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COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
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PARIS. — IMPRIMERIE DE MALLET-BACHELIER,
rue du Jardinet , 1 2.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PUBLIKS
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADEMIE
oit 3at« 3a <3 duvXet <i885 ,
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME TRENTE -CINQUIEME.
JUILLET - DÉCEMBRE 1852
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PARIS,
BACHELIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DE L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE, DU BUREAU DES LONGITUDES, ETC.
Quai des Augustins, n° 55.
1852
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 5 JUILLET 1852.
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
météorologie. — Sur un cas de foudre globulaire ; par M. Cabinet.
« Dans sa Notice sur le tonnerre, insérée dans X Annuaire du Bureau
des Longitudes pour i838, M. Arago a désigné par le nom d'éclairs de
troisième classe des météores fulminants qui diffèrent de la foudre ordi-
naire en plusieurs points, et notamment par la lenteur de leur marche, leur
éclat moins éblouissant, et enfin par leur indifférence apparente pour les
conducteurs métalliques, que la foudre ordinaire suit avec tant de fidélité. Je
n'hésite pas à déclarer que je regarde comme une véritable découverte l'éta-
blissement de toute cette classe de foudres d'après les faits historiques.
C'est un grand pas fait dans la science de l'électricité météorique, puis-
qu'on devra chercher à part à expliquer et à reproduire ces curieux phéno-
mènes; tandis qu'en les laissant confondus avec les éclairs des deux
premières classes, ils mettaient en défaut toutes les théories déduites du
mode d'action de l'électricité de nos machines. J'ajouterai que ces foudres,
désignées souvent, depuis la Notice de Y Annuaire, par les noms de ton-
nerre en boule, tonnerre en globe de feu, foudre globulaire, globe fulmi-
nant, sont probablement plus fréquentes qu'on ne l'admettait avant leur
découverte par M. Arago, parce qu'autrefois on ne faisait pas suffisamment
C. R. t85a, 2">« Semestre. ! T. XXXV, N" 1.) '
( o
attention à un phénomène non encore reconnu comme espèce particulière.
Probablement encore, dans plusieurs orages électriques, les coups de fou-
dres ordinaires se compliquent de la présence de foudres globulaires. Enfin
je dirai que, malgré bien des réflexions sur ce singulier météore, et bien
des conversations avec les physiciens les plus habiles en électricité, je n'ai
imaginé aucune expérience de cabinet qui pût faire espérer de reproduire
ces phénomènes si extraordinaires $ électricité à lente transmission.
» L'objet de cette Note est de mettre sous les yeux de l'Académie un des
cas de foudre globulaire que l'Académie m'avait chargé de constater il y a
quelques années, et qui avait frappé non en arrivant, mais en se retirant,
pour ainsi dire, une maison située rue Saint-Jacques, dans le voisinage du
Val-de-Grâce, et à une distance telle, qu'il semblait qu'elle eût dû être
préservée de tout accident de ce genre par le haut paratonnerre qui sur-
monte le dôme de l'église du Val-de-Grâce. Voici en peu de mots le récit
de l'ouvrier dans la chambre duquel le tonnerre en boule descendit pour
remonter ensuite. Après un assez fort coup de tonnerre, mais non immé-
diatement après, cet ouvrier, dont la profession est celle de tailleur, étant
assis à côté de sa table et finissant de prendre son repas, vit tout à coup le
châssis garni de papier qui fermait la cheminée s'abattre comme renversé
par un coup de vent assez modéré, et un globe de feu gros comme la tète
d'un enfant sortir tout doucement de la cheminée, et se promener lente-
ment par la chambre à peu de hauteur au-dessus des briques du pavé.
L'aspect du globe de feu était encore, suivant l'ouvrier tailleur, celui d'un
jeune chat de grosseur moyenne pelotonné sur lui-même et se mouvant
sans être porté sur des pattes. Le globe de feu était plutôt brillant et lumi-
neux qu'il ne semblait chaud et enflammé, et l'ouvrier n'eut aucune sensa-
tion de chaleur. Ce globe s'approcha de ses pieds comme un jeune chat qui
veut jouer et se frotter aux jambes, suivant l'habitude de ces animaux;
mais l'ouvrier écarta les pieds, et par plusieurs mouvements de précaution,
mais tous exécutés, suivant lui, très-doucement, il évita le contact du mé-
téore. Celui-ci parait être resté plusieurs secondes autour des pieds de l'ou-
vrier assis, qui l'examinait attentivement penché en avant et au-dessus.
Après avoir essayé quelques excursions dans divers sens sans cependant
quitter le milieu de la chambre, le globe de feu s'éleva verticalement à la
hauteur de la tète de l'ouvrier, qui, pour éviter d'être touché au visage, et
en même temps pour suivre des yeux le météore, se redressa en se renver-
sant en arrière sur sa chaise. Arrivé à la hauteur d'environ i mètre au-
dessus du pavé, le globe de feu s'allongea un peu et se dirigea obliquement
vers un trou percé dans la cheminée environ à i mètre au-dessus de la
tablette supérieure de cette cheminée.
» Ce trou avait servi à faire passer le tuyau d'un poêle qui pendant
l'hiver avait servi à l-'ouvrier. Mais, suivant l'expression de ce dernier, le
tonnerre ne pouvait le voir, car il était fermé par du papier qui avait été
collé dessus. Le globe de feu alla droit à ce trou, en décolla le papier sans
l'endommager et remonta dans la cheminée; alors, suivant le dire du témoin,
après avoir pris le temps de remonter le long de la cheminée du train dont
il allait, c'est-à-dire assez lentement, le tonnerre, arrivé au haut de la che-
minée, qui était au moins à 20 mètres du sol de la cour, produisit une
explosion épouvantable qui détruisit une partie du faîte de la chemi-
née et en projeta les débris dans la cour; les toitures de plusieurs
petites constructions furent enfoncées, mais il n'y eut heureusement aucun
accident. Le logement du tailleur était au troisième étage et n'était pas à
moitié de la hauteur de la maison; les étages inférieurs ne furent pas visités
par la foudre et les mouvements du globe foudroyant furent toujours lents et
non saccadés. Son éclat n'était point éblouissant, et il ne répandait aucune
chaleur sensible. Ce globe ne paraît pas avoir eu de la tendance à suivre les
corps conducteurs et à céder aux courants d'air.
» Pour terminer ceci et pour revenir à l'opinion énoncée plus haut, que
dans les orages il peut quelquefois arriver qu'il y ait des foudres globulaires
mêlées aux éclairs foudroyants ordinaires, je citerai l'exemple d'une maison
située près de l'avenue du Maine, rue Lebouis, qui pendant l'automne
de i85o fut frappée par un immense coup foudroyant qui l'enveloppa et
laissa partout des traces de son passage à l'extéiieur. La couverture était
en zinc et le faîte de tous les murs était recouvert en métal. De nombreux
tuyaux métalliques pour la conduite des eaux formaient, avec les toits cou-
verts en métal, un admirable système de préservation; il n'y eut intérieu-
rement aucun dégât, mais, après le premier coup de foudre, une seconde
explosion endommagea l'un des coins du mur au-dessous du revêtement
métallique qui le couvrait intérieurement : c'était sans doute un tonnerre
en boule dont les masses conductrices n'avaient point préservé le mur. Au
reste, le but de cette Note étant de rendre les observateurs attentifs à ces
foudres globulaires, je m'abstiendrai ici de tout essai de théorie sur les
fulminations électriques ou chimiques, aussi bien que sur les fusions froides
et chaudes des métaux foudroyés. »
1. .
(4) . • .
météorologie. — Note relative à la communication faite par M. Renon,
sur l'excès de la température moyenne des rivières au-dessus de la
température moyenne' de V air ambiant ; par M. Babixet.
« L'observation de M. Renou [Comptes rendus, 14 juin i85a), en sup-
posant qu'on puisse la généraliser, offre un fait très-curieux et très-inat-
tendu, mais qui se prête, il me semble, à une explication naturelle. On sait
que dans les pays à pluies d'été prépondérantes, les sources ont une tem-
pérature moyenne supérieure à la moyenne de l'air. C'est le contraire pour
les pays à pluies d'hiver. Mais cette différence est peu de chose. En Angle-
terre, la fréquence et la continuité des pluies rend la moyenne tempéra-
ture des sources égale à celle de l'air. On aurait donc été tenté de trans-
porter ces notions aux rivières, et même, en tenant compte de l'évaporation
et de cette circonstance importante que la source des rivières est toujours
dans une localité d'un niveau supérieur et partant plus froide, on était dis-
posé à conclure que dans une portion quelconque de leur cours les rivières
devaient avoir une température inférieure à celle de l'air en ce lieu. Ces
causes de réfrigération me semblent toujours devoir être admises comme
influentes; mais il est une cause de chaleur qui se manifeste en mille autres
circonstances, et qui semble prédominer ici. Je veux parler de la concen-
tration et de l'accumulation des rayons du soleil quand, après avoir tra-
versé à l'état de chaleur solaire un milieu ou une atmosphère diaphane, ils
se présentent pour rayonner et sortir au travers de ce même milieu à l'état
de chaleur terrestre. Tout le monde connaît l'effet de l'atmosphère pour
élever la température du globe au-dessus de ce qu'elle serait sans la pré-
sence de cette atmosphère. On connaît aussi l'expérience de Saussure et
celle de Sir John Herschel, et tous les jours dans nos jardins, nous voyons
une cloche en verre posée sur le sol en plein soleil élever considérablement
la température du terrain qu'elle recouvre ; car les rayons solaires introduits
et accumulés ne peuvent plus franchir de nouveau l'enceinte de verre pour
s'échapper, lorsqu'ils se sont transformés en rayonnements terrestres. Le
cas observé par M. Renou me semble tout à fait analogue et avoir pour
cause l'introduction sans retour des rayons solaires dans l'eau de. la rivière
•dont ils vont frapper le fond, au travers de l'épaisseur du courant, car ce
milieu est perméable aux rayons de chaleur solaire, mais il oppose un
obstacle presque complet à la sortie de ces mêmes rayons une fois qu'ils
sont devenus chaleur et rayonnements terrestres.
»' Sans étendre davantage cette Note, je dirai que l'excès de température
( 5)
des rivières provient : i° de ce que dans l'hiver toutes les sources et filtra-
tions affluentes à une rivière y apportent de l'eau à une température supé-
rieure à celle de l'air; et i° que dans l'été, l'absorption des rayons solaires
qui pénètrent la nappe d'eau sans pouvoir en ressortir, élève aussi dans'
cette saison la température de la rivière. Pour ces deux causes et nonob-
stant lès causes contraires, on doit observer un excès de température dans
le milieu soumis à ces influences. Il restera à examiner si cette explication
se prête à toutes les particularités relatives aux saisons, à la profondeur du
lit, à son étendue et, enfin, aux effets connus des changements d'altitude
et de latitude des diverses rivières en divers points de leur cours, soit
qu'elles doivent leur origine à des localités marécageuses, à des sources ou
à des glaciers (i). »
MÉTÉOROLOGIE. — Remarque de M. Fave sur la communication précédente
de M. Babinet, et extrait d'une Lettre de M. E. Renou.
« La Note dont notre savant confrère vient de donner lecture montre bien
l'importance des phénomènes météorologiques signalés par M. E. Renou,
et communiqués par moi, en son nom, à l'Académie, dans une de ses der-
nières séances. Mais il est de mon devoir de dire à l'Académie que l'expli-
cation proposée par M. Babinet n'avait point échappé à l'auteur. M. Renou
a fait plus encore, il a suivi et. vérifié, par près de quatre années d'obser-
vations, l'action de la cause à laquelle il attribue la surélévation de tempé-
rature des rivières, jusque dans le détail des variations diurnes de cette
température.
» J'avais supprimé la partie théorique de la communication de M. Renou,
afin de rester dans les limites imposées par le Règlement des Comptes
rendus; mais je puis ici la rétablir, sinon dans toute son étendue (2), du
inoins d'une manière assez complète pour mettre la pensée de l'auteur
dans tout son jour, en attendant qu'il lui donne de plus amples dévelop-
pements par la publication de ses longs et consciencieux travaux météoro-
logiques.
(1) Dans la zone torride, l'effet indiqué dans cette Note doit être immense et semble jus-
tifier l'expression de Lucain sur la chaleur des eaux du Nil au-dessus de l'Egypte. Nilum
videre calentem. Tous les amateurs de natation savent aussi avec quelle rapidité s'échauffent
les rivières par quelques jours de soleil.
(2) Mes papiers ayant été mis en désordre par un déménagement récent, je n'yi nu
retrouver dans son entier la Note qui m'avait été remise par M. Renou.
( 6 )
« Quand on observe le Loir d'une manière suivie, disait M. Renou, on
» reconnaît que lorsque la température de l'air est de 5 à 6 degrés au-
» dessus de celle de la rivière, celle-ci ne s'échauffe que de quelques cen-
•» tièmes de degré par heure; le soleil se montre-t-il, quand même l'air est
» plus froid que l'eau, la température de celle-ci s'élève de plusieurs
» dixièmes. Cette différence d'action suffit pour faire comprendre l'excé-
» dant de température indiqué par la rivière.
» Un autre fait me paraît bien digne de remarque : il arrive très-sou-
» vent que la température de l'air étant, par exemple, io degrés, celle de
» la rivière 1 3 degrés, et le temps couvert, on voit la température de la
» rivière s'élever de plusieurs dixièmes de degré dans la journée ; on voit
» donc que la chaleur solaire traverse assez une couche épaisse de nuages
» pour influencer directement la température de la rivière. »
paléontologie. — Note sur les fouilles que l'Administration du Muséum
d'Histoire naturelle vient de faire exécuter dans la colline de
Sansan, département du Gers, sous la direction de M. Laurillard;
par M. Duveknoy.
« Le Compte rendu delà séance de l'Académie du 2 juin 1 85 1 renferme
une Lettre (1) que venait de m'adresser M. Laurillard, envoyé à Sansan
par l'Administration du Muséum d'Histoire naturelle, pour y continuer les
fouilles commencées par M. Lartet, dès la fin de 1 834, dans la colline fos-
silifère que les découvertes de ce savant paléontologiste ont rendue célèbre.
On sait que cette colline, dont la superficie est d'environ l\ hectares, a été
acquise au domaine public par une loi rendue en août 1847, sur. la pro-
position de M. de Salvandy, alors Ministre de l'Instruction publique,
y compris une maison construite sur son sommet, pour la somme de
5 5oo francs (2). Notre honorable collègue M. Constant Prévost avait sin-
gulièrement contribué, par ses démarches, à cette acquisition. Durant une
tournée géologique qu'il avait faite dans les Pyrénées en 1 845 , il s'était
convaincu de l'importance des découvertes qui pourraient être faites dans
ce terrain fossilifère ; par celles que les fouilles faites sous la direction de
M. Lartet, qui ne comprenaient que la vingtième partie du terrain à
explorer, avaient produites.
(1) Tome XXXII, page 344.
(2) Voir, à ce sujet, la Notice sur la colline de Sansan , par M. Ed. Lartet, année i85i.
(7) .
» La première campagne d'exploration de M. Laurillard, dont l'Aca-
démie connaît déjà une partie des résultats, par la Lettre que je viens de
lui rappeler, qui est datée du 16 mai i85r, s'est terminée à la fin de juin.
La seconde moitié du temps consacré à ces fouilles a été intéressante, entre
autres, par la découverte de deux têtes de Mastodontes , dont la plus grande
est de l'espèce à long museau.
» Occupé, encore cette année, de ces intéressantes recherches, pendant
les trois mois qui viennent de s'écouler, et par suite d'une nouvelle mission
que l'Administration du Muséum d'Histoire naturelle lui avait confiée,
M. Laurillard m'a adressé successivement, dans sa correspondance, les
principaux résultats des fouilles qu'il a fait faire.
» En attendant un travail raisonné et comparatif sur les nombreux osse-
ments que ces fouilles ont mis au jour, je demande la permission à l'Aca-
démie de lui en communiquer une indication succincte.
» Ils ne comprennent, à la vérité, aucune espèce nouvelle, à en juger
du moins par un premier aperçu; c'est-à-dire qui n'ait déjà été signalée,
par quelques-uns de ses ossements, dans le Catalogue de cette faune ter-
tiaire myocène, publié par M. Lartet.
» Mais des morceaux plus nombreux, plus caractéristiques, lèveront les
doutes qui avaient pu rester dans l'esprit de plusieurs paléontologistes, sur
l'exacte détermination des espèces auxquelles ces restes ont appartenu.
» Dans sa Lettre du 3 mai, M. Laurillard m'écrivait : « J'ai déjà des mor-
» . ceaux qui ont de la valeur, entre autres une tête de Rhinocéros tetra-
» dactyle (formant le genre Aceroterium de M. Kaup) aussi complète, et
» peut être plus complète que celle du Rhin, sansaniensis , exposée dans la
» galerie paléontologique du Muséum.
» J'espère qu'elle démontrera aux plus incrédules l'erreur de J'opinion
» de M. de Blainville, qui regardait le tetradactjle comme la femelle du
y R. sansaniensis.
» La forme générale de la tète, celle des os du nez en particulier qui ne
» portaient pas de corne, sont très-différentes; sans parler de la plus grande
» taille de cette espèce, dont la tête était d'un quart plus forte que celle du
» sansaniensis.
■ » Je pourrais encore citer les différences que présentent les dents, dont
» on n'a pas tenu compte.
» J'ai une très-belle défense de Mastodonte, la pareille, je crois, de celle
» de l'année dernière; plusieurs dents molaires également de Mastodontes;
» deux fémurs, un bassin, quelques vertèbres, etc., etc. »
( 8 )
» La dernière Lettre de M. Laurillard, qui est du a4 juin dernier, m'an-
nonce la fin de sa seconde campagne d'exploration.
» Voici comment il s'exprime sur ses produits ;
« J'ai un nombre considérable de dents de Mastodontes isolées, une
» douzaine de demi-mâchoires inférieures, deux bassins, cinq fémurs,
» trois grandes défenses et plusieurs petites.
» Outre ma belle tête de Rhinocéros, j'ai plusieurs os du squelette,
» entre autres deux bassins.
» J'ai en outre plusieurs os du Palœotherium equinum et du Macro-
» theriwn.
» Je crois que nous pourrons essayer de monter un squelette de Masto-
» donte, car le bassin et les fémurs que j'apporte ont été trouvés sur la
» même ligne que la tête, les omoplates et les humérus déterrés l'année
» dernière; ce qui me fait penser que tout cela fait partie d'un même sque-
» lette. »
» Je terminerai ma Note en ajoutant que ce squelette, une fois monté,
de Mastodonte originaire de France, sera l'une des plus instructives et des
plus intéressantes démonstrations des animaux qui ont vécu dans notre
contrée, bien avant ceux qui l'habitent en ce moment et, selon toutes les
données actuelles de la science, hors de la présence et de la puissance de
l'homme. »
M. Chasles fait hommage à l'Académie du volume qu'il vient de publier
sous le titre de Traité de Géométrie supérieure. Invité par M. Arago,
Secrétaire perpétuel, à indiquer succinctement quelques points principaux
par lesquels cet ouvrage, nouveau par le titre, peut l'être aussi à d'autres
égards, M. Chasles s'exprime à peu près ainsi :
« Ce qui caractérise essentiellement et. détermine l'esprit dans lequel
l'ouvrage a été conçu, c'est ¥ uniformité de la méthode, c'est-à-dire des pro-
cédés généraux de démonstration, et la portée de ses applications.
» Cette méthode donne à. la Géométrie, sous deux points de vue diffé-
rents, un degré de généralité et d'abstraction qui rapproche ses conceptions
et sa marche de celles de l'Analyse, et sous un troisième point de vue,
une généralité qui lui est propre.
» Les deux premiers points de vue consistent dans la généralité dont
sont empreints tous les résultats de la Géométrie analytique, où l'on ne fait
acception ni des différences de positions relatives des diverses parties dune
figure, ni des circonstances de réalité ou d'imaginante des parties qui, dans
(9)
la construction générale de la figure, peuvent être, indifféremment, réelles
ou imaginaires.
» Ce caractère spécifique de l'Analyse, qui manque en général dans les
spéculations de la Géométrie pure, se trouve dans le Traité de Géométrie
supérieure.
» D'une part, on y fait usage, d'une manière générale et systématique,
du principe des signes pour marquer la direction des segments et des an-
gles ; de sorte que toutes les relations qui constituent les propriétés d'une
figure s'y trouvent démontrées dans un état de généralité et d'abstraction
qui permet de les appliquer, comme en Analyse, à tous les cas que peut
présenter la diversité de position relative des différentes parties de la
figure, et sans lequel ces relations n'exprimeraient souvent que des propo-
sitions incomplètes.
» Si cet avantage n'a pas lieu, en général, dans les spéculations géomé-
triques, c'est que les propositions qui forment, le plus ordinairement, les
éléments de démonstration, ne comportent pas l'application du principe
des signes. Telles sont : la proposition du carré de l'hypoténuse, celle de
la proportionnalité des côtés homologues dans les triangles semblables, celle
encore de la proportionnalité, dans tout triangle, des côtés aux sinus des
angles opposés ; propositions où il n'y a point lieu d'appliquer la règle des
signes, puisque les segments que l'on y considère sont formés sur des lignes
différentes, et les angles autour de sommets différents.
)> Au contraire, les procédés de démonstration employés dans le pré-
sent ouvrage s'appuient sur des propositions qui impliquent toujours par
elles-mêmes le principe des signes, et qui le conservent et le transmettent
dans toutes les déductions résultant de leur combinaison synthétique,
comme cela a lieu en Géométrie analytique. Ce qui fait que les formules,
ou relations d'angles et de segments, se trouvent démontrées dans l'état de
généralité et d'abstraction désirable.
» D'une autre part, au moyen de certaines propositions qui comportent
des équations du second degré, on considère les imaginaires absolument
comme en Analyse ; c'est-à-dire que les démonstrations s'appliquent aux
cas où certaines parties de la figure (comme, par exemple, les deux tan-
gentes menées par un point à un cercle, ou les deux points d'intersection
d'un cercle par une droite), se trouvent imaginaires ; cas dans lesquels les
méthodes ordinaires peuvent faire défaut, et où l'on a recours au principe
de continuité.
» On ne fait pas usage, dans le présent ouvrage, de ce principe, qui peut
G. R., l85î. 3me Semestre. (T. XXXV, N° 1.) 2
( M )
être d'un secours précieux dans certaines circonstances, mais qui, par
plusieurs raisons indiquées dans la préface, ne pouvait répondre aux vues
suivant lesquelles on a cru devoir traiter ici la Géométrie.
» La généralité qu'implique le troisième point de vue se rapporte aux
deux genres de propositions qu'il y a à distinguer en Géométrie ; savoir :
celles qui concernent des points, et celles qui concernent des droites ; par
exemple, celles qui concernent les points d'une Section conique, et celles
qui concernent les tangentes. Généralement, surtout en Géométrie ana-
lytique, les propositions concernant des points se démontrent plus aisé-
ment que celles qui concernent des droites, et l'on a coutume de conclure,
dans beaucoup de cas, celles-ci des premières, par les méthodes de trans-
formation. Dans le Traité de Géométrie supérieure, les unes et les autres se
démontrent avec une égale facilité. Cela provient de ce que les propositions
qui constituent la méthode mise en usage, concernent, au même titre à tous
égards, des systèmes de droites et des systèmes de points.
» Ces propositions donnent lieu, dans leur coordination méthodique, à
trois théories distinctes, quoique dérivées d'une même proposition fonda-
mentale, et qui se font suite naturellement. Ces trois théories sont appelées
théories du rapport anharmonique , des divisions et desjaisceaux homogra-
phiques, et de Yinvolution.
» Pour ne pas abuser des moments de l'Académie, on n'entrera point
ici dans les explications qui seraient nécessaires pour donner une idée de
ces trois théories et des causes de la facilité et de la fréquence de leurs
usages dans toutes les parties de la Géométrie ; on ne présentera point non
plus une analyse des applications qu'on en a faites dans le cours de l'ou-
vrage. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Académicien libre en remplacement de feu M. le Maréchal Marmont, Duc
de Raguse.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 48,
M. Bienaymé obtient 38 suffrages..
M. Vallée p/
M. Dubois (d'Amiens). ... i
M. Bienaymé, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé
élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la
République.
( I> )
MEMOIRES LUS.
CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherches a" hématologie ; par M. Lecanu.
(Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Thenard, Dumas, Andral.)
« Les expériences relatées dans le Mémoire que j'ai l'honneur de déposer
sur le bureau de l'Académie ont eu pour objet : la détermination de l'ori-
gine de la fibrine; la recherche d'un moyen de débarrasser les globules du
liquide séreux qui les tient en suspension dans le sang vivant; l'analyse des
globules sanguins, à l'état de pureté. En voici les principaux résultats :
» i°. Lorsqu'après avoir reçu directement dans une dissolution de sul-
fate de soude saturée à la température de -+- \i degrés, le sang sortant de
la veine d'un homme, d'un bœuf ou d'un mouton, on fdtre au papier le
mélange dans lequel les globules se sont conservés intacts, le filtre retient
ces globules, tandis qu'il laisse passer un liquide salino-séreux légèrement
jaunâtre, susceptible de se maintenir limpide tant que la putréfaction ne
s'en empare pas.
» Mais, si on l'étend de sept à huit fois son volume d'eau, il' ne tarde
pas à se prendre en une masse tremblante, tout à fait semblable à la gelée
de pommes, laquelle placée sur une toile abandonne un liquide chargé
d'albumine, s'y convertit en une sorte de glaire, et finit, après qu'on l'y a
comprimée, par laisser dans le tissu de la fibrine incolore, translucide et
quelque peu nacrée, à la façon de la colle de poisson, dite en lyre.
» Les globules lavés à l'eau saline n'en fournissent, au contraire, pas.
De cette expérience facile à répéter, en tout temps et en tous lieux, sur des
masses de sang qui permettent de remplir de gelées, des terrines, et d'obte-
nir, en une seule opération, plusieurs grammes de fibrine, je crois pouvoir
tirer les conséquences suivantes :
» La fibrine du sang spontanément coagulé ou battu, ses analogues, la
couenne inflammatoire, les fausses membranes du croup, etc., proviennent
exclusivement de la portion liquide du sang en circulation;
» Les globules du sang spontanément coagulé ou battu représentent,
sans modification de composition, les corpuscules rouges du sang vivant
des animaux des classes supérieures : à son tour, le sérum de l'un et de'
l'autre, plus la fibrine, en représentent la portion liquide;
» L'apparition de la couenne inflammatoire, dans certaines conditions
2..
( i»-)
pathologiques, peut coïncider avec la présence, dans le sang, d'une pro-
portion normale de fibrine, pourvu que la quantité d'eau y ait augmenté
dans un certain rapport.
» 20. Des lavages prolongés et convenablement faits, à l'eau chargée de
sulfate de soude, débarrassent les globules sanguins du liquide séreux qui
les avait tenus en suspension pendant la vie, et plus tard se trouvait les
imprégner à la manière d'épongés, les en débarrassent, dis-je, à tel point
que les liqueurs de lavage non-seulement cessent de se troubler à la tem-
pérature de l'ébullition, d'être précipitées par l'acide azotique, le bichlorure
de mercure, le tannin, mais encore fournissent, par l'évaporation, un
résidu que la calcination ne noircit pas.
» Si l'on fait alors agir l'eau pure, ces globules, qu'avait respectés la dis-
solution saline, sont presque immédiatement détruits; l'eau passe au tra-
vers du filtre rouge, de sang, chargée d'hématosine, de matières albumi-
neuses et autres. D'où me paraît résulter, pour ces globules, la preuve de
l'existence d'enveloppes imperméables à l'eau chargée de sulfate de soude,
par analogie, à la partie liquide du sang vivant; incapables, en outre, de
se déchirer sous l'influence de ces deux liquides, ainsi qu'elles le font sous
l'influence de l'eau pure;
» De principes Constituants indépendants, et peut-être tous différents
par leur nature, de ceux que contient le liquide qui les tenait en sus-
pension.
» 3°. Les globules purs contiennent :
» Des matières extractives, grasses, salines, de l'albumine, que rien ne
distingue de celles du sérum ; — de la globuline, matière albunhneuse
particulière, que sa solubilité dans l'alcool à io degrés bouillant, la pro-
priété de former avec l'eau froide une dissolution que ne trouble pas le
sous-acétate de plomb, distinguent de l'albumine ordinaire, et qu'on ne
retrouve ni dans le sérum, ni dans le blanc d'œuf ; — une matière fibri-
neuse, distincte de la fibrine : sa disposition en vessie, ou plutôt en petits
sacs membraneux ; son aspect nacré, rappelant celui des globules sanguins
s'agitant au soleil dans l'eau saline; sa résistance prononcée à l'action dissol-
vante des alcalis caustiques, porteraient à penser qu'elle est la véritable ma-
tière des enveloppes; — de l'hématosine, ou principe colorant particulier»
dont le fer est l'un des éléments : elle forme un peu plus des j^ du poids
des globules supposés secs; — de l'eau. La présence de l'eau dans les glo-
bules du sang, jusqu'à ce jour admise par simple induction, et parce qu'elle
rendait parfaitement raison des incessantes déformations qui leur per-
( «3 ).
mettent de se prêter à toutes les exigences de la circulation, peut être
constatée expérimentalement.
» En effet, du moment où l'eau, saturée de sulfate de soude, permet
d'entraîner la sérosité qui les imprègne sans les pénétrer, sans leur rien
enlever de leur propre substance, on sent que les globules, s'ils contiennent
en réalité de l'eau de constitution, devront, par la dessiccation, perdre une
quantité d'eau supérieure à celle provenant de l'eau saline qui se trouvait
les mouiller après les lavages, et que fera connaître le poids du sulfate de
soude retenu par le produit de la dessiccation, auquel l'eau l'enlèvera.
» En moyenne, les globules du sang de bœuf contiendraient un tiers de
leur poids d'eau.
» L'eau, l'albumine, les matières extractives, grasses et salines qu'on y
rencontre, doivent constituer, à l'intérieur des globules, un véritable sérum
hydratant, liquéfiant peut-être leur hématosine et leur globuline, de telle
sorte qu'on pourrait se les représenter comme autant de petites ampoules,
dont les parois tiendraient en réserve, avec des principes spéciaux, une
partie de ceux que contient aussi le sérum intérieur.
» En confirmant les prévisions de MM. Dumas et Prévost, d'après les-
quels, dans le sang, l'eau existerait tout entière à l'état de sérum, ce résul-
tat fait disparaître l'objection grave que soulevait leur procédé d'analyse.
V l'incontestable facilité d'exécution qui l'avait fait adopter par la plupart
des expérimentateurs, ce procédé joint une précision qu'on lui avait au
contraire contestée.
» On devra, toutefois, ne pas oublier que la différence entre le poids du
caillot sec et la somme des matières fixes du sérum, représente le poids des
matériaux spéciaux aux globules (hématosine, globuline), et non plus celui
des globules eux-mêmes. •
» Les analyses de MM. Dumas, Prévost, Denis, And rai, Gavarret, Bec-
querel, Rodier, Lassaigne, Delafond, F. Simon et les miennes, se trouvent
donc à l'abri d'une cause d'erreur qu'eussent rendue profondément regret-
table les importantes conséquences qu'en ont déduites les médecins et les
physiologistes.
» Si ces nouvelles expériences, cette sorte d'anatomie du sang; ont ré-
solu quelques-unes des délicates et difficiles questions que j'abordais ; si, en
démontrant la justesse des données qui leur ont servi de base, elles font
davantage encore ressortir l'utilité des longs et consciencieux travaux que
je viens de rappeler, je m'estimerai doublement heureux de les avoir entre-
prises. »
. ( '4 )
optique. — Mémoire sur les anneaux colorés ; par M. J. Jami.v.
(Extrait.)
(Commissaires, MM. Arago, Cauchy, Babinet.)
« M. Arago, en étudiant avec un analyseur la lumière des anneaux colo-
rés réfléchis ou réfractés, a montré qu'elle éprouvait des modifications,
aujourd'hui trop connues pour qu'il soit utile de les rappeler. Je me pro-
pose, dans ce Mémoire, d'ajouter quelques faits à ceux découverts par cet
illustre physicien, de faire voir que la théorie de Fresnel est insuffisante
pour les prévoir, tandis que les formules de M. Cauchy peuvent en donner
une explication complète ; je terminerai par l'étude de déformations singu-
lières des anneaux réfléchis ou réfractés dans le voisinage de la réflexion
totale.
» Quand le plan de polarisation de la lumière coïncide avec celui d'in-
cidence sur la lame mince, les lois des diamètres des anneaux sont celles
que Newton a fait connaître; mais elles se modifient notablement quand le
rayon incident est polarisé perpendiculairement.
» Commençons par les anneaux réfléchis.
» Si l'incidence augmente d'une manière continue, et que nous suppo-
serons uniforme, l'éclairement général diminue progressivement, et l'on
voit les diamètres des anneaux augmenter d'abord jusqu'à une certaine
limite, y rester quelque temps stationnaires et diminuer ensuite avec une
grande vitesse jusqu'à l'angle de polarisation. A ce moment, la tache noire
a disparu, elle a fait place à un espace éclairé, chaque anneau obscur a
pris la place de l'anneau brillant qui le précédait, et les interférences en
chaque point ont été augmentées d'un quart d'ondulation : ce sont les an-
neaux à centre blanc.
» En continuant d'incliner la lame mince, l'éclairement général augmente
et le rétrécissement des anneaux se poursuit. Bientôt le premier anneau
obscur Occupe le point de contact des verres et se réduit en une nouvelle
tache centrale; le second anneau est devenu le premier, l'ordre de chacun
d'eux a diminué d'une unité, comme si en chaque point l'interférence avait
augmenté d'une demi-longueur d'onde. Quand cette évolution complète
est terminée, les anneaux restent un instant stationnaires, puis ils croissent
et reprennent peu à peu la place que leur assigne la théorie ordinaire.
» Quand le rayon incident est polarisé dans un flan quelconque, on peut
à volonté produire, dans le rayon réfléchi, ou les apparences des anneaux
( «5)
à centre noir, ou celles des anneaux transmis ; il suffit de faire .varier la
position de l'analyseur.
» Si la section principale de l'analyseur est à 90 degrés, on voit les an-
neaux à centre noir dans l'image extraordinaire. Mais il existe un autre
azimut de l'analyseur, qui passe par les valeurs de — 45°? o°, + 45"
pour les incidences normale, principale et rasante, pour lequel on voit
apparaître des «nneaux parfaitement noirs occupant la place des anneaux
obscurs qu'on voit par transmission.
» Quand l'expérience est faite sous l'angle de polarisation, on ne voit
apparaître que ces anneaux à centre blanc. Quand elle est faite sous des
incidences ou très-petites ou très-grandes, on voit en même temps les deux
systèmes superposés, c'est-à-dire des anneaux noirs correspondant aux mi-
nimas des anneaux réfléchis et des anneaux transmis.
» Sous l'angle de polarisation, on voit dans l'image extraordinaire des
apparences très-curieuses quand l'analyseur reçoit un mouvement de rota-
tion sensiblement uniforme, en passant par les azimuts go, »8o, 270 degrés.
La tache centrale s'agrandit, s'éclaire à son centre et forme un anneau qui
croît en diamètre en chassant les autres devant lui et qui prend la place du
premier anneau brillant dans l'azimut de 1 80 degrés : puis il continue à croître
en même temps qu'une nouvelle tache centrale se forme en son milieu, et le
phénomène, ramené à son état primitif dans l'azimut de 270 degrés, éprouve
indéfiniment ces transformations, quand on continue la rotation de l'ana-
lyseur; on assiste ainsi à la production successive d'anneaux qui naissent
au point de contact, et qui, en grandissant, poursuivent ceux qui les pré-
cèdent et sont poursuivis par ceux qui les suivent, comme les ondes qui se
forment sur la surface d'un liquide dont on agite un point.
» Quand on change le sens de la rotation, on change aussi le sens du
mouvement des anneaux, qui diminuent au lieu de croître, et viennent
successivement mourir au centre, comme si l'on écartait les deux prismes
entre lesquels ils se produisent.
» Des phénomènes analogues se présentent dans les anneaux vus par
transmission, quand on a polarisé la lumière incidente dans un plan quel-
conque.
* Quand l'analyseur reste parallèle au prisme polarisant, on voit, dans
l'image extraordinaire, des anneaux à centre noir, avec les mêmes particu-
larités de dispersion qui les signalent dans le rayon réfléchi; seulement, ils
sont bien plus brillants et se projettent facilement avec un admirable éclat.
( i6)
» Il existe en outre un autre azimut, dans lequel on voit les anneaux
transmis, non pas avec ce caractère douteux et vague qui les rend si diffi-
ciles à observer, mais avec autant de netteté que les anneaux réfléchis.
» Ainsi l'on voit successivement apparaître, dans les anneaux transmis,
les anneaux à centre blanc et les anneaux à centre noir.
» Tous ces faits, dont quelques-uns sont inexplicables dans la théorie de
bresnel, peuvent se calculer par les formules de M. Cauchy.
» Les phénomènes suivants, en dehors des prévisions de la théorie, ne
peuvent s'expliquer que d'une manière plus incertaine.
» Quand on produit des anneaux réfléchis entre deux prismes et qu'on
les éclaire par la lumière d'un spectre, les anneaux qu'on aperçoit ne pré-
sentent, sous une incidence normale, rien de particulier que leur extrême
netteté ; quand l'inclinaison augmente, ils grandissent sans que les lignes
obscures qui les composent cessent d'être bien accusées ; mais elles subissent
une singulière déformation.
» Chaque anneau obscur se borde d'une frange très-brillante immédia-
tement en contact avec lui ; elle est extérieure ou sur la convexité du côté
des rayons violets, elle est intérieure ou sur la concavité du côté des rayons
rouges. On dirait que l'anneau est en saillie sur un fond uniforme, qu'il
est éclairé d'un côté et qu'il projette des ombres de l'autre.
» L'inclinaison continuant à augmenter, on voit naître dans l'espace
brillant, alors très-étendu, qui sépare deux anneaux noirs, des lignes som-
bres dues sans doute à des interférences d'un autre ordre, qui toutes sont
bordées d'une frange brillante, et présentent le même aspect que l'anneau
principal. Avec une lunette destinée à les grossir, on en compte jusqu'à
cinq, et l'on croirait voir une série de petites saillies séparées par de petits
sillons; mais ces apparences sont moins accusées que dans l'anneau prin-
cipal. Elles gagnent en éclat et en largeur à mesure que les anneaux s'éten-
dent, et ne disparaissent que quand on atteint la réflexion totale.
» Des apparences complémentaires se remarquent dans le faisceau
transmis.
» Je donne, dans mon Mémoire, une explication de ce phénomène.
» En augmentant l'inclinaison jusqu'à une incidence très-voisine de la
réflexion totale, il arrive un moment où les anneaux réfléchis et réfractés
sont tellement agrandis, qu'ils sortent du champ de vision. On voit alors se
produire un phénomène, dont l'aspect est entièrement différent et dont la
cause est fort incertaine ; ce sont de nouvelles franges d'interférences, bril-
( '7)
lantes et obscures, qui se produisent dans des épaisseurs de lame mince
trop faibles pour donner lieu aux anneaux ordinaires, et dont le nombre
est très-considérable.
» Le défaut d'espace ne me permet pas de donner de ce phénomène
une description complète ; je suis obligé de renvoyer à mon Mémoire, tant
pour le détail que pour l'explication de ces sortes d'interférences. »
M. de Valory lit une Note sur une concrétion siliceuse dont les formes
générales et les dimensions sont à peu près celles d'une tête humaine.
(Commissaires, MM. Serres, Élie de Beaumont, Constant Prévost.)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
électricité. — Lettre de M. Secchi à M. Arago, datée de Rome le 16
juin i85a, sur la résistance que les fds opposent au courant élec-
trique.
(Commissaires, MM. Liouville, Pouillet, Despretz. )
« Je regrette que nos règlements, vu la longueur de la Lettre du P. Sec-
chi, ne me permettent pas de l'insérer dans le Compte rendu; mais nous
reviendrons sur cette communication aussitôt que les Commissaires nom-
més auront fait leur Rapport. L'habile directeur de l'observatoire romain
s'offrira alors aux lecteurs sous un jour entièrement nouveau; ils verront
en lui, en effet, un observateur très expérimenté dans les questions de phy-
sique, et un géomètre au courant de toutes les ressources que peut offrir
l'analyse infinitésimale. Disons seulement ici que le but principal du P. Sec-
chi est d'expliquer le résultat obtenu par M. Despretz, et suivant lequel la
résistance des fils ne serait pas proportionnelle à leur longueur. »
MM. Adolphe et Hermakn Schlagintweit adressent des déterminations
hj psométriques qui, vu leur étendue, ne peuvent être insérées dans le
Compte rendu; mais nous ne manquerons pas de revenir sur cet objet à
l'occasion du Rapport qui doit être fait prochainement sur l'ouvrage éga-
lement remarquable au point de vue de la géologie, de la physique du
globe et de la météorologie, qu'ont publié en allemand les deux'savants
distingués dont nous venons d'écrire les noms.
(Commission précédemment nommée.)
C. R., i85i, 2me Semestre. (T. XXXV, IN» i.) 3
( i8 )
M. M viscii wi) adresse de nouveaux documents à l'appui de sa réclama-
tion de priorité touchant la découverte de proportions dosables d'acide
nitrique dans les eaux de pluie. La Lettre de M. Marchand, suivant le désir
exprimé par lui, est renvoyée à l'examen de la Commission qui a rendu
compte des travaux de M. Barrai.
CHIMIE appliquée. — Extraction du cuivre par l'ammoniaque;
par M. Germain Barri t.i,.
(Commissaires, MM. Dumas, Balard.)
« Un minerai de cuivre, sulfuré, pyriteux, gris, quelque complexe qu'il
soit, étant donné, en retirer tout le cuivre, rien que le cuivre, sans grillage
et en laissant tout le reste des minerais. Telle est la question que je me suis
posée, dans l'intérêt du propriétaire d'un minerai de la Calle en Algérie,
que l'on croyait cuivre carbonate, et qui n'était qu'un cuivre gris recouvert
de carbonate.
» Guidé par la grande affinité du cuivre pour l'oxygène en présence de
l'ammoniaque, j'ai tenté d'abord l'emploi de ce réactif : le succès a été
complet. Ce minerai mis en poudre, et placé avec de l'ammoniaque étendue
dans un flacon pouvant contenir en outre la quantité d'air suffisante pour
fournir au cuivre tout l'oxygène nécessaire à son oxydation, fut agité quel-
ques instants, le flacon étant parfaitement bouché; la coloration dé l'am-
moniaque fut instantanée, et l'oxygène absorbé produisit un vide dont il
fut facile de s'assurer en renversant le flacon et retirant faiblement le bou-
chon, car l'air rentra vivement; la liqueur, débarrassée de l'ammoniaque,
laissa l'oxyde de cuivre.
» Le problème était résolu théoriquement, mais il fallait s'assurer si d'au-
tres métaux, comme le zinc, le cobalt, le nickel, l'argent, qui auraient pu s'y
trouver, et dont les oxydes sont également solubles dans l'ammoniaque, ne
se comporteraient pas comme le cuivre. Je traitai donc de la même manière
des combinaisons naturelles sulfurées etsulfo-arsenicales de ces métaux : l'ac-
tion fut nulle ; on ne retirait donc que le cuivre. Pour m'assurer de l'entière
efficacité de l'action, je traitai le résidu, que je supposais épuisé de cuivre,
et je n'obtins pas trace de coloration rouge par le prussiâte de potasse; et le
problème était ainsi complètement résolu comme expérience de laboratoire.
» Ne pouvant, dans une Note aussi succincte, donner les détails des dif-
ficultés que j'ai dû combattre pour l'application industrielle, je dirai seule-
ment qu'après avoir déterminé directement la proportion d'ammoniaque
( '9)
nécessaire à l'opération, j'ai trouvé qu'il fallait exactement i équivalent d'am-
moniaque pour i de cuivre; comme l'oxydation est produite par un cou-
rant d'air insufflé lentement à travers le liquide au milieu duquel le minerai
pulvérisé est maintenu en suspension, j'ai cherché ce qu'il fallait d'air pour
arriver au résultat : j'ai trouvé que i kilogramme de cuivre demandai!
833 décimètres cubes d'air.
» L'opération ne doit pas marcher trop vivement, car la température
s'élevant, une grande partie de l'ammoniaque serait entraînée. On ne peut
éviter tout à fait cet inconvénient, au moyen d'une disposition qui permet
de retrouver cette ammoniaque.
» La dissolution cupro-ammoniacale, séparée du reste.du minerai, est
soumise à une distillation convenable pour reprendre l'ammoniaque et l'em-
ployer aux opérations subséquentes; l'oxyde de cuivre s'est alors séparé sous
forme de paillettes micacées, noires, brillantes, qui sont réduites et fondues
pour avoir le cuivre métallique. J'ai réussi aussi complètement en em-
ployant directement l'urine putréfiée, traitée convenablement, mais non
distillée.
» Ce procédé peut être appliqué avantageusement à l'essai de semblables
minerais, et l'on obtient ainsi en peu de temps tout le cuivre sous forme de
culot, en fondant l'oxyde obtenu avec un peu de charbon.
» Ayant appris par M. Wurtz qu'on venait de prendre pour l'Angleterre
et l'Amérique le brevet que j'ai pris, il y a deux ans, pour ce procédé, d'a-
près le conseil de M. Dumas, devant lequel j'avais répété l'expérience, j'ai
cru devoir communiquer à l'Académie ce résultat de recherches faites dans
le but de préserver les ouvriers et les voisins des usines à cuivre des
dangers résultant souvent des vapeurs produites par le grillage. »
chimie organique. — Recherches sur la fermentation gallique;
par M. Robiquet.
(Commissaires, MM. Chevreul, Pelouze, Bussy.)
L'auteur présente, dans les termes suivants, le résumé des recherches qui
font l'objet de son Mémoire :
« La noix de galle contient, en outre du tannin et des divers principes
déjà signalés par les chimistes, de la pectose et de la pectase. Ce dernier
ferment, qui y existe à l'état soluble et à l'état insoluble, agit à la fois sur la
pectose et sur le tannin, transformant la première en pectine et le second
en acide gallique. La présence de l'eau et une température de a5 à 3o de-
3..
( (Ml.)
grés sont nécessaires à cette réaction, en lous points semblable aux phé-
nomènes ordinaires de fermentation.
» Le tannin éthérique ordinaire contient assez de pectase pour être trans-
formé spontanément, en présence de l'eau, en acide gallique; mais si l'on a
soin de le purifier ou simplement de faire bouillir quelques minutes ses so-
lutions, la métamorphose ne s'accomplit plus.
» La synaptase, le ferment de bière, l'albumine végétale, l'albumine
animale, la légumine, ont une action fort douteuse sur le tannin, et retar-
dent plutôt qu'ils n'accélèrent sa conversion en acide gallique.
» Il est tout aussi facile de convertir la pectine des fruits en acide pecti-
que au moyen de la pectase retirée de la noix de galle, que de transformer
le tannin en acide gallique avec de la pectase séparée du suc de racines
nouvelles et en particulier des racines de navets.
» L'ensemble des phénomènes observés dans mon Mémoire peut être dé-
signé sous le nom de fermentation gallique ,• mais il ne faut pas oublier que
cette dernière se confond avec la fermentation pectique.
» Le liquide sirupeux qu'on obtient dans la préparation du tannin pu
la méthode de M. Pelouze, ne doit pas être considéré comme un éther tan-
nique, mais simplement comme une juxtaposition d'eau, de tannin et
d'éther en proportions très-variables et nullement définies. Il faut, pour que
cette espèce d'association s'accomplisse, réaliser une des deux conditions
suivantes : ou exposer assez longtemps la noix de galle à l'humidité pour
que le tannin s'hydrate directement, puis lixivier avec l'éther non hydraté;
ou employer de l'éther sulfurique lavé contenant assez d'eau pour arriver au
même résultat. »
M. Trouessart, professeur de physique au collège de Brest, soumet au
jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : Essai d'une théorie
de la vision.
(Commissaires, MM. Arago, Pouillel, Babinet.)
M. <\\ i.i.iiiv adresse la troisième partie de ses recherches sur le fer.
Dans ce nouveau Mémoire, l'auteur traite de la cémentation que la Joute
éprouve dans des circonstances variées.
(Commissaires précédemment nommés: MM. Poncelet, Combes, Séguier. )
M. Nigri, professeur d'anatomie à l'Université de Pise, adresse, à l'occa-
sion d'une communication récente de M. Guillon, sur un calcul urinaire
( *ï )
formé principalement de carbonate de chaux, un résumé des observations
qu'il avait eu occasion de faire lui-même sur des calculs de cette nature;
une de ces concrétions, trouvée par M. Nigri dans la vessie d'un homme dont
il faisait l'autopsie, a été envoyée par lui en même temps que sa Note.
(Commissaires nommés pour la Note de M. Guillon : MM. Pelouze,
Lallemand, Civiale.)
M. Mey prie l'Académie de vouloir bien faire examiner par une Commis-
sion un petit appareil destiné à faciliter l'audition, et que son inventeur,
M. le Dr Robinson, désigne sous le nom d'Otaphone.
(Commissaires, MM. Magendie, Velpeau, Lallemand.)
M. Vu inoiexnes est désigné pour remplacer, dans la Commission chargée
d'examiner un travail de M. le général Carbucciq sur les dromadaires,
M. de Gasparin, dont l'absence paraît devoir se prolonger.
CORRESPONDANCE.
M. l'Amiral Reaufort, directeur du Bureau hydrographique, annonce
l'envoi des Cartes marines et Instructions nautiques publiées par ordre de
l'Amirauté, dans le cours de la dernière année.
Les Cartes et les Livres ont été reçus et sont mentionnés dans le Bulletin
bibliographique de la précédente séance.
météorologie. — Lettre de M. Démidoff, concernant les observations
météorologiques faites par ses ordres à Nijne-Taguilsk et l'érection
prochaine, dans le même lieu, d'un observatoire météorologique et
magnétique .
« Monsieur le Secrétaire perpétuel,
» Par votre Lettre en date du 19 février dernier, vous avez bien voulu
m'annoncer la nomination par l'Académie d'une Commission chargée d'exa-
miner les résultats de la première période décennale des observations météo-
rologiques suivies à Nijne-Taguilsk. Aujourd'hui, je viens, Monsieur le Se-
crétaire perpétuel, vous prier de porter à ma connaissance les conséquences
tirées par la Commission de l'examen auquel elle s'est livrée. Je suis d'au-
tant plus désireux d'être édifié à ce sujet, que je m'occupe en ce moment
même de la fondation, à Nijne-Taguilsk, d'un observatoire météorologique,
aussi complet que les localités le pourront permettre, qui sera confié a des
personnes exercées, et auquel je compte annexer un observatoire magnéti-
que. Vous m'obligeriez infiniment, Monsieur le Secrétaire perpétuel, si, en
me transmettant les renseignements demandés sur les travaux de la Commis-
sion nommée par l'Académie, vous vouliez bien y ajouter quelques données
sur les dispositions qu'il conviendrait de prendre, pour imprimer à la fon-
dation de l'observatoire météorologique et magnétique dont il vient d'être
question, le caractère de précision désirable. »
(Renvoi à la Commission chargée de préparer des Instructions pour le
voyage scientifique de M. Démidoff.)
M. Letellier (de Batignolles) écrit à l'Académie pour lui soumettre une
idée qu'il croit neuve , et qui consisterait à élever dans les airs, en temps
d'orage, un ballon captif recouvert de plusieurs plaques métalliques et en
communication avec le sol à laide d une corde conductrice.
M. Letellier verra lui-même, par les passages suivants empruntés à
Y Annuaire du Bureau des Longitudes de i838, qu'aucune suite ne pouvait
être donnée à sa communication.
« La propriété des paratonnerres, à laquelle nous venons de consacrer
» tant de pages, est d'autant plus développée que leur tige a plus de hau-
» teur. Rien ne le prouve mieux que les nombreuses expériences faites
» avec des cerfs-volants, et, dans ce genre, rien n'a approché des résul-
» tats obtenus à Nérac par notre compatriote de Romas.
» Cet intrépide physicien lança dans les airs, à des hauteurs de i oO à
» 160 mètres (4 à 5oo pieds), un cerf- volant dont la corde était, comme
» les grosses cordes de violon, entourée d'un fil métallique. Pendant un
» orage très-médiocre, à peine accompagné de quelques légers coups de
» tonnerre, Romas tira de l'extrémité inférieure de la corde de son appa-
» reil, non plus de simples étincelles, mais des lames de feu de 3 mètres
» à 3 mètres un quart (9 à 10 pieds) de longueur. Ces lames faisaient
» autant de bruit qu'un coup de pistolet. En moins d'une heure Romas en
» tira trente, sans compter un millier d'autres de la longueur de 1 mètres un
» quart (7 pieds) et au dessous!
» Le physicien de Nérac remarqua plusieurs fois que, pendant la durée
» de ses expériences, les éclairs et le tonnerre cessaient totalement. Le
» docteur Lining, de Charlestown, et M. Charles, quoique ayant opéré
» moins en grand, transformèrent aussi des nuages orageux en nuages
» ordinaires.
( «3)
» Ces observations ouvraient une large et brillante carrière, dans laquelle
» il est regrettable que l'on ne soit pas entré. La formation de la grêle
» semble incontestablement liée à la présence dans les nuages d'une abon-
» dante quantité de matière fulminante. Soutirez cette matière, et la grêle
» ne naîtra point, ou bien elle restera à l'état rudimentaire, et vous né verrez
» plus tomber sur la terre que du grésil inoffensif. Doute-t-on des grands
» avantages que l'agriculture retirerait dans certains pays de la disparition
« des orages à grêle? Voici ma réponse : En 1764, un habitant éclairé du
» midi de la France écrivait ces lignes dans l'Encyclopédie : « Il n'y a pas
» d'année où la grêle ne ravage la moitié, quelquefois les trois quarts des
» diocèses de Rieux, Comminges , Couserans , Auch. et Lombez. » Le seul
» orage du i3 juillet 1788, frappa en France mille trente-neuf communes.
» Une enquête officielle porta le dégât à 25 millions de francs!
» Je sais très-bien que la manœuvre du cerf-volant n'est pas exempte
» de danger; que l'orage naît, se développe, se fortifie par un temps
» généralement calme ; que le vent à l'aide duquel l'appareil pourrait être
» lancé dans les airs ne commence qu'au moment où la pluie et la grêle
» tombent déjà , etc. Aussi n'est-ce pas de cerfs- volants qu'on devrait ,
» suivant moi, se servir. Je voudrais qu'on employât des aérostats cap-
» tifs, pour cette grande et belle expérience; je voudrais qu'on les fit
» monter beaucoup plus haut que les cerfs-volants de Romas. Si en dépas-
» sant d'une centaine de mètres la couche atmosphérique où s'arrêtent
» ordinairement les extrémités des paratonnerres, de petites aigrettes
» deviennent des langues de feu de 3 à 4 mètres de long, que n'arriverait-il
» pas lorsque tout le système, suivant les circonstances, s'étant élevé trois,
» quatre, , dix fois plus, irait presque affleurer la surface inférieure des
» nuées; lorsque aussi, et cette particularité a de l'importance, la pointe
» métallique soutirante qui serait en communication avec la longue corde
» semi-métallique faisant fonction de conducteur, étant fixée vers la partie
» supérieure du ballon, se présenterait aux nuages à peu près verticalement
» ou dans la position d'un paratonnerre ordinaire. Il n'y a rien de trop
» hasardé à supposer que, par ce système, on parviendrait à faire avorter
» les plus forts orages. En tous cas, une expérience qui intéresse si direc-
» tement la science et la richesse agricole du Royaume, mérite d'être tentée.
» Si l'on se servait de ballons de dimensions médiocres, la dépense serait
» certainement inférieure à celle de tant de décharges de boîtes, de canons,
» que s'imposent aujourd'hui, sans aucun fruit, les pays de vignobles. »
( m
météorologie. — Faits observés à la station de Beuzeville pendant l'orage
du 1 7 mai. ( Lettre de M. de Lai, a m>f. en réponse à une demande de
renseignements adressée, an nom de l'Académie, par MM. les Secrétaires
perpétuels. )
« J'ai l'honneur de vous adresser les résultats de l'enquête faite, à votre
intention, à Beuzeville et dans les environs, pour connaître les principaux
incidents de l'orage qui a éclaté sur notre chemin de fer, pendant la journée
• lu 17 du mois dernier.
» Le 17 mai au soir, im peu avant le départ du train mixte n° iS des-
cendant, à 5 heures et quelques minutes, un violent orage ayant en lieu au
Havre, les postes télégraphiques de Beuzeville (poteau kil. 202k,222,P.)
(distance de Paris), Barentin (i58k,724, P-) et Malaunay (i48k,875, P.),
reçurent immédiatement avis de celui du Havre (228k,oo3, P.), qu'il mettait
le fil de la ligne en communication avec la terre, et qu'ils eussent à s'éta-
hlir, de leur côté, sur la communication directe. Cet avis fut-il mal donne
du Havre, ou bien, chose plus probable (1), a-t-il été négligé ou mal inter-
prété à Beuzeville? Voilà ce qu'il importerait desavoir au juste pour éclairer
la question, et malheureusement ce que je ne saurais dire.
» Je vais vous exposer tout simplement, Messieurs, les incidents atmo-
sphériques tels qu'ils m'ont été racontés par un spectateur auquel j'accorde
toute confiance, ou mieux encore, je laisserai parler M. Maillot, chef de la
station de Beuzeville, ancien garde général des Forêts, homme mûr, d'un
grand sens, de beaucoup de jugement, et incapable de s'effrayer sans sujet:
« Après avoir laissé ma femme en mon lieu et place au poste du télé-
» graphe (</), j'étais allé de l'autre côté de la voie montante (H M), auprès
» du hangar des marchandises, pour hâter le chargement d'un wagon de
» plâtre qui devait être annexé, à 6h 18"1, au train mixte n° 18 montant;
» tandis que l'expéditeur (2) m'exprimait le regret de n'avoir, pour recou-
« vrir sa marchandise, que de la paille seulement et point de bâche, je vis
» s'avancer dans l'air, en face de nous, dans la direction sud-est, un globe
» lumineux (C B E) (3) que je lui fis remarquer en appelant instinctivement
(1) Le poste télégraphique de Beuzeville n'a point d'agent spécial; c'est le chef de la sta-
tion qui cumule le service télégraphique avec celui de l'exploitation commerciale.
(a) Heuzé, Jean, cultivateur de la commune de Bretteville.
(3) Lequel ressemblait, dit toujours M. Maillot, à ces bombes d'artifice dont on se sert
dant les combats simulés.
( i5 ) ..
» à haute voix un des facteurs de ma gare (i) pour le faire jouir de ce spec*
» tacle. Grâce à mon avis instantané, cet homme a vu, aussi bien que Heuzé
» et moi, cette bombe lumineuse, que nous nous attendions à voir passer
» sur nos tètes, s'arrêter et disparaître subitement, au moment où elle se
» trouvait au-dessus des fils du télégraphe ( a ), à 20 mètres de nous environ.
» Le tonnerre, en même temps, tombait dans le cimetière de Beuzeville (3),
» comme nous l'apprîmes plus tard; ce qui me porterait à croire que l'espèce
» de zigzag qui semblait pousser vers nous le globe lumineux, n'était autre
« que la foudre. Quelques roulements de tonnerre avaient précédé le phé*
» nomène électrique; il fut suivi d'une forte pluie qui dura au plus dix mi-
» nutes, mais l'orage fut ensuite s'abattre avec plus de violence sur Cri-
» quetot-lès-Nesval, où la grêle causa de grands, dégâts. »
» Madame Maillot, laissée comme il est dit plus haut, au poste télégra-
phique, m'a raconté de son côté ce qui s'était passé en cet endroit dans le
moment même où elle entendait son mari appeler llilaire.
» Il y a eu, au dire de cette dame, de grandes perturbations dans l'ap-
pareil Breguet, placé derrière elle à 1 mètre au plus de distance; s'étant
subitement retournée au bruit étrange d'un cliquetis qui lui semblait venir
du manipulateur où aboutissent les fils, elle vit très-distinctement de nom-
breuses étincelles sortir d'un petit trou, espèce de lumière ménagée sur le
manipulateur, à la base du tourniquet ; elle m'a montré aussi une vis ser-
vant à fixer le fil de laiton pénétrant dans la boussole, vis qu'elle prétend
avoir été déplacée par la force de la commotion, ce que je comprends d'au*
tant moins que l'appareil était disposé de manière à renvoyer en terre les
courants électriques (4).
(1) Hilaire, Auguste, agent de la Compagnie du chemin de fer, chargeur à la station de
Beuzeville.
( 2 ) Trois fils correspondent de Paris au Havre ; deux appartiennent à la Direction géné-
rale des Télégraphes; le troisième est exclusivement au service de la Compagnie.
( 3 ) Le cimetière de la commune de Beuzeville est à 2 kilomètres environ de la station du
chemin de fer, au sud-est.
(4 ) H est à remarquer que le poste télégraphique de Beuzeville , comme simple intermédiaire,
est dépourvu de paratonnerre, et qu'il doit par conséquent, dans le cas d'orage, se mettre en
communication directe; tandis que les postes extrêmes et celui de Rouen se mettent, de leur
côté, en communication avec la terre. Lors de mon enquête, pendant mes investigations à la
station de Beuzeville , j'ai de plus remarqué, non sans étonnement, que le fil conducteur à la
terre est placé à portée de la main , suivant l'angle du bâtiment depuis le haut du mur jusqu'en
bas, de manière à pouvoir très-facilement subir de la malveillance ou de la sottise une solution
de continuité, qui causerait de graves accidents au moment où surviendrait l'orage.
C. K., i85a, i">* Semestre. (T. XXXV, N° ^. 4
• (*6)
» N'est-il pas à croire plutôt, Messieurs, que fonctionnant en l'absence de
son mari, madame Maillot, par une fausse manœuvre, se sera remise sans le
vouloir en communication, ou qu'elle se sera trouvée, sans le savoir peut-
être, avoir, en ce moment, les commutateurs auxquels sont adaptés les fils de
la ligne, en communication avec l'appareil récepteur ? Cette hypothèse don-
nerait à penser que lorsque le tonnerre est tombé dans le cimetière de Beu-
zeville, à a kilomètres de la station, le fluide a joint le fil, s'est introduit
dans le bâtiment, a suivi la série des fils qui communiquent de la ligne à
la boussole, de la boussole au manipulateur, du manipulateur au récepteur,
et est ressorti de ce dernier pour retourner au manipulateur et aller de là
se perdre en terre (7). Ce circuit du fluide accepté, on conçoit jusqu a un
certain point les étincelles remarquées à la boussole, à l'aiguille du récep-
teur et au pivot du manipulateur; encore, pour admettre que ce dernier ait
produit des étincelles, faut-il supposer que la manivelle avait été mise en
mouvement ou avait reçu une forte secousse, puisque le manipulateur com-
munique directement avec la terre au moyen des fils métalliques incrustés
dans le bois.
» Quant au cliquetis entendu par madame Maillot, il a dû être produit par
l'appareil récepteur, dont l'aiguille à chaque éclair prononcé avance d'un
ou plusieurs contacts, et pourrait même, dans la circonstance de Beuzeville,
avoir produit un mouvement de rotation assez prolongé.
» Quoi qu'il en soit, Messieurs, mon faible entendement se refuse à croire
que le dérangement qui a existé dans l'appareil de Beuzeville puisse être
attribué à la défection de lavis de la boussole dont il est question plus haut;
je serais au contraire d'autant plus porté à croire que le dérangement était
au manipulateur, que des renseignements positifs puisés à d'autres sources ( 1 )
m'ont prouvé que le dérangement subsistait encore le lendemain 1 8 mai
à 8 heures du soir, alors même que la boussole avait été remise dans son
état normal.
» Après avoir constaté de mon mieux, d'après le témoignage de quatre
spectateurs dignes de foi (2), les incidents principaux du phénomène attno-
(1) Ce renseignement me vient du poste de la station de Barentin.
(2) i°. M. Maillot, chef de la station de Beuzeville, âgé de quarante-cinq ans;
20. Heuzé, cultivateur de la commune de Bretteville, trente-huit ans ;
3". Hilaire, agent de la Compagnie (vingt-sept ans), chargeur à la Gare des mar-
chandises ;
4°. Mademoiselle Trichet, âgée de dix-huit ans, fille du chef de la station de ÎNointot, sur
la même ligne.
( *7)
sphérique qui a été de ma part, et à votre intention, l'objet d'une enquête
presque judiciaire, je n'oserais hasarder la moindre réflexion touchant le
prodigieux globe lumineux qui, poussé par la foudre le 17 mai i852,
dans une direction sud-est, est venu s'abattre et disparaître subitement sur
les fils télégraphiques de la station de Beuzeville.
» Présentement, c'est à la science à dire son mot. »
chimie. — Recherches sur les sulfures décomposables par Veau;
par M. E. Fremy. (Extrait par l'auteur.)
« Le but de ce travail est de faire connaître la production et les princi-
pales propriétés d'une classe de sulfures fort peu examinés jusqu'à présent,
et dont l'étude intéresse à la fois la chimie et la géologie, parce qu'elle doit
jeter quelque jour sur la formation des eaux minérales.
» Lorsqu'on envisage l'action de l'eau sur les sulfures, on reconnaît que
ces composés peuvent être partagés en trois classes. La première comprend
les sulfures alcalins et alcalino-terreux qui se dissolvent dans l'eau ; la se-
conde est formée par les sulfures insolubles , la troisième se compose des
sulfures de bore , de silicium , de magnésium et d'aluminium qui sont dé-
composés par l'eau : ces derniers sulfures sont à peine connus, parce que
leur préparation présentait jusqu'à présent de grandes difficultés.
« L'étude de ces corps offre cependant un véritable intérêt , car l'action
que l'eau exerce sur eux permet d'expliquer les phénomènes principaux qui
accompagnent la production des sources sulfureuses.
» Pour étudier d'une manière complète toutes les questions qui se ratta-
chent à la décomposition des sulfures par l'eau , je me suis appliqué d'abord
à trouver une méthode qui me permît de préparer facilement tous les sul-
fures : c'est cette méthode que je vais d'abord faire connaître.
» On sait que le soufre n'exerce aucune action sur la silice , l'acide bori-
que, la magnésie et l'alumine; j'ai pensé qu'il serait peut-être possible de
remplacer dans ces corps l'oxygène par du soufre, en faisant intervenir une
seconde affinité comme celle du carbone pour l'oxygène. Ces décomposi-
tions produites par deux affinités, sont fréquentes en chimie; et dans des
expériences encore inédites sur les fluorures, j'avais déjà vu le sulfure de
carbone décomposer complètement le fluorure de calcium mélangé à la si-
lice pour produire du sulfure de calcium; je devais donc présumer que le
sulfure de carbone, agissant par ses deux éléments sur les oxydes précé-
4-
( *8 )
dents, enlèverait l'oxygène au moyen du carbone qu'il contient et forme-
rait en même temps des sulfures : l'expérience est venue confirmer cette
prévision.
» J'ai obtenu en effet les sulfures de bore, de silicium, de magnésium
et d'aluminium en soumettant à l'action du sulfure de carbone, sous l'in-
fluence d'une température élevée , l'acide borique , la silice , la magnésie et
l'alumine. Pour rendre cette réaction plus facile et pour soustraire le sul-
fure à l'action décomposante des alcalis contenus dans les tubes de porce-
laine , il est quelquefois utile de mélanger les oxydes à réduire avec du
charbon et de former des boulettes qui ressemblent à celles qui sont em-
ployées dans la préparation du chlorure de silicium.
» Je me suis assuré par l'analyse que ces sulfures correspondent aux
oxydes qui les ont produits.
» Je dirai maintenant quelques mots des sulfures qui ont été obtenus
par la méthode que je viens de faire connaître.
» J^e sulfure de silicium avait été produit en petite quantité par Berzelius
dans la réaction du soufre sur le silicium, et par M. Pierre dans la décom-
position du chlorure de silicium par l'acide suif hydrique.
» J'ai formé ce corps avec la plus grande facilité en faisant passer de la
vapeur de sulfure de carbone sur des boulettes de charbon et de silice gé-
latineuse qui sont placées dans un tube de porcelaine que l'on porte au
rouge vif. Le sulfure de silicium se condense dans le tube et se présente
alops en belles aiguilles soyeuses et blanches qui sont peu volatiles, mais
faciles à entraîner par des vapeurs.
» Pour démontrer tout l'intérêt qui s'attache à l'étude de ce corps , il
suffira de citer ici deux de ses réactions. Lorsqu'on chauffe du sulfure de
silicium dans un courant d'air humide, il se décompose et forme des cris-
taux soyeux de silice anhydre; il est évident qu'on peut expliquer, au
moven de cette expérience , la production naturelle de certains cristaux
filamenteux de silice.
>' Le sulfure de silicium mis en présence de l'eau donne, comme on le
sait , un vif dégagement d'acide sulfhydrique et de la silice qui reste entiè-
rement en dissolution dans l'eau et ne se dépose que lorsqu'on évapore la
liqueur : il est impossible de ne pas rapprocher cette propriété curieuse du
sulfure de silicium , des circonstances naturelles dans lesquelles se forment
certaines eaux minérales et quelques incrustations siliceuses.
» Comme le sulfure de silicium se produit probablement dans tous les
( *9)
cas où la silice se trouve soumise à la double action d'un composé binaire,
qui lui cède du soufre et s'empare eu même temps de son oxygène, ce sul-
fure n'est peut-être pas aussi rare qu'on le pensait jusqu'à présent; et en
admettant sa présence dans les terrains qui produisent les sources sulfu-
reuses, on expliquerait l'existence simultanée de la silice et de l'acide sulfhy-
drique dans les principales eaux sulfureuses : cette hypothèse se trouve en.
quelque sorte confirmée par les intéressantes observations de M. Descloi-
zeaux, qui démontrent que les eaux siliceuses des Geysers d'Islande contien-
nent une quantité notable d'acide sulfhydrique.
» Je me contente de soumettre ces considérations aux géologues, et de
leur faire remarquer qu'en expliquant la formation des eaux sulfureuses et
siliceuses par la décomposition du sulfure de silicium , je ne fais que don-
ner de l'extension à la théorie ingénieuse proposée par M. Dumas pour ren-
dre compte de la formation de l'acide borique.
» Les sulfures de bore et d'aluminium ont été produits comme le sulfure
de silicium et sont également décomposés par l'eau.
» J'ai obtenu le sulfure de magnésium en faisant passer du sulfure de
carbone sur de la magnésie pure; dans ce cas, la présence du charbon ne
parait pas utile : ce sulfure est cristallisable et soluble dans l'eau froide;
lorsque sa dissolution est conservée à la température ordinaire, elle ne
dégage que très-lentement de l'acide sulfhydrique ; mais lorsqu'elle est
portée à l'ébullition, elle produit alors une vive effervescence d'acide sulf-
hydrique en laissant déposer aussitôt de la magnésie.
» Tel est le résumé de mes premières observations sur les sulfures dé-
composables par l'eau, et qui doivent, selon moi, jouer un certain rôle dans
la production des eaux minérales; je suis persuadé que ces composés seront
employés dorénavant par les chimistes pour former de nouveaux corps sul-
furés. Je continue mes expériences sur cette classe intéressante de sulfures*
et je m'empresserai de communiquer à l'Académie la suite de mon travail
si les résultats que j'obtiens me paraissent dignes de son attention.
» Je me fais un devoir de reconnaître ici que dans mes recherches sur
les sulfures, je suis aidé avec le plus grand zèle par un jeune chimiste,
M. Boutmy. »
chimie appliquée. — Méthode pour obtenir des épreuves positives, directes,
sur glace; par M. Adolphe Martin.
« La simplicité de l'emploi du collodion ioduré comme couche sensible,
(3o )
la rapidité avec laquelle il reçoit l'impression lumineuse, la finesse de l'é-
preuve obtenue ont tourné les esprits vers son emploi exclusif. Les mé-
thodes qu'on a données jusqu'à ce jour se rapportent surtout à l'obtention
des négatifs, et, malgré les résultats remarquables auxquels on est arrivé,
on ne peut s'empêcher de remarquer le manque d'harmonie et de modelé
des épreuves obtenues en dernier résultat par ces méthodes.
» Occupé depuis quelque temps de cette question, je ne tarderai pas à
communiquer à l'Académie quelques améliorations qui me sont person-
nelles. En attendant, je crois rendre service à la photographie en commu-
niquant un procédé aussi sûr que facile d'obtenir des positifs directs.
» Le collodion, tel que je l'emploie, est composé d'une solution éthérée
de coton azotique (obtenu en traitant 3. grammes de coton par un mélange
de 5o gramme» d'azotate dépotasse et 100 grammes d'acide sulfurique;
le coton, bien lavé et bien séché, est entièrement soluble dans un mélange
de 10 volumes d'éther et de 1 volume d'alcool) ; on ajoute alors de l'éther et
de l'alcool, de telle sorte que la dissolution définitive se compose de
1 gramme de coton, 120 grammes d'éther et 60 grammes d'alcool : on ajoute
alors environ 1 gramme d'azotate d'argent transformé en iodure, et dissous
dans 20 grammes d'alcool au moyen d'un iodure alcalin, mais, de préfé-
rence, de l'iodure d'ammonium.
» La plaque de glace, enduite à la manière ordinaire d'une mince couche
de cette dissolution, est, avant qu'elle soit sèche, plongée dans un bain
composé de 1 partie d'eau distillée, -^ d'azotate d'argent et -^ d'acide azo-
tique. La pose a lieu, comme à l'ordinaire, pendant quelques secondes.
La plaque de verre est alors plongée dans un bain de sulfate de protoxyde
de fer, puis lavée avec soin.
» L'image est restée négative jusqu'à ce moment; mais, en la plongeant
dans un bain de cyanure double d'argent et de potassium, on la voit devenir
positive et complète, si la pose a eu lieu dans les conditions convenables. Il
n'y a plus qu'à laver, enduire de dextrine et sécher, puis encadrer sur un
fond de velours noir.
» Le bain de cyanures que j'emploie est le même que celui de MM. Ruolz
et Elkington; il est seulement étendu de 3 volumes d'eau environ. Il se
compose de 1 litre d'eau, 25 grammes de cyanure de potassium et 4 grammes
d'azotate d'argent.
» Je ferai remarquer, en terminant, que ce procédé me donne toujours
des épreuves, et que ces épreuves sont toujours positives. Leur perfection
seule dépend de la juste appréciation du temps de la pose. •>
(3i )
M. le Secrétaire de la Société Linnéense de Londbes adresse, an
nom de cette Société, des remercîments à l'Académie pour l'envoi du vo-
lume XIII des Savants étrangers et des volumes XXXII et XXXIII des
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie.
chimie. — Nouvelle Lettre de M. Maissiat concernant sa réclamation de
priorité pour les procédés employés pour l'analyse de l'air.
« Monsieur le Président,
« A la dernière séance de l'Académie, M. Regnault prit la parole sur une
question de priorité entre lui et moi. J'avais l'honneur d'être présent, j'en-
tendis donc la critique faite soit de ma réclamation même, soit de son objet.
J'espère que l'Académie me permettra de répondre un mot à chaque remar-
que de l'honorable Membre.
» On m'a trouvé mal fondé scientifiquement à dire qu'une comparai-
son de gaz par volumes respectifs variables est très-difficile à préciser ;
on a ajouté qu'/7 suffit de savoir s'y bien prendre. Je rappelle qu'il s'agit
ici , pour l'acide carbonique de l'air, d'une quantité moyenne égale à
,j millième du volume total, et des variations de cette quantité minime. Or,
depuis Dulong jusqu'à l'époque présente, je trouve tous nos maîtres d'ac-
cord sur ceci : que, dans la constitution d'une échelle de capacité, on n'éta-
blit directement que des points rares ; pour les intervalles qui les séparent,
toute la précision repose sur la régularité présumée du vase. Ai-je donc eu
bien tort de dire que le \ millième d'un volume et ses variations sont très-
difficiles à garantir? En deux mots, pour comparer deux volumes de gaz à
une échelle de capacité, il y a chance d'erreur soit dans la constitution de
l'échelle, soit dans la lecture du point de mesure. J'ai signalé un moyen
de tourner une de ces difficultés de précision, d'atténuer l'autre, et même
une troisième de même nature (un moyen d'éviter l'erreur d'échelle de ca-
.pacité, d'atténuer la portée de l'erreur de lecture soit du volume, soit de la
pression), et parce qu'un habile expérimentateur pourrait, dit-on, se pas-
ser de tout cela, est-ce une raison de trouver inutile un tel moyen de faire
commodément l'analyse exacte de l'air? Trouvons-nous les ponts inutiles3
» On a cité un auteur allemand, M. Bunsen, qui aurait mis en pra-
tique cette même méthode d'analyse des gaz. Qu'on veuille bien produire,
à cet égard, quelque document authentique, et si cet auteur a pratiqué, ou
même simplement signalé clairement, suffisamment, soit la méthode, soit le
procédé en question, je suis prêt à lui reconnaître la priorité. Mais aussi,
(3a )
tant que personne ne me précédera authentiquement, je recourrai a l'Aca-
démie pour qu'elle me conserve l'honneur de la chose.
» On a dit que le caractère spécial de l'appareil de M. Regnault
consiste dans la disjonction possible des deux capacités, l'une où l'on opère
Y élimination des gaz, l'autre où l'on procède à leur mesure. Ce point n'est
qu'accessoire, ce me semble; le mérite scientifique, c'est la précision : cou-
per la route que suit le gaz, ce n'est point introduire de la précision scien-
tifique; au contraire, c'est simplement obtenir une commodité, peut-être
au prix d'une petite chance d'erreur, une petite bulle d'air hétérogène pou-
vant s'introduire par là dans l'appareil, lors de la coaptation. Le mérite
scientifique de l'appareil de M. Regnault dépend donc bien de l'objet même
de ma réclamation.
» On a dit : // ne s'agit point de présenter des projets d'appareil,
triais bien des appareils exécutés et fonctionnant . Je voudrais faire ici une
distinction : on conçoit qu'on ne puisse venir demander un prix à l'Aca-
démie ou son estime scientifique sur un simple projet d'appareil nouveau
que l'on définit ; c'est uniquement là une date certaine. Mais dès que le
projet se trouve réalisé, d'une manière quelconque, la pensée de concep-
tion première prend toute sa valeur, mérite d'exécution à part. L'exécution
est une question de dépense d'argent et d'art. Mais apercevoir d'avance,
par la seule force de la réflexion et de l'étude poursuivies, une vérité ulté-
rieure; concevoir une méthode d'analyse nouvelle plus précise, et en indi-
quer les voies et moyens d'exécution, c'est là, ce me semble, le vrai titre
scientifique. C'est, du moins, le seul point que je réclame.
» M. Regnault déclarait lundi avoir conçu la méthode d'analyse en ques-
tion et le projet d'appareil, peut être huit ans avant la publication de son tra-
vail, où il en est fait mention pour la première fois. Je désirerais faire ici en-
core une distinction : il y a, concernant une chose, i° la pensée intime, dont
évidemment personne ne peut réclamer la date à son avantage ; a° il y a un
commencement d'exécution de cette chose, dans un laboratoire privé, c'est'
une question de bonne foi qui ne saurait donner droit en public, mais que
j'admets volontiers personnellement, en présence de M. Regnault. On
trouve dans le Compte rendu des séances de V Académie, t. XXV, p. 960,
séance du 27 décembre 1847, une réclamation de M. Regnault lui-même,
contre M. Doyère, où il est dit textuellement, en parlant de ce même appa-
reil d'analyse des gaz, « dont nous nous servons (M. Reiset et M. Re-
» gnault) depuis plus de trois ans, et que tout le monde a pu voir fonctionner
» dans mon laboratoire, au Collège de France». La date privée, la date de
(33)
bonne foi remonte donc pour M. Regnault, d'après lui-même, à i844; la
date authentique ne remonte qu'à 1847- ^a ^ate authentique qui m'a porté
a réclamer moi-même, remonte à 1 843.
« Enfin M. Regnault parla de personnalité relativement au passage de
nia Lettre, où il est rappelé que j'eus l'honneur de lui présenter, en i843,
mes Etudes de physique animale. Il dit que cette publication est une Thèse
de concours qui traite de divers points de statique animale et autres sujets
de science médicale dont il ne s'occupe nullement lui-même, que partant
il ne l'a point lue. La simple parole de M. Regnault qu'il n'a point lu ce
livre, me suffit parfaitement et bien mieux que la raison qu'il y joint. En
effet, pour énoncer ainsi les divers sujets particuliers dont il s'agit dans ce
Recueil, il faut, ce semble, les avoir lus au seul endroit où ils se trouvent
inscrits, c'est-à-dire à la première page, et parmi eux est celui-ci : Note sur
l'analyse des gaz. Mais il n'est point nécessaire que M. Regnault ait lu
cette Note pour que mon droit de priorité soit constaté ; il suffit qu'elle
soit suffisamment explicite et de date certaine antérieure. Mes Etudes de
physique animale ne sont point une Thèse de concours, comme le dit
M. Regnault. Une Thèse est un travail superficiel de quinze jours : mes
Etudes de physique animale ont été, au contraire, longues et laborieuses
(quels qu'en soient les défauts) ; j'y ai employé huit ans. Plusieurs parties
en ont été antérieurement lues à l'académie des Sciences même. Et il était
facile d'en connaître (puisque M. Regnault tenait ce livre en main) soit par
ie simple titre de la couverture, soit par la première page du texte qui sert
d'introduction, soit par la nature même du travail. Quant au reproche de
personnalité, l'honorable Membre lui-même a été forcé, à une autre épo-
que, d'entrer dans des détails qui touchaient aux personnes. Ainsi, dans sa
réclamation de 1 847 précédemment citée, je lis ce passage textuellement :
« Il est même (l'appareil visible dans le laboratoire de M. Regnault) par-
« faitement connu de MM. Dumas et Doyère, bien que ce dernier savant
» n'en ait rien dit dans sa Note imprimée. » Est-ce à dire que M. Regnault
ait fait en cela une personnalité? non certainement : il a seulement voulu
préciser les conditions réciproques du débat et mieux éclairer la religion de
l'Académie. Je me trouve aujourd'hui dans la même situation. Malheureu-
sement, en plaidant une cause, on ne peut pas toujours demeurer stricte-
ment courtois ni agréable à la partie adverse ; mais commettre une person-
nalité réelle et dans une Lettre mûrement écrite, je suis tranquille sur moi
en présence de M. Regnault : ce savant ne pourrait avoir conservé de moi
que des souvenirs d'une déférence extrême à toute époque. Au sujet même
C. R., i85a, *m' Semestre. (T. XXXV, N» i.) 5
(34 )
de ia présente réclamation, me suis-je placé à côté de lui et de M. Doyère,
en 1847 ' mi rappellerai -je les démarches faites non par moi, mais à ma
prière, par un excellent ami commun, Henri Dezé, de si regrettable mé-
moire, et inutilement, pour obtenir un mot de citation qui m'eût suffi ?
» Voilà cinq ans que j'ai attendu avant de me décider à réclamer direc-
tement; mais aujourd'hui que Y Académie parle, c'est un jugement histo-
rique quelle écrit d'avance, et je réclame devant elle à cause de son auto-
rité même sans seconde qui en approche, le fruit de mon travail durant de
longues années. Je demande donc à conserver les juges que l'Académie m'a
donnés, et je m'en rapporte à M. Regnault lui-même : qu'il me fasse l'hon-
neur de ne pas se récuser. »
chimie. — Réponse de M. Regxault aux- nouvelles observations de
M. Maissiat.
« Je ne répondrai que quelques mots à la nouvelle Note de M. Maissiat.
» Dans les procédés que j'ai suivis pour l'analyse des mélanges gazeux,
on peut distinguer deux parties : la première se rapporte aux mesures ; la
seconde à la séparation des gaz par réactions chimiques.
» i°. La mesure des volumes gazeux s'obtient en déterminant les forces
élastiques que ces gaz exercent lorsqu'ils sont ramenés constamment au
même volume. Pour M. Maissiat, c'est là le principe essentiel de l'exacti-
tude de mon procédé ; c'est celui qu'il revendique principalement comme
ayant été établi par lui dans sa Note de 1 843. Je lui ferai observer que,
dans mon travail sur la dilatation des gaz, présenté à l'Académie en 1841
(annales de Chimie et de Physique, 3e série, tome IV, page 38), le même
procédé a été employé. Au lieu de mesurer l'augmentation de volume que
le gaz subit par l'accroissement de chaleur, ou la diminution qu'il subit
par le refroidissement, je déterminais les forces élastiques que le gaz exerce
lorsqu'il est maintenu rigoureusement sous le même volume aux deux tem-
pératures. Il y a plus : l'appareil manométrique de mon eudiomètre est
rigoureusement le même que celui qui a été employé dans mes recherches
sur les dilatations.
» 20. La séparation successive des gaz se fait au moyen d'un tube labo-
ratoire dans lequel on fait passer le gaz, après l'avoir mesuré dans le mesu-
reur, pour le mettre en contact avec le réactif chimique. La réaction ter-
minée, on fait repasser le gaz dans le mesureur pour déterminer son nouveau
volume. M. Maissiat regarde ce point comme secondaire et comme étant
( 35 )
plutôt une cause d'erreur. Quant à moi, je le regarde comme le point
capital, et je suis certain que toutes les personnes qui ont un peu d'habi-
tude de ce genre de recherches, seront de mon avis. La condition la plus
difficile à remplir dans les analyses de gaz, c'est de ramener les gaz, non-
seulement à une température connue, mais surtout à un degré d'humidité
déterminé. Dans mon procédé, le gaz est toujours à l'état de saturation,
parce que, dans le mesureur, il est toujours hors de l'influence du réactif
chimique, et au contact de parois humides. La séparation complète du
laboratoire et du mesureur manométrique est absolument indispensable,
car le réactif chimique doit être employé, non à l'état sec, mais en disso-
lution ; et, pour avoir une absorption complète, il est nécessaire d'agiter le
gaz au contact du liquide absorbant.
» Ainsi je maintiens: i°. Que le principe essentiel des nouveaux pro-
cédés d'analyse des gaz consiste dans la séparation de l'appareil total en
deux parties qui peuvent se séparer et se réunir à volonté : c'est ce qui en
fait un appareil éminemment pratique et susceptible d'une grande pré-
cision ;
» 20. Que je n'ai pas eu à prendre à M. Maissiat l'idée de mesurer les
gaz par leurs forces élastiques, leur volume restant constant, puisque ce
principe est appliqué d'une manière absolue dans mes recherches sur la
dilatation des gaz, qui ont été publiées avant l'ouvrage de M. Maissiat. »
M. Nascio (Enrico) envoie, de Messine, nue Note sur la formation des
éphémérides luni-solaires moyennes.
M. Faye est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire savoir
à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
M. Gaietta adresse, de Bourges, un Mémoire ayant pour titre : Mémoire
sur le magnétisme terrestre et intersidéral ou cosmique.
M. Laquèrn pe Kerthoman adresse des Tables destinées à l'usage des
employés des douanes et qui donnent, dans un cadre restreint, 1 7 000 mul-
tiples du nombre 34-
L'Académie accepte le dépôt de trois paquets cachetés présentés
Par M. Brachet (deux),
Par MM. Kraft et de la Haye.
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie. A.
(36)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans Ja séance du 5 juillet iHSi, les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences,
Ier semestre i85a ; n° 26; in -4°.
Traité de Géométrie supérieure; par M. Chasles. Paris, i85a; 1 vol.
in-8°.
Annales des Sciences naturelles, comprenant la zoologie, la botanique, l ana-
tomie et la physiologie comparée des deux rèc/nes, et l'histoire des corps orga-
nisés fossiles ; 3e série, rédigée pour la zoologie par M. Milne Edwards,
pour la botanique par MM. Ad. Brongniart et J. Decaisne; tome XVII;
n° 1; in-8°.
Société nationale et centrale d Agriculture. Bulletin des séances, Compte
rendu mensuel rédigé par M. Payen, secrétaire perpétuel ; 2e série, tome VII,
n° 7 ; in-8°.
Traités d'ombres et de perspective; par M. Poudra. Paris, 1849; petit
in-fol. autographié.
Traités d'architecture et de gnomonique ; par le même. Paris, 1849; petit
in-fol. autographié.
Traité de machines; parle même. Paris, 1849; petit in-fol. autographié.
Bulletin de la Société de Géographie ; rédigé par M. DE la Roquette,
secrétaire général de la Commission centrale; avec la collaboration de
MM. V.-A. Malte-Brun, secrétaire-adjoint, Daussy, L.-jfti. Sédillot, de
Froberville et Cortambert; 4e série; tome III; n° 16; avril i85a;
in- 8°.
Cosmos, revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. DE Monfort,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; ire année; n° 10; 4 juillet i85a; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie, de Toxicologie; et revue
des tiouvelles scientifiques nationales et étrangères ; par les Membres de la Société
de Chimie médicale; juillet i852; in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , publié par M. le docteur
A. Martin -Lauzer; n° i3; i" juillet i85s; in-8°.
L' Agriculteur-praticien , revue d'agriculture, de jardinage et d'économie ru-
rale et domestique, sous la direction de MM. F. Malepeyre, Gustave Heuzé
et BOSSIN; juillet i85a; in-8°.
-ra» o 0 a ig-i
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 12 JUILLET 1852.
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.
M. le Ministre de l'Instruction publique transmet une ampliation du
décret du Président de la République qui confirme la nomination de
M. Bienaymé à la place d'Académicien libre, vacante par suite du décès de
M. le Maréchal Marmont, Duc de Raguse.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Bienaymé vient prendre place
parmi ses confrères.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie, d'après une Lettre
de M. Aubry, la perte qu'elle vient de faire dans la personne d'un de ses
Correspondants, M. Welter, décédé à Paris le 6 juillet i852, à l'âge de
quatre-vingt-neuf ans.
RAPPORTS.
chimie. — Rapport sur un Mémoire intitulé : Recherches sur les eaux
minérales sulfureuses de Bagnères-de-Luchon et de Labassère, suivies
de considérations générales sur les eaux sulfureuses des Pyrénées, par
M. Filiiol, professeur à Toulouse.
(Commissaires, MM. Lallemand, Bussy, Balard rapporteur.)
« L'étude des eaux minérales sulfureuses a appelé de tout temps l'atten-
tion d'un grand nombre d'observateurs ; mais les résultats que la science a
retirés de cette étude n'ont pas toujours été proportionnés au nombre et à
C. R., i85a, 2m« Semestre. (T. XXXV, JN» 2.) 6
( 38 )
l'étendue des recherches dont ces eaux ont été l'objet. Entreprises, pour la
plupart, dans le but tout spécial de faire connaître une source déterminée,
elles n'ont pu apporter à la discussion des phénomènes généraux de la phy-
sique du globe que des résultats d'une importance très-limitée. Le défaut
d'instruments précis et bien comparés pour déterminer leur température,
l'emploi de méthodes diverses dans l'appréciation de la nature et de la
quantité de leurs principes constituants, la confiance inégale, enfin, qu'in-
spirent les observateurs qui se sont livrés à ce genre de travaux, n'ont pas
permis non plus de tirer tout le parti dont paraissent susceptibles, au
premier aspect, le rapprochement et la coordination des résultats isolés.
» Mais quand un observateur, d'une exactitude déjà appréciée, avec les
mêmes instruments, avec des méthodes d'analyse discutées, contrôlées, el
surtout toujours les mêmes, étudie, dans des circonstances diverses, non
pas une source isolée, mais un ensemble de sources constituant en quelque
sorte une formation hydrologique, ses recherches obtiennent, par leur
généralité, cet intérêt qui s'attache à tout ce qui peut nous révéler quelque
chose de la constitution intérieure de notre planète ; car ces courants d'eau
qui, de la surface de la terre, pénètrent dans ses profondeurs et en res-
sortent, parfois en simples filets, mais tantôt aussi en formant de véritables
rivières, peuvent, par leur température et les matériaux qu'ils apportent,
nous éclairer sur ces phénomènes souterrains dont ils ont été les témoins,
et probablement même, jusqu'à un certain point, les auteurs.
» C'est ce caractère de généralité que présentait, à un degré émirent,
un beau travail entrepris à l'occasion de l'étude des eaux minérales des
Pyrénées-Orientales, et publié, il y a vingt-cinq ans, par Anglada, dont
votre rapporteur ne peut prononcer le nom qu'avec un sentiment de recon-
naissance et de respect. La mort n'a pas permis à Anglada de recueillir l'as-
sentiment presque unanime donné par les chimistes à la plupart des résultats
consignés dans son livre intitulé : Mémoires pour servir à l'histoire des eaux
minérales sulfureuses et des eaux thermales. Ce que le professeur de Mont-
pellier avait fait pour l'étude des eaux minérales des Pyrénées-Orientales,
M. Fiihol a essayé de le réaliser pour celles des Hautes-Pyrénées. Nous
allons brièvement rappeler à l'Académie les résultats les plus importants
de son travail qui, quoique ayant pour base plus spéciale l'étude des eaux
de Bagnères-de-Luchon et de Labassère, s'est pourtant étendu à la plupart
des eaux sulfureuses les plus fréquentées des Hautes-Pyrénées.
» M. Fiihol a essayé d'apporter sa part de données précises à la ques-
tion si importante de la constance de température des eaux thermales.
(39)
dette température est-elle réellement invariable? On le suppose générale-
ment; mais quand on recherche les motifs de cette opinion, on ne la
trouve pas toujours justifiée par des faits suffisamment rigoureux.
» Anglada, en examinant, en 1825, le degré de chaleur des sources
qui avait été déterminé soixante-cinq ans auparavant par Carrère, avait
constaté une température généralement plus basse que celle que leur avait
assignée l'auteur du Catalogue général des eaux minérales. La différence
semblait s'élever à 6°, 5 R. pour la grande source des bains d'Arles, qui,
par l'abondance de ses eaux, eût paru devoir se maintenir le plus à l'abri
des causes locales de variations. On aurait pu en conclure un refroidisse-
ment progressif des eaux thermales; mais M. Legrand, en discutant quelle
avait dû être la construction du thermomètre de Carrère, la valeur de ses
degrés et les véritables températures que ces degrés devaient représenter,
a montré plus tard que cette diversité apparente se transformait en une
concordance réelle. Pour la presque totalité des sources, les différences
entre les températures observées par Anglada et les températures de Car-
rère corrigées, ne s'élèvent qu'à 0,1 ou o,a de degré, et si dans quelques
cas on trouve encore une divergence de a°,5, ces résultats isolés, et qui
peuvent tenir à quelques circonstances locales, ne sauraient masquer le
résultat général de cette comparaison. Ces observations, et la rectification
dont elles ont été l'objet, ont ainsi fourni à la science le premier fait rigou-
reusement constaté qui établit la constance de température des eaux ther-
males, ou du moins l'exiguïté de leurs variations, même par un laps de
temps très-long.
» M. Bouys père, professeur de chimie à Perpignan, qui avait prêté à
Anglada, dès ses premières recherches, une utile collaboration, et qui,
vingt-cinq ans après, a pu examiner les mêmes sources au même point
d'émergence et avec des instruments bien comparés, a aussi retrouvé,
dans des observations encore inédites, à 0,1 ou 0,2 de degré près, les
mêmes températures qu' Anglada a consignées dans ses recherches comme
appartenant à ces diverses sources. Il semble donc établi que, si la tempé-
rature des eaux thermales n'est pas absolument constante, elle ne s'écarte
d'une température déterminée pour chaque source, que par de légères oscil-
lations.
» Les observations de M. Filhol n'ont pas eu lieu à des époques assez
éloignées l'une de l'autre pour qu'elles pussent apporter à la question gé-
nérale de la constance de température des eaux thermales, des données
aussi importantes que celles dont nous venons de parler ; mais il a essayé de
6..
( 4o )
constater, par une série d'observations très-multipliées, l'étendue des oscil-
lations que présentent ces températures dans des espaces de temps plus
rapprochés.
» Les eaux de Bagnères-de-Luchon se divisent, à cet égard, en deux
classes. Il est des sources qui n'éprouvent aucun changement dans leur
volume, même après les grandes fontes de neige et lorsque le niveau de
l'eau froide s'élève dans les galeries. Ces eaux prises au sortir de la roche,
en ayant soin de réunir tous les filets qui s'écoulant des divers griffons
peuvent manifester parfois des différences sensibles, précaution utile et
trop souvent négligée, présentent une moyenne de température qui ne
varie pas au delà de 0,2 à o,3 de degré. Mais il en est d'autres dont le
volume est influencé par les grandes fontes de neige ; leur température peut
éprouver aussi des variations momentanées notables. Le titre sulfhydromé-
trique de ces eaux peut aussi éprouver des changements considérables,
mais on n'observe aucun rapport précis entre les variations de température,
celles du volume et de sulfuration que ces eaux peuvent présenter. En effet,
M. Filhol a constaté que certaines sources pouvaient quelquefois per-
dre un tiers de leur degré suif hydrométrique, doubler presque de volume
et n'éprouver cependant qu'un léger abaissement de température; tandis
que d'autres, dont le volume était aussi notablement augmenté, avaient ce-
pendant conservé à la fois leur température et leur sulfuration : comme si
dans le premier cas de l'eau chaude non minérale se fût mêlée à l'eau sul-
fureuse, et que dans les deux autres l'eau froide se fût mêlée à l'eau ther-
male, ou bien eût amené à la surface du sol de l'eau sulfureuse qui se per-
dait en temps ordinaire.
» Mais, outre l'abaissement considérable de titre que quelques eaux peu-
vent éprouver dans certaines circonstances particulières, M. Filhol a con-
staté des variations légères et en quelque sorte quotidiennes. L'emploi du
sulfhydromètre qu'il a perfectionné en substituant à la solution alcoolique
d'iode généralement employée, d'après le conseil de Dupasquier, une solu-
tion d'iode dans l'iodure de potassium , liqueur d'épreuve à la fois moins alté-
rable et moins dilatable, l'usage des liqueurs titrées argentifères pour l'appré-
ciation des chlorures lui ont permis d'exécuter, pour apprécier la richesse
des eaux en principes minéralisateurs, des essais multipliés qui n'auraient
pas été réalisables par les méthodes ordinaires d'analyse. Plus de mille ob-
servations lui ont permis d'entrevoir quelques-unes des lois de ces variations
et d'établir que la plus grande richesse des eaux existe pendant l'hiver à la
suite d'un temps sec et de gelées fortes et soutenues, et qu'en été l'eau se
( M )
montre en général plus sulfureuse quand la marche du baromètre est ascen-
dante. Ces variations ne sont pas les mêmes pour toutes les sources ; pour
celles dans lesquelles elle est le plus considérable, on observe une variation
telle, que l'eau, dans son état le plus riche, absorbant o,ig5 d'iode par
litre, n'en absorbe plus que o,i65 dans ces cas, où elle est la plus pauvre
en principe sulfureux.
» Anglada avait parfaitement établi, par des expériences à l'abri de toute
contestation, que les eaux sulfureuses tiennent en dissolution un air plus ou
moins appauvri en oxygène, gaz qui, par son action continue sur le principe
sulfureux, est une cause de leur altération progressive. M. Filhol a aussi
retrouvé cet air dans toutes ses analyses ; mais il a constaté de plus que ces
quantités d'oxygène éprouvaient des variations d'un jour à l'autre, et que la
proportion de ce gaz était plus abondante au moment de la fonte des neiges
qu'à toute autre époque de l'année.
» Les proportions des chlorures éprouvent aussi des variations dans le
même sens que celles des sulfures.
» Les tableaux dans lesquels M. Filhol a consigné ses observations sur
le dosage du principe sulfureux indiquent qu'il n'existe, du reste, aucun rap-
port entre la température des eaux et leur richesse en sulfures; mais les plus
sulfureuses sont aussi les plus chlorurées.
» On conçoit que dans l'analyse des eaux qui doivent leurs propriétés à
un principe sulfureux, le dosage de cet élément sulfureux est ce qu'il y a de
plus important à faire bien et vite. L'emploi du suif hydromètre a apporté à
cet. égard une facilité incontestée; mais on comprend combien sont nom-
breuses les causes qui peuvent nuire à la fidélité de ses indications. Quelles
sont les conditions pour que cette méthode donne des résultats exacts et
comparables ? C'est ce que M. Filhol discute dans son Mémoire.
» Il a vérifié par l'expérience ce que la théorie faisait sans doute prévoir,
c'est-à-dire que l'emploi de cette méthode, appliquée avec avantage à des
eaux au moment où, sortant de la roche, elles contiennent le principe sulfu-
reux non altéré, donne des résultats tout à fait erronés quand on l'emploie
pour des eaux qui ont séjourné au contact de l'air et dans lesquelles le sul-
fure; sans se détruire, a été transformé en polysulfure.
» La présence de corps à réaction alcaline autres que le sulfure, tels que
le silicate, le carbonate alcalin, et à plus forte raison l'alcali libre, s'il y en
a, doit avoir aussi pour résultat d'absorber un peu d'iode, et de rendre ainsi
le titre sulfureux trop élevé. M. Filhol a montré, par des expériences directes,
que cette cause d'erreur pouvait être plus grande qu'on ne le pense gêné-
(4*)
ralement. Une quantité de ces sels alcalins qui, s'ils eussent été seuls, au-
raient transformé une certaine dose d'iode en iodure incapable d'agir sur
l'amidon, en font disparaître une quantité près de cinq fois plus grande
quand ils sont ajoutés à de l'eau contenant un sulfure (i). On conçoit dès
lors la nécessité d'enlever à l'eau son alcalinité avant de l'essayer par le
sulfhydromètre. Le traitement par les acides, quand l'eau est fortement
thermale, peut faire craindre une certaine déperdition d'acide sulfhydrique.
Aussi, M. Filhol conseille-t-il de traiter préalablement ces eaux par un
excès de chlorure de barium ; mais cette méthode, qui met à l'abri des in-
convénients que pourraient présenter les carbonates et les silicates alcalins,
serait insuffisante dans le cas où l'alcali, existant dans l'eau en partie à
l'état libre, aurait mis en liberté une quantité proportionnelle de baryte.
C'est ce qui paraît, du reste, ne pas avoir lieu pour l'eau de Bagnères ;
aussi, de la presque identité des indications du sulfhydromètre sur les eaux,
avant et après l'emploi du chlorure de barium, M. Filhol tire un argument
pour prouver que les eaux de cette localité ne contiennent ni silicate, ni
carbonate alcalin, ni alcali libre.
» Les variations observées dans les indications du sulfhydromètre ont
amené M. Filhol à chercher un autre mpde de dosage qui pût servir de
contrôle dans les cas douteux. Il l'a trouvé dans l'appréciation compara-
tive de la quantité d'acide sulfurique existant tout formé dans l'eau préala-
blement privée de sulfure par l'azotate d'argent, et dans celle qu'elle ren-
ferme quand, sans avoir subi ce traitement, elle a été agitée avec une certaine
quantité de sulfate de plomb qui a transformé en sulfate le sulfure alcalin.
M. Filhol s'est assuré, par des expériences directes, que dans le grand état
de dilution où sont dans les eaux minérales les carbonates et silicates de
soude, ces sels ne réagissent pas sur le sulfate de plomb, et il a pu recon-
naître que les résultats obtenus par l'emploi du sulfhydromètre employé
dans de.bonnes conditions, ainsi que par le mode de dosage ordinaire, c'est-
à-dire par la précipitation au moyen du nitrate d'argent ammoniacal, étaient
tout à fait identiques avec ceux auxquels donne lieu la méthode nouvelle
dont il recommande l'emploi aux chimistes.
(i) Le phénomène constaté par M. Filhol paraît pouvoir être facilement expliqué. Dans
son action sur les sels alcalins, l'iode donne lieu à un iodate, à un iodure, et à un acide
libre ; or, sous l'influence de cet agent , l'iodate , qui , mis en présence de l'iodure, tend à
égénérer de l'iode , aura d'autant moins de stabilité, que cet iodure sera lui-même en pro-
portions plus grandes.
(43)
» La nature du principe sulfureux des eaux minérales des Pyrénées a
été l'objet de nombreuses discussions auxquelles les expériences si pro-
bantes d'Anglada auraient semblé devoir mettre un terme. Le choix et l'en-
chaînement de ces expériences semblaient donner le caractère d'une vérité
démontrée à la première opinion de Bayen, qui pensait qu'elles devaient
leur propriété au corps que nous nommons aujourd'hui mono-sulfure de
sodium. Cependant des recherches nouvelles, exécutées par M. Fontan, sur
les eaux des Hautes-Pyrénées, essayèrent d'établir que ces eaux devaient
leur action sur l'économie à un sulfhydrate de sulfure; mais les observa-
tions ultérieures de plusieurs chimistes, et notamment de MM. Henry et
Boulay, vinrent apporter de nouvelles preuves pour justifier l'opinion
d'Anglada. M. Filhol en ajoute de nouvelles qui suffiraient pour dissiper le
moindre doute, s'il en restait encore dans l'esprit des chimistes. Ainsi l'eau
de Bagnères, soumise à l'ébullition, ne laisse dégager que des quantités in-
signifiantes d'acide suif hydrique ; le sulfate de zinc en précipite tout le
soufre; désulfurée par l'acétate de zinc, le sulfate ou le carbonate de plomb,
elle ne contient ni acide carbonique, ni acide sulfurique, ni acide acétique
libres. Or il est inutile de faire remarquer que ce sont précisément les
phénomènes inverses qui auraient dû se manifester si l'eau eût contenu
un sulfhydrate de sulfure.
» Les résultats obtenus par Anglada dans l'étude des eaux des Pyrénées-
Orientales, et ceux qu'a fournis à M. Filhol l'examen de celles des Hautes-
Pyrénées, présentent une trop grande concordance dans leur généralité pour
qu'on puisse douter que ces eaux appartiennent à une formation hydro-
logique commune. Cette concordance rend dès lors plus singulière une
dissidence relative à l'état de la soude dans les eaux minérales.
» Anglada, en constatant que les eaux des Pyrénées-Orientales trai-
tées par les acides laissaient dégager du gaz acide carbonique à la tem-
pérature de l'ébullition , semblait avoir établi qu'une portion de la soude
existait dans les eaux sortant de la roche à l'état de carbonate. M. Filhol
déduit, au contraire, de la constance entre le titre sulfhydrométrique de
l'eau de Bagnères après et avant l'addition du chlorure de barium, de la
limpidité qu'elle conserve après cette addition, et enfin de son alcali-
nité, qui semble diminuer jusqu'à devenir tout à fait nulle quand on
l'agite avec le sulfate de plomb, que ces eaux ne renferment ni soude
libre, comme le pensait Longchamp, ni carbonate de soude, comme
l'avait soutenu Anglada. Il n'a pas répété l'expérience faite par ce dernier,
et qui paraissait si décisive. On doit le regretter, car, abstraction faite de
( 44)
l'acide carbonique que les eaux ont pu trouver dans le sol, celui que con-
tiennent les eaux pluviales qui alimentent les sources sulfureuses semblerait
devoir s'y trouver nécessairement à l'état de carbonate, et justifier ainsi,
jusqu'à un certain degré, l'opinion d'Anglada. Il y a donc là une étude
comparative à faire, ainsi qu'un doute à éclaircir, et nous le signalons au
zèle investigateur dont M. Filhol a donné tant de preuves.
» Les eaux sulfureuses sont éminemment altérables ; l'air qu'elles tienne»!
en disolution brûle lentement leur principe sulfureux, et la silice dont elles
sont chargées tend à le dégager sous la forme d'acide sulfhydrique ; par là
s'expliquent la présence dans les eaux de traces d'hyposulfites, et ces phéno-
mènes produits par la vapeur de l'eau sur les voûtes des conduits où elle cir-
cule, et qui, selon que l'air extérieur a eu plus ou moins d'accès, se recouvrent
ou de soufre ou d'efflorescences de sulfates. Cette altération devient bien plus
prompte encore quand on fait intervenir l'air extérieur. L'eau peut alors éprou-
ver deux sortes de changements : tantôt elle se colore en jaune par la pro-
duction d'un polysulfure, mais en conservant sa transparence; d'autres fois
le soufre se dépose sous la forme émulsive, elle devient laiteuse, et éprouve
ce qu'on appelle le phénomène du blanchiment. Ce phénomène ne se produit
que pour un petit nombre de sources, niais celles de Bagnères-de-Luchon
le présentent à un haut degré. Pourquoi ces rares exceptions à la manière
dont se comportent des eaux qui semblent avoir une nature commune ? Les
observations de M. Filhol ont répondu à cette question. Le rapprochement
des résultats de ses analyses quantitatives lui a montré que les eaux sulfu-
reuses pouvaient être partagées en deux groupes. Il en est qui contiennent
une quantité de base un peu supérieure à celle que pourraient neutraliser
les acides sulfurique et silicique, le soufre, le chlore et l'iode qu'elles
renferment : ces eaux sont très-stables et ne blanchissent jamais ; mais il
en est d'autres dans lesquelles cette quantité de base est insuffisante pour la
neutralisation des acides et des corps halogènes. Ces eaux doivent dès lors
contenir de l'acide silicique libre dont la fixité tend à transformer le sul-
fure en acide sulfhydrique. Ces eaux sont plus altérables, elles recouvrent
de soufre les canaux où elles circulent, et blanchissent dans la baignoire par
le dépôt de soufre.
» M. Filhol a abordé, dans son Mémoire, la question encore peu con-
nue de l'origine des eaux sulfureuses. Dans ses recherches exécutées sur
celles des Pyrénées, il a toujours vu que la quantité de sulfure marchait en
sens inverse de celle du sulfate, et réciproquement. Anglada expliquait ce
fait, qu'il avait constaté de son côté, en supposant que le sulfure alcalin
(45)
exporté du sein de la terre se transformait peu à peu en sulfate par l'action
incessante de l'air que renferment ces eaux. Les hyposulfites qu'elles con-
tiennent n'eussent été, dans ce cas, qu'une phase d'une altération progressive
encore incomplète. De là la classe d'eaux minérales qui, ne renfermant plus
de sulfures, mais contenant des sulfates, des carbonates, et surtout cette ma-
tière organique qu'il regardait comme le cachet de leur origine première, de-
vaient, dans une classification des eaux minérales, porter le nom d'eaux mi-
nérales dégénérées. M. Filhol comprend les choses d'une manière inverse. Il
se demande si les eaux n'auraient pas originairement contenu du sulfate, et
si celui-ci n'aurait pas été transformé en sulfure par l'action de la matière
organique préexistante. Les eaux sulfureuses seraient dès lors pour lui des
eaux sulfatées dégénérées. Ainsi devrait, dans ses idées, disparaître la dis-
tinction qu'on a voulu établir entre les eaux sulfureuses naturelles, et les
eaux qu'on a appelées eaux sulfureuses accidentelles. Les eaux de la chaîne
pyrénéennedevraient leur origine à la même cause que celles d'Enghien. Dans
les premières, ce serait du sulfate de soude décomposé par la matière des
végétations sulfuraires, et dans l'autre, du sulfate de chaux altéré parla ma-
tière soluble des tourbes et des lignites qui donneraient naissance au prin-
cipe sulfureux. Il y aurait bien à dire sur cette question, mais je me garderai
d'aborder une telle controverse dans ce Rapport déjà trop long. Quelle que
soit d'ailleurs l'opinion qu'on adopte, on trouvera certainement qu'il était
bien permis à M. Filhol, après avoir tracé quelques chapitres de l'histoire
positive des eaux minérales sulfureuses, de faire, comme tous ses devan-
ciers, une petite excursion dans le domaine des suppositions, des hypo-
thèses, et pour ainsi dire du roman.
» Les détails dans lesquels vos Commissaires viennent d'entrer montrent
l'étendue des recherches de M. Filhol et de quelle utilité leur connaissance
peut être pour ceux qui auront à se livrer à des investigations- du même
genre. Ils vous proposent de le remercier de sa communication, de l'en-
gager à poursuivre, avec la persévérance et l'habileté dont il a déjà fait
preuve, la voie dans laquelle il s'est heureusement engagé, ainsi qu'à con-
tinuer et à étendre cette série d'observations comparatives, matériaux qui,
convenablement mis en œuvre, serviront plus tard à établir sur ses véri-
tables bases la théorie de la production des eaux minérales sulfureuses. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
C. R., i85î, ame Semestre. (T. XXXV, IN°2.)
( 46)
MÉMOIRES LUS.
chimie appliquée. — Recherche comparative de Viode et de quelques autres
matières dans les eaux [et les e'gouts) qui alimentent Paris, Londres et
Turin; par M. Ad. Chatin. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Thenard, Magendie, Dumas,
Élie de Beaumont, Gaudichaud, Pouillet, Regnault, Bussy. )
« A. Les eaux de la Seine sont, à une époque donnée, plus iodurées
près de leur source qu'aux environs de Paris.
» Pendant que la proportion de l'iode diminue, celle des autres matières
dissoutes dans l'eau augmente, quoique dans un rapport inverse moindre.
» A Charenton, la Seine est l'une des rivières dont l'eau est à la fois la
plus légère et la plus riche en iode.
» MM. Boutron et O. Henry avaient signalé le mélange encore si impar-
fait des eaux de la Seine à celles de la Marne à leur entrée dans Paris;
c'est en raison de cette circonstance que l'eau est plus légère et plus iodurée
en amont du Jardin des Plantes et dans le bras gauche qui entoure l'île
Saint-Louis que devant l'île Louvier et à la roue hydraulique du pont
Notre-Dame.
» En aval de Paris, les eaux de la Seine ne sont pas beaucoup plus
iodées qu'en amont; la masse du résidu y est au contraire notablement
augmentée. Ici encore, c'est sur la rive gauche que, en raison de la moindre
importance des égouts, sont les eaux les plus légères.
» Mais ce qui distingue le plus les eaux de la Seine à leur sortie de Paris,
c'est moins la quantité des matières dissoutes que leur qualité. La propor-
tion des matières organiques et des chlorures est notablement accrue, et
les sels d'ammoniaque signalés par M. Chevreul pendant la saison d'été,
sont ici très-appréciables; on peut aussi quelquefois trouver des indices
d'hydrogène sulfuré et de l'urée apportée par les égouts.
» A l'exception de l'Yonne, dont les eaux sont sensiblement pareilles à
celles de la haute Seine, tous les affluents de cette rivière tendent, à partir
de Montereau, à accroître la somme des matières fixes et à faire baisser la
proportion de l'iode.
» L'Essonne et le Loing occupent le premier rang parmi ces affluents;
viennent ensuite et successivement, l'Orge et l'Yvette, l'Yères, l'Allamont,
et bien loin de tous, la Bièvre, qui n'est à son embouchure qu'un gros
égout à base d'eau séléniteuse.
(47)
» En raison du grand volume de ses eaux, du poids des matières terro-
salines tenues en dissolution (i), de la faible proportion d'iode, des trou-
bles fréquents qui nécessitent pour beaucoup d'usages la filtration ou le
repos, la Marne doit être regardée comme le moins bon des affluents de la
Seine. Le petit Morin et le Morin versent dans la Marne des eaux qui ten-
dent à accroître la proportion de l'iode.
» L'Orge, l'Yvette, et surtout l'Allamont, l'Yères et le Morin qui des-
cendent des plaines les plus fumées de la Brie, renferment souvent des
quantités très-notables de matières extractives, de nitrates et de sels à base
d'ammoniaque.
» Le produit des égouts varie beaucoup suivant l'heure de la journée,
le quartier traversé, l'eau fournie par les bornes-fontaines. La proportion
de l'iode peut être de une à deux fois, celle du résidu de deux à dix fois,
celle des chlorures et des matières extractives cinquante fois plus considé-
rable que dans l'eau de la Seine.
» Aux heures où, les bornes-fontaines étant fermées, les égouts ont leurs
eaux à l'état de plus grande concentration, on peut y trouver des traces
d'urate d'ammoniaque, et par litre quelques milligrammes de carbonate
d'ammoniaque, de i à a décigrammes de phosphates et jusqu'à i gramme
d'urée et des matières extractives de l'urine.
» Après le dépôt des matières organiques, des oxydes et des sulfures
métalliques suspendus dans l'eau des égouts, celle-ci est d'une couleur
plus ou moins ambrée, d'une saveur piquante et salée qui rappelle celle de
l'urine, d'une odeur presque toujours urineuse.
» Abandonnées quelques jours à elles-mêmes, les eaux des égouts exha-
lent une odeur à la fois sulfureuse et piquant les yeux, due à la produc-
tion d'ammoniaque et d'acide sulfhydrique. En un temps plus long le
principe ammoniacal disparaît presque absolument; l'élément sulfureux
domine alors, et l'on pourrait croire que l'on a affaire à une de ces eaux
minérales trouvées à diverses époques dans le rayon de Paris.
» A la suite d'une averse, les égouts portent à la Seine une quantité
notable de sulfate de chaux enlevé dans la ville par les eaux pluviales.
(i) Contrairement à l'opinion de Dupasquier, je suis éloigné d'admettre qu'une eau , pour
être salubre, doit être chargée de sels calcaires. Mes raisons sont : i° que l'économie trouve
amplement dans les autres aliments la chaux dont elle a besoin ; 2° que l'iode, dont la nature
n'est pas aussi prodigue que de la chaux , est ordinairement dans les eaux en proportion
inverse de celle-ci.
1-
(48)
» Des affluents du canal de l'Ourcq, la rivière d'Ourcq, à Mareuil,
est celui qui se rapproche le plus de la Seine par sa légèreté, sa forte iodu-
ration, et la petite quantité des matières organiques.
» Près de l'Ourcq se place le Clignon (introduit dans le canal, en i843,
sur le Rapport de M. Thenard), qui n'en diffère sensiblement que par la
proportion plus grande des matières organiques.
» Tous les autres cours d'eau tributaires du canal ont pour effet d'ac-
croître la proportion de la somme des matières dissoutes et de diminuer
celle de l'iode. Après l'Ourcq et le Clignon vient la Gergogne, puis succes-
sivement : l'Arneuse qui s'est saturée, dans les marais, de matières orga-
niques, la Thérouenne, la Beuvronne et la Collinance dont le Morv ne
s'écarte pas, le Rutel aux eaux déjà très-calcaires, et, enfin, les sources
crues et séléniteuses des roches de Crégy.
» A leur arrivée dans Paris, les eaux du canal de l'Ourcq contiennent
à peu près deux fois plus de sels terreux et deux fois moins d'iode que
celles de la Seine avant leur mélange aux eaux de la Marne.
» L'eau du puits artésien de Grenelle est sensiblement ferrugineuse,
aussi iodurée et plus légère que celle de la Seine prise même au-dessus de la
Marne.
» L'eau d'Arcueil contient très-sensiblement quatre fois moins d'iode que
celle de la Seine. Comme l'ont déterminé MM. Boutron et Henry, elle dé-
pose continuellement du carbonate de chaux, un peu d'oxyde de fer, etc.,
avec lesquels se précipitent des traces d'iode.
» Les sources sélétineuses des Prés-Saint-Gervais renferment cinq à six
fois moins d'iode que l'eau de la Seine, et la proportion de ce principe est
moindre encore dans les eaux de Belleville, qui se distinguent entre les
sources crues par leur crudité extrême.
» Les puits de Paris, justement délaissés, fournissent pour la plupart des
eaux saturées de gypse, chargées de chlorures déliquescents et de nitrates,
et ne contenant pas d'iode en quantité appréciable.
» B. Les eaux du New-River, amenées à Londres où elles sont tres-esti-
mées et fournissent à une grande parte de la ville, notamment aux quar-
tiers les plus riches, se rapprochent beaucoup, par leur ioduration et leur
légèreté, des eaux de la Seine.
» A Windsor ou à Hampton-Court, au-dessus du barrage, les eaux de la
Tamise ont beaucoup de rapports avec celles du canal de l'Ourcq, tant par
la proportion de l'iode que par celle des autres matières dissoutes.
(49 )
» A leur sortie de la ville, les eaux de la Tamise se sont chargées de chlo-
rures, de matières organiques et d'un peu d'iode.
» L'Old-River pris à Feltham, vers le pont de pierre de la route d'Hun -
slow, est sensiblement moins ioduré que la Tamise.
» Le New-River doit être compté, avec la Seine, parmi les rivières four-
nissant les meilleures eaux potables ; la Tamise et l'Old-River, comme le
canal de l'Ourcq, au nombre de celles encore bonnes et salubres.
» Londres possède, au moins dans la partie basse d'Oxford-Street, quel-
ques puits-pompes à eau presque légère et assez iodurée.
» C. Les eaux de puits, généralement usitées à Turin, sont de moitié
moins séléniteuses que celles des puits de Paris; elles se rapprochent, par la
somme des principes dissous, de nos sources des Prés-Saint-Gervais, mais
elles renferment encore moitié moins d'iode que ces dernières.
» Les sources Valentin et Sainte-Rarbe, très-renommées, la première sur-
tout, ne diffèrent réellement des eaux des puits de Turin que par une pro-
portion encore moindre d'iode.
» Les eaux du Pô, principalement utilisées à Turin par les établissements
de blanchissage, contiennent la moitié de la somme des sels terreux dissous
dans les eaux des sources précédentes, et une quantité d'iode sensiblement
égale à celle des eaux de puits.
» Les eaux de la petite Doire sont deux fois plus séléniteuses que celles
du Pô; elles le sont autant que les sources Valentin et Sainte-Barbe à Turin,
ou que les eaux des Prés-Saint-Gervais; l'iode ne s'y trouve qu'en quantité
minime ou nulle.
» En résumé, tandis que les eaux principales qui alimentent Paris et
Londres se ressemblent et sont parallèles, à ce point que la Seine est repré-
sentée par le New-River, et le canal de l'Ourcq par la Tamise, les eaux po-
tables de Turin ne peuvent être comparées qu'avec nos sources des Prés-
Saint-Gervais pour le poids total des principes dissous, et avec celles de
Belleville pour la minime proportion de l'iode. »
M. Zalewski lit une Note sur l'électricité considérée comme cause des
effets attribués à la gravitation universelle.
(Commissaires, MM. Pouillet, Despretz.)
( 5o )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Domeyko, professeur de chimie au Collège de Valparaiso, a adressé
à l'École des Mines une suite de minerais des mines d'argent des environs
de Coquimbo. Dans cette collection intéressante, il existe des cristaux
d'iodure d'argent, de formes jusqu'à présent inconnues, ainsi que deux
minéraux nouveaux. M. Dufrénoy a l'honneur de les présenter à l'Acadé-
mie, suivant le désir que M. Domeyko lui a exprimé.
« Les cristaux d'iodure d'argent ont 2 à 3 millimètres de longueur;
ils sont en prismes rhomboïdaux droits, portant des troncatures sur les
arêtes verticales aiguës; il en résulte que leur coupe est un hexagone
symétrique.
» Les deux minéraux nouveaux sont :
» i°. Un antimoniate de mercure, provenant de la mine de la Jarilla,
province de Coquimbo ;
» a°. Un cuivre gris mercuriel antimonié, recueilli dans la même
mine.
» Le cuivre gris est souvent mélangé d'antimoniate dé mercure, visible
à l'œil; il est dès lors probable que c'est à ce mélange qu'est due la
composition particulière qu'il présente.
» Les analyses faites par M. Domeyko le conduisent à admettre, pour
la composition de l'antimoniate de mercure, les éléments suivants :
Acide antimonique o,338
Oxyde de mercure. , 0,222
Oxyde de cuivre o,i54 .
Oxyde de fer 0,007
Gangue , pyrite , cuivre gris 0,110
Eau et perte o, 169
analyse mathématique. — Mémoire sur une classe étendue de systèmes
d'équations différentielles qui se rattachent à la théorie des courbes à
double courbure; par M. J.-A. Serret. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Cauchy, Liouville, Binet.)
« Diverses questions de géométrie, et particulièrement un grand nombre
de celles qui se rattachent à la théorie des courbes à double courbure , se
ramènent à l'intégration de certains systèmes d'équations différentielles
simultanées à trois variables qui ont un caractère remarquable. Les systèmes
( 5i )
dont il s'agit sont formés de deux équations entre plusieurs fonctions des
trois variables et de leurs différentielles jusqu'à celles d'un certain ordre
quelconque; ces fonctions sont telles, qu'étant égalées à des constantes arbi-
traires, les équations qui en résultent se réduisent, après la différentiation,
à une ou, au plus, à deux équations différentielles distinctes.
» Dans le premier cas, celui où les équations dont nous parlons se rédui-
sent à une seule, le système des équations proposées n'admet point, à pro-
prement parler, d'intégrale; il se réduit, en quelque sorte, à une équation
unique et admet, par suite, une solution qui renferme une fonction arbi-
traire. Mais, outre cette solution si générale, il en existe une autre à laquelle
on peut justement donner le nom de solution particulière, et qui renferme
un moindre nombre de constantes arbitraires qu'il n'y en a en général dans
l'intégrale d'un système de même ordre que le proposé. Cette solution par-
ticulière donne presque toujours la véritable solution de la question qui a
conduit aux équations différentielles proposées. On en a un exemple dans
le problème qui a pour objet de trouver une courbe dont les centres des
sphères osculatrices soient situés sur une courbe donnée. On satisfait effec-
tivement à la question, en prenant une courbe tracée à volonté sur une
sphère de rayon arbitraire, et qui aurait son centre en un point quelconque
de la courbe donnée ; mais on y satisfait aussi par le moyen d'une courbe
non sphérique, et dont les équations renferment deux constantes arbi-
traires.
» Le deuxième cas conduit à des résultats différents. Les équations pro-
posées admettent une intégrale et une solution particulière qui renferme
généralement une constante arbitraire de moins que l'intégrale, et qui
donne presque toujours la vraie solution du problème qui a conduit aux
équations différentielles proposées. On a un exemple de ce deuxième cas
dans le problème qui a pour but de trouver une courbe dont les centres de
courbure soient sur une courbe donnée plane ou à double courbure. On
satisfait évidemment au problème, en prenant un cercle dont le rayon et le
plan soient arbitraires, et dont le centre soit en un point quelconque de la
courbe donnée. Les équations de ce cercle renferment quatre constantes
arbitraires, et forment l'intégrale générale des équations différentielles du
problème auquel on satisfait aussi par le moyen d'autres courbes dont les
équations peuvent contenir trois constantes arbitraires au plus.
» Lagrange est, je crois, le premier qui ait considéré des équations diffé-
rentielles à deux variables formées avec deux ou plusieurs fonctions de ces
variables et de leurs différentielles qui, égalées à des constantes arbitraires,
(5, )
fournissent autant d'intégrales d'une même équation. Dans une Note que
j'ai publiée à la fin de la troisième édition de la Théorie des fonctions
analytiques, j'ai ajouté quelques développements à l'analyse de Lagrange,
et les considérations dont j'ai fait usage ont été le point de départ des recher-
ches nouvelles que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie.
» Ce Mémoire est composé de deux parties. La première partie renferme
l'analyse générale des équations différentielles dont il a été parlé plus haut,
avec plusieurs applications de la théorie. Dans la seconde partie, j'étudie les
détails que présente la solution des deux problèmes principaux qui m'ont
conduit à entreprendre les recherches actuelles. On y verra une application
remarquable des formules dont j'ai déjà fait usage dans plusieurs Mémoires,
et, en particulier, dans celui que j'ai publié au tome XVI du Journal de
Mathématiques pures et appliquées. »
analyse mathématique. — Sur l' extension du théorème de M. Sturm à un
système, d'équations simultanées ; par M. Hermite. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Cauchy, Liouville, Sturm.)
« Le théorème de M. Sturm a pour objet de déterminer le nombre des
racines réelles d'une équation à une inconnue, qui sont comprises entre
deux limites données. Je me suis proposé, dans le Mémoire que j'ai l'hon-
neur de soumettre à l'Académie, une question analogue pour deux équa-
tions simultanées, et qu'on peut énoncer ainsi : Considérant l'une des
inconnues comme l'abscisse, et l'autre comme l'ordonnée d'un point rap-
porté à deux axes rectangulaires, déterminer le nombre des points auxquels
correspondent des solutions des équations proposées, et qui sont compris
dans l'intérieur d'un rectangle donné. Cette question se trouve résolue de
la manière suivante. Désignons les sommets du rectangle par. les lettres a,
h, c, d, et supposons les côtés ab et ad respectivement parallèles aux direc-
tions positives des axes des abscisses et des ordonnées. On substituera suc-
cessivement les valeurs numériques des coordonnées de ces quatre points
à la place des lettres x et y, dans une certaine suite de fonctions de ces
deux variables; et en désignant par A, B, C, D les nombres de variations
que présente cette suite, lorsqu'on prend pour les variables les coordon-
nées des points a, b, c, d, on aura, pour le nombre cherché, la valeur
A-B+C-D
n =
2
Ce résultat est, comme on voit, entièrement analogue à celui du théorème
(53.)
de M. Sturm; cette analogie se maintient encore lorsque l'on considère
trois équations simultanées au lieu de deux. Désignant alors les incon-
nues par x, y, z, on les regardera comme les coordonnées d'un point de
l'espace rapporté à trois axes rectangulaires, de sorte qu'à chaque solution
des équations proposées réponde un point déterminé. Cela posé, considé-
rons un parallélipipède droit, dont les bases parallèles au plan des xy
soient les rectangles abcd, a'b'c'd'. Nous supposerons les côtés ab, ad
parallèles aux directions positives des x et des y, et les droites aa', bb',
ce', dd' parallèles à la direction positive de l'axe des z. Cela étant, le
nombre des points représentant des solutions et compris dans l'intérieur
de ce parallélipipède, sera déterminé de la manière suivante. Désignons res-
pectivement par A, B, C, D, A', B', C, D', les nombres des variations que
présente une certaine suite de fonctions de trois variables, lorsqu'on sub-
stitue à ces variables les valeurs numériques des coordonnées des points a,
b, c, d, a', b', c', d', le nombre cherché sera donné par la formule
n = \ [(A — A') - (B - B') '■* (C;,- C) - (D - D')]-
Il est remarquable qu'il existe un grand nombre de suites jouissant ainsi
de propriétés semblables à celles des fonctions de M. Sturm, dans la théorie
des équations simultanées. Voici la plus simple pour le cas de deux équa-
tions prises, si l'on veut, sous la forme :
F(x) = o,
F (x) étant un polynôme entier, et $ (x) une fonction rationnelle de x.
» Nommons xt, x2, . . . , xm les racines de l'équation Fx=o, jrt,
fiti-'-i fm les valeurs correspondantes de y, S, la somme symétrique
xl% 4- xi + • • • -+• xl„, et Tt la suivante : y, x; + ;^i+... + ym x,'„ ; le
premier terme de la suite sera l'unité, et les autres les déterminants des
systèmes linéaires :
T.— S, y T,-S,r
T0-S.r T.-S.j T,-S!r
T,— Si/ T2— S,y T3— S3y
T -S.y T,— S,j T2— S>y T3-S3j
T,— S,/ Ta— S,y T3-S3.r T4— S,/
T2-S2r T3-S3y T,— S, 7 T5-S,r
etc.
le dernier terme est le déterminant à m ■+■ i colonnes obtenu en conti-
nuant la même loi. En général, c'est au moyen de fonctions symétriques
G. R., 1852, 2ra« Srmestre . (T. XXXV, N° 2.) 8
( 54 )
des racines des équations proposées que se trouvent immédiatement expri-
mées les fonctions analogues à celles de M. Sturm, et les propriétés de ces
fonctions sont déduites de leur loi même de formation. L'idée d'introduire
ainsi explicitement les racines est due à M. Sylvester, qui, le premier, a
montré comment elles entraient dans la composition des fonctions de
M. Sturm ; M. Cayley a fait voir ensuite avec élégance comment les pro-
priétés élémentaires des déterminants permettaient de transformer les pre-
miers termes des formules de M. Sylvester en d'autres qui contiennent seu-
lement les sommes des puissances semblables des racines (i). Ce sont aussi
des expressions analogues à ces sommes, pour le cas de deux équations
simultanées, qui figurent dans nos formules et qui les rapprochent de celles
du savant géomètre. Mais le fait le plus important qui ressort de mes re-
cherches, consiste dans l'existence d'une infinité de fonctions possédant les
propriétés de celles de M. Sturm, pour une ou plusieurs équations. Cela
ouvre la voie à des recherches importantes, sur lesquelles je pourrai peut-
être revenir dans une autre occasion; je me bornerai pour le moment à
cette remarque, que les conditions de réalité des racines d'une équation à
une inconnue peuvent s'exprimer uniquement à l'aide des fonctions ration-
nelles des coefficients, qu'on nomme hyperdéterminants ou invariants. »
physique. — Mémoire sur le magnétisme dynamique ;
par M. Th. du Moncel. (Extrait par l'auteur.)
(Commission précédemment nommée : MM. Becquerel, Despretz, Morin.)
« I. Réactions magnétiques des courants. — Le principe fondamental
dynamique peut se résumer ainsi qu'il suit :
» Tout courant électrique agit magnétiquement soit sur le fer, soit sur
les aimants, et cette action varie, quant à sa nature magnétique, suivant le
sens du courant.
» Il suffit, pour se convaincre de ce principe, d'approcher d'un circuit
voltaïque une aiguille posée en équilibre sur un pivot, et l'on observe que
l'action exercée sur ses deux pôles est diamétralement opposée, suivant que
le courant marche dans un sens ou dans l'autre.
». Il résulte de ce principe :
» i°. Qu'un circuit voltaïque fermé doit agir d'un manière différente
d'un côté et de l'autre de son plan, et se comporter conséquemment comme
(i) Tomes IX et XIII du Journal de Mathématiques de M. Lioliville.
(55)
un véritable aimant dont les pôles seraient annulaires et distribués sur la
périphérie du conducteur à gauche et à droite du plan du circuit; car le
sens du courant dans le circuit est différent suivant qu'on le considère d'un
côté ou de l'autre de son plan, et c'est, en effet, ce que l'expérience
démontre ;
» 20. Que la périphérie externe ou interne d'un circuit fermé doit agir
différemment aux extrémités opposées des différents diamètres ; mais il faut
pour cela que le circuit soit placé, à l'égard de l'objet qui subit son effet
magnétique, dans certaines conditions. Et on le conçoit aisément, si l'on
réfléchit qu'à l'égard d'un objet dont la position reste la même, le courant
marche dans un sens différent aux extrémités de chaque diamètre du
circuit.
» Voici maintenant deux autres principes qui vont fixer la nature de ces
actions magnétiques suivant le sens du courant :
» i°. La nature des réactions magnétiques d'un courant, d'un côté et de
l'autre de son plan, est toujours telle, qu'un pôle boréal semble exister à la
droite du courant et un pôle austral à la gauche, en supposant le spectateur
couché dans le circuit de manière à avoir la tête dirigée vers le pôle négatif
de la pile et la face tournée vers le centre du circuit ;
» 2°. La nature des réactions magnétiques de la périphérie externe ou
interne d'un circuit fermé est toujours telle, qu'un pôle boréal se manifeste
à l'extrémité du diamètre qui coupe par la moitié le corps du spectateur
placé dans le courant quand la tête de celui-ci est à la droite de ce diamètre,
tandis que c'est au contraire un pôle austral quand la tête du spectateur est
à la gauche. Il va sans dire que la gauche et la droite du diamètre doivent
s'entendre ici de la gauche et de la droite du courant qui quitterait le circuit
pour passer par ce diamètre; mais alors la face du spectateur du circuit
serait censée tournée contre le plan de ce circuit.
» Ces principes et les conséquences que nous en avons déduites expliquent
a eux seuls toutes les lois des réactions magnétiques des courants. En effet,
il résulte de ces principes :
» i°. Que deux courants parallèles marchant dans le même sens doivent
s'attirer, puisque les pôles de ces deux courants qui sont en présence sont
de nom contraire;
a0. Que deux courants parallèles marchant en sens opposé doivent se
repousser, puisque des pôles de même nom se trouvent en présence;
» 3°. Que deux courants croisés qui s'éloignent ou se dirigent en même
temps vers leur point de croisement, s'attirent;
8..
( 56 )
» 4°- Que deux courants croisés qui s'approchent ou s'éloignent de leur
point de croisement dans un sens différent, se repoussent ;
» 5°. Qu'une hélice métallique étant composée d'autant d'aimants qu'il
y a de spires dans sa longueur forme un seul et même aimant ayant ses
deux pôles et sa ligne neutre ; car les pôles opposés de toutes les spires
comprises entre les spires extrêmes étant en présence se neutralisent ;
» 6°. Que réciproquement un aimant peut être considéré, quant à son
action vis-à-vis un courant, comme une hélice métallique dans laquelle cir-
cule un courant électrique ;
» 7°. Qu'une aiguille aimantée tend toujours à se mettre en croix sur le
courant ; car il y a réaction de courants croisés les uns sur les autres, puisque
l'aiguille aimantée peut être assimilée à une hélice ;
» 8°. Que dans ce croisement de l'aiguille aimantée sur le courant, la
direction de son pôle austral vers l'ouest ou vers l'est dépend : i° quand les
courants sont horizontaux et dirigés parallèlement à l'axe de l'aiguille, de
leur position au-dessus et au-dessous du plan de déclinaison ; i° quand les
courants sont verticaux et placés dans des plans perpendiculaires à l'axe de
l'aiguille, de leur position à droite ou à gauche du plan d'inclinaison ;
3° quand les courants verticaux ou horizontaux sont placés en dehors des
extrémités de l'aiguille dans des plans parallèles ou perpendiculaires à son
axe, de leur position horizontale et verticale;
» 90. Que les réactions que nous venons d'étudier dans l'hypothèse d'un
courant rectiligne, se reproduisent de la même manière à l'égard d'un cir-
cuit fermé contourné en hélice; car l'action des spires de cette hélice sur
l'aiguille étant la même d'un côté comme de l'autre, se trouve neutralisée de
telle sorte qu'il n'y a que l'action du courant dans le sens de l'axe de l'hé-
lice qui soit effective. Néanmoins, l'action est plus marquée dans celles des
positions de l'aiguille où le courant magnétique et le courant électrique se
trouvent exercer un effet concordant. »
CHIMIE appliquée. — Note de M. Girard sur son nouveau procédé
d'étamage du fer. ( Communiquée par M. Dumas.)
« Ce procédé consiste dans l'emploi des chlorures, et notamment de
celui de zinc, pour couvrir le bain d'étain.
» Les propriétés du chlorure de zinc pour l'étamage sont connues de
. tous les industriels compétents ; mais ce qui faisait échec à tous ceux qui
en ont tenté l'application, c'était la nécessité de repasser les pièces dans un
( $7)
second bain couvert de suif pour avoir des produits acceptables par le
commerce. C'est là que résidait toute la difficulté, et cette façon d'opérer
n'apportait point d'amélioration sous le rapport de la salubrité, et encore
moins sous le rapport industriel ; car il était impossible, par ce système,
d'éviter l'introduction du chlorure de zinc dans le suif qui couvrait le se-
cond bain ; il en résultait alors une décomposition du chlorure de zinc
(d'après ce que j'ai pu juger par les résultats), qui occasionnait des vapeurs
encore moins supportables que par l'ancien étamage au suif, et qui alté-
rait le bain en très-peu de temps par la combinaison du zinc avec l'étain.
» Ce résultat négatif indiquait qu'il fallait une réforme radicale des an-
ciens procédés pour arriver à faire un emploi utile du chlorure de zinc.
» Voici les conditions qu'il fallait réunir :
» i°. Suppression absolue du suif ;
» i°. Opérer par une simple immersion et sans laisser séjourner dans le
bain ;
» 3°. Obtenir des produits acceptables par le commerce, qui puissent
se vendre de concurrence avec ceux des anciens procédés d'étamage au
suif.
» C'est à quoi je suis parvenu, et ces trois conditions réunies me don-
nent les résultats suivants : i° économie ; 2° salubrité; 3° sécurité contre
les incendies.
» L'économie porte sur les points suivants :
» i°. Quatre-vingt-dix pour cent de la dépense du suif remplacé par les
chlorures ;
» 2°. Cinquante pour cent sur les mains-d'œuvre et le combustible ;
» 3°. Soixante pour cent sur la mise de fonds en matériel, tels que four-
neaux et chaudières, et sur les bains d'étain.
» La salubrité est obtenue par la suppression du suif qui, par ses va-
peurs mêlées d'acide carbonique, ne permet pas à tous les tempéraments
d'y résister, et incommode toujours les ouvriers les plus forts. Tandis
que par mon procédé d'application des chlorures, il n'y a aucune émanation
sensible, et le premier venu peut s'y mettre sans se trouver incommodé,
même le premier jour.
» La sécurité contre les incendies naît naturellement de la suppression
du suif, qui, sans mentionner les cas d'oubli ou de négligence, donne pério-
diquement des feux de cheminée très-intenses, à cause des vapeurs de suif
qui se condensent contre les parois de la cheminée.
» Les moyens à l'aide desquels j'obtiens ces résultats sont de deux sortes :
(58)
la première est relative à la composition des chlorures qui recouvrent le
bain ; la deuxième à un procédé de décoloration des parties colorées par
le contact des chlorures en sortant du bain.
» Composition des chlorures. — Le chlorhydrate d'ammoniaque, qui est
indispensable pour prévenir la formation d'excès de base dans le chlorure
de zinc, a l'inconvénient d'exercer une action trop vive et de colorer la
surface de l'étamage d'une façon indélébile. Je diminue cette trop vive affi-
nité par l'adjonction au chlorure de zinc d'environ 10 pour 100 de chlorure
de sodium ou de potassium, et d'une quantité presque imperceptible de
matière organique de la nature des acides gras, de préférence. Je n'ai pas
encore une idée bien arrêtée sur la transformation qu'éprouve cette ma-
tière organique; mais ce que j'ai eu occasion de reconnaître bien des fois,
c'est qu'il se produit une odeur camphrée dès qu'elle est introduite en plus
grande quantité, seulement de la grosseur d'une noisette à la fois. L'addi-
tion de 4 à 5 pour ioo de protochlorure d'étain produit un bon effet.
» Procédé de décoloration. — Le lavage ne suffit pas pour enlever entiè-
rement les traces des chlorures à la surface de l'étamage; j'opère cette
décoloration complète par l'immersion des pièces dans une eau légèrement
acidulée ou dans une légère dissolution de protochlorure d'étain, de ma-
nière à ne pas altérer l'éclat de l'étamage. Les pièces sont ensuite rincées,
puis couvertes de sciure de bois et séchées à l'étuve. Une légère friction,
avec un linge doux, les débarrasse de cette sciure lorsqu'elle est sèche, et
tout est terminé. -
» Voilà les résultats auxquels je suis parvenu après trois années d'appli-
cation en grand du chlorure de zinc à l'étamage, et après avoir essuyé de
nombreux insuccès. Quoique encore restreinte, l'exploitation que j'en fais
aujourd'hui a acquis une marche régulière qui ne tend plus qu'à progresser.
» Cette transformation dans l'étamage coïncide heureusement avec les
perfectionnements obtenus depuis quelques années dans le laminage des
tôles, et permettra de satisfaire aux besoins généralement sentis d'avoir des
fers-blancs de grande dimension et à bas prix.
» Croyant avoir résolu un problème utile à la salubrité ainsi qu'au pro-
grès industriel, je désire concourir aux récompenses qui sont accordées en
pareil cas. »
( Renvoi à l'examen de la Commission chargée d'examiner les pièces admises
au concours pour le prix concernant les moyens de rendre un art ou un
métier moins insalubre.)
( 59 )
anatomie COMPARÉE. — Observations sur les rayons osseux supérieurs des
membres ihoraciques dans quelques Mammifères (deuxième partie ) ; par
M. A. L AVOCAT.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Duméril, Isidore
Geoffroy-Saint-Hilaire. )
« Je crois devoir rappeler que la première partie de ce travail a été
consacrée à l'examen de quelques principaux détails relatifs à l'os de
l'épaule.
» os DU bras. — Empreinte ou crête deltoïdienne. Dans tous les
Mammifères que j'ai eu occasion d'examiner, cette surface d'insertion
existe plus ou moins développée. Dans le cheval, par exemple, elle est
saillante et recourbée en arrière. Bien que l'analogie de cette éminence avec
l'empreinte deltoïdienne de l'homme ait été indiquée, il y a déjà une dizaine
d'années, dans l' Anatomie des animaux domestiques, cette partie, au lieu
de recevoir la dénomination significative qui lui convient, a conservé le
nom vague de tubérosité externe du corps de l'humérus. Cela tient sans
doute à ce que, dans cette même Anatomie, le deltoïde a été jusqu'à présent
méconnu sous le nom de long abducteur du bras ou grand scapulo-
huméral.
» Extrémité inférieure. Le langage de l'anatomie comparée est loin
d'être fixé à l'égard de la surface articulaire inférieure de l'humérus.
D'après les uns, elle est partagée en une petite tête et une trochlée; d'après
les autres, en deux condyles ou en deux trochlées, etc.; mais l'inconvénient
est plus grave encore lorsqu'on admet qu'il y a une trochlée du côté
externe, et un condyle du côté interne, comme cela est établi, depuis très-
longtemps, dans l' Anatomie des animaux domestiques. Il en résulte que
l'épicondyle et l'épitrochlée occupent une position tout à fait opposée dans
les animaux, par rapport à ce qui est dans l'homme ; en conséquence, les
muscles attachés à ces éminences reçoivent des noms dissemblables dans
les deux anatomies : le même muscle est appelé ici épicondjlo..., là
épitrochlo . . . , condition éminemment nuisible aux études comparatives.
» Mais cette confusion ne repose que sur une appréciation inexacte qu'il
est facile de rectifier. Il est généralement admis que, dans l'homme,
l'extrémité inférieure de l'humérus porte, en dehors, un condyle et, en
dedans, une trochlée, séparés l'un de l'autre par une rainure creusée en
dehors du bord externe de la trochlée. On retrouve la même disposition
essentielle dans les quadrupèdes; la seule différence qu'il y ait, consiste dans
(6o)
les dimensions relatives des deux surfaces. En effet, si dans l'homme le
condyle est presque aussi large que la trochlée, dans les quadrupèdes, le
condyle est généralement étroit et la trochlée très-élargie en dedans, parce
qu'il faut une plus grande surface du côté interne, où se fait principale-
ment l'appui.
» En outre, le condyle est toujours caractérisé par le peu de longueur
de sa courbe, qui ne représente guère qu'un demi-cercle, et il s'arrête à la
partie inférieure de la surface articulaire; tandis que la trochlée, qui se
prolonge et remonte en arrière, figure un cercle presque complet.
» Un autre caractère du condyle humerai, c'est d'être toujours en
connexion avec le radius; quant à la trochlée, elle repose exclusivement
sur le cubitus, dans l'homme; moitié sur le cubitus, moitié sur le radius,
dans le chat et dans le chien, et entièrement sur le radius, de même que le
condyle, dans le lièvre, le porc, le cheval, les ruminants, etc. (i).
» Dans l'éléphant, la démarcation entre le condyle et la trochlée est peu
sensible, à peu près comme dans le porc; ces deux surfaces articulaires
reposent sur le cubitus; mais, en avant, le condyle et la partie externe de
la trochlée appuient sur le radius. Ici encore la règle est donc observée.
Elle l'est même dans la taupe.
» OS DE l'avant-bras. — Extrémité inférieure du cubitus. Ou sait que
généralement, dans les quadrupèdes; le cubitus se prolonge jusqu'au carpe,
où il s'articule avec le pyramidal et le pisiforme. Cette disposition se
retrouve même chez les ruminants. Mais on admet que dans le cheval
l'extrémité inférieure du cubitus se termine en pointe et s'efface sur le corps
du radius ; de sorte que ce dernier os forme à lui seul la surface articulaire
contiguë aux os carpiens du premier rang. Cette exception n'est pas fondée :
il est vrai que le cubitus se soude au radius dans presque toute son éten-
due, et même que les deux os sont confondus dans le milieu de leur lon-
gueur; mais, vers la partie inférieure, le cubitus reparaît sous forme d'une
petite colonne saillante, parfois même détachée, au bord externe du radius ;
et c'est à lui qu'appartient la tubérosité inférieure externe, considérée jus-
qu'à présent comme faisant partie du radius. Ce renflement inférieur du
cubitus porte, en dehors, une coulisse pour le tendon du muscle extenseur
latéral des phalanges, comme dans l'homme et les autres Mammifères; sa
surface inférieure, diarthroïdale, convexe d'avant en arrière, et large de 16
(1) Mais toujours la gorge de la trochlée répond en arrière à l'échancrure sigmoïde du
cubitus.
( il )
• t8 millimètres, s articule en bas avec le pyramidal el en arrière avec le
pisiforme. Du côté interne, la démarcation entre cette surface cubitale el
celle qui appartient au radius est indiquée par un sillon toujours très-pro-
noncé en arrière.
» Pour compléter cette restitution, j'ajouterai qu'il en est de même,
dans le membre pelvien, pour l'os qui correspond au cubitus, c'est-à-dire
pour le péroné.
» Il est reconnu aujourd'hui que, dans les ruminants en général, cet os,
rudimentaire et presque entièrement fibreux, a cependant son extrémité
inférieure représentée par une pièce osseuse irrégulière, située du côté
externe entre le tibia, l'astragale et le calcanéum, pièce qui a été longtemps
considérée comme un os tarsien particulier.
» Dans le genre equus, le péroné est plus développé que dans les rumi-
nants, et cependant on n'admet pas qu'il se prolonge jusqu'au tarse : c'est
une erreur analogue à celle qui est relative au cubitus. En effet, le péroné
du cheval descend et se renfle au côté externe de l'extrémité inférieure du
tibia, où il est soudé ; ce renflement péronéen porte en dehors la coulisse
propre à l'extenseur latéral des phalanges ; en dedans, il concourt à former
l'articulation des os de la jambe avec le tarse par son contact avec le bord
externe de l'astragale. Ce plan articulaire, qui a au moins i 5 millimètres de
largeur, est séparé de la surface tibiale par un léger sillon antéro- postérieur,
et le renflement tout entier représente exactement la malléole externe, dont
il a tous les caractères^ En conséquence, la disposition qui est offerte, dans
le cheval, par l'extrémité inférieure^du cubitus et du péroné, n'est pas
exceptionnelle, elle est au contraire soumise à la loi générale. »
M. Fock, qui avait précédemment soàumis au jugement de l'Académie un
Mémoire sur la stature de l'homme et les proportions de son corps, envoie
aujourd'hui une suite de ce travail, danV laquelle il s'occupe spécialement
des formes de la tète osseuse.
Le résultat de ses nouvelles recherches peut être exprimé à peu près dans
ces termes : « La charpente osseuse de la tète, qui offre aux muscles mis
en jeu dans les différents mouvements de la face, les points d'attache les
plus avantageux de manière à combiner la force et la légèreté, doit avoir
une forme qui est aussi celle à laquelle, dans le monde civilisé, on attache
l'idée d'élégance; en un mot, le beau type grec, tel que nous l'offrent quel-
ques statues antiques, doit être aux yeux des physiologistes, comme il l'est
C. R., l85o, 2m' Semestre. (T. XXXV, N°2.) 9
(6a)
aux yeux de l'artiste, ce qui, pour cette partie de notre corps, approche
le plus de la perfection idéale. »
(Commissaires précédemment nommés : MM. Magendie, Flourens, Serres.)
M. Aktiïr, en adressant un Mémoire ayant pour titre : « Examen des
Recherches sur la capillarité, de M. Simon (de Metz) », prie l'Académie de
vouloir bien faire examiner ce travail par une Commission composée de
physiciens, de chimistes et de naturalistes. .
MM. Babinet, Regnault, de Quatrefages sont invités à prendre connais-
sance du travail de M. Artur.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de la Justice accuse réception de la Lettre qui lui annon-
çait qu'à l'avenir les Comptes rendus des Séances de l'Académie seraient
adressés chaque semaine à son Ministère. M. le Ministre prie MM. les Secré-
taires perpétuels de transmettre à l'Académie l'expression de ses remercî-
ments.
M. le Ministre des Finances remercie également l'Académie pour l'envoi
annoncé.
M. le Ministre de l'Intérieur, de l'Agriculture et du Commerce adresse,
pour la bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du 76e volume des bre-
vets d'invention pris sous l'empire de la loi de 1791, et un exemplaire du
7e volume des brevets pris sous l'empire de la loi de 1 844-
M. le Secrétaire de la Société de Physique de Rerlin annonce l'envoi
d'un nouveau volume de l'Histoire des Progrès de la Physique, année 1 848,
ouvrage publié sous les auspices de la Société et rédigé par M. Karster.
chimie organique. — Sur la présence de la triméthj lamine dans le jus
extrac tif des harengs salés. (Lettre de M. A.-W. IIofmann à
M. Dumas.)
« A l'occasion d'un travail concernant les bases ammoniacales de la série
méthylique, j'ai émis l'opinion que la base décrite par M. Wertheim, sous
le nom A' œtvylamyne ou propy lamine, pourrait bien être identique avec la'
(63)
Iriméthylamine :
H j C2H, )
H N = C,H, N = C„H9N.
C6 HT ) C2 Ha )
L'observation intéressante, due également à M. Wertheim, que ce corps se
rencontre en quantités assez notables dans le liquide qui se sépare peu à
peu des harengs salés, a été le point de départ de quelques essais dans le
but de résoudre cette question par voie expérimentale.
» Sur mon invitation, M. Henry Winkles s'est occupé de ce sujet. D'après
ses expériences, qu'il publiera bientôt avec tous les détails, c'est bien la
triméthylamine qui constitue le corps prédominant dans le mélange de
plusieurs bases que peut fournir le jus extractif des harengs salés.
» L'identité de cette substance avec la triméthylamine, préparée par voie
synthétique, et dont l'étude m'occupe en ce moment, fut constatée non-
seulement par la comparaison directe de ces deux corps, mais encore par la-
réaction si caractéristique que produit l'iodure méthylique. Avec ce dernier,
la base en question a fourni immédiatement un magma cristallin d'iodure
de tétraméthylammonium.
» Comme conséquence de ce résultat, il paraît plus que douteux qu'on
ait obtenu jusqu'à ce jour la véritable propylamine. Par la même raison,
on comprend la nécessité de démontrer par des expériences jusqu'à quel
point on est autorisé à donner à la pétinine le nom de butylamine, nom
que plusieurs chimiste^ lui ont donné dans ces dernières années.
« La manière dont ce corps se comporterait avec l'iodure méthylique ou
éthylique fournirait, sans difficulté, la solution de cette question.
chimie. — Sur le moyen de séparer pur, de l'argent à l'état de fusion,
l'oxygène qu'il a absorbé au contact de l'air. (Extrait d'une Lettre de
M. Levol à M. Dumas.)
a . . . Ainsi que Samuel Lucas l'a reconnu le premier, l'argent pur,
fondu au contact de l'air, en absorbe rapidement l'oxygène, et cet oxygène
se dégage complètement au moment où l'argent reprend l'état solide. Veut-
on l'extraire pendant la fusion de ce métal , on peut y parvenir au moyen
du charbon qui le soutire en formant de l'acide carbonique, mais, pour le
séparer en nature, cela paraissait assez difficile ; cependant voici comment
on peut y parvenir : il suffit d'y ajouter de l'or en proportion convenable,
et l'on voit à l'instant même l'oxygène se dégager si rapidement et si tumul-
9--
(6/,)
tueusement, qu'il eu résulte une véritable effervescence; la matière bouil-
lonne et s'élève au delà des bords du creuset, eût-il, comme je l'ai vu, deux
ou trois fois la capacité représentée par le volume des deux métaux fondus.
» Indépendamment de l'enseignement que renferme cette expérience,
elle procure encore un spectacle très-curieux, et dont on pourrait facile-
ment rendre témoins les auditeurs d'un cours public. »
M. Buisson adresse une Note concernant la part qu'auraient, suivant
lui, les insectes aux maladies épidémiques qui affectent les végétaux et les
animaux. Il pense qu'on remédierait à la cause deces maladies en favorisant
la propagation des animaux qui détruisent ces insectes, et il propose,
comme une mesure préliminaire, d'apporter des entraves à la chasse qui
tend à diminuer le nombre des oiseaux insectivores.
M. Gaïetta adresse une Note relative à des observations desquelles il
"crôiVpoVrvoir ctmclure que l'atmosphère, même dans son plus grand état
de transparence, n'est pas complètement incolore.
M. Landes adresse deux Notes, l'une sur la vision, l'autre sur la forme
et les couleurs des corps.
M. Brachet envoie une nouvelle Note sur les phares lenticulaires.
L'Académie accepte le dépôt de quatre paquets cachetés présentés
Par M. Brachet,
Par M. Crcsell,
Par M. Frestel,
Et par M. Perrot.
A 4 heures un quart, l'Académie se formé en comité secret.
COMITÉ SECBET.
M. Beautemps-Beaupré, doyen de la Section de Géographie et de
Navigation, présente, au nom de cette Section, une liste de candidats
pour une place vacante de Correspondant.
La Section, considérant qu'elle ne compte maintenant parmi ses Çorres-
(65)
pondants qu'un seul Français, a cru devoir ne proposer cette fois que des
candidats nationaux. La liste qu'elle présente est la suivante :
En première ligne :
M. Antoine d'Abbadie, à Urrugne, près Saint-Jean-de-Luz.
En deuxième ligne :
M. Victor Lottin, capitaine de frégate, à Versailles.
En troisième ligne, ex œquo, et par ordre alphabétique :
M. Ferret, capitaine d'état-major,
M. Galinier, capitaine d'état-major.
La séance est levée à 6 heures. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 5 juillet 1 852, les ouvrages dont
voici les titres :
Le Magasin pittoresque; juin 1832; in-8°.
Moniteur de la propriété et de i agriculture ; juin i85a; in-8°.
Revue thérapeutique du Midi. Journal de Médecine , de Chirurgie et de Phar-
macie pratiques ; fondé par M. le professeur Fuster, et rédigé par MM. les
D™ Louis Saurel et Barbaste ; n° 12; 3o juin 1 85a ; in-8°.
Corrispondenza . . . Correspondance scientifique de Rome ; 2e année ; n° 34 ;
2 juin i852.
Boletin. . . Bulletin de l'Institut médical de Valence; mai i85a; in-8°.
The transactions. . . Transactions de la Société Linnéenne de Londres;
volume XXI; ire partie. Londres, i852; iri-4°.
Proceedings. . . Procès-verbaux des séances de la Société Linnéenne de
Londres; noa 45 à 47; in-8°.
The astronomical . . . Journal astronomique de Cambridge ; publié par
M. Benj. Apthorp Gould Jr; n° 4i; vol. II; n° 17; 4 juin i852.
Monatsbericht . . . Comptes rendus des séances de l'Académie royale des
Sciences de Berlin; mai i852; in-8°.
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques; n° 81 4-
Gazette médicale de Paris; n° 27.
Gazette des Hôpitaux; n0* 76 à 78.
( 66 )
L'Abeille médicale; n° i3.
La Lumière; 2e année; n°28.
Moniteur agricole; 5e année; n° 26.
Réforme agricole; n° 45.
La Presse littéraire, Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° 10;
4 juillet i85a.
L'Académie a reçu, dans la séance du 12 juillet i852, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences,
ae semestre i85a; n° 1; in-4°.
IVotesur un pommier produisant plusieurs sortes de pommes; par M. Charles
Gaudichaud; broch. in-4°- (Extrait des Comptes rendus des séances de
l'Académie des Sciences; tome XXXIV, séance du 17 mai i852.)
Remarques générales sur le Rapport qui a été fait, dans la séance du 1 1 mai
dernier, sur un Mémoire de M. Trécul, ayant pour litre: Observations rela-
tives à l'accroissement en diamètre des tiges; par le même ; ire et 2e partie;
4 broch. in-4°- (Extraits du même Recueil; séances des 3i mai; 7, 21 et 28
juin i852.)
Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont
été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1 844 j publiée par les ordres de
M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce; tome VIL Paris, i85i;
in-40.
Description des machines et procédés consignés dans les brevets d'invention, de
perfectionnement et d'importation dont la durée est expirée, et dans ceux dont
la déchéance a été prononcée; publiée par les ordres de M. le Minisire de
l'Intérieur, de l'Agriculture et du Commerce; tome LXXVI. Paris, i852;
in-4°.
Mémoires sur la famille des Fougères; par M. A.-L.-A. FÉE. Troisième
Mémoire : Histoire des Villariées et des Pleurogrammées. Quatrième Mémoire :
Histoire des Antrophyées. Paris, i85i-i85u ; in-fol.
Annuaire des marées des côtes de France pour l'an 1 852 , publié au Dépôt de
la marine sous le Ministère de M. Chasseloup-Laubat ; par M. A.-M.-R.
Ghazallon, ingénieur-hydrographe de la marine, ancien Membre de la
Constituante. Paris, i85i; in-12.
Annuaire des marées des côtes de France pour l'an i853, publié au Dépôt de
la marine sous le Ministère de M. Ducos; par le même. Paris, i852 ; in-12.
(«7 )
Études sur les engrais de mer des côtes de la Basse- Normandie (Manche et
Calvados). Travail exécuté par ordre du Ministre de l' Agriculture et du Com-
merce; par M. J.-I. Pierre. Caen, i85a; broch. in-8°. (Cet ouvrage est
adressé pour concourir au prix de Statistique.)
Recherches expérimentales sur la résistance de l'air au mouvement des pen-
dules; par M. Ch.-Ign. Giulio. Turin, i85a; broch. in-4°.
Documents sur la géographie du bassin du Nil; par M. Ant. d'Abbadie.
Paris, i85a; broch. in-8°. (Extrait du Bulletin de la Société de Géographie,
avril i852.)
Coup d'œil sur l'histoire des botanistes et du Jardin des Plantes de Montpel-
lier. Discours d'ouverture du cours de botanique médicale , prononcé le i n
avril i852; par M. Ch. Martins, professeur d'Histoire naturelle médicale à
la Faculté de Médecine de Montpellier, et directeur du Jardin des Plantes.
Montpellier, i85a; broch. in -8°. (Extrait de la Gazette médicale de Mont-
pellier. )
La sapience normande, manuel des doctes, ae livre; par M. Ph.-A. Aube.
Elbeuf, 1849; broch. in-8°.
De l'électricité, soit de l'âme universelle considérée dans ses forces motrices ■
par le même. Elbeuf, i852; broch. in-8°.
Les trois règnes de la nature. Règne animal. Histoire naturelle des oiseaux,
classés méthodiquement avec l'indication de leurs mœurs et de leurs rapports
avec les arts, le commerce et l'agriculture; par M. Emm. Le Maout; 6e à
8e livraisons; in-8°.
Annales de la Société d'Horticulture de Paris et centrale de France; juin
i852; in-8°.
Bulletin de l'Académie nationale de Médecine, rédigé sous la direction de
MM. F. Dubois (d'Amiens), secrétaire perpétuel, et Gibert, secrétaire
annuel; tome XVII; n° 18; 3i juin i852; in-8°.
Annales de ta propagation de la Foi; juillet i852 ; in-8Q.
Bibliothèque universelle de Genève; juin i852; in-8°.
Cosmos, revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. de Monfort
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; n° 1 1 ; in-8°.
Journal d'Agriculture pratique et de Jardinage } fondé par M. le Dr Bixio
publié par les rédacteurs de la Maison rustique, sous la direction de M. Barrât,*
3e série; tome V; n° 1; 5 juillet i852; in-8°.
(68 )
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 19 JUILLET 1852.
PRÉSIDENCE DE M. de JUSSIEU.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
anatomif. ET PHYSIOLOGIE végétales. — Réponses aux observations qui
nous ont été faites dans les séances du 3i mai i852, page 818, et du
>a juin, pages g33 à 9,4 1, par MM. Ach. Richard, Ad. Brongniart et
Ad. de Jussieu; par M. Charles Gaudichaud.
« Tout ce qui touche à l'organisation, aux fonctions et à la vie des êtres
organisés, est tellement enveloppé de mystères, que les travaux, les efforts
et le génie des hommes ne parviendront peut-être jamais à l'éclaircir entière-
ment. Cette vérité, qui est profondément triste pour nous, est du moins
pleine d'espérances et de consolations pour les générations futures, à l'in-
telligence desquelles elle assure un aliment durable, et sans doute infini.
Contentons-nous donc du peu auquel il nous est donné d'atteindre; faisons
faire, s'il est possible, un pas à la science, et notre tâche sera remplie. Nos
successeurs feront le reste.
» Depuis plus de trente ans, les plantes ont été pour nous le sujet de
recherches incessantes et de longues et douces méditations.
» Nous les avons étudiées avec passion et avec un zèle toujours crois-
C. K., l85î, 1m' Semestre. (T. XXXV, N° 3) 'O
( 7°)
sant. Ces études nous ont conduit à une théorie qui, selon nous, était né-
cessaire, parce qu'elle faisait complètement défaut dans la science. On con-
naît l'histoire de ce travail qui, après avoir reçu la sanction de l'Académie,
a été imprimé dans le tome VIII des Savants étrangers.
» On sait de combien d'attaques cet ouvrage, qui touche à toutes les
branches de la science des végétaux, et les éclaire généralement toutes, a
été l'objet. L'Académie n'a certainement pas oublié les efforts que nous
avons faits devant elle contre les suprêmes tentatives de l'un de ses plus
illustres Membres, qui avait entrepris de le renverser. Depuis ce temps, des
hommes d'une incontestable habileté et fort instruits, des savants très-re-
nommés, et, il faut bien le dire, puisque c'est la vérité, des hommes illus-
tres sans doute, mais entièrement étrangers à cette branche de la science
des végétaux, se sont coalisés pour tenter de détruire la théorie des phylons,
et n'ont pas été plus heureux. Enfin, un jeune homme instruit et fortement
appuyé, mais qui n'a peut-être pas une connaissance parfaite de l'organisa-
tion et des fonctions des végétaux, est venu essayer de lui donner un der-
nier coup. Il aura, nous l'assurons, le sort de ses illustres devanciers.
» C'est de cette même théorie des phytons que notre honorable confrère
M. Richard a dit qu'elle est FAUSSE, qu'elle repose sur des faits incomplè-
tement observés, mal interprétés, et, enfin, qu'elle est de plus de trente
ans en arrière des connaissances positives, etc.
» Nous n'avons pas à nous plaindre de ces expressions, toutes sévèfes
qu'elles puissent paraître, puisque ce sont, à peu de chose près, celles que
nous avons employées, quand, réduit enfin à nous défendre contre les at-
taques de M. Richard, nous avons combattu les déplorables théories élu
cambium, du tissu générateur, etc., qu'il enseigne dans ses cours et dans ses
Éléments de Botanique. Mais il y a entre notre confrère et nous cette diffé-
rence, que nous lui avons prouvé la vérité de toutes nos assertions, et que.
jusqu'à présent, il n'a rien fait de semblable à l'égard de nos travaux.
» Il lui reste donc une grande tâche à remplir, et tout nous porte à espé-
rer qu'il l'accomplira promptement.
» Ce qui nous a causé un bien grand étonnement et une vive affliction,
c'a été de voir que tous nos honorables confrères de la Section de Botanique
prenaient part à ces dernières attaques, et qu'ils partageaient de tous points
les douteuses idées de l'auteur du Mémoire sur l'accident du Njssa.
» Notre surprise a été d'autant plus grande que nous avions la parfaite
assurance, même des preuves irrécusables, que deux d'entre eux partageaient
( v )
en grande partie notre sentiment sur les matières qui, depuis près de dix ans,
ont été traitées devant l'Académie, que nous ignorions et que nous ignorons
encore, nous l'avouons avec humilité, la nature des travauxcontraires qu'ils
ont pu faire sur ces sortes de parties de la science, et enfin que nous étions
loin de nous douter qu'eux aussi nous contredisaient dans leurs cours.
» Mais, puisqu'il en est ainsi, et quelles que soient les raisons qui les
ont conduits à nous combattre, puisqu'ils sont entrés dans la discussion, il
faut s'en féliciter. Leurs lumières nous seront certainement d'un grand se-
cours. Le sujet est même assez important pour que d'autres contradicteurs
non moins éclairés viennent y prendre part. Nous les appelons de tous nos
vœux.
» Nous ne parlerons pas, cela est bien entendu, des récriminations que
notre confrère M. Richard a apportées à l'Académie. De telles choses ne
doivent pas se traiter en ce lieu.
» Nous lui dirons seulement, car il lui faut une première réponse, que
pour être juste et irréprochablement exact, il aurait dû commencer ses
doléances par déclarer que ce n'est qu'après avoir été poursuivi pendant
six ans et plus d'agressions incessantes de sa part, dans ses ouvrages et dans
ses cours, que, de guerre lasse, nous nous sommes enfin décidé, en 1 85 1 ,
mais avec le plus vif regret, mais avec une douleur profonde, nous le cer-
tifions, à lui appliquer la loi du talion. La vie d'un homme de science est
toute dans ses travaux. Nous avons défendu les nôtres contre les attaques
persistantes et immodérées (nous sommes en mesure de le prouver) de
notre confrère , et nous l'avons fait avec d'autant plus de chaleur, voire
même de vivacité, que nous souffrions depuis longtemps de telles agres-
sions, et que, dans notre parfaite conviction, les faits sur lesquels notre
confrère s'appuyait, étaient matériellement contraires à la vérité. Tous
les savants qui voudront s'édifier sur ce point, n'auront qu'à consulter, et
surtout qu'à comparer entre elles les deux dernières éditions des Éléments
de Botanique de notre confrère M. Richard, et, nous l'affirmons, ils auront
de la peine à comprendre notre longanimité et la modération que nous
avons mise dans nos tardives et trop incomplètes réfutations du cambium,
du fluide nutritif, du tissu générateur et autres sortes de choses incroya-
bles, sous le poids desquelles on croyait pouvoir ensevelir la vitale et
féconde théorie des phytons.
» Notre confrère M. Richard nous reproche, à tort, de ne pas connaître
les théories et les lois organogéniques qui, selon lui, sont l'expression de
10..
(72 )
l'état actuel de la science. Si nous ne les connaissions pas, ce serait peut-
être de sa faute. Pourquoi ne nous les a-t-il pas exposées clairement,
simplement dans ses ouvrages, et surtout ici, à l'Académie, où nous les
aurions combattues?
» En attendant qu'il veuille bien nous les présenter, nous lui dirons que
ces théories et ces lois ne se trouvent encore que dans les écrits des savants
étrangers, anglais, allemands, etc., et nullement dans les ouvrages français.
» Mais comme il faut, nous le savons, qu'une théorie, pour être admis-
sible et durable, soit étrangère, nous allons voir tous les botanistes français
se réunir contre une théorie toute française, et tenter de la renverser parce
qu'elle ne nous est pas arrivée par la Manche ou par le Rhin.
» Mais on verra aussi un homme se lever pour la défendre, et cet
homme, on peut y compter, fera mentir l'adage qui dit : Quon est bien
près d'avoir tort quand on est seul à avoir raison.
» Quand, en i835, nous avons présenté notre premier travail sur la
théorie des phytons à l'Académie des Sciences, nous l'avons intitulé :
Recherches générales sur /'Organographie, la Physiologie et /'Orga-
nogénie des végétaux.
» Cet ordre n'était sans doute pas le plus naturel, puisque, même dans
notre pensée intime, la physiologie est le premier effort de la nature dans
la création des êtres organisés. Mais, en partant de cet autre principe,
que je nommerais pratique, principe qui veut qu'il y ait un organe pour
produire une fonction, nous avons jugé convenable de commencer l'ex-
position de notre travail par ce qui nous a semblé à la fois le plus facile
et le plus important, par ce que nous avons justement nommé l'organogra-
phie, c'est-à-dire par l'étude des organes fondamentaux de la vie des
plantes, par ceux de la circulation, de la nutrition et de ce qu'on est con-
venu de nommer les organes de l'élaboration. Nous avons choisi ce nom,
parce qu'il est nue foule de végétaux et. de parties de végétaux qui vivent
fort bien sans feuilles, sans tiges, sans racines, etc. On sait que nous comp-
tons passer de l'organographie à la physiologie, et que la physiologie doit
naturellement précéder l'organogénie.
» On nous fera sans doute l'honneur d'admettre que dès le temps pré-
cité, nous avions fait de l'organogénie, et que nous n'avancions pas sans
cause un vain mot. Dès cette époque, en effet, nous avions arrêté les bases
de l'organogénie comme celles des deux autres parties.
» Comptant un peu trop sur le temps, sur notre santé, sur nos forces,
(73 )
nous avions formé le projet de présenter rapidement à l'Académie l'en-
semble de ces différentes divisions de notre travail, dans l'ordre que nous
avions adopté.
» L'Académie connaît maintenant toutes les circonstances qui nous ont
arrêté. Elle sait surtout quelles sont les entraves qui nous ont été opposées
quant à l'organographie, et toutes les forces qu'il nous a fallu employer
pour les briser.
» Dans tout notre travail, c'est particulièrement à la recherche des
causes ou des forces qui se manifestent dans les végétaux que nous nous
sommes livré, et nous avons facilement reconnu que les causes organogé-
niques étaient purement physiologiques.
» Il fallait donc faire de l'organographie et surtout de la physiologie
avant de faire de l'organogénie.
» La ligne que nous voulions suivre était donc de tout point rationnelle.
» Entraîné par la marche des circonstances actuelles, nous allons encore
une fois briser un des angles de notre travail général et faire connaître quel-
ques-unes des observations essentiellement organogéniques que nous avons
faites dès l'origine de nos études, et qui ont puissamment contribué à l'édi-
fication de la théorie des phytons. Nous voulions les réserver pour un
exposé distinct et complet de nos principes d'organogénie ; mais les évé-
nements nous pressent, obéissons-leur.
» Partant de ce principe, que la physiologie régit tout dans les végétaux,
et qu'il faut des causes pour produire des effets, voici les expériences, as-
surément bien simples, que nous avons faites, dès l'hiver de 1 833 à i83/j,
expériences que nous avons mille fois renouvelées depuis, et à l'aide des-
quelles nous avons pu et nous pouvons encore contredire toutes les asser-
tions de nos opposants anciens et nouveaux.
» Par différents moyens, qu'il serait trop long d'expliquer en ce mo-
ment, et spécialement par de petites entailles faites avec soin sur l'écorce
d'un certain nombre de jeunes arbres, de branches et de rameaux, entailles
qui allaient jusqu'au bois sans l'entamer, nous nous sommes assuré que
tous les tissus extérieurs du bois et intérieurs de l'écorce appartenaient
bien à ces deux sortes de parties achevées de la végétation précédente, et
que rien d'intermédiaire n'existait entre elles. Des tranches microscopiques
horizontales et verticales, des macérations bien ménagées, qui nous per-
mirent d'étudier la couche extérieure du bois et la couche intérieure de
l'écorce, vinrent confirmer nos observations. Ces expériences furent conti-
( 74)
nuées de quinze en quinze jours (souvent moins, rarement plus), jusqu'au
printemps, qui nous apporta aussi ses preuves par les premiers vaisseaux
radiculaires enveloppant toute la portion ligneuse de l'année précédente ;
ce que nous pûmes constater avec certitude au moyen de nos petites en-
tailles d'écorce qui nous servaient de repères.
» Dès que l'écorce des arbres put s'enlever, nos expériences devinrent plus
faciles et plus nombreuses, parce qu'elles exigeaient moins de temps. Elles
consistaient, d'une part, à enlever, à des époques fixes, de petites bandes
longitudinales d'écorce, sous lesquelles les développements ligneux s'arrê-
taient, et, d'autre part, à étudier au microscope des tranches horizontales
de bois et d'écorce encore unis, des tranches verticales de ces mêmes
parties, et enfin, après avoir soulevé l'écorce, à étudier par le même moyen
une tranche verticale de sa face intérieure, et une tranche verticale de la
surface extérieure du bois. Par ces moyens, de la plus grande simplicité, et
que nous simplifiâmes encore par la suite, en n'étudiant plus que les tissus
de la surface intérieure de l'écorce et ceux de la surface extérieure du bois,
moyens qui furent continués des années entières sur toutes les essences
ligneuses des environs de Paris, nous acquîmes la certitude qu'il n'existait
jamais rien d'intermédiaire entre l'écorce et le bois. C'est à la recherche
du cambium que ces expériences furent primitivement consacrées, et l'on
sait que nous n'avons pas rencontré le cambium des botanistes anciens,
et que dès lors nous avons dû en nier l'existence.
» Dès que le tissu générateur est entré dans la science, comme succé-
dané du cambium, nous l'avons cherché par les mêmes moyens, et nous
n'avons pas été plus heureux. Nous savions d'avance que nous ne pouvions
pas constater ce qui n'existait pas, puisque nous n'avions jamais rencontré
dans nos expériences, faites à toutes les époques de l'année, que des tissus
fibreux sur le bois et fibrillaires sur l'écorce, et des rayons médullaires
parfaitement isolés, distincts et circonscrits dans leurs orbites allongées.
Nous sommes donc autorisé à nier aussi l'existence du tissu générateur
des botanistes modernes. Nous contesterons même ce nom de tissu géné-
rateur.
» Mais si, dans nos études, nous n'avons rencontré ni le cambium, ni
le tissu générateur, nous avons trouvé bien d'autres choses. Nous avons
trouvé l'origine et le mode d'organisation, d'agencement et de développe-
ment des vaisseaux ligneux; l'origine, le mode d'organisation, d'agence-
ment et de développement des fibres ligneuses ; l'origine, le mode d'orga-
( 75 )
irisation, d'agencement et de développement des fibres corticales, et tout ce
qui peut servir à consolider la théorie des phytons.
» Nous avons trouvé que les vaisseaux ligneux partent évidemment des
bourgeons ; que si les bourgeons sont très-réduits, très-faibles, même en-
core invisibles, les vaisseaux qui en émanent sont composés d'utricules ou
articles très-courts, très-variables dans leurs formes et leurs dimensions, très-
irrégulièrement disposés ; que, dès que les bourgeons prennent de la force
et de l'activité, les articles composant les vaisseaux se redressent, s'alignent,
s'agencent, se confondent parfois plusieurs en un seul, et que, soit qu'ils
partent de la partie supérieure du point d'attache du bourgeon, soit qu'ils
partent de toute autre partie, ils tendent tous à prendre la direction verticale
descendante; que, dans aucun cas, ils ne procèdent de la transformation
d'utricules précédemment et depuis longtemps formées, et encore moins
de la transformation des tissus fibreux et fibrillaires qui peuvent bien s'al-
longer et grandir dans tous les sens, mais qui ne peuvent jamais changer,,!
de nature.
» Nous avons trouvé que lorsqu'il se montre des vaisseaux au bord supé-
rieur d'une tige ou d'une racine coupée transversalement, au bord inférieur
d'une décortication circulaire, d'une plaie, etc., ces vaisseaux partent tou-
jours de petits centres, mal définis peut-être, mais que nous avons dû- consi-
dérer comme des bourgeons naissant au contact de l'air.
» Nous avons trouvé que, loin de se composer de tissus dits générateurs,
les tissus fibreux de la périphérie du bois, et fibrillaires de la partie interne
de l'écorce, sont distinctement des productions spéciales et annuellement
nouvelles de ces deux sortes d'organismes ; qu'ils naissent fibres ou fibrilles,
et persistent toujours à cet état organique, même en grandissant ; qu'ils
commencent au sommet des tiges et ordinairement dans le voisinage des
bourgeons, et se constituent progressivement ensuite vers la base, au fur et
à mesure que l'écorce tend à se séparer du bois; que leur production a
lieu depuis le commencement du printemps jusque vers la fin de l'au-
tomne, et que tant qu'il se forme des fibres et fibrilles, l'écorce est facile-
ment séparable du bois ; que cet effet se produit aussi au sommet d'une
tige et d'une racine tronquées comme au bord inférieur des décortications
circulaires, etc., avec cette seule différence que, tant qu'il ne se montre pas
de bourgeons, les fibres et fibrilles restent plus courtes.
» Nous avons trouvé que les tissus fibreux du bois et fibrillaires de
l'écorce, ainsi que les rayons médullaires, sont tous, plus ou moins, allon-
( 76 )
gés dans le sens vertical, circonscrits, enchâssés, et, pour ainsi dire, em-
boîtés par un plexus de vaisseaux capillaires encore indéterminés, et qu'on
a probablement considérés à tort comme des méats intercellulaires ; que ces
tissus fibreux et fibrillaires doivent certainement leur origine à ce que nous
avons nommé le rayonnement cellulaire , c'est-à-dire à ces sortes de végé-
tations latérales centrifuges du bois et centripètes de l'écorce, nommées par
nous rayonnantes, parce qu'elles se produisent encore, avec les modifica-
tions que nous venons d'indiquer, sur des tiges et des racines privées de
bourgeons, et dont on a retranché les parties supérieures. Enfin nous avons
trouvé, dans presque toutes nos expériences, que ces tissus fibreux du bois
et fibrillaires de l'écorce, comme d'ailleurs tous les autres tissus, cellulaires
et vasculaires, tendaient à descendre du sommet des tiges à leur base,
comme, par exemple, dans ies racines de peuplier, de frêne, etc., que nous
avons entièrement coupées transversalement, et dont les nouveaux tissus
ligneux et autres du lambeau supérieur sont descendus joindre le bord du
lambeau inférieur et continuer, entre le bois ancien et l'écorce de cette der-
nière partie, leur mouvement successif de descension. Nous n'avons pas pré-
tendu dire pour cela que les fibres du bois, les fibrilles de l'écorce et les
articles des vaisseaux descendaient, quittaient une première place supé-
rieure pour en prendre une seconde inférieure, mais que de nouvelles fibres
et fibrilles, de nouveaux articles de vaisseaux, d'autres tissus se produi-
saient et s'accroissaient incessamment du sommet des tiges à leur base. Voilà
ce que nous entendons par descension, et cette descension est incontes-
table dans l'exemple que nous présentons à l'Académie.
» On voit, en effet, que les tissus ligneux descendant du lambeau supé-
rieur, avant d'atteindre les bords du lambeau inférieur, ont rampé de la
circonférence au centre, sous la surface horizontale du premier. Là , ils se
sont rencontrés et déviés sur la surface horizontale du lambeau inférieur,
au bord duquel ils ont repris leur direction descendante verticale.
» Mais comme il a fallu du temps pour que ces effets se produisissent, il
en est résulté que la nouvelle couche ligneuse du lambeau supérieur, qui
n'a pas cessé un instant de s'accroître, est beaucoup plus épaisse que celle
du lambeau inférieur.
» Nous n'aurions que ce fait pour prouver la tendance à descendre des
tissus ligneux, qu'il serait suffisant. On sait que nous en avons beaucoup
d'autres.
» C'est donc à tort qu'on nous reproche de faire monter d'un côté et des-
(^77 )
cendre d'un autre côté, les différentes sortes de vaisseaux des plantes, puis-
que dans la plupart de nos Notes, et particulièrement dans notre Organo-
graphie (la première de toutes nos Notes), page i5, nous nous sommes
catégoriquement expliqué à ce sujet. Si l'on se fût donné la peine de lire
nos travaux avant de chercher à les combattre , cette erreur n'eût probable-
ment pas été commise.
» Il résulté dçce que nous venons de dire, que s'il n'y a pas de vaisseaux '
formés en bas et qui montent , de vaisseaux formés en haut et qui déscen- '
dent (mais bien des vaisseaux qui s'organisent et se complètent progressi-
vement de la base au sommet pour le système ascendant, et de haut en bas
pour le système descendant), il n'y a pas non plus de cambium, de tissu
générateur, de fluide nutritif, etc., du moins tels qu'on les a compris,
décrits et définis jusqu'à ce jour (i). »
astronomie. — Note sur une périodicité annuelle, observée flans les
collimations du cercle mural de Fortin, à l Observatoire de Paris;
par M. Mauvais.
o Dans un travail sur la détermination de l'obliquité' de l'écliptique,
que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie en juin 1841, j'avais eu
occasion de calculer un grand nombre d'observations d'étoiles fondamen-
tales, pour en déduire la division du cercle mural correspondant à la direc-
tion de la lunette sur le pôle , ou ce que l'on nomme la collimation au
pôle.
» Or, dès cette époque, j'avais remarqué, comme tous les astronomes
qui ont eu à calculer de semblables observations , que ce point polaire
n'était pas fixe sur le cercle mural; les moyennes, de semaine en semaine,
différaient entre elles très-notablement, et il était nécessaire de répéter le,s
déterminations à des intervalles très-rapprochés.
» Je me préoccupai donc de ces variations, mais dans le but seulement
d'en éviter l'influence sur les résultats que je cherchais à obtenir, et sans y
(1) Dès qu'on aura posé les lois organogéniques qui doivent renverser la théorie des
phytons, nous aborderons, à notre tour, le rôle important, physiologique d'abord et orga-
no^énique ensuite, que jouent les rayons médullaires dans l'accroissement en diamètre des
tiges des dicotylés. Tous les hommes de science, ceux surtout qui nous connaissent, et qui
savent qu'il nous faut cent preuves avant de rien avancer, comprendront les scrupules qui
nous retiennent encore.
C K., ifry», 2me Semestre. (T. XXXV, ti»:S'.) ! I
( 78)
voir une grande régularité. Mais,- dernièrement, ayant eu occasion d'em-
prunter quelques résultats à ces anciens calculs, je n'ai pas tardé à recon-
naître dans les moyennes une marche progressive qui m'a paru affecter
une véritable périodicité annuelle.
» Je. me "suis empressé de soumettre ce soupçon à une vérification
détaillée dont j'ai l'honneur de présenter les premiers résultats à l'Aca-
' demie.
» La graduation du cercle mural de Fortin est disposée de telle sorte,
• que quand la lunette marche du pôle nord vers le sud, en faisant mouvoir
avec elle le cercle auquel elle est attachée, la lecture des divisions augmente
de plus en plus.
» Cela posé, voici ce que l'on obtient aux différentes époques de l'année,
. lorsque l'on détermine la division correspondante à la direction de la lunette
sur le pôle, ou la collimation ; cette collimation augmente progressivement
depuis Y été jusqu'au milieu de X hiver, où elle atteint son maximum, puis
elle diminue de nouveau jusqu'à l'été suivant, et ainsi de suite périodique-
ment chaque année.
» J'ai constaté cette périodicité sur près de sept années d'observations,
depuis le mois de décembre 1 835 jusqu'au mois de juillet i842- Je joins ici
le tableau des résultats moyens que j'ai obtenus, et qui, je l'espère, la ren-
dront manifeste à tous les yeux.
» Dans ce tableau, je compare deux à deux les maxima et mininia suc-
cessifs, lorsqu'ils n'ont pas été interrompus par un changement de position
de la lunette sur le cercle; j'ai obtenu ainsi treize différences, dont quel-
ques-unes n'ont pu embrasser qu'une partie de la période (ce qui explique
déjà plusieurs des écarts numériques qu'on peut y remarquer). On verra
qu'il n'y a aucune discordance dans lé signe des différences.
(79)
DATES DES OBSERVATIONS.
COLLIMATION
moyenne
au pôle.
NOMBRE
d'observations
calculées.
DIFFÉRENCES.
Du 17 décembre i835 au i5 janvier i836.
Lunette changée de place sur
0 t 11
4g. i 3 . 4 ' ,5 20
4g. i3.24, 3 36
le cercle, le 25 août i836.
17,2
Du 3o décembre i836 au 5 janvier. 1887 .
i3g. i5. 12,3
i3g. 15.26,1
42
II
i3,8
Lunette changée de place, le 7 janvier 1887.
22g. 17 .28,4
22g. 17. i5,8
ao
45
12,6
Lunette changée de place le 2g août 1887 et microscopes réparés et rectifiés
le 21 octobre 1837.
Du 3i décembre 1837 au 28 janvier i838.
3ig. 14.22,8
3ig. i4-3i ,0
3i9-»4 »7>7
3ig. i4.2g,o
5i
ll
9
25
9
8,2
«3,3
n,3 ■
Lunette changée déplace, le 3o janvier i83g.-
4.12.48,5
4.12.38,4
4.12.46,4
4.12 34,4
4- 12.45, g
i3
18
18
45
22
10, 1
7>7 '
".7
11 ,5
Lunette changée de placé, le 6 janvier 1 84 1 •
Du n ianvier au 1 2 1 84 1 .
4g. 14. 5g, 8
49-'4-47>4
4g. i4.55,i
4g. i4 47,0
16
3i
«7
i3
•2,4
7.7
8,1
Du 27 juin au 1 1 juillet 1 84 1 - - . . 184 1 •
Du 27 décembre 184 « au 9 janvier 1842.
II .
(8o )
» La valeur moyenne de la variation, du maximum au minimum, parait
être d'environ r2 secondes de degré.'
» J'ai voulu m'assurer que cette variation existait dans le même sens
pour les autres années que je n'avais pas eu le temps de soumettre en détail
aux mêmes calculs; j'ai pris, au hasard, deux années intermédiaires entre
l'époque actuelle et la dernière année qui avait servi à obtenir les résultats
qui précèdent; j'ai pris les années 1847 et '85o.
» Voici le résultat du calcul.
DATES DES OBSERVATIONS.
4
COLLIMATION
moyenne
au pôle.
NOMBRE
d'observations
calculées.
DIFFIOU.X r v
Dii ?.3 juin 1847 au 4 juillet 1847
Du 16 décemb. 1847 au 14 janvier 1848.
0 1 11
4^5.58,8
4- 16. 18,0
i3
20
19,2
Là lunette a reçu des réparations le 27 décembre 1849.
Du 19 novembre au 28 décembre. i85o.
4.21.47,4
4.21 .55,5
»7
i5
8,,
. »> Eh jetant un coup d'œil sur les tableaux qui précèdent, ou voit que le
phénomène n'est pas assujetti, du moins quant à sa quantité numérique, à
une loi apparente bien régulière. On pourrait cependant déjà donner, pour
chaque année, une expression assez approchée de la période correspon-
dante de variation ; par exemple :
M -f- m M ■
c =
sin (180°+ O),
M étant, pour cette année, la moyenne des collimations observées à l'époque
du maximum, et m à l'époque du minimum.
» Mais il faut attendre que le phénomène ait pu être étudié dans tous
ses détails ; il suffit, pour le moment, d'en avoir constaté l'existence et
indiqué les limites. Dès à présent, il est possible, je crois, d'en tenir compte
en grande partie, ce qui permettra de faire concourir, après correction, un
plus grand nombre d'observations à la détermination des points fixes si
importants dont dépendent la position observée du Soleil et des planètes.
J'ai calculé, comme vérification, la collimation de quelques époques inter-
( 8. )
médiaires, pour le mois de mars par exemple, ou pour le mois de
septembre, et j'ai trouvé des résultats compris entre les extrêmes, comme
on peut s'en assurer en les comparant aux tableaux précédents.
DATES DES OBSERVATIONS.
COLLIMATION
moyenne
au pâle.
SOMBRE
d'observations
calculées.
49- i3.3o,2
139. 1 5. 20,4
229. 17 .24,3
18
22
» Il serait, je pense, prématuré de porter, dès à présent, un jugement
sur les causes de cette périodicité. Cependant, comme elle est annuelle,
il est bien difficile de ne pas en faire le rapprochement avec la période des
températures annuelles. On se rappelle cpie M. Arago a montré, par l'obser-
vation de grands thermomètres dont les réservoirs étaient plongés à diverses
profondeurs dans la terre, que les températures extérieures se propagent
lentement à travers le sol, et qu'à une certaine profondeur le maximum
arrive plusieurs mois après l'effet produit à la surface.
» M. Henry, de l'observatoire de Greenwich, dans un Mémoire présenté
à la Société astronomique de Londres {Monthly Notices, volume VII I ,
page i34), avait constaté une variation périodique annuelle dans les indica-
tions du niveau des lunettes méridiennes de Greenwich et de Cambridge,
et une autre dans leur direction azimutale. 'Les amplitudes de ces varia-
tions étaient de 1", 5 et 2 secondes. Les maxima et minime, correspondaient
à peu" près à l'époque des équinoxes. L'avenir montrera peut-être s'il y a,
ou non, quelque analogie entre ces phénomènes et ceux que nous venons
de signaler à l'attention des astronomes. »
A l'occasion du Rapport lu par M. Balard dans la précédente séance,
concernant un Mémoire de M. Filhol sur les eaux minérales sulfureuses
des Pyrénées, M. Akago rappelle des observations qu'il a faites en 1 826
à Bagnères-de-Bigorre, et qui lui paraissent démontrer que les sources
thermales doivent leur haute température, non pas à des actions chimiques,
mais à la chaleur des couches terrestres d'où elles proviennent.
M. Arago annonce qu'il s'occupera de ce sujet plus en détail très-pro-
chainement.
( 8a )
RAPPORTS.
voyages scientifiques. — Instructions demandées par M. le Ministre
de l'Instruction publique pour une expédition scientifique qui va sejaire
dans V Amérique du Sud sous la direction de M. Emile Deville.
« L'expédition ira directement à Rio-Janeiro, parcourra ensuite la pro-
vince Saint-Paul, en passant à Itu et en traversant le Pampa du Parana, et
après avoir passé le Teité et le Parana, elle ira au Porto de San-Guechella,
sur le Paraguay. Elle descendra ensuite le Paraguay jusqu'à l'Assomption;
restera huit mois dans le pays pour étudier les productions, la Géologie,
.la Paléontologie ; puis elle remontera le Paraguay jusqu'à Villa-Maria , dans
la province de Matto-Grosso, en s'occupant de Géologie, de Zoologie, de
Botanique, et de recueillir des notes sur les rapports commerciaux. Plus
tard, elle ira à Villa-Bella, capitale de la province de Matto-Grosso; des-
cendra le Guaporé, puis le Madeira et l'Amazone jusqu'au Para; étudiera
l'embouchure du Rio-Negro dans l'Amazone; et, après avoir visité le Para,
elle achèvera de faire le tour du Brésil en suivant les côtes par Fernam-
bouc et Bahia pour revenir à Rio-Janeiro. »
PARTIE ANTHROPOLOGIQUE.
(M. Serres rapporteur.")
« L'histoire naturelle de l'homme, ou l'étude des races humaines, est
particulièrement recommandée à M. Emile Deville dans la mission qui lui
est confiée pour une expédition scientifique dans l'intérieur de l'Amérique
du Sud.
» Cette branche de nos connaissances se compose de deux parties : de
l'Anthropologie et de l'Ethnologie.
» L'Anthropologie détermine les conditions physiques qui séparent
l'homme de l'animalité, en ramenant la diversité des races à leur unité pri-
mitive.
» L'Ethnologie embrasse la détermination des relations des différentes
races, leur filiation, leur dissémination et leur mélange sur la surface du
globe.
» La première est plus intimement liée à la zoologie, la seconde à l'his-
toire.
• ( 83 )
» Ces Instructions ne porteront que sur quelques points de l'histoire ,
naturelle de l'homme.
» La représentation fidèle des types humains est la base de l'Anthropo-
logie; elle est obtenue par deux procédés qui ne laissent rien à désirer :
le daguerréotype d'une part, et le moulage des bustes en plâtre de
l'autre.
» A peu d'exceptions près, les voyageurs qui nous ont transmis les types
américains l'ont souvent fait d'une manière idéale; presque toujours les
figures que renferment leurs ouvrages sont les types européens costumés à
l'américaine. L'art y brille le plus souvent aux dépens de la réalité. Or
c'est cette réalité, toute nue et sans art, que nous fournit le daguerréotype,
ce qui donne aux figures obtenues par ce moyen, une certitude que nul
autre ne saurait remplacer.
» Nous ne saurions donc trop recommander à nos voyageurs l'emploi
de ce procédé et la multiplication des types pris sur l'homme et la femme
adultes, ainsi que sur les enfants.
» Après le daguerréotype, la reproduction des types par le moulage en
plâtre sur nature est d'une exactitude- d'autant plus précieuse, qu'elle
reproduit tout à la fois le type et les dimensions de la tète, du col et des
épaules. Ces dimensions une fois obtenues, il est facile, d'après la corréla-
tion des parties, de déduire les dimensions de celles que le plâtre n'a pu
représenter.
» Au moulage des bustes, il est nécessaire d'ajouter les empreintes de
l'abdomen et de la paume de la main.
» Le moulage à part de l'abdomen à pour but d'obtenir la position rela-
tive de l'ombilic selon les sexes et les âges. Ce caractère physique des races
humaines a sa cause dans l'élévation du foie, dont il indique le degré d'as-
cension ou d'abaissement avec une certitude presque mathématique. Cette
certitude a sa raison dans la direction opposée de la veine ombilicale et de
l'ouraque.
» La secte des gros ventres, dont M. le prince de Wied nous a fait connaître
les mœurs, est particulièrement curieuse à observer sous ce rapport. '
» La zoologie n'a jamais fait usage de ce caractère, qui ne serait d'ail-
leurs applicable qu'aux Mammifères : il est tout spécial à l'Anthropologie,
et il lui fournit des signes d'autant plus importants, qu'ils se lient intime- •
ment à la rectitude et à la station bipède, par lesquelles l'homme se sépare
nettement des animaux.
» Quoique la main de l'homme ait été le sujet de beaucoup d'études de
( m ■■-.-
la part des anatomistes, il reste encore quelques points à éclairer. De ce
nombre sont les plis de la main et 'l'espèce d'M-que leur ensemble repré-
sente. .
n Plus on étudie l'organisation humaine, plus on y découvre des laits
qui, minimes en apparence, acquièrent de la valeur quand on les observe
comparativement sur les diverses races. Les plis de la main, que la chiro-
mancie a rendus autrefois si célèbres, sont particulièrement dans ce cas.
» Parmi ces plis, dont j'ai indiqué ailleurs les rapports avec les articula-
tions des doigts, il en est un qui échappe à cette explication physique et
dont l'existence n'est pas constante chez les races humaines ; c'est celui qui
de la base de l'éminence thénar se rend au sommet du pli formé par les
articulations des premières phalanges des trois derniers doigts. Je l'ai nommé
pli caucasique , parce qu'il existe sur toutes les variétés de cette race. Peu
prononcé chez la race mongole, il manque complètement chez la race éthio-
pique et paraît également absent chez les sous-types humains plus élevés
qui paraissent en dériver. C'est du moins ce qui résulte d'une observation
rres-curieuse faite, en Abyssinie, par M. d'Abbadie, sur plusieurs milliers de
mains que ce savant voyageur a observées chez les Abyssins. Il a constam-
ment remarqué l'absence du pli caucasique.
» Si les Américains du Sud tirent leur origine de la Polynésie, l'absence
ou la présence <ie cette ligne fournirait une indication précieuse.
» Nous ferons remarquer à cette occasion, que chez les Américains du
Nord, que nous avons observés à Paris, la ligne caucasique était faible-
ment indiquée, de même, au reste, que chez les Chinois.
» Parmi les observations dont la cranioscopie a été l'objet, depuis
Camper et Blumembach, il n'en est pas de plus curieuse que celle faite par
M. l'abbé Frère, chanoine actuel de la cathédrale de Paris. Cette observa-
tion porte sur le développement occipito-frontal du crâne, selon l'ancien-
neté des périodes des races humaines. En dehors des •inductions histori-
ques qu'en a déduites ce savant théologien, il en ressort le fait important,
savoir :
»' Que plus un type est ancien ou primitif, plus le crâne est développé. a
la région occipitale et aplati à la région frontale. Les progrès de la civili-
sation semblent avoir eu pour effet de bomber la région antérieure, en
affaissant de plus en plus la région postérieure. La nombreuse collection
de paléontologie humaine dont M. l'abbé Frère a fait don au Muséum, et
qu'il a recueillie sur les races de l'Europe, montre les divers temps de la
marche progressive de ce dévelopement.
( 85 )
» Or, les tètes-plates en Amérique offrent le terme le plus élevé de cette
configuration, ce qui vient à l'appui de l'opinion qui les considère comme
les habitants primitifs du nouveau monde. L'étendue de terrain où l'on dé-
couvre leurs os (du Brésil à la côte occidentale de l'Amérique), semble
confirmer cette supposition.
» Une collection de crânes, montrant les degrés divers de cette configu-
ration, ainsi que leurs rapports avec les crânes des autres variétés améri-
caines, offrirait le plus grand intérêt, sous le double rapport de l'An-
thropologie et l'Ethnologie. Nous en recommandons la recherche à nos
voyageurs, en les invitant à préciser, autant que possible, l'ancienneté des
crânes qu'ils pourront se procurer.
» Dans tous les cas, ce sont les têtes- plates que l'on doit prendre pour
critérium dans l'étude de la cranioscopie américaine.
» Une semblable collection, faite sans idées préconçues, serait plus
utile à la science que certains travaux que l'on publie présentement aux
États-Unis pour combattre l'unité humaine, établir la pluralité des espèces
d'hommes et la pluralité des centres de sa création.
» La plupart de ces travaux, qui, selon la remarque de M. Thomas Smy th,
ont pour but d'attaquer la Bible et d'infirmer les témoignages de l'Écriture
sainte, ne font que reproduire les assertions, déjà jugées, de lord Kaimes,
de Montbaddo, de Moscati, de Voltaire, de J.-J. Rousseau et de Bory-
Saint-Vincent.
» Afin de compléter les résultats obtenus à l'aide du daguerréotype et
du moulage, nous recommandons à M. Deville une étude comparée des
nuances de la peau.
» On sait que chez les Américains du Sud, la coloration de la peau est
brune; que chez les Américains du Centre elle devient cuivrée et passe au
rouge, à mesure que l'on s'avance vers le Nord. On sait de plus que, dans
ces trois zones américaines, ces trois nuances de coloration se trouvent
mélangées. Il serait très-important d'avoir un tableau de ces mélanges chez
les Américains du Sud, en le rapprochant de la coloration de l'iris.
» Si l'on pouvait déterminer à quelle variété de races ou de mélanges de
races se rapportent les colorations observées, on aurait des données pro-
bables sur l'origine des populations.
» En résumé, nous recommandons à M. Deville :
» i°. L'exploration des sépultures anciennes et modernes, afin de ras-
sembler les restes des peuples qui ont existé dans les contrées soumises à
ses investigations.
C. R. , i85a, 2m« Semestre. (T. XXXV, IN0 5.) I 2
( 86)
» En recueillant les ossements humains, il sera nécessaire de prendre
des notes exactes sur les localités où ils seront trouvés, ainsi que les dates
certaines ou probables auxquelles ils répondent.
» Il n'est pas nécessaire de faire remarquer ici que ce sont les crânes et
les pièces constituant le bassin de l'homme, de la femme et du jeune enfant,
qu'il devra de préférence se procurer.
» Les os des membres ne doivent l'occuper que plus secondairement, à
moins cependant qu'il ne puisse se procurer un squelette entier, ou même
des os partiels de la variété des têtes-plates.
» i°. Il moulera ou daguerréotypera sur nature, les types humains qui
lui paraîtront les plus caractéristiques ou les plus purs, sans négliger
cependant les mélanges de races qui rappelleront, par leurs traits, leur
origine croisée.
» Il prendra, en outre, la taille des hommes et des femmes,. sur un assez
grand nombre d'individus, afin de pouvoir en déduire une moyenne.
» 3°. Il prendra des croquis sur lesquels il représentera la coloration
de la peau et celle des cheveux.
» Son séjour de huit mois au Paraguay, pays jusqu'ici fort peu exploré,
lui fournira l'occasion de faire des études anthropologiques approfondies
sur les races de ce pays, études qui, par leur nouveauté, ne peuvent man-
quer d'offrir un grand intérêt.
» Quant à ce qui concerne la linguistique, nous renvoyons M. Devdle
aux indications générales que nous avons données dans le Rapport sur le
voyage de C Astrolabe et de la Zélée, ainsi que sur celui que nous avons
fait sur les travaux de M. de Froberville.
» Telles sont les principales indications que nous croyons devoir donner
à ce voyageur, comptant sur l'intelligence, le zèle et l'activité dont il a fait
preuve, dans la mission dont il a été déjà chargé sous M. de Castelnau. »
PARTIE ZOOLOGIQUE.
(M. Dumékil rapporteur.)
« M. Deville trouvera, dans la quatrième édition des Instructions que
l'Administration du Muséum d'Histoire naturelle a fait réimprimer pour les
voyageurs naturalistes, et dont se trouve joint ici un exemplaire, les détails
les plus importants sur les récoltes qu'il pourra faire en objets relatifs à la
zoologie, comme sur les autres branches de l'histoire naturelle qu'il aura
à observer.
(87)
» Je n'ai donc à lui indiquer aucune considération générale sur la direc-
tion de ses études et de ses recherches, puisque déjà nous savons qu'il s'y
est livré avec succès dans ses voyages antérieurs.
» J'aurais pu lui faire connaître quelques-uns des animaux que nous
désirons le plus, parce qu'ils manquent dans la collection du Muséum
national; mais la liste en serait très-longue, et ce serait un hasard si, dans
celle que je lui fournirais en compulsant nos catalogues , se trouvaient
précisément les espèces ou les genres sur lesquels nous manquons de ren-
seignements. Tout ce que nous devons lui recommander, s'il trouve des
moyens de transport favorables , ce serait de faire placer dans des caisses
aérées et garnies de mousse, les Reptiles vivants, et surtout les Batraciens,
qui supportent aisément de longues privations de nourriture.
» Malheureusement il ne pourra songer à faire des envois de Poissons
que dans l'alcool, en garnissant chacun d'eux dans des enveloppes de toile,
et chacun avec un numéro dont il tiendra note.
» Nous mettrons beaucoup de prix à obtenir ceux des lacs et des ri-
vières, avec l'indication des localités où ils auront été péchés, et la saison.
» Les détails relatifs aux Mammifères et aux Oiseaux sont tellement con-
nus de M. Deville, que nous avons cru inutile de les reproduire, nous en
rapportant entièrement à l'Instruction imprimée dont nous avons parlé
d'abord. »
PARTIE BOTANIQUE.
(M. de Jussieu rapporteur. )
« Nous ne pouvons que renvoyer aux Instructions précédemment don-
nées dans tant d'occasions, et notamment à celles qui ont été rédigées par
MM. les professeurs du Muséum d'histoire naturelle pour l'usage de ses
voyageurs. Celles-là doivent être familières à M. Deville et ne nous laissent
que peu à ajouter.
» Des contrées qu'il se propose de traverser, le Paraguay est celle qui a
été jusqu'ici le moins explorée, et que, par conséquent, nous lui signalons
particulièrement. Les herbiers et autres collections botaniques doivent y
être aussi complets que possible.
» Sur tout son trajet, nous recommandons à ses recherches les lianes. Il
sait qu'aux tronçons du bois il doit joindre des branches en feuilles et
fleurs portant le même numéro. Mais, toutes les fois qu'il le pourra, il devra
se procurer aussi un tronçon de la racine, pour permettre la comparaison de
12 .
( 88)
son bois avec celui de la tige. Les rapports de structure de l'un à l'autre
sont encore fort peu connus.
j> Des recherches sur les végétaux utiles à la médecine, à l'agriculture
ou à l'industrie offriront aussi beaucoup d'intérêt. Le palissandre, le co-
pahu, la salsepareille, sont chacun produits par différents végétaux, dont
plusieurs encore inconnus. Ces végétaux, il faudrait s'en procurer des échan-
tillons partout où se présentera un de ces produits. On lui signale notam-
ment les espèces de salsepareille à la récolte desquelles on se livre sur les
bords de l'Amazone.
» Le Victoria regia, cette magnifique plante observée dans les cours d'eau
de l'Amérique méridionale, a été indiquée par plusieurs voyageurs dans les
rivières du sud du Brésil et du Paraguay. Il serait bon de l'y trouver, de
. constater son identité avec l'espèce de la Guyane et de la Bolivie, et d'en
rapporter au moins des graines.
» Deux espèces de riz sont indigènes du Brésil. L'une, Y Orjza setacea
Nées, a été rapportée du Rio-Grande; l'autre (O. paraguajensis , Decne),
par M. Weddell, du Paraguay, où elle porte le nom d'Jrros de pantanal.
Ll sera utile de recueillir les graines de ces deux plantes, et, de plus, toutes
les variétés cultivées, notamment une que les Brésiliens sèment dans les
mêmes champs que le maïs et qui peut-être demande moins d'humidité
que les autres.
» Une pomme de terre différente de la nôtre, et caractérisée par l'âcreté
de ses tubercules, se trouve sauvage dans la république de la Plata. Il est
' probable que cette plante se rencontre également dans les parties voisines
du Paraguay, où il serait intéressant de la rechercher. On lui a donné en
botanique le nom de Solarium Commersonii.
t » Dans les alluvions où se sont rencontrés, au Paraguay, tant de restes
organiques d'un autre règne, il existe peut-être quelques fossiles végétaux.
Leur recherche est donc aussi recommandée, si l'occasion s'en présente. »
PARTIE GÉOLOGIQUE.
(M. Elie de Beaujhont rapporteur. )
« L'expédition dirigée par M. Emile Deville n'aura pas à explorer,
comme celle qu'a dirigée M. de Castelnau, les parties du Brésil les plus
célèbres par leurs richesses minérales, mais elle pourra contribuer très-
utilement à compléter le tableau.de la structure géologique de ces belles
contrées, déjà esquissé par M. d'Osery, M. Pissis, M. d'Orbigny et d'antres
savants voyageurs.
( 89 )
» En parcourant la province de Saint-Paul et les bords du Teité, elle
devra recueillir des échantillons de roches, noter avec soin les gisements,
les terrains et les directions des couches, de manière à combler, autant que
possible, les lacunes que présentent encore les résultats des travaux de
M. d'Osery, de M. Pissis et de leurs prédécesseurs.
» Sur les rives du Paraguay, du Guaporé, du Madeira et de l'Amazone,
les objets offerts aux explorations de l'expédition seront moins variés au
point de vue géologique. Les terrains tertiaires modernes, les terrains de
transport et d'alluvion y joueront sans doute un grand rôle ; mais on ne
saurait assez recommander à l'expédition de rechercher avec un soin particu-
lier les faibles relèvements des roches anciennes, qui peut-être déterminent"
les rapides et les inflexions de ces cours d'eau gigantesques.
» Ces points singuliers des grandes rivières dont il s'agit, présentent
plus d'un genre d'intérêt. Au train où vont les choses dans le nouveau .
monde, on peïit croire que dans un avenir à peine séculaire, les plaines
magnifiques de l'intérieur de l'Amérique méridionale seront couvertes,
comme celles du Bengale, d'une nombreuse et riche population. Le Ma-
deira et le Paraguay sont peut-être destinés à former les deux tronçons
principaux d'une ligne de navigation intérieure d'une importance compa-
rable à celle du Gange et du Mississipi. Grâce aux progrès incessants de la
navigation à la vapeur, cette navigation intérieure ouvrira aux produits de
notre industrie un débouché d'autant plus utile, qu'elle conduit en Bolivie
par une voie beaucoup plus courte que celle du cap Horn.
» Depuis longtemps l'Administration française s'est préoccupée de ce
brillant avenir. Constamment aux avant-postes de la civilisation, la France
jouera un rôle digne d'elle en en préparant les éléments. Mais les rapides
du Madeira et d'autres circonstances naturelles, présenteront des obstacles
qu'on doit s'apprêter d'avance à surmonter. Il a déjà été question plus
d'une fois de les explorer, et ce sera une des parties les plus importantes
de la tâche confiée à l'expédition que M. Emile Devilie est appelé à
diriger.
» Sous un autre point de vue, il serait intéressant de savoir si les points
remarquables des cours du Paraguay, du Guaporé, du Madeira, du Rio-
Negro et de l'Amazone s'encadrent avec la même précision que ceux du Nil
et d'autres rivières anciennement connues dans la charpente générale de
l'écorce terrestre. Pour cela, il faudrait posséder des déterminations exactes
de leurs latitudes et de leurs longitudes.
(9°)
» La zone de terrain qui doit être le théâtre principal des travaux de
l'expédition occupe, dans l'ensemble du continent de l'Amérique méri-
dionale, une position qui ajoute beaucoup à l'intérêt de son exploration.
La ligne tirée de l'Assomption à l'embouchure du Madeira dans l'Amazone
s'écarte peu du méridien, et elle divise le massif continental en deux parties
d'une largeur presque égale, mais complètement dissemblables, sous beau-
coup de rapports, par leur constitution géologique: d'un côté se trouve le
Brésil avec ses gisements de pierres précieuses, d'or et de platine; de l'autre,
le Chili, le Potosi et le Pérou avec leurs mines de cuivre et d'argent; d'un
côté, un sol dépourvu de productions volcaniques et où les tremblements
•de terre sont au moins très-rares; de l'autre, des volcans immenses dont les
tremblements de terre les plus redoutables ébranlent constamment les bases.
Comment est placée la ligne de raccordement de ces deux moitiés du con-
tinent par rapport au cours du Madeira? Dans l'Amérique septentrionale,
le cours du Mississipi occupe une position analogue entre les Alleghanys
et les montagnes Rocheuses. La distance qui le sépare des montagnes
Rocheuses diffère peu de celle qui sépare le cours moyen du Madeira de la
base des Andes, et quelques parties de sa vallée ont été désolées dans le
siècle actuel par de grands tremblements de terre. Ce peu de mots suffira
pour faire comprendre que l'expédition devra recueillir avec le plus grand
soin, les souvenirs, les traditions, les superstitions même qui se rapporte-
raient aux tremblements de terre. Les sources thermales et minérales devront
aussi appeler son attention d'une manière toute spéciale.
» Des vues d'une sage prévoyance ont donné à l'expédition que va diriger
M. Emile Deville les moyens de recueillir toutes les données statistiques
propres à éclairer notre Administration et notre commerce sur'les produc-
tions et les ressources présentes et futures des contrées qu'elle doit explorer.
Votre Commission désire et espère qu'elle pourra rapporter aussi un bon
relevé, à la fois géologique et hydrographique, des belles vallées qu'elle va
parcourir, et qu'elle pourra recueillir non-seulement des échantillons des
roches qui en forment le sol, des coupes représentant la disposition dé ces
roches, mais encore des chiffres exprimant la latitude, la longitude et 1 alti-
tude de tous leurs points remarquables. En cela, l'Académie le remarquera,
nous exprimons implicitement le vœu que l'expédition soit munie de tous
les instruments nécessaires pour mesurer les latitudes, les longitudes et les
altitudes, et que l'un de ses membres soit exercé à manier ces instruments. »
(9' )
PARTIE PHYSIQUE.
(M. Pocillet rapporteur.)
« Il serait important de connaître l'intensité du rayonnement nocturne
dans les diverses régions que l'expédition doit traverser, ainsi que les quan-
tités de chaleur données par le soleil. Ces observations et celles des tempé-
ratures de l'air et des sources, me paraissent être, parmi les observations
météorologiques, celles qui peuvent être particulièrement recommandées
à une expédition qui ne doit pas faire de longs séjours.
» L'Académie exprime le vœu qu'il se trouve dans le nombre des voya-
geurs une personne qui ait été, à l'Observatoire de Paris, spécialement
exercée aux observations magnétiques, et qui soit munie de tous les appa-
reils convenables pour déterminer les divers éléments du magnétisme
terrestre dans ces contrées, en se rapprochant le plus possible de la trace
de l'équateur magnétique. »
L'Académie adopte ces Instructions et décide qu'elles seront adressées à
M. le Ministre de l'Instruction publique.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant pour la Section de Géographie et de Navigation.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants' étant 4i>
M. Antoine d'Abbadie obtient 36 suffrages.
M. Lottin 3
Un billet porte, sans doute par erreur, le nom d'Abbadie avec le prénom
François.
Un autre billet est illisible.
M. d'Abbadie, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré
élu.
MÉMOIRES LUS.
chimie organique. — Recherches sur le stannéthyle, nouveau radical
organique renfermant de l'étain; par MM. A. Cahours et A. Riche.
(Commissaires, MM. Chevreul, Pelouze.)
« Les belles recherches de M. Franckland, relatives à l'isolement des
radicaux alcooliques, nous ont appris qu'en faisant agir du zinc métallique
sur les éthers iodhydriques a une température de 1 5o degrés, on obtient, outre
( 9* )
les prétendus radicaux des alcools, des combinaisons du zinc avec diffé-
rents carbures d'hydrogène qui présentent la composition du méthyle, de
l'éthyle et de l'amyle. En terminant son travail remarquable, M. Franckland
fait observer que l'arsenic, l'étain et le potassium opèrent facilement la
décomposition de l'éther iodhydrique, tandis que le fer, le plomb, le mer-
cure et le cuivre ne le décomposent pas d'une manière sensible, du moins
entre les limites de température de i 5o à 200 degrés.
» Il était probable, d'après cela, qu'en faisant agir les différents métanx
sur les éthers iodhydriques on arriverait dans plusieurs cas à des résultats
offrant une analogie plus ou moins prochaine avec ceux que présente le
zinc. Rien n'ayant été publié sur ces matières depuis bientôt trois années,
je me suis proposé d'entreprendre avec le concours d'un de mes anciens
élèves, M. Riche, aujourd'hui préparateur du cours de chimie à l'Institut
agronomique de Versailles, des recherches relatives à l'action de quelques
métaux sur les éthers iodhydriques. Nous allons exposer aujourd'hui d'une
manière sommaire à l'Académie les résultats auxquels nous sommes arrivés
en ce qui concerne l'étain.
» Lorsqu'on chauffe au bain d'huile, à une température de 1 60 à 180 de-
grés, de la limaille d'étain avec de l'éther iodhydrique dans des tubes
scellés à la lampe, on voit le liquide diminuer progressivement, et au bout
de vingt à vingt-quatre heures au plus tard la matière se prend par le
refroidissement en une masse formée de grands cristaux. Ce produit solide
est un mélange de limaille d'étain inaltérée, d'iodures jaune et rouge de ce
métal, et d'un corps cristal lisable en aiguilles incolores qui se dissout dans
l'eau et mieux dans l'alcool, ce qui permet de le séparer des autres pro-
duits. En effet, en reprenant par de l'alcool concentré la masse solide retirée
de plusieurs tubes, filtrant la liqueur et l'abandonnant à l'évaporation
spontanée, il se sépare de longues aiguilles très-brillantes qui possèdent une
odeur de rave très-prononcée, et dont la couleur jaunâtre est due à la dé-
composition d'une petite quantité de la matière; résultat qui se présente
surtout lorsque le vase qui contient la dissolution reçoit les rayons du soleil.
Par l'expression entre des doubles de papier buvard, les cristaux devien-
nent incolores et perdent presque entièrement leur odeur.
» Ainsi purifié, ce corps fond à 38 degrés et prend l'apparence d'une
huile très-limpide; chauffé beaucoup plus fortement, il donne des vapeurs
incolores qui se déposent sur les parois du vase où s'opère la distillation
sous la forme de longues aiguilles incolores : une très-faible quantité de
ce produit seulement se décompose.
» L'eau froide dissout cette matière en petite quantité; si l'on chauffe,
(93)
elle entre en fusion et se précipite au fond de l'eau sous forme d'une huile
incolore qui se dissout peu à peu. L'alcool la dissout en forte proportion,
surtout à chaud. L'éther anhydre la dissout mieux encore. Soumis à l'ana-
lyse, ce composé donne les résultats suivants :
I. o!r,382 de matière ont donné 0,086 d'eau et o,i54 d'acide carbonique.
II. o6r,377 du racme produit ont donné o,4o6 d'iodure d'argent.
III. osr,399 d'un deuxième échantillon ont donné 0,094 d'eau eto,i6i d'acide carbonique.
IV. o'r,396 du même échantillon ont donné 0,087 d'eau et 0,160 d'acide carbonique.
V. 0^,396 du môme produit ont donné 0,428 d'iodure d'argent.
VI. o,r,4o5 d'un troisième échantillon ont donné 0,090 d'eau et o, 166 d'acide carbonique.
» Ces résultats, traduits en centièmes, conduisent aux nombres suivants :
1. 11. m IV. v. VI.
Carbone ,0?9^ » 11,02 '1,09 » 'r>!7
Hydrogène ■ 2,52 » 2,57 2,44 * 2,43
Etain ... t .... » » » » » »
Iode » 58, 10 » » ' 58,34 »
et s'accordent avec la formule
» En effet, on a
C«H*SnI.
C4 24 11,21
H5 5 a,32
Sn 5g 27,57
I. . . . . 126 58.,8o
214 100,00
» La dissolution de ce composé se comporte avec les dissolutions métal-
liques exactement comme le font les iodures solubles; elle fait naître, en
effet, dans les sels de plomb, de mercure et d'argent les mêmes précipités
que l'iodure de potassium.
» Si l'on verse goutte à goutte une dissolution d'azotate d'argent dans
une dissolution du composé précédent, on obtient un précipité d'iodure
d'argent; la liqueur filtrée étant soumise à l'évaporation, laisse déposer un
produit blanc cristallisé auquel l'analyse assigne la formule
AzO5, C'H'SnO.
» Le sulfate d'argent, traité de la même manière, "donne un sel cristallisé
en petites écailles nacrées, dont la composition est exprimée par la formule
S03,C*H!SnO.
C. H., 1852. arae Semestre. (T. XXXV, N« 5) l3
( 94 )
» Si l'on verse de l'ammoniaque dans la dissolution des sels précédents,
il se sépare un précipité blanc, pesant, amorphe, qui se dissout facilement
dans les acides azotique et sulfurique étendus en reproduisant les composés
précédents. Il se dissout dans l'acide acétique et forme une combinaison
cristallisable.
» L'acide chlorhydrique le dissout pareillement et donne, par l'évapora-
tion, un composé cristallisé en aiguilles blanches d'une grande beauté.
» Le précipité amorphe formé par l'ammoniaque est représenté par la
formule
C4H5SnO.
» La composition du produit cristallisé formé par l'acide chlorhydrique
est exprimée par la formule
G*H*SnCl.
» L'examen de ces différents composés conduit à admettre l'existence
d'un groupement ternaire C4H5 Sn qui fonctionne comme un véritable
radical analogue au cacodyle et au stibéthyle, auquel nous donnerons pour
cette raison le nom de stannéthyle. On aurait alors :
C4HsSn, stannéthyle,
C* H'Sn, O, oxyde de stannéthyle,
C4H5Sn,S, sulfure de stannéthyle,
C*H5SnCl, chlorure de stannéthyle,
C4 H5 Snl, iodure de stannéthyle,
C4H5Sn, O, AzO5, azotate d'oxyde de stannéthyle,
C4H5Sn, O, SO% sulfate d'oxyde de stannéthyle.
» L'iodure de méthyle étant placé dans les mêmes circonstances que
I éther iodhydrique donne des résultats analogues; on obtient un .composé
correspondant
CaH'Sn,I,
qui renferme le radical stan-méthyle, mais l'expérience réussit moins bien.
L'iodure d'amyle, traité de la même manière, n'a pas éprouvé d'altération
appréciable, même après un contact de dix à douze jours.
» Si l'on admet avec M. Regnault que les éthers simples dérivent tous
d'un carbure d'hydrogène C4HS par la substitution d'un équivalent d'oxy-
gène, chlore, iode, soufre à un équivalent d'hvdrogène, ces corps entrant
comme molécule intégrante de la combinaison, résultat qui est parfaite-
(95)
ment d'accord avec le rôle passif de ces combinaisons en présence des
réactifs propres à déceler la présence dn chlore, de l'iode, du soufre, et
qu'on ne saurait comprendre si c'étaient des combinaisons du chlore, de
l'iode, dn soufre, avec le radical éthyle, on devra considérer le composé
C*H5Sn comme le correspondant de l'éther chlorhydrique, Sn rempla-
çant Cl. Mais, comme l'étain jouit de propriétés électropositives beaucoup
plus prononcées que l'hydrogène qu'il remplace dans le composé G4 Ha, on
C4H5
comprend comment l'éthylure d'étain tend à se comporter comme un
véritable radical. »
MEMOIRES PRESENTES.
M. le Ministre d'Etat transmet un Mémoire de M. Zalewski, sur les
phénomènes de la gravitation universelle considérés comme dus à l'action
de forces électriques.
Ce Mémoire, qui ne paraît différer en rien de celui que l'auteur a lu
dans la précédente séance, est renvoyé à l'examen des Commissaires déjà
désignés, MM. Pouillet et Despretz.
chimie appliquée. — Recherches sur la composition des matières solubles
extraites, par l'eau, des terres fertiles; par MM. F. Verdeil et E. Risler.
(Commissaires, MM. de Casparin, Boussingault, Payen.)
« Lorsqu'on mélange avec de l'eau distillée une certaine quantité de
terre arable provenant d'un champ fertile, si l'on remue le mélange et qu'au
bout de quelques heures on le jette sur un filtre, l'eau qui s'écoule renfer-
mera les principes solubles qui existaient dans la terre. En répétant ce la-
vage une seconde et une troisième fois, on aura extrait sensiblement tout ce
que la terre peut céder à l'eau, et par conséquent à la pluie. Ces principes
solubles représentent donc exactement la nourriture que les plantes peuvent
trouver dans la terre, les racines des végétaux ne pouvant absorber que des
principes à l'état de dissolution.
» Ayant été chargés de faire l'analyse des divers terrains qui composent le
domaine de l'Institut agronomique, nous reçûmes de M. le comte de Gas-
parin le conseil de nous attacher surtout à l'étude des principes solubles
que ces différentes terres peuvent céder à l'eau à l'état de dissolution.
» Ces recherches, quoique loin d'être terminées encore, nous ont con-
i3..
( 96 )
duits à des résultats que nous ne croyons pas sans quelque intérêt, et nous
avons l'honneur de les soumettre au jugement de l'Académie.
» Environ 20 kilogrammes de chaque espèce de terre, débarrassée des
pierres et du gravier un peu gros, sont mélangés dans un grand vase avec
assez d'eau distillée tiède pour que celle-ci forme avec la terre une bouillie
claire pouvant être facilement remuée. Au bout de quelques heures, on
sépare l'eau et l'on répète une deuxième et une troisième fois cette opéra-
tion. L'eau qu'on obtient ainsi est parfaitement limpide, légèrement jau-
nâtre ; on l'évaporé au bain-marie jusqu'à complète dessiccation du résidu.
» Cet extrait de terre n'est pas uniquement composé de substances mi-
nérales; il renferme également une substance organique dont la proportion
varie pour les différents résidus, mais qu'on peut évaluer en moyenne à
5o pour roo de la masse de l'extrait desséché à 100 degrés. Exposé à
l'action de la chaleur rouge, il se décompose, noircit et brûle; la matière
organique est détruite, et il reste une cendre parfaitement blanche.
» Nous avons analysé les cendres provenant des extraits des différentes
terres traitées par l'eau, et nous indiquons, sous forme de tableau, les ré-
sultats que nous avons obtenus, en désignant la cendre analysée par le nom
de la pièce de terre d'où elle a été extraite.
oésicnATioN
de
la pièce de terre
Mail
Faisanderie
Gazon
Avenue de la Reine
Potager
Satory
Argile de Galy. . . .
Calcaire de Galy. .
Tourbe
Sablière t .
MAT1ÊR.
orga-
niques.
43 , 00
70,5o
35,00
44,00
37,00
33,00
48,00
47,00
46,00
47>°4
57,00
29,50
65,00
56,00
63,oo
67,00
5s ,00
53,oo
54,00
53,06
SULFATE
de
chaux.
48,92
Si ,fe
48,45
43,75
36, 60
18,70
18.75
34,43
33, 3i
CARIO-
SATE
de
chaux.
35, 60
35,39
6,08
6,08
13,35
3.4 , 35
45,6,
48, 5o
3o,6i
34,59
PHOS-
PHATE
de
chaux.
4,2/
3,l6
3,75
6,3s
11,30
18, 5o
3,83
9,00
°,93
8,10
OXYDE
de
fer.
1 ,ao
0,4;
1 ,31
3,00
traces.
3,73
0,9.')
traces.
5,i5
1 ,03
0,63
traces.
ti
traces.
traces.
0,80
1 ,55
CHLO-
RURE
de
sodium
et
de po-
tassium
7,63
3,55
6,19
i4,45
9,>4
6,31
6,, 06
4,o5
â.49
13,67
35,71
■ 5,6i
19,60
31 ,60
5,00
5,5o
8,75
1 5 58
POTASSE
et
soude
dos
silicates
3,.7
4.33
5,o6
4,i3
7,s3
4,65
7»Co
n
7,45
traces.
7,60
8,33
» En parcourant ce tableau, il est une remarque qu'on fait tout d'abord ;
on se demande comment il peut se rencontrer dans ces cendres des sub-
stances insolubles dans l'eau, telles que la silice, le carbonate de chaux, le
phosphate de chaux et l'oxyde de fer. En effet, on se rappelle que c'est au
moyen d'eau distillée que ces matières ont été extraites de la terre, et qu'elles
(97)
étaient parfaitement solubles dans très-peu d'eau. La silice existe dans cer-
taines cendres en proportion considérable et d'une manière constante; il en
est de même pour le carbonate de chaux, qui existait, déjà sous cette forme
dans l'extrait avant l'incinération.
» Comme ces substances ne sont obtenues insolubles dans l'eau qu'a-
près la destruction, par l'incinération, de la substance organique, il faut
bien attribuer à celle-ci une action dans la solubilité des principes minéraux
que nous trouvons dans les cendres ; aussi avons-nous spécialement étudié
la matière organique contenue dans les différents extraits de terres.
» Lorsqu'on chauffe, à la flamme de la lampe à alcool, une portion d'un
résidu quelconque provenant de l'évaporation des eaux renfermant les sub-
stances solubles des terres, il se décompose, brûle en répandant une odeur
de sucre ou de papier brûlé. Au moyen d'alcool, on parvient à précipiter
de la solution aqueuse du résidu une partie des sels minéraux, mais jamais
assez complètement pour que la substance organique qui reste en dissolu-
tion dans l'alcool puisse être parfaitement isolée. Cependant nous avons
pu constater que cette substance présente toutes les propriétés d'un corps
neutre d'origine végétale, analogue au sucre, à la dextrine et à la maunite.
Cette substance ne forme pas de combinaisons définies avec les substances
minérales, et peut exister dans l'extrait mélangée au carbonate de chaux
sans le décomposer. Nous n'avons pu établir, par l'analyse élémentaire, la
composition exacte de la matière organique, ayant toujours analysé direc-
tement le résidu tel qu'on l'obtient par l'évaporation, dans la crainte de
décomposer la substance organique en cherchant à l'isoler.
» Guidés par l'analogie que cette substance, qui détermine la solubilité
des parties minérales du sol, présente avec le sucre, nous avons recherché
si ce dernier exerçait aussi une action sur la solubilité des substances miné-
raies en général. Il est reconnu déjà que de l'eau sucrée dissout une plus
grande quantité de chaux que l'eau pure, et que la présence d'une sub-
stance organique empêche l'oxyde de fer de se précipiter de ses dissolutions
salines.
» Nous avons broyé dans un mortier du quartz avec un peu d'eau satu-
rée de sucre, soit de raisin, soit de canne, et en filtrant nous avons reconnu,
par l'évaporation de l'eau sucrée et la calcination du résidu, qu'il s'était
dissous une quantité notable de silice. L'eau sucrée a dissous également du
carbonate et du phosphate de chaux ; la dextrine a présenté les mêmes pro-
priétés que le sucre. L'un de nous, M. Verdeil, auquel appartient l'obser-
vation de ces faits, aura l'honneur de présenter a l'Académie un tableau
du degré de solubilité des diverses substances minérales dans de l'eau tenant
en dissolution des substances organiques neutres à différents degrés de
saturation.
» Comment se forme cette substance organique dans les terres arables?
elle provient, on n'en peut douter, des débris de végétaux qui se décom-
posent par l'action de l'air, car dans toutes terres fertiles on trouve tou-
jours des matières d'origine végétale en décomposition. 11 est vrai de dire
que lorsqu'on abandonne des matières végétales à faction de l'air et de
l'humidité, celles-ci fermentent, donnent des produits pour la plupart
acides, et finiraient, avec le temps, par se transformer en acide carbonique
et en eau. Mais on ne peut comparer la fermentation des matières végétales
abandonnées à elles-mêmes, avec la décomposition de ces mêmes Matières
an contact des substances minérales qui constituent les terres arables. Le
suc de betterave ou de canne à sucre entre aussi en fermentation lorsqu'on
l'abandonne à l'action de l'air, et donne des produits acides; mais la fer-
mentation du sucre peut être arrêtée aussitôt par l'addition de chaux avec
laquelle il s'unit.
» Sans vouloir comparer les deux phénomènes, ne pourrait-on pas ad-
mettre que dans la décomposition des matières végétales au contact de la
terre, et surtout des sels de chaux, les substances minérales s'unissent à
notre matière soluble à mesure qu'elle se forme, et empêchent ainsi sa dé-
composition ultérieure et la formation de produits acides:'
» Le résidu sec de l'extrait des terres par l'eau renferme toujours une
certaine proportion d'azote, en moyenne i,5 pour 100 de son poids. Lors-
qu'on fait bouillir l'extrait concentré avec du lait de chaux, la presque
totalité de l'azote peut être recueillie sous forme d'ammoniaque; l'azote
existe donc ainsi à l'état de sels ammoniacaux dans la partie soluble des
terres.
» Des reclierches qui précèdent, qui sont loin d'être complètes, nous
concluons :
» i°. Que dans toute terre fertile, il existe une substance organique so-
luble, neutre, analogue au sucre;
» i°. Que cette matière détermine la dissolution dans l'eau des sub-
stances minérales qui composent le terrain d'où on l'a extraite, et cela, poul-
ies substances insolubles dans l'eau . en rapport avec la somme des surfaces
des minéraux qui sont soumis à son action : il suffit de tres-peu d'eau pour
(99)
opérer cette dissolution, la substance organique étant hygrométrique au
plus haut degré ;
» 3°. Que l'azote qui entre dans la composition des extraits de terre ,
s'y trouve à l'état de sels ammoniacaux.
» Quant aux déductions qu'on peut tirer de ces faits, en vue d'expli-
quer certains phénomènes de la nutrition des plantes, nous attendrons,
pour oser le faire, que de nouvelles recherches dans ce but nous paraissent
dignes d'être soumises au jugement de l'Académie. »
physiologie. — Des formes que prend la fibrine dans les inflammations ;
par M. Monneret.
(Commissaires, MM. Andral, Velpeau.)
« Les études auxquelles je me livre depuis plusieurs années sur les pro-
diiits de l'inflammation m'ont conduit à quelques propositions générales
qu'on peut résumer de la manière suivante :
» La fibrine ne se présente dans l'interstice des tissus ou à leur face libre
que dans deux conditions morbides, l'inflammation et l'hémorragie.
» Dans le premier cas, la fibrine s'extravase en solution dans la sérosité
du sang, et bientôt après passe à l'état solide et corpusculaire. Examinée au
microscope et à un grossissement de 5 à 6oo diamètres, elle affecte toujours
une des trois formes suivantes : i° la forme fibrillaire; 2° la granuleuse;
3° la celluleuse. Les deux premières représentent la forme primordiale, élé-
mentaire et immuable de la fibrine.
» iu. La forme fibrillaire est constituée par des fibres excessivement
fines, droites, parallèles, réunies en faisceaux plus ou moins nombreux, et
traversés parfois par d'autres faisceaux semblables plus ou moins régulière-
ment espacés. Les fibres, très-distinctement formées de nucléoles très-pe-
tits, disposés en série linéaire, sont tout à fait pareilles aux fibres de la tuni-
que moyenne des artères, des valvules sygmoïdes, des veines et des muscles
de la vie organique. Elles sont très-rapidement et très-fortement rétractiles;
en quelques minutes, elles se réduisent à un très-petit volume.
» 2°. La forme granuleuse est déterminée par l'agglomération de granu-
lations sphériques, presque de même dimension, et plus petites que toutes
celles qui appartiennent aux tissus pathologiques. Elle constitue des masses
irrégulières, de différentes grandeurs, et se trouve souvent dans le même
plasma mêlée à la forme précédente, en laquelle elle ne se transforme pas.
» 3°. La forme celluleuse est caractérisée par la présence de la cellule
( «oo )
appelée granuleuse ou composée. Une enveloppe commune réunit huit à
douze molécules qui se dissocient et se dissolvent par l'action de l'acide
acétique. Cette cellule est une manière d'être nouvelle et pathologique de
la fibrine, qui n'appartient qu'à l'inflammation.
» Les fibrines fibrillées et granulées ont exactement les mêmes pro-
priétés. Solubles dans l'acide acétique, fortement rétractiles, elles se mon-
trent toujours identiques à elles-mêmes : dans toutes les sérosités des
phlegmasies ; dans la concrétion qui se forme à la surface de la peau dénu-
dée, ou dans le plasma des plaies réunies par première intention, dans les
plaques molles du muguet tout aussi bien que dans la fausse membrane de
la bouche ou du larynx enflammés-, dans les pustules varioliques où cette
fibrine ne paraît que du sixième au douzième jour, pour opérer la cicatri-
sation du derme ; enfin dans les concrétions plastiques de la pie-mère, du
péritoine et des parenchymes enflammés.
» La fibrine, dans tous ces cas, remplit les espaces intra-fibrillaires des
tissus, et ainsi rejetée hors des voies de la circulation, amène l'oblitération
des vacuoles organiques, comme elle le fait en grand pour toute une tunique
séreuse. Elle subit alors différentes vicissitudes : i° elle joue le plus ordi-
nairement le rôle d'une substance intermédiaire, d'un support dans lequel
pénètrent les vaisseaux de nouvelle formation qui proviennent du tissu
phlogosé ; 2° ou bien la sérosité fournie par les vaisseaux dissocie les élé-
ments de la fibrine qui est alors résorbée; 3° souvent elle reste à l'état
granuleux ou fibrillaire, devient plus dense et plus serrée, comme dans les
adhérences, les plaques laiteuses et certaines indurations; 4° enfin elle
reçoit, par les vaisseaux qui la traversent et qui appartiennent au tissu voi-
sin, les éléments normaux qui entrent dans la constitution des cicatrices
dont les tissus se sont régénérés.
» Les fibrines fibrillaire, granuleuse et celluleuse, ne s'organisent jamais ;
elles sont condamnées à rester ce qu'elles sont à leur sortie des vaisseaux
phlogosés, et à ne jamais prendre d'autre forme. Les vaisseaux qui les tra-
versent peuvent seuls les atrophier et les faire disparaître, ou y jeter deux
produits, les uns physiologiques, les autres morbides.
» Les produits physiologiques sont le résultat de la sécrétion variable,
et propre à chaque tissu duquel sortent les vaisseaux. C'est ainsi que l'on
trouve, dans le plasma cicatriciel de la pustule varioleuse, l'épithélium à
toutes les périodes de développement; et dans le croup, dans le muguet,
la même formation, dans le poumon enflammé chroniquement, la méla-
nose, etc. Jamais on n'observe, dans la fibrine déposée, la moindre trace
( fcï )
d'une transformation quelle qu'elle soit. L'action dynamique, vitale des
vaisseaux propres fait tout; la fibrine n'y joue que le rôle fort secondaire,
de support.
» Les produits hétéromorphes, tels que le pus, le tubercule, le cancer,
peuvent y être déposés : i° par le seul fait de l'endosmose, quand les fausses
membranes sont récentes ou anciennes, mais alors de consistance médiocre;
a° par sécrétion spéciale des vaisseaux qui traversent la fibrine. Ici encore
jamais de transformation de cet élément en un autre.
» De plus, la fibrine concrète retenant toujours de la sérosité, et rece-
vant d'ailleurs par endosmose toutes les liqueurs voisines, peut, par son
contact avec l'air, ou avec des humeurs acides, subir une troisième altéra-
tion; il y naît des végétaux dont les formes sont assez variables, et parmi
lesquelles on distingue surtout le Sporotrjchium et le Penicillum glaucum.
Les fausses membranes de la diphthérite et du muguet, tout aussi bien
que celles que l'on trouve à la surface de la peau et ailleurs encore, con-
stituent une sorte de terre ou de réceptacle pour ces végétations nouvelles.
On obtient les mêmes résultats avec la fibrine que l'on expose à l'air ou que
l'on acidifie légèrement.
» 4°- La fibrine sortie des vaisseaux par hémorragie, se présente éga-
lement, comme le concrétum phlegmasique, sous la forme fibrillaire, mais
ses fibres en sont plus grosses, moins régulières, et n'ont plus une forme
striée aussi distincte ni aussi élégante que l'autre fibrine. Jamais on n'y
voit mêlée la cellule granulaire de l'inflammation. J'ai observé cette fibrine
dans des caillots sanguins jaunâtres que le cerveau renfermait depuis long-
temps; dans une caverne pulmonaire hémorragique; dans des tumeurs
anévrismales et dans des indurations cérébrales jaunâtres que l'on aurait
prises, sans le secours du microscope, pour des cicatrices cérébrales. La
fibrine hémorragique n'appelle point le travail de vascularisation, comme
le fait si rapidement la fibrine extravasée par inflammation. On ne voit
jamais la moindre tendance, de la part de cette fibrine, à se transformer
en tissu homologue ou hétérologue, ni à faire les frais de la plus mince
régénération cicatricielle. Il faut, pour cela, que le travail phlegmasique
intervienne et verse l'autre fibrine. Les différences qui existent entre le
plasma phlegmasique et l'hémorragique sont donc assez tranchées.
» Il résulte enfin de ces observations que la présence d'une quantité de
fibrine, quelque minime qu'elle soit, et appréciable seulement par le mi-
croscope, suffit pour établir, d'une manière irréfragable, l'existence d'une
inflammation, quand il s'y ajoute une cellule granuleuse. La sérosité du
C. R., t85u, a">« Semeitre. (T. XXXV, M" 3.) l4
( ,oa )
tissu cellulaire des membres œdématiés, ou du liquide obtenu par la tho-
racentèse m'a permis de reconnaître des inflammations ignorées jusqu'alors,
et par contre, je n'ai rencontré aucune trace de fibrine dans les sérosités
des phlyctènes, des sudamina, des bulles et de quelques productions
pathologiques qu'on aurait été disposé à rapporter à l'inflammation. On
peut donc en clinique, et par une observation très-facile et rapide, tirer des
inductions précieuses, soit pour le diagnostic, soit pour le traitement, de
l'étude de la fibrine, à l'aide du microscope. »
météorologie. — Phénomène de mirage observé d'une maison de la rue de
Fleurus, de 4 à 5 heures du soir, le mardi i3 juillet 1802. (Note de
M. Blondat.)
(Commissaires, MM. Pouillet, Babinet, Despretz.)
« Ce phénomène s'est présenté avec la plus grande netteté pour les per-
sonnes qui l'observaient de mon appartement, situé au deuxième étage de
la maison n° 37, qui a été occupé autrefois par feu M. Dulong, de l'Aca-
démie des Sciences. Le champ de l'observation a été limité par des parties
de mur et de bâtiments latéraux très-élevés. La perspective que l'on découvre
se compose de l'ensemble des étages supérieurs des maisons situées entre
le Panthéon (e.-rtra) et des maisons voisines du dôme de la Sorbonne; ce
dôme était l'objet saillant et principal du tableau. L'image n'était pas ren-
versée et paraissait plus grande que la réalité : la distance verticale entre le
dôme réel et le dôme du mirage était à peu près le double de la hauteur
du dôme réel. L'image était d'une netteté et d'une précision parfaites. »
optique. — Recherches sur la construction et les avantages que présente-
ront des instruments amplifiants à deux grossissements ; par M. Laurent,
professeur d'Astronomie pratique à l'Ecole navale de Brest.
(Commissaires, MM. Arago, Pouillet, Babinet, Laugier. )
MM. Schlagiktweit frères adressent une Note sur la hauteur des
diverses sommités du mont Rose.
(Renvoi à la Commission chargée d'examiner les travaux précédents de
MM. Schlagintweit sur les Alpes, Commission que M. le Président invite
à hâter son Rapport. )
M. Combescure adresse de New-York un Mémoire sur la théorie des
tautochrones .
(Commissaires, MM. Liouville, Lamé.)
( io3)
M. Versepuy soumet au jugement de l'Académie une Note sur le blanc
de plomb comparé au blanc de zinc. Suivant lui, ce dernier produit, dans
un bon nombre d'applications, ne remplacerait qu'imparfaitement le pre-
mier, et la suppression des fabriques de céruse, qui ne pourrait être obtenue
sans de grands inconvénients, n'aurait pas, au point de vue de l'hygiène,
un avantage tel que le supposent beaucoup de gens qui ignorent ou ne
veulent pas reconnaître la différence qu'il y a, sous le rapport de la salu-
brité, entre les anciennes fabriques et les nouvelles.
(Renvoi à la Commission précédemment chargée de s'occuper de cette ques-
tion, Commission qui se compose de MM. Pelouze, Combes et Rayer.)
M. Letellier adresse, à l'occasion de diverses communications récentes
sur la composition du sang, une réclamation de priorité. Il annonce que
plusieurs des résultats consignés dans les Mémoires de MM. Becquerel et
Rodier, de M. Hatin et autres, se trouvent déjà présentés comme résultats
de ses propres recherches dans un Mémoire qu'il a soumis, en i838, au
jugement de l'Académie, et qui a pour titre : De la fibrine, de ses variétés,
de sa formation ; de la couenne inflammatoire.
(Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment désignés pour des
recherches concernant l'hématologie : MM. Thenard, Dumas, Andral.)
M. Landes prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte d'une
Note qu'il lui a adressée dans la précédente séance, et qui concerne la théo-
rie de, la vision.
(Commissaires, MM. Serres, Coste. )
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique, M. le Ministre des Affaires
étrangères et M. le Ministre de la Guerre remercient, chacun en particu-
lier, l'Académie de la décision qu'elle a prise concernant l'envoi régulier
des numéros du Compte rendu de ses séances hebdomadaires aux différents
Ministères.
M. Mitscherlich , npiiimé récemment à une place d'Associé étranger,
adresse ses remercîments à l'Académie et annonce l'intention de se rendre
prochainement à Paris, où il compte arriver avant la fin du mois d'août.
14..
( io4 )
M. Temminck, nommé, dans la séance du a8 juin, à une place de Corres-
pondant pour la Section d'Anatomie et de Zoologie, adresse également ses
remercîments à l'Académie.
M. Coumer, à l'occasion d'une communication faite en février dernier,
par M. Filhol, sur le pouvoir décolorant du charbon et de plusieurs autres
corps, rappelle qu'il a traité la même question dans une Note présentée à
l'Académie en 182a.
M. Thibault adresse, de Saint-Pétersbourg, un manuscrit portant pour
titre : Investigation des phénomènes de la nature basée sur les lois de la
Physique et de la Chimie.
M. Babinet est invité à prendre connaissance de ce Mémoire et à faire
savoir à l'Académie s'il est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
M. Buissox envoie une nouvelle copie de sa Note sur les insectes consi-
dérés comme cause des maladies épidémiques, tant chez les animaux que
chez les végétaux, et sur l'intérêt qu'il y aurait à empêcher la destruction
des oiseaux qui se nourissent d'insectes.
M. Guérin-Mènevhxe, chargé d'une mission scientifique en Italie, où
il doit étudier diverses questions d'économie rurale, annonce de Gênes le
résultat de ses premières observations concernant les insectes qui atta-
quent l'olive.
M. Dussert adresse une Lettre relative à un prix qu'il croit avoir été
proposé par l'Académie, relativement aux moyens d'arrêter la maladie des
pommes de terre.
M. m: Bock communique les résultats de quelques observations qu 'il a
faites sur un chien qu'on supposait enragé et chez lequel n'existait pas cette
horreur pour les liquides, qu'on attribue communément à tous les animaux
atteints d' hydrophobie.
M. Iîkai 111:1 demande l'ouverture de deux paquets cachetés qu'il avait
déposés dans la séance du 5 juillet.
Il n'est pas donné suite h cette demande.
( «o5 )
L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés présentés, l'un
Par M. Bit uni i , l'autre
Par M. Goclier.
La séance est levée à 5 heures. A.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 12 juillet i852, les ouvrages
dont voici les titres :
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ; tome V ;
n° 19; 5 juillet i85a; in-8°.
Nouvelles Annales de Mathématiques. Journal des candidats aux Ecoles Poly-
technique et Normale; rédigé par MM. TERQUEM et Gerono ; juillet
i852; in-8°.
Recueil encyclopédique d'agriculture, publié par MM. BoiTEL et Londet,
de l'Institut national agronomique de Versailles ; tome III; n° 1; 10 juil-
let i85î; in-8°.
Royal astronomical . . . Société royale astronomique ; vol . XII ; n° 9 ;
7 avril i852; in-8°.
Catalogue. . . Catalogue des étoiles voisines de t 'écliptique observées à Markree,
pendant les années 1848 à i85o et dont on suppose que les positions n'ont pas
encore été publiées; vol. I, contenant 1 4,888 étoiles, imprimé aux frais du
Gouvernement, sur la recommandation de la Société royale. Dublin, r 85 1 ;
in-8°.
Jahrbuch... Annales de l'Institut impérial et royal géologique; 2e année;
n05 2, 3 et 4; avril-décembre 1 85 1 ; in~4°-
Die fatschritle... Progrès de la physique pendant l'année 1848, publiés par
la Société de physique de Berlin; rédigés par M. le professeur K.ARSTEN ;
4e année. Berlin, i852; 1 vol. in-8°.
Die staaten... Des Etats riverains de la Plata, considérés par rapport à
l'Europe; par M. DE Reden. Darmstadt, i852; broch. in-8°.
Messungen... Mesure de la vitesse de transmission de l'irritabilité dans les
nerfs; par M. Helmholtz; ae partie; broch. in-8°.
Astronomische... Nouvelles astronomiques; n° 81 5.
( io6)
Historische... Mémoire d'histoire et de littérature de la Société hollandaise
des Sciences de Harlem; Ier volume. Harlem, i85i; in-4°.
L Athenœum français . Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux-Arts; ire année; n° i; 3 juillet i85a.
La Presse littéraire, Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° 1 1 :
1 1 juillet i852.
Gazette médicale de Paris; n° 28.
Gazette des Hôpitaux ; nos 79 à 8 1 .
Moniteur agricole ; 5e année; n° 27.
La Lumière; ie année ; n° 29.
L'Académie a reçu, dans la séance du 19 juillet i852, les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences,
ie semestre i852 ; n° 2; in-4°-
Annales de Chimie et de Phjsique ; par MM. ARAGO, Chevreul, Dumas,
Pelouze, Boussingault, Regnault; 3e série; tome XXXV; juillet i852;
in-8°.
Histoire des eaux de Nîmes et de l'aqueduc romain du Gard, après dix ans
d'études; par M. le Dr Jules Teissier-Rolland; tome IV; ire partie.
Nimes, i852; in-8°.
Propositions pour l'achèvement des Tuileries et du Louvre; par M. A. -F.
Mauduit. Paris, 1846; broch. in-8°.
Mémoire sur la nécessité où se trouve le Gouvernement de ta République
française d'arrêter, dès à présent, pour la Fille de Paris, un programme de
travaux d'intérêt général; par le même. Paris, 1849; broch. in-8°.
Travaux de Paris; par le même; i852 ; autographie in-4°.
Annales de la Société entomologique de France; 2e série; tome X;
ier semestre i852; in- 8°.
Annales forestières; 10e année; 10 juillet i852; in-8°.
Annales des maladies de la peau et de la syphilis, publiées par MM. Alphée
Cazenave et Maurice Chausit; 2e série; 4e volume; juin i852; in-8°.
Annales médico-psychologiques. Journal destiné à recueillir tous les docu-
ments relatifs à l'aliénation mentale, aux névroses et à la médecine légale des
aliénés; par MM. les D™ Baillarger, Brierre de Boismont et Cerise ;
juillet i852; in-8°.
( >°7 )
Bulletin de l'Académie nationale de Médecine, rédigé sous la direction de
MM. F. Dubois (d'Amiens), secrétaire perpétuel, et Gibert, secrétaire
annuel; tome XVII; n° 19; 1 5 juillet i852; in-8°.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; tome XIX; n° 6; in-8°.
Cosmos. Bévue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. DE MONFORT,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; ire année; n° 12; 18 juillet i85a; in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , publié par M. le docteur
A. Martin-Lauzer ; n° i4; i5 juillet i852; in-8°.
Bépertoire de Pharmacie, recueil pratique rédigé par M. BOUCHARDAT;
9e année; tome IX; n° 1 ; juillet i85a; in-8°.
Annali... Annales des Sciences mathématiques et physiques; par M. Barnabe
Tortolini; juin 185s; in-8°.
Soluzione. . . Solution d'un problème du Livre des inclinaisons, par l'Analyse
géométrique des Anciens; par M. Raphaël Minervini, de Naples. Naples,
1849; in_8°- (Ouvrage présenté, de la part de l'auteur, par M. Chasles.)
Sopra il fenomeno... Mémoire sur un phénomène qui s'observe dans les
aimants temporaires, la persistance du pouvoir attractif quand l'hélice qui
enveloppe l'aimant temporaire cesse d'être en communication avec la pile; par
M. P.-D. Mariamni. Modène, i85i; broch. in-4°.
Sopra gli... Sur les instruments d'observations à indications continues; par
M. l'abbé Deregi S (Giovanni); broch. in-/j°.
Sulla... Sur l'intensité de la lumière; par M. C.-J. GlULlo. Turin, i85a;
broch. in-4°.
An act... Actes de la Législature de l'Etat de Californie pour l'établissement
d'un système d'écoles communes. Sacramento, i852; broch. in-8°.
The nineteenth... Dix-neuvième rapport annuel de la Société rodait
Polytechnique de Cornouailles ; année i85i. Falmouth; in-8°.
The astronomical . . . Journal astronomit/ue de Cambridge ; nos !\i et 43;
vol. H; nos 18 et 19; i5 et 26 juin i852.
Zur kenntniss... Etudes pour servira l'histoire des animaux microscopiques,
leur structure , leurs fonctions , leur classification : espèces observables en Suisse;
par M. le Dr.-M. Perty, professeur à l'École supérieure de Berne. Berne,
i85a; in-4°. (Transmis par M. le Ministre des Affaires étrangères.)
Astronomische... Nouvelles astronomiques ; n°9 816 et 817.
L Athenœum français. Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux- Arts; ire année; n05 2 et 3; 10 et 17 juillet i85a.
( io8 )
La Presse littéraire, Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° iî;
18 juillet i85a.
Gazette médicale de Paris; n° 29.
Gazette des Hôpitaux; n°* 82 à 84-
L'Abeille médicale; table générale alphabétique des matières contenues
dans le tome VIII; année i85i, et n° 14 de i852.
Moniteur agricole; 5e année; n° 28.
La Lumière; 2e année; n°3o.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 26 JUILLET 1852.
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE. — Extrait d'un Mémoire sur la gutta-percha : ses propriétés, son
analyse immédiate, sa composition élémentaire et ses applications (i);
par M. Payes.
« Sans avoir de données précises sur toutes les circonstances relatives à
l'extraction du produit qui nous vient des îles d'Asie sous le nom de gutta-
(i) La gutta-percha fut, en 1849, l'objet d'une thèse soutenue par M. Adriani, et dont
M. Dumas a bien voulu me donner connaissance. . »
L'auteur avait alors exposé l'état des connaissances sur l'histoire naturelle de ce produit ,
il avait cherché à déterminer sa composition élémentaire ainsi que celle d'une résine qu'il en
avait extraite et du caoutchouc.
Les résultats résumés dans un tableau offrent des différences très-grandes entre eux rela-
tivement à la composition du même corps ; en effet , suivant treize de ces analyses la gutta-
percha contiendrait pour 100 : o , 2 , 5, 1 1 , 12 , i5 ou 20, 5 d'oxygène.
La résine renfermerait g,5 ou 12,7 d'oxygène; quant au caoutchouc , l'analyse tantôt n'a
pas indiqué d'oxygène , tantôt en a indiqué 7 ou 1 1,5 pour 100.
On ne pouvait donc tirer une conclusion de ces analyses , difficiles en effet.
M. Adriani ajoute d'ailleurs que la petite quantité de matière sur laquelle il a opéré , ne lu
a pas permis d'étudier la composition immédiate de la gutta-percha.
C. B., i85i, ame Semestre. (T. XXXV, H» 4.) '5
■ (MO)
percha, on sait que cette substance est contenue dans la sève descendante
de Y Isonnndra percha, de Hooker, famille des Sapotées, genre Bassia-Buty-
racea (Dodecandria Monogynia). Cet arbre atteint de grandes dimensions:
jusqu'à i mètre de diamètre et 20 mètres de hauteur; son bois, mou, fi- '
breux, est sans valeur pour les constructions et les objets de travail -, ses
fruits fournissent de l'huile grasse.
» Un arbre abattu peut donner, dit-on, 18 kilogrammes de gutta-percha •
ou gomme solide. Le suc desséche en couches minces, superposées, forme
des masses irrégulières plus ou moins épaisses, de couleur rousse ou gri-
sâtre, dont on expédie en Europe et en Amérique, depuis i845, des quan-
tités chaque année plus considérables.
» Pendant plusieurs siècles, les indigènes ont employé presque unique-
ment la gutta-percha pour former, en la malaxant à chaud, des manches
de cognées doués, à froid, d'une certaine souplesse et d'une très-grande ré-
sistance.
» Aujourd'hui, on épure la gutta-percha pour de nombreuses et utiles
applications, en la divisant par une sorte de râpage dans l'eau froide, qui
enlève, en grande partie, les matières organiques et les sels solubles, et facilite
la séparation de quelques débris ligneux ainsi que des matières terreuses.
» On achève l'épuration à l'eau tiède dans plusieurs bassins, on dessèche
ensuite et l'on agglomère le produit en masse pâteuse, en le chauffant
à 1 lo degrés environ, dans une chaudière à double enveloppe, chauffée par
la vapeur,
» La gutta-percha ainsi préparée devient assez molle pour être adhésive
et facile à souder; laminée en feuilles ou en courroies de toute épaisseur,
étirée en tubes de différents diamètres, moulée sous toutes sortes de formes,
elle acquiert, après s'être lentement refroidie, une solidité et une ténacité
très-grandes. Toutefois il importe de faire remarquer qu'une petite quantité
d'eau interposée suffit pour empêcher l'adhérence entre ses parties ou com-
promettre la résistance de ses soudures.
» Propriétés de la gutta-percha usuelle. La gutta-percha manufactu-
rièrement épurée est d'une couleur rousse brune; elle s'électrise vite par le
frottement, conduit mal l'électricité et la chaleur.
» Aux températures ordinaires de notre climat, de o à i5 degrés, elle est
douée d'une ténacité aussi forte, à peu près, que celle des gros cuirs et d'une
flexibilité un peu moindre; elle s'amollit et devient sensiblement pâteuse
vers 48 degrés, quoique très-consistante encore. Sa ductilité est telle, aux
( Ml )
températures de 45 à 60 degrés, qu'on la peut aisément laminer en feuilles
minces, étirer en fils ou tubes; sa souplesse comme sa ductilité diminuent
à mesure que la température s'abaisse. Son moulage, facilité par la tempé-
rature et la pression, peut reproduire les plus fins détails et le poli des
moules. Elle ne possède à aucune température cette extensibilité élastique
qui caractérise le caoutchouc. Exposée durant une heure à 10 degrés au-
dessous de o, elle a conservé sa souplesse, un peu amoindrie.
». Sous ses différentes formes, la gutta-percha est douée d'une porosité
particulière; voici comment on peut aisément constater sa disposition re-
marquable à prendre cette structure poreuse : une goutte de solution dans
Je sulfure de carbone est posée sur une lame de verre ; l'évaporation spon-
tanée réduit bientôt cette solution à une lamelle blanchâtre ; observée alors
sous le microscope, on y peut clairement discerner les nombreuses cavités
dont elle est toute criblée. On rend ces cavités plus visibles encore au moyen
d'une goutte d'eau ; le liquide s'insinue peu à peu en dilatant les parois, et ■
bientôt la masse apparaît plus opaque ; sous le microscope, ses cavités se
montrent agrandies.
» On obtient des résultats analogues en tenant longtemps immergés dans
l'eau des feuillets minces, obtenus transparents par l'évaporation à chaud,
d'une solution de gutta-percha.
» Les observations qui précèdent me conduisirent à penser que cette
substance, en vertu de sa porosité, retenant en grand nombre des minimes
huiles d'air, devait à cette interposition l'apparence d'une densité plus faible
que celle de l'eau, et que l'on avait supposée égale à 0,979.
» En effet, en soumettant la gutta-percha sèche à un étirage sous une
forte pression, et découpant aussitôt en très-petits morceaux les lanières
ainsi obtenues et plongées dans l'eau, on voit la plupart des fragments
tomber au fond du vase : les uns immédiatement, les autres après avoir
absorbé une certaine quantité d'eau. Le même résultat s'obtient encore en
tenant immergées pendant un mois, dans de l'eau privée d'air, des feuilles
très-minces préparées par différents moyens : leurs pores se remplissant peu
à peu de liquide, elles deviennent alors plus pesantes que l'eau et cessent
de surnager. D'ailleurs la gutta-percha est d'autant plus pesante qu'elle a
été depuis plus longtemps exposée à l'air, surtout en feuilles minces.
» La structure poreuse de la gutta-percha se change en une contexture
fibreuse sous un effort de traction qui peut doubler sa longueur : alors,
devenue peu extensible, elle supporte, avant de se rompre, un effort plus
i5..
( I«3 )
que double de celui employé pour produire le premier allongement (i).
» La gutta-percha usuelle résiste à l'eau froide, à l'humidité, comme
aux différentes influences qui excitent les fermentations; mais elle peut être
amoflie, éprouver une sorte de fusion pâteuse, superficielle, sous l'influence
des rayons solaires de l'été.
» Elle n'est pas attaquée par les solutions alcalines, même caustiques et
concentrées ; l'ammoniaque, les diverses solutions salines, l'eau chargée
d'acide carbonique, les différents acides végétaux et les acides minéraux
étendus, sont sans action sur elle ; les boissons légèrement alcooliques
(vins, cidres, bière) ne l'attaquent pas; l'eau-de-vie même, en dissout à
peine des traces. L'huile d'olive ne paraît pas attaquer à froid la gutta-per-
cha ; elle la dissout en faible proportion à chaud et la laisse précipiter par
le refroidissement.
» L'acide sulfurique à un équivalent d'eau la colore en brun et la dés-
agrège avec dégagement sensible d'acide sulfureux.
» L'acide chlorhydrique en solution saturée dans l'eau, pour la tempé-
rature de -+- 20 degrés, attaque lentement la gutta-percha et la colore en
brun de plus en plus foncé, et, à la longue, la rend cassante.
