théorème  de  Fermât,  et  avancé  notablement  la  question,  même  pour 
le  cas  général,  l'Académie  proposait  de  lever  les  dernières  difficultés  qui 
restent  sur  ce  sujet.  Elle  mettait  au  concours,  pour  le  grand  prix  de  Mathé- 
matiques à  décerner  en  i85o,  le  problème  suivant  : 

Trouver  pour  un  exposant  entier  quelconque  n  les  solutions  en  nom- 
bres entiers  et  inégaux  de  l'équation  xn  -h  y"  —  zn,  ou  prouver  qu'elle  n'en 
a  pas. 

(i)  Mémoire  sur  la  capillarité,  par  Simon  de  Metz.  (Annales  de  Chimie  et  de  Physique, 
3e  série ,  tome  XXXII ,  page  5.  ) 


(  92°  ) 

Cinq  Mémoires  ont  été  envoyés  au  concours  et  inscrits  sous  les  numé- 
ros i,  2,3,  4>  &  Aucun  d'eux  n'a  été  jugé  digne  du  prix.  Les  Commissaires 
sont  d'avis  que  la  même  question  soit  remise  au  concours  pour  l'année  1 853, 
et  dans  les  mêmes  termes,  c'est-à-dire  sous  l'énoncé  suivant  : 

Trouver  pour  un  exposant  entier  quelconque  n  les  solutions  en  nom- 
bres entiers  et  inégaux  de  l'équation  xn  -+- y"  =  z",  ou  prouver  quelle  n'en 
a  pas. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille 
francs. 

Les  Mémoires  devront  être  remis  au  secrétariat  de  l'Académie  avant  le 
ier  mars  i853.  Ce  terme  est  de  rigueur.  Les  noms  des  auteurs  seront  con- 
tenus dans  des  billets  cachetés,  qui  ne  seront  ouverts  que  si  la  pièce  est 
couronnée. 

GRAND    PRIX   DE   MATHÉMATIQUES, 

PROPOSÉ    POUR    1848,     REMIS    AU    CONCOURS    POUR    1835. 

(Commissaires,  MM.  Binet,  Liouville,  Sturm,  Cauchy, 
Lamé  rapporteur.  ) 

L'Académie  avait  proposé,  comme  sujet  de  prix,  la  question  suivante  : 

Trouver  les  intégrales  des  équations  de  l'équilibre  intérieur  d'un  corps 
solide  élastique  et  homogène  dont  toutes  les  dimensions  sont  finies,  par 
exemple,  d'un  parallélipipède  ou  d'un  cylindre  droit,  en  supposant  connues 
les  pressions  ou  tractions  inégales  exercées  aux  différents  points  de  sa 
surface. 

Un  seul  Mémoire  a  été  envoyé  en  temps  utile,  et  la  Commission  ne  l'a  pas 
jugé  digne  du  prix. 

Mais,  considérant  que  le  temps  a  pu  manquer  aux  concurrents,  et  que 
la  question  est  d'une  grande  importance,  la  Commission  propose  de  la 
remettre  au  concours,  dans  les  mêmes  termes,  pour  l'année  1 853. 

L'Académie  adopte  cette  proposition. 

Les  pièces  relatives  à  ce  concours  ont  dû  être  remises  au  secrétariat  de 
l'Institut  avant  le  Ier  novembre  i85a. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 


(  9ai  ) 
GRAND  PRIX    DE    MATHÉMATIQUES, 

PROPOSÉ    POUR    1817,     ET    REMIS    AU    CONCOURS    POUR     1834. 

(Commissaires,  MM.  Cauchy,  Binet,  Sturm,  Lamé, 
Liouville  rapporteur.  ) 

L'Académie  avait  proposé,  comme  sujet  de  grand  prix  pour  l'année  1847, 
la  question  suivante  : 

Etablir  les  équations  des  mouvements  généraux  de  l'atmosphère  terrestre, 
en  ayant  égard  à  la  rotation  de  la  Terre,  à  V action  calorifique  du  Soleil, 
et  aux  forces  attractives  du  Soleil  et  de  la  Lune. 

Une  seule  pièce  est  parvenue  au  secrétariat,  et  elle  n'a  pas  paru  mériter 
le  prix. 

La  Commission  est  d'avis  de  remettre  la  même  question  au  concours, 
dans  les  mêmes  termes,  pour  1 854- 

Les  auteurs  sont  invités  à  faire  voir  la  concordance  de  leur  théorie  avec 
quelques-uns  des  mouvements  atmosphériques  les  mieux  constatés. 

Lors  même  que  la  question  n'aurait  pas  été  entièrement  résolue,  si  l'au- 
teur d'un  Mémoire  avait  fait  quelque  pas  important  vers  la  solution,  l'Aca- 
démie pourrait  lui  accorder  le  prix. 

Les  pièces  relatives  à  ce  concours  devront  être  remises  au  secrétariat  de 
l'Institut  avant  le  rer  janvier  1 854-  Ce  terme  est  de  rigueur.  Le  prix  consis- 
tera en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs.  Les  noms  des 
auteurs  seront  contenus  dans  des  billets  cachetés  qui  ne  seront  ouverts  que 
si  la  pièce  est  couronnée. 

GRAND    PRIX    DE    MATHÉMATIQUES, 

PROPOSÉ  POUR  1832,  ET  REMIS  AU  CONCOURS  POUR  188S 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Lamé,  Binet,  Duhamel, 
Cauchy  rapporteur,  j 

L'Académie  avait  proposé,  comme  sujet  de  prix  pour  i852,  la  question 
du  refroidissement  d'un  ellipsoïde  qui  rayonne  dans  un  milieu  donné. 

Aucune  pièce  n'ayant  été  adressée  au  secrétariat,  la  Commission  pro- 
pose de  remettre  la  question  au  concours,  pour  l'année  1 855,  dans  les 
termes  suivants  : 

Trouver  l'intégrale  de  l'équation  connue  du  mouvement  de  la  chaleur, 
pour  le  cas  d'un  ellipsoïde  homogène,  dont  la  surface  a  un  pouvoir  rayon- 

C.  R.,  i85a,  im*  Semestre.  (T.  XXXV,  N°2S).  I2Ï 


(  922  ) 
fiant  constant,  et  qui,  après  avoir  été  primitivement  échaujjé  d'une  manière 
quelconque j  se  refroidit  dans  un  milieu  d'une  température  donnée. 

Les  pièces  relatives  à  ce  concours  devront  être  remises  au  secrétariat  de 
l'Institut  avant  le  ier  janvier  i855.  Ce  terme  est  de  rigueur. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  noms  des  auteurs  seront  contenus  dans  des  billets  cachetés  qui  ne 
seront  ouverts  que  si  la  pièce  est  couronnée. 

PRIX    EXTRAORDINAIRE    SUR    L'APPLICATION    DE    LA 
VAPEUR  A  LA  NAVIGATION , 

PROPOSÉ    POUR    1856,    REMIS    SUCCESSIVEMENT    A    1838,    A    1841,    A     1844,     A    1848, 

ENFIN    A     1853. 

Un  prix  de  six  mille  francs  a  été  fondé  en  1 834  par  le  Ministre  de 
la  Marine  (M.  Charles  Dupin)  pour  être  décerné  par  l'Académie  des  Sciences, 

Au  meilleur  ouvrage  ou  Mémoire  sur  l'emploi  le  plus  avantageux  de  la 
vapeur  pour  la  marche  des  navires ,  et  sur  le  système  de  mécanisme , 
d'installation,  d'arrimage  et  d'armement  qu'on  doit  préférer  pour  cette 
classe  de  bâtiments. 

La  Commission  chargée  d'apprécier  les  pièces  envoyées  au  concours 
de  1 848  n'en  a  trouvé  aucune  digne  du  prix  ;  elle  propose,  en  conséquence, 
de  remettre  la  question  au  concours  pour  1 853. 

Les  Mémoires  ont  dû  être  remis  au  secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
ier  décembre  18 5i. 

PRIX    D'ASTRONOMIE, 

FONDÉ   PAR  M.  DE  LALANDE. 

La  médaille  fondée  par  M.  de  Lalande,  pour  être  accordée  annuellement 
à  la  personne  qui,  en  France  ou  ailleurs  (les  Membres  de  l'Institut  exceptés), 
aura  fait  l'observation  la  plus  intéressante,  le  Mémoire  où  le  travail  le  plus 
utile  aux  progrès  de  l'astronomie,  sera  décernée  dans  la  prochaine  séance 
publique  de  i853. 

PRIX    DE    MÉCANIQUE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 

M.  de  Montyon  a  offert  une  rente  sur  l'État,  pour  la  fondation  d'un 
prix  annuel  en  faveur  de  celui  qui,  au  jugement  de  l'Académie  des  Sciences, 


(9*3) 
s'en  sera  rendu  le  plus  digne,  en  inventant  ou  en  perfectionnant  des  instru- 
ments utiles  aux    progrès  de  l'agriculture,  des  arts  mécaniques  ou  des 
sciences. 

Ce  prix  sera  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  quatre  cent  cinquante 
francs.  % 

PRIX  DE   STATISTIQUE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 

Parmi  les  ouvrages  qui  auront  pour  objet  une  ou  plusieurs  questions 
relatives  à  la  Statistique  de  la  France,  celui  qui,  au  jugement  de  l'Aca- 
démie, contiendra  les  recherches  les  plus  utiles,  sera  couronné  dans  la  pro- 
chaine séance  publique  de  i853.  On  considère,  comme  admisà  ce  concours, 
les  Mémoires  envoyés  en  manuscrit,  et  ceux  qui,  ayant  été  imprimés  et 
publiés,  arrivent  à  la  connaissance  de  l'Académie;  sont  seuls  exceptés  les 
ouvrages  des  Membres  résidants. 

Le  prix  consiste  en  une  médaille  d'or  équivalente  à  la  somme  de  quatre 
cent  soixante-dix-sept  francs. 

Le  terme  des  concours,  pour  ces  deux  derniers  prix,  est  fixé  au  Ier  avril 
de  chaque  année. 

Les  concurrents,  pour  tous  les  prix,  sont  prévenus  que  l'Académie  ne 
rendra  aucun  des  ouvrages  envoyés  au  concours;  les  auteurs  auront  la 
liberté  d'en  faire  prendre  des  copies. 

PRIX  FONDÉ  PAR  MADAME  DE  LAPLACE. 

Une  ordonnance  royale  a  autorisé  l'Académie  des  Sciences  à  accepter  la 
donation  qui  lui  a  été  faite  par  Madame  de  Laplace,  d'une  rente  pour  la 
fondation  à  perpétuité  d'un  prix  consistant  dans  la  collection  complète  des 
ouvrages  de  Laplace. 

Ce  prix  sera  décerné,  chaque  année,  au  premier  élève  sortant  de  l'École 
Polytechnique. 


iai. 


(  9*4  ) 

SCIENCES  PHYSIQUES. 
GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES, 

PROPOSÉ  EN  1851  POUR  I80Ô. 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  de  Jussieu ,  Is.  Geoffroy-Saint-Hilaire, 
Duméril,  Milne  Edwards  rapporteur.) 

Faire  connaître,  par  des  observations  directes  et  des  expériences ,  le 
mode  de  développement  des  vers  intestinaux  et  celui  de  leur  transmission 
d'un  animal  à  un  autre;  appliquer  à  la  détermination  de  leurs  affinités 
naturelles  les  faits  anatomiques  et  physiologiques  ainsi  constatés. 

L'Académie  désirerait  que  la  question  fût  traitée  d'une  manière  compa- 
rative pour  les  principaux  groupes  naturels  que  Cuvier  rangeait  dans  la 
classe  des  vers  intestinaux;  mais,  à  défaut  d'un  travail  général,  elle  pour- 
rait couronner  des  recherches  qui  porteraient  seulement  sur  le  mode  de 
propagation  et  de  développement  des  cestoïdes  et  des  trématodes. 

Les  Mémoires  devront  être  accompagnés  de  dessins  et  de  pièces  zoolo- 
giques justificatives. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 
Les  Mémoires  devront  être  déposés  au  secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
ier  avnl  i853. 

GRAND  PRE*  DES  SCIENCES  PHYSIQUES, 

proposé  p.n  18S0  pour  1853. 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  de  Jussieu,  Milne  Edwards,  Ad.  Brongniart, 
Élie  de  Beaumont  rapporteur.  ) 

Etudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  jossiles  dans  les 
différents  terrains  sédimentaires,  suivant  leur  ordre  de  superposition.  Dis- 
cuter la  question  de  leur  apparition  et  de  leur  disparition  successive  ou 
simultanée.  Rechercher  In  nature  des  rapports  qui  existent  entre  l'état 
actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs. 

L'Académie  désirerait  que  la  question  fût  traitée  dans  toute  sa  généra- 
lité, mais  elle  pourrait  couronner  un  travail  comprenant  un  des  grands 
embranchements,  ou  même  seulement  une  des  classes  du  règne  animal,  et 
dans  lequel  l'auteur  apporterait  des  vues  à  la  fois  neuves  et  précises,  fon- 
dées sur  des  observations  personnelles  et  embrassant  essentiellement  toute 
la  durée  des  périodes  géologiques. 


(9*5) 
Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 
Les  Mémoires  devront  être  remis  au  secrétariat  de  l'Académie  avant  le 
1er  janvier  1 853.  • 

GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES, 

PROPOSÉ      EN     i&VJ     POUR      1849,    ET     REMIS     AU    CONCOURS     POUR     1853. 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Rayer,  Magendie,  Milne  Edwards, 
Flourens  rapporteur.) 

Etablir,  par  l'étude  du  développement  de  l'embryon  dans  deux  espèces, 
prises,  l'une  dans  L'embranchement  des  Vertébrés,  et  l'autre,  soit  dans  l'em- 
branchement des  Mollusques,  soit  dans  celui  des  jérticulés,  des  bases  pour 
l'embryologie  comparée. 

L'Académie  ne  désigne  au  choix  des  concurrents  aucune  espèce  particu- 
lière ;  elle  n'exclut  pas  même  celles  sur  lesquelles  il  a  pu  déjà  être  fait  des 
travaux  utiles,  à  condition  pourtant  que  les  auteurs  auront  vu  et  vérifié  par 
eux-mêmes  tout  ce  qu'ils  diront. 

Le  grand  objet  qu'elle  propose  aux  efforts  des  zoologistes  et  des  anato- 
mistes  est  la  détermination  positive  de  ce  qu'il  peut  y  avoir  de  semblable 
ou  de  dissemblable  dans  le  développement  comparé  des  Vertébrés  et  des 
Invertébrés. 

Les  concurrents  regarderont,  sans  doute,  comme  un  point  essentiel,  d'ac- 
compagner leurs  descriptions  de  dessins  qui  permettent  de  suivre  avec  pré- 
cision les  principales  circonstances  des  faits. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  jrancs. 
Les  pièces  adressées  pour  le  concours  devront  être  parvenues  au  secrétariat 
avant  le  ier  avril  1 853. 

PRIX  DE  PHYSIOLOGD3  EXPERIMENTALE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 

Feu  M.  de  Montyon  ayant  offert  une  somme  à  l'Académie  des  Sciences, 
avec  l'intention  que  le  revenu  en  fût  affecté  à  un  prix  de  Physiologie  expé- 
rimentale à  décerner  chaque  année,  et  le  Gouvernement  ayant  autorisé  cette 
fondation  par  une  ordonnance  en  date  du  22  juillet  181 8, 

L'Académie  annonce  qu'elle  adjugera  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de 
huit  cent  cinq  francs  à  l'ouvrage,  imprimé  ou  manuscrit,  qui  lui  paraîtra 
avoir  le  plus  contribué  aux  progrès  de  la  Physiologie  expérimentale. 


Le  prix  sera  décerné  dans  la  prochaine  séance  publique. 
Les  ouvrages  ou  Mémoires  présentés  par  les  auteurs  doivent  être  envoyés 
au  secrétariat  de  l'Institut  avant  le  ier  avril  de  chaque  année. 

DIVERS  PRIX  DU  LEGS  MONTYON. 

Conformément  au  testament  de  feu  M.  Auget  de  Montyon,  et  aux  ordon- 
nances du  29  juillet  1821,  du  2  juin  1824  et  du  23  août  1829,  il  sera  dé- 
cerné un  ou  plusieurs  prix  aux  auteurs  des  ouvrages  ou  des  découvertes  qui 
seront  jugés  les  plus  utiles  à  Y  art  de  guérir,  et  à  ceux  qui  auront  trouvé  les 
moyens  de  rendre  un  art  ou  un  métier  moins  insalubre. 

L'Académie  a  jugé  nécessaire  de  faire  remarquer  que  les  prix  dont  il  s'agit 
ont  expressément  pour  objet  des  découvertes  et  inventions  propres  à  perfec- 
tionner la  médecine  ou  la  chirurgie,  ou  qui  diminueraient  les  dangers  des 
diverses  professions  ou  arts  mécaniques. 

I^s  pièces  admises  au  concours  n'auront  droit  aux  prix  qu'autant  qu'elles 
contiendront  une  découverte  parfaitement  déterminée. 

Si  la  pièce  a  été  produite  par  l'auteur,  il  devra  indiquer  la  partie  de  son 
travail  où  cette  découverte  se  trouve  exprimée  :  dans  tous  les  cas,  la  Com- 
mission chargée  de  l'examen  du  concours  fera  connaître  que  c'est  à  la  décou- 
verte dont  il  s'agit  que  le  prix  est  donné. 

Les  sommes  qui  seront  mises  à  la  disposition  des  auteurs  des  découvertes 
ou  des  ouvrages  couronnés,  ne  peuvent  être  indiquées  d'avance  avec  préci- 
sion, parce  que  le  nombre  des  prix  n'est  pas  déterminé  :  mais  la  libéralité  du 
fondateur  a  donné  à  l'Académie  les  moyens  d'élever  ces  prix  à  une  valeur 
considérable,  en  sorte  que  les  auteurs  soient  dédommagés  des  expériences 
ou  recherches  dispendieuses  qu'ils  auraient  entreprises,  et  reçoivent  des  ré- 
compenses proportionnées  aux  services  qu'ils  auraient  rendus,  soit  en  pré- 
venant ou  diminuant  beaucoup  l'insalubrité  de  certaines  professions,  soit  en 
perfectionnant  les  sciences  médicales. 

Conformément  à  l'ordonnance  du  23  août,  il  sera  aussi  décerné  des  prix 
aux  meilleurs  résultats  des  recherches  entreprises  sur  les  questions  proposées 
par  l'Académie,  conséquemment  aux  vues  du  fondateur. 

Les  ouvrages  ou  Mémoires  présentés  par  les  auteurs  doivent  être  envoyés, 
francs  de  port,  au  secrétariat  de  l'Institut  avant  le  ier  avril  de  chaque  année. 

PRIX  CUVIER. 

La  Commission  des  souscripteurs  pour  la  statue  de  Georges  Cuvier  ayant 
offert  à  l'Académie  une  somme  résultant  des  fonds  de  la  souscription,  restés 


(  927  ) 
libres,  avec  l'intention  que  le  produit  en  fût  affecté  à  un  prix  qui  porterait  le 
nom  de  Prix  Cuvier,  et  qui  serait  décerné  tous  les  trois  ans  à  l'ouvrage  le 
plus  remarquable,  soit  sur  le  règne  animal,  soit  sur  la  géologie,  et  le  Gou- 
vernement ayant  autorisé  cette  fondation  par  une  ordonnance  en  date  du 
9  août i83g, 

L'Académie  annonce  qu'elle  décernera,  dans  la  séance  publique  de  i85/j, 
un  prix  (sous  le  nom  de  prix  Cuvier)  à  l'ouvrage  qui  sera  jugé  le  plus  re- 
marquable entre  tous  ceux  qui  auront  paru  depuis  le  ier  janvier  r85o  jus- 
qu'au 3i  décembre  1 853,  soit  sur  le  règne  animal,  soit  sur  la  géologie. 

La  valeur  de  ce  prix  sera  de  quinze  cents  francs. 

Le  concours  sera  clos  au  Ier  janvier  1 854- 

PRIX  QUINQUENNAL  A  DÉCERNER  EN    i853, 
FONDÉ  PAR  FEU  M.  DE  MOROGUES. 

Feu  M.  de  Morogues  a  légué,  par  son  testament  en  date  du  a5  oc- 
tobre 1 834,  une  somme  de  10,000  francs,  placée  en  rentes  sur  l'État,  pour 
faire  l'objet  d'un  prix  à  décerner,  tous  les  cinq  ans,  alternativement  :  par 
l'Académie  des  Sciences  physiques  et  mathématiques,  à  X ouvrage  qui  aura 
fait  faire  le  plus  de  progrès  à  l'agriculture  en  France ,  et  par  l'Académie  des 
Sciences  morales  et  politiques,  au  meilleur  ouvrage  sur  l'état  du  paupé- 
risme en  France  et  le  moyen  d'y  remédier. 

Une  ordonnance  en  date  du  16  mars  \%l\i  a  autorisé  l'Académie  des 
Sciences  à  accepter  ce  legs. 

L'Académie  annonce  qu'elle  décernera  ce  prix,  en  1 853,  à  l'ouvrage  rem- 
plissant les  conditions  prescrites  par  le  donateur. 

Les  ouvrages,  imprimés  et  écrits  en  français ,  devront  être  déposés,  franc  s 
de  port,  au  secrétariat  de  l'Institut,  avant  le  Ier  avril  i813,  terme  de 
rigueur. 

LECTURES. 

M.  Laugieu,  au  nom  de  M.  Arago,  Secrétaire  perpétuel  pour  les  Sciences 
mathématiques,  qui  n'a  pu  assister  à  cette  séance  pour  cause  de  maladie,  a 
lu  des  fragments  de  la  biographie  de  M.  Gay-Lcssac. 


(  9*8) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  1 3  décembre  i85a,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Le  Bospseudohelminthe  ou  te  diépithélium,  nouveau  produit  organique,  qualifié 
de  ver  extraordinaire  de  i3m, 5o  ou  60  empans  de  long ,  expulsé  du  corps  d'un 
bœuf,  te  2 1  octobre  1 862,  et  qui  peut  se  développer  dans  tous  les  autres  animaux 
domestiques,  ainsi  que  dans  les  personnes,  avec  les  moyens  de  le  prévenir  et  de 
le  guérir;  par  M.  Rhodes,  vétérinaire  à  Plaisance  (Gers).  Auch,  i852; 
broch.  in-8°. 

Les  trois  règnes  de  la  nature.  Règne  animal.  Histoire  naturelle  des  oiseaux 
classés  méthodiquement ,  avec  l'indication  de  leurs  mœurs  et  de  leurs  rapports 
avec  les  arts,  le  commerce  et  l'agriculture;  par  Emm.  Le  Maout  ;  3oe  li- 
vraison; in-8°. 

Une  visite  au  berger  des  Eaux-Bonnes  (Pierre  Sacaze-Gaston).  Discours 
prononcé  à  l'ouverture  de  la  séance  publique  d'hiver  de  la  Société  Linnéenne  de 
Bordeaux,  le  4  novembre  i852;  par  M.  Charles  Des  Moulins,  président. 
Bordeaux,  1 852  ;  broch.  in-8°. 

Mémoire  sur  un  enfant  nosencéphale  adhérent  à  son  placenta ,  né  et  vivant  à 
Toulouse,  le  26  juillet  i85o;  par  MM.  N.  Joly  et  I.  GuiTARD;  broch.  in-8°. 
(Extrait  des  Mémoires  de  l Académie  nationale  des  Sciences  de  Toulouse.) 

Notice  sur  une  momie  américaine,  du  temps  des  Incas,  trouvée  dans  la  Nou- 
velle-Grenade; par  M.  N.  Joly;  broch.  in-8°.  (Extrait  des  mêmes  Mémoires.) 

Considérations  sur  les  analogies  qui  existent  entre  le  lait  et  le  contenu  de  l'œuf 
et  de  ta  graine;  suivies  d'expériences  sur  l'alimentation  artificielle  des  Mammi- 
fères nouveau-nés;  par  le  même;  broch.  in-8°.  (Extrait  du  Journal  d'agri- 
culture pratique  pour  le  midi  de  la  France.) 

M.  Blanchard  et  la  circulation  périlrachéenne  des  insectes;  réfutation  de  cette 
théorie  anti-physiologique  ;  par  le  même.  Toulouse,  1802  ;  broch.  in-8°.  (Ex- 
trait de  la  Gazette  médicale  de  Toulouse,  février  t852.) 


ERRATUM. 

(Séance  du  29  novembre   i852.) 

Page   799,   liqne  7,   au  lieu  de  49^     ^8,5,      '««     49i5     49>5- 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  27  DÉCEMBRE  1852. 

PRÉSIDENCE  DE  M.   PIOBERT. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Le  Verrier  réclame,  dans  les  termes  suivants,  l'impression  immé- 
diate du  discours  lu  au  nom  de  M.  Arago,  dans  la  dernière  séance,  afin 
qu'il  soit  possible  de  le  réfuter  : 

«  Lundi  dernier,  dans  la  séance  annuelle,  M.  le  Secrétaire  perpétuel  poul- 
ies Sciences  mathématiques,  portant  la  parole  en  vertu  du  droit  qu'il  tient 
de  ses  fonctions,  a  longuement  attaqué  la  réforme  introduite,  il  y  a  plus  de 
deux  ans,  dans  l'enseignement  de  l'École  Polytechnique. 

»  En  autorisant  cette  lecture,  le  Bureau  a  donné  au  Rapporteur  dune 
Commission  qui  comptait  plusieurs  de  nos  confrères  parmi  ses  Membres, 
le  droit  de  défendre  son  œuvre.  C'est  un  devoir  qu'il  saura  remplir. 

»  Assurément,  j'aurais  pris  la  parole  dans  la  séance  même  où  l'attaque 
s'est  produite,  si  nos  règlements  m'y  eussent  autorisé.  Depuis  cette  réforme 
de  l'enseignement,  l'Académie  a  tenu  plus  de  cent  vingt  séances  publiques 
dans  lesquelles  il  était  loisible  à  M.  le  Secrétaire  perpétuel  d'élever  la  voix, 
mais  dans  lesquelles  il  eût  été  également  permis  de  lui  répondre.  M.  Arago 
a  préféré  faire  choix  d'une  séance  où  ses  arguments  fussent  garantis,  par  les 
règlements,  contre  toute  contradiction. 

»  Mais  si  la  discussion  de  vive  voix  a  été  impossible,  il  n'en  doit  pas  être 

C.  K.,  i85a,  imeSr/n«(re.   (T.  XXXV,  N°  26.  )  122 


(  9-3o  ) 
de  même  de  la  discussion  écrite;  et  c'est  cependant  ce  qui  aurait  lieu  si 
l'impression  du  discours  de  M.  Arago  n'était  pas  immédiate.  Je  prends  la 
liberté  de  la  réclamer.  » 

M.  Le  Verrier  ayant    achevé   la  lecture  de  sa  Note,   M.  Arago  lui   a 
répondu  sur-le-champ  ;  il  s'est  exprimé  à  peu  près  en  ces  termes  : 

J'imprimerai  sans  doute  prochainement  la  partie  de  la  biographie  de 
Gay-Lussac  sur  laquelle  portent  les  observations  de  M.  Le  Verrier,  mais 
ce  ne  sera  pas,  qu'on  le  remarque  bien,  pour  me  conformer  à  une  demande 
que  M.  Le  Verrier  n'a  pas  le  droit  de  m'adresser.  Je  dois  toutefois,  dès  ce 
moment,  rétablir  les  faits  :  je  ne  suis  entré  dans  aucun  détail  sur  les  modi- 
fications proposées  par  la  Commission;  je  me  suis  contenté  de  faire  remar- 
quer combien  elle  avait  eu  tort,  suivant  moi,  en  changeant  l'organisation 
d'un  établissement  qui  répondait  si  bien  aux  besoins  des  services  publics. 
On  disait  que  l'École  laissait  beaucoup  à  désirer  au  point  de  vue  de  la  pra- 
tique. Eh  bien,  en  me  plaçant  à  ce  point  de  vue,  j'ai  prouvé,  et  ce  n'est  pas 
sans  motif  que  je  me  sers  d'une  expression  aussi  positive,  j'ai  prouvé  qu'on 
devait  aux  Elèves  de  l'ancienne  École  Polytechnique  des  travaux  pratiques 
très-importants  et  de  l'ordre  le  plus  élevé.  Je  ne  me  suis  pas  livré  à  l'examen 
minutieux  de  vos  programmes.  Oh!  si  j'étais  entré  dans  cet  examen,  j'au- 
rais eu  à  signaler  des  choses  inimaginables  dans  le  fond  et  dans  la  forme. 
Au  reste,  pour  conserver  mon  droit  intact,  je  répète  que  je  publierai  ma 
biographie  de  Gay-Lussac  quand  cela  me  conviendra. 

physique.  —  Etudes  sur  l'hygrométrie  (deuxième  Mémoire); 
par  M.  V.  Regxault. 

«  Dans  un  Mémoire  étendu,  que  j'ai  publié  en  1 845  dans  les  Annales 
de  Chimie  et  de  Physique,  3e  série,  tome  XV,  j'ai  soumis  à  un  examen 
expérimental  les  diverses  méthodes  qui  ont  été  imaginées  jusqu'à  ce  jour 
pour  déterminer  la  quantité  de  vapeur  d'eau  qui  existe  à  un  moment  donné 
dans  l'atmosphère.  J'ai  divisé  ces  méthodes  en  quatre  classes  : 

»    i°.   J^a  méthode  chimique; 

»  2".  La  méthode  fondée  sur  les  indications  des  hygromètres  formés  par 
des  substances  organiques  qui  s'allongent  par  l'humidité; 

»  3°.  La  méthode  de  l'hygromètre  à  condensation; 

»  4°-  Ea  méthode  du  psychromètre. 


(01  ) 

I.    Méthode  chimique. 

»  La  méthode  chimique,  exécutée  dans  les  conditions  que  j'ai  indiquées 
dans  mon  premier  Mémoire  (pages  i5o  et  i63),  permet  d'obtenir  avec  une 
grande  précision  la  fraction  moyenne  de  saturation  qui  existe  dans  l'air 
pendant  le  temps  que  l'opération  s'exécute.  Mais  c'est  une  expérience  de 
laboratoire,  d'une  exécution  longue,  et  qui  exige  des  appareils  volumineux; 
elle  sera  donc  difficilement  adoptée  dans  les  observatoires  météorologiques. 
La  méthode  chimique  convient  éminemment  à  la  vérification  des  autres 
méthodes  hygrométriques,  et  à  la  détermination  des  constantes  numériques 
que  plusieurs  d'entre  elles  exigent.  J'en  ai  constamment  fait  usage,  à  ce 
point  de  vue,  dans  les  recherches  qui  font  l'objet  de  mon  premier 
Mémoire. 

II.  Hygromètres  formés  par  des  substances  organiques  qui  s'allongent  par  l'humidité. 

»  On  admet  généralement  que  les  hygromètres  les  plus  parfaits  de  cette 
classe  sont  les  hygromètres  à  cheveu  ou  hygromètres  de  Saussure.  Les 
expériences  nombreuses  que  j'ai  publiées  dans  mon  premier  Mémoire 
(pages  164  et  suivantes)  m'ont  démontré  que  ces  instruments,  lorsqu'ils 
sont  gradués  d'après  les  principes  de  Saussure,  ne  sont  nullement  compa- 
rables, et  qu'ils  ne  présentent  pas  la  sensibilité  qu'on  leur  avait  supposée, 
puisqu'ils  mettent  souvent  un  temps  assez  long  pour  parvenir  à  leur  état 
d'équilibre.  J'ai  donné,  dans  ce  même  Mémoire,  deux  nouveaux  procédés 
de  graduation  (pages  173  et  184),  par  lesquels,  au  lieu  de  fixer  seulement 
les  points  extrêmes  de  l'échelle  hygrométrique,  on  détermine  sur  chaque 
instrument  un  grand  nombre  de  points  intermédiaires,  qui  permettent  de 
construire  la  courbe  de  la  marche  de  l'instrument.  Cette  courbe  est  loin 
d'être  une  ligne  droite,  comme  le  supposait  Saussure.  Mais  ces  procédés  de 
graduation  exigent  des  opérations  délicates  et  longues,  auxquelles  il  est 
difficile  de  se  résoudre  pour  un  instrument  qui  se  dérange  aussi  facilement 
que  l'hygromètre  à  cheveu.  Il  esta  désirer  que  les  observateurs  renoncent 
définitivement  à  un  appareil  sur  le  bon  état  duquel  ils  ne  peuvent  jamais 

compter. 

III.   Hygromètres  à  condensation. 

»  La  méthode  qui  consiste  à  déterminer  directement  le  point  de  rosée 
est  la  plus  précise  de  toutes  celles  qui  ont  été  imaginées  jusqu'à  ce  jour. 
Lorsqu'elle  est  exécutée  dans  les  conditions  que  j'ai  développées  dans  mon 
premier  Mémoire  (page  196),  elle  permet  de  déterminer  la  fraction  de  satu- 

laa. . 


(93-  ) 
ration  de  l'air  avec  une  exactitude  aussi  grande  qu'on  le  désire.  C'est  la 
seule  méthode  qui  se  prête,  avec  une  certitude  égale,  à  toutes  les  circon- 
stances atmosphériques;  l'exactitude  de  ses  indications  n'est  influencée  ni 
par  la  température,  ni  par  le  degré  d'humidité,  ni  par  l'agitation  variable 
de  l'air.  Mais,  bien  que  cette  méthode  n'exige  qu'une  manipulation  très- 
simple  et  toujours  facile  à  exécuter  dans  un  observatoire,  elle  recevra  diffi- 
cilement une  application  étendue,  parce  que,  pour  les  observations  météo- 
rologiques périodiques,  on  donne  toujours  la  préférence  aux  procédés  qui 
n'exigent  que  la  lecture  d'un  instrument  établi  à  poste  fixe,  et  que  l'on  se 
résout  difficilement  à  avoir  recours  à  un  procédé  qui  exige  une  manipu- 
lation, quelque  courte  qu'elle  soit. 

IV.   Méthode  du  psychromètre. 

»  Le  psychromètre  est  de  tous  les  instruments  hygrométriques  celui  qui 
a  reçu  aujourd'hui  les  applications  les  plus  étendues.  Il  n'est  pas  susceptible 
de  se  déranger,  et  l'observation  n'exige  aucune  habileté  pratique  de  la  part 
de  l'observateur.  On  sait  que  la  méthode  du  psychromètre  consiste  à  ob- 
server simultanément  un  thermomètre  sec  et  un  second  thermomètre  dont 
le  réservoir  est  maintenu  constamment  mouillé.  De  la  différence  des  tem- 
pératures indiquées  par  les  deux  instruments,  de  la  température  absolue  de 
l'un  d'eux,  enfin  de  la  pression  barométrique  qui  a  lieu  au  moment  des 
observations,  on  déduit  la  fraction  de  saturation  de  l'air  dans  lequel  les 
thermomètres  sont  plongés.  Mais  il  faut  connaître  pour  cela  la  formule  qui 
relie  ces  divers  éléments,  et  il  faut  s'assurer,  par  des  expériences  précises, 
si  la  même  formule  peut  s'appliquer  aux  diverses  circonstances  dans  les- 
quelles les  observations  peuvent  être  faites.  C'est  cette  étude  qui  fera  l'objet 
du  présent  Mémoire. 

»  M.  August  a  cherché  à  établir  cette  formule  d'après  des  considérations 
théoriques  que  j'ai  exposées  dans  mon  premier  Mémoire  sur  l'hygrométrie 
(pages  20 1  et  suivantes).  Les  principes  physiques  qui  lui  servent  de  point 
de  départ  sont,  à  mon  avis,  fort  contestables;  j'ai  déjà  développé  les  prin- 
cipales objections  que  l'on  peut  faire  contre  ces  principes,  et  j'ai  fait  voir, 
par  des  expériences  nombreuses,  que  ces  objections  sont  parfaitement  fon- 
dées. Quoi  qu'il  en  soit,  la  formule  théorique  à  laquelle  à  M.  August  arrive 
est  la  suivante  : 

x  = 1 j 7 H, 


(933) 
dans  laquelle 

x  représente  la  force  élastique  de  la  vapeur  qui  existe  dans  l'air  au 
moment  de  l'expérience; 

t   la  température  de  l'air  donnée  par  le  thermomètre  sec  ; 

t  '  la  température  indiquée  par  le  thermomètre  mouillé  ; 

y  et  y  les  forces  élastiques  de  la  vapeur  d'eau  à  saturation  pour  les 
températures  t  et  t'  ; 

H  la  hauteur  en  millimètres  du  baromètre  au  moment  de  l'obser- 
vation ; 

•y  la  chaleur  spécifique  de  l'air  sec  ; 
k  celle  de  la  vapeur  d'eau  ; 
c?  la  densité  de  la  vapeur  d'eau  ; 
enfin  X  la  chaleur  latente  de  vaporisation  de  l'eau  dans  l'air  à  la  tempéra- 
ture t'. 

»  En  introduisant  dans  cette  formule  les  valeurs  numériques  des  con- 
stantes, supprimant  plusieurs  termes  qui  n'acquièrent  jamais  que  de  très- 
petites  valeurs  dans  les  limites  des  observations,  on  arrive  à  la  formule 
extrêmement  simple 

x  =/'  -  0,0006246  (t  -  t')  H, 

qui  peut  remplacer  la  formule  théorique  beaucoup  plus  complexe;  et  ses 

résultats  numériques  différeront  rarement  de  plus  de  —  de  ceux  que  l'on 

déduirait  de  cette  dernière.  Or,  cette  approximation  est  plus  que  suffisante 
dans  tous  les  cas,  car  l'état  hygrométrique  de  l'air  est  incessamment  variable, 
et,  par  cela  même,  il  n'est  pas  susceptible  d'une  détermination  très-rigou- 
reuse. 

»  Il  faut  savoir  maintenant  si  cette  formule  représente,  en  effet,  les  divers 
états  de  saturation  que  l'air  atmosphérique  peut  présenter  dans  les  diverses 
circonstances  où  l'observateur  se  trouvera  placé.  Cette  vérification  ne  peut 
se  faire  qu'en  observant  le  psychromètre  dans  les  conditions  les  plus  variées, 
transportant  dans  la  formule  les  éléments  fournis  par  cette  observation,  et 
comparant  les  résultats  que  l'on  en  déduit,  avec  la  tension  véritable  de  la 
vapeur  aqueuse,  que  l'on  détermine  directement,  soit  avec  l'hygromètre  à 


(934) 
condensation,  soit  par  la  méthode  chimique.  Mais,  avant  d'aborder  cette 
étude,  je  ferai  remarquer  que  dans  mon  premier  Mémoire  sur  l'hygromé- 
trie (pages  207  et  suiv.),  j'ai  prouvé,  par  des  expériences  incontestables, que 
l'état  variable  de  l'agitation  de  l'air  exerce  une  influence  très-notable  sur 
les  indications  du  psychromètre  ;  que,  dans  le  même  air,  la  différence  de 
température  des  deux  thermomètres  sec  et  mouillé  est  d'autant  plus  grande 
que  l'air  est  animé  d'un  mouvement  de  translation  plus  rapide.  Cette  seule 
circonstance  prouve  que  la  formule  théorique  de  M.  August  ne  peut  pas 
être  exacte,  puisque  celle-ci  ne  tient  aucun  compte  de  l'agitation  de  l'air. 
On  admet,  au  contraire,  dans  l'établissement  de  cette  formule,  que  la  boule 
du  thermomètre  mouillé  est  constamment  enveloppée  d'une  couche  d'air 
saturé  de  vapeur,  ayant  la  même  température  que  ce  thermomètre,  et  se 
renouvelant  avec  une  vitesse  infinie.  Or  il  est  probable  qu'aucune  de  ces 
suppositions  n'est  exacte. 

»  Cependant  ces  mêmes  expériences  démontrent  que  lorsque  le  psy- 
chromètre est  exposé  à  l'air  libre,  la  différence  de  température  t  —  t'  varie 
peu  avec  la  vitesse  du  vent,  tant  que  cette  vitesse  est  inférieure  à  celle  qui 
correspond  à  un  parcours  de  5  mètres  par  seconde.  Or  il  sera  toujours 
facile  de  réaliser  ces  conditions  dans  un  observatoire  météorologique,  en 
abritant  convenablement  le  psychromètre. 

»  Au  lieu  de  soumettre  à  une  vérification  expérimentale  la  formule 

x=f  —  0,0006246  (<-*')  H 

qui  ne  renferme  aucun  coefficient  indéterminé,  j'ai  choisi  la  formule  plus 
générale 

x  =  f'-K{t-t')H, 

et  j'ai  cherché  si  cette  formule  pouvait  représenter,  avec  une  exactitude  suf- 
fisante, les  divers  états  de  saturation  de  l'air,  lorsque  le  psychromètre  con- 
serve une  position  fixe  dans  chaque  série  d'expériences,  et  que  l'on  a 
déterminé  convenablement  la  valeur  du  coefficient  indéterminé  A .  Plaçant 
ensuite  le  psychromètre  dans  des  conditions  locales  très-différentes,  j'ai 
cherché  si  la  même  vérification  se  présentait  encore,  soit  que  l'on  conservât 
au  coefficient  A  une  valeur  constante  pour  ces  conditions  locales  diverses, 
soit  qu'on  lui  attribuât  pour  chacune  d'elles  une  valeur  spéciale.  J'ai  déjà 
donné  dans  mon  premier  Mémoire  un  grand  nombre  d'expériences  faites  à 
ce  point  de  vue.  J'en  ai  fait,  depuis,  beaucoup  d'autres  dans  des  circon- 


(935) 

stances  plus  variées,  et  l'ensemble  des  résultats  que  j'en  ai  déduits  me  per- 
met, je  crois,  de  décider  les  questions  que  je  viens  de  poser. 

»  Le  mode  général  d'opérer  consistait  à  comparer  les  fractions  de  satu- 
ration 7.  déduites  de  la  formule  d'après  les  indications   du  psychromètre, 

avec  les  fractions  de  saturation  que  l'on  conclut  de  la  pesée  directe  de  l'hu- 
midité contenue  dans  un  volume  connu  du  même  air.  Cette  dernière  déter- 
mination se  faisait  à  l'aide  d'un  aspirateur  à  écoulement  constant,  qui,  par 
l'intermédiaire  d'un  long  tube,  puisait  l'air  atmosphérique  dans  le  voisinage 
des  thermomètres  du  psychromètre,  et  faisait  passer  cet  air  à  travers  des 
tubes  desséchants  tarés.  Pendant  l'écoulement  de  l'aspirateur,  qui  durait  de 
trois  quarts  d'heure  à  une  heure,  on  observait  régulièrement,  de  cinq  minutes 
en  cinq  minutes,  les  indications  des  thermomètres  du  psychromètre.  Cette  lec- 
ture se  faisait  de  loin  avec  une  lunette,  afin  que  l'instrument  et  l'état  hvgro- 
métrique  de  l'air  ne  fussent  pas  influencés  par  le  voisinage  de  l'observa- 
teur. On  prenait  les  moyennes  des  indications  thermométriques ,  et  l'on 
notait  la  hauteur  moyenne  du  baromètre  pendant  la  durée  des  observations. 
Ces  moyennes,  introduites  dans  la  formule  du  psychromètre,  donnaient  une 
valeur  de  x,  que  l'on  comparait  avec  celle  qui  se  déduisait  de  la  pesée 
directe  de  l'humidité. 

»  Je  donne  dans  mon  Mémoire  un  grand  nombre  de  tableaux  qui  ren- 
ferment les  résultats  de  ces  expériences.  Je  crois  pouvoir  en  déduire  les 
conclusions  suivantes  : 

»  i°.  La  formule  théorique  du  psychromètre,  donnée  par  M.  August, 
ne  peut  pas  être  regardée  comme  l'expression  véritable  des  faits,  car  elle  ne 
tient  pas  compte  de  plusieurs  circonstances  qui  exercent  une  grande  in- 
fluence sur  les  indications  de  cet  instrument.  Les  températures  relatives  des 
thermomètres  sec  et  mouillé  ne  dépendent  pas  seulement  de  l'état  de  satu- 
ration de  l'air  ;  elles  dépendent  encore  de  ses  divers  états  d'agitation,  et  des 
conditions  locales  dans  lesquelles  l'instrument  est  placé.  Ces  thermomètres 
indiquent,  en  effet,  des  résultantes  qui  dépendent  de  la  température  propre 
de  l'air  ambiant,  de  la  radiation  calorifique  variable  des  corps  environ- 
nants, et,  en  outre,  pour  le  thermomètre  mouillé,  du  pouvoir  évaporant 
(peut  être  variable  avec  la  température)  que  l'air  exerce  sur  l'eau,  dans  les 
conditions  de  température,  de  saturation  et  de  mouvement,  où  l'instrument 
se  trouve. 

»  En  donnant  au  psychromètre  un  mouvement  rapide  de  translation 


(  936  ) 

circulaire  autour  d'un  axe  vertical,  on  diminue  l'influence  de  l'agitation 
variable  de  l'air  et  celle  des  conditions  locales,  mais  on  détruit  la  simpli- 
cité qui  fait  le  principal  mérite  du  psychromètre. 

»  M.  Walferdin  a  proposé  dernièrement  de  se  servir,  pour  les  observa- 
tions psychrométriques,   d'un  seul  thermomètre,  dont  le  réservoir,  enve- 
loppé de  mousseline,  est  successivement  sec  et  mouillé.  On  fait  tourner 
rapidement,  en  fronde,  le  thermomètre  sec,  et  l'on  fait  la  lecture  qui  donne 
la  température  de  l'air.  On  mouille  ensuite  la  mousseline,  on  fait  tourner  de 
nouveau  l'instrument,  et  la  température  qu'il  indique  alors  donne  la  valeur 
de  t'  qu'il  faut  introduire  dans  la  formule.  Cette  manière  d'opérer  a  l'inconvé- 
nient de  mettre  l'observateur  très-près  des  instruments  qu'il  observe,  circon- 
stance qu'il  faut  toujours  éviter  puisqu'elle  influe  nécessairement  sur  l'état 
hygrométrique  de  l'air.  Déplus,  comme  il  s'écoule  toujours  un  certain  temps 
entre  la  lecture  du  thermomètre  sec  et  celle  du  même  thermomètre  humide, 
on  n'est  pas  certain,  surtout  à  l'extérieur  où  l'agitation  de  l'air  est  inces- 
samment variable,  si  les  deux  températures  correspondent  au  même  état  de 
l'air.  L'erreur  qui  peut  résulter  de  cette  non-coïncidence  est  loin  d'être  né- 
gligeable, car  elle  porte  sur  la  différence  des  températures  (t  —  t'),  qui  est 
souvent  très-petite,  surtout  dans  les  basses  températures.  Dans  tous  les  cas, 
si   l'on  voulait  opérer  de  cette  manière,  il  faudrait  déterminer,  par  une 
série  d'expériences  directes  et  analogues  à  celles  que  j'ai  décrites  dans  ce 
Mémoire,  la  valeur  du  coefficient  A  qui  s'y  applique. 

»  Pour  éviter  l'influence  de  l'agitation  variable  de  l'air,  M.  Belli  a  pro- 
posé de  renfermer  le  psychromètre  dans  un  tube  qui  communique,  par  une 
de  ses  extrémités,  avec  l'air,  et,  par  l'autre,  avec  un  soufflet  aspirant  à 
double  effet,  que  l'on  fait  mouvoir  de  la  même  manière  dans  chaque  expé- 
rience. Mais  il  est  à  craindre  que  les  températures  des  deux  thermomètres 
ne  soient  notablement  influencées  par  les  changements  de  température  que 
l'air  peut  subir  dans  cet  état  factice  de  mouvement  rapide,  à  travers  un  tube 
étroit  où  il  rencontre  des  obstacles.  Mais,  encore,  faudra-t-il,  pour  chaque  dis- 
position d'appareil  et  pour  la  vitesse  de  courant  adoptée  par  chaque  obser- 
vateur, déterminer  par  des  expériences  directes,  la  valeur  de  A  qui  convient 
pour  sa  manière  d'opérer.  Je  ferai  d'ailleurs  remarquer  qu'en  opérant  comme 
le  propose  M.  Belli,  l'observation  du  psychromètre  donne  lieu  à  une  opéra- 
tion au  moins  aussi  compliquée  que  celle  de  l'hygromètre  condenseur,  et 
qu'il  n'y  a  plus  alors  aucune  raison  pour  lui  donner  la  préférence  sur  ce 
dernier  instrument,  dont  les  indications  sont  absolument  certaines. 


(  937  > 
»  20.  Les  expériences  des  première,  deuxième,  troisième,  quatrième  ef 
huitième  séries  prouvent  néanmoins  que  la  formule 

jc=J'~A(t-t')U 

appliquée  aux  observations  d'un  psychromètre  placé  dans  un  espace  fermé, 
ou  à  l'air  libre  quand  il  est  convenablement  abrité  contre  l'action  du  vent 
et  contre  celle  des  rayons  solaires  directs,  peut  représenter,  avec  une  préci- 
sion suffisante  pour  des  observations  de  ce  genre,  les  divers  états  habituels 
d'humidité  de  l'air  dans  nos  climats  tempérés,  pourvu  que,  clans  chaque 
localité,  on  ait  soin  de  déterminer  la  valeur  du  coefficient  A  par  des  expé- 
riences directes. 

»  La  valeur  de  ce  coefficient  a  été  trouvée  : 

»  Dans  une  petite  chambre  fermée A  =  0,00128 

»  Dans  une  vaste  salle  fermée A  =  0,00100 

»  Dans  la  même  salle,  lorsque  deux  fenêtres  opposées 
étaient  ouvertes A  =  0,00077 

»  Dans  une  grande  cour  carrée,  entourée  de  construc- 
tions élevées,  le  psychromètre  étant  exposé  au  nord.   ...       A  =  0,00074 

»  Dans  la  cour  de  l'auberge  de  Taverne  aux  Eaux-Bonnes 
( Pyrénées \ A  =  0,00090 

»  3°.  Lorsque  le  psychromètre  est  placé  dans  une  localité  où  il  peut 
éprouver  l'action  plus  directe  de  certains  vents  que  d'autres,  ses  indications 
dans  des  conditions  variées  ne  peuvent  plus  être  représentées,  avec  la  même 
exactitude,  par  une  formule  unique.  On  le  reconnaît  facilement  sur  les 
expériences  de  la  cinquième  série,  qui  ont  été  faites  dans  la  cour  sud  du 
Collège  de  France.  On  le  remarque  également  dans  les  expériences  de  la 
neuvième  série,  que  M.  Izarn  a  faites  sur  un  plateau  très-élevé  et  entière- 
ment découvert  des  Pyrénées.  Mais,  dans  ce  dernier  cas,  les  écarts  de  la 
formule  par  rapport  à  l'état  de  saturation  réel  ne  sont  pas  assez  considé- 
rables, pour  que  l'on  ne  puisse  pas  regarder  les  indications  du  psychromètre 
comme  des  approximations  suffisantes.  Bien  entendu  que  la  valeur  du  coef- 
ficient A  avait  été  déterminée  par  les  observations  elles-mêmes,  Cette  valeur 
était  pour  le  plateau  élevé  des  Pyrénées,  A  =  0,00090. 

»  4°-  Lorsque  le  psychromètre  est  exposé  aux  rayons  directs  du  soleil, 
pourvu  que  la  quantité  d'eau  qui  arrive  sur  la  mousseline  du  thermomètre 
mouillé  soit  suffisante  pour  la  maintenir  complètement  imbibée,  ses  indica- 

C.  R.,  i85a,  ame  Semestre  (T.  XXXV,  N°  26. )  123 


(938  ) 
tions  sont  encore  représentées  d'une  manière  satisfaisante  par  la  formule  qui 
s'applique  au  même  psychromètre  placé  à  l'ombre.  On  trouve,  en  effet, 
dans  la  huitième  série  faite  sur  le  plateau  élevé  des  Pyrénées,  plusieurs  expé- 
riences pendant  lesquelles  le  soleil  frappait  directement  sur  les  thermo- 
mètres, et  ces  expériences  présentent  avec  la  formule  le  même  accord  que 
celles  qui  ont  faites  à  l'ombre.  Les  expériences  de  la  sixième  série  qui  ont 
été  faites  dans  la  cour  sud  du  Collège  de  France,  l'appareil  étant  en  plen 
soleil,  semblent  conduire  à  la  même  conclusion. 

»  5°.  Dans  les  circonstances  atmosphériques  où  l'eau  gèle  à  la  surface 
du  thermomètre  mouillé,  et  qui  correspondent  toujours  à  des  températures 
de  l'air  inférieures  à  o°,  ou  très-peu  supérieures  à  o°,  le  psychromètre 
devient  de  moins  en  moins  sensible,  parce  que  les  variations  de  la  force 
élastique  de  la  vapeur  d'eau  à  saturation  avec  la  température  deviennent  de 
plus  en  plus  faibles  à  mesure  que  la  température  baisse.  Les  expériences  de 
la  septième  série  prouvent  qu'une  même  valeur  de  A  ne  peut  plus  repré- 
senter les  véritables  fractions  de  saturation  dans  toutes  les  parties  de  l'échelle 
hygrométrique.  Il  est  nécessaire  de  déterminer  au  moins  deux  de  ces  valeurs, 
l'une  pour  l'air  qui  approche  de  la  saturation,  et  l'autre  pour  l'air  qui  en 
est  éloigné.  Mais  il  est  à  craindre  que  ces  valeurs  de  A  ne  conviennent  pas 
pour  toutes  les  températures  basses,  et  qu'elles  changent  sensiblement  avec 
ces  températures.  C'est  un  point  qui  ne  peut  être  éclairci  que  par  les  obser- 
vateurs qui  habitent  les  contrées  très-froides,  car  dans  nos  climats  on  a  rare- 
ment l'occasion  de  faire  des  observations  dans  de  semblables  conditions. 