» L'acide azotique monohydraté l'attaque très-vivement, avec efferves-
cence et dégagement d'abondantes vapeurs d'acide hypoazotique ; la ma-
tière se désagrège, se colore en rouge orangé brun, devient pâteuse, puis
se solidifie par degrés et reste friable.
» A froid, et même à chaud, une partie seulement (o,i5 à 0,22) de la
gutta-percha peut se dissoudre dans l'alcool et dans l'éther anhydres.
» La benzine et l'essence de térébenthine la dissolvent partiellement à
froid, mais presque en totalité à chaud.
» Le sulfure de carbone et le chloroforme dissolvent à froid la gutta-
percha; les solutions peuvent être filtrées sous une cloche bien close qui
prévienne l'évaporation ; le filtre retient les matières étrangères colorées
en brun rougeâtre, tandis que la solution passe limpide et presque inco-
lore.
(1) Une très-mince lanière, de 20 centimètres de long, 3C,6 de large et omm,o3 d'épais-
seur, soumise à une traction graduée, à l'aide de poids ajoutés par 10 grammes, s'est
allongée jusqu'à 43 centimètres sous un effort de 1098 grammes; l'allongement fut de moitié
moindre : 43 + 22 = 65e, pour un poids total presque double = 2og8Br. La rupture eut
lieu sous un poids de 2128 grammes, après un nouvel allongement de 1 centimètre en deux
fois; le retrait fut de 4e, 5. La température de l'air était à rg degrés pendant cette expérience.
( >«3 )
» Le liquide filtré, exposé à l'air dans une soucoupe, laisse dégager le
dissolvant et déposer la gutta-pereha blanche en une lame plus ou moins
épaisse, qui prend un retrait gradué à mesure que le liquide interposé se
volatilise.
» Sauf la coloration, qui a disparu, la gutta-percha offre alors les carac-
tères et les propriétés indiquées ci-dessus de la matière commerciale. Sou-
mise à une température graduellement élevée, elle s'amollit, se fond, et peut
entrer en ébullition sans se colorer sensiblement : le liquide diaphane
donne d'abondantes vapeurs condensables en un liquide huileux presque
incolore.
» Les dernières portions distillées sont colorées en orangé-brun ; il reste
un dépôt charbonneux en couche mince adhérente aux parois du vase.
» Analyse immédiate. Nous avons dit que l'alcool et l'éther ne peuvent
dissoudre qu'une partie de la gutta-percha; c'est que cette substance, ainsi
que nous l'avons annoncé dans notre premier Mémoire, est en effet compo-
sée de trois principes immédiats, dont la séparation a exigé des observa-
tions assez délicates, bien que, par plusieurs de leurs propriétés, ils fussent
très-nettement distincts.
» Si l'on met en contact à froid la gutta-percha en minces feuillets avec
quinze à vingt fois son volume d'alcool anhydre, puis que l'on élève lente-
ment au bain-marie la température jusqu'à ( -+- 78 degrés) l'ébullition, sou-
tenue durant quelques heures en vase clos, le liquide filtré bouillant et
abandonné dans un flacon fermé commencera, au bout de douze à vingt-
quatre ou trente-six heures, à déposer sur les parois du vase, et jusqu'au
niveau de la solution , des granules blancs , opalins , distants les uns des
autres, quelques-uns groupés ; leur volume s'accroîtra graduellement durant
plusieurs jours.
» Ces granules, attentivement examinés sous le microscope, affectent les
formes de sphérules tronquées par les parois du vase. Leur superficie est
lisse ou hérissée de très-petits cristaux diaphanes, lamelleux, allongés.
Quelques fissures superficielles semblent indiquer que ces sphérules sont
formées d'une sorte de noyau diaphane jaunâtre, recouvert d'une pellicule
blanche.
» Telle est réellement leur singulière structure cristalline, dont on ne
connaît peut-être pas d'autre exemple; en effet, l'alcool anhydre dissout
à froid toute la substance sphéroïdale, jaune, sous-jacente, tandis que les
pellicules superficielles, dans l'intérieur desquelles l'alcool, moins dense,
( n4 )
s'est substitué au globule solide, paraissent alors plus blanches et moins
translucides.
» La solution alcoolique qui a déposé durant plusieurs jours l'espèce de
cristallisation sphéroïdale complexe, peut de nouveau enlever à chaud une
partie des deux principes immédiats restés dans la substance, et en laisser
cristalliser une nouvelle quantité par le refroidissement. On achève cette
extraction en renouvelant à plusieurs reprises l'alcool bouillant sur la gutta-
percha* jusqu'à ce qu'il ne dissolve plus rien.
» La substance solide qui a résisté à l'action du dissolvant est douée, sauf
quelques modifications, des principales propriétés de la gutta-percha brute,
nous la désignerons ici sous le nom de gutta pure, ou gutta. Quant aux
deux autres principes organiques, l'un est une résine jaune beaucoup plus
soluble à froid dans l'alcool que l'autre, la résine cristalline blanche.
» On profite de ces différences de solubilité pour arriver, avec du temps
et de la patience, à l'épuration complète des trois principes immédiats.
» La séparation peut encore s'effectuer en traitant à froid la gutta-
percha très-divisée, par l'éther, qui dissout plus abondamment que l'alcool
le mélange des deux résines; on les sépare ensuite l'une de l'autre par les
traitements alcooliques précités (i).
» La tendance de la résine blanche à se constituer en groupes de lamelles
irradiées se manifeste dans une circonstance assez remarquable, facile à
reproduire : on place dans un tube des bandelettes étroites découpées
d'une feuille mince de gutta-percha brune ordinaire, on les immerge dans
l'alcool anhydre, puis on abandonne le tube clos ainsi disposé.
» Au bout de vingt à trente jours, quelques points blanchâtres appa-
raissent çà et là sur les bandelettes, puis sur les parois du tube. Ces ponc-
tuations, graduellement plus volumineuses, sont formées d'aigrettes cris-
fallines de la résine blanche.
» Ainsi ce principe immédiat est séparé directement et à froid, même
lorsque la température atmosphérique s'élève graduellement, lorsqu'on
opère, par exemple, au printemps ou dans les premiers jours de l'été.
» La résine cristalline blanche, complètement épurée par des lavages
alcooliques, puis redissoute dans l'alcool anhydre, se dépose, par l'évapo-
(i) Si l'on fait agir l'éther sur des feuillets très-minces en opérant une sorte de foulage
i l'aide d'un tube plein, le liquide décanté entraîne, avec les deux résines, une certain»'
quantité de <j,uUa pure".
( "5 ),
ration lente spontanée, à l'air, en cristaux lamelleux irradiés, formant par-
fois des aigrettes symétriquement disposées en étoiles, et offrant alors l'as-
pect d'une sorte d'inflorescence.
Caractères distinctifs et propriétés des trois principes immédiats qui constituent ta gutta-ptrclta
usuelle.
» Le plus abondant de ces trois principes, qui forme au moins les 75 et
jusqu'aux 82 centièmes de la masse totale, est la gulta pure qui offre les
principales propriétés du produit commercial ; elle est blanche, translucide
à la température de 100 degrés, qui soude toutes ses parties, opaque ou
demi-translucide à froid lorsqu'elle acquiert, alors, la structure qui déter-
mine une interposition d'air ou d'un liquide doué d'une réfraction différente
de la sienne. Cette structure paraît plus prononcée encore que dans la sub-
stance naturelle contenant les trois principes immédiats.
» En lames minces, et à la température de -f- 10 à -+- 3o degrés, elle est
souple, tenace, extensible, peu élastique. A -4- 5o degrés, elle s'amollit, se
retire sur elle-même, et devient de plus en plus adhésive et translucide à
mesure que la température s'élève davantage, éprouvant une sorte de fusion
pâteuse qui se prononce davantage vers 100 à 110 degrés. Chauffée davan-
tage, elle se fond, entre en ébullition, et distille en donnant une huile
pyrogéuée et des gaz carbures.
» La gutta pure, comme les deux autres principes immédiats, s'électrise
très-vite par le frottement et conduit mal la chaleur ; ordinairement elle
surnage l'eau, mais elle plonge au fond dès que ses pores sont remplis de
ce liquide.
» Klle est insoluble dans l'alcool et dans l'éther ; presque totalement
insoluble dans là benzine à o degré, elle est soluble à -t- 25 degrés, et de
plus en plus à mesure que la. température s'élève. La solution saturée à
-t- 3o degrés se prend en masse demi-transparente si on la refroidit au-
dessous de zéro; l'alcool précipite la gutta pure de sa solution dans la
benzine.
» A o degré, l'essence de térébenthine dissout très-peu de gutta, tandis
qu'elle la désagrège et la dissout facilement à chaud.
» Le chloroforme et le sulfure de carbone dissolvent, à froid, la gutta
pure.
» Lorsqu'on eut extrait, au moyen de l'éther, les deux résines interpo-
sées dans des feuilles minces de gutta-percha blanche, laissant le dernier
éther qui les imprègne s'évaporer à l'air libre, ces feuilles, enfermées dans un
( .»i6)
flacon, avaient éprouvé, après deux mois de séjour, à la température de 20
à 28 degrés, une altération qui paraissait dépendre de leur porosité, de
l'action de l'air, et peut-être de l'éther retenu dans leurs pores.
» Quoi qu'il en soit; ces feuilles avaient alors acquis des propriétés
nouvelles : elles étaient cassantes ; exhalaient une odeur piquante très-pro-
noncée ; mises en contact avec un excès d'éther anhydre, elles se sont par-
tiellement dissoutes, la portion soluble, obtenue par l'évaporation de l'éther
et une dessiccation à + 90 degrés, était glutineuse et translucide ; elle
devint opaque et dure par le refroidissement à — 10 degrés. .
» La partie non dissoute par l'éther, mise en contact avec le sulfure de
carbone s'en pénétra rapidement, se gonfla beaucoup, devint souple, trans-
parente, i\e se dissolvant qu'en partie et conservant son volume acquis,
quatre fois plus grand qu'avant cette immersion.
» Le sulfure de carbone, renouvelé trois fois en six jours, évaporé chaque
fois, après deux jours de contact, laissa pour résidu une feuille blanche et
souple.
» Sa portion non dissoute, gonflée, diaphane, laissée dans le sulfure de
carbone pendant dix jours, n'a pas semblé changer d'état.
, » Cette sorte de transformation spontanée deviendrait peut-être complète
si elle se prolongeait davantage ; son étude approfondie exigera beaucoup
de temps, elle pourra mettre sur la voie des causes de certains changements
observés sur quelques menus objets usuels en gutta-percha. Déjà j'ai pu
reconnaître que des feuilles minces exposées au soleil dans l'air humide,
pendant huit jours consécutivement, se sont décolorées et que leur sub-
stance est alors devenue, en grande partie, soluble dans l'éther.
» Uacide sulfurique monohydraté colore en brun, attaque et désagrège
lentement la gutta pure, en dégageant de l'acide sulfureux ; après huit jours
de contact, le liquide brun très-foncé, étendu d'eau, se trouble et laisse
précipiter des flocons de matière brune.
» Uacide azotique, à un seul équivalent d'eau, attaque la gutta pure avec
une vive effervescence et dégagement de vapeurs orangées d'acide hypoa-
zotique.
» L'acide chlorhydfique, en solution saturée, attaque peu à peu la gutta
en feuilles minces, et la colore en brun foncé; au bout de huit jours,
elle est devenue friable ; étendu dans le liquide jaune, laisse dans le même
état. des 'lamelles brunes. La réaction de l'acide chlorhydrique établit un
caractère distinctif de plus entre ce principe immédiat et les deux autres.
» Résine blanche cristalline. Obtenue pure à l'aide des opérations ci-
( "7)
dessus décrites, elle se présente en masse pulvérulente légère, en apparence
opaque, qui, sous le microscope, laisse voir les cristaux lamelleux trans-
parents.
» De o à 4- 100 degrés, elle n'éprouve pas de changement sensible; sa
fusion commence à -+- 160 degrés; de -4-175 à 180 degrés, elle acquiert
une fluidité oléiforme et une diaphanéité complète, sans coloration
notable; elle se solidifie par le refroidissement, éprouve un retrait qui la
fendille, reste transparente et un peu plus dense que l'eau.
» La résine cristallisée est très-soluble dans l'essence de térébenthine, la
benzine, le sulfure de carbone, l'éther et le chloroforme; l'évaporation
spontanée de ces deux derniers dissolvants la laisse cristalliser en lon-
gues, étroites et minces lamelles nacrées, formant, par leur irradiation de
centres communs, des groupes séparés.
» L'alcool anhydre la dissout assez abondamment à la température de
-+- 75 degrés pour donner, par le refroidissement, une cristallisation en
groupes de lamelles qui s'accroissent durant plusieurs jours; la solution
froide, décantée après cristallisation et abandonnée à l'évaporation spon-
tanée, laisse former des cristallisations semblables de lamelles plus volu-
mineuses.
» Ces cristaux sont inattaquables et difficilement mouillés par l'eau
froide ou bouillante, comme par les solutions alcalines caustiques froides
ou chaudes, l'ammoniaque, ainsi que par les différents acides étendus.
» Les acides sulfurique et azotique monohydratés les attaquent vivement
en produisant des phénomènes semblables à ceux observés dans leur réac-
tion sur la gutta pure.
» L'acide chlorhydrique, au contraire, n'attaque pas la résine blan-
che. Plusieurs de ses caractères la rapprochent de la bréane extraite par
M. Scribe de la résine d'icica; il serait bon de soumettre ces deux prin-
cipes immédiats à une étude comparative.
» Résine jaune. Cette résine amorphe, d'un jaune citrin, diaphane ou
légèrement orangée, suivant son épaisseur, est un peu plus pesante que
l'eau; solide et même dure et cassante à o degré, elle devient graduelle-
ment plus souple à mesure que la température s'élève ; à + 5o degrés, elle
éprouve une fusion pâteuse qui lui permet de reprendre, en quinze ou
vingt minutes, son niveau : ce n'est que de 100 à 110 degrés que sa liqui-
dité est complète. Chauffée davantage, elle peut entrer en ébullition, mais
aiors elle éprouve par degrés une altération profonde, brunit, dégage des
vapeurs acides et des carbures d'hydrogène.
C. R., i85a,am« Semestre. (T. XXXV, N«4.) l6
( ««8 )
» Cette résine retient avec force l'alcool qui l'a dissoute; on l'en sépare
en la chauffant à 4- 100 degrés dans le vide jusqu'à cessation totale de
boursouflement.
» Elle est soluble à froid dans l'alcool, l'éther, la benzine, l'essence de
térébenthine, le sulfure de carbone, le chloroforme; tous ces liquides éva-
porés laissent en résidu la résine amorphe.
» Les acides étendus, ni les alcalis concentrés, ni l'ammoniaque n'atta-
quent la résine jaune.
» Les acides sulfurique et azotique monohydratés l'attaquent vivement
en produisant des phénomènes analogues à ceux que l'on observe lors-
qu'ils agissent sur les deux autres principes immédiats (i).
» L'acide chlorhydrique même en solution saturée à -+- 10 degrés ne
l'attaque pas.
» Mais le caractère le plus remarquable de cette résine est de pouvoir
former, dans les circonstances que nous avons indiquées, ces cristaux glo-
buliformes recouverts d'une autre résine en pellicule blanche et offrant
dans leur structure complexe l'aspect de sphérules opalines.
Conclusions.
» On voit que la gutta-percha telle qu'elle nous arrive se compose, outre
quelques autres matières en faibles proportions (2), de trois principes
immédiats nettement caractérisés : le plus abondant est doué des principales
propriétés de la substance normale, je le désigne sous le nom de gutta
pure ou gutta, les deux autres sont des résines indifférentes.
» Afin de rappeler leurs propriétés caractéristiques, je nommerai cris-
talbane ou albane celle que l'on obtient sans peine en cristaux blancs, et
fluavile, la troisième qui est jaune, se fluidifie sensiblement et coule à une
faible température.
» Les variétés commerciales que j'ai examinées m'ont donné les pro-
(1) La réaction de l'acide azotique, en apparence semblable sur les trois principes immé-
diats, apparaît différente sur chacun d'eux si on lave la substance attaquée, puis qu'on verse
dessus un excès d'ammoniaque étendue : on obtient alors avec la gutta pure une solution
jaune citrine; avec la résine blanche cristallisée, une solution jaune au fond de laquelle la
substance non dissoute se dépose colorée en rouge-orangé; avec la résine jaune, une solution
de couleur orangé-rouge foncée.
(2) Des sels solubles et insolubles, des matières organiques azotées, une substance grasse,
une huile essentielle, une matière colorante et de l'oxyde de fer.
( "9)
portions suivantes :
Gutta 75 à 82
Albane 16 à i4
FI ua vile 6 à 4
100 100
» Dans la deuxième partie de ce Mémoire, je me propose d'indiquer la
composition élémentaire de ces principes immédiats et les principales
applications de la substance normale. »
anatomie comparée. — Suite des Mémoires sur le système nerveux des
Mollusques acéphales lamellibranches ou bivalves; par M. Duvernoy.
(Extrait par l'auteur.)
« En terminant la dernière lecture de ce travail, que l'Académie a bien
voulu entendre, le 3 mai de cette année, je lui annonçai que ma prochaine
communication comprendrait la suite et la fin des considérations générales,
à la fois historiques et dogmatiques, qui ont fait le sujet de cette lecture ;
et qu'elle présenterait, entre autres, les résultats de mes études anciennes
et nouvelles sur la structure des nerfs et des ganglions dans les animaux de
cette classe, et la signification de leur système nerveux comparé à celui
des autres classes de Mollusques.
» Je déposerai en même temps, disais-je encore, le reste de mes Mono-
graphies, celles concernant les Ordres des Cardiacés et des Enfermés.
C'est cette tâche que je viens remplir aujourd'hui.
» Les Monographies que je remets sur le bureau de l'Académie sont au
nombre de seize. Ce nombre porte à trente la totalité de celles qui composent
la partie principale ou fondamentale de mon travail (1).
Suite de la deuxième partie de ce Mémoire ou du résumé de mes propres travaux (2).
» § XXI. Relativement à sa structure intime, le système nerveux des
Mollusques bivalves nous a présenté plusieurs particularités importantes,
( 1 ) Voici les Monographies qui ne sont pas comprises dans ma première liste imprimée , au
nombre de vingt , dans le Compte rendu de la séance du 24 février 1 845 ; tome XX , pages 483
et 484 :
4i. Trigonia australis ; 22. Tridacna squamata ; 23. Cytherea complanata ; 1^. Cytherea
chione ; %5. Mya arenaria; 26. Lutraria solenoides; 27. Solen soliqua ; 28. Pholas callosa ;
20. Tercbratula australis; 3o. Ungulina rubra , d'après de nouvelles observations.
( 2 ) Voir la page 665 du tome XXXIV des Comptes rendus.
16. .
( iao )
soit dans ses parties centrales ou ses ganglions principaux ; soit dans ses
parties périphériques ou dans les nerfs qui partent de ces ganglions ou qui
s'y rendent.
» § XXII. Les ganglions centraux sont souvent colorés en jaune clair ou
en jaune orange, tendant plus ou moins au rouge.
» Dans X Anaionte des Cygnes, nous avons vu cette coloration en jaune
orange s'étendre à l'origine ou au commencement du nerf branchial.
» Cette partie colorée se compose de cellules rondes ou de vésicules qui
renferment des amas de corpuscules de diverses dimensions et formes. Ces
corpuscules de substance serai-fluide, dont quelques-uns sont libres, se
dissolvent dans l'éther. On peut en conclure qu'ils sont de nature
graisseuse.
» De petites cellules incolores, ou globules médullaires, sont mêlés à la
substance colorée. Ils sont accolés aux filets nerveux qui entrent dans la
composition du ganglion.
» Une partie de ces filets s'entre-croisent évidemment d'un coté à
l'autre.
» Lorsque les deux ganglions sont rapprochés , de manière à paraître
deux moitiés d'un seul tout, comme dans l'Anodonte pour les ganglions
postérieurs, on ne voit pas de cloisons qui les séparent.
» § XXIII. Relativement à leur structure intime, les nerfs des bivalves
peuvent se distinguer en nerfs proprement dits, et en nerfs ganglion-
naires.
» Les premiers ne sont jamais colorés, et se composent presque exclusi-
vement de filets nerveux , indiqués par des stries longitudinales paral-
lèles (i). De rares vésicules médullaires peuvent s'y montrer entre les fais-
ceaux de filets qui constituent ces nerfs.
» § XXIV. Les nerfs ganglionnaires sont ceux qui se composent de filets
nerveux et d'un grand nombre de vésicules ou de globules médullaires,
qui entrent essentiellement dans la composition des ganglions.
» Le nerf circulaire circumpalléal des Pecten, des Huîtres, des A normes,
des Limes, etc., est un nerf ganglionnaire, qui transmet au bord du manteau
plus de filets nerveux déliés qu'il n'en reçoit, en apparence, des nerfs palléal
postérieur et palléal antérieur.
» Le nerf branchial est aussi un nerf ganglionnaire; et cette structure
ganglionnaire est surtout prononcée dans le nerf branchial des Pecten.
(i) Comptes rendus de 1 844 » tome XIX, page u36; §XXV.
( m )
Il peut même être mélangé, dans son origine, de la substance colorante qui
caractérise les ganglions de certaines espèces.
» § XXV. Le nerf palléal postérieur, dans quelques Cardiacés ou dans
l'ordre des Enfermés, nous a montré, dans la partie qui fournit les nerfs
des tubes du manteau, des renflements colorés, qui ne sembleraient qu'une
augmentation de diamètre de ces nerfs, s'ils n'étaient pas colorés en jaune,
comme les ganglions secondaires. Il est évident que ces nerfs deviennent des
nerfs ganglionnaires pour la forme dans ce trajet, et de véritables ganglions
pour la composition intime. Un coup d'œil jeté sur les figures de notre
planche en convaincra.
» § XXVI. Les cordons du grand et du petit collier ne sont que la struc-
ture des nerfs proprement dits. Nous avons aussi rencontré quelques rares
globules médullaires dans la composition de celui du grand collier.
» § XXVII. Relativement à l'application qu'il est possible de faire de mes
recherches à la classification des Mollusques bivalves lamellibranches, je
crois pouvoir conclure des deux types principaux que m'a montrés leur
système nerveux; types dont j'ai donné la description dans le § XIII de ce
résumé :
» i°. Que les Mollusques bivalves qui présentent le premier type, qu'ils
soient monomyaires, dimyaires ou trimyaires, appartiennent à une division
principale de la classe, dont les deux lobes du manteau sont largement sé-
parés, et qui est principalement caractérisée par cette disposition du sys-
tème nerveux périphérique que j'appelle palléal monocirculaire;
» 2°. Que tous les autres bivalves appartiennent à un second groupe,
caractérisé par l'arrangement du système nerveux périphérique que j'ai
appelé palléal bicirculaire.
» § XXVIII. Les Mollusques à système nerveux palléal bicirculaire peu-
vent avoir les lobes du manteau complètement séparés (les Arches, les Tri-
gonies ) ; ils peuvent avoir ces lobes réunis dans un court espace pour for-
mer l'ouverture anale (les Mytiiacés); ou réunis encore une seconde fois
pour séparer l'ouverture respiratrice de celle du pied ( les Triforés ou les
Camacés).
» Enfin, le manteau, au lieu desimpies ouvertures pour l'excrétion fécale
et la respiration, peut avoir deux tubes plus ou moins prolongés, soudée
entre eux, ou séparés dans une partie de leur longueur, ou dans toute leur-
étendue.
» Dans ce cas encore, les lobes du manteau peuvent être libres en avant.
( 122 )
et laisser passer largement le pied, comme dans certains Solens ; ou se
souder, et ne laisser qu'une étroite ouverture pour aspirer avec l'eau les
molécules nutritives, comme' dans les Panopées.
» Une partie de ces différences ne me paraissent plus que secondaires,
.le regarde comme importante celle de la présence ou de l'absence des
tubes au manteau ; puisque, dans ce dernier cas, l'animal peut s'enfoncer
plus ou moins dans le sable, et continuer de communiquer avec l'eau qui
baigne la surface du sable au moyen des orifices qui terminent ses tubes.
» Mais la séparation plus ou moins grande de ces tubes ou leur soudure
complète; celle du manteau en avant qui ferme au pied une issue, ou qui
la lui ouvre plus ou moins large; ne me paraissent pas suffire pour carac-
tériser et séparer les deux ordres des Cardiacés et des Enfermés; la dispo-
sition générale et détaillée du système nerveux étant la même dans l'un
et l'autre de ces Ordres. Ils me paraissent devoir être réunis en un seul,
caractérisé par l'existence des tubes au manteau (i).
» § XXIX. Il me reste à appliquer les connaissances acquises sur le
système nerveux des Bivalves, à celui des autres classes de ce même em-
branchement des Mollusques ; afin d'en déduire le caractère général que
présente ce système dominateur de l'organisation, dans ce même Embran-
chement, et la véritable signification de ses parties dans la classe qui nous
a occupé si longuement. Je rappellerai, dans ce but, la disposition générale
du système nerveux dans les six classes que je réunis dans le type des Mol-
lusques.
» § XXX. Les Céphalopodes ont leur système nerveux central, com-
posé de deux ganglions principaux, l'un dorsal et l'autre ventral, formant,
au moyen de deux commissures, un collier serré autour de l'œsophage. C'est
de ces deux renflements médullaires cérébraux que rayonnent tous les
nerfs du corps, soit directement, soit par l'intermédiaire de ganglions su-
bordonnés périphériques.
» Les nerfs optiques viennent du ganglion supérieur ; tandis que des
ganglions inférieurs naissent les nerfs acoustiques et ceux qui vont aux
huit bras. Je ne cite ces détails que pour faire comprendre que l'un ou l'au-
tre ganglion sont des parties d'un même tout, analogues à l'encéphale des
animaux supérieurs.
(i) Je viens de voir que Latreille avait proposé cette réunion dans les Familles naturelles ,
mais sans avoir le motif fondamental que je viens d'énoncer.
( i»3)
» Il y a de plus un stomato-gastrique, que l'on a comparé au sympa-
thique des Vertébrés, et une paire de nerfs branchiaux, correspondants aux
pneumo-gastriques de ces derniers (i).
» Mais on n'y trouve rien qui réponde à la moelle épinière ou vertébrale,
c'est-à-dire aucune trace de la centralisation médiane longitudinale du sys-
tème nerveux; il n'est centralisé dans cette classe que circulairement.
» Il en est de même de toutes les autres classes du type des Mollusques.
» § XXXI. Ainsi dans les Gastéropodes , que nous plaçons immédiatement
après les Céphalopodes, tous les nerfs irradient des ganglions formant au-
tour de l'œsophage un collier en chapelet, plus ou moins serré, qui peut
d'ailleurs être simple ou double.
» Il est simple dans le Colimaçon et se compose de deux ganglions princi-
paux ou de deux renflements médullaires cérébraux, l'un sus-œsophagien,
l'autre sous-œsophagien. C'est du cerveau supérieur que naissent les nerfs
optiques, les nerfs buccaux; du côté droit, ceux qui vont à la verge ; un nerf
stomato-gastrique , pourvu d'un petit ganglion secondaire.
» Le ganglion ou le cerveau inférieur produit les nerfs qui vont au pied,
aux glandes de la génération et à l'orifice du sac pulmonaire.
» Dans X Aplysie, on peut compter jusqu'à cinq ganglions principaux,
dont l'un est viscéral, et formant proprement trois colliers avec les cordons
qui en dépendent (a).
» Enfin, dans les Limitées, le collier œsophagien est composé de neuf
ganglions formant un double chapelet (3).
» Comme toujours, les ganglions sus-œsophagiens fournissent les nerfs
qui se rendent à la bouche et aux yeux. De plus, celui du côté droit, qui est.
plus grand que le gauche, envoie des nerfs à la verge, placée de ce côté.
» § XXXII. Les Ptéropodes ont, comme certains Gastéropodes, un double
collier en chapelet (le Clio borealis, d'après M. Cuvier; les P newnodermes ,
d'après M. Cuvier et M. Van Beneden).
» § XXXIII. Les renflements médullaires cérébroïdes disparaissent dans
les Térébratules, à en juger par ce que nous avons vu dans la Térébratide
australe; mais le collier entourant de près l'orifice buccal subsiste. Il est
(i) Voir le Mémoire sur l'Analomie des Céphalopodes , par G. Ciivier, et celui de M. Van
Beneden , sur le Système nerveux de l'Argonaute.
( 2) Voir le beau Mémoire de M. Cuvier sur plusieurs espèces de ce genre.
(3) Voirie Mémoire de M. Cuvier sur le Limitée des étangs, et celui de M. Van Beneden sur
le Limneus glutinosu-s.
( i*4 )
même de forme carrée, et tous les nerfs du corps naissent du côté plus épais
qui répond à la valve percée, de quatre troncs principaux qui se ramifient
dans les deux lobes du manteau revêtant chaque valve.
» Les nerfs viscéraux ont leur origine dans le côté opposé de ce collier
quadrilatère. Ce côté est beaucoup moins épais.
» Cette disposition et cette composition du système nerveux des Brachio-
podes ou Paltiob ranch es, si différente de celle des Lamellibranches,
démontrent combien on aurait tort de réunir ces deux classes ; sans parler
des autres différences importantes qu'elles présentent dans le reste de leur
organisation, dans les branchies entre autres, dans le cœur, etc.
» Elles confirment la justesse de leur séparation établie par M. Cuvier.
» § XXXIV. C'est encore une centralisation en collier œsophagien, avec
un seul ganglion, que l'illustre auteur des Mémoires sur les Mollusques a
reconnue dans les Ascidies, qui font partie de la classe des Tuniciers de
Lamark et de ma sous-classe des Tuniciers thoraciques. Tandis que dans les
Salpa, dont j'ai fait ma sous-classe des Tuniciers trachéens, on ne trouve
plus qu'un seul ganglion cérébroïde, duquel rayonnent les nerfs du corps.
C'est du moins ce que nous avons vu et démontré sur la nature, il y a déjà
plus de six années, dans nos Leçons du Collège de France, en suivant les
exactes indications publiées par notre confrère M. Milne Edwards.
»"§ XXXV. Si nous comparons à présent le système nerveux des Bi-
valves avec celui des autres classes de l'embranchement des Mollusques,
nous trouverons que le double collier, que nous avons signalé et qui existe
généralement dans cette classe, avec trois paires de ganglions, ou deux paires
au moins, est comparable à celui que l'on rencontre chez plusieurs Gasté-
ropodes, t
» Il y a ici la plus grande analogie sans complète ressemblance.
» L'analogie se tire des nerfs que fournissent ces ganglions ou les cor-
dons qui les réunissent.
» On a vu les nerfs du manteau, qui se composent de filets sensibles et
moteurs, naître principalement des ganglions postérieurs dans le plan que
j'ai désigné sous le nom de circwnpalléal monocirculaire. Ces ganglions,
désignés improprement comme ganglions branchiaux, deviennent les gan-
glions cérébraux les plus importants dans le système nerveux que nous
venons de nommer; tandis que les ganglions buccaux, désignés encore sous
le nom de cérébroïdes, ont singulièrement perdu de leur volume relatif et
de leur importance, et que les ganglions pédieux peuvent manquer au petit
collier, comme cela a lieu dans le système nerveux de l'Huître.
( i»5)
» Chez les Bivalves lamellibranches, la disposition essentielle du système
nerveux est la même que dans les autres classes; c'est toujours une centra-
lisation circulaire du système nerveux, avec cette différence que le cercle,
au lieu d'être étroit et serré autour de l'oesophage ou de l'orifice buccal, a
pris une extension qui lui permet de circonscrire les viscères.
» Mais tout démontre que les ganglions postérieurs qui suivent le muscle
adducteur postérieur des valves, sont comparables au cerveau, autant que
les ganglions buccaux.
» C'est une manière de voir que nous avions déjà en 1844 et i845, lors
de nos premières communications de ce travail à l'Académie ; cette doc-
trine, nous l'exposons ici plus explicitement, parce que nos études subsé-
quentes n'ont fait que la confirmer à nos yeux.
» § XXXVI. Nous serons très-concis au sujet des rapports du système
nerveux de Y Embranchement des Mollusques avec celui des trois autres
Embranchements du règne animal. Ces quatre grandes divisions, reconnues
par M. Cuvier dès 1812, ont été généralement adoptées, avec des modifi-
cations dans leur circonscription ou dans leurs limites; suite nécessaire des
progrès que la science de l'organisation a faits, principalement dans la
connaissance de celle des animaux inférieurs.
» Je regarde en particulier les Types des Vertébrés et des animaux-
articulés, comme formant un groupe, dont le plan d'organisation a plus
d'analogie qu'avec celui des Mollusques et des Zoophytes , qui composent
un autre groupe.
» Ces rapports et ces différences peuvent s'exprimer brièvement par la
disposition générale de leur système nerveux. Dans les deux premiers Types,
le système nerveux est centralisé à la fois circulairement et longitudinale-
ment; cette dernière centralisation se fait dans la ligne du corps médiane
dorsale, pour les Vertébrés, et médiane abdominale pour les Animaux
articulés.
» § XXXVII. La centralisation longitudinale manque dans les deux
autres types des Mollusques et des Zoophytes; et la centralisation circu-
laire est la seule qui subsiste : elle peut y former plusieurs cercles concen-
triques ou non, ou bien être réduite à un simple segment de cercle, comme
cela se voit chez certains Helminthes (1). »
(1) Cette doctrine , que nous avons professée depuis longtemps au Collège de France, se
trouve dans l'extrait de nos Leçons, imprimé en 1846. Nous l'avons développée en t85i,
dans notre premier Cours au Muséum d'Histoire naturelle.
C. R., i85a, 2>"e Semestre. (T. XXXV, ]N° 4.) 17
( i»6)
physique. — Examen du fantôme magnétique et de ses usages;
par M. de Haldat. (Extrait par l'auteur. )
« A la suite de ses recherches anciennes et nombreuses sur le magné-
tisme, M. de Haldat a extrait du Traité spécial qu'il publie sur ce sujet, dont
il fera hommage à l'Académie et dans lequel il expose les phénomènes
caractéristiques de l'aimant, un Mémoire intitulé : Examen du fantôme
magnétique et de ses usages. Sous le nom de fantôme magnétique on
désigne, comme chacun le sait, des figures formées par la limaille ou la
batiture de fer projetée sur un aimant ; ce phénomène est certainement l'un
dés plus caractéristiques et des plus remarquables que présente cette branche
de la physique; quoiqu'il ne soit, pour les esprits légers, qu'un jeu puéril,
son examen approfondi a conduit l'auteur à l'explication plus complète du
mode d'action des aimants, de plusieurs de leurs propriétés, de quelques
cas exceptionnels, et à une théorie plus approchée de la cause de laquelle
dépendent, selon l'auteur, des modifications dans la structure, et des chan-
gements mécaniques dans l'arrangement moléculaire, ce qui est amplement
démontré dans le Mémoire. »
MÉMOIRES LUS.
médecine. — L'acide acétique ou vinaigre considéré comme antirabique ;
par M. le Dr Acdouard. (Extrait.)
« ... Baumes raconta le fait suivant, il y a près de cinquante ans, à la
Société de Médecine pratique de Montpellier dont il était le Secrétaire gé-
néral et à laquelle j'appartenais comme étant un de ses Membres fonda-
teurs.
» Une truie, ayant été mordue par un chien, devint enragée ; le proprié-
taire, loin de la faire abattre, la fit enfermer dans la loge, et lui fit servir,
par un trou fait au plancher, du son pétri avec du vinaigre; la truie s'en
nourrit et fut guérie.
» A l'appui de ce fait on peut citer celui que rapporte le Dictionnaire
des Sciences médicales, à l'article Rage ; il y est dit qu'un homme en proie
aux accidents de la rage, but avec avidité une certaine quantité de vinaigre
et fut guéri. A ces deux faits je n'ajouterai pas ce que dit Pline, que des
nids d'hirondelle macérés dans du vinaigre sont efficaces contre la rage;
cet auteur est un peu trop prodigue de recettes contre cette maladie, et je
ne mentionne celle-ci que parce qu'il y est question de vinaigre.
( i*7 )
» Ce produit secondaire de la vigne est-il réellement efficace contre la
rage ? Les faits que j'ai rapportés doivent être accueillis avec réserve et seu-
lement comme propres à éveiller l'attention des observateurs qui se livre-
ront à de nouvelles expériences. Pour éviter la répugnance que la vue d'un
liquide inspire aux hydrophobes, on ne doit pas administrer le vinaigre
sous forme liquide tant aux hommes qu'aux animaux, mais sous forme so-
lide et d'aliment. Or, le moyen d'administration le plus simple, le plus
commode, le plus économique, celui que l'on trouve partout, c'est du pain
imbibé de vinaigre. Le pain, aliment ordinaire, inspirera au patient moins
de répugnance qu'un médicament présenté sous toute autre forme... »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
chimie appliquée. — Recherche comparative de l'iode et de quelques
autres principes dans les eaux {et les e'gouts) qui alimentent Paris,
Londres et Turin (suite et fin); par M. Ad. Chaux. (Extrait.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Thenard, Magendie, Dumas,
Élie de Beaumont, Gaudichaud. )
« 1). La proportion de l'iode s'élève ou s'abaisse dans la Seine avec le
niveau des eaux. Le maximum d'iode a répondu, pendant la période d'ob-
servations, à une hauteur de 3m,o,5 à l'échelle du pont de la Tournelle ; le
minimum à une hauteur de om, 1 5 à la même échelle.
» La quantité de pluie tombée à Paris est sans rapport avec la proportion
d'iode dans la Seine, à moins que cette quantité ne coïncide avec un chan-
gement dans le niveau des eaux, c'est-à-dire avec des pluies dans le bassin
supérieur du fleuve. Il est évident qu'alors le rapport de l'iode'de la Seine
à la quantité de pluie tombée se confond avec celui donné par le niveau
des eaux.
» La proportion de l'iode s'élève ou s'abaisse dans le même sens que la
température. Ce rapport ressort bien de la comparaison des eaux pendant
les mois froids de l'hiver et les mois de l'été, la hauteur à l'étiage étant la-
même.
« ÏjSl nature des vents, défalcation faite de la température et de la hau-
teur des eaux, etc., ne se lie pas très- visiblement à la proportion d'iode dans
les eaux de la Seine.
» Une plus grande vitesse des vents, la diminution de la pression atmo-
sphérique (les variations observées pendant vingt-sept mois sont restées
17..
( i*8 )
comprises entre 738mm,82 et 770mm,o,5), la sécheresse de l'air et l'état du
ciel agissent sans doute, comme l'élévation de la température, sur l'iode
des eaux; toutefois, soit défaut d'observations suffisamment prolongées,
soit inhabileté, soit que ces éléments, de moindre importance que la tempé-
rature, soient effacés par elle, la mesure de leur action ne nous paraît pas
avoir été mise en relief.
» Sous la réserve d'études plus complètes pour juger de l'influence de la
pression, de l'apparence du ciel et de l'état hygrométrique de l'air, de la
direction et de la vitesse des vents, on peut donc admettre que la proportion
de l'iode dans l'eau de la Seine est à peu près en raison de la hauteur des
eaux à l'étiage et de l'abaissement de la température. A niveau égal, c'est
donc en hiver que la Seine contient le plus d'iode.
» Pendant la période d'observations, la proportion de l'iode a varié de
5 à 2. La proportion moyenne correspond sensiblement, toutefois en oscil-
lant en raison de la température, à im,io à l'échelle du pont de la Tour-
nelle, qui est la hauteur moyenne des eaux dans le cours de l'année.
» Le poids de la somme du résidu terro-salin contenu dans l'eau de la
Seine, a Paris, a varié de 4 à 3; il est généralement en raison inverse de
l'élévation du niveau des eaux et en raison directe de la température. Quand
la proportion de ce résidu s'élève dans les eaux, celle de l'iode s'abaisse,
et réciproquement.
» A égalité des eaux à l'étiage pendant l'hiver et l'été, c'est donc à cette
dernière saison que correspond le maximum de résidu, comme le minimum
d'iode.
» E. La comparaison des eaux de la Seine aux eaux pluviales (j'ai étu-
dié celles-ci dans un travail fait à un autre point de vue) conduit à. recon-
naître :
» Que la proportion de l'iode est, en moyenne, plus élevée dans l'eau
de la pluie que dans celle du fleuve : cette observation, que j'ai faite bien
des fois, et notamment en comparant aux environs de Paris, ainsi qu'à
Londres et à Turin, les eaux des rivières, des sources et des puits aux eaux
pluviales tombées sur les mêmes points, indique que la différence entre les
eaux de la pluie et celles qui sourdent du sol est accrue : i° par un sol
argileux qui retient l'iode; 2° par la dissolution d'une quantité considé-
rable de sels terreux; 3° par le long parcours des eaux à la surface du sol ;
4° par l'élévation de la température;
» Que les matières organiques sont, comme l'iode, plus abondantes dans
l'eau de pluie que dans l'eau de Seine;
( iag )
» Que les chlorures sont, par rapport à l'iode et à la somme des ma-
tières fixes , plus abondants dans l'eau de la pluie que dans celle de
la Seine, etc.;
» Que les carbonates et les sulfates sont, par rapport à l'iode, plus rares
dans l'eau de pluie que dans l'eau de rivière et de source;
» Que la magnésie est, relativement à la chaux, ordinairement plus
abondante dans l'eau de pluie que dans l'eau de source ou de rivière;
» Que l'eau de rivière contient souvent moins d'acide carbonique que
l'eau de pluie.
» F. A Turin, la substitution des eaux pluviales aux eaux actuellement
bues est clairement indiquée comme obviant, dans une certaine mesure, à
l'insuffisance (suivant ce que j'estime) de la proportion d'iode contenue
dans celles-ci, d'ailleurs très-séléniteuses. A Londres et à Paris, dont les
eaux, assez légères, contiennent une proportion suffisante ou plus que suf-
fisante d'iode, cette substitution est inutile; on pourrait cependant recom-
mander aux habitants de Belleville, comme à ceux des nombreux villages
situés au pied des collines gypseuses des environs de Paris , d'avoir des
citernes ou de l'eau de rivière, et de délaisser leurs eaux séléniteuses, si la
sollicitude de l'Administration et le bon sens des particuliers n'avaient été
au-devant d'un tel conseil.
» Considérées dans leur ensemble, les eaux de Paris sont salubres. On
peut cependant améliorer cette base de l'alimentation.
» L'eau d'Arcueil ne devrait être distribuée que mélangée à celle du
puits artésien de Grenelle, qui en corrigerait la demi-crudité tout en com-
muniquant au mélange une suffisante ioduration.
» Les eaux du canal de l'Ourcq, améliorées par les eaux du Clignou, que
M. le baron Thenard y a fait introduire; par le détournement de celles de
la roche de Crégy, que MM. Boutron et O. Henry ont signalées comme
trop dures et qui sont, en outre, sensiblement privées d'iode, sont vraiment
bonnes, quoique l'opinion contraire ait été émise par le célèbre Vauquelin.
Elles seront excellentes le jour où, pouvant faire quelques sacrifices sur la
quantité, on les composera seulement de la rivière d'Ourcq, du Clignon et
de la Gergogne.
» La Seine, dont les eaux réunissent toutes les qualités les plus rares
jusqu'au pont de Charenton, perd successivement une partie de ces qua-
lités par le mélange des eaux de la Marne , du canal de l'Ourcq, et surtout
par la décharge des égouts.
» L'Administration municipale s'occupe de canaliser les égouts pour les
( i3o )
jeter en aval de Paris; mais, malgré tout son zèle, ce travail, chaque jour
interrompu par la crue des eaux, se traîne lentement. Puis les canaux coù-
teusement établis sur les deux rives, resteront encore les égouts des îles
populeuses de la Cité et Saint-Louis, qui se déverseront dans le fleuve, sans
compter les nombreux établissements de blanchissage ou de teinturerie,
établis sur bateaux dans la traversée de Paris.
» Abandonnera-t-on la roue hydraulique du pont Notre-Dame, et sur-
tout les pompes à feu du Gros-Caillou et de Chaillot, pour remonter toutes
les prises d'eau à l'entrée de Paris? mais alors la construction des grands
égouts latéraux à la Seine est inutile, et l'on devra encore, pour n'échapper
qu'en partie aux eaux de l'Ourcq et de la Marne, établir toutes les pompes
sur la rive gauche.
» Ici, une idée bien simple s'offre d'elle-même ; non celle qu'eut, en 1 766,
le savant Deparcieux d'amener à Paris les eaux de l'Yvette, et que condam-
nèrent les analyses faites par l'Académie des Sciences et la Faculté de Méde-
cine réunies; non celle d'aller chercher quelque autre des affluents de la
Seine, qui ne rachèterait l'infériorité de ses eaux que par le mérite de venir
de loin et de coûter beaucoup ; mais l'idée qui se présente naturellement à
l'esprit de chacun et que j'exprime comme proposition dernière et princi-
pale, d'introduire à Paris, par un canal, un volume suffisant des eaux de la
Seine prises tout à fait pures à ses portes, près le pont de Charenton. Ce
canal, par un trajet de 4 à 5 kilomètres seulement à travers des terrains de
peu de valeur, se rendrait au Jardin des Plantes, qu'il embellirait, pour
fournir, aux confins de ce dernier, près la Halle aux Vins, à un nombre suf-
fisant de pompes qui porteraient ses eaux dans tous les quartiers de Paris,
en empruntant les ponts pour le passage sur la rive droite. Paris réalisera
sans doute ce projet, le jour où il voudra ajouter à son alimentation un peu
de ce bien-être dont il entoure sagement aujourd'hui ses habitations, ou de
ce luxe qu'il prodigue, par amour du beau et par point d'honneur, à ses
monuments. »
physiologie. — Des phénomènes sensibles de la rumination;
par M. G. Colin.
(Commissaires, MM. Magendie, Flourens, Rayer.)
L'auteur, en terminant son Mémoire, le résume dans les propositions
suivantes :
« i°. Le départ du bol qui doit être envoyé de l'estomac dans la bouche
est signalé par une inspiration profonde suivie d'une rapide expiration.
( i3i )
» a°. La marche ascensionnelle de ce bol peut être suivie sur tout le
trajet de l'œsophage, d'abord dans la région thoracique au moyen de
l'auscultation, ensuite dans la région cervicale par la vue et le tou-
cher.
» 3°. Cette marche, toujours très-rapide, s'accompagne d'un bruit par-
ticulier bien caractérisé, annonçant que l'aliment est mêlé à une certaine
quantité de liquide probablement destiné à faciliter sa progression.
» 4°- Dès que la pelote est arrivée à la bouche, le liquide amené avec
elle est renvoyé par une, deux, trois ondées successives que le mouvement
de l'œsophage traduit, et que l'oreille, appliquée sur le cou, fait très-dis-
tinctement reconnaître.
» 5°. L'existence du liquide qui accompagne la pelote peut être dé-
montrée directement, quand, après avoir comprimé subitement l'œsophage,
on fait tomber de la bouche ce que la réjection y a amené, si toutefois on
a eu le soin d'opérer avec assez de promptitude pour que ce liquide n'ait
pas eu le temps d'être dégluti.
» 6°. Les aliments, dès qu'ils sont arrivés dans la cavité buccale, ont
une réaction alcaline. Chaque réjection en amène en moyenne 120 grammes
chez un animal de l'espèce bovine.
» 70. D'après le poids de chaque bol , on peut calculer qu'un bœuf,
qui mange journellement ia5oo grammes de foin, ne les ramené à la
bouche que par cinq cent vingt réjections, lesquelles exigent, pour se pro-
duire, un espace de temps de sept heures douze minutes, la mastication
de chaque pelote durant en moyenne cinquante secondes; d'où il suit que
plus du quart de la journée doit être employé à la rumination.
» 8°. La seconde mastication, que l'on peut appeler mérjcique, s'effec-
tue de telle sorte que les aliments sont, chez la plupart des ruminants,
broyés sous les molaires d'un même côté, à l'exclusion de celles du côté
opposé , tandis que chez quelques-uns ils le sont alternativement de l'un
et de l'autre côté. Aussi faut-il distinguer une mastication mérycique uni-
latérale, comme celle du bœuf, du mouton, et une autre, alterne, comme
celle du chameau et du dromadaire.
» 90. Les animaux qui ont la mastication unilatérale ne mâchent ce-
pendant pas toujours du même côté. Ils effectuent cet acte à droite pen-
dant une demi-heure, une heure et plus , puis à gauche dans la période
suivante.
» io°. Le nombre des coups de dents pour la mastication de chaque
( x3a )
pelote varie suivant les espèces, les âges, le régime et d'autres circon-
stances. Ainsi, les jeunes animaux, à cause de l'imperfection de leur sys-
tème dentaire, mâchent plus longtemps les aliments que les sujets adultes;
les animaux nourris avec des fourrages secs, plus longtemps que ceux
entretenus avec des substances vertes, etc.
» ii°. La rapidité avec laquelle s'effectue la seconde mastication est
aussi très-variable. Elle est plus grande chez les animaux vifs, à allures ra-
pides, tels que les gazelles, les cerfs, que chez ceux qui ont les mouve-
ments lents, comme le bœuf, le buffle, le bison. Elle est encore plus grande
chez les jeunes animaux que chez les adultes, plus sur la fin de la mastica-
tion d'un bol qu'au commencement.
» 12°. La durée moyenne de la mastication d'une pelote est, pour les
grands ruminants, de quarante à cinquante secondes. Elle peut descendre
à trente et monter quelquefois jusqu'à quatre-vingts.
» i3°. Lorsque l'animal est troublé pendant qu'il rumine, il peut in-
terrompre à plusieurs reprises la mastication d'une pelote , et ne déglutir
celle-ci que quand il se voit dans l'impossibilité d'en achever le broiement.
» i4°- La déglutition mérycique paraît se faire en une seule fois, et
aussitôt que la mastication de la pelote est achevée. Les mouvements de
l'œsophage, qu'on aperçoit dès que le produit de la réjection est arrivé
dans la bouche, indiquent le renvoi de l'eau qui avait accompagné l'ali-
ment; ceux qui se remarquent plus tard signalent le déplacement des gaz,
et peut-être de quelques parties de liquide qui sont parvenues à s'échap-
per de l'estomac. Dans tous les cas , ces mouvements ne coïncident point
avec des temps d'arrêt dans le jeu des mâchoires.
» i5°. Entre le départ du bol ruminé et l'arrivée à la bouche d'un bol
nouveau, il n'y a qu'un intervalle de quatre à cinq secondes, et cependant,
dans ce court espace, il se fait trois opérations distinctes : le bol ruminé re-
vient de la cavité buccale dans l'estomac, un bol nouveau est formé, saisi et
engagé dans l'orifice cardiaque, enfin il est envoyé sous les dents molaires;
cette vitesse de progression s'expliquerait difficilement si l'aliment n'était
noyé dans une certaine quantité de liquide.
» i6°. La rumination ne peut s'établir, et se continuer qu'autant qu'il
y a dans l'estomac une grande quantité d'aliments. L'animal cesse de ru-
miner, et finit par mourir de faim, quoiqu'il ait encore dans sa panse le
tiers et presque la moitié de ce qu'elle contient d'habitude.
» 170. Cette fonction n'est plus possible quand les aliments sont dessé-
( «33 )
(lies, ainsi <|iie M. Flourens l'a démontré, et lorsque, par des fistules, la
salive des deux parotides s'écoule à l'extérieur.
» 180. Elle se suspend pendant que les animaux sont soumis à des
travaux pénibles, à moins qu'ils ne soient très-forts, d'où la nécessité de
laisser ces animaux se reposer une partie de la journée, pour qu'ils puis-
sent ruminer ce qu'ils ont pris à leurs repas.
» 190. Enfin elle cesse d'avoir lieu sous l'influence de maladies même
légères, des opérations chirurgicales, des souffrances de toute espèce, du
rut, de contrariétés, etc. Ainsi elle devient, parla suspension plus ou moins
prolongée et son rétablissement, une sorte de thermomètre dont les indi-
cations, bien que quelquefois trompeuses, n'en ont pas moins le plus
souvent une grande importance. »
physiologie. — Nouvelles expériences tendant à réfuter les opinions
concernant l'existence d'une circulation péritrachéenne chez les insectes;
par M. ]\. Joly. (Extrait par l'auteur.)
( Commissaires nommés pour le Mémoire de M. Blanchard : MM. Duméril
et Milne Edwards. )
« Dans un travail lu à l'Académie des Sciences de Paris, le 3 décembre
1849, et hiséré dans les Mémoires de l'académie des Sciences de Toulouse
pour l'année i85o, je cherchais à établir que la circulation péritra-
chéenne ou intermembranulaire des insectes est physiquement, anatomi-
quement et physiologiquement impossible. Mes arguments et mes expé-
riences, faites sous les yeux mêmes de M. Blanchard et sur ses propres
préparations anatomiques, n'ont pas suffi pour convaincre l'auteur de la
nouvelle théorie.
» Aujourd'hui, M. Blanchard invoque à l'appui de ses idées les ré-
centes expériences de MM. Alessandrini et Bassi, sur la coloration du sys-
tème trachéen des vers à soie nourris avec des feuilles de mûrier saupou-
drées de garance ou d'indigo, et sur la possibilité d'obtenir, par ce moyen,
des cocons roses ou bleus.
» Nous avons repris ces expériences et elles nous ont conduit à de tout
antres résultats que nous avons exposés dans le Mémoire que nous avons
l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie, et dont nous nous
bornons à donner ici les conclusions.
» i°. En obligeant les vers à soie à se nourrir de feuilles de mûrier sau-
C. U., i852. a'ne Semestre, [T. XXXV. N° 4.) . l8
( i34)
poudrées de garance ou d'indigo, on peut obtenir, mais on n'obtient pas
toujours, des cocons rouges ou bleus;
» 20. La teinte plus ou moins prononcée que présentent ces cocons est
due à un simple frottement du corps du ver, chargé de particules colo-
rantes, sur la soie du cocon, et non à un acte essentiellement physiolo-
gique ;
» 3". Il suffit de teindre extérieurement, à l'aide d'un pinceau trempé
dans l'indigo, un ver nourri à la garance, pour en obtenir un cocon bleu ;
» 4°- En lavant avec soin un ver à soie nourri de feuilles saupoudrées
d'indigo, on voit l'animal produire un cocon blanc ;
» 5°. De l'aveu de tous les expérimentateurs, M. Blanchard y compris,
le régime à la garance ou à l'indigo n'a aucune action sur les filières : com-
ment donc pourraient-elles produire par elles-mêmes des cocons roses ou
bleus ;
» 6°. Le régime en question n'exerce non plus aucune action sur les
trachées : ces tubes respiratoires conservent, comme tous les viscères, leur
couleur naturelle ;
» 70. Lors même que les trachées deviendraient rouges ou d'un bleu
d'indigo, ce fait s'expliquerait très-bien en admettant qu'elles sont teintes
à l'extérieur par le sang qui les baigne, et qui aurait pris lui-même une de
ces nuances ;
» 8°. Cette coloration du sang en bleu ou en rouge n'ayant été aperçue
ni par MM. Alessandrini, Bassi et de Filippi, ni par moi; cette même colo-
ration n'étant, d'après eux, ni un fait général, ni un fait constant, et celle
des trachées ne l'étant pas davantage, cette irrégularité même accuse
d'inexistence la circulation entièrement vasculaire du sang chez les insectes,
et surtout sa circulation dans des espaces péritrachéens qui, selon moi,
n'existent pas non plus. »
prfysiOLOGiE. — Note de M. Trouessart, concernant ses recherches sur la
théorie de la vision.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Arago, Pouillet, Babinet.)
« ... J'ai appris depuis peu, par M. le professeur Plateau, que M. Flied-
ner avait publié dans les Annales de Pogendoiff, mars i85-2, un travail sur
le sujet qui m'occupait, et qu'il rattachait, comme moi, l'irradiation aux
mêmes causes que la vision distincte et confuse. Ce Mémoire a pour titre :
( '35)
Observations sur les images dispersées dans l'œil et sur une nouvelle théorie
de la vision. Autant que j'en puis juger par l'analyse que m'en a envoyée
un de mes amis, il y a, entre le travail de M. Fliedner et le mien, bien que
nous ne présentions pas la même théorie, de très - nombreux rapports.
Comme mon intention est de faire de la théorie que je propose sur la vision
la matière d'une thèse pour le doctorat es sciences, je tiens à constater
que mes recherches ont été faites dans l'ignorance complète de celles de
M. Fliedner. Je prie donc Monsieur le Secrétaire perpétuel de vouloir
bien faire ouvrir le paquet cacheté que j'avais déposé au mois de mai, et
qui renfermait une esquisse rapide de la théorie exposée dans le Mémoire
que j'ai adressé ultérieurement. 17 Académie y verra que, même avant de
connaître les observations de Kepler, de La Hire et de Jurin, relatées dans
mon Mémoire, et dont la Note ne fait pas mention, car il est très-vrai que je
les ignorais alors, j'avais été conduit aux mêmes expériences, et que j'expli-
quais la confusion de la vue et l'irradiation par la multiplicité des images que
donne le même objet à des distances plus petites ou plus grandes que celle
de la vision distincte. J'avoue que je croyais nouveaux les faits d'observa-
tion sur lesquels je fondais mon explication, sachant que les hommes les
plus versés dans la théorie de la vision, tels que MM. Arago et Plateau (i),
regardaient comme une anomalie, comme un vice organique individuel, le
fait de la multiplicité des images d'un même objet, vu à de grandes dis-
tances. Que l'Académie me permette de résumer, en peu de mots, cette
théorie très-simple, et établie désormais sur des faits nombreux, parfaite-
ment observés et décrits, bien avant moi, par Kepler, Là Hire et Jurin,
mais qu'aucun d'eux, cependant, n'avait songé à prendre pour base de la
théorie de la vision confuse et de l'irradiation.
» Les myopes à l'œil nu, et tous les autres yeux armés d'une loupe,
voient multiple et sans coloration la flamme d'une chandelle (et la chan-
delle elle-même au voisinage de la flamme) à toute distance plus grande
que celle de la vision distincte. Le nombre et la séparation des images
augmentent avec la distance. Cette multiplicité d'images ne se produit
pas, comme on sait, daus l'œil artificiel ou chambre obscure ordinaire. Il
y a seulement alors, sur l'écran de verre dépoli, pour les distances trop
grandes ou trop petites, une confusion de l'image, dont les apparences
(i) Comptes rendus, 1840, premier semestre, page 477 ; Mémoire sur l'irradiation; par
M. Plateau, page 8.
18..
( »36 )
s'expliquent très-bien par la théorie des cercles de dissipation de Jurin,
confusion que l'on peut d'ailleurs augmenter ou diminuer, conformément
à cette théorie, en augmentant ou en diminuant l'ouverture du diaphragme
qui représente la pupille. Mais on reproduit la multiplicité des images,
comme dans l'œil, en plaçant, soit devant, soit derrière l'objectif de la
chambre obscure, un écran percé de petits trous. Toutes les images se •'•
superposent et se réduisent à une seule, à la distance focale. Elles sont mul
tiples, plus ou moins superposées, à des distances plus grandes ou plus
petites, exactement comme pour l'œil. La conclusion est simple et pour
ainsi dire forcée : l'œil est une chambre obscure, devant ou derrière l'ob-
jectif de laquelle est un écran réticulé, c'est-à-dire présentant des pleins et
des jours, des taches opaques et des parties transparentes. La pupille, en
se contractant, peut toujours, pour les bonnes vues et enire des limites
très-écartées, réduire toutes les images à une seule. Pour les mvopes et les
presbytes, cela est impossible : il leur faut, ou une petite pupille artificielle
percée dans un écran, ou une lentille concave ou convexe. Mais pour les
meilleures vues, à de très-grandes ou à de très-petites distances, il y a tou-
jours un certain degré de confusion produit par la superposition seulement
partielle des images multiples. La partie commune détermine une image
fausse plus étroite et plus vive, entourée d'une auréole plus pâle, formée
par les parties non communes des images, de là l'irradiation. Les franges
ou bords multiples des objets très-éloignés, ainsi que les diverses appa-
rences que présentent les corps minces, les fentes étroites, les fils de cou-
leur différente vus côte à côte, les espaces annulaires, etc., s'expliquenl
très-facilement par cette même théorie, ainsi qu'on pourra le voir dans
mon Mémoire. »
Conformément à la demande de M. Trouessart, le paquet cacheté déposé
par lui dans la séance du 3i mai 1 85 1 est ouvert en séance, et la Note qui
y était renfermée contient, ainsi que cela était annoncé, un résumé som-
maire, mais très-suffisant, du Mémoire présenté dans une des dernières
séances.
botanique. — Recherches expérimentales sur la fécondation dans les
Mousses ; par M. H. Philibert.
(Commissaires, MM. de Jussieu, Brongniart.)
L'auteur, en terminant son Mémoire, le résume dans les conclusions
suivantes :
( '37 )
« i°. L'archégone des Mousses est un véritable ovule.
» a°. L'enveloppe extérieure, qu'on a appelée épigone et qui devient
plus tard la coiffe, est l'analogue du nucelle des Phanérogames.
» 3°. L'enveloppe membraneuse, qui est cachée sons l'épigone et qui
jusqu'ici n'avait pas encore été aperçue, représente un sac embryonnaire.
» 4°. Le corps intérieur, qui devient plus tard la soie et l'urne, est un
véritable embryon.
» 5°. Dans les Mousses, l'embryon, au lieu de se détacher de la plante
mère, pour donner naissance à une plante nouvelle, se développe sur place,
et donne naissance à une capsule remplie de spores.
» 6°. Les organes appelés anthéridies sont de véritables organes mâles,
renfermant une matière fécondante.
» 70. Cette matière fécondante s'introduit par le col tubuleux du nucelle
ou épigone. »
physiologie végétale. — Observations sur quelques assertions de
M. Gaudichaud, concernant l'accroissement des vége'tauoc ,• par
M. A. Trécul.
(Commission précédemment nommée pour un Mémoire de M. Trécul.)
« Les derniers Mémoires de M. Gaudichaud renferment quelques asser-
tions qui me concernent personnellement. J'espère que l'Académie voudra
bien me permettre de présenter à ce sujet quelques remarques.
» On trouve, dans l'un de ces Mémoires {Comptes rendus du t. i juin 1 852 ,
pages g3a et g33), le passage suivant : « L'auteur du Mémoire (y est-il dit)
» nous a communiqué une petite plaque de nouvelle formation du Nyssa,
» encore fixée sur un lambeau de l'ancien bois A la place du tissu
» générateur qui a été décrit par l'auteur et vérifié par les Commissaires,
» nous avons trouvé un plexus ligneux considérable, formé de vaisseaux
» ponctués et de fausses trachées — Il nous a été facile de constater que
» quelques-uns de ces vaisseaux, même ceux qui étaient situés au second
» rang intérieur des filets ligneux et verticaux de la tige, se dirigeaient
» vers les nouvelles productions ligneuses et qu'ils y pénétraient. Nous les
» avons suivis jusqu'au centre de la partie ligneuse des plaques, et nous
» avons abandonné l'observation parce que nous savions qu'une autre
» personne qui a de meilleurs yeux que les nôtres, et en qui nous avons
» une entière confiance, l'avait déjà complétée. Cette personne est
» M. Trécul lui-même. »
( i38 )
» Ceci exige explication : Il est vrai que j'ai donné à M. Gaudichaud
quelques fragments des excroissances du Njssa, afin qu'il pût s'éclairer
lui-même; et, avant de les lui remettre, je les ai examinés devant lui, avec
lui, en présence de quelques botanistes qui se trouvaient à la galerie de
botanique du Muséum. Après cet examen, M. Gaudichaud déclara qu'il
était satisfait et qu'il n'avait jamais douté de l'exactitude de mes obser-
vations.
» Ce n'est pas tout; j'ai décrit dans mon Mémoire des tubérosités à tous
les degrés de développement; j'en ai décrit qui ne sont composées que d'un
tissu cellulaire uniforme, d'autres qui sont constituées de deux parties bien
distinctes, l'une externe, rudiment de l'écorce, l'autre interne, rudiment du
bois, mais qui ne contient pas encore de vaisseaux; enfin, j'en ai décrit qui
renferment du bois dont les éléments vasculaires el fibreux sont très-bien
développés, et dans lesquelles la nouvelle production fibro-vasculaire est
toujours séparée de l'ancien bois par une couche de tissu cellulaire, en sorte
qu'il n'y aucune communication directe entre les vaisseaux de l'ancien
bois et ceux du nouveau.
» Désirant que M. Gaudichaud s'éclairât sur tous les points, je lui
donnai des productions imparfaites aussi bien que des productions dans
un état de complet développement. C'est aux premières seulement, aux
productions imparfaites, que peut être rapporté le passage suivant ( Comptes
rendus du 21 juin i85a, page 95g), qu'il donne comme étant applicable à
tout ce que je lui ai remis. Voici ce passage : « Relativement à la partie
» corticale des plaques ligneuses, il va sans dire que nous n'avons rien
» trouvé sur l'échantillon que nous possédons, qui pût légitimement la faire
» comparer à l'écorce naturelle du Nyssa. Il est bien inutile de dire que
» la partie ligneuse de ces plaques n'avait aussi rien de commun avec le
» bois de la tige de cet arbre. Cela est naturellement impossible, physique-
» ment et organiquement. »
» Ceci, je le répète, n'est applicable qu'à l'une des productions que je
lui ai confiées, à la plus jeune. M. Gaudichaud, d'ailleurs, me semble, en
contradiction avec lui-même, car il dit avoir trouvé dans la plus âgée un
plexus ligneux, formé de vaisseaux ponctués et de fausses trachées, qui
pénètre jusqu'au centre de la partie ligneuse des plaques , où il l'a suivi,
dit-il dans le premier passage cité. S'il y a une partie ligneuse et des vais-
seaux, il y a donc quelque chose de commun avec le bois de la tige, quelque
chose de semblable à lui.
» M. Gaudichaud a omis d'ajouter que j'ai longtemps hésité à lui don-
( i3g)
lier la tubérosité imparfaite, parce qu'étant trop jeune, lui disais-je, elle ne
pouvait lui fournir aucun élément de conviction, tandis qu'il avait dans le
fragment de la plus âgée tout ce qui était nécessaire pour l'éclairer. Il ne
peut avoir oublié que c'est seulement sur ses demandes réitérées que j'ai
consenti à' lui abandonner la pièce imparfaite dont il se sert contre moi.
» Qu'il me soit permis, pour ma propre défense, de faire encore quel-
ques observations sur d'autres points des Mémoires de M. Gaudichaud.
» Dans la séance du 3i mai i852 (Comptes rendus, page 816) il dit :
« Nous soutenons... que le système descendant, ligneux ou radiculaire...
» se constitue successivement de haut en bas. » La même opinion est ex-
primée comme il suit à la page 2 5 de ses Recherches générales surl'Orga-
nographie, la Physiologie et i Organogénie des végétaux : « En général les
» tissus ligneux descendent ou coulent perpendiculairement, quand rien
*"Â ne s'oppose à leur marche. » On le voit donc, M. Gaudichaud pensait
encore, le 3i mai i852, que les tissus ligneux sont formés de haut en bas;
mais trois semaines plus tard, la discussion l'ayant éclairé, il a changé d'opi-
nion. Voici comment il s'exprimaità cet égard dans la séance du 21 juin 1 852
(Crjmptes rendus, page g3o) : « Vers la fin de mai, tous ces vaisseaux ont
» pour ainsi dire disparu sous cette sorte de pâte ligneuse qui se forme par
» rayonnement, et qui est composée de tissus fibrillaires, ou, si l'on veut,
» de cellules allongées. »
» C'est précisément là ce que j'ai démontré dans les Mémoires que j'ai
publiés précédemment et ce que je cherche à prouver de nouveau dans le
Mémoire qui fait le sujet de cette discussion. Comment est produite cette
pâte ligneuse par rayonnement ? L'est-elle par le cambium ? M. Gaudichaud
ne le dit pas ici. Cependant on serait en droit de le conclure des passages
que j'emprunte aux pages 26, 27, 28, 29, 36, 92, 95, 109 des Recherches
générales sur V Organographie , la Physiologie et V Organogénie des végé-
taux, publiées en 1 841, par M. Gaudichaud.
» Je ferai ici deux citations seulement, je renvoie pour les autres à la Note
jointe à ce Mémoire, ou aux pages indiquées de l'ouvrage de M. Gaudichaud.
Voici ce que l'on trouve à la page 26 : « Chaque branche donne nais-
» sance à ses rameaux, chaque rameau à ses bourgeons, chaque bourgeon
» à ses feuilles. Ces feuilles, à leur tour, émettent chacune un nombre égal
» de vaisseaux tubuleux, destinés à former une nouvelle couche de bois, et
>» qui s'organise en descendant dans la voie du cambium (1). »
(1) « Foie du cambium. C'est dans cette voie que les sucs élaborés dans les feuilles viennent
( >4o )
» Il y a plus: cette voie du cambium a été figurée par M. Gaudichaud
dans les PL VII, fig. i\'A, c; PL VIII, 5, /•; PL XII, 16, /;/, ///, du même
ouvrage.
» L'explication de la PL XII est accompagnée de l'observation suivante :
« Voie du cambium par où passent les vaisseaux descendant des feuilles
» supérieures. » Et M. Gaudicbaud a le soin d'ajouter : « Elle n'est pas
» assez nettement indiquée ici. »
» Ce cambium, cpie je n'ai jamais vu, d'ailleurs, sous la forme signalée par
ce savant anatomiste, ne serait-il pas ce qui donne lieu aux excroissances qui
se développent sur les parties dénudées des arbres décortiqués? Si ce n'est
pas lui, c'est quelque chose qui lui ressemble beaucoup, en adoptant, toute-
fois, l'opinion de M. Gaudichaud. En effet, voici ce qu'il dit à ce sujet, à la
page 932 des Comptes rendus de la séance du ai juin i85a : « On a en-
» levé une longue bande circulaire d'écorce sur un arbre , et il a suinté sur
» divers points de la surface ligneuse, fraîchement mise à nu, un fluide
» gélatineux, une gourme, comme dit Duhamel, ou, si l'on veut, une sorte
» de lymphe plastique, qui, malgré l'ombre et l'humidité, a fini par s'or-
» ganiser entièrement et par se solidifier à la surface en croûte corticale
» Ce fluide gélatineux, qui sort ainsi des arbres écorcés, est-il le cambium?
» Ce cambium forme-t-il le tissu générateur? et ce tissu générateur, en se
« transformant, produit-il des vaisseaux? Voilà toute la question.
» Quoi qu'il en soit, ce liquide gélatineux, et en voie d'organisation,
» sort d'entre les vaisseaux du bois par un ou plusieurs points, s'étend a
» la surface en plaques de diverses grandeurs qui abritent les tissus vas-
» culaires sous-jacents. »
» M. Gaudichaud, dans ce passage, tout en semblant adopter une opi-
nion des anciens physiologistes, la modifie de manière à la rendre, suivant
moi, encore moins conciliable avec les faits. Duhamel a décrit seulement (1 1
des mamelons gélatineux qui sortaient d'entre les fibres longitudinales de
l'aubier. Or, il ne sort rien d'entre les fibres de l'aubier. Voilà l'erreur de
Duhamel, et M. Gaudichaud l'a aggravée en disant que ces mamelons sont
d'abord constitués par un liquide qui finit par s'organiser, par se solidifier.
» de haut en bas se convertir en tissu ligneux et corticaux , d'après des lois que nous formu-
» lerons dans la partie de ce travail qui traitera de la Physiologie et de l'Organogenie. »
[Recherches générales sur l'Organographie, la Physiologie et l'Organogenie des végétaux .
Paris, 1 84 1 , page 92 , ligne 18.)
( 1 j Physique des Arbre*, tome II , page ^-?.
( <4i ) .
» A aucune époque, ces productions ne sont liquida; elles sont formées
de cellules dès le principe, et ces cellules, d'aspect gélatineux, comme
toutes les très-jeunes productions ntriculaires, sont engendrées par. celles
de la couche génératrice qui sont restées à la surface de l'aubier après l'en-
lèvement de l'écorce. »
physiologie. — Du phosphate de chaux dans ses rapports avec la nutrition
des animaux et la mortalité des enfants; par M. Mouriès. (Extrait
par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Serres, Flourens, Pelouze, Milne Edwards, Rayer.)
« Au milieu de quelques expériences faites dans le but d'affirmer, par des
résultats chimiques, la belle loi de la mutation des éléments dans les tissus
vivants, le rôle du phosphate de chaux s'est présenté à moi sous un jour
tout nouveau et si important au point de vue de l'hygiène publique, que j'ai
dû en faire une étude séparée. Il résulte de mon travail, que si le phosphate
de chaux forme et nourrit les os, ce n'est pas là cependant, comme on le
croit communément, son rôle principal. Son action consiste surtout à pro-
voquer et entretenir l'irritabilité vitale dans les animaux comme dans cer-
taines plantes; aussi le trouve-t-on dans le sang en quantité déterminée, mais
variable, suivant la chaleur de l'animal, sa jeunesse, son activité vitale ;
aussi les oiseaux meurent plus rapidement que les quadrupèdes, par
insuffisance de ce sel ; aussi en contiennent-ils deux fois plus, quoiqu'ils
aient quatre fois moins d'os à nourrir.
» Dans la deuxième partie de ce Mémoire, je constate que, dans les villes
surtout, le fœtus et l'enfant trouvent rarement la quantité de ce sel néces-
saire au développement et à la vie; et de tous les faits groupés ensemble, il
résulte que là est évidemment une des causes des maladies et de la morta-
lité énorme des enfants, de ceux surtout qui sont nourris dans les villes. En
effet, de l'avis de tous les savants, sans une quantité suffisante de phos-
phate de chaux, un enfant ne peuf se développer ni vivre ; et, d'après les
analyses les plus simples, les plus évidentes, ce sel se trouve en quantité
insuffisante dans l'alimentation des enfants. Ce principe de vie manquant,
il y aura nécessairement principe de maladie et de mort. »
C. R. litfî i™* Semestre. (T. XXXV, N»4.) '9
. ( i4a )
M. Ed. Robin soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant
pour titre : « Loi nouvelle permettant de prévoir, sans l'intervention des affi-
nités, l'action que les corps simples exercent sur les composés binaires, spé-
cialement par la voie sèche. »
(Commissaires, MM. Pelouze, Bussy. )
M. Dupuy-Delcoubt présente la description et la figure d'un appareil
qu'il a imaginé pour soutirer l'électricité des nuages porteurs de grêle, et
qu'il désigne sous le nom d'électro-substracteur.
(Commissaires, MM. Arago, Babinet.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Intérieur, de l'Agriculture et du Commerce
accuse réception de la Lettre qui lui annonce que les Comptes rendus heb-
domadaires des séances de l'Académie seront dorénavant adressés réguliè-
rement à son Ministère. M. le Ministre en remercie l'Académie.
M. le Ministre de la Police générale remercie également l'Académie
à l'occasion d'une semblable annonce.
M. le Ministre de la Marine et des Colonies accuse réception d'une
copie du Rapport fait à l'Académie sur les procédés de panification inven-
tés par M. Rolland, et témoigne l'importance qu'il attache à la communi-
cation de ce document.
M. le Ministre de l'Intérieur , de l'Agriculture et du Commerce
adresse, pour la bibliothèque de l'Académie, le premier volume de X An-
nuaire des eaux de la France. {Voir au Bulletin bibliographique.)
L'Académie américaine des Arts et Sciences de Roston remercie l'Aca-
démie des Sciences pour l'envoi de plusieurs volumes de ses publications.
M. Flourens communique une Lettre de M. Mitscherlich , qui le prie
de vouloir bien transmettre à l'Académie, qui vient de le nommer à une
place d'Associé étranger, l'expression de sa reconnaissance.
M. d'Abbadie, récemment nommé à une place de Correspondant
pour la Section de Géographie et de Navigation, adresse ses remerciments à
l'Académie.
( i43)
minéralogie. — Note sur la soude hydrosilicatée rencontrée cimentant un
amas bréchiforme dans les sables de Sablonville ; par MM. L. Kaafft
et. IV. -B. Delahaye.
« Dans la séance du 21 juin dernier, à la Société géologique de France,
l'un de nous a déposé sur le bureau un bloc échantillon de sable et de
cailloux agglutinés par de la soude hydrosilicatée.
» Ce nouveau minéral a été rencontré dans les sables, auprès des forti-
fications de Paris, dans une propriété, où il incruste des masses considé-
rables, à 1 mètres, ou à peu près, au-dessous de la surface du sol.
% L'attention bienveillante des géologues, et l'intérêt que ces savants ont
paru porter à notre communication, nous ont engagés à entreprendre une
série de recherches sur ce curieux produit qui n'avait jamais été signalé dans
le règne minéral. Nous venons aujourd'hui solliciter de l'Académie l'hon-
neur de lui rendre compte de la première partie de nos travaux, nous réser-
vant d'entrer dans la théorie dans un Mémoire subséquent.
» Cet amas a été mis au jour dans une tranchée faite pour les fondations
d'un bâtiment. Une première visite sur le terrain nous a permis de constater
que les ouvriers avaient déjà sorti de la fosse 10 000 kilogrammes environ
d'hydrosilicate de soude.
» Nous devons, à cette occasion, rappeler ce que nous avons consigné,
avec toute la réserve que comporte une telle question, dans notre Note du
2 1 juin dernier, à la Société géologique, « que des fouilles faites avec soin
» dans les alentours du gisement, n'avaient donné aucune trace ni indice
» d'anciennes usines ou de puisards qui pourraient faire croire à un acci-
» dent de l'industrie. »
» En place, la roche se présente en amas caverneux bréchiformes ; les
grains de sable et les fragments de cailloux y sont cimentés par de l'hydro-
silicate de soude. Elle est poreuse et friable; elle laisse voir de nombreuses
cavités remplies par des rognons volumineux, formés en entier du minéral
incrustant. Ces rognons, irrégulièrement disséminés dans la masse sablon-
neuse, affectent l'état géodique ; l'intérieur des géodes est tapissé de cristaux
cubiques ou mamelonnés. Plusieurs échantillons de la roche et de ces
rognons, déposés sur le bureau, sont à la disposition de l'Académie.
» Nos premières analyses, répétées avec soin sur la matière brute, nous
ont donné un résultat sensiblement identique à celui déjà consigné dans
nos Notes du 21 juin dernier à la Société géologique de France et dans
19..
( '44 )
celle dont vous avez accepté le dépôt sous pli cacheté dans la séance du
5 juillet courant. Nous prions M. le Président de vouloir bien autoriser
l'ouverture de ce paquet.
Analyses de la roche incrustée.
Sable en grains 3t), 25 4° > ' 7
Argile légèrement ferrugineuse 2, i5 i ,82
Silice à l'état solnble 1.2 ,oo 1 3 ,24
Soude -. 9 ; 00 1 o , 04
Eau et acide carbonique . . 36, 4o 34,62
98 , 80 99 , 89
» L'acide carbonique indiqué dans nos premières analyses, provient de
ce que les échantillons essayés avaient été préalablement exposés à l'action
de l'air atmosphérique; nous y avions aussi constaté, mais sans dosage,
des traces de chlorure et de sulfate solubles.
Analyse du centre des rognons et des cristaux.
Matière insoluble 1 , i5i
Silice soluble 22, i56
Sulfate sodique ...... o , 246
Soude. . . ' 20 ,653
Sel marin. ... o ,453
Eau 55,34i
1 00 , 000
» Ce nouveau minéral est entièrement soluble dans l'eau; l'alcool absolu
lui enlève un peu de soude caustique; la dissolution aqueuse abandonnée
à l'air absorbe de l'acide carbonique; il se forme du carbonate de soude
la silice passe à l'état gélatineux. Il est probable que c'est à un fait ana-
logue (le lavage des eaux de pluie par exemple), que les rognons doivent leur
forme arrondie et que les couches de la circonférence sont moins solubles
et plus siliceuses que celles du centre.
» Nous pensons que là est le seul moyen de faire concorder l'analyse
ci-dessus avec la formule (NaO)*,2SiOs donnée par M. Fritzsche à un
silicate de soude obtenu artificiellement, bien que cette formule comporte
2 pour 100 de soude de plus que nous en trouvons.
» Si le minéral que nous signalons à l'attention des savants, se rencon-
trait sur d'autres points; si, au lieu d'être un accident de l'industrie, il était
un fait géologique , les .applications du verre solnble indiquées par
( iW)
MM. Fuch, de Berlin, Kuhlmann, de Lille, et celles faites plus récemment
en Angleterre deviendraient réalisables sur une grande échelle. »
mickographie. — Sur un parasite qui se développe, dans des circonstances
exceptionnelles , à la surface de certaines substances alimentaires et les
jait paraître couvertes de sang. (Lettre de M. Montagne à M. Flourens.)
« Il vient de se passer sous mes yeux un phénomène extraordinaire, sur
lequel je crois devoir appeler un instant l'attention de l'Académie. J'en avais
bien eu déjà connaissance par deux Mémoires qui en ont traité spéciale-
ment, mais je n'en avais jamais été témoin. Ce phénomène est d'ailleurs si
rare, que je ne sache pas qu'il ait encore été mentionné chez nous. Il s'agit
du développement d'un parasite, animal ou végétal, qui, dans certaines
circonstances, envahit les substances alimentaires, mais surtout les pâtes,
et les teint d'un rouge vif qui rappelle la couleur du sang artériel.
» Selon l'interprétation donnée à plusieurs faits historiques par M. Ehren-
berg, qui a publié, sur cette production, un travail fort intéressant et plein
d'érudition, son apparition aurait donné lieu, dans les siècles d'ignorance, à
de funestes erreurs, en faisant condamner au dernier supplice de malheu-
reuses victimes, bien innocentes du crime qu'on leur imputait. C'est, en
effet, à ce phénomène qu'il faut rapporter tous ces exemples de sang trouvé
dans le pain, sur des hosties, etc., que la crédulité de nos pères attribuait
à de coupables maléfices , ou regardait comme des prodiges de funeste
présage.
» Le i/| juillet dernier, j'étais au château du Parquet, près Rouen, chez
madame Ricard, en compagnie de M. Auguste Le Prévost, Membre de l'In-
stitut. Chacun sait que, depuis une dizaine de jours, la température était
restée excessivement élevée. Les domestiques, fort émerveillés de ce qu'ils
venaient de voir, nous apportèrent la moitié d'une volaille, rôtie de la veille,
laquelle était littéralement recouverte d'une couche comme gélatineuse d'un
rouge de carmin très-intense, et seulement d'un rose vif dans les lieux où
celle-ci était plus mince. Un melon entamé en présentait aussi quelques
vestiges. Des choux-fleurs cuits, mais qui avaient été jetés et que je n'ai pu
voir, offraient la même coloration, au dire des gens de la maison. Enfin,
trois jours plus tard, une cuisse de poulet avait encore été envahie par la
même production. Examinée avec un microscope d'une puissance mé-
diocre, que mit à ma disposition M. Le Prévost, je pus facilement me con-
vaincre que c'était bien la même qu'avait observée le savant Académicien
de Berlin; car, quelques années auparavant, M. le docteur Rayer, qui en
( i46)
avait reçu de l'auteur un exemplaire, l'avait soumise à mon examen, déve-
loppée cette fois sur du riz cuit.
» Que ce soit un animalcule (Mouas prodigiosa) comme le veut M. Ehren-
berg, ou un champignon (Zoogalactina imetropha), comme le prétend
M. Sette, toujours est-il que les individus en sont si prodigieusement petits,
que leur diamètre égale au plus ■— de millimètre, et qu'il faut un grossis-
sement d'au moins huit cents fois pour les observer convenablement. Ce
parasite se reproduit avec la plus grande facilité quand il est semé, dans des
conditions favorables, sur du riz cuit par exemple, placé entre deux as-
siettes ou dans des vases clos. M. Pietro Col, chimiste padouan, l'a employé
pour teindre la soie en rose de plusieurs nuances.
» On trouvera des détails sur ce rare et curieux phénomène dans le tra-
vail de M. Sette , intitulé : Memoria storico-naturale sull' arrossimento
straordinario di alcune sostanze alimentjse osservato nella provincia di
P adova ,V anno 18:9, Venezia, i8a4,in-8°; et dans le Mémoire de M. Ehren-
berg, publié parmi ceux de l'Académie des Sciences de Berlin pour l'an-
née 1848. »
A cette lettre est joint un spécimen de la matière formée par le Monas
prodigiosa.
météorologie. — Mirage du clocher illuminé de la cathédrale de
Strasbourg, observé à 10 lieues de la ville. (Extrait d'une Lettre de
M. Andraud.)
« M'étant trouvé au nombre des invités à l'inauguration du chemin de fer
de Strasbourg, j'ai eu la bonne fortune d'être témoin d'un phénomène de
mirage d'une grande beauté , et qui s'est produit dans des circonstances
si rares, que le fait m'a semblé digne d'être porté à la connaissance de
l'Académie.
» Le 19 juillet au soir, je revenais de Bade a Strasbourg par le chemin de
fer. Nous avions déjà parcouru le petit embranchement qui se relie à la ligne
rhénane ; il était à peu près 9 heures : l'air était calme et la température éle-
vée. Malgré l'obscurité crépusculaire,* on voyait s'élever au-dessus du Bhin
une vapeur légère à travers laquelle se dessinaient les montagnes des Vosges.
Tout à coup je vis le haut clocher de Strasbourg tout illuminé ; il m'appa-
raissait comme à une distance d'une demi-lieue au delà du fleuve : ses dimen-
sions étaient colossales. En réalité le monument aurait eu plus de 1 000 pieds
de hauteur. Je distinguais parfaitement les lumières de diverses couleurs
( 1*7)
que, le matin, en visitant la cathédrale, j'avais vu préparer. Dans ma sur-
prise je crus que c'était, en effet, le clocher de Strasbourg que j'avais sous les
yeux ; mais quand je vins à songer que nous étions à plus de 1 o lieues de cette
ville, je compris que j'étais témoin d'un phénomène de mirage, et je me
disposais à en examiner les particularités, lorsque tout disparut, soit que
dans l'atmosphère les conditions de réfraction aient cessé tout à coup, soit
plutôt qu'étant emporté sur le chemin de fer, j'aie perdu le point conve-
nable pour bien voir. Quoiqu'il en soit, j'ai longtemps cherché dans l'ho-
rizon ma vision féerique sans pouvoir la ressaisir. Ce n'est que deux heures
plus tard, après avoir repassé le Rhin, que j'ai revu le vrai clocher de Stras-
bourg, illuminé encore, mais, hélas! bien triste et bien mesquin auprès du
beau clocher fantastique qui m'était apparu à 10 lieues de là deux heures
auparavant. »
physique DU globe. — Des eaux incrustantes de S a lies- la-Source , et des
eaux sulfureuses du Pont {Aveyron) ; par M. Ch. Blokdeau. (Extrait.)
« ... On trouve, à peu de distance de Rodez, une source qui possède lu
propriété incrustante au plus haut degré, et sur laquelle il nous a été facile
de faire des études analytiques fort nombreuses. Le village de Salles, où l'on
observe cette source, est situé à 1 1 kilomètres de Rodez : il est bâti en
amphithéâtre sur le penchant d'un coteau et dominé de toutes parts par les
puissantes assises du calcaire de Lias, séparées d'une couche épaisse de
sable, par les marnés basiques. Les eaux qui ont traversé la formation cal-
caire sourdent au niveau des marnes argileuses qui s'opposent à leur pas-
sage, et les forcent à s'élancer tantôt en filets minces et isolés, d'autres fois
en masses imposantes, ainsi que cela se voit à Salles, dont la source est assez
abondante pour imprimer le mouvement à plusieurs usines.
» L'eau de Salles est fortement alcaline, elle verdit le sirop de violettes
et ramène au bleu le papier de tournesol rougi. A sa sortie du rocher, elle
n'est point incrustante; elle ne dépose point de calcaire sur les substances
qui se trouvent immédiatement placées sur son passage.
» Cette eau est fortement corrosive : les matières organiques qu'elle ren-
contre disparaissent en peu de temps. Ainsi, il existe une fabrique située à
peu de distance de l'origine de la source, dont la roue hydraulique doit
être fréquemment renouvelée, car elle est rongée en peu de temps par cette
eau alcaline qui cependant ne l'incruste pas. Après avoir mis en mouvement,
les machines de cette fabrique, l'eau de la source circule dans une prairie
d'une assez grande étendue et forme un petit cours d'eau peu profond,
( JM )
qui se précipite sous forme de cascade d'une hauteur de 4o mètres environ.
Après sa chute, l'eau paraît avoir changé complètement de nature; elle
corrode beaucoup moins les substances organiques et devient alors capable
de les incruster. Ainsi, les aubes de la roue hydraulique qui imprime le
mouvement à la grande fabrique de draps de M. Carsenac, s'incrustent si
complètement, qu'on est forcé d'enlever de temps en temps, à l'aide de
ciseaux, l'épaisse couche de calcaire qui surcharge le moteur d'un poids
inutile.
» On est forcé de reconnaître qu'il s'est opéré un grand changement dans
Ja nature de ces eaux en parcourant la distance qui sépare la première de ces
fabriques de la seconde. On ne saurait admettre que c'est à la présence de
. l'acide carbonique que cette eau doit sa propriété corrosive, car rien n'in-
dique que ce gaz soit contenu en grande quantité dans l'eau de cette
source ; ce n'est pas non plus en perdant ce gaz qu'elle est devenue in-
crustante, car elle sort du sol avec une telle impétuosité, que ce serait à*cet
instant qu'elle devrait perdre la plus grande partie de son acide carbonique
et laisser un dépôt de carbonate de chaux; or on n'observe ni dégagement
de gaz, ni dépôt de calcaire.
» Ce premier examen nous portait donc à penser que la propriété incru-
stante de l'eau de Salles n'est pas due à l'acide carbonique tenant en disso-
lution du carbonate de chaux, mais bien à de la chaux caustique qui se
carbonate par son contact avec l'air. L'analyse complète de l'eau de cette
source, qu'on trouvera dans cette Note, nous paraît confirmer pleinement
cette conjecture.
» Les résultats d'une analyse de l'eau, prise à la source le 26 octo-
bre 1 85 1 , nous donne pour l'eau de Salles, en admettant que la chaux et
la magnésie s'y trouvent à l'état caustique, la composition suivante :
p
Chaux caustique 0,0401
Magnésie caustique o,oi38
Silice 0,0017
Alumine 0,0016
Chlorure de sodium . . . . '. o ,oo23
Chlorure de calcium o ,oo54
Chlorure de magnésium o , oo3 1
Sulfate de magnésie o ,oo34
Total 0,0714
» ... Nous ne connaissons aucune action chimique s'accomplissant de
( i4g)
nos jours qui puisse rendre compte d'une manière satisfaisante de la pré-
sence de la chaux libre dans les eaux de source. Mais en examinant la
nature des terrains dans lesquels sourdent les eaux incrustantes que nous
avons étudiées, on trouve une cause à laquelle on peut attribuer ce phéno-
mène. Les terrains jurassiques qui forment le département de l'Aveyron
ont été, ainsi que les terrains de l'Auvergne, soulevés par des volcans dont
les laves ont emprisonné dans leur intérieur des fragments de carbonate de
chaux, qui se sont trouvés convertis en chaux par l'action de la chaleur,
(^ette substance existe depuis des siècles à l'état caustique, emprisonnée
qu'elle est dans une pâte imperméable à l'air. Les eaux, en s'infiltrant au
milieu de ces couches, peuvent dissoudre la chaux, entraîner au loin cet
alcali et donner naissance aux phénomènes d'incrustation dont nous avons
fait connaître le mode de formation.
» Cette explication s'est présentée naturellement à notre esprit lorsqu'en
examinant les laves des volcans anciens du plateau central de la France,
nous y avons trouvé d'énormes fragments de chaux caustique. »
M. Roulin met sous les yeux de l'Académie un cocon de ver à soie
d'une teinte rose uniforme et qui a été obtenu, ainsi que quatre autres
semblables, en nourrissant les vers avec des feuilles de mûrier saupoudrées
de chica (i).
« Quoique la teinte rose de ce cocon, dit M. Roulin, soit notablement
plus intense que la teinte bleue d'un cocon présenté, il y a quelques an-
nées, à l'Académie et qui avait été obtenu en employant l'indigo comme
on a employé cette fois la chica, je ne doute point qu'on ne pût avoir des
résultats encore beaucoup plus satisfaisants. L'expérience, en effet, a été
faite dans des circonstances très-défavorables : les feuilles n'ont pas été
renouvelées aussi souvent qu'il eût été désirable; les grandes chaleurs du
milieu de ce mois ont aussi été contraires à la santé des vers, dont les trois
quarts ont péri avant leur dernière mue. Six seulement se sont transformés
en chrysalide, et un d'eux n'a pas fdé. J'ajouterai que la chica était de
qualité inférieure ( mélangée de matières terreuses) et en si petite quantité,
qu'on n'en a pu donner aux vers dans les quatre ou cinq derniers jours qui
ont précédé leur montée. »
(i) Voir, sur cette matière colorante qui est obtenue du Bignonia chica , un Mémoire île
M. Boussingault , inséré dans les Annales de Chimie et de Physique , année 1824.
C. K., iH5a. am» Semestre. (T. XXXV, N° 4. ) ÏÔ
( >5o)
M. Robouam communique un fait à l'appui d'un Mémoire qu'il avait lu
précédemment, et dans lequel il signalait les Coccus, les Acariens et les
Aphidiens comme les agents les plus puissants de la maladie de la vigne ,
de la pomme de terre et la betterave.
(Commission précédemment nommée.)
M. de Paravey adresse une Note dont il donne lui-même le résumé dans
les termes suivants :
« M. de Paravey, dans une Lettre à M. Flourens, établit sur des preuves
» positives et toutes nouvelles, que V hippopotame est cité sous le nom de
» pysie dans les anciens livres conservés en Chine, ce qui confirme ses
» anciens travaux sur le planisphère de Denderah, qu'il a aussi montré
» exister en Chine, comme l'a autrefois vérifié le célèbre Delambre. »
M. Jacob prie l'Académie de vouloir bien comprendre dans le nombre
des ouvrages admis à concourir pour les prix de la fondation Montvon, le
troisième et dernier volume du Traité complet de V Anatomie de l'homme,
qu'il a publié de concert avec feu M. Bourgery.
(Commission des prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation
Montyon. )
M. Sestier adresse, pour le même concours, son Traité de l'Angine
laryngée œdémateuse.
(Renvoi à la même Commission.)
M. Ja.miv (Célestin) prie l'Académie de vouloir bien se prononcer sur la
valeur d'inventions qu'il désigne sous le nom à' hydraulique systématique.
M. Combes est invité à prendre connaissance de l'écrit de M. Jamin, et à
faire savoir à l'Académie s'il est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
M. Brachet envoie une nouvelle Note sur les Microscopes.
L'Académie accepte le dépôt d'un paquet cacheté adressé par M. Jones
(Bence), et de deux, paquets cachetés adressés par M. Plaut.
La séance est levée à 5 heures. F.
( '5. )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 26 juillet i85a, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des sévices de l'Académie des Sciences,
ie semestre i85a ; n° 3; in-4°.
Annales des Sciences naturelles, comprenant la zoologie, la botanique, l'ana-
tomie et la physiologie comparée des deux règnes, et l'histoire des corps orga-
nisés fossiles ; 3e série, rédigée pour la zoologie par M. MiLNE Edwards,
pour la botanique par MM. Ad. Brongniart et J. Decaisne;. tome XVII;
n° 3; in- 8°.
Traité de l'Angine laryngée œdémateuse; par M. le Dr F. Sestier. Paris,
i85a ; 1 vol. in-8°. (Présenté au concours pour les prix de Médecine et de
Chirurgie. )
Annuaire des eaux de la France pour 1 85 1 , publié par ordre du Ministre
de l'Agriculture et du Commerce et rédigé par une Commission spéciale. Paris
Imprimerie nationale; tome I; 1 85 1 ; 1 vol. in-4°.
Dernières considérations morales, théoriques et pratiques, sur la coutume
imprévoyante , anti-chrétienne et homicide des inhumations précipitées, et sur la
nécessité des maisons ou dépôts mortuaires ; par M. Hyac.-L. de Kerthomas.
Lille, 'i 85a; broch. in-8°.
Note sur la composition chimique des 'sources ferrugineuses de la Loire- Infé-
rieure; par MM. Adolphe Bohierre et Moride. Nantes, i85a; broch. in-8°.
Etudes sur l'organisation des espèces qui composent le genre Meliola; par
M. Ed. Borjnet; broch. in-8°. (Extrait des Annales des Sciences naturelles;
tome XVI; cahier n° 5.)
Place de la géographie dans la classification des connaissances, humaines; par
M. E. Cortambert. Paris, i85a; broch. in-8°. (Extrait "du Bulletin de la
Société de Géographie, mars i85a.)
Les trois règnes de la nature. — Règne animal. — Histoire naturelle des oiseaux ,
classés méthodiquement, avec l'indication de leurs mœurs et de leurs rapports
avec les arts, le commerce et l'agriculture; par M. Emm. Le Maout ; 9e à
11e livraisons; in-8°.
Mémorial de Ingenieros . . . Mémorial des Ingénieurs; 7e année; n° 6;
juin i85a; in-8°.
The quarterly... Journal trimestriel de la Société chimique; vol. V; n° 18 ;
Ier juillet i85a; in-8°.
Pharmaceutical... Journal pliarmaceutique ; publié par M. Jacob Bell;
'( i5a )
Vol. XI; n05 il et 12; mai et juin i852; et vol. XII; n° i; juillet i852;
. in-8°.
The Cambridge... Journal Malliémntique de Cambridge et Dublin; n° 29;
in-8°.
Journal of the Bombay branch of. . . Journal de la Société royale asiatique
de Bombay; vol. IV; n° r5; janvier i85a; in-8°.
Atmosphère... De l'atmosphère; par M. J. Woodhead. Londres, i852;
in-8°.
Vnalvtical... Physique analytique ou trinologie, nouvelle théorie de la
physique; par M. R. Forfar. Londres, i85î; in-8°.
On the fossil... Sur des restes fossiles de Reptiles et des traces de pieds d<:
Chélonicns observés dans les formations devoniennes du Morayshire ; par
M. J.-A. Mantell. Londres, i85a; broch. in-8°.
Tableaux... Tableaux géographiques , commerciaux, géologiques et sanitaires
<lr la Nouvelle-Orléans ; par M. Bknnett Dowler; broch. in-8°.
Contributions... Recherches de physiologie expérimentale; par le même.
Nouvelle-Orléans, i85a; broch. in-8°.
Conspectus Crustaceorum... Catalogue méthodique des Crustacés obtenu*
dans l'expédition de l'exploration commandée par M. le capitaine WlLKES,
de la marine des États-Unis; par M. Dana: suite; 2 broch. in-8°.
On lettering... Sur la désignation par lettres des faces des cristaux; par
le même; broch. in-8.
Versuche ùber den... Expériences sur l'écoulement de l'eau, ire partie;
par M. J. Wkisrach. Leipzig, 18/12; in-4°.
Versuche ùber die... Recherches sur la contraction incomplète de l'eau,
- (roulant par des tubes; par le même. Leipzig, i843; in-4°.
Die neue... Nouvelle méthode de géométrie souterraine et son application
au relevé des galeries de Rothschônberger, près de Freiberg, en Saxe; par le
même. Braunschweig, 1 85 1 ; broch. in-4°.
Versuche ûber die... Expériences sur les effets d'une roue à réaction simple,
appliquées à un grand modèle; par le même. Freiberg, 1 85 1 , broch. in-8°.
Kinige versuche... Expériences en granl sur les contractions partielle et
totale des veines liquides; par le même; broch. in-4°.
Polytechnisches... Diverses Notes de mécanique appliquée, extraites du
Recueil mensuel intitulé: Feuille centrale polytechnique (hydraulique et
résistance des solides); par le même ; broch. in-4°.
'Tous ces ouvrages ont été offerts, au nom de l'auteur, par M. Poncelet. '
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 2 AOUT 1852.
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
anatomie et physiologie végétales. — Réponses aux observations qui
nous ont été faites dans les séances du 3i mai i85a, page 818, et du
21 juin, pages g33 à 941, par MM. Ach. Richard, Ad. Brongniart et
Ad. de Jussieu (seconde partie); par M. Charles Gaitdichait».
« Il reste bien établi, d'après ce que nous avons dit précédemment, que
ce n'est pas nous qui avons attaqué les travaux de nos confrères, mais que
ce sont eux, au contraire, leurs aveux et leurs ouvrages en font foi, qui
ont publiquement contredit les nôtres. En nous défendant, nous n'avons
donc fait que remplir un devoir, et user d'un droit incontestable.
» Quel est le Membre de l'Académie des Sciences, qui, certain de l'exac-
titude de ses recherches, comme nous le sommes de la solidité des nôtres,
se serait montré plus longtemps indifférent à de telles agressions, et les
aurait supportées six ans avant d'y répondre?
» Il n'en est certainement pas un seul !
» Nous laissons donc à nos savants contradicteurs le regret de tout ce
qu'ils ont dénié dans leurs ouvrages et dans leurs Cours, de tout ce qu'ils
ont avancé devant l'Académie.
C. R., i85a, lm° Semestre. (T. XXXV, W» S.) 2 1
( '54)
» Notre confrère M. Richard vous a dit :
« Que l'Académie veuille bien ne pas croire que la théorie que nous
» avons exposée dans notre Rapport, et que nous opposons à celle de
» M, Gaudichaud, etc. (page 8ao, ligne 33). » Quelle est donc cette théo-
rie organogénique ou autre qu'on oppose à la théorie des phytons, à cette
théorie générale et complète qui touche à toutes les branches de l'organi-
sation des végétaux?
» Serait-ce par hasard la théorie du tissu générateur, de ce tissu uni-
versel (car s'il existait, il faudrait qu'il le fût), qui, selon nos savants con-
frères, se trouve partout, et, selon nous, nulle part?
» Quel est donc ici , parmi les phytologistes et les zoologistes, le savant
qui ait trouvé matière à une théorie quelconque de l'organisation des végé-
taux, dans tout ce qui a été avancé par nos honorables confrères, et sur-
tout par le très-habile rapporteur de la Commission? Cet honorable savant
nous dit (il est nécessaire de le rappeler une seconde fois) que la théorie
des phytons est fausse , qu'elle repose sur des faits incomplètement obser-
vés, mal déterminés, mal interprétés; et, enfin, que cette théorie, qui date
de i835, qui n'a été imprimée que dans les premiers mois de 1841, et dès
lors n'a encore qu'une douzaine d'années d'existence réelle, est de plus de
trente ans eu arrière des connaissances positives actuelles.
» Eh bien! soit. C'est une théorie en retard.
» Mais qu'on veuille bien se donner la peine de nous le démontrer,
puisque dans notre aveuglement nous ne l'avons pas encore reconnu.
» Nous mettons toutes nos anatomies à la disposition de nos savants
contradicteurs ; qu'ils les combattent les unes après les autres , qu'ils les
brûlent toutes, s'ils le veulent, et ils n'auront encore rempli que la moitié
de leur tâche; car il ne suffit pas, pour briser une théorie, de dire qu'elle
est fausse ; elle ne peut être démontrée fausse que lorsque les faits sur les-
quels elle repose sont prouvés inexacts; elle ne peut être renversée que
lorsqu'elle pèche par sa base. Nous savons tous ici qu'il ne suffit pas de
détruire, dans les sciences comme en tout, mais qu'il faut être en état de
mieux édifier.
» Si la théorie des phytons est mauvaise, qu'on la remplace par quoi
que ce soit qui vaille mieux, et nous sommes très-disposé à l'adopter. Mais
nous prévenons nos savants confrères qu'il faudra, pour nous y détermi-
ner, plus que leur dire, tout honorable qu'est ce dire aux yeux des Mem-
bres de cette Assemblée. Il nous faut des preuves, des faits autres que les
( '55)
tissus générateurs ; il nous faut des principes rationnels. Qu'ils veuillent bien
nous les donner, et nous nous rendrons.
» Relativement à ce que dit encore M. Richard des tissus utriculaires
qui, à leur origine, composent uniquement toutes les productions végé-
tales , l'Académie sait que nous sommes un des premiers qui l'aient dé-
montré par des exemples. Mais nous sommes aussi fort loin d'admettre que
pour la composition des organes divers, il faille que les tissus qui les
composent définitivement aient passé par une foule de transformations.
INous n'acceptons donc pas plus les reproches de notre confrère sur ce
point que sur tous les autres.
» M. Richard termine son Rapport par ces mots (page 711, ligne 22) :
« Nous ne discutons pas pour connaître la structure des fibres ligneuses,
» niais leur origine, leur mode de formation , en un mot, leur organo-
» génie. » Si c'est bien des fibres ligneuses ou des fibrilles corticales que
notre savant confrère veut parler, il connaît maintenant, du moins en
grande partie, notre sentiment sur ce point; si, comme dans ses attaques
de 1846, il confond sous le même nom les tissus fibreux et les tissus vas-
culaires, nous lui répondrons, à l'égard de ces derniers, par des exemples
pris sur les Dicotylés et les Monocotylés, et il pourra voir de quelle source
partent les tissus vasculaires.
» Enfin, notre confrère M. Richard nous engage, « dans l'intérêt de la
» science, et pour arriver à une discussion qui puisse avoir quelque uti-
» lité, à formuler quelle est actuellement notre opinion sur le mode de
» formation des couches ligneuses, et de montrer clairement, simplement
» en quoi elle diffère de la sienne (page 820, lignes 28 à 32). » Comme
notre savant confrère ne nous a pas encore formulé son opinion, nous de-
vons forcément attendre qu'elle soit connue pour lui répondre.
» Mais en attendant, si ce que nous avons dit et rappelé ne lui suffit pas,
nous lui déclarerons catégoriquement, comme il le demande, que :
» i°. Nous ne croyons pas à tous les cambiums qu'il a préconisés, dé-
crits et enseignés ;
» 20. Nous ne croyons pas qu'un cambium quelconque se convertisse
en tissu générateur et celui-ci en vaisseaux ;
» 3°. Nous ne croyons pas au tissu générateur lui-même, du moins tel
qu'on nous l'a présenté et défini ;
') 4°- Nous ne croyons pas qu'un tissu générateur soit nécessaire pour
former les fibres du bois, les fibrilles de l'écorce, et encore moins les arti-
cles organiques des vaisseaux ;
21..
( '56 )
» 5°. Nous ne croyons pas que les tissus fibreux du bois et fibrillaires de
1 ecorce puissent changer de nature et se transformer en vaisseaux, n'im-
porte lesquels;
» 6°. Nous croyons, au contraire, que chaque sorte de tissu des tiges
est générée pour un organisme spécial, pour des fonctions spéciales et par
des causes ou forces spéciales ;
» 7". Nous croyons de plus en plus, et chaque jour davantage, à la théo-
rie des phytons, qui, dès qu'elle aura reçu les quelques perfectionnements
que nous préparons, rendra un compte exact de tous les phénomènes orga-
nographiques et physiologiques des végétaux; aux causes générales, qui
déterminent les deux modes de développement en hauteur et en largeur de
leurs troncs; au système ascendant avec son organisation spéciale et incon-
testablement établie ; au système descendant avec les caractères particuliers
et invariables d'agencement des tissus qui le composent, le long des tiges
et des racines, etc. ;
» 8°. Nous croyons à une végétation progressivement rayonnante, cen-
trifuge du bois et centripète de l'écorce, pour l'accroissement annuel de
ces deux sortes d'organismes, accroissement que nous avons primitivement
désigné, en attendant que nous puissions faire de l'organogénie rationnelle,
par les noms de rayonnement médullaire et de pâte ligneuse; à une végé-
tation ascendante spéciale, distincte par des caractères fondamentaux; à
une végétation descendante pour les tissus vasculaires et autres non méri-
thalliens, etc.
» M. Richard verra peut-être par ce qui précède que nous n'avons jamais
changé d'avis sur aucun des points de la théorie des phytons, et, au con-
traire, que nous l'avons considérablement fortifiée par tous les travaux
exacts qui se sont produits depuis qu'elle a été formulée.
» Si nous avons semblé varier, ce qui est possible, cela ne peut tenir
qu'à la difficulté d'exprimer des faits généralement nouveaux, peut-être
même à l'insuffisance du langage. Nous avons pu modifier la forme et l'ex-
pression; mais pour l'idée, qui est invariable, la ligne que nous suivons est
trop droite, trop bien tracée, trop sûre, pour que nous ayons pu nous en
écarter un instant.
» M. Ad. Brongniart se borne presque à défendre la théorie du cambium
dans un long et remarquable article commençant page g33, ligne 3 1, et fi-
nissant page 94°? l'gne 21, d'où il semble résulter que notre savant con-
frère veut à toute force conserver le nom de cambium, peu importe la chose
à laquelle on l'applique.
( ih)
» Rien assurément n'est respectable à nos yeux comme une opinion con-
sciencieuse et franchement exprimée. Mais de ce qu'elle est formulée avec
une profonde conviction, résulte-t-il qu'elle soit incontestable? Nous ne le
pensons pas, surtout dans le cas présent.
» Il résulte de l'article que nous venons d'indiquer, et dont nous avons
fait une analyse complète pour nos débats subséquents, que des observa-
tions, telles qu'on n'en pouvait faire à la fin du XVIIe siècle, ont démontré
que le cambium, en tant que couche de liquide mucilagineux interposée
entre l'écorce et le bois, était un être fictif; que de nouvelles observations
microscopiques délicates ont prouvé que de jeunes tissus, etc., formaient
cette couche ou zone du cambium; qu'on a écarté ce mot mal défini de
cambium, et que beaucoup d'auteurs modernes l'ont remplacé par celui
de couche génératrice, rejetant le mot de cambium ou ne l'appliquant
qu'au liquide nourricier qui baigne les jeunes tissus, etc.
» Il est donc bien démontré, aujourd'hui, que le cambium des anciens,
que nous avons si longtemps contesté, n'existe pas. D'après cela, il reste
avéré que nous avions complètement raison sur ce point, et que le règne du
cambium -erreur, qui a duré près de deux siècles, a manifestement été
funeste à la science, en paralysant les efforts de tous les hommes amis du
progrès. Maintenant, on veut remplacer le cambium, sinon le mot, du
moins la chose, par une couche de tissu générateur que nous contestons
également, ou, enfin, par un fluide nourricier encore indéterminé, et qui,
à nos yeux, est aussi douteux que tout ce qui a été avancé.
» Nous nous sommes assez nettement expliqué précédemment sur les
autres points des observations de M. Brongniart pour qu'il nous paraisse
superflu d'y revenir.
» En parlant des plaques ligneuses du Nyssa, notre savant confrère
M. Brongniart nous a dit : a Ces excroissances ligneuses ont été, dit-on,
» souvent observées; le fait n'est pas nouveau; mais s'il est si commun ,
» comment n'a-t-il pas été expliqué dans la théorie phytonienne , avec la-
» quelle il me paraît tellement en contradiction. » Nous répondrons à
notre confrère, que si nous nous sommes borné à indiquer ce fait dans
notre Organographie , si nous avons omis, à dessein, de parler des anomalies
végétales qui se produisent naturellement ou accidentellement, c'est qu'il
nous a paru plus naturel , plus régulier, disons le mot propre , plus philo-
sophique , de poser primitivement les bases rationnelles de la science que
d'aborder prématurément les faits exceptionnels , anormaux et trop souvent
inexplicables , lorsqu'ils ne se rattachent pas à des principes certains; parce
(.i58)
que nous avons pensé qu'on n'arriverait jamais à expliquer les irrégula-
rités de l'organisation que par la régularité des principes; en un mot, parce
qu'on n'explique généralement bien les effets que lorsqu'on en connaît
bien les causes.
» Notre honorable confrère sait que les causes nous étant connues, nous
avons pu mutiler de cent manières les végétaux et obtenir de nos expéri-
mentations des effets réguliers, constants, presque invariables dans leurs
résultats. Ces premiers effets bien constatés nous conduiront certainement
à l'interprétation de tous ceux que la nature peut produire.
'» En procédant comme nous l'avons fait, nous avons suivi l'exemple
qui nous a été donné par la zoologie, qui. n'a cherché à interpréter et à
expliquer les écarts de la nature que par les lois fixes et rationnelles de
l'organisation.
» Nous avons recueilli un grand nombre de faits anormaux de la végéta-
tion, et nous avons lieu de croire que les deux modes de développement
de la théorie des phytons en rendront facilement compte. Mais il faut, avant
cela, que les phénomènes naturels et réguliers soient bien connus.
» M. Brongniart ajoute, page 938, ligne 35 : « Lorsque je parlais ancien-
» nement à notre confrère M. Gaudichaud de mes propres observations sur
» ce sujet (celui des plaques ligneuses), je lui ai toujours entendu soute-
» nir que ces excroissances étaient purement celluleuses et dépourvues de
» tissu ligneux et vasculaire. »
» Puisque M. Brongniart assure cela, c'est qu'il se le rappelle positivement.
» Mais à quelle époque lui avons-nous fait ces réponses et quelles re-
cherches avions-nous faites alors sur ce point? C'est ce que nous ne sau-
rions préciser.
» Ce que nous savons très-bien, c'est que nous n'avons1 signalé, dans
notre Organographie (page 121, ligne 3i, PL. XVI, fig. 14, lettre d ,
qu'une seule plaque ligneuse, et que nous nous sommes expliqué ainsi :
« La lettre d indique l'apparition d'une matière ligneuse au centre de la
» plaie. Elle était formée par un amas de bourgeons rudimentaires latents.
» Un d'eux s'est développé, mais les chaleurs de l'été l'ont fait mourir.
» J'ai disséqué, en i834, la partie LIGNEUSE des deux systèmes. »
» Mais pourquoi donc n'aurions-nous pas avoué, dans un temps quel-
conque, que nous n'avions rencontré que des tissus cellulaires dans ces
sortes d'excroissances, si surtout nous les avions trouvées très -jeunes,
puisque notre savant confrère en reconnaît lui-même la possibilité (p. 937,
ligne 11)?
( i59;
» Ces faits, dit-il, sans aucun doute, ne sont pas complètement nou-
» veaux; cependant, dans ce qu'on peut appeler leur état simple et com-
» plet, ils sont rares.
» Il faut, en effet, pour être concluants, que ces excroissances soient
» assez développées pour n'être pas seulement cellulaires, ce qui est
» ordinairement leur premier état, etc. »
» Il est un point très-important siir lequel M. Brongniart et nous, nous
différons complètement d'avis et que pour cela nous devons signaler
encore.
« Il y a, dit-il, des cas où certainement des portions de vaisseaux se
> forment indépendamment et s'abouchent ensuite les uns avec les
» autres. »
» Nous regrettons de ne pouvoir partager, sur ce fait , le sentiment de
notre confrère M. Brongniart.
» Notre honorable Vice-Président, M. de Jussieu, dans sa réponse aux
objections que nous avons faites au Rapport qui a été présenté sur l'acci-
dent du Nyssa (page 940), est porté à penser que les principes que nous
défendons ne diffèrent pas aussi essentiellement qu'on pourrait le croire
des doctrines professées par nos autres confrères.
» Nous aimons à penser que M. de Jussieu a déjà un peu modifié son
sentiment à cet égard. La discussion qui va s'ouvrir achèvera, nous l'espé-
rons, de le dissuader complètement.
« Nous admettons, en effet, dit M. de Jussieu, avec l'immense majorité
)> des botanistes, une sève brute ou ascendante, une sève élaborée, se diri-
» géant en sens généralement contraire et portant à tous les organes les élé-
» ments de leur nutrition et de leur développement, etc. » (Page 940.)
» Nous répondrons, sur ce point, à M. de Jussieu, qu'il sait mieux que
nous que les sèves ascendantes et les sèves descendantes ou nutritives ne
sont encore que des mots sans significations satisfaisantes, et que tout,
absolument tout, reste à faire sur ces difficiles parties de la science.
« En s'assimilant ces éléments, ajoute M. de Jussieu, les tissus se déve-
» loppent à la place même qu'ils occuperont définitivement, et les vaisseaux
» se forment par l'union, bout à bout, d'utricules disposées en séries, dont
» les parois en contact ne tardent pas à se résorber, résorption qui fait dis-
» paraître, en tout ou en partie, les cloisons qui en interrompaient la
» continuité. >>
» Excepté le rôle qu'on fait jouer à la sève élaborée, sève que nous ne
pouvons accepter encore sur son titre seulement, c'est en effet, et mot à
( i6o )
mot, ce que nous avons avancé dans notre Organographie et dans la plus
grande partie de nos Mémoires. Nous croyons même être le premier qui ait
fait connaître la résorption partielle ou totale des extrémités en contact des
articles qui composent les vaisseaux, et c'est pour cela que nous les avons
nommés vaisseaux tubuleux. Mais M. de Jussieu sait bien que la question
n'est pas là, et qu'elle est renfermée dans l'organogénie des tissus vascu-
laires, partie que nous n'avons pu aborder prématurément.
« M. Gaudichaud reconnaît des fluides séveux ascendants et des fluides
» organisateurs descendants, ces derniers aux dépens desquels les tissus se
» forment sur place ; il parle d'ailleurs, page 860 (M. de Jussieu eût pu dire :
» dans son Organographie et dans presque tousses autres Mémoires), des
» utricules qui composent les vaisseaux descendants. Sauf quelques dispa-
» rites de langage, il semble y avoir un assez grand accord entre ces
» théories. »
» Nous serions heureux de voir les bienveillantes idées conciliatrices de
M. de Jussieu, entre la théorie des phytons et la théorie du tissu généra-
teur, se réaliser. Cela est malheureusement impossible ; la vérité ne s'allie
pas à l'erreur, et M. de Jussieu doit le comprendre maintenant. La suite
de la discussion le lui prouvera mieux encore.
« Il nous reste à demander à M. Gaudichaud ce qu'il entend par fluide
» organisateur. »
» M. de Jussieu reconnaîtra, nous en sommes certain, que ce serait peut-
être aller trop vite que de lui donner une réponse immédiate, et que, mal-
gré le désir que nous avons de nous expliquer sur ce point, comme d'ail-
leurs sur tous les autres, nous ne pouvons embrasser dans un mot une
question aussi complexe; et d'autant moins, que ce fait important est,
pour ainsi dire, la pierre angulaire sur laquelle repose tout l'édifice de la
théorie des phytons. Qu'il veuille bien se rappeler que ce n'est pas nous
qui avons attaqué les travaux de nos confrères, mais que ce sont nos con-
frères qui ont combattu les nôtres, et il comprendra qu'en outre de nos
restrictions forcées, notre droit, notre devoir est de rester sur la défensive.
Qu'on nous apporte la théorie organogénique qui doit renverser tous nos
travaux, théorie à laquelle M. de Jussieu a donné son entière approbation,
et à laquelle, nous aussi, nous serons heureux de donner la nôtre, qu'on
nous la présente promptement, et notre réplique ne se fera pas attendre.
Dans cette réplique nous parlerons, non pas d'un fluide organisateur, mais
de plusieurs fluides organisateurs qui se sont dévoilés à nous dans nos
patientes recherches physiologiques et organogéniques.
( 161 )
» Il faut que nous nous soyons bien mal expliqué (à part un lapsus
calami qu'il a bien voulu relever, ce dont nous le remercions), pour que
M. de Jussieu ne nous ait pas compris, relativement à ce que nous avons dit,
quant aux filets vasculaires des étamines qui se changent en pétales, et à
ceux du funicule, du raphé et de la chalaze des ovules. Ces filets vascu-
laires, qui ne sont composés que de trachées, appartiennent incontestable-
ment au système ascendant, tel que nous le comprenons. En y réfléchissant
mieux, M. de Jussieu reconnaîtra que nous avons complètement raison.
» Nous terminerons aujourd'hui par une remarque qu'il est essentiel de
faire immédiatement, c'est que, en i843, lorsque la théorie des phytons a
été attaquée devant l'Académie, on ne se servait, pour désigner les vaisseaux
et faisceaux vasculaires des Monocotylés, que du nom de filets, dénomina-
tion peut-être assez exacte, vu la complexité organique de ces sortes de
tissus vasculaires ; et que nos autres contradicteurs, à la tête desquels
nous devons placer notre confrère M. Richard, ont constamment em-
ployé le nom de fibres pour les Monocotylés et les Dicotylés. Nous avons
dû employer les mêmes mots pour répondre à nos confrères, mais il doit
être bien entendu que nous n'avons nullement adopté ces dénominations,
bonnes ou mauvaises, et que nous faisons toutes nos réserves à cet égard.
» Ayant, depuis longtemps, senti la nécessité d'une nomenclature régu-
lière, uniforme, afin d'obvier aux ambiguïtés qui se présentent chaque jour
sur ce point, nous en avions préparé une pour les Dicotylés, sans doute
très-imparfaite, qui n'a pas été adoptée, et que nous sommes loin nous-
même d'avoir toujours suivie. Mais comme dans la discussion qui va s'ouvrir
il importe de se bien entendre sur la valeur à donner aux diverses sortes de
tissus que nous allons passer en revue, nous osons prier nos honorables
confrères de vouloir bien nous fixer sur les noms qu'ils comptent employer,
et nous leur donnons l'assurance que nous nous y conformerons, du moins
pendant tout le temps que dureront nos débats.
» Maintenant la discussion est ouverte. Nous attendons avec confiance
les attaques de nos savants confrères, l'exposition de leur nouvelle doctrine
organogénique, et la promulgation des lois scientifiques qu'ils en ont
déduites. »
chimie organique. — Sur les tannins et les glucosamid.es y
par M. Aug. Laurent.
« Il n'existe peut être pas, dans toute la chimie, de combinaisons
plus mal connues, plus embrouillées que celles que l'on désigne sous le
C. R., l85a, ame Semestre. (T. XXXV; M» S.) 22
( i6a )
nom de tannins, et la plupart de celles qui se transforment en sucre et en
d'autres corps composés.
» On sait que les travaux de MM. Wohler et Liebig sur l'amygdaline, et
ceux de M. Piria sur la salicine, la populine, l'hélicine, etc., nous ont par-
faitement expliqué la transformation de ces diverses substances en sucre et
en acides benzoique et cyanhydrique, en saligénine, hydrure de sali-
cyle, etc.
» On sait également que M. Strecker vient de découvrir que le tannin
ordinaire se dédouble en sucre et en acide gallique.
» Il reste à connaître quelles sont les réactions qui ont lien lorsque la
rhodiorétine, le rubian, l'acide rubérythrique et le tannin du china nova se
transforment en sucre, et quels sont les rapports qui lient les divers tannins
entre eux et avec les substances précédentes.
» En adoptant les formules qui ont été proposées pour ces différents
corps, les réactions deviennent inexplicables; et les équations que l'on a
données, dans quelques cas, sont telles, qu'il m'est impossible de les croire
conformes à l'expérience.
» Je citerai, par exemple, la transformation du rubian en sucre, aliza-
rine et rubirétine, qu'on explique à l'aide de ces équations :
C88H68030 = 4CMH,0O* + iZ|H20,
rubian alizarine
id. +9HaO = 2C,2H2<0,!! + C^H^O15.
sucre rubirétine
Une autre raison me fait rejeter toutes ces formules, c'est qu'elles ne
s'accordent pas avec la loi des nombres pairs.
» Pour découvrir la composition des tannins et celle des produits de
leurs métamorphoses, je pars de cette hypothèse, que tous les tannins ont
une composition analogue, que les produits de leur décomposition sont
analogues à l'acide gallique, et que les équations qui président à leurs réac-
tions appartiennent à un seul et même type A + 4 B — 6 Aq.
» L'acide gallique renfermant 5 atomes d'oxygène, j'admettrai donc que
les acides analogues en contiennent autant, et que, par conséquent, tous les
tannins renferment 26 atomes d'oxygène.
» En partant de cette hypothèse, voici les corrections que je propose :
Il
• i63 )
ou donne je propœe
Ac. aspertannique C42 H54 O2' C40 H5a O26,
\c. rubichlorique C,4H,809 CTH,0O»,
Tannin ordinaire C,8H,sO,1! C40 H36 O26 (*),
Ac. gallique C H6 O5 CTH605,
Ac. mimotaun. fondu. . . . CuH,*0' C48H52026,
ld. cristallisé... C,4H,809 C48 H52 O26 -h 4 Aq,
Ac. catéchique CTH804 G'H,00%
iC'4 H'6 O7 \
C<«H<808| C52H8°026,
Ac. caféique C,4H4«07 C,0H,205,
China-rouge C,2H,205 C10H,0O4,
Ac. morintanniq C,8H,eO,° C44H44026,
Ac. inconnu • C8H8Os,
Pararhodéorétine C42H680,8 C34H52Ol4,
Rhodéorétinol C30H46O8 C"H,602 + Aq,
/ £T2 JJ80Q40 l
Ac. rubérythrique j c„HMOI1 j C22H240<2,
Alizarine C44H,004 j , C,0H6O3 (**),
( C30H20O9 )
Rubian C5aH88030 C32H38018,
Rubirétine C,4H,204 C,0H80%
Phlorizine C42H50O20 C42H48 O20 ('*),
Phlorétine C30H30O,° C30H280'°.
A l'exception peut-être d'une seule formule (ac. mimot. fondu), toutes
celles que je propose s'accordent aussi bien et même mieux avec l'expé-
rience que celles qui sont admises.
» Voici maintenant un tableau qui renferme toutes les glucosamides et
(*) Formule proposée par M. Strecker.
(**) M. Gerhardt et moi, nous avons rejeté toutes les formules que l'on a proposées pour
l'acide alizarique, l'alizarine, etc. Nous avons fait connaître la véritable composition .du
premier de ces corps, et c'est à M. Strecker qu'on doit la formule du second.
22..
( 164 )
t'ait voir les rapports qu'elles ont entre elles :
c,aH2*0«2 + 2CTH802
glucose
saligénine
+ aC'H'O5
hydrure salie.
j CTH802
+ j CTH*02
■+- îC"H,6Oa
rhodéorétinol
+ îC,5H,405
phlorétine
+ 2C,0H8O3
rubirétine
+ 2C,0H6O»
alizarine
— 2 Aq
— 2 Aq
— 2 Aq
— 2 Aq
— 2 Aq
— 2 Aq
— a Aq
= salicine (*)
= hélicine
= hélicoïdine
= pararhodéorétine
= phlorizine
= inconnu
inconnu F s
a
C,0H»O*
Cl0H6O3
CrH60
hydrure benz.
CNH
2 CrH0O2
ac. benzoïq.
2 C7 H6 O2
hydr. salie.
' 2 CT H6 O2
ac. benz.
saligénine
C.0H6Q3
alizarine
4C,0H,0O4 - 2 Aq
china-rouge
4C10H,2O5
ac. caféique
— 2 Aq (**) = rubian
— 2 Aq = amygdaline
I
1 — 4 Aq = benzohélicine
4Aq
- 3Aq =
- 6 Aq =
populine
nibérythrine
tannin chin. n. (***)
id.
(*) C'est la formule proposée par M. Gerhardt.
(**) Outre la rubirétine et l'alizarine , le rubian donnerait encore de la rubianine et de la
vérantine ; mais la composition de celles-ci diffère à peine de celle de la rubirétine et de
l'alizarine; un peu d'eau fait toute la différence. Ce sont peut-être des corps impurs.
(***) Ce tannin donne du china-rouge et du sucre; mais l'acide caféique ne différant du
china-rouge que par i atome d'eau , il faudrait voir si celui-ci peut se transformer en acide
caféique sous l'influence des bases.
(
i65 )
C,aH"0°
glucose
-t-
4C9H,0O*
ac. catéchique
-6 Aq
= mimotannin (*)*
»
■+•
4C8H805
— 6Aq
= morintannin [**)
»
+
4 C H6 O5
ac. gallique
-6Aq
= tannin ordinaire
»
+
4C*H,005
ac. rubichloriq.
- 6Aq
= aspertannin (***
)-
On remarquera que les acides caféique, catéchique et gallique sont homo-
logues, et que le rhodéorétinol et la saligénine le sont également.
» Le china-rouge est probablement analogue aux autres matières rouges
que donnent les acides gallique, morintannique, etc. »
physique. — Expériences sur le rayonnement solaire.
(Lettre de M. Mii.i.om à M. Jrago.)
« La mise en œuvre d'un de vos anciens projets d'expériences a fourni
des résultats fort intéressants. Vous savez sans doute que vers la fin du
dernier mois de mars le P. Secchi, directeur de l'observatoire de Rome,
observa, au moyen d'un thermomultiplicateur dont le corps thermosco-
pique était convenablement ajusté au devant de l'oculaire d'un télescope
équatorial, les rayonnements calorifiques de diverses parties du disque
solaire, et qu'il trouva entre eux des différences fort remarquables. La cha-
leur décroissait, en général, du centre à la circonférence ; mais ce décaisse-
ment, assez régulier lorsqu'on étudiait le disque selon la direction normale
à l'axe de rotation du soleil, prenait un tout autre aspect étant considéré
dans le sens de cet axe. En effet, le maximum de chaleur n'était plus alors
au centre du disque, mais au-dessus, à une distance fort rapprochée «lu
point où la partie visible de l'équateur coupait l'axe de la rotation solaire
(*) On n'a pas observé ia formation du sucre dans cette réaction. On sait seulement que
l'acide mimotannique exposé à l'air, donne de l'acide catéchique ; mais comme l'acide mimo-
tannique donne les mêmes matières rouges, brunes et noires que le tannin ordinaire, il est
très-probable qu'il renferme aussi du sucre.
( ** ) Sa décomposition par la chaleur et par les acides nitrique et sulfurique , en acides
phénique et oxyphénique , s'explique facilement , si l'on admet que ce tannin renferme un
acide C8HsOs homologue du gallique.
( *** j Cette transformation n'a pas été observée ; mais on retire de la même liqueur l'asper-
tannin , l'acide rubichlorique et du sucre.
( i66)
lorsque'le P. Secchi faisait ses expériences. Ce grand rapprochement et
l'idée que si un fluide atmosphérique existait réellement, comme on le sup-
pose aujourd'hui, au-dessus de la photosphère du soleil, son action absor-
bante devait augmenter dans toutes les directions autour du centre, con-
duisit l'auteur à admettre une radiation calorifique plus intense à l'équateur
que dans les zones adjacentes; conclusion qui est, à mon avis, parfaitement
exacte; Mais peut-on en dire autant par rapport à la déduction que le
P. Secchi tire de l'égalité des rayonnements provenant des bords du soleil? ,
Je ne le pense pas.
» Les différences de température entre les points homologues des moitiés
inférieure et supérieure du disque solaire, très- prononcées, comme nous
venons de le dire, dans la partie centrale, s'effacent complètement en appro-
chant de la circonférence.
» La cause de ce phénomène serait évidente, selon le P. Secchi, « si l'on
» admet l'atmosphère du soleil qui, par son absorption où la couche tra-
» versée est très-épaisse, peut faire disparaître toute différence entre les
» températures primitives des rayons lumineux, de même que l'absorption
» de notre atmosphère rend, en toute saison, la splendeur du soleil tolé-
» rable à l'horizon, et la chaleur de cet astre à peine sensible (l) ».
» Ainsi l'auteur suppose d'abord que la loi de la distribution calorifique,
dans le sens de l'axe, observée vers les parties centrales du soleil, s'étend
aussi aux régions polaires; et cela paraît effectivement assez probable.
Admettons donc avec lui, que deux points homologues situés tout près des
bords avaient, à l'époque des expériences, des températures initiales diffé-
rentes. Il s'agit de montrer comment les rayonnements inégaux de ces deux
points peuvent acquérir la même température en traversant l'atmosphère
solaire; et, pour moi, j'avoue franchement que je n'aperçois aucun rapport
entre cette question et l'affaiblissement d'intensité lumineuse et calorifique
qu'éprouvent les rayons du soleil couchant. Le phénomène n'est, selon
moi, explicable qu'en faisant intervenir la qualité différente des deux flux
de chaleur, car alors seulement l'action inégale du fluide atmosphérique,
que nous supposons exister autour du soleil, peul absorber plus fortement
une certaine partie du flux le plus intense, et produire ainsi l'égalité observée
(i) Sopra le osservazioni fatte alla specola del Collegio Roraano durante l'eclisse del
28 Luglio i85i, Memoria del P. A. Secchi, Direttore dello stesso Osservatorio , seguita da
alcune ricerche sulla distribuzione del calore alla superficie solare. Rorna, r85a ; pag. 35.
( «67 )
des deux rayonnements. Et comme ceux-ci pourraient encore conserver-
sous la même température des propriétés thermochroïques différentes, je
viens de prier MM. Secchi et Volpicelli de faire quelques expériences ten-
dantes à mettre ces propriétés en évidence dans les radiations des bords
situés aux deux extrémités de l'axe de rotation, et d'étudier, en général, la
question de l'hétérogénéité des rayonnements partant des différents points
du disque solaire. Ne savons-nous pas, en effet, que nos sources de chaleur,
plus ou moins intenses, donnent des flux rayonnants qui se distinguent
entre eux par des inégalités de transmission, de réfraction et de diffusion?
pourquoi n'en serait-il pas de même à l'égard des points phis ou moins
chauds du disque solaire?
» Remarquez bien, mon honorable ami, que cette dernière supposition
ne serait guère démentie lors même que le projet d'expériences mentionné
ci-dessus conduirait à des résultats négatifs, car il pourrait bien arriver que
l'action absorbante de l'atmosphère solaire fît disparaître des rayonnements
dus aux différentes parties de la photosphère sous-jacente tous les éléments
susceptibles d'être distingués par nos moyens analytiques de ceux qui
restent, dans la radiation de la masse solaire.
» Au reste, tout en n'osant pas affirmer que ces expériences trancheront
la question, je les considère comme très-dignes d'attirer l'attention des astro-
nomes et des physiciens. En d'autres temps je n'aurais pas hésité à les
entreprendre moi-même, mais je n'en ai pas maintenant les moyens.
» En attendant, pour tirer parti des ressources dont je puis disposer, j'#i
commencé, du côté de notre atmosphère, l'investigation des phénomènes
que je présume devoir s'accomplir dans l'enveloppe atmosphérique de la
photosphère solaire.
» Quoique je ne sois pas encore en état d'exposer d'une manière com-
plète les résultats de cette investigation, qui exige évidemment du temps ef
des circonstances météorologiques extrêmement favorables, je crois cepen-
dant pouvoir affirmer, dès aujourd'hui, et cela sans crainte d'erreur ou
d'illusion, comme je le disais dernièrement à l'Académie de Naples, que
les divers principes élémentaires dont se compose le rayonnement calori-
fique du soleil subissent, en traversant la masse gazeuse qui entoure le globe
terrestre, des absorptions fort différentes. Je citerai seulement quelques faits
à l'appui de ma proposition.
» Le 5, le 6 et le 7 de ce mois (juillet iS5i), une couche d'eau com-
prise entre deux verres de glace d'Allemagne étant exposée aux rayons
( 168 )
solaires réfléchis par l'héliostat dans l'intérieur d'une chambre obscure;
transmettait 60 pour ioo de la chaleur incidente à midi, et 32 pour 100
une heure environ avant le coucher du soleil. La transmission calorifique
d'une plaque de cristal de roche enfumé, étudiée dans les mêmes condi-
tions, donnait au contraire 62 pour 100 une heure avant le coucher du
soleil, et 3o pour 100 à midi. Ces valeurs, qui étaient d'autant moins diver-
gentes que l'on opérait à des époques plus rapprochées, ne présentaient
dans la répétition des mesures que des oscillations à peine sensibles.
» Ainsi, la proportion de chaleur transmise par un corps donné varie
avec les différentes épaisseurs atmosphériques traversées par les rayons
solaires ; et cette variation suit des lois tellement différentes en passant de
l'un à l'autre corps, qu'elle prend, dans les mêmes circonstances, des signes
contraires. Cette opposition de signe est, à mon avis, la meilleure preuve
possible de la diversité d'absorption subie, sous l'influence de l'atmosphère
terrestre, par les divers éléments calorifiques qui composent le rayonne-
ment solaire, et suffit, à elle seule, pour mettre tout à fait hors de doute
que la chaleur projetée sur la terre par le soleil change non-seulement
d'intensité, mais aussi de qualité à mesure que l'astre s'éloigne ou s'ap-
proche de l'horizon.
» Maintenant, je n'ai nullement l'intention de montrer, par une discus-
sion plus ou moins approfondie, l'influence que la connaissance de ce
changement de qualité pourra exercer sur les progrès de la philosophie
naturelle. N'êtes-vous pas mon digne maître?
J'ajouterai seulement qu'il m'est arrivé plus d'une fois de comparer la phy-
siologie animale et végétale à deux grands problèmes d'analyse indéter-
minée, dont les inconnues surpassent de beaucoup le nombre des équations.
La propriété nouvelle que je viens d'observer dans la chaleur solaire ne
fournirait-elle pas une équation de plus pour arriver, tôt ou tard, à la
solution de quelques-unes des importantes questions relatives au soutien et
au développement de la vie organique à la surface du globe? »
( i69 )
RAPPORTS.
aNatomie comparée. — Rapport sur un Mémoire ayant pour titre :
Détermination des parties qui constituent l'encéphale des Poissons;
par MM. Philipeaux et Vulpian.
(Commissaires, MM. Duméril, Flourens, Duvernoy rapporteur.)
« L'unité de plan d'organisation des animaux vertébrés est une des plus
belles démonstrations de l'Anatomie comparée et l'un des plus grands ser-
vices qu'elle ait rendus, il y a déjà un demi-siècle, à la Zoologie.
» Depuis lors, ce point de vue a été la pensée dominante d'un grand
nombre d'anatomistes, dans les recherches qu'ils ont faites sur les organes,
les appareils ou les systèmes organiques de ces animaux.
» La détermination comparative des parties qui entrent dans la compo-
sition de l'encéphale des Poissons a été plus particulièrement le sujet des
travaux et des efforts de plusieurs anatomistes célèbres.
» En ne remontant pas plus haut que la première année de ce siècle,
époque de la publication des deux premiers volumes des Leçons d'Anaio-
inie comparée, par MM. Cuvier et Duméril, nous y trouverons la première
comparaison générale et rationnelle de l'encéphale de tous les Vertébrés.
» Nous pourrions citer ensuite les tentatives et les déterminations plus
ou moins concordantes ou différentes de cet appareil compliqué, d'Arsaky
(en 18 1 3 ) ; de M. Weber (en 18 1 7 ) ; de M. Serres (en 1821 et ]8a4); de
M. Desmoulins, dans un ouvrage publié avec M. Magendie pour la partie
physiologique (en i8a5); de M. Cuvier (1) (en 1828); de M. Gotsche (en
i83j); de M. Stannius (en i8/|3); enfin de M. Natalis Guillot (en 1 84/î).
» L'analyse raisonnée des déterminations successives adoptées par ces
savants nous forcerait de trop étendre ce Rapport.
» Il nous suffira de dire que, sous plusieurs points de vue importants,
leur manière de voir diffère entièrement de celle énoncée dans le Mémoire
dont nous devons rendre compte.
» On y trouve, en effet, une détermination des couches optiques entière-
ment nouvelle et inattendue ; et celle du cervelet, à peu près nouvelle, puis-
qu'elle n'avait été admise que par un seul anatomiste, et que, depuis 181 7,
elle avait été rejetée.
(1) Dans Y Histoire naturelle des Poissons , tome I.
C. »., 115a, am* Semestre. (T. \XXV, N" iî. I ^
( '7° )
» Ces considérations montrent sous un nouveau jour, avec des détails
inaperçus jusqu'ici, les différentes parties de l'encéphale des Poissons.
» Les auteurs les ont étudiées en premier lieu dans les Poissons osseux,
et dans la Carpe en particulier.
» Puis ils indiquent les modifications que l'encéphale du Triple, du
Merlan et de Y Anguille leur ont montrées.
» Us passent ensuite à l'examen comparatif de l'encéphale des Raies et
des Squales.
» Ce travail n'a pas été, pour ces anatomistes, une simple interprétation
des faits connus; ils ont mis beaucoup de soin à faire eux-mêmes de nou-
velles analyses des organes qui composent le cerveau des Poissons, et leurs
recherches ont eu pour résultat une connaissance, généralement plus exacte
dans les détails, de ces organes et de leurs parties ; elles les ont conduits à
une détermination plus juste, sinon de tous, du moins de plusieurs de ces
mêmes organes.
» Il nous reste à le démontrer par une exposition rapide des faits et de
leur interprétation, en suivant l'ordre adopté par les auteurs.
» Ils décrivent d'abord avec détail le cerveau de la Carpe.
» Relativement aux ganglions antérieurs, ils ne leur donnent pas, quoi
qu'ils en disent, une autre détermination que M. Cuvier.
« Les nerfs olfactifs, est il dit dans la première édition des Leçons (1),
» forment des renflements ou des nœuds dont le nombre varie, et qui sont
» souvent si volumineux, que plusieurs auteurs les ont pris pour le véritable
» cerveau. »
» Ces nœuds des nerfs olfactifs, décrits avec détail dès 1800, M. Cuvier
les désigne encore, dans Y Histoire naturelle des Poissons (2), comme les
tubercules antérieurs ou les lobes antérieurs. « Très-souvent, ajoute-t-il, il
» y a encore, à la racine des nerfs olfactifs, un autre renflement. Dans plu-
» sieurs, ces nerfs se renflent en un ganglion avant de se distribuer à la
» membrane pituitaire; et l'on a remarqué que cela arrive surtout dans les
» espèces où il n'y a point de renflement à leur base, en avant des lobes
» antérieurs. »
» Nous ne voyons nulle part que M. Cuvier ait confondu les lobes
ethmoïdaux ou les renflements qui terminent les nerfs olfactifs, avec ceux
dont ils sortent.
» Les nœuds, ou les lobes olfactifs, ou les tubercules antérieurs, sont
(i) Tome II, page 167 ; 1" édit.
(2) Tome I, pages 434 et 435.
( '7' )
donc synonymes des bulbes olfactijs des auteurs dont nous analysons le
Mémoire.
» La glande pinéale avait été bien reconnue par M. Cuvier comme un
petit lobe de matière grise placé, dans V Anguille et le Congre, au devant
des lobes creux, c'est-à-dire du cerveau; mais il voyait dans sa position,
en avant du cerveau, une transposition embarrassante.
» Les auteurs ont fait disparaître cette difficulté, en montrant que les
rapports essentiels de la glande pinéale, dont ils ont reconnu généralement et
facilement l'existence, sont conservés. Ce sont les rennes qu'elle envoie aux
piliers antérieurs de la voûte, dans les Poissons comme dans les Mammi-
fères, malgré leur transposition en avant du cerveau ; rennes que M. Cuvier
avait indiquées comme allant s'insérer à la base des lobes solides placés
devant les lobes creux (i).
» Les seconds ganglions qu'on observe dans l'encéphale de la Carpe, en
procédant d'avant en arrière, sont les hémisphères cérébraux, suivant
MM. Philipeaux et Vulpian, et ils en donnent, à notre avis, des preuves
incontestables.
» Ces deux hémisphères forment, dans la Carpe, une calotte, à parois
minces, interceptant une cavité continue. La partie médiane de cette
calotte, plus mince que les parties latérales et de substance médullaire, à
fibres transversales, est un véritable corps calleux ; tandis que l'on peut
reconnaître, dans les parois latérales qui sont plus épaisses, deux couches,
dont l'une extérieure est de substance grise, et l'autre intérieure est de
substance blanche; ses fibres radiées, très-distinctes, sont fournies par les
pédoncules cérébraux.
» Ces hémisphères renferment, comme ceux des Mammifères :
» A. La voûte à trois piliers;
» B. Une commissure grêle, qui unit les hémisphères cérébraux par leur
partie antérieure et inférieure ;
» C. Une partie des couches optiques;
» D. Les corps striés;
» E. L'orifice qui conduit dans le ventricule moyen; .
» F. Les ventricules latéraux ;
» G. Les plexus choroïdes.
» Nous avons vérifié toutes ces circonstances organiques avec M. Phili^
peaux.
(i) Histoire naturelle des Poissons , par MM. Cuvier et Valenciennes, tomel, page 43tn
23. .
( »3* )
» Déjà la première édition des Leçons renferme cette assertion, que les
deux héniphères existent toujours sans circonvolution apparente, et con-
tiennent chacun un ventricule, dont le plancher présente une saillie ana-
logue aux corps cannelés. . . .
» On y lit plus loin :
» Le nombre et la forme des énnnences contenues dans les hémisphères,
diffèrent dans les diverses espèces de Poissons (i).
» Sans rapporter ici textuellement la manière de voir de M. Cuvier sur
les lobes creux, il est évident qu'il les considérait, en 1828, ainsi qu'en 1800,
comme les analogues des hémisphères cérébraux.
» Il reconnaît que leur coque offre deux couches, le plus souvent faciles
à séparer; une extérieure, grise, une intérieure, blanche. Il en décrit avec
soin l'origine, la direction et les connexions. « Les voûtes des lobes creux,
» dit-il encore, s'unissent ensemble, dans une ligue médiane, par une es-
» pèce de corps calleux, et une arête saillante en dedans; mais il n'y a
» point de seplum lucidwn. » Il ajoute :
» Il y a au fond de la cavité un bourrelet demi-circulaire de chaque côté,
« analogue aux corps cannelés dans l'homme. »
» Enfin on trouve, sur le plancher de ce ventricule, des tubercules dont
le nombre, la forme et les proportions relatives varient selon les genres, et
sont placés sur l'aqueduc.
» Il y a toujours une commissure qui unit les parties postérieures de la
base des deux lobes creux ; « c'est derrière elle, et en avant des quatre
» tubercules contenus dans ces lobes, qu'est ouvert le ventricule ana-
» logue au troisième de l'homme, qui conduit, comme à l'ordinaire, à
» l'infundibulum et vers la glande pituitaire, à la face inférieure de l'encé-
» phale (u). »
» Il est étonnant, après tous ces détails, cpie M. Cuvier n'ait pas adopté
la dénomination à' hémisphères cérébraux , dont il indique tous les carac-
tères essentiels de composition et de connexion.
» MM. Philipeaux et Vulpian ont le mérite d'avoir complété cette dé-
monstration el d'avoir admis cette analogie si palpable.
» Mais la partie de leurs déterminations la plus originale, celle pour
laquelle ils n'ont aucun prédécesseur et celle cependant qui a eu le plus
(1) Leçons, tome H, pages 167 à 169.
(2) Histoire naturelle des Poissons, tome I, page 4^6 et lyl^.
( 173)
d'influence sur toutes leurs interprétations, est, sans contredit, celle des
couches optiques.
» Ils ont vu que, chez les Poissons, ces couches ont un développement
extraordinaire et qu'elles se composent de deux parties, l'une contenue
dans le ventricule cérébral et y formant deux lobes distincts, séparés;
chacun de ces lobes se continue en arrière au delà du ventricule et paraît
à découvert en se soudant à son semblable, de manière à ne former, en
apparence, qu'un lobe impair
» C'est ce lobe impair qui a été généralement déterminé comme le
cervelet.
» Cette partie extérieure des couches optiques recouvre les tubercules
dits quadrijumeaux, qui sont trijumeaux dans la Carpe; deux en avant et
un en arrière.
» Les auteurs reconnaissent le cervelet dans les tubercules latéraux
creux qui paraissent en arrière, de chaque côté de la moelle allongée, et qui
flanquent la partie de la couche optique qui est à découvert et qu'on a
déterminée jusqu'ici comme le cervelet des Poissons.
» On croyait, en effet, y voir un lobe unique; tandis que les auteurs du
Mémoire montrent qu'il est séparable, sans déchirure, en deux moitiés
similaires, réunies par du tissu cellulaire, et que chacune de ces moitiés se
continue en avant avec la partie correspondante des couches optiques
enfermées dans l'hémisphère cérébral.
» Voici les raisons sur lesquelles ils se fondent pour leur détermina-
tion des couches optiques, outre celle de continuité que nous venons
d'énoncer.
» t°. La portion intraventriculaire de ces organes reçoit une grande
partie des fibres des pédoncules cérébraux.
» 2°. Elle est limitée en dehors par les corps cannelés ou striés.
» 3°. L'infundibulum vient s'ouvrir entre ces couches, et elles forment
les parois latérales du troisième ventricule.
» Le lobe médian qui est la continuation des couches optiques intra-
ventriculaires, provenant des pédoncules cérébraux et non de la moelle
allongée, comme c'est le caractère essentiel du cervelet, ne devait pas être
considéré, suivant MM. Philipeaux et Vulpian, comme ce dernier organe.
» Le cervelet des Poissons consiste, dans la Carpe, comme l'avait déter-
miné M. Weber (i), en deux renflements de substance grise, situés de
(i) Anatomia comparala neivi sympathici. Leipsig, 1817.
( '74 )
chaque côté de la moelle allongée, et dépassant en arrière le tubercule
extérieur de la couche optique, ainsi que les tubercules quadrijumeaux.
» Deux prolongements que les hémisphères cérébelleux envoient en
avant aux tubercules quadrijumeaux postérieurs, connus dans l'homme et
les Mammifères sous le nom de processus cerehelli ad testes, viennent à
l'appui de leur détermination comme hémisphères cérébelleux.
» Le quatrième ventricule a pour paroi inférieure la moelle allongée et
pour paroi supérieure le tubercule impair et les tubercules quadrijumeaux.
Ses côtés sont limités par les hémisphères cëréhèiktix.
» MM. Philipeaux et Vulpian ne font qu'indiquer les parties de la face
inférieure de l'encéphale des Poissons.
» i°. Le corps pituitaire et sa tige, au sujet desquels il n'y a pas de dis-
sentiment parmi les anatomistes.
» 2°. Les éininences mamillaires.
» M. Cuvier dit qu'il les avait regardées autrefois comme lès analogues
des lobes optiques des Oiseaux , parce qu'elles fournissent une partie des
fibres des nerfs optiques; « mais d'autres anatomistes, ajoute-t-il, préfèrent
» de croire que ce sont les analogues des protubérances mamillaires de
» l'homme et des Mammifères (i). »
» Nous rapportons ce passage pour rectifier l'assertion des auteurs, que
M. Cuvier regardait ces éminences comme propres aux Poissons.
» Enfin MM. Philipeaux et Vulpian ont reconnu dans la moelle allongée,
en arrière ou en haut, la dépression triangulaire, appelée par les anthro-
potomistes calamus scriptorius ; à la face inférieure un rudiment de pont
de Varole; enfin les pyramides antérieures, ici inférieures, dont les fibres
s'entre- croisent évidemment dans un point que les auteurs ont déterminé
avec précision.
» Après ces déterminations comparatives des différentes parties de l'en-
céphale de la Carpe, les auteurs du travail que nous analysons , ont décrit
les analogies et les différences qu'ils ont observées dans les proportions ,
les formes ou les connexions de l'encéphale du Merlan, du Trigle et de
Y anguille.
» En dernier lieu, ils ont étudié comparativement le cerveau de quelques
Poissons cartilagineux, tels que celui d'une Raie, de la Roussette et de la
Torpille. Ils n'ont pas eu de peine à y reconnaître les mêmes parties que
dans les Poissons osseux; avec de très-sensibles modifications dans les
()) Histoire naturelle des Poissons, tome I , page 45 1 .
( «75)
formes et les proportions, et, jusqu'à un certain point, dans les rapports.
\ insi la couche optique antérieure , ainsi que le corps strié y sont à décou-
vert en arrière du ventricule cérébral.
» Dans la Torpille, le cervelet a un très-grand développement, et ses
deux lobes rapprochés sur la moelle allongée, dépassent en volume les lobes
des couches optiques.
» D'après la nouvelle détermination de MM. Philipeaux et Vulpian, il
n'v a pas ici de lobes électriques particuliers, mais une autre forme et d'au-
tres proportions d'un organe existant toujours. D'ailleurs les paires de nerfs
qui fournissent ceux qui se rendent à l'organe électrique viennent de cette
partie du bulbe rachidien qui adhère au cervelet ou au lobe électrique par-
ticulier de M. Matteucci.
» Dans toutes leurs déterminations, les auteurs ont procédé, autant que
possible, par l'identité des connexions, et s'en sont servis très-heureusement
pour arriver à l'analogie de composition de l'encéphale des Poissons avec
celui des Vertébrés supérieurs.
» Leur détermination des couches optiques qui sont, chez les Poissons,
très-différentes de celles des Mammifères, dans leurs formes, dans leur vo-
lume et dans une partie de leur composition, est celle qui sera le plus diffici-
lement adoptée et qui nous paraît encore, à quelques égards, sujette à
discussion (i).
» Cependant nous reconnaissons que MM. Philipeaux et Vulpian ont fait
preuve d'une grande habileté comme anatomistes, et d'un esprit d'analyse
et de comparaison très-remarquables, dont ils ont dû prendre l'habitude
par les travaux auxquels ils se livrent journellement dans le laboratoire de
l'un de nous (M. Flourens).
» Ajoutons que leur Mémoire est accompagné de dessins comparatifs qui
démontrent avec beaucoup de lucidité les propositions du texte et en faci-
litent l'intelligence.
» Nous prierions l'Académie de vouloir bien décider l'insertion de leur
Mémoire parmi ceux des Savants étrangers, si les auteurs avaient complété
leur travail, comme ils en ont le projet et comme cela est à désirer, par un
exposé détaillé de l'origine des paires de nerfs cérébraux et de leur déter-
mination.
» Nous ne doutons pas qu'avec la sagacité dont ils ont fait preuve dans
(i) Voir à ce sujet les expériences de M. Matteucci sur les différents lobes cérébraux de la
Torpille. [Annales des Sciences naturelles, 2e série, tome VIII, page 210.)
( '76)
la question difficile de la détermination des différentes parties de l'encé-
phale des Poissons, ils ne parviennent à éclairer quelques points encore
obscurs touchant la détermination et l'origine de leurs nerfs cérébraux.
Conclmions.
» INous prions l'Académie d'accorder son approbation à ce premier et
important travail de MM. Philipeaux et Vulpian, qui nous paraît avoir fait
faire un progrès sensible à la science de l'organisation, et d'ajouter à cet en-
couragement l'invitation de compléter ce travail, afin que, si elle est satis-
faite de ce complément, comme du premier travail, elle puisse voter l'in-
sertion de l'ensemble parmi les Mémoires des Savants étrangers. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
MÉMOIRES LUS.
cristallographie. — Nouvelles recherches sur les relations qui peuvent
exister entre lajorme cristalline, la composition chimique et le phénomène
rotatoire moléculaire; par M. L. Pasteur. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Biot, Dumas, Senarmont.)
« Dans la première partie du travail que j'ai l'honneur de présenter à
l'Académie, je reviens encore, mais cette fois à un nouveau point de vue, sur
la corrélation de l'hémiédrie et du phénomène rotatoire moléculaire. J'ai
fait voir, par mes recherches antérieures, que, dans la pluralité des cas, les
formes cristallines des substances actives sur la lumière polarisée possèdent
l'hémiédrie non superposable. Cependant j'ai rencontré un certain nombre
de substances actives qui se présentent toujours avec des formes cristallines
homoédriques. La corrélation des deux phénomènes souffre-t-elle donc des
exceptions, et l'hémiédrie n'accompagne-t-elle pas d'une manière constante
le phénomène rotatoire?
» Afin de résoudre ces questions, il faut d'abord rechercher si l'absence
de l'hémiédrie dans des substances actives n'est pas un accident provoqué
par les conditions de la cristallisation, et si cette propriété n'est pas seule-
ment cachée, quoique toujours possible. Ce ne peut être l'objet d'aucun
doute, que la structure d'un cristal soit très-souvent ce qu'exige le caractère
hémiédrique non superposable, bien qu'aucune disposition physique exté-
rieure n'accuse cette constitution moléculaire interne. Ainsi les formes cris-
tallines des tartrates droits et gauches ne diffèrent que par la position des
( «77 )
facettes hémiédriques. Or il est certains tartrates qui, dans les circonstances
ordinaires, ne portent jamais de pareilles facettes. Dans ce cas, il y a identité
parfaite et absolue entre les formes cristallines des deux tartrates droit et
gauche. N'est-il pas incontestable néanmoins que l'hémiédrie, quoique
absente, est possible, et que la structure physique des deux espèces de
cristaux est complètement différente.
» J'ai pensé que dans le cas où la structure cristalline propre aux sub-
stances actives sur la lumière polarisée ne serait pas visiblement et géomé-
triquement accusée, il suffirait de modifier les conditions de la cristallisation
pour faire apparaître forcément et d'une manière constante les facettes
hémiédriques. J'ai, en effet, réussi dans tous les casque j'ai soumis à l'expé-
rience. Je citerai de préférence, dans ce résumé, le bimalate de chaux, le
himalate d'ammoniaque, la tartramide, le bitartrate d'ammoniaque.-
» Le bimalate de chaux cristallisé dans l'eau pure n'est jamais hémié-
drique. Que si, au contraire, on le fait cristalliser dans l'acide nitrique, tous
ses cristaux portent alors quatre faces qui conduisent à un tétraèdre irré-
gulier. Et même, pour une certaine concentration de l'acide, les facettes
hémiédriques font presque disparaître sous leur développement les faces
principales ordinaires du cristal.
» Le bimalate d'ammoniaque cristallisé dans l'eau pure ou dans l'acide
nitrique n'est jamais hémiédrique, mais on donne ce caractère à tous ses cris-
taux de la manière suivante : on chauffe ce sel jusqu'à fusion et commence-
ment de décomposition, puis on le fait cristalliser de nouveau. L'action de
la température donne naissance, en petite quantité, à divers produits dont
la présence provoque le développement des faces hémiédriques.
» La tartramide offre un résultat analogue et peut-être plus sensible. Cris-
tallisée dans l'eau pure, cette magnifique substance , que l'on doit à l'ingé-
nieuse méthode de préparation des éthers de M. Demondésir, n'est jamais
ou très-rarement hémiédrique. Mais, si, au moment où l'on met à cristalliser
une solution chaude de tartramide, on ajoute quelques gouttes d'ammo-
niaque à la liqueur, presque tous les cristaux offrent des facettes hémiédri-
ques, et souvent très-développées.
» Enfin, pour le bitartrate d'ammoniaque, on rend tous ses cristaux
hémiédriques en le faisant cristalliser dans une dissolution chargée de bitar-
trate de soude.
m J'étudie en outre, dans la première partie de ce travail, un certain
nombre de formes cristallines appartenant à des substances actives, parmi
lesquelles se trouvent des dérivés des alcalis organiques naturels, genre de
C. R., i852, ^"Semestre. (T. XXXV, N° 8.) ^4
( '7»)
combinaisons que je n'avais point encore examiné, et j'y reconnais égale-
ment le caractère de l'hémiédrie non superposable. Ce sont :
Les deux tartramides droite et gauche,
Les deux acides tartramiques droit et gauche,
Le valérianate de morphine,
Le tartrate droit de cinchonine,
Le chlorhydrate de papavérine.
Knfin je montre que dans tous les cas la forme hémiédrique est une des
Formes secondaires les plus simples du corps actif, et que si on la prend
pour forme type, toutes les faces que présente habituellement la substance
ont des rotations excessivement simples.
» La deuxième partie de ce travail est consacrée à l'examen d'un nou-
veau genre de combinaisons isomères qui présentent un bien vif intérêt, et
sur les propriétés desquelles on ne se lasse point de méditer. Je rappellerai
d'abord à l'Académie la grande ressemblance de propriétés physiques et
chimiques que l'on rencontre dans les acides tartriques droit et gauche, et
dans leurs dérivés correspondants. Il n'est rien que l'on fasse avec l'un de
ces acides que l'on ne puisse effectuer avec l'autre dans les mêmes circon-
stances, et les produits obtenus ont constamment même solubilité, même
poids spécifique, même double réfraction, mêmes angles des faces. Tout
est identique, en un mot, si ce n'est l'impossibilité de superposer les formes
cristallines, et que le pouvoir rotatoire s'exerce à droite dans un cas, a
gauche dans l'autre, mais rigoureusement de la même quantité en valeur
absolue. Et que l'on ne croie pas que cette identité ne se manifeste que
pour ces propriétés importantes, telles que la solubilité, le poids spéci-
fique,...; on la retrouve partout avec la même intensité. Un tartrate droit
ou en général un dérivé quelconque de l'acide tartrique droit, se dépose-t-tl
en cristaux volumineux ou aiguillés, limpides ou nébuleux, à faces striées
ou planes, ces cristaux offrent-ils un mode de groupement déterminé, se
brisent-ils facilement; enfin présentent-ils de telle ou telle manière ces mille
détails qui échappent pour ainsi dire à la narration : on est assuré de les
reconnaître avec les mêmes caractères dans le dérivé gauche de même nom.
Cela posé, voici le fait remarquable sur lequel je vais appeler l'attention de
l'Académie. C'est que cette identité absolue pour tout ce qui n'est pas
hémiédrie et sens du phénomène rotatoire, n'existe qu'autant que les deux
acides tartriques sont unis à des combinaisons inactives sur la lumière
polarisée. Mais les place-t-on, eux ou leurs dérivés, en présence de pro-
duits qui ont une action quelconque sur le plan de polarisation, et alors
( i79)
toute identité cesse d'avoir lieu. Les combinaisons correspondantes n'ont
plus ni la même composition, ni la même solubilité; elles ne se comportent
plus de la même manière sous l'influence d'une température élevée. Que si
par basard leur composition est la même, leurs formes cristallines sont
incompatibles, leurs solubilités extrêmement différentes. Enfin, il arrivera
souvent que la combinaison sera possible avec le corps droit et impossible
avec le corps gaucbe. Voici des exemples : Le bitartrate droit d'ammoniaque
se combine équivalent à équivalent avec le bimalate d'ammoniaque actif
ordinaire. Le bitrartrate gauche ne se combine dans aucun cas avec ce
même bimalate.
» La tartramide droite et la tartramide gauche se combinent toutes deux
avec la malamide ordinaire active. Les combinaisons obtenues ont exacte-
ment la même composition; mais leurs formes cristallines sont différentes,
ainsi que leurs solubilités. La combinaison où entre la tartramide gauche
est beaucoup plus soluble que l'autre.
» L'acide tartrique droit donne très-facilement avec l'asparagine une
combinaison nouvelle en beaux cristaux. L'acide tartrique gauche ne s'unit
pas avec l'asparagine, ou mieux il donne avec elle une liqueur sirupeuse
incristal lisable.
» Mais on pourrait croire que les relations très-probables de groupement,
moléculaire qui existent entre les acides tartrique et, malique ou leurs déri-
vés nous placent ici dans des conditions spéciales. J'avais un moyen très-
simple de lever la difficulté en étudiant les tartrates droits et gauches des
alcalis organiques des végétaux. On va se convaincre, par le résultat de ces
nouvelles recherches, que le fait est général. J'ai étudié seize de ces combi-
naisons, huit tartrates droits, et les huit tartrates gauches isomères corres-
pondants, et j'ai toujours trouvé le même ordre de différences que celles
que je viens de signaler.
» Ainsi, le tartre neutre droit de cinchonine renferme 8 équivalents d'eau,
le tartrate neutre gauche en renferme 2 seulement. Le tartrate droit se dis-
sout facilement dans l'alcool absolu, le tartrate gauche y est extrêmement
peu soluble. Le tartrate droit perd son eau et commence déjà à se colorer
à 100 degrés, le tartrate gauche perd aussi son eau de cristallisation à 100
degrés, et dès lors il est parfaitement isomère avec le tartrate droit, mais il
peut supporter une température de 1,40 degrés sans se colorer. Outre les
tartrates de cinchonine, j'ai étudié ceux de quinine, de brucine, de strych-
nine, et je suis arrivé aux mêmes résultats généraux. Deux fois seulement
j'ai rencontré la même quantité d'eau de cristallisation, et, par conséquent,
a4 •
( >8o )
isomérie complète dans les sels correspondants. Mais alors les formes cris-
tallines sont incompatibles, les solubilités très-différentes et les sels retien-
nent leur eau avec des énergies très-inégales. En effet, les deux tartrates
acides de strychnine renferment 6 (HO) et perdent tous deux cette eau de
cristallisation à ioo degrés, mais la perte est bien plus rapide pour le sel
gauche que pour le sel droit. Si l'on verse de l'alcool absolu sur le tartrate
gauche, il commence par s'y dissoudre en quantité très-sensible, puis' il
devient opaque, s'effleurit et ne s'y dissout plus. Le tartrate droit, au con-
traire, ne se dissout pas dans l'alcool absolu, et il y conserve toute sa
limpidité première. Les deux tartrates neutres de quinine renferment aussi
chacun 2 équivalents d'eau de cristallisation ; mais le tartrate gauche les
perd facilement déjà à roo degrés, tandis que le tartrate droit exige une
température de 160 degrés pour que la perte de ses 2 équivalents d'eau
soit complète. Les solubilités des deux sels dans l'eau chaude sont en outre
entier ment différentes.
» Pour avoir maintenant une idée de la cause de ce mystérieux phéno-
mène, si bien fait pour éclairer la partie mécanique des combinaisons, nous
devons nous représenter les produits que nous avons obtenus, en tant que
substances actives, sur la lumière polarisée.
» Lorsque l'on unit les deux acides tartriques droit et gauche avec un corps
inactif tel que la potasse, le corps inactif, c'est l'expérience qui le prouve,
modifie de la même manière le pouvoir rotatoire. Les deux acides étaient
identiques et non superposables. Il en est ainsi des deux combinaisons nou-
velles, et les pouvoirs rotatoires sont encore égaux et de sens opposés. Mais
unit-on les deux acides à un corps actif tel que la cinchonine, il y a dans
un cas addition des pouvoirs rotatoires, dans l'autre soustraction. Les dé-
viations résultantes seront de mêmes sens ou de sens contraires, suivant la
valeur relative des pouvoirs rotatoires des corps unis, mais jamais ils ne
seront égaux et de mêmes sens, ou égaux en valeur absolue et de sens op-
posés. Il est matériellement impossible d'assigner une autre origine à la
cause des différences que l'on remarque entre les deux ordres de combi-
naisons que peuvent fournir les corps droits et gauches unis à des sub-
stances actives ou inactives.
» Ce qui me paraît devoir surtout fixer l'intérêt des chimistes sur les
recherches que je poursuis depuis plusieurs années, c'est la généralisation
possible des résultats auxquels je suis arrivé. Ainsi, je regarde comme très-
probable que toute substance droite peut avoir sa gauche et réciproquement,
offrant entre elles les mêmes relations que celles qui existent entre les acides
( '8i )
tàrtriques droit et gauche ou leurs dérivés. Cette présomption puise, eu
effet, une très-grande force dans l'étroite dépendance de l'hémiédrie et du
phénomène rotatoire. Car la forme d'une suhstance active est telle, que l'on
peut en imaginer une autre identique et non superposable, se manifestant
généralement par un tétraèdre irrégulier dont l'inverse est toujours possible.
Or, puisque dans un cas, celui de la série tartrique, ces tétraèdre inverse*.
existent, et que le groupe moléculaire correspondant offre exactement la
même stabilité que celui des tétraèdres directs, on ne voit pas pourquoi il
n'en serait pas de même dans toutes les circonstances.
» D'autre part, je regarde également comme très-probable que l'inactif
de tout corps actif est possible, offrant entre eux les mêmes relations que
nous avons trouvées entre les acides maliques actif et inactif. Ici même les
présomptions sont plus fortes. D'abord, il existe deux exemples de corps
inactifs correspondant à des corps actifs, l'acide malique et l'acide aspar-
tiqne. Mais, en outre, je montrerai bientôt à l'Académie, dans des recher-
ches qui sont déjà très-avancées, que l'on peut enlever facilement la pro-
priété rotatoire à un grand nombre de produits organiques. Ainsi, je ferai
voir que l'on peut transformer, presque poids pour poids, la cinchonine et
la quinine en nouvelles bases isomères, inactives sur la lumière polarisée.
» Cela posé, imaginons qu'à chaque corps actif corresponde son iden-
tique non superposable, et son inactif. On pourra former avec deux groupes
seulement neuf combinaisons isomères dont voici la tableau symbolique :
(i) T/Ci/, (5) T%Ci\,
(2) T/Ci\, (6) T\ci/,
(3)_ T°Ci/, (7) T°Ci\,
(4) T/Ci», (8) T\Ci°,
(9) T°Ci°.
» Si la nature pouvait se prêter à l'union de trois corps actifs, supposition
qui n'a rien que de très-rationnel, l'ensemble des combinaison ternaires
s'élèverait à dix-sept; celui des combinaisons quaternaires à trente-trois, et
ainsi de suite.
» Les résultats que je viens d'exposer conduisent a plusieurs remarques
dont voici les plus prochaines :
» i°. L'acide racémique est un cas particulier de ce genre de combinai-
sons, celui où les deux termes du groupe sont identiques. Soit, en effet,
Ci = T, et alors les quatre combinaisons (i), (2), (5), (6) du tableau pré-
( "i8a )
cèdent deviennent :
T/ Ty = acide tartrique droit ,
' T/^T \ = acide racémique,
T ^ T \ = acide tartrique gauche ,
T X'ï / = acide racémique.
Les quatre combinaisons se réduisent à trois, les deux acides tartriques et
1 acide racémique.
» 2°. En observant que la nature se plaît généralement à produire des
substances actives sur la lumière polarisée, et considérant que l'exemple de
l'acide racémique n'est probablement pas un fait isolé, on admettra, comme
presque inévitable, l'existence dans le règne végétal de combinaisons du
même ordre que celles que nous venons de passer en revue. Pour fixer les
idées, considérons celles que nous ont fournies les deux tartramides et la
malamide active. Elles sont isomères, l'une dévie à droite, l'autre à gaucbe
le plan de polarisation; leurs solubilités sont différentes. N'y a-t-il pas entre
ces deux corps neutres, formés de substances neutres, des ressemblances et
des différences analogues à celles que l'on trouve, par exemple, entre deux
sucres isomères, inégalement solubles, dont l'un dévie à droite, l'autre à
gauche le plan de polarisation? Je porterai toute mon attention sur ces
prévisions dans des recherches ultérieures.
» 3°. Nous pouvons conclure aussi des faits qui précèdent qu'il ne sera pas
toujours nécessaire d'étudier avec l'appareil de polarisation une substance
déterminée pour reconnaître si elle est active ou inactive. Il suffirait de
constater qu'elle ne se comporte pas de la même manière en présence de
deux corps droit et gauche non superposables, pour être assuré de ses pro-
priétés actives. Ce procédé sera surtout utile dans l'examen des caractères
optiques des matières colorantes et dans le cas où l'on soupçonnerait dans
un corps l'existence d'un pouvoir rotatoire, mais où il serait impossible d'en
constater les effets trop peu sensibles à l'appareil de polarisation. L'épreuve
la plus simple sera de rechercher, par exemple, si la matière colorée a exac-
tement la même solubilité dans les deux acides tartriques droit et gauche ou
dans deux de leurs dérivés correspondants, sels, éthers ou amides. La
moindre différence dans les résultats permettra de conclure rigoureusement
à l'existence de la propriété rotatoire.
» Je pourrais appeler l'attention des chimistes sur d'autres conséquences
du fait général qui forme le sujet de la deuxième partie de ce Mémoire, con-
( i83 )
séquences beaucoup plus fécondes, mais aussi beaucoup plus éloignées de
l'expérience que celles que je viens d'énoncer; aussi je craindrais de nuire
à la rigueur des unes par l'exposition des autres. Je les suivrai avec tout
l'intérêt qu'elles méritent, et je m'empresserai d'annoncer à l'Académie les
résultats que je croirai être dignes d'être soumis à son examen. »
économie rurale. — Mémoire sur les gallinsectes de l'olivier, du ci-
tronnier, de l'oranger, du laurier-rose, et sur les maladies qu'ils y
occasionnent dans la province de Nice et dans le département du Var;
par M. .1.-1». Robiveau-Desvoidy. (Extrait par l'auteur. )
(Commissaires, MM. Milne Edwards, Decaisne.)
« Je savais que les oliviers et les orangers de la France méridionale sont,
depuis un certain nombre d'années, infectés de maladies que les efforts de
l'homme n'ont encore pu ni surmonter, ni même arrêter. Je résolus d'étu-
dier par moi-même ces fléaux. Mon but était d'en rechercher l'origine,
d'en constater les causes et les ravages. Je voulais demander à l'histoire de
ces maladies, déjà naturalisées dans ces provinces , l'histoire probable des
maladies nouvelles ou prétendues nouvelles qui affligent en ce moment
nos départements du centre et du nord.
» . Je me rendis donc dans la prbvince de Nice et dans la contrée
d'Hyères.
» Je vais en peu de mots tracer un aperçu de mes observations.
» Les oliviers, citronniers, orangers, et une foule d'autres arbres cultivés
dans ces climats, sont en proie à une affection que les Italiens nomment
la morfée, parce qu'ils l'ont comparée à une affection psorique cutanée.
C'est une croûte ou une crasse noire qui recouvre le tronc, les branches,
les feuilles et les fruits des arbres sur des étendues quelquefois considé-
rables. La végétation est arrêtée, viciée; les arbres tombent dans la lan-
gueur, le marasme et la stérilité. Ils n'offrent plus qu'un aspect de dégoût
et de répulsion. Ils peuvent rester plusieurs années dans ce triste état.
D'autres fois, la maladie quitte brusquement une localité pour se jeter sur
une autre localité plus ou moins voisine qu'elle ravage à son tour.
» D'après les témoignages de l'histoire, cette maladie ne paraît pas avoir
plus d'un siècle de date. Les écrivains la font naître à Rome, d'où elle se
serait répandue dans toute l'Italie, et enfin en France. Elle fait chaque
année des progrès nouveaux, soit en intensité, soit en étendue. On n'a en-
core trouvé aucun moyen de l'arrêter.
( «84 )
» Cette morfée porte dans le Nord le nom de.fumagine; elle y est moins
désastreuse et surtout moins hideuse, parce que les arbres y sont à feuilles
caduques, et qu'ainsi ils ne conservent pas la maladie accumulée sur eux
durant plusieurs années de suite.
» Les Italiens ne sont pas d'accord sur la nature de la morfée. Est-ce
une maladie spéciale? n'est-elle que le produit des piqûres des gallin-
sectes?
» J'embrasse cette dernière opinion comme étant lapins rationnelle, et
appuyée sur l'observation directe des faits; car on ne rencontre la morfée
que sur des arbres déjà attaqués par les kermès. Il suffit du voisinage d'un
arbre attaqué par ces animaux pour rendre malade les arbres contigus qu'ils
envahiront. La séquestration d'une tige saine et sa mise en contact avec les
kermès ont bientôt occasionné la morfée.
» Mais la morfée, une fois installée dans les climats chauds, ne tarde pas
à prendre une énergie extrême, au point de devenir la maladie prédomi-
nante et envahissante. Elle est alors comparable aux affections cutanées qui
ont pris trop d'extension sur les animaux, et qui finissent par amener des
accidents plus grands que ceux engendrés par la cause primitive.
» Je constate que le Coccus adonidum, la Cochenille des serres, origi-
naire du Sénégal, attaque plus particulièrement les arbres des genres ci-
tronnier et limonier;
» Que le Kermès hesperidum, Linn., ou le Kermès des orangers, origi-
naire d'Amérique et d'Afrique, s'adresse de préférence aux orangers, aux
lauriers-roses, aux pêchers ;
» Que le Kermès aonidum, Linn. , ou le Kermès des lauriers, originaire
de l'archipel Indien, en veut surtout aux laurinées. .
» Le Kermès oleœ, inconnu de Linné, et décrifpar Bernard en 1782, fait
les plus grands ravages sur les oliviers : il s'est pareillement jeté sur la
famille des orangers, sur les lauriers et sur une foule d'autres végétaux.
C'est l'insecte le plus désastreux de cette époque.
» En outre, ces diverses espèces de gallinsectes, franchissant les limites
que la nature leur avait assignées dès l'origine, ont indifféremment attaqué
les autres arbres à feuilles persistantes. On peut aussi les rencontrer vivant
ensemble sur le même arbre. Elles ont fait davantage, elles se hâtent d'oc-
cuper chaque arbre nouveau au fur et à mesure que la culture l'amené des
contrées lointaines pour l'acclimater.
» Ces insectes ne sont donc pas dangereux seulement pour le présent, ils
sont encore redoutables pour l'avenir.
( i»5)
» C'est dans les localités grasses, humides, bien cultivées, bien arrosées,
bien engraissées, et surtout à l'abri des vents, que kermès et morfée fleu-
rissent à l'envie et se manifestent par les plus grands ravages. La cupi-
dité de l'homme, qui a voulu avoir à la fois plusieurs espèces de récoltes
sur le même champ, et qui y a accumulé plusieurs genres de végétaux, a
provoqué, par une culture poussée à l'excès, un excès de végétation qui
engendre les myriades d'animaux, auteurs de tant de désastres.
» Je termine mon Mémoire en rappelant l'attention du naturaliste sur
les quatre espèces de gallinsectes mentionnées, dont on connaissait bien
les habitudes, et qui, à l'exception du Kermès oleœ, n'avaient encore été
observées que dans les serres. Linné, en raison de leur domicile sur les
arbres aromatiques et toujours verts des contrées les plus chaudes, leur
imposa le glorieux nom de Coccus adonidum, Coccus hesperidum, Coccus
aonidum. Pour lui, comme pour Geoffroy, c'étaient des insectes exotiques,
rapportés des pays lointains et torréfiés par les feux du soleil. A. l'exemple de
leurs végétaux nourriciers, ils n'entretenaient en Europe leur existence qu'à
l'abri de domiciles vitrés et sous l'influence d'une chaleur artificielle. Ces in-
sectes ont quitté leur prison ; sous des climats favorables, ils ont retrouvé en
plein air les arbres de leur véritable patrie : la nature a repris ses droits. Le
Coccus adonidum s'est de nouveau installé sur les citronniers, le Kermès
hesperidum sur les orangers, le Kermès aonidum sur les lauriers, ainsi que
plusieurs siècles auparavant le Kermès oleœ avait suivi l'olivier dans ses
migrations en Europe. Des végétaux étrangers avaient été transportés sur des
plages nouvelles, leurs insectes, également en voyage, les y ont rencontrés.
Dans leur nouvelle patrie, plantes et animaux ont trouvé des conditions
favorables à un excessif développement. Les plantes, par de riches produits,
ont d'abord répondu aux vœux des cultivateurs; mais les insectes se sont
accrus dans la même proportion : comme aucun obstacle et aucun ennemi
ne s'opposaient à leurs générations incessantes, ils n'ont pas tardé de devenir
causes de maladies, de stérilité et même de mort pour leurs nourriciers.
» Ces faits sont positifs et au-dessus de toute contestation. Leur récit ne
pourrait-il pas nous guider dans nos études sur ces grandes maladies qui,
aujourd'hui, affligent l'agriculture dans tous les points de l'Europe? »
M. Zalewski présente des considérations sur le système du monde , et
en partie sur la marche de la lumière émise par les corps célestes.
(Commissaires désignés pour un précédent Mémoire : MM. Pouillet,
Despretz.)
C. R.,i85a, a"» Semestre. ( T. XXXV, N°8.) a5
( '86)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
chimie appliquée. — Recherches sur l'incrustation des chaudières à vapeur
alimentées à Veau de mer ; par M. Coitsté. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Thenard, Combes, Séguier.)
« La préservation des chaudières à vapeur contre les incrustations cal-
caires est une question qui intéresse la sécurité publique, l'avenir de l'in-
dustrie et surtout celui de la navigation à vapeur.
» Supprimer ces incrustations, c'est, entre autres avantages, anéantir
toute cause d'explosion, ou, du moins, ne laisser à ce fléau que les chances
de la témérité ou de l'incurie ; c'est réaliser une économie de 4o pour i oo
de combustible dans les machines de terre, et de 65 pour 100 dans les ma-
chines navales. Pour résoudre cette question, l'auteur a opéré de la manière
suivante.
» Il a d'abord visité les chaudières de plusieurs bateaux pour reconnaître
la forme des dépôts et leur distribution sur la surface de chauffe. Puis il a
analysé ces dépôts, et, par la synthèse, il a déterminé la théorie de leur
formation. Cette synthèse lui a révélé deux moyens de préservation : l'un,
l'évacuation applicable aux seuls générateurs à basse pression ; l'autre, l'ali-
mentation à l'eau distillée, applicable à toutes les chaudières, mais exigeant
un appareil spécial, que l'auteur a imaginé, pour opérer une condensation
instantanée. Enfin, l'auteur a déterminé, parle calcul, la perte de calorique
due aux incrustations. Voici les points principaux du Mémoire.
» Il se forme des dépôts de deux sortes : dépôts concrétionnés, qui con-
stituent l'incrustation, composés de sulfate de chaux en majeure partie,
sous-carbonate de magnésie, magnésie libre, eau, et traces de fer et d'alu-
mine ; dépôts vaseux, composés des mêmes éléments en proportions très-
variables, et mêlés de matières organiques et de silice et alumine.
» Ces deux sortes de dépôts sont exempts de carbonate de chaux, quoi-
que l'eau de mer en contienne, caractère qui les distingue des dépôts pro-
duits par les eaux douces. L'absence de carbonate de chaux est due à la
réaction du chlorure de magnésium. Ce fait conduira probablement à ht
découverte d'un moyen pratique d'empêcher l'incrustation des générateurs
alimentés à l'eau douce.
» Dans l'acte de l'incrustation, tous les sels calcaires se transforment en
sulfate, en vertu de réactions bien déterminées qui ont permis d'établir la
théorie du phénomène; en. sorte qu'au point de vue particulier de l'incrus-
( i87)
tation, toute la chaux préexistant dans l'eau de mer peut être regardée
comme à l'état de sulfate.
» Le sidfate de chaux est le seul principe incrustant ; il se dépose par
cristallisation, et il n'y aurait aucune incrustation si cette cristallisation
n'avait pas lieu. Pour empêcher cette cristallisation, il faut maintenir l'eau
de la chaudière au-dessous du point de saturation quant au sulfate de chaux,
et, à cet effet, évacuer de l'eau pendant la marche, dans une proportion
telle, que le sulfate extrait soit au moins égal à celui que l'eau alimentaire
introduit.
» Le rapport à établir entre l'évacuation et l'alimentation, dépend de la
proportion de sels calcaires contenus dans l'eau de mer naturelle, et de la
solubilité du sulfate de chaux dans les eaux salées.
» Les eaux de l'Océan et de la Méditerranée contiennent de o,i4 à 0,16
pour ioo en sulfate de chaux (toute la chaux étant supposée à l'état de
sulfate) et arrivent à saturation à i3 degrés Baume (observé à i5 degrés de
température), lorsqu'on les concentre par ébullition sous la pression atmo-
sphérique.
» Le degré auquel la saturation a lieu s'abaisse à mesure que la tempé-
rature d'ébullition, ou la pression, augmente. Entre i et a atmosphères, ces
variations suivent la loi ci-après : Un accroissement de pression de 0,2 d'at-
mosphère abaisse de 1 degré la concentration à laquelle a lieu la saturation
quant au sulfate de chaux.
» Il s'ensuit que l'évacuation, convenablement appliquée, peut préserver
les chaudières à basse pression, mais non celles à moyenne et haute pres-
sions.
» Cette évacuation doit être continue et régulière, et ne peut être obtenue
telle à l'aide de pompes. L'auteur propose de les remplacer par un appa-
reil spécial qu'il a imaginé.
» Toutefois l'évacuation, efficace pour préserver la surface de chauffe
indirecte, n'empêche pas l'incrustation de la surface directe. L'auteur le
prouve par l'expérience et par la théorie.
» Il est impossible d'empêcher l'incrustation des générateurs à moyenne
et haute pressions tant qu'ils seront alimentés à l'eau de mer. L'auteur pro-
pose de les alimenter à l'eau distillée ; et, à cet effet, il propose un appa-
reil, qu'il appelle condenseur instantané '_, pour condenser la vapeur sortant
du cylindre, sans perte de force motrice. 11 indique les moyens de suppléer
au déficit d'eau distillée causé par les fuites de vapeur et d'eau de la chau-
dière.
25..
( «88 )
» Il résulte du calcul théorique de la perte de combustible due à l'in-
crustation, que cette perte est supérieure à : l\o pour 100 de la consomma-
tion actuelle, pour les chaudières à basse pression; 47 pour 100 de la
consommation actuelle , pour les chaudières à moyenne pression ( 3 atmo-
sphères); 4o pour ioo de la consommation actuelle, pour les chaudières à
haute pression (5 atmosphères); 22 pour 100 de la consommation actuelle,
pour les locomotives ( 5 atmosphères ). »
GÉOLOGIE. — Note sur la géologie de la Cochinchine ; par M. Arnoux,
missionnaire.
(Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Dufrénoy.)
« M. Arnoux, jeune missionnaire, plein de dévouement et d'intelligence,
après avoir suivi les Cours de l'Ecole des Mines, et reçu des conseils de
M. Mauvais sur les observations astronomiques, s'est embarqué, il y a
trois ans, pour la Cochinchine. Son premier soin, après un séjour de plu-
sieurs mois, a été d'adresser ses remercîments à MM. Dufrénoy et Élie de
Beaumont, ainsi qu'à M. Mauvais, qui l'avaient guidé dans ses travaux, et
de leur donner quelques indications sur les observations qu'il avait été a
même de faire. Les difficultés dont sont entourés les missionnaires sur la
terre de Cochinchine, ont empêché M. Arnoux de faire des courses de quel-
que étendue; mais il a envoyé, dans différentes directions, des émissaires
qui lui ont rapporté des échantillons de points assez éloignés et dont il
connaissait bien la position.
» Il résulte de l'examen de ces échantillons que le terrain, depuis les
bords de la mer jusqu'au delà de Go-thi (1), village qu'il habite dans la
province de Biuh-Diuh, est entièrement composé de terrains anciens dans
lesquels le gneiss domine. La plupart des roches que les naturels lui ont
rapportées sont du granit, du gneiss, des diorites et des éléments de ces
roches. Le kaolin y paraît abondant et de bonne qualité. On lui a égale-
ment rapporté des pyrites de cuivre, du fer hématite et du fer oligiste qui
paraissent former des filons dans les mêmes terrains.
» Outre ces roches anciennes, il existe des dépôts modernes renfermant
des argiles et du carbonate de soude. Les argiles employées pour la con-
struction de presque toutes les habitations, du moins comme moyen de
relier entre elles les pierres informes avec lesquelles elles sont construites,
sont de bonne qualité. M. Arnoux annonce que les vases confectionnés
(1) Ce village est situé à i3°37' de latitude nord, et à io6°39' de longitude est.
( i8g)
avec ces argiles ont la pâte fine, et qu'on pourrait les comparer avec les
argiles plastiques les plus estimées.
» Le carbonate de soude se trouve à la surface du sol sous la forme d'ef-
florescences qui soulèvent la terre à la manière des champignons. Ce sel
est employé par les naturels en guise de savon ; ils s'en servent pour laver
leur linge. Mais un des usages les plus fréquents et les plus indispensables
est pour décrasser leur chevelure qui, longue et tombante sur leurs épaules,
est ordinairement d'une grande malpropreté.
» Les minerais de fer hématite sont fort abondants; les Aunamites en
fabriquent un fer aciéreux de bonne qualité, par un procédé analogue à la
méthode catalane II ne diffère de celle-ci que par la petitesse du fourneau,
ce qui est dû au peu de puissance de leur soufflerie, qui consiste en deux
tubes en bois liés ensemble de im,4o de haut sur om,25 de diamètre sans
soupape.
» Dans le bas de ces tubes se trouvent les ouvertures pour donner pas-
sage à l'air qui est chassé par un piston mû à la main. Un seul homme fait
jouer les deux pistons, il en tient un de chaque main.
» M. Arnoux donne quelques détails sur les différentes phases de ce pro-
cédé. Il a ajouté les dessins des fourneaux. Ces documents offrent de l'in-
térêt sous le rapport de l'histoire du travail du fer.
» Les alluvions qui existent dans plusieurs des vallées de la Cochinchine
sont aurifères; on lira avec quelque intérêt les détails que M. Arnoux donne
sur l'exploitation de ce métal, et surtout sur l'organisation des compagnies
qui se livrent à cette industrie. Nous les extrayons presque textuellement
de son Mémoire :
« L'or s'exploite en le séparant des sables dans lesquels il se trouve dis-
s séminé, de sorte que toute la métallurgie de ce métal consiste en de sim-
» pies lavages qui, d'après les procédés employés, doivent être assez impar-
» faits. Les Aunamites n'ont point de tables ni mouvantes ni dormantes ; ils
» lavent simplement sur terre. La méthode d'amalgamation leur est d'ail-
» leurs inconnue, du moins ils n'en font pas usage.
» Des compagnies se forment pour l'exploitation de l'or d'une province
» ou d'une portion de province. Elles ne peuvent exploiter sans l'autonsa-
» tion du gouvernement. Cette autorisation leur est accordée à la seule con-
» dition de fournir le tribut déterminé qui est le même partout, pour toutes
» les compagnies, quel que soit d'ailleurs l'état du minerai exploité.
• » Les compagnies exploitantes sont composées de cinquante individus
» ayant à leur tête un chef responsable. Elles doivent fournir la quantité
( '9° )
» d'or déterminée pour le tribut, qui est réparti sur chacun des membres,
» de sorte que chaque homme est tenu de produire sa quote-part au chef.
» Celui-ci réunit ces diverses quotes-parts et en remet la totalité au manda-
» rin chargé de percevoir le tribut. Tout individu qui a payé sa quote-part
» peut garder pour lui le surplus du produit de son travail. Dix hommes
» doivent fournir pour le tribut une once de métal, c'est-à-dire 3ç/r,o5,
» car il s'agit de l'once aunamite. Les personnes qui font partie des com-
» pagnies exploitantes ont le privilège d'être exemptées du service militaire
» et de toute corvée publique. Il existe un grand nombre de ces compa-
» gnies dans la province de Quang-Nam ; les autres provinces en renfer-
» ment une ou plusieurs, chacune. »
» M. Arnoux exprime le désir, à la fin de son Mémoire, d'avoir quelques
instruments qui lui sont indispensables pour ses observations, notamment
un chronomètre. Le zèle et le dévouement dont ce jeune missionnaire a fait
preuve méritent d'être encouragés. M. Arnoux, muni des instruments qui
lui manquent, pourra recueillir des données très-précieuses sur ce pays
presque complètement inconnu. »
navigation. — Boussole de contrôle des compas de route d'un bâtiment,-
par M. Allain, capitaine de vaisseau.
(Commissaires, MM. Arago, Beautemps-Beaupré, Duperrey.)
Après la lecture de cette Note, 31. Morin fait remarquer que, depuis
plusieurs années, M. D. Napier, habde ingénieur anglais, a construit une
boussole munie d'un appareil chronométrique, à l'aide duquel on recon-
naît très-facilement le temps pendant lequel un bâtiment a marché dans
une direction déterminée, ainsi que toutes les variations qu'il a éprouvées
dans sa route. Cet appareil, qui figurait à l'Exposition de Londres, a été
essayé avec succès à bord du vaisseau de S. M. B., le Ripon. On peut en
voir un spécimen au Conservatoire des Arts et Métiers.
mécanique appliquée. — Description et figure d'un propulseur articulé
pour les bateaux à vapeur; par M. Bailli i..
(Commissaires, MM. Morin, Combes, Séguier.)
M. Boillot (Alexis) soumet au jugement de l'Académie un Mémoire
ayant pour titre : Nouvelle Théorie des parallèles rigoureusement établie.
M. Chasles est invité à prendre connaissance de ce Mémoire et à faire
savoir à l'Académie s'il est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
( ig» )
M. Robardet adresse une Note additionnelle à celle qu'il avait envoyée,
il y a quelques séances, sur un instrument qu'il désigne aujourd'hui sous
le nom de Thermométrographe exométrique à piston.
(Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment désignés:
MM. Pouillet, Regnault, Despretz.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique accuse réception d'une am-
pliation du Rapport fait à l'Académie sur les appareils de panification de
M. Roland, et témoigne l'importance qu'il attache à la communication de
ce document.
M. le Ministre d'Etat remercie l'Académie de lui avoir fait connaître
la décision en vertu de laquelle un exemplaire des Comptes rendus sera
envoyé régulièrement à son Ministère.
L'Académie royale des Sciences de Bavière remercie l'Académie pour
l'envoi d'une nouvelle série de Comptes rendus de ses séances.
Sir James Clark Ross, nommé récemment à une place de Correspon-
dant pour la Section de Géographie et de Navigation, adresse ses remercî
ments à l'Académie.
astronomie. — Comète découverte le il\ juillet i852.
« M. Westphal, de l'observatoire de Goettingue, a découvert le
il\ juillet une comète à i degré f au sud de l'étoile j des Poissons; dans
le chercheur elle paraissait occuper un espace de plusieurs minutes. Voici
la position estimée par M. Westphal pour le il\ juillet :
i852. 24 juillet, i2h, temps moyen de Goettingue.
8=ibnm,7, D=+i°4''
» La mut suivante, la comète se trouvait près d'une étoile des zones de
Bessel, Weis, n° 197. Elle lui a été comparée par M. Klinkerfues. Cette
comparaison , ainsi qu'une estime de M. Westphal , ont donné les positions
( J92 )
suivantes pour le 2 5 juillet :
n — o //'
i3h44m ai = ihi3',i.
» On a trouvé la comète à Altona le 27, de suite après le coucher de la
Lune , mais elle n'a pu être observée , à cause des arbres , qu'au moment
où le crépuscule commençait. L'observation suivante est de M. Sonntag :
i852. 27 juillet, i4h iom 3o', temps moyen d'Aitona.
2L*+ Ih l5m29%12, D= +- 3° 4' 11", 7.
» Le même jour la comète a été observée à Hambourg, par M. Rumker.
Voici la position déduite de l'observation :
i852. 27 juillet, i3h 38m 26*,3, temps moyen de Hambourg.
m*« i8°5i'5o",7, D*«= + 3°3'2i",2.
météorologie. — Tonnerre en boule. (Lettre de Madame Espert
à M. drago.)
a Un feuilleton de la Presse, écrit dernièrement par M. Meunier, sur
les effets du tonnerre en boule, m'engage à vous transmettre la relation
d'un phénomène météorologique de ce genre dont j'ai été témoin.
» Je demeure cité Odiot, n° 1, au second étage, d'où j'ai la vue sur les
terrains Beaujon.
» C'était au mois de juin 1849, ^e r6, je crois, un vendredi à 6h3om du
soir, le jour même où le choléra sévissait le plus fortement à Paris.
» La température était suffocante, le ciel paraissait calme dans le mo-
ment, mais on voyait des éclairs de chaleur de tous côtés.
» Passant devant ma fenêtre, qui est très-basse, je fus étonnée de voir
comme un gros ballon rouge, absolument semblable à la lune lorsqu'elle
est colorée et grossie par des vapeurs. Ce ballon descendait lentement et
perpendiculairement du ciel sur un arbre des terrains Beaujon. Ma pre-
mière idée fut que c'était une ascension de M. Grimm ; mais la couleur du
ballon et l'heure me firent penser que je me trompais, et pendant que mon
' esprit cherchait à deviner ce que cela pouvait être, je vis le feu prendre au
bas de ce globe suspendu à i5 ou 20 pieds au-dessus de l'arbre. On aurait
dit du papier qui brûlait doucement avec de petites étincelles et flammèches ;
puis, quand l'ouverture fut grande comme deux ou trois fois la main, tout
( '93)
à coup une détonation effroyable fit éclater toute l'enveloppe et sortir de
cette machine infernale une douzaine de rayons de foudre en zigzag, qui
allèrent de tous côtés et. dont l'un vint frapper une des maisons de la cité,
le n° 4, où il fit un trou dans le mur, comme l'aurait fait un boulet de ca-
non : ce trou existe encore; enfin, un reste de matière électrique se mit à
brûler avec une flamme blanche, vive et brillante, et à tourner comme un
soleil de feu d'artifice.
» Ce phénomène dura plus d'une minute. C'était un si beau spectacle,
que je n'eus pas même l'idée du danger ni de la peur; je ne pouvais que
m'écrier : Que c'est beau! que c'est beau!!!
» Cependant la détonation avait été si forte, qu'elle avait renversé trois
hommes dans la rue et jeté une vive émotion dans la cité et le quartier,
comme vous pouvez croire. Ma cuisinière fut presque asphyxiée par un
rayon de foudre qui passa devant sa fenêtre. La concierge laissa tomber un
plat qu'elle tenait à la main, ne pouvant dire si c'était la peur ou la com-
motion d'un autre rayon de foudre qui descendit le grand escalier de la rue,
sur le palier duquel elle se trouvait. Un autre rayon de foudre alla dans la
pension de Madame Loiseau, rue Neuve-de-Berry, où il blessa une des in-
stitutrices, et tous les habitants du n° 4 se précipitèrent tout effrayés dans
la cour, mais sans blessures. .
» Tout Paris retentit du bruit affreux de ce terrible coup de tonnerre ;
mais peut-être suis-je la seule qui ait vu, par hasard, le phénomène qui le
produisit; et je ne donnerais pas pour beaucoup de n'avoir pas été témoin
d'un aussi admirable et merveilleux spectacle. »
météorologie. — Foudre globulaire à Milan, en 1841 (juin?). (Extrait
d'une Lettre adressée de Trieste à M. Arago , par M. Burri , peintre de
marine de l'impératrice d'Autriche.)
« Dans l'année 1841 , et, si ma mémoire ne me trompe, au mois de juin,
j'étais à Milan, logé au second, dans l'hôtel de l'Agnellp, dans une chambre
qui donnait sur la Corsia dei Servi. C'était dans l'après-midi, vers six
heures; la pluie tombait à torrents, les éclairs illuminaient les pièces les
plus sombres, mieux que ne fait le gaz chez nous. Le tonnerre éclatait de
temps en temps avec un bruit épouvantable. Les fenêtres des maisons
étaient fermées, la rue était déserte, car, comme j'ai dit, la pluie tombait
à verse, et la voie publique était convertie en un torrent. J'étais assis tran-
quillement, fumant mon cigare et regardant, à travers ma fenêtre ouverte,
C. R., i85a, 2">« Semestre. (T. XXXV, N°5.) 2^
( '94 )
la pluie qui, illuminée de temps en temps par le soleil, se dessinait en fils
d'or, lorsque j'entendis dans la rue plusieurs voix d'enfants et d'hommes
qui disaient : guarda , guarria (regardez, regardez); et en même temps
j'entendis le bruit de quelques souliers ferrés. Habitué depuis une demi-
heure au silence humain, le bruit dont je parle m'éveilla, je courus à la
fenêtre, et tournant la tête du côté d'où venait le bruit, c'est-à-dire à droite,
la première chose qui frappa mes yeux, fut un globe de feu qui marchait
au milieu de la rue et au niveau de ma fenêtre, dans une direction, non pas
horizontale, mais sensiblement oblique.
» Huit ou dix personnes du peuple, continuant à crier : guarda, guarda,
les yeux fixés sur le météore, l'accompagnaient en marchant dans la rue
d'un pas que les soldats nomment le pas forcé. Le météore passa tranquil-
lement devant ma fenêtre, et m'obligea à tourner la tête du côté gauche pour
voir comme finirait son caprice. Après un moment, craignant de le perdre
de vue derrière les maisons qui sortaient de la ligne de celle dans laquelle
j'étais logé, je descendis en hâte dans la rue, et j'arrivai encore à temps pour
le voir et me joindre aux curieux qui le suivaient. Il marchait toujours aussi
lentement, mais il s'était élevé, car j'ai déjà dit qu'il allait obliquement ;
de manière que, après trois minutes encore de marche toujours montante,
il alla heurter la croix du clocher de l'église dei Servi et disparut. Sa dis-
parition fut accompagnée d'un bruit sourd comme celui que peut faire un
canon de 36 ouï à la distance de i5 milles avec un vent favorable.
» Pour donner une idée de la grandeur de ce globe igné, de sa couleur,
je ne puis que le comparer à la lune , telle qu'on la voit se lever sur les
Alpes, pendant les mois d'hiver, et par une nuit claire, comme je me rap-
pelle l'avoir vue quelquefois à Innspruk, dans le Tyrol, c'est-à-dire d'un
jaune rougeâtre, avec quelques taches plus rouges encore. La différence est
qu'on ne voyait pas les contours précis dans le météore comme on les voit
dans la lune, mais qu'il semblait enveloppé dans une atmosphère de lumière
dont on ne pouvait pas marquer la limite précise. »
M. Butti déclare qu'il a fait cette communication d'après les instances
d'un de ses amis, médecin à Trieste, M. Taglia-Pietra, qui s'occupe par
goût d'astronomie et de météorologie. Ce médecin ayant eu occasion, il
y a environ un an, de mentionner différents cas de foudre en boide en pré-
sence de M. Butti, celui-ci lui raconta le fait dont il avait été témoin à Milan.
M. Taglia-Pietra, dans une Note adressée à M. Arago,, garantit la fidélité
des souvenirs de son ami.
( '95 )
»
météorologie. — Double cas de joudre su boule observé dans un très-
court espace de temps. (Extrait d'une Lettre adressée à M. Jamin, par
M. Al. Meunier, chef de bureau au Ministère de l'Intérieur.)
« C'était dans le mois de juin dernier, je longeais la rue Montholon en-
tre i ih et 1 ib3o'" du soir, lorsque la foudre éclata avec une violence peu
ordinaire à Paris. J'y fis d'abord peu d'attention et je continuai ma route;
mais, vers le milieu de la rue, un éclair immense brilla tout à coup et fut
suivi presque instantanément d'un coup de tonnerre, semblable à une dé-
charge d'artillerie. Il me sembla voir une bombe énorme lancée avec vio-
lence, qui éclatait avec fracas au milieu delà voie publique. Dans le moment,
cette espèce de globe qui s'avançait me fit l'effet de la lune se détachant du
ciel. C'était à peu près la même dimension, et je dirai presque la même cou-
leur. Ce coup ne ralentit pas ma marche, car je me rappelais ce qu'on dit,
que lorsqu'on a vu l'éclair on n'a plus rien à craindre. Jeme contentai d'en-
foncer mon chapeau, que le vent ou la commotion produite par la décharge
électrique avait rejeté en arrière, et je continuai sans accident jusqu'au delà
de la place Cadet. Au moment où je posais le pied sur le trottoir, je vis s'a-
vancer un peu obliquement un nouveau globe de feu, semblable au premier,
mais qui avait de plus à la partie supérieure une espèce de flamme rouge,
qu'on peut comparer à la mèche d'une bombe, quoiqu'un peu plus grosse.
Ce globe, qui n'avait pas été précédé d'un éclair, au moins pour moi, des-
cendit avec une effrayante rapidité, éclata dans la rue avec un bruit tel,
que je n'ai jamais rien entendu de semblable, me donna une violente se-
cousse sur le côté droit, et si violente, que je fus jeté contre la muraille.
Le coup ne me parut sans doute si bruyant que parce que je me trouvais
en position de le parfaitement entendre; mais ce qui m'a surtout paru
remarquable, c'est la forme sphérique du tonnerre. Mes souvenirs à 'cet
égard sont des plus précis. Quant à l'accident en lui-même, il n'eut pas
de suite bien fâcheuse : j'en fus quitte pour être-une quinzaine de jours
sans pouvoir digérer. J'ajouterai, en terminant, que ce coup de tonnerre
termina l'orage, et que le lendemain les journaux annoncèrent que la fou-
dre était tombée dans les environs, rue Lamartine, je crois. »
géologie. — Sur les variations des roches granitiques ; par M. Delesse.
« Plus que toute autre roche cristalline, le granit a exercé une action
métamorphique sur les roches au milieu desquelles il a cristallisé; cette
26..
( 196 )
action métamorphique est très-complexe, et il est bien difficile de' l'expli-
quer, mais de nombreux exemples ne permettent pas de la révoquer en
doute. Elle a développé divers minéraux, et surtout les minéraux mêmes du
granit, en sorte que, suivant l'expression déjà consacrée par M. Keilhau,
les roches qui entourent le granit ont, en quelque sorte, été granitifiées.
» Or, lorsqu'on étudie un massif granitique se trouvant encore au con-
tact des roches qu'il a granitifiées et au milieu desquelles il a cristallisé, on
reconnaît que, généralement, le sommet de ce massif est à la fois un centre
de figure et un centre de cristallisation; il est même vraisemblable qu'il est
aussi le centre d'une sorte d'éruption.
» J'ai recherché quelles sont les variations présentées par la roche gra-
nitique d'un même massif, quand on marche du centre vers la circonfé-
rence; ces variations s'observent à la fois dans la composition minéralogique
et chimique de la roche, ainsi que dans sa densité.
» Sa structure cristalline est la plus développée vers le centre du massif;
elle se dégrade insensiblement, suivant des zones concentriques, et quel-
quefois elle disparait aux limites.
» A un granit bien cristallisé succède un porphyre contenant les mêmes
minéraux, auquel succède souvent une roche pétrosilicèuse.
» L'orthose est ordinairement, parmi les minéraux du granit, celui qui
se trouve le plus loin du centre.
» Le passage du granit aux roches granitiques qui lui sont associées a
lieu par des changements insensibles dans sa composition minéralogique,
et il est accompagné de changements correspondants dans sa composition
chimique. L'analyse m'a montré que, tant qu'un granit conserve le même
caractère minéralogique, sa composition chimique est assez constante; ainsi,
sa teneur en silice varie seulement de quelques centièmes, mais il n'en est
plus de même lorsqu'il se dégrade.
» Lorsqu'un granit a cristallisé au contact d'un schiste argileux, sa teneur
en silice et en alcalis va. en diminuant à mesure qu'on s'éloigne du centre
du massif pour se rapprocher de ses limites. Sa teneur en silice diminue
au moins de 10 pour ioo dans les échantillons qui ont encore tous les
caractères du granit, et en même temps sa densité augmente* Près des
limites, sa teneur en silice peut diminuer de 10 pour 100.
» Sur certains points, il y a passage entre le granit et le schiste, bien
que, sur d'autres points, leur séparation soit au contraire très-nette.
» Lorsqu'un granit a cristallisé au contact d'un grès, sa teneur en silice
( «97 )
va ordinairement en augmentant ; toutefois, dans certains cas, il s'est déve-
loppé, près des limites, du mica ou du talc qui tendent à la diminuer.
» Généralement, la teneur en silice d'un granit va en diminuant ou en
augmentant, suivant que la teneur en silice de la roche, au contact de
laquelle il a cristallisé, est elle-même plus petite ou plus grande que la
sienne.
» Dans tous les cas cependant, lorsque le granit était à l'état fluide, lés
substances minérales les plus légères parmi celles qui entrent dans sa com-
position, c'est-à-dire la silice et les alcalis, ont été concentrées par l'action
de la pesanteur vers les parties les plus élevées de chaque massif grani-
tique. »
M. Gaïetta adresse des considérations sur la cause des étoiles Jilantes
et des aérolithes.
M. Vezit envoie un paquet cacheté.
L'Académie en accepte le dépôt.
A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 6 heures. A.
( «98)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 26 juillet i85a, les ouvrages
dont voici les titres :
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des proyrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. DE Monfort,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; ire année; n° i3; 25 juillet i85a; in-8°.
Journal a" Agriculture pratique et de Jardinage , fondé par M. le Dr Bixio,
publié par les rédacteurs de la Maison rustique, sous la direction de M. BarraL;
3e série; tome V; n" 2 • 20 juillet i852; in-8°.
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; tome V;
n° 20; 20 juillet i852; in-8°.
Recueil encyclopédique d'agriculture , publié par MM. Boitel et Londet.
de l'Institut national agronomique de Versailles ; tome III; n° 2; in-8°.
Handboek... Manuel de Zoologie; par M. Van der Hoeven; 2e vol.;
4e livraison. Amsterdam, r852; in-8°.
La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° 1 3 ;
25 juillet i852.
L A thenœum français. Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux-Arts; ire année; n° 4; 24 juillet i852.
Gazette médicale de Paris; 3e série; tome VII; n° 3o; 24 juillet 1802.
Gazette des Hôpitaux; noa 85 à 87 ; 20, 22 et 24 juillet i852.
Moniteur agricole ; 5e année; u° 29; 22 juillet 1802.
La Lumière; 2e année; n° 3i; 24 juillet i852.
L'Académie a reçu, dans la séance du 2 août i852, les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences,
2e semestre 1 85a ; n° 4 ; in-4°-
Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres de l'Institut national de France; ire série: Sujets divers d'éru-
dition; tome IL Paris, Imprimerie nationale, i852; 1 vol. in-4°-
( '99 )
Lettre sur la maladie des cerises, à M. DECAISNE, professeur de culture au
Muséum d'Histoire naturelle de Paris; par M. Léveillé; broch. in-8°.
(Extrait de la Revue horticole; numéro du 16 juillet i85a.)
Extrait du programme de la Société hollandaise des Sciences à Harlem , pour
l'année i85a; broch. in-4°-
Bulletin de V Académie nationale de Médecine, rédigé sous la direction de
MM. F. Dubois (d'Amiens), secrétaire perpétuel, et Gibert, secrétaire
annuel; tome XYII; n° 20; 3i juillet i852; in-8°.
Société nationale et centrale d' Agriculture. Bulletin des séance*-, Compte
rendu mensuel rédigé par M. Payen, secrétaire perpétuel; 2e série, tome VII;
n" 8; in-8°.
Annales forestières; ioe année; a5 juillet 1 852; in-8°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. de Monfort,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; ire année; n° i4; Ier août 1 852 ; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie , de Toxicologie; et revue
des nouvelles scientifiques nationales et étrangères; par les Membres de la Société
de Chimie médicale; n° 8; août i852; in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , publié par M., le docteur
A. Martin-Lauzer ; n° i5; Ier août i852; in-8°.
L' Agriculteur-praticien. Revue d agriculture , de jardinage et d'économie ru-
rale et domestique, sous-la direction de MM. F. Malepeyre, Gustave Heuzé
et BossiN ; août i852; in-8°.
. Le Magasin pittoresque ,• juillet i8o2;in-80.
Moniteur de la propriété et de l'agriculture. Jounfal des intérêts du sol;
publié par une Société de propriétaires-agriculteurs; juillet i852; in-8°.
Revue médico-chirurgicale de Paris, sous la direction de M. Malgaigne;
juillet 1802; in-8°.
Rendiconto... Comptes rendus des séances et des travaux de l'Académie
royale des Sciences de Naples, Section de la Société royale Bourbonnienne ;
nouvelle série; nos i et 2; janvier-avril i852. Naplês, i852; in-4°.
Il monte... Rapport fait à l'Académie des Sciences de Naples, par une
Commission composée de MM. L. Palmieri et A. Scacchi, sur le mont Vulture
et le tremblement de terre du 14 août 1 85 1 . Naples, i85-2 ; in-4°.
( 200 )
Sulla... Note sur la théorie générale des surfaces; par M. Gaspakij
Mainardi, professeur de Mathématiques à l'Université de Pavie. Rome,
]85a; broch. in-4°-
Adress... Discours prononcé par M. Murchjson à la séance annuelle de la
Société royale de Géographie, le il\ mai i852. Londres, i85a; broch. in-8°.
Catalogue... Catalogue de la Bibliothèque de la Société royale de Géogra-
phie; état en mai 1 85 1 . Londres, i85a; in-8°.
Abhandlungen... Mémoires de la Classe des Sciences physiques et mathé-
matiques de l'Académie royale de Bavière; VIe volume; 3e partie. 'Munich,
i852; in-4°.
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques ; n° 818.
Gazette médicale de Paris; n° 3i; 3i juillet i85ï.
Gazette des Hôpitaux ; n05 88 à 90; 27, 29 et 3i juillet i852.
L Athenœum français. Journal- universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux-Arts; ire année; n° 5; 3i juillet i852.
La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° \l\ ;
1" août i852.
L Abeille médicale ; n° i5; Ier août i852.
La Lumière; 2e année; n°3a; 3i juillet i852.
Moniteur agricole; 5e année; n° 3o; 29 juillet i852.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 9 AOUT 1852.
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.
RAPPORTS.
tonnellerie. — Rapport sur un Mémoire ayant pour titre : Essai sur
l'application du système métrique à la tonnellerie; par M. Fournerie,
employé de l'octroi de Paris.
(Commissaires, MM. Dupin, Morin, Mathieu rapporteur.)
« Les tonneaux dont on se sert en France, dans le commerce des liquides,
présentent une variété infinie de formes et de dimensions. La mesure de leur
contenance, qui exigerait des jauges particulières, est souvent fort embar-
rassante : on n'a pas toujours des moyens expéditifs de l'évaluer avec une
approximation suffisante. Userait donc à désirer que l'on adoptât une forme
unique et simple qui permettrait d'obtenir, avec autant de facilité que de
certitude, la contenance des tonneaux de diverses grandeurs à l'aide d'une
seule jauge. Le producteur, le négociant, le consommateur sauraient exac-
tement ce qu'ils vendent et ce qu'ils achètent. Les transactions se feraient
avec sécurité, et l'on éviterait les difficultés que l'on rencontre sans cesse
dans le commerce et dans la perception de l'impôt.
» Pour remédier aux inconvénients que nous venons de signaler, M. Four-
nerie propose de donner la forme suivante aux tonneaux de toute grandeur.
La section méridienne se compose de deux lignes droites raccordées par uij .S
arc de cercle, dont la corde est le côté du polygone inscrit de vingt-quativ
C. K., i85a, i™! Semestre. I T. XXXV , N° 6. ) 1"
( 20a )
cotés. Chaque partie rectiligne tangente à l'arc est la moitié du côté du poly-
gone circonscrit de vingt-quatre côtés, et la longueur intérieure du tonneau
est égale au double du côté du polygone inscrit. Enfin, M. Fournerie prend
pour rayon des fonds six fois la longueur de la flèche de la section méri-
dienne ou de la douve : le rayon du bouge est, en conséquence, égal à sept
fois cette flèche. Le tonneau produit par la révolution de la courbe méri-
dienne autour de son axe, se compose donc de deux troncs de cône et du
corps intermédiaire engendré par une portion de cercle. Ce corps comprend
la moitié et chaque tronc le quart de la longueur du tonneau.
» L'auteur, après avoir considéré ce tonneau de révolution, passe à un
tonneau dont les douves ne sont pas concaves à l'intérieur. Alors les sections
perpendiculaires à l'axe ne sont plus des cercles : ce sont des polygones d'au-
tant de côtés qu'il y a de douves. Il prend comme une sorte d'étalon le ton-
neau polygonal formé par vingt-quatre douves de même largeur, puis il cal-
cule pour différentes contenances de 10 à 2000 litres la longueur de ce
tonneau, le rayon de l'arc de cercle de la section méridienne et les apo-
thèmes des polygones du bouge et des fonds. Il détermine enfin les circon-
férences ou plutôt les périmètres des polygones du bouge et des fonds que
l'on doit employer pour construire un tonneau qui ait même courbure
méridienne, même longueur et même contenance que le tonneau étalon,
quand le nombre des douves diffère du nombre moyen vingt-quatre.
» Nous ne suivrons pas l'auteur dans les procédés purement géométriques
dont il fait usage pour obtenir tous ces résultats qu'il a réunis dans un grand
tableau où le constructeur trouvera tous les éléments nécessaires pour faire
des tonneaux de 10, 20, 5o, 100, etc., litres, formés de seize à trente-deux
douves. Dans une colonne du tableau on trouve, en outre, la longueur de
la jauge diagonale correspondante à" chaque contenance.
» Les tonneaux manquent presque toujours par les fonds quand ils sont
un peu grands par rapport à la longueur. Aussi, pour éviter les accidents
dans les transports, on est souvent obligé de maintenir les fonds avec des
barres de bois retenues par des chevilles implantées dans le bout des douves.
M. Fournerie pense qu'un tonneau construit dans les proportions qu'il
adopte, sera assez solide pour que l'on soit généralement dispensé de con-
solider les fonds par le barrage, qui augmente la main-d'œuvre et qui affai-
blit beaucoup les jables.
» Toutes les questions que l'auteur a traitées par la géométrie élémen-
taire, peuvent être résolues directement par des formules que nous allons
rapporter.
(ao3)
» Appelons p le rayon de l'arc de cercle de la section méridienne;
jï= i5° l'angle au centre correspondant à cet arc ou au côté du poly-
gone de vingt-quatre côtés; R et r les rayons du bouge et des fonds; L la
longueur et V la contenance du tonneau de révolution. Nous aurons
V=;:||>R2-t-r2- 2,565 (R - r)2 ].
» Mais la flèche de la section méridienne ou de la douve est pj\ en pre-
nant f ■= tanga sin a + a sin2 - a, et d'après l'auteur on doit avoir
R = ^pf, r= 6pf, puis L = l\p sin a = 20,284 pj- Avec ces valeurs, la
formule précédente revient à Y = -5 0,o45463fj*. On en déduit facilement
la longueur du rayon p de l'arc générateur qui convient à une contenance
donnée V et qui sert à tracer le gabarit ou le moule sur lequel on courbe
les douves. On calculera ensuite les rayons R et r et la longueur L. Le
tonneau construit de la longueur L == 20,284 pj\ en assemblant les douves
sur les circonférences intérieures îrtRet inr pour le bouge et les fonds,
aura une contenance égale à V.
» Ces formules conviennent à un tonneau de révolution en dedans
comme en dehors; mais le plus souvent, pour économiser la main-d'œuvre
et conserver aux douves toute leur épaisseur, on ne les creuse pas à l'in-
térieur. Désignons par n le nombre des douves que nous supposerons de
même largeur. Toute section faite par un plan perpendiculaire à l'axe est
un polygone de n côtés, et l'angle au centre pour un côté est — . Conce-
vons un tonneau polygonal construit en prenant pour apothèmes des poly-
gones du bouge et des fonds, les rayons R et r des cercles inscrits; son
volume intérieur V' sera plus grand que V; car on trouve
V = V=tangJ = V [i + £}
» Four que le tonneau à sections polygonales construit sur le même
gabarit de rayon p, avec la même longueur L, soit de même contenance
que le tonneau de révolution dont R et r sont les rayons du bouge et des
fonds, il faut donc prendre pour les polygones du bouge et des fonds des
apothèmes moindres que R et r. Ces rayons doivent être diminués de la
quantité 0,08622710 £—2, de sorte que les périmètres de ces polygones qui
27..
( 204 )
servent à assembler les douves et à former le tonneau, seront
a7;R+ 1,987a £»
inr -+- 1,4099 £•
» Ces formules suffisent pour calculer facilement tous les éléments dont
on a besoin pour construire des tonneaux de révolution, ou à sections
polygonales.
» Dans le système de M. Fournerie, la partie circulaire de la douve est
égale à la moitié de la longueur du tonneau. Supposons qu'elle soit seu-
lement le tiers de la longueur, que les parties rectilignes comprennent
aussi chacune un tiers, que la longueur du demi-tonneau soit toujours
représentée par r o fois la flèche de la section méridienne au lieu de 10,1 4a
que donne l'hypothèse de M. Fournerie; enfin, que les rayons R et r du
bouge et des fonds soient encore égaux à 7 fois et à 6 fois cette .même
flèche.
» On satisfait à ces conditions dans un tonneau de révolution, en pre-
nant a a = a(6°5o'5i"j pour l'angle au centre de courbure correspon-
dant à l'arc de cercle du méridien, et l'on trouve ensuite
V = 7r^[aRa + ra- 3,593(R - r)2].
» Cette formule revient àV = ;Oti 193446 p*, en y portant R = 7 pj',
r=6 pj, - L = 10 pf et j = a tang « sin a -+- a sin2 - a. Quand on aura
déterminé la valeur du rayon p de l'arc de cercle de la section méridienne,
on connaîtra R, r, L, on pourra construire le gabarit pour courber les
douves, et on les assemblera ensuite sur les circonférences arcR et 2nr du
bouge et des fonds.
» Pour un tonneau à sections polygonales, on trouverait facilement ce
qu'il faut retrancher des rayons R et r pour avoir les apothèmes des poly-
gones du bouge et des fonds, et ensuite leurs périmètres, qui servent à
assembler les douves et à construire le tonneau.
» On remarquera que la même formule
V = ?r|-[aR2+r2]
donne une valeur très-approchée de la capacité intérieure des deux ton-
( 205 )
neaux que nous venons de considérer. Du volume V qu'on en déduit,
il faut retrancher — de V dans le système de M. Fournerie, quand
IOO
la partie circulaire de la douve est la moitié du tonneau, et — et demi de V
r ' ioo
quand l'arc de cercle est seulement le tiers de la longueur. La correction
soustractive serait donc respectivement de i litres et de i litres et demi
pour un tonneau de 100 litres.
» Cette formule approchée montre que le volume intérieur de ces deux
espèces de tonneaux est à très-peu près équivalent à un cylindre qui a pour
hauteur la longueur L du tonneau et pour base moyenne ^ 7r (2R2 -+- r2),
ou le tiers de deux fois le cercle du bouge rcR2 et d'une fois le cercle
des fonds nr2. Si l'on prend pour cylindre de hauteur L, le rayon
moyen 4(sR + r), le volume V = tiL — 5 — , qui revient à
4[2R2+/-2-!(R -/■)'],
sera donc aussi un peu plus grand que le volume exact ; mais il sera
plus approché que celui de la base moyenne V = n L — r. — dont il
faut retrancher dans un cas 2,565 (R — r)2 et dans l'autre 3,5q3 (R — /•)*
pour avoir le véritable volume.
» Quant au jaugeage des tonneaux uniformément construits, comme
nous venons de le dire, il s'opérerait avec facilité en mesurant la lon-
gueur de la diagonale qui va du centre de la bonde au point le plus bas
d'un fond. La jauge diagonale qui participe à la fois de la longueur
et de la grosseur du tonneau, se graduera en calculant par la formule
l)2 == j L* + (R H- r)2 la longueur de la diagonale D correspondante à cha-
que contenance décimale.
» Dans le choix du profil méridien des tonneaux, un élément important
à considérer, c'est l'inclinaison de ses différentes parties sur l'axe de rota-
tion. La facilité et la solidité de la construction dépendent beaucoup de
cette inclinaison. On conçoit, en effet, que les douves, vers leurs extré-
mités surtout, doivent être inclinées de manière que les cercles puissent
rester dans l'endroit où ils ont été amenés avec force. Si le tonneau était
formé seulement de deux troncs de cône dont la hauteur égale au demi-
tonneau serait 10, quand les rayons R et r diffèrent d'une unité, l'incli-
( aoG )
naison serait — ou environ 5 degrés et demi. Ainsi, dans des tonneaux avant
à peu près ces proportions, l'inclinaison des extrémités des douves sur l'axe
ne peut guère être au-dessous de 5 degrés et demi. Par des mesures faites
sur des tonneaux que l'on regarde comme solides et d'une bonne forme,
l'inclinaison à l'extrémité des douves a été trouvée d'environ 7 degrés; elle
va ensuite en diminuant jusqu'au milieu, où elle est nulle.
» Dans le système de M. Fournerie, les douves, à leur extrémité et dans
toute la partie rectiligne, ont une inclinaison qui est précisément égale au
demi-angle au centre de courbure a = 70 |, Elle diminue dans la partie
circulaire et devient nulle à la bonde.
» Quand l'arc de cercle occupe seulement le tiers de la longueur du
tonneau, comme nous l'avons supposé, l'inclinaison, à l'extrémité des
douves et dans toute la partie rectiligne, qui est alors de 6°5i', s'approche
beaucoup de l'inclinaison de 7 degrés, employée dans la bonne tonnellerie.
» Si l'on prend dans toute la longueur du tonneau pour courbe méri-
dienne un arc de cercle, d'ellipse, de parabole, on tombe encore sur la
formule V = n -5 [ a R2 -+- r2 ] , qui donne exactement la capacité du tonneau
elliptique, et avec une grande approximation les volumes du tonneau para-
bolique et du tonneau circulaire; ce dernier, le plus grand de tous à dimen-
sions égales, est le seul dont la capacité surpasse un peu 71-5- [ 1 R2 -t- r2 J. Mais,
dans ces trois espèces de tonneaux, l'inclinaison extrême des douves, qui
s'élève de 1 1 à 12 degrés., est beaucoup trop forte. Sous ce rapport, on doit
accorder la préférence à l'arc de cercle combiné avec la ligne droite pour
former les douves des tonneaux. L'arc de cercle est d'ailleurs bien plus
facile à tracer que l'ellipse et la parabole.
» Après l'examen du travail de M. Fournerie, et les développements
dans lesquels nous venons d'entrer, nous croyons que, sans d'autres
secours que les procédés ordinaires de la tonnellerie, on peut parvenir à
construire des tonneaux de même forme, avec des dimensions bien déter-
minées et des contenances qui seraient toujours des multiples décimai*; du
litre.
Conclusion .
» Nous proposons à l'Académie de remercier M. Fournerie de la com-
munication qu'il lui a faite sur la construction métrique des tonneaux, et
de l'engager à continuer des travaux qui peuvent donner à l'Administration
( 207 )
les moyens de faciliter la perception de l'impôt et d'opérer une réforme
très-importante. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
chimie appliquée. — Rapport sur un Mémoire de M. Lecaxc, ayant pour
titre : Nouvelles études chimiques sur le sang.
(Commissaires, MM. Dumas, Andral, Thenard rapporteur.)
« L'auteur du Mémoire dont nous avons à rendre compte a déjà fait des
observations remarquables sur le sang; il est parvenu, dans des recherches
qui datent de i83o, à en extraire la matière colorante, qu'il a étudiée avec
soin et qu'on a depuis désignée sous le nom d'he'matosine.
» Aujourd'hui il se propose de résoudre les trois questions suivantes :
» i°. Le sang, d'après l'analyse microscopique, n'étant évidemment
formé que de globules rouges ou bruns rouges tenus en suspension dans
un liquide jaunâtre et limpide, appelé sérum, est-ce dans les globules ou
le sérum, ou tout à la fois dans ces deux liquides, que se trouve la fibrine r1
» a°. Comment parvenir à séparer complètement les globules sanguins
du sérum au milieu duquel ils nagent et roulent sans cesse pendant la cir-
culation dans les animaux vivants?
» 3°. Quelle est la composition chimique des globules sanguins?
» Ces trois questions sont importantes.
» L'auteur résout la première d'une manière fort simple. S'étant assuré
que le sulfate de soude en dissolution concentrée s'oppose à la précipita-
tion de la fibrine, et est sans action sur les globules du sang, il reçoit le
sang à la sortie de la veine ou de l'artère dans de l'eau saturée de sulfate de
soude à + \i degrés, puis il filtre le liquide à travers le papier Joseph. Tous
les globules restent sur le filtre. Le sérum, au contraire, tenant en dissolu-
tion toute la fibrine, passe à travers ; et lorsqu'on vient à l'étendre de huit
à neuf fois son volume d'eau, la fibrine s'en précipite tout entière en fila-
ments gélatineux-, il n'en reste point ou il n'en reste tout au plus que des
traces dans la liqueur filtrée. Or, comme on verra tout à l'heure que les
globules ne contiennent point de fibrine, il s'ensuit que cette substance ne
fait partie que du sérum.
« Mais comment se procurer tous les globules sanguins purs, ou plutôt
comment les séparer complètement du sérum dans lequel ils sont tenus en
suspension ?
» Les globules possèdent une propriété remarquable, c'est de ne pou-
( 208 )
voir être attaqués par les dissolutions salines, et surtout par la solution sa-
turée de sulfate de soude. Il suffira donc de les laver avec cette solution, à
la température de -f- 1 2 degrés, pour enlever tout le sérum qui pourrait être
adhérent à leur enveloppe. Déjà le sulfate de soude avait été employé pour
opérer cette séparation ; mais on commençait par extraire la fibrine en
battant le sang, puis, après avoir ajouté le sulfate de soude au saug battu,
les globules en étaient séparés par le filtre.
» Enfin, quelle est la composition des globules sanguins?
» Ils contiendraient, suivant l'auteur, jusqu'à huit substances diverses :
» i°. De l'hématosine ;
» i°. Beaucoup d'une substance qui a été signalée par Berzelius, par
MM. Gmelin et Mudler, et qu'ils ont nommée globuline ;
» 3°. Très-peu d'albumine;
» 4°- Une matière fibrineuse qui leur sert d'enveloppe;
» 5°. Une matière animale dite extractive et soluble dans l'alcool et
l'éther;
» 6°. Une matière grasse;
» 70. Divers sels, au nombre desquels sont des chlorures, des phosphates
el des carbonates alcalins;
» 8°. De l'eau qui, sauf l'enveloppe, tient toutes ces matières en disso-
lution.
» La propriété qu'a l'eau de dissoudre les globules, moins leur enve-
loppe, permet d'isoler celle-ci. Lorsque ensuite la liqueur filtrée est soumise
à l'ébullition, l'hématosine, la globuline, l'albumine se coagulent; la ma-
tière dite extractive, les sels, la matière grasse restent, au contraire, en dis-
solution. De là les moyens de grouper les substances immédiates qui consti-
tuent les globules, et de les séparer ensuite en mettant à profit l'action
qu'exercent sur elles les différents dissolvants. C'est ce qu'a essayé de faire
,»vec soin M. Lecanu.
» Parmi les diverses substances immédiates qui, par leur réunion, com-
posent les globules sanguins, il en est qui méritent de fixer un instant
l'attention de l'Académie.
» Au premier rang est l'hématosine. Dans l'état où elle avait été obtenue
par l'auteur en i83o et 18^7, elle contenait encore de l'albumine. M. Le-
canu parvient à l'en séparer. Ainsi purifiée, l'hématosine, substance si
remarquable, est soluble dans l'alcool concentré ; elle se dissout même
très-facilement dans l'éther à la température ordinaire, en lui donnant une
belle couleur rouge de sang, et s'en dépose par l'évaporation spontanée
( 209 )
sous forme de petites lamelles d'éclat métallique et de couleur améthyste,
tout à fait semblables à l'argent rouge.
» Vient ensuite la globuline. Signalée, comme nous l'avons dit précé-
demment, par Berzelius, M. Gmelin et M. Mudler, M. Lecanu l'a mieux
caractérisée et a démontré qu'elle constituait une grande partie des globules
et. ne faisait point partie du sérum ; elle se distingue, d'ailleurs, de l'albu-
mine, avec laquelle elle a de grands rapports, par la propriété qu'elle a de
se dissoudre à chaud dans l'alcool à 20 degrés, et de ne pas être précipitée
par le sous-acétate de plomb.
» La matière fibrineuse doit être aussi l'objet de quelques remarques ;
c'est elle qui forme l'enveloppe des globules sanguins et qui permet de
concevoir comment il peut se faire que les globules soient si solubles dans
l'eau et la teignent à l'instant en un beau rouge, tandis qu'ils ne colorent
ni le sérum, au milieu duquel ils nagent, ni l'eau saturée de sels et surtout
de sulfate de soude. La cause en est évidente : c'est que la matière fibri-
neuse constitue une sorte de membrane, imperméable soit au liquide albu-
mineux, soit aux dissolutions salines; et si, quand on fouette le sang à la
manière des bouchers, il reste coloré, c'est sans doute parce qu'on brise
l'enveloppe des globules, et qu'alors rien ne s'oppose plus à leur mélange
avec le sérum.
» Aussi, lorsqu' après avoir violemment agité le sang, on abandonne le
liquide au repos, la matière fibrineuse se dépose-t-elle en lamelles inco-
lores, translucides, à reflets nacrés, flexibles et malléables au plus haut
degré.
» La substance dont elle se rapproche le plus, et ayec laquelle on serait
tenté de la confondre, est la fibrine. Cependant elle en diffère, surtout par
sa résistance à l'action dissolvante de la potasse caustique. L'eau, chargée
d'un dixième de son poids d'alcali, dissout même à froid la fibrine hydratée,
et ne dissout même pas l'enveloppe des globules à la température de l'ébul-
lition.
» Enfin, disons un mot de l'albumine des globules. N'est-il pas extraor-
dinaire que les globules sanguins en contiennent si peu, lorsque le sérum
dans lequel ils nagent en est presque entièrement formé, et ne serait-on
pas autorisé à soupçonner jusqu'à un certain point qu'elle pourrait peut-être
ne provenir que de ce que les globules en auraient absorbé une quantité
sensible ?
» Quoi qu'il en soit, il ressort évidemment de ces observations que les
C. K., i85a, *™ Semestre. (T. XXXV, N° 6.) 28
( 2IO )
matières animales qui composent le sérum sont essentiellement différentes
de celles qui composent les globules sanguins.
» Le sérum ne contient que de l'albumine et de la fibrine; point de çlo-
buline, point d'hématosine. Les globules sanguins ne contiennent au con-
traire que de l'hématosine, de la globuline, de la matière fibrineuse, point
.de fibrine, peu d'albumine.
» Tels sont les principaux faits qu'a observés M. Lecanu. Il a le projet
de continuer ses recherches : nous ne saurions trop l'y encourager.
» En effet, que de questions encore à éclaircir ou à résoudre ? Qu'il nous
soit permis d'en indiquer quelques-unes.
» i°. Refaire et répéter plusieurs fois l'analyse des divers sangs veineux
et celle du sang artériel, en tenant compte, autant que possible, des in-
fluences qui pourraient en modifier la composition ;
» 20. Constater avec grand soin la différence qui existe entre la nature de
l'un et celle de l'autre;
» 3°. Déterminer la proportion des principes constituants de l'hémato-
sine, de la globuline et de l'enveloppe des globules sanguins;
» 4°- En quoi l'hématosine du sang artériel diffère-t-elle de l'hématosine
du sang veineux ? .
» 5°. Quelle est l'action qu'exercent l'oxygène et les principaux gaz sur
le sang veineux et le sang artériel ?
» 6°. Le sang veineux est-il transformé en vrai sang artériel dans son
contact avec l'oxygène, hors de la circulation ? Le sang artériel est-il ramené
à l'état de sang veineux par l'action du gaz azote, du gaz carbonique, du
gaz hydrogène, dans les mêmes circonstances?
» 70. Quelle est la densité du sérum et celle des globules sanguins dans
la même espèce de sang?
» 8°. Pourquoi le sang abandonné au repos se prend-il en masse, même
lorsqu'on le maintient au degré de la chaleur animale, et qu'on le met en
mouvement? Comment se fait-il que les sels du sérum, qui tiennent la fi-
brine en dissolution dans les artères et les veines, de concert avec l'albu-
mine peut-être, cessent de la dissoudre quand le sang en est extrait ? L'air
entre-t-il pour quelque chose dans ce phénomène extraordinaire ?
» 90. En quoi les matériaux du sang diffèrent-ils réellement des maté-
riaux du chyle et de ceux de la lymphe?
» io°. Comment s'opère la transformation du chyle et de la lymphe en
sang?
( «I )
» ii°. N'y aurait-il pas quelque analogie entre l'enveloppe des glo-
bules et la substance qui constitue les veines et les artères?
• » 12°. Nous ne saurions trop recommander aux physiciens de recher-
cher dans des phénomènes d'optique, entre autres dans celui des anneaux
colorés, la mesure des dimensions des globules du sang; ils trouveront à
ce sujet des remarques intéressantes dans l'ouvrage du célèbre docteur
Thomas Young, intitulé: Médical Littérature. (Question proposée par
M. Arago.)
» Toutes ces questions, et tant d'autres encore qu'on pourrait y ajouter,
sont d'une haute importance. Déjà même elles ont fait, pour la plupart,
l'objet des recherches d'hommes très-distingués. Mais le sang joue un si
grand rôle dans l'économie animale, qu'on ne saurait trop s'en occuper.
C'est un sujet d'étude auquel la vie tout entière d'un physiologiste habile,
d'un savant chimiste, pourrait être consacrée avec fruit. Une remarque
nouvelle, quand elle s'applique à la nature ou aux fonctions du sang, n'est
jamais sans une réelle valeur. .
» Aussi lira-t-on avec un grand intérêt les observations que M. Lecanu a
faites sur l'existence et la dissolution de la fibrine dans le sérum ; sur le
moyen simple et ingénieux qu'il emploie pour démontrer ce fait important ;
sur l'hématosine qu'il parvient à obtenir pure, et qui est si riche en cou-
leur, qu'elle entre à peine pour o,3a dans la composition de îoo parties de
sang; sur la globuline, dont on ne- trouve aucune trace dans le sérum,
quoique très-abondante dans les globules sanguins ; sur la production de la
couenne (dite inflammatoire); enfin, sur la matière fibrineuse qui sert
d'enveloppe aux globules, et qui, perméable à l'eau, l'est complètement
au sérum ou à l'eau chargée de sels de nature différente.
» C'est pourquoi nous n'hésitons pas à proposer à l'Académie de déci-
der que le Mémoire de M .Lecanu sera imprimé dans le Recueil des Savants
étrangers. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
botanique. — Rapport sur un Mémoire de M. Parlatore, professeur de
botanique à Florence, ajant pour titre : Sur le Papyrus des anciens et
sur le Papyrus de Sicile.
(Commissaires, MM. Brongniart, Richard, de Jussieu rapporteur.)
« Le Papyrus, par son emploi dans l'antiquité, a fixé l'attention des
savants et donné lieu à de nombreux écrits. Les botanistes se sont occupés
28..
( 212 )
de la plante qui le produisait, et, d'après les ouvrages les plus récents, il
ne semblait rester à son sujet aucun doute. C'était une espèce de Cyperus,
qu'on cultive sous le nom de C. papyrus dans beaucoup de jardins, que
beaucoup de voyageurs ont pu voir croissant naturellement sur certains
points de la Sicile, où on le trouverait aujourd'hui plus facilement qu'en
Egypte-
» Cependant, en remontant plus haut, on trouve plus d'incertitude et
moins d'accord entre les auteurs, qui semblent reconnaître plusieurs espèces
distinctes de Papyrus, les uns dans l'Egypte même, à l'exemple de Théo-
phraste ; les autres d'après les différents pays dont on l'avait cité comme
originaire. C'est vers cette distinction que paraissait incliner Bernard de
Tussieu, qui fournit, pour la dissertation du comte de Caylus sur le Papyrus,
la discussion des opinions émises par les botanistes et ses propres observa-
tions. Il sut reconnaître la différence du Sar de Théophraste avec le vrai
Papyrus d'Egypte, et soupçonner celle de ce dernier avec le Papyrus de
Sicile, mais en étendant, d'autre part, au loin et à tort les limites de sa
patrie, puisqu'il penchait à le confondre avec une espèce nouvellement
apportée de Madagascar.
» M. Parlatore, qui avait eu souvent l'occasion d'observer le Papyrus en
Sicile, le comparant à des échantillons recueillis en Nubie, fut frappé de
certains caractères qui pouvaient établir entre les plantes d'origine diverse
une distinction nette et facile. Il soumit alors à un nouvel examen les pas-
sages de tous les écrits originaux, qu'il put éclairer à l'aide de cette nouvelle
lumière, et il reconnut qu'il y était question tantôt de l'une, tantôt de
l'autre espèce; que la Nubienne était laseule qui eût été réellement observée
en Egypte, et qu'elle constituait, en conséquence, le véritable Papyrus des
Égyptiens ou du Nil. C'est le sujet du Mémoire qu'il a présenté à l'Académie
des Sciences, et que nous sommes chargés d'examiner.
» Il commence par décrire complètement dans tous ses détails le Papyrus
de Sicile, dont il recherche l'origine et la distribution actuelle; il décrit
ensuite comparativement le Papyrus de Nubie, recueilli par M. Figari, qui
lui a fourni, avec ses échantillons, des notes pleines de sagacité et d'intérêt;
puis, ayant appris à les distinguer, il recherche laquelle est le Papyrus
d'Egypte, et c'est là que se placent l'examen et la discussion de tous les
auteurs qui l'ont précédé et par lesquels il arrive aux conclusions que nous
avons annoncées.
» La description de l'espèce sicilienne, d'ailleurs extrêmement détaillée
et complète, nous a présenté une légère omission relativement au degré de
( 213 )
composition de l'ombelle, à la base de laquelle se montre une série de
folioles ou bractées tristiques, répondant par leur milieu aux trois angles
de la tige. Or, de l'aisselle de chacune de ces bractées partent des rameaux,
au nombre de dix à trois, ceux que termine l'ombellule ; et cette disposi-
tion, propre à expliquer la nature de la gaîne qui enveloppe à sa naissance
chacun de ces rameaux, et n'est autre chose qu'un rudiment de feuilles,
démontre que l'ombelle générale est doublement composée. C'est ce que
Cyrillo avait vu et exprimé dans sa grande monographie du Cjperus papy-
rus, dans lequel, au reste, il n'a su voir que la plante sicilienne. Nous avons
signalé ce caractère , parce qu'il serait possible qu'on trouvât quelque
lumière de plus dans cette comparaison des ombelles secondaires.
» La Sicile n'est pas la véritable patrie de cette espèce de Cjperus. En
effet, une plante que signalaient à l'attention sa grandeur, son élégance,
son port si caractérisé et surtout sa ressemblance avec le Papyrus d'Egypte,
n'aurait pu échapper à l'observation dans un pays aussi peuplé et aussi
civilisé. Or, on n'en trouve aucune mention dans les auteurs anciens qui ont
pu traiter de l'histoire naturelle, de l'agriculture ou de la topographie, non
plus que dans les poètes bucoliques. C'est dans la relation d'un voyage fait au
Xe siècle en Sicile par l'Arabe Ebn-Haucal, qu'on rencontre la première men-
tion du Papyrus autour de Palerme, où, depuis cette époque, nous le trou-
vons cité à plusieurs reprises et même donnant son nom à une petite rivière
dont il garnissait les rives. Cette rivière et les étangs qui s'y rattachaient
furent détruits par des travaux d'assainissement en i5gi, et les Papyrus
durent l'être en même temps, quoiqu'il doive en avoir survécu une certaine
partie près d'un siècle plus tard, comme le prouve une Lettre de Boccone à
Ange Buonfanti, datée de 1674. Ln de vos Commissaires se trouve posséder
un manuscrit de deux botanistes siciliens (1), dont l'un est précisément ce
même Buonfanti et l'autre un droguiste de Palerme, un peu plus ancien, du
nom de de la Motta. Un passage relatif au Papyrus vient en confirmation
de celui de Boccone, en constatant l'existence antérieure près de Palerme
des Papyrus qu'on y rencontrait alors encore, quoiqu'en moindre nombre ;
il parle aussi de l'intervention que les Arabes auraient eue dans leur planta-
tion, et attribue leur origine à l'Egypte d'après une assez singulière preuve, la
(1) In icônes Matthiœ Lobelii, Antonini de la Motta et Angcli Matthœi de Bonjante Obser-
cationes. Panormi, i665. Ce manuscrit, de 120 pages petit in-folio, offre quelque intérêt,
surtout par l'indication des localités d'un assez grand nombre de plantes siciliennes;
découverte d'un petit crocodile dans cette rivière sicilienne (i). Aujourd'hui,
ce n'est que vers la côte orientale qu'on rencontre le Papyrus, sur trois
points, dont le plus connu est la source Ciane, sur le fleuve Anapo, au voi-
sinage de Syracuse. Il ne devait pas y exister en i6a4, car une description
très-détaillée de la source Ciane, à cette époque, n'en fait pas mention. Il
put y être transporté plus tard de lieux peu distants : S. Cosimano, la Madel-
lana, où Boccone nous le représente comme très-abondant en 1674. ■
» Le Papyrus se trouve dans plusieurs anciens ouvrages botaniques dési-
gné par l'épithète sjviaca; et, en effet, il a été observé dans diverses parties
de la Syrie. La mention qu'en fait Théophraste, et Pline après lui, y prouve
son antique existence, et, d'une autre part, sa comparaison avec celui de
Sicile ne laisse aucun doute sur leur identité. Il est donc à croire que c'est là
sa véritable patrie, et que c'est de là qu'il a été transporté en Sicile, proba-
blement par les Arabes.
» Il est vrai que Pline le signale encore sur les bords de l'Euphrate, où Gui-
landini, auteur d'un livre assez considérable et plein d'érudition sur cette
matière, dit l'avoir recueilli lui-même. Mais la confusion qu'il a faite de
diverses espèces ne permet pas d'admettre cette assertion comme démonstra-
tive, jusqu'à ce qu'on ait pu en constater la vérité par l'inspection de la
plante elle-même, que les voyageurs modernes ue nous ont pas encore rap-
portée de là. Quant à la Calabre et au lac de Trasimène, où l'on avait indi-
qué l'existence du Papyrus, ces contrées sont assez connues des botanistes
pour qu'on puisse affirmer qu'il n'y existe pas. Il est facile de s'expliquer
les illusions auxquelles a pu donner fréquemment lieu la ressemblance de
plusieurs grandes espèces de Cyperus.
» M. Parlatore passe ensuite à l'espèce de Nubie, qu'il décrit également
dans tous ses détails, auxquels manque encore malheureusement la connais-
sance des organes de la fructification. En la comparant à celle de Syrie et
(1) Papyrus nilotica. Si ha, che si ritrovi al fiume grande di Mascali. In Palermo è un
fiume che dal nome di questa pianta si chiama Papireto , e dal fiume è nominata Papireto
ancora una contrada. Alla sponda di questo fiume e nel suo letlo ancora nascea questa pianta.
Oggi pero il fiume è coperto e la contrada ripiena di case ed edifui. Oggi nel i632, verdeggia
nel giardino del Papireto di Palermo dove fù da Mori piantato. ( De la Motta. )
Maben questa pianta si ritrova al fiume di Favara ^-mîglia lunge dalla città ed in alcuni
giardini di particolari. E perché questa pianta non germoglia altrove se non lungo il Nilo di
Egitto e nel fiume Papireto di Palermo, si ritrovô nel nostro secolo un piccioîo coccodrilo che
parimente non si ritrova che nel Nilo. ( Bonfante. )
( *'5 )
de Sicile, on voit que dans celle-ci les tiges s'élèvent de 1/4 à 16 pieds, que
les rayons de l'ombelle se dirigent en tous sens, les inférieurs en bas, les
supérieurs en haut, les moyens dans toutes les directions intermédiaires, de
manière que son ensemble figure une tête ou un goupillon ; que chaque
rayon, très-long, porte à son sommet trois lanières ou bractées beaucoup
plus courtes que lui, qui ne dépassent que de moitié les épis florifères ; qu'au
contraire, dans l'espèce nubienne les tiges excèdent rarement 6 pieds, et sont
garnies inférieurement de graines ou de feuilles dans une plus grande lon-
gueur. Les rayons de l'ombelle se dirigent tous de bas en haut, de manière
qu'elle figure un pinceau ou une gerbe latéralement inclinée ; chacun d'eux
plus court, porte quatre, cinq ou même six bractées plus longues que lui,
et qui doivent répondre à autant d'épis.
» Nous ferons remarquer que, dans l'espèce la mieux connue, celle de
Sicile, il arrive souvent que les fleurs avortent et que l'ombelle reste stérile ;
ce qui a lieu fréquemment dans nos jardins, et particulièrement cette année.
Alors les rayons restent assez courts, tandis que les lanières ou bractées
acquièrent une très-grande longueur, et quelquefois on en observe quatre
au lieu de trois. Ces ombelles stériles se rapprochent donc, par un de leurs
caractères, de celles de l'espèce nubienne (qui n'ont pas été trouvées avec
leurs fleurs) ; la direction des rayons reste donc un caractère plus essentiel-
lement distinctif. Cette stérilité fréquente de l'ombelle s'observe également
dans quelques espèces voisines, comme dans celle de Madagascar. C'est sous
cette forme que Caylus la fit figurer à la suite de sa Dissertation (Jig. 3),
ainsi que celle de Sicile {fig- 2), dont la Jig. 1 représente un échantillon
florifère (1).
u La distinction des deux espèces une fois admise, il s'agissait de déter-
miner laquelle était réellement celle d'Egypte. La question n'offrirait aucune
difficulté et se fût résolue d'elle-même, si le Papyrus existait encore en
Egypte; mais il ne s'y trouve plus aujourd'hui, en ayant disparu peu à peu
avec son usage. Il ne figure pas dans la Flore de Delile, et M. Figari, dont
l'attention était éveillée sur ce point, l'a vainement cherché hors de la Nu-
bie. Il explique le témoignage contraire de quelques voyageurs par cette
confusion si facile dont nous avons signalé plus haut la cause, et pense
qu'ils ont pris pour Papyrus une autre belle espèce de Cyperus [C. dives,
(1) La fig. 4 représente une tout autre espèce, le Cyperus œqtialis, Vahl , originaire
aussi de Madagascar. Ces points ont été vérifiés sur les échantillons mêmes qui ont servi à
ces dessins.
( »i6 )
Delile) fréquente sur les bords du Nil. Nous avons vérifié, d'après l'Herbier
de Vaillant, que c'est à elle que se rapportent deux plantes de Lippi, citées
par Bernard de Jussieu.
» Il était naturel de supposer que l'espèce égyptienne devait être plutôt
celle qui habite encore les bords du Nil, en remontant son cours ; c'est ce
qu'admet M. Parlatore, et la preuve la plus forte qu'il en ait donnée est
tirée de l'examen de deux ombelles de Papyrus extraites de tombeaux
égyptiens. Elle nous paraît plus convaincante que celle que lui fournit la
forme en pinceau qu'offrent les extrémités de Papyrus dans les figures hié-
roglyphiques ou autres, lesquelles ne sont pas toujours une représentation
bien authentique de la nature.
» Mais dans les siècles passés, le Papyrus se trouvait encore en Egypte.
Les descriptions et les figures données par quelques voyageurs, comme
Prosper Alpin par exemple, en font foi. Les deux espèces ont donc dû
s'offrir tour à tour aux botanistes, et être enregistrées dans leurs ouvrages.
Il s'agit de constater celle dont chacun a parlé. C'est ici que se trouve la"
discussion de tous les passages recueillis avec une grande érudition, et
d'après laquelle l'auteur fait à chacun sa part. Nous ne le suivrons pas
dans les détails de ce savant examen , et il nous suffira d'arriver à ses con-
clusions, que, depuis Théophraste, toutes les fois que les auteurs ont parlé
de la plante d'Egypte, ils ont plus ou moins clairement reproduit les ca-
ractères de celle de Nubie ; qu'en conséquence, c'est à celle-ci que doit
être réservé le nom de Cypeius papyrus, tandis qu'il appelle C. sjrriacus
celle de Syrie ou de Sicile. Celle-ci, au reste, aurait pu sans doute servir
aux mêmes usages , comme le prouvent les essais de fabrication de papier
à la manière antique, faits à Syracuse de notre temps même ; et il est pro-
bable qu'on eût tiré encore le même parti de la moelle de plusieurs autres
grandes espèces.
» Ce sujet, qui intéresse les érudits autant que les naturalistes, a déjà
été traité sous un autre point de vue dans deux autres Mémoires français :
en 1759, celui de Caylus, que nous avons cité, et dont l'Académie des
Sciences peut revendiquer une partie par la collaboration d'un de ses
Membres; dans ces dernières années, celui de M. Dureau de la Malle, qui
fait partie des Mémoires de l'Institut parmi ceux de l'Académie des In-
scriptions (1). Nous pensons que le travail de M. Parlatore les complète
utilement, qu'il mérite, par l'étendue des recherches et la nouveauté de
(1) Vol. XIX, ire partie, p. i4o-i83. La figure jointe est celle de l'espèce de Sicile.
( 2I7 )
quelques-uns des résultats, l'approbation de l'Académie, dont nous lui
proposons de lui donner le témoignage par l'insertion dans le Recueil des
Savants étrangers. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
mécanique appliquée. — Chemin de fer hydraulique avec distribution
d'eau et irrigations; par M. L.-D. Girard. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Poncelet, Combes, Séguier.)
« § 1. Le nouveau mode de propulsion repose sur le principe de la
transmission de la puissance des chutes d'eau aux turbines hydrauliques,
que nous avons appelé principe de la déviation libre de la veine liquide,
dans nos précédentes communications à l'Académie (voir les Comptes
rendus des séances du 6 octobre 1 85 1 et i3 février i85a).
» Pour en réaliser l'application à la propulsion sur les chemins de fer,
on fixe, sous la ligne des wagons, deux séries rectilignes d'aubes courbes,
l'une qui sert pour la marche en avant, et l'autre pour la marche en
arrière.
» Le long de la voie règne un gros tuyau en fonte, enterré, mis en
communication avec des pompes, qui sont mues, soit par des chutes d'eau,
soit par des machines à vapeur fixes (Cornouailles), de manière à fournir
l'eau à haute pression destinée à faire marcher le convoi. Les machines
seront placées à des distances d'environ 20 000 mètres, en moyenne, l'une
de l'autre.
» Sur ce tuyau sont placés à des distances variables (100 mètres au plus),
selon le profil de la voie, des prises d'eau aboutissant chacune à un distri-
buteur à deux becs dirigés en sens opposés. Les jets d'eau lancés par les
distributeurs, agiront sur la concavité des surfaces courbes en série recti-
ligne, seront déviés sur ces surfaces d'environ deux angles droits, et pous-
seront le train auquel ces surfaces sont fixées, suivant la direction du bec
ouvert.
» On fait connaître, dans le Mémoire, le mode d'action des distributeurs
pour produire la manœuvre du convoi, pour la marche en avant et en
arrière, pour la mise en train ou l'arrêt.
» Une vitesse de marche de 10 mètres par seconde correspondant à une
vitesse de 4o mètres de l'eau motrice injectée, il y aura une pression effec-
C. R., l85a, an,e Semestre. (T. XXXV, M0 6.) 20,
( «8 )
tive de 8 atmosphères dans le tuyau. Sous cette pression, un jet de petite
dimension, débitant 200 litres par seconde, développera une force de
160 chevaux utiles, suffisante pour un train de voyageurs marchant à
72 kilomètres à l'heure sur un chemin de niveau. Avec cette vitesse de
20 mètres par seconde, le tiroir distributeur doit s'ouvrir dans un
dixième de seconde. Le Mémoire montre que cette condition peut être
remplie, sans que l'inertie de la masse d'eau à mettre en mouvement
influe d'une manière appréciable sur la vitesse de l'eau injectée pendant
cette période de l'ouverture du tiroir.
» D'après le principe rappelé ci-dessus, cette vitesse du convoi pourra
être maintenue, malgré les variations de pression, même considérables, qui
pourront résulter du profil en long de la voie.
» § 2. Les principaux avantages de ce système sont les suivants :
» i°. La force propulsive, agissant régulièrement et dans l'axe même du
convoi, annule les mouvements de lacets et autres, d'où moins de chances
de déraillement, moins de fatigues et de dangers pour les voyageurs.
» 20. La suppression de la locomotive complète toute sécurité à cet
égard ; cette suppression assure une longue durée au matériel des voies exis-
tantes et permettra de faire ce matériel plus léger dans les applications du
système proposé.
» 3°. En supprimant les mouvements de lacets et autres, on détruit l'un
des obstacles les plus puissants à l'accroissement de la vitesse. On arrive au
même but, par la suppression du poids mort de la locomotive et de son
tender, par la facilité de l'arrêt et la mise en train , par l'absence du temps
perdu pour prendre de l'eau et du coke, et enfin, par la concentration de
la puissance propulsive (à l'aide de prises d'eau suffisamment rapprochées)
aux points où se présentent les plus grandes résistances. A cet effet, des
réservoirs d'air seront disposés aux endroits convenables pour emmagasiner
la force des machines fixes, et assureront la régularité du mouvement des
eaux alimentant les distributeurs.
» 4°- Le conducteur du train, placé sur le premier wagon, peut facile-
ment, par une manœuvre analogue à celle d'un gouvernail, produire la
marché en avant, la marche en arrière. S'il veut modérer sa vitesse, il peut
passer, sans les ouvrir, un ou plusieurs injecteurs; il a, indépendamment
du frein, un moyen très-énergique d'arrêter, en faisant agir l'eau en sens
inverse de la marche.
» 5°. Chaque wagon portant ses deux séries d'aubes pour la marche en
avant et en arrière, les trains peuvent se composer comme on veut, les
( 219 )
manœuvres de gare deviennent faciles, et la plupart des plaques tournantes
peuvent être supprimées. Le train peut se diviser sur le parcours ou se
grouper au retour, très-promptement.
» 6°. Par la facilité de parcourir la voie rapidement avec un seul wagon,
la surveillance de la ligne est rendue plus aisée et plus efficace.
» Le Mémoire indique les moyens de parer à tout accident, tels que
rupture de tuyau, engorgement par la gelée, dérangement d'un tiroir, etc.,
sans entraver le service.
» § 3. Passant ensuite à la comparaison entre le système actuel et le
système proposé pour un chemin de fer établi, avec des rampes variables
de zéro à o™,oio, on prouve :
» {a). Que sur une rampe de om,oio, à consommation de charbon égale
pour la locomotive et la machine à vapeur fixe, et à vitesse de marche
égale (i4 mètres par seconde), le propulseur entraînera quatre fois et
demie la charge remorquée par la locomotive;
» (b). Que sur le même chemin, lorsqu'on passera sur une rampe inter-
médiaire eutre zéro et om,oio, l'effet relatif obtenu restera le même.
L'augmentation de vitesse qui aura lieu naturellement est indépendante de
ce fait.
» D'où il suit que, les frais de traction diminuant, on pourra abaisser
le prix de transport, par suite activer la circulation et faciliter à un haut
degré les transactions commerciales.
» § 4. L'adoption du chemin de fer hydraulique aurait encore deux
conséquences importantes : on pourrait, i° faire des distributions d'eau géné-
rales, à haute pression, dans toutes les localités traversées par le chemin de
fer; opérations très- avantage uses pour les villes auxquelles elles épargne-
raient les frais d'établissement et d'entretien de machines spéciales; a° re-
cueillir l'eau, qui a servi à la propulsion, dans les fossés qui bordent la voie,
pour l'employer aux irrigations. »
physique. — Notes additionnelles au troisième Mémoire sur la sursaturation
des dissolutions salines ; par M. H. Lœwel.
(Commissaires précédemment désignés : MM. Chevreul, Pelouze, Regnault.)
M. Chevreul communique à l'Académie les résumés de deux Notes que
M. H. Lœwel lui a adressées de Munster (Haut-Rhin), à la date du 1 5 et du
a5 juin.
29--
( 220 )
« M. H. Lœwel avait observé déjà, dans le Mémoire qu'il a communiqué
à l'Académie :
» i°. Que l'air atmosphérique, dans l'état naturel où il se trouve par un
temps pluvieux et par un temps extrêmement sec, a la même aptitude pour
déterminer la cristallisation d'une solution sursaturée de sulfate de soude.
» Quand l'air jouit de cette aptitude, M. Lœwel dit qu'il est dynamique.
Il est adynamique quand il l'a perdue ;
» i°. Que les cristaux de sulfate de soude ainsi produits renferment
10 atomes d'éau, tandis que lorsqu'ils l'ont été en faisant passer de l'air
séché artificiellement et adynamique dans une solution sursaturée, ils ne
renferment que 7 atomes d'eau, et que ceux-ci n'ont pas, comme les pre-
miers, la propriété de déterminer instantanément la cristallisation d'une
solution sursaturée dans laquelle on les plonge ;
» 3°. Que si l'air naturel perd la propriété dynamique lorsqu'on le sature
de vapeur d'eau ou qu'on l'en prive absolument, en le faisant passer dans
des tubes humides ou remplis de corps dessiccatifs, cela tient au frottement
qu'il éprouve contre les surfaces au contact desquelles il est exposé.
» Il a conclu de ses expériences que ce n'est point en concentrant par
évaporation les solutions salines sursaturées, que l'air en détermine la cris-
tallisation, ainsi que l'ont prétendu M. Goskinski et M. Selmi.
» M. H. Lœwel ajoute de nouveaux faits à l'appui de cette conclusion.
» i°. Si, dans un premier tube, on sature l'air de vapeur d'eau, et que,
dans un second tube, on l'en dépouille absolument, l'air est devenu adyna-
mique ;
» i°. Il n'est point devenu adynamique en s'échauffant par la chaleur
développée dans sa dessication par la potasse caustique;
» 3°. L'air devient adynamique en passant dans un tube de om,4 à om,5
de longueur sur ôm,oi5 à om,oi8 de diamètre, rempli de coton : expérience
bien propre à démontrer que c'est par le frottement que l'air perd sa pro-
priété dynamique ;
» 4°. Q«e cet air arrive dans la solution, raréfié ou plus condensé qu'il
ne l'est dans l'atmosphère, ou enfin également condensé, la cristallisation
ne s'opérera pas dans ces trois cas. »
( "I )
chimie organique. — Remarques à l'occasion d'une communication récente
de M. Ed. Robiquet, sur la fermentation gallique. (Réclamation de
priorité par M< Larocque. )
(Renvoi à l'examen des Commissaires désignés pour le Mémoire de
M. Ed. Robiquet : MM. Chevreul, Pelouze, Russy.)
« Dans un Mémoire communiqué à l'Institut, et inséré dans les Comptes
rendus du 5 juillet dernier, M. Edmond Robiquet annonce que le tannin
se transforme en acide gallique sous l'influence d'un ferment qu'il appelle
pectase, et il donne le nom de fermentation gallique à cette transformation.
» Cette communication n'offre rien de nouveau quant à la transforma-
tion du tannin en acide gallique; car, en 1841, j'ai eu l'honneur de lire
dans deux Sociétés savantes (la Société de Pharmacie et la Société d'Ému-
lation) un Mémoire sur la fermentation gallique. Ce Mémoire se trouve
inséré dans le Journal de Pharmacie et dans la Revue scientifique du doc-
teur Quesneville pour l'année i8ji. Voici, du reste, les principaux points
de mon Mémoire :
» i°. La noix de galle renferme un ferment qui transforme le tannin en
acide gallique ; ce même ferment détermine également la fermentation
alcoolique ;
» 20. Cette transformation du tannin en acide gallique a lieu sans le
contact de l'air : j'ai donné à cette transformation le nom de fermentation
gallique;
» 3°. Tous les corps qui empêchent ou retardent les fermentations pu-
tride et alcoolique agissent de la même manière sur le ferment de la noix
de galle ;
» 4°- Au microscope, ce ferment présente toutes les propriétés physiques
du ferment de bière, seulement les globules qui le constituent sont beau-
coup plus petits.
» D'après ces faits, je concluais qu'il y avait une grande analogie entre
les fermentations alcoolique, putride et gallique. »
chimie appliquée. — Sur l'emploi du chlorure de baryte pour la conservation
des substances animales. (Extrait d'une Note de M. Blandet.)
(Commissaires, MM. Velpeau, Pelouze.)