»  11  me  paraît  inutile  de  chercher  une  formule  qui  représente  les  obser- 
vations psychrométriques  mieux  que  ne  peut  le  faire  la  formule  simplifiée 
de  M.  August,  car  les  indications  de  l'instrument  sont  évidemment  influen- 
cées par  des  circonstances  locales  et  accidentelles,  dont  le  calcul  ne  peut 
pas  tenir  compte.  Le  psychromètre  doit  être  considéré  comme  un  instru- 
ment empjrique,  analogue  à  l'hygromètre  à  cheveu  de  Saussure  ;  il  a, 
sur  ce  dernier  instrument,  l'avantage  d'être  beaucoup  moins  altérable;  mais 
ses  indications  sont  encore  plus  dépendantes  des  circonstances  locales.  Il 
est  à  désirer  que  les  observateurs  se  convainquent  bien  de  cette  vérité,  afin 
qu'ils  ne  continuent  pas  à  observer  des  instruments  sur  les  indications  des- 
quels ils  ne  possèdent  aucune  donnée  certaine,  et  à  entasser  des  observa- 
tions douteuses  qui  seront  beaucoup  plus  nuisibles  qu'utiles  aux  vrais  pro- 
grès de  la  météorologie. 

»  Si  l'on  persiste  à  se  servir  du  psychromètre  pour  les  observations  hygro- 


(93g) 

métriques  continues,  et  ce  sont  les  seules,  à  mon  avis,  qui  présentent  de 
l'intérêt,  il  conviendra  de  disposer  l'instrument,  autant  que  possible,  dans 
un  espace  assez  vaste,  mais  convenablement  abrité  par  les  constructions 
environnantes,  pour  que  les  thermomètres  ne  soient  pas  exposés  à  l'ac- 
tion directe  du  vent.  Il  faudra  déterminer  la  constante  A  de  la  formule 
oc  ==/"'  —  A  [i  —  t')  H  qui  convient  à  la  localité  choisie,  par  des  expériences 
comparatives,  soit  avec  l'hygromètre  à  condensation,  soit  par  la  méthode 
chimique.  Pour  faire  cette  détermination,  on  choisira  de  préférence  les 
moments  où  l'air  est  éloigné  de  la  saturation,  parce  qu'alors  le  terme  affecté 
de  A  a  une  valeur  numérique  plus  grande.  Il  sera  même  convenable  de  dé- 
terminer la  constante  A  pour  deux  portions  différentes  de  l'échelle  thermo- 
métrique :  la  première  entre  o  et  i  o  degrés,  la  seconde  entre  i  o  et  3o  degrés. 
Il  est  probable  que  ces  deux  valeurs  ne  seront  pas  identiques,  et  l'on  em- 
ploiera chacune  d'elles  entre  les  limites  de  température  pour  lesquelles  elle 
a  été  déterminée.  En  opérant  ainsi,  on  sera  certain  de  déduire  des  observa- 
tions du  psychromètre  des  valeurs  de  la  fraction  de  saturation  de  l'air  qui 
ne  différeront  pas  de  plus  de-^  des  véritables  valeurs,  et  c'est  là  une  approxi- 
mation parfaitement  suffisante  pour  des  observations  de  ce  genre. 

»  Si  l'on  désirait  une  approximation  plus  grande,  il  faudrait  avoir  recours 
à  l'hygromètre  condenseur.  La  meilleure  disposition  à  donner  à  cet  instru- 
ment me  paraît  toujours  être  celle  que  j'ai  décrite  dans  mon  premier 
Mémoire;  seulement,  on  pourrait  remplacer  le  petit  aspirateur  que  j'y  ai 
figuré,  par  un  aspirateur  double  à  retournement,  analogue  à  celui  de  Brun- 
ner,  et  établi  à  poste  fixe  ;  on  éviterait  ainsi  la  peine  de  remplir  fréquem- 
ment l'aspirateur.  En  donnant  à  chacun  des  vases  de  cet  aspirateur  une  capa- 
cité de  10  à  1 5  litres,  on  pourra,  sans  le  retourner,  faire  au  moins  vingt  ou 
trente  observations  consécutives,  c'est-à-dire  plus  qu'on  n'en  fait  générale- 
ment dans  un  observatoire  pendant  toute  une  journée.  Le  liquide,  dont  on 
remplirait  l'hygromètre,  serait  de  l'éther  pendantla  saison  d'hiver,  de  l'alcool 
ou  mieux  de  l'esprit-de-bois  pendant  l'été.  Il  serait  facile  d'ailleurs  de  main- 
tenir ce  liquide  au  niveau  convenable  dans  le  petit  vase  d'argent,  sans  avoir 
besoin  de  démonter  celui-ci  fréquemment.  A  cet  effet,  on  ferait  communi- 
quer ce  vase  par  le  bas,  au  moyen  d'un  très-petit  tube  d'argent,  avec  un 
réservoir  qui  contiendrait  une  quantité  un  peu  considérable  du  liquide  vola- 
til, et  qui  fournirait  continuellement  la  petite  quantité  qui  s'évapore.  » 


123. 


(94o  ) 

astronomie.  —  Nouvelle  planète  découverte  le  i5  décembre  i85a; 
par  M.  Hixd.  (Lettre  à  M.  Arago.) 

«  Londres,  1 8  décembre. 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  annoncer  la  découverte  que  j'ai  faite  d'une  hui- 
tième planète,  le  1 5  décembre  au  soir,  à  6h  3om.  Son  éclat  est  celui  d'une 
étoile  de  10e  grandeur;  sa  lumière  est  d'un  bleu  pâle.  Par  une  compafai- 
son  avec  l'étoile  6129  du  catalogue  de  Lalande,  on  a  pu  reconnaître  les 
positions  suivantes. 


2R 

Dist.  pol.  nord 

h        m        s 

h       m       6 

0       /       // 

Décembre  i5. 

7.18.39,2 

3   12.   4  ; 98 

■;3. 10. 16,4 

— 

8.42.  2,0 

3.12.   2,70 

73.10.   3,9 

•7- 

6 .  2 .  5,9 

3.I0.48.23 

73.   3.26,0 

»  M.  Bishop  propose  que  cette  planète,  dans  le  cas  où  elle  n'aurait  pas 
été  découverte  avant  moi,  porte  le  nom  de  ïhalie. 

»  Quant  à  la  planète  que  j'ai  découverte  le  16  novembre,  nous  sommes 
convenus  de  l'appeler  Calliope. 

»  Oserais-je  vous  prier  de  me  faire  l'honneur  de  communiquer  cette 
découverte  à  l'Académie  des  Sciences  (1).  » 

M.  Augusti.v  Cauchy  présente  à  l'Académie  divers  Mémoires  sur  le 
mouvement  de  rotation  d'un  corps  solide  et  en  particulier  d'un  corps 
pesant  autour  d'un  point  fixe.  Les  conclusions,  auxquelles  l'auteur  a  été 
conduit  par  son  analyse,  seront  exposées  et  développées  dans  une  pro- 
chaine séance. 

MÉMOIRES  LUS. 

physiologie  végétale.  —  Note  sur  la  germination  des  Céréales  récoltées 
avant  leur  maturité;  par  M.  P.  Duchartre.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique  à  laquelle  est  adjoint 

M.  Decaisne.) 

«  Les  expériences  qui  servent  de  base  à  ce  travail  ont  été  faites  cette 


(1)  Cette  Lettre  n'a  pu  être  communiquée  à  l'Académie  le  lundi  20,  jour  de  la  séance  an- 
nuelle, mais  la  découverte  de  M.  Hind  a  été  annoncée  le  22  au  Bureau  des  Longitudes. 


(  94'  ) 

année  dans  le  jardin  de  botanique  agricole  de  l'Institut  agronomique  à 
Versailles.  Elles  formaient  le  commencement  d'un  grand  travail  que  j'ai  dû 
renoncer  à  continuer  du  jour  où  la  suppression  de  cet  établissement  m'en 
a  enlevé  les  moyens.  Elles  ont  eu  pour  résultat  de  démontrer  que  les  grains 
de  nos  céréales  possèdent  la  faculté  germinative  longtemps  avant  leur  matu- 
rité. Elles  étendent,  par  conséquent,  aux  céréales  en  général,  ce  que  les 
observations  isolées  de  MM.  Duhamel,  Sénebier,  etc.,  et  récemment  les 
recherches  plus  suivies  de  MM.  Kurr,  Seiffer,  Goeppert  et  surtout  Cohn, 
ont  déjà  montré  avoir  lieu  chez  le  seigle  d'hiver,  le  mais,  et  chez  plusieurs 
plantes  appartenant  à  des  familles  autres  que  celle  des  Graminées. 

»  Mes  expériences  ont  porté  sur  le  seigle  de  mars,  sur  un  froment  ordi- 
naire sans  barbes,  sur  un  poulard  et  sur  deux  variétés  de  l'orge  commune. 
Elles  ont  été  divisées  en  deux  séries.  Dans  la  première  série  on  a  semé 
chaque  jour,  à  partir  du  10  juillet,  cent  grains  de  chaque  espèce  fraîche- 
ment récoltés.  De  chaque  semis  on  a  conservé  un  épi  ;  les  grains  de  ces  épis 
conservés  ont  fourni  la  matière  de  nouvelles  semailles,  qui  ont  été  exécutées 
le  12  septembre,  et  qui  constituent  la  seconde  série  de  ces  expériences.  La 
maturité  des  grains  correspondants  restés  sur  pied  n'est  arrivée  que  dans  les 
premiers  jours  du  mois  d'août. 

»  Je  décris  et  figure  l'état  très-imparfait  de  l'embryon  dans  les  grains 
les  plus  jeunes  mis  en  expérience,  c'est-à-dire  dans  ceux  qui  ont  été 
semés  le  10  juillet.  Je  donne  ensuite  le  tableau  des  germinations  survenues 
à  la  suite  de  ces  divers  semis,  et  je  tire  de  l'ensemble  de  mes  observations 
les  conclusions  suivantes  : 

»  i°.  Les  grains  de  nos  céréales  en  général  sont  susceptibles  de  germer 
longtemps  avant  leur  maturité,  lorsque  leur  embryon  est  encore  très-im- 
parfait, et  que  leur  albumen  est  presque  en  lait  ; 

»  2°.  La  germination  m'a  paru  exiger  un  temps  d'autant  plus  long,  que 
les  grains  semés  étaient  plus  jeunes  ;  mais  je  ne  puis  exprimer  ce  retard  en 
chiffres  précis,  parce  que  n'ayant  pas  eu  à  ma  disposition  de  grains  mûrs  des 
mêmes  espèces  et  variétés,  je  n'ai  pu  faire  des  germinations  comparatives; 

»  3°.  Les  germinations  des  grains  très-jeunes  sont  à  peu  près  en  même 
proportion  que  celles  des  grains  plus  rapprochés  de  leur  maturité  (seigle, 
poulard,  orge),  ou  même  en  proportion  plus  considérable  (blé  roux)  ; 

»  4°-  Les  orges  paraissent  avoir  beaucoup  plus  de  difficulté  à  germer 
avant  leur  maturité  que  le  seigle,  et  surtout  que  les  froments  ; 

»   5°.  La  dessiccation  des  grains  imparfaitement  mûrs,  ou  même  très- 


(  94*  ) 

jeunes,  et  la  rétraction  qui  en  est  la  suite,  loin  de  nuire  à  leur  germination, 
la  favorisent  au  contraire  d'une  manière  frappante  ; 

»  6°.  Le  temps  nécessaire  pour  la  germination  des  grains  jeunes  semés  à 
l'état  sec,  ne  m'a  pas  paru  plus  long  que  celui  qu'exigent  les  grains  mûrs; 

»  70.  Dans  la  culture,  si  les  circonstances  obligent  à  couper  les  céréales 
avant  qu'elles  aient  atteint  leur  maturité  ,  même  assez  longtemps  avant  ce 
terme ,  on  ne  doit  pas  craindre  d'employer  pour  semence  les  grains  pro- 
venus de  ces  récoltes  hâtives.  Les  expériences  de  ma  seconde  série  prouvent 
que  ces  grains  jeunes,  ayant  eu  le  temps  de  sécher,  peut  être  de  développer 
suffisamment  leur  embryon,  dans  l'intervalle  de  la  moisson  aux  semailles, 
seront  parfaitement  aptes  à  germer  ; 

»  8°.  De  là  résulte  la  possibilité  de  commencer,  au  besoin,  la  moisson  de 
meilleure  heure,  même  pour  la  prolonger  jusqu'au  terme  ordinaire,  et  d'y 
employer  ainsi  moins  d'ouvriers  pendant  un  laps  de  temps  plus  consi- 
dérable. 

»  En  terminant  ma  Note,  j'établis,  par  mes  observations,  ce  fait  intéres- 
sant, que  les  plantes  provenues  de  grains  récoltés  jeunes  ne  sont  ni  plus 
faibles  ni  moins  développées  que  celles  qui  sont  nées  de  grains  arrivés  à 
leur  entier  développement.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

analyse   mathématique.  —    Recherches  sur   l'intégration    de    certaines 
équations  linéaires  aux  différences  partielles  à  coefficients  constants  : 

intégration  de.  l'équation  -y-f  -f-  -A  =  o;  par  M,  A.  Laurent,  capitaine 

du  génie.  (Extrait  par  l'auteur.  ) 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Lamé,  Binet.) 

«  On  a  représenté,  à  priori,  l'intégrale  générale  d'une  équation  linéaire 
aux  différences  partielles  à  coefficients  constants,  par  une  série  infinie 
d'exponentielles  népériennes  dont  les  exposants  sont  des  fonctions  linéaires 
des  variables  indépendantes. 

»  La  recherche  de  valeurs  convenables  à  attribuer,  dans  chaque  cas 
particulier,  aux  constantes  de  l'intégrale  générale  dont  il  s'agit,  est  un  pro- 
blème indéterminé.  Ce  problème  ne  devient  déterminé  que  par  l'intro- 
duction de  conditions  restrictives  qui,  sans  être  complètement  arbitraires, 


(  943) 

peuvent  varier  à  l'infini.  Les  méthodes  données  par  Lagrange,  Fourier, 
Poisson,  etc.,  pour  déterminer  ces  constantes,  ne  correspondent  qu'à  un 
système  particulier  des  conditions  restrictives  dont  je  viens  de  parler. 

»  Ainsi  les  difficultés  que  peut  présenter  la  détermination  des  con- 
stantes de  l'intégrale  générale,  sont  de  deux  espèces  essentiellement  diffé- 
rentes qu'il  faut  bien  distinguer  :  les  unes  sont  inhérentes  à  la  forme  des 
équations  aux  limites,  tandis  que  les  autres  ne  dépendent  que  de  la  nature 
des  conditions  restrictives  admises. 

»  J'ignore  si  cette  remarque  est  nouvelle;  dans  tous  les  cas,  elle  permet 
de  résoudre  immédiatement  une  foule  de  questions  auxquelles  les  méthodes 
de  Fourier  et  de  Poisson  ne  seraient  que  difficilement  applicables. 

»  Je  me  propose,  dans  la  seconde  partie,  d'examiner  les  résultats  que 
l'on  obtient,  lorsqu'on  applique  la  méthode  d'intégration  que  j'expose,  à 
l'équation  du  quatrième  ordre 

dx>  \  dx*         dy*  J         dy>  \  dx1         dz>  ) 

»  Enfin,  dans  une  troisième  partie,  je  démontrerai  que  la  méthode  est 
directement  applicable  au  cas  de  trois  variables  indépendantes.  » 

optique.  —  Mémoire  sur  un  perfectionnement  important  de  l'oculaire 
quadruple  des  lunettes  achromatiques;  par  M.  Sécrétai».  (Extrait 
par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Despretz,  Mauvais.) 

«  Bien  que  dans  plusieurs  Mémoires,  et  surtout  dans  sa  Dioptrique ,  Euler 
ait  donné  la  théorie  d'un  grand  nombre  de  systèmes  optiques  formant  une 
image  droite  et  amplifiée  des  objets  éloignés,  celui  de  la  lunette  achroma- 
tique et  de  son  oculaire  quadruple  tel  qu'on  le  construit  généralement 
d'après  Dollond,  lui  a  cependant  échappé.  I^es  opticiens  qui  voudraient  le 
construire  scientifiquement  ne  trouveraient  ainsi,  dans  les  ouvrages  du 
grand  géomètre,  que  des  indications  générales.  M.  Sprecht,  de  Vienne,  a 
donné  dans  son  Optique  pratique  les  éléments  de  plusieurs  oculaires  qua- 
druples de  Frauenhoffer,  mais  ils  n'y  verront  aucun  examen  analytique  de 
leur  construction.  Nous  citerons  aussi  M.  Santini,dePadoue,  qui,  s'occupant 
de  l'oculaire  quadruple  dans  son  Optique  instrumentale,  arrive  à  deux  sys- 
tèmes de  formules  qui  permettent  d'en  faire  aisément  le  calcul.  Malheureu- 
sement ces  formules  deviennent  illusoires  pour  tous  les  grossissements 


(  944  ) 
faibles,  et  donnent  des  oculaires  très-dissemblables  suivant  les  valeurs  qu'on 
attribue  à  cet  arbitraire.  M.  Biot,  dans  un  beau  Mémoire  publié  en  1 84 •  ? 
a  comblé  ces  lacunes;  les  opticiens  y  trouveront  des  formules  très-simples, 
qui  ne  sont  jamais  en  défaut,  et  au  moyen  desquelles  ils  pourront  con- 
struire des  oculaires  aussi  bons  que  ceux  de  Dollond  et  de  Frauenhoffer. 
»  Mais  en  admettant  l'emploi  des  lentilles  achromatiques  pour  la  con- 
struction de  l'oculaire  en  question,  on  peut  le  perfectionner  très-notable- 
ment. C'est  ce  qu'a  montré,  il  n'y  a  pas  longtemps,  un  savant  de  Vetzlar, 
dont  nous  ne  connaissons  d'ailleurs  ni  les  travaux,  ni  même  le  nom.  Ayant 
eu  l'occasion  de  voir  récemment  une  lunette  construite  d'après  ses  indica- 
tions, nous  avons  réfléchi  aux  causes  des  effets  très-satisfaisants  qu'elle  pro- 
duisait, et  nous  pensons  les  avoir  trouvées.  On  paraît  avoir  eu  égard,  dans 
sa  construction,  aux  deux  principes  suivants,  qui  seraient  nouveaux  ou  du 
moins  n'auraient  pas  encore  été  énoncés  explicitement.  Le  premier  con- 
siste à  faire  achromatiques  et  de  nulle  aberration,  les  lentilles  de  l'oculaire 
que  les  pinceaux  de  lumière  traversent  loin  de  leur  sommet,  c'est-à-dire 
lorsqu'ils  ont  déjà  un  épanouissement  notable;  et  le  second,  c'est  de  donner 
à  toutes  les  lentilles  un  sens  de  courbure  qui  rende  aussi  normale  que  pos- 
sible sur  leurs  surfaces,  l'incidence  des  axes  des  pinceaux  extrêmes.  C'est  en 
réalisant  ces  conditions  que  nous  avons  construit  la  lunette  qui  accompagne 
ce  Mémoire;  elle  présente,  à  grossissement  égal,  un  champ  plus  grand  de 
moitié  que  dans  les  instruments  réputés  les  meilleurs,  et  elle  produit  l'effet 
d'une  lunette  deux  fois  plus  longue  et  deux  fois  plus  coûteuse.  Tous  les 
détails  de  construction  sont  indiqués  dans  le  Mémoire.  » 

mktéokologie.  —  Mémoire  sur  la  formation  de  la  grêle  et  sur  les 
circonstances  météorologiques  qui  accompagnent  cette  formation;  par 

M.  IVoELLNER. 

Ce  Mémoire,  écrit  en  allemand,  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commis- 
sion composée  de  MM.  Regnault  et  Babinet. 

histoire  naturelle.  —  De  la  symétrie  dans  les  trois  règnes  de  la  nature: 
deuxième  partie,  symétrie  autour  d'un  point  [symétrie  minérale); 
par  M.  Fermond. 

(Benvoi  à  l'examen  des  Commissaires  nommés  pour  la  première  partie  de 
ce  travail  :  MM.  Brongniart,  de  Senarmont,  de  Quatrefages.  ) 


(  945  ) 

M.  Foi  H.vicitii:  adresse  un  Mémoire  sur  une  balance  à  bascule  destinée  à 
prévenir  les  fraudes  sur  le  poids  dans  le  commerce  de  détail. 

Ce  Mémoire  est  renvoyé,  conformément  au  désir  exprimé  par  l'auteur,  à 
l'examen  de  la  Commission  chargée  de  décerner  le  prix  de  Mécanique  de  la 
fondation  Montyon. 

M.  Werdet  père  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  sur  une 
encre  de  sûreté  qu'il  croit  réunir  toutes  les  qualités  exigées  quant  à  l'inalté- 
rabilité et  à  la  facilité  d'emploi. 

(Commissaires,  MM.  Thenard,  Dumas,  Pelouze.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  écrit  à  l'Académie  pour  lui 
annoncer  qu'il  accepte  les  propositions  qu'elle  lui  a  faites  touchant  les 
moyens  d'augmenter  la  valeur  intrinsèque  des  médailles  qui  doivent  être 
décernées,  cette  année,  à  cinq  astronomes  pour  la  découverte  de  planètes 
entre  Mars  et  Jupiter. 

M.  le  Ministre  de  l'Intérieur,  de  l'Agriculture  et  du  Commerce  adresse, 
pour  la  bibliothèque  de  l'Institut,  un  exemplaire  du  LXXVIIe  volume  des 
Brevets  d'invention  pris  sous  l'empire  de  la  loi  de  \  79 1 . 

chimie.  —  Quelques  faits  relatifs  à  Faction  réciproque  des  sels 
solubles  ;  par  M.  Malaguti. 

«  Berthollet  dit  que  «  lorsqu'un  sel  neutre  est  dissous,  et  qu'on  ajoute 
»  un  acide  à  sa  dissolution,  celui-ci  entre  en  concurrence  avec  l'acide  com- 
»  biné;  l'un  et  l'autre  agissent  sur  la  base  alcaline,  chacun  en  raison  de  sa 
»  masse,  comme  si  la  combinaison  n'eût  pas  existé.  » 

»  L'expression  chacun  en  raison  de  sa  masse,  implique  l'idée  que  la 
quantité  d'un  acide  qui  sera  nécessaire  pour  opérer  le  partage,  sera  d'au- 
tant plus  grande  que  l'acide  sera  faible  ;  et  si  les  deux  acides  sont  de  force 
égale,  ils  se  partageront  la  base  proportionnellement  au  nombre  de  leurs 
atomes  :  il  me  semble,  en  outre,  qu'une  conséquence  nécessaire  de  ce  prin- 
cipe, c'est  que  la  décomposition  qui  aura  lieu  entre  deux  sels  ou  un  couple 
salin  dissous,  si  tant  est  que  rien  ne  se  sépare,  doit  être  d'autant  plus 

C.  R.  ,  i852,  •2me  Semestre.  (T.  XXXV,  Pf°2C.)  124 


(  946  ) 

grande,  que  l'acide  et  la  base  la  plus  forte  seront  séparés  dans  les  deux  sels 
primitifs. 

»  D'un  autre  côté,  si  tout  doit  se  passer  comme  si  les  combinaisons 
n'eussent  pas  existe',  c'est-à-dire  comme  si  l'on  avait  mis  en  présence  sépa- 
rément les  acides  et  les  bases,  il  arrivera  que  deux  expériences  inverses 
donneront  le  même  résultat,  ce  qui  revient  à  dire  que  si  l'on  représentait 
par  deux  coefficients  les  quantités  des  sels  décomposés  dans  deux  couples 
salins,  contenant  les  mêmes  éléments,  mais  inversement  distribués,  les 
deux  coefficients  seraient  complémentaires. 

»  D'après  ces  vues,  j'ai  soumis  à  l'expérience  quatre  genres  de  sels  : 

Potasse , 
Soude, 

Acétates  de I  Baryte, 

Strontiane, 
Plomb , 
Potasse , 

,  )  Baryte, 

2".  Azotates  de.  .  . .    <        J    . 

Strontiane, 

Plomb , 
Potasse , 
Soude, 

3°.   Sulfates  de I  Magnésie, 

Manganèse , 
Zinc, 

Potassium , 
Sodium, 
4°.  Chlorures  de.  . .    1  Magnésium, 
Manganèse , 
Zinc. 

»  Dans  les  conditions  où  je  me  suis  placé  pour  expérimenter,  je  n'ai 
trouvé  qu'une  seule  exception  à  la  règle  suivante,  qui  est  un  corollaire  des 
propositions  précédentes  :  «  L'étendue  de  la  décomposition  réciproque  de 
»  deux  sels  est  en  raison  des  affinités  propres  à  leurs  principes  constituants 
»  et  au  mode  de  distribution  de  ces  principes  ;  »  ce  qui  revient  à  dire  que 
«  lorsque,  dans  un  couple  salin,  la  base  et  l'acide  les  plus  forts  se  trouvent 
»  primitivement  réunis ,  la  décomposition  est  toujours  moindre  que  la 
»  moitié  de  l'équivalent;  elle  dépasse  toujours  la  moitié,  lorsque  la  base  et 
»  l'acide  les  plus  forts  sont  séparés  dans  les  deux  sels.  » 

»  Voici  la  série  des  résultats  et  les  coefficients  de  décomposition  obtenus 


(947  ) 


dans  vingt-deux  expériences 


Couples  salins  dont  le  coefficient  de  décomposition 
est  supérieur  à  la  moite  de  l'équivalent. 
Noms  des  sels.  Formules.         Coefficient 

Acétate  de  potasse KO,  C4  B?  O3 

Acétate  de  plomb PbO,  AzOs 

Chlorure  de  potassium.  .  .  KC1 

Sulfate  de  zinc ZnO,  SO3 

Acétate  de  baryte BaO,  C'H'C" 

Azotate  de  plomb PbO,  Az  O5 

Chlorure  de  sodium Na  Cl 

Sulfate  de  zinc. .    ZnO,  SO3 

Acétate  de  baryte BaO,  C*  H303 

Azotate  de  potasse KO,   Az  O5 

Acétate  de  potasse KO ,  C4  H1  O3 

Azotate  de  strontiane.  ...    SrO,   AzO5 

Acétate  de  strontiane SrO,  C  HJ0' 

Azotate  de  plomb Pb  O,  Az  Oh 

Acétate  de  potasse KO,  C  H3  O3 

Sulfate  de  soude NaO,  SO3 

Chlorure  de  potassium.  . .  KC1 

Sulfate  de  manganèse....  MnO,  SO3 

Chlorure  de  potassium. .  .  K  Cl 

Sulfate  de  magnésie MgO,  SO3 

Chlorure  de  sodium NaCl 

Sulfate  de  magnésie.    ...  MgO,   SO' 


92 
84 

177 

72 

72 

67 

65,5 
[62 

58 

56 

54, 5o 


Couples  salins  dont  le  coefficient  de  décomposition 
est  inférieur  à  la  moitié  de  l'équivalent. 
Noms  des  sels.  Formules.        Coeffic. 

Acétate  de  plomb PbO,  C'rFO3 

Azotate  de  potasse KO,  AzO5 

Chlorure  de  zinc Zn  Cl 

Sulfate  de  potasse .    K.O,   SO' 

Acétate  de  plomb. ...  PbO,  C'rPO3 

Azotate  de  baryte BaO,  AzO5 

Cloruie  de  zinc Zn  Cl 

Sulfate  de  soude NaO,  SO3 

Acétate  de  potasse KO,  O  H3  O3 

Azotate  de  baryte BaO,  AzO5 

Acétate  de  strontiane SrO,  CH303 

Azotate  de  potasse KO,  AzO5 

Acétate  de  plomb Pb  O,  C  H3  O3 

Azotate  de  strontiane   ....   SrO,  AzO5 


9 
!'7,6 


29 
27 
36 
33 


Acétate  de  soude NaO,  C  H303 

Sulfate  de  potasse KO,   SO3 


Chlorure  de  manganèse.  . .   MnCl 

Sidfate  de  potasse KO,   SO3 

Chlorure  de  magnésium .  .  .   Mg  Cl 

Sulfate  de  potasse KO,   SO3 

Chlorure  de  magnésium . .  .   Mg  CI 
Sulfate  de  soude Na  O,   SO3 


42,5 

43 

45,8 


»  On  voit  que  les  coefficients  les  plus  élevés  se  rapportent  en  général 
aux  couples  salins  où  l'acide  et  la  base  les  plus  puissants  se  trouvent  sépa- 
rés dans  les  deux  sels  :  par  contre,  on  voit  que  les  coefficients  les  moins 
élevés  appartiennent  aux  couples  dont  un  des  sels  renferme  l'acide  et  la 
base  les  plus  forts. 

»  On  remarque  une  exception  pour  les  deux  couples  qui  renferment 
l'acide  azotique  et  l'acide  acétique,  la  potasse  et  la  baryte. 

»  Si  les  doubles  décompositions  s'effectuaient  en  raison  des  affinités,  il 
faudrait  conclure  que  la  baryte  est  une  base  plus  puissante  que  la  potasse. 

»  Dans  une  autre  occasion,  je  ferai  connaître  de  nouveaux  faits  qui 
appuient  cette  manière  de  voir. 

»  Si  l'on  n'attache  d'importance  qu'au  sens  des  coefficients,  et  non  pas  à 
leur  valeur  absolue,  il  paraît  certain  que  les  doubles  décompositions  entre 


(  948  ) 
sels  solubles,  lorsque  rien  ne  se  sépare,  ont  lieu  suivant  des  lois  déduites 
des  théories  bertholliennes.  » 

astronomie.  Éléments  de  l'orbite  de  la  comète  III,  18/17,  découverte 
par  M.  Mauvais,  le  l\  juillet;  par  M.  E.  Gautier.  (Communiqués 
par  M.  Le  Verrier.) 

«  La  durée  de  l'apparition  de  la  comète  s'est  prolongée  jusqu'en 
avril  i8/|8.  Afin  de  représenter  aussi  exactement  que  possible  la  courbe 
décrite  par  elle  pendant  toute  sa  période  de  visibilité,  un  premier  essai  de 
recherche  d'une  orbite  elliptique  a  été  fondé  sur  les  trois  positions  obser- 
vées les  i3  juillet  1847,  '8  novembre  1847,  et  3  avril  1 848. 

»  La  valeur  du  demi-grand  axe  ainsi  obtenue  s'élevant  à  près  de  mille 
fois  le  rayon  moyen  de  l'orbite  terrestre,  toute  préoccupation  relative  à  la 
période  de  l'astre  devenait  vaine,  et  je  me  suis  borné  à  chercher  une  orbite 
osculatrice  à  un  point  quelconque  de  sa  trajectoire,  au  i5  juillet,  par 
exemple.  A  cet  effet,  les  perturbations  des  coordonnées  de  la  comète  par 
Jupiter,  la  Terre  et  Vénus,  les  seules  sensibles,  ont  été  calculées  à  partir  de 
ce  jour  et  ajoutées  aux  erreurs  de  l'éphéméride  obtenue  au  moyen  du  pre- 
mier système  d'éléments.  Ces  erreurs  ainsi  modifiées,  ont  donné  le  moyen 
déformer  huit  lieux  normaux  correspondant  à  huit  groupes  d'observations 
convenablement  choisis,  quoique  de  poids  inégaux,  et  formant  le  tableau 
suivant  : 


Nombres 

Date. 

Longitude. 

Latitude. 

d'observations 

1847.   JuiHet          12,5 

89:.4'.58';9 

»       1       11 
70.52. 10,2 

42 

Août             1 3 ,5 

152.37.38, 1 

58 .   2 . 40 , 1 

5i 

Septembre  i4  7 

172  20.42,3 

44-  g. 26,0 

22 

Octobre        16  \ 

182.25.4,8 

35.26.3i,6 

8 

Novembre    18  ~ 

187 .55.23,5 

29.49  18,7 

2 

Décembre    i3,5 

188.18.  6,6 

26 . 47 • 5 1 , 2 

3 

1848.   Février        22,5 

162. i4-42, • 

i3. 20. i8,3 

10 

Avril             2 , 5 

1 45 . 4 ' -52,6 

2.  4-52,8 

6 

»  Sept  de  ces  lieux  normaux  ont  concouru  à  la  détermination  des  élé- 
ments définitifs  :  j'ai  cru  devoir  omettre,  après  un  premier  essai,  celui  du 
i3  décembre.  Ces  sept  lieux  normaux  produisent  quatorze  équations  de 
condition  qui,  traitées  elles-mêmes  parla  méthode  des  moindres  carrés,  en 
fournissent  six  nouvelles,  propres  à  déterminer  les  valeurs  les  plus  pro- 
bables des  corrections  qu'il  convient  d'apporter  aux  éléments  déjà  obtenus. 


(  949  ) 
En  suivant  cette  marche,  j'ai  trouvé  le  système  d'éléments  qui  suit  : 

Époque  du  passage  au  périhélie. . .      1847  aout  9>375o6 

0      /      n 

Longitude  du  périhélie 60.48.43,2  1    . 

T         .  j     j            j  Q3Q     a  a         \  Equinoxe  moyen   1848,0. 

Longitude  du  nœud 338. 16.57,1   J  ^ 

Inclinaison 96.  33.45,o 

Log  de  l'excentricité 9>999  3863 

Log  dist.  périhélie o  ,247   oo52 

»  La  comparaison  des  positions  obtenues  par  le  calcul  direct  au  moyen 
de  ces  éléments  avec  les  lieux  normaux  qui  précèdent,  m'a  fourni  les  diffé- 
rences que  voici  et  qui  m'ont  paru  satisfaisantes,  surtout  lorsqu'on  se  rap- 
pelle que  la  position  du  i3  décembre  a  été  éliminée  de  la  discussion,  et  que 
l'éclat  de  la  comète  était  devenu  excessivement  faible  dans  la  dernière  partie 
de  son  apparition  : 

(Calcul  —  Observation) 
S  l  cos  b  gb 

12,5    juillet  —     0,4  +o,3 

i3,5    août  +3,5  —     0,4 

i4,33  septembre  —     0,0  +3,8 

i6,33  octobre  —     3,2  +3,6  . 

18,75  novembre  —   17,1  —      1,8 

t3,5     décembre  —  24,0  +  /[i  ,6 

22,5     février  +17,6  —     0,1 

2,5    avril  +    8,6  —     7,7 

physique.  —  Sur  quelques  faits  relatifs  au  courant  et  à  la  lumière 
électriques;  par  M.  Qitet.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Lorsque  le  vide  est  fait  aussi  exactement  qu'on  peut  l'obtenir  avec  une 
excellente  machine  pneumatique,  dans  le  récipient  connu  sous  le  nom 
d'œuf  électrique,  si  l'on  met  en  communication  les  deux  tiges  du  récipient 
avec  les  fds  qui  amènent  les  deux,  électricités  fournies  par  la  machine 
électrique  que  construit  M.  Ruhmkorff,  on  voit  se  produire  dans  le  vide 
deux  lumières  différentes  par  la  couleur,  la  forme  et  la  position.  L'une 
des  lumières  est  violette  et  entoure  régulièrement  la  boule  et  la  tige  néga- 
tives; l'autre  est  rouge  de  feu;  elle  adhère  d'un  côté  à  la  boule  positive, 
s'étend  de  l'autre  vers  la  boule  négative,  et  a  pour  limites  latérales  une  sur- 
face de  révolution  autour  de  l'axe  du  récipient.  Cette  manifestation  d'une 
double  lumière  électrique  est  une  expérience  neuve  et  curieuse  de 
M.  Ruhmkorff. 


(  95o  ) 

»  En  étudiant  cette  double  lumière,  je  suis  parvenu  à  établir  qu'elle  se 
compose  d'une  suite  de  couches  brillantes  entièrement  séparées  les  unes 
des  autres  par  des  couches  obscures,  ou  qu'elle  est  comme  stratifiée. 

»  Pour  bien  développer  ce  phénomène  de  stratification  et  lui  donner  de 
l'éclat,  je  me  sers  du  vide  fait,  dans  un  œuf  ou  un  tube  électriques,  sur  l'une 
des  vapeurs  fournies  par  l'esprit-de-bois,  l'essence  de  térébenthine,  l'huile 
de  naphte,  l'alcool,  le  sulfure  de  carbone,  le  bichlorure  d'étain,  etc.,  ou  sur 
un  mélange  de  ces  vapeurs  et  d'air,  ou  bien  encore  sur  le  fluorure  de  sili- 
cium, etc.;  je  fais  passer  dans  ces  vides  le  courant  d'induction  fourni  par 
la  machine  électrique  si  remarquable  que  construit  M.  Ruhmkorff,  et  j'ob- 
tiens alors  une  multitude  de  couches  brillantes  séparées  par  des  couches 
obscures  formant  comme  une  pile  de  lumière  électrique  entre  les  deux  pôles 
du  récipient. 

»  Dans  la  lumière  relative  au  pôle  positif,  lumière  qui  est  ordinairement 
rouge,  les  couches  brillantes  les  plus  rapprochées  de  la  boule  négative  ont 
une  position  et  une  figure  sensiblement  fixes,  en  sorte  qu'il  est  facile  d<> 
constater  sur  elles  qu'il  y  a  discontinuité  en  passant  de  l'une  à  l'autre.  La 
couche  extrême  ne  touche  pas  la  lumière  du  pôle  négatif,  elle  en  est  séparée 
par  une  couche  obscure  qu'on  peut  rendre  plus  ou  moins  épaisse,  suivant 
la  nature  des  vides  et  leur  perfection.  Mais,  indépendamment  des  trois  on 
quatre  couches  brillantes  qui  sont  sensiblement  fixes,  la  lumière  du  pôle 
positif  contient  une  multitude  d'autres  couches  dont  la  discontinuité  est 
plus  ou  moins  masquée  par  diverses  illusions  d'optique  que  j'élimine  en 
m'y  prenant  comme  il  suit  : 

»  La  lumière  électrique,  dans  ces  expériences,  n'a  pas  une  durée  continue; 
elle  consiste  en  une  suite  de  décharges  se  succédant  avec  rapidité.  La 
machine  qui  la  fournit  contient  un  petit  marteau  magnétique  qui  tour  à  tour 
se  lève  et  tombe  sur  une  enclume  de  platine,  et  à  chaque  fois  qu'il  se  lève, 
la  lumière  électrique  se  produit  dans  le  vide.  Au  lieu  de  laisser  au  marteau 
le  jeu  alternatif  et  très-rapide  que  lui  donne  la  construction  de  la  machine, 
ou  peut  le  manœuvrer  avec  la  main,  et  en  le  soulevant  une  seule  fois,  on 
obtient  dans  le  vide  une  émission  de  lumière  qui  ne  dure  qu'un  instant. 
Dans  ces  conditions,  toutes  les  illusions  d'optique  cessent;  on  n'a  plus  les 
mouvements  ondulatoires  et  progressifs,  ni  les  mouvements  gyratoires  qui 
peuvent  masquer  le  véritable  phénomène,  mais  on  voit  la  pile  entière  de 
couches  alternativement  brillantes  et  obscures  se  dessiner  avec  une  forme 
très-nette.  En  renouvelant  cette  manœuvre  à  volonté,  il  devient  facile  d'étu- 
dier les  détails  du  phénomène. 


(  95'  ) 

»  L'extinction  de  l'une  des  lumières  accompagnée  d'une  augmentation 
d'éclat  dans  l'autre,  les  changements  de  couleur  qu'on  peut  faire  subir 
séparément  à  l'une  ou  à  l'autre,  confirment  bien  l'idée  que  ces  deux  lumières 
sont  douées  de  polarité. 

»  La  lumière  du  pôle  positif  n'est  pas  seule  stratifiée,  celle  du  pôle  néga- 
tif l'est  aussi  ;  indépendamment  d'une  lueur  vague  qui  termine  ordinai- 
rement la  lumière  du  pôle  négatif  et  qui  peut  s'étendre  à  plus  d'un  centi- 
mètre et  demi  de  la  boule  et  de  la  «tige,  on  reconnaît  dans  cette  lumière 
deux  couches  brillantes  séparées  par  une  couche  sombre.  Dans  certains 
vides,  ces  couches  sout  entourées  d'anneaux  brillants  et  obscurs. 

»  Le  phénomène  d'une  double  lumière  stratifiée  présente  des  circon- 
stances très-variées,  suivant  la  nature  des  vides  que  l'on  emploie.  Ordinai- 
rement la  lumière  du  pôle  positif  est  rouge  et  l'autre  est  violette,  mais  j'ai 
trouvé  que  ces  teintes  ne  sont  pas  nécessaires.  Dans  le  vide  fait  sur  le  fluo- 
rure de  silicium,  j'obtiens  une  lumière  jaune  au  pôle  négatif;  en  faisant  le 
vide  dans  des  tubes  de  verre  préalablement  remplis  de  vapeurs  d'essence  de 
térébenthine,  j'obtiens  au  pôle  positif  de  longues  colonnes  d'une  belle 
lumière  blanche  et  phosphorescente,  dont  la  stratification  a  lieu  par  couches 
sensiblement  planes  et  d'inégale  épaisseur  (1). 

»  La  constitution  de  la  lumière  électrique  que  je  viens  de  décrire  semble 
indiquer  que  le  mouvement  électrique,  établi  dans  les  vides,  se  trouve 
alternativement  dans  des  conditions  opposées  et  telles  qu'il  rend  lumineuse 
la  couche  de  gaz  très-raréfié  qu'il  traverse,  ou  la  laisse  obscure  suivant  ces 
conditions;  le  courant  électrique  paraît  ainsi  doué  d'un  caractère  de  pério- 
dicité remarquable. 

»  Comme  les  deux  lumières  stratifiées  sont  séparées  par  une  couche 
obscure  dans  la  plupart  des  vides,  j'ai  pensé  que  peut-être,  en  approchant 
les  deux  boules  l'une  de  l'autre,  je  parviendrais  à  éteindre  l'une  des  deux 


(i)  Après  avoir  constaté  expérimentalement  le  phénomène  de  stratification ,  j'ai  fait  part  à 
M.  Ruhmkorff  de  ce  que  j'avais  découvert,  et  je  l'ai  prié  d'achever  la  construction  de  ma 
machine  électrique ,  pour  me  permettre  d'examiner  de  suite  le  phénomène  dans  tous  les  vides 
possibles.  Sur  ces  indications,  sans  connaître  ni  comment  j'avais  éliminé  les  illusions  d'op- 
tique ni  par  quelles  expériences  j'avais  été  conduit  à  étudier  les  différents  vides,  M.  Ruhm- 
korff a  trouvé  de  lui-même,  en  essayant  la  machine  qu'il  disposait  pour  moi,  et  en  opérani 
avec  le  vide  fait  sur  un  mélange  d'air  et  de  vapeurs  d'alcool,  l'un  des  vides  qui  montrent  faci- 
lement le  phénomène  de  stratification ,  quoique  toutes  les  illusions  d'optiques  ne  soient  pas 
éliminées. 


(9**  ) 
lumières  électriques.  L'expérience  confirme  cette  prévision  lorsqu'elle  est 
faite  dans  le  vide  opéré  sur  l'air;  c'est  la  lumière  rouge  qui  disparaît 
complètement,  tandis  que  la  lumière  violette  se  ravive,  au  contraire.  Dans 
le  vide  fait  sur  le  fluorure  de  silicium,  on  fait  disparaître  la  lumière  du 
pôle  positif,  et  l'on  ravive  et  la  lumière  jaune  du  pôle  négatif,  et  les  anneaux 
pourpres  qui  l'entourent;  mais,  par  un  rapprochement  des  boules  plus 
prononcé,  on  voit  la  lumière  négative  s'affaiblir,  et  des  anneaux  pourpres  se 
développer  autour  de  la  boule  positive. 

»  En  cherchant  quelle  peut  être  la  cause  de  ces  variations  d'éclat,  j'ai  été 
amené  à  faire  des  expériences  sur  la  conductibilité  électrique  des  vides. 
Dans  l'un  des  conducteurs  qui  portent  l'électricité  au  récipient,  j'ai  inter- 
posé un  galvanomètre  convenable.  Tant  que  le  vide  n'est  pas  suffisamment 
avancé,  le  galvanomètre  n'indique  rien,  en  sorte  que  dans  ces  conditions,  le 
gaz  raréfié  isole  l'électricité  de  la  machine.  Lorsque  le  vide  est  tel  que  les 
décharges  successives  donnent  l'apparence  d'une  lumière  continue,  l'aiguille 
du  galvanomètre  se  dévie  et  indique  l'existence  d'un  courant  électrique;  sa 
déviation  augmente  de  plus  en  plus  à  mesure  qu'on  raréfie  davantage  le  gaz; 
lorsque  la  lumière  violette  est  bien  développée  sur  la  boule  négative  et 
sur  toute  la  longueur  de  sa  tige,  ce  qui  suppose  un  vide  très-bien  fait  avec 
une  excellente  machine  pneumatique,  si  l'on  approche  les  deux  boules  du 
récipient  l'une  de  l'autre,  on  voit  l'aiguille  du  galvanomètre  se  dévier 
davantage,  et  de  plus  en  plus  à  mesure  que  la  proximité  des  boules  oppo- 
sées devient  plus  grande.  Il  résulte  de  ces  expériences,  que  les  différents 
vides  obtenus  avec  les  gaz  sont  conducteurs  des  courants  électriques,  et 
qu'ils  offrent  une  résistance  plus  ou  moins  considérable,  suivant  leur 
nature,  leur  degré  de  perfection,  et  aussi  suivant  l'épaisseur  de  vide  que 
l'on  emploie.  Il  me  sera  facile,  par  ce  procédé,  d'examiner  l'effet  de  la 
température  sur  la  conductibilité  électrique  des  gaz  convenablement 
raréfiés. 

»  En  étudiant  les  phénomènes  de  la  lumière  électrique  dans  les  condi- 
tions que  j'ai  indiquées,  on  s'aperçoit,  par  les  variations  qu'ils  présentent, 
et  aussi  par  les  dépôts  qui  se  forment  sur  les  boules  et  sur  les  tiges,  que 
les  gaz  très-raréfiés  éprouvent  sous  l'influence  de  l'électricité  des  modifica- 
tions particulières.  Cette  espèce  d' électrochimie  des  vides  m'a  paru  mériter 
«ne  étude  spéciale  de  ma  part.  » 


;      (  953  ) 

physique.  —  Expériences  sur  le  rayonnement  solaire. 
(  Lettre  de  M.  Volpicelli  à  M.  Arago.  ) 

<•  Profitant  de  l'éclipsé  qui  eut  lieu  le  28  juillet  1 85 1 ,  assez  heureux  pour 
avoir  à  ma  disposition  le  thermo-actinomètre  de  M.  Melloni  et  l'héliostat  de 
M.  Silbermann,  parfaitement  construit  par  M.  Duboscq-Soleil,  j'observai 
que  l'intensité  du  rayonnement  calorifique  solaire  croissait  des  bords  au 
centre  de  son  disque  apparent.  Ce  fait  fut  reconnu  par  mon  docte  collègue 
le  R.  P.  Secchi,  qui  trouva  de  plus  que  le  maximum  d'effet  calorifique  so- 
laire coïncidait  avec  l'équateur  de  cet  astre.  En  communiquant  cette  expé- 
rience à  l'Académie  des  Lincei  (1),  je  rappelai  que  Lucas  Valerio,  et  aussi 
Frédéric  Gesi,  au  commencement  du  XVIIe  siècle,  avancèrent  que  les  rayons 
du  Soleil  sont  plus  forts  [gagliardi)  dans  le  centre  qu'aux  extrémités  de  cet 
astre;  enfin  je  n'oubliai  pas  de  dire  que  dans  vos  recherches  sur  la  consti- 
tution physique  du  Soleil,  vous  aviez  déjà,  Monsieur,  proposé  d'excellentes 
expériences  thermodynamiques  pour  déterminer  la  distribution  de  la  cha- 
leur sur  le  disque  solaire.  Depuis  mon  Rapport  à  l'occasion  des  intéres- 
santes expériences  duR.  P.  Secchi,  M.  Melloni  annonça  que  «  la  proportion 
»  des  rayons  solaires  transmise  par  une  couche  d'eau  comprise  entre  deux 
»  verres  d'Allemagne,  et  des  mêmes  rayons  transmis  par  une  plaque  de 
»  cristal  de  roche  enfumé,  varie  avec  les  différentes  épaisseurs  atmosphé- 
»  riques  traversées  par  eux,  et  que  cette  variation  suit  des  lois  tellement 
»  différentes  en  passant  de  l'un  à  l'autre  corps,  qu'elle  prend  dans  les  mêmes 
»  circonstances  des  signes  contraires.  »  En  même  temps  qu'il  faisait  part  de 
ce  résultat  thermochroïque  à  l'Académie  des  Sciences  (2)  et  à  celle  des 
Lincei,  M.  Melloni  voulut  bien  m'inviter  à  expérimenter  moi-même  sur  ce 
sujet.  Pour  répondre  à  cet  appel  si  honorable,  malgré  ma  juste  défiance  de 
mes  propres  forces,  j'entrepris  alors  des  expériences  sur  la  thermochrôse  du 
Soleil,  et  je  me  fais  aujourd'hui  un  devoir  de  vous  communiquer  les  premiers 
résultats  de  ces  expériences,  que  j'ai  exécutées  dans  l'observatoire  astro- 
nomique pontifical.  Si  je  puis  surmonter  les  difficultés  qui  s'opposent  ac- 
tuellement à  l'expérimentation,  tant  dans  l'observatoire  même  que  dans  le 
cabinet  de  physique  de  l'Université  romaine,  je  continuerai  mes  expériences 
d'après  le  plan  que  j'ai  conçu,  et  j'aurai  l'honneur  de  vous  les  transmettre. 

»  Des  publications  du  professeur  Melloni,  des  paroles  par  lesquelles  vous 

(1)  Actes  de  l 'Académie  pontificale  des  Nuovi  Lincei ,  tome  IV,  page  5^3. 

(2)  Comptes  rendus,  tome  XXXV,  page  i65. 

C.  R.,  185a,  am«  Semestre.  (T.  XXXV,1N»26.)  1^5 


(954) 
terminiez,  Monsieur  et  honorable  Secrétaire,  vos  savantes  observations  sur  les 
expériences  du  R.  P.  Secchi  (i),  et  des  principes  modernes  de  la  physique 
rationnelle,  on  doit,  ce  me  semble,  conclure  que,  pour  connaître  la  distribu- 
tion calorifique  du  disque  solaire,  il  faut  d'abord  faire  l'analyse  de  la  ther- 
mochrôse  de  cet  astre,  et  commencer  cette  analyse  par  l'étude  de  l'effet  ther- 
mique duSoleil  entier,  pour  ensuite  passer  à  l'effet  thermique  des  divers  points 
de  son  disque.  Partantde  cette  conclusion,  j'ai  commencé  par  confirmer,  au 
moyen  de  plusieurs  substances  diathermiques,  la  découverte  déjà  faite  par 
M.  Melloni  pour  l'eau  et  pour  le  quartz  :  ensuite,  continuant  à  me  servir 
de  l'héliostat,  et  représentant  par  ioo  l'énergie  calorifique  du  rayon  so- 
laire incident,  j'ai  reconnu  que  le  fait  découvert  par  M.  Melloni  se  vérifiait 
pour  plusieurs  substances  diathermiques,  et  qu'il  peut  servir  à  leur  classi- 
fication en  deux  groupes,  de  manière  que,  le  Soleil  allant  du  midi  au 
couchant,  le  premier  groupe  se  compose  de  ces  substances  qui,  telles  que 
l'eau  entre  deux  verres,  diminuent  considérablement  l'énergie  calorifique 
du  rayon  solaire  incident;  le  second  groupe  est  formé  de  celles  dans  les- 
quelles l'effet  total  se  présente  avec  un  caractère  différent.  C'est  ce  que  dé- 
montre le  tableau  suivant  que  je  me  propose  d'étendre  encore  davantage. 


SUBSTANCES 

DE    LA    PREMIÈRE    CLASSE. 

RAYONNEMENT   CALORIFIQUE 

SUBSTANCES 

DE   LA    DEUXIÈME   CLASSE  . 

RAYONNEMENT 

CALORIFIQUE 

près 
le  méridien. 

près 
l'horizon. 

près 
le  méridien. 

près 
l'horizon. 

60 
54 

57 

65 
62 
58 
73 

4o 
45 
43 
52 

5i 
35 
58 

Quartz  non  enfumé. . . 

70 

84 

5 

6 

5 
12 
i3 
,5 
46,. 
55 

6 

5 

80 

93 
IO 

8 

9 

18 

18 

100 

48 
60 
1 1 

9 

Huile  de  térébenthine . 

Sel  gemme  enfumé. . . 

»  Bien  que  ces  résultats  numériques  puissentsubir  quelques  modifications 


(1)  Comptes  rendus ,  tome  XXXIV,  page  65g. 


(9^5) 

par  suite  d'expériences  ultérieures,  faites  à  un  moment  encore  plus  voisin 
du  coucher  du  Soleil,  et  dans  de  meilleures  conditions  atmosphériques, 
cependant  dès  à  présent  nous  sommes  en  droit  d'affirmer  :  que  les  rayons 
calorifiques  du  Soleil  se  composent,  eux  aussi,  d'éléments  hétérogènes  -,  que 
l'atmosphère  terrestre  absorbe  ces  éléments  de  diverses  manières,  selon 
qu'elle  est  plus  ou  moins  épaisse;  que  cette  diversité  d'absorption  est  mani- 
festée par  les  substances  diathermiques  à  travers  lesquelles  passe  le  rayon 
solaire  après  avoir  été  filtré  par  l'atmosphère  ;  qu'il  y  a  deux  classes  de  sub- 
stances diathermiques,  lesquelles  offrent  des  résultats  opposés  par  rapport 
à  l'absorption  du  rayon  incident  :  d'où  il  suit  que  non-seulement  l'intensité 
du  rayon  solaire  incident  dépend  de  l'épaisseur  de  l'atmosphère  terrestre  par 
lui  parcourue,  mais  encore  que  de  cette  épaisseur  dépend  la  qualité  des 
éléments  calorifiques. 

»  En  continuant  ces  expériences  et  donnant  aux  substances  diathermiques 
l'épaisseur  d'environ  i  centimètre,  j'ai  pu  arriver  encore  aux  faits  suivants  : 

»  i°.  Le  quartz  et  le  verre,  tous  deux  limpides,  sont  les  substances  les 
plus  diathermiques  par  rapport  aux  rayons  solaires  parvenus  à  la  surface 
terrestre,  ce  qui  établit  une  différence  notable  entre  ce  rayonnement  et 
celui  des  sources  calorifiques  terrestres.  Il  résulte  de  cette  propriété  spé- 
ciale, que  les  réfracteurs  sont  propres  à  expérimenter  la  distribution  du 
calorique  sur  le  disque  solaire,  -et  que  les  lentilles  à  échelons  sont  les 
meilleurs  instruments  pour  concentrer  le  calorique  réfléchi  par  la  Lune, 
ainsi  que  l'expérimenta,  le  premier,  M.  Melloni,  qui  obtint  par  ce  moyen 
d'heureux  résultats  (i).  La  différence  entre  les  déviations  de  l'aiguille  du 
galvanomètre  produites  par  le  rayon  solaire  libre  et  par  le  rayon  solaire  qui 
avait  traversé  les  deux  substances  indiquées,  fut  trouvée  constamment  de 
i  degré,  depuis  midi  jusqu'à  trois  quarts  d'heure  avant  le  coucher.  Si  donc 

on  appelle  n  le  nombre  des  degrés  de  la  première  déviation,  sera  l'ex- 
pression du  pouvoir  absorbant,  soit  du  verre,  soit  du  quartz,  tous  deux 
limpides.  Dès  lors,  en  faisant  abstraction  des  réflexions  que  subissent  les 
rayons  dans  les  deux  surfaces  parallèles  de  la  substance  diathermique,  on 
peut  dire  que  le  quartz  et  le  verre,  tous  deux  limpides,  laissent  le  passage 
'libre  à  toute  espèce  de  rayons  calorifiques  solaires,  après  que  ceux-ci  ont 
traversé  l'atmosphère  terrestre. 

»   2°.  Le  sel  gemme  diminue  beaucoup  la  déviation  de  l'aiguille  pro- 

(i)  La  Thermochrôse,  page  25i,  par  M.  Melloni;  Naples,  i85o. 

125.. 


(  9*«  ) 
fluite  par  le  rayon  solaire  libre;  c'est  pourquoi  cette  substance,  eu  égard 
aux  rayons  solaires,  se  montre  moins  diathermique  que  plusieurs  autres, 
et  spécialement  que  les  deux  précédentes;  ce  qui  établit  une  autre  dif- 
férence remarquable  entre  ce  rayonnement  arrivé  à  la  Terre,  et  celui  des 
sources  calorifiques  terrestres  pour  lesquelles  le  sel  gemme  jouit,  au  plus 
haut  degré,  de  la  propriété  diathermique.  De  plus,  en  négligeant  les  petites 
différences  dans  les  résultats  numériques,  qu'on  pourrait  même  attribuer 
à  plusieurs  causes  perturbatrices,  on  trouve  que  le  sel  gemme  diminue 
toujours,  à  peu  près  de  moitié,  le  rayonnement  libre  solaire,  depuis  midi 
jusqu'à  demi-heure  avant  le  coucher.  Ce  qui  prouve  que  le  sel  gemme 
(  celui  que  j'ai  employé  provient  de  Cardona,  et  est  suffisamment  lim- 
pide) affecte  de  la  même  manière  tous  les  divers  éléments  calorifiques  du 
Soleil,  et  que,  par  rapport  à  la  chaleur  solaire,  arrivée  jusqu'à  nous,  il  con- 
serve la  propriété  que  M.  Melloni  lui  a  déjà  reconnue  pour  les  sources  ter- 
restres de  chaleur,  d'être  athermochroïque.  En  faisant  passer  le  rayon  du 
Soleil  à  travers  le  même  sel  gemme,  de  l'épaisseur  d'environ  om,i5,  on 
n'avait  aucune  déviation  dans  l'aiguille,  tandis  qu'avec  la  lampe  de  Loci- 
telli  on  avait  la  déviation  de  i  degré.  En  admettant  donc  que  le  Soleil, 
comme  cela  me  semble  très-probable,  soit  la  source  de  toute  sorte  de  rayon- 
nements calorifiques,  nous  pouvons  affirmer,  d'après  les  précédentes  expé- 
riences, que  les  atmosphères,  l'une  solaire,  l'autre  terrestre,  éteignent  en 
grande  partie  les  rayons  qui  sont  abondants  dans  les  sources  lumineuses 
terrestres,  ceux  que  le  célèbre  Melloni  distingue  sous  le  nom  de  radiations 
obscures^,  et  qui  ont,  selon  les  découvertes  de  ce  physicien,  des  propriétés 
spécifiques  de  transmission  et  de  diffusion  bien  différentes  de  celles  des 
rayons  de  chaleur  lucide. 

»  3°.  Il  y  a  des  substances,  telles  que  le  sel  gemme  enfumé,  l'alun  et  le 
sulfate  de  chaux  cristallisés,  les  verres  colorés,  ou  en  bleu,  ou  en  vert,  qui, 
lorsque  le  Soleil  se  trouve  à  des  hauteurs  diverses  sur  l'horizon,  font  que 
les  différentes  déviations  produites  par  le  rayon  solaire  libre  restent  constam- 
ment les  mêmes,  depuis  midi  jusqu'à  trois  quarts  d'heure  avant  le  coucher. 
Cela  amènerait  à  conclure  qu'il  y  a  des  substances  qui,  par  rapport  aux 
rayons  solaires,  ont  le  pouvoir  absorbant  (  =  A)  proportionnel  en  sens 
inverse  (inversamentè)  à  l'énergie  du  rayonnement  libre  (=  R)  incident  sur 
elles-mêmes;  ainsi  indiquant  par  C  une  constante,  on  obtient 

A.R  =  C. 
Cela  indique  également  une  différence  entre  les  rayons  calorifiques  du 


(9^7) 
Soleil   arrivés  jusqu'à   nous,  et  ceux  des  sources  calorifiques  terrestres. 

»  4°-  Plusieurs  substances  diathermiques,  spécialement  les  acroïques, 
comme  le  quartz  et  le  verre,  tous  deux  limpides,  laissent,  vers  le  coucher, 
le  passage  libre  aux  rayons  solaires,  de  sorte  que  les  déviations  de  l'aiguille, 
avant  et  après  le  passage  même,  se  trouvent  presque  identiques  ;  cela  montre 
qu'à  mesure  que  l'épaisseur  de  l'atmosphère  augmente,  les  rayons  calori- 
fiques solaires  filtrent  au  travers,  de  façon  à  pouvoir  traverser,  sans  autre 
modification,  les  substances  indiquées  parmi  lesquelles  nous  comptons  atissi 
le  verre  rouge. 

»  5°.  Trois  plaques,  l'une  de  sel  gemme,  l'autre  d'alun  limpide,  et  la 
troisième  de  sulfate  de  chaux  cristallisé,  étant  réunies,  le  rayon  solaire, 
après  avoir  traversé  ce  système  diaphane,  donne  une  lumière  blanche,  sen- 
siblement privée  de  calorique,  à  l'égard  du  thermo-actinomètre  dont  je  fais 
usage;  ce  qui  prouve  que  les  thermochrôses  diverses  des  deux  plaques,  une 
d'alun,  l'autre  de  sulfate  de  chaux,  se  combattent  réciproquement.  Par  ce 
moyen,  nous  pouvons  affaiblir  tellement  l'effet  calorifique  du  rayonnement 
solaire,  qu'il  se  réduit  pour  le  calorique  au  rayonnement  lunaire,  en  con- 
servant cependant  une  lumière  plus  intense. 

»  6°.  On  observe  encore  ce  fait,  dans  la  lumière  solaire,  que  la  quantité 
de  calorique  passée  à  travers  plusieurs  plaques  de  nature  diverse,  est 
indépendante  de  l'ordre  dans  lequel  ces  plaques  sont  disposées. 

»  7°.  Le  rayon  solaire  libre,  c'est-à-dire  celui  qui  ne  traverse  aucune 
autre  substance  diathermique,  excepté  l'atmosphère,  maintient  constam- 
ment son  énergie  calorifique  depuis  midi  jusqu'à  3h  3om  environ  ;  il  s'affai- 
blit ensuite,  et  ne  redevient  invariable  que  vers  les  trois  derniers  quarts 
d'heure  du  coucher. 

»  Je  terminerai  cette  Lettre  par  deux  observations  :  la  première  touchant 
les  expériences  déjà  faites  pour  déterminer  comment  le  calorique  se  trouve 
distribué  sur  la  surface  solaire  ;  la  seconde  sur  les  expériences  à  faire  pour 
cette  détermination. 

»  Premièrement,  je  remarque  que  le  R.  P.  Secchi  a  trouvé  que  les  tem- 
pératures des  sommets,  l'un  supérieur,  l'autre  inférieur,  dans  le  disque  so- 
laire apparent,  étaient  très-peu  différentes  entre  elles  (i).  Ce  fait  trouve  une 
explication  facile  en  remarquant  que  les  sommets  mêmes  correspondent  à 
deux  points  homologues  sur  la  surface  solaire,  car  chacun  d'eux  se  trouve 
à  égale  distance,  et  du  respectif  pôle  solaire,  et  de  la  respective  zone  équa- 

(i)  Comptes  rendus,  tome  XXXV,  page  166, 


(958) 

toriale  de  cet  astre.  C'est  pourquoi,  même  en  tenant  pour  vraie  l'hypothèse 
que  le  calorique  dans  le  Soleil  diminue  de  l'équateur  aux  pôles  de  cet  astre, 
ces  deux  sommets  doivent  être  d'une  égale  température,  comme  le  dé- 
montre précisément  l'expérience.  Il  ne  faut  donc  pas  chercher  ailleurs  (1) 
l'explication  du  fait  expérimental,  et  il  suffit,  ce  me  semble,  d'avertir,  que 
ces  sommets  sont  deux  points  homologues  sur  la  surface  ou  photosphère 
solaire. 

»  En  second  lieu,  si  l'on  veut  admettre  l'hypothèse  de  la  distribution 
calorifique  décroissante  de  l'équateur  au  pôle  sur  la  surface  solaire,  on  devra 
trouver,  en  expérimentant  avec  soin  en  déclinaison  sur  le  diamètre  qui 
passe  par  le  centre  du  disque  apparent,   de  bas  en  haut,  à  l'époque  où 
l'équateur  solaire  est  au-dessus  du  centre  même,  que  la  nature  de  la  courbe 
des  intensités  calorifiques  est  telle,  qu'elle  commence  par  décroître  et  attein- 
dre un  minimum  dans  le  pôle  austral  visible;   puis  qu'elle  remonte,  en 
croissant,  au  maximum  dans  l'équateur.  A  une  autre  époque  de  l'année,  au 
contraire,  où  l'équateur  solaire  se  montre  au-dessous  du  centre  indiqué,  la 
même  courbe  devrait  commencer  en  sens  inverse,  c'est-à-dire  atteindre,  en 
croissant,  un  maximum   dans  l'équateur,  puis  en  décroissant,  redevenir 
un  minimum  dans  le  pôle  boréal  visible.  Jusqu'à  présent,  ces  minima  de 
température  n'ont  pas  été,   que  je  sache,  reconnus  par  l'expérience.   En 
outre,  à  deux  autres  époques  de  l'année,  c'est-à-dire  lorsque  les  pôles  du 
Soleil  sont  tous  deux  visibles  et  se  trouvent  sur  le  bord  du  disque  solaire 
apparent,  non-seulement  la  courbe  en  question  devrait  se  trouver  symé- 
trique au-dessus  et  au-dessous  du  centre  du  disque,  mais,  en  expérimentant 
les  températures  du  bord  solaire,  on  devrait  obtenir  une  autre  courbe  avec 
quatre  points  singuliers,  c'est-à-dire  deux  maximum  dans  l'équateur  et  deux 
minimum  dans  les  pôles.  Mais  cette  symétrie  n'est  pas  encore  évidemment 
démontrée  par  l'expérience  (2);   ces  quatre  points  singuliers  n'ont  pas  été 
cherchés  non  plus;  cependant,  en  continuant  à  expérimenter  avec  le  bon- 
heur qu'on  a  eu  jusqu'ici,  on  doit  croire  que  les  doutes  disparaîtront  et 
que  la  lumière  se  fera.  » 

hydrostatique.  —  Note  sur  un  appareil  simple  propre  à  montrer  de  quoi 
dépend  la  pression  exercée  par  les  liquides  sur  le  fond  des  vases  ; 
par  M.  G.  Sire* 

«  Plusieurs  appareils  sont  employés  aujourd'hui  pour  démontrer  ce  prin- 

(1)  Comptes  rendus,  tome  XXXV,  page  166,  ligne  1 4  et  suiv. 
(  2)  Comptes  rendus,  tome  XXXV,  page  6o5. 


(  959  ) 
cipe,  à  savoir,  que  la  pression  exercée  par  un  liquide  sur  le  fond  du  vase 
qui  le  contient  est  indépendante  de  la  forme  du  vase,  ainsi  que  de  la  quan- 
tité ou  du  poids  du  liquide;  qu'elle  dépend  seulement  de  la  grandeur  du 
fond  et  de  la  hauteur  du  liquide. 

»  Généralement,  tous  les  appareils  employés  consistent  en  vases  de  diffé- 
rentes formes,  ayant  des  fonds  de  même  surface,  et  l'opération  consiste  à 
mesurer,  soit  au  moyen  de  la  balance,  soit  par  une  colonne  de  mercure 
soulevée,  la  pression  correspondant  à  une  hauteur  donnée  de  liquide.  Mais 
ces  appareils  présentent  un  inconvénient,  c'est  que  l'on  est  obligé  d'opérer 
séparément  avec  chaque  vase;  ce  qui  est  généralement  une  opération  assez 
longue. 

»  J'ai  pensé  à  construire  un  appareil  plus  simple,  d'une  manœuvre  facile, 
en  même  temps  qu'il  donne  lieu  à  une  démonstration  plus  expéditive  du 
principe  cité  plus  haut. 

»  Cet  appareil  se  compose  d'un  tube  de  verre  courbé  en  U,  dont  les 
branches  ont  un  diamètre  intérieur  de  même  grandeur  et  égal  à  a  ou  3  cen- 
timètres. A  la  partie  supérieure  des  branches,  sont  rodés  à  l'émeri  deux 
vases  de  verre  ayant  une  forme  et  une  capacité  très-différentes;  l'un,  un  cône 
tronqué  renversé  dont  la  petite  section  est  égale  au  diamètre  du  tube  en  U; 
l'autre,  un  tube  droit  de  moins  d'un  centimètre  de  diamètre  :  ces  vases  sont 
ajustés  en  enduisant  la  jointure  d'une  couche  mince  de  suif.  On  commence 
par  verser  du  mercure  dans  le  tube  en  U  jusqu'à  moitié  de  la  hauteur;  une 
ligne  xy\  menée  par  la  partie  supérieure  des  deux  ménisques,  est  une  ligne 
parfaitement  horizontale.  Un  index  qui  glisse  à  frottement  doux  sur  une 
tige  verticale  montant  entre  les  deux  branches  du  tube  en  U  est  amené  à 
la  hauteur  des  deux  ménisques.  Pour  opérer  rigoureusement,  on  se  sert 
d'un  cathétomètre  et  on  le  règle  sur  la  ligne  de  niveau  xj. 

»  Les  choses  ainsi  disposées,  on  verse  alternativement  de  l'eau  dans  les 
deux  vases,  et,  sans  s'embarrasser  de  la  hauteur  de  l'eau,  on  en  verse  dans 
le  deuxième  vase,  de  manière  à  ce  que  les  deux  ménisques  de  mercure 
soient  sur  la  ligne  xy.  Une  fois  cela  obtenu,  on  reconnaît  que  la  hauteur 
de  l'eau  dans  les  deux  vases  est  rigoureusement  la  même;  or  les  fonds 
de  ces  vases  sont  ici  les  surfaces  des  deux  ménisques  de  mercure,  et 
comme  ces  ménisques  sont  sur  une  même  ligne  horizontale,  on  en  conclut 
immédiatement  que  les  pressions  qu'ils  éprouvent  sont  égales.  Ce  qu'il 
fallait  démontrer.  De  plus,  la  différence  qui  existe  dans  la  forme  et  la  capa- 
cité des  vases  employés  dans  cette  expérience  montre  assez  que  d'autres 
vases,  substitués  à  leur  place,  donneraient  un  résultat  identique. 


(  96o) 

»  Si  d'ailleurs  on  voulait  calculer  la  pression  qui  a  lieu  sur  les  ménisque;- , 
on  le  ferait  en  versant  de  l'eau  dans  un  seul  vase,  et,  d'après  le  poids  de  la 
colonne  de  mercure  soulevée,  le  calcul  indique  que  le  poids  de  l'eau  qui 
lui  fait  équilibre  est  constitué  par  celui  d'une  colonne  d'eau  qui  a  pour  base 
le  fond  du  vase,  et  pour  hauteur  la  hauteur  de  l'eau  dans  ce  vase.  » 

physique  du  globe.  —  Avancement  du  delta  du  Tibre  au  canal  de 
Fiumicino;  par  M.  Rozet. 

«  Chargé  depuis  le  mois  de  mars  dernier  de  l'exécution  des  opérations 
géodésiques  et  de  la  direction  des  travaux  topographiques  dans  la  partie  des 
États  Romains  occupés  par  les  troupes  françaises,  j'ai  pu  faire  un  certain 
nombre  d'observations  géologiques,  que  je  me  propose  de  communiquer 
successivement  à  l'Académie.  Aujourd'hui,  je  lui  demande  la  permission  de 
l'entretenir  de  l'avancement  du  delta  du  Tibre,  dont  j'ai  pu  suivre  la  marche 
depuis  190  ans.- 

»  Au  commencement  de  l'empire  romain,  la  mer  baignait  encore  les 
murs  d'Ostie  à  l'embouchure  du  Tibre,  et  les  ruines  de  cette  ville  et  de  son 
port  sont  actuellement  à  4  5oo  mètres  du  point  où  ce  fleuve  se  jette  dans  la 
mer;  une  forte  barre  existe  à  son  embouchure,  et  les  bas-fonds  sont  telle- 
ment élevés  entre  Ostie  et  ce  point,  que  la  navigation  de  cette  partie  du 
fleuve  est  devenue  impossible. 

»  Pour  remplacer  Ostie,  l'empereur  Claude  fit  creuser  un  port  à  4000  mè- 
tres plus  à  l'ouest  sur  le  bord  de  la  mer;  ce  port,  qui  est  aujourd'hui  un 
pâturage  humide,  se  trouve  à  2  5oo  mètres  de  la  mer,  dans  la  direction  du 
canal  de  Fiumicino,  qui  remplace  le  Tibre  pour  la  navigation.  ' 

»  Ayant  eu  à  ma  disposition  tous  les  plans  de  cette  contrée  faits  à  diverses 
époques,  et  M.  le  commandeur  Canina  ayant  eu  l'obligeance  de  me  donner 
les  dates  exactes  de  la  construction  de  deux  tours  qui  existent  encore  le 
long  du  canal,  j'ai  pu  calculer  l'avancement  du  delta  dans  sa  direction. 

Au  mois  de  juin  i852,  le  pliare  de  Fiumicino  était  éloigné  de  la  mer  de. .  .  2861" 

D'après  le  plan  fait  en  1839,  la  distance  est  de • 236 

Différence  pour  1 3  ans 5om 

Ce  qui  donne  pour  l'avancement  annuel 3m,84 

La  distance  en  juin  i852  était  de 286m 

Celle  donnée  par  le  plan  de  1820  est  de 160 

Différence  pour  32  ans. 1 26™ 

Donc  pour  l'avancement  annuel 3m,94 


(9«0  . 

Le  plan  de  1839  donne 236m 

Celui  de  1820  donne l®° 

Différence  pour  19  ans 7"m 

Donc  pour  l'avancement  annuel 4"S00 

Le  phare  de  Fiumicino,  construit  dans  la  mer  à  20  mètres  de  la  rive  en 

1774»  en  est  actuellement  à '■ 286m 

Ajoutant .  .  .  ; , 20 

On  a  pour  78  ans 3o6,n 

D'où  pour  l'avancement  annuel 3m,g2 

La  tour  Alexandrine,  construite  sur  le  bord  de  la  mer  en  1662,  est  à 

45o  mètres  du  phare  de  Fiumicino,  construit  en  1774  à  20  mètres  dans       • 

la  mer,  il  y  avait  donc  alors  entre  la  mer  et  la  tour  Alexandrine 43°m 

De  1662  à  1774»  il  s'est  écoulé  1 12  ans,  ce  qui  donne  pour  l'avancement 

annuel 3m,84 

Du  bord  de  la  mer  au  pied  de  la  tour  Alexandrine  il  y  avait,  au  mois  de 

juin  dernier 736m 

De  1662  à  i852,  il  s'est  écoulé  190  ans,  ce  qui  donne  pour  l'avancement 

annuel 3m  ,88 

Somme  des  six  résultats - 23m  ,42 

Moyenne 3m,go3 

»  Ainsi,  depuis  l'année  1662,  l'avancement  annuel  du  delta  du  Tibre  au 
canal  de  Fiumicino  n'a  pas  varié  de  1  décimètres,  et  il  a  été  assez  exacte- 
ment de  3m,Cj.  Le  niveau  de  la  mer  n'a  pas  changé  depuis  l'établissement 
du  port  d'Ostie  :  il  existait  alors  des  lagunes  à  l'est  d'Ostie  que  les  Romains 
transformèrent  en  salines.  Ces  salines  existent  encore,  et  l'eau  de  la  mer  y 
est  amenée  par  un  canal  coudé  de  6000  mètres  de  long,  dans  lequel  il 
n'existe  pas  de  courant  sensible  quand  la  mer  est  calme.  Le  sol  du  pâturage 
humide  qui  couvre  actuellement  les  ruines  du  port  de  Claude,  n'est  pas  à 
plus  de  1  mètre  au-dessus  du  niveau  moyen  de  la  mer. 

»  Je  dirai  enfin  que,  dans  la  détermination  du  niveau  moyen  de  la  mer, 
à  l'embouchure  du  canal  de  Fiumicino,  pour  les  nivellements  géodé- 
siques,  j'ai  constaté  qu'il  existe  dans  ces  parages  une  marée  régulière,  dont 
la  hauteur  ordinaire  varie  entre  om,25  et  om,3o.  » 

M.  Corncel  adresse  un  échantillon  de  fer  fondu  retiré  de  l'intérieur  d'un 
four  à  pudler  du  fourneau  de  Cyrey-sur-Blaize. 

Ce  fer  est  cristallisé  et  présente  un  clivage  cubique,  ainsi  qu'on  le  voit 
par  les  petits  gradins  qui  existent  sur  la  plus  large  face  de  la  cassure. 

Ce  spécimen  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Berthier  et  Combes. 

C.  R.,  i85a,  a°>«  Semestre.  (T.  XXXV,  fi°  26.)  l  2^ 


(  96*  ) 

M.  Billaut  adresse  une  Note  sur  la  préparation  des  huiles  destinées  aux 
besoins  spéciaux  de  V horlogerie. 

M.  H.  IXascio  exprime  de  nouveau  le  désir  d'obtenir  le  jugement  de 
l'Académie  sur  ses  communications  concernant  les  éphémérides  luni-solaives 
moyennes. 

L'Académie,  d'après  la  déclaration  précédemment  faite  par  un  de  ses 
Membres  qui  avait  été  chargé  de  prendre  connaissance  du  travail  de 
M.  Nascio,  ne  peut  donner  suite  à  cette  demande. 

M.  Housez  adresse,  à  l'occasion  des  nouvelles  planètes  qui  viennent 
d'être  découvertes,  des  considérations  sur  les  rapports  qui  existeraient,  sui- 
vant lui,  entre  les  nombres  de  certains  astres  errants  et  ceux  qui  expriment 
les  intervalles  des  sons  musicaux. 

Un  acteur,  qui  déclare  n'avoir  pas.  voulu  faire  connaître  son  véritable 
nom,  adresse  une  Note  ayant  pour  titre  :  Solution  complète  de  l'équation 
indéterminée 

x2  -+■  y2  =  z2. 

D'après  l'article  du  règlement  de  l'Académie  concernant  les  écrits  ano- 
nymes ou  pseudonymes,  cette  communication  est  considérée  comme  non 
avenue. 

COMITÉ   SECRET. 

M.  de  Jussieu,  au  nom  de  la  Section  de  Botanique,  présente  la  liste  sui- 
vante de  candidats  pour  la  place  devenue  vacante  par  le  décès  de  M.  Richard . 
En  première  ligne,  ex  œquo  et  par  ordre  alphabétique  : 

M.  Camille  Montagne, 
M.  L.  René  Tulasne. 

En  seconde  ligne,  ex  œquo  et  par  ordre  alphabétique  : 

M.  Duchartre, 
M.  Trécul. 

M.  Brongniart  développe  les  titres  des  candidats  ;  ces  titres  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  A. 


(963) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  1 3  décembre  i852,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Annales  de  la  Société  entomologique  de  France;  2e  série;  tome  X;  3e  tri- 
mestre i85a;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d'Horticulture  de  Paris  et  centrale  de  France;  no- 
vembre i85a  ;  in-8°. 

Annales  forestières ,  io  décembre  i85a;  in-8°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  DE  MONFOKT, 
et  rédigée  par  M.  l'abbé  MoiGNO;  n°  33;   12  décembre  i85a  ;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  pratique  et  de  Jardinage  ,  fondé  par  M.  le  Dr  BlXlO, 
publié  par  les  rédacteurs  de  la  Maison  rustique,  sous  la  direction  de  M.  Barral; 
tome  V,  n"  1 1  ;  5  décembre  i852  ;  in-8°. 

L' Agriculteur-praticien.  Revue  d'agriculture ,  de  jardinage  et  d'économie  ru- 
rale et  domestique,  sous  la  direction  de  MM.  F.  Malepeyre  ,  Gustave  Heuzé 
et  BOSSIN;  décembre  i852;  in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques.  Journal  des  candidats  aux  Ecoles  Poly- 
technique et  Normale;  rédigé  par  MM.  Terquem  et  GERONO;  novembre  1 852  ; 
in-8°. 

Osservazioni...  Observations  météorologiques  faites  à  Udine,  de  i8o3  à  1842; 
par  M.  G.  Venerio;  Udine,  i85i  ;  grand-in-4°. 

Atti Actes  de  l'Académie  pontificale  des  Nuovi  Lincei,  5e  année;  session 

du  28  décembre  i852.  Rome,  i852;  in-4°- 

Gorrispondenza...  Correspondance  scientifique  de  Rome;  nos  3g-4o  ; 
20  novembre  i85a. 

Memoria...  Mémoire  présenté  à  S.  E.  le  Ministre  du  Commerce,  sur  l'exposi- 
tion des  produits  de  l'industrie  espagnole  faite  en  i85o.  Madrid,  i852;  in-4°. 

Royal  astronomical . . .  Société  royale  astronomique;  vol.  XII;  n°*  7 
et  8  ;  i4  mai  et  1 1  juin  1 85a  ;  in-8°. 

The  quarterly...  Journal  trimestriel  de  la  Société  géologique  de  Londres, 
vol.  VIII,  partie  4;  n°  32;  Ier  novembre  i852;  in-8°. 

Folia  orchidacea,  Enumération  des  espèces  connues  d'Orchidées;  par 
M.  LlNDLEY;  partie  ire;  octobre  i852;  in-8°. 

126.. 


(964) 

Jahresbericht...  Annales  de  la  Société  des  Sciences  naturelles  de  Halle; 
4e  année,  1 85 1,  et  5e  année,  i85a;  cahiers  i  et  a  ;  in-8° 

L'Athenœum  français.  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux- Arts;  n°  i[\;  1 1  décembre  i852. 

La  Presse  littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°  33  ; 
12  décembre  i85a. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°  5o;  n  décembre  i852. 

Gazette  des  Hôpitaux  ;  n°*  i43  à  i45;  7,  9  et  1 1  décembre  i85a. 

La  Lumière;  n°  5r  ;  11  décembre  1  852. 

Réforme  agricole;  n°  5o;  octobre  i852. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  27  décembre  i85a,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Scietices , 
2e  semestre  i85a  ;  n°  24;  in-4°. 

Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  morales  et  politiques  de  l'Institut  de 
France;  tome  VIII.  Paris,  i852;  in-Zj0. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique  ;  par  MM.  Arago,  Chevreul,  Dumas, 
Pelouze,  Boussingault  ,  Regnault  ;  3e  série;  tome  XXXVI  ;  décem- 
bre i852;  in-8°. 

Annales  des  Sciences  naturelles,  comprenant  la  zoologie,  la  botanique,  l'ana- 
tomie  et  la  physiologie  comparée  des  deux  règnes,  et  l  histoire  des  corps  ort/a- 
nisés  fossiles  ;  3e  série,  rédigée  pour  la  zoologie  par  M.  Milne  Edwards, 
pour  la  botanique  par  MM.  Ad.  Brongniart  et  3.  Decaisne;  tome  XVIII; 
n°  2;  in-8°. 

Description  des  machines  et  procédés  consignés  dans  les  brevets  d  invention, 
de  perfectionnement  et  d'importation  dont  la  durée  est  expirée,  et  dans  ceux 
dont  la  déchéance  a  été  prononcée  ;  publiée  par  les  ordres  de  M.  le  Ministre  de 
l'Intérieur,  de  i Agriculture  et  du  Commerce;  tome  LXXV1I.  Paris,  i852; 
in-4°. 

Traité  pratique  des  maladies  des  nouveau-nés  et  des  enfants  à  la  mamelle, 
précédé  d'un  précis  sur  l'hygiène  et  l'éducation  physique  des  jeunes  enfants  ;  par 
M.  E.  Bouchut;  2e  édition.  Pans,  i852;  1  vol.  in-8°.  (Cet  ouvrage  est 
adressé  pour  le  concours  des  prix  de  Médecine  et  Chirurgie.  ) 

Histoire   de  Mardick   et  de  la  Flandre   maritime;  par  M.    Raymond  de 


(  965  ) 
Bkrtrand.    Dunkerque,    i85a;    i  vol.  in-8°.  (Cet  ouvrage  est  adressé  au 
concours  de  Statistique.  ) 

asphaltes  et  Naphtes.  Considérations  générales  sur  l'origine  et  la  formation 
des  bitumes  fossiles ,  de  leur  emploi  et  de  leurs  propriétés  aux  travaux  publics  et 
privés;  par  M.  Isidore  Huguenet  ;  2e  édition.  Paris,  i852;  i  vol.  in-8°. 

Leçons  élémentaires  de  chimie  appliquée  aux  arts,  à  l'industrie,  à  l'agricul- 
hire,  à  V hygiène  et  à  l'économie  domestique ,  professées  à  la  chaire  municipale 
de  Nantes;  par  M.  Adolphe  Bobierre.  Paris,  i852;  i  vol.  in-12. 

Du  lin,  du  chanvre,  de  leur  rouissage,  de  leurs  modes  de  préparation,  des 
engrais  par  restitution  au  sol;  par  M.  LOUIS  TERWANGNE.  Lille,  1832  ;  broch. 
in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine,  rédigé  sous  la  direction  de 
MM.  F.  Dubois  (d'Amiens),  secrétaire  perpétuel,  et  Gibert,  secrétaire 
annuel;  tome  XVIII;  n°5;  i5  décembre  i85s;  in-8°. 

Société  nationale  et  centrale  d'Agriculture.  Bulletin  des  séances,  Compte 
rendu  mensuel  rédigé  par  M.  Payen,  secrétaire  perpétuel;  2e  série,  tome  VIII; 
n°  1  ;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Classe  physico-mathématique  de  l'Académie  impériale  des 
Sciences  de  Saint-Pétersbourg;  tomes  IX  et  X  ;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Classe  historico- philologique  de  l'Académie  impériale  des 
Sciences  de  Saint-Pétersbourg  ;  tome  IX;  in-4°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie,  fondée  par  M.  B.-R.  DE  MONFORT, 
et  rédigée  par  M.  l'abbé  MoiGNO;  nos  34  et  35;  19  et  26  décembre  i852; 
in-8°. 

Journal  d'Agriculture  pratique  et  de  Jardinage,  fondé  par  M.  le  Dr  Bixio, 
publié  par  les  rédacteurs  de  la  Maison  rustique,  sous  la  direction  de  M.  BarraL; 
20  décembre  18D2;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  pratiques  et  de  Pharmacologie  ;  20  dé- 
cembre 1 852  ;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médico-chirurgicales ,  publié  par  M.  le  Dr  A. 
Martin-Lauzér  ;  i5  décembre  i852;  in-8°. 

Le  Magasin  pittoresque,-  décembre  i85a;  in-8°. 

Recueil  encyclopédique  d'agriculture,  publié  par  MM.  BoiTEL  et  LONDET, 
de  l'Institut  national  agronomique  de  Versailles;  tome  III;  10  décembre 
i852;in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie.  Recueil  pratique  rédigé  par  M.  Bouchardat; 
décembre  i852;  in-8°. 


(966) 

Revue  thérapeutique  du  Midi.  Journal  de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de  Phar- 
macie pratiques;  rédigé  par  MM.  les  D"  Louis  Saurel  et  Barbaste;  i5  dé- 
cembre i85a;  in-8°. 

Flora  batava;  171e  livraison;  in-4°. 

Annali. . .  Annales  des  Sciences  mathématiques  et  physiques  ;  par  M.  Barnabe 
Tortolini;  novembre  i852;  in-8°. 

Délia  humite...  Mémoire  sur  l'humite  et  sur  le  péridot  du  Vésuve;  par 
M.  A.  Scacchi.  Naples,  i852;  broch.  in-4°. 

Sulla  struttura...  Mémoire  sur  la  structure  intime  de  l  organe  électrique  du 
Gymnote,  sur  les  conditions  électromotrices  de  ces  organes  et  leur  comparaison 
avec  diverses  piles  électriques;  par  M.  le  Dr  Ph.  Pacini.  Florence,  i85a; 
broch.  in -8°. 

Schiarimenti...  Eclaircissements  donnés  par  le  professeur  Cappello,  sur  la 
part  qu'il  a  prise  aux  travaux  du  congrès  sanitaire,  tenu  à  Paris;  broch.  in-8°. 
(Extrait  du  Giornale  Arcadico;  tome  CXXVIII.  ) 

Boletin...  Bulletin  de  l'Institut  médical  de  Valence;  novembre  i85a;  in-8°. 

Guia  del  quimico...  Guide  du  chimiste  praticien,  ou  Compendium  d'ana- 
lyse chimique;  par  don  Ramon  Torres  MuiiOS  Y  Luna.  Madrid,  i852; 
1  vol.  in-8°. 

Memoirs...  Mémoires  de  la  Société  littéraire  philosophique  de  Manchester  ; 
2e  série;  tome  X.  Londres,  i852;  1  vol.  in-8°. 

The  astronomical...  Journal  astronomique  de  Cambridge  ;  n°49;  vol.  III; 
n°  1;  a3  octobre  i852. 

Description...  Description  d'un  squelette  du  Mastodon  giganteus  de  l'Amé- 
rique du  Nord;  par  M.  J.-C.  Warren.  Boston,  i852;  1  vol.  in-4°. 

Annals...  Annales  du  lycée  d'histoire  naturelle  de  New- York;  juin  i852 
(n°8  7  et  8);  août  i85a  (nos  9  à  i4)-  New-York,  i852;  2  livraisons  in-8°. 

Exploration...  Exploration  et  relèvement  topographique  de  la  vallée  du 
grand  lac  salé  d'Utali,  comprenant  une  reconnaissance  d'une  nouvelle  route  à 
travers  les  montagnes  Rocheuses;  par  M.  Howard  Stansrury,  capitaine  du 
corps  des  Ingénieurs  topographes  des  États-Unis.  Philadelphie,  i852; 
1  vol.  in-8°,  avec  atlas  géographique  in -8°. 

Jahrbuch...  Annales  de  l'Institut  impérial  et  royal  de  Géologie;  3e  année, 
i852;  n°  2;  avril,  mai,  juin.  Vienne;  in-4°. 

Handlingar. . .  Mémoires  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Stockholm; 
année  i85o;  ire  et  2e  parties.  Stockhlom,  i85i;  in-8°. 

Ofversigt.  .  .  Comptes  rendus  de  la  même  Académie;  année  i852. 
Stockholm,  1 852;  in-8°. 


(967  ) 

Berâttelse...  Rapport  sur  les  progrès  de  l'histoire  naturelle  -.Mollusques, 
Crustacés  et  autres  Invertébrés,  pour  les  années  i845  à  1849;  Par  M-  J-  LovÉN. 
Stockholm,  i85a;  1  vol.  in-8°. 

Arsberâttelse. . .  Rapport  annuel  sur  les  progrès  de  la  technologie ,  lu  à  la 
séance  du  3i  mars  1847;  Par  ^-  G--E.  Pasch.  Stockholm,  i85i;  in-8°. 

Arsberâttelse. . .  Rapport  annuel  sur  les  progrès  de  la  technologie  pendant  les 
années  1848  et  1849;  par  M.  G -E.  PaSCH.  Stockholm,  i85a;  in-8°. 

Arsberâttelse...  Rapport  annuel  sur  les  progrès  de  la  partie  de  l'histoire  na- 
turelle concernant  les  Insectes,  les  Myriapodes  et  les  Arachnides,  pendant  les 
années  1849  et  '85o;  par  M.  C.-H.  Boheman.  Stockholm,  i85a;  in-8°. 

o 

Ars-berâttelse...  Rapport  annuel  sur  les  travaux  et  communications  concer- 
nant la  botanique  pour  l'année  1849;  Par  M-  J.-E.  WlKSTRÔM.  Stockholm, 
i85a;  in-8°. 

Arsberâttelse...  Rapport  annuel  sur  les  progrès  de  la  chimie,  pour  l'an- 
née 1849;  par  M.  L.-F.  Svanberg.  Stockhlom,  i85i;  in-8°. 

Berâttelse. . .  Rapport  sur  les  progrès  de  la  physique ,  pour  l'année  1 85o  ;  par 
M.  E,  EdlUND.  Stockholm,  i85a;  broch.  in-8°. 

Astronomische. . .  Nouvelles  astronomiques  ;  n°8  837  à  83g. 

L Athenœum  français.  Journal  universel  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Reaux-Arts;  nos  2 5  et  26;  18  et  25  décembre  i85a. 

La  Presse  littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  nos  34 
et  35;  19  et  a6  décembre  i852. 

Gazette  médicale  de  Paris;  nos  5i  et  52;  18  et  25  décembre  i852. 

Gazette  des  Hôpitaux;  nm  146  à  i5i;  i4>  16,  18,  ai,  23  et  a5  décem- 
bre i852. 

Moniteur  agricole  ;  n°*  1  à  4;  16,  19,  a3  et  25  décembre  i85a. 

L'Abeille  médicale;  n°  a6  ;  i5  décembre  i85a. 

La  Lumière.  Revue  de  la  Photographie  ;  n°  5a;  18  décembre  i85a. 

ERRATA. 

(Séance  du  i3  décembre   i85a.) 
Page  85^,  ligne  8,  au.licude  gyroscopique,  lisez  gyrocosmique. 

(Séance  du  20  décembre.) 

Page  8g5,  lignes  5  et  6,  au  lieu  de  MM.  Budge,  professeur  à  l'Université  de  Bonn,  et 
Waluh,  médecin  anglais,  lisez  MM.  Budge,  médecin  anglais,  et  Waixer,  professeur  à 
Bonn. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


TABLES    ALPHABÉTIQUES. 


JUILLET DÉCEMBRE  l852. 


TABLE  DES  MATIÈRES  DU  TOME  XXXV. 


Acide  camphométhylique.  —  Note  sur  cet  acide; 

par  M.  A.  Loir 3s8 

Acide  caprylique.  —  Sur  les  acides  capryli 
que  et  pélargonique  anhydres;  Note  de 
M.  Chiozza 865 

Acide  pélarconique.  —  Sur  une  combinaison 
de  cet  acide  avec  le  bioxyde  d'azote  ;  Note 

de  M.  L.  Chiozza 797 

Voir  aussi  l'article  précédent. 

Acide  rhodanhydrique.  —  M.  Mazade  annonce 
avoir   reconnu  cet  acide  dans  certaines 

ammoniaques  du  commerce 8o3 

Voir  aussi  l'article  Ammoniaque. 

Acide  sulfurique.  —  Recherches  sur  les  com- 
binaisons de  l'acide  sulfurique  avec  les 
matières  organiques;  Note  de  MM.  Ger- 
hardt  et  Chancel C90 

Acide  tartrique.  —  Sur  les  transformations 
que  la  chaleur  fait  éprouver  à  cet  acide  ; 
Note  de  M.  Aug.  Laurent j42 

Acide  valérianique.  —  Sur  l'acide   valériani- 

que  anhydre;  Note  de  M.  Chiozza 568 

Aérienne  (Navigation).  —  Mémoire  intitulé: 
«  Machine  aérienne  dirigeable  par  l'air  »  ; 
par  M.  Crochut 3gg 

—  Note  de  M.  Fleureau,  concernant  la  loco- 
motion aérienne  et  la  navigation  par  la 
vapeur 67 1 

Affinités  chimiques.  —  Mémoire  do  M.  Ed. 
Robin,  ayant  pour  litre  :  «  Loi  nouvelle 
permettant  de  prévoir,  sans  l'interven- 
tion des  affinités,  l'action  que  les  corps 

C.  R.,  i852,  2™  Semestre.  (T.  XXXV.) 


Pagei. 

simples   exercent  sur    les   composés   bi- 
naires » ',    l4  ' 

Affinités  chimiques. — Etudes  sur  l'affinité  chi- 
mique; par  M.  Bunsen  (première  partie).     835 

—  Sur  quelques  faits  relatifs  à  l'action  réci- 

proque des  sels  solubles  ;  Note  de  M.  Ma- 

laguti 945 

Air  atmosphérique.  —  Réclamation  de  priorité 
concernant  les  moyens  employés  par 
M.  Regnault  pour  l'analyse  de  l'air; 
Lettre  de  M.  tlaissiat 3i 

—  Réponse  de  M.  Regnault  à  cette  réclamation.       34 

—  Mémoire  sur  la  composition  de  l'air  con- 

finé dans  la  terre  végétale;  par  MM.  Bous- 
singault  et  Leviy 76a 

—  Observations    concernant    la    couleur   de 

l'air  ;  Note  de  M.  Gaïetta 64 

Albumine. —  Administration, aux  malades  qui 
ne  digèrent  point,  d'aliments  tout  digérés 
par  le  suc  gastrique  des  animaux  :  —  albu- 
mine d'œuf  ;  Mémoire  de  M.  L.  Corvisart.     244 
Alcools.  —  Sur  l'alcool  butylique;  Note  de 

M.  Y/urlt 3io 

Ammoniaque. — Influcncedel'ammoniaque  ajou- 
tée à  l'air  sur  le  développement  des  plan- 
tes; recherches  de  M.  Ville  sur  la  végé- 
tation (  troisième  partie  ) 65o 

—  Sur  la  présence  de  l'acide  rhodanhydrique 

dans  une  ammoniaque  du  commerce;  Note 

de  M.  Mazade 8o3 

—  Remarques  de  M.  Pelouze,  concernant  cette 

communication 8o3 

Ï.27 


(  97 

Pages. 

Ammoniaque.  —  M.  Bemou,  à  l'occasion  de  la 
Note  de  M.  ilazade  et  des  remarques  de 
M.  Pelouze,  rappelle  les  résultats  auxquels 
il  est  lui-même  parvenu ,  relativement  à  la 
composition  de  l'ammoniaque,  provenant 
de  la  condensation  des  eaux  d'usines  à  gaz.     856 

Analyse  chimique.—  Sur  de  nouveaux  procédés 
d'analyse  chimique;  Mémoire  de  M.  H. 
Sainte-Claire  Deville 242 

Analyse  mathématique.  —  Sur  une  classe  éten- 
due de  systèmes  d'équations  différentielles 
qui  se  rattachent  à  la  théorie  des  courbes 
à  double  courbure;  Mémoire  de  M.  Ser- 
ret 5o 

—  Sur  l'extension  du  théorème  de  M.  Sturm 

à  un  système  d'équations  simultanées  ; 
Mémoire  de  M.  Hermite. 52 

—  Développement    nouveau    des     fonctions 

d'une  seule  variable;  Mémoire  de  M.  Ro- 
dier  de  la  Bruguière 291 

—  M.  A.  Cauchy  présente  une  nouvelle  mé- 

thode pour  l'intégration  des  équations 
linéaires  aux  dérivées  partielles  sous  des 
conditions  données  relatives  aux  limites 
des  corps 297  et    322 

—  Application  des  principes  établis  dans  de 

précédentes  communications  à  la  théorie 

des  calorifères  cylindriques;  par  le  même.     341 

—  Mémoire  sur  plusieurs   théorèmes   d'ana- 

lyse algébrique;   par  le  même 588 

—  Sur  quelques  points  d'analyse  concernant 

les  fonctions  gamma  de  Legendre;  Note 

de  M.  Liouville 3i7 

—  Remarques  de  M.  Cauchy  à  l'occasion  de 

cette  commun  ication 322 

—  M.  Dupré  envoie  une  nouvelle  rédaction  de 

son  Mémoire  sur  la  résolution  des  équa- 
tions numériques 756 

—  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Principes  du 

calcul  différentiel  et  du  calcul  intégral , 
rigoureusement  démontrés  par  la  simple 
géométrie  et  par  l'algèbre  »;  par  M.  1. 
Morand 7g3 

—  Recherches  sur  l'intégration  de  certaines 

équations  linéaires  aux  différences  par- 
tielles à  coefficients  constants;  par  M.  A. 
Laurent ,  capitaine  du  génie 942 

—  Un  auteur,  qui  déclare  n'avoir  pas  fait  con- 

naître son  véritable  nom  ,  adresse  une 
Note  ayant  pour  titre  :  «  Solution 
complète    de     l'équation     indéterminée 

x'  -hy'  -+-  z' 9<W 

Anatomie  comparée.  —  Suite  de  précédents 
Mémoires  sur  le  système  nerveux  des  Mol- 
lusques acéphales  lamellibranches  ou  bi- 
valves ;  par  M.  Duvernoy 1 19 

—  Rapport  sur  un  Mémoire  de  MM.  Phili- 

peaux  et  Vulpian,  concernant  la  déler- 


O    ) 

Pa6«  . 
minalion    des    parties    qui    constituent 
l'encéphale    des    poissons  ;    Rapporteur 
M.  Duvernoy 1 69 

Anatomie  comparée  . —Rapport  sur  la  première 
partie  d'un  ouvrage  de  M.  Wagner,  con- 
cernant l'anatomie  microscopique  des 
animaux  et  le  développement  des  Verté- 
brés ;  Rapporteur  M.  Duvernoy 548 

Anatomie  philosophique.  —  Observations  sur 
les  rayons  osseux  supérieurs  des  membres 
thoraciques  dans  quelques  Mammifères; 
par  M.  A.  Lavocat  (seconde  partie) 69 

—  Études    d'anatomie  philosophique  sur  la 

main  et  le  pied  de  l'homme,  et  sur  les 
extrémités  des  Mammifères  ramenées  au 
type  pentadactyle;  par  MM.  iV.  Joly  et  A. 
Lavocat 388 

—  Sur  l'anatomie  comparée  desSolipèdes  vi- 

vants et  fossiles;  Note  de  M.  de  Christel.     565 

—  Remarques    de    M.   Lavocat   à  l'occasion 

d'une  question  de  priorité  soulevée  dans 

la  Note  de  M.  de  Christel 739 

—  De  la  pentadactylie  chez  les  animaux  do- 

mestiques ;  Mémoire  de  M.  Goubaux. . . .     853 
Anthropologie.  —  Sur  les  proportions  de  la 

tête  humaine  ;  Mémoire  de  M.  Fock.  62  et    969 
Appareils  divers.— Lettre  de  M.  Mey,  concer- 
nant un  appareil  destiné  à  faciliter  l'audi- 
tion, inventé  par  M.  Bobinson 21 

—  Membrane  artificielle  du  tympan  destinée 

à  faciliter  l'ouïe  chez  les  personnes  qui 
ont  éprouvé  une  érosion  de  la  membrane 
naturelle;  communications  de  M.  Toyn- 
bee 399  et    856 

—  Description  et  figure  d'un  appareil  destiné 

à  soutirer  l'électricité  des  nuages  chargés 

de  grêle;  Mémoire  de  M.  Dupuy-Delcourt.     141 

—  Système  de  transmission  d'une  force  mo- 

trice à  de   grandes  distances  ;   Note   de 

M.  Panizzini 291 

—  Appareil  de  percussion  pour  entamer  les 

roches  dans  le  creusement  des  tunnels; 
Mémoire  de  M.  Journet 522 

—  Obturateur  mécanique  pour  la  lumière  du 

canon  ;  inventé  par  M.  Oppelt 6o3 

—  Voiture  destinée  au  transport  des  veaux  ; 

Note  de  M.  Fusz 756 

—  Ralance  à  bascule  destinée  à  prévenir  les 

fraudes  sur  le  poids;  par  M.  Fournerie. .     945 

—  Appareil  destiné  à  montrer  de  quoi  dépend 

la  pression  exercée  par  les  liquides  sur  le 

fond  des  vases  ;  Note  de  M.  Sire g58 

Arcent.  —  Sur  le  moyen  de  séparer  pur,  de 
l'argent  à  l'état  de  fusion ,  l'oxygène  qu'il 
a  absorbé  au  contact  de  l'air  ;  Note  de 
M.  Levai 63 

—  Sur  un  nouvel  alliage  d'argent  remarquable 

par  «a  dureté;  Note  de  M.  G.  Barruel . .     759 


(  97'  ) 


Page». 
Arithmétique.  —  M.  Arnaud  demande  et  ob- 
tient l'autorisation  de  reprendre  desTables 
démultiplication  et  de  division  qu'il  avait 
précédemment  présentées 335 

—  Tables   dyarithmiques   pour  la   multipli- 

cation et  la  division  des  nombres  ;  présen- 
tées par  M.  Rodierre 35g, 

Armes  de  guerre.  —  Obturateur  mécanique 
pour  la  lumière  du  canon ,  appareil  des- 
tiné à  prévenir  un  des  accidents  les  plus 
communs  dans  le  service  des  bouches  à 
feu  ;  présenté  par  M.  Oppelt 6o3 

Astronomie.  —  Sur  les  moyens  d'atténuer  les 
vibrations  produites  à  la  surface  du  mer- 
cure dans  le  voisinage  des  roules,  des 
chemins  de  fer  et  des  usines,  dans  le  but 
de  faciliter  les  observations  astronomi- 
ques ;  Mémoire  de  MM.  Seguin  et  Mau- 
vais      5o3 

—  Nouvelle  Note  sur   le   même   sujet  ;    par 

M.  Mauvais 7i3 

—  Observations    héliométriques  ;   Lettre   du 

P.  Secchi  à  M.  Faye 6o5 

—  Sur  le  retour  périodique  de  minimums  des 

taches  solaires;  concordance  entre  ces  pé- 
riodes et  les  variations  de  déclinaison  ma- 
gnétique ;  Note  de  M.  Rod.  Wolf. 704 


H.ges. 


Astronomie.  —  Sur  les  derniers  résultats  pu- 
bliés par  M.  de  Struve  relativement  à  la 
61e  du  Cygne;  Note  de  M.  Faye 741 

—  Nouvelle  solution  du  problème  de  Kepler; 

Note  de  M.  Hansen 746 

—  Ascensions  droites  relatives  des  30  étoiles 

fondamentales,  déduites  des  observations 
faites  à  l'observatoire  de  Greenwich  de- 
puis 1750  jusqu'en  1762,  et  depuis  i836 
jusqu'en  i85o;  Mémoire  de  M.  Le  Verrier.    8i5 

—  Note  sur  une  nouvelle  détermination  de  la 

parallaxe  de  l'étoile  d,Argelander;  Note 
de  Wl.Witchmann ,  présentée,  avec  des  re- 
marques, par  M.  Faye 85g 

—  Considérations  sur  la  distance  du  soleil  aux 

planètes  ;  par  M.  Save 760 

Voir  aussi  les  articles  Cartes  célestes. 
Comètes,  Planètes,  etc. 