« On sait que l'hyposulfite de soude et le chlorure de zinc sont l'un et
et l'autre employés pour conserver par injections les cadavres humains ; j'ai
( aaa )
mis du sang dans une solution concentrée de l'un et de l'autre sel, et au
bout de quinze jours, au contact de l'air, le sang sentait mauvais avec l'hy-
posulfite, quoique liquide et noir ; le chlorure de zinc l'avait précipité sans
mauvaise odeur. J'ai expérimenté un autre sel, chlorure comme le sel de
zinc , alcalin comme le sel de soude, le chlorure de baryte : ce sel main-
tient le sang liquide comme le sel de soude, et le conserve sans odeur comme
le sel de zinc. »
A cette Note est joint un flacon contenant du sang conservé depuis un
mois par ce chlorure.
L'auteur pense qu'on pourrait employer pour l'injection des cadavres
humains, auxquels on désire conserver l'aspect d'un corps vivant, du sang
rendu imputrescible par le chlorure de baryte.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique annonce que la distribution des
prix du concours général entre les Lycées et Collèges de Paris et de Ver-
sailles aura lieu le 12 août, et que des places seront réservées pour
MM. les Membres de l'Académie qui voudraient assister, en costume, à cette
solennité.
M. de Gasparin fait hommage à l'Académie d'un exemplaire du second
volume de son Traité d'agriculture, volume qui vient de paraître. ( Voir
au Bulletin bibliographique .)
M. Dumeril présente à l'Académie un Mémoire de M. le Dr Aug. Dumé-
ril, ayant pour titre : Monographie de la Tribu des Torpédiniens ou Raies
électriques.
« Le but principal de ce Mémoire est l'étude zoologique de tous les
Poissons plagiostomes munis d'appareils propres à dégager de l'électricité,
et dont la réunion constitue une Sous-Famille ou Tribu très-naturelle dans
la grande Famille des Raies. Cette étude y est précédée de considérations
sur la structure et sur les fonctions des organes électriques. Les faits les
plus récemment acquis à la science, relativement à la disposition anatomi-
que de ces appareils et aux phénomènes physiologiques dont ils sont le
siège, s'y trouvent exposés. Les résultats des recherches sur le pouvoir ana-
logue à celui des Torpilles, et dont on suppose que les Raies ordinaires sont
douées, y sont aussi consignés.
( "3)
» Les Raies électriques ont été réunies, pour la première fois, en 1806,
dans la Zoologie analytique, en un groupe particulier, constituant le genre
Torpille; mais ce genre a dû être ensuite divisé, à cause des différences re-
marquables offertes par les espèces qu'il comprenait.
» L'absence des nageoires dorsales ou épiptères, ou bien leur nombre,
quand elles ne manquent pas, ont été le point de départ de la division en
trois groupes de ce genre nécessairement élevé au rang de Sous-Famille ou
de Tribu. Ce sont MM. Mùller et Henle qui ont proposé ce système de clas-
sification .
» A l'un des groupes caractérisé par le défaut d'épiptères, on ne peut
rapporter que le genre Temera de M. Gray. On n'en place qu'un égale-
ment, le genre Astrape de MM. Mùller et Henle, dans le deuxième groupe
où l'épiptère est unique. Il y a trois genres, au contraire, dans le dernier
groupe formé des espèces à deux épiptères : ce sont les genres Torpille,
Duméril; Narcine, Henle; et enfin le genre nouveau nommé Hypnos, par
M. Aug. Duméril.
» Ce genre, complètement distinct de tous les autres par l'excessive briè-
veté de la queue, diffère aussi, de la façon la plus tranchée, des deux autres
genres rapprochés dans ce même groupe, en ce qu'il offre certains carac-
tères spéciaux aux Torpilles proprement dites, et d'autres, essentiellement
caractéristiques des Narcines.
» Le genre Hypnos est représenté au Muséum d'Histoire naturelle par
deux individus parfaitement semblables entre eux, rapportés de la baie de
Sidney par M. J. Verreaux, et qui ont dû être rangés dans une même
espèce nommée, à cause de son système de coloration, Hypnos noirâtre,
Hypnos subnigrum, A. Dum.
» Parmi les Narcines que M. Henle a, le premier, rassemblées en un
genre particulier, M. Aug. Duméril a trouvé dans les riches Collections du
Muséum deux espèces nouvelles qu'il a décrites sous les noms de N. ma-
culée et de N. noire, et il a donné la description de deux autres espèces
également inédites, que M. Valenciennes avait antérieurement désignées
par les noms de N . microphthalme et de N. macroure, conservés dans
cette Monographie qui comprend ainsi dix-huit espèces de Torpédiniens,
huit espèces de plus que dans le grand travail sur les Poissons plagiostomes
publié par MM. Mùller et Henle, en 1841 .
» Des tableaux synoptiques et un dessin de Y Hypnos noirâtre sont jointe
à la Monographie de M. Aug. Duméril. »
( «4 )
M. le Secrétaire général de l'Académie impériale des Sciences de Vienne
annonce que cette Académie, depuis sa fondation, a adressé régulièrement
à l'Académie des Sciences toutes ses publications, et exprime la crainte que
quelques-uns des envois ne soient pas parvenus à leur destination.
L'Académie des Sciences, à laquelle étaient destinées seulement les publi-
cations faites par la Section des Sciences physiques et mathématiques, a
reçu les tomes I et II des Mémoires (Denkschriften), années i85o et 1 85 1 ;
quant aux Comptes rendus (Sitzungsberichte), elle a reçu seulement, pour
l'année i85o, les numéros de janvier à juin, avec le numéro de novembre,
et pour l'année i85i, les numéros de janvier à juillet.
M. le Secrétaire de l'Académie des Sciences de Hongrie annonce l'envoi
des volumes I à VII des Mémoires de cette Académie, et des volumes I à III
d'une autre publication faite sous les auspices de cette Académie : Monu-
menta linguœ hungaricœ antiquœ. Ces volumes sont déposés sur le bureau.
M. A. Jurinal, député de l'arrondissement de Bagnères-de-Bigorre, prie
l'Académie de vouloir bien comprendre la bibliothèque de cette ville dans
le nombre des établissements auxquels elle fait don de ses publications.
(Renvoi à la Commission administrative.)
chimie appliquée. — Note sur l'analyse commerciale du cyanure de
potassium; par MM. M.-J. Fordos et A. Gélis.
« Le cyanure de potassium , tel qu'on le fabrique pour les besoins de
l'industrie, est un produit extrêmement impur, qui contient à peine la
moitié de son poids de cyanure réel. Sa forme, qui est celle d'une masse
fondue, l'expose, plus que tout autre produit, aux sophistications, et pour-
tant les chimistes n'ont rien entrepris dans le but de découvrir les moyens
de constater rapidement sa richesse commerciale.
» L'importance industrielle du cyanure de potassium augmente cepen-
dant tous les jours, et sa consommation pour les usages de la galvanoplas-
tie et de la photographie est déjà assez importante pour rendre regrettable
cet oubli des chimistes; aussi avons-nous cherché à le réparer.
» Le procédé d'analyse que nous proposons, et dans les détails duquel
nous ne pouvons entrer ici, est basé sur l'action que l'iode exerce sur le
cyanure de potassium.
( 225 )
» Ces deux corps se combinent rapidement, et chaque équivalent de
cyanure de potassium absorbe exactement i équivalents d'iode.
» La nature des produits qui se forment dans ce cas est parfaitement
connue, et la réaction , qui se représente par la formule
CyK + aI = IK-f-ICy
a été étudiée par Serullas et M. Vœlher.
» Les deux composants du cyanure de potassium se partagent exacte-
ment l'iode, et il se produit 1 équivalent d'iodure de potassium et i équi-
valent d'iodure de cyanogène.
» Connaissant la réaction, il nous restait à déterminer les conditions dans
lesquelles elle doit être produite pour le but que nous nous proposions, et
à indiquer les précautions que l'opération exige ; c'est ce que nous avons
fait dans le Mémoire détaillé.
» Il fallait aussi nous mettre en garde contre l'action que peuvent exer-
cer sur l'iode les substances étrangères qui se rencontrent dans les cya-
nures du commerce ou qui y sont ajoutées à dessein. Nous sommes arrivés
à ce résultat par l'emploi, dans l'analyse, d'une certaine quantité d'eau de
Seltz, qui, par l'acide carbonique qu'elle contient, fait passer les alcalis
caustiques et le carbonate de potasse à l'état de bicarbonates composés qui
n'absorbent pas l'iode.
» Les essais que nous avons faits par ce procédé ont été très-nombreux,
et nous sommes arrivés, à l'aide des indications qu'ils nous ont fournies, à
modifier les procédés de préparation du cyanure de potassium employés
jusqu'à ce jour; procédés qui ne pouvaient donner que des produits
impurs. »
chimie. — Recherches sur les radicaux oxygénés ; par M. Jj. Chiozza.
« Les recherches que M. Gerhardt a publiées tout récemment sur les
acides monobasiques anhydres, ont mis hors de doute que ces acides
renferment deux fois le groupe oxygéné, qui préexiste dans l'acide ordi-
naire.
» La méthode à l'aide de laquelle le benzoate benzoïque, le cuminate
cuminique, etc., ont été obtenus, permettait de supposer que l'on obtien-
drait les radicaux eux-mêmes en faisant agir les chlorures des groupes oxy-
génés sur les combinaisons métalliques des aldéhydes. J'ai l'honneur de
communiquer à l'Académie le résultat de quelques expériences qui confir-
C. R. i85i, am« Semestre. (T. XXXV. N° 6.) 3o
( 226 )
ment entièrement l'opinion émise par M. Gerhardt sur ce sujet (i).
» Parmi les combinaisons métalliques des aldéhydes, celle que j'ai pu
me procurer avec le plus de facilité et sur laquelle j'ai d'abord dirigé mes
recherches, c'est le cuminol potassé C,0H" KO. Cette substance s'obtient
aisément en chauffant du cuminol avec du potassium dans un petit creuset
de platine muni de son couvercle. On purifie le produit en le pressant
entre des doubles de papier à filtrer et en le faisant séjourner pendant quel-
que temps dans le vide sur de l'acide sulfurique concentré qui absorbe avec
avidité le cuminol échappé à l'action du potassium.
» La substance ainsi obtenue, ayant été mise en contact avec une quan-
tité équivalente de chlorure de cumyle, ne tarda pas à se liquéfier, en
donnant un mélange homogène, qu'une légère élévation de température
rendit pâteux en y déterminant la séparation du chlorure de potassium.
» La masse fut traitée d'abord par l'eau, puis par une solution de car-
bonate de potasse et enfin agitée avec de l'éther. La couche éthérée renfer-
mant tout le cumyle en solution, ne tarda pas à se rendre à la surface du
liquide; on la décanta au moyen d'une pipette et l'on chassa l'éther par
une douce chaleur. Il est cependant nécessaire, pour priver entièrement le
produit de l'eau qu'il renferme, de le chauffer jusqu'à ce qu'il commence
à émettre des vapeurs.
» La réaction entre le cuminol potassé et le chlorure de cumyle s'exprime
très-nettement par l'équation suivante :
C,0HMO) jC,0HHO) j(.,0HHOl (K
K | + | Cl )= :|c,0H,,OJ + |C1 '
» Le cumyle se présente sous la forme d'une huile épaisse plus pesante
que l'eau. A froid, il ne possède qu'une odeur très-faible; mais quand on
le chauffe légèrement, il émet une odeur agréable qui rappelle celle du
géranium.
» Il est curieux de voir que le cumyle partage ce dernier caractère avec
(C7 H5 O )
son homologue, le benzoïle )rïTT5r.|? obtenu par MM. Ettling et Sten-
[ l_j rt \j ]
house, dans la distillation sèche du benzoate de cuivre.
» Le cumyle s'enflamme difficilement et brûle avec une flamme fuligi-
neuse. Soumis à l'action du froid produit par un mélange de glace et de sel
marin, il perd entièrement sa fluidité, si bien que l'on peut retourner le
(i) Comptes rendus des séances de V Académie , tome XXXIV, page 9o5.
( "7 )
vase sans qu'il se déplace. Dans cet état, il est parfaitement limpide et ne
présente aucun indice de cristallisation ; en revenant à la température
ambiante,* il reprend sa fluidité.
» Il est assez soluble dans l'alcool bouillant, tandis qu'il ne se dissout
qu'en très-petite quantité dans l'alcool froid.
» Le cumyle entre en ébullition à une température supérieure à 3oo de-
grés, et en se décomposant en acide cuminique et en d'autres produits
moins oxygénés, en même temps qu'il reste dans la cornue un résidu
charbonneux. #
;> Soumis à l'analyse, il a donné des nombres qui conduisent aux rapports
exigés par la théorie. Sa formule est Cao H22Oa-
» Quand on chauffe doucement du cumyle avec une petite quantité d'hy-
drate de potasse, il se transforme en cuminate, en même temps qu'il se
dégage l'odeur forte et caractéristique du cuminol. Cette réaction s'explique
par l'équation suivante :
C,0H"O) ) (C,0HHO) (C,0HnO
C,0HnO K H K
().
» J'ai fait quelques expériences dans le but d'obtenir le cumyl-ben-
1 et ^e cumyl-acétyle } >. Mais il m'a été impos-
sible jusqu'à présent d'obtenir ces deux substances dans un état de pureté
suffisant pour l'analyse.
» Par l'action du chlorure de benzoïle sur le cuminol potassé, on obtient
une huile incristallisable, semblable au cumyle et qui se transforme aisé-
ment en cette dernière substance, quand on la chauffe avec une solution de
carbonate de potasse. L'eau seule paraît, du reste, opérer cette métamor-
phose qui n'est accompagnée d'aucun dégagement de gaz.
» Je me propose d'étudier ultérieurement ce qui se passe dans cette
réaction, un examen superficiel m'ayant démontré que la solution alcaline
enlève au cumyl-benzoile une substance dont la forme cristalline diffère de
celle de l'acide benzoïque et qui apparaît au microscope sous la forme de
dendrites opaques, d'un blanc éclatant.
» Enfin je n'ai obtenu que du cumyle en traitant le cuminol potassé par
du chlorure d'acétyle (C2H30, Cl), et en reprenant le produit par une
solution de carbonate de potasse.
» J'espère qu'en continuant ces recherches, je parviendrai à isoler l'acé-
3o..
( 228 )
tyle et quelques autres radicaux oxygénés dont il me paraît important de
constater l'existence. »
M. Vezu demande l'ouverture d'un paquet cacheté dont l'Académie avait,
dans sa précédente séance, accepté le dépôt.
Le paquet ouvert renferme une Note sur les bons effets que l'auteur avait
obtenus en employant contre la maladie des raisins une dissolution de
protoxjde de sulfate de fer à la dose de s5o grammes du sulfate pour
20 litres d'eau. %
M. Porro, qui, dans un Mémoire sur la théorie des moteurs hydrauliques,
présenté à la séance du 2 février dernier, annonçait qu'un moteur, construit
conformément à ses principes, avait donné des résultats qui confirmaient
pleinement ses principes, transmet aujourd'hui l'extrait d'une Lettre de
M. Gualandi, ingénieur à Bologne (États Romains), concernant des expé-
riences faites avec une machine de cette espèce de la force de quarante
chevaux, expériences qui annoncent un rendement moyen supérieur même
à celui qu'on se promettait.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée : MM. Poncelet, Combes,
Morin.)
M. Laignel communique les résultats qu'il a obtenus dans des expé-
riences comparatives sur les locomotives construites d'après le système ordi-
naire, et celles qui sont construites d'après le système modifié par lui. Il
exprime le désir que ceux des Membres de l'Académie qui s'intéressent aux
questions de cette nature veuillent bien assister aux expériences qu'il répé-
tera en leur présence.
M. Lebiaistre, d'Aboville, annonce qu'en examinant de nouveau les
papiers que lui a laissés son oncle, leu le P. Cotte, dont il est le légataire
universel, il en a trouvé plusieurs qui lui semblent de nature à intéresser
l'Académie, et qu'il lui adressera, si elle en témoigne le désir. Il rappelle
qu'un premier envoi de cette nature, qu'il a fait autrefois à l'Académie, en
a été favorablement accueilli.
M. Wattemare adresse une liste de divers ouvrages qu'il a été chargé
par diverses Institutions scientifiques des États-Unis et par quelques savants
du même pays d'offrir à l'Institut pour sa bibliothèque [voir au Bulletin
bibliographique). Ces livres sont mis sous les yeux de l'Académie.
( 239 )
M. Meret adresse deux Notes, l'une sur les résultats de la décortication
d'une partie du tronc pratiquée sur un pommier infesté du Puceron lani-
gère; l'autre sur les différences de lumière des diverses parties du disque
solaire.
M. Brongniart est invité à prendre connaissance de la première Note, et
M. Babinet de la seconde.
M. / vi.kwski demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire
qu'il avait lu dans la séance du \i juillet dernier, Mémoire sur lequel il n'a
pas été fait de Rapport.
M. Brachet prie l'Académie de vouloir bien soumettre à l'examen d'une
Commission un nouveau Mémoire qu'il lui adresse sous le titre de : Recher-
ches sur les moyens de populariser le microscope composé achromatique , etc.
(Commissaires, MM. Magendie, Flourens, Regnault.)
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 6 heures. F.
BULLETIN BIRLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du g août i852, les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences,
ie semestre i85a ; n° 5; in-4°.
Cours d'Agriculture; par M. le comte DE Gaspamn; tome II; seconde
édition. Paris, i852; in-8°.
Annales des Sciences naturelles, comprenant la zoologie, la botanique, l'ana-
tomie et la physiologie comparée des deux règnes, et l'histoire des corps orga-
nisés fossiles ; 3e série, rédigée pour la zoologie par M. Milne Edwards,
pour la botanique par MM. Ad. Brongniart et 3. Decaisne; tome XVI;
n° 6; in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées, ou Recueil mensuel de
Mémoires sur les diverses parties des Mathématiques; publié par M. Joseph
Liouville; mai 185a; in-4°. •
De l'organisation des Sociétés de prévoyance ou de secours mutuels, et des
bases scientifiques sur lesquelles elles doivent être établies, avec une Table de
maladie et une Table de mortalité dressées sur des documents spéciaux. Publié
sous la direction du comité pour la propagation des Sociétés de prévoyance;
par M. G. Hubbard, Secrétaire du comité. Paris, i852; î vol. in-8°.
( 23o )
Essai sur l'influence que les Sciences physiques et chimiques ont exercée sur
la connaissance de la nature intime et sur le traitement des maladies; par M. le
Dr Saucerotte. Bruxelles, i852; broch. in-4°. (Extrait des Mémoires de
V Académie royale de Médecine de Belgique. )
Expédition dans les parties centrales de V Amérique du Sud, de Rio de Janeiro
à Lima, et de Lima au Para; exécutée par ordre du Gouvernement J rançais pen-
dant les années 1 843 à 1847, sous 'a direction de M. Francis de Castelnau;
4e partie: Itinéraire et coupe géologique; 5e et 6e livraisons. Paris, i85a;
in-fol.
Monographie de la tribu des Torpédiniens ou Raies électriques, comprenant
un genre nouveau, trois espèces nouvelles et deux espèces nommées dans le Musée
de Paris, mais non encore décrites; par M. le Dr Auguste Dcméril; broch.
111-80. (Extrait de la Revue et Magasin de Zoologie; mai i852; n° 5.)
Thèses de Mécanique et d'Astronomie, présentées à la Faculté des Sciences
de Paris le a août i852 ; par M. Ossian Bonnet. Paris, i85a ; in-4°.
Les trois règnes de la nature. —Règne animal. — Histoire naturelle des oiseaux,
classés méthodiquement, avec l'indication de leurs mœurs et de leurs rapports
avec les arts, le commerce et l'agriculture; par M. Emm. Le Maout; 12'
livraison; in-8°.
Bulletin de la Société de Géographie ; rédigé par M. de la Boquette,
secrétaire général de la Commission centrale; avec la collaboration de
MM. V.-A. Malte-Brun, secrétaire-adjoint, Daussy, L.-Am. Sédillot, de
Froberville et Cortambert; 4e série; tome III ; n° 17; mai i852;
in-8°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-B. DE MONFORT,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; ire année; n° i5; 8 août i852; in-8°.
Journal d'Agriculture pratique et de Jardinage , fondé par M. le Dr Bixio,
publié par les rédacteurs de la Maison rustique, sous la direction de M. Barral;
3e série; tome V; n° 3 ; 5 août i852 ; in-8°.
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ; tome V;
n° 2 1 ; 5 août 1 852 ; in-8°.
Nouvelles Annales de Mathématiques. Journal des candidats aux Ecoles Poly-
technique et Normale; rédigé par MM. Terquem et Gerono ; août i852;
111-80.
Revue thérapeutique du Midi. Journal de Médecine, de Chirurgie et de Phar-
macie pratiques; fondé par M. le professeur FuSTER, et rédigé par MM. les
]),s Barbaste et Louis Saurel; n° 14 ; 3o juillet i852 ; in-8°.
(23t )
A' magyar tudos... Mémoires de i Académie des Sciences de Hongrie;
tomes I à VII. Pesth, 1 833- 1847 ; in-4°.
Régi magyar nyelvemle'kek... Monuments de l'ancienne langue hongroise;
vol. I à III. Pesth, 1 838-t 842 ; in-4°.
M. Vattemare adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, les ouvrages
dont les titres suivent :
Report... Rapport de la Commission des Patentes pour i85o. Wasinghton,
1 85 r ; 1 vol. in-8°. (Adressé au nom du Directeur du Bureau des Patentes.)
Wind and current chart... Carte thermale des vents et courants de l'Atlan-
tique, partie septentrionale, dressée d'après les matériaux déposés aux bureaux
de la guerre et de la marine; 8 feuilles grand in-fol., dernière édition, i85o;
parie lieutenant Maury.
Explanations and sailing directions... Explications et instructions nautiques
pour accompagner la grande Carte des vents et courants, approuvées par le
commodore Maury, Directeur du Bureau de l'Ordonnance et de l'Hydro-
graphie, et publiées par ordre du Ministre de la Marine; 1 vol. in-4°, accom-
pagné de 12 planches; par le même.
Whale chart... Carte baleinière; par le même, d'après les esquisses des
lieutenants Leigh, Herndon, etc. ; publiée sous les auspices du commodore
Warringhton ; i85i; grand in-fol.
Catalogue of maps... Catalogue des cartes existant dans les bureaux du
secrétaire d'Etat, dans ceux de l'ingénieur de l'Etat et dans la bibliothèque de
l'Etat; publié par ordre de la législature. Albany, 1 85 J ; in-8°. (Adressés au
nom du Régent, de l'Université de New- York.)
Annual report... Rapport annuel de l'ingénieur et du géographe de l'Etat, de
New- York, sur la statistique des chemins de fer. Albany, 1 85 1 ; in-8°.
Transactions... Transactions de la Société d'agriculture de Neiv-York.
\lbany, 1 85 1 ; 1 vol. in-8°.
Transactions... Transactions de l'Institut de New-York pour l'année i85o.
Albany, 1 85 1 ; 1 vol. in-8°.
Eighth... Huitième rapport annuel de l'Institut américain de New-York ,
fait au Corps législatif dans la séance du 16 février i85o. Albany, i85o;
1 vol in-8°. (Adressés au nom de l'Institut américain.)
Report on the... Rapport sur la géologie de la Caroline du Sud; par
M. Tuomey. Columbia, 1848; 1 vol. in-4°.
Anniversary... Discours fait à la séance annuelle de la Société d 'agriculture
( a3*)
de la Caroline du Sud; par M. Mitchel Ring. Columbia, 1846; brocli.
in -8°.
Monograph. . . Monographie des Squalidées fossiles des Etats-Unis; par
M. R.-W. Gibbes. Philadelphie, 1848; broch. in-4°.
An essay... Essai sur le Wheat-fly (Cecidonyia tritici); par M. Asa
Fith. Albany, 1846; broch. in-8°.
The hessian fly... Essai sur le Hessian-flj (Cecidonyia destructor); par
le même. Albany, 1847; broch. in-8°. (Adressés au nom du Gouverne-
ment de la Caroline du Sud.)
The astronomical... Journal astronomique de Cambridge; n° 44; v°l- H;
n° 20; 10 juillet i852.
Astronomische... Nouvelles astronomiques; vol. XXXIV; titre et tables.
La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° i5 ;
8 août i852.
L' Athenœum français. Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux- Arts; ire année; n° 6; 8 août i852.
Gazette médicale de Paris; n° 32; 7 août i852.
Gazette des Hôpitaux; n°* 91 à 93 ; 3, 5 et 7 août i85a.
Moniteur agricole; 5e année; n° 3i ; 5 août i852.
La Lumière; 2e année; n°33; 7 août i852.
Réforme agricole; n° 46.
ERRATA.
(Séance du 2 août i852.)
Page 190, ligne 3o, au lieu de M. Bahxel, lisez M. Batel.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 16 AOUT 1852.
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
chimie optique. — Expériences ayant pour but d'établir que les
substances douées de pouvoirs rotatoires, lorsqu'elles sont dissoutes dans
des milieux inactifs qui ne les attaquent pas chimiquement, contractent
avec eux une combinaison passagère, sans proportions Jix es, laquelle
impressionne toute leur masse ; et subsiste tant que le système mixte
conserve l'état de fluidité; par M. Biot.
« Dans les nombreuses expériences que je fis, entre les années i8i5
et i83a, pour déterminer les lois suivant lesquelles le pouvoir rotatoire
moléculaire s'exerce, j'opérais sur des substances organiques d'une compo-
sition mobile, comme les sucres, les gommes, les camphres, les huiles
essentielles, que j'évitais soigneusement d'altérer; ce qui m'obligeait à les
dissoudre dans des milieux inactifs, et indifférents, tels que l'eau, l'alcool,
l'éther, les huiles grasses, qui ne pussent pas les modifier chimiquement,
au moins pendant la durée des observations optiques auxquelles je les sou-
mettais.
» Dans ces circonstances, le pouvoir rotatoire spécifique, évalué pour
l'unité d'épaisseur et l'unité de poids de chaque substance active, se mon-
trait toujours de même sens, et de mèm'e intensité, quelle que fût la propor-
C K., i85a, a">« Semestre. (T. XXXV, H° 7.) 3l
( ^34 )
tion du dissolvant inactif qu'on lui associait. De sorte que les molécules
actives, semblaient seulement se disséminer parmi les inactives, comme dans
un espace libre, sans en éprouver aucune action qui modifiât sensiblement
leur faculté rotatoire. En conséquence, je pus établir les lois physiques du
phénomène sur ces conditions simples ; et les formules mathématiques par
lesquelles je les exprimai, se trouvèrent si bien adaptées aux expériences,
qu'on put en déduire les résultats de celles-ci, dans toutes les particularités
de leurs détails, aussi exactement que l'observation les donnait (i).
» Toutefois, en étendant ces essais -à un grand nombre de substances
organiques, pour y constater l'existence ou l'absence de cette singulière
propriété; ayant aussi donné plus de délicatesse aux procédés d'observa-
tion qui la faisaient percevoir; je reconnus que l'acide tartrique dissous
dans l'eau, ou l'alcool, ou l'esprit-de-bois, exerçait le pouvoir rotatoire, avec
des particularités phénoménales qu'aucun autre corps ne m'avait jusque-là
présentées. Ce pouvoir offrait bien encore, dans chaque dissolvant, tous les
caractères distinctifs d'une action exercée individuellement par les molé-
cules de l'acide sur la lumière polarisée. Mais on y remarquait des diffé-
(i) Mes premières observations sur le pouvoir rotatoire des liquides, ont été présentées à
l'Institut dans les séances des i5 et 3o octobre i8i5. Elles sont consignées dans une Note
insérée au Bulletin de la Société Philomatique pour cette même année, page içjo. J'y avais
constaté le caractère moléculaire de l'action , l'opposition de sens suivant lequel diverses
substances l'exercent, et sa neutralisation dans les mélanges formés de liquides à pouvoir
contraire , pris en proportions de volume inverses de leurs pouvoirs propres. Dans ces pre-
miers essais, et dans tous ceux que j'eus occasion de faire ensuite jusqu'en i832, les condi-
tions physiques de ces rotations se montraient semblables à celles que produisent les plaques
de quartz taillées perpendiculairement à l'axe, l'intensité absolue de l'actiou étant seulement
beaucoup moindre. Je confirmai cette similitude, au moins très-approchée, en établissant
par l'expérience les lois générales de ces rotations pour les divers rayons de lumière simple
[Mémoires de l'Académie des Sciences, tome II , page 4> ; et tome XIII, page 39). Toutefois,
dans ce dernier travail , j'annonçai que l'acide tartrique dissous dans l'eau, exerce le pouvoir
rotatoire suivant un mode de dispersion totalement différent, et exceptionnel; mais je ré-
servai l'examen de ce remarquable phénomène pour des recherches ultérieures, qui fussent
proportionnées à son importance. J'y consacrai en effet plus tard une suite de Mémoires
fort étendus, dans lesquels j'étudiai toutes les particularités du pouvoir rotatoire de l'acide
tartrique dissous dans des milieux divers, libre et combiné, liquéfié par la chaleur, et soli-
difié à l'état amorphe. Voyez les Mémoires de l'Académie des Sciences, tome XV, page g3 ;
tome XVI, page 22g; et les Annales de Chimie et de Physique, 3e série, i844; tome X ,
pages 5, 175, 307, 385; tome XI, page 82; ibid., tome XXVIII, pages 2i5, 35i;
tome XXIX, pages 35, 34', 43o.
{ «tas )
rences tout à fait exceptionnelles, dans les grandeurs relatives des dévia-
tions imprimées simultanément aux plans de polarisation des rayons de
réfrangibilités diverses, différences qui allaient jusqu'à intervertir l'ordre
relatif de leur dispersion. En outre, quand on évaluait son intensité abso-
lue, à une même température, pour des proportions diverses d'un même
dissolvant inactif, elle ne se maintenait pas rigoureusement constante,
comme cela aurait dû être si les molécules actives n'avaient fait que se
disséminer parmi celles du dissolvant inactif, sans les impressionner, et
sans en être impressionnées. L'action rotatoire exercée par un même poids
d'acide, à travers l'unité d'épaisseur, se montrait notablement et continû-
ment croissante, à mesure que la proportion relative du dissolvant augmen-
tait ; et cet accroissement était inégal pour les rayons lumineux de diverses
réfrangibilités. De sorte qu'en opérant sur un faisceau de lumière blanche,
le mode de dispersion relatif de leurs plans de polarisation propres, se
trouvait continuellement changé; par suite de quoi les images composées
que l'on observe à travers le prisme analyseur, étaient colorées tout autre-
ment que dans l'universalité des cas jusqu'alors étudiés. Cette continuité de
modifications montrait donc avec évidence, qu'il s'opérait ici, entre les
molécules de l'acide et celles du dissolvant, une action réciproque, laquelle
Constituait immédiatement leurs masses totales en un système moléculaire
nouveau, possédant des propriétés phénoménales distinctes de leurs pro-
priétés individuelles, et dépendantes de leurs doses respectives. De sorte
qu'en variant ces doses, on formait, en réalité, autant de tartrates liquides
d'eau, ou d'alcool, ou d'esprit-de-bois, à proportions indéfiniment chan-
geantes; ayant comme tous les autres tartrates un pouvoir rotatoire propre,
dont l'intensité absolue sur chaque rayon simple, variait de même avec
leur composition actuelle. Dans chaque solution de dosage constant, ces
conditions d'activité du pouvoir rotatoire changeaient sensiblement avec
l'état thermométrique; et elles se rétablissaient les mêmes quand la tem-
pérature était revenue au même point.
» D'après ces faits, la- constance du pouvoir rotatoire, que j'avais d'abord
constatée sur un si grand nombre d'exemples, se trouvait être seulement la
condition restreinte, et, pour ainsi dire, abstraite, du phénomène, laquelle
s'était présentée alors dégagée des modifications qui auraient pu la faire mé-
connaître, celles-ci ayant été heureusement, dans ces premiers exemples, ou
physiquement nulles, ou trop faibles pour être saisies par l'observation. Mais
la variabilité du pouvoir rotatoire, manifestée par l'acide tartrique, était évi-
demment le cas général, dont il fallait désormais s'attacher à fixer les lois.
3i..
( a36 )
» Je consacrai à cette étude beaucoup d'années, persuadé que la patience
que j'y apporterais ne pouvait avoir d'application plus utile. J'arrivai ainsi
par degrés à une série de lois physiques, qui embrassent maintenant toutes
les particularités jusqu'ici observées des phénomènes rotatoires,et qui repré-
sentent les résultats des expériences dont elles sont tirées, avec une fidélité
numérique équivalente aux observations mêmes. Des faits nouveaux, com-
plètement imprévus, mis depuis en lumière par d'autres expérimentateurs,
vinrent également se plier à ces lois. Ainsi, quand M. Pasteur eut découvert
l'acide tartrique gauche, image symétrique de l'acide tartrique droit, il
reconnut que ce corps, dissous dans l'eau pure, ou chargée d'acide borique,
y produit des phénomènes optiques d'une variabilité pareille à son analogue,
lesquels se trouvaient encore numériquement calculables par les formules
que j'avais données. La conséquence mécanique à tirer de ces résultats
inattendus, étaitdonc la même; c'est que, dans les systèmes liquides, binaires
ou ternaires, formés par l'un ou l'autre acide, toutes les molécules mises en
présence s'impressionnent mutuellement, par des actions à petites distances,
de manière à constituer de véritables combinaisons en proportions indé-
finies.
» Plusieurs tartrates fixes m'avaient présenté des phénomènes analogues,
mais moins sensibles, qui conduisaient à une conséquence pareille. J'avais
même vu certaines préparations de tartrate d'alumine, dissoutes dans l'eau
à une température constante, parcourir progressivement les phases les plus
diverses de pouvoir rotatoire, jusqu'à intervertir leur sens d'action primitif,
puis y revenir, selon les proportions de ce dissolvant qu'on enlevait au sys-
tème mixte, ou qu'on lui restituait ; ce qui n'aurait pas pu avoir lieu, si les
éléments actifs du tartrate, se fussent répandus entre les molécules de l'eau
par simple dissémination ( i). J'avais montré aussi que l'acide tartrique droit,
mis en solution dans l'eau, perd de son pouvoir quand on oppose l'acide sul-
furique, ou l'acide hydrochlorique, à son action propre sur ce dissolvant (2) ;
enfin M. Pasteur a, depuis, prouvé, que les deux tartrates de chaux droit
et gauche, étant successivement dissous dans l'eau chargée d'ammoniaque,
et dans l'acide chlorhydrique, y intervertissent l'un et l'autre le sens de leur
pouvoir rotatoire, en sens opposés. Ces modifications démontrent donc encore
l'existence d'une action réciproquement exercée entre les molécules actives
(1) Mémoires de V Académie des Sciences, tome XVI, pages 3^8 et suivantes.
(2) lbid. , pages 271 et suivantes.
( *37)
et celles de leurs dissolvants, lorsqu'elles sont mises en présence dans les
conditions de liberté que l'état liquide leur laisse.
» Mais, jusque-là, ces phénomènes, que l'on pourrait appeler des actions
de présence, n'étaient constatés que pour des systèmes liquides dont les acides
tartriques, droit ou gauche, combinés ou libres, étaient un des ingrédients.
Pour être autorisé à y voir un caractère général du mécanisme des solutions,
il fallait trouver des exemples de ces mêmes réactions, dans des systèmes
liquides où les principes actifs fussent d'une nature différente : cette recher-
che a été l'objet du travail que je présente aujourd'hui à l'Académie.
» J'ai d'abord repris, sous ce point de vue, les divers systèmes mixtes
que j'avais autrefois étudiés, et dans lesquels les molécules actives m'avaient
paru se répandre par simple dissémination, sans que j'eusse aperçu, ni même
soupçonné, qu'il s'opérait une réaction chimique appréciable entre les prin-
cipes qui les constituaient. J'ai appliqué à ces mêmes systèmes une méthode
d'observations comparatives que l'on trouvera décrite dans mon Mémoire,
et qui joint à une sensibilité excessive une très-grande facilité d'application.
» J'ai premièrement étudié ainsi le sucre de canne en solution aqueuse,
parce que les expériences quej'avais faites autrefois pour déterminer son pou-
voirrotatoire absolu, dans des solutionsd'inégal dosage, m'avaient donné des
valeurs tant soit peu croissantes avec la proportion de l'eau, ce 'que je n'a-
vais pas cru pouvoir attribuer à autre chose qu'aux incertitudes des obser-
vations optiques. Des effets de même sens se sont également reproduits dans
mes nouvelles épreuves ; ce qui tendrait à faire considérer ces solutions
comme des saccharates d'eau à proportions variables. Mais si cette interpré-
tation est vraie, comme je le crois, la combinaison qui se forme alors est
tellement faible, qu'à moins de précautions extrêmement minutieuses, on
ne saurait la distinguer d'une simple dissémination.
» J'ai ensuite étudié, par le même procédé, l'essence de térébenthine dis-
soute en diverses proportions dans l'alcool, et dans l'huile d'olive blanchie
à la lumière. C'étaient encore là des exemples qui m'avaient servi, dans
mes premiers essais, pour établir la formule qui donne la valeur absolue du
pouvoir rotatoire, dans l'hypothèse d'une simple dissémination. La délica-
tesse de mes procédés actuels m'a fait apercevoir, dans ces deux cas, des
indices encore très-faibles, mais un peu plus sensibles, de la variation du
pouvoir rotatoire avec les proportions du dissolvant. Toutefois ces indices
ne semblaient pas appréciables immédiatement après la mixtion, même
complète, mais seulement un peu plus tard; comme si les molécules de
( a38 )
diverse nature, qui se trouvaient en présence les unes des autres, avaient
besoin d'un certain temps pour exercer tout l'effort de leurs influences mu-
tuelles, ainsi que cela arrive dans le frottement. J'ai l'apporté en détail ces
observations minutieuses. Les expérimentateurs décideront jusqu'à quel
point elles justifient l'assimilation que je viens d'énoncer.
» Enfin, j'ai rencontré un cas distinct de tous les précédents, où un corps
neutre, de composition définie, et doué de pouvoir rotatoire, agit sur ses
dissolvants avec assez de puissance , pour que l'on puisse constater tres-
assurément, non-seulement l'existence, mais même la loi physique, de son
action. Ce corps est le camphre naturel des laurinées. Je l'ai observé dis-
sous, en proportions diverses, dans l'acide acétique, et dans l'alcool absolu.
» Je lui ai d'abord appliqué la méthode des observations comparatives.
Alors la diversité des proportions du dissolvant, s'obtient par des dilu-
tions progressives, opérées suivant des rapports connus de volumes; et la
constance ou la variabilité du pouvoir rotatoire de la substance active, se
reconnaît immédiatement par l'égalité ou l'inégalité des déviations que ces
systèmes produisent, quand on les observe à travers des épaisseurs calculées
pour qu'elles fussent égales, si les molécules actives ne faisaient que se dis-
séminer dans le dissolvant inactif, comme dans un espace indifférent. J'éta-
blis dans mon Mémoire les formules nécessaires pour faire ce calcul; et, en
les appliquant, je prouve par des observations nombreuses, que le pouvoir
rotatoire du camphre, décroît dans chacun de ces dissolvants, à mesure que
leur quantité relative augmente; ce qui prouve indubitablement qu'il entre
en combinaison avec eux, de manière à former des molécules mixtes,
douées d'un pouvoir rotatoire spécifique, qu'elles tiennent de lui.
« L'existence et la variabilité de c%s réactions étant rendues ainsi mani-
festes, j'en ai cherché immédiatement la loi physique; l'analogie des phéno-
mènes avec ceux que m'avait présentés l'acide tartrique en solution aqueuse,
annonçant d'avance la parité de formes que devait avoir leur expression
générale. En conséquence, je formai de nouvelles solutions alcooliques et
acétiques de camphre, en proportions de poids connues, embrassant les
degrés extrêmes de concentration et de dilution, entre lesquels la marche
des effets optiques était pratiquement saisissable; puis, les ayant observées,
j'ai déterminé pour chacune d'elles la valeur absolue du pouvoir rotatoire
de la substance active, tant sur le rayon rouge, que sur la teinte de pas-
sage, et j'ai rassemblé ces résultats en tableaux. Alors, prenant les quan-
tités relatives e du dissolvant, pour abscisses, et les pouvoirs rotatoires [a]r
ou [a]j, pour ordonnées, j'ai trouvé, comme je m'y attendais, par construc-
tion graphique comme par le calcul, que, dans l'amplitude. embrassée par
les observations, le lieu de ces éléments était une ligne droite. De sorte que,
entre ces limites, la loi du phénomène est exprimée par la relation linéaire,
[>] = A + Be,
•
A et B étant deux constantes dépendantes de la nature du dissolvant. Cette
loi est algébriquement la même que j'avais trouvée pour les solutions
binaires de l'acide tartrique. Elle ne comprend, sans doute, que les deux
premiers termes du développement de la fonction complexe qui exprime la
loi rigoureuse de ces actions. Mais l'identité de forme de ces deux premiers
termes suffit, pour nous découvrir deux conséquences importantes. La pre-
mière, c'est que tous les arguments qu'on en a tirés, pour démontrer que
l'acide tartrique entre en combinaison indéfinie avec ses dissolvants, ont
la même force pour établir que le camphre se combine avec les siens. La
seconde, c'est que la variabilité des pouvoirs rotatoires à divers degrés de
dosage, n'est pas spéciale à l'acide tartrique et à ses dérivés, comme on
l'avait pu croire d'abord. Les expériences que je viens de rapporter, la
montrent existante, et soumise à la même loi, dans d'autres corps d'une
nature toute différente ; d'où il suit qu'elle doit être la règle générale de
cette classe de phénomènes, comme je l'avais depuis longtemps soupçonné.
» Alors on se demandera sans doute, comment, dans les premières
études que l'on avait faites sur les pouvoirs rotatoires, ils avaient paru être
sensiblement constants pour une même substance? Cela tient à deux causes :
d'abord à la petitesse absolue de leurs variations dans l'amplitude du déve-
loppement où l'on peut, en général, les suivre; puis à la loi même qui les
exprime, laquelle ne les rend facilement saisissables que dans les solutions
très-chargées du principe actif, condition que le défaut de solubilité permet
rarement de remplir. Pour s'en convaincre il n'y a qu'à considérer deux
valeurs absolues du pouvoir rotatoire [a]r, [a]',., qui aient été obtenues,
avec les proportions e, e', du dissolvant. D'après la loi de leur variabilité,
on aura
[«]',■- [«], = B(e'-e).
Or e, e', sont toujours des fractions moindres que l'unité; et, à mesure
qu'elles approchent de celte limite, leurs différences e' — e, deviennent de
plus en plus petites, pour un accroissement égal du dissolvant, ce qui rap-
( 240 )
proche graduellement les pouvoirs rotatoires de l'égalité, à mesure que
la dilution augmente. Supposons, par exemple, une série de solutions,
dans lesquelles les poids du dissolvant croissent par quantités constantes,
toutes égales au poids de la substance active, qui restera invariable. Alors,
en comparant l'un à l'autre deux termes consécutifs de cette série, le coef-
ficient e' — e, deviendra progressivement ^> — > — , -^-,---, en général
, r- r; de sorte que, si le défaut de solubilité de la substance active,
ne permet pas de réaliser les premières valeurs, le produit B(e' — e), s'af-
faiblira tellement, qu'il se confondra avec les incertitudes des observations;
et alors les pouvoirs rotatoires paraîtront constants, surtout si l'on n'a pas
encore eu l'occasion de reconnaître, en fait général, qu'ils doivent varier.
C'est ce qui m'est arrivé dans mes premières expériences; et on le conce-
vra facilement, par les soins que j'ai dû prendre aujourd'hui même, pour
découvrir des indices perceptibles de leur variabilité dans quelques-uns
des systèmes mixtes que j'avais observés alors, avec des appareils moins
perfectionnés. Si l'acide tartrique en solution aqueuse, nous a fait aperce-
voir ce phénomène, nous le devons à deux circonstances : premièrement à
la petitesse du coefficient qui exprime la portion constante de son pouvoir
rotatoire, tandis que le coefficient de la partie variable est fort considérable,
ce qui le rend presque seul sensible dans les observations; secondement, à
la grande solubilité de cet acide qui, aux températures ordinaires de l'été,
peut se dissoudre dans un poids d'eau moindre que le sien, ce qui permet
de le suivre dans les phases de dosage où la variabilité de son pouvoir rota-
toire est la plus manifeste. Aucun autre corps connu, ne réunit des condi-
tions si favorables. Pour le camphre, par exemple, dans les solutions alcoo-
liques et acétiques, la partie constante du pouvoir rotatoire est triple du
coefficient de variabilité ; et il a fallu toute la délicatesse des procédés d'ob-
servations que l'on possède aujourd'hui, pour y rendre cette propriété
sensible et mesurable, ayant d'ailleurs pour but spécial de l'y rechercher.
» Toutefois, dans les cas même où l'on ne peut réussir à la rendre immé-
diatement manifeste, l'expérience fournit encore une autre voie, indirecte
à la vérité, mais non moins sûre, pour constater qu'une substance active
exerce des actions moléculaires sur ses dissolvants, par sa seule présence,
sans être attaquée chimiquement par eux dans sa composition. Pour cela il
faut voir, si son pouvoir rotatoire spécifique varie d'intensité, ou de sens, à
( *4i )
une même température, quand elle est placée dans des dissolvants inactifs
de diverse nature. Car cette faculté, étant propre à ses particules, ne peut
changer ainsi, en présence de particules naturellement inactives, à moins
d'en être impressionnées, et de les impressionner réciproquement; de
manière à constituer ensemble un nouveau système liquide, possédant des
propriétés. moléculaires, distinctes de ses composants. Or on a déjà beau-
coup d'exemples, de ces modifications temporaires, qui ont été observes sur
des substances tout à fait étrangères aux deux acides tartriques. M. Bou-
chardat en a découvert plusieurs dans les solutions des alcalis organiques
naturels (i). M. Pasteur en a constaté de pareilles dans les solutions aqueuses
de l'acide Malique, lequel, à une même température, y intervertit le sens
de son action, par le seul changement de la proportion d'eau. Ces expé-
riences, et celles que je viens de décrire, dans lesquelles les variations du
pouvoir rotatoire ont pu être mesurées, nous autorisent à considérer géné-
ralement les substances douées de ce pouvoir, comme formant avec leurs
dissolvants des systèmes liquides, dont toutes les molécules sont dans un
état actuel de combinaison, déterminé par leur mutuelle présence; ce qui
est le résultat que j'avais en vue d'établir, dans le présent travail.
» Les études que j'ai faites pour ce but sur le camphre, m'ont appris de
plus qu'il disperse les plans de polarisation des rayons d'inégale réfrangibi-
lité, suivant un mode très-notablement différent du quartz, des sucres et
des huiles essentielles. La faculté qu'il a de se dissoudre abondamment dans
ces dernières, m'a servi pour composer des systèmes mixtes, qui produisent
dans la polarisation circulaire, des effets d'achromatisme approximatif, cor-
respondants à ceux que l'on obtient dans la réfraction ordinaire, avec des
verres inégalement dispersifs. C'est d'après des conditions de dosage, fon-
dées sur ces expériences, et que je leur avais communiquées, que MM. De-
sains et la Provostaye, ont constaté l'achromatisme également approché
de ces systèmes pour les rayons calorifiques, comme ils se sont plu à le
reconnaître dans le Mémoire qu'ils ont présenté à l'Académie sur ce sujet.
Je me propose de lui soumettre prochainement l'ensemble de ces recherches,
qui donneront de nouvelles preuves des mutuelles réactions, que des sub-
stances actives, chimiquement neutres, exercent les unes sur les autres,
quand elles sont mises en présence, à l'état de fluidité. »
(i) Annales de Chimie et de Physique, 3e série, tome IX, pages 21 3 et suivantes.
C. R., i85î, 1™ Semestre. (T. XXXV, N° 7. ) 3a
( *4» )
MÉMOIRES LUS.
chimie. — Sur de nouveaux procédés généraux d'analyse chimique;
par M. H. Sainte-Claire Deville. (Extrait par l'auteur. )
(Commissaires, MM. Dumas, Pelouze.)
« L'analyse chimique minérale repose essentiellement sur l'observation
d'un certain nombre de réactions que l'on a appliquées successivement à
la détermination des éléments d'une matière composée. Dans son état ac-
tuel, cette science peut être considérée comme un catalogue de propriétés
distinctives dont l'usage varie avec la nature des mélanges que l'art ou la
nature fournit à notre examen. Les personnes qui, par leurs travaux ou
dans leur enseignement, ont été à même de contrôler par l'expérience ou
de discuter les méthodes dont l'ensemble constitue ce catalogue, ont pu
vérifier souvent que, dans bien des circonstances encore mal observées,
leur emploi devenait vicieux. C'est qu'en effet certains principes généraux
en chimie analytique n'ont pas encore été assez nettement posés, quoique la
théorie permette déjà d'en saisir l'importance. J'insisterai principalement
sur le rôle que joue le mode d'agrégation des substances au moment de
leur séparation, d'où proviennent de bons ou de mauvais résultats dans
l'application des méthodes analytiques. Toute matière gélatineuse, formée au
sein d'un liquide, entraîne, en se séparant, une portion des matières qui
devraient rester en dissolution d'après les lois connues, mais qui n'y obéis-
sent plus dès quelles sont retenues à l'état solide dans un état intermédiaire
entre la combinaison et le simple mélange. Sous ce point de vue, l'alu-
mine gélatineuse et le charbon animal ont des propriétés comparables.
C'est là une première condition d'exactitude négligée jusqu'ici dont il faut
nécessairement se préoccuper. Aussi, j'ai dû rechercher tout d'abord le
moyen de changer l'état physique des matières sur lesquelles doit porter
l'action des réactifs, en évitant d'une part la division extrême des parti-
cules qui détermine la séparation des matières hétérogènes, de l'autre un
rapprochement trop considérable qui met obstacle à leur solubilité. A cet
état particulier que je produis facilement, l'agrégation des molécules est
telle, qu'on peut les séparer des matières solubles sans le secours du filtre
de papier, dont l'emploi se trouve ainsi restreint à un très- petit nombre
de cas.
» On a dû remarquer aussi que toutes les fois qu'une matière doit se
( **3 )
séparer d'un liquide sous forme cristalline, le temps nécessaire à sa préci-
pitation complète n'est pas compris dans les limites que lui assignent nos
opérations les plus communes.
» Pour tenir compte des difficultés de ce genre, des réformes dans les
procédés les plus usuels de la chimie sont indispensables. Je les ai entre-
prises depuis longtemps, et je suis parvenu à la solution du problème dans
tous les cas que, pour procéder avec ordre, j'avais dû me poser d'abord,
c'est-à-dire pour les métaux usuels des premières sections.
» Je dois ajouter que j'ai rendu plus difficiles les conditions de ce pro-
blème en m'astreignant à certaines règles auxquelles, j'en suis sûr, l'ana-
lyse chimique devra plus tard un grand degré de certitude et de précision.
Je crois, par exemple, qu'il faut employer exclusivement des réactifs vola-
tils, de manière que l'épreuve de leur pureté, sous certains rapports, puisse
s'effectuer immédiatement au moyen d'une simple lame de platine. Je ferai
remarquer également que les réactifs employés à l'état de gaz ont été trop
négligés, et que les habitudes introduites dans la science par les opérations
de chimie organique rendront plus facile l'adoption de moyens de cette
nature. Dernièrement, M. Rivot, en donnant pour la séparation du fer et
de l'alumine sa méthode fondée sur l'emploi de l'hydrogène, a fait voir les
bons résultats que peuvent procurer des réactions de ce genre.
^» Les procédés que je propose sont applicables aux métaux usuels des
deux premières sections, y compris le fer et le manganèse; si je ne généra-
lise pas davantage, c'est qu'il est indispensable de contrôler par de sévères
épreuves tout ce qui doit être proposé comme méthode analytique, et que
l'expérience me manque encore sur certains points. Ces moyens sont fondés
en général sur des réactions fort simples. Ainsi, j'utilise le degré de résis-
tance qu'opposent certains sels à la décomposition par le feu : les nitrates
métalliques, par exemple, quand ils sont composés soit avec des bases à un
atome d'oxygène, soit avec des bases susceptibles de se suroxyder, soit avec
des bases à 3 atomes d'oxygène. J'ai réussi à donner à ces calcinations à
température très-basse, un degré de précision dont les résultats sont faciles
à constater. On remarquera qu'en procédant ainsi on amène les matières à
séparer à un état tel, qu'elles n'ont pu encore se combiner entre elles, mais
qu'elles sont désormais incapables de s'entraîner mutuellement.
» Je m'appuie encore sur une propriété qui est commune à toutes les
bases à un atome d'oxygène que j'ai examinées jusqu'ici, c'est qu'elles dépla-
cent complètement l'ammoniaque des sels ammoniacaux et du nitrate d'am-
moniaque que j'emploie de préférence.
• 3a..
( *44 )
» Pour contrôler facilement les résultats de ces méthodes, il suffit de les
appliquer à la séparation de deux corps qu'aucun autre moyen n'isole
complètement, l'alumine et la magnésie.
» Pour que des méthodes de ce genre soient applicables, il est nécessaire
de changer entièrement le mode d'attaque des minéraux insolubles. Ce n'est
qu'à regret qu'un chimiste introduit en mélange, dans la substance qu'il
doit analyser, trois ou quatre fois son poids d'une matière (le carbonate de
soude et de potasse) dont la pureté échappe à presque toute vérification
facile. C'est pourtant ce que l'on prescrit partout pour l'attaque des silicates
et des sulfates. Il suffit de comparer entre elles les compositions des sili-
cates naturels solubles et insolubles dans les acides, pour constater qu'une
très-petite portion d'une base fixe ajoutée aux derniers doit les rendre atta-
quables. Aussi, en employant une quantité de chaux très-petite relativement
au poids de la matière, le quart au plus, on la transforme par la fusion en
un verre homogène attaquable et dans lequel il sera facile de doser même
la chaux qui s'y trouve naturellement. Le disthène, une des matières les plus
rebelles aux réactifs chimiques, s'analyse très-facilement par ce procédé.
J'ai vérifié d'ailleurs que la chaux est un corps qu'il est facile de se procu-
rer en grande quantité avec une pureté absolue; c'est de plus un de ceux
qui se dosent le plus rigoureusement (i).
» Quant à la réduction des sulfates et, en particulier, des sulfates de ba-
ryte, de strontiane et de chaux , j'emploie pour l'effectuer un agent pré-
cieux pour ces sortes d'actions : le gaz hydrogène chargé de vapeurs de sul-
fure de carbone.
» Il m'est impossible, dans cet extrait, d'entrer dans les détails indispen-
sables pour que l'application de mes méthodes soit rigoureuse. J'ai désiré
simplement en faire connaître les principes et le but pour les soumettre à
l'appréciation de l'Académie. »
physiologie. — Recherches ayant pour but d'administrer aux malades qui
ne digèrent point, des aliments tout digérés par le suc gastrique des
animaux. — Albumine d'œuf ; par M.. Lucien Corvisart.
(Commissaires, MM. Magendie, Pelouze, Andral, Rayer.)
« J'ai extrait d'un travail expérimental sur la digestion, ayant pour but
(i) Un avantage des méthodes de ce genre, qui se manifeste dans ce cas-ci surtout, c'est
qu'on doit prouver, en évaporant les eaux qui ont tenu en dissolution les matières analysées,
qu'elles ne contiennent plus aucun élément fixe. Cette vérification peut faire éviter bien des
erreurs.
( 245 )
d'administrer aux malades dont l'estomac ne digère point, des aliments tout
digérés par le suc gastrique des animaux, les résultats suivants, qui m'ont
paru offrir quelque intérêt.
» Ces résultats ne portent, au reste, que sur un point très-limité de ce
travail, basé sur plus de trois cents expériences.
» Il existe dans le blanc d'ceuf une quantité assez fixe d'une matière
animale soluble dans l'eau, qui résiste à la coagulation par la chaleur, pré-
cipite par l'alcool, le sublimé, l'azotate de plomb, la noix de galle même
acidulée, c'est-à-dire qui présente les réactions que M. Mialhe attribue à ce
qu'il appelle albuminose.
» Dans ioo grammes de blanc d'œuf, représentant i5 grammes de maté-
riaux solides, cette matière est comprise pour ogr,o,o environ.
» Elle vient de l'albumine et non des membranes ; car, à part la mem-
brane ovine générale que j'ai toujours négligée dans mes expériences, le
poids des autres n'excède point ogr,io.
» On ne peut obtenir cette matière qu'en faisant subir à l'œuf quelques
manipulations ou réactions ; dès lors il reste un doute, à savoir si réelle-
ment elle leur préexiste ; mais de deux choses l'une : ou bien cette matière
préexiste, ou bien une seule partie de l'albumine est telle, qu'elle puisse
subir la modification propre à lui donner naissance.
» La méthode qu'on a employée pour l'extraire lui donne des propriétés
différentes.
» Lorsqu'on coagule l'œuf dans sa coque, la matière qu'on obtient
ensuite par les lavages ne trouble nullement par l'acide nitrique et diffère
du tritoxyde de protéine de Mulder.
» Lorsqu'on coagule l'albumine préalablement délayée dans l'eau, la
matière trouble par l'acide nitrique, fait qui me paraît fort remarquable et
qui la rapproche beaucoup de l'albumine.
» Que l'albumine ait été coagulée par l'une ou par l'autre méthode, un
poids donné d'albumine fournit un poids très- semblable de cette matière
dans les deux cas, c'est la même substance.
» Elle diffère de l'albumine en ce qu'elle n'est point coagulable par la
chaleur; je n'ai point trouvé que l'acide chlorhydrique pur, qui la dissout,
la colorât en violet : il y avait couleur caramel.
» Cette matière est moins soluble dans l'eau pure à froid qu'à chaud.
» Je n'ai point trouvé dans le blanc d'œuf coagulé par l'une ou l'autre
méthode, ce que M. Mialhe appelle albumine modifiée, caséiforme; une
fois la matière dont j'ai parlé enlevée, il n'y avait plus, même à l'aide de
( a46 )
lavages tièdes avec le carbonate de potasse, aucune matière animale, quel-
que peu soluble qu'accusât même la sensibilité si grande de la noix de
galle.
» L'œuf pondu depuis une heure, un, deux, trois ou quatre jours, et
frais, contient la même quantité de cette substance pour un poids égal.
» Plusieurs expériences ont été faites avec le même œuf divisé en trois
portions et coagulées chacune à une époque plus éloignée.
» Il en a été de même dans plusieurs expériences où j'avais laissé putré-
fier dans l'eau pendant six, huit et dix jours, sous l'influence de l'humidité
et d'une température de 20 à 40 degrés centigrades, de l'albumine coagulée,
tantôt dans sa coque, tantôt à l'état de dilution dans l'eau.
» Dans tous les cas, la matière obtenue après la coagulation, par l'une ou
l'autre méthode, a présenté les mêmes différences quant à l'action de l'acide
nitrique.
» Ces 'données acquises, j'ai cherché quelle était l'action du suc gas-
trique sur l'albumine d'œuf.
» Le blanc d'œuf coagulé dans sa coque, écrasé finement, soumis à la
digestion artificielle, puis lavé et filtré, m'a fourni une matière jouissant
des mêmes propriétés que si j'avais agi seulement avec l'eau.
» Le blanc d'œuf cru, délayé dans l'eau, soumis à la digestion artifi-
cielle, puis coagulé, lavé et filtré, m'a donné une solution précipitable par
l'acide nitrique, présentant, en un mot, les mêmes caractères qu'il aurait
présentés sous l'influence de la coagulation dans l'eau, sans digestion arti-
ficielle.
» La quantité de cette matière, dans les deux cas, ayant toujours été,
après l'action du suc gastrique, supérieure à celle que l'eau pure, soumise
aux mêmes conditions, m'aurait donnée, j'ai acquis la certitude que cette
matière, naturellement extraite de l'œuf, comme on a vu, pouvait être
fournie par le suc gastrique comme produit de digestion.
» L'albumine coagulée dans sa coque, épuisée de cette matière par des
lavages nombreux , jusqu'à ce que la noix de galle ne trouble plus les
eaux même concentrées , fut soumise alors seulement à l'action du suc-
gastrique; elle me donna une nouvelle quantité de matière présentant
exactement les mêmes caractères que celle que les premiers lavages avaient
donnée avant l'action du suc gastrique, c'est-à-dire que l'acide nitrique ne
la précipitait point, etc.
» L'albumine, épuisée par l'eau de cette matière, en avait fourni, sous
l'influence du suc gastrique, une toute nouvelle et toute semblable.
( *47 )
» Le suc gastrique est impuissant à transformer toute l'albumine en cette
substance, il n'en transforme qu'une portion; souvent je retirais le double
du poids que l'eau seule aurait fourni.
» Par ces digestions artificielles, je n'ai jamais pu transformer plus d'un
tiers de l'albumine (évaluée privée d'eau) que renfermait réellement le
blanc d'œuf, en le mettant dans les meilleures conditions que l'expérience
m'avait apprises; l'autre portion réfractaire pouvait se désagréger plus ou
moins, mais ne se transformait pas.
» Pour étudier ces meilleures conditions, j'ai varié les doses soit de suc
gastrique, soit d'albumine, prolongé l'action, varié la température, pré-
senté le blanc d'œuf sous diverses formes; mon but n'était-il pas de fournir
aux malades cette substance directement assimilable, et partant de la faire
le plus simplement, le plus sûrement et le plus abondamment possible?
» Une partie de suc gastrique et 6 parties d'eau pour 2 parties de blanc
d'œuf naturel, maintenues vingt-quatre heures à une température constante
de 38 à 4o degrés centigrades, m'ont donné les meilleurs résultats; chose
remarquable, si l'on songe qu'on avait considéré la dilution dans l'eau
comme une chose défavorable.
» Les résultats sont très-inférieurs si l'on emploie moins d'eau.
» Ce n'est point que la matière ait seulement besoin de beaucoup d'eau
pour se dissoudre; car, après une opération faite avec du suc gastrique non
dilué, les lavages répétés accusent l'infériorité des résultats.
» L'abondance de l'eau est nécessaire pour que la substance se fasse.
» Hors les conditions que j'ai énumérées, qu'on prolonge l'action un
jour, deux jours et même jusqu'à commencement de putréfaction, qu'on
mette une grande quantité de suc gastrique pour peu d'albumine, les résul-
tats sont toujours médiocres.
» Ni les acides légers, ni les alcalis étendus, ne nous ont fourni, en
l'absence du suc gastrique, une quantité de matière supérieure à celle que
fournissait l'eau pure : le suc gastrique agissait par sa matière propre.
» Après ces digestions, l'albumine inattaquée était absolument réfrac-
taire; ni les alcalis, ni les acides dilués n'enlevaient à cette albumine,
épuisée par le suc gastrique, aucune nouvelle quantité de matière animale
soluble.
» Notre but n'est point de déterminer la nature, l'unité ou la spécialité
de cette matière soluble ; la chose capitale pour notre sujet, c'est la trans-
formation, à l'aide de l'albumine, d'une matière digérée quelle qu'elle soit..
» Quoiqu'il soit clair que cette substance est une émanation de l'albu-
( 248 )
raine, nous n'avons point observé l'état intermédiaire appelé par M. Mialhe
albumine modifiée, caséiforme.
» Dès lors, la série de modifications comparables à amidon, dextrine et
glucose manquant, nous craignons que le mot albuminose soit ici impropre,
d'autant plus que les caractères assignés par M. Mialhe sont partagés par
d'autres substances animales; il ne paraît point encore temps de lui donner
un nom chimique aussi significatif. Il serait peut-être plus prudent de lui
donner un nom simplement physiologique, exalbumine par exemple, qui
montrerait seulement son émanation.
» J'appelle l'attention sur les points suivants :
» i°. La présence dans lœuf d'une substance pareille à celle qui prend
naissance de l'albumine dans les digestions opérées par le suc gastrique ;
dès lors, sans doute, propre à la nutrition de l'embryon, comme elle est
propre à la nutrition de l'animal parfait;
» 2°. La transformation de l'albumine en cette substance, dont les pro-
priétés se modifient avec la plus grande facilité, circonstance favorable à la
production des tissus;
» 3°. L'impuissance où est l'albumine d'en fournir, sous l'influence du
suc gastrique, au delà d'une certaine quantité ; ce qui montre bien que
toutes les substances azotées ne sont pas exclusivement et entièrement digé-
rées par le suc gastrique, et que les fèces pourraient bien provenir, non
d'une insuffisance accidentelle, mais d'une insuffisance constante de cette
action ;
» 4°- La nécessité, pour obtenir cette matière, de présenter à l'albumine
une grande quantité d'eau, en rapport avec l'usage populaire de boire un
verre d'eau après un œuf;
» 5°. La possibilité de donner aux malades dont l'estomac ne digère
point, i gramme seulement de cette substance pour équivaloir à .un blanc
d'œuf entier ; résultat qui présente encore ses analogues : ne sait-on pas
combien nourrit un bouillon, quoiqu'il contienne si peu de matières, mais
de matières très-nutritives? C'est plus encore pour cette substance, car elle
est toute digérée. »
physiologie végétale. — Origine et composition des fibres ligneuses et des
fibres du liber; par M. Aug. Trécul.
(Commissaires précédemment nommés : MM. de .Tussieu, Brongniart,
Richard.)
« Lorsque l'on examine à l'aide du microscope une coupe tran'sversale
( *49 )
de la tige ligneuse d'un végétal dicotylédoné, à l'époque où l'écorce se
sépare du bois avec facilité, on remarque que les tissus récemment formés
se partagent en deux zones concentriques : l'une, interne, devient ligneuse
et emboîte l'aubier formé l'année précédente; l'autre, externe, devient cor-
ticale et se range par conséquent du côté de l'écorce. C'est à l'ensemble dé-
cès deux zones ou plutôt à leurs parties les plus jeunes que M. de Mirbel
a donné le nom de couche régénératrice (ou plus simplement génératrice),
parce que c'est dans cette partie du végétal que naissent les éléments cellu-
laires qui doivent concourir à l'accroissement en diamètre du tronc.
» La couche génératrice n'est donc point un tissu d'une nature spéciale;
elle tient à la fois de l'écorce et du bois. Mais comment s'opère la multi-
plication des cellules dans son intérieur, et comment ces cellules se trans-
forment-elles d'une part en bois, et d'autre part en écorce? Voilà ce qu'au-
cun des phytotomistes n'a décrit d'une manière précise jusqu'à ce jour.
» Des observations que je fis en 1849, et (lue j'a* été assez heureux pour
pouvoir renouveler cette année, m'ont démontré que c'est par le fraction-
nement des utricules préexistantes que les fibres sont produites.
» Si, au lieu d'examiner cette tige de dicotylédoné, à l'époque à la-
quelle l'écorce se détache aisément, on l'observe plus tôt, avant que la vé-
gétation ou la multiplication utriculaire ait recommencé dans l'intérieur
de la plante, ces parties les plus récentes du bois et de l'écorce peuvent
se présenter sous deux états. J'y ai vu quelquefois une couche de bois seu-
lement ébauchée, c'est-à-dire dont les éléments, au premier période de
leur développement, n'étaient point complètement lignifiés, comme si
leur accroissement avait été arrêté par les premiers froids de l'automne;
mais le plus souvent j'ai trouvé la couche ligneuse de l'année précédente
bien conformée, composée de fibres à parois épaisses, ayant en un mot
toutes les apparences de l'aubier. La couche qui l'environnait et qui le sé-
parait de la dernière formation libérienne, était d'un tissu utriculaire uni-
forme, ayant l'aspect du tissu cellulaire cortical le plus interne.
» A cette époque donc, l'écorce et le bois sont bien distincts; leur déli-
mitation est nettement tranchée. Comment arrive-t-il qu'un peu plus tard
cette ligne de démarcation n'est plus aussi évidente, de manière qu'il n'est
pas possible de dire précisément : cette cellule appartient à l'aubier, celle-ci
fait partie de l'écorce?
» Si l'on épie soigneusement le départ de la végétation, on verra appa-
raître entre la zone externe de l'aubier et la couche cellulaire interne de
l'écorce, d'abord une rangée de cellules à parois brillantes; puis à l'exté-
C. R., »85a, a"»» Semestre. (T. XXXV, N« 7.) 33
( a5o )
rieur de chacune de ces utricules nouvelles, s'en développe une seconde ;
puis une troisième, une quatrième, etc., succèdent aux premières, et
toutes se disposent le plus ordinairement en séries rayonnantes, qui souvent
continuent les séries des fibres de l'aubier. On les reconnaît dès lors
pour de très-jeunes fibres ligneuses, et l'on a pu se convaincre qu'elles ne
sont pas générées par les éléments de l'aubier; d'un autre côté, on est
assuré qu'il n'existe aucun liquide mucilagineux entre le bois et l'écorce
qui ait pu leur donner naissance; mais j'ai souvent cru remarquer qu'elles
étaient le résultat du dédoublement des cellules à' apparence corticale les
plus internes.
» Si l'on fait une coupe longitudinale parallèle aux rayons médullaires,
on reconnaît, ainsi que je l'ai démontré antérieurement, que ces cellules,
qui sont oblongues, constituent des séries horizontales rayonnantes, super-
posées ou alternes suivant qu'elles sont dans le même plan on dans des
plans différents.
» Mes observations en étaient là quand je partis pour l'Amérique, et
c'est pendant mon voyage que je parvins à découvrir le mode de formation
de ces utricules. C'est principalement sur des ormes, des peupliers, des
robiniers et des platanes que je fis mes observations. Un croquis que j'ai
retrouvé m'a été fourni par YUlnius rubra. Cette figure montre que les
jeunes éléments fibreux résultent du fractionnement des cellules mères dans
lesquelles j'ai pu compter jusqu'à quinze cloisons verticales, qui paraissent
avoir été produites au fur et à mesure que la cellule mère s'allongeait ho-
rizontalement.
» Dernièrement, j'ai observé le même mode de division des cellules dans
le tronc du Paulownia imperialis, mais cette fois sur une coupe transver-
sale. De même que dans l'orme, les cellules mères ont produit jusqu'à quinze
et même ici dix-sept utricules, et les plus jeunes de ces cellules mères, dans
l'orme comme dans le Paulownia, se confondaient avec les cellules corti-
cales les plus internes.
» Ainsi ce serait le tissu cellulaire interne de l'écorce. ou des cellules
qui n'en peuvent être distinguées, qui renouvellerait à la fois et les fibres
ligneuses et les utricules corticales.
» Je m'empresse d'ajouter que je ne veux pas dire pour cela que le jeune
tissu ligneux n'est pas apte à reproduire des éléments fibreux et corticaux;
au contraire, que tous les jeunes tissus végétaux sont susceptibles de se méta-
morphoser suivant les besoins de la plante. Je reviens à mon observation.
» Les éléments fibreux, dans l'état où je. les ai laissés, n'ont point encore
( ^5, )
la forme qu'ils doivent avoir plus tard; ce ne sont que de simples cellules
oblongues, rectangulaires ou arrondies par les extrémités, dont les parois
n'ont que très-peu d'épaisseur. Comment prennent-elles la forme de fuseau?
Comment ces cellules, si courtes, peuvent-elles devenir, ou plutôt donner
lieu à des tubes allongés, telS qu'on les connaît généralement? J'ai observé
plusieurs fois ce phénomène pendant mon voyage, et depuis mon retour je
l'ai vu de nouveau sur le Paulownia et sur le Robinia pseudo acacia.
» Le Paulownia surtout est très-favorable pour cette observation ; sa
végétation étant très-active, on a souvent sur la même coupe plusieurs
phases du développement des fibres ligneuses. En effet, j'ai souvent remar-
qué sur des tranches longitudinales, parallèles aux rayons médullaires, les
modifications suivantes. On s'aperçoit tout d'abord que les cellules sont
disposées en séries horizontales dans le voisinage de l'écorce, ainsi que je l'ai
dit plus haut, et que cet ordre n'est plus perceptible dans les parties ligneuses
complètement développées. Ici, la cellule proprement dite est indistincte; on
ne peut que très-difficilement suivre une fibre d'une extrémité à l'autre.
Un examen attentif fait découvrir la transition de la cellule oblongiie ou
rectangulaire au long tube fibreux. En allant de la circonférence au centre,
de la partie la plus jeune à la plus âgée, on voit d'abord au sommet ou à la
base de chaque cellule, ou aux deux extrémités à la fois, se former une
proéminence, une pointe d'abord courte, souvent un peu latérale, qui s'al-
longe insensiblement, s'introduit et se glisse entre les cellules situées au-
dessus et au-dessous ; on a alors des cellules fusiformes, les clostres de
Dutrochet. La métamorphose ne s'arrête pas là : les parois plus ou moins
obliques qui unissent deux cellules superposées, disparaissent fréquemment,
et constituent ainsi des tubes quelquefois un peu recourbés, d'une manière
analogue à ce qui se passe dans la formation de certains vaisseaux.
» Cette atrophie des parois cellulaires pour donner naissance à des fibres
ligneuses, m'a été démontrée d'une manière non moins apparente par un
accident survenu à la surface d'une tige de Robinia, dont l'écorce avait été
enlevée. La plaie s'était recouverte par les moyens ordinaires, par des pro-
ductions qui se firent aux bords de la plaie, et parcelles qui se manifestèrent
à la surface de la couche génératrice dénudée. C'est dans l'intérieur de
celle-ci que j'observai le phénomène dont je veux parler.
» Les cellules les plus externes de la couche génératrice s'étaient trans-
formées en une masse de tissu utriculaire ordinaire ; les plus internes avaient
continué à se développer. La plupart de celles-ci conservèrent leur forme
rectangulaire; et par leur superposition suivant des lignes verticales, et la
33..
( 252 )
modification de quelques-unes d'entre elles qui, de distance en distance,
s'arrondissaient ou le plus souvent se terminaient en pointe par une de leurs
extrémités, on avait comme de grandes fibres ligneuses divisées transversale-
ment par un nombre variable de cloisons. Quelques-unes de ces cloisons
étaient déjà en partie ou en totalité résorbées.*
» Je terminerai en disant que je n'ai pas encore d'opinion bien arrêtée sur
l'origine des cellules libériennes; que, cependant, je suis porté à croire que
les fibres du liber sont aussi composées de plusieurs cellules superposées ;
car j'ai fréquemment vu,. dans celles du tilleul et du Robinia, des lignes
transversales, distribuées avec régularité, qui semblaient être les indices
d'anciennes cloisons. Sur la paroi externe de ces fibres, vis-à-vis ces sortes
de cloisons, existait quelquefois un angle rentrant, comme on en voit ordi-
nairement à la jonction de deux utricules. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
physiologie végétale. — accroissement en diamètre des tiges ;
par M. Durand, de Caen.
(Commissaires nommés pour le Mémoire de M. Trécul : MM. de Jussieu,
Brongniart, Richard. )
« Relativement à cet accroissement, je me suis posé les trois questions
suivantes : i° Peut-il se former des couches ligneuses sans la sève descen-
dante, quelle que soit la signification qu'on donne à cette sève? 20 peut-il
se produire des couches ligneuses sans l'intervention de bourgeons quel-
conques? 3° y a-t-il une similitude complète entre les tissus utriculaires
primitifs ou parenchymateux, et les tissus fibro-vasculaires? .
» Pour avoir la réponse à ces questions, j'ai institué des expériences
qui peuvent se diviser en trois séries, parce qu'elles ont été faites : i° sur
des arbres portant du gui; 20 sur des troncs d'arbres dépourvus de bran-
ches, de feuilles, même de matière verte; 3° enfin, sur des betteraves. Les
dessins qui doivent accompagner la description de ces expériences et leurs
résultats ne sont pas encore terminés. Cependant je sens le besoin de sou-
mettre immédiatement au jugement de mes maîtres, sous forme de résumé,
et mes procédés et les résultats qu'ils m'ont donnés. On pourra plus tôt
répéter ce que j'ai fait, obtenir ce que j'ai obtenu, et peut-être fixer, d'une
manière définitive, la question qui est en débat depuis Duhamel et de la
Hire.
( *53 )
« § I. Expériences faites sur des arbres portant du gui. — L'illustre
de Candolle, raisonnant d'après la théorie de la sève descendante, pour
expliquer la formation des couches ligneuses dans les tiges des dicotylé-
dones, s'exprime en ces termes sur la végétation du gui : « Le gui produit
» sur la branche qui le porte un effet analogue à une section, ou à une
» ligature, de l'écorce; au-dessus du gui, il se forme un bourrelet d'au-
» tant plus gros, que le tronc même du gui approche davantage de la
» grosseur de la branche qui le porte (i). Le gui, qui pompe de l'eau et
» ne rend rien, peut croître sur toutes les plantes dicotylédones dont la
» sève ascendante est aqueuse. D'après cela , si l'on fait une section circu-
» laire à l'écorce d'une branche de pommier terminée par une houppe de
» gui, il ne se formera pas de bourrelet au côté supérieur (2). »
» J'ai pratiqué depuis 1846, sur des branches de peuplier portant du
gui, des décortications annulaires. Ces décortications ont été faites un peu
au-dessous de la houppe de gui; entre la décortication et le gui, il n'y
avait ni feuilles ni bourgeons; au-dessus du gui, la branche de peuplier a
été coupée.
» Ces décortications ont été abandonnées à elles-mêmes; il ne s'est
développé sur la portion de la branche de peuplier existant entre la décor-
tication et le gui, ni feuilles, ni bourgeons. Dès la première année de l'ex-
périence, il s'est formé à la lèvre supérieure de chaque décortication un
bourrelet considérable, qui a augmenté progressivement d'année en année.
» Chaque bourrelet a été examiné avec soin, et on l'a trouvé composé
de couches ligneuses dont les fibres se continuaient jusqu'aux fibres des
couches du gui.
» Les mêmes décortications ont été faites sur des pommiers, sur le
Robinia, etc., etc., et elles ont donné lieu aux mêmes remarques.
» Ces expériences prouvent donc que des bourrelets ligneux se forment
aussi bien à la lèvre supérieure de décortication^ faites sur des branches
terminées par des houppes de gui, que sur des branches qui, étant dépour-
vues de ce parasite, sont terminées par des feuilles et des bourgeons.
» J'ai choisi un pommier dont presque toutes les branches portaient du
gui. Au-dessus du gui j'ai coupé les branches de l'arbre; les branches
qui ne portaient pas de gui ont été coupées près du tronc. Après cette
opération, qui avait été faite pendant l'hiver, le pommier n'avait d'autre
(1) Physiologie végétale, page 1 /f 1 1.
(2) Ibid., pige 791.
( *.§< )
matière verte que celle du gui. Au printemps il s'est développé, à l'endroit
où les branches du pommier dépourvues de gui avaient été coupées, des
bourgeons : on a enlevé ces bourgeons au fur et à mesure de leur appari-
tion. Nonobstant ces circonstances, l'arbre a continué de végéter, et il a
formé, chaque année, une couche ligneuse.
» § II. Troncs d'arbres produisant des couches ligneuses, sans feuilles .
sans bourgeons apparents et sans matière verte. — A im,5o au-dessus du
sol, un vieil orme a été coupé. L'arbre ainsi mutilé n'était plus qu'une
portion de tronc sous l'écorce duquel se trouvaient des bourgeons adven-
tifs, agglomérés et saillants, de manière à former des loupes. La plaie a été
recouverte de terre plastique. L'expérience a été faite avant l'hiver.
» Au moment de la végétation, quelques bourgeons se sont développés
à l'extérieur de l'écorce, et ont produit des feuilles; bourgeons apparents
et feuilles ont été enlevés avec beaucoup de soin, à mesure qu'ils parais-
saient. Pour s'assurer aisément de l'accroissement de l'arbre, on a fait une
incision à sa base.
» Le tronc d'arbre a végété et il a formé une couche ligneuse. Les années
suivantes, les mêmes faits se sont produits, c'est-à-dire que sans bourgeons
apparents, sans feuilles, même sans parties vertes, il s'est formé dans cet
arbre, chaque année, une couche ligneuse (i).
» La même expérience faite sur des troncs de tQJeul pourvus, comme
celui de l'orme, de bourgeons sous l'écorce, a donné les mêmes résultats.
» § 1TI. Betteraves. — Sur une betterave sortie de terre, on a fait une
incision annulaire^ Cette. incision a été pratiquée à 5 centimètres au-dessous
de la partie ou se développent les feuilles et les bourgeons. La betterave
a été tranchée immédiatement au-dessous de l'insertion des premières
feuilles, seulement on a ménagé sur un des côtés de la plante un bourgeon
encore à l'état rudimentaire. Ce bourgeon s'est développé, la betterave
s'est accrue dans toutes s#s parties. Au-dessous du bourgeon, il s'est formé
un mamelon qui a été examiné, et qu'on a trouvé composé de cinq nou-
velles couches ligneuses; mais ces couches ne faisaient pas le tour de la
betterave, elles étaient circonscrites par le mamelon. A droite et à gauche
du mamelon, la plante n'avait que le nombre de couches ligneuses qu'elle
possédait avant l'expérience, lequel était de sept. Le diamètre de la bette-
rave avait cependant considérablement augmenté dans les parties qui n'é-
(i) Aucune des racines de ce tronc d'orme n'était greffée avec les racines d'un orme
entier.
( a55 )
taient pas sons le mamelon. Cet accroissement était dû uniquement à du
tissu cellulaire. ,
» Quant à la décortication annulaire, voici ce qu'elle a présenté : un
bourrelet entièrement cellulaire existait à la lèvre inférieure, un bourrelet
ligneux considérable se trouvait sous le bourgeon; les autres bords delà
lèvre supérieure, qui n'étaient pas sous le mamelon, étaient sans bour-
relet.
» La même expérience a été répétée de la même manière, sauf que l'in-
cision annulaire a été faite à 10 centimètres au-dessous de la partie supé-
rieure de la betterave. Les résultats ont été les mêmes; seulement, le bour-
relet correspondant au bourgeon était un peu moins fort que si l'incision
eût été faite 5 centimètres plus haut.
» Ces expériences prouvent, au moins pour les betteraves, que lès tissus
parencbymateux peuvent se former en quantité considérable, acquérir tout
leur développement sans se transformer en tissu fibreux.
» Je pourrais ajouter que l'apparition des fibres a eu lieu en même temps
([lie le développement du bourgeon ; que, dans son état primitif, le bour-
geon était complètement cellulaire, et que l'évolution des fibres a eu lieu de
liant en bas à partir du bourgeon.
» Mais je ne veux rien préjuger sur les conséquences des expériences
consignées dans cette Note; je n'ai d'autre intention que celle de mettre
les physiologistes à même de répéter ces expériences et de vérifier leurs
résultats, en attendant que je les publie avec plus de détail. »
rnvsiOLOGiE. — Expériences démontrant que l'origine du nerf sympathique
est dans la moelle épinière. (Note de M. Budge.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Magendie, Flourens, Pouillet.)
« Les expériences que j'ai faites en commun avec M. Waller ont prouvé
que l'irritation d'une certaine partie de la moelle épinière provoque la dila-
tation des pupilles, {Voir les Comptes rendus de l'académie, 7 octobre
i85i.) Mais, si l'on coupe le nerf sympathique d'un côté seulement, et
qu'ensuite on irrite la moelle épinière, la pupille correspondante au nerf
sympathique qui n'a pas été coupé, est la seule qui se dilate; l'autre n'é-
prouve rien.
» Il résulte incontestablement de cette expérience que la dilatation de la
pupille, par suite de l'irritation de la moelle épinière, n'a lieu qu'au moyen
du nerf sympathique. Mais cela ne prouve pas encore que le nerf sympa-
( 256 )
thique ait son origine dans la moelle épinière; car il est facile de trouver
une autre explication de ce phénomène. En effet, on peut supposer que le
nerf sympathique naît des ganglions spinaux, puisque l'on a observé que
des fibres nerveuses primitives sortent des globules des ganglions périphé-
riques. Dans cette hypothèse, on pourrait regarder les ganglions comme des
organes centraux, et penser que les fibres dont l'irritation provoque la dila-
tation de la pupille se dirigent vers les ganglions comme vers des centres, et
que les ganglions ont la faculté d'opérer un mouvement réflexe, comme le
lait la moelle épinière dans les cas ordinaires. Pour éclaircir cette question,
j'ai fait les observations suivantes :
» Après avoir mis à nu, sur un lapin, la première et la deuxième paires
des nerfs pectoraux, à l'endroit où ils sortent de la moelle épinière, j'ai ir-
rité, en la tenant isolée, la racine postérieure de la première paire; et cette
irritation a amené la dilatation de la pupille. Aussitôt j'ai coupé cette racine
tout près de la moelle épinière, et j'ai irrité de nouveau cette partie ainsi
séparée de la moelle, sans que la pupille éprouvât la moindre dilatation.
J'ai ensuite irrité la racine antérieure du même nerf, et il s'en est suivi une
très-grande dilatation de la pupille correspondante.
» On peut en conclure que, dans ce cas, le ganglion n'est pas l'organe
réflecteur; car autrement l'irritation de la racine postérieure aurait produit
la dilatation de la pupille, même après que cette racine eût été coupée.
» J'ai fait la même expérience sur la deuxième paire des nerfs pectoraux,
et j'ai obtenu exactement le même résultat; d'où j'ai conclu que l'origine
première du nerf sympathique est dans la moelle épinière.
» Mais comme, chez les Mammifères, l'opération dont il s'agit est très-
violente, que l'hémorragie est plus considérable, et que la sensibilité dis-
paraît plus vite, j'ai voulu faire la même démonstration sur des grenouilles,
qui peuvent vivre encore longtemps après l'ouverture de l'épine dorsale et
même après des lésions de la moelle épinière; et ces expériences ont par-
faitement réussi. Je les indiquerai en peu de mots.
» i °. Si l'on coupe le nerf sympathique sur une grenouille, au-dessous du
ganglion du nerf pneumo-gastrique, la pupille correspondante se rétrécit
au bout d'une heure et demie ; et la membrane nictitante s'avance plus ou
moins sur la cornée, comme l'a observé le célèbre Petit.
» a°. Si l'on coupe la racine postérieure du deuxième nerf spinal (nerf
brachial), la pupille correspondante se rétrécit également dans beaucoup
de cas; mais ce phénomène n'a pas toujours lieu, et, lorsqu'il se produit,
il ne dure pas longtemps.
( *57 )
» 3°. Si l'on coupe la racine postérieure et la racine antérieure du même
nerf, la pupille se rétrécit et persiste dans cet état.
» 4°- La deuxième et la troisième expérience s'appliquent également au
troisième nerf spinal.
» 5°. On obtient des effets encore plus considérables, en coupant les
deux racines de ces deux mêmes nerfs.
» 6°. Si l'on extirpe la moitié de la moelle, derrière le troisième nerf, on
ne remarque aucun effet sur la pupille correspondante.
» J'ai montré à une réunion de Membres de la Société scientifique de la
Prusse rhénane une collection de grenouilles vivantes sur lesquelles avaient
été faites ces différentes opérations, et ils ont pu constater tous les phéno-
mènes que je viens de rapporter. »
M. Charlier adresse de nouveaux documents relatifs à ses précédentes
communications sur la castration des vaches par le vagin, et sur les résul-
tats d'une opération semblable pratiquée sur une jument qui, très-vicieuse
avant la castration, est devenue depuis ce temps douce et facile à manier
sans que sa santé ait paru d'ailleurs en souffrir. A cet envoi est jointe une
observation de congestion apoplectique de l'utérus et des ovaires chez une
vache, avec épanchement de sang dans l'abdomen.
(Commissaires précédemment désignés : MM. Serres, Rayer, Lallemand. )
M. Lekiche présente, au concours pour les prix de Médecine et Chi-
rurgie, la description et la figure d'un instrument destiné à l'exploration
de l'utérus et qu'il désigne sous le nom de spéculophore.
L'auteur ayant exprimé le désir que son instrument pût être l'objet
d'un Rapport verbal, MM. Roux, Lallemand et Velpeau sont invités à en
prendre connaissance.
M. Gérard envoie, pour le concours concernant les moyens de rendre
un art ou un métier moins insalubre, un Mémoire sur divers procédés qu'il a
imaginés pour le travail du caoutchouc et la fabrication du sulfure de car-
bone, produit très-important dans ce genre d'industrie et dont la prépara-
tion était accompagnée de graves inconvénients que l'auteur croit être par-
venu à atténuer très-notablement.
(Commission des Arts insalubres.)
C. R., 1852, *™* Semestre. (T. XXXV, N» 7.) 34
( a58 )
M. Mazade adresse un nouveau Mémoire sur l'analyse chimique des
eaux minérales de Neyrac (Ardèche).
(Renvoi à l'examen de la Commission déjà nommée pour de précédentes
communications de l'auteur sur le même sujet, Commission qui se
compose de MM. Berthier, Balard et Bussy. )
CORRESPONDANCE.
M. le Mimstre de l'Instruction publiqve accuse réception d'une
double copie des Instructions qui avaient été, sur sa demande, préparées
par l'Académie pour le voyage de M. E. Deville dans l'Amérique du Sud.
M. Arago, qu'une indisposition momentanée empêche d'assister à la
séance, envoie des épreuves lithophotographiques qu'il devait présenter au
nom de MM. Lemercier, Lerebours et Rarreswil.
Le procédé au moyen duquel ces épreuves ont été obtenues, procédé
que les auteurs se proposent de rendre public dès qu'ils jugeront l'avoir
amené à perfection, a été décrit par eux dans une Note déposée sous pli
cacheté dans la séance du 28 juin dernier.
astronomie. — Observations faites., par M. A. Graham, au grand
équatorial de V observatoire de M. E. Cooper, à Markree {micromètre
à lames carré, et champ obWur). Communiquées par M. Le Verrier.
Comète d'Encke.
Temps moyen
Étoiles
Nombre
de Greenwich.
a
i
comparées.
desobserv
852. Janvier 17,304752
h m s
23. 11 . 17,87
° 1 »
-+- 4-3i 24,4
a
10
304^52
1 1 . i6,g5
4.31.25,8
b
IO
304752
"•'7>79
4.31.27,9
c
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20,296745
i5. 1 1 ,82
4.50.14, 4
d
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23>294799
19.19,54
5. 10.25,6
e
10
294799
19.19.39
5. 10. 3o, 1
f
10
294799
19.19.20
5. 10.27,8
g
10
294799
19.19,28
5. 10. 24, 1
h
10
24,294310
20 45, 3o
5.17.39,8
gi
10
300704
20.45,79
5.17 41,1
a.
10
Février 1 3, 3 14821
23.54. 7<22
8. 0.37,5
k
10
21 ,319601
O. 9.26,45
9 . 0 . 35 , 1
l
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24,307928
i5. 7, 10
9. 1 5. 25,5
m
10
328856
i5. 9, 3 1
9.15.29,9
m
10
25,3o74o5
16.57,75
9. 18. 32, I
n
10
323g4g
16.59,24
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Mars 3,322882
0.26.22,89
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4.34.28,38
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f
5.i5.43,88
g
5. i5.4o,49
g
8. 7.57,82
k
9.19 48,65
n
m
» Ces positions ont été corrigées de la parallaxe, d'après l'éphéméride de
M. Stratford.
Positions moyennes pour 1 852 , o des étoiles de comparaison, avec les réductions pour les
époques des observations.
B. A. C. . 8127 23 12.48,19 — 1,60 4' 34- 26,46 — 6,99 a
Weisse. . . . 229 11.17,70 — 1,61 4-36. 8,74' — 7,00 b
» 252 12.38,19 — 1,60 4'3o.2i,37 — 7,o5 c
Riimker, A. S. N. XII. i38 i4-3i,ig — 1,62 4*4I'38,go — 7,25 d
Weisse.... 34o 16 5o,3o — i,63 5.22.25,80 — 7,4° e
» 359 17.50,11 — 1,62 5.i 3. 4 ',04 — 7,44 f
» 4'3 20.44,02 — 1 ,61 5.i 5. 38, 80 — 7,46 g
» 4l4 20.44,68 — 1,61 5 17. 5,4o — 7,4^ h
» 4'3 20.44,02 — 1,60 5.i5.38,8o — 7,37 g,
B. A. C. 8353 23.54.49,50 — 1,61 8. 7.58,80 — 8,70 *
Weisse.... 126 o. 7.47,66 — 1,61 8.55.42,93 — 9»°9 '
» 280 16.19,99 — 1,60 9. 6. 5,59 — 9,20
» 317 ig.i5,68 — 1,60 9.19.46,94 — 9>25
» 436 0.25.49,61 — 1,61 8.57.11,96 — 9,62
Positions moyennes des mêmes étoiles, d'après d'autres catalogues.
h m s "
Piazzi 49 2.3.12.47,82
Rùmker, A. S N. XII. i38 12.48,22
Piazzi 43 11. 16,20
Lalande. . . . 4^638 11.16,57
45683 12.37,98
» 45753 i4.3i,o5
458i8 i6.49,85
45848 17-49,86
» 4^952 20.43,67
Rùmker, A. S. N. XII. i38 20.44,14
» » i3g 23.54 49 > 72
Lalande.... 563 0.19.15,21
NOTES.
Janvier 1 7 . Soupçonné une légère condensation, non pas au centre, mais au nord-est. Comète
excessivement faible et très-difficile à observer. L'absence de noyau distinct
rend nécessairement les observations incertaines.
» 20 . La comète ressemble à une très-faible nébulosité , un peu condensée vers la par-
tie nord. Je crains que cette condensation n'ait été causée par de petites étoiles
vues à travers la comète pendant l'observation , qui a été d'ailleurs extrême-
ment difficile et incertaine.
» a3 . Observation aussi satisfaisante qu'il est possible d'en faire sur un objet aussi
faible. Je n'ai jamais été si frappé que ce jour-là de la nature éminemment va-
poreuse de ces astres.
34..
( a6o )
Janvier 24. La comète était nord suivant par rapport à 4^4 &e Weisse ; la proximité de cette
étoile et la présence de la Lune ont augmenté la difficulté de l'observation.
Observation peu sûre, quoique faite avec soin.
Février i3. Le changement d'éclat de la comète dépasse toute attente. C'est maintenant un
brillant objet, d'une lumière parfaitement blanche. Elle ressemble à une belle
nébuleuse ronde avec une concentration de lumière, mais sans noyau. La né-
bulosité faible qui l'entoure ne paraît pas s'étendre autant dans la direction
nord-est que dans l'autre sens.
.> 21. Parfaitement visible. Semblable à une nébuleuse ronde , entourée d'une atmo-
sphère qui s'efface graduellement.
» 24. Parfaitement visible. Observation faite avec grand soin,
v 25. Observation faite avec grand soin.
Mars 8. Observé un objet près du lieu où la comète devait se trouver ; mais son éclat était si
concentré et si vif, que j'ai lieu de craindre que ce n'ait été une étoile. En tous
cas , en voici la position :
Mars 8, 336i8i *«? oh29m4s,35 7"* i'o^i",^
Weisse ^6 -fc oh 27m5is,44 — 's>6i 70 19' 53", 22 — 10", 10.
Je ne pouvais voir l'étoile 5io de Weisse. L'objet observé était très-bas, et le ciel
s'est couvert avant que l'observation ait pu être complétée d'une manière satis-
faisante.
i 10. La comète a été cherchée en vain par un ciel passablement clair.
Psyché.
Temps moyen
«
Etoiles
Nombrt
de Greenwich.
«
8
de
comp.
des obs,
852. Avril 12, 474 '49
ti mi
9.5o. 8,62
-f-[9.32ii]:A
+
0 1 h
•3-47- '9»9
+[0.7609]:
\
a
10
12,506741
5o. 8,88
9.4167
47.24,2
0.7734
a
10
1 3, 404241
5o. 7,58
8. 8475
47.42,9
0.7439
a,
IO
i7,398385
5o. 15,90
8.9081
4g. 3,2
0.7443
«,
■4
24,377393
51.16,99
9 094°
46.36,6
0.7483
«,
5
24,386856
9 5i. 16,77
9l557
i3.46.3g, 1
0.7505
«3
2
Mai 22,4645oi
10. 4-4°>84
9 . 5o43
12.47.10,4
0.8018
*
5
475595
10. 4.40, 79
-f-[g.5i52]:A
+12.47. 8,9
+[0.8068]:
A
b
5
» Les coefficients de la parallaxe sont des logarithmes . A = distance de
la planète à la Terre.
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour i852,o, et réductions à l'époque des
observations.
h m » « Of» 11
Cercle mér. de Markree. 5 obs.
Weisse 45
9-
foi' .09
-t-o,43
i3
5i.
32
,80 — 2,95
a
»
+0,42
»
—2,88
a
»
+0,37
»
—2,61
a
»
+0,28
»
—2,18
a
10.
3 . 4o . 09
+0,00
12
.45
,5i
.88—0,71
b
[0.8047] 'A
a
5
0.8047
a
5
0 . 8092
b
5
0 . 8092
b
5
0,8024
c
6
0 . 8024
c
5
0.8073
c
5
[0.8073]: A
c
5
( a6i )
» D'après M. Rùmker, l'étoile a a pour coordonnées :
AS.N. Xïï 161 9.49.10.87 i3.5i.33 o
NOTE.
Avril 1 3 . Vent fort. Je crains que l'observation ne soit mauvaise.
Thétis.
Temps moyen
de Grecnwich. a
h m s o f g
i852.Mai 24,482979 n. 58. 18,27 +[g.4o45]:A +8.8.10,1 ■
482979 58. i8,36 94o45 8.10,4
501960 58.18,91 9.4452 8. 5,9
501960 58. 18, g3 g. 4452 8. 5,5
25,468457 58.41,96 9.3729 3 19,8
468457 58.42,i3 9.2729 3.20,6
4goi6o 58.42,61 g. 4263 3.i3,8
4goi6o n.58.42,5i +[9.4263]: A +8.3. 14, 4 +[0.8073]: A
» Les coefficients numériques de la parallaxe sont des logarithmes.
A = distance de la planète à la Terre.
Positions moyennes pour i852,o, des étoiles comparées, et réductions pour l'époque des
observations.
h m s 8 o f 1/ 1,
Weisse ■• 973 11 56.43,86+0,63 8. i3.3o,83— 1,65 «
» 971 56.43,oo+o,63 1 3. 58,i 3 — 1,65 b
» 968 ii.56.33,65+o,62 8. 0.38,4g— • >65 <■■
géologie. — De l'altération, par voie naturelle et artificielle, des roches
silicatêes, au moyen de l'acide suljhydrique et de la vapeur d'eau;
par M. Ch. Sainte-Claire Deviixe.
« J'ai fait connaître, dans un précédent travail, la composition des
roches qui constituent la soufrière de la Guadeloupe et le cratère de sou-
lèvement qui l'entoure. Dans un second Mémoire, j'ai étudié les effets de
désagrégation et de décomposition qu'exercent sur ces roches les vapeurs
sulfureuses qui s'échappent du sommet et des flancs du cône volcanique.
» Pour donner l'idée du genre d'altération subie par la roche', il me
suffira de transcrire, comparativement, l'analyse de la roche intacte et
l'analyse de l'un des états d'altération qu'elle atteint. Cet état n'est pas pré-
cisément le dernier, qui correspond à la réduction de la roche primitive en
une argile jaunâtre, plastique. L'échantillon auquel s'applique l'analyse
( lai )
suivante (1), présente l'aspect d'une pâte grise, homogène, où le fer est
resté au minimum d'oxydation, et l'on y distingue encore des points d'un
blanc mat, correspondant aux cristaux détruits de feldspath labrador. La
ténacité y est, d'ailleurs, presque nulle, et la roche se divise sous les doigts
avec la plus grande facilité.
ROCHE DE LA SOUFRIERE INTACTE.
Silice 57 ,g5
Alumine i5,45
MÊME ROCHE ALTÉRÉE NATURELLEMENT.
Potasse.
Soude
Chaux
Magnésie
Protoxyde de manganèse.
Protoxyde de fer
Eau
o,56
3,o3
8,3o
2,35
!,45
9.45
Préalablement
Avec l'eau
desséchée.
combinée.
62,71
5o,79
27,59
22,32
0,71
0,55
3,02
2,42
0,20
0,17
»
»
6,29
5,io
»
18,98
100,34
I0O,52
98,49
» La comparaison des deux premières analyses montre que l'action des
vapeurs sur la roche a pour effet d'entraîner la presque totalité des alcalis,
de la magnésie, et la plus grande partie de la chaux et du fer : la propor-
tion de silice s'accroît, au contraire, légèrement, et celle de l'alumine est
presque doublée.
» Dans les cavités de la montagne, on trouve des incrustations de sul-
fate de chaux, quelquefois de l'alun, de la silice concrétionnée : il s'en
écoule des sources contenant du sulfure de sodium, et d'autres dissolvant
une notable quantité de fer (a) ; enfin, les fumerolles se composent essen-
tiellement de vapeur d'eau, à o,5 ou 96 degrés, entraînant une assez grande
quantité de soufre, qui se dépose sur les parois et à l'orifice des fentes, et
où se décèle de temps en temps l'odeur si caractéristique de l'hydrogène
sulfuré.
» Les réactions dans ces phénomènes naturels paraissent donc assez
(1) Cette dernière analyse a été faite en suivant une méthode nouvelle applicable à tous les
silicates , qui appartient à mon frère.
(2) Ici le fer paraît avoir été transformé ultérieurement en carbonate , puis en peroxyde ;
mais de la soufrière de la Dominique s'échappe un ruisseau assez abondant , dont les eaux
sont chargées de sulfate de fer, et contiennent un excès d'acide sulfurique.
( a63 )
claires, et l'on trouve sur les lieux tous les éléments qui permettent de les
établir rationnellement.
» J'ai cherché à les reproduire artificiellement.
» Pour cela, j'ai fait arriver dans une cornue contenant de l'eau dis-
tillée, qu'on maintenait au point de l'ébullition, un courant d'air et un
courant d'acide sulfhydrique. Ces trois gaz ou vapeurs passaient mélangés,
et à une température voisine de ioo degrés, sur des fragments de la roche
de la soufrière, disposés à cet effet dans une allonge. Le liquide se conden-
sait dans un ballon et était recueilli. Des vapeurs s'échappaient, consistant
en vapeur d'eau, acide sulfhydrique et soufre, dont une partie se déposait
sur les parois du tube abducteur.
» Cette expérience a duré plusieurs mois, mais d'une manière discon-
tinue. On a fait ainsi passer 100 litres d'eau environ sur 19 grammes de
la roche. Cette eau, évaporée, a laissé un résidu peu abondant, contenant
du soufre. Après calcination au petit rouge, le résidu a été repris par l'acide
chlorhydrique, et la portion dissoute contenait :
Acide sulfurique o,323
Chaux o , 1 26
Peroxyde de fer o , o38
» L'excès d'acide sulfurique, qui reste après la saturation de la chaux,
erait sans doute employé à saturer les alcalis, qui n'ont pas été dosés.
» L'examen des fragments de roche soumis à l'expérience indiquait une
altération sensible. Ils étaient devenus poreux, avaient un aspect fritte tout
particulier, étaient imprégnés de soufre : la plupart s'écrasaient sous une
légère pression. Ils contenaient, supposés anhydres, plus de 17 pour 100
d'alumine.
» Cette expérience, que je me propose de continuer jusqu'à l'entière
altération de la roche, prouve déjà incontestablement que l'action combinée
de l'acide sulfhydrique, de l'air et d'un courant de vapeur d'eau à 100
degrés, sur une roche silicatée, poreuse comme celle de la soufrière, est
susceptible de transformer en sulfates les bases alcalines, terreuses et métal-
liques qui entrent dans sa composition. Elle se rapproche essentiellement
du fait si intéressant, constaté par M. Dumas, de la transformation immé-
diate en acide sulfurique, au contact de l'air et de matières poreuses, de
l'hydrogène sulfuré qui s'échappe des eaux minérales.
» D'un autre côté, le phénomène des eaux minérales, dites sulfureuses,
me paraît exactement le même que celui qui se passe aux fumerolles volca-
( *64)
niques, aux lagoni, etc. Toutes les circonstances physiques et chimiques
peuvent presque s'identifier de part et d'autre.
» Il reste, à la vérité, cette question assez délicate de la présence simul-
tanée dans ces eaux des sulfates et des sulfures alcalins. L'expérience pré-
cédente prouve que les premiers peuvent se former directement sans l'in-
termédiaire des seconds, comme le pensait Anglada. Mais faut-il admettre,
avec MM. O. Henry et Filhol, que tous les sulfures des eaux minérales
proviennent de la réduction des sulfates? Cette opinion, que je crois parfai-
tement applicable aux sources froides qui, comme celle d'Enghien, sour-
dent de terrains gypseux et contiennent du sulfure de calcium, ne me paraît
pas convenir aussi bien aux eaux thermales à sulfures et carbonates alca-
lins. MM. Fournet et Ebelmen ont prouvé que l'acide carbonique suffisait
à décomposer les silicates ; des dégagements abondants d'acide suif hydrique
peuvent , d'un autre côté , transformer en sulfures les carbonates ainsi
formés. Enfin, il reste à savoir si ces dégagements d'acide suif hydrique,
soit pur, soit mélangé de vapeur d'eau, à des températures et à des pres-
sions élevées, ne suffiraient pas pour transformer directement en sulfures
les alcalis des silicates. C'est ce qu'une série d'expériences que je poursuis
en ce moment me permettra, j'espère, d'éclaircir. »
économie rurale. — Résultats des éducations pour l'acclimatation des
nouvelles races et V étude des vers à soie, faites, en i852, à la magna-
nerie expérimentale de Sainte- Tulle ; par MM. Guérin-Méneville et
Eugène Robert. (Extrait.)
« ... Des circonstances indépendantes de notre volonté ne nous ont pas
permis de faire les expériences qui nous avaient été demandées l'an dernier
par la Commission formée par le préfet des Basses-Alpes, et jusqu'au i5
mai, tous nos travaux projetés sont restés en suspens. Nous avons donc été
obligés de nous borner à faire les études qu'il était encore possible d'en-
treprendre à la magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle , à une époque
aussi avancée de l'année , et nous regrettons d'autant plus de n'avoir pu
opérer à Rousset que, plus que jamais, la muscardine a sévi dans cette
localité, où l'on n'a obtenu que 60 kilogrammes de cocons avec plus de
a5 onces de graine (725 grammes).
» A la magnanerie de Sainte-Tulle, traitée suivant nos procédés, la réus-
site a été complète. Il n'a pas été trouvé un seul muscardin , et 1 o onces de
graine, malgré l'infériorité de la qualité des feuilles, occasionnée par la
( 265 )
gelée de ce printemps, ont produit en moyenne 34kil,6oà l'once, soit
346kil,4° pour les 10 onces. La race de Sainte-Tulle a donné o,oklI,5o
pour deux onces, soit 45kl1, a5 par once (de a5 grammes). Il faut observer
que nous expérimentions sur seize lots de graines de races et de prove-
nances diverses, qu'il fallait élever séparément pour éviter les mélanges et
reconnaître les résultats donnés par chaque lot : ce qui rendait cette éduca-
tion très-difficile à diriger.
» La petite race de Sainte-Tulle a, comme toujours, eu le pas sur les
autres sous tous les rapports. Arrivée à la neuvième année d'acclimatation,
elle commence à être assez épurée pour que les vers passent par les phases
diverses de leur vie avec une grande régularité, sans être aussi sujets que
d'autres aux maladies; pour que leurs cocons soient d'une forme et d'un
brin semblable, et pour que leur produit en soie offre des avantages incon-
testables; puisqu'il n'a fallu, cette année, que iokll,95 de cocons pour faire
i kilogramme de soie d'une qualité supérieure, tandis qu'il faut i/ikiI,47
des gros cocons du pays pour avoir i kilogramme de soie très-médiocre.
» Une belle race élevée généralement en Briance, et dont la graine nous
avait été envoyée par M. le comte Carlo Bassi, de Milan, a donné d'excel-
lents résultats, quoique évidemment inférieurs. Cette race, qui commence
à peine à s'acclimater chez nous, puisque nous l'avons introduite seulement
l'année dernière, deviendra certainement précieuse, si nous pouvons l'amé-
liorer et l'épurer pendant cinq à six ans seulement, en l'acclimatant comme
la précédente.
» Ces deux races se sont également bien comportées chez la plupart des
éducateurs qui avaient pris de ces graines, et chez qui les éducations ont
reçu des soins convenables.
» Parmi les nouvelles races expérimentées, celles de Briance et du Mila-
nais, qui nous ont été remises par MM. Magretti et Gavazzi, grands édu-
cateurs et fîleurs de Milan et de la Briance, se sont très-bien comportées
et nous assurent pour l'avenir une excellente acquisition, si les résultats de
la filature sont aussi bons que ceux de l'éducation.
» La race italienne de M. Antonelli, dont nous tenions quelques grammes
de l'obligeance de M. de Gasparin, a également très-bien réussi. Cette va-
riété, comme la précédente, appartient à la belle race élevée dans la Briance
et dans presque toute la Lombardie. Cette race de M. Antonelli était donnée
comme garantie contre la muscardine; mais, n'ayant pu l'élever dans des
ateliers à part et notoirement muscardinés , elle a fait partie de l'éducation
générale, et n'a pas eu plus qu'elle la muscardine.
C. R., i85a, 2m« Semestre. (T. XXXV, N° 7.) 35
( *66 )
» La race de l'Ardèche a donné de bons résultats et pourrait être accli-
matée en Provence, dans les parties montueuses et sur nos collines. Elle
devrait être le sujet d'expériences suivies avec persévérance pendant plu-
sieurs années.
» La race de vers chinois provenant de la graine distribuée l'année der-
nière par M . le Ministre, race qui a manqué chez presque tous les éduca-
teurs, nous avait donné des cocons qui présentaient à l'analyse une richesse
en soie supérieure à celle de toutes les races connues. Ayant été l'objet de
soins extraordinaires l'année dernière dans la magnanerie de Sainte-Tulle,
elle avait donné assez de cocons pour qu'il nous fût possible d'en obtenir
plus de 1 \ once de graine. Cette année, l'éducation de ces vers a été très-
difficile ; il en a péri beaucoup, et ce n'est qu'à force de soins que nous
avons pu avoir encore 4kiI3 de ces cocons, qui appartiennent à une race
jaune et que nous avons tous convertis en graines. On voit que cette race
s'acclimate difficilement.
» Quant à la race chinoise à cocons blancs, dont nous tenons la graine
du Ministère et de la Chambre du Commerce de Lyon (san-cho-foo) , elle
a subi encore plus de maladies, s'est montrée très-délicate, et près de
^ once de graine faite ici l'année dernière, ne nous a donné que 6 hecto-
grammes de cocons qui ont été convertis en graine.
» Les deux lots de graine de Syrie ont été plus malheureux, car i onces
de graine n'ont donné ensemble que cent huit cocons de la plus belle
espèce, dont cinq seulement ont éclos, ce qui ne nous a pas permis d'avoir
de la graine.
» Ces éducations expérimentales toutes ensemble n'ont pas donné plus
de 34 kilogrammes de cocons pour plus de 10 onces de graine. Tontes ont
d'abord été placées dans la magnanerie salubre ; mais il a fallu évacuer
dans les annexes la plus grande partie des éducations principales et de
graine, ce qui ne leur a pas nui comme on aurait pu le craindre. »
météorologie. — Étoiles filantes du mois d'août;
Note de M. Coulvier-Gravier.
« J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie les résultats de
mes observations d'étoiles filantes du 18 juin au i4aoùt.
» Comme toujours, le nombre des étoiles filantes a été très-faible dans
les six premiers mois de l'année. Mais, à partir de la seconde quinzaine
de juin, on voit le nombre de ces météores s'accroître progressivement
pour arriver au maximum le to août. Le tableau suivant montrera par
(*67 )
quelle phase le phénomène' a passé pour arriver à sa croissance et à sa
décroissance.
époque
NOM BUE
horaire à
minuit
ÉPOQUE.
MOYENNE
de
plusieurs jours.
ÉPOQUE.
NOMBBE
horaire a
minuit
EPOQUE .
<
HOTBlml
de
plusieurs jours.
Juin. . .
• 8
5 Étoiles.
Juillet.
16
•
io Étoiles. \
■9
33
5 Étoiles./
8 Étoiles. Ju'"-- 2'
5,5 Étoiles.
18
20
7 Étoiles.!
12 É toiles. f
1 8 au 19
11 Étoiles.
34
5 Étoiles.)
21
i5 Étoiles.)
Juillet .
5
6 Etoiles. )
22
20 Étoiles. \
6
7
g Étoiles, (juillet. 6
8 Étoiles.)
7 Etoiles.
•>3
24
16 Étoiles./
23 Étoiles.!
24 au 25
2 1 Étoiles .
8
io Étoiles. \
V)
25 Étoiles.)
9
10
n
q Étoiles./
j, ., ) Q au io
7 Etoiles.!
7 Étoiles.)
8 Étoiles.
Août...
i
5
6
34 Étoiles. \
46 Étoiles.)
4
38 Étoiles.
12
6 Étoiles.!
10
63 Étoiles . f
10
63 Étoiles.
i3
■4
■ 5
io Étoiles.! |3 au Il}
7 Étoiles. 1
io Étoiles.)
8 Étoiles.
n
12
i3
5o Étoiles. 1
48 Étoiles. 1
43 Étoiles f
1 1
12 au i3
5o Étoiles.
45 Étoiles.
» Pour montrer combien le phénomène marche avec régularité, j'ai
ajouté au tableau ordinaire des nombres horaires à minuit, la moyenne de
plusieurs jours, laissant seulement isolés les io et i i août. La courbe tracée
à l'aide de ces moyennes se trouve jointe à ma Note, il suffira d'un seul
coup d'oeil pour juger tout l'ensemble du phénomène.
» Le maximum de cette année est loin d'être extraordinaire, car il rentre
au contraire dans les années moyennes. »
M. Coulier , à l'occasion du Rapport fait dans la précédente séance sur
un Mémoire de M. Lecanu (Nouvelles études chimiques sur le sang),
appelle l'attention sur un travail de même nature publié, il y a plusieurs
années, par MM. Coulier fils et Roucher, et dans lequel, suivant lui, on
trouvera plusieurs des résultats présentés comme nouveaux par M. Lecanu,
qui, sans doute, n'a pas eu connaissance de ce travail.
Un opuscule imprimé de MM. Roucher et Coulier se trouve joint à cette
réclamation, et est renvoyé à l'examen de la Commission qui a fait le
Rapport sur le Mémoire de M. Lecanu.
M. A. Tic.ni, qui avait récemment adressé une Note sur des calculs uri-
naires remarquables par les proportions de carbonate de chaux qu'ils ren-
35..
( 268 )
ferment, fait remarquer que dans le Compte rendu de la séance du 5 juillet
dernier, où est mentionnée cette communication, son nom a été écrit Nigri.
A cette occasion, l'auteur parle de plusieurs travaux qu'il a publiés sur des
questions de pathologie, d'anatomie et de physiologie, et joint à sa Lettre
quelques-unes de ces publications, dont on trouvera le titre au Bulletin
bibliographique .
M. de Paravey communique quelques renseignements sur un oiseau de
la Cochinchine qui ne se trouve pas dans nos Collections zoologiques et
qui paraît être une sorte de faisan. « Cet oiseau, dit M. de Paravey, est
remarquable par le grand développement de ses plumes, caudales, dont
quelques-unes atteignent une longueur qui dépasse huit de nos pieds. Il
est bien connu en Cochinchine, quoique fort rarement rencontré, et se
nomme Kin-trj ou oiseau des génies... Le capitaine Rey, de qui je tiens
ces renseignements, a vu une des longues plumes de la queue de cet oiseau,
et cette plume, bien que coupée à son extrémité, avait encore, mesurée par
lui, cinq pieds deux pouces de longueur. »
M. Chenot communique les résultats auxquels il est arrivé dans des
essais faits dans le but de trouver un remède à la maladie des raisins ; ce
qui lui a le mieux réussi, c'est l'emploi de l'eau à une température de 80 de-
grés centigrades. Cette eau chaude fait périr, dit-il, le parasite et n'altère
point le fruit, quoiqu'elle soit loin d'avoir une action aussi innocente sur
les feuilles qui se dessèchent comme si elles avaient été chauffées à feu au,
M. Thésard , à l'occasion de la communication de M. Chenot, exprime
le désir que quelqu'un des Membres de la Section d'Économie rurale
veuille bien faire savoir à l'Académie si les essais qui ont été faits pour la
guérison des vignes malades ont conduit à des résultats satisfaisants.
M. Payen répond ainsi à la question de M. Thenard :
« La Société nationale et centrale d'Agriculture s'est vivement préoc-
cupée de la maladie de la vigne dès son apparition, et des moyens d'arrêter
ses ravages ou de mettre obstacle aux développements du parasite végétal
l'Oïdium Tukeri) qui paraît être la principale cause de cette altération.
» Une correspondance active avec les agriculteurs des départements viti-
coles, avec les agronomes et les micrographes de France et de l'étranger
qui ont fait quelques observations sur ce phénomène, a fourni beaucoup de
notions utiles à cet égard. On a obtenu, en dernier lieu, des données assez
précises sur les procédés économiques propres à combattre le mal.
( >69)
» Le moyen simple qui paraît jusqu'ici offrir le plus de chances de suc-
cès, consiste en des aspersions des feuilles, grappes et sarments, avec une
solution faible de sulfure de calcium.
» Ces aspersions doivent être pratiquées dans les premiers temps de
l'invasion, à l'aide d'une pompe ordinaire destinée à l'arrosage des parties
aériennes des plantes. Il faut les renouveler une ou deux fois.
» On prépare la solution en faisant bouillir, pendant dix à quinze
minutes, a5o grammes de fleurs de soufre avec un égal volume de chaux
hydratée (ou récemment éteinte), le tout délayé dans 3 litres d'eau.
» Lorsque la solution est refroidie, on soutire le liquide au clair. Deux
litres de cette solution étendus de 200 litres d'eau suffisent pour mouiller
les vignes occupant 3oo mètres de superficie.
» M. Ileuzé, professeur à l'Ecole de Grignon, a constaté les bons effets
de ce procédé.
» A peine les intéressantes communications faites par M. Heuzé à la
Société nationale et centrale d'Agriculture étaient-elles parvenues, par la
voie du Bulletin des séances, aux viticulteurs des départements, que des
essais spéciaux furent entrepris et que les effets favorables et prompts de la
méthode indiquée furent transmis à la Société centrale.
» M. Turrel, secrétaire du Comice agricole de Toulon, annonçait, dans
sa dernière lettre, qu'il avait réussi, par des arrosages avec la solution du
sulfure de calcium, à faire cesser les progrès de l'Oïdium sur un vignoble
d'une étendue de 10 hectares.
» On pourrait préparer plus facilement encore et plus économiquement
en certaines localités (aux environs de Paris, de Rouen, de Saint-Gobain,
de Dieuze, de Cirey et de Marseille), un liquide sulfuré, solution d'un
polysulfure de calcium, en soumettant à l'action de quatre à cinq fois son
poids d'eau bouillante, les marcs de soude résidus sans valeur des fabri-
ques de sels de soude et de savon. La solution sulfurée ainsi obtenue,
étendue de cinquante à cent fois son poids d'eau, employée en arrosages,
produirait peut-être d'aussi bons résultats que les autres liquides analogues
déjà essayés avec succès. L'expérience seule peut prononcer à cet égard.
On pourrait d'ailleurs varier les propriétés du liquide en v mêlant un léger
excès de chaux hydratée.
» Plusieurs autres procédés ont été proposés, et il serait utile, sans doute,
de les essayer tous comparativement.
» Le vœu émis sur ce point par M. Thenard sera probablement bientôt
réalisé, car M. le Ministre de l'Intérieur, de l'Agriculture et du Commerce
( 270 )
'vient de confier à M. Heuzé la mission d'aller examiner, dans différents
vignobles, les effets produits par les différentes méthodes; puis de faire les
essais comparatifs de ceux des moyens qui sembleraient offrir le plus de
chances de succès.
» M. Heuzé est à l'œuvre en ce moment; il a l'intention d'essayer le sul-
fure extrait des marcs de soude ; il tentera probablement aussi l'application
du sulfate de fer et de ceux des autres réactifs qui seraient signalés à son
attention comme doués d'une certaine efficacité contre l'Oïdium. »
M. Chevreul ajoute que la fleur de soufre, soufflée sur la vigne humec-
tée, a produit un très-bon effet l'année dernière dans un jardin des Gobe-
lins; il est encore à sa connaissance que le sulfure de calcium, avec excès
de chaux, en produit de très-bons en ce moment même dans des jardins
de la commune de l'Hay.
La Société des Sciences naturelles de Hambourg annonce l'envoi du
deuxième volume, seconde partie, de ses Mémoires.
(le volume est mis sous les yeux de l'Académie.
M. Horace Say fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de la Statis-
tique générale de V Industrie a Paris, d'après l'enquête faite par la Chambre
de Commerce. {Voir au Bulletin bibliographique.) M. H. Say, qui en qualité
de secrétaire de la Chambre a dirigé l'enquête et rédigé le Rapport avec
l'aide des deux rapporteurs -adjoints, MM. N. Rondat et L. Say, exprime
le désir que cet ouvrage puisse être admis au concours pour le prix de Sta-
tistique.
(Commission du prix de Statistique.)
La séance est levée à 5 heures. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 16 août i852, les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences,
ie semestre i85a ; n° 6; in-/j°.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Arago. Chevreul, Dumas,
Pelodze, Boussingault, RegnaULT; 3e série; tome XXXV; août i852;
in -8°.
Annales des Sciences naturelles, comprenant la zoologie , la botanique, iaita-
( >7' )
lomie et la physiologie comparée des deux règnes, et l'histoire des corps orga~
nisés fossiles; 3e série, rédigée pour la zoologie par M. Milne Edwards,
pour la botanique par MM. Ad. Brongniart et J. DECAISNE; tome XVII;
n°4; in- 8°.
Chambre de Commerce de Paris. Statistique de l'Industrie à Paris, résul-
tant de l'enquête faite par la Chambre de Commerce, pour les années 18/J7
et 1848. Paris, i85i; r vol. in-4°.
Traité des hydropisies et des kystes, ou des collections séreuses et mixtes dans
les cavités closes naturelles et accidentelles ; par M. le Dr J. Abeille. Paris,
i85a; 1 vol. in-8°. (Cet ouvrage est destiné au concours pour les prix de
Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon.)
Thèses de Physique et de Chimie, présentées à la Faculté des Sciences de
Bordeaux; par M. FÉLIX Bernard. Paris, i85a; broch. in-4°.
Solution d'un grand problème. La navigation aérienne réalisable, par la
substitution au ballon sphérique du ballon en couronne; système de MM. A.
Treille et A. Mayer; entièrement nouveau, facile, simple, rationnel, et
exempt de dangers. Noyon, i85a; broch. in-8°.
Recherches sur le sang ; par MM. Roucher et Coulier; broch. in-8°. (Ren-
voyé, comme pièce à consulter, à l'examen de la Commission qui a fait le
Rapport sur le Mémoire de M. Lecanu.)
Les trois règnes de la nature. —Règne animal. — Histoire naturelle des oiseaux,
classés méthodiquement, avec l'indication de leurs mœurs et de leurs rapports
avec les arts, le commerce et l'agriculture ; par M. Emm. Le Maout ; i3e
à 16e livraisons; in-8°.
Rulletin de V Académie nationale de Médecine, rédigé sous la direction de
MM. F. Dubois (d'Amiens), secrétaire perpétuel, et Gibert, secrétaire
annuel; tome XVII; n° ai ; i5 août i85a; in-8°.
Annales de la Société d' Horticulture de Paris et centrale de France; juillet
!852;in-8°.
Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Relgique; année i85i-i85a;
tome XI; n09 739. Bruxelles, itf5a; in-8°.
Ribliothèque universelle de Genève; juillet i852; in-8u.
Annales forestières ; 10e année; 10 août 1 852; in-8°.
Annales des maladies de la peau et de la syphilis, publiées par MM. Alphée
Cazenave et Maurice Chausit ; juillet i85a; in-8°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. de Monfort.
et rédigée par M '. l'abbé MoiGNO; ire année; n° 16; i5 août (85^; in-8°.
Recueil encyclopédique d'agriculture , publié par MM. Boitel et Londet,
de l'Institut national agronomique de Versailles ; tome III ; n° 3 ; août
*
Illustrazioni. .. Eclaircissements et additions dynamiques aux recherches sur
( *72 )
le pouls veineux; par M. A(;h. Dissiderio. Venise, i852; in-8°. (Adressé
comme pièce à l'appui d'un travail admis au concours des prix de Médecine
et de Chirurgie de i852.)
Nuova disposizione... Mémoire sur une nouvelle disposition de l'appareil
vasculaire sanguin de la rate humaine; par M. A. TiGRi. Bologne, 18ZJ7;
broch. in-8°.
Délia funzione... Des fonctions de la rate; par le même. Bologne, 1848;
broch. in-8°.
Délia funzione... Sur les fonctions de la rate; parle même; broch. in-8°.
(Extrait du Journal italien des Sciences médicales et naturelles il Progesso.)
Sulla natura... Sur la nature des tubercules pulmonaires; par le même.
Milan, i85o; broch. in-8°.
Délia genesi... Du mode de production et de la nature des tissus hétérogènes;
par le même. Milan, i85i; in-8°.
Il cimento... Revue des Sciences, Lettres et Arts; ire année; 6e livraison;
in-8°; i85a. Turin.
Annali... Annales des Sciences mathématiques et physiques ; par M. Barnabe
Tortolini; juillet i852; in-8°.
Boletin. . . Bulletin de l'Institut médical de Faïence; juin et juillet i852;
m-8°.
The astronomical... Journal astronomique de Cambridge; n° 45; vol. II;
n° 21 ; 24 juillet i852.
Abhandlungen . . . Mémoires de la Société des Sciences naturelles de Hamboiinj ;
tome II; 2e partie. Hambourg, i852;in-4°-
Astronomische... Nouvelles astronomiques ; n° 819.
L A thenœum français. Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux- Arts; ire année; n° 7; samedi i4 août i852.
La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° 16;
1 5 août i85a.
Gazette médicale de Paris; n° 33; i4 août i852.
Gazette des Hôpitaux; n°' 94 à 96; mardi 10, jeudi 12 et samedi i4
août i852.
L'Abeille médicale; n° 16; i5 août i852.
La Lumière; 2e année; n° 34; samedi 14 août i852.
Moniteur agricole; 5e année; jeudi 12 août i852.
ERRATA.
(Séance du 9 août i852.)
Page an, ligne ?.5 , au lieu de et qui, perméable à l'eau, l'est complètement, liiez et
qui, perméable à l'eau , est complètement imperméable.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE r5u LUNDI 23 AOUT. 1852.
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DKS MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
chimie appliquée. — Note additionnelle au Rapport sur les travaux de
M. Lecanu , concernant l'étude chimique du sang.
« M. Thexakd, chargé d'examiner la réclamation de priorité adressée à
l'Académie dans sa séance du 16 août dernier, n'a trouvé aucun point de
ressemblance entre les recherches de MM. Roucher et Coulier sur le sang,
et celles de M. Lecanu sur le même sujet, sinon que tous trois ont observé
que les globules sanguins se conservent très-bien, pendant un certain temps,
au sein de quelques dissolutions salines et surtout de la dissolution de sul-
fate de soude.
» Or, dès 1837, M. Lecanu, dans sa thèse pour le doctorat, avait signalé
le fait. M. Dumas, ainsi que le rapporte M. Lecanu, l'a annoncé dans son
Traité de Chimie, tome VIII, page a85.
» La réclamation de M. Coulier père, en faveur de son fils et de M. Rou-
cher, officiers de santé, actuellement en Algérie, n'est donc point fondée,
puisque leurs recherches n'ont été publiées qu'en 1847- *
M. Dufrenoy offre à l'Académie, au nom de M. G. Rose, présent à la
séance, l'ouvrage que le savant professeur de Berlin vient de publier sous
le nom de Système de Minéralogie cristallographique (Das krystallo-che-
mische minerai System).
%« Cet ouvrage est précédé d'une introduction dans laquelle M. G. Rose
C. R.. c85a, im" Semestre. (T. XXXV, IN» 8.) 36
( 274 )
expose les considérations qui l'ont engagé à établir les espèces minérales
par la comparaison simultanée de la composition chimique et des formes
cristallines. Il montre que dans certains cas il se présente de grandes diffi-
cultés dans cette comparaison, et par suite dans la détermination de l'es-
pèce d'une manière complète.
» D'après la classification qu'il a adoptée, M. G. Rose groupe toutes les
espèces minérales en quatre classes j elles ont pour objet :
» Les corps simples;
» Les combinaisons du soufre, du sélénium, du tellure, de l'arsenic et
de l'antimoine;
» Les combinaisons du chlore, du brome, de l'iode et du fluor;
» Les minéraux oxydés, comprenant les oxydes, les acides et les sels.
» Dans chacune de ces classes, établies d'après le principe de la combi-
naison chimique, les principales sous-divisions sont au contraire en rap-
port avec les formes cristallines.
» Dans des notes nombreuses, M. G. Rose donne des détails sur les
combinaisons chimiques et sur les principales espèces minérales. Cette par-
tie de l'ouvrage offre des considérations nouvelles que tous les minéralo-
gistes étudieront avec le plus grand intérêt.
» Le Système de minéralogie de M. Rose est terminé par une série de
tableaux, et l'auteur récapitule les espèces minérales d'après leur forme
cristalline et leur composition. Dans un de ces tableaux, les corps simples,
les corps composés, binaires, ternaires, etc., sont répartis entre les diffé-
rents types cristallins. »
MÉMOIRES LUS.
géologie. — Recherches sur les roches globuleuses ; par M. Delesse.
(Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Berthier, Dufrénoy, Constant Prévost.)
« Les roches qui sont riches en silice et qui contiennent généralement
du feldspath orthose, telles que la pyroméride, le trachyte, le retinite, la
perlite, l'obsidienne, présentent la plus grande analogie soit dans la struc-
ture, soit dans la composition minéralogique et chimique de leurs globules.
» Ces globules ont une pesanteur spécifique qui varie de 2,3 à 2,6.
» Us sont caractérisés par une grande teneur en silice et par une faible
teneur en alcalis; leurs teneurs en oxyde de fer, en magnésie et en chaux
sont également très-faibles.
» Leur composition minéralogique est assez simple; en effet, ils sont
formés de feldspath ou de pâte feldspathique et de quartz. Le feldspath est
( *fï )
assez souvent de l'orthose. La pâte feldspathique contient de la silice, de
l'alumine et une certaine proportion d'alcalis; elle n'a pas une composition
définie ; elle est beaucoup plus riche en silice que les feldspaths qui lui sont
associés, et même, dans certains globules, elle n'est en quelque sorte que
' de la silice impure ayant retenu une petite proportion des bases qui se trou-
vent dans la roche.
» Les globules renferment, surtout lorsqu'ils ont une forme irrégulière,
des cristaux isolés de quartz et de feldspath qui ne sont pas orientés rela-
tivement à leur centre et qui sont même irrégulièrement disséminés dans
leur pâte ; il est visible que ces cristaux n'ont pas concouru à la formation
des globules, et je les appelle en conséquence cristaux indépendants.
» Je distingue les globules en globules normaux, qui n'ont pas de ca-
vités, et en globules anormaux , qui ont des cavité» dans leur intérieur ; ces
cavités sont d'ailleurs tantôt vides et tantôt remplies. Il importe de remar-
quer que ces deux variétés de globules ne sont pas tellement distinctes,
qu'elles ne passent insensiblement l'une à l'autre et qu'elles ne se trouvent
souvent réunies dans le même gisement.
» Les globules normaux ont généralement une forme régulière et une
structure cristalline bien développée ; cette structure est indiquée par des
rayons et par des zones. Us résultent de la tendance que le feldspath avait à
cristalliser, ainsi que d'une action plutôt indirecte que directe exercée par
la silice. Quand ils ne renferment pas de cristaux indépendants de quart/,
ou de feldspath, la silice, qui servait en quelque sorte d'eau mère, a rem-
pli, à l'état de quartz hyalin, tous les interstices qui restaient entre les
parties feldspathiques sur lesquelles elle s'est moulée exactement; l'ordre
dans lequel le feldspath et le quartz se sont solidifiés est alors le même
que dans le granit. Quand ils renferment des cristaux indépendants, et
notamment des cristaux de quartz, la tendance que le quartz avait à cris-
talliser était au contraire plus grande que celle qui a produit le globule;
l'ordre dans lequel ce quartz et la pâte qui l'enveloppe se sont solidifiés est .
le même que dans le porphyre quartzifère.
» Les globules anormaux ont généralement une forme irrégulière et une
structure cristalline peu développée. Ils sont souvent fissurés, déformés ou
même complètement écrasés. Us consistent en une pâte toujours très-riche
en silice; tantôt cette pâte est homogène, tantôt elle présente un réseau
feldspathique qui est dentelé et très-complexe ; plus rarement sa structure
est indiquée par des rayons ou par des zones.
(» Les globules anormaux résultent de l'agglomération d'une pâte feld-
36: .
( *76)
spathique très-siliceuse , dans laquelle le feldspath avait généralement peu
de tendance à cristalliser; aussi renferment-ils toujours des cristaux indé-
pendants.
» Des phénomènes de retrait, tels que ceux qui ont été étudiés par
M. Constant Prévost (i), ont déterminé les cavités irrégulières qui les carac-
térisent : ces cavités représentent souvent une proportion très-notable du
volume des globules; elles sont quelquefois vides; ordinairement, cepen-
dant, elles ont été remplies par du quartz, de la calcédoine ou de la silice
à différents états. On y observe aussi du fer oligiste, du fer carbonate, des
zéolites, de la chlorite ferrugineuse, de la chaux carbonatée, de la baryte
sulfatée et de la chaux fluatée.
» Dans certaines roches globuleuses, et notamment dans le retinite. cira
cavités ont été remplies absolument de la même manière que les cavités des
roches, dans lesquelles se sont formées les agates et les amygdaloïdes.
» L'étude de la structure dés globules normaux et anormaux montre
que leur solidification à commencé tantôt à la circonférence,' tantôt au
centre, et qu'elle peut avoir eu lieu simultanément à la circonférence et
au centre.
» Quoique les roches globuleuses diffèrent beaucoup par leur âge, par
leur structure, ainsi que par leur composition minéralogique, elles ont
toutes un caractère commun, qui est une richesse en silice exceptionnelle
et notablement supérieure à celle du feldspath qui leur sert de base ; quel-
quefois même elles sont entièrement pénétrées par des filons de silice :
l'excès de silice de ces roches a donc été la cause principale du développe-
ment de leurs globules. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
physique. — Deuxième Note sur la double réfraction artificiellement
produite dans des cristaux du système régulier; par M G. Wertheim.
(Commissaires précédemment désignés : MM. Biot, Arago, Pouillet. )
Les recherches qui font l'objet de ce Mémoire sont résumées par l'auteur
dans les termes suivants :
« i°. Le coefficient d'élasticité a une valeur constante pour chaque es-
pèce minérale appartenant au système régulier; on le détermine avec une
exactitude suffisante au moyen du son fondamental de lames taillées dans
le cristal et vibrant transversalement, les deux extrémités étant libres ; le
(i) Constant Prévost, Documents pour l'histoire des terrains tertiaires , p. i4<5.
( 277 )
coefficient d'élasticité devrait être compris parmi les caractères physiques
que l'on emploie en minéralogie.
» 20. Les cristaux qui ne présentent que les faces du cube se compor-
tent, sous l'action de forces extérieures, comme des corps homogènes; tout
étant égal, du reste, une même force produit toujours une même différence
de marche entre les deux rayons : extraordinaire et ordinaire, quelle que soit
la direction suivant laquelle la force agisse, pourvu qu'elle soit toujours
perpendiculaire à deux faces du cristal.
» 3°. Pour le sel gemme et pour le spath-fluor, qui cristallisent en cubes,
la différence de marche qui correspond à une même compression linéaire
est sensiblement la même que celle que nous avons trouvée pour les diffé-
rentes espèces de verre; le pouvoir biréfringent spécifique est donc égale-
ment le même.
» 4°- L'alun, qui cristallise en cubo- octaèdres, ne se comporte pas
comme un corps optiquement homogène, quoique son élasticité soit égale
en tous sens ; les forces qu'il faut appliquer pour y produire une différence
de marche donnée varient souvent dans le rapport de.i à 4> selon la direc-
tion suivant laquelle on les fait agir, et cela a lieu aussi bien pour les
pièces taillées perpendiculairement aux faces cubiques que pour celles qui
ont été prises perpendiculairement aux faces octaédriques du cristal.
» 5°. Nous avons déjà fait connaître la non-coïncidence, que l'on ob-
serve dans l'alun, des axes optiques et des axes mécaniques; ce déplace-
ment a lieu comme si la position des axes optiques était tracée d'avance
dans le cristal ; il s'exerce donc yers la droite ou vers la gauche de l'obser-
' vateur, selon que l'une ou l'autre des deux faces que le rayon traverse est
tournée vers lui.
» 6°. Ce déplacement est d'autant plus considérable dans les pièces per-
pendiculaires aux faces cubiques, que ces faces sont moins régulièrement
formées : il est nul ou presque nul dans les cristaux à faces hexaédfiques
carrées; mais il augmente à mesure que ces faces s'écartent de la forme
carrée , et' il est souvent de ao à a5 degrés lorsque, par suite d'un de ces
accidents de formation que l'on considère ordinairement comme négligea-
bles, l'un des côtés du rectangle est d'une longueur à peu près double de
celle de l'autre côté.
» 70. Ce déplacement n'a pas lieu dans toutes les six positions du pa-
rallélipipède, mais seulement dans les deux positions dans lesquelles le
rayon est perpendiculaire aux faces cubiques du cristal. •
» 8°. A.u contraire, bn observe des déplacements dans toutes les six po-
sitions, lorsque le parallélipipède a été taillé perpendiculairement aux
( 11* )
faces octaédriques; mais ces déplacements sont de différentes grandeurs.
» 90. Tous ces phénomènes : l'inégale compressibilité optique, aussi bien
que la rotation de l'ellipsoïde optique, paraissent avoir leur origine dans les
effets permanents produits par les tensions ou pressions qui ont lieu pendant
l'acte de la cristallisation ; on sait que l'élasticité mécanique ou moléculaire
est indépendante des changements de forme que le corps a subis antérieure-
ment ; mais l'élasticité optique en conserve pour ainsi dire l'empreinte.
» io°. Un octaèdre de chaux fluatée a présenté un exemple d'un dépla-
cement de 45 degrés, tandis que les cristaux cubiques du même minéral
n'en offrent aucune trace; ce fait vient évidemment à l'appui de l'hypo-
thèse que nous venons d'émettre.
» 1 1°. Tous ces faits que l'on observe lorsqu'on emploie la compression
pour convertir les cristaux du système régulier en cristaux biréfringents
répulsifs, se produisent absolument de la même manière lorsqu'on se sert
de la traction pour en faire des cristaux attractifs. »
physique. — Recherches sur les rapports entre le poids atomique moyen des
corps simples et leur chaleur spécifique. (Lettre de M. Ch. Garmkr
' à M. Jrago.)
(Commissaires, MM. Pouillet, Regnault.)
« Les belles recherches de Dulong et Petit, et plus tard de M. Regnault,
ont démontré que les chaleurs spécifiques des corps simples sont en raison
inverse des poids de leurs atomes, ou, en d'autres termes, que les atomes
des corps simples ont exactement la même capacité pour la chaleur. La
chaleur spécifique de l'eau étant prise pour unité, celle du cuivre par ,
exemple est de 0,0951 , celle de l'argent de 0,0570, etc. Jusqu'à présent on
ne voyait pas quel rapport il pouvait y avoir entre la chaleur spécifique de
l'eau et celle des corps simples d'une part, et le poids atomique de l'eau
et ceLui des mêmes corps d'autre part, le poids atomique de l'eau étant pris
pour 1 ia,5, soit Ha = 12,5 -I- O = 100.
» Si l'on divise ce poids atomique par le nombre des atomes élémen-
taires, soit — ^—1 on obtient la commune du poids de ces atomes, soit 37,5,
qu'on pourrait appeler le poids atomique moyen de l'eau.
» En comparant ce poids atomique moyen avec le poids atomique des
corps simples, j'ai découvert un rapport remarquable entre ces poids et les
chaleurs spécifiques. Ainsi, le poids atomique du cuivre, par exemple, est
de 395, par conséquent ^-g = 10, 5 fois plus fort. que le poids atomique
moyen de l'eau. La chaleur spécifique du cuivre est de 0.095 1 ; celle de
l'eau est donc
95i
( 279 )
io,5 fois plus forte que celle du cuivre; c'est-à-dire
exactement en raison inverse du poids de son atome moyen.
» Le même rapport doit naturellement exister entre l'eau et les autres
corps simples, puisque ceux-ci ont, relativement au cuivre, des chaleurs spé-
cifiques en raison inverse du poids atomique du cuivre comparé au leur.
» On peut donc calculer directement la chaleur spécifique des corps
simples au moyen de leur poids atomique. Il suffit de diviser le poids ato-
mique moyen de l'eau, égal à 37,5, par le poids atomique du corps simple,
et de réduire la fraction qui en résulte en décimales (ce que l'on obtient en
divisant 3^,5000 par le poids atomique du corps).
» Voici le résultat de ce calcul pour plusieurs corps simples, comparé
avec les chaleurs spécifiques trouvées par M. Regnault, par Dulong et Petit.
Tableau A.
POIDS ATOMIQUE.
CHALEUR SPÉCIFIQUE
calculée.
III AI. 1 XI; SPÉCIFIQUE
déterminée
par M. Regnault.
CHALEUE SPÉCIFIQUE
déterminée par
Dulong et Petit.
Zinc
35o
ancien 33g
4o6
395
696
675
469
1294
i33o
806
735
369
368
1232
665
122_9
201
495
80 1
793
125l
i5o
196
0,1071
0 , n 06
0,0923
°>°949
o,o538
o,o555
°>°799
0,0289
0,0282
0 , o465
o,o5io
0, 1016
0, 1019
o,o3o4
o,o563
o,o3o5
o,i865
0,0757
0,0468
0,0472
o,o3oo
o,25oo
o,igi3
0,n37
0,0955
o,og5i
o,o566
0,0570
0,0814
o,o3i4
o,o3o8
0,0507
o,o562
0 , 1 086
0 , 1 06g
0,0324
0,o5g2
o,o324
0,2025
0,0837
o,o5i5
o,o54i
o,o333
0 , 24 1 1
0,1887
O , 1 I 00
°>°927
o,og4g
»
0,o557
»
o,02g3
0,0288
U
o,o5i4
0 , 1 o55
»
o,o3i4
0,0298
0,1880
U
É
w
» •
Avogadro 0 , 25o
a
Plomb
Platine
Or
Tellure
( a8o )
» Les chaleurs spécifiques déterminées par M. Regnault différent un peu
de celles trouvées par Dulong et Petit, et sont toutes plus élevées. Celle qui
s'accorde le mieux est celle du cuivre (0,0951 par M. Regnault; 0,0949 par
Dulong et Petit). Il est assez remarquable que ce soit aussi celle qui s'ac-
corde le plus avec le calcul, qui donne, en effet, 0,0949, c'est-à-dire très-
exactement le nombre de Dulong et Petit.
» Il semblerait donc que dans l'eau, corps composé, les atomes élémen-
taires subsistent toujours et conservent au moins leur capacité pour la
chaleur. On pourrait aussi supposer, comme on l'a déjà fait, que les
atomes élémentaires se partagent dans leur combinaison, c'est-à-dire que
^ d'atome d'oxygène s'unit à f d'atome d'hydrogène, et que, par consé-
2. i
quent, l'atome de l'eau devrait se représenter par H3 O3, de manière que la
formule chimique d'un composé représenterait, non pas un atome, mais un
nombre d'atomes égal au nombre des atomes élémentaires qui le composent.
» Il était naturel de supposer que ce qui a lieu avec l'eau devait égale-
ment avoir lieu avec d'autres corps composés. En effet, la chaleur spécifique
calculée de la plupart des oxydes, sulfures, chlorures, etc., s'approche
sensiblement de celle trouvée p'ar M. Regnault. En voici des exemples :
Tableau B.
POIDS
atomique.
POIDS
atomique
moyen.
CHALEUR
spécifique
calculée.
CHALEUR SPÉC.
déterminée
par
M. Regnault.
1 Protoxyde de plomb. .
:394
697
o,o53
o,o5i
1 » de mercure ....
i35o
675
o,o55 .
o,o5i
» de manganèse. .
446
223
0,168
0,157
4g5
248
o,i5i
0,142
469
234
0, 160
0, 162
! Peroxyde de fer
1000
200
0,187
0,167
Oxydes R'O3. . .
Oxyde de chrome. . . .
1240
1004
248
201
o, i5i
0,186
0 , 1 28 1
i Oxyde de bismuth . . .
2960
592
o,o63
0,060!
Oxydes ROJ
Acide antimonieux. . .
935
1006
3l2
335
•
O, 120
0, 1 1 r
o,o93/1 >
0,095!
Oxydes ROs
Acide molybdique . . .
488
898
372
226
0, 100
0,166
0>°79]
0, l32 /
(*) Les combinaisons produisant des acides s'éca
rtent le plus
des nombre
s de M. Régna
ait.
(
281 )
[Suite.]
Tableau B.
POIDS
atomique.
POIDS
atomique
moyen.
CHALEUR
spécifique
calculée.
CHALELR SÏ'KC.
déterminée
par
M. Regnault .
Protosulfure de fer. . .
55o
275
0,1 36
0 , 1 35
1 Sulfure de nickel. . . .
570
285
0, i3i
0, 128
I » de cobalt. . .
570
285
0, 1 3 1
O, 125
Sulfures RS. .
607
3o3
0, 123
O, 123
» de plomb. . .
r495
747
o,o5o
0,o5o
» de mercure .
i45i
725
o,o5i
o,o5i
Protosulfure d'étain . .
936
468
0,080
o,o83
Sulfures R2S3. .
| Sulfure d'antimoine. .
| Sulfure de bismuth. . .
2216
3262
443
652
0,084
0,057
0,084
0,060
■
Sulfures R2S. . .
i Sulfure de cuivre. . .
I Sulfure d'argent. ....
992
i55o
33i
5.7
0, 1 13
0,072
0,121
0,074
Chlorure de sodium. .
733
i83
0,205
0,2l4 )
i » de potassium .
932
233
0,161
°,<i4]
Chlorures R2 Cl2.
» de mercure. .
2943
736
o,o5i
0,o52
1 » de cuivre. . . .
1234
3o8
0, 122
o,i38
'794
448
0,084
0,091
i Chlorure de barium..
,299
433
0 , 086
0,089
» de strontium. .
99°
33o
o,n4
0,119
» de calcium. . .
695
232
0, 161
0, 164
» de magnésium.
601
2O0
0,187
°>'94
Chlorures R Cl3.
» de plomb ....
1737
579
o,o65
0,066
» de mercure. . .
i693
564
0,066
0,068
849
a83
O, l32
0, i36
1.77
392
0,096
0, IOI
» de manganèse.
788
263
0, 142
0, 142
Bromure de potassium.
1468
367
0, 102
0, 1 13
Bromures R2Br2..
» de sodium. . .
1269
3.7
0,118
o,i38
» d'argent. . . .
233o
582
0,064
0,073
Bromures RBr2.
Bromure de plomb.. .
2272
757
0,049
o,o53
Iodure de potassium.
2074
5i8
0,072
0,081
» de sodium. . .
1875
468
0,080
0,086
Iouures K'V. . .<
» de mercure. .
4o8G
1021
o,o36
o,o3g
» d'argent
2935
733
o,o5i
0,061
» de cuivre. . . .
2376
%4
o,o63
0,068
Iodures RP. . . !
Iodure de plomb . . .
2881
960
0,039
0,042
I
Iodure de mercure. . .
2836
945
o,o3g
o,o4'
Fluorures RF12.
Fluorure de calcium. .
489
i63
o,23o
0,2l5
(*) Le calcul confirme l'idée de M. Regnault sur 1
a compositio
a atomique c
e la soude et <
le la potasse.
C. R., i852, a™« Semestre. (T. XXXV, N°8.)
3?
( 282 )
» Pour les sels à oxacydes, la chaleur spécifique calculée est toujours
sensiblement plus forte que celle trouvée par M. Regnault, ainsi que le
montre le tableau suivant :
Tableau C.
Az'O'H- R!0. .
Cl]Os + RJ0 . .
P'O'+aR'O. .
P20'-l-2RO...
As'O' + SPbO.
SO'
SO1
R'O.. .
RO.
CrO'-<-R20. .
B'06-f-R'0...
CO' + R'O.. .
CO' -+- RO.
Nitrate de potasse
Nitrate de soude
Nitrate d'argent
Chlorate de potasse
Phosphate de potasse. . .
Phosphate de soude . . .
Phosphate de plomb. . . .
Arséniate de plomb
Sulfate de potasse.. ... . .
Sulfate de soude
Sulfate de baryte
Sulfate de strontiane. . . .
Chromate de potasse. . . .
Borate de potasse
Carbonate de potasse. . .
Carbonate de chaux
Carbonate de baryte . . .
POIDS
POIDS
atomique
atomique.
moyen.
1266
126
1067
106
2128
212
i532
l53
2072
i5g
1674
129
368 1
334
5623
433
1091
i56
892
127
i458
243
1148
•91
1241
177
i46i
i33
865
,44
63 1
126
I23l
246
l.HAI.I.IT.
spécifique
calculée.
0,298
0,354
0,177
0,245
0,235
0,290
O, I 12
0,087
O,24o
0,295
o,i54
0,196
0,21 1
0,282
0,260
°>297
o, i52
spécifique
déterminée
par
M. Regnault.
o,238
0,278
o,i43
0,209
0,191
0,228
0,082
0,072
o, 190
0,23l
O, I 12
o, 142
o,i85
0,219
0,216
0,208
o, 110
» Si la cristallisation des sels à oxacydes n'est pas une cause générale
d'erreur dans l'appréciation expérimentale de leur chaleur spécifique, on
pourrait conclure de la différence constante et toujours dans le même sens
qu'offre le calcul, qu'il y a dans ces sels réellement diminution du nombre
des atomes élémentaires par la combinaison.
» En multipliant la chaleur spécifique avec le poids atomique, M. Re-
gnault avait obtenu des nombres qui étaient les mêmes pour les corps de
même composition atomique et de constitution chimique semblable, mais
qui variaient d'un composé à un composé d'un autre ordre. La cause de ces
variations était restée inconnue. Elle s'explique tout naturellement main-
tenant. Il suffit de prendre, au lieu du poids atomique ordinaire du corn-
( a83 )
posé, son poids atomique moyen (c'est-à-dire le poids atomique ordinaire
divisé par le nombre des atomes élémentaires), et le produit de ce nombre
avec la chaleur spécifique donnera un nombre sensiblement constant
(environ 37,5, le même que pour les corps simples) pour tous les composés
du tableau B. Ainsi :
POIDS ATOMIQUE
moyen.
CHALEUR SPÉCIFIQUE
trouvée
par M. Regnault.
PRODUIT.
697
201
747
443
517
736.
579
757
1021
945
o,o5i
0,ï79
o,o5o
0,084
0,074
0,o52
0,066
o,o53
0,039
o,o4i
35,54
35,98
37,35
37,21
38,25
38,27
38,2i
40,12
39, 81
38,74
» Ce nombre de 37,5 n'est lui-même autre que le poids atomique moyen
de l'eau multiplié par la chaleur spécifique de l'eau, c'est-à-dire 37,5 mul-
tiplié paru.
» La différence des nombres de M. Regnault provenait de ce que les
poids atomiques multipliés avec la chaleur spécifique étaient en général
plus ou moins grands, selon que la formule contenait plus ou moins
d'atomes élémentaires.
» De ces considérations et du tableau B, il résulterait que dans les corps
composés binaires, les atomes élémentaires conservent, dans le groupement
résultant de la combinaison, la même capacité pour la chaleur qu'avant
leur combinaison, ou plutôt que dans les corps composés binaires les for-
mules chimiques (ou l'équivalent) représentent un nombre d'atomes com-
posés égal au nombre d'atomes élémentaires dont elles sont formées.
» On peut aussi conclure du tableau C, que pour les sels à oxacydes, la
chaleur spécifique, sans être rigoureusement en proportion inverse de leur
poids atomique moyen (à moins que des expériences plus précises ne don-
nent à ces sels des chaleurs spécifique différentes de celles trouvées jusqu'à
37..
C »»4 )
présent) est cependant toujours plus grande quand le poids atomique
moyen est plus faible, et vice versa.
» Du tableau B, on peut, il me semble, tirer cette loi : que dans les
corps composés binaires les chaleurs spécifiques sont en raison inverse du
poids atomique moyen.
» Cette loi pourra-t-elle plus tard, par suite de recherches expérimen-
tales nouvelles, s'appliquer à tous les corps composés? c'est ce qu'il n'est
guère permis de décider encore. »
chimie ORGANIQUE. — Sur certaines transformations isomériques des
corps gras; par M. Path Duffy.
(Commissaires, MM. Chevreu!, Pelouze.)
« D'après tous les auteurs, la stéarine de la graisse de mouton fond à
62 ou 62°,a5. Les chimistes, tels que MM. Chevreul, Braconnot, Lecanu,
Liebig, Pelouze, etc., qui se sont occupés de cette question, s'accordent à
reconnaître que le point de fusion de ce corps gras, même purifié, ne dépasse
pas 62°,25. J'ai entrepris à ce sujet, dans le laboratoire de XUriweisity
Collège, à Londres, une série de recherches, desquelles il résulte :
» i°. Qu'il est possible, par des purifications convenables, de reculer ce
point de fusion jusqu'à 6g degrés;
■2°. Qu'on peut, à l'aide de la chaleur, ramener ce point de fusion à des
degrés inférieurs, et obtenir ainsi trois points de fusion distincts, propres à
trois modifications particulières ayant des densités différentes.
» Voici, en peu de mots, la substance de mes recherches :
» Deux kilogrammes de suif de mouton, brut, ont été purifiés par des
traitements réitérés à l'éther. Au bout de trente-deux cristallisations, j'ob-
tins 8 grammes d'une matière fusible à 65 degrés, et donnant, par la sapo-
nification, un acide fusible à 66°, 5.
» On peut communiquer à cette stéarine deux autres points de fusion,
celui de 5i et celui de 6o,°,7, en la traitant par la chaleur d'une manière
appropriée; la stéarine appelée pure jusqu'à ce jour, se comporte d'une
manière analogue, et comme il est plus aisé de se procurer de cette der-
nière, je dirai en quelques mots comment on peut produire avec elle les dif-
férentes modifications dont il s'agit.
» Quand la stéarine, fusible à 63 degrés, est portée à une température
de 66° |, et qu'ensuite on laisse refroidir peu à peu, elle ne se solidifie qu'au
moment où la température est tombée à 5o°,5. A partir de ce moment, elle
( 285 )
a acquis un point de fusion situé entre 5i et 56 degrés; mais, si on la main-
tient à cette température, elle repasse dans la modification fusible à 63 de-
grés. En plaçant cette dernière dans un milieu de température situé entre 56
et 66 degrés, elle se transforme en une troisième modification, dont le point
de fusion est à 66°, 5.
» Avec la stéarine purifiée par mon procédé, ces transformations s'opèrent
d'une manière moins nette; la substance qui correspond à la deuxième
modification est surtout difficile à obtenir, et ce n'est que par voie indirecte
que j'ai pu en déterminer le point de fusion.
« Dans le tableau suivant, je donne la densité des diverses modifications
de la stéarine très-pure. Ces densités sont ramenées à celles de l'eau, prises
pour unité aux différentes températures auxquelles on a opéré.
POI))T
de fusion.
TEMPÉRATURE
à laquelle
la densité a
été prise.
MODIFICATIONS.
1
2
,
FLUIDE.
Densité.
Volume
corresp.
Densité.
Volume
corresp.
Densité.
Volume
corresp.
Densité.
Volume
corresp.
o
65, o
i5,o
0,9872
1,0129
„
„
„
»
»
»
66,5
t5,o
0,9877
I ,OI24
»
»
»
T>
»
»
i5,o
0,9867
r ,oi34
I ,0101
0,9900
1 ,0178
0,g825j »
»
i5,o
»
»
»
»
1,0179
0,9824 0
»
69>7
5i,5
0,9600
1 ,01416
»
b
1 ,ooqo
0,99I0J »
»
65,5
»
»
»
»
o,993i
I ,O06giO,9245
1 ,0816
68,2
"
»
"
»
0,9746
l ,0260! »
"
» On voit que la troisième modification est plus dense que la seconde
qui est, de son côté, plus dense que la première.
» Entre les températures de i5 et de i5°,5, la première modification se
dilate beaucoup plus que la troisième ; mais le coefficient de dilatation de
cette dernière augmente rapidement avec l'élévation de température.
» Aucune de ces trois modifications ne conduit l'électricité.
» La stéarine du suif de bœuf est identique à celle du suif de mouton,
a kilogrammes de suif, purifiés par dix-huit cristallisations, ont fourni
1 gramme de substance fusible à 67 degrés.
»La palmitine de l'huile de palme, la margarine extraite du beurre et
( a86 )
celle de la graisse humaine sont également susceptibles d'éprouver trois
modifications isomériques.
» Tous ces corps gras fournissent des acides qui appartiennent à la série
(CH)"0\
» A l'exception de la cocinine, les matières grasses qui n'appartiennent
pas à cette série ne subissent pas de transformations isomériques.
Stéarine du mouton
Stéarine du bœuf
Substance extraite d'un suif végétal .
Palmitine
Margarine du beurre
Margarine de la graisse humaine . . .
POINT
ACIDES.
de
solidifica-
tion.
OH3,0'
5i,7
C3«H3<0<
5o,5
»
45,o
C"H3îO
45,5
C3,H3'0«
4o,o
»
43,5
POINTS DE FUSION.
52,0
5i,o
45,6
46,0
4o,5
44,2
0
0
64, o(?)
69>7
63, 0
07,0
62,0
64,5
61,7
62,8
5i ,0
52,6
54,5
56, 0
physiologie. — Recherches électro-physiologiques et pathologiques sur les
fonctions des muscles qui meuvent l'épaule sur le tronc, et le bras sur
V épaule; par M. Dcchexne, de Boulogne.
(Commissaires, MM. Magendie, Flourens, Lallemand.)
« Les conclusions qui se déduisent des recherches auxquelles je me suis
livré sur les effets des contractions des muscles obtenues au moyen de l'élec-
tricité, et qui ne pourraient jamais l'être par l'action volontaire, se peuvent
résumer dans les propositions suivantes :
» I. Les muscles ou faisceaux musculaires auxquels on attribue la pro-
priété de faire basculer le scapulum sur un axe fictif placé au centre de cet
os, de manière à mouvoir ses angles interne et externe en sens contraires,
n'exercent pas cette action physiologiquement ; mais ils font tourner le
scapulum sur l'un ou l'autre de ses angles supérieurs, qui reste fixe, tandis
que l'angle inférieur s'élève ou s'abaisse, en se rapprochant ou s'éloignant
de la ligne médiane.
» II. L'humérus, en s'élevant par la contraction isolée du deltoïde, dé-
place le scapulum de la manière suivante : 1 ° il déprime son angle externe
pendant qu'il élève son angle inférieur de 1 à 2 centimètres au plus, en le
1*87)
rapprochant de la ligne médiane; i° il le fait pivoter sur son axe vertical,
de telle sorte que son bord spinal, s'écartant des parois thoraciques de 4 à 5
centimètres, semble s'en détacher sous la forme d'une aile, en formant entre
lui et le dos une sorte de gouttière profonde de 4 à 5 centimètres. Pendant
cette expérience, la tête de l'humérus a une tendance à abandonner la
cavité glénoïde, en se subluxant en bas.
» Cette attitude vicieuse du scapulum, la volonté ne saurait là repro-
duire, car elle ne possède pas, comme l'électrisation, le pouvoir dangereux
de faire contracter isolément le deltoïde.
» III. Pendant l'élévation volontaire du bras, le grand dentelé, placé,
pour ainsi dire, sous les ordres du deltoïde, vient à l'aide de ce dernier,
non-seulement, ainsi qu'on l'a dit, afin de fixer le scapulum, mais aussi
pour compléter l'élévation verticale du bras : la limite d'élévation par ce
muscle étant la direction horizontale. Le second temps de l'élévation du
bras (l'élévation au-dessus de la ligne horizontale) est aidée aussi par la
contraction synergique du tiers moyen du trapèze, surtout dans les mouve-
ments de force.
» IV. L'atrophie ou la paralysie du grand dentelé occasionne un déran-
gement peu apparent dans l'attitude du scapulum, quand les bras pendent
sur les côtés du tronc ; l'angle inférieur de cet os non -seulement est un peu
plus élevé, plus saillant et plus rapproché de la ligne médiane que celui du
côté opposé, mais, dès que le bras s'écarte du tronc, on voit apparaître
toutes les difformités qui résultent de l'absence du concours du grand den-
telé et qui ont été décrites plus haut (proposition II).
» V. Les fibres supérieures du grand dorsal, excitées par l'électrisation,
alors que le bras tombe parallèlement à l'axe du tronc, dépriment l'omoplate
de dehors en dedans et d'avant en arrière par l'intermédiaire de la tête de
l'humérus, qui appuie sur la cavité glénoïde; les fibres inférieures du même
muscle abaissent le moignon de l'épaule. L'excitation simultanée de toutes
les fibres des deux grands dorsaux produit de chaque côté, non-seulement
les mouvements précédents, mais encore l'extension énergique du tronc.
» VI. Le tiers inférieur du trapèze et le rhomboïde jouissent, il est vrai,
comme le grand dorsal, de la faculté d'effacer les épaules en associant leur
action ; mais l'attitude qui en résulte est vicieuse ou disgracieuse, parce
qu'ils élèvent en même temps et inévitablement le moignon de l'épaule.
Aussi n'agissent-ils physiologiquement que pour maintenir le scapulum
solidement rapproché de la ligne médiane dans certains mouvements de
force du membre supérieur, comme pour attirer à soi un corps résistant.
( 288 )
» VII. En conséquence, de tous les muscles qui meuvent l'épaule, le
grand dorsal est un de ceux cjui produise la meilleure et la plus belle atti-
tude, en raison de son double pouvoir d'effacer les épaules et de les abaisser
à la fois, en raison aussi de l'énergie avec laquelle il redresse le tronc.
C'est lui qui, par exemple chez le militaire, produit l'attitude au port
d'arme.
» VIII. Des trois muscles (le trapèze, le grand dorsal et le rhomboïde )
qui, par la volonté ou l'excitation électrique, possèdent le pouvoir de rap-
procher de la ligne médiane le bord spinal du scapulum, le trapèze est le
seul qui, par son tiers inférieur et par quelques fibres de son tiers moyen,
jouisse, pendant le repos musculaire, de la faculté de maintenir le scapu-
lum à sa distance normale de la ligne médiane, laquelle est chez l'adulte
de 5 à 6 centimètres. Il suffit, en effet, que ces fibres du trapèze soient
détruites par l'atrophie musculaire, pour que le scapulum s'éloigne du plan
médian de io à 12 centimètres. Dans cette attitude vicieuse de l'épaule, le
dos est arrondi transversalement, le moignon de l'épaule est porté en de-
hors et en avant, et la poitrine se creuse.
» IX. Le rhomboïde maintient par sa tonicité le bord spinal du scapu-
lum solidement appliqué contre le thorax.
» Quand ce muscle perd cette tonicité (dans l'atrophie progressive, par
exemple), le bord spinal du scapulum fait une saillie sous la peau, et l'es-
pace compris entre ce bord spinal, et la ligne médiane se creuse profon-
dément pendant le repos musculaire.
» Si l'atrophie du rhomboïde s'ajoute à celle du grand dentelé, au mo-
ment de l'élévation du bras, on voit entre le scapulum et le thorax une
vaste excavation qui pourrait loger la main tout entière, et dans laquelle
la peau s'enfonce en adhérant aux tissus qu'elle recouvre avec une telle
force, qu'on ne peut la détacher, comme si un vide s'était formé sous elle.
» X. La connaissance des faits établis par les recherches électro-ph\sio-
logiques et pathologiques exposées dans le travail dont je donne ici le
résumé, permet d'expliquer le mécanisme des principaux mouvements de
l'épaule et des attitudes vicieuses ou des déformations qui résultent des
affections des muscles qui exécutent ces mouvements ; la connaissance de
ces faits, enfin, intéresse au plus haut degré le diagnostic différentiel de ces
affections musculaires. »
( »89 )
PHYSIQUE DU GLOBE. — Note sur une masse de fer météorique trouvée près
d'Épinal, le •; juillet i85i ; par M. Guery. (Transmise par M. Haxo,
Secrétaire perpétuel de la Société d'Émulation du département des
Vosges.)
(Commissaires, MM. Cordier, Berthier, Babinet.)
« Le 5 décembre 1842, vers cinq heures et demie du matin, une vive
lumière se fit remarquer au sud-ouest d'Épinal. Immédiatement après, on
entendit au loin un bruit sourd qui dura quelques secondes, et que l'on
peut comparer aux décharges successives de plusieurs pièces d'artillerie.
Aussitôt, on remarqua sur les hauteurs de Saint- Antoine un immense globe
de feu très-éclatant, qui se divisa en trois parties principales. L'une de ces
parties alla tomber entre les maisons du Saut-le-Cerf et sembla rouler sur
un pré situé à droite du chemin qui conduit à Dogneville. Une autre
portion se divisa et tomba comme une pluie de feu sur la ville d'Epinal,
particulièrement sur la place de l'Atre. La troisième partie, qui était la plus
dense et dont je vis la chute, se dirigea comme un trait de feu sur la côte
de l'Eaufromont et atteignit la terre à moitié de la hauteur de cette côte
sur le versant qui regarde la Moselle.
» Pour avoir de plus amples renseignements, je me transportai près des
personnes qui avaient été témoins oculaires du météore. J'explorai d'abord
Épinal. Les personnes qui avaient presque été atteintes par les fragments
enflammés me montrèrent du doigt la place où ils étaient tombés; mais,
malgré la plus grande attention, je n'y trouvai rien de remarquable. Ces
personnes, cependant, m'assurèrent que, s'étant approchées de ces frag-
ments enflammés, elles aperçurent, lorsqu'ils furent éteints, une petite
quantité de cendre grisâtre, peu différente du sable qui entoure les pavés
de la ville.
» Vers les trois heures de l'après-midi, je me dirigeai sur le Saut-le-Cerf,
qui est à une demi-lieue de la ville, accompagné de M. Saladin, conseiller
.à la Cour de Nancy, qui présidait alors les Assises à Épinal. Mais, malgré
les indices les plus précis et les recherches les plus minutieuses, nous ne
trouvâmes aucune trace du phénomène. Le peu de succès de ces recherches
ne me rebuta pas. Le lendemain, je parcourus l'Eaufromont dans tous les
sens, je pris des informations exactes sur la chute de l'aérolithe, et cepen-
dant mes recherches, dans cette localité, furent aussi infructueuses que dans
les autres. Toutefois, je ne perdis pas de vue ce qui m'intéressait à un haut
C. R., i35a, i™ Semestre. (T. XXXV, N° 8. ) 38
( *9° )
degré, et, pendant plusieurs années, je continuai mes investigations sur
l'Eaufromont. Enfin, le 7 juillet i85i, je trouvai, à mi-côté sur le chemin
qui sépare les deux mamelons de l'Eaufromont, une masse de fer qui me
sembla de prime abord devoir être une scorie. Cette masse se trouvait
parmi les pierres rejetées sur le chemin par les cultivateurs des environs :
cependant un examen plus attentif me fit reconnaître que cette espèce de
fer oxydé n'était pas une scorie, et qu'elle présentait, comme on le pourra
reconnaître par la description que j'en vais donner, la plupart des carac-
tères des aérolithes métalliques ; il devient dès lors probable qu'elle pro-
vient de la chute du météore qui a éclaté sur Épinal et ses environs le
5 décembre 1842.
» aspect général. — Masse ferrugineuse, dont la partie supérieure est
convexe et la partie inférieure concave. Cette masse présente des portions
lisses, dures à la lime et difficilement attaquables par le burin. D'autres
parties sont caverneuses, contournées et oxydées. Elle a une influence mar-
quée sur le barreau aimanté suspendu à un fil à la distance de 1 5 centi-
mètres. A la distance de 1 o centimètres, elle attire le barreau, pour y adhérer
fortement et pour ne s'en séparer ensuite qu'à la distance de 20 centimètres.
Poids primitif 843 grammes.
Nota. Plusieurs fragments de la surface ayant été détachés, le poids
actuel est réduit à ^55 grammes.
Diamètre 10 centimètres.
Hauteur 5 id.
Pesanteur spécifique 5 , 23.
» Partie supérieure. — On remarque sur cette partie, çà et là, des fais-
ceaux d'une substance ferrugineuse bleuâtre, formant des stries parallèles.
Un de ces faisceaux ayant été brisé par le milieu, on reconnaît sur la tran-
che, à la loupe, des vacuoles profondes, semblables à des alvéoles arron-
dies, séparées les unes des autres par la substance métallique, et disposées
sur huit lignes parallèles dans le sens des stries brisées. On aperçoit ailleurs
une réunion de petits mamelons très - brillants , d'un brun olivâtre, qui
paraissent avoir été grillés par une forte chaleur. On voit au sommet de la
masse une substance terreuse de couleur jaune-orangé assez vive. On re-
marque sur le bord et dans l'intérieur des cavernes des parties, les unes
vertes, les autres d'un rouge brun foncé tirant sur le violet, et qui parais-
sent être colorées par le chrome.
» Partie inférieure. — Cette partie, qui est concave, s'est moulée sur le
( 29! )
terrain où elle est tombée. La chaleur dont ce corps était pénétré a forcé
le sable qui était en contact avec cette partie d'y adhérer fortement ; et, au
moyen de la loupe, on voit clairement des grains de quartz réunis dans une
substance terreuse, mêlée d'un oxyde de fer jaune-brun. Sur cette face, on
remarque encore de petits amas saillants d'un aspect métallique d'un gris
de plomb clair, dont la substance est facilement entamée par la lime. (Je
soupçonne de nickel. )
» Enfin, on voit aussi de ces colorations en vert et en brun dont j'ai
parlé plus haut, et de petits corps lisses et très-brillants, qui paraissent
avoir été vitrifiés par la chaleur et ont l'aspect du péridot. »
A la Note est jointe une boîte contenant des fragments du corps trouvé
à l'Eaufromont. MM. Cordier, Berthier, Babinet sont invités à en faire
l'examen.
M. Rodier de la Brcgcière soumet au jugement de l'Académie un Mé-
moire intitulé : Développement nouveau des Jonctions d'une seule variable.
(Commissaires, MM. Cauchy, Binet.)
M. Valette, en adressant au concours pour les prix de Médecine et de
Chirurgie de la fondation Montyon un Mémoire sur la possibilité de lier
l'artère occipitale près de son origine, envoie, conformément à une décision
prise par l'Académie pour les pièces admises à ce concours, une indication
de ce qu'il considère comme neuf dans son travail.
(Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
M. Baudens présente au même concours quatre opuscules imprimés sur
des questions dont il a fait précédemment l'objet de communications à
l'Académie des Sciences. (P^oir au Bulletin bibliographique. ) Il indique éga-
lement dans la Lettre d'envoi les points qui lui paraissent devoir appeler,
pour chacun de ces travaux, l'attention de la Commission.
(Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. )
M. Vi nito.vxAis envoie de Metz, au concours pour le prix de Statistique,
deux publications concernant la Statistique du département de la Moselle.
(Commission du prix de Statistique.)
M. Panizzini prie l'Académie de vouloir bien faire examiner un sjrstème
38..
%'■■
( »92 )
île transmission, à grande distance, d'une force motrice, système qu'il a
installé dans un terrain de la rue Lafayette.
M. Poncelet est prié de prendre connaissance des plans joints à la Lettre
de M. Panizzini, et de faire savoir à l'Académie s'il y a lieu à nommer une
Commission.
M. Brachet envoie une suite à ses précédentes communications sur la
théorie de la vision et sur les instruments d'optique.
(Renvoi à la Commission nommée dans la séance du 9 août, Commission
qui se compose de MM. Magendie, Flourens, Regnault.)
CORRESPONDANCE.
M. Toyxbée, auteur de recherches sur les usages des différentes parties
de l'organe de l'ouïe, annonce l'intention de soumettre prochainement au
jugement de l'Académie un travail sur la possibilité de remédier, dans cer-
tains cas, à lasurdité, en établissant, quand il y a perforation de la membrane
du tympan, un tympan artificiel.
M. Toynbée demande si les règlements de l'Académie permettent qu'un
travail, qui a été soumis à son jugement, soit ensuite publié à part.
On fera savoir à l'auteur que, comme il ne s'agit pas d'un concours, il
aura toujours la libre disposition de son travail, et que seulement, s'il le fait
imprimer avant le jugement de la Commission nommée par l'Académie, il
ne pourra plus obtenir de Rapport.
économie rurale. — Note sur les résultats d'éducations de vers à soie des-
tinés à produire de la graine étalon , entreprises, en 1 852 , à la Magnanerie
expérimentale de Sainte-Tulle ; par MM. Guérix-Méxeville et Eugène
Robert.
« L'un des principaux buts de nos travaux est l'amélioration des races
de vers à soie, dont la dégénérescence a fait des progrès très-inquiétants
depuis quelques années.
» Nous avons pensé que le seul moyen d'arrêter cette tendance à la déca-
dence, était d'entreprendre une série d'études ayant pour but d'augmenter
le produit des récoltes de cocons, en cherchant à soustraire les vers à soie
aux maladies si nombreuses auxquelles ils sont exposés, et en améliorant
quelques races pour augmenter la richesse de la coque soyeuse, et donner
au brin des qualités particulières réclamées par les besoins des diverses spé-
( *93 >
cialités de l'industrie. Nous avons donc apporté une attention toute particu-
lière aux reproducteurs, et nous avons entrepris de faire de la graine qu'on
pourrait appeler graine étalon, pour la distribuer aux éleveurs.
» Voulant continuer de répandre les deux races acclimatées ici (race de
Sainte-Tulle et Gros de Briance), qui sont toutes deux d'origine milanaise,
mais acclimatées en Provence, l'une par neuf années d'éducation et d'amé-
liorations consécutives, et l'autre par deux ans, nous avons employé d'a-
bord tous les cocons de choix de nos éducations principales de graines, et
une certaine quantité choisie chez les magnaniers nos voisins, dont les édu-
cations, faites avec notre graine, avaient été conduites de la manière la plus
convenable, et, pour ainsi dire, sous nos yeux.
» De plus, nous avons fait de la graine de toutes nos races d'expériences,
afin d'en poursuivre les essais d'acclimatation, si la chose nous est possible,
et nous avons remarqué, cette année encore, que, dans ces races non accli-
matées, un grand nombre de papillons ne sont pas sortis des cocons; ce qui
indique un état de souffrance. Sur cent cocons de ces races étrangères, vingt-
cinq à trente n'éclosent pas, tandis que nos races acclimatées perdent à peine
huit à dix cocons sur cent.
» Nous nous sommes convaincus de plus en plus, dans cette troisième
année de nos études sur la graine, que la production de bons œufs de vers
à soie ne peut être faite que sur une échelle très-restreinte, et que son prix
de revient est trop élevé pour que la vente de cette graine puisse donner des
résultats rémunérateurs. Qu'on en juge :
» La fabrication de la graine pourrait, au plus, être faite sur une échelle
de iooo onces (25 kilogrammes). Pour six à sept cents kilogrammes de
cocons qui sont nécessaires à cause des éliminations, et seraient à peine
suffisants ; à 5 fr. le kilogramme, 35oo fr. ; manutention, instruments, etc.,
5oo fr. Total : 4ooo fr. Après quoi ces i ooo onces, au prix courant de
5 fr., produiraient 5ooofr.
» On voit que, pour couvrir les dépenses de voyage et de séjour de
l'homme de science et du praticien, pour payer le loyer, l'intérêt des fonds
avancés, etc., pour rémunérer enfin un travail pénible de plus de trois mois,
sans compter le temps nécessaire pour la conservation et la vente de cette
graine, etc., il resterait seulement une somme de îooo fr. ; ce qui serait,
comme on le voit, une triste spéculation pour l'industrie privée. Un gou-
vernement seul peut et doit écarter toute idée de profit quand il s'agit du
bien public. C'est donc en lui que les éducateurs doivent espérer pour tout
ce qui se fera dans le but de la régénération des races.
( s94)
» Les nouvelles qui arrivent de tous les points annoncent que la mau-
vaise réussite des éducations est au moins autant due à la mauvaise qualité
de la graine étrangère dont on a inondé le pays cette année, qu'aux résultats
de la gelée ; et il devait en être ainsi : i° parce que la graine non acclimatée
donne des produits incertains, même lorsqu'elle est traitée, comme nous le
faisons nous-mêmes, avec les plus grands soins, et même lorsqu'elle est
excellente, comme celle que nous avons reçue des premiers éducateurs du
Milanais ; a° parce que, à mesure que le commerce de la graine s'étend da-
vantage, que la concurrence s'établit sur tous les points, sur les prix, on
est obligé, pour la soutenir, de donner d'autant moins de soins aux achats
et aux choix à faire des cocons reproducteurs. »
économie rubale. — Sur un moyen destiné à prévenir la maladie des
pommes de terre. (Extrait d'une Lettre de M. Bavard.)
« Dans les propriétés que je possède dans le nord du département de
Maine-et-Loire (commune de la Jaille-Yvon), les pommes de terre récoltées
en i85o étaient presque toutes tachées et malades. Avant de les mettre en
terre en 1 85 1 , j'en fis couper par morceaux i hectolitre, et dans chacun des
fragments on enfonça, selon leur volume, un, deux ou trois pois secs. La
semerie fut faite, selon l'habitude du pays, en sillons élevés. On acheva de
semer la pièce de terre (d'environ i hectare) avec des pommes de terre non
piquées de pois.
» Malgré la sécheresse de l'été, il y eut d'abord végétation vive et four-
nie de rameaux de pois qui arrivèrent à floraison, et pousse vigoureuse des
tiges de pommes de terre.
» Ces dernières n'ont pas été fanées ou malades, les tubercules très-nom-
breux, mais petits, ont été sains; ils se sont parfaitement conservés et ont
servi aux semences du mois de juin dernier i85a. Une partie des pommes
de terre ordinaires a été malade.
» Tandis que ces expériences comparatives étaient faites dans un champ
dont la terre est argilo-schisteuse, compacte et durcie par la sécheresse de
la saison, des essais semblables étaient pratiqués dans un jardin potager dont
la terre, ameublie par des engrais, est plus légère; en outre, les semis étaient
rafraîchis par des arrosements : les résultats ont été semblables. Les tuber-
cules piqués de pois ont été préservés de la maladie, et ceux placés dans le
même terrain ont offert rapidement les signes d'altération.
» Pendant le développement des rames de pois et des tiges de pommes
( >9* )
de terre, j'avais arraché et ouvert des pieds. J'ai remarqué que la végétation
hâtive du pois enlevait au tubercule son excès d'humidité et favorisait le
travail de développement de la pomme de terre.
» Les cendres, dont on a conseillé l'emploi, me paraissent agir d'une ma-
nière analogue, mais moins complète ; elles absorbent une partie de l'excès
d'humidité en raison de la nature des sels qu'elles contiennent, mais il n'y
a pas la rapidité d'absorption que provoque la végétation des pois. »
M. Brière annonce que, d'après tous les renseignements qu'il a pu obte-
nir, la maladie des pommes de terre ne se montre jamais dans des terrains
qui sont sujets à être atteints par l'eau de la mer. Il pense, en conséquence,
que* la présence du sel dans le sol serait une garantie contre le mal, et il
lui semble qu'on pourrait utiliser dans ce but la saumure qui, après avoir
servi à la conservation des viandes, n'est plus propre à être employée au
même usage.
La séance est levée à 4 heures un quart. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du a3 août i85a, les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences,
?e semestre 1 85a ; n° 7 ; in-4°.
Supplément à la Statistique historique, industrielle et commerciale du dépar-
tement de la Moselle, publiée en i844 Par M. Verronnais, imprimeur-
libraire, ouvrage indispensable à toutes les personnes désireuses de bien connaître
un département industriel et commercial, placé sur les frontières de la Bavière,
de la Prusse et de la Belgique; suivi de Notes historiques inédites; publié par
M. Verronnais père. Metz-Paris, i85a; 1 vol. in-8°. (Destiné, ainsi que
les deux volumes suivants, au concours pour le prix de Statistique. )
Almanach du cultivateur de France pour j853, suivi d'un Traité sut la
culture de la vigne; publié par M. Verronnais père. Paris-Metz, i85a;
in-12.
Almanach des militaires français , pour l'année 1 853 ; publié par le même.
Paris, Metz, Lille, i85a; in-12.
De l'entorse du pied et de son traitement curatif, par M. le Dr BAUDENS; —
Mémoire sur un nouveau traitement de ihydrocèle, par le même; — Mémoire
( 296)
sur la rupture du ligament rotulien avec la description d'un appareil curatif
nouveau, parle même; — Nouvelle méthode des amputations; par le même;
i vol. in-8°. (Ces Mémoires sont présentés au concours pour les prix de
Médecine et de Chirurgie.)
Traité sur la culture du tabac applicable à l'Algérie, d'après les observations
faites sur les lieux; par M. F. GROS, fabricant de cigares et négociant. Pa-
ris, i85a; broch. in-8°.
Traité sur la culture du tabac applicable à la Guyane française , d'après les
observations faites aux Etats-Unis, aux Antilles et au Brésil; parle même.
Paris, i852; broch. in-8°.
Recherches électro-physiologiques et pathologiques sur l'action individuelle et
les usages des muscles qui meuvent le pouce et les doigts de la main; par
M. le Dr Duchenne, de Boulogne. Paris, i85a; broch. in-8°. (Extrait des
Archives générales de Médecine, numéro de mars i85a, et suivants.)
Appendice aux précédentes recherches; par le même; Mémoire lu à la
Société de Médecine de Paris. Paris, i85q ; broch. in-8°. (Extrait des mêmes
Archives , numéro de juillet i85a.)
Les trois règnes de la nature. —Règne animal. — Histoire naturelle des oiseaux ,
classés méthodiquement, avec l'indication de leurs mœurs et de leurs rapports
avec les arts, le commerce et l'agriculture ; par M. Emm. Le Maout; 16e
et 17e livraisons; in -8°.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts </<■
Belgique; tome XIX; n° 7 ; in-8°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. DE Monfort,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; irc année; n° 17; 22 août i852; in-8°.
Journal d'Agriculture pratique et de Jardinage, fondé par M. le Dr Bixio,
publié par les rédacteurs de la Maison rustique, sous la direction de M. Barral;
3e série; tome V; n° 4; 20 août i852; in-8°.
Das krystallo-chemische... Système crystallo-chimique de minéralogie ; par
M. Gustave Bose. Leipzig, i852; in-8°.
Lehrbuch... Manuel de l'ingénieur et du mécanicien; par M. Juuus
Weisbach; 2 livraisons; 1849 et i852; in-8°.
Versuche... Expériences sur la roideur des cordes en fd de fer; par le
même; année 1846.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 30 AOUT 1852.
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERÏ.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Augustin Cauchy présente à l'Académie une nouvelle méthode pour
■l'intégration des équations linéaires aux dérivées partielles, sous des
conditions données relatives aux limites des corps. Cette méthode, spé-
cialement applicable aux questions de physique mathématique, sera déve-
loppée par l'auteur dans les prochaines séances.
« M. Velpeau, chargé d'examiner la réclamation de M. Barthélémy
contre M. Gariel, trouve que cette réclamation n'est fondée que sur un
malentendu de la part de l'auteur. Ce n'est point, en effet, pour l'inven-
tion de bandes en caoutchouc, mais bien pour l'application qu'il a faite
du caoutchouc vulcanisé à la confection de la plupart des bandages et appa-
reils de la chirurgie, que M. le Dr Gariel a été récompensé par l'Académie.
» Or, M. Barthélémy ne dit absolument rien de pareil dans la thèse qu'il
invoque, et dont M. Velpeau était d'ailleurs président; quant à l'analogie
des brevets, la Commission des prix Montyon et l'Académie n'ont point à
s'en occuper. Les auteurs auront à la discuter, s'ils le jugent convenable,
devant un autre tribunal. »
C. R., i85a, a™" Semestre. (T. XXXV, N" 9.) 3o,
( s98)
géologie. — Notice sur les systèmes de montagnes;
par M. Elie de Beaumont.
« Je demande à l'Académie la permission de déposer sur le bureau un
petit ouvrage que je viens de terminer sous le titre de Notice sur les sys-
tèmes de montagnes .
» Cet ouvrage renferme, avec des développements plus étendus, la sub-
stance des deux Notes que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie sur
la corrélation des directions des différents systèmes de montagnes . [Comptes
rendus, séances du 9 septembre i85o et du 1 1 août 1 85 1 .)
» Il contient aussi, avec le résumé de mes recherches personnelles sur
les différents systèmes de montagnes qui traversent l'Europe, une indica-
tion abrégée des travaux faits sur le même sujet, soit en Europe, soit dans
d'autres parties du monde, par différents géologues. .T'ai enregistré les
noms de quatre-vingt-quinze systèmes de montagnes, et j'aurais même pu
y en joindre encore quelques autres. Ces désignations sont dues à vingt
auteurs différents. Elles n'indiquent pas quatre-vingt-quinze systèmes essen-
tiellement distincts, parce que, dans la liste nominale que j'ai formée, il y
a évidemment des doubles et même des triples emplois; mais j'estime que,
toute réduction faite, le nombre des systèmes de montagnes réellement
distincts qui ont été étudiés jusqu'à présent, n'est pas inférieur a une
soixantaine.
» Dans le premier Mémoire que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Aca-
démie sur ces matières, le 22 juin 1829, je n'avais étudié en Europe que
quatre systèmes de montagnes. Peu après, j'ai pu en indiquer neuf, puis
douze, puis vingt et un. En admettant qu'on puisse en compter déjà une
soixantaine, il y a lieu de présumer que, si l'étude ne se ralentit pas sur
ce point, le nombre des systèmes de montagnes s'élèvera avant peu d'an-
nées à plus de cent.
» Cette multiplication n'est pas indifférente, car elle tend naturellement
à prouver que le groupement des montagnes en systèmes se présente à
l'observation d'une manière également facile dans toutes les parties de la
surface du globe.
» J'ose espérer que l'Académie voudra bien accueillir avec indulgence
ce faible essai, très-incomplet encore quoiqu'il m'ait coûté déjà beaucoup
de temps et de travail. »
( *99 )
MÉMOIRES LUS.
optique. — Application de la lunette réciproque avec micromètre parallèle
et du me'roscope pan-focal; par M. J. Porro. (Extrait par l'auteur.)
( Renvoyé à la Commission nommée pour l'appareil à mesurer les bases tri-
gonométriques du même auteur, Commission composée de MM. Binet,
Largeteau et Faye. )
« Le réservoir de Gros-Bois, le plus grand peut-être de ceux qui ali-
mentent les canaux, consiste en un barrage de maçonnerie de près de
600 mètres de longueur, qui, malgré ses dimensions considérables et son
ancienneté, n'est pas moins sujet à des mouvements et des flexions en rap-
port avec la charge d'eau variable qu'il doit soutenir; le sol lui-même flé-
chit peut-être, ainsi que M. d'Abbadie l'a observé dans d'autres localités.
» M. Baumgarten, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, a demandé,
pour constater et mesurer ces phénomènes, des instruments spéciaux sus-
ceptibles d'apprécier un millimètre de mouvement dans les trois sens, et de
relever et de rapporter à trois axes coordonnés la courbure que l'édifice
affecte sous la pression à un instant donné.
» J'ai construit à cet effet une lunette réciproque de im,5o de longueur,
avec un oculaire composé, indépendant et amovible, pour servir alternati-
vement aux deux bouts de l'instrument; j'ai placé au milieu de la longueur
de la lunette, un micromètre parallèle ou de transport qui agit dans les
deux sens et qui permet, par des moyens faciles, d'éliminer toutes les er-
reurs de collimation et autres de l'instrument : la force optique et la divi-
sion micrométrique de l'instrument sont telles, qu'on peut espérer des ré-
sultats exacts à -fa de seconde près.
» Cet appareil étant établi au milieu de la longueur de l'édifice, et des
points de mires étant donnés sur sa longueur dans les deux sens par un
appareil accessoire particulier d'une grande visibilité, on relève facilement
à tout instant, par des angles micrométriques, la position de ces mires et de
l'instrument lui-même entraîné par le mur par rapport aux axes coordonnés
déterminés par des points fixés pris en dehors des parties mobiles ou soup-
çonnées de mouvement.
» Par ce moyen, on détermine par points la courbure affectée dans
l'espace par l'arête du couronnement du mur; mais il est intéressant de
savoir aussi si dans le sens de la section transversale le mur s'incline rigi-
39..
( 3oo )
dément en pivotant sur un point de sa fondation, ou s'il affecte une cour-
bure par rapport à une verticale passant par son pied, ainsi que de recon-
naître jusqu'à quel point le sol, ou, pour mieux dire, la partie sous-jacente
de la croûte solide du globe participe à ces mouvements.
» Cette seconde partie du problème se résout en installant au sommet
de l'édifice un méroscope pan-focal tel que je le construis pour mon appa-
reil à mesurer les bases perfectionné, et sur différents points de sa hauteur
des jalons horizontaux garnis d'échelles convenables sur lesquelles le méro-
scope, qui détermine la verticale absolue, permet de lire les amplitudes li-
néaires du mouvement survenu.
» Je profite de l'occasion pour appeler l'attention de l'Académie sur ces
deux instruments, non-seulement comme solution de l'important problème
proposé par M. Baumgarten, maisencore, surl'un, comme allinéateur appli-
cable au cas des bases trigonométriques ; sur l'autre, comme perfectionne-
ment important de mon appareil à mesurer ces bases, que l'Académie m'a
fait l'honneur de juger favorablement en i85o.
» J'ajouterai que le méroscope pan-focal dégagé de sa monture est un
instrument d'optique nouveau et précieux, surtout pour les voyageurs natu-
ralistes, en ce que, sans variations de forme ni pièces de rechange, il se prête
également aux fonctions de longue-vue, de lunette à court foyer, et de mi-
croscope composé à grossissement variable; c'est aussi le meilleur appareil
optique pour le cathétomètre. »
M. Zaliwski lit une Note intitulée : Recherches sur la lumière.
(Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour une précédente
communication du même auteur : MM. Pouillet, Despretz. )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
physique. — Remarques à l'occasion d'une Note récente de M. Garnier sur
les chaleurs spécifiques des corps composés. (Lettre de M. Wertheim.)
(Renvoi à l'examen des Commissaires désignés pour le Mémoire de
M. Garnier: MM. Pouillet et Regnault.)
« M. Garnier a présenté à l'Académie, dans sa dernière séance, un travail
sur les chaleurs spécifiques des corps composés, travail qui repose sur
l'emploi « de ce que l'on pourrait appeler le poids atomique moyen »
de ces corps. Je crois devoir rappeler que je me suis servi de considéra-
(3oi )
lions tout à fait pareilles pour établir un rapport entre la composition
chimique et entre les coefficients d'élasticité des alliages (Mémoire sur l'élas-
ticité et sur la cohésion des alliages, présenté à l'Académie le 8 mai i843,
et inséré depuis dans les Annales de Chimie et de Physique, 3e série,
tome XII), et que j'ai nommé, défini et calculé le poids atomique moyen
absolument de la même manière que vient de le faire M. Garnier.
» Il m'importe de constater ce fait, parce que j'aurai à revenir sur ces
calculs et à m'en servir encore une fois lorsqu'il s'agira de trouver un rap-
port entre la composition chimique et l'élasticité des corps cristallisés, dont
l'étude m'occupe actuellement. »
physiologie. — Septième Mémoire sur le système nerveux; parM. Waller.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Magendie, Flourens,
Velpeau.)
« D'après les expériences antérieures que j'ai eu l'honneur de soumettre
à l'Académie, je suis arrivé à la conclusion que le centre nutritif des fibres
sensitives spinales se trouve dans les ganglions invertébraux , tandis que
celui des fibres motrices est dans la moelle épinière. Pour obtenir la contre-
épreuve de ces observations faites sur les racines spinales, il restait à exa-
miner les effets de la section de la moelle épinière sur ces racines. A cet
effet, je divisai la moelle lombaire d'un chien entre les troisième et qua-
trième vertèbres sans dénuder la moelle. Il s'ensuivit une perte presque
complète de sensibilité et de mouvement dans le train postérieur. Au bout
de vingt jours, je constatai que les parties paralysées n'étaient que très-
faiblement améliorées. L'animal fut tué à cette époque. L'examen après la
mort me donna les faits suivants : La plaie de la moelle se trouvait cica-
trisée, et n'était indiquée que par un léger étranglement circulaire et par des
adhésions peu étendues des deux feuillets de l'arachnoïde au même niveau.
Dans le segment inférieur de la moelle épinière, les fibres du faisceau mé-
dullaire postérieur se trouvaient à l'état normal depuis le point de section
jusqu'à sa partie inférieure. Sur toute cette étendue, la moelle épinière se
composait de fibres larges, à doubles contours, mesurant environ omm,i6,
présentant de nombreuses varicosités d'environ omm,Za; parmi celles-ci se
trouvaient des fibres variqueuses extrêmement fines, pareilles à celles du
cerveau, et des particules globulaires ou ovalaires transparentes, très-diffé-
rentes de celles de la substance grise, et qui ont été signalées déjà par
plusieurs observateurs.
» Dans le segment supérieur, depuis le point de section jusqu'à environ:
( 302 )
4 décimètres plus haut, ou environ l'espace occupé par deux vertèbres, le
faisceau médullaire postérieur se trouvait désorganisé et composé de par-
ticules semi-opaques mesurant environ omm,20, avec des fibres vari-
queuses très-fines. Les grosses fibres, si abondantes dans cette partie de la
moelle épinière à l'état normal, manquaient complètement dans ces limites.
Cet état de désorganisation se trouvait non-seulement à la surface, mais
jusque dans la profondeur du faisceau. Au-dessus de ce point, il m'était
impossible de suivre la désorganisation de ce faisceau. Sur la même éten-
due , les faisceaux antéro-latéraux de ces mêmes segments ne présentèrent
pas de signes évidents d'altération; mais, par suite de l'extrême chaleur du
temps, je ne pus garder les pièces au delà de vingt-quatre heures, ce qui
m'empêcha d'en faire l'examen approfondi.
» Dans le segment inférieur, je trouvai les fibres des racines anté-
rieures des trois paires supérieures, c'est-à-dire les quatrième et cinquième
lombaires et première sacrée, toutes plus ou moins désorganisées. Dans la
quatrième paire, la racine intérieure était rougeâtre, et à l'œil nu se montrait
atrophiée ; sous le microscope, elle se composait de fibres toutes désor-
ganisées avec la substance médullaire à l'état de grains et particules semi-
opaques.
» La racine antérieure de la cinquième paire se composait de fibres nor-
males et désorganisées en proportions à peu près égales, tandis que celles
de la paire sacrée ne renfermaient qu'une moindre quantité de fibres dés-
organisées. Dans les racines postérieures qui correspondaient aux paires
précédentes, les fibres se trouvaient toutes à l'état normal.
» La différence dans la condition des racines antérieures et postérieures
était surtout évidente lorsque, après les avoir détachées de leur insertion de
la moelle épinière, on enlevait chaque paire spinale jusqu'au delà de son
ganglion intervertébral. Il suffisait alors d'étaler les fibres de chacune des
racines pour reconnaître la désorganisation profonde des racines anté-
rieures et la condition normale des postérieures. A partir de la seconde
paire sacrée inclusivement, les racines antérieures se trouvaient toutes à
l'état normal.
» Sur un autre chien, la moelle épinière fut divisée entre les quatrième
et cinquième vertèbres lombaires. La section ne fut pas complète, car du
côté droit, le membre postérieur possédait d'une manière très-imparfaite
les pouvoirs moteurs et sensitifs. La queue et le membre postérieur gauche
étaient complètement dénués de sensation et de mouvement, soit volon-
taires, soit réflexes. Au bout de vingt et un jours, pour la première fois je
( 3o3 )
pus constater l'existence du pouvoir réflexe dans la queue. Cette action *se
manifestait au plus haut degré à son extrémité, où il suffisait du moindre
attouchement pour l'exciter. La plus forte irritation ne produisit aucun
signe de douleur. Les membres postérieurs restaient dans le même état
qu'immédiatement après l'expérience. L'animal fut sacrifié trois semaines
après l'opération, mais auparavant j'exposai le sciatique gauche et le galva-
nisai à la partie supérieure de la cuisse. Sous l'influence du galvanisme, il
se produisit à deux ou trois reprises une flexion presque imperceptible des
doigts du pied; toutes les autres parties musculaires restèrent inertes.
» A l'ouverture du canal vertébral, la section se trouva située immé-
diatement au-dessous du bulbe rachidien inférieur. La plaie de la moelle
se trouvait déjà cicatrisée.
» L'examen des nerfs du côté gauche, situés au-dessous de la ligne de
section, me montra les fibres des racines motrices complètement désor-
ganisées, et celles des racines sensitives à l'état normal. Comme à l'ordi-
naire, cet examen se fit en enlevant chaque paire avec son ganglion in-
vertébral, et en étalant alors une partie de chacune des racines sous le
microscope. La désorganisation complète et invariable des racines anté-
rieures, à côté des fibres normales des racines postérieures, ne pouvait
laisser aucun doute à l'esprit.
» Au delà du ganglion rachidien, le nerf se composait d'un mélange de
fibres normales et désorganisées. Ce mélange des deux espèces de fibres fut
encore constaté dans le sciatique gauche.
» Sur le même animal, j'avais, trois mois auparavant, divisé les deux
racines de la deuxième paire cervicale auprès du ganglion. Comme à l'or-
dinaire, le bout spinal de la racine postérieure se trouvait très-atrophié ,
rougeâtre, semi- transparent et désorganisé, tandis que le bout correspon-
dant de la racine antérieure se trouvait à son état ordinaire, quant à ses
dimensions, sa couleur et sa structure intime. La comparaison dans ce
cas des racines du segment sacré de la moelle épinière et de celles de cette
deuxième paire, en même temps qu'elle mettait en évidence les effets
opposés des deux genres d'expérience, faisait encore mieux ressortir la
cause commune qui les avait produits, c'est-à-dire la séparation de leurs
centres ganglionnaires.
» Sur une grenouille, après avoir ouvert le canal vertébral, j'enlevai
un segment de la moelle épinière de l'épaisseur d'une demi -ligne au-
dessus des trois dernières paires. Au bout de cinq mois, je trouvai que le
segment inférieur de la moelle était ramolli et diffluent. Plusieurs des paires
( 3o4)
i
de ce segment furent examinées. Les racines postérieures étaient à l'état
normal, ainsi que les ganglions correspondants; les racines antérieures,
au contraire, se trouvaient complètement désorganisées et à l'état granu-
leux.
» Une des paires rachidiennes fut enlevée, le ganglion, ses deux racines
et une portion des fibres au delà du ganglion. Après avoir constaté, au
moyen du microscope, la grande différence dans la condition des fibres des
deux racines, je pus, au moyen d'une forte solution d'ammoniaque, rendre
ces différences visibles à l'œil nu; car, après une immersion de quelques
minutes, les fibres normales de la racine postérieure devinrent plus pâles et
transparentes, tandis que les fibres motrices étaient plus blanches et plus
opaques. J'ai gardé cette paire dans cet état pendant plusieurs jours sans
qu'elle ait subi aucune altération.
» Les observations précédentes confirment donc ce que j'ai établi d'a-
près la section des racines spinales, que le centre nutritif des racines anté-
rieures se trouve dans la moelle épinière, tandis que celui des racines sensi-
tives est dans les ganglions invertébraux. Pour se rendre compte, dans la
première observation, du fait d'une désorganisation limitée aux racines
antérieures des trois paires supérieures du segment inférieur, il faut
admettre que ces fibres motrices sont en rapport avec des corpuscules ner-
veux situés au-dessus de leur point d'insertion à la moelle épinière. De cette
manière on explique comment la première de ces racines motrices était com-
plètement désorganisée, tandis que dans les deux autres, plus inférieures,
les fibres désorganisées se trouvaient de moins en moins nombreuses et
n'existaient point dans les paires plus inférieures. La différence sous ce
rapport, entre la première et la deuxième observation, tient probablement
au peu de volume du segment inférieur de la moelle épinière, lequel,
dans le deuxième cas, ne se composait plus que du cône effilé de la queue
de cheval.
» Quant à la désorganisation du faisceau médullaire postérieur dans le
segment supérieur, elle s'explique aussi, si l'on admet que ce faisceau est le
prolongement des fibres sensitives vers le cerveau : sa désorganisation, dans
ce cas, ne serait que la conséquence de sa séparation des ganglions inter-
vertébraux inférieurs.
» Les applications à la pathologie sont si immédiates, que je crois de-
voir ne point omettre de les signaler succinctement. Les premières expé-
riences nous présentent les conditions qui existent dans les plaies ordinaires
de la moelle épinière ; aussi pouvons-nous dire que, dans tous cas de ce
( 3o5 )
genre, lorsqu'il y a division de cet organe s'étendant au faisceau antérieur,
on trouvera des racines antérieures du segment inférieur désorganisées avec
les racines postérieures correspondantes à l'état normal.
» La troisième expérience nous démontre encore avec quelle puissance,
même dans des cas anciens de désorganisation de la moelle épinière, les
fibres sensitives en connexion avec leurs ganglions gardent leur structure
normale pendant que les fibres motrices sont toutes altérées.
» Désormais, le médecin possédera donc un moyen sûr de reconnaître avec
précision le siège et l'étendue des centres de tous les nerfs moteurs, spinaux
et crâniens, et l'examen de ces fibres contribuera en même temps aux pro-
grès du diagnostic de la pathologie et à la connaissance de la structure ana-
tomique des centres cérébro-spinaux. Dans une occasion précédente, j'ai
énoncé, au sujet de mes expériences sur la section du nerf vague au-dessus
de son ganglion inférieur, l'opinion que l'on découvrirait, dans la disposi-
tion de ces deux corps ganglionnaires, d'autres variétés que celles qu'on con-
naît jusqu'ici. J'ai récemment trouvé la confirmation de ces idées, par rap-
port au nerf vague, en découvrant un nouveau corps ganglionnaire chez les
oiseaux, qui n'a point été mentionné parles auteurs que j'ai consultés à cet
égard, Cuvier, Meckel, Weber, Siebold, Stannius, etc. Il se trouve situé à la
portion thoracique du nerf, immédiatement avant qu'il fournisse sa branche
récurrente. Il y forme un renflement fusifprme, grisâtj-e, semblable au plexus
gangliforme des Mammifères; ce corps existe sur tous les oiseaux que j'ai
examinés à cet effet, c'est-à-dire pigeon, poule, tourterelle, canard, moi-
neau, etc. Sur les petits oiseaux on peut étudier sans aucune préparation,
sous le microscope, sa structure ganglionnaire. Chez lès poules, les corpus-
cules ganglionnaires mesurent de omm,o/} à omm,o6.
» Après la section du vague au cou on observe les mêmes phénomènes
qu'après sa section au-dessus du ganglion inférieur des Mammifères, c'est-
à-dire que le bout central renferme un mélange de fibres saines et désorga-
nisées, ainsi que le bout inférieur. Les fibres désorganisées du bout supé-
rieur peuvent être suivies jusque dans les filets d'origine à leur insertion
à la moelle allongée. L'explication de ces faits se trouve la même que poul-
ies Mammifères, c'est-à-dire que le ganglion inférieur, comme le supérieur,
envoie des fibres radicales à la moelle allongée. La section, en séparant
celles-ci de leur centre, produit leur désorganisation dans le bout supérieur
du nerf coupé, où elles sont mélangées avec les fibres périphériques nor-
males du ganglion supérieur et du nerf spinal.
» Dans le bout inférieur, les conditions inverses existent, et les fibres
C. H., i85a, a™» Semestre. (T. X.XXV, M° 9.) 4°
( 3o6 )
normales qui s'y trouvent avec une grande proportion de fibres désorga-
nisées, proviennent du ganglion inférieur. Au moyen de cette expérience on
s'assure encore plus facilement, que sur le vague des Mammifères, de l'in-
fluence exacte des deux corps ganglionnaires sur la nutrition des fibres qui
le composent. »
chirurgie. — Sur la principale cause des vhlentes douleurs qui existent
dans l'ophthalmie purulente, et sur un moyen propre à les faire cesser
immédiatement ; par M. Gcyon, inspecteur du service de santé à l'armée
d'Afrique.
(Commissaires, MM. Lallemand, Goste. )
« Dans l'ophthalmie purulente, les vaisseaux de l'œil et de la paupière
sont plus ou moins gorgés de sang, et forment même, assez souvent, des
nodosités assez considérables. Or le moindre glissement de la paupière
sur l'œil occasionne alors des douleurs tellement vives, qu'on a vu des
malades, ne pouvant, plus les supporter, se donner la mort. Un moyen
propre à les faire cesser immédiatement, si intenses qu'elles soient, consiste
à interposer, entre l'œil et la paupière, un corps lisse quelconque, pourvu
qu'il soit approprié à la disposition des parties. On conçoit tout de suite le
modus faciendi d'un pareil corps. C'est en isolant les deux surfaces, ou,
pour mieux dire, en leur fournissant à chacune une surfasse lisse, au lieu
d'une surface rugueuse, raboteuse, et sur laquelle le globe de l'œil de son
côté, comme la paupière du sien, peut se mouvoir librement. Mais là, et
on l'entrevoit déjà, ne se bornent pas les avantages qu'on peut retirer du
moyen dont nous parlons; il diminue en même temps l'inflammation dont
le frottement rugueux des parties était une cause incessante.
» Comme corps lisse propre à cette destination, et se conformant assez
bien à la disposition des parties, je me suis d'abord servi de l'opercule
dont les colons des Antilles, à l'instar des Caraïbes (leurs prédécesseurs
dans ces îles), se servent pour favoriser la sortie des corps étrangers qui
pénètrent dans les yeux (i). On sait que, dans toute l'Europe, les habitants
des campagnes emploient au même usage ces produits calcaires qui se
forment chez l'écrevisse, et vulgairement connus sous le nom de pierres ou
(i) C'est l'opercule du Trochus tuberculatus ; mais celui de plusieurs autres espèces du
même genre et de plusieurs autres genres (le genre Turbo, entre autres) peut être employé
à la même destination. Je joins à ma communication des opercules du premier de ces
Mollusques.
(3o7)
d'yeux d'écrevisse. Depuis, j'ai cru devoir recourir à des corps plus grands
et mieux appropriés, par leur forme, aux surfaces interoculaires. Ces corps
sont des disques en ivoire semblables à ceux dont je joins des échantillons
à ma communication. Deux suffisent au but qu'on se propose, le plus sou-
vent même un seul, l'un sous la paupière supérieure et l'autre sous l'infé-
rieure. Pour procéder à leur introduction, il faut que le malade soit couché
si l'on opère sur la partie supérieure de l'œil, /et assis si c'est sur l'infé-
rieure. Après quoi, ayant pincé la paupière verticalement et de manière à
obtenir, entre elle et le globe de l'œil, un léger écartement, on laisse glisser
dans celui-ci le disque, qu'on en a approché, porté à l'extrémité d'une
spatule ou d'une cuiller à café. On l'y maintient ensuite un instant, avec
l'extrémité du petit doigt, et en l'y poussant légèrement, s'il y a lieu.
» Sans doute, on est naturellement porté à croire, lorsqu'on n'en a pas
l'expérience, que la présence d'un pareil corps dans l'œil devrait incom-
moder beaucoup : il n'en est absolument rien, et c'est à ce point que, dans
l'état normal du moins, on peut le conserver plusieurs jours sans s'en
apercevoir (i).
» Je me sers parfois, concurremment avec le corps lisse interorbitaire,
de terre à foulon réduite en poudre, terre que les indigènes connaissent
sous le nom de t'efel, et qu'ils emploient dans leurs bains en guise de savon.
Ce seul moyen suffit même pour remplir le but dans les cas peu graves,
c'est-à-dire dans ceux où les douleurs sont modérées, et où les granula-
tions, par conséquent, sont peu considérables, peu développées. Pour s'en
servir, après avoir porté la tête du malade en arrière, on écarte les pau-
pières avec le pouce et l'index de la main gauche, en même temps que, de
la main droite, on laisse tomber, dans leur écartement, une pincée de la
poudre dont nous parlons. Quant à son mode d'action, la terre à foulon
appliquée sur la peau, la rend douce et lisse, et il est permis de supposer
qu'il se passe quelque chose de semblable dans son application sur la
conjonctive.
» Sans nul doute, c'est de la terre à foulon, dont les gisements ne sont
pas rares dans le nord de l'Afrique, que veut parler Edrisi, auteur arabe
du xiie siècle, dans sa description de Tadjrin :
» Il y a dans ce pays, dit Edrisi, une montagne du nom de Macoun (a),
(i) Il m'est souvent arrivé, pendant mon séjour aux Antilles, d'oublier, en quelque sorte,
sous mes paupières , où je les avais introduits , des opercules de la nature de ceux men-
tionnés plus haut.
(2) Il existe d'assez nombreux gisements de terre à foulon dans le nord de l'Afrique, sur-
4o..
( 3o8 )
» dont la couleur est d'un gris tirant sur le blanc, et. qui contient des veines
» d'une espèce de terre douce, qu'on applique avec succès à la cure des
» ophthalmies. » {Géographie d'EDRisi ; traduction, page 1 19.)
A cette Note en est jointe une autre relative à un calcaire que M. Guyon
a trouvé dans les environs des Portes-de-Fer (Biban) , et qu'il soupçonne
être le marbre nwnidique des Anciens. Il reconnaît, d'ailleurs, que ce
gisement est fort loin des lieux que Pline a indiqués comme fournissant le
marbre en question. Un échantillon de cette roche accompagne la Lettre de
M. Guyon.
physique. — Expériences sur les réactions réciproques de l'électricité
statique et de l'électricité dynamique, et sur leurs effets à l'égard des
aimants; par M. du Moncfx.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Becquerel, Despretz, Morin.)
M. Picard soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour
titre : Recherches sur la cause du phénomène des marées.
M. Faye est invité à prendre connaissance de ce travail, et à faire savoir
à l'Académie s'il est de nature à devenir l'objet d'un Bapport.
CORRESPONDANCE.
astronomie. — Découverte d'une nouvelle planète dans la soirée du
11 août. (Lettre de M. Hixd à M. Arago.)
« J'ai l'honneur de vous annoncer la découverte que j'ai faite hier soir,
11 août, à iih3om temps moyen, d'une nouvelle planète. Son apparence
est celle d'une étoile de cf grandeur; sa lumière est jaunâtre.
» Voici les positions observées :
Temps moyen Dist. pol . nord
de Greenwich. M aPP- aPP*
Août 22 IIh35m39s 22h22m29%74 97°32'l4", 1
12.27. £6 27,88 25, 2
Mouvement moyen diurne en m = — 53* En dist. pol . nord = -+- 5'
» Oserais-je vous prier, Monsieur, de vouloir bien communiquer à l'Aca-
démie des Sciences cette nouvelle découverte. »
tout dans le Maroc , d'où se retire toute la terre à foulon employée dans les bains des villes du
littoral et de l'intérieur de l'Algérie. Cependant, il en existe un gisement considérable dans
les Ziban, et qui pourrait en fournir toute l'Algérie. La terre à foulon des Ziban est en
même temps plus pure que celle du Maroc; elle conviendrait donc mieux, sous ce rapport,
pour l'usage dont nous parlons. Voir l'échantillon qui accompagne ma communication.
(3og)
astronomie. — Ephémérides de la seconde comète de i85i. (Extrait d'une
Lettre de M. A.-C. Petersen, communiquée par M. Faje.)
« M. Sonntag a calculé des éléments d'après les observations de Berlin,
juillet 29, août 7, et d'Altona, août 16, que j'ajoute avec une petite éphé-
méride de la même comète, calculée d'après ces éléments.
» Je remarque encore que les éléments de cette comète ont une petite
ressemblance avec les éléments de la deuxième comète de 1793, mais les
différences dans l'inclinaison et la distance du périhélie sont peut-être un
peu trop fortes pour l'identité.
Èphèméride de la comète pour 12 heures, temps moyen de Berlin.
1832.
jR^*
DÊCL. ^«
LOG A
1852.
2K^«
s m*
LOG A
Août 28
27°. 54', 8
4-36.3o,3
g,83i2
Sept. 21
37°49',3
-i-73.40,2
9,8o55
29
28. 12,3
37.59,4
22
38. 39,6
75. 2,8
3o
28.29,9
3g-29>9
23
39.36,7
76.23,6
3i
28.47,7
41. 1,6
24
4o.43,5
77.42,6
Sept. 1
29. 5,8
42.34,4
9,8.45
25
42. 1,7
78.59,6
9,8168
2
3
29.24,1
29.42,6
44- 8,!
45.42,6
4
3o. i,5
47.18,0
Eléments de la comète.
5
3o.2o,8
48.54,0
9,8025
6
3o 4°) 5
5o . 3o , 4
T i852 oct. 1 1,35920 teraffs moy. de Berl. i
7
3i. 0,6
52. 7,0
, ° / ' / " ,
8
9
3i .21 ,4
31.42,8
53.43,6
55 . 20 , 1
9>7957
7T = 42-47- 4»9 1 ^
rs d/c // 0 1 Eq. moy. de août 1.
0,= 346.44.30,9 )
10
32. 4,8
56.56,4
i = 41.39.36,7
1 1
32.27.7
58.32,4
log q = O, I0l5642
12
32. 5t ,4
60. 7,9
direct.
i3
33.i6,3
6i 42,7
9>7942
Pour l'observation d'août 7
«4
33.42,4
63. 16,6
//
i5
34 • 1 0 , 1
64.49,6
(C — 0) A longit. — — 3i,8
16
34.39,7
66.21 ,5
A latit. =4- i,3
»7
35. 1 1 ,4
67.52,2
9>7977
18
35.45,6
49.21,5
■9
36.22,9
70.49,3
20
37. 4,0
72 i5,6
( 3io )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'alcool butylique; par M. Adolphe Wurtz.
« Tous les chimistes qui ont rectifié de l'huile de pommes de terre savent
que ce liquide entre en ébullition à une température bien inférieure à 1 3o de-
grés. Quand le thermomètre a atteint i3o degrés, une partie considérable
du liquide a déjà passé à la distillation.
» Le produit distillé forme ordinairement deux couches, une inférieure
aqueuse, et une couche supérieure qui renferme, indépendamment d'une
certaine quantité d'alcool amylique entraîné, de l'alcool ordinaire, et,
comme je m'en suis assuré, de l'alcool butylique. Ces alcools possèdent des
points d'ébullition différents; on peut donc les séparer par la méthode des
distillations fractionnées. Pour abréger ces opérations fort longues, comme
chacun sait, je me sers d'un petit tube à boules qui surmonte le ballon dans
lequel je fais la distillation et qui permet aux vapeurs des liquides les moins
volatils de se condenser et de retomber dans le ballon. Je décrirai ce petit
appareil dans mon Mémoire.
» Quand on fait cette distillation, on remarque que le thermomètre se
maintient longtemps stationnaire entre 108 et 1 18 degrés. J'ai recueilli sépa-
rément le liquide qui passe entre ces limites de température, et, pour me
débarrasser des éthers composés qui pouvaient s'y trouver, je l'ai fait bouillir
pendant quarante-huit heures avec de la potasse caustique.
» Après de nouvelles distillations, j'ai recueilli à part ce qui passait vers
112 degrés. C'était de l'alcool butylique, comme le font voir les analyses
suivantes :
I. o8r,3o5 de matière ont donné o6r,^22 d'acide carbonique et oer,382 d'eau.
II. o8r,248 de matière ont donné ogr,3o25 d'eau et oBr,5865 d'acide carbonique.
» Ces analyses donnent en centièmes :
i. u.
Carbone 64,55 64,49
Hydrogène ' 13,87 '3,53
Oxygène. ....... » »
» La formule C8 Ht0 Oa exige :
Carbone 64,86
Hydrogène 1 3,5 1
Oxygène 21, 63
100,00
( 3n )
a L'alcool butylique ainsi préparé est un liquide incolore, fortement
réfringent, moins dense que l'eau. Son odeur rappelle celle de l'alcool
amylique ; seulement elle est moins désagréable et plus vineuse.
» La potasse fondante le transforme en acide butyrique, en dégageant
de l'hydrogène pur. Le perchlorure de phosphore le transforme en éther
butylchlorhydrique .
» Lorsqu'on le mélange avec son volume d'acide sulfurique concentré,
en ayant soin que la température ne s'élève pas, le liquide se colore à peine,
•et, au bout de vingt-quatre heures, on peut le mélanger avec de l'eau sans
qu'il se sépare une couche huileuse. Si l'on sature ce liquide avec du car-
bonate de potasse, et qu'on évapore à siccité au bain-marie, on obtient un
mélange de sulfate de potasse et de sulfobutylate de potasse. Il est facile
d'extraire ce dernier sel par l'alcool absolu et bouillant, qui le laisse dé-
poser par le refroidissement sous la forme de lamelles brillantes. Ces cris-
taux, qui, après la dessiccation, possèdent un éclat nacré et sont gras au
toucher, ne renferment pas d'eau de cristallisation. Leur composition se
représente par la formule
" C.H°oH0';
comme le démontrent les analyses suivantes :
I. o,r,4o65 de matière ont donné 08%37o d'acide carbonique et ogr, 182 d'eau.
II. o8r,55i ont laissé, après la calcination au rouge dans un creuset de platine ouvert ,
oBr,2455 de sulfate neutre de potasse.
H
» Ces nombres donnent en centièmes :
Expériences.
- — ï - ■ Théorie.
Carbone 24,82 » C8 ■' 24,97
Hydrogène 4,94 » H9 4,68
Oxygène » » O »
Acide sulfurique. . . » » 2 SO3 ... »
Potasse <> 24,11 KO 24,55
» Le sulfobutylate de potasse a été distillé au bain d'huile avec du cya-
nate de potasse. Il a passé dans le récipient un liquide renfermant un
mélange d'éther butylcyanique et d'éther butylcyanurique. Ce mélange,
décomposé par la potasse, a fourni un produit de distillation ammoniacal
qui renfermait la butylamine. Après avoir saturé par l'acide chlorhydrique,
( 3.a )
on a obtenu du chlorhydrate de butylamine, avec lequel on a formé un
sel double de platine.
» Le chlorhydrate double de butylamine et de platine forme de belles
paillettes d'un jaune doré solubles dans l'alcool absolu et renfermant 35, o
pour ioo de platine.
» La formule
C8HMAz, HC1, PtCP
exige 35,3 pour 100 de platine.
» La réaction que je viens de décrire, en nous donnant le moyen de pré-
parer une grande quantité de butylamine, permettra de décider si cette
base et la pétinine de M. Anderson sont véritablement identiques, ou si
elles sont isomériques. La pétinine pourrait, en effet, être identique avec la
biéthylamine de M. Hofmann :
C8H"Az = H >Az = Jc'HMAz.
( H ) ( H )
Butylamine. Biéthylamine.
» On voit que, par l'ensemble de ses propriétés, le liquide que j'ai trouvé
dans l'huile de pommes de terre est caractérisé de la manière la plus nette et
vient se ranger dans la série des alcools. Dès que j'en aurai obtenu une
quantité suffisante à l'état de pureté, je vérifierai si, de même que l'alcool
amylique, l'alcool butylique possède la propriété de dévier le plan de pola-
risation. »
M. le Dr Royl, au nom de la Compagnie des Indes-Orientales de la Grande-
Bretagne, adresse, pour la bibliothèque de l'Institut, un exemplaire des
ouvrages posthumes du Dr Griffith, publiés à Calcutta par ordre de la
Compagnie.
Ces ouvrages sont déposés sur le bureau de l'Académie.
L'Académie des Sciences de Turin adresse le tome XII de ses Mémoires.
L'Académie royale des Sciences de Bavière remercie l'Académie pour
l'envoi d'une nouvelle série des Comptes rendus hebdomadaires de ses
séances.
M. Gaïetta adresse une Note sur les apparences lumineuses des comètes ,
apparences qui, dit-il, semblent produites, i° par des carbures hydrogénés;
■>.° par des vapeurs d'eau électrisées. «
( 3i3)
M. Brachet poursuit ses communications sur les instruments d'optique.
La séance est levée à 4 heures. F:
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du a3 août i85a, les ouvrages dont
voici les titres :
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; tome V;
n° 22 ; 20 août i852 ; in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , publié par M. le docteur
A. Martin-Lauzer ; n° 16; i5 août i852; in-8°.
Revue thérapeutique du Midi. Journal de Médecine, de Chirurgie et de Phar-
macie pratiques ; fondé par M. le professeur Fuster, et rédigé par MM. les
Drs Barbaste et Louis Saurel; n° i5; i5 août i852; in-8°.
Memoirs... Mémoires sur le système nerveux, lus à la Société royale de
Londres en i833 et 1837, et au Collège royal des médecins en i85o, i85i
et i85i; par M. Marshall Hall; i vol. in-4°.
Suggested... Projets de travaux à exécuter sur les rives de la Tamise. Lon-
dres, i852; broch. in-8°.
Monatsbericht. . . Comptes rendus des séances de l'Académie royale des
Sciences de Prusse; juin i852; in-8°.
Astronomische... Nouvelles astronomiques; n° 820.
La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° 17 ;
22 août i85a.
L Athenœum français. Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux-Arts; ire année; n° 8; samedi 21 août i852.
Gazette médicale de Paris; n° 34; 21 août i852.
Gazette des Hôpitaux; nos 97 à 99; mardi ai, jeudi 23 et samedi 2 5
août i852.
Moniteur agricole; 5e année; n° 33; jeudi 19 août i852.
La Lumière; 2e année ; n° 35 ; samedi 21 août i852.
L'Académie a reçu, dans la séance du 3o août i85a, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
2e semestre i852; n° 8; in-4°.
C. R. , i85a, a"* Semestre. (T. XXXV, N»9.) 4*
( 3i4 )
Institut national de France. Académie française. Séance publique annuelle
du jeudi ig \août i852, présidée par M. VlTET, Directeur. Paris, i85a;
in-4°.
Notice sur les systèmes de montagnes; par M. L. Élie de Beaumont.
Paris, i85a; 3 vol. in-18.
Eléments de pathologie médicale; par M. A. -P. Requin; tome III. Paris,
i852; i vol. in-8°. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Velpeau.)
Mémoires de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Nancy, pour l'an-
née i85o. Nancy, i85i; vol. in-8°.
Bulletin de l'Académie nationale de Médecine, rédigé sous la direction de
MM. F. Dubois (d'Amiens), secrétaire perpétuel, et Gibert, secrétaire
annuel; tome XVII; n° 22; 3i août i852; in-8°.
Bulletin de la Société de Géographie ; rédigé par M. DE La Roquette,
secrétaire général de la Commission centrale; avec la collaboration de
MM. V.-A. Malte-Brun, secrétaire-adjoint, Daussy, L.-Am. Sédillot, de
Froberville et CORTAMBERT; 4e série; tome III; n° 18; juin i852;
in-8°.
Académie des Sciences et Lettres de Montpellier. Extraits des procès-verbaux
des séances de la Section des Sciences, pendant l'année i85i-i852. Montpel-
lier, i85a; broch. in-8°.
Annales forestières ; 10e année; 25 août 1 852; in-8°.
Cosmos. Bévue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l' Industrie , fondée par M. B.-R. DE MONFORT,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; ire année; n° 18; 29 août i852; in-8°.
Becueil encyclopédique d'agriculture, publié par MM. Boitel et Londet,
de l'Institut national agronomique de Versailles; tome III; n° 3; 10 août
i85a; in-8°.
Bépertoire de Pharmacie, recueil pratique rédigé par M. BouCHARDAT;
août i852; in-8°.
Bévue médico-chirurgicale de Paris, sous la direction de M. Malgaigne;
août i852; in-8°.
Illustrationes plantarum orientalium ; par MM. le comte Jaubert et
Ed. Spach ; 36e livraison ; in-4°.
Memorie... Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Turin; 2e série;
tome XII. Turin, i852; in~4°.
Circa il modo... Sur la manière dont il faut considérer les phénomènes
capillaires relativement à la constitution dynamique des liquides; par M. B. Bizio.
Venise, i852; broch. in-8°.
(3i5)
Corrispondenza... Correspondance scientifique de Rome; 2 e année; n° 35;
ra août i852.
Ultimo... Dernier tiers des pronostics du temps pour l'année i852; pat
M. A. Bernardi; i de feuille in-8°.
On the... Sur les roches schisteuses du Sichon et sur l'origine des sources
minérales de Vichy; par M. R.-I. Murchison; broch. in-8°.
Posthumous... Papiers posthumes de feu W. Griffith, légués à la Compa-
gnie des Indes orientales et imprimés par l'ordre du Gouvernement du Bengale;
arrangés par M. Mac Cleixand. — Partie première: Développement des
organes dans les plantes phanérogames. Calcutta, 1 847 ; in-8°, avec atlas in-4°.
— Partie deuxième : Sur les plantes cryptogames supérieures. Calcutta, i84q;
in-8°, avec atlas in-4°- — Partie troisième : Plantes monocotylédones. Cal-
cutta, 1 85 1 ; in-8°, avec atlas in-4°. —Journaux de voyages dans l'Assam
le Barma, le Boutan, l'Afghanistan et les provinces voisines. Calcutta, 1847-
in-8°. — Notes itinéraires sur les plantes recueillies dans les montagnes du
Khasyah et du Boutan, dans l'Afghanistan et les contrées voisines. Calcutta
1848; in-8°. — Palms... Palmiers des Indes orientales britanniques. Calcutta
i85o; 1 vol. in-fol.
Ueber... Considérations sur le côté scientifique de l'activité pratique, suivies de
Notices biographiques sur les Académiciens Y. Reichenbach, V. Fraunhofer et
V. ROTH, discours prononcé au quatre-vingt-treizième anniversaire de la fonda-
lion de l'Académie des Sciences de Munich; parM. Fr.-V. Thiersch, Président
de l'Académie. Munich, i852; broch. in-4°.
L Athenœum français. Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux-Arts; ire année; n° 9 ; 28 août i852.
La Presse littéraire. Écho de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° 1 8 •
29 août i852.
Gazette médicale de Paris; n° 35; 28 août i852.
Gazette des Hôpitaux ; nos 100 à 102; 24, 26 et 28 août i852.
Moniteur agricole ; 5e année; n° 34; 26 août i852.
La Lumière; 2e année; n°36; 28 août i852.
(3i6)
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 6 SEPTEMBRE 1852.
PRÉSIDENCE DE M. P10BERT.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Lioiville entretient l'Académie de quelques points d'analyse concer-
nant les fonctions gamina de Legendre. Cette communication verbale est
résumée brièvement dans la Note suivante que M. Lion ville nous a re-
mise :
« J'appellerai d'abord l'attention de l'Académie sur une formule célèbre
qui porte- le nom de Sterling et qui a pour objet le calcul abrégé de la
somme des logarithmes de p — i nombres consécutifs, commençant à
l'unité, ou plus généralement le calcul abrégé du logarithme de la fonction
que Legendre désigne par T(p), p étant une quantité positive très-grande
qui peut ne pas être un entier. La série de Stirling, dans ses premiers termes,
tend d'abord très-rapidement vers la valeur demandée, mais elle devient
ensuite divergente; et de là naît une difficulté qui, dans ces derniers temps
surtout, a beaucoup occupé les géomètres. Je ne rappellerai pas les noms
très-connus de tous ceux qui ont. écrit sur ce sujet, et parmi lesquels figurent
deux de nos confrères, M. Binet et M. Cauchv. Je dirai seulement que
M. Binet [Journal de l'Ecole Polytechnique , XXVIIe cahier) a substitué à
la formule de Stirling une autre série toujours convergente, qui ne peut
donner lieu à aucune objection ; et que, d'un autre côté, on a levé très-
C. H. , i85a, ame Sr-mcstre. (T. XXXV, N° 10.) 42
(3.8)
heureusement, de la manière la plus directe, la difficulté indiquée, en
complétant par un reste la série de Stirling bornée à un nombre fini de
termes, et mieux encore, en prouvant que Y erreur commise en s' arrêtant à
un terme quelconque de cette série est plus petite que le terme suivant et
en a le signe.
» Ce dernier théorème, dont Legendre avait acquis pour ainsi dire le
sentiment par ses calculs numériques, est aujourd'hui bien démontré. Je
nommerai d'abord M. Raabe (tomes XXV et XXVII du Journal de
M. Crelle). Il est établi d'une manière très-simple et très-élégante dans un
Mémoire de M. Malmsteen, que je me plais à citer comme remarquable à
plus d'un titre (Journal de M. Crelle, tome XXXV). M. Cauchy l'a démontré
(Comptes rendus, tome XVII) en s'appuyant sur la formule
.iP) = f(^~\-l)
u.{ I i P~pt —
une de celles au moyen desquelles on exprime la quantité p.(p) qu'il faut
ajouter à ( p ] log/> — p ■+- - log (a 7;) pour avoir log r (p) , et que
M. Binet a réunies dans son Mémoire. Je ferai à mon tour remarquer ici
qu'on le déduit avec une merveilleuse facilité de la formule suivante :
^)=2X j^?— ;arctan^
5
P
que M. Binet a donnée aussi, et à laquelle on arrive aisément par diffé-
rents moyens.
» Après avoir écrit cette formule (Journal de l'Ecole Polytechnique,
xxviie cahier, page 241), M. Binet ajoute ce qui suit :
« D'autres formes se seraient offertes d'elles-mêmes, si l'on avait rem-
» placé d'abord t par pt ; mais nous ne nous en occuperons pas en ce
» moment, où nous voulons faire remarquer que si l'on développait selon
t t t*
» les puissances de t la fonction arc tang- = ^— -+- ..., et si l'on pro-
» cédait ensuite aux intégrations définies, on verrait se présenter les
» nombres de Bernoulli, comme coefficients des puissances réciproques
» impaires de p : ils tiendraient lieu des intégrales définies d'après fexpres-
» sion (68). La formule divergente qui en résulterait serait précisément
» celle que Stirling a formée pour la sommation des logarithmes des nom-
» bres naturels. Mais, pour arriver à ce résultat, on aurait fait concourir
( 3.9 )
» à une intégration la suite arc tang- que nous venons d'écrire; cette in-
» tégration étant exécutée, i° de t = o à t = p, fournira une partie exacte,
» car alors la suite g— - H- ... n'est pas encore divergente; a° l'inté-
» gration depuis t = p à t = oo , emploiera la même suite qui, devenue
» divergente, et inexacte entre ces limites, fait naître une autre suite diver-
» gente comme elle. »
» Ces remarques sont justes. Mais à présent nous ajoutons que, quelle
que soit la valeur de t entre p et oo , comme entre o et p, la série dans
laquelle on développe arc tang - est toujours telle, que l'erreur commise, en
s'arrêtant à un terme, est de signe contraire au signe de ce terme, et alter-
nativement positive ou négative, par suite toujours moindre que le terme
suivant. C'est ce que l'on voit par la formule
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Çx x*"+2dx
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h « + **
rxx,n+'dx
'o ' -+• *'
~,2n+3
I -+- x'
qui, intégrée, donne
X3
arc tang x = x — •=■ + ~ —
où l'erreur
est toujours du signe du terme
qui suit celui auquel on s'arrête, et est visiblement plus petite que ce terme,
auquel l'intégrale se réduirait si l'on ôtait le dénominateur i-h x2. Comme
le facteur qui, dans la formule
^^Jo ^ZTarctan^'
multiplie arc tang- sous le signe / > est essentiellement positif, il est bien
clair que la propriété signalée pour le développement de arc tang - appar-
tiendra aussi au développement de p(p) et à la série de Stirling.
» L'analyse précédente donne, en outre, pour la valeur exacte du reste
4a..
( 3ao )
de celte série une expression en intégrale double d'un usage très-commode.
» Ces quelques lignes me semblent compléter naturellement le beau
Mémoire de notre savant confrère, où l'on trouvera ainsi la double solution
qu'on pouvait demander : la substitution d'une formule convergente à la
série divergente de Stirling , et la discussion directe de cette série prise en
elle-même.
» J'ai obtenu, au surplus, à l'aide de procédés qu'il serait trop long
d'exposer ici, diverses formules nouvelles d'où l'on pourrait conclure
également les propriétés de la fonction jx(/>).
» Cette fonction, ou plutôt la fonction T (p), a été le sujet principal de
mes leçons au collège de France dans le dernier semestre de l'année cou-
rante. J'ai présenté en particulier à mes auditeurs l'analyse du Mémoire de
M. Malmsteen, dont il a été question plus haut, et dont je crois avoir sim-
plifié quelques détails. J'ai pris pour point de départ la définition des fonc-
tions T (p) donnée par M. Gauss, à savoir, que T(p) est la limite vers laquelle
tend, pour m grandissant à l'infini, la formule
„ , . 12.3.. .m ,m?~s
T (p, m)
p(p + i)...(p+m—i)
» Cette définition, qui permet à la variable p d'être indifféremment
positive ou négative, réelle ou imaginaire, conduit de la manière la plus
simple aux propriétés fondamentales des fonctions T, c'est-à-dire aux
équations connues
• r(p + i) = pr(P), r(P)r(i-p)= "
et
smpv
r(/>)T lp + L\...T(p + m-Tl = (air) «3 T[np)
n — I
dont la seconde écrite ainsi, .
T{p)Y{-p)
psmpn
montre comment le cas où la variable p est négative ou à partie réelle né-
gative se ramène à celui où p est positive ou à partie réelle positive. Ceci
est souvent utile, car la formule de Stirling même, complétée par' un reste,
et cette formule curieuse de Gudermann,
f;-(/,) = 2[(/5 + '" + ^),°g(i +
(l-lfci )
où m = o, i, 2,..., et beaucoup d'autres formules encore s'étendent aisé-
ment au cas de p imaginaire à partie réelle positive, mais non pas à partie
réelle négative.
» J'ai cité en passant la formule de Gudermann, dont j'ai donné dans
mes leçons deux démonstrations différentes, pour avoir une occasion
d'avertir qu'il n'y a rien de fondé dans la crainte que Gudermann exprime
(vaguement, il est vrai), que sa formule ne soit en contradiction avec celle
de Stirling. Loin de là, on tire assez facilement de la formule de Guder-
mann la série de Stirling et une expression du reste qui la complète.
» L'exponentielle mp~\ qui entre dans l'expression de Y {p, m), montre
quelles sont les combinaisons des fonctions T (p) dont on doit espérer les
plus belles propriétés. Ce sont celles où l'exponentielle disparaît. Telle est
la combinaison si connue
r (/> + ?)'
telle est aussi la combinaison
quand on y suppose
r (ap + b)...T{aip+bi)
T(a'p + b')...r(a't +wry
«t
et en particulier la combinaison
r(p)T(ap)...r(<z>->p),
où a est une racine imaginaire de l'unité, en sorte que a.' = i, et dont
l'étude présente beaucoup d'intérêt. Quand on prend pour a une racine
cubique de i , on a
et le produit tp [p) placé au second membre, analogue à celui dont dépen-
dent les sinus ou les différences d'exponentielles, mais d'un ordre supé-
rieur, puisque les diviseurs sont des cubes et non plus des carrés, s'obtient
de suite, en quantités trigonométriques et exponentielles, par son expres-
sion en T, quand pest un entier positif: quand p est entier négatif, un des
facteurs du produit s'évanouit ; mais ce facteur supprimé, le produit des
facteurs restants se calcule aussi sans peine.
» Il y a d'autres produits semblables qui se rattachent à celui-là, et qui
( 3a2 )
donnent lieu à des équations du genre de celles qui fournissent sin np ou
cos np par sin/) et cosp. Soit par exemple
8/>3\ / 8/>3\ / 8/>3\
et vous aurez
<p(ap) = 8?{p)ty{p).
Mais je réserve ces développements et d'autres encore pour la publication
de mes leçons. »
M. Augustin Cauchy rappelle, à l'occasion de cette communication , le
Mémoire présenté par lui sur le même sujet, dans la séance du 28 août 1 843.
M. Augustin Cauchy présente la suite de ses Nouvelles recherches re-
latives à l'intégration des équations aux dérivées partielles, sous des condi-
tions données.
MÉMOIRES LUS.
économie rurale. — Observations sur la maladie de la vigne faites en
Piémont, en Italie et dans la France méridionale ; par M. Guérin-
Méneville. (Extrait.)
(Commissaires pour la maladie de la vigne, MM. Duméril, Magendie,
Milne Edwards, Decaisne.)
« Le rapide examen que j'ai fait pendant mon voyage, dans des localités
très-diverses, d'un grand nombre de vignobles atteints de la maladie, m'a
montré que, comme je l'ai déjà dit, ce n'est pas quand le raisin est envahi
par le cryptogame que l'on peut espérer d'arriver à connaître la cause de
la maladie, mais plutôt en la cherchant à des époques diverses, peut-être
au commencement de l'année, dans les racines, dans les liquides de la
plante. Tous les faits que j'ai observés pendant mon voyage me portent, en
effet, à penser qu'il y a une cause profonde de désorganisation dans les
vignes, comme dans les pommes de terre, comme chez les vers à soie, dans
les pays où cet insecte est élevé en grand. Cette cause paraît être un défaut
d'équilibre dans les fonctions, soit qu'il y ait excès de vitalité, ou mouvement
vital trop rapide, soit qu'il y ait défaut de vitalité, atonie, affaiblissement
excessif. Peut-être ces deux causes amènent-elles des résultats semblables,
( 323 )
une maladie dont la terminaison est cryptogamique sous certaines condi-
tions. Je me bornerai à ces préliminaires, qui m'ont été suggérés pendant
une sorte d'inspection faite à une époque où la seule chose possible était
de constater les dégâts causés par le mal, et j'arriverai de suite à l'exposé des
faits que j'ai pu observer cette année.
» D'abord en Italie, comme en France, il est très-remarquable que l'on
s'accorde presque généralement à dire que le mal sévit principalement sur
les plus belles vignes, sur celles qui sont abritées, plantées dans de bons
terrains, et que les vignes de treilles, placées contre les maisons, dans les
cours et dans les jardins, celles enfin qui sont dans les meilleures conditions
de vigueur, puisqu'elles participent même souvent aux arrosages et reçoivent
une abondante fumure, sont le plus attaquées. J'ai constaté les mêmes
faits à Nice, autour de Marseille et dans le département des Basses-Alpes.
Chez M. Eugène Robert, à Sainte-Tulle, j'ai vu la maladie commencer par
de magnifiques vignes de treille placées dans son jardin , longtemps avant
qu'elle apparût dans les champs, puis se montrer sur les fortes vignes
cultivées dans la plaine de Manosque, dans des terrains très-féconds formés
par des alluvions de la Durance. Un fait digne de remarque, et qu'il est
bon de noter, c'est que plusieurs vignes du jardin de M. E. Robert, de
Sainte-Tulle, que l'on avait oublié de tailler, et qui s'étant couvertes de
verdure ont quelques belles grappes, se trouvent complètement exemptes
de la maladie, quoique se trouvant à côté de celles qui en sont le plus
infectées. Il est à remarquer aussi que toutes les vignes sauvages qui rem-
plissent les haies bordant les- vignobles infectés ne montrent aucune trace
de la maladie. J'ai bien vu quelques exceptions, quelques vignes plantées
dans des terrains maigres et élevés m'ont montré la maladie; mais ces cas
se sont produits rarement, tandis que les cas de maladie des vignes vigou-
reuses sont en immense majorité.
» A Sainte-Tulle, où j'ai pu donner un peu plus de temps à ces observa-
tions, j'ai reconnu la maladie dans des vignes dont les raisins ne montraient
encore aucune trace d'Oïdium. Ces vignes avaient sur leurs ceps de l'année,
sur les beaux sarments verts qui portaient de magnifiques grappes, des ta-
ches rousses et noirâtres, formées par des séries longitudinales de petits
points, de sortes de petits boutons indiquant une altération de sève qui sem-
ble avoir lieu dans les vaisseaux de la plante. Ayant étudié et dessiné les
traces extérieures de ces altérations, et ayant suivi jour par jour le déve-
loppement de ces taches, j'ai bientôt reconnu qu'elles précédaient de quel-
ques jours l'apparition de l'Oïdium sur les raisins. J'ai montré ces faits à
( M )
M. E. Robert et à quelques cultivateurs de Sainte-Tulle et de Manosque;
j'ai répété mes observations sur des vignes plus ou moins tardives, et je
pouvais prédire l'apparition de la maladie; et, au grand étonnement des
paysans, leur annoncer que leurs raisins auraient le blanc dans quelques
jours, quand je voyais les ceps verts et très-vigoureux porter de ces séries
de taches noirâtres rangées longitudinalement et suivant le trajet des vais-
seaux. A ce caractère des taches aux sarments, il s'en ajoutait toujours un
autre; c'est que ces sarments étaient beaucoup plus cassants que ceux des
vignes non atteintes de la maladie.
» Un entomologiste distingué, M. Lefébure de Cérisy, ancien ingénieur
de la marine, aujourd'hui retiré à Toulon, a fait des observations analogues
à sa campagne de Montrieux sur de magnifiques vignes de son jardin. Il a
vu, de son côté, ces taches brunes et noires sur les sarments, leur arran-
gement en lignes longitudinales et leur coïncidence constante avec l'enva-
hissement des raisins par Y Oïdium.
» De ces faits, quoiqu'ils soient encore à peine entrevus, ne pourrait-on
pas déjà conclure que le cryptogame qui couvre les raisins pourrait bien
n'être que la conséquence d'une maladie de la vigne, d'une maladie qui
sévit le plus souvent sur les vignes les plus vigoureuses, d'une maladie que
l'on pourrait appeler inflammation provenant d'un excès de vitalité.'
» S'il en est réellement ainsi, si des observations bien faites viennent
confirmer ce que je crois avoir entrevu, il est permis d'espérer que Ion
pourra peut-être trouver un moyen de s'opposer aux désastreux effets de
cette maladie, sans attendre patiemment qu'elle se soit éteinte d'elle-même,
comme cela a heureusement lieu dans toutes les épidémies, en cherchant a
rétablir l'équilibre des fonctions vitales de la vigne. Déjà, des faits très-
curieux et très-importants viennent appuyer cette iJée et montrer qu'il se-
rait possible que je fusse dans la bonne voie. En effet, la saignée de la vigne,
conseillée par un agriculteur piémontais pour arrêter les effets du mal, sa
taille à une époque différente de celle où on la pratique ordinairement, à
une époque où la sève est en mouvement et où cette opération occasionne
une perte plus ou moins grande de ce fluide nourricier de la plante, et jus-
qu'à la pratique qui consiste à cultiver les vignes en les déchaussant et en
enlevant une portion du chevelu de leurs racines, tous ces procédés, que
l'on pourrait appeler débilitants, viennent s'accorder avec l'idée d'un excès
de vitalité.
» Tout le monde. a lu la Lettre du jardinier ou du fermier du comte
Borromée. publiée dans tous les journaux, et dans laquelle cet agriculteur
( 325 )
signale les bons résultats qu'il a obtenus en Piémont en pratiquant une
saignée à ses vignes; aussi, je ne m'arrêterai pas sur ce fait qui devrait être
le sujet d'expériences très-sérieuses l'année prochaine.
» Quant à la taille de la vigne à une époque tardive, elle me paraît méri-
ter toute l'attention des agriculteurs. Cette année, j'ai appris qu'un simple
paysan, nommé Tessier, propriétaire-cultivateur à Trémoulat, commune
de Valence (Drôme), désespéré d'avoir encore perdu sa récolte l'année
dernière et voulant tenter un essai, s'est décidé à ne tailler une partie de
sa vigne que cinq semaines après l'autre, à l'époque où les bourgeons
commençaient à enfler. Cette vigne a d'abord perdu une assez grande
quantité de sève : elle a pleuré, comme on dit dans le Midi; mais elle n'a
pas tardé à végéter comme l'autre, elle n'a pas été atteinte par Y Oïdium,
tandis que tout le reste et tous les vignobles des environs en sont presque
complètement envahis. A mon retour, j'ai appris que la taille tardive avait
donné des résultats semblables près de Paris.
» Enfin, je dois encore citer un autre fait qui viendrait aussi à l'appui de
l'idée que j'ai émise plus haut. M. Castera, dégustateur juré de la ville de
Paris, très-connu par ses travaux sur l'œnologie, m'a appris qu'on avait
obtenu d'excellents résultats dans le Médoc, au château de Polycard, com-
mune de Blanfort, en déchaussant les vignes à quelques centimètres de
profondeur, en coupant tout le chevelu superficiel des racines et en ne les
recouvrant que quelques semaines après »
tératologie. — Mémoire sur un chat iléadelphe à tête monstrueuse;
par M. Camille Dabeste. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Duméril, Geoffroy-Saint-Hilaire, Rayer.)
« L'animal qui fait le sujet de ce Mémoire m'a présenté les caractères
d'un genre de monstruosité double, établi, par Geoffroy-Saint-Hilaire, sous
le nom d' Iléadelphie (i), mais dont l'existence était restée douteuse. En
effet, le monstre double, à l'occasion duquel Geoffroy-Saint-Hilaire avait
établi ce nouveau genre, appartenait, comme M. Isidore Geoffroy-Saint-
Hilaire en a fait la remarque depuis longtemps (a), à un groupe différent,
la Mélomélie.
(i) Geoffroy-Saint-Hilaire, Mémoire sur un enfant quadrupède né et vivant à Paris;
monstruosité déterminée sous le nom générique d'iléadelphe. (Mémoire de l'Académie des
Sciences, tome XI, page 435. — Voir aussi Comptes rendus, tome XI, page 3go; année 1840.)
(2) Traité de Tératologie, tome III, pages 146 et 280.
C. K., iS5a, am« Semestre, f T. XXXV , N» 10. ) 4 3
( 3a6)
» Au contraire, le chat que j'ai eu occasion d'observer présente d'une ma-
nière très-exacte les caractères de l'iléadelphie, c'est-à-dire d'une monstruo-
sité double qui consiste dans l'existence de deux arrière-trains terminant
un corps parfaitement simple d'ailleurs. J'ai constaté, de plus, un caractère
qui n'avait point été signalé dans la définition théorique du genre Iléadel-
phe : l'existence d'un anus unique, situé au-dessous de la bifurcation de la
colonne vertébrale, à l'extrémité de la région lombaire, et n'ayant par con-
séquent aucune relation avec les régions pelviennes du monstre.
» Ces caractères, que j'ai constatés sur l'animal soumis à mon observation,
se retrouvent chez un chien que Regnault a représenté dans son recueil téra-
tologique sous le nom de chien à trois croupes, et dont la figure a été repro-
duite par Gurlt sous le nom de cormotridjmus (i). Ce chien, figuré comme
un monstre triple, est évidemment un iléadelphe, comme l'a déjà indiqué
M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire (2). L'existence d'un anus unique situé
entre les deux arrière-trains du monstre , circonstance qui est très-évidente
sur la figure donnée par Regnault, confirme cette manière de voir.
» Les deux arrière-trains du monstre soumis à mon observation sont
d'ailleurs parfaitement conformés, à cela près que la cuisse droite prove-
nant du bassin gauche, et la cuisse gauche provenant du bassin droit, sont
unies ensemble par les parties molles. Les autres segments du membre sont
distincts.
» Le tronc est parfaitement simple et régulier.
» Le crâne et la région cervicale sont largement ouverts en haut et en
arrière, et présentent les anomalies qui ont été décrites par M. Vincent
Portai, chez les sujets affectés de dérencéphalie(3). La partie postérieure de
la voûte du crâne n'existe point, et les os qui la composent sont rejetés sur
les côtés; toutefois je n'ai pu retrouver les occipitaux supérieurs et les in-
terpariétaux. La colonne vertébrale présente à sa région cervicale une fis-
sure produite par l'écartement des lames des vertèbres, et continuant en
arrière l'ouverture du crâne. Je n'ai trouvé, dans cette région, aucune trace
de l'encéphale ni de la moelle épinière.
(1) Regnault, Écarts de la nature, PI. IX. — Guult, Lekrbuch der patologischen Ana-
tomie der Haussâugethiere , partie II, page 201; PL IX, fig. 3.
(2) Traité de Tératologie, tome III, page 335.
(3) Vincent Portal, Description de plusieurs monstres humains anencéphales , classés et
déterminés sous le nom de- dérencéphales. [Annales des Sciences naturelles, ire série,
tome XIII, page 233.)
( 3*7 )
» Jusqu'à présent les monstruosités dérencéphaliques, et même, d'une
manière plus générale, toutes les monstruosités caractérisées par le dépla-
cement de l'encéphale, sa transformation en une masse vasculaire, ou son
absence, n'avaient été signalées, d'une manière authentique, que dans l'es-
pèce humaine.
» Il existe à gauche de la mâchoire inférieure, une petite mâchoire sur-
numéraire, dans une direction parallèle à celle de la mâchoire inférieure
normale; cette mâchoire surnuméraire, bien que déformée, est cepen-
dant parfaitement reconnaissable à ces bords garnis de germes den-
taires, et aux trous qui servent pour le passage des nerfs. Cette mâchoire
surnuméraire est attachée au maxillaire supérieur et à l'intermaxillaire par
deux pièces osseuses que je n'ai pu déterminer. La présence de cette partie
surnuméraire constitue le caractère et démontre l'existence d'un genre de
monstruosités qui figure dans la classification tératologique de M. Is.
Geoffroy (i), avec un point de doute, sous le nom de Paragnathie.
» La partie supérieure de la face présente un bec-de-lièvre. Les os inter-
maxillaires sont séparés des maxillaires et entraînés à gauche et en bas ; les
maxillaires supérieurs et les palatins ne se réunissent point sur la ligne mé-
diane.
» Le mauvais état de conservation du monstre ne m'a point permis
d'étudier la disposition de ses parties molles, et j'ai dû me borner à l'étude
du squelette. Mais, bien que ces observations soient malheureusement in-
complètes, elles me paraissent cependant mettre en éviflence les faits sui-
vants :
» i°. L'iléadelphie et la paragnathie doivent figurer dans la classifica-
tion tératologique, comme genres parfaitement établis;
» i°. L'existence d'un anus unique est probablement l'un des caractères
du genre Iléadelphe.
» r>°. L'existence de la dérencéphalie, en dehors de l'espèce humaine,
est un fait constaté. »
(i) Traité de Tératologie, tome III, page 258, et Comptes rendus de l'Académi»,
tome XXXII, séance du io février i85i.
43.
( 328 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
chimie ORGANIQUE. — Note sur l'acide camphométhylique ;
par M. A. Loir.
(Commissaires nommés pour le Mémoire de M. Pasteur: MM. Biot,
Dumas, Senarmont.)
» J'ai suivi, pour obtenir l'acide camphométhylique, dont l'existence
n'était pas encore connue, le procédé indiqué par M. Malaguti pour pré-
parer l'acide camphovinique, en substituant seulement l'alcool méthylique
à l'alcool du vin.
» Cet acide se présente tantôt sous la forme d'aiguilles longues de plu-
sieurs centimètres, rayonnant autour d'un centre, tantôt sous celle de pe-
tites lames hexagonales ou quadrilatères. Mis en dissolution dans l'éther, il
donne, par une évaporation très-lente, des cristaux isolés assez gros, très-
nets, dont la forme est un prisme droit à base rhombe ; les faces latérales
formant l'angle aigu sont modifiées tangentiellement; chaque arête des
sommets est modifiée par une facette. Les lames quadrilatères qui se dépo-
sent par une évaporation rapide de la solution éthérée, en sont une modi-
fication hémiédrique ; à chaque extrémité, deux des facettes placées en croix
se sont développées de manière à se couper deux à deux. Ces lames offrent
un clivage parallèje à l'axe du prisme et perpendiculaire à la modification
tangentielle; alors elles reproduisent les lames hexagonales.
» L'acide camphométhylique dissous dans l'alcool, l'éther, le chloro-
forme, agit sur la lumière polarisée; il dévie à droite le plan de polarisation.
Le pouvoir rotatoire moléculaire de cet acide dissous dans l'alcool à o,5 de-
grés, pour les rayons jaunes, est de 5i°,4 sous une épaisseur de 100 milli-
mètres.
» Cet acide possède la corrélation des propriétés, pouvoir rotatoire et
hémiédrie non superposable ; c'est donc un exemple de plus à ajouter
aux nombreux exemples indiqués par M. Pasteur.
* » L'acide camphométhylique cristallise avec une très-grande facilité de
ses solutions alcooliques, éthérées, chloroformiques ; il est peu soluble dans
l'eau : sa dissolution alcoolique rougit fortement le tournesol. Il fond à la
température de 68 degrés. A une température plus élevée, il donne de
l'acide camphorique anhydre, un liquide visqueux et un faible résidu de
charbon.
( 3*9 )
» Lorsque l'on chauffe les cristaux bien secs de cet acide avec une disso-
lution de potasse, on trouve que les produits de la distillation reçus dans un
mélange réfrigérant présentent les propriétés de l'esprit-de-bois (odeur,
inflammabilité, etc.); il reste dans la cornue du caniphorate de potasse.
» Les cristaux de cet acide, placés sous une cloche au-dessus de l'acide
sulfurique, ne perdent pas de leur poids.
» La composition en centièmes est :
Expérience.
Calcul ( C" H" 0S).
C = 61,37
6l ,60
H= 8,48
8,41
0= 3o,i5
29>99
100,00
100,00
chimie appliquée. — Réclamation de priorité adressée par M. Ed Robin
à l'occasion d'une communication récente de M. Blandet sur la conser-
vation du sang liquide au moyen du chlorure de baryte. (Extrait. )
(Commissaires nommés pour le Mémoire de M. Blandet : MM. Velpeau,
Pelouze. )
« Une Note adressée à l'Académie le 1 février 1 85 1 montre qu'à cette
époque j'avais découvert le pouvoir conservateur des sels solubles de ba-
ryte, celui du chlorure de barium en particulier, et que j'avais appliqué ce
chlorure à la conservation du lait, du sang et de la chair musculaire. Je
savais nécessairement qu'il maintient liquides le sang, le lait et les dissolu-
tions albumineuses, puisque leur conservation ne saurait être obtenue sans
qu'on reconnaisse le fait de la liquidité; il existe d'ailleurs une règle faisant
prévoir ces sortes de faits. J'ai donc sur ce point complètement la priorité
à l'égard de M. Blandet; mon point de départ est d'ailleurs aussi tout
différent du sien. Les propriétés physiologiques et toxiques des sels de baryte
étant telles, qu'on est réduit à expliquer leur pouvoir par une action sur
le système nerveux; et nombre de faits m'ayant montré que ces actions
prétendues sur le système nerveux proviennent toujours d'une modification
sur le sang qui, dans les cas dont il s'agit, consiste en un ralentissement
de combustion ; j'avais conclu que les sels de baryte devaient être protec-
teurs des matières animales contre la combustion lente, et mes expériences
avaient pour but de vérifier l'exactitude de l'induction.
» Qu'il me soit permis, à cette occasion, de faire remarquer que le chlo-
roforme de M. Augendre, de Constantinople; le mélange de sulfite et
( 33o )
d'hyposulfite de zinc que M. Sucquet emploie, et qui lui a valu une récom-
pense de l'Académie ; l'éther sulfurique, dont M. Orfila vient tout fraî-
chement de signaler le pouvoir protecteur contre la combustion lente
( Toxicologie, tome II, page 694), et le chlorure de barium de M. Blan-
det; c'est-à-dire les seuls agents de conservation présentés comme nou-
veaux depuis mes premières communications à l'Académie, sont pris dans
la nombreuse série de ceux que j'ai antérieurement signalés, dont j'ai
constaté expérimentalement le pouvoir conservateur, et, à l'exception du
chlorure de barium, dont j'ai publié les propriétés dans plusieurs jour-
naux.
» Les effets physiologiques du café, sa composition après la torréfaction,
m'ont fait penser qu'il devait être protecteur des matières animales contre
la combustion lente, et dès lors antiputride. Ce fait, que j'ai eu l'hon-
neur de communiquer, il y a plusieurs mois, est plus remarquable que
je n'aurais pu le présumer. De la chair immergée dans du café non sucré,
mais un peu fort, préalablement refroidi, abandonné à l'air pendant trois
jours et agité, se conserve sans altération appréciable depuis le mois de
novembre 1 85 1 . Elle a pris l'aspect de la viande cuite et n'a jamais ré-
pandu aucune odeur. La ligueur s'est décolorée, mais a gardé une odeur
aromatique très-agréable. Une autre moitié de la même chair, mise dans la
même quantité de la même eau bouillie, refroidie, abandonnée à l'air puis
agitée pendant le même temps, a pris de l'odeur au bout de dix jours, et se
trouvait putride au bout de trois semaines. Ce moyen permettra-t-il de con-
server la chair cuite d'une manière profitable pour l'économie domestique?
C'est une question que d'autres occupations m'ont empêché de résoudre
jusqu'ici »
médecine. — addition à un Mémoire ayant pour titre: Recherches ayant
pour but d'administrer aux malades dont l'estomac ne digère point, des
aliments tout digérés par le suc gastrique des animaux; par M. Luciex
CORVISART.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Magendie, Pelouze,
Andral, Rayer.)
« Avant de faire connaître en détail la suite de mes recherches sur les
autres aliments simples et composés, et les applications de ces connaissances
à l'homme malade, je demanderai la permission à l'Académie de lui exposer,
par cette Note, le but de mon travail, et les principales données sur les-
quelles il s'appuie.
( 33. )
» J'admets comme incontestable :
» i°. Que les aliments, et spécialement, certains aliments, subissent dans
l'estomac une élaboration ; a° que le suc gastrique est l'agent de cette élabo-
ration digestive; 3° que les aliments subissent les mêmes modifications,
soit que le suc gastrique agisse dans la cavité stomacale, soit qu'il agisse
dans des vases , toutes circonstances d'expérimentation, égales d'ailleurs ;
4° que l'ouverture permanente causée par une balle à l'estomac du Cana-
dien qu'observa M. de Beaumont, et celles que pratiquèrent ensuite les
physiologistes sur les animaux, permirent de constater, d'une manière
irrécusable, que la digestion, chez les animaux dont l'organisation est voi-
sine de celle de l'homme, se passait avec les mêmes phénomènes que chez
ce dernier, et donnait les mêmes résultats ; 5° qu'il est facile d'obtenir des
quantités considérables de suc gastrique pris, i° soit dans l'estomac d'ani-
maux abattus, par exemple dans la caillette des veaux, des bœufs, des ani-
maux de boucherie; i° soit, et mieux encore, sur des animaux vivants,
pourvus d'ouverture stomacale permanente, car on peut, chaque jour, s'en
procurer ainsi de grandes quantités ; l'espèce de ces animaux peut, au reste,
presque varier à volonté.
» Or il est des malades nombreux dont l'estomac, par un vice de sécré-
tion, n'est plus apte à faire subir aux aliments les modifications nécessaires
à l'entretien de la vie. Les nourrir en se passant, pour ainsi dire, de leur
estomac, est possible, en donnant à ces malades, suivant les cas :
» i°. Soit du suc gastrique en nature aux repas ;
» i°. Soit du suc gastrique desséché et réduit en poudre (il redevient
actif en se redissolvant.
» Dans chacun de ces cas, on peut donner le suc digestif soit directe-
ment, soit par l'intermédiaire de quelque véhicule ou support, pourvu ou
non soit de saveur, soit d'odeur .
» 3°. On peut encore humecter et saupoudrer les aliments de ce suc
gastrique, dans des conditions aptes à lui conserver ses propriétés ;
» 4°- Bans les cas les plus difficiles, on peut opérer dans des vases la
digestion artificielle des aliments, et ne les administrer que tout digérés par
le suc gastrique, sous la forme de bouillons, pâtes, gelées, etc.
» L'économie n'a plus qu'à absorber et à assimiler ces matériaux ; l'acte
digestif est rempli. Chacun sait que le suc gastrique liquide n'a rien de
désagréable dans sa couleur, sa transparence, son odeur ou sa saveur.
La poudre n'a aucune action bien sensible sur le palais. Les aliments
(332 )
azotés, digérés, pourront recevoir, comme les viandes cuites, toutes sortes
de saveurs par les procédés culinaires. »
mécanique appliquée. — Nouvelles observations concernant l'emploi du
bateau sous-marin et la nécessité dépurer l'air quand on travaille dans
une eau stagnante. (Extrait d'une Note de M. Payeuse.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Magendie, Duperrey,
Regnault.)
« Le bateau plongeur dont j'ai eu précédemment l'honneur d'entretenir
l'Académie vient d'être agrandi. Sa chambre de travail, qui n'avait sur le
fond que im,20 de surface découverte, a maintenant 11 mètres. Le vo-
lume de cette chambre, déduction faite de l'eau qu'on y introduit comme
lest volant, a été porté de 7 à 35 mètres. L'équipage, qui n'était composé
que de deux travailleurs utiles et de deux auxiliaires pour la manœuvre du
bateau, comprend aujourd'hui huit travailleurs utiles et deux auxiliaires.
Chacun des dix ouvriers actuels a quatre fois plus d'espace en volume que
n'en avaient les précédents, et dispose d'une surface découverte double.
» C'est le 2 3 août dernier que nous avons repris, dans la passe Chante-
revne, les travaux d'approfondissement, suspendus depuis un an pour
donner à notre appareil l'agrandissement dont il avait besoin. Nous avions
de nouveau prescrit l'usage de l'appareil épurateur de l'air respiré, et
l'avions fait remettre en bon état. Mais notre contre-maître, plus expert en
mécanique qu'en physiologie, négligea de s'en munir pendant les premières
immersions. Il pensait, nous a-t-il dit tardivement, qu'on pouvait bien se
dispenser de purifier l'air, puisque chaque homme en avait quatre fois plus
qu'avant la refonte du bateau. L'expérience sembla lui donner raison le 23
et le 24; mais il n'en fut pas ainsi le 25. Les premiers jours, on opérait en
plein courant de flot ou de jusant, et le troisième à la fin de l'un et au
commencement de l'autre, c'est-à-dire au moment où le courant est nul,
ou peu sensible. D'un autre côté, le 25 se trouvait jour de mortes eaux. De
ce concours de circonstances, il est arrivé ce qu'il était facile de prévoir :
une indisposition générale (céphalalgie susorbitaire) a gagné l'équipage et
l'a forcé à mettre fin à l'immersion plus tôt qu'il n'avait l'intention de le
faire. Depuis ce contre-temps, l'appareil épurateur a repris, dans le bateau,
son rôle qu'il n'abdiquera désormais qu'en faveur d'un courant moins
problématique que ne l'était celui du 25 août dernier.