Atmosphères.  —  Mémoire  sur  la  théorie  des 
atmosphères  (deuxième  partie);  par  M.  Ed. 
Roche 755 

Atmosphériques  (Températures).  —  Voir  l'ar- 
ticle Températures  atmosphériques. 

Aveugles. —  Sur  un  moyen  destiné  à  permettre 
aux  jeunes  aveugles  de  prendre  part  aux 
travaux  de  la  typographie  ;  Note  de 
M.  Guilbaud 756 


Balances.  —  Description  d'une  balance  à  bas- 
cule destinée  à  prévenir  les  fraudes  sur 
le  poids  ;  par  M .  Fournerie g45 

Ballons.  —  Sur  l'emploi  des  ballons  captifs 
comme  moyen  de  détourner  les  orages; 
Lettre  de  M.  Letellier 22 

Bateau  sous-marin.  —  Nouvelles  observations 
concernant  l'emploi  du  bateau  sous-ma- 
rin et  la  nécessité  d'épurer  l'air  quand  on 
travaille  dans  une  eau  stagnante  ;  Note  de 
M.  Payerne 33a 

Bateaux  a  vapeur.  —  Description  et  6gure  d'un 
propulseur  articulé  pour  les  bateaux  à  va- 
peur; par  M.  Raillel 190 

Bolides.  —  Recherches  concernant  la  théorie 
des  météores  lumineux,  faites  à  l'occasion 
du  bolide  observé  le  10  juillet  i85o  à  Tou- 
louse et  à  Bordeaux;  Note  de  M.  Petit..     4^7 

—  Sur  un  bolide  observé  le  2  avril  1 852  ;  Note 

de  M.  Petit 676 

Botanique.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de 
M.  Parlalore,  ayant  pour  titre  :  <t  Sur  le 
papyrus  des  anciens  et  le  papyrus  de  Si- 
cile »  ;  Rapporteur  M.  de  lussieu 211 

—  M.  Vallot  adresse  un  spécimen  de  Lycoper- 

don  pedunculatum ,  remarquable  par   une 


disposition  qu'il  ne  croit  pas  avoir  été  si- 
gnalée par  les  botanistes 740 

Boulangerie.— Lettre  de  M.  Raboisson,  concer- 
nant un  système  de  pétrissage  mécanique 
qu'il  a  i  nventé 477  et    7^3 

Boussoles.  —  Boussole  de  contrôle  des  compas 

de  routed'un  bâtiment;  Note  de  M.  Allain.     190 

—  M.  Morin,  à  l'occasion  de  cette  communica- 

tion, mentionne  un  appareil  analogue 
imaginé  par  M .  Napier lhid. 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  place   sous  les 

yeux  de  l'Académie  les  deux  boussoles  ci- 
dessus  mentionnées,  inventées  l'une  par 
M.  le  capitaine  Allain,  l'autre  par  M.  le 
capitaine  Napier,  et  exécutées  à  Paris  par 
M.  Deleuil 5i8 

—  Note  de  M.  Billaut,  concernant  une  bous- 

sole marine  de  son  invention,  jouissant 
delà  propriété  de  tracer  la  route  parcou- 
rue par  le  navire  à  l'aide  d'un  appareil 
à  pointage  fonctionnant  à  courts  inter- 
valles       833 

Bulletins  bibliographiques.  —  36,  65,  io5, 
i5i,  198,  229,  270,  295,  3i3,  336,  36g, 
404,  4^6,  482,  524,  574,  611,672,708, 
760,  804,840,  869,  928  et 96  3 

I27.. 


(  97a  ) 


Pages. 

Calculs  urinaires.  —  Note  concernant  des  cal- 
culs dans  lesquels  le  carbonate  de  chaux 
entrait  pour  une  forte  proportion;  par 
M.  Higri 20 

—  L'auteur  de  cette  communication  dont  la 

signature  était  peu  lisible  fait  savoir  que 

son  nom  véritable  est  Tigri 267 

Calendrier.—  Sur  les  moyens  à  prendre  pour 
faire  adopter  à  tous  les  peuples  de  la  terre 
un  même  calendrier;  Lettre  de  M.  Lecoy.     44^ 

Caoutchouc.  —  Sur  divers  procédés  pour  le 
travail  du  caoutchouc  et  la  fabrication  du 
sulfure  de  carbone  employé  dans  la  pré- 
paration de  cette  substance;  Mémoire  de 
M.  Gérard 25? 

—  Remarques  de  M.  Velpeau  sur  une  récla- 

mation de  priorité  adressée  par  M.  Bar- 
thélémy, relativement  aux  instruments  en 
caoutchouc  soumis  par  M.  Gariel  au  juge- 
ment de  l'Académie 297 

Capillarité.  —  Examen  des  recherches  de 
M.  Simon,  de  Metz,  sur  la  capillarité; 
Mémoire  de  M.  Artur 62 

Cartes  célestes.  —  Cartes  des  étoiles  voisines 
de  l'écliptique  ,  dressées  dans  le  but  de 
permettre  de  découvrir  eu  peu  de  temps 
toutes  les  petites  planètes  ;  Lettre  de 
M.  Vais  à  II.  Arago 36l 

—  Commission    nommée    pour    aviser    aux 

moyens  de  faciliter  la  publication  de  ces 
cartes 363 

—  M.  Vais  adresse  un  nouveau  spécimen  de 

C63  cartes  dressées  sous  sa  direction  ;  par 

M.  Chacornac 6o5 

—  Sur  les  cartes  célestes  de  l'observatoire  de 

Markree;  Lettre  de  M.  Cooper  à  M.  Arago.     834 
Céruse.— Voir  l'article  Plomb  [Composés  du). 
Chaleur. — Nouveaux  nombres  concernant  la 
propagation  de  la  chaleur;   Mémoire  do 
M.  Despretz 54o 

—  Sur  la  conductibilité  des  métaux  pour  la 

chaleur;  Note  de  M.  Gouillaud 699 

—  Sur  les  transformations   que  subit,    sous 

l'influence  de  la  chaleur,  l'acide  tartrique; 

Note  de  M.  Aug.  Laurent 742 

Chaleurs  spécifiques.  —  Recherches  sur  les 
rapports  entre  le  poids  atomique  moyen 
des  corps  simples  et  leur  chaleur  spéci- 
fique ;  Mémoire  de  M.  Ch.  Garnier 278 

—  Réclamation  de  priorité  adressée  à  l'occa- 

sion de  cette  communication  ;  par  M.  Wer- 
theim 3oo 


Champignons.  —  Nouvelles  recherches  sur  l'ap- 
pareil reproducteur  des  champignons  ;  par 
M.  Tulasne 841 

—  Procédé  au  moyen  duquel  on  conserve  aux 
champignons  destinés  à  figurer  dans  les 
collections  botaniques  leur  forme  et  leur 
texture  intime;  Note  de  M.  Maurin 868 

Chardon.  —  31.  Coulier,  à  l'occasion  d'une  com- 
munication faite  dans  le  premier  semestre 
de  iS.Visur  le  pouvoir  décolorant  du  char- 
bon, rappelle  qu'en  1822  il  a  lui-même 
adressé  à  l'Académie  une  Note  sur  cette 
question 104 

Chaudières  a  vapeur.  —  Recherches  sur  l'in- 
crustation des  chaudières  à  vapeur  alimen- 
tées a  l'eau  de  mer  ;  par  M .  Cousté 1 80 

Chemins  de  fer.  —  Mémoire  sur  un  chemin  de 
fer  hydraulique  avec  distribution  d'eau  et 
irrigations  ;  par  M.  L.-D.  Girard 217 

—  Description  et  figure  d'une  locomotive  de 

montagnes;  par  M.  Tourasse 333 

—  Procédé  destiné  à  permettre  d'arrêter  sans 

danger  un  convoi  marchant  sur  un  chemin 

de.  fer;  Mémoire  de  M.  Edwin  Bâtes.  .   .     706 

—  Modification  proposée  pour  les  rails  des 

chemins  de  fer;  Note  de  M.  Laignel 79J 

—  Sur  un  moyen  destiné  à  prévenir  le  dérail- 

lement des  convois  marchant  sur  chemins 

de  fer  ;  Note  de  M.  Silvestre 834 

Chirurgie.  —  Sur  la  possibilité  de  lier  l'artère 
occipitale  près  de  son  origine;  par  M.  Va- 
letle  (analyse  d'un  travail  adressé  au  con- 
cours pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie)       291 

—  Nouveau  traitement  des  rétentionsd'urine 

chez  les  hommes  âgés  ;  par  M.  Aug.  Mer- 
cier      397 

—  Urétrométrie  périnéale  appliquée  au  trai- 

tement des  rétrécissements  de  l'urètre; 
Note  de  M.  C.  Sédillot 5g.! 

—  Réduction  d'une  luxation  ancienne  de  la 

mâchoire  inférieure  au  moyen  du  levier  à 
plaques  paraboliques;  Mémoire  de  M.  P. 
Bouisson 661 

—  Ablation  de  deux  loupes  volumineuses  au 

moyen  de  la  cautérisation  linéaire  ;  obser- 
vation de  MM.  Lagger  et  Deslongchamps, 
transmise  par  M.  Legrand 73a 

—  Description  et  figure  de  trois  nouveaux  ins- 

truments de  chirurgie;  par  M.  Giovanni.     j33 

—  Nouveau  traitement  de  l'ostéite;  Note  de 

M.  Laugier.. 83 1 


(  973  ) 


P. «€•. 

Chirurgie.  —  Notes  de  M.  Toynbee  sur  un  ap- 
pareil destiné  à  remplacer  la  membrane 
du  tympan  chez  les  personnes  qui,  par 
suite  de  l'érosion  de  cette  membrane, 
entendent  difficilement 33g  et    856 

Chloroforme.  —  Nouveau  cas  de  mort  subite 
causée  par  le  chloroforme;  Note  de 
M.  Stanski 5j3 

Chlorosulfaliques  (CoMBiNAisoss).— Mémoire 

de  M.  Aug.  Laurent 629 

Chlorhydrates.  —  Noie  sur  le  bichlorbydrate 
d'essence  de  térébenthine  ;  par  M.  Mar- 
cellin  Berthelot jlib' 

Chlorures.  —  Sur  l'emploi  du  chlorure  de  ba- 
ryte pour  la  conservation  des  substances 
animales;  Note  de  M.  Blandet 22t 

Cobalt.  —  Recherches   sur   une   combinaison 

nouvelle  du  cobalt;  par  M.  Saint-Evre. ..     55 1 

Coke.  —  Sur  la  préparation  du  coke  destiné  à 
la  fabrication  de  la  fonte  ;  Note  de  M.  Cal- 
vert,  présentée  par  M.  Chevreul 433 

—  Réclamations  élevées,  à  l'occasion  de  cette 

communication ,  par  M.  Chenol 

477)  521  et    670 

Colle-forte  liqcioe.  —  Sur  la  préparation  de 

ce  produit;  Note  de  M.  Se.  Dumoulin. . . .     444 

Colorantes  (Matières).  —  Sur  une  matière  co- 
lorante verte,  qui  vient  de  la  Chine;  Note 
de  M.  Pcrsoz 558 

Comètes.  —  Note  sur  une  comète  découverte  le 

■«'(juillet  i85î;  par  M.  Weslphal. , 191 

—  Observations  de  la  comète  iVEncke,  faites 

par  M.  Graham,  au  grand  équatorial  de 
l'observatoire  de  Markree  ;  communiquées 
par  M.  Le  Verrier 258 

—  Éphémérides  de  la  deuxième   comète  de 

i85i;  Note  de  M.  Petersen,  communiquée 

par  M.  Paye 3og 

—  Découverte  d'une  nouvelle  comète,  par  le 

P.  Secchi ;  Lettre  à  M.  Arago 334 

—  Eléments  de  la  deuxième  comète  de  i852; 

Lettre  de  M.  Valz  à  M.  Arago 36o 

—  Nouvelle  observation  de  la  comète  décou- 

verte le  26  août  i85a;  Lettre  du  P.  Secchi 

à  M.   Arago 363 

—  Nouveaux  cléments  de  la  deuxième  comète 

de  i852;  Note  de  M.  Valz,  communiquée 

par  M.  Arago 436 

—  Recherches  sur  le  prochain  retour  de  la  co- 

mètede  D'Arrest;  par  M.  Vi'on  Villarceau.     827 

—  Eléments  de  la  comète  III,  1847,  décou- 

verte par  M.  Mauvais,  le  4  juillet;  Note 
de  M.  E.  Gautier,  communiquée  par  M.  Le 
Verrier 948 


Pagei . 

Comètes.  — Note  sur  les  apparences  lumi- 
neuses des  comètes;  par  M.  Gàietta 3i2 

Commissions  des  Prix,  —  Commission  chargée 
de  l'examen  des  pièces  de  concours  pour 
le  grand  prix  des  Sciences  mathématiques 
de  i85a.  Commissaires  :  MM.  Liouville, 
Cauchy,  Lamé,  Binet,  Duhamel 5i8 

Commissions  modifiées.— M.  Valenciennes  rem- 
place, dans  la  Commission  chargée  d'exa- 
miner un  travail  de  M,  le  général  Carbuc- 
cia  sur  les  dromadaires ,  M.  de  Gasparin 
dont  l'absence  semble  devoir  se  prolonger.       21 

—  M.  Piobert  est  adjoint  à  la  Commission 

chargée  de  l'examen  d'un  Mémoire  de 
M.  Carvallo  sur  les  conditions  de  stabi- 
lité des  ponts  suspendus 565 

—  Sur  la  demande  de  M.  Mathieu,  Président 

de  la  Commission  du  prix  de  Statistique , 
l'Académie  désigne,  pour  remplacer  deux 
membres  absents  de  cette  Commission, 
MM.  Boussingault  et  Bienaymé 822 

—  Commissions  spéciales. —  Commission  char- 

gée de  présenter  uno  question  pour  le 
grand  prix  de  Physique  de  i854:  Com- 
missaires, MM.  Liouville,  Cauchy,  Lamé, 

Binet,  Biot 5i8 

Couleurs. — Sur  la  variation  de  la  teinte  géné- 
rale de  l'atmosphère  aux  diverses  épo- 
ques de  l'année  ;  Note  de  M.  Gaïetta. ...       64 

—  Sur  la  forme  et  la  couleur  des  corps  ;  Note 

de  M.  Landes 64  et     io3 

Voir  aussi  l'article  Colorantes(Matières). 

Couleurs  accidentelles  ;  Note  de  M.  J.-M.  Se- 
guin       476 

Cristallines  (Formes).  —  Nouvelles  recher- 
ches sur  les  relations  qui  peuvent  exister 
entre  la  forme  cristalline,  la  composition 
chimique  et  le  phénomène  rotatoire  mo- 
léculaire; Mémoire  de  M.  Pasteur 176 

—  Sur  la  double  réfraction   artificiellement 

produite  dans  des  cristaux  du  système  ré- 
gulier; deuxième  Note  de  M.  Wcrtheim..     27G 

Cristallisation.  —  Notes  additionnelles  au 
troisième  Mémoire  sur  la  cristallisation 
des  dissolutions  salines  sursaturées;  par 
M.  H.  Lœvel 219 

Cristallisés  (Corps). — Sur  la  structure  des 
corps  solides;  Lettre  de  M.  Brame  à 
M.  Babinet 666 

Cuivre.  —  De  l'extraction  du  cuivre  par  l'am- 
moniaque; Note  de  M.  G.  Barrucl 18 

Ctanures. — Sur  l'analyse  commerciale  du  cya- 
nure de  potassium;  Note  de  MM.  Fordos 
et  Gélis 22  } 


i  974  ) 


Pages. 
Décès. —  L'Académie  apprend,  dans  la  séance 
du  12  juillet,  la  mort  d'un  de  ses  Cor- 
respondants, M.  Welter,  décédé  le6  juil- 
let i85i 37 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  (séance 

du  it  octobre  i852)  la  perte  que  vient  de 
faire  l'Académie  dans  la  personne  de 
M.  Ach.  Richard,  Membre  de  la  Section 
de  Botanique,  décédé  le  5  du  même  mois.     485 

—  Dans  la  même  séance,  l'Académie  apprend 

le  décès  de  M.  le  contre-amiral  Bérard, 
un  de  ses  Correspondants  pour  la  Section 
de  Géographie  et  de  Navigation Ihid. 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Aca- 


Pagcs 

demie  le  décès  de  M.  deHaldat,  un  de  ses 
Correspondants  pour  la  Section  de  Phy- 
sique      781 

Décès.  —  Lettre  de  M.  Ch.  de  Haldat,  petit- 
fils  du  défunt,  annonçant  officiellement 
cette  mort  à  l'Académie 80g 

Décret  du  Président  de  la  République,  con- 
firmant la  nomination  de  M.  Bienaynu 
à  une  place  d'Académicien  libre  en  rem- 
placement de  feu  M.  le  maréchal  Har- 
niont ,  duc  de  Raguse 37 

Dynamique  chimique.  —  Note  de  M.  Zantedes- 
chi  sur  une  question  de  dynamique  chi- 
mique; débattue  entre  lui  et  M.  Rizio.. ,     35g 


Eaux  Dt  iluie.  —  Réclamation  de  priorité  éle- 
vée à  l'occasion  des  recherches  de  M.  Bar- 
rai sur  la  composition  chimique  des  eaux 
de  pluie  ;  Lettre  de  M.  Marchand 18 

Deuxième  Mémoire  sur  les  eaux  de  pluie 

recueillies  a  l'Observatoire  de  Paris;  par 

M.  Barrai  (premier  semestre  de  i85a)..     427 

Eaux  minérales.  —  Rapport  sur  un  travail  de 
M.  Filhol,  concernant  les  eaux  minérales 
sulfureuses  de  Bagnères-de-Luchon  et  de 
Labassère;  Rapporteur  M.  Balard 37 

--  Des  eaux  incrustantes  de  Salles -la-Source 
et  des  eaux  sulfureuses  du  Pont  (Aveyron); 
Note  de  M.  Ch.  Rlondeau 147 

—  Sur  les  eaux  minérales  de  Neyrac  (  Ardè- 

che)  ;  Mémoire  de  M.  ilazade 258 

Eaux  potables. —  Recherche  comparative  de 
l'iode  et  de  quelques  autres  matières  dans 
les  eaux  qui  alimentent  Paris ,  Londres  et 
Turin;  Mémoires  de  M.  Chatin..     tfi  et     127 

Eaux  thermales.  —  Remarques  sur  la  cause 
de  la  chaleur  des  eaux  thermales;  par 
M.  Arago 81 

Éclairage.  —  M.  de  Camhacérès  demande  et 
obtient  l'autorisation  de  reprendre  un 
Mémoire  sur  l'application  dss  acides  gras 
à  l'éclairage 335 

Economie  rurale.  —  Sur  l'amélioration  de  la 

Sologne;  Mémoire  de  M.  Becquerel    ....     5j5 

—  Mémoire  sur  la  composition  de  l'air  con- 

finé dans  la  terre  végétale  ;  par  MM.  Rous- 
singault  et  Lewy 765 

—  Recherches  sur  la  compositiondes  matières 

solubles  extraites  par  l'eau  des  terres 
fertiles;  Mémoire  de  MM.  F.  Verdeil  et 
E.  Risler g5 


Economie  rurale.  — Sur  le  danger  qu'il  y  au- 
rait à  transformer  en  sels  fixes  le  sous- 
carbonate  d'ammoniaque  contenu  dans 
les  engrais  ;  Note  de  M.  Jacquemart  .....     725 

—  Réclamation  adressée  à  l'occasion  de  cette 

Note  par  M.  de  Sussex,  qui  y  croit  voir 
une  attaque  indirecte  contre  les  produits 
obtenus  dans  un  nouveau  système  de  vi- 
dange pour  lequel  il  est  breveté -n', 

—  Des  différences  observées  dans  l'emploi  du 

noir  animal  en  agriculture  ;  Mémoire  de 

M.  Rohierre -(„, 

—  Lettre  de  M.  Guibal,  concernant  sa  ma- 

chine à  défoncer  les  terres 603 

—  Lettre  de  M.  Dussert,  concernant  la  mala- 

die des  pommes  de  terre i0/, 

—  Lettre  sur  un  moyen  destiné  à  prévenir  la 

maladie    des    pommes    de    terre  ;    par 

M.  Bayard 304 

—  Emploi  du  sel  dans  le  même  but;  Note  de 

M.  Brière 2o5 

—  Remarques  do  M.  Girard  sur  des  insecles 

qu'il  a  trouvés  dans  des  pommes  de  terre 
malades 335 

—  Sur  les  bons  effets  du  chaulage  pour  la  con- 

servation des  pommes  de  terre;  Note  de 

M.  Lecour U-^ 

—  Recherches  sur  la  maladie  des  pommes  de 

terre  ;  par  M.  Mazade g03 

—  Observation  tendant  àéclairerl'étiologiede 

la  maladie  de  la  pomme  de  terre  et  de  plu- 
sieurs autres  végétaux  ;  par  M.  Robouam.     387 

—  Mémoire   ayant  pour  titre:  «Moyen  sim- 

ple et  économique  de  préserver  la  vigne  de 

la  maladie  spéciale  n  ;  par  le  même 358 

—  Note  sur  une  méthode  de  traitement  pour 


(  97 


l'agcs 

les  vignes  malades  ;  par  M.  Vécu . .     a.>8 

Économie  rurale.— Expériences  sur  les  moyens 
de  traiter  la  maladie  des  raisins;  Lettre 
de  M.  Chenot 268 

—  Question  adressée  à  ce  sujet  par  M.  The- 

nard lbid. 

—  Communication  de  M.  Payen  en  réponse 

à  cette  question lbid. 

—  Renseignements  fournis  ,  à  lu  même  occa- 

sion ,  par  M.  Chevreul 270 

—  Observations  sur  la  maladie  de  la  vigne, 

faites  en  Piémont,  en  Italie  et  dans  la 
France  méridionale;  par  M.  Guérin- 
Méneville 322 

—  Avantages  de  la  taille  tardive  pour  préve- 

nir la  maladie  de  la  vigne;  Note  de  M.  J. 
Roussel 333 

—  Observations  sur  la  maladie  de  la  vigne; 

par  M.  Letellier 4?8 

—  Sur  un  moyen  employé  contre  la  maladie 

du  raisin  ;  Lettre  de  M.  Regnault lbid. 

—  Considérations  sur  les  causes  de  la  maladie 

de  la  vigne  et  de  la  pomme  de  terre,  et  sur 
les  moyens  propres  a  en  prévenir  le  déve- 
loppement; Mémoires  de  M.  Dalmas.  604  et     834 

—  Note  sur  la  cause  de  la  maladie  de  la  vigne 

etdelapomme  de  terre;  parM.  Dussugues.    604 

—  L'auteur  de  cette  Note  fait  connaître  son 

nom ,  qui  n'avait  pu  êire  bien  lu  ,  et  qui 
doit  s'écrire  Dussurgey 7  jo 

—  Noie  sur  l'acclimatation  et  la  culture  du 

tbé  en  Algérie;  par  M.  Liaulaud 793 

—  Sur  une  petite  phalène  dont  la  larve  nuit 

aux  récoltes  <le  blé  et  d'orge  dans  les  en- 
virons de  Mostaganem  ;  Note  de  M. 
Guyon 55g  et    758 

—  M-   Milne  Edwards  mentionne,  à  l'occa- 

sion de  cette  Note,  un  travail  récent  de 
M.  Doyère  sur  les  insectes  nuisibles  à 
l'agriculture 708 

—  Sur  la  germination  des  céréales  récoltées 

avant  leur  maturité;  Note  de  M.  Du- 
chartre 9,^0 

—  Lettre  de  M.  Guérin-Méneville  sur  ses  re- 

cherches concernant  lo  ver  destructeur  des 
olives 104 

—  Sur  les  gallinsecles  de  l'olivier,  du  citron- 

nier, de  l'oranger  et  du  laurier- rose,  et  sur 
les  maladies  qu'ils  occasionnent  dans  la 
province  de  Nice  et  dans  le  département 
du  Var  ;  Mémoire  de  M.  Robineau- 
Desvoidy .      1 83 

—  Résultats  de  la  décortication  partielle  pra- 

tiquée sur  un  pommier  attaqué  par  le 
puceron  lanigère  ;  Note  de  II   Meret 229 

—  Résultats  des  éducations  pour  l'acclimata- 

tion des  nouvelles  races  et  l'étude  des  vers 
à  soie,  faites  en  i852  à  la  magnanerie  ex- 


5) 

P.J».  - 

périmentale  de  Sainte-Tulle;  par   MM. 

Guêrin-Mcneville  et  Eug.  Robert ^04 

Économe  rurale.  —  Note  sur  les  résultats  d'é- 
ducations de  vers  à  soie  destinés  à  pro- 
duire de  la  graine-étalon  ;  expériences 
faites  en  1HÎ2  dans  le  même  établisse- 
ment ;  par  les  mêmes 292 

—  Nouveaux  documents  rïlatifs  à  de  précé- 

dentes communications  sur  la  castration 
des  vaches  par  le  vagin.  —Résultats  d'une 
opération  semblable  pratiquée  sur  une 
jument;  Mémoire  do  M.  Chnrlier 25- 

—  De  la  production  des  races  chevalines  de 

demi-sang;  Mémoire  de  M.  Gayot 793 

Élasticité.  —  Sur  la  théorie  de  l'élasticité  des 

corps  solides  ;  Note  de  M.  Lamé 45g 

—  Remarques  do  M.  Cauchy  à  l'occasion  de 

cette  communication Z53 

—  Réponse  de  M.  Lamé lbid. 

Élastiques  (Surstances).  —  De  leur  emploi 

pour  atténuer  les  vibrations  de  la  surface 
du  mercure  dans  les  niveaux  des  instru- 
ments méridiens.  Voir,  dans  la  Table, 
l'article  Astronomie ,  et  dans  le  texte.... 

5o3  et     7 1 3 

Électricité.  —  Sur  la  résislunce  que  les  fils 
opposent  au  courant  électrique  ;  Lettre 
du  P.  Secchi  à  M.  Arago i~ 

—  Mémoires  sur  le  magnétisme  statique  et  le 

magnétisme  dynamique;  par  M.  du  Mon- 

cel 54  et     354 

—  Expériences  sur  les  réactions  réciproques 

de  l'électricité  statique  et  de  l'électricité 
dynamique,  et  sur  leurs  effets  à  l'égard 
des  aimants  ;  par  le  même 3o8 

—  Expériences  sur  les  relations  réciproques 

de  deux  courants  voltaïqucs  existant  si- 
multanément dans  le  même  circuit.  Note 
sur  la  manière  différente  dont  s'exerce 
l'induction  parles  courants  magnétiques 
ou  voltaïques ,  suivant  que  les  corps  mé- 
talliques qui  en  subissent  l'effet  présen- 
tent ou  ne  présentent  pas  d'éléments  con- 
tinus de  surfaces  opposées  ,  propres  au  dé- 
veloppement de  l'électricité  statique;  par 
le  même  333 

—  Expériences  sur  les  courants   électriques 

(circuits  greffés)  ;  par  le  même 5i8 

—  Système  de  carillon  électrique  propre  à  la 

sonnerie  des  cloches  de  signal  dans  les 
grands  établissements  ;  par  le  même 08y 

—  De  la  différence  du  pouvoir  dispersif  des 

deux  électricités;  Noie  de  M.  Zantedeschi , 
transmise  par  M.  Arago 44  ' 

—  Sur  un  moyen  de  fixer  dans  l'éclairage  élec- 

trique   le    point    lumineux  ;    Note    de 

M.   Briard 445 

—  M.  Gaigaeau  adresse,  à  l'occasion  de  celle 


(976) 


communication  ,  une  réclamation  de  prio- 
rité en  faveur  de  MM.  Slaite  et  Pétrie. . .     739 
Électricité.  —  Dixième  communication  sur 

la  pile  ;  par  M.  Despretz 449 

—  Observations  relatives  au»  propriétés  élec- 

trochimiques  de   l'hydrogène  ;   Mémoire 

de  M.  Edm.  Becquerel 647 

—  Note  sur  la  détermination  approximative 

du  volume  utile  du  fer  pour  une  hélice 
d'un  nombre  de  tours  donné,  afin  d'obte- 
nir le  maximum  d'aimantation;  Note  de 
M.  Biche G90 

—  Expériences   sur    le   magnétisme    du    fer 

doux;  Note  de  M.  Quet 749 

—  Mémoire  sur  une  macbineélectromotivc  à 

air  comprimé  ;  par  M.  Petrowitch ^56 

—  Sur  deux  modifications  de  la  pile  de  Bun- 

sen qui  augmentent ,  l'une  la  conductibi- 
lité intérieure,  l'autre  la  tension;  Note 
de  MM.  Liais  et  Fleury 802 

—  Sur  des  courants  d'induction  produits  par 

la  torsion  ;  Note  de  M.  Wertheim 701 

—  Sur  quelques  faits  relatifs  au  courant  et  à 

la  lumière  électrique;  Note  de  M.  Quet. .     y49 

—  Note  sur  l'électricité    considérée  comme 

cause  de  plusieurs  phénomènes  attribués 
à  la  gravitation  universelle;  par  M.  Za- 
liwski 49 

—  Sur  le  rôle  que  jouerait  l'électricité  dans 

certains  phénomèneî  astronomiques  ;  Note 

de  M.  Gaïetta 36g 

—  Pièces  manuscrites  et  imprimées  de  M.C'Aa- 

molle ,  concernant  des  projets  d'applica- 
tion de  la  force  électrique  à  l'industrie 
(transmises  par  M.  le  Ministre  d'État)..     4^7 

—  Un    Mémoire   intitulé   :  «  De  l'électricité 

considérée  comme  agent  universel»,  ne 
peut,  étant  anonyme,  être  renvoyé  à  l'exa- 
men d'une  Commission 834 

—  M.  L.  Cassai  se  fait  connaître  comme  l'au- 

teur de  ce  Mémoire 857 

Électricité  animale. —  Nouvelles  expériences 

de  M.  Zantedeschi 4^0 

—  Mémoire  intitulé  :  «Fluide  électro-animal 

polarisé  observé  dans  le  corps  humain  »  ; 

par  M .  l'abbé  Chapsal 690 

Éléphant.  —  Examen  de  la  graisse  et  des  con- 
crétions trouvées  dans  le  corps  d'un  élé- 
phant femelle;  par  MM.  E.  Filhol  et  AT. 
loir 3g3 

Eloges  historiques  d' 'Académiciens  décédés.  — 
M.  Laugier,  dans  la  séance  annuelle  du  20 
décembre  i85î,lit,  an  nom  de  M.  Arago, 
Secrétaire  perpétuel  pour  les  Sciences  ma- 
thématiques," qui  n'a  pu  assister  à  cette 
séance  pour  cause  de  maladie  ,  des  frag- 
ments de  la  biographie  de  M.  Gay-Lussac.     927 


Pajt». 


Eloges  historiques.  —  Remarques  de  M.  Le 
Verrier  à  l'occasion  d'un  passage  de  la 
biographie  de  M.  Gay-Lussac 929 

—  Réponse  de  M.  Arago  à  ces  remarques. . . .     Ç)3o 
Embryogénie. — Mémoire  sur  ledéveloppement 

des  animaux  vertébrés;  par  M    Bemack..     341 

—  Rapport  sur  la  première  livraison  d'un  ou- 

vrage de  M.  Wagner,  concernant  l'anato- 
mie  microscopique  des  animaux  et  le  dé- 
veloppement des  vertébrés  ;  Rapporteur 
M.  Duvcrnoy 548 

—  Recherches  sur   les  polygenèses  monova- 

riennes  ;  par  M.  Lesauvage 730 

Encre  de  sûreté.  —  Note  sur  une  encre  de 
sûreté  aussi  inaltérable  et  d'un  emploi 
plus  commode  que  celles  qui  sont  géné- 
ralement en  usage;  par  M.  Werdet  père.  9^5 
Évuémérides.  —  Notes  sur  la  formation  des 
éphémérides  luni-solalres  moyennes;  par 

•  M.  Nascio 35,605,671,760     et     962 

Épidémies.  —  Sur  la  part  que  peuvent  avoir  les 
insectes  dans  les  épidémies  qui  attaquent 
les  animaux  et  les  végétaux;  Notes  de 
M.  Buisson 64  et     104 

—  Nouveaux  faits  à  l'appui  d'un  Mémoire  pré- 

cédemment présenté  sur  la  part  des  Coc- 
cus,  des  Acariens  et  desAphidieus  au  dé- 
veloppement des  maladies  qui  attaquent 
plusieurs  de  nos  végétaux  usuels  ;  Lettre 

de  M.  Bobouam i5o 

Voir  ausi  l'article  Economie  rurale. 

Estampes.  —  M.  Babinct  présente ,  au  nom  de 
M.  Perrot,  des  estampes  tirées  sur  un  pa- 
pier fabriqué  avec  la  gulta-percha.  707  et     760 

Étain  {Composés  de  V).  —  Recherches  sur  le 
stannéthyle,  nouveau  composé  organique 
contenant  de  l'étain  ;  par  MM.  Cahours  et 
Biche : 91 

Étamage.  —  Sur  un  nouveau  procédé  d'étamage 

du  fer;  Note  de  M.  Girard 56 

Éthers.  —  Sur  la  résine  de  jalap  et  sur  l'élher 
succinique  perchloré;  Note  de  M.  Aug. 
Laurent 379 

Ktiivi.es.  —  Recherches  sur  le  stannéthyle, 
nouveau  radical  organique  renfermant  de 
l'étain;  Mémoire  de  MM.  Cahours  et 
Biche 91 

Étoiles  filantes.  —  Apparition  périodique  du 
mois  d'août,  observation  du  nombre  de 
ces  étoiles  dans  les  jours  prévus  pour 
i852;  Note  de  M.  Coulvier-Gravier 266 

—  Étoiles   filantes  de  la   nuit  du   9   au    10 

août  i853;  Lettre  de  M.  de  Jonauières  à 

M.  Arago 367 

—  Proposition  faite  par  M.  Arago  à  l'occasion 

de  cette  Lettre,  et  nomination  d'une 
Commission  chargée  de  rédiger  un  pro- 


(  977  ) 


gramme    pour   l'observation   des   étoiles 
filantes 368 


Considérations  sur  la  causedes  étoiles  filan- 
tes et  des  bolides  ;  Note  de  M.  Gàietta... . 


Pâg". 


'97 


Fer.  —  Recherches  sur  le  fer  ;  par  M.  lullien 
(troisième  partie),  cémentation  de  la  fonte 
dans  les  oxydes  métalliques 20 

—  Sur  un  nouveau  procédé  d'étamage  du  fer; 

Note  de  M.  Girard 56 

—  Note  sur  une  masse  de  fer,  supposé  d'ori- 

gine météorique,  trouvée  près  d'Epinal 
(Vosges);  Note  de  M.  Guéiy,  transmise 
par  M.  Haxo 289 

—  Détermination   approximative  du  volume 

utile  du  fer  pour  une  hélice  d'un  nombre 
de  tours  donnés,  afin  d'obtenir  le  maxi- 
mum d'aimantation  ;  Note  de  M.  Riche. . .     690 

—  Expériences  sur  le  magnétismedu  ferdoux  ; 

Note  de  M.  Quet 749 

—  M.  Cornuel  adresse  un  échantillon  de  fer 

cristallisé,  retiré  de  l'intérieur  d'un  four 
à  pudler  du  fourneau  de  Cirey-sur-Blaize .     o/îi 
Fermentation  galliqce.  —   Note  de  M.  Robi- 

quel 19 

—  Réclamation  de  priorité  adressée  à  l'occa- 

sion de  cette  communication  ;  par  M.  La- 
rocque 221 

—  Réponse  de  M.  E.  Robiquet  à  cette  récla- 

mation      472 

Firrine.  —  Voir  l'article  Sang. 

Fossiles  (Restes  organiques).  —  Voir  l'article 

Paléontologie. 
Foudre.  —  Sur  un  cas  de  foudre  globulaire; 


communication  de  M.  Robinet 1 

Focdre.  — Sur  un  cas  de   foudre  en   boule; 

Lettre  de  Mme  Espert 192 

—  Cas  de  foudre  globulaire  observé  à  Milan 

eu  i84'  ;  Lettre  de  M.  Rutti  à  M.  Arago. .     ia3 

—  Double  cas  de  foudre  en  boule  observé  dans 

un  très-court  espace  de  temps  ;  Lettre  de 

M .  Meunier iq5 

—  Détails  sur  le  cas  de  foudre  observé  à  la 

station  de  Beuzeville  :  Lettre  de  M.  de  La- 
lande  en  réponse  à  une  demande  adressée, 
au  nom  de  l'Académie,  par  MM.  les  Se- 
crétaires perpétuels 24 

—  Détails  sur  le  même  fait;  Lettre  de  M.  de 

l'Espée  à  M.  Pouillet 4»° 

—  Observations  de  M.  Arago  à  l'occasion  de 

ces  nouveaux  renseignements 401 

—  MM.  Gidel  et  Paillet  consultent  l'Acadé- 

mie pour  savoir  si  un  nouveau  système  de 
tuiles  en  fonte,  pour  lequel  ils  sont  bre- 
vetés, n'exposerait  pas  les  bâtiments  ainsi 
couverts  à  être  frappés  de  la  foudre  plus 
souvent  que  ne  le  seraient  des  bâtiments 

couverts  en  tuiles  ordinaires 523 

Fusion.  —  Nouvelle  théorie  de  la  fusion  aqueuse 
et  du  mode  d'action  de  la  chaleur  dans  la 
fusion,  la  volatilisation  et  la  décomposi- 
tion des  corps  ;  Mémoire  de  M.  Ed.  Ro- 
bin      793 


Gallique  (Fermentation).  —  Voir  l'article  Fer- 
mentation gallique . 

Galvanoplastie.  —  M.  Hulot  présente  une  re- 
production galvanoplastique  d'une  grande 
planche  gravée  et  fait  remarquer  que  cet 
emploi  de  la  galvanoplastie,  grâce  aux 
perfectionnements  apportés  au  procédé 
opératoire,  est  passé  aujourd'hui  à  l'état 
d'application  industrielle 867 

Céocraphie.  —  Note  sur  la  hauteur  des  diverses 
sommités  du  Mont-Rose  ;  par  MM.  Schla- 
gintweit  frères !  02 

—  Sur  le  moyen  de  donner  par  les  chiffres  des 
notions  justes  de  l'étendue  des  différents 
pays  ;  Lettre  de  M.  Ralachoffk  M.  Arago.     836 

Géologie.  —  Note  sur  la  géologie  de  la  Cochin- 

chine;  par  M.  Arnoux 188 

C  R.,  i85a,  2me  Semestre.  (T.  XXXV.) 


Géologie.  —  Sur  les   variations   des   roches 

granitiques  ;  Note  de  M.  Delesse 1  q5 

—  De  l'altération ,  par  voie  naturelle  et  artifi- 

cielle, des  roches  silicatées,  au  moyen  de 
l'acide  sulfhydrique  et  de  la  vapeur  d'eau  ; 
Mémoire  de  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville.     261 

—  Recherches  sur  les  roches  globuleuses;  par 

M.  Delesse 274 

—  Notice   sur   les  systèmes  de    montagnes; 

parM.  Élie  de  Reaumont 298 

—  Sur  un  calcaire  qui  semble  avoir  des  rap- 

ports avec  le  marbre  numidique  des  an- 
ciens ;  Note  de  M.  Guynn 3o8 

—  Sur  un  projet  d'exploration  de  l'Etna  et 

des  formations  volcaniques  de  l'Italie; 
Note  de  M .  Constant  Prévost 409 

—  Note  sur  l'existence  probable  de  terrains 

128 


(  97»  ) 


salifères  dans  le  nord  de  la  France;  Note 
de  M.  Delanoue 

Géologie.  —  Note  sur  la  limite  qui  sépare  le 
terrain  crétacé  du  terrain  tertiaire;  par 
M.  Hébert 

Géométrie.  —  Mémoire  sur  la  théorie  des  tau- 
tochrones;  par  M.  Combescure 

—  Mémoire  ayant   pour    titre  :    «  Nouvelle 

théorie  des  parallèles ,  rigoureusement 
établie  »  ;  par  M.  A.  Boillot 

—  Mémoire  sur  les  développées  des  courbes 

planes;  par  M.  Max-Dunesme 

—  Démonstration   élémentaire  de   plusieurs 

propositions  de  géométrie;   par  M.  Vial. 
Géométrie  analytique.  —  Sur  une  classe  éten- 


Pages. 

85o 
862 


190 
5i8 
6o5 


PaEf... 


due  de  systèmes  d'équations  différentielles 
qui  se  rattachent  à  la  théorie  des  courbes 
à  double  courbure  ;  Mémoire  de  M.  Serret.       5o 

Gllcosamides.  —  Sur  les  tannins  et  les  gluco- 

samides  ;  Note  de  M.  Aug.  Laurent 161 

Gras  (Corps).  —  Sur  certaines  transforma- 
tions isomériques  des  corps  gras  ;  Note  de 
M.  Path-Duffy 284 

Gutta-percha. —  Mémoire  sur  la  gutta-percha, 
ses  propriétés,  son  analyse  immédiate,  sa 
composition  élémentaire  et  ses  applica- 
tions ;  par  M.  Payen 109 

—  M.  Babinet  présente,  au  nom  de  M.  Perrot, 
des  estampes  tirées  sur  un  papier  fabri- 
qué avec  la  gutta-percha 707  et     760 


H 


Héliochromie.  —  Voir  l'article  Photographie.. 

Héliostat.  —  Description  et  figure  d'un  hé- 
liostat  portant  un  réfiecteurde très-grande 
dimension  et  qui  est  destiné  à  faire  péné- 
trer la  lumière  solaire  dans  des  apparte- 
ments obscurs  ;  Notes  de  M.  Clavel.  604  et    689 

Hippopotames.  Voir  l'article  suivant. 

Histoire  des  sciences.  —  Note  concernant 
l'histoire  de  l'hippopotame;  par  M.  de 
Paravey 1 5o 

—  Sur  les  noms  anciens  et  modernes  de    la 

squille  et  de  la  pivoine ,  et  sur  les  consé- 
quences historiques  qui  se  peuvent  dé- 
duire de  l'étude  de  ces  noms;  Note  de 
M.  de  Paravey 399 

—  M.  Paravey  signale  ,  dans  la  relation  de 

l'ambassade  de  Perse  de  Figueroa,  deux 
passages  relatifs,  l'un  à  deux  comètes  vues 
par  levoyageur,  l'autre  à  un  animal  trouvé 
dans  les  canaux  souterrains  qui  amènent 
l'eau  des  montagnes  vers  les  champs  cul- 
tivés       8o3 

—  Note  intitulée  :  Du  dattier,  arbre  cultivé 

principalement  par  les  Phéniciens  et  les 
Arabes,  de  ses  noms  hiéroglyphiques  et 
orientaux,  et  de  sa  description  dans  les 
livres  conservés  en  Chine  et  au  Japon, 
pays  où  il  n'existe  pas  ;  par  M.  de  Paravey.  856 
Hdiles.  —  Analyse  des  huiles,  au  moyen  de 

l'acide  sulfurique;  Note  de  M.  Maumené.     572 

—  Etude  sur  les  huiles  grasses  végétales;  par 

M.  /.  Lefort 734 

—  Sur  la  préparation  des  huiles  destinées  aux 

besoins  spéciaux  de  l'horlogerie;  Note  do 

M.  Billaut 962 

Hoti.es  essentielles. — Bichlorhydrate  d'essence 
de  térébenthine;  Note  de  M.  Marcellin 
Berthelot ..     736 


Huiles  essentielles.  —  Recherches  sur  les 
combinaisons  formées  par  quelques  huiles 
essentielles  avec  les  bisulfites  alcalins; 
Note  de  M.  Berlagnini 800 

Hydrauliques  (Appareils).  —  Note  de  M.  Ge- 

lestïn  Jamln i5o 

—  Lettre  de  M.  Porro,  concernant  les  résultats 

obtenus  à  Bologne(Italie)  avec  un  moteur 
hydraulique  construit  d'après  son  système.     nS 

—  Système  de  roues  à  palettes  mobiles ,  appli- 

cables aux  bateaux  à  vapeur  et  aux  mou- 
lins à  vent;  Mémoire  de  M.  Veriot 733 

Hydrogène.  — Observations  relatives  aux  pro- 
priétés électrochimiques  de  l'hydrogène; 
Mémoire  de  M.  Edm.  Becquerel 647 

Hydrophobie. — Lettre  de  M.  Bock,  concernant 
quelques  observations  faites  sur  un  chien 
supposé  enragé i<>4 

—  Sur  l'emploi  du  vinaigredans  le  traitement 

de  la  rage;  Note  de  M.  Audouard 136 

Hydrosilicates.  — Sur  la  soude  hydrosilkatée 
rencontrée  cimentant  un  amas  bréchi- 
forme   dans    les    sables   de  Sablonville; 

Note  de  MM.  Krajft  et  Delahaye 143 

Hydrostatique.  —  Discussion  du  paradoxe  hy- 
drostatique, et  expériences  faites  à  cette 
occasion;  Note  de  M.  Dupuis 4^3 

—  Sur  un  appareil  simple  propre  à  démontrer 

de  quoi  dépend  la  pression  exercée  par  les 
liquides  sur  le  fond  des  vases  ;  Note  de 
M.  Sire 9.Ï8 

Hygiène  publique.  —  Sur  l'hygiène  des  ouvriers 
qui  travaillent  les  coquilles  de  nacre  de 
perle;  Mémoire  de  MM.  A.  Chevallier  et 
Mahier 398 

Hygrométrie.  —  Deuxième  Mémoire  de  M.  Re- 

gnault  sur  l'hygrométrie g3o 


(  979  ) 


toge-. 

Incendies.  —  Sur  remploi  de  la  vapeur  d'eau 
pour  éteindre  les  Incendies  à  bord  des  na- 
vires ;  Lettre  de  M.  Dujardin  à  M.  Arago.     398 

—  Cas  d'incendie  éteint  au  moyen  de  la  vapeur 

d'eau;  Note  de  M.  Desurmontei  Lettre  de 

M.  Dujardin ?o5  et     706 

Instruments  d'astronomie.  —  IN  oie.  sur  une  pé- 
riodicité annuelle,  observée  dans  les  col- 
limations  du  cercle  mural  de  Fortin,  de 
l'Observatoire  de  Paris  ;  Note  de  M.  Mau- 
vais        77 

Voir  aussi  l'article  Astronomie. 

Instruments  de  chirurgie.  —  Description  et 
figure  d'un  instrument  destiné  à  l'explora- 
lion  de  l'utérus  ;  Mémoire  de  M.  Leriche.     a5j 

Instruments  de  physique.  —  Recherches  sur  la 
construction  et  les  avantages  que  présen- 
teront des  instruments  amplifiants  à  deux 
grossissements;  Note  de  M.  Laurent 102 

—  Application  de  la  lunette  réciproque  avec 

micromètre  parallèle  et  du  méroscope  pan- 
focal  ;  Mémoire  de  M.  Porro 299 

—  Note  sur  un  appareil  désigné  sous  le  nom 

de  polyoptomètre;  par  M.  Porro 4^3 

—  Mémoire  sur  un  perfectionnement  impor- 

tant de  l'oculaire  quadruple  des  lunettes 
achromatiques  ;  par  M.  Secrélan ;  1  j3 

—  Notes  sur  les  instruments  d'optique;  par 

M.  Brochet i5o,  229,  292,  3i3  et    671 

—  Lettre  de  M.  Robardet,  concernant  un  in- 

strument de  son   invention,  le  Ihermo- 


Pagei. 

métrographe  exométrique  à  piston 191 

Instruments.  —  Description    d'une    horloge 

thermomètre  ;  par  M.  Edm.  Becquerel. . .     754 

—  Sur  deux  modifications  de  la  pile  de  Bun- 

sen, dont  l'une  augmente  la  conductibi- 
lité intérieure,  l'autre  la  tension;  Note  de 

MM.  Liais  et  Fleury 802 

Iode. — Recherches  comparatives  de  l'iode  et  de 
quelques  autres  matières  dans  les  eaux 
qui  alimentent  Paris,  Londres  et  Turin; 
Mémoire  de  H.  Chatin 46  et     127 

—  Rapport  sur  ce  travail  et  sur  les  communi- 

cations faites  par  MM.  Marchand  et  Niepce 
concernant  la  présence  de  l'iode  dans  l'air, 
les  eaux  et  les  su I  stances  alimentaires; 
Rapporteur  M.  Bussy 5o5 

—  Remarques  de  M.  Thenardk  l'occasion  de 

ce  Rapport 5i(; 

—  M.  0.  Henry  exprime,   à  l'occasion  de  ce 

Rapport,  le  regret  de  ne  point  voir  son 
nom  cité  parmi  ceux  des  chimistes  qui 
ont  constaté  la  présence  de  l'iodedans  des 
eaux  autres  que  les  eaux  de  la  mer 833 

—  De  l'analyse  qualitative  et  quantitative  de 

l'iode  et  de  sa  séparation  du  brome  et  du 
chlore  au  moyen  de  la  benzine  et  de  l'a- 
zotate d'argent;  Mémoire  de  M.  Moride..  789 
Irrigations. — Lettre  de  M.  Fourcault,  concer- 
nant son  Mémoire  sur  les  irrigations  et  sur 
la  télégraphie  sous-fluviale 44^ 


Jaugeage.  Voir  l'article  Tonnellerie. 


Locomotives  (Machines).— Lettre  de  M.  Lai- 
gnel ,  concernant  des  expériences  compa- 
ratives entre  les  locomotives  du  système 
ordinaire  et  les  locomotives  modifiées  par 
lui 228 

Lumière. — Sur  les  différences  de  lumière  des 
diverses  parties  du  disque  solaire;  Note 
de  M .  Meret 229 

—  Recherches  sur  la  lumière;  Note  de  M.  Za- 

liwski 3oo 

—  De  la  vitesse  de  propagation  de  la  lumière; 


Note  de  M.  Picou 834 

Lumière.  — Sur  le  moyen  de  fixer  dans  l'é- 
clairage électrique  le  point  lumineux; 
Note  de  M.  Briard 445 

—  Réclamation    de    priorité    en    faveur    de 

MM.  Slaite  et  Pétrie;  Lettre  adressée,  à 
l'occasion  de  la  précédente  communica- 
tion,par  M.   Gaigneau 739 

—  Sur  quelques  faits  relatifs  au  courant  et  à 

la  lumière  électrique;  Note  de  M.  Quel, .     949 

128.. 


(  ç>8°  ) 


M 


Page». 

Magnétisme. —  Mémoire  sur  le  magnétisme  dy- 
namique ;  par  M.  du  Moncel 54 

—  Mémoire  sur  le  magnétisme  statique  et  le 

magnétisme  dynamique;  par  le  même.. . .     354 

—  Examen  du  fantôme  magnétique  et  de  ses 

usages;  par  M.  de  Ilaldat 126 

Voir  aussi  l'article  Électricité. 
Magnétisme  terrestre.  —  Liaisons  entre  les 
taches  du  soleil  et  les  variations  en  dé- 
clinaison de  l'aiguille  aimantée  ;  Lettre  de 
M.  Wolfk  M.  Arago 364 

—  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Du  magné- 

tisme terrestre  et  intersidéral  ou  cosmi- 
que» ;  par  M.  Ga'ielta 35 

Marées.  —  Recherches  sur  la  cause  du  phéno- 
mène des  marées  ;  par  M.  Picard 3o8 

Mécanique  analytique. — Sur  un  nouveau  théo- 
rème de  mécanique  analytique;  Note  de 
M..  1.  Bertrand 698 

Médecine.  —  Sur  l'emploi  du  vinaigre  dans  le 
traitement  de  la  rage  ;  Note  de  M.  Au- 
douard 126 

—  Sur  la  principale  cause  des  violentes  dou- 

leurs qui  existent  dans  l'ophthalmie  puru- 
lente ,  et  sur  un  moyen  propre  à  les  faire 
cesser  immédiatement;  Notede  M.  Guyon.     3o6 

—  Analyse  envoyée  par  M.  Delasiauve  de  di- 

vers opuscules  présentés  au  concours  pour 

les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. . . .     333 

—  De  l'utilité  clinique  du  microscope  pour 

le  diagnostic  des  maladies  cancéreuses; 
Mémoire  do  M.  Alquiè 385 

—  Procédé  pour  faire  cesser  les  crampes  des 

cholériques  ;  Notede  M.  Guyon 40î 

—  M.  le  Ministre  de  l'Intérieur  transmet  une 

nouvelle  copie  d'un  Mémoire  de  M.  Buis- 
son sur  les  causes  des  épidémies 478 

—  Épilepsie    traitée    par    la    trachéotomie  ; 

Note  de  M.  Marshal-Hall 571 

—  Physiologie  de  l'épilepsie  et  de  l'apoplexie 

d'origine  inorganique;  Note  de  M.  Mars- 
hal-Hall      78i 

—  Sur  un  traitement  préservatif  du  choléra; 

nouvelle  application  des  métaux  à  la  mé- 
decine; Notes  do  M.  Bura 670  et     707 

—  Mémoire  sur  une  nouvelle  méthode  curative 

externe  du  rhumatisme;  par  M.  Poggioli.    720 

—  Sur  l'emploi  thérapeutique  des  séminoïdes 

de  ciguë  et  de  la  conicine  dans  les  affec- 
tions cancéreuses  et  les  engorgements  ré- 

fractaires  ;  par  M.  Devoy 793 

Mép.idienne.— M.  Leseca  demande  et  obtient 
l'autorisation  de  reprendre  son  Mémoire 


Pages, 
sur  une  méridienne  portative  et  sur  d'au- 
tres instruments  du  même  genre 44^ 

Métaux. —  Note  sur  la  conductibilité  des  mé- 
taux pour  la  chaleur;  par  M.  Gouillaud. .     691 
Voir  aussi  aux  noms  des  différents  Mi- 
taux. 
Météorologie.  —  Résultats  des  observations 
météorologiques  faites  à  Cherbourg  pen- 
dant les  années  i848-i85i;  Mémoire  de 
M.  Liais,  présenté  par  M.  Arago 349 

—  Sur  un  cas  de  foudre  globulaire:  commu- 

nication de  M.  Babinet. ...   1 

—  Tonnerre  en   boule,  observé  à  Paris   en 

juin  i8jg;  Lettre  de  madame  Espert. .. .      192 

—  FoudreglobulaireàMilan,eni8/|t  (juin?); 

Lettre  de  M.  Butti iç)3 

—  Double  cas  de  foudre  en  boule,  observé  à 

Paris  dans  un  très-court  espace  de  temps 
(juin  i85a);  Lettre  de  M.  A.  Meunier. .  .      19S 

—  Sur  un  cas  de  foudre  observé  à  la  station 

de  Beuzeville;  Note  de  M.  de  Lalande. . .       24 

—  M.   Pouillet  communique  une   Lettre  de 

M.  de  l'Espée,  relative  au  même  fait. . . .     400 

—  M.  Arago  fait  remarquer,  à  cette  occasion  , 

que  les  deux  relations  fournies  par  M.  de 
Lalande  et  M.  de  l'Espée,  quoique  différen- 
tes en  quelques  points,  reposent  sur  le  té- 
moignage d'un  seul  et  même  observateur.     401 

—  Explosion  d'un  bolide  près  d'Epinal  (Vos- 

ges), observée  en  décembre  1842:  masse 
de  fer  météorique  trouvée  en  juillet  1831, 
et  qui  paraît  être  tombée  dans  les  mêmes 
lieux,  par  suite  de  cette  explosion;  Note 
de  M.  Guéry,  transmise  par  M.  Haxo. . .     289 

—  M.  Lemaislre,   d'Aboville,  adresse  à  l'A- 

cadémie divers  manuscrits  du  P.  Cotte,  t 

concernant  la  météorologie 4"8 

—  Description  d'un   orage  qui  a  eu  lieu  à 

Cherbourg  dans  la  nuit  du  11  au  12  juil- 
let i85a  ;  par  M.  Liais 349 

—  Météores  ignés  observés  à  Cherbourg,  le 

i5  janvier  i85o;  Note  de  M.  L.  Fleury. .     353 

—  Étoiles  filantes  de  la  nuit  du  9  au  10  août 

i852  ;  Leitre  de  M.  Jonauières  h  M  Arago.    367 

—  Commission  nommée  à  l'occasion  de  cette 

communication  pour  rédiger  un  pro- 
gramme destiné  aux  personnes  qui  s'oc- 
cupent de  ces  sortes  d'observations,  afin 
d'arriver  à  obtenir  la  parallaxe  des  étoiles 
filantes  les  plus  remarquables,  observées 
simultanément  en  différents  lieux lhid. 

—  Arc  lumineux  observé  le  29  septembre  ; 

Note  de  M.  Eug.  Robert Sfil 


(98'   ) 


l'âge*. 

Météorologie    —  Sur  un  éclair  de  forme  par- 
ticulière ;  Lettre  de  M.  Cornuel ^38 

—  Corrélation  entre  les  grandes  émissions  de 

vents  d'Afrique  (sirocco)  et  les  inonda- 
tions du  lîliin,  du  Rhône  et  de  la  Loire; 
Lettre  de  M.  Fabre-Massias  à  M.  Arago. .     44* 

—  Influence  du  sirocco  d'Afrique  sur  certains 

phénomènes  météorologiques  de  nos  cli- 
mats :  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale, 
dans  un  numéro  du  Nouvelliste  vaudois, 
un  article  sur  ce  sujet. . .    609 

—  Sur  la  possibilité  d'annoncer  d'avance  les 

changements  do  temps  par  l'étude  de6 
nuages  ;  Lettre  de  M.  Tschep 44' 

—  M.  Maille  demande  et  obtient  l'autorisa- 

tion de  reprendre  un  Mémoire  sur  les  hy- 
drométéores, précédemment  présenté  par 
lui 8o3 

—  Note  de  M.  Boura,  sur  une  pluie  rouge 

tombée  à  Reims,  tëxamen  de  l'eau  re- 
cueillie; par  M.  Cahours. . 832 

—  Mémoire  sur  la  formation  de  la  grêle  et 

sur  les  circonstances  météorologiques  qui 
président  à  cette  formation  ;  par  M.  Noell- 
ner 944 

—  Observations  météorologiques   faites  pen- 

dant une  ascension  aérostatique,  exécutée 
le  2  décembre  i852;  Noie  de  M.  Launoy.  856 
Voir  aussi  l'article  Mirage. 
Météorologiques  (Observations  )  faites  à  l'Ob- 
servatoire de  Paris  pour  juin  i85a 68 

—  Juillet 3i6 

—  Août 34o 

—  Septembre 612 

—  Octobre 764 

—  Novembre 872 

—  Lettre  de  M.  DémidoJjT,  concernant  les  ob- 

servations météorologiques  faites  par  ses 


Pages. 


ordres,  à  Nijné-Taguilsk,  et  l'érection 
prochaine,  dans  le  même  lieu,  d'un  ob- 
servatoire météorologique  et  magnétique.       21 

Micrographie. — Sur  un  parasite  qui  se  déve- 
loppe, dans  des  circonstances  exception- 
nelles, à  la  surface  de  certaines  substances 
alimentaires  et  les  fait  paraître  couvertes 
de  sang  ;  Lettre  de  M.  Montagne  à  M.  Flou- 
rens , 14$ 

Minéralocie.  — M.  Dufrénoy  présente, au  nom 
de  M.  liomeyko,  une  série  de  minerais 
d'argent  des  environs  de  Coquimbo ,  série 
qui  contient  deux  espèces  minérales  nou- 
velles         5o 

Mirage.—  Phénomène  de  mirage  observé  d'une 
maison  delà  rue  deFleurus,  le  i3  juillet 
1862;  Lettre  de  M.  Blondat 102 

—  Mirage  du  clocher  illuminé  de  la  cathé- 
drale de  Strasbourg,  observé  à  10  lieues 
de  la  ville;  Lettre  de  M.  Andraud 146 

Monuments  élevés  a  la  mémoire  d'hommes  cé- 
lèbres. —  Lettre  de  M.  Pichon-Prémelé, 
concernant  l'inauguration  de  la  statue  de 
Conté,  à  Sees ,  département  de  l'Orne  . . .     4°3 

Morts  apparentes.  —  M.  Josat  prie  l'Acadé- 
miede  vouloir  bien  admettreau  concours, 
pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirur- 
gie, un  travail  sur  ce  sujet,  qu'il  lui  a 
précédemment  adressé 36o 

Moteurs. —  Nouvelle  machine  oscillante ,  sans 
piston  ni  soupapes ,  mise  en  mouvement 
par  les  forces  combinées  de  la  vapeur  et 
des  gaz  engendrés  par  la  combustion ,  ou 
par  la  vapeur  et  l'air,  dilatés  à  de  très- 
hautes  températures;  Mémoirede  M.  Galy- 
Casalat 38s 

—  Mémoire  sur  une  machine  électromotive  à 

air  comprimé  ;  par  M.  Pétrowich 7  56 


Navigation.  —  Boussole  de  contrôle  des  coin- 
pas  de  route  d'un  bâtiment;  Mémoire  de 
M.  Allain 190 

—  Remarques  de  M.   Morin  à   l'occasion  de 

cette  communication ,  sur  une  boussole 
ayant  une  semblable  destination,  et  con- 
struite à  Paris,  pour  M.  Napier,  par 
M.  Deleuil Ibid. 

—  M.    le  Secrétaire  perpétuel  place  sous  les 

yeux  de  l'Académie  les  boussoles  men- 
tionnées dans  lesdeux  articles  précédents.     5i8 

—  Boussole  jouissant  de  la  propriété  de  tra- 

cer la  route  d'un  navire  à  l'aide  d'un  ap- 
pareil à  pointage  fonctionnantàde  courts 
intervalles;  Note  de  M.  Billaut.. 833 


Navigation.  —  Note  de  M.  Reynaud,  concer- 
nant diverses  inventions  mécaniques,  re- 
latives à  la  navigation 36o 

Nombres  (Théorie  des).  —  Note  de  M.  de Po- 
lignac,  fa  isant  su  ite  à  ses  précéden  tes  com- 
munications sur  le  même  sujet 333 

Nominations.  —  M.  Bienaymé  est  élu  à  une 
place  d'Académicien  libre  en  remplace- 
ment de  feu  M.  le  maréchal  Marmont,  duc 
de  Baguse 10 

—  M.  d'Abbadie  est  nommé  Correspondant  de 

l'Académie  pour  la  Section  de  Géographie.       91 

—  M.  Lotin  est  nomméCorrespondant  de  l'A- 

cadémie pour  la  même  Section 747 

—  M.  Edm.  Brcauerel  est  désigné,  par  la  voie 


(98a) 


du  scrutin  ,  comme  le  candidat  que  pré- 
sentera l'Académie  au  choix  de  M.  le 
Ministre,  pour  une  place  de  professeur  de 


Pagra. 


Pag«3 . 

Physique  appliquée,  vacante  au  Conserva- 
toire des  Arts  et  Métiers 8a3 


Oiseaux.  —  Lettre  de  M.  de  Paravey,  sur  un 
gallinacé  de  la  Cochinchine,  dont  les 
plumes  caudales  atteignent,  dit-on,  8  pieds 
de  longueur 268 

Optique.  —  Mémoire  sur  les  anneaux  colorés  ; 
•   par  M.  Jamin 14 

—  Sur  la  réfraction  artificiellement  produite 

dans  des  cristaux  du  système  régulier; 
deuxième  Note  de  M.  Wertheim 276 

—  Sur  les  raies  longitudinales  observées  dans 

le  spectre  prismatique,  par  M.  Zanle- 
deschi;  Note  de  M.  Babinet 4'^ 

—  Sur  les  raies  longitudinales   du  spectre; 

Lettre  de  M.  Porro  à  M.  Babinet 479 

—  Sur  l'application  de  la  théorie  du  chroma- 

tisme  à  la  compensation  des  mouvements 
angulaires  que  le  pouvoir  rotatoire  im- 
prime aux  plans  de  polarisation  des  rayons 
lumineux  d'inégale  réfrangibilité;  Mé- 
moire de  M.  Biot 6i3 

—  Sur  un  perfectionnement  important  de  l'o- 

culaire quadruple  des  lunettes  achroma- 
tiques ;  par  M .  Secrétan q43 

Voir  aussi  les  articles  Polarisation  cir- 
culaire, Vision,  Instruments  de  physique. 
Organiques  (Substances).  —  Sur  l'emploi  du 
chlorure  de  baryte  pour  la  conservation 


des  substances  animales  ;  Note  de  M.  Blan- 

det 2îi 

Orcanogénie  et  OkganogrAphie  végétales.  — 
Accroissement  en  diamètre  des  tiges;  Note 
de  M .  Durand a5a 

—  Mémoire    sur    l'organogénie   des    Puni- 

cées  ;  par  M.  Payer 555 

—  Organogénie  de  la  famille  des  Loasées  et 

de    la   famille   des    Philadelphées  ;    par 

le  même 65; 

—  Études  anatomiques  et  organogéniques  sur 

la  Victoria  regia,  et  structure  comparée  du 
Nelumbium ,  du  Nuphar  et  de  la  Victoria; 
Mémoire  de  M.  Trécul 65/J 

—  Origine  et  développement  des  loupes  et  des 

broussins  ;  Note  de  M.  Trécul 68a 

—  Reproduction  du  bois  et  de  l'écorco  à  la 

surface    du     bois   décortiqué;   Note    de 

M.  Trécul 846 

—  Nouvelles  recherches  sur  l'appareil  repro- 

ducteurdes  champignons;  par  M.Tulasne.    841 

—  Recherches  sur  la  fécondation  et  la  forma- 

tion de  l'embryon  dans  les  hépatiques  et 
les  fougères;  Mémoire  de  M.  Philibert..     85i 
Oxygénés  (Radicaux).  —  Recherches  sur  les 

radicaux  oxygénés;  par  M.  L.  Chiotza...     aa5 


Pain.  —  Expérience  ayant  pour  but  de  déter- 
miner la  cause  de  la  transformation  du 
paiu  tendre  en  pain  rassis  ;  Mémoire  de 
M.  Boussinçaull 588 

—  Remarqnes  de  MM.   Thenard  et  Payen  à 

l'occasion  de  cette  communication 591 

Paléontologie.  —Sur  les  résultais  des  fouilles 
que  l'administration  du  Muséum  d'His- 
toire naturelle  vient  de  faire  exécuter  dans 
la  colline  de  Sansan  (Gers),  sous  la  di- 
rection de  M.  Laurillard;Viole  de  M.  Du- 
vernoy 6 

—  Sur  une  concrétion  siliceuse  dont  les  for- 

mes générales  et  les  dimensions  sont  à 
peu  près  celles  d'une  tête  humaine;  Note 
de  M.  Valory 17 

—  M.  Raoul-Rochetle  communique   l'extrait 

d'un  journal  de  Grèce  concernant  la  dé- 


couverte d'un  gisement  très-abondant 
d'ossements  fossiles  et  celle  de  nombreux 
spécimens  de  végétaux  fossiles 715 

Papyrus. —  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.Par- 
latore,  ayant  pour  titre:  ■  Mémoire  sur  le 
papyrus  des  anciens  et  le  papyrus  de  Si- 
cile; »  Rapporteur  M.  de  Jussieu an 

Paquets  cachetés  (Dépôt  de).  — L'Académie 
accepte  le  dépôt  de  paquets  cachetés,  pré- 
sentés par  MM. 

—  Brachet,  5  juillet  (deux  paquets) 35 

—  Krafft  et  Delahaye ,  5  juillet Ibid. 

—  Brachet ,  12  juillet 64 

—  Crusell,  12  juillet Ibid. 

—  Frestel,  12  juillet Ibid. 

—  Perrot,  12  juillet Ibid. 

—  Brachet,  19  juillet io5 

—  Goulier,  19  juillet. Ibid. 


(983) 


Page».       I 

Paquets  cachetés  (  Dépôt  de)  présentés  par  MM. 

—  Jones  Bence ,  26  juillet i5o 

—  Plaut,  2r>  juillet Ibid. 

—  Vezu,  a  août 197 

—  L'Académie  décide,  séance  du  6  septembre, 

qu'il  ne  sera  plus  fait  mention  du  dépôt 
de  ces  pièces  dans  le  Compte  rendu  im- 
primé de  ses  séances 335 

Paquets  cachetés  (Reprise  ou  ouverture  de). 
—  M.  Brachet  demande  (séance  du  iojuil- 
let)  l'ouverture  de  deux  paquets  cachetés, 
déposés  par  lui  dans  la  séance  du  5  du 
même  mois. 104 

—  SurlademandedeM.  Vezu,  on  ouvre  (séance 

•  lui)  août)  un  paquet  cacheté,  déposé  par 
lui  dans  la  précédente  séance, et  qui  se 
trouve  contenir  une  Note  relativement  à 
une  méthode  de  traitement  pour  les  vi- 
gnes malades 228 

—  Un  paquet  cacheté ,  déposé  par  M.  Ilam- 

man,  le  27  septembre  i85a  et  ouvert  sur 
sa  demande  le  11  octobre  suivant,  con- 
tient une  Note  sur  un  appareil  destiné  à 
rendre  sensibles  les  effets  delà  fixité  du 
plan  de  rotation  dans  un  mouvement  très- 
rapide 521 

Parallaxe.  — Voir  l'article  Astronomie. 

Pekdvle  (Déviation  apparente  du  plan  du)  par 
suite  du  mouvement  de  rotation  de  la  Terre. 
— Voir  l'article  Rotation  diurne  de  la  Terre. 

Pf.rcarboniql'ES  (Combinaisons).  —    Mémoire 

de  M.  Aug.  Laurent 629 

Phares.  —  Sur  la  question  de  priorité  concer- 
nant l'application  de  la  réflexion  totale 
aux  appareils  d'éclairage  des  phares;  Let- 
tre de  M  .  Fulgence  Fresnel  à  M .  Arago . .     364 

'—  Note  de  M.  Brachet 64 

PnosPHORE. — Sur  la  forme  utriculaire  du  phos- 
phore ;  Note  de  M.  Brame 728 

Photographie.  —  Méthode  pour  obtenir  des 
épreuves  directes  sur  glace;  Note  de  M.  4. 
Martin 20 

—  Epreuves  lithophotographiques  adressées, 

au  nom  des  auteurs,  MM.  Lemercier,  Le- 
rebours  et  Barreswil ,  par  M.  Arago 258 

—  M.  Legros ,  en  adressant  divers  opuscules 

sur  la  photographie ,  prie  l'Académie  de 
vouloir  bien  se  prononcer  sur  l'efficacité 
de  ses  procédés 335 

—  Troisième  Mémoire   sur    l'héliochromie; 

par  M  .  Niepce  de  Saint-Victor 69} 

—  Remarques  de  M.  Becquerel  à  l'occasion  de 

cette  communication 607 

—  Réponse  de  M.  Arago  aux  remarques  de 

M .  Becquerel 608 

Photométrie.  —  Sur  une  propriété  photomé- 
trique  des  plaques  daguerriennes;  Note 
de  M .  Pouillet 3j3 


v,^,. 


Phtsiologie.  —  Expériences  démontrant  que 
l'origine  du  nerf  sympathique  est  dans  la 
moelle  épinière;  Note  de  M.  Budge a55 

—  Septième  et  huitième  Mémoires  sur  le  sys- 

tème nerveux;  par  M.  Waller...     3oi  et     56 1 

—  Réclamation  de  ta.  Budge,  relativement  à  ce 

qui  lui  est  propre  dans  une  communication 
qu'il  avait  faite  antérieurement  de  concert 
avec  M .   Waller 401 

—  De  l'influence  directe  de  la  lumière  sur  les 

mouvements  de  l'iris;  Note  de  M.  Budge.     564 

—  Recherches    électrophysiologiques    et   pa- 

thologiques sur  les  fonctions  des  muscles 
qui  meuvent  l'épaule  sur  le  tronc, et  le 
bras  sur  l'épaule;  par  M.  Duchenne ,  de 
Boulogne 286 

—  Sur  le  développement  des  animaux  verté- 

brés; Mémoire  de  M.  Remak 341 

—  Nouveau  cas  de  mort  subite  causée  par  le 

chloroforme  ;  Note  de  M.  Stanski 573 

—  Du  phosphate  de  chaux  dans  ses  rapports 

avec  la  nutrition  des  animaux  et  la  mor- 
talité deB  enfants;  Note  de  M.  Mouriès..      141 

—  Recherches  ayant  pour  but  d'administrer 

aux  malades  qui  ne  digèrent  point,  des 
aliments  tout  digérés  par  le  suc  gastrique 
des  animaux  :  albumine  d'œuf;  Mémoires 
de  M.  L.  Corvisart 244  et     33o 

—  Physiologie  de  l'apoplexie  et  de  l'épilep- 

sie  d'origine   inorganique  ;  Mémoire  de 

M.  Harshal-Hall -81 

Physiologie  comparée.  —  Des  phénomènes 
sensibles  de  la  rumination;  Mémoire  de 
M.  G.  Colin i3o 

—  Nouvelles  expériences  tendant  à  réfuter  les 

opinions  concernant  l'existence  d'une  cir- 
culation péritrachéenne  chez  les  insectes  ; 

Mémoire  de  M.  N.  Joly i33 

Physiologie  vécétale.  —  Mémoire  de  M.  Gau- 
dichaud,  ayant  pour  titre  :  «  Réponse  aux 
observations  faites  dans  les  séances  du 
3i  mai  et  du  21  juin,  par  MM.  A.  Ri- 
chard, A.  Brongniart  et  A.  de  Jussieu  ». . 
69  et     i53 

—  Observations  sur  quelques  assertions  de 

M.  Gaudichaud,  concernant  l'accroisse- 
ment des  végétaux;  Mémoire  deM.  Trécul.     137 

—  Origine  et  composition  des  fibres  ligneuses 

et  des  fibres  du  liber  ;  Mémoire  de  M.  Tre- 

cul 248 

—  Recherches  expérimentales  sur  la  féconda- 

tion des  mousses;  par  M.  Philibert i36 

—  Recherches  expérimentales  sur  la  végéta- 

tion ;  par  M.  Ville 464 

—  Recherches  expérimentales  sur  la  végéta- 

tion :  Influence  de  l'ammoniaque  ajoutée 
à  l'air  sur  le  développement  des  plantes; 
par  le  même 65o 


(  984  ) 


Pages. 

Physiologie  végétale.  —  Sur  les  mouvements 
que  prennent  quelques  végétaux  exposés 
à  l'action  de  la  lumière  lunaire;  Note  de 
M.  Zantedeschi 522 

Note  sur  des  feuilles  ramifères  de  toma- 
tes; par  M.  Duchartre.  . , 718 

—  Sur  la  germination  des  céréales  récoltées 

avantleurmaturité;  Note  de  M.  Duchartre.     g4o 
Physique  do  clobe.  —  Observations  hypsomé- 
triques  dans  les  Alpes  occidentales  ;  par 
MM.  Adolphe  et  Hermann  Schlagintweit ..       17 

—  Note  sur  la  hauteur  des  diverses  sommités 

du  Mont- Rose  ;  par  les  mêmes 102 

—  Remarques  de  M.  Arago  sur  la  cause  de  la 

chaleur  des  eaux  thermales 81 

—  Mémoire  de  M.  Picard,  concernant  la  cause 

du  phénomène  des  marées 3o8 

Avancement  annuel  du  delta  du  Tibre  au 

canal  de  Fiumicino;  Note  de  M.  Rozet. .     960 

—  Liaisons  entre  les  variations  en  déclinaison 

de  l'aiguille  aimantée  et  les  taches  du  So- 
leil ;  Lettre  de  M.  Wolf  à  M.  Arago 364 

—  Note   sur   le   magnétisme  terrestre;    par 

M.  Gaïetta 35 

Physique  générale.— Sur  l'électricité  consi- 
dérée comme  cause  des  effets  attribués  à 
la  gravitation  universelle  ;  Notes  de  M .  Za- 
liwski 49;  95  et    478 

—  Lettre  de  M.  Duran,  concernant  une  de  ses 

communications  sur  des  questions  de  phy- 
sique générale 3gg 

Pierres  figurées.  —  Sur  une  concrétion  sili- 
ceuse dont  les  formes  générales  et  les  di- 
mensions sont  à  peu  près  celles  d'une  tête 
humaine;  Note  de  M.  Valoir 17 

Planètes. —  Découverte  d'une  nouvelle  pla- 
nète faite,  par  M.  Hind,  dans  la  soirée 
du  22  août  l852  ;  Lettre  à  M.  Arago .     3o8 

Découverte  d'une  nouvelle  planète  faite  à 

Marseille  le  20  septembre,  par  M.  lany- 
Chacornac;  Lettre  de  M.  Valz  à  M.  Arago.    435 

Éléments  de  la  planète  Massalia;  Lettre 

de  M.  Valz  à  M.  Arago (74 

—  Sur  le  nom  donné  à  cette  planète;  Lettre 

de  M.  Valzk  M.  Arago 675 

—  Nouveaux  éléments  de  la  planète  Massalia; 

Lettre  de  M.  ValzkU.  Arago 821 

—  Découverte  d'une  nouvelle  planète;  Lettre 

de  M.  de  Gasparis  à  M.  Arago 478 

—  Éléments  de  la  planète  Melpomèue,  calcu- 

lés par  M.  Treltenoro  d'après  les  observa- 
tions des  19  juin,  i3  et  18  juillet;  Lettre 
de  M.  Santini  à  M.  Arago 4^7 

—  Nouvelle  planète  découverte,  à  Paris,  le 

i5  novembre  1802;  Lettre  de  M.  Hermann 
Goldschmidt  à  M .  Arago 757 

—  Observations  de  la  nouvelle  planète,  faites 

à  l'Observatoire  de  Paris,  le  18  et  le  20  no- 


Page: 


vembre,  par  MM.  Goujon,  Ch.  Mathieu  et 

Ern.  Liouville 757 

Planètes.  —  M.  Le  Verrier  donne  connais- 
sance d'une  Lettre  de  M.  Goldschmidt,  re- 
lative aux  observations  qu'il  a  faites  de 
sa  planète  les  i5,  16 et  17  novembre....     794 

—  Nouvelle  planète  découverte  le  18  novem- 

bre i852,  par  M.  Hind;  Lettre  à  M.  Le 
Verrier • 758 

—  Nouvelle  planète  découverte,  par  M.  Hind, 

le  i5  décembre  i852;  Lettre  de  M.  Hind 

à  M  .  Arago 9^0 

—  Lettre  de  M.  Rumker  à  M.  Mauvais  sur  les 

éléments  elliptiques  des  deux  planètes 
découvertes,  l'une  à  Naples  et  à  Marseille, 
par  MM.  de  Gasparis  et  Chacornac ,  l'au- 
tre à  Paris,  par  M.  Goldschmidt  :  Éphé- 
mérides  des  positions  apparentes  pour  le 
mois  de  décembre  i852,  calculées  par 
M.  G.  Rumker  fils ,  de  Hambourg 857 

Plomb  {Composés  du).—  Note  sur  le  blanc  de 
plomb  comparé  au  blanc  de  zinc;  par 
M.    Versepuy io3 

Poids  atomiques. — Recherches  sur  les  rapports 
entre  le  poids  atomique  moyen  des  corps 
simples  et  leur  chaleur  spécifique;  Note 
de  M.  Ch.  Garnier 278 

—  Réclamation  de  priorité  adressée,  à  l'occa- 

sion de  cette  communication,  par  M.  Wer- 

theim 3oo 

Polarisation  circulaire  —  Recherches  sur  les 
relations  qui  peuvent  exister  entre  la 
forme  cristalline,  la  composition  chi- 
mique et  le  phénomène  moléculaire  ro- 
tatoire;  Mémoire  de  M.  Pasteur 176 

—  Expériences  ayant  pour  but  d'établir  que 

les  substances  douées  de  pouvoirs  rotatol- 
rcs,  lorsqu'elles  sont  dissoutes  dans  des 
milieux  inaclifs  qui  ne  les  attaquent  pas 
chimiquement,  contractent  avec  eux  une 
combinaison  passagère,  sans  proportions 
fixes,  laquelle  impressionne  toute  leur 
masse  et  subsiste  tant  que  le  fluide  mixte 
conserve  l'état  de  fluidité;  Mémoire  de 
M.  Biot 233 

Ponts. —  Rapport  sur  la  deuxième  partie  d'un 
Mémoire  de  M.  Yvon  Villarceau ,  relatif  à 
l'établissement  des  arches  de  ponts  ;  Rap- 
porteur M .  Poncelel 597 

Prix  décernés  dans  la  séance  du  20  décembre 
i852  (concours  de  l'année  i852). 

—  Prix  d'Astronomie  (fondation  deLalande); 

prix  décernés  à  M.  Hind,  à  M.  de  Gasparis, 
à  M.  Luther,  à  M.  Chacornac  et  à  M.  Her- 
mann Goldschmidt,  pour  leur  découverte 
de  nouvelles  planètes 873 

—  Prix  de  Mécanique  (fondation  Montyon); 

prix  accordé  à  M.  Triger,  pour  l'invention 


Page». 

du  procédé  de  refoulement  de  l'eau  dans 
les  terrains  aquifères  au  moyen  de  l'air 
comprimé 874 

Prix  de  Statistique  (fondation  Montyon); 
prix  accordé  à  M.  Horace  Say,  pour  sa 
Statistique  de  l'industrie  de  Paris 887 

Mentions  honorables  à  M.  Léon  Say,  à 
M.  Rondo t,  pour  la  coopération  qu'ils 
ont  prêtée  à  ce  travail Ibid. 

A  M.  On]  m.  pour  son  Atlas  statistique  de 
la  production  des  chevaux  en  France. . . .     888 

A  M.  Blondel,  pour  sa  Statistique  compa- 
rée des  épidémies  cholériques  de  i83a  et 
de  1849 890 

A  M.  le  général  Daumas,  pour  ses  publica- 
tions sur  l'Algérie 89a 

A  M.  Maurice  Block,  pour  son  livre  inti- 
tulé :  a  Des  charges  de  l'Agriculture  »...     8g3 

A  MM.  Talbot  et  Guéraud,  pour  leur  «  Pe- 
tite Géographie  de  la  Loire-Inférieure  ».  Ibid. 

A  M.  J.-I.  Pierre,  pour  ses  Études  sur  les 
engrais  de  mer  des  côtes  de  la  basse  Nor- 
mandie  ,  Ibid. 

Prix  fondé  par  Madame  de  Laplace,  obtenu 
par  M.  Bour  {Jacques-Edmond-  Emile), 
sorti  le  premier  de  l'Ecole  Polytechnique, 

le  a3  septembre  18^2 894 

.  Prix)  de  Physiologie  expérimentale,  prix 
partagé  entre  MM.  Budge  et  Waller,  pour 
leurs  recherches  concernant  les  fonctions 
du  système  nerveux  ganglionnaire 8y5 

-  Prix  relatifs  aux  Arts  insalubres;  il  n'y  a 

pas  eu  lieu  à  décerner  le  prix  relatif  aux 

Arts  insalubres  de  cette  année 896 

Prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 
Anatomie. 

-  Récompense  de  2000  fr.  à  feu  M.  Bourgery 

et  à  M.  Jacob,  pour  la  continuation  du 
Traite  d'anatomie (système nerveux)qu'ils 
ont  publié  en  commun 901 

-  Récompense  de  1  5oo  fr.  à  M.  L.  Hirschjeld, 

pour  son  travail  sur  l'anatomie  du  sys- 
tème nerveux Ibid. 

-  Récompense  de  1  000  fr.  à  M.  Follin,  pour 

ses  recherches  sur  les  corps  de  Wolf. ...  Ibid. 
Physiologie. 

-  Récompense  de  1  5oo  fr.  à  M.  Blondlot, 

pour  ses  recherches  sur  la  bile  et  le  suc 
gastrique 902 

-  Récompense  de  1  5oo  fr.  à  MM.  A.  Duméril, 

Demarquay  et  Lecointe,  pour  leurs  expé- 
riences concernant  les  modifications  im- 
primées à  la  température  animale  par  l'in- 
troduction des  médicaments  dans  l'écono- 
mie  Ibid. 

-  Récompense  de  2000  fr.  à  M.  Lebcrt,  pour 

son  Traité  pratique  des  maladies  cancé- 
reuses       904 

C.  U  ,  i85a,  1™  Semestre.  (T.  XXXV.) 


(985) 

Pages. 

—  Récompense  de  1  200  fr.  à  MM.  Becquerel 
et  Bodicr,  pour  leurs  nouvelles  recherches 
d'hématologie go5 

Pathologie  médicale. 

—  Récompense  de  1  000  fr.  à  M.  Davaine , 
pour  ses  recherches  sur  la  paralysie  dou- 
ble de  la  face go6 

—  Récompense  de  1  000  fr.  à  M.  Fauconneau- 
Dufrcsne,  pour  son  Traité  de  l'affection 
calculcuse  du  foie  et  du  pancréas 907 

—  Encouragement  de  1  000  fr.  a  M.  Richard, 
pour  son  travail  sur  les  kystes  tubo-ova- 
riens Ibid 

Thérapeutique. 

—  Un  prix  de  la  valeur  de  25oo  fr.  est  décerné 
à  M.  Bretonneau ,  de  Tours,  pour  avoir  in- 
troduit la  trachéotomie  dans  le  traitement 
des  cas  extrêmes  de  croup ,  et  un  prix  de 
2000  fr.  à  M.  Trousseau ,  pour  avoir  per- 
fectionné et  simplifié  cette  opération....     908 

—  Récompense  de  2000  fr.  à  M.  Mancc,  pour 
son  Traitement  local  du  cancer  par  la  pâte 
arsenicale 910 

—  Encouragement  de  1  000  fr.  à  M.  A.  Bec- 
querel, pour  ses  observations  6ur  l'em- 
ploi des  mercuriaux  dans  le  traitement 
de  la  fièvre  typhoïde gn 

—  Encouragement  de  1 000  fr  à  M.  Bouisson, 
pour  son  ouvrage  intitulé:  «  Méthode  anes- 
thésique  appliquée  à  la  chirurgie  et  aux 
différentes  branches  de  l'art  de  guérir».  Ibid. 

—  Encouragement  de  1  000  fr.  à  M.  Boinet, 
pour  l'emploi  des  injections  iodées  dans 
le  péritoine  des  malades  atteints  d'ascite.     912 

—  Encouragement  de  1  000  fr.  à  M  Baudens, 
pour  son  procédé  de  désarticulation  du 
pied Ibid. 

Hygiène. 

—  Encouragement  de  1000  fr.  à  M.  Niepce, 
pour  ses  recherches  concernant  le  créti- 
nisme gi3 

—  Encouragement  de  1  000  fr.  à  M.  Renault, 
pour  ses  études  expérimentales  sur  l'in- 
gestion des  matières  virulentes  dans  les 
voies  digestives  de  l'homme  et  des  ani- 
maux domestiques 914 

—  Encouragement  de  1  000  fr.  à  M.  Josat, 
pour  son  travail  relatif  aux  maisons  mor- 
tuaires de  l'Allemagne Ibid. 

Toxicologie. 

—  Encouragement  de  1000  fr.  à  M.  Orfila, 
pour  ses  recherches  sur  l'élimination  des 
poisons gia 

Prix  proposés  (séance  annuelle  du  20  dé- 
cembre). 

—  Grand  prix  de  Mathématiques  pour  i854-     917 

—  Grand  prix  de  Mathématiques  proposé  pour 
i85o,  et  remis  au  concours  pour  i853.. .     919 

i»9 


(  986  ) 


P»ges . 

Grand  prix  de  Mathématiques  proposé  pour 
1848,  remis  au  concours  pour  i853 930 

Grand  prix  de  Mathématiques  proposé  pour 
i847j  et  remis  au  concours  pour  1 8 54  •  -  -     931 

Grand  prix  de  Mathématiques  proposé  pour 
i852,  et  remis  au  concours  pour  i855. . .  Ibid. 

Prix  extraordinaire   sur   l'application  de 

LA    VAPEUR   A  LA    NAVIGATION    proposé  pour 

i836,    remis   successivement   à   iS38,   à 

1841,  à  1844,  à  1848  et  enfin  à  i853 922 

Prix  d'Astronomie  (  fondation  de  La- 
lande) H>id. 

Prix    de    Mécanique    (fondation    Mon- 

tyon  j Ibid. 

Prix  de  Statistique  (fondation  Montyon).     923 
Prix  fondé  par  Madame  de  Laplace Ibid. 


Pages. 

—  Grand  prix  des  Sciences  physiques  proposé 

en  i85i  pour  i853. .    924 

—  Grand  prix  des  Sciences  physiques  proposé 

en  i85o  pour  i853 Ibid. 

—  Grand  prix  des  Sciences  physiques  proposé 

en  1847  pour  ■849>  et  remis  au  concours 
pour  i853 9^5 

—  Prix  de  Physiologie  expérimentale  (  fonda- 

tion Montyon) Ibid. 

—  Divers  prix  du  legs  Montyon 926 

—  Paix  Cuvier,  à  décerner  en  i854 Ibid. 

—  Prix  quinquennal  fondé  par  M.  de  Morogues, 

à  décerner  en  1 853 927 

Pyhoxyline.  —  Recherches  sur  la  pyroxyline; 

par  M.  Béchamp 4?3 


Résines.  —  Sur  la  résine  de  jalap  et  sur  l'éther 
succinique  perchloré;  Note  de  M.  Aug. 
Laurent 379 

Rotation  diurne  de  la  Terre. —  Application 
de  l'appareil  de  Bohnenberger  à  la  démons- 
tration expérimentale  de  ce  mouvement; 
Mémoire  de  M.  Person 4' 7 

—  Disposition  de  l'appareil  de  Bohnenberger 

pour  les  différentes   latitudes  ;    Note  de 

M.  Person 549 

—  Note  sur  le  mouvement  de  rotation  ;   par 

M.  Person 753 

—  Sur  une  nouvelle  démonstration   expéri- 

mentale du  mouvementde  la  Terre,  fondée 
sur  la  fixité  du  plan  de  rotation  ;  Mémoire 
de  M .  h.  Foucault t\i\ 

—  Sur  les  phénomènes  d'orientation  des  corps 

tournants  entraînés  par  un  axe  fixe  à  la 
surface  de  la  Terre.  Nouveaux  signes  sen- 
sibles du  mouvement  diurne;  Mémoire 
de  M  .  L.  Foucault 4a4 

—  Addition  aux  deux  précédents  Mémoires  ; 

par  le  même \i >;  1 

—  Sur  un  appareil  pouvant  servir  à  démontrer 

la  rotation  de  la  Terre;  Notes  de  M.  G. 
Sire 43'  et     621 

—  Un  paquet  cacheté  déposé  le  10  mars  i852 

par  M.  Hamman ,  et  ouvert,  sur  sa  de- 
mande, le  11  octobre  suivant,  renferme 
une  Note  concernant  un  appareil  destiné 
à  faire  ressortir  les  effets  de  la  fixité  du 
plan  de  rotation  dans  un  mouvement  très- 
rapide 521 

—  Réclamation  de  priori  té  adressée  par  M.  La- 

marle  &  l'occasion  des  dernières  expé- 
riences de  M.  Foucault,  concernant  la  dé- 
monstration du  mouvement  de  la  Terre  .     574 


Rotation.  — Sur  la  tendance  des  rotations  au 

parallélisme  ;  Note  de  M.  Foucault 602 

—  Recherches  analytiques  concernant  le  mou- 

vement de  rotation  d'un  corps  solide  au- 
tour d'un  de  ses  points  qu'on  suppose  fixe 
sur  la  Terre  et  entraîné  avec  elle  dans  son 
mouvement  de  rotation  diurne  ;  par 
M.  Quet Ibid. 

—  Recherches  mathématiques  faites  à  l'occa- 

sion des  expériences  de  M.  Foucault  pour 
rendre  sensible  aux  yeux  le  mouvement 
de  rotation  de  la  Terre;  Mémoires  de 
M.  Quet 669  et    686 

—  Application  de  la  théorie  généraïedesmou- 

vements  de  rotation  à  la  théorie  du  gyros- 
cope horizontal  de  M.  Foucault,  employé 
pour  mesurer,  par  ses  oscillations,  la  la- 
titude; Mémoire  de  M.  Quet 688 

—  Nouvelle  méthode    appliquée  au   mouve- 

ment de  rotation  d'un  corps  retenu  sur  la 
terre  par  son  centre  de  gravité  ;  Note  de 
M.  Quet 732 

—  Remarques  de  M.  Person  à  l'occasion  d'une 

des  Notes  de  M.  Quet... 68j 

—  Mémoire  de  M.  Lamarle  ayant  pour  titre  . 

«  Résumé  général  présentant  les  bases  du 
calcul  relatif  aux  effets  que  la  rotation  de 
la  Terre  produit  sur  le  mouvement  gyra- 
toire  des  corps  entraînés)) I  89 

—  Analyse  du    pendule  simple,  abstraction 

faite  de  la  résistance  de  l'air  et  eu  égard  à 
la  rotation  de  la  Terre;  suivie  de  celle  du 
mouvement  d'un  point  matériel  libre  dans 
les  mêmes  circonstances;  Note  de  M.  Dieu.     792 

—  Nouvel  appareil  pour  rendre  sensible  aux 

yeux  la  rotation  de  la  Terre  au  moyen  de 
la    fixité  du    plan   d'oscillation   du  pen- 


(987) 


Page». 

dule;  Note  de  M.  Porro 855 

Rotation.  —  M.  Cauchy  présente  divers  Mé- 
moires sur  le  mouvement  de  rotation  d'un 
corps  solide,  et  en  particulier  d'un  corps 
pesant  autour  d'un  point  fixe 940 


Page-- 


Rotatio».  —  M.  Demonville  prie  l'Académie 
de  vouloir  bien  renvoyer  à  l'examen  d'une 
Commission  un  appareil  qu'il  lui  présente 
et  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  pendule 
gyroscopique 857 


Sang. —  Recherches  d'hématologie  :  origine  de 
la  fibrine.  Moyen  de  débarrasser  les  glo- 
bules du  liquide  séreux  qui  les  tient  en 
suspension  dans  le  sang  vivant.  Analyse 
des  globules  sanguins  ;  Mémoire  de  M.  Le- 
canu 11 

—  Rapport    sur    ce    Mémoire;    Rapporteur 

M.  Thenard 207 

—  Des  formes  que  prend  la  fibrine  dans  les  in- 

flammations; Mémoire  de  M.  Monneret. .       99 

—  M.  Leteîlier  adresse,   à  l'occasion  de  di- 

verses communications  récentes  sur  le 
sang,  une  réclamation  de  priorité io3 

—  Réclamation    de    priorité    en    faveur    do 

MM.  Roucher  et  Coulier  fils,  élevée  a 
l'occasion  du  Rapport  ci-dessus 267 

—  Déclaration  de  M.  Thenard,  Rapporteur  de 

la  Commission  ,  à  l'occasion  de  cette  ré- 
clamation qui  ne  lui  paraît  pas  fondée.. .     273 

—  Réclamation  de  priorité  élevée  par  M.  Ed. 

Robin  à  l'occasion  d'une  communication 
de  M.  Blandet  sur  la  conservation  du  sang 
liquide  au  moyen  du  chlorure  de  baryte.  3ig 
Sections  de  l'Académie.— La  Section  de  Géo- 
graphie et  de  Navigation  à  laquelle  a  e'té 
adjoint  M.  Arago  pour  suppléer  M.  l'ami- 
ral Roussin,  absent,  présente  la  liste  sui- 
vante de  candidats  pour  la  place  de  Cor- 
respondant, vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  le  contre-amiral  Rérard  :  i°  M.  V. 
Lottin;  2°  exeequo ,  MM.  Ferret  et  Gali- 
nier.  Les  litres  de  ces  candidats  sont  pré- 
sentés par  M.  Duperrey 740 

—  La  Section  de  Physique  présente  la   liste 

suivante  de  candidats  pour  une  place  de 
Professeur  de  physique  appliquée,  vacante 
au  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers  :  ex 
œquo  et  par  ordre  alphabétique ,  M.  Edm. 
Becquerel ,  M.  L.  Foucault 8o3 

—  La  Section  de  Botanique  déclare,  par  l'or- 


gane de  M.  de  Jussieu.  qu'il  y  a  lieu  de 
nommer  à  la  place  vacante  par  suite  du 
décès  de  M.  Richard 869 

—  La  Section  présente  la  liste  suivante  de  can- 
didats :  i"  ex  œquo  et  par  ordre  alphabé- 
tique, MM.  Montagne  et  L.-René  Tu- 
lasne;  20  ex  œquo  et  par  ordre  alphabé- 
tique ,  M  \I .  Duchartre  et  Trécul 9O2 

Sels  solubles. — Sur  l'action  réciproque  des 

sels  solubles;  Note  de  M.  Malaguti g45 

Solaire  ( Rayonnement ).  —  LettredeM.  Vol- 
picelli  à  M.  Arago,  concernant  des  expé- 
riences sur  le  rayonnement  solaire 9 .13 

Sologne.  —  Communication  de  M.  Becquerel 

sur  l'amélioration  de  la  Sologne 525 

Soude.  —  Sur  la  soude  hydrosilicatée,  trouvée 
cimentant  un  amas  bréchiforme  dans  les 
sables  de  Sablonville;  NotedeMM.Kra#ï 
et  Delahare 1  j  . 

Soufre.  —  Recherches  sur  les  densités  du  sou- 
fre ;  Note  de  M.  Brame .    748 

Sourds-muets.  —  M.  Baudelocque  prie  l'Aca- 
démie de  vouloir  bien  faire  constater,  par 
une  Commission,  les  résultats  qu'il  ob- 
tient de  sa  méthode  de  traitement  des 
surdités  congéniales 85fi 

Sueur.  —  Recherches  sur  la  composition  chi- 
mique de  la  sueur  de  l'homme;  par 
M.  Faire 721 

Sulfures.  —  Recherches  sur  les  sulfures  dé- 
composables  par  l'eau  ;  Mémoire  de 
M.  Fremy 27 

—  Préparation  du  sulfure  de  carbone;  Mé- 
moire de  M.  Gérard  sur  le  travail  du 
caoutchouc 257 

Symétrie.  —  De  la  symétrie  considérée  dans 
les  trois  règnes  de  la  nature  ;  Mémoire 
de  M.  Fermond( première  partie).  853  et    944 

Système  du  mosde.  —  Note  de  M.  Zaliwski. . .     i85 


Tables  arithmétiques —  Tables  à  l'usage  des 
employés  des  douanes;  par  M.  Laquernde 
Kerthoman 35 


Tables  dyarithmiques  pour  la  multiplica- 
tion (par  addition)  et  la  division  (par 
soustraction):  usage  de  ces  Tables;  Me- 

I29.. 


(  988  ) 


Page». 

moire  de  M.  Bodierre 35g 

Tannins.  —  Sur   les  tannins  et  les   glucosa- 

mides;  Note  de  M.  Aug.  Laurent iGi 

Teinture.  —  Lettre  de  M.  Pons,  concernant 
une  teinture  noire  qu'il    croit   très-peu 

altérable 5^3 

Télégraphie  électrique.  —  M.  le  Ministre  de 
l'Intérieur,  de  l'Agriculture  et  du  Commerce 
annonce  que  l'administration  se  propose 
de  donner  prochainement  une  grande  ex- 
tension aux  lignes  de  télégraphie  électri- 
que et  invite  l'Académie  à  charger  une 
Commission  de  se  prononcer  entre  les 
divers  systèmes  mis  en  essai  jusqu'à  ce 
jour 757 

—  Note  de  M.  Faye  à  l'occasion  de  cette  com- 

munication       8ao 

—  M.  Dujardin,  de  Lille,  rappelle  à  l'atten- 

tion de  la  Commission  nommée,  sur  la 
demande  de  M.  le  Ministre,  pour  exami- 
ner les  différents  systèmes  de  télégraphie 
électrique,  le  système  dont  il  a  fait  l'ob- 
jet de  précédentes  communications 8  \<  i 

Températures  terrestres.  —  Remarques  de 
M.  Babinet  à  l'occasion  d'une  commu- 
nication laite  par  M.  Benou  sur  l'excès  de 
la  température  moyenne  des  rivières  au- 
dessus  de  la  moyenne  de  l'air  ambiant. . .         4 

—  Réflexions  de  M.  Faye  6ur  ces  remarques , 

et  communication  d'un  nouvel  extrait 
d'une  Lettre  de  M.  Benou 5 

—  Description    d'une  horloge    thermomètre 

donnant  la  température  moyenne  pondant 
un  espace  quelconque  de  temps;  Mé- 
moire de  M.  Edm.  Becquerel 754 

—  Note  accompagnant  une  carte  de  la  tem- 

pérature des  eaux  à  la  surface  de  la  mer 
des  Antilles,  du  golfe  du  Mexique  et  de  la 
portion  voisine  de  l'océan  Atlantique; 

par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville 8a3 

Températures  (Hautes).  —Sur  la  température 
qu'on  peut  obtenir  par  la  combustion  du 
charbon  dans  l'air  ;  Note  de  M.  H.  Sainte- 
Claire  Deville 796 


Tératologie.  —  Mémoire  sur  un  chat  iléadel- 
phe  à  tête  monstrueuse  ;  par  M.  C.  lia- 
reste  3a5  et    4°3 

—  Recherches    sur   les  polygenèses  monova- 

riennes;  par  M.  Lesauvage 73o 

—  Mémoire  sur  les  kystes  dermoïdes  et  sur 

l'hétérotopie  plastique;  par  M.  Lehert.  .     71.5 
Térébenthine    {Essence    de).     Voir    l'article 

Huiles  essentielles. 
Thermomètre-horloge.  —  Voir  l'article  Tempé- 
ratures terrestres. 
Tonnellerie. —  Rapport  sur  un  Mémoire  de 
M.  Fournerie,  ayant  pour  titre  :  «  Essai 
sur  l'application  du  système  métrique  à 
la  tonnellerie»;  Rapporteur  M.  Mathieu.     201 

—  M.  le  Ministre  de  l'Intérieur,  en  transmet- 

tant une  nouvelle  copie  de  ce  Mémoire, 
invite  l'Académie  à  lui  faire  connaître  le 
jugement  dont  il  aura  été  l'objet 3y<) 

—  Lettre  de  M.   Manneville  sur  un  système 

d'appareils  au  moyen  desquels  il  fabrique 

des  tonneaux  d'une  capacité  voulue 4/7 

—  Réclamation  adressée,  à  l'occasion  de  cette 

communication,  par  M.  Claude  David. . .     79} 

Torsion.  —  Sur  des  courants  d'induction  pro- 
duite par  la  torsion  ;  Note  de  M .  Wer- 
theim 702 

Tremblements  de  terre.  —  Sur  un  signe  au- 
quel on  reconnaît,  dit-on,  l'approche 
d'un  tremblement  de  terre;  Lettre  de 
M.    Bati-Menton 839 

Triméthylamine.  —  Note  sur  la  présence  de  ce 
produit  dans  le  jus  extractif  des  harengs 
salés  ;  par  Al.  Hqfmann 62 

Tuiles  en  fonte.  —  Lettre  de  MM.  Paillet  et 
Gidel,  concernant  l'action  que  pourraient 
exercersur  l'électricité  atmosphériquedes 
tuiles  en  fonte,  pour  lesquelles  ils  sont 
brevetés 523 

Tympan  artificiel.  —  Sur  l'emploi  d'une  mem- 
brane du  tympan  artificiel  dans  les  cas  de 
perforation  ou  de  destruction  de  cette 
partie  de  l'appareil  auditif;  Mémoires  de 
M.  Toynbee 399  et     856 


u 


TJriobes  (Combinaisons).  —  Mémoire  de  M.  Aug.   Laurent 629 


Vapeur   d'eau.  —  Sur  l'emploi    de   la   vapeur 
d'eau  pour  éteindre  les  incendies  à  bord 


des    navires;    Lellre   de   M.    Dujardin  h 

M.   Ârago 368 


(9S9  ) 


706 


Pages 

Vapeur  d'eau.— Nouvelle  Lettrede  M.  Dujardin 
concernant  l'em  ploi  de  la  vapeur  d'eau  dans 
le  cas  d'incendie,  accompagnant  une  Note 
de  M.  Dcturmont  sur  un  cas  dans  lequel 
cet  emploi  a  été  fait  avec  succès.     705  et 

Vêcétation.— Influence  de  l'ammoniaque  ajou- 
tée à  l'air  sur  le  développement  des  plan- 
tes; Mémoire  de  M.  Ville 65o 

—  Études  expérimentales  sur  l'action  des  sels, 

des  bases,  des  acides  et  des  matières  orga- 
niques sur  la  végétation;  Mémoire  de 
M.  Chatin 786 

Végétaux  microscopiques.  —  Sur  un  parasite 
qui  se  développe  dans  des  circonstances 
exceptionnelles,  à  la  surface  de  certaines 
substances  alimentaires,  et  les  fait  paraître 
couvertes  de  sang  ;  Note  de  M .  Montagne . 

Végétaux  (Maladies  des).  Voir  l'article  Éco- 
nomie rurale. 

Ventilation.  —  Expériences  sur  l'appareil  de 
ventilation  d'été  construit  pour  la  salle 
des  séances  de  l'Institut;  Mémoire  de 
M.  V.  Cheronnet 

—  Mémoire  sur  un   système  de   ventilation 

pour  les  théâtres  et  autres  lieux  de  réu- 
nions nombreuses;  par  M.  Journet 52a 

Vers  a  soie.  —  Vers  à  soie  nourris  avec  des 
feuilles  de  mûrier  saupoudrées  d'une  ma- 
tière colorante,  et  qui  nient  une  soie  par- 
ticipant à  cette  couleur;  Mémoire  de 
M.  Joly  et  Note  de  M.  Roulin...       i33  et 

—  Expériences  sur  l'acclimatation  des  nou- 

velles races  à  la  magnanerie  expérimen- 
tale de  Sainte-Tulle,  faites  en  i85a  par 
MM.  Guérin-Méneville  et  E.  Robert 264 

—  Éducations  faites  dans  le  même  établisse- 

ment en  i852  dans  le  but  d'obtenir  de  la 
graine-étalon  ;  par  les  mêmes 292 


45 


344 


'49 


5o3 


7.3 

476 
io3 


P»K«. 