» De ces faits, et d'autres précédemment communiqués à l'Académie,
( 333 ) . : '
découle, d'une part, la preuve que, en éliminant l'acide carbonique expiré,
200 litres d'air suffisent par heure à la respiration d'un homme, tandis que,
sans élimination, 800 litres ne suffisent point. »
ÉCONOMIE rurale. — Avantages de la taille tardive pour prévenir
la maladie de la vigne.
M. Jos. Roussel , vigneron à Joyeuse, département de l'Ardèche,
annonce avoir constaté que de deux portions d'une même vigne taillées,
l'une au mois de décembre, l'autre au mois d'avril, la dernière a été exempte
d?. la maladie, tandis que la première en a été atteinte. Il a vu les mêmes
heureux effets se produire sur une autre vigne dont la taille avait été pré-
coce, mais chez laquelle des incisions pratiquées à dessein, à une époque
postérieure, et quand la sève était déjà en mouvement, avaient amené un
écoulement assez considérable de ce liquide.
Cette Note est renvoyée à l'examen de la Commission ci-dessus désignée
pour le Mémoire de M. Guérin-Méneville.
physique. — Expériences sur les relations réciproques de deux courants
voltaïques existant simultanément dans le même circuit. — Note sur la
manière différente dont s'exerce l'induction parles courants magnétique
ou voltaique, suivant que les corps métalliques qui en subissent l'effet
présentent ou ne présentent pas d'éléments continus de surf aces opposées
piopres au développement de l'électricité statique; par M., du Moxcel.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée, à laquelle M. Pouillet
est prié de s'adjoindre. )
M. Augustin Cauchy présente, au nom de M. de Polignac, une addi-
tion aux recherches du même auteur sur les nombres premiers.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Cauchy, Liouville, Lamé.)
M. Tourasse soumet au jugement de l'Académie la description et la
figure d'un appareil qu'il désigne sous le nom de locomotive de montagnes.
(Commissaires, MM. Poncelet, Morin, Séguier.)
M. Delasiauve, en présentant au concours pour les prix de Médecine
et de Chirurgie divers opuscules sur la médecine mentale {voir au Bulletin
C. R. , i85a, am« Semestre. (T. XXXV, N° 10.) 44
( 334)
bibliographique), adresse, conformément à une décision de l'Académie con-
cernant les pièces admises à ce concours, une indication des points qu'il
considère comme neufs dans ces diverses publications.
(Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. )
CORRESPONDANCE.
astronomie. — Découverte d'une comète dans la constellation des
Gémeaux. (Lettre du P. Secchi à M. Arago.)
« J'ai l'honneur de vous annoncer que ce matin, -i6 août i85a, j'ai dé-
couvertune petite comète dans la constellation des Gémeaux. A. 3h 3om temps
moyen civil, elle précédait de 4 secondes environ une petite étoile {s') de
g-ioe grandeur, et à 3h32m elle la couvrait exactement par son centre, de
sorte qu'on n'apercevait l'existence de la comète que parce que l'étoile
paraissait enveloppée d'une légère nébulosité. Après une demi-heure, la
comète ne se projetait plus sur l'étoile, et nous avons fait quelques compa-
raisons entre les deux ; mais, à cause de la lumière croissante du crépus-
cule , la comète était très-faible, et ces dernières observations sont peu
sûres.
.. Avec trois comparaisons faites à l'aide du micromètre circulaire au
télescope de Cauchoix, en prenant pour terme de comparaison l'étoile 14637
de Lalande H. C, j'ai déterminé la position suivante de l'étoile (*') :
m ( s ' ) = Lalande -f- 5m 43% 6 ; décl .(*') = Lalande -I- 5' 20" ,
ce qui servira à reconnaître l'étoile.
» En prenant pour position de la comète celle de l'étoile à l'instant de
l'occultation centrale, on trouverait :
Temps moyen
de Rome.
1 85a. Août. a5> 15*52», ai*^=7b29m3is4, S*m — +2i048'3'j".
Le mouvement horaire approché résultant de l'observation serait : en
JR. = ■+- 1 a9; en décl. — 1 15" (un peu incertain, elle tend vers le Sud).
» Les meilleures des dernières observations donnent :
25août. i6hi4™5" a *« = (*')-+- 3»,85; £*« = (*') — 42"-
» Je ne saurais vous dire si cette comète est nouvelle ou bien encore une
portion de la comète de Biela, qui se divisa au commencement de 1 846. La
différence entre la position de l'éphéméride est très-grande, et l'on ne sau-
rait l'expliquer sans l'une des deux hypothèses. »
(335 )
M. J. Camracéres demande et obtient l'autorisation de reprendre un
Mémoire sur Y application des acides gras à l'éclairage, Mémoire sur lequel
il n'a pas encore été fait de Rapport, et qu'il se propose de soumettre de
nouveau à l'Académie, après y avoir fait entrer les résultats de recherches
ultérieures.
M. Arnaud demande et obtient l'autorisation de reprendre des Tables
de multiplication et de division précédemment présentées par lui, et sur les-
quelles il n'a pas été fait de Rapport.
M. Girard adresse quelques remarques sur des insectes qu'il a trouvés
en observant des pommes de terre malades.
M. Legros, en adressant divers opuscules sur la photographie (voir au
Bulletin bibliographique), prie l'Académie de vouloir bien se prononcer
sur l'efficacité de ses procédés.
Une Commission, composée de MM. Chevreul, Becquerel, Regnault, exa-
minera les produits que M. Legros sera invité à présenter.
M. le Secrétaire perpétuel, après avoir présenté divers paquets cachetés
dont le dépôt est accepté, annonce qu'en vertu d'une décision récente de
l'Académie, les pièces de cette nature, tout en continuant à être inscrites sur
le procès-verbal de la séance, ne figureront plus dans les Comptes rendus.
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures. F.
44-
( 336 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 6 septembre i85a, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de i Académie des Sciences;
2e semestre i85a ; n° 9; in-4°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées, ou Recueil mensuel de
Mémoires sur les diverses parties des Mathématiques; publié par M. JOSEPH
Liouville; juin i85a; in-4°.
Sur l'état de l'électricité statique et de l'électricité dynamique, pendant
plusieurs averses observées à Bruxelles, le i4 juin i85a; par M. A. QuÉTELET;
broch. in-8°. (Extrait du tome XIX , n° 7, des Bulletins de l'Académie royale
de Belgique.)
Sur l'électricité de l'air, d'après les observations de Munich et de Bruxelles;
Lettre de M. Quételet à M. Lamont, directeur de l'observatoire de
Munich; broch. in-8°. (Extrait du n° 8 des mêmes Bulletins.)
Tableaux de population , de culture, de commerce et de navigation , formant ,
pour l'année 1849, la suite des tableaux insérés dans les Notices statistiques sur
les colonies françaises. Paris, i85a; in-8°.
Manuel de la jeune mère, ou Conseils aux jeunes femmes sur les soins que
demandent, en toute occasion, leur santé et celle de leurs enfants en bas âge, etc. ;
par Madame veuve Messager. Paris, i852; 1 vol. in-ia.
Photographie. Traité nouveau théorique et pratique des procédés et mani-
pulations sur papier sec, humide, et sur verre au collodion, à l'albumine; par
M. Gustave Le Gray. Paris; in -8°.
Photographie perfectionnée sur papier, pour opérer avec la plus grande faci-
lité. Photographie sur verre; par M. Legros. Paris; broch. in-8°.
Photographie sur collodion; par le même. Paris ; broch. in-8°.
Daguerrèotypie. Photographie sur plaqué; par le même. Paris; broch.
in-8°.
( 337 )
Des progrès des machines locomotives et de leur influence sur les conditions
de l'établissement des chemins de fer; par M. C. Couche. Paris, i85a;
broch. in-8°. (Extrait des Annales des Mines, 5e série; tome I; i852.)
Traité et description d'instruments aratoires, inventés par M. Moysen.
Paris-Londres, i85i; broch. in-8°.
Lettres sur la rage humaine; par M. le Dr Bellanger. Bar-le-Duc, i85a ;
broch. in-8°. (MM. Velpeau et Rayek sont invités à prendre connaissance
de cette publication.)
Notice historique sur la découverte de la soude artificielle, par Leblanc et
DizÉ, lue à la Société de Pharmacie , dans sa séance du 4 août i85a, par
M. Félix Boudet. Paris, i852; broch. in-8°. (Présenté, au nom de l'auteur,
par M. Bussy.)
Du diagnostic différentiel de la lypemanie; par M. Delasiauve. — Dia-
gnostic du delirium tremens ou stupeur ébrieuse; par le même. — D'une forme
grave de delirium tremens; par le même. — D'une forme mal décrite de
délire consécutif à l'épilepsie; par le même. — Lettre de M. le Dr Delasiauve
à M. le rédacteur du Journal l'Observation, en réponse au dernier article de
M. BouRDlN sur le suicide; i vol. in-8°. (Adressé pour le concours Montyon,
Médecine et Chirurgie.)
De l'enseignement médical en Toscane et en France; par M. le Dr Prosper
de Pietra Santa. Paris, i85a; broch. in-8°.
Article de M. Amédée Latour, Extrait de l'Union médicale du 10 août
i85a, sur l'ouvrage de M. le Dr Pros. de Pietra Santa, intitulé: De l'ensei-
gnement médical en Toscane et en France; broch. in-8°.
Observation d'éclampsie; par M. le Dr P. de Pietra Santa (Article de
M. G. RiCHELOT, extrait de l'Union médicale du 10 août i85a); bro-
chure in- 8°.
Enseignement médical en France et en Toscane. Réponse du Dr P. DE Pietra
Santa, médecin adjoint à Mazas, à M. le Dr Dechambre, rédacteur de la
Gazette médicale de Paris. Réflexions de ce dernier. Paris, i85a; bro-
chure in -8°.
Les trois règnes de la nature . — Règne animal. — Histoire naturelle des oiseaux,
( 338 )
classés méthodiquement, avec l'indication de leurs mœurs et de leurs rapports
avec les arts, le commerce et l'agriculture; par M. Emm. Le MaOUT; 18e
à 20e livraisons; in-8°.
Rapport général des travaux de la Société des Sciences médicales de l'arron-
dissement de Gannat pendant l'année i85i-52, présenté dans ta séance du
1 juin i85a; par M. le Dr Trapenard, Secrétaire de la Société; 6e année.
Gannat, i85a; broch. in-8°.
Annales de la propagation de la Foi; septembre i852; in-8°.
Annales de ta Société entomologique de France; ie série; tome X;
ime trimestre i852; in-8°.
Annales de la Société d' Horticulture de Paris et centrale de France; août
r852; in-8°.
Bibliothèque universelle de Genève; août i852; in-8°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. DE Monfort,
et rédigée par M. l'abbé Moigno; ire année; n° 18; 5 septembre [85a;
in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie, de Toxicologie; et revue
des nouvelles scientifiques nationales et étrangères; par les Membres de ta Société
de Chimie médicale; septembre i85a; in-8°.
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; tomeV;
n° a 3 ; 5 septembre i85a ; in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , publié par M. le docteur
A. Martin-Lauzer ; n° 17; Ier septembre i85a; in-8°.
V Agriculteur-praticien. Revue d'agriculture , de jardinage et d'économie ru-
rale et domestique, sous la direction de MM. F. Malepeyre, Gustave Heuzé
et Bossus; septembre i85a; in-8°.
Le Magasin pittoresque; septembre i85a; in-8°.
Moniteur de la propriété et de l'agriculture; août i85a; in-8°.
Revue thérapeutique du Midi. Journal de Médecine, de Chirurgie et de Phar-
macie pratiques; fondé par M. le professeur FuSTER, et rédigé par MM. les
Drs Barraste et Louis Saurel; n° 16; 3o août i85a ; in-8°.
( 339)
Rapporte. Rapport fait à l'académie médico-chirurgicale de Gènes, par
la Commission quelle avait chargée de lui rendre compte des opérations du
congrès sanitaire international, réuni à Paris en i85i. Gênes, i85a; bro-
chure in-8°.
Mémorial de Ingenieros . . . Mémorial des Ingénieurs; 7e année; n° 7;
juillet i85a; in-8°.
On the... Sur la signification de l'expression de système Silurien employée
par les géologues des différents pays, dans les dix dernières années; par
sir R.-J. Murchison. Londres, i85a; broch. in-8°.
Die inokulation... L'Inoculation considérée comme moyen prophylactique de
la phthisie des bêtes à cornes; par M. J.-M.-J. DE Saive. Cologne, i852;
broch. in-8°.
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques; n° 821 .
L A thenœum français. Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux- Arts; n° 10; 4 septembre i85a.
La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° 19;
5 septembre i85a.
Gazette médicale de Paris; n° 36; 4 septembre i85a.
Gazette des Hôpitaux; nos io3 à io5; 3i août, 1 et 4 septembre i85a.
L Abeille médicale ; n° 17; ier septembre i85a.
Moniteur agricole; 5e année; n° 35; 1 septembre i852.
La Lumière; 2e année; n° 37 ; 4 septembre i85a.
( 34o )
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 13 SEPTEMBRE 1852.
PRÉSIDENCE DE M. RAÏER.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Augustin Cauchy présente à l'Académie de Nouvelles recherches ou
les principes établis dans les Mémoires précédents sont particulièrement
appliqués à la théorie des calorifères cylindriques.
MÉMOIRES LUS.
ORGANOGÉNIE. — Sur le développement des animaux vertébrés;
par M. Rejmak.
(Commissaires, MM. Flourens, Serres, Coste.)
* Si l'on considère le rôle que les parties de l'œuf des animaux verté-
brés jouent dans les phases de leur développement, on peut établir deux
catégories distinctes : ceux que nous désignerons sous le nom de Méro-
blastiques , c'est-à-dire ceux dont l'embryon se forme d'une partie de l'œuf
seulement, et ceux que nous désignerons sous le nom de Holoblastiques ,
c'est-à-dire ceux dont l'œuf entier se segmente pour se convertir en em-
bryon. La première catégorie aurait son type dans l'œuf des oiseaux, la se-
conde dans l'œuf des batraciens.
G R., 1 852, a™« Semestre. (T. XXXV, N° 11.) 45
( 34a )
» Le germe de l'œuf des oiseaux est, comme on sait, aplati, et, ainsi que
Wolff l'avait déjà découvert il y a un siècle, il forme le tube alimentaire et
les parois du corps de l'embryon en se repliant par en bas. Pander avait
distingué trois feuillets : le séreux, le vasculaire et le muqueux. Baer y re-
connut les mêmes éléments. Reichert n'acceptait pas cette distinction ; mais.
de son côté, il a démontré, ce que Baer avait déjà indiqué, savoir que le
feuillet moyen (le vasculaire) se sépare en deux couches, dont la supérieure
participe à la formation du système nommé animal, l'inférieure à celle du
système nommé végétatif.
» D'après mes observations, déjà publiées dans mon ouvrage d'embryo-
génie (Untersuchungen ùber die Entwickelung der PVirbelthiere ; Berlin ,
i85o et i85i), il y a en effet trois feuillets dans le blastoderme de l'oiseau ,
mais ils ont une autre signification que celle qu'on leur avait attribuée
jusqu'à présent.
» Le feuillet supérieur serait, selon nous, le feuillet sensoriel, parce qu'il
sert à la formation des organes des sens et de leurs centres nerveux; c'est,
en effet, de l'axe de ce feuillet que se forme le tube médullaire, c'est-à-dire
les rudiments de la moelle épinière et du cerveau, et c'est du cerveau que
pousse la vésicule ophthalmique, qui devient plus tard le nerf optique, la
rétine et la choroïde. La lentille pour l'œil et le labyrinthe pour l'oreille se
détachent, sous forme de vésicules utriculeuses observées déjà par Huschke,
de la partie périphérique du feuillet supérieur. Cette partie envoie aussi des
prolongements utriculeux dans le feuillet moyen, pour former les cavités de
l'olfaction et de la dégustation, et les tapisser d'une couche celluleuse
épithéliale. Le reste de la partie périphérique du feuillet supérieur, que je
nomme feuillet corné, revêt les organes du tact, en donnant aussi les plumes
chez les oiseaux, les poils et les glandes cutanées chez les mammifères. Le
feuillet supérieur, servant à former les organes des sens et leurs centres
nerveux, semble donc mériter le nom de sensoriel que nous lui avons
donné.
» Le feuillet moyen serait, selon nous, le feuillet motoriel, parce que sa
destination et sa propriété spéciales, qui manquent aux autres feuillets,
c'est de fournir les muscles, tant volontaires qu'involontaires. La partie de
ce feuillet correspondant à l'axe cérébro-spinal contient les rudiments de la
colonne vertébrale et des côtes. Les vertèbres primitives donnent d'abord
naissance à de grands ganglions et aux nerfs spinaux, ensuite aux muscles
et aux os du rachis et aux parois costales. Les deux lames latérales (abdo-
minales de Wolff) contigués à l'axe cérébro-spinal se séparent en effet eh
( 343 )
deux couches : la couche supérieure, se réunissant avec les produits des ver-
tèbres primitives et avec le feuillet corné , forme les parois thoraciques et
abdominales ainsi que les membres; la couche inférieure (la lame intesti-
nale) sert surtout à former la couche musculeuse du tube alimentaire; c'est
elle qui engendre les rudiments du cœur et des vaisseaux primitifs, de là son
nom de feuillet vasculaire. Au moyen des lames médianes ou mésentériques,
d'où sortent aussi les organes génitaux, elle passe dans la couche supé-
rieure ou animale. La cavité formée par la séparation des lames latérales est
la cavité séreuse ou pleuropéritonéale. Du feuillet moyen on voit sortir
encore, outre les nerfs spinaux, les quatre groupes ou systèmes de nerfs
viscéraux dont j'ai déjà entretenu l'Académie, et qui se trouvent décrits
dans mon ouvrage sur les nerts intestinaux. (Berlin , 1847)
» Le feuillet inférieur, enfin, nous semble mériter le nom de trophique
ou nutritif. Il sert surtout à former, dans le canal alimentaire, la couche
celluleuse épithéliale dépourvue des nerfs et des vaisseaux, comme Reichert
l'avait déjà signalé, tandis que les parois externes et musculeuses provien-
nent de la lame intestinale, c'est-à-dire du feuillet moyen. D'après nous, le
feuillet inférieur, que nous appelons encore glandulaire , enverrait aussi des
prolongements utriculeux pour former le parenchyme celluleux du foie,
du pancréas, des reins et des petites glandes intestinales, ainsi que l'épithé-
lium des poumons. De la partie pharyngienne de ce feuillet se détachent
aussi la glande thyroïde et le thymus. Les enveloppes de toutes ces glandes,
dès qu'elles sont pourvues de vaisseaux et de nerfs, proviennent de la couche
externe du tube alimentaire.
» Le plan de développement esquissé plus haut pour l'oeuf des oiseaux
se trouve être le même chez les reptiles, les mammifères et même les batra-
ciens. Chez ces derniers, on peut distinguer aussi les trois feuillets, dont
l'inférieur seulement n'offre pas la forme aplatie, à cause de la forme ronde
du germe, c'est-à-dire de l'œuf. Ce n'est pas ici le lieu de descendre dans
les détails qui confirmeraient l'analogie de développement chez les batra-
ciens et les oiseaux. Nous ne mentionnerons qu'un fait relatif à la forma-
tion primitive de la cavité du canal alimentaire. D'après Rusconi, Baer et
Reichert, cette cavité devrait se former par un vide dans l'intérieur de l'œuf;
mais, d'après les recherches que je communique pour la première fois en
ce moment, il y a aussi une analogie surprenante à cet égard entre l'œuf
des batraciens et celui des oiseaux. L'œuf de la grenouille se replie aussi
par en bas ', comme le germe aplati des oiseaux ; la surface inférieure de
l'œuf de la grenouille devient ainsi la face interne de la cavité du tube ali-
45..
( 344 )
mentaire. Pour faciliter l'intelligence de ces métamorphoses étonnantes, il
ne me paraît pas hors de propos de mettre sous les yeux de l'Académie les
modèles que j'ai fait exécuter ici dans les ateliers de Thibert. »
L'auteur place sous les yeux de l'Académie les modèles en grand des états
successifs que présente, par suite de ces changements, l'œuf de le gre-
nouille, états dont chacun correspond à quelque apparence déjà signalée
par les zoologistes, mais entre lesquels on n'avait pas fait de rapproche-
ments, et dont, par suite, on n'avait pu donner l'interprétation.
physique appliquée. — Expériences sur l'appareil de ventilation d'été,
construit par M. Duvoir- Leblanc, pour la salle des séances de l'acadé-
mie des Sciences à l'Institut; par M. V. Ciieroxnet.
(Renvoyé à l'examen de la Commission nommée pour s'occuper des ques-
tions relatives au chauffage et à la ventilation de la salle des séances. )
« Cet appareil est composé de deux parties, dont l'une déjà connue
(Note présentée le a6 avril i85a) sert à l'appel ou à l'évacuation de l'air
renfermé dans la salle, et dont l'autre, entièrement nouvelle, est destinée à
refroidir l'air introduit pour remplacer celui que l'on extrait.
» L'appel est fait par un conduit d'une assez grande section, mais très-
court, qui réunit la grande cheminée d'évacuation et la salle. La chemi-
née contient deux tuyaux, dont l'un est constamment parcouru par de
l'eau chaude, et dont l'autre sert à la sortie des gaz et de la fumée pro-
duits par le feu du fourneau. Ces deux tuyaux entretiennent dans la che-
minée une chaleur moyenne qui varie de 36 à 4o degrés.
» L'air introduit dans la salle est pris sur le toit, et passe, avant d'entrer
dans un conduit qui doit le mener à l'appareil de refroidissement, sous un
auvent en maçonnerie légère, dont le but est de produire une ombre assez
étendue pour que l'air qui la traverse y perde déjà une partie de la cha-
leur qui lui vient de son passage au soleil.
» De l'auvent, l'air passe dans le conduit d'introduction qui se divise en
deux parties; chacune d'elles contient un grand réservoir en tôle à section
elliptique, dont les axes ont im,25 et om,8o, et dont la hauteur est égale
à 4m>5o.
» Ces réservoirs, complètement fermés et pleins d'eau, à la température
d'environ 12 degrés, sont traversés de haut en bas par cent vingt tuyaux
de om,o4o de diamètre, ouverts aux deux extrémités.
» Chacun de ces tuyaux et leur enveloppe générale, ou le réservoir, sont
( 345 )
percés d'un grand nombre de trous extrêmement petits qui laissent suinter
une certaine quantité d'eau, de telle sorte que la paroi intérieure des tuyaux
et celle inférieure de l'enveloppe sont toujours mouillées.
» Cette eau perdue est remplacée constamment par celle d'un puits que
lui envoie une pompe alimentaire.
» L'air d'introduction qui vient du conduit, après être passé sous l'au-
vent, est forcé, avant d'entrer dans la salle, de traverser les tuyaux des ré-
servoirs où il perd une partie de sa chaleur; ainsi refroidi, il pénètre dans
la salle par une grande grille placée à fleur du sol et par une foule de pe-
tits orifices pratiqués sur le couvercle d'un conduit ménagé dans le plan-
cher, commençant sous les réservoirs, et s'étendant sous toutes les tables.
» Quatre expériences ont été faites pendant les séances des 9, 16 et a3
août, et 6 septembre.
» Le tableau suivant donne les résidtats de ces quatre expériences :
DATES
des expériences.
TEMPÉRATURES
VOLUME
d'air extrait
de la salle en
une heure.
NOMBRE
de personnes
présentes
à la séance.
OBSERVATIONS.
de l'air
extérieur.
de l'air
introduit.
moyennes
dans la salle.
if> Août
a3 Août
G Septembre.
0
23,5
32,0
26,0
31,0
0
l6,o
»
»
0
21 ,5
31,0
21,0
20,8
10282™ c
7855
6896
7452
100
Temps brumeux.
Temps pluvieux.
Temps beau et assez sec.
Temps pluvieux.
» Les températures extérieures ont été relevées sur un thermomètre placé
dans la cour et à l'ombre.
» Les températures intérieures sont la moyenne des observations faites
sur plusieurs thermomètres placés aux extrémités et au milieu de la salle.
» Un thermomètre suspendu sous la grande grille du fond a donné la
température de l'air d'introduction.
» Le nombre de personnes n'a pu être évalué qu'approximativement, et
n'a pas dépassé cent en moyenne.
» Enfin, l'anémomètre de M. Moriu, placé dans la grande cheminée
d'évacuation, aux deux tiers environ de sa hauteur, a servi à mesurer la
quantité d'air extraite.
» L'expérience anémométrique du 9 août n'a duré que quelques minutes,
tandis que les autres ont été prolongées pendant près d'une heure ; ce qui
peut expliquer la différence des résultats entre cette expérience et les autres.
( 346 )
» En prenant le nombre 7401 mètres cubes, moyenne des trois dernières
expériences, pour la quantité d'air extraite de la salle en une heure, on aura
une approximation assez exacte du débit d'air.
» D'après cela, en admettant que l'air extrait soit à la température
moyenne de 38 degrés à l'endroit de la cheminée où l'on a placé l'anémo-
mètre, et que la quantité d'air soit, par heure, 7401 mètres cubes, on aura,
pour le poids de cet air, 8356 kilogrammes.
» Et, en supposant que les poids d'air entrés et sortis soient égaux, ce
qui n'est pas absolument vrai, attendu qu'il en entre par les portes et les
fenêtres, on trouverait, pour le volume de l'air entré à 16 degrés, 6809 mè-
tres cubes en une heure.
» Un fait digne de remarque, et démontré par un grand nombre d'obser-
vations, c'est que, pour un passage de ao à 3o degrés dans la température
extérieure, l'air arrivant paraît rester à la température constante de 16 de-
grés au moment de son introduction dans la salle.
» Ce fait peut d'ailleurs s'expliquer, jusqu'à un certain point, en admet-
tant que la division extrême de l'air à son passage dans les réservoirs et la
longueur du chemin qu'il y parcourt, sont suffisantes pour qu'entre des
limites de ao et 3o degrés1 cet air y perde tout son excès de température
sur celle des réservoirs.
» D'un autre côté, dans la saison d'été, on peut admettre qu'une tempé-
rature de a5 à 3o degrés n'existe généralement que par un temps assez
beau et assez sec, tandis qu'une température de 20 à a5 degrés indiquerait,
au contraire, un temps humide et pluvieux ; de sorte que, dans le premier
cas, cet air sec, en traversant les réservoirs humides, y détermine une éva-
poration assez considérable qui tend à le refroidir davantage; et que dans
le second, cet air, étant déjà plus chargé de vapeurs d?eau, ne peut plus
produire une évaporation aussi considérable, et se refroidit, par conséquent,
beaucoup moins.
» Si nous cherchons à nous rendre compte des éléments de la question,
nous supposerons que, dans une salle quelconque où l'on a réuni un cer-
tain nombre de personnes, on vienne à introduire une certaine quantité d'air
par heure, cet air étant extrait ensuite à une autre température.
» Il est évident, dans ce cas, que dès qu'on aura obtenu un régime con-
stant entre l'introduction et l'extraction de l'air, on aura une relation qui
pourra s'exprimer ainsi :
» Le nombre d'unités de chaleur contenues dans le poids d'air sortant
sera égal au nombre d'unités de chaleur contenues dans le poids d'air intro-
(347)
duit, augmenté de la chaleur développée par les personnes présentes dans
la salle, et augmenté ou diminué de la chaleur transmise par les murs, en
vertu de la différence des températures entre l'extérieur et l'intérieur.
» Appelons
P le poids d'air introduit en une heure, poids qui sera sensiblement égal au
poids d'air extrait en une heure ;
a la capacité de l'air pour la chaleur rapportée à celle de l'eau ;
t la température de l'air au moment de l'extraction ;
t' la température de l'air au moment de l'introduction ;
N le nombre de personnes renfermées dans la salle $]
Q la quantité de chaleur développée par heure et par personne ;
K la chaleur transmise du dehors au dedans ou du dedans au dehors par-
les murs;
«t au moyen de ces notations , la relation énoncée deviendra
¥at = Pet*' + .NQ:fcK;
d'où
p^ WQ±K
et
NQ±K
t —
«P
» Ainsi donc, lorsque l'on se sera donné la différence entre les tempé-
ratures extérieure et intérieure, et qu'à l'aide de ces données on aura obtenu
le nombre R, soit par l'observation directe du phénomène de transmission
à travers les parois de la salle à ventiler, soit, à défaut d'autres moyens,
par les formules pratiques approximatives employées par les constructeurs,
on pourra très-facilement déterminer la quantité d'air à introduire si la
température à l'entrée est donnée, ou la température à l'entrée si la quan-
tité d'air à introduire est au contraire donnée.
» En appliquant ce calcul à la salle des séances de l'Académie des
Sciences, et en supposant la température extérieure égale à i5 degrés, et
celle intérieure à 21 degrés, ce qui produirait une différence de /j degrés;
l'air introduit étant à 16 degrés, et la salle renfermant environ cent per-
sonnes, on commencerait par déterminer le nombre que nous avons
désigné par K, qui est donné par la formule proposée par M. Péclet, dans
son Traité de la Chaleur :
(348)
dans laquelle l'auteur a représenté par S et S' les surfaces des murs expo-
sées à l'air libre et des verres, par t la différence entre les températures
extérieure et intérieure ; C étant pris ici pour la conductibilité de la matière,
K pour la transmission de sa surface, et e pour l'épaisseur de la muraille ;
et l'on trouverait enfin pour P = 685o kilogrammes, tandis que l'expérience
a donné 8556 kilogrammes.
» La comparaison de ces deux nombres permet de conclure que la
moyenne 8356 kilogrammes trouvée par l'expérience, est très-suffisante
pour produire le refroidissement que l'on s'est proposé, et pour assainir
complètement la salle.
» Dans les considérations qui précèdent, on a supposé, ainsi qu'on l'a
vu, de l'air introduit à une certaine température. Il est facile d'en faire
l'application au procédé de M. Duvoir; et l'on peut conclure de la descrip-
tion de son système, autant que des faits qui ressortent de l'expérience, que
ces appareils satisfont à toutes les conditions imposées par ces considé-
rations.
» Remarquons, d'ailleurs, qu'il pourrait devenir nuisible aux personnes
présentes d'introduire une trop grande quantité d'air à la fois, tandis qu'un
abaissement de quelques degrés dans la température de cet air serait pour
ainsi dire insensible.
» Cet abaissement de température de l'air introduit peut être facilement
produit dans des limites assez étendues dans le cas dont nous nous occu-
pons; car il suffit aujourd'hui à M. Duvoir d'envoyer de l'eau à 12 degrés
dans ses réservoirs, pour que l'air qui les traverse en sorte à 16 degrés,
donnant ainsi lieu à une différence de 4 degrés entre les températures
extérieure et intérieure, celle extérieure étant 25 ou 26 degrés. Un mélange
d'une certaine quantité de glace pourrait encore abaisser la température de
cette eau à 7 ou 8 degrés, et, par suite, celle de l'air d'introduction à 1 1 ou
12 degrés; ce qui produirait dans la salle un abaissement beaucoup plus
sensible au-dessous de la température extérieure.
» On peut donc conclure de ces expériences :
» i°. Que la quantité d'air extraite de la salle, en été et par une tempé-
rature extérieure égale à 25 degrés, est par heure égale à 7 4oi mètres cubes
à 38 degrés, ou à 6809 mètres cubes à 16 degrés, quantité supérieure à celle
qui ressort des considérations précédentes, et qui donne une garantie de la
fidèle exécution des conditions imposées à l'entrepreneur ;
» 20. Que l'air introduit à 20 ou 3o degrés dans les réservoirs rafraîchis-
sants, en sort à 16 degrés;
( 349)
» 3°. Qu'un mélange de glace pourrait abaisser la température de l'air
introduit à i r ou la degrés, au moment de son entrée dans la salle;
» 4°- Que> pour une température extérieure de a5 degrés, la température
moyenne de la salle ne s'élève pas au-dessus de 2 1 degrés lors des séances et
pendant que les appareils fonctionnent. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Arago, en présentant, au nom de l'auteur, M. Em. Liais, un
Mémoire ayant pour titre : Résultats des observations météorologiques
faites à Cherbourg pendant les années 1848, 1849, !85o et i85i, indique
quelques-unes des conséquences que l'auteur a déduites de ses recherches.
Cet important travail est renvoyé à l'examen d'une Commission composée
de MM. Arago, Pouillet et Babinet.
météorologie. — Description d'un orage , accompagné de circonstances
remarquables , qui a eu lieu à Cherbourg dans la nuit du 1 1 au 1a juil-
let 18 5a; par M. Em. Liais.
(Commission nommée pour le précédent Mémoire. )
« Le 1 1 juillet, la température a été à Cherbourg plus basse que le 10.
Le matin , le ciel était couvert d'un stratus brumeux. Les rayons du soleil
l'ont traversé dans la journée, mais l'air est resté brumeux sur la mer.
Dans l'après-midi, il y avait des cirrus et quelques cirro-cumulus. Le soir,
le ciel s'est de nouveau couvert d'un stratus brumeux semblable à celui
du matin, et il y avait une brume assez épaisse sur la mer. Parfois, on
voyait bien qu'il y avait des nuages au-dessus du stratus brumeux. A
9h 3om du soir, j'ai vu un éclair. Il s'est ensuite écoulé un temps assez long
sans nouveaux éclairs; mais à 10 heures, ils étaient très- fréquents, et il n'a
cessé d'éclairer toute la nuit. Il paraît que dès minuit et demi, on a en-
tendu des roulements éloignés de tonnerre, et il est tombé une ou deux
ondées. Mais c'est à a1' 3om du matin que l'orage a commencé avec toute
son intensité. D'abord il s'écoulait de 17a 18 secondes entre l'éclair et le
coup correspondant, et il ne pleuvait pas. Les roulements duraient depuis
3o jusqu'à 36 secondes. En cet instant, j'entendis un bruit particulier dans
l'air, une sorte de sifflement un peu métallique, parfaitement distinct du
tonnerre et du vent. Bientôt les intervalles entre l'éclair et le coup cor-
respondant n'ont plus été que de 10 à 12 secondes, et il est tombé une
C. R.; i85a, a"» Semeitre. (T. XXXV, N° H.) 4^
( 35o )
très-forte ondée, dans laquelle étaient mêlés quelques grêlons. J'ai vu alors,
dans la direction du port militaire, plusieurs traits de feu suivis d'éclats et
de roulements de tonnerre au bout de 5 à 6 secondes. En même temps, on
entendait un autre tonnerre éloigné. Pendant toute la durée de l'orage, on
a ainsi entendu à la fois un tonnerre rapproché et un tonnerre éloigné, et
voici ce qui donnait lieu à cet effet : Des stratus, chassés par le vent de
nord-est qui soufflait assez fort depuis la veille, étaient le siège des éclairs.
Il y avait, dans le. nord-est, un stratus et un tonnerre lointain; en peu de
temps, il arrivait au zénith, et il tombait une très-forte ondée. Le nuage
passait et continuait de produire des éclairs dans le sud. En même temps
un autre nuage, venant du nord-est et qui suivait le premier, s'approchait
du zénith, donnait de nouveau des coups de tonnerre rapprochés et des
ondées. Voici les observations que j'ai faites sur les éclairs et le bruit du
tonnerre. A 3haom, un éclair très-vif a été suivi, après 2S,25, d'un coup de
tonnerre qui a commencé par un éclat aussi fort que la décharge d'une
grosse pièce d'artillerie; après une seconde de silence, ce coup a roulé pen-
dant 56 secondes, en s'affaiblissant, quoique présentant quelques éclats de
temps en temps. Il s'est terminé par un dernier éclat faible. Le coup sui-
vant a été précédé d'un vif éclair qui a commencé à 6o degrés environ de
hauteur, et dont l'extrémité inférieure m'était cachée par l'horizon. Cet
éclair était un zigzag légèrement rougeâtre et comme interrompu aux
points où il changeait de route. Il a été suivi, au bout de 6 secondes, d'un
coup de tonnerre qui a roulé pendant [\i secondes. Un éclair faible, dont
je n'ai vu que la lueur, a été suivi, après 3g secondes, d'un coup de ton-
nerre très-faible, difficile à entendre : c'est le plus long intervalle que j'aie
compté. Un éclair en zigzag très-court, à 19 degrés au-dessus de l'horizon
pour son point le plus élevé, a été suivi, au bout de 17 secondes, d'un
coup de tonnerre qui a roulé 29 secondes. Peu après, j'ai remarqué un
éclair en zigzag partant à 28 degrés de hauteur, s'abaissant d'abord d'en-
viron 10 degrés, puis remontant à la hauteur de son point de départ et à
peu de distance de ce point. Il a été suivi, au bout de 10 secondes, d'un
coup qui n'a pas roulé longtemps. Le tonnerre s'éloignait alors dans le sud ;
un autre orage venait du nord, je regardai de ce côté. Je vis, après plu-
sieurs éclairs peu brillants, un trait de feu blanc parfaitement rectiligne,
s'abaissant verticalement sur la mer. Son extrémité inférieure se projetait
sur la rade au-dessous de l'horizon. Il s'est reproduit trois fois de suite,
peut-être à un dixième de seconde d'intervalle, formant ainsi comme un
trait de feu scintillant, ayant toujours son extrémité inférieure projetée sur
(35. )
l'horizon; ce qui prouvait qu'il tombait dans la mer. Il s'est écoulé 6 se-
condes entre l'éclair et le coup. Le bruit a commencé comme plusieurs
coups de canon consécutifs, suivis de roulements et de nouveaux éclats.
Pendant l'orage, il passait de temps en temps un fort coup de vent, et, le
soir, le canon de retraite de l'arsenal a retenti pendant i2*,5.
» J'ai appris le lendemain que le tonnerre était tombé plusieurs fois au
port militaire; deux fois, entre autres, sur le paratonnerre du grand mât
de la frégate \ Alceste, qui était complètement armée. Il s'est produit,
disent les douaniers, sous forme de traits de feu. C'est aussi l'aspect des
éclairs que j'ai vus dans cette direction. Le paratonnerre n'a été nullement
endommagé, mais la chaîne passait le long du porte-haubans, dont le
tonnerre a enlevé un éclat.
» Le tonnerre, en tombant, à 3 heures du matin, sur le mât de misaine
du Patriote, a produit un effet très-curieux. Ce navire est en fer, et, comme
il est désarmé en ce moment, il n'a que ses bas-mâts, de sorte qu'il n'était
pas protégé par ses paratonnerres. De plus, ses hunes sont en fer, et elles
étaient en place. Le mât foudroyé a été fendu sur une longueur de 26 mè-
tres. D'abord, entre son extrémité et la hune, il a été éclaté en plusieurs
morceaux projetés à une grande distance. La force de projection a été telle,
qu'un morceau de mât, qui était en sap, long de 2 mètres et de 20 centi-
mètres environ d'équarrissage par le bout le plus épais, terminé en pointe
par l'autre extrémité, est venu, à 80 mètres environ de distance, enfoncer
la cloison en chêne du bâtiment de la tôlerie, cloison épaisse de 3 centi-
mètres. Cet éclat est entré par le bout le plus gros, s'est enfoncé de près de
moitié de sa longueur dans la cloison, et y est resté fiché dans la direction
de la ligne sensiblement droite qu'il a parcourue de l'extrémité du mât à
ce point. Cette ligne fait un angle d'environ 10 degrés avec l'horizon. Un
nœud de cet éclat est ce qui l'a arrêté. En examinant le trou fait à la cloison,
on voit qu'il a été fait comme par un corps lancé avec une grande vitesse ;
car il serre tellement juste cet éclat, qu'un de ses nœuds a suffi pour l'ar-
rêter. Après le premier choc, la vitesse de cet éclat a dû être très-réduite;
elle l'aura été plus encore par le frottement, et c'est ce qui fait que quand
l'éclat est arrivé à son nœud, il ne lui est plus resté la force nécessaire pour
le faire passer. C'est sans doute quand sa vitesse a été réduite, qu'il a aussi
fait sauter deux ou trois éclats qui ont produit dans la cloison une petite
fente au-dessous et au-dessus de lui. C'est éclat porte sur un point une pe-
tite trace de carbonisation. Au-dessous de la hune, le tonnerre est descendu
le long du mât d'abord par deux côtés opposés. D'un côté, il a écarté une
46..
( 35a )
des fortes pièces du mât, qu'il a suivi dans toute sa longueur jusqu'au pont,
en faisant sortir les clous en cuivre qui la retenaient. De l'autre côté, il a
arraché le .bois en le jetant au loin en petits fragments, et il a formé ainsi
un sillon d'une profondeur de i décimètre environ. Le sillon tourne autour
du mât, de sorte que les deux routes opposées suivies par le tonnerre se
réunissent au pied du mât, où un très-fort éclat a été enlevé jusqu'au pont.
J'ai remarqué quelques très-légères traces de carbonisation sur quelques
points de cette route. Au-dessus du pont se trouvait une toile fixée au mât :
le tonnerre l'a arrachée en la déchirant. Arrivé au pont, il a disparu sans
laisser d'autres traces de son passage; mais à plus de ioo mètres de dis-
tance, une guérite de factionnaire a été renversée.
» On a dit que le tonnerre est tombé huit fois sur les paratonnerres de
la poudrière du nord, qui est peu éloignée des bâtiments foudroyés, et une
fois sur un des parcs à charbon ; mais il n'a laissé aucune trace de son pas-
sage.
» Auprès de l'église d'Octeville, à cent pas environ de cette église, à
i kilomètres sud-ouest de Cherbourg, sur une hauteur, le tonnerre a frappé
un orme planté sur une haie. Cet orme était un peu plus grand que les
arbres voisins. Il n'a d'abord été nullement endommagé; mais, arrivé au
pied, le tonnerre a enlevé l'écorce d'une des racines qui était à la surface
de la terre, et a fait dans le sol, auprès de cette racine, plusieurs trous très-
profonds de 5 centimètres de diamètre. Ces trous se recourbent un peu
dans la terre, qui est très-fortement battue sur leurs bords. La haie en terre
sur laquelle est planté cet orme est à im,4o environ au-dessus du creux du
fossé. Le tonnerre est sorti de cette masse de terre à 4° centimètres au-
dessus de ce creux, où l'on trouve la seconde extrémité d'un des trous par-
tant de la racine de l'orme, et il a frappé une vache qui s'était réfugiée à
l'abri de la haie. Il l'a tuée et lui a brûlé un peu le poil du cou. Une autre
vache, placée à côté de celle-là, et dont la tête touchait presque celle de la
première, a été également tuée, mais sans que le tonnerre ait laissé aucune
trace sur elle. D'autres trous semblables à ceux dont j'ai déjà parlé, se
remarquaient sur la haie, à peu de distance de l'orme frappé, mais sans
aucune communication avec lui, comme si le tonnerre s'était élancé de ses
branches. La seconde ouverture d'un de ces trous par où le tonnerre est
sorti, se trouve du côté de la haie opposé à celui où les vaches ont été tuées.
» Au nouveau fort des Flamands, encore en construction, le tonnerre
a frappé le paratonnerre de la poudrière. L'ingénieur chargé des travaux
de ce fort, M. Bresson, a trouvé le lendemain la pointe en platine de ce
( 353 )
paratonnerre en cuivre tombée au pied du paratonnerre. Elle n'a pas
été endommagée. Ce fait est d'autant plus extraordinaire, que cette pointe
était vissée dans le paratonnerre et retenue par une goupille qui a été égale-
ment arrachée.
» Le tonnerre est tombé plusieurs fois dans la rade, et une fois dans
l'anse d'Urville. Il est tombé sur plusieurs autres points de la Hague, entre
autres à Nacqueville, où il a brisé une croix de pierre. Il a aussi fendu un
arbre à 6 kilomètres sud-est de Cherbourg, sur la route -de Valognes.
» Un phénomème très-curieux et rare dans la Manche s'est produit en
même temps que l'orage. Je veux parler d'un ras de marée qui a eu lieu à
4 heures du matin, au moment de la pleine mer. On entrait un navire d'un
tirant d'eau de 4 mètres dans le port de commerce. Il y avait dans la passe
4m,35 d'eau. Tout à coup la mer se retire et le navire reste échoué. En dix
minutes environ, la mer a baissé de la quantité dont elle baisse en deux
heures.
» Le moment de ce ras de marée est celui où l'orage commençait à aban-
donner Cherbourg et à ne plus retentir que dans le lointain, du côté de la
Hague. La coïncidence de ce curieux phénomène avec l'orage m'a fait
penser que probablement l'électricité atmosphérique exerce une grande
influence sur les ras de marée. On conçoit, en effet, que l'attraction ou la
répulsion des nuages électrisés sur la surface de la mer, suivant la nature
des électricités, doit tendre à élever ou à abaisser le niveau de la mer, même
sur des points où ne serait pas l'orage, puisque la mer ne peut monter sur
un point sans baisser sur un autre. »
météorologie. — Météores ignés observés à Cherbourg, le 1 5 janvier 1 85o ;
par M. L. Flecky.
( Commission nommée pour le Mémoire de M. Liais. )
« Le i5 janvier i85o, une neige abondante était tombée. Le soir, elle
commença à fondre. Le ciel était gris.
» A 7h45m environ du soir, j'étais sur la route du Roule, vis-à-vis la
scierie mécanique. J'aperçus, en ce moment, de faibles éclairs dans le sud-
ouest. Ils se succédaient tantôt rapidement, tantôt avec lenteur. Peu à peu
leur sphère d'action se porta plus au sud. Des lueurs, plus brillantes, se
montrèrent dans la même partie du ciel où se déclaraient ces éclairs, et
s'évanouirent après plusieurs secondes.
» A ces lueurs succédèrent de plus brillants éclairs que les précédents.
Enfin une flamme très-vive parut au-dessus des arbres du Cauchin.
( 354 )
•
» Cette flamme était animée d'un balancement sur sa base, qui semblait
reposer sur l'horizon. Ce mouvement s'effectuait indistinctement dans tous
les sens.
» Outre ce mouvement oscillatoire, la flamme était pénétrée d'une
espèce de scintillation continue, inégale, incolore, semblable au scintille-
ment de ces doubles ou triples éclairs qu'on remarque dans les orages
ordinaires.
» Cette scintillation faisait varier sans cesse les dimensions de la flamme.
Plusieurs fois cette flamme faillit s'éteindre, mais elle se ralluma. A la fin
elle disparut, et les petits éclairs réapparurent et continuèrent leur marche
vers le sud.
» Arrivé au pont de Carreau, je vis une bande de lumière rougeâtre,
d'une largeur égale à celle de la voie lactée, mais plus brillante que cette
zone céleste.
)> J'oubliais de dire que cette colonne de lumière, se dirigeant au nord-
est et ayant ioo à 1 10 degrés de longueur, semblait s'élever de la Faucon-
nière, et qu'étant mal terminée à son extrémité nord-est opposée à la Fau-
connière, il était difficile d'en évaluer la longueur.
» Cette colonne lumineuse, après être restée quelque temps immobile,
varia de grandeur et d'éclat, puis disparut.
» Je continuais de m'avancer. Arrivé au pont du chemin de fer de la
Marine, j'aperçus, encore plus vers le sud que la première flamme, une
seconde flamme, semblable: seulement, elle était surmontée d'une espèce
de raie lumineuse qui inclinait vers l'est-nord-est. Cette seconde flamme
paraissait en partie cachée derrière la colline de la Fauconnière, et, après
son extinction, j'aperçus encore plusieurs faibles éclairs dans le sud. »
physique. — Mémoire sur le magnétisme statique et le magnétisme
dynamique; par M. Th. du Moncel. (Extrait, fait par l'auteur, d'un
Mémoire qu'il annonce avoir adressé à l'Académie, mais qui n'est pas
encore arrivé. )
(Commissaires nommés pour de précédentes communications de l'auteur
sur le même sujet : MM. Becquerel, Pouillet, Despretz, Morin.)
« Toute la théorie du magnétisme statique et du magnétisme dyna-
mique, qui fait l'objet de ce Mémoire, peut se résumer dans les principes
suivants :
» i°. Toutes les molécules des corps possèdent les deux électricités;
( 355 )
mais comme l'action de l'une détruit l'action de l'autre à leur état de com-
binaison, elles ne peuvent manifester leur présence que quand une cause
étrangère détermine leur séparation (i).
» 1°. Cette cause étrangère peut agir par influence ou par communi-
cation; mais, quel que soit son mode d'action, elle a un effet différent,
suivant que cette action se porte sur les électricités superficielles des corps
ou sur les électricités des molécules intérieures.
» 3°. Dans leur séparation à la surface des corps, les électricités se
déplacent et viennent s'accumuler sur des surfaces opposées, suivant leurs
lois d'attraction et de répulsion, pourvu toutefois que les corps ainsi in-
fluencés soient suffisamment isolés.
» 4°- A l'intérieur des corps ce déplacement est impossible, et la décom-
position des électricités ne peut s'opérer que moléculairement, c'est-à-dire
par voie de décompositions successives de molécule à molécule ; ce qui
rend l'isolement des corps d'autant plus facile dans ce cas, que les électri-
cités ainsi développées ne sont pas à l'état de tension.
» 5°. De là les deux modes de manifestation électrique qui constituent
l'électricité à l'état statique et l'électricité à l'état dynamique, modes tout
à fait différents quant aux effets exercés, mais qui peuvent être développés
simultanément et indépendamment l'un de l'autre sur un même corps.
» 6°. Quand la séparation des fluides s'opère par influence, il faut, pour
qu'elle agisse à la surface des corps ou sur leur électricité statique, que
la cause agissante, c'est-à-dire l'électricité développée sur le corps par
l'intermédiaire duquel on agit, occupe elle-même une surface suffisamment
grande pour que son effet puisse se faire sentir sur une partie considérable
de la surface du corps qui le subit. Mais si, au contraire, elle n'agit que sur
un point d'une surface très-développée ne fournissant pas d'éléments con-
tinus de surfaces opposées propres au développement de l'électricité de
tension, l'influence électrique s'opère moléculairement, c'est-à-dire de telle
manière que la molécule influencée réagit sur les autres molécules qui la
touchent, soit latéralement, soit inférieurement. Celles-ci à leur tour réa-
gissent sur leurs voisines, et ainsi de suite de proche en proche jusqu'à ce
que le conducteur entier ait participé à cette première influence.
» 70. Il résulte de cette différence d'action que les électricités étant déve-
loppées par influence et à l'état de tension sur un fil métallique, se trou-
(i) Cette hypothèse n'exclut pas celle de Francklin ni le système de la propagation de
l'électricité par vibration.
( 356 )
vent distribuées sur la périphérie de ce fil, perpendiculairement à sa sec-
tion ou parallèlement à sa surface, l'une sur la demi- périphérie du côté de
la cause inductive, l'autre sur la demi-périphérie opposée, tandis qu'étant
développées moléculairement, leur ligne de recomposition est dans le sens
de la section du fil (1).
» 8°. Un courant résultede la recomposition des deux électricités, quand
la cause qui les maintenait séparées n'agit plus ou quand elles se recomposent
à mesure qu'on les sépare. En unissant, par conséquent, les deux arma-
tures d'une bouteille de Leyde, ou en faisant communiquer les coussins
d'une machine électrique à ses conducteurs, ou en faisant même commu-
niquer le conducteur d'une machine avec le sol, on obtient un courant
d'électricité statique. A l'intérieur des corps, les choses se passent d'une
manière analogue ; mais c'est à la suite d'une série de décompositions suc-
cessives que l'électricité de même nom que la cause déterminante se trouve
transmise aux extrémités du conducteur : il faut donc, pour qu'il y ait
création d'un courant, que l'électricité de nom contraire, qu'on fera agir
pour opérer la neutralisation du fluide développé sur le conducteur, résulte
elle-même de la production de l'autre électricité que nous avons considérée
comme cause déterminante. Sans doute, si l'on pouvait forcer un courant
à suivre une direction constante ou à ne pas se bifurquer, on pourrait
obtenir, aVec une seule électricité agissant à l'intérieur des corps, un cou-
rant permanent qui survivrait même à la cause agissante; car en soudant
l'extrémité du conducteur précisément au point correspondant à la pre-
mière tranche influencée, on déterminerait une neutralisation qui aurait
pour effet subséquent une décomposition; mais, comme il ne peut en être
ainsi, il faut que cette cause productrice agisse d'une manière double,
c'est-à-dire que les deux électricités contraires agissent aux deux extrémités
du conducteur.
» 90. Toute action mécanique n'ayant d'effet qu'à la superficie des corps,
ne peut agir directement sur leurs électricités moléculaires intérieures; il
faut, pour cela, qu'il y ait action chimique, et c'est effectivement ce qui se
passe dans la pile.
» io°. Si la création d'un courant permanent est impossible par l'action
directe de l'électricité, à cause de l'impuissance dans laquelle nous sommes
de faire suivre à un courant une direction fixe, elle devient au moins sup-
posable si la cause inductive agit par influence. Alors le circuit peut être
(i) De là la double polarité des lignes de force magnétique.
(357)
fermé, et les décompositions et recompositions peuvent s'effectuer dans le
même sens; mais il faut, pour cela, que le corps induit ne présente pas
d'éléments continus de surfaces opposées propres au développement de
l'électricité de tension, et qu'il possède une force coercitive telle, que les
divers éléments du courant induit puissent se manifester sans confusion
dans l'ordre de leur création. Or c'est précisément ces conditions que
remplissent les corps magnétiques, et telle est l'origine des aimants qui
peuvent devenir persistants si leur force coercitive, après avoir été surexcitée
par le courant inducteur, reste développée.
» ii°. Puisqu'un courant électrique peut créer par induction un cou-
rant clans les corps magnétiques, il doit s'ensuivre que le faisant réagir sur
des corps non magnétiques dans lesquels on aura suppléé à la force coer-
citive qui leur manque par une disposition particulière exerçant le même
effet, on doit obtenir également un courant d'induction analogue aux cou-
rants voltaïques. C'est effectivement ce à quoi sont parvenus MM. Nobili
et Antinori en faisant tourner très-rapidement un disque métallique sous le
pôle d'un aimant; seulement, les courants ne pouvant se propager dans
une direction fixe, ne pouvaient être accusés que dans le voisinage de la
cause agissante.
» 12°. Si, au lieu de faire agir un courant sur des corps ne présentant
pas d'éléments continus de surfaces opposées, on exerce son influence sur
un fil assez fin et assez replié sur lui-même pour que l'électricité de tension
puisse se développer à sa surface sous l'influence des électricités successi-
vement décomposées dans le courant inducteur, il se forme, sur les deux
demi-périphéries opposées de ce fil, deux courants d'électricité statique qui,
d'après l'ordre des décompositions et recompositions opérées, sont en sens
inverse l'un de l'autre, mais dont l'un se manifeste avant l'autre dans le
moment infiniment court où commence l'action inductive. Il en résulte
que la manifestation du courant induit n'est pas continue, et ne peut être
constatée qu'au commencement et à la fin de l'action du courant induc-
teur. Telle est l'origine des courants d'induction que les aimants comme
les courants voltaïques peuvent produire, et qui ne sont que des courants
d'électricité de tension.
t
» i3°. En vertu de ces réactions d'induction, une hélice métallique,
dans laquelle circule un courant voltaïque, doit réagir sur elle-même en
créant un courant d'induction qui existe simultanément avec le courant
voltaïque.
» i4°- Par la même raison, l'hélice magnétique doit réagir sur elle-
C. H., i85a, a">« Semestre. (T. XXXV, N° il.) 4/
( 358 )
même; mais, comme les éléments continus de surfaces opposées lui man-
quent, l'action inductive ne peut que contribuer à renforcer le courant, et
en même temps à faire prendre aux électricités moléculaires du circuit ma-
gnétique tour à tour développées une disposition corrélative qui puisse
satisfaire aux conditions d'équilibre de toutes les réactions exercées. Or
cette disposition est remplie si l'on suppose la section de chaque tranche
moléculaire, selon laquelle s'est effectuée la décomposition des électricités,
inclinée à 45 degrés sur le plan des spires de l'hélice magnétique. Alors
chaque extrémité de cette hélice présente une électricité différente.
» 1 5°. Il en résulte que les deux pôles d'un aimant agissent sur les corps
magnétiques, en attirant vers la surface induite les électricités de nom
contraire de chaque molécule, de telle sorte que les électricités de même
nom se trouvent refoulées de proche en proche dans tous les sens opposés
à l'action inductive, et manifestent leur présence à l'extérieur par influence.
La force coercitive n'agit alors que pour maintenir les actions ainsi exercées,
et empêcher les recompositions latérales.
» i6°. Puisqu'un courant agissant par induction sur les molécules inté-
rieures des corps crée un courant de même nature que lui et dirigé dans le
même sens, il doit s'ensuivre que deux courants préexistants marchant
dans le même sens doivent s'attirer, et par contre que deux courants mar-
chant en sens contraire doivent se repousser. »
KCONOMIE rurale. — Moyen simple et économique de préserver la vigne de
la maladie spéciale; par M. Roboi am.
( Renvoi à l'examen de la Commission précédemment nommée pour diverses
communications relatives à la maladie de la vigne, Commission qui se
compose de MM. Duméril, Magendie, de Jussieu, Brongniart, Milne
Edwards, Decaisne.)
« Le 20 octobre 1 85 1 , dans un Mémoire que j'ai eu l'honneur de lire
à l'Académie des Sciences, après avoir parlé de l'emploi du soufre, de la
chaux et de quelques autres moyens, comme préservatifs de la maladie de
la vigne ; après avoir signalé la difficulté et l'impossibilité de leur emploi
dans la culture en grand, je disais : Il est un fait qui a dû frapper bien des
cultivateurs ; c'est que toutes les branches de vigne, leurs feuilles et les
grappes couvertes par l'herbe ou autre chose sont vertes et saines, tandis
que celles du même ceps, de la même branche, qui sont élevées et bien
aérées, sont malades. Une lumière vive et l'action immédiate de l'air sem-
blent donc indispensables au développement du mal.
(359)
» Cette observation me parut une indication thérapeutique précieuse
qu'il fallait remplir; le moyen qui en découlait, et que je proposai, était
simple, d'un emploi facile et économique : il semblait réunir toutes les
conditions pour la culture en grand, car, loin d'augmenter les frais, il pou-
vait les diminuer. Je -viens le rappeler à votre souvenir; parce qu'aujour-
d'hui je l'ai suffisamment expérimenté pour en connaître la valeur. Il est
d'une efficacité générale et incontestable. Au reste, tous ceux qui voudront
voir, peuvent s'en assurer. Je me fais un véritable plaisir de le montrer.
» Dans plus de cent endroits différents de mon jardin, toutes les bran-
ches qui rampent sur la terre sont saines, leurs grappes et leurs feuilles sont
saines aussi ; celles qui rampent sur la terre labourée sont d'un vert moins
vif que celles qui rampent sur la terre couverte de gazons. Les ceps qui
n'ont reçu que les façons du printemps (taillage et bêchage), et qui de-
puis n'ont été ni ratisses, ni ébourgeonnés, ni rognés, sont beaucoup moins
malades que ceux qui ont été convenablement façonnés. Sur le même ceps
on peut comparer les branches supérieures convenablement façonnées aux
branches inférieures que j'ai fait ramper sur la terre : sur les premières, tout
est malade; sur les dernières, tout est sain. Il est des ceps où l'on peut sui-
vre les progrès du mal qui devient d'autant plus grand que l'on s'élève
davantage. Je suis heureux que ce dernier fait, ainsi que celui de certaines
expositions où le mal paraît sévir avec plus de force, aient frappé aussi plu-
sieurs savants des plus éminents; l'un deux en a même fait le sujet de nom-
breuses communications aux premiers corps savants dont il est Membre.
» J'avais conseillé, dès les premiers symptômes du mal, de coucher la
vigne sur la terre et d'engazonner le sol ; l'avoine, qui peut être semée en
tout temps, qui donne un excellent fourrage, qui, coupée verte, repousse
et peut de la sorte être toujours maintenue à une hauteur convenable, m'a-
vait paru devoir remplir le but ; mais on doit comprendre que ces essais,
bien concluants dans leurs généralités, ont besoin, dans les détails, d'être
régularisés par la pratique. »
M. Arago présente, au nom de M. Zaivtedeschi , présent à la séance, une
Note manuscrite sur une question de dynamique chimique, débattue entre
ce physicien et M. JBizio.
( Renvoi à la Commission nommée pour un précédent Mémoire
de M. Zantedeschi.)
M. Rodierre soumet au jugement de l'Académie deux Mémoires ayant
pour titre, l'un: Tables dyarithmiques pour la multiplication {par addi-
47-
( 36o )
tion) et la division [par soustraction) des nombres; l'autre : Mémoire sur
l'usage des Tables dyarithmiques .
(Renvoi à l'examen de M. Binet qui avait été déjà chargé de prendre
connaissance d'une précédente communication de l'auteur, concernant
des méthodes destinées à faciliter les opérations sur les nombres. )
M. Reynaud adresse, de Bone (Algérie), une Note relative à diverses
inventions de mécanique concernant la navigation.
(Commissaires, MM. Duperrey, Combes, Morin.)
M. Josat prie l'Académie de vouloir bien admettre au concours pour
les prix de Médecine et de Chirurgie un travail qu'il lui a précédemment
adressé et qui a pour titre : Mémoire sur les morts apparentes, les inhuma-
tions anticipées et le délaissement des malades en état de mort apparente.
(Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
CORRESPONDANCE.
M. le Directeur général des Douanes adresse, pour la bibliothèque
de l'Institut, le Tableau général du commerce de la France avec ses
Colonies et les Puissances étrangères pendant l'année 1 85 1 . {Voir an
Bulletin bibliographique. )
M. Forchiiammer adresse, au nom de la Société royale des Sciences de
Danemark, trois dès nouvelles publications faites par cette Société. {Voir
au Bulletin bibliographique.)
astronomie. — Eléments de la seconde comète de i852. (Extrait d'une
Lettre de M. Valz à M. Jrago.)
« . . . Voici les éléments provisoires de la seconde comète de i852, que
je viens d'obtenir d'après les premières observations, et qui devront être
corrigés maintes fois, l'apparition devant être fort longue, et se prolonger
même jusqu'à l'année prochaine, après que la comète aura passé près du
pôle, au commencement d'octobre, pour devenir à peu près stationnaire
vers la fin de novembre. Son éclat augmente assez, et l'on reconnaît un
noyau prétendu bien distinct, ainsi qu'une velléité de queue qui, aussi
anticipée, annoncerait un assez fort accroissement. Passage au périhélie en
( 36 r )
octobre, 9,699, T. M. à Marseille; distance périhélie, i,3o32; longitude
périhélie, 4o°5'; il, 346° 58'; inclinaison, 4o°44'j mouvement direct. »
astronomie. — Cartes des étoiles situées à \\ degré au nord et au sud de
l'écliptique, destinées à amener, dans un temps assez court, la décou-
verte de toutes les petites planètes. (Extrait d'une Lettre de M. Valz à
M. Arago.)
« Dès que la première comète de cette année eut disparu, vers le com-
mencement de juin, M. Chacornac s'occupa de la confection des cartes
écliptiques que j'avais proposées à l'Académie, et qu'elle parut accueillir assez
favorablement. J'ose aujourd'hui réclamer son appui pour faire graver ces
caries dont la publication ne doit pas être ajournée, si l'on veut en conserver
l'initiative à la France; puisque, depuis l'annonce que j'en fis en 1847, deux
projets entièrement pareils ont paru en Angleterre, et un à Naples; aucun
d'eux, d'ailleurs, n'a encore reçu d'exécution, que je sache, car le catalogue
de i4 888 étoiles, dressé à Markree, ne peut être considéré que comme une
simple préparation à des cartes du genre des miennes pour lesquelles ici,
du reste, il n'a été d'aucun secours, non plus que les étoiles de Lalande et
de Bessel, qui avaient pu servir pour les cartes de Berlin, établies sur une
bien moindre échelle, mais qu'il a fallu entièrement abandonner, par suite
des erreurs et par suite des mouvements propres dans un espace de plus de
cinquante ans ; les nouvelles cartes sont encore plus rigoureusement calquées
sur le ciel que celles de Berlin, sur lesquelles Neptune fut indûment placé,
comme étoile où il ne se trouvait plus. Je vous envoie en spécimen la
carte déjà terminée de i4h 3om à i5h (ayant reconnu la division en demi-
heure plus commode par ses dimensions pour un usage fréquent), je
vous prie d'en faire hommage, au nom de M. Chacornac, à l'Académie.
J^es &. et D sont inscrites en sens inverse aux côtés opposés, afin d'en
faciliter la lecture dans le renversement pour les lunettes. Le non:bre des
étoiles, jusqu'à la 12e grandeur sur la bande de 3 degrés de largeur, s'élève
à douze cents, ce qui ferait environ soixante mille pour le tour de l'éclip-
tique, et trois millions et demi pour tout le ciel. Dans les observatoires les
plus septentrionaux, les bandes, dans la direction des colures, seulement
au nord de l'écliptique, pourraient être plus favorables, vu l'abaissement
considérable de ce cercle.
» Lorsque je fis part de mon projet à l'Académie, je n'étais pas encore
en position de le mettre aussitôt à exécution, et j'aurais eu grand besoin
( 36a )
que l'on me vînt en aide pour cela. Je n'avais pas de lunette assez puissante
pour atteindre la 12e grandeur d'étoiles, ni de local assez convenable, ni
de grands pieds parallactiques, que je fus obligé d'établir provisoirement
aux balcons des deux façades de l'observatoire. Notre grand toit tournant
était encloué, et il ne fallait pas moins que les forces de quatre hommes
pour le manoeuvrer. J'y fis d'abord interposer une couronne à roulettes,
pour changer les frottements de la première espèce en ceux de la seconde,
et placer des engrenages pour rendre la manœuvre facile, à l'aide d'une
manivelle, ainsi qu'aux trappes de divers genres. Notre grande machine
parallactique n'arrivait qu'à 3o degrés du pôle, et je l'ai transformée en
équatoriale qui peut atteindre jusqu'à ce point. Le grand télescope de
Short ne pouvait plus servir, depuis 1787 qu'il avait été employé aux
observations de satellites de Saturne, demandées par Lalande qui s'occupait
alors d'en fixer la théorie, dans laquelle, pour le dire en passant, il a laissé
d'assez graves erreurs : c'est ce que j'ai eu occasion de reconnaître en m'occu-
pant d'une nouvelle planète qu'annonçait avoir découverte M. de Gasparis,
et dont il n'a plus parlé, et qui ne me parait autre que Japet, le dernier des
satellites de Saturne. Le grand miroir d'un pied d'ouverture avait été entiè-
rement terni, par les émanations des fabriques et du port. M. Amici l'a
parfaitement repoli, et en a trouvé la matière fort supérieure pour le pou-
voir réfléchissant ; mais malheureusement j'ai reconnu qu'il s'affaiblissait
irop par un fréquent emploi , qu'il fallait donc restreindre aux observa-
tions assez importantes, et non usuelles. N'ayant pu obtenir, pour y sup-
pléer, une lunette à grande ouverture, je me suis vu réduit à en tenter la
construction, en cherchant à la rendre plus facile, par un achromatisme,
que j'appelle postérieur, comme plus rapproché de l'oculaire que de l'ob-
jectif, ce qui présente l'avantage de réduire à de faibles dimensions la gran-
deur du flint; mais je m'abstiendrai d'en rien dire jusqu'à ce que l'exécu-
tion pratique soit venue confirmer la théorie sur ce point. J'ai donc travaillé
d'abord un objectif simple de 7 pouces d'ouverture, qui m'a permis de
distinguer jusqu'aux étoiles de la 11e grandeur, et m'a encouragé à en
entreprendre un autre de i5 pouces d'ouverture, le plus grand encore
pour atteindre à la 12e grandeur des cartes projetées. Mais il fallut alors
changer entièrement les procédés du travail, qui devint fort long à exécu-
ter, et ensuite le montage de la lunette sur un pied assez solide, qu'il fallut
construire à cet effet, présenta des difficultés d'un tout autre genre. Pour
obvier à la flexion du tuyau , il fallut recourir à des couronnes en bois cer-
clées en fer, comme pour les tonneaux. J'ai encore placé une lunette méri-
( 363 )
dienne dans le premier vertical, et fait exécuter ma lunette réciproque, qui
a bien répondu à mon attente, et se règle même encore plus facilement
que je ne comptais. »
A cette occasion, et sur la proposition de [M. Arago , l'Académie charge
une Commission, composée de MM. Arago, Laugier et Mauvais, des'occuper
des moyens de publier complètement ces cartes, dont le spécimen, adressé
par M. F'alz, ne forme que -^.
astronomie. — Nouvelle observation de la comète découverte le
26 août i85a. (Lettre du P. Secchi à M. Arago.)
« Je me hâte de vous communiquer une autre observation de la comète
découverte le 26 courant, que nous avons faite ce matin, car hier le brouil-
lard nous en empêcha.
» Elle a été comparée avec une étoile de 8-o,e grandeur qui, par plusieurs
comparaisons faites avec la 79 des Gémeaux 2556 (B. A. C), se trouve être
identique avec l'étoile de Bessel indiquée comme il suit (sans aucune cor-
rection) :
Zone 279 (8e grandeur) R -fr = 7œ38m 2i%9i; 3 -ft = -+- 210 i3'46",7,
et nous avons trouvé
Temps moyen
de Rome.
i852. 27août. i5h46mn5 m*^= & -fc -t-i3% 36, * »^ = J ^- — g' 3g ", i5.
Elle était plus belle qu'hier, mais bien faible et pas visible dans le cher-
cheur ordinaire : la Lune, je crains, nous l'enlèvera bientôt.
» P. S. Comme cette Lettre n'est pas arrivée à temps au bureau de
poste, je profiterai de ce retard pour vous transmettre la dernière observa-
tion faite hier matin.
» La comète a été comparée avec une étoile (c) de 9e grandeur, qui, de
deux comparaisons faites au micromètre angulaire avec l'étoile 85 des Gé-
meaux a63a (B. A. C), a pour coordonnées approchées les suivantes :
a (c) = m 2632 (B. A. C.) — im28s,7; sic) = 6 2^32 (B. A.C.) + 17' 3i".
La position relative de la comète comparée à l'étoile (c) prise avec beau-
coup de soin était la suivante :
Temps moyen
de Rome.
i85s. a8août. i6hi5m35" m.*m = M(c) + i3s,26; 8*^ = 3 (c) -+- gô'Vf.
La forte lumière du crépuscule nous a empêché de déterminer mieux la
( 364 )
position de l'étoile (c), qui peut-être est en erreur de quelques secondes;
mais la position donnée sera toujours suffisante pour la reconnaître sans
difficulté. »
magnétisme terrestre. — Liaison entre les taches du Soleil et les
variations en déclinaison de l'aiguille aimantée. (Lettre de M. Wolf,
directeur de l'observatoire de Berne, à M. Arago. Berne, a août 1 85 1 .)
« Je viens de faire une découverte qui me paraît assez intéressante pour
en faire l'objet d'une communication à l'Académie des Sciences. J'ai étudié
comparativement, dans ces derniers temps, d'une part, les nombres annuels
que M. Schwabe, à Dessau, a obtenus pour les taches du Soleil ; et, d'autre
part, les moyennes annuelles que M. Lamont, à Munich, a trouvées pour
les variations des aiguilles aimantées en déclinaison. Le résultat de cette
comparaison est celui-ci : Les nombres des taches et les variations moyennes
en déclinaison .sont soumis, non-seulement à la même période de io 4 ans,
mais ces périodes correspondent jusqu'au moindre détail, de manière que les
nombres des taches arrivent à leur maximum à la même époque que les
variations. Il en résulte évidemment que la dernière cause de ces deux
changements sur le Soleil et sur la Terre doit être la même, et je crois
qu'il y aura une base pour la solution de plusieurs problèmes importants
qu'on n'a pas osé toucher jusqu'à présent. »
PHYSIQUE appliquée. — Sur la question de priorité concernant l'application
de la réflexion totale aux appareils d'éclairage des phares. (Lettre de
M. Léonor Fresnel à M. Arago, datée d'Aix, en Savoie, le 3i août i85a .)
« Vous vous rappellerez peut-être que, dans une entrevue que j'eus
l'honneur d'avoir avec vous il y a quelques mois, vous me parlâtes inci-
demment d'une publication récente tendant à établir que, si l'application
de la réflexion totale aux appareils d'éclairage des phares n'était pas
d'invention anglaise, elle avait du moins reçu en Angleterre des dévelop-
pements tout nouveaux, qui nous plaçaient à cet égard dans une situation
de notable infériorité.
» Je pensai d'abord que cette étrange prétention ne devait reposer que
sur l'idée émise par M. Thomas Stevenson (frère du directeur des phares
d'Ecosse) de substituer aux miroirs à courbure sphérique (que nous plaçons
du côté de terre, dans les phares non isolés en mer), des miroirs catadiop-
triques. Ces nouveaux appareils accessoires auraient été formés d'anneaux
( 365 )
concentriques de verre, à section triangulaire isocèle, de manière à ce que
les rayons incidents émanés du foyer y fussent renvoyés après deux ré-
flexions totales.
» Cette combinaison, tout ingénieuse qu'elle pût paraître, donnait lieu
cependant à une grave objection : c'est que les deux réflexions totales de-
vaient s'opérer si près de la limite, que la plupart des rayons émanés du
corps éclairant seraient transmis au lieu d'être réfléchis.
» Mais une brochure, intitulée Holophotal syîlein of illuminating
fighthouses, et accompagnée d'une Lettre de M. Thomas Stevenson, du
14 juillet dernier, est venue m'apprendre qu'il réclamait la priorité pour
l'idée d'engendrer des anneaux catadioptriques, applicables aux appareils
d'éclairage, par la révolution du profil ordinaire autour de l'axe horizontal
passant par le foyer.
» Il m'a été facile de prouver en deux mots, que cette singulière reven-
dication n'était pas soutenable.
» Les petits appareils catadioptriques exécutés en 1825 et en 1826, par
M. Tabouret, sur les dessins et sous la direction d'Augustin Fresnel, com-
prenaient en effet des anneaux à réflexion totale résultant, les uns de la ré-
volution du profil générateur autour de son axe vertical, et les autres de la
révolution du même profd autour de l'axe horizontal répondant au foyer.
» Le premier mode de génération donne le système ordinaire d'anneaux •
horizontaux distribuant uniformément, dans l'espace angulaire qu'ils em-
brassent, les rayons émanés du foyer;
» Par le second mode on obtient un système d'anneaux verticaux ras-
semblant et projetant en faisceau horizontal les rayons incidents.
» J'ai cru devoir faire observer de plus à M. Th. Stevenson, qu'une fois
le profil générateur imaginé, l'application nouvelle, qui pouvait être faite
de cet élément à l'un ou à l'autre des deux modes de génération que com-
portent également les pièces catoptriques, dioptriques et catadioptriques des
appareils d'éclairage, ne constituait pas, à proprement parler, une nouvelle
invention .
» Depuis longtemps nous avons appliqué sur une grande échelle les an-
neaux horizontaux à réflexion totale. Quant à l'exécution des anneaux ver-
ticaux, elle n'exigeait pas moins que tous les moyens que présentent main-
tenant, pour la fabrication des appareils lenticulaires, les vastes ateliers de
M. Henri Lepàute, et de M. Soter, successeur de la maison Soleil et Lé-
tourneau. Il s'agissait en effet de. travailler au tour, des anneaux de verre
ayant jusqu'à 3 mètres de diamètre.
C. R.,i85a, im<Semestre. (T. XXXV, N°ll.) • 48
( 366 )
» J'ai admiré, il y a deux mois, dans les ateliers de M. Henri Lepaute,
un magnifique appareil de premier ordre, à coupole catadioptrique tour-
nante, que M. l'ingénieur en chef Reynaud a fait exécuter pour le renou-
vellement du phare catoptrique à éclipses du cap de l'Ailly, près Dieppe.
Cet appareil reproduit les apparences de celui de Cordouan, avec la supé-
riorité d'effet utile résultant d'une judicieuse combinaison des éléments
imaginés par mon frère, et du progrès considérable de la fabrication. Ainsi,
i° le tambour prismatique des huit panneaux lenticulaires plan-convexes a
i mètre de hauteur an lien de 76 centimètres, et l'intensité des éclats se
trouve augmentée de plus d'un tiers; 0° les éclats accessoires, qui précèdent
immédiatement les éclats principaux et en augmentent la durée, sont pro-
duits par les fuseaux de la coupole catadioptrique qui remplacent, avec
grand avantage, les anciennes lentilles additionnelles surmontées de miroirs
plans; 3° le feu fixe accessoire provenant des ravons lumineux recueillis
au-dessous du système mobile, est projeté par six anneaux catadioptriques
horizontaux d'un effet supérieur de moitié à celui des zones polygonales de
miroirs concaves.
» Vous savez, monsieur, que la presque totalité des trois cents (?) et quel-
ques appareils lenticulaires (de 3o centimètres à 2 mètres de diamètre),
aujourd'hui établis, depuis la Norwége jusqu'aux Philippines, provient de
nos ateliers parisiens. Un petit nombre sont sortis de la belle manufacture
de glaces de M. Cookson, à Newcastle, et l'on a vu figurer à l'exposition
universelle de Londres un phare catadioptrique de premier ordre exécuté,
dans les ateliers de MM. Chance à Birmingham, par deux artistes français,
M. Bontemps, ancien directeur des verreries de Choisy-le-Roi, et M. Tabou-
ret, conducteur des ponts et chaussées, longtemps attaché au service central
des phares.
» La teinte verte très-prononcée du verre de Birmingham contrastait
d'une manière frappante avec la blancheur relative du verre de Saint-Gobin
composant l'appareil exposé par M. Létourneau. M. Bontemps s'est, en
conséquence, livré à la recherche des moyens de fabriquer un crown-glass
d'une plus belle eau. Il paraît qu'il y est parvenu; mais la nouvelle matière,
présentant une réfraction une peu différente de celle du verre de Saint-
Cobin, ne pouvait être taillée d'après les mêmes patrons. Il ne s'agissait
toutefois, après avoir déterminé avec toute la précision requise le nouvel
indice de réfraction, que de le substituer à celui du verre de Saint-Gobin,
dans les formules calculées par mon frère pour les appareils dioptriques, et
par moi-même pour les anneaux à réflexion totale.
( 367)
» A raison de l'absence de M. Reynand, M. Bontemps vient de m'écrire
pour me prier de l'aider à résoudre cette difficulté. Je n'ai pu que le ren-
voyer aux publications de M. Alan-Stevenson où les formules dont il s'agit
se trouvent reproduites. »
météorologie. — Etoiles filantes dans la nuit du g au 10 août. (Lettre
de M. E. de Joxqitières, lieutenant de vaisseau, à M. Arago, écrite
du vaisseau la faille de Paris, le 10 août i85a, en mer, dans l'est de
la Sardaigne. )
« J'ai l'honneur de vous adresserde résultat des observations que j'ai
eu l'occasion de faire sur les étoiles filantes, pendant la nuit du 9 au
10 août.
» L'escadre d'évolutions se trouvait hier sur la rade de Cagliari, et elle
a mis sous voiles sur les x 1 heures du soir. Temps superbe et très-sec ;
belle brise de nord-nord-ouest; ciel clair; étoiles brillantes et scintillantes;
la Lune sur l'horizon à partir de minuit et demi.
» J^es apparitions d'étoiles filantes ont été très-nombreuses depuis le
commencement de la nuit; ce phénomène m'a été signalé à minuit, au mo-
ment où je prenais le quart. Il était si remarquable, qu'il a fortement attiré
mon attention jusqu'à 4 heures du matin; mes fonctions me permettaient
d'ailleurs de me livrer avec quelque suite à cette intéressante observation.
En voici le résultat.
» Le nombre moyen des apparitions a été approximativement de soixante-
dix par heure. Grâce à la pureté de l'atmosphère, la trace de chaque fusée
était assez persistante et permettait de bien juger la direction. Cette direc-
tion était très-variable; mais, pour chaque étoile filante, elle convergeait
très-exactement au même point du ciel, ou, pour parler plus exactement,
elle divergeait du même point. Ce point était situé entre (35 Hév.) de Cas-
siopée et 33 a de Persée, mais plus près de la première que de la dernière
de ces deux étoiles. Je ne crois pas me tromper de plus de deux ou trois
degrés en lui assignant la position suivante, savoir : ascension droite, ah20m;
déclinaison boréale, 60 degrés. Cette fixation résulte d'un grand nombre
d'observations toutes concordantes, bien que les unes résultassent d'appa-
ritions voisines du point de divergence (c'étaient en général les plus courtes
et les moins vives), et les autres de traces aperçues dans une partie du ciel
plus voisine de l'horizon.
» Ces faits, dont je garantis l'exactitude, me semblent être une confir-
48..
( 368 )
mation des théories nouvellement émises sur ce sujet, et j'ai pensé qu'ils
seraient pour vous de quelque intérêt.
» P. S. Le 10 au soir, quelques étoiles filantes, mais peu nombreuses,
se sont montrées au commencement de cette nuit. Mais le temps n'a pas
tardé à se couvrir et à rendre les observations impossibles. Celles que j'ai
vues divergeaient exactement du même point, qu'hier. Une telle coïncidence
est bien remarquable, et je ne doute pas qu'on n'en tire une conséquence
importante, en ayant égard (ce que je n'ai pas les moyens de faire) aux
directions combinées du mouvement propre du système solaire et du mou-
vement de translation de la Terre autour du Soleil. »
A l'occasion de l'intéressante communication de M. Jonquières, M. Arago
fait remarquer que les météorologistes allemands essayèrent jadis de déter-
miner par les observations simultanées faites dans différentes villes les hau-
teurs verticales des étoiles filantes. Il pense qu'à une époque où ce phéno-
mène fixe l'attention de tant de personnes, on pourrait reprendre avec
avantage ces mêmes recherches, qui conduiraient certainement à d'impor-
tants résultats.
L'Académie, prenant en considération la remarque de M. Arago, décide
qu'une Commission rédigera à ce sujet un programme qui sera ensuite en-
voyé à divers observateurs. Cette Commission, nommée séance tenante, est
composée de MM. Arago, Mathieu, Mauvais.
physique appliquée. — Sur l'emploi de la vapeur d'eau pour éteindre les
incendies à bord des navires. (Lettre de M. Dujardi.y, de Lille, à
M. Arago, à l'occasion du désastre du Henry -Clay S)
« Il y a quelque temps, on s'en souvient, un bateau à vapeur anglais,
l'Amazone, prit feu en mer, et un nombre considérable de personnes péri-
rent victimes de ce sinistre. Les journaux donnent aujourd'hui les détails
d'un incendie qui a éclaté à bord d'un vaisseau à vapeur américain, le
Henry-Clay, et où plus de cent personnes ont de même péri dans les
flammes.
» M. l'ingénieur Fourneyron a démontré dans le temps qu'il aurait été
facile d'éteindre l'incendie de ï Amazone au moyen de la vapeur de ses
chaudières. N'est-on pas fondé à penser qu'on aurait pu se rendre maître,
par le même procédé, de l'incendie du paquebot américain le Henry-Clay?
Et, s'il vient à être prouvé qu'il eût pu en être ainsi, ne devra- t-on pas se
demander comment il se fait que l'idée d'employer la vapeur pour éteindre
( 36g )
les incendies, idée que j'ai proposée en 1837, et qui, par conséquent, devrait
être connue depuis longtemps de toutes les personnes qui se servent d'ap-
pareils à vapeur, soit encore aussi peu vulgarisée? Ce fait est vraiment
inexplicable. »
M. i.e Maire de la ville de Reims prie l'Académie de vouloir bien
comprendre la bibliothèque de cette ville dans le nombre des établissements
auxquels elle accorde ses publications.
(Renvoi à la Commission administrative.)
M. Gaïetta adresse, de Bourges, deux Notes, dont l'une, sur un projet
de défense militaire de la France, ne paraît pas du ressort de l'Académie,
et dont l'autre concerne le rôle que, suivant l'auteur, jouerait l'électricité
dans certains phénomènes astronomiques.
La séance est levée à 5 heures. A.
BULLETIN bibliographique.
L'Académie a reçu, dans la séance du i3 septembre i852, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
2 e semestre i85a ; n° 10; in-4°.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Arago, Chevreul, Dumas,
Pelouze, Boussingault, Regnault; 3e série; tome XXXVI; septem-
bre i852; in-8°.
Tableau général du commerce de la France avec ses Colonies et les Puissances
étrangères , pendant l'année i85i. Paris, i852; 1 vol. in-4°.
Annales de l'Institut agronomique. Recueil de Notices, d'observations et de
recherches sur l'enseignement et la culture à l'Institut agronomique ; ire année;
ire et 2e livraisons. Paris, juin et août i85a; in-4°.
Histoire naturelle des Mollusques terrestres et d'eau douce qui vivent en
France; par M. l'abbé D. Dupuy; sixième fascicule; in-4°.
Le cheval dompté et dressé par lui-même, ou Théorie de la bride à mors régu-
lateur combinée d'après une découverte physiologique; par M. Cas. Noël.
Paris, i852; broch. in-8°.
Nouvelle méthode provisoire, approuvée par le Ministre de la Guerre, pour
dresser les jeunes chevaux, d'après les principes de M. Baucher ; broch. in-3a.
(37o)
Bulletin de l'Académie nationale de Médecine, rédigé sous la direction de
MM. F. Dubois (d'Amiens), secrétaire perpétuel, et Gibert, secrétaire
annuel; tome XVII; n° 23; i5 septembre i852; in-8°.
Bulletin de la Société de Géographie, rédigé par M. DE La. Roquette,
secrétaire général de la Commission centrale; avec la collaboration de
MM. V.-A. Malte-Brun, secrétaire-adjoint, Daussy, L.-Am. Sédillot, de
Froberville et Cortambert; 4e série; tome IV; n° 19; juillet i852;
in-8°.
Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe; 2e série;
4e trimestre 1 85 1 ; in-8°.
Bulletin de la Société de Médecine de Poitiers; 2e série; n° 19; mai i852 ;
in-8°.
Travaux de l'Académie de Beims, année j852-i853; n° 2; ier trimes-
tre i852; in-8°.
académie de Beims. Séance publique du ier juillet i852. Programme des
concours ouverts pour i853, i854, i855, 18 56 et 1857; une feuille in- 8°.
Becueil des travaux de la Société médicale du département d'Indre-et-Loire ;
2e série; 2e semestre i85i ; in-8°.
Cosmos. Bévue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. DE Monfort,
et rédigée par M. l'abbé MOIGNO; irfi année; n° 20; 12 septembre i852;
in-8°.
Journal d'Agriculture pratique et de Jardinage , fondé par M. le Dr Bixio,
publié par les rédacteurs de la Maison rustique, sous la direction de M. Barral;
3e série; tome V; n° 5 ; 5 septembre i852 ; in-8°.
Journal de Médecine vétérinaire, publié à l'Ecole de Lyon; tome VIII;
juin i852; in-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie; 3e série; tome XXII; septem-
bre i852 ; in-8°.
Becueil encyclopédique d'agriculture, publié par MM. Boitel et Loindet,
de l'Institut national agronomique de Versailles; tome III; n° 5; 10 sep-
tembre i852 ; in-8°.
Flora batava; 169e livraison; in-4°.
Sul sanitario... Du congrès sanitaire international ouvert à Paris, le z'5 juil-
let i85i; par M. A. Cappello. Rome, i852; 1 vol. in-8°.
Lezioni... Leçons de minéralogie adaptées spécialement aux études de l'ar-
chitecte constmeteur et de l'ingénieur des ponts et chaussées; par M. G. Tenore.
Naples, i85i-5a; 1 vol. in-8°.
( 37' )
Meinorie... Mémoires de physique ; par M. F . Zantedeschi. Padoue, i85s;
in-4°.
Astronomical... Observations astronomiques faites à l'observatoire Radcliffe,
à Oxford, en i85o; par M. M.-J. Johnson ; vol. XI. Oxford, i852; in-8°.
The astronomical... Journal astronomique de Cambridge ; n° 47». vol. II;
n° 23; 25 août i852.
Sitzungsberichte... Comptes rendus des séances de l'Académie impériale de
Vienne, classe des Sciences physiques et mathématiques , année 1 85 1 ; tome VII ;
fascicules 3, 4 et 5. Vienne, 1 85 1 ; in-8u. — Année i852 ; tome VIII; fasci-
cules i, 2 et 3. Vienne, i852; in-8°.
Denkschriften... Mémoires de i Académie impériale des Sciences de Vienne,
classe des Sciences physiques et mathématiques; tome III; livraisons i et 3 ;
in -fol.
Berichte. . . Rapport sur les travaux de la Société royale des Sciences de Saxe,
séant à Leipzig, classe des Sciences physiques et mathématiques; i85i; fasci-
cule 2 ; in-8°.
Zusàtze... Addition au problème florentin ; par M. W. DROBISCH. Leipzig,
1 852 ; broch. in-4°. (Extrait des Mémoires de ta Société royale des Sciences de
Saxe. )
Neue... Nouvelles expériences faites avec la balance de torsion; par
M. -F. Reich. Leipzig, i852; broch. in-4°. (Extrait des mêmes Mémoires.)
Elektrodynamische... Déterminations électro-dynamiques des masses, et
en particulier du diamagnétisme ; par M. W. Weber. Leipzig, i852; broch.
in-4°. (Extrait des mêmes Mémoires.)
Tafeln... Tables de comparaison et de réduction des hauteurs barométriques
indiquées suivant divers systèmes de graduation; calculées par MM. J.-J. POHL
et J. SchabuS ; broch. in-8°.
Tafeln... Tables de réduction des hauteurs barométriques marquées en mil-
limètres, à la température normale de zéro du thermomètre de Celsius; calculées
par les mêmes; broch. in-8°.
Kalender. . . Calendrier de la flore de l'horizon de Prague, dressé sur des
observations de végétations faites durant dix ans; par M. K. Fritsch. Pra-
gue, > 852; broch. in-S°.
Oversigt... Rapports sur les travaux de l'Académie royale des Sciences de
Danemark, pendant les années 1849, i85o et 1 85 1 ; par MM. OErsted et
Forchhammer. Copenhague; 3 vol. iu-8°.
Det kongelige... Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Danemark;
( 37* )
5e série, classe des Sciences physiques et mathématiques; cinquième série;
tome II. Copenhague, i85i; broch. in-4°-
Quœstiones, quœ in a. i852 proponuntur a Societate Regia Dnnica scien-
tiarum cum prœmissi promisso ; -j de feuille in-8°.
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques; n° 822.
La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° 20;
12 septembre i852.
L Athenœum français . Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux- Arts; n° 1 1 ; 11 septembre i852.
Gazette médicale de Paris; n° 37 ; 11 septembre i852.
Gazette des Hôpitaux; nos 106 à 108; 7, 9 et 11 septembre i85a.
Moniteur agricole; 5e année; n° 36; 9 septembre i852.
La Lumière; ie année; n° 38; 11 septembre i852.
Réforme agricole; n° 47; juillet 1802.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
«-©-©-©-*
SÉANCE DU LUNDI 20 SEPTEMBRE 1852.
PRÉSIDENCE DE M. RATER.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE l/ACADÉMIE.
optique, photométrie chromatique. — Note sur une propriété
photométrique des plaques daguerriennes ; par M. Pouillet.
« En «l'occupant de photographie, j'ai été conduit à remarquer, dans
les images que l'on obtient sur plaqué d'argent, une propriété curieuse,
qui a sans doute frappé la plupart des observateurs ; mais il n'est pas venu
à ma connaissance que l'on ait essayé d'en tirer parti pour l'appliquer à des
recherches de photométrie. Il me paraît cependant que la propriété dont il
s'agit donne un moyen de comparer le pouvoir éclairant des diverses cou-
leurs ; de trouver, par exemple, si une étoffe rouge renvoie plus ou moins
de lumière qu'une étoffe bleue, ou d'une autre couleur quelconque, lors-
qu'elles sont l'une et l'autre éclairées ou par la lumière du ciel ou par
d'autres lumières diversement colorées ; et même de déterminer, avec une
certaine approximation, les quantités relatives de ces lumières différentes
mesurées par leur action sur l'organe de la vue.
» C'est le principe sur lequel reposent ces comparaisons que je vais
essayer de faire comprendre en peu de mots.
» On sait que les images daguerriennes sont miroitantes ; que les noirs
les plus noirs y sont produits par les portions dans lesquelles la plaque a
conservé sensiblement tout l'éclat de son poli primitif; que les blancs les
C. R. , i85a, a™« Semestre. (T. XXXV, N» 12.) 49
( 374 )
plus blancs y sont produits par les parties dans lesquelles la plaque a pris
une surface mate plus ou moins prononcée.
» Il importe de remarquer que, dans les images les plus miroitantes, les
blancs les plus blancs conservent encore la propriété de réfléchir spéculai-
reraent une proportion très-considérable de la lumière incidente ; le mat
n'est en quelque sorte, sur le miroir, qu'une tache légère, d'une très-petite
épaisseur, que la lumière traverse en grande partie pour aller subir sur le
miroir la réflexion régulière ; aussi les objets un peu éclairés sont-ils vus
par réflexion sur ces blancs avec leur forme très-correcte et avec leur cou-
leur légèrement voilée de blanc. Sur les images les moins miroitantes, la
couche qui forme le mat n'est pas tellement épaisse, qu'il n'y ait encore sur
les blancs les plus intenses une réflexion régulière très-sensible ; on y voit
les objets comme sur un miroir fortement taché ; les contours restent, mais
les traits délicats ont disparu, et la couleur semble enveloppée d'un voile
blanc plus épais.
» De quelque manière qu'une image daguerrienne plane soit disposée
par rapport au jour, on peut toujours considérer chacun de ses points
comme étant le centre d'un hémisphère, et comme recevant des objets envi-
ronnants vin pinceau lumineux, suivant chacun des rayons de cette surface
hémisphérique. Ainsi, en supposant la plaque verticale sur le mur, et à
contre-jour, entre deux fenêtres d'un appartement, elle reçoit des pinceaux
lumineux de tous les points de l'intérieur, excepté de la face sur laquelle
elle repose; et l'on ne pourrait pas mettre une feuille de papier noir sur le
parquet, sur le plafond, ou contre l'une des trois faces latérales de l'appar-
tement, sans que l'image se trouve moins éclairée qu'elle n'était aupa-
ravant; seulement, la feuille de papier noir, dans un grand appartement,
n'étant qu'une très-petite portion de l'hémisphère éclairant, son effet sera
peu sensible.
» Il est facile de voir que cette lumière incidente se partage très-diver-
sement, suivant qu'elle tombe sur des noirs, sur des blancs, ou sur des
points d'un ton intermédiaire. Toute la lumière émise par l'hémisphère
éclairant qui vient tomber sur un noir s'y réfléchit spéculairement ; le poli
étant très-parfait, il n'y a pas de diffusion possible ; mais lorsqu'elle tombe
sur le blanc le plus blanc, il y a, par exemple, un quart seulement de cette
lumière qui est réfléchi spéculairement, et trois quarts qui se trouvent
diffusés dans toutes les directions (du moins si l'on néglige la petite pro-
portion qui se trouve absorbée). C'est cette lumière diffusée qui fait voir
les blancs de l'image et qui les fait ressortir avec plus ou moins d'éclat.
(375)
» Supposons maintenant que l'on s'avance pour regarder cette image un
peu obliquement, afin de ne pas se voir soi-même comme dans une glace,
et qu'on se mette bien à la distance de la vision distincte, en tenant l'œil
immobile dans cette position ; alors l'œil reçoit trois espèces de lumière :
» i°. Sur les noirs, il voit par réflexion spéculaire les points de l'appar-
tement qui correspondent à sa position ;
» a0. Sur les blancs, il voit par réflexion spéculaire plus ou moins voi-
lée, les points de l'appartement qui correspondent aussi à sa position ;
» 3°. Enfin, il voit les blancs par la lumière diffusée de l'ensemble de
l'hémisphère éclairant.
» Quelle sera la résultante définitive de ces diverses lumières qui con-
courent ici au phénomène de la vision? C'est ce que personne n'ignore;
il suffit d'avoir regardé une image daguerrienne pour savoir qu'elle sera
vue positive très- vive et très-bien modelée, si les points de l'appartement sur
lesquels elle se projette sont noirs ou d'une couleur foncée; qu'au contraire,
s'ils sont blancs ou très-lumineux, l'image sera vue négative, les noirs
paraissant vivement éclairés et les blancs se montrant seulement comme des
taches sur un miroir.
» Que l'on mette donc tour à tour une demi-feuille de papier noir
et une demi-feuille de papier blanc sur le point de l'appartement qui est
vu par réflexion directe, et l'on aura tour à tour une image positive dont les
noirs seront très-noirs et les blancs très-blancs ; puis une image négative
dont les noirs auront le blanc vif du papier vu par réflexion, tandis que
les blancs seront,* au contraire, semblables à des ombres plus ou moins
foncées.
» L'explication de ce phénomène se présente d'elle-même : dans le se-
cond cas, les blancs ne sont pas moins blancs que dans le premier, car
l'hémisphère éclairant qui fait voir les blancs n'a pas été sensiblement mo-
difié par la présence successive des deux demi-feuilles de papier; mais ils
ne paraissent plus que comme des ombres à côté du blanc beaucoup plus
vif du papier qui est vu sur les noirs, par réflexion directe. L'image devient
donc négative quand la quantité de lumière réfléchie spéculairement sur les
noirs fait sur l'œil une impression plus vive que la lumière renvoyée par
les blancs.
» De là cette conséquence : que l'image daguerrienne doit avoir un
point à' équilibre , c'est-à-dire un point à' invisibilité complète; et que
l'équilibre a lieu lorsque la lumière réfléchie spéculairement sur les noirs
fait sur l'œil la même impression que la lumière qu'il reçoit des blancs.
49-
( 376)
C'est là la propriété dont je parlais en commençant, qui a dû être remar-
quée et qui me semble propre à faire des comparaisons de photométrie
chromatique.
» Indiquons d'abord comment cette propriété peut être mise en évidence.
» Supposons que l'on ait des étoffes ou des papiers d'un gris nuancé
entre le noir et le blanc, d'une grandeur convenable à raison de la distance
à laquelle on les regarde, par exemple des carrés de 3 ou 4 décimètres de
côté, si on les regarde à la distance de 3 ou 4 mètres ; on pourra choisir un
ton assez clair ou assez foncé, pour que, mis à la place du papier blanc
ou du papier noir dont nous parlions tout à l'heure, l'image soit complè-
tement invisible lorsqu'on la regarde de manière à voir ce gris par réflexion
directe. Elle est alors effacée à tel point, que l'on ne distingue plus rien des
traits qui la caractérisent ; les noirs et les blancs sont confondus, c'est une
teinte uniforme ; la plaque a un aspect intermédiaire entre le mat et le poli,
mais l'image a disparu, il n'en reste pas trace. Les circonstances restant les
mêmes, si l'on substitue au gris de l'équilibre un gris plus clair, à l'instant
l'image devient négative; pour un gris plus foncé, elle devient positive ; en
un mot, il y a là un équilibre qui n'a rien d'incertain : une très-faible
lumière, ajoutée d'un côté ou de l'autre, suffit pour le déranger et pour
faire paraître le positif ou le négatif, suivant qu'elle s'ajoute à la lumière
diffusée ou à la lumière réfléchie.
» Désignons par <p l'intensité de la lumière diffusée résultant de l'hémi-
sphère éclairant, par p l'intensité de la lumière réfléchie spéculairement sur
les noirs, par £- l'intensité de la lumière réfléchie spéculairement sur les
blancs; la condition d'équilibre sera exprimée par la relation
(f + ^- — p.
» Voici maintenant le passage de la lumière blanche à la lumière colo-
rée. Lorsqu'on substitue une couleur quelconque au gris, qui tout à l'heure
faisait l'équilibre, on peut toujours la choisir d'un ton convenable pour
qu'elle produise elle-même un équilibre bien caractérisé, tout aussi sen-
sible que le précédent, et passant, comme lui, du positif au négatif, pour
une très-faible lumière ajoutée ou retranchée dans un sens ou dans l'autre.
Supposons que ce soit une étoffe rouge; alors la lumière diffusée est la
même en intensité et en coloration, elle reste représentée par 9 ; soit p' la
quantité de lumière rouge réfléchie spéculairement sur les noirs, la pro-
(377)
portion réfléchie spéculairement sur les blancs sera ^71 et l'on aura, cette
fois,
? h- £7 = /s' ;
d'où
>(-±)='(-i)-
Bien que les blancs soient d'un blanc assez pur lorsqu'ils sont éclairés par
la lumière du jour, il n'est pas certain que l'on doive avoir rigoureuse-
ment m = m'; cependant, dans les essais que j'ai pu faire, il m'a paru que,
pour une première approximation , on pouvait prendre m = m' ; d'où il
résulte p = p' ; c'est-à-dire que le gris et le rouge dont il s'agit renvoient la
même quantité de lumière ou sont doués du même pouvoir éclairant.
» L'expérience est encore plus frappante lorsqu'on place à côté l'une de
l'autre, dans un point où elles sont également éclairées, les deux surfaces
de couleur différente dont on veut faire la comparaison ; il suffit alors d'un
très-petit déplacement de l'œil pour les voir tour à tour, sur les mêmes
points de l'image daguerrienne. Si l'une donne, par exemple, une image
positive, et l'autre une image négative, celle-ci est celle qui renvoie le plus
de lumière, ou qui a le pouvoir éclairant le plus considérable; si elles
donnent l'une et l'autre des images positives, il faut les éclairer davantage,
les deux ensemble également, ou diminuer la lumière générale de l'hémi-
sphère éclairant pour amener l'une d'elles à passer au négatif: celle qui se
transforme ainsi la première est celle qui est douée du plus grand pouvoir
éclairant; si, enfin, elles donnent l'une et l'autre des images négatives, il
faut les éclairer moins, ce qui est toujours facile, ou, ce qui est encore plus
simple, augmenter la lumière de l'hémisphère éclairant, soit en renvoyant
sur la plaque la lumière du jour avec un réflecteur, soit en approchant à
une distance convenable, et à peu près perpendiculairement, une bougie
ou une lampe, jusqu'à ce que l'image correspondant à l'une des couleurs
devienne positive : la couleur dont l'image se transforme ainsi la première
est celle qui possède le moindre pouvoir éclairant.
» On peut ainsi, dans tous les cas, pour deux couleurs données, et
éclairées de la même manière, reconnaître celle des deux qui donne à l'œil
l'impression relative la plus forte. Les divers échantillons que j'ai soumis à
cette épreuve donnent des résultats qui semblent d'abord très-extraordi-
naires : ainsi, le rouge le plus éclatant d'une étoffe de laine ou de coton 3
(378)
un pouvoir éclairant un peu moindre qu'un bleu très-foncé, qui a lui-
même un pouvoir éclairant un peu moindre qu'un gris qui n'est, en
quelque sorte, qu'un noir un peu clair. En jugeant ces couleurs à la pre-
mière vue, on n'hésiterait pas à les classer dans un ordre précisément
inverse.
» Il est bon de rappeler que, pour chaque couleur, le point d'équilibre
ou d'invisibilité de l'image daguerrienne s'obtient surtout à la faveur de la
proportion de lumière colorée, spéculairement réfléchie par les blancs, qui
vient se mêler à la lumière blanche générale de l'hémisphère éclairant ; de
telle sorte que l'équilibre s'établit, en définitive, entre une couleur plus
foncée, mais plus éclairée, et la même couleur plus claire, plus lavée de
blanc, et moins éclairée, à peu près comme l'égalité d'impression s'établit
entre un gris vivement éclairé et un blanc plus ou moins rejeté dans
l'ombre. *
» C'est pourquoi |il faut choisir pour ces expériences des plaques dont
les blancs ne soient pas trop fortement accusés; celles qui sont trop mates
ne réfléchissent alors spéculairement qu'une très-faible proportion de la
lumière incidente, et l'équilibre ne s'obtient pas avec la même précision ;
mais il y a pour cela une assez grande latitude, et je n'ai pas aperçu de
différence sensible en prenant pour point de repère sur la même plaque,
tantôt des blancs très-légers, tantôt des blancs plus fortement prononcés,
pourvu qu'ils ne soient pas d'un mat presque complet.
» Il pourra sans doute arriver que l'ordre des pouvoirs éclairants des
diverses couleurs ne soit pas le même pour toutes les vues, et qu'il change aussi
avec l'intensité de l'éclairage; mais je suis porté à croire que les différences
ne seront pas très-grandes; du moins je n'ai rien remarqué de très-frap-
pant, en passant de la vive lumière du jour à celle d'un temps très-sombre,
et, en consultant diverses personnes, les différences dans leurs jugements
sont restées comprises dans des limites très- restreintes.
» Le même principe conduit à une solution plus complète de la
question ; dans ce que nous venons de dire, il s'agit seulement de recon-
naître si une couleur a un pouvoir éclairant plus grand ou plus petit qu'une
autre couleur, mais, par une méthode un peu différente, on peut déterminer
le rapport des pouvoirs éclairants Cette méthode consiste à ne laisser venir
à l'image daguerrienne qu'une lumière d'une intensité connue, toujours
assez grande pour que l'on puisse par comparaison négliger la lumière
diffusée qui résulte des échantillons soumis à l'épreuve. Il suffit donc de
couvrir la plaque d'un papier noir, à l'exception du petit espace de i à
( 379 )
a centimètres réservé pour l'expérience ; de la disposer verticalement sur
une des parois d'une chambre noire carrée, de 3 à 4 décimètres de côté,
sur i à a décimètres de hauteur; de percer la paroi opposée de trois
ouvertures : l'une au milieu pour éclairer la plaque presque perpendi-
culairement avec une lampe carcel, dont on varie la distance pour avoir
des intensités variables ayant un rapport connu ; les deux autres, pla-
cées à égale distance de celle-là, servent à donner passage, la première aux
faisceaux incidents qui viennent des échantillons, la seconde aux faisceaux
qui ont subi la réflexion directe ainsi qu'aux faisceaux diffusés qui doivent
faire ressortir les blancs : c'est sur cette dernière ouverture qu'on applique
l'œil pour faire l'observation. Il n'y a ici aucun inconvénient à donner à la
plaque un petit mouvement autour d'un axe horizontal pour amener suc-
cessivement au point de vue les deux échantillons disposés verticalement ,
l'un au-dessus de l'autre à 3 ou 4 mètres de distance; au reste, rien ne s'op-
pose à ce qu'on les mette plus près, pourvu que l'on ait pris les précautions
convenables pour que les déplacements de la lampe ne modifient pas la
lumière naturelle du jour qui les éclaire. Au moyen de cette disposition,
toute l'expérience se réduit à donner successivement à la lampe les deux
positions convenables pour que les deux échantillons soient tovir à tour mis
en équilibre.
» On voit, d'après ce qui précède, qu'en opérant ainsi, les pouvoirs
éclairants des échantillons seront en raison inverse des carrés des distances
de la lampe.
» Un autre travail dont je m'occupe en ce moment et que je n'ai pu in-
terrompre que quelques instants, ne m'a pas permis de faire autre chose
que des essais avec un appareil mal établi; cependant les expériences répé-
tées à plusieurs reprises avec des lumières d'intensité très-différente, m'ont
donné des résultats assez concordants pour que cette méthode me semble
propre à résoudre plusieurs questions importantes de photométrie chroma-
tique. J'espère que je pourrai un peu plus tard reprendre ces recherches,
avec des appareils moins imparfaits, et dans un local mieux approprié à ce
genre d'expériences. »
chimie organique. — Sur la résine de jalap et sur l'éther succinique
perchlorê ; par M. An;. Laurent.
« Dans le dernier Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Acadé-
mie, j'ai mis en doute l'exactitude des formules qu'on attribue à la rhodéo-
rétine et aux produits de ses métamorphoses. M. Mayer vient de publier
( 38o )
sur ce sujet un Mémoire dans lequel il est démontré que mes soupçons
étaient parfaitement fondés; mais M. Mayer donne de nouvelles formules
qui sont aussi inacceptables que les anciennes.
» Voici le résumé de ses recherches :
» La rhodéorétine séchée à ioo degrés renfermerait CT1H,aa08'.
» La rhodéorétine fondue à i5o degrés renfermerait. . . C'aH,20O8S.
» L'acide rhodéorétinique, produit de l'action des alcalis
sur le corps précédent CT H O .
» L'acide rhodéorétinolique, produit de l'action des acides
sur les corps précédents CH O.
» La transformation de la rhodéorétine en acide rhodéorétinolique et en
sucre, se ferait d'après l'équation suivante :
C"Hll0O" -h ioHaO = C^H^O'0 -f 3C,4Ha40,a,
rhod. acide rhod. sucre
et celle de l'acide rhodéorétinolique en acide ipomique ou sébacique et en
acide oxalique, d'après celle-ci :
c>6H«»o«° ■+■ 6NaO*Ha = 3 (C,0H,8O4) + 3CaHa04 4- 6NaOa + ioHaO.
acide ipomiq.
De semblables réactions sont peu probables.
» Divisons les formules précédentes par 3 en négligeant les fractions,
alors nous aurons :
rhodéorétine à 1 5o degrés Ca4H40O,a,
acide rhodéorétinique Ca4H4aO,s,
acide rhodéorétinolique C'aHaaOs.
Les réactions deviennent
Ca4H40O,a4-aHaO =C,aH"0,a+C,aHaaO»,
c.i.Hm0s + o = C,aHaa04
— CaH4, qui se change en acide oxalique;
il reste C,0H18O4 acide ipomique ou sébaciq.
» L'acide rhodéorétinolique appartient évidemment à ce que j'ai nommé
autrefois la série des acides gras, série qui commence à l'acide formique
pour monter jusqu'aux acides stéarique et mélissique.
» J'ai fait voir que tous ces acides dérivent des carbures d'hydrogène
«CHa, et qu'ils rentrent dans une des quatre formules suivantes :
n CHa + Oa monob . , n CHa + O8 - Ha monob . ,
n CHa -+■ O8 bibas., n CHa 4- O4 - Ha bibas.
( 38i )
L'acide rhodéorétinolique se rapporte à la formule nCH2 + O3 — H2.
Comme tous les acides de ce genre, il donne naissance, sous l'influence de
l'acide nitrique, à un composé bibasique qui appartient à la formule
nCH3-t-04 -II2.
» On attribue à l'éther succinique chloré, aux acides chlorazosuccique
et chlorosuccique, à la chlorosuccilamide, à l'éther chlorosuccique et au
chlorosuccide des formules qui ne s'accordent ni avec la loi des nombres
pairs, ni avec les équivalents que M. Gerhardt et moi nous employons.
» M. Gerhardt a déjà cherché à corriger les formules des composés pré-
cédents, en s'appuyant sur la composition suivante de l'éther succinique
chloré :C8HC1,304.
» Mais comme les corrections proposées feraient supposer que M. Mala-
gutti a constamment obtenu dans ses analyses moins d'hydrogène que le
calcul n'en donne, j'ai cherché s'il ne serait pas possible d'obtenir d'autres
formules qui s'accordassent mieux avec l'expérience.
» Si l'on admet que la première erreur existe dans la formule de l'éther
succinique chloré, et que celui-ci, semblable aux autres éthers perchlorés,
renferme C8C1I404, alors on sera conduit à donner aux produits de ses
métamorphoses les formules suivantes, et expliquer ses réactions ainsi :
» i°. Action de la chaleur,
f! pp o ]
C8 01**0* = ~, + C02 + C3C1*0.
» Le composé ;C3C1*0 serait le chlorosuccide ou l'aldéhyde acroléique
perchlorée. Cette aldéhyde, sous l'influence de l'eau, de l'ammoniaque et de
l'alcool, donnerait :
a. de l'acide acroléique trichloré,
C3C14 O + H20 = C3 Cl3 HO2 -+- HC1;
b. de l'acroléamide trichlorée,
C3C1*0 + H3N = C3 Cl3 H2 NO + H Cl;
c. de l'éther acroléique trichloré,
C3CPO + CaH80 = C5C13HH)2 + HC1.
» a°. Action de la potasse,
C2 HCl8 O2 )
C8C1,40* + 4H20= „ . 4-C02+C3HCl3Oa + 5ClH.
CaHCl302
C. R. i85a, a"»" Semeitre. (T. XXXV, N« 12.
5o
( 38a )
1-e composé CHCl'O* ou l'acide chlorosuccique serait donc l'acide aero-
léique trichloré.
» 3°. Action de l'ammoniaque,
C»Cl-0'4-3H3N=J:2^|:i,3^J+C^HCPNO' + 4ClH.
chloracétamide
Le composé C4 H Cl4 NO2 ou l'acide chlorazosuccique ne serait pas un acide,
mais de la succinimide quadrichlorée, qui peut, comme la succinimide nor-
male, se combiner avec quelques métaux.
» 4°- Action de l'alcool,
CC1,404 -+- 5C2H60 = ® ^^^! j + C5H,0O3 + C5H5CP02 -h 5Cl II.
CJC13H°02 j
éther chloracét. éthercarbon. éther chlorosuccique
» 5°. Transformation de l'acide chlorazosuccique en chlorosuccilamide,
C4 HC14 NO2 + H2 O = C3 NH2 CI3 O + CO2 -+- Cl H .
acroléamidc
» Pour avoir la clef de ces métamorphoses, il faut imaginer que l'éther
succinique perchloré renferme de l'anhydride succinique perchloré
C4 Cl4 O3 ; alors celui-ci, avec l'ammoniaque, donne la succinimide chlo-
rée, et en perdant CO2, il laisse l'aldéhyde acroléique C3Cl4 O, qui produit
à son tour les autres réactions. »
MEMOIRES LUS.
mécanique appliquée. — Nouvelle machine oscillante, sans piston ni
soupapes, mise en mouvement par les forces combinées de la vapeur et
des gaz engendrés par la combustion ou par. la vapeur et l'air dilatés
à de très-hautes températures; par M. Galy-Cakalat. (Extrait par
l'auteur.)
(Commissaires, MM. Poncelet, Morin, Combes.)
« Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de
l'Académie, avant de faire la description de ma machine, je calcule les
puissances comparatives des moteurs engendrés par la force expansive du
calorique, en me fondant sur les principes suivants :
» Chaque kilogramme de houille, qualité moyenne, peut développer
( 383 )
75oo calories en se combinant avec l'oxygène de 9 mètres cubes d'air,
sur 18 qu'on laisse passer à travers la grille du foyer.
» En prenant pour unité le calorique nécessaire pour élever de 1 degré,-
1 kilogramme d'eau, le calorique spécifique de i kilogramme de vapeur est
égal à 0,70, et le calorique spécifique de 1 kilogramme d'air est 0,28.
» Les produits gazeux de la combustion de la houille ont à peu près la
même capacité pour la chaleur que l'air.
» Les puissances dynamiques des gaz, et des vapeurs agissant sans con-
densation, sont proportionnelles aux accroissements de volume qu'ils
prennent, dans le même temps.
» D'après ces principes, je calcule la puissance dynamique de la flamme,
ou des produits gazeux de la combustion de 1 kilogramme de houille
moyenne dans un foyer clos alimenté par une soufflerie qui absorbe
i5 pour 100 de la force emprisonnée dans le foyer.
» Je calcule ensuite la portion de cette puissance qui passe dans les gé-
nérateurs pour y vaporiser de l'eau, pour y surchauffer de la vapeur déjà
formée, pour augmenter la force élastique d'un poids connu d'air empri-
sonné.
» Les résultats du calcul fondé sur les principes ci-dessus, admis en
physique, sont représentés comme il suit : •
» i°. La puissance dynamique de la flamme, ou des gaz développés par
75oo calories (en retranchant un quart absorbé par la machine souf-
flante) .- 100
» 20. 455o calories, sur 75oo, produisant dans l'a chaudière 7 kilo-
grammes de vapeur . . '. • . 20
» 3°. /p5o calories employées à surchauffer de la vapeur 67
» 4°- 455o calories se combinant avec une masse d'air dans un
vase clos 77
» Ces résultats démontrent que le moteur le plus économique est la
flamme, ou la réunion des gaz développés dans un foyer clos alimenté d'air
par une machine soufflante.
» Toutefois, l'application de la flamme comme puissance motrice est
impraticable, parce que l'action des gaz, agissant à très-hautes températures,
ferait gripper le piston ; la fermeture hermétique du foyer rendrait trop
difficile la continuité de la combustion; enfin, la soufflerie devrait avoir
des dimensions si grandes, qu'elle compliquerait notablement le méca-
nisme. J'ai obvié à ces graves inconvénients au moyen de la nouvelle
5o..
( 384)
machine, qui réalise une partie de l'économie due aux moteurs agissant à
très-hautes températures.
» Description. — Cette machine se compose d'une capacité annulaire
logée dans une chambre à feu, entourée d'eau, ménagée à la suite de la
grille d'une chaudière tubulaire. La partie supérieure de la capacité est
divisée en deux compartiments distincts par une cloison fixe, tandis que la
partie inférieure est à moitié remplie de plomb fondu. La machine est liée
par des bras de fer avec un axe horizontal, qui doit osciller sur deux pa-
liers extérieurs à la chambre qui la contient. Une des extrémités de l'axe
fait corps avec la manivelle destinée à mener une bielle, qui transforme le
mouvement d'oscillation en mouvement rotatif. L'autre extrémité de l'axe
creux est embrassée par un manchon qui porte la boîte connue de distri-
bution de la vapeur. Cette dernière est conduite de la chaudière dans la
boîte par un tuyau fixe, autour duquel oscille hermétiquement l'axe creux
du manchon.
» La distribution du moteur est réglée par le mouvement du tiroir,
comme dans les machines oscillantes, sans condensation et à détente.
» Pour mettre la machine en train, on laisse arriver la vapeur entre le
bain métallique et la cloison qu'elle repousse du côté vers lequel elle fait
monter le plomb fondu. La différence des niveaux métalliques mesure la
force de la vapeur qui afflue jusqu'à ce que le tiroir l'arrête. Alors elle agit
par détente. Après la délente, vers la limite de l'oscillation, le tiroir met en
communication les trois orifices qu'il recouvre. Aussitôt la vapeur s'échappe
par l'ouverture centrale,' et le plomb qu'elle soulevait, tombe en faisant un
vide sous la cloison. Ce vide se remplit à l'instant de gaz chauds, ou d'air
froid, selon que l'orifice central, sous le tiroir, communique avec la chambre
à feu, ou avec l'atmosphère. Immédiatement après l'entrée des gaz dans la
machine, le tiroir les y emprisonne, en continuant son mouvement qui
laisse entrer la vapeur. Les forces combinées des gaz et de la vapeur qui se
dilatent dans la capacité annulaire, repoussent la cloison en sens contraire,
en agissant par détente, jusqu'à l'autre limite de l'oscillation, et ainsi de
suite.
» Comparaison avec les machines à vapeur. — Dans l'application aux
bateaux, l'appareil se composerait de quatre chaudières contenant chacune
une machine oscillante respiratoire. Une machine de mille chevaux, éva-
luée à raison de 35 kilogrammes de vapeur utilisée, par heure et par cheval,
coûte aujourd'hui à la marine i 400 000 francs ; elle dépense, par heure,
( 385 )
35 ooo kilogrammes de vapeur, et 5 ooo kilogrammes de houille. Elle pèse
65o tonneaux avec l'eau dans la chaudière, plus 960 tonneaux de houille,
pour un approvisionnement de huit jours. Enfin, elle occupe, comme la
machine du Napoléon, 28™, 6 de longueur au milieu du bateau, dont la
longueur totale est de 7im,23.
» Suivant notre système, une machine de mille chevaux coûterait
5oo 000 francs, dépenserait deux fois moins de houille, et elle occuperait
deux fois moins de place. »
chirurgie. — De l'utilité clinique du microscope pour le diagnostic des
maladies cancéreuses ; par M. Alquié, de Montpellier. (Extrait par
l'auteur.)
(Commissaires, MM. Andral, Velpeau, Lallemand, Rayer.)
« On a publié récemment plusieurs travaux sur la distinction à établir
entre les différentes altérations, généralement considérées comme cancé-
reuses. MM. Lebert, Gluge, Sédillot, Broca, etc., soutiennent que bien des
tissus communément rangés parmi les cancers, sont de simples cancroïdes,
et notamment les produits où se trouvent seulement des cellules épidernri-
ques et épithéliales. Selon ces médecins, le vrai cancer a pour caractère
spécifique une cellule propre sans laquelle, et malgré les apparences les
plus nombreuses, il n'existe que des cancroïdes. Ceux-ci ont une marche
plus lente, beaucoup moins grave, n'infectent point l'économie, consti-
tuent des maladies locales, ne récidivent point quand on les extirpe
complètement, ne déterminent pas la cachexie cancéreuse. Ainsi les altéra-
tionssquirrheuses, colloïdes, mélanées, etc., généralement adoptées comme
cancéreuses, ne le sont pas cependant, quels que soient l'aspect et la marche
du mal, s'il n'existe pas au sein de ces tissus morbides la cellule spécifique.
De là résulte que la plupart des lésions si fréquentes aux jlèvres, à la face,
à la dure-mère, etc., ne sont pas des cancers, mais bien des cancroïdes
épidermiques.
» C'est contre ces propositions que je viens m'élever, à l'aide de nom-
breuses observations cliniques tirées de mon service chirurgical à l'hôpital
Saint-Eloi de Montpellier, et des faits non moins multipliés empruntés
à divers "observateurs célèbres. J'invoque d'abord l'opinion des praticiens
et des micrographes les plus distingués de l'Allemagne, de l'Angleterre et
de la France. Les recherches spéciales de Rokitanski, Bruch, Gornp-Besa-
( 386 )
nez, Vogel, Virchow, Bonnet, Mayor, Velpeau, etc., sont contraires au
sentiment que je viens combattre. Je dois faire remarquer que le but de
mes recherches et de mon Mémoire n'est pas de faire une discussion d'ana-
tomie pathologique pure, mais spécialement une étude au lit des malades,
afin de savoir l'utilité des distinctions microscopiques pour la clinique et
l'art de guérir.
w Selon moi, les travaux de MM. Lebert, Broca, etc., établissent des
distinctions anatomiques entre des tissus de même nature morbide ou
produits par le même vice de l'économie vivante. Il est vrai que, parmi
les altérations dont il est question, les unes renferment une cellule spé-
ciale, et les autres des cellules ou plaques d'épithélium ou d'épiderme;
les unes sont composées de squirrhe ou d'encéphaloïde, les autres de col-
loïde ou de mélanose. Dans cette analyse physique, quelque minutieuse
qu'on l'établisse, ne se trouve pas le motif essentiel et pratique de leur dis-
tinction et de leur diagnostic, mais bien dans l'histoire clinique du mal et du
malade.
» Dans mon Mémoire, je compare donc les cancroïdes aux cancers sous
les principaux rapports cliniques. A la faveur d'observations nombreuses,
où l'étude microscopique n'est jamais oubliée, je démontre la ressemblance
physiologique des cancers et des cancroïdes en examinant les causes, l'inva-
sion et la marche, l'ulcération, l'extension opiniâtre, les récidives, l'associa^
tion ou la transformation de ces divers tissus ou leur dégénérescence, la
cachexie, les indications et les moyens thérapeutiques.
» Je termine enfin par les conclusions suivantes : L'invasion et la marche
de ces différentes formes cancéreuses en démontre l'identité de nature;
développement lent et insidieux, apparence d'une lésion bénigne, maladie
stationnaire pendant assez longtemps, douleurs lancinantes, opiniâtreté
du mal, extension progressive et parfois rapide des désordres organiques,
tendance à l'ulcère rebelle et destructeur et ayant la plus grande ressem-
blance dans la plupart des cas, récidive fréquente de l'altération détruite
par le feu ou par les caustiques et malgré tous les soins et l'habileté du
chirurgien ; réunion , substitution ou transformation de ces différents
produits morbides dans la même région du corps; détérioration profonde
de l'organisme, cachexie pareille, indication thérapeutique semblable,
inefficacité ordinaire des remèdes opératoires et besoin d'un médicament
spécial. »
(387)
ÉCONOMIE burale. — Mémoire sur une observation tendant à éclairer
l'étiologie de la maladie de la pomme de terre et de plusieurs autres
végétaux; par M. Roboûam. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à l'examen de la Commission chargée de s'occuper des communi-
cations relatives à la maladie de la vigne ou à la maladie des pommes de
terre, Commission qui se compose de MM. Duméril, Magendie, de
Jussieu, Brongniart, Milne Edwards, Decaisne.)
« Des pommes de terre altérées à des degrés différents m'ont été en-
voyées, par" M. F. Gall, des environs de Melun. Voici l'état qu'elles m'ont
présenté : Le Rhizoctonia violacea les recouvre, ce qui de blanches les fait
paraître violettes. Leur altération commence par les zones extérieures, et
paraît se rapprocher de l'altération molle du tubercule dans la maladie
ordinaire, mais en diffère réellement par le mode d'envahissement des
cellules amylacées. Pour m'assurer si la maladie spéciale existait, je me
suis transporté sur les lieux, et j'ai constaté sur les tiges, leurs branches et
les feuilles, ces taches brunes et noires, avec cette altération si profonde des
tissus devenus cassants comme du verre, signes qui ne laissent aucun doute
sur l'existence de la maladie. J'ai poussé plus loin mes investigations, j'ai
fouillé la terre que j'ai trouvée saupoudrée d'un blanc farineux, dont on avait
déjà constaté la présence lors de l'arrachement des pommes de terre l'année
précédente, et lors du défrichement de la luzerne qui avait précédé les
pommes de terre. J'y ai trouvé une grande quantité de Coccus radicum
dont j'ai surpris aussi plusieurs individus près du renflement terminal de la
racine d'une jeune vigne tout récemment morte. Une luzerne de quatre ans,
aux trois quarts détruite, était située tout auprès; j'en ai arraché un grand
nombre de pieds ; tous étaient atteints du Rhizoctonia violacea, et la terre
aussi était farcie de blanc et de Coccus radicum. Enfin j'ai trouvé à Mont-
rouge, sur du sainfoin et de la luzerne malades, le Rhizoctonia violacea;
la terre était de même remplie de blanc, mais le Coccus radicum était ici
remplacé par le Puceron lanigère, hémiptère qui, après avoir détruit quel-
ques centaines de pommiers, s'était porté d'abord sur le Ranunculus acris
puis sur le sainfoin, la luzerne et bien d'autres plantes encore. Cependant
je ne crois pas que ces êtres soient la seule cause de la maladie spéciale ; je
pense, et ces faits semblent l'autoriser, que toutes les causes qui vicient la
nutrition dans le même sens, déterminent des phénomènes morbides, sinon
parfaitement identiques, du moins analogues. De même qu'il n'y a pas une
cause unique des états anémique, chlorotique, etc., de même il n'y a pas
( 388 )
une cause unique des phénomènes morbides constituant la soi-disant ma-
ladie spéciale. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
anatomie comparée. — Etudes d'anatomie philosophique sur la main et le
pied de l'homme et sur les extrémités des Mammifères, ramenées au
type petitadactyle; par MM. N. Joly et A. Lavocat. (Extrait par les
auteurs.)
(Commissaires, MM. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, Duvernoy.)
« Dans le travail que nous avons l'honneur de soumettre au jugement
de l'Académie, nous cherchons à prouver par l'analogie, le raisonnement
et l'observation directe, que, malgré les formes si variées que prennent la
main et le pied, considérés dans l'ensemble des Mammifères, malgré les
usages si divers auxquels ils sont affectés, ces deux extrémités sont néan-
moins construites sur un même plan et peuvent être ramenées au même
type : la pentadactylie.
» Pour arriver à cette démonstration, appuyés sur les principes féconds
de la théorie des analogues, nous nous livrons d'abord à une nouvelle
étude de la main et du pied del'homme, et, après avoir établi, contrairement
à l'opinion, partout dominante, qu'il y a réellement dix os carpiens, nous
prouvons facilement qu'il existe aussi dix os tarsiens. Ces os sont disposés
sur deux rangs, formés chacun de cinq pièces correspondant aux cinq
métacarpiens, qui, eux-mêmes, correspondent chacun à trois phalanges.
» Les os carpiens et tarsiens sont donc dans un rapport numérique exact
avec ceux du métacarpe et du métatarse, et, par conséquent, aussi avec
les doigts, dont ils font réellement partie. Ces mêmes os sont plus constants
que tous ceux qui entrent dans la composition de la main et du pied; mais
souvent ils se soudent entre eux, d'après des combinaisons très- diverses,
et ces soudures masquent (Ruminants, Solipèdes), sans le détruire, le type
quinaire, parfois aussi très-évident (taupe, cochon d'Inde, agouti, échidné,
ornithorhynque, etc.).
» En général, ce type quinaire ou pentadactyle est facile à constater chez
les Mammifères onguiculés, bien que Vicq d'Azyr ait formé parmi eux huit
classes, fondées sur le nombre apparent, mais non réel, des doigts. Aussi,
ne nous arrêtons-nous pas à faire ressortir ici une vérité qui n'a point
échappé à Cuvier, et qui maintenant est assez généralement admise. Nous
(389)
nous bornerons, en ce qui concerne les Onguiculés, à signaler une erreur de
ce grand naturaliste relative au nombre des phalanges qu'on trouve aux
doigts des chauves-souris ( ce nombre est normal), et à redresser une inter-
prétation très-fautive des os en faucille de la main et du pied de la taupe.
Selon nous, ces os ne sont rien autre chose que l'apophyse styloïde
détachée du radius, ou bien la malléole interne, également détachée du
tibia, et reportée au pied.
» Il est beaucoup moins aisé de ramener au type pentadactyle les Mam-
mifères ongulés. Vicq d'Azyr les divise en deux classes, selon qu'ils ont
deux doigts (Ruminants) ou un seul (Solipèdes). Cuvier s'exprime à leur
égard ainsi qu'il suit (i) :
« Les Solipèdes ont deux doigts imparfaits et un parfait; en tout trois :
» Les Rhinocéros, trois; les Ruminants, deux imparfaits, deux parfaits,
» en tout quatre; le tapir et l'hippopotame, quatre parfaits. »
» Or, chez les cochons, si voisins des tapirs, nous avons vu et fait voir
cette année même, à l'Académie des Sciences de Toulouse, un pouce
anormalement développé : cette anomalie n'était évidemment qu'un retour
au type.
» Du cochon domestique au pécari, il n'y a qu'un pas, et tout le monde
sait que chez ce dernier animal, les deux métacarpiens et métatarsiens
principaux sont soudés en une espèce de canon, comme chez les Rumi-
nants, « avec lesquels, dit Cuvier, leur estomac, divisé en plusieurs poches,
» leur donne un rapport très-marqué. »
» Le pécari établit donc une transition presque insensible entre les
Pachydermes et les Ruminants, qui ne diffèrent généralement des premiers
que par des soudures plus nombreuses entre leurs os carpiens et tarsiens,
par un moindre développement du premier et du quatrième doigt (2), et par
un pouce tellement rudimentaire, surtout aux membres postérieurs, que sa
présence est simplement indiquée par un bouquet de poils ou épi situé en
(1) Anatomie comparée, tome I, page 432.
(2) Pour établir les analogies qui existent entre les extrémités antérieures et les posté-
rieures, nous plaçons, avec M. Flourens, la main en état de pronation par la simple rota-
tion du radius. C'est là évidemment sa position naturelle. De plus , nous comptons de dehors
en dedans les doigts et tous les éléments osseux qui entrent dans leur composition. Ainsi,
pour nous, les termes de premier, deuxième, troisième, quatrième et cinquième doigts
indiquent X auriculaire, X annulaire, le médius, l'index et le pouce.
C. il., i852, -i™< Semestre. (T. XXXV, N° 12.) 5l
( 39o)
dedans du carpe, ou bien par une petite plaque cornée, rugueuse et noi-
râtre (chamois), analogue à la châtaigne du cheval. Il est à noter que cette
portion de pouce qui porte l'épi ou la châtaigne, reçoit à sa face interne
des nerfs et des vaisseaux qui lui sont propres.
» Les rhinocéros se laissent également ramener au type pentadactyle.
Aussi, bien qu'ils n'aient que trois doigts apparents, Rymer Jones a cepen-
dant trouvé chez eux deux pièces carpiennes qu'il nomme surnuméraires ,
et qui sont situées l'une en dedans du scaphoïde, l'autre en dehors de l'os
crochu. Or l'existence de ces deux os carpiens suffit pour indiquer, selon
nous, celle du pouce et du petit doigt ici réduits aux éléments carpiens qui
en forment la base. Ignore-t-on d'ailleurs, que M. E. Lartet a découvert, à
Sansan, un rhinocéros auquel il a donné le nom de letradactylus } en raison
du nombre apparent de ses doigts? Qui sait si les rudiments du pouce n'ont
pas échappé à cet habile et infatigable paléontologiste? Du reste, ces rudi-
ments existent, même chez les rhinocéros à trois doigts, où, comme nous
l'avons dit, ils sont représentés par l'os articulé en dedans du scaphoïde.
» L' A noplotheriwn ne faisait pas non plus exception à la loi générale,
puisque, de l'aveu de Cuvier lui-même, outre ses deux grands doigts, sem-
blables à ceux des Ruminants, mais à canons séparés, il en avait encore
trois autres réduits à l'état de vestiges. Cet animal se rapprochait donc beau-
coup du genre Hjœmoschus , dont les deux métacarpiens principaux restent
séparés, comme l'étaient ceux des Anoplotherium.
» Quant aux Solipèdes, si improprement nommés monodactyles , en
nous basant sur des considérations empruntées à la tératologie, à l'anato-
mie comparée et à la paléontologie, nous croyons avoir démontré que :
» i°. Leur grand doigt, généralement regardé comme unique, est double
en réalité et représente les deux grands doigts (index et annulaire) du porc
et des Ruminants; i° l'auriculaire et l'index sont évidemment représentés
par les stylets métacarpiens; 3° le pouce, celui de tous les doigts qui, chez
les Mammifères marcheurs, se modifie le plus, en raison de son peu d'im-
portance fonctionnelle, le pouce est indiqué, chez le cheval, par cette
excroissance cornée à laquelle les vétérinaires ont donné le nom de châ-
taigne, et que l'on voit à là face interne des membres thoraciques et des
membres pelviens dans la région carpienne et tarsienne.
» La paléontologie vient à l'appui de ces conclusions et les confirme de
la manière la plus heureuse et la plus éclatante.
» En effet, d'après le Dr Raup, chez les Hippotherium ou chevaux de
(39i )
1 ancien inonde, indépendamment du doigt principal, unique pour l'auteur
allemand, équivalent, selon nous, au deuxième (annulaire) et au troisième
(médius) doigt de l'homme ou des Ruminants, il y avait deux doigts laté-
raux pourvus de phalanges, plus un prolongement styloïde que le Dr Kaup
regarde comme un quatrième doigt rudimentaire, et qui, pour nous, est
incontestablement le cinquième. Sous ce rapport, ces chevaux se rappro-
chaient donc des Palœotheriwn, et surtout du Palceotherium hippoides,
découvert à Sansan par M. E. Lartet (1).
» On le voit par tout ce qui précède, afin d'établir les analogies souvent
virtuelles, pour ainsi dire, entre les extrémités de l'homme et celles des
Mammifères, nos comparaisons devaient naturellement porter sur les pièces
vraiment essentielles de ces extrémités.
» Or, avons-nous dit, les os du carpe sont en quelque sorte la base fon-
damentale de la main, comme ceux du tarse sont la base fondamentale du
pied. Ils ont chacun, et surtout ceux des rangées métacarpienne et métatar-
sienne, une valeur et une signification qui traduisent assez fidèlement l'état
souvent obscur des doigts. C'est donc l'examen comparatif des os du carpe
et du tarse qui devait être plus particulièrement l'objet de nos recherches.
Par ce moyen si simple, qui est la clef de notre méthode, nous sommes
arrivés à des résultats que nous n'aurions certainement pas obtenus si,
comme nos devanciers, nous nous étions bornés à la région phalangienne,
région tellement modifiable, qu'elle donne à certains Mammifères l'appa-
rence de ne posséder essentiellement qu'un, deux, trois ou quatre doigts.
De là sont venus les termes de monodactyles, didactyles, tridactyles, tétra-
dactyles réguliers ou irréguliers ; toutes dénominations erronées en ce sens
que, d'après des caractères superficiels et inexacts, elles établissent une
profonde division entre des animaux qui, en réalité et à ce même point de
vue, se rapprochent et se groupent sous un même type : la pentadactylie.
» On sait combien la nomenclature des éléments osseux du carpe et du
tarse est défectueuse, non-seulement en anatomie vétérinaire, mais encore
dans l'anatomie humaine et comparée. Obligés de signaler des os jusqu'à
présent inaperçus chez l'homme, et désireux d'éviter les inconvénients que
présentent les noms trop significatifs uniquement dérivés de la forme des
objets qu'ils expriment, nous nous sommes résolus à proposer une nomen-
clature nouvelle, que nous croyons être plus que l'ancienne en harmonie
(i) Voyez sa Notice sur la colline de Sansan, page 3o.
(39* )
avec la vérité. On la trouvera dans les tableaux synonymiques et synop-
tiques ci-joints.
Ier Rang.
OS DU CARPE.
PROTOCARPIES.
(Pisiforme, or-
bicuiaire).
(Hors de rang,—
os crochu , — os
suscarpien des
vétérinaires. )
DEUTOCARPIEN.
( Pyramidal. —
Cunéiforme. )
TRITOCARPIEN.
( Semi-lunaire. —
Lunaire.)
TÉTROCARPIES.
(Scaphoïde. —
Naviculaire.)
PEMPTOCARPIEN.
(Sans nom.)
Ordinairement
soudé au pré-
cédent.
2e Rang.
PROTOCARPE.
(Sans nom.)
Ordinairement
soudé au sui-
vant.
lECTOCARPE.
(Os crochu, — un-
ciforme.)
TRITOCARPE.
(Grand os.)
Os capitatum ,
(Stemm.)
TÉTROCARI'E.
( Trapézoïde. )
PEMPTOCARPE.
(Trapèze.)
Doigts.
Ier ou
Auriculaire.
2e ou
Annulaire.
3e ou
Médius.
4e ou
Index,
5e ou
Pouce.
Ier Rang.
OS DU TARSE.
PROTOTARSIEN.
(Sommet du cal-
canéum.)
"deototarsien.
(Partie antérieure
du calcanéum.)
TRITOTARSIEN.
( Astragale. )
TÉTROTARSIEN.
( Scaphoïde. )
PEMPTOTARSIEN.
(Sans nom. )
Ordinairement
soudé au pré-
cédent.
2e Rang.
PROTOTARSE.
(Sans nom.)
Ordinairement
soudé au sui-
vant.
deutotarse.
( Cuboïde. )
TRITOTARSE
3e ou moyen
cunéiforme de
l'homme.
Ier ou grand
cunéiforme des
quadrupèdes
domestiques.
TETROTARSE.
2e ou petit
cunéiforme de
l'homme.
2e ou moyen
cunéiforme des
quadrupèdes
domestiques.
PEMPTOTARSE.
ier ou grand
cunéiforme do
l'homme.
3e cunéiforme,
tantôt le petit,
tantôtlemoyen,
chezles quadru-
pèdes domesti-
ques.
Orteils.
iflr.
2«.
3e.
4e-
5e.
( 393)
chimie. — Examen de la graisse et des concrétions trouvées dans le
corps d'un éléphant femelle, mort récemment à Toulouse (i); par
MM. E. Filhol et flf. Joly. (Extrait par les auteurs. )
(Commissaires, MM. Ghevreul, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire.)
« Tous les anatomistes qui ont disséqué des éléphants ont été frappés de
la petite quantité, et même de l'absence complète de graisse qu'ils obser-
vaient chez les individus soumis à leur scalpel. Les organes ordinairement
le plus chargés de tissu adipeux [épiploons, mésentères, reins) n'en offraient
aucune trace dans l'éléphant disséqué par Perrault. Celui de Blain était dans
le même cas. Nous en dirons autant de celui dont Camper a étudié
l'anatomie, etc.
» Après les assertions si précises des auteurs que nous venons de citer,
on sera peut-être surpris d'apprendre que l'éléphant femelle mort cette
année à Toulouse (6 mai i852), était pourvu d'une si grande quantité de
graisse, qu'elle s'échappait à l'état liquide des incisions faites aux muscles
par le couteau des équarrisseurs, et venait se figer à la surface du sang qui
s'écoulait des veines coupées en même temps. Les intestins, les épiploons,
les mésentères, les reins, les vaisseaux sanguins eu général étaient presque
littéralement noyés dans la graisse. Les ligaments larges de la matrice eux-
mêmes en contenaient en si grande abondance, que les découpures qui
festonnent leurs bords libres paraissaient avoir été farcies de substance adi-
peuse. Il en était de même des tuniques de l'estomac et des intestins propre-
ment dits. Quant au foie, il avait presque entièrement subi la transforma-
tion graisseuse si bien étudiée dans ces derniers temps par M. le professeur
Lereboullet. Enfin, la plupart des ganglions lymphatiques de la cavité abdo-
minale étaient devenus d'une dureté presque pierreuse et offraient un
volume vraiment extraordinaire. Les plus petits avaient la grosseur d'une
noix; les plus gros n'avaient pas moins de 10 à i5 centimètres de long, sur
7 à 8 de large. Leur tissu semblait quelquefois en partie cartilagineux, en
partie osseux ; mais, le plus souvent, il présentait une très-grande analogie
avec celui des os courts, bien qu'il se fût formé au sein même de la graisse.
» L'analyse chimique nous a prouvé que cette ressemblance s'étendait
jusqu'à la composition tlémentaire. En effet, nous avons trouvé dans ces
(i) MM. N. Joly et A. Lavocat annoncent qu'ils préparent, sur l'anatomie de cet animal ,
in travail qu'ils se proposent de présenter prochainement à l'Institut.
( 394)
concrétions :
• . Matière organique 82 ,38
. Phosphate de chaux 1 5 , 1 2
Carbonate de chaux 2,5o
100,00
» Leur partie inorganique renfermait :
Phosphate de chaux 85 ,84
Carbonate de chaux 1 14,16
100,00
» Dans son beau travail sur les graisses, M. Chevreul n'a ni mentionné
ni analysé celle de l'éléphant. Aucun auteur, que nous sachions, ne l'a étu-
diée au point de vue chimique. Nous avons cherché à combler cette lacune
importante.
» La graisse d'éléphant est blanche ou légèrement jaunâtre, douce au
toucher, presque inodore quand elle est fraîche. Sa consistance est analogue
à celle de l'axonge : elle est sensiblement neutre au papier de tournesol.
Elle se fond à 28 degrés centigrades. Privée de sa partie liquide, elle est
fusible à 47°>8o. Purifiée par des cristallisations réitérées dans l'alcool, elle
ne fond plus qu'à 5o degrés.
» A peine soluble dans l'alcool, lorsqu'elle renferme encore son oléine,
la graisse d'éléphant s'y dissout un peu mieux lorsqu'on l'a dépouillée de
sa partie liquide. Après cette opération, elle devient très-soluble dans
l'éther, et se dépose de ses dissolutions sous la forme de petites écailles
brillantes, satinées, d'une blancheur éclatante.
» Cent parties de graisse d'éléphant nous ont fourni :
Graisse solide ( margarine) 21 ,3o
Oléine 78,70
1 00 , 00
» Après avoir saponifié cette graisse, nous en avons extrait les acides au
moyen de l'eau distillée bouillante et de l'acide chlorhydrique; puis nous
avons comprimé fortement et à plusieurs reprises la masse obtenue entre des
papiers à filtrer, afin de séparer l'oléine. La portion solide restée dans le
papier était d'une blancheur éclatante, douce au toucher, nacrée, friable,
soluble en entier dans l'alcool et dans l'éther, rougissant franchement le
tournesol. Purifiée à l'aide de plusieurs cristallisations dans l'alcool, cette
matière était fusible à 5o,°,6.
» La partie solide de la graisse d'éléphant et l'acide qu'elle fournit se
( 395 )
fondent précisément aux points que M. Chevreul a indiqués pour la marga-
rine et pour l'acide margarique.
» L'analyse élémentaire nous conduit aussi à regarder l'acide que nous
avons obtenu comme étant de l'acide margarique.
» En effet, nous avons trouvé qu'il est formé, sur cent parties, de
Carbone 75, 3o
Hydrogène. 12, 35
Oxygène 1 2 , 35
100,00
» L'oléine de la graisse que nous venons d'analyser est de couleur jaunâ-
tre. Sa consistance est analogue à celle de l'huile d'olives. Elle est très-peu
soluble dans l'alcool; l'éther la dissout avec facilité. L'acide hypoazotique
ne la transforme pas en acide élaïdique, ce qui la rapproche des huiles sicca-
tives; cependant elle ne s'est pas desséchée comme ces dernières, quand
nous l'avons laissée exposée au contact de l'air.
» Nous avons fait avec la graisse d'éléphant une très-bonne pommade,
ainsi que du savon à détacher et du savon de toilette. »
zoologie. — Mémoire sur un nouveau genre de Reptile saurien , de la
famille des Chalcidiens {le Lépidophyme), et sur le rang que les
AmpUishéniens doivent occuper dans la classe des Reptiles; par M. le
Dr ACG. DUMÉRIL.
(Commissaires, MM. Flourens, Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire, Duvernoy.)
« Le Reptile, dont la description détaillée est donnée dans ce travail,
appartient, par tout l'ensemble de son organisation, à la famille de Sau-
riens, décrite dans le tome V de X Erpétologie générale de MM. Duméril et
Bibron, sous les noms de Chalcidiens ou Cjclosaures , et, en particulier, à
la première tribu, celle des Ptychopleures.
» Les caractères tout à fait exceptionnels de l'écaillure de ce Lézard,
laquelle consiste en un mélange d'écaillés granuleuses, fort petites, et de
tubercules coniques et pointus, ne permettent son classement dans aucun
des genres admis, jusqu'ici, par les zoologistes. Ceux dont il s'éloigne le
moins sont les Zonures, et spécialement, l'espèce connue sous le nom de
Zonure microlépidote, puis le Tribolonote, si remarquable par les fortes
épines dont il a le dos hérissé. Ces analogies ne sont cependant pas assez
manifestes, pour que ce Reptile puisse prendre rang dans l'une ou dans
l'autre de ces coupes génériques. Il a donc dû devenir le type d'un genre
( 396 )
nouveau, comme cela a été indiqué dans le Catalogue méthodique de la
Collection des Reptiles du Muséum d'Histoire naturelle de Paris.
» Le nom de Lépidophyme, qui lui a été donné, rappelle, par sa signifi-
cation même, la particularité la plus remarquable de cet animal, celle qui
consiste dans les écailles saillantes ou tuberculeuses dont les téguments
sont revêtus.
» On ne connaît encore qu'une seule espèce. Elle est représentée au
Musée de Paris par un bel individu donné par M. Arthur Morelet, qui l'a
rapporté, avec plusieurs autres animaux précieux, de la province du Peten
(Amérique centrale).
» Cette espèce, en raison de son système de coloration tres-caractéris-
tique, a été nommée Lépidophyme taches-jaunes [Lepidophrma Jlavi-ma-
culatum), A. Dum.
» La famille des Chalcidiens ou Cyclosaures, dont le Lépidophyme,
comme il vient d'être dit, fait partie, comprend, telle qu'elle a été instituée
par les auteurs de Y Erpétologie générale, des animaux fort différents entre
eux, mais réunis cependant par un petit nombre de caractères communs.
Le principal est la disposition verticillée des téguments. Malgré ces analo-
gies, ils ont dû partager cette famille en deux sous-familles ou tribus. Dans
l'une, ils ont réuni tous les genres à peau écailleuse, à yeux apparents, et
à sillon latéral, c'est-à-dire les Chalcides, types de ce groupe, les Zonures,
quelques petits genres voisins, puis les Tribolonotes, les Pseudopes et les
Ophisaures, et, à l'exemple de M. Wiegmann, ils les ont nommés Ptycho-
pleures.
» L'autre tribu, celle des Glyptodermes, ne comprend qu'un groupe,
parfaitement délimité : ce sont les Amphisbéniens, très-remarquables par
l'aspect singulier de leurs téguments sans écailles, et comme quadrillés, el
par l'absence des paupières, la peau un peu amincie recouvrant complète
ment les yeux.
» Or, ces deux particularités si notables ont fait naître chez les zoolo-
gistes beaucoup d'hésitations relativement à la place qu'il convient d'assi-
gner à ces Reptiles.
» MM. Duméril et Bibron eux-mêmes ont déclaré, dans la préface de leur
cinquième volume, que le classement adopté par eux ne pouvait pas être
conservé, et que le groupe des Glyptodermes devait, d'après leur nouvelle
manière de voir, former une division à part.
» C'est cette assertion émise sans les preuves à l'appui, dont la seconde
partie de ce Mémoire a eu pour but de démontrer l'exactitude.
( 397 )
» Il y est, en effet, prouvé, par l'examen détaillé de l'organisation des
Amphisbéniens, que ce sont des Sauriens assez différents de tous les autres
Reptiles du même ordre, gtiir pouvoir être réunis en une famille distincte,
qui, prenant rang après les nuit premières, peutservir, en quelque sorte, de
lien entre les Sauriens et les Typhlops ou Serpents aveugles qui ouvrent la
série des Ophidiens dans Y Erpétologie générale.
» Quant à leur assimilation aux Serpents proprement dits, elle n'est pas
possible, comme l'ont parfaitement établi M. J. Miiller et, en dernier lieu,
MM. Duméril et Bibron.
» Ils ne sont pas non plus assez différents des Sauriens, pour qu'il soit
nécessaire de créer pour eux, ainsi que certains naturalistes l'ont proposé,
un ordre intermédiaire aux Sauriens et aux Ophidiens. »
chirurgie. — Nouveau traitement des rétentions d'urine chez les
hommes âgés; par M. Aug. Mercier.
(Commissaires, MM. Roux, Lallemand, Velpeau.)
« L'auteur résume, dans les termes suivants, les conséquences qui se
déduisent de son travail :
» i°. La rétention d'urine peut résulter et résulte souvent de deux es-
pèces de valvules survenant au col de la vessie, les unes musculaires et les
autres prostatiques; les premières appartenant spécialement à la jeunesse
et à l'âge mûr, les secondes à la vieillesse ; les premières tout à fait incon-
nues avant moi, les autres entrevues par quelques pathologistes, mais
jamais décrites et surtout traitées d'une manière rationnelle et efficace.
» 20. Les premières peuvent être opérées avec succès par l'incision et
par l'excision; mais les secondes exigent presque toujours l'excision.
» 3°. Cette opération est des plus innocentes.
» 4°- Certaines petites tumeurs de la portion sus-montanale de la pro-
state, ainsi que certaines tumeurs plus volumineuses, mais étalées et à large
base, que je serais tenter de nommer valvulif ormes , peuvent et doivent être
traitées par ce dernier procédé.
» 5°. Il résulte de là que, sur dix cas de rétention d'urine chez les vieil-
lards, rétentions qui passent encore pour incurables même aux yeux des
médecins, huit au moins pourraient être guéries par cette opération si l'on
avait soin de ne pas attendre l'apparition de complications plus graves
que la maladie primitive.
» 6°. L'âge du sujet n'est jamais, à lui seul, une contre-indication,
C. K.,i85a, *""> Semestre. (T.XXXV,N° 12.) 5a
( 398 )
puisque j'en ai opéré de soixante- seize et de soixante-dix-huit ans. Il en
est de même du degré et de l'ancienneté de l'affection, puisque l'un de mes
malades a été guéri d'une rétention d'urine qui, depuis sept années, était
complète. J'en ai également guéri qui étaient atteints de complications
très-graves .
» 70. Des faits datant de plusieurs années déjà prouvent que la guérison
est radicale, et même que le temps peut ajouter à l'amélioration immé-
diate. »
physiologie. — Sur les > rayons lumineux qui se voient autour des
flammes : Note additionnelle à un précédent Mémoire sur la vision ;
par M. Trocessart.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Arago, Pouillet, Babinet. )
« Dans cette Note, dit l'auteur, j'explique, d'après mon hypothèse,
mieux qu'on ne l'avait fait jusqu'ici, je crois, les rayons lumineux qu'on
observe autour des flammes, quand on regarde ces flammes à travers les
paupières à demi fermées. Je montre que ces rayons ne sont qu'un cas
particulier d'un phénomène très-général, et qui consiste dans les images
multiples que donnent les flammes et tous les corps très-lumineux, en se
réfléchissant, sous une grande obliquité, à la surface des corps placés, de
côté, très-près de l'œil; images multiples qui sont une conséquence néces-
saire de la multiplicité des surfaces limites que présentent à l'œil les objets
que l'on en tient ainsi très-près. Dans les mêmes circonstances de proximité
de l'œil, on observe des phénomènes analogues par réfraction, en regar-
dant une flamme à travers le bord d'un corps transparent, celui d'un verre
de montre par exemple. Les images multiples, formées ici par réfraction,
sont toujours vivement colorées. J^a multiplicité des bords, lorsque la cour-
bure est très-grande, peut donner naissance, soit par réflexion, soit par
réfraction, au phénomène des réseaux. »
hygiène. — Mémoire sur l'hygiène des ouvriers qui travaillent les coquilles
de nacie de perle; par MM. A. Chevallier et Marier.
(Commissaires, MM. Andral, Payen, Morin.)
« De l'étude que nous avons faite des maladies qui atteignent ces
ouvriers, il résulte, disent les auteurs :
» i°. Que le travail de la nacre expose ceux qui s'y livrent à contracter
des affections diverses : la bronchite aiguë et chronique, l'emphysème pul-
( 399)
monaire, l'hémoptysie, enfin des ophthahnies plus ou moins graves selon les
individus;
» i°. Que la poussière de nacre de perle que l'on range parmi les pous-
sières dures, ne détermine la phthisie que chez les individus qui y sont pré-
disposés ;
» 3°. Qu'il est des moyens à mettre en pratique pour soustraire les
ouvriers aux poussières produites pendant le travail, moyens que nous
indiquons. »
M. Toynbée soumet au jugement de l'Académie un Mémoire écrit en
anglais et ayant pour titre : Sur l emploi d'une membrane du tympan arti-
ficielle, dans les cas de perforation ou de destruction de cette partie de
l'appareil auditif.
(Commissaires, MM. Flourens, Milne Edwards, Velpeau, Lallemand.)
M. Crochut envoie la description succincte d'un appareil qu'il fait
construire présentement et qu'il désigne sous le nom de Machine aérienne
dirigeable par l'air.
(Commissaires, MM. Cagniart-Latour, Séguier.)
M. de Pakavey adresse des recherches sur les noms de la squille mari-
time et de la pivoine dans les langues anciennes et modernes, et sur les
conséquences historiques qui peuvent se déduire du rapprochement de ces
noms.
(Commissaires, MM. Gaudichaud, Decaisne.)
M. Duran prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com-
mission à l'examen de laquelle a été renvoyé un Mémoire sur la physique
générale qu'il a autrefois présenté; il adresse en même temps un opuscule
imprimé qu'il croit de nature à faciliter l'intelligence de ce qui pourrait
paraître obscur dans le travail en question.
Renvoi à la Commission nommée à l'époque de la présentation du
Mémoire de M. Duran, Commission qui se compose de MM. Arago,
Becquerel, Babinet.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Intérieur, de l'Agriculture et du Commerce, en
transmettant un Mémoire de M. Fournerie sur la tonnellerie métrique avec
5a..
( hoo )
des tableaux qui s'y rapportent, exprime le désir de connaître le jugement
de l'Académie sur ce travail.
Il sera répondu à M. le Ministre que ce travail a été déjà l'objet d'un
Rapport inséré en entier dans le Compte rendu des séances de L'Académie,
publication dont les numéros sont adressés, à mesure qu'ils paraissent, à
chacun des Ministères.
M. Pocillet communique l'extrait suivant d'une Lettre qu'il a reçue de
M. de l'Espée, Président du Conseil d'administration du chemin de fer de
Rouen, auquel il avait demandé, de la part de l'Académie, des renseigne-
ments sur le coup de foudre extraordinaire qui a été observé sur cette ligne
dans le cours du mois de mai.
« Pari?, 18 septembre i85a.
»... Je. vais essayer de vous raconter, aussi exactement que possible,
ce que j'en ai appris en interrogeant un témoin oculaire, dont les souvenirs
m'ont paru fort présents.
» Le 1 7 mai dernier, vers cinq heures, le chef de la station de Beuze-
ville reçut du Havre, qui est à 9.6 kilomètres, l'avis télégraphique que, le
temps étant très-nuageux, il y avait lieu de mettre son appareil en commu-
nication avec le sol. Il le fit, quoiqu'il n'y eût pas alors d'orage à portée.
Peu après, un vent violent s'éleva, des nuages épais s'amoncelèrent; et
comme il ne tombait pas une goutte de pluie, le chef de la station crut
que l'orage passerait pour aller tomber plus loin, et il continua le charge-
ment d'un wagon de plâtre qu'il devait livrer au premier train. A ce
moment, il était plus de cinq heures, trois coups de tonnerre violents se
succédèrent à peu d'intervalle; au troisième, la foudre tomba derrière une
ferme, à i kilomètre environ de la station; des arbres masquèrent le point
où la brillante et forte décharge atteignit le sol. Mais, au même moment,
on vit sortir, jaillissant de derrière les arbres, un globe de feu de la gros-
seur apparente d'un petit obus, d'une couleur rouge-brun, décrivant une
trajectoire allongée, laissant derrière lui une traînée de vive lumière, mar-
chant à une vitesse modérée que l'œil suivait très-facilement, suivant une
courbe régulière et paraissant, d'après sa direction apparente, devoir dé-
passer la station sans s'y arrêter. Le mouvement de ce globe, la vive lumière
qu'il laissait derrière lui le faisaient ressembler à un projectile à fusée, tiré
dans une école de nuit. On se le montrait avec admiration, quand on le
vit se poser, comme un oiseau, sur les fils électriques, à une centaine de
mètres de la station. A ce moment il disparut, et toute lu m'ière avec lui, avec
( 4o. )
la rapidité de la pensée. Il ne laissa nulle trace sur les fils, ni au-dessous;
mais à la station, la femme du chef, qui en ce moment préparait des billets,
fut témoin des phénomènes suivants : l'appareil fut mis en mouvement, les
aiguilles tournèrent rapidement avec un bruit strident comme celui d'un
tourne-broche se lâchant tout à coup, ou comme une meule aiguisant
rapidement un fer d'où jailliraient des étincelles; il en sortait effectivement
et en grand nombre des aiguilles de l'appareil. L'une d'elles, celle du côté
de Rouen, resta affolée; toutes les vis de cette partie de l'appareil furent
dévissées, et sur le cadran de cuivre, près du pivot de l'aiguille, on remar-
qua un trou à faire passer un grain de blé. L'autre partie de l'appareil ne
subit aucune altération, l'aiguille du Havre conserva sa marche régulière;
son cadran, les vis, etc., restèrent intacts.
» Aucune odeur sulfureuse ne se répandit.
» Après ce coup, la pluie d'orage tomba avec violence, et il n'y eut plus
rien de remarquable.
» La femme du chef de station fut fort effrayée, mais ne ressentit aucune
secousse, ni effet physique quelconque, et son mari resta persuadé que,
sans la mise en communication de son appareil avec le sol, il y aurait eu
de grands effets de foudre dans son établissement.
» Tels sont, cher collègue, mes renseignements sur cette espèce de mé-
téore fulgurant. Sa couleur rouge-brun assez terne, le jet lumineux très-vif,
au contraire, qu'il laissait derrière lui, la courbe allongée qu'il décrivait,
régulière sans aucun zigzag, sa marche régulière aussi, suspendue instan-
tanément, mais sans à-coup ni jarret de la courbe, puis sa rencontre avec
les fils sur lesquels il a semblé se poser comme un oiseau, voilà des faits
que je me suis fait répéter plusieurs fois, et qui m'ont été redits avec exac-
titude et ponctualité par un homme âgé, ancien militaire, d'un caractère
solide et sûr, et dont la femme est elle-même assez ferme pour ne pas s'être
laissé impressionner outre mesure de ce qu'elle a vu et éprouvé. »
M. Arago fait remarquer, à cette occasion, que cette relation et celle
qu'avait adressée précédemment M. Delalande reposent sur les observa-
tions d'une même personne, de sorte que dans les points peu nombreux
où elles semblent différer, on doit rester dans le doute.
M. le Secrétaire perpétuel met sous les veux de l'Académie un
opuscule imprimé de M. Bridge, qui y élève quelques réclamations à l'é -
( 4û2 )
gard d'un autre physiologiste, M . fValler, qu'il a eu pour collaborateur
dans un travail précédemment présenté à l'Académie.
Cette brochure est renvoyée à l'examen de la Commission du prix de
Physiologie expérimentale qui aura à s'occuper du travad en question.
L'Institution Smithsoxif.xxe , en adressant une nouvelle série de ses
publications et divers autres travaux de Sociétés scientifiques américaines,
exprime le désir d'être comprise dans le nombre des établissements auxquels
l'Académie fait don de ses publications ; elle indique les lacunes qui exis-
tent dans ces publications qu'elle s'est procurées par la voie du commerce et
l'intérêt qu'elle attacherait à les pouvoir compléter.
(Renvoi à la Commission administrative. )
Le Secrétaire de la Correspondance scientifique de Rome, en adres-
sant une nouvelle série de numéros de ce Recueil, demande à recevoir en
échange les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie.
(Renvoi à la Commission administrative.)
médecine. — Procédé pour faire cesser les crampes des cholériques.
(Extrait d'une Note de M. Guyon.ï
« La réapparition du choléra en Pologne et en Prusse m'engage à porter
a votre connaissance un fait important dans la thérapeutique de cette ma-
ladie. Je veux parler de la cessation immédiate des crampes des jambes, en
renversant le pied sur la jambe. A cet effet, on saisit le talon d'une main, tandis
que de l'autre, avec laquelle on saisit également la pointe du pied, on opère le
renversement de cette dernière partie. Or on sait combien on tourmente les
malades pour remédier aux crampes des jambes dans le choléra (frictions
plus ou moins rudes et douloureuses, application de rubéfiants plus ou
moins irritants, etc.), ajoutant ainsi, et en pure perte, les douleurs de la
médication à celles de la maladie. Je passe sous silence le refroidissement
des parties, auquel on les expose en les découvrant, soit pour les friction-
ner, soit pour y faire des applications rubéfiantes.
» J'ai employé et fait employer, en Algérie et dans la régence de Tunis,
dans les dernières épidémies cholériques de ces contrées, le moyen dont
je viens de parler, moyen aussi rationnel qu'il est de facile exécution, et
que, depuis, j'ai consigné dans plusieurs opuscules. Le premier médecin
de Son Altesse le bey de Tunis, M. le Dr Lumbroso, à qui je l'avais recom-
( 4<>3 )
mandé pendant mon séjour dans ce pays, en parle ainsi dans son histoire
du choléra de la régence de Tunis, de 1849 à i85o :
« J'ai mis en pratique le moyen que m'avait indiqué M. le Dr Guyon,
» pour faire cesser les crampes des extrémités, et j'en ai toujours obtenu
» la cessation instantanée [istantaned] de ce terrible symptôme. » (Cenni
storico-scientifici sul cholera-morbus che invase la reggence di Tunis nel
1 849-1 85o, p. 220. Marsiglia, i85o.)
» J'ajoute que les crampes des doigts et des mains, dans la même mala-
die, disparaissent comme celles des jambes, par l'extension des doigts sur
la main, et de la main sur l'avant-bras (face dorsale). A cet effet, tenant
l'avant-bras d'une main, et après avoir saisi, de l'autre, les parties cram-
pées, on les renverse sur l'avant-bras, non brusquement, mais avec une cer-
taine lenteur. Il va sans dire qu'on doit procéder de même pour l'extension
des orteils sur le pied, et du pied sur la jambe, dans les crampes des extré-
mités inférieures »
M. IK1t1.su: demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire
sur Y iléadelphie qu'il a lu dans une des dernières séances et qu'il se propose
île publier.
M. PiciioN Prémêlé annonce que la ville de Seés (Orne) doit inaugurer,
le 3 octobre prochain, une statue en bronze du célèbre Conté, et exprime,
au nom de la municipalité de cette ville, le désir devoir quelque Membre de
l'Académie s'associer à cet hommage rendu à un homme qui a fait de si
utiles applications de la science.
La séance est levée à 5 heures. F.
■ »»a.
( 4o4 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 20 septembre i852, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l Académie des Sciences,
2e semestre i85a ;n° 1 1 ; in-4°.
Institut national de Fiance. Académie française . Discours prononcés à l'inau-
guration des statues de Bernardin de Saint-Pierre et de Casimir Delavigne,
au Havre, le lundi 9 août i85a; in-4°.
Institut national de France. Académie des Sciences morales et politique:,.
Inauguration des statues de BERNARDIN DE Saint-Pierre et de CASIMIR
Delavigne, au Havre, le lundi 9 août i85a, discours prononcé par M. Michel
Chevalier, Membre de l'Académie; une feuille in-/j°-
Statistique géologique , minéralogique , métallurgique du département de la
Meuse; par M. Amand Buvignier. Paris, i85a; 1 vol. in-8°, accompagné
d'un atlas in -fol. de 32 planches.
Traité sur les maladies chroniques qui ont leur siège dans les organes de
l'appareil respiratoire; par M. I. Bricheteau. Paris, i852; 1 vol. in-8°.
(Concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.)
Topographie et statistique médicales de la ville et de la commune d'Auluu;
par M. L.-M. GVJYTON. Autun, i852; 1 vol. in-8°. (Concours pour le prix
de Statistique. )
Révolution dans la marche; parM. Lutterbach. Paris, i85i; 1 vol. in-12.
Catalogue des corps organisés fossiles qui se rencontrent dans le déparlement
de l'Isère. Grenoble, i852; broch. in-8°.
Histoire de la nature, ou Synthèse générale de la création et du perfection-
nement des êtres, d'après le code des créations et la révélation scientifique , de
J.-A. Duran; par A. DE Laurrière. Nice, i852; broch. in-8°.
Description d'un monstre pygomèle , de l'espèce bovine, suivie de l'analyse
chimique du lait fourni par chacun des individus composants; par MM. N. JOLï
et E. FlLHOL; broch. in-8°. (Extrait des Mémoires de l'Académie des Sciences
de Toulouse.)
Études tératologiques sur une chatte Gastromèle , observée vivante à Tou-
louse; par M. N. Joly; broch. in-8°. (Extrait des mêmes Mémoires.)
Réponse aux assertions de M. le Dr Waller ; par M. Jules Budge, profes-
seur à l'Université de Bonn; broch. in-8°. (Cette brochure est adressée
pour le concours de Physiologie expérimentale.)
( 4o5)
Les trois règnes de ta nature. —Règne animal. — Histoire naturelle des oiseaux,
i tassés méthodiquement, avec l'indication de leurs mœurs et de leurs rapports
nuée les arts, le commerce et l'agriculture; par M. Emm. Le MaOUT; 21e
à a3e livraisons; in-8°.
Exposé des travaux de la Société des Sciences médicales de la Moselle; 1 85 1 .
Metz, i85a; 1 vol. in-8°.
Annales forestières; 10e année; 10 septembre 1 85 2; in-8°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. de Monfort,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; ire année; n°2i; 19 septembre i85a;
in-8°.
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; tome V;
n° it\ ; 20 septembre i8j2 ; in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , publié par M. le docteur
A. Martijn-Lauzer ; n° 18; i5 septembre i852; in-8°.
Répertoire de Pharmacie, recueil pratique rédigé par M. BouChardat;
septembre i852; in-8°.
Revue thérapeutique du Midi. Journal de Médecine, de Chirurgie et de Phar-
macie pratiques ; fondé par M. le professeur Fuster, et rédigé par MM. les
I)ra Barbas te et Louis Saurel; n° 17; i5 septembre i85a; in-8°.
Cenni storico-scieutifici... Essais sur l'épidémie du choléra-morbus asia-
tique qui a régné en i84ç)-i85o dans la régence de Tunis; par M. A. Lum-
broso, premier médecin du bey de Tunis. Marseille, i85o;iri-8°.
Giornale... Journal physico-chimique italien. Venise, i85i ; iu-8°.
Giornale... Journal physico-chimique italien, ou Recueil de Mémoires con-
cernant les travaux italiens sur la physique et ta chimie ; publié par M. l'abbé
F. Zantedeschi; 7e année, ire et 2 e livraison. Padoue, i85a; in-8°.
Il cimento... Revue des Sciences, des Lettres et des Arts; ire année; fasci-
cule 7. Turin, 1802; in-8°.
Expérimental researches... Recherches expérimentales sur l'électricité; 29e sé-
rie; par M. F. Faraday; broch. in-4°.
On the... Sur le caractère des lignes de force magnétique ; par le même;
broch. in-8°.
Sinithsonian contributions... Contributions smitlisoniennes pour l'avan-.
cernent des sciences; vol. III et TV. Washington, i852; in-4°.
Fifth animal... Cinquième Rapport annuel des régents de l'Institution Smithso-
nienne. Washington, 1 85 1 ; in-8°.
C. R., i85a, a™« Semestre. (T. XXXV, B» 12.) 53
( 4o6 )
Smithsonian report... Rapport sur les progrès récents des arts chimiques ; par
MM. Booth et Morfit. Washington, i85i ; in-8°.
Directions.. . Instructions sur les moyens de recueillir, conserver et transporter
les objets d'histoire naturelle; rédigées pour l'usage de l'Institution Smithsonienne.
Washington, i852;in-8°.
Registry . . . Tableaux préparés pour l'indication de l'époque de certains phéno-
mènes périodiques dans la vie d'un nombre déterminé de plantes et d'animaux ;
i feuille d'impression.
List of. .. Liste des ouvrages publiés par l'Institution Smithsonnienne . Wa-
shington ; \ de feuille in-8°.
List of... Liste des Institutions scientifiques étrangères qui sont en correspon-
dance avec l Institution Smithsonienne ; i feuille in-4°.
Abstract of... Résumé du septième receiisement de la population des Etats-
Unis ; 3e édition ; i feuille d'impression in-4°.
American.. . Bibliographie américaine pour l'année 1 85 1 ; ouvrages concernant
ta zoologie, la botanique et la géologie,- broch. in-8°. ( Extrait du Journal amé-
ricain des Sciences et Arts; 2e série, vol. XIII. )
Reports. . . Rapport du Secrétaire de la trésorerie sur les recherches scienti-
lifiques concernant le sucre et les hydromètres , faites sous la direction du pro-
fesseur Bâche; parle professeur Mac Culloh. Washington, 1848; in-8°.
Report. . . Rapport du département des brevets d invention, pour l'année 1 85o;
parties 1 et 2. Washington, j85i; 2 vol. in-8°.
Tables... Table pour les hydromètres adoptés par la douane, et instructions
sur la manière de s'en servir. Washington, 1 85 1 ; in-8°.
Report... Rapport du Secrétaire d'Etat de la Guerre concernant le projet
d approfondir le passage dans la barre située à l'embouchure du Mississipi ;
1 feuille d'impression in-8°.
Army meteorogical... Résumé des observations météorologiques faites pendant
I espace de douze années, de i83i à 1842 inclusivement, par les médecins et chi-
rurgiens attachés aux différents postes militaires dans les Etats-Unis. Wa-
shington; in-8°.
Second and third... Second et troisième Rapport sur la météorologie; par
M. Espy; 1 vol. in-folio oblong.
• United States. . . Loi sur les brevets d'invention pour les Etats-Unis; juin 1 85 1 ;
in-8°.
Information... Instructions pour les personnes qui veulent obtenir des brevets
d'invention; in-8°.
( 4o7 )
Report of. .. Rapport du directeur en chef de la topographie des cotes,
M. BACHE, concernant l'état où se trouve ce travail; broch. in-8°.
Travellers'... Guide du voyageur dans les Etats-Unis; par M. Williams.
Philadelphie, 1 85 1 ; in-ia. .
History... Histoire et statistique de l'Etat de Maryland, conformément au
recensement de i85o; par M. J. Kennedy, surintendant du recensement.
Washington, i85a; in-fol.
Statistics... Statistique des chemins de fer américains; dressée sur les docu-
ments officiels, d'après la demande du Ministre des Travaux publics de France,
par M. J. Kennedy; broch. in-8°.
Sailing... Instructions nautiques pour accompagner les cartes des vents et
des courants; par le lieutenant M. F. Maury, directeur de l'observatoire
national. Washington, i85i; in-4°.
Report... Rapport sur la navigation des grands lacs et les travaux à faire
sur ces lacs, pour les besoins de la navigation intérieure; broch. in-8°.
Report... Rapport de la Commission des phares. Washington, i85a;
i vol. in-8° avec planches.
Proceedings. . . Procès-verbaux des séances de l'académie des Sciences natu-
relles de Philadelphie; année 1 85 1 , pages aoi à 296, et année i852, pages 1
à 70; in-8°.
A notice... Notice sur l'origine, les progrès et l'état présent de l'Académie
des Sciences naturelles de Philadelphie ; par M. RUSCHENBERGER. Philadel-
phie, i852; in-8°.
Letter... Trois opuscules sur l'hybridité chez les animaux; par M. S.-G.
Morton; in-8°.
A memoir... Mémoire sur feu M. S.-G. MORTON ; par M. C. Meigs;
broch. in-8°.
Proceedings... Procès-verbaux des séances de l'Académie américaine des
Arts et des Sciences; vol. II; mai 1849 a mai i85a; in-8°.
Proceedings... Procès-verbaux de la Société philosophique américaine;
vol. V; juillet 1 85 1 à février i852; in-8°.
Observations... Obsetvations sur le genre Unio; par M. J. Lea; vol. V.
Philadelphie; in-4°.
A synopsis... Sjnopsis de la famille des Naïades; par le même. Philadel-
phie, i85a; in-4°.
On a... Sur un Saurien fossile de la formation du nouveau grès rouge de
Pensylvanie; par le même. Philadelphie, i85a ; in-4°.
( 4o8 )
On the... Sur les traces de pieds laissées à la surface des strates dans le grès
de Pottsville; par le même; broch. in -4°.
History... Renseignements concernant l'histoire, la condition et l'avenir des
tribus indiennes des Etats- Unis; recueillis et mis en ordre parM. H. Schoolcraft,
sous la direction des affaires indiennes; 2e partie. Philadelphie, i852; i vol.
in-8°.
Nachrichten... Mémoires de l'Université et de l'Académie' royale des
Sciences de Gôttingue; nos 9 et 10; 9 et 16 août 1862; in-8°.
\stronomische... Nouvelles astronomiques; nM 8s3 à 826.
L Athenœum français. Journal .universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux-Arts; ire année; n° 12; 18 septembre i852.
La Presse littéraire. Echo de la Littérature^ des Sciences et des Arts; n° 2 1 ;
19 septembre i852.
Gazette médicale de Paris; n° 38; 18 septembre 1802.
Gazette des Hôpitaux; n°* 109 à 1 11; i4, 16 et 18 septembre 1802.
L'Abeille médicale; n° 18; i5 septembre i852.
Moniteur agricole ; 5e année; n° 37; 16 septembre i852.
La Lumière; 2e année; n°39; 18 septembre 1 M5a.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 27 SEPTEMBRE 1852.
PRÉSIDENCE DE M. RAYER.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DtvS MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
GÉOLOGIE. — Sur un projet d'exploration de VEtna et des formations
volcaniques de l'Italie; par M. Constant Prévost.
(Renvoi à la Commission administrative.)
« Lorsque, en 1 83 1 , l'Académie me fit l'honneur de me charger d'aller,
en son nom, explorer la nouvelle île volcanique qui venait de surgir dans la
Méditerranée, entre les côtes de Sicile et celles d'Afrique, la mission qui
m'était confiée ne pouvait se borner à constater avec exactitude les faits
qui avaient précédé et accompagné un événement rare, mais dont l'histoire
et la science avaient déjà enregistré plusieurs exemples.
» Je devais, après m'ètre rendu compte de toutes' les circonstances du
phénomène récent, et l'avoir comparé avec ceux que l'on avait précédem-
ment observés, chercher à en rattacher l'explication à la grande cause géné-
rale qui tant de fois a successivement modifié le relief du sol.
» C'est pour remplir les obligations qui m'étaient imposées par mon
mandat et par la science, qu'après avoir abordé et examiné la nouvelle île
au moment où elle continuait encore à s'accroître, après avoir pour ainsi
dire assisté à sa disparition graduelle, et avoir recueilli tous les rensei-
gnements relatifs aux signes précurseurs de son apparition, j'ai regardé
C. R. , i85a, ame Semestre. (T. XXXV, N° 15.) 54
(4>o)
comme indispensable d'étudier en détail et dans leur ensemble les phéno-
mènes volcaniques de tous les âges produits dans des conditions secondaires
diverses.
» La Sicile m'a fourni les documents les plus précieux à cet égard. En
effet, du cap Passaro au sommet de l'Etna, on peut suivre presque pas à pas
les produits de la cause ignée, depuis les plus anciens jusqu'aux plus
récents; reconnaître ceux qui ont eu lieu sur un sol alors évidemment
submergé; apprendre à distinguer ainsi les bouches volcaniques sous-
marines de celles qui s'ouvrent dans l'atmosphère, et à ne pas confondre
les altérations et dégradations dues à l'action des eaux ou à celle de l'air.
» L'étude des îles Lipari, l'étude du Vésuve, qui était en activité au
mois de mars i832, celle des champs Phlœgréens et des îles du golfe de
Naples, m'ont fourni de nouvelles et indispensables lumières. A mon retour
à Paris, après une absence de huit mois, j'ai encore cherché à compléter
mon instruction par deux nouveaux voyages, l'un au Mont-Dore, au Cantal
et au Mezenc, et l'autre dansl'Eifel et les contrées volcaniques des bords du
Rhin.
» Ces travaux préparatoires m'étaient devenus nécessaires pour répondre
à la confiance de l'Académie, qui se rappellera peut-être, qu'entraîné
par de profondes convictions, j'ai dû persévérer à exposer et soutenir
devant elle, avec franchise et sans réserve, des opinions qu'une première
impression avait fait naître d'abord dans mon esprit, et sur lesquelles des
recherches multipliées et la réflexion ne m'ont pu faire revenir relative-
ment au mode de formation de l'île Julia ; opinions que j'ai été conduit à
étendre, par analogie, à tous les cônes volcaniques connus.
» Je comprenais, dès lors, combien il me serait difficile de faire admettre
des idées .contraires à celles déjà adoptées par la plupart des géologues,
dont l'autorité devait être d'un grand poids pour moi comme pour tout le
monde; je venais, ep effet, combattre une théorie aussi célèbre que sédui-
sante, mais que, dans ma conscience, je ne pouvais admettre, malgré le
respect et la vénération que je n'ai jamais cessé d'avoir pour son auteur
(M. L. de Buch).
» Il serait superflu de rappeler ici à l'Académie les longues et très-
utiles discussions auxquelles, il y a déjà vingt ans, elle a prêté toute son
attention.
» Mais je ne puis lui cacher que l'autorité des savants avec lesquels je me
suis trouvé en désaccord, m'a quelquefois fait perdre mon assurance; j'ai
souvent douté de ce dont je croyais m'être le mieux assuré, et j'ai désiré
( 4n )
ardemment trouver une nouvelle occasion de lever mes incertitudes par de
nouvelles observations.
» Telles sont les dispositions qui m'ont, jusqu'à présent, empêché de
profiter de la faveur que m'avait accordée l'Académie, en autorisant la
publication, dans ses Recueils, des résultats de mon voyage; travail que
j'espérais toujours pouvoir rendre plus digne d'elle, en différant.
» Le temps, si puissant pour faire triompher la vérité, la rétractation si
honorable et si rare de Frédéric Hoffmann, mon plus redoutable adversaire,
puisqu'il avait vu comme moi la nouvelle île, et que nous avions visité
l'un et l'autre toutes les localités qui nous avaient, conduits à embrasser des
opinions théoriques opposées; les résultats du Congrès scientifique tenu à
Naples, des observateurs, dont le nombre s'accroît chaque jour, sont venus
raffermir mes premières convictions, et je suis heureux de penser qu'au-
jourd'hui aucun géologue qui aura vu ou revu les volcans sans idées pré-
conçues, ne se présentera plus pour tenter de faire l'application de la théo-
rie des soulèvements à la formation de l'île Julia, de Stromboli, de Vulcano,
de l'Etna, du Vésuve et de la Somma, du Monte-Nuovo..., et j'ajouterai,
dans ma conviction profonde, des anciens volcans du Mont-Dore, du Can-
tal ou de l'Eïfel, pour ne pas sortir du champ que j'ai particulièrement
exploré.
» Mais si la question théorique de la formation des cônes volcaniques est
maintenant presque résolue, si tout le monde est presque d'accord pour
regarder ces cônes comme élevés par l'entassement et la superposition des
matières projetées ou épanchées autour des ouvertures du sol qui leur
ont donné issue, il n'en est pas de même à l'égard des phénomènes parti-
culiers des éruptions.
» L'étude de ceux-ci offre autant d'intérêt qu'elle peut contribuer aux
progrès de l'histoire positive de la terre.
» La constatation des effets variés des éruptions est difficile autant que
les occasions de les observer sont rares pour les géologues.
» La recherche directe de leurs causes fondamentales ou secondaires,
de leur importance et de leur nécessité dans l'ensemble des phénomènes
ignés, est un point tout nouveau à traiter dans la science.
» Qu'est-ce qu'une éruption?
» Quelle est la cause ou la puissance qui force la matière fluide des laves
à s'élever dans les cheminées des volcans?
» Cette force est-elle sous la matière qui monte? Procède-t-elle du foyer
volcanique?
54..
( 4»» )
» Ou bien la cause de l'ascension, de l'épanchenienl est-elle dans la
matière elle-même? Dans quelles circonstances alors, et à la suite de quels
incidents préliminaires agit-elle?
» Est-ce que la matière change d'état physiquement et chimiquement à
mesure qu'elle s'élève, qu'elle s'épanche et se refroidit?
» Quels sont les différents modes d'épanchement des laves en rapport
avec leur nature, leur densité, leur température et la disposition des ouver-
tures qui leur donnent issue?
» Comment se produisent les coulées étroites, ou les nappes qui couvrent
de grandes surfaces?
» De véritables éruptions peuvent-elles avoir lieu sous les eaux, et quelles
différences leurs effets et produits doivent-ils présenter si on les compare à
ceux des éruptions dans l'air?
» Quelles sont les conditions et les conséquences des projections de cen-
dres, de fragments et de gaz?
» Oii se trouve le foyer de ces dernières éruptions? Quel est le point de
départ des matières lancées avec violence et avec bruit?
» A quoi sont dus les bruits et détonations qui précèdent et accompa-
gnent les éruptions?
» Peut-on expliquer les intermittences, les recrudescences, le repos,
l'extinction des phénomènes volcaniques ?
« Combien de questions de ce genre ne peut-on pas faire, sans qu'il soit
possible d'y répondre maintenant d'une manière satisfaisante?
» Pourquoi la lave s'écoule-t-elle parfois avec la rapidité d'un torrent qui
renverse et détruit tout sur son passage, tandis que dans d'autres cas, lenle
et inoffensive dans sa marche, elle contourne les moindres obstacles?
» Connait-on les lois du refroidissement des laves, des tufs, des cendres,
leur conductibilité variable, leur action physique et chimique sur les corps
avec lesquels ces diverses matières sont en rapport?
» D'où provient l'immense quantité de vapeur d'eau qui s'exhale, non-
seulement des bouches volcaniques, mais aussi de la surface des laves
épanchées, en mouvement et même consolidées?
» Ce qui précède suffira, je le pense, pour expliquer le vif désir que je
dois éprouver au bruit des nouvelles éruptions de l'Etna et justifier la de-
mande que j'ai l'honneur d'adresser à l'Académie, de laquelle je viens
réclamer, avec instance, une mission analogue à celle qu'elle a bien voulu
me confier, il y a vingt ans, et dont les résultats resteraient incomplets s'il
ne m'était pas possible de faire, sous les mêmes auspices, les nouvelles
(4'3)
recherches que l'expérience m'a démontré être indispensables dans l'étal
actuel de la science.
» Si l'Académie peut accueillir favorablement m'a demande :
» Je me proposerais d'aller directement à Catane, où j'espère trouver,
dans les relations que j'ai eu l'avantage d'avoir déjà avec les savants de cette
ville et particulièrement avec le professeur Gemellaro, les moyens et les
conseils qui pourront m'aider à connaître et à observer toutes les particula-
rités de la nouvelle éruption de l'Etna.
» Je voudrais ensuite revoir rapidement la série des formations volca-
niques depuis l'Etna jusqu'au cap Passaro, afin de chercher à résoudre
quelques questions encore incertaines et relatives aux divers âges des roches
de formation marine qui sont associées à celles de formation ignée.
» Avant de quitter la Sicile, je désirerais m'arrèter quelques instants aux
environs de Païenne, pour y examiner de nouveau ses grottes à ossements.
» Je reviendrais à Naples pour soumettre à de nouvelles épreuves mes
impressions d'il y a vingt ans sur le Vésuve, Pouzzole et le Monte-Nuovo.
» Enfin, il me resterait à voir avec soin les formations volcaniques des
environs de Rome, que je n'ai pu étudier convenablement; l'invasion du
choléra en France, au mois d'avril i83a, ne m'ayant pas permis de rester
éloigné de ma famille et m'ayant forcé, pour la rejoindre, d'interrompre
brusquement mon voyage d'exploration que l'Académie et le Gouvernement,
qui, comme on le sait, avait mis à ina disposition le brick de l'État la Flèche,
m'avaient autorisé à poursuivre en revenant par la Sardaigne, la Corse et
l'île d'Elbe.
» Je consacrerais environ quatre mois à cette excursion géologique, dé-
sirant pouvoir être de retour au mois de mars prochain pour l'ouverture
de mon Cours à la Faculté. »
optique. — Note de M. Babinet sur les raies longitudinales observées
dans le spectre prismatique , par M. Zantedeschi.
« Depuis la découverte des raies obscures du spectre solaire par Wol-
laston, et surtout depuis l'étude approfondie qu'en a faite Fraunhofer, les
physiciens se sont beaucoup occupés de ces raies obscures d'une réfrangi-
bilité constante et d'une fixité absolue au milieu des couleurs du spectre
solaire. Elles ont servi de point de mire dans plusieurs recherches impor-
tantes, et elles ont été reproduites et diversifiées par la transmission des
rayons non solaires au travers de plusieurs gaz. Toutes ces raies occupent
une place fixe dans chaque couleur, et, comme les bandes colorées elles-
( 4'4 )
mêmes, elles sont situées perpendiculairement à la longueur du spectre,
c'est-à-dire perpendiculairement à la ligne médiane allant du rouge au
violet, suivant le sens de la dispersion. On doit à M. Zantedeschi, éminenl
physicien italien, la découverte d'autres raies obscures, brillantes et de
moyen éclat, qui traversent toutes les couleurs dans le sens de la lon-
gueur du spectre, du rouge au violet. Le phénomène est tout à fait sem-
blable à ce que l'on obtiendrait, en regardant avec un prisme une ligne
lumineuse dont l'éclat serait différent dans ses différents points; car le
spectre qui en résulterait transversalement offrirait, tout au travers des
diverses couleurs, des lignes obscures, brillantes et d'éclat moyen, suivant
que les points de la ligne lumineuse, qui auraient donné naissance à cha-
que portion du spectre, seraient eux-mêmes obscurs, brillants ou d'éclat
intermédiaire.
« Dans la disposition d'appareil adoptée par M. Zantedeschi, un rayon
réfléchi horizontalement arrive à une fente étroite, située verticalement, et
la lumière de cette fente, reçue sur un prisme dont l'axe est vertical comme
l'ouverture lumineuse, donne naissance à un spectre horizontal, c'est-à-dire
dont la direction du rouge au violet est horizontale, lequel est reçu sur un
écran vertical dont la distance au prisme peut varier à volonté. Une lentille
convergente, placée près du prisme, rend les rayons des diverses couleurs
susceptibles de faire foyer sur l'écran à une distance déterminée, et permet
de recevoir ces mêmes rayons avant ou après leur point de concours fo-
cal, en déplaçant l'écran. Dans cette disposition, les lignes de Fraunhofer
sont verticales, comme le sont aussi les diverses bandes colorées du spectre,
et les lignes longitudinales de M. Zantedeschi sont au contraire horizon-
tales et traversent toutes les couleurs, du rouge au violet.
» M. Zantedeschi, dans son bel ouvrage publié à Venise, en 1846, sous
le titre de Recherches sur la Lumière (Ricerche suiln Luce), a donné
deux belles figures de ces spectres traversés par les lignes longitudinales
découvertes par lui, en indiquant les difficultés que présente leur repro-
duction constante, et plusieurs influences de distance à l'écran, de gran-
deur d'ouverture, d'état de l'atmosphère, etc., qui rendent l'aspect de
ces lignes longitudinales presque perpétuellement variable et très-difficile à
reproduire identiquement. Je dois dire, du reste, que la même instabilité
s'est présentée à moi lorsqu'avec deux des appareils de M.Porro, le mieux
combinés possible, j'ai pu être témoin de la reproduction de ce brillant
phénomène.
» Ce n'est pas lorsque le foyer de la lentille convergente tombe sur l'écran,
( 4.i5 )
que les ligues de M. Zantedeschi sont visibles; c'est lorsqu'on place l'écran
beaucoup plus près du prisme. En réflécliissaut à cette circonstance, il m'a
semblé probable que l'explication des lignes longitudinales, obscures et bril-
lantes, larges et étroites, devait se trouver dans l'expérience curieuse que
M. Arago a appliquée à l'observation de la scintillation; savoir : qu'à partir
du foyer d'une lunette dont l'objectif est convenablement diaphragmé, l'axe
du faisceau lumineux présente une série de points obscurs et brillants, en-
tourés d'anneaux étroits, brillants et obscurs, en sorte qu'à des distances
égales à i , 2 , 3 , l\, 5, etc., à partir du foyer, les points de l'axe sont al-
ternativement noirs et blancs, avec des anneaux complémentaires.
» Dans la disposition de M. Zantedeschi, comme dans les deux appareils
de M. Porro, lesquels se prêtent à des mesures exactes, les diaphragmes
de l'objectif de M. Arago sont remplacés par les ouvertures limitées du
prisme, de la lentille ou des petits objectifs des lunettes employées.
Chaque point de la ligne lumineuse, suivant sa distance au prisme, à
l'écran on aux oculaires, donne des points obscurs ou lumineux qui se
traduisent par l'action du prisme en raies longitudinales, obscures et bril-
lantes. Le centre d'un anneau noir, en se dilatant prismatiqtiement, don-
nera une large raie noire. Le centre d'un anneau brillant donnera de même
une large raie blanche, colorée prismatiquement du rouge au violet.
Les raies étroites, obscures et brillantes, résulteront des anneaux étroits,
obscurs et brillants, qui environnent les centres brillants et obscurs; et
enfin, suivant toutes les circonstances de position relative et de grandeur
de toutes les pièces de l'appareil, on devra obtenir une immense variété dans
la position et l'éclat des diverses lignes longitudinales.
» Une fois la cauee indiquée, des appareils de précision, tels que ceux
que nous a montrés M. Porro, permettront de pousser jusqu'au bout la
comparaison numérique de ces beaux et curieux phénomènes avec la théorie,
ou, ce qui est plus simple, avec l'observation fondamentale de M: Arago,
laquelle est elle-même, comme je l'ai montré, une conséquence des lois des
interférences.
» M. Zantedeschi avait déjà très-bien reconnu l'influence de l'appareil
même dans le beau phénomène découvert par lui. Ajoutons que la nécessité
de placer l'écran plus près du prisme que la distance nécessaire pour voir les
raies de Fraunhofer, ramène l'expérience de la fente lumineuse à l'expérience
de M. Arago, dans laquelle l'oculaire est plus ou moins rapproché de l'ob-
jectif, à partir du foyer de celui-ci. Chaque point de la fente lumineuse de-
vient un point lumineux, fournissant un anneau à centre noir ou à centre
( 4'6)
blanc à une certaine distance du prisme et de la lentille, et la dispersion pris-
matique compose de tous ces points et anneaux obscurs et brillants, de véri-
tables raies longitudinales d'uu éclat correspondant à ce qui doit résulter de
la superposition des centres ou des circonférences des anneaux juxtaposés
dans la direction de la dispersion du prisme.
» On doit laisser à celui qui a découvert ce brillant phénomène le soin
et l'avantage d'en poursuivre le développement par des observations pré-
cises. C'est sur sa demande que je fais part à l'Académie de la théorie qui
me semble en donner l'explication, et guider dans les mesures à prendre
pour comparer numériquement les faits à la théorie. Voici déjà des preuves
de cette théorie fournies par l'observation même superficielle :
» i°. C'est à une distance du prisme moindre que la distance où se
montrent nettement les lignes de Fraunhofer, que M. Zantedeschi a vu
nettement les raies longitudinales. Et, en effet, c'est en deçà du foyer que
M. Arago trouve, sur l'axe d'un objectif, les centres noirs et brillants les
mieux définis, et des anneaux obscurs et brillants. A quoi j'ajouterai que
M. Porro a pu, conformément à la théorie, faire naître deux ordres de lignes
longitudinales dans l'expérience de M. Zantedeschi : le premier ordre,
quand l'écran était rapproché du prisme en partant du fover ; et le second
ordre, quand il était à une distance plus petite encore du prisme.
» 20. En expérimentant avec l'appareil que M. Porro appelle polropto-
mètre, et qui est ici sous les yeux de l'Académie, nous avons reconnu l'in-
fluence immense des diaphragmes sur la position et l'éclat des raies longi-
tudinales (ce qui, du reste, contredit toute idée de production des raies par
des corps opaques obstruant l'ouverture).
» 3°. Je n'ai pas pu observer avec la fente rendue oblique dans le plan
vertical passant par son milieu et par l'axe du prisme, ce qui aurait per-
mis de mettre les divers points lumineux de la fente à des distances diverses
du prisme et de la lentille, circonstance capitale dans l'expérience de
M. Arago. L'appareil de M. Porro ne s'y prêtait pas instantanément. Un
autre appareil, long de plusieurs mètres, du même savant constructeur, el
qui forme une espèce de double collimateur réciproque, nous a présenté
l'expérience et les brillantes raies de M. Zantedeschi tout à fait dans les
conditions que les rayons stellaires ont dans le scintillomètre de M. Arago;
et le résultat a toujours été le même.
» 4°- Les larges lignes noires ou brillantes sont accompagnées de lignes
plus étroites, tant noires que brillantes, mais non moins bien marquées,
ainsi que l'a bien vu M. Zantedeschi. Elles résultent, comme nous l'avons
( 417 )
dit, de la superposition des anneaux beaucoup plus étroits qui entourent
les centres brillants et obscurs. Enfin, nous indiquerons à M. Zantedeschi
le fait élémentaire le plus simple à constater, c'est l'expérience même de
M. Arago avec l'adjonction du prisme, en ne prenant qu'un point lumi-
neux, au lieu d'une ligne lumineuse. Ce phénomène, qui, nous le répé-
tons, doit être le phénomène fondamental et élémentaire, donnera la clef
de tout le reste.
Conclusion,
» Les lignes longitudinales découvertes dans le spectre solaire, par
M. Zantedeschi, ont très-probablement leur origine dans un effet analogue
à celui qui se produit dans l'expérience du scintillomètre de M. Arago
{Annuaire du Bureau des Longitudes, pour i85a). Il en résulte, suivant
l'axe des lentilles, des cercles et des anneaux brillants et obscurs, que la
dispersion du prisme transforme en lignes longitudinales, suivant le sens
delà dispersion, c'est-à-dire du rouge au violet. L'étude de ces phénomènes
sera importante, au point de vue théorique, quand l'expérience, ne mar-
chant plus en aveugle, aura fourni les données nécessaires au calcul ; mais
il est encore un autre point de vue très-important, suivant lequel ces re-
cherches se rattachent aux résultats que permet d'obtenir le scintillomètre
de M. Arago. Je veux dire que l'appareil des raies longitudinales, conve-
nablement construit, deviendra, comme le scintillomètre, un appareil ex-
plorateur des agitations de l'atmosphère. On voit, du reste, dans l'ouvrage
de M. Zantedeschi, que ces considérations, d'une haute utilité pratique,
ne lui avaient point échappé. »
MÉMOIRES LUS.
astronomie. — L'appareil de Bohnenberger pour la précession des équinoxes
peut servir à constater la rotation de la Terre; par M. Pehson. (Extrait
par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Arago, Pouillet, Babinet.)
« L'appareil de Bohnenberger est un petit instrument très-portatif qu'on
trouve dans tous les cabinets de physique. Il a été introduit en France
par M. Arago à qui Bohnenberger en avait envoyé deux exemplaires. Il se
compose essentiellement d'une petite sphère massive qui, au moyen d'une
suspension de Cardan, peut tourner dans tous les sens autour de son centre
C. R., l853,a">« Semestre. (T. XXXV, N° 15.) °5
(4>8 )
de gravité. On remplace souvent cette sphère par un sphéroïde aplati; mais,
ainsi que l'a fait remarquer M. Arago, c'est un tort, parce que cela tend à
faire croire que les phénomènes observés dépendent de cette forme aplatie. A
cause des anneaux de suspension, même dans le cas d'une sphère, les axes
principaux appartenant au centre de gravité ne sont pas égaux. On en a d'ail-
leurs la preuve dans les oscillations coniques dont l'instrument est suscep-
tible. D'autre part, il a un axe de figure. D'après cela, pour avoir égard
aux anneaux, nous le considérerons dans son ensemble comme un ellip-
soïde à deux axes.
» Imaginons que la Terre soit fixe tout en continuant de tourner sur
elle-même et qu'elle ait son axe couché dans le plan de l'écliptique. Il ré-
sulte des lois de la précession que, si l'on vient à pousser un pôle par une
force perpendiculaire à l'axe et contenue dans le plan précité, l'axe, au
lieu de marcher dans la direction de la force, va marcher perpendiculaire-
ment à cette direction, décrivant ainsi un plan normal à l'écliptique. Et ce
plan ne prendra pas de mouvement azimutal malgré l'action continue de
la force.
» Maintenant, prenons l'appareil de Bohuenberger; l'application est fa-
cile. Nous mettons la petite sphère en rotation autour d'un axe horizontal;
l'horizon ici va remplacer l'écliptique. L'a rotation de la Terre a prise sur
le pied de l'instrument; ne considérons de cette rotation que la compo-
sante pour notre latitude; cette composante tend à faire tourner autour de
la verticale et agit, en définitive, aux deux pôles de la petite sphère. Or il
est clair, d'après ce que nous avons vu tout à l'heure, que ce couple ne va
pas faire tourner l'axe dans son plan ; au lieu d'un mouvement horizontal,
û va lui donner un mouvement vertical, c'est-à-dire lui faire décrire lente-
ment un plan perpendiculaire à l'horizon. Nous retrouvons donc ici un
plan invariable sans mouvement azimutal, et qui peut, par conséquent,
nous faire reconnaître si la Terre tourne. A la rigueur, ce plan ne nous
est indiqué que par les extrémités de l'axe ; mais l'appareil de Bohnenber-
ger offre un plan plus matériel et plus complet, qui est l'anneau moyen ; il
est clair, par la construction, que cet anneau ne peut prendre de mouve-
ment azimutal quand l'axe de la sphère n'en prend pas.
» On vérifie d'abord ces résultats en faisant tourner l'appareil entier au-
tour de la verticale, soit par un mécanisme, soit avec la main, car de grandes
précautions ne sont pas ici nécessaires. La stabilité de cet anneau moyen
est vraiment étonnante ; on peut transporter l'instrument, tourner avec
lui: quand on le replace sur la table, l'anneau se retrouve parallèle au mur
f 419 '
s'il l'était d'abord. Toutes ces expériences ont été faites par M. Foucault
avec un pendule portatif; mais, avec l'appareil de Bohnenberger, l'inva-
riabilité du plan est bien plus assurée, elle l'est même mieux qu'avec l'hé-
lice élastique de Wheatstone. Quand la rotation autour de la verticale est
un peu rapide, l'inclinaison de l'axe se prononce; on la détermine à vo-
lonté dans un sens ou dans l'autre suivant le sens de la rotation autour de
la verticale. Si l'on rend les deux anneaux intérieurs solidaires pour empê-
cher l'inclinaison de l'axe, tout l'appareil est entraîné comme quand la
sphère ne tourne pas.
» Ces vérifications ne laissent aucun doute sur la possibilité de constater
la rotation de la Terre avec un instrument bien équilibré. Si le mouvement
observé a le sens et la grandeur convenables, on ne peut encore rien con-
clure; car un bien léger défaut d'équilibration suffit à produire un mouve-
mentde précession. Il faut donc immédiatement faire tourner en sensinverse;
le mouvement azimutal doit se reproduire de même sens et de même
grandeur. Au contraire, si le mouvement azimutal n'est qu'une précession,
le changement de rotation le renverse. La nécessité de ce contrôle rend
dangereux tous les instruments compliqués; car il faut, dans les deux ex-
périences, que tout, excepté le sens de la rotation, soit identique.
» Sans remonter à la précession des équinoxes, on peut voir, par des
considérations simples, que la Terre ne doit pas donner de mouvement azi-
mutal à Taxe de la sphère. Soient O le centre de gravité, OZ une verticale,
OV l'axe réel. Le mobile est soumis à deux forces, l'action du fil qui le
fait tourner autour de OV et l'action de la Terre qui le ferait tourner autour
de OZ, si OZ était un axe principal. Soient OV et OT les moments linéaires
de ces deux forces ; le momentrésultant OR et l'axe instantané de rotation OT
sont tous deux dans le plan vertical ZOV des moments des forces; le
premier est donné par la règle du parallélogramme, l'autre par la formule
tang IOV = | tang ROV,
A et B désignant les moments d'inertie. Ainsi, du moins dans le premier
instant, la rotation de la Terre ne tend pas à faire sortir l'axe du plan ver-
tical où il était d'abord; elle ne fait que changer sa position dans ce plan.
Ne considérons toujours que la première impulsion due à la Terre, et sup-
posons qu'elle soit assez forte pour que l'axe instantané s'écarte notable-
ment de l'axe de figure; alors, il est vrai, celui-ci sortira du plan vertical
55..
( ^o )
et fera des oscillations coniques autour de l'axe OR du moment résultant,
mais le frottement aura bientôt réduit à rien l'amplitude de ces oscillations ;
de sorte que, même quand la rotation autour de la verticale est produite
par une impulsion incomparablement plus grande que celle que pourrait
donner la Terre dans le même temps, l'axe réel revient encore sensible-
ment au plan où il était d'abord.
» Il est à remarquer que les choses se passent ici comme pour l'axe de la
Terre, quoique par un mécanisme différent. Il semblerait, d'après la com-
position des rotations, que les attractions du Soleil et de la Lune sur le
ménisque terrestre devraient changer l'axe de rotation du globe, mais cela
n'a pas lieu ; ces attractions font seulement tourner l'axe et sont impuis-
santes à en créer un autre. De même dans l'appareil de Bohnenberger,
l'axe réel tourne pour prendre la place assignée; c'est une conséquence
curieuse du mode de suspension.
» Il est facile maintenant de voir ce qui se passe quand on opère sans
choc et d'une manière continue. Dans les rotations produites mécanique-
ment, et à plus forte raison dans la rotation de la Terre, chaque impulsion
a un moment infiniment petit ; par la première, l'axe du moment résul-
tant OR et l'axe instantané OI s'écartent à peine de la position primitive de
l'axe réel OV, par conséquent l'amplitude des oscillations coniques est in-
sensible. Comme d'ailleurs l'axe réel vient en OR, la seconde impulsion se
produit dans les mêmes conditions que la première.
» La composition des rotations montre que l'axe marche toujours dans
un sens tel que, quand il arrive à la verticale, la rotation de la sphère se
fait dans le même sens que celle de la Terre (ou du mécanisme). Il s'ensuit
que l'axe ne peut pas dépasser la verticale, et que son mouvement n'est
pas indéfini, comme dans l'expérience qu'on fait avec le même appareil
pour la précession des équinoxes.
» Eo résumé, je crois avoir montré, par une analogie exacte avec le
phénomène de la précession des équinoxes, par une expérience directe
aussi facile que celle du pendule, et enfin par le raisonnement, que l'ap-
pareil de Bohnenberger, malgré la rotation qu'on imprime à son support,
fournit un plan sans mouvement azimutal, et que, par conséquent, un
instrument de ce genre, exécuté avec précision, donne le moyen de con-
stater la rotation de la Terre. »
( 4»i )
ASTitOiNOMiK. — Sur une nouvelle démonstration expérimentale du moii'
veinent de la Terre, fondée sur la fixité du plan de rotation; par
M. Léon Foucault.
(Commissaires, MM. Arago, Pouillet, Babinet.)
« Dans un précédent Mémoire, j'ai montré qu'en vertu de l'inertie le
plan d'oscillation du pendule libre est assujetti à garder, relativement à la
verticale, une position invariable, et j'ai appliqué cette propriété à la dé-
monstration expérimentale du mouvement de la Terre sur son axe. Le phé-
nomène sensible qui apparaît dans cette expérience, est une déviation re-
lative du plan d'oscillation rapporté à un plan vertical quelconque solidaire
avec la Terre; cette déviation est un mouvement angulaire égal et de
signe contraire au mouvement de la Terre multiplié par le sinus de la 'lati-
tude du lieu où l'on opère.
» Cette loi, qu'aucuue observation sérieuse n'est venue infirmer, im-
plique une réduction de la déviation à partir du pôle où elle est totale, jus-
qu'à l'équateur où elle devient nulle; et sa variation progressive en pré-
sence d'une rotation réellement constante, montre assez clairement que la
fixité du plan d'oscillation ne doit être prise dans un sens absolu qu'au pôle
seulement, et que dans toute autre situation à la surface du globe, elle est
seulement relative à la verticale dont la direction change incessamment dans
l'espace.
» C'est faute d'avoir compris dans son acception véritable la fixité du
plan d'oscillation, que beaucoup de personnes se sont fait, de la déviation,
une idée inexacte, et ont méconnu sa valeur et son uniformité.
» Mais, si au plan d'oscillation du pendule on substitue le plan de rota
tion d'un corps librement suspendu par son centre de gravité et tournant
autour d'un de ses axes principaux, on a à considérer un plan physique-
ment défini et qui possède réellement une fixité de direction absolue. C'est
pour réaliser cette conception et en obtenir de nouveaux signes de la rota-
tion de la Terre, que j'ai composé et fait exécuter un nouvel appareil que
je puis mettre dès à présent sous les yeux de l'Académie.
» Le corps que j'ai choisi de préférence à tout autre pour lui communi-
quer un mouvement de rotation rapide et durable, est un tore circulaire en
bronze monté à l'intérieur d'un cercle métallique dont un diamètre est figuré
par l'axe d'acier qui traverse le mobile; le diamètre perpendiculaire est
représenté par les tranchants de deux couteaux implantés dans le même
alignement sur le contour extérieur du même cercle. Les couteaux sont diri-
( 4*2 )
gés de telle sorte, que les tranchants regardant en bas, le plan du cercle et
l'axe du tore y compris, soient horizontalement situés. C'est dans cette posi-
tion, et après avoir imprimé au mobile une grande vitesse, qu'on introduit
le système dans un second cercle extérieur où les couteaux trouvent à re-
poser sur des plans horizontaux ; ce second cercle vertical est suspendu à un
fil sans torsion, et guidé en même temps par des pivots qui préviennent
tout mouvement oscillatoire.
» Si l'axe du tore est très-mobile sur ses tourillons, si son cercle enve-
loppant est soutenu par ses couteaux dans un état d'équilibre indifférent,
si enfin le fil qui supporte le tout est réellement sans torsion, il est clair
que le tore jouit lui-même d'une entière liberté et qu'il peut pirouetter en
tous sens autour de son centre de gravité. Telle est en effet la mobilité de
ces différentes pièces dans l'appareil construit par M. Froment, qu'elles
s'agitent au moindre souffle et qu'il faut quelque précaution pour les ame-
ner sans vitesse dans une position déterminée.
» Toutefois cette grande mobilité, qui témoigne de l'habileté du con-
structeur, n'apparaît qu'autant que le corps révolutif reste au repos. Car,
dès que le tore est mis en mouvement et déposé en sa place, le système
tout entier se consolide dans l'espace avec une énergie remarquable. Dans
cet état le corps ne peut plus participer au mouvement diurne qui anime
notre globe; et, en effet, bien que son axe, en raison de sa brièveté,
semble conserver sa direction première, relativement aux objets terrestres,
il suffit d'en approcher un microscope pour constater un mouvement ap-
parent, uniforme et continu, qui lui fait suivre exactement le mouvement
de la sphère céleste. Cet axe se meut, relativement à l'axe du monde,
comme une lunette parallactique que l'on aurait pointée dans la même
direction sur le ciel. Quant à l'origine, on place l'axe dans le premier ver-
tical, on a une déviation parallèle au plan de l'équateur, et qui aug-
mente proportionnellement au temps, à raison d'un tour entier en vingt-
quatre heures de temps sidéral. Quand, au contraire, on part du plan du
méridien , la déviation se fait suivant les premiers éléments d'un cône
semblable au cône tangent au parallèle terrestre.
» Toutefois cette manière d'observer n'est pas celle que j'ai définitive-
ment adoptée. Profitant de la construction de l'instrument, qui permet
de décomposer la déviation en deux mouvements partagés entre les deux
cercles qui supportent le tore, j'ai préféré observer isolément la compo-
sante horizontale qui, seule, déplace le cercle extérieur mobile autour de
la suspension verticale.
(4*3)
» Comme l'observation ne peut être prolongée au delà de huit à dix
minutes, il arrive que, pourvu qu'à l'origine l'axe de rotation soit hori-
zontalement dirigé, la déviation observée sur le cercle vertical prend une
valeur indépendante de l'azimut où l'on s'est placé ; cette valeur est préci-
sément celle qui est donnée par la loi du sinus de la latitude. Pour s'en
convaincre, il suffit d'assimiler la marche de l'axe de rotation du mobile à
celle d'une ligne menée vers une étoile quelconque passant à l'horizon. Or
il est facile de démontrer qu'à tout instant les mouvements en azimut de
toutes les étoiles observées très-près de l'horizon sont sensiblement égaux
entre eux, et mesurés par le mouvement de la Terre compté en sens inverse
et multiplié par le sinus de la latitude.
» Si donc, au lieu de viser sur l'axe même du corps tournant, on
dirige le microscope sur le cercle des mouvements horizontaux, on doit
s'attendre, dans les premiers instants qui suivent la mise en train, à le voir
se déplacer conformément à la loi énoncée. Cette loi, il est vrai, ne s'ap-
plique, en toute rigueur, qu'à une déviation infiniment petite; mais, au
bout de cinq minutes, l'erreur commise est encore très-faible, et insaisis-
sable à ce genre d'expérimentation. Si, d'ailleurs, on tenait à élever la
méthode à un degré supérieur d'approximation, il suffirait d'exécuter, dans
deux directions rectangulaires, deux observations de même durée, et de
prendre la moyenne ; comme alors les erreurs se produisent en sens
inverses, elles s'élimineraient en grande partie, et l'excès persistant ou
l'erreur de second ordre deviendrait tout à fait négligeable en raison de
son extrême petitesse.
» On est donc par là complètement affranchi de la nécessité d'opérer
dans un azimut déterminé; on est seulement astreint à partir du plan hori-
zontal; aussi, pour satisfaire à cette indication, a-t-on monté au centre du
tore une glace parallèle au plan de rotation, et qui, avec le concours d'une
mire et d'une lunette à niveau, permet de satisfaire très-promptement à
cette dernière condition.
» Lors donc qu'on opère en prenant toutes les précautions requises, que
je ne puis indiquer dans cette Note, quel que soit le sens de la rotation
imprimée au mobile, on obtient à coup sûr, avec une déviation dans le sens
voulu, un nouveau signe de la rotation de la Terre, et on l'obtient avec un
instrument réduit à de petites dimensions, aisément transportable, et qui
donne l'image du mouvement continu de la Terre elle-même. Vous n'avez
plus seulement sous les yeux, comme avec le pendule, le déplacement pro-
gressif d'un plan idéal, plus ou moins bien défini par la trajectoire d'une
( 4*4 )
masse oscillante, vous possédez des pièces matérielles réellement soustraites
à l'entraînement du mouvement diurne, et c'est, je crois, un desideratum
qu'un des plus illustres Membres de cette Académie, M. Poinsot, signalait
dans la science, même après avoir connu l'expérience du pendule. »
mécanique. — Sur les phénomènes d'orientation des corps tournants en-
traînés par un axe fixe à la surface de la Terre. — Nouveaux signes
sensibles du mouvement diurne; par M. Léon Foucault.
(Commissaires, MM. Arago, Pouillet, Babinet. )
« Quand un corps tournant sur un de ses axes principaux est librement
suspendu par son centre de gravité, il donne à la surface de la Terre les
déviations apparentes que nous avons étudiées dans le Mémoire précé-
dent; mais si, au lieu de laisser ce corps libre pirouetter en tous sens, on
assujettit son axè de rotation à ne pouvoir tourner qu'autour d'un axe
fixe à la surface de la Terre, on fait naître une force qui tend à ramener
l'axe du corps tournant dans la direction la plus voisine possible de celle
de l'axe du monde, et à disposer les deux rotations dans le même sens.
Ces évolutions des corps animés d'une rotation rapide donnent ainsi de
nouveaux signes très-prompts et très-apparents du mouvement delà Terre.
» Pour procéder méthodiquement dans l'exposé de ces faits, et pour ar-
river à les éclaircir par de simples considérations empruntées aux éléments
de mécanique et de géométrie, j'examinerai d'abord le cas où le corps tour-
nant autour de son axe propre, est en même temps assujetti sur un axe
vertical autour duquel il est libre de se mouvoir en même temps. Je suppo-
serai qu'à l'origine le corps ait son axe dirigé de l'est à l'ouest et qu'il
tourne de droite à gauche pour l'observateur qui le voit devant lui, ayant
lui-même la face tournée vers l'orient.
» Dans cette situation, le mobile est non-seulement animé de sa vitesse
initiale, mais il ressent encore l'influence de la composante de la rotation
diurne autour de la méridienne du lieu, qui agit à la façon d'un couple ac-
célérateur dont l'axe est dirigé suivant cette méridienne. Or ce couple, très-
petit par rapport à celui qui anime le mobile, ne s'en compose pas moins
avec ce dernier, de la manière suivante.
» Si l'on se conforme aux représentations enseignées par M. Poinsot, le
couple d'impulsion du corps a son axe qui vise vers l'occident; celui qui
provient de la rotation de la Terre a son axe qui vise au midi, et l'axe du
couple résultant, compris dans le plan des deux autres et donné par la cou-
( 4>-5 ) • -
struction du parallélogramme, incline tant soit peu de l'occident au midi.
Il en résulte qu'à l'axe principal, sfir lequel le corps a été primitivement
lancé, se substituent une suite d'axes instantanés de rotation occupant suc-
cessivement des positions différentes dans le corps et dans l;espace, et qui
s'en vont gagnant peu à peu le plan du méridien. En même temps que ce
déplacement a lieu, le moment du couple communiqué de la Terre au
mobile diminue de valeur, et enfin il s'annule au moment précis où l'axe
instantané, toujours voisin de l'axe principal, atteint le plan, du méridien.
Mais, en vertu de cette nouvelle vitesse acquise, qui a modifié le mouvement
du corps, ce plan est bientôt dépassé; alors le petit couple terrestre reparaît
en sens inverse, son action rapproche l'axe instantané de l'axe principal,
retarde en même temps le mouvement qui les emporte tous deux hors du
méridien, et quand ils coïncident, ils ont atteint tous deux le maximum
de leur excursion; mais le couple terrestre, continuant d'agir, les sépare
de nouveau et les ramène vers le méridien qu'ils- dépassent encore, et ainsi
de suite.
» Il en résulte, en définitive, que l'axe principal qui est le seul obser-
vable, s'anime d'un mouvement oscillatoire très-lent autour du méridien,
où il finirait par se fixer si la rotation persistait assez longtemps.
» Le plan du méridien est donc le seul dans lequel l'axe de rotation se
trouve en équilibre ; mais il y peut être conduit par deux chemins diffé-
rents : l'un qui amène le mobile tournant parallèlement à la composante
. de la rotation terrestre considérée autour de la méridienne, chemin qu'il
prend spontanément, et l'autre qui amènerait le mobile tournant en sens
inverse. Dans ces deux conditions, la composante efficace du couple terrestre
s'annule; mais il faut bien remarquer que dans la première tout écart fait
reparaître le couple affecté du signe convenable pour rétablir l'équilibre,
tandis que dans l'autre condition le moindre écart fait renaître ce même
couple avec le signe contraire : dans la première position l'équilibre est sta-
ble, dans la seconde il y a encore équilibre, mais il est instable.
» Donc, tout corps tournant autour d'un axe libre de se diriger sans sor-
tir du plan horizontal, fournit un nouveau signe de la rotation de la Terre;
car cette rotation développe une force directrice qui sollicite l'axe du
corps vers le méiidien et dispose ce corps pour tourner dans le même sens
que le Globe.
» Donc, sans le secours d aucune observation astronomique, la rotation
dun corps à la surface de la Terre suffit à indiquer le plan du méridien.
» Le méridien étant actuellement connu, je vais disposer l'axe du mobile
C. R., iS5a, am« Semestre. { T XXXV , N<> 13. ) 56
. . (4*6 )
dans ce plan avec liberté complète de s'y mouvoir sans pouvoir en sortir ;
c'est-à-dire que tout en tournant sur son axe ordinaire, le corps pourra
s'incliner comme une lunette méridienne autour d'une ligne horizontale
perpendiculaire au méridien.
» A l'origine je dirige cet axe horizontalement, et je fais encore tourner
le mobile de droite à gauche pour l'observateur regardant au nord ;
autrement dit, l'axe du couple cpii l'anime vise au midi. Mais à peine aban-
donné dans cette position, l'appareil ressent l'influence du mouvement de la
Terre autour de l'axe du monde.
» En effet, si l'on applique au cas actuel le raisonnement que j'ai déve-
loppé pour le cas précédent, on trouve de même à considérer un couple ter-
restre qui incline graduellement l'axe de rotation et ne devient inactif qu'à
l'instant où l'inclinaison donne une direction parallèle à l'axe du monde.
» Quand on lance le tore dans l'autre sens, l'inclinaison commence aussi
en sens inverse, et si la construction de l'instrument le permet, elle s'ac-
complit en entier jusqu'au point de ramener toujours l'axe et la rotation
du mobile parallèles à ceux de la Terre.
» Donc tout corps tournant autour d'un axe libre de se diriger sans
sortir du méridien, jouit de la propriété de s'orienter parallèlement à l'axe
du monde et de manière à tourner dans le même sens que la Terre.
». Le résultat de cette expérience doit encore compter pour un nouveau
signe de la rotation du Globe ; ainsi que la précédente, elle réussit assez
bien pour que je puisse espérer qu'elle sera répétée. Ce n'est pas que je
propose de déterminer de la sorte la position exacte de l'axe du monde;
mais, dès qu'on s'est appliqué à rechercher toutes les conséquences méca-
niques de ce fait : la Terre tourne sur elle-même, il m'a semblé que parmi ces
conséquences, l'une des plus curieuses à constater expérimentalement,
était cette propriété d'orientation que la théorie indique dans les corps
animés sous nos yeux d'un mouvement de rotation.
» Cette tendance remarquable de l'axe de rotation vers une direction
définie, ne laisse pas que de présenter, avec la propriété fondamentale de
l'aiguille aimantée, une certaine ressemblance extérieure qui est d'autant
plus frappante, que généralement la position d'équilibre autour de laquelle
oscille le nouvel instrument est oblique sur l'horizon, ce qui permet de
mettre la force directrice en évidence, en opérant soit dans le plan hori-
zontal, comme on le fait avec la boussole de déclinaison, soit dans un plan
vertical, comme on le fait aussi avec la boussole d'inclinaison.
» L'appareil spécialement destiné à mettre en évidence et à mesurer
( 4*7 )
approximativement la déviation d'un corps tournant eii toute liberté, peut
servir également à produire et à observer les phénomènes d'orientation
que je viens d'énoncer et de décrire. Comme tous ces phénomènes
dépendent du mouvement de la Terre et en sont des manifestations variées,
je propose de nommer gyroscope l'instrument unique qui m'a servi à les
constater. » • -
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. le Ministre d'État transmet diverses pièces manuscrites et impri-
mées concernant des projets d'application delà force électrique à l'industrie,
pièces adressées au Président de la République par M. Chamolle qui désire
obtenir sur son travail un jugement de l'Académie.
(Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet, Despretz. )
météorologie. — Deuxième Mémoire sur les eaux de pluie recueillies à
l'Observatoire de Paris (ier semestre i85a); par M.. Rarral. (Extrait
par l'auteur. )
(Commissaires précédemment nommés : MM. Arago, Dumas, Boussingault,
de Gasparin, Regnault.)
« L'Académie, en donnant son approbation à notre premier Mémoire (i)
sur les eaux de pluie recueillies à l'Observatoire de Paris (2e semes-
tre i85i), nous a imposé le devoir de continuer nos recherches avec une
persévérance à laquelle nous tâcherons de ne pas faillir. Des appareils que
nous devons à sa généreuse munificence nous permettront sans doute de
résoudre prochainement, toutes les questions exposées dans le bienveillant
Rapport (7) fait par M. Arago, au nom de la Commission chargée d'examiner
notre travail. Cependant, en attendant que ces appareils fussent construits,
nous avons cru devoir continuer nos recherches avec les moyens que nous
avions d'abord employés.
» Déjà nous étions arrivé à une assez grande approximation, pour que
cette continuation présentât un intérêt scientifique sérieux. Une remarque
nous encourageait d'ailleurs, c'est que les recherches futures, exécutées avec
des instruments qui ne laisseront rien à désirer, serviront à rectifier les
recherches actuelles. Du rapprochement de nos travaux présents et futurs,
(1) Mémoire présenté le 23 février i852 , Compte rendu, tome XXXIV, page 283.
(2) Séance du 3i mai i852, tome XXXIV, page 824.
56..
(4*8)
. il résultera, en outre, des renseignements intéressants sur les méthodes
qu'il faut conseiller à ceux qui voudront se livrer à de semblables
observations. Nous pensons que le Mémoire auquel l'Académie a déjà bien
voulu donner son approbation et celui que nous soumettons aujourd'hui
sont de nature à montrer l'utilité de faire, dans plusieurs stations météoro-
logiques, des analyses d'eaux pluviales. Nous désirons vivement voir cette
opinion partagée par le monde savant, et c'est pourquoi nous n'avons pas
hésité à présenter les résultats de nos recherches sur les six premiers mois
de i852, sans attendre que l'année entière fût écoulée.
» Nous avons borné nos analyses à la recherche de l'azote et du chlore
dans les eaux qui nous ont été remises par M. Charles Mathieu, en négligeant
de doser la chaux, la magnésie et autres bases fixes, parce que nous avons
constaté que l'eau de pluie enlève au verre des quantités considérables d'alca-
lis. Ces quantités changent avec la nature du verre des flacons et des cornues,
avec la masse d'eau mise en contact avec les silicates toujours un peu varia-
bles dont sont composés les ustensiles des laboratoires. Cette action, exercée
sur les flacons par les liqueurs qu'ils contiennent, a été constatée bien long-
temps avant nous; M. Chevreul notamment en a reconnu toute l'impor-
tance, surtout en ce qui concerne le verre blanc dont on fait le plus souvent
usage; aussi cet éminent chimiste conseille-t-il de préférer les flacons de
verre vert pour renfermer les réactifs. Quant à nous, nous avons con-
staté que la distillation de 4 litres d'eau de pluie repassant dans la même
cornue de manière à être évaporés et condensés sept fois de suite, sans que
dans la cornue on laisse jamais moins qu'un demi-litre, finit par enlever
au verre plus de i grammes de chaux, i gramme de silice, ogr,5 de potasse
et de soude. Cette action, en quelque sorte corrosive, augmente quand l'eau
contient une légère quantité de carbonate de potasse, i à i grammes pour
-4 litres, ou bien encore d'acide sulfurique dans les ïnèmes proportions.
Comme pour retenir les sels ammoniacaux ou l'acide azotique nous sommes
forcé d'employer tour à tour ces deux agents, on conçoit que nous ne de-
vions attacher aucune confiance aux déterminations les plus consciencieuses
des matières contenues en même temps dans les eaux de pluie et dans le
verre. Ce n'est qu'à partir du jour où les eaux que nous analyserons n'au-
ront touché que du platine, soit sur les udomètres où elles tomberont, dans
les vases où elles seront recueillies, dans les entonnoirs où elles seront
filtrées, dans les cornues où elles seront distillées, que nous pourrons être
certain de l'existence et des proportions des bases fixes contenues dans les
eaux météoriques.
( m )
» Quelques doutes peuvent encore exister sur un point. Est-il exact de
séparer, ainsi que nous faisons dans ce Mémoire, l'azote total en azote à
l'état d'ammoniaque, et en azote à l'état d'acide azotique? N'est-il pas pos-
sible que dans l'udomètre même l'azot;e qui est à l'état d'acide azotique se
transforme en azote à l'état d'ammoniaque, out réciproquement, au con-
tact du fer, du cuivre et du zinc? Si nous ne levons pas encore ces
doutes, il est certain que le chiffre de l'azote total ne saurait être contesté.
Il en est de même pour le chiffre qui représente la quantité de chlore
que nous avons trouvée. Nous ajouterons que pour le semestre actuel
nos déterminations relativement à l'azote restreignent les erreurs dans
des limites très-étroites. Nous avons recherché les traces d'acide azotique
ou d'ammoniaque dans les eaux condensées provenant des premières dis-
tillations, de manière à être certain de ne rien perdre absolument. Les
chiffres que nous donnons dans ce Mémoire peuvent donc servir de bases
à de futures discussions météorologiques; ce sont des éléments qui présen-
tent assez de certitude pour être enregistrés à côté des meilleures données
à l'aide desquelles on cherche à définir les climats.
» La -présence de l'iode dans les eaux, de pluie signalée par MM. Marchand
et Chatin, a attiré aussi spécialement notre attention. Nous avons dit, dans
notre premier Mémoire, que nous n'avions encore aucun moyen de retrouver
avec certitude une quantité très-petite d'iode introduite dans une grande
masse d'eau. Depuis six mois, nous avons fait de nouvelles tentatives à cet
égard avec notre préparateur, M. de Luca, qui nous donne, dans les tra-
vaux longs et pénibles de distillations et d'analyses que demandent nos
recherches sur les eaux pluviales, une collaboration intelligente dont nous
nous plaisons à le remercier publiquement. Nous avons fini par rencontrer
une méthode analytique qui nous permet de trouver de très-petites quan-
tités d'iode. Cette méthode nous a été suggérée par l'un des procédés em-
ployés par M. Henry Bence Jones, dans ses recherches sur l'oxydation de
l'ammoniaque dans le corps humain (i). M. le Dr Price, préparateur de
M. Jones, a eu l'idée d'employer, comme réactif de l'acide azotique,
une dissolution d'amidon à laquelle on ajoute une goutte ou deux gouttes
d'une solution d'iodure de potassium dont la pesanteur spécifique est de
io5a, et de l'acide chlorhydriqne étendu dont la densité est >oo5. Nous
avons pensé que la coloration que donne ce réactif pourrait nous servir
(i) Transactions philosophiques de la Société royale de Londres, i85i , page 4°5, el
annales de Chimie et de Physique, 3e série , tome XXXV , page 1 76.
( 43o )
pour reconnaître l'iode, si nous employions de l'amidon , de l'acide azo-
tique très-étendu et une goutte d'acide chlorhydrique, pour essayer les
résidus salins de nos distillations. Nous avons reconnu, de plus, qu'en
opérant par comparaison avec une liqueur normale contenant une quan-
tité connue d'iodure de potassium, nous pourrions arriver a doser les
plus minimes fractions d'iode.
» Afin de faciliter toutes les comparaisons, nous avons réuni dans les
deux tableaux suivants les résultats de nos analyses, en prenant les
moyennes des nombres fournis par les eaux de la terrasse et celles de la
cour de l'Observatoire. Ces tableaux devront être rapprochés de ceux qui
résultent de notre Mémoire sur le second semestre de i85i .
Moyennes des matières dosées chaque mois dans les eaux de pluie recueillies dans les
deux udomètres de l'Observatoire de Paris pendant le premier semestre de i852,
rapportées au mètre cube d'eau de pluie tombée.
Janvier . .
Février . .
Mars
Avril
Mai
Juin
Movennes
8r
3,900
11 , 1 3 1
2,gi5
3,63i
2,54i
2,012
4,355
i,bi2
4,6i8
2,Il3
2, 184
i,i5i
1,371
2,175
ACIDE
azotique.
7,641
1 » ,774
6,862
3,567
5,574
i,837
6,209
AMMONIAQl'E.
8r_
2,53o
9,646
»>474
3,53i
1 , i35
i,835
3»7'7
CHLORURE
de sodium.
8r
2,644
7,606
3,58o
3, 597
',899
2,258
3,597
Moyennes des matières dosées chaque mois dans les eaux de pluie recueillies dans les
deux udomètres de l'Observatoire de Paris pendant le premier semestre de i852,
rapportées à l'hectare.
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Totaux pour six mois
kil
2,127
1,841
°>937
o,838
1,664
i,389
8,796
kil
0,882
0,772
0,682
o,5o4
0,745
0,957
4,542
kil
4,i65
1,955
2,210
o,852
3>998
1,276
i4,456
kil
1,271
1,619
0,427
0,749
0,762
i,285
6,n3
kil
1,404
1,247
I , 1 23
o,83o
1,227
1,537
9,368
. ( .43i )
» Quant à l'iode, nous ne l'avons trouvé que dans les eaux du mois de
juin et seulement en quantité très-petite de i5o milligrammes par hectare.
» De nos recherches, il résulte :
» i°. .Que, pendant une année comptée du Ier juillet i85i au 3o
juin i85a, il est tombé à Paris une quantité d'azote combiné, égale à 22kil, 5
par hectare, savoir iakil,5 à l'état d'acide azotique et io kilogrammes à l'état
d'ammoniaque; .
» 2°. Que la quantité d'ammoniaque tombée pendant cet espace de
temps s'est élevée à i3kil,8 par hectare;
» 3°. Que la quantité d'acide azotique réel qui s'est trouvée dans le
même temps dans les eaux de pluie monte à 46klI,3 par hectare;
» 4°- Que la quantité d'ammoniaque a diminué dans les mois où la
quantité d'acide azotique a augmenté;
» 5°. Que la quantité d'acide azotique s'accroît dès que le temps devient
orageux ;
» 6°. Que durant les mois de février, mars, avril et juin seulement la
quantité d'azote à l'état d'acide azotique s'est trouvée être un peu plus
petite que la quantité d'azote à l'état d'ammoniaque ;
» 7°. Que la quantité de chlore tombée s'est élevée à n kilogrammes
représentant i8ka,t de sel marin par hectare;
» 8°. Que les matières en suspension dans les eaux de pluie et non solu-
bles contenaient, pour les six premiers mois de l'année i852, de l'azote
s'élevant à ikl,,2 par hectare.
» La continuation de pareilles recherches permettra seule de déter-
miner l'influence que la quotité des pluies exerce, concurremment avec
la direction des vents, sur les matériaux déversés sur le sol par les eaux
pluviales. »
astronomie. — Note sur un appareil pouvant servir à démontrer la rotation
de la Terre; par M.. G. Sire.
(Commissaires, MM. Arago, Pouillet, Babinet.)
a Dans l'expérience de M. Foucault, si l'on se représente que le pen-
dule, au lieu de décrire un arc plus ou moins grand, décrive une circon-
férence entière, par sa révolution il engendrera un cercle dont la surface
sera le prolongement du plan d'oscillation, et les phénomènes observés- ne
■ me paraissent pas devoir être changés par cette supposition.
( 43a ) .
» Partant de là , j'eus l'idée de remplacer le pendule par une roue massive
parfaitement équilibrée et tournant autour de deux axes rectangulaires.
L'un d'eux, celui qui se trouve dans le plan de rotation de la roue, serait
toujours placé suivant la verticale du lieu. Cette roue, transportée au pôle,
et l'axe vertical étant sur \e prolongement de l'axe terrestre, cette roue,
dis-je, tournant rapidement, devra conserver presque invariablement son
plan de rotation, et, par le fait, la rotation de la Terre sera mise en évidence
par son déplacement .au-dessous d'elle. Cette même roue, transportée a
l'équateur, pe doit pas éprouver de déviation, soit que son plan de rotation
se trouve dans un plan méridien, soit dans le plan même de l'équateur.
» Je fis donc construire. une roue comme je viens de l'indiquer; les rota-
tions s'exécutent sur des pivots d'acier trempé très-délicats. Le système peut
se fixer sur un cercle représentant un méridien tournant autour d'un de ses
diamètres figurant l'axe terrestre.
» L'équilibre d'une pareille roue est très-difficile à réaliser, et j'attribue
à son imperfection les irrégularités que j'ai observées. Dans le cas où la roue
est placée au pôle, par exemple, il est extrêmement difficile de faire que
l'axe terrestre et l'axe vertical de la roue soient rigoureusement sur la
même ligne. Alors, tantôt la roue est un peu entraînée dans le sens de la
rotation de la Terre, tantôt en sens contraire, d'autres fois elle reste
immobile.
» J'ai constaté en outre que, quand la roue est placée à l'équateur, son
plan de rotation ne peut exister dans un plan méridien; il se place toujours
dans le plan de l'équateur, et le sens de rotation de la roue est le même que
celui de la Terre. Celui-ci vienl-il à se produire en sens inverse, immédiate-
ment la roue fait un demi-tour sur elle-même, et les deux rotations ont lieu
dans le même sens. Il résulte de ces faits, que jamais les axes de rotation
d'une pareille roue ne peuvent se trouver simultanément dans le plan de
rotation de la Terre ; l'axe horizontal de la roue se place toujours perpendi-
culairement à ce plan. D'où il suit qu'à une latitude quelconque, la roue se
place toujours perpendiculairement au méridien, c'est-à-dire qu'elle se
trouve toujours dans la surface conique engendrée par la révolution de la
verticale.
» Peut-être, en exécutant cet appareil avec une extrême précision, obtien-
drait-on des résultats plus concluants. »
( 433 ) •
optique. — Note sur un instrument désigné sous le nom de polyoptomètre ;
par M. J. Porro. (Extrait par l'auteur. )
(Commissaires, MM. Arago, Pouillet, Babinet.)
« Cet instrument, présenté, au nom de M. Porro, par M. Babinet, est,
ainsi que son nom l'indique, propre à différentes observations de précision
en optique. Celui qui est sous les yeux de l'Académie est une transforma-
tion d'un théodolite de Gambey; il est destiné à l'observatoire de Mar-
seille.
» L'auteur, qui se propose de décrire avec détail l'instrument dans
un second Mémoire, se borne aujourd'hui à le présenter comme moyen
de sonder la profondeur du spectre.
» Avec cet instrument, ainsi qu'avec un très-grand appareil de 4 mètres
de foyer, l'auteur a pu constater que les raies transversales, les raies longi-
tudinales et un fil tendu sur la fente du porte-lumière donnent dans la lu-
nette trois foyers très-différents et tels, que les deux premiers ont leur foyer
conjugué en dehors de l'appareil. L'auteur conclut que les raies longitudi-
nales, décoixvertes par M. Zantedeschi, n'ont pas uniquement pour cause,
ainsi qu'on a paru le croire, les corps étrangers d'une grande ténuité qui
pourraient se trouver accidentellement sur le porte-lumière. »
hydraulique. — Discussion du paradoxe hydrostatique et expérience
faite à cette occasion; par M. Ih pus.
(Commissaires, MM. Cauchy, Poncelet, Pouillet, Despretz.)
CORRESPONDANCE.
M. Chevki i il présente la Note suivante de M. Calvert, sur la préparation
du coke destiné à la fabrication de la fonte.
« Il est à la connaissance des savants Membres de l'Académie, ainsi qu'à
celle des hommes pratiques, que la présence du soufre dans le fer commu-
nique à ce métal des propriétés qui en diminuent la valeur, principalement
en le rendant cassant lorsqu'il est porté au rouge. Le soufre que le fer
contient provient rarement du minerai, mais des combustibles employés.
J'ai donc dû chercher des moyens qui me permissent de décomposer les
sulfures, soit dans les minerais, soit et principalement dans les combusti-
bles. Après bien des essais, j'ai découvert que le chlorure de sodium, appli-
qué d'une certaine manière et dans des proportions convenables, atteignait
C. R. , t85a, a"" Semestre. (T. XXXV, N° 15.) 5^
■ ( 434 )
le but que je m'étais proposé, et ceci, en conséquence de la réaction
chimique suivante.
» Sous l'influence de la chaleur, le bisulfure de fer se décompose en proto-
sulfure, lequel, se trouvant en contact avec du chlorure de sodium, forme
entre autres produits du chlorure de fer qui, en présence d'une haute
température et de la vapeur d'eau, se décompose en oxyde de fer et en
acide chlorhydrique ; le soufre et le sodium passent dans les scories des
hauts fourneaux, et par conséquent le soufre ne se fixe pas au fer. Ce pro-
cédé, que j'ai appliqué en grand dans trois usines, deux en Ecosse et l'autre
dans le pays de Galles, m'a donné des résultats très-satisfaisants, comme
le prouvent les échantillons que mon savant maître, M. Chevreul, a la
bienveillance de vouloir bien présenter à l'Académie. (Je suis en train d'é-
tudier les propriétés que le fer purifié acquiert à mesure que la quantité de
soufre décroît. )
» Je ferai remarquer à l'Académie que le fer que j'ai l'honneur de lui
soumettre a été obtenu dans le même haut fourneau, toutes choses égales
d'ailleurs, sauf l'application de mon procédé. On remarquera que dans le
fer disparaissent les cristaux qui en diminuent la ténacité et qu'il acquiert une
fibre longue d'une grande ténacité. Je n'ai pas encore pu déterminer dans le
fer malléable l'exact rapport de ténacité que le fer malléable purifié pré-
sente en comparaison avec le même fer fait par les moyens ordinaires;
mais j'ai déterminé la résistance comparative des deux fers à l'état de fonte.
J'ai pris des barres de fer parfaitement calibrées ayant i pouce carré an-
glais et 5 pieds de long, je les ai mises sur deux supports placés à une dis-
tance de 4 pieds 6 pouces anglais.
» On a alors appliqué sur le centre de la barre une pression graduelle
au moyen d'une vis de pression jusqu'à ce que la barre cassât.
POIDS ES LITRES ANGLAISES
POIDS EN LIVRES ANGLAISES
auxquels s'est cassée
auxquels s'est cassée
la fonte non purifiée.
la fonte purifiée.
487
556
456
5a5
487
544
47°
562
56q
544
( 435 )
» Ces mêmes fontes ont été analysées, et l'on a trouvé que la fonte non
purifiée contenait 6 millièmes de soufre, tandis que la fonte purifiée, qui
a servi aux expériences ci-dessus, n'en contenait que i millième. Consé-
quemment, par l'addition du sel j'avais retiré 5 millièmes de soufre.
» J'ai mis en application, sur une grande ligne de chemin de fer en
Angleterre, le même procédé appliqué à la fabrication du coke; il a été
prouvé que, durant la combustion de ce coke, le soufre n'était nullement
mis en liberté, ce qui confirme ce que j'ai avancé plus haut, que le soufre
reste dans les cendres, et dès lors, ne pouvant agir ni sur les enveloppes de
cuivre des fire-boxes, ni sur les tubes de laiton, il en résulte une grande
économie. Dans quelque temps, je prendrai liberté de soumettre à l'Aca-
démie la différence d'user représentée par la différence de parcours sans
réparation d'une locomotive brûlant de mon coke, comparativement avec
une autre locomotive faisant usage du coke ordinaire.
» J'ai aussi obtenu, à Manchester, en employant un coke préparé, des
résultats très-satisfaisants pour la refonte des fontes dans les cubilots. La
fonte d'une fonte de même qualité, fondue dans le même cubilot avec du
coke de même origine, a été, durant son passage, purifiée, et par là a
acquis une plus grande ténacité, ainsi que le prouvent les chiffres ci-
dessous :
Barres de fonte de > pouce carré et de 4pi>6 préparées avec le coke ordinaire . 5i4 livres.
Barres de fonte de i pouce carré et de 4pi>6 préparées avec le coke préparé. . 528 livres.
» Maintenant que la multiplication des chemins de fer rendra les trans-
ports faciles, j'ai tout lieu d'espérer que l'introduction en France d'un pro-
cédé à la fois si simple et si facile permettra aux maîtres de forge d'em-
ployer, sans altérer leur fer, le coke dont l'usage est si avantageux pour la
production économique de ce métal, car, à l'aide de ce combustible, les
hauts fourneaux anglais produisent de iaoooo à aooooo kilogrammes
de fonte par semaine, tandis que, par l'emploi du charbon de bois, la
quantité produite est de 20000 à 3oooo kilogrammes seulement. »
astronomie. — Découverte d'une nouvelle planète, faite à Marseille le
20 septembre ; par M. Chacornac. ( Extrait d'une Lettre de M. Valz
à M. drago.)
« Je viens vous annoncer, avec une vive satisfaction, la découverte
d'une nouvelle planète due à la confection des cartes écliptiques, par
57..
( 436 ) ,
M. Ghacornac (x). La nuit dernière, ayant remarqué une étoile de
9e grandeur à une place où il n'en avait pas encore vu, il la compara à une
étoile voisine qu'elle précédait de 3 secondes de temps à ioh5oID, de 7 se-
condes à iih25m, et de i3 secondes à i5h3om. Par des observations plus
complètes, le 20 septembre, à i2b2m, elle précédait 449 des étoiles de
Lalande, réduites dans le catalogue anglais, de 4m 54% et se trouvait de
9' 45" plus méridionale. Mais, à 1 5h 57"1, elle la précédait de 5™ 4% et était
plus au sud de 10' 45". En cherchant à remonter aux positions antérieures,
M. Chacornac reconnut que le 9 septembre, vers 12 heures, il avait inscrit
une étoile de 9e grandeur, qui ne se retrouvait plus, et qui ne pouvait être
que la nouvelle planète, dont la position était alors à 5° 4' fà, et 2°48'DB
à la minute près. M. Chacornac ayant laissé à ma disposition le nom à don-
ner à la nouvelle planète, je lui ai proposé celui de Massilia, avec le sym-
bole (ao) indiquant le rang de sa découverte, et paraissant préférable à tout
autre signe arbitraire ; ce qu'il a agréé.
» Une circonstance accidentelle ayant retardé le départ de cette Lettre,
je puis ajouter une autre détermination de la nouvelle planète. Le 2 1 septem-
bre, à ioh4om, elle précédait la 44e des Poissons de 7™ 28% et était plus
septentrionale de 33' r5", ce qui ne diffère du lieu de Junon que de 1 degré
en yR, et de 4°i en D. »
astronomie. — Nouveaux éléments de la seconde comète de 1 852 ;
par M. Valz. (Communiqués par M. Arago. )
Passage au périhélie, i852, 1 1,97 3 octobre, T. raoy. à Marseille ;
Distance périhélie 1,2644
Longitude périhélie 43° 26'
& 346«58'
Inclinaison 42° a'
Mouvement. . Direct.
» Déjà il paraît que la parabole ne pourra pas suffire à représenter le
cours entier de la comète. »
(1) La carte écliptique que je vous ai transmise plus tôt que je ne comptais, pour profiter
de l'occasion de M. Gras, n'était que pour vous donner un aperçu sur la confection de ces
cartes; car M. Chacornac compte la remplacer, en y ajoutant un plus grand nombre d'étoiles,
et j'espère pouvoir vous envoyer sous peu de temps celles de la première heure, et continuer
ainsi successivement.
(437)
astronomie. — Eléments de la planète Melpomène , calculés par
M. Trettenero, d'après 1rs observations faites le \gjuin, à Berlin, au
cercle méridien, et les i3 et 18 juillet, à Padoue. (Extrait d'une Lettre
de M. Saiïtini à M. Ara°o. )
Époque. . . . 19,0 juin i852, temps moyen de Berlin.
Anomalie moyenne i84°4°' lI">42
Longitude du nœud i5o.i6.io,85 1 Équinoxe moyen
Longitude du périhélie i4-33.i5 ,98 | de l'époque.
Inclinaison 10. 5.i5,i6
Angle d'excentricité j2.3o.33 , 19
Log a = 0,3602861 ; logf*"= 3,0095775
astronomie. — Recherches concernant la théorie des météores lumineux,
faites à V occasion du bolide observé le 10 juillet i85o, à Toulouse
et à Bordeaux. (Note de M. Petit.)
« J'ai l'honneur d'adresser à l'Académie les résultats de quelques nou-
velles recherches relatives à la théorie des météores lumineux. Le bolide
auquel se rapportent principalement ces recherches, fut aperçu dans la soi-
rée du 6 juillet i85o, à Bordeaux, pendant une longue partie de sa course,
par M. Abria, doyen de la Faculté des Sciences, et à Toulouse par diverses
personnes dont les souvenirs ont puissamment contribué à compléter nos
propres observations, qui n'avaient été faites que sur un élément extrême-
ment court de la trajectoire.
» D'après les renseignements que M. Abria voulut bien m'envoyer, le
bolide du 6 juillet 1 85o, présentant l'apparence d'une étoile filante extraor-
dinairement brillante, se serait mù à peu près dans un plan vertical dirigé
du nord-ouest vers le sud-est, mais un peu plus rapproché cependant de la
direction nord-sud que de la direction ouest-est ; et il aurait parcouru dans
ce plan un arc d'environ 3o degrés, depuis 20 jusque vers 5o degrés de
distance zénithale, dansos,8 de temps. La disparition, pour M. Abria, aurait
coïncidé avec l'extinction complète du bolide, qu'aucun objet terrestre ne
masqua au moment de cette disparition.
» A Toulouse, le météore jeta un éclat assez vif pour illuminer fortement
la campagne, et ce fut même la cause qui m'avertit de l'apparition. Mal-
heureusement je n'aperçus que la fin de cette apparition ; aussi l'évaluation
de la vitesse apparente qui résulta de mon estimation sur un arc extrême-
ment court, dut-elle se trouver très-influencée par la plus légère erreur
d'appréciation dans la durée du phénomène. Quant à la direction de la tra-
( 438 )
jectoire apparente, d'après les renseignements qui me furent fournis plus
tard par quelques personnes placées aux environs de l'observatoire, je suis
porté à croire que cette direction avait été assez bien déterminée par moi,
malgré le peu d'étendue de l'arc correspondant à la durée de mon obser-
vation. J'ajouterai que j'ai été moi-même témoin de l'extinction du bolide,
et que cette heureuse circonstance m'a permis de faire subir aux observa-
tions les corrections les plus probables, en les astreignant, sans changer
sensiblement l'orientation des trajectoires apparentes, à fixer dans le même
point du ciel le lieu où le bolide s'éteignit pour les observateurs, soit de
Bordeaux, soit de Toulouse. J'ajouterai également que le bolide me parut
avoir un diamètre égal environ à £ du diamètre de la Lune.
» Pour ne pas entrer dans une discussion trop étendue, je me bornerai à
rapporter ici les données, corrigées d'après les considérations précédentes,
qui ont servi de base à mon travail.
Observation de Bordeaux.
Point de départ du bolide.
1R 249° 19' 20"
Dist. pol. nord 62°46'2o"
Point d'extinction du bolide.
a 263°58'io"
Dist. pol. nord 990 6'
Observation de Toulouse
Point du commencement de l'observation.
S, 2o8°3o'
Dist. pol. nord 58° 3o,
Point d'extinction du bolide.
A 211° 3o
Dist. pol. nord 66°3o'
Heure de l'apparition.
Vers 9 heures du soir, le 6 juillet i85o.
Durée de l'apparition =s o%8
Heure de l'apparition.
Le 6 juillet i85o, à gh 3m du soir (temps
moyen de Toulouse).
Durée de l'observation = o%5 (?)
» Voici maintenant les principales particularités de la trajectoire, qui
résultent des données précédentes :
Distance du bolide à la Terre quand M. Abria l'aperçut de Bordeaux .... = 253 kilomètres.
Distance du bolide à Bordeaux, au même moment = 268
Position du point de la Terre au-dessus duquel passait I latitude boréale. L — 44" 9' 4° "
alors le bolide | longitude occid. / = — 2°2i'4o"
Distance du bolide à la Terre quand je l'aperçus de Toulouse = i49Lil,5
Distance du bolide à Toulouse au même moment : . . . s= i68k", 5
(439)
Position du point de la Terre au-dessus duquel passait ( latitude boréale. L = 43° 25' 4c"
alors le bolide | longitude occid. I = — i°47' 3o"
Distance du bolide à la Terre quand nous le vîmes, M. Abria et moi,
s'éteindre dans le ciel = 1 27kil, 5
Position du point de la Terre au-dessus duquel passait i latitude boréale. L s= 43° 16'
alors le bolide j longitude occid. / = — i°4o' io"
Distance du bolide à Bordeaux dans le même moment = 23gkn,5
Distance du bolide à Toulouse dans le même moment = i47kiI,5
Vitesse apparente résultant de l'évaluation de M. Abria = 2i4kl1, 5
Vitesse apparente résultant de mon évaluation == 621"1, 5
Vitesse absolue dans l'espace, résultant de mon évaluation = ■j5kll,o
Diamètre du bolide résultant de mon observation =2i5 mètres.
» Je suis loin de vouloir donner comme rigoureusement exacts les ré-
sultats que je viens d'indiquer, et encore moins ceux qui vont suivre; mais
les conclusions que l'on peut en tirer doivent cependant être regardées
comme assez fortement probables. En effet, de quelque manière qu'on
veuille examiner la question, on est à peu près obligé d'admettre, ce me
semble, que le bolide du 6 juillet i85o a brillé hors de notre atmosphère
d'un très-vif éclat, et qu'il devait avoir un diamètre considérable; peut-être
même qu'il était en partie gazeux, particularité qui, rapprochée de la rareté
des habitants vers le centre des Pyrénées, au point donné par la latitude
boréale 43° 4^5 et par la longitude occidentale — (i°7')> point dans le voi-
sinage duquel dut tomber le bolide, expliquerait pourquoi la chute n'au-
rait pas été signalée. On doit admettre également, je crois, que la vitesse
du météore était fort grande ; car, après mûre réflexion et après avoir com-
paré la durée du phénomène avec le temps de la chute des corps, M. Abria
m'a donné comme très-sensiblement exact le nombre os,8 pour la durée
totale de l'apparition; tandis que mon évaluation o9,5, faite dès le premier
moment, a pu être exagérée pour bien des motifs, et principalement parce
que l'arc de la trajectoire auquel elle s'est appliquée est extrêmement petit,
parce que la durée o%5 comprend le temps total de l'impression lumineuse
sur ma vue (impression qui a dû se prolonger de os,i ou o*,2 après la dis-
parition du bolide, à cause de la vivacité de l'éclat) ; enfin, parce que cette
même impression s'est compliquée, selon toute apparence, de l'effet pro-
duit sur moi par la lumière très-intense qui éclaira subitement la campagne
avant que j'eusse regardé le ciel, et parce qu'aussi j'ai très-bien pu me trom-
per de o%i ou os,a sur une évaluation faite dans un moment de véritable
surprise. De sorte qu'en définitive, on pourrait parfaitement supposer, avec
quelque probabilité, que mon évaluation de la vitesse donne un résultat
( 44o )
quatre ou cinq fois trop faible, tandis qu'au contraire, l'évaluation de
M. Abria serait beaucoup plus près de la vérité. Or l'une et l'autre des
deux évaluations donnant une orbite hyperbolique non-seulement autour
de la Terre, mais encore autour du Soleil, si, l'action perturbatrice de la
Terre étant défalquée, on trouve encore, avec la vitesse résultant de mon
évaluation, une hyperbole pour l'orbite dans laquelle se mouvait le bolide
avant d'être soumis à notre planète, il sera évident qu'à plus forte raison,
on aurait eu un mouvement hyperbolique avec la vitesse trois fois et demie
plus considérable, fournie par l'observation de M. Abria. C'est d'après ces
motifs que, pour étudier la nature du mouvement, j'ai adopté la vitesse
apparente U = 6iul, 5, de laquelle j'ai déduit, pour la vitesse ab-
solue autour du Soleil, le nombre 75 kilomètres; une hyperbole autour de
la Terre; enfin des mouvements hyperboliques autour du Soleil, non-seu-
lement après les modifications produites par l'action perturbatrice de la
Terre, mais encore avant que l'influence de notre planète se fût sensible-
ment exercée sur le bolide.
» Je ne consignerai pas ici les divers éléments des mouvements hyperbo-
liques auxquels je suis arrivé. Je me contenterai de dire, parce que cette
indication suffit à justifier mes conclusions, que l'excentricité 4>74 de l'or-
bite autour du Soleil, au moment où le bolide se montra, n'avait été aug-
mentée que de o, 16 environ par l'action de la Terre, et que cette excentricité
était, par conséquent, encore égale à 4,58 lorsque la Terre commença à
agir. Le mouvement du bolide a donc été toujours très-largement hyperbo-
lique, même avec la vitesse, peut-être trois ou quatre fois trop faible, que
j'ai adoptée. A moins donc que les autres corps du système solaire n'aient
produit eux-mêmes sur le bolide une action énorme avant son arrivée vers
nous (ce qu'il serait absolument impossible de décider en présence de l'in-
certitude que laissent les observations sur la valeur exacte de la vitesse du
bolide et sur la position rigoureuse de la trajectoire, mais ce qui, néan-
moins, paraît fort peu probable quand on compare à la masse énorme du
Soleil le peu de masse de l'ensemble des planètes, dispersées d'ailleurs en
si petit nombre dans les divers points du ciel), on peut conclure, sinon
avec certitude, du moins avec quelque probabilité, que le bolide du 6 juil-
let i85o était, comme d'autres bolides dont j'ai déjà déterminé les trajec-
toires, un de ces corps qui circuleraient dans l'espace en allant d'une étoile
à l'autre, et dont l'analyse chimique serait de nature à nous éclairer sur la
constitution matérielle de ces régions stellaires que la lumière elle-même,
malgré sa prodigieuse rapidité, met des années entières à parcourir. »
(44i )
physique. — De la différence de pouvoir dispersif des deux électricités.
(Note de M. Zantedeschi , communiquée par M. Arago.)
« On a dit et répété, dans différents Mémoires, que l'électricité négative
ou résineuse se perd plus promptement que l'électricité positive ou vitrée.
Les expériences avaient été faites avec l'électricité d'une bouteille de Leyde
qui se déchargeait par une espèce d'excitateur (spinterometro), terminé à
chacune de ses deux bifurcations par une boule et une pointe. Telles étaient,
par exemple, les expériences de Belli. Pour moi, j'ai trouvé que la propo-
sition ne se vérifiait pas, du moins pour la décharge des électrophores.
Deux électrophores chargés positivement dans leurs mastics, n'ont pas
conservé leur charge au delà d'un mois environ. Les mêmes électrophores,
chargés négativement, donnaient encore, après huit mois, des signes très-
manifestes d'électricité. Ces observations ont été faites par moi en i85o,
i85i et i85a, avec deux électrophores que j'avais fait construire pour le
cabinet de physique de l'Université de Padoue.
« Ces remarques m'ont conduit à une application utile, qui consiste à
charger négativement les mastics des électrophores, de même que les col-
lecteurs [collettori) des condensateurs, quand on veut qu'ils conservent
longtemps leur charge. »
physique du globe. — Corrélation entre les grandes émissions de vent
d'Afrique {siroco), et les inondations du Rhin, du Rhône et de la Loire.
(Lettre de AI. Fabke-AIassias à M. Arago.)
« Le 17 octobre 1846, nous ressentîmes à Philippeville (Algérie) un
siroco d'une violence extraordinaire : deux jours après, d'effroyables inon-
dations désolaient les vallées dont l'origine est aux Alpes et aux Cévennes.
» Dans les premiers jours de novembre suivant, une seconde émission de
siroco fut également suivie d'inondations. Cette fois, la question de coïnci-
dence s'était déjà posée dans mon esprit, et j'avais annoncé l'inondation que
les journaux nous racontèrent après quelques jours.
» Samedi dernier, 18 septembre, tout Paris a senti, et non sans étonne-
ment, un vent du sud dont la température tranchait singulièrement avec
celle de la nuit précédente et de la matinée même. Je crus y reconnaître le
caractère du siroco que j'avais souvent subi en Afrique, et j'annonçai, aux
personnes qui m'entouraient, des inondations prochaines. L'événement n'a
que trop donné raison à cette prédiction.
» A mes yeux, une relation, sinon constante, du moins habituelle entre
C. H., i85a, am« Semestre. (T. XXXV, N° 13.) 58
( 44* )
le vent d'Afrique et les inondations de nos fleuves, est aujourd'hui tout à
fait établie; mais tous les détails de ce phénomène restent à étudier.
» Que la sphère d'action du vent d'Afrique s'étende à d'énormes distan-
ces, cela ne peut faire doute. Il se fait sentir aux îles du cap Vert. Tous
les rivages de la Méditerranée le reconnaissent et le redoutent. Il y porte
même souvent encore cette fine poussière qui le rend visible en Algérie
et qui permet d'y fixer le soleil, comme en temps débrouillard.
» Mais quel est son mode d'action?
» N'agit-il que par sa haute température, en fondant les neiges des mon-
tagnes? Alors, il ne déterminera d'inondations que là où peuvent arriver
des neiges fondues. Le Rhin et le Rhône, seuls en France, en seront affectés
en été. La Loire, l'Allier, l'Ardèche grossiront aussi, si les neiges couvrent
déjà les Cévennes. Quant aux régions pyrénéennes, je ne sais rien de l'ac-
tion exercée sur elles.
» Faut-il croire qu'à cette action s'en ajoute une autre? Que ce veut
d'une sécheresse si caractéristique en Afrique, se charge, au passage de la
Méditerranée, d'une eau qu'il abandonne ensuite à mesure qu'il s'élève au
nord et que sa température diminue? L'influence de pluies déterminées par
cette cause me semble être moindre que celle de la fonte des neiges.
» Quoi qu'il en soit, si la relation que j'indique se trouve confirmée par
des témoignages ultérieurs de façon à passer à l'état de vérité démontrée,
l'étude des circonstances qui accompagnent la naissance et la marche du
remarquable météore dont nous parlons ici, présentera un intérêt pratique
du premier ordre.
» Le cercle d'action du siroco est plus ou moins étendu; mais il est à
croire que l'intensité du vent à une latitude donnée pourrait servir de
mesure à sa portée, et qu'il serait utile de faire toujours noter dans le Tell
algérien, par exemple, sa naissance, son intensité, et sa fin.
» Mais est-il certain que le siroco se fasse toujours, à la même latitude,
sentirai! niveau du sol? Le courant ne s'établit-il pas, aux lieux d'origine,
à une grande altitude? Après quel parcours s'abaisse-t-il jusqu'au terrain?
» Où naît-il? Pour répondre à cette autre question, il faudrait connaître
avec précision la nature et l'altitude des régions qui séparent de Tombouc-
tou et des vallées du Sénégal et du Niger le Sahara algérien. Que des trou-
bles atmosphériques considérables se manifestent fréquemment dans toute
la contrée qui s'étend au sud du Tell, cela ne fait pas doute. Mais quelle
est la direction de ces vents qui désolent les voyageurs du désert? Comment
distinguer des réactions locales qui doivent suivre chaque grande émission
( 443 )
d'air échauffé, le mouvement général qui emporte celui-ci vers d'autres
pays? Peut-on même s'apercevoir de l'émission elle-même, et n'est-elle pas
accompagnée, au contraire, par le calme de l'atmosphère qui n'éprouve,
au commencement du phénomène, qu'un mouvement d'ascension?
» Qu'il me soit permis d'exposer, en finissant, deux faits dont j'ai
été témoin et qui peuvent entrer dans l'histoire des questions que je viens
o indiquer.
>> Le Ier novembre 1848, je quittai Biskra, me dirigeant vers le sud-ouest
(Oughlal, Liona). Un vent violent avait soufflé la veille : je remarquai der-
rière chaque touffe de dis, chacun des arbustes épineux et rabougris qui
couvrent le sol, une traînée de sable allant de ma gauche à ma droite : il
semblait, sur ce terrain balayé comme il l'eût été de main d'homme, voir
des amas semblables à ceux que forme, en aval de chaque obstacle, la neige
chassée par un ouragan. Leur direction indiquait un vent d'ouest qui au-
rait remonté la vallée de l'O. Djedi; j'ajouterai, comme circonstance sin-
gulière, qu'un peu de sel marin blanchissait la surface du sable. Le sel ma-
rin, et, plus loin, les nitrates, abondent dans cette contrée.
» Or, ce jour même, je l'appris à mon retour, un violent siroco s'était
fait sentir à Philippeville. Était-ce le même vent qui s'était infléchi vers le
nord? N'avais -je pas plutôt sous les yeux les traces d'une réaction locale?
» Le 16 juin i84o, j'avais été laissé au commandement de l'artillerie du
col de Mouzaïa, à 9^0 mètres, je crois, au-dessus du niveau de la mer. Nous
eûmes, pendant une grande heure, le spectacle et la sensation d'une lutte
qui s'établissait, au col même, entre le siroco et le vent dernier; lutte d'au-
tant plus sensible, à l'œil même, que le vent de mer arrivait chargé de brouil-
lard. Je ne pus étudier le phénomène avec toute l'activité désirable. Cepen-
dant, en gravissant un des mamelons qui surgissent sur le plateau, je trouvai
que le siroco régnait à cette hauteur sans contradiction. En descendant, je
trouvai, au contraire, le brouillard froid établi à hauteur du col, et le siroco
ne s'y fit plus sentir de la journée.