Vibrations.— Moyen  d'atténuer  les  vibrations 
produites  à  la  surface  du  mercure,  dans  le 
but  de  faciliter  les  observations  astrono- 
miques ;  Mémoire  de  MM.  Mauvais  et  Se- 
guin   

—  Sur  la  disposition  la  plus  favorable  à  don- 

ner aux  appareils  destinés  à  atténuer  les 
vibrations  de  la  surface  du  mercure  et  sur 
les  moyens  d'approprier  ces  appareils  à 
l'usage  des  instruments  méridiens  ;  Note 

de  M .  Mauvais 

Vision. —  Essai  d'une  théorie  de  la  vision  ;  par 
M.  Trouessart 20 ,   1 34,   398  et 

—  Notes  de  M.  Landes  sur  la  vision ...     64  et 

—  Troisième  Mémoire  sur  les  couleurs  acci- 

dentelles ;  par  M.  J.-M.  Seguin 47*> 

—  Treizième  Mémoire  sur  la  théorie  de  la  vi- 

sion ;  par  M .  Vallée (79 

Voûtes.  —  Examen  critique  et  historique  des 
principales  théories  ou  solutions  concer- 
nant l'équilibre  des  voûtes;  Mémoire  de 
M.  Poncelet 49i>  53 1  et 

—  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  /.  Carvallo, 

intitulé  :  «  Étude  sur  la  stabilité  des  voû- 
tes »  ;  Rapporteur  M.  Poncelet 636 

Voir  aussi  l'article  Ponts. 
Voyages  scientifiques.  —  Instructions  deman- 
dées par  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique  pour  le  voyage  de  M.  E.  Dcville 
dans  l'AmériqueduSud.  —  Partie  anthro- 
pologique :  Rapporteur  M.  Serres.  —  Partie 
zoologique  :  Rapporteur  M.  Duméril.  — 
Partie  botanique  :  Rapporteur  M.  de 
Jussieu.  —  Partie  physique  :  Rapporteur 
M.  Pouillet 82 

—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  ac- 

cuse réception  d'une  ampliation  de  ce 
Rapport j58 


557 


Zisc  (  Composés  du). — Sur  le  blanc  de  plomb 
comparéau  blanc  de  zinc;  Note  de  M.  Fer - 
sepuy IOÎ 

Zoologie.  —  Sur  une  espèce  de  serpent  à  coiffe 
(  Naja  haje)  présenté  vivant  à  l'Académie  ; 
Mémoire  de  M.  C.  Duméril 485 

—  Sur  la  classification  des  reptiles  de  l'ordre 

des  Serpents  ;  Mémoire  de  M.  C.  Duméril.     62 1 

—  Mémoire  sur  un  nouveau  genre  de  reptiles 

sauriens  et  sur  le  rang  que  doivent  occuper 
les  amphisbènes  dans  la  classe  des  rep- 
tiles ;  par  M.  Aug.  Duméril 3o,5 

—  Description  des  reptiles  nouveaux  ou  im- 

parfaitement connus  de  la  collection  du 


Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris,  et 
remarques  sur  la  classification  et  les  ca- 
ractères des  reptiles  ;  par  M.  Aug.  Duméril.  470 
Zoologie.  —  Note  sur  les  trois  espèces  d'Oryc- 
térope  qui  existent  en  Afrique  ;  par  M.  Du- 
vernoy ^5 

—  Études  sur  les  types  inférieurs  de  l'embran- 

chement des  Annelés  :  branchelion  de  la 
torpille;  Mémoire  de  M.  de  Quatre/âges. .    809 

—  Sur  une  mouche  venimeuse  de  l'Afrique 

méridionale  ;  Note  de  M.  W.  Oswell 060 

—  Sur  une  mouche  venimeuse  observée  dans 

leSennaar;  Note  de  M.  Arnaud,  transmise 

par  M,  de  la  Roquette Go3 


(  99°  ) 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  P«6«- 

ACADÉMIE  AMÉRICAINE  DES  ARTS 
ET  DES  SCIENCES  DE  BOSTON  (l') 
remercie  l'Académie  des  Sciences  pour 
l'envoi  de  plusieurs  volumes  de  ses  publi- 
cations      i4> 

ACADÉMIE  DES  SCIENCES  DETURIN(l') 

adresse  le  tome  XII  de  ses  Mémoires. . .     3ia 

ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES  DE 
BAVIÈRE  (l')  remercie  l'Académie  pour 
l'envoi  de  deux  nouvelles  séries  des 
Comptes  rendus  hebdomadaires.. .      191  et     3l2 

ALLAIN.  —  Boussole  de  contrôle  des  compas 

de  route  d'un  bâtiment 190  et    5i8 

ALQUIÉ.  —  De  l'utilité  chimique  du  micro- 
scope pour  le  diagnostic  des  maladies 
cancéreuses 385 

ANDRAL  présente,  au  nom  des  auteurs, 
MM.  C*>.  Robin  et  Verdeil,  un  «  Traité 
de  Chimie  anatomique  et  physiologique».     734 

ANDRAOD.  —  Mirage  du  clocher  illuminé 
de  la  cathédrale  de  Strasbourg,  observé  à 
10  lieues  de  la  ville 146 

ANONYMES.  —  L'Académie  reçoit  un  Mé- 
moire destiné  au  concours  pour  le  grand 
prix  des  Sciences  mathématiques,  ques- 
tion proposée  pour  sujet  du  prix  de  i85o, 
puis  proposée  de  nouveau  pour  i853....     5i8 

—  L'Académie   reçoit  deux   Mémoires  des- 

tinés au  concours  pour  le  grand  prix 
de  Mathématiques,  question  proposée 
pour  1848,  puis  pour  i853 66g  et  857 

—  L'auteur  du  premier  de  ces  deux  Mémoires 

demande  à  retirer  sa  première  rédaction , 
pour  en  présenter  une  nouvelle y5g 

—  L'Académie  reçoit  deux  Mémoires  adressés 

au  concours  pour  le  prix  concernant  l'a- 
mélioration de  la  navigation  parla  vapeur.     781 

—  Un  auteur,  qui  déclare  n'avoir  pas  voulu 

faire  connaître  son  véritable  nom ,  adresse 
une  Note  ayant  pour  titre  :  «  Solution 
complète  de  l'équation  indéterminée 
x'  -H-  y'  =  «'  » 96a 

—  Un  Mémoire,  adressé  sans  nom  d'auteur, 

et  portant  pour  titre  :  «  Do  l'électricité 


MM.  Page,, 

considérée  comme  agent  universel  » ,  ne 
peut,  d'après  un  article  du  règlement  de 
l'Académie  concernant  les  communica- 
tions anonymes ,  être  renvoyé  à  l'examen 
d'une  Commission 834 

ARAGO.  —  M.  Laugier,  au  nom  de  M.  Arago 
absent  pour  cause  de  santé,  lit,  dans  la 
séance  publique  du  20  décembre  i85a,  des 
fragments  de  la  biographie  de  M.  Gay- 
Lussac ■ 927 

—  Réponse  à  des  remarques  de  M.  Le  Verrier 

sur    un    passage    de    la    biographie    de 

M.  Gay-Lussac gîo 

—  Remarques  sur  la  cause  de  la  chaleur  des 

eaux  thermales 81 

—  A  l'occasion  d'une  Lettre  relative  au  coup 

de  foudre  observé  sur  la  ligne  du  chemin 
de  fer  de  Rouen ,  Lettre  de  M.  de 
l'Espée ,  communiquée  par  M.  Pouillet, 
M.  Arago  fait  remarquer  que  cette  rela- 
tion et  celle  qu'avait  adressée  précédem- 
ment M.  de  Lalande,  reposent  sur  les  ob- 
servations d'une  même  personne,  de  sorte 
que  dans  les  points  peu  nombreux  où  elles 
semblent  différer,  on  doit  rester  dans  le 
doute 4°  ' 

—  Réponse  à  des  remarques  faites  par  M.  Bec- 

querel, a  l'occasion  d'un  Mémoire  de 
M.  Niepce  de  Saint-Victor  sur  l'héliochro- 
mic 698 

—  En  présentant,  au  nom  de  l'auteur,  M.  K. 

Liais,  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Ré  • 
sultats  des  observations  météorologiques 
faites  à  Cherbourg  pendant  les  années  1848, 
1849,  l85o  et  i85i  »,  M.  Arago  indique  quel- 
ques-unesdes  conséquences  que  l'auteura 
déduites  de  ses  recherches 349 

—  M.  Arago  présente ,  au  nom  de  M.  Zante- 

deschi,  une  Note  sur  une  question  de  dy- 
namique chimique,  débattue  entre  ce 
physicien  et  M.  Bizio 35g 

—  M.    Arago  présente,    au  nom    du   même 

physicien,  une  Note  sur  la  différence  de 
pouvoir  dispersif  des  deux  électricités.. .     44° 


(  99 

MM.  P»ge». 

—  M.  Arago  présente,  au  nom  du  Bureau  des 

Longitudes  ,  un  exemplaire  de  V Annuaire 
pour  l'année  l853. . 84  ■ 

—  M.  Arago,  qu'une  indisposition  momen- 

tanée empêche  d'assister  à  la  séance,  en- 
voie des  épreuves  lithophotographiques 
qu'il  devait  présenterai!  nom  de  MM.-Le- 
mercler,  Lerebours  et  Rarreswil 258 

—  Enannonçant,  parmi  les  pièces  imprimées 

de  la  correspondance ,  une  Note  qui  porte 
le  nom  de  Néocartes,  M.  Arago  fait  re- 
marquer que  les  moyens  qu'indique  l'au- 
teur pseudonyme  pour  arrivera  une  con- 
clusion certaine  ,  ne  sauraient  atteindre 
le  but 707 

—  M.  Arago  annonce,  d'après  une  Lettre  de 

M.  Ad.  Richard,']^  perle  douloureuse  qu'a 
faite  l'Académie  dans  la  personne  de 
M.  Achille  Richard,  Membre  de  la  Sec- 
tion de  Botanique ,  décédé  le  5  octobre. . .     4^5 

—  M.  Arago  annonce  à  l'Académie  la  perte 

qu'elle  a  faite  d'un  de  ses  Correspondants 
pour  la  Section  de  Géographie  et  de  Na- 
vigation, M.  le  contre-amiral  Retard. . .  lbid. 

—  M.   Arago    donne   communication    d'une 

Lettre  de  M.  Ch.  de  Haldat  qui  annonce 
le  mort  de  son  grand  père,  M.  Charles- 
Nicolas-Alexandre  de  Haldat  du  Lys,  Cor- 
respondant de  l'Académie  pour  la  Section 
de  Physique 809 

—  M.  Arago  place  sous  les  yeux  de  l'Académie 

deux  boussoles  mentionnées  dans  une  pré- 
cédente séance  et  inventées  l'une  par  M.  le 
capitaine  Allain,  l'autre  par  M.  le  capi- 
taine Napier,  mais  exécutées  à  Paris  par 
M.  Deleuil 5i8 

—  M.  Arago  signale,  parmi  les  pièces  de  la 

correspondance,  un  article  d'un  journal 
(le  Nouvelliste  Vaudois),  concernant  l'in- 
fluence du  sirocco  d'Afrique  sur  certains 
phénomènes  météorologiques  de  nos  cli- 
mats   • 609 

—  M.  Arago  fait,  d'après  sa  correspondance 

particulière,  des  communications  rela- 
tives aux  questions  suivantes  : 

—  Sur  la  résistance  que  les  fils  opposent  au 

courant  électrique;  Lettre  du  P.  Secchi..       17 

—  Expériences  sur  le  rayonnement  solaire; 

Lettre  de  M.  Melloni i65 

—  Observations  de  foudre  globulaire  ;  Lettres 

de  Mme  Espert  et  de  M.  Butti. .     193  et     ig3 

—  Rapports  entre  le  poids  atomique  moyen 

des  corps  simples  et  leur  chaleur  spécifi- 
que; Lettre  de  M .  Ch.  Garnier 278 

—  Découverte  d'une    nouvelle    planète   faite 

par  M.  Bind,  le  23  août  i85a;  Lettre  de 

M.  Hind 3o8 

—  Découverted'une  comète  faite  par  leP.  Sec 


•     ) 

MM.  pagt, 

chi,  le  26 août  1 852 ;  LeltreduP.  Secchi.     334 

ARAGO.  —  Eléments  de  la  seconde  comète 

de  i852  ;  Lettre  de  M.  VaU 36o 

—  Plan  pour  la  construction  de  nouvelles  car- 

tes célestes  devant  servir  à  amener,  dans 
un  temps  assez  court ,  la  découverte  de 
toutes  les  petites  planètes;  Lettre  de 
M.  VaU 36, 

—  Observations  de  la  comète  découverte  le 

26  août  t852  ;  Lettre  du  P.  Secchi 363 

—  Liaison  entre  les  taches  du  Soleil  et  les  va- 

riations en  déclinaison  de  l'aiguille  ai- 
mantée ;  Lettre  de  M.  Wolff. 364 

—  Sur  la  question  de  priorité  concernant  l'ap- 

plication de  la  réflexion  totale  aux  appa- 
reils d'éclairage  des  phares;  Lettre  de 
M.  t.  Fresnel.. , /jlrf 

—  Etoiles  filantes  du  mois  d'août;  Lettre  de 

M.  Jonquières;  —  Remarques  de  M.  Arago 
à  l'occasion  de  cette  communication. . . . 
• 367  et    368 

—  Sur  l'emploi  de  la  vapeur  d'eau  pour  étein- 

dre les  incendies;  Lettres  de  M.  Dujar- 

din ,  de  Lille 368  et     70.S 

—  Découverte  d'une  nouvelle  planète  faite  à 

Marseille  le  10  septembre,  par  M.  dm- 
cornac  ;  Lettre  de  M.  VaU. 435 

—  Nouveaux  éléments  de  la  seconde  comète 

de  i85a  ;  Lettre  de  M .  VaU 436 

—  Eléments  de  la  planète  Melpomène,  calcu- 

lés par  M.  Trettenoro;  Lettre  de  M.  San- 

"'"' 437 

—  Corrélation  entre  les  grandes  émissions  de 

vent  d'Afrique  (sirocco)  et  les  inonda- 
tions du  Rhin ,  de  la  Saône  et  de  la  Loire  ; 
Lettre  de  M.  Fabre-Massias 441 

—  Découverte  d'une    nouvelle   planète  faite 

par  M.  de  Gasparis;  Lettre  de  M.  de  Gas- 
{""'* 478 

—  Eléments  de  la  planète  observée  le  20  sep- 

tembre,   par  M.    Chacomac;    Lettre  de 

M.  VaU 674  et    821 

—  Sur  le  nom  de  Massalia  donné  à  cette  pla- 

nète ;  Lettre  de  M.  VaU 67.S 

—  Nouvelle  planète  découverte  par  M.  Golds- 

chmidt,  le  i5  novembre  t852;  Lettre  de 

M.  Goldschmidt n5j 

—  Cartes  célestes  de  l'observatoire  de  Mar- 

kree;  Lettre  de  M.  Cooper 834 

—  Sur  le  moyen  de  donner  par  des  chiffres 

des  notions  justes  de  l'étendue  des  diffé- 
rents pays;  Lettre  de  M.  Balachojf.,...     836 

—  Nouvelle  planète  découverte  par  M.  Hind, 

le  i5  décembre  i85a;  Lettre  de  M.  Hind.     9J0 

—  Eipériencos    sur  le  rayonnement  solaire; 

Lettre  de  M.  Volpicelli g53 

ARNAUD  demande  et  obtient  l'autorisation 


(  992  ) 

Pages. 


de  reprendre  des  Tables  de  multiplication 

et  de  division 335 

ARNOUX.  —  Note  sur  la  géologie  de  la  Co- 

chinchine   i83 

ARTUR.  —  Mémoire  ayant  pour  titre:  »  Exa- 


MM.  Pa,e». 

men   des  recherches  de    M.    Simon  (de 

Metz)  sur  la  capillarité  » 61 

AUDOUARD Note  sur  l'emploi  du  vinai- 
gre dans  le  traitement  de  la  rage 126 


BABJNET.  —  Sur  un  cas  de  foudre  globulaire.         1 

—  Note    relative   à  une   communication   de 

M.  Renou,  sur  l'excès  de  la  température 
moyenne  des  rivières  au-dessus  de  la  tem- 
pérature moyenne  de  l'air  ambiant 4 

—  Note  sur  les  raies  longitudinales  observées 

dans  le  spectre  prismatique  de  M.  Zante- 
deschi 4  '  ' 

—  M.    Babinet  communique   une  Lettre  de 

M.  Porro,  sur  les  raies  longitudinales  du 
spectre 479 

—  Et  une  Lettre  de  M.  Brame,  sur  la  struc- 

ture des  corps  solides.. , 666 

—  M.  Babinet  présente ,  au  nom  de  M.  Pcrrot, 

des  estampes  en  taille-douce  et  des  épreu- 
ves lithographiques,  tirées  sur  un  papier 
fabriqué  avec  la  gulta-percha. . .     707  et     760 

BA1LLEL. — Description  et  figure  d'un  pro- 
pulseur articulé  pour  les  bateaux  à  vapeur.     190 

BALACHOFF.  —  Lettre  à  M.  Ârago,  sur  le 
moyen  de  donner,  par  les  chiffres,  des 
notions  justes  de  l'éiendue  des  différents 
pays 836 

BALARD.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  inti- 
tulé :  «  Recherches  sur  les  eaux  minérales 
sulfureuses  de  Bagnères-de-Luchon  et  de 
Labassèrc,  suivies  de  considérations  gé- 
nérales sur  les  eaux  sulfureuses  des  Pyré- 
nées w  ;  par  M.  Filhol,  professeur  à  Tou- 
louse        37 

BARRAL.  —  Mémoire  sur  les  eaux  de  pluie, 
recueill  ies  à  l'Observatoire  de  Paris  (  1er  se- 
mestre 1 852  ) \<~ 

BARRUEL  (G.).  —  Note  sur  l'extraction  du 

cuivre  par  l'ammoniaque 18 

—  Note  sur  un  nouvel  alliage  d'argent 75g 

BATES  (Edwin).  —  Sur  un  moyen  d'arrêter 

sans  danger  la  marche  d'un  convoi  de 
chemins  de  fer 756 

BAUDELOCQDE  prie  l'Académie  de  vouloir 
bien  charger  une  Commission  de  consta- 
ter les  résultats  qu'il  obtient  dans  le  trai- 
tement de  la  surdi-mutité  congéniale. . .     856 

BAUDENS,  en  présentant  au  concours,  pour 
les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de 
la  fondation  Montyon  ,  quatre  opuscules 
imprimés,  sur  des  questions  dont  il  a  fait 
précédemment  l'objet  de  communications 


à  l'Académie  des  Sciences,  indique,  dans 
la  Lettre  d'envoi ,  ce  que  ces  Traités  con- 
tiennent de  neuf 291 

—  Un  encouragement  est  accordé  à  M.  Sou- 

tiens pour  son  procédé  de  désarticulation 
du  pied  (concours  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie de  1 8.5:2 1 gn 

BATARD.  —  Lettre  sur  un  moyen  destiné  à 

prévenir  la  maladie  des  pommes  de  terre. .     294 

BEADFORT  (l'amiral),  directeur  du  Bureau 
hydrographique,  annonce  l'envoi  des  car- 
tes marines  et  instructions  nautiques, 
publiées  par  ordre  de  l'Amirauté,  dans  le 
cours  de  l'année  i85i ai 

BEAUTEMPS- BEAUPRÉ,  au  nom  de  la 
Section  de  Géographie,  présente  une  liste 
de  candidats  pour  une  place  vacante  de 
Correspondant 65 

—  M.     Beautemps-Beauprê,    au    nom    de    la 

même  Section ,  demande  à  l'Académie  de 
vouloir  bien  désigner  un  de  ses  Membres 
pour  remplacer,  dans  la  Commission 
chargée  de  présenter  une  liste  de  can- 
didats pour  une  place  vacante  de  Corres- 
pondant, M.  l'amiral  Roussin,  que  l'état 
de  sa  santé  tient  éloigné  de  l'Académie. .     679 

BECHAMP(A.).—  Recherches  sur  la  pyroxy- 

linc 47  > 

BECQUEREL.  —  Communication  sur  l'amé- 
lioration de  la  Sologne 5a5 

—  Remarques  à  l'occasion  d'un  Mémoire  de 

M.   Niepce  de  Saint-Victor,  sur  l'hélio- 

chromie 697 

BECQUEREL  (A.).  —  Une  récompense  est 
accordée  à  MM.  Becquerel  et  Rodier,  pour 
leurs  nouvelles  recherches  d'hématologie 
(concours  de  Médecine  et  de  Chirurgie).     go5 

—  Dn  encouragement  est  accordé  à  M.  A.  Bec- 

querel pour  ses  observations  sur  l'emploi 
des  mercuriaux  dans  le  traitement  de  la 
fièvre  lyphoïde  (concours  de  Médecine  et 

deChirurgie) 911 

BECQUEREL  (Edmond).—  Observations  rela- 
tives aux  propriétés  électrochimiques  de 
l'hydrogène 647 

—  Description  d'une  horloge  thermomètre. ..     754 
M.  Becquerel  est  présenté  par  la  Section  de 

Physique  comme  l'un  des  candidats  pour 


( 

MM.  P»8«'- 

la  place  de  professeur  de  Physique  appli- 
quée aux  arts,  vacante  au  Conservatoire 
des  Arts  et  Métiers 8o3 

—  M.  Becquerel  est  désigné  par  l'Académie 

comme  le  candidat  qu'elle  présente  pour  la 
place  de  professeur  de  Physique ,  vacante 
au  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers. . . .     8a3 

BERTAGNINl(C).— Recherches  sur  les  com- 
binaisons formées  par  quelques  huiles  es- 
sentielles avec  les  bisulfites  alcalins 800 

BERTHELOT   (Marcellin).  —  Sur    le  bi- 

chlorhydrate  d'essence  de  térébenthine..     736 

BERTRAND  (J.).—  Sur  un  nouveau  théorème 

de  mécanique  analytique 698 

BESNOU  rappelle ,  à  l'occasion  d'une  commu- 
nication récente  de  M.  Valade  et  de  la  re- 
marque à  laquelle  elle  avait  donné  lieu 
de  la  part  de  M.  Pelouze,  les  recherches 
qu'il  avait  faites  depuis  longtemps  sur  la 
composition  de  l'ammoniaque  provenant 
dola  condensation  des  eaux  d'usines  à  gaz.     856 

BIENAYME  est  nommé  à  la  place  d'Académi- 
cien libre,  en  remplacement  de  feu  M.  le 
maréchal  Marmont,  duc  de  Baguse 10 

—  Décret    du   Président  de   la   République 

confirmant  cette  nomination 3; 

BILLAUT.  —  Note  concernant  une  boussole 
marine  de  son  invention  ,  jouissant  de  la 
propriété  de  tracer  la  route  parcourue  par 
le  navire ,  à  l'aide  d'un  appareil  à  pointage 
fonctionnant  à  courts  intervalles 833 

—  Note  sur  la  préparation  des  huiles  desti- 

nées aux  besoins  spéciaux  de  l'horlogerie.     962 
BINET  est  nommé  Membre  de  la  Commission 
chargée  de  l'examen  des  pièces  adressées  au 
concours  pour  le  grand  prix  des  Sciences 

mathématiques  de  l'année  i85a 5i8 

Membre  de  la  Commission  chargée  de 
proposer  une  question  pour  le  grand  prix 
des  Sciences  mathématiques  de  i85.'f  •  •  •  ■  lhid. 
BIOT. — Expériences  ayant  pour  but  d'établir 
que  les  substances  douées  de  pouvoirs  ro- 
tatoires,  lorsqu'elles  sont  dissoutes  dans 
des  milieux  inactifs  qui  ne  les  attaquent 
pas  chimiquement,  contractent  avec  eux 
une  combinaison  passagère,  sans  propor- 
tion fixe,  laquelle  impressionne  toute  leur 
masse  et  subsiste  tant  que  le  système 
mixte  conserve  l'état  de  fluidité î33 

—  Sur  l'application  de  la  théorie  de  l'achro- 

matisme à  la  compensation  des  mouve- 
ments angulaires  que  le  pouvoir  rotatoire 
imprime  aux  plans  de  polarisation  des 
rayons  lumineux  d'inégale  réfrangibilité.     6i3 

—  M.  Biol  demande  à  reprendre  un  paquet  ca- 

cheté qu'il  avait  déposé  à  la  séance  du  10 
décembre  i838,  et  donne,  à  l'occasion  de 
ce  dépôt ,  quelques  explications 636 

C .    R. ,  i85a,  a""'  Semestre.  (T.  XXXV.) 


993) 


MM.  P„B„. 

—  M.  Biot  fait  hommage  a  l'Académie  d'un 

exemplaire  des  articles  qu'il  a  insérés 
dans  le  Journal  des  Savants,  sur  la  «  Cor- 
respondance de  Newton  et  de  Cotes  » . . . .     464 

—  M.  Biot  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission chargée  de  proposer  une  question 
pour  le  grand  prix  des  Sciences  mathé- 
matiques de  1854 5i8 

BLANDET.— Sur  l'emploi  du  chlorure  de  ba- 
ryte pour  la  conservation  des  substances 
animales aai 

BLOCK  (  Maurice  ) .— Une  mention  honorable 
est  accordée  à  M.  Block  pour  son  livre 
intitulé  :  «  Des  charges  de  l'agriculture» 
(concours  de  Statistique  de  i85a) 893 

BLOND  AT. — Phénomène  du  mirage  observé 
d'une  maison  de  la  rue  de  Fleurus,  le  i3 
juillet  i852 io-j 

BLONDEAO(Ca.).  —  Des  eaux  incrustantes 
de  Salles-la-Source ,  et  des  eaux  sulfu- 
reuses du  Pont  (  Aveyron  ) ifa 

BLONDEL.  —  Une  mention  honorable  est 
accordée  à  M.  Blondel  pour  sa  Statistique 
comparée  des  épidémies  cholériques  de 
i83a  et  de  1849  (concours  de  Statistique 
de i852 ) 890 

BLONDLOT.  —  Une  récompense  est  accordée 
à  M.  Blondlot  pour  ses  recherches  sur  la 
bile  et  le  suc  gastrique  (concours  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie  de  1 852  ) 90a 

BOBIERRE  (A.).  —  Note  sur  les  différences 
observées  dans  l'emploi  du  noir  animal  en 
agriculture ^p/> 

BOCK(de). — Lettre  concernant  quelques  ob- 
servations faites  sur  un  chien  qu'on  sup- 
posait enragé 1 04 

BOILLOT  (Alexis).— Mémoire  ayant  pour  ti- 
tre :  «  Nouvelle  théorie  des  parallèles  ri- 
goureusement établie  » 190 

BOINET.  —  Un  encouragement  est  accordé 
à  M.  Boinet  pour  l'emploi  des  injections 
iodées  dans  le  péritoine  des  malades  at- 
teints d'ascite  (  concours  de  Médecine  et 
de  Chirurgie  de  i852) 912 

BOUISSON  (  P.  ) .  —Réduction  d'une  luxation 
ancienne  de  la  mâchoire  inférieure  au 
moyen  du  levier  à  plaques  paraboliques..     661 

—  Un  encouragement  est  accordé  à  M.  Bouts- 
son  pour  un  ouvrage  intitulé  :  «  Méthode 
anesthésique  appliquée  à  la  chirurgie  et 
aux  différentes  branches  de  l'art  de  guérir  » 
(concours  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de 
i85a) , 911 

BOUR  (J.-E.-E.).— Le  prix  fondé  par  madame 
de  Laplaceest  décerné  à  M.  Bour  sorti  le 
premier  de  l'Ecole  Polytechnique,  le  a3 
septembre  i85i 894 

BOURGERY.  —  Une  récompense  est  accordée 

i3o 


MM 

à  feu  M.  Bourgery  et  à  M.  Jacob  pour  la 
continuation  du  Traité  d'anatomie  (sys- 
tème nerveux)  qu'ils  ont  publié  en  com- 
mun (concours  de  Médecine  et  de  Chirur- 
gie de  i85a  ) 

BOURQ. —  Note  sur  une  pluie  rouge  tombée 

à  Reims Examen  de  l'eau  recueillie; 

par  M.  Cahours 

BOUSS1NG  AULT .  —  Expériences  ayant  pour 
but  de  déterminer  la  cause  de  la  transfor- 
mation du  pain  tendre  en  pain  rassis.... 

—  Mémoire  sur  la  composition  de  l'air  con- 

finé dans  la  terre  végétale  (en  commun 

avec  M.Leuy) 

BRACHET.  —  Nouvelle  Note  sur  les  phares 
lenticulaires  

—  Nouvelles  Notes  sur  les  microscopes .  1 5o  et 

—  Suite  à  ses   précédentes   communications 

sur  la  théorie  de  la  vision,  et  sur  les  in- 
struments d'optique 291,  3i3  et 

—  Dépôt  de  paquets  cachetés  dans  les  séances 

du  5,  du  12  et  du  17  juillet..     35,  64  et 

—  M.  Braehet  demande  l'ouverture  de  deux 

paquets  cachetés  qu'il  avait  déposés  dans 

la  séance  du  5  juillet 

BRAME  (Ch.). —  Sur  la  structure  des  corps 
solides  ;  Lettre  à  M.  Babinet 

—  Sur  la  forme  utriculaire  et  la  cristallisa- 

tion du  phosphore 

—  Recherches  sur  les  densités  du  soufre.... 
BRETONNEAU,   de  Tours.   —  Un  prix  de 

2 5oo  fr.  est  accordé  à  M.  Bretonneau  pour 
avoir  introduit  la  trachéotomie  dans  le 
traitement  des  cas  extrêmes  de  croup  (con- 
coursdeMédecineetdeChirurgiedei852). 
BRIARD  annonce  avoir  trouvé  un  nouveau 


(  994) 

Pages 


901 


832 


588 


765 

64 
229 


671 
io5 

104 

666 

728 
,48 


908 


MM.  Pages, 

moyen  de  fixer,  dans  l'éclairage  électrique, 
le  point  lumineux,  et  d'empêcher  toute 
vacillation 44*> 

BRIËREdit  avoir  remarqué  que  la  maladiedes 
pommes  de  terre  ne  se  montre  jamais 
dans  des  terrains  sujets  à  être  atteints  par 
l'eau  de  mer,  et  propose  un  moyen  pro- 
phylactique fondé  sur  cette  observation . .     295 

BUDGE.  —  Expériences  démontrant  que  l'o- 
rigine du  nerf  sympathique  est  dans  la 
moelle  épinière 255 

—  De  l'influence  directe  de  la  lumière  sur  les 

mouvements  de  l'iris 564 

—  Le  prix  de  Physiologie  expérimentale  est 

partagé  entre  MM.  Budgeel  Waller,  pour 
leurs  recherches  concernant  les  fonctions 

du  système  nerveux  ganglionnaire 8g5 

BUISSON  —  Notes  concernant  la  part  qu'au- 
raient les  insectes  aux  maladies  épidé- 
miques  qui  affectent  les  végétaux  et  les 
animaux 64  et     104 

—  Lettre  sur  les  causes  des  épidémies 47$ 

BUNSEN.  — Études  sur  l'affinité  chimique. . .     835 
BURQ.  —  Sur  un  traitement  préservatif  et  cu- 

ratif  du  choléra,  nouvelle  application  des 

métaux  à  la  médecine 670  et     707 

BUSSY.  —  Rapport  sur  les  travaux  relatifs  à 
la  recherche  de  l'iode,  par  M.  Chalin, 
et  sur  différentes  Notes  ou  Mémoires  pré- 
sentés sur  le  même  sujet,  par  MM.  Mar- 
chand, NU'pce,  Meyrac 5o5 

—  M.  Bussy  présente  une  Note  de  M.  Chiozza 

sur  l'acide  valcrianique  anhydre 568 

BUTT1.  —  Foudre  globulaire  observée  à  Mi- 
lan ,  en  184 1  (juin  ) ig3 


CAHOURS  (A.).  — Recherches  sur  le  stan- 
néthyle,  nouveau  radical  organique  ren- 
fermantde  l'étain  (en  commun  avec  M.  A. 
Biche) .' ni 

—  Examen  de  l'eau  d'une  pluie  rouge  tombée 

à  Reims 832 

CALVERT. — Note  sur  la  préparation  du  coke 

destiné  à  la  fabrication  de  la  fonte j:>;i 

CAMBACÉRÈS(J.) demande  et  obtient  l'au- 
torisation de  reprendre  un  Mémoire  sur 
l'application  des  acides  gras  à  l'éclai- 
rage      335 

CARVALLO  (J.).  — Étude  sur  la  stabilité 
des  voûtes.  (Rapport  sur  ce  Mémoire; 
Rapporteur  M.  Poncelet .) 636 

CASASECA.  — Mémoire  sur  les  moyens  pro- 
pres  à  former  des   chimistes    pratiques 


(  transmis  par  M  .  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publique) 794 

CASSAL  (L.)  se  fa  il  connaître  comme  auteur 
d'un  Mémoire  présenté  dans  une  précé- 
dente séance  sous  le  titre  de  :  «  L'électri- 
cité considérée  comme  agent  universel  ».     857 

CAUCHY  (Aug.)  présente  à  l'Académie  une 
nouvelle  méthode  pour  l'intégration  des 
équations  linéaires  aux  dérivées  par- 
tielles, sous  des  conditions  données  rela- 
tives aux  limites  des  corps 297  et     322 

—  M.  Cauchy  présente  de  nouvelles  recher- 

ches où  les  principes  établis  dans  les  Mé- 
moires précédents  sont  particulièrement 
appliqués  à  la  théorie  des  calorifères  cy- 
lindriques       34 1 

—  M.  Cauchy  présente  un  Mémoire  sur  plu- 


MM. 

sieurs  nouveaux  théorèmes  d'analyse  al- 
gébrique  

—  M.  Cauchy  présente  divers  Mémoires  sur  le 

mouvement  de  rotation  d'un  corps  solide, 
et  en  particulier  d'un  corps  pesant  autour 
d'un  point  fixe 

—  A    l'occasion    d'une    communication    de 

M .  Liouville  sur  les  fonctions  gamma  de 
Legendre ,  M.  Caucliy  rappelle  le  Mé- 
moire déposé  par  lui  sur  le  même  sujet, 
dans  la  séance  du  28  août  1843 

—  Remarques   à    l'occasion   d'une   Note    de 

M.  Lamé  sur  la  théorie  de  l'élasticité  des 
corps  solides 

—  M.  Cauchy  présente ,  au  nom  de  M.  de  Po- 

lignac,  une  addition  aux  recherches  du 
môme  auteur  sur  les  nombres  premiers. 

—  M.  Cauchy  est  nomme  Membre  de  la  Com- 

mission chargée  de  l'examen  des  pièces 
adressées  au  concours  pour  le  grand  prix 
des  Sciences  mathématiques  de  l'année 
i85a 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  proposer 

une   question    pour    le   grand   prix   des 

Sciences  mathématiques  de  i854 

CHACORN  AC.  —  Découverte  d'une  nouvelle 
planète,  faite  à  Marseille,  le  20  septem- 
bre (Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Valz  à 
M.  Arago) 

—  Une  médaille  de  la  fondation  de  Lalande 

est  décernée  à  M.  Chacornac  pour  celte 
découverte  (concours  de  iS.Vj). 

CHAMOLLE.  —  M;  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publique  transmet  divers  Mémoires 
imprimés  et  manuscrits  de  M.  Chamolle, 
concernant  des  projets  d'application  de 
l'électricité  à  l'industrie 

CHANCEL  (G.).  —  Recherches  sur  les  com- 
binaisons de  l'acide  sulfurique  avec  les 
matières  organiques  (en  commun  avec 
M.  Gerhardt) 

CHAPSAL  (l'abbé).  —  Mémoire  ayant  pour 
titre  :  «  Sur  un  fluide  électro-animal 
polarisé,  observé  dans  le  corps  humain  ». 

CHARL1ER. — Documents  relatifs  à  de  précé- 
dentes communications  sur  la  castration 
des  vaches  par  le  vagin. — Résultats  d'une 
opération  semblable  pratiquée  sur  une 
jument  

CHASLES.  —  En  faisant  hommage  à  l'Aca- 
démie d'un  exemplaire  de  l'ouvrage  qu'il 
vient  de  publier  sous  le  titre  de  :  «  Traité 
de  Géométrie  supérieure»,  M.  Chasles 
indique  les  points  principaux  par  les- 
quels cet  ouvrage,  nouveau  par  le  titre, 
peut  l'être  aussi  à  d'autres  égards 

CHAT1N  (Ad.).  — Etudes  expérimentales  sur 
l'action  des  sets,  des  bases,  des  acides  et 


127 


368 


(    995    ) 

P«g.-J.  MM.  Page 

des  matières  organiques  sur  la  végétation.    786 

588  CHATIN.  —Recherche comparative  de  l'iode 
et  de  quelques  autres  matières  dans  les 
eaux  qui  alimentent  Paris,  Londres  et 
Turin £f>  et 

940         —  Rapport  sur  ces   recherches  ;   Rapporteur 

M.  Bussy 505 

CHENOT  communique  les  résultats  auxquels 
il  est  arrivé  dans  des  essais  ayant  pour 
objet  la  recherche  d'un  remède  à  la  mala- 

322  die  des  raisins 

-  A  l'occasion  d'un3  Note  de  M.  Colvert, 
présentée  dans  la  séance  du  27  septem- 

463  bro,  M.  Chenot  prie  l'Académiedo  vouloir 

bien  lui  désigner  une  Commission  à  la- 
quelle il  soumettra  les  résultats  de   ses 

333  recherches  sur  la  préparation  des  houilles 

pour  la  fabrication  de  la  fonte. .     47"  et 
—  Lettre  concernant  un  précédent  Mémoire 
de  l'auteur  sur  la  préparation  de  combus- 
1  ibles  propres  à  remplacer  le  charbon  de 

5i8  bois 

CHEKONNET  (V.ï.  -  Expériences  sur  l'ap- 
pareil de  ventilation  d'été,  construit  par 

5i8  M.  Dut'oir-Leblanc,  pour  la  salle  des  séan- 
ces de  l'Académie  des  Sciences  de  l'Insti- 
tut   

CHEVALLIER  (A.).—  Mémoire  sur  l'hygiène 

435  des  ouvriers  qui  travaillent  les  coquilles 
de  nacre  de  perle  (en  commun  avec 
M.  Makier) 

873  CHEVREUL.  —  A  l'occasion  d'une  question 
de  M.  Thenard  sur  l'efficacité  des  divers 
moyens  proposés  contre  la  maladie  de  la 
vigne,  M.  Chevreul  dit  que  le  sulfure  de 
calcium  avec  excès  de  chaux  a  été  employé 

427  avec  succès,  et  que,  dans  certains  cas, 
l'insufflation  de  fleur  de  soufre  sur  la 
vigne  humectée  a  été  aussi  pratiquée  avec 
avantage 270 

690  —  M-  Chevreul  présente  une  Note  de  M.  Cal- 
l'en,  sur  la  préparation  du  coke  destiné  à 
la  fabrication  de  la  fonte 433 

690  CHIOZZA  (L.). —  Recherches  sur  les  radi- 
caux oxygénés 22s 

—  Sur  l'acide  valérianique  anhydre........     56S 

—  Sur  une  combinaison  de  l'acide  pélargo- 
nique  avec  le  bioxyde d'azote 797 

2Ô7        —  Sur  les  acides  caprylique  et  pélargonique 

anhydres 8(35 

CHRISTOL  (de).— Sur  l'anatomie  comparée 

des  Solipèdes  vivants  et  fossiles 565 

CHRISTOPHE.  —  Lettre  accompagnant  l'en- 
voi d'un  ouvrage  intitulé  :  «  Exposition 
de  la  doctrine  des  impondérables  »   868 

CLAVEL.  —  Description  et  figure  d'un  hé- 
liostat  portant  un  réflecteur  de  très- 
grandes  dimensions,  et  qui  est  destiné  à 

i3o.. 


521 


670 


344 


398 


MM. 

faire  pénétrer  la  lumière  solaire  dans  des 
appartements  obscurs 604  et 

COLIN  (G.)- —  Mémoire  sur  les  phénomènes 
sensibles  de  la  rumination 

COMBESCURE.  -  Mémoire  sur  la  théorie 
des   tautochrones 

CONSEILLER  D'ÉTAT,  DIRECTEUR  DE 
L' AGRICULTURE  ET  DU  COMMERCE 
(le)  invite,  au  nom  du  Ministre,  l'A- 
cadémie à  présenter,  conformément  à 
l'article  20  de  l'arrêté  du  Ier  septembre 
1843,  une  liste  de  candidats  pour  une 
place  de  professeur  de  Physique,  devenue 
vacante  au  Conservatoire  des  Arts  et  Mé- 
tiers   

<  OOPER Lettre  à  M.  Arago  sur  les  cartes 

célestes  de  l'observatoire  de  Markree 

CORNUEL.  —  Sur  un  éclair  de  forme  parti- 
culière  

—  M.  Cornuel  adresse  un  échantillon  cristal- 
lisé de  fer  fondu,  retiré  de  l'intérieur  d'un 
four  à  pudler  du  fourneau  de  Cirey-sur- 
Rlaize 

CORVISART  (Lucien).  —  Recherches  ayant 
pour  but  d'administrer  aux  malades  qui 


(996) 

P.ges. 


i3o 


757 

834 
738 

961 


33o 


10/1 


MM.  Pages. 

ne  digèrent  point,  des  aliments  tout  digé- 
rés par  le  suc  gastrique  des  animaux:  al- 
bumine d'œuf 244  et 

COULIER.  —  A  l'occasion  d'une  communica- 
tion faite  en  février  i85a,  sur  le  pouvoir 
décolorant  du  charbon,  M.  Coulier  rappelle 
qu'il  a  traité  la  même  question  dans  une 
Note  présentée  à  l'Académie  en  1822. . .  . 

—  A  l'occasion  d'un  Rapport  sur  un  Mémoire 
de  M.  Lecanu  (  Nouvelles  études  chimiques 
surlesang),  M.  Coulier  appelle  l'attention 
sur  un  travail  de  môme  nature,  publié,  il 
y  a  plusieurs  années,  par  MM.  Coulier  fils 
et  Roucher ^67 

COULVIER-GRAVIER.  —  Étoiles  filantes  du 

mois  d'août 266 

COUSTÉ.  —  Recherches  sur  l'incrustation 
des  chaudières  à  vapeur  alimentées  à  l'eau 
de  mer 186 

CROCHUT.  —  Mémoire  intitulé  :  «  Descrip- 
tion d'une  machine  aérienne  dirigeable 
par  l'air  » 3yg 

CRUSELL.   —    Dépôt  d'un  paquet   cacheté 

(séance  du  11  juillet) 64 


D 


D'A BBADIE  (Antoine)  est  présenté  par  la 
Section  de  Géographie  et  de  Navigation 
comme  l'un  des  candidats  pour  une  place 
vacante  de  Correspondant 64 

—  M.  d'Abbadie  est  nommé  Correspondant 

de  l'Académie 91 

M.  d'Abbadie  adresse  ses  remerciments  à 

l'Académie 142 

DALMAS.  —  Note  sur  la  cause  de  la  maladie 

de  la  vigne  et  de  la  pomme  de  terre,  et 

sur  les  moyens  d'y  remédier. . . .  604  et  834 
DARESTE  (C.  ) .  —  Mémoire  sur  un  chat  iléa- 

delphe  à  tête  monstrueuse 3a5 

—  M.  Dareste  demande  et  obtient  l'autorisa- 

tion de  reprendre  ce  Mémoire  qu'il  se 
propose  de  publier 4°3 

OAUBRÉE,  doyen  de  la  Faculté  de  Stras- 
bourg, prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
comprendre  la  bibliothèque  de  cette  Fa- 
culté dans  le  nombre  des  établissements 
scientifiques  auxquels  elle  fait  don  du 
Compte  rendu  hebdomadaire  de  ses 
séances 868 

DAUMAS  (le  général).  —  Une  mention  ho- 
norable est  accordée  à  M.  Doumas  pour 
ses  publications  sur  l'Algérie  (concours 
de  Statistique  de  1802' 892 

DAVAINE.  —  Une  récompense  est  accordée 


à  M.  Davaine  pour  ses  recherches  sur  la 
paralysie  double  de  la  face  (concours  de 
Médecine  et  de  Chirurgie) 90G 

DAVID  (Claude).  —  Réclamation  de  prio- 
rité à  l'occasion  d'une  communication  de 
M.  Manneville,  sur  la  confection  des  joints 
pour  les  douves  des  tonneaux 794 

DÉAN  demande  que  l'Académie  veuille  bien 
se  faire  rendre  compte  d'un  travail  inti- 
tulé :  «  L'hélice  dans  les  courbes  plané- 
taires » 565 

DELAHAYE  (N.-B.).  —  Dépôt  d'un  paquet 
cacheté  (en  commun  avec  M.  L.  Krafft) 
(  séance  du  5  juillet) 35 

—  Note  sur  la  soude  hydrosilicaléc  rencontrée 
cimentant  un  amas  bréchiforme  dans  les 
sables  de  Sablonville  (en  commun  avec 
M.  L.  Krafft) '4^ 

DELANOUE  — Note  sur  l'existence  probable 
des  terrains  salifères  dans  le  nord  de  la 
France 85o 

DE  LA  ROQUETTE  transmet  deux  Notes, 
l'une  de  M.  Oswell,  l'autre  de  M.  Arnaud, 
sur  une  mouche  venimeuse,  du  Sennaar. 
56o  et    6o3 

DELASIAUVE  adresse  une  indication  des 
points  qu'il  considère  comme  neufs  dans 
diverses  publications    qu'il   présente   au 


MM.  P«8'»- 

concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de 

Chirurgie 333 

DELESSE.  —  Note   sur  les  variations  des 

roches  granitiques ig5 

—  Recherches  sur  les  roches  globuleuses 274 

DELFRAYSSÉ.  —  Considérations  concer- 
nant l'influence  du  moral  sur  le  physique.      61 1 

DEM ARQUAY .  —  Une  récompense  est  accor- 
dée &  MM.  Démarqua?,  A.  Duméril  et  Le- 
cointe  pour  leurs  expériences  concernant 
les  modifications  imprimées  à  la  tempéra- 
ture animale  par  l'introduction  des  médi- 
caments dans  l'économie  (concours  de 
Médecine  et  de  Chirurgie  de  i85a) 90a 

DÉMIDOFF.  —  Lettre  concernant  les  obser- 
vations météorologiques  faites  par  ses 
ordres  à  Nijné-Taguilsk,  et  l'érection 
prochaine,  dans  le  même  lieu,  d'un  obser- 
vatoire météorologique  et  magnétique. . .       21 

DEMONVILLE  (de)  prie  l'Académie  de  vou- 
loir bien  renvoyer  à  l'examen  d'une  Com- 
mission un  appareil  qu'il  lui  présente  et 
qu'il  désigne  sous  le  nom  de  pendule  gy- 
roscopique 857 

DERBÈS  remercie  l'Académie  pour  l'envoi 
d'un  certain  nombre  d'exemplaires  du 
Mémoire  qui  lui  est  commun  avec  M.  So- 
lier,  et  qui,  honoré  d'un  prix  au  concours 
de  1847,  a  été  imprimé  dans  le  Recueil 
des  Savants  étrangers 867 

DESPRETZ.  —Dixième  communication  sur 

la  pile 449 

—  NoteenréponseàM.  Langberg,  de  Christia- 

nia. Nouveaux  nombres  sur  la  propagation 

de  la  chaleur  dans  les  corps 54o 

DESURMONT.  —  Détails  sur  un  incendie 
éteint  au  moyen  de  la  vapeur  d'eau ,  pro- 
cédé de  M.  Dujardin 706 

DEV1LLE.  Voir  à  Sainte-Claire  Deville. 

DEVOY.—  De  l'emploi  thérapeutique  des  sé- 
minoïdes  de  ciguë  et  de  la  conicine  dans 
les  affections  cancéreuses  et  les  engorge- 
ments réfractaires 793 

DIDIER  demande  et  obtient  l'autorisation  de 
reprendre  un  Mémoire  sur  la  prothèse 
dentaire,  qu'il  avait  précédemment  pré- 
senté      671 

DIEU. — Analyse  du  pendule  simple,  abstrac- 
tion faite  de  la  résistance  de  l'air,  et  eu 
égard  à  la  rotation  de  la  Terre;  —  mou- 
vement d'un  point  matériel  libre  dans 
les   mêmes  circonstances 792 

DIRECTEUR  GÉNÉRAL  DES  DOUANES 
(le)  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de 
l'Institut,  le  «  Tableau  général  du  com- 
merce de  la  France  avec  ses  Colonies  et 
les  Puissances  étrangères,  pendant  l'an- 
née i85i  » 36o 


(  997  ) 

I     MM.  pog€i 

—  M.  le  Directeur  général  des  Douanes  adresse, 
pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut,  un 
exemplaire  du  «Tableau  général  du  mou- 
vement du  cabotage  en  i85i  » 6o5 

DOME"ÏKO.  —  Des  échantillons  de  divers 
minerais  d'argent  des  environs  de  Co- 
quimbo  (Chili),  adressés  par  ce  géologue 
pour  l'École  des  Mines,  sont  mis  sous 
les  yeux  de  l'Académie  par  M.  Dufrénoy.       5o 

DUCHARTRE  (P.).  -  Note  sur  des  feuilles 

ramifères  de  tomates 7[g 

—  Note  sur  la  germination  des  céréales  récol- 
tées avant  leur  maturité cAo 

—  M.  Duchartre  est  présenté  par  la  Section  de 
Botanique  comme  l'un  des  candidats  pour 
la  place  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  Richard yfo 

DUCHENNE,  de  Boulogne.  —  Recherches 
électro-physiologiques  et  pathologiques 
sur  les  fonctions  des  muscles  qui  meu- 
vent l'épaule  sur  le  tronc,  et  le  bras  sur 
l'épaule 286 

DUFRÉNOY  présente,  au  nom  de  M.  Do- 
meyko,  professeur  de  Chimie  au  collège 
de  Valparaiso,  une  série  de  minerais  des 
mines  d'argent  des  environs  de  Coquimbo, 
série  qui  renferme  deux  espèces  minérales 
nouvelles 50 

—  M.  Dufrénoy  offre  à  l'Académie,  au  nom 
de  M.  G.  Rose,  présent  à  la  séance,  un 
exemplaire  de  l'ouvrage  que  ce  savant  a 
publié  sous  le  titre  de  «  Système  de  Miné- 
ralogie cristallographique» 3*3 

DUHAMEL  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  l'examen  des  pièces 
adressées  au  concours  pour  le  grand  prix 
des  Sciences  mathématiques  de  l'année 
^52 518 

DUJARDIN,  de  Lille.  —  Sur  l'emploi  de  la 
vapeur  d'eau  pour  éteindre  les  incendies  à 
bord  des  navires  (  Lettre  à  M.  Arago).  368  et    70;') 

—  M.  Dujardin  demande  que  son  système  de 
télégraphie  électrique  soit  examiné  par  la 
Commission  nommée,  sur  la  demande  de 
M.  le  Ministre  de  l'Intérieur,  et  chargée  de 
s'occuper  de  la  question  des  télégraphes 
électriques 8/0 

DUMAS  présente,  au  nom  des  auteurs  .- 

—  Un  Mémoire  de  M.  Girard&ur  un  nouveau 
procédé  d'étamage  du  fer 56 

—  Une  Lettre  de  M.  Hofmann,  sur  la  pré- 
sence de  la  triméthylamine  dans  le  jus 
extractif  des  harengs  salés 62 

—  Une  Lettre  de  M .  Levol  sur  le  moyen  de 
séparer  pur,  de  l'argent  à  l'état  de  fusion , 
l'oxygène  qu'il  a  absorbé  au  contact  de 
l'air 63 


MM. 

DUMAS  présent?,  au  nom  des  auteurs,  un  Mé- 
moire de  M.  Maumené  sur  l'analyse  des 
huiles  au  moyen  de  l'acide  sulfurique. . . 

—  Et  un  Mémoire  de  M.  Bunsen,  sur  l'affinité 

chimique 

DUMÉRIL.  —  Instructions  pour  une  expédi- 
tion scientifique  qui  doit  se  faire  dans 
l'Amérique  du  Sud,  sous  la  direction  de 
M.  Emile  Deville.  (Partie  zoologique.  )    . 

—  Mémoire   sur   une    espèce    de   serpent  à 

coiffe  {Naja  haje),  présenté  vivant  à  l'A- 
cadémie   

—  Mémoire  sur  la  classification  des  reptiles 

de  l'ordre  des  Serpents 

M.  Duméril  présente  à  l'Académie  un  Mé- 
moire de  M.  Aug.  Duméril  sur  les  Raies 
électriques 

DUMÉRIL  (  Aug.).— Monographie  delà  tribu 
des  Torpédiniens  ou  Raies  électriques. . . 

—  Mémoire  sur  un  nouveau  genre  de  reptiles 

sauriens, de  la  famille  des  Chalcidiens(le 
Lépidophrme ) ,  et  sur  le  rang  que  les  Am- 
phisbén  iens  doivent  occuper  dans  la  classe 
des  Reptiles 

—  Description  des  reptiles  nouveaux  ou  im- 

parfaitement connus  de  la  collection  du 
Muséum  d'Histoire  naturellede  Paris,  et 
remarques  sur  la  classification  et  les  ca- 
ractères des  Reptiles 

—  Une  récompense  est  accordée  à  MM.  A. 