» Je désire vivement, monsieur, avoir contribué à attirer l'attention de
l'Académie sur les phénomènes météorologiques que présente en grand
nombre, je crois, la contrée nouvelle où nous avons pris pied il y a vingt-
deux ans.
» Je crois que plusieurs de ces phénomènes présentent un réel intérêt,
soit pour la science, soit pour l'histoire physique de notre Europe et pour
l'origine de quelques faits qui affectent gravement le climat de la France. »
58..
(444)
chimie appliquée. — Procédé pour la préparation de la colle forte liquide.
(Note de M. Se. Dumoitli.v. )
« Tous les chimistes savent que lorsque l'on fait chauffer, et refroidir à
plusieurs reprises, au contact de l'air, une dissolution de colle (gélatine) elle
perd la propriété de se prendre en gelée. M. Gmelin démontra qu'une disso-
lution de colle de poisson, renfermée dans un tube de verre soudé, tenue en
ébullition au bain-marie pendant plusieurs jours, présentait le même phé-
nomène, c'est-à-dire que la colle restait liquide, et ne se prenait point en
gelée.
» Ce changement ainsi produit, est un des problèmes les plus difficiles à
résoudre de la chimie organique. On peut croire cependant que, dans l'alté-
ration subie par la colle, l'oxygène de l'air ou de l'eau joue un principal
rôle ; ce qui me porterait à le penser, c'est l'action produite sur la colle forte
par une petite quantité d'acide azotique. On sait qu'en traitant la gélatine
avec un excès de cet acide, au moyen de la chaleur, on la convertit en acides
malique, oxalique, en graisse, en tannin, etc. Mais il n'en est point ainsi
quand on traite cette colle avec son poids d'eau et une petite quantité d'acide
azotique ; on obtient seulement une colle forte qui a conservé à peu près
toutes ses qualités primitives, et qui n'a plus la propriété de se prendre en
gelée. C'est sur le procédé, du reste, que j'ai communiqué, qu'est fondée
la fabrication, à Paris, de la colle vendue en France sous le nom de colle
liquide et inaltérable.
» Cette colle étant très-commode pour les ébénistes, les menuisiers, les
cartonniers, les tabletiers, etc., attendu qu'elle s'applique à froid et n'a pas
besoin d'être chauffée, je crois, pour en répandre la fabrication, devoir livrer
le procédé à la publicité.
» Il consiste à prendre i kilogramme de colle forte , dite de Givet, ou
mieux, de Cologne, la faire dissoudre dans i litre d'eau et dans un pot ver-
nissé avec un feu doux, ou mieux, au bain-marie : on a soin de remuer
de temps à autre. Quand toute la colle est fondue, on y verse peu à peu
et par fraction, jusqu'à concurrence de 200 grammes d'acide azotique
à 36 degrés. Cette addition produit une effervescence due au dégagement de
l'acide hypoazotique. Quand tout l'acide est versé, on ôte le vase de dessus
le feu, on laisse refroidir. J'ai conservé de la colle, ainsi préparée, pendant
plus de deux ans, dans un flacon débouché ; elle n'avait subi aucune alté-
ration . Cette colle liquide est très-commodé dans les opérations de chimie ; je
(445 )
m'en sers avec avantage dans mon laboratoire pour la préservation de di-
vers gaz, comme lut, en induisant de cette colle des bandelettes de linge. »
M. Leseca demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire
précédemment présenté par lui et sur lequel il n'a pas encore été fait de
Rapport. Ce Mémoire était relatif à une méridienne portative et à divers
autres appareils chromatiques de même genre.
M. Focrcault prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la
Commission à l'examen de laquelle a été renvoyé son Mémoire sur les irri-
gations générales, sur la télégraphie sous-Jluviale, etc.
L'auteur ayant fait imprimer ce Mémoire, dont il adresse aujourd'hui un
exemplaire, la Commission ne peut plus en faire l'objet d'un Rapport.
M. Briard annonce avoir trouvé un nouveau moyen de fixer, dans
l'éclairage électrique, le point lumineux et d'empêcher toute vacillation.
L'auteur ne faisant pas connaître le procédé qu'il emploie, sa communica-
tion ne peut être renvoyée à l'examen d'une Commission.
M. Tschep adresse, de Rovigno (Illyrie), une Note sur la possibilité de
prédire, par l'étude des nuages, les changements de temps jusqu'à six mois
d'avance.
M. Lecoy communique les résultats de ses réflexions sur les moyens à
prendre pour faire adopter à tous les peuples de la terre un même
calendrier.
M. Gaïetta adresse deux nouvelles Lettres : l'une, qui fait suite à une
précédente communication sur l'établissement militaire delà France, et con-
cernant des modifications proposées par l'auteur pour l'artillerie, l'autre est
un projet d'établissement maritime pour la France.
La séance est levée à 5 heures un quart. A.
( 446 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 27 septembre i852, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de /' Académie des Sciences;
2e semestre i852 ; n° 12; in-4°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées, ou Recueil mensuel de
Mémoires sur les diverses parties des Mathématiques; publié par M. Joseph
Liouville; juillet i852; in-4°.
Des vertus thérapeutiques de la belladone; par M. le Dr Debreyne. Paris,
i852; 1 vol. in-8°. (Cet ouvrage est destiné' au concours pour les prix de
Médecine et de Chirurgie.)
De l'industrie chevaline en France et des moyens pratiques d'en assurer la
prospérité; par M. le comte d'ÀURE; 3e édition. Paris, 1847; 1 vol. in-8°.
Quelques observations sur le système de M. Baucher pour dresser les chevaux.
Doit-on adopter ce système pour les régiments de cavalerie de l'armée? par
M. P. -A. Aubert. Paris, 1802; broch. in-8°.
Moyens d'améliorer les conditions physiques et morales des peuples; par
M. Alexandre Fourcault. Paris, 1 852 ; broch. in-8°.
Douze figures relatives au dodécagone régulier inscrit, à priori, dans le
cercle, et à la trisection de l'angle au centre; par M. le baron Silvio Ferrari ;
in-fol.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. de Monfort,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; ire année; n° 22; 26 septembre 1852;
in-8°.
Journal d Agriculture pratique et de Jardinage -, fondé par M. le Dr Bixio,
publié par les rédacteurs de la Maison rustique, sous la direction de M. BaRRAL;
3e série; tome V; n° 6 ; 20 septembre i852 ; in-8°.
Nouvelles Annales de Mathématiques. Journal des candidats aux Ecoles Poly-
technique et Normale; rédigé par MM. Terquem et Gerono; septembre 1 852 ;
in-8°.
Recueil encyclopédique d'agriculture, publié par MM. BoiTEL et LoNDET,
de l'Institut national agronomique de Versailles; tome III; n° 6 ; 25 sep-
tembre 1 852; in-8°.
( 447 )
Revue médico-chirurgicale de Paris, sous ta direction de M. Malgaigne;
septembre i852; in-8°.
Memorie... Mémoires de l'Académie des Sciences de l'Institut de Bologne;
tome II. Bologne, i85o; i vol. in-4°.
Annali... Annales des Sciences mathématiques et physiques ; par M. Barnabe
Tortolini; août i85a; in-8°.
Boletin... Bulletin de l'Institut médical de Faïence; août i85a; in-8°.
The astronomical... Journal astronomique de Cambridge; n° 46; vol. II ;
n° 22; io août i852.
Annalen... Annales de l'observatoire de Vienne; publiées par M. Littrow;
3e série; 2e volume, tienne, i852; in-8°.
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques ; n° 827.
L Alhenœum français. Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux- Arts; n° i3; 25 septembre i852.
La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° 22 ;
26 septembre i85a.
Gazette médicale de Paris; n° 3o; 2 5 septembre 18$ 2.
Gazette des Hôpitaux; n°5 112 à ii4; 21, 23 et 2 5 septembre i852.
Moniteur agricole; 5e année; n° 38; 23 septembre i852.
La Lumière; 2e année; n° 4o; 25 septembre i852.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
>-»*»<
SÉANCE DU LUNDI 4 OCTOBRE 1852.
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
physique. — Dixième communication sur la pile; par M. Despretz.
Boussole des tangentes.
« 1 . A peine la découverte d'OErstedt a-t-elle été connue, que différents
physiciens ont fait servir l'aiguille aimantée à l'étude des propriétés des
courants électriques.
» On a employé la méthode des oscillations (MM. Biot et Savart en
France, M. Fechner en Allemagne); la méthode des torsions (M. Ohm en
Allemagne); la méthode des déviations (M. de la Rive à Genève, M. Pouillet
en France, M. Poggendorff en Allemagne, MM. Nobili et Melloni en
Italie, etc.).
» On pourrait ajouter le procédé de l'inégalité ou de l'égalité des inten-
sités, appliqué par M. Becquerel, par M. Wheatstone, au multiplicateur de
Schweigger.
» Il s'agit spécialement dans ce Mémoire de la boussole des tangentes.
<> M. de la Rive a proposé, dès 1 8a4, de comparer les intensités des cou-
rants par les déviations qu'ils impriment à l'aiguille aimantée.
» M. Nervander (i833, Annales de Physique et de Chimie, tome LV,
page i 56) a remplacé le châssis rectangulaire du galvanomètre de Schweigger
G, R., i85a, ame Semestre. (T. XXXV, N" J4.) 5o,
( 45o)
par un châssis cylindrique, et a cherché la limite de l'amplitude, au-dessous
de laquelle les intensités des courants sont proportionnelles aux tangentes
des déviations; il a trouvé cette limite égale à 3o degrés pour son instru-
ment: nous ne pouvons nous dispenser de faire remarquer que dans la réa-
lité cette proportionnalité est loin de s'étendre à une amplitude aussi grande,
puisque M. Nervander dit lui-même que la différence entre les résultats
fournis par la loi des tangentes et les résultats de l'expérience ne dépasse
jamais i5 minutes; c'est, selon nous, une différence beaucoup trop grande
pour être négligée.
»» M. Poggendorff, M. W. Weber, M. Lenz ont cherché, chacun avec un
instrument particulier, les conditions nécessaires pour que les tangentes des
déviations soient proportionnelles aux intensités des courants [annales de
Poggendoiff, tomes LVII, LV et LIX). Notre méthode, entièrement expé-
rimentale, diffère essentiellement des procédés suivis par ces savants
étrangers.
» M. Péclet (Traite de Physique, tome H, page 222) a proposé une
disposition qu'il considère comme devant donner des intensités proportion-
nelles aux tangentes des déviations ; nous ne pensons pas que cette propo-
sition de M. Péclet ait été réalisée.
» Les instruments qu'on connaît aujourd'hui en France comme boussoles
des tangentes sont construits dans les mêmes principes que celui qu'a
employé M. Pouillet dans ses recherches sur les courants, travail que nous
avons cité dans notre dernière communication.
» L'histoire de la science, depuis un certain nombre d'années, semble
montrer que des physiciens assez nombreux ont douté de la rigueur des indi-
cations des boussoles des tangentes. Récemment encore, un physicien étran-
ger a lu devant l'Académie des observations critiques sur cet instrument et
sur la plupart des instruments destinés à la mesure de l'intensité des cou-
rants, sans toutefois faire accompagner sa critique d'un travail expé-
rimental.
» 2. Avant la lecture du Mémoire de M. Jacobi, je m'étais déjà servi de
la boussole des tangentes; je me proposais de m'en servir encore, mais je
voulais préalablement la soumettre à quelques essais, afin de m'assurer
jusqu'à quel point les indications en sont exactes ou défectueuses : c'est le
résultat de ces recherches que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie.
» Quand on réfléchit aux principes sur lesquels est fondée la boussole
tles tangentes, on reconnaît aisément que les tangentes des déviations
données par cet instrument ne peuvent pas être rigoureusement propor-
( 45i )
lionnelles aux intensités des courants. La théorie qui donne I = T tangtf,
pour l'expression de l'intensité 1 d'un courant, 0 étant la déviation imprimée
à l'aiguille, ï l'action du magnétisme terrestre, suppose constante, en gran-
deur et en direction, la résultante des actions du courant circulaire sur le
pôle de l'aiguille pour, toutes les positions de cette dernière. Cette con-
stance ne serait rigoureuse que pour le cas d'une aiguille infiniment petite
par rapport au diamètre du cercle. Dans la réalité, la longueur de l'ai-
guille n'étant jamais au-dessous de 3 à 4 centimètres, et le diamètre du
cercle,, traversé par le courant dans les boussoles employées jusqu'ici,
n'étant jamais égal à 5o centimètres, la première de ces dimensions ne peut
pas être regardée comme infiniment petite, relativement à la seconde; il y a
lieu à chercher quelle est la relation exacte entre l'intensité d'un courant et
la déviation de l'aiguille qu'elle produit.
» 3. Je me proposais de représenter par une courbe les intensités réelles
données par le mode'même d'expérimentation, et par une autre courbe les
intensités correspondantes déduites des déviations par la formule
I = T tangfl.
J'aurais pu ainsi former une Table des intensités correspondantes aux diffé-
rents degrés des boussoles qui me servaient dans mes expériences; mais
M. Blanchet et M. de la Provostaye, à qui j'avais parlé des expériences dont
j'étais occupé, cherchèrent, séparément, en s'appuyant sur la théorie d'Am-
père, l'expression de l'action du courant circulaire de la boussole sur l'ai-
guille aimantée. Les deux formules, fondées sur les mêmes principes, doi-
vent rentrer et rentrent en effet l'une dans l'autre.
» Par un procédé, que nous décrirons plus loin, nous avons d'abord pu
apprécier la différence entre les indications de la boussole des tangentes et
les intensités réelles; par la formule plus complète, nous avons pu voir si
cet instrument est en effet propre à faire connaître le rapport des intensités
des courants. Du moment que nous avons reconnu que la formule plus
complète que I = T tang Q donne des résultats qui s'accordent avec les
intensités réelles, nous avons dû renoncer au procédé du tracé.
» 4. Nous décrirons maintenant la méthode expérimentale à l'aide de
laquelle nous constatons la non-proportionnalité des tangentes des dévia-
tions aux intensités, après avoir donné quelques détails sur les boussoles
qui nous ont servi, qui diffèrent à certains égards des boussoles qui ont été
décrites en France.
59..
(45* )
» Chacune de ces boussoles se compose, comme toutes les boussoles,
principalement d'une aiguille aimantée placée au centre d'un cercle destiné
à recevoir le courant.
» Dans la plus grande, le diamètre du cercle dans lequel passe le courant
est de 444 millimètres, et le diamètre du cercle divisé de 180 millimètres.
» Le cercle du courant et le cercle divisé peuvent se mouvoir, indépen-
damment l'un de l'autre, autour d'un axe vertical passant par leur centre
commun, qui est en même temps le sommet du pivot sur lequel tourne l'ai-
guille aimantée.
» La bande de cuivre rouge qui forme le cercle du courant se replie sui-
vant l'axe vertical, les deux extrémités plongent dans des godets rectangu-
laires en verre, lesquelles ne sont séparées l'une de l'autre que par l'épais-
seur du ruban de soie qui les recouvre, si ce n'est dans la partie qui pénètre
dans le mercure, où elles sont écartées de l'épaisseur des parois des deux
minces godets qui les reçoivent. La distance entre le bord inférieur du
cercle et la surface du mercure est de 2 décimètres; on ne saurait la rendre
trop grande.
» Le cercle horizontal destiné à accuser la déviation de l'aiguille est divisé
en sizièmes de degrés. Comme on estime, à l'aide d'une loupe, facilement
des cinquièmes de division, les erreurs de lecture ne doivent pas dépasser
deux minutes.
» L'appareil que nous venons de décrire a été construit avec soin par
M. Rhumkorff, d'après quelques simples indications que nous lui avions
données.
» 5. Dans quelques essais faits avec la boussole à suspension du cabinet
de la Faculté des Sciences et avec une boussole plus moderne, que M. Bre-
guet nous avait obligeamment confiée, la boussole à suspension nous a
paru beaucoup moins commode que la boussole dont l'aiguille, avec sa
chape en agate, repose sur une pointe d'acier. Pendant le temps plus ou
moins long qu'exige une aiguille suspendue pour arriver à l'état de repos,
la pile la plus constante subit toujours de légères variations. Nous savons
bien qu'on a proposé différents artifices pour diminuer le nombre des oscil-
lations (1); néanmoins nous avons préféré, pour nos expériences, l'instru-
ment dont l'aiguille repose sur un pivot : il faut seulement avoir le soin de
donner, avec un petit bâton de verre, quelques légers chocs à la table sur
(1) M. Lenz termine la tige mince fixée à l'aiguille par une boule en platine plongeant
dans l'huile d'olive. Il tient ce procédé de M. Schilling (voir]e Mémoire cité, page 207).
( 453 )
laquelle repose l'instrument, au moment où l'aiguille a atteint, ou est sur
le point d'atteindre la position d'équilibre. Sans cette précaution, les dévia-
tions de l'aiguille seraient presque toujours ou un peu trop faibles ou un
peu trop fortes.
» 6. Nous avons cherché, à l'aide de deux boussoles, dont l'une était la
boussole directrice et l'autre la boussole d'étude, quelle influence pertur-
batrice pouvaient exercer les diverses parties de l'appareil, afin de les dispo-
ser de manière à ce que l'aiguille ne fût soumise qu'à la seule action du
courant du grand cercle.
» Nous venons de dire que le cercle du courant et le cercle divisé sont
mobiles, indépendamment l'un de l'autre, autour d'un axe vertical. Cette
disposition, que nous croyons utile, permet de placer avec facilité chaque
cercle dans la position exigée par la nature de l'expérience.
» Le défaut d'homogénéité du cercle que traverse le courant et l'incerti-
tude de la direction de l'axe magnétique de l'aiguille s'opposent à ce qu'on
règle par des procédés purement géométriques la position des diverses par-
ties de l'appareil.
» L'aiguille aimantée et l'aiguille d'argent étant placées perpendiculai-
rement l'une à l'autre, on fait tourner le cercle divisé autour de l'axe qui
le porte, jusqu'à ce que la ligne zéro soit à peu près normale au cercle
du courant. On fixe le cercle divisé au moyen d'une vis de pression, en
sorte qu'il ne peut plus se déplacer qu'avec le cercle du courant, et l'on
fait mouvoir celui-ci de manière à ramener le zéro vis-à-vis de l'index. On
fait passer le courant dans l'instrument, et l'on note la déviation à droite et
à gauche. Si ces déviations sont égales, l'instrument est réglé; dans le cas
contraire, qui est le cas général , on imprime un léger déplacement au cercle
divisé, dont la grandeur et le sens sont donnés par la différence des deux
déviations observées; on ramène de nouveau l'index à zéro, en déplaçant
le cercle du courant, puis on recommence à noter les déviations, et l'on
continue jusqu'à ce que les déviations soient égales à droite et à gauche.
Comme, avec notre boussole, on apprécie l'amplitude des mouvements
qu'on exécute, et que, d'ailleurs, les deux cercles tournent à frottement
doux sur leur axe commun, le tâtonnement est moins long qu'avec les bous-
soles dans lesquelles le cercle divisé est fixé invariablement.
» Lorsque, pour savoir si la boussole est bien réglée, on observe les
déviations à droite et à gauche produites par le même courant, il est indis-
pensable que ce courant soit assez énergique pour produire des déviations
d'une amplitude au moins égale à celle des plus grandes déviations qu'on
(454)
veut atteindre dans les expériences. Il est, en effet, aisé de reconnaître
qu'un défaut d'orientation, capable d'altérer notablement les déviations de
5o et de 60 degrés, se fait à peine sentir sur une déviation de 10 degrés.
» Il n'est pas toujours facile, même en suivant la méthode indiquée ci-
dessus, d'arriver à avoir à droite et à gauche des déviations rigoureusement
égales ; nous croyons en conséquence que, dans tous les cas, on doit obser-
ver les déviations à droite et à gauche du zéro, et prendre la moyenne pour
mesure de l'intensité du courant. Cette moyenne reste d'ailleurs invariable,
que le cercle du courant soit exactement dans le méridien magnétique, ou
qu'il s'en écarte d'un degré ou plus, comme on le démontre par le calcul et*
comme nous l'avons constaté par l'expérience, en maintenant dans le cours
de l'épreuve, à l'aide d'une boussole auxiliaire et d'un rhéostat, le courant
au même degré d'intensité.
Méthode expérimentale pour la comparaison des déviations de la boussole avec les
intensités correspondantes du courant.
» 7. La méthode que nous avons suivie est fort simple : en principe,
elle consiste à faire passer dans la boussole un courant d'une intensité con-
stante, et à noter la déviation correspondante ; puis à réduire le courant dans
un rapport déterminé au moyen d'une dérivation convenablement établie,
et à noter la nouvelle déviation -, enfin à comparer le rapport des tangentes
des deux déviations au rapport des intensités donné par le procédé même.
La seule difficulté que présente cette méthode se borne à la réduction de
l'intensité d'un courant dans un rapport déterminé.
» Nous avons rempli cette condition, pensons-nous, par la disposition
suivante :
» Les deux pôles de la pile sont en communication avec deux petits go-
dets A et B pleins de mercure, au moyen de deux gros fils de cuivre de
l\ millimètres environ de diamètre et de 4 mètres de longueur; les vases A
et B communiquent à leur tour avec les godets de la boussole d'étude par
deux fils de 1 millimètre de diamètre et de 38 centimètres de longueur.
Pour réduire le courant qui traverse la boussole dans un rapport donné n
à 1 , on établit entre A et B une dérivation au moyen d'un faisceau de n — 1
fils de 1 millimètre de diamètre; la longueur de chacun de ces fils a été dé-
terminée par l'expérience, de manière à présenter exactement la même résis-
tance que le circuit de la boussole ; c'est-à-dire le cercle du courant et ses
deux prolongements, les deux godets pleins de mercure dans lequel ils
plongent, et les deux fils qui relient ces deux godets aux godets A et B.
( 455 )
» La méthode qui se présente le plus naturellement à l'esprit pour déter-
miner la longueur des fils de dérivation, consiste à placer une boussole auxi-
liaire dans le même circuit que la boussole d'étude, à rompre la communi-
cation de cette dernière bo*ussole avec les godets A et B, à remplacer cette
boussole par un fil dont on fait varier graduellement la longueur jusqu'à
ce que l'on ait ramené l'aiguille delà boussole auxiliaire sur la division qu'elle
occupe quand la boussole d'étude est dans le circuit-, mais, comme on re-
connaît bien vite que cette méthode que nous avons employée d'abord, n'est
pas suffisamment précise, nous avons été obligé d'en suivre une autre. La
boussole auxiliaire a été placée hors du circuit de la boussole d'étude, et
mise en communication avec les godets A et B au moyen de deux gros fils
de cuivre offrant à peu près la même résistance que les fils qui vont de ces
godets à la boussole d'étude. Dans cette disposition, le courant se partage
à peu près également entre la boussole auxiliaire et la boussole d'étude;
nous notons la déviation marquée par la boussole auxiliaire ; nous suppri-
mons la communication des godets A et B avec la boussole d'étude, et nous
en établissons une nouvelle entre ces deux godets par un fil de cuivre de
i millimètre de diamètre ; nous le prenons d'abord un peu trop long, et
nous le raccourcissons jusqu'à ce que l'aiguille de la boussole auxiliaire soit
ramenée à sa position primitive : à chaque raccourcissement qu'on fait subir
au fil de dérivation, on a le soin de remettre la boussole d'étude dans le cir-
cuit. On prépare ainsi douze fils équivalents pour chaque boussole. Il est
probable que les erreurs qui affectent chaque détermination se compensent
presque entièrement, puisque les douze fils servent aux expériences, et que
les déviations sur lesquelles portent les calculs sont les moyennes des dévia-
tions obtenues avec chacun des faisceaux formés de trois fils simples.
» 8. La pile chargée de sulfate de cuivre saturé et de sel marin dissous
dans 10 parties d'eau, était aussi constante que possible; cependant elle
n'était pas absolument invariable dans la durée de chacune des séries d'ob-
servations (il ne peut pas en exister qui soient à la fois énergiques et con-
stantes, voyez la huitième communication). Pour nous mettre à l'abri des
légères et inévitables variations de l'intensité du courant, nous avons em-
ployé un rhéostat très-simple formé d'un fil de cuivre de i millimètre de
diamètre replié sur lui-même, et dont chaque branche plongeait dans un
tube en verre plein de mercure placé dans le circuit. En enfonçant ou en
soulevant ce fil dans le mercure, on raccourcissait ou l'on allongeait le cir-
cuit : on maintenait ainsi l'aiguille de la boussole auxiliaire sur la même
division.
( 456 )
» 9. Nous avons porté nos recherches sur trois boussoles.
» Le diamètre du cercle a dans la première 444 millimètres, dans la
seconde 4o5 millimètres, dans la troisième a5o imllimètres.
» Quatre séries d'expériences ont été faites avec la première boussole ;
nous rapporterons les nombres partiels relatifs à la première expérience,
afin qu'on puisse mieux apprécier la marche que nous avons suivie. La lon-
gueur de l'aiguille est de 38mm,5, la distance des pôles 3o millimètres.
Première série.
Courant total , moyenne des déviations à droite et à gauche 4°° 29'
Courant réduit au quart par le faisceau n° i 1 2° 6'
Courant réduit au quart par le faisceau n° 2 12° 6'
Courant total 4°° 3o'
Courant réduit au quart par le faisceau n° 3 12° 7'
Courant réduit au quart par le faisceau n° 4- • 120 6'
Courant total 4o°3o'-i-
Moyenne des valeurs du courant total 4°° 3o'
Moyenne du courant réduit au quart 12° 6'
/ 1
tang 4o°3o' s= 854o,
tang 1 20 6' j = 2 1 44 >
Le { de 854o = 2i35 <d 2i44-
» La différence 9 répond à peu près à une différence angulaire de
4 minutes.
» Si l'on introduit les déviations observées dans la formule plus com-
plète, qui est
I =5 (1 -+- 3a2) tango ^- sin iQ,
1 étant l'intensité du courant, Q la déviation qu'il imprime à l'aiguille, a le
rapport entre la demi-distance des pôles de l'aiguille et le rayon du cercle
du courant, la différence est au-dessous d'une minute.
» Une deuxième série, dans laquelle le courant total était représenté par
43° 36'| et le quart par i3°3i'|, a donné une différence qui équivaut a
tf minutes. Par la formule plus complète, cette différence est réduite à
2 minutes environ .
» Pour la troisième série, dans laquelle le grand courant était repré-
senté par 5 1° 53' et le quart par i8°26'^, la différence a correspondu à
1 o minutes.
(457)
» La formule plus complète a fourni des résultats d'accord avec la réduc-
tion du courant total au quart.
» Dans la quatrième série, la déviation relative au courant total était de
64° 32' j, la déviation relative au quart était de 280 2' \.
» La simple formule des tangentes a donné une différence angulaire de
20 minutes ou d'un tiers de degré.
» La formule plus complète a conduit à une différence angulaire de 5' J-;
c'est la plus grande différence que nous ayons trouvée avec la formule com-
plète : peut-être y a-t-il eu ici une erreur qui nous aura échappé.
» Dans les trois séries faites avec la seconde boussole et dans lesquelles
le courant total a- été exprimé par 23° 55'-~-, 45° 9' j, 54° 56', et le quart du
courant par 6° 20' f, i4° 12'f, ic)049'? les différences données par la
simple formule des tangentes ont été 1', 6', i3'.
» L'emploi de la formule plus complète a donné zéro ou presque zéro,
>'i-
» La même aiguille de 38,5 millimètres a servi dans ces expériences ainsi
que dans les suivantes qui ont été faites avec la troisième boussole.
» Le courant total, dans une série d'expériences, a donné une déviation
de 45° 23'-*, et le quart une déviation de i4° 35' \.
v L'erreur à laquelle conduit la simple formule des tangentes est 23 mi-
nutes. Par la formule plus complète, on trouve 1' \ seulement.
» Dans la deuxième série, où le courant total était représenté par 7 1° 36',
et le quart par 370 43' ^, la simple formule des tangentes a donné une erreur
de 48 minutes, et la formule plus complète presque zéro.
» On a fait, avec la même boussole de 25 centimètres, quelques expé-
riences dans lesquelles l'aiguille avait 5imm,2 de longueur, la distance des
pôles était de 38 millimètres.
» Dans quatre séries d'expériences où le courant total était représenté
par 720 12', 62°28', 490 22', 32° 28', et le quart par 390 16', 260 53',
i6°54'f, 9° i2'f> les intensités calculées par la tangente présentent des
erreurs angulaires de i°2i'{, i° 16', 39' •§, 10'.
» La formule plus complète ne donne que 4- 5'|-, + 3'-|, — 2'^, — i'|
pour les erreurs correspondantes.
» 10. En résumé, ces expériences montrent que les intensités des courants
ne sont pas proportionnelles aux tangentes des déviations, même dans les
boussoles dont le cercle du courant a près de \ mètre de diamètre, et l'ai-
guille seulement une longueur de 4 centimètres.
» Elles prouvent, en outre, que les déviations introduites dans la for-
C. R. i85a, a">« Semestre (T. XXXV, N° 14.) 60
( 458 )
rnule qui exprime l'action d'un courant circulaire sur une aiguille aimantée,
conduisent au véritable rapport des intensités des courants.
» L'emploi de la simple formule I = T tang 0 conduirait à des intensités
qui seraient souvent en erreur d'une quantité trop considérable pour être
négligée. Néanmoins la boussole des tangentes, avec les légères modifi-
cations que nous avons cru devoir y apporter, est un instrument commode
et précieux pour les recherches sur les courants développés par les piles,
pourvu que l'on corrige les résultats par la formule citée ou par tout autre
moyen .
» Le physicien qui aurait un grand nombre de déviations à calculer
pourrait préalablement former une Table de degré en degré entre 60 et
80 degrés, et de 5 en 5 degrés pour les angles plus petits, des rapports entre
les tangentes correspondantes aux degrés de la boussole dont il devrait se
servir, et les intensités corrigées par la formule complète; il aurait ainsi les
facteurs par lesquels il faudrait multiplier les intensités fournies par la
formule simple pour avoir les intensités réelles.
» La formation de cette Table exigerait, ou que l'on connût la distance
réelle des pôles de l'aiguille, ou qu'on eût réduit plusieurs courants d'in-
tensité différente par une dérivation convenable dans un rapport donné.
» La détermination exacte de la distance des pôles est une opération
assez délicate quand il s'agit de courtes aiguilles. Nous croyons que le plus
certain, quand on a pour plusieurs intensités les dérivations qui corres-
pondent au courant total et à une fraction connue de ce courant, est de
chercher la distance des pôles qui, introduite dans la formule, conduit au
véritable rapport des intensités; c'est ainsi qu'on a procédé dans ce
Mémoire.
» Si l'on voulait s'épargner les calculs et les déterminations expérimen-
tales préalables, il faudrait agrandir le cercle du courant et diminuer la
longueur de l'aiguille, sans toutefois la prendre au-dessous de 3o millimè-
tres de longueur totale.
» Une boussole, dont le cercle du courant a 1 mètre de diamètre et l'ai-
guille 3o millimètres de longueur, donne des déviations dont les tangentes
sont sensiblement proportionnelles aux intensités.
» La différence entre l'intensité donnée par la simple tangente et par la
formule plus complète, ne dépasse pas une valeur angulaire de 2 minutes
entre 20 et 80 degrés.
» Ces grandes boussoles seraient à la vérité peu sensibles ; on leur don-
nerait la sensibilité des petites boussoles, en substituant à la lame du
( 459 )
grand cercle quatre gros fils de 5 à 8 millimètres de diamètre, et isolés les
uns des autres par un ruban de soie.
» Les tangentes des déviations de cet instrument représentant les inten-
sités des courants, on aurait ainsi de irritables rhéomètres proportionnels .
» Si l'on remplaçait les quatre gros fils par un faisceau de la à ao fils
moins gros, par exemple de 3 à 4 millimètres, on obtiendrait des rhéoscopes
proportionnels qui auraient une sensibilité suffisante pour la mesure de
l'intensité de la plupart des faibles courants. On pourrait, pour que la sen-
sibilité du cercle divisé fût en rapport avec la précision de l'appareil, donner
à ce cercle environ 3o centimètres de diamètre.
» Ces rhéomètres et ces rhéoscopes proportionnels auraient encore
l'avantage d'être propres à servir comme étalons pour la graduation des
rhéomètres et des rhéoscopes ordinaires. »
physique mathématique. — Note sur la théorie de l'élasticité des corps
solides ; par M. Lamé.
« J'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie d'un ouvrage intitulé :
Leçons sur la Théorie mathématique de l'élasticité des corps solides. Je prie
l 'Académie de me permettre d'exposer succinctement le but et les caractères
distinctifs de cette publication. Je me suis proposé d'établir, avec toute la
clarté nécessaire, les équations qui régissent l'élasticité, considérée dans les
corps solides ; d'en déduire, le plus simplement possible , les lois générales
de ce phénomène physique; enfin, de prouver que cette théorie mathéma-
tique est maintenant aussi exacte, aussi rigoureuse que la mécanique ration-
nelle. C'est, en grande partie, une œuvre de coordination : car les éléments
de la science dont il s'agit se trouvent disséminés dans les travaux des géo-
mètres de notre époque, même dans ceux d'analyse pure, qui, souvent, ont
plus aidé aux progrès de la physique mathématique que les Mémoires
spéciaux .
» Les premiers pas de cette science, toute nouvelle, ont été incertains.
Des discussions se sont élevées entre d'illustres géomètres de cette Académie,
sur les principes posés, sur la nature des actions moléculaires, et sur les
fonctions qui peuvent les représenter. Les objections et les réponses, égale-
ment obscures et incomplètes, ont inspiré des doutes sur la réalité de la
nouvelle théorie; doutes que sont venues confirmer plusieurs épreuves expé-
rimentales, constatant l'inexactitude de certains nombres déduits de cette
théorie. Aujourd'hui, toutes ces discussions sont sans objet , ces doutes ne
6o..
(46o)
peuvent plus exister, et les épreuves expérimentales serviront à faire con-
naître des coefficients spécifiques, que la théorie seule ne saurait déter-
miner. Quelques développements sont nécessaires pour justifier ces asser-
tions.
» Un corps solide étant en équilibre d'élasticité , si l'on imagine un plan
qui le coupe en deux parties que l'on isole, chacune de ces parties s'agitera
intérieurement ; mais on conçoit que son état d'équilibre pourrait être con-
servé, si l'on appliquait, sur chaque élément du plan sécant, une force d'in-
tensité et de direction convenables. Cette force, que j' appellera rce élastique,
est analogue à la tension du fil que l'on considère en mécanique, ou plutôt
cette tension n'en est qu'un cas particulier. La force élastique varie autour
de chaque point, suivant l'orientation du plan sécant, et d'un point à l'autre
du milieu solide. Les lois de ces variations se déduisent de la nécessité que
tout élément de volume soit en équilibre, sous l'action des forces élas-
tiques, et des forces qui sollicitent la masse, y compris les forces d'inertie
si le corps se déforme ou vibre.
» Mais les forces élastiques résultent d'une déformation, elles dépendent
donc du déplacement moléculaire, ou des projections orthogonales de ce
déplacement, lesquelles constituent trois fonctions de quatre variables en
général. Dans le cas d'une faible déformation, le seul que l'on doive étudier
d'abord, les composantes des forces élastiques s'expriment à l'aide des déri-
vées partielles du premier ordre des trois fonctions dont je viens de parler.
Les coefficients compris dans ces expressions sont au nombre de trente-six ;
ils sont variables si le corps est hétérogène, constants s'il est homogène ;
et ce dernier cas est le seul que l'on traite dans la théorie actuelle.
» Le grand nombre des coefficients donnant aux équations de l'élasticité
une forme compliquée qui rend leur étude difficile, les géomètres ont voulu
horner leurs premières recherches à des solides homogènes, dits à' élasticité
constante, ou dans lesquels l'élasticité pût être considérée comme étant la
même suivant toutes les directions. Partant de cette définition de la con-
stance d'élasticité, et considérant la force élastique comme la résultante
d'actions moléculaires en nombre infini, ils ont obtenu ses composantes
par des intégrations. De la sorte, les trente-six coefficients se sont réduits
à un seul. Mais cette simplification était exagérée. Elle s'appuyait d'ailleurs
sur l'hypothèse inadmissible de la continuité de la matière dans les milieux
solides, ou bien elle supposait, gratuitement, que les actions moléculaires
qui composent la force élastique sont en nombre infini. De là sont venus
les doutes et les inexactitudes.
( 46i )
» Sans faire aucune hypothèse, aucune supposition de cette nature, sans
avoir recours à aucune intégration, on peut restreindre de beaucoup le nom-
bre des coefficients : d'abord, l'indifférence relative des axes choisis dimi-
nue ce nombre de trente-six à huit seulement; puis, une disposition symé-
trique des molécules, par rapport à deux plans rectangulaires, le réduit à
trois; enfin, il suffit d'établir une relation fort simple entre les coefficients
qui restent, pour que les effets de l'élasticité soient indépendants de la po-
sition des plans de symétrie; c'est-à-dire, par exemple, pour que le corps
solide se torde, ou qu'il s'allonge de la même quantité, sous l'action des
mêmes efforts extérieurs, quelle que soit la direction de l'axe de torsion,
ou celle de la ligne de traction. On a ainsi une définition naturelle des so-
lides homogènes d'élasticité constante; et les équations correspondantes
contiennent deux coefficients, dont le rapport reste indéterminé.
» Ce rapport deviendrait l'unité si l'on avait encore recours à la méthode
défectueuse de l'intégration autour d'un point. Les expériences de M. Wer-
theim ont démontré que telle ne pouvait être la valeur de ce rapport.
Cet ingénieux physicien a cru pouvoir conclure des mêmes expériences que
la vraie valeur est i. Mais divers motifs conduisent à penser que le rapport
dont il s'agit est incommensurable, et même qu'il varie d'un solide homo-
gène à un autre. Dans les Leçons que jepublie, j'admets deux coefficients dis-
tincts au lieu d'un seul, ce qui n'amène d'ailleurs aucune complication no-
table dans les formules.
» M. Clapeyron a découvert un théorème général, qui mérite le nom de
principe du travail des forces élastiques. Lorsqu'un corps solide est en équi-
libre d'élasticité sous l'action de plusieurs forces, on obtient, comme on
sait, le double du travail de la déformation, en faisant la somme des produits
respectifs de chaque force extérieure parla projection, sur sa direction, du
déplacement relatif de son point d'application. Or M. Clapeyron a trouvé
une autre expression du même travail, dans laquelle entrent, sans en excep-
ter aucune, toutes les forces élastiques développées à l'intérieur du solide
déformé ; et c'est l'égalité de ces deux expressions différentes qui constitue
son théorème. Ce nouveau principe sert de base à une théorie des ressorts,
et détermine les dispositions les plus avantageuses des différentes parties de
toute construction. L'ouvrage que je présente ne pouvait passer sous silence
un théorème aussi utile; il en contient la démonstration et plusieurs appli-
cations.
» L'équilibre d'un fil ou d'une surface élastique, les vibrations des
cordes ou des membranes tendues, ne sont que des cas très-exceptionnels
( 462 )
de l'élasticité des corps solides. Je fais voir comment ces anciens problèmes
doivent se rattacher à la nouvelle théorie, et de quelle manière il convient
de les mettre en équation. Je signale, à cette occasion, la liaison intime qui
existe entre la théorie des nombres et les vibrations des membranes : il faut,
en effet, recourir aux formes quadratiques des nombres entiers, pour classer
les sons, pour savoir à combien d'états vibratoires différents correspond
chacun d'eux, enfin pour assigner la forme des surfaces nodales. J'établis
ensuite les équations de l'élasticité, en coordonnées rectilignes, en coor-
données semi-polaires ou cylindriques, en coordonnées polaires ou sphé-
riques, pour traiter successivement : l'équilibre et les vibrations des corps
de forme prismatique, la torsion et les vibrations des tiges, les vibrations
des sphères et des timbres, l'équilibre d'une enveloppe sphérique et celui
d'une croûte planétaire. Toutes ces questions exigeaient une nouvelle
étude, dans le but de reconnaître les modifications que l'emploi de deux
coefficients, au lieu d'un seul, pouvait apporter aux anciennes solutions.
» Jusque-là, j'ai présenté la théorie de l'élasticité comme une science ra-
tionnelle, expliquant des faits qui ne peuvent pas évidemment avoir une
autre origine. J'ai cru utile de la considérer ensuite comme un instrument
de recherches, ou comme un moyen de reconnaître si telle idée préconçue.,
sur la cause d'une certaine classe de phénomènes, est vraie ou fausse. Pour
cela, je ne pouvais choisir un meilleur exemple que celui du travail qui a
conduit Fresnel à ses découvertes sur la double réfraction. Je suppose donc
connus le fait de la non-interférence des rayons polarisés à angle droit, et
celui de la double réfraction du verre comprimé dans un seul sens : le pre-
mier démontre que les vibrations lumineuses sont transversales ; le second
prouve que la biréfringence d'un corps diaphane dépend de la différence
d'élasticité qu'il présente dans des directions diverses autour d'un de ses
points. Cette dépendance semble indiquer que les molécules mêmes des
corps diaphanes reçoivent, exécutent et propagent les vibrations lumi-
neuses, puisqu'une simple inégalité dans les intervalles de ces molécules
modifie la lumière transmise, au point de doubler sa route.
» Telle est l'idée préconçue dont il s'agit de reconnaître la vérité ou la
fausseté. Si elle est vraie, les états vibratoires, que la lumière établit
dans un corps cristallisé, sont représentés par les équations générales des
petits mouvements intérieurs des milieux solides homogènes. Je prends
donc les équations de l'élasticité avec tous les coefficients au nombre de
trente-six, et je cherche les relations qui doivent exister entre ces coeffi-
cients, pour qu'une onde plane de vibrations transversales puisse se
(463)
propager avec deux vitesses différentes. J'obtiens ainsi les équations qui re-
présenteraient les mouvements vibratoires du milieu cristallisé, et d'où naî-
traient toutes ses propriétés optiques, suivant l'idée préconçue qu'il faut
juger.
» Je déduis successivement de ces équations la loi des vitesses des ondes
planes, les directions des vibrations, et l'équation de la surface des ondes.
A l'aide d'une analyse très-simple, je démêle toutes les propriétés géomé-
triques de la surface trouvée, telles que : ses sections principales, ses cer-
cles de contact, ses ombilics, ses coniques spbériques et ellipsoïdales qui la
découpent en éléments rectangulaires. La généralisation de la construction
d'Huyghens transforme ces diverses propriétés en lois qui doivent régir la
double réfraction. La vérification complète de ces lois, et surtout celle des
réfractions coniques et cylindrique, semblent répondre affirmativement à
la question posée.
» Mais l'explication des phénomènes optiques des cristaux biréfringents,
déduite de la construction d'Huyghens généralisée, repose sur ce principe,
qu'une molécule de la surface du corps diaphane, atteinte par la lumière,
devient le centre d'un système d'ondes à deux nappes. Il est donc néces-
saire, pour la vérité de cette explication, qu'un pareil système puisse exister
seul. Interrogeant de nouveau les équations trouvées, j'en déduis la loi des
amplitudes des vibrations, et celle de leurs directions, aux différents points
du milieu agité par un seul centre d'ébranlement. Or il résulte de ces lois
que le centre même devrait exécuter des vibrations d'une amplitude infinie,
et cela, dans toutes les directions à la fois, ce qui est physiquement impos-
sible. Ainsi, l'hypothèse d'une suite indéfinie d'ondes progressives produite
par un seul centre d'ébranlement, sur laquelle repose l'explication des phé-
nomènes optiques des milieux biréfringents, est complètement inadmissible,
quand on suppose que ce sont les molécules pondérables qui reçoivent,
exécutent et propagent les vibrations lumineuses. De là résulte la nécessité
d'admettre la présence du fluide éthéré dans les corps diaphanes, et
d'autres conséquences non moins importantes. »
M. Caitchy demande en quoi les résultats que M. Lamé a indiqués, et
auxquels il est parvenu, en appliquant la théorie des corps élastiques aux
vibrations lumineuses, diffèrent des résultats obtenus par M. Cauchy lui-
même, en t83o.
M. Lamé répond que, si aucune différence essentielle n'existe dans les
(464 )
résultats, il était néanmoins utile de chercher, le plus possible, à présenter
cette application d'une manière élémentaire.
M. Biot fait hommage à l'Académie d'un exemplaire des articles qu'il
"a insérés dans le Journal des Savants, sur la « Correspondance de Newton
et de Cotes » (voir au Bulletin bibliographique'), extraite des manuscrits
originaux appartenant à la bibliothèque du Collège de la Trinité de Cam-
bridge, et publiée par M. J. Eddleslon, sous les auspices de l'Administra-
tion du même Collège.
M. Biot présente une analyse orale de cet important Recueil.
MÉMOIRES LUS.
physiologie végétale. — Recherches expérimentales sur la végétation ,-
par M. G. Ville. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Chevreul, Boussingault, Payen, deJussieu, Regnault.)
« Tandis que 56 éléments concourent à la formation des minéraux,
4 suffisent à la production de toutes les plantes. Ces 4 éléments sont l'hy-
drogène, l'oxygène, le carbone et l'azote.
» Si nous pouvions déterminer, avec certitude, la source où les plantes
vont puiser chacun de ces corps et les circonstances qui en règlent l'ab-
sorption, nous posséderions tous les éléments d'une théorie complète de
la production agricole. Résultat désirable, mais dont nous sommes encore
bien éloignés.
» On s'est souvent demandé si l'air, et en particulier l'azote, contribuait
à la nutrition des plantes, et, en ce qui concerne ce dernier gaz, on a tou-
jours répondu négativement à cette question.
» D'un autre côté, cependant, on sait que les plantes ne tirent pas tout
leur azote du sol. Chaque année, les récoltes qu'une terre produit contien-
nent plus d'azote que l'engrais qu'elle a reçu. D'où vient donc l'azote des
récoltes, et, d'une manière plus générale, l'azote des plantes que le sol ne
leur a pas fourni? Telle est la question que je me suis posée.
» Lorsque je dis qu'on a toujours refusé à l'azote de l'air la faculté de
servir à la nutrition des plantes, il faut excepter Priestley et Ingenhoutz.
Ces deux savants avaient admis, au contraire, que l'air est une condition de
la vie des plantes; mais leurs expériences, insuffisantes pour résoudre ce
problème, furent reprises et réfutées par Th. de Saussure; et voici en quels
termes ce savant résume, à la fois, ses critiques et ses observations :
( 465)
« Si l'azote est un être simple, s'il n'est pas un élément de l'eau, on doit
» être forcé de reconnaître que les plantes ne se l'assimilent que dans les
» extraits végétaux et animaux, et dans les vapeurs ammoniacales. On ne
» peut douter de la présence des vapeurs ammoniacales dans l'air, lors-
» qu'on voit que le sulfate d'alumine pur finit par se changer en sulfate
» ammoniacal d'alumine. »
» Théodore de Saussure a le premier attiré J'attention des savants sur la
présence de l'ammoniaque dans l'air, et, le premier, il lui a assigné un rôle
déterminé daiis l'économie des plantes. Nous verrons bientôt ce qu'il faut
penser de cette opinion : l'expérience en décidera. Mais auparavant nous
devons terminer l'histoire des travaux plus récents dont l'absorption de
l'azote par les plantes a été l'objet.
» M. Boussingault a consacré deux années à l'étude de cette question.
Mais, au lieu de procéder comme Priestley et de Saussure, au lieu d'analyser
l'air dans lequel une plante aurait séjourné, et de déterminer les change- -
ments qu'elle aurait produits dans sa composition, M. Boussingault a ren-
versé le problème. • •
» Il a semé un certain nombre de graines d'une composition connue,
dans un sol privé de matières organiques. Tous les jours les plantes étaient
arrosées avec de l'eau distillée, et tous les pots qui servaient à l'expé-
rience étaient enfermés dans un pavillon éloigné de toute habitation.
» En opérant dans ces conditions nouvelles, M. Boussingault a constaté
que les plantes absorbent des quantités appréciables d'azote sans préciser
dans quelles circonstances, ni sous quelle forme, l'absorption de ce gaz
avait lieu. «Les recherches que j'ai entreprises, dit-il, semblent donc éta-
» blir que, dans plusieurs conditions, certaines plantes sont aptes à puiser
» l'azote dans l'air. Mais dans quelles circonstances, à quel état l'azote se
» fixe-t-il dans les végétaux ? C'est ce que nous ignorons encore. »
» Reprenant en sous-œuvre une opinion primitivement avancée par
Théodore de Saussure, M. Liebig considère, comme un fait démontré jus-
qu'à la dernière évidence, que l'azote des plantes vient de l'ammoniaque
de l'air; et cette opinion, dans l'état présent, est la plus généralement ad-
mise. Ainsi, lorsque les plantes empruntent de l'azote à l'air, ce serait à l'état
d'ammoniaque.
» Il paraît que les corps organiques privés d'azote, produisent de l'am-
moniaque lorsqu'ils se décomposent. Cette production résulte de la com-
binaison de l'hydrogène naissant que la matière dégage avec l'azote de l'air.
C. R., 185a, 3°" Semestre. (T. XXXV, W» 14.) 6l
( 466 )
A son tour, M. Mulder attribue à cette origine tout l'azote que les plantes
n'ont pu emprunter au sol.
» Si nous dégageons pour un instant le sujet de toute préoccupation théo-
rique et de toute considération personnelle, et si, nous posant de nouveau
la question par laquelle nous avons commencé : d'où vient l'azote des
plantes, l'azote de l'air sert-il à leur nutrition? nous voulons y répondre
par des expériences ; nous devons d'abord nous assurer si l'air contient de
l'ammoniaque et déterminer combien il en contient, puis si une plante, qui
végète dans un sol privé de matières organiques et aux dépens d'un volume
d'air connu, trouve dans cet air assez d'ammoniaque pour rendre compte
de l'azote qu'elle a absorbé.
» Enfin, si l'ammoniaque de l'air remplit, dans l'économie des plantes,
un rôle aussi important qu'où la prétendu, il est intéressant de constater
par quels phénomènes se traduit son influence, lorsqu'on augmente la
quantité que l'air en contient déjà.
» Ces trois questions : i° recherche et dosage de l'ammoniaque de l'air;
2° absorption de l'azote par les plantes; 3° influence des vapeurs ammonia-
cales sur la végétation ; ces trois questions forment le cadre des études que
j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie, et dont il me reste à lui faire
connaître les principaux résultats.
» Recherche et dosage de l'ammoniaque de l'air. — Lorsqu'on aban-
donne à l'air une dissolution de sulfate d'alumine, elle se change en alun
amoniacal : preuve évidente que l'air est mêlé de vapeurs ammoniacales.
» Depuis que M. Th. de Saussure a publié cette curieuse observation,
trois tentatives ont été faites pour doser l'ammoniaque de l'air. La première
est due à M. Gràger, la seconde à M. Kemp, et la troisième à M. Frésénius.
D'après M. Grager, i million de kilogrammes d'air contient 333gr Az H1
D'après M. Kemp 3k,88o
l'air diurne o , 098
D'après M. Frénésius , .
( I air nocturne o, ibg
» De ces trois tentatives, la dernière méritait surtout de fixer notre atten-
tion, par les soins de tout genre dont l'auteur s'est entouré; cependant,
M. Frésénius, comme ses devanciers, faute d'avoir opéré sur un volume
d'air suffisant, est arrivé à des résultats inexacts ; en voici la preuve :
» La quantité d'ammoniaque que M. Frésénius a obtenue, dans les deux
seules déterminations qu'il ait faites, est de ogr, 00004 et 0^,000079. Or,
en opérant par la méthode de M. Frésénius, je n'ai jamais pu doser une
( 467 )
quantité connue d'ammoniaque à plus de ogr, 00007 ; ce qui fait que les
chiffres de ce savant, se trouvant compris dans la limite des erreurs que le
procédé comporte, ne peuvent conduire à aucun résultat fondé.
» Pour mon compte, j'ai fait seize déterminations de l'ammoniaque atmo-
sphérique, en opérant successivement sur 20, 3o, et 55 000 litres d'air;
je suis forcé de renvoyer à mon Mémoire, pour la description des appa-
reils. Je dirai cependant que l'air était pris à 8 à 10 mètres au-dessus du sol;
qu'avant d'arriver dans les réactifs, il traversait un tube rempli de fils de
verre, disposés en petits tampons superposés, et destinés à arrêter les pous-
sières qu'il tient en suspension ; l'air passait ensuite par dix pointes effilées
dans de l'acide hydrochlorique étendu; puis il venait se mêler à des va-
peurs du même acide, au moyen d'une disposition d'appareil très-simple,
qui m'a été suggérée par M. Regnault; enfin, il venait se laver une dernière
lois, dans une dissolution de bichlorure de platine. Pour faire l'analyse, les
liqueurs étaient réunies, et évaporées dans un alambic de platine; l'ammo-
niaque était dosée à l'état de bichlorure de platine et d'ammoniaque. Pour
peser le précipité, on le réunissait dans un tube effilé, qui faisait l'office de
filtre. En prenant toutes les précautions que j'indique, on peut doser l'am-
moniaque à ogr,oooo8. Je m'en suis assuré par des épreuves multipliées et
directes; je me suis assuré aussi, par des expériences dont je rapporte tous
les éléments dans mon Mémoire, que les laveurs arrêtent toute l'ammo-
niaque de l'air, et que le filtre de verre, placé en avant des appareils
d'analyse, n'en arrête pas.
» Dans les années 1849 et i85o, j'ai trouvé que 1 million de kilo-
grammes d'air contenait en moyenne a3gr,,73 d'ammoniaque (AzH3), le
maximum s'est élevé à 3 1 gr , -7 1 , le minimum est descendu à 1 7^,76.
» En i85o, la moyenne a été de 2igr,io, le maximum 27^,26, et le mi-
nimum i6gr,52.
» Ce qui donnerait enfin, comme résultat définitif, en moyenne, 22gr,4i ;
en maximum, 29^,00; et en minimum, 1 7Br, 1 4-
» Deuxième partie. — L'azote de l'air est-il absorbé par les plantes? Pour
répondre à cette question, voici la méthode qu'on a suivie :
» On a disposé un appareil composé essentiellement d'une cloche et d'un
aspirateur. On plaçait dans la cloche un certain nombre de graines semées
dans du sable blanc, additionné des cendres de la plante. Le fond des pots
plongeait dans une nappe d'eau distillée. L'arrosage se faisait ainsi de lui-
même par la seule capillarité des pots.
» Chaque jour, l'aspirateur faisait passer dans la cloche un volume connu
61..
( 468 )
d'air; et comme ce volume, bien que considérable, n'eût pas contenu assez
d'acide carbonique, on .en dégageait un excès dans la cloche, au moyen
d'une pendule électrique qui en réglait la production.
» En même temps que cet appareil fonctionnait, en même temps que les
plantes enfermées dans la cloche parcouraient les phases successives de leur
végétation, on déterminait l'ammoniaque de l'air.
» De ces deux expériences, faites simultanément, on pouvait donc déduire :
» i°. La quantité d'ammoniaque contenue dans l'air qui avait passé
dans la cloche ; a° la quantité d'azote que les plantes avaient absorbée ; et
de la comparaison de ces deux quantités conclure si l'ammoniaque de l'air
avait suffi à cette absorption.
» Or, en 1849, il a pénétré dans la cloche ogr,ooi:»5 d'ammoniaque,' et
l'azote des récoltes l'emportait sur celui des semences de ogr, 104.
» En i85o, il a passé dans la cloche ogr,oo2i d'ammoniaque, et l'azote
des récoltes l'emportait de igr,i88.
» En i85o on avait renouvelé l'eau des cloches sept fois : à chaque re-
prise on introduisait 1 litres. Pour préparer les pots, on en a employé
8 litres; soit 1% litres. Or 1 litre d'eau a fourni ogr,oi4 de bichlorure de
platine ammoniacal, ce qui porterait l'ammoniaque de l'eau à ogr,oa4- Or,
en supposant que toute l'ammoniaque de l'eau ait profité aux plantes, il res-
terait encore igr, t63 d'azote, dont ni l'ammoniaque de l'air, ni celle de
l'eau ne peuvent rendre compte.
» En i85i, on a fait l'expérience autrement. Avant d'arriver dans la
cloche, l'air passait sur de la ponce imbibée d'acide sulfurique, puis dans
une dissolution de bicarbonate de soude. Ainsi l'ammoniaque de l'air ne
pouvait plus intervenir dans les phénomènes. De plus, l'eau qui a été mise
dans la cloche n'a jamais été renouvelée. Dans ces conditions, l'azote des
récoltes a dépassé celui de semences de ogr,48i. J'ajouterai que, dans
cette expérience, qui portait sur trois soleils et deux tabacs, les deux soleils
ont fleuri, et produit o,5 graines rudimentaires.
» Enfin, en i852, une expérience faite sur le blé a produit les mêmes
résultats. La plante a fructifié complètement, et l'azote de la récolte l'a
emporté sur celui de la semence de ogr,o36.
» D'où nous tirerons cette nouvelle conclusion, que l'azote de l'air est
absorbé par les plantes et sert à leur nutrition, et que les céréales ne font
pas exception sous ce rapport.
» Dans un troisième Mémoire, je traiterai de l'influence des vapeurs
ammoniacales sur la végétation. »
(469)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
astronomie. — Démonstration expérimentale du mouvement de la Terre.
Addition aux communications faites dans les précédentes séances; par
M. Léon Foucault.
(Commission précédemment nommée.)
« Après avoir réalisé, dans le courant du mois de mai dernier, toutes
mes expériences sur la démonstration du mouvement de la Terre, au moyen
de la rotation des corps, j'ai été cependant contraint, pour m'en conserver
la propriété, d'en consigner les résultats dans une Lettre et de les annoncer
en dehors de l'Académie. Comme ce document a été discuté dans cette en-
ceinte et considéré comme insuffisant à m'assurer la priorité, je viens de-
mander à l'Académie la permission de le mettre sous ses yeux, et la prier
d'en autoriser l'insertion dans les Comptes rendus.
[Extrait du Journal des Débats du mercredi 22 septembre i852.)
« Monsieur le Rédacteur,
» Permettez-moi de vous communiquer quelques nouveaux résultats
» d'expériences que je poursuis depuis un certain temps et qui fournissent
» encore quelques preuves physiques du mouvement de la Terre.
» En cherchant à découvrir de nouveaux signes de ce grand phénomène,
» j'ai raisonné sur le plan de rotation d'un corps qui tourne, comme je
« l'avais fait précédemment sur le plan d'oscillation du pendule.
» Il m'a semblé qu'un corps tournant autour d'un axe principal, et
» librement suspendu par son centre de gravité, devait, tout aussi bien
» qu'un pendule mis en branle, résister à l'entraînement de la rotation
» du Globe. Un appareil que j'ai fait construire sur cette donnée a, en
» effet, fourni du mouvement de la Terre le nouveau signe que je cher-
» chais.
» Fixement orienté dans l'espace absolu, l'axe du corps tournant, exa-
» rniné au microscope, semble rétrograder lentement d'orient en occident,
» et chemine d'une manière continue dans le champ de l'instrument,
» comme l'image des corps cèles! es au foyer de la lunette astronomique.
» J'ai de plus reconnu par expérience dans les corps tournant sur eux-
» mêmes une propriété singulière, que le raisonnement m'avait désignée
» d'avance; je veux parler d'une force d'orientation qui tend à diriger:
( 470 )
» l'axe du corps parallèlement à celui de la Terre, et à disposer en même
» temps les deux rotations dans le même sens. Cette force d'orientation se
» manifeste toutes les fois que l'axe du corps tournant est maintenu dans
» un plan fixe avec la Terre, tout en conservant la liberté de se diriger dans
» ce plan.
» Cette nouvelle propriété des corps tournants donne du mouvement de
» la Terre des signes très-apparents et qui rappellent, jusqu'à un certain
» point, les évolutions de l'aiguille aimantée.
» Opère-t-on dans le plan horizontal, l'axe du corps se dirige vers le
» nord, et l'appareil fonctionne à la manière de la boussole de déclinai-
» son; opère-t-on dans un plan vertical quelconque, l'axe de rotation s'in-
» cline et figure, en se rapprochant de la direction de l'axe terrestre,
» l'aiguille qui manœuvre dans les boussoles d'inclinaison.
» Depuis quatre mois tous ces faits sont pour moi hors de doute, et,
» pour en faire part à l' Académie des Sciences, j'attendais paisiblement
« l'expiration des vacances et le retour d'une époque plus favorable à la
» présentation d'un assez long travail. Mais ayant appris qu'un savant des
» plus honorables allait s'engager dans la voie que j'avais suivie, j'ai cru
» devoir, Monsieur, sans tarder d'un seul jour, préciser devant vous et
» devant le public les faits acquis par mes efforts à cette partie de la
» science. »
zoologie. — Description des Reptiles nouveaux ou imparfaitement connus
de la Collection du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, et remarques
sur la classification et les caractères des Reptiles ( premier Mémoire) ;
par M. le Dr Aog. Duméril.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Flourens, Isidore Geoffroy-
Saint-Hilaire, Duvernoy.)
« Ce travail a pour but de faire connaître les acquisitions nouvelles qui ont
enrichi la collection des Reptiles du Muséum depuis la publication des six
premiers volumes et du huitième de l'Erpétologie générale de MM. Dumé-
ril et Bibron. Il peut donc être considéré comme le complément de ce grand
ouvrage. Il se composera d'une série de Mémoires embrassant toute la classe
des Reptiles.
» Le premier, que l'auteur soumet aujourd'hui au jugemeut de l'Acadé-
mie, traite de l'ordre des Chéloniens, et des deux premières familles de
l'ordre des Sauriens, celles des Crocodiliens et des Caméléoniens.
( 47i )
» En laissant de côté, dans cet extrait, les détails relatifs à vingt et une
espèces, dont l'inscription sur les registres de la science par des zoologistes
français et étrangers est postérieure à l'époque où parurent les différents
volumes de Y Erpétologie générale, on trouve dans ce Mémoire une assez
longue liste d'animaux que le Musée de Paris possède seul, sans doute, car
ils n'avaient jamais été décrits (i).
» Ainsi, parmi les Tortues paludines ou Élodites, le genre Émyde, si
accru dans ces dernières années, par l'adjonction d'espèces nouvelles des
États-Unis, signalées par Lesueur et par MM. Harlan, Troost et Holbrook,
a dû être encore augmenté de deux autres très-distinctes. L'une, originaire
de la province du Peten ( Amérique centrale) a reçu, en raison de l'aspect
particulier de sa carapace, le nom d'Émyde aréolée (Emys arcolata) A. Dum.
L'autre provient des eaux douces de Vera-Cruz, et l'un des deux exem-
plaires par lesquels elle est représentée ayant été donné par M. Bérard, le
nom de cet officier supérieur de la marine a servi pour la désignation spéci-
fique (Emys Berardiï) A. Dum.
» Étudiant les analogies que ces deux Émydes américaines, et sept autres
des États-Unis, lesquelles ne sont pas mentionnées dans Y Erpétologie géné-
rale, offrent soit entre elles, soit avec leurs congénères des mêmes contrées,
l'auteur les a groupées méthodiquement dans un grand tableau synoptique
où figurent seules toutes les Émydes de l'Amérique du Nord qui sont au
nombre de vingt-cinq.
» De deux Émydes originaires du Japon, données au Musée de Paris par
le- Musée de Leyde, et que M. Schlegel, dans la Faune japonaise, a décrites
comme représentant deux variétés de climat de l'Émyde Caspienne (Emys
caspicà) Schweigger, l'une est véritablement le type d'une espèce distincte :
elle se trouve donc décrite dans ce travail sous le nom d'É. japonaise (Emys
japonica) Dum. et A. Dum. L'autre n'offre pas de différences spécifiques
suffisantes pour être séparée de l'É. Caspienne. Or, comme celle-ci ne vit
pas seulement sur les bords de la mer dont elle porte le nom, mais aussi
dans la Dalmatie et dans la Morée, cette variété locale constante d'une espèce
européenne fournit un curieux exemple de ce fait singulier, que le Japon
renferme quelques Reptiles parfaitement identiques à ceux de l'Europe.
(i) Le Catalogue méthodique de la Collection des Reptiles du Muséum d'Histoire natu-
relle de Paris, publié par M. Aug. Duméril, sous la direction de son pure, M. le professeur
Duméril (Ve et ?.e livraison, i85i-52), ne contient qu'une description abrégée de ce»
espèces.
( 47^ )
» Le genre nommé Cinosterne, à cause de la mobilité des portions anté-
rieure et postérieure du plastron sur une pièce médiane immobile, renferme
maintenant deux espèces nouvelles très-nettement caractérisées, et que
MM. Duméril et Bibron avaient nommées, mais non décrites : ce sont les
Cinosternes ensanglanté et à bouche blanche ( Cinosternon cruentatum et
C. leucostomum) Dum. Bib. Ces tortues sont américaines, et ont vécu l'une
et l'autre à la ménagerie du Muséum.
» Une cinquième Elodite nouvelle est décrite dans ce Mémoire. Elle
appartient au groupe de celles qu'on désigne par la dénomination de Pleur
rodères, parce que le cou et la tête, au lieu d'être rétractiles en arrière,
comme chez les Cryptodères, vient se placer de côté entre le disque et le
plastron. Elle se rattache au genre Podocnémide : c'est la P. de Léwy
(Podocneinis Lewjrana), du nom du voyageur qui l'a rapportée de Santa-
ls é-de-Bogota.
» Parmi les Crocodiliens , il s'est trouvé une espèce jusqu'alors incon-
nue, et représentée par deux grands individus pris dans le lac Florès
(Yucatan) par M. A. Morelet. Comparés aux deux autres espèces du nouveau
monde, les C. à museau effilé et rhombifère, ils ont dû devenir les types
d'une espèce nouvelle, le C. de Morelet (C. Moreletii) A. Dum.
» Enfin les collections du Muséum renfermaient deux beaux Caméléons
tout à fait différents entre eux, et qu'il est impossible de confondre avec
aucun autre. Le premier, dont le capuchon est énorme, a pris, par cela
. même, le nom de C. à cape ( Chamœleo caljrplratus) A. Dum. ; et le second,
remarquable par la belle bande jaune oblique dont chaque flanc est orné,
est .dit C. à baudrier' (Ck. balteatus) A. Dum.
» A ces descriptions, l'auteur a joint des observations sur la classifica-
tion et sur les caractères des Reptiles. Dans les Mémoires ultérieurs, il con-
tinuera cette revue analytique des autres groupes , et fera connaître les
espèces nouvelles qui doivent y être intercalées. »
CHIMIE appliquée. — Réponse à la réclamation de priorité élevée
par M. "Larocque au sujet de la fermentation gallique. (Lettre de
M. E. RoBIQlïET.)
(Commissaires précédemment nommés: MM. Chevreul, Pelouze, Bussy.)
« Il y a quelques jours seulement, j'ai eu connaissance de là réclama-
tion de priorité présentée par M. Larocque au sujet de mon Mémoire sur là
fermentation gallique (séance du 9 août). Si M. Larocque avait attendu la
publication de mon travail complet, il n'aurait pas sans doute fait de ré-
(473)
clamation, puisqu'il eût vu que je rendais justice à ses premiers travaux.
Dans letat où il a mis la question, je suis obligé d'établir une fois pour
toutes, que : i° je n'ai pas eu la prétention de créer la fermentation gal-
lique, et j'ai seulement dit qu'elle se confondait avec la fermentation pec-
tique; 2° j'ai avancé que le ferment gallique était de la pectase, et je l'ai
prouvé.
» Maintenant, voici le passage textuel du Mémoire de M. Larocque, rela-
tivement au ferment de la noix de galle {Journal Ph., tome XXVII,
page 204) : « Si l'on examine la poudre d'un blanc grisâtre qui se dépose
« dans une macération de noix de galle ou dans une infusion filtrée, on
» retrouve dans ce dépôt toutes les propriétés du ferment de bière. Toute-
» fois, les globules sont plus pâles et sous forme de chaînons; ils ont de j~
» à 2^-j de millimètre. Il se dépose dans ces liqueurs des flocons comme
» albumineux qui, examinés au microscope, se présentent sous forme de
» buissons, d'où partent des branches qui se répandent assez loin ; elles
» sont bifurquées et parsemées de points noirs. »
» Or, d'après mes expériences, ces globules sont un mélange d'acides
gallique et ellagique, disparaissant instantanément dans une solution de
potasse. De plus, ils sont incapables de convertir en acide gallique le tannin
purifié. Quant aux flocons albumineux, ce n'est autre chose que de l;i
pectase altérée. »
chimie ORGANIQUE. — Recherches sur la pyroxjline (premier Mémoire);
par M. A. Béchamp, agrégé à l'École de Pharmacie de Strasbourg.
(Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Dumas, Pelouze.)
« On ne parvient pas toujours à préparer de la pyroxyline soluble. Pour
obtenir celle qui devait me servir, j'ai suivi le procédé de MM. Gandin et
Mialhe. J'ai constaté que, si l'on plonge le coton dans le mélange d'acide
sulfurique et de nitre, préalablement refroidi, la pyroxyline que l'on obtient
est bien fulminante, mais insoluble dans l'éther. Ayant recommencé la
même opération avec les mêmes matériaux, mais à la température qui se
développe naturellement pendant la réaction, le produit que je retirai fut
trouvé fulminant et soluble. Enfin, la pyroxyline insoluble de la première
opération devint soluble après avoir été plongée dans le mélange chaud
de nitrate et d'acide.
» La condition pour toujours obtenir de la pyroxyline soluble est donc
d'opérer à chaud.
C. R., i85a, am« Semestre. ( T. XXXV , N» M. ) 62
( 474 )
» Lorsqu'on fait passer pendant une demi-heure, au moins, un courant
de gaz ammoniac dans une dissolution de i parties de pyroxyline, 80 par-
ties d'étber et 3o parties d'alcool à 86 degrés centigrades, on trouve que la
dissolution visqueuse se fluidifie complètement.
» Le gaz sulfhydrique détermine, dans cette dissolution ammoniacale,
la formation d'un précipité jaune insoluble dans l'alcool à 90 degrés centi-
grades. Ce précipité est complexe : il contient une parue soluble et une
partie insoluble dans l'eau. D'après quelques réactions, j'ai cru y recon-
naître un composé sulfuré.
» La dissolution ammoniacale, versée tout à coup dans quinze à vingt
fois son volume d'eau, donne un précipité d'une poudre blanche, parfaite-
ment insoluble dans l'eau; un séjour de quarante-huit heures dans ce li-
quide ne l'altère pas. Voici ses propriétés :
» Desséchée à 20 degrés dans une cloche sur l'acide sulfurique, puis à
100 degrés, elle se conserve très-bien. Elle est peu dense, sans odeur et
sans saveur. Elle est électrique par frottement. Chauffée dans un tube,
elle fulmine plus tard que la pyroxyline, répand des vapeurs nitreuses et
laisse un résidu decharbon. Chauffée avec de l'acide chlorhydrique fumant,
elle se dissout peu à peu et dégage du chlore en abondance. L'acide sulfu-
rique concentré la dissout sans dégagement apparent de gaz. Le mélange
sulfurico-nitrique ne parait pas l'altérer; toutefois, je ne me suis pas encore
assuré si la pyroxyline était ou non régénérée.
» L'eau dans laquelle la précipitation a lieu, contient du nitrate d'ammo-
niaque, mais très-peu de matière organique. Ce fait est digne d'attention.
L'analyse élémentaire montre, en effet, que la nouvelle combinaison ne dif-
fère de la pyroxyline que par un équivalent d'acide nitrique en moins.
» Je me suis assuré que la nouvelle substance est de composition con-
stante. J'ai analysé le produit recueilli tout de suite après la précipitation,
ou après un contact de quarante-huit heures avec l'eau. La composition n'a
pas varié.
» Dans six analyses pour doser le carbone et l'hydrogène, et trois autres
où j'ai dosé l'azote par le procédé de M. Dumas, j'ai obtenu des résultats
concordants, dont la moyenne en centièmes pour les quatre éléments est :
carbone, 28,216; hydrogène, 3,575; azote, 10,777; oxygène, 57,43a. La
matière avait été desséchée à 100 degrés.
» En tenant compte de la formation du nitrate d'ammoniaque dans la
réaction, et en admettant la formule que M. Pelouze [Comptes rendus de
t A 'endémie des Sciences , tome XXIV, page 1) attribue à la pyroxyline,
( 4?5 )
savoir :
C24H,70,7,5Az03,
la substance que j'étudie se formerait d'après l'équivalence
C24Hi7Q,7,5Az05 + AzH3 + HO = Az05,AzH40 + C24 H,70,7,4AzO\
Si l'on prend cette dernière formule pour celle du nouveau composé, le
calcul donne pour composition centésimale théorique : carbone, 9.8,070;
hydrogène, 3,3i5; azote, 10,916; oxygène, 57,699.
» De ao à 100 degrés la substance perd, en centièmes, moyenne de deux
dosages, 1 ,727 d'eau. Ce nombre, en posant H = 1 , représente 9,01 5 d'eau,
pour la quantité de matière qu'exprime la formule
Ca4H,70,7,4Az05,
c'est-à-dire 1 équivalent d'eau. La formule de la nouvelle substance à la
température de 20 degrés est donc
C24H,70,7,4Az05,HO,
ou, en divisant par 2,
C,2H909,2Az05 = C,îH9(Az04)2On;
c'est-à-dire la formule du sucre de canne, où 2 AzO4 tiennent lieu de 2 H.
» Conclusion. Beaucoup de formules sont attribuées à la pyroxyline. La
nouvelle combinaison, par sa composition comme par les circonstances de
sa formation, confirme la formule de M. Pelouze.
» Voici la formule moléculaire que je propose pour la pyroxyline :
C24H,7X402<,Az05(i),
celle de la nouvelle combinaison desséchée à 20 degrés étant
C2'H"X,0",HO,
et celle de la même substance à 100 degrés,
Ca4H,7040!n.
» J'ai déjà commencé quelques expériences sur le produits nitrés inso-
lubles dans l'eau, qui résultent de Faction du mélange sulfurico-nitrique
sur le glucose, la dextrine, la gomme, etc. »
(1) X = AzO<.
62. .
( 476)
physiologie. — Troisième Mémoire sur les couleurs accidentelles ;
par M. J.-M. Seguin. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires précédemment nommés :MM. Magendie, Pouillet, Despretz.)
« Ce Mémoire est le complément du deuxième, où il était question de la
production des images accidentelles dans les cas les plus simples : celui
d'un objet coloré placé sur un fond noir (ou blanc), et celui d'un objet
noir (ou blanc) placé sur un fond coloré. [Comptes rendus, 17 mai i852.)
» La netteté et la constance des faits généraux observés dans ces condi-
tions se retrouvent dans les expériences qui font le sujet du troisième Mé-
moire; il en résulte, comme nous l'avons annoncé, que celles-ci sont une
nouvelle confirmation de ceux-là.
» i°. Sans insister de nouveau sur les phénomènes décrits dans le pre-
mier Mémoire, je fais voir qu'ils se lient à ceux du deuxième : pendant la
contemplation d'un objet blanc sur un fond noir, par l'apparition de l'image
accidentelle à la surface de l'objet dont la blancheur en est altérée; pen-
dant la contemplation d'un objet noir (ou coloré) sur un fond blanc, par
l'extension de la lumière du fond sur l'objet.
» i°. Je suppose qu'on observe un objet coloré placé sur un fond co-
loré, un rectangle de papier orangé sur une feuille de papier rouge. Pen-
dant la contemplation, le rectangle orangé produit son image accidentelle
bleue, et le fond rouge son image verte. En outre, la lumière rouge du fond
s'étend sur le rectangle. A la surface de celui-ci, il y a donc une image ac-
cidentelle qui est un mélange de bleu et de rouge, qui est violette. Aussi,
qu'on tourne les yeux vers une surface blanche ou qu'on les ferme, on verra
l'apparence d'un rectangle violet au milieu d'un fond vert. Le fait était
connu, mais notre interprétation est celle qui résulte de notre deuxième
Mémoire.
» 3°. Arrivant enfin au cas de deux objets colorés, placés côte à côte et
contemplés simultanément, je montre comment les effets dont M. Chevreul
a établi les lois dans un Mémoire célèbre, viennent encore à l'appui du phé-
nomène général des images accidentelles produites à la surface des objets
colorés et susceptibles de se déplacer suivant les mouvements des yeux. »
optique. — additions à ses recherches sur la théorie de la vision :
phénomènes de coloration qui accompagnent les images multiples ;
par M. Trouessart.
(Commissaires précédemment nommés: MM. Arago, Pouillet, Babinet.)
( 477)
M. Manneville prie l'Académie de vouloir bien se prononcer sur
un système d'appareils au moyen desquels il fabrique des tonneaux parfai-
tement réguliers et dont la capacité peut être déterminée avec facilité et
précision .
» La première partie de l'opération a pour objet la taille des biseaux
des douves, qui doit être telle, que chaque biseau se trouve dans un plan
passant par l'axe du tonneau; la deuxième a rapport à l'évidement des
douves à l'intérieur, évidement qui se fait, dans le système de M. de Man-
neville, de manière à ce que toute section perpendiculaire à l'axe du ton-
neau soit exactement un cercle et d'un rayon prévu.
(Commissaires, MM. Mathieu, Dupin, Morin.)
M. Chenot, à l'occasion d'une Note de M. Calvert présentée dans la
précédente séance, prie l'Académie de vouloir bien lui désigner une Com-
mission à laquelle il soumettra les résultats de ses recherches sur la purifi-
cation des combustibles en général, et en particulier sur la préparation
des houilles pour la fabrication de la fonte.
(Commissaires, MM. Berthier, Dumas, Combes. )
M. Raboisson prie l'Académie de vouloir bien admettre au concours
pour le prix concernant les Arts insalubres, les perfectionnements imaginés
par lui pour la boulangerie, et particulièrement un système de pétrissage
mécanique qu'il décrit brièvement.
( Renvoi à l'examen de la Commission qui a fait le Rapport sur les appa-
reils de panification de M. Rolland; Commission qui se compose de
MM. Poncelet, Boussingault, Payen.)
M. Lecour transmet, d'Annonay, quelques renseignements sur les bons
résultats qu'il a vu obtenir du chaulage, pour la conservation des pommes
de terre.
Dans une récolte dont plus de la moitié était déjà gâtée au moment de
l'arrachage, on a trié les tubercules sains qui formaient un poids de a5 ki-
logrammes : de cette quantité une moitié a été chaulée et s'est conservée
saine tout l'hiver, à part deux ou trois tubercules ; dans le même cellier,
l'autre moitié, qui n'avait subi aucune préparation, s'est pourrie presque
tout entière.
(Commission nommée pour les diverses communications relatives à la
maladie de la vigne et de la pomme de terre : MM. Duméril , Magendie ,
de Jussieiij Brongniart, Milne-Edwards , Decaisne. )
( 478 )
M. Letellier adresse, de Saint-Leu-Tavemy, des observations concer-
nant la maladie de la vigne. Aux causes qu'il avait signalées dans de précé-
dentes communications, il en ajoute une nouvelle, l'action du soleil, sur-
tout à son lever, et de là il est conduit à recommander pour les vignobles
l'exposition au couchant.
(Commission de la maladie de la vigne et de la pomme de terre.)
M. Regnault annonce avoir arrêté la maladie du raisin en enlevant, au
moyen d'une brosse molle ou d'un plumeau, sur des grappes déjà partiel-
lement envahies, les taches qui étaient déjà apparues à la surface des grains.
(Commission de la vigne et de la pomme de terre. )
M. Zaliwski adresse une nouvelle rédaction des Notes qu'il avait précé-
demment adressées.
(Renvoi à la Commission nommée.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Intérieur, de l'Agriculture et du Commerce
adresse, pour la bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du VIIIe volume
des brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de 1 844-
Le même Ministre transmet la copie d'une Lettre sur les causes des épi-
démies, Lettre dont l'original avait été adressé directement à l'Académie
par l'auteur, M. Buisson.
M. le Secrétaire perpétuel donne communication d'une Lettre de
M. Le Maistre, d'Aboville, accompagnant l'envoi précédemment annoncé
de manuscrits du P. Cotte, relatifs à la météorologie.
Une Commission, composée de MM. Arago, Pouillet, Babinet, sera invitée
à prendre connaissance de ces manuscrits.
astronomie. — Découverte d'une nouvelle planète.
(Lettre de M. A. de Gasparis à M. Àrago.)
« Naples, 21 septembre 1802.
» J'ai l'honneur de vous apprendre la découverte que je viens de faire
d'une nouvelle planète dans le soir du 19 septembre à 7h5om temps moyen.
» J'en ai déduit les positions suivantes en la comparant avec les étoiles
( 479 )
2o3 Lalande, 449 Lalande = 273 Weisse, 579 Lalande = 33o Weisse, et je
l'ai jugée un |>eu plus faible que la première de ces étoiles, c'est-à-dire à
tirs-peu près de 9e grandeur.
» En voici les positions apparentes :
T. m. Naplcs. x app. o app.
i852. Sept. 19 ioh2om24s o''i2mio*,73 -+- i°53' o",6
20
7h 5om228 Oh I Im 22',62 -f- i°47' l6",8
optique. — Raies longitudinales du spectre.
(Lettre de M. Porro à M. Babinet.)
« D'après le désir que vous m'en avez exprimé, Monsieur, je me suis
empressé de répéter avec mon grand appareil l'expérience fondamentale de
la théorie des raies longitudinales de M. Zantedeschi, indiquée dans votre
récente communication à l'Académie des Sciences; voici les résultats
que j'ai obtenus hier entre 3 et 4 heures avec le soleil et un petit trou
de omm,6 placé au foyer d'un objectif de 4 mètres, et avec une lunette
d'observation de 280 millimètres de longueur focale, munie d'une échelle
à l'oculaire, disposée parallèlement à l'axe optique; même prisme que dans
les expériences précédentes.
» Le diaphragme avait 7ram,5, il était rectangulaire et placé sur la pre-
mière face du prisme dont il occupait toute la largeur: les résultats qui
suivent sont de la même nature que ceux que vous avez observés vous-
même avec le diaphragme rond sur l'objectif de la lunette; seulement ils
ont plus de netteté.
» N° 1. Avec ces dispositions, la vision nette du point lumineux avait
lien au foyer des rayons parallèles (280 millimètres), et avec le prisme on
avait un spectre linéaire très-allongé, mais très-net, dans lequel aucune raie
n'apparaissait ni en long ni en travers.
» En poussant l'oculaire vers l'objectif on trouve successivement :
» N° 2. A 277™"", 90 une raie noire fine au milieu et deux bandes claires
qui traversent toutes les couleurs du rouge au violet.
» N° 3. A 276mm,5o on n'aperçoit presque pas de raies longitudinales,
mais, quoique très-courtes, on distingue assez bien les principales raies de
Fraunljofer.
» N° 4- A 274""", 57 on voit une paire de raies noires fines au milieu, sé-
parées par une raie brillante très-fine, deux bandes d'éclat moyen suivent
symétriquement, et deux raies noires longitudinales très-fines se montrent
près des bords du spectre déjà fort dilaté.
( 48o )
» N° 5. A 272,nm, i 5 trois bandes brillantes sontséparées par deux paires
<le raies noires très-fines et terminées par les limites latérales du spectre.
» N° 6. A 270mm,i 5 deux bandes brillantes se présentent symétriquement
aux deux côtés d'une bande d'à peu près même largeur qui règne au milieu,
laquelle se trouve assombrie et sillonnée par une multitude de raies longi-
tudinales très-fines.
» L'oculaire de la lunette d'observation ne peut pas s'enfoncer au delà
de ce point; en le retirant, au contraire, plus loin que le foyer principal on
trouve ce qui suit :
» N° 7. A 284ram,o,o même phénomène qu'au N° 2.
» N° 8. A 289mm,4o le spectre est partagé par deux raies longitudinales
en trois bandes égales de largeur, deux raies se voyant dans les bandes la-
térales, ainsi qu'une multitude de raies très-fines dans la bande du milieu.
» N° 9. A 3oomm,/|0 les raies longitudinales sont très-fines et très-serrées
vers le milieu, le spectre est terminé sur les côtés par deux bandes médio-
crement lumineuses.
■» L'instrument n'a pas permis d'aller au delà; d'ailleurs la lumière de-
vient très-faible au delà de ce point.
» En passant de l'une à l'autre de ces positions, les raies longitudinales
propres à la position précédente ne se transforment que par gradations à
peu près insensibles, à l'exception des deux premières à partir du foyer, en
enfonçant l'oculaire, et des trois qu'on trouve en retirant l'oculaire, dans
l'intervalle desquelles on trouve un espace à peu près vide de raies; d'où
il suit que les ordres distincts de raies longitudinales sont au nombre de
cinq. Dans toutes ces expériences on a remarqué une grande symétrie par
rapport à la ligne médiane du spectre.
» Je me borne à vous rapporter fidèlement les faits tels que je les ai ob-
servés ; c'est à vous, Monsieur, qu'il appartient de les coordonner avec la
théorie. »
PHYSIQUE. — Nouvelles expériences d'électricité animale;
par M. Zantedeschi. (Extrait par l'auteur.)
« Dans des expériences sur les courants physiologico-électriques chez les
animaux à sang chaud, expériences faites en 1 840 avec le Dr L.-P. Fario, je
suis arrivé à un résultat que j'exprimais de la manière suivante : « La douleur
» affaiblit ou suspend les courants électro- vitaux, et si elle est très-intense,
» elle en intervertit la direction. Les mouvements volontaires ou automa-
(48. )
» tiques convulsifs produisent, au contraire, un courant plus fort, une
» sorte de décharge d'électricité. »
» Depuis cette époque, j'ai continué mes recherches sur ce sujet, comme
le témoignent plusieurs Mémoires insérés dans mes annales Je Physique,
années 1849 et *8jo, et dont j'ai l'honneur d'offrir aujourd'hui un exem-
plaire à l'Académie. Cependant, comme on avait opposé à mes résultats,
de même qu'à ceux de M. du Bois-Reymond, l'action chimique qui se pro-
duit par le fait de la clôture du circuit, j'ai imaginé un mode d'expéri-
mentation dans lequel cette action chimique doit se trouver neutralisée par
des actions égales et contraires. Aux extrémités du fil galvanométrique d'un
multiplicateur à fil très-fin, je fais souder métalliquement des dés d'ar-
gent, ou mieux de platine, et je les place au doigt médian de chacune de
mes mains, après avoir mouillé ces deux doigts d'eau salée pour les rendre
meilleurs conducteurs. Quand je ferme ainsi le circuit, l'aiguille ne dévie
que très-peu de la position qu'elle occupait; elle y revient promptement,
et reste bientôt en repos. Alors il suffit de fléchir ou d'étendre un bras pour
occasionner une déviation qui peut être plus ou moins grande, suivant que
le multiplicateur est plus ou moins sensible, mais qui est toujours très-suffi-
sante pour montrer que le courant est direct de la main au bras fléchi.
» Il est vrai que, dans ce mode d'expérimentation, on ne met pas en action
tous les systèmes nerveux et musculaires du bras et de la main, comme cela
a lieu dans les expériences auxquelles j'ai fait allusion plus haut, et que,
par conséquent, l'effet électrique est bien moindre; mais, d'un autre côté,
on évite les inégalités de contact; de sorte que toute la question physiolo-
gico-électrique se réduit au point d'insertion des nerfs dans les muscles.
» Laissant à la chimie organique le soin de s'occuper des phénomènes
de synthèse ou d'analyse qui peuvent se produire dans l'acte de la contrac-
tion musculaire, nous nous bornerons à énoncer comme bien établie
aujourd'hui par nos nombreuses expériences, la proposition suivante :
« L'exhaustion de la force nervoso-musculaire correspond toujours à une
>< exhaustion de l'électricité, et, réciproquement, le retour des forces s'ac-
» compagne d'une reproduction d'électricité. »
météorologie. — Arc lumineux observé le 29 septembre.
(Lettre de M. Eue Robert.)
« En sortant de Paris, le 29 septembre, à 9 heures du soir, par le chemin
de fer de l'Ouest, je vis, au nord-ouest, un grand arc lumineux qu'au pre-
mier abord on aurait pu prendre pour un arc-en-ciel imparfait.
C. R., i85a, a™« Semestre. (T. XXXV, N° 14.) 63
( 482 )
» L'arc, nettement dessiné et d'une teinte jaunâtre, renfermait un espace
d'une lumière assez vive que faisaient surtout ressortir, par-ci par-là, des
petits nuages noirâtres du côté de l'observateur, et paraissant devoir être de
même couleur que l'arc, du côté opposé. Le ciel en dehors de l'arc, et immé-
diatement après, avait une teinte uniforme d'un gris noirâtre. Dix minutes
à peine après avoir pu noter ces particularités atmosphériques qui m'ont
semblé appartenir à une aurore boréale, l'arc avait disparu, et il ne resta
plus dans la même région du ciel qu'une lueur blafarde. »
La séance est levée à 5 heures. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE*
L'Académie a reçu, dans la séance du 4 octobre i852, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
ie semestre i85a; n° i3; in-4°.
Leçons sur la théorie mathématique de l'élasticité des corps solides; par
M. G. Lamé. Paris, i852; i vol. in-8°.
Correspondance of sir Isaac Newton and Cotes, etc. ( Articles deM. J.-B.
BiOT ; extraits du Journal des Savants) (cahiers de mars à juin ) ; broch. in-4°.
Réponse au deuxième article de M. É. Quatremère (Journal des Savants,
septembre i85a); par M. F. DE Saulcy; broch. in-4".
Société nationale et centrale d' Agriculture. Bulletin des séances, Compte
rendu mensuel rédigé par M. Payen, secrétaire perpétuel; 2e série, tome VII;
n° 9; in-8°.
Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont
été pris sous le régime de la loi du 5 juillet i844; publiée par les ordres de
M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce; tome VIII. Paris, i85i;
i vol. in-4°.
Expédition dans les parties centrales de l'Amérique du Sud, de Rio de Janeiro
à Lima, et de Lima au Para; exécutée par ordre du Gouvernement français pen-
dant les années 1 843 à 1847, sous ^a direction de M. Francis de Castelnau;
2e partie : Vues et scènes; ie et 3e livraisons; in-4°; 4e partie : Itinéraires et
coupe géologique; 7e et 8e livraisons; in-fol.
Topographie et statistique médicales de la ville et de la commune d'Aulun;
(483)
par M. L.-M. Guyton. Autun, i852; i vol. in-8°. (Second exemplaire
destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 1 853. )
Description générale des phares et fanaux et des principales remarques exis-
tantsur le littoral maritime duglobe, à l'usage des navigateurs ; parM. COUDER;
10e édition. Paris, i85a; 1 vol. in-12.
Mémoires sur quelques points fondamentaux de la médecine dentaire consi-
dérée dans ses applications à i 'hygiène et la thérapeutique ; par M. A. -F. Talma ;
ire série. Bruxelles, i85a; 1 vol. in-8°.
Description d'unastrolabe construit àMaroc en l'an 1 208; par M. F. Sarrus ;
broch. in- 8°. (Extrait des Mémoires de h. Société d'Histoire naturelle de
Strasbourg.)
Du chanvre, de son rouissage et des meilleurs modes de préparation ; par
M. Louis Terwangne, à Lille; broch. in-8°.
Histoire et statistique de r Académie nationale de Médecine depuis sa fondation
jusqu'à ce jour; par M. le Dr Félix Rouraud. Paris, i852; broch. in-8°.
Les trois règnes de la nature. — Règne animal. — Histoire naturelle des oiseaux ,
classés méthodiquement, avec l'indication de leurs mœurs et de leurs rapports
avec les arts, le commerce et l'agriculture; par M. Emm. Le Maout; 24e
à 26e livraisons; in-8°.
Note sur le nom antique et hiéroglyphique DU PERROQUET, oiseau katré ou
guerrier; par M. de Paravey; ^ de feuille in-8°.
Bulletin de la Société de Géographie, rédigé par M. DE la Roquette,
secrétaire général de la Commission centrale; avec la collaboration de
MM. V.-A. Malte-Brun, secrétaire-adjoint, Daussy, L.-Am. Sédillot, de
Froberville et Cortambert; 4e série; tome III; n° 20; août i852;
in-8°.
Bulletin de i Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; tome XIX; n° 8 ; in-8°.
Annales des maladies de la peau et de la syphilis, publiées par MM. Alphée
Cazenave et Maurice Chausit ; 2e série; IVe volume; août i852; in-8°.
Annales forestières ; 10e année; 25 septembre i852; in-8°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. DE MONFORT,
et rédigée par M. l'abbé Moigno; 1™ année; n° 23; 3 octobre i852;
in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie, de Toxicologie ; et Revue
des nouvelles scientifiques nationales et étrangères; par les Membres delà Société
de Chimie médicale; n° 10; octobre l852; in-8°.
( 484 )
Journal des Connaissances médico-chirurgicales, publié parMAe docteur
A. Martin-Lauzer ; n° 19; ier octobre i85a; in-8°.
Le Magasin pittoresque; septembre i85a; in-8°.
Revue thérapeutique du Midi. Journal de Médecine, de Chirurgie et de Phar-
macie pratiqués ,* fondé pur M. le professeur Fuster, et rédigé par MM. les
l)ra Barbaste et Louis Saurel; n° 18; 3o septembre i85a; in-8°.
Annali... Annales de Physique; par M. l'abbé FraNCESCO Zantedeschi.
Padoue, i849-i85a; 1 vol. in-8°.
Sullo... Monographie du squelette de /'Acipenser ruthenus (te Sterlet); par
M. R. Molin ; broch. in-8°.
Falsità... Expérience d'électricité animale tendant à démontrer i inexacti-
tude de la conclusion tirée d'une autre expérience faite par M. MatteuCCi;
Note de M. R. Molin ; broch. in-8°.
Corrispondenza... Correspondance scientifique de Rome; i" année; n° 35;
8 septembre i85a.
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques ; n° 8a8.
L Athenœum français. Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux- Arts; n° i4; 2 octobre i85a.
La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° a3 ;
3 octobre i85a.
Gazette médicale de Paris; n° 40; 2 octobre i85a.
Gazette des Hôpitaux; nOÏ 1 1 5 et 116; 28 et 3o septembre 18 5a.
Moniteur agricole; 5e année; n° 3g; 3o septembre i85a.
La Lumière; ae année; n° 4' ; 2 octobre i85a.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 11 OCTOBRE 1852.
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel annonce, d'après une Lettre de M. Ad.
Richard, la perte douloureuse que l' Académie a faite dans la personne
de M. Achille Richard, Membre de la Section de Botanique, décédé le
5 octobre.
M. le Secrétaire perpétuel annonce également à l'Académie la perte
irréparable qu'elle vient de faire dans la personne de M. le contre-amiral
Berard, Correspondant de la Section de Géographie et de Navigation.
M. Berard est décédé à Toulon, le 7 de ce mois.
zoologie. —Sur une espèce de Serpent à coiffe (Naja Haje), présenté
vivant a l'Académie; par M. C. Duméril.
« La Ménagerie des Reptiles du Muséum s'étant procuré un Serpent
extrêmement curieux par ses formes, ses allures bizarres et par ses habi-
tudes toutes particulières, j'ai pensé que cet animal, très-rarement vu vi-
vant à Paris, pourrait intéresser l'Académie si nous lui faisions connaître
quelques traits de son histoire. C'est dans cette intention que je vous de-
mande la permission de vous communiquer un extrait abrégé de l'article,
encore manuscrit, que j'ai rédigé pour la seconde partie du VIP volume de
C. R. , i85a, am« Semestre. (T. XXXV, N° 18.) 64
( 486 )
Y Erpétologie générale, ouvrage pour lequel, comme on le sait, M. Biforon
me prêtait son laborieux concours.
» Ce Serpent appartient au genre Naja établi par Laurenti ; il est carac-
térisé par des dents venimeuses simplement cannelées, placées en avant sur
les os sus-maxillaires; par sa queue arrondie et conique; par les pla-
ques polygones qui recouvrent le dessus du crâne ; enfin par des écailles
plus grandes que les autres qui garnissent la peau du cou, où elles sont
distribuées par rangées obliques. D'après ces caractères, ce genre appartient
au sous-ordre des OPHIDIENS PROTÉROGLYPHES et à la famille des
CONOCERQUES.
» A la suite de ces notes, d'autres caractères sont établis d'après l'obser-
vation, facile à faire, du mode d'insertion des écailles du cou dans l'épais-
seur de la peau où elles sont enchatonées et adhérentes par leur circonfé-
rence. Cette région des téguments est susceptible de s'élargir ou d'être di-
latée par la volonté de l'animal, car il peut la distendre et la développer,
comme les lames d'un double éventail, en une large membrane au moyen
des muscles qui occupent les intervalles des côtes antérieures, qui sont lon-
gues, presque droites, et très-mobiles dans leurs articulations vertébrales.
Ici, ces petits os, ordinairement courbés pour protéger les viscères, four-
nissent, par leur grande étendue comme leviers, une attache plus favorable
à l'action des faisceaux de fibres motrices qui les font agir dans deux sens
opposés. Les uns les dirigent en avant, et les étalent comme les rayons d'un
cercle pour étendre la peau que les côtes soutiennent ; et les autres, au con-
traire, agissant en sens opposé, tendent à les ramener le long de l'échiné et
permettent ainsi aux téguments de revenir sur eux-mêmes, de se raccourcir
légèrement peu à peu, comme le feraient les plis déployés d'un étoffe élastique
appuyée sur des rayons solides.
» Je dois maintenant passer sous silence toutes les particularités indi-
quées avec détails dans notre ouvrage et qui ont servi à séparer les Najas
des sept autres genres que comprend la même famille et que nous avons
résumées et analysées dans le tableau synoptique dont nous faisons con-
stamment précéder nos divisions systématiques et naturelles.
» Le genre Naja, limité par nous, ne comprend plus les dix espèces que
M. Schlegel y avait inscrites, ainsi que la plupart des auteurs, ce dont nous
exposons les motifs. Nous ne mentionnons ici que celles qui ont été dési-
gnées sous les noms, i° de Tripudians , ou Baladine; et a° de Haje, qui lui
est donné par les Égyptiens et qui nous a été transmis d'abord par Hassel-
quitz.
( 487 )
» C'est le célèbre voyageur Kaempfer qui, à son retour de Perse, a fait
le premier connaître et figurer ces Najas, Serpents des Indes, dont la forme
est si singulière, le port, les mouvements si extraordinaires; il a indiqué
<uissi les usages auxquels certains bateleurs les emploient; la nature de leur
venin et quelques-uns des remèdes qu'on y apporte.
» Séba vint ensuite et donna, dans son grand ouvrage, beaucoup de
figures, très-fautives pour la plupart, avec des indications erronées relati-
vement à la forme et à la distribution des plaques de la tète et des écailles
sur les diverses régions du corps. Ces figures pèchent surtout par l'enlumi-
nure, les couleurs en étant tout à fait fausses et distribuées d'après des ren-
seignements ou des signalements fournis par les vendeurs qui avaient très-
souvent intérêt à tromper ce pharmacien trop crédule, afin d'obtenir, pour
ces objets, un prix plus avantageux. Nous ne faisons cette critique que parce
que ces figures ont été considérées par quelques auteurs, surtout par Lau-
renti, qui a été ensuite suivi comme un bon guide, pour autant de types
d'espèces distinctes, sous les noms divers que nous énumérons et dont
nous ne nous sommes pas servis ou que nous avons indiqués comme se
rapportant à de simples variétés.
» La science possède aujourd'hui d'admirables représentations de ces
Serpents dans les ouvrages de Patrick Russel, et dans les belles et magnifi-
ques gravures de la grande édition des travaux sur l'Egypte, par nos confrères
Geoffroy-Sain t-Hilaire, père et fils, et Savigny, ainsi que dans l'ouvrage
anglais de M. Smith, qui a pour titre : Illustrations de la Zoologie du sud
de l'Afrique.
» Nous avons cru devoir entrer d'abord dans ces détails historiques pour
nous disculper d'avance, si cela était nécessaire, ou plutôt afin de faire
connaître pourquoi nous n'avons admis dans le genre Naja que deux espèces,
qui ont même entre elles les plus grands rapports pour les formes, la struc-
ture et les habitudes. Elles ont été observées ou recueillies dans les contrées
les plus chaudes des climats rapprochés de la ligne équatoriale : aux gran-
des Indes, en Asie, en Afrique, et même, à ce qu'on assure, en Australie ;
car les individus nombreux que possède la collection du Muséum ont pour
origines, indiquées sur les bocaux qui les renferment, les localités suivantes :
Ceylan, Siam, la Chine, Java, Sumatra, Malabar, les Philippines, le Bengale,
Pondichéry, Ceylan, Coromandel, Calcutta, l'Egypte, le Cap, Mogador, le
Sénégal, la Guinée. Quelques-uns sont même indiqués comme provenant
du Brésil, du Pérou, de la Nouvelle-Hollande; mais ces dernières annota-
tions ne sont pas certaines pour nous.
64..
( 488 )
» Jusqu'ici, ce genre nous paraît donc ne devoir comprendre que deux
espèces principales ; mais chacune réunit un assez grand nombre de variétés,
au moins pour les couleurs. L'une est la vipère à lunettes des Indiens,
Cobra di Capello, et Vautre Y Haje des Égyptiens, que quelques voyageurs
ont regardé comme l'aspic de Cléopâtre.
» Les principales espèces ou variétés indiennes, qui sont celles dont le
Muséum possède le plus grand nombre d'exemplaires, ont le dessus du
tronc d'une couleur brune ou fauve, le ventre plus pâle, avec des lâches
ou des plaques noires plus ou moins foncées. Leur tète est, en apparence,
semblable à celle de nos couleuvres; la fente de la bouche un peu sinueuse.
Nous passons sur les autres détails. Ces Serpents, nous nous en sommes
assurés sur plusieurs individus, ont bien des dents cannelées sur le devant
de la mâchoire supérieure, et celles-ci sont suivies de deux ou Irois petits
crochets lisses, ce qu'il était important de vérifier.
» Les écailles qui recouvrent la nuque et le cou sont grandes, ovales et
semblent se toucher dans l'état de repos; mais quand la peau, à laquelle
ces plaques adhèrent, vient à s'étendre, on voit ces écailles s'écarter ou s'é-
loigner les unes des autres et former ainsi comme les mailles d'un réseau
rangées par lignes obliques et en quinconce. Nous avons expliqué le méca-
nisme qui produit cette dilatation. Les côtes et les muscles qui les meuvent
sont les mêmes que ceux des autres Ophidiens, mais ces organes ont pris
tant de volume et d'étendue, que par cela même ils semblent, en apparence,
et par les effets qu'ils produisent, constituer un appareil tout particulier.
Nous les avons indiqués nous-même anatomiquement ; déjà ils ont été dé-
crits et figurés par Home et Russel, ainsi que par Meckel dont nous citons les
ouvrages.
w Gomme ces cotes antérieures sont droites et très-longues, les muscles
qui les meuvent déterminent sur l'échiné des mouvements tout autres que
ceux qui sont destinés uniquement à l'action mécanique de la respiration et
à celle de la reptation. Elles élargissent le cou, elles entraînent et transpor-
tent la peau en travers, souvent en s'avançant même au devant de la tète,
de manière à la recouvrir et à la faire totalement disparaître dans certaines
circonstances, chez quelques individus qui jouissent de cette faculté. La
partie antérieure du tronc change tout à fait de forme et d'apparence, car la
peau du cou, ainsi élargie, devient une gaine aplatie, échancrée en avant,
en forme de cœur de carte à jouer, et la tète du Serpent s'y trouve enveloppée
et protégée dans une sorte de capuchon cutané, semblable à celui qui se
forme chez les Chéloniens Cryptoderes, quand ces tortues cachent leur tète,
(48g )
et même les vertèbres du cou, dans une gaîne ou étui de peau qui rentre et
disparaît sous leur carapace. Cet état d'expansion se manifeste, a ce qu'il
paraît, à différents degrés, dans les divers individus de la même espèce.
Chez quelques-uns, la tête reste plus ou moins apparente au dehors, et dans
une direction horizontale, pour s'y mouvoir comme sur un pivot, et alors
la membrane élargie latéralement, confondue avec la peau du dos, repré-
sente une sorte de poire aplatie, et tantôt, comme dans l'individu de l'Haje
que nous allons mettre sous vos yeux, les membranes latérales représentent
de très-longues oreilles un peu concaves, pendantes, larges en haut, termi-
nées par une pointe qui se perd insensiblement sur les téguments du cou.
» On sait que ces Serpents ne dilatent ainsi leur cou que lorsqu'ils se
dressent, ou quand ils élèvent presque verticalement la portion antérieure
de leur tronc, sur le haut duquel l'animal porte la tête inclinée, pour la
faire tourner à droite et à gauche, et pour la diriger à volonté partout où le
besoin et la crainte semblent l'exiger. Quand le Serpent est étendu plus ou
moins horizontalement, et en repos, dans une sorte de sommeil apparent,
le cou n'a pas plus de diamètre que la tête; mais, sous l'influence des pas-
sions, dès le moment où il est irrité, il s'érige, gonfle son cou et le dilate
rapidement; puis, lorsque le danger cesse, on voit cette sorte de membrane
se resserrer, se plisser lentement sur elle-même, et alors les cotes qui la
soutiennent, se placer successivement et parallèlement les unes aux autres,
le long de la colonne vertébrale.
» Le redressement du tronc et sa persistance prolongée dans cet état
tiennent à une faculté particulière dont paraît douée cette race de Serpents.
» En effet, dans la crainte du danger, et surtout à l'aspect de l'homme,
les Serpents à coiffe, comme on les nomme, peuvent élever presque verti-
calement le quart de leur tronc dans la partie antérieure, et la maintenir
ainsi longtemps presque droite, comme une verge inflexible. L'autre por-
tion du corps porte alors sur le sol et sert de point d'appui à cette colonne,
avec la particularité remarquable que cette base de sustentation devient
mobile sur elle-même, et produit alors une sorte de progression majes-
tueuse, déterminée et dirigée par la volonté du Serpent, qui avance ainsi
verticalement et semble menacer de poursuivre l'homme qui l'irrite, en
continuant de porter la tête élevée qui se meut horizontalement sur le
cou.
» Il n'est pas étonnant que cette allure si bizarre, cette sorte de fierté
apparente, confiante, hardie et présomptueuse, jointe à l'élégance des
formes, à ce cou plat et élargi, au-dessus duquel paraît une tête très-mobile,
( 4go)
comme supportée sur de larges épaules, ait de tout temps fixé l'attention
des peuples. D'ailleurs ces Serpents, reconnus armés de dents acérées qui
transmettent rapidement dans les chairs un poison subtil et très-actif, ont
dû inspirer des craintes salutaires. C'est par cela même que leur existence
paraît avoir été trop souvent épargnée, en raison d'une sorte de respect
aveugle et fanatique, porté jusqu'à la vénération, parmi les hommes cré-
dules et peu éclairés au milieu desquels la nature paraît avoir confiné cette
race si pernicieuse.
» Il est avéré que les anciens Égyptiens , cédant à des idées supersti-
tieuses, semblaient adorer ces Serpents. On a cherché à expliquer la cause de
cette sorte de culte : il aurait pour origine, dit-on, leur reconnaissance en-
vers ces animaux pour les services qu'ils leur rendaient en conservant les
produits de leurs moissons. Ils les laissaient vivre et se reproduire au milieu
des champs cultivés, qu'ils semblaient confier à leur garde tutélaire. Ils
avaient reconnu que ces reptiles les débarrassaient des rats, animaux ron-
geurs et voraces, dont le nombre immense produisait ailleurs d'effrayants
ravages et même des famines, des disettes absolues. C'était donc par recon-
naissance qu'ils avaient voué à ces Serpents une sorte de respect religieux ;
que leur image était suspendue dans les temples; qu'ils embaumaient et
conservaient leurs dépouilles; que leur effigie, si facile à reconnaître et à
reproduire grossièrement à cause de sa bizarrerie, était gravée ou sculptée
sur les pierres de leurs monuments, où elle se rencontre encore fréquem-
ment, et que des peintures, des dessins reconnaissables sont souvent repro-
duits dans les hiéroglyphes et même sur les sarcophages.
» Aujourd'hui même, d'après les rapports des voyageurs, dans presque
toutes les contrées de l'Asie, de la Perse et de l'Egypte, une curiosité
respectueuse et fanatique entraîne les gens du peuple à s'assembler et à
former des cercles nombreux autour de certains jongleurs qui s'annoncent
comme doués d'un pouvoir surnaturel, de facultés héréditairement trans-
mises, ou comme possesseurs de certains procédés secrets à l'aide desquels
ils sont parvenus à faire obéir ces serpents à leurs volontés. Dans l'espoir et
même avec la certitude de recevoir certaines rémunérations dont ils déter-
minent d'avance la quotité, ils font sortir des sacs, des cages ou des pa-
niers dans lesquels ces Reptiles se trouvent placés, suivant un ordre déter-
miné et successif, un assez grand nombre de ces Serpents, sur lesquels ils
semblent exercer une sorte d'enchantement.
» Pour y faire croire, ils donnent à leur corps et aux mouvements de
leurs membres certaines inflexions réglées par un chant modulé, avec
(4gi )
accompagnement de sifflets divers ou de petites flûtes et d'airs variés,
plus ou moins vifs, auxquels paraissent obéir ces animaux en se dressant,
se baissant et relevant le cou en cadence. D'autres, en apparence fort ani-
més, semblent tout à coup, à l'aide d'attouchements particuliers, entrer
dans une sorte de léthargie ou de mort apparente. Ils se roidissent alors et
deviennent inflexibles comme des baguettes dans les mains qui les sou-
tiennent par l'une de leurs extrémités. Enfin, d'après des ordres auxquels
ces Najas paraissent obéir, ils deviennent souples et flexibles, de manière à
enrouler eux-mêmes leur corps sur un bâton arrondi, comme une corde
dans la rainure d'une poulie.
» La plupart de ces détails nous ont été transmis par Kaempfer, Olivier
et Geoffroy-Saint-Hilaire ; mais ces savants voyageurs nous ont appris de
plus qu'afin d'obtenir quelques-uns des résultats de cette éducation.
, les gens qui font un métier de cette industrie présentent souvent, au public
réuni dans les places et sur les marchés forains, des vipères cornues ou des
cérastes, et même à leur place de gros éryx, sortes de couleuvres fort inno-
centes, sur la tête desquels ils ont implanté des ongles crochus d'oiseaux
qui continuent d'y croître par suite de cette greffe animale analogue à celle
qui se pratique dans certaines fermes, quand on vient à priver de jeunes
coqs des organes générateurs internes, et qu'à la suite de cette opération on
enlève à ces gallinacés l'éperon qui devait armer leurs jambes pour le placer
et le retenir dans les chairs de la crête, cette matière cornée continuant d'y
croître et de s'y développer.
» Pour en revenir à cette sorte d'apprivoisement ou d'éducation des
Najas, on prétend que les Psylles commencent par leur arracher ou par leur
briser les dents venimeuses, ce qui n'est pas difficile, car elles occupent une
place déterminée, en avant de la mâchoire supérieure. Ce premier procédé
les préserve de toute morsure ou piqûre dangereuse, et alors, dit-on, en
exerçant sur la nuque un certain degré de compression, le bateleur peut
faire tomber le Serpent dans un sommeil, accompagné d'un tétanos ou d'une
roideur instantanée des muscles de l'échiné, qui vient à cesser dès l'instant où
l'on comprime la queue d'une manière particulière. Voilà du moins quel-
ques-uns des détails dont plusieurs nous ont été rapportés d'Egypte par
notre regrettable confrère M. Geoffroy père; et Kaempfer a consigné dans
les aménités exotiques, sous le titre de Tripudia Serpentium , des renseigne-
ments très-positifs sur les manœuvres employées par les bateleurs aux
Indes orientales.
» C'est principalement, dit-il, par la crainte des coups de baguette que
( 49* )
les hommes qui se livrent à ce métier dans les spectacles forains, parviennent
à dompter cette sorte de colère ou d'irritation naturelle auxquelles les Najas
sont naturellement disposés, et voici quelques détails sur leurs procédés.
La plupart commencent par présenter à l'animal qu'ils ont excité un mor-
ceau de drap ou de quelque matière molle, dans laquelle les dents venimeuses
peuvent pénétrer et qu'ils retirent rapidement avec violence, afin d'arracher
ainsi les dents qui se sont engagées dans ces étoffes, opérations qu'ils répè-
tent à certains intervalles afin de pouvoir les combattre impunément. Pour
les accoutumer à produire les mouvements cadencés et, pour ainsi dire,
ordonnés par la flûte, les bateleurs, ayant la main introduite dans un
pot de terre solide, excitent l'animal avec une baguette et profitent du
moment où il s'élance pour lui opposer le vase dont le poing est protégé et
sur lequel le Serpent se jette avec violence ; mais comme il se blesse et se
meurtrit le museau, l'expérience l'instruit bientôt et lui fait craindre la main
et les gestes commémoratifs du bateleur, auxquels il paraît obéir.
» On a vu des Najas rester, pendant des heures entières, dressés et la tête
tournée constamment du côté où se portait le maître, en suivant les mouve-
ments de son poing, à droite et à gauche, et même subitement en sens in-
verse, et de haut en bas. Mais quand le Serpent paraissait fatigué, le chant
cessait, et l'animal se mettait à ramper. C'était le moment dont le bate-
leur profitait pour faire sa collecte, après avoir montré au Serpent une
racine qu'il annonçait et cherchait à vendre comme douée de la vertu de
faire fuir les Serpents, et surtout comme propre à neutraliser leur poison,
pourvu qu'on ait eu le temps d'appliquer cette substance râpée sur la mor-
sure. Cette racine, qui se débite écorcée et par petits fragments, n'est pas
reconnaissable. Kaempfer dit qu'elle ressemble à la salsepareille, mais qu'elle
paraît plus grosse. C'est probablement celle que l'on désigne sous le nom
d' Ophiorhiza mungos, de la famille des Rubiacées. Gaertner adopte, à cet
égard, l'opinion de Kaempfer. On dit qu'on la désigne aux Indes, en par-
ticulier, sous le nom de Raiz cla Cobra.
y> Nous entrons ensuite dans beaucoup de détails relativement à la dis-
tinction des espèces ; mais il serait inutile de les reproduire ici, sans l'exposé
des motifs qui ont dirigé nos recherches et notre opinion.
» Si l'on admet, comme nous, la distinction en deux espèces principales,
nous dirons que le type de l'une d'elles est la Vipère à lunettes, ou le Naja
Tripudians , indiqué d'abord par Kaempfer, et dont Séba a donné plusieurs
figures. C'est celle que Russel a décrite et figurée si bien, au moins pour les
parties importantes de l'organisation de quelques individus, c'est-à-dire de
(493)
ceux qui portent sur la partie dilatable du cou une sorte de représentation
d'une portelette d'agrafe, quand cette figure est allongée; mais quand la
peau s'étend, dans les adultes surtout, ce dessin prend des dimensions plus
considérables en travers, et on l'a comparé alors à ces besicles ou lunettes
doubles, dites pince-nez, formées par deux cercles dans lesquels des verres
d'optique sont enchâssés et réunis par une tige courbe élastique. Cette
marque, ainsi inscrite sur le dos, serait véritablement caractéristique; mais
elle n'existe pas constamment dans tous les individus, et Russel lui-même,
dans son grand ouvrage sur les Serpents de la côte de Coromandel, figure
et décrit des variétés où elle manque. Ce sont celles que Laurenti a signalées
sous le nom de Naja non Najas, comme formant une espèce distincte.
Nous en faisons connaître les variétés; elles proviennent toutes des Indes.
» Jamais VHaje d'Afrique ne porte ce dessin de lunettes; cependant cette
absence ne suffirait pas pour la faire distinguer comme espèce. Nous en in-
diquons avec détails tous les caractères tirés de la comparaison relative des
formes et des dimensions de certaines parties, telles qu'une plus grande
courbure des côtes, qui restent un peu concaves, et qui ne se prolongent
jamais au-dessus de la tête pour servir à la cacher entièrement sous la peau,
et la surface des écailles qui sont ici comme bombées et non aplaties. Au
reste, tous ces individus sont originaires d'Afrique, où on les désigne quel-
quefois sous le nom de Cracheurs. On suppose que leur salive est un ppi-
son et qu'ils peuvent projeter ce venin à distance, lorsqu'ils sont irrités, par
une sorte d'expuition, au moyen d'une puissante et subite expiration. Les
gens du pays affirment, au Cap de Bonne Espérance, que l'animal peut lan-
cer ainsi sa salive à la distance de quelques pieds, surtout si le vent souffle
dans le sens de la projection.
» D'après les détails dans lesquels est entré M. Smith, on voit que ces
Najas, quoique farouches, ne sont pas très-craintifs, qu'ils ne cherchent pas
à fuir d'abord, même lorsqu'ils sont attaqués, qu'ils montrent véritable-
ment une sorte de hardiesse belliqueuse qui intimide, et qu'il n'est pas rare
de leur voir prendre l'offensive. Ils grimpent sur les arbres avec une grande
facilité et souvent ils vont à l'eau, comme par choix, en portant la tête éle-
vée au-dessus de la surface. Comme la plupart des autres Ophidiens, ils se
nourrissent de petits quadrupèdes, d'oiseaux et de leurs œufs qu'ils vont
rechercher dans les nids. Souvent on a trouvé dans leurs viscères, des dé-
bris osseux de Batraciens et surtout de crapauds. »
C. K., i85a, a">« Semestre. (T. XXXV, N° 18.)
65
• ( 494 )
mécanique appliquée. — Examen critique et historique des principales
théories ou solutions concernant l'équilibre des voûtes; par M. Pojtcelet.
« Les questions relatives à la stabilité des édifices, celles qui concernent
notamment l'équilibre des voûtes, joignent à une haute utilité pratique, une
importance théorique que l'on ne saurait méconnaître d'après le grand
nombre de tentatives qui, jusqu'ici, ont été faites par les géomètres pour
en soumettre les données au calcul. Ces questions ont d'ailleurs acquis,
par les immenses travaux des chemins de fer en cours d'exécution ou en
projet, un intérêt d'actualité tel, que l'auteur de cette Notice, déjà si éten-
due et pourtant bien incomplète, a cru rendre un véritable service aux
ingénieurs, en leur mettant sous les yeux le tableau résumé des principales
recherches concernant la théorie des voûtes, et qui ont pu exercer, direc-
tement ou indirectement, une certaine influence sur les solutions aujour-
d'hui admises en pratique. L'extrême divergence des opinions relative-
ment à l'utilité réelle de semblables recherches, l'obscurité même et les
incertitudes que l'on remarque dans les nombreux ouvrages écrits sur
cette épineuse matière, nous ont, d'autre part, imposé le devoir de ne
point aborder devant l'Académie des Sciences, l'analyse des importants
Mémoires présentés, en dernier lieu, par MM. Yvon Villarceau et J. Car-
vallo, sans avoir fait un examen comparatif et suffisamment approfondi
des recherches de leurs prédécesseurs, en nous limitant, toutefois, à celles
d'entre elles qui ont acquis quelque valeur aux yeux des personnes qui ne
dédaignent pas de se laisser guider par les lumières de la théorie.
» Avant Coulomb, on ne possédait sur l'équilibre des voûtes, que des
considérations mathématiques ou des règles empiriques fort imparfaites,
fondées sur des hypothèses restreintes, et la plupart dénuées du caractère
de précision et de certitude qui peut seul les recommander à la confiance
des ingénieurs éclairés. Parent, Couplet, Bélidor et Bossut, en France;
Gregory, Whewell, Emerson, Hutton, en Angleterre; Lorgna, Masche-
roni, etc., en Italie, et, avant eux, de Lahire ( Mémoires de l'Académie des
Sciences, 171 s), en négligeant toute influence de la cohésion et du frotte-
ment sur les plans des joints, avaient considéré la partie supérieure de la
voûte comme une sorte de coin agissant symétriquement, de part et d'autre
de la clef, pour renverser les parties latérales et inférieures par rotation
autour de l'arête extérieure de la base des pieds-droits; car on avait senti
de bonne heure, que l'hypothèse du poli des joints n'était nullement ad-
missible pour ces dernières parties.
(495)
» Nous n'insisterons point ici sur les premières recherches par lesquelles
on espérait, dans cette même hypothèse du coin sans frottement ni cohé-
sion, déterminer la forme de plus grande stabilité d'une voûte,' d'après
diverses conditions ou hypothèses, notamment la forme de l'extrados,
quand celle de l'intrados est donnée à priori, ce qui, en considérant l'équi-
libre de chaque voussoir isolément, conduisait à des épaisseurs ou largeurs
de joints infinies vers les naissances de la voûte, contrairement aux indi-
cations journalières de l'expérience. Néanmoins, cette solution dans laquelle
les pressions mutuelles des voussoirs étaient censées normales aux plans de
joints, a eu cela d'avantageux, qu'elle a fait sentir, de bonne heure, aux
constructeurs, l'importance d'extradosser les voûtes de manière à en aug-
menter progressivement les épaisseurs, en allant du sommet vers la base.
Aujourd'hui même, où l'influence du frottement sur les conditions de sta-
bilité des voûtes est bien reconnue et soumise au calcul, d'après les belles
découvertes de Coulomb, la recherche de leur forme la plus avantageuse à
la stabilité, ou la plus économique, conserve encore, ainsi qu'on le verra,
son importance pratique lorsqu'on prétend y tenir compte des véritables
éléments de la question.
» D'un autre côté, la détermination de l'épaisseur des pieds-droits des
voûtes, d'après la méthode de Lahire, quoique fondée sur l'hypothèse,
également précaire et déduite de quelques vagues données de l'expérience,
que les joints de rupture qui limitent de part et d'autre la partie supé-
rieure, agissant par glissement comme un coin, divisent symétriquement
chacune des demi-voûtes en parties égales, cette détermination, qui donne
des poussées généralement trop fortes, et, par suite, des épaisseurs de
pieds-droits très-propres à assurer l'excès de stabilité indispensable, n'en a
pas moins servi de base à l'établissement d'utiles Tables dressées par les
célèbres ingénieurs Perronet et deChézy; car il faut bien, quoi qu'on fasse,
que les règles les plus éminemment pratiques, celles, par exemple, qui ont
servi aux architectes du moyen âge pour la construction de nos belles églises
gothiques, et qui nous ont été transmises par Delarue, Frézier, etc., aient
été tirées originairement de quelques conceptions théoriques plus ou moins
rationnelles ou empiriques. Les Tables de Perronet, dont on s'était, jusque
dans ces derniers temps, contenté dans le service des Ponts et Chaussées,
pour l'établissement des arches de pont, ont été établies d'ailleurs, en fai-
sant subir quelques corrections à la formule de Lahire pour le cas des
arches surbaissées en anse de panier, dont les joints de rupture furent
choisis à 6o° au-dessus de l'horizontale des naissances, en même temps que
65..
(49° )
l'on répaississait, d'un pied à un pied et demi, les données du calcul rela-
tives aux piles et culées des grandes ouvertures (i); corrections qui, sans
aucun doute, ont eu pour point de départ les observations mêmes de l'il-
lustre Perronet, continuées par d'autres célèbres ingénieurs, de Prony,
Gauthey, Rondelet, etc., sur les phénomènes d'affaissement qui s'observent
lors du décintrement des voûtes de grands ponts (2).
» Dans son Mémoire de 1773, publié parmi ceux des Savants étrangers
de l'Académie, sous le titre d'Application des règles de maximis et minimis
à quelques problèmes de statique relatifs à l'architecture, Coulomb, auquel
on ne saurait dénier la qualité de praticien comme ayant appartenu au
corps du Génie militaire, a indiqué le premier, d'une manière précise, les
véritables conditions de l'équilibre et de la stabilité des voûtes en berceau,
supposées symétriques par rapport au plan vertical qui partage la clef en
parties égales. Après avoir indiqué et démontré l'insuffisance des anciennes
solutions, où l'on négligeait le frottement sur les plans de joint, et donné
un aperçu lumineux des questions qui se rapportent à la forme d'équilibre
des voûtes dans cette hypothèse, Coulomb fait intervenir la considération
de ce frottement et de la cohésion ; d'où résulte, non plus simplement la
possibilité du glissement des voussoirs les uns sur les autres, mais aussi de
leur rotation autour des arêtes extrêmes des joints, dans les régions où la
rupture peut se faire virtuellement. Il détermine ainsi, pour chaque cas
d'équilibre ou mode distinct de rupture, la position des joints où le glis-
sement et la rotation ont le plus de tendance à se faire, ainsi que les limites
inférieures et supérieures correspondantes de la poussée horizontale ou
résultante des pressions qui s'exercent à la clef, et dont l'intensité a cela
de remarquable, qu'elle est absolument indépendante de la hauteur des
pieds-droits. Un passage de ce Mémoire, où il avertit que la plupart des
cas de rupture de l'équilibre se réfèrent, contrairement aux hypothèses
de Lahire, à la rotation et à la division de la voûte en quatre portions,
deux à deux symétriques, tournant autour de leurs arêtes extrêmes, ce
passage donne lieu de penser que Coulomb avait eu connaissance du
résultat des expériences faites, en 1732, par Danisy, de l'Académie de
Montpellier, sur des modèles de voûtes établis d'ailleurs à une trop petite
échelle pour conduire à des résultats bien précis ( Traité de la Coupe des
(1) Sganzin, Cours de contractions (180g).
(2) Mémoires de l'Académie des Sciences de 1^73; Nouvelle architecture hydraulique de
Prony; Traité de la construction des ponts, par Gauthey; Art de bâtir, par Rondelet.
( 497 )
pierres, de Frézier, tome III). Mais, en recommandant spécialement aux
ingénieurs la solution relative à ce dernier cas d'équilibre, Coulomb a
soin de remarquer que la résultante des pressions sur les joints de rup-
ture doit s'écarter assez de l'arête de rotation de ces joints, pour éviter
l'écrasement de la partie avoisinante, et il rappelle, à ce sujet, les règles
théoriques que, dans une autre partie de son Mémoire, il a établies relati-
vement à la résistance maximum des piliers en maçonnerie, règles qui
paraissent néanmoins s'appliquer difficilement au cas des voûtes où l'é-
tendue réelle de la surface d'appui et la répartition des pressions sur les
joints, restent indéterminées dans la condition d'une véritable stabilité.
» La généralité et le vague dans lesquels Coulomb s'était renfermé sur
ce point et celui qui concerne la position de la poussée à la clef, le défaut
même d'exemple ou de toute application des principes à des cas spéciaux,
suffisent pour expliquer comment les belles et utiles conceptions de cet
illustre ingénieur étaient demeurées, jusque dans ces derniers temps, en un
complet oubli, malgré leur valeur scientifique et pratique.
» Les anciennes expériences de Gauthey et de Rondelet, celles de l'in-
génieur en chef des Ponts et Chaussées, Boistard, faites en 1800, sur des
modèles d'une assez forte dimension, et où des précautions convenables
avaient été prises pour mettre en complète évidence les véritables lois du
phénomène de la rupture des voûtes par rotation, les essais de théorie qui
s'ensuivirent et qui ont conduit à considérer les voûtes comme suscepti-
bles de se rompre en quatre parties tournant, par leurs arêtes extrêmes, les
unes autour des autres, comme autant de leviers articulés, ces expériences
et ces essais ont rendu un grand service aux ingénieurs, en leur faisant
abandonner complètement les anciennes théories de Lahire et Bélidor, pour
revenir à un mode de solution moins entaché d'arbitraire.
» Mais cette nouvelle manière d'envisager l'équilibre des voûtes était, à
son tour, trop exclusive, en ce sens qu'on n'y tenait plus aucun compte de
la possibilité du glissement (1) ; elle offrait d'ailleurs des complications dont
la méthode de Coulomb était exempte, et qui provenaient principalement
de la supposition que les parties inférieures au joint de rupture des reins,
peuvent exercer de l'influence sur la détermination du maximum de
(1) Il n'avait point été observé dans les expériences en petit dont il a été parlé, et il ne
pouvait l'être dans les conditions où l'on s'était placé; mais ses effets sur l'équilibre des
voûtes ont été mis en évidence dans des expériences spéciales de G. Atwood, publiées
en 1801, et où les voussoirs étaient exécutés en cuivre poli sur les joints.
(49«)
poussée horizontale à la clef. Comme elle aussi, cette théorie n'indiquait
aucun moyen précis de régler la surépaisseur à donner aux pieds- droits de
la voûte, pour leur assurer un surcroît de stabilité indispensable, con-
forme à celui que possèdent les constructions déjà existantes, et qu'indi-
quaient également les Tables pratiques jusque-là admises dans les Ponts et
Chaussées ; surépaisseur dont Gauthey attribuait principalement la néces-
sité aux vices inhérents à la constitution du sol des fondations, et aux
chances d'écrasement de l'arête extérieure de rotation des pieds-droits où
la résultante des efforts tend à se reporter.
» Navier, en reproduisant les idées de Gauthey et de Boistard dans les
Notes dont il enrichit la nouvelle édition de la Science des Ingénieurs de
Bélidor, y ajouta des développements et des remarques utiles, surtout au
point de vue des pressions supportées par les voussoirs et les cintres. Mais
on doit plus particulièrement à M. Audoy, alors chef de bataillon du Génie,
d'avoir, le premier, ramené les ingénieurs aux méthodes générales et lumi-
neuses de Coulomb. En développant, rectifiant les théories incomplètes
dont il vient d'être parlé, dans son beau Mémoire inséré au quatrième nu-
méro du Mémorial de l'Officier du Génie (année 1820), il fit remarquer
qu'elles rentraient, ainsi que les faits déduits des résultats de l'expérience,
dans les conséquences qui auraient pu immédiatement se conclure de la
théorie de cet illustre physicien. Les formules analytiques établies par
M. Audoy, comme une suite nécessaire de ces mêmes doctrines, pour les
voûtes en plein cintre, en arc de cercle, en anse de panier, extradossées di-
versement, ont rendu les plus grands services aux ingénieurs, et ont formé,
dès lors, la base de l'enseignement des élèves de l'artillerie et du génie, à
I Kcole d'application de Metz.
» Dans ces formules, on suppose que l'épaisseur de la voûte à la clef, ait
été déterminée par la règle pratique adoptée par Perronet, ou d'après d'au-
tres données équivalentes ; qu'en un mot, la forme et les dimensions de cette
voûte aient été fixées d'après la nature propre de la construction et les don-
nées de l'expérience; puis on recherche analytiquement les joints de rupture
des reins qui correspondent au maximum de la poussée horizontale à la
clef dans l'hypothèse de l'équilibre strict par glissement ou rotation des
parties supérieures, d'où l'on déduit ensuite l'épaisseur à donner aux pieds-
droits de la voûte. Mais, comme toute construction de ce genre exige un
excès de stabilité pour parer aux accidents divers qui peuvent provenir soit
du défaut des fondations, soit de surcharges accidentelles, de mal-façons
ou d'ébranlements quelconques, soit en raison même de la compressibilité
( 499 )
des matériaux et du sol, M. Audoy recherche, dans l'exemple des construc-
tions déjà anciennes et encore existantes, quel est le coefficient ou multi-
plicateur numérique qu'il faut appliquer à la valeur de la poussée, fournie
par les conditions de l'équilibre strict, pour donner à chaque espèce de
voûte le surcroit de stabilité indiqué par l'expérience; et cette méthode,
déjà adoptée par M. Français pour les revêtements destinés à soutenir la
poussée des terres, a fait ainsi sortir la question de l'état fâcheux d'incerti-
tude où elle était jusque-là restée, en en bannissant, pour ainsi dire, tout
empirisme ou arbitraire.
» Le coefficient de stabilité dont il s'agit, et qui revient, au fond, à
accroître dans une certaine proportion, le moment de la résistance ou des
pieds-droits, ce coefficient, assez voisin du nombre 2, pour les édifices les
plus solides, tels que les grands ponts et les magasins à poudre du système
de Vauban, paraît suffire, en effet, pour rassurer contre toutes les chances
d'accidents, lorsque la voûte est établie selon les règles de l'art et en maté-
riaux suffisamment résistants; car, par son adoption, la résultante de la
poussée au sommet et du poids des parties inférieures, vient rencontrer la
base du pied-droit, à une distance de l'arête extérieure de rotation, toujours
supérieure au quart de la largeur effective de cette base, pour les voûtes les
plus légères ou les pieds-droits les plus élevés, et qui croît à mesure que la
voûte est plus forte, plus surchargée au sommet ou reçoit une plus grande
ouverture (1), à tel point que, pour les voûtes de grands ponts et des ma-
(1) Il est aisé d'apercevoir, en effet , géométriquement, que la résultante fictive de cette
poussée, ainsi accrue, et du poids de» parties inférieures étant assujettie, dans les calculs, à
passer par l'arête extérieure de la base du pied-droit, dont elle sert à déterminer la position, il
arrive nécessairement que la résultante effective, celle qui correspond à la poussée simple,
déduite des conditions de l'équilibre strict et du maximum, divise, à peu près en parties
égales, l'intervalle compris entre l'arête de rotation dont il s'agit et la verticale abaissée du
centre de gravité de la masse entière de la demi-voûte et du pied-droit. Or cette verticale, tou-
jours située évidemment au delà de l'axe de ce dernier par rapport à cette même arête, pour
les voûtes les plus minces et les pieds-droitsles plus élevés, s'en écarte progressivement à mesure
que l'épaisseur et l'ouverture de la voûte augmentent, à hauteur et surcharge égales du pied-
droit. On voit aussi que , pour les faibles hauteurs de ce dernier, pour les naissances notam-
ment , et lorsque la voûte, réduite à un simple bandeau, est nouvellement décintrée , la verti-
cale du centre de gravité général tombant de beaucoup en dedans de la base d'appui ou du
coussinet, le coefficient de stabilité 2 donnerait à la résultante dont il a été parlé, une direction
qui irait elle-même passer au delà du milieu de cette base; ce qui est ici plus nuisible qu'utile,
et montre que le coefficient par rotation doit s'approcher alors beaucoup de l'unité, comme
le montre aussi l'exemple des constructions existantes. Il parait convenable, dans ces circon-
( 5oo )
gasins à poudre, elle surpasse notablement la moitié de l'épaisseur du pied-
droit.
» Le savant ingénieur auquel on doit ce progrès de la question des
voûtes, considérée dans ses applications aux constructions les plus en usage,
n'a pas manqué d'ailleurs de montrer comment les principes mis en avant
par Coulomb, pouvaient également servir à constater l'état de solidité et
de stabilité dans les diverses autres parties de la voûte, et notamment au
droit des naissances. Malheureusement, la complication extrême et inévi-
table des formules auxquelles il est arrivé, et qui devaient remplacer la
méthode d'approximation purement géométrique indiquée par cet illustre
physicien, la longueur même des calculs ou tâtonnements nécessaires pour
déterminer numériquement, dans chaque cas, la valeur du maximum de
poussée et la position du joint de rupture qui dépendent de la résolution
d'une équation transcendante ; ces difficultés ont engagé, plus tard, divers
ingénieurs militaires à s'occuper des méthodes géométriques ou analyti-
ques propres à simplifier les applications des formules à la pratique, sim-
plifications que l'auteur avait appelé de ses vœux vers la fin de son impor-
tant Mémoire, et qui ont permis d'ailleurs d'étendre et d'approfondir, de
plus en plus, les différentes questions qui se rapportent à la stabilité des
voûtes envisagées à ce même point de vue.
» Avant d'en venir à ces simplifications des formules de M. Audoy, nous
mentionnerons, en premier lieu, le remarquable Mémoire sur la stabilité des
voûtes, rédigé, en Russie, par MM. Lamé et Clapeyron, à l'occasion de la
reconstruction de l'église de Saint-Isaac de Saint-Pétersbourg, et qui fut,
en mai 1823, l'objet d'un Rapport très-favorable de M. de Prony, fait à
l'Académie des Sciences, en son nom et en celui de M. Ch. Dupin (Annales
des Mines, tome VIII, année i8a3 ). MM. Lamé et Clapeyron adoptant exclu-
sivement l'hypothèse de la rupture par rotation des voûtes cylindriques,
sous la forme de quatre leviers articulés aux deux bouts et sans glisse-
ment ; considérant, en outre, la stabilité d'une telle voûte ou d'une portion
de vovite quelconque, comme mesurée par l'excès du moment de la résis-
tance sur celui de la puissance, excès dont la valeur reste ici arbitraire, ils
sont conduits, pour la détermination des joints de rupture ou de maximum
stances où l'on néglige la considération des répaississements et surcharges, de préférer à l'usage
du coefficient de stabilité , la règle qui consiste à déterminer Pépaisseiir à la naissance des
voûtes d'après la condition que la résultante des forces passe au milieu de la base d'appui , ou
tout au moins au tiers de sa largeur à partir de l'extrados , comme on le verra plus loin.
( 5oi )
de poussée, à des résultats analogues à ceux qui avaient déjà été obtenus
par M. Audoy, d'après la théorie de Coulomb; mais ils y ont joint diverses
remarques ou applications qui donnent à leurs recherches un caractère par-
ticulier d'originalité.
» Ainsi, par exemple, partant de l'hypothèse que les plans de joint ou
de division de la voûte, au lieu d'être normaux à l'intrados suivant l'usage,
soient dirigés verticalement et parallèlement à l'axe, au travers du bandeau
de cette voûte et de sa surcharge, hypothèse favorable à la solidité des con-
structions et à la simplicité des formules ou expressions analytiques, ils dé-
terminent, par des considérations à priori, relatives, comme toujours, au
profil moyen d'une voûte en berceau ou cylindrique, l'influence d'une sur-
charge plus ou moins voisine du point de rupture des reins, sa meilleure
repartition autour de ce point, et ils en concluent ce théorème subordonné
aux hypothèses admises, mais qui s'écarte très-peu de la vérité pour les
voûtes surbaissées : le point de rupture sur l'intrados, est tel que sa tan-
gente va rencontrer l' horizontale du sommet de l'extrados où s' arc -boulent,
réciproquement et symétriquement , les deux demi-voûtes, sur la verticale
du centre de gravité de la partie supérieure, active ou agissante, de la demi-
voûte à laquelle ce point de rupture appartient.
» Les auteurs tirent de là un procédé graphique pour déterminer ce
même point, au moyen d'une courbe auxiliaire qui n'a, comme le tâtonne-
ment géométrique indiqué par Coulomb, d'autre difficulté que la détermi-
nation même des centres de gravité ou des moments des parties supérieures
relatives à chacune des hypothèses faites sur la position du point de rup-
ture. L'analyse relative au calcul d'une voûte en berceau circulaire extra-
dossée également ou de niveau, est d'ailleurs ici étendue au cas des voûtes
sphériques ou en dôme, en supposant leur division en fuseaux, par des
plans méridiens verticaux, et lès auteurs font ressortir cette remarque uti-
lisée depuis pour la formation de Tables pratiques, que « dans les voûtes
» semblables, la position du joint de rupture ne dépend pas des dimensions
» absolues, ou n'est-simplement fonction que du rapport des rayons de l'in-
» trados et de l'extrados. »
» Enfin, MM. Lamé et Clapeyron ont, les premiers, indiqué la voie ana-
lytique par laquelle on pourrait, dans les mêmes hypothèses d'équilibre
par rotation, déterminer, en profil, la forme des courbes d'intrados ou d'ex-
trados des voûtes cylindriques, qui correspondent au maximum de stabilité
ou à une égale stabilité en tous les points; mais ce n'étaient là que de simples
C. R., mi, a»« Semestre. (T, XXXV, M° 15. ) 66
( 5oa )
indications, envisagées principalement au point de vue mathématique, et
auxquelles les auteurs n'attachaient aucun intérêt pratique. Toutefois,
on ne saurait considérer ainsi les remarques par lesquelles ils terminent leur
intéressant Mémoire, et où ils montrent l'importance qu'il y aurait à établir
une exacte répartition des pressions sur les joints réels des voussoirs.
pour les grandes voûtes dans lesquelles ces pressions, concentrées sur une
très-petite étendue, peuvent acquérir des valeurs énormes au voisinage de
la clef et des points de rupture inférieurs, ce qui, en l'absence d'aucune
solution rigoureuse, réclame, de la part du constructeur, des soins et des
précautions de toute espèce dans l'exécution et le décintrement de telles
voûtes. MM. Lamé et Clapeyron n'ont pas exposé, dans leur Mémoire, la
méthode à l'aide de laquelle on pourrait aborder mathématiquement le pro-
blème relatif à la répartition exacte des pressions; mais on n'en doit pas
moins reconnaître que leurs indications rapides ont dû contribuer à fixer
l'attention des ingénieurs sur l'utilité d'une pareille solution.
» Quant aux formules Ou équations particulières auxquelles ils arrivent
pour la détermination, dans chaque cas d'application, de la poussée et des
points de rupture d'une voûte, il ne paraît pas que l'hypothèse des joints
verticaux ait apporté à leur résolution ou calcul numérique, aucune facilité
notable, relativement à celles qu'avait obtenues, un peu avant, M. Audoy,
dans son Mémoire de 1820. A la vérité, la forme analytique, simple et gé-
nérale, qui résulte de cette hypothèse pour l'expression des intégrales indé-
finies des aires et des moments des diverses portions de voûtes cylindriques,
permet d'aborder avec une certaine facilité les questions relatives à l'équi-
libre de ces voûtes, quelles que soient les équations de l'intrados et de l'ex-
trados; mais la détermination explicite et numérique de ces intégrales pour
une voûte de forme donnée et la résolution de l'équation transcendante
qui sert à trouver le joint de rupture, n'en réclame pas moins des calculs
et des tâtonnements extrêmement pénibles. Cette circonstance, jointe à la
répugnance des ingénieurs à admettre l'hypothèse des joints verticaux et
de la division des voûtes qui s'ensuit, toute favorable qu'elle soit à la sta-
bilité; la nécessité, enfin, d'avoir égard à la véritable direction des plans de
joint dans les questions relatives aux glissements et aux pressions, expli-
quent d'ailleurs pourquoi la méthode qui nous occupe n'avait point jus-
qu'ici été adoptée par les auteurs, qui se sont plus particulièrement occu-
pés des applications de la théorie de Coulomb. »
( 5o3 )
astronomie. — Note sur les moyens d atténuer les vibrations produites à
la surface du mercure dans le voisinage des routes, des chemins de fer et
des usines, dans le but de faciliter les observations astronomiques ; par
MM. Séguin et Mauvais.
« Tous les astronomes savent combien le voisinage des routes, des che-
mins de fer et des grandes usines est un obstacle incommode à la précision
des observations astronomiques, surtout des observations faites par réflexion
sur la surface du mercure.
» Sur l'invitation bienveillante de M. Arago, j'avais tenté, sans obtenir
de succès satisfaisant, diverses expériences dans le but d'atténuer l'effet des
vibrations produites par le passage des voitures dans les rues qui entourent
l'Observatoire.
» Pendant le séjour que j'ai fait dernièrement à Fontenay, près de Mont-
bard, chez notre confrère M. Séguin, et dont j'ai été heureux de profiter
pour visiter ses usines et son petit observatoire, cet habile ingénieur me fit
part des difficultés qu'il éprouvait depuis longtemps à observer les astres,
soit directement, soit par réflexion; les trépidations produites paries cylin-
dres de son usine de papeterie étaient telles, que les étoiles paraissaient agi-
tées dans le champ des lunettes : il avait essayé divers moyens d'y remé-
dier, sans obtenir de succès complet.
» M. Séguin me proposa de faire avec lui des expériences à cet égard,
dans la partie de son habitation la plus sujette aux influences de ces vibra-
tions.
» Nous essayâmes de placer le vase contenant le mercure sur des corps
élastiques de diverse nature, tels que des plaques de caoutchouc empilées,
des ballons vides, également en caoutchouc, d'autres ballons en parchemin
mouillé, remplis d'air, sans obtenir d'amélioration sensible.
» En plaçant ce même vase sur les ressorts en hélice dont on garnit les
sommiers élastiques, nous remarquâmes d'abord une petite atténuation
dans les vibrations; cette atténuation augmenta visiblement en suspendant
le vase à l'extrémité d'une portion de ressort de pendule fixé horizontale-
ment sur un support en bois. Il en fut de même avec quelque avantage
encore en le suspendant à l'extrémité inférieure de divers ressorts en hélice
cylindrique attachés au plafond.
» Dans toutes ces expériences, il restait encore une très-petite trépida-
tion visible à l'oeil nu, et* qui, certainement, eût été beaucoup trop forte
vue dans de grandes lunettes.
66..
( 5o4 )
» Nous essayâmes enfin des lanières de caoutchouc vulcanisé, et les vi-
brations nous parurent complètement éteintes. Il nous fut impossible d'en
apercevoir aucune trace en regardant l'image réfléchie de divers objets
terrestres avec une lunette portative d'un médiocre grossissement.
» Voici comment l'appareil était disposé : un fort crochet en fer avait
été fixé au plafond, nous y attachâmes une corde doublée, passant dans un
anneau de caoutchouc (nous avions formé cet anneau d'une lanière repliée
sur elle-même en liant ensemble les deux extrémités au moyen d'une petite
corde). C'est dans cet anneau en caoutchouc, que nous avions fait passer
les cordons qui soutenaient la planche sur laquelle reposait le vase à mer-
cure, comme sur le plateau d'une balance.
» Le tout étant ainsi disposé, nous attendîmes que les grandes oscillations
de tout l'appareil fussent calmées, et alors nous observâmes, avec une lu-
nette dirigée sur le mercure, l'image réfléchie de divers objets terrestres; ils
restèrent parfaitement immobiles et nettement terminés.
» Nons avions laissé en place les autres appareils qui avaient servi à nos
précédents essais, tels que, par exemple, les suspensions à des ressorts mé-
talliques très-élastiques; nous y replaçâmes à plusieurs reprises le vase à
mercure, les vibrations reparurent immédiatement et persistèrent sans s'af-
faiblir avec le temps.
» Nous fîmes varier les dimensions de nos lanières de caoutchouc, soit
en longueur, soit en épaisseur, et nous remarquâmes qu'on pouvait étendre
ces variations jusqu'aux limites de l'élasticité sans leur rien faire perdre de
leur efficacité. Cependant, quand l'épaisseur du caoutchouc fut rendue telle,
que le poids suspendu ne produisait pas d'allongement sensible, les vibra-
tions commencèrent à reparaître.
» Il nous semble résulter de ces expériences : i° que, pour atténuer ou
éteindre les vibrations si fâcheuses pour les observations astronomiques
dont nous nous sommes occupés, il est plus avantageux de suspendre le
vase contenant le mercure, à des corps élastiques que de le faire peser sur
eux ; en un mot, l'élasticité par traction paraît préférable à celle qui résulte
de la pression; 20 de tous les corps élastiques essayés jusqu'ici, celui qui
donne les résultats les plus satisfaisants, est le caoutchouc vulcanisé, taillé
en lanières et disposé en anneaux. Le poids que l'on y suspend doit être le
plus léger possible. »
( 5o5 )
RAPPORTS.
chimie. — Rapport sur les travaux de M. Chatin , relatifs à la recherche
de l'iode, et sur différentes Notes ou Mémoires présentés sur le même
sujet, par MM. Marchand, IViepce, Meyrac.
(Commissaires, MM. Thenard, Magendie, Dumas, Gaudichaud, Élie de
Beaumont, Pouillet, Regnault, Bussy rapporteur.)
« Depuis la découverte de l'iode, par Courtois, en 1811, jusqu'au pre-
mier travail de M. Chatin, qui date de i85o, ce corps simple n'avait été
signalé que dans un petit nombre de produits naturels.
» Ce fut d'abord Davy qui en démontra la présence dans différents fucus
marins; plus tard, MM. Colin et Gaultier de Claubry ayant fait connaître
l'action caractéristique que l'iode exerce sur l'amidon, la sensibilité de ce
nouveau réactif permit d'étendre les recherches et de constater plus facile-
ment l'existence de ce corps simple.
» Angelini et Cantu signalèrent l'iode dans un certain nombre d'eaux
minérales sulfureuses.
» Ce dernier chimiste put le retrouver dans la sueur, la salive, l'urine
des malades soumis au traitement iodé; notre confrère, M. Ballard, l'indi-
qua dans divers mollusques et polypiers marins; Vauquelin, dans un mine-
rai d'argent du Mexique; del Rio, dans l'argent corné de Témeroso;
Yniestra et Bustamante, dans le plomb blanc de Catorce.
» Malgré ces faits et quelques autres moins généralement connus, l'iode
passait encore pour l'un des corps les moins répandus dans la nature, lors-
que M. Chatin, dans un Mémoire qu'il soumit à l'Académie, le 25mars i85o,
fit connaître que ce corps existe en quantité appréciable dans tous les végé-
taux aquatiques; depuis cette époque, encouragé par l'approbation de
l'Académie, il a poursuivi les recherches qu'il avait si heureusement entre-
prises : ses efforts ont été couronnés de nouveaux succès.
» Existence de l'iode dans les eaux douces, dans les plantes et les animaux
terrestres, a6 août i85o. — Après avoir constaté la présence de l'iode dans
les végétaux aquatiques, arrivé, par l'examen des conferves, sur la limite du
règne animal, M. Chatin examina à leur tour les espèces animales qui se
rapprochent le plus des végétaux, les alcyonelles, les spongilles; puis,
s'élevant davantage dans l'organisai ion, il a examiné successivement les
moules, les limnées, les planorbes, les sangsues, les crevettes d'eau douce.
( 5o6 )
les écrevisses, les tritons, les salamandres, les grenouilles et différents
poissons : dans tous, il a rencontré l'iode.
» La Commission a constaté, par l'organe de son rapporteur, en suivant
le procédé indiqué par M. Chatin, plusieurs de ces résultats et notamment
l'existence de l'iode dans le goujon (Cyprinus gabio) pris dans la Seine.
» Dans un autre Mémoire, M. Chatin a démontré la présence de l'iode
dans la plupart des eaux douces.
» C'est ici que se place un travail considérable à la fois par son étendue
et par ses résultats; l'examen de plus de trois cents échantillons d'eaux
appartenant aux principaux fleuves ou rivières, sources ou puits qui, par
leur position géographique ou géologique, pouvaient offrir quelque intérêt.
» Les résultats de ces essais sont réunis dans un tableau renfermant le
nom de la localité où l'eau a été prise, la nature du sol, le poids du résidu
de l'évaporation, la réaction produite, etc.
» Ce qui ressort immédiatement de l'inspection de ce tableau, en écar-
tant pour le moment toutes conséquences ultérieures, c'est que ces eaux,
au nombre de plus de trois cents, prises dans des conditions très-va-
riées, ont donné presque toutes de l'iode; il n'y en a que vingt dans
lesquelles la présence de ce corps n'a pu être démontrée, c'est-à-dire
environ 7 pour 100.
» Ainsi l'existence de l'iode dans l'eau serait un fait général qui souffre
peu d'exceptions.
» Ici, comme pour les expériences précédentes, il n'a pas été possible à
la Commission de vérifier tous les faits, mais son rapporteur a pu constater
la présence de l'iode dans l'eau de la Seine, prise au-dessus de Paris en
dehors de toutes les causes accidentelles qui auraient pu en altérer la
pureté.
» Examinant à leur tour les produits terrestres, ceux qui se développent
hors du contact permanent de l'eau, M. Chatin n'a pas tardé à y reconnaître
aussi la présence de l'iode, et à donner ainsi à ses premiers résultats une
étendue et une généralité qu'il était loin de prévoir en commençant ses
travaux.
» Toutes les plantes terrestres qu'il a examinées, au nombre de plus de
cent, et dont rémunération se trouve dans son Mémoire, renferment de
l'iode.
» Ce sont des plantes légumineuses ou fourragères, des plantes d'agré-
ment cultivées dans nos jardins, des plantes médicinales, etc.
» Le rapporteur de la Commission a vérifié l'exactitude de ces résultats
( 5o7 )
sur la pariétaire, la bourrache et plusieurs autres plantes prises aux envi-
rons de Paris, ainsi que sur les cendres provenant des bois employés dans
le chauffage domestique.
» Les potasses du commerce, qui ne sont que le résultat de la lixiviation
des cendres des végétaux, renferment toutes de l'iode.
» Comme conséquence de ce fait primordial, on est exposé à rencontrer
l'iode dans un grand nombre de produits chimiques dans lesquels la potasse
intervient comme matière première ou comme agent.
» Il était intéressant de rechercher si les végétaux qui ont appartenu aux
époques géologiques anciennes renfermaient aussi de l'iode; l'expérience
interrogée sur ce point a répondu affirmativement. L'iode avait déjà été
constaté dans les produits de la distillation de la houille : M. Chatin l'a
retrouvé encore dans les cendres de ce combustible ; il l'a retrouvé également
dans l'anthracite, et même dans le graphite, qui paraît s'éloigner davantage
encore des substances organiques.
» Conduit ainsi à examiner les matières minérales proprement dites,
M. Chatin a constaté la présence de l'iode dans la plupart des minerais de
fer, dans le sol arable; mais ce qui pourra paraître plus extraordinaire, c'est
que l'iode peut être découvert également dans beaucoup de corps simples
qu'on est habitué à considérer comme purs : ainsi, M. Chatin le signale dans
le soufre, dans le fer, dans le cuivre du commerce.
» La démonstration de ces faits est des plus simples ; il suffit pour le cui-
vre, par exemple, de faire bouillir, dans une capsule de porcelaine, de la
tournure de cuivre avec de l'eau renfermant i millième de potasse parfaite-
ment pure, ou même de faire bouillir la dissolution de potasse dans une
bassine de cuivre parfaitement décapée.
» Après un certain temps d'ébullition, la dissolution renferme de l'iode
dont on peut constater l'existence par un traitement convenable; lorsqu'on
répète le même essai dans une capsule de porcelaine, avec la même disso-
lution de potasse hors de la présence du cuivre, on n'obtient pas d'iode.
» Ces expériences ont été exécutées sous les yeux du rapporteur de la
Commission.
» De la présence de l'iode dans l'air; absorption de ce corps dans lacté
de la respiration. — Tel est le titre du deuxième Mémoire communiqué à
l'Académie des Sciences; il porte la date du 5 mai i85i.
» Pour constater la présence de l'iode dans l'atmosphère, M. Chatin a fait
passer une quantité déterminée d'air atmosphérique dans un appareil composé
( 5o8 )
d'un certain nombre de tubes laveurs analogues à ceux que les chimistes
emploient sous le nom de tubes de Liebig, pour recueillir et condenser
l'acide carbonique dans les analyses organiques.
» Dans ces tubes, il introduit une dissolution faible de potasse pure des-
tinée à retenir l'iode; l'une des extrémités de l'appareil communique avec
un aspirateur ; l'autre, qui reste libre, sert à l'introduction de l'air qui passe
successivement dans les différents tubes, où il se dépouille de l'iode qu'il
peut contenir.
» En opérant de la sorte sur des quantités d'air qui ont varié de i ooo à
8000 litres,' M. Chatin a pu y reconnaître la présence de l'iode.
» Dans onze expériences faites à Paris, depuis le i5 février i85i jusqu'au
4 mai, dans des conditions diverses, il a obtenu des quantités d'iode com-
prises entre -^ et ■i~ de milligramme pour 4oooo litres d'air.
» Il existe un moyen plus simple de constater la présence de l'iode dans
l'atmosphère, moyen qui dispense des appareils et des manipulations pré-
cédentes : c'est de le rechercher dans l'eau de la pluie, dans laquelle il
existe, en effet, en quantité appréciable.
» M. Chatin, dans des expériences qu'il a faites à différentes reprises sur
l'eau de pluie, y a constaté la présence de l'iode, évaluée par lui entre £ et
~ milligramme pour 10 litres : ce résultat, qui offre un très-grand intérêt,
méritait d'être vérifié ; il l'a été avec tout le soin possible et avec un plein
succès, par le rapporteur de la Commission.
» Un litre d'eau de pluie recueillie dans les ùdometres de l'Observatoire
de Paris, sous la surveillance de notre confrère, M. Mauvais, a été évaporé
avec i décigramme de carbonate de potasse parfaitement pur; le résidu de
l'évaporatiou chauffé de manière à décomposer une petite quantité de ma-
tière organique qu'il renfermait, puis repris par l'alcool, a donné des indices
certains de la présence de l'iode.
» Quelle est l'origine de cet iode? Existe- t-il dans l'atmosphère à l'état
de vapeurs, ainsi que le prétend M. Chatin, ou bien ne s'y trouve-t-il
qu'accidentellement, et comme élément des corpuscules organiques qui
flottent constamment dans l'air sous forme de poussière ? Question impor-
tante, que M. Chatin a cherché à résoudre par voie d'induction. Mais, sans
s'arrêter aux considérations présentées par M. Chatin, la Commission a
pensé que c'était à l'expérience seule qu'il appartenait de prononcer sur
des faits de cette nature, et qu'il était indispensable de faire de nouvelles
expériences à ce sujet.
( 5o9)
» Recherches de l'iode dans l'air, les eaux, le sol et les produits alimen-
taires des Alpes de la France et du Piémont. — Les Mémoires suivants,
présentés à l'Académie les 17 novembre i85i, 5 et 12 janvier i852, ont
pour objet la recherche comparative de l'iode dans l'air, les eaux, le sol et
les produits alimentaires des Alpes de la France et du Piémont.
» Les stations principales dans lesquelles l'air a été examiné sont Mous-
tiers, Aoste, Turin, Gènes, Alexandrie, Saint-Jean-de-Maurienne, Aigue-
belle, Lyon, Tullins, Villars-de-Lans, Vaulnaveys, Grenoble, Allevard,
Bourg-Saint-Maurin, petit Saint-Bernard, mont Cenis, etc.
» Les observations ont été consignées par M. Chatin dans des tableaux
où se trouvent indiquées toutes les circonstances météorologiques et topo-
graphiques dans lesquelles les essais ont été faits.
» Il en tire cette conséquence, que l'air analysé dans les stations que
nous avons indiquées, ne contient pas d'iode ou en contient moins que
l'atmosphère de Paris, examinée par les mêmes moyens et dans les mêmes
circonstances. Avant d'admettre comme constant un fait aussi imprévu, la
Commission, qui n'a pu répéter les expériences indiquées, aurait désiré
qu'il fût confirmé par l'emploi de méthodes variées, permettant de con-
stater directement par la balance les différences qui peuvent exister ; toute-
fois l'examen des eaux pluviales dans les mêmes stations conduit, d'après
M. Chatin, au même résultat général ; c'est-à-dire qu'elles renferment moins
d'iode que les eaux de pluie recueillies à Paris.
» Dans les eaux de source et dans les eaux de puits, la quantité d'iode
dépend plus essentiellement de la nature du sol qu'elles traversent ; aussi
trouve-t-on sous ce rapport des différences extrêmement grandes, quelque-
fois même dans des localités très-rapprochées. M. Chatin cite comme l'un
des faits les plus remarquables, celui de Lans-le-Bourg, village de la Mau-
rienne, qu'on rencontre en descendant le mont Cenis, et dont les eaux sont
presque aussi iodurées que les meilleures eaux de Paris, bien que toutes
celles des environs de ce bourg le soient très-peu.
» En général, les eaux sont d'autant moins iodurées qu'elles sont plus
dures, c'est-à-dire qu'elles contiennent plus de sulfate de chaux; c'est ainsi
que les eaux de puits de Paris ne donnent pas d'iode. Il arrive cependant
quelquefois aussi que des eaux très-pures n'en renferment pas non plus ;
c'est ce qu'on observe pour les eaux de beaucoup de torrents ou de rivières
qui coulent dans les parties supérieures des Alpes ; elles sont privées d'iode,
bien qu'elles soient presque parfaitement exemptes de sels calcaires : telles
seraient les eaux du Drac, à Grenoble; du Furon, à Sassenage; de la
C. R., i85a, a°»« Semettra. (T. XXXV, N< 1S.) 67
( 5«o )
Bannie et du Vernaison, à Po;it-en-Boyans, département de l'Isère, et
plusieurs autres.
» Iode du sol. — Dans un Mémoire particulier, M. Chatin examine com-
parativement l'ioduration du sol, et il conclut que, tandis qu'il suffit de i
ou a grammes de terre prise dans les champs de Paris, surtout dans ceux
qui s'étendent sur les collines formées de sable jaune et de meulières super-
posées aux marnes argileuses du gypse dans la Brie, la Beauce, le Bourbon-
nais, la Bourgogne, pour y constater la présence de l'iode, il faut, pour
obtenir un résultat semblable, opérer sur un poids double des terres argi-
leuses de la Bresse ou des environs de Bourgoin, de Grenoble, de Cham-
béry, et sur une quantité quadruple ou décuple des terres noires, légères,
superposées aux schistes du lias dans la Tarentaise, la Maurienne et le
Val-d'Aoste.
» Comme on le voit, l'iode ne manque pas absolument dans les contrées
des Alpes dont nous parlons; seulement il y serait en moindre proportion
que dans les terrains de Paris, ou, plus exactement, on en retire une moindre
quantité d'un poids donné de matière.
i> M. Chatin fait observer en outre que la température de l'eau qu'on
fait agir sur les roches iodurées, l'état d'agrégation de ces dernières ont une
grande influence sur la proportion d'iode qu'on en retire : il explique ainsi
comment, dans les conditions naturelles, les eaux froides provenant de la
fonte des neiges, qui lavent les sommets élevés des montagnes, doivent,
toutes choses égales d'ailleurs, renfermer moins d'iode, tandis que les eaux
thermales, et les eaux alcalines en particulier, renferment ordinairement de
l'iode en plus grande quantité que l'eau ordinaire.
» Appréciation. — La quatrième partie des recherches de M. Chatin, sous
le titre d'Appréciation, a pour objet d'établir la relation qui existe entre les
données précédentes qui indiquent la distribution de l'iode dans les diffé-
rentes contrées qu'il a parcourues, et l'existence du goitre et du crétinisme
dans ces mêmes contrées.
» Peut-on, se demande l'auteur, sachant quelle est la somme d'iode
répartie, soit dans l'air, soit dans les eaux, soit dans le sol et dans les pro-
ductions alimentaires, reconnaître qu'il y a coïncidence entre l'abondance
de ce principe et l'absence complète du goitre et du crétinisme? entre sa
diminution progressive et le développement correspondant de ces maladies ?
» Cette question, M. Chatin, comme il était facile de le prévoir, la ré-
sout affirmativement. Il pense que l'existence du goitre et du crétinisme est
essentiellement Liée à l'absence de l'iode. Toutefois il admet aussi l'influence
( 5.i )
des conditions hygiéniques générales dans la production de ces deux affec-
tions. Il discute les différents faits particuliers qui sont dans la science, et
cherche à montrer comment ils s'accordent avec sa manière de voir.
» Nous ne suivrons pas M. Chatin dans cette discussion. L'Académie n'i-
gnore pas l'influence heureuse que l'iode et ses préparations exercent sur les
affections dont il s'agit; elle comprendra, sans qu'il soit nécessaire d'in-
sister beaucoup, tout le parti que l'auteur peut tirer de cette circonstance
pour l'établissement de sa théorie. Mais la Commission a pensé que les faits
eux-mêmes sur lesquels elle repose, ne sont encore ni assez nombreux ni
assez concluants pour permettre, dès à présent, de porter sur cette question
un jugement suffisamment motivé.
» Lorsqu'on se reporte, par exemple, aux quantités extrêmement faibles
d'iode signalées dans l'atmosphère, lorsqu'on y joint l'incertitude dans'
laquelle nous laissent encore les expériences de M. Chatin sur la manière
dont il y existe, sur la nature des composés dont il peut faire partie, on est
en droit de douter que ce corps ait réellement, dans cette proportion, au
point de vue du goitre et du crétinisme, toute l'importance qu'il lui attribue.
» D'une autre part, on sait que l'iode est volatil; qu'en présence de
certains corps, il peut être mis en liberté en totalité ou en partie. Ce qui
rend sa détermination absolue très-difficile, dans les circonstances, du
moins, dans lesquelles a opéré M. Chatin.
» Il y a donc lieu, par cette raison encore, d'être très-réservé dans les
conséquences que l'on tire des analyses comparées de l'air, des eaux et des
aliments pour en déduire les proportions d'iode qui doivent être absorbées
par l'homme.
» Toutefois cette incertitude, qui tient à la nature des procédés employés,
et en partie aussi à l'état de la science, ne saurait infirmer les conséquences
générales et essentielles du travail de M. Chatin, savoir, l'extrême diffusion
de l'iode dans la nature organique et inorganique.
» M; Chatin s'était imposé la tâche de poursuivre la recherche de l'iode
dans tous les corps et dans toutes les conditions accessibles à l'expérience;
pour la remplir, il a dû employer des procédés simples, rapides, d'une
exécution facile, qui puissent mettre immédiatement en relief le fait qu'il
voulait constater, sauf à revenir plus tard sur le détail des expériences ; ces
procédés lui ont permis, en effet, de faire en peu de temps un grand nombre
d'essais.
» On lui doit la connaissance d'un fait important, incontestable aujout'T
d'hui, celui de la dissémination de l'iode sur tout notre globe, dans l'eau,
67..
( 5«a)
dans la terre arable, dans beaucoup de rainerais, dans les substances orga-
niques. La persévérance qu'il a mise dans ces recherches, le zèle qu'il y a
déployé, ne lui feront pas défaut lorsqu'il s'agira de leur donner la préci-
sion nécessaire pour qu'on puisse en tirer toutes les conséquences utiles
qu'elles renferment, particulièrement en ce qui touche leur application au
goitre et au crétinisme.
» C'est dans cette voie qu'il s'engage aujourd'hui. La Commission désire
qu'il y soit soutenu par les encouragements de l'Académie.
» Pendant que M. Chatin poursuivait ses laborieuses recherches, d'autres
chimistes confirmaient ses résultats par leurs observations particulières.
L'Académie, dans la séance du 11 avril, a reçu une Note de M. Personne,
qui annonce l'existence de l'iode dans le Jungermania pinguis de Linné.
A la même date, M. Meyrac l'indiqua dans diverses oscillaires des eaux
thermales de Dax. Quelques-uns, travaillant aussi à éclairer la question
du goitre et du crétinisme, cherchaient également à déterminer si l'existence
de ces affections est liée à l'absence de l'iode.
Travail de M. Marchand.
» L'Académie a reçu, le 2 février dernier, un Mémoire de M. Marchand,
pharmacien à Fécamp ; il a pour titre : Des eaux potables, et leur influence
sur le développement endémique du goitre et du crétinisme.
» Dans ce Mémoire, l'auteur a examiné avec un soin particulier la com-
position des eaux potables qui alimentent la vi'le de Fécamp, et déterminé
les variations que subissent dans leurs proportions les principes dissous
dans ces eaux, suivant les diverses époques de l'année ; il donne une nou-
velle analyse très-détaillée de l'eau de la mer.
» En ce qui concerne plus particulièrement l'objet de ce Rapport, la
recherche de l'iode, il en signale la présence, ainsi que celle du brome,
dans les eaux de divers puits, sources et rivières; il démontre aussi la pré-
sence de ces deux corps simples dans l'eau de la mer; enfin, il en rencontre
des traces dans l'eau de la pluie et dans la neige.
» M. Marchand procède, dans la recherche de l'iode et du brome, par
un moyen différent de celui employé par M. Chatin ; il ne soumet l'eau à
aucune évaporation ou concentration préalable ; il opère sur une quantité
de liquide qui varie entre 20 et /Jo litres ; il précipite directement l'iode et
le brome au moyen du nitrate d'argent ajouté en excès ; le précipité ainsi
obtenu qui renferme de l'iodure, du bromure et du chlorure d'argent, est
(5.3)
dissous dans de l'hyposulfite de soude, cette dissolution est soumise à l'ac-
tion de l'hydrogène sulfuré qui précipite l'argent à l'état de sulfure; la li-
queur est ensuite sursaturée au moyen du bicarbonate de potasse qui trans-
forme les acides hydrogénés du chlore, du brome et de l'iode, en chlorure,
bromure et iodure de potassium; on évapore à siccité, puis on traite par
l'alcool à 8") centièmes; on reclissout ainsi l'iodure et le bromure de potas-
sium qu'on peut reconnaître et isoler par les moyens ordinaires.
» Ce procédé exige une précaution particulière pour l'évaporation de la
liqueur dont le résidu doit être traité par l'alcool ; il faut évaporer complè-
tement le liquide, car, sans cela, on courrait le risque dedissoudre dans l'al-
cool affaibli par l'eau restant, une petite quantité d'hyposulfite dont la
présence nuirait à la réaction qu'on cherche à produire pour reconnaître
l'iode.
» D'une autre part, il faut éviter de dépasser la température de ^5 degrés,
une température supérieure pouvant déterminer la perte d'une portion de
l'iode par suite de la décomposition possible de l'iodure de potassium en
présence de l'hyposulfite. Il y a donc ici, comme dans le procédé de M. Cha-
tin, qui consiste à agir par évaporation et calcination du résidu, une chance
de perte à éviter, mais ces deux procédés se confirment l'un par l'autre en ce
qu'ils indiquent tous deux la présence de l'iode : il faut ajouter que ]Vi . Mar-
chand est parvenu à doser l'iode dans l'eau de l'Océan ; il l'évalue à o6r,ooqa
d'iodure de sodium par kilogramme.
» De plusieurs essais, dont il donne les résultats dans son Mémoire
M. Marchand conclut que les eaux des arrondissements du Havre, de Saint-
Valery, et généralement toutes celles qui viennent des terrains supérieurs à
la craie, renferment de l'iode.
» Il admet que l'iode et le brome peuvent disparaître des eaux en pas-
sant dans les plantes sous l'influence des forces vitales; que le goitre et le
crétinisme ne sauraient être attribués à l'usage des eaux calcaires ou magné-
siennes, mais uniquement à l'absence de l'iode résultant de son absorption
plus ou moins complète par les végétaux.
* Comme conséquence de cette manière de voir, M. Marchand admet
que le goître et le crétinisme ne se manifestent que dans les pays très-boisés
et dont les eaux ont arrosé des plantes en grand nombre.
» La Commission a regretté que des conclusions aussi importantes et aussi
positives ne fussent pas appuyées sur des expériences incontestables ; que
M. Marchand, qui paraît si capable de résoudre les questions de cette na-
ture, n'ait pas recherché, ou du moins n'ait pas fait connaître dans son Mé-
moire si réellement les eaux qui abreuvent les populations goitreuses en
( 5.4 )
France, ou à l'extérieur, sont réellement moins chargées d'iode que les
autres?
» S'il en est de même pour les produits alimentaires ; si cette différence,
en la supposant réelle, s'observe partout où l'on voit le goitre.
» Des expériences, dans cette direction, étendues au plus grand nombre
de localités possible et faites avec toute la précision que comporte la
science actuelle, avanceraient plus la solution de la question que des con-
clusions prématurées qui ne sont pas la conséquence rigoureuse des faits,
quelque probables qu'elles puissent paraître d'ailleurs.
» Ainsi que l'Académie a pu en juger par l'exposé sommaire que nous
venons de faire du travail de M. Marchand, ce travail coïncide sur plu-
sieurs points avec celui de M. Chatin, particulièrement en ce qui concerne
l'existence de l'iode dans les plantes terrestres, dans les eaux qui coulent à
la surface du sol, dans les eaux de pluie, dans la neige.
» Ces deux chimistes se rencontrent également dans la conclusion qu'ils
tirent de leur travail considéré au point defvue de l'endémicité du goitre et
du crétinisme qu'ils attribuent l'un et l'autre à l'absence de l'iode ou à une
trop faible proportion de cette substance.
» Cette coïncidence dans les conclusions, bien que les moyens d'investi-
gation employés par les deux expérimentateurs soient différents, devait faire
naître quelque difficulté sur la question de priorité; il appartenait à la
Commission de l'examiner et de faire connaître la part qui revient à chacun
dans l'ensemble des résultats obtenus.
» M. Chatin s'est évidemment occupé le premier, dans ces derniers
temps et d'une manière spéciale, de la recherche de l'iode, de démontrer sa
présence dans un grand nombre de corps.
» Son premier travail a été adressé à l'Académie le a5 mars i85o, il
taisait dès lors pressentir que l'iode était beaucoup plus répandu qu'on ne
le supposait; le 22 avril, l'Académie a entendu un Rapport sur ce travail, et
dans ce Rapport il est annoncé que M. Chatin, qui continuait ses recher-
ches, avait reconnu la présence de l'iode dans les eaux de la Seine, de la
Marne, de l'Ourcq, de l'Oise, du puits de Grenelle, etc.
» Son second travail a été adressé à l'Académie le 26 août de la même
année; les autres Mémoires l'ont été à diverses époques, que nous avons
fait connaître dans ce Rapport.
» Le Mémoire de M. Marchand est arrivé à l'Académie le a février i85s.
D'après les dates que nous citons, la priorité serait acquise, sans conteste, à
M Chatin; mais M. Marchand, à la date du 21 juillet i85o, a déposé à
l'Académie un paquet cacheté qui renferme, sous forme de propositions sans
(5i5)
aucun détail d'expérience, les résultats de recherches dont il s'occupait à
cette époque, résultats qui coïncident sur plusieurs points avec ceux que
M. Chatin avait obtenus déjà ou qu'il a fait connaître plus tard.
» Ce paquet cacheté a été ouvert le \i janvier i85a, sur la demande de
l'auteur; les propositions qu'il renferme ont été imprimées en entier dans le
Compte rendu des séances de V Académie, elles ont été également insérées
dans plusieurs publications périodiques, notamment dans le Journal de
Pharmacie et de Chimie, tome XVIII, page 358, 20 mai i85o.
» Cette circonstance nous dispense de les reproduire ici et permettra à
chacun de juger, sur le vu des pièces, jusqu'où M. Marchand avait, dès cette
époque, poussé ses investigations.
» Il est arrivé dans ces recherches sur l'iode ce qui se produit fréquem-
ment lorsqu'une question à laquelle se rattache un certain intérêt est signalée
à l'attention des savants, surtout lorsque, par sa nature, cette question est
accessible à un grand nombre d'expérimentateurs; plusieurs peuvent dé-
couvrir les mêmes faits, en tirer les mêmes conséquences sans y être amenés
autrement que par leurs propres réflexions et par l'impulsion donnée à la
science par les travaux ou les idées du moment.
» M. Chatin, suivant pas à pas la ligne qu'il s'était tracée et donnant le
résultat de ses expériences à mesure qu'il les obtenait, était inévitablement
conduit à trouver l'iode qui pouvait exister dans les substances qu'il a exa-
minées.
» M. Marchand, tirant des conséquences générales d'un petit nombre de
laits, a formulé, dès le mois de mai i85o, une opinion sur l'existence de
l'iode dans les eaux de différentes provenances et même dans la neige.
» Toutefois, le Mémoire renfermant les expériences qui se rapportent à
ce sujet n'a été présenté à l' Académie que le a février i852, c'est-à-dire
dix-huit mois plus tard, et lorsque tous les résultats de M. Chatin avaient
déjà subi l'épreuve de la publicité.
» L'un et l'autre ont suivi, comme on le voit, une marche différente;
la science ne peut que s'en applaudir, puisque ces voies diverses les ayant
conduits à la même conclusion, leurs travaux se trouvent pour ainsi dire
contrôlés l'un par l'autre, ce qui donne, aux résultats qu'ils ont obtenus,
une plus grande probabilité d'exactitude.
Mémoire de M. le Dr Niepge, n mai i85a.
» Le Mémoire de M. le Dr Niepce, médecin, inspecteur des eaux miné-
rales d'Allevard, a pour titre : Recherches de l'iode dans l'air, les eauot et
( 5.6)
les produits alimentaires des Alpes de la France, comprenant les départe-
ments de l'Isère, des Hautes-Alpes et des Basses-Alpes ainsi que les
Cevennes.
» Ce Mémoire a pour objet de rechercher si la présence du goitre et du
crétinisme est dépendante de l'absence de l'iode dans l'air, dans les eaux
et dans les produits alimentaires.
» Il vient corroborer les conséquences que M. Chatin avait tirées de ses
propres expériences : « Les recherches de M. Chatin et les miennes, dit
» M. le Dr Niepce, ont amené des résultats à peu près identiques et démon-
» trent d'une manière absolue que, dans les vallées très-profondes des
» Alpes, l'iode manque complètement. »
» La Commission a déjà fait connaître son opinion sur les recherches de
M. Chatin; en ce qui touche celles de M. le Dr Niepce, qui considère la
question du goitre plus particulièrement au point de vue médical, elle
pense que les expériences chimiques sur lesquelles il s'appuie, expé-
riences dont il se borne à indiquer les résultats, ne sont pas présentées
avec les détails nécessaires pour qu'il soit possible d'en tirer, quant à pré-
sent, aucune conséquence rigoureuse pour la question générale de l'inégale
répartition de l'iode et surtout pour la corrélation qu'il s'agirait d'établir
entre l'existence du goitre et l'absence de ce corps.
» Ce sujet appelle nécessairement de nouvelles expériences; la science,
comme l'hygiène publique, ne peuvent que gagner beaucoup à ce qu'elles
soient continuées.
» La Commission a, en conséquence, l'honneur de vous proposer d'en-
gager les auteurs des différents Mémoires dont nous venons de rendre
compte, à poursuive leurs recherches.
» Elle vous propose, en outre, d'insérer dans le Recueil des Savants
étrangers le Mémoire de M. Chatin et celui de M. Marchand. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
Observations de M. Thexard sur l'état auquel l'iode se trouve dans l'air.
« M. Chatin, qui a fait de nombreuses recherches sur l'iode, pense que
l'iode qu'il a découvert dans l'air atmosphérique y existe à l'état de vapeur.
» Les expériences qu'il cite à l'appui de son opinion sont loin de résoudre
cette importante question.
» En effet, on rencontre dans l'air atmosphérique un grand nombre de
corpuscules organiques qui contiennent de l'iode, soit à l'état d'iodure de
sodium, soit combiné avec les éléments de la matière organisée.
( 5.7)
» Il est donc évident qu'une partie au moins de l'iode que M. Chatin est
parvenu à extraire de l'air atmosphérique, provient de ces corpuscules.
» Or, comme en faisant passer plusieurs milliers de litres d'air dans
l'appareil de Liebig, on obtient de l'iode, et, de plus, du chlore uni au
sodium, ne doit-on pas être porté à croire que c'est au sodium que l'iode
est lui-même uni dans la plupart desjmatières organiques qui le renferment?
» M. Chatin répond à cette objection en disant que l'eau de pluie est
plus riche en iode que toutes les autres eaux. Cela doit être, car, en tombant
de très-haut, elle a été en contact avec une très-grande quantité de cor-
puscules organiques, auxquels elle a pu enlever plus ou moins d'iodure de
sodium; et ce qui vient à l'appui de cette opinion, c'est qu'elle contient
en même temps des quantités très-sensibles de sel marin.
» Il faut donc tenter de nouvelles expériences. Depuis longtemps j'en
avais indiqué à M. Chatin quelques-unes dont les résultats seraient, ce me
semble, de nature à pouvoir porter quelque jour sur la question.
» Ce serait de se procurer des métaux parfaitement exempts d'iode, en
lames, en fils, en petits grains, et de les exposer pendant longtemps à l'air
dans un lieu élevé et loin des habitations. Le fer, le zinc, l'étain, le plomb,
le cuivre, l'argent, le mercure seraient très-propres à ces expériences. Les
expériences devraient être au moins doubles : dans les unes, les métaux
seraient à l'abri de la pluie ; dans les autres, ils n'y seraient pas. Il serait bon
même de les mettre en contact avec des solutions d'iodure de sodium et des
solutions d'iodure de potassium pour savoir si le métal s'iodurerait : de mois
en mois on constaterait l'état du métal.
» Si le métal ne s'iodurait pas, on en conclurait que l'iode n'existerait
point à l'état de vapeur dans l'air; car on sait que l'iode en vapeur attaque
tous ces métaux; et d'ailleurs on pourrait s'en assurer en les mettant en con-
tact avec de l'air qu'on renouvellerait et qui serait chargé d'une quantité
très-minime d'iode.
» Si, au contraire, le métal s'iodurait, il faudrait rechercher si l'iode ne
proviendrait pas de l'iodure de sodium qui pourrait être contenu dans l'eau
que les changements de température précipiteraient de l'air sur le métal
même.
» J'ai cru devoir présenter ces diverses réflexions, dans l'espérance que
les expériences que j'indique et d'autres encore seront faites surtout par
M. Chatin, à qui l'on doit déjà des recherches si nombreuses et si pleines
d'intérêt sur l'iode. »
G. R., i852, 2™ Semestre. (T. XXXV, N» W.)
68
( 5x8 )
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission de cinq Membres, qui sera chargée de l'examen des pièces adressées
au concours pour le grand prix des Sciences mathématiques de l'année 1 852 .
MM. Cauchy, Liouville, Lamé, Binet, Duhamel réunissent la majorité
des suffrages.
L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la nomi-
nation d'une Commission qui sera chargée de proposer un sujet de concours
pour le grand prix des Sciences mathématiques à décerner en 1 854-
MM. Liouville, Cauchy, Lamé, Binet, Biot réunissent la majorité des
suffrages.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. le Secrétaire perpétuel place sous les yeux de l'Académie deux
boussoles qui avaient été mentionnées dans la séance du i août dernier, et
qui toutes deux également, quoique par des moyens différents, permettent de
constater avec exactitude la direction suivant laquelle un navire s'est mû
aux différents instants de la journée. L'une est la boussole de M. le capi-
taine Allain, l'autre celle que M. le capitaine Napier a fait exécuter à Paris
par M. Deleuit.
( Benvoi à l'examen de la Commission nommée à l'occasion de la présentation
du Mémoire de M. Allain ; cette Commission est composée de MM. Arago,
Beautemps- Beaupré, Duperrey.)
L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le grand prix
des Sciences mathématiques (question proposée pour sujet du prix de i85o,
puis proposée de nouveau pour i853). Ce Mémoire a été inscrit sous le n° 3.
(Benvoi à la future Commission.)
géométrie analytique. — Mémoire sur les développées des courbes
planes; par M. Max Dunesme.
(Commissaires, MM. Binet, Duhamel.)
physique. — Expériences sur les circuits greffés ; par M. Tu. du Moncel.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Becquerel, Despretz, Morin.)
« Dans un Mémoire que j'ai présenté à l'Académie, dans sa séance du
3o août dernier, j'ai prouvé que l'électricité statique et l'électricité dyna-
(5i9)
mique pouvaient être développées simultanément sur le même conducteur,
sans influence sensible de leurs réactions réciproques. Je viens aujourd'hui
compléter cette communication en ce qui concerne la coexistence de deux
courants sur un même conducteur.
» Cette coexistence peut se formuler ainsi qu'il suit : Tout circuit élec-
trique sur lequel est greffé un autre circuit de source différente peut bien
servir de conducteur à ce dernier, mais il s'établit alors une double dériva-
tion qui réagit en affaiblissant ou en renforçant le courant primitif, suivant
qu'on considère le circuit que celui-ci parcourt à gauche ou à droite des
points où se trouve greffé le second circuit. Alors les intensités différentes
du courant, résultant dans les diverses parties des deux circuits, peuvent
être calculées d'après les formules des courants dérivés.
» Pour se convaincre de ce principe par l'expérience, il suffit de bifur-
quer les deux bouts d'un conducteur métallique quelconque, et de les
mettre en rapport avec les pôles de deux piles différentes. On verra alors
que quand les courants seront neutralisés (i) les uns par les autres dans le
conducteur commun, il se manifestera une double dérivation à travers les
deux piles, et, comme les deux courants ainsi dérivés marchent de ce côté
dans le même sens, on trouvera que l'intensité du courant résultant s'est
considérablement accrue. D'un autre côté, si, en permutant les points d'at-
tache des deux piles, on fait en sorte que les courants marchent d'accord
dans le conducteur métallique, l'inverse a lieu et les courants se trouvent
presque neutralisés dans leur dérivation à travers les deux piles.
» Les différents cas de ces réactions ont été expérimentés avec un fil de
i3a mètres développé dans toute sa longueur, pour éviter les influences du
courant sur lui-même. Mais auparavant de les passer en revue, je vais ana-
lyser les cas les plus simples, afin de bien établir les variations d'intensité
qui doivent se manifester dans ces sortes de courants complexes.
» Supposons, pour fixer les idées, que la longueur du circuit greffé soit
précisément la moitié de celle de notre circuit primitif de i32 mètres, la
résistance des deux piles étant, bien entendu, réduite en fonction de leur
conducteur. Admettons, en outre, que les points d'attache du circuit greffé
coupent par moitié le circuit primitif.
» En faisant, pour le moment, abstraction de la pile du courant greffé
(i) Cette neutralisation est très-rarement complète, parce qu'il est difficile d'avoir des
piles ayant identiquement la même intensité ; il en résulte donc un courant différentiel dont
Je sens dépend de la position de la plus forte des deux piles à l'égard du système.
68..
( 5ao )
comme source électrique, et ne la considérant que comme un simple con-
ducteur, on pourra comprendre qu'à partir des points d'attache, le circuit
greffé constitue une véritable dÉ'ivation égale d'une part à l'intervalle de
la dérivation, de l'autre au circuit principal, lesquels ne sont que les parties
du courant primitif à droite et à gauche des points d'attache du courant
dérivé. Or si nous calculons l'intensité électrique dans ces différentes par-
ties des deux circuits, en prenant, comme l'a fait M. Pouillet, les désigna-
tions x,y et z pour exprimer les intensités inconnues du courant principal,
du courant partiel et du courant dérivé, nous trouverons que, dans les
conditions de l'expérience, les formules de M. Pouillet se réduisent à
2 4
x=t. - = \t,
2
2 —
2
2
= ô t.
i 3
2
2
Mais remarquons que le courant greffé étant à l'égard du courant primitif
identiquement dans les mêmes conditions que l'était celui-ci par rapport à
lui, il réagit sur ce courant en l'atténuant ou en le renforçant, suivant que
dans les différentes parties du conducteur commun, il marche, par rapport
à lui, dans le même sens ou en sens inverse. Les formules deviennent donc
alors :
» i°. Quand les pôles positifs des deux piles sont greffés sur une branche
différente du circuit primitif,
__ 4 2 _ 6
X ~ 3*+3*~ 3*'
4 2
426
» 20. Quand les pôles positifs des deux piles sont greffés sur la même
branche du circuit primitif,
4 • . 2 2
x ~ 3 3 t — zt'
224
422
( 6*i )
C'est effectivement ce que l'expérience démontre. Mais il faut pour cela que
les piles soient bien égales et que la réduction de leur résistance soit exac-
tement comptée, par rapport aux points d'attache du circuit greffé. Or,
comme ces conditions sont très-difficiles à réaliser, il faut s'attendre à
quelques petites différences.
» A l'aide des formules dés courants dérivés on peut facilement discuter
' la plupart des cas qui peuvent se présenter, et prévoir d'avance leur résul-
tat, suivant qu'on fait varier la section des fils, les points d'attache du
courant greffé, les différentes longueurs des dérivations, etc. C'est ainsi
que nous saurons que si le courant greffé résulte de l'interposition directe
de la pile au milieu du courant primitif, le courant principal sera affaibli
presque de moitié, tandis que le courant partiel aura son intensité presque
doublée. C'est encore ainsi que nous constaterons que quand les points
d'attache du courant greffé sont situés aux deux extrémités diamétrales de
la section du circuit primitif, le courant greffé passe au travers sans donner
lieu à aucune dérivation ou du moins à une dérivation sensible. »
M. Sire adresse une Lettre faisant suite à sa Note du 27 septembre der-
nier sur un appareil destiné à rendre sensible aux jeux la rotation de la
Terre; il y joint une Note de l'horloger qui a construit pour lui cet instru-
ment au mois de décembre 1 85 1 et l'a aidé dans les premières expériences.
(Renvoi aux Commissaires nommés : MM. Arago, Pouillet, Babinet.)
M. Il \>i.uax demande l'ouverture d'un paquet cacheté déposé par lui à
la séance du 10 mars. Ce paquet, ouvert en séance, renferme l'indication
succincte d'un appareil qui, étant animé d'un mouvement très-rapide, doit,
en vertu de la fixité du plan de rotation, posséder la propriété de s'orienter
de manière à ce que son axe de rotation devienne parallèle à l'axe du globe
terrestre et conserve ce parallélisme, quel que soit le mouvement qu'on im-
prime au support de l'appareil.
(Renvoi à l'examen des Commissaires désignés pour le Mémoire de M. Sire :
MM. Arago, Pouillet, Babinet.)
M. Chenot adresse un supplément à la réclamation qu'il avait présentée
dans la précédente séance, à l'occasion de la Note de M. Colvert, sur la pré-
paration du coke destiné à la fabrication de la fonte de fer.
(Renvoi à l'examen de la Commission nommée dans la précédente séance,
Commission qui se compose de MM. Berthier, Dumas et Combes.)
( 522 )
M. Journet soumet au jugement de l'Académie deux Mémoires, l'un sur
un système de ventilation qu'il propose pour les théâtres et lieux de réunions
nombreuses, l'autre sur un appareil dont il suppose qu'on pourrait faire une
utile application quand on doit percer des montagnes, pour l'établissement
d'un tunnel de chemin de fer.
(Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Morin.)
CORRESPONDANCE.
physique. — Des mouvements que présentent quelques végétaux exposés à
l'action de la lumière lunaire. (Note de M. Zaxtedeschi.)
« L'influence de la lumière lunaire (influence physique, chimique et
physiologique) a été déjà l'objet de beaucoup de recherches et de spécula-
tions de la part des physiciens et des agronomes, et j'ai eu l'occasion de
présenter un résumé historique de ces travaux dans un Mémoire où je me
suis efforcé de jeter quelque jour sur divers points considérés encore comme
douteux par plusieurs savants. Mais, quand je m'occupais de cette ques-
tion, le point qui m'a toujours paru particulièrement digne de fixer l'atten-
tion parce qu'il se rattache plus intimement à la vie, c'est celui qui con-
cerne le mouvement que manifestent dans certaines circonstances les
organes des végétaux. J'en ai donc fait un objet d'études sérieuses et ap-
profondies.
» Mes observations ont été commencées en 1847 au jardin botanique de
Venise; je les ai poursuivies en 1848 au jardin botanique de Florence, et
reprises à Padoue pendant les années i85o, i85i et i852. Dans cette
série d'expériences, j'ai vu constamment, sur les plantes d'une organisa-
tion sensible et délicate, se manifester, sous l'influence des rayons lu-
naires (i), des mouvements qu'il m'a été impossible d'obtenir par l'action
du seul calorique, soit à égalité de température dûment constatée par le
thermomètre, soit à des températures supérieures ou inférieures. Il y a là,
ce me semble, un phénomène très-intéressant, même au point de vue de
la théorie.
» Les plantes sur lesquelles j'ai expérimenté sont principalement le
Mimosa ciliata, le Mimosa pudica et le Desmodium gyrans. Toujours j'ai
(1) On a toujours, dans ces expériences sur l'influence des rayons lunaires, employé la
lumière diffuse et non les rayons concentrés par une lentille ou un miroir.
(5,3)
eu grand soin de bien 'déterminer la position des pédoncules et des folioles,
après que ces plantes avaient été exposées à l'air libre et avant qu'elles
fussent frappées directement des rayons lunaires. J'écartais ainsi les causes
d'erreur qui auraient pu dépendre, soit des mouvements imperceptibles de
l'air, soit d'un léger changement dans la température des milieux, et je m'as-
surais que les effets qui se manifestaient résultaient uniquement de l'action
des rayons lumineux lunaires. L'étendue des mouvements observés était
d'ailleurs en rapport avec l'état de la plante, la température de l'air et son
état hygrométrique. Afin de ne pas entrer dans des détails fastidieux, je ne
parlerai que des résultats constatés lorsque la température était à + i7°R,
et que l'hygromètre de Saussure indiquait l'état moyen d'humidité.
» Le Mimosa ciliata a présenté dans ses pédoncules une érection d'un
demi-centimètre ( présenta un erezione ne' suoi pedunculi di mezzo centime-
tro) ; le Mimosa pudica une érection, dans ses pédoncules, de 3 centimètres ;
le Desmodium gjrans offre des mouvements distincts de vibration dans ses
folioles.
» Ainsi le réved des plantes sous l'influence des rayons lumineux lu-
naires a été parfaitement mis en relief par ces expériences, et quoique ce
réveil n'ait pas été complet, il n'en résulte pas moins que l'influence de la
lumière de la Lune sur l'organisation végétale, niée d'après des considéra-
tions purement spéculatives, ne pourra plus désormais être soutenue par
des savants de bonne foi. »
MM. Paillet et Gidel consultent l'Académie pour savoir si un nouveau
système de tuiles en fonte, pour lequel ils sont brevetés, n'exposerait pas les
bâtiments ainsi couverts à être frappés de la foudre plus que ne le seraient
des bâtiments couverts en ardoises ou en tuiles ordinaires.
Une Commission, composée de MM. Arago, Becquerel et Pouillet, est
invitée à s'occuper de cette question.
M. Pons adresse, de Turin, une Lettre concernant un envoi qu'il dit
avoir fait précédemment de deux échantillons d'étoffe teinte en une cou-
leur noire très-peu altérable.
L'Académie n'a pas reçu cet envoi qui n'aurait pu, du reste, lui être
adressé que par erreur.
La séance est levée à 5 heures et demie. A .
( 5a4 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE»
L'Académie a reçu, dans la séance du 11 octobre i852, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de i Académie des Sciences;
2 e semestre i85a ; n° i4; in-4°-
Institut national de France. Académie des Beaux-Arts. Séance publique
annuelle du samedi 2 octobre i85a; présidée par M. Caristie, Président;
9 feuilles |; in-4°.
Traité de la vieillesse, hygiénique, médicatet philosophique; parM. le Dr J.-H.
Reveillé-Parise. Paris, r853; i vol. in-8°. (Cet ouvrage est destiné au con-
cours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon.)
Traité théorique et pi-atique de la maladie scrofuleuse; par M. Vincent
Duval. Paris, i85a; i vol. in-8°. (Présenté pour le même concours.)
Travaux de Paris, nécessité d'arrêter un programme des travaux d'intérêt
général; par M. Mauduit ; autographie in-4°-
Démonstration philosophique du principe du calcul des infiniment petits ; par
M. Alexandre Gicca. Naples, i852; broch. in-8°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. DE Monfort,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; ire année; n° 24 ; 10 octobre i852;
in-8°.
Journal d' Agriculture pratique et de Jardinage , fondé par M. le Dr Bixio,
publié par les rédacteurs de ta Maison rustique, sous la direction de M. Barral;
3e série; tome V; n° 7 ; 5 octobre i852; in-8°.
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; tome VI;
n° 1 ; 5 octobre i852 ; in-8°.
L Agriculteur-praticien. Revue d agriculture , de jardinage et d'économie ru-
rale et domestique, sous la direction de MM. F. Malepeyre, Gustave Heuzé
et BOSSIN ; octobre i852; in- 8°.
Moniteur de la propriété et de l'agriculture; septembre i852; in-8°.
Répertoire de Pharmacie , recueil pratique rédigé par M. BouChardat;
tome IX; n° 4; octobre i852.
Mémorial de Ingenieros . . . Mémorial des Ingénieurs; 7e année; n° 8;
août i852; in-8°.
Jahrbuch... Annuaire de l'Institut impérial géologique; 3e année, n° 1,
janvier, février, mars i85a. Vienne, in-4°-
L ' Athenœum français . Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux- Arts; n° iô;,o, octobre i85a.
La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° 24;
10 octobre i852.
Gazette médicale de Paris; n° 4i ; 9 octobre i852.
Gazette des Hôpitaux; n°* 118 à 120; 5, 7 et 9 octobre i852.
L'Abeille médicale; n° 19; 5 octobre i852.
Moniteur agricole; n° 4o; 7 octobre i852.
La Lumière; n° 42; 9 octobre i852.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 18 OCTOBRE 1852.
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.
Les cinq Académies de l'Institut devant tenir leur séance publique lundi
prochain, iS octobre, M. le Président avertit que la séance ordinaire de
l'Académie sera remise au lendemain, mardi a6 octobre : le lundi suivant
Ier novembre étant un jour férié, la séance sera également remise au
lendemain mardi i novembre.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Communication sur l'amélioration de la Sologne; par M. Becquerel.
«. Depuis 1848, chargé par le Conseil général du Loiret, à chacune de
ses sessions, de lui rendre compte des travaux d'étude entrepris pour la
régénération de la Sologne, j'ai envisagé cette question tantôt sous le point
de vue géologique, hygiénique et agricole, tantôt sous le point de vue
forestier. Dans mon dernier Rapport, je l'ai considérée dans ses relations
avec l'amélioration d'autres contrées dignes, comme la Sologne, d'attirer la
sollicitude du Gouvernement, et je l'ai rattachée à la question des colonies
agricoles appliquées au défrichement.
» Je demande la permission à l'Académie de lui donner un précis de ce
Rapport, dans lequel se trouvent des documents qui pourront avoir quel-
que intérêt pour elle.
C. K. , i85a, a">« Semestre. (T. XXXV, N» 16.) 69
( 5a6 )
» L'Administration, chargée d'examiner le réseau de canaux proposé par
MM. les ingénieurs des Ponts et Chaussées pour l'assainissement, l'irriga-
tion et les voies de communication, n'a autorisé jusqu'ici que l'exécution
d'une seule ligne, celle du canal de la Sauldre, commencé par les ateliers
nationaux, en remettant à une époque assez éloignée celle de la ligne prin-
cipale, empruntant ses eaux à la Loire. Une partie des fonds pour ce tra-
vail a seulement été votée.
» Le Conseil général du Loiret, considérant que le canal de la Sauldre
n'aura d'utilité réelle que lorsqu'il sera mis en communication avec la
Loire par plusieurs débouchés, a témoigné le regret que les travaux actuels
n'aient pas été combinés de manière à établir ces débouchés dans le plus
court délai possible. Il est d'autant plus important que les voies de com-
munication par eau soient exécutées, que les trois moyens d'amélioration
proposés, le marnage, l'irrigation et le boisement, leur sont subordonnés,
puisqu'il s'agit de transporter la marne de la périphérie à l'intérieur, de ti-
rer les eaux des canaux pour l'irrigation, et de conduire les bois au loin à
un prix très-modéré.
» Le boisement est sans aucun doute un des moyens les plus efficaces
d'utiliser les landes de la Sologne; j'ai déjà traité cette question dans mon
dernier Rapport; mais j'y suis revenu, dans celui de cette année, pour don-
ner une idée de l'excellent travail de notre confrère M. Ad. Brongniart,
chargé d'une mission à ce sujet, et qui est arrivé aux mêmes conclusions
que moi : suivant lui, les deux tiers de la Sologne peuvent être plantés en
bois, qui donneront un jour une augmentation de 10 millions pour une
dépense de 55 millions. Sans être aussi explicite que M. Brongniart,
j'ai démontré seulement qu'une très - grande partie des landes pouvait
être boisée; mais, pour tirer parti un jour des produits, il faut pouvoir les
transporter à peu de frais de l'intérieur vers la Loire et le Cher. Les ca-
naux ne sont pas les seules voies économiques, il serait possible de con-
struire, sans beaucoup de dépenses, sur les plateaux, des rails-way sembla-
bles à ceux que l'on voit à l'entour des grandes usines et sur lesquels les
wagons sont traînés par des chevaux.
» Il est bien démontré aujourd'hui que l'amélioration de la Sologne re-
pose sur l'établissement de canaux, le marnage, l'irrigation et le boise-
ment; mais ces différents moyens doivent être mis en œuvre avec discerne-
ment et prudence, particulièrement le premier, afin de ne pas entraîner
l'Etat dans des dépenses qui ne seraient pas en rapport avec les produits.
M. Puvis, dont l'autorité est ici d'un grand poids, et qui a fait une étude
(5a7 )
particulière de la Sologne, nous a donné, à cet égard, de sages conseils
dont nous devons profiter : « Les grandes améliorations à faire, dit-il, dans
» cette contrée doivent être d'une facile exécution et exiger d'abord peu
» de temps et d'argent, afin de ne pas décourager les cultivateurs, et de se
» mettre à la portée du plus grand nombre; il faut enfin s'écarter le moins
» possible des habitudes de la population. »
» Dans mon Rapport, j'ai établi un parallèle entre la Brenne, la Bresse,
la Bombes, les Landes et la Sologne, afin de montrer que des causes sem-
blables ont concouru, à diverses époques, à mettre ces contrées dans l'état
où nous les voyons aujourd'hui, et que les mêmes moyens doivent être em-
ployés pour les améliorer.
» La Sologne, dans des temps plus ou moins reculés, comme je l'ai déjà
prouvé, était couverte de forêts ; les causes qui ont concouru à son déboi-
sement sont nombreuses : les principales sont les conquêtes, les guerres in-
cessantes qui ont ravagé la France dans les temps de barbarie et dans le
moyen âge, les progrès de la civilisation, les usagers et le libre pacage du
bétail, particulièrement des moutons. Au déboisement succédèrent les
bruyères, leur envahissement par les eaux et l'établissement des étangs qui
en a été la conséquence. Aujourd'hui cette contrée se compose de parties
sablonneuses et sèches et de parties inondées et marécageuses; les premières
ne peuvent convenir, du moins la plupart, comme les landes de Gascogne,
qu'à la culture des arbres verts ; les autres, comme la Brenne, la Bresse et
la Dombes, ont besoin d'être assainies, marnées et cultivées par les mêmes
moyens.
» La Brenne, éloignée de 5o à 60 kilomètres de la Sologne, et d'une su-
perficie de 80000 hectares, dont 4000 en étangs, était comme la Sologne,
il y a douze siècles, couverte de forêts entrecoupées de prairies arrosées
d'eaux courantes et vives. Elle était renommée par la fertilité de ses pâtu-
rages et la douceur de son climat. Les forêts tombèrent par la main de
l'homme, sons la dent meurtrière du bétail et par les incendies allumés
pour renouveler les brandes, landes couvertes de bruyères et de genêts ; les
eaux ne tardèrent pas à envahir les terrains productifs, qui devinrent fan-
geux. D'un autre côté, le terrain avec son sous-sol imperméable, se prêtait
parfaitement à l'établissement des étangs ; aussi les communautés religieuses
se hâtèrent-elles de les propager, dans le double but d'utiliser des terres
sans valeur et d'en retirer une nourriture préférable à celle des plantes po-
tagères. Le problème à résoudre pour la Brenne, comme pour la Sologne,
69..
( 5a6 )
est d'en revenir à son état primitif; il faut, pour cela, planter et cultiver les
terres, après les avoir assainies et amendées.
» La partie inondée de la Bresse et de la Dombes présente une super-
ficie de 107 200 hectares, dont 20000 en étangs, c'est-à-dire quatre fois plus
qu'en Brenne et sept fois plus qu'en Sologne; sur ce nombre, 83 200 hec-
tares appartiennent à la Bresse, et 24000 à la Dombes. Ces deux contrées
étaient également riches et peuplées il y a peu de siècles ; le dépeuplement
et l'insalubrité ne remontent pas au delà du XVIe ou XVIIe siècle, époque où
l'on a commencé à établir des étangs. Il est prouvé en outre, par des do-
cuments authentiques, que l'insalubrité cesse là où l'on dessèche les étangs
pour les transformer en prairies, et que la disparition des bois dans la
Dombes est là conséquence de la nécessité où l'on s'est trouvé d'avoir de
grands pâturages pour remplacer les prés transformés en étangs. La Bresse
est dans des conditions meilleures, à cause de ses prairies qui sont plus éten-
dues, de ses étangs desséchés et de ses terres calcaires. Ce sont là d'utiles
avertissements pour la Sologne.
» Les landes de Gascogne, dont le sol est sec ou marécageux, paraissent
avoir une même origine que celles de la Sologne, car les Bomains, lors de
la conquête des Gaules, trouvèrent, en s'avançant vers l'ouest, dans l'Aqui-
taine des dunes couvertes de pins.
» On voit donc que le déboisement dans les contrées à sol argilo-siliceux,
et à sous-sol imperméable, amène à sa suite les landes, les bruyères, l'en-
vahissement des eaux, les terrains marécageux, l'établissement des étangs
et enfin l'insalubrité qui est suivie du dépeuplement.
» J'arrive maintenant aux colonies agricoles appliquées au défrichement.
Dans plusieurs États de l'Europe, on a cherché à appliquer le principe de
la colonisation et du travail agricoles au défrichement des terres, en y fai-
sant concourir toutes les catégories d'indigents honnêtes, vicieux ou cou-
pables, hommes, femmes, enfants, valides ou invalides. Les efforts persis-
tants tentés à diverses reprises, dans le but d'organiser et d'administrer ces
colonies, n'ont pas toujours été couronnés de succès, même avec le con-
cours des gouvernements.
» Ces colonies ne datent guère que du commencement de ce siècle, de
l'époque où l'on a fait des efforts incessants pour soulager la misère, com-
battre les progrès du paupérisme et moraliser les indigents, quels que soient
le sexe et l'âge. En 1819, dans les Pays-Bas, on forma de semblables éta-
blissements pour mettre en valeur les landes et les bruyères de la Campine
hollandaise ; mais on ne prit aucune des mesures nécessaires pour en assurer
le succès; aussi échouèrent-ils tous, après qu'on eut dépensé des sommes
considérables.
» La Société qui s'était mise à la tète de cette installation possédait, lors
delà formation, en 18 19, 9400 hectares de bruyères, et, le 3i décembre 1849,
il n'y en avait encore que 3a 17 de défrichés et de mis en culture. En
commençant les travaux, on avait oublié de pourvoir aux engrais. Bientôt,
elle fut obligée d'interrompre l'œuvre de défrichement, qui est presque
abandonnée aujourd'hui. Cette entreprise échoua, parce qu'elle fut com-
mencée sur une trop vaste échelle, avec une déplorable précipitation, avec
des ressources pécuniaires insuffisantes, et parce qu'on n'avait pas songé à
créer un moyen d'existence pour une population toujours croissante, com-
posée d'éléments qui étaient eux-mêmes une cause de non-succès.
» Des colonies libres, fondées avec ces mêmes éléments, ne réussirent
pas mieux. Quelle chance de succès pouvait-on avoir avec des malheureux
exténués par la misère, habitués à l'existence des villes, avec des hommes
à états peu propres à devenir agriculteurs? La Belgique ne fut pas plus
heureuse dans ses essais. Le gouvernement, ayant reconnu par une triste
expérience, dont la France malheureusement ne profita pas en 1848, les
inconvénients résultant de colonies agricoles de défrichement, peuplées
d'indigents et d'hommes à états, opéra sur d'autres bases, et, cette fois,-
réussit. Le département de l'intérieur forma dans la commune de Lommel,
province de Limbourg, sur une superficie de 96 hectares, une petite colonie,
composée d'un presbytère, d'une église, d'une école et de vingt fermes;
colonie non de bienfaisance, mais destinée à démontrer aux propriétaires
l'avantage qu'il y aurait à créer des petites fermes en Campine pour arriver
au défrichement des bruyères. Pour exciter l'émulation des colons et faire
naître chez eux l'amour de la propriété, on leur passa des baux à long terme
avec faculté d'achat, moyennant de grandes facilités de payement. Les résul-
tats obtenus jusqu'ici sont satisfaisants. Grâce aux efforts persistants du
gouvernement, la Campine deviendra, d'ici à dix ans, l'une des plus belles
provinces de la Belgique, digne conquête des sciences, des arts, de l'indus-
trie et de l'amour du bien public.
» La France a montré, d'un autre côté, le parti avantageux que l'on peut
tirer des colonies de jeunes orphelins pour le défrichement et la mise en
culture des marais défrichés et des bruyères. En première ligne se trouve la
colonie agricole d'essai du Val-d'Yèvre, près de Bourges, fondée en 1847
par notre confrère, M. Ch. Lucas, dans un marais desséché, et dont le succès
( 53o )
est aujourd'hui assuré. Cette colonie semble avoir été placée à l'entrée de
la Sologne pour présenter au Gouvernement un de ces types de colonie de
jeunes délinquants, appliquée au défrichement des marais, à prendre pour
modèle dans une contrée où les étangs et les marais occupent une si grande
étendue.
» Vient ensuite la colonie agricole d'Ostwald (Bas-Rhin). Formée en 184 1 ,
en vue d'éteindre le paupérisme, dans un domaine appartenant à la ville de
Strasbourg, et dont le revenu était alors à peu près nul, elle échoua par les
mêmes causes qui amenèrent la ruine de celles des Pays-Bas et de Bel-
gique. En 1847, le Conseil général proposa d'y placer, à titre d'essai, en
payant à la caisse municipale une certaine rétribution journalière, des jeunes
détenus, pour y recevoir une éducation propre à en faire des cultivateurs
laborieux et intelligents. Cette proposition fut acceptée, et le succès fut tel,
que le nombre en augmenta d'année en année. On voit encore ici une nou-
velle preuve de la supériorité des colonies agricoles composées de jeunes
détenus sur celles où il n'entre que des indigents adultes.
» Je dois parler aussi de la colonie agricole et pénitentiaire de Mettray,
près Tours, connue de tout le monde par ses succès, et qui sert encore de
type à la plupart des institutions du même genre créées en France et dans
d'autres pays. Dans le principe elle rî'était pas purement agricole, et ne l'est
devenue que depuis la suppression du travail dans les prisons. Les colons,
quoique ne s'occupant pas de défrichement, ont dû cependant défricher
pour leurs besoins, faire et réparer tous les chemins nécessaires à la colo-
nie; ils sont donc devenus agriculteurs par nécessité; mais le but spécial
de la colonie, auquel il faudra revenir, est le travail dans les ateliers sé-
dentaires.
» Je citerai encore la colonie agricole et horticole de Notre-Dame-des-
Orphelins, près de Gien, sur les confins de la Sologne, créée en 1849 Par
l'abbé Tallereau, dans des landes d'une facile culture. Cette colonie est un
autre type que l'on peut citer comme modèle, et dont la base est la charité
chrétienne. Le fondateur, comme l'Arabe, a planté sa tente au milieu du
désert, et s'est mis à cultiver à la grâce de Dieu, sans s'occuper de l'avenir.
Son but est d'y recueillir, jusqu'à l'âge de vingt ans, des orphelins pauvres
et abandonnés, de huit à douze ans, pour les initier aux travaux de l'agri-
culture et de l'horticulture, tout en leur donnant une instruction religieuse
et des leçons de lecture, d'écriture et de calcul. L'existence de la colonie
est maintenant assurée; de magnifiques récoltes, obtenues cette année dans
des terres couvertes de bruyères il y a trois ans, ont récompensé les efforts
(53, )
du. colon. Des établissements de ce genre, encouragés par le Gouvernement
sur différents points de la France, et surtout en Sologne, contribueraient à
moraliser cette classe de pauvres orpbelins, dont l'existence est si triste dans,
nos campagnes, en même temps qu'ils rendraient à la culture une foule de
marais improductifs ou de landes facilement cultivables.
» L'enfant de dix à douze ans, surtout quand il n'est pas corrompu par
le séjour des prisons, est l'élément par excellence des colonies agricoles
affectées au défrichement des terres de facile culture, et qui peuvent rem-
placer jusqu'à un certain point les anciennes communautés religieuses. On
ne saurait méconnaitre, en effet, les services rendus par ces communautés :
ce sont elles qui défrichèrent une partie de la France , qui abattirent les
forêts dans les plaines et sur les coteaux, et qui plantèrent la vigne dans ces
clos si renommés de la Bourgogne, de la Champagne et du Jura. Prenons
ce qu'il y a de bon dans ces institutions que le temps a renversées, leur
charité, leur esprit d'association et leur persévérance dans l'exécution de
leurs projets, afin de faire concourir ces précieuses qualités aux progrès de
la civilisation, au bien-être des classes malheureuses et à la gloire de la
France. »
mécanique appliquée. — Examen critique et historique des principales
théories ou solutions concernant l'équilibre des voûtes (suite); par
M. PoNCELET.
« Les recherches de MM . Audoy , Lamé et Clapeyron furent bientôt suivies
de la publication, en i8a5 et 1826, des savantes leçons de MM. Navier et
Persy à l'École des Ponts et Chaussées et à l'École d'application de Metz. Le
dernier de ces professeurs s'attacha surtout à développer les idées théoriques
de Coulomb, en considérant séparément les divers modes distincts de rup-
ture des voûtes par glissement et rotation, sans, pour ainsi dire, rien em-
prunter à l'expérience. Il reprit aussi, dans le même esprit de discussion
abstrait et mathématique, les applications que M. Audoy avait déjà faites,
de la théorie de Coulomb, aux différentes voûtes en berceau usitées en pra-
tique, applications auxquelles il a joint, à l'exemple de MM. Lamé et Cla-
peyron, la détermination analytique de la poussée dans les voûtes en dôme
ou sphériques, extradossées parallèlement, suivie d'autres applications rela-
tives aux voûtes d'arêtes et en arcs-de-cloître, dont les formules, fondées sui-
des hypothèses plausibles, sont, si je ne me trompe, ici présentées pour la
première fois aux ingénieurs. Malheureusement, toutes ces formules et les
calculs qu'elles nécessitent conservent une effrayante complication, qui
( 53a )
rend très-pénible la vérification des conditions de stabilité relatives aux
divers modes hypothétiques de rupture envisagés par l'auteur et dont la
discussion n'est pas toujours exempte d'une certaine obscurité.
» Dans l'important ouvrage déjà cité, M. Navier, après avoir exposé les
différents faits d'expérience connus, relatifs à la stabilité et à la rupture de
l'équilibre des voûtes en berceau, se borne à un résumé très-clair et très-
succinct des conditions générales de cet équilibre, eu égard au frottement et
à la cohésion des mortiers sur le joint des reins, ainsi que de la marche à
suivre pour s'assurer, à posteriori, si une voûte donnée est stable relative-
ment aux divers modes de rupture dont elle peut être susceptible. Mais ces
indications générales, conformes aux principes posés par Coulomb, ne sont
accompagnées d'aucune des applications spéciales qui ont occupé MM. Au-
doy, Lamé, Clapeyron et Persy, et elles laissent à l'ingénieur le soin de ré-
gler, dans chaque cas, par des tâtonnements, la surépaisseur des pieds-droits
et la disposition des surcharges de la voûte, nécessaires pour en assurer la
parfaite stabilité; ce qui constitue véritablement la principale difficulté de la
question, et n'ôte rien à son indétermination et à ses incertitudes pratiques.
En revanche, M. Navier fait suivre ces indications générales de considéra-
tions relatives à l'élasticité des matériaux d'une voûte supposée en équilibre
Stable, au mode de distribution des pressions sur les plans de joints ou d'ap-
pui, et aux effets de compression ou de rupture par écrasement qui peuvent
en résulter, considérations fort délicates et d'autant plus importantes qu'elles
sont devenues, comme on le verra, le point de départ d'un nouveau mode de
solution directe du problème concernant la stabilité des voûtes cylindriques,
mode dans lequel on laisse entièrement de côté la règle pratique de Peironet,
pour calculer les épaisseurs à la clef, ainsi que celles des pieds-droits et des
reins; contrairement, sans doute, aux intentions de M. Navier, qui n'a eu
pour but, dans son ouvrage, que d'indiquer des vérifications à posteriori,
qu'il ne convient, pas de négliger dans beaucoup de cas.
» Il est très-certain d'ailleurs que, dans les conditions d'équilibre d'une
voûte ordinaire, et non d'un modèle en petit, les résultantes de pressions
sur les plans de joints ne peuvent, d'après la remarque même de Coulomb,
être nulle part dirigées sur les arêtes de rotation, qu'elles écraseraient infail-
liblement; pour éviter cette rupture, il devient donc nécessaire de donner à
la surface d'appui une étendue en rapport avec la qualité des matériaux.
D'un autre côté, s'il y a stabilité, les résultantes dont il s'agit sont com-
plètement indéterminées de grandeur et de position dans l'hypothèse de la
solidité parfaite. Pour éluder ces difficultés dans la vérification, à posteriori,
( 533)
des conditions de l'équilibre relatives à une voûte donnée, M. Navier sup-
pose que, pour les joints les plus comprimés, que l'on continue à nommer
joints de rupture, la pression normale relative à l'unité superficielle, ne doit
pas excéder une certaine fraction de celle qu'indiquent les expériences sur
l'écrasement instantané, aux environs de l'arête supposée de rotation où elle
est la plus forte, ni devenir négative à l'arête opposée où le joint tend vir-
tuellement à s'ouvrir. Il suppose en outre, conformément aux hypothèses déjà
anciennement admises dans la théorie de la résistance des solides élastiques,
qu'entre ces deux points extrêmes, les pressions élémentaires, toujours rap-
portées à l'unité de surface, croissent proportionnellement à leur distance à
à la première de ces arêtes ; d'où il résulte : i ° que la résultante des pressions
normales au joint doit passera une distance de l'arête la plus comprimée égale
au tiers de la largeur effective de ce joint; i° que la pression en cette arête
est le double de celle qui aurait lieu dans l'hypothèse d'une répartition
uniforme sur la surface entière du joint.
» Ces résultats, où l'on fait une complète abstraction de l'influence des
composantes parallèles aux plans de joints et des déplacements molécu-
laires qui en résultent, déplacements dont les effets n'ont nullement été
observés lors des expériences directes et en petit sur l'écrasement des ma-
tériaux, permettent à M. Navier de calculer de nouvelles valeurs de la pous-
sée horizontale à la clef, un peu plus fortes que celles qui se concluent de
l'équilibre strict ou mathématique relatif à l'hypothèse d'une solidité par-
faite, et qui offrent le moyen de s'assurer, d'après les propositions ci-dessus,
que, dans la voûte en projet, les matériaux ne courent aucun risque d'être
écrasés. Néanmoins ce savant ingénieur se garde bien de conclure, de
cette donnée et de la limite qu'il a lui-même assignée aux charges perma-
nentes à faire supporter à ces matériaux , l'épaisseur à la clef ou à la base
des pieds-droits. L'état de stabilité ou d'instabilité d'une voûte dépend, en
effet, redisons-le, et quoi qu'on fasse, de celui des parties inférieures, des
surcharges accidentelles ou momentanées, ainsi que d'autres causes quel-
conques d'ébranlement ou de rupture de l'équilibre. Si l'on considère en
outre, que l'état de compression réciproque des voussoirs dépend essen-
tiellement du mode d'exécution et de fichage des joints de la clef, etc., on
est forcément ramené aux préceptes qui dérivent, pour chaque cas, de l'ap-
plication du calcul aux constructions existantes, comme l'a fait partielle-
ment, il est vrai, M. Audoy, par la détermination d'un coefficient de sta-
bilité qui, au fond et comme on l'a vu, assure aussi à la surface d'appui des
pieds-droits une largeur toujours nécessaire et suffisante.
C. R., i«5a, a"" Semestre. ( T. XXXV , N° 16. ) 7»
( 534)
» Du reste, tous les ingénieurs éclairés et qui craignent de rien donner au
hasard, regrettent que M. Navier n'ait pas entrepris des rapprochements de
ce genre relativement aux pressions supportées par les joints des voûtes
soumises à l'épreuve du temps, et qu'il n'ait pas fait suivre l'exposé lumi-
neux des principes, d'une série d'applications à des cas spéciaux, comme il
en a offert de si utiles et nombreux exemples dans la partie de ses leçons
qui concerne la résistance des solides élastiques. Ces applications, en fixant
mieux les idées sur la valeur et l'étendue de ces mêmes principes, eussent
au moins empêché d'en tirer de fausses conséquences dans les cas de pra-
tique.
» C'est aussi pourquoi on doit attacher une grande importance aux
résultats des pénibles études par lesquelles ses successeurs ont cherché à
simplifier, de plus en plus, l'application des formules et leurs réductions en
Tables qui limitent le nombre des calculs ou tâtonnements nécessaires à
l'établissement des voûtes. Parmi ces utiles recherches, nous rangerons d'a-
bord celles qui ont paru en 1 835, dans le n° la du Mémorial de l'Officier
du Génie, et qui ont principalement pour point de départ le Mémoire de
M. Audoy.
» M. de Garidel dispose ou transforme les équations et formules analyti-
ques obtenues par ce savant ingénieur, de manière à en ramener le calcul à
celui de certains arguments ou fonctions trigonométriques de l'angle relatif
au joint inconnu de rupture ou de maximum de poussée, fonctions que l'au-
teur réduit en Tables numériques, qui se représentent fréquemment dans ce
genre de questions et dont MM. Lamé et Clapeyron avaient déjà offert un
exemple pour la fonction -^—- M. de Garidel donne, même pour quelques
cas, des formules approchées qui permettent de calculer directement, ou
par un très-petit nombre de substitutions numériques, le maximum de
poussée et l'angle dit de rupture, dans le cas d'une voûte surchargée ou non
de terre et de maçonnerie. Mais l'auteur ne se borne pas aux cas traités
primitivement par M. Audoy, il y ajoute celui des voûtes à intrados ellipti-
ques, extradossées parallèlement ou en chape, dont le tracé, l'exécution en
grand n'offriraient plus aujourd'hui de difficultés sérieuses et qui doivent
continuer à les faire proscrire par les constructeurs (i).
(i) M. deSaint-Guilhem, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées , a traité depuis, mais
à un point de vue différent, la même question des voûtes elliptiques, dans l'un des Mémoires
publiés en 1848, par l'Académie des Scipnces de Toulouse. Malgré les simplifications heureuses
( 535 )
•» M. Petit, dans un Mémoire qui suit immédiatement le précédent,
introduit aussi dans les formules de M. Audoy, quelques simplifications
qui consistent principalement à mettre en évidence le rapport des rayons
de l'extrados et de l'intrados, qui, pour les voûtes semblables, reste con-
stant aussi bien que l'angle du joint de rupture, tandis que la poussée
elle-même, les poids et les moments des voussoirs deviennent proportion-
nels au carré ou au cube de l'un des rayons. Il parvient ainsi, pour les
voûtes de cette espèce, en plein cintre et en arc de cercle, extradossées pa-
rallèlement, de niveau ou en chape à 45 degrés, à dresser des Tables qui
n'exigent, pour ainsi dire, aucun calcul de la part des ingénieurs, puis-
qu'elles comprennent des formules, toutes préparées, pour calculer l'épais-
seur des pieds-droits dans l'hypothèse de l'équilibre strict et du coefficient de
stabilité 1,90, obtenu par M. Audoy, pour les voûtes les plus solides. L'au-
teur a d'ailleurs accompagné son Mémoire de calculs et de remarques utiles,
notamment sur la limite, toujours finie, des épaisseurs de pieds-droits, quelle
qu'en soit la hauteur. L'accueil fait à ces Tables par les ingénieurs, les nom-
breuses applications quelles ont reçues dans la construction des voûtes de
magasins à poudre et des casernes dont l'étage supérieur, souvent très-élevé,
doit être mis à l'épreuve de la bombe, par une épaisse surcharge de terre,
prouvent assez la bonté et la sûreté des méthodes qui ont servi à les établir.
» Le Mémoire de M. Petit est suivi, dans le même Recueil, d'une solution
purement graphique des principales questions relatives à la stabilité des
voûtes, laquelle offre l'avantage de s'appliquer à des formes d'extrados ou
d'intrados quelconques, et de n'exiger, pour ainsi dire, aucun calcul dans
la discussion des différents cas d'équilibre et de rupture, mais simplement
le tracé d'une épure familière à tout ingénieur chargé de la rédaction d'un
apportées aux formules et aux méthodes de calcul, malgré les Tables numériques dont elles sont
accompagnées, nous doutons fort que les ingénieurs accordent à cette nouvelle solution, une
préférence exclusive sur celle dont il s'agit; d'autant plus que l'auteur attribue à l'extrados des
voûtes , en vue de faciliter les calculs , une forme particulière peu économique , et que , tout
en repoussant le coefficient de stabilité, sous le nom fort impropre , de coefficient de correction,
il y substitue la considération d'une surcharge au sommet, dont le choix laisse beaucoup à
l'arbitraire , puisqu'elle ne répond qu'à une seule cause d'instabilité et ne s'appuie sur aucune
donnée antérieure de l'expérience. Disons', au surplus, qu'après avoir indiqué, dans les
Notes de son Mémoire , une nouvelle formule empirique pour calculer l'épaisseur au sommet
des voûtes, M. de Saint-Guilhem expose une méthode graphique assez expéditive, pour
déterminer approximativement les valeurs des aires et des moments de voussoirs relatifs à
une voûte de profil quelconque.
70. .
( 536 )
projet. Cette méthode, qui consiste principalement dans la représentation
graphique et linéaire des aires et des moments d'une somme de vous-
soirs (i), est accompagnée de formules et de constructions relatives au cas
où l'on voudrait se rendre compte de l'influence de la cohésion des mor-
tiers sur les plans de joints, qu'on néglige, avec de justes raisons, dans la
solution usuelle et pratique du problème des voûtes. Enseignée pendant
longtemps à l'École des Ponts et Chaussées, elle continue à faire la base des
leçons à l'École d'application de l'Artillerie et du Génie, où elle a reçu
des simplifications qui la rendent encore plus usuelle ou plus rapide, et
qui, en raison même de la grande facilité qu'elle offre pour les voûtes d'une
forme quelconque, ont conduit MM. Ardant et Michon(2)à l'établissement
de Tables plus étendues que celles qu'on possédait déjà, et qui ont été
complétées finalement, par ce dernier ingénieur, dans un important travail
inséré, en 1848, au n° i5du Mémorial de l'Officier du Génie.
» Les Tables dont il s'agit, au nombre de 66, embrassent à peu près tous
les cas d'application relatifs aux voûtes en arc de cercle, en plein cintre
et en anse de panier, usitées dans la pratique et extradossées en chapes
diversement inclinées. Elles fournissent tous les éléments essentiels de ces
voûtes, dont la stabilité est ici assurée par une forme d'extrados, des épais-
seurs au sommet, aux reins et aux naissances très-convenables, et déter-
minées, ainsi que le coefficient de stabilité, d'après l'exemple des construc-
tions existantes, les plus légères ou les plus fortes, qui assignent à ces coeffi-
cients des valeurs variables en Ire 1 ,5 et 2 pour les pieds-droits; le coefficient
relatif aux cas de glissement et de rotation sur les naissances, pouvant être
beaucoup plus faible, grâce au système de construction en usage.
(1) On fera remarquer que dans celles de ces constructions où l'on considère des voussoirs
infiniment minces, on a admis que le centre de gravité de l'aire de ces voussoirs coïncidait
avec le milieu de l'épaisseur correspondante de la voûte, tandis qu'il en est distant , au delà,
d'une quantité ^- . , e étant cette épaisseur, et r le rayon de courbure de l'extrados.
Quoique très-petite pour les grandes voûtes, une pareille différence n'en exerce pas moins
une influence appréciable sur les résultats du n° 18, où l'on devra remplacer le facteur
e3 2e3 / 2e\
facile à évaluer et à construire dans chaque cas.
(2) On doit en particulier, à cet olficier, un moyen très ingénieux pour construire rapi-
dement la quantité linéaire, représentative de la somme des moments des profils de voussoirs,
par la considération des propriétés bien connues du polygone funiculaire.
( 537 )
» Au surplus, l'auteur de ces nouvelles Tables ne se dissimule pas leur
insuffisance pour l'établissement définitif et pratique des voûtes ; il a soin
de montrer, par des exemples, comment on doit se conduire dans les calculs
relatifs à chaque cas spécial, et notamment comment on peut avoir égard à
la qualité des matériaux afin d'en éviter l'écrasement sur l'arête des pieds-
droits, où il suppose la charge uniformément répartie sur une étendue de
la base, égale au double environ de l'intervalle qui sépare cette arête du
point d'application de la résultante.
» Nous avons un peu insisté sur le travail de M. Michon, dont les Tables
peuvent être considérées comme le complément indispensable de celles de
M. Petit, parce que, sans aucun doute, elles exerceront une influence non
moins grande sur les projets à venir concernant l'établissement des voûtes.
Il nous reste maintenant à exposer les tentatives faites en vue de généraliser
les principes mêmes de la théorie qui sert de point de départ aux utiles
travaux que nous venons de citer.
» Ces tentatives reposent principalement sur la considération du polygone
qui a pour sommets les centres de pressions sur chacun des plans de joints
respectifs, c'est-à-dire les points d'application des résultantes de pressions
ou de réactions sur ces mêmes joints; polygone qui se change en une ligne
continue quand les joints sont indéfiniment multipliés, et dont Coulomb a,
le premier, si je ne me trompe, donné une indication précise dans son
Mémoire de 1773, en montrant que, dans le cas où l'on suppose les joints
sans frottement ni cohésion, cette courbe, normale alors aux plans de joints,
serait, par là même, parallèle ou, plutôt, équidistante à la directrice d'in-
trados de la voûte.
» Depuis, la ligne des résultantes de pressions a été étudiée par M. Mose-
ley, d'une manière toute spéciale et mathématique, dans un Mémoire lu,
en juin 1837, à la Société Philosophique de Cambridge (tomes V et VI des
Transactions), et dans divers autres écrits publiés en i83g (1), où, sous le
nom de ligne de résistance, elle lui sert à discuter géométriquement l'état
et les conditions de l'équilibre d'un massif pesant composé d'un nombre
quelconque de solides en contact immédiat, tel qu'une voûte avec ou sans
(1) A Trcatisc of mechanic applied to the arts; Londres , i83g; Theoritical and pratical
papcrs on bridges, etc. Ce dernier Mémoire fait partie de la livraison de novembre i83q,d'un
Traité sur les ponts, publié à Londres par M. James Hann, dont les propres travaux ont
contribué à répandre, en Angleterre, la connaissance de ceux des ingénieurs français, sur
cette matière.
( 538 )
pieds-droits, contre-forts, surcharges, etc. Cette ligne, qu'une seule résultante
de pression détermine, qui passe entièrement dans l'intérieur du massif
quand il y a stabilité, qui coupe sa surface extérieure libre, sous un certain
angle quand la rupture est immédiate dans la région correspondante, qui
la touche simplement aux points où la rotation des voussoirs est imminente
et correspond à l'état d'équilibre strict, cette ligne sert à M. Moseley à
expliquer les phénomènes de rupture des voûtes observés par le professeur
Robison et M. Gauthey qui avait eu également un sentiment instinctif de son
existence, et il montre comment les conditions d'équilibre strict auxquelles
elle conduit, s'accordent avec celles jusque-là admises d'après Coulomb.
Malheureusement, la recherche de l'équation de cette même ligne dans le
cas des voûtes circulaires, la manière dont l'auteur détermine la poussée
au sommet, et les discussions purement mathématiques qui s'ensuivent,
offrent des complications et des incertitudes inhérentes non moins au point
de vue abstrait où il s'est placé, qu'aux difficultés analytiques mêmes du
problème. Toutefois, en limitant les formules à celles qui se rapportent au
cas de rupture ordinaire, elles comprennent implicitement celles que
MM. Audoy, Petit et de Garidel ont soumises au calcul dans des condi-
tions de surcharges, à la vérité, moins générales, mais aussi plus immédia-
tement applicables à la pratique des ingénieurs.
» Remarquons, en outre, que ce savant professeur ne s'est pas borné,
dans ses recherches, à la considération des conditions d'équilibre ou de
stabilité qui concernent la rotation à laquelle la considération de la ligne
de résistance est particulièrement applicable ; mais qu'il a aussi envisagé
les cas de rupture relatifs au glissement réciproque des voussoirs, ou
parties quelconques de voûte, sur les plans de joints, plans dont il déter-
mine la position au moyen d'une seconde courbe qu'il nomme ligne des
pressions, et qui est l'enveloppe des positions occupées par les résultantes
mentionnées ci-dessus, comme l'autre est le lieu des points de rencontre de
ces résultantes respectives avec les plans de joints qui leur correspondent. Il
est évident, en effet, que le plus petit angle sous lequel la première de ces
lignes rencontre ces divers plans, détermine celui d'entre eux où le glisse-
ment devient possible virtuellement et a inévitablement lieu quand l'angle
dont il s'agit est inférieur au complément de celui du frottement des sur-
faces en contact. Ici encore, l'auteur est demeuré dans des généralités pré-
cieuses, sans doute, au point de vue géométrique, mais dont la difficulté
et les incertitudes dans l'application, tiennent à l'indétermination même
des courbes de résistances et de pressions.
(539)
» Nous appliquerons des réflexions analogues au contenu d'un intéres-
sant Mémoire de M. Méry, sur l'équilibre des voûtes en berceau, daté de
février i83g, mais qui n'a été publié qu'en i8£o, dans les Annales des
Ponts et Chaussées , 'et où il s'occupe plus spécialement, des propriétés
géométriques et mécaniques de la première de ces lignes, nommée ici, à
l'inverse, courbe des pressions. En effet, la construction et l'équation que
l'auteur donne de cette courbe, offrent un arbitraire qui ne peut être évité
ou levé qu'au moyen des données mêmes fournies par l'expérience ou les
calculs numériques relatifs à la position des joints de rupture dans chaque
cas spécial. Néanmoins, le grand nombre des exemples de voûtes, figurées
dans les planches qui accompagnent le Mémoire de M. Méry, et où la
courbe de pression est approximativement tracée d'après les résultats ob-
servés ou calculés antérieurement par MM. Boistard et Audoy, donnent, de
dette courbe et de la position des joints de rupture dans la voûte, les
contre-forts ou pieds-droits, un sentiment intuitif qui a aussi son but d'uti-
lité, et qui n'a pas manqué d'exercer sa part d'influence dans la solution
pratique ou théorique des problèmes concernant la stabilité des voûtes.
» Cette observation est applicable, surtout, aux conditions par lesquelles
ce jeune ingénieur cherche à régler, à priori, le surcroît d'épaisseur qu'une
voûte réclamerait aux différents points, en raison de la résistance des maté-
riaux et des surcharges auxquelles elle serait exposée. Partant de prin-
cipes analogues à ceux mis en usage par M. Navier, sur la compressibilité
des solides élastiques et sur la distribution des pressions le long des plans
de joints exposés à s'ouvrir intérieurement ou extérieurement, il arrive à
des conséquences peut-être discutables en toute rigueur (i), mais qui, au
fond, diffèrent assez peu de celles de cet illustre ingénieur, pour la fixation
de l'intervalle minimum à observer entre la courbe des pressions et les lignes
(i) M. Bélanger, dans ses leçons à l'École des Ponts et Chaussées, adoptant, en partie,
les idées de M. Méry, les a rectifiées en généralisant l'hypothèse de M. Navier, relative à Ja
distribution des pressions entre deux solides élastiques limités à un plan de joint commun ,
hypothèse qui revient, en réalité, à supposer les pressions élémentaires en chaque point,
proportionnelles aux ordonnées d'un plan infiniment voisin du premier, et dont elles mesu-
rent, en quelque sorte, les déplacements moléculaires et relatifs correspondants, censés pa-
rallèles à la résultante générale. Seulement ici ce plan est dirigé d'une manière quelconque ,
quoique parallèlement, par rapport à l'arête la plus comprimée, et le point pour lequel la
pression serait nulle n'est plus nécessairement situé à l'extrémité opposée du joint, comme
l'a supposé M. Navier. En un mot, M. Bélanger remplace la considération du triangle de
compression par celle d'un trapèze quelconque déterminé par la connaissance de la résultante.
( 54o )
d'intrados ou d'extrados de la voûte. Cet intervalle étant une fois réglé,
en le prenant, par exemple, comme le veut M. Navier, au tiers de la lon-
gueur correspondante du joint, permet de tracer deux courbes respective-
ment équidistantes à ces lignes et dans l'intervalle desquelles doit se trou-
ver la courbe des pressions relatives à l'état de stabilité du système; mais
cette courbe elle-même reste indéterminée, à moins de supposer fictivement
la rupture de l'équilibre par rotation autour des arêtes des plans de joints
limités aux nouveaux intrados et extrados, ce qui réclamerait des calculs
ou tâtonnements fort pénibles et peu justifiés en principe. »
physique. — Note en réponse à M. Langberg, de Christiania. Nouveaux
nombres sur la propagation de la chaleur dans les corps (1); par
M. C. Despretz.
« 1. M. Langberg, dans un travail communiqué le il\ août 1 845 à l'A-
cadémie de Berlin, critique mes expériences, j'ose le dire, un peu trop sévè-
rement. J'ai gardé le silence sur ces critiques. Je devais croire qu'elles
n'avaient point paru fondées aux physiciens français, du moins à ceux qui
ont publié des Traités de physique depuis l'apparition du travail du savant
Danois. Les auteurs de ces ouvrages ont considéré mes expériences comme
des faits acquis à la science, sans faire mention des recherches de M. Lang-
berg, pourtant imprimées avec quelques détails dans un recueil français
( Journal F Institut, page i65; 1846).
» Occupé alors d'un nouveau travail sur la propagation de la chaleur,
je tâchais, en variant les corps et les conditions des expériences, de donner
de l'étendue à mes recherches sur cette importante question.
» Ce travail, qui m'avait déjà pris beaucoup de temps, a été interrompu
par mon départ forcé de la rue Saint-Hyacinthe (2) ; j'attendais qu'il fût ter-
miné pour insérer ma réponse dans la lecture que j'aurais faite à l'Acadé-
mie. Une circonstance particulière, qu'il serait inutile de faire connaître,
m'oblige à rompre le silence.
« I.,es expériences de M. Despretz, dit M. Langberg, semblent démon-
» trer le contraire de ce qu'elles étaient destinées à prouver, puisque, dans
(1) Je ne parle, dans cette Note, ni des recherches anciennes de M. Biot, ni des recherches
postérieures de MM. de la Rive et De Candolle, de M. Forbes, de M. Fischer, de M. Péclet,
de M. de Senarraont , etc. ; cette Note est purement une défense personnelle.
(2) L'établissement de la rue Souflot a entraîné la démolition partielle de plusieurs mai-
sons dont la façade donnait sur la rue Saint-Hyacinthe.
(54i )
» la plupart des cas, les températures décroissent plus rapidement que les
» termes d'une progression géométrique. »
» M. Langberg est tombé ici dans l'erreur : mes expériences ne devaient
pas donner une progression géométrique, les barres n'étaient pas assez
longues pour que l'influence de la source fût nulle à l'extrémité.
» Après quelques observations relatives aux thermomètres ordinaires,
le professeur de Christiania propose et emploie la pile thermo-électrique.
» Je ne m'attacherai nullement à discuter cette méthode; moi-même, j'ai
voulu l'employer avant i845 pour étudier la conductibilité des corps cris-
tallisés dans différents sens; j'espérais ainsi échapper à la difficulté de
trouver des corps cristallisés anhydres et homogènes en volumes un peu
considérables.
» Je pense toujours, je dois l'avouer, que le thermomètre à mercure, à
étroit et court réservoir, est encore ce qu'il y a de plus sûr et de plus
commode, quand on ne doit pas expérimenter sur des barres d'une section
très-petite.
» Dans mes expériences sur la conductibilité, j'ai trouvé constant le quo-
tient de la somme de deux excès par l'excès intermédiaire, pour les petites
barres de bons conducteurs. J'ai fait en même temps remarquer que, dans
le plomb, et surtout dans le marbre, la porcelaine, la terre cuite, etc., les
quotients décroissent plus ou moins rapidement.
» M. Munke a pensé que les expériences n'avaient pas eu assez de
durée (i) [Dictionnaire de Gehler (chaleur, i84i)]î M. Fechner (traduc-
tion allemande du Traité de Physique de M. Biot, volume V), M. Pouillet,
M. Lamé ont admis les résultats.
» Le décroissement doit-il se manifester réellement dans les mauvais
conducteurs pris sous la forme de petites barres ? Je ne puis rien dire à cet
égard aujourd'hui; je suis seulement en droit d'affirmer que, dans une
barre d'une dimension suffisante, la loi est toujours vérifiée, quelque
faible que soit la conductibilité de la matière, comme nous le verrons plus
loin.
» M. Langberg objecte aussi que la loi de Newton ne doit être admise
que pour des excès de température peu considérables.
» Tout le monde sait depuis longtemps que les expériences de Laroche,
et les expériences plus modernes et plus complètes de MM. Dulong et Petit,
ont prouvé que cette loi n'est applicable que pour de faibles excès de tem-
(l) J'ai toujours attendu que les températures fussent station naircs.
G. R., i85î, am« Semestre. (T. XXXV, N° 16.) 7 I
( 54a)
pérature. J'ai dit moi-même, dans la quatrième édition de mon Traité
élémentaire de Physique, 1 836, page aoo : La série exponentielle serait
altérée si les excès étaient trop considérables.
» J'avouerai cependant qu'il serait possible que l'excès de 60 degrés frit
déjà trop fort ; ce n'est pas toutefois cette circonstance qui a conduit aux
résultats obtenus pour les corps mauvais conducteurs, puisque la série est
exactement observée pour les mêmes excès dans les corps bons conduc-
teurs.
» J'avais bien porté mon attention sur l'influence de la hauteur de l'ex-
cès; j'avais même fait disposer des barres en cuivre pour l'étude de cette
influence , barres que plusieurs physiciens de Paris ont vues et exa-
minées.
» 2. Il nous est permis de dire qu'en i838 la science ne possédait que
quelques indications vagues sur la propagation de la chaleur dans les li-
quides; la propagation directe par ces corps n'était peut-être pas même
démontrée. Nous avons eu l'honneur de lire à cette époque, devant l'Aca-
démie, l'extrait d'un travail dans lequel nous avions non-seulement constaté
la propagation directe de la chaleur dans les liquides, mais même les lois
de cette propagation, (annales de Physique et de Chimie, i838.)
» Nous sommes dans la nécessité de rappeler, pour notre défense, une
expérience sur l'eau.
» Un cylindre d'eau de 1 mètre de hauteur et de 4o5 millimètres de dia-
mètre, chauffé par la partie supérieure, a donné, après soixante heures,
l'état final suivant :
Quotients de la
Quotients de la série
Températures.
Excès.
progression géométrique.
exponentielle.
42°,46
29,21
1,42
33,82
20,57
■*39
2,i38
28,03
14,78
.,43
2,092
23,60
10,35
i,43
2, 125
20,47
7,22
i,44
2, i3o
10,28
5,o3
Température de l'air pendant les huit dernières heures, i3°,a5; la dis-
tance des thermomètres fixés horizontalement, 45 millimètres; le centre
du réservoir de chaque thermomètre placé dans l'axe du cylindre.
» Ce cylindre d'eau a présenté le résultat d'une barre de longueur in-
( 543)
finie; les thermomètres les plus éloignés de la source n'ont pas varié; les
quotients fournis par la progression géométrique des excès sont aussi con-
stants que dans un corps bon conducteur.
>» Si l'on compare le quotient 1,609 f°urni Par un cylindre de 218 milli-
mètres de diamètre (voyez le Mémoire cité sur les liquides), au quotient
1,422 obtenu avec le cylindre de 4o5 millimètres, on trouve qu'ils satisfont
à la relation
log£ _ y/F.
log?' \/T> '
en effet,
!^=.,35 et S-Ùil».
» 3. M. Langberg s'exprime ainsi dans sa communication : « Bien peu
» de résultats donnés par la théorie mathématique ont pu être vérifiés et
» démontrés par l'expérience. »
» Cette appréciation des services rendus à l'époque de i845 par la phy-
sique expérimentale ne me paraît pas très-juste; car, parmi les résultats aux-
quels conduit la théorie mathématique de la chaleur, les plus simples et les
plus importants sont, ce nous semble, les suivants :
» i°. La constance du quotient de la somme de deux excès par l'excès
intermédiaire, dans une barre de longueur finie;
» 20. La progression géométrique des excès dans une barre infinie ;
» 3°. La relation entre les diamètres de deux barres infinies, et les quo-
tients donnés par les deux progressions géométriques. (Théorie mathéma-
tique de la chaleur, par Fourier; idem, par Poisson.)
» La première conséquence était suffisamment vérifiée par nos expé-
riences avec la barre de cuivre et avec la barre de fer.
» On voit par nos expériences sur l'eau que, dans une barre infinie, les
excès des températures des points équidistants, sur la température de l'air,
forment une progression géométrique; enfin, ces dernières expériences sa-
tisfont encore pleinement à la relation des diamètres et des quotients.
» Ce n'est donc pas sans raison que nous nous plaignons de l'opinion
exprimée par M. Langberg, puisque les trois résultatsque nous venons de rap-
peler avaient été constatés longtemps avant i845; à la vérité, les géomètres
s'étaient peu occupés de la question de la propagation de la chaleur par les
liquides : les résultats trouvés par l'expérience sur ces corps n'en avaient
que plus d'importance.
» 4. M. Fischer, M. Munke (owerage cité) blâment l'emploi d'une lampe
71..
( 544)
comme source de chaleur et préconisent l'emploi d'un métal en fusion dans
lequel on jette successivement des fragments du même métal. Je me sou-
mets avec docilité à toutes les critiques qu'on veut bien faire de mes
recherches, mais je conserve le droit de les examiner et de les apprécier.
Je reste toujours convaincu qu'une lampe (mes premières recherches
sur la conductibilité), que l'ébullition de l'eau pure (mes expériences sur
le passage de la chaleur d'un corps dans un autre), qu'un réservoir dans
lequel on fait arriver, à des intervalles équidistants, des volumes égaux
d'eau bouillante (mes expériences sur la propagation de la chaleur dans les
liquides) fournissent une source constante de chaleur, comme on le recon-
naît par l'invariabilité du thermomètre le plus voisin de la source, quand
cet instrument a atteint la température de l'état final ; mais je suis loin de
prétendre qu'un métal en fusion, procédé dont s'est déjà servi M. Biot il y
a plus de quarante ans, pour chauffer de très-longues barres de fer ou de
cuivre, ne soit pas aussi très-propre à donner une source constante. Je me
permettrai cependant de faire remarquer qu'on se tromperait étrangement,
si l'on pensait que ce procédé n'exige pas aussi beaucoup de soins et qu'il
suffit de tenir toujours quelques fragments solides, dans un corps en fu-
sion, métallique ou non métallique soumis à un échauffement extérieur,
pour le maintenir à une température constante. L'épreuve est facile à faire
avec de l'eau et de la glace et même avec un corps quelconque.
» 5. Nous rapporterons maintenant quelques résultats tirés du travail
commencé en i844 et interrompu en 1846, comme nous l'avons déjà dit,
travail dont nous avons entretenu, à plusieurs reprises à l'époque citée, nos
deux confrères, M. Élie de Beaumont et M. Constant Prévost.
» Barre de fonte : diamètre, om,2a5; longueur, om,6o4 ; distance des trous
comptée du centre, om,o45; diamètre des trous, o,n,oo52; le milieu du ré-
servoir de chaque thermomètre dans l'axe du cylindre.
» Température de l'air, 220, 1 4-
Moyenne.
2,002-4
Températures.
Excès.
Quotients
46°,oo
23,86
44.77
22,63
'.991
43,33
21,19
2,029
42,52
20,38
>.993
4l.47
19,33
2,007
4o, 56
18,42
2,009
39,83
'7.%
2,004
39,17
17,03
2,000
38, 5i
16,37
2,005
37>94
!5,8o
2,002
37.77
i5,63
( 545)
» 6. Barre de fer :
diamètre, 0
V795.
Températures.
Excès.
Quotients.
43°,o4
18,96
4i ,o3
16,95
2,022
39,4°
i5,3a
2,Ol4
37-99
13,91
2,023
36,90
12,82
2,Ol4
35,99
I,'9I
2,Ol3
35,23
1 i,i5
2,0l5
34,64
10, 56
Moyenne.
2,017
» Température de l'air, 24°, 08.
» La température de la partie supérieure était de 5o degrés, mais je me
suis aperçu trop tard qu'un des trous voisins de l'extrémité n'avait pas la
même profondeur que les autres; j'ai rejeté les trois températures les plus
élevées.
» Les quotients trouvés pour la fonte et le fer diffèrent à peine d'une
unité dans le troisième chiffre ; nous pensons qu'on rendrait encore la dif-
férence plus petite en multipliant les précautions. L'égalité de l'intervalle
qui sépare deux thermomètres consécutifs est la condition importante à
remplir.
» 7. Marbre statuaire blanc : diamètre, om,2i9.
Moyenne.
2,i33
Températures.
Excès.
Quotients
53°,7o
35,66
4» .74
24,70
2, io5
34,39
i6,35
2,217
29>59
ii ,55
2, io5
26,01
7.97
2, i53
23,64
5,6o
2,l4l
22,06
4,02
2,082
20,81
2>77
» Température de l'air, i8°,o4-
» Les quotients n'ont pas la même régularité que dans la fonte et le fer ;
la discordance peut tenir à un défaut d'homogénéité dans la matière. On
constate, chaque jour, que le marbre et les différentes pierres ne présentent
pas la même résistance dans toutes les directions et dans la même section ;
elle tient aussi à ce que des cavités cylindriques, étroites et profondes, sont
difficiles à percer dans cette espèce de marbre suivant une direction bien rec-
tiligne. Quoi qu'il en soit, la moyenne doit être peu éloignée de la vérité.
. » Je ne prends pas les derniers coefficients, parce qu'une légère erreur,
( 546)
sur des températures peu éloignées de la température de l'air, en entraîne
une considérable sur les quotients.
d 8. Pierre lithographique: diamètre, om,aio,.
Moyenne.
Températures,
Excès.
Quotiem
54°,39
30,09
45,82
21 ,52
2, l3
39>97
l5,67
2,12
35,98
11,68
2,07
3?, 79
8,49
2, II
3o,53
6,23
2,11
28,94
4,64
2,09
27,75
3,45
2,11
26,g3
2,63
» Température de l'air, a4°,3o.
» 9. Pierre de Tonnerre, séchée pendant un certain temps dans une
boulangerie : diamètre, om,22i.
Températures.
Excès.
Quotients.
Moyenne
5o°,92
3o,70
38,27
i8,o5
2,260
2,3o2
3o,32
10, 10
2,373
26,14
5,92
2,295
23,71
3 ,49
2,283
22,27
2,o5
2,3l7
21,48
1 ,26
2,285
21 ,o5
o,83
» Température de l'air, -100, 11.
» Dans la pierre de Tonnerre, telle qu'on l'emploie pour les construc-
tions, la propagation décroissante de la chaleur dans son intérieur amenait
une dessiccation inégale. C'est pour ne pas opérer sur un corps hétérogène
que j'ai fait sécher le cylindre dans toute son étendue avant de l'employer.
» 10. Bois de sapin : diamètre, om,ai5; température de l'air, i5°,68.
Températures.
Excès.
Quotients.
Moyenne.
53°,83
38, i5
40,59
a4t»9>
2,20
2,19
32, 40
16,72
2,l5
26,70
11 ,02
2, l6
22,77
7>°9
2,22
20,37
4,69
2,l8
18,81
3,i3
2,27
18,09
2,4'
(547)
» Ces coefficients sont aussi égaux qu'ils peuvent l'être dans une barre
si peu homogène; il est assez singulier que le bois de sapin, dans le sens
des fibres, soit meilleur conducteur que la pierre de Tonnerre; à la vérité,
ce dernier corps, après sa dessiccation, est plus ou moins poreux. $
» 11. Toutes les barres qui ont servi dans ces nouvelles expériences
étaient couvertes d'une feuille de papier blanc et mince, collée sur la sur-
face ; elles étaient placées verticalement et chauffées à la partie supérieure
par le procédé détaillé dans le Mémoire sur la propagation de la chaleur
dans les liquides; elles avaient toutes une même hauteur, les thermomètres
étaient placés dans toutes de la même manière. On vérifiait les zéros des
thermomètres, on estimait l'influence de la position horizontale de ces in-
struments ; on avait constaté que le résultat final était le même, que le cy-
lindre fût vertical ou horizontal.
» Nous n'avons rapporté que les résultats de l'état final, quoique nou£
ayons suivi réchauffement et le refroidissement de ces barres de demi-
heure en demi-heure, depuis le commencement de réchauffement jusqu'à
l'état final, et depuis l'état final jusqu'à l'abaissement des températures à
un état voisin de l'état initial, nous observions, en même temps, les tem-
pératures dans plusieurs directions parallèles à l'axe du cylindre, comme
nous l'avions déjà fait pour l'eau en i838, etc. Nous aurons l'honneur de
présenter à l'Académie l'ensemble des résultats quand nous reprendrons ce
travail.
a 12. On sait que la propriété de conduire l'électricité est singulière-
ment exaltée dans l'eau pure par l'addition d'un sel ou d'un acide. Nous
avons cherché quelle serait l'influence de cette addition sur la conducti-
bilité calorifique ; elle nous paraît être à peu près nulle.
» Nous avons trouvé dans l'eau pure 2,10 pour le quotient de la somme
de deux excès par l'excès intermédiaire 2,106 dans la dissolution renfer-
mant 37 parties de chlorure de sodium pur sur 997 d'eau, enfin 2,102 clans
la dissolution renfermant trois fois plus de sel.
» Je ne rapporte point les coefficients partiels ; en voici la raison : j'avais
fait choix, pour ces expériences, d'un cylindre en cuivre rouge, très-mince
et du diamètre et de la hauteur des barres cylindriques de fonte, de mar-
bre, etc. : me proposant d'étudier l'influence des sels et des acides sur la
conductibilité calorifique de l'eau, j'avais craint qu'un vase en bois ne s'im-
prégnât de la dissolution et ne devînt par cela même impropre à la répétition
des expériences : malheureusement les vases métalliques, quelque minces
( 548)
qu'ils soient, propagent une portion plus ou moins notable de chaleur trans-
mise par l'appareil, ce qui est une suite de leur plus grande conductibilité;
ces vases, très-minces, ontencore un autre inconvénient aussi très-grave, c'est
de s'agiter et même de vibrer avec la plus grande facilité. L'arrivée de l'eau
chaude dans le réservoir placé sur la basé supérieure de la colonne liquide,
le passage d'une voiture dans la rue les ébranlent même dans le cas où le
support de l'appareil est posé, non sur le plancher du lieu des observations,
mais sur un massif de maçonnerie assis sur le sol et à plus de 20 mètres de
la rue. Ce dernier inconvénient ne peut être bien reconnu que lorsqu'on a
déjà fait plusieurs séries d'expériences. Des vases plus épais vibreraient peu
et donneraient des résultats de nature à exercer les géomètres; mais, pour
l'étude des propriétés des liquides, les vases en bois, peints à l'intérieur,
paraissent les plus convenables.
» En résumé :
» i°. Nous pensons que notre réponse à M. Langberg a été claire et dé-
monstrative.
» i°. L'eau paraît très-peu modifiée dans sa propriété conductrice de la
chaleur par l'addition d'un sel.
» 3°. L'eau, le fer, la fonte, le marbre, la pierre lithographique, la
pierre de Tonnerre, le bois de sapin offrent des différences assez tranchées
dans leurs propriétés, pour que les résultats, tirés des expériences faites
sur ces corps, soient applicables à tous les corps de la nature. Les géomè-
tres, les géologues et les physiciens sont donc autorisés à considérer les
trois lois fondamentales de la propagation de la chaleur énoncées plus haut
comme constatées par l'expérience. »
M. Jomard fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de son Éloge
de Conté.
RAPPORTS.
M. Duvernot fait un Rapport verbal sur la première livraison de l'ou-
vrage sur l'anatomie microscopique des Animaux et le développement des
Vertébrés, de M. R. Wagner, intitulé : Icônes phjsiologicœ , dont
M. Va kiu publie une seconde édition entièrement refondue.
( 549)
MÉMOIRES LUS.
astronomie. — Disposition de l'appareil de Bohnenberger pour les diffé-
rentes latitudes; par M. C.-C. Persojî. (Extrait par l'auteur.)
(Commission précédemment nommée: MM. Arago, Pouillet, Babinet.)
« Dans la première partie de ce travail, j'ai montré que l'appareil de Boh-
nenberger n'était pas entraîné par la rotation de son support, et j'en ai conclu
qu'un instrument de ce genre, exécuté avec précision, donnait le moyen de
constater la rotation de la Terre. De cette rotation, j'ai dit que je ne considé-
rais d'abord que la composante qui tend àfaire tourner autourdela verticale.
Mais sur le Globe, c'est seulement au pôle que ce cas simple se réalise; à
toute autre latitude intervient la composante horizontale de la rotation ter-
restre qui complique les phénomènes. J'examinerai maintenant cette force ;
je dirai comment on l'élimine, et comment on peut reproduire partout des
conditions aussi simples qu'au pôle.
» Soient ZPH un méridien, X la latitude du point Z, n la Vitesse angu-
laire de la Terre autour de son axe CP ; on a, d'après le théorème d'Euler,
n sin X et n cos X pour les vitesses angulaires autour de la verticale CZ et de
l'horizontale CH. L'appareil de Bohnenberger étant en Z, on conçoit facile-
ment sa rotation autour de la verticale, puisque cette verticale passe par son
centre. Quant à la rotation autour de l'horizontale CH, d'après les règles de
la composition des rotations parallèles, elle équivaut à chaque instant à une
translation en ligne droite et à une rotation. Pendant sa translation suivant
chaque élément rectiligne de la trajectoire, l'appareil reste parallèle à lui-
même, et il tourne instantanément, en passant d'un élément à un autre,
avec une vitesse angulaire n cos X. Cette rotation s'effectue autour de la
méridienne menée par le centre de l'instrument, laquelle est une parallèle
à l'horizontale CH' du méridien passant alors par ce centre.
» Faisant abstraction de la translation, qui n'a pas ici d'influence, on
voit que la rotation de la Terre, en entraînant l'instrument, donne
naissance à un couple dont l'axe est dans la méridienne et les forces dans
le premier vertical. Ce plan est donc ici ce qu'était l'horizon par rap-
port à la composante de la rotation terrestre autour de la verticale. Or cette
composante faisait sortir l'axe du plan de l'horizon ; donc ici l'axe va sortir
du premier vertical, ou, en d'autres termes, il va prendre un mouvement
azimutal. Un pareil mouvement, quoique très-lent, pourrait rendre dou-
teuses les observations faites pour constater la rotation de la Terre, puisque
C. R., i85a , am« Semestre. (T. XXXV, N°iC.) 72
( 55o )
ces observations supposent l'axe sans mouvement azimutal. Voici comment
on obvie à cette difficulté : " •
» Les deux composantes de la rotation terrestre, agissant séparément,
impriment à l'appareil les vitesses angulaires n sin X et n cos X. Par consé-
quent, en agissant ensemble, elles lui donnent la vitesse n autour d'un axe
parallèle à celui de la Terre. Mettons dans cette direction l'axe général de
l'instrument qui, jusqu'ici, était vertical; nous rentrons alors dans le cas
simple supposé par le calcul : seulement, la composante verticale de la rota-
tion terrestre est maintenant remplacée par la rotation totale, et il n'existe
plus de force qui tende à donner un mouvement azimutal. La rotation de
la Terre fera simplement décrire à l'axe de la petite sphère le méridien où il
nous aura plu de le mettre; mais ce mouvement sera excessivement lent. En
ascension droite, on aura un mouvement apparent plus rapide, qui sera pré-
cisément égal à celui de la Terre ; de sorte que l'anneau moyen paraîtra faire
un tour en vingt-quatre heures. En un mot, on se retrouvera exactement
dans les mêmes conditions qu'au pôle.
» J'ai été engagé dans ce travail par une question que m'a faite M. Sire,
préparateur de physique à la Faculté des Sciences de Besançon. M. Sire m'a
demandé si, dans les expériences sur la rotation de la Terre, on ne pour-,
rait pas remplacer le pendule par une roue qui tournerait autour d'un axe
horizontal dans une chape, mobile elle-même autour d'un axe vertical. J'ai
répondu négativement, par la raison que l'analogie était inexacte, le pendule
ne décrivant pas un plan, ainsi que M. Foucault l'avait annoncé, mais fai-
sant des oscillations elliptiques, ainsi que l'avait démontré M. Binet. Depuis,
ayant réfléchi à la liberté d'inclinaison latérale qui manquait à la roue de
M. Sire, et qui, suivant moi, était nécessaire, je pensai que l'appareil de
Bohnenberger avec ses trois axes devait résoudre la question, c'est-à-dire
devait ne pas être entraîné par la rotation de la Terre ou de son support. Je
fis quelques essais sur l'instrument qui était à la Faculté, instrument d'un
prix modique, et construit pour un autre usage. Il m'offrit des irrégularités :
ainsi l'axe de la petite sphère n'était jamais rigoureusement fixe, même
quand le support était immobile. Mais, d'un autre côté, il n'était pas plus
dérangé quand on faisait tourner le support, et que la sphère d'ailleurs était
animée d'une rotation un peu rapide. Ayant consolidé entre eux les deux
anneaux intérieurs pour ôter à l'appareil ce troisième mouvement que j'avais
jugé nécessaire, je vis la petite sphère, malgré sa rotation, infailliblement
entraînée quand je tournais le support. Je jugeai alors la probabilité assez
grande pour étudier théoriquement la question. Je reconnus que cette
( 55. )
résistance à l'entraînement était une conséquence extrêmement simple du
théorème d'Euler sur la composition des rotations, et que d'ailleurs il y
avait une expérience de vérification, beaucoup mieux faite que toutes les
miennes, dans le grand phénomène de la précession des équinoxes. Je me
convainquis ainsi que les irrégularités de mon instrument n'avaient pas
plus d'importance que les irrégularités d'un cercle tracé sur le tableau pour
une démonstration géométrique.
» Afin d'appuyer mes résultats, je ferai quelques remarques sur ceux qui
ont été publiés sur le même sujet. M. Sire n'a pas donné de démonstration
rationnelle : c'est seulement par l'expérience qu'il veut établir la fixité de
sa roue, malgré la rotation du support. J'ai vu son expérience ; son appareil,
dépourvu du troisième axe, est entraîné par toute rotation régulière du sup-
port. Mais, par cela même qu'il n'a que deux axes, cet appareil réalise des
phénomènes curieux d'évolution dont je ne me suis occupé que pour en
chercher la cause, qui est fort simple.