Duméril,  Demarquay  et  Lecointe  pour 
leurs  expériences  concernant  les  modifi- 
cations imprimées  à  la  température  ani- 
male par  l'introduction  des  médicaments 
dans  l'économie  (concours  de  Médecine 
et  de  Chirurgie  de  i85s) 

DU  MONCEL. —  Mémoire  sur  le  magnétisme 
dynamique 

Expériences  sur  les  réactions  réciproques 

de  l'électricité  statique  et  de  l'électricité 
dynamique,  et  sur  leurs  effets  à  l'égard  des 
aimants 

Expériences  sur  les  relations  réciproques 

de  deux  courants  voltaïques  existant  si- 
multanément dans  le  même  circuit.  Note 
sur  la  manière  différente  dont  s'exerce 
l'induction  par  les  courants  magnétique 
ou  voltaïque,  suivant  que  les  corps  mé- 
talliques qui  en  subissent  l'effet  présen- 
tent ou  ne  présentent  pas  d'éléments  con- 
tinus de  surfaces  opposées  propres  au 
développement  de  l'électricité  statique. . . 

—  Mémoire  sur  le  magnétisme  statique  et  le 

magnétisme  dynamique 

—  Expériences  sur   les  courants  électriques 

(circuits  greffés) 

—  Note  ayant  pour  titre  :  «  Système  de  caril- 


(998    ) 

Pages. 


692 
835 

86 

485 
621 

222 


395 


470 


902 
54 

3o8 


333 
35} 

5i8 


Ion  électrique  propre  à  la  sonnerie  des 
cloches  de  signal  dans  les  grands  établis- 
sements, aux  différentes  heures  où  il  en 
est  besoin  1 

DUMOULIN  (Se).  —Procédé  pour  la  prépa- 
ration de  la  colle-forte  liquide 

DUPIN  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exem- 
plaire du  Rapport  qu'il  a  fait,  au  nom  de 
la  huitième  Commission  du  jury,  sur  une 
partie  de  la  grande  Exposition  de  l'Indus- 
trie à  Londres ; . . . 

DUPRE.  —  Mémoire  sur  la  résolution  des 
équations  numériques 

DUPUIS. — Mémoire  ayant  pour  titre:  «  Dis- 
cussion du  paradoxe  hydrostatique  et  ex- 
périences faites  à  cette  occasion  » 

DUPUY-DELCOURT.-Description  et  figure 
d'un  appareil  destiné  à  soutirer  l'électri- 
cité des  nuages  porteurs  de  grêle 

DUR  AN  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter 
le  travail  de  la  Commission  à  l'examen  de 
laquelle  a  été  renvoyé  un  Mémoire  sur  la 
physique  générale,  qu'il  a  autrefois  pré- 
senté   

DURAND,  de  Caen. — Recherches  concernant 
l'accroissement  en  diamètre  des  tiges. . . . 

DUSSERT.  —  Lettre  relative  à  la  maladie  des 
pommes  de  terre 

DUSSUGUES  écrit  par   erreur   pour 

DUSSURGEY.  —  Note  sur  la  cause  de  la  ma- 
ladie de  la  vigne  et  de  la  pomme  de  terre, 
et  sur  les  moyens  d'y  remédier 

—  M.  Dussurgey&e  fait  connaître  comme  au- 

teur de  cette  Note,  qu'une  signature  peu 
distincte  avait  fait  iascrire  sous  le  nom 

de  Dussugues 

DUVERNOY.— Note  sur  les  fouilles  que  l'ad- 
ministration du  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle a  fait  exécuter  dans  la  colline  de 
Sansan,  département  du  Gers,  sous  la 
direction  de  M.  Laurillard 

—  Suite  des  Mémoires  sur  le  système  nerveux 

des  Mollusques  acéphales  lamellibranches 
ou  bivalves 

—  Note  sur  les  trois  espèces  d'Orycléropes  qui 

existent  en  Afrique 

—  Rapport  sur  un  Mémoire  ayant  pour  titre  : 

a  Détermination  des  parties  qui  consti- 
tuent l'encéphale  des  Poissons  »  ;  par 
MM.  Philipeaux  et  Yulpian 

—  Rapport  verbal  sur  la  première  livraison 

d'un  ouvrage  de  M.  Wagner,  concernant 
l'anatomie  microscopique  des  Animaux 
et  le  développement  des  Vertébrés,  ou- 
vrage dont  M.  Ecker  publie  une  seconde 
édition  entièrement  refondue 


P.gts 

689 

444 

747 
759 

433 

142 

399 

252 
104 

604 

74° 


"9 

7:5 

169 
548 


(  999  ) 


E 


MM.  Pages. 

EDWARDS  (Milne),  à  l'occasion  d'une  Note 
de  M.  Guy  on  sur  un  lépidoptère  qui  at- 
taque les  blés  dans  l'Algérie,  mentionne 
un  travail  récent  de  M.  Doyère  sur  les  in- 
sectes nuisibles  à  l'agriculture 758 

—  M.  Milne  Edwards  présente  une  Note  de 
M.  de  Christol  sur  l'anatomie  comparée 
des  Solipèdes  vivants  et  fossiles 563 

ÉLIE  DE  BEADMONT.— Instructions  pour 


MM.  PaSt.. 

une  expédition  scientifiquequidoitse faire 
dans  l'Amérique  du  Sud,  sous  la  direction 
de  M.  Emile  Deville.  (  Partie  géologique.)      8S 

—  M.  Élie  de  Beaumont  fait  hommage  à  l'A- 
cadémie d'un  exemplaire  de  l'ouvrage  qu'il 
vient  de  publier  sous  le  titre  de  :  «  No- 
tice sur  les  systèmes  de  montagnes  » 298 

ESPERT  (Madame).— Note  sur  un  tonnerre  en 

boule,  observé  à  Paris  en  juin  1849 '92 


FABRE-MASSIAS.  —  Corrélation  entre  les 
grandes  émissions  de  vent  d'Afrique  (si- 
rocco) et  les  inondations  du  Rhin,  du 
Rhône  et  de  la  Loire  (Lettre  à  M.  Arago).    44 1 

FAUCONNEAU-DUFRESNE.-Une  récom- 
pense est  accordée  à  M.  Fauconneau-Du- 
fresne  pour  son  Traité  de  l'affection  cal- 
culeuse  du  foie  et  du  pancréas  (concours 
do  Médecine  et  de  Chirurgie  ) 907 

FAVRE  (P.-A.).  —  Recherches  sur  la  compo- 
sition chimique  de  la  sueur  chez  l'homme.     72 1 

FAYE.  —  Remarques  sur  une  communication 
de  M.  Babinet,  et  extrait  d'une  Lettre  de 
M.  Renou 5 

—  Note  sur  les  derniers  résultats  publiés  par 

M.  de  Struve,  relativement  à  la  61e  du  Cy- 
gne      741 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communica- 

tion de  M.  le  Ministre  de  l'Intérieur,  con- 
cernant la  télégraphie  électrique 820 

—  Note  sur  une  nouvelle  détermination  de  la 

parallaxe  de    l'étoile  d'Argelander;    par 

M.  Wichmann 85q 

—  M.  Faye,  qui  avait  été  chargé  de  prendre 

connaissance  d'un  Mémoire  de  M.  Déan, 
annonce  que  ce  Mémoire  a  été  imprimé, 
et  qu'ainsi  il  ne  peut  devenir  l'objet  d'un 
Rapport 673 

—  M.  Faye,  également  chargé  de  prendre  con- 

naissance de  diverses  communications  de 
M.  Nascio,  de  Messine,  concernant  des 
éphémérides  luni-solaires,  déclare  que  ce 
travail  n'est  pas  de  nature  à  devenir  l'ob- 
jet d'un  Rapport Ibid. 

—  M.ffyecommunique  l'extrait  d'une  Lettre 

de  M.  Petersen,  contenant  les  éphéméri- 
des de  la  seconde  comète  de  i85i 3oo, 

—  Et   l'extrait  d'une  Lettre  du  P.  Secchi, 

concernant  des  observations  héliométri- 
ques     6o5 


FERMOND  (Ch.).— De  la  symétrie  considérée 

dans  les  trois  règnes  delà  nature.    853  et    g44 

FERRET  est  présenté  par  la  Section  de  Géo- 
graphie et  de  Navigation  comme  l'un  des 
candidats  pour  une  place  vacante  de  Cor- 
respondant         64 

—  M.  Ferret  est  présenté  par  la  Section  de 

Géographie  et  de  Navigation  comme  l'un 
des  candidats  pour  la  place  de  Correspon- 
dant, vacante  par  suite  du  décès  de  M.  le 

contre-amiral  Bérard 740 

FILHOL. — Recherches  sur  les  eaux  minérales 
sulfureuses  de  Bagnères-de-Luchon  et  de 
Labassère,  suivies  de  considérations  gé- 
nérales sur  les  eaux  sulfureuses  des  Pyré- 
nées. (Rapport  sur  ce  Mémoire;  Rappor- 
teur M.  Balard.) 37 

—  Examen  de  la  graisse  et  des  concrétions 

trouvées  dans  le  corps  d'un  éléphant  fe- 
melle (en  commun  avec  M.  N.  Joly).. ..     3g3 

FLEDREAU.  —  Note  faisant  suite  à  ses  pré- 
cédentes communications  concernant  la 
Tocomotion  aérienne  et  la  navigation  par 
la  vapeur 67 1 

FLEURY  (L.).  —  Météores  ignés  observés  à 

Cherbourg,  le  i5  janvier  t85o 353 

—  Note  sur  deux  modifications  de  la  pile  de 

Bunsen,  dont  l'une  augmente  la  conduc- 
tibilité intérieure,  et  l'autre  la  tension 

(en  commun  avec  M.  Mais) 802 

FLOORENS  annonce  à  l'Académie,  d'après 
une  Lettre  do  M.  Aubry,  la  perte  qu'elle 
vient  de  faire  dans  la  personne  d'un  de  ses 
Correspondants,  M.  Welter,  décédé  à 
Paris ,  le  6  juillet  1 852 ,  à  l'âge  de  quatre- 
vingt-neuf  ans 37 

—  M.  Flourens  annonce  à  l'Académie  la  perte 

qu'elle  vient  de  faire  dans  la  personne 
d'un  de  ses  Correspondants  pour  la  Sec- 


(    IOOO   ) 


MM.  P«g"- 

tion  de  Physique,  M.  de  Haldat 781 

—  M.  Flourens,  communique  une  Lettre  de 

M.  Montagne,  sur  un  parasite  qui,  en  se 
développant  à  la  surface  de  certaines  sub- 
stances, les  fait  paraître  couvertes  de  sang.     l45 

—  M.  Flourens  annonce  qu'en  vertu  d'une 

décision  de  l'Académie ,  il  ne  sera  plus 
l'ait  mention,  dans  le  Compte  rendu  im- 
primé de  ses  séances,  des  dépôts  de  pa- 
quets cachetes 335 

—  M.  Flourens  communique  une  Lettre  dans 

laquelle  M.  Mitscherlich,  récemment 
nommé  à  une  place  d'Associé  étranger, 
prie  M.  le  Secrétaire  perpétuel  de  vou- 
loir bien  transmettre  à  l'Académie  l'ex- 
pression de  sa  reconnaissance 143 

—  M.  Flourens  met  sous  les  yeux  de  l'Aca- 

démie un  opuscule  imprimé  de  M.  Budge, 
contenant  quelques  réclamations  à  l'égard 
d'un  autre  physiologiste,  M.  Waller,  que 
l'auteur  a  eu  pour  collaborateur  dans  un 
travail  précédemment  présenté  à  l'Acadé- 
mie      401 

—  M.  Flourens  donne  communication   d'une 

Lettre  de  M.  Lemaistre,  d'Aboville,  accom- 
pagnant l'envoi  de  manuscrits  du  P.  Cotte, 
relatifs  à  la  météorologie /(;s 

—  M.  Flourens,  en  signalant,  parmi  les  pièces 

imprimées  de  la  correspondance,  un  Mé- 
moire de  M.  Mayer,  sur  les  organes  vo- 
caux de  l'homme  et  des  mammifères,  rap- 
pelle que  ce  travail,  présenté  manuscrit  à 
l'Académie,  en  1843,  a  été  honoré  par 
elle  d'une  récompense  ^33 

—  M.  Flourens  présente ,  au  nom  de  l'auteur, 

M.  de  Humboldt,  et  du  traducteur,  M.  Ga- 
lusky,  le  troisième  volume  du  Cosmos....     841 

FOCK  adresse,  pour  faire  suite  à  son  travail 
sur  la  stature  et  les  proportions  du  corps 
de  l'homme ,  des  recherches  sur  les  formes 
de  la  tète  osseuse 61  et    669 

FOLLIN.  —  Une  récompense  est  accordée  à 
M.  Follin  pour  ses  recherches  sur  les  corps 
de  Wolf  (concours  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie de  i85s) 901 

FORCHH AMMER  adresse ,  au  nom  de  la  So- 
ciété royale  des  Sciences  de  Danemark, 
trois   des   nouvelles  publications   faites 


MM.  P,gt. 

par  cette  Société 36o 

FORDOS(M.-J.).  — Note  sur  l'analyse  com- 
merciale du  cyanure  de  potassium  (en 
commun  avec  M.  A.  Gèlis) 224 

FOUCAULT  (Léon).— Sur  une  nouvelle  dé- 
monstration expérimentale  du  mouve- 
ment de  la  Terre,  fondée  sur  la  fixité  du 
plan  de  rotation 4a' 

—  Sur  les  phénomènes  d'orientation  des  corps 

tournants ,  entraînés  par  un  axe  fixe  à  la 
surface  de  la  Terre.  —  Nouveaux  signes 
sensibles  du  mouvement  diurne 424 

—  Démonstration  expérimentale  du  mouve- 

ment de  la  Terre.  Addition  aux  précé- 
dentes communications 4°9 

—  Sur  la  tendance  des  rotations  au  parallé- 

lisme    .     602 

—  M.  Foucault  est  présenté  par  la  Section  de 

Physique  comme  l'un  des  candidats  pour 
la  place  de  professeur  de  Physique  appli- 
quée aux  arts,  vacante  au  Conservatoire 
des  Arts  et  Métiers 8o3 

FOURCAULT  prie  l'Académiede  vouloir  bien 
hâter  le  travail  de  la  Commission  à  l'exa- 
men de  laquelle  a  été  renvoyé  son  Mé- 
moire sur  les  irrigations  générales,  sur 
la  télégraphie  sous-fluviale,  etc 44^' 

FOURNERIE.  —  Essai  sur  l'application  du 
système  métrique  à  la  tonnellerie.  (Rap- 
port sur  ce  Mémoire  ;  Rapporteur  M.  Ma- 
thieu. ) 201 

—  Une  copie  du  Mémoire  de  M.  Fournerie 

est  transmise  à  l'Académie  par  M.  le 
Ministre  de  l'Intérieur 399 

—  Description  d'une  balance  à  bascule,  desti- 

née à  prévenir  les  fraudes  sur  le  poids 
dans  le  commerce  de  détail 94^> 

FREMY  (E.).  —  Recherches  sur  les  sulfures 

décomposables  par  l'eau 27 

FRESNEL  (Léonor).  —  Sur  la  question  de 
priorité  concernant  l'application  de  la  ré- 
flexion totale  aux  appareils  d'éclairage 
des  phares  (Lettre  à  M.  Arago) 364 

FRESTEL.  —   Dépôt  d'un   paquet    cacheté 

(séance  du  12  juillet) 64 

FUSZ.  —  Description  et  figure  d'une  voiture 

destinée  au  transport  des  veaux 7S6 


GA1ETTA.  —  Mémoire  ayant  pour  titre  : 
«  Du  magnétisme  terrestre  et  intersi- 
déral, ou  cosmique» 35 

—  Note  sur  la  variation  de  la  teinte  générale 
de  l'atmosphère  aux  diverses  époques  de 
l'année 64 


GAIETTA. — Considérations  sur  la  cause  des 

étoiles  filantes  et  des  aérolithes 197 

—  Note  sur  les  apparences  lumineuses  des 

comètes 3 1 2 

—  Note  sur  un  projet  de  défense  militaire  de 

la  France;  —  Note  sur  le  rôle  que  joue 


(  I 

MM.  paçM. 
l'électricité  dans  certains  phénomènes  as- 
tronomiques       369 

GAIKTTA.  —Nouvelle  Note  sur  l'établisse- 
ment militaire  de  la  France,  et  notam- 
ment sur  des  modifications  proposées 
pour  l'artillerie  ;  — Projet  d'établissement 
maritime  pour  la  France \  \  5 

—  Considérations  sur  les  moyens  propres  à 

favoriser  l'extension  et  la  propagation  des 
sciences,  et  sur  certains  projets  d'utilité 
publique 671 

GA1GNEAU  réclame,  en  faveur  de  MM.  Slaite 
et  Pétrie ,  la  priorité  relativement  à  un 
procédé  pour  corriger  les  variations  d'in- 
tensité de  la  lumière  électrique 739 

GALINIER  est  présenté  par  la  Section  de 
Géographie  et  de  Navigation  comme  l'un 
des  candidats  pour  une  place  vacante  de 
Correspondant 64 

—  M.  Galinier  est  présenté  par  la  Section  de 

Géographie  et  de  Navigation  comme  l'un 
des  candidats  pour  la  place  de  Corres- 
pondant, vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  le  contre-amiral  Bérard 74° 

GALY-CAZALAT.  —  Nouvelle  machine  os- 
cillante, sans  piston  ni  soupapes,  mise 
en  mouvement  par  les  forces  combinées 
de  la  vapeur  et  des  gaz  engendrés  par  la 
combustion ,  ou  par  la  vapeur  et  l'air,  di- 
latés à  de  très-hautes  températures 38a 

GARNIER  (Ch.).  —Recherches  sur  les  rap- 
ports entre  le  poids  atomique  moyen  des 
corps  simples  et  leur  chaleur  spécifique..     278 

GASPARIN  (de)  fait  hommage  à  l'Académie 
d'un  exemplaire  du  second  volume  de  son 
«  Traité  d'Agriculture  » 222 

GASPARIS  (de).  —  Découverte  d'une  nou- 
velle planète  (  Lettre  à  M.  Arago  ) 478 

—  Une  médaille  de  la  fondation  de  Lalande 

est  décernée  à  M.  de  Gasparis  pour  cette 
découverte  (concours  de  i852) 873 

GAUDICHAUD  (Ch.).  —  Réponses  aux  ob- 
servations faites  dans  les  séances  du  3 1  mai 
et  du  21  juin ,  par  MM.  Ach.  Richard,  Ad. 
Brongniart  et  Ad.  de  Jussieu 69  et     1 53 

GAUTIER  (E.).  — Éléments  de  l'orbite  de  la 
comète  III,  1847,  découverte  par  M.  Mau- 
vais (communiqués  par  M. Le  Verrier). . .     948 

GAYOT. —  Mémoire  sur  la  production  des 

races  chevalines  de  demi-sang 793 

—  Une  mention    honorable  est   accordée    à 

M.  Gayot  pour  son  Atlas  statistique  de 
la  production  des  chevaux  en  France 
(concours  de  Statistique) 883 

GELIS  (A  ).  —  Note  sur  l'analyse  commer- 
ciale du  cyanure  de  potassium  (en  com- 
mun avec  M.  M.-J.  Fordos) 224 

GERARD.  —  Mémoire   sur   divers   procédés 

C.  R.,  1352,  2m«  Semestre.  (T.  XXXV.) 


OOI    ) 

MM.  P,g«. 
pour  le  travail  du  caoutchouc  et  la  fabri- 
cation du  sulfure  de  carbone 257 

GERHARDT.  —  Recherches  sur  les  combinai- 
sons de  l'acide  sulfuriqueavec  les  matiè- 
res organiques  (en  commun  avec  M.  G. 

Chancel  ) 690 

G1DEI.  et  Paillet  consultent  l'Académie 
pour  savoir  si  un  nouveau  système  de 
tuiles  en  fonte,  pour  lequel  ils  sont  bre- 
vetés ,  ne  rendrait  pas  les  bâtiments  qui 
en  seraient  couverts,  plus  exposés  à  la 
foudre  que  les  toitures  ordinaires 523 

.  GIOVANINI  (G.).  — Description  et  figurede 
trois  instruments  nouveaux  désignés  sous 
les  noms  de  trépan-scie ,  de  scie  ostéoto- 
mique  et  de  cuiller  ostéotomique 733 

GIRARD. — Note  sur  un  nouveau  procédé  d'é- 
tamage  du  fer  (communiquée  par  M.  Du- 
mas)         56 

GIRARD. — Remarques  concernant  des  in- 
sectes trouvés  sur  des  pommes  de  terre 
malades 335 

GIRARD  (L.-D.).  — Chemin  de  fer  hydrau- 
lique avec  distribution  d'eau  et  irriga- 
tions       217 

GOLDSCHMIDT  (Hembann)  —Nouvelle  pla- 
nète découverte  le  |5  novembre.     757  et     795 

—  Une  médaille  de  la  fondation  de  Lalande 
est  décernée  à  M.  Goldschmidt  pour  cette 
découverte 873 

GOODRICH,  consul  des  États-Unis  d'Amé- 
rique ,  demande ,  an  nom  d'un  de  ses  com- 
patriotes, des  renseignements  surunpré- 
tendu  prix  qu'aurait  proposé  l'Académie 
des  Sciences  pour  la  découverte  du  mou- 
vement perpétuel   610 

GOU1LLAUD  (H.-J.).- Note  sur  la  conduc- 
tibilité des  métaux  pour  la  chaleur 699 

GOUJON.  — Observations  faites  à  l'Observa- 
toire de  Paris,  les  18  et  20  novembre  1 852, 
d'une  planète  découverte,  le  i5  du  même 
mois,  par  M.  Hermann  Goldschmidt. .. .     757 

GOULIER.  —  Dépôt    d'un    paquet    cacheté 

(séance  du  19  juillet) io5 

GOURAUX  (A.).  — Mémoire  ayant  pour  ti- 
tre :  «  De  la  pentadactylie  chez  les  ani- 
maux domestiques  » 853 

GRAHAM  (A.).  —  Observations  faites  au 
grand  équatorial  de  l'observatoire  de 
M.  E.  Cooper,  à  Markree  (communi- 
quées par  M .  Le  Verrier) 258 

GDEliADD  et  Talbot.  —  Leur  «  Petite  géo- 
graphie de  la  Loire-Inférieure»  obtient 
une  mention  au  concours  pour  le  prix  de 
Statistique,  année  i852 293 

GUÉRIN-MÉNEVILLE  annonce,  de  Gênes, 
le  résultat  des  premières  observations 
qu'il  a  faites  en  Italie  sur  les  insectes  qui 

i3i 


(     1002    ) 


MM.  Page», 

attaquent  l'olive 104 

GUÉRIN-MÉNEVILLE.  — Observations  sur 
la  maladie  de  la  vigne,  faites  en  Pié- 
mont, en  Italie  et  dans  la  France  mé- 
ridionale        322 

—  Résultats  des  éducations  pour  l'acclimata- 
tion des  nouvelles  races  et  l'étude  des  vers 
à  soie,  faîtes,  en  i852,  à  la  magnanerie 
expérimentale  de  Sainte-Tulle  (en  com- 
mun avec  M.  Eug.  Robert) 264  et    292 

GUERY. —  Note  sur  une  masse  de  fer  météo- 
rique trouvée  près  d'Épinal,  le  7  juil- 
let i85i  ;  transmise  par  M.  Haxo,  secré- 
taire perpétuel  de  la  Société  d'émulation 
du  département  des  Vosges 289 

GU1BAL. —  Lettre  concernant  sa  machine  à 

défoncer 6o3 


MM.  Pages . 

GUILBAUD. —  Note  sur  un  moyen  destiné  à 
permettre  aux  jeunes  aveugles  de  pren- 
dre part  aux  travaux  de  la  typographie. . .     756 

GUY  ON .  — Sur  la  principale  cause  des  violen- 
tes douleurs  qui  existent  dans  l'ophthal- 
mie  purulente,  et  sur  un  moyen  propre  à 
les  faire  cesser  immédiatement 3o6 

—  Note  sur  un  calcaire  des  Portes-de-Fer  qui 

semble  avoir  des  rapports  avec  le  marbre 
numidique  des  anciens 3o8 

—  Procédé  pour  faire  cesser  les  crampes  des 

cholériques 402 

—  Sur  une  petite  phalène  dont   la   larve  a 

exercé  en  i852  des  ravages  sur  le  blé  et 
l'orge  dans  les  colonies  agricoles  des  en- 
virons de  Mostaganem 55g  et    738 


HALDAT  (de).  —  Note  ayant  pour  litre  : 
«  Examen  du  fantôme  magnétique  et  de 
ses  usages  » 126 

—  M.  de  Haldat  annonce  l'envoi  de  plusieurs 
exemplaires  d'un  ouvrage  sur  le  magné- 
tisme, qu'il  vientde  faire  paraître,  et  dans 
lequel  il  a  réuni  tout  ce  qu'il  avait  publié 
depuis  longtemps  sur  ce  sujet 747 

H  AMMAN.— Un  paquet  cacheté,  déposé  par 
lui  le  10  mars  et  ouvert  sur  sa  demande 
dans  la  séance  du  ie  octobre,  contient 
une  Note  concernant  un  appareil  destiné 
à  faire  ressortir  les  effets  de  la  fixité  du 
plan  de  rotation  dans  un  mouvement 
très-rapide 5a  1 

HANSEN.  —  Note  ayant  pour  titre  :  «  Nou- 
velle solution  du  problème  de  Kepler  » . .     746 

HÉBERT  (E.).  —  Note  sur  la  limite  qui  sé- 

parele  terrain  crétacé  du  terrain  tertiaire.     86a 

HENRY  (Ossian).  —A  l'occasion  d'un  Rap- 
port fait  dans  la  séance  du  1 1  octo- 
bre i852  sur  les  travaux  deM.  Chatin,  con- 
cernant la  présence  de  l'iode  dans  l'air, 
les  eaux  et  les  substances  alimentaires , 
M.  Ossian  Henry  adresse  une  réclamation 
de  priorité  fondée  sur  la  publication, 
qu'il  a  faite  en  1844,  de  travaux  exécutés 
déjà  depuis  deux  ans  et  qui  établissaient 
la  présence  de  l'iode  dans  diverses  eaux 
minérales 833 


HERM1TE.  —  Note  sur  l'extension  du  théo- 
rème de  M.  Sturm  à  un  système  d'équa- 
tions simultanées 52 

HIND.— Découverte  d'une  nouvelle  planète 
dans  la  soirée  du  22  août  (communiquée 
par  M .  Arago  ) ...     3o8 

—  Lettre  à  M.  Le  Verrier,  annonçant  la  décou- 

verte, faite  le   18  novembre  i85a,  d'une 
autre  planète 758 

—  Une  médaille  de  la  fondation  de  Lalande 

est  décernée  à  M.  Hind  pour  sa  découverte 

de  nouvelles  planètes  (concours  de  1 852  ).     873 

—  Nouvelle  planète  découverte  par  lui ,  le 

i5  décembre  i85a;  Lettre  à  M.  Ârago...     g4o 

H1RSCHFELD  (L.).—  Une  récompense  est 
accordée  à  M.  Hirschfeld  pour  son  travail 
sur  l'anatomie  du  système  nerveux  (  con- 
cours de  Médecine  et  de  Chirurgie  ).....      901 

HOFMANN .  —Sur  la  présence  de  la  triméthy- 
lamine  dans  le  jus  extractif  des  harengs 
salés 62 

HOUSEZ .  —  Considérations  sur  des  rapports 
que  l'auteur  suppose  exister  entre  le  nom- 
bre de  certains  astres  errants  et  celui  qui 
exprime  les  intervalles  des  sons  musi- 
caux      962 

HULOT  présente  une  reproduction  galvano- 

plastique  d'une  planche  gravée  au  burin..     867 


INSTITUTION  SMITHSONIENNE(l'),  eu 

adressant  une  nouvelle  série  de  ses  publi- 


cations et  divers  autres  travaux  de  Socié- 
tés scientifiques  américaines,  exprime  le 


(  ioo3  ) 


MM.  Pages. 

désir  d'être  comprise  dans  le  nombre  des 
établissements  auxquels  l'Académie  fait 


don  de  ses  publications . 


Page.. 


JACOB  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  com- 
prendre dans  le  nombre  des  ouvrages  ad- 
mis à  concourir  pour  les  prix  de  la  fonda- 
tion Montyon ,  le  troisième  et  dernier 
volume  du  «  Traité  complet  de  l'anatomie 
de  l'homme  »,  qu'il  a  publié  de  concert 
avec  feu  M.  Bourgery 1 5o 

—  Une  récompense  est  accordée  à  M.  Jacob 

et  à  feu  M.  Bourgery,  pour  cette  dernière 
partie  de  leur  Traité  d'anatomie  (  concours 
de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  i85a). . .     901 

JACQUEMART.  —  Note  sur  le  danger  qu'il 
y  aurait  à  transformer  en  sels  fixes,  le 
sous-carbonate  d'ammoniaque  contenu 
dans  les  engrais 7a5 

JAMIN  (Célestin)  prie  l'Académie  de  vouloir 
bien  se  prononcer  sur  la  valeur  d'appa- 
reils hydrauliques  de  son  invention. ..    .     i5o 

JAMIN  (J.).  —  Mémoire  sur  les  anneaux  co- 
lorés        i4 

JOLY  (  N  ). — Nouvelles  expériences  tendant  à 
réfuter  les  opinions  concernant  l'existence 
d'une  circulation  péritrachéenne  chez  les 
insectes i33 

—  Études   d'anatomie  philosophique  sur  la 

main  et  le  pied  de  l'homme  et  sur  les  ex- 
trémités des  Mammifères,  ramenées  au 
type  pentadactyle  (  en  commun  avec  M.  A. 
Lavocat  ) 388 

—  Examen  de  la  graisse  et  des  concrétions 

trouvées  dans  le  corps  d'un  éléphant  fe- 
melle (en  commun  avec  M.  E.  Filhol)..     3o3 

JOMARD  fait  hommage  à  l'Académie  d'un 

exemplaire  de  son  Eloge  de  Conté 548 

JONES  (Bence).  — Dépôt  d'un  paquet  ca- 
cheté (séance  du  26  juillet) i5o 


JONQUIÈRES(E.  de).  —Étoiles  filantes  dans 
la  nuit  du  9  au  10  août  i85a  (Lettre  à 
M.  Arago) 367 

JOSAT  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  ad- 
mettre au  concours  pour  les  prix  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie,  son  Mémoire  sur 
les  morts  apparentes  et  les  inhumations.     36o 

—  Un  encouragement  est  accordé  à  M.  Josat 

pour  son  travail  relatif  aux  maisons  mor- 
tuaires de  l'Allemagne  (concours  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie  de  i85a) 914 

JOURNET.  —  Mémoire  sur  un  système  de 
ventilation  destiné  aux  théâtres  et  lieux 
de  réunions  nombreuses.  —  Mémoire  sur 
un  appareil  de  percussion  pour  entamer 
les  roches  dans  le  creusement  des  tun- 
nels       525 

JUBINAL  (A.),  député  de  l'arrondissement 
de  Bagnères-de-Bigorre,  prie  l'Académie 
de  vouloir  bien  comprendre  la  biblio- 
thèque de  cette  ville  dans  le  nombre  des 
établissements  auxquels  elle  fait  don  de 
ses  publications 224 

JULLIEN.  —  Recherches  sur  le  fer  (troisième 
partie  :  Cémentation  de  la  fonte  dans  les 
oxydes  métalliques  ) 20 

JUSSIEU  (de).  —  Instructions  pour  une  ex- 
pédition scientifique  qui  doit  se  faire  dans 
l'Amérique  du  Sud  sous  la  direction  de 
M.  Emile  Deville.  (Partie  botanique.). .       87 

—  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Parlatore, 

ayant  pour  titre  :  «  Sur  le  papyrus  des 
anciens  et  sur  le  papyrus  de  Sicile  ) 211 


K 


KRAFFT  (L.).  —  Dépôt  d'un  paquet  cacheté 
(en  commun  avec  M.  N.-B.  Delahaye) 
(séance du  S  juillet), 

—  Note  sur  la  soude  hvdrosilicatée  rencon- 


35 


trée  cimentant  un  amas  bréebiforme  dans 
les  sables  deSablonville(en  communavec 

M.  N.-B.  Delahaye) i43 

KRAFT,  écrit  par  erreur  pour  Krafft  (L.). . .       35 


LA1GNEL  communique  les  résultats  qu'il  a 
obtenus  dans   des   expériences  compara- 


tives sur  les  locomotives  construites  d'a- 
près le  svstème  ordinaire,  et  celles   qui 

i3i.. 


(   ioo4  ) 


M  t' .  Pages. 

sont  construites  d'après  le  système  modi- 
fié par  lui 228 

—  M.  Laignel  soumet  au  jugement  de  l'Aca- 

démie une  Note  sur  une  modification 
qu'il  propose  pour  les  rails  des  chemins 
de  fer 794 

LALANDE  (de).  —  Détails  sur  le  cas  de  fou- 
dre observé  à  la  station  de  Beuzeville; 
Lettre  en  réponse  à  une  demande  adressée 
par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels 24 

LAMARLE.  —  Réclamation  de  priorité  re- 
lativement aux  dernières  expériences  de 
M.  Léon  Foucault,  concernant  la  démons- 
tration du  mouvement  de  la  Terre 574 

—  Note  ayant   pour  titre  :  «  Résumé  général 

présentant  les  bases  du  calcul  relatif  aux 
effets  que  la  rotation  de  la  Terre  produit 
sur  le  mouvement  gyratoiredes  corps  en- 
traînés » 689 

LAMÉ.  —  Note  sur  la  théorie  de   l'élasticité 

des  corps  solides 4^9 

—  Réponse  à  des  remarques  faites  par  M.  Cau- 

chy  à  l'occasion  de  cette  communication.     Ifii 

—  M.  Lamé  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission chargée  de  l'examen  des  pièces 
adressées  au  concours  pour  le  grand  prix 
des  Sciences  mathématiques  de  l'an- 
née i85a 5i8 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  proposer 

une  question  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  mathématiques  de  i854 lbid. 

LANDES. — Note  sur   la   vision.  Note  sur 

la  forme  et  les  couleurs  des  corps.  64  et     io3 

LAQUERN  DE  KERTHOMAN.—  Tables  des- 
tinées à  l'usage  des  employés  des  douanes, 
et  qui  donnent,  dans  un  cadre  restreint, 
17  000  multiples  du  nombre  34. . .    35 

LAROCQUE.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une 
communication  de  M.  Ed.  Robiquet ,  sur 
la  fermentation  gallique 221 

LAUGIER.  — Dans  la  séance  annuelle  du  20 
décembre  i852  ,  des  fragments  de  la  bio- 
graphie de  Gay-Lussac  sont  lus  par 
M.  Laugier,  au  nom  de  M.  Arago,  Secré- 
taire perpétuel  pour  les  Sciences  mathé- 
matiques, qui  n'a  pu ,  pour  cause  de  ma- 
ladie, assister  à  cette  séance 927 

LAUGIER.— Nouveau  traitement  de  l'ostéite.     83i 

LAUNOY. —  Observations  météorologiques, 
faites  pendant  une  ascension  aérostatique 
exécutée  le  2  décembre  18Î2 856 

LAURENT.— Recherches  sur  la  construction  et 
les  avantages  que  présenteront  des  instru- 
ments amplifiants  à  deux  grossissements.     102 

LAURENT  (  Ace).  —  Sur  les   tannins  et  les 

glucosamides 161 

—  Sur  la  résine  de  jalap  et  sur  l'éther  succi- 

nique  perchloré 3;g 


MM.  pHCi_ 

LAURENT  (  Acg.).— Sur  les  combinaisons  uri- 

ques,  chlorosulfaliques  et percarboniques.    629 

—  Sur  les  transformations  que  la  chaleur  fait 

éprouver  à  l'acide  tartrique 74a 

LAURENT  (A.).  —Recherches  sur  l'intégra- 
tion de  certaines  équations  linéaires  aux 
différences  partielles  à  coefficients  con- 
stants ;  etc 942 

LAVOCAT  (A.).  —  Observations  sur  les 
rayons  osseux  supérieurs  des  membres 
thoraciques  dans  quelques  Mammifères..      5g 

—  Etudes  d'anatomie  philosophique  sur  la 

main  et  le  pied  de  l'homme,  et  sur  les 
extrémités  des  Mammifères,  ramenées  au 
type  pentadactyle  (en  commun  avec  M.  N. 
loly) 3S8 

—  Lettre  relative  à  cette  communication  et 

à   une  réclamation  de  priorité  qu'elle   a 
soulevée  de  la   part  de  M.  de  Christol..     739 
LEBER.  —  Résumé   d'un   Mémoire  sur   les 
kystes  dermoïdes  et  sur  l'hétérotopie  plas- 
tique      715 

—  Une  récompense  est  accordée  à  M.  Leber 

pour  son  Traité  pratique  des  maladies 

cancéreuses 904 

LECANU.  —  Recherches  d'hématologie  :  ori- 
gine de  la  fibrine;  —  moyen  de  débarras- 
ser les  globules  du  liquide  séreux  qui  les 
tient  en  suspension  dans  le  sang  vivant; 
—  analyse  des  globules  sanguins 11 

—  Nouvelles  études  chimiques  sur  le  sang. 

(  Rapport   sur  ce  Mémoire  ;  Rapporteur 

M.  Thenard.) 207  et     273 

LECOINTE.  —  Une  récompense  est  accordée 
à  MM.  Lecointe ,  A.  Duméril  et  Demar- 
quay,  pour  leurs  expériences  concernant 
les  modifications  imprimées  à  la  tempé- 
rature animale  par  l'introduction  des 
médicaments  dans  l'économie  (concours 
de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  i852  ) . . .    902 

LECOUR.  — Sur  les  bons  résultats  qu'on  peut 
obtenir  du  chaulage,  pour  la  conservation 
des  pommes  de  terre 477 

LECOY.  —  Sur  les  moyens  à  prendre  pour 
faire  adoptera  tous  les  peuples  de  la  Terre 
un  même  calendrier 44^ 

LEFORT  (J.).  —Etudes  sur  les  huiles  grasses 

végétales 7^4 

LEGRAND  transmet,  comme  pièce  à  l'appui 
de  ses  précédentes  communications  sur 
l'ablation  des  tumeurs  au  moyen  de  la 
cautérisation  linéaire,  une  observation 
de  MM.  Lagger  et  Deslongchamps,  con- 
cernant l'ablation  de  deux  loupes  très-vo- 
lumineuses pratiquée  avec  succès  par  celte 
méthode j32 

LEGROS,  en  adressant  divers  opuscules  sur 
la  photographie,  prie  l'Académie  de  vou- 


(  1 

MM.  Pages, 

loir  bien  se  prononcer  sur  l'efficacité  de 
ses  procédés 335 

LEMAISTRE,  d'Aboville,  annonce  qu'en 
examinant  de  nouveau  les  papiers  que  lui 
a  laissés  son  oncle,  feu  le  P.  Cotte,  il  en  a 
trouvé  plusieurs  qui  lui  semblent  de  na- 
ture à  intéresser  l'Académie,  et  qu'il  lui 
adressera  si  elle  en  témoigne  le  désir.. .     228 

—  Lettre  accompagnant  l'envoi  de  ces  ma- 

nuscrits      478 

LERICHE.  —  Description  et  figure  d'un  in- 
strument destiné  à  l'exploration  de  l'uté- 
rus ,  le  <t  spéculophore  * 257 

LESAUVAGE.  —  Recherches  sur  les  polyge- 

nèses  monovariennes ?3o 

LESECA  demande  et  obtient  l'autorisation 
de  reprendre  un  Mémoire  précédemment 
présenté  sur  une  méridienne  portative  et 
sur  d'autres  instruments  du  même  genre.     44~> 

L'ESPEE  (de).  —  Renseignement  sur  un 
coup  de  foudre  extraordinaire  observé, 
le  1  ;  mai  i85a,  à  la  station  de  Beuzeville 
(chemin  de  fer  de  Rouen  au  Havre); 
Lettre  à  M.  Pouillet 4°° 

LETELLIER.  —  Sur  l'emploi  des  ballons  cap- 
tifs comme  moyen  de  détourner  les 
orages 22 

LETELLIER  adresse,  à  l'occasion  dediverses 
communications  sur  la  composition  du 
sang,  une  réclamation  de  priorité  appuyée 
sur  un  Mémoire  qu'il  a  précédemment 
présenté 1  o3 

—  Observations  concernant  la  maladie  de  la 

vigne 47^ 

LE  VERRIER. — Ascensions  droites  relatives 
des  36  étoiles  fondamentales,  déduites  des 
observations  faites  à  l'observatoire  royal 
deGreenwich,  depuis  1750  jusqu'en  1762, 
et  depuis  i836  jusqu'en  i85o 8i5 

—  Remarques  à  l'occasion  d'un  passage  de  la 

biographie  de  Gay-Lussac,  par  M.  Arago, 
lu  dans  la  séance  annuelle  du  20  dé- 
cembre      92g 

—  M.  te  Verrier  communique  des  observa- 

tions faites  par  M .  A.  Graham,  au  grand 
équatorial  de  l'observatoire  de  Markree. .     258 

—  M.  Le  Verrier  communique  l'extrait  d'une 

Lettre  de  M.  IJind  qui  lui  annonce  avoir 
découvert ,  le  16  novembre  i852 ,  une 
nouvelle  planète.  —  A  l'occasion  d'une 
autre  nouvelle  planète  découverte  à  Paris 
par  M.  Goldschmidt,  M.  Le  Verrier  com- 
munique quelques  détails  qu'il  a  refus  de 
M.  Goldschmidt  lui-même ;58 

—  M.  Le  Verrier  donne,   dans  la  séance  du 

ao  novembre,  communication  d'une  Let- 
tre de  M.  Goldschmidt,  en  date  du  18  de 
ce  mois,   et    relative   aux  observations 


oo5  ) 

MM.  P>gcl. 

qu'il  a  faites  de  sa  nouvelle  planète,  les 
i5,  16  et  17 795 

—  M.  Le  Verrier  communique  une  Note  de 
M.  Gautier,  contenant  les  éléments  de 
l'orbite  de  la  comète  découverte  le  4, juil- 
let 1847 ,  par  M.  Mauvais 948 

LEVOL.  —  Sur  le  moyen  de  séparer  pur,  de 
l'argent  à  l'état  de  fusion,  l'oxygène  qu'il 
a  absorbé  au  contact  de  l'air 63 

LE WY .  —  Mémoire  sur  la  composition  de  l'air 
confiné  dans  la  terre  végétale  (en  commun 
avec  M.  Boussingault  ) 765 

LIAIS  (Em.).  —  Résultats  des  observations 
météorologiques  faites  à  Cherbourg  pen- 
dant les  années  1848,  1849,  i85o  et  i85i.    349 

—  Description  d'un  orage ,  accompagné  de 
circonstances  remarquables,  qui  a  eu  lieu 
à  Cherbourg  dans  la  nuit  du  1 1  au  12  juil- 
let i852 Ibid. 

—  Note  sur  deux  modifications  de  la  pile  de 
Bunsen,  dont  l'une  augmente  la  conduc- 
tibilité intérieure,  et  l'autre  la  tension 
(en  commun  avec  M.  Fleurf") 802 

LIAUTAUD.  —  Note  sur  l'acclimatation  et  la 

culture  du  thé  en  Algérie 7^3 

LIOUVILLE  entretient  l'Académie  de  quel- 
ques points  d'analyse  concernant  les  fonc- 
tions gamma  de  Legendre 3  j  7 

—  M.  Liouville  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  l'examen  des  pièces 
adressées  au  concours  pour  le  grand  prix 
des  Sciences  mathématiques  de  l'an- 
née i852 5(8 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  proposer 
une  question  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  mathématiques  de  i854 5i8 

LIOUVILLE  (Ernest).  —  Observations  faites 
à  l'Observatoire  de  Paris,  les  18  et  20  no- 
vembre ,  d'une  planète  découverte  le  1 5  du 
même  mois,  par  M.  Hermann  Gold- 
schmidt      757 

LOEVVEL  (L.)-—  Notes  additionnelles  à  son 
troisième  Mémoire  sur  la  sursaturation 
des  dissolutions  salines 21g 

LOIR  (A.).  —  Note  sur  l'acide  camphomé- 

thylique 3a8 

LOTT1N  (V.)  est  présenté  par  la  Section  de 
Géographie  et  de  Navigation  comme  l'un 
des  candidats  pour  une  place  vacante 
de  Correspondant . .       64 

—  M.  Lottin  est  présenté  par  la  Section  de 
Géographie  et  de  Navigation  comme  l'un 
des  candidats  pour  la  place  de  Correspon- 
dant, vacante  par  suite  du  décès  de  M.  le 
contre-amiral  Bèrard 740 

—  M.  Lottin  est  nommé  Correspondant  de 
l'Académie  pour  la  Section  de  Géographie 
et  de  Navigation 747 


(  ioo6  ) 


MM.  Pages. 

—  M.  Lottin  adresse  ses  remereîments  à  l'A- 
cadémie      794 

LUTHER.  —  Une  médaille  de  la  fondation  de 


MM.  P.ges. 

Irlande  est  décernée  à  M.  Luther  pour  sa 
découverte  d'une  nouvelle  planète  (con- 
cours de  i85a).. 873 


M 


MAH1ER.  —  Mémoire  sur  l'hygiène  des  ou- 
vriers qui  travaillent  les  coquilles  de 
nacre  de  perle  (en  commun  avec  M.  A. 
Chevallier) 3g8 

MAILLE  demande  et  obtient  l'autorisation  de 
reprendre  un  Mémoire  sur  les  hydromé- 
téores, présenté  par  lui  en  1848,  et  qui 
n'a  pas  été  l'objet  d'un  Rapport 8o3 

MAIRE  DE  LA  VILLE  DE  REIMS  (le) 
prie  l'Académie  de  vouloir  bien  com- 
prendre la  bibliothèque  de  cette  ville 
dans  le  nombre  des  établissements  aux- 
quels elle  accorde  ses  publications 369 

—  Lettre  de  remereîments  à  l'Académie  qui  a 

accordé  cette  demande 690 

M  A1SSIAT.  —  Nouvelle  Lettre  concernant  sa 
réclamation  de  priorité  pour  les  procédés 
employés  pour  l'analyse  de  l'air 3i 

MALAGUTI.  —  Faits  relatifs  à  l'action  réci- 
proque des  sels  solubles 945 

MANEC.  —  Une  récompense  est  accordée  à 
M.  Manec  pour  son  traitement  local  du 
cancer  par  la  pâte  arsenicale  (  concours  de 
Médecine  et  deChirurgie  de  i85a) 910 

MANNEVILLE.  —  Lettre  concernant  un 
système  d'appareils  pour  la  fabrication 
de  tonneaux  parfaitement  réguliers  et 
d'une  capacité  aisément  déterminable...     477 

MARCHAND.  —  Nouvelle  réclamation  de 
priorité  élevée  à  l'occasion  d'un  Mémoire 
de  M.  Banni,  sur  la  composition  chimique 
des  eaux  de  pluie 18 

—  Des  eaux  potables  et  de  leur  influence  sur 

le  développement  du  goitre  et  du  créli- 
nisme.  (Rapport  sur  ce  Mémoire;  Rappor- 
teur M.  Busyr.  ) 5i2 

—  Un   Mémoire  de  M.  Marchand,  intitulé  : 

«  Des  eaux  en  général,  et  en  particulier 
des  eaux  employées  dans  les  deux  arron- 
dissements du  Havre  et  d'Yvetot»,  est 
considéré  par  la  Commission  de  Stati- 
stique, comme  n'appartenant  pas  à  la  ca- 
tégorie des  travaux   sur  lesquels  elle  est 

appelée  à  se  prononcer Soi 

MARSHAL-H  ALL .  —  Note  ayant  pour  titre  : 

«  Epilepsie  traitée  par  la  trachéotomie  ».     57 1 

—  Physiologie  de  l'épilepsie  et  de  l'apoplexie 

d'origine  inorganique 781 

MARTIN  (A.).  — Méthode  pour  obtenir,  en 
photographie,  des  épreuves  positives,  di- 


rectes ,  sur  glace 29 

MATHIEU.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  ayant 
pour  titre  :  «  Essai  sur  l'application  du 
système  métrique  à  la  tonnellerie  »  ;  par 
M.  Fournerie 20 1 

—  M.   Mathieu,  au  nom  de  la   Commission 

de  Statistique,  demande  l'adjonction  de 
deux  nouveaux  Membres  à  raison  de 
l'absence  prolongée  de  quelques-uns  des 
Membres  primitivement  nommés 822 

MATHIEU  (Charles).—  Observations  faites 
à  l'Observatoire  de  Paris,  les  18  et  20  no- 
vembre i85a,  d'une  planète  découverte  le 
i5  du  même  mois,  par  M.  Hermann  Gold- 
schmidt 7  J7 

MAUMENÉ.  —  Note  sur  l'analyse  des  huiles 

au  moyen  de  l'acide  sulfurique 572 

MAURIN.  —  Procédé  pour  conserver  les  cham- 
pignons destinés  aux  Collections  botani- 
ques, ou  à  des  recherches  d'organographie.     868 

MAUVAIS.  —  Note  sur  une  périodicité  an- 
nuelle observée  dans  les  collimations  du 
cercle  mural  de  Fortin  à  l'Observatoire 
de  Paris 7" 

—  Note  sur  les  moyens  d'atténuer  les  vibra- 

tions produites  à  la  surface  du  mercure 
dans  le  voisinage  des  routes,  des  chemins 
de  fer  et  des  usines ,  dans  le  but  de  facili- 
ter les  observations  astronomiques  (en 
commun  avec  M.  Seguin) 5o3 

—  Note  sur  la  disposition  la  plus  favorable  à 

donner  aux  appareils  destinés  a  atténuer 
les  vibrations  de  la  surface  du  mercure, 
et  sur  les  moyens  d'approprier  ces  appa- 
reils à  l'usage  des  instruments  méridiens.     713 

—  M.   Mauvais   communique    une    Noie  de 

M.  G.  Rumker,  contenant  les  éléments 
elliptiques  des  deux  planètes  découvertes 
par  M.  de  Gasparis  et  par  M.  Chacornac , 
avec  les  éphémérides  des  positions  appa- 
rentes pour  le  mois  de  décembre  i852. . .     8.^7 

MAX-DUNESME.  —  Mémoire  sur  les  déve- 
loppées des  courbes  planes 5 1 8 

MAZADE.—  Nouveau  Mémoire  sur  l'analyse 
chimique  des  eaux  minérales  de  Neyrac 
(Ardèche) 258 

—  Recherches  sur  la  maladie  des  pommes  de 

terre 802 

—  Découverte  de  l'acide  rhodanhydrique  dans 

une  ammoniaque  du  commerce 80.) 


(  I 

MM.  Page». 

MELLONI.  —  Expériences  sur  le  rayonnement 

solaire 1 65 

MERCIER  (Abc).  —  Note  sur  un  nouveau 
traitement  des  rétentions  d'urine  chez  les 
hommes  âgés 397 

MERET.  —  Note  sur  les  résultats  de  la  décor- 
tication  d'une  partie  du  tronc  pratiquée 
sur  un  pommier  infesté  du  puceron  lani- 
gère.— Note  sur  les  différences  de  lumièro 
des  diverses  parties  du  disque  solaire. . . .     229 

MEUNIER  (Al.).—  Double  cas  de  foudre  en 
boule  observé  dans  un  très-court  espace 
de  temps  (Paris,  juin  i85">) up 

MEY  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  faire 
examiner  par  une  Commission  un  petit 
appareil  destiné  à  faciliter  l'audition ,  in- 
venté par  M.  Robinson 21 

MEYRAC  avait  mentionné  la  présence  de 
l'iode  dans  diverses  Oscillariées  des  eaux 
thermales  de  Dax.  (Rapport  de  M.  Bussy 
sur  diverses  communications  relatives  à 
la  recherche  de  l'iode.) 5i2 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  (le)  accuse 
réception  de  la  Lettre  qui  lui  annonçait 
qu'à  l'avenir  les  Comptes  rendus  des  séan- 
ces de  l'Académie  seraient  adressés  cha- 
que semaine  à  son  Ministère.  M.  le  Mi- 
nistre prie  MM.  les  Secrétaires  perpétuels 
de  transmettre  à  l'Académie  l'expression 
de  ses  remerciments 62 

MINISTRE  DE  LA  JUSTICE  (le)  remercie 
l'Académie  de  la  décision  qu'elle  a  prise, 
concernant  l'envoi  régulier  des  numéros 
des  Comptes  rendus  hebdomadaires  au  Mi- 
nistère placé  sous  sa  direction io3 

MINISTRE  DE  LA  MARINE  ET  DES  CO- 
LONIES (le)  accuse  réception  d'une  co- 
pie du  Rapport  fait  à  l'Académie  sur  les 
procédés  de  panification  inventés  par 
M.  Rolland,  et  témoigne  l'importance 
qu'il  attache  à  la  communication  de  ce 
document 142 

MINISTRE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE 
(le)  remercie  l'Académie  de  la  décision 
qu'elle  a  prise,  concernant  l'envoi  régu- 
lier des  numéros  des  Comptes  rendus  heb- 
domadaires au  Ministère  placé  sous  sa 
direction 1  \  1 

MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLI- 
QUE (le)  transmet  une  ampliation  du  dé- 
cret du  Président  de  la  République  qui 
confirme  la  nomination  de  M.  Bienaymè  à 
la  place  d'Académicien  libre,  vacante  par 
suite  du  décès  de  M.  le  maréchal  Mar- 
mont,  duc  de  Raguse 37 

—  M.  le  Ministre  remercie  l'Académie  de  la 
décision  qu'elle  a  prise,  concernant  l'en- 
voi régulierdesnumérosdes  Comptes  rendus 


OO7    ) 

MM. 