» M. Foucault ne prouve pas par le raisonnement qu'un corps en rota-
tion doive résister à l'entraînement de son support. Il ne donne pas non plus
de démonstration expérimentale réellement suffisante; nulle part il ne dit
avoir établi son appareil sur un support tournant, ni avoir tordu le fil de
suspension pour s'assurer qu'il n'y a pas entraînement. Il ne soumet son
appareil qu'à une rotation excessivement lente, qui est celle de la Terre : il
observe alors au microscope des mouvements apparents, desquels il conclut
que le plan de rotation possède une fixité de direction absolue. C'est une con-
clusion d'autant plus hardie, qu'elle paraît contraire aux lois de la Mé-
canique; car, dans cette expérience, interviennent des forces qui dérangent
nécessairement cette fixité annoncée comme absolue. Il est évident d'abord
que le gyroscope, par cela seul qu'il tourne avec la Terre, en lui présentant
toujours la même face, tourne en même temps sur lui-même : c'est le cas
bien connu de la Lune. Or, cette rotation se combinant avec celle qu'on a
donnée au mobile pour l'expérience, la fixité absolue est généralement im-
possible. Elle n'aurait pas lieu même quand on mettrait l'axe du tore dans
la méridienne pour faire coïncider les axes des deux rotations; car cette
coïncidence ne durerait qu'un instant, vu que l'axe du tore ne marche pas
avec la méridienne. Et si on l'oblige à marcher avec elle, comme l'auteur le
fait plus loin, la fixité est encore plus dérangée; une force qui existait déjà,
mais qu'on avait méconnue, se trouve alors notablement agrandie, et l'axe
se met en mouvement dans un plan vertical. Comment parler de fixité ab-
solue quand il y a ainsi des forces continuellement en jeu sur un appareil
■ 72..
( 552 )
librement suspendu, c'est-à-dire prêt à leur obéir! On se trouve alors conduit
à des contradictions réelles. M. Foucault admet que l'axe de son gyro-
scope tend à se placer parallèlement à l'axe de la Terre, et en même temps
il prétend que cet axe, libre de se mouvoir, a une fixité absolue dans toutes
les positions qu'on lui donne.
n Voici maintenant la cause de ces contradictions. M. Foucault n'a pas
vu que les forces qui agissent quand il opère avec deux axes, comme M. Sire,
agissent aussi quand il opère avec trois axes. Ces forces sont les composantes
verticale et horizontale de la rotation terrestre. M. Foucault n'a reconnu la
dernière que quand elle se trouvait agrandie par cette suppression d'un axe.
Quant à la composante verticale, il n'en parle nulle part.
» Comment cette composante a-t-elle pu lui échapper ? C'est qu'il croyait
l'avoir annulée par son mode de suspension à l'aide d'un fil sans torsion. Ce
serait bien si le fil restait'sans torsion , mais il s'en produit nécessairement une,
puisque l'extrémité inférieure du fil est attachée à un cercle qui, d'après l'au-
teur lui-même, ne tourne pas, tandis que l'extrémité supérieure tourne avec
la Terre. Et cette torsion n'est pas négligeable dans un cas où l'on parle de
fixité absolue.
» Je résumerai en quelques mots cette deuxième partie de mon travail :
» i°. Je fais connaître une disposition qui permet d'employer l'appareil
de Bohnenberger à toutes les latitudes, dans des conditions aussi simples
qu'au pôle;
» 20. J'explique comment la roue de M. Sire, qui ne fournit pas de plan
fixe, m'a donné l'idée de l'appareil de Bohnenberger, qui en fournit un;
» 3°. Je crois avoir signalé des erreurs de mécanique dans le travail de
M. Foucault; je pense que ce physicien devra renoncer à la fixité absolue
qu'il avait admise, et admettre, au contraire, la force de rotation autour
de la verticale qu'il avait méconnue. »
chimie. — Recherches sur une combinaison nouvelle du cobalt;
par M. Edouard Saint-Evre. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Thenard, Chevreul, Dumas, Pelouze.)
« Lorsqu'on met en contact une dissolution froide et concentrée d'azo-
tite de potasse avec une dissolution également froide et concentrée d'azo-
tate de cobalt, on observe les phénomènes suivants : il se dégage du bioxyde
d'azote, en même temps qu'il se dépose un précipité insoluble d'une teinte
jaune particulière. Enfin, si l'on examine la liqueur qui a donné naissance
à ce dernier, on y trouve une quantité considérable de nitrate de
potasse.
( 553 )
» On peut encore produire ce nouveau corps dans les deux circon-
stances suivantes : premièrement, on n'a qu'à précipiter l'azotate de cobalt
par la potasse, de manière à former le sous-sel bleu, mettre celui-ci en
contact avec un léger excès d'azotite de potasse, et y laisser tomber un
mince filet d'acide azotique au moyen d'une pipette : on observe dans ce cas
le dégagement du bioxyde d'azote, la formation du nitre et la production
du précipité jaune ; secondement, on détermine encore la formation du
nouveau corps, en précipitant l'azotate de cobalt par la potasse en léger
excès, jusqu'à ce que l'hydrate rose de protoxyde de cobalt ait paru, et en
faisant passer dans le magma qui en résulte un courant de bioxyde d'azote.
L'expérience, dans ce dernier cas, est si nette et si prompte, qu'elle peut
être exécutée dans un cours public.
» Ce corps jaune est doué des propriétés suivantes :
» Il est d'un jaune éclatant ; sa nuance est tellement vive, qu'il constitue
le type du jaune dans le cercle chromatique de M. Chevreul. Il est neutre
au tournesol.
» Examiné au microscope, il constitue des prismes à quatre pans, ter-
minés par des facettes triangulaires. Il est sensiblement insoluble dans l'eau,
et tout à fait insoluble dans l'alcool et l'éther. Le sulfure de carbone en
dissont des traces.
» L'eau bouillante le décompose, à l'abri de l'air, en dégageant du
bioxyde d'azote. Au contact de l'air, on remarque la formation de vapeurs
d'acide azotique; en même temps la liqueur devient alcaline et se colore
en rose. On y trouve de l'azotate ordinaire de cobalt et de l'azotite de
potasse.
» Mis en suspension dans l'eau, il résiste pendant longtemps à l'action
d'un courant de chlore. Ce n'est qu'en chauffant le mélange qu'on parvient
à le décomposer.
» Il résiste également bien, dans les mêmes circonstances, à l'action de
l'hydrogène sulfuré. Mais le sulfhydrate d'ammoniaque détermine presque
immédiatement la formation du sulfure noir de cobalt.
» L'action des acides en dégage des vapeurs rutilantes.
» La potasse en dissolution dans l'eau précipite l'hydrate de sesquioxyde
de cobalt. Cet hydrate perd peu à peu son eau à la température de 100 de-
grés, et n'en retient plus qu'un seul équivalent, qu'il n'abandonne qu'à
une température supérieure à 1 55 degrés. Il est en outre légèrement soluble
dans l'eau chaude.
» Calcinée au contact de l'air, dans un tube bouché, la matière change
( 55/4 )
de teinte pour prendre une nuance d'un jaune orangé. En même temps elle
entre en fusion, en dégageant de l'eau, des vapeurs rutilantes d'acide
hypoazotique et des vapeurs blanches d'acide azotique. Le résidu qu'on
obtient se compose de sesquioxyde de cobalt et d'azotite de potasse. En
opérant dans un courant d'azote ou d'acide carbonique desséché, on
obtient, outre tous ces produits, du bioxyde d'azote. Enfin, dans les
mêmes circonstances, mais en employant, pour décomposer la substance,
la température élevée d'un feu de charbon, après s'être débarrassé de
l'acide carbonique par la potasse, du bioxyde d'azote par le sulfate de
protoxyde de fer, on obtient un résidu gazeux qui présente les propriétés
de l'azote.
» L'auteur de ce Mémoire, en raison des difficultés imprévues qu'il a
rencontrées dans le dosage de la potasse et du cobalt, s'est arrêté au pro-
cédé suivant. Ce procédé consiste à faire bouillir la matière destinée à l'ana-
lyse avec de l'acétate de soude pur, légèrement acidulé, lorsqu'il est alca-
lin, par une petite quantité d'acide acétique. Il faut ensuite précipiter le
cobalt au moyen de l'hydrogène sulfuré, reprendre le sulfure obtenu, par
l'acide azotique étendu d'eau, évaporer et calciner1 le nitrate de cobalt
ainsi obtenu, et réduire par l'hydrogène le sesquioxyde résultant de la
calcination. Il faut enfin s'assurer que, dans l'oxyde destiné à la réduction,
il ne reste pas de soufre à l'état de sulfure ou d'oxysulfure, malgré toutes
les précautions employées, et le doser, s'il en existe, à l'état de sulfate de
baryte pour défalquer son poids du poids total. Quant au dosage de la
potasse, il faut d'abord se débarrasser du cobalt en le précipitant à l'état de
sulfure.
» Les résultats bruts de l'analyse conduisent à la formule
Aza08,CbO,KO, {HO.
» Il faut donc, tant à cause de la présence de l'eau, que de la formation
du sesquioxyde de cobalt par la calcination, doubler la formule précédem-
ment citée, qui devient alors
a(Az308,CbO, KO) HO en équivalents.
» En ramenant la réaction à sa forme la plus simple, on peut s'en rendre
compte de la manière suivante : i équivalent de nitrate de cobalt, 2 équi-
valents d'acide nitrique, et 4 équivalents d'azotite de potasse, renferment
les éléments de 3 équivalents de nitre,de 2 équivalents de bioxyde d'azote,
qui se dégagent, et de i{ équivalent du corps jaune qui se précipite en
( 555 )
prenant la quantité d'eau qui lui est nécessaire :
Az05CbO] / 3(Az05KO)
+ 2(Az05) = + a(Az02)
+ 4(AzOsKO) ) ( + a(AzO%CbO,KO).
» La formule citée plus haut exige :
Calculé en centièmes. Trouvé en moyenne.
Az\ 56 1 5,34 i5,4a
o,s. ....... 128 35,07
2CbO 76 20,82 20,48
2 KO 96 » 26,3o 26, 5o
HO 9 2,47 »
365 100,00
» En résumant, ce sel paraît devoir être considéré comme une combinai-
son d'acides azotique et azoteux unis à de la potasse, à de l'eau et à du
protoxyde de cobalt. C'est au moins la manière de l'envisager la plus simple
qui résulte de l'examen matériel des faits.
» En raison de la beauté de sa nuance, de la résistance qu'il oppose aux
agents ordinaires d'oxydation ou de sulfuration, l'auteur de ce Mémoire a
pensé que ce jaune de cobalt pourrait être avantageusement employé dans
la peinture. Des expériences commencées depuis plus d'un an, et dont les
résultats sont entre les mains de M. Chevreul, démontrent qu'il peut s'em-
ployer sans altération aucune, soit seul, soit à l'état de mélange dans la
peinture à l'huile et dans la peinture à l'aquarelle. L'auteur se croit en
conséquence fondé à pouvoir affirmer que le jaune de cobalt constitue une
couleur susceptible à l'avenir d'être employée dans la peinture. Plusieurs
artistes en ont déjà essayé l'emploi, et l'auteur ne fait ici que reproduire
leur témoignage. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ORGANOGKNIE végétale. — Organoge'nie des P unie des ; par M. Payer.
(Extrait par l'auteur. )
(Commission précédemment nommée : MM. de Jussieu, Brongniart.)
« Inflorescence. L'inflorescence du Grenadier est très-simple. La fleur naît
à l'extrémité du rameau; elle est, selon l'expression des botanistes descrip-
( 556 )
teurs, solitaire et terminale. Deux bractées en enveloppent la base et sont,
le plus ordinairement, stériles; parfois, cependant, il arrive qu'à l'aisselle
de chacune d'elles une fleur se développe. L'inflorescence se compose alors
de trois fleurs, une centrale et deux latérales. C'est une cjme triflorc
contractée, ce que M. A. Saint-Hilaire appelle un glomérule.
» Calice. La grenade, à l'origine, se présente sous la forme d'un petit
mamelon cellulaire, un peu plus large au sommet qu'à la base, de manière
à représenter assez bien une toupie. Puis le mamelon se déprime, et cette
dépression se continuant, il en résulte une sorte de coupe à bord festonné.
(Iliaque feston est le rudiment d'une foliole calicinale. J'ai cherché long-
temps si ces festons apparaissent simultanément ou successivement. Je n'ai
pu arriver à une certitude. Je les ai vus tantôt égaux et tantôt inégaux. Ce
qu'on peut dire de plus généralement vrai, c'est que la dépression est d'a-
bord assez irrégulière, et que quand les sépales deviennent distincts, ils
sont tous de même forme et de même grandeur.
» Corolle. Les pétales alternent avec les sépales. Ils naissent tous en
même temps et offrent, dans le premier âge, l'aspect d'un petit mamelon
conique. Us sont insérés plus bas que les sépales sur les parois internes de
l'espèce d'entonnoir produit par la dépression de l'axe floral. Du reste, leur
développement ultérieur ne présente rien de particulier.
» Androcée. Les étamines sont très-nombreuses et apparaissent comme
les pétales sur les parois internes de l'entonnoir floral, du sommet à la base;
cela est très-facile à observer, soit sur les Grenadiers à fleurs simples, soit
sur les Grenadiers à fleurs doubles, où l'on peut suivre pas à pas la transfor-
mation des étamines en pétales. Les étamines voisines de la corolle sont
déjà très-avancées, que celles qui sont au fond de l'entonnoir floral com-
mencent à peine à poindre. Elles ne forment point un cercle régulier. Insé-
rées assez bas vis-à-vis les sépales, elles se relèvent vers les pétales, en sorte
qu'elles forment comme des guirlandes qui vont d'un pétale à l'autre, chaque
guirlande étant composée de quatre étamines.
» Gynécée. A peine toutes les étamines sont-elles nées, que le fond de l'en-
tonnoir floral se creuse dans son milieu et forme un puits peu profond,
bordé par une étroite margelle. C'est sur cette margelle qu'apparaissent cinq
petits mamelons, rudiments des stigmates, et c'est sur les parois du puits,
au-dessous de chacun des mamelons stigmatiques, que se produisent autant de
cavités, rudiments des loges supérieures de l'ovaire. Les stigmates s'allon-
gent, se recouvrent de papilles; une membrane stylaire commune les sou-
lève, et l'on a bientôt cette colonne centrale que l'on observe dans la fleur
(557)
des Grenadiers. En même temps, les loges qui leur correspondent s'appro-
fondissent davantage, et, par un mouvement de bascule tout à fait analogue
à celui que j'ai décrit dans le Mesembrjranthemum edule, de presque verti-
cales qu'elles sont dans l'origine, elles deviennent horizontales, puis renver-
sées, en sorte que les placentas, qui sont axiles dans le principe, deviennent
basilaires, puis pariétaux.
» Ce qui se forme au fond de l'entonnoir floral, immédiatement au-des-
sous de l'androcée, se reproduit au fond du puits ovarien, c'est-à-dire qu'il
s'y. creuse un second puits plus étroit et moins profond que le premier, et
qui, par suite, a aussi sa margelle. Des stigmates tendent à se montrer sur
cette nouvelle margelle ; mais, gênés dans leur développement, ils restent
rudimentaires ou disparaissent. Au-dessous d'eux, sur les parois de ce second
puits, se creusent autant de cavités, éléments de nouvelles loges. Dans les
Grenadiers des Tuileries, ces loges sont au nombre de cinq, et alternent avec
les loges de l'étage supérieur. Dans les Grenadiers du Jardin des Plantes, il
n'y en a que trois. Ces loges deviennent de plus en plus profondes, mais ne
subissent point de mouvement de bascule comme les premières ; par suite,
les placentas restent toujours axiles.
» Dans une variété que l'on cultive au Jardin des Plantes, sous le nom
de Punica granatum flavum , il y a trois étages de loges. Le second étage se
comporte alors absolument comme le premier; les placentas, d'abord axiles,
deviennent horizontaux, puis pariétaux, et c'est au fond du second puits
ovarien que se creuse un troisième qui produit trois nouvelles loges, analo-
gues aux loges du second étage dans le Grenadier ordinaire.
» La fleur des Grenadiers offre donc deux verticilles de carpelles; le
premier, le plus extérieur, dont les stigmates se développent, et dont les
loges, par un mouvement de bascule, se renversent; le second, le plus inté-
rieur, dont les stigmates avortent, et dont les loges conservent leur direction
primitive. Qu'on se représente le réceptacle' concave de la Rose creusé sur
ses parois internes d'un cercle de cinq loges horizontales, et à son fond de
trois autres loges verticales, on aura une idée assez nette de l'organisation
de l'ovaire des Grenadiers.
» Ovules. Les ovules naissent sur ies placentas sans beaucoup d'ordre. On
n'y observe point ces séries régulières que j'ai indiquées dans les Mesem-
bryanthemum ; mais on remarque toujours que les ovules commencent à
paraître au sommet organique du placenta, et, quand le placenta"en est
recouvert, on peut facilement constater que les ovules sont d'autant plus
jeunes, qu'ils sont plus rapprochés de la base organique. J'emploie à des-
C. R., i85a, s=» Semestre. (T. XXXV, H° 16.) 73
( 558 )
sein les expressions de sommet organique et base organique, afin de pou-
voir généraliser. Car, par suite du mouvement de bascule que les placentas
des loges supérieures éprouvent, et qui les rend pariétaux, leur sommet
organique devient la base, et leur base organique le sommet; tandis que
dans les loges inférieures, où ce mouvement n'a pas lieu, les placentas restent
dans leur situation primitive, et l'on voit très-bien les ovules naître du
sommet à la base. »
chimie. — Sur une matière colorante verte qui vient de Chine;
par M. .!. Persoz.
(Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Pelouze.)
« J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Académie un échantillon
d'une matière colorante, employée en Chine pour teindre en vert les fibres
textiles. L'Académie voudra bien me permettre de lui retracer, en peu de
mots, comment je suis parvenu à constater l'existence de cette couleur.
» M. Daniel Kœchlin-Schouc, en me remettant, l'automne dernier, un
échantillon de calicot teint en Chine, de nuance vert d'eau d'une grande
stabilité, m'invita à rechercher la composition de cette couleur verte. Tous
les essais que je fis sur cet échantillon, en vue de mettre en évidence un
bleu ou un jaune quelconque, demeurèrent sans résultat, et je fus bientôt
convaincu, par l'isolement du principe colorant, que ce vert était dû à une
matière tinctoriale d'une nature particulière et sui generis. De plus, il de-
venait évident :
» i°. Que cette matière colorante était d'origine organique et végétale ;
» 2°. Que le tissu sur lequel elle était fixée se trouvait chargé d'une forte
proportion d'alumine et d'un peu d'oxyde de fer et de chaux, corps dont la
présence implique nécessairement, comme conséquence, que pour adhérer
au tissu la matière colorante employée avait exigé le concours des mordants.
» Ces résultats si positifs et cependant si contraires, non-seulement à
tout ce que nous connaissons en Europe touchant la composition des verts,
mais encore à tout ce qui a été écrit sur les procédés de teinture mis en
usage chez les Chinois pour faire cette couleur, nécessitaient de ma part un
examen plus approfondi; aussi, vers la fin du mois de novembre dernier,
j'eus recours à la complaisance de M. Forbes, consul américain à Canton,
pour lui demander un spécimen de la précieuse matière. Il eut la bonté de
m'en envoyer environ i gramme.
» Cette substance se présente en plaques minces, de couleur bleue, ayant
' ( 559 )
beaucoup d'analogie avec celle de l'indigo Java, mais d'une pâte plus fine
et qui diffère d'ailleurs de l'indigo par sa composition et toutes ses propriétés
chimiques. Après avoir fait infuser un très-petit fragment de cette substance
dans l'eau, ce véhicule ne tarda pas à se colorer en bleu foncé, avec reflet
verdâtre. La liqueur portée progressivement à l'ébullition, il s'effectua, en
y plongeant un échantillon de calicot sur lequel étaient imprimés des mor-
dants de fer et d'alumine, une véritable teinture et l'on vit passer :
» Les parties du tissu recouvertes d'alumine, au vert d'eau plus ou moins
foncé, suivant l'intensité du mordant;
» Les parties recouvertes d'alumine et d'oxyde ferrique, au vert d'eau
foncé tirant à l'olive;
» Les parties enfin chargées d'oxyde ferrique pur, à l'olive foncé.
» Quant aux parties du tissu non recouvertes de mordant, elles restèrent
sensiblement blanches.
» Les couleurs ainsi obtenues furent mises en présence de tous les agents
auxquels nous avions précédemment soumis le vert chinois, et les résultats
prouvèrent qu'elles se comportaient de la même manière. De ces expériences
on peut conclure :
» i°. Que les Chinois possèdent une matière colorante (laque) ayant
l'aspect physique de l'indigo, qui colore en vert les mordants d'alumine et
de fer ;
» i°. Que cette matière colorante ne contient ni indigo, ni aucun dérivé
de ce principe tinctorial.
» L'honorable Président de la Chambre de Commerce de Paris, M. Le-
gentil, ayant compris tout l'intérêt qu'il y avait pour la science et l'industrie
à ce que notre pays fût promptement mis en possession de cette précieuse
matière, prit, il y a quelques mois, toutes les mesures nécessaires pour s'en
procurer le plus tôt possible une certaine quantité et pour avoir en même
temps tous les renseignements touchant son origine et sa préparation.
» J'attends, pour soumettre à l'Académie un travail complet sur cette
nouvelle couleur, que j'aie été en mesure d'en faire une étude plus appro-
fondie. »
entomologie — Sur une petite phalène dont la larve vient d'exercer des
ravages sur le blé et l'orge dans les colonies agricoles des environs de
Mostaganem ; par M. le Dr Guyon.
(Commissaires, MM. Duméril, Milne Edwards, de Quatrefages. )
« Comme je visitais les colonies agricoles des environs de Mostaganem,
73..
( 56o )
dans les journées des 23 et il\ du mois de septembre, la phalène qui fait le
, sujet de cette Note sortait en grande quantité des tas de blé et d'orge que leurs
habitants venaient de récolter ; ils en nourrissaient leurs poussins, en les
mettant sur ces mêmes tas de céréales. Ce lépidoptère est peut-être nouveau
pour la science ; aussi en ai-je recueilli un assez grand nombre, pour que
l'étude en puisse être faite convenablement. J'en joins à cette communica-
tion quelques individus plus ou moins maltraités, en attendant ceux que
j'enverrai plus tard avec des échantillons du grain où sa larve a vécu. La
colonie qui en a le plus souffert est celle d'Aboukir, sur la route de Mas-
cara.
» Dans cette même colonie, la récolte du seigle a complètement manqué
cette année, le grain ayant avorté dans la paille ou enveloppe. Le seigle, du
reste, est une céréale à laquelle le climat du nord de l'Afrique ne paraît pas
convenir. »
entomologie. — Sur une mouche venimeuse de V Afrique méridionale; par
M. W. Oswell. (Présenté par M. de la Roquette au nom de la
Commission centrale de la Société de Géographie.)
(Commissaires, MM. Duméril, Milne Edwards, de Quatrefages.)
« Cette mouche, appelée par les indigènes Tsetsé, est la même que celle
qui fut trouvée à l'est du Limpopo, et qui infeste la contrée de Sebitoani ;
elle est heureusement confinée en certaines localités dont elle ne s'éloigne
jamais. Les habitants mènent leurs, troupeaux à une certaine distance des
lieux où elle se trouve, et s'ils sont forcés, en les changeant de place, de
traverser des portions de pays dans lesquelles cet insecte existe, ils choisis-
sent le clair de lune d'une nuit d'hiver, parce que pendant les nuits de la
saison froide, cet animal ne pique pas. D'après ce que j'ai vu, je pense qu'il
suffit de trois à quatre mouches pour tuer un gros bœuf. Nous examinâmes
une vingtaine environ des nôtres qui avaient été piqués et qui moururent, et
tous offraient les mêmes apparences. En soulevant la peau, les muscles et
la chair avaient un aspect glaireux, et paraissaient fort altérés. L'estomac et
les intestins étaient sains; le cœur, les poumons, le foie, quelquefois tous
à la fois, et invariablement l'un ou l'autre de ces organes, étaient malades.
Le cceiir, en particulier, attira notre attention; ce n'était plus un muscle
ferme, mais un organe contracté et aminci, se laissant écraser par la moin-
dre pression de ses parois; il ressemblait à de la chair qui aurait été
trempée dans l'eau. Le sang était diminué en quantité et altéré en qualité.
Le plus gros bœuf n'en rendit pas plus de vingt pintes; i! était épais et albu-
( 56 1 )
milieux. Les mains qu'on plongeait dans ce sang n'en étaient point tachées.
Le poison semblerait se développer dans le sang, et par son intermédiaire
altérer les organes.
» Tous les animaux domestiques, à l'exception de la chèvre, je crois,
meurent de la piqûre de cet insecte; les veaux et les jeunes animaux pen-
dant tout le temps qu'ils tettent en sont garantis; l'homme et tous les ani-
maux sauvages sont aussi à l'épreuve de son venin. »
physiologie. — Huitième Mémoire sur le système nerveux;
par M. Waller.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Magendie, Flourens*
Velpeau.) •
« D'après des observations faites en 1849 (1), j'ai déjà eu occasion de
remarquer l'influence de la température sur les altérations des fibres ner-
veuses coupées. Je me propose, dans les observations suivantes, d'exposer
quelques nouvelles observations sur ce sujet. Au lieu de faire l'examen des
grenouilles à différentes époques de l'année, où les différences qu'on ob-
servait pouvaient être compliquées de plusieurs autres causes, j'ai ex-
posé des grenouilles à des températures différentes à la même époque de
l'année.
» Ces observations ont été faites principalement pendant les mois de
décembre et de janvier derniers. Les altérations dans la structure des fibres
nerveuses coupées ont été observées, en général, dans les ramifications du
nerf glosso-pharyngien ; les changements dans les fonctions motrices ont été
étudiés sur la partie périphérique du nerf hypoglosse. Ce choix a été dicté
par la plus grande facilité d'examiner les fibres nerveuses des papilles fon-
giformes. Nous avons, du reste, prouvé que les altérations se font avec la
même rapidité dans les fibres sensitives et musculaires.
» Les grenouilles furent exposées, les unes à une température de 1 7 à
20 degrés centigrades, les autres à la température de o à 7 degrés centi-
grades. Chez les premières, on apercevait déjà, au bout de quatreà cinq jours,
une altération très-évidente des fibres nerveuses coupées. Leur substance
médullaire portait déjà des traces très-manifestes de fissures et de solutions
de continuité. A la même époque, le nerf moteur avait déjà perdu une
grande partie de sa puissance; car le galvanisme ne déterminait plus que de
(1) Philosophical Transactions of t lie royal Society London , part. 2; i85o.
( 562 )
faibles contractions. Au bout de huit à neuf jours, les fibres nerveuses se
trouvaient encore plus évidemment altérées, et leur substance tubulaire était
convertie en particules séparées, mélangées de granules. En même temps
le nerf moteur avait entièrement perdu son excitabilité. Chez les mêmes ani-
maux, après quatre ou cinq jours, on apercevait, sur les bords de la plaie
faite pour découvrir les nerfs en question, un gonflement inflammatoire, et
vers le quatorzième jour, la plupart des sutures étaient détachées. Lorsque
l'animal avait une plaie plus profonde, il y avait formation de matière puru-
lente en grande abondance.
» Je fais ordinairement la division de la moelle épinière, et par ce moyen
on 'diminue les mouvements violents de l'animal , et la plaie est moins
exposée au contact des corps environnants. Le pus est sécrété en grande
quantité; et l'eau dans laquelle est placé l'animal devient promptement
infecte et malfaisante pour l'animal. La matière purulente ressemble, quant
à ses caractères physiques, à celle de l'homme, excepté que les globules de
pus sont plus grands. L'amaigrissement des animaux gardés à cette tempé-
rature est très-manifeste.
» Les grenouilles tenues à une basse température présentaient des phéno-
mènes tout à fait différents. Les nerfs examinés vingt, trente et même quarante
jours après la section, ne m'ont présenté aucune apparence d'altération.
L'excitabilité du nerf moteur était non-seulement conservée, mais était con-
sidérablement augmentée, à tel point que, dans quelques cas où j'avais trouvé
qu'après la section le nerf n'agissait plus quand les hélices de l'appareil
de du Bois-Reymond étaient écartés au delà de 4°6 millimètres, se trou-
vait au bout de vingt jours excitable à un écartement de im,3o. La langue
humaine, dans les mêmes conditions, ne commençait à sentir l'influence
électrique qu'à 284 millimètres. Ainsi, comme dans certains cas de paraly-
sie, le nerf, par son inaction, était devenu beaucoup plus irritable qu'à
l'état normal. A la même époque, la plaie ne présentait aucun signe d'in-
flammation; les points de suture étaient presque comme au premier jour
de leur application ; l'eau dans laquelle l'animal avait été placé était claire,
et. l'on y trouvait seulement quelques débris d'épithélium. L'animal ne
présentait aucune apparence d'amaigrissement. On peut constater de la
même manière que l'abaissement de température arrête l'altération des
nerfs qui ont déjà subi un commencement de dégénération ; car, prenant
une grenouille qui avait été gardée cinq jours à une température élevée, et
chez laquelle on distinguait déjà une altération des fibres nerveuses, et la sou-
mettant à une basse température, j'ai constaté qu'au bout de quinze jours,
( 563 )
l'altération des fibres n'avait pas fait de progrès appréciables, et en même
temps que l'excitabilité du nerf moteur était augmentée.
» L'explication de la plupart des faits précédents me paraît être
la suivante : le corps de l'animal, comme tout physiologiste l'admet, se
compose de parties qui se détruisent et se renouvellent sans cesse. Si nous
n'avons pas occasion de nous assurer directement de ce fait, cela provient
de l'équilibre qui existe entre ces deux actions contraires. Tant que l'in-
fluence du ganglion sur la fibre nerveuse subsiste, cet équilibre est main-
tenu ; mais aussitôt que la connexion du corpuscule ganglionnaire avec la
fibre nerveuse est détruite, son bout périphérique reste dans les tissus
comme un corps étranger, sur lequel s'exercent seulement les forces des-
tructives qui l'éliminent plus ou moins vite suivant le degré de leur activité.
La fibre nerveuse décentralisée peut donc nous servir d'indice de l'activilé
des forces vitales, soit par le changement de structure, soit par la perte de
ses propriétés motrices, si c'est un nerf moteur. Il ne me paraît pas douteux
que tout ce qui influe sur l'activité vitale affectera aussi la rapidité avec la-
quelle s'accompliront l'altération de la structure et la perte des propriétés
fonctionnelles.
» Si donc nous observons une aussi grande différence dans ces altéra-
tions suivant la température, c'est par suite du ralentissement qui existe
dans toutes les actions chimiques et vitales du corps.
» Le médecin et le physiologiste connaissent la grande influence exercée
par l'âge sur toutes les fonctions vitales; ils savent combien ces fonctions
sont plus actives dans la jeunesse. La même différence existe par rapport
aux altérations des nerfs divisés chez les très-jeunes batraciens; car on
trouve que dans les mêmes conditions de température, chez une très-jeune
grenouille pesant environ 8 décigrammes, les fibres sont considérablement
désorganisées au bout de quarante heures, tandis que sur l'animal adulte
ces altérations ne s'aperçoivent qu'au quatrième ou cinquième jour. L'exci-
tabilité du nerf se perd aussi avec une rapidité correspondante.
» Sur les Mammifères, j'ai vu dans mes expériences que l'âge exerce la
même influence sur les altérations des fibres nerveuses et sur la perte de
leurs fonctions, soit sensitives, soit motrices. Pour observer la perte de
sensibilité, il faut agir sur le bout central de la racine postérieure du
deuxième nerf spinal , comme je l'ai déjà décrit ailleurs.
» L'analogie indique que ces principes trouveront également leurs appli-
cations chez tous les animaux à sang froid, et même chez les animaux hy-
bernants. Dans une expérience sur un hérisson, gardé à la température
( 564 )
de o degré centigrade, dans une glacière artificielle, au bout de dix jours
je n'ai trouvé aucune altération dans le nerf sciatique divisé, tandis qu'à la
température ordinaire il y avait désorganisation très-facile à reconnaître au
quatrième jour.
» Les physiologistes, à diverses occasions, se sont occupés avec grand
intérêt de la corde du tympan, dont le trajet et si remarquable, et dont les
fonctions sont encore si peu connues.
» Quant à son rapport avec les nerfs lingual et facial, le procédé de section
nous permet d'en décider avec la plus grande facilité. Il suffit d'introduire
un stylet dans la cavité du tympan en le tournant en divers sens dans cette
cavité ; on déplace facilement les osselets de l'ouïe, et en même temps le nerf
est divisé. Au bout de dix à vingt jours on peut s'assurer que la partie infé-
rieure est presque complètement désorganisée dans le chat, le chien et le
lapin. Chez tous ces animaux, je n'ai aperçu qu'environ douze à vingt
tubes normaux au milieu des autres tubes désorganisés. Ces premiers me
paraissent provenir du nerf lingual, et suivre une marche ascendante dans
la corde du tympan. »
physiologie. — De l'influence directe de la lumière sur les mouvements de
l'iris; par M. J. Budge.
(Commissaires déjà nommés : MM. Magendie, Flourens, Pouillet.)
« D'après les expériences de Lambert, de Fontana et de M. E.-H. Weber,
on croyait que la lumière n'a pas d'influence directe sur l'iris, mais qu'elle
agit seulement par l'intermédiaire de la rétine et des centres nerveux. En
conséquence, on a regardé jusqu'à présent le rétrécissement de la pupille
produit par la lumière, comme un mouvement réflexe.
» Mais j'ai trouvé que la pupille se rétrécit aussi si l'on éclaire l'œil après
avoir coupé les deux nerfs optiques ou seulement un de ces nerfs ; il faut,
toutefois, avoir coupé aussi le nerf qui produit la dilatation de la pupille. Si
chez une grenouille on coupe le tronc du nerf grand sympathique de l'un
des côtés, au-dessous du ganglion du nerf pneumogastrique, et que l'on fasse
en même temps la section des deux nerfs optiques, la pupille se rétrécit au
bout d'une heure ou un peu plus du côté où l'on a coupé le nerf grand
sympathique. Si l'on met alors cette grenouille dans un endroit obscur, la
pupille qtii était contractée se dilate, et quand on expose l'œil à la lumière,
elle se rétrécit de nouveau; mais la lumière n'agit point, ou n'agit que
peu sur la pupille de l'autre côté, où l'on a coupé seulement le nerf optique
sans couper le nerf grand sympathique.
( 565 )
» Les résultats restent les mêmes, si l'on coupe la tête à une grenouille et
si l'on enlève les yeux de l'orbite. Dans ce cas, la pupille se rétrécit aussi sous
l'influence de la lumière et se dilate quand on met l'œil dans l'obscurité.
On peut observer ce phénomène à peu près pendant une heure.
» Plusieurs savants de Bonn ont vu et ont confirmé ces expériences. »
jyjme veuve Réveillé-Parise envoie, pour le concours des prix de
Médecine et de Chirurgie auquel a été adressé le Traité de la Vieillesse ,
publié par son mari, une analyse de ce livre rédigée par M. Réveillé-Parise
lui-même.
(Renvoyé à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
M. Dean demande que l'Académie veuille bien se faire rendre compte
d'un travail intitulé : L'Hélice dans les courbes planétaires.
M. Faje est prié d'examiner ce travail et de faire savoir à l'Académie s'il
est de nature à faire l'objet d'un Rapport.
M. Poncelet demande l'adjonction d'un nouveau Membre à la Commis-
sion chargée d'examiner un travail de M. Carvallo sur les conditions de
stabilité des ponts suspendus. M. Piobert s'adjoindra à cette Commission.
CORRESPONDANCE.
anatomie comparée. — Sur Vanatomic comparée des Solipèdes vivants et
fossiles ; par M. de Ciiristol. (Présenté par M. Milne Edwards.)
« M. Lavocat a annoncé à l'Académie, dans sa séance du 1 2 juillet der-
nier, qu'il avait découvert, dans l'ostéologie du cheval, i° que le cubitus
s'articulait avec le carpe, par son extrémité inférieure; 20 que, dans le tibia,
on retrouvait l'os qui correspond à l'os péronien des Ruminants.
« Or ces faits ont été signalés par moi, depuis plus de quinze ans, dans
mon cours à la Faculté des Sciences de Dijon. Mon collègue, le professeur
Brullé, les a aussi, depuis longues années, indiqués, d'après moi, dans son
cours à la même Faculté. En 1847, J'a* uiontré à M. Is. Geoffroy-Saint-
Hilaire, dans la galerie d'histoire naturelle de la Faculté des Sciences de
Dijon, où elles sont exposées, les pièces sur lesquelles reposent ces décou-
vertes ostéologiques. La même année, j'ai déposé au Muséum d'histoire
naturelle de Paris, des modèles en plâtre de ces pièces. Enfin, j'ai publié
ces faits, depuis plusieurs mois, dans le Bulletin de la Société géologique;
C. R., i85s, ame Semestre. (T. XXXV, N° 16. , 74
( 566 )
on trouve en effet, dans ce Bulletin (séance du i er mars 1 802), les indications
suivantes :
« Dans tous les Solipèdes, et contrairement à l'opinion régnante, le pé-
» roné est toujours pourvu d'une tète articulaire inférieure qui s'articule
» avec l'astragale; c'est l'os péronien des Ruminants.
« Dans tous les Solipèdes, et contrairement à l'opinion régnante, le cu-
» bitus est toujours pourvu d'une tète articulaire inférieure qui s'articule
» avec le carpe. Ni Cuvier ni M. de Blainville ne se sont doutés de cela;
» c'est qu'en effet, quand on l'ignore, cela est difficile à reconnaître. »
» Dans un passage qui précède ceux que je viens de citer, je dis aussi
que, « dans l'Hipparion, l'os péronien est soudé au tibia, comme dans tous
» les chevaux. »
» Ce n'est pas seulement au genre cheval, seul genre de Solipèdes dont
se soit occupé M. Lavocat dans son travail, que ces faits sont propres, ils
s'appliquent encore aux deux genres que j'ai ajoutés à la famille des Soli-
pèdes, le genre Hipparion, que j'ai découvert et établi en 1 83 1 , et le genre
Hipparithérium ( Palœotherium awelianense, Cuv. ), que j'ai établi en 1 8/J7,
en le considérant comme un Solipède à molaires non cémentées, c'est-à-dire
à molaires affectées d'un arrêt de développement.
» C'est dans l'extension de ces faits à la famille entière des Solipèdes que
se trouvent plusieurs points importants des doctrines de Cuvier, que je vais
sommairement indiquer.
» § Ier. — i°. Dans le genre des chevaux, le cubitus est interrompu vers
son tiers inférieur ; il y a là arrêt de développement, comme il y a arrêt de
développement dans le péroné, qui est aussi interrompu vers son tiers infé-
rieur, comme il y a arrêt de développement dans les métacarpiens et dans
les métatarsiens latéraux, qui sont dépourvus de tètes articulaires et de pha-
langes. Tous ces arrêts de développement se lient entre eux, et l'on ne peut
y méconnaître une application du principe de la corrélation des formes.
» 20. Dans l'Hipparion, le cubitus n'est point interrompu; mais il est si
grêle, si peu développé, qu'il reste intimement soudé, dans toute sa lon-
gueur, au radius. Il n'y a plus là complet arrêt de développement; et,
comme corollaire, il y a aussi, dans les métacarpiens et métatarsiens laté-
raux des Hipparion, absence d'arrêt de développement. Ces métacarpiens
et métatarsiens latéraux sont, en effet, entiers, pourvus d'une tête articu-
laire inférieure, et portent, chacun, un doigt complet, ainsi que je l'ai fait
connaître dès (832. Il y a donc encore dans ce Solipède tridactyle, une
application remarquable du principe de la corrélation des formes, si habi-
( 567)
lement mis en lumière par Cuvier. Le développement du cubitus est lié au
développement des doigts latéraux; le cubitus est au radius dans le même
rapport que les doigts latéraux au doigt du milieu. La même loi se retrouve
dans les chevaux et dans l'Hipparithérium ; l'une quelconque de ces parties
donne les autres.
» 3°. L'Hipparithérium est un Solipède tridactyle comme l'Hipparion ;
en d'autres termes, il n'y a pas d'arrêt de développement dans les méta-
carpiens et dans les métatarsiens latéraux. J'en avais conclu, dès 1847, que
le cubitus devait aussi être entier, comme dans l'Hipparion ; maintenant que
j'ai eu occasion de voir cet os au Muséum d'histoire naturelle, je puis dire
qu'il est effectivement entier; mais, comme il est, à proportion, plus déve-
loppé que dans l'Hipparion, il est moins intimement soudé au radius; mais,
à mon avis, il l'est incontestablement encore. Il y a là, aussi, corrélation
entre le développement du cubitus et le développement des doigts latéraux;
il y a là, aussi, une preuve de plus que le bras du Palœotherium aurelia-
nense n'est pas un bras de Paléothérium, car, dans ceux-ci, le cubitus
n'est jamais, ni ne pouvait être soudé au radius.
» Pour moi, en effet, le bras des Paléothérium dérive du bras des Car-
nassiers, comme le crâne et les canines des Paléothérium dérivent du crâne
et des canines des Carnassiers ; et cela, au point qu'à une époque où la pa-
léontologie, qu'il a créée, n'existait point, Cuvier put prendre un crâne de
Paléothérium pour un crâne de Carnassier.
» Pour moi, le bras des Solipèdes dérive, au contraire, du bras des Ru-
minants; ce qui explique comment M. de Blainville a rapporté à un Rumi-
nant l'humérus de Palœotherium aurelianense (Hipparithérium), dont
Cuvier a donné le dessin dans ses planches.
» § IL — i°. Dans le genre cheval, où le cubitus est interrompu, où les
métacarpiens et les métatarsiens latéraux sont aussi affectés d'un arrêt de
développement, le péroné devait aussi être nécessairement interrompu . C'est
une conséquence du priucipe de la corrélation des formes, bien que l'on
sache que le péroné est accidentellement entier dans quelques chevaux.
» u°. Dans l'Hipparithérium, où le cubitus et les métacarpiens et méta-
tarsiens latéraux sont relativement très-développés, le péroné devait être
aussi relativement développé. Il est en effet entier, mais si grêle, qu'il est
toujours soudé au tibia, offrant ainsi, comme état normal, ce qui n'est
qu'accidentel dans quelques individus du genre cheval.
» 3°. L'Hipparion, pour le degré de développement du cubitus et des
métacarpiens et métatarsiens latéraux, se trouve pour ainsi dire dans un
74-
( 568 )
état moyen entre les chevaux et l'Hipparithérium; aussi son péroné est-iJ
interrompu comme dans les chevaux; mais ce péroné a, comme dans tous
les Solipèdes, une extrémité inférieure qui s'articule avec l'astragale. C'est
l'os péronien des Ruminants, c'est-à-dire l'épiphyse inférieure du péroné;
et cet os, toujours intimement soudé au tibia, dont il forme la malléole ex-
terne dans les trois genres de Solipèdes (Chevaux, Hipparion, Hipparithé-.
riumr), constitue un fait sans exemple dans la longue série des Pachy-
dermes; il est essentiellement caractéristique des Solipèdes.
» Ce fait, considéré purement et simplement comme résultat de l'obser-
vation directe, serait déjà très-important en lui-même, puisqu'il suffirait
pour distinguer un tibia de Solipède quelconque de tout tibia de Paléothé-
rium; mais il acquiert une importance d'un ordre plus élevé, quand on
sait y découvrir le point des doctrines de Cuvier, qu'il renferme, et que
j'aurai occasion de développer dans un travail spécial. »
chimie — Sur L'acide valérianique anhydre; par M. L. Chiozza. (Présenté
par M. Bussy.)
« Les expériences que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Aca-
démie ont été entreprises sur l'invitation de M. Gerhardt, et font suite à
celles que ce chimiste lui a communiquées dans ses séances du i 7 mai et
du 14 juin. Elles ont pour but d'apporter de nouvelles preuves en faveur
de l'opinion émise par M. Gerhardt sur la constitution des acides monoba-
siques, et sur les rapports qui existent entre ceux-ci et les acides anhydres
qui y correspondent. Les homologues de l'acide formique étant sans con-
tredit les plus importants à examiner sous ce point de vue, et les premiers
termes de cette série (les acides acétique et butyrique anhydres) ayant déjà été
obtenus par M. Gerhardt, j'ai dirigé mes recherches sur l'acidevalérianique.
» Le sel potassique de cet acide est celui qui se prête le mieux à ce genre
d'expériences; on l'obtient parfaitement pur en évaporant à siccité sa solu-
tion dans l'alcool, et en chauffant le résidu jusqu'à ce qu'il commence à
fondre.
» Le valérianate potassique préparé de cette manière étant mis en con-
tact avec de l'oxychlorure de phosphore dans les proportions de 6 équiva-
lents de sel pour 1 équivalent d'oxychlorure, il se manifeste immédiatement
une réaction très-violente; l'odeur insupportable de l'oxychlorure de pho-
sphore disparaît entièrement, et le mélange se transforme en une masse sa-
line imprégnée d'une huile épaisse qui ne présente plus qu'une odeur très-
faible.
( 569)
» Cette dernière substance constitue le valerianate valérianique ou acide
valérianique anhydre.
» Pour l'obtenir pur, il suffit de le traiter d'abord par une solution très-
étendue de carbonate potassique, puis par de l'éther, et enfin d'évaporer
au bain-marie la solution éthérée, après l'avoir agitée avec du chlorure de
calcium.
» Le produit ainsi purifié ayant été soumis à l'analyse, m'a donné des
nombres qui s'accordent exactement avec la formule
C^H^O3.
» Le valerianate valérianique est une huile limpide, douée d'une assez
grande mobilité et plus légère que l'eau.
» Récemment préparé, il possède une faible odeur de pommes qui n'a
rien de désagréable; mais quand on s'en frotte les mains, il leur com-
munique une odeur d'acide valérianique qui persiste pendant plusieurs
jours.
» Sa vapeur irrite les yeux et provoque la toux.
» L'eau bouillante ne le transforme que très-lentement en acide valéria-
nique, tandis que cette transformation est assez rapide par les solutions alca-
lines et instantanée par la potasse en fusion.
» Il bout d'une manière constante à environ 2 1 5 degrés, et distille sous
forme d'un liquide limpide comme l'eau.
» La réaction qui donne naissance à l'acide valérianique anhydre se con-
çoit très-aisément de la manière suivante : l'oxychlorure de phosphore, en
réagissant sur le valerianate potassique, transforme une partie de ce sel en
phosphate potassique et en chlorure de valéryle, comme l'indique l'équa-
tion suivante :
3[C^,0jo] + PU.O = PK.O- + 3(CScH;0].
chlorure de valéryle
» Mais le chlorure de valéryle réagit à son tour sur le valerianate po-
tassique, de sorte que le produit final de la réaction consiste en phosphate
de potasse, chlorure de potassium et acide valérianique anhydre.
» L'équation suivante s'applique à la seconde période de la réaction :
valerianate valérianique
( 570 )
» L'exactitude de cette manière d'interpréter l'action de l'oxychlorure de
phosphore sur les sels des acides monobasiques a été mise hors de doute
par les expériences de M. Gerhardt sur les acides acétique et benzoïque
anhydres ; elle permet aussi de prédire que l'on obtiendra par ce procédé
les acides anhydres correspondants aux homologues supérieurs de l'acide
valérianique, tels que l'acide caproïque, caprilyque, pélargonique, etc.
» Afin de multiplier les preuves sur l'existence de deux fois le groupe
valéryle dans le valérianate valérianique, j'ai préparé un acide anhydre
renfermant deux groupes différents. En faisant réagir le chlorure de ben-
zoïle sur le valérianate de potasse, on obtient très-facilement le valérianate
de benzoïle
C5H90|
C7H50)
» C'est une huile plus pesante que l'eau, neutre aux papiers réactifs, et
dont l'odeur est presque identique avec celle de l'acide valérianique an-
hydre.
» Sa vapeur est acre et provoque le larmoiement.
» Les solutions alcalines la transforment en valérianate et en benzoate.
» Soumise à l'analyse, elle a donné les nombres exigés par la théorie.
» Le valérianate benzoïque se dédouble par la distillation en acides ben-
zoïque et valérianique anhydres. Cependant ce dédoublement ne s'effectue
pas aussi nettement que pour l'acétate benzoïque, et il est nécessaire de
rectifier plusieurs fois le produit avant d'obtenir de l'acide valérianique
anhydre à l'état de pureté.
» La propriété des acides anhydres de se transformer en amides et en
anilides quand on les fait réagir sur l'ammoniaque ou sur l'aniline, m'a
permis d'obtenir avec l'acide valérianique anhydre une nouvelle substance,
la valéranilide, cristallisable en magnifiques lamelles rectangulaires, allon-
gées, très-brillantes et fusibles à 1 1 5 degrés.
» Cette substance prend naissance dès que l'on met l'acide valérianique
anhydre en contact avec l'aniline. Elle est peu soluble dans l'eau bouillante,
dans laquelle elle fond en gouttelettes limpides. A une température supé-
rieure à 220 degrés, elle distille en grande partie sans se décomposer. L'al-
cool et l'éther la dissolvent avec facilité.
» Une solution de potasse caustique, concentrée et bouillante, ne l'at-
taque qu'avec une difficulté extrême, et il faut recourir à la potasse en
fusion pour obtenir un dégagement d'aniline appréciable.
(57i )
» Sa cristallisation présente une circonstance remarquable qui a déjà été
observée par M. Gerhardt dans la cristallisation de la formanilide. Voici en
quoi elle consiste : quand la valéranilide se sépare de sa solution dans l'al-
cool étendu et bouillant, il arrive quelquefois qu'elle affecte la forme de
gouttelettes huileuses parsemées dans le sein du liquide; on peut la con-
server pendant plusieurs heures dans cet état, même après l'entier refroi-
dissement du liquide ; mais il suffit d'agiter légèrement le vase pour que
toute la masse se transforme presque instantanément en une bouillie de
fines aiguilles.
» L'analyse de la valéranilide a fourni des nombres qui s'accordent par-
faitement avec la formule
CHH,5NO
que la théorie assigne à cette substance.
» Je me .propose de poursuivre ces recherches sur d'autres acides homo-
logues de l'acide valérianique, spécialement dans le but de constater les
rapports qui peuvent exister entre les points d'ébullition de ces acides et
ceux des acides anhydres qui y correspondent. »
médecine. — Epilepsie traitée par la trachéotomie;
par M. le Dr Marshall Hall.
« Un nouveau cas de succès du traitement de l'épilepsie par la trachéo-
tomie s'est présenté.
» Le malade éprouvait des accès affreux et presque journaliers depuis
vingt ans; il était devenu blême et maigre, avait perdu l'intelligence, etc.
L'opération a été faite il y a sept semaines. Il y a eu depuis des menaces
d'accès, mais ces menaces ont entièrement avorté. Il n'y a plus eu d'accès.
» Cette epilepsie avait la forme de Y epilepsie laryngée, forme à laquelle
la trachéotomie est appropriée et doit être limitée.
» Voici la description d'un de ces accès donnée par M. Mackarsie, de
Clay-Cross, Chersterfield, à qui la médecine est redevable de ce fait im-
portant :
« L'accès est subit, et jette le malade avec violence sur la terre; il y a,
» pendant quelques minutes, des efforts infructueux pour respirer; la res-
» piration s'effectue enfin par des inspirations striduleuses d'abord , puis
» librement, et l'accès finit; restent le coma, la perte de mémoire, etc. Pen-
» dant l'accès, la figure est fortement congestionnée, le cou tuméfié, les
» veines gonflées. »
» Depuis l'opération, je le répète, il n'y a point eu d'accès. Aussi le teint
( 57* )
devient moins blafard, l'intelligence est déjà moins faible. « Je n'ai jamais,
» dit M. Mackarsie, vu le malade paraître si bien portant. »
» Le malade qu'a traité M. Cane continue à être libre d'attaques ; il porte
la canule depuis vingt mois.
» Le malade de M. Mackarsie porte la canule depuis sept semaines.
» L'opération faite par M. Cane a d'abord sauvé la vie, et a prévenu en-
suite les accès ; celle de M. Mackarsie prévient les accès et laisse se rétablir
l'intelligence.
» On a injustement critiqué ma proposition d'instituer la trachéoto-
mie pour traiter l'épilepsie. Je répondrai par des faits. Il est vrai que ce
traitement est bien héroïque, mais aussi la maladie qu'il s'agit de combattre
est des plus rebelles et des plus redoutables. »
chimie appliquée. — De V analyse des huiles au moyen de l'acide
sulfurique; par M. Maoikxk. (Extrait.)
(Présenté par M. Dumas.)
« Les huiles grasses mêlées à l'acide sulfurique dégagent de la chaleur.
Cette action peut servir à les distinguer : elle sépare d'une manière tran-
chée les huiles siccatives de celles qui ne le sont point.
» Dans un verre à expérience ordinaire, on a placé 5o grammes d'huile
d'olive. Un thermomètre plongé dans le liquide ayant pris la température,
on a fait tomber avec soin 10 centimètres cubes d'acide sulfurique bouilli
(66 degrés Baume). On a mêlé les liquides en agitant le thermomètre et
suivant des yeux la marche du mercure. En partant de la température de
o.5 degrés pour l'huile et l'acide, le thermomètre s'élève à 67 degrés : aug-
mentation, [\i degrés.
» Le mélange n'exige pas plus de deux minutes ; il n'en faut pas plus
d'une pour arriver à la température maximum.
» Dans un autre verre pareil, on a placé 5o grammes d'huile d'œillette,
et on l'a traitée de même par l'acide.
» En partant de 26 degrés, le thermomètre est monté à ioo°,5 : augmen-
tation, 74°?5.
» Il est essentiel de remarquer, dans ce cas : i° un développement très-
notable d'acide sulfureux qui ne se produit pas avec l'huile d'olive; 20 un
boursouflement considérable du liquide. Par suite de ces deux circon-
stances, le chiffre 74°>5 est trop faible.
» La différence de l\i degrés à 74°, 5 est assez forte pour offrir un moyen
d'analyse.
(573)
» L'expérience répétée à plusieurs reprises dans les mêmes conditions,
avec la même huile d'olive, a donné chaque fois le même développement
de chaleur de ^i degrés.
» L'expérience faite sur des huiles d'olive de diverses provenances a
prouvé que l'action de l'acide sulfurique est constante lorsque l'huile est
pure, et lorsqu'on opère à un même degré de chaleur.
» L'action de l'acide n'est pas moins constante sur l'huile d'œillette.
Les expériences prouvent de plus que le développement de chaleur dû à
cette huile est réellement de 86°, 4 au lieu de 71a 74 degrés qu'indique
l'expérience directe.
» Ce procédé d'analyse peut s'appliquer aux huiles d'olive du commerce.
Souvent ces huiles ne sont falsifiées que par l'œillette, et dans ce cas leur
analyse peut être faite avec exactitude, si l'on est assuré de la composition
qualitative.
» Mais qu'arriverait-il en cas de mélange avec d'autres huiles? Pour ré-
pondre à cette question, j'ai déterminé l'élévation de température produite
par la plupart des huiles pures. Il résulte de mes recherches que l'huile de
ben et l'huile de suif donnent à peu près le même dégagement de chaleur
que l'huile d'olive ;
» Que les autres huiles produisent un dégagement de chaleur plus consi-
dérable à l'aide duquel on peut aisément les distinguer de l'huile d'olive;
» Enfin, que les huiles siccatives donnent beaucoup plus de chaleur que
les huiles non siccatives, et peuvent être facilement reconnues.
» L'huile de ben et l'huile de suif ne peuvent être mêlées à l'huile d'olive.
Par conséquent, toutes les fois que l'huile d'olive donnera plus de [\i degrés
de chaleur dans son mélange avec 10 centimètres cubes d'acide sulfurique
bouilli (à la température de 25 degrés), cette huile ne sera pas pure.
» Ce qui précède me paraît suffire à montrer le parti qu'on peut tirer de
l'acide sulfurique pour l'analyse des huiles. Dans les mélanges formés seu-
lement de deux huiles, l'emploi de cet acide aidera puissamment à déter-
miner la qualité. L'analyse qualitative opérée, la quantité pourra souvent
en être déduite avec précision. »
M. Stanski communique un nouveau fait de mort subite causée par le
chloroforme. Ce fait lui paraît confirmer l'opinion qu'il a émise sur l'in-
fluence qu'exerce la position assise dans la production des accidents mortels
observés à la suite de l'emploi du chloroforme. M. Stanski rappelle, à cette
occasion, Yécrit qu'il a publié, il y a déjà plusieurs années, sur ce sujet.
C. R., i85a, 2">« Semestre. (T. XXXV, 1N° 16.) 7$
( 574)
M. Lamakle adresse une réclamation de priorité relativement aux der-
nières expériences de <)7. Léon Foucault, concernant la démonstration du
mouvement de la Terre. Il fonde sa réclamation sur le dépôt fait par lui au
mois de mars i85i, d'une Note renfermée dans un paquet cacheté adressé
à l'Académie royale de Belgique. « L'ouverture de ce paquet, dit-il, a eu
» lieu le 9 octobre i85a, et la Note qu'il contenait sera imprimée prochai-
» nemeut dans le Bulletin de V Académie de Belgique. Cette publication
» établira, j'espère, qu'aux dates précitées j'étais en possession non-seule-
» ment des moyens d'expérimentation réalisés par M. Foucault, mais en-
» core des lois mathématiques qui régissent le phénomène d'orientation
» signalé par ce physicien . »
La séance est levée à 5 heures et demie. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 18 octobre i852, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
ie semestre i852; n° i5; in-4°-
Cinquième Rapport sur l'amélioration de la Sologne , fait au Conseil général
du Loiret, dans la session de i85a; par M. Becquerel. Orléans, i852;
broch. in -8°.
Conté; par M. Jomard. Paris, i852; in-12.
Annales des Sciences naturelles, comprenant la zoologie, la botanique, l'ana-
lomie et la physiologie comparée des deux règnes, et l'histoire des corps orga-
nisés fossiles ; 3e série, rédigée pour lu zoologie par M. MlLNE Edwards,
pour la botanique par MM. Ad. Brongniart et i. Decaisne; tome XVII;
n° 6; in-8°.
Exposé historique des travaux exécutés jusqu'à la fin de l'année i85i, pour
la mesure de l'arc du méridien entre Fuglenœs 700 40' et Jsmaïl 45° 20'; par
M. W. Struve, directeur de l'observatoire central de Bussie; suivi de deux
Rapports de M. G. Lindhagek, astronome de l'observatoire central, sur
l'expédition de Finnmarken en i85o, et sur les opérations de Lnponie exécu-
tées en 1 85 1 . Saint-Pétersbourg, iH5a; broch. in-4°.
Traité de la vieillesse hygiénique, médirai et philosophique , ou Recherches
sur l'état physiologique, les facultés morales, les maladies de l'âge avnncé, et
sur les moyens les plus sûrs, les mieux expérimentés , de soutenir et de prolonger
l'activité vitale à cette époque de l'existence; pur le Dr Beveillé-Parise.
Paris, i853; 1 vol. in-8°.
Traité pratique des maladies vénériennes , contenant un chapitre sur la sjpld-
lisalion, et suivi d'un formulaire spécial; par MM. J.-G. MAISONNEUVE et
H. Montanier. Paris, 1 853; 1 vol. in-8°.
Nouvel appareil pour te traitement des fractures du col et du corps du fémur,
. ( 575 )
et méthode pour donner des soins à tous les grabataires immobiles; par M. le
Dr H. Damoiseau. Alençon, i852; broch. in-8°. (Adressé pour le concours
Montyon, Médecine et Chirurgie.)
Détermination des diverses ondes dont l'ensemble constitue la marée; par
M. A.-M.-R. Chazallon. (Extrait d'un Mémoire présenté à l'Institut, le
7 mars 1842, et extrait des Annales hydrographiques , 2 e partie.) Paris, i852 ;
broch. in-8°.
Les trois règnes de la nature. — Règne animal. — Histoire naturelle des oiseaux,
classés méthodiquement, avec l'indication de leurs mœurs et de leurs rapports
avec les arts, le commerce et l'agriculture; par M. Emm. Le Maout; 28e
et 29e livraisons; in-8°.
Bulletin de l'Académie nationale de Médecine, rédigé sous la direction de
MM. F. Dubois (d'Amiens), secrétaire perpétuel, et Gibert, secrétaire
annuel; tome XVII; n° 24; 3o septembre i852, et tome XVIII; n° 1;
i5 octobre i852; in-8°.
Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève;
tome XIII; ire partie. Genève-Paris, i852; in-4°.
Annales de la Société d Horticulture de Paris et centrale de France; sep-
tembre 1862; in-8°.
Annales forestières; 10 octobre i852; in-8°.
sfnnales médico-psychologiques. Journal destiné à recueillir tous les docu-
ments relatifs à l'aliénation mentale, aux névroses et à la médecine légale des
aliénés; par MM. les Dre Baillarger, Brierre de Boismont et Cerise;
octobre 1802 ; in-8°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. DE Monfort,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; ire année; n° 25; 17 octobre i852;
in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , publié par M. le docteur
A. Martin-Lauzer; n°2o; i5 octobre i852; in-8°.
Stellarum fixarum imprimis duplicium et multiplicium positiones rnediae pro
epoclia i33o,o, deductae ex observationibus meridianis annis 1822 ad i843 iu
spécula Dorpatensi institutis. Auctore F.-G.-W. Struve. Petropoli, i852;
1 vol. in- fol.
Memorie. . . Mémoires de Mathématiques et de Physique de la Société italienne
des Sciences de Modène; tome XXV; ire partie. Modène, 1832 ; in-4°.
Proposta. . . Proposition d'un nouvel électromètre voltaïque; par M. Pietro
Marianini ; broch. in-80.,
Sopra l'equivalenza. . . Etudes sur certains espaces et solides infiniment étendus,
équivalents à des espaces et à des solides finis; par le même. Modène, 1 845 ;
broch. in-8°.
Sui logaritmi... Des logarithmes des nombres et de leurs applications ; par le
même. Acqui, 1848; broch. in-8°.
Sopra il fenomeno... D'un phénomène qui s'observe dans les aimants tem-
poraires; parle même. Modène, i85i; broch. in-4°-
( 576 ) .
Alcune... Quelques observations chimico-géologiques sur le pouvoir agrè-
galeurdu fer; par M. Nardo; \ de feuille in-8°.
Holetin... Bulletin de l'Institut médical de Faïence; septembre i85a; in-8°.
ïhe quarterly... Journal trimestriel de la Société géologique; vol. VIII;
part, 2; n° 3i; ier août i85a.
Pharmaceutical... Journal pharmaceutique; publié par M. Jacob Bell;
vol. XII; n0" 2 à 4; août, septembre et octobre i85a; in-8°.
On the meaning... Du sens de l'expression du système silurien; par M. R.-J.
Mukchison. Londres, i85a; broch. in-8°.
On the siliceous. . . Des corps siliceux de la chaux; par M. J.-S. Bowerbank ;
broch. in-8°. (Extrait du Magasin d'Histoire naturelle de Londres, avril
Microscopical... Observations microscopiques sur ta structure des os du
Pterodactylus giganteus; par le même; broch. in-8°. (Extrait du Journal
de la Société géologique ; février 1848; n° i3.)
On a siliceous... Sur un zoophjte siliceux, appelé Alcyonites parasiticum;
parle même; broch. in-8°. (Extrait du même Journal, novembre 1849;
vol. V.)
On the Ptérodactyles... Du Ptérodactyle de la formation crétacée; par le
même; broch. in-8". (Extrait des procès-verbaux de la Société zoologique de
Londres , 1 4 janvier 1 85 1 . )
A revision... Revue des Astacus de l'Amérique du Nord, de leurs habitudes
et de leur distribution géographique ; par M. Ch. Girard; broch. in-8°. (Extrait
des Mémoires de l'Académie des Sciences de Philadelphie , mai i852.)
Report of. . . Rapport fait à la séance annuelle du 24 mars 1 85 1 , de la
Société paléontologique; par M. H. -T. de la Bêche; ~ feuille in-8°.
Abhandlungen. .. Mémoires de l'Académie des Sciences de Berlin pour 1 85o.
Berlin, i852; 1 vol. in-4°.
Preisfrage... Programme des prix proposés par l'Académie des Sciences de
Berlin; | feuille in- 8°.
L Athenœum français. Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux-Arts; n° 16;, 16 octobre i852.
La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° 2 5 ;
17 octobre i852.
Gazette médicale de Paris ; n° l^i; 16 octobre i85a.
Gazette des Hôpitaux; nos 121 à 123; la, i4 et 16 octobre i852.
L'Abeille médicale; n° 20; i5 octobre i852.
Moniteur agricole; n° 4« ; i4 octobre i852.
La Lumière; n° 43; 16 octobre i852.
Réforme agricole; n° 48; août i852.
ERRATA.
(Séance du 4 octobre i852.
Page 477, liijne 25, au lieu de M. Lecour, lisez M. Lacoub.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU MARDI 26 OCTOBRE 1852.
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
mécanique appliquée. — Examen critique et historique des principales
théories ou solutions concernant l'équilibre des voûtes (suite et fin);
par M. Poncelet.
« Nous n'avons rien dit des considérations analytiques qui terminent le
Mémoire de M. Méry, parce qu'elles n'apportent aucun élément nouveau
ou essentiel à la solution pratique du problème des voûtes, et qu'elles ren-
ferment même quelques assertions douteuses concernant la nature de la
courbe des pressions et de celle des centres de gravité, dont, suivant l'au-
teur, la coïncidence entraînerait inévitablement l'identité avec la funiculaire
ou chaînette ordinaire, dans les voûtes d'épaisseur constante.
» Il y a longtemps, en effet, que Coulomb, dans son célèbre Mémoire
de 1773, et, après lui, Salimbeni, officier du Génie italien, dans un ouvrage
publié à Vérone, en 1787, ont montré, à la vérité pour des cas particuliers,
que si' cette identité avait lieu dans l'hypothèse d'une voûte infiniment mince,
il n'en était plus ainsi dans celle où l'épaisseur étant finie, l'équation différen-
tielle de la courbe d'intrados reste fonction de cette épaisseur et conserve une
forme plus générale que celle de la chaînette ordinaire, même pour une voûte
d'épaisseur constante, cas pour lequel l'intégration est ramenée, par le se-
C. H. , 186a, »">« Semestre. (T. XXXV, N° 17.) 76
( 578)
cond de ces auteurs, à une simple quadrature appartenant à une classe de
transcendantes plus élevée (i).
» Salimbeni a exclusivement considéré les voûtes dans l'hypothèse an-
cienne où, négligeant le frottement et la cohésion sur les plans de joints,
chaciui des voussoirs doit être en équilibre séparément sous l'action de son
poids et des résultantes de pressions ou réactions provenant des voussoirs
voisins; il suppose, en outre, que ces résultantes, perpendiculaires aux
joints respectifs, sont naturellement dirigées, de part et d'autre, vers le
centre de gravité du voussoir interposé; ce qui fait coïncider la ligne des
pressions avec celle des centres de gravité, à laquelle les joints sont ainsi
censés normaux, en chaque point. Recherchant, dans ces conditions parti-
culières, l'expression analytique de la différence infiniment petite, des pres-
sions exercées de part et d'autre d'un même joint, et qui proviennent des
poids des voussoirs contigus, décomposés perpendiculairement à ce joint et
à ses opposés ; égalant cette différence à zéro pour exprimer les conditions
mathématiques de l'équilibre dans le polygone des centres de gravité, l'au-
teur arrive, par une route fort laborieuse, à l'équation différentielle men-
tionnée ci-dessus et à son intégrale indéfinie, sans d'ailleurs se préoccuper,
en aucune façon, de déterminer les constantes arbitraires d'après les don-
nées physiques ou pratiques du problème.
» L'ouvrage de Salimbeni, qui n'a pas moins de trois cents pages in-4°,
contient un grand nombre de propositions concernant l'équilibre des
voûtes en berceau ou en dôme, d'une forme donnée à priori, et où, par con-
séquent, les conditions de stabilité ci-dessus, ne sont pas rigoureusement
satisfaites, même dans le cas des bandeaux sans surcharges, d'épaisseur uni-
forme, etc., dont la voûte en plein cintre offre un exemple particulier. Aussi
les résultats auxquels il arrive pour la détermination des épaisseurs de pieds-
droits sont-ils entachés du même vice, de la même exagération, que ceux
obtenus par Lahire et Bélidor, quoique, au point de vue théorique, ils offrent
peut-être moins d'incertitude et d'arbitraire.
» Salimbeni examine également le cas des surcharges limitées par un
profil supérieur d'une forme continue quelconque, qu'il suppose, à l'ordi-
naire, subdivisée en prismes verticaux infiniment minces; mais, au lieu
d'admettre, avec la plupart des ingénieurs, que le poids de ces prismes
s'ajoute simplement à celui du voussoir correspondant de la voûte, hypo-
thèse très-favorable à la solidité, puisqu'elle ne tient aucun compte du mode
(i) Dcgli archi e délie volte, lib. V, prop. 8, corol. 3.
(579)
de liaison de ces prismes, il est conduit à considérer ce poids comme dé-
composable en deux forces : l'une horizontale, perpendiculaire à leur surface
d'appui mutuel et que doit détruire la résistance ou réaction du pied-droit et
du massif extérieur au bandeau de la demi-voûte; la seconde perpendicu-
laire à la direction de l'élément correspondant de l'extrados contre lequel
la réaction dont il s'agit est censée retenir le prisme superposé, sans frotte-
ment ni cohésion, comme sur un petit plan incliné, en l'y pressant ainsi avec
un effort normal, évidemment égal à celui qui aurait lieu dans l'hypothèse
de la liquidité de ce même prisme. La normalité de cet effort devient, en
effet, indispensable pour assurer mathématiquement l'équilibre individuel
des voussoirs d'une voûte extra dossée parallèlement et où l'on néglige le
frottement et la cohésion sur les plans de joints, puisqu'alors seulement les
forces peuvent être censées concourir au centre de gravité de chacun de ces
coins ou voussoirs élémentaires ; toute tendance à la rotation étant, par là
même, empêchée ou détruite.
» D'un autre côté, si l'on décompose, à son tour, la pression normale
dont il vient d'être parlé, en ses composantes verticale et horizontale, la
première reproduira évidemment le poids du prisme vertical superposé et
qui répond à l'hypothèse ordinaire, la seconde donnera, en plus, une force
égale à celle qui retient ce prisme, sans frottement, contre l'extrados, et
qui, agissant du dehors en dedans de la voûte, augmentera d'autant la
poussée ou réaction au sommet et les moments relatifs à la rotation autour
des points d'appui inférieurs. L'hypothèse admise par Salimbeni sur l'in-
fluence des surcharges supérieures, paraît donc plus favorable encore à la
stabilité ou solidité du système que celle dont il s'agit; mais elle doit aussi
entraîner, dans la détermination des massifs d'appui latéraux et inférieurs,
à des exagérations d'épaisseur qui auraient besoin, comme toujours, d'être
justifiées à posteriori, par la comparaison des résultats du calcul avec les
données de l'expérience offertes par les constructions déjà existantes; d'au-
tant plus que, quelles que soient les précautions dont on use dans l'exécu-
tion et le décintrement d'une voûte, on ne saurait prévenir les mouvements
et effets de tassements qui modifient plus ou moins l'état de stabilité ou de
compression réciproque des voussoirs, supposé par les calculs.
» Enfin, la difficulté qu'on éprouve à suivre les idées et les démonstra-
tions de l'auteur italien, toutes synthétiques et à la manière des anciens, de
Huygens notamment, nous aurait détourné de mentionner son ouvrage, si,
aujourd'hui même, le sujet dont il traite n'offrait un certain intérêt au point
de vue mathématique et des tentatives heureuses qui viennent d'être faites,
76..
( 58o )
par M. Yvon Villarceau, pour déterminer la forme la plus avantageuse ou de
maximum de stabilité des voûtes, c'est-à-dire abstraction faite de toute con-
sidération de frottement et de cohésion sur les plans de joints.
» Dans un premier Mémoire sur les voûtes en berceaux cylindriques
(Revue de l'architecture et des travaux publics, de M. Daly, tome V, 1 845),
M. Yvon suppose que, dans le profil, la ligne des centres de gravité soit
chargée, en chaque point, du voussoir élémentaire correspondant, et que
les joints sont partout normaux à cette courbe ; que les résultantes de pres-
sion ou de tension agissant perpendiculairement à la surface entière de ces
joints, passent par le centre de gravité du voussoir, et qu'en outre, s'il
existe des forces extérieures ou étrangères au bandeau de la voûte, elles
soient également dirigées vers ce centre, ce qui réduit forcément à deux les
équations d'équilibre exprimant que la somme des forces verticales et celle
des forces horizontales sont séparément nulles; le problème ne différant
ici de celui de la caténaire qu'en ce que le poids et les tensions qui agissent
en chaque point, sont des fonctions implicites de la densité, de la forme et
des dimensions mêmes du voussoir. Après avoir exprimé ces forces en fonc-
tion de la largeur du plan de joint ou épaisseur correspondante de la
voûte, de la pression moyenne par unité de surface sur ce joint, du rayon
de courbure et de l'intervalle qui sépare le centre de gravité du milieu de
l'épaisseur, M. Yvon intègre, en premier lieu, les deux équations ainsi
transformées, dans le cas où l'on supposerait les forces extérieures nulles et
la pression ou tension moyenne constante et égale à la limite de celle que
les matériaux de la voûte peuvent supporter, d'une manière permanente,
d'après l'expérience, cette limite étant ici exprimée en hauteur d'une co-
lonne de mêmes matière et poids; cela lui fait connaître la loi, très-simple,
des épaisseurs croissantes de la voûte à partir du sommet où elle reste
entièrement arbitraire et doit être, en conséquence, déterminée par l'usage
seid des constructeurs, jusqu'à la naissance de cette voûte, censée reposer
sur un coussinet inébranlable et dont l'inclinaison est fixée par les données
mêmes du calcul, aussi bien que la ligne des centres de gravité, exprimée
par une équation transcendante d'une forme très-simple, et qui permet de
tracer rapidement les courbes d'intrados et d'extrados de la voûte.
» Les résultats de cette analyse sont ensuite appliqués, par l'auteur, au
cas d'une voûte non chargée et qui doit recouvrir simplement un espace
de largeur assignée, ainsi qu'à celui où la voûte devrait supporter, vers le
sommet, une surcharge formée par le pied-droit ou la retombée oblique
d'une autre voûte donnée à priori; problèmes dont le dernier exige que
(58, )
l'on détermine préalablement les dimensions et la forme de la clef servant
de coussinet; ce qui se fait par des considérations et des calculs à la fois sim-
ples et ingénieux, mais qui, malheureusement, ne sont pas destinés à rece-
voir beaucoup d'applications pratiques. Passant enfin aux voûtes ou arches
de ponts, dans lesquelles le bandeau est surmonté, à l'ordinaire, d'un tym-
pan ou surcharge en maçonnerie, en terre, etc., limitée à un plan supé-
rieur horizontal, M. Yvon remarque que la pression exercée par une telle
surcharge sur l'extrados de la voûte, peut varier avec la nature de la con-
struction adoptée, et offre une véritable indétermination, puisque sa valeur,
qui serait à peu près nulle dans le cas d'un système en pierres de taille
formant au-dessus de cette voûte un véritable arc-boutement par les di-
mensions ou le mode même de superposition de ces pierres (i), pourrait,
dans d'autres cas, acquérir une intensité comparable à celle d'un liquide
d'une densité égale à la densité moyenne de la surcharge.
» Ce motif et ceux qui ont déjà été précédemment exposés à l'occasion
de l'ouvrage de Salimbeni, conduisent l'auteur à adopter définitivement
l'hypothèse de la liquidité, où les pressions normales à la courbe des centres
de gravité, dirigées vers l'intérieur ou l'extérieur de la courbure, comme
dans les conduites d'eau souterraines, sont proportionnelles à l'étendue de
chacun de ses éléments, ainsi qu'à l'épaisseur verticale correspondante de
la surcharge; ce qui entraîne, comme autre conséquence forcée de l'équi-
libre individuel des voussoirs sans frottements, le parallélisme, la presque
équidistance des courbes d'intrados et d'extrados par rapport à celle des
centres de gravité. Aussi, pour éviter la contradiction qui aurait lieu entre
cette hypothèse et les résultats du calcul dans le cas où la nature de ia sur-
(1) Les exemples de pareilles constructions, qui se rapportent, au fond, à la classe des encor-
bellements, systèmes à crossettes , à décharges , etc., ne manquent pas dans les édifices anti-
ques, où ils tiennent lieu des systèmes à voussoirs, plus modernes , et suppriment en quelque
sorte, par la grande dimension des pierres, toute poussée horizontale , au détriment de la vé-
ritable solidité, en mettant ainsi enjeu, d'une manière souvent très-énergique, la résistance
oblique ou relative des matériaux , source de tant de ruines dans les monuments publics de
l'Egypte, de la Grèce et de Rome. Rondelet, dans son Art de bâtir, énonce d'ailleurs comme
un fait de l'expérience , que cinq ou six assises en pierres de taille, superposées à une voûte en
plein cintre, suffisen t , non-seulement pour la décharger du poids des constructions supérieures ,
mais aussi pour annuler complètement sa poussée horizontale. L'exemple des ruines dont il
vient d'être parlé ne permet pas d'user d'un pareil principe ou de tels artifices de construc-
tions, et l'on ne doit pas être surpris de voir les ingénieurs des services publics ne tenir aucun
compte de l'influence qui peut être due à la résistance relative ou transversale des pierres et à
la cohésion des mortiers sur les joints d'une voûte.
( 58a )
charge exigerait un répaississement progressif du bandeau de la voûte à
partir du sommet , l'auteur est-il conduit à envisager un mode de construc-
tion de l'extrados à redans, purement fictif et propre seulement à justifier
les hypothèses du calcul, où l'on fait complètement abstraction de tout
frottement des surfaces en contact. Nous verrons d'ailleurs bientôt l'au-
teur abandonner cette disposition, qui serait difficilement adoptée par les
ingénieurs, et revenir à l'emploi d'un extrados continu parallèle à la ligne
des centres de gravité, et dont, par conséquent, les pressions normales pas-
sent naturellement par ces centres respectifs.
» L'intégration des équations relatives à ce cas, au moyen de méthodes
d'approximation ou du tracé de la courbe par ses rayons de courbure, la
détermination des constantes arbitraires, soit dans l'hypothèse où le poids
de la voûte pourrait être considéré comme entièrement négligeable vis-à-vis
de celui de la surcharge, soit dans celle où il lui serait très-comparable nu-
mériquement, et qui se rapporte aux voûtes de ponts surchargées d'un tym-
pan limité à un plan supérieur horizontal, cette intégration, cette détermi-
nation, dis-je, ainsi que la recherche des poussées contre les pieds-droits ou
massifs de culées, conduisent l'auteur à des résultats et à des méthodes de
résolution fort compliqués, toujours ingénieux au point de vue mathéma-
tique, mais qui, dans cet état, ne pouvaient guère être utiles aux ingénieurs
praticiens, puisque, reposant sur l'hypothèse où la pression moyenne reste
constante dans chaque joint et où l'épaisseur de la voûte croît du sommet
aux naissances, on est conduit aux difficultés déjà mentionnées ci-dessus.
Aussi M. Yvon Villarceau a-t-il repris courageusement la question relative
aux arches de ponts-droits, dans un Mémoire qui, présenté en no-
vembre 1 845, à l'Académie des Sciences, a été, l'année suivante, l'objet d'un
Rapport très-favorable, d'après lequel l'Académie en a ordonné l'impres-
sion dans le Recueil des Savants étrangers: « En résumé, dit le savant rap-
» porteur, M. Lamé, le travail de M. Yvon Villarceau est remarquable sur
» plus d'un point; outre les vues neuves qui concernent la théorie des
» voûtes, il offre un exemple curieux de l'utilité des transcendantes ellip-
» tiques ; les calculs et surtout les méthodes d'approximation y sont ma-
» niés avec une dextérité peu ordinaire. » [Comptes rendus, tome XXIII,
pag. 866 et suivantes.)
» Il nous suffira de rappeler que l'auteur, abandonnant ici la condition
arbitraire de l'uniformité des pressions dans l'étendue entière de la voûte,
est conduit à donner au bandeau ou plutôt aux surfaces d'appui réciproque
des voussoirs, une largeur constante limitée par un extrados et un intrados
( 583 )
parallèles à la ligne des centres de gravité, et qui lui sont équidistants, mais
dont le dernier n'est que purement fictif, et doit être remplacé, lors de
l'exécution, par un intrados réel, rapproché de l'intérieur de la voûte d'une
quantité toujours très-petite, et qui croît à peu près en raison inverse du
rayon de courbure en chaque point, afin de tenir compte de l'intervalle
analogue qui doit nécessairement exister entre la ligne moyenne ou milieu
des plans de joints et celle des centres de gravité. De cette manière, en
effet, et moyennant un refouillement des j oints égal en profondeur à l'in-
tervalle qui sépare l'intrados réel de l'intrados fictif, M. Yvon parvient à
satisfaire à toutes les conditions mathématiques du problème, puisque les
résultantes de pressions passant par les milieux des surfaces d'appui sur
les plans de joints, il y a tout lieu d'admettre que les pressions élémen-
taires et réciproques se trouveront, par là même, uniformément répar-
ties sur cette surface. Néanmoins il existe une si faible différence dans
la position de la ligne moyenne par rapport à celle du centre de gravité,
pour les grandes voûtes extradossées parallèlement, qu'il n'y aurait aucun
inconvénient à la négliger dans les calculs comme dans l'exécution.
» Ajoutons que l'extrados de la voûte étant ici continu et parallèle à la
ligne des centres de gravité, l'auteur, afin de réaliser la condition relative à
la normalité des pressions extérieures, se contente de supposer que, dans
l'exécution, les pierres de taille prismatiques qui surmontent la surface de
l'extrados, seront posées debout et terminées par une coupe en sifflet, qui
en permette le glissement le long des éléments de cette surface, dans l'hypo-
thèse où l'on néglige leur frottement mutuel comme l'a fait Salimbeni. Mais,
outre qu'il peut résulter de ce genre de coupe, des difficultés d'exécution qui
répugnent aux ingénieurs, il est également douteux qu'ils consentent à poser
ainsi, en délit, des pierres qui doivent supporter de très-fortes charges vers
les parties inférieures de la voûte, où de telles combinaisons seraient tout au
plus applicables aux deux têtes. Toutefois, cette considération, quiferamain-
tenir la construction en gradins dans l'établissement des voûtes de grands
ponts, n'est nullement un motif pour repousser, à priori, les déductions de
l'auteur, fondées sur la supposition extrême de la liquidité parfaite des sur-
charges, très-favorable, comme on l'a vu, à la stabilité, surtout si les dimen-
sions qui en résultent pour les culées, n'offrent rien d'exagéré au point de
vue économique.
» Pour accomplir la tâche que nous nous sommes imposée, il nous reste
à mentionner les études récentes et approfondies, trop étendues peut-être,
que M. Scheffler, de Brunswick, a entreprises sur les propriétés géométri-
( 584 )
ques et mécaniques de la courbe des pressions, dont cet ingénieur attribue,
par erreur, l'initiative à M. Méry, lequel, ainsi qu'on l'a vu, ne s'en est oc-
cupé que quelques années après M. Moseley. Ces nouvelles recherches, qui
ont paru en allemand, dans le tome XXIX (3e cahier) du Journal des Con-
structions, de M. Crelle, concernent plutôt le point de vue théorique et
abstrait de la question des voûtes que ses applications pratiques à l'art de
l'ingénieur; il s'agit, en un mot, de généraliser, en les rectifiant et complé-
tant en quelques points, les principes qi#ont servi de base aux théories exis-
tantes, en considérant que, dans l'état d'équilibre d'une voûte, la résultante
des pressions sur le joint vertical de la clef, doit satisfaire à la condition du
minimum d'après un principe mis en avant par M. Moseley (Philosophical
Magazine, octobre i833), sous le nom de principe de moindre résistance,
et dont M. Scheffler a ensuite étendu et mis en son jour, la véritable signi-
fication dans un précédent Mémoire inséré au tome XXVIII du Journal déjà
cité de M. Crelle.
» Ce principe, dont l'énoncé, assez évident en lui-même, pourrait être
généralisé encore, ne diffère pas, quant au fond, de celui dont Coulomb a
offert, dans son Mémoire de 1783, de si belles applications aux théories de
la résistance des solides, de la poussée des terres et des voûtes; toute la diffi-
culté étant seulement d'en tirer, sans trop de tâtonnements ou de calculs, des
conséquences exactes, relatives à la forme et à la position de la ligne des
pressions, en dehors du cas où elle est supposée devoir passer par certains
points donnés, à priori, ainsi que l'avaient fait auparavant MM. Moseley et
Méry, en se plaçant franchement dans les conditions de l'équilibre strict, en-
visagées, par Coulomb, comme de simples limites à la stabilité des voûtes.
Or c'est là précisément ce que se propose de faire M. Scheffler, tout en res-
tant dans l'hypothèse de l'incompressibilité parfaite des voussoirs, et sans
rien emprunter à l'expérience non plus qu'aux données antérieurement
acquises sur les différents modes de rupture des voûtes.
» Malgré la généralité et la complexité du point de vue où s'est placé
l'auteur des nouvelles études sur les propriétés de la ligne des pressions, et
quoiqu'à première vue, il paraisse attribuer parfois, à cette ligne, une forme
qui ne saurait exister dans les conditions physiques et pratiques des voûtes,
les discussions qui en ressortent n'en contribueront pas moins à éclairer de
plus en plus, le fond de la question théorique, qu'avaient peut-être obscurcie
quelques-uns des commentateurs de Coulomb ou de M. Moseley, cités par
M. Scheffler, lequel a d'ailleurs indiqué, dans son Mémoire, un procédé
graphique, en lui-même assez simple et fondé sur l'hypothèse de la division
( 585 )
de la voûte en joints verticaux, pour déterminer approximativement et sous
certaines données, la courbe des résultantes de pressions, appartenant à
une portion de voûte cylindrique d'un profil assigné et qui satisfait, ou
non, à la condition de symétrie ordinaire de ses parties ou de ses surcharges,
par rapport au joint vertical de la clef. Mais cette détermination toute
géométrique, à nos yeux le point capital du Mémoire, exigeant, pour ainsi
dire, un nombre illimité de constructions et de tâtonnements, rend la mé-
thode à peu près illusoire dans ses applications à la pratique.
» Le Mémoire de M. Scheffler aura d'ailleurs, pour nous, l'avantage de
mettre en lumière les travaux de quelques ingénieurs allemands ou an-
glais, jusqu'ici peu connus en France, et que, par ce motif, il nous eût été
impossible de citer. Telles sont notamment les théories, déjà anciennes, de
M. Eytelwein et de son continuateur M. Unger, où l'on fait intervenir,
quoique incomplètement, dans la solution de Lahire ou du coin, la consi-
dération du frottement sur les plans de joints; celle de MM. Gerstner,
Knochenhauser, Schubert, toutes fondées sur l'existence d'une certaine
ligne dite d'appui des voussoirs, qu'on suppose se confondre tantôt avec la
funiculaire, tantôt avec la chaînette, mais qui n'est, en réalité, que la ligne
même des centres de pression. Telles sont aussi les recherches de M. Hagen,
publiées dans les Mémoires de V Académie des Sciences de Berlin, et où
supposant arbitrairement que cette ligne passe, à la fois, par le milieu du
joint de la clef et par celui du joint inférieur, on espère obtenir une ligne
de pressions qui fasse jouir la voûte du maximum de stabilité. Telle est,
enfin, la théorie de M. Barlow, publiée en 1847, dans l'ouvrage intitulé:
Mechanical principles, et dans le journal anglais des Ingénieurs civils et
architectes, théorie où, tout en adoptant les idées du Dr Moseley, l'auteur
aurait également commis la faute de confondre la ligne des pressions avec
la funiculaire et la chaînette.
» Au surplus, cette confusion d'idées remarquée par M. Scheffler et que
nous avons nous-même mentionnée à l'occasion du Mémoire de M. Méry,
se retrouve dans plusieurs écrits publiés postérieurement en France, parmi
lesquels il nous suffira de citer celui qui a paru, en i8/j5, sous le titre de
Routine de rétablissement des voûtes, et dont le mode de solutions se rap-
porte exclusivement à l'hypothèse du glissement des joints adoptée par les
anciens auteurs, mode qu'on avait également vu se reproduire dans un
Mémoire italien du Dr Vincenzo Amici (Modène, i833), sous une forme
et avec des développements analytiques qui appartiennent bien plus aux
mathématiques abstraites qu'aux applications pratiques de la mécanique.
C. R., i85a,a«" Semestre. (T. XXXV, N° 17.) 77
( 586 )
» Tel est, si je ne me trompe, le résumé à peu près exact, sinon com-
plet, des efforts qui, avant les derniers travaux de MU. Yvon Villarceau et
J. Carvallo, dont nous avons à rendre compte à l'Académie, ont été faits,
dans divers pays, pour résoudre le problème si intéressant et si difficile de
la stabilité des voûtes; problème qui, à en juger d'après l'état d'imper-
fection où se trouvent encore les théories relatives à l'élasticité des solides,
attendra longtemps, peut-être, une solution satisfaisante au point de vue
physique et mathématique. On comprend, en effet, d'après tout ce qui pré-
cède, que les deux questions de l'équilibre des voûtes et de la résistance
élastique des solides, sont liées entre elles de la manière la plus intime, toutes
les fois que l'on prétend sortir de l'hypothèse abstraite où l'on suppose aux
voussoirs une continuité, une invariabilité de forme absolue. L'analogie
même est telle, que l'on peut dire, sans trop s'avancer, que la théorie des
voûtes et celle des solides élastiques courbés naturellement n'en constituent,
en réalité, qu'une seule, considérée dans des conditions et sous des aspects
différents.
» Il y a plus : la courbe des résultantes de pressions, envisagée dans la
théorie actuelle des voûtes, où l'on néglige toutes les forces moléculaires
de traction qui pourraient résulter de la cohésion des mortiers sur les plans
de joint, cette courbe se trouve représentée, en quelque sorte, dans la
théorie ordinaire de la résistance des solides, par la ligne nommée, impro-
prement peut-être pour quelques cas, axe neutre, axe desjihres invariables,
et dont la coïncidence avec celle des centres de gravité, est uniquement su-
bordonnée à certaines hypothèses faites sur le rôle des forces moléculaires
d'extension et de compression, dans chacune des sections transversales du
solide, ou, plus spécialement encore, sur la rigoureuse égalité qui subsisterait
d'après certaines données de l'expérience, entre ces deux genres de forces,
pour des allongements et accourcissements relatifs, égaux et contraires,
des fibres élémentaires. Pareillement, ce qu'on nomme point ou joint de
rupture dans les voûtes, correspond précisément aux points ou sections que
l'on pourrait appeler dangereux dans les solides élastiques, attendu que les
molécules y éprouvent des déplacements relatifs et maximums qu'il ne con-
viendrait pas, d'après l'exemple des constructions existantes, de leur faire
subir d'une manière permanente.
» Enfin, il n'est pas moins évident que toute théorie de l'élasticité, toute
indication de l'expérience qui ferait connaître explicitement la loi des défor-
mations et actions moléculaires relatives à une tranche infiniment mince d'un
solide soumis à des efforts de compression ou d'extension donnés, serait, par
( 587 )
là même, très-propre à conduire à la solution analytique de l'un et de l'autre
problèmes, qu'elle tendrait à ramener à celles qui dépendent du calcul aux
différentielles ordinaires. Malheureusement la loi dont il s'agit, paraît tout
aussi difficile à découvrir à priori, dans un prisme infiniment mince que
dans un prisme de grandeur finie, attendu qu'elle dépend, quoi qu'on fasse,
des équations mêmes qui expriment les conditions aux limites du corps ou
la loi de répartition des forces moléculaires à sa surface libre ou extérieure.
Or on sait assez que l'Académie des Sciences a, jusqu'ici, vainement proposé
l'un de ses grands prix pour la solution analytique de cette difficile et impor-
tante question, qu'il conviendrait peut-être de limiter, quant à présent, au
cas d'un prisme élastique uniquement soumis à l'action de la pesanteur et
reposant sur un plan matériel horizontal, supposé non déformable, par une
base dont les distances inter-moléculaires seraient elles-mêmes censées
invariables. Aussi doit-on appeler, de tous ses vœux, le perfectionnement
et le développement des méthodes par lesquelles MM. Navier, Poisson,
Cauchy, Lamé et Clapeyron ont abordé, au point de vue mathématique, les
questions qui concernent l'équilibre intérieur des solides élastiques, et qui,
en attendant une solution entièrement rigoureuse, ont déjà conduit M. de
Saint- Venant à perfectionner l'ancienne théorie de la résistance des corps à
la flexion, au glissement parallèle et à la torsion transversale, produits par
des forces extérieurement et diversement appliquées. Le long intervalle qui
s'était écoulé depuis les premières recherches des géomètres d'abord cités,
avait fait craindre aux amis éclairés de la science, que cette branche im-
portante de la physique mathématique ne tombât dans un complet abandon,
lorsque le remarquable ouvrage de M. Lamé (i) est venu dissiper cette
appréhension, en nous donnant l'espoir de voir bientôt la théorie des voû-
tes, elle-même, soumise à des principes plus satisfaisants encore que ceux
que nous possédons. Du moins, doit-on savoir un gré infini à ce savant, d'a-
voir répandu sur une aussi difficile matière, une clarté d'exposition qui la
rend, pour ainsi dire, élémentaire, et d'y avoir semé des aperçus neufs et
féconds, qui ne tarderont pas, sans doute, à recevoir d'utiles applications
aux problèmes variés qui intéressent l'art de l'ingénieur. Ajoutons que les
belles et délicates expériences de M. Wertheim, sur la compression des
solides élastiques, sont un autre motif d'espérer une prompte et heureuse
solution. »
(l) Leçons sur la Théorie mathématique de l'Elasticité des corjis solides ; Paris, i852, im-
primerie de Bachelier.
77-
( 588 )
M. Augustin Cauchy présente à l'Académie un Mémoire sur plusieurs
nouveaux théorèmes d'analyse algébrique. Ces théorèmes seront exposés
et développés dans les prochaines séances.
physique appliquée. — Expériences ayant pour but de déterminer la cause
de la transformation du pain tendre en pain rassis; par M. Boussingaui.t.
« Assez généralement on croit que le pain tendre diffère du pain rassis
par une plus forte proportion d'eau; attribuant par là, à une dessiccation
progressive, la consistance qu'il acquiert après qu'on l'a retiré du four.
Comme conséquence, on admet que le pain est plus nutritif quand il est
rassis, par la raison, qu'à poids égal, il renferme plus de matières sèches.
» Cependant, lorsqu'on connaît les précautions prises pour prévenir la
dessiccation du pain frais dans les ménages où l'on ne cuit qu'à des inter-
valles assez éloignés, on est peu disposé à accepter cette opinion.
» Ainsi, dès qu'une fournée est cuite, on l'enferme dans la huche, on la
porte au cellier ou on la descend à la cave ; toujours elle est placée dans
les conditions les moins favorables à la déperdition de l'humidité. Néan-
moins, il ne se passe pas vingt-quatre heures sans que la mie ait perdu une
partie de sa flexibilité, sans qu'on puisse l'émietter facilement; la croûte,
au contraire, de croquante, de cassante qu'elle est, devient tenace en pre-
nant une certaine souplesse. Ce changement d'état suit l'abaissement de la
température, et il ne m'a jamais paru qu'il fût raisonnable de l'attribuer à
un effet de dessiccation. Qui ne sait, par exemple, qu'un pain froid et ras-
sis recouvre, dans le four, toutes les propriétés du pain tendre, ou bien,
encore, lorsqu'on en grille une tranche sur un feu vif? A la vérité, les sur-
faces d'un morceau de pain rôti sont torréfiées, carbonisées, fortement des-
séchées par l'action trop directe de la chaleur; mais à l'intérieur, la mie est
flexible, élastique, tendre. On ne saurait nier, cependant, que le pain en
séjournant dans le four, que la tranche grillée n'aient perdu l'un et l'autre
une quantité notable d'eau.
» Ces faits suffiraient, ce me semble, pour établir, contre l'opinion accré-
ditée, que le pain tendre ne devient pas rassis par cela seul qu'il se dessèche.
Mais j'ai cru qu'il ne serait pas inutile de faire quelques expériences, ne fût-ce
que pour montrer avec quelle lenteur un pain de quelques kilogrammes se
refroidit, et combien est minime la quantité d'eau évaporée pendant le
changement d'état qui accompagne et suit ce refroidissement.
» Dans un pain rond ayant 33 centimètres de diamètre, i4 centimètres
d'épaisseur, et pris lorsqu'on défournait, j'ai introduit au centre, à 7 cen-
( 589)
timèlres de la surface, le réservoir d'un thermomètre; quelques instants
après son introduction, l'instrument marquait 97 degrés. Cette tempéra-
ture paraîtra bien faible si on la compare à celle du four; mais si la partie
extérieure d'un pain que l'on fait cuire est exposée au rayonnement de pa-
rois échauffées à 25o ou 3oo degrés, il ne faut pas perdre de vue que les
parties situées au-dessous de la croûte n'atteignent jamais plus de 100 de-
grés de chaleur, à cause de l'eau contenue dans la pâte, et en proportion
telle, qu'après la cuite, la mie en retient encore 35 à 45 pour 100.
» Le pain chaud pesait 3kll,76o; on l'a placé dans une chambre où un
thermomètre suspendu dans l'air indiquait 19 degrés. Voici, maintenant,
les observations faites pendant le refroidissement.
DATES.
HEURES.
TEMPÉRATURES
!
POIDS DU PAIN. '
1
DU PAIS.
DE LA CHAMBRE.
9 matin
10
1 1
midi
i
2
3
4
5
6
8
10
7 matin
9
10
1 1
midi
2
.7
9 matin
9
9
9
9
0
97 >°
81,0
68,0
58,i
5o,2
44,0
38,6
34,7
3t,6
28,9
25,0
23,0
18,8
18, 3
j.8,1
18,0
18,0
18,0
17,8
17,0
16, i
i5,8
»
0
'9>°
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18,6
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.8,1
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18,0
'7.9
18,0
'7,7
«7.4
i6,5
i6,3
»
kil
3,760
1
1
3,735
3,73o
3,727
3,712
3,70O
3,696
3,690
i3
il
i5
!6
I<7
18.
( 59o ï
» A côté du pain portant un thermomètre, on en avait placé un autre
pour juger du changement d'état. Vingt-quatre heures après qu'on eut dé-
tourné, la température du pain étant sensiblement la même que celle de la
chambre et, dès lors, le refroidissement pouvant être considéré comme ac-
compli, le pain était demi-rassis comme l'est ordinairement celui qui est
cuit depuis un jour; la croûte ne se brisait plus sous la pression; il y avait
eu 3o grammes d'eau de dissipés, soit les 0,008 du poids initial. Le sixième
jour, lorsque le pain était extrêmement rassis, la perte ne s'est pas élevée
au-dessus de 0,0 1 ; dans les cinq derniers jours, c'est-à-dire pendant la pé-
riode où la modification a été la plus prononcée, bien qu'elle ait eu lieu
après le complet refroidissement, la perte en eau n'a été que de [\o grammes
sur 3^30, ou à très-peu près de 0,01 . L'expérience suivante prouvera d'ail-
leurs que l'élimination de l'eau, dans des limites aussi restreintes, ne con-
tribue en rien à la transformation du pain tendre en pain rassis.
» Le pain cuit depuis six jours, et dont le poids était 3kil,69o, a été remis
au four; une heure après, le thermomètre placé au milieu de la mie indiqua
seulement 70 degrés. Ce pain ayant été coupé, on le trouva tout aussi frais
que ceux que l'on venait de cuire. Il ne pesait plus que 3kll,57o, ayant perdu
120 grammes d'eau, ou3{ pour 100.
» Cette expérience a été répétée sous une autre forme -, on a mis une tran-
che de pain chaud dans une capsule placée sous une cloche dont l'ouver-
ture reposait sur de l'eau, de manière à ce que l'air confiné dans la cloche
fût saturé d'humidité. Chaque jour, à la même heure, la tranche a été exa-
minée et pesée.
Poids de la tranche 32!r,o5 pain tendre,
perte 0^,23
Après être restée : vingt-quatre heures sous la cloche. 3i8r,82 pain demi-rassis,
perte ogr,o7
quarante-huit heures Si81, 7 5 pain rassis,
perte 0^.05
soixante-douze heures 3i*r,70
perte o'r,oi
quatre-vingt-seize heures Si^fiç) pain très-rassis.
» On voit, par les pesées, que le pain chaud est devenu demi-rassis en
perdant les 0,007 de son poids. Une fois à cet état, la consistance a été en
augmentant, bien que les pertes successives n'aient plus été que de 0,00a,
0,0016, o,ooo3 du poids initial.
» La tranche de pain rassis a été grillée, elle a pesé 28gr,65 ; plus des -^
( 59' )
étaient régénérés à l'état de pain tendre quoique, par l'action de la chaleur,
la perte, due en grande partie à de l'eau volatilisée, se soit élevée à près
de -j^ du poids primitif.
» En remettant au four un pain très-rassis, on a vu qu'il était devenu ten-
dre lorsque le thermomètre placé dans son intérieur se tenait à 70 degrés.
Afin de constater si le changement d'état aurait lieu à une température
moins élevée, j'ai introduit, dans un étui en fer-blanc, un cylindre de mie
taillé dans du pain cuit depuis plusieurs jours. Pour prévenir toute dissipa-
tion d'humidité, l'étui a été fermé avec un bouchon, puis on l'a maintenu
pendant une heure au bain-marie chauffé entre 5o et 60 degrés. La mie est
devenue souple, élastique comme si on l'eût retirée du four. On la laisse
refroidir. Vingt-quatre heures après, sa consistance est celle du pain demi-
rassis, et, au bout de quarante-huit heures, celle du pain rassis. La dispo-
sition prise pour élever la température sans qu'il y eût perte d'eau, a permis
de modifier nombre de fois le pain enfermé dans l'étui, en le chauffant et
le laissant refroidir alternativement.
» Des faits exposés précédemment, il est, je crois, permis de conclure
que ce n'est pas par une moindre proportion d'eau que le pain rassis diffère
du pain tendre, mais par un état moléculaire particulier qui se manifeste
pendant le refroidissement, se développe ensuite, et persiste aussi longtemps
que la température ne dépasse pas une certaine limite. »
« M. Thenard présente quelques observations sur la communication
que vient de faire M. Arago, au nom de M. Boussingault; il pense que si
le pain, après sa cuisson, prend peu à peu de la fermeté et devient rassis,
c'est parce qu'il doit être considéré comme un hydrate que la chaleur
ramollit et auquel une basse température donne plus de consistance. »
« M. Payes demande à l'Académie la permission de rappeler qu'il s'est
occupé de déterminer la température de la cuisson du pain : il a trouvé
que les parois du four étant échauffées à 290 degrés, la croûte se formait à
la température de + 210 degrés, et la mie à + 100 degrés centésimaux
dans le centre des pains. Il a constaté, en outre, que les sporules rougeà-
tres capables de reproduire les champignons microscopiques, désignés sous
le nom de Oïdium aurantiacum , ou champignons rouges du pain, peuvent
supporter une température de +100 à 120 degrés, sans perdre leur faculté
végétative, tandis que cette faculté cesse lorsque la température s'élève
jusqu'à + 140.
( 59* )
» M. Payen en a tiré cette conclusion, que les sporules de Y Oïdium
conservent la faculté de reproduire le champignon dans la mie, tandis que
dans la croûte, la température qui dépasse 200 degrés anéantit cette
faculté.
» Les faits, à cet égard, sont consignés dans plusieurs publications, et
notamment pages 455 et 462 du Précis de Chimie industrielle, 2e édition,
dont M. Payen eut l'honneur de faire hommage à l'Académie en i85o. »
chirurgie. — Sur l'urétrotomie périnéale, appliquée au traitement des
rétrécissements de l'urètre; par M. Sédillot. (Extrait par l'auteur.)
« Les rétrécissements de l'urètre sont unedes lésions le plus fréquentes et
le plus compliquées de la chirurgie, et il en est peu dont le traitement
réclame autant de sagacité et d'expérience.
» Les maîtres de l'art les plus renommés ne se montrent pas d'accord
sur la valeur des méthodes et des procédés curatifs, et ces dissidences indi-
viduelles sont devenues internationales.
» L'enthousiasme exagéré des hommes pour leurs propres inventions, ou
pour les moyens de traitement dont ils font usage, fait en partie compren-
dre cette regrettable confusion, dont nous signalerons encore une autre
cause.
» Certains procédés complexes doivent leurs succès à la même méthode
de traitement; mais, par une préoccupation facile à comprendre, leurs au-
teurs les rapportent à de prétendus perfectionnements tout à fait insigni-
fiants dans beaucoup de cas, et quelquefois même plus désavantageux
qu'utiles.
» Dans un ordre de faits où la nature, le siège et l'étendue des altéra-
tions offrent les plus notables différences, une méthode curative unique et
toujours semblable ne saurait être supposée ni admise, et la supériorité pra-
tique consiste à bien préciser les indications de chaque cas particulier, et à
y appliquer les moyens de traitement qui y conviennent le mieux.
» C'est à ce titre que nous chercherons à remettre en honneur une opé-
ration presque entièrement abandonnée en France, quoiqu'elle y ait compté,
à d'autres époques, de nombreux partisans, et qu'elle soit aujourd'hui en
grand honneur en Angleterre, où le célèbre professeur Syme d'Edimbourg
en a presque généralisé l'usage.
» Les rétrécissements de l'urètre peuvent être divisés en trois classes :
A, ceux que l'on traverse et que l'on parvient à dilater d'une manière du-
(593)
rable; B, ceux contre lesquels échouent les moyens de dilatation ; C, ceux
qui restent infranchissables.
» Les rétrécissements de la première classe sont les plus nombreux. La
dilatation permanente en est la méthode curative la plus efficace, et cette
méthode fait le principal mérite de tous les procédés sous lesquels on la
déguise.
» Les rétrécissements infranchissables sont très-rares, mais nous en avons
déjà rencontré plusieurs exemples, et nous en avons publié un cas avec la
description des dispositions anatomo-pathologiques qui le constituaient.
» Les rétrécissements de la deuxième classe sont plus communs et offrent
des degrés de dilatation variables. Les uns laissent passer des instruments de
plusieurs millimètres de diamètre, puis se reforment immédiatement par la
grande élasticité des tissus qui les composent; d'autres sont susceptibles
d'un certain élargissement, mais opposent une résistance invincible au delà
d'une limite de dilatation très-circonscrite ; quelques-uns enfin sont tra-
versés avec beaucoup de difficultés et d'une manière, pour ainsi dire, for-
tuite, par les bougies les plus fines, sans qu'on puisse parvenir ensuite à les
dilater notablement.
» Les dilatations successives et passagères, les débridements internes, la
cautérisation, la rupture par la dilatation forcée, sont des procédés appli-
cables à des cas exceptionnels, et ne sauraient être considérés comme
méthodes générales de traitement.
» Les rétrécissements très-étroits, non dilatables et infranchissables ont
été combattus : a, par la ponction avec les sondes coniques ou à dard ; b, par
les cautérisations profondes d'avant en arrière; c, par les débridements in-
ternes; et g?, par l'urétrotomie, désignée aussi sous le nom de boutonnière.
» Les ponctions intrà-urétrales exposant à des fausses routes et à de
graves accidents consécutifs, ont été abandonnées. La cautérisation destruc-
tive des tissus coarctés peut également produire des fausses routes et laisse
des cicatrices dont la rétractilité ramène le rétrécissement. Les débridements
internes supposent l'introduction préalable d'un instrument conducteur
et occasionnent des épanchements de sang dans l'urètre et la vessie, des
rétentions d'urine, des infiltrations et des suppurations diffuses de la plaie.
L'expérience semble néanmoins établir qu'en rendant ces incisions très-
profondes comme le fait M. le Dr Reybard, on évite l'étranglement et la
plupart des accidents que nous signalons, mais dans ce cas l'urétrotomie
serait probablement préférable.
C. R.( i85a, im* Semestre . (T. XXXV, N° 17.) 78
( 594)
» L'urétrotomie périnéale, injustement oubliée, comme nous l'avons dit,
fend le rétrécissement de dehors en dedans par une plaie nette et régulière,
étendue des téguments à la partie supérieure de l'urètre et comprenant le
bulbe, s'il y a lieu, sans crainte d'hémorragie. On n'observe de rétention de
sang, ni de pus, nulle trace d'étranglement, pas d'inflammations diffuses
ni de pyoémies ; la plaie se ferme sur une grosse sonde de gomme élas-
tique, laissée à demeure dans la vessie, et donne une cicatrice souple et
mince, sans tendance marquée à la récidive de la coarctation.
» L'opération de la boutonnière était employée contre les rétentions d'u-
rine, et ne s'appliquait au traitement des rétrécissements que d'une manière
accessoire et secondaire. Les procédés en étaient confus, et le mot d'urétro-
lomie périnéale nous paraît mieux caractériser la nature et le but de l'opé-
ration que nous décrivons.
» L'urétrotomie se pratique sur toute la longueur de l'urètre, et l'épi-
thète de périnéale s'explique par la grande fréquence des rétrécissements
de la portion membraneuse ou périnéale du canal .
» Quoiqu'il y ait dix ans que nous ayons fait nos premières opérations
d'urétrotomie, et que nous en ayons cité un succès en 1846 dans notre
Traité de médecine opératoire, nous ne rapporterons ici que nos dernières
opérations, recueillies depuis l'année i85i.
» Les malades que nous avons soumis à cette opération étaient dans des
conditions presque désespérées, et tous néanmoins guérirent vite et d'une
manière complète.
,■> Le premier de ces opérés, capitaine dans un régiment de ligne, souf-
frait depuis vingt ans d'un rétrécissement Depuis six mois il n'urinait plus
que par des pressions manuelles répétées sur le périnée d'arrière en avant
pour chasser l'urine goutte à goutte au travers de la coarctation du canal.
La vessie et les reins étaient enflammés, les urines fétides et purulentes ;
toutes les tentatives de cathétérisme et de cautérisation avaient échoué.
» L'urétrotomie pratiquée le 11 juillet 1 85 1 permit au malade de quitter
Strasbourg au mois de septembre suivant, et le capitaine B... a repris sou
service au régiment, où il jouit aujourd'hui d'une magnifique santé.
» Notre second malade, venu de Suisse, portait son rétrécissement de-
puis quinze ans. Des fistules périnéales s'étaient établies, et les tentatives de
cathétérisme étaient restées infructueuses. Une fine bougie introduite par
hasard par le malade n'avait pu être remplacée, et M. X... étant parvenu,
quinze jours plus tard, à la remettre, l'urétrotomie fut pratiquée le 11 juil-
(595)
let i85i. Les suites en furent heureuses, une incision semi-lunaire faite
autour de l'orifice de la fistule périnéale en facilita la cicatrisation, et le
malade quittait Strasbourg et retournait, le 9 septembre, dans son pays,
d'où il nous a écrit dernièrement qu'il continuait à jouir d'une parfaite
guérison .
» Le troisième opéré était tombé sur le périnée et s'était rompu l'urètre :
rétention d'urine, ponction périnéale; séjour à demeure de la canule du
trois-quarts pendant dix-sept semaines; formation d'un calcul dans-la ves-
sie; oblitération de la canule; fistule urinaire périnéale, urètre infranchis-
sable. On envoya cet homme en cet état à la Clinique de Strasbourg. L'uré-
trotomie est pratiquée le 7 janvier 1862, le calcul est extrait par la taille
latéralisée le 3 février, et le malade, complètement guéri, retourne à Mul-
house le i3 mars, où il continue à se bien porter, comme nous l'a tout ré-
cemment écrit M. le Dr Stakler. Le col de la vessie a conservé sa contracti-
lité, les urines sont bien retenues et largement chassées par l'urètre. Les
fonctions génitales sont restées intactes, et l'on n'observe aucune trace des
anciennes infirmités dont peu de personnes avaient espéré la guérison.
» Notre quatrième malade était atteint depuis quinze mois d'un rétrécis-
sement de l'urètre avec cystite, néphrite, urines purulentes et fétides, éma-
ciation, danger imminent. Les tentatives de dilatation et de cautérisation
furent infructueuses. Cystite aiguë, angioleucite de la verge; les ganglions
de l'aine droite s'enflamment et suppurent. Rétentions d'urines qui néces-
sitent deux ponctions hypogastriques.
» Urétrotomie le 9 août i852. Guérison le 8 septembre, époque où le
malade quitte Strasbourg pour retourner dans sa famille, où sa santé s'est
complètement rétablie.
» L'introduction des sondes Mayor, de i centimètre de diamètre, s'opère
sans aucune difficulté.
» Ces succès doivent corroborer ceux anciennement obtenus et ceux
plus récents de MM. Lallemant de Montpellier, Viguerie de Toulouse,
Stœss de Strasbourg, et de MM. Civiale, Leroy d'Étiolés, Amussat et d'au-
tres maîtres de l'art qu'il serait trop long de citer.
» Une précaution essentielle, dans le cas de rétrécissements infranchis-
sables, est d'ouvrir l'urètre au devant de la coarctation sur une grosse
sonde métallique, et de fixer immédiatement les parois du canal par un fil,
une épingle, une mince érigne, etc., pour être certain de les retrouver dans
tous les moments de l'opération. Une irrigation d'eau froide facilite l'exa-
78..
( 5g6)
inen des parties et permet de découvrir, à l'aide d'un stylet d'argent can-
nelé, l'orifice du rétrécissement. Si l'on ne parvient pas à traverser l'ob-
stacle, on pourrait le franchir avec un stylet conique, ou aller ouvrir l'u-
rètre au devant de la prostate et découvrir le rétrécissement d'arrière en
avant au moyen d'un stylet d'argent recourbé et introduit dans cette por-
tion du canal. Ces manœuvres et les décisions à prendre sont on ne peut
plus difficiles et délicates, et il ne faudrait pas légèrement en prendre la res-
ponsabilité. Un chirurgien sûr de son sang-froid, de son esprit de res-
sources et de sa main, est seul capable de surmonter heureusement de
pareils obstacles, qu'aucune opération chirurgicale ne présente peut-être
au même degré.
» Si l'on est parvenu à placer à l'avance une bougie dans le canal, on glisse
sur elle le stylet cannelé qui sert à fendre la coarctation. Un autre stylet,
introduit à côté du premier, donne la facilité de dilater l'urètre, et d'y por-
ter, sans crainte de fausse route, une sonde de gomme élastique que l'on
fait parvenir dans la vessie. M. le professeur Syme donne le conseil de fran-
chir le rétrécissement avec un petit cathéter cannelé en argent. L'urétro-
tomie est alors rendue facile ; mais cette manœuvre suppose un rétrécis-
sement assez dilatable pour recevoir un cathéter, et telles n'étaient pas les
conditions dans lesquelles nous avons opéré.
» Le défaut d'écoulement de l'urine par la sonde dépend souvent des
caillots de sang qui en bouchent les yeux. Une injection d'eau tiède remédie
à cette difficulté.
» La sonde de gomme élastique est alors retirée sans déranger la position
des stylets conducteurs, et on la réintroduit par le gland jusqu'à la plaie
périnéale, et ensuite dans la vessie, avec les précautions déjà signalées.
» M. le professeur Syme ne place pas toujours de sonde dans l'urètre,
ou retire l'instrument au bout de peu de jours. Nous avons préféré laisser
les sondes à demeure jusqu'à la cicatrisation presque complète de la plaie,
et nous croyons cette conduite plus avantageuse lorsque les rétrécissements
sont extrêmement étroits et que le canal de l'urètre est depuis longtemps
coarcté.
» L'expérience clinique proclame hautement la valeur de l'urétrotomie,
et nous ne doutons pas que cette opération mieux comprise ne soit bientôt
comptée, en France, au nombre des plus précieuses ressources de l'art. »
( 597 )
RAPPORTS.
mécanique appliquée. — Rapport sur la deuxième partie du Mémoire de
M. Yvon Villauceau, relatif à l'établissement des arches de pont.
(Commissaires, MM. Piobert, Lamé, Poncelet rapporteur.)
« Le Rapport de M. Lamé, sur la première partie du Mémoire de M. Yvon
Villarceau, dont les conclusions ont reçu l'approbation de l'Académie
dans la séance du lundi 9 novembre 1846, fait connaître les simplifica-
tions heureuses que l'auteur a introduites dans la solution analytique
du problème qui consiste à déterminer, par coordonnées ou par le tracé
des cercles de courbure, le profil d'intrados d'une voûte de pont, assu-
jettie aux conditions du maximum de stabilité ; problème dans lequel on se
donne, à priori, la flèche ou montée, l'ouverture et la charge au-dessus du
sommet extrados de la voûte; ce qui permet ensuite de régler l'épaisseur
sensiblement uniforme du bandeau, d'après la limite de pression à faire
subir aux matériaux qui y entrent, et vice versa.
» Malgré ces remarquables simplifications et les formes, les proportions
très-convenables auxquelles l'auteur avait été conduit pour les voûtes de
grands ponts , il n'en est pas moins vrai que les nombreux calculs et tâton-
nements nécessaires pour parvenir à la détermination pratique et complète
des éléments d'un projet, étaient peu propres à encourager les ingénieurs
dans l'adoption d'un tel mode de construction ; même en laissant de côté
la répugnance, très-légitime, qu'ils éprouvent à abandonner la route tracée
par d'illustres prédécesseurs et fondée sur une longue expérience, une ob-
servation attentive des faits présentés par les constructions, déjà réalisées et
soumises à l'épreuve du temps. Aussi, M. Yvon, revenant sur ses premiers
calculs, les a simplifiés encore, soit en profitant des circonstances qui, dans
les arches de grands ponts, permettent de supposer la densité de la sur-
charge à très-peu près égale à celle des maçonneries mêmes de la voûte, et
son épaisseur moyenne au-dessus du plan horizontal tangent à l'extrados,
comme très-faible par rapport aux dimensions principales de cette voûte ;
soit en réduisant, dans les arches en arcs simples, non raccordés avec les
pieds-droits, le calcul si pénible de l'épaisseur à la clef, à celui d'une formule
empirique, fort simple, qui, dans les ponts soumis à de très-grandes pres-
sions, donne cette épaisseur à moins d'un dixième près de sa valeur; soit
enfin en dressant, au moyen de considérations analytiques ingénieuses, deux
(598)
Tables numériques à double entrée, qui fournissent les éléments propres à cal-
culer, dans les différents cas de surbaissement offerts par la pratique, l'épais-
seur au sommet et la poussée horizontale des arches en anse de panier, en
fonction du rapport de l'ouverture et de l'épaisseur moyenne de la sur-
charge, à la flèche ou montée correspondante.
» L'utilité de pareilles Tables ne pouvant être mise en doute, on doit
vivement désirer que l'application en soit bientôt étendue, par M. Yvon, au
cas des voûtes dites en arc ; tâche à coup sûr très-pénible, mais qui ne sau-
rait rebuter un aussi infatigable calculateur.
» Au surplus, M. Y.von Villarceau ne s'est pas contenté de ces simplifica-
tions, qui réduisent la solution du problème à des calculs faciles, assez ra-
pides, et dont il a offert, dans cette partie de son Mémoire, divers exem-
ples et tableaux numériques complets, pouvant, au besoin, servir de guide
aux ingénieurs. Il a, de plus, mis à profit cette facilité même, pour faire
l'application de sa méthode à un grand nombre de ponts existants ou à pro-
jeter dans des dimensions qui n'ont point jusqu'ici été atteintes pour les
constructions en pierres, et il en a déduit divers rapprochements, comparai-
sons ou conséquences propres à éclairer la conscience des constructeurs, et
qui ne manqueront pas d'exciter leur intérêt et leur attention, en les met-
tant à même d'apprécier, à leur juste valeur, la portée et le degré d'utilité
ou d'importance des conceptions de l'auteur.
» Nous nous bornerons à citer, parmi ces conséquences, un résultat de
calcul conforme à la pratique des plus grands ingénieurs, et qui, néan-
moins, pourrait surprendre tous ceux qui n'y auraient pas suffisamment
réfléchi : c'est que, dans les ponts en anse de panier, non-seulement le sur-
baissement n'est point une quantité tout à fait arbitraire ou qu'on puisse se
donner à priori, mais encore pour les épaisseurs ordinaires et assez faibles
de la surcharge horizontale, régnant au-dessus de l'extrados de la voûte, le
rapport de la flèche à l'ouverture, doit demeurer compris entre les frac-
tions j et \, quand on tient à obtenir des voûtes jouissant du maximum de
stabilité que s'est imposé l'auteur d'après des conditions qui, rappelons-le,
consistent à faire en sorte que les résultantes de pressions soient partout nor-
males aux plans de joints, en des points situés très-près de leurs milieux
respectifs : les plus petites et les plus grandes flèches correspondant respec-
tivement aux plus faibles et aux plus fortes épaisseurs de la surcharge hori-
zontale et d'égale épaisseur placée au-dessus du sommet de la voûte.
» L'auteur arrive également, par ses calculs, à conclure que les voûtes en
plein cintre ou circulaires doivent être exclusivement réservées aux grandes
( Sy9)
surcharges, telles que celles des tunnels, etc., résultat dont on peut se ren-
dre compte à priori, en observant que, dans l'hypothèse de la liquidité des
parties inférieures, admise par M. Yvon, la pression uniforme ou constante
relative à ces surcharges, transmise normalement et intégralement à l'ex-
trados de la voûte, vient s'ajouter eu chaque point, à la pression variable
due au poids de ces mêmes parties ; pression par rapport à laquelle la pre-
mière tend à devenir de plus en plus prépondérante, à mesure que l'épais-
seur de la surcharge augmente, ce qui rapproche incessamment le système
proposé des conditions où il se trouverait si, la surcharge uniforme deve-
nant infinie, les pressions normales pouvaient être considérées comme rigou-
reusement égales entre elles, dans l'étendue entière de la voûte, cas auquel,
comme on sait, la forme circulaire est celle qui convient à l'équilibre de
toutes les parties.
» L'énorme influence exercée ici par le rapport de l'épaisseur de la sur-
charge uniforme à la flèche de la voûte, sert d'ailleurs à expliquer l'espèce
de contradiction à laquelle M. Yvon Villarceau arrive, pour les arches en anse
de panier fortement surbaissées, lorsqu'il compare les données du calcul à
celles que fournissent certains ponts existants, le pont de Neuilly par exem-
ple, qui a toujours été considéré comme un chef-d'œuvre de construction et
de hardiesse. M. Yvon est, en effet, conduit par l'application de ses formules
à ce dernier pont, à des épaisseurs de bandeau inadmissibles par leur peti-
tesse ou l'énormité de la pression à laquelle elles devraient correspondre
en raison de la limite de surbaissement adoptée par Perronet. On peut s'en
rendre compte en observant que les arches en anse de panier, présentant
une donnée de plus que les autres voûtes, celle de la verticalité des retom-
bées extrêmes, la pression moyenne sur le joint des naissances le plus com-
primé de tous, n'y peut plus recevoir une valeur arbitraire, et cette valeur
résulte forcément des autres données du problème. Or, pour faire rentrer la
solution relative au pont de Neuilly, dans les proportions assignées par
l'usage, et afin de satisfaire aux conditions de stabilité qu'il s'est imposées,
M. Yvon se voit obligé d'augmenter la flèche de l'intrados aux dépens de
l'épaisseur, ici un peu forte, de la surcharge uniforme du pont; ce qui, dans
l'exécution, n'aurait probablement offert aucune difficulté de construction,
comme le remarque l'auteur.
» Evidemment de tels résultats, exactement déduits des équations du pro-
blème, tendent seulement à prouver que, dans ce pont et ses semblables,
l'état de l'équilibre et la répartition des pressions sur les joints, s'écartent
plus ou moins des conditions mathématiques où l'auteur s'est placé, et dans
( 6oo )
lesquelles on néglige l'énorme influence du frottement et de la cohésion des
maçonneries de la surcharge et des tympans. En considérant d'ailleurs que
la forme d'intrados adoptée par Perronet, offre moins d'évidement vers les
reins, plus de courbure au sommet, tandis que les épaisseurs de bandeau,
beaucoup plus fortes, vont en croissant du sommet aux naissances, on sera
amené à conclure que le calcul ne prouve rien pour ou contre le système de
construction du pont de Neuilly, si ce n'est peut-être au point de vue de
l'économie en pierres de taille, puisque le nouveau bandeau n'aurait eu que
]m,9-45 au lieu de im,94o,.
» D'autre part, l'accord très-satisfaisant qui existe entre les détermina-
tions de M. Yvon et les données offertes par un bon nombre d'autres grands
ponts construits en anse de panier, et qu'il a également soumis au calcul,
tendrait à prouver que sa manière d'envisager la question et de la résoudre
dans chaque cas, ne s'écarterait pas trop de celle qui pourrait servir à fixer
les meilleures proportions dans les ponts, de maximum de portée, analogues
à ceux dont il s'est tout d'abord occupé dans cette deuxième partie de son
Mémoire ; du moins offrirait-elle d'utiles indications à l'ingénieur qui tien-
drait à ne rien livrer au hasard, dans des circonstances aussi exceptionnelles,
aussi critiques, et où il conviendrait peut-être encore d'avoir égard aux effets
d'infléchissement, d'ondulations ou d'oscillations inévitablement suhis par
des voûtes de 60 mètres d'ouverture, surbaissées du tiers au quart, lors du
parcours, plus ou moins rapide, d'une locomotive et de son convoi de mar-
chandises. L'attention que le gouvernement anglais a récemment accordée,
du moins pour les ponts en fer ou en fonte, à de pareilles causes d'instabilité
et de rupture, la nomination d'une Commission composée des plus savants
ingénieurs de la Grande-Bretagne, prouvent assez la haute importance de la
question', et combien il serait utile de pouvoir la soumettre au calcul.
» Toutefois il ne suffit pas de fixer la forme et les dimensions du bandeau
d'une voûte, pour être assuré qu'elle est parfaitement stable sur ses appuis,
et, puisque l'hypothèse de la liquidité des parties inférieures et de la sur-
charge a été admise, par M. Yvon, comme une condition indispensable au
maintien dé l'équilibre du bandeau, il faut que les réactions qui leur cor-
respondent sur les pieds-droits, culées ou remplissage des reins, puissent
être détruites par la résistance ou l'inertie de leur massif. Aussi indique-t-il
la manière d'en calculer la forme et l'épaisseur dans la double hypothèse du
glissement et de la rotation, en ayant égard, cette fois, à l'influence du frot-
tement et de la cohésion des mortiers sur les joints. Faisant l'application des
formules ainsi obtenues à l'arche de 60 mètres mentionnée ci-dessus, M. Yvon
(6oi )
obtient une culée à profil à peu près triangulaire, dont la base est de 28 mètres
et la hauteur au-dessus des naissances, de 19 mètres; résultat qui n'a rien
d'exorbitant, si l'on réfléchit que le pont d'Iéna , à Paris, par exemple, dont
l'ouverture est seulement de 1 5 mètres, a reçu des culées rectangulaires de
1 5 mètres d'épaisseur horizontale. On doit néanmoins regretter que l'auteur,
considérant cette partie de son intéressant travail comme purement acces-
soire à la théorie des voûtes, n'ait fait aucune application de ses formules
aux ponts existants, déjà soumis par lui au calcul, afin de s'assurer que les
épaisseurs de culées ainsi obtenues, n'offrent rien qui s'écarte par trop, des
proportions en usage et des conditions d'économie que l'ingénieur doit
toujours s'imposer.
» Quelques développements, à cet égard, auraient été d'autant plus
utiles, que, on ne peut se le dissimuler, le mode d'exécution, la compressi-
bilité ou flexibilité naturelle, et toute cause de dérangement de la maçon-
nerie des reins ou des pieds-droits, peuvent exercer une très-grande in-
fluence sur le mode même de répartition des pressions dans le bandeau de
la voûte, à l'époque du décintrement. Alors, en effet, les surcharges ne
sauraient encore, comme le suppose l'auteur, être établies dans toute leur
étendue horizontale, mais en partie seulement, vers les naissances et les
reins où le bandeau a particulièrement besoin d'être soutenu dans le nou-
veau système, puisque les pressions extérieures y ont été théoriquement
considérées comme les plus fortes : c'est même de là qu'est résultée une aug-
mentation de courbure ou d'évidement latéral très-favorable au débouché
des ponts, qui se remarque dans le nouveau tracé, et qui n'existe pas, au
même degré, dans les tracés généralement en usage.
» Quelle que soit, au surplus, l'opinion que l'on puisse se former, à
priori, du contenu de cette seconde partie du Mémoire de M. Yvon Villar-
ceau, on ne peut méconnaître que le résultat des discussions et des calculs
approfondis auxquels il s'est livré, ne fournisse d'utiles indications pour
l'établissement ultérieur des projets où l'on se proposerait de construire des
ponts dont la portée excéderait la limite de ceux que l'on doit jusqu'ici
aux plus habiles ingénieurs; et, à ce point de vue, ces additions nous pa-
raissent, ainsi que les Tables, les exemples numériques et dessins d'arches
de pont qui les accompagnent, mériter de paraître dans les Mémoires des
Savants étrangers, à la suite de la première partie dont l'impression a déjà
été ordonnée par l'Académie. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
C R., l85î, 2">« Semestr,. (T. XXXV M° 17.) 79
( 6oa )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
mécanique. — Sur la tendance des rotations au parallélisme;
par M. Léon Foucault.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Arago, Pouillet, Babinet. )
« On peut énoncer ainsi le principe qui m'a servi de guide dans mes
recherches sur l'orientation et sur l'inclinaison des corps tournants :
» Quand un corps tourne autour d'un axe principal et qu'une force ou
un système de forces tend à produire une rotation nouvelle non parallèle à
la première, l'effet résultant est un déplacement de l'axe de rotation pri-
mitive, qui se dirige vers l'axe nouveau par le chemin favorable au parai
lélisme des deux rotations.
» L'axe nouveau de rotation peut, suivant les cas, être fixe ou mobile,
et dépendant de la position du corps ; quand il est fixe, le corps tournant
tend vers une position définie, c'est ce qui arrive en présence du seul mou-
vement de la Terre ; quand il est mobile avec l'axe du corps, celui-ci change
constamment de direction, sans jamais rencontrer de position d'équilibre;
c'est ce qu'on observe dans les phénomènes de précession antérieurement
étudiés, et auxquels se rattache l'expérience qui consiste à abandonner à
l'action de la pesanteur un corps tournant posé sur un point fixe par l'une
ou l'autre extrémité de son axe.
» En formant avec le corps tournant un pendule conique, on trouve
pareillement que l'axe de rotation doit se maintenir dans un plan normal
à la surface du cône, et qu'il doit se retourner bout pour bout par l'inter-
version du sens de l'oscillation ; l'expérience vérifie très-fidèlement encore
cette prévision fondée sur la tendance des rotations au parallélisme. »
mécanique céleste. — Solution analytique du problème suivant : Déter-
miner le mouvement de rotation d'un corps solide autour d'un de ses
points, lorsqu'on suppose que ce point est posé sur la Terre et entraîné
avec elle dans son mouvement diurne. (Mémoire de M. Quet.)
(Commissaires nommés pour le Mémoire de M. Foucault, auxquels sont
adjoints MM. Cauchy et Binet.)
« Le résultat principal de cette solution peut, dit l'auteur, être exprimé
dans les termes suivants :
» Lorsque le corps solide est de révolution autour d'un axe, et que le
( 6o3 )
mouvement de rotation a commencé autour de cette droite, l'axe du corps
conserve une direction fixe dans l'espace, et, par conséquent, paraît se
mouvoir, pour un observateur, comme s'il était l'axe d'une lunette paralla-
tique.
» Ce résultat coïncide avec la proposition énoncée par M. Foucault dans
la première communication qu'il a faite pour les Comptes rendus du 20 sep-
tembre i852. »
M. de la Roquette, qui avait transmis la Note de M. Oswell, sur les
mouches venimeuses du Tsetse {voir le Compte rendu de la précédente
séance), adresse aujourd'hui, comme devant se rattacher à cette communi -
cation, une Note d'un voyageur, M. Arnaud, qui a observé, dans d'autres
points de l'Afrique, des insectes probablement identiques à ceux qu'a vus
M. Oswell.
Note de M. Arnaud.
« D'après l'inspection que j'ai pu faire de cette mouche sur le bureau de
la Société de Géographie, il m'a semblé qu'elle était identique à celle qu'on
rencontre dans l'île du Sennâr, entre le i5e et le 11e degré de latitude
nord, où ses piqûres réitérées tuent également les animaux, ce qui oblige
les pasteurs de troupeaux, de bœufs surtout, à abandonner la contrée pen-
dant la saison où elle est le plus inquiétante, c'est-à-dire dans les mois de
janvier à mai, pour se réfugier sur les bords du Nil, où l'on ne la retrouve
que très- rarement.
» J'ai été moi-même piqué par une de ces mouches, et la plaie qui en est
résultée a duré plus de quatre mois, avec des démangeaisons insuppor-
tables, qui quelquefois se réveillent encore aujourd'hui. »
(Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour le Mémoire de
M. Oswell : MM. Duméril, Milne Edwards, Decaisne.)
mécanique appliquée. — Obturateur mécanique pour la lumière du canon ;
appareil destiné à prévenir un des accidents les plus communs dans le ser-
vice des bouches à jeu; par M. Oppelt.
(Commissaires, MM. Piobert, Duperrey, Morin.)
M. Gitbal, inventeur d'un appareil désigné sous le nom de machine à
défoncer, annonce qu'il ne lui est plus possible de faire fonctionner, sous
les yeux des Membres de la Commission, cette machine qui faisait partie
79-
(6o4)
du matériel de l'Institut agronomique de Versailles, et qui, depuis la sup-
pression de cet établissement, a été envoyée au loin. M. Guibal espère que
MM. les Commissaires trouveront dans des documents qu'il envoie aujour-
d'hui les renseignements nécessaires pour pouvoir porter un jugement sur
l'utilité de son invention.
(Renvoi à la Commission du prix de Mécanique.)
M. Dalmas adresse, de Rosières (Ardèche), une Note sur la maladie de
la vigne et la maladie de la pomme de terre. L'auteur pense que la pre-
mière a principalement pour cause une stagnation de la sève ; et il a été con-
firmé dans cette idée, par les résultats très-différents qu'il a observés dans
le pays qu'il habite, selon que l'opération de la taille était pratiquée tar-
divement ou de bonne heure. Quand, faute d'avoir taillé dans la saison
opportune (tardivement), la maladie a commencé à se manifester, on peut,
suivant M. Dalmas, en arrêter le développement par des scarifications
profondes pratiquées dans les ceps, ou par l'émondage des extrémités
des sarments. Relativement aux pommes de terre, il recommande de
les planter de bonne heure, et assure que dans le canton de Rosières,
toutes celles qui ont été plantées en février, ont échappé à la maladie,
tandis que celles qui l'ont été en avril ou mai, ont presque toutes plus ou
inoins souffert. La maladie s'est-elle montrée dans les fanes, il suffit sou-
vent de les faucher pour préserver les tubercules. Quant à ces derniers,
M. Dalmas recommande de les conserver dans des lieux secs et élevés, en
les couvrant toutefois de manière à les préserver de la gelée.
(Commission chargée de l'examen des diverses communications relatives à
la même question : MM. Duméril, Magendie, de Jussieu, Brongniart,
Milne Edwards, Decaisne. )
M. Dussugues, médecin à Lyon, envoie une Note sur le même sujet; il
regarde comme cause principale de la maladie, l'abus des fumures ; il pro-
pose donc de supprimer les engrais, et de revenir au régime des jachères,
sans se dissimuler, toutefois, les objections que cette proposition doit
soulever.
(Renvoi à la même Commission.)
M. le pasteur Clavel soumet au jugement de l'Académie la description et
la figure d'un héliostat portant un réflecteur de très-grandes dimensions, et
( 6o5 )
qui est destiné à faire pénétrer la lumière solaire dans des appartements
obscurs.
(Commissaires, MM. Mathieu, Babinet.)
M. Henri IXascio, de Messine, auteur d'une Note sur les éphémérides
luni-solaires moyennes, précédemment soumise au jugement de l'Académie,
adresse, comme pièces à consulter par la Commission chargée d'examiner
son travail, la correspondance qu'il a eue, relativement à ces éphémérides,
avec le directeur de l'observatoire de Campidoglio, à Rome.
( P envoi à l'examen de M. Faye déjà chargé de prendre connaissance de la
première communication.)
M. Vial présente une Note concernant la démonstration élémentaire de
plusieurs propositions de géométrie.
(Commissaires, MM. Babinet, Chasles.)
CORRESPONDANCE.
M. le Directeur général des Douanes adresse, pour la bibliothèque de
l'Institut, un exemplaire du Tableau général du mouvement du cabotage
en i 85 i .
M. Valz envoie un nouveau spécimen des Cartes célestes dressées sous
sa direction par M. Chacornac. Cette Carte représente la portion du ciel
comprise entre ohom et oh20m d'ascension droite, et entre 4 degrés décli-
naison australe et 6 degrés déclinaison boréale. Elle donne la place de
i5oo étoiles. M. Valz y a marqué, de plus, la position qu'occupait, le 9 oc-
tobre, la nouvelle planète Massilia, découverte par M. Chacornac.
astronomie physique. — Lettre du P. Secchi, directeur de l'observatoire
du Collège romain. (Extrait par M. Faye.)
« Comme je crois qu'il ne sera pas sans intérêt pour vous, et pour les sa-
vants en général, de connaître quel a été le succès des observations héliother-
miques que l'on devait faire six mois après celles dont l'Académie a déjà
reçu communication à la fin de mars, je viens aujourd'hui vous en rendre
compte, tout en déclarant d'avance qu'il ne s'agit pas encore ici de donner
la solution définitive de toutes les questions qui ont été soulevées sur ce
( 606 )
sujet compliqué. H y a encore beaucoup à faire pour les épuiser, quoique
nous ayons fait, ce me semble, quelques progrès.
» Profitant des idées que les savants les plus distingués ont émises à ce
sujet, je me suis efforcé de diriger mes observations nouvelles de manière
à éviter, autant que possible, toutes les objections, et à mettre en relief les
diverses causes auxquelles on pourrait attribuer les différences de tempéra-
ture observées. Et d'abord, j'ai dû m'occuper de perfectionner mon appa-
reil. Dès le mois d'août, les observations ont été faites avec la lunette de
Cauchoix (am,43 de longueur focale, et om,i62 d'ouverture), montée tout
exprès pour cela sur un pied parallactique (i).
» Les observations ont été conduites de manière à mettre successivement
à l'épreuve les hypothèses auxquelles on pourrait avoir recours pour expli-
quer les différences de température observées sur le disque du Soleil : i° ex-
cédant de chaleur de la zone équatoriale ; 2° inégalité de chaleur des deux
hémisphères boréal et austral; 3° inégalité des différentes faces que le Soleil
nous présente, c'est-à-dire des hémisphères séparés par un cercle de décli-
naison héliocentrique; 4° variations irrégulières et purement accidentelles;
5° action de l'atmosphère terrestre; 6° thermochrôse solaire.
» Afin d'éviter toute objection relative à l'absorption atmosphérique, et
d'éliminer entièrement son influence, j'ai choisi quatre points placés aux
extrémités de deux cordes égales ab, cd, parallèles à la direction du mou-
vement diurne. Vers le milieu de juin, l'équateur solaire se projetait sur un
diamètre à peu près dirigé de b vers d; ces points étaient donc les plus
voisins de l'équateur, tandis que les points a et c en étaient les plus éloi-
gnés. Or les observations ont donné constamment b plus chaud que a, et d
plus que b. Cependant la température de b et de a était relativement plus
forte, en général, que celle de det de c; ce qui s'expliquerait en attribuant
aux deux hémisphères une inégalité de température, conformément à une
hypothèse d'Herschel que M. Arago a rappelée.
» Quant à l'excès de température de l'équateur solaire, cette expérience
paraît trancher la question, car elle porte son contrôle en elle-même, et se
trouve totalement indépendante de l'influence de notre atmosphère.
» On attendait cependant, avec raison, que ces expériences fussent répé-
tées dans le mois de septembre, où l'équateur prend une position inverse
relativement au mouvement diurne , et se projette, non plus au-dessus,
mais au-dessous du centre.
• ...
(i) La description de l'appareil n'a pu être placée icj.
(6o7 )
» Je les ai donc continuées jusqu'à cette époque, en employant concur-
remment mon ancienne lunette et l'instrument beaucoup plus puissant de
Cauchoix. Ces deux appareils donnaient les mêmes résultats ; cependant on
a eu soin de les comparer constamment, afin d'éviter toute source d'erreur.
» Voici les résultats que j'ai obtenus par les observations faites dans le
sens du diamètre vertical (ou, pour parler plus exactement, dans le sens du
cercle de déclinaison). Au mois d'août, l'hémisphère supérieur se montrait
un peu plus chaud que l'hémisphère inférieur ; mais les différences, toujours
très-petites, avaient lieu souvent en sens inverse. En septembre, l'hémisphère
inférieur s'est montré décidément le plus chaud; le maximum de différence
était de plus de i degrés ( du galvanomètre) , et c'est à peu près ce que nous
avions trouvé au mois de mars, mais en sens opposé. De plus, ce maximum
a eu lieu du 1 4 au 16 septembre, et c'est aussi l'époque du maximum de
dépression de l'équateur solaire.
» Cependant toutes ces coïncidences ne seraient pas démonstratives, si l'on
ne prouve en même temps que le Soleil tournait vers nous, en mars et en
septembre, toujours la même face. Or la durée de la rotation du Soleil n'est
pas assez bien connue pour qu'on en puisse répondre à un ou deux jours
près (i). En adoptant 27^,4 pour la durée de la rotation relative à la Terre,
on trouve que la face qui était tournée vers nous le 1 5 septembre l'était en-
core le 20 mars, le 4 avril, le 29 mai et le 25 juin. Or nous avons heureu-
sement de nombreuses observations faites à ces deux dernières époques, et
elles s'accordent à placer le maximum de chaleur dans l'hémisphère supé-
rieur, tandis qu'en septembre ce maximum s'est transporté dans l'hémi-
sphère opposé.
» Il faut donc, de deux choses l'une, ou qu'il se soit produit, dans l'in-
tensité absolue de la chaleur du Soleil, une variation de près de —, ou que
la différence observée soit due au simple changement de position de l'équa-
teur solaire par rapport à nous. On ne peut prouver que la première alter-
native soit absolument fausse, et c'est pour cela seulement que la deuxième
reste encore incertaine.
» Mais nous avons une autre ressource dans l'examen comparatif des
extrémités des cordes. Celles-ci nous ont donné des différences qui s'accor-
dent parfaitement avec la dernière hypothèse, car le point a est devenu plus
chaud que /;, et c plus que d. Ces différences sont constantes, quoique
(1) Delambre donne 25J,oi , Wichmann donne 25J,536, et M. Laugier assigne des
extrêmes plus distants encore, savoir 2^,28 et 2&,23.
( 608 )
petites; on ne pouvait s'attendre à de grandes différences dans des points
placés près du bord, où l'action des rayons émis par le corps du Soleil est
interceptée et affaiblie par l'épaisseur très-considérable de l'atmosphère
solaire.
» Pour réussir dans ces expériences, il faut prendre garde qu'il n'y ait
point de taches dans le voisinage des points a, b, ç, cl, car les taches pro-
duiraient de grandes anomalies. Leur influence semble s'étendre à une dis-
tance plus considérable pour la chaleur que pour la lumière. J'ai vu quel-
quefois une petite tache, qui n'occupait pas -j-oô de l'ouverture de la pile,
faire tomber la chaleur de 3 degrés ou même davantage, c'est-à-dire de-j^
environ de l'intensité totale. Cependant, en isolant la tache avec un petit
diaphragme, on trouve qu'elle a une action sensible dans la partie obscure.
Les parties plus lumineuses des facules ne font point compensation pour la
perte de chaleur que les taches occasionnent, et même les endroits où se
montrent des facules sont en général moins chauds.
» Afin d'analyser les effets de la thermochrôse suggérée par M. Melloni,
j'ai fait plusieurs séries en interposant l'eau, le quartz blanc et le quartz en-
fumé, mais sans trouver des différences bien remarquables, en sorte que
si ces effets existent, ils doivent être très-faibles; du moins mes observations
ne sont pas encore assez nombreuses pour qu'on puisse les y démêler.
» En ôtant les verres du télescope, et en recevant directement les rayons
du Soleil sur la pile avec différentes substances interposées, j'ai constaté la
singulière inversion de thermochrôse que M. Melloni a découverte entre
I eau et le quartz enfumé : mes nombres sont plus petits, à la vérité, et
cela tient peut-être à la qualité du quartz, qui est peu foncé.
» J'ai cherché aussi, mais sans succès jusqu'à présent, s'il n'y aurait point,
hors du disque solaire, des points rayonnants équivalents aux protubé-
rances rougeâtres que l'on a observées pendant les éclipses.
» Enfin j'ai appliqué les formules de Laplace aux nombres obtenus dans
ces expériences, en suivant la marche indiquée dernièrement par M. Plana
dans les A 'stronomische JS achrichten , n° 8i3; mais j'ai trouvé, pour les
différents points, des valeurs si divergentes des constantes, qu'il ne paraît
guère que l'hypothèse fondamentale soit complètement admissible.
» Les limites d'une Lettre ne me permettent pas d'entrer dans le détail
de toutes ces matières ; celles-ci trouveront place ailleurs. Je me bornerai à
donner, dans un tableau à l'appui de mes assertions, quelques résultats
numériques extraits du journal des observations (i). Quoique l'ensemble
(i) Ce tableau n'a pu être inséré dans les Comptes rendus.
(6o9)
de ces résultats tende à prouver que la chaleur de l'équateur solaire sur-
passe celle des pôles, je ne regarderai cependant pas la preuve comme
vraiment acquise, tant qu'une longue suite d'observations, faites d'après un
plan bien arrêté, avec la constance des observations météorologiques ordi-
naires, n'aura pas mis hors de doute que ces différences sont au-dessus de
toutes les variations accidentelles auxquelles est exposé un corps placé,
comme le Soleil, dans des circonstances exceptionnelles, où l'agitation doit
être extrême, et où, par conséquent, les variations d'une époque à l'autre
doivent être considérables. J'ai voulu pourtant rendre compte de mes re-
cherches, quoique les résultats n'en soient pas encore définitifs, afin de
montrer sous quel jour la question se présente maintenant, et de quelle
manière l'expérience peut conduire, à mon avis, à la théorie véritable.
» Passons à un autre sujet. Vous savez déjà que j'ai trouvé la seconde
partie de la comète de Biéla ; à peine visible le 16 septembre, cette seconde
partie [la suivante) égalait presque l'autre le 20 du même mois. A cause du
mauvais temps, je n'ai pu encore observer la planète découverte par MM. de
(l;isparis et Chacornac »
M. i,e Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces de la correspon-
dance, un article d'un journal [le Nouvelliste vaudois), concernant l'in-
fluence du siroco d'Afrique sur certains phénomènes météorologiques de
nos climats. Il a paru convenable de reproduire ici cet article qui vient à
l'appui des opinions émises par M. Fabre- Massias dans une Lettre com-
muniquée à la séance du 27 septembre dernier.
« Mardi dernier 5 octobre, dit le journal ci-dessus mentionné, un vent
» des plus violents a passé sur le canton de Vaud dès les 1 heures de
» l'après-midi; ce vent, qu'on appelle siroco et qui était très-chaud, venait
» dans la direction de Genève et soufflait horizontalement. Le temps était
» assez beau et le ciel sans nuages. Après avoir arraché beaucoup d'arbres
» dans la campagne, le siroco a baissé dans la soirée, et la pluie lui a
» succédé avec abondance.
» Ce vent nous arrive à l'ordinaire par la vallée du Rhône, où il s'est
» fait sentir aussi.
» Il a dû être d'une violence considérable pour tourner les Alpes et nous
» arriver par la direction de Genève.
» Il n'a pas soufflé dans la vallée de Joux, où le calme a régné pendant
» toute la journée. Il a été très-fort à Fribourg. Le thermomètre, qui ne
» marquait que 4 à 5 degrés les jours précédents, dépassait i5 degrés, et,
C. R., i85a, am« Semestre. { T. XXXV , N» 17. ) 80
( 6io)
» dans les endroits exposés au vent, il s'est élevé à 19 degrés. A Berne et
» dans la plaine du Rhône, il a atteint la même hauteur.
» Il faut que l'air du pays où le siroco prend son origine, soit à une
» température bien élevée, pour que ce vent puisse réchauffer de la sorte
» l'air froid des contrées qu'il traverse, tout en conservant lui-même une
» température d'environ 20 degrés centigrades.
» On est porté à croire qu'il prend naissance dans les plaines de
» l'Afrique.
» Il serait très-intéressant de faire des observations sur ces courants, de
» déterminer leur cause, leur point de départ et les chemins qu'ils par-
» courent.
» Depuis quelques mois, le courant d'air qui domine vient du sud; il est
» très-chaud et chargé de vapeurs d'eau qui tombent sous forme de pluie
» lorsqu'elles arrivent dans notre bassin, dont l'atmosphère a une tempé-
» rature beaucoup plus basse.
» Il alterne avec un courant du nord qui est aussi très-violent. Ainsi, le
» 22 septembre, nous avons eu une bise des plus fortes, qui a duré trois
» jours, et qui ne soufflait que dans le fond de la plaine suisse. »
M. Velpeau, en présentant au nom de l'auteur, M. Vidal (de Cassis),
un exemplaire du Traité des maladies vénériennes, s'exprime dans les
termes suivants :
« Ce livre est écrit dans l'intérêt des jeunes médecins. Il forme un corps
de doctrine complet. M. Vidal a mis à profit les travaux de ses devanciers,
et surtout les observations et les expériences qu'il a pu faire sur un vaste
théâtre, l'hôpital du Midi.
» Son livre renferme un progrès. On y trouve la preuve expérimentale
de la transmissibilité de l'accident secondaire de la syphilis. M. Vidal l'a
inoculé la première fois en France, et la même chose a été faite depuis par
une foule de praticiens. L'ouvrage est d'ailleurs accompagné de figures qui
ne laissent rien à désirer, et ont toutes été prises d'après nature. »
M. Goodrich, consul des États-Unis d'Amérique, demande, au nom
d'un de ses compatriotes, des renseignements sur un prix qu'aurait pro-
posé l'Académie des Sciences pour la découverte du mouvement perpétuel.
On fera savoir à M. Goodrich que non-seulement l'Académie n'a point
proposé un tel prix, mais qu'elle s'est imposé la règle de ne pas prendre
en considération toute communication relative à ce sujet.
( 6n )
M. Delfkayssé présente des considérations concernant Y influence du
tnoral sur le physique, et les appuie d'observations qu'il a faites sur lui-
même.
La séance est levée à 5 heures. A.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 26 octobre i85a, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de i Académie des Sciences,
ie semestre i852 ; n° 16; in-4°.
Institut national de France. Académie des Sciences. Discours prononcés aux
funérailles de M. ACHILLE RICHARD, le jeudi 7 octobre i85a ; 2 feuilles in-4°.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Arago, Chevreul, Dumas,
Pelouze , Boussingault , Regnault ; 3e série ; tome XXXVI ; octo-
bre i852; in-8°.
Direction générale des douanes et des contributions indirectes. Tableau général
des mouvements du cabotage pendant l'année j85i. Paris, i852; in-4°.
Traité des maladies vénériennes; par M. A. VlDAL (de Cassis). Paris, i853-
un vol. in-8°.
Traité pratique des maladies vénériennes , contenant un chapitre sur la syphi-
lisation, et suivi d'un formulaire spécial; par MM. J.-G. Maisonneuve et
H. Montannier. Paris, 1 853; i vol. in-8°.
Leçons cliniques sur les affections cancéreuses, professées à l'hôpital Cochin ,
par M. le Dr Maisonneuve; recueillies et publiées par M. le Dr Alexis
Favrot; ire partie, comprenant les affections cancéreuses en général. Pa-
ris, i852-, in-8°.
Description de la défonceuse-Guibal , extraits du Recueil encyclopédique d'A-
griculture du 25 mai 1 852 et du Journal d' Agriculture pratique du 5 juin i852-
deux broch. in-8°. (Renvoi comme pièce à consulter à la Commission du
prix de Mécanique chargée de l'examen de l'appareil de M. Guibal.)
Nouveaux perfectionnements apportés au traitement des fistules vésico-vagi-
nales, Mémoire lu à la Société de Chirurgie, le i4 avril i852; par M. Maison-
neuve; broch. in -4°.
Introduction philosophique à l'étude de la géologie; par M. A. GAUTIER.
Paris, i853; i vol. in-8°.
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU MARDI 2 NOVEMBRE 1852.
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE.
chimie optique. — Sur l'application de la théorie de l'achromatisme à la
compensation des mouvements angulaires que le pouvoir rotatoire imprime
aux plans de polarisation des rayons lumineux d'inégale réfrangibilité ;
par M. Biot.
Introduction.
« Dans un Mémoire que j'ai présenté, il y a peu de temps, à l'Académie,
j'ai annoncé que l'on peut former artificiellement des systèmes liquides,
doués de pouvoir rotatoire moléculaire, qui, au lieu de disperser les plans
de polarisation des rayons lumineux dans des amplitudes diverses, crois-
santes avec la réfrangibilité, comme c'est le cas ordinaire, leur impriment
des déviations que l'on peut rendre presque égales pour une portion consi-
dérable du spectre, et dont les grandeurs relatives ne sont plus en rapport
fixe, ou même continu, avec lesréfrangibilités. Je vais rapporter aujourd'hui
les expériences qui constatent ce fait. J'espère montrer qu'elles n'offrent
pas seulement l'intérêt d'une curiosité physique, mais qu'elles fournissent
de nouvelles preuves, et de nouveaux exemples, du phénomène de mécani-
que chimique que j'ai signalé dans mon dernier Mémoire; lequel consiste,
en ce que, des molécules matérielles de différente nature, incapables de s'unir
C. R., 1852, am« Semestre. (T. XXXV, N° 18.) 8l
(6.4 )
en combinaisons permanentes, et même relativement neutres, lorsqu'elles
sont mises en présence à l'état de liquidité, exercent les unes sur les autres
des actions à petite distance, qui les constituent en groupes moléculaires
nouveaux, possédant des propriétés spéciales dépendantes de leur dosage,
et de la nature des ingrédients qui s'y trouvent rassemblés; véritables
groupes chimiques, de composition uniforme dans chaque système mixte,
par conséquent sans proportions fixes, qui ne se forment et ne subsistent
que dans les conditions de libre arrangement des particules, auquel l'état
de liquidité donne lieu.
» Les phénomènes que je veux aujourd'hui considérer, se rattachent aux
effets de la réfraction prismatique par des analogies nombreuses et très-
intimes, que j'ai besoin de faire ressortir, je dois donc rappeler ceux-ci
brièvement.
» La réfraction prismatique présente deux particularités principales :
i° la déviation absolue que tous les rayons lumineux subissent, en passant
du vide dans un même milieu matériel, sous une incidence commune;
20 l'inégalité des déviations, éprouvées dans ces circonstances, par les rayons
qui possèdent des facultés colorifiques diverses. Ce second fait, appliqué
comme caractère individuel, constitue ce que l'on appelle leur inégale
réfrangibilité ; appliqué à leur ensemble, on l'appelle la dispersion.
» Jusqu'à présent, la dispersion a été trouvée de même sens, dans tous
les milieux continus, liquides ou solides, cristallisés ou non cristallisés, à
réfraction double ou simple. Les spectres colorés qu'ils produisent, par une
réfraction absolue, correspondante à une incidence égale, sont inégalement
étendus ; et les espaces que chaque nuance appréciable pour l'œil, y occupe,
ont entre eux des rapports notablement différents. Mais la distribution rela-
tive de ces nuances est toujours la même. La déviation absolue y va tou-
jours croissant, depuis le rouge extrême, jusqu'au dernier violet perceptible.
On ne connaît aucun milieu continu, qui dévie les rayons rouges plus que*
les rayons verts, ou ceux-ci plus que les violets.
» Cette identité de sens de la dispersion, et son peu d'amplitude compa-
rativement à la diversité, ainsi qu'à la grandeur des déviations absolues,
permettent de la compenser approximativement, pour l'œil, sans compen-
ser totalement la déviation. Pour cela, on forme, avec des corps diaphanes
de différente nature, des prismes triangulaires, dont les angles réfringents
sont calculés de manière à produire des spectres d'une amplitude totale à
peu près pareille, les déviations absolues desquels ils résultent étant très-
inégales. On connaît aujourd'hui beaucoup de matières, tant solides que
( 6.5 )
liquides, qui remplissent ces conditions. Prenant donc deux de ces prismes,
on les superpose, en les plaçant base contre pointe. Si l'on transmet un
faisceau de lumière blanche à travers un tel couple, les deux dispersions se
trouvent approximativement compensées par opposition, sans que la dévia-
tion absolue, la plus énergique, le soit en totalité. Alors, quand l'œil, placé
contre le double prisme, reçoit le faisceau transmis, il lui parvient rassem-
blé sur une direction finale, presque unique, conséquemment presque
incolore, à peu près comme s'il eût été réfracté sans dispersion. C'est là le
principe sur lequel repose la construction des objectifs, que l'on appelle
achromatiques.
» Les phénomènes rotatoires présentent des particularités correspon-
dantes, et tout à fait analogues à celles que je viens de décrire, comme
appartenant à la réfraction. Seulement, elles s'y manifestent avec plus de
généralité, dans toutes les variétés de rapports et de grandeur, que la ré-
fraction nous présente réalisées, ou désirables, ou spéculativement possi-
bles. En suivant ce parallèle, on est conduit à des applications du même
genre, qui, si elles sont, pratiquement, moins fructueuses, ne sont pas moins
instructives par les effets qu'elles manifestent, les vérifications qu'elles four-
nissent, et les conceptions qu'elles suggèrent. Un court résumé des lois
générales que suivent les phénomènes rotatoires, justifiera ces assertions.
» Lorsqu'un faisceau de lumière blanche, polarisé en totalité suivant un
même plan, a traversé, sous l'incidence normale, un milieu liquide ou
gazeux, doué de la faculté moléculaire que l'on a nommée rotatoire, si on
l'analyse après son émergence, avec un prisme biréfringent achromatisé,
on observe que les rayons simples, dont le faisceau était composé, ont tous
perdu leur sens de polarisation primitif, et se retrouvent individuellement
polarisées suivant d'autres plans, qui ont des directions diverses autour de
leur axe de transport commun. Considérez séparément un quelconque de
ces rayons , et mesurez les déviations angulaires que son plan de polarisa-
tion éprouve, après qu'il a traversé des épaisseurs progressivement crois-
santes du même liquide, maintenu à une même température. Vous verrez
qu'elles sont toujours dirigées dans un même sens, vers votre droite, ou vers
votre gauche. Mais leur grandeur s'accroît en proportion exacte de l'épais-
seur traversée ; comme si le plan de polarisation du rayon était emporté par
un mouvement rotatoire continu et uniforme. Ces phénomènes subsistent,
sans modification, quand le milieu traversé est agité ou en repos. D'après
l'ensemble de leurs caractères, on démontre mathématiquement qu'ils ne
peuvent s'opérer qu'en vertu d'une action moléculaire ; et le nom de pou-
8i..
( 6'6 )
voir rotatoire, que l'on a donné à cette action, n'est qu'une appellation qui
la désigne par ses effets les plus apparents.
» Les déviations angulaires, que les plans de polarisation de chaque
rayon simple éprouvent dans ces circonstances, sont analogues, et assimi-
lables, aux changements absolus de direction que la réfraction produit; leur
inégalité pour les différents rayons simples, à travers une même épaisseur
du milieu actif, représente la dispersion prismatique, et en reproduit les
plus minutieuses particularités.
» Ainsi, dans tous les milieux, simples ou composés, qui ne contien-
nent qu'une seule substance active, sauf une exception unique dont je par-
lerai tout à l'heure, les plans de polarisation des rayons simples, ont leurs
déviations continûment croissantes avec la réfrangibilité; soit que leur
mouvement rotatoire les porte tous à droite ou à gauche du plan de pola-
risation primitif, soit qu'il les répartisse partiellement dans ces deux sens,
comme cela arrive dans certains cas, où le pouvoir rotatoire absolu est très-
faible. En général, l'éparpillement de ces plans est peu considérable, com-
parativement aux déviations absolues ; et les nuances colorifiques diverses
v occupent des amplitudes angulaires dont les rapports varient avec la na-
ture des substances agissantes. Tous ces caractères se retrouvent dans la
dispersion prismatique. La complète analogie des deux phénomènes, peut
être rendue sensible aux yeux, dans les liquides doués d'un pouvoir rota-
toire énergique, en construisant, pour des épaisseurs diverses, et progres-
sivement croissantes, les directions absolues que prennent les plans de po-
larisation des sept rayons principaux, à mesure qu'ils s'écartent de celui
qui leur était primitivement commun. Car, si l'on colore ensuite, sur de
pareils dessins, les intervalles qui séparent ces plans, en donnant à chaque
intervalle, la nuance moyenne, qui est comprise entre les rayons simples
qui le limitent, on voit l'espace angulaire que leur ensemble embrasse, pré-
senter l'aspect d'un véritable spectre prismatique, qui se transporte pro-
gressivement sur des portions diverses de la circonférence, en se dilatant
toujours, et s'écartant toujours davantage de la direction de polarisation,
qui était originairement commune à tous les rayons simples dont le fais-
ceau incident était composé. J'ai publié, dans les tomes II et XX, des Mé-
moires de l'Académie, des séries de figures coloriées, construites ainsi, d'a-
près des mesures précises. Leur simple inspection rend manifestes, tous les
rapprochements que je viens d'énumérer.
» Mais en voici un dernier, qui est plus intime, et plus important par
ses conséquences. Lorsqu'un faisceau de lumière blanche a traversé un
(6.7)
seul prisme réfringent, de nature quelconque, les rayons simples qui le
composent se trouveut toujours, après leur émergence, avoir subi des dé-
viations continûment croissantes, depuis l'extrême rouge, jusqu'à l'ex-
trême violet; de sorte que les spectres formés ainsi par une seule réfraction,
présentent toujours à l'œil la même série de nuances. Cette similitude de
coloration, et conséquemment cet ordre constant de déviations relatives,
ne subsistent plus généralement, lorsque la transmission a été opérée à
travers plusieurs prismes de nature différente, dont les angles réfringents
ne sont pas tous disposés dans un même sens. Alors, les rayons colorifi-
ques d'inégale réfrangibilité, peuvent se trouver répartis dans le faisceau
émergent final, d'une infinité de manières, qui dépendent de la diverse na-
ture des prismes, et du mode d'arrangement relatif que l'on a donné aux
directions de leurs angles réfringents. C'est là ce qui produit en partie les
franges colorées que l'on aperçoit toujours sur les bords des objets lumi-
neux, quand on les observe attentivement à travers les lunettes achromati-
ques les plus parfaites, franges que l'art s'efforce de rendre aussi sombres,
aussi étroites que possible, sans jamais réussir à les annihiler entièrement.
» Des modifications toutes pareilles à celles-là s'opèrent dans la disper-
sion des plans de polarisation, quand le liquide qui leur imprime le mou-
vement rotatoire, au lieu de contenir une seule substance active, en con-
tient deux ou plusieurs de différente nature, dont l'action propre n'est pas
de même sens pour toutes. Alors, les déviations de ces plans, au lieu d'être
continûment croissantes avec la réfrangibilité, peuvent être rendues varia-
bles suivant toutes sortes de lois. L'amplitude angulaire qu'elles embrassent,
à travers une épaisseur constante du milieu liquide, peut être resserrée ou
agrandie ; leur ordre relatif peut être changé, interverti, même rendu dis-
continu, au gré de l'expérimentateur. Il ne lui faut, pour cela, que diversi-
fier le nombre, la nature, et les doses des substances actives, qui entrent
dans la composition du système liquide, sur lequel on opère. Les molécules
actives de diverses natures, qui se succèdent alors sur le trajet du faisceau
polarisé, y font individuellement l'office des prismes de différentes matières,
dont l'action successive, lui imprime des déviations de sens contraire, et des
dispersions inégales, dans l'acte de la réfraction.
» L'étude physique et chimique de ces compensations moléculaires, est
l'objet de mon Mémoire. Les expériences préparatoires, qui en font con-
naître les conditions et les lois, sont entièrement analogues à celles que l'on
effectue, pour pouvoir compenser méthodiquement les réfractions, par des
prismes superposés. De même que, dans celles-ci, on mesure d'abord, le»
(6i8 )
pouvoirs réfringents et dispersifs de chaque prisme, avant d'en former
des assemblages, de même, dans celles-là, on commence par mesurer les
pouvoirs rotatoires absolus et dispersifs de chacune des substances que l'on
veut employer, en les observant, soit libres quand cela est possible, soit
associées, en doses connues, à des substances inactives dont la présence ne
modifie que peu, ou pas sensiblement, leur action propre. Cela fait, on exa-
mine, si, parmi les systèmes liquides ainsi composés, il y en a de tels, qu'é-
tant pris à des épaisseurs convenables pour disperser les plans de polarisa-
tion de la lumière blanche dans d'égales amplitudes angulaires, ils leur
impriment des déviations absolues inégales, en sens opposés. Un calcul fa-
cile et certain, établi sur les observations isolées de ces divers systèmes, fait
connaître ceux qui satisfont à cette condition. Alors on introduit ceux-là,
dans des tubes séparés , auxquels on donne les rapports de longueurs
prescrits par le calcul, et on les observe en succession; ce qui fait subir
au faisceau transmis, la somme totale de leurs actions propres. On ob-
tient ainsi un faisceau émergent de lumière blanche, dont tous les éléments
simples, surtout ceux qui impressionnent le plus vivement l'œil, ont un
mouvement rotatoire résultant, presque égal. De sorte qu'en l'étudiant à tra-
vers le prisme analyseur qui soit lui-même achromatisé, on ne le voit jamais
se séparer qu'en deux images sensiblement blanches, où l'on peut tout au
plus discerner quelques faibles traces de coloration, dans certaines positions
spéciales du prisme analyseur, quand on les examine avec beaucoup
d'attention.
» Jusque-là, ces résultats n'offrent qu'une imitation de ceux que produit
la réfraction achromatique. La sûreté des procédés et des calculs, par lesquels
on les réalise, n'aurait d'autre intérêt que de fournir une confirmation nou-
velle des lois assignées aux phénomènes rotatoires. Mais on peut leur donner
un caractère chimique et moléculaire, que la réfraction prismatique ne com-
porte point. Pour cela, connaissant les doses de chaque suhstance active,
qui entrent dans les liquides que l'on a observés en succession, et les épais-
seurs à travers lesquelles leurs pouvoirs de dispersion rotatoire se compen-
sent, on peut calculer les proportions relatives dans lesquelles il faut les
associer dans un même milieu liquide, composé d'elles seules, ou complété
par des substances inactives, pour que leurs facultés dispersives s'y neutra-
lisent mutuellement, et ne laissent apercevoir que la différence de leurs
pouvoirs rotatoires absolus ; de manière à produire un achromatisme de
dispersion moléculaire, semblable à celui que produiraient les mêmes sub-
stances, observées en succession dans des tubes séparés. Ces effets de com-
(6.9)
pensation intérieure, correspondent à ceux que l'on obtiendrait dans la
réfraction prismatique, si l'on pouvait composer artificiellement des mi-
lieux incolores, dont les molécules intégrantes feraient les unes pour les
autres l'office de prismes, ayant des pouvoirs réfringents et dispersifs iné-
gaux, avec leurs angles tournés en sens opposés, en proportions telles que
la résultante totale de leurs actions dispersives fût sensiblement nulle, pour
la presque universalité des rayons du spectre. Mais la fabrication de mi-
lieux ainsi constitués dépasse les ressources de notre art; et si nous pou-
vons en former, dont les pouvoirs rotatoires présentent des effets de compen-
sation analogues, c'est parce que la nature nous en offre les ingrédients tout
préparés. Encore faut-il savoir les choisir, et les associer convenablement.
Le but de mon Mémoire est d'établir les règles théoriques de ces associa-
tions, et d'en donner des exemples pratiques. J'ai réalisé ceux-ci, avec au-
tant de facilité que d'évidence, en y employant le camphre naturel des lau-
rinées, dissous dans l'essence de térébenthine extraite du Pinus maritima.
» Ces expériences m'ont présenté, dans leurs détails, une particularité,
qui pouvait se prévoir, d'après le Mémoire que j'ai soumis dernièrement à
l'Académie. C'est que, en vertu des actions de présence que les molécules
des milieux liquides exercent généralement les unes sur les autres, comme
je crois en avoir donné des preuves manifestes, les effets optiques du sys-
tème mixte, dans lequel les deux substances actives entrent simultanément,
ne sont pas, et ne doivent pas être en général, complètement identiques à
ceux que le calcul indiquerait, d'après les observations faites sur les systèmes
liquides où elles agissaient séparément, si l'on voulait, dans les deux cas,
les considérer comme étant réparties par simple dissémination. Ainsi, dans
les expériences que je viens de mentionner, le camphre, observé d'abord en
solution acétique ou alcoolique, impressionnait notablement et inégalement
les molécules de l'acide acétique ou de l'alcool, comme il en était récipro-
quement impressionné; et les phénomènes rotatoires qui s'opéraient alors,
étaient dus aux groupes chimiques résultant de cette combinaison occa-
sionnelle. Pour conclure de ces résultats son pouvoir rotatoire propre, celui
que l'on doit lui attribuer individuellement quand on l'introduit dans l'es-
sence, il faut déterminer la loi physique des modifications qu'il éprouve
dans les deux dissolvants, selon les proportions de l'un et de l'autre aux-
quelles il est associé; et prendre, pour sa valeur propre, celle que cette loi
lui assigne quand la dose relative du dissolvant est supposée nulle. C'est ce
que j'ai fait; et l'on commettrait de graves erreurs, si l'on procédait autre-
ment. Mais ensuite, quand on introduit le camphre dans l'essence, il se
(6ao)
présente une difficulté analogue. Car alors, on doit généralement concevoir
que ces deux substances réagiront aussi l'une sur l'autre, et formeront des
molécules mixtes, auxquelles seront dus les phénomènes rotatoires que l'on
observera ; de sorte que les nouvelles modifications résultantes de cette cause,
pourront démentir toutes les prévisions du calcul, qui ne saurait en tenir
compte à l'avance, puisqu'elles se produisent dans l'accomplissement même
des phénomènes complexes dont il n'a pu combiner que les éléments isolés.
Heureusement l'expérience prouve, qu'ici, comme dans beaucoup d'autres
cas mentionnés dans mon précédent Mémoire, ces modifications pour les
deux substances que j'ai désignées se trouvent si faibles, que leur influence
n'est pas physiquement perceptible; de sorte que tous les effets optiques
du système mixte, s'accomplissent sans différence appréciable, comme si le
camphre se répandait dans l'essence, par simple dissémination. Alors ils
s'accordent avec les prévisions du calcul, dans tous leurs détails, comme
je le prouve par des exemples où je les suis dans leurs phases les plus acci-
dentées. Mais cet accord ne s'obtient, qu'en établissant le calcul sur le pou-
voir propre du camphre évalué comme je l'ai dit plus haut; et non pas sur
son pouvoir apparent tel qu'il se montre à l'observation dans les milieux
qu'il influence.
» D'après l'exposé qui précède, il est aisé de comprendre, qu'en diver-
sifiant les doses des substances actives que l'on met ainsi en présence simul-
tanément liquéfiées, on peut, comme je l'ai annoncé plus haut, former des
systèmes doués de pouvoir rotatoire moléculaire, qui dévient les plans de
polarisation des rayons simples, suivant toutes sortes de lois, même discon-
tinues. Cela constitue une différence phénoménale très-caractéristique,
entre les effets optiques de ces systèmes mixtes, et ceux que produisent les
liquides qui ne contiennent qu'une seule substance active libre, ou associée
à des inactives. Ces derniers dispersent généralement les plans de polarisa-
tion, suivant l'ordre des réfrangibilités.
» J'ai dit que l'on connaissait, à cette règle, une exception jusqu'à présent
unique. Elle est fournie par l'acide tartrique, droit ou gauche. Quand cet
acide, pris à l'état de cristal, avec l'une ou l'autre de ces dispositions molé-
culaires, est dissous dans l'eau, l'alcool ou l'esprit-de-bois, aux tempéra-
tures ordinaires, le liquide résultant imprime aux plans de polarisation des
rayons simples, des déviations dont les amplitudes relatives ne s'accordent
nullement avec l'ordre des réfrangibilités ; au point que cet ordre se trouve
partiellement interverti dans leur dispersion, laquelle, à une même tempé-
rature, se montre continuellement variable, dans ses particularités internes,
( 6a i )
Selon la nature et la proportion actuelle du dissolvant, auquel l'acide est
associé. Ces phénomènes, pour chaque acide, sont donc, en ce point, exac-
tement pareils à ceux que l'on observerait, si l'on introduisait, en doses con-
venables, dans les mêmes dissolvants, deux substances actives ayant des
pouvoirs rotatoires inégaux, de sens contraire, et qui seraient inégalement
impressionnables par les molécules inactives mises en leur présence. Mais
les conditions de cette association, telles que nous pourrions aujourd'hui
les imaginer, même les définir pour chacun de ces acides considéré indivi-
duellement, ne satisferaient pas aux conditions résultantes de leur dualité,
lesquelles exigent qu'étant composés des mêmes éléments chimiques, en
mêmes proportions, ils possèdent des pouvoirs rotatoires identiquement
égaux, de sens contraire, et qu'ils neutralisent mutuellement, complètement
leurs actions rotatoires, quand on les réunit dans un même liquide, en
poids égaux. La dérogation absolue de ce singulier couple aux lois com-
munes de la dispersion rotatoire, que l'on observe dans toutes les substances
chimiquement simples qui ont été jusqu'ici étudiées, est donc un nouveau
mystère, ajouté à tant d'autres propriétés exceptionnelles que l'on y remar-
que; et l'on ne peut que la signaler comme une des conditions les plus
caractéristiques de son individualité.
» Ayant fait ainsi connaître le sujet de recherches que j'ai eu en vue
dans ce Mémoire, je vais exposer les calculs, et les expériences que j'y ai
fait concourir. »
zoologie. — Mémoire sur la classification des Reptiles de l'ordre des
Serpents , par M. C. Duméril.
« L'étude des Serpents a toujours offert les plus grandes difficultés aux
zoologistes pour la classification. Ces Reptiles, comme s'ils avaient été con-
struits sur un modèle unique, se ressemblent excessivement entre eux au
premier aspect. Ils n'ont, à l'extérieur, aucun de ces organes dont les formes
particulières se prêtent si avantageusement aux observations variées et
importantes que fournit, en général, l'économie des corps vivants et ani-
més. Chez les animaux vertébrés, ces particularités ont été reconnues et
employées avec un grand succès pour faciliter les distributions plus ou
moins naturelles, en genres et en espèces. Ces arrangements se sont trouvés
établis sur la présence, la forme, la division et les usages des membres, et
surtout d'après les grandes différences qui se remarquent dans le squelette
et les parties de la bouche. Ces organes, très-variés, dénotent, en effet,
C. K., i85a 1m* Semestre. (T. XXXV , N° 18.) 8a
( 6aa )
d'avance les habitudes, les mœurs et aussi la nature diverse des aliments
chez les Mammifères, les Oiseaux, la plupart des Reptiles, et même chez les
Poissons.
» Les Serpents, en général, ont une conformation extérieure et une struc-
ture interne presque identiques. Comme ils sont privés de membres, ils
n'ont offert jusqu'ici à l'observateur naturaliste d'autres notes précises que
celles qui avaient été empruntées à la forme, à la distribution des cou-
leurs, ou au nombre des écailles qui recouvrent certaines régions de leur
corps; mais il est reconnu que ces particularités ne suffisent pas aux besoins
et aux exigences de la science.
» Il était donc nécessaire de chercher ailleurs qu'au dehors de l'ani-
mal des caractères matériels dont la présence constatée serait d'accord
avec les modifications observées dans les mœurs et les habitudes de cer-
taines races parmi les Ophidiens. D'après quelques remarques importantes,
consignées dans la science, ces caractères sont évidents; ils sont inscrits sur
des organes qui ont la plus grande influence dans la manière de vivre de
ces Reptiles. Ce sont les parties constituantes de la bouche, et surtout les
dents dont les mâchoires sont armées. Déjà depuis dix années, M. Bibron et
moi, nous nous étions livrés à ces recherches, dont les preuves matérielles
très-nombreuses sont aujourd'hui conservées dans les collections du Mu-
séum; car nous avons dirigé nos études sur tous les Serpents que nous avons
pu soumettre à notre observation.
» J'ose me flatter d'avoir, le premier, établi, pour cet ordre des Reptiles,
un corps de doctrine complètement nouvelle dans son ensemble, et heu-
reuse dans ses résultats; car ces animaux se trouvent ainsi classés d'une
manière beaucoup plus naturelle. Maintenant que notre travail est terminé,
et dans l'impossibilité où nous sommes de pouvoir le publier dans son
ensemble, nous prenons le parti de faire connaître nominativement, dans
un tableau général et succinct, les familles, les genres, les espèces et les
variétés de tous les Serpents que nous avons pu examiner, et dont l'his-
toire complète se trouve consignée dans notre ouvrage manuscrit.
» C'est un prodrome, une analyse de la méthode que nous croyons utile
d'exposer pour donner une idée exacte et la preuve écrite du travail con-
sidérable que nous avions entrepris, et qui se trouve achevé.
» Nous avons cru devoir expliquer, par ces préliminaires, le but et l'in-
tention de ce prodrome, mais nous ne présentons aujourd'hui à l'Académie
que des considérations générales sur la méthode naturelle, les sous-ordres
et les familles que nous avons proposés. L'analyse de ce travail entier ne
( 6a3 )
pourrait intéresser spécialement que les naturalistes, au jugement desquels
nous avons l'intention de le soumettre dans ses détails.
» L'ordre des Serpents comprend aujourd'hui, pour les naturalistes, un
très-grand nombre d'espèces. Toutes se ressemblent par la forme générale
de leur corps qui est allongé, constamment privé de pieds ou de nageoires
paires latérales; de plus, leur bouche est toujours garnie de dents poin-
tues, coniques, courbées et dirigées en arrière, implantées dans les os des
mâchoires qui sont mobiles ou non solidement fixées sur ceux du crâne.
Jamais ces animaux n'ont l'œil protégé par des paupières distinctes, et leur
oreille n'offre pas de conduit auditif externe. Leur langue charnue, pro-
tractile, fendue profondément à la pointe, peut rentrer dans un fourreau
membraneux. Enfin l'organisation interne de ces Re'ptiles correspond aux
modifications générales déterminées par cette conformation extérieure.
» Tels sont les caractères généraux qui distinguent les Serpents, quand
on les compare, ou lorsqu'on les oppose à ceux que présentent les autres
animaux de la même classe des Reptiles.
» Plusieurs naturalistes ont, proposé de faire dans cet ordre quelques
coupes ou des distributions plus ou moins naturelles ; mais ces aperçus,
souvent heureux, n'étaient cependant pas le résultat de considérations gé-
nérales importantes, ni de la comparaison des espèces, ce qui est toujours
nécessaire pour établir une méthode naturelle, ou même une classification
systématique, telle que l'exigent aujourd'hui l'analyse raisonnée, ou les
systèmes artificiels proposés pour l'étude de l'histoire naturelle.
» La classification que nous proposons est établie sur une série de con-
sidérations importantes, qui diffèrent de celles qui ont, jusqu'ici, dirigé les
études des ophiologistes qui nous ont précédé.
» Parmi les caractères généraux, propres à fournir aux naturalistes un
arrangement méthodique dans l'ordre des Serpents, nous n'en avons pas
' trouvé de meilleurs que ceux qui nous ont été fournis par l'examen des
crochets dont leur bouche est armée. Nous avons donc étudié, avec le
plus grand soin, la structure des parties de la bouche, la composition et le
jeu des mâchoires, surtout les modifications nombreuses et variées que
présentent les dents, dont les rapports sont assez constants dans quelques
races pour les caractériser d'une manière certaine.
» Nous avons fait préparer et conserver ces pièces osseuses pour nos
démonstrations : elles sont rangées et distribuées, comme les animaux
82..
( 624 )
mêmes, par sous-ordres, familles et genres, et leur nombre est considérable.
» La base de la classification que nous avons adoptée est donc fondée
sur le nombre, la forme et les modifications que les dents peuvent pré-
senter, en se bornant même au simple examen extérieur. Tantôt c'est le
mode d'implantation des crochets sur les différents os de la bouche, leur
longueur respective et leur arrangement réciproque; tantôt la situation
constante et déterminée de quelques-unes de ces dents, dont la structure
reconnue, même au dehors et d'avance, offre par cela même des différences
très-importantes à apprécier pour l'étude des mœurs et des rapports
naturels.
» L'examen des dents des Ophidiens devient donc la clef de la méthode
suivant laquelle les Serpents se trouvent divisés et rapportés à cinq sous-
ordres principaux, et ceux-ci distribués en un assez grand nombre de
familles qui réunissent les genres.
» Les deux premiers sous-ordres ne comprennent que des Serpents dont
les morsures ne peuvent être dangereuses, parce que leurs dents, quoique
très-piquantes et acérées, ne sont réellement destinées qu'à saisir et à retenir
momentanément la proie animale, lorsqu'elle jouit encore de la vie. Ces
crochets, arrangés comme on voit disposées sur les cardes les pointes de
fer courbées et opposées les unes aux autres, sont ici destinés à faciliter la
préhension de la victime; ils la retiennent accrochée et la font avancer
peu à peu vers la gorge, pour aider la déglutition, car l'action d'avaler ne
peut s'opérer qu'en masse et en totalité, la proie n'étant jamais divisée
par parties ou portions distinctes. Ces crochets sont toujours séparés les
uns des autres, lisses et polis; leur surface émaillée ne porte pas de rainure
apparente, ou cette ligne enfoncée longitudinale que l'on désigne sous le
nom de sillon, qui, chez les Serpents des autres sous-ordres, est toujours
visible sur la face antérieure, vers la pointe de la dent, et. les caractérise.
» Dans l'un des deux premiers sous-ordres à dents lisses, on n'observe
de crochets que sur l'une des mâchoires seulement; tantôt sur la supé-
rieure, tantôt sur l'inférieure. Or, c'est là un caractère unique et très-évi-
dent, qui réunit plusieurs genres dont les espèces, jusqu'ici peu connues,
sont pour la plupart étrangères à l'Europe. Ces Serpents, très-faibles, ne
peuvent être rapportés qu'à une seule famille, subdivisée elle-même en
deux groupes et en huit genres distincts. Toutes les espèces ont un corps
arrondi, dont les extrémités sont à peu près de même grosseur : leur bouche
est fort petite et leurs dents très-grêles. Comme ces Serpents sont petite,
couverts d'écaillés polies et luisantes, et qu'ils ressemblent un peu, pour la
( 6a5 )
forme, à des vers de terre, avec lesquels on a pu les comparer, à cause de
leur habitude de vivre et de se retirer dans les terrains sablonneux, nous
les avions nommés Scolécophides ou vermiformes. Maintenant nous préfé-
rons une désignation qui porte essentiellement sur cette particularité, que
l'une des deux mâchoires n'a pas de dents ou de crochets, lorsque l'autre
en est garnie; mais, dans ces deux cas, comme les os du palais sont dentés,
ils remplissent les fonctions de la mâchoire supérieure. Nous désignons ce
premier sous-ordre par le nom d'OPOTÉRODONTES.
» Dans le second sous-ordre, nous avons réuni tous les Serpents dont
les deux mâchoires sont constamment armées de crochets ou de dents,
toujours lisses à leur surface, sans cannelures, ni sillons. C'est à cause
de ce caractère inscrit, que nous donnons aujourd'hui à ce groupe un
nom par lequel nous traduisons cette note de dents sans rainures :
AGLYPHODONÏES.
» C'est une note importante que ce défaut de cannelure ; car lorsque les
mâchoires des Serpents de ce sous-ordre s'écartent l'une de l'autre, et
qu'elles se rapprochent ensuite, quoique les crochets dont elles sont armées
puissent pénétrer assez profondément dans la peau et les chairs, il n'en
résulte aucune action réellement fâcheuse. Voilà pourquoi nous avions d'a-
bord désigné ce sous-ordre comme des À zèmiophides ; mais nous préférons
maintenant un terme qui se trouve composé de manière à exprimer beau-
coup mieux, et matériellement, la particularité des dents sans sUlons, qui
caractérise ces Reptiles.
» Ce second sous-ordre réunit donc tous les Serpents à dents pointues,
recourbées, arrondies, coniques, pleines, lisses et sans cannelure, toujours
implantées dans les deux mâchoires. C'est une division très-nombreuse en
espèces et en genres. Ceux-ci sont partagés en quinze familles, sous des
noms divers et significatifs.
» Il nous reste à faire connaître trois autres sous-ordres, des Serpents
dont tous les individus, sans exception, offrent un caractère inscrit sur
quelques-unes de leurs dents. Celles-ci sont presque toujours plus longues
et plus fortes que les autres ; elles ont une partie de leur surface entamée par
une rainure. C'est ce signe, ce caractère que nous avons fait en sorte d'in-
diquer par la dénomination même de chacun de ces trois sous-ordres, en y
faisant entrer la finale du mot grec gljphe, qui signifie une ligne, une enta-
mure enfoncée; ce nom ayant pu être grammaticalement joint à d'autres
termes très-courts, propres à dénoter la position relative ou la structure de
ces dents sillonnées.
( 6a6 )
» Dans les trois circonstances distinctes que nous signalons, ces crochets
cannelés sont l'apanage des Serpents venimeux à degrés divers, suivant leur
longueur, leurs forces, leur situation relative et leur structure. Ce sont des
instruments vulnérants qui servent de gorgerets et de canaux de conduite
à une humeur vénéneuse plus ou moins abondante. Ce poison est sécrété
constamment par des organes spéciaux, par des glandes dont les tuyaux
aboutissent à ces crochets, plus ou moins avancés, mais constamment
implantés dans la mâchoire supérieure, et qui sont terminés en gouttière
pour faciliter ainsi l'inoculation de ce virus délétère.
» Le troisième sous-ordre des Serpents est caractérisé par la présence
d'une ou plusieurs dents qui excèdent les autres par la longueur, et qui sont
cannelées vers leur pointe. Comme ces crochets sont situés tout à fait en
arrière, ils terminent la rangée des autres dents plus grêles et non sillon-
nées. Nous avons cherché à indiquer cette disposition, en désignant par un
seul mot la rainure qui caractérise les dents postérieures. INous appelons les
Serpents compris dans ce sous-ordre, les OPISTOGLYPHES.
» Ces dents sillonnées, qui sont vénénifères, se trouvent toujours logées
dans une cavité peu profonde, où l'on rencontre ordinairement, par la
dissection, des rudiments d'autres crochets semblables; ce sont des germes
destinés à être fixés, afin de remplacer et succéder au besoin aux cro-
chets cannelés dont l'importance est très-grande dans l'économie de ces
Reptiles.
» Il résulte de cette disposition que les Serpents ainsi constitués, ne
peuvent être considérés comme très-dangereux, au moins pour les animaux
d'une certaine taille, pour ceux dont le diamètre excède l'écartement pos-
sible des mâchoires, car leur bouche ne peut éprouver que peu d'amplia-
tion. Ce n'est que quand la proie vivante est engagée vers la gorge, qu'elle
se trouve soumise à la piqûre vénéneuse des derniers crochets. Comme le
plus grand nombre des Serpents de ce groupe ressemblent en apparence aux
Couleuvres, lesquelles ne passent pas pour être très-dangereuses, nous les
avions appelés les Aphobèrophides.
» Nous divisons le groupe des Opistoglyphes en six familles, d'après la
longueur proportionnelle et l'ordre relatif que gardent les autres dents, tou-
jours lisses, situées en avant, sur le bord libre de la mâchoire supérieure.
» Le quatrième sous-ordre comprend les Serpents beaucoup plus veni-
meux, ceux dont les dents cannelées ou les crochets, marqués d'un simple
sillon, sont constamment placés en avant sur l'os sus-maxillaire, à l'inverse
de ce qui se voit dans les Opistoglyphes. Le plus ordinairement, après ces
( 627 )
crochets sillonnés, il existe un espace libre entre ces premières dents et celles
qui suivent, et qui sont lisses. Quant à cette position en avant des crochets
venimeux, ce sous-ordre se lie au suivant, excepté que les Serpents qui sont
rangés dans le dernier groupe offrent cette particularité, qu'un canal inté-
rieur perfore leurs dents vénénifères, suivant leur longueur, depuis la base
jusqu'à l'origine du sillon.
» Nous avons cherché à rappeler, par le nom sous lequel nous réunis-
sons les genres et les espèces de ce quatrième sous-ordre, le caractère qui
s'y voit inscrit par le sillon dont est marquée la première dent antérieure, en
avant des crochets lisses. Ce nom est celui de PROTÉROGLYPHES. Comme
cette dénomination est empruntée à la disposition anatomique évidente
qu'elle exprime, nous la préférons à celle que nous avions donnée d'abord
à ce groupe, et qui n'était destinée qu'à indiquer, rationnellement, les dan-
gers auxquels la morsure de ces Serpents pouvait exposer, malgré leur
apparence trompeuse; ce que signifiait l'expression d' A 'pistophides (i), que
nous abandonnons maintenant.
» Le cinquième, ou le dernier sous-ordre, comprend les Ophidiens dont
les morsures sont extrêmement dangereuses et même fatales ou mortelles,
aussi les avions-nous nommés d'abord les Thanatophides; mais cette expres-
sion, résultat de l'observation et de l'expérience acquise, ne portait pas sur
un fait matériel facile à vérifier. Aujourd'hui il est aisé de constater ce carac-
tère par l'examen de la forme, de la position, et par la structure particulière
des dents venimeuses. Non-seulement ces crochets, longs et sillonnés, sont
les seuls que portent chacune des masses rabougries de la mâchoire supé-
rieure; mais ces crocs sont excessivement développés, et offrent, en outre,
un second caractère particulier. Leur base étant perforée par un long canal
intérieur dont l'orifice distinct aboutit au sillon externe, voilà ce qui nous a
engagé à désigner ce groupe important sous le nom de SOLÉNOGLYPHES.
» Deux familles seulement font partie de ce dernier sous-ordre; elles ont
été établies d'après des observations qui avaient servi depuis longtemps à
distinguer les deux genres primitivement reconnus qui se subdivisent aujour-
d'hui en plusieurs autres : ce sont les Crotaliens et les Vipériens.
» L'histoire de ces Serpents est fort remarquable par la faculté spéciale
dont les a doués la nature, toujours admirable dans sa prévoyance. Sans
cette prévision, ces animaux, appelés à se nourrir puisqu'ils ont été créés,
eussent été cependant, par leur faiblesse même, dans l'impossibilité de
se procurer les moyens de subvenir à leur alimentation, qui consiste en
(i) Erpétologie générale, tome VI, page 71 .
( 6a8 ï
êtres- vivants et le plus souvent vertébrés. Privés de membres et de la puis-
sance motrice nécessaire pour courir après la victime et l'atteindre, ils sont
cependant toujours obligés de saisir une proie vivante, et celle-ci, accrochée
à l'improviste, fait tous ses efforts pour échapper au danger et lutter par sa
résistance, comme tout être actif s'oppose à sa destruction. C'est en vain
que celui-ci veut fuir et chercherait à se défendre, le Serpent venimeux,
qui l'a épié sur son passage, où il s'était placé en embuscade, le happe su-
bitement et l'arrête. Armés d'un pouvoir occulte, ces Reptiles suspendent
dans l'être animé les deux attributs les plus importants pour la conservation
de la vie active, savoir la motilité et la sensibilité. C'est ainsi que ces Ser-
pents abhorrés stupéfient les nerfs de la proie vivante, et anéantissent
d'abord dans la victime la douleur qui, prompte dans son action comme
l'éclair, lui aurait dénoncé le danger suprême, et prédit la mort par instinct;
puis, par une paralysie subite dont sont frappés les muscles, survient leur
inertie absolue et l'insensibilité générale : l'animal, incapable de se défendre
ou de fuir pour se soustraire au péril, est devenu une matière tout à fait
inerte et essentiellement nutritive.
» Le tableau synoptique qui suit présente le résumé de cette première
classification de l'ordre des Ophidiens en cinq sections principales ou sous-
ordres. La suite de notre travail se trouve divisée de la même manière, et
successivement en familles, en genres et en espèces.
TROISIÈME ORDRE DE LA CLASSE DES REPTILES. - LES OPHIDIENS.
".akaCTères. — Corps allongé, étroit, sans pattes ni nageoires paires;
bouche garnie de dents pointues recourbées ; mâchoire inférieure à
bianchcs désunies , plus longues que le crâne; tête à un seul condylv
arrondi, sans cou distinct, ni conque ou conduit auditif externe,
point de paupières mobiles ; à peau extensible, recouverte d'un épidémie
caduc.
SOlS-IIKDKts.
!à l'une des deux mâchoires uniquement , soit à la supérieure , soit
à l'inférieure 1- Opotérodohtes.
| toutes lisses, pleines et sans sillon profond 2. Aglyphodontbs.
aux deux I { 1 seules , isolées , perforées.. S. Solénoglyphes.
mâchoires qudqUeS"UneS d^ant •• \ l ■•
sillonnées ) f suivies de crochets lisses .4. Photkroglyphes .
' derrière et plus longues S. Opistogi/yphes.
fl. onOTfiPOS, de deux manières, alter-uter, et de OAOÏ2, oSovros, dents.
g \ 1. A privatif, sine. TATOH , sillon, rima, sulcus, et de OiOTZ, dents.
3 I 5. oniSTH, en arrière, ponè, retrà, et de TATOjH, rainure.
g | 4. nPOTEPON, en avant, anteriks, et de rAT*H, entamure, incisiu.
iS ! S. SOAHN, un tuyau, un canal, fistula, ductus canaliculatus, et de rAï<I>H.
(6*9)
CHIMIE organique. — Sur les combinaisons uriques, chlorosuljaliques et
percarboniques ; par M. Aug. Laurent.
« Il existe des combinaisons qui ont entre elles un rapport de filiation
très-intime, mais dont il n'a pas été possible, jusqu'à présent, de saisir le
lien qui les rattache les unes aux autres; telles sont les combinaisons
uriques, qui forment un groupe à part et sans analogue dans la science.
» Il en est d'autres qui sont isolées çà et là au milieu des nombreux corps
de la chimie, et qui ne paraissent avoir aucun rapport les unes avec les
autres ; tels sont, d'un côté, le sulfate de chloride sulfurique, le chlorhypo-
sulfite d'oxychlorure de carbone, l'acide chlorélaïhyposulfurique, l'acide
éthylique sulfuré, le sulfate nitreux, etc., et, de l'autre, l'acide persulfb-
cyanhydrique, l'hydranzotine, l'éther oxysulfocyanhydrique, les combi-
naisons de MM. Desains, Debus et Chancel, etc.
» Je me propose, dans ce Mémoire, de déterminer quels sont les rapports
qui unissent les uns aux avitres les composés de chacune des catégories que
je viens de citer, et d'indiquer quelles sont les fonctions qu'ils remplissent.
» Avant d'examiner les combinaisons uriques, je crois devoir déclarer,
quoique, certes, je n'y sois nullement obligé, que les recherches de
MM. Liebig et Wôhler sur ce sujet me paraissent être une des plus belles
acquisitions de la chimie, et avoir été exécutées avec le plus grand soin. Si
donc je viens changer presque toutes les formules qui ont été données par
ces chimistes distingués, et si les nouvelles interprétations que je propose
exigent que de très-légères corrections soient faites à leurs analyses, ou que
les poids atomiques soient doublés ou dédoublés, ces corrections, même en
les supposant parfaitement justes, ne peuvent diminuer en rien le mérite de
leiir travail.
» Voici les formules de MM. Liebig et Wohler. On remarquera qu'il n'y
en a pas la moitié dont l'oxygène soit pair, et dont la somme de l'hydrogène
et de l'azote soit un multiple de 4 •'
Allantoïne C4H6N408, Uramile. . . . . C8H,2N606,
Alloxane C8H8N40,°; Ac. uramilique.. C,6H2oN,0O,s,
Ac. alloxanique. . . C4H4N2Os, Alloxantine . . . C8H,0N*CV0,
Ac. mycoméliniq. . C^H^N^O10, Ac. dialurique. . C8H8N408,
Ac. parabanique. . C6H4N406, Murexide. . . . C,,9H,!!N4008,
Ac. oxalurique. . . C6H8N408, Murexan C*H8N405.
Ac. thionurique. . C8H,4N60,4S2,
C. R., t85a. im' Semestre. (T. XXXV, 1N° 18.) 83
( 63o )
Combinaisons Je M. Schliepper.
Ac. hydnrilique. . . C'2H,0N6O", Ac. dilitur. anh. C8H2N608,
Ac. nitrohydrilur. . C8H4N0OM, Sels de potasse. . + K20 et 4- 2R20,
Ac. leucoturique. . C6H6N406, Ac. hydantoïq. . C4H8N404,
Difluan.. ..... CaH8N405, ( Ac. lantanuriq. . C4H4N404,
Ac. alliturique. . . CTH*N404, \ ouallanturiq. . C,0H,4N8O9.
(Pelouze. )
» Voici les formules que je propose, formules qui sont indépendantes
de toute hypothèse sur l'arrangement des atomes :
( V = ac. monob., A" = ac. bib. , Am = ammon., An = anil., Ur = urée. )
Premier groupe. — ALLOXANIQUE.
Fonction Type.
Ac. bibasique. . A" alloxan. C4H4N205 ac. alloxan. (1),
» » selacid. C4H3MN205,
» » selneut. C4H2M2N205,
» » nitré C*H»XN*Os ac. nitro-hyd.
Dianhydride. . . A"- Aq alloxanide.C4H2N204 alloxane (2 .
Diamide A"+îAm- aAq alloxamid. C4H8N4 O3 inconnue,
Ac. amidé. . . . A"+Am — Aq alloxamiq. C4H5N304 lib. inconnu=A',
Diénide A"-f- 2 Am — 3 Aq alloxénide. C4H4N402 ac. mycom. (3),
» » argentiq. C4 H3 AgN4 O2 sel d'argent,
alloxamo-
Ac. complexe. . A'+A"— Aq sulfureux. C4H5N30\ SO2 ac. thion.
Deuxième groupe. — DIALURIQUE.
Fonction. Type.
Ac. bibasique. . A" dialuriq. C8H8N408 ac. dialur. (4),
Dianhydride.. . A"— Aq dialurid. C8 H" N4 O7 inconnue,
Ac. amidé.. . . A"+ Am — Aq dialuram. C8H°N507 ac. uramiliqùe,
Diamide A"+ îAm - 2Aq dialuramid. C*H,0N60* uramile,
» » isomère » difluan (5),
Diimide A"+ Am- 2Aq dialurimid. C8 H'N'O6 murexan.
(1) La bibasicité de ce corps a été annoncée par M Gerhardt, puis reconnue au labora-
toire de Giessen.
(2) M. Graelin a vu que l'alloxane, supposée anhydre à too degrés, retient encore 1 atome
d'eau; de mon côté, j'ai fait la même observation.
( 3) Ce composé n'est pas un acide; semblable à la plupart des amides, des diimides, il
peut échanger 1 atome d'hydrogène contre i atome d'argent.
(4) On ne connaît pas les sels de cet acide. Ce sont ses métamorphoses qui me le font
considérer comme bibasique.
(5) Voyez la note (5) du troisième groupe.
(63i )
appendices aux premier et deuxième groupes.
Combinaisons complexes.
Ac. bibasique ? . A" raurexique C8 H4 W 0T alloxantine ( i ),
Ac. amidé. . . . A"-+- Am — Aq murexamiq.C8H5N506 ac. purpur. (a),
» » seld'amm. C8H4AmN506murexid.(3),
Troisième groupe. — OXALIQUE.
Fonction. Type.
Ac. bibasique. . A" oxalique C2H*0*,
Ac. amidé. . . . A"+ Am — Aq oxamique C2H3NO%
» A"-f- Ur — Aq oxaluréïq. C3H4N20* ac. oxalurique,
Biamide A"+ 2 Am- aAq oxamide C2H*N202,
» » . id. bisulf. C2H4N2S2 cyanogène bi-
hydrosulfuré,
{An
— otAq iV/.uréoanil." C9H9]N303 paraban. d'ani-
line (4),
Biimide A"+ Am — sAq oximide C2HN02 ac. leucotur. (5),
id. iamm. C2H2Am2]N02
» » id. ammon. C2Am NO2 leucoFur. d'am-
moniaque,
» A"+ Dr — aAq id. uréïque C2H2N203 ac. parabani-
que (3),
Diénide A"+aAm — 3Aq oxalén. suif. C2H2N2S cyanogène hy-
drosulfuré,
Émonide. . . . A"+ 2 Am — 4 Aq oxalémon. C2N2 cyanogène.
» Ce n'est qu'avec la plus grande réserve que je donne les formules des
groupes suivants, parce que les composés auxquels elles s'appliquent ont
été trop incomplètement étudiés.
1
(1) L'alloxantine ordinaire perd 3 atomes d'eau vers le point d'ébullition de l'acide sul-
furique. Ce composé est-il un acide? Il est difficile de répondre à cette question , parce que
les bases le décomposent. Cependant il forme, avec la baryte, un précipité violet qui n'a pas
été analysé.
(2) Formule proposée par M. Gmelin.
( 3) Formule proposée par M- Gerhardt.
(4) Il n'a pas les propriétés d'un sel.
(5) Ce composé n'est pas un acide, il n'a donné qu'un seul sel, celui d'ammoniaque. île
difluan et l'acide leucoturique se préparent en soumettant l'acide alloxanique à l'ébùllition.
83..
( 63a )
Quatrième groupe. — DILITIQUE.
Fonction. Type.
Ac. bibasique. . A" dilitique C4H8TM205 inconnu,
» ' » ici. nitré C4H*XNa05 ac. dilituri-
que (i),
Diimide A"+ Am - aAq dilitim. nitr. C/H9XNsO' diliturate ae.
d'amm. (a).
Cinquième groupe. — HYDURIQUE.
Fonction. Tpye.
Ac. bibasique. . A" hydurique C8HsN305 ac. hyduriliq.,
Ac. amidé. . . . A"+ Am — Aq hyduramiq. C6HeN*0* ac. allituriq.,
Sixième groupe. — LANTALIQUE.
Fonction. Type.
Ac. bibasique. . A" lantalique C8H8N408ac. lantanuriq..
Diamide A"+2Am- aAq lantamide C6H,0N8O* inconnue,
» A"-f-2Ur — aAq id. uréïque C8H,2N806 allantoïne,
Ac. amidé.. . . A"-t- Am — Aq lantamique CGH9N505 inconnu,
» A"-t- Ur — Aq lanturéïque C7H,0N6O6 acide hydan-
toïque.
• * Combinaisons nitro et chlorosu/Jaliques.
» Voici les formules qu'on leur attribue :
A, Sulfate de chloride sulfu-
rique 5S03+SCi6,
Dans cette réaction , il ne se forme que du difluan , de l'acide leucoturique et de l'acide car-
bonique. On peut considérer le difluan comme isomère de l'uramile ou de l'acide uramilique.
L'acide leucoturique a la composition de l'oximide ou de l'oximide demi-ammoniacale. Avec
les formules que je propose, on a
dans le premier cas. 2ClH'N,Oi = C,NHO' + ClHsN10]4-4CO= -+- 2H20,
oximide difl. isom. nramile
dans le deuxième cas. £Q H' N205 = C'NJ B?0' -f- CrFN'O' -+- 4 C O3 -+- H'O.
oximide j am. difl. isom. ac. uramiliq.
Les formules du deuxième cas s'accordent mieux avec l'expérience que celles du premier.
L'acide leucoturique se transforme facilement en acide oxalique et en ammoniaque; et le
difluan , comrrîe l'uramile , donne de l'alloxane par l'acide nitrique.
(i) La couleur de ses sels, leur détonation et leur préparation, prouvent que c'est un
corps nitré. On peut hésiter entre cette formule et celle que j'ai donnée autrefois avec H'O
de moins.
(2) Ce n'est pas un sel ; la potasse n'en dégage l'ammoniaque que par Pébullition.
( 633 )
B, Sulfate ammoniacal. ..... 5 (SO»-+- H» N2) -+- (SC16+ 4 H» N2),
C, Chlorhyposulfite d'oxy chlo-
rure de carbone COCP -t- SOCP,
( Combinaison de Rerzélius et Marcet. )
D, ' Combinaison de Kolbe. . . S204H2C2C18 (i),
E, Ac. méthylhyposulfurique. S2 O5 -+- C2 H» + H2 O,
F, Ac. chloroformylhyposulfu-
rique S205 + (C2H4-f- Cl2) + H2G,
G, H, etc., etc.
I, Sulfate nitreux 2S03-t-N2Oâ,
J, Cristaux des chambres. . . Diverses formules.
» J'ai déjà fait voir que les acides E, F, G, H ne sont que des variétés
d'un même type, que ce sont des sulfométhénates mono, bi, trichlorés ana-
logues aux sulfonaphtalates mono, bi, trichlorés. (Méthène = CH4 gaz des
marais.)
» Pour saisir la clef de toutes ces combinaisons, admettons l'existence
d'un acide chlorosulfureux ou. chlorosulfalique qui soit aux acides sulfu-
reux et sulfurique ce que l'acide chloroformique (des éthers oxychloro-
carbonatés) est aux acides formique et carbonique :
Ac. sulfureux SOs HH, Ac. formique C02HH,
Ac. chlorosulfalique. . SO'ClH, Ac. chloroformique. . C02ClH, •
Ac. sulfurique S04HH, Ac. carbonique. . . . CO'HH.
» Alors nous aurons la série suivante :
Ac. bibasiq. A" sulfurique S04H2,
Ac. monob. A' chlorosulfaliq. S03C1H (2),
» » nitrosulfalique. SO'XH J,
» » sel d'ammon. SO'ClAm Btrait. parl'e. (3),
Monanhyd. 1 A' — Aq chlorosulfalid. S205C12 A,
» * » nitrosulfalide. S2OsX2 I,
Amide. . . A'+Am-Aq chlorosulfaIam.S02ClH2N B(3),
» A' + Mé — Aq id. méthénique SO2 CH4 inconnue,
id. mé. 3chl. SO'CHCl» D,
»
» »
id. mé. 4 chl. S02CC14 C,
(1) C'est la formule proposée par M. Gerhardt , et celle que j'adopte.
(2) Cet acide paraît se former lorsqu'on verse l'acide anhydre A dans l'eau. Car, d'après
M. Rose , A passe d'abord à l'état d'hydrate avant de se décomposer.
(3) Lorsqu'on traite A par le gaz ammoniaque, il se forme, d'après M. Rose, une com-
binaison qui se dissout dans l'eau et y cristallise par I'évaporation. Il doit exister, suivant moi,
( 634)
Diamide. . . A"+2Am — aAq sulfamide S02H*N2,
» A"+|__ — aAq » ammomét. S02CH5N inconnue,
(Me n
» achl. S02CH3CPN (i),
» 3chl. S02CH2C13N (2), .
Ac. amidé.. A"-t-Mé — Aq sulfométhéniq. S03CH* hyposulfométhi-
lique,
» » » chloré S03CH3Cl hyposulfochloré-
laïlique,
» » » 2 chloré . SO3 CH2 Cl2 hyposulfochloro-
formylique,
» » » 3 chloré S03CHC13 hyposulfochloro-
carbonique.
Combinaisons percarboniques .
» M. Gerhardt a déjà fait faire un premier pas à cette question , en rappro-
chant l'hydranzothine du composé de M. Desains, et en les considérant
lune comme l'amide et l'autre comme l'éther d'un acide copule formé de
2CO2 -f- H2 S2. Nous laisserons la constitution de cet acide de côté, et nous
de.ux combinaisons: i" la combinaison sèche du monanhydride ; on doit avoir une des deux
réactions suivantes :
a. S'O'Cl -+- 2ffN = 2(S01CIH,N) + H'O,
tout comme l'on a, avec le monanhydride acétique, 2 équivalents d'acétamide et 1 équiva-
lent d'eau ,
b. S'OsCl -+- 2H3N = SO'ClHIN-(-S03Cl(H<N);
chlorosulfalamide chlorosulfalate d'am.
20 la combinaison a ou b traitée par l'eau,
S0,C1H'N-+-2HÎ0 = [S03CI(H'N) -f- Aq].
amide • sel d'am. hydraté
Cette derniène formule SO3 Cl H' N -f- Aq s'accorde avec l'analyse de M. Rose; malheureu-
sement celle-ci n'a pas été faite complètement, de sorte qu'elle se prête à plusieurs supposi-
tions. Il y a encore un troisième cas possible; si l'on traitait A par le gaz ammoniaque, à une
température un peu élevée, on pourait avpir les réactions suivantes :
S'05C1! 4- 4H3N = SO'H'N' -t- SO'CIH'N 4-C1H, H3 N -f- H'O,
sulfamide chlorosulfalam. sel amm.
S'OCl3 4- 6H'N = 2S02H,N! -f- 2CIH, H3N 4-HJ0.
• (1 ) On obtiendra cette amide en traitant D par l'ammoniaque,
S02CC13H •+- H3N = S0'CC12HJN -+-C1H.
(2) On obtiendra cette amide en traitant C par l'ammoniaque,
SO'CCl' ■+- H3N = S0'CC13H'N -t- Cl H.
■ ( 635 )
y verrons simplement, en remplaçant le soufre par l'oxygène, un acide per-
carbonique qui est à l'acide carbonique ce que l'acide sulfureux est à l'acide
hyposulfurique :
Acide sulfureux ' S03H2
Acide carbonique C03H2
Acide carbonique 3 sulfuré CS3 H2
Acide hyposulfurique S* O6 H2
Acide percarbonique C206H2
Acide percarbonique 6 sulfuré C2S6H2
» Nous admettrons, de plus, les variétés mono-bi-tri... sulfurées de cet
acide percarbonique. Voici, maintenant, les fonctions des termes de cette
série dont les formules n'ont à subir aucune correction.
(Al = alcool, Em = Éthylamine.)
Ac. bibas. A" percarbonique C2H2 O6,
O4
» » » 2 sulfuré C2 H2 „
S2
» 4 sulfuré C2H2° j,
Vf
» 6 sulfuré C2H2S6,
Diamide.. A"+2Âm — 2 Aq percabamide C2 H4 N204 inconnue,
». 4 sulfuré C2H4N2S4hydranzorhine,
»
)>
O4 1 '
A"+ i Al - 2 Aq » éthol. asulfur. C6H10 comb. Debus,
' O2 )
» » » éthol. 4 sulfur. C6H10 [ Desains,
» • » » éthol. 6 sulfur. C2 H* ° I Chancel,
S4 j
Diénide. . A" + 2Am — 3 Aq percarbénide 3 suif. C2H2N2S3 Acide persulfo-
cyanhydr. (i),
S \
A"+2Em-3Aq » éthylam. suif. C° H10N2 éth. oxysulfo-
cyanhyd. (2).
» Toutes les formules que j'attribue aux combinaisons uriques, chloro-
. (1) Ce composé n'a aucun caractère des acides; il ne se dissout même pas dans l'ammo-
niaque.
(2) Je dois faire remarquer que ce composé ne se dédouble pas en donnant de l'éthyla-
mine , mais de l'alcool et de l'ammoniaque.
( 636 ) .
sulfaliques et percarboniques satisfont à la loi des nombres pairs, et tontes
les réactions s'enchaînent avec une simplicité remarquable. »
M. Biot demande à reprendre un paquet cacheté qu'il avait déposé à
la séance du 10 décembre 1 838.
« Ce dépôt, dit-il, avait uniquement pour but, de me conserver la liberté
de suivre et d'exposer l'interprétation que j'avais conçue d'un ancien docu-
ment astronomique récemment découvert, sans entrer dans des discussions
de priorité, dont les motifs n'existent plus aujourd'hui. »
L' Académie accorde le retrait du paquet déposé par M. Biot.
RAPPORTS.
mécanique appliquée. — Rapport sur un Mémoire de M. J. Carvallo,
intitulé: Étude sur la stabilité des voûtes.
(Commissaires, MM. Piobert, Morin, Poncelet rapporteur. )
« M. J. Carvallo a eu, sur la plupart de ses prédécesseurs, l'avantage
inappréciable de pouvoir, comme ingénieur des ponts et chaussées, mettre
a exécution un assez grand nombre de ponts importants projetés d'après ses
Tables ou formules, pour la partie du chemin de fer du Centre, comprise
entre Limoges et Châteauroux. Ce sont même les études et expériences
qu'il a dû entreprendre à ce sujet, dès i843 et i844, qui l'ont conduit à
soumettre à l'Académie des Sciences, le Mémoire dont nous avons à rendre
compte aujourd'hui, et qui, ainsi, n'a pas uniquement pour but, de perfec-
tionner la théorie des voûtes, mais bien de fournir aux ingénieurs des
éléments de calcul tout préparés, déjà sanctionnés par l'expérience, et mis
sous la forme qui peut le mieux convenir aux applications pratiques.
» L'objet principal que M. Carvallo s'est proposé, consiste : étant donné,
à l'ordinaire, le profil de l'intrados d'une voûte cylindrique, le poids du
mètre cube et la résistance à l'écrasement de la pierre à employer, le coeffi-
cient du frottement sur les plans de joints, déterminer la forme de l'extra-
dos de manière à circonscrire, dans de justes limites, le volume de cette
pierre, sans compromettre, en aucun point, la stabilité sous le rapport du
glissement, de la rotation et de l'écrasement des différentes parties du
système.
» La condition d'économie est, à coup sûr, d'un très-haut intérêt pour
les ingénieurs et les compagnies qui ont un grand nombre de ponts à con-
struire sur une ligne de parcours donnée; mais elle n'est pas la seule,, ni la
plus importante de celles que s'est imposées l'auteur du nouveau Mémoire
sur la stabilité des voûtes, surtout en ce qui concerne l'établissement des
(637 )
ponts d'une grande ouverture, couronnés, suivant l'usage, d'une surcharge
horizontale de terre et de maçonnerie pour servir de chaussée. Dans ce
cas, en effet, la question d'économie disparaît, en quelque sorte, vis-à-vis
de celle qui consiste à préserver la construction des affaissements et défor-
mations qui surviennent, et continuent plus ou moins de temps, après le
décintrement de la voûte; ce dont les ponts de Neuilly et de Mantes, con-
struits par Perronet, ont offert de si remarquables exemples. Or, ces défor-
mations ne sont guère moins dangereuses, pour la stabilité, que le défaut
même de proportion entre les intensités des pressions exercées en certains
points du bandeau de la voûte et le manque de résistance des matériaux qui
la composent; car elles mettent forcément en jeu, quand elles ne sont pas
resserrées entre certaines limites, des actions obliques ou transversales qui
tendent à rompre les assises horizontales des pierres de tête et de remplis-
sage du tympan, ou à y occasionner, tout au moins, des fissures qui com-
promettent l'apparente solidité de l'édifice.
» Les équations qui expriment les conditions de l'équilibre d'une voûte
dont l'intrados est donné, montrant que ces conditions peuvent être satis-
faites pour une infinité de courbes d'extrados, M. Carvallo a mis cette cir-
constance à profit, soit pour remplir la condition d'économie, relative au
cube de la pierre, dont il a été d'abord parlé, soit pour déterminer une forme
d'extrados qui jouisse de la propriété, en elle-même fort remarquable, que
le bandeau de la yoûte étant construit seul et sans tympans, la ligne de ses
centres de pression coïncide avec celle qui est relative au système entier de
ce bandeau et des tympans. Cette dernière ligne ne pouvant, en effet, dé-
pendre de la forme de l'extrados, dans l'hypothèse d'une densité à peu près
constante, et des joints verticaux prolongés au travers de la surcharge,
devient déterminable à priori, et l'on conçoit comment l'auteur est parvenu
à satisfaire à la seconde des conditions qu'il s'est imposées. De plus, il
résulte de son analyse, comme on le verra, que la courbe d'extrados qui
résout la question est du même degré que celle d'intrados, avec laquelle
elle offre une grande analogie de forme, déterminée par une relation simple,
du premier degré, entre les ordonnées relatives à une même abscisse.
» On conçoit parfaitement encore comment l'identité des courbes de
pression relatives au bandeau isolé de la voûte et à ce bandeau surmonté
de ses tympans, lorsqu'elle est rigoureusement établie, peut atteindre le but
d'abord indiqué, qui consiste à empêcher les déformations, postérieures
au décintrement et provenant des surcharges, d'acquérir une amplitude
appréciable. Quels que soient les avantages pratiques inhérents à cette
C. R. , i85:j, a"" Semestre. (T. XXXV, TX« 18.) 84
( 638 )
nouvelle détermination de la forme de l'extrados des voûtes, et, bien que
cette forme n'offre, en elle-même, aucune particularité ou difficulté d'exé-
cution qui puisse la faire rejeter par les ingénieurs, néanmoins M. Carvallo
n'a pas voulu s'en tenir exclusivement à cette solution dans son Mémoire ;
il s'est également occupé du cas où l'intrados et l'extrados d'une voûte se-
raient donnés à priori, selon l'usage ordinaire; cas qui a été traité dans ces
derniers temps, mais à un point de vue un peu différent, avec toute l'éten-
due désirable, c'est-à-dire de manière à mettre, en quelque sorte, sous la
main des constructeurs, les éléments numériques du problème, relatifs aux
principales circonstances qui intéressent la pratique.
» En se rapprochant plus particulièrement du mode de solution indiqué
par MM. Lamé et Clapeyron, en en étendant l'application aux divers sys-
tèmes de voûtes déjà soumises au calcul ou réduites en Tables par MM. Au-
doy, Petit, de Garidel, etc. ; enfin, en introduisant des simplifications et des
données nouvelles dans les formules et les Tables relatives à ce mode de so-
lution, qui comprend aussi les éléments de la courbe des pressions pour les
voûtes en plein cintre, M. Carvallo a prétendu rendre particulièrement ser-
vice aux ingénieurs qui repoussent l'usage du coefficient de stabilité adopté
dans le génie militaire, quelque fondé d'ailleurs qu'il soit en principe, pour
y substituer la considération exclusive des conditions de stabilité qui assor-
tent des hypothèses mêmes de M. Navier, concernant la loi de compressi-
bilité des matériaux solides et la limite des charges permanentes qu'il est,
dans chaque cas, permis de leur faire supporter.
» Après avoir montré, dans la Notice historique servant d'introduction
à ce Rapport, les liens intimes qui existent entre ces deux points de vue, et
exprimé la crainte que la règle qui fait passer les résultantes de pressions par
un point situé au tiers de la largeur des joints les plus comprimés, ne soit
pas toujours suffisante dans les cas de pratique, il devient inutile d'insister
•ici, et nous devons nous borner, dans ce qui suit, à donner une idée suc-
cincte des méthodes qui caractérisent le travail de M. Carvallo, et qui le
distinguent plus particulièrement des recherches de ses prédécesseurs.
» Dans un premier chapitre, qui contient l'exposé des formules générales,
équations ou théorèmes qui servent de base à tout le Mémoire, et dont la
connaissance est indispensable pour l'intelligence des applications variées,
des Tables et exercices de calcul qui le terminent; l'auteur, considérant une
voûte cylindrique en berceau, d'un profil quelconque, et supposant, à l'or-
dinaire, cette voûte réduite à l'unité de longueur, ou à la section transver-
sale représentée par ce profil, exprime, par trois équations séparées, les con-
(639)
ditions de l'équilibre d'une tranche verticale, supposée infiniment mince,
du bandeau de la voûte, tranche qui peut aussi comprendre la surcharge
s'il en existe. Deux de ces équations sont relatives aux projections verticale
et horizontale des forces appliquées à la tranche et qui se composent de son
poids, de la résultante des pressions antérieures et de celle des réactions
postérieures ; la troisième équation , relative aux moments des mêmes forces
par rapport à l'origine des axes, se trouve naturellement satisfaite au moyen
des deux autres, attendu qu'on y suppose implicitement le concours des
trois forces en un même point de la courbe inconnue des pressions.
» Si l'auteur n'avait pas admis à priori, ce concours entre les directions
des trois forces, il serait arrivé à une équation de moments exprimant que
la résultante des pressions, en chaque point d'application, est tangente à
la courbe qui contient tous ces points ; ce qu'il admet aussi, mais sans en
donner la démonstration. Quant au cas où la division de la voûte serait
censée se faire suivant des plans normaux à l'intrados, il est facile de se con-
vaincre que, non-seulement l'équation des moments ne pourrait être satis-
faite par la condition de tangence ci-dessus, mais que, de plus, elle devien-
drait généralement fonction de l'abscisse du centre de gravité, ou, ce qui
revient au même, du rayon de courbure, de la largeur et de l'inclinaison
du joint au point correspondant de la voûte; à moins que, laissant au pro-
blème ou à la forme de cette voûte toute son indétermination, on ne vînt
à supposer, à priori, que la courbe des pressions se confond, point pour
point, avec celle des centres de gravité; ce qui, évidemment, pourrait avoir
lieu sans que les résultantes de pressions en devinssent, pour cela, nor-
males aux plans de joints respectifs, etc.
»> Pour ce qui est des équations d'équilibre relatives aux projections
verticale et horizontale des joints, les seules à considérer dans les hypo-
thèses admises par M. Carvallo, sur la division de la voûte en tranches verti-
cales infiniment minces, elles sont intégrables, une première fois, dans toute
leur généralité, et elles expriment, moyennant une détermination convenable
des constantes arbitraires : l'une, que la composante horizontale de la résul-
tante des pressions est constante dans toute l'étendue de la voûte et égale à
celle qui se rapporte au joint de la clef, nommée spécialement poussée;
l'autre, que la composante verticale de cette même résultante, diminuée de
celle qui correspond au joint du sommet, est égale au poids entier de la por-
tion de voûte comprise entre ce même point et celui que l'on considère en
particulier. Ces équations ou intégrales indéfinies, qui correspondent à des
84..
( 64o )
théorèmes de statique bien connus, auraient lieu d'ailleurs, dans toute
hypothèse faite sur le mode de division par tranches.
» Dans le cas d'une voûte symétrique par rapport au joint vertical de la
clef, la résultante des pressions sur ce joint peut être censée réduite à la
seule poussée ou composante horizontale, puisque la tranche verticale cor-
respondante doit être, elle-même, soutenue symétriquement par deux résul-
tantes de pressions ou réactions agissant en sens contraire, et dont, en vertu
de la continuité, les directions indéfinies doivent se confondre entre elles, à
une quantité infiniment petite près, représentative de l'angle de contingence
de la courbe des pressions au sommet de la voûte. Or, cela exige que la
tangente et la résultante des pressions y soient horizontales, suivant l'hy-
pothèse généralement admise, et qui sert aussi de point de départ à M. Car-
vallo pour aborder les questions relatives à l'équilibre des voûtes de forme
continue. Toutefois, la même conséquence ne serait plus aussi rigoureu-
sement vraie pour les voûtes en ogives, qui, bien que symétriques par rap-
port au plan vertical du sommet, offrent en ce point, une véritable disconti-
nuité : cette remarque devient surtout applicable au cas où l'on considère
la direction réelle des plans de joint.
» Nous avons un peu insisté sur ces préliminaires, parce que la mise en
équation de semblables problèmes en constitue véritablement la partie dé-
licate; et, sous ce rapport, il n'est peut-être pas inutile de rappeler que les
trois équations différentielles qui expriment les conditions de l'équilibre
d'une tranche infiniment mince d'une voûte divisée ou non suivant la di-
rection naturelle des joints, restent applicables au cas où l'on voudrait avoir
égard à l'élasticité des matériaux; de sorte qu'il suffirait d'ajouter à ces
équations celles qui, d'après l'hypothèse admise sur la loi de compressibi-
lité de l'élément solide considéré, établissent une relation nécessaire entre les
résultantes de pressions et les déplacements moléculaires relatifs, correspon-
dants à la déformation subie par la tranche, et dont les plus grandes et les
plus petites valeurs, essentiellement positives, feraient connaître les points
les plus dangereux dans l'étendue entière de la voûte, soit que l'on se donne,
à priori, l'état final ou l'état initial du bandeau, c'est-à-dire sa forme après
ou avant le décintrement.
» Maintenant, nous ferons observer que l'auteur, procédant par la voie
analytique des coordonnées, et faisant subir aux deux équations d'équilibre
dont il se sert exclusivement, des transformations ou intégrations toujours
faciles, mais seulement indiquées quant aux aires et moments des voussoirs,
(64. )
retombe naturellement sur les théorèmes déjà connus concernant l'équilibre
des voûtes, lesquels acquièrent, par ce procédé direct, un caractère de clarté
et de précision que l'on ne saurait méconnaître. Ainsi, par exemple, l'une
des équations obtenues, exprime que le moment de la poussée horizontale
au sommet, pris relativement à l'un quelconque des points de la courbe des
pressions, est égal à celui du poids de la portion de voûte comprise entre la
section verticale correspondante et le joint de la clef; ce qui revient à la dé-
finition ordinaire de cette courbe en quantité finie. L'auteur en conclut
d'ailleurs, par des considérations fort simples et sans, pour ainsi dire, aucune
discussion préalable, les expressions des limites, supérieure et inférieure,
entre lesquelles la poussée au sommet doit demeurer comprise, et qui dépen-
dent de la détermination des points d'intrados ou d'extrados pour lesquels
le rapport du dernier des moments ci-dessus, à la distance respective de ces
points à l'horizontale hypothétique de cette poussée, est un maximum ou un
minimum, conformément à la théorie de Coulomb, puisque les raisonne-
ments peuvent s'étendre au cas où les joints fictifs seraient normaux à la
courbe d'intrados.
» Les points de maximum et de minimum dont il s'agit, sont, comme on
sait, précisément ceux où la courbe des pressions se rapproche le plus de
l'intrados et de l'extrados, dans les conditions de stabilité, et où elle les
touche dans l'hypothèse de la rupture effective, cas auquel la poussée hori-
zontale vient, à l'inverse, toucher l'extrados ou l'intrados au sommet de la
voûte. De là et de l'équation différentielle qui exprime la condition ordinaire
du maximum, l'auteur conclut que, dans l'hypothèse de la verticalité des
joints, la tangente au point de rupture de l'intrados, celle qui répond, sur
la même verticale, à la courbe de pressions, et enfin la verticale du centre
de gravité de la portion supérieure de la voûte, vont concourir en un même
point de l'horizontale appartenant au sommet de la courbe des pressions :
théorème dont la première partie rappelle l'un de ceux qui ont été démon-
trés dans le Mémoire de MM. Lamé et Clapeyron. Mais ce théorème n'étant
point rigoureusement exact dans l'hypothèse de la normalité des joints,
M. Carvallo n'en a fait aucun usage pour la recherche géométrique des points
ou joints de rupture.
» Après avoir établi ces diverses propositions, M. Carvallo reprend l'équa-
tion différentielle du second ordre, qui exprime que la somme des compo-
santes verticales des forces est nulle, et d'où la résultante inconnue des pres-
sions a été éliminée au moyen de l'équation du premier ordre qui indique
que la composante horizontale de cette résultante est la même en tous les
( 642 )
points de la voûte. Cette équation du second ordre contenant, à la fois, les
ordonnées de la courbe des pressions et de celles d'intrados et d'extrados,
permet de se donner, à volonté, deux de ces courbes et d'en conclure la troi-
sième par les méthodes d'intégration connues.
» Considérant d'abord le cas le plus facile où la courbe des pressions
serait donnée à priori, l'auteur montre comment, en satisfaisant à cette
même équation, on obtient immédiatement la différence correspondante des
ordonnées de l'extrados et de l'intrados ; ce qui détermine l'une de ces der-
nières courbes, au moyen de l'autre. De plus, il résulte de cette discussion
que l'équation de la courbe des pressions est, pour les voûtes proprement
dites, au moins du second degré, si elle n'est transcendante. Ainsi notam-
ment, c'est une parabole dans le cas où l'épaisseur de la voûte, mesurée dans
le sens de la verticale, serait constante, ce qui a sensiblement lieu pour les
arcs en fonte très-surbaissés; c'est sensiblement une branche d'hyperbole,
pour les parties inférieures ou pieds-droits d'une voûte, etc. Le cas où les
courbes d'extrados et d'intrados sont données à priori, se résout, très-sim-
plement encore, au moyen de l'intégrale générale de l'équation du second
ordre ci-dessus, intégrale qui exprime l'égalité entre les moments finis, de
la poussée horizontale et du poids de la partie supérieure de la voûte, car
cette équation n'est alors autre chose que l'équation même de la courbe
cherchée des pressions.
» Quand la voûte est surmontée d'une surcharge limitée, vers le haut, par
un plan horizontal, l'équation des moments ou de la courbe des pressions
dont il vient d'être parlé, conserve une forme très-simple et qui devient in-
dépendante des ordonnées de l'extrados proprement dit, si la densité des ma-
çonneries du bandeau et de la surcharge est supposée la même ; et c'est ainsi
que l'auteur a été conduit à identifier cette équation avec celle qui corres-
pond à un extrados à déterminer d'après l'hypothèse où la surcharge n'exis-
terait pas encore, comme il arrive à l'époque de décintrement de la voûte.
Or cela se fait d'une manière générale, au moyen d'une relation, purement
linéaire, entre les ordonnées des courbes d'extrados et d'intrados, corres-
pondant respectivement aux mêmes abscisses : cette relation mentionnée au
commencement de ce Rapport, est d'autant plus remarquable, qu'elle con-
serve aux deux courbes, le même degré et une analogie de forme qui s'ac-
corde assez avec les conditions que l'on doit s'imposer dans la question
économique et pratique des voûtes.
» Dans le chapitre II de son Mémoire, M. Carvallo se propose de dé-
terminer les constantes arbitraires qui entrent dans les équations gêné-
( 643 ï
raies de l'équilibre, en s'imposant diverses conditions; à savoir, que la
pression sur les plans de joints, n'excède, nulle part, la limite des charges
permanentes relatives à chaque espèce de matériaux, et que le plus petit
rapprochement de la courbe des pressions par rapport à celle d'extrados ou
d'intrados, lequel correspond aux joints de rupture du sommet et des reins,
ne soit jamais au-dessous du tiers de la largeur correspondante du joint,
mesurée ici, non plus sur la verticale, mais sur la direction naturelle de ce
joint. On obtient ainsi sept équations de condition, dont le nombre est équi-
valent à celui des indéterminées, pourvu qu'on ne se donne pas à l'avance
l'extrados, ou qu'on ne fixe pas invariablement le module, le coefficient de
la résistance des matériaux à l'écrasement.
» L'auteur, en établissant ces conditions, s'occupe successivement du
cas le plus ordinaire où le sommet de la voûte tend naturellement à s'abais-
ser, et de celui où il tendrait, au contraire, à s'élever comme dans certaines
voûtes en ogives ; enfin , il recherche aussi ce que deviendraient ces condi-
tions dans l'hypothèse où la courbe des pressions passerait, pour le pre-
mier cas, par le milieu des joints fictifs de rupture du sommet et des reins.
Il espère, par là, obtenir la solution la plus économique du problème; mais,
pour affirmer qu'il en sera ainsi, il faudrait, ce semble, non pas seulement
que la courbe des pressions fût possible, mais encore qu'elle jouît alors de
la propriété de passer par tous les milieux des joints naturels de la voûte;
ce que l'auteur n'a pas vérifié, et ce qui serait d'autant plus nécessaire, que
l'hypothèse de la division en joints verticaux, quoique favorable à la sta-
bilité, puisqu'elle tend à diminuer les moments de la résistance due aux
poids des diverses portions de la voûte, conduit à une courbe des centres
ou résultantes de pressions, qui diffère plus ou moins sensiblement de la
véritable, surtout vers les parties inférieures où la direction des joints
naturels s'approche notablement de l'horizontalité.
» Avant d'indiquer les conditions qu'il est indispensable de remplir encore
pour assurer l'équilibre de la voûte contre le glissement des voussoirs sur les
joints inclinés, conditions par lesquelles M. Carvallo termine le chapitre II de
son Mémoire, et qui ont lieu dans toutes les voûtes qu'il a soumises au calcul,
il déduit de la combinaison des sept équations mentionnées ci-dessus, un
résultat fort singulier et remarquable par sa généralité; savoir, « que, dans
» les voûtes qui y satisfont, et pour lesquelles, en outre, la distance de la
» courbe des pressions à l'intrados, serait la même à la clef et au joint de
» rupture des reins, la direction de ce joint, censée normale à l'intrados,
» fait avec l'horizon, un angle égal à 3o degrés, qui indique aussi , à très-
( 644 )
» peu près, celui qui a lieu pour toutes les voûtes où l'on est dans l'usage
» de répaissir les reins d'une quantité plus ou moins appréciable. »
» Pour compléter ces déterminations relatives à l'établissement des voûtes
en général, il reste à fixer les proportions de leurs parties latérales et infé-
rieures, comprenant les piles, pieds-droits et culées, et c'est ce qui fait le
sujet du chap. III du Mémoire, où le module relatif à la limite des charges
permanentes, continue à servir de base à la recherche des dimensions dans
chaque cas. Les formules auxquelles l'auteur est parvenu pour calculer les
épaisseurs aux différents points de la hauteur des piles de maçonneries, sur-
chargées au sommet, et dont la forme rigoureuse est, comme on sait (i), celle
de la logarithmique dans l'hypothèse où la pression est uniformément ré-
partie sur la surface horizontale de chaque assise; ces formules, quoique
analogues à' ce qu'on connaissait déjà, sont ici complétées et présentées d'une
manière analytique et précise. Celles qui concernent la forme extérieure des
culées et surcharges latérales, que l'auteur continue à appeler extrados, et
qu'il traite, en conséquence, par des procédés entièrement semblables à
ceux de la voûte proprement dite, ces formules mettent en état de fixer les
proportions des différentes parties par la considération de la courbe des cen-
tres de pression, qui, ici, offre un caractère particulier de simplicité, et per-
met de régler facilement les épaisseurs des pieds-droits et culées, de manière
;'i satisfaire à la condition de stabilité relative à la limite des charges
permanentes.
» Ces différentes déterminations offrent d'ailleurs le précieux avantage de
ne rien laisser de vague ni d'arbitraire dans l'esprit de l'ingénieur chargé
de l'exécution d'un projet de pont; mais il eût été désirable que l'auteur
donnât un peu plus d'attention à celles qui concernent les cas de glisse-
ment, puisqu'ils peuvent conduire à modifier la forme extérieure des sur-
charges et des culées.
» Enfin, les formules que M. Carvallo a établies aux dernières pages de
ce chapitre, et qui ont pour objet l'équilibre des piles ou supports isolés,
destinés à servir de butée commune à deux voûtes d'inégales dimensions et
poussées, offrent aussi un caractère d'utilité qui peut avoir son importance
dans quelques cas de pratique. Remarquons toutefois, que l'auteur ne s'est
plus astreint, ici, à faire passer le point d'application de la résultante des
pressions sur la base des piles, au tiers même de l'épaisseur de cette
base, etc. ; car le nombre des équations de condition en serait devenu supé-
(i) Introduction à la Mécanique industrielle ; p. 368, art. 3o4.
( 6/45 )
rieur à celui des données ou arbitraires; il s'est contenté de s'assurer, d'a-
près les hypothèses admises par MM. Navier et Bélanger, sur la loi de com-
pressihilité des solides, que l'étendue de la surface d'appui est, dans chaque
cas, suffisante pour éviter l'écrasement des maçonneries.
» Le chapitre IV est destiné à l'application des formules générales des
chapitres I et II, aux voûtes en plein cintre, en arcs de cercle, en anse
de panier, en ellipse et en ogive ou tiers-points, surmontées de tympans
limités à un plan supérieur horizontal, ce qui se rapporte plus particulière-
ment au cas des ponts. Toutes ces formules ou équations sont des fonc-
tions explicites et trigonométriques d'un certain angle a, servant à fixer
la position des joints normaux à l'extrados, ici choisi pour variable in-
dépendante au lieu de l'abscisse x de cette courbe; de sorte qu'il ne reste
plus qu'à substituer les valeurs de a, relatives aux différents points, pour
obtenir les valeurs correspondantes des ordonnées de la courbe des pressions
et des divers autres éléments qui lui appartiennent, lorsqu'on a une fois
déterminé les constantes qui y entrent ; je veux dire la valeur de la pous-
sée horizontale et celle qui fixe la position de son point d'application sur
le joint vertical du sommet.
» Ces mêmes équations, conservant, à l'ordinaire, une forme transcen-
dante, ne peuvent être résolues que par la voie des tâtonnements géométri-
ques ou numériques, et c'est celle que M. Carvallo adopte dans le chap. V
de son Mémoire, où il s'est principalement proposé la formation de Tables
destinées à résoudre les diverses questions relatives aux voûtes, à surcharge
horizontale, indiquées ci-dessus, et dont il fait dépendre le calcul de celui
d'une fonction trigonométrique auxiliaire d'autant plus remarquable que,
lestant la même pour toutes ces voûtes, il a suffi d'établir des Tables numé-
riques pour le seul cas de l'intrados circulaire ou en plein cintre, dont le
quadrant a été divisé en dix parties égales ; ce qui a suffi aussi pour fixer
approximativement, par autant d'ordonnées, la forme de la courbe des
pressions, la position du joint de rupture, etc., au moyen d'un tâtonnement
rapide où l'on met à profit la formule pratique de Perronet, donnant les
épaisseurs à la clef, ainsi que les indications déjà fournies par l'expérience
ou les calculs d'autres ingénieurs. M. Carvallo, qui abandonne momenta-
nément, mais pour y revenir plus tard, la condition de la limite de résis-
tance des matériaux, détermine une première valeur de la poussée à la clef,
en choisissant son point d'application d'après les indications fournies par
l'habitude acquise dans la solution de ce genre de problème. Il se sert,
à cet effet, d'une méthode d'approximation fort simple, et qui dispense de
C. R. !»52, 2">« Semestre | T XXXV, N" 18 ) 85
( 646 )
recourir au calcul de la fonction auxiliaire déjà mentionnée, pour des va-
leurs non insérées dans la Table. De là, ensuite, il conclut la valeur de la
charge maximum correspondante à la clef ou au joint de rupture des
reins; ce qui le met en mesure de recommencer l'opération quand le résul-
tat obtenu dépasse la limite de résistance relative à l'espèce de matériaux
dont l'ingénieur peut disposer dans chaque cas. Mais la nature des hypo-
thèses dont on part, et qui sont fondées sur des données pratiques anté-
rieurement acquises, force rarement à reprendre ainsi les premiers calculs;
tout au plus, est-on conduit à déterminer la poussée et l'épaisseur au
sommet par de simples interpolations.
» Telle est aussi la méthode qui a été suivie par M. Carvallo, pour cal-
culer les éléments de vingt-huit voûtes en plein cintre dont les rayons sont
de f , 2, 3, 4, 5, 6, 8, io, i5, 20, 2.5, 3o, 35 et 40 mètres, et les épaisseurs
de maçonnerie au-dessus de l'intrados de la clef, de 4 et 12 mètres; épais-
seurs dont la première sera peut-être considérée comme un peu forte pour
servir de limite inférieure aux surcharges. Grâce à la régularité des varia-
tions subies par les divers éléments de ces voûtes, l'auteur a pu en déduire
ceux des voûtes intermédiaires, par des séries de courbes d'interpolation
assujetties à la continuité, et dans lesquelles les rayons variables d'intrados
ont été pris constamment pour abscisses. M. Carvallo montre ensuite, par
des considérations ingénieuses, comment les Tables, ainsi établies pour le
plein cintre, peuvent s'appliquer au cas des voûtes en arc de cercle, en
ellipse, etc., ainsi qu'à des voûtes semblables à celles qui auraient déjà été
calculées. Ajoutons que, dans les déterminations relatives à la poussée et au
joint de rupture, il a constamment restitué à ce joint, sa véritable direc-
tion, sans supposer que la courbe des pressions y soit nécessairement tan-
gente à l'intrados, et d'après la seule condition relative à la limite supé-
rieure de la poussée; c'est-à-dire sans retomber dans l'hypothèse de l'é-
quilibre strict, qui ne peut s'appliquer au cas de stabilité.
» Le chapitre VI, qui termine le Mémoire dont nous avions à rendre
compte à l'Académie, contient l'application des formules et des Tables nu-
mériques à cinq des nombreuses voûtes projetées, par M. Carvallo, pour le
chemin de fer de Chàteauroux à Limoges, et parmi lesquelles les plus im-
portantes, quant aux dimensions, se rapportent au viaduc de la Cou/.anne,
élevé de 38m au-dessus du sol, ayant treize arches de i6m d'ouverture, et
au viaduc de la Creuze, élevé de 19"1, avec trois arches de 20m d'ouver-
ture; arches dans lesquelles ce savant ingénieur a cherché à satisfaire à
la condition relative au minimum de déformation dont il a été parlé à
l'occasion du chapitre Ier. Le viaduc, en arc de cercle, de la route de Saint-
(647)
Gaultier, établi d'après les mêmes conditions et construit principalement
en moellons smillés, avec i mètre de flèche seulement et 8 mètres d'ouver-
ture, est surtout remarquable par les vérifications précises auxquelles l'au-
teur l'a soumis, avant et après le décintrement de la voûte; ces vérifications
n'ayant donné que om,oo 1 5 d'abaissement au sommet, et om,ooo5 de relève-
ment au droit des reins. Quel que soit d'ailleurs l'intérêt qui s'attache à de
semblables résultats, et bien qu'ils se reproduisent à l'égard des autres
ponts construits, par l'auteur, sur la même ligne de chemin de fer, ils n'en
laissent pas moins à regretter que cet ingénieur n'ait point songé à faire l'ap-
plication de ses Tables et formules, à un certain nombre de ponts existants
parmi les plus hardis, afin d'y découvrir les limites de pressions auxquelles
ils se trouvent soumis, et de reconnaître, par une comparaison à poste-
riori, toujours utile, si les résultats qui se déduisent des nouvelles formules
offrent les garanties désirables d'économie, de solidité ou de durée.
» En résumé, le Mémoire de M. Carvallo est une œuvre considérable
et par les applications, les tableaux numériques qu'il renferme, et par la
nouveauté de plusieurs théorèmes ou solutions, enfin par l'esprit dans lequel
les méthodes analytiques d'approximation et les calculs ont été conduits, en
vue d'atteindiv le but, essentiellement utile et pratique, qu'on s'y est im-
posé. Nous pensons, en conséquence, que ce Mémoire mérite l'approba-
tion de l'Académie, et nous en aurions réclamé l'insertion dans le Recueil
des Savants étrangers, si l'auteur ne se proposait d'en faire l'objet d'une
publication particulière, à l'usage des ingénieurs. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
MÉMOIRES LUS.
physique. — Observations relatives aux propriétés électrochimiques de
l'hydrogène; par M. Edmond Becquerel. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Pouillet, Regnault, Despretz.)
« Le travail que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, et dont je vais
lire un extrait, est relatif aux propriétés électrochimiques du gaz hydrogène.
» On sait que, lorsque deux lames de platine ont été mises en contact
préalablement, l'une avec du gaz hydrogène, l'autre avec du gaz oxygène,
et qu'elles sont plongées dans l'eau acidulée par l'acide sulfurique, elles
constituent momentanément un couple voltaïque; la lame recouverte d'hy-
drogène se comporte comme le côté zinc d'un couple ordinaire. En dis-
posant sur le liquide conducteur deux éprouvettes à moitié remplies, l'une
85..
( 648 )
d'hydrogène, l'autre d'oxygène, et plongeant les lames de platine en partie
dans le liquide et en partie dans un des gaz, le couple fournit alors de l'élec-
tricité jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de gaz dans les éprouvettes. En réunis-
sant plusieurs couples, on forme ce que l'on a nommé une pile à gaz. On
doit remarquer que, dans cette pile, lorsque le circuit est fermé, les ^az
contenus dans les éprouvettes de chaque couple diminuent de volume, l'I ty-
drogène deux fois plus rapidement que l'oxygène, de sorte que la recom-
position de l'eau s'opère dans chaque élément.
» Je rappellerai d'abord que mon père a étudié le premier les propriétés
des lames recouvertes de gaz par suite de la polarisation ; ensuite plusieurs
physiciens se sont occupés des couples à gaz, et particulièrement MM. Mat-
teucci, Grove, Schœnbein, Faraday, de la Rive, Beetz, etc. Au commen-
cement du travail que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, j'ai indi-
qué les principaux résultats auxquels ces physiciens ont été conduits. Leurs
travaux ont montré que la cause probable du dégagement de l'électricité
est la combinaison de l'oxygène dissous dans le liquide, avec l'hydrogène
adhérent au platine, par l'intermédiaire de ce métal ; l'oxygène adhérent à
la seconde lame s'oppose donc seulement à la polarisation qui serait pro-
duite par le transport, sur cette lame, de l'hydrogène provenant de la dé-
composition du liquide conducteur. Ainsi, le platine, comme d'autres corps
solides employés dans quelques circonstances à la place de ce métal, n'est
que l'intermédiaire qui détermine la combinaison des gaz et permet la cir-
culation de l'électricité.
» J'ai pensé, d'après cela, que la nature du liquide conducteur devait
avoir une influence sur le développement de l'électricité ; les résultats nou-
veaux qui se trouvent rapportés dans la deuxième et la troisième partie de
mon Mémoire ont confirmé l'exactitude de cette assertion.
» L'expérience sur laquelle on peut se fonder pour mettre le fait en évi-
dence est la suivante : Si l'on place une éprouvette d'un très petit diamètre,
remplie de gaz hydrogène, dans un vase contenant une dissolution assez
concentrée de chlorure d'or, au bout de quelques jours, la température
n'ayant pas sensiblement varié, le niveau du chlorure d'or à l'intérieur du
tube sera peu différent de ce qu'il était précédemment ; en introduisant
alors un fil de platine dans l'éprouvette, de manière à ce que ce fil se trouve
en partie dans le gaz hydrogène et en partie plongé par son autre extré-
mité dans le chlorure d'or, on voit le gaz diminuer lentement de volume,
et même, au bout d'un certain temps, disparaître complètement, lorsque le
fil de platine monte en haut de l'éprouvette. Mais, en même temps que le
gaz hydrogène disparaît, l'or se précipite à l'état métallique sur la portion
( 649 ')
du fil de pJatine plongeant dans le chlorure. Il est à remarquer que le
liquide ne contient pas de platine en dissolution; ainsi, le platine n'est pas
attaqué par le chlorure d'or neutre, du moins autant que les procédés d'a-
nalyse permettent de s'en assurer. En outre, l'air extérieur n'intervient pas
dans la manifestation du phénomène, puisque ce dernier se produit égale-
ment dans des tubes fermés.
» Du reste, pour que l'on puisse juger des différents résultats obtenus, il
me suffira de rapporter ici les conclusions de mon Mémoire :
» i°. Un fil de platine qui ne réduit pas une dissolution neutre de
chlorure d'or, peut acquérir cette propriété lorsque la solution se trouve
en contact avec le gaz hydrogène, et que le fil est plongé en partie dans le
gaz et en partie dans le chlorure; l'or se précipite à l'état métallique sur la
portion du fil de platine plongeant dans le liquide , et le gaz est absorbé à
mesure que le dépôt s'opère.
» 20. Cette action se manifeste dans des tubes fermés et soustraits à l'ac-
tion de l'air atmosphérique. Comme le liquide, après la réaction, ne ren-
ferme pas de platine en dissolution, il en résulte que ce métal ne subit
aucune altération, qu'il ne sert que de conducteur, et qu'il agit seulement
par sa présence.
» Ces recherches me paraissent démontrer que dans cette circonstance
il se produit entre un liquide et un gaz ( le chlorure d'or et l'hydrogène ),
sous l'influence du platine, une action du même genre qu'entre l'hydro-
gène et l'oxygène en présence de ce métal.
» 3°. Un fil ou une lame d'or dans les mêmes conditions, ne donne lieu
à aucun effet appréciable.
» 4°- On peut former un couple voltaïque avec un seul liquide (la solu-
tion déjà citée), deux lames de platine et un seul gaz (le gaz hydrogène),
mais ce dernier étant en contact avec une des lames et avec le liquide. En
réunissant plusieurs couples, on a donc une pile à gaz composée d'un seul
gaz, d'un métal et d'un liquide. Jusqu'ici on avait reconnu qu'avec le pla-
tine et l'eau acidulée, deux gaz, l'oxygène et l'hydrogène, étaient néces-
saires pour obtenir ce résultat. Seulement, les éléments de pile formés avec
le chlorure d'or ont une intensité d'action plus faible que les couples à gaz
ordinaires.
» 5°. La dissolution de chlorure d'or chimiquement pure peut donc être
considérée, en définitive, comme remplaçant l'eau acidulée et l'oxygène
dans la pile à gaz. On ne doit pas confondre les effets remarquables qui se
manifestent dans cette circonstance, avec ceux auxquels donneraient lieu
certaines dissolutions gazeuses ou des liquides (tels que l'acide azotique)
("65o )
absorbant l'hydrogène à la température ordinaire et sans l'intervention du
platine; les détails dans lesquels je suis entré précédemment me dispensent
d'insister sur ce sujet.
» Les essais tentés jusqu'ici en faisant usage d'autres dissolutions, ne m'ont
pas donné d'effets suffisamment nets. J'aurai l'honneur de présenter à l'Aca-
démie les résultats auxquels je serai conduit en continuant ces recherches »
physiologie végétale. — Recherches expérimentales sur la végétation
(Troisième partie). Influence de l'ammoniaque, ajoutée à l'air, sur le
développement des plantes; par M. Ville. (Extrait.)
(Commissaires précédemment nommés: MM. Chevreul, de Jussieu, Payen,
Boussingault, Regnault.)
« I. Si on ajoute de l'ammoniaque à l'air, la végétation prend une activité
remarquable; à la dose de 4 décimillièmes, l'influence de ce gaz se fait sentir
au bout de huit à dix jours, et, à partir de ce moment, elle se manifeste avec
une intensité toujours croissante.
» Les feuilles, qui à l'origine étaient d'un vert pâle, prennent une colo-
ration de plus en plus foncée; il vient un moment où elles sont presque
noires. Leurs pétioles sont longs et redressés, et leur surface large et brillante.
» Enfin, lorsque la végétation est arrivée à son terme, on trouve que la
récolte l'emporte beaucoup sur celle des mêmes plantes qui sont venues
dans l'air pur; on trouve de plus qu'à égalité de poids, elles contiennent
à peu près le double d'azote.
» Ainsi, l'ammoniaque ajoutée à l'air produit deux effets sur la végétation :
1 ° elle favorise l'accroissement des plantes ; o.° elle rend leurs produits plus
azotés.
» En i85o, les récoltes obtenues dans l'air pur se sont élevées à 64gr,i9
(desséchéesà 120 degrés), et cellesobtenuesdansl'air ammoniacal à 1 iogr,o6.
Les premières contenaient isr,a66 d'azote, et les secondes 4gr,3i3.
» En i85i, les récoltes obtenues dans l'air pur se sont élevées à 68^,72;
elles contenaient ogr,494 d'azote. Dans l'air ammoniacal, les mêmes récoltes
se sont élevées à i35gr,20, et elles contenaient .igr,5oi d'azote.
» En 1802, trente grains de blé ont produit dans l'air pur iigr,86 de
paille, et quarante-sept grains qui pesaient igr,o6. Dans l'air ammoniacal,
le même nombre de grains ont produit si^go, de paille et soixante-quinze
grains qui pesaient igr,89-
» La paille venue dans l'air pur contenait ogr,o43 d'azote, et celle venue
dans l'air ammoniacal ogr, tG5.
; mt )
» Les grains obtenus dans l'air pur contenaient ogr,oaa d'azote, et ceux
obtenus dans l'air ammoniacal ogr,o65.
» II. A côté de ces effets généraux, que produit l'ammoniaque, il en est
d'autres, qui sont plus variables, qui dépendent de conditions particulières,
mais qui sont également dignes d'intérêt.
» En effet, au moyen de l'ammoniaque, on peut, non-seidement activer
la végétation, mais encore en modifier le cours, ralentir l'exercice de cer-
taines fonctions, et exagérer outre mesure le développement ou la multipli-
cation de certains organes.
» Si l'emploi de ce gaz est mal dirigé, il peut occasionner des accidents.
Ceux qui se sont produits dans le cours de mes expériences, me semblent
jeter un jour inattendu sur le mécanisme de la nutrition des plantes ; ils m'ont
appris du moins au prix de quels soins, l'ammoniaque peut devenir l'auxi-
liaire de la végétation. Il est bien entendu qu'il ne peut être question ici
que de la végétation dans les serres. Je dirai plus tard quelle extension son
emploi est susceptible de recevoir.
» III. Si on soumet les plantes à l'action de l'ammoniaque, lorsqu'un
intervalle de plusieurs mois les sépare encore de la floraison, la végétation
ne présente rien de particulier. Elle est plus active que dans l'air pur, mais
il ne se produit aucun trouble dans la succession des phases qu'elle doit
traverser. Il arrive même souvent que les plantes cultivées dans l'air pur
ne fleurissent pas, et que celles venues dans l'air ammoniacal donnent des
fruits complets. Mais si on change les conditions de l'expérience; si on attend
qu'une plante soit sur le point de fleurir pour la soumettre à l'action de
l'ammoniaque, les phénomènes changent complètement. Dans ces nouvelles
conditions, la floraison s'arrête ; la végétation prend un nouvel essor. On
dirait que la plante repasse par la phase qu'elle vient de traverser; la tige
s'élance et se ramifie dans tous les sens; elle se couvre de feuilles innombra-
bles, puis, si la saison n'est pas trop avancée, la floraison, un moment sus-
pendue, s'opère encore, mais toutes les fleurs sont stériles.
» Si on fait l'expérience sur une céréale, dont la tige fistuleuse s'oppose
à la production de nouveaux rameaux, l'allure du phénomène est modifiée.
L'accroissement de la tige, qui est couronnée de son épi s'arrête, et, du
collet de la racine, il part de véritables touffes de chaume qui ont bientôt
dépassé la tige mère. Dans ce cas encore, la plante ne donne pas de fruit.
» IV. Tous ces phénomènes rentrent complètement dans les lois les plus
générales de la physiologie. En effet, tous les êtres organisés sont soumis à
une loi de compensation, qui maintient l'harmonie entre les fonctions
et règle le développement des organes. Toutes les fois qu'un organe prend
( 65a )
un développement exagéré, c'est aux dépens d'un autre organe, et toutes
les fois qu'une fonction s'exerce avec trop d'activité, c'est aux dépens d'une
autre fonction. Si les organes de la végétation, c'est-à-dire la tige, les bran-
ches et les feuilles, se développent au delà d'une certaine mesure, c'est aux
dépens des organes de la reproduction. Les fleurs sont stériles, et la plante
ne donne pas de fruit.
» Dans l'expérience qui précède, la plante, parvenue au moment de la
floraison, a été soumise à l'action des vapeurs ammoniacales. Leur influence
a déterminé la formation d'un certain nombre de feuilles. Cette brusque
formation de nouveaux organes foliacés, a détruit l'équilibre entre les fonc-
tions de la végétation et celles de la reproduction, et fait prédominer les
premières sur les secondes.
» V. L'action de l'ammoniaque ne s'exerce pas avec la même activité pen-
dant toutes les périodes de la vie des plantes. Les effets sont plus marqués
depuis la germination jusqu'à la floraison, que depuis cette dernière pé-
riode jusqu'à la maturation des fruits. Cette différence est facile à com-
prendre.
» Jusqu'au moment de la floraison, toute l'activité de la plante réside
dans les organes foliacés. Si une influence favorable se produit, elle déter-
mine la formation d'un plus grand nombre de feuilles, lesquelles, étant des
organes d'absorption, ajoutent leur effet à la cause qui les a fait naître.
» A partir de la floraison, au contraire, toute l'activité de la plante se
tourne du côté des organes de la reproduction. Une partie des feuilles se
flétrissent et tombent. Celles qui persistent sont loin d'avoir les mêmes
dimensions que les premières. Il en résulte que la surface d'absorption a
diminué.
» D'un autre côté, à partir de la floraison, la plante approche de la limite
extrême du développement qu'elle doit acquérir. Par ces deux considéra-
tions, on se rend facilement compte des effets moins marqués que l'am-
moniaque produit pendant la seconde période de la vie des plantes.
» VI. L'emploi de l'ammoniaque ne peut manquer de se répandre dans les
serres. Les résultats que j'ai obtenus, dans ces nouvelles conditions, sont si
saillants, qu'on peut considérer la question pratique comme définitivement
résolue. A la dose de ogr,025 par mètre cube d'air (ce qui fait ogr,oooig,
la moitié de ce que j'employais dans mes expériences), j'ai imprimé une acti-
vité extraordinaire à la végétation d'une serre d'Orchidées. < )n trouvera dans
mon Mémoire tous les détails de cette application.
» VII. Pendant les fortes chaleurs de l'été, l'ammoniaque peut occasionner
des accidents; on fera bien d'en suspendre l'usage pendant les mois de
( (353 )
juin, juillet et août. Ceux que j'ai observés se sont toujours produits dans
les mêmes conditions, et avec des caractères dont la constance dénote un
phénomène bien déterminé. Ils se déclarent de préférence sur les plantes
dont la végétation est avancée. Les feuilles jaunissent, se crispent et se dessè-
chent, bien que l'atmosphère soit saturée d'humidité; le mal s'étend à un
certain nombre de feuilles du sommet, et la plante succombe.
» Cet effet est le résultat d'un défaut d'équilibre, survenu tout à coup
entre la quantité des éléments absorbés par les feuilles et les racines. Je
m'explique :
» D'une manière générale, les racines sont destinées a pourvoir les plantes
de substances minérales. Si l'absorption de ces substances va au delà d'une
certaine limite, les plantes ne peuvent utiliser tout ce qu'elles reçoivent, et
il se forme des efflorescences salines à la surface des feuilles. Si, après une
forte pluie, le temps se remet au sec, on observe de fréquents exemples de
ces sortes d'efflorescences, sur les larges feuilles des Cucurbitacées.
» Lorsque, par un concours de circonstances différentes, l'activité des
feuilles l'emporte sur celle des racines, l'absorption des éléments organiques
devient prédominante. A défaut d'une quantité suffisante de matière miné-
rale, ces éléments ne peuvent recevoir leur emploi. Alors, il se passe un
phénomène remarquable : ce que les racines n'ont pu amener à la plante,
la plante le puise en elle-même; il y a résorption de la substance d'un
certain nombre de feuilles.
» Dans la nature on observe souvent des exemples de ces sortes de
résorptions des organes les plus anciens, au profit d'organes de formation
plus récente.
» Si l'on arrache un pied de Pourpier, lorsqu'il est en fleurs, et si on le
met à l'ombre, sur une feuille de papier, la végétation continue, la graine
se forme et mûrit. Or, dans ce cas particulier, les substances minérales con-
tenues dans la graine ne peuvent pas venir du sol, il faut donc qu'elles
viennent des tissus mêmes de la plante. Lçs accidents que je signale pré-
sentent un phénomène du même ordre.
» VIII. De tous ces faits, je tirerai les conclusions suivantes, comme je
l'ai dit en commençant :
» i°. A la close de 4 décimillièmes , l'ammoniaque ajoutée à l'air imprime
à la végétation une activité remarquable.
» i°. Les récoltes obtenues dans ces conditions, à égalité de poids, con-
tiennent beaucoup plus d'azote que celles des mêmes plantes, venues dans
l'air pur.
C. B. , i85a, a">e Semestre. (T. XXXV, N° 13.) 86
( 654)
» A ces conclusions, j'ajouterai qu'il y a des époques d'élection pour
l'emploi de l'ammoniaque, pendant lesquelles l'influence de ce gaz se tra-
duit par des effets différents, et de là deux nouvelles conséquences :
» r°. Si on commence l'emploi de l'ammoniaque deux ou trois mois avant
la floraison des plantes, la végétation suit son cours ordinaire, et il ne se
produit aucun trouble dans la succession des phases quelle doit traverser.
» a0. Si on commence l'emploi de ce gaz au moment de la floraison, cette
fonction s'arrête ou se ralentit. La plante se couvre de feuilles, et la plante
ne donne pas de fruits. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ORGANOGRAPHIE végétale. — ' Etudes anatomiques et organogéniques sur
la Victoria regia, et structure comparée du Nelumbium, du Nuphar et de
la Victoria; par M. Aug. Tréccl. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. de Jussieu, Brongniart, Decaisne.)
« Les Njmphéacées ont d'abord été classées parmi les monocotylédones;
elles le furent plus tard parmi les dicotylédones, quand M. de Mirbel eut
fait connaître que leur embryon est réellement dicotylédoné. En i845, je le
constatai de mon côté, et je démontrai que le rhizome possède en même
temps la structure propre aux monocotylédones. En i85i, M. Planchon
reconnut la même structure chez la Victoria, mais il prétendit que son em-
bryon n'a réellement qu'un seul cotylédon bilobé. La même année, je dus
à l'obligeance de sir W. Hooker de commencer l'étude de cette plante, et je
vis que son embryon ne diffère en rien de celui du Nuphar. Il est ovoïde, à
deux cotylédons parfaits, charnus, qui enserrent la gemmule; celle-ci est
épaisse, un peu comprimée, divisée en deux parties : l'une, plus grosse, est
la première feuille ; l'autre, plus petite, insérée sur le côté de la précédente,
est la seconde feuille primordiale. La radicule est à peine sensible.
» Les phénomènes de la germination sont les mêmes que dans le Nu-
phar : le testa se gonfle, s'ouvre par un opercule qui laisse passer la radicule
et la gemmule; les cotylédons restent engagés dans les enveloppes de la
graine. Des racines adventives naissent bientôt au-dessous de la seconde
feuille et de celles qui se développent ensuite. Celles-ci sont protégées dans
leur jeunesse par une stipule embrassante.
» Toutes les feuilles de la jeune plante n'ont point la même forme : la
première est dépourvue de limbe; elle consiste dans le pétiole et la nervure
médiane; la seconde est lancéolée, rose; la troisième hastée, rose aussi; la
quatrième est verte, peltée, sagittée et revêtue d'aiguillons à la face infé-
rieure et sur son pétiole. Les autres affectent la forme circulaire.
( 655 )
» J'ai signalé dans le Nuphar des papilles qui existent, pendant la germi-
nation, sur un renflement de l'axe, à la base des cotylédons. Elles sont beau-
coup plus prononcées encore sur la Victoria. Ces organes paraissent des-
tinés à nourrir la plante pendant le développement de la radicule.
» La structure de la jeune Victoria est semblable à celle du Nuphar. En
effet, la radicule et la tigelle n'ont qu'un seul faisceau central, d'où partent
de la base de celle-ci deux, filets vasculaires qui vont dans les cotylédons.
Au sommet de la tigelle, le nombre des vaisseaux augmente; son faisceau
unique se divise pour envoyer des vaisseaux dans les feuilles primordiales
et dans le bourgeon terminal. On distingue au-dessous de celui-ci des vais-
seaux qui se dirigent vers des feuilles rudimentaires, dons ils n'atteignent
pas encore la base, et dont ils ne peuvent descendre par conséquent. Des
vaisseaux se séparent aussi du faisceau central de la tigelle pour se prolon-
ger dans les premières racines adventives. Ils remontent obliquement dans
l'axe, puis se recourbent pour pénétrer dans les racines. Ils ne descendent
donc pas des feuilles, puisqu'ils remontent dans l'axe comme les vaisseaux
des feuilles eux-mêmes.
» Un autre trait de ressemblance entre la Victoria et le Nuphar est offert
par la disparition des vaisseaux dans les pétioles et les pédoncules. Leurs
vaisseaux, composés de tracbées, s'étendent parla dilatation de' la spiricule,
qui bientôt se rompt; chaque fragment se soude à ses deux extrémités en
deux anneaux unis par un filet. Celui-ci étant résorbé, les anneaux sont
isolés et forment des séries régulières qui disparaissent par l'allongement du
pétiole. La suppression totale des vaisseaux du pétiole et du pédoncule est
très-instructive. Elle démontre que ces organes ne sont pas indispensables à
la circulation des sucs.
» Ces études sur la Victoria et des observations sur le Nelumbiwn m'ont
permis de reconnaître les premières phases de l'évolution des feuilles pel-
tées. J'ai pu voir que ce n'est point le limbe qui naît le premier, comme on
le croit généralement; mais le pétiole et la nervure médiane, sur les côtés
de laquelle paraissent deux bourrelets bientôt unis par la base, et qui s'en-
roulent sur eux-mêmes chacun de son côté.
» Des mesures multipliées m'ont prouvé aussi que les pétioles s'allongent
suivant la même loi que les rameaux et les tiges. La base a cessé de croître
quand le haut s'allonge encore, et cette extension est d'autant plus considé-
rable qu'on l'observe plus près du sommet.
» Après que le limbe s'est déroulé, il est soumis à une loi différente. J'ai
trouvé que sa dilatation est à peu près égale dans toute son étendue à la fois.
86..
. ( 656 )
Divisé dans tous les sens en parties égales, toutes les divisions ont augmente
de la même quantité, au centre et à la circonférence. Quand la feuille avait
une végétation très-vigoureuse, j'ai remarqué quelquefois une légère aug-
mentation dans la proportion, près delà circonférence.
» De même que dans le Nuphar, l'épiderme du limbe des feuilles n'a
qu'une seule couche de "cellules; les stomates sont à la face supérieure; sur
la face inférieure sont aussi les petites cellules arrondies, sur lesquelles
étaient insérés des poils dans le jeune âge de la feuille.
» La face inférieure du limbe est parcourue par des côtes puissantes et
garnie de nombreux aiguillons. Les plus volumineux de ceux-ci sont insé-
rés à la jonction des plus fortes côtes. Leur structure mérite une mention
toute spéciale. Suivant M. Planchon, le plus faible comme le plus fort con-
tient des vaisseaux. J'ai vu que les gros seuls en renferment. Je négligerais
cette petite inexactitude, si ce fait n'acquérait de l'importance par la pré-
sence d'un organe nouveau coexistant dans ces mêmes aiguillons princi-
paux. Il consiste en une petite cavité qui s'ouvre à l'extrémité de chacun
d'eux. Cette petite bouche communique avec le milieu ambiant par une
ouverture circulaire.
» Une autre particularité intéressante de la feuille de la Victoria, ce
sont de très-petites perforations qui la traversent de part en part, et que
M. Planchon a nommées stomatoles . Voici comment elles se développent :
vis-à-vis la tache qui la précède sur les deux épidermes, le parenchyme
intérieur est remplacé par un mucilage dans lequel nagent des granules;
plus tard, on aperçoit de très-petites cellules globuleuses.de volumes très-
divers, et contenant de la chlorophylle. Enfin, j'y ai souvent rencontré, vers
l'époque de la rupture des épidermes, un ou deux corps beaucoup plus
gros, globuleux ou un peu ovoïdes, incolores et composés de deux mem-
branes; l'intérieur renferme un liquide qui tient des granules en suspension.
Il n'y a donc point là une simple destruction du parenchyme, comme l'a
décrit M. Planchon.
» J'ai fait beaucoup d'autres observations sur la Victoria; elles rentrent
dans ce que j'ai dit du Nuphar, ou, se rapportant à l'accroissement des
plantes en général, elles ne sont point assez complètes pour que je les cite
ici. Parmi ces questions, dont je me propose de reprendre l'étude, je citerai
les vaisseaux laticifères qui me sont apparus comme de longs tubes à parois
minces qui se moulent ordinairement sur les cellules adjacentes. Je revien-
drai aussi, s'il m'est possible, sur quelques problèmes des plus importants
de l'accroissement des végétaux, qui me semblent pouvoir être résolus sur
cette plante plus facilement qu'ailleurs.
( 657 )
» Le Nelumbium diffère des Njmphéacées non-seulement par les carac-
tères de sa fleur, de son fruit et de sa graine, mais encore par sa germi-
nation, la structure de l'embryon, des rhizomes, des feuilles, etc.
» Pendant la germination, la radicule et la gemmule des Njmphéacées
sortent de la graine par le soulèvement d'un opercule au point qui corres-
pond au micropyle de l'ovule, à la radicule. Dans le Nelumbium, la radi-
cule (car il en existe une cachée sous un repli des cotylédons) ne sort pas
de la graine, dont les enveloppes et le péricarpe se fendent par l'extrémité
opposée à la radicule.
» La radicule et la tigelle des Njmphéacées que j'ai examinées, ne ren-
ferment qu'un seul faisceau central; celles du Nelumbium. en contiennent
plusieurs disposées autour d'un axe en quelque sorte médullaire. Il y a même
deux zones de faisceaux dans la tigelle de ce dernier végétal," l'une centrale,
l'autre périphérique. C'est de la zone centrale que partent les vaisseaux qui
se répandent aussi en cercle autour de l'axe des racines adventives.
» La multiplication des faisceaux du rhizome du Nelumbium est digne
de l'attention des botanistes. Je regrette que les limites imposées à cet extrait
ne me permettent pas de l'exposer ici.
» Le rhizome des Njmphéacées est continu, et les feuilles y sont insérées
suivant les.lois ordinaires de la phyllotaxie. Celui du Nelumbium est inter-
rompu ; ses entre-nœuds sont grêles et souvent très-longs dans la jeune
plante; plus courts, épais, féculents dans la plante adulte; ils sont séparés,
dans celle-ci, par des rétrécissements courts sur lesquels étaient insérées les
feuilles et les racines adventives.
» Dans les Njmphéacées, les vaisseaux disparaissent du pétiole et du
pédoncule ; dans le Nelumbium, ils persistent, et les faisceaux sont reliés
entre eux par un réseau vasculaire très-remarquable, correspondant aux
cloisons transversales par lesquelles sont divisées les lacunes qui parcou-
rent les pétioles et les pédoncules du sommet à la base.
» Je terminerai en disant que c'est une erreur d'admettre, comme on le
fait généralement, sur la foi de M. Delile, que les stomates sont réunis vers
le centre de la feuille du Nelumbium, car ils sont répandus sur toute la
surface de son limbe. »
organogénie végétale. — Organogénie de la famille des Loasées (Loasa,
Menzelia, Cajophora, Bartonia) et de la famille des Philadelphées (Phi-
ladelphus, Deutzia); par M. Payer. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. de Jussieu, Brongniart. )
v Loasées. — Inflorescence. Dans les Menzelia, chaque axe se termine
( 658 )
par une fleur. Les deux dernières feuilles que porte cet axe sont stériles et
enveloppent plus ou moins complètement le bouton. Toutes les autres sont
fertiles et produisent à leur aisselle autant de rameaux florifères. Dans les
Cajophom, il n'y a ordinairement que deux feuilles qui accompagnent la
fleur; l'une, la plus voisine du bouton, est stérile, l'autre donne naissance
à son aisselle à un rameau florifère qui continue la tige.
» Calice. Tontes les Loasées ont un calice de cinq sépales qui naissent et
se disposent en préfloraison quinconciale. Les nos i et 3 sont antérieurs, le
n° i postérieur, et les nos [\ et 5 latéraux. Libres dès l'origine, ces sépales
restent toujours distincts jusqu'à la base.
» Corolle. La corolle des Menzelia a cinq pétales alternes avec les sé-
pales et disposés en préfloraison contournée. Celle des Bartonia en a dix :
cinq alternes qui correspondent aux cinq pétales des Menzelia, et cinq op-
posés qui ne sont autre chose que cinq étamines transformées. Dans les
Cajophora , outre les cinq pétales, il y a également cinq groupes d'ap-
pendices pétaloïdes opposés aux sépales et qui ne sont que des stami-
nodes.
» Androcée. Le mode de développement de l'androcée est très-différent
selon les genres, et l'on peut partager les Loasées sous ce rapport en deux
sections qui ont pour types le Menzelia d'une part, le Cajophorade l'autre.
Dans les Menzelia, le réceptacle se creuse et prend la forme d'un enton-
noir sur les parois internes duquel naissent les étamines. Elles sont très-
nombreuses et apparaissent successivement du sommet à la base. On en voit
poindre d'abord cinq alternes avec les pétales, puis dix autres placées deux
par deux de chaque côté des premières et un peu plus bas, puis quinze, puis
vingt-cinq, etc., de façon que bientôt l'entonnoir floral en est comme ta-
pissé; celles qui sont sur les bords de cet entonnoir étant déjà très-avan-
cées lorsque celles qui sont au fond sont à peine visibles. Dans les Bartonia,
les choses se passent comme dans les Menzelia, à cette seule différence près,
que les cinq premières étamines alternes avec les pétales perdent prompte-
ment leur caractère staminal et se métamorphosent en pétales. Dans les
Cajophora, le développement de l'androcée a lieu tout autrement. Le récep-
tacle, au lieu de se creuser en entonnoir, al'aspectd'un monticule au sommet
duquel se trouve un cratère. Cinq sillons opposés aux pétales et allant du
sommet à la base de ce monticule divisent sa surface en cinq parties alternes
avec ces pétales. Ces cinq parties prennent bientôt la forme d'un fer à che-
val dont la courbure est en haut et les branches en bas. C'est sur ce fer à
cheval que naissent les staminodes et les étamines, en commençant par la
courbure et en descendant ensuite le long des branches. Ainsi, on voit
(65g )
poindre d'abord sur cette courbure deux petits mamelons, rudiments des
deux staminodes internes, qui s'allongent ultérieurement en longs stylets.
Les trois autres staminodes externes se montrent ensuite, le médian en pre-
mier lieu dans, l'espace compris entre les deux branches du fer à cheval, les
deux autres sur ces deux branches elles-mêmes. Les deux staminodes in-
ternes restent toujours complètement libres; seulement, peu de temps avant
l'épanouissement de la fleur, il croît à leur base du côté extérieur une sorte
d'éperon. Les trois extérieurs, au contraire, sont promptement soudés et
réunis par une membrane commune et offrent l'aspect d'une écaille tri-
dentée. Quant aux étamine*s, elles naissent sur les branches du fer à cheval
au-dessous des staminodes et de haut en bas, c'est-à-dire que les plus âgées
sont les plus rapprochées de la courbure ; comme les cinq fers à cheval sont
contigus, leurs branches se touchent deux à deux. Pendant longtemps, on
distingue très-nettement les étamines qui appartiennent à chacune des deux
branches voisines; mais, lorsquelles sont très-développées, cette distinction
n'est plus possible, et l'on a alors cinq groupes d'étamines opposées aux pé-
tales et cinq groupes de staminodes alternes. Les étamines des Cajophora
naissent donc par groupes opposés aux sépales; mais dans chacun de ces
groupes, un certain nombre se transforment en staminodes. C'est quel-
que chose d'analogue à ce que j'ai déjà indiqué dans quelques espèces de
Tilleul.
» Gjnécée. Au fond de l'entonnoir floral des Menzelia et des Bartonia,
comme au fond du cratère réceptaculaire des Cajophora et des Loasa, une
nouvelle cavité se forme. Plus étroite que la première, elle laisse une mar-
gelle sur laquelle trois bourrelets semi-lunaires se montrent. Ces trois bour-
relets sont les rudiments du style, et la cavité qu'ils limitent, le rudiment de
l'ovaire. Cette cavité devient très-profonde; sur ses parois apparaissent trois
cordons blanchâtres, qui s'étendent d'un bout à l'autre, et qui sont les pla- .
centas. Ces trois cordons, alternes avec les bourrelets semi-lunaires, grossis-
sent ; un sillon longitudinal les divise chacun en deux branches, et les ovules
naissent à leur surface. Dans les Bartonia, il n'y a qu'une seule série d'ovu-
les sur chaque branche placentaire, et les ovules se développent de haut en
bas. Dans les Cajophora, il y a plusieurs séries d'ovules sur chaque branche-
placentaire, et les ovules naissent d'abord à mi-hauteur, en sorte qu'aux
deux extrémités des placentas ils sont beaucoup plus jeunes que vers le
milieu. Dans les Cajophora comme dans les Bartonia, les ovules n'ont
qu'une seule enveloppe et sont anatropes.
» Pendant que la cavité se creuse davantage et que les placentas se mon-
trent sur les parois, les trois petits bourrelets semi-lunaires grandissait et
( 66o )
sont soulevés par une membrane commune qui forme le style. Mais, par un
phénomène qu'on rencontre dans d'autres plantes, les placentas font saillie
au dehors.de la cavité; ils dépassent en hauteur le milieu des bourrelets
semi-lunaires, et constituent trois stigmates placentaires.
» Philadelphées. — Inflorescence. Chaque fleur, dans les Philadel-
phus, est accompagnée de deux feuilles opposées fertiles, c'est-à-dire qu'à
l'aisselle de chacune de ces deux feuilles naît une autre fleur accompagnée
de même de deux nouvelles feuilles plus petites, mais également fertiles, el
cette trichotomie se continue pendant plusieurs générations successives.
C'est à peu près la même chose dans les Deutzia.
» Calice et corolle. Le calice des Philadelphus est de quatre sépales :
deux sont latéraux et deux sont, l'un antérieur et l'autre postérieur. Les
deux latéraux apparaissent après les autres. Dans les Deutzia, les sépales
sont au nombre de cinq et naissent en préfloraison quinconciale. Deux sont
antérieurs, ce sont les nos i et 3; deux latéraux, les n°* 4 et 5, et un posté-
rieur, le n° i. Du reste, dans les Philadelphus comme' dans les Deutzia, ces
sépales restent toujours libres et se disposent en préfloraison valvaire. La
corolle est de quatre pétales alternes dans les Philadelphus, de cinq dans
les Deutzia, et disposés en préfloraison contournée.
' » Androcée. Le mode de développement de l'androcée des Philadelphus
rappelle, à beaucoup d'égards, celui que j'ai décrit dans les Nitrariées. Ce
sont à l'origine quatre mamelons alternes avec les pétales; puis, à la place
de chacun d'eux, on en aperçoit bientôt trois autres, dont un, le médian,
est beaucoup plus développé que les latéraux. Plus tard, au lieu de trois,
on en observe cinq; plus tard encore, sept, neuf, etc., et au fur et à me-
sure que le nombre augmente dans chaque groupe, on remarque toujours
qu'ils vont en diminuant de grandeur en s'éloignant de plus en plus de
. chaque côté du mamelon médian. Comme toutes ces étamines sont sur un
t même verticille, tant qu'elles ne sont point entièrement développées, l'an-
drocée a l'aspect d'un cercle à quatre festons. Dans les Deutzia, il n'y a que
dix étamines, cinq alternes avec les pétales et qui apparaissent en premier
lieu, et cinq opposées qui ne se montrent qu'ensuite.
» Gynécée. Lorsque les étamines sont presque toutes nées dans les Phila-
delphus, le centre de la fleur se creuse en laissant une margelle sur laquelle
s'élèvent quatre petits mamelons, rudiments des stigmates. Ces quatre pe-
tits mamelons sont ensuite soulevés par une membrane commune qui
deviendra le style. D'un autre côté, la cavité centrale se creusant davantage,
on voit poindre sur ses parois quatre cordons blanchâtres qui s'étendent
d'un§ extrémité à l'autre, et qui alternent avec les élévations stigmatiques.
(66i )
Ces cordons blanchâtres sont les placentas; ils se gonflent, s'avancent vers
le centre de la cavité qui est l'ovaire, s'y rencontrent, s'y soudent, et par-
tagent cette cavité, d'abord unique, en quatre compartiments ou loges.
Quand cette soudure est opérée, on voit les placentas continuer à se gon-
fler et à former, dans l'angle interne de chaque loge, deux masses charnues
qui se couvrent bientôt d'un grand nombre d'ovules rangés sur plusieurs
séries. Ces ovules sont anatropes et se développent de l'intérieur vers l'exté-
rieur; c'est-à-dire qu'ils commencent à paraître de chaque côté de la ligne
médiane qui sépare les deux placentas. Je n'ai jamais pu y observer qu'une
enveloppe. Dans les Deutzia, où le type est cinq, c'est la même chose, si ce
n'est qu'il y a cinq.loges et cinq stigmates. »
chirurgie. — Réduction dune luxation ancienne de la mâchoire inférieure
au moyen du levier à plaques paraboliques ; par M. P. Bouisson.
(Commissaires, MM. Flourens, Velpeau, Lallemand.)
« Françoise Arnaud, née Astier, de Saint-Laurent (Gard), est entrée à
l'hôpital Saint-Éloi, de Montpellier, le 16 février i852. Cette femme
âgée de trente et un ans, a toujours joui d'une bonne santé ; elle est d'un
tempérament lymphatique peu prononcé. Interrogée sur ses antécédents,
elle fit mention d'une circonstance dont elle n'avait pas tenu grand compte
et qui prouvait qu'elle était disposée aux luxations de la mâchoire. Cette
femme a raconté* en effet, qu'il y a environ cinq ans, elle fut prise, après un
bâillement intense et prolongé, d'une immobilité soudaine de la mâchoire
inférieure qui lui laissa la bouche largement ouverte. Ignorant ce dont il
s'agissait, mais voulant y remédier au plus tôt, elle appuya fortement le
menton sur sa poitrine, s'aida instinctivement de ses mains et réussit à faire
disparaître le mal. Cette première luxation, pour laquelle la malade ne
consulta pas de chirurgien, n'eut aucune suite fâcheuse.
» Le i5 décembre i85i, Françoise Arnaud, voulant mordre sur une
poire qu'elle avait eu la malencontreuse idée d'enfoncer dans la bouche
par le gros bout, éprouva le même écartement des mâchoires et la même
immobilité que dans l'occasion précédente; mais cette fois, il y avait dou-
leur très-vive à l'articulation temporo-maxillaire, s'iradiant vers la tempe
et vers l'orbite, et la malade, qui habitait un village du département de
Vaucluse, dut requérir l'assistance du médecin le plus voisin. Ne pouvant
parler que très-difficilement, elle négligea de rappeler son premier accident
au médecin peu expérimenté qui avait été appelé. Celui-ci méconnut la ua-
G. R., t85a, ame Semestre. (T. XXXV, N° 18.) 87
( 662 )
ture de la lésion, s'imagina qu'il existait quelque affection nerveuse, et ne
fit aucune tentative régulière de réduction. Il se borna à prescrire une ap-
plication de dix sangsues au-dessous de chaque oreille, dans le creux paro-
tidien. Mais aucun soulagement ne suivit et ne devait suivre l'action de ces
moyens, dont on réitéra l'emploi avec une aveugle constance.
» Trois semaines environ après l'accident, la malade, lassée de se trou-
ver toujours dans le même état, fit appeler un second médecin qui malheu-
reusement entra dans les vues de son confrère, et fit reprendre l'emploi des
sangsues depuis quelque temps abandonnées. Peut-être des symptômes in-
flammatoires ou une douleur profonde des parties, suggéraient l'idée de ce
traitement antiphlogistique prescrit avec persévérance? mais les assertions
de la malade ne sont pas même favorables à cette supposition. La nature
de la lésion fut toujours méconnue, et l'on ne se livra à aucune tentative de
réduction.
» Le Ier février i852, Françoise Arnaud se décida à aller à Avignon pour
réclamer d'autres soins. Le chirurgien consulté reconnut une double luxa-
tion du maxillaire inférieur, et se livra aussitôt à des tentatives de réduc-
tion. Ces manœuvres n'ayant pas été suffisantes pour dégager les condyles,
on fit pratiquer une saignée et l'on prescrivit des frictions belladonées sur les
régions massétérines afin d'amoindrir la résistance musculaire. La malade
retourna à son village où ces frictions furent employées pendant quelques
jours. La réduction fut alors essayée, et, pour agir plus fortement sur la mâ-
choire, on se servit, d'après le récit de la malade, d'un •couteau dont le
manche introduit dans la bouche entre les arcades dentaires servait de le-
vier pour abaisser l'os. Ces tentatives firent perdre à la patiente trois dents
molaires à la mâchoire supérieure et une à la mâchoire inférieure, sans pro-
fit pour la réduction.
» La malade revint alors à Avignon se confier aux soins éclairés de M. le
Dr Pamard. Notre confrère et ami se livra à son tour à des tentatives de ré-
duction avec l'habileté qui lui est familière. Mais la résistance était telle,
qu'il fut impossible de faire perdre à l'os maxillaire sa position nouvelle.
M. Pamard, qui n'avait point à sa disposition l'instrument de M. Stromeyer,
pensa que la malade trouverait à Montpellier toutes les ressources conve-
nables, et l'engagea à entrer à l'hôpital Saint-Éloi, dans mon service chirur-
gical. Elle y fut admise le 1 7 février.
» Cette femme présentait les signes les plus évidents d'une luxation
des deux condyles de la mâchoire. La bouche était béante; mesuré
dans le plus graud rapprochement des mâchoires, l'intervalle qui les
( 663 )
sépare était de a5 millimètres en avant, et allait en diminuant jusqu'aux
dernières dents molaires, qui étaient presque en contact. La-mâchoire infé-
rieure proéminait en avant de la supérieure d'environ i centimètres. Les
dents ne se correspondaient plus; les lèvres ne pouvaient se rapprocher,
l'articulation des sons était difficile, et la malade ne prenait que des ali-
ments mous ou liquides. En avant de l'oreille, au niveau des condyles du
maxillaire inférieur, on remarquait une dépression. Les muscles temporaux
étaient tendus et formaient une saillie assez prononcée. En introduisant un
doigt dans la bouche, on sentait les apophyses coronoïdes portées en avant.
L'état général de la malade était satisfaisant, bien qu'elle eût un peu maigri
depuis l'accident. Elle ressentait de légères douleurs au niveau de l'articu-
lation luxée et dans les tissus environnants.
» Aucun doute ne pouvant exister sur la nature de cette lésion, je me
livrai, dès le premier jour de l'entrée de la malade à l'hôpital, à des tenta-
tives de réduction. Ces essais furent exécutés, soit d'après le procédé ordi-
naire, soit d'après celui qui consiste à dégager les apophyses coronoïdes de
leurs rapports avec les tubérosités malaires. Pour mieux agir dans le but
que je me proposais, la malade fut placée sur un siège très-bas, afin d'exer-
cer une pression plus commode et plus efficace sur les deux côtés de la
mâchoire. Mais celle-ci fut à peine ébranlée, et je ne réussis qu'à me fatiguer
et à occasionner de la douleur à la malade. Aussi je résolus, dès le lende-
main, d'appliquer l'instrument de Stromeyer comme pouvant seul vaincre
la résistance des muscles, et peut-être celle de liens fibreux nouvellement
organisés autour des condyles déplacés.
» Cet instrument, fabriqué en acier, se compose de deux branches ter-
minées à leur extrémité buccale par une plaque en fer à cheval, à laquelle
on donne la courbe parabolique des arcades dentaires, et qui doit être con-
venablement matelassée en peau de chamois. Les branches superposées s'ar-
ticulent à la partie moyenne sans se croiser. Cette articulation représente
un point d'appui qui permet au chirurgien d'agir à la manière d'un levier
du premier genre, sur l'extrémité opposée de ces branches, qu'un ressort
tient habituellement écartées. La pression, en rapprochant les extrémités
postérieures de l'instrument, écarte nécessairement les extrémités anté-
rieures, et permet, en conséquence, d'utiliser ce simple mécanisme pour
agir sur les arcades dentaires entre lesquelles on porte les plaques rappro-
chées par leur extrémité buccale, et pour opérer rabaissement de la mâ-
choire inférieure, afin d'agir plus graduellement, et de déployer plus de
force dans l'action de l'instrument, on exerce la pression au moyen d'une
87..
( 664 )
cheville à vis et d'un écrou. La cheville repose, par une de ses extrémi-
tés, sur un trou borgne pratiqué sur la branche inférieure, et s'y trouve
retenue par une vis de pression. L'autre extrémité traverse librement un
trou pratiqué à la branche supérieure, et l'écrou, placé par-dessus, sert à
opérer la pression et le rapprochement. L'instrument doit être introduit
fermé dans la bouche. Quand il est convenablement placé, on fait agir
l'écrou jusqu'au degré auquel on veut porter l'écartement des plaques para-
boliques, et, comme il serait peut-être douloureux pour l'opéré, qu'après
l'abaissement de la mâchoire l'instrument fût retiré ouvert, on relâche la
vis de pression qui agit, sur l'extrémité inférieure de la cheville. Le ressort
reprend alors son action, il rend brusquement à leur premier écartement
les extrémités postérieures des branches, et ferme, en conséquence, l'instru-
ment à l'autre bout, ce qui permet de le retirer de la bouche opportuné-
ment et sans difficulté.
» J'empruntai à l'arsenal chirurgical de la Faculté, l'instrument précé-
demment décrit, et, le 18 février, pendant la visite du matin, j'en fis l'appli-
cation à la malade. Je jugeai tout aussitôt de sa puissance et de son effica-
cité, car je pus écarter les dents molaires auxquelles l'action des pouces
n'avaient pu imprimer aucun déplacement. Mais cette action était très-dou-
loureuse, et suscitait une contraction violente des masseters et des tempo-
raux. Je crus prudent de suspendre l'opération et de provoquer le sommeil
anesthésique, afin de triompher plus facilement de l'action musculaire, et
d'épargner des souffrances à la malade. Lopération fut différée jusqu'à la
fin de la visite.
» Françoise Arnaud fut conduite à la salle des opérations ; on la plaça
dans la position horizontale, et je la soumis à l'action du chloroforme. J^e
sommeil anesthésique fut poussé assez loin de manière à déterminer à la
fois l'insensibilité et un relâchement musculaire complet. Au bout de troi.s
minutes, ce résultat était obtenu. J'introduisis alors dans la bouche l'instru-
ment de M. Stromeyer, et, après avoir poussé entre les dents molaires ses
plaques rapprochées, j'en opérai l'écartement à l'aide de la vis de pression.
La mâchoire inférieure céda et s'abaissa peu à peu. Lorsque cet abaissement
fut suffisant, je confiai l'instrument à un aide, et, agissant à la fois sur le
corps de l'os et sur ses branches pour le repousser en arrière, je parvins à
lui rendre en quelques instants sa position normale. Aussitôt que l'instru-
ment fut retiré, la mâchoire inférieure reprit ses rapports réguliers avec la
supérieure, et il fut facile de voir par la correspondance et le rapproche-
ment des arcades dentaires que la réduction était à la fois régulière et coin-
( 665 )
plète. La bouche était fermée, les lèvres se touchaient naturellement. Ce
résultat fut obtenu sans la moindre douleur, et à l'insu de la malade qui se
réveilla heureuse et étonnée de se voir ainsi instantanément guérie.
» Le pansement a consisté dans l'emploi d'une fronde et dans des appli-
cations de compresses imbibées d'eau blanche sur les régions temporo-
maxillaires. Une sensation médiocrement douloureuse et contusive a été
éprouvée dans ces régions le jour et le lendemain de la réduction ; mais il
n'est survenu ni gonflement ni inflammation ; la malade a été mise à la
diète liquide, et on lui recommanda de ne pas ouvrir largement la bouche.
Dès le troisième jour, les douleurs étaient presque nulles. Les mouvements
de la mâchoire s'exécutaient librement. Quelques aliments furent permis.
La malade a séjourné encore plusieurs jours à l'hôpital, afin qu'on pût s'as-
surer de la solidité de sa guérison. Le 26, toute douleur avait disparu, et
rien ne gênait les mouvements de la mâchoire inférieure : la malade pouvait
mâcher des aliments solides; elle sortit de l'hôpital.
» Nous n'ajouterons que peu de réflexions à ce fait assez probant par
lui-même. Jusqu'à ce jour, les livres de chirurgie n'ont guère enregistré que
trois ou quatre exemples de réduction de luxation ancienne de la mâchoire
inférieure. Le plus long délai compris entre la production de l'accident et
le moment de la réduction a excédé à peine un mois, époque après laquelle
le plus grand nombre des chirurgiens déclarent la luxation irréductible, et
conseillent de s'abstenir de toute tentative. Dans le cas même où M. Stro-
meyer a employé pour la première fois le levier à plaques paraboliques,
l'accident ne datait que d'un mois. Dans le second exemple que nous four-
nissons, un temps deux fois plus long s'était écoulé depuis la luxation, et
l'action de l'instrument s'est montrée tout aussi prompte et tout aussi effi-
cace. Les résultats de notre observation, 'facilités par l'intervention de la
méthode anesthésique, tendent à agrandir le cercle d'action chirurgicale
applicable au traitement des luxations anciennes, et, dans l'espèce particu-
lière de luxation qui nous a occupé, justifient les conclusions suivantes :
» La réduction de la luxation de la mâchoire inférieure est non-seule-
ment possible, mais facile, deux mois après la production de l'accident.
» Le meilleur moyen d'opérer la réduction, consiste à se servir du levier
à plaques paraboliques.
» L'emploi de la méthode anesthésique ajoute une condition majeure au
succès de l'opération. »
( 666 )
physique. — Sur la structure des corps solides ; par M. Ch. Brame.
(Lettre à M. Babinet.)
(Commissaires, MM. Becquerel, Babinet, de Senarmont.)
« J'ai eu l'honneur de vous faire part, à plusieurs reprises, des résultats
que j'ai obtenus, en m'oceupant de la structure intime des corps solides,
cristallisés ou amorphes, et en cherchant à la mettre à nu. Je vous envoie
aujourd'hui le grenat que vous m'avez confié, afin d'y faire apparaître des
stries, qui expliquassent les deux lignes non perpendicidaires, qui se for-
ment sur les faces des grenats, lorsqu'on y reçoit l'image d'une flamme;
l'expérience, comme vous l'avez constaté vous-même, a bien réussi.
» Le grenat employé est de la variété ferrugineuse de couleur rouge-
brun; il renferme du mica à l'intérieur, si bien que son aspect rappelle un
peu celui de l'aventurine.
» Du 4 août au 8 octobre, ou pendant deux mois, il a été à demi plongé
dans de l'eau acidulée par de l'acide fluorhydrique (a pour ioo) ; la partie
plongée a donné le résultat attendu, tandis que la partie émergée a été
respectée, comme on le pense bien. Plusieurs faces plongées ont été pro-
fondément ou superficiellement attaquées. Sur les premières, du mica a été
mis à nu; sur les secondes, sont apparues des stries parallèles aux arêtes,
et l'on voit sur plusieurs faces principales de petites lames rhomboïdales
étroites et. allongées, qui forment des stries dans deux directions, obliques
l'une à l'autre. Cela explique, comme vous l'avez si bien prévu, les deux
lignes non perpendiculaires qui se forment sur les faces des grenats, lors-
qu'on y reçoit l'image d'une flamme.
» La présence du mica dans les grenats cristallisés" et le procédé commode
qui permet de mettre celui-ci à nu, pourra faciliter aux géologues leurs re-
cherches sur le métamorphisme, indiqué par la composition des grenats, et
variable avec la nature de la roche dans laquelle ils sont enclavés, comme
l'ont fait remarquer MM. Mitscherlich et Dufrénoy.
» Je profite de l'occasion qui m'est offerte pour vous annoncer que j'ai
fait naître sur le verre, et en peu de temps, des cercles analogues à ceux
qu'a observés M. Brewster sur des échantillon' de verre composé, trouvé
dans les ruines de Ninive ; la surface de ces verres présentés à l'Association
britannique par M. Brewster, était couverte de plaques iridescentes de cou-
leur très-brillante. Il y a quelques années, M. Brewster a déjà eu occasion
d'expliquer la marche de cette décomposition, à propos d'un morceau de
( 667 )
verre altéré. Il avait contenu du manganèse, qui s'était séparé à des places
centrales, autour duquel des cercles de cristaux les plus ténus de véritable
quartz s'étaient arrangés d'eux-mêmes, bordés par des cercles de manganèse
irrégidiers et dentelés, disposés en anneaux concentriques, etc.
» J'ai produit sur le verre des cercles réguliers ou irréguliers, isolés ou
concentriques, dentelés à l'intérieur (cristaux incomplets ou altérés). Pour
cela, on plonge des fragments de verre épais dans un mélange de fluorure
de calcium et d'acide sulfurique concentré, ou bien on les expose à l'action
de la vapeur de l'acide fluorhydrique. Au centre des cercles, on trouve
presque toujours soit une petite cavité, soit un petit noyau. En même temps,
une ou plusieurs cassures du verre se couvrent de stries, de petites anfrac-
tuosités, etc.
» Les observations de M. Brewster et les miennes me semblent propres
à jeter beaucoup de jour sur la formation des orbicules siliceux, des grès
et des agates, qui fait le sujet d'un beau travail d'Al. Brongniart; et,
d'un autre côté, celle-ci me semble se rattacher directement, comme
celle des cercles du verre eux-mêmes, aux formations encyclides que j'ai-
découvertes.
» Je crois devoir aussi vous rappeler la nacre, que présentent dans cer-
taines directions les cristaux de bichromate de potasse, clivés par la voie
humide. J'ai réussi à nacrer le carbonate de chaux, métastatique, au moyen
de l'acide carbonique humide ; la nacre que ce minéral présente s'explique
par un grand nombre de petites inégalités, de petits enfoncements équi-
distants. Sur le verre, les très-petites vésicules de soufre prennent aussi un
aspect nacré. Ainsi, la nacre des minéraux, si difficile à expliquer, comme
vous le disiez, paraît devoir être attribuée à de nombreuses réflexions de
la lumière, qui s'effectuent à la surface de corps très-divisés, équidistants
ou à peu près, que ces corps soient cristallisés ou amorphes.
» J'ai réussi à cliver des spinelles au moyen de la potasse ; ces spineiles
étaient en petits galets presque opaques ; plusieurs sont devenus transpa-
rents et ont pris une assez belle eau. Ce procédé me paraît donc pouvoir
être appliqué dans la joaillerie. La surface attaquée, et sur laquelle les
clivages sont manifestes, a abandonné de l'alumine à la potasse. On a pu
aussi cliver les spinelles par l'acide fluorhydrique.
» La potasse et le carbonate de potasse attaquent à froid divers corps
insolubles ou peu solubles. Ainsi les diverses variétés de chaux car-
bonatée rhomboédrique, l'arragonite, le sulfate de baryte natif en gros
cristaux, le gypse, sont attaqués par la potasse à froid. L'acide chlorhy-
( 668 )
drique très-faible, à ioo degrés, communique au spath d'Islande un très-
bel éclat, et peut en polir les faces. Ce procédé, étendu à d'autres cristaux,
pourra peut-être rendre quelques services à la cristallographie.
» J'ai décrit les résultats que j'ai obtenus sur l'alun, le soufre, la chaux
carbonatée métastatique, l'arragonite, des sels de potasse, de soude, de fer,
de cuivre, l'acide tartrique, etc. Les cristaux de sulfate de zinc et d'alun
ont présenté dans leur structure des lignes courbes qui me paraissent de.
voir attirer l'attention des physiciens et des cristallographes. Des cristaux
recouverts de cire ont paru avoir une solubilité inégale, suivant les axes ;
ce résultat me semble avoir de l'analogie avec ceux que M. de Senarmont a
obtenus dans son beau travail sur la conductibilité inégale pour la chaleur,
suivant les axes.
» Je termine cette Lettre en vous annonçant que j'ai pu, au moyen du
sulfure de carbone, cliver des octaèdres rhomboïdaux naturels ou artifi-
ciels de soufre, de telle manière qu'ils se sont réduits à une tablette à base
carrée, dont les diagonales sont dans le sens de deux axes principaux de
l'octaèdre. Ces tablettes, je les avais obtenues antérieurement, soit par la
division du soufre liquide, au moyen du doigt, soit par le ramollissement
des utricules, au moyen de la chaleur. Je me suis assuré que, dans tous les
cas, ces tablettes sont des carrés parfaits; je les ai mesurées un grand
nombre de fois, et toujours j'ai trouvé les côtés égaux et les angles de
90 degrés. Or ces tablettes ne se modifient, le plus souvent, que sur les
deux angles droits correspondants aux deux angles aigus du rhombe.
» Ainsi, dans ce cas, il y a symétrie géométrique et dissymétrie physique.
Cela vient donc à la suite des remarquables observations de M. Delafosse
sur la boracite et autres cristaux. « L'identité absolue comporte deux con-
» ditions, a dit M. Delafosse, l'une géométrique, l'autre physique. »
» Dans la boracite, la condition physique est différente, la condition
géométrique {générale) est semblable ; ici la condition géométrique est sem-
blable, la condition physique est différente.
» Il faut noter que la tablette carrée, engendrée par le prisme rhom-
boïdal droit du soufre, est à la limite des prismes directs et inverses. J'ai
obtenu les octaèdres correspondants très-aplatis qui me paraissent avoir
été pris pour des prismes obliques par diverses personnes.
» Enfin, je crois devoir faire remarquer que si mes observations sur le
clivage du soufre par le sulfure de carbone, ajoutent un fait d'un nouvel
ordre à la loi de M. Delafosse, les stries du grenat, non -seulement con-
firment vos belles observations sur les phénomènes lumineux qui se pro-
(669)
duisent à la surface de ce cristal, mais encore ils viennent à l'appui des
idées de M. Delafosse sur la constitution moléculaire du sulfure de fer tri-
glyphe qui, suivant ce savant professeur, est un cube composé de prismes
rectangulaires droits. »
M. Fock envoie un supplément aux Mémoires qu'il avait précédemment
adressés sur les proportions du corps humain.
Cette nouvelle communication, que l'auteur donne comme de nature
à confirmer et étendre à certains égards les résultats qu'il avait précédem-
ment annoncés, a de plus pour objet une rectification en ce qui concerne
les proportions de la tête. Des mesures nouvelles, prises directement sur
un des beaux produits de la statuaire antique, ne se sont pas trouvées par-
faitement conformes à celles qui avaient été prises sur un dessin de la même
statue, ce qui tient à un effet de perspective dont on n'avait pu tenir suffi-
samment compte tant que l'examen ne portait que sur un trait. Ce change-
ment d'ailleurs, loin d'infirmer les résultats généraux précédemment énon-
cés, ne rend que plus commode dans l'application, la division de la longueur
entière du corps en onze parties égales ; les diverses parties de la face sont
maintenant mesurées en fractions très-simples de cette unité.
Des figures sont jointes à ce nouvel envoi. L'une d'elles, une tête de
l'Apollon pythien, est destinée à remplacer celle qui accompagnait un pré-
cédent Mémoire, non-seulement en raison des mesures plus précises qu'elle
présente, mais à cause d'une légère inexactitude que présentait la première
relativement à la position de l'oreille. M. Fock croit avoir retrouvé les
proportions que l'antiquité admirait dans la statue connue sous le nom de
canon de Poljclète.
( Commissaires précédemment nommés : MM. Magendie, Serres, Flourens. )
L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le grand prix
de Mathématiques, question proposée pour 1848, puis pour i853.
Ce Mémoire, portant pour épigraphe : Fortiter et recte, a été inscrit sous
le n° 1 .
Un Mémoire de M. Qcet, concernant des recherches mathématiques
sur les expériences destinées à rendre sensible aux yeux le mouvement de
rotation de la Terre, est arrivé trop tard pour qu'on puisse faire autre chose
que d'en annoncer la réception. Il sera présenté à l'Académie dans la
prochaine séance.
C. R. , i85ï, 1™ Semestre. (T. XXXV, M» 18.) 88
(67o)
CORRESPONDANCE.
M. J. Wilson, secrétaire général de la Société royale d'Edimbourg, prie
l'Académie de vouloir bien lui faire savoir si elle a reçu un Mémoire adressé
pour le concours au grand prix de Mathématiques de i853, Mémoire qu'il
désigne par l'épigraphe mise en tète.
La pièce en question est arrivée à sa destination, et se trouve mention-
née à la page précédente du présent Compte rendu.
M. Chenot fait remarquer qu'un Mémoire précédemment adressé par
lui avait pour objet la préparation de combustibles non-seulement pro-
pres à la fabrication de la fonte de fer, mais pouvant remplacer le char-
bon de bois dans toutes ses applications, et propres, par conséquent, à
donner un gaz d'éclairage exempt de tout mélange de soufre, de phosphore
ou d'arsenic. M. Chenot demande que la partie de son travail, relative à la
préparation du gaz pur, soit renvoyée à l'examen de la Commission chargée
de décerner le prix fondé par M. de Montyon pour les découvertes qui peu-
vent rendre un art ou un métier moins insalubre.
(Commission des Arts insalubres.)
M. lînto adresse une Note qui fait suite à celles qu'il a précédemment
adressées concernant V action thérapeutique des métaux appliqués sur la
peau. La nouvelle Note a pour titre : Traitement préservatif et curatif du
choléra.
L'auteur avait précédemment indiqué l'emploi des armures métalliques
contre un des symptômes du choléra, les crampes, mais il n'y avait vu autre
chose qu'un cas particulier de l'influence qu'il reconnaît à oet agent thé-
rapeutique sur les névroses. Depuis lors, il annonce avoir reconnu chez
les ouvriers qui travaillent le cuivre, une sorte d'immunité à l'égard du
choléra. Les ouvriers qui travaillent le fer participent aussi, suivant lui,
jusqu'à un certain point, à cette immunité, mais avec cette différence, que
le fer aurait simplement une action préservative, tandis que le cuivre au-
rait une action curative; de sorte que la maladie une fois déclarée, les cas
de guérison seraient moins nombreux parmi les ouvriers travaillant le fer
que parmi ceux qui travaillent le cuivre ou ses alliages.
( Renvoi à la Commission précédemment nommée: MM. Magendie, Serres,.
Andral.)
(67i )
M. Fleureau adresse une Note faisant suite à ses précédentes commu-
nications concernant la locomotion aérienne et la navigation par la vapeur.
L'auteur demande que l'Académie dispose en sa faveur, pendant quatre
années, d'une rente provenant d'un fonds récemment légué, rente destinée
à venir en aide aux inventeurs qui n'auraient pas par eux-mêmes les res-
sources pécuniaires suffisantes pour la réalisation de projets jugés utiles.
L'Académie n'ayant pas encore accepté définitivement le legs en question,
il n'y a pas lieu de prendre en considération la demande de M. Fleureau,
dont la nouvelle Note est d'ailleurs renvoyée à l'examen des Commissaires
nommés pour ses précédentes communications, MM. Cagniard-Latour,
Seguier.
M. Didier demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire
sur la prothèse dentaire qu'il avait précédemment soumis au jugement de
l'Académie et qui n'a pas encore été l'objet d'un Rapport.
M. H. Nascio adresse une Lettre concernant l'envoi qu'il a fait de docu-
ments relatifs à sa Note sur les éphémérides luni-solaires moyennes.
Ces pièces sont parvenues à l'Académie et ont été mentionnées dans le
Compte rendu de la précédente séance.
M. Gaïetta présente des considérations sur des moyens qu'il croit pro-
pres à favoriser l'extension et la propagation des Sciences, et sur des pro-
jets d'utilité publique qu'il a conçus.
M. Brachet continue ses communications sur les améliorations qu'il
croit possible d'apporter à divers instruments d'optique.
La séance est levée à 5 heures un quart. F.
ERRAT J.
(Séance du 26 octobre i85a.)
Page 6o3, ligne 27, au lieu de M. Decaisne, lisez M. de Qcatrefages.
(67a )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 26 octobre i85a, les ouvrages
dont voici les titres :
Lettres sur les crocodiles vivants et fossiles. — Lettre adressée à M. Eudes-
Deslongchamps, par M. DE Blainville. — Réponse à la Lettre précédente par
M. Eudes-Deslongchamps. Caen, i852; broch. in-4°. (Extrait du IXe vo-
lume des Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie.)
Bibliothèque universelle de Genève; septembre i85a; in-8°.
Bulletin de la Société de Géographie, rédigé par M. DE la Roquette,
secrétaire général de la Commission centrale; avec la collaboration de
MM. V.-A. Malte-Brun, secrétaire-adjoint, Daussy, L.-Am. Sédillot, de
Froberville et Cortambert ; 4e série ; tome III ; n" 21 ; septembre 1 85a ;
in-8°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. DE MONFORT,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; n° 26; it\ octobre i85a; in-8°.
Journal d'Agriculture pratique et de Jardinage _, fondé par M. le Dr Bixio,
publié par les rédacteurs de la Maison rustique, sous la direction de M. Barral;
3e série; tome V; n° 8; 20 octobre i852; in-8°.
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; tome VI;
ii° 2 ; 20 octobre i852 ; in-8°.
Nouvelles Annales de Mathématiques. Journal des candidats aux Écoles Poly-
technique et Normale; rédigé par MM. TERQUEM et Gerono; octobre i852;
in-8°.
Recueil encyclopédique d'agriculture, publié par MM. BoiTEL et Londet,
de l'Institut agronomique de Versailles ; tome III; n° 8; 25 octobre i852 ;
in -8°.
Revue thérapeutique du Midi. Journal de Médecine, de Chirurgie et de Phar-
macie pratiques ; fondé par M. le professeur FuSTER, et rédigé par MM. les
D" Barbaste et Louis Saurel; n° 19; i5 octobre i852; in-8°.
Osservazioni sulla... Observations sur la structure des tubercules spongio-
lairesde quelques plantes légumineuses, par M. G. Gasparuni; broch. in-4°.
Osservazioni intorno... Observations sur la structure des gemmes et du fruit
de /'Opontia; par le même. Naples, i852; broch. in-4°.
Il cimento... Revue des Sciences, Lettres et Arts; in année; 8e livraison.
Turin, i852; in-8°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 8 NOVEMBRE 1852.
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Faye, qui avait été chargé de prendre connaissance d'un Mémoire
sur lequel l'auteur, M. Dean, désirait obtenir le jugement de l'Académie,
annonce que ce Mémoire est imprimé et qu'ainsi il ne peut devenir l'objet
d'un Rapport.
M. Fave, également chargé de prendre connaissance de diverses commu-
nications de M. Nascio, de Messine, concernant des éphémérides 1 uni-
solaires, déclare que ce travail n'est pas de nature à devenir l'objet d'un
Rapport.
M. Pouillet présente à l'Académie la sixième édition de ses Eléments
de Physique expérimentale et de Météorologie.
« Il annonce qu'il y a fait des additions très-étendues, principalement
sur le diamagnétisme et la télégraphie électrique, sur le microscope, la po-
larisation rotatoire, la vitesse de la lumière et les phénomènes d'optique
céleste. »
M. Morin annonce qu'il est parvenu à se procurer un portrait authen-
tique de Coulomb, qui lui a été envoyé de Philadelphie par le fds du célèbre
C. R., i85a, a™ Semestre. (T. XXXV, N° 19.) 89
(674)
physicien, et qu'il le mettra à la disposition de l'Académie si elle juge con-
venable d'en faire faire une copie pour la joindre à la série de portraits de
savants illustres qu'elle possède déjà.
Cette proposition sera soumise à l'examen de la Commission administra-
tive.
astronomie. — Eléments de la planète Massalia. (Extrait d'une Lettre de
M. Valz à M. Jrago.)
« Marseille, 2 octobre i852.
» Je m'empresse de vous transmettre les éléments provisoires de Massalia,
qne je viens d'obtenir pour un intervalle d'un mois. Quoiqu'ils ne puissent
encore être assez exacts, ils représentent fort bien à la même minute la
position du 9 septembre, d'après les détails que je vous ai donnés, et la
carte qui vous a été envoyée, soit 5°6' en yR. et 2°48',5 en D, ou 5° 48' en
long, et 33' en latit., comme les donnent les éléments que voici :
Long, moy 2^5° 56' pour l'époque 20, 5 septembre.
Long, périh 107 . 3
a • 204.48
Incl o 46
Exe o. 1910
Demi-grand axe 2 . 4748
Mouv. moy. diurne. 91 1", 34
»# L'inclinaison est la plus faible de toutes, soit planètes ou comètes, ce
qui rentre dans les cas d'exception du calcul des orbites, et les rend peu
sûres, le problème devenant alors indéterminé pour trois observations
seules, et, comme l'a montré M. Gauss, exigeant alors quatre observations,
et rendant ainsi les calculs bien plus longs et pénibles. Je devais donc
craindre de rencontrer des difficultés, sans avoir la certitude encore de
parvenir au but désiré. Cependant j'y suis arrivé aussi facilement que
promptement par une méthode qui m'est propre, en n'employant que les
petites Tables à cinq décimales, et aussi courte que pour les comètes, lors-
qu'on veut vérifier, comme on doit le faire d'ordinaire, l'observation
moyenne; deux pages communes de calcul y suffisant. Comme elle est
fondée sur des principes et une marche analogues à ceux de la méthode que
j'ai exposée dans la Connaissance des Temps de 1 835, et que je puis y
ajouter quelques développements historiques, qui se sont accrus depuis
vingt ans, lorsque vous jugerez qu'elle peut être insérée dans la Connais-
sance des Temps, je vous la transmettrai avec une application à Massalia.
(675)
Je l'avais communiquée l'an dernier à M. Airy, avant qu'elle eût aussi bien
réussi dans un pareil cas désespéré ; mais les nombreuses applications que
j'en avais faites avaient été fort satisfaisantes. Le cas exceptionnel de Mas-
salia montre qu'elle peut être encore employée avec une aussi faible incli-
naison que celle de l\& minutes, tandis que M. Gauss a eu recours au\
quatre observations pour une inclinaison de 7 degrés neuf fois plus forte.
La vérification du 9 septembre, complétant toutefois les quatre observations,
montre que l'orbite n'est pas du moins incertaine, comme on pouvait le
craindre dans ce cas extrême.
» La dernière Carte que vous avez reçue a été restreinte à 5 degrés pour
la rendre plus commode à comparer avec le ciel, en la tenant à la main, et
alternant l'inspection de la Carte à la lunette; mais l'étendue en déclinaison
a été triplée pour augmenter les chances favorables. La deuxième Carte
sera bientôt prête à vous être envoyée, malgré les tempsles plus défavorables
qui, pendant dix jours de suite, n'ont pas permis d'observer Massalia, mais
nous ont laissé le temps de nous occuper des calculs. »
astronomie. — Sur le nom de Massalia, donné à la nouvelle planète.
(Extrait d'une Lettre de M. Valz à M. Arago.)
« Marseille, 27 octobre i85a.
» J'ai appris avec gratitude, qu'en communiquant la Lettre de M. de Gas-
paris, vous aviez fort bien remarqué que la nouvelle planète avait été
aperçue, dès le 9 septembre, à Marseille, et placée soigneusement sur la
dernière carte écliptique qui vous a été envoyée. Il n'y aurait que M. de
Gasparis, lui-même, qui pût faire quelque réclamation quant au droit de
nommer le nouvel astre,, et il en paraît assez éloigné d'après le passage
suivant de la Lettre qu'il m'écrivit le 1 1 oclobre, et qui ne m'est parvenue
que le s3 courant : « J'avais, dit-il, déjà adopté le nom de Thémis, pro-
» posé par Herschel ; mais, pour vous faire hommage et plaisir, j'y renonce,
» et j'adopte avec empressement le nom de Massalia, qui rappelle le lieu
» de la découverte. J'ai écrit à M. Petersen à ce sujet. »
»... Pour ce qui est du nom antique grec de Massalia, je l'avais pris dans
l'historien de Marseille, Ruffi; mais j'ai voulu consulter aussi les médailles
phocéennes qui sont assez rares, et n'ont été données d'abord que par Goltzius.
Ruffi, deuxième édition, page 328, n'en représente que trois, avec les effi-
gies de Diane ou d'Apollon, et au revers un lion, un vautour, ou un tau-
reau, avec l'inscription MA22A. J^e médailler de Nîmes étant assez riche,
j'ai été le consulter; les médailles phocéennes y étaient assez nombreuses,
89..
(676)
mais elles ont été, comme à Paris, dérobées depuis peu d'années. Heureu-
sement que Lavernede, comme bibliothécaire, en avait fait une description
fort minutieuse, et j'y en ai trouvé de pareilles à celles de Ruffi; mais le
plus grand nombre portaient MA22AAIHTÎ2N, au génitif pluriel, des Massa-
liotes; ce serait donc Massalia pour la planète, comme Parthénope pour
Naples, Cérès pour la Sicile, les noms de lieux offrant ainsi des souvenirs
perpétuels, plus significatifs pour la découverte que ceux de la mythologie. »
météorologie. — Note sur un bolide observé le i avril i852;
par M. Petit.
« Ce corps fut aperçu de Toulouse par MM. Grouselle, Lespinasse et
Brisson ; et de Marignac-Lasclares par M. le Dr Rey, qui voulut bien me
communiquer les détails de son observation, dont la partie mathématique
a été relevée, avec la complaisance la plus empressée comme la plus habile,
par M. Dedieu, géomètre, et par M. Lavallette, instituteur supérieur à
Fousseret. Quant aux divers observateurs de Toulouse, quoique placés en
différents points de la ville, ils m'ont fourni sur la position de la trajectoire,
sur la durée de l'apparition, etc., des renseignements qui se sont accordés
entre eux d'une manière très-satisfaisante, et qui, se contrôlant l'un par
l'autre, m'ont procuré, je crois, des données aussi exactes qu'il peut être
permis de l'espérer dans ce moment, pour ce genre de recherches.
» Les observations ont dû cependant, comme d'habitude, subir dans le
cas actuel quelques modifications destinées à faire concorder le mieux pos-
sible toutes les particularités signalées dans les deux stations. Mais, afin de
ne pas entrer dans des détails trop étendus sur la discussion fort délicate et
sur les longs calculs préliminaires auxquels j'ai dû me livrer avant d'adop-
ter les données définitives qui devaient servir de base à mon travail, je me
bornerai à consigner ici ces données avec les résultats auxquels elles m'ont
conduit.
i, , ( latitude boréale = + 43° 36' in"
Toulouse { ':..*'
( longitude occidentale. = — o°52'3o"
Commencement de l'observation. . \ ','. ',' ' ' ~ '*
( Dist. polaire nord ... = 9g0 26' 5o"
ifc-v'vii. • (* = q3°4o'4o"
Fin de 1 observation < . u ^ ~
( Dist. polaire nord. . . = i2i°46'5o"
Heure de l'apparition, le 2 avril i852 , à 6h47m du soir (temps moyen de Toulouse).
Durée de l'observation, de 3 à 4 secondes. Moyenne adoptée = 3S,5.
( 677 )
Marignac-Lasclares J
| Ion
latitude boréale = -+• 43° i8'5o"
longitude occidentale. = — i°i2'45"
Commencement de l'observation . . | !.*, ', ' ' " " "
( Dist. polaire nord .. . = io3°4i'io"
Fin de l'observation ! * ' \ = 69°l5'3°"
( Dist. polaire nord .. . = iii°3i'
Heure de l'observation , le 2 avril i852, vers 6h 3om du soir.
Durée de l'observation, de 3 à 4 secondes. Moyenne adoptée = 3% 5.
Diamètre apparent, comme une bille de billard. D'après diverses considérations, je le suppose
égal à 5 minutes au moment de l'apparition.
Distance minima du bolide à la Terre sa 1 ^"oin ,
Distance du bolide à la Terre quand l'observation de Toulouse commença. 35 1 ittiom ,
Distance du bolide à Toulouse dans le même moment = 47kiIo,n>7
latitude boréale. . . = 4- 43° 25' 20"
longitude occid .. . = — o°2i'5i"
Position du point de la Terre au-dessus duquel passait
alors le bolide
Distance du bolide à la Terre quand l'observation de Toulouse se termina. = 1 ikiIom,3
Distance du bolide à Toulouse dans le même moment = 5ikiIom,o
Position du point de la Terreau-dessus duquel passait l latitude boréale. . . = -+-43° 1 i'6"
alors le bolide. . . . { longitude occid. . . = — i° 3'8"
Vitesse apparente déduite des observations de Toulouse ■ = iljkiloni,584, en supposant la du-
rée de l'observation égale à 3%5.
(Si l'on supposait cette durée égale à 4 secondes, on trouverait 1 5kllom,383
pour la vitesse apparente'. )
Distance du bolide à la Terre quand l'observation de Marignac-Lasclares
commença = 1 ikilom,3
Distance du bolide à Marignac dans le même moment = 2ikilom,g
Position du point de la Terre au-dessus duquel passait J latitude boréale ... =4- 43° 9' 25"
alors le bolide | longitude occid . . . = — 1 ° 8' 28*
Distance du bolide à la Terre quand l'observation de Marignac se ter-
mina =: 11 kilom ,8
Distance du bolide à Marignac dans le même moment = 48kilom,6
Position du point de la Terre au-dessus duquel passait ( latitude boréale ;...•=='•+- 420 5c/ 3o"
alors le bolide | longitude occid . . . = — 1 ° 35' 4 1 "
Vitesse apparente déduite de l'observatoire de Marignac = 1 iki,om,683, en supposant la du-
rée de l'observation égale à 3S,5.
(Si l'on supposait cette durée égale à 3 secondes, on trouverait pour la
vitesse i3kllom,633; valeur presque identique à celle trouvée pour Toulouse
dans l'hypothèse, parfaitement permise d'après l'observation même, où l'on
aurait admis une durée de 4 secondes à Toulouse!)
(678)
Diamètre du bolide d'après l'observation de M. Rey.' =32 mètres.
Vitesse apparente moyenne, résultant des observations de Toulouse et de
Marignac — i4kilom,6 34
Vitesse relative, rapportée au centre de la Terre = i4kilom,33o
Vitesse absolue dans l'espace = 2gk',om,'j43
« Les valeurs précédentes de la vitesse relative et de la vitesse absolue
ont donné une trajectoire hyperbolique autour de la Terre, et des éléments
elliptiques pour l'orbite que le bolide décrivait autour du Soleil, non-
seulement au moment où ce corps fut aperçu, mais encore avant que notre
planète eût commencé à agir sur lui d'une manière sensible. Voici, en effet,
l'action perturbatrice de la Terre défalquée, quels étaient, d'après les don-
nées adoptées ci-dessus, les éléments de l'orbite primitive du bolide :
Excentricité e = 0,3975432
Distance périhélie n = 0,4295361
Demi-grand axe 0 = 0,71 29742
Distance aphélie A = 0,9964 1 23
Inclinaison de l'orbite sur l'équateur. ... I = 32° 57' 35"
M du Çl ascendant sur l'équateur Mn~ ^° 4' 35"
00
M du périhélie Ma = 1 1° 35' 5"
Sens du mouvement héliocentrique en ascension droite, direct.
Passage au périhélie, le 26 juin i852, à 6 heures du matin (temps moyen de Paris .
Durée de la révolution = 2i9ioursm°yen5,6964.
» On ne peut guère espérer sans doute, tant que les observations faites
sur les bolides resteront dans l'état d'imperfection où elles se trouvent au-
jourd'hui, d'obtenir des éléments exacts pour les trajectoires de ces corps.
Néanmoins, dans le cas actuel, la concordance des diverses particularités
indiquées par chacun des observateurs permet d'admettre, ce me semble,
que les éléments précédents ne sont pas extraordinairement éloignés de la
vérité, et qu'ils donnent, par conséquent, au moins une idée des trajec-
toires parcourues autour du Soleil par les corpuscules météoriques dont
l'influence sur les températures terrestres a déjà été rigoureusement con-
statée. Les résultats que je viens d'indiquer pour le bolide du a avril i85a
auraient d'ailleurs une importance évidente si, au lieu de s'appliquer à un
seul astéroïde périodique, ils pouvaient être étendus à un grand nombre de
ces corps, aux corps surtout qui font partie des anneaux météoriques cor-
respondant à des époques d'apparitions extraordinaires d'étoiles filantes ;
car, alors, la position connue du périhélie, la valeur de l'excentricité, la
durée de la révolution comparée à la révolution. de la Terre, etc., etc., per-
(679)
-mettraient d'expliquer à coup sûr l'absence d'uniformité dans les appari-
tions annuelles, peut-être même de reconnaître et de prévoir, dans les phé-
nomènes météorologiques, certains retours périodiques séparés entre eux
par des intervalles de plusieurs années. Malheureusement, les longues re-
cherches que j'ai déjà depuis longtemps entreprises sur les astéroïdes du
mois d'août, m'ontprésenté jusqu'ici des difficultés véritablement rebutantes,
occasionnées principalement par l'absence de signes bien caractéristiques
pour les diverses étoiles filantes qu'on observe simultanément dans des sta-
tions un peu éloignées entre elles, à une époque où les étoiles filantes sont
ordinairement fort nombreuses. Je ne désespère pas cependant de parvenir
à placer au moins quelques jalons sur cette route hérissée d'obstacles ca-
pables de décourager la ténacité la plus persévérante; et s'il ne m'est pas
donné de la déblayer comme je le désirerais, j'ose espérer que les astro-
nomes voudront bien, en faveur de mes efforts, accueillir avec quelque
indulgence les résultats trop incomplets auxquels ces efforts peuvent
atteindre. »
NOMINATIONS.
M. Beactemps-Beauprè , au nom de la Section de Géographie, demande
à l'Académie de vouloir bien lui désigner un de ses Membres pour rem-
placer, dans la Commission chargée de présenter une liste de candidats
pour une place vacante de Correspondant, M. l'amiral Eonssin, que l'état
de sa santé tient éloigné de l'Académie.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à cette nomination.
M. Arago réunit la majorité des suffrages.
MÉMOIRES LUS.
optique. — Théorie de l'œil (treizième Mémoire). De la vision considérée
dans les influences, en quelque sorte moléculaires , exercées dans les
réfractions, et du phénomène de l'irradiation; par M. L.-L. Vallée.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Magendie, Pouillet, Faye.
« Lorsque l'on considère la grossièreté des moyens qui sont mis en jeu
dans l'action de l'œil, on est tenté de croire qu'une machine d'optique ne
doit pas pouvoir fonctionner dans les conditions auxquelles nos yeux sont
soumis. La vision, toutefois, pour les cas ordinaires, s'accomplit d'une ma-
nière merveilleuse; mais l'imperfection des moyens n'en a pas moins ses
•( 680 )
inconvénients, et ils apparaissent dans beaucoup de circonstances. Il était
important d'étudier ces inconvénients et leurs effets pour arriver à des con-
sidérations qui seront l'objet des Mémoires suivants. Celui-ci est uniquement
consacré à l'examen des causes délicates et corpusculaires qui nuisent à la
vision, qui nous font voir des choses qui n'existent pas, ou qui changent les
proportions des choses qui existent.
» Nous étudions d'abord l'apparence d'un corps éclairant ou très-éclairé,
comme la fenêtre d'une chambre, lorsque, en resserrant nos paupières, nous
réduisons cette apparence à une lueur plus ou moins prononcée qui ne laisse
pas distinguer les bords des vitres. Nous reconnaissons qu'il y a dans cette
lueur un mouvement de haut en bas d'objets granulaires bien sensibles, et
d'autres mouvements, en sens divers, d'autres objets granulaires peu appa-
rents. Les premiers coulent sur la cornée par l'action de la gravité ; les der-
niers nagent dans l'humeur aqueuse, et les uns et les autres doivent avoir
une certaine action sur les sensations de la vue.
» Nous étudions ensuite les fausses images formées dans l'œil par des
stries d'une excessive ténuité produites, par exemple, en passant la main
sur une boîte de montre, et en exposant cette boîte, la nuit, à la lumière
d'une ou de plusieurs bougies. On reconnaît qu'il y a sur la boîte des images
brillantes qui donnent la sensation de corps éclairants, et que la forme de
ces corps change selon la direction des stries que la sueur de la main im-
prime sur la montre. Tout, dans ce phénomène, s'explique parfaitement par
la théorie des images brillantes, et l'action des corpuscules, pour ce cas
particulier, est tout à fait manifeste.
» Nous passons de l'étude de cette action à celle de la vision d'une
bougie au travers des larmes quand les paupières sont resserrées convena-
blement. On sait qu'alors la bougie présente, en dessus et en dessous, des
rayons de feu très-remarquables. Rohault s'était occupé de ce phénomène,
et la Hire, depuis, a établi qu'il' est dû à l'action réfractive des larmes,
laquelle brise le dessus et le dessous du faisceau de rayons qui donnent
l'image, ce qui allonge cette image en haut et en bas. Mais il restait à savoir
pourquoi les rayons de feu ont un si grand éclat, pourquoi celui de dessus
est plus fourni que celui de dessous; pourquoi chacun d'eux se divise en
raies bien séparées; pourquoi ces raies sont des lignes droites; pourquoi
ces droites sont continues ; pourquoi le rayon d'en haut en présente plus
que le rayon d'en bas ; pourquoi leurs écartements ne sont soumis à aucun
loi ; pourquoi ces écartements se maintiennent quand on cligne les pau-
pières; pourquoi la plupart d'entre eux changent lorsque, en tournant la
(68i )
tète, on maintient cependant l'axe optique dans sa direction, etc., etc. ?
Suivant nous, ces particularités sont dues : i ° aux corpuscules des milieux
de l'œil, et notamment à ceux qui, comme des grains de poussière, ou
comme des particules de matière transparente d'une densité anormale,
existent à la surface des larmes ; i" aux inégalités des surlaces des paupières.
La géométrie, appliquée à ces considérations d'actions moléculaires, nous
semble résoudre heureusement toutes les difficultés.
» Leur examen et l'ensemble des faits exposés dans les Mémoires précé-
dents, nous amènent à apprécier, du côté pratique et avec une certaine exac-
titude, la nature intime du phénomène de la vision pour un point peu
éclairé et pour un point très-éclatant. Dans l'un et l'autre cas, l'image est
formée d'un foyer auquel les vices moléculaires des milieux enlèvent plus
ou moins de lumière, et ce foyer est environné d'une auréole due aux rayons
qui sont en dehors du pinceau efficace, la lumière de cette auréole décrois-
sant à mesure qu'on s'écarte du centre. Dans le cas d'un point peu éclairé,
elle est comme non avenue; et dans le cas d'un point très-éclatant, sa partie
externe, ayant une intensité que rien ne distingue suffisamment de celle de
l'image, elle agrandit cette image, et fait paraître le point rayonnant plus
gros qu'il ne l'est. C'est la cause de Y irradiation.
» Les effets du croissant lunaire et de la lumière cendrée nous servent à
justifier cette explication ; car, si par une belle nuit, quand la Lune est au
commencement du premier quartier, on la regarde par un trou d'épingle
percé dans une carte, au lieu de voir, comme à l'œil nu, le cercle du crois-
sant plus grand que celui de la lumière cendrée, l'effet de la carte, en rétré-
cissant l'auréole, diminue ou anéantit la cause d'irradiation qui donnait
au croissant des dimensions trop fortes.
» Le principe qui sert de base à cette explication nous fournit un moyen
d'apprécier numériquement, dans certains cas, la grandeur de la partie
annulaire qui, sur l'auréole, se joint à l'image du point rayonnant. Ainsi
le rayon du cercle extérieur du croissant étant supposé plus grand d'un
dixième que le cercle apparent de la lumière cendrée, la partie annulaire
en question, partie à laquelle, suivant nous, on doit l'irradiation, aurait
autour de l'image une largeur de 80 millionièmes de millimètre.
» D'autres résultats de cette nature se déduiront de notre travail, si, par
des expériences soignées, il se perfectionne ou se rectifie. On verra dans
les Mémoires suivants que les faits déjà établis, quant à l'organisation intime
de l'œil, sont, pour diverses théories, d'une notable utilité. »
C. K., i85a, 2me Semestre. (T. XXXV, N° 19.) ÇjO
( 682 )
organogénik végétale. — Origine et développement des loupes et des
broussins ; par M. A. Trécul. (Extrait.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. de Jnssieu, Decaisne.)
« L'individualité des bourgeons ou des feuilles a été soutenue par des
botanistes illustres. M. Dutrochet en était partisan, mais il n'admettait pas
que l'accroissement en diamètre des végétaux se fit par des prolongements
radiculaires envoyés par ces bourgeons ou ces feuilles entre le bois et l'é-
( orce. Il reconnaissait que tout embryon végétal, séminal ou gemmaire,
est un corps globuleux primitivement dépourvu d'appendices foliacés. Il
admettait aussi deux sortes d'embryons gemmaires : les embryons normaux
et les embryons adventifs. Les embryons normaux naîtraient en dedans de
l'étui médullaire; les embryons adventifs seraient formés dans l'écorce et
vers sa périphérie. Ce seraient, selon M. Dutrochet, ces embryons adventifs
qui produiraient les loupes et les broussins.
» Tous ces embryons gemmaires sphériques ne seraient unis d'abord que
par le tissu cellulaire qui les aurait produits; plus tard, le système central
de ces embryons se grefferait à celui du tronc sur lequel ils seraient nés.
Tant que l'embryon n'aurait pas contracté d'adhérence avec le bois de l'ar-
bre qui le porte, il ne produirait pas de feuilles ; il resterait sphérique et
s'accroîtrait en développant des couches concentriques de bois et d'écorce.
Mais aussitôt que, par les progrès de son développement, ce nodule serait
parvenu à mettre son bois en contact avec celui de l'arbre, un bourgeon
apparaîtrait, des feuilles se manifesteraient. Quand la greffe de ce nodule
avec le bois du tronc serait opérée, il constituerait une loupe, et ce serait
de l'agglomération d'une grande quantité de ces loupes soudées ensemble
et surmontées de petites branches, que résulterait ce que l'on nomme un
broussin.
» Telle était la théorie de M. Dutrochet sur la formation de ces excrois-
sances singulières; mais il est facile de s'assurer que l'origine de tous les
broussins et des loupes n'est point ce que cet ingénieux physiologiste avait
imaginé. Il ne faut pas confondre, en effet, ce qui appartient aux bourgeons
et ce qui est engendré par la tige qui les porte. Un grand nombre de brous-
sins ne sont que des productions de cette tige. L'excroissance que j'ai l'hon-
neur de présentera l'Académie, en est un bel exemple. Elle s'est formée sur
un rameau de bouleau qui n'a que 6 millimètres de diamètre au-dessus de
la tubérosité, et 9 millimètres au-dessous d'elle. Celle-ci est sphérique et
{ 683
mesure a- centimètres de circonférence. Ses couches ligneuses concentri-
ques sont épaisses; mais ses rayons médullaires; qui s'étendent du centre à
la circonférence, sont d'une grande ténuité.
» Les protubérances que l'on observe à la surface des ormes, sont le
plus souvent dues à de tels développements anormaux; mais elles ont une
cause différente. Celle que je viens de décrire fut probablement occasion-
née par l'excitation déterminée par la piqûre d'un insecte.
» Le plus fréquemment, sinon toujours, les excroissances souvent con-
sidérables des troncs de l'orme ne sont point le résultat de la réunion
d'une multitude de nodules ligneux, ainsi que le pensait M. Dutrochet.
Elles commencent ordinairement là où des rameaux ont été coupés. Apres
quoi, ces rameaux tronqués sont enveloppés par les nouvelles couches
ligneuses (première cause de protubérance); puis des bourgeons naissent
en nombre plus ou moins considérable; il en résulte des interruptions dans
l'écorce, des obstacles autour desquels la sève est obligée de tourner; et
l'accroissement, la production des fibres et des vaisseaux, accompagnant
toujours la marche de la sève, ceux qui sont formés ont la direction sinueuse
qu'elle a suivie. De là, les contournements que ces organes élémentaires pré-
sentent. De plus, ces obstacles ralentissent la marche du fluide nutritif: il y
séjourne plus longtemps; les tissus, plus abondamment nourris, se multi-
plient aussi davantage. Cependant des bourgeons se développent en plus
grand nombre, créent de nouveaux obstacles qui forcent la sève à décrire
ces circonvolutions singulières marquées par la direction des filets vascu-
laires.
» Un examen attentif fait donc découvrir que souvent les broussins ne
doivent pas être attribués à la réunion des nodules ligneux dont j'ai parlé.
Aussi, peut-on ranger sous deux chefs principaux les excroissances qui nais-
sent à la surface des arbres. Les premières, auxquelles on pourra conserver
le nom d'exostoses donné par Duhamel, seront produites par le tronc même
sur lequel on les observe ; les secondes seront formées par un ou plusieurs
nodules ligneux réunis : on leur conservera le nom de loupes. Mais ces deux
sortes d'excroissances peuvent se combiner; car l'obstacle créé par l'agglo-
mération de plusieurs loupes peut occasionner des accidents analogues à
ceux que j'ai décrits. C'est à ces productions mixtes que l'on donnerait le
nom de broussins, qui aussi pourrait être appliqué à toutes les excroissances
en général, à cause de la difficulté d'en reconnaître la nature sans une étude
particulière, ou au moins une section.
» Voyons maintenant quelle est l'origine des loupes proprement dites,
90-
(684 )
de celles que M. Dutrochet attribue à des embryons solitaires spbériques,
d'abord isolés dans l'écorcé et aussi sans trace de bourgeon.
» Y a-t-il ou non un bourgeon dès le principe? S'il y a un bourgeon,
est-il indépendant du bois de l'arbre dès l'époque de sa formation? Toutes
les fois que j'ai eu des loupes assez jeunes, je les ai vues terminées par un
bourgeon; et ce bourgeon était toujours dans l'origine en communication
vasculaire directe avec le corps ligneux de la tige.
» Le charme est très- favorable pour la démonstration de ces deux asser-
tions. Sur cet arbre, en effet, on trouve souvent des loupes à tous les de-
grés d'accroissement à la fois. Elles sont dues à l'évolution de bourgeons
très-souvent fort remarquables par leur végétation bizarre. Ils paraissent
couchés et ramper sur le tronc. Ils ont quelquefois i5 millimètres de lon-
gueur sur a-j millimètres de largeur, sont un peu déprimés, marqués d'un
sillon longitudinal, et composés d'une multitude de petites écailles imbri-
quées. Leur structure et leur accroissement sont non moins singuliers que
leur aspect. Us ne s'élèvent pas à plus de i { à 2 millimètres au-dessus de la
surface de l'écorcé, bien qu'ils aient souvent plusieurs années de végéta-
tion. Si on les détache du tronc de manière à enlever avec eux quelques
couches de bois, on est tout surpris de s'apercevoir que leur point d'ori-
gine ne correspond pas à leur insertion apparente sur l'écorcé, c'est-à-dire
à celles des écailles les plus éloignées du sommet du bourgeon, ou les plus
âgées. Cette origine, cette insertion réelle du bourgeon est, au contraire, au-
dessous de son sommet lui-même, au-dessous des écailles les plus jeunes;
en sorte que ces bourgeons ne sont rampants qu'en apparence. L accroisse-
ment de leur système fibro-vasculaire se fait donc avec une excessive len-
teur, puisque, dans l'espace de quelques années, il ne s'élève pas à plus de
2 millimètres au-dessus de l'écorcé.
» Le déplacement des écailles de ces bourgeons et de l'écorcé à laquelle
elles sont attachées , est digne d'être noté. Au fur et à mesure que de nou-
velles écailles sont formées au sommet de ces branches rudimentaires, elles
refoulent en arrière celles qui les ont précédées, avec l'écorcé à laquelle
elles restent fixées. Comme le refoulement des écailles ne peut se faire sans
rupture des tissus de l'écorcé, ceux-ci se déchirent toujours du même coté,
de manière que les écailles qui étaient disposées tout autour du bourgeon,
sont toutes rejetées du côté opposé à la rupture; et ces écailles ne pouvant
plus occuper qu'une demi-circonférence à la surface de l'écorcé, il en ré-
sulte ce sillon qui parcourt longitudinalement la série des écailles détachées
et repoussées loin du point où elles sont nées. Ces écailles refoulées exer-
( 685 )
cent nécessairement une certaine pression sur le bourgeon, aussi est-il un
peu penché du côté opposé à leur direction.
» Quand un nodule ligneux se développe sur le charme, c'est souvent
un tel bourgeon qui le produit. Il n'est pas rare d'observer sur un côté du
tubercule la série des écailles décrite précédemment ; elle se prolonge aussi
sur l'écorce du tronc.
» Le renflement de la partie ligneuse du bourgeon commence lorsque
celui-ci est encore attaché au bois de la tige; mais, à mesure qu'il s'accroît,
à mesure que son axe, de cylindrique qu'il était, devient sphérique, une
pression est exercée sur l'écorce; celle-ci, de son côté, augmentant en épais-
seur, soulève le nodule, et. rompt le pédicide fibro-vasculaire qui le tenait
fixé au bois du tronc.
» Ce nodide, isolé dans l'écorce, continue à végéter. Il existe alors d'une
vie qui lui est pour ainsi dire propre; il a son système ligneux et son sys-
tème cortical particuliers. Enveloppé par l'écorce, il en reçoit sa matière
nutritive. La sève qu'il y puise étant tout élaborée, pouvant être assimilée
immédiatement, ce nodule n'a pas besoin des organes considérés comme
nécessaires à cette élaboration; aussi le bourgeon avorte-t-il, quand la
séparation des deux systèmes ligneux est opérée.
» Après l'avortement de son bourgeon et sa propre séparation du bois
de l'arbre, le nodule peut développer sans obstacle ses couches ligneuses
sur tous les points de sa surface. Dès cette époque aussi, toute trace de
bourgeon disparaît, et aucune réunion n'a lieu normalement par la suite
avec le bois du tronc, contrairement à l'opinion de M. Dutrochet.
» Les premiers phénomènes de l'apparition des loupes sont à peu près
les mêmes dans le hêtre (j'ai observé aussi ces modules dans le Pau-
lownia _, l'aulne, les érables). Quand elles ont acquis un certain volume,
l'écorce qui les recouvrait se détruit en vieillissant, l'altération gagne le no-
dule, de manière qu'il se détruit du côté qui est soumis à l'influence des
agents atmosphériques, pendant que de nouvelles couches de bois s'ajou-
tent à sa face interne. Il y a alors deux formations ligneuses en sens inverse :
l'une centrifuge dans le tronc, l'autre centripète dans la loupe. Quelquefois,
j'ai vu la destruction s'étendre par le centre du nodule jusqu'à sa partie la
plus interne. Il ne restait plus dans ce cas qu'un anneau de bois qui conti-
nuait à végéter au milieu de l'écorce.
» La forme de ces loupes est variable. Elles sont ovoïdes, globuleuses ou
allongées transversalement. Elles sont ovoïdes dans la jeunesse et souvent
terminées par la pointe ou pédicule qui les tenait fixées au bois de l'arbre.
( 686 )
J ai vu dans le Paulownia un nodule globuleux qui était adhérent au bois
par deux pédicules parcourus chacun par un canal médullaire : ce qui
paraît indiquer que deux bourgeons avaient concouru à sa formation.
» Certains arbres produisent, près de la périphérie de leur écorce, des
bourgeons adventifs que j'ai vus liés avec le bois (damY4ilanthus glandu-
losa) par des filets vasculaires très-ténus. De tels bourgeons se transforment
aussi quelquefois en nodules ligneux. J'en ai observé un dans le Paulownia
qui n'avait que i \ millimètre de diamètre. Ses vaisseaux, formés de cellules
réticulées très-courtes, étaient disposés en cercles concentriques, et il por-
tait sur le côté externe un bourgeon composé de quelques feuilles rudi-
mentaires.
» L'accroissement de ces nodules ligneux, isolés dans l'écorce, est une
nouvelle preuve de la non-intervention de fibres et de vaisseaux radicu-
laires provenus des feuilles de l'arbre, dans la production des couches du
bois. »
MEMOIRES PRÉSENTÉS.
mécanique. — Recherches mathématiques faites à l'occasion des expé-
riences de M. Foucault , pour rendre sensible aux jeux le mouvement
de rotation de la Terre; par M. Quet. Mémoire présenté à la séance
précédente. (Extrait par l'auteur.)
« Un corps solide de révolution tourne autour de son axe de figure ; son
centre de gravité est fixe sur la Terre ; son axe ne peut pas sortir d'un plan
quelconque, qui est aussi fixe sur la Terre; mais il peut librement tourner
dans ce plan directeur; il s'agit de déterminer les oscillations de l'axe mo-
bile lorsque le centre de gravité du corps et le plan directeur de l'axe sont
emportés dans le mouvement diurne.
» Les principaux résultats auxquels je suis parvenu sont les suivants :
» i°. Lorsque le plan directeur est horizontal, l'axe du corps ne peut
être en équilibre relatif que suivant la méridienne ; cet équilibre est stable
si la rotation du mobile projetée sur l'équateur terrestre est de même sens
que celle de la Terre, il est instable dans le cas opposé.
» 20. Lorsque le plan directeur est le méridien, l'axe du corps ne peut
être en équilibre relatif que s'il est parallèle à l'axe terrestre. L'équilibre est
stable si la rotation du corps est de même sens que celle de la Terre.
» Ces cas particuliers correspondent aux deux expériences de M. Fou-
cault.
(687)
» 3°. Pour que l'axe du solide se dirige parallèlement à l'axe de la Terre,
il n'est pas nécessaire que son plan directeur soit le méridien, il suffit que
ce plan directeur, quelle que soit son inclinaison sur l'horizon, se trouve
lui-même parallèle à l'axe terrestre.
»> 4°. L'axe du solide est indifférent dans son plan directeur, lorsque ce
plan est perpendiculaire à l'axe du monde.
» Dans cette condition, l'appareil présente un cas analogue à celui de
l'aiguille astatique, imaginée par Ampère.
» 5°. Généralement, quelle que soit la direction du plan directeur, si
l'on projette sur lui l'axe de la Terre, on aura la direction d'équilibre relatif
de l'axe du corps tournant.
» Cette règle générale est analogue à celle qui donne la direction de
l'aiguille aimantée, lorsque le plan de la boussole est quelconque.
» 6°. Lorsque l'axe du corps est hors de sa ligne d'équilibre, il oscille
dans le plan directeur autour de sa position stable. Ses oscillations, grandes
et petites, suivent les mêmes lois que celles des pendules.
» 70. Si l'on fait osciller l'axe du corps tour à tour dans le méridien et
dans le plan horizontal, on trouve que, pour la même rapidité de rotation,
les oscillations, dans le méridien, sont plus rapides que les autres.
» 8°. La durée des oscillations, dans le méridien, peut servir à détermi-
ner la durée de la révolution de la Terr.e, qu'on peut calculer au moyen
d'une formule que je donne.
» ç>°. Si l'on compare les carrés des nombres d'oscillations exécutées
dans le plan horizontal et dans le méridien, avec la même vitesse de rota-
tion, leur rapport donne le cosinus de la latitude.
» Il suit, de ces dernières propositions, qu'un expérimentateur, sans
sortir de son cabinet, sans voir le ciel, peut déterminer la direction suivant
laquelle le ciel paraît immobile, le sens dans lequel les étoiles paraissent
tourner, la durée de la révolution des étoiles.
» Sans doute ces déterminatious ne peuvent atteindre la précision qu'on
obtient dans la mesure des éléments du mouvement terrestre ; cependant
j'ai cru devoir les signaler, parce que je ne crois pas que, jusqu'ici, on ait
indiqué qu'elles peuvent se faire, au moins au point de vue spéculatif, par
l'observation des oscillations d'un corps. Au reste, il me semble qu'une
personne même obstinée ne pourrait pas résister à ce mode de démonstra-
tion du mouvement de la Terre.
» i o°. Lorsque l'axe du solide est astreint à se mouvoir, non dans un plan,
mais sur la surface d'un cône fixe sur la Terre, il perd sa position d'équi-
libre dans un plan mené par l'axe du cône parallèlement à l'axe ter-
( 688 )
restre; ses oscillations autour de la position d'équilibre stable ont pour
durée
/ A sin 8
t — n\f n ! :
y C n p sin u
on désigne par w l'angle que l'axe du cône fait avec l'axe du monde, par
iQ l'angle du cône, par n la vitesse angulaire de rotation de la Terre, par p
celle du corps, par C le moment d'inertie du corps pris par rapport à l'axe
de figure, par A le moment d'inertie par rapport à une droite menée par
le centre de gravité perpendiculairement à l'axe de figure. »
mécanique. — Application de la théorie générale des mouvements de rota-
tion à la théorie spéciale du gyroscope horizontal de M. Foucault,
employé pour mesurer par ses oscillations la latitude. (Nouvelle Note de
M. Qcet faisant suite à la précédente. )
« J'ai pensé, dit l'auteur dans une Lettre adressée à M. Arago, en même
temps que cette nouvelle Note était adressée à l'Académie, que peut-être
vous ne regarderiez pas comme chose inutile un travail expérimental dans
lequel on chercherait avec quelle approximation on peut déterminer la lati-
tude par les oscillations horizontales du gyroscope de M. Foucault. Aussi,
j'ai appliqué mes formules générales à ce gyroscope , en tenant compte des
divers anneaux qui servent à guider l'axe.
» Les moments d'inertie principaux des divers anneaux entrent d'une
manière fort simple dans la formule qui donne le cosinus de la latitude. On
peut se servir de cette formule de deux manières : si l'on veut déterminer la
latitude absolue, il faut connaître les moments d'inertie des deux cercles et
du corps tournant par rapport à la verticale du centre de gravité et le mo-
ment d'inertie du corps tournant par rapport à son axe ; si l'on veut déter-
miner les latitudes en faisant osciller le même appareil dans deux lieux dif-
férents dont l'un a une latitude connue, il n'est pas nécessaire de connaître
les moments d'inertie, car la formule montre que les cosinus des latitudes
sont comme les carrés des nombres d'oscillations lorsque la durée de la ro-
tation est la même, et en raison inverse des produits des vitesses de rotation
par les carrés des durées d'oscillation lorsque la vitesse de rotation est
différente. »
l 'Les deux communications de M. Quet sont renvoyées à l'examen de la
Commission qui aura à faire le Rapport sur les communications de M. Fou-
cault, sur celles de M. Person, et sur une Note antérieurement adressée par
M. Quet. )
• ( 689 )
mécanique. — Remarques de M. Persox à l'occasion d'une Note récente
de M. Quet.
(Commission précédemment nommée. )
« Permettez-moi de soumettre à l'Académie une simple remarque sur le
résultat énoncé par M. Quet dans les Comptes rendus, tome XXXV, page 602 .<
Le corps considéré par M. Quet est soumis à deux rotations, l'une due à la
Terre, l'autre due à l'action d'un fil, par exemple. Pour que la rotation ré-
sultante commence, ainsi qu'on le suppose, autour de l'axe de révolution,
qui a une direction quelconque, il faut, en général, que ni l'une ni l'autre
des deux rotations composantes ne tende à se faire autour de cet axe; cela
est évident d'après le principe de la composition des rotations. Mais, dans
le gyroscope, c'est justement autour de l'axe de révolution que la rotation
due au fil tend à se faire ; donc le cas traité par M. Quet n'est pas le cas con-
sidéré par M. Foucault, .et, par suite, la coïncidence signalée n'est qu'illu-
soire. Quand M. Quet aura traité le cas véritablement en question, il renon-
cera, je pense, à la fixité qu'il admet; il trouvera que l'axe de révolution ne
devient fixe que quand il devient parallèle à l'axe de la Terre, et qife par
conséquent on ne peut pas l'assimiler à une lunette parallactique. »
mécanique.— M. Lamarle adresse, de Gand, une Note ayant pour titre :
Résumé général présentant les bases du calcul relatif aux effets que la
rotation de la Terre produit sur le mouvement gjratoire des corps entraînés.
Le manuscrit de M. Lamarle est renvoyé à l'examen de la Commission
qui doit faire le Rapport sur les communications de M. Foucault, de
M. Quet et de M. Person.
Les documents imprimés que M. Lamarle avait annoncés dans une précé-
dente communication, et qui font partie de son nouvel envoi, sont égale-
ment renvoyés, à titre de renseignements, à la même Commission.
M, du Moncel soumet au jugement de l'Académie une Note ayant pour
titre : Système de carillon électrique propre à la sonnerie des cloches de
signal dans les grands établissements, aux différentes heures où il en est
besoin.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Becquerel, Despretz, Morin.)
M. le pasteur Clavel envoie un supplément à sa précédente communi-
C. R. , i852, 2"" Semestre. (T. XXXV, IN» 19.) 91
cation sur un hélioslat destiné à faire pénétrer les rayons du soleil dans des
appartements obscurs.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Mathieu, Babinet.)
M. Riche adresse, de Colmar, une Note sur la détermination approxima-
tive du volume utile du fer pour une hélice d'un nombre de tours donné,
afin d'obtenir le maximum d'aimantation.
(Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet, Despretz.)
M. l'abbé Chapsal adresse un Mémoire ayant pour titre : Sur un fluide
électro-animal polarisé observé dans le corps humain.
(Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet, Babinet.)
CORRESPONDANCE.
M. le Maire de la ville de Reims remercie l'Académie d'avoir bien
voulu comprendre la bibliothèque de cette ville dans le nombre des établis-
sements auxquels elle fait don de ses publications.
chimie organique. —Recherches sur les combinaisons de l'acide sulfuiique
avec les matières organiques ; par MM. Gerhardt et G. Chancel.
« Parmi les combinaisons que l'acide sulfurique produit avec les sub-
stances organiques, il n'y a que les composés qu'on obtient avec les alcools
qui aient été, jusqu'à présent, réunis dans une théorie commune. Tous les
chimistes, en effet, sont d'accord pour cousidérer les acides viniques et les
éthers sulfuriques, suivant le point de vue auquel ils se placent, soit comme
des sulfates à base d'oxydes organiques, soit comme de l'acide sulfurique
dans lequel la moitié ou la totalité de l'hydrogène est remplacée par un
groupe organique, méthyle, éthyle, amyle, phényle, etc.
» Il existe un nombre considérable d'autres combinaisons semblables
sur la constitution desquelles on n'est pas encore parvenu à s'entendre,
faute de données suffisantes sur leurs métamorphoses. Sous ce rapport, il
faut particulièrement citer les composés qui s'obtiennent avec l'acide sul-
furique, et les hydrocarbures ou les acides organiques. Tels sont l'acide
sulfobenzidique, la sulfobenzide, l'acide sulfobenzoïque, et leurs homo-
logues.
» Nous avons fait quelques expériences dont les résultats permettent, ce
(69i )
nous semble, de formuler la constitution des composés précédents par une
expression commune, qui vient elle-même se rattacher à la théorie générale
des alcools et des acides.
i> Le fait principal qui se dégage de notre travail, c'est que les combi-
naisons de V acide sulfurique avec les matières organiques sont parallèles à
d'autres combinaisons , dans lesquelles le groupe SOa est remplace' par le
groupe CO. Dans les deux séries, on retrouve, de la manière la plus frap-
pante, les mêmes termes avec les mêmes propriétés, les mêmes fonctions
chimiques. Nous appellerons l'une des deux séries, la série carbonique,
l'autre la série sulfurique.
» Voici un tableau synoptique qui démontre l'existence de ces deux
séries parallèles :
CO,
CO.O,
CO.Ci
Cl
CO.C'H5
Cl
CO.CcHs
H
CO.CH4
C6HS
CO.C6Hs
NH2
CO.C6H5
H
CO.O, C8H4
H
CO.CH5
NH2
CO.O, C'H1
CO. H
O,
».
o
Série carbonique.
Oxyde de carbone. SOs,
Acide carbonique an- S02.0,
hydre.
SO'.Cl
Oxychlorure de carbone. '
Chlor. de benzoïle (chlo- S02.CH5
rure phénylformique). Cl
Hydrure de benzoïle ( hy- SO2 . C6 H5
drure phénylformique). H
Benzophénone ( phényle SO2 . C6 H5
phénylformique ) . C6 H5
Benzamide ( phénylfor- SO'.C'H5
miamide). NH'
Acide benzoïque (acide SO'.C6H5
phénylformique). H
Acide salicylique (acide S02.0, C6H5
phénylearbonique). H
Acide anthranilique (ac. S02.C6Hs
phénylearbamique). NH2
Acide phtalique (acide S02.0, C6H5
phényloxalique ) . CO . H
Série sulfurique.
Gaz sulfureux.
Acide sulfurique anhy-
dre.
Acide chlorosulfurique.
Corps nouveau ( chlo-
rure phénylsulfu reux) .
Inconnu.
Sulfobenzide ( phényle
phénylsulfureux ).
Corps nouveau (phényl
sulfimide).
Ac. sulfobenzidique(ac.
phénylsulfureux ).
Acide sulfophénique(ac.
phénylsulfurique ) .
Acide sulfanilique (acide
phénylsulfamique ).
O,
O,
0,
O, Acide sulfobenzôïque.
» Deux composés nouveaux de la série sulfurique ont été découverts par
nous : l'un, le chlorure phénylsulfureux ', le correspondant du chlorure de
benzoïle dans la série sulfurique, renferme
C6H5ClSOa.
91..
( 69a )
a C'est une huile incolore, d'une densité de 1,378 à 23 degrés, réfrac-
tant fortement la lumière, fumant légèrement à l'air, insoluble dans l'eau,
fort soluble dans l'alcool, et bouillant d'une manière constante à i5^ degrés;
son odeur, assez forte, rappelle celle de l'essence d'amandes amères. On
l'obtient aisément et en quantité notable, en distillant un sulfobenzidate
avec un léger excès d'oxychlorure de phosphore.
» L'eau attaque à peine le nouveau chlorure, néanmoins elle en devient
acide ; mais les alcalis fixes le transforment immédiatement en sulfoben-
zidate.
» Ce chlorure est attaqué avec énergie par l'ammoniaque, et donne
l'autre composé {phénylsuljimide) qui manque dans la série sulfurique, le
composé correspondant à la benzamide :
C8H7NSOa.
» C'est un corps solide presque insoluble dans l'eau, fort soluble dans
l'alcool. On l'obtient surtout bien cristallisé en paillettes nacrées, ressem-
blant beaucoup à la benzamide, en le faisant cristalliser dans l'ammoniaque
bouillante.
» Il serait difficile de trouver, parmi les composés organiques, un
ensemble d'analogies plus nettement accusées que dans les composés
inscrits au tableau précédent. Les mêmes types reviennent des deux côtés,
et les termes correspondants se ressemblent souvent jusque dans leurs carac-
tères physiques, à un aussi haut degré que certains corps chlorés ou bromes
ressemblent à des corps hydrogénés d'où ils dérivent par substitution. Si
l'acide carbonique, au lieu d'être gazeux, était un agent, solide ou liquide,
aussi énergique que l'acide sulfurique, nul doute qu'on ne pût produire
directement, avec lui et la benzine ou l'hydrate de phényle, l'acide ben-
zoïque ou l'acide salicylique aussi bien qu'on produit aujourd'hui l'acide
sulfobenzidique ou l'acide sulfophénique au moyen de l'acide sulfurique.
» D'ailleurs, les composés de la série carbonique peuvent souvent être
convertis en ceux de la série sulfurique, par l'effet d'une double décompo-
sition : qu'on dissolve à chaud des cristaux de benzophénone dans l'acide
sulfurique fumant, il se dégagera de l'acide carbonique pur, et l'on aura de
l'acide sulfobenzidique en dissolution (on sait que la sulfobenzide, le cor-
respondant de la benzophénone, se transforme en acide sulfobenzidique
par la seule dissolution dans l'acide sulfurique).
» Les analogies que nous venons de signaler se retrouvent, avec les
mêmes caractères, dans les composés qui dérivent des alcools et des acides
( 693 )
volatils correspondants ; de même que l'acide benzoïque représente l'acide
phénylformique auquel correspond, dans la série sulfurique, l'acide sulfo-
benzidique ou phénylsulfureux , de même l'acide acétique représente l'acide
méthylfôrmique auquel correspond l'acide métbylsulfureux ( i ) ; de même,
encore, l'acide propionique représente l'acide éthylformique auquel cor-
respond l'acide éthylsulfureux (2), etc., et chacun de ces termes a aussi son
métal, son bydrure, son amide, son chlorure.
» Rien de plus semblable, par exemple, que les chlorures des deux séries ;
ce sont des liquides plus ou moins volatils, plus ou moins fumants, plus
pesants que l'eau, et que les alcalis transforment en leurs acides respectifs.
Ils peuvent tous s'obtenir avec l'oxychlorure de phosphore et un sel de
l'acide correspondant. Le chlorure éthylsulfureux , entre autres,
CaH5ClSOa,
est un liquide incolore, légèrement fumant, insoluble dans l'eau, fort soluble
dans l'alcool, d'une densité de 1 ,357 ^ a2°,5, et bouillant à 171 degrés. Ce
composé correspond évidemment au chlorure de l'acide propionique ou
éthylformique, dans la série carbonique. Le soi-disant sulfite de chlorure
de carbone de Berzélius et Marcet, CC14S02, représente le chlorure de l'acide
trichlorométhylsulfureux, correspondant, dans la série carbonique, au chlo-
rure trichlorométhylformique (chlorure trichloracétique, aldéhyde per-
chloré de M. Malaguti).
» Enfin, pour compléter ces analogies, nous dirons que, dans la série car-
bonique, l'acide succinique et ses homologues (adipique, pimélique, subé-
rique, sébacique) sont autant de représentants du type acide oxalique (3)
qui correspondent à l'acide sulfacétique et à ses homologues, tout comme,
au même point de vue, l'acide phtalique est le correspondant de l'acide
sulfobenzoïque.
>» Nous nous proposons de continuer ces recherches, en fixant particu-
lièrement notre attention sur les moyens d'opérer la transformation des
termes carboniques en termes sulfuriques. Nous avons déjà remarqué, par
exemple, que l'acide acétique anhydre dégage du gaz carbonique pur,
lorsqu'on le chauffe légèrement avec de l'acide sulfurique fumant; il est
probable que le sulfacide, produit dans ces circonstances, est l'acide méthyl-
(1) CH'SO3, par l'oxydation de l'acide méthylsulfhydrique ( mercaptan méthylique) au
moyen de l'acide nitrique.
(2) CrPSO3, par l'oxydation de l'acide étliylsulfhydrique (mercaptan).
(3) L'acide succinique est l'acide éthyloxalique.
(694)
sulfureux, c'est-à-dire le même que celui qu'on obtient en oxydant le mer-
captan méthylique par l'acide nitrique. »
physique APPLIQUÉE. — Troisième Mémoire sur l'héliochromie ;
par M. Niepce de Saint-Victor.
« Dans ce nouveau Mémoire, je traiterai principalement des phénomènes
d'optique que j'ai observés en cherchant à fixer les couleurs à la chambre
obscure.
» Après avoir obtenu par contact, c'est-à-dire en appliquant le recto
d'une gravure coloriée sur une plaque sensible, et la recouvrant d'un verre
pour l'exposer ensuite à la lumière, tout ce qu'il était possible d'obtenir
dans l'état actuel des choses, j'ai cherché à parvenir aux mêmes résultats
dans la chambre obscure. Le passage était difficile, et je m'attendais à ren-
contrer de grandes difficultés, que je suis parvenu, jusqu'à un certain point,
à surmonter.
» J'ai reconnu que la reproduction de toutes les couleurs était possible,
qu'il ne s'agissait, pour l'obtenir, que de préparer convenablement la
plaque.
» 3 'ai commencé par reproduire à la chambre noire des gravures colo-
riées, puis des fleurs artificielles et naturelles; enfin la nature morte: une
poupée que j'ai habillée d'étoffes de différentes couleurs, et toujours avec
des galons d'or et d'argent.
» J'ai obtenu toutes les couleurs, et ce qu'il y a de plus extraordinaire
et de plus curieux, c'est que l'or et l'argent se peignent avec leur éclat mé-
tallique, de même que le cristal, l'albâtre et la porcelaine se dessinent avec
l'éclat qui leur est propre.
» J'ai produit des images de pierres précieuses et de vitraux, et les essais
m'ont fait observer une particularité curieuse que je crois devoir consigner
ici. J'avais placé devant mon objectif un verre vert foncé, qui m'a donné
une image jaune au lieu d'une image verte, tandis qu'un verre vert clair,
placé à côté du vert foncé, s'est parfaitement reproduit avec sa couleur.
» La grande difficulté, celle qui m'a le plus arrêté jusqu'à ce jour, est
d'obtenir plusieurs couleurs à la fois; cela est possible cependant, puisque
je l'ai souvent fait.
» Toutes les couleurs claires se reproduisaient beaucoup plus vite et
beaucoup mieux que les couleurs foncées, c'est-à-dire que plus les couleurs
se rapprochent du blanc, plus elles se reproduisent facilement, et que plus
elles se rapprochent du noir, plus elles sont difficiles à reproduire. Cela
(695 1
doit être, puisque plus les couleurs sont lumineuses, plus leur action pho-
togénique est grande. Les corps qui réfléchissent le plus de lumière blanche
sont aussi ceux qui se reproduisent le mieux.
» Ainsi la lumière blanche, loin de nuire à la reproduction des couleurs,
la rend, au contraire, plus facile, comme on va le voir.
» Ayant remarqué que les couleurs claires et éclatantes se reproduisent
beaucoup mieux que les couleurs mates, pourvu cependant que les pre-
mières ne soient pas exposées aux rayons directs du soleil, parce que, dans
ce cas, elles réfléchiraient la lumière comme un miroir, et brûleraient
l'image dans certaines parties, j'ai eu l'idée d'opérer dans une chambre
dont l'intérieur fût le plus éclairé possible; pour cela, j'ai d'abord employé
une chambre tapissée de papier blanc. Les résultats ont été au moins
égaux à ceux que me donnait la chambre noire, quant à la production
des couleurs, ce qu'il était important de constater.
» J'ai ensuite garni l'intérieur d'une chambre noire avec des glaces éta-
mées, et j'ai encore obtenu les mêmes résultats; cette circonstance, cepen-
dant, est contraire à toutes les règles de la photogénie.
» Je ne puis néanmoins assurer d'une manière positive qu'il y ait réelle-
ment avantage à se servir de préférence de ces deux chambres, soit pour la
puissance de l'effet, soit pour sa rapidité, parce que les moyens dont je dis-
pose ne m'ont pas permis, jusqu'à ce jour, de faire des expériences compa-
ratives suffisamment concluantes.
» Par cela même que les couleurs claires se reproduisent plus facilement
et surtout plus promptement que les couleurs foncées, il est très-important
que les nuances du modèle soient des nuances du même ton, si l'on veut
les reproduire toutes à la fois, sans cela les nuances claires seraient passées
avant que les secondes se fussent produites.
» On peut cependant fixer des couleurs de tons différents, en ayant soin
de prendre des couleurs claires mates, et des couleurs foncées brillantes
ou glacées, ce que j'ai fait avec succès.
» La couleur la plus difficile à obtenir avec toutes les autres, est le vert
foncé des feuillages, parce que les rayons verts ont peu d'action photogé-
nique, et sont presque aussi inertes que Je noir; le vert clair cependant se
reproduit très-bien, surtout s'il est brillant comme dans le papier vert glacé.
» Pour obtenir des verts foncés, il faut à peine chauffer la plaque avant
de l'exposer à la lumière, tandis que, pour obtenir la plupart des autres
couleurs, et surtout de beaux blancs, il faut, comme je l'ai dit ailleurs, que
la couche sensible soit amenée par la chaleur à la teinte rouge-cerise. Cette
teinte rouge a de graves inconvénients, les noirs et les ombres restent presque
(696)
rouges; quelquefois cependant il arrive que les noirs sont bien indiqués,
surtout quand on opère par contact.
» J'ai essayé, par tous les moyens en mon pouvoir aujourd'hui, de sup-
primer cette préparation par l'élévation de la température, mais cela ne m'a
pas encore été possible.
» Les expériences suivantes m'ont mis sur la voie qui me conduira, je
l'espère, à une solution complète du problème de l'héliochromie.
» Si au sortir du bain on ne fait que sécher la plaque sans élever la tem-
pérature au point de lui faire changer de couleur, et qu'on l'expose ainsi à
la lumière, recouverte d'une gravure coloriée, on obtient réellement, après
très-peu de temps d'exposition, une reproduction de cette gravure avec
toutes ses couleurs; mais les couleurs, le plus souvent, ne sont pas visibles,
quelques-unes seulement apparaissent lorsque l'exposition à la lumière a
été assez prolongée : ce sont les verts, les rouges et quelquefois les bleus.
Les autres couleurs, et fréquemment toutes les couleurs, quoique certaine-
ment produites, sont restées à l'état latent; en voici la preuve. Si l'on prend
un tampon de coton imprégné d'ammoniaque, ayant déjà servi à nettoyer
une plaque, et que l'on frotte doucement sur la plaque, on voit apparaître
peu à peu l'image avec toutes ses couleurs. Il a fallu, pour cela, enlever la
couche superficielle du chlorure d'argent pour arriver à la couche infé-
rieure plus profonde, à celle qui adhère immédiatement à la plaque d'ar-
gent, et sur laquelle s'est formée l'image.
» On voit par là qu'il ne s'agirait que de trouver une substance qui dé-
veloppât l'image, et peut-être qu'en même temps elle fixerait les couleurs ;
le problème alors serait résolu tout entier.
» Dans les nombreuses recherches faites dans cette direction, voici ce
que j'ai remarqué. Si l'on emploie la vapeur du mercure, on développe
très-bien l'image, mais elle est d'un ton gris uniforme sans aucune trace
de couleur; son apparence diffère de celle de l'image daguerrienne, quoi-
que, comme celle-ci, elle se montre sous deux aspects divers, c'est-à-dire
image positive dans un sens, et négative dans l'autre.
» Si l'on emploie une faible dissolution d'acide gallique, additionnée de
quelques gouttes d'ammoniaque, on fait également apparaître l'image, sur-
tout si l'on chauffe un peu, et qu'on sèche ensuite la plaque sans la laver.
L'image qui apparaît alors est assez semblable à celle produite par le mer-
cure; et si l'on ajoute à l'acide gallique quelques gouttes d'acéto-azotate
d'argent, elle devient presque noire.
» Le temps d'exposition nécessaire à la production des couleurs varie
considérablement, selon la préparation de la plaque; je l'ai déjà beaucoup
(697)
abrégé, car j'ai fait des épreuves au soleil avec un objectif allemand pour
demi-plaque dans moins d'un quart d'heure, et en moins d'une heure à la
lumière diffuse. Plus la plaque est sensible, plus les couleurs passent vite,
et, jusqu'à présent, je n'ai réussi qu'à fixer les couleurs momentanément :
la question de la fixation permanente est encore à résoudre, elle se lie peut-
être, comme je l'ai indiqué plus haut, à la découverte d'une substance qui
ferait passer l'image de l'état latent à l'état sensible.
» Malgré ce qui reste à faire, je crois avoir déjà obtenu des résultats
extraordinaires, qui ont surpris toutes les personnes auxquelles j'ai montré
des épreuves de ma poupée où les galons d'or et d'argent étaient reproduits
avec leur éclat métallique, où le modelé de la figure et toutes les couleurs
des vêtements se dessinaient avec une assez grande netteté.
» Mes meilleures épreuves réalisent déjà, en partie, les espérances enthou-
siastes de mon oncle, qui disait à l'un de ses amis, M. le marquis de Jouf-
froy, qu'un jour il reproduirait son image telle qu'il la voyait dans une
glace. Cet immense progrès n'est malheureusement pas encore atteint, mais
on peut espérer d'y arriver un jour; et quoique les difficultés à vaincre
soient encore nombreuses et graves, j'ai mis, il me semble, hors de doute
la possibilité d'une réussite complète.
» Tels sont les faits que j'ai cru devoir porter, dès aujourd'hui, à la con-
naissance de l'Académie, me réservant de révéler plus tard le mode de pré-
paration des plaques qui m'a conduit aux résultats que je viens d'annoncer,
et dont on peut juger par les épreuves que j'ai l'honneur de déposer sur le
bureau (i). »
Observations de M. Becquerel sur la communication de M. Niepce de
Saint- Victor.
« M. Becquerel fait remarquer à l'Académie que le fait de la préparation
d'une surface impressionnable, capable de recevoir à la fois les impressions
colorées de tous les rayons lumineux, n'est'pas nouveau, puisqu'il y a près
de cinq ans (7 février 1848), M. Edmond Becquerel fit connaître, pour la
première fois à l'Académie, la manière de préparer des lames d'argent de
façon à obtenir non-seulement des impressions colorées du spectre solaire,
mais encore des peintures par décalcage ou à la chambre obscure; ainsi la
(1) Les deux épreuves auxquelles il est fait ici allusion ont été mises sous les yeux de
l'Académie; mais, déjà à demi effacées par une exposition assez prolongée à la lumière du
matin, elles ne peuvent donner une idée des résultats obtenus par l'auteur.
C. R. iH5a, 31»" Semestre. (T. XXXV, N° 19.) • 92
lumière blanche colore en blanc ces mêmes lames; du reste, le 12 février
1849, une Commission, composée de MM. Biot, Chevreul et Regnault, fit
un Rapport favorable sur ce sujet.
» Sur l'observation de M. le Secrétaire perpétuel, que M. Herschel avait
avant lui obtenu des couleurs, M. Becquerel répond que les conditions ne
sont pas les mêmes, M. Herschel n'ayant observé que quelques teintes
légères sur des papiers sensibles; il ajoute que ce célèbre physicien, dans
une Lettre qu'il lui a adressée à cette occasion, s'exprime ainsi : « Mes
» impressions ne sont que peu de chose en comparaison de celles obtenues
» par monsieur votre fils. » M. Edmond Becquerel a donc trouvé la méthode
de préparation des lames d'argent pouvant recevoir et conserver les impres-
sions colorées de tous les rayons lumineux, méthode qui a été employée par
les différentes personnes qui se sont occupées depuis de cette question ; en
un mot, il a annoncé et démontré le premier que l'on pouvait peindre avec
la lumière. »
M. le Secrétaire dit que la priorité de M. Edmond Becquerel n'est
contestée par personne; elle a été reconnue par M. Niepce lui-même dans
un Mémoire qui a été inséré aux Comptes rendus.
analyse mathématique. — Sur un nouveau théorème de mécanique
analytique ; par M. Joseph Bertrand.
« Dans un Mémoire récemment présenté à l'Académie, je me suis pro-
posé d'étudier le théorème célèbre au moyen duquel deux intégrales d'un
problème de mécanique étant connues, on peut en obtenir une troisième.
Malheureusement, cette troisième intégrale est le plus souvent illusoire. Mais,
en renversant la question et se proposant de chercher les intégrales qui, com-
binéesavecune intégrale don née j rendent la formule identique, on obtientune
méthode d'intégration applicable aux problèmes les plus célèbres de la dyna-
mique. Cette méthode est fondée'sur la formation d'une équation différentielle
partielle à laquelle certaines intégrales doivent satisfaire identiquement.
» La possibilité de former une équation à laquelle doivent satisfaire
identiquement certaines intégrales , qui se trouvent ainsi séparées des
autres, est, à mes yeux, un fait de grande importance. En cherchant si ce
fait remarquable doit être considéré comme exceptionnel, je suis parvenu
à un théorème nouveau, analogue à celui de Poisson, et qui peut fournir,
comme lui, des équations auxquelles certaines intégrales doivent satisfaire
identiquement.
(699)
» Je me bornerai aujourd'hui à communiquer à l'Académie l'énoncé de
ce théorème.
» Si l'on désigne par q{, q2,---, q„ des variables indépendantes, en fonc-
tion desquelles soient données les coordonnées des points d'un système;
par q\ , q'2,..., q'n leurs dérivées par rapport au temps, par T la demi-
somme des forces vives, et par U la fonction des forces; en posant, en
outre,
dt dl dj _ TT
les équations différentielles du mouvement sont, comme on sait,
dp, _ (VR dp1_ dH dpn _ dR
dt ~ dqS dt dq,' dt dq»
dq1_dn dq1_dn dqn _ dE
dt dp, dt dp, dt dp,,
» Cela posé, soient
quatre intégrales des équations différentielles qui précèdent ; la somme des
déterminants, dont le type est
do.
da
da.
da.
dqt
dpt,
dqk-
dpk'
d&
dqk
dp
dfk
d^,
dpk>
il,
dpk>
dy.
dqn
dy
dpk
dy
dqy
dy
dpv
dâ
dS
dS
dS
dqk
dpk
dqk''
dpv
et dans lesquels les indices k et k' doivent recevoir toutes les valeurs pos-
sibles, sera constante pendant toute la durée des mouvements, de sorte
qu'en la désignant par (a, /3, 7, &),
(a, ]S, y, &) = constante
sera une cinquième intégrale ou une identité. »
physique. — Note sur la conductibilité des métaux pour la chaleur;
par M. II. -.1. Gomllaud.
« On sait que l'analyse, appuyée sur l'hypothèse du rayonnement molécu-
laire, a conduit les géomètres à représenter par la formule y = Aeair+ Be~
92.
ax
( 7°° )
la loi des températures stationnaires d'une barre métallique chauffée par
une de ses extrémités.
» J'ai cherché à vérifier par expérience l'exactitude de cette expression,
et j'ai reconnu : i°quesi, toutes les autres quantités restant les mêmes, on
fait seulement varier la longueur de la barre, la valeur de A varie aussi,
qu'elle diminue sensiblement comme les termes d'une progression géomé-
trique quand la première augmente en progression arithmétique; 20 que si,
la longueur de la barre restant constante, on fait seulement varier la tem-
pérature de la somme de chaleur, A augmente ou diminue proportionnel-
lement à l'excès de cette dernière quantité sur la température environnante,
si bien qu'il peut être représenté par une expression de cette forme kTm1 ;
T étant l'excès de la température de la source sur la température de l'en-
ceinte, / la longueur de la barre, k et m deux quantités constantes dépen-
dant seulement de la nature et de l'épaisseur de la barre.
» De plus, comme on a nécessairement B = T — A, l'équation indiquée
plus haut devient
y = kTmleax+(T —kTml)e-ax,
ou plutôt
y = kTml{eax— <r"*) +.Tr".
» Sous cette nouvelle forme on voit comment la longueur de la barre
influe sur la loi des températures stationnaires et pourquoi l'équation se
réduit à y = rïe~ax quand cette longueur devient assez grande.
» Je joins ici quelques-unes des nombreuses observations que j'ai faites
et seulement pour donner une idée de l'accord remarquable que présentent
la formule et l'expérience.
• Je me suis servi d'une barre de fer carrée, de 43 millimètres d'épais-
seur; les thermomètres étaient placés à une distance de 20 centimètres les
uns des autres.
» On avait dans ce cas
k = 0,409, m = 0,24» ea=a,24, e~"=:o,45,
ce qui donne la formule
j=o,4o9(o,24)'T[(2,24r-(o,45)*] + T(o,45)*.
» En faisant varier successivement ou simultanément /, x et T, on obtient
les résultats consignés dans le tableau suivant; 9 y représente la température
de l'enceinte :
( 701 )
LONGUEURS
VALEURS
NUMÉROS
INDICATIONS
EXCÈS
EXCÈS
de la barre.
de 8 et de T.
des thermo-
mètres.
des thermo-
mètres.
du
calcul.
observés.
calculés.
0
0
0
0
/ i
76,23
5o,36
5o,36
0
1 — 5
S = 25o,87 j 3
47,97
36, i5
22,10
10,28
22,72
10,17
-+- 0,62
— 0,11
T= 5o°,36 j 4
3o,78
4)9»
4,73
— 0,18
f 5
28,45
2,58
2,45
— o,i3
' 6
27,6a
1,78
1,89
-t- 0,11
/ 1
73,70
49,45
49,45
0
( 8 = j4°,25 \ 2
46,48
22,23
22,36
-t- o,i3
l 3
34,71
10,46
10,21
— 0,25
| t= 490,45 / 4
29,65
5,40
5,i8
— 0,22
' = 4
\ 5
27. 9'
3,66
3,6i
— o,o5
1 / '
47.97
22, 10
22,10
-r- 0
•
8 = 250,87 1 J
36, i5
10,28
10,01
— 0,27
■ { 3
30,78
4)9i
4,57
— 0,34
T == 22°, 10 J 4
28,45
2,58
2,33
t— 0,25
l 5
. a7>65
j,78
i,63
— o,i5
1 8 = 230,85 l \
72,61
46,07
48,76
22,22
48,76
22,43
-r- 0
-+- 0,21
1 T= 480,76 ) 3
34,88
m, o3
11,07
-t- 0,04
l — 3
1 t 4
3 1,26
7)4'
7,44
-t- o,o3
,„ - ( "'
46,48
22,23
22,23
'-+- 0
6 = 240,25 J ,
• 34,7'
10,46
10,23
— 0,23
T= 220,23 ) 3
2g,65
5,40
5,l8
— 0,22
l 4
27»9'
3,66
3,4i
— 0,25
/ *
36, i5
10,28
10,28
0
i — 3 ,
8 = 250,87 \ a
T = 100,28 ) 3
30,78
28,45
4*9»
2,58
4,73
2,34
— 0,l8
— 0,24
1
( 4
27,65
1,78
1,57
— 0,21
e — 22<>,8i ( «
72,48
49,67
49,67
0
»
46,72
23,91
24,41
-t- o,5o
T=49°.67 ( 3
38,42
i5,6i
i5,5o
— 0,10
8 = 23°, 85 .' >
46,07
22,22
22, 22
-t- 0
34,88
11, o3
10,71
— 0,32
/ - •> j
T = 22°, 22 ( 3
3 1 , 26
34,71
7,4'
10,46
7,12
10,46
— 0,29
-+- 0
1
8 = ï30,ï5
ï
2
29,65
5-, 40
5,i6
— 0,24
J
T = io°, 46
ï
27,91
3,66
3,35
— o,3i
f
8 = 250,87 / '
30,78
4,9'
4,9'
-r- 0
28,45
2,58
2,42
— 0,16
1
T= 40,9, ( j
27,65
1,78
.,5,
— 0,21
/
8 = 250,02 l 1
76,42
5i,4o
5i,4o
0
' - ' !
T= 5iO,4o \ .2
8 = 22°, 81 | 1
57,20
46,72
32, 18
23,91
3i,7°
23,90
- o,48
0
l
T= 230,91 ( 2
38,42
i5,6i
'4,97
-r- 0,64
( 702 )
physique. — Note sur des courants d'induction produits par la torsion
du fer; par M. G. Weiitheim.
« On sait depuis longtemps qu'un fil de fer soumis à l'action du magné-
tisme terrestre s'aimante d'une manière permanente lorsqu'on lui fait éprou-
ver une torsion considérable et également permanente. On cherche à ex-
pliquer ce fait en disant que la torsion agit de la même manière que tout
autre ébranlement mécanique, qu'elle facilite la décomposition des deux
fluides magnétiques, et qu'en même temps elle donne au fer une certaine
force coercitive.
» Cette opinion repose sur des faits incomplètement observés; la torsion
agit d'une manière toute spéciale en forçant les molécules matérielles à se
disposer en spirales, et en donnant ainsi à la matière elle-même la forme
qu'Ampère a assignée aux courants intérieurs.
» La torsion produit des effets magnétiques temporaires lorsqu'elle est
temporaire, et permanents lorsqu'elle est permanente; et ces effets ne peu-
vent être reproduits par aucun autre mode d'action des forces mécaniques.
» Effets temporaires. — Une barre de fer aimantée à saturation se désai-
mante partiellement au moment où elle éprouve une torsion temporaire, et
se réaimante au moment de la détorsion, ou, en d'autres termes: elle est
traversée par un courant inverse pendant la torsion, et par un courant di-
rect pendant la détorsion, quelle que soit du reste la direction suivant
laquelle cette torsion s'exerce.
» Nous entendons par aimantation à saturation l'état d'équilibre ma-
gnétique dans lequel se trouve un fer qui a pris toute l'aimantation qu'il
est susceptible d'acquérir sous l'action d'un courant donné, ou qui, après
l'interruption de ce courant, a déjà perdu toute l'aimantation qu'il ne peut
pas conserver; tant que cet état d'équilibre ne s'est pas établi, les torsions
et les détorsions n'agissent que comme les autres ébranlements mécaniques.
» Voici comment se fait l'expérience : une barre de fer doux bien recuite
d'avance, de j mètre de longueur et de i5 millimètres de diamètre, est fixée
par l'une de ses extrémités ; l'autre extrémité est placée au centre d'une
roue au moyen de laquelle on peut la tordre dans les deux sens. Elle porte
deux spirales, dont l'une est destinée à recevoir le courant d'un seul élé-
ment de Daniell, tandis que l'autre sert comme spirale d'induction; cette
dernière est mise en communication avec un galvanomètre sensible à ai-
guille astatique. Il est inutile de dire que les deux spirales sont assez éloi-
gnées l'une de l'autre pour qu'il ne puisse pas y avoir d'induction directe.
{ 7o3 )
» L'établissement du courant fait marcher l'aiguille à > 90 degrés vers
la droite; le pôle boréal se trouve encastré, et le pôle austral tordu; lors-
qu'on établit le courant en sens inverse, le pôle austral de la barre est
encastré, le pôle boréal tordu, et l'aiguille tourne à gauche. Le tableau
suivant fera facilement comprendre la marche de l'expérience.
vers
la droite.
> 90 droite.
5o droite.
3 gauche.
5 gauche.
20 gauche.
70 gauche.
5o gauche,
ia droite.
3o droite.
> 90 droite.
5o droite.
20 droite.
20 droite.
> 90 droite.
45 droite.
5o droite.
35 droite.
3o droite.
60 gauche
5o gauche
/|0 gauche
42 gaucho
20 droite.
o
5 gauche.
10 gauche.
TORSION
vers
la gauche.
90 droite.
20 droite.
12 gauche
20 gauche
20 gauche
90 gauche
5 droite.
14 droite.
3o droite.
90 droite.
35 droite.
3o droite.
1 2 droite.
OBSERVATIONS.
70 droite.
35 droite.
45 droite.
45 droite.
3o droite.
La barre s'aimante; tout autre ébranlement
mécanique agit sur l'aiguille dans le même
sens que la torsion.
La barre étant aimantée à saturation , l'ap-
plication de toute force qui ne produit pas de
torsion laisse l'aiguille à o.
75 gauche.
" ' f On a renversé le courant, et, par suite, les
' " ' 1 mêmes faits se reproduisent en sens inverse
40 gauche.
10 droite.
i5 gauche.
i5 gauche. '
1 0 gauche. I
Le courant a été interrompu; la barre se
désaimante d'abord jusqu'à saturation.
I
>> On pourrait mesurer la force coercitive de chaque fer par le nombre de
torsions nécessaires pour le faire arriver au point de saturation.
» Effets permanents. — Lorsqu'une barre (ou un faisceau de fils) de
fer a été aimantée au moyen d'une forte torsion permanente sous l'action ,
soit du courant terrestre, soit de tout autre courant, elle ne se comporte
pas comme un aimant ordinaire. Toute torsion ou détorsion temporaire qui
agit sur elle dans le sens de sa torsion permanente, produit une aimantation
ou un courant direct, et toute torsion ou détorsion qui agit en sens con-
traire, produit une désaimantation ou un courant inverse.
» Cette expérience se fait facilement avec deux faisceaux du même fil de
fer, que l'on suspend verticalement, et que l'on tord de manière à faire de
l'un une hélice dextrorsum, et de l'autre une hélice sinistrorsum ; ils ont,
l'un et l'autre, le pôle boréal en haut, et le pôle austral en bas : leur intro-
duction dans la spirale fait marcher l'aiguille vers la droite. Mais lorsqu'a-
près avoir encastré le pôle boréal de chaque faisceau, on donne au pôle aus-
( 7<>4 )
tral des torsions temporaires, on voit qu'une torsion de même sens pro-
duit des courants contraires, selon qu'elle est appliquée à l'un ou à l'autre
des deux faisceaux. On obtient les résultats suivants :
TORSION
à droite.
DÉTORSION.
TORSION
à gaucho.
DÉTORSION.
Pour le faisceau dextrorsum , qui avait été
primitivement tordu de la droite à la
i5 gauche.
i5 droite.
jo droite.
i5 gauche.
i5 droite
i5 gauche.
i4 gauche.
i5 droite.
» Par conséquent, on n'a qu'à ajouter à l'appareil un commutateur qui
renverse le sens du courant après chaque demi-oscillation, pour obtenir,
par le moyen de vibrations tournantes, un courant continu, que l'on pourra
rendre très-intense.
» Ces faits me semblent devoir soulever des questions théoriques assez
importantes ; je me propose de les discuter dans un travail sur la torsion
des corps solides en général, qui m'occupe depuis longtemps, et que je n'ai
pu entreprendre que grâce à l'extrême bienveillance avec laquelle M. Morin
a mis à ma disposition, au Conservatoire des Arts et Métiers, un local qui
m'a permis de donner aux appareils les dimensions et la stabilité néces-
saires. »
astronomie. — Sur le retour périodique de minimums des taches solaires;
concordance entre ces périodes et les variations de déclinaison magnétique.
(Lettre de M. Rod. Wolf.)
« L'Académie des Sciences a bien voulu s'intéresser à la relation que j'ai
établie dans ma dernière communication entre les taches solaires et le ma-
gnétisme terrestre. Depuis ce temps j'ai continué à étudier ces phénomènes,
et j'ai dépouillé au moins quatre cents volumes pour avoir toutes les obser-
vations des taches solaires depuis leur découverte. Il en résultera un Mé-
moire, que je terminerai sous peu , dont le contenu me semble assez impor-
tant pour vous en faire dès à présent le rapport en peu de mots. Mon Mémoire
se divise en six parties, comme suit :
» Dans le premier chapitre, je démontrerai, appuyé sur seize époques
différentes, établies par le minimum et le maximum des taches solaires, que
( 7°5)
la durée moyenne des taches solaires doit être fixée à
iijiii ± o,o38 années,
de sorte que neuf périodes équivalent justement à un siècle.
» Dans le deuxième chapitre, j'établirai que dans chaque siècle les années
0,00 11,11 a2,2* 33,33 44>44 55,56 66,67 77,78 88,89
correspondent à des minimums des taches solaires. L'intervalle entre le
minimum et le maximum suivant est variable; la moyenne en est de cinq ans.
» Le troisième chapitre contiendra l'énumération de toutes les observa-
tions des taches solaires depuis Fabricius et Scheiner jusqu'à Schwabe,
continuellement mise en parallèle avec ma période. L'accord est surprenant.
» Le quatrième chapitre établira des analogies remarquables entre les
taches solaires et les étoiles variables, par lesquelles on peut présumer une
liaison intime entre ces phénomènes singuliers.
» Dans le cinquième chapitre, je démontrerai que ma période de 1 1 ,1 1 1 an-
nées coïncide encore plus exactement avec les variations en déclinaison
magnétique que la période de 10 Cannées établie par M. Lamont. Les va-
riations magnétiques suivent même les taches solaires, non-seulement dans
leurs changements réguliers, mais aussi dans toutes les petites irrégularités,
et je pense que cette dernière remarque suffira pour avoir prouvé définiti-
vement cette relation importante.
» Le sixième chapitre traitera d'une comparaison entre la période solaire
et les indications météorologiques contenues dans une chronique zuricoise
sur les années 1000— 1800. Il en résulte (conformément aux idées de Wil-
liam Herschel) que les années où les taches sont plus nombreuses, sont aussi
en général plus sèches et plus fertiles que les autres; ces dernières, au con-
traire, plus humides et plus orageuses. Les aurores boréales et les tremble-
ments de terre, indiqués dans cette chronique, s'accumulent d'une manière
frappante sur les années de taches. »
physique appliquée. — Emploi de la vapeur d'tau poui eteutdi e des nu en-
dies. (Lettre de M. Dujardin à M. jérago, transmettant une Lettre de
M. Desurmont sur un nouveau cas dans lequel ce moyen a été appliqué
avec succès.)
« J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie la Lettre que M. Desur-
C. R., 1852, a"» Semestre. (T XXXV h°19.) 9-3
( 7°6 )
mont, filateur d'étoupe, à Seclin, m'a écrite à l'occasion d'un incendie qui
s'est déclaré récemment dans ses ateliers, et qu'il a éteint au moyen de la
vapeur.
» Voilà encore un faitqui prouve que la proposition que j'ai faite, en 18^7,
d'employer la vapeur pour éteindre les incendies, méritait d'être prise en
sérieuse considération.
» J'ai l'honneur de vous prier, Monsieur le Secrétaire, d'avoir l'obligeance
de me renvoyer la Lettre de M. Desurmont. Je désire en donner communi-
cation à M. le Ministre de la Marine, qui, sur ma demande, a bien voulu
charger la Commission des travaux, instituée auprès de son département,
d'examiner la question de Y emploi de la vapeur pour éteindre les incendies
dans les bateaux à vapeur. »
« Lettre de M. Desurmont à M. Dujardin. — Je reçois, à midi, votre
honorée Lettre du 1 5 courant, à laquelle je m'empresse de répondre le
moins mal possible.
» Il y a aussi fort longtemps que je suis convaincu de l'efficacité de
l'emploi de la vapeur dans les incendies, et, à cet effet, je regardais mes
tuyaux de chauffage comme pouvant servir en cas de sinistre à lancer de la
vapeur dans mes ateliers. L'été dernier, j'avais démonté un joint à l'en-
droit le plus convenable pour que l'action de la vapeur eût au besoin un
effet plus direct et plus prompt. I^e tuyau qui se trouvait à découvert ne
présentait qu'une ouverture de 10 à 12 millimètres, et, malgré la petitesse
de ce passage, la vapeur est parvenue à éteindre, d'une manière instantanée,
les flammes qui étaient déjà répandues sur une surface de 7 à 8 mètres
carrés, et qui léchaient les poutres et le plancher à la hauteur de 5 mètres.
Notez que les matières en manutention sont, ici, très-inflammables, qu'elles
font beaucoup de duvet qui se répand dans toutes les parties de la place.
Eh bien, j'ai trouvé, après l'incendie, du duvet d'étoupe qui en avait été
préservé, quoique se trouvant jusqu'au milieu des bûches, tellement l'ac-
tion de la vapeur avait été générale et immédiate ; et ce qui prouve encore
plus sa puissance et sa rapidité, c'est que l'incendie s'était déclaré dans ma
carderie, qui a une surface de 16 mètres de long sur 9 de large, et 5 mè-
tres de hauteur, et que le petit tuyau qui a lancé la vapeur se trouvait
1 l'extrémité de la place du côté opposé où l'incendie s'était déclaré.
Aujourd'hui, je n'aurai plus recours à mes tuyaux de chauffage, car j'en ai
monté qui n'ont d'autre destination que celle d'éteindre un incendie. Nos
( 7°7 )
confrères, et bien d'autres, feraient bien de m'imiter (au moins sous ce
rapport), et, à mon avis, les assurances devraient leur accorder une grande
faveur sur la prime ; elles y trouveraient encore leur compte.
» J'espère, monsieur, que ces quelques renseignements, que je vous
donne à la hâte, pourront être utiles à l'œuvre que vous poursuivez. »
M. Babinet présente, au nom de M. Peron, des estampes en taille-douce
et épreuves lithographiques tirées sur un papier fabriqué avec la gutta-
percha. M. Peron, dans la Note jointe à cet envoi, annonce l'intention de
faire connaître prochainement le mode de fabrication du papier sur lequel
sont tirées ces épreuves.
M. Burq adresse une addition à la Note qu'il avait présentée dans la
précédente séance sur l'emploi du cuivre pour le traitement préservatif et
curatif du choléra.
M. Arago, en annonçant parmi les pièces imprimées de la correspon-
dance une Note qui porte le nom de Néocartes, Note dans laquelle il est
question de la cause de la pesanteur, fait remarquer que les moyens qu'in-
dique l'auteur pseudonyme pour arriver à une conclusion certaine ne sau-
raient atteindre le but.
La séance publique est levée à 5 heures. A.
Ensuite l'Académie se forme en comité secret.
93..
( 7°8)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
»
L'Académie a reçu, dans la séance du 26 octobre i85a, les ouvrages
dont voici les titres :
Corrispondenza... Correspondance scientifique de Rome; n° 37; 26 sep-
tembre i85a.
Report... Rapport sur la vingt et unième session de l'Association britannique
pour l'avancement des Sciences, tenue à Ipswich en juillet 1 85 1 . Londres,
i85a; 1 vol. in-8°.
Transactions... Transactions de la Société royale d Edimbourg; vol. XX;
3e partie, pour l'année r85i-i85a; in-4°-
Proceedings. . . Procès-verbaux des séances de la Société royale d'Edim-
bourg; vol. III; n° 4î; in-8°.
The Edimburgh... Nouveau Journal philosophique d Edimbourg ; juillet à
octobre i852. Edimbourg, i852; in-8°.
The astronomical... Journal astronomique de Cambridge; n° 48; vol. II;
n° a/i; 18 septembre i852.
Observations. . . Observations sur le genre Unio ; avec la description de nou-
velles espèces dans les familles des Naïades, des Colinacea, Lymnœana, Mala-
niana et Peristomima; par M. J. Lea; vol. IV. Philadelphie; in-40.
On the... Sur le genre Acostœa de d' Orbigny (une Lamellibrauche d'eau
douce); par le même ; 1 feuille in-4°.
Upon some... Sur quelques empreintes de pieds de Reptiles trouvés dans la
gorge de Sharp Mountain, près Potswille; par le même; 1 \ feuille in-8°.
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques; nos 829 à 83 1.
Magnetische... Déterminations magnétique et géographique de différents
points de i empire d' Autriche ; 5e année, i85i. Prague, i852; in-4°.
L Athenœum français. Journal universel de la Littérature , de la Science et
des Beaux- Arts; n° 17; 23 octobre i852.
( 7°9 )
La Presse littéraire. Écho de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° 26;
24 octobre i85a.
Gazette médicale de Paris; n° 43; 23 octobre i85a.
Gazette des Hôpitaux; noa ia4 à 137 ; 19, ai, a3 et a6 octobre i85a.
L Abeille médicale; n° ai ; a 5 octobre i85a.
Moniteur agricole; n° 4^; 2 r -octobre i85a.
L'Académie a reçu, dans la séance du 2 novembre i85a, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences,
ie semestre 1 85a ; n° 1 7 ; in-4°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences
tables du ier semestre i85a ; in-4°-
Journal de Mathématiques pures et appliquées, ou Recueil mensuel de
Mémoires sur les diverses parties des Mathématiques; publié par M. Joseph
Liouville; août r852; in-4°.
Rapports adressés à MM. Carlier et PiETRl , Préfets de Police, par la
Commission chargée de l'examen des conditions physiques et morales de la
prison cellulaire de Mazas. Paris, i852; broch. in-4°.
Annales forestières ; 25 octobre i85a; in-8°.
Bulletin de l'Académie nationale de Médecine, rédigé sous la direction de
MM. F. Durois (d'Amiens), secrétaire perpétuel, et Girert, secrétaire
annuel; tome XVIII; n° a; 3i octobre i852; in-8°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. de Monfort,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; n° 27 ; 3 1 octobre i852 ; in-8°.
Le Magasin pittoresque; octobre i85a; in-8°.
Revue médico-chirurgicale de Paris, sous la direction de M. Malgaigni;;
octobre 1 852 ; in-8°.
( 710 )
The quarterly... Revue trimestrielle; n° 182; septembre i852; in-8°.
The astronomical... Journal astronomique de Cambridge; vol II; titre et
table; in-4°.
Craniometrie... Craniométrie , ou Recherches sur le crâne humain chez
différents peuples , suivies d'une comparaison avec le crâne de l'Orang-Outan;
par M. J.-A. Kool. Amsterdam, i85a; broch. in-8°.
Monatsbericht . . . Comptes rendus mensuels des séances de l'Académie
royale des Sciences de Prusse; juillet et août i85a ; in-8°.
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques; n° 832.
Verhandelingen... Mémoires de l'Académie des Sciences et Arts de
Batavia; tome XXIII. Batavia, i85o; 1 vol. in-4°.
Gazette des Hôpitaux; nos 1 28 et 1 29. (Ces deux numéros, qui contiennent
une traduction, par M. A. Bayard, d'un Mémoire de M. GftÉGORY, de Lon-
dres, sur la vaccine, sont renvoyés comme pièces à consulter à la Com-
mission des prix Montyon, Médecine et Chirurgie. )
L Athenœum français. Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux-Arts; n° 18; 3o octobre i85a.
La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° 27;
3i octobre i852.
Gazette médicale de Paris; n° 44 '■> 3o octobre i852.
Gazette des Hôpitaux; n°» 128 et 129; 28 et 3o octobre i85a.
Moniteur agricole ; n° 43; 28 octobre i852.
L'Académie a reçu, dans la séance du 8 novembre i85a, les ouvrages
dont voici les titres .
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences,
2* semestre i85a; n° 18; in-4°.
Eléments de Physique expérimentale et de Météorologie; par M. Pouillet ;
sixième édition; 2 vol. de texte in-8°, et'un atlas in-8°.
( 7" )
Encyclopédie populaire. Physique; par MM. J. Plateau et A. Quételet;
première partie; par M. J. Plateau; if livraison, in- 12.
Hydraulique appliquée. Nouveau système de locomotion sur les chemins de
fer; par M. L.-D. Girabd. Paris, i85a; broch. in-4°.
Annales de la propagation de la Foi; novembre i852 ; n° i45; in-8°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. DE MONFORT,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; n° 28; 7 novembre 185a; in-8°.
Journal d'Agriculture pratique et de Jardinage } fondé par M. le Dr BiXiO,
publié par les rédacteurs de la Maison rustique, sous la direction de M. Barral;
3e série; tome V; n° 9; 5 novembre i852 ; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie , de Toxicologie ; et Revue
des nouvelles scientifiques nationales et étrangères; par les Membres de la Société
de Chimie médicale; n° 1 1 ; novembre i852; in-8°. ^i .
Journal des Connaissances médicales pratiques el de Pharmacologie; tome VI;
ii° 3 ; 5 novembre i852; in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , publié par M. le Dr A.
Martin-Lauzer; n° i5 ; Ier novembre i852; in-8°.
L' Agriculteur-praticien. Revue d agriculture , de jardinage et d'économie ru-
rale et domestique, sous la direction de MM. F. Malepeyre , Gustave Heuzk
et Bossin ; n° 1 58 ; novembre i852; in-8°.
Le Propagateur des sciences appliquées, Recueil scientifique avec gravures ,
mettant à la connaissance et à la portée de tout le monde les progrès qui se font
journellement dans les sciences et dans les arts mécaniques et industriels; par
M. Th. Du Moncel; 3e et 4e numéros. Paris, i852; in-8°.
Moniteur de la propriété et de l'agriculture; octobre i852; in-8°.
Recueil encyclopédique d'agriculture, publié par MM. BoiTEL et Londet,
de l'Institut national agronomique de Versailles ; tome III; n° 7; 10 octo-
bre i85a; in-8°.
Revue thérapeutique du Midi. Journal de Médecine, de Chirurgie et de Phar-
macie pratiques ; fondé par M. le professeur FuSTER, et rédigé par MM. les
D" Louis Saurel et Barbaste; n° 20 ; 3o octobre i852 ; in-8°.
( 712 )
Nooorum aclorum Academiae caesareae Leopoldino-Carolinae naturae curio-
sorum, voluminis vicesimi tertii pars posterior. Cum tabutis XL. Vratislaviae
et Bonnae, i85a; in-4°.
Sulla... Mémoire sur la théorie mathématique de l'induction élertrodyna-
mique; par M. RlG. Felici. Pise, i85a; broch. in-4°. (Présenté, au nom
de l'auteur, par M. Ravaisson.)
Mémorial de Ingenieros. . . Mémorial des Ingénieurs; 7e année; n° 9;
septembre i85a; in-8°.
The quarterly... Journal trimestriel de la Société chimique; vol. V; n° 19 ;
ier octobre t85a; in-8°.
A. History... Histoire de l'hôpital général du Massachusetts; par M. N.-J.
Howditch. Boston, i85i; 1 vol. in-8°.
Verhandelingen... Mémoires de la première classe de l'Institut royal Néer-
landais; 3e série ; 5e volume. Amsterdam, 1 85a ; in-4°.
Jaarboek... Annuaire de l'Institut royal Néerlandais, pour l'année i85r.
Amsterdam, i85a; in-8°.
Tijdschrift. . . Journal de Sciences physiques et de Sciences naturelles, publié
par In première classe de l'Institut royal Néerlandais; 5e partie; ire, 2e, 3e et
dernière livraison. Amsterdam, i85i; in-8°.
Bemerkungen . . . Remarques sur la Syenite à zyrcons; par M. J.-F.-L.
Hausmann. Gôttingue, i85a; broch. in-4°.
\stronomische... Nouvelles astronomiques ; n° 833.
L Athenœum français. Journal universel de In Littérature, de la Science et
des Beaux- Arts; n° 19; 6 novembre t85a.
La Presse littéraire. Echo de la Littérature , des Sciences et des Arts; n° 28;
7 novembre i852.
Gazette médicale de Paris; n° 45; 6 novembre i85a.
Gazette des Hôpitaux; n°* i3o et i3i ; 4 «t 6 novembre 1802.
L'Abeille médicale; n° 22; 5 novembre i852.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Md-Q-^4
SÉANCE DU LUNDI 15 NOVEMBRE 1852.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
astronomie. — Note sur la disposition la plus favorable à donner aux
appareils destinés à atténuer les vibrations de la surface du mercure ,
et sur les moyens d'approprier ces appareils à l'usage des instruments
méridiens; par M. Mauvais.
« Dans la séance du 1 1 octobre dernier, j'ai eu l'honneur de communi-
quer à l'Académie le résultat des expériences que nous avons faites à Fon-
tenay, M. Séguin et moi, dans le but de détruire ou d'atténuer autant que
possible l'effet des vibrations produites à la surface du mercure par le pas-
sage des voitures et dans le voisinage des usines. Nous avons reconnu que
la suspension à une lanière élastique de caoutchouc volcanisé, produisait
les effets les plus satisfaisants.
» Il s'agissait d'appliquer ce résultat important à l'usage des instruments
méridiens.
» La suspension en forme de plateau de balance, qui nous avait si
bien réussi dans nos expériences, devient impossible quand on veut s'en
servir pour la détermination du nadir, parce qu'alors la suspension se
trouve sous l'objectif même de la lunette, et intercepte l'image réfléchie
des fils.
C. H., i85a, a">' Semestre. (T. XXXV, W> 20.) 9/4
( 7'4)
» J'ai essayé divers modes d'installation qui avaient pour but de rendre
le vase à mercure excentrique à la suspension, en le plaçant, par exemple,
sur l'un des bras d'une espèce de balance et en lui faisant équilibre par des
contre-poids du côté opposé.
» Le vase ainsi suspendu pouvait commodément être placé sous l'ob-
jectif du cercle mural , et l'on a pu de cette manière constater parfaitement
l'effet amortissant de la lanière en caoutchouc ; car, au moment même du
passage des plus grosses voitures dans la rue Saint-Jacques, les images des
fils du réticule de nos cercles muraux restaient nettement visibles, comme
M. Laugier a bien voulu le constater avec moi. Les petites trépidations qui
lestaient encore perceptibles n'étaient plus un obstacle aux observations.
Mais la mobilité de l'ensemble de l'appareil suspendu à une lanière lon-
gue et déliée était telle, que les oscillations, longtemps prolongées, qui en
résultaient, comme dans tout pendule libre, donnaient lieu à un balance-
ment périodique des images, sans les troubler ni les ternir, il est vrai, mais
de manière à rendre impossibles les observations.
» Il fallait donc détruire ce balancement résultant de la gravité, sans faire
obstacle à l'élasticité de la suspension en caoutchouc.
» Pour obtenir ce résultat, voici les dispositions que j'ai données à l'ap-
pareil.
» Sur une planche horizontale, j'ai fait ajuster quatre montants verti-
caux ; à leur partie supérieure on a fixé les extrémités de quatre lanières en
caoutchouc, et attaché l'extrémité inférieure de ces mêmes lanières au con-
tour d'une planchette circulaire horizontale, destinée à recevoir le vase à
mercure. Cette disposition, que j'avais déjà essayée il y a quelque temps,
ne pourrait suffire à elle seule, car il serait impossible alors de maintenir
le mercure en équilibre; au moindre mouvement, il se porte tantôt vers
une lanière, tantôt vers une autre, il fait fléchir de plus en plus la lanière
vers laquelle il a commencé à incliner; le mercure finit par se porter en
masse vers un des côtés du vase, et il ne reste plus une étendue suffisante
de la surface réfléchissante. C'est un équilibre instable.
» Il fallait donc, pour remédier à ce nouvel inconvénient, trouver un
moyen de maintenir l'horizontalité de la planchette circulaire qui porte
le vase à mercure; c'est ce que j'ai obtenu en ajustant, d'une manière fixe
et solide, au centre de cette planchette et en dessous, une tige rigide por-
tant à son extrémité inférieure une boule pesante.
» De cette manière, la tige, par sa tendance prépondérante à revenir à la
(7,5)
verticale, ramène forcément la planchette circulaire à l'horizontalité, et par
conséquent le vase à mercure lui-même qui est posé sur elle.
» Ainsi : i° les lanières conservent toute leur élasticité pour détruire les
vibrations transmises par le sol ; a° l'appendice de la planchette maintient
l'horizontalité du vase à mercure sans altérer la surface du mercure lui-
même qui reste libre; 3° enfin, les balancements dus à la pesanteur sont
arrêtés par l'effet de la quadruple suspension. »
M. Raoux-Rochette communique l'extrait suivant d'un article inséré dans
le journal grec le Temps, concernant la découverte d'un gisement très-abon-
dant d'ossements fossiles et celle de nombreux spécimens de végétaux fossiles.
« Par une Lettre du Nomarque de la Phthiotide et de la Phocide,
» M. Zjgomalas , datée de Lamia, le i r août i85a, il est donné connais-
» sance de la découverte de deux faits importants pour la géologie. Le
» premier concerne des plantes pétrifiées et des ossements divers d'ani-
» maux inconnus, qui se trouvent dans les pierres angulaires d'un fort
» appelé Derben Phowka; le second a rapport à des Mastodontes, gisant
» dans la montagne d'Antinitza. L'auteur de la Lettre ajoute qu'il n'avait
» pu découvrir encore la carrière d'où avaient été tirées les pierres renfer-
» mant les plantes fossiles, mais qu'il s'occupait de cette recherche. Quant
» aux Mastodontes , qui font ici leur première apparition sur le sol de la
» Grèce, en une quantité qui surpasse, à sa connaissance, tout ce qui en
» existe en aucun lieu du globe, il se livre à des observations qui semblent
» mériter d'être soumises à l'examen de la science. »
M. Eue de Reaumont est invité à prendre connaissance de cette com-
munication, et d'examiner s'il y aurait lieu, dans l'intérêt de la science, à
faire demander, au nom de l'Académie, de plus amples renseignements sur
cette découverte.
M. le Président annonce que le XXXIVe volume des Comptes rendus
hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences est en distribution
au secrétariat.
MÉMOIRES LUS.
tératologie. — Résumé d'un Mémoire sur les kystes dermoïdes et sur
Vhétérotopie plastique; par M. le Dr Lebert. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Andral, Velpeau, Rayer.)
« Les kystes dermoïdes constituent des tumeurs dont la paroi interne
94- '
( 7'6 )
offre une organisation tégumentaire pouvant montrer de l'épidémie, du
derme, des glandes sébacées, même sudoripares, des poils implantés, du
tissu adipeux sous-cutané, de la graisse sébacée, des os et des dents. Ces
kystes, que l'on a souvent pris pour les produits d'une conception anormale,
se forment en vertu d'une loi pathogénique particulière, que j'appelle
hétérotopie plastique. D'après cette loi, beaucoup de tissus simples ou com-
posés , des organes complexes même, peuvent se former de tontes pièces
dans des parties du corps où à l'état normal on ne les rencontre point. Cette
loi s'applique à l'épiderme, au pigment, aux tissus adipeux, fibreux, fibro-
plastique, musculaire, organique et du mouvement volontaire, cartilagi-
neux et osseux, et, parmi des organes plus complexes, aux poils, aux
glandes et aux dents.
» Le travail actuel est le fruit de l'analyse de cent quatre-vingt-huit
observations, dont cinquante-neuf se rapportent à des kystes dermoïdes
non ovariens, et cent vingt-neuf à des kystes placés dans l'ovaire. Les kystes
de la première catégorie se rencontrent sous la peau, dans les méninges,
dans les bourses et dans des parties profondes viscérales.
» Outre l'organisation tégumentaire de la paroi, on ne trouve générale-
ment dans les kystes de cette catégorie, lorsqu'ils sont superficiels, que des
poils et de la graisse; dans les kystes scrotaux, en outre, du cartilage et de
l'os, et dans les kystes viscéraux, des os et des dents.
» Les kystes dermoïdes de l'ovaire sont deux fois plus fréquents dans
l'ovaire droit que dans le gauche; on les rencontre quelquefois dans les
deux ovaires, on les voit souvent coexister avec d'autres altérations kys-
teuses de ces glandes. Leur volume n'atteint de très-grandes dimensions
que lorsqu'au produit de leur sécrétion ordinaire vient se joindre une exsu-
dation inflammatoire ou hydropique. Leur enveloppe subit souvent une
calcification ossiforme; des projections cutanées munies de poils, de
glandes et même de fragments d'os se rencontrent fréquemment à la face
interne, et peuvent se détacher pour prendre ainsi l'aspect de corps libres.
J'y ai vu distinctement des papilles ; les glandes sébacées y sont faciles à
constater, les glandes sudoripares y sont rares ; il en est de même de forma-
tions cornées ressemblant à des ongles. Dans la moitié environ du nombre
total des kystes dermoïdes, les os et les dents manquent. Les poils sont
libres ou implantés, leur chute se fait par atrophie du bulbe ; on les voit
quelquefois d'une finesse tout à fait microscopique; ils peuvent atteindre
jusqu'à i mètre de longueur; leur couleur varie dans la même tumeur,
quelquefois dans le même poil, aussi est-elle souvent différente de celle des
( 7*7 )
cheveux chez le même individu. La graisse offre tous les caractères du
séhum ; les globes pili-graisseux sont quelquefois multiples.
» Le nombre des kystes dermoïdes ovariens pili-osseux ou pili-dentaires
a été de quatre-vingt-deux, dont dix-neuf ne renfermaient que des os, ordi-
nairement incrustés dans les parois qui leur servaient pour ainsi dire de
périoste formatif, ce qui fait rentrer leur production dans les lois d'ostéo-
génie si bien établies par M. Flourens. Les dents étaient tantôt implantées
dans des os, tantôt dans des capsules situées simplement dans la memhrane
d'enveloppe des kystes, tantôt enfin elles étaient libres; il y en avait à tous
les degrés de développement, même plusieurs fois elles étaient cariées.
Dans quarante-six cas, le nombre des dents a été déterminé, et ne dépassait
point, dans les trois quarts des cas, celui de /j, et dans les huit neuvièmes
en tout, il n'excédait pas le chiffre de 6 dents. Dans trois autres cas, il
dépassait au contraire de beaucoup le chiffre normal, étant une fois de 44 >
une fois de ioo et une fois de plus de 3o0. Il ne reste donc en tout que trois
faits dans lesquels le nombre des dents se rapproche de l'état physiologique.
Rien de fixe ni dans l'ordre ni dans la qualité de ces dents.
» Les caractères cliniques de ces tumeurs sont basés sur l'analyse de
quarante-trois observations. La maladie reste souvent latente. Les premières
manifestations cliniques sont des douleurs et l'apparition d'une tumeur
dans l'un des flancs, plus souvent dans le droit; l'engorgement s'accroît,
un écoulement puriforme survient, les fonctions menstruelles se troublent.
Les épanchements séreux ou séro-purulents dans l'intérieur de ces tumeurs
deviennent la source des principaux accidents, et à la ponction, on voit
quelquefois sortir des poils avec le li]uide. Cette hydropisie a existé dans
un cinquième des cas. Les accidents du côté des voies urinaires ont existé
dans un septième des faits : dysurie, rétention d'urine, accidents inflam •
matoires de la vessie, sortie de poils, de graisse et même de fragments d'os
avec les urines. Lapili-mixtion chez la femme est ordinairement consécutive
à la communication anormale d'un kyste dermoïde avec la vessie. Nous
avons réuni cinq faits dans lesquels le kyste s'est vidé par les parois abdo-
minales, et a entraîné une suppuration prolongée suivie de dépérissement.
Dans deux cas, une rupture subite dans le péritoine a entraîné une mort
prompte; plusieurs fois enfin ces kystes ont été expulsés par le rectum.
Merriman et Baudelocque les ont signalés comme cause de dystocie.
Ils rendent en général le pronostic des couches assez graves ; sept femmes
sur quarante-trois ont succombé à cette époque. La marche de ces affec-
tions est lente, et même, dans les cas où des accidents sérieux sont survenus,
( 7'8)
la durée a varié entre trois et sept ans, et dans quatre cas entre dix-sept et
vingt- cinq ans. Le plus souvent, la maladie se développe à l'époque de la
puberté ou chez de jeunes femmes; mais il existe dans la science six cas bien
avérés dans lesquels tous les signes physiques de la virginité coexistaient
avec la présence de ces kystes.
» Lorsqu'on tient compte de tous les faits anatomiques, physiologiques
et cliniques, constatés par l'étude et la comparaison de toutes ces obser-
vations, on arrive à la conviction que ni l'inclusion fœtale, ni une gros-
sesse anormale ne sauraient rendre compte de leur mode de production,
mais qu'il s'agit d'une formation spontanée qui rentre tout à fait dans le
cadre des faits qui m'ont engagé à formuler la loi de l'hétérotopie plas-
tique. »
okganographie végétale. — Note sur des feuilles ramijères de Tomates;
par M. P. Duchartke. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. de Jussieu, Brongniart, Gaudichaud.)
« Les botanistes de nos jours s'accordent généralement à diviser les
organes des plantes en deux catégories, l'axe et les appendices, c'est-à-dire
d'un côté la tige avec la racine, de l'autre la feuille et ses modifications. Il
est aussi généralement reconnu par eux que l'axe constitue la partie fonda-
mentale du végétal ; que c'est à lui seulement que se rattachent les organes
appendiculaires ; et que, de leur côté, ceux-ci ne peuvent normalement
émettre à leur surface des productions axiles, tige ou rameaux. Cependant,
par opposition avec ce dernier principe, on a cité plusieurs exemples de
feuilles qui sont devenues le point de départ de productions de nature
axile, ou, en d'autres termes, de feuilles qui ont usurpé le rôle des tiges, et
qui ont donné des bourgeons à leur surface. Ces bourgeons se sont ensuite
développés en une nouvelle tige.
» Dans le travail que j'ai l'honneur de soumettre ;tujourdhui au juge-
ment de l'Académie, j'examine successivement les exemples de ce genre
qui, à ma connaissance, ont été décrits et publiés, et j'essaye de prouver
qu'ils sont beaucoup moins en opposition qu'on ne le croirait d'abord
avec le principe de la production normale des axes. Je montre en effet
que, dans ces divers cas de développements anormaux, il y a eu géné-
ralement une formation intermédiaire entre la feuille et l'axe produit, un
bourrelet cellulaire dans les boutures de feuilles, un bulb'ille dans les
feuilles gemmifères ; qu'en outre, cette production intermédiaire a donne
( 7'9 )
naissance à des racines lorsqu'elle a commencé son évolution, et quelle a
formé dès cet instant un individu à part, tellement indépendant de la plante
mère, qu'il a dû, pour se développer tout à fait, s'isoler et vivre de sa vie
propre.
» Je décris ensuite un exemple de production réelle d'axes sur des
feuilles, sans apparition de bulbilles ni de racines, production qui a eu lieu
de manière à faire jouer entièrement à ces feuilles le rôle de tiges émettant
des branches. Cet exemple a été observé par moi dans le jardin de bota-
nique agricole de l'Institut agronomique, sur deux variétés de Tomates-
cerises [Lycopersicon cerasifonne, Dun.), et sur la variété à fruit rouge de
la Tomate- poire [L. pjriforme, Dun.), principalement sur les deux pre-
mières. Presque toutes les feuilles que portaient quatre ou cinq pieds de
chacune de ces variétés, dès qu'elles ont été complètement développées, ont
produit à l'aisselle de leurs pinnules, ou dans l'angle formé par celles-ci
avec le pétiole commun, un mamelon celhileux qui, bientôt, est devenu un
bourgeon ordinaire, et s'est allongé en un rameau généralement vigoureux,
chargé de feuilles et même de fleurs. Ce fait s'est montré vers le milieu de
la longueur des feuilles. Tantôt il s'est produit un seul rameau, tantôt uns
même feuille en adonné deux, quatre, ou même davantage. Plusieurs de ces
rameaux ont acquis une longueur d'environ à décimètres ; mais les froids
précoces de l'automne et la mort des plantes elles-mêmes ont alors mis fin
à leur développement.
» J'ajoute à la description de ce fait anormal l'exposé des détails anato-
miques, nécessaires pour en compléter la connaissance.
» Dans les feuilles des Tomates de nos jardins, le pétiole commun ou la
côte médiane (selon qu'on regarde ces feuilles comme composées ou comme
simples), possède l'organisation qui caractérise les parties analogues dans
la généralité des plantes. La portion fibro-vasculaire qui constitue son
corps ligneux, forme un arc ouvert du côté de la face supérieure, embras-
sant la moelle dans sa concavité, recouvert par la zone corticale tout autour
de sa convexité. Les deux lignes latérales dans le sens desquelles naissent
les rameaux foliaires, correspondent aux deux extrémités de cet arc. Or
chacun de ceux-ci reçoit de l'extrémité correspondante de l'arc ligneux
un faisceau de vaisseaux qui se porte directement vers lui. A leur point de
départ, ces vaisseaux sont très-enchevêtrés, très-sinueux, formés générale-
ment d'articles courts et peu réguliers; en outre, leur faisceau est étroit et
assez serré. Mais, à mesure que celui-ci s'éloigne de son point de départ, ses
vaisseaux se dissocient, s'écartent graduellement les uns des autres, se diri-
( 72° )
gent sur un cercle de plus en plus régulier, et laissent à leur centre un vide
que la moelle vient occuper. Ils vont ainsi constituer, avec les cellules
allongées qui se forment autour d'eux, une zone fibro-vasculaire continue
et régulière qu'entoure extérieurement une zone corticale. C'est ainsi que
de la disposition unilatérale des éléments anatomiques du pétiole commun,
provient l'organisation régulière et normale de ces rameaux foliaires. »
médecine. — Mémoire sur une nouvelle méthode curative externe,
pour les rhumatismes y par M. Poggioli. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Andral, Velpeau, Serres.)
« Le rôle que joue la douleur dans les maladies est, dit l'auteur, plus
important que beaucoup de pathologistes ne le pensent; à lui seul, l'élé-
ment douleur est une cause puissante de maladie, et peut produire les acci-
dents le plus graves. Dans beaucoup d'affections, la douleur est le symptôme
prédominant, si ce n'est toute la maladie, et, en la faisant cesser, l'état
morbide tout entier disparaît. Après des recherches multipliées et des essais
nombreux, je suis parvenu à composer un topique dont l'efficacité est si
prompte, si générale, que j'éprouve une certaine appréhension à appeler
l'attention de l'Académie sur ce nouveau moyen de combattre la douleur.
Voici quelle en est la composition : un sel de morphine (hydrochlorate;;
eau distillée ; extrait de belladone, ou atropine ; onguent populeum, c'est-
à-dire bourgeons de peuplier, feuilles de pavot noir, de belladone, de
jusquiame et de morelle noire ; axonge macérée dans feuilles de datura, Q. S.
Le tout aromatisé avec essence de citron ou eau de laurier-cerise.
» On remarquera, sans doute, que les substances qui entrent dans cette
formule ont déjà été employées. La médecine contemporaine, trop analy-
tique peut-être, s'est jetée dans les formules simples, et a repoussé, comme
inutiles, les formules complexes. Placé, encore jeune, par suite de circon-
stances exceptionnelles, à la tête de services importants, j'ai toujours remar-
qué que la combinaison de plusieurs substances analogues donnait de
meilleurs résultats que les mêmes substances employées isolément et succes-
sivement. Les effets, parfois surprenants, de quelques médicaments qui ont
traversé les siècles, ceux de la thériaque par exemple, sont dus au nombre
de substances qui entrent dans leur composition ; aussi, ce médicament a
beaucoup perdu de ses propriétés curatives depuis qu'on a voulu en modi-
fier la formule, en en retranchant un grand nombre de substances jugées
inutiles et sans action thérapeutique sur l'économie animale.
(-#»» )
» L'exemple des-anciens, et ma propre expérience, m'ont guidé dans la
composition du topique en question, dont les résultats ont dépassé mes
espérances. »
Suit le détail de dix-sept cas de rhumatisme qui ont .cédé, tous plus ou
moins promptement, à l'application de ce topique.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
chimie appliquée. — Recherches sur la composition chimique de la sueur
chez l'hornme; par M. P. A. Favre. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Pelouze, Bussy.)
« Plusieurs chimistes ont déjà soumis la sueur à quelques recherches. Je
citerai particulièrement MM. Thenard, Chevreul, Berzelius, Anselmino,
Simon, etc. T>es expériences jusqu'à ce jour ont été faites sur de petites
quantités de matière, rendant très-difficile une analyse complète ; puisque
Anselmino, par exemple, que l'on cite pour avoir opéré sur la plus forte
proportion, n'a guère évaporé au delà de 8 à 1 o centimètres cubes de sueur.
Souvent cette sécrétion n'a pu être examinée que dans des conditions où
l'on peut craindre qu'elle n'eût subi déjà un, commencement de fermen-
tation.
» J'espère que les analyses dont les résultats vont être exposés lèveront
quelques incertitudes sur les principes constituants de la sueur que j'ai pu
soumettre à une analyse précise. J'ai opéré en effet sur des masses de sueur
considérables, et recueillies avec des soins de nature à garantir l'absence de
mélange et d'altération des produits. Il suffira de dire que la quantité totale
de sueur qui a fait l'objet d'une série d'expériences n'a pas été moindre de
4o litres. . .
» Lors de la transpiration du sujet, on avait soin de fractionner la sueur
recueillie. On a pu ainsi constater que sur 2 litres, par exemple, le pre-
mier tiers est toujours acide, le second neutre ou alcalin; la troisième par-
tie recueillie est constamment alcaline. L'odeur, très-légère, n'a rien de
désagréable et ne rappelle nullement l'odeur repoussante de l'acide buty-
rique ou des acides volatils qui s'exhalent toujours de la sueur fermentée.
On a remarqué que la partie acide de la sueur perdait, dès les premières
C. R. , i85l, am« Semestre. (T. XXXV", W° 20.) 9^
( 722 ) ■
gouttes vaporisées, sa réaction acide qui faisait place à, une réaction forte-
ment alcaline.
» Voici les éléments contenus dans la sueur :
» Partie insoluble dans l'alcool absolu. — La fraction de ce résidu, inso-
luble dans l'eau pure et dans l'eau acide, consiste en fragments insignifiants
d'épiderme; la fraction soluble dans l'eau acide ne fournit que des traces
de phosphates alcalino-terreux ; enfin, la partie soluble dans l'eau pure
contient de fortes proportions de sel marin, une certaine quantité de chlo-
rure de potassium, très-peu de sulfates et d'albuminates alcalins, des traces
de phosphates alcalins, de sels calcaires et pas de magnésie.
» L'ensemble des matières, insoluble dans l'alcool absolu, ne contient
pas d'acide urique. L'existence de l'ammoniaque n'a pas été reconnue dans
la matière.
» Partie soluble dans l'alcool et insoluble dans l'éthei. — L'analyse a
signalé l'existence de deux acides organiques combinés avec la soude et un
peu de potasse.
» Acide lactique. — Le premier est incontestablement l'acide lactique,
ainsi qu'il résulte de l'analyse du lactate de zinc que l'on a formé, et dont
on n'a pas obtenu moins de 6 grammes (i).
» Acide hidrotique. — Le second acide n'a été analysé que sous forme
de sel d'argent. Il constitue à cet état une combinaison très-peu soluble
dans l'alcool absolu, ce qui'permet de le séparer du lactate d'argent.
y> L'acide en question ne possédant pas de propriétés susceptibles de le
rapprocher d'aucun acide connu, je proposerai de le désigner provisoi-
rement sous le nom à' acide hidrotique (de 'iJpaç , sueur) ou sudorique.
» A l'état libre, cet acide est sirupeux, incristallisable, soluble dans
l'alcool absolu; il forme des sels solubles avec presque toutes les bases. Son
sel d'argent, très-peu soluble dans l'alcool absolu, se colore rapidement a
la lumière et se décompose instantanément au contact de l'eau. Cet acide est
azoté.
(1) Voici' l'analyse du lactate de zinc cristallisé d'abord, puis chauffé à 100 degrés :
Trouvé. Calculé pour C'H'O5, ZnO, 1 HO
Carbone 25,69 25, 80
Hydrogène 5, 02 5, 02
Oxygène, . 4°>25 4°>'4
Oxyde de zinc 29>°4 29?°3
( 7*3 )
» Voici les résultats de l'analyse du sel d'argent (i) :
Rapports atomiques.
I. II. I. II.
Carbone.... i9>8o 20,10 9>79 10,24
Hydrogène... .. . 2,78 2,72 8,25 8,32
Azote • 4 '79 " 'j°4
Oxygène » 34,47 " i3,i8
Oxyde d'argent 39,08 3^ ,92 1 ,00 1 ,00
» La formule qui se rapproche le plus des nombres fournis par l'expé-
rience est
C^H'AzO", AgO.
» Cette formule présente cette circonstance particulière, que le nombre
d'équivalents de carbone est le même dans l'acide hidrotique que dans
l'acide urique, l'oxyde xanthiqueet l'acide inosique, ce qui peut faire soup-
çonner quelques liens de constitution.
» On est porté à admettre que l'acide lactique et l'acide hidrotique sont
les seuls acides organiques combinés avec les alcalis dans la partie soluble
dans l'alcool absolu : en effet, on a constaté l'absence de l'acide acétique et
des acides volatils; d'ailleurs la proportion d'alcalis fixes (2) étant déter-
minée ainsi que l'acide lactique, le complément se trouve correspondre à
peu près à la quantité d'acide hidrotique nécessaire pour saturer l'excès
d'alcali non combiné à l'acide lactique.
» Partie soluble dans l'éther. — Le résidu de l'évaporation consiste
uniquement en urée, et un peu de matières grasses; l'urée a pu être
obtenue en cristaux très-nets et d'un assez grand volume, et doués de tous
les caractères de cette substance.
» Résumé. — La sueur recueillie à des jours différents sur le même indi-
vidu présente, sinon une identité dans les proportions des matériaux qui y
sont contenus, du moins peu de variations dans les rapports des éléments
qui s'y retrouvent constamment.
(1) Ces deux analyses ont été faites sur deux sels d'argent qui ont été précipités en traitant
des sueurs prises à différentes époques.
( 2) L'expérience a conduit à exclure la présence de l'ammoniaque.
95-
( 7*4)
» Voici les résultats d'une analyse faite sur 14 litres :
Sur 14 litres. Pour 10000 gramme».
gr gr.
Chlorure de sodium 31,227 22,3o5
Chlorure de potassium 3,4'2 2 ^4^7
Sulfates alcalins 0,161 o,ii5
Phosphates alcalins trace »
Phosphates alcalino-lerreux trace »
Sels calcaires trace »
Albuminates alcalins (i) 0,070 o,o5o
Débris d'épithéliiim trace »
Lactates de soude et de potasse ... 4 ' 44° 3 , 1 7 1
Hidrotate de soude et de potasse . . 21,873 i5,623
Urée 0ï5p/9 0,428
Matières grasses o , t gi o , 1 36
Eau i3g38,o27 9955,733
» En comparant cette constitution à celle d'autres sécrétions, on voit
que la matière minérale la plus prédominante est le sel marin, comme cela a
lieu pour l'urine : il n'en est plus de même pour les sulfates, beaucoup plus
abondants dans l'urine que dans la sueur, où l'on n'en trouve que des
traces. Cette circonstance ressortira clairement de la comparaison suivante,,
faite sur des poids égaux de sueur et d'urine appartenant au même individu
et recueillies à la même époque :
Sueur sur 14 litres. Urine sur 14 litres.
Chlorures 34,63g 57 ,018
Sulfates 0,160 21,70g
Phosphates ; . . . trace 5,38i
» Remarquons aussi que la proportion de soude et de potasse éliminée
par la sueur à l'état de combinaison avec des acides organiques, dépasse
beaucoup la proportion que l'on pourrait rencontrer dans l'urine, ainsi que
j'ai pu le constater par des essais alcalimétriques comparés sur les extraits
calcinés.
» Il semble résulter de ces faits que les sels minéraux ne sont pas indis-
tinctement éliminés par les divers émonctoires de l'économie.
•» Quant aux matières organiques de la sueur, il en est qui existent dans
l'urine; une autre paraît spéciale à la sueur; mais tous ces matériaux pré-
(1) Les urines correspondantes ne contenaient pas d'albumine.
(7*5)
sentent le caractère de substances fortement oxygénées et ayant subi déjà
dans le torrent de la circulation une combustion assez avancée, et compa-
rable jusqu'à un certain pointa celle des éléments éliminés parle rein. »
chimie agricole. — Note sur le danger qu 'il y aurait à transformer en sels
fixes, le sous-carbonate d'ammoniaque contenu dans les engrais; par
M. Jacquemart. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Pelouze, Payen, Decaisne.)
« On s'est souvent occupé et l'on s'occupe beaucoup, en ce moment, de
divers moyens proposés pour fixer l'ammoniaque dans les fumiers et dans
les eugrais; pour moi, je crois et j'espère prouver que les meilleurs conseils
qu'on puisse donner aux cultivateurs, c'est d'avoir pour leurs fumiers tous
les soins nécessaires, de manière à rendre les déperditions presque nulles,
et d'être d'une prudence extrême dans tout ce qui aurait pour but de
changer les éléments du fumier et autres engrais , et de transformer le sous-
carbonate d'ammoniaque qu'ils renferment, en sels non volatils, c'est-à-dire
en sulfates, muriates, etc.
» Mon opinion est fondée sur ce fait naturel et général, que l'azote se
dégage presque toujours à l'état de sous-carbonate d'ammoniaque des ma-
tières animalisées ; sur la composition des meilleurs engrais, tels que le
fumier, la poudrette, l'engrais flamand, les lizées, etc., etc.; et sur les résul-
tats d'essais nombreux, déjà anciens, faits dans le but d'étudier la valeur
des divers sels ammoniacaux comme engrais, et dont M. Dumas a cité le
résumé dans le VIIIe volume de sa Chimie.
y> Personne n'ignore en effet avec quelle facilité et en quelle abondance
le sous-carbonate d'ammoniaque se développe dans les fumiers, et il résulte
de mes propres analyses publiées dans les Annales de Chimie et de Phy-
sique :
» i°. Que sur ioo parties d'azote contenu dans la poudrette, 53 pour ioo
sont à l'état de sous-carbonate d'ammoniaque tout formé, et 47 pour 100
à l'état de matière animalisée ;
» a°. Que sur 100 parties d'azote contenu dans l'engrais flamand,
70 environ sont à l'état de sous-carbonate d'ammoniaque tout formé.
» D'après ces compositions, il est difficile de ne pas admettre que la
puissance de ces engrais et la rapidité avec laquelle ils agissent sur les
plantes, ne soient dues en très-grande partie au sous-carbonate d'ammo"
niaque tout formé qu'ils renferment.
( 7*6 )
» Mais on objecte que ce sel est volatil, qu'une grande partie se perd
dans l'atmosphère ; si l'on pouvait le fixer, on augmenterait beaucoup la
valeur des engrais.
» Ce raisonnement n'aura de valeur que :
» i°. Lorsqu'on aura prouvé que la portion de sous-carbonate d'ammo-
niaque perdue dans l'air est importante et ne peut être réduite à peu de
chose ;
» 20. Lorsqu'on aura transformé ce sel en un autre aussi efficace.
» J'ai voulu m'éclairer sur ce dernier point, et je suis arrivé, par les
moyens suivants, à des résultats tout à fait défavorables à cette suppo-
sition .
» J'ai fait absorber séparément par de la tourbe sèche, des dissolutions
de sous-carbonate et de sulfate d'ammoniaque, de manière à former des
composts d'un volume égal à celui de la poudrette qu'on voulait employer
comparativement, et tenant sous le même volume la même quantité
d'azote.
» La poudrette et ses composts ont été semés sur des surfaces égales
placées les unes à côté des autres dans un terrain uniforme, en ayant soin
de laisser de temps en temps une place où l'on ne semait aucun engrais et
servant de zéro; chaque engrais était fait en double.
» On a aussi employé du sulfate d'ammoniaque en sel contenant la même
quantité d'azote.
» Toutes ces diverses substances ont été répandues le même jour sur le
grain, chacune dans ses places respectives, et toutes ont été enfouies avec
le grain par un même tour de herse.
» On a opéré sur des céréales d'automme et de printemps.
» Les résultats ont toujours été les suivants :
» A dose égale d'azote ,
» Le sous-carbonate et le carbonate d'ammoniaque, bien qu'employés en
liqueurs concentrées (tenant io à 22 pour 100, tandis que l'engrais flamand
n'en contient que 2 pour iûo), ont donné les mêmes résultats que la pou-
drette ;
» Le sulfate, soit en sel, soit dissous et absorbé par de la tourbe ou à
l'état de composts, a donné zéro, résultat utile.
» On est donc autorisé à conclure que les sels ammoniacaux fixes (sulfate,
muriate, etc.) n'ont aucune action sur la récolte, quand on les enfouit dans
le sol en même temps que le grain; à plus forte raison en serait-il ainsi, s'ils
étaient mis en terre bien avant le grain et au-dessous du grain, comme
( 7a7 î
cela arriverait si l'on avait arrosé le fumier avec leur dissolution, ou bien
encore si l'on avait transformé le carbonate du fumier ou des autres engrais,
en sels fixes, en employant ou de l'acide, ou des sels agissant par double
décomposition.
» Qu'il me soit permis, pour lever toute espèce de doute, de citer ici
M. Boussingault, dont l'opinion a tant de valeur dans toutes les questions
de cette nature :
« J'ai eu l'occasion de citer (dit-il) les observations de Davy, qui éta-
» Missent l'action "favorable exercée par le carbonate d'ammoniaque sur le
» développement des plantes.
» Je dois insister de nouveau afin de mieux faire comprendre qu'il est
» matériellement impossible que les sels ammoniacaux à acides inorganiques,
» autres que l'acide carbonique, soient utiles aux plantes comme engiais,
» quand ils sont donnés isolément, et que leur emploi n'est réellement avan-
» tageux, qu'alors qu ils ont modifié leur composition.
» Il faut donc de toute nécessité que l'ammoniaque des sels à acides
» inorganiques, pour céder aux végétaux l'azote qui entre dans sa consti-
» tution, arrive dans leurs organes sous la forme de carbonate, d'autant
» plus que ce carbonate est le seul sel ammoniacal qui paraît agir directe-
» ment et favorablement sur la plante. »
» Il paraît donc acquis, jusqu'à preuve contraire, que toutes les fois
qu'on détruit le carbonate d'ammoniaque dans une substance qu'on veut
employer comme engrais, fumier ou vidange, on diminue sa valeur de toute
celle du carbonate détruit.
» Pour recouvrer une partie de leur vertu, il faudrait que les matières
altérées rencontrassent dans le sol des circonstances favorables qui pour-
raient les régénérer en leur rendant leur composition première. L'expérience
seide peut indiquer quelles sont ces circonstances favorables.
» Or, elle a démontré :
» Que lorsqu'on semait en même temps- que le grain, ces sels, soit à l'état
de poudre fine, soit à l'état de dissolution absorbée par de la tourbe, soif à
l'état de compost, on n'obtenait aucun résultat utile.
»/ Comment, après ce qui vient d'être exposé, ne pas être inquiété des
tentatives qui, reposant sur des données inexactes, doivent avoir pour résul-
tats de détruire une partie des ressources déjà si faibles dont l'agriculture
peut disposer !
» A ce point de vue, examinons quelles peuvent être les conséquences
pour l'agriculture, d'un nouveau procédé pour l'exploitation des vidanges
( 7*8 )
sur lequel l'attention publique est appelée par des brochures répandues en
grand nombre.
» D'après ce procédé, les matières extraites des fosses sont traitées par
des sels acides, ou de l'acide en excès, afin de détruire tout le carbonate
quelles contiennent, et pouvoir les solidifier ensuite par l addition de silicate
de soude.
» Ainsi donc, voici la poudrette et l'engrais flamand qui contenaient
5o à 70 pour 100 de leur azote, à l'état de sous-carbonate, qui ne con-
tiennent plus que des muriates et sulfates d'ammoniaque. Qu'arrivera-t-il
quand on voudra utiliser ces engrais ? Tout ce qu'ils renferment de sels
ammoniacaux, ce qui représente de 5o à 70 pour 1 00 de leur azote, sera
sans effet sur la végétation ; tout le produit des urines deviendra inutile, et
l'effet de la poudrette proprement dite sera notablement diminué.
» Une perte d'argent supportée par le cultivateur, une quantité considé-
rable d'engrais annihilé ou rendu inefficace, au grand préjudice de l'agri-
culture, seraient la conséquence d'une appréciation erronée de la puissance
des sels ammoniacaux comme engrais.
» J'ai cru qu'il était utile pour tous, d'appeler l'attention de l'Académie,
et celle de tous les hommes compétents, sur cette importante question, afin
qu'elle fût complètement étudiée. »
GRtSTALLOGÉNiE. — Sur la forme utriculaire et la cristallisation
du phosphore; par M. Brame.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Dufrénoy, Despretz.)
« J'ai décrit une partie des phénomènes que présente le phosphore utri-
culaire. Aujourd'hui, j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie
un tube, sur la paroi duquel on avait disposé un grand nombre de petits
globules de phosphore. Ce tube, scellé à la lampe, a été maintenu dans
l'obscurité, à la température ordinaire, pendant douze heures; puis il a été
exposé six heures par jour à la chaleur d'une étuve (60 à 75 degrés) pen-
dant un mois et demi. A cette époque, il n'existait parmi les globules de
phosphore que quelques cristaux disséminés, tandis qu'à une chaleur un
peu inférieure, un autre tube semblable au premier, entouré de sable et
maintenu dans une étuve constamment chauffée, a présenté une cristallisa-
tion fort rapide des globules de phosphore.
» Au bout d'un mois et demi, une partie du premier tube a été exposée
au soleil pendant deux heures (température de l'air à l'ombre -+- 6 degrés);
( 7a9 )
l'autre partie du tube, enveloppée d'une étoffe noire, était encore abritée
par un étui en carton. A la fin de cette expérience, les globules et les cris-
taux exposés au soleil sont colorés en rouge ; il en est de même des glo-
bules et des cristaux situés dans la partie du tube la plus voisine de ceux-ci,
et qui est incomplètement abritée.
» Ensuite, le tube ayant été garanti de l'action de la lumière et aban-
donné à la température ordinaire, on trouve quelques jours plus tard que
presque tous les globules, ayant om,ooi et moins, sont en voie de cristallisa-
tion, isolée ou intevutriculaire (dendrites).
» Sur beaucoup de globules, rougis au soleil, se sont développés des
cristaux parfaitement incolores, et l'on voit au voisinage quelques traces de
phosphore rouge d'aspect membraneux. Sur d'autres globules se sont éga-
lement formés des cristaux par absorption de vapeur, et de très-petits glo-
bules voisins ont disparu.
» Mais le plus grand nombre des globules se sont métamorphosés par
un développement cristallogénique direct (aplatissement et extension) et
intérieur (syncristallie).
» Parmi les cristaux, en général assez mal déterminés, on reconnaît ce-
pendant des prismes rhomboïdaux droits (i), très-nets (qui paraissent être
la forme dominante) et leurs dérivés : prismes hexagones irréguliers ou
peu près réguliers. Plusieurs de ces derniers sont incomplets par manque
de matière active; ces prismes incomplets, comme ceux du camphre, égale-
ment cytogénés, rappellent les macules de la variété de pegmatite, appelée
vulgairement pierre de Judée (cristaux de quartz incomplets).
» Les expériences dont je viens de décrire quelques résultats concou-
rent avec celles que j'ai publiées antérieurement, pour montrer que le phos-
phore forme non-seulement des vésicules cristallogéniques, qui se métamor.
phosent par la formation en cyclides , mais encore de véritables utricules.
» Je crois devoir ajouter que l'action de la lumière diffuse un peu vive
sur les cristaux de phosphore, que j'ai observée dans beaucoup d'autres cir-
constances, dont j'ai annoncé les résultats, de même que l'action de la
lumière solaire directe, montre que la couleur rouge n'appartient pas
exclusivement au phosphore amorphe, dont on doit la découverte à
M. Schroetter. »
(i) Les cristaux de phosphore , obtenus dans d'autres circonstances , appartiennent , comme
on sait, au système régulier, et ont la forme de dodécaèdres rhomboïdaux.
C. R., i85a, i™*Seme«re. (T. XXXV, N°20.) 9^
( 73o)
tératologie. — Recherches sur les poljgénèses monovariennes.
(Extrait d'un Mémoire de M. Lesacvage.)
(Commissaires, MM. Serres, Velpeau, Coste.)
«... Les œufs doubles ou multiples chez les mammifères sont un fait
acquis à la science, et les caractères que je leur ai assignés lèvent toute
espèce de doute à ce sujet. Dans l'œuf constitué comme je l'ai établi, les
fœtus sont compris dans un seul et même chorion, et ils sont constamment
de même sexe. Cette disposition, assez fréquemment remarquée dans l'es-
pèce humaine, je l'ai rencontrée plusieurs fois dans les annexes de la truie,
et une seule fois chez la vache; et je me propose d'appeler plus particulière-
ment l'attention sur quelques particularités qui, chez l'homme, résultent de
cette primitive organisation.
» J'observe d'abord que, dans les cas assez nombreux soumis à mon
observation, chaque fœtus était isolément inclus dans son amnios; de sorte
que la cloison interfœtale était uniquement formée par l'adossement de ces
membranes. J'ai peine à croire, ainsi que l'ont avancé Voitgel, Meckel et
Burdach, qu'on ait rencontré plusieurs fœtus plongés dans les mêmes eaux,
ou cette particularité, bien exceptionnelle, serait le résultat de la destruc-
tion des membranes amnios à leur point de contact, et par l'effet de leur
rapide développement, que ne pourrait suivre le système cellulo-vasculaire
intermédiaire. C'est ce qui arrive dans les mêmes circonstances aux allan-
toïdes, ainsi que je l'ai exposé dans mon Mémoire sur les annexes du fœtus
humain.
» ... Les particularités si spéciales qui accompagnent les générations mul-
tiples à un seul chorion me paraissent capables de jeter quelques lueurs sur
les mystères si cachés de la fécondation et de la détermination des sexes.
» Les physiologistes admettent que l'ovule est l'élément reproducteur
par excellence; que la fécondation résulte d'un rapport immédiat entre le
sperme et cet ovule, et que c'est à son intérieur qu'a lieu la mise en contact
des deux éléments dont la mixtion constitue, à proprement parler, l'acte
fécondant ; mais quand plusieurs embryons sont contenus dans une en-
veloppe commune, serait-il rationnel d'admettre qu'ils étaient primitive-
ment compris dans un seul ovule? ou peut-il paraître plus probable que
cette disposition est un résultat de la rencontre fortuite, accidentelle de
deux ovules ou de leur produit?
» Le mode de rapport des deux germes ou embryons, dans le cas pré-
( 73« )
cité, peut facilement servir à éclairer la question. En effet, ils se déve-
loppent alors avec des conditions qui excluent toute idée de hasard, de
réunion accidentelle entre deux ovules. C'est surtout dans les diplogénèses
monstrueuses qu'on est frappé d'un mode d'adhérence qui se produit avec
une constante régularité. J'ai fait valoir ailleurs l'influence que doit avoir
sur cette disposition symétrique des congénères la réunion préalable de
leur système vasculaire ombilical, ou, si l'on veut, allantoïdien. Ainsi, dans
la classe si nombreuse des monophaliens régulièrement constitués, et ainsi
que l'a remarqué M. Isid. Geoffroy-Sain t-Hilaire, on n'a jamais rencontré
deux fœtus réunis en sens inverse, et de telle sorte que les deux pieds de
l'un répondissent à la tête de l'autre. Il y a, dans le plus grand nombre de
ces cas, une disposition qui décèle un arrangement primitif, une organisa-
tion primordiale dont on pourrait facilement se rendre compte avec la sup-
position que les deux germes auraient été symétriquement disposés dans
une seule enveloppe, enfin dans un même ovule. D'après cette supposition,
qui réunit le plus de probabilités, il y aurait nécessité d'admettre que plu-
sieurs espèces d'ovules seraient générés dans les ovaires, que les uns
seraient monembrjonnaires , les autres poly embryonnaires.
» Ces points posés, si l'on considère, en second lieu, que dans les diplo-
génèses à chorion unique, et quel que soit le mode de rapport entre les
conjoints, il y a constamment identité de sexe, ne doit-on pas en inférer
que le fluide spermatique n'a aucune faculté pour la détermination des
sexes? En effet, que les embryons monovipares soient accolés comme dans
les diplogénèses monstrueuses, ou qu'ils soient libres d'adhérence, l'action
du sperme doit être isolée et particulière pour chacun d'eux, et, qu'il agisse
par l'influence directe des spermatozoaires, ou par tout autre moyen, il est
impossible de comprendre que cette influence, qu'on aurait volontiers
appelée dominatrice, ne puisse influer directement sur la sexualité, qui
reste constamment la même pour les deux conjoints : alors il serait plus
facile d'admettre que le sexe est déterminé dans l'ovule, et que préalable-
ment à l'acte générateur, il existe à l'ovaire des ovules mâles et des ovules
femelles.
» ... En admettant cette détermination du sexe, préalablement à la fécon-
dation, je réduis de beaucoup l'influence de cette dernière sur le dévelop-
pement du nouvel être, et il devient plus facile peut-être de se rendre rai-
son de ces ressemblances si frappantes, dont je rapporte dans ce Mémoire
des exemples si remarquables. On peut plus volontiers expliquer cette
exacte similitude dans toute l'organisation par l'identité des conditions de
96..
( 73* )
leur évolution dans l'œuf, et indépendamment de toute influence du sperme
sur la production des organes de la génération.
» Des réflexions exposées dans ce travail, il résulterait :
» i°. Qu'il existe à l'ovaire des ovules monembryonnaires et des ovules
polyembryonnaires ;
» 2°. Que la fécondation n'a aucune influence sur la détermination de
la sexualité ;
» 3°. Qu'avant la fécondation, il existe dans l'ovaire des ovules mâles et
des ovules femelles ;
» l\°. Enfin que, dans les ovules polyembryonnaires, et quel que soit le
nombre des conjoints, l'unisexualité est constante. »
mécanique. — Nouvelle méthode appliquée au mouvement de rotation d'un
corps retenu sur la Terre par son centre de gravité; par M. Qcet.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Arago, Cauchy, Pouillet,
Babinet, Binet.)
L'auteur annonce que le résultat final des calculs a été le même que celui
qu'il avait obtenu et fait connaître dans une précédente communication.
« La nouvelle méthode, ajoute-t-il, présente une particularité que je crois
devoir signaler : les équations qu'elle fournit reproduisent, suivant le point
de vue auquel on se place, tous les phénomènes connus qui dépendent du
mouvement terrestre. »
Chïkurgie. — Ablation de deux loupes très-volumineuses à l'aide de la
cautérisation linéaire ; observation de MM. Lagger , médecin , et
Deslongchamp, chirurgien à Fribourg. Transmise par M. Legrand comme
pièces à l'appui de précédentes communications sur sa méthode de cau-
térisation linéaire remplaçant l'action du bistouri.
(Commissaires, MM. Velpeau, Lallemand.)
« lia fallu nécessairement, dit M. Legrand, établir sur chaque loupe deux
lignes de cautérisation, ayant chacune la forme d'une demi-ellipse, de
manière à comprendre entre elles un lambeau de peau de om, io dans son
plus grand diamètre, et de om,8 pour le plus petit, et qui, frappé de mort
par l'action isolante du caustique, pût être enlevé avec les kystes, afin de
permettre (par suite de cette grande perte de substance) l'affaissement du
cuir chevelu, énormément distendu et hypertrophié par suite du dévelop-
pement de deux tumeurs aussi considérables, de favoriser le rapprochement
r^
( 733 \
des bords de la plaie, et de procurer enfin une cicatrisation, semblable à
celle qui succède à une simple incision.
» La première cautérisation double, faite pour chaque loupe dans le
même moment, eut lieu le 9 mars, et les deux kystes purent être enlevés,
l'un le 29 mars, et le second le 8 avril dernier; la cicatrisation fut complète
le 1 5 du mois de mai suivant.
» Les premières cautérisations furent peu douloureuses, mais les suivantes
donnèrent lieu à un peu de fièvre, à un peu d'agitation nerveuse; accidents
légers toutefois, puisqu'un bain suffit pour les calmer, et que les médecins
signataires de l'observation les attribuent plutôt à l'impressionabilité exces-
sive de la malade qu'à la douleur causée par l'action du caustique. Aussi
terminent-ils leur relation en déclarant qu'ils considèrent cette méthode
« comme peu douloureuse, évitant les hémorragies, n'exposant point aux
» inflammations érysipélateuses consécutives, et procurant nécessairement
» une cure radicale, puisque la totalité du kyste est enlevée. »
M. G. Giovanini adresse, de Bologne, la description et la figure de trois
instruments de son invention qu'il désigne sous les noms de trépan-scie ,
de scie ostéotomique et de cuiller ostéotomique.
(Commissaires, MM. Velpeau, Roux.)
M. Vebiot soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour
titre : Système de roues à palettes mobiles : application aux bateaux à
vapeur , aux moulins à vent, etc.
(Commissaires, MM. Poncelet, Morin, Combes.)
M. Rabgisson envoie une Note qui se lie à celle qu'il avait précédem-
ment adressée concernant un système de pétrissage pour la boulangerie.
(Commissaires précédemment nommés: MM. Poncelet, Boussingault,Payen.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel, en signalant parmi les pièces imprimées de
la correspondance un Mémoire de M. Mayer sur les organes vocaux de
l'homme et des mammifères, rappelle que ce travail, présenté manuscrit à
l'Académie, en 1 843, a été honoré par elle d'une récompense.
(734)
M. Andkal présente, au nom des auteurs, MM. Ch. Robin et Verdeil,
un Traité de Chimie anatomique et physiologique.
« Le but de ce livre est de faire connaître la constitution intime et molé-
culaire des tissus et des humeurs des animaux. L'étude des éléments anato-
miques, tels que fibres, cellules, etc., faite par le microscope, devait être
suivie d'une autre, celle de la substance qui compose elle-même ces élé-
ments. C'est cette dernière étude qui est faite dans l'ouvrage que je pré-
sente à l'Académie. Les auteurs y ont retracé l'histoire des principes immé-
diats des tissus et des humeurs; ils ont étudié chacun d'eux, dans la double
condition de la santé et de la maladie, relativement à leur quantité, à leur
situation, à leurs combinaisons diverses, au lieu et au mode de leur entrée
ou de leur formation dans l'organisme, et enfin au lieu et au mode de leur
issue ou de leur destruction, pour les espèces qui se décomposent dans le
corps vivant. Les faits que renferme cet ouvrage sont du nombre de ceux
que réclame la marche actuelle de la physiologie et de la pathologie, et
qui doivent concourir d'une manière puissante aux progrès de ces deux
sciences.
chimie organique. — Etudes sur les huiles grasses végétales;
par M. J. Lefort. (Extrait par l'auteur. )
« Les réactions qui s'opèrent lorsque les corps haloïdes sont mis au con-
tact des corps gras, n'ont pas été l'objet d'expériences suivies. Tous les au-
teurs s'accordent à dire que le chlore, le brome et l'iode se combinent aux
corps gras en dégageant des hydracides; mais, quant aux proportions dans
lesquelles ces substitutions ont lieu, tous s'accordent à dire que les recher-
ches n'ont pas été poussées jusque-là.
» Voici les réactions qu'on observe lorsque le chlore et le brome se
trouvent au contact des huiles grasses, et de quelle manière j'obtiens les
nouveaux composés que je décris dans mon Mémoire.
» Lorsqu'on fait passer un courant de chlore humide dans une huile
grasse végétale quelconque, la combinaison se fait avec élévation de tempé-
rature, mais sans explosion ; de l'acide chlorhydrique se dégage, et chaque
équivalent d'hydrogène enlevé est remplacé par un équivalent de chlore.
» Pour faciliter la combinaison, je mets l'huile qu'il s'agit de chlorurer
dans une éprouvette à pied, avec huit ou dix fois son poids d'eau, que je
plonge dans un bain-marie chauffé de 5o à 8o°. A mesure que le chlore se
(735)
combine, l'huile devient plus dense et plus consistante ; aussi, pour obtenir
un produit parfaitement saturé, est-il nécessaire de maintenir l'eau du bain-
marie à la température que j'indique.
» L'huile chlorée qu'on retire de l'éprouvette est ordinairement blanche
ou légèrement jaunâtre, opaque et émulsionnée. Je la lave à plusieurs re-
prises avec de l'eau chaude, pour lui enlever la plus grande partie de l'acide
chlorhydrique qui l'imprègne, puis je la dissous dans de l'éther sulfurique;
la dissolution est versée dans de l'eau chaude qui précipite l'huile sans dé-
composition. Souvent après un premier, mais surtout après deux traitements
successifs par l'éther, l'huile chlorée est insensible au papier de tournesol.
Je la soumets à la température de 1 200 dans un bain-marie et dans un
courant d'hydrogène, jusqu'à ce qu'elle ne contienne plus d'eau. D'opaque
qu'elle était, elle devient aussi claire et aussi transparente que l'huile qui a
servi à la préparer.
» Le brome déplace dans les huiles grasses végétales le même nombre
d'équivalents d'hydrogène que le chlore, mais il réagit avec plus de vio-
lence; aussi, pour éviter des explosions qui pourraient être dangereuses,
est-on obligé d'opérer en commençant avec de l'eau froide. Lorsque l'huile
commence à devenir plus dense que l'eau et à prendre une consistance Un
peu ferme, j'achève la saturation en plongeant le ballon dans un bain d'eau
chaude.
» Ainsi préparée, l'huile bromée est blanche, opaque, émulsionnée et
plus dense que l'eau. Pour la priver de tout l'acide bromhydrique et de
l'eau qu'elle contient, je lui fais subir les mêmes traitements qu'à l'huile
chlorée.
» Aucun réactif ne se décèle, soit dans les huiles chlorées lorsqu'elles ont
été dépouillées de tout le chlore et de tout l'acide chlorhydrique libres, soit
dans les huiles bromées lorsqu'on a bien saisi le point de saturation et
qu'elles ont été suffisamment lavées, la présence du chlore et du brome.
» Voici, du reste, les caractères généraux qu'elles présentent :
» Elles ont pour la plupart une teinte jaune prononcée ;
» J^eur odeur et leur saveur sont nulles le plus ordinairement;
» Elles sont toutes plus denses que l'eau;
» Leur consistance est beaucoup plus grande que celle de l'eau ;
» Exposées à l'air, elles s'épaississent assez rapidement;
» Soumises à l'action de la chaleur, elles commencent à prendre une
légère teinte brune vers i5o°; à 200 ou 210 degrés elles entrent en ébul-
lition ;
(736)
» Mises dans des flacons qui bouchent hermétiquement, elles peuvent se
conserver pendant un certain laps de temps, mais à la longue elles prennent
une légère odeur de rance et réagissent sur le papier de tournesol.
» Pour établir la composition exacte des huiles chlorées et bromées, j'ai
dû entreprendre l'analyse élémentaire des huiles grasses sur lesquelles
j'avais à opérer.
» Avant toutes choses, j'ai dû prendre toutes les précautions possibles
pour obtenir des huiles d'une pureté absolue.
» La combustion a été opérée au moyen du chromate de fer.
» Voici les résultats que j'ai obtenus :
Huile d'amande douce. 1
Huile d'amande amère. rao„,8n4 j CÏ0H"C1 O*
Huile de colza L | C»°H"Br O*
Huile de sésame . . . . J
Huile d'olive. ..... j (C3,H,0C1'04
Huile de pavot j C86H8a04 CS(,HSoBr204
Huile de noisette. . . . )
Huile de lin. . . | rl0H1.o, | C»H"CPO*
Huile de faîne J | C80H2«BraO*
Huile de chènevis | r„n„n, j C»H»°ClaO*
Huile de noix j C \ CÎSH20Brs04
(C5<1H49C1808
Huile de ricin C"HM O8 j c„H<9Br308
» Comme on le voit par ce tableau, toutes les huiles que j'ai analysées
contiennent 4 équivalents d'oxygène; une seule, celle de ricin, a une for-
mule qui doit être doublée ; deux seulement, les huiles de chènevis et de
noix, appartiennent à la série dont la composition générale s'exprime par la
formule C"HnO*. »
chimie organique. — Sur le bichlorhfdrate d'essence de térébenthine ;
par M. Marcellin Berthelot.
« L'essence de térébenthine et l'essence de citron possèdent la même
composition; elles se ressemblent par la plupart de leurs propriétés tant
physiques que chimiques. Toutes deux produisent un hydrate, un chlorhy-
drate cristallisés. Seulement, le composé obtenu avec l'essence de térében-
(737 )
thine par saturation directe est un monochlorhydrale C20H,6.H Cl; tandis
que le composé de l'essence de citron est un bichlorhydrate G20]!1*. aH Cl.
D'où l'on a conclu que l'essence de citron possède une capacité de satura-
tion double de celle de l'essence de térébenthine.
» Cette différence n'est pas essentielle : si l'on change les conditions'de
la saturation de l'essence de térébenthine, on obtient le plus souvent le
bichlorhydrate cristallisé C20H'6. 2HCI, en tout semblable à celui de l'es-
sence de citron et à celui que M. Deville a préparé avec l'hydrate d'essence
de térébenthine.
» On obtient ces cristaux en abondance en abandonnant pendant un
mois une couche d'essence de térébenthine à la surface d'une solution
aqueuse saturée d'acide chlorhydrique. On les obtient encore en dissolvant
l'essence dans l'alcool, l'éther ou l'acide acétique et saturant par l'acide
gazeux la dissolution. Cette opération fournit un composé liquide qui,
abandonné à l'air libre, se change en quelques heures en cristaux.
» Ces cristaux possèdent l'aspect, l'odeur, la facile fusibilité, en un mot
les diverses propriétés du bichlorhydrate d'essence de citron. Ils n'ont pas
non plus de pouvoir rotatoire. Leur composition est la même, car :
I. o,2g65 de matière ont fourni o,6o65 d'acide carbonique et 0,240 d'eau.
II. o,325 de matière ont fourni 0,433 de chlorure d'argent.
» Ce qui fait en centièmes
Cl = 33,3
C = 55,8
H = 9,0
» La formule C20 H'6. 2 H Cl exige :
Cl =34,0
C À 57,4
H = 8,6
» Les deux composés C20H'\HC1, C20H'6. 2 H Cl, ne sont pas les seules
combinaisons d'acide chlorhydrique et d'essence de térébenthine. En effet,
le liquide formé en saturant l'essence dissoute préalablement dans l'alcool
ou l'acide acétique, est un corps défini; c'est un chlorhydrate sesquicar-
buré, 3C,0H8. aHCl, de composition constante dans diverses préparations.
» Préparé avec l'essence de térébenthine française dissoute dans l'alcool,
il contient 25,7 centièmes de chlore.
C. R., 1852, am« Semestre. (T. XXXV, M°20) 97
( 738 )
» Avec l'essence de térébenthine anglaise dissoute dans l'alcool, il ren-
ferme 25,6 centièmes de chlore.
» Avec l'essence française dissoute dans l'acide acétique, il contient
il\ , 3 centièmes de chlore.
» La formule 3C,0H8. 2HCI exige 25,5 centièmes de chlore.
» Ces liquides paraissent être une combinaison des deux chlorhydrates
fondamentaux :
2(3C,0H8.2HC1) = C20H,6.2HC1 -t- 1 (C20^6. HC1);
car ils fournissent constamment du bichlorhydrate, et parfois ils contien-
nent simultanément du monochlorhydrate cristallisé (camphre artificiel).
» On le voit, d'après ces expériences, la quantité d'acide chlorhydrique
absorbée par l'essence de térébenthine varie avec la manière dont cette
.absorption se fait. Plus elle est ralentie, plus l'essence absorbe d'acide.
Opère-t-on avec l'essence et le gaz directement, c'est le monochlorhydrate
qui se produit. Interpose-t-on un dissolvant mixte , l'essence se partage
entre les deux chlorhydrates; un tiers absorbe jusqu'à deux équivalents
d'acide. Enfin, la saturation a-t-elle lieu en quelques semaines au moyen
d'une solution aqueuse saturée d'acide, solution qui ne dissout ni l'essence,
ni ses chlorhydrates, alors la plus grande partie de l'essence passe à l'état
de bichlorhydrate.
» Ces faits nous montrent que l'essence de térébenthine et l'essence de
citron ont la même capacité de saturation. Seulement, le terme ultime de la
saturation est atteint du premier coup avec l'essence de citron, tandis qu'il
faut passer par un détour avec l'essence de térébenthine. »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur un éclair de forme particulière. (Extrait d'une
Lettre de M. Corxcel.)
« Il y a cinq ou six ans, dans le courant de l'été, j'examinais de nia
fenêtre l'état de l'atmosphère après un orage. Il était dix heures du soir;
l'azur du ciel était très-pur, l'air très-calme, et il n'y avait plus que quelques
nuages, de forme moutonnée, très-distants les uns des autres, et passant
très-lentement. Un de ces nuages, de médiocre étendue, et dont le centre
pouvait être à 35 degrés au-dessus de l'horizon, attira mon attention, parce
que ses bords étaient argentés par la lumière de la Lune qu'il cachait et qui
était alors dans son plein. Trois minutes au moins avant la réapparition de
l'astre, je fixais le bord par lequel, vulgairement parlant, je supposais que
( 739)
la Lune se dégagerait du nuage : ce bord était divisé en deux parties, l'une
supérieure et l'autre inférieure, imitant en grand à peu près deux lobes d'une
feuille de chêne. Tout à coup je vis un jet électrique, semblant avoir la
grosseur du doigt, et lancé latéralement de la partie supérieure sur la partie
inférieure en suivant une courbe régulière. Il n'en résulta ni changement
dans la forme du nuage, ni bruit ni fulguration, et je ne puis mieux décrire
ce phénomène qu'en le comparant à un jet instantané de métal en fusion
lancé par un orifice latéral et tombant sans autre vitesse que celle que lui
imprimerait son propre poids. Son apparence était plutôt celle d'une veine
liquide incandescente que celle d'un trait fulminant.
» Je signale ce fait, parce qu'il me paraît être intermédiaire entre les deux
que cite M. Arago dans Y Annuahe de 1 838, pages 261 et 263, l'un d'après
Nicholson, où il y avait deux nuages au lieu d'un seul, et l'autre d'après
Schûbler.
» J'ai continué à observer le nuage pendant près de vingt minutes, mais
il s'est éloigné lentement sans en attirer d'autres, en conservant presque la
même forme, et sans donner de nouveaux signes d'électricité. Rien n'indi-
quait qu'il y eût deux nuages que la perspective aurait fait prendre pour
un seul. »
M. Lavocat, auteur d'une Note sur les rayons osseux supérieurs des
membres thoraciques de quelques mammifères, adresse une Lettre relative à
cette communication et à une réclamation de priorité qu'elle a soulevée de
la part de M. Christol.
« Je me suis assuré, dit M. Lavocat, que cette réclamation est parfaite-
ment fondée, et je m'empresse de reconnaître à M. Christol une priorité que
j'étais étonné d'avoir relativement à des détails ostéologiques aussi appa-
rents (l'existence de l'extrémité inférieure du cubitus et du péroné dans les
chevaux). Conduites isolément, nos recherches nous ont conduits au même
but; elles se confirment mutuellement pour établir une vérité si longtemps
méconnue. »
M. Gaigneau, à l'occasion d'une communication récente de M. Briard
sur un procédé pour corriger les variations d'intensité de la lumière élec-
trique, réclame, au nom de MM. Slaite et Pétrie , la priorité pour l'inven-
tion d'un moyen qu'on suppose être le même que celui de M. Briard.
Cette Lettre et la Note de M. Briard sont renvoyées à l'examen d'une
Commission composée de MM. Pouillet, Babinet, Despretz.
( 74o)
"M. Dussurgey se fait connaître comme auteur d'une Note sur les causes
de la maladie des pommes de terre, Note qu'une signature peu distincte
avait fait inscrire sous le nom de Dussugues.
M. Vallot adresse un spécimen de Ljrcoperdon pedunculatwn , Linn.,
remarquable par une disposition qui ne paraît pas avoir été signalée par les
botanistes, et qui se présentait non-seulement sur un individu, mais sur
trois autres recueillis dans les environs.
M. Gaudichaud est invité à prendre connaissance de l'échantillon qui
fait l'objet de cette communication.
COMITÉ SECRET.
La Section de Géographie et Navigation, à laquelle M. Arago a été
adjoint par l'Académie pour suppléer M. l'amiral Roussin à qui l'état de
sa santé ne permet pas d'assister aux séances, présente, par l'organe de
M. Beautemps-Beaupré, doyen, la liste suivante de candidats pour la place
de Correspondant devenue vacante par suite du décès de M. le contre-
amiral Bérard :
En première ligne,
M. Victor Lottin, capitaine de frégate,... à Versailles.
En seconde ligne, ex œquo et par ordre alphabétique,
M. Ferret, capitaine d'état-major,
M. Galinier, capitaine d'état-major.
« En considérant, dit l'honorable rapporteur, qu'on ne compterait plus
qu'un seul Français parmi les Correspondants de la Section de Géographie
et Navigation, M. Antoine d'Abbadie, si le contre-amiral n'était pas rem-
placé par un Français, nous avons été amenés à n'appeler cette fois encore
les suffrages de l'Académie que sur des candidats français. »
Les titres des candidats sont présentés par M. Duperrey. Ces titres sont
discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 5 heures et demie. F.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 22 NOVEMBRE 1852.
PRÉSIDENCE DE M. DE JUSSIEU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
astronomie. — Note de M. Faye sur les derniers résultats publiés, par
M. de Struve, relativement à la 61e du Cjgne.
« Maintenant que l'enseignement de l'astronomie élémentaire se répand
de plus en plus, les professeurs qui voudront tenir leurs leçons au courant
de la science, iront sans aucun doute chercher dans les Comptes rendus les
éléments nouveaux dont ils auront besoin. Il devient donc plus important
que jamais de ne pas laisser subsister, sans avertissement, dans ce Recueil,
des erreurs ou des documents surannés (1). C'est pour cela que je demande
à l'Académie la permission de lui signaler une correction que la dernière
et importante publication de M. de Struve rend indispensable.
» On a cru généralement jusqu'ici que l'une des composantes de la
61e du Cygne parcourt en 5 ou 600 ans, autour de l'autre composante, une
orbite dont le demi-grand axe ne devait guère dépasser i5 ou 16". Ces
conclusions étaient assurément prématurées, caries observations de la 61e
(1) Voir les Comptes rendus, tome XXVI, page lj4> Note de M. Faye à l'occasion d'une
Lettre de M . de Struve.
C. R., i85a, a«» Semestre. (T. XXXV, N» 21.) 98
( 74a)
ne pouvaient réellement en autoriser de pareilles. C'est pourtant sur ces
vagues données qu'on a calculé la masse de la 61e du Cygne et la longueur
absolue du grand axe de leur orbite.
» Or il arrive aujourd'hui que M. de Struve déclare, dans son grand
Catalogue de Dorpat nouvellement publié, que depuis iooans le mouve-
ment relatif des deux étoiles ne diffère pas sensiblement du mouvement
rectiligne et uniforme. Cette conclusion extraordinaire, et assurément bien
inattendue, doit nous décider à faire le sacrifice de tout ce que nous a\ons
pu dire jusqu'ici sur l'orbite et sur la masse de cette étoile double, dont la
parallaxe est d'ailleurs si bien connue depuis les admirables travaux de
Bessel. »
chimie organique. — Sur les transformations que la chaleur fait éprouver
à V acide tartrique; par M. Aug, Laurent.
« M. Braconnot a reconnu que l'acide tartrique, soumis à l'action de la
chaleur, se transforme en un nouvel acide qui a été désigné sous les noms
de tartrélique et d'isotartridique.
» Suivant M. Fremy, l'acide tartrique, soumis à une température de
200 degrés environ, perd progressivement 2 atomes d'eau ou -~ de son
poids, en se transformant en acide anhydre ; mais cette déperdition offri-
rait trois phases intermédiaires qui donneraient autant d'acides définis,
distincts entre eux.
» Dans la première phase, il perdrait ^ atome d'eau en donnant de l'acide
tartralique ;
» Dans la deuxième , il perdrait 1 atome d'eau en donnant de l'acide
tartrélique;
» Et enfin, dans la troisième, il perdrait a atomes d'eau en donnant de
l'acide tartrique anhydre.
» Les résultats de M. Fremy ne nous ayant pas paru être d'accord avec
ce qu'on observe généralement en chimie, nous avons, M. Gerhardt et moi,
repris ce sujet, et nous sommes arrivés aux résultats suivants :
» Dans la première phase, l'acide tartrique se modifie sans rien perdre
de son poids, en donnant :
» i°. De l'acide métatartrique dont les sels sont cristallisables ;
» 20. De l'acide isotàrtrique dont les sels sont incristallisables, et dont
le sel de chaux est très-soluble.
» Dans la deuxième phase, l'acide, après avoir perdu -^ de son. poids,
donne :
( 743)
» 3°. De l'acide tartrélique ou isotartridique de M. Braconnot;
» 4°- De l'acide tartrique anhydre ou du tartride.
» Nous avons également constaté qu'il se forme un acide qui possède
les propriétés de l'acide tartralique de M. Fremy; mais, ayant reconnu que
cet acide était un mélange, et donnait des résultats variables à l'analyse,
nous l'avons laissé de côté.
» Il y a dix-huit mois environ, M. Fremy a lu devant l'Académie une
réfutation de notre travail, dans laquelle il conteste l'exactitude de toutes
les observations que nous avons faites, et maintient celle des premiers résul-
tats qu'il a obtenus.
» J'aurais désiré répondre immédiatement à M. Fremy; mais, pour cela,
j'aurais voulu d'abord répéter une expérience capitale, et je n'avais pas de
laboratoire pour le faire. Un de mes amis, M. Hautefeuille, ayant bien
voulu répéter cette expérience lui-même, et ayant confirmé les résultats que
M. Gerhardt et moi nous avions obtenus, je réponds à M. Fremy.
» Je laisserai la question théorique de côté, parce que M. Fremy nous
prête des idées que nous n'avons jamais émises, et parce qu'il donne des
citations qu'il prétend avoir extraites de notre Mémoire, et qui ne s'y trou- .
vent pas.
» Suivant son premier Mémoire, M. Fremy, après avoir fait perdre par
la fusion, j, i et a atomes d'eau à l'acide tartrique, analysait les résidus et
trouvait que leur composition correspond précisément à celle de l'acide
tartrique moins -|, i et a atomes d'eau. Nous avons dit que ces analyses ne
prouvaient absolument rien, et que, en interrompant plus souvent l'action •
de la chaleur, on aurait pu découvrir autant d'acides qu'on aurait voulu,
et dont la composition se serait représentée par celle de l'acide tartrique
moins \, \, \, -f , -f,... d'atomes d'eau.
» Nous avons prouvé en même temps que, lorsque l'acide tartrique a
perdu j et i atome d'eau, les résidus ne sont que des mélanges.
» M. Fremy reconnaît tacitement la justesse de nos observations; car,
dans son dernier Mémoire, il ne revient plus sur cette singulière manière de
préparer et d'analyser des acides purs.
» Nous avons prouvé, par une expérience bien facile à répéter, que
l'acide tartrique se transforme en acide métatartrique, par la simple fusion,
et sans rien perdre de son poids, ou en ne perdant que des quantités insi-
gnifiantes d'eau, et que c'est encore d'une manière semblable que l'acide
tartrélique soluble se transforme en acide tartrique anhydre et insoluble.
» M. Fremy avait eu tout le temps de nous répondre ; mais il paraît qu'un
98..
( 744 )
pressant motif l'a surpris à l'improviste et l'a forcé, à jour fixe, de nous
faire une réponse bonne ou mauvaise, car il ne s'est pas aperçu que les
arguments dont il s'est servi tournent précisément contre lui.
» Les pertes d'eau, que nous avons constatées à la balance, ne prouvent
rien, dit-il, car l'eau qui se dégage est une eau acide; et il s'étonne que
des chimistes aussi exercés que nous ne se soient pas aperçus d'un fait si
facile à constater.
j> Remarquons, d'abord, que le dégagement de cette eau acide avait
complètement échappé à M. Fremy, qui n'en dit mot dans son premier
Mémoire; et, ensuite, que nous avons signalé ce dégagement dans trois
passages différents de notre Mémoire.
» Mais admettons-le, l'eau qui se dégage est non -seulement acide, mais
très-fortement acide ; qu'en résulte-t-il? Que l'acide tartrélique, qui, sui-
vant nous, ne perdait que deux à trois millièmes d'eau pour se transformer
en acide anhydre, en perd beaucoup moins et même pas du tout si nous
nous plaçons dans l'hypothèse que M. Fremy considère comme la plus favo-
rable à son opinion, si nous supposons que c'est, non de l'eau, mais un acide
pur qui s'est dégagé.
» Ainsi, la transformation de l'acide tartrélique en acide tartrique anhy-
dre, se faisant sans perte sensible d'eau, nous prouve bien que ces deux
composés sont isomères et ne diffèrent pas l'un de l'autre par i atome d'eau.
» Nous avons prouvé que l'acide tartrique, en perdant moins de -— d'eau
(pour se transformer en acide taitralique, il devrait perdre -5-5^-), donne
un résidu qui renferme une très-grande quantité d'acide métatartrique et
d'acide tartrélique. D'après la théorie de M. Fremy, ce dernier ne devrait
pas se former, et le résidu ne devrait être que de l'acide tartralique sensi-
blement pur.
» M. Fremy nous réfute en disant que l'eau dégagée était acide, et que,
par conséquent, notre expérience ne prouve rien. Ici, encore, M. Fremy
ne s'aperçoit pas que plus l'eau qui se dégage est acide, plus notre expé-
rience est contraire à sa théorie.
» Enfin, pour en finir d'un seul coup avec cette eau acide, je dirai que
M. Biot s'est assuré, par des procédés optiques, que la quantité d'acide tar-
trique détruit (qui sert à la formation de l'acide volatil) était si minime,
même en poussant la déperdition de l'eau aussi loin que possible, qu'on
pouvait la présumer plutôt que la constater matériellement (1).
(1) Annales de Physique et Chimie , tome XXIX, pages 35o et 35 1.
( 7*5 )
» M. Fremy a encore recours à une autre explication; il suppose que, si
nous avons reconnu que l'acide tartrique se modifie sans changer de poids,
cela ne doit pas empêcher cet acide de se déshydrater: car, dit-il, il n'est
pas rare de voir des corps se déshydrater, même au sein de l'eau.
» Que du horax se déshydrate au sein de l'eau à 70 ou 80 degrés; que le
poids total du horax, de l'eau et de la fiole dans laquelle on fait l'opération,
reste le même, rien de plus facile à concevoir. Mais avec l'acide tartrique,
les circonstances sont bien différentes : nous le chauffons, non au-dessous
du point d'ébullition de l'eau, mais à 70 ou 80 degrés au-dessus de ce point,
non au sein de l'eau, mais seul, ou bien en n'y ajoutant que quelques cen-
tièmes d'eau pour en faciliter la fusion. Nous trouvons que l'acide s'est
modifié et que le poids est resté le même, car, lorsque nous ajoutons quel-
ques centièmes d'eau, nous prolongeons la fusion jusqu'à ce que cette eau
soit partie. Néanmoins M. Fremy pense qu'à 180 degrés, l'acide tartrique
s'est déshydraté, et que l'eau devenue libre reste bénévolement liquide à
cette température sans se volatiliser.
» Cependant M. Fremy ne paraît pas être bien sûr de la solidité de ses
arguments, car il ajoute que les modifications que nous avons observées,
sans perte de poids, sont dues à des phénomènes de trempe. Eh bien, que
ce soit la trempe, la cuisson, la coagulation ou toute autre cause qui pro-
duise ces modifications, cela empêche-t-il celles-ci de se faire comme nous
l'avons dit ?
» Nous avons prouvé que l'acide tartralique n'est qu'un mélange, ainsi
que le tartralate de chaux. M. Fremy le reconnaît lui-même maintenant,
mais la manière dont il l'avoue est si surprenante, que, plus je relis son
Mémoire, moins je puis croire qu'il ait écrit lui-même la phrase suivante :
// m'est impossible d'admettre, avec MM. Laurent et Gerhardt, que l'on
puisse préparer un tartralate de chaux pur en versant de l'alcool dans une
liqueur qui tient en dissolution quatre à cinq substances différentes ; le sel
visqueux qui se précipite doit retenir nécessairement une certaine proportion
des corps étrangers contenus dans la dissolution ; je crois donc que ces chi-
mistes ont souvent analysé des sels impurs .
» C'est comme pour l'eau acide qui lui avait échappé, M. Fremy met ses
propres erreurs, celles que nous avons rectifiées nous-mêmes, sur notre
compte.
» Néanmoins je soupçonne fortement que M. Fremy n'a pas reconnu,
dans le tartralate de chaux ainsi préparé, quatre à cinq substances diffé-
( 746)
rentes, et qu'il ne grossit le nombre des matières étrangères que pour aug-
menter nos erreurs. Quelles sont donc ces quatre à cinq substances étran-
gères ?
» D'ailleurs M. Fremy tombe ici dans une contradiction qui est un peu
trop forte. Dans son premier et dans son second Mémoire, M. Fremy affirme
que, sous l'influence de la chaleur, l'acide tartrique ne donne que des acides
tartralique et tartrélique ; or, si l'on traite un mélange de ces trois acides
par la craie, il doit se former du tartrate et du tartrélate de chaux insolu-
bles, et du tartralate de chaux soluble. Comment alors, en versant de l'al-
cool dans la dissolution, pourrait-on en précipiter autre chose que du
tartralate de chaux parfaitement pur; encore urie fois, quelles sont ces
quatre à cinq substances étrangères ?
» Mais passons : M. Fremy obtient maintenant du tartralate de chaux
parfaitement pur, et, chose merveilleuse, il lui trouve exactement la même
composition qu'à son ancien tartralate mêlé de quatre à cinq substances
différentes.
» Passons encore, et voyons enfin ce que c'est que ce nouveau tartralate
de chaux pur.
» J'ai recommandé à M. Hautefeuille de suivre pas à pas le procédé de
M. Fremy. La précipitation du sel de chaux a été fractionnée, les trois pré-
cipités ont été lentement desséchés à la température de iao degrés, et ils
ont donné 19,4» iÇ)>3 et 19, 5 de chaux. M. Fremy a obtenu 23,8 et23,6de
chaux; mais ce n'est pas tout : M. Hautefeuille a reconnu, ainsi que nous
l'avions vu nous-même, que ce tartralate de chaux pur renferme environ
CINQUANTE POUR CENT d'une matière étrangère. »
mécanique céleste. — Nouvelle solution du problème de Kepler;
par M. Il axskn
« On connaît les efforts qu'ont faits les géomètres pour résoudre le pro-
blème de Kepler, et, en même temps, on ne sait pas moins combien les
résultats trouvés pour les coefficients de l'équation du centre sont com-
pliqués. Voici une nouvelle solution de ce problème que je viens de trou-
ver, et qui donne une loi de ces coefficients plus simple qu'on ne pouvait
l'espérer, vu l'extrême complication des résultats obtenus auparavant.
» Soient g l'anomalie moyenne,
(p l'angle de l'excentricité,
i un nombre quelconque positif et entier.
( 747 )
» En posant
,3 = tang^ç, fx = î'cos^y,
P,_ , -+- p + - + 0 + ...+ 2-3~
„<-h
' 2.3. . . I + I
etc.,
Q, = i - fi,
Qa=Q, + £,
2
I
2.1'
etc.,
Q3-Q2--^,
on a
l'éq. du centre = (i - f32)2 -. (P./3' + P,+, Q, |3<-2-+- Pi+1Q1/3'"-"-K..)sinig.
» L'analyse qui ma conduit à ce résultat et la forme qu'il a s'applique
non-seulement à l'équation du centre, mais aussi à toutes les fonctions du
rayon vecteur et des anomalies qu'en Astronomie on a besoin de dévelop-
per en séries procédantes suivant les sin ig ou cos ig. »
M. Dupin fait hommage à l'Académie d'un exemplaire du Rapport qu'il
a fait, sur une partie de la grande exposition de l'Industrie à Londres,
au nom de la huitième Commission du Jury, chargée de rendre compte
des objets appartenant à l'architecture navale, au génie militaire, etc. {Voir
au Bulletin bibliographique.)
M. de II 4ldat annonce l'envoi de plusieurs exemplaires d'un ouvrage
sur le magnétisme qu'il vient de faire paraître, et dans lequel il a réuni
tout ce qu il avait publié depuis longtemps sur ce sujet.
Les exemplaires annoncés ne sont pas encore parvenus à l'Académie.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Correspondant pour une place vacante dans la Section de Géographie et
Navigation .
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant quarante-cinqr
M. Lottin réunit l'unanimité des suffrages et est déclaré élu.
( 748)
MÉMOIRES LUS.
minéralogie. — Recherches sur les densités du soufre;
par M. Ch. Brame.
(Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Despretz.)
L'auteur résume dans les termes suivants les conséquences qui se déri-
vent de son nouveau travail :
« i°. Les pesanteurs spécifiques des diverses variétés du soufre, ou états
moléculaires, connues jusqu'aujourd'hui, étaient peu concordantes, non-
seulement pour les différentes formes, mais encore pour chacune en particu-
lier, et cela, dans des limites qui dépassent toutes les erreurs possibles dans
l'expérimentation. Les causes des différences tiennent tantôt aux corps
étrangers contenus dans le soufre employé, tantôt aux circonstances va-
riables dans lesquelles l'état moléculaire a été obtenu, tantôt à l'action des
agents physiques sur le soufre dans un état moléculaire donné. Les limites
de la variation paraissent être comprises entre 1,87 ou 1,9319, densité
inférieure du soufre mou, et 2,0757, densité la plus élevée qu'on ait trouvée
au soufre natif cristallisé. Cependant, la limite supérieure de la densité du
soufre paraît pouvoir s'élever davantage jusqu'à a, 08 — 2,0g, et peut-être
même jusqu'à 2,1.
» 20. Les accroissements de densité du soufre témoignent de la persi-
stance d'un mouvement moléculaire sensible dans un corps d'apparence
solide. Ce mouvement est plus ou moins lent ou plus ou moins rapide, et
prouve que souvent le repos dans lequel semblent être les molécules du
soufre n'est qu'apparent.
» 3°. L'accroissement lent de la pesanteur spécifique ne détermine pas
toujours la condensation complète de la matière ; si bien que nous ne con-
naissons peut-être pas le soufre dont les molécules seraient en équilibre
statique. Mais le soufre naturel cristallisé et le soufre durci ancien s'en rap-
prochent probablement le plus; les cristaux de fusion s'en rapprochent
également, bien qu'ils conservent une densité un peu inférieure à celle des
précédents.
» 4°- L'état cristallin octaédrique ne paraît pas être le terme nécessaire
vers lequel tendraient toutes les formes du soufre, du moins intégralement.
Dans tous les soufres artificiels il existe un mélange de soufre cristallin et de
soufre membraneux, ce qui a été reconnu par M. Ch. Deville comme par
(749)
moi-même. (D'après cela, je crois pouvoir comparer plusieurs états molécu-
laires du soufre à ceux de quelques verres, etc.)
» 5°. La tendance de tous les états moléculaires du soufre pris dans leur
ensemble serait réellement vers l'état compacte, amorphe ou cristallin, trans-
parent ou opaque. La forme et l'état utriculaire du soufre sont le lien né-
cessaire des faits exposés dans ce Mémoire, et des conclusions de MM. Schee-
rer, Marchand, Ch. Deville et de moi-même, qui sont relatives à la
corrélation du passage d'un état moléculaire à un autre, avec un change-
ment de chaleur spécifique, de cristallisation et de pesanteur spécifique. Il
en est de même du changement de la volatilité, du point de fusion, de la
divisibilité et des propriétés chimiques, comme je l'ai fait voir il y a plu-
sieurs années.
» 6°. L'état utriculaire du soufre peut donc persister longuement sous les
autres formes apparentes de ce corps. Encore une fois, c'est dans cette cir-
constance qu'il faut reconnaître la cause des changements des propriétés
physiques et chimiques que présente le soufre à divers états.
» 70. La densité du soufre est une des principales propriétés physiques
variables qui sont en corrélation directe avec la persistance de la forme
utriculaire, sous les autres formes apparentes du soufre. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
physique. — Expériences sur le magnétisme du fer doux; par M.. Qukt.
(Commissaires, MM. Becquerel, Despretz.)
« Lorsque, par une action brusque, on change l'état magnétique du fer
doux, le nouvel état qui s'établit ne s'accomplit pas brusquement à c vise de
la force coercitive ; mais cependant il se produit avec beaucoup de rapidité.
Je ne crois pas qu'on ait cherché à évaluer la durée de ce phénomène ;
comme cette question n'est pas tout à fai! sans intérêt par elle-même et aussi
par ses applications aux machines électro-magnétiques, j'ai fait diverses
expériences que je vais décrire sommairement.
» Première expérience. — Dans cette expérience, la résistance produite
par la force coercitive se manifeste pendant plus d'une minute. — Je me sers
du grand électro-aimant de M. Rumkorff ; au lieu de faire passer dans le
fil des bobines un courant voltaïque, comme c'est l'usage, je mets ce fil en
communication avec un galvanomètre très-sensible et je me donne la faculté
d'interrompre ou de fermer le circuit à volonté.
C. R . , i852, 3m« Semestre. (T. XXXV , N° 21. ) 99
( 75o)
» Le circuit étant interrompu, j'approche brusquement les deux fers pres-
que au contact, puis j'attends qu'il se soit écoulé cinq secondes; .alors je
ferme le circuit, et aussitôt j'ai un courant d'induction si considérable, que
l'aiguille du galvanomètre est chassée au delà de 90 degrés. Il résulte de cette
expérience que le nouvel état magnétique du fer doux est bien loin d'être
accompli après une durée de cinq secondes.
» Si l'on recommence la manœuvre précédente et qu'on attende quinze
secondes pour fermer le circuit, on obtient un courant d'induction qui est
encore fort considérable, mais qui, néanmoins, ne chasse pas l'aiguille à
90 degrés.
» Quinze secondes forment certainement une durée très-longue dans ce
genre d'expériences et qui dépasse, ce me semble, les prévisions que l'on
pouvait avoir; néanmoins cette durée n'est pas la limite du phénomène.
En effet, si l'on recommence l'expérience et qu'on attende trente, quarante
et même soixante secondes pour fermer le circuit, on a toujours un courant
induit, d'intensité décroissante, il est vrai, mais dont l'existence nous
apprend que le changement magnétique du fer doux n'est pas encore
accompli; au bout d'une minute, l'effet est presque complet.
» Une durée aussi considérable que celle que je viens d'indiquer, ne m'a
jamais été donnée par aucun appareil autre que celui de M. Rumkorff, soit
à cause de la différence de masse dans le fer employé, soit à cause d'une
plus grande douceur dans ce fer.
» Il est à peine nécessaire de dire que des phénomènes analogues aux
précédents, mais avec des courants induits renversés, se produisent lors-
qu'on éloigne brusquement l'une de l'autre les pièces mobiles de l'électro-
aimant, et que dans les premières expériences le sens du courant indique
une augmentation dans l'intensité magnétique des fers.
» Deuxième expérience. — Moyen de reconnaître par quels degrés les
variations magnétiques du fer doux s'accomplissent d instant en instant. —
Lorsqu'après avoir rapproché brusquement les pièces mobiles de l'électro-
aimant, on tient le circuit fermé pendant les cinq premières secondes seu-
lement, le courant induit qu'on obtient ainsi est dû à la variation d'état ma-
gnétique qui s'opère dans le fer pendant les cinq premières secondes. En
agissant de la même manière et en ne laissant passer le courant dans le cir-
cuit que depuis la cinquième seconde jusqu'à la dixième, ou depuis la
dixième jusqu'à la quinzième, et ainsi de suite, on obtient une série de cou-
rants induits d'intensité décroissante et qui font connaître par quels degrés
les variations magnétiques se sont opérées dans des temps donnés. L'obser-
(7*« )
vation montre que les variations décroissent suivant une loi très-rapide. Si
l'on avait quelque intérêt à déterminer cette loi, on pourrait apporter plus
de précision dans l'expérience; il n'y aurait, en effet, qu'à opérer un seul
rapprochement des pièces mobiles de l'appareil et à lancer de cinq secondes
en cinq secondes le courant induit successivement dans des galvano-
mètres différents et comparés.
» Troisième expérience. — Courants d'induction produits par des chocs
exerces sur le fer doux. — Le circuit étant fermé et les deux pièces de
l'électro-aimant étant immobiles, je choque l'une d'elles avec un morceau
de bois ou de plomb, et aussitôt un courant très-intense s'établit dans le
circuit, et indique par sa direction une augmentation dans l'état magné-
tique du fer. Il est aisé de reconnaître encore ici que le nouvel état magné-
tique ne se produit que lentement ; il suffit pour cela de tenir le circuit
interrompu pendant le choc et de le fermer quelques secondes après.
» Si au lieu d'un seul choc on en produit plusieurs se succédant rapide-
ment, on obtient un courant plus intense; l'efficacité de ces chocs dépend
de la rapidité avec laquelle on les renouvelle et aussi de leur grandeur : il y
a une limite à partir de laquelle des coups nombreux, forts ou faibles, ne
produisent presque plus d'effet.
» Lorsque le fer est dans cet état, si on le frappe sur la partie opposée à
celle qui a reçu les premiers chocs, on n'obtient rien de plus ; mais si l'on
frappe les pieds de l'électro-aimant, c'est-à-dire les pièces de fer qui sont
maintenues par un écrou contre l'armature, on obtient encore des courants
très-variés dont la cause sera suffisamment indiquée par des expériences que
je donnerai bientôt.
» Quatrième expérience. — L'aimantation du fer de T électro-aimant
opérée par la Terre ne s'accomplit que lentement. — Je retourne maintenant
sur lui-même l'appareil de M. Rumkorff, et, après avoir attendu un nombre
convenable de secondes, je ferme le circuit, et aussitôt j'ai un courant induit.
En s'y prenant comme dans la première expérience, il est aisé de constater
que le nouvel état magnétique produit par l'action de la Terre ne s'accom-
plit que lentement.
» Lorsque le nouvel état magnétique est complet, si j'exerce un choc ou
une série de chocs rapides sur Je fer de l'électro-aimant, l'appareil qui
refusait de donner un courant induit dans sa première position en donne
maintenant, et l'on a ici de nouveau à faire les mêmes observations que pré-
cédemment, sur la question de temps et sur la limite des chocs efficaces.
• 99- •
(75a)
» Si dans cette expérience j'ai retourné bout pour bout l'appareil sur lui-
même, ce n'est que pour obtenir un maximum d'effet; car l'appareil donne
des courants, pour peu qu'on le déplace par rapport au méridien magné-
tique. Au reste, la sensibilité de l'électro-aimant est si grande, cet appareil
donne si aisément et par des causes si diverses des courants électriques,
qu'il n'y a pour ainsi dire qu'un seul moyen de ne pas en tirer, c'est de ne
pas y toucher du tout.
» Cinquième expérience. — Courants d'induction produits en rendant
plus ou moins intime le contact de l'armature de l'électro-aimant. — Si l'on
serre les écrous qui fixent les pièces mobiles de l'appareil, on obtient par
cela même un courant d'induction, et par chaque degré de pression exercée
on obtient un nouvel effet électrique.
» Sixième expérience. — L'état magnétique du fer doux dans l'électro-
aimant est rendu plus stable par un contact plus intime de l'armature. —
Les écrous étant fortement serrés, si on frappe le fer doux, on obtient encore
des courants induits, mais d'une intensité faible par rapport à ceux qui se
produisent lorsque les écrous ne sont pas serrés. Ce phénomène de plus
grande stabilité a une analogie facile à saisir avec celui que présentent les
armatures des aimants ordinaires.
» Je ne parlerai pas ici des courants que l'on obtient lorsqu'on chauffe
ou qu'on refroidit le fer de l'électro-aimant, parce que ces courants ont une
origine complexe, ce qui tient à ce que les bobines de l'appareil sont d'une
grande sensibilité thermo-électrique.
» Septième expérience. — La question de temps peut aussi être étudiée
en expérimentant sur des tringles de fer très-doux que l'on aimante par la
lierre, mais ici les phénomènes sont plus faibles que dans les expériences
précédentes. — La tringle que j'emploie a im,5o de longueur; elle a été
préalablement portée au rouge, puis refroidie dans une direction perpendi-
culaire au méridien magnétique. L'un des bouts de la tringle est placé dans
une bobine d'induction de i décimètres de longueur environ ; le fil de la
bobine communique avec un galvanomètre très-sensible, et le circuit peut
être fermé ou ouvert à volonté.
» Le circuit étant interrompu et la tringle étant verticale et dans son état
d'équilibre magnétique, je la retourne brusquement et je la remets dans la
situation verticale, puis j'attends quelques secondes pour fermer le circuit,
et j'obtiens un courant électrique qui est très-faible, surtout si on a laissé
s'écouler trois ou quatre secondes.
( 753 )
» Dans cette expérience, la question de temps est encore rendue mani*
feste, seulement la rapidité avec laquelle le nouvel état magnétique s'établit
est de beaucoup supérieure à celle que nous avons eu occasion d'examiner
dans l'appareil de M. Rumkorff.
» Il est à peine nécessaire d'ajouter que le courant induit indique une
augmentation de magnétisme dans l'expérience que nous venons de décrire,
et aussi qu'on obtient des courants remarquables en frappant sur la tringle.
» Huitième expérience. — Le milieu de la tringle produit des courants
d induction remarquables lorsqu'on frappe la tringle, ou qu'on la retourne. —
La bobine est placée vers le milieu de la tringle; dans cette région se trouve
la ligne neutre, et l'état magnétique du fer aux environs de cette ligne est
extrêmement faible, puisque la tringle, ayant im,5o de longueur, a ses pôles
fort éloignés de la partie moyenne.
» Si dans ces conditions on vient à frapper la tringle, il semble que le
changement magnétique, éprouvé par la partie moyenne, doit être en quel-
que sorte insignifiant, au moins pour les effets extérieurs; cependant
l'expérience donne des courants induits très-intenses, et la même chose a
lieu lorsqu'on retourne la tringle. »
mécanique. — Note sur le mouvement de rotation; par M. Person.
( Commissaires précédemment nommés: MM. Arago, Cauchy, Pouillet,
Babinet, Binet.)
« Voici une manière bien simple de démontrer que, dans les expériences
sur la rotation, l'axe du tore doit devenir parallèle à l'axe de la Terre, et
non pas rester fixe comme une lunette parallactique. On prouve d'abord
aisément que l'effet du mouvement diurne pour faire tourner le tore au-
tour de son centre est le même que si ce point coïncidait avec le centre du
Globe. Dans cette position, on voit nettement deux rotations qui se com-
binent, l'une due à un fil, par exemple, et l'autre due à la Terre. L'axe du
tore prend donc une position intermédiaire entre les axes des deux rotations
composantes, et il garderait fixement cette position, si l'action de la Terre
cessait comme a cessé l'action du fil. Mais il n'en est pas ainsi ; la Terre
continue d'agir ; elle donne une nouvelle impulsion tendant à faire tourner
autour d'un axe qui ne coïncide pas avec l'axe actuel : c'est-à-dire qu'on
se retrouve dans le même cas que tout à l'heure, avec deux rotations com-
posantes et avec une rotation résultante ; seulement l'axe de celle-ci est, cette
(7^4)
fois, plus rapproché de l'axe du Globe. Et il est clair que ce raisonnement
peut se continuer tant que les axes ne sont pas en coïncidence.
» Si, dans la composition des rotations, M. Quet traite celle qui est due
à la Terre simplement comme celle qui est due au fil, il est tout naturel qu'il
trouve un axe résultant fixe; mais de cette manière il n'aurait tenu compte
que de la première impulsion due à la Terre. Il est difficile de croire qu'il
ait fait un tel paralogisme; mais la Commission a les pièces, elle jugera. »
mécanique appliquée. — Description dune horloge thermomètre ;
par M. Edmond Becquerel. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Pouillet, Regnault, Despretz.)
« On sait que lorsque les variations de température changent la lon-
gueur du pendule d'une horloge, cette horloge retarde ou avance suivant
que la température augmente ou diminue; il est donc naturel de penser
qu'en augmentant le plus possible les variations de position du centre
d'oscillation du pendule, on parviendra à estimer les variations de tempé-
rature moyenne d'après les changements observés dans la marche de l'hor-
loge. Cette idée a dû sans doute se présenter à l'esprit de beaucoup d'ob-
servateurs, et l'on peut voir dans les Comptes rendus de l'académie
pour i836 (tome III, page i43) une Note de M. Jurgensen dans laquelle
il décrit la construction d'un chronomètre donnant par ses variations
l'indication de la température moyenne.
» M. Edm. Becquerel a fait construire, pour l'observatoire météorolo-
gique de l'Institut agronomique, un appareil conduisant au même but,
mais disposé d'une autre manière. Cet instrument se compose essentielle-
ment d'un mouvement à ressort de pendule ordinaire, porté sur un sup-
port en fonte bien fixe, et d'un pendule d'une construction particulière,
situé à l'arrière du mouvement, et en relation avec son échappement....
» ... L'horloge a marché d'une manière continue pendant plusieurs
mois dans des limites de température comprises entre — 5° et -+- 3o°; la va-
riation moyenne a été de six minutes pour chaque degré de différence dans
la température moyenne pendant les vingt-quatre heures. L'auteur a joint
à son travail différents tableaux d'observations. »
(755 )
mécanique céleste. — Mémoire sur la théorie des atmosphères (seconde
partie); par M. Edouard Roche. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Cauchy, Binet, Le Verrier.)
« Dans la première partie de ce travail, nous nous sommes occupé spé-
cialement de la forme que tend à prendre l'atmosphère d'une comète, dans
son mouvement vers le Soleil, et des apparences qui doivent en résulter.
Nous avons indiqué, relativement à l'atmosphère du Soleil, quelques pro-
priétés des surfaces de niveau, qui n'avaient pas été remarquées par Laplace
dans le chapitre de la Mécanique céleste consacré à cette question. Enfin,
nous avons étudié la forme de l'atmosphère des satellites , dans le cas où
elle n'aurait qu'une faible épaisseur.
» Dans cette seconde partie, nous discutons, d'une manière complète,
la forme des surfaces de niveau dans l'atmosphère d'un satellite, c'est-à-
dire d'un corps qui tourne sur lui-même dans le même temps qu'il circule
autour d'une planète située dans le plan de son équateur. Cette égalité des
mouvements angulaires de rotation et de translation est nécessaire pour
que l'atmosphère puisse prendre une figure permanente.
» Lorsque l'équilibre s'établit dans l'atmosphère, les couches de niveau
se disposent suivant des surfaces fermées, symétriques par rapport à trois
plans rectangulaires etaux trois axes inégaux : le plus grand axe est dirigé
vers la planète ; le plus petit axe est l'axe de rotation.
» Les rapports entre les trois axes varient d'une surface de niveau à
l'autre. Dans le voisinage du centre, ces surfaces sont à peu près sphériques ;
en s'en éloignant, au contraire, elles s'aplatissent aux pôles , et s'allongent
de plus en plus suivant la direction de la planète.
» La surface libre de l'atmosphère est nécessairement une surface de
niveau. Il faut, de plus, qu'en tout point de cette surface libre, la pesanteur
d'une molécule soit dirigée de dehors en dedans. Or cela n'a pas lieu pour
toutes les surfaces de niveau. La plus grande des surfaces qui satisfont à
cette condition sera donc une limite extrême, au delà de laquelle l'atmo-
sphère ne saurait exister.
» La forme de cette surface limite dépend du rapport de la masse de la
planète à celle du satellite. Si ce rapport est très-petit, on a un sphéroïde
sensiblement de révolution autour de l'axe de rotation, avec un aplatisse-
ment égal à^. Si, au contraire, ce rapport est très-grand, le sphéroïde, res-
tant aplati aux pôles, s'allonge vers la planète, c'est-à-dire, que le grand
axe augmente et l'axe moyen diminue.
(756 )
» Ce que nous disons d'un satellite s'appliquerait aux planètes, si 'leurs
atmosphères étaient assez étendues pour que l'attraction du Soleil eût une
influence sensible sur leur figure. On admet généralement qu'il a existé une
époque où cette condition était satisfaite. Prenons pour exemple la Terre,
et supposons que la durée de sa rotation soit égale à celle de sa transla-
tion autour du Soleil, et que son atmosphère s'étende aussi loin que pos-
sible. Sa surface libre serait alors à la fois allongée vers le Soleil et aplatie
aux pôles :1e grand axe dirigé vers le Soleil serait 3,9, l'axe moyen 2,6 et
l'axe des pôles a, 5; en prenant pour unité la distance de la Terre à la Lune.
L'atmosphère de la Terre a donc pu atteindre son satellite, et aller même
bien au delà. L'explication qu'a proposée Laplace de l'origine des planètes
exigeait qu'il en fût ainsi. Son hypothèse serait inadmissible pour la Lune,
si l'atmosphère terrestre n'avait jamais pu embrasser l'orbe de ce satellite. »
M. Dupré envoie une seconde rédaction de son Mémoire sur la Réso-
lution des équations numériques ( ire et 2e parties), et demande qu'elle soit
substituée à la première.
( Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Cauchy,
Sturm, Liouville.)
M. Petrowitch soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur une
machine électromotive à air comprimé.
(Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet, Babinet.)
M. Gcilbaud adresse, de Saintes, une Note sur un moyen qu'il a imaginé
pour permettre aux jeunes aveugles de prendre part aux travaux de la typo-
graphie.
(Commissaires, MM. Morin, Seguier.)
M. Fcsz adresse la figure d'une voiture dont il avait fait déjà l'objet
d'une communication précédente, et qui, destinée au transport des veaux,
épargnera à ces animaux les souffrances auxquelles ils sont soumis dans les
véhicules habituellement employés à cet usage.
Sur la demande de l'auteur, cette invention est renvoyée à l'examen de
la Commission chargée de décerner le prix concernant les Arts insalubres.
M. Edwin Bâtes adresse un Mémoire écrit en français sur un p/vcédé
destiné à arrêter sans danger la marche d'un convoi sur un chemin de
( ?57 )
fer, procédé qui peut , suivant l'auteur, être également appliqué aux
voitures marchant sur les routes ordinaires.
(Commissaires, MM. Morin, Combes, Seguier.),
CORRESPONDANCE.
M. LE Ml.VlSTRE DE l'I.VTÉRIEUR , DE l' AGRICULTURE ET DU COMMERCE .amiOllCe
que l'Administration se propose de donner prochainement unegrande exten-
sion aux lignes de télégraphie électrique, et invite l'Académie à charger une
Commission d'examiner les divers systèmes mis en essai jusqu'à ce jour,
pour que l'on puisse, dans l'exécution de ce projet, faire choix du système
qui concilie le mieux la célérité de transmission et la fidélité dans la repro-
duction des dépêches.
Une Commission, composée de MM. Arago, Becquerel, Pouillet,Regnault
et Seguier, s'occupera de la question posée par M. le Ministre.
M. le Conseiller d'Etat, Directeur de l'Agriculture et du Commerce,
invite, au nom du même Ministre, l'Académie à présenter, conformément
à l'article 20 de l'arrêté du ier septembre 1843, une liste de candidats pour
une place de Professeur de Physique devenue vacante au Conservatoire des
Arts et Métiers.
La section de Physique est invitée à préparer le plus promptement pos-
sible une liste de candidats.
astronomie. — 'Nouvelle planète découverte le i5 novembre, par
M. Hermaxn Goldschmidt. (Extrait d'une Lettre de M. Goldschmidt
a M. Arago.)
« J'ai l'honneur de vous annoncer la découverte que j'ai faite d'une
nouvelle planète dans la constellation du Bélier, le i5 novembre i852,
à -, oh 3om du soir. »
Observations de cette planète faites à l'Observatoire de Paris, le 18 et le
10 novembre, par MM. Goujon, Charles Mathieu et Ernest Liouville.
« Le jeudi 18 novembre i85a, à iab6m299 T. M. de Paris,
S, planète = 2b 4«"1 8% 7
D planète = 1 2° 41' 38",8 boréale.
» Le samedi ao novembre i85a, à 9h55m548 T. M. de Paris,
m. planète = 2h 39"n27s,2
D planète == i2°36' 22", 6 boréale.
Ayant reconnu que jusqu'à présent nulle réclamation ne s'est élevée
C. R., i85a, 2«" Semestre. (T. XXXV, N° 21.) I°°
(758)
contre le nom de Massalia imposé par M. Valz à la planète découverte
par MM. de Gasparis, de Naples, et Chacornac , de Marseille, M. Arago,
à qui M. Goldschmidt avait conféré le droit de nommer la nouvelle pla-
nète, l'a appelée Lutetia.
astkonomie. — Extrait d'une Lettre de M. IIix» , annonçant la découverte
d'une nouvelle planète. (Communiquée par M. Le Verrier.)
« Regent's Park Observatory ; i85î novembre 18.
» Je vous annonce la découverte que je viens de faire d'une nouvelle
planète (my seventh). Je l'ai trouvée le 16 novembre à iih3om; mais je
n'ai pu avoir une preuve suffisante de son mouvement jusqu'à la nuit der-
nière. La position du 16 novembre est simplement approchée, les nuages
s'opposant alors aux observations :
Temps moyen Dist. app
d- Greenwich. M a pp. . au pôle nord.
BWv. 16 à i2b32m " 5hi3m37%5 65°3o',7
Nov. 17 à ii.5i.52* 5.12.49,38 65.26 44">5.
» A 1 ih45'n7s la planète suivait à î^ai'^o une étoile de 9e grandeur
et elle était de 3'5o",2 au nord d'elle : ces différences fourniront une
excellente position quand l'étoile aura été exactement déterminée.
» La planète paraît comme une étoile de 9- 10e grandeur. Notre caite
écliptique de la 5e Heure, qui renferme cette partie du ciel, est maintenant
sur le point d'être publiée. »
« A la suite de cette communication, M. Le Verrier ajoute, relative-
ment à la découverte d'une autre nouvelle planète, faite à Paris par
M Goldschmidt, que ce savant artiste lui a donné connaissance de sa décou-
verte, immédiatement après l'avoir lui-même complétée, et qu'il lui a en
même temps exposé l'ensemble des considérations et des calculs par les-
quels il s'était assuré que la planète, dont il avait constaté le mouvement,
était un astre distinct des vingt petites planètes connues jusqu'alors. »
M. Milne Edwards ayant examiné les insectes qui se trouvent joints à
la J^ettre de M. Guyon (insérée dans les Comptes rendus , le 18 octobre
dernier), y a reconnu X Alucite des céréales, qui, à diverses époques et sur-
tout depuis plusieurs années, a causé de grands dégâts dans diverses parties
du centre de la France.
A l'occasion de cette communication, le même Académicien présente un
( 759)
Mémoire sur l'Alucite des céréales, par M. Doyere. « Ce travail, dit-il,
est le résultat de recherches faites par ordre du Ministre de l'Agriculture
et du Commerce, et contient un grand nomhre d'observations importantes
sur l'histoire naturelle de cet insecte ainsi que sur les moyens d'en arrêter
les ravages et de conserver les grains. Les questions traitées avec beaucoup
de talent par M. Doyère, sont d'un intérêt capital pour notre agriculture,
et le fait signalé par M. Guyon montre que la prospérité de nos colonies
algériennes s'y trouve également liée. »
métallurgie. — Note sur un alliage d'argent; par M.. Germain Barruel*
« En traitant un minerai d'argent de l'Amérique du Sud, j'ai obtenu un
lingot qui, d'après le mode de traitement et sa blancheur éclatante, devaii
être de l'argent sensiblement fin. Cependant, voulant en faire l'essai, Ré-
prouvai sous la cisaille une résistance telle, que j'aurais pu le croire à 75o mil-
lièmes; l'essai donna cependant pour titre 994 millièmes. Ainsi, 6 millièmes
seulement de métaux étrangers avaient suffi pour lui donner cette résistance
anormale, sans lui ôter sa malléabilité.
» M. de Cailleux, ancien directeur général des Musées, pour lequel j'avais
fait ce traitement, en fit faire des lames de couteau et une râpe d'une grande
résistance, qu'il possède encore maintenant, et m'engagea à suivre mon idée
de rechercher la cause de cette dureté, malgré un titre si élevé. L'analyse
me donna 3 | millièmes de fer, 2 millièmes de cobalt et \ millième de
nickel.
» J'ai reproduit cet alliage en faisant varier les proportions à volonté
pour augmenter ou diminuer la dureté. Dans un des meilleurs, j'avais
introduit ces trois métaux en parties égales.
» N'ayant vu ni dans les divers Traités de Chimie, ni dans le savant
Traité de la voie sèche, par M. Berthier, aucun indice d'un alliage sem-
blable qui pourrait être susceptible de diverses applications, entre autres
pour des robinets de certains appareils, pour des médailles dont le relief
serait bien plus durable que dans celles qui sont fabriquées avec les alliages
employés habituellement, j'ai cru pouvoir en donner connaissance à
l'Académie. »
Une Personne, qui avait présenté un Mémoire au concours pour le grand
prix de Mathématiques de i853, demande à retirer ce Mémoire pour en pré-
senter une nouvelle rédaction.
La condition imposée aux auteurs des Mémoires admis à ces concours
100. .
( ?6o )
rie ne pas faire connaître leur nom empêche qu'on ne puisse accéder a une
pareille demande; mais, le concours n'étant pas encore clos, U est loisible
à l'auteur de présenter sa nouvelle rédaction, et les Commissaires jugeront
si la première doit être considérée comme non avenue.
M. Save adresse des considérations sur la distance des planètes au
Soleil.
M. Nascio envoie un nouveau Mémoire qui se lie à ses précédentes com-
munications sur les éphémérides luni-solaires moyennes.
D'après la déclaration faite, dans une des précédentes séances, par
M. Faye, qui avait été chargé de prendre connaissance des premiers
Mémoires, le nouvel envoi n'est pas renvoyé à l'examen d'une Commission.
La séance est levée à 5 heures. A.
ERRATA.
(Séance du 8 novembre i85a.)
Page 707, lignes 6 et 8, au lieu, de M. Peron, liiez M. Perrot.
(Séance du i5 novembre i85a.)
Page 715, ligne 1^, au lieu de M. Éire de Beaumoktt est invité, lisez MM. Élie de
Beaumont et Dufbénoy sont invités.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du i5 novembre i85a, les ouvrages
dont voici les titres .
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences.
■>." semestre i85a; n° 19; in-4°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences,
tome XXXIV; 1" semestre i85a; 1 vol. in-4°-
Institut national de France. Académie des Beaux-Arts. Discours prononcés
aux funérailles de M. Ramey, le dimanche 3i octobre i85a; 1 feuille in-40.
Mémorial de l'Artillerie, ou Recueil de Mémoires, expériences , observations
et procédés relatifs au service de l'artillerie; rédigé par les soins du comité,
avec l'approbation du Ministre de la Guerre; n° vu. Paris, i85s; 1 vol. in-8°.
Traité de chimie anatomique et physiologique normale et pathologique, ou
( 76i )
des principes immédiats normaux et morbides qui constituent le corps df.
l'Homme et des Mammifères ; par MM. Ctî. Robin et F. Veudeil. Paris,
1 853; trois vol. in-8°, avec un atlas in-8° de 45 planches.
Voyage d'Alger aux Ziban, l'ancienne Zèbe, en 1847, avec at^as ou ft(Jurii"1
les principales oasis de cette contrée, quelques monuments du Tell, en-deçà des
Aurès, et un portrait du dernier bey de Constantine; par M. le Dr Guyon.
Alger, i85a; 1 vol. in-8°.
Note sur la coloration rouge des substances alimentaires par la présence du
Monas (Palmella, Mihi) Prodigiosa, Elirenb. ; par M. C. Montagne, lue
à la Société nationale et centrale d'Agriculture, dans sa séance du iS juil-
let 1802; I de feuille in-8°.
Note sur le genre Riella, et description d'une espèce nouvelle R. Reuteri ;
par le même; ^ de feuille in-8°. (Extrait des Annales des Sciences naturelles ;
tome XVIII ; cahier n° 1 . )
Phyceœ hispanicœ novœ aut minus notœ auctore C. Montagne, D. M. Ex
opère celeberrimi et amicissimi viri P. Rarker Webb, Otia Hispanica DICTO
excerptœ. Parisis, i853 ; 1 feuille in -4°.
Rapport sur un ouvrage manuscrit, ayant pour titre : Des eaux potables en
Général, considérées dans leur constitution physique et chimique, et dms leurs
rapports avec la physique, la géologie, la physiologie générale et l'hygiène pu-
blique, ainsi que dans leurs applications à l'industrie et à l'agriculture; en par-
ticulier des eaux utilisées dans les deux arrondissements du Havre et d'Yvetot;
par M. Eugène Marchand, pharmacien à Fécamp, etc. (Commissaires,
MM. Routron, Ossian Henry et Roullay rapporteur); \ feuille in-8°.
(Extrait du Bulletin de l Académie nationale de Médecine, tome XVIII,
page 1 55.) (Adressé pour le concours au prix de Statistique.)
De la maladie de la vigne, ses causes, ses effets, et des moyens simples et faciles
à e,nployer pour les combattre; par M. C.-L. Flechet. Lyon, i85a;
1 feuille in- 8°.
Le premier méridien liturgique au détroit des deux mondes; par M. l'abbé
Rondon. Aix, i85i ; \ de feuille in-8°.
Les trois règnes de la nature.— Règne animal. —Histoire naturelle des oiseaux ,
classés méthodiquement, avec l'indication de leurs mœurs et de leurs rapports
avec les arts, le commerce et l'agriculture; par M. Emm. Le Maout; 3ie
à 33e livraisons; in-8°.
Annales de la Société d'Horticulture de Paris et centrale de France;
8 octobre i85a; in-8°.
Annales forestières ; 10 novembre i852; in-8°.
(762 )
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. de Monfort,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; n° 29; 14 novembre i852; in-8°.
Flora batava; 170e livraison; in-4°.
%ulla struttura... Sur la structure intime de i organe électrique du Gjmnole
et d'autres poissons électriques ; par M. Ph. PaCINI. Florence, i85a; in-8°.
Sul trapano-sega... Sur le trépan-scie inventé par M. G. Giovanini, de
Bologne ; 2 brochures in-8°.
Uber den... Recherches sur la structure des organes vocaux de l'homme, des
mammifères et de quelques grands oiseaux, considérés au point de vue physiolo-
gique; par M. C. Mayer. (Extrait des Nova acta Acad. César. Leopol. Carol.
Nat. Curios.; vol. XXIII; part. 2.) In-4°.
Bericht... Rapporta la Société impériale de Géographie sur l'expédition à
Machnowka , faite pour l'observation de l'éclipsé totale de soleil de l'année 1 85 1 ;
par M. Schweizer. Moscou, i85i; broch. in-8°.
Gelehrte... Nouvelles scientifiques publiées par les Membres de l'Académie
"oyale de Ravière; 1" semestre i852. Munich; in-4°-
Bulletin... Rulletin de l'Académie royale des Sciences de Ravière; 1" se-
mestre i852; in-4°.
Ueber den... Sur la valeur et l'importance des feuilles, principalement
dans le pommier, ta vigne et dans quelques autres végétaux; par M. Mau.
Wurzbourg, 185a; in-8°.
Nachrichten... Mémoires de l'Université et de l'Académie royale des
Sciences de Gôttingue; n° 1 1 ; a5 octobre 1 852 ; in-8°.
\stronomische... Nouvelles astronomiques ; n° 834-
IJ Athenœum français . Journal universel de la Littérature, de la Science el
des Reaux-Arts; n° 20; i3 novembre i85a.
La Presse littéraire. Écho de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° 29 ;
>4 novembre f852.
Gazette médicale de Paris; n° 46; i3 novembre i852.
Gazette des Hôpitaux; nos i32 à 1 34; 9, 1 f et i3 novembre i85'2.
Moniteur agricole; n° ^5; 11 novembre i852.
La Lumière; n° 47 ; i3 novembre i85a.
Réforme agricole; n° 49; septembre i852.
(7^3)
L'Académie a reçu, dans la séance du 22 novembre 1 85a ,'^le3 ouvrages
dont voici les titres : %
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ,
a* semestre i85a; n° 20; in-4°.
Institut national de France. Séance publique annuelle des cinq Académies,
du lundi 2S octobre i852, présidée par M. Lebrun, Directeur de l'Académie
française, et par MM. Guizot, Piobert, Caristie et Vivien, délégués des
Académies des Inscriptions et Belles-Lettres, des Sciences, des Beaux-Arts , des
Sciences morales et politiques. Paris, i852; in-4°.
Beports... Bapports faits par les jurys à ta grande exposition de l'Industrie
de Londres. Bapport sur les objets compris dans la 8e classe : architecture na-
vale, génie militaire, artillerie, armures et objets d'équipement; Rapporteur
M. le baron Ch. Dupin ; broch. in-8°. (Extrait du Bapport général.)
Annales de Chimie et de Physique; par MM. ARAGO, Chevreul, Dumas,
Pelouze, BoussingaULT , Regnault; 3e série; tome XXXVI; novem-
bre i852 ; in-8°.
Annales des Sciences naturelles, comprenant la zoologie, la botanique, l'ana-
tomie et la physiologie comparée des deux règnes, et l'histoire des corps orga-
nisés fossiles ; 3e série, rédigée pour la zoologie par M. MlLNE Edwards,
pour la botanique par MM. Ad. BRONGNIART et 3. DECAISNE; tome XVIII;
n° 1 ; in-8°.
Académie des Sciences, Belles- Lettres et Arts de Bouen. Bapport sur les Ira-
vaux dans la Classe des Sciences, pendant l'année i85i-i852; par M. J. Girar-
din, Secrétaire de la Classe des Sciences; broch. in-8°.
Becherches sur l'Alùcite des céréales, l'étendue de ses ravages et les moyens
de les faire cesser, suivies de quelques résultats relatifs à l'ensilage des grains;
par M. L. DOYÈRE. Paris, i85s; in-8°.
Quelques questions pouvant servir de programme à un cours de philosophie
zoologique; par Henri Aucapitaine; broch. in-8°.
Annales de la Société d'émulation du département des Vosges; tome Vil;
3e cahier i85i. Épinal, i852; in-8°..
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; n° in; in-8°.
Bulletin semestriel de la Société des Sciences, Belles- Lettres et Arts du dépar-
tement du Far; 20e année; n° 1 . Toulon, i852; in-8°.
764 )
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 29 NOVEMBRE 1852«
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
chimie agricole. — Mémoire sur la composition de l'air confiné dans la
terre végétale; par MM. Bocssingault et LréwY.
« § I. — Les matières organiques, quand elles sont soumises aux
influences réunies de l'air, de l'humidité et d'une température convenable,
donnent naissance à de l'acide carbonique, à de l'eau, et, si elles sont azo-
tées, à de l'ammoniaque. Lorsqu'elles sont enfouies dans un sol suffisam-
ment meuble, leur combustion est si manifeste, que, dans les pays chauds,
il arrive quelquefois qu'une terre foncièrement riche est souvent appauvrie
au point de ne pouvoir donner des récoltes sans l'intervention des engrais.
C'est que s'il est vrai que le terreau humide se conserve, en l'absence de
l'air, sans subir d'altération, sans qu'il y ait la plus légère émission de gaz,
il ne l'est pas moins que sa destruction s'opère rapidement lorsque l'oxygène
intervient. Cette destruction, on la constate dans les terrains très-chargés
d'humus, toutes les fois qu'on essaye de suppléer aux engrais par des labours
profonds et répétés. La terre s'appauvrit graduellement jusqu'à devenir
stérile.
» Ainsi, le terreau et l'humus, derniers termes de la putréfaction des
C. R. i85a, lmt Semestre. (T. XXXV, N" 22.) IOI
( 766)
substances végétales, le fumier, sont autant de sources d'où émane de l'acide
carbonique, et il est hors de doute qu'une part importante de l'efficacité
des engrais d'origine organique doit être attribuée à cette émission, soit que
le gaz acide, absorbé par les racines, parcoure l'organisme de la plante, soit
que, versé dans l'atmosphère environnante, la lumière le décompose sous
l'influence des feuilles qui en assimilent le carbone. Il en résulte que l'air
en séjournant dans la terre est d'autant plus profondément modifié dans sa
constitution, que c'est en grande partie aux dépens de son oxygène qu'est
formé le gaz acide carbonique.