Pages 


hebdomadaires  au  Ministère  placé  sous  sa 
direction 108 

—  M.  le  Ministre  accuse  réception  d'une  am- 

pliation du  Rapport  fait  à  l'Académie  sur 
les  appareils  de  panification  de  M.  Rol- 
land, et  témoigne  l'importance  qu'il  atta- 
che à  la  communication  de  ce  document.     191 

—  M.  le  Ministre  annonce  que  la  distribution 

des  prix  du  concours  général  entre  les  ly- 
cées et  collèges  de  Paris  et  de  Versailles 
aura  lieu  le  12  août,  et  que  des  places  se- 
ront réservées  pour  MM.  les  Membres  de 
l'Académie 222 

—  M.  le  Ministre  accuse  réception  d'une  dou- 

ble copie  des  Instructions  qui  avaient  été, 
sur  sa  demande,  préparées  par  l'Acadé- 
mie pour  le  voyage  de  M.JSmile  Deville 
dans  l'Amérique  du  Sud 258 

—  M.  le  Ministre  transmet  une  nouvelle  copie 

d'un  Mémoire  manuscrit  de  M.  Casaseca, 
concernant  les  moyens  propres  à  former 
des  chimistes  pratiques 794 

—  M.  le  Ministre  annonce  qu'il    accepte  les 

propositions  que  lui  avait  faites  l'Aca- 
démie touchant  les  moyens  d'augmenter 
la  valeur  intrinsèque  des  médailles  des- 
tinées aux  astronomes  qui,  en  i852,  ont 

découvert  de  nouvelles  planètes 945 

M1NISTREDE  L'INTÉRIEUR,  DE  L'AGRI- 
CULTURE ET  DU  COM31ERCE  (le) 
remercie  l'Académie  de  la  décision  qu'elle 
a  prise  concernant  l'envoi  régulier  des  nu- 
méros des  Comptes  rendus  hebdomadaires 
au  Ministère  placé  sous  sa  direction 142 

—  M.    le  Ministre,  en  transmettant  un  Mé- 

moire de  M.  Fournerie  sur  la  tonnellerie 
métrique,  exprime  le  désir  deconnaitre  le 
jugement  de  l'Académie  sur  ce  travail. . .     jgy 

—  M.  le  Jftni'ifretransmet  la  copied'une  Lettre 

sur  les  causes  des  épidémies,  Lettre  dont 
l'original  avait  été  adressé  directement  à 
l'Académie  par  l'auteur,  M.  Buisson 478 

—  M.  le  Ministre  annonce  que  l'Administra- 

tion se  propose  de  donner  prochainement 
une  grande  extension  aux  lignes  de  télé- 
graphie électrique,  et  invite  l'Académie  à 
charger  une  Commission  de  se  prononcer 
entre  les  divers  systèmes  mis  en  essai  jus- 
qu'à ce  jour 757 

—  M.  le  Ministre  adresse,  pour  la  bibliothèque 

de  l'Institut,  un  exemplaire  du  LXXVIe 
volume  des  Brevets  d'invention  pris  sous 
l'empire  de  la  loi  de  1791,  et  un  exemplaire 
du  VIIe  volume  des  Brevets  pris  sous  l'em- 
pire de  la  loi  de  1 844 62 

—  M.  le  Ministre  adresse,  pour  la  bibliothè- 

que de   l'Académie,   le  1er  volume  de 

«  l'Annuaire  des  eaux  de  la  France». ...     142 


(  1 

MM..  Psges. 

—  M.  le  Ministre  adresse,  pour  la  bibliothèque 

de  l'Institut,  un  exemplaire  du  VIIIe  vo- 
lume des  Brevets  d'invention  pris  sous 
l'empire  de  la  loi  de  1844 47^ 

—  M.  le  Ministre  adresse ,  pour  la  bibliothèque 

de  l'Institut,  un  exemplaire  du  IXe  vo- 
lume des  Brevets  d'invention  pris  sous 
l'empire  de  la  loi  de  iS4'i 794 

—  M.  le  Ministre  adresse ,  pourlabibliothèque 

de  l'Institut,  un  exemplaire  du  LXXVlIe 
volume  des  Brevets  d'invention  pris  sous 
l'empire  de  la  loi  de  1791 94S 

—  M.  le  Ministre  adresse,  pourlabibliothèque 

de  l'Institut,  un  exemplaire  du  Rapport 
fait  au  conseil  général  d'hygiène  de  la 
Gironde ,  sur  l'épidémie  de  choléra  qui  a 

régné  dans  ce  département  en  1849 834 

MINISTRE  DES  AFFAIRES  ÉTRANGÈ- 
RES (  le  )  remercie  l'Académie  de  la  déci- 
sion qu'elle  a  prise ,  concernant  l'envoi 
régulier  des  numéros  des  Comptes  rendus 
hebdomadaires  au  Ministère  placé  sous  sa 
direction io3 

—  M.    le  Ministre   transmet    une    Note    do 

M.  Rati-Menton,  concernant  un  signe  au- 
quel on  doit  reconnaître  l'approche  des 
tremblements  de  terre 839 

MINISTRE  DES  FINANCES  (le)  adresse 
également  ses  remerciments  à  l'Académie 
pour  la  décision  qu'elle  a  prise ,  concer- 
nant l'envoi  régulier  des  numéros  des 
Comptes  rendus  hebdomadaires  au  Minis- 
tère placé  sous  sa  direction 61 

MINISTRE  D'ÉTAT  (le)  transmet  un  Mé- 
moire de  M.  Zaliwski,  sur  les  phénomè- 
nes de  la  gravitation  universelle  considé- 
rés comme  dus  à  l'action  des  forces  élec- 
triques        g5 

—  M.  le  Ministre  remercie  l'Académie  de  lui 

avoir  fait  connaître  la  décision  en  vertu  de 
laquelle  un  exemplaire  des  Comptes  ren- 
dus hebdomadaires  sera  envoyé  régulière- 
ment an  Ministère  placé  sous  sadirection.     191 


0O8    ) 


MM.  Pag„. 

—  M.  le  Ministre  transmet   diverses  pièces 

manuscrites  et  imprimées  concernant  des 
projets  d'application  de  la  force  électrique 
à  l'industrie ,  projets  sur  lesquels  l'au- 
teur, M.  Chamolle,  désire  obtenir  le  juge- 
ment de  l'Académie 4Q7 

MITSCHERL1CH ,  nommé  récemment  à  une 
place  d'Associé  étranger,  adresse  ses  re- 
merciments a  l'Académie io3  et     14 > 

MONNERET.  —  Mémoire  ayant  pour  titre  : 
«  Des  formes  que  prend  la  fibrine  dans 
les  inflammations  » 99 

MONTAGNE.— Sur  un  parasite  qui  se  déve- 
loppe, dans  des  circonstances  exception- 
nelles, à  la  surface  de  certaines  substances 
alimentaires  et  les  fait  paraître  comme 
couvertes  de  sang i45 

—  M.  Montagne  est  présenté  par  la  Section  de 

Botanique  comme  l'un  des  candidats  pour 
la  place  devenue  vacante  par  le  décès  de 
M.  Richard 96* 

MORAND  (Jos.). — Mémoire  ayant  pour  titre: 
«  Principes  du  calcul  différentiel  et  du 
calcul  intégral  rigoureusement  démontrés 
par  la  simple  géométrie  et  par  l'algèbre».    79'i 

MORIDE  (  Ed.  ).  —  De  l'analyse  qualitative  et 
quantitative  de  l'iode ,  et  de  sa  séparation 
du  brome  et  du  chlore  au  moyen  de  la 
benzine  et  de  l'azotate  d'argent 789 

MORIN. — Remarques  à  l'occasion  d'une  com- 
munication de  M.  Allain,  sur  une  boussole 
de  contrôle  des  compas  de  route  d'un  bâ- 
timent  , 190 

—  M.  Morin  annonce  qu'il  est  parvenu  à  se 

procurer  un  portrait  authentique  de  Cou- 
lomb, et  qu'il  le  mettra  à  la  disposition 
de  l'Académie  si  elle  juge  convenable  d'en 
faire  faire  une  copie  pour  la  joindre  à  la 
série  de    portraits   de    savants    illustres 

qu'elle  possède  déjà 673 

MOORIÈS.—  Du  phosphate  de  chaux  dans  ses 
rapports  avec  la  nutrition  des  animaux  et 
la  mortalité  des  enfants.    141 


NASCIO  (Enrico).— Note  sur  la  formation  des 

éphémérides  1  uni-sol  a  ires  moyennes 35 

—  Nouvelles    communications    relatives   au 

même  sujet 6o5 ,  67 1 ,  760  et    962 

NIEPCE. —  Un  encouragement  est  accordé  à 
M.  Niepce  pour  ses  recherches  concernant 
le  crétinisme  (concours  de  Médecine  et  de 
Chirurgie  de  i852) gi3 

—  Recherches  de  l'iode  dans  l'air,  les  eaux  et 

les  produits  alimentaires  des  Alpes  de  la 


France.  (Rapport  sur  ce  travail  ;  Rappor- 
teur M .  flusy .  ) 5i6 

NIEPCE  DE  SAINT-VICTOR.  —  Mémoire 

sur  l'héliochromie 694 

NIGRI.  —Voyez  Tigri. 

NOELLNER.  —  Mémoire  sur  la  formation  de 
la  grêle  et  sur  les  circonstances  météoro- 
logiques qui  accompagnent  cette  forma- 
tion       944 


(  loog  ) 


MM.  P»gïfc 

OPPELT.  —  Obturateur  mécanique  pour  la 
lumière  du  canon  ;  appareil  destiné  à  pré- 
venir un  des  accidents  les  plus  communs 

dans  le  service  des  bouches  à  feu 6o3 

ORFILA  (L.).  — Un  encouragement  est  accor- 


MM.  Pagei. 

dé  à  M.  L.  Orfila  pour  ses  recherches  sur 
l'élimination  des  poisons  (  concours  de 
Médecine  et  de  Chirurgie  de  1 85a  ) 91 5 

OSWELL  (W.). — Sur  une  mouche  venimeuse 

de  l'Afrique  méridionale 56o 


PALLLET  et  Gidel  consultent  l'Académie 
pour  savoir  si  un  nouveau  système  de 
tuiles  en  fonte,  pour  lequel  ils  sont  bre- 
vetés, n'exposerait  pas  les  bâtiments  ainsi 
couverts  à  être  frappés  de  la  foudre  plus 
que  ne  le  seraient  des  bâtiments  couverts 
en  ardoise  ou  en  tuiles  ordinaires 523 

PAN1ZZIN1  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
faire  examiner  un  système  de  transmis- 
sion, à  grande  distance,  d'une  force  mo- 
trice, système  qu'il  a  installé  dans  un  des 
faubourgs  de  Paris agi 

l'ARAVEY  (de).—  Note  concernant  l'histoire 

de  l'hippopotame 1 5o 

—  Lettre  concernant  un  oiseau  de  la  Cochin- 

chine,  qui  parait  être  une  sorte  de  faisan, 
et  dont  les  plumes  caudales  atteignent, 
dit-on ,  8  pieds  de  longueur a68 

—  Recherches  sur  les  noms  de  la  Souille  ma- 

ritime et  de  la  Pivoine,  dans  les  langues 
anciennes  et  modernes,  et  conséquences 
historiques  qui  peuvent  se  déduire  du 
rapprochement  de  ces  noms 399 

—  Lettre  concernant  deux  passages  d'une  an- 

cienne relation  de  voyage,  l'un  relatif  à 
deux  comètes  vues  au  commencement  de 
novembre,  l'autre  à  un  animal  trouvé  en 
Perse  dans  des  canaux  souterrains 8o3 

—  Note  sur  le  dattier,  sur  ses  noms  hiérogly- 

phiques et  orientaux,  et  sur  sa  description 
dans  les  livres  conservés  eu  Chine  et  au 
Japon ,  pays  où  il  n'existe  pas 856 

PARLATORE.  —  Sur  le  papyrus  des  anciens 
et  sur  le  papyrus  de  Sicile.  (Rapport  sur 
ce  Mémoire;  Rapporteur  M.  de  iussieu.).    ai  1 

PASTEUR  (L.).  —  Nouvelles  recherches  sur 
les  relations  qui  peuvent  exister  entre  la 
forme  cristalline,  la  composition  chi- 
mique et  le  phénomène  rotatoire  molécu- 
laire        176 

PATH-DUFFY.  —  Sur  certaines  transforma- 
tions isomériques  des  corps  gras 284 

PAY EN.— Extrait  d'un  Mémoire  sur  la  gutta- 

C.  R.,  i85a,  a""  Semestre.  (T.  XXXV  ) 


percha  :  ses  propriétés ,  son  analyse  im- 
médiate, sa  composition  élémentaire  et 
ses  applications io<) 

—  A    l'occasion    d'une    question    faite    par 

M.  Thenard,  M.  Par  en  indique,  comme 
ayant  le  mieux  réussi  jusqu'à  présent  pour 
le  traitement  de  la  maladie  de  la  vigne, 
l'aspersion  des  plantes  malades  avec  une 
solution  faible  de  sulfure  de  calcium. . . .     a68 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communica- 

tion de  M.  Boussingault  sur  la  cause  de  la 
transformation  du  pain  tendre  en  pain 
rassis 59, 

PAYER.  —  Organogénie  des  Punicées 555 

—  Organogénie  de  la  famille  des  Loasées  et 

de  la  famille  des  Philadelphées 657 

PAYERNE.  —  Nouvelles  observations  [con- 
cernant l'emploi  du  bateau  sous-marin, 
et  la  nécessité  d'épurer  Pair  quand  on 
travaille  dans  une  eau  stagnante 33a 

PELOUZE.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une 
communication  de  M.  Mazade,  relative  à 
la  découverte  de  l'acide  rhodanhydrique 
dans  une  ammoniaque  du  commerce 8o3 

PERRON  écrit  par  erreur  pour 

PERROT.  —  M.  Babinet  présente,  au  nom  de 
M.  Perrot,  des  estampes  en  taille-douce 
et  des  épreuves  lithographiques  tirées  sur 
un  papier  fabriqué  avec  la  gutta-percha. 
707  et    760 

—  Dépôt  d'un    paquet  cacheté   (séance    du 

la  juillet) 64 

PERSON.  —  De  l'application  de  l'appareil  de 
Bohnenberger  pour  la  précession  des  équi- 
noxes  à  la  démonstration  expérimentale 
de  la  rotation  de  la  Terre 417 

—  Disposition  de  l'appareil  de  Bohnenberger 

pour  les  différentes  latitudes 549 

—  Remarques   à   l'occasion    d'une    Note   de 

M.    Quet,    concernant    la   rotation    des_£ 
corps 689 

—  Note  sur  le  mouvement  de  rotation 753 

,3, 


(     IOIO   ) 


gi5 

756 
i36 


u.  p«6«*. 

PERSOZ  (J.).  —  Sur  une  matière  colorante 

verte  qui  vient  de  Chine 558 

PETERSEN.  —  Éphéinérides  de  la  seconde 

comètedei85i  (communiqué parM.Faj'e).     3oa 
PETIT.  —  Recherches  concernant  la  théorie 
des  météore»  lumineux,  faites  à  l'occasion 
du  bolide  observé  le  10  juillet  i85o,  à 

Toulouse  et  à  Bordeaux 4^7 

—  Note  sur  un  bolide  observé  le  2  avril  i85a.  676 
PÉTREQOXN.  —  Un  travail  de  M.  Pétreauin, 
sur  la  galvanopuncture  appliquée  au  trai- 
tement des  tumeurs  anévrysmales,  est  ré- 
servé par  la  Commission  du  prix  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie  pour  le  prochain 

concours 

PÉTROWITCH.  —  Mémoire  sur  une  ma- 
chine électromotive  à  air  comprimé.... 
PHILIBERT  (H.)-—  Recherches  expérimen- 
tales sur  la  fécondation  dans  les  Mousses. 
Recherches  sur  la  fécondation  et  la  forma- 
lion  de  l'embryon  dans  les  Hépatiques  et 

les  Fougères 85i 

PHILIPEAUX.  —  Détermination  des  parties 
qui  constituent  l'encéphale  des  Poissons 
(en  commun  avec  M.  Yulpian);  Rapport 
sur  ceMémoire  ;  RapporteurM.  Bwerno.r. 
PICARD.  —  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Re- 
cherches sur  la  cause  du  phénomène  des 

marées  » 

PICHON-PRÉMELÉ.  —  Lettre  concernant 
l'inauguration  d'une  statue  de  Conté  qui 
doit  avoir  lieu  à  Sees  (Orne),  le  3  octo- 
bre 1 85? 

PICOU.  — Note  ayant  pour  titre  :  «  De  la  vi- 
tesse de  propagation  de  la  lumière  ». . . . 
PIERRE  J.-I-  )■  —  Ses  «Études  sur  les  en- 
grais de  mer  des  côtes  de  la  basse  Nor- 
mandie »  sont  mentionnées  par  la  Com- 
mission de  Statistique  comme  rentrant 
moins  dans  le  domaine  de  la  Statistique 

que  dans  celui  de  l'Économie  rurale 

PLAUT. Dépôt  de  deux  paquets  cachetés 

(séance  du  26  juillet) :5o 

POGGIOLI.  — Mémoire  sur  une  nouvelle  mé- 
thode curative  externe  pour  les  rhuma- 
tismes      720 

POLIGNAC  (A.  de).  —Addition  à  de  pré- 
cédentes communications  sur  les  nombres 

premiers 

PONCELET.— Examen  critique  et  historique 
des  principales  théories  ou  solutions  con- 
cernant l'équilibre  des  voûtes 

49i)   531»    el 

—  Rapport  sur  la  deuxième  partie  du  Mémoire 

de  M.  Yvon  VMarccau,  relatif  à  l'établis- 
sement des  arches  de  pont 597 

—  M.  Poncelet  demande    l'adjonction   d'un 


169 

3o8 

4o3 
S34 

893 


333 


577 


MM  l'"„es. 

nouveau  Membre  à  la  Commission  char- 
gée d'examiner  un  travail  de  M.  Cart'allo, 
sur  les  ponts  suspendus 565 

PONCELET.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de 
M.  /.  Carvallo,  intitulé  :  «  Étude  sur  la 
stabilité  des  voûtes  » 636 

PONS.— Lettre  concernant  un  envoi  qui  aurait 
été  fait  précédemment  de  divers  échantil- 
lons d'étoffe  teinte  en  une  couleur  noire 
très-peu  altérable 523 

PORRO  (  J.).  —  Lettre  concernant  des  expé- 
riences, sur  un  moteur  hydiauliquede  son 
invention,  faites  à  Boulogne  (États  Ro- 
mains), par  M.   Gualandi 228 

—  Note  ayant   pour  titre  :  «  Application  de 

la  lunette  réciproque  avec  micromètre 
parallèle,  et  du  méroscope  pan-focal  »  ..     2ç;9 

—  Note  sur  un   instrument  désigné  sous  le 

nom  de  polyoptomètre 4^3 

—  Sur   les   raie»    longitudinales    du   spectre 

(Lettre  à  M.  Babinet) 4"î) 

—  Nouvel  appareil  pour  rendre  sensible  aux 

yeux  la  rotation  de  la  Terre ,  au  moyen  de 

la  fixité  du  plan  d'oscillation  du  pendule.     855 

PODILLET.  —  Instructions  pour  une  expédi- 
tion scientifique  qui  doit  se  faire  dans 
l'Amérique  du  Sud  sous  la  direction  de 
M.  Emile  Deville.  (Partie  physique.)...       91 

— -  Note  sur  une  propriété  photométrique  des 

plaques  daguerriennes 373 

—  M.    l'ouillet   communique   l'extrait  d'une 

Lettre  de  M.  de  l'Espée,  contenant  des 
renseignements  sur  le  coup  de  foudre  ex- 
traordinaire qui  a  été  observé  à  une  des 
stations  du  chemin  de  fer  de  Rouen  le 
17  mai  i852 400 

—  M.  Pouillet,  en  faisant  hommage  à  l'Aca- 

démie d'un  exemplaire  de  \*  sixième  édi- 
tion de  ses  «  Éléments  de  Physique  expé- 
rimentale et  de  Météorologie  »,  signale 
les  additions  qu'il  a  faites  à  cette  nouvelle 
publication 67.5 

—  M.  Pouillet  fait   hommage  a  l'Académie 

d'un  exemplaire  de  la  seconde  édition  de 
ses  «  Notions  générales  de  Physique  et  de 
Météorologie  à  l'usage  de  la  jeunesse». .     822 

PRÉVOST  (Comstant).  -Sur  un  projet 
d'exploration  de  l'Etna  etdes  formations 
volcaniques  do  l'Italie 4°') 

PRÉSIDENT  DE  L'ACADÉMIE  (le)  avertit 
que  les  séances  qui  auraient  dû  avoir  lieu 
le 25  octobre  et  le  ter  novembre  seront  re- 
mises au  26  et  au  2  des  mêmes  mois 52.) 

—  M.  le  Président  annonce  que  le  XXXIVe  vo- 

lume des  Comptes  rendus  hebdomadaires 
des  séances  de  l'Académie  des  Sciences  est 
en  distribution  au  secrétariat 7'5 


IOI  I 


MM.  Page.. 

QUATREFAGES  (  A.  de).  —  Études  sur  les 
types  inférieurs  de  l'embranchement  des 
Annelés( Mémoire  surlesBranchellions).     809 

QUET.  — Recherches  analytiques  concernant 
le  mouvement  de  rotation  d'un  corps  so- 
lide autour  d'un  de  ses  points  qu'on  sup- 
pose fixe  sur  la  Terre  et  entraîné  avec  elle 
dans  son  mouvement  de  rotation  diurne.     602 

—  Recherches  mathématiques  faites  à  l'occa- 
sion des  expériences  de  M.  Foucault, 
pour  rendre  sensible  aux  yeux  le  mouve- 
ment de  rotation  de  la  Terre. . .     669  et    686 


MM.  Pag«. 

QC  ET.— Application  de  la  théorie  généraledes 
mouvements  de  rotation  a  la  théorie  spé- 
ciale du  gyroscope  horizontal  de  M.  Fou- 
cault,  employé  pour  mesurer  par  ses  os- 
cillations la  latitude 688 

—  Nouvelle  méthode  appliquée  au   mouve- 

ment de  rotation  d'un  corps  retenu  sur  la 

Terre  par  son  centre  de  gravité 732 

-  Expériences  sur  le  magnétisme  du  fer  doux.     749 

—  Note  sur  quelques  faits  relatifs  au  courant 

et  à  la  lumière  électriques 9^9 


R 


RABOISSON  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
admettre  au  concours  pour  le  prix  con- 
cernant les  Arts  insalubres,  un  système 
de  pétrissage  mécanique  qu'il  a  imaginé. 

477  et    733 

RAOUL- ROCHETTE  communique  l'extrait 
d'un  article  inséré  dans  le  journal  grec  le 
Temps,  concernant  la  découverte  d'un 
gisement  très-abondant  d'ossements  fos- 
siles et  celle  de  nombreux  spécimens  de 

végétaux  fossiles 71") 

RATI-MEISTON.  —Sur  un  signe  auquel  on 
reconnaîtrait  l'approchedes  tremblements 

de  terre 839 

REGNAULT. — Réponse  à  une  question  de 
priorité  soulevée  par  M.  Maissiat  et  rela- 
tive aux  procédés  employés  pour  l'analyse 
de  l'air 34 

—  Études  sur  l'hygrométrie g3o 

REGNAULT.  —  Lettre  concernant  un  moyen 

employé  contre  la  maladie  du  raisin ... .     4?8 
REMAK.  —  Sur  le  développement  des  ani- 
maux vertébrés 34i 

RENAULT.  — On  encouragement  est  accordé 
à  M.  Renault  pour  ses  études  expérimen- 
tales surl'ingestion  des  matièresvirulentes 
dans  les  voies  digestives  de  l'homme  et  des 
animaux  domestiques  (concours  de  Méde- 
cine et  de  Chirurgie  de  iS'ri) 91 4 

—  Un  autre  travail  du  même  auteur,  relatif  à 

la  rapidité  avec  laquelle  les  différents  vi- 
ruB  pénètrent  dans  l'économie,  est  réservé 

pour  un  prochain  concours Ibid, 

RÉVEILLÉ-PARlSE(Mme  veuve)  envoie  pour 
le  concours  des  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie  auquel  a  été  adressé  le  «  Traité 


de  la  vieillesse  »,  publié  par  son  mari,  une 
analyse  de  ce  livre  faite  par  M.  Réveillé- 
Parise  lui-même 565 

REÏNAUD.  —  Note  sur  diverses  inventions  de 

mécanique  concernant  la  navigation. ...     36o 

RICHARD.  —  Un  encouragement  est  accordé 
à  M.  Richard  pour  son  travail  sur  les  kystes 
tubo-ovariens  (  concours  de  Médecine  et  de 
Chirurgie  do  i852) 907 

RICHARD  (Ach.).  — Sa   mort,  arrivée  le 

5  octobre,  est  annoncée  à  l'Académie. . .     a}"-* 

RICHE.  —  Note  sur  la  détermination  approxi- 
mative du  volume  utile  du  fer  pour  une 
hélice  d'un  nombre  de  tours  donné,  afin 
d'obtenir  le  maximum  d'aimantation. . . .     69» 

RICHE  (A.).  — Recherches  sur  le  stannéthyle, 
nouveau  radical  organique  renfermant  de 
l'étain  (en  commun  avec  M.  A.  Cahours).      91 

RICORD.  —  Un  ouvrage  de  M.  Ricord  sur  la 
maladie  syphilitique  présenté  au  concours 
dei852  (prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie) 
est  réservé  pour  un  prochain  concours. . .     91 S 

RISLER(E.).  —Recherches  sur  la  composi- 
tion des  matières  solubles  extraites,  par 
l'eau,  des  terres  fertiles  (en  commun  avec 
M.  F.  Verdeil  ) 95 

ROBARDET.  —  Note  sur  un  instrument  que 
l'auteur  nomme  «  Thermomélrographe 
exométrique  à  piston» 191 

ROBERT  (Eue).  —Résultats  des  éducations 
pour  l'acclimatation  des  nouvelles  races 
et  l'étude  des  vers  à  soie,  faites,  en  i852, 
à  la  magnanerie  expérimentale  de  Sainte- 
Tulle  (en  commun  avec  M.  Guérin-Méne- 
ville) 264  et    292 

l32.  . 


I012 


MM.  Pa5c». 

ROBERT  (  Eue.).— Note  sur  un  arc  lumineux 

observé  le  29  septembre 4^' 

ROBIN  (Ed.).  — Mémoire  ayant  pour  titre  : 
«  Loi  nouvelle  permettant  de  prévoir, 
sans  l'intervention  des  affinités,  l'action 
que  les  corps  simples  exercent  sur  les  com- 
posés binaires ,  spécialement  par  la  voie 
sèche  » i  (  i 

—  Réclamation  de  priorité  adressée  à  l'occa- 

sion d'une  communication  de  M.  Blan- 
det,  sur  la  conservation  du  sang  liquide 
au  moyen  du  chlorure  de  baryte 3îg 

—  Nouvelle  théorie  de  la  fusion  aqueuse  et  du 

mode  d'action  de  la  chaleur  dans  la  fu- 
sion, la  volatilisation  et  la  décomposi- 
tion des  corps 79,3 

ROBINEAO-DESVOIDÎ.— Mémoire  sur  les 
gallinsectes  de  l'olivier,  do  citronnier, 
de  l'oranger,  du  laurier-rose,  et  sur  les 
maladies  qu'ils  occasionnent  à  ces  végé- 
taux dans  la  province  de  Nice  et  dans  le 
département  du  Var i83 

ROBIQUET.  —  Recherches  sur  la  fermenta- 
tion gallique 19 

—  Réponse  à  une  réclamation  de  priorité  éle- 

vée par  M.  Larocque  à  l'occasion  de  cette 

communication 47? 

ROBOXJAM.  —  Addition  à  un  précédent  Mé- 
moire sur  les  Coccus,  les  Acariens  et  les 
Apuidiens  considérés  comme  principale 
cause  de  la  maladie  de  la  vigne,  de  la 
pomme  de  terre  et  de  la  betterave i5o 

—  Note  sur  un  moyen  simple  et  économique 

de  préserver  la  vignede  la  maladie  spéciale.     358 

—  Mémoire   sur  une  observation  tendant  à 

éclairer  l'étiologie  de  la  maladie  de  la 
pomme  de  terre  et  de  plusieurs  autres 
végétaux 387 

ROCHE  (  Ed.  ) .  —  Mémoire  sur  la  théorie  des 

atmosphères 755 

ROCHETTE.  Voir  l'article  Raoul- Rochette. 

RODIER.  —  Une  récompense  est  accordée  à 
MM.  Rodier  et  Becquerel  pour  leurs  nou- 
velles recherches  d'hématologie  (concours 
de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  i85a). . .     go5 

RODIER  DE  LA  BRUGUIÈRE.  -  Mémoire 
intitulé  :   •  Développement  nouveau  des 


MM.  Page.. 

fonctions  d'une  seule  variable  » agi 

RODIERRE  soumet  au  jugement  de  l'Acadé- 
mie deux  Mémoires  ayant  pour  titre,  l'un  : 
«  Tables  dyarithmiques  pour  la  multipli- 
cation (par  addition)  et  la  division  (par 
soustraction  )  des  nombres  ;  »  l'autre  : 
«  Mémoire  sur  l'usage  des  Tables  dyarith- 
miques » 35g 

RONDOT.  — Une  mention  honorable  est  ac- 
cordée à  M.  Rondot  pour  sa  coopération  à 

la  Statistique  de  l'industrie  de  Paris 887 

ROSE.  —  M.  Dufrénoy,  en  présentant  au  nom 
de  l'auteur,  M.  G.  Rose,  un  exemplaire 
du  «  Système  de  Minéralogie  cristallogra- 
phique  »,  donne  une  idée  du  pla  .  de  cet 
ouvrage 273 

ROSS  (Sir  James-Clark),  n.i.r.mé  récemment 
à  une  place  de  Correspondant  pour  la  Sec- 
tion de  Géographie  et  de  Navigation, 
adresse  ses  remerctments  à  l'Académie..      191 

ROULIN  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  un 
cocon  de  ver  à  soie  d'une  teinte  rose  uni- 
forme, et  qui  a  été  obtenu,  ainsi  que 
quatre  autres  semblables,  en  nourrissant 
les  vers  avec  des  feuilles  de  mûrier  saupou- 
drées de  chica 1 49 

ROUSSEL  (Jos.).  —  Avantages  de  la  taille 
tardive  pour  prévenir  la  maladie  de  la 
vigne 333 

ROYL.au  nom  de  la  compagnie  des  Indes 
orientales  de  la  Grande-Bretagne,  adresse, 
pour  la  bibliothèque  de  l'Institut ,  un 
exemplaire  des  ouvrages  posthumes  du 
Dr  GriJJith,  publiés  à  Calcutta  par  ordre 
de  la  compagnie 3ij 

ROZET.  —  Avancement  du  delta  du  Tibre  au 

canal  de  Fiumicino 960 

RUMK.ER.  —  Lettre  à  M.  Mauvais  sur  les  élé- 
ments elliptiques  des  orbites  des  deux 
planètes  récemment  découvertes,  l'une, 
à  Naples  et  à  Marseille,  par  MM.  de  Gas- 
paris  et  Chacornac ;  l'autre  à  Paris,  par 
M.  Goldschmidt.  —  Éphémérides  des  posi- 
tions apparentes  pour  le  mois  de  décem- 
bre i85a,  calculées  par  M.  Georges  Rum- 
ker  fils,  de  Hambourg 857 


SAINT-EVRE(Edocard).  —  Recherches  sur 

une  combinaison  nouvelle  du  cobalt.. . .     55q 

SAINTE-CLAIRE  DEVILLE  (Ch.)— De 
l'altération ,  par  voie  naturelle  et  artifi- 
cielle ,  des  roches  silicatées ,  au  moyen  de 
l'acide  suif  hydrique  et  de  la  vapeur  d'eau.      26' 


SAINTE-CLAIRE  OEVILLE  (C11.;.  -Note 
sur  une  carte  de  la  température  des  eaux 
à  la  surface  de  la  mer  des  Antilles,  du 
golfe  du  Mexique  et  de  la  portion  voisine 
de  l'océan  Atlantique 823 

SAINTE  CLAIRE  DEVILLE  (  H .  )  -  Sur  de 


(  ioi3  ) 


79° 


437 


270 


88-: 


887 


MM.  Pages- 

nouveaux  procédés  généraux  d'analyse 
chimique. '->)'' 

SAINTE-CLAIRE  DEV1LLE  (H.  ).  —  Note 
sur  la  température  produite  par  la  com- 
bustion du  charbon  dans  l'air 

SANTINI. —Éléments  de  la  planète  Melpo- 
mènc,  calculés  par  M.  Trettenoro,  d'après 
les  observations  faites  le  igjuin,  à  Berlin, 
au  cercle  méridien ,  et  les  1 3  et  18  juillet, 
à  Padoue (extrait d'une  Lettre  à  M. Arago). 

SAVE.  —  Considérations  sur  la  distance  des 

planètes  au  Soleil 760 

SAY  (Horace)  fait  hommage  à  l'Académie 
d'un  exemplaire  de  la  «  Statistique  géné- 
rale de  l'industrie  à  Paris  »  ,  d'après  l'en- 
quête faite  par  la  Chambre  de  Commerce. 

—  Le    prix   de   Statistique  de   la    fondation 

Montyon  est  accordé  à  M.  H.  Say  pour 
cette  publication  (concours  de  i852).... 

SAY  (Léon).  —  Une  mention  honorable  est 
accordée  à  M.  L.  Say  pour  sa  coopération 
à  la  Statistique  de  l'industrie  de  Paris 
(concours  de  Statistique  de  i85a) 

SCHLAGINTWE1T  (MM.  Adolphe  et  Her- 
mann).  —  Observations  hypsométriques 
dans  les  Alpes  occidentales 17 

—  Note  sur  la  hauteur  des  diverses  sommités 

du  mont  Rose 102 

SECCHI  (P.)-  —  Sur  'a  résistance  que  les  fils 
opposent  au  courant  électrique  (  Lettre  à 
M.  Ârago  ) 

—  Découverte  d'une  comète  dans  la   constel- 

lation des  Gémeaux  (Lettre  à  M.  Arago). 

—  Nouvelle  observation  de  la  comète  décou- 

verte le  26  août  i852  (Lettreà  M.  Arago). 

—  Observations    héliothermiques  (  Lettre   à 

M.  Faj-e) 6of. 

SECRÉTAIRE  DE  LA  CORRESPONDANCE 
SCIENTIFIQUE  DE  ROME  (le),  en 
adressant  une  nouvelle  série  de  numéros 
de  ce  Recueil ,  demande  à  recevoir  en 
échange  les  Comptes  rendus  hebdomadaires 
des  séances  de  V Académie 40'-2 

SECRÉTAIRE  DE  L'ACADÉMIE  DES 
SCIENCES  DE  HONGRIE  (le  )  annonce 
l'envoi  des  volumes  I  à  VII  des  Mémoires 
de  cette  Académie,  et  des  volumes  1  à  III 
d'une  autre  publication  faite  sous  les  aus- 
pices de  cette  Académie  :  Monumenta  //n- 
guœ  hungaricœ  ar.tiquœ 224 

SECRÉTAIRE  DE  LA  SOCIÉTÉ  DE  PHY- 
SIQUE DE  BERLIN  (le)  annonce  l'en- 
voi d'un  nouveau  volume  de  Vffistoire  des 
progrès  de  la  Physique,  année  1848,  ou- 
vrage publié  sous  les  auspices  de  la  So- 
ciété et  rédigé  par  M.  Karster 62 

SECRÉTAIRE  DE  LA  SOCIÉTÉ  LIN- 
NÉENNE  DE  LONDRES  (le)  adresse, 


■7 


334 


363 


MM.  P. 

au  nom  de  cette  Société,  des  remerci- 
ments  à  l'Académie,  pour  l'envoi  du  vo- 
lume XIII  des  Savants  étrangers ,  et  des 
volumes  XXXII  et  XXXIII  des  Comptes 
rendus  des  séances  de  l'Académie 

SECRÉTAIRE  GÉNÉRAL  DE  L'ACADÉ- 
MIE IMPÉRIALE  DES  SCIENCES  DE 
VIENNE  (le)  annonce  que  cette  Acadé- 
mie, depuis  sa  fondation ,  a  adressé  régu- 
lièrement à  l'Académie  des  Sciences  tou- 
tes ses  publications ,  et  exprime  la  crainte 
que  quelques-uns  des    envois    ne  soient 

pas  parvenus  à  leur  destination 

Voir    aussi    les    articles    Académie   et 
Société. 

SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS  DE  L'A- 
CADÉMIE (les).  Voir  aux  articles  de 
M.  Arago  et  do  M.  Flourens. 

SECRÉTAN.  —  Mémoire  sur  un  perfection- 
nement important  de  l'oculaire  quadruple 
des  lunettes  achromatiques 

SEDILLOT  (C).  —  Sur  l'urétrotomie  péri- 
néale,  appliquée  au  traitement  des  rétré- 
cissements de  l'urètre 

SÉGOND.  —  Un  travail  de  M.  Ségond,  sur  la 
phonation,  est  réservé  par  la  Commission 
du  prixdePhysiologie  expérimentalepour 
un  prochain  concours 

SEGUIN.  —  Note  sur  les  moyens  d'atténuer 
les  vibrations  produites  à  la  surface  du 
mercure  dans  le  voisinage  des  routes ,  des 
chemins  de  fer  et  des  usines,  dans  le  but 
de  faciliter  les  observations  astronomi- 
ques (en  commun  avec  M.  Mauvais) 

SEGUIN  (  J.-M.).  —  Mémoire  sur  les  couleurs 
accidentelles  

SERRES. —  Instructions  pour  une  expédition 
scientifique  qui  doit  se  faire  dans  l'Ame - 
riquedu  Sud,  sous  la  direction  de  M.  Emile 
Deville.  (  Partie  anthropologique.  ) 

SERRET  (J.-A.).— Mémoire  sur  une  classe 
étendue  de  systèmes  d'équations  différen- 
tielles qui  se  rattachent  à  la  théorie  des 
courbe3  à  double  courbure 

SESTIER  présente  au  concours  pour  les  prix 
de  la  fondation  Montyon,  son  «Traité 
de  l'angine  laryngée  oedémateuse  » 

S1LVESTRE.  —  Note  sur  un  moyen  destiné  à 
prévenir  le  déraillement  des  convois  mar- 
chant sur  chemins  de  fer 

SIRE  (G.).  —  Note  sur  un  appareil  pouvant 
servir  à  démontrer  la  rotation  delà  Terre. 
43i  et 

—  Note  sur  un  appareil  simple  propre  à  mon- 
trer de  quoi  dépend  la  pression  exercée 
par  les  liquides  sur  le  fond  des  vases. . . . 

SOCIÉTÉ  DES  SCIENCES  NATURELLES 
DE  HAMBOURG   (la)  annonce  l'envoi 


3t 


■i>.\ 


o43 
592 

6c,r, 

5o3 
476 

82 

5o 
i5o 
834 

Î2I 
953 


(  ioi4 


MM.  Pages. 

du  deuxième  volume,  seconde  partie,  de 

ses  Mémoires 370 

STANSK.I  communique   un  nouveau  fait  de 

mort  subite  causée  par  le  chloroforme. . .     5^3 

SUSSEX  (de).  —  Remarques  concernant  une 


MM.  pa,,s. 

Note  de  M.  Jacquemart,  sur  le  danger 
qu'il  y  aurait  à  transformer  en  sels  fixes  le 
sous-carbonale  d'ammoniaque  contenu 
dans  les  engrais jg4 


TALBOT  et  Guébàud,.  —  Une  mention  est 
accordée  à  MM.  Talbot  et  Guéraud  pour 
leur  «  Petite  géographie  de  la  Loire  Infé- 
rieure» (concoursdeStatislique.de  i85a).     893 

TEMMINCK  ,  nommé  h  une  place  de  Corres- 
pondant pour  la  Section  d'Anatomie  et  de 
Zoologie,  adresse  ses  remercîments  à  l'A- 
cadémie       roi 

THENARD.— Rapport  sur  un  Mémoire  do 
M.  Lccnnu,  ayant  pour  titre:  «  Nouvelles 
études  chimiques  sur  le  sang»..     207  et     273 

—  A  l'occasion  d'une  communication  concer- 

nant la  maladie  des  raisins,  M.  Thenard 
demande  si  les  essais  qui  ont  été  faits 
pour  la  guérison  des  vignes  malades  ont 
conduit  à  quelque  résultat  satisfaisant. .     268 

—  Remarques  à  l'occasion  d'un  Rapport  fait 

par  M.  Bussy  sur  les  travaux  relatifs  à  la 
recherche  de  l'iode,  par  MM.  Chatin, 
Marchand,  Niepce  et  Meyrac 5i6 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communica- 

tion de  M.  Boussingauh ,  sur  la  cause  de 
la  transformation  du  pain  tendre  en  pain 
rassis 5gi 

THIBAULT.  — Mémoire  ayant  pour  titre  : 
«  Investigation  des  phénomènes  de  la  na- 
ture, basée  sur  les  lois  de  la  physique  et 
de  la  chimie  » 104 

TIC-RI  (A.).  —  Résumé  de  plusieurs  observa- 
tions concernant  des  calculs  urinaires  for- 
més principalement  de  carbonate  de  chaux 
(  cette  Note ,  par  suite  d'une  signature  peu 
lisible,  aété  inscrite sousle  nom  de  Nigri\. 
20  et     267 

TOURASSE.  —  Description  et  figure  d'un 
appareil  désigné  sous  le  nom  de  locomo- 
tive de  montagnes 333 

TOYNBEE.  — Sur  la  possibilité  de  remédier, 
dans  certains  cas ,  à  la  surdité ,  en  établis- 
sant, quand  il  y  a  perforation  de  la  mem- 
brane du  tympan  ,  un  tympan  artificiel . .     392 

—  Sur  l'emploi  d'une  membrane  du  tympan 

artificielle ,  dans  les  cas  de  perforation  ou 


de  destruction  de  cette  partie  de  l'appareil 

auditif 399  et    856 

TRECUL  (A.).  —  Observations  sur  quelques 
assertions  de  M.  Gaudichaud,  concernant 
l'accroissement  des  végétaux 137 

—  Origine  et  composition  des  fibres  ligneuses 

et  des  fibres  du  liber i/j8 

—  Etudes  anatomiqiies  et  organogéniques  sur 

la  Victoria  regia ,  et  structure  comparée  du 
Nelumbium ,  du  Nuphar  et  de  la  Victoria..     65/j 

—  Origine  et  développement  des  loupes  et  des 

broussins 682 

—  Reproduction  du  bois  et  de  l'écorce  à  la 

surface  de  l'aubier  décortiqué 846 

—  M.  A.  Trécul  est  présenté,  par  la  Section 

de  Botanique,  comme  l'un  des  candidats 
pour  la  place  devenue  vacante  par  le  décès 
de  M.  Richard 962 

TRIGER.  —  Le  prix  de  Mécanique  de  la  fon- 
dation Montyon  est  accordé  à  M.  Triger 
pour  son  procédé  de  refoulement  de  l'eau 
dans  les  terrains  aquifères,  au  moyen  de 
l'air  comprimé 874 

TROUESSART.—  Mémoire  ayant  pour  titre  : 

«  Essai  d'une  théorie  de  la  vision  » 20 

—  Notes  faisant  suite  à  ses  recherches  sur  la 

théorie  de  la  vision i34,  398  et     4"'' 

TROUSSEAU.  —  Un  prix  est  accordé  à 
M.  Trousseau  pour  avoir  perfectionné  et 
simplifié  l'opération  de  la  trachéotomie 
(concours  de  Médecine  et   de  Chirurgie 

do  i8b2) 908 

TSCHEP. —  Note  sur  la  possibilité  de  prédire, 
par  IVtudc  des  nuages,  les  changements  de 
temps  jusqu'à  six  mois  d'avance. .......     tfft 

TULASNE  (L.-R.  ).  -  Nouvelles  recherches 
sur  l'appareil  reproducteur  des  Champi- 
gnons      841 

—  M.  L.-R.  Tulasne  est  présenté,  par  la  Sec- 

tion de  Botanique,  comme  l'un  des  can- 
didats pour  la  place  devenue  vacante  par 
suite  du  décès  de  M.  Richard , 962 


(  ioi5  ) 


MM.  Fa6«. 

VALENCIENNES  est  désigné  pour  rempla- 
cer, dans  la  Commission  chargée  d'exami- 
ner un  travail  de  M.  le  général  Carbuccia 
sur  les  dromadaires,  M.  de  Gasparin,  dont 
l'absence  parait  devoir  se  prolonger 21 

VALETTE,  en  adressant  au  concours  pour 
les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  la 
fondation  Monlyon  ,  un  Mémoire  sur  la 
possibilité  de  lier  l'artère  occipitale  près 
de  son  origine,  envoie  une  indication  de 
ce  qu'il  considère  comme  neuf  dans  son 
travail 29 1 

VALLEE  (L.-L.  ).  —  Mémoire  ayant  pour 
litre:  «De  la  vision  considérée  dans  les 
influences,  en  quelque  sorte  moléculaires, 
exercées  dans  les  réfractions,  et  du  phé- 
nomène de  l'irradiation  » 67g 

VALLOT  adresse  un  spécimen  de  Lycoperdon 
pedunculatum ,  Linn.,  remarquable  par 
une  disposition  qui  ne  parait  pas  avoir 
été  signalée  par  les  botanistes 7J0 

VALORY  (de).  —  Note  sur  une  concrétion 
siliceuse  dont  les  formes  générales  et  les 
dimensions  sont  à  peu  près  celles  d'une 
tête  humaine 17 

VALZ.  —  Eléments  de  la  seconde  comète  de 

i852  (Lettre  à  M.  Ârago) 3(io 

—  Cartes  des  étoiles  situées  à   1  |  degré  au 

nord  et  au  sud  de  l'écliptique,  destinées 
à  amener,  dans  un  temps  assez  court,  la 
découverte  de  toutes  les  petites  planètes 
(  Lettre  à  M.  Ârago) 36i 

—  Nouveaux  éléments  do  la  seconde  comète 

de  i85i  (communiqués  par  M.  Arago)..     436 

—  M.  Vais  envoie  un  nouveau  spécimen  des 

cartes  célestes  dressées  sous  sa  direction 

par  M.  Chacornac fio5 

—  Eléments  de  la  planète  Massalia G75 

—  Sur  le  nom  de  Massalia  donné  à  la  nouvelle 

planète Jbid. 

—  Nouveaux  éléments  de  la  planète  Massalia.     821 
VATTEMARE   adresse  une  liste  d'ouvrages 

qu'il  a  été  chargé  par  diverses  institu- 
tions scientifiques  des  États-Unis  et  par 
quelques  savants  du  même  pays,  d'offrir 

à  l'Institut  pour  sa  bibliothèque 228 

VELPEAU.— Remarques  sur  une  réclamation 
de  priorité  adressée  par  M.  Barthélémy, 
relativement   aux  instruments   en  caout- 


MM.  la!*», 

chouc  soumis  par  M.  Gariel  au  jugement 

de  l'Académie 297 

—  M.  Velpeau  fait  hommage,  au  nom  de  l'au- 
teur, M.  Vidal  (de  Cassis),  d'un  exem- 
plaire de  l'ouvrage  que  vient  de  publier 
ce  médecin  sur  les  maladies  vénériennes.     610 

VERDEIL  (  F.  ).  —  Recherches  sur  la  compo- 
sition des  matières  sol  ubles  extraites,  par 
l'eau,  des  terres  fertiles  (en  commun  avec 
M.  E.  Risler) g5 

VERIOT.  —  Mémoire  ayant  pour  titre  : 
«  Système  de  roues  à  palettes  mobiles  ; 
application  aux  bateaux  à  vapeur,  aux 
moulins  à  vent,  etc.  » 73! 

VERRONNA1S  envoie,  de  Metz  ,  au  concours 
pour  le  prix  de  Statistique ,  deux  publica- 
tions concernant  la  statistique  du  dépar- 
tement de  la  Moselle 291 

VERSEPTJY.  —Note  sur  le  blanc  de  plomb 

comparé  au  blanc  de  zinc io3 

VEZU.  —  Dépôt  d'un  paquet  cacheté  (séance 

du  a  août) 197 

—  M.  Vezu.  demande  l'ouverture  de  ce  paquet 

qui  se  trouve  contenir  une  Note  sur  une 
méthode  de  traitement  de  la  maladie  de 
la  vigne 228 

V1AL.  —  Note  concernant  la  démonstration 
élémentaire  de  plusieurs  propositions  de 
géométrie ("Or> 

VIDAL,  de  Cassis,  prie  l'Académie  de  vouloir 
bien  admettre  au  concours  pour  les  prix 
de  Médecine  et  de  Chirurgie,  le  •  Traité 
des  maladies  vénériennes  »  dont  M.  Vel- 
peau a  présenté,  en  son  nom,  un  exem- 
plaire      868 

VILLARCEAU  (Yvon).  —  Recherches  sur  le 

prochain  retour  de  la  comète  de  d'Arrest.     827 

—  Mémoire  relatif  à  l'établissement  des  ar- 

ches de  pont.  (Rapport  sur  la  deuxième 
partie  de  ce  Mémoire;  Rapporteur  M.  Pon- 
celet .  )   597 

VILLE  (G.).  —Recherches    expérimentales 

sur  la  végétation 4^4  et    ^5o 

VOLPICELLI.  —  Expériences  sur  le  rayonne- 
ment solaire  (  Lettre  à  M .  Arago  ) $53 

VTJLP1AN.  —  Détermination  des  parties  qui 
constituent  l'encéphale  des  Poissons  (  en 
commun  avec  M.  fhilipeauz).  (  Rapport  sur 
ce  Mémoire;  Rappor;eur  M.  Duvernoy,).     169 


(  ioi6  ) 


w 


MM.  Page». 

WALLER.  —  Mémoires  sur  le  système  ner- 
veux       3oi  et    56i 

—  Le  prix  de  Physiologie  expérimentale  est 

partagé  entre  MM.  Waller  et  Budge,  pour 
leurs  recherches  concernant  les  fonctions 
du  système  nerveux  ganglionnaire 8g5 

WELTER,  Correspondant  de  l'Académie  ;  sa 
mort ,  arrivée  le  6  juillet ,  est  annoncée  à 
l'Académie 37 

WERDET  père.  —  Note  sur  une  encre  de  sû- 
reté de  son  invention 945 

WERTHEIM.— Deuxième  Note  sur  la  double 
réfraction  artificiellement  produite  dans 
des  cristaux  du  système  régulier 276 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  Note  récente 

de  M.  Garnier  sur  les  chaleurs  spécifiques 
Jles  corps  composés 3oo 

—  Note  sur  des  courants  d'induction  produits 


MM.  Pjg,,,. 

par  la  torsion ^02 

WESTPHAL.—  Comète  découverte  par  lui  le 

24  juillet  i85î igi 

WILSON  (  J.  ),  secrétaire  de  la  Société  royale 
d'Edimbourg,  prie  l'Académie  de  vouloir 
bien  lui  faire  savoir  si  elle  a  reçu  un  Mé- 
moire adressé  pour  le  concours  au  grand 
prix  de  Mathématiques  de  i853,  Mémoire 
qu'il  désigne  par  l'épigraphe  mise  en  tète.     670 

WOLF.  —  Liaison  entre  les  taches  du  Soleil 
et  les  variations  en  déclinaison  de  l'ai- 
guille aimantée  (Lettre  à  M.  Ârago). . . .     364 

—  Sur  le  retour  périodique  des  minimums  des 
taches  solaires;  concordance  entre  ces  pé- 
riodes et  les  variations  de  déclinaison  ma- 
gnétique      704 

WURTZ.  —Sur  l'alcool  butylique.   3io 


YVON  VJLLARCEAU.  Voyez  Villmceau. 


Z  ALE  WSK1  écrit  par  erreur  pour 
ZALIWSKI.— Note  sur  l'électricité  considé- 
rée comme  cause  des  effets  attribués  à  la 

gravitation  universelle 49 

M.  Zaliwski  demande  et  obtient  l'autorisa- 
tion de  reprendre  ce  Mémoire 22g 

—  Mémoire  sur  les  phénomènes  de  la  gravi- 

tation universelle,  considérés  comme  dus 

à  l'action  de  forces  électriques g5 

—  Considérations  sur  le  système  du  monde, 

et  en  partie  sur  la  marche  de  la  lumière 
émise  par  les  corps  célestes i85 

—  Note  intitulée  :   «  Recherches  sur  la  lu- 


mière      3oo  et    478 

ZANTEDESCHI.  —  M/  Arago  présente,  au 
nom  de  M.  Zantedeschi,  une  Note  sur  une 
question  de  dynamique  chimique  débat- 
tue entre  ce  physicien  et  M.  Bizio 359 

—  De  la  différence  de  pouvoir  dispersif  des 

deux  électricités  (Note  communiquée  par 

M.  Arago) 441 

—  Nouvelles   expériences    d'électricité   ani- 

male      48" 

—  Note  sur  les  mouvements  que  présentent 

quelques  végétaux  exposés  à  l'action  de  la 
lumière  lunaire 522 


ERRATA.  (Tome  XXXV.) 

Voyez  aux  pages  232,  272,  5^6,  671  ,  760,  808,  928  et  967. 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  DE  MALLET-BACHELIER , 
rue  du  Jardinet,   12. 


Sa'