» Que l'air confiné dans les interstices laissés par les particules du sol
n'ait plus la composition de l'air normal, c'est ce qu'on admettra sans la
moindre difficulté ; on prévoit aussi dans quel sens l'altération doit avoir
lieu; mais, à notre connaissance, on ne possède pas encore une notion tant
soit peu précise sur ce qu'on pourrait appeler Y intensité de cette altération :
à en juger d'après la facilité avec laquelle on suppose que s'exerce la diffu-
sion des gaz dans une terre ameublie, on serait disposé à croire qu'elle est
peu considérable. Aussi, toutes les fois qu'on a essayé d'évaluer la quantité
de carbone qu'une surface de culture prélève sur l'atmosphère, on a négligé
de tenir compte de l'acide carbonique émanant du sol, et l'on a pris pour
base unique de cette évaluation toujours très-hasardée, la très-minime
proportion de ce gaz contenue dans l'air.
» L'utilité, dans le fumier, de principes carbures propres à être modifiés
en humus, en acides bruns, qu'une combustion lente détruit ensuite, est si
évidente, qu'aujourd'hui un cultivateur exercé regarderait comme incom-
plet l'engrais qui en serait dépourvu. On peut donc concevoir chaque par-
ticule de fumier, d'humus, de terreau, comme un foyer d'où émane con-
stamment du gaz acide carbonique, émanation bien faible, mais assez
continue pour modifier la composition de l'air atmosphérique dont le sol
est imprégné. C'est dans cette atmosphère souterraine que se développent
et vivent les racines, et ces recherches établiront qu'elles y trouvent, en
proportion notable, des principes assimilables qu'on ne rencontre qu'en
infiniment petites quantités dans les deux véhicules les plus essentiels à la
végétation : l'eau et l'air.
» Il nous a semblé que, dans l'état actuel de la science agricole, l'examen
attentif de l'air confiné dans la terre végétale ne pouvait manquer d'offrir
un certain degré d'intérêt; c'est avec cet espoir qu'a été entrepris le travail
que nous avons l'honneur de communiquer à l'Académie.
(767)
" § II. — Les procédés très-simples à l'aide desquels on se procure l'air
confiné des lieux habités, des mines, des fosses, etc., n'étaient pas applica-
bles dans la circonstance actuelle. On ne pouvait pas davantage déplacer
l'air en faisant passer de la terre sous une cloche renversée et remplie d'eau.
D'abord, le gaz que nous tenions surtout à doser avec une grande exacti-
tude est soluble; ensuite, il devenait évident qu'en remuant la terre sans
aucun ménagement, on substituerait de l'air extérieur à l'air stagnant dont
l'examen était précisément le but de nos recherches.
» La condition à laquelle il fallait satisfaire autant que possible, s'il
n'était pas donné de la remplir entièrement, c'était d'aspirer l'air confiné
avec une extrême lenteur, afin qu'il n'y eût, pour ainsi dire, pas d'appel de
l'air extérieur. L'appareil dont nous avons fait usage remplissait cette con-
dition ; sa disposition était telle, que nous pouvions, sur le terrain, doser
directement l'acide carbonique par la baryte, et, en même temps, recueillir
de l'air pour l'analyser ensuite dans le laboratoire.
» § IV.— La nature de notre travail nous obligeait, naturellement, à re-
chercher l'ammoniaque dans l'air confiné de la terre végétale. Afin de fixer
cet alcali , on substituait à l'eau de baryte de l'acide chlorhydrique dilué
parfaitement pur, et qu'on préparait au moment où l'on montait l'appareil.
Après avoir fait traverser, très-lentement, au moins 60 litres d'air confiné
dans la liqueur acide, on l'évaporait à l'étuve. Dans deux circonstances
mentionnées dans ce Mémoire, le sel ammoniac obtenu a pu être pesé ;
mais dans la plupart des cas, nous n'avons eu que des traces de ce sel, traces
suffisantes cependant pour établir la présence constante de vapeurs ammo-
niacales dans l'air extrait du sol.
» § VI. — Expérience n° 1 : Air confiné dans un sol récemment fumé. —
Un sol léger sablonneux provenant de la désagrégation du grès bigarré
( bunder sandstein ) , dans lequel on avait récolté des pommes de terre, a
été amendé, le 2 septembre, avec du fumier à demi consommé, à raison de
600 quintaux par hectare. Six jours après, le 7 septembre, on a monté l'ap-
pareil au milieu du champ. Le tube pour puiser l'air était posé à 35 centi-
mètres de profondeur, dans un endroit où l'épaisseur de la couche arable
a [\o centimètres. La terre se trouvait dans de bonnes conditions d'humi-
dité ; cependant il n'avait pas plu depuis environ trois semaines. L'expé-
rience a été mise en train à midi ; l'eau de baryte de l'éprouvette s'est
bientôt troublée. A cinq heures, le précipité était assez abondant pour
qu'on arrêtât l'aspiration.
101..
( 768 )
— .
... ^ j.- En volume. En poids.
lit gr
Air jaugé à o degré , pression om,76 5, 221 6,7821
Carbonate de baryte obtenu i8r,024 = CO'.. . 0,119 o,235i
5,33o 7,0171
Dans 100 parties d'air confiné CO' 2,23 3,35
» Expérience n° 2. — A 6 heures du soir, comme il commençait à pleu-
voir, on entreprit, à la même place, un nouveau dosage d'acide carbonique.
L'aspirateur a coulé goutte à goutte pendant toute la nuit. La pluie avait
cessé à 10 heures du soir. Le 8 septembre, à 6 heures du matin, il y a eu
pour résultats :
En volume. En poids.
lit gr
Air jaugé à o degré, pression om,76 9>755 12,6718
Carbonate de baryte 2gr,o43 = CO' o,23i 0,4578
9,986 13,1296
Dans 100 parties d'air 2,3i 3,49
» Expérience n° 8. — Elle a été faite à la même place, le 1 1 septembre.
Dans les trois derniers jours, les pluies avaient été très-fréquentes. La terre
se trouvait fortement mouillée, mais sa nature sablonneuse ne permettait
pas à l'eau de former des flaques. Dès le passage des premières bulles d'air
dans l'éprouvette E, on fut frappé de l'abondance du précipité, et bientôt
cette abondance fut telle, qu'il devint nécessaire de terminer l'expérience.
L'aspiration, commencée à midi, à cessé à 3 heures et demie :
En volume. En poids,
lit gr
Air jaugé à o degré, pression om, 76 2,6o3 3,38i4
Carbonate de baryte 2«r,494 = acide carbon. o , 282 o ,5587
2,885 3,g4oi
Dans 100 parties d'air, acide carbonique. . . 9,78 i4i 18
» On voit que, depuis la dernière observation, la proportion de l'acide
carbonique a beaucoup augmenté, sans qu'il soit possible de décider si cette
augmentation est due à l'abondance de la pluie ou au plus long séjour du
fumier dans le sol. C'est cette forte quantité d'acide carbonique que nous
venions de constater dans l'air confiné de la terre végétale, qui nous a portés
à doser l'oxygène, afin de rechercher s'il n'existerait pas une certaine rela-
tion dans les proportions de ces deux gaz.
(769)
» Nous avons trouvé, dans 100 volumes d'air confiné r
Oxygène 11 ,47
Azote 88,53
Or, puisque l'air confiné contenait, sur 100 volumes, 9,78 d'acide carbo-
nique, on a, pour sa composition :
Acide carbonique 9,78 ) ,
Oxygène 10, 35 ) '
Azote 79*87
100,00
» Rappelons ici que dans l'air atmosphérique, dont l'action sur le sol est
incontestable, il entre 20,9 pour 100 d'oxygène. Maintenant, la somme de
l'oxygène et de l'acide carbonique contenus dans 100 parties d'air confiné
de la terre végétale sera nécessairement ou égale, ou supérieure, ou infé-
rieure à 20,9. Si cette somme est égale, il y aura d'assez fortes raisons pour
croire que l'oxygène de l'atmosphère a brûlé seulement le carbone de la
matière organique disséminée dans le terrain; si elle est supérieure, on
pourra soutenir que la matière organique a émis, par le fait de la fer-
mentation putride, assez d'acide carbonique pour compenser et même
pour dissimuler les effets dus à une combustion lente; enfin, si la somme
de l'oxygène et de carbone ne représente pas 20,9, on pourra soutenir que
de l'hydrogène de la matière organique a brûlé en même temps que le car-
bone. Ce dernier cas, que nous a révélé le dosage de l'oxygène, est celui
qui se présente le plus ordinairement.
» Expérience n° i(\. — Commencée le i& septembre, à 6 heures du soir,
dans le même champ, mais 2 mètres plus loin que dans les expériences pré-
cédentes, le tube étant toujours enfoncé à 35 centimètres de profondeur.
Il y avait alors plus de deux semaines que le fumier était enfoui. Il pleu-
vait fréquemment depuis plusieurs jours. L'appareil a fonctionné jusqu'à
7 heures de matin; il y a eu quelques interruptions dans l'écoulement de
l'aspirateur.
En' volume. En poids.
..,..,'. L 1K gr
Air jauge a o degré, pression om,7b 2,600 3,38oo
Carbonate de baryte , 1 ",939 = acide carbonique . . 0,219 ° > 4^4^
2,819 3,8i45
Dans 100 parties d'air, acide carbonique 7 ,78 11 ,5a
( 77° )
» L'air du ballon a donné :
Acide carbonique 8,02
Oxygène 1 2 , 34
Azote 79 ,64
100,00
Soit i3,4o pour 100 d'air confiné privé d'acide carbonique. Etablissant la
composition en prenant l'acide dosé par la baryte, on a :
Acide carbonique 7 ,78 j .
Oxygène 12, 36) '
Azote 79>86
1 00 , 00
Résultat, en ce qui concerne la somme de l'oxygène et de l'acide carboni-
que, entièrement conforme à celui obtenu dans les expériences précédentes.
» Recherche de l'ammoniaque. — Le 4 septembre, dans le champ récem-
ment fumé, l'appareil avait été disposé pour essayer de doser l'ammoniaque
que l'air confiné de la terre végétale contient certainement à l'état de
carbonate. L'aspirateur a été vidé le 6, à 4 heures du soir. Le sol se trou-
vait suffisamment humide, les labours s'exécutaient bien et sans grands
efforts de la part des attelages. La liqueur acide évaporée au bien-marie,
dans une capsule de platine, a laissé ogr,oo7 d'un résidu cristallin ayant
toutes les propriétés du sel ammoniac, et dans lequel devait se trouver
ogr,ooaa4 d'ammoniaque.
» Voici le résultat de l'expérience :
En volume. En poids,
lit «r
Air jaugé à o degré, pression om, 76. . . 54,620 70,g5i38
Ammoniaque 0,00224 = 0,000032
70,95362
» On a essayé de doser de nouveau l'ammoniaque dans le même champ
et à la même place, le 9 septembre. L'appareil a fonctionné jusqu'au 1 1 .
La pluie avait fortement imbibé la terre.
» La liqueur acide a laissé ogr,oo3 de sel ammoniac renfermant ogr,ooog6 1
d'alcali :
En volume. En poidî.
lit Gf
Air jaugé à o degré, pression om,76. . . 56,o32 72,78600
Ammoniaque 0,00096 = 0,0000132
72,78696
( 771 )
» 11 paraîtrait qu'une plus forte humectation du sol, ce qui serait, au
reste, fort naturel, a fait baisser la proportion de carbonate d'ammoniaque.
Bien que les aspirations de l'air confiné aient eu lieu avec une grande len-
teur, nous sommes loin de considérer, dans son ensemble, la méthode que
nous avons suivie, comme donnant des résultats satisfaisants, mais notre
but était plutôt de prouver la présence des vapeurs ammoniacales que de
les doser rigoureusement. L'air confiné dans la terre récemment fumée ne
contenait pas d'acide sulfhydrique (hydrogène sulfuré), nous l'avons con-
staté; voici à quelle occasion. Lorsque nous commençâmes les recherches,
objet de ce Mémoire, nous fîmes usage du sous-acétate de plomb pour
doser l'acide carbonique; l'extrême sensibilité de ce réactif justifiait ce
choix, mais nous apprîmes bientôt, à notre grande surprise, nous pourrions
même dire à nos dépens, car il y eut bien du temps perdu, que la dissolu-
tion de sous-acétate, très-propre à faire découvrir des traces d'acide carbo-
nique, ne convient aucunement pour doser cet acide. Toutefois, comme le
carbonate de plomb, formé par l'acide carbonique provenant du sol fumé,
était d'un blanc parfait; que les dissolutions n'ont pas pris cette teinte sale
que leur eût communiquée la plus petite quantité de sulfure métallique,
nous en avons conclu qu'il n'y avait pas trace d'acide sulfhydrique dans
l'air confiné que nous avons examiné.
» Nos observations ont été faites : dans des champs de carottes et de
betteraves; dans une culture de topinambours; dans un carré d'asperges,
avant et après qu'on l'eut fumé; dans une vigne; dans une forêt; dans une
luzernière ; dans une prairie située sur les bords de la Saùer ; dans une terre
de jardin chargée d'humus, et, tout récemment, dans la serre des palmiers
du Jardin des Plantes.
» Ces analyses établissent de la manière la plus nette que l'air atmosphé-
rique, en séjournant dans la terre végétale, modifie singulièrement sa com-
position. En effet, à l'état normal il renferme, en volume, 0,0004 d'acide
carbonique, soit 4 décilitres, par mètre cube, équivalent à ogr,2i6 de
carbone si l'on suppose les gaz à la température de o degré et à la pression
de om,76. Dans le sol, l'air est constamment plus chargé d'acide carboni-
que ; par exemple, la moyenne obtenue dans les cultures qui n'avaient pas
été fumées depuis une année, serait, par mètre cube, de 9 litres de gaz acide
contenant près de 5 grammes de carbone, c'est-à-dire 22 à i3 fois autant
que l'air normal. Dans les sols récemment fumés, la différence a été bien
plus grande encore, puisque l'air pris dans la terre d'un champ où le fumier
était incorporé depuis neuf jours, renfermait 98 litres d'acide carbonique
( 772 )
par mètre cube, soit 53 grammes de carbone, environ a45 fois autant que
dans l'air extérieur. .
» Le développement de cette quantité, relativement considérable, d'acide
carbonique dans l'air atmosphérique engagé dans la terre végétale récem-
ment fumée, provient évidemment de la combustion lente du carbone
des matières organiques. Cela semble si vrai, que, dans le plus grand nombre
de cas, le volume du gaz acide carbonique développé représente, à peu
de chose près, le volume du gaz oxygène qui a disparu.
» Ainsi, d'après nos analyses, la somme de ces deux gaz dans ioo vo-
lumes de l'air pris dans le sol, a été :
Terre fumée depuis dix jours 20 , 1 3
Terre fumée depuis seize jours 20, 14
Culture de carottes 20 ,44
Culture de vigne 20 , 78
Culture de forêt 20 ,47
Sous-sol de la forêt 20 ,45
Carré d'asperges non fumé ig, 77
Carré d'asperges fumé 20 , 3o
Terre très-riche en humus 20 ,09
Culture de betteraves 20,57
Lnzernière 20 , 87
Champ de topinambours 20,66
Ancienne prairie 2 1 , o3
Serres de palmiers 20 ,64
Sable fumé 20 , 65
» Dans 100 parties, en volume d'air atmosphérique, il y a 20,9 d'oxy-
gène; et, bien que la somme des volumes de l'acide carbonique et de
l'oxygène de l'air qui a séjourné dans le sol approche de ce nombre, la
différence qu'on a observée, toute faible qu'elle est, s'est présentée avec
une telle constance, que nous n'hésitons pas à croire qu'une partie de l'oxy-
gène est employée à brûler de l'hydrogène appartenant à la matière orga-
nique disséminée dans la terre végétale.
» La connaissance de la proportion d'acide carbonique contenue dans
l'air confiné du sol, ne suffit plus lorsqu'on cherche à apprécier la quantité
du même acide que la combustion lente de l'humus ou des engrais met à la
disposition des plantes. Pour arriver à une approximation tant soit peu
exacte de cette quantité, il fallait savoir ce qu'il y avait d'air enfermé dans
une étendue donnée de terrain. Pour déterminer le volume de l'air enfermé
( 773 )
dans la terre végétale, nous nous sommes servis d'un vase cylindrique en
bois, d'une capacité de 34 litres, et de 35 centimètres de profondeur.
» Nous remplissions ce vase avec de la terre jusqu'à ce qu'il fût comble,
puis, avec une règle, nous nivelions la surface. Ensuite, nous ajoutions
peu à peu de l'eau jusqu'à ce que ce liquide fût sur le point de déborder,
l'ouverture du vase étant maintenue, à l'aide de cales, dans un plan hori-
zontal. On favorisait la sortie du gaz en remuant avec une tige de fer. Le
volume d'eau introduit représentait nécessairement le volume d'air déplacé.
L'opération est d'une exécution rapide, et la difficulté n'est pas dans la
détermination du volume d'air, mais bien dans le degré de tassement que
l'on doit donner aux 34 litres de terre; car on conçoit que, suivant que la
compression aura été plus ou moins forte, on obtiendra des volumes d'air
très-différents.
d II y a dans le tassement de la terre, mise dans la jauge, un arbitraire
fâcheux que nous nous empressons de signaler, tout en regrettant de ne pas
l'avoir fait disparaître; nous croyons toutefois pouvoir assurer que, dans
nos essais, la terre a toujours été plus fortement tassée dans la jauge qu'elle
ne l'est dans les champs, de sorte que l'estimation du volume d'air que nous
avons déduite de nos expériences est plutôt trop faible que trop forte. Voici
les résultats que nous avons obtenus :
AIR CONFINÉ
dans 3^ litres.
dans 1 mètre cube
de terre végétale.
Ut
8,0
:>9
9>6
4,0
2,4
3,0
7.6
.4,3
8,0
7,5
7-°
5,5
12,3
lit
235,3
232,4
282,4
117,6
70,6
88,2
223,5
420,6
235,3
220,6
205,9
161,8
36 1 ,2
Terre de la forêt, sol sablonneux, fortement tassé. . . .
Terre d'un carré d'asperges, sol sablonneux
Terre d'un champ de betteraves, assez argileuse
Terre d'un champ de topinambours, très-argileuse.. .
C. R., i85a, 2m« Semestre. (T. XXXV, N» 22.)
I02
( 774 •)
» L'épaisseur de la couche de terre végétale, dans les champs auxquels
nos recherches se rapportent, varie de 3o à [\o centimètres. Nous adoptons
35 centimètres pour l'épaisseur moyenne. On a, par conséquent, pour la
terre d'un hectare, 35oo mètres cubes, dans lesquels les analyses indiquent
les quantités suivantes d'acide carbonique :
NUMÉROS
des
expériences.
i et 2
8
3 et i5
5 et 6
1 1 et i3
16, 29 et 3 1
3o et 32
i8et 25
28 -
.3
'7
21
23
22
Terre récemment fumée. ......
Terre récemment fumée
Champ de carottes.
Vigne
Forêt de Goersdorff
Loam , sous-sol de la forêt ....
Sable , sous-sol de la forêt ....
Asperges, anciennement fumées
Asperges, récemment fumées.
Sol très-riche en humus
Champ de betteraves
Champ de luzerne
Champ de topinambours
Prairie
ACIDE CARBONIQUE
dans 100 parties d'air
confiné
en
volome.
2,27
9.78
1 ,00
0,96
0,86
o,83
0,24
0,80
',54
3,63
0,86
o,83
0,67
'^79
poids.
3,42
.4, .8
':49
.,45
1 ,3o
1,28
0,37
1 ,21
2,33
5,44
i,3.
1 ,26
1 ,01
a, 71
AIR
confiné
dans
1 hectare
de terre.
824
824
8i3
988
412
247
309
817
817
1472
8a3
772
721
566
ACIDE
carbonique
de l'air
confiné
dans
1 hectare
de terre.
i8695
8o543
8i34
9488
354o
2o5l
y4:i
6538
12586
53437
7083
6408
4828
10139
« Il ressort des nombres insérés dans ce tableau : i° que l'air enfermé
dans 1 hectare de terre arable, fumé depuis près d'une année, contient au-
tant d'acide carbonique qu'il s'en trouve dans 18000 mètres cubes d'air
atmosphérique ; a° que dans l'air de 1 hectare de terre arable récemment
fumée, l'acide carbonique peut, dans certaines circonstances, représenter
celui qui est contenu dans 200000 mètres cubes d'air normal; 3° que dans
le loam sous-sol de la forêt, en prenant l'épaisseur de 35 centimètres adoptée
pour la terre arable, on constate que, dans cette alluvion, l'air confiné con-
tient autant d'acide carbonique qu'il y en a dans 5 000 mètres cubes d'air
pris dans l'atmosphère. Si l'on considère que ce dépôt atteint quelquefois
une puissance de plusieurs mètres, on doit croire que cette notable pro-
portion d'acide carbonique ajoute aux' qualités qui. dans le grand-duché
( 775)
de Baden et dans les Vosges, d'après un très-habile observateur, M. Che-
vandier, ont fait placer le loam parmi les meilleurs terrains forestiers. »
zoologie. — Note sur les trois espèces d'Oryctéropes qui existent
en JJrique ; par M. DuvEiurov.
« Le genre Oryctérope (qui signifie pieds fouisseurs) a été établi, déjà à
la fin du siècle dernier, par M. E. Geoffroy-Saint-Hilaire ( i ) pour une seule
espèce qui habite l'extrémité sud de l'Afrique, et que les Hollandais du cap
de Bonne-Espérance appellent cochon de terre, à cause de son long museau,
en forme de boutoir, de ses longues oreilles et de l'habitude qu'il a de se
creuser un terrier, dans lequel il se retire pendant le jour.
» \1 Oryctérope avait été confondu, par de célèbres naturalistes, avec les
Fourmiliers.
» Pallas, qui n'en avait vu qu'un fœtus encore sans poils (2) ; Allamand,
dans les Suppléments de Buffon (3); Gmelin, dans la dernière édition du
Systema naturce, de Linné, le désignent sous les noms générique de Four-
milier [Myrmecophaga), et spécifique de Capensis.
» Ils le croyaient privé de dents, comme les Fourmiliers d'Amérique; et
ces rapports prétendus, fondés sur une erreur, avaient conduit à regarder cet
animal comme formant une exception très-remarquable à la loi que Buffon
crut pouvoir établir sur la séparation des Mammifères du nouveau conti-
nent, du moins dans sa partie méridionale, de ceux de l'ancien continent.
» Une observation attentive de l'organisation de ce prétendu Fourmilier
du Cap, ayant confirmé, à la vérité, l'absence de dents incisives et de ca-
nines, et constaté, en même temps, la présence de dents molaires, jointe à
l'existence d'ongles fouisseurs, assez forts aux doigts des quatre extrémités;
fit reconnaître à M. E. Geoffroy-Saint-Hilaire un type générique distinct,
dans ce mangeur de fourmis du Cap.
» Il est, en effet, quant à l'existence des molaires, aux Pangolins de
l'ancien continent, ce que les Tatous sont aux Fourmiliers du nouveau
continent.
» On a cru longtemps que l'extrémité sud de l'Afrique était la seule con-
(i) Bulletin de la Société philomathique , tomel, page 102; 1792.
(2) Miscellanea Zoologica , 6.
(3) Histoire naturelle de Buffon, édit. in-4°- Supplément, tome VI, page 23o.
* 102 ,
( 776)
trée habitée par le genre Orjctérope et par la seule espèce connue de ce
genre.
» Feu Lesson, Correspondant de l'Académie, en a signalé, dès 1840,
une nouvelle espèce, Y Orycteropus Senegalensis , qui habite les contrées
sablonneuses des environs du Sénégal, où il se nourrit des innombrables
termites qui y vivent en société (i).
» L'individu qui a servi à établir cette espèce nouvelle est au musée de
Rochefort ; mais nous avons pu comparer les caractères tirés de la couleur
et de la nature du pelage, indiqués par Lesson, avec une peau qui a été
donnée au Muséum d'Histoire naturelle en 1842, par M. Larcher. Nous les
avons trouvés assez conformes.
» Nous y ajouterons tout à l'heure ceux que présentent la forme générale
de la tète et le système de dentition, en les comparant aux têtes d'origine
du cap de Bonne-Espérance, du Nil Blanc et de l'Abyssinie, qui font partie
des collections d'Anatomie comparée.
» Le volume des Mémoires de V Académie des Sciences de Stockholm
pour 1841, qui a paru en 1842, renferme entre autres un travail important
de Mammalogie, par M. J. Sundevall, dans lequel sont nommés et caracté-
risés beaucoup de Mammifères nouveaux recueillis dans l'est de l'Afrique
et en Arabie, par M. le professeur Hedenborgs.
» Il se trouvait, parmi ces Mammifères, une espèce à' Orjctérope distincte
de celle du Cap, dont ce voyageur, à son retour du Sennaar, avait adressé
trois peaux au musée de Stockholm.
» Elles provenaient d'individus de sexes différents, tués près du Bahi-el-
Abiad ou du haut Nil, qui sépare le Sennaar et l'Abyssinie, des contrées
plus à l'ouest de cette partie de l'Afrique.
>> C'est encore des mêmes contrées (du Nil Blanc) que M. d'Arnaud
envoyait, en i843, au Musée d'Histoire naturelle de Paris, deux peaux
A' Orjctérope adulte, renfermant leur crâne, dont un a été déposé dans les
galeries d'Anatomie comparée.
» Enfin, ces galeries viennent d'être enrichies, par les soins de M. An-
toine d'Abbadie, d'un squelette presque entier, provenant d'un individu
tué en Abyssinie, dans les environs de Gondar, dont il a été forcé de dé-
terrer les os furtivement, pour se soumettre aux préjugés des Abyssins.
» Il est donc bien constaté, en ce moment, que le genre Orjctérope, au
(1) Species des Mammifères Bimanes et Quadrumanes , suivi d'un Mémoire sur les Orycté-
ropes, par M. B.-P. Lesson; Paris, 1840.
( 777 )
lieu d'être limité aux contrées les plus méridionales du continent africain,
habite encore, comme Y Hippopotame, les contrées opposées de l'est et de
l'ouest de cette partie du globe, presque sous des latitudes semblables.
» Resterait cependant à confirmer, par des observations de détail sur les
différences que présenterait leur squelette, si les Oryctéropes de ces trois
origines, du Cap, du Sénégal et du Nil Blanc ou d'Abyssinie, forment réel-
lement trois espèces distinctes? Tel est le but principal de cette Note.
» Grâce à M. A. d'Abbadie (i), la comparaison que nous avons pu faire du
squelette d'Abyssinie, avec les deux squelettes du Cap que possède le Musée
d'Anatomie comparée, nous a mis à même de confirmer cette distinction
spécifique relativement à l'Oryctérope d'Abyssinie, et de montrer que c'est
la même espèce que l'Oryctérope du Nil Blanc, dont la détermination est
due, en premier, lieu à M. I. Sundevall.
» Nous ajouterons quelques caractères distinctifs à ceux déjà indiqués
par ce savant, en étendant notre comparaison à la tête osseuse non-seule-
ment de notre squelette d'Abyssinie, mais encore à celle de l'Oryctérope
du Nil Blanc, rapportée par M. d'Arnaud, et qui a conséquemment la même
origine que les peaux examinées par M. Sundevall.
» Suivant M. Sundevall, la tête et les pieds postérieurs sont plus courts
à proportion dans Y Orjctérope d'Ethiopie que dans X Oryctérope du Cap.
Il suppose que leur taille est la même.
» A en juger par les deux squelettes que nous avons sous les yeux, dont
l'un est adulte et l'autre a encore ses épiphyses, comme le squelette de
M. d'Abbadie, l'espèce du Cap atteindrait de plus fortes dimensions que
l'espèce d'Abyssinie.
» La forme du museau et de la face différeraient sensiblement dans les
deux espèces. Celle du Cap a le profil plus droit. Le museau paraît bombé
à sa base, s'abaisse et se rétrécit sensiblement dès le milieu de sa longueur,
dans l'Oryctérope d'Abyssinie.
» Le trou occipital est rond dans cette dernière espèce. Il est transversal,
plus large que long et plus grand à proportion dans l'Oryctérope du Cap.
» Ajoutons que, dans l'une et l'autre espèce, nous avons trouvé un petit
condyle supplémentaire plus en dedans et plus bas que lecondyle principal,
qui n'en est distinct que par une échancrure. C'est une conformation qui
se rapproche de celle découverte par M. le professeur Rapp dans le Tatou
(i) Voir sa Note, Comptes rendus, tome XXXIV, page ioo.
( 77» )
géant , qui a deux petits condyles rapprochés sur la ligne médiane, et séparés
des grands par un intervalle plus étendu que chez nos Oryctéropes.
» Il y a de plus, dans la mâchoire inférieure, plusieurs caractères diffé-
rentiels importants. Les branches de cette mâchoire sont plus longues dans
Y Oryctérope du Cap; la partie montante, à la fois plus large et plus haute,
depuis son angle arrondi jusqu'à l'apophyse postérieure qui la termine.
Cette apophyse est plus bas dans Y Oryctérope d'Abyssinie, ainsi que
l'échancrure qui la sépare de l'apophyse condyloïde. De sorte que la surface
d'attache du muscle masseter est triangulaire et montre de profondes
impressions.
» Cette forme de la branche montante rapproche un peu davantage cette
espèce, des Mammifères carnivores; et les impressions musculaires, qui in-
diquent des muscles plus forts, sembleraient montrer, dans Y Oryctérope
d'' ' Abyssinie, des habitudes plus carnassières, ainsi que l'indiquent les ren-
seignements recueillis par M. d'Abbadie sur les mœurs de cet animal. Le
nom de déterreur de cadavres, que lui donnent les Abyssins, fait penser
qu'il est loin de se contenter de fourmis, et qu'il recherche les chairs
décomposées.
» Les dents des Oryctéropes se distinguent de toutes celles des autres
Mammifères par leur structure, déjà reconnue par M. Cuvier dans la pre-
mière édition des Leçons d'Anatomie comparée. Elles sont sans racine, et
montrent une surface triturante unie, horizontale, ou tant soit peu inclinée
dans différents sens et en biseau pour les petites, aux deux mâchoires.
» Nous les décrirons un peu différemment que les précédents observa-
teurs .
» Il y a quatre arrière-molaires, dont la première est cylindrique et
simple, dont la seconde et la troisième se composent de deux cylindres
soudés.
» La quatrième ou dernière arrière-molaire montre encore plus ou moins
évidemment des traits de cette composition en double cylindre dans un
léger sillon vertical de sa face extérieure.
» L' Oryctérope d'Abyssinie a, de plus, deux petites avant-molaires, dont
la première, qui est très-petite et tranchante, paraît très-caduque. La se-
conde de ces petites molaires, un peu moindre cependant, a sa couronne
taillée en biseau.
» Dans l' Oryctérope du Cap, le nombre des avant-molaires est de trois
et même de quatre. Les premières sont rudimentaires, très-petites, distantes
et tombent de bonne heure. Ce caractère différentiel d'un plus grand
( 779 )
nombre d'avant-molaires tient à la plus grande longueur des mâchoires; il
se remarque encore dans celle de la symphise, qui est plus longue.
« Pour ne pas trop étendre cette Note, je n'ajouterai plus que quelques
mots sur le reste du squelette.
» Le bassin et les extrémités postérieures sont très-sensiblement pins
courts dans YOrjctérope d'Jbjssinie.
» Les vertèbres du sacrum, au nombre de six dans nos deux squelettes
du Cap, se soudent de très-bonne heure.
» Il n'y en a que cinq, dans l'Oryctérope d'Abyssinie, qui ne sont pas
encore soudées.
» Ce moindre nombre, cette soudure plus tardive des apophyses trans-
verses dans les vertèbres caudales, sensiblement moins épaisses; sojit
autant de caractères de détails que nous pouvons ajouter à ceux précédem-
ment énoncés, pour distinguer, comme espèce, Y Orjctérope dAhjssinie.
M. Sundevall a remarqué que le premier des quatre doigts de devant
était le plus grand dans l'Oryctérope d'Abyssinie, tandis que c'est le second
dans l'Oryctérope du Cap.
» Le squelette rapporté par M. d'Abbadie les montre à peu près égaux;
cependant, avec la différence de longueur, quoique peu sensible, indiquée
par M. Sundevall.
» Quoi qu'il en soit, les autres caractères différentiels décrits par M. Sun-
devall, dans la couleur du pelage, ainsi que ceux indiqués par M. d'Ab-
badie, joints aux caractères que nous avons reconnus dans le squelette,
nous paraissent suffisants pour en conclure, avec un certain degré de cer-
titude, que les Orjctéropes d'Abyssinie et "du Nil Blanc (Y Orycteropus
œtfriopicus , Sundevall), appartiennent à une espèce distincte.
» \J Orjctérope du Sénégal doit-il être distingué comme espèce particu-
lière de celui du Cap, ainsi que l'a proposé feu Lesson? Doit-on la séparer
de l'espèce du Nil Blanc ou d'Abyssinie, dont nous venons d'exprimer les
caractères? A cause des matériaux que.nous avons eus à notre disposition
pour essayer de résoudre ces questions, nous nous sommes fait un devoir
de nous en occuper encore.
» La tête de Y Orjctérope du Sénégal a la forme bombée du front; que
nous avons remarquée dans l'Oryctérope d'Abyssinie, mais avec une forte
dépression médiane au fond de laquelle se voit la suture des deux frontaux.
» Les os du nez relevés à leur base sont déprimés dans leur moitié anté-
rieure; tandis qu'ils conservent à peu près le même niveau dans l'Oryctérope
du Cap.
( 7«o)
» Le système dentaire est plus fort que dans l'Oryctérope du Nil Blanc.
La dernière molaire est plus évidemment composée de deux cylindres., sur-
tout à la mâchoire inférieure.
» Elle a, dans l'une et l'autre mâchoire, les dimensions de l'avant-der-
nière molaire de l'Oryctérope d'Abyssinie; tandis que les pénultième et
antépénultième sont plus grandes que les dents du même numéro, dans
cette dernière espèce (i).
» Quant à la forme de la branche montante de la mâchoire inférieure,
elle a encore plus les caractères carnassiers que dans YOryctérope du Nil
Blanc; l'apophyse condyloïde étant encore plus bas.
» Le pelage, d'ailleurs, dans cette espèce, est jaune clair sur le dos, et
d'une nuance plus dorée sur la croupe, ainsi que l'a décrit feu Lesson. Il est
brun clair sur le dos et brun foncé sur la croupe dans l' Oryctérope du Cap.
» Nous ajouterons que les individus de ces trois origines ont les ouver-
tures des narines percées au bout du museau et garnies d'une rosette de poils
en pinceau, évidemment destinée à protéger l'organe de l'odorat et ceux de
la respiration contre les corps étrangers, lorsque l'animal s'aide de son
groin pour fouir le sol, et sonder en flairant la direction qu'il doit prendre
pour découvrir une proie.
» La communication à l'Académie de cette simple Note, qui devait faire
le sujet d'un Rapport adopté et signé par notre honorable collègue M. Isi-
dore Geoffroy-Saint-Hilaire, le jour même de l'élection de M. A. d'Abbadie
comme Correspondant, aurait eu pour but de montrer que le soin qu'il avait
eu de recueillir en Abyssime un squelette presque complet d'Oryctérope,
avait contribué à avancer la connaissance de ce genre si particulier.
» Notre communication trouvera peut-être encore aujourd'hui son
excuse dans les réflexions suivantes :
» Tout ce qui peut contribuer à éclairer les questions difficiles sur les
différences qui caractérisent les espèces, ou de simples variétés, est d'un
grand intérêt pour la science. D'un* côté, ces questions tiennent à la distri-
bution géographique des espèces; de l'autre, elles servent à éclairer les
limites des variations d'une même espèce par les influences climatériques.
Nous ferons, à l'égard des Oryctéropes du Cap, du Sénégal et de V Abys-
(1) Les cinq dernières dents de la mâchoire supérieure occupent une longueur de om,o5a
dans l'Oryctérope du Sénégal, et seulement de om,o48 dans l'Oryctérope du Nil Blanc.
A la mâchoire inférieure, les mêmes dents occupent une ligne de om,o56 de long dans la
première espèce , et de om,o48 dans la seconde.
( 78' )
sinie, une remarque qui est uniforme à celle que nous avons faite au sujet
des Hippopotames de ces trois origines (i).
» UOrjctérope du Sénégal, quoique différent de celui à' Abjssinie, lui
ressemble cependant davantage qu'à celui du sud de l'Afrique, qui constitue
une espèce bien distincte des Oryetéropes des deux autres origines.
» Enfin notre excuse se trouvera encore dans l'énoncé de plusieurs carac-
tères tirés du squelette, qui montreront surabondamment que l'anatomie
comparée doit servir de base à la zoologie et de pierre de touche à ses clas-
sifications. »
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte qu'elle vient
de faire dans la personne d'un de ses Correspondants pour la Section de
physique, M. de Haldat.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
L'Académie reçoit deux Mémoires adressés au concours pour le prix
concernant l'amélioration de la navigation par la vapeur.
(Renvoi à la future Commission.)
médecine. — La physiologie de l'épilepsie et de l'apoplexie d'origine
inorganique ; par M. Marsh al Hall.
(Commissaires, MM. Magendie, Serres, Flourens.)
« Dans les observations qui suivent, je sépare entièrement les cas d'épi-
lepsie et d'apoplexie d'origine inorganique de ceux qui résultent de lésions
organiques antérieures, soit récentes, soit déjà invétérées ou même congé-
niales. Ces épilepsies et apoplexies peuvent survenir à tous les âges, dans
l'enfance, dans l'âge adulte ou déjà un peu avancé; peuvent cesser entière-
ment, pour revenir à des intervalles variables et même prolongés de plu-
sieurs années.
» Il arrive des cas pour lesquels il est impossible d'abord de dire s'ils
sont épileptiques ou apoplectiques, la question pouvant être décidée seule-
ment par des événements ultérieurs; ce qui m'autorise à dire, dès à présent,
que ces deux maladies sont, en effet, identiques, et ne diffèrent que par le
centre nerveux principalement affecté.
(i) Voir les Comptes rendus des séances des 6 octobre 1846; 4 j'un et I0 septembre 1849-
C. R., i85a, im* Semestre. (T. XXXV, N« 22 1 Io3
( 78a )
» Je dois dire aussi que c'est dans ma clientèle particulière que j'ai
puisé les faits récents et très-nombreux qui font les bases des opinions
que je vais émettre, et non dans les hôpitaux, où l'on ne rencontre guère
que les maladies déjà organiques. C'est dans mon cabinet que j'ai pu
réunir, probablement plus que tout autre, les cas particuliers de ce genre,
et poursuivre leur étude spéciale.
» Aussi les cas d'épilepsie ou d'apoplexie, dont il est question, peuvent
être les plus petits maux, ou les plus grands; peuvent cesser sans laisser
aucun effet permanent, ou en laissant le coma, la folie, la paralysie, la
contracture, la démence, etc.
» Je crois avoir fait un pas dans la recherche des maladies des centres
nerveux en établissant ce premier diagnostic entre les accès d'origine inor-
ganique et d'origine organique.
» § I. Idée de l'épilepsie et de l'apoplexie d'origine inorganique. — L'é-
pilepsie et l'apoplexie simples (selon l'expression d'Abercombie, relative
à la dernière de ces deux maladies), ou paroxysmale, c'est-à-dire, d'origine
inorganique, sont des actions directes ou réflexes diastaltiques des muscles
du cou (trachelismus), du larynx ( larjngismus) ou des deux, suivies de leurs
effets sur la circulation veineuse de cette région et des centres nerveux.
» Cette idée de l'épilepsie et de l'apoplexie doit être nouvelle, puisqu'elle
découle de nos connaissances du système spinal diastaltique, elles-mêmes
nouvelles. En effet, l'application du principe des actions diastaltiques à la
physiologie date de vingt ans; l'application de ce même principe à la patho-
logie date d'aujourd'hui.
» § II. Des causes de l'épilepsie et de l'apoplexie d'origine inorganique. —
Les causes des accès de l'épilepsie ou de l'apoplexie d'origine inorganique
se divisent principalement en deux catégories : i° celles des émotions ou des
causes morales, la colère, la frayeur, etc. ; i° celles des irritations physiques,
la dentition, les aliments indigestes, les rétentions intestinales, les excita-
tions utérines, etc.
» Les premières agissent sur le système spinal diastaltique en ligne di-
recte, c'est-à-dire depuis le siège des passions, à travers le centre spinal, sur
les muscles. Ces actions pourraient être nommées cflta-staltiques.
» Les causes de la seconde catégorie agissent en ligne réflexe dia-
stal tique.
» Que ces actions catastaltiques et diastaltiques s'exercent principalement
au cou et au larynx, nous en serons moins surpris si nous songeons à la
distribution extraordinaire de nerfs, provenant de la moelle allongée en
( 783)
cette région et à cet organe : il y a deux branches remarquables comme
descendantes : une récurrente; une accessoire.
» Les causes morales et les causes physiques, sur lesquelles j'ai attiré l'at-
tention, sont également remarquables pour leur choix de cette même ré-
gion et de ce même organe comme sièges de leur influence. Il est proverbial
qu'on suffoque par le chagrin, par la colère. Mille fois j'ai vu et fait voir le
trachélisme et le laryngisme comme effets des indigestions, des irritations
utérines périodiques , etc. ; mille fois j'ai fait répéter, et même j'ai fait écrire
des descriptions pleines d'intérêt aux malades qui ont été les sujets de ces
mouvements de trachélisme et de laryngisme, en les associant avec les causes
que je riens d'énumérer.
» On sait que des causes morales et physiques, le dégoût, l'irritation de
l'estomac, des intestins, font vomir par des actions diastaltiques non moins
spéciales et bien plus compliquées encore.
» Enfin, c'est par une observation bien soutenue, bien répétée et bien
attestée, que je crois avoir établi ces faits.
» §111. Des arcs nerveux diastaltiques de l'épi lepsie et de l'apoplexie
inorganiques. — Les causes de l'épilepsie et de l'apoplexie d'origine inorga-
nique agissent par des arcs nerveux diastaltiques bien distincts. Ce fait
sera très-évident en parcourant la table suivante :
I. Les émotions agissent par la moelle II. Les irritations agissent par la moelle
allongée des nerfs exodiques. allongée des nerfs eisodiques.
i. Le facial. i. Le trifacial.
2. Le glosso-pharyngial. 2. Le pneumogastrique.
3. Le pneumogastrique. 3. Les spinaux.
4- L'accessoire.
5. L'hypoglossal.
» Les émotions ou causes morales agissent en ligne directe, de l'encé-
phale par la moelle allongée et par les nerfs exodiques.
» Les irritations ou causes physiques agissent par les nerfs eisodiques, la
moelle allongée et les nerfs exodiques.
u Selon les muscles ainsi excités à se contracter, c'est le trachélisme, le
laryngisme ou tous deux.
» Je n'ai pas besoin de dire qu'avec ces phénomènes, d'autres muscles
sont aussi appelés en contraction : dans le cas du trachélisme, ce sont les
muscles de la figure, des membres, etc., dans toutes les combinaisons pos-
sibles; dans le laryngisme, c'est souvent la convulsion générale.
io3. .
( 784 )
» § IV. Du trachélisme et du laryngisme spasmodiques et de leurs effets.
— Les actions que j'ai décrites sont toutes spasmodiques.
» Le trachélisme prend souvent la forme du torticolis. Souvent la tète
n'est pas tournée, mais seulement fixée roide. Dans d'autres cas, le traché-
lisme est moins évident ; et dans l'apoplexie, il est même tout à fait latent
et reconnu seulement par ses effets. Il est toujours de nature spasmodique,
quelque obscur que cela puisse être.
» Les veines sont comprimées par ce trachélisme , d'où viennent gonfle-
ment et purpurescence du cou et de la figure. Dans les cas où le laryngisme
est ajouté au trachélisme, il y a des efforts de respiration infructueux, avec
enflure et purpurescence augmentée, et même quelquefois des ecchymoses
sur les tempes, les paupières, etc.
» Tel est l'état des veines extérieures, tel est celui des veines de l'en-
céphale ; d'où tous les phénomènes cérébraux et spinaux de l'épilepsie et
de l'apoplexie : le vertige, l'oubli, le délire, la confusion d'esprit; les affec-
tions spasmodiques ou paralytiques les plus fugaces ou les plus terribles, et
les plus persistantes; le petit mal, le haut mal, l'apoplexie et l'hémiplégie les
plus fortes.
» § V. De l'épilepsie et de l'apoplexie trachéliennes . — J'ai vu bien des
malades qui ne se sont plaints que de sensations d'étranglement par le cou
ou le larynx; quelquefois avec des vertiges ou des étourdissements, quelque-
fois avec des contractions évidentes des muscles.
» Quelquefois il y a des actions spasmodiques des muscles des yeux, de
la figure, etc. ; quelquefois il y a paralysie passagère de la parole ou des
doigts, etc., de sorte que le malade ne peut parler ni écrire. Le premier cas
est l'épilepsie trachélienne, le second l'apoplexie trachélienne. Elles sont
ordinairement paroxysmales, cessent tout à coup; ou, si elles sont mortelles,
ne laissent pas de lésions appréciables à l'autopsie. M. Andral a un beau
chapitre sur le sujet des congestions cérébrales saus lésion organique.
» § VI. De l'épilepsie et de V apoplexie laryngiennes.— Quelquefois les
effets spasmodiques du cou sont beaucoup plus graves; quelquefois ces
effets ne sont pas limités au cou, et alors il y a laryngisme spasmodique,
avec cri, dyspnée, apnée, efforts respiratoires, convulsions générales.
» Dans l'un et l'autre cas, il survient du coma. Ce coma peut devenir
grave à son tour, et alors il s'y joint le stertor, autre espèce de laryngisme
qui s'appelle laryngisme paralytique.
» Le laryngisme spasmodique, effet de l'irritation, s'accompagne d'ini-
( 785)
tation du nerf pneumogastrique, à son tour, et il y a dans bien des cas,
palpitation du cœur, irritation à l'estomac, bile et urines anormales ; état
qui a du rapport avec ce qui s'observe dans les expériences où le pneumo-
gastrique est excité par le galvanisme, etc.
» Le laryngisme paralytique est l'effet de la compression de la moelle
allongée produite par la congestion de l'encéphale. Il ressemble aux effets
de la division du récurrent dans les belles expériences de Legallois.
» Et comme le laryngisme spasmodique s'accompagne d'irritation du
nerf pneumogastrique, le laryngisme paralytique est associé avec les phéno-
mènes qui suivent la section du tronc de ce nerf important : les bronches,
les poumons, l'estomac, sont frappés de paralysie; il y a des râles muqueux
bronchiaux, sans toux, distension de l'estomac, etc. Ce sujet demande de
nouvelles expériences et de nouvelles observations.
» C'est ainsi, et par l'occlusion du larynx, que l'apoplexie épileptique et
l'apoplexie simple, ou de congestion, est mortelle. Il y a laryngisme paraly-
tique, sterior, coma augmenté, râle bronchique, asphyxie lente, et mort.
» § VII. Conséquences des attaques d'épilepsie et d'apoplexie. — Un accès
épileptique est une surexcitation de la moelle allongée, centre des arcs
diastaltiques nerveux; il s'ensuit un état d'épuisement nerveux; ensuite
une réaction qui va à l'excès, d'où susceptibilité à de nouvelles attaques.
Il arrive d'ordinaire qu'une fois épileptique, le malade l'est pour long-
temps, et même quelquefois pour toujours.
» Cet état peut se comparer avec l'expérience de la décapitation de la
grenouille : dans les premiers moments, il n'y a pas d'actions diastaltiques ;
bientôt ces actions reviennent; plus tard, elles sont, en quelque sorte,
plus vives que dans l'état naturel comme il arrive dans le narcotisme.
» Le plus souvent les attaques d'épilepsie et d'apoplexie simples, laissent
le coma ; quelquefois il reste délire ou folie ; souvent il y a paralysie ou
spasmoparalysie; enfin, démence, paralysie générale, etc. Qui ne voit pas
que ces cas sont plutôt différentes phases de la même maladie que des mala-
dies distinctes?
» Enfin, une attaque d'épilepsie a souvent lieu pendant la nuit, ou lorsque
le malade est sorti de la maison. Elle est alors cachée aux yeux de ses amis,
souvent même de son médecin, et les effets, qui persistent, sont pris pour
une encéphalite, un ramollissement, etc.
» § VIII. Du traitement de l'épilepsie et de l'apoplexie d'origine inor-
ganique. — Jusqu'ici l'épilepsie a été regardée comme incompréhensible.
Son traitement a donc été un pur empirisme.
(786)
» Les causes du mal doivent être éloignées. Les états anormaux et mor-
bifiques de l'estomac et des intestins doivent être corrigés. J'ai eu à me
louer des bons effets d'apéritifs alcalins. L'excitabilité augmentée de la
moelle allongée, laissée parles attaques, doit être diminuée. Je crois m'être
aperçu des bons effets de la jusquiame pour arriver à cet objet. Lorsque
les attaques ont été nombreuses et qu'elles ont laissé le teint pâle et blême,
épileptique enfin, avec maigreur, faiblesses, etc., j'ai prescrit le cinquan-
tième d'un grain d'acétate de strychnine, trois fois par jour, pendant
plusieurs mois, avec un grand succès, comme tonique spinal. J'attache
surtout de l'importance au régime du malade : les exercices, les aliments,
les excrétions, etc.
» Je conclus par cette observation essentielle : c'est que les dangers de
l'épilepsie et de l'apoplexie d'origine inorganique, toutes les fois qu'ils dé-
pendent du laryngisme, spasmodique, ou paralytique, sont éloignés par la
trachéotomie, moyen qui a évidemment cette valeur, ni plus, ni moins ;
moyen qui a déjà sauvé la vie à deux malades, restauré l'intelligence, à un
certain degré, à deux autres, et empêché le retour des accès d'épilepsie à
deux d'entre eux. »
physiologie végétale. — Etudes expérimentales sur L'action des sels, des
bases, des acides et des matières organiques sur la végétation (première
partie) ; par M. Ad. Chatin. (Extrait par l'auteur. )
(Commissaires, MM. Boussingault, Payen, Decaisne.)
« L'expérimentation dont je fais connaître les résultats a été faite à Mor-
mant, sur le domaine de M. Guilloteaux; elle a porté sur un arpent de terre
argilosiliceuse, qui venait d'être soumise aux assolements de la rotation sui-
vie à Béchelbronn, chez M. Boussingault.
» Le ier avril i85a, la plantation fut faite à la pioche(apres trois labours),
en plein champ, loin de bordures d'arbres et de rigoles, qui eussent pu faire
varier les conditions communes, qui devaient être aussi égales que possible.
Elle se compose de lignes de 100 mètres de longueur, distantes les unes des
autres de om,8o, et placées tant parallèlement que bout à bout. Chaque
substance à essayer comptait a-4 lignes, séparées sur des points diffé-
rents.
» Des lignes à blanc isolaient chacune des lignes additionnées de sels;
des lignes ayant reçu une bonne demi-fumure étaient cà et là intercalées
dans des lignes à blanc, et encadraient le tout; sur chacune des lignes, les
tubercules étaient distants de o™,8o.
( 7»7)
» Les sels, préalablement mis en poudre, ont été déposés dans les trous
autour des tubercules ; leur poids correspondait aux quantités suivantes,
qui représentent ce qui eût dû être employé de chacun d'eux par hectare :
kil Ml
Chlorhydrate d'ammoniaque. . . i 35, 625
Sulfate de chaux calciné i6o,5oo
Sulfate de magnésie 275
Sulfate de zinc 335, 705
Sulfate de manganèse 2^9
Sulfate de fer 3o4,6o?.
Sulfate de cuivre 289,602
Acétate de plomb 445» 120
Sulfate de plomb 355, 25o
Carbonate de potasse 161 ,25o
Sulfate de potasse 2o4,5oo
Nitrate de potasse 237 ,5oo
Chlorure de potassium 193,500
Carbonate de soude sec 1 25
Sulfate de soude cristallisé 246,600
Nitrate de soude 204, 25o
Phosphate de soude effleuri. . . . 160, 25o
Chlorure de sodium i3^ ,307
Sulfate d'ammoniaque i53,3o7
» La végétation des parties vertes, très-vigoureuse chez les pommes de
terre additionnées de sels d'ammoniaque et de phosphate alcalin, fut, au
contraire, très-maigre chez celles qui avaient reçu du sulfate de magnésie, du
sulfate de soude, du chlorure de sodium, de l'acétate de plomb, et surtout
des sulfates de zinc et de cuivre. La durée de la vie des fanes fut en raison
de leur vigueur. C'est ainsi que quelques parties vertes existaient encore le
3o août sous l'influence du sel ammoniac, tandis que, dès le 5 du même
mois, l'action des sels de cuivre et de zinc avait fait disparaître toute trace
de végétation.
» Le ("septembre, la récolte fut faite simultanément (relativement trop
tôt pour celles des pommes de terre qui avaient conservé leurs parties
aériennes le plus longtemps). La moyenne des récoltes correspondant à
chaque substance employée est portée au tableau suivant, où le produit
d'une ligne de 100 mètres est traduit en hectare par 1 x 120.
Substances ajoutées au sol, et moyennes, par hectare, du produit en tubercules.
kil
Fumier 23820,200
Sulfate d'ammoniaque 21 >j5o
Chlorhydrate d'ammoniaque. 21 1 56, 200
Phosphate de soude i853o,2oo
Carbonate de potasse 16875
Sulfate de chaux 16790,600
Nitrate de potasse 16750
Sulfate de potasse '^937
Nitrate de soude i5 375
Chlorure de potassium i5ooo
kil
Carbonate de soude i4o62,5oo
Sulfate de plomb i38i2,5oo
Sulfate de fer. ... 1 3 562 , 5oo
Sulfate de manganèse i3 3^5
Sulfate de soude 12 750
Sulfate de magnésie 12 718,700
Acétate de plomb i2 5i2,5oo
Chlorure de sodium 12 187 ,5oo
Sulfate de zinc ... 11 437 ,5oo
Sulfate de cuivre 11 437 , 5oo
Rien ou à blanc i47o3kii,ioo.
( 788 )
» D'où l'on voit que la moitié des substances essayées a augmenté le
produit du sol à blanc, tandis que l'autre moitié l'a diminué; que les sels
d'ammoniaque, dont l'action est presque égale à celle du fumier, et qui ont
porté le rendement de 100 à i5o, tiennent la tête des substances favorables,
tandis que les sulfates de zinc et de cuivre ont été même plus nuisibles que
le chlorure de sodium et l'acétate de plomb. On remarquera peut-être d'au-
tant plus qu'on pouvait moins s'y attendre, qu'à l'exception du phosphate
et du nitrate, tous les sels de soude ont nui, tandis que les sels de potasse
ont été favorables sans exception, et que loin du sulfate de chaux, dont
,. l'action a été très-bonne, se trouve le sulfate de magnésie, qui, par son
* influence fâcheuse, se place près de l'acétate de plomb et du sel marin.
» Quoique les premières expériences aient été faites avec des sels, on
comprend qu'elles puissent servir à apprécier l'action spéciale des acides et
des bases qui entrent dans les premiers comme parties constituantes. Il suffi-
sait, pour la recherche du pouvoir des acides, d'annihiler l'influence des
bases qui leur étaient unies en la rendant commune à tous, ce qui laissait les
acides seuls en comparaison; et, pour l'évaluation des bases, de les consi-
dérer unies à un même acide. Or, cette recherche conduit (dans les condi-
tions de sol, d'espèce végétale, etc., où nous nous sommes placés) à dis-
poser ainsi ces corps, dans l'ordre de. leur action favorable décroissante :
Bases : ammoniaque, chaux, potasse, fer, manganèse, soude, magnésie,
plomb, zinc et cuivre; acides : phosphorique, nitrique et carbonique ou
sulfurique, chlorhydrique.
» La comparaison de l'action si différente des nitrates de potasse et de
soude d'une part, du sulfate et chlorhydrate d'ammoniaque d'autre part,
contenant les uns et les autres le même équivalent d'azote, conduit à cette
conclusion : Qu'il n'est pas indifférent d'offrir aux plantes l'azote engagé
dans telle ou telle combinaison chimique.
» Toutes les substances minérales sont-elles absorbées par les plantes ?
Conformément aux travaux et aux idées de MM. Payen et Boussingault,
l'azote des engrais n'est-il absorbé, et n'agit-il utilement que lorsqu'il a
préalablement été amené à l'état de combinaison ammoniacale ou d'ammo-
niaque libre ? L'azote qui a pu pénétrer dans les plantes à un autre état
qu'à celui d'ammoniaque , est-il assimilable en tout ou en partie ? Sur ces
questions, que nous abordons à peine aujourd'hui, nous faisons seulement
remarquer :
» Que la proportion de fer était sensiblement accrue dans les pommes de
ferre soumises à l'action de ce corps ;
{ 789)
» Que le cuivre et le plomb ont pu être facilement décelés ;
» Que les nitrates existaient en nature dans les tubercules développés
soug leur influence. »
chimie. — De l'analyse qualitative et quantitative de l'iode, et de sa se'pa-
ration du brome et du chlore, au moyen de la benzine et de l'azotate
d'argent; par M. Ed. Moride.
(Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Balard.)
« La benzine a la propriété de dissoudre l'iode partout où elle le rencontre
à l'état de liberté.
» La couleur qu'offre alors cette solution est d'un rouge vif; elle devient
d'autant plus foncée qu'elle contient plus d'iode.
» Lorsqu'on l'expose à l'air, l'iode se volatiKse et elle se décolore.
» Vient-on à instiller quelques gouttes d'acide hypo-azotique dans un
liquide contenant un iodure alcalin, et à y ajouter, après avoir opéré le
mélange, 2 ou 3 grammes de benzine, si l'on agite fortement le tout, la ben-
zine ne tarde pas à monter à la surface du liquide en prenant une couleur
magnifique due à l'iode qu'elle entraîne avec elle.
» Cette réaction permet de constater avec la plus grande facilité la pré-
sence de 1 milligramme d'iode dans 4 litres d'eau.
» Ni l'éther, ni les essences de lavande, de citron, de térébenthine, ne
peuvent donner, dans de semblables circonstances, des renseignements
aussi décisifs.
» Le chloroforme employé soit par la méthode de M. Rabourdin, soit
par celle de M. Grange, dénote bien, il est vrai, dans beaucoup de cas, la
présence de l'iode, mais sa sensibilité et la couleur qu'il acquiert sont loin
d'être aussi concluantes que les caractères qu'offre la benzine. Dans des
expériences conduites avec précaution, j'ai pu, par cette méthode, déterminer
la présence de l'iode partout où la colle d'amidon en indiquait les traces, et
toujours l'emploi de la benzine m'a paru donner des résultats plus satis-
faisants.
» J'ajouterai à ces considérations, que si l'on peut, au moyen de la ben-
zine, séparer de l'eau d'infiniment petites quantités d'iode, il est aussi très-
facile de les doser quantitativement par l'azotate d'argent ou le mercure
métallique.
» Voici comment j'opère :
» Après avoir lavé, à plusieurs reprises, la benzine iodée dans l'eau dis-
C. K.,l85a.. 1™ Semestre. ï T. XXXV , N° 22. ) io4
( 79° )
tillée, je l'enlève avec une pipette et je l'introduis dans un tube bouché, où
îe l'agite en contact de quelques gouttes d'une solution d'azotate d'argent,
ou bien d'un poids connu de mercure, jusqu'à parfaite décoloration de la
liqueur.
» Je lave le précipité jaune d'iodure d'argent avec de l'alcool à 33 degrés,
je le jette sur un filtre, et je le traite comme on fait pour le chlorure d'ar-
gent qu'on veut peser.
» Dans le second cas, j'agite le mercure, pesé à l'avance, dans la solution
iodée, et j'en détermine l'augmentation de poids. On peut contrôler ces
résultats en dissolvant, par l'iodure de potassium en excès, le proto-iodure
de mercure formé.
» Le brome, les bromures additionnés d'acides azotique, hypo-azotique
ou chlorhydrique étendu, ne colorent nullement la benzine; il en est de
même du chlore et des chlorures. Le brome et le chlore restent dissous dans
les eaux qui servent à laver la benzine, et on peut les en séparer à l'état de
précipité blanc par l'azotate d'argent. La benzine, entraînant l'iode sans
avoir la propriété de dissoudre ni le brome ni le chlore, permet donc de
séparer parfaitement l'iode de ces deux derniers corps et de constater d'une
manière précise la présence de chlorures ou de bromures dans l'iodure de
potassium du commerce. »
chimie appliquée. — Des différences observées dans l'emploi du noir
animal en agriculture; par M. A. Bobierre. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Dumas, Boussingault, Balard.)
« Depuis que l'emploi du noir animal des raffineries a donné à l'agricul-
ture de l'ouest de la France un développement dont la production crois-
sante des céréales a nettement établi l'importance, des théories diverses ont
été émises sur l'action fécondante de ce précieux engrais. Un examen pro-
longé des engrais introduits chaque année dans le port de Nantes par les
caboteurs de diverses contrées, et notamment de France, de Hollande et
d'Angleterre, m'a permis de reconnaître que l'on a confondu jusqu'à ce jour
sous un seul nom deux substances fécondantes, essentiellement distinctes
au point de vue pratique ; ces deux substances sont :
» i°. Le noir résidu de raffinerie proprement dit, matière riche en azote
et en phosphate calcaire, et contenant, dans une heureuse proportion, les
principes les plus utiles aux céréales.
» a°. Le noir animal, substance le plus souvent grenue, ayant subi un
grand nombre de revivifications, et dont l'emploi réussit spécialement dans le
( 791 )
défrichement des Landes. Quelques chiffres extraits de mon registre d'ana-
lyses vont tout d'abord me permettre de formuler d'une manière précise
la distinction que j'adopte.
PREMIÈRE CATÉGORIE. — Noir résidu de raffinerie. Substance fine recueillie sur les
filtres et ayant servi h la clarification au contact du sang ou du blanc d 'œuf.
AZOTE
CHARBON ,
PHOSPHATE
CARBONATE
PROVEX ABCES.
pour
rooo.
matière
organique.
solubles.
de
chaux.
de
chaux.
SILICB. .
llAONKSIE.
Raffinerie de Nantes.
3o
38
i,3
54
3,8
2
°>9
25
3i
1,2
6o
4
3
o,8
DEUXIÈME CATÉGORIE. — Substance le plus souvent grenue, ayant subi un grand
nombre de revivifications et dont la composition varie entre celles des deux types suivants
Russie . . . .
New-York.
9>2
7>9
,7,5
5,5
o,5
o,4
68,5
8i
7
9
i,5
» Ces types généraux établis, si nous examinons ce qui se passe dans le
domaine des faits agricoles, nous reconnaîtrons aisément que les discus-
sions sur l'action fécondante du noir animal eussent été promptement ter-
minées si, déprime abord, on avait tenu compte des qualités différentes
de cette substance, ainsi que des modes, non moins différents de son
emploi.
» Les effets du noir riche en azote et en phosphate sur lès sols argilo-
siliceux de la Bretagne et d'une partie de la VenSée, sont parfaitement
connus. Il existe des propriétés dans lesquelles, dépuis vingt années, cette
substance réussit à merveille; mais, ce qu'il faut remarquer, c'est que si,
dans les terres depuis longtemps en culture, les noirs résidus de raffinerie*
sont les engrais surtout convenables, en revanche les terres de landes riches
en matière organique végétale et propres dès lors à favoriser la solubilité des
phosphates par leur acide carbonique, sont fertilisées avec un grand avan-
tage par le noir animal, alors même que ce dernier est grenu et qu'il ne
contient point de matière animale.
io4-.
( 792 )
» Ainsi, deux faits bien tranchés qu'on peut résumer air si :
» Pour les terres pauvres en substances organiques, emploi du noir
azoté ayant servi à la clarification .
» Pour les landes, terres chargées de substances organiques, source in-
cessante d'acide carbonique, emploi du noir animal le plus souvent
grenu. »
mécanique. — Analyse du pendule simple, abstraction faite de la résistance
de l'air, et eu égard à la rotation de la Terre, suivie de celle du mou-
vement d'un point matériel libre dans les mêmes circonstances ; par
M. DiEtt. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Arago, Cauchy, Pouillet,
Babinet, Binet.)
« Ce Mémoire est divisé en deux parties, ainsi que le titre l'indique.
» J'ai démontré, dans la première partie, par des procédés analytiques,
différents de ceux employés par M. Binet, que les lois de M. Foucault s'ap-
pliquent par approximation au pendule simple. La déviation du plan d'os-
cillation, observée avec des pendules rapprochés autant que possible des
conditions abstraites du pendule simple, tient à ce que, dans deux oscilla-
tions consécutives, le fil ne décrit pas complètement une certaine surface
conique dont la section droite est approximativement une ellipse; et la
déviation est liée à l'ellipticité, de telle sorte qu'elles diminuent en même
temps et disparaissent ensemble. Le mode de suspension imaginé par
M. Foucault a l'avantage d'atténuer extrêmement l'ellipticité qui rend l'ob-
servation très -difficile, sans détruire la déviation. Enfin, les anomalies peu
considérables sont susceptibles d'être expliquées comme le phénomène des
marées.
» Dans la seconde partie, je trouve, en me bornant à une certaine approxi-
mation, et en faisant abstraction de la résistance de l'air qui ne peut avoir
une influence considérable sur les déviations : i° que la trajectoire d'un
point matériel libre, projeté dans une direction Voisine de l'horizontale, est
l'intersection de deux cylindres paraboliques, l'un à arêtes horizontales,
l'autre à arêtes verticales; et que la déviation, à partir du plan azimutal
de la vitesse de projection (sur la droite d'un spectateur qui regarde la tra-
jectoire au point de départ quand on est au nord, et sur la gauche quand
on est au sud), est proportionnelle au sinus de la latitude (comme la dévia-
tion du plan d'oscillation), au carré de la portée horizontale, et inverse de la
( 79* )
vitesse de projection ; a° que la déviation a lieu vers l'ouest quand le point est
projeté verticalement de bas en haut, vers l'est quand on le laisse tomber, qua-
tre fois plus grande dans le premier cas que dans le second, et proportion-
nelle au cosinus de la latitude ; 3° que la vitesse de projection étant inclinée
à l'horizon d'une manière quelconque, le sens et la grandeur de la dévia-
tion dépendent nécessairement de l'orientation de cette vitesse ainsi que de
l'angle qu'elle fait avec l'horizon; mais que la trajectoire se projette tou-
jours sur le méridien suivant une parabole. Enfin, j'ai calculé les déviations
à la latitude de Paris, pour une vitesse initiale de 1 20 mètres inclinée à
45 degrés et pour les huit orientations principales de cette vitesse.
» En terminant, j'ai démontré les lois qui se rapportent au second et au
troisième cas, en m'appuyant seulement sur les principes de la théorie des
rotations. »
chimie. ~~. Nouvelle théorie de la fusion aqueuse et du mode d'action de la
chaleur dans la fusion, la volatilisation et la décomposition des corps.
Lois nouvelles régissant les propriétés chimiques fondamentales , la sta-
bilité et la solubilité ; par M. Ed. Robin. Résumé des doctrines chimiques
professées par l'auteur ( première partie).
(Renvoyé à l'examen de la Section de Chimie.)
analyse mathématique. — Principes du calcul différentiel et du calcul
intégral rigoureusement démontrés par la simple géométrie et par l'al-
gèbre; par M. Jos. Morand.
(Commissaires, MM. Cauchy, Liouville, Binet. )
économie rurale. — De la production des races chevalines de demi-sang;
par M. Gayot.
(Commissaires, MM. Magendie, Boussingault, Rayer.)
Économie rurale. — Note sur l'acclimatation et la culture du thé en
Algérie; par M. Lia ri vii>, chirurgien-major de la marine.
(Commissaires, MM. de Jussieu, Decaisne.)
médecine. — De l'emploi thérapeutique des séminoïdes de ciguë et de la
conicinedans les affections cancéreuses et les engorgements réfractaires ;
par M. Devoy.
(Renvoyé à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie.)
( 794 )
M. Laignel soumet au jugement de l'Académie une Note sur une modi-
fication qu'il propose pour les rails des chemins de fer.
(Commissaires, MM. Poncelet, Morin, Seguier.^
M. Claude David adresse, à l'occasion d'une communication faite dans
la séance du 4 octobre dernier, par M. Manneville , la réclamation suivante :
« On a soumis dernièrement au jugement de l'Académie un système de
fabrication de tonneaux, dont la partie principale est la confection des joints
de douves en les courbant d'avance sur un gabarit, et sciant les faces des
joints par des outils opérant dans un plan.
» Tous les géomètres savent que quand les douves sont redressées, ces
faces des joints, de planes qu'elles étaient pendant la courbure, deviennent
alors courbes , et, comme on le dit dans les ateliers, gauches. Il y a donc
avantage à faire les joints quand les douves sont sur le gabarit, et c'est là une
invention qui m'appartient, que j'ai fait breveter, ainsi que le constatent le
Rapport du jury de l'exposition de 1 839 et le Mémoire déposé au Ministère
lors de ma prise de brevet en i836.
» Je joins à cette Lettre un extrait du Rapport et un extrait de mon
brevet. »
Cette réclamation est renvoyée, avec les pièces justificatives qui l'accom-
pagnent, à l'examen de la Commission chargée de faire un Rapport sur la
Note de M. Manneville, Commission qui se compose de MM. Mathieu,
Dupin et Morin.
M. de Sussex adresse quelques remarques concernant une Note pré-
sentée récemment par M. Jacquemart, « sur le danger qu'il y aurait à
transformer en sel fixe le sous-carbonate d'ammoniaque contenu dans les
engrais », Note dans laquelle l'auteur de la Lettre croit voir une attaque
indirecte et mal fondée contre les produits obtenus dans le nouveau sys-
tème de vidanges dont il est l'inventeur (le traitement par le silicate de
soudé ou de potasse).
(Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour la Note de
M. Jacquemart, MM. Pelouze, Payen, Decaisne.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique transmet une nouvelle copie
d'un Mémoire manuscrit de M. Casaseca, directeur de l'Institut de re-
( 795 )
cherches chimiques à la Havane, Mémoire que l'auteur avait fait déjà par-
venir par une autre voie à l'Académie, et dans lequel il s'occupe des
moyens propres à former des chimistes pratiques.
M. le Ministre de l'Intérieur, de l'Agriculture et du Commerce adresse,
pour la bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du IXe volume des bre-
vets d'invention, pris sous l'empire de la loi de i844-
A la suite et à l'occasion de la lecture du procès-verbal de la dernière
séance, M. Le Verrier donne lecture de la Lettre suivante qu'il a reçue
le 18 novembre, au matin, de M. Goldschmidt :
« Paris, 18 novembre i852, 8 heures du matin.
» J'ai l'honneur de vous annoncer la découverte d'une vingt et unième
petite planète, dans la constellation du Bélier. J'avais inscrit le i5 du mois
courant une étoile de 9e- 10e grandeur par 2h4im et -+- ia°34' sur la carte
de Berlin, 18e Heure (1800). Le 16 novembre au soir je la voyais déplacée ,
et j'étais à peu près certain sur sa nature planétaire, puisque j'avais observé
cette partie du ciel avec un soin spécial pendant les mois de novembre et
décembre i85i, et durant sept mois de cette année. Cette planète était
la 708e ajoutée par moi dans la partie nord de la carte de Berlin. Voici la
position de la planète, ces trois derniers jours ; je vous prierai seulement de
considérer ces chiffres comme approximatifs, vu que je n'ai aucun instru-
ment de précision à ma disposition :
i5 novembre ioh3om du soir, ai = 2h4im o5 S = -+- i2°34'
16
11 . 45 a = 2 . 4o 5 S = -1- 1 2 . 3a
'7
10. 0 ^1=2.39.15 iî=-t-i2.3o
Précession ena = + 2'" 49*
en 8 = -h i3' 17"
» La planète paraît s'approcher vers l'écliptique. »
M. Le Verrier fait remarquer que les trois positions de la planète, dé-
terminées les i5, 16 et 17 novembre par M. Goldschmidt, et au moyen de
procédés graphiques, offrent un grand intérêt. Ces observations originales
jouissent d'un certain degré d'exactitude, et d'ailleurs elles ont un rapport
trop intime et trop immédiat avec la découverte de la planète pour qu'on
puisse se dispenser de les insérer aux Comptes rendus.
M. Lottin, récemment nommé à une place de Correspondant pour la
Section de Géographie et de Navigation, adresse ses remercîments à l'Aca-
démie.
( 796)
physique. — Note sur la température produite par la combustion du
charbon dans l'air; par M, Henri Sainte-Claibe Deville.
« On sait que près des tuyères des hauts fourneaux, il se développe une
température excessivement élevée, que M. Ebelmen croyait égale à la tem-
pérature de fusion du platine. Quelques expériences entreprises au milieu
d'un travail dont le sujet est tout différent, me portent à croire que la cha-
leur qui se développe pendant la combustion du charbon, peut produire
des effets bien plus énergiques et comparables à la chaleur obtenue par un
mélange d'hydrogène et d'oxygène. Ainsi, par une disposition particulière
des fourneaux, avec du charbon convenablement choisi, on peut arriver à
fondre et à volatiliser le platine, à liquéfier la silice pure. Ces résultats et la
simplicité des moyens destinés à les obtenir, me donnent la conviction qu'ils
pourront être utilisés par les chimistes et les industriels : ils me déterminent
à soumettre à l'Académie des détails que, j'espère, elle ne considérera pas
comme indignes de son attention.
» L'appareil dont je me sers est un simple laboratoire de fourneau, haut
de 3o centimètres, large de 18 centimètres, qui s'appuie sur une plaque de
fonte percée de trous rangés circulairement à 5 centimètres autour du centre.
Le tout est mis en communication avec le soufflet d'une forge volante de
M. Enfer.
» Les meilleurs creusets donnant aux températures dont il est question
un verre parfaitement fluide, j'ai eu recours, pour les remplacer, à des mor-
ceaux de chaux bien cuite qui se façonnent trèsi-facilement en forme de
creusets épais, munis de leurs couvercles également en chaux, M. Berthier
a vu que les chaux hydrauliques fondaient facilement au grand feu. J'ai
constaté que les chaux tout à fait pures se fendillaient trop souvent. Il est
donc indispensable d'employer une chaux un peu poreuse, légèrement sili-
ceuse, et dont la matière devient seulement compacte aux températures les
plus élevées.
» Quant au combustible, il doit être très-divisé et très-poreux, et je dois
dire de suite que je n'ai jamais réussi qu'en employant exclusivement des
résidus de la combustion imparfaite de la houille. Je me sers, à cet effet,
des escarbilles mêlées de cendres qui tombent sous les fourneaux du calori-
fère de l'École normale et de l'alambic du laboratoire, alimentés à la houille.
On tamise ces résidus au travers d'un crible en toile métallique, et c'est là
le combustible qui seul me permet d'atteindre mon but. Avec du coke de
( 797.)
bonne qualité mis en menus morceaux, les effets sont bien moindres et ne
diffèrent pas de ceux que l'on a obtenus jusqu'ici.
» Cette température excessive se développe avec une rapidité telle, que
quelques minutes suffisent pour qu'elle arrive à son maximum. Mais elle
n'existe avec cette intensité que sur une petite hauteur, l'oxyde de carbone
se formant de suite au-dessus avec refroidissement notable et production
d'une flamme très-longue et peu échauffée. M. Ebelmen a fort bien expli-
qué ces phénomènes, dont la cause est aujourd'hui connue de tout le
monde.
» J'ai l'honneur de montrer à l'Académie un creuset de platine fabriqué
avec de vieux platine fondu dans la chaux, un couvercle de creuset sur
lequel on voit de nombreux globules de platine volatilisé, et enfin un échan-
tillon de silice pure fondue dans le graphite. »
chimie organique. — Sur une combinaison de l'acide pe'largonique avec le ■
bioxyde d'azote; par M. L. Chiozza.
« On sait, d'après les expériences de M. Cahours (i), que l'hydrogène
carboné de l'essence de fenouil amer s'unit directement au bioxyde d'azote
pour former avec ce gaz une combinaison cristallisable. Ce fait offrait
jusqu'à présent le seul exemple d'une substance organique renfermant du
bioxyde d'azote.
» Ayant voulu me procurer de l'acide pélargonique, par l'oxydation de
l'essence de rue (Ruta graveolens , L.) d'après le procédé indiqué par M. Ger-
hardt(a), j'ai été conduit, dans le courant de cette préparation, à décou-
vrir une combinaison de cet acide avec le bioxyde d'azote, jouissant de
propriétés acides très-marquées, et formant avec les bases, des sels parfai-
tement cristallisés.
» L'action de l'acide nitrique sur l'essence de rue a été étudiée par
MM. Gerhardt et Cahours (3), et si la substance que je me propose de
décrire ne s'est pas présentée dans les expériences de ces chimistes distin-
gués, il faut probablement l'attribuer à la nature de l'essence qu'ils ont
employée; on sait, en effet, que la présence ou l'absence de certains hydro-
gènes carbonés, modifie souvent d'une manière très-notable l'action de
l'acide nitrique sur les substances organiques.
(i) Annales de Chimie et de Physique, tome II, page 2^4-
(2) Comptes rendus des Travaux de Chimie , 1848, page 243.
(3) Ibid., page 247.
C. R., i852, ^"Semestre. (T. XXXV, N°22.) Io5
(.798)
» Voici, du reste, comment j'ai opéré : l'essence de rue a été traitée par
son poids d'acide nitrique du commerce étendu de son volume d'eau; dans
une autre opération, j'ai employé de l'acide nitrique pur, mais les résultats
ont été les mêmes. Après trois à quatre heures d'ébullition, la couche hui-
leuse qui surnageait l'acide a été décantée, soumise au lavage et enfin traitée
par une lessive concentrée de potasse caustique. Il se forma aussitôt une
espèce d'émulsion sirupeuse fortement colorée, et tenant en suspension un
précipité cristallin qui s'accrut par l'addition d'une plus grande quantité
d'eau. La liqueur a été filtrée et le liquide clair, consacré à la préparation
de l'acide pélargonique, qui constitue la plus grande partie du produit;
quant au précipité, il a été traité d'abord par l'éther pour le débarrasser
d'une huile neutre dont il était souillé, puis soumis à plusieurs cristallisa-
tions dans l'alcool.
» A l'état de pureté, il se présente sous la forme de magnifiques tables
carrées, d'une belle couleur jaune et douées de beaucoup d'éclat; il est
très-peu soluble dans l'alcool et dans l'eau froide, mais il se dissout facile-
ment dans l'eau et l'alcool bouillants. Quand on le chauffe brusquement,
il fuse comme un mélange de uitre et de charbon, en laissant pour résidu
du carbonate de potasse.
» L'expérience m'a démontré que ce précipité jaune n'est autre chose
que le sel potassique d'un nouvel acide auquel mes analyses assignent la
formule
C0H,8O2,N2O2.
» Pour l'isoler, on n'a qu'à dissoudre le sel potassique dans l'eau bouil-
lante et à décomposer la solution par un acide minéral étendu; l'acide
C9H,802, N202 se rend alors au fond du vase sous forme d'une huile très-
pesante, légèrement colorée en jaune et douée d'une faible odeur qui ne
présente aucune analogie avec celle de l'acide pélargonique. Il suffit de le
laver à l'eau bouillante et de le sécher au bain-marie pour l'obtenir tout a
fait pur. On ne peut le dessécher sur du chlorure de calcium, car il en dis-
sout une petite quantité.
» Il produit sur le linge une tache jaune, et sur le papier une tache grasse
qui disparaît par la chaleur. Quand on en chauffe une petite quantité dans
un tube à essais, il arrive un moment où il se produit presque instantané-
ment, un abondant dégagement de bioxyde d'azote, mélangé à des gaz com-
bustibles. Cette propriété de l'acide C9H,802, N202 rend son analyse assez
difficile et nécessite l'emploi de tubes très-longs.
( 799 )
3> Voici les résultats que j'ai obtenus :
osr,2gg de matière ont donné o8r,543 d'acide carbonique et ofr,228 d'eau;
0^,^63 de matière ont donné 30" d'azote à la température de i8° et sous la pression
de pm,765.
» Ce qui fait en centièmes :
Calcul.
C 4g. 5 48.5
H 8.4 8.2
N i3.3 i2.8
» D'autres analyses m'ont donné des nombres très - rapprochés de
ceux-ci.
» J'aurais désiré pouvoir contrôler l'exactitude de la formule que j'attri-
bue à cette substance en la produisant directement par l'action du bioxyde
d'azote sur l'acide pélargonique, mais les expériences que j'ai tentées dans
ce but ne m'ont conduit à aucun résultat satisfaisant.
» Il se pourrait, du reste, que l'acide C9H,802, Na02 ne prît naissance
que par l'action de la potasse sur les produits de l'oxydation de l'essence
de rue, car j'ai toujours observé que le traitement par la potasse était
accompagné d'une élévation de température beaucoup plus considérable
que celle qu'aurait pu occasionner la neutralisation de l'acide pélargonique ;
c'est ce que des recherches ultérieures pourront seules décider.
» Le caractère le plus saillant de l'acide C9 H,8Oa, N2 O2 est la très-faible
solubilité de tous ses sels dans l'eau froide.
a Le sel de soude s'obtient en beaux feuillets jaunes, semblables au sel
potassique; une solution de ce sel saturée à l'ébullition, le dépose presque
en totalité par le refroidissement.
» Le sel ammonique n'est guère plus soluble que le précédent ; il cris-
tallise en lamelles allongées très-brillantes. Un papier imbibé d'acide
C9H,802, N202 se colore en jaune et perd sa translucidité, quand on le
plonge dans une solution d'ammoniaque, étendue de plus de iooo fois son
volume d'eau.
» Le sel de baryte a été obtenu par double décomposition ; il se présente
sous la forme d'une poudre jaune très-légère.
o(r,26 de ce sel ont donné o,i3o de sulfate de baryte,
ce qui représente 23,3 pour ioo de barium.
» La formule C9HnBaO% N202 exige 23,9.
» Le sel d'argent ressemble entièrement, par son aspect, au sel de baryte.
io5..
( 800 )
Quand on le chauffe à l'air, il s'enflamme et brûle avec une flamme verdâtre
en laissant un résidu d'argent pur.
o«r, ng de ce sel ont laissé pour résidu ogr,o4o d'argent,
ce qui fait en centièmes 33,6.
» La formule C9H,7AgO% N202 exige 33,2.
» Je regrette de ne pouvoir communiquer de plus amples détails sur
cette nouvelle substance, le manque de matière m'ayant obligé à limiter
mes recherches aux faits les plus importants. »
chimie organique. — Recherches sur les combinaisons formées par quelques
huiles essentielles avec les bisulfites alcalins ; par M. C. Bertagmxi.
« Ayant déjà constaté la formation d'une combinaison de l'essence d'a-
mandes amères nitrée avec les sulfites, j'ai cherché si l'essence d'amandes
amères serait susceptible de contracter une combinaison analogue avec les
sulfites alcalins; cette hypothèse s'est trouvée réalisée par l'expérience.
» Par extension de cette vue, j'ai cherché à réaliser des combinaisons
analogues avec d'autres huiles essentielles.
» J'ai opéré sur un nombre considérable d'essences. Ainsi, j'ai soumis à
l'action des sulfites alcalins les hydrures de benzoyle, de salicyle, d'ani-
syle, de cinnamyle, de cuminyle, les aldéhydes œnanthylique etcaprique;
puis les essences de lavande, d'anis, de badiane, de citron, de cèdre,
de carvi, de genièvre, de coriandre, de myrthe, de fenouil, de marjolaine,
de sabine, de gaidteria, de néroli, de persil, de muscade, dé piment, de
sassafras, de camomille, de menthe, de cubèhe, de thym, etc.
» Or l'expérience prouve que toutes les substances susnommées, celles
qui peuvent être considérées comme des hydrures ou des aldéhydes, possè-
dent seules la propriété de s'unir aux sulfites alcalins en donnant des com-
posés définis et cristallisés qui ont été analysés par moi.
» Ce caractère peut donc être ajouté à ceux que les chimistes attribuent
à la classe des hydrures ou des aldéhydes.
» Sont également sans action sur les sulfites alcalins de furfurol, l'alcool
méthylique, les carbures de l'esprit-de-bois brut, la créosote, la benzine
le cymène, tous les corps de la classe des alcools et des éthers composés, le
chloroforme, le sulfure de carbone, etc.
» A l'égard de l'aldéhyde ordinaire, je ferai remarquer que la combi-
naison d'aldéhydate d'ammoniaque et d'acide sulfureux isomère ch? la
taurine, et obtenus par Redtenbachef, rentre dans la classe des composés
étudiés dans le présent Mémoire.
( Soi )
» La formation des composés dont il s'agit peut être utilisée pour séparer
à l'état de pureté les aldéhydes des carbures d'hydrogène ou des autres
produits auxquels elles pourraient se trouver mêlées. Il suffit d'employer
des solutions de bisulfites alcalins marquant de 27 à 3o degrés de Baume,
et de les agiter à froid avec les hydrures ; ordinairement la combinaison
cristallise immédiatement. Quelquefois il est nécessaire de chauffer légère-
ment et de prolonger le contact pendant quelque temps dans des tubes
fermés.
» On recueille les cristaux et on les purifie par cristallisation dans l'al-
cool à o,5o. Ils sont très-solubles dans l'eau.
» Ces combinaisons régénèrent ordinairement l'essence quand on les
soumet à l'ébullition; à froid, les alcalis produisent une décomposition
analogue. En général, ces composés sont très-peu stables.
» Je résume dans le tableau suivant la constitution des composés que j'ai
soumis à l'analyse; cette constitution est représentée à deux points de vue
différents :
1 Première hypothèse. Seconde hypothèse
Combin. de l'iiydrure de ben-
zoyle NaO, S!0<,C"H602, aAq NaO, C'*HsS2Oi+ 3Aq
ld. de l'hydrure de ben- j AzH'O, S20', Cl,H5AzO°-+-2Aq I AzH'O, C'H'AzSO», 3Aq
zoyle nitré ( NaO, S^', C,<H5AzOs-f-i ! Aq j NaO, C"HlAzS!09, i?.Aq
ld. de l'hydrure de sali-
cyle KO, S50% C" HG0«+ Aq KO, CISH5SJ0', ?.Aq
ld. de l'hydrure d'anisyle. NaO, S'O', C^H'O'H- Aq NaO, C,eH:S!0;, ?.Aq
ld. de l'hydrure de cumi-
nyle NaO, S'0«, CKYI"02+ 3Aq NaO, C1(H"S2Os, 4Aq
ld. de l'aldéhyde œnan-
thylique NaO,S20', C'H'OM- 3Aq NaO, C"H'3S2Os, 4Aq
ld. de l'aldéhyde caprique AzH40, S^', C2°HM0!-r- 3 Aq AzH'O, C20H'"S2Os, 4 Aq
(Essence de rue. )
» La facile décomposition de ces sels par la chaleur ne m'a pas permis
de fixer d'une manière définitive mon opinion sur l'hypothèse la plus ration-
nelle à adopter pour leur constitution. Je ferai remarquer néanmoins que
les composés de cette classe obtenus, par Redtenbacher et Tilley, par l'action
du bisulfite d'ammoniaque sur l'aldéhyde ordinaire et sur l'aldéhyde œnan-
thyliqué, composés qui sont anhydres, satisfont mieux à la seconde hypo-
thèse qu'à la première.
» La constitution de l'isatosulfite de potasse anhydre, d'après les der-
nières expériences de M. Laurent, viendrait à l'appui de la formule ration-
nelle C,6H4 AzS20', KO. Or les isatosulfites paraissent pouvoir être assimilés
aux combinaisons qui font l'objet de ce Mémoire. »
( 802 )
physique. — Note sur deux modification? de La pile de Bunsen, dont
l'une augmente la conductibilité intérieure, et l'autre la tension; par
MM. Liais et Fueitry.
« Lorsqu'on supprime le diaphragme dans une pile de Bunsen , dont le
charbon est poreux et maintenu imprégné d'acide nitrique, la conducti-
bilité intérieure de la pile est augmentée cinq fois ; ce qui, d'après les lois
des courants électriques, correspond à un accroissement semblable de sur-
face, sans augmentation de dépense, comme dans ce dernier cas. Nous
avons reconnu ce fait par l'expérience suivante : Un élément, ainsi modifié,
a fait porter 58 kilogrammes à un électro-aimant. Pour faire supporter le
même poids par un accroissement de surface de l'ancienne pile, il a fallu
réunir 5 éléments de Bunsen par leurs pôles semblables, de manière à for-
mer i élément de surface quintuple.
» Pour maintenir imprégné d'acide nitrique le charbon poreux, nous
avons employé la disposition suivante : Un cylindre de verre entoure le
cylindre de charbon, de manière à ménager une cavité annulaire qui est
remplie d'acide nitrique. De l'argile ou un mastic sert à luter les deux cylin-
dres à leur partie inférieure. Dans le cas où le charbon serait à l'intérieur
du zinc, il suffirait de ménager une cavité dans ce charbon.
» Dans la pile précédente, à charbon imprégné d'acide nitrique, en in-
troduisant de nouveau un diaphragme chargeant du côté du charbon avec
l'acide sulfurique concentré, du côté du zinc avec de l'acide dilué, comme
à l'ordinaire, la conductibilité de la pile est presque la même que dans la
pile de Bunsen, mais la tension est à peu près doublée.
» Si, au lieu de faire agir directement, à l'aide d'un seul diaphragme,
l'acide sulfurique concentré, sur l'acide à 12 degrés, on interpose plusieurs
diaphragmes de manière à faire agir l'acide concentré sur un acide à un
degré moindre, celui-ci sur un autre un peu plus étendu, et ainsi de suite
jusqu'à l'acide à 12 degrés environ, dans lequel plonge le zinc, on trouve
qu'il y a un accroissement considérable de tension ; mais bous ne l'avons
pas encore mesuré exactement. Un élément de cette dernière pile se com-
porte donc comme une pile de Bunsen, de plusieurs éléments de même
surface, et elle coûte beaucoup moins. »
économie rurale. — Recherches sur la maladie des pommes de terre;
par M. Mazade.
( 8o3 )
chimie. — Découverte de l'acide rhodanhydrique dans une ammoniaque
du commerce; par M. Mazade.
« Il résulte, dit l'auteur, des recherches exposées dans cette Note, que
l'ammoniaque provenant des eaux de condensation, de l'usine à gaz de Saint-
Étienne contient du rhodanure ammonique, et la couleur rouge qui résulte
de la combinaison de cette ammoniaque avec les acides, est produite par la
réaction de l'acide rhodanhydrique sur le fer contenu dans les acides et
dans l'ammoniaque. »
A l'occasion de cette communication, M. Pelouze rappelle que M. Mo-
reau a constaté la présence du sulfocyanhydrate d'ammoniaque dans les
produits de la distillation de la houille, et que c'est à ce sel qu'on doit
attribuer la couleur rouge qu'offre quelquefois l'alun fait avec le sulfate
d'ammoniaque provenant des fabriques de gaz.
M. de Paravey appelle l'attention de l'Académie sur deux passages pris
dans Figueroa (ambassade de Perse de 1617 a 1619), passages dont l'un est
relatif à deux comètes vues au commencement de novembre, l'autre à un ani-
mal trouvé en Perse dans les canaux souterrains qui amènent l'eau des mon-
tagnes vers les champs cultivés. Cet animal, qu'on décrit comme sans poils,
et de la taille d'un chien couchant, n'est qu'une grande salamandre, suivant
M. de Paravey, qui, à cette occasion, extrait d'un ouvrage chinois divers
passages concernant des salamandres gigantesques qu'il suppose ne pas
différer spécifiquement de celle dont le squelette fossile avait été pris par
Scheuchzer pour un squelette humain.
M. Maille demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire
sur les hydrométéores, présenté par lui en 1848, et qui n'a pas été l'objet
d'un Rapport.
COMITÉ SECRET.
La Section de Physique présente, par l'organe de M. Babinet, la liste sui-
vante de candidats pour la place de professeur de physique appliquée aux
arts, vacante au Conservatoire des Arts et Métiers:
MM. Becquerel (Edmond),
Ex œquo et par ordre alphabétique : ,
* r | Foucault (Léon).
Les titres des candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la pro-
chaine séance.
La séance est levée à 5 heures et quart. F.
( 8o4 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 22 novembre i852, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences,
2e semestre i85a ; n° 20; in-4°.
Mémoires de l'Académie d'Arras; tome XXV. Arras, i85i; in-8°.
Mémoires de l'Académie du Gard; année i852. Nîmes, i852; in-8°.
Travaux de l'Académie de Reims; année i85i-i852; n° 1; 2e trimes-
tre 18D2 ; in-8°.
Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, publié sous la
rédaction du Dr RENARD; année i85i; n°* 3 et 4 ; et année i852; n° t..
Moscou, i84i.et i852; in-8°.
Bibliothèque universelle de Genève; octobre i852; in-8°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à V Industrie , fondée par M. B.-R. DE MONFORT,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; n° 3o; 21 novembre i85a; in-8°.
Journal de Médecine vétérinaire, publié à l'Ecole de Lyon; tome VIII;
août à octobre i85a; in-8°.
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; tome VI;
n° 4; 20 novembre i852; in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , publié par M. le Dr A.
Martin-Lauzer; n° 22 ; i5 novembre i85a; in-8°.
Recueil encyclopédique d'agriculture, publié par MM. BoiTEL et Londet,
de l'Institut national agronomique de Versailles ; tome III; n° 9; 10 no-
vembre i852 ; in-8°.
Répertoire de Pharmacie, recueil pratique rédigé par M. Bouchardat ;
novembre i852; in-8°.
Istruzioni... Instructions pour délivrer à coup sur te raisin de la maladie
régnante aujourd'hui, tant en Italie qu'à l'étranger; par M. A. Bacci. Lodi,
i85a; -j feuille d'impression, in-8°.
Annali. .. Annales des Sciences mathématiques et physiques; par M. Barnabe
Tortolini; septembre i852; in-8°.
Corrispondenza . . . Correspondance scientifique de Rome; n° 38; i3 oc-
tobre i85a.
( 8o5 )
Boletin... Bulletin de l'Institut médical de Valence; octobre i85a; in-8°.
Sesion... Séance publique de l'Institut médical de Valence (12e anniver-
saire). Valence, i85a; grand in-8°.
The Cambridge... Journal mathématique de Cambridge et Dublin; n° 3o ;
in-8°.
Morse's patent... Brevet d'invention de Morse. Réfutation des prétentions du
Dr C.-T. JACKSON, à l'invention du télégraphe électromagnétique américain ;
par M. A. Kendall. Wasinghton, i85a; broch. in-8°.
Ueber... Sur les établissements dans lesquels on reçoit et on traite tes idiots ,
avec des remarques sur plusieurs de ces établissements existants dans le Wurtem-
berg; par M. Karl Rôsch; broch. in-8°.
Astronomische... Nouvelles astronomiques; n° 835.
L Athenœum français. Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux-Arts; n° ai ; 20 novembre i85a.
La Presse littéraire. Écho de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° 3o ;
ai novembre i852.
Gazette médicale de Paris; n° 47; 20 novembre i85a.
Gazette des Hôpitaux ; nOT 1 35 à 137; 16, 18 et ao novembre i85a.
L'Abeille médicale; n° a3; i5 novembre i85a.
Moniteur agricole; n° 46; 18 novembre i85a.
La Lumière; n°48; 20 novembre i85a.
L'Académie a reçu, dans la séance du 29 novembre i85a, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l Académie des Sciences,
ae semestre i852; n° 21 ; in-4°.
Institut national de France. Séance publique annuelle de i Académie des
Inscriptions et Belles- Lettres, du vendredi 12 novembre i852; présidée par
M. de Wailly, Président. Paris, i852; in-4°.
Exposition de la doctrine magnétique, ou Traité philosophique , historique et
critique DU MAGNÉTISME; par M. DE Haldat. Nancy-Paris, i852 ; in-4°.
C. R., i85a, 2m« Semestre. (T. XXXV, N»2S.) Io6
( 806 )
Sur le climat de la Belgique. Cinquième partie. Des pluies, des grêles et des
neiges; par M. A. Quetelet. Bruxelles, i852; in-4°.
Résumé des observations sur la météorologie et sur le magnétisme terrestre,
faites à l'observatoire royal de Bruxelles, en i85o, et communiquées par le
directeur, M. A. Quetelet; broch. in-4°.
Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont
été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1844. Publiée par les ordres de
M. le Ministre de l'Intérieur, de i Agriculture et du Commerce ; tome IX.
Paris, i852; in-4°.
Rapport présenté à M. te Ministre de l'Agriculture et du Commerce, par
l'académie nationale de Médecine, SUR LES VACCINATIONS pratiquées en France
pendant l'année i85o. Paris, i852; broch. in-8°.
Traité des fièvres intermittentes; par M. Auguste Bonnet; 2e édition.
Pa-ris, i853; in-8°.
Expédition dans les parties centrales de l'Amérique du Sud, de Rio de Janeiro
à Lima, et de Lima au Para; exécutée par ordre du Gouvernement français pen-
dant les années 1 843 à 1847, sous ^a direction de M. Francis de Castelnau;
ie partie : Vues et scènes ; 4e livraison ; in-4° ; 4e partie : Itinéraires et
coupe géologique; 9e et 10e livraisons; in-fol.
Les trois règnes de la nature. — Règne animal. — Histoire naturelle des oiseaux,
classés méthodiquement, avec l'indication de leurs mœurs et de leurs rapports
avec les arts, te commerce et l'agriculture; par M. Emm. Le Maout ;
feuilles 28 à 54, formant la fin de cette partie du règne animal.
Mémoires de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts
de Belgique; tome XXVI. Bruxelles, 1 85 1 ; in-4°.
Mémoires couronnés et Mémoires des Savants étrangers , publiés par l'Acadé-
mie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique; tome XXIV;
i85o-i85i;in-4°.
Mémoires couronnés et Mémoires des Savants étrangers, publiés par l'Acadé-
mie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique ; tome V;
première partie. Bruxelles, i85a; in-8°.
Bulletins de l 'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de
Belgique; tome XVIII; 2 e partie, i85i; tome XIX; ire et 2e partie, i852.
Bruxelles, i852; 3 vol. in-8°.
(8o7)
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; tome XIX; n°9; in-8°.
Annuaire de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de
Belgique; année i85a; in-8°. •
Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; année i85i-i85a ;
tome XI; n° 10; in- 8°.
Annales de l'observatoire royal de Bruxelles, publiées aux frais de l'Etal par
le directeur, M. A. Quetelet; tome VIII; 2e partie, et tome IX. Bruxelles,
i852; in-4°.
Annuaire de l'observatoire royal de Bruxelles; par M. A. QUETELET, direc-
teur de cet établissement; année i85a ; in- 12.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. J)E Monfort.
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; n° 3i; 28 novembre 1802; in-8°.
Journal d' Agriculture pratique et de Jardinage } fondé par M. le Dr BixiO,
publié par les rédacteurs de la Maison rustique, sous la direction de M. BaRRAL;
n° 10; 20 novembre i852; in-8°.
Le Magasin pittoresque; novembre 1832; in-8°.
Revue médico-chirurgicale de Paris, sous la direction de M. Malgaigne;
novembre 1 852; in-8°.
Illustrationes plantarum orientalium ; par MM. le comte Jaubert et Ed.
SpaCH; 37e livraison; in-4°.
Atti.... Actes de l'Académie pontificale des Nuovi Lincei, 4e année; 9e ses-
sion, du 26 septembre i85i. Rome, i852; in-4°.
Sui criteri... Sur les conditions d'intégrabilité des fonctions différentielles;
par M. P. Volpicelli. Rome, i852; broch. in-4°.
Flora italiana... Flore italienne, ou Description des plantes qui croissent
spontanément et végètent en Italie et dans les îles adjacentes , disposée suivant la
méthode naturelle; par M. Ph. Parlatore; vol. II; part. ire. Florence,
i852; in-8°.
The journal... Journal de la Société asiatique de Bombay; juillet i852;
in--8°.
Geology... Géologie de l'île de Bombay ; par M. H.-J. Carter, du corps
médical de Madras ; broch. in-8°. (Extrait du précédent Journal.)
( 808 )
Planta: Wrightianse" Texano-Neo-Mexicanœ... Plantes recueillies par
M. Ch. Wright, dans une expédition du Texas au Nouveau-Mexique en 1849;
décrites par M. AsaGrey; partie ire. Wasinghton, 185a; in-4°.
Eroffnung... <Découverte d'un nouveau moyen pour arriver sûrement à la
connaissance des propriétés thérapeutiques; par M. A. Garms. Leipzig, 1 853 ;
1 vol. in-8°. (Adressé pour le concours aux prix de Médecine et de
Chirurgie.)
iVstronomische... Nouvelles astronomiques ; n° 836.
L Athenœum français . Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux- Arts; n° 22; 27 novembre i85a.
La Presse littéraire. Écho de la Littérature , des Sciences et des Arts ; n° 3 1 ;
28 novembre i85a.
Gazette médicale de Paris; n° 48; 27 novembre i852.
Gazette des Hôpitaux; n°9 i38 à i4o; a3, a5 et 27 novembre 18^2.
L'Abeille médicale; n° 24 ; 2 5 novembre i852.
Moniteur agricole ; n° 47 ; 25 novembre i852.
La Lumière; n° 49; 27 novembre i852.
ERRATA.
(Séance du 22 novembre i852.)
Page 756, ligne 20, au lieu de machine électromotive , lisez machine électromotrice.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 6 DÉCEMBRE 1852.
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire pebpétuel donne communication d'une Lettre de M. Ch.
de Haldat qui annonce la mort de son grand-père, M. Charles-Nicolas-
Alexandre de Haldat du Lys , Correspondant de l'Académie pour la Section
de Physique. L'Académie avait été déjà, dans la précédente séance, instruite,
par une autre voie, de la perte qu'elle venait de faire.
zoologie. — Etudes sur les types inférieurs de V embranchement des
Annelés ; par M.. A. de Quatrefages. (Extrait.)
Mémoire sur le Branchellion de la Torpille (Branchellio Torpedinis, Sav.).
« Les premiers naturalistes qui ont fait une science de la zoologie , de-
vaient nécessairement accorder presque toute leur attention aux groupes
nettement tranchés et à type fixe, ainsi qu'aux animaux qui se rattachent
le plus directement à quelques plans fondamentaux. Ils ne pouvaient guère
s'arrêter à l'examen détaillé des groupes à type variable; ils n'auraient sou-
vent pas pu comprendre les particularités que présente l'organisation de
certains êtres. Mais aujourd'hui que l'ensemble du règne animal a été assez
bien exploré, c'est à la connaissance approfondie de ces groupes et de ces
G. R., i85a, imt Semestre. (T. XXXV, N° 23.) IO7
(8,o)
êtres exceptionnels que s'attache le plus grand intérêt; car cette étude, plus
qu'aucune autre, nous éclaire sur la valeur réelle de généralisations accep-
tées parfois sur parole, soit en classifications, soit en anatomie ou en phy-
siologie.
» A ce titre, l'examen anatomique du Branchellion offrait un grand
intérêt.
» L'extérieur exceptionnel de cette Hirudinée pouvait faire soupçonner
une organisation interne non moins intéressante. Malheureusement, le
Branchellion qui vit en parasite sur la Torpille paraît être assez rare.
M. Moquin-Tandon est, je crois, le premier qui ait essayé d'en faire l'ana-
tomie. Mais ce naturaliste n'avait eu à sa disposition qu'un seul individu
conservé dans l'alcool, et je sais depuis longtemps, par mon expérience
personnelle, que cette circonstance rend impossible toute recherche
sérieuse. Un naturaliste allemand, le Dr Leydig, a été plus heureux : il a
eu, à Gênes, l'espèce trouvée par Rudolphi,et a publié récemment sur elle
une Notice très-intéressante. Je ne connaissais pas le travail de M. Leydig
lorsque, pendant le séjour que je viens de faire à la Rochelle, j'ai, à mon
tour, étudié le Branchellion. Les résultats auxquels nous sommes parvenus,
l'auteur allemand et moi, s'accordent sur certains points et diffèrent relati-
vement à quelques autres. Ces divergences tiennent sans doute, d'une part,
à ce que, mieux servi peut-être parles circonstances, j'ai pu voir beaucoup
plus que M. Leydig; et, d'autre part, aux données générales diverses avec
lesquelles chacun de nous a abordé cette étude difficile. Peut-être aussi
notre désaccord tient-il quelquefois à ce que nous avons examiné deux
espèces différentes (i). Quoi qu'il en soit, je renverrai au Mémoire lui-
même la discussion des détails et me bornerai à présenter dans cet extrait
les faits principaux, en insistant sur ce que mes recherches ont d'entière-
ment nouveau.
» Chez toutes les autres Hirudinées, les fibres musculaires sous-cutanées,
quelle que soit leur direction, forment des plans d'épaisseur à peu près
égale qui enveloppent le corps entier. Il en est de même chez le Branchel-
lion, mais dans le cou seulement. A partir du premier anneau, branchifère,
les muscles longitudinaux forment, en outre, d'épais rubans qui font saillie
à l'intérieur et dont la disposition rappelle ce qui existe chez quelques
Rayonnes.
(i) On n'a encore admis qu'une seule espèce de Branchellion; quelques détails donnés
par M. Leydig me font penser qu'il pourrait en exister deux bien distinctes.
(8u )
» J'ai cherché vainement, au-dessous des couches musculaires, les organes
sécréteurs remarquables qu'on pouvait jusqu'ici regarder comme caractéri-
sant les Hirudinées proprement dites (i). L'absence de ces organes, déjà
admise avec doute par M. Moquin, est d'ailleurs largement compensée par
le développement extrême que prennent les glandes sous-cutanées dont les
lobules remplissent presque toute la cavité générale du corps.
» Le Branchellion n'a pas la moindre trace des dents qui servent aux
Sangsues à entamer la peau. En revanche, je lui ai trouvé , comme l'avait
faitM.Leydig,une trompe musculaire exsertile. J'ai vainement cherchéà celte
trompe une armature solide. Elle est parfaitement inerme, et cette circon-
stance explique pourquoi le Branchellion se tient toujours dans le voisinage
des branchies de la Torpille, sur un point où les téguments amincis lui per-
mettent d'obtenir par la succion seule le sang nécessaire à sa nourriture.
L'appareil digestif qui fait suite à la trompe ressemble assez à celui des
Sangsues. Il est seulement beaucoup plus boursouflé, et rien ne rappelle
chez lui les grands canaux latéraux des Sangsues.
» La digestion me semble être beaucoup plus rapide chez les Branchellions
que chez les Sangsues. Nous verrons plus loin que c'est là une particula-
rité importante. Tant que le sang séjourne dans l'estomac, on y reconnaît
les globules elliptiques du sang des Poissons , et la couleur caractéristique.
L'appareil reproducteur n'offre rien de remarquable, il n'en est pas de
même du système nerveux. Ce système ressemble, par sa disposition géné-
rale, à celui des autres Hirudinées, mais présente une structure histolo-
gique tout à fait exceptionnelle. Tous les centres nerveux, les ganglions
abdominaux comme le cerveau, semblent formés par la juxtaposition de
petits ganglions élémentaires ayant chacun leur enveloppe propre, et com-
posés de globules nerveux très-distincts. J'ai vu très-nettement les fibres
élémentaires prendre naissance dans ces derniers.
» Les ganglions de renforcement que présentent sur leur trajet les
nerfs du corps, sont aussi remarquables par leur volume et leur forme
allongée.
» Pour ne pas abuser des moments de l'Académie, j'ai voulu être très-bref
dans l'examen des systèmes organiques précédents. Je crois devoir insister
davantage sur les organes de la circulation et de la respiration. Les premiers
ont été décrits imparfaitement ; les seconds ont été refusés au groupe entier
des Hirudinées par Cuvier, par Blainville et par tous leurs successeurs.
(i) Je partage entièrement l'ppinion de M. Grube qui sépare les Clepsinesdes Hirudinées.
107. .
( 8. a ;
M. Leydig lui-même, qui, à certains égards, a bien vu ce qui se passe, ne
prononce nulle part le mot d'organe de respiration. Pourtant ces organes
existent, mais dans des conditions bien particulières, puisque ce n'est pas le
sang qui vient y subir l'action de l'air.
» Lorsqu'on examine un Branchellion, même contenu dans l'alcool, on
reconnaît que les appendices latéraux ne sont pas tous pareils. Les uns sont
entièrement foliacés, les autres présentent à leur base un renflement très-
prononcé. Ces derniers sont distribués régulièrement de trois en trois
segments, et correspondent à la région antérieure des anneaux du corps.
Sur le vivant, on aperçoit à l'intérieur de ces renflements, à l'aide d'une
simple loupe, une ampoule d'un rouge plus ou moins vif, qui se contracte
et se dilate d'une manière régulière. Ces mouvements sont alternes dans les
deux ampoules correspondantes, et se répètent environ vingt fois par minute.
Rien de semblable ne se montre dans les appendices dépourvus de renfle-
ment.
» Cependant ces appendicessont, sous tous les autres rapports, exactement
semblables aux précédents. Examinés au microscope, les uns et les autres se
montrent formés par les couches cutanées amincies, au-dessous desquelles
on distingue des fibres musculaires, des fibres ligamenteuses et des nerfs ;
mais surtout on découvre des canaux ramifiés et donnant naissance à un
réseau dont les mailles sont extrêmement fines sur les bords de l'appendice"
Ces canaux sont parcourus par un liquide parfaitement incolore et charriant
des granulations irrégulières transparentes, dont les mouvements indiquent
ceux du liquide lui-même.
*> La structure que je viens d'indiquer est tellement caractéristique, que
l'observation seule m'eût peut-être autorisé à regarder ces appendices comme
de véritables branchies ; mais cette manière de voir me mettait en désaccord
avec tous ceux de mes prédécesseurs qui avaient essayé d'asseoir la détermi-
nation de ces organes sur l'anatomie. Cuvier et Blainville, entre autres, sont
très-explicites à cet égard. D'un autre côté, quoique habitué à rencontrer
chez les animaux inférieurs une grande variabilité, j'étais réellement surpris
de trouver chez une Hirudinée un organe respiratoire aussi largement déve-
loppé. Pour lever mes doutes à cet égard, j'eus recours à l'expérience sui-
vante :
» Sur un individu bien vivant, je poussai une injection en employant
comme masse le précipité d'un bleu très-pâle que produisent le prussiate
de potasse et le protosulfate de fer du commerce. Je ne pus tout d'abord
juger du résultat de l'opération, la masse injectée ne ressortant pas assez
(8.3)
sous le pigment violacé des appendices; mais au bout de quelques instants,
l'air contenu dans l'eau, agissant à travers les tissus vivants de l'animal sur
le précipité employé, le transforma en bleu de Prusse, et les réseaux vas-
culaires des appendices devinrent apparents à la simple loupe. Ce même
précipité, que je trouvai vingt-quatre heures après dans les vaisseaux pro-
fonds, avait à peine changé de teinte. Cette expérience me semble mettre
hors de doute la nature des appendices. Elle m'a permis, qu'on me passe
l'expression, de voir respirer le sel dejer, et de suivre de l'œil les résultats
de celte respiration.
» Le rôle des appendices une fois fixé, restait à déterminer la nature du
liquide qui vient y subir l'action de l'air. Chez un animal vertébré quelcon-
que, ce liquide eût été le sang, à coup sûr, et l'on n'aurait même pas eu à
se poser la question. Il n'en était pas de même du moment qu'il s'agissait
d'un Invertébré, et en particulier d'un Annelé.
» En effet, l'Académie n'a peut-être pas oublié les diverses communica-
tions que j'ai eu l'honneur de lui faire sur la cavité générale du corps des
Invertébrés, et sur le liquide que renferme cette cavité. Elle se rappellera
peut-être, entre autres, que ce liquide respire aussi bien que le sang lui-
même dont il remplit souvent les fonctions en tout ou en partie. Ces faits,
longtemps niés à cause de leur nouveauté, reçoivent chaque jour une con-
firmation d'autant plus précise que quelques-uns de ceux qui les répètent
croient les avoir découverts.
» En outre, chez le Branchellion, comme nous venons de le dire, le
liquide qui remplit les ampoules contractiles latérales, et celui qui circule
dans les branchies, présentent des caractères différents. Le premier est
rouge, le second est parfaitement incolore; différence qui rappelle celle qui
existe chez un grand nombre d'Annelés, entre le sang et le liquide de la
cavité générale. L'examen extérieur à lui seul devait me porter à penser
que c'était ce dernier qui venait ici recevoir directemeut l'action de l'air. Le
résultat des injections me semble confirmer encore cette manière de voir.
» En effet, on trouve dans le Branchellion à peu près les mêmes troncs
vasculaires que chez les Sangsues. Seulement on trouve ici deux vaisseaux
abdominaux : le vaisseau, ou mieux peut-être le sinus des Sangsues ordi-
naires entourant la chaîne ganglionnaire abdominale, et un tronc parfaite-
ment libre placé au-dessus. Le vaisseau dorsal communique largement avec
les vaisseaux latéraux, et ce sont ceux-ci qui fournissent des troncs non
ramifiés qui se terminent en ampoules.
» En injectant soit le vaisseau abdominal libre, soit l'un des deux vais-
seaux latéraux, j'ai rempli le reste de cet appareil. Deux fois, entre autres,.
( 814 )
j'ai injecté toutes les ampoules contractiles. Mais, en suivant cette voie, mon
injection n'a jamais pénétré dans les appendices branchiaux.
» Au contraire, en poussant le liquide coloré dans la petite cavité placée
à la base d'une des branchies postérieures, j'ai injecté toutes les branchies
des deux côtés de l'animal. En même temps, j'ai reconnu que cette cavité
communique à l'intérieur, par un trajet tout lacunaire, avec l'intestin, à la
surface duquel l'injection est venue former un réseau à larges mailles; et
à l'extérieur avec un vaisseau particulier, placé entre les deux couches mus-
culaires sous-cutanées et qui règne d'un bout à l'autre du corps proprement
dit. C'est ce vaisseau qui met en communication toutes les branchies. Il ne
leur fournit d'ailleurs qu'un tronc unique servant à la fois à l'entrée et à la
sortie du liquide qui doit respirer. A deux reprises, en essayant d'injecter
directement ce vaisseau, j'ai rempli deux très-petits rameaux placés presque
à la superficie des téguments et qui avaient des parois propres parfaitement
caractérisées.
« Si je ne me trompe, les faits que je viens d'indiquer présentent un grand
intérêt. On n'a encore découvert chez aucun Invertébré l'appareil chylifere
et lymphatique qui, chez les Mammifères ou les Oiseaux, verse directement
dans le sang les produits de la digestion et de l'exhalation interstitielle. Jus-
qu'à ce jour, cet appareil s'est montré suppléé par la cavité générale elle-
même. Or, chez le Branchellion, cette cavité est dissimulée, quoique moins
complètement que chez les Sangsues proprement dites. On en retrouve des
traces à la partie postérieure du corps et dans le cou, sous la forme de
chambres lacunaires. Les cavités où sont logées les ampoules contractiles,
les lacunes qui entourent l'intestin en sont aussi des dépendances; mais à
cet ensemble de cavités lacunaires se joint un système vasculaire à parois
propres, qui me semble devoir être considéré comme un véritable appareil
lymphatique rudimentaire. Par conséquent, les appendices latéraux du
Branchellion seront aussi pour nous des branchies lymphatiques.
» En présentant à l'Académie des résultats aussi nouveaux, je crois devoir
ajouter que c'est ici surtout que M. Leydig et moi sommes en désaccord.
J'indiquerai très-brièvement les points qui nous séparent.
» M. Leydig a vu les ampoules contractiles; il a reconnu aussi la pré-
sence d'un liquide dans les appendices foliacés; mais il a regardé ce liquide
comme le sang proprement dit, et il a cru qu'il venait directement du vais-
seau abdominal. Ces inexactitudes du naturaliste allemand s'expliquent
bien aisément. M. Leydig n'a pas vu le vaisseau sous-cutané, et par consé-
quent il n'a pu reconnaître la véritable origine des troncs branchiaux. 11 a
été ainsi entraîné à prendre pour des vaisseaux les brides qui maintiennent
(8.5)
en place l'ampoule contractile. Un coup d'œil jeté sur ses figures ne peut
laisser de doute à cet égard.
» Il est plus difficile d'expliquer comment M. Leydig, après avoir vu le
sang coloré dans l'ampoule, a pu regarder comme étant identique avec lui
le liquide parfaitement incolore qui circule dans les branchies. Peut-être
l'auteur allemand n'a-t-il eu à sa disposition que des Branchellions affaiblis
ou à jeun depuis longtemps. Dans ces deux cas, ainsi que j'ai pu le consta-
ter, la teinte rouge du sang s'éclaircit en effet beaucoup; mais, lorsque les
individus sont robustes et que leurs poches digestives sont remplies, leur
sang est presque aussi fortement coloré que chez les autres Hirudinées, et
alors la confusion dont il s'agit est, je crois, impossible.
» Au reste, l'Académie voudra bien se rappeler que les résultats que j'ai
obtenus l'ont été à l'aide d'injections. Ces résultats ont été vérifiés sur place
par M. Valenciennes, que sa mission le long de nos côtes amena à la Ro-
chelle pendant que je m'occupais de ces études, et qui voulut bien dissé-
quer lui-même un des vaisseaux terminés par l'ampoule contractile.
MM. Garreau, chirurgien en chef de l'hôpital militaire, et le Dr Sauvé, qui
s'occupe des Sangsues depuis plusieurs années, ont suivi, pour ainsi dire,
jour par jour toutes mes études sur ce sujet. Enfin, malgré la difficulté de
conserver des préparations aussi délicates et faites uniquement pour l'étude,
celles que j'ai rapportées suffisent pour démontrer clairement les trois faits
essentiels sur lesquels nous sommes en désaccord avec M. Leydig, savoir .
la non-communication des vaisseaux abdominaux avec les branchies, l'exi-
stence du vaisseau lymphatique sous-cutané, et la naissance sur ce vais-
seau des troncs qui se portent aux branchies.
» Sans aborder ici des considérations générales qui ressortent des obser-
vations précédentes, je crois devoir ajouter que, malgré ses caractères
exceptionnels, le Branchellion n'en appartient pas moins à la classe des
Bdelles, mais qu'il doit former à lui seul une division de cette classe, la-
quelle devra être partagée en Bdelles bmnchifères et en Bdelles abranches . »
astronomie. — Ascensions droites relatives des 36 étoiles fondamentales ,
déduites des observations faites à l'observatoire royal de Greenwich,
depuis i^o jusqu'en 1762, et depuis 1 836 jusqu'en i85o (seconde partie);
par M. U.-J. Le Verrier.
« J'ai présenté la première partie de ce travail à l'Académie des Sciences
dans la séance du 5 avril i852. Ayant fait connaître alors que j'avais soumis
( 8i6)
à une nouvelle discussion les ascensions droites observées par Bradley,
depuis 1750 jusqu'en 1762, et que cette discussion avait mis' en évidence la
nécessité de modifications au Catalogue fondamental pour 1755, plusieurs
astronomes ont bien voulu mexprimer le désir d'avoir une communication
immédiate de mes résultats. Pour satisfaire à leur demande, je me propose
de donner ici le Catalogue des positions pour 1760 telles que je les ai éta-
blies, et d'y joindre le Catalogue des positions pour i85o telles que je les ai
déduites de la série des observations faites pendant quinze années à l'obser-
vatoire royal de Greenwich, depuis i836 jusqu'en 1 85o. L'ensemble du tra-
vail et les détails des réductions seront prochainement publiés dans toute
leur étendue.
Catalogue pour 1750,0.
» Ce Catalogue résulte de la discussion de toutes les observations faites
par Bradley; il comporte donc, je l'espère, toute l'exactitude qu'on peut
attendre de l'ensemble de ces observations. Le travail a été conduit de la
manière suivante :
» i°. L'état de la lunette a été établi au moyen de toutes les observations
de la polaire. Aux époques où cette ressource a manqué, on a eu recours à
l'ensemble des observations des étoiles Nord et Sud : dans ce cas, plusieurs
approximations successives ont été nécessaires, à cause des corrections no-
tables qu'ont eu à subir les positions de plusieurs des étoiles comparées.
» 20. Les positions des étoiles 7 et ]3 de l'Aigle, Wéga, Arcturus, a de la
Vierge et a. du Cygne, étoiles très-fréquemment observées, ont été fixées
entre elles et par rapport à a de l'Aigle.
» 3°. Les positions des étoiles Castor et Pollux, a d'Orion, la Chèvre,
Rigel, Aldébaran et Sirius ont été fixées entre elles et par rapport à
Procyon.
» 4°- La comparaison de l'ensemble des étoiles du premier groupe par
rapport à l'ensemble des étoiles du second groupe, a été établie au moyen
de 8o4 comparaisons, en ayant soin de déterminer toujours le mouvement
de la pendule au moyen des observations d'un même groupe faites à des
jours différents.
» 5°. Enfin les autres étoiles fondamentales, moins fréquemment obser-
vées par Bradley, ont été comparées à l'ensemble des étoiles déjà détermi-
nées dans le premier et dans le second groupe.
» La variabilité du mouvement propre de Sirius, mise en évidence par
( 8i7 )
les seules observations de Bradley, nécessite qu'on donne pour cette étoile
un Catalogue à part. On le trouvera à la suite du Catalogue général.
» L'époque moyenne des observations de Bradley tombe en l'année 1 756,
pour la plupart des étoiles. Pour la commodité des calculs, j'ai ramené le
Catalogue de cette époque à l'époque 1750,0 (commencement de l'année
fictive de Bessel), au moyen du mouvement déduit de la comparaison de
ce Catalogue avec celui de notre époque, et dont je vais parler.
Catalogue pour i85o,0.
» Ce Catalogue résulte de l'ensemble des observations faites à Green-
wich, sous la direction de M. Airy, depuis i836 jusqu'en i85o inclusive-
ment. Les positions ayant été ramenées à l'époque i85o,o, au moyen du
Catalogue pour i75o, on retrouvera aisément, si on le désire, les positions
correspondant à l'époque moyenne des observations employées.
» Grâce aux excellentes réductions des observations de Greenwich, pu-
bliées chaque année par les soins de M. Airy, le travail nécessaire pour
constituer un Catalogue à notre époque a été moins considérable que
pour l'époque de Bradley.
» i°. Admettant, pour l'intervalle d'une année seulement, les réductions
des positions observées, publiées chaque année par l'observatoire de Green-
wich, mais reprenant toutes les déterminations nécessaires pour comparer
les positions observées dans les différentes années, j'ai commencé par for-
mer trois Catalogues : le premier, au moyen des cinq années d'observations,
depuis i836 jusqu'en 1840; le deuxième, au moyen des cinq années d'ob-
servations, depuis 1841 jusqu'en i845; le troisième; au moyen des cinq
années d'observations, depuis 1846 jusqu'en i85o.
» Ces trois Catalogues se sont trouvés, pour presque toutes les étoiles,
aussi concordants qu'on pouvait l'espérer : Procyon et Sirius seules ont fait
exception.
» Sirius. Les observations ont fourni les trois corrections suivantes,
applicables aux positions données par Bessel :
diff. 1"». diff. 2e.
i838,5 -+-o5,2i5
i843,5 +o',a83 +O's'°°o -o',i66
1848, 5 -t-o',i85 ° '09^
Ces positions, dont on déduit encore avec évidence la variabilité du mou-
vement propre de Sirius, concordent avec la théorie de ce mouvement don-
née par M. Peters. Cette théorie fournit les positions de Sirius, depuis i83o
jusqu'à i85o, avec une très-grande exactitude.
C R. , i85a, am« Semestre. (T. XXXV, N° 83.) Io8
I 818 )
» Procjron. Les trois déterminations partielles de l'ascension droite dif-
fèrent de leur moyenne des quantités suivantes :
En i838,5 — os,o3g
En 1843,5 +o',oi3
En i848,5 4-0', oa5
Bien que ces écarts paraissent suivre une marche régulière, et bien qu'au-
cune autre étoile n'en offre de pareils, ceux-ci sont cependant encore trop
faibles pour que nous devions nous y arrêter.
» 20. Par la marche précédente, naturellement indiquée par le sys-
tème de réduction suivi à Greenwich, chaque étoile étant surtout com-
parée à celles qui l'entourent, on peut être certain que les étoiles voisines
sont bien rapportées les unes aux autres. Dans la crainte qu'il n'en fût pas
de même des étoiles situées dans des régions opposées du ciel, j'ai com-
paré directement l'ensemble des étoiles, comprises depuis a de la Baleine
jusqu'à Pollux, à l'ensemble des étoiles comprises depuis a de la Couronne
jusqu'à a2 du Capricorne. J'ai trouvé ainsi, par 4' 8 comparaisons, qu'il
était nécessaire, d'appliquer au Catalogue déduit des premiers calculs une
correction systématique représentée par la formule
— os,oi5 sin (a — ih).
La faiblesse de cette correction est elle-même une garantie de l'exactitude
des observations, des réductions et de l'harmonie des différentes parties du
Catologue (1).
» J'ajoute qu'en groupant ces 4 18 comparaisons, suivant les mois de
l'année, je n'ai trouvé ici aucune trace de ce fait que j'ai signalé dans les
observations de Bradley, savoir, que les observations ne donneraient pas à
toute époque de l'année la même distance en ascension droite entre les
étoiles éloignées de douze heures.
» Je pourrais présenter directement les positions pour 1 ^5o et pour 1 85o.
Les astronomes trouveront, sans doute, plus commode et plus utile que je
mette à leur disposition les corrections qui doivent être appliquées aux
(1) Il arrive presque toujours que les trois groupes d'observations nécessaires pour établir
l'une des 4>8 comparaisons ne sont pas donnés par le même observateur; en sorte que cha-
que comparaison se trouve affectée à raison des erreurs individuelles , erreurs qui , on ne
peut en douter, sont elles-mêmes variables avec le temps. J'ai eu soin de m'assurer que
cette cause d'incertitude n'a aucune influence sur le résultat déduit de l'ensemble des com-
paraisons.
ï 819 )
Tabulas regiomontante. J'ai d'ailleurs reconnu qu'il était nécessaire d'ap-
porter quelques modifications à la partie séculaire de la précession ; en sorte
qu'on ne doit pas faire usage d'une correction proportionnelle au temps.
Par ce motif, je ne me bornerai pas à donner les corrections pour \rj$o et
pour i85o, mais je les fournirai 9e dix en dix ans pour les 36 étoiles fonda-
mentales.
Corrections des ascensions droites relatives des 36 étoiles fondamentales comprises
dans les Tabulas regiomontanae.
Nota. Ces corrections sont exprimées en millièmes de seconde de temps.
y Pégase
g Bélier
a Baleine
Aldébaran
La Chèvre
Rigel
/3 Taureau
a Orion
Sirius
Castor
Procyon
Poilu*
« Hydre
Régulus
,5 Lion
[i Vierge
a Vierge
Arcturus
a' Balanoe
a' Balance
a Couronne. . ..
a Serpent
Antarès
y. Hercule
k Ophiuchus. . .
Wega
y Aigle........
a Aigle
/2 Aigle
a' Capricorne. .
a1 Capricorne. .
a Cygne
a Verseau
Fomalhaut
a Pégase
a. Andromède .
17o0
108
46
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-1- 3;3
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-t- 61
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+■■ 49
+- 42
- 25
+-' 23
- 3o
- 3o
-1- 3o
- 53
- 45
- 22
+■ 97
-t- 3
- 54
- 18
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- 33
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-1- 6
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- >77
+- 2
4- 57
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I08..
( 8ao )
Table de correction spéciale à l'étoile Sirius
i^So 4- o%2ig
i836 4- o',i62
1751 4- o,i85
1837 + 0^87
1752 4- 0, i53
i838 4- o,2i3
1753 4- 0,123
i83g 4- 0,239
1754 + 0,096
1840 4- 0,263
1755 -+- 0,073
1841 4- 0,280
1756 4- o,o53
1842 4- 0,286
1757 4- o,o36
1843 4- 0,279
1758 4- 0>023
i844 4- 0,261
1759 4- o,oi3
i845 4- o,236
1760 -+- o,oo5
1846 4- 0,210
1761 -+- 0,001
1847 + 0,184
1762 -+- 0,000
1848 4- o,i5g
1 849 4- 0 , 1 36
i85o 4- 0,1 14
Observation. De 1 750 à 1810, la correction relative à Castor convient au centre de lumière
des deux étoiles. De i83o à i85o, la correction se rapporte à la situation de la seconde étoile.
astronomie et géodésie. — Sur la dernière communication
de M. le Ministre de l'Intérieur; par M. Faye.
« En annonçant à l'Académie le projet grandiose de relier, dans un
même réseau électrique, les chefs-lieux de tous nos départements, M. le
Ministre de l'Intérieur ouvre aux sciences une voie nouvelle où elles ne
peuvent manquer d'entrer. Chacun a pressenti, par exemple, l'avantage
qu'en retireront les études météorologiques ; mais je n'ai point à m'occuper
ici de cette face de la question; elle revient de droit à des confrères plus
compétents. Pour moi, l'intérêt se concentre sur la question "astrono-
mique et géodésique.
» On sait le parti que les Américains ont tiré de leurs télégraphes pour
la détermination des longitudes. Évidemment on doit en faire autant en
France. Mais en France, où le sol est couvert de la plus vaste triangula-
tion qui existe, ce ne serait pas assez, et la question prend chez nous une
tout autre importance.
» Je propose de déterminer, par les procédés nouveaux dont la science
dispose, non-seulement les longitudes, mais encore les latitudes astro-
nomiques de tous nos chefs-lieux, et de les comparer aux coordonnées géo-
désiques déjà connues, afin de compléter les travaux antérieurs et de mettre
en relief les irrégularités locales dont la surface du sphéroïde terrestre peut
(8ai )
être affectée sur notre sol. Nos procédés actuels sont si parfaits, qu'un ob-
servateur exercé peut promettre, sans trop s'aventurer, de poursuivre les
centres ou les lignes de perturbations locales qui auront été indiqués par
cette première opération, en procédant, s'il le faut, de 3 mètres en 3 mètres.
C'est aux géologues de nous dire s'il y a quelque intérêt à rapprocher ces
observations de leurs cartes géologiques, de leurs cercles de comparaison,
et à chercher ainsi des traces perdues dans l'épaisseur de la croûte terrestre.
Quant à l'intérêt géodésique, il est trop évident pour qu'il soit nécessaire
d'insister.
» Les moyens d'observation qui manquaient autrefois existent aujour-
d'hui. Par exemple, une des coordonnées de la verticale peut être déter-
minée, en chaque point, dans l'espace d'une seule nuit, avec la précision
qu'on admire dans les mesures micrométriques d'étoiles doubles. De même,
la longitude, si souvent affectée d'erreurs inextricables, si souvent dou-
teuse, sera délivrée de ces incertitudes par une simple combinaison des
procédés photographiques avec ceux de la télégraphie actuelle. Ici, l'artifice
consiste à supprimer l'observateur; ailleurs, il suffit de réduire son inter-
vention au point où l'expérience nous enseigne qu'elle devient irrépro-
chable.
» Ceux qui ont suivi la transformation qui s'est accomplie de nos jours
dans la géodésie, savent tout ce que l'exécution du projet dont je parle don-
nerait de valeur aux travaux déjà faits, sans ajouter notablement aux dé-
penses qu'ils ont coûtées au pays. Ces travaux, on ne les recommencera
plus nulle part sur le globe, si ce n'est, peut-être, dans un intérêt purement
théorique. »
astronomie. — Nouveaux éléments de la planète Massalia .
(Extrait d'une Lettre de M. Valz à M. Arago.)
« Aussitôt qu'il y a eu un intervalle de deux mois dans les observations
de Massalia, j'ai cherché à corriger les éléments provisoires que je vous
avais transmis, et sur lesquels je dois faire la remarque que, par mégarde,
au lieu de la longitude moyenne, c'était réellement l'anomalie moyenne
qui se trouvait portée, comme d'usage, pour simplifier davantage les sup-
putations. Ma méthode de calcul présentant encore l'avantage de s'appli-
quer avec la même facilité à quatre observations, comme à trois seulement,
et dans ce cas extrême d'une aussi faible inclinaison, j'en ai tenté l'emploi.
Voici ce que j'ai obtenu pour deux mois d'intervalle :
( 8aa )
Époque. ... 2o,5 septembre i8Ô2.
Longitude moyenne 5° 55' 42"
Anomalie moyenne . 2290 3^' 3o"
Longitude périhélie 1 36° 1 8' 1 2"
Çl 2o6°i8'3o"
Inclinaison 41' 33"
Excentricité, 0,057771, dont l'angle répondrait à . 3°i8'42'
Demi-grand axe 2,3io37
Révolution -. . 3ans,5i 125
Mouvement moyen diurne 1010" ,4
Cela diffère assez des premiers éléments provisoires, mais moins cependant
que d'autres qui ont déjà été publiés, et même en sens inverse. Ceux de
M. Schoenleld, qui s'en rapprochent assez, donnent cependant encore,
pour le 19 novembre, des erreurs de -+- 26' en* et — 10' en D, qui se
trouvent réduites à quelques secondes seulement par les éléments ci-
dessus.
» Des mauvais temps continus, et comme je ne me rappelle pas d'en
avoir encore remarqué, n'ont pas permis, jusqu'à présent, d'observer Lute-
tia, ni la 22e petite planète, et ont occasionné bien des retards dans le tra-
vail des Cartes écliptiques. J'espère cependant vous envoyer dans quelques
jours la seconde, qui est sur le point d'être terminée; mais, à cause des
contre-temps continuels, il restera dans les heures une lacune qui ne pourra
être comblée que l'année prochaine. »
M. Pouillet présente à l'Académie la deuxième édition de ses Notions
générales de Physique et de Météorologie à l'usage de la jeunesse. Il indique
les principales additions qu'il a pu y introduire et qui se rapportent
à la presse hydraidique, aux machines à vapeur et à la télégraphie
électrique.
M. Mathieu, au nom de la Commission chargée de l'examen des pièces
admises au concours pour le prix de Statistique, prie l'Académie de vouloir
bien adjoindre deux nouveaux Membres à cette Commission, devenue trop
peu nombreuse par l'absence prolongée de quelques-uns des Membres pri-
mitivement nommés.
MM. Boussingault et Bienaymé sont désignés à cet effet.
( 8*3)
4
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un candi-
dat pour la place de professeur de Physique, vacante au Conservatoire des
Arts et Métiers.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 56,
M. Edmond Becquerel obtient. .... 35 suffrages.
M. Léon Foucault 1 5
Il y a six billets blancs.
M. Ed. Becquerel, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, sera
présenté au choix de M. le Ministre comme le candidat de l'Académie.
MÉMOIRES LUS.
physique terrestre. — Carte de la température des eaux à la surface de
la merdes Antdles, du golfe du Mexique et de la portion voisine de l'océan
Atlantique ; par M. Ch. Sainte-Claire Deville.
« Le rôle essentiel que joue la température de la mer dans les phéno-
mènes météorologiques généraux, explique suffisamment l'intérêt qu'il y
aurait à connaître exactement les lignes isothermes des eaux à la surface
des mers. Cette étude est encore peu avancée : d'abord, parce que les obser-
vations manquent, surtout pour certains parages; puis, parce que, comme
le fait remarquer M. Dove à propos des isothermes de l'air à la surface des
mers, chaque navigateur ne donnant généralement qu'une fois par jour la
position du navire, on est obligé de conclure par interpolation la position
qui correspond à la plupart des observations.
» La Carte que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie a pour objet de
faire connaître les températures des eaux superficielles dans tout l'espace
compris, dans l'océan Atlantique, entre les ioe et 4oe degrés de latitude
nord, et entre les 55e et iooe degrés de longitude ouest, c'est-à-dire dans
la mer des Antilles, le golfe du Mexique, et toute la portion de l'Atlantique
qui remplit l'angle compris entre les côtes de la Floride et du Maryland et
les hauts-fonds de Bahama. C'est le point à la fois le plus compliqué et le
plus intéressant du cours du Gulf-Streain.
» Les matériaux qui ont servi à la construction de cette Carte provien-
nent de plusieurs sources différentes.
» Les uns sont déjà publiés; ce sont les chiffres très-nombreux portés
( 824 )
sur 1a Carte des Vents et des Courants de l'océan Atlantique, et dont l'au-
teur, M. Maury, lieutenant de la marine américaine, a fait connaître l'ori-
gine dans une intéressante publication.
» Les autres sont entièrement inédits ; ce sont :
» i°. Un très-grand nombre de registres tenus à bord du vaisseau anglais
le Thunder, durant la campagne hydrographique faite par ce bâtiment, de
j834à 1848, sous le commandement des capitaines R. Owen et Barnett, et
à bord des schooners Jackdaw (i833) et Lark (i835-i836), commandés
tous deux par le capitaine Barnett. Ces documents m'ont été communiqués
à Londres, en 1849, avec une générosité dont je conserve le plus reconnais-
sant souvenir, par le directeur et le secrétaire de Y Hjdrographical-OJJîce ;
» 20. Le journal manuscrit des observations recueillies par le capitaine
de corvette, aujourd'hui contre-amiral, Bérard (1), sur le brick le Volti-
geur, en i838 et 1839, durant la campagne de la Vera-Cruz ;
» 3°. Enfin, les observations que j'ai recueillies moi-même sur les lieux,
ou qui m'ont été remises par plusieurs navigateurs qui avaient bien voulu
se charger, à ma demande, de thermomètres vérifiés avec soin. Ces derniers
documents sont imprimés en entier dans les tableaux météorologiques qui
terminent le Ier volume de mon Voyage géologique aux Antilles.
» Voici comment j'ai utilisé ces nombreux matériaux :
» J'ai divisé l'étendue de mer qui m'occupait en rectangles ayant pour
côtés 2 degrés et demi en latitude, et a degrés et demi en longitude ; subdi-
visant, d'ailleurs, chacun de ces rectangles en quatre parties égales, chaque
fois que la rapidité dans les variations de la température l'exigeait et que
l'abondance des matériaux le permettait. Pour les parages où les températures
varient très- peu, et où les observations ne sont pas nombreuses, j'ai réuni, au
contraire, en un seul, deux ou plusieurs de ces compartiments. J'ai calculé
alors séparément, dans chacun de ces rectangles, la température moyenne
pour chaque mois de l'année, en ayant soin de calculer à part la moyenne
qui résultait des observations faites avec les thermomètres américains, an-
glais et français, afin de contrôler les uns par les autres les éléments de la
moyenne générale. Puis j'ai placé sur laCarte, au centre de chaque rectangle,
le nombre qui représentait la moyenne des douze mois. J'ai enfin construit
les courbes des isothermes annuelles, en interpolant d'un de ces centres
aux centres immédiatement voisins.
(1) Cette Note était rédigée avant la perte si regrettable que la science vient de faire parja
jnort de ce savant navigateur.
( 8a5 )
» Ne pouvant, de crainte de trop grande complication, tracer les courbes
de chaque mois, j'ai pris la moyenne des six mois les plus chauds, qui sont,
pour l'espace qui nous occupe, les mois de juin, juillet, août, septembre,
octobre et novembre; enfin, j'ai conclu de la même manière les isothermes
des six mois les plus froids. J'avais alors les éléments nécessaires pour con-
struire les trois séries de courbes qui sont tracées sur la Carte.
» Je vais essayer maintenant de résumer brièvement les conséquences
qu'on peut déduire de l'examen de ces courbes.
» Les isothermes de la mer, dans tout cet espace, offrent un grand nombre
d'inflexions. Cette complication est due à l'action du Gulf-Stream, qui est
ici le trait dominant.
» Une remarque générale qu'on peut faire, c'est que la température
des eaux croît toujours à mesure qu'on s'éloigne des côtes. Cette ceinture
d'eau froide se retrouve le long des terres, non-seulement sur les côtes de
la Floride, où elle a été si souvent signalée, mais sur tout le littoral du
golfe du Mexique, du Yucatan, de la Nouvelle-Grenade, jusqu'aux parages
de Cumana et de la Margarita, où elle avait été déjà reconnue par M. de
Humboldt, en 1799.
» Le courant équinoxial entre dans la mer des Antilles avec une tempéra-
ture de 26 degrés, pour la moyenne^ des mois d'hiver; de 27°,5, pour celle
des mois' d'été. Il traverse cette mer, en conservant sa température en été,
s'y refroidissant légèrement en hiver. Ses eaux ne pénètrent, surtout en
hiver, d'après les observations du contre-amiral Bérard, qu'en très-faible
partie dans le golfe du Mexique. Elles n'occupent pas toute la largeur du
détroit qui sépare le cap San-Antonio du cap Catoche. La presque totalité
de leur masse, en quittant ce détroit, monte rapidement au nord, pour s'en-
gager dans le canal deBahama; mais, avant d'y entrer, elle subit un accrois-
sement de température dans l'espace triangulaire compris entre le banc de
la Floride, ceux de Bahama et la côte nord de Cuba. En été, où il y afflue
des eaux qui se sont très-échauffées à la surface du golfe du Mexique, leur
température y atteint un maximum de 28°,2.
».Les isothermes tournent alors fortement leur convexité vers le nord-
est, indiquant parfaitement le cours connu du Gulf-Stream, jusqu'au cap
Hatteras, dont la rencontre les fait dévier vers l'est-nord-est. De ce point
aux parages voisins de la Delaware et de New-York, la température moyenne
des eaux décroît avec une grande rapidité.
» L'entrée dans l'Atlantique de ce grand fleuve thermal produit naturel-
lement des remous très-considérables, qui déterminent des anomalies, sur-
C. {t., i852, 2">« Semestre. (T. XXXV, N°83.) IO9
( 8a6 )
tout dans l'espace compris, de l'est à l'ouest, entre les 55e et 65e méri-
diens, et, du nord au sud , entre les 3ae et 4oe parallèles. L'effet de ces
remous se suit très-bien, dans les courbes annuelles qui, d'un point situé
entre les Bermudes et le cap Hatteras, jusqu'au petit banc de Bahama, tour-
nent toutes leur convexité vers le sud-ouest.
» A partir de ce dernier point, les courbes d'hiver se dirigent vers l'est
d'abord, puis vers le sud-est avec quelques ondulations peu marquées.
» Mais, dans les mois d'été et d'automne, les phénomènes semblent plus
complexes. On sait que la limite des vents variables et du courant équinoxial
remonte, pendant les mois d'été, de plusieurs degrés vers le nord : ce fait
coïncide avec la prédominance des vents de sud et de sud-est dans les pa-
rages des Antilles. Ces deux causes réunies paraissent déterminer, à l'est de
ces îles, une déviation considérable des eaux chaudes qui s'élèvent au nord-
nord-ouest vers les Bermudes. Ce sont sans doute des eaux ayant cette pro-
venance que j'ai suivies pendant plusieurs semaines, en juillet et août 1842,
et dont j'ai déjà fait remarquer ailleurs la haute' température. Ce courant,
s'établissant ainsi, presque parallèlement au Gulj-Stream, presserait les eaux
plus froides comprises entre lui et ce dernier courant, et les ferait même
refluer jusque dans les canaux des grandes Antilles, comme l'indiquent
les courbes de température.
» En juillet i83g, le commandant Bérard, sur le brick le Voltigeur, a
rencontré, dans les eaux de ces parages, la direction qui résulterait de ce
qui précède. « Du 47e degré de longitude jusqu'au méridien des Antilles,
» dit ce navigateur, les courants ont porté vers le nord (du nord-nord-ouest
» au nord-nord-est) avec une vitesse de o,3 à 1 ,7. C'étaitle courantqui vient
» de la Guyane ». Néanmoins, -ce qui vient d'être dit du mouvement des
eaux étant déduit de la seule étude de leur température, a besoin d'être con-
firmé par de plus nombreuses observations directes de courants.
» Il me reste enfin à parler des points singuliers que présente la Carte et
autour desquels les courbes s'infléchissent conceritriquement. Ces anoma-
lies me paraissent un résultat des remous que j'ai déjà signalés; ce sont des
espaces où les eaux superficielles, ne trouvant pas un écoulement libre et
suffisant, sont, sans doute, en partie obligées de tourner sur elles-mêmes
et s'échauffent alors considérablement sous l'action prolongée du soleil.
» Quelques-uns de ces pôles fie chaleur (si l'on peut donner ce nom à
des espaces aussi restreints) se manifestent en hiver ausi bien qu'en été : ce
sont ceux qui, comme on le voit, dans les parages de la Guadeloupe, du
golfe au nord de Panama, mais surtout dans l'espace triangulaire compris
(827 )
entre la pointe de la Floride, l'île de Cuba et les bancs de Bahama, sont
entoures en toutes saisons d'eaux chaudes.
» D'autres, au contraire, ne paraissent se déterminer que dans l'été ou
l'automne, par exemple le centre du golfe du Mexique qui, dans cette
saison, s'échauffe considérablement à sa surface, et présente une tem-
pérature moyenne estivale de plus de 28 degrés. On voit un autre centre
analogue au nord des îles de Saint-Domingue et de Porto-Rico, qui ne
se détermine que par le courant estival extraordinaire dont nous venons de
parler.
» Deux de ces points singuliers paraissent être des pôles de froid. On en
voit un, peu marqué, dans l'espace anormal que j'ai déjà signalé au nord-
est des Bermudes; l'autre, qui comprend toute la portion méridionale de la
chaîne des petites Antilles, est sans doute en relation avec les eaux froides
des côtes du Venezuela; mais le nombre des observations que nous possé-
dons sur ces parages étant encore assez restreint, il peut y avoir quelque
doute sur son existence ou au moins sur ses limites.
» Les conclusions relatives au mouvement des eaux n'étant ici appuyées
que sur les indications données par leur température, je n'ai pas dû tracer
sur ma Carte le parcours qui en résulterait pour elles, puisque ce parcours .
aurait eu quelque chose d'incertain, tandis que les courbes isothermes sont
le résultat de données positives. Je n'ai même point voulu lier par un trait
continu les sommets de ces courbes, parce que j'aurais ainsi confondu deux
phénomènes très-distincts, savoir : celui qui résulte du transport réel des
eaux, et celui qui s'observe dans les points où ces eaux s'échauffent, au
contraire, par leur stationnement ou leur retour sur elles-mêmes.
» Quant à ces phénomènes de remous qui, on le conçoit aisément, doivent
nécessairement s'établir dans un circuit aussi accidenté, il m'a paru de
quelque intérêt de montrer qu'ils ressortaient clairement de la seule consi-
dération des températures. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
astronomie — Recherches sur le prochain retour de la comète de d ' Arrest;
par M. Yvon Villarceau. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Liouville, Mauvais, Le Verrier, Faye.)
« Dans une précédente communication, en date du 27 octobre «85i , j'ai
eu l'honneur de présenter à l'Académie le résultat de mes calculs sur la
comète de M. d'Arrest : les éléments que j'avais obtenus, basés sur des
109..
( 828 )
observations qui vont jusqu'à la fin de septembre, sont affectés d'une in-
déterminée. J'ai indiqué comment les observations méridiennes des étoiles
de comparaison permettraient de réduire l'incertitude qui affecte le moyen
mouvement en particulier ; j'ai aussi manifesté l'espoir que les observations
de la comète seraient continuées pendant quelques mois encore dans les
établissements astronomiques pourvus de puissantes lunettes, ce qui aurait
contribué grandement à l'exactitude des éléments de l'orbite. Malheureu-
sement il n'en a point été ainsi, et les observations ne vont pas au delà du
6 octobre : l'ensemble des observations embrasse un intervalle qui est seu-
lement de quatre-vingt-dix-neuf jours.
» Quant aux étoiles de comparaison, je les ai observées pour la plu-
part au méridien ; le Mémoire contient leurs positions moyennes au Ier jan-
vier i85i. Pour plus d'uniformité, j'ai partout substitué mes propres déter-
minations de ces étoiles à celles qui ont été publiées; sauf un petit nombre
de cas, les corrections ont été fort légères. Voici d'abord les observations
de la comète qui ont été faites à Paris, et les positions des étoiles déduites
des observations méridiennes.
DITES 1881
T. M do Pari».
POSITIONS DE LA COMETE
corrigées de la parallaxe.
NOMBRE
des
comp.
POSITION MOYENNE DE L'ÉTOILE
le 1 Janvier 1851.
NOMBRE
des
Asc. droite app.
Déclinaison app.
Asc. droite.
Déclinaison.
M
D
Juillet 5,579 54
6,56i 55
27,565 73
Août.. 3,54g 72
2i,53i 04
22,552 49
0 1 H
16 44 6,0
17.47.54,7
38.i2.4i,7
43.53.33,0
55.38-45,4
56.io.4i,7
56.10.47,1
0 1 11
-f-10 49 34,4
-Mo. 4g. 56, 8
•+- 9.33.19,2
-1- 8.38. 5,5
-r- 5.28.55,7
-r- 5.16 53,1
2
3
3
3 et 2
4
3.
h m s
1 i3 27,69
id.
2.36.53,56
2.56.43,08
3.37.45,77
3.46.56,i5
3.48.33,32:
0 1 11
-t- 10 45 14 »3
id.
-1- 9.28.55,5
-t- 8.30.22,0
-t- 5.34.46,4
-+- 5. 8.27,7
n
5 '
id.
2
2
0
2
I
3
id.
1
3
3
3
0
» L'ensemble des observations que j'ai pu recueillir, y compris celles
de Paris, s'élève à soixante-seize. En les comparant aux éléments que j'ai
précédemment fait connaître, j'ai formé d'abord treize positions normales.
Les écarts des éléments primitifs avec ces positions m'ont servi à établir
vingt-six équations de condition : j'ai mis à part celles qui se rappor-
tent à la position normale du 4 octobre, attendu qu'il y a tout lieu de sus-
pecter cette position, qui est cependant déduite de dix observations. Les
vingt-quatre autres équations, traitées par la méthode de M. Cauchy, laissent
encore la correction du moyen mouvement mal déterminée; leur ensemble
( 8a9 )
donne pour correction de cet élément le nombre i", 92. Il est assez remar-
quable, ou du moins très-curieux, que ce nombre s'accorde presque exac-
tement avec celui que fournit l'hypothèse de l'identité de la comète décou-
verte en 1678 par Lahire avec celle de d'Arrest. Au surplus, quelque valeur
que l'on attribue au moyen mouvement, les écarts que laissent les éléments
corrigés sont systématiques et assez considérables pour qu'il convienne d'en
rechercher la cause. On ne peut guère s'attendre à ce que les perturbations
s'élèvent en un court espace de temps à quinze secondes, parexemple, en
ascension droite; néanmoins, pour qu'il ne reste aucun doute à cet égard,
j'ai effectué le calcul des perturbations des éléments de la comète par les
planètes Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Jupiter et Saturne. J'en ai déduit
les perturbations d'ascension droite et déclinaison correspondantes aux épo-
ques des positions normales. Ces perturbations ne s'élèvent pas au delà
de o",5o en ascension droite, et o",^ en déclinaison.
» En reprenant la résolution des équations de condition complétées au
moyen des perturbations, j'ai obtenu de nouvelles corrections des éléments,
qui sont restées très-petites dans leur partie connue, et dont la partie indé-
terminée n'a pas dû varier. Les erreurs de ces nouveaux éléments que
j'appellerai éléments (C), sont restées par conséquent peu différentes de
celles qu'il s'agissait d'atténuer.
» Un paragraphe du Mémoire est consacré à la discussion des causes qui
peuvent produire des erreurs systématiques dans les ascensions droites des co-
mètes très-faibles, comme celle de d'Arrest, lorsqu'on les déduit de l'observa-
tion des passages par des fils fixes. Les instruments parallactiques entraînés
par un mouvement d'horlogerie, a l'aide desquels les observations de comètes
se font comme celles des étoiles doubles, ne paraissent pas sujets aux causes
d'erreur que nous avons discutées. En comparant les observations héliomé-
triques faites à Kœnigsberg du 2 1 au 3o septembre, époque où la comète de
d'Arrest était très-faible, avec les observations faites par les procédés ordi-
naires à Cambridge et à Bonn, on trouve que ces dernières observations
donnent des ascensions droites plus faibles en moyenne d'environ 18"
que celles de Kœnigsberg. Si l'on admet de préférence l'exactitude des
observations héliométriques, on est. conduit à rejeter la position normale
du 4 octobre, qui résulte d'observations faites uniquement par les procédés
ordinaires : on ne pourrait, en effet, l'accorder avec les autres observations
qu'en augmentant l'ascension droite de 12" à 1 5"
» Afin d'exclure de notre travail tout ce qui semblerait plus ou moins
conjectural, nous avons cru devoir calculer de nouveaux éléments (D), en
( 83o )
tenant compte de la position normale du 4 octobre, et effectuant le calcul
des coefficients des équations de condition à l'aide des éléments précédem-
ment obtenus. Les formules que nous avons employées sont données dans
le Mémoire. Voici maintenant les éléments (C) et (D).
Éléments oscillateurs de la comète de d'Arrest, le 3o juin 1 85 1 . •
Passage au périhélie ; temps
raoy. Paris, i85i juillet.
Longitude du périhélie. . .
Longit. du nœud ascendant.
Inclinaison
Angle (sin = excentricité).
Moyen mouvement hélio-
centrique diurne
(C)
8,6go o3 — o,oo3 707 SX
32a°56'57",i4— 48,5a3JN
1 48. a5. 3 1, 46— 34,422 5N
i3. 55. 21, 86— 11,901 5N
4t. 16.29, 00 — io3,3i7 rîN
554", 1592 -+-JN
(D)
8,685 71 — o,oo3 787 *N
322"56'6",26— 48,3i65N)(*)
148.24 59,02— 34,572 S x)
i3.55.io,3o — n,974^N
4i.i5. 2,07 — io2,979^N
555",oi89+5N
d'où
Distance périhélie
Excentricité
Demi-grand axe
Durée de la révolution si-
dérale
Prochain passage au péri-
hélie; temps moyen de
Paris, 1857
1,1734952 — 0,0001137 <îN
0,6596701 — 0,000 37644 *N
3,4481114 — 0,0041482 SX
jours
2338,678 — 4,2202 £N
1,173 3748 — 0,000 n65o<îN
0,65g 3535 — 0,000 37535 <îN
3,444 55i —0,0041375 SX
Jours
2335, o56 — 4»2072l^N
nov. 28,742— 4,2110 SX
déc. 2,368 — 4,223g SX
» La différence que l'on trouve ici entre les coefficients de c?N dans ces
deux svstèmes d'éléments tient à l'adjonction d'une nouvelle position nor-
male dans le deuxième cas, et aussi à ce que les coefficients des équations
de condition y ont été calculés en partant des éléments (C) : cette différence
est assez peu sensible. Quant à la partie connue du moyen mouvement,
elle a été augmentée d'environ o",86 dans les éléments (D); c'est ce qui a
produit la différence sensible que présente leur partie connue avec les élé-
ments (C)
» On pourra commencer la recherche de la comète de d'Arrest vers le
milieu de septembre 1 85^, et employer à cet effet l'un ou l'autre des systèmes
d'éléments (C) et (D), en attribuant à l'indéterminée c?N trois valeurs telles
que ± 5" et o", et calculant les éphémérides correspondantes. De puissantes
lunettes devront être employées à cette recherche, car aux valeurs négatives
(*) Équinoxe moyen du 8,7 juillet i85i.
( 83i )
de c?N répondront d'assez grandes distances à la Terre. C'est ce que, du
reste, le calcul des éphémérides mettra en évidence.
» Le défaut d'espace nous prive de présenter ici la comparaison générale
de nos éléments avec les observations; nous donnerons à la place le résul-
tat de la comparaison avec les positions normales .
DATES
1851.
ÉLÉMENTS (C)
ÉLÉMENTS (D)
cosD(3\obs. — ^ cale.)
Décl. obs. — Décl. cale.
cosD(iR obs. — 51 cale.)
Décl. obs. — Décl. cale.
juin 3o
— 5",2 + o,64<ÎN
— 7*7— 0,68 *N
— 3",8 + o,3g<ÎN
— 9^6 — o,46<ÎN
juillet 3
+ 7,7 + 0,34
— 3,9—0,49
+ 8, 6+0, ii
— 5,6 — 0,29
6
+ 2,4 + 0,12
+ 3,2 — o,3i
+ 2,9 — 0,08
+ 1,8— 0,!3
24
+ 3,7 + 0,01
+ 4, 1 — 0,21
+ 3,4 — 0,11
+ 3,7+o,3i
28
— 2,0 + 0,08
+ 1,7 + 0,21
— 2,2 — 0,02
+ 1 ,4 + o,3o
Août 2
— 0,2 + 0, 16
— °.9 + 0»16
— 0,2 + 0,08
— 1 ,2 + 0,23
7
— 2,1 +0,22
— 0,7 + 0,08
— 1,8 + 0,14
— 0,9 + 0,08
21
+ 5,8 + 0,10
-+- I ,2 — 0,25
+ 6,9+ 0,04
+ 0,8 — 0 , 3o
28
+ 2,6 — 0,08
+ 4.5 — 0,37
+ 4,i — o,i5
+ 4,i —0,44
Sept. 5
+ 4,7 — 0,29
— 5,0 — 0,01
+ 6,8 — o,36
— 5,5 — o,5i
• 22
— 2,7 — 0,23
+ 3,8 — 0,00
+ 1,2—0,29
+ 3,6 — 0,17
3o
— 4,8+0,41
— 4,7-r-°>42
+ o,3 + o,3o
— 4,6 + 0,25
Octob. 4
—14,2+0,92
— 3,0 + 0,64
— 8,3 + 0,72
— 2,8 + 0,43
chirurgie. — Nouveau traitement de 4'ostéite. (Extrait d'une Note
de M. Laugier.)
(Commissaires, MM. Serres, Andral, Velpeau.)
« L'analogie que les maladies du tissu osseux établissent entre ce tissu
et les parties molles, m'a fait penser que plusieurs moyens usités pour com-
battre les affections des parties molles pourraient être avec avantage intro-
duits dans le traitement des maladies des os. J'ai cru, par exemple, qu'il y
aurait utilité à saigner les os dans l'ostéite, et à ouvrir le plus tôt possible, aux
productions accidentelles qui se forment dans leur intérieur, une voie que la
nature ne prépare et n'opère que lentement, et trop souvent dans une direc-
tion fâcheuse, ainsi qu'elle le fait, lorsqu'elle épanche ces produits mor-
bides dans une articulation voisine de l'extrémité d'un os long.
» Je n'ai pas été effrayé de la nouveauté de l'entreprise, ni des objections
théoriques qu'elle pourrait soulever. Après avoir trouvé un instrument con-
venable, je me suis occupé de déterminer ses points d'application sur chaque
os malade.
( 832 )
» Des expériences faites à Alfort, et plusieurs observations recueillies sur
l'homme, prouvent déjà qu'il est possible et même facile de tirer en quel-
ques minutes d'un os sain, et, à fortiori, d'un os malade (c'est dans ce der-
nier cas seulement que la méthode a été appliquée à l'homme) , une quan-.
tité très-notable de sang, par exemple 4o à 45 grammes. Ces observations,
dont le résultat a été jusqu'ici satisfaisant, ont démontré aussi que la piqûre
faite au tissu osseux pour extraire ce sang est d'une complète innocuité.
» Je n'avais point dessein de communiquer mes recherches sur ce sujet
à l'Académie des Sciences avant d'avoir recueilli des faits assez nombreux
pour fournir une conclusion rigoureuse ; mais la publicité anticipée donnée
dans un journal de médecine à mes premières expériences sans ma partici-
pation, et même à mon insu, quoique faite dans une intention qui n'était
pas malveillante, me force, pour prendre date, d'annoncer mes essais à
l'Académie, et de lui en indiquer le but. »
météorologie. — Pluie rouge tombée à Reims. (Lettre de M. Bocrq à
M. Jamin.) — Examen de l'eau recueillie ; par M. Cahours.
« D'après la demande que vous m'en avez faite, je viens vous donner, par
écrit les détails sur l'observation que j'ai faite, et dont je vous ai déjà entre-
tenu verbalement.
» Dans la maison que j'habite, rue de Chativesle, 19, se trouvent deux
bassins en zinc; l'un est élevé au-dessus du sol de am,5o, et l'autre de
4 mètres; ils sont complètement isolés l'un de l'autre.
» Ces bassins sont exposés à l'air, sans aucun abri ; l'un (n° 1 ) ne reçoit
que l'eau de la pluie qui tombe directement sur sa surface, l'autre ( n° 1 )
reçoit également l'eau qui tombe sur sa surface, et, en outre, les eaux de
toute la surface de la maison, qui est entièrement couverte en zinc.
» Cette couverture et ces bassins sont établis depuis douze ans.
» L'un des bassins (n° a) est toujours tenu dans un grand état de pro-
preté, parce que les eaux qu'il reçoit servent aux usages domestiques ; il
avait été nettoyé deux ou trois jours avant le fait dont je vais vous entre-
tenir.
» L'autre (n° 1) n'a pas été nettoyé depuis plusieurs années.
» Ceci posé, j'arrive à l'observation que j'ai faite, et qui a été constatée
par les personnes de ma maison.
» Le (vers le milieu du mois d'août), à 6 heures du matin,
après plus de quinze jours de chaleur et de sécheresse, il est tombé dans
l'un et l'autre des bassins une eau colorée; les matières en suspension se
( 833 )
précipitaient aussilôt la chute de cette eau, et, en s'accumulant autfond des
bassins, présentaient alors l'aspect du sang ou d'un oxyde métallique très-
coloré.
» L'aspect était identique dans les deux bassins.
» L'eau qui tombait dans le même moment sur le pavé de la cour, était
également colorée ; mais les matières en suspension étaient entraînées avant
d'avoir pu former de dépôt.
» Le lendemain de cette pluie, le bassin n° 2 a été nettoyé, et l'eau qui
est tombée depuis a l'aspect ordinaire.
» Le bassin n° 1 est resté intact.
» Depuis que ces bassins sont établis, je n'avais rien observé de pareil.
» Je vous adresse, en même temps que la présente, un flacon de l'eau et
du dépôt pris dans le bassin n° 1 . Dans les premiers jours, l'eau n'était que
rousse après le dépôt de la matière colorée, mais, depuis quelques jours,
elle prend une tein.te sensiblement plus foncée. »
M. Cahours, qui avait reçu de M. Jamin une portion de l'eau adressée par
M. Bourq, rend compte, dans les termes suivants, de l'examen qu'il en a fait :
« Mélange formé de petits globules sphériques organisés qui paraissent
être des sporules de Champignon ou de Fongus. Il y a, en outre, de petits
animaux de la classe des Monades, qui sont rouges au centre et qui ont
deux ou trois cils contractiles. »
Un flacon, contenant encore une quantité considérable de cette eau
rouge, est mis sous les yeux de l'Académie et renvoyé à l'examen d'une
Commission composée de MM. Milne Edwards, Pelouze, Decaisne, de
Qnatrefages.
M. Ossian Henry adresse, à l'occasion d'un Rapport fait dans la séance
du 1 1 octobre dernier sur les travaux de M. Chatin, concernant la présence
de l'iode dans l'air, les eaux et les substances alimentaires, une réclama-
tion de priorité. Il se fonde sur la publication, dès l'année i844, de travaux
exécutés déjà depuis deux ans et qui établissaient la présence de l'iode dans
diverses eaux minérales.
Cette réclamation est renvoyée à l'examen de la Commission qui a fait
le Rapport sur les recherches de M. Chatin, Commission composée de
MM. Thenard, Magèndie, Dumas, Gaudichaud, Élie de Beaumont, Pouillet,
Regnault et Bussy.
M. Billaut adresse une Note concernant une boussole marine de son
invention, jouissant de la propriété de tracer la route parcourue par le
C. R. , i85a, a"" Semestre. { T. XXXV , N» 23.) HO
( 834 )
navire, à l'aide d'un appareil à pointage fonctionnant à courts intervalles.
L'auteur annonce avoir envoyé depuis six ou sept ans, au Ministère de la
Marine, la description de sa boussole.
Cette Note est renvoyée à l'examen de la Commission précédemment
nommée pour deux compas de mer ayant une semblable destination, Com-
mission qui se compose de MM. Arago, Beautemps-Beaupré, Duperrey.
M. Silvestre adresse une Note sur un moyen qui lui semble propre à
prévenir le déraillement des convois marchant sur chemins de Jer.
(Commissaires, MM. Combes, Seguier.)
M. Picou soumet au jugement de l'Académie une Note ayant pour titre :
De la Vitesse de propagation de la lumière.
(Commissaires, MM. Laugier, Mauvais, Faye.)
M. Dalmas envoie une addition à ses précédentes communications sur
la maladie de la vigne.
( Renvoi à l'examen de la Commission nommée pour les communications
concernant la maladie de la vigne et la maladie des pommes de terre,
Commission qui se compose de MM. Duméril, Magendie, de Jussieu,
Brongniart, Gaudichaud, Milne Edwards, Rayer et Decaisne.)
Un Mémoire, adressé sans nom d'auteur et portant pour titre : De l'É-
lectricité considérée comme agent universel, ne peut, d'après un article du
règlement de l'Académie concernant les communications anonymes, être
renvoyé à l'examen d'une Commission.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Intérieur, de l'Agriculture et du Commerce adresse
pour la bibliothèque de l'Institut un exemplaire du « Rapport fait au Conseil
général d'hygiène publique et de salubrité du département de la Gironde,
sur l'épidémie de choléra qui a régné dans ce département en i849- "
astronomie. — Lettre de M. Cooper à M. Arago sur les Cartes célestes
de l'observatoire de Markree
« 23 novembre i852.
» N'ayant pas reçu, pendant six semaines environ, mes numéros des
Comptes rendus, je n'ai pas eu, avant le 19 de ce mois, connaissance de la
Lettre adressée par M. ValzkX Académie des Sciences, concernant les étoiles
( 835 )
écliptiques; aujourd'hui, je crois qu'il est de mon devoir d'annoncer à
l'Académie que la construction des Cartes célestes de Markree a marché pari
passa avec les observations , de sorte qu'elles sont considérablement avan-
cées. Quelques-unes ont été déjà présentées, au commencement de cette
année, à la Société astronomique de Londres, et l'ont été aussi, en sep-
tembre, à l'Association britannique pour l'avancement des sciences. J'espère
que l'impression du second volume des étoiles écliptiques sera terminée
vers le mois de février ou de mars prochain. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Etudes sur l'affinité chimique (première partie) ; ,
pareil. Bunsen. Communiqué par M. Dumas. ^Extrait.)
« La force qui produit et détruit les combinaisons chimiques est influencée
par une foule de circonstances. Les effets changent sous l'action de la
lumière, de la chaleur et de l'électricité, de même aussi que sous celle des
masses qu'on met en présence. Elle est encore influencée par l'état d'agré-
gation des corps, ainsi que par le contact de substances hétérogènes. En
conséquence, on peut regarder l'affinité chimique comme étant une fonction
de toutes ces influences variées. Il suffirait donc de déterminer mathéma-
tiquement la forme de cette fonction, pour trouver la valeur de cette force.
» L'immortel Berthollet, auteur de la statique chimique, est le premier
savant qui ait envisagé, sous ce point de vue, la cause des actions chimi-
ques. Il fut amené par ces considérations théoriques à formuler la loi de
l'influence des masses à laquelle il imposa ce nom qu'elle conserve encore,
à l'aide de laquelle il chercha à expliquer l'action que la masse des corps
que l'on met en présence exerce sur les combinaisons auxquelles ils don-
nent naissance. Suivant cette loi, lorsqu'on met un corps en présence de
deux autres, de nature et de poids différents, mais capables de s'unir à lui,
et tous les deux en quantité trop considérable pour se combiner en totalité
avec lui, il se partage entre eux deux, dans le rapport de leur affinité absolue
pour lui, avec leurs masses relatives. Si donc on représente par A et B la
masse des deux corps employés en excès, et par a. et j3 le coefficient de l'af-
finité absolue de chacun d'eux pour le troisième corps C, les quantités de A
et de B qui s'uniront à C, appelées a et b, seront entre elles dans le rap-
port a A '. jSB. On trouvera alors le rapport sous lequel A et B s'uniront à
_, ,, , . a a B
C, par 1 équation g = -r~r
» Il nous a paru fort intéressant d'étudier la valeur de cette loi qui ne
s'appuie encore sur aucune expérience décisive. Notre travail n'a point du
no..
( 836 )
tout confirmé la loi de Berthollet; mais il en a fait découvrir une autre qui
semble promettre de beaux résultats relativement à l'étude de l'action de
l 'affinité . Cette loi peut être exprimée à l'aide des quatre propositions suivantes :
» i°. Lorsqu'on met le corps A en présence de deux ou de plusieurs
autres B, B', . . . en excès, et qu'on les place dans les conditions les plus favo-
rables à leur union, le corps Aprend de chacun d'eux B, B', ..., des quan-
tités qui sont toujours entre elles dans un rapport simple. Il en résulte que
lorsque i, 2, 3, 4 ou plus d'atomes de l'une de ces combinaisons apparais-
sent, il s'en forme i, 2, 3, 4 ou plus de l'autre.
» 2°. Quand il se produit de cette manière i atome du composé A + B
et t atome du composé A -+- B', on peut augmenter la masse du corps B en
présence de celle de B', jusqu'à un certain point, sans que ce rapport ato-
mique change. Mais si l'on dépasse alors une certaine limite, le rapport ato-
mique qui était de î : i change brusquement, et devient i : 2, 1 : 3, 2 : 3,
et ainsi de suite. On peut alors augmenter de nouveau la masse de l'un des
corps sans que ce rapport atomique change, jusqu'au moment où, ayant
atteint une seconde limite, le rapport des corps mis en présence change de
nouveau, et ainsi de suite.
» 3°. Quand un corps A, en agissant sur un excès de la combinaison
BG, la réduit en produisant le composé AB et mettant C en liberté, et que C
peut, à son tour, réduire la nouvelle combinaison née de l'union de A avec
B, il arrive, en dernière analyse, que la portion réduite de B -4- C se trouve
dans un rapport atomique simple avec celle qui ne l'a pas été.
» 4°- On peut aussi, pour ces réductions, augmenter la masse de l'un des
corps mis en présence, sans changer leur rapport chimique, jusqu'au
moment où, ayant atteint une certaine limite, il passe brusquement à une
autre série, dans laquelle les corps restent cependant toujours dans un rap-
port simple et entier »
géographie. — Sur le moyen de donner, par les chiffres > des notions justes
de l'étendue des différents pays. (Extrait d'une Lettre de M. Balachoff
à M. Jrago.)
« Bien des fois je me suis aperçu que des personnes, du reste instruites,
avaient des idées très-confuses sur les superficies comparatives des diffé-
rentes parties du globe : y en a-t-il beaucoup qui se soient demandé, par
exemple, combien il y a d'îles plus grandes que la France, ou bien quel
rang occupe parmi elles la Grande-Bretagne, etc. ?
» Si l'on se forme, en général, des idées erronées sur les superficies ter-
( 837)
restres, et si, comme je l'ai dit, il répugne même au public de s'en occuper,
cela tient évidemment à ce que toutes les mesures employées sont beau-
coup trop petites, et donnent lieu à des nombres beaucoup trop grands
dont on pourrait sans doute se borner à retenir les centaines de mille ou les
millions ; mais ce moyen est peu propre à frapper et à intéresser la mémoire.
» J'ai donc senti ta nécessité de choisir une unité de surface beaucoup
plus grande, et j'ai été tout d'abord frappé des avantages qu'offrirait, sous
ce rapport, le degré carré. Toutefois, cette mesure ne rentrant pas directe-
ment dans le système métrique, je ne puis me décider à poursuivre ma
Lettre avant de vous avoir exprimé toute l'admiration que me fait éprouver
ce système de mesures qui, depuis longtemps, aurait dû être adopté par le
monde civilisé tout entier, car les esprits les plus hostiles aux créations de
la révolution doivent s'incliner devant celle-là. Et sachant que nul ne s'in-
téresse autant que vous à cette matière, je ne puis m'empêcher de vous
exprimer ici combien il est regrettable qu'on ait laissé échapper en 1814
une occasion peut-être unique de répandre le système métrique. En effet,
si, lors de la conclusion du traité de Fontainebleau, on avait eu l'idée de
stipuler, au nom de la France, que les mesures métriques seraient main-
tenues dans tous les pays où elles avaient déjà pénétré à cette époque, et
que les puissances s'engageraient même à en propager l'usage autant qu'elles
le jugeraient possible, je suis convaincu que l'empereur Alexandre aurait
été, le premier, séduit par ce qu'il eût vu de désintéressé et de généreux
dans cette pensée ; je crois même qu'il ne serait pas resté sourd à un projet
raisounable qui eut pu lui être soumis pour l'introduction graduelle de ce
système dans son vaste empire ; et s'il doit un jour se répandre, je ne pense
pas que mon pays soit le dernier à l'adopter. Fils d'un ministre et gendre
du défunt président du conseil de l'empire, je puis vous assurer qu'avant
que ma santé m'eût obligé de quitter momentanément ma patrie, j'ai fait
tous mes efforts pour coopérer, pour une part bien faible et bien incertaine,
il est vrai, à amener peut-être un jour ce résultat.
» Vous excuserez, je le répète, cet hommage involontaire rendu à une
des plus belles conceptions des temps modernes, à la fondation de laquelle
votre nom sera nécessairement lié dans le souvenir de la postérité.
» Toutefois, quelque immenses que soient les avantages qu'offre le sys-
tème décimal, puisqu'il forme la base de notre numération, ses meilleurs
partisans doivent, ce me semble, borner leurs désirs à voir un jour les autres
pays adopter les mesures admises aujourd'hui en France : il ne faut pas aller
*au delà; car il est des fautes, si faute il y a, auxquelles on doit savoir se
( 838 )
résigner. Ainsi, la division du méridien en 36o degrés restera probablement
en usage; de même que la semaine de sept jours n'a pas pu être remplacée
par la décade. D'ailleurs le nombre 36o se rattache au système duodécimal,
dont on connaît les avantages.
» Sauf les imperfections qu'offrent toutes les projections géographiques,
en défigurant plus ou moins les terrains, la simple inspection d'une carte
suffit presque pour évaluer approximativement les superficies en degrés
carrés. Je me suis livré à quelques recherches principales de ce genre ; et
voici les résultats que j'ai obtenus, avec l'exactitude que m'ont permis d'y
mettre les cartes que j'avais à ma disposition.
» Avant de consigner le résultat de ces mesures, je dois observer que
l'Océanie m'a offert des difficultés particulières à cause de la projection de
Mercator employée généralement pour représenter cette contrée. Le chiffre
que j'offre est la moyenne de plusieurs mesures. La longueur du degré de
latitude étant variable dans cette projection, j'ai dû faire une courbe pour
en représenter la valeur dans un point donné. J'ai obtenu d'ailleurs les me-
sures des différentes superficies en les réduisant par des équivalents aux
figures géométriques les plus simples. On verra ci-dessous que, d'après mes
mesures, la terre ferme contient 10 85o degrés carrés, un peu plus du quart
de la surface entière du globe que j'ai évaluée à 4' 126 degrés carrés, en
multipliant les 36o degrés de l'équateur par son diamètre, c'est-à-dire
1 i4,59i5 degrés, et en retranchant du produit 126 degrés carrés à cause
de l'aplatissement terrestre aux pôles; j'ai obtenu ce dernier nombre en
multipliant les 36o degrés de l'équateur par o,35, l'aplatissement étant
d'environ -3j^g du diamètre et en tenant un compte approximatif de la diffé-
rence de courbure.
Superficie en degrés carrés des parties du monde.
Europe 796, 18
Asie 3365 ,46
Afrique 2366, 3g
6528, o3
Amérique du Nord . 2000
Amérique du Sud. . 1447*28
Océanie 8^5
io85o,3i
» L'Europe seule n'a pas été mesurée par moi; ayant sous la main des
données précises sur la superficie de ses différents États, j'ai naturellement
préféré les réduire en degrés carrés. J'ai dû admettre pour l'Amérique du
Nord un nombre approximatif, vu l'incertitude de ses limites boréales.
L'Australie seule m'a donné 633 degrés, ce qui fait à peu près les quatre
( 839 )
cinquièmes de l'Europe, et j'ai évalué à 342 degrés les nombreux archipels
de l'Océanie.
Évaluation des principales îles du globe.
Bornéo 58 , 1 2
Nouvelle-Guinée. . 56,7
Madagascar 49 > 5
Sumatra 34
Niphon. . . : «9>5
Grande-Bretagne . . 17 ,54
Célèbes i4»5
Nouvelle-Zélande . . 12
L'ile du Nord ... n
Java
Luçon
Cuba
Terre-Neuve
Nouvelle-Zemble.
Irlande 6,8
Terre de Feu 6,5
Islande 6,25
Saint-Domingue. . . 6
1 1 ,25
10
7,8
7,5
7
Spitzberg 6
Diémen 5
Ceylan 5
Sicile 2,2
Sardaigne 2
Jamaïque 1 ,33
Chypre . 1
Corse 0,7
Candie 0,7
» La superficie de la France avec la Corse, équivalant à 43,323, vient
après Madagascar, et la Grande-Bretagne occupe le sixième rang parmi les
îles de la terre, car je crois n'avoir omis aucune des principales en étendue,
en faisant toutefois une réserve pour les contrées polaires, comme le Groen-
land qui forme peut-être une île immense, mais qu'on fera mieux de consi-
dérer comme faisant partie du continent. Les terres australes sont tellement
peu connues, qu'on ne peut pas dire, même approximativement, combien
elles ajouteraient à la terre ferme. L'île de Chypre donne une idée approchée
de l'étendue du degré carré. J'ai mesuré quelques autres superficies; ainsi :
lac Ladoga = 1, 56; lac de Genève = 0,06; Crimée = 2,06; les mers d'Azof
et de Baykal sont chacune d'environ 3 degrés; la mer Noire équivaut à peu
près à Sumatra, et la plus grande des îles, Bornéo, à la presqu'île Scandi-
nave sans les îles qui l'environnent. »
météorologie. — Sur un signe auquel on reconnaîtrait l'approche des
tremblements de terre. (Extrait d'une Lettre de M. Rati-Me.\ton à
M. le Ministre des Affaires étrangères, transmise par M. le Ministre
de l'Instruction publique.)
« Me trouvant dernièrement chez mon collègue, le chargé d'affaires des
Etats-Unis, j'entendis énoncer par un officier argentin, le colonel Espinosa,
un fait très-remarquable relativement à l'action du fluide électrique sur
l'aimant. M. Espinosa nous dit que, pendant vin séjour de quelques années
à Aréquipa, il avait été à même de constater que chaque tremblement de
terre était précédé, de quelques secondes, par la chute d'un morceau de
fer, ordinairement adhérent à un aimant qu'il tenait suspendu dans son
( 84o )
cabinet de travail. Ce phénomène, que je rapporte tel que je le tiens de
M. Espinosa , a peut-être été observé ailleurs, mais je l'ignore, et c'est à ce
titre que j'ai cru devoir le consigner dans ma correspondance. Dans le cas
où cette observation aurait le mérite de la nouveauté, il ne serait pas, je crois,
sans intérêt pour l'Académie des Sciences d'en avoir communication, ce
corps savant pouvant s'en servir comme de premier jalon pour arriver à une
constatation plus précise. »
M. Dujarduv, de Lille, demande que son système de télégraphie élec-
trique soit examiné par la Commission récemment nommée sur la demande
de M. le Ministre de l'Intérieur, et chargée de proposer les moyens qui sem-
bleront les plus efficaces pour assurer la rapidité de transmission et la fidé-
lité des dépêches.
(Renvoi à la Commission nommée, Commission qui se compose de
MM. Arago, Becquerel, Pouillet, Regnault, Seguier.)
A 4 heures et demie l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie. A.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu , dans la séance du 6 décembre i852, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences,
ie semestre i85a ; n° 22; in-4°.
Institut national de France. Académie des Beaux-Arts. Discours de
M. Raoul-Rochette, secrétaire perpétuel de l'Académie, prononcé aux
Jiinérailles de M. HuvÉ, le jeudi a5 novembre i852 ; demi-feuille in-4°-
Notions générales de Physique et de Météorologie à l'usage de la jeunesse;
par M. Pouillet; 2e édition. Paris, 1 853 ; 1 vol. in- 12.
Notesur un nouveau générateur à vapeur;parM. P.-H. BoUTiGNY(d'Évreux);
broch. in-4°-
Télégraphe électrique, du Dr Dujardin (de Lille); broch. in-8°.
Rapport fait au Conseil central d'Hygiène et de Salubrité publique du dépar-
tement de la Gironde, sur l'épidémie cholérique qui a régné dans ce départe-
ment pendant l'année 1849; ParM- lcDrCH. Levieux, secrétaire du Conseil.
Bordeaux, 1 852; broch. in-8°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 13 DÉCEMBRE 1852.
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Arago présente, au nom du Bureau des Longitudes, un exemplaire
de Y annuaire pour Vannée i853.
M. Flourens présente, au nom de l'auteur, M. de Hwnboldt , et du tra-
ducteur, M. Galuskj _, le troisième volume du Cosmos. [Voir au Bulletin
bibliographique.)
MÉMOIRES LUS.
botanique. — Nouvelles recherches sur V appareil reproducteur des Cham-
pignons; par M.. L.-R. Tulasne. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Section de Botanique. )
« Des observations assidues et la perfection apportée à la construction
des microscopes auront permis aux botanistes de ce siècle de constater qu'il
n'y a point de plantes vraiment agames, c'est-à-dire privées de sexe ; du
moins peuvent-ils, dès aujourd'hui, soupçonner avec fondement que chez
C. R. , i85a, a">e Semestre. (T. XXXV, N<> 24.) I I I
( 8/h }
tous les végétaux, à quelque groupe naturel qu'ils appartiennent, existent
deux ordres distincts d'organes reproducteurs dont la valeur relative peut
être comparée à celle des deux sexes dans les animaux. Jusqu'en ces derniers
temps, néanmoins, les Lichens et les Champignons semblaient faire excep-
tion à cette loi ; car toutes les recherches des phytotomistes n'avaient pu y
découvrir cette dualité d'organes qui, après avoir été pendant si longtemps
le privilège exclusif des plantes cotylédonées, s'est trouvée depuis appartenir
à presque toutes les Cryptogames. J'ai appliqué tous mes efforts à faire dis-
paraître cette anomalie, et je voudrais pouvoir me flatter d'y avoir travaillé
efficacement.
» En ce qui touche les Lichens, j'ai montré (i) que le thalle du plus
grand nombre recèle de petits organes globuleux, des sortes de conceptacles
simples ou multiloculaires, pourvus d'un ostiole et qui, à une certaine
époque de leur développement, laissent échapper une incroyable quantité
de corpuscules linéaires extrêmement ténus, droits ou courbés, tels, en un
mot, qu'aucune ressemblance n'existe habituellement entre eux et les véri-
tables spores du Lichen. Des spermogonies (anthéridies, fleurs mâles) toutes
semblables ou fort analogues s'observent également en diverses tribus de
Champignons (a); les Pyrénomycètes (Hypoxylées DC), auxquels j'ai par-
ticulièrement consacré mon premier travail, en fournissent surtout de beaux
exemples ; mais on en trouve aussi de très- variés chez les Discomjcètes ,
sur lesquels je souhaiterais aujourd'hui d'attirer spécialement l'attention
des botanistes qui s'intéressent à l'histoire physiologique et organographique
des Champignons.
» Parmi les Discomjcètes d'un ordre inférieur, j'ai déjà signalé les Rhjr-
tisma foliicoles, dont le développement commence en été par la production,
sur une tache noire d'une étendue et d'une forme variables, de petites cap-
sules pulviniformes {spermogonies) que remplit un noyau solide et conique,
tout couvert d'un hymenium pareil à celui des Cytispora. Hors de ces cap-
sules s'épanche une pulpe dorée, dans laquelle des corpuscules fort ténus
(i) Voyez mes premières observations sur les organes reproducteurs des Lichens, dans les
Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences , séance du 24 mars 1 85 1, et mon
Mémoire pour servir à l'histoire organographique et physiologique des mêmes végétaux, dans
les Annales des sciences naturelles, 3e série, tome XVII, page 5.
(2) Voyez ma Note sur l'appareil reproducteur des Champignons , dans les Comptes rendus
de l'Académie des Sciences , séance du 3 1 mars 1 85 1 .
( 843 )
(spermaties) sont unis à un mucilage abondant; et c'est seulement après
l'expulsion de cette matière spermatique que le stroma du Champignon
s'épaissit autour des spermogonies pour servir de base. aux lirelles, c'est-à-
dire aux appareils générateurs des spores (semences). Ces nouveaux organes
emploient l'automne et l'hiver à prendre tout leur accroissement, et ne
mûrissent leurs graines qu'au premier printemps. Les spermaties du Rhy-
tisma acerinum Fr. sont linéaires et courtes ; celles du R. salicinum Fr. sont
globuleuses. On sait que M. Léveillé regardait comme un Champignon sui
generis, l'appareil qui engendre ces corpuscules, et qu'il lui appliquait le
nom de Melasmia.
» Plusieurs Hysterium possèdent certainement des spermogonies , mais
elles sont, en général, assez faciles à confondre avec des productions étran-
gères au Champignon ; on doit cependant reconnaître pour celles de V Hys-
terium Fraxini Pers., les petits corps lageniformes et très-noirs si abon-
damment semés sur l'aire occupée par ses lirelles, et qui ne renferment plus
de spermaties longtemps avant la maturité des spores. Les spermogonies de
l 'Hysterium commune Fr. , comme celles des H. scirpinum Fr . et H. Rubi Pers. ,
sont de petites capsules déprimées et d'un noir brillant dans lesquelles on
trouve une innombrable quantité de spermaties atomiques; elles ont été
prises jusqu'ici pour des espèces de Leptostroma.
. » Les spermogonies du Triblidium quercinum Pers. imitent dans leur
forme et leur structure celles des Rhytisma; elles naissent accolées aux pre-
miers rudiments de ses lirelles, et leurs débris persistent auprès de celles-ci
pendant presque toute la durée de leur longue végétation. Les spermaties
sont linéaires, droites et longues d'environ omm,oo65; les spores sont aussi
fort ténues, mais d'une longueur beaucoup plus considérable.
» Dans le Stictis ocellata Fr., Champignon pézizoïde qui répand une
odeur de miel très-prononcée, un grand nombre des tubercules qui doivent
se transformer en cupules ne passe à cet état parfait qu'après avoir produit
soit des spermaties linéaires et très-courtes, soit des stylospores ; celles-ci
sont des corps reproducteurs acrogènes, oblongs, et qui égalent en volume
les spores endothèques. Quelques tubercules bornent leur fécondité à cette
génération gongylaire et restent des pycnides pures et simples, c'est-à-dire
des organes analogues par leur rôle aux conceptacles que j'ai ainsi désignés
chez les Lichens (i).
(i) Annales des sciences naturelles, 3e série, tome XVII, page 108.
III..
( 844)
» Je regarde également comme des pjcnides les petites capsules unilo-
culaires et à parois épaisses qu'on voit mêlées aux cupules du Phacidium
Patella Fr. (Heterosphœria Patella Grev.), et dans lesquelles naissent,
sur des basides très-courtes, des stylospores lancéolées et courbées en arc. Il
existe également, entre le Ceuthospora phacidioides Grev . et le Phacidium
llicis Lib., de telles relations, que le premier devra être tenu pour la pyc-
nide ou la spermogonie du second.
» Les spermogonies du Tjmpanis conspersa Fr. ont une forme oblon-
gue-turbinée, la consistance dure et la couleur noire ordinaires aux périthèces
desSphéries; mais leur paroi interne est tapissée du même hymenium que
le noyau central des spermogonies des Rhytisma, c'est-à-dire de filaments
déliés et rameux desquels naissent d'innombrables spermaties. Ces corpus-
cules, enveloppés qu'ils sont de mucilage, sortent de leur conceptacle sous
la forme d'un long cirrhe, et chacun d'eux, pris à part, n'a pas plus de
omm,oo3 de longueur. Il n'y a aucune apparence que ces appareils sperma-
tophores se transforment jamais, comme on l'a cru, en organes cyathiformes
et pourvus de thèques. De tels organes sont habituellement plus rares dans
le Tytnpanis conspersa Fr. que les spermogonies ; ils se développent sur-
tout autour du sore formé par celles-ci, et l'on y observe en chaque thèque
une infinité de spores extrêmement ténues.
» Les spermogonies du Cenangiwn Ligni Desm., Champignon à peine
différent des vraies Pézizes, sont de très-petits périthèces ponctiformes,
faciles à confondre avec les jeunes cupules, et dont la cavité simple ren-
ferme une infinité de spermaties droites qui n'ont pas plus de omra,oo35 de
longueur.
» D'autres Cenangium n'offrent communément que des pycnides et des
cupules ascophores. Les pycnides du C . juliginosum Fr. sont des sortes de
tubercules peu réguliers et uniloculaires; elles ont une forme plus symé-
trique dans les C. Ariœ N. (Tjmpanis Ariœ Fr.) et C. Padi Fr. (o/z'/n),
et contiennent de même des stylospores lancéolées-arquées, longues de i5
à 20 millièmes de millimètre. Celles des Cenangiwn Cerasi Fr. et C. Pru-
nastri Fr. sont fréquemment étroites et allongées en manière de tubes;
elles se soudent par leurs bases, et leurs cavités communiquent entre elles.
On y trouve de très-grandes stylospores lancéolées-linéaires et flexueuses.
Le C. Ribis Fr. possède, au contraire, des pycnides globuleuses substipi-
tées, agglomérées sur un épais subiculum , et leur masse compacte est
divisée, par un réseau de cloisons colorées, en une multitude de loges où
( 845 )
prennent naissance d'innombrables stylospores ovoïdes et très-petites.
» Les C. FraxinilS. et C. FrangulœN. (Tympanidis sp. Fr.) méritent
une mention* spéciale, car ils possèdent, de plus que leurs congénères légi-
times, des spermaties. Chez le premier, ces corpuscules, qui sont courbes et
longs d'environ omm,oi , se développent soit dans de petits appareils spéciaux
et ovoïdes, soit dans la cavité des pycnides et vers leur orifice; mais, en ce
dernier cas, elles se distinguent parfaitement des stylospores, qui sont pa-
reillement arquées, mais relativement très-volumineuses. Les spermaties du
C. Frangulœ N. sont droites, longues de 3 à 5 millièmes de millimètre,
et remplissent l'orifice de quelques-unes des jeunes cupules, alors que celles-
ci sont encore presque closes et qu'on dirait leur hymeniwn formé d'élé-
ments similaires. Au contraire, les pycnides du même Champignon, qui
simulent des périthèces de Sphérie, ne produisent pas habituellement de
spermaties.
» Chez divers Dermatea coexistent en. très-grande abondance des sty-
lospores et des spermaties ; suivant ce qui a lieu dans tous les Champignons
d«îjà cités, ces deux sortes de corpuscules reproducteurs sont disséminées
avant l'apparition des cupules ascophores, mais elles naissent ici ensemble sur
un stroma qui n'a point de tégument propre. Ce subiculum ressemble beau-
coup à un Tubercularia, dans le D. carpinea Fr.; il est moins bien défini,
de moindre consistance, et parfois locellé, dans les D. Coryli N., D. dis-
septa N., et D. amœna N., qui sont tous des sortes de petites Pézizes
cespiteuses et corticicoles.
» Le Bulgaria inquinans Fr., qui, à l'état adulte, figure, comme on sait,
une très-grande Pézize d'un noir profond, est dans son extrême jeunesse
un tubercule obtus dont toute la masse est partagée en lobes ramifiés et de
forme très-irrégulière. Les extrémités de ces lobes deviennent, vers la sur-
face du tubercule, des récipients d'où s'échappent pendant quelque temps
des flots soit de spermaties pures, soit de spermaties mêlées à des stylo-
spores. Les unes et les autres sont ovoïdes, mais les spermaties sont rosées ou
incolores et beaucoup plus petites que les stylospores, lesquelles sont aussi
noires que les spores des Melanconium (î).
(i) J'ai dit à tort [Annales des Sciences naturelles , 3e série, tome XVII, page 84, note i)
que les petites spores imparfaites et à peine colorées qui accompagnent les spores normales
du Bulgaria inquinans, étaient impropres à germer; car j'ai constaté depuis que ces petites
spores germent tout aussi bien et plus tôt même que les autres.
( 846)
» Une tout autre organisation s'observe dans le Bulgaria sarcoïdes Fr.
Les clavules inégales et parfois rameuses qui accompagnent ses cupules,
sont revêtues dans toute leur partie supérieure d'un hymeuiuïn spermato-
phore, et disséminent en très-grande abondance des corpuscules (sper-
maties) droits et excessivement ténus. Dans les premiers temps de leur
végétation, elles sont en outre couvertes de conidies globuleuses. Comme
ces clavules cespiteuses ne sont pas toujours jointes à la forme parfaite
(pézizoïde) du Bulgaria, elles ont été prises jusqu'à ce jour pour une
espèce distincte de Champignon du groupe des Tremelles ( Tremella sar-
coïdes With., Corynes sp. aliis).
» On sait la cohabitation sur les tiges mortes des Orties du Peziza jusa-
rioïdes Berk., avec le Dacrymyces Urticœ Fr., et la couleur rouge-
orangée commune à l'un et à l'autre. Nul doute que ces deux productions
n'appartiennent, ainsi que plusieurs mycologues l'ont déjà supposé, à une
seule et même espèce végétale dont Ie Dacrymyces représenterait l'état
spermogonique, et le Peziza, la forme parfaite.
» Une autre petite Pézize, qui croît en automne autour de Paris sur ïes
branches mortes de divers arbres, et que j'appellerais volontiers Peziza bene-
suada à cause de l'instruction que son étude procure au mycologue, offre
dans quelques-unes de ses cupules, à la place des paraphyses ordinaires qui
sont linéaires, droites et simples, des filaments ténus, rameux et flexueux,
desquels naissent en très-grande quantité de très-fines spermaties. Les
cupules ainsi douées ne renferment pas moins de nombreuses thèques fer-
tiles, et par suite peuvent être rigoureusement qualifiées d'hermaphrodites.
Elles sont justement dans le même cas que les périthèces de certains Lichens
{Verrucariœ sp.), tandis que chez plusieurs espèces de Pyrénomycètes, telles
que le Polystigma rubrumDC., le Phoina salignum Fr., et autres, il y a
seulement succession dans le même récipient des spermaties et des thèques,
celles-ci ne venant jamais qu'après les premières. »
physiologie végétale. — Reproduction du bois et de Vécorce à la surface
de l'aubier décortiqué; par M. A. Tbéccl. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Section de Botanique.)
« Il y a un siècle environ que Duhamel a dit que le bois dépouillé de ses
tissus corticaux peut reproduire du bois et une nouvelle écorce. Cette vérité,
contestée jusque dans ces derniers temps, fut mise hors de doute par mes
( 84? )
observations sur le Njrssa; mais de nouvelles études étaient nécessaires.
Duhamel, en effet, n'avait pu reconnaître par quel mode de multiplication
utriculaire les tissus du bois dénudés se recouvrent de productions ligneuses
et corticales nouvelles, et moi, j'avais trouvé les excroissance du Njssa
toutes développées. Tout le phénomène organogénique était donc à dé-
couvrir.
» Depuis les expériences de Duhamel, qui avait vu, à la surface du bois
décortiqué, des mamelons gélatineux, isolés, sortant d'entre les fibres lon-
gitudinales de l'aubier, s'étendant peu à peu et se réunissant pour consti-
tuer la nouvelle écorce sous laquelle était aussi un feuillet ligneux- très-
mince, depuis ces expériences, dis-je, il en a été fait par Dutrochet, Meyen
et M. Dalbret. Ayant déjà exposé ailleurs l'opinion de Dutrochet, je ne
m'en occuperai pas dans cet extrait. Quant aux deux derniers observateurs,
ils virent des gouttelettes gélatineuses exsuder du corps ligneux, se con-
denser en tissu cellulaire, s'étendre et se réunir comme l'avait remarqué
Duhamel. Ces gouttelettes, dit Meyen, ne sont pas sécrétées sous la forme
d'un tissu, mais sous celle d'un mucilage sans organisation, qui renferme
le principe de son organisation ultérieure.
» L'observation attentive des faits montre qu'il ne sort rien d'entre les
fibres de l'aubier, qu'à aucune époque les nouvelles productions ne sont
liquides, mais qu'elles sont formées de cellules dès le principe, et que ces
cellules, d'aspect gélatineux comme toutes les très-jeunes productions utri-
culaires, sont engendrées par celles de la couche génératrice qui sont restées
à la surface de l'aubier après l'enlèvement de l'écorce.
» Mais ce phénomène de régénération de l'écorce présente deux modifi-
cations principales : i° ou bien la reproduction se fait à la surface des tissus
mis à nu, c'est-à-dire par les cellules les plus externes; 'i° ou bien elle a
lieu dans les cellules internes de la couche de l'année, produite avant la
décortication ; les cellules externes sont alors repoussées au dehors par
celles qui se sont formées plus à l'intérieur, dans le voisinage de l'aubier.
» Dans le premier cas, quand ce sont les cellules extérieures qui opèrent
la multiplication, les rayons médullaires, les jeunes cellules ligneuses et les
vaisseaux d'un petit diamètre eux-mêmes peuvent concourir à la régéné-
ration des nouveaux organes; ils sont métamorphosés en tissu cellulaire
ordinaire.
» Le Gleditschia, le Robinia, Y Orme, le Marronnier d'Inde, le Tilleul,
le Paulownia, etc., m'ont fourni de nombreux exemples de ces transfor-
( 848 )
mations. Dans quelques circonstances, les cellules ligneuses seules produi-
sirent les nouveaux tissus; celles des rayons médullaires les plus externes,
devenues brunes, étaient mortes en apparence. D'autres fois, ainsi que l'a
observé M. Brongniart, les rayons médullaires seuls donnent naissance aux
excroissances.
■> Dans tous les cas, voici comment le phénomène s'accomplit. Toutes
lés cellules de la couche utriculaire formée dans l'année se gonflent; les
plus externes s'étendent les premières, et cette extension des utricules se
propage de la périphérie à l'intérieur. La plus externe est souvent globu-
leuse, puis elle devient claviforme; c'est alors qu'elle se partage en deux
par une cloison. Les nouvelles cellules et celles qui sont placées au-dessous
d'elles se divisent de la même manière, en sorte que la multiplication s'opère
bientôt dans toute l'épaisseur de la couche utriculaire. Cependant il arrive
, quelquefois que les cellules les plus internes ne subissent aucune modifi-
cation.
» Dans quelques arbres, j'ai vu ces changements se faire simultanément
dans les rayons médullaires et dans les cellules ligneuses; dans d'autres, la
multiplication commençait par les rayons médullaires. C'est alors que
ceux-ci sont terminés par des groupes de cellules qui constituent les pré-
tendues gouttelettes qui semblent exsuder des rayons médullaires. Insensi-
blement, la métamorphose s'étend aux tissus adjacents. Le Tilleul m'a
fourni les plus beaux exemples de cette dernière modification.
» Rien de liquide n'exsude donc des rayons médullaires. De nouvelles
preuves en sont données par le second mode de génération des protubé-
rances, par celui qui consiste dans la multiplication au moyen des cellules
les plus internes de la jeune couche ligneuse.
» La même espèce d'arbre peut présenter les deux modes de génération
des utricules. Ils sont dus sans doute à des états différents de dessiccation
de la surface des tissus sur lesquels ces phénomènes s'accomplissent. J'ai
observé le second mode sur Y Orme, le Paulownia et le Robinia.
» Dans Y Orme, les cellules primitives, rejetées à l'extérieur, recouvraient
les plus jeunes. Celles-ci s'étaient étendues considérablement; elles for-
maient des tubes horizontaux dont la longueur diminuait graduellement en
se rapprochant du bois, près duquel le nouveau tissu n'avait rien de parti-
culier dans son aspect.
» Dans le Paulownia et dans le Robinia les longues cellules transver-
sales signalées dans YOrine n'existaient pas. Il y avait déjà de grands vais-
( 849 )
seaux dans la jeune couche ligneuse à l'époque de la décortication. Dans
les points où des protubérances se sont développées, ces vaisseaux ont sou-
vent été rejetés loin du point où ils sont nés, avec les cellules les plus
externes, par celles qui naissaient près de l'aubier. Quelquefois aussi la
multiplication ne se faisant pas immédiatement au contact de cet aubier,
les vaisseaux qui en étaient les plus rapprochés n'étaient pas déplacés
comme ceux qui étaient plus voisins de la périphérie.
» Quand une excroissance composée de tissu utriculaire a été produite
par l'un ou par l'autre des deux modes de génération dont je viens de
donner la description, d'autres changements surviennent au milieu des
nouveaux tissus. Il s'y développe des vaisseaux, des fibres ligneuses et des
fibres du liber; mais, dans la formation de l'écorce, des cellules assez
grandes, à parois épaisses et ponctuées, disposées par groupes, précèdent
ordinairement l'apparition des fibres du liber. Ce que l'on remarque d'abord
dans la masse utriculaire, ce sont les vaisseaux; puis, vers la même époque,
quelquefois même avant eux, on aperçoit une zone de cellules délicates,
aplaties parallèlement à la circonférence de la tige, et disposées en séries
horizontales : ce sont les premières fibres ligneuses. Bientôt se manifeste le
périderme dont les utricules forment aussi près de la périphérie une zone
plus transparente que les tissus environnants; ses utricules sont aussi dis-
tribuées avec assez de régularité en séries perpendiculaires à la circonfé-
rence. A peu près en même temps, naissent dans plusieurs arbres les cel-
lules incrustées dont j'ai parlé. Les vraies fibres du liber sont les derniers
organes développés.
» Assez souvent aussi j'ai observé, au lieu d'une zone ligneuse continue,
plusieurs centres fibro-vasculaires dans la même masse utriculaire. Un ou
plusieurs vaisseaux occupaient ordinairement le milieu de ces sortes de
faisceaux isolés.
» Je terminerai en demandant s'il ne serait pas possible que les divers
centres ligneux que l'on remarque dans les tiges d'un grand nombre de
lianes, dont la structure bizarre a tant occupé les anatomistes, eussent une
origine analogue à celle des parties fibro-vasculaires des excroissances que
je viens d'étudier? Je suis porté à croire que leur développement est le
même; c'est pourquoi j'ai cru devoir appeler sur ce point l'attention des
botanistes qui pourraient se trouver dans des circonstances favorables pour
étudier l'accroissement de ces végétaux singuliers. »
C. R., i852, 2m0 Semestre. (T. XXXV, N°24.) 112
( &5o )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
géologie. — Note sur l'existence probable des terrains salifères dans le
nord de la France; par M. Dixvxoi e.
(Commissaires, MM. Elie de Beaumont, Dufrénoy.)
« L'étude de l'arête dévonienne, qui relève et borne au sud les terrains
houillers du Hainaut et de l'Artois, est signalée depuis longtemps (i) comme
une des plus intéressantes pour les progrès de la science et de l'industrie
minérale. Quelques faits nouveaux viennent encore d'accroître cette impor-
tance; ils peuvent se résumer ainsi :
» i°. Cette zone de vieux grès rouge est double. Une première bande
septentrionale, celle de Rinche, en Belgique, s'étend à Montignies-sur-
Roc, Monchécourt, Esquerchin, Bouvigny-en-Cobelle, Pernes, Fléchin,
et vient d'être retrouvée à Wizernes, par un forage de 1 47 mètres, pour
reparaître au jour une dernière fois à Caffiers et Binghen. Les bancs de
grès paléozoïques, atteints à Wizernes, se retrouvent avec les mêmes carac-
tères entre Audincthun et Matringhen, à 17 kilomètres sud, i5 degrés ouest,
parconséquent sur une seconde bande parallèle plongeant de 3o degrés sud-
sud-ouest, et sans doute identique avec celle de Merbes-le-Château, qui
est à 10 kilomètres sud de la zone précitée de Rinche.
» i°. Un poudingue, dont le ciment est rougeâtre et les éléments géné-
ralement calcaires, recouvre le terrain dévonien à Lillette, Dennebraucq,
Fléchin, Féboin, etc. Les galets proviennent des terrains siluriens, dévo-
niens et carbonifères, ils en contiennent encore les fossiles. Ce poudingue
est très-peu incliné et en sens opposé du vieux grès rouge; il a au moins
1 5 mètres de puissance à Audincthun, où il a été longtemps exploité comme
marbre. Il représente la brèche beaucoup plus calcaire de Rerlaimont près
d'Avesnes, et probablement le grès vosgien.
» 3°. Ce poudingue est recouvert en stratification concordante par des
grès quartzeux et argileux, rouges et jaunes, qui doivent appartenir au grès
bigarré,,
» 4°- Enfin, à Lillette, des argiles à vives bigarrures jaunes, blanches,
rouges et violettes, rappellent les marnes irisées.
(1) Explication delà Carte géologique de France, tomel, pages 7?.5, 777, 786.
(85, )
» On sait qu'il existe du sel dans le forage actuel de Rouen, dans une
source de Mézières et dans les terrains houillers de Valenciennes, et qu'un
puits percé à Meulers, au sud d'Arras, a été noyé, en 1806, par une irrup-
tion d'eau salée. Ces souvenirs m'ont fait observer plus attentivement,
dans la contrée, de nombreux affaissements du sol, où s'engouffre inces-
samment (sans les combler) le loos entraîné par les eaux pluviales. Je me
suis alors involontairement souvenu de ce passage de la description des
terrains salifères des Vosges :
« Les eaux qui circulent dans l'intérieur du sol peuvent, en dissolvant
» certaines parties constituantes, produire des cavités, et, par suite, des
» affaissements. Telle est du moins la setde explication qu'on puisse
» donner de certains trous qui existent dans les environs de Dieuze, et que
» l'on dit avoir été formés par l'affaissement spontané des terrains. »
» On est, dès lors, bien tenté de conclure que ce n'est point la mer,
comme on le croit, mais bien le sel gemme du trias qui produit cette salure
remarquable et nous révèle ainsi sa présence dans nos contrées.
» Les explorateurs de houille, aujourd'hui si nombreux dans le Pas-de-
Calais, et les ingénieurs du Gouvernement qui les guident, auront à tenu-
compte désormais de ce double soulèvement du vieux grès rouge. Il leur
importe aussi de bien connaître ces terrains complémentaires de l'hiatus
géologique du Nord ; car dans un sondage il serait aussi fâcheux que facile
de confondre ces nouvelles roches avec les variétés si nombreuses du vieux
grès rouge. »
botanique. — Recherches sur la fécondation et la formation de l'embryon
dans les Hépatiques et les Fougères; par M. H. Philibert.
(Commissaires nommés pour une précédente communication de l'auteur :
MM. de Jussieu, Brongniart.)
L'auteur, en terminant son Mémoire, résume dans les conclusions sui-
vantes les résultats de ses recherches :
« I. Hépatiques. — i°. Dans les Hépatiques, comme dans les Mousses,
l'organe appelé épigone, qui enveloppe la capsule à peu près jusqu'à sa
maturité, est un véritable ovule, réduit au nucelle, dans lequel se déve-
loppe un embryon.
» 20. Cet épigone ou nucelle est doublé d'un sac membraneux ou sac
embryonnaire.
11a. .
( 85a )
» 3°. L'embryon développé dans cet ovule est représenté par la capsule
avec son pédicelle.
» 4°- Le nucelle et le sac embryonnaire sont d'abord fermés, et ils s'ou-
vrent un peu avant la fécondation.
» 5°. Le sac embryonnaire contient un utricule libre qui, en se déve-
loppant, produit l'embryon. Cet utricule embryonnaire existe avant l'ouver-
ture du nucelle, et, par conséquent, avant la fécondation.
» IL Riccia. — 6°. Dans les Riccia, il existe un nucelle, un sac em-
bryonnaire et une cellule embryonnaire entièrement semblables à ceux des
Mousses. Mais cette cellule embryonnaire, au lieu de produire une cap-
sule avec son pédicelle, grandit en demeurant simple; et les cellules mères
des spores naissent immédiatement dans l'intérieur de ce sac membraneux,
enveloppé lui-même par l'épigone.
» III. Fougères. — 70. Les Fougères ont des ovules exactement sem-
blables à ceux des Mousses et des Hépatiques, et qui se composent également
d'un nucelle, formé d'une simple couche de cellules et doublé intérieure-
ment par un sac embryonnaire.
» 8°. Dans les Fougères, ces ovules naissent sur une fronde très-simple
qui résulte immédiatement de la germination des spores. L'embryon qui se
forme dans ces ovules reproduit la plante mère, comme dans les Phanéro-
games.
» 90. L'ovule ou nucelle des Fougères est d'abord fermé à son sommet,
et il s'ouvre pour la fécondation; il contient déjà, avant son ouverture,
une cellule embryonnaire qui, en se développant, produit l'embryon.
» io°. L'embryon des Fougères se compose d'une première feuille, d'une
première racine et d'une base conique représentant la tige ou l'axe de la
plante. La première racine ne continue pas la tige, comme dans l'embryon
des Phanérogames; elle est oblique, et, d'après ce caractère, l'embryon des
Fougères peut s'appeler embryon plagiorhize.
» i i°. Ce caractère se retrouve dans la plante développée. Chaque feuille
a sa racine propre, qui se sépare presque immédiatement de la tige, et se
dirige obliquement vers la terre.
» 12°. Dans les Fougères, les Mousses et les Hépatiques, la base de
l'embryon est tournée vers la base de l'ovule, et le sommet de l'embryon
vers le sommet de l'ovule ou micropyle; de sorte qu'il se trouve dans une
position inverse de celle qu'il occupe dans les Phanérogames. »
( 853 )
anatomie comparée. — De la pentadactjlie chez les animaux domestiques ;
par M. A. Goubaux.
(Commissaires précédemment nommés pour les travaux de MM. Joly et
Lavocat : MM. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, Duvernoy.)
L'auteur, en terminant son Mémoire, indique dans les termes suivants
le but qu'il s'est proposé :
« i°. Je n'ai pas voulu discuter la question de savoir si tous les animaux
peuvent être ramenés au type pentadactyle.
» -2°. J'ai voulu prouver que les os du carpe et ceux du tarse ne sont
pas au nombre de dix chez les animaux domestiques, ainsi que MM. Joly
et A. Lavocat l'ont admis en principe.
» 3°. J'ai voulu prouver que le nombre des doigts n'est pas en rapport
numérique exact avec le nombre des os de la rangée inférieure du carpe
ou du tarse.
» 4°- Enfin, j'ai voulu prouver que la châtaigne ne peut pas être consi-
dérée comme le rudiment du pouce ; que le métacarpien principal ne se
développe pas par deux moitiés latérales chez le cheval comme chez le
bœuf, et que des os qui existent accidentellement sur le contour postérieur
de la rangée inférieure du carpe sont véritablement les rudiments du pre-
mier et du cinquième doigts (de l'auriculaire et du pouce). »
histoire naturelle. — De la symétrie considérée dans les trois règnes de
la nature (première partie) ; par M. Ch. Fermond. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Brongniart, de Senarmont, de Quatrefages.)
« Pour peu que l'on examine avec attention un animal, un végétal et
un minéral, on reste frappé de l'ordre et de la régularité avec lesquels
les parties qui les composent sont placées les unes par rapport aux autres
quand ces parties sont homologues ou de même nom. La symétrie appar-
tient aux trois règnes de la nature; aussi, zoologistes, botanistes, minéra-
logistes l'ont-ils parfaitement reconnue dans les règnes qui font l'objet de
leurs occupations. Mais, il faut bien le dire, l'étude en particulier de la
symétrie n'a pas encore reçu toute l'extension qu'elle paraît susceptible de
recevoir.
» Depuis longtemps on a reconnu la régularité dans la forme des cris-
( 854 )
Taux et les modifications que leurs angles ou leurs arêtes subissent à la fois
ou isolément, suivant l'espèce de ces angles ou de ces arêtes.
» Depuis longtemps aussi l'idée de symétrie est appliquée à la botanique,
mais le mot n'a commencé à avoir un sens précis que dans les écrits des
botanistes de notre siècle; encore, si l'on compare entre elles les définitions
qu'ils en donnent, celles par exemple de M. de Candolle et de M. A. de
Saint-Hilaire, on voit qu'ils ne sont pas complètement d'accord sur sa signi-
fication.
» Enfin, il n'est pas permis de douter que l'idée de symétrie ne soit depuis
longtemps employée dans la science zoologique, car depuis longtemps déjà
M. de Blainville a fondé sa classification des animaux sur ce caractère, quoi-
qu'il le restreigne au premier sous-règne de sa classification, qu'il caractérise
ainsi : Animaux pairs ou artiomorphes ; espèces toujours divisibles en deux
moitiés extérieures égales. Enfin M. Serres, de son côté, se fondant sur les
caractères de dualité que présente le développement des organes animaux,
a établi une loi de symétrie ou de dualité applicable à tous les organes
animaux et que les observations embryogéniqires semblent confirmer
chaque jour davantage —
» "Notre but étant de considérer la symétrie dans l'ensemble des trois
règnes, nous avons dû chercher à en donner une définition générale, et
voici celle que nous proposons :
» La symétrie est la disposition particulière que présentent des parties
homologues ou semblables placées à égales distances de chaque côté d'un
point, d'une ligne, ou d'un plan, et dont un des côtés, quoiquen sens con-
traire, représente exactement le côté opposé.
» Partant de cette définition, dans toute symétrie nous commencerons
par considérer deux choses, savoir : les parties constituantes de la symétrie,
et le milieu par rapport auquel ces parties sont ordonnées. Ce milieu peut
être un point, une ligne, ou un plan. Nous espérons démontrer dans les
parties suivantes de ce travail que la symétrie par rapport à un point est
essentiellement celle des corps bruts cristallisés (symétrie minérale); que la
symétrie par rapport à une ligne {symétrie végétale) est celle qui est plus
particulièrement propre à la végétation, et que la symétrie par rapport à
nn plan est celle qui convient plus spécialement aux animaux [sjitiétrie
animale). ■»
( 855 )
MÉCANrQUK. — La rotation de la Tertre démontrée pat' la fixité du plan d os-
cillation du pendule. Nouvel appareil pour l'observer; par M» J. P®hh«.
( Extrait par l'auteur. )
(Commissaires précédemment nommés pour les Mémoires de MM. Foucault,
Person, etc. : MM. Arago, Cauchy, Pouillet, Babinet, Binet.)
« Le haut intérêt qu'a justement inspiré dans le monde savant l'expé-
rience par laquelle M. Foucault a non-seulement démontré, sans le secours
des astres, mais rendue sensible aux yeux la. rotation de la Terre, a fait
naître universellement le désir de pouvoir répéter partout cette expérience.
» Mais pour donner des résultats facilement observables, cette expé-
rience exige un. long pendule installé dans, un édifice trèsr-élevé ; elle exige
aussi que l'oscillation soit plane et d'une assez grande amplitude.
» Je me suis proposé de rendre possible cette expérience avec un appa-
reil portatif et un pendule d'une longueur ordinaire, de pouvoir expéri-
menter par de très-petites amplitudes d'oscillation, et même dans le vide,
et finalement de pouvoir observer et relever par des mesures exactes toutes
les phases des oscillations elliptiques, ce qui permettra de vérifier expéri-
mentalement la théorie nouvelle de M. Dieu.
» Un prisme triangulaire rectangle en flint est pour cela lié invariable-
ment à la tige du pendule près de la suspension, en sorte qu'il participe à
ses mouvements ; au repos, sa face hypoténuse est horizontale ; la tige de
suspension traverse l'axe creux d'une espèce de théodolite qui est armé
d'un système de collimation; le prisme se trouve placé entre les objectifs
du collimateur et cte la lunette; il y a un micromètre et un cercle de posi-
tion à l'oculaire.
» Une oscillation plane du pendule orientée suivant les arêtes du prisme,
se traduit dans la lunette par un mouvement de roulis de l'image réfléchie
autour d'un point fixe ; le cercle de position permet de mesurer son ampli-
tude : au contraire, une oscillation plane, mais dans un plan normal au
précédent, se traduit dans la lunette par un mouvement vertical recliligne
alternatif de limage que le micromètre permet aussi de mesurer.
» Finalement, une oscillation elliptique quelconque pouvant toujours être
considérée comme le résultat de deux oscillations planes dont elle serait
là résultante, se traduira dans la lunette par un mouvement mixte dont les
composantes pourront être simultanément, mais séparément mesurées : ces
mesures, combinées avec l'azimut de leur plan donné parle cercle horizon-
tal, permettront de relever par points la courbe d'oscillations rapportée à.
' ( 856 )
un système de coordonnées polaires ayant pour axe le diamètre zéro du théo-
dolite, et pour origine le centre de la courbe.
>» Pour observer la déviation azimutale apparente du plan d'oscillation
du pendule ou du grand axe de l'ellipse (si l'oscillation est elliptique) par
rapport au diamètre zéro du théodolite, il n'y a qu'à orienter le système
optique, de manière qu'à un instant donné, l'un des deux mouvements
optiques, vu par l'oculaire, soit zéro ou un minimum, et à répéter l'obser-
vation à un autre instant; la différence des deux orientations sera évidem-
ment la déviation apparente cherchée.
» Pour les cours publics, on peut substituer un objectif de microscope
solaire à l'oculaire de la lunette, et, en introduisant de la lumière solaire ou
électrique, au moyen d'un miroir, par l'ouverture du collimateur, projeter
le phénomène sur un écran, afin de le rendre visible à la fois à un nom-
breux auditoire. »
M. Baudelocque prie l'Académie de vouloir bien charger une Commis-
sion de constater les résultats qu'il obtient dans le traitement de la surdi-
mutité congéniale.
(Commissaires, M. Serres, Andral, Pouillet.)
M. Launoy soumet au jugement de l'Académie une Note concernant
quelques observations météorologiques qu'il a faites pendant une ascension
aérostatique exécutée le i de ce mois.
(Commissaires, MM. Thenard, Dumas, Faye.)
M. Besnou rappelle, à l'occasion d'une communication récente de
M. Malade et de la remarque à laquelle elle avait donné lieu de la part de
M . Pelouze, les recherches qu'il avait faites depuis longtemps sur la composi-
tion de l'ammoniaque provenant de la condensation des eaux d'usines à gaz.
Cette Note, ainsi que celle de M. Mazade , sont renvoyées à l'examen
d'une Commission composée de MM. Pelouze et Balard.
M. Toynbee adresse un complément aux communications qu'il a faites
précédemment sur l'emploi d'une membrane du tympan artificielle dans
certains cas de surdité.
(Commission précédemment nommée, Commission qui se compose de
MM. Flourens, Milne Edwards, Velpeau, Lallemand.)
M. »e Paravey soumet au jugement de l'Académie une Note ayant pour
titre : « Sur le dattier, arbre cultivé surtout par les Phéniciens et les Arabes;
( 857 )
sur ses noms hiéroglyphiques et orientaux , et sur sa description dans les
livres conservés en Chine et au Japon, pays où il n'existe pas. »
(Renvoi à l'examen de la Commission nommée pour une Note précédente
du même auteur, Commission qui se compose de MM. Gaudichaud et
Decaisne. )
M. de Demowiixe prie l'Académie de vouloir bien renvoyer à l'examen
d'une Commission un appareil qu'il lui présente et qu'il désigne sous le nom
de pendule gyroscopique.
(Commissaires, MM. Babinet, Binet. )
M. L. Cassal se fait connaître comme auteur d'un Mémoire présenté
dans la précédente séance sous le titre : De l'Electricité considérée comme
agent universel.
Ce Mémoire, qui, d'après l'article du règlement concernant l?s com-
munications anonymes, n'avait pu être pris en considération, est aujour-
d'hui renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Becquerel,
Pouillet, Babinet.
L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le grand prix
des Sciences mathématiques de 1 853.
Ce Mémoire a été inscrit sous le n° 4-
CORRESPONDANCE.
astronomie. — Éléments elliptiques des orbites des deux planètes ré-
cemment découvertes , Vune, à Naples et à Marseille, par MM. deGasparis
et Chacornac ; l'autre, à Paris, par M. Goldschmidt. Ephémérides des
positions apparentes pour le mois de décembre i85a, calculées par
M. Georges Rumker fils, de Hambourg. (Extraits d'une Lettre de
M. Rumker à M. Mauvais.)
Massalia.
Orbite calculée sur trois observations de Hambourg.
Longitude moyenne. ....... = 297° o'46",o Nov. 0,0, t. moy. de Berlin
Longitude du périhélie = o4032'3q",7 ) . . ,
Longitude du nœud = 207° 8' 4,",6 | ÉqU,n°Xe m0y " de ° janv- ' 85î ■
Inclinaison as o° 4o' 28", 1
Excentricité = o, 1 7463g
Demi-grand axe se 2,44g34
Mouvement moyen diurne. . . = g25",6202
C. R., i85a, 2"" Semestre. (T. XXXV, N° 24 .) I I 3
( 858
ÉPHÉMÉRLDES POUR MINUIT MOYEN DE BERLIN.
DATES.
1832.
Logarithme
M apparente.
Déclinaison.
de la distance à la Terre.
h m s
0 „' ,.
Décembre. . i
23-47 "2°
- I.16.6
2
47.57
48.35
12. 9
O . 25 I 2
3
9-1
4
4g. i5
5.1
5
4g.56
— 1 . 0.9
6
5o.3g
- 0.56.6
O.261 I
7
5i.23
52. I
8
52. 9
47.5
9
52.56
42.7
io
53.44
37.8
O.27O9
. ii
54.53
32.7
27.5
12
55.24
i3
56. 16
22.2
4
57. 10
16.7
O . 2806
i5
58. 5
I I . I
16
5g. i
O. 5.3
'7
23. 59. 58
+ O. O.6
ié
0 . 0 . 56
6.7
O.2902
•9
i.55
12-9
20
2.56
19.2
21
3.58
25.6
22
5. 1
32.2
O.2995
23
6. 5
38.9
24
7 . 10
45.7
•
25
8.16
52.6
26
9.23
5p. 6
-+- 1. 6.7
O.3o87
3
10. 3i
1 1 .40
14.0
29
3o
12.50
21 .3
14. I
28.8
0.3l75
3i
i5.i3
36.6
O.SigÔ
Lutetia.
Orbite calculée sur une observation de Paris du 18 novembre, et deux de Hambourg, du
28 novembre et du 3 décembre:
Longitude moyenne = 6i°29' 23",3 Dec. 0,0, t. moy. de Berlin.
Longitude du périhélie = 3o9°53^ i{£,4 I Éq„inoxe moy. deojanv. i853.
Longitude du nœud = 780 38' 4°">4 )
Inclinaison = 3° 19' 49",9
Excentricité = o ,33g8io5
Demi-grand axe =» 2,60477
Mouvement moyen diurne. . . = 844">OI79
(859)
ÉPHÉMÉRIDES POUR MINUIT MOYEN DE BERLIN.
DATES
1862.
Logarithme
M apparente.
Déclinaison.
de la distance à la Terre.
b - m s
« /
Décembre. .
6
2.28.48
-r-12. ig.2
O . 2 I o4
7
28.21
ig.i
8
27.57
ig.i
9
27.35
ig.3
10
27.14
ig.6
0 . 2230
1 1
26.55
20.0
12
26.38
20.6
i3
26.23
21,3
«4
26. IO
22. 1
0.236t
i5
25.5g
23.0
16
25.4g
24. 1
\l
25.41
25.3
25.34
26.7
0 . 24g5
l9
25. 2Q
28.1
20
25.2D
29.8
21
25.25
3t. 5
22
25.25
33.3
0 . 2Ô3o
23
25. 27
35.2
24
25. 3o
37.3
25
25.35
3g.5
26
25.42
4i.8
0.2767 '
3
25. 5o
44.2
26. 0
46.7
29
26. 1 1
49-4
3o
26.24
52. I
o.2go4
3i
26.38
55.0
1855.
Janvier. . . .
1
2 . 26 . 54
+ 12. 57. g
2
27.12
i3. 1 .0
3
1
27.31
t3. 4.1
o.3o4o ' .
astronomie. — Note de M. Faye, sur une nouvelle détermination de la
parallaxe de Vétoile d ' Argelander , par M. M. Wichmann.
« L'Académie se rappelle mes travaux sur la parallaxe de cette étoile,
moins, sans doute, pour leur importance, que pour les longues discussions
qu'ils ont soulevées. En comparant cet astre remarquable à une petite
étoile située à peu près sur le même parallèle, je lui avais trouvé i",o8 de
parallaxe, celle de la petite étoile étant supposée nulle. M. Peters trouvait,
n3 .
f 860 )
au contraire, o",23; M. Wichmann, o",i8, et M. Otto de Struve, o",o3.
Tant que j'ai cru avoir la raison, sinon l'évidence, de mon côté, j'ai soutenu
mes propres travaux; mais à la fin, j'ai dû céder devant la contradiction
de tant de résultats obtenus par des astronomes d'élite, à l'aide des plus
puissants instruments de mesure qui aient jamais existé.
» Cependant M. Wichmann n'a pas pensé que la question fût épuisée.
Il vient de la reprendre, de l'étudier de nouveau, et il prononce, en s ap-
puyant sur de récentes mesures, que la parallaxe de l'étoile d'Argelander
est de o",72.
» Ce qui me frappe plus encore, c'est l'explication que cet astronome
distingué est conduit à donner de nos discordances antérieures, et, comme
il m'a semblé que l'Académie y prendrait intérêt, je me suis décidé, en
attendant une discussion détaillée, à lui communiquer la Lettre suivante
que M. Wichmann m'a fait l'honneur de m'écrire sur ce sujet :
« Permettez- moi de vous donner communication d'un travail sur la
» parallaxe de l'étoile d'Argelander (i83o Groombridge) que je viens de
» finir, et dont vous lirez bientôt les détails dans les A stronomische Nach-
» richten. L'année passée j'ai fait, à l'aide de l'héliomètre, une nouvelle
» série d'observations sur cette étoile, en la comparant non-seulement
» avec les étoiles choisies par M. Schlueter, mais aussi avec l'étoile dont
» vous vous êtes servi auparavant. En désignant la dernière étoile par a",
» les étoiles de M. Schlueter par a et a! {a' et a" étant sur le même côté
» de l'étoile d'Argelander, opposées à l'étoile a), et en désignant l'étoile
» d'Argelander par A, le résultat de mes recherches s'exprime par ces mots :
» i°. La parallaxe de l'étoile a" est égale à la parallaxe de l'étoile a'.
» 20. La parallaxe de l'étoile a est de 1", 1 7 plus grande que la parallaxe
» de l'étoile a'.
» 3°. La parallaxe de l'étoile A est de o",i/( plus grande que la moyenne
» arithmétique des parallaxes des étoiles a et a', c'est-à-dire de o",72 plus
» grande que la parallaxe de a' ou de a".
» Ainsi la discordance mystérieuse qui existait autrefois entre la parallaxe
» trouvée par vous en 1 846 et celle donnée par l'héliomètre de Kœnigsberg,
» s'explique par le fait intéressant que l'étoile de comparaison a est encore
» plus rapprochée de nous que l'étoile d'Argelander. Vous savez que ma
» réduction des observations, faites par M. Schlueter, avait donné pour
» résultat que la parallaxe de l'étoile A est o",i8, sous la condition que
» les parallaxes des étoiles de comparaison soient nulles, résultat trouvé
» par la discussion des différences des distances. Mais dans la somme des
( 86 1 )
distances, qui devait être constante, il se manifestait un changement
annuel et périodique dont la cause restait inconnue. Ces résultats sont
confirmés par mes nouvelles observations; la même variation annuelle
s'y présente aussi, dans le même sens, et de la même grandeur. Pour
l'expliquer, j'ai formé deux hypothèses : l'une, que cette variation dans la
somme des distances est causée par l'influence de la température sur les
parties de l'instrument, et l'autre, qu'elle provient d'une différence entre
les parallaxes des étoiles de comparaison. La dernière hypothèse repré-
sente fort bien les observations, sans laisser subsister d'erreurs pério-
diques ni trop grandes, tandis que la première hypothèse, donnant à l'ac-
tion de la chaleur une valeur trois jusqu'à cinq fois plus grande qu'elle
n'est trouvée par Bessel, ne peut représenter néanmoins les observations,
et laisse surtout des résultats tout à fait invraisemblables. Voyez com-
ment, dans la deuxième hypothèse, les observations faites par M . Schlueter
s'accordent avec les miennes. En supposant les parallaxes des étoiles a'
et a" = o, on trouve les parallaxes
De l'étoile A. De l'étoile a.
Par les observations de M. Schlueter. . . = o", ^5 = i", i5
Par les miennes = o", 68 = i ", 19
Or, si l'on voulait nier la différence des parallaxes des étoiles de compa-
raison, ce serait un résultat incontestable des observations faites à l'hé-
liomètre que la parallaxe de l'étoile d'Argelander soit plus petite que o",2;
car ces observations sont arrangées de telle manière, comme vous le
verrez dans mon Mémoire, que les différences des distances, et le résultat
qui s'ensuit, sont tout à fait libres de l'influence du changement pério-
dique qui se manifeste dans la somme des distances, quelle qu'en soit la
cause. Ainsi il y a ici l'alternative de deux cas, dont nécessairement l'un,
doit avoir lieu; ou la parallaxe de l'étoile A est plus petite que o",2, valeur
très-peu probable, ou l'étoile a est plus rapprochée de nous que l'étoile
d'Argelander. Je ne doute plus que le dernier cas, indiqué par les obser-
vations, existe réellement, et je crois que ce résultat intéressant est établi
si sûrement par les mesures héliométriques, qu'il sera très-difficile de
démontrer que la grande parallaxe de cette étoile de comparaison trouvée
par moi n'existe pas.
» Je suis très-satisfait d'avoir trouvé, par mes recherches, une valeur qui
s'approche de la parallaxe trouvée par vous, parallaxe que je ne regarde
pas comme réfutée, ni par les observations de M. Peters, ni par celles de
M. Othon Struve. J'ai cherché en vain de nouvelles communications de
( 86a )
» vous sur cet objet, quoique je croie que vous avez encore continué les
» observations sur cette étoile, et il me serait très-agréable d'entendre si
» elles ont confirmé la parallaxe auparavant publiée par vous.
» Kœnigsberg, i852, 6 décembre.»
» Je n'ai qu'un mot à ajouter à la Lettre de M. Wichmann sur l'appel
qu'il veut bien faire à mes propres observations. Les objections de M. de
Struve père m'avaient décidé à les abandonner entièrement pour suivre un
plan nouveau, lorsque les projets du gouvernement portugais me donnè-
rent l'espérance de voir d'autres astronomes reprendre ces recherches à
l'observatoire de Lisbonne, dans des conditions bien autrement favorables.
Il y a quelques raisons de croire que ces projets, dont l'exécution devait
m'être confiée en partie comme l'Académie le sait, n'auront à subir qu'un
simple ajournement. »
GÉOLOGIE. — Note sur la limite qui sépare le terrain crétacé du terrain
tertiaire; par M. E. Hébert.
« Bien que l'opinion de M. Elie de Beaumont sur l'âge du calcaire piso-
litique du bassin de Paris soit aujourd'hui généralement adoptée, plusieurs
géologues, dans des publications récentes, s'en écartent notablement.
M. d'Archiac, dans son Histoire des Progrès de la Géologie, repousse le
synchronisme de ce dépôt avec la craie supérieure de Belgique, et croit que
l'ensemble des espèces fossiles qu'on y rencontre présente un faciès beau-
coup plus tertiaire que crétacé. M. Raulin déclare qu'il continue à regarder
le calcaire pisolitique, qu'il réunit aux sables de Bracheux, comme la pre-
mière formation marine du terrain tertiaire parisien. Enfin, M. Lyell, dans
un Mémoire sur le terrain tertiaire de la Belgique, groupe ensemble le cal-
caire pisolitique et le Landénien inférieur de M. Dumont, que nous regar-
dons comme l'exact équivalent de nos sables de Bracheux, dont il renferme
les principaux fossiles, povir en faire un nouveau système qu'il propose de
placer entre la période crétacée et la période éocène.
» Cette Note a pour objet de faire connaître quelques faits de nature à
montrer que ces opinions, si divergentes d'ailleurs, s'écartent toutes de la
vérité. Le calcaire pisolitique est bien le représentant de la craie supérieure
de Maestricht, comme le pensait, dès i834, M. Elie de Beaumont.
» En 1847, nous avons établi que les fossiles du calcaire pisolitique dif-
féraient essentiellement des espèces tertiaires dont ils avaient reçu les noms,
et bien que M. Aie. d'Orbigny n'ait trouvé aucune espèce commune à la
( 863 )
craie de Maestricht parmi les fossiles que nous avions recueillis à cette
époque, il n'en a pas moins confirmé pleinement ce premier résultat. De-
puis, nous avons trouvé plusieurs fois, dans le calcaire pisolitique de Mon-
tereau, le Pecten quadricostatus , qui caractérise la craie supérieure de
Maestricht et du Cotentin. En outre, dans une exploration récente, nous
avons rencontré à Maestricht, dans la craie jaune de la montagne Saint-
Pierre, des couches de calcaire dur, pétries de troques, cérites, émargi-
nules, lucines, corbeilles, tellines, bucardes, etc. Plusieurs de ces fossiles
appartiennent au calcaire pisolitique; nous citerons, entre autres, la Corbis
sublamellosa, d'Orb. Cette espèce, qui avait été confondue avec la C. lamel-
losa du calcaire grossier, est l'une des plus abondamment répandues dans
le calcaire pisolitique.
» Le calcaire qui renferme ces fossiles si nombreux a une telle analogie
de structure avec le calcaire pisolitique, que nous pourrions produire des
échantillons de Maestricht et de Montainville, près Beyne, qu'il serait im-
possible de distinguer. Sa position ne permet pas de le séparer du reste de
la craie supérieure : il forme#généralement le ciel des carrières, mais il est
recouvert par la craie jaune sableuse, épaisse de plus de 10 mètres, et par-
faitement semblable à celle que l'on exploite au-dessous, quoiqu'il y ait
une certaine différence sous le rapport des débris organiques qu'on y ren-
contre. Nous avons distingué deux bancs de calcaire dur : l'inférieur, plus
sableux et pétri de Dentalium mosce ; l'autre, plus compacte, offrant plus
particulièrement les caractères du calcaire pisolitique, et séparé du précé-
dent par quelques pieds de craie jaune sableuse ordinaire.
» Sur un autre point, à Folx-les-Caves, où la craie jaune est également
exploitée, nous a*vons fait une rencontre qui n'est pas moins précieuse pour
la thèse que nous soutenons. On sait que le calcaire pisolitique du Mont-
Aimé, près Vertus (Marne), est célèbre par la quantité de débris de croco-
dile qu'il renferme. Ce genre, que l'on regardait comme spécial aux ter-
rains tertiaires, se reconnaît facilement à ses vertèbres concavo-convexes,
tandis que les autres sauriens du terrain crétacé ont des vertèbres bicon-
caves. Or, nous avons précisément trouvé à Folx-les-Caves, dans la craie
jaune sableuse, une vertèbre du crocodile du Mont-Aimé, au milieu d'un
nombre prodigieux de fossiles de la craie de Maestricht.
» C'est donc bien dans la faune de la craie supérieure, et non dans celle
du terrain tertiaire, qu'il faut chercher les espèces identiques à celles du cal-
caire pisolitique. On ne connaît encore que très imparfaitement la faune de
( 864 )
la craie supérieure, autrement les rapports que nous signalons n'eussent
soulevé aucune objection.
» Il nous reste à considérer la question sous un autre point de vue.
» Les géologues dont nous avons cité les noms au commencement de
cette Note n'ont point été frappés, comme nous, de la disposition trans-
gressée des assises tertiaires par rapport au calcaire pisolitique, et M. d'Ar-
chiac, en comparant ce dernier dépôt à la craie supérieure de Belgique,
cite, parmi les motifs qui le conduisent à les séparer l'un de l'autre, la dis-
cordance qui existe entre le calcaire pisolitique et la craie blanche, tandis
que, entre celle-ci et la craie supérieure, il y aurait continuité parfaite.
» Cette différence n'existe pas; M. d'Archiac lui-même a montré, par
l'étude du mode de superposition de la craie supérieure sur la craie blan-
che, à Ciply, que la craie supérieure s'était déposée dans des dépressions de
la craie blanche. On voit, en outre, à Ciply, que ces dépressions sont le
résultat d'un ravinement, dont il reste les preuves, consistant en cailloux
roulés, blocs de craie blanche , Ananchiles ovata , Belemnites mucro-
natiis, etc., le tout formant un congloméra^ qui sépare les deux étages
crayeux. Il n'y a nulle part, entre la craie blanche et le calcaire pisolitique,
une discordance aussi prononcée.
» Quant à celle qui sépare le calcaire pisolitique des assises tertiaires,
établie par M. de Beaumont il y a dix-huit ans, et confirmée depuis par
toutes les observations faites sur les divers lambeaux connus du calcaire pi-
solitique, qui ne sont autre chose que les témoins d'une vaste décavation,
elle est tellement visible, qu'il semblerait inutile d'insister sur ce point. Tou-
tefois, nous pouvons indiquer aux géologues, qui doutent encore, le bois
d'Esmans, près Montereau, où l'on voit en ce moment une extraction d'ar-
gile plastique sur le flanc du coteau, à la partie supérieure duquel le
calcaire pisolitique est exploité. Cette argile, qui repose probablement sur
la craie blanche, s'adosse évidemment au calcaire pisolitique. Les sables qui
la recouvrent ont dépassé le niveau de ce calcaire dénudé, et se retrouvent
remplissant des cavités souvent très-vastes, creusées à la partie supérieure
du calcaire par aine action puissante d'érosion.
» L'émersion du calcaire pisolitique, sa consolidation et son ravinement
avant le dépôt des assises tertiaires qui se sont placées dans les dépressions
creusées à la fois dans le calcaire et la craie sous-jacente, sont là des faits
d'une évidence palpable.
» Le calcaire pisolitique et la craie de Maestricht se trouvent donc exac-
( 865 )
tement dans les mêmes conditions stratégraphiques par rapport à la craie
blanche. Au point de vue paléontologique, leur analogie n'est pas moindre,
et cette analogie se poursuit jusque dans les caractères pétrographiques.
Nous croyons donc qu'il serait utile de supprimer ces dénominations de cal-
caire pisolitique, de terrain danien, de calcaire à baculites du Cotentin, etc. ,
puisqu'elles ne représentent que des lambeaux isolés d'un même dépôt, la
craie supérieure, et, de même que l'on dit craie supérieure de Maestricht,
de dire : craie supérieure de Faxoè', du Cotentin, craie supérieure du bassin
de Paris. »
chimie obganique. — Sur les acides caprjlique et pélargonique anhydres;
par M. L. Chiozza.
« Dans une précédente communication, j'ai eu l'honneur de faire con-
naître à l'Académie le résultat de quelques expériences sur l'acide valéria-
nique anhydre. Désireux d'augmenter le nombre des faits qui viennent à
l'appui de la théorie émise par M. Gerhardt sur la constitution des acides
monobasiques anhydres, j'ai étendu mes recherches aux acides caprylique
et pélargonique; j'ai l'espoir que de semblables exemples choisis parmi la
série des acides organiques qui ont, jusqu'à présent, le plus fixé l'attention
des chimistes, contribueront à modifier leurs opinions sur les rapports qui
existent entre ces acides et les acides anhydres qui y correspondent.
» L'acide caprylique a été extrait du beurre de coco, d'après le procédé
de M. Fehling; on le sépare de l'acide caproïque qui l'accompagne en neu-
tralisant le mélange par de la baryte caustique et en soumettant à plusieurs
cristallisations le sel barytique qui se dépose le premier.
» Ce sel est très-facilement attaqué par l'oxychlorure de phosphore, ce
qui dispense de le transformer en sel potassique; la réaction est accompa-
gnée d'une faible élévation de température, et le mélange se transforme en
une masse pâteuse d'où l'on extrait facilement l'acide caprylique anhydre
par de l'éther bien exempt d'alcool.
» On traite la solution éthérée par une lessive faible de potasse caus-
tique, et, après l'avoir séchée sur du chlorure de calcium, on en chasse
l'éther par l'évaporation au bain-marie.
» L'acide caprylique anhydre (caprylate caprylique) obtenu delà sorte,
a donné à l'analyse des nombres qui s'accordent exactement avec la formule
(C8ir50)
C,8H30O3= O.
(C8H,50)
C. K., 18Ô2, i™ Semestre. (T. XXXV, M» 24.) Il4
( 866 )
» C'est une huile limpide, douée d'une assez grande mobilité, grasse au
toucher et plus légère que l'eau. Elle possède une odeur nauséabonde qui
offre quelque analogie avec celle des fruits du caroubier. Quand on la
chauffe, elle émet des vapeurs qui irritent fortement le gosier et dont l'odeur
est plus aromatique que celle de l'huile froide.
» Placée dans un mélange de glace et de sel marin, elle se prend en une
masse blanche dont la texture cristalline n'est apparente qu'à la loupe. A
quelques degrés sous zéro, elle reprend sa fluidité.
» L'acide caprylique anhydre entre en ébullition à environ 280 degrés.
Mais cette température s'élève à la fin de la distillation jusqu'à 290 degrés,
en même temps que le résidu dans la cornue prend une teinte de plus en
plus foncée et se transforme en produits empyreumatiques d'une odeur très-
fétide.
» Quand on le met en contact avec de l'aniline, le mélange s'échauffe
légèrement, et se fige au bout de quelques jours en une masse butyreuse.
La facilité avec laquelle l'acide valérianique anhydre fournit la valéranilide,
m'avait fait espérer d'obtenir, dans les mêmes circonstances, la caprylani-
lide par l'acide caprylique anhydre; il est très probable, en effet, que cette
substance se trouve parmi les produits de la réaction de cet acide sur l'ani-
line, mais la tendance qu'elle paraît posséder à conserver l'état liquide,
rend sa purification très-difficile et m'a engagé à en abandonner l'étude.
» L'eau bouillante est sans action sur l'acide caprylique anhydre; on
peut même le distiller avec de l'eau sans que l'odeur du produit y dénote
la présence de l'acide hydraté; cependant, par un séjour prolongé dans l'air
humide, il s'hydrate en partie.
» Une solution potassique, de concentration moyenne, le convertit, à
l'aide de la chaleur, en caprylate de potasse.
» Ainsi, tandis que l'acétate acétique se transforme immédiatement en
acide acétique, par le simple contact de l'eau, et que cette hydratation s'ef-
fectue rapidement sur l'acide valérianique anhydre, par son exposition à
l'air humide, le caprylate caprylique, homologue supérieur de ces acides,
nécessite l'intervention des alcalis caustiques pour se transformer en acide
caprylique ordinaire. Cette résistance aux réactifs est encore plus marquée
dans l'acide pélargonique anhydre, dont la préparation est tout à fait sem-
blable à celle de l'acide précédent.
» Il se présente sous forme d'une huile incolore plus légère que l'eau ;
son odeur est très-faible à froid et rappelle celle du beurre rance; mais
quand on le place dans l'eau bouillante, il communique à la vapeur
(867)
aqueuse une odeur aromatique, légèrement vineuse, qui n'a rien de dés-
agréable.
» Chauffé, seul, sur une lame de verre, il répand des vapeurs acres qui
sentent la graisse brûlée. A zéro, il se prend en une masse de fines aiguilles
qui se liquéfient de nouveau à 5 degrés. Soumis à l'analyse, il a donné
exactement les rapports de la formule
C«H3*0>=!C9H,T0J0.
(CH^O)
» J'ai préparé également le pélargonate de benzoile,
CTH50
r..H220s _ (CTH ° )0
huile limpide plus pesante que l'eau et très-semblable, par ses propriétés
physiques, à l'acide pélargonique anhydre; à quelques degrés sous zéro,
elle se transforme en une masse butyreuse, qui reprend sa fluidité aussitôt
qu'on la sort du mélange réfrigérant.
» Quand on la chauffe, elle émet des vapeurs excessivement acres et se
décompose, à une température élevée, en acides benzoique et pélargonique
anhydres, ainsi qu'eu d'autres produits provenant de la décomposition de
ce dernier acide.
» On peut s'assurer du changement que cette substance a subi par l'effet
de la chaleur en l'exposant à l'action du froid ; il se forme alors un précipité
cristallin qui ne se redissout que par l'agitation du mélange. Une goutte de
pélargonate benzoique, abandonnée à l'air humide, se remplit de fines
aiguilles d'acide benzoique.
» Les alcalis le transforment aisément en benzoate et en pélargonate. »
M. Demies adresse ses remercîments à l'Académie, pour l'envoi d'un
certain nombre d'exemplaires du Mémoire qu'il avait autrefois, de concert
avec feu M. Solier, présenté au concours pour le grand prix de Sciences
physiques de l'année 1847, Mémoire honoré à ce concours d'un deuxième
prix et de l'insertion dans le Recueil des savants étrangers.
M. Hulot, en présentant la reproduction,, par les procédés galvanoplas-
tiques, d'une planche gravée au burin, fait remarquer que ces procédés
ont maintenant acquis un degré de perfection qui en fait un art à l'état
pratique; puisque d'une part on peut obtenir, à coup sûr, un grand nombre
de copies identiques à la planche originale, et que de l'autre on n'a plus à
114. •
( 868 )
craindre que cette planche originale soit exposée à des chances de détério-
ration par suite des opérations destinées à obtenir la contre-épreuve en
relief.
« Il convient, dit à cette occasion M. Hulot, de faire remarquer que dans
la pratique galvanoplastique, on doit se garder de suivre un avis qui a été
trop souvent donné, celui d'enduire de cire ou d'une autre matière grasse pré-
tendue préservatrice, la planche gravée, avant son immersion dans le bain
électrochimique. Une pareille précaution, qui n'empêche pas l'adhérence
si l'opération est d'ailleurs mal dirigée, a pour résultat nécessaire de rendre
moins cohérentes les premières couches métalliques qui sont les plus impor-
tantes pour la durée des planches, et de produire, dans le tirage, des
épreuves qui accusent l'imperfection du procédé. »
M. Macrin adresse une Note sur un procédé qu'il a imaginé pour con-
server aux champignons destinés aux collections botaniques, non-seulement
leur forme, mais aussi leur texture intime, de manière à pouvoir servir plus
tard à des recherches d'organographie.
Ce procédé consiste à les tremper une ou deux fois dans du collodion ou
dans une solution de gutta-percha par le chloroforme. Ils acquièrent ainsi,
suivant l'auteur, une consistance qui permet de les transporter au loin.
Lorsqu'on veut en examiner la texture, on fait disparaître l'enduit par une
lotion dans l'éther ou le chloroforme.
Une seconde partie de la Note de M. Maurin a rapport à un moyen qui
permet d'abréger le temps nécessaire pour l'extinction du mercure dans
l'axonge.
M. Davbrée, doyen de la Faculté de Strasbourg, prie l'Académie de vou-
loir bien comprendre la bibliothèque de cette Faculté dans le nombre des
établissements scientifiques auxquels elle fait don du Compte rendu hebdo-
madaire de ses séances .
(Renvoi à la Commission administrative.)
M. Vidal de Cassis prie l'Académie de vouloir bien admettre au con-
cours pour les prix de Médecine et de Chirurgie le Traité des maladies
vénériennes dont il lui a déjà adressé un exemplaire.
(Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
M. Christophe, en adressant un ouvrage intitulé : « Exposition de la doc-
(869)
tiine des impondérables , » prie l'Académie de vouloir bien renvoyer ce livre
à l'examen d'une Commission.
L'ouvrage étant imprimé, et ne pouvant ainsi devenir l'objet d'un Rap-
port spécial, est renvoyé à la Commission chargée de faire le Rapport sur
les pièces admises à concourir pour les prix de Médecine et de Chirurgie.
COMITÉ SECRET.
La Section de Botanique déclare, par l'organe de M. de Jussieu, qu'il
y a lieu de nommer à la place devenue vacante par suite du décès de
M. Richard.
L'Académie va aux voix sur cette proposition .
Sur 44 votants, il y a l^-x oui et 2 non; en conséquence la Section est
invitée à présenter, dans la séance qui suivra la séance publique, une liste
de candidats.
La séance est levé à 6 heures. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 6 décembre i852, les ouvrages
dont voici les titres :
Sur r Insalubrité relative des Hôpitaux, eu égard au traitement des maladies
chirurgicales, et des meilleures conditions de salubrité des lieux destinés au trai-
tement des maladies chirurgicales. Thèse pour le doctorat en chirurgie, pré-
sentée et soutenue le 26 novembre i85i; par M. Amédée Joux. Paris, i852;
broch. in-4°-
Annales des maladies de la peau et de la syphilis, publiées par MM. Alphée
Cazenave et Maurice Chausit; 2e série; IVe volume; septembre i852;
in-8°.
Annales forestières ; 23 novembre i852; in-8°.
Bulletin de l'Académie nationale de Médecine, rédigé sous la direction de
MM. F. Dubois (d'Amiens), secrétaire perpétuel, et Gibert, secrétaire
annuel; tome XVIII; nos 3 et 4 ; i5 et 3o novembre i852; in-8°.
Bulletin de la Société de Géographie , rédigé par M. DE LA ROQUETTE,
secrétaire général de la Commission centrale; avec la collaboration de
( «7° )
MM. V.-A. Malte-Brun, secrétaire-adjoint, Daussy, L.-Am. Sédillot, de
Froberville et Cortambert; octobre i85a; in-8°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. DE Monfort,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; n° 32; 5 décembre i85a; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie, de Toxicologie, et Revue
des nouvelles scientifiques nationales et étrangères; par les Membres de la Société
de Chimie médicale; décembre i852; in-8°.
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; tome V ;
5 décembre i852; in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , publié par M. le Dr A.
Martin-Lauzer; Ier décembre i85a; in-8°.
Moniteur de la propriété et de l'agriculture; novembre i852; in-8°.
Recueil encyclopédique d'agriculture, publié par MM. Boitel et Londet,
de l'Institut national agronomique de Versailles; a5 novembre i85a ; in-8°.
Revue thérapeutique du Midi. Journal de Médecine, de Chirurgie et de Phar-
macie pratiques ; fondé par M. le professeur Fuster, et rédigé par MM. les
Drs Louis Saurel et Barbaste; 3o novembre i85a; in-8°.
Mémorial de Ingenieros . . . Mémorial des Ingénieurs; 7e année; n° to;
octobre i852; in-8°.
On the... Sur la classification des Crustacés choristopodes ou tétradécapodes;
par M. J.-D. Dana; broch. in-8°.
Note on... Note sur l'éruption du Mauna Loa; par le même; broch. in-8°.
Abstract... Analyse d'un Mémoire de M. A. Scacchi sur ihumite de
Monte Somma, avec des remarques par M. J.-D. Dana; broch. in-8°.
Mineralogical... Miscellanées minéralogiques ; par M. MeneGHIMI, de Pise.
(Lettre à M. J.-D. Dana); broch. in-8°.
Mineralogical... Miscellanées minéralogiques; par M. J.-D. Dana; broch.
in-8°.
Monatsbericht. . . Comptes rendus mensuels des séances de l'Académie
royale des Sciences de Prusse ; septembre et octobre i852 ; in-8°.
L Athenœum français . Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Reaux-Arts; n° 23; 4 décembre i852.
La Presse littéraire. Écho de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° 32 ;
5 décembre i852.
Gazette médicale de Paris; n° 49; 4 décembre i852.
Gazette des Hôpitaux; n03 i4i et 142; mardi 3o novembre, jeudi 2 et
samedi 4 décembre i852.
( 87i J
L'Abeille médicale; n° 2 5 ; 5 décembre i852.
Moniteur agricole y n° 48; 2 décembre i852.
La Lumière; n° 5o ; 4 décembre i852.
L'Académie a reçu, dans la séance du i3 décembre i852, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie des Sciences,
o.e semestre i852; n° 23; in-4°.
Institut national de France. Biographie de Jean-Sylvain Bailly , astronome
de l'ancienne Académie des Sciences, membre de l'Académie française et de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, premier président de l'Assem-
blée constituante, premier maire de Paris, etc. ; par M. ARAGO , Secrétaire
perpétuel de l'Académie des Sciences, lue le lundi 26 février i844- Paris,
1 852 ; in-°/(. (Extrait du tome XXIII des Mémoires de l'Académie des Sciences.)
Annuaire pour l'an x 853, publié par le Bureau des Longitudes. Augmenté
de Notices scientifiques, par M. Arago. Paris, i852; in- 18.
Ostéographie , ou Description iconographique comparée du squelette et du
système dentaire des cinq classes d'animaux vertébrés récents et fossiles , pour
servir de base à la zoologie et à la géologie ; par M. H.-M. Ducrotay de
Blainville; 24e livraison, texte in-4° et atlas in-fol.
Cosmos. Essai d'une description physique du monde; par M. Alexandre
de Humboldt ; traduit par M. Ch. Galusky; tome III, 2e partie. Paris, i852;
in-8°.
Lobelia, ou Becueil d'observations de botanique et spécialement de tératologie
végétale, dédié à la mémoire d'un des pères de la botanique belge, Mathias de
L'Obel, né à Lille en Flandre en 1 538, et mort à Highgate en 1616;
par M. Ch. Morren. Bruxelles, i85i ; in-8°.
Exposition de la doctrine des impondérables , ou Nouveaux principes de mé-
decine transcendante et analytique; par M. C.-A. Christophe. Paris, r852;
in-8°. (Benvoyé, d'après une demande de l'auteur, à l'examen de la Com-
mission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
Mémoire sur le métal que les anciens appelaient orichalque; par M. J.-P.
Bossignol. Paris, i852; in-8°.
Bapportfait au Conseil central d'hygiène et de salubrité publique du dépar-
tement de la Gironde, sur l'épidémie cholérique qui a régné dans ce départe-
ment pendant l'année 1849; Par M- le Dr Ch. Levieux, secrétaire du Conseil.
Bordeaux, i852; in-8°.
(87a )
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE PUBLIQUE DU LUNDI 20 DÉCEMBRE 1852.
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.
La séance s'ouvre par la proclamation des prix décernés et des sujets de
prix proposés.
PRIX DÉCERNÉS
potm l'année 1832.
SCIENCES MATHÉMATIQUES.
RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX D'ASTRONOMIE
POUR L'ANNÉE i85a.
FONDÉ PAR M. DE LALANDE.
(Commissaires, MM. Arago, Mauvais, Laugier, Liouville,
Mathieu rapporteur.)
« L'astronomie s'est enrichie de sept planètes télescopiques dans le cours
de l'année i852.
» La Commission a pensé que tous ceux qui ont concouru à la décou-
verte de ces astres avaient droit au prix d'Astronomie fondé par Lalande.
Cette opinion a été partagée unanimement par l'Académie. Des médailles de
la fondation Lalande seront conséquemment décernées à M. IIim>, de l'ob-
servatoire de M. Bishop à Londres; à M. de Gasparis, de l'observatoire de
Naples ; à M. Luther, astronome de l'observatoire de Blik, près de Dussel-
dorf ; à M. Chacornac, de l'observatoire de Marseille , et à M. Herm \w
Goldschmidt, peintre d'histoire demeurant à Paris. »
C. R., i85a, am« Semestre. ( T. XXXV, N» 2S. ) I 1 5
( S74 )
RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX DE MÉCANIQUE
POUR L'ANNÉE i85a.
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
(Commissaires, MM. Poncelet, Ch. Dupin, Piobert, Morin,
Combes rapporteur.)
« La Commission a l'honneur de proposer à l'Académie de décerner cette
année le prix de Mécanique, fondé par le baron de Montyon, à M. Triger,
ingénieur civil, pour l'invention du procédé de refoulement de l'eau dans
les terrains aquifères au moyen de l'air comprimé, procédé qu'il a appli-
qué pour la première fois, vers l'année i83o„ au creusement d'un puits
de i5 mètres de profondeur à travers des sables mouvants, dans une île de
la Loire, près de Chalonnes, pour atteindre le terrain houiller inférieur.
» M. Triger communiqua à l'Académie, dans sa séance du iS oc-
tobre i84>, la description de l'appareil dont il avait fait usage, auquel il
donna le nom de sas à air, et les détails de l'opération qui avait eu un
succès complet.
» Il annonçait dès lors que plusieurs puits allaient être forés, par le
procédé qu'il avait imaginé et mis en œuvre, dans les terrains aquifères su-
périeurs au terrain houiller du département du Nord et de la Relgique, et
indiquait les applications heureuses que pourraient en faire les ingénieurs
des Ponts et Chaussées à la construction des ponts. Toutes les prévisions
de M. Triger ont été réalisées.
» La Commission propose de réunir la valeur du prix qui n'a pas été
délivré dans l'année 1 85 1 , au prix à décerner en i852. »
RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX DE STATISTIQUE
POUR L'ANNÉE i852.
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
(Commissaires, MM. Mathieu, Héricartde Thury, Rayer, de Gasparin,
Boussingault, Bienaymé, Ch. Dupin rapporteur.)
Statistique des industries à Paris, en 1847 et '848, sous la direction
spéciale de M. Horace Sa y.
« M. Horace Say, fils du célèbre économiste J.-B. Say, présente au
concours de Statistique un volume in-folio de r,oo8 pages. Ce volume porte
(875)
pour titre : Statistique de l'industrie à Paris, résultant de l'enquête faite
par la Chambre de Commerce de Paris, pour les années 1847 et 1848.
» Ce grand travail est composé de trois parties : la première embrasse les
résultats généraux; la deuxième, les faits propres à chaque espèce d'indus-
trie; la troisième réunit des enquêtes exceptionnelles sur les travaux qui
s'effectuent dans quelques établissements publics, l'Imprimerie impériale,
la Monnaie, les Gobelins, les théâtres, les pompes funèbres, etc.
» La première partie est celle qui devait surtout fixer notre attention.
» Elle présente d'abord un historique abrégé des efforts infructueux
tentés, depuis soixante ans, pour obtenir la statistique des industries pari-
siennes.
» La population soumise à l'enquête dont nous examinons les résultats,
est celle des douze arrondissements qui composent la ville de Paris, et qui
sont terminés par l'enceinte que définit le mur d'octroi.
» Cette population s'est trouvée :
En 1817, de 713,765
En i83i, de 774,338
En 1846, de 1,053,897
En i85i , de 1 ,053,262
» La population de Paris étant presque identiquement la même en 1 846
et i85i, on connaît ainsi le terme de comparaison fondamental pour les
recherches entreprises dans la capitale, entre ces deux époques.
» Afin de limiter le cercle des relevés statistiques, l'enquête sépare avec
soin les professions industrielles et les professions purement commerciales.
« Tout entrepreneur qui fait subir aux pz'oduits, par le travail, un chan-
» gement quelconque, est un industriel ; tous ceux qui se bornent à re-
» vendre les produits tels qu'ils les ont achetés, sans autre façon qu'un
» transport ou un fractionnement nécessaire à la vente, sont des commer-
» çants. »
» Ce qui caractérise l'enquête actuellement examinée, c'est qu'elle est la
première et la seule qui, pour arriver à des résultats complets, ait procédé
par énumération individuelle. On a suivi pour cela l'exemple remarquable
donné pour recenser la population de Paris en 1817, d'après les vues
éclairées de l'illustre Fourier.
» On a donc fait le recensement individuel de tous les chefs d'industrie,
depuis ceux qui dirigent les plus grands ateliers, jusqu'à l'ouvrier indépen-
dant qui n'a pour atelier que sa propre famille.
n5..
( 876)
» On a constaté de la sorte, par des bulletins isolés, l'existence de
63,685 chefs d'industrie n'exerçant qu'une seule profession, et de i , 1 3 1 chefs
d'industrie exerçant ou dirigeant à la fois plusieurs professions.
» A chacun de ces chefs ont été posées vingt questions ayant pour objet :
» i°. La nature de la fabrication;
» i°. L'importance de la fabrication en 1847, et 'a réduction du chiffre
des affaires en 1 848 ;
» 3°. Le nombre des ouvriers sédentaires travaillant à l'atelier;
» 4°- Le nombre des ouvriers sédentaires travaillant en ville;
» 5°. Le nombre des^ouvriers sédentaires travaillant en chambre ;
» 6°. Le nombre des ouvriers mobiles ;
» 70. Le nombre des ouvriers travaillant à l'atelier;
» 8°. Le nombre des ouvriers travaillant en chambre;
» 90. Le nombre des jeunes garçons de 6 à 1 2 ans ;
» 10. Le nombre des jeunes garçons de 12 à 16 ans;
» ii°. Le nombre des jeunes filles de 6 à 1 2 ans ;
» 1 1°. Le nombre des jeunes filles de 12 à 16 ans ;
» 1 3°. Le nombre des apprentis compris dans I énumération précédente,
avec l'indication des conditions d'apprentissage ;
» i4°. Le nombre des ouvriers congédiés pendant les quatre mois de
mars, avril, mai et juin 1 848 ;
» i5°. Le salaire journalier des hommes payés, soit à la journée, soit
aux pièces ;
» 160. Le salaire journalier des femmes payées, soit à la journée, soit
aux pièces;
» 1 70. Le salaire journalier des enfants et jeunes gens non considérés
comme apprentis;
» 180. La durée et l'époque de la morte saison ;
» 190. Les habitudes et les conditions générales d'existence des ouvriers ;
» ao°. Enfin, pour les industries textiles, le matériel industriel, c'est-à-
dire le nombre des métiers.
» L'enquête portant sur toute l'industrie manufacturière et sur l'en-
semble de la population laborieuse qu'elle occupe, on a recensé :
» i°. Tout individu fabricant pour son compte;
» 20. Tout individu fabricant à façon et employant un ou plusieurs
ouvriers ;
» 3°. Tout individu fabricant à façon et travaillant seul, lorsque son
ouvrage était destiné à une clientèle bourgeoise : bien qu'il pût être consi-
(877 )
déré comme simple ouvrier en chambre , on ne pouvait se dispenser de le
considérer comme entrepreneur; car sans cela il n'eût figuré nulle autre
part dans l'enquête ;
» 4°- Tout individu fabricant à façon et travaillant seul, lorsque, em-
ployé par divers entrepreneurs, il ne pouvait être considéré comme attaché
spécialement à l'un d'eux.
» Pour ne pas commettre d'omissions, les agents de l'enquête ont visité
complètement les 3.2, ooo maisons qu'offre la ville de Paris.
» Afin d'opérer avec méthode, on a subdivisé la capitale en trois cent
soixante-deux circonscriptions ; elles correspondaient au même nombre de
compagnies qui composaient, en 1848, la garde nationale de Paris.
» Dans la distinction faite entre l'industrie qui élabore des produits et le
commerce qui se contente de les revendre, il y avait nécessairement des
points de partage assez délicats, et quelques-uns nous semblent fixés sui-
vant des idées trop arbitraires. On a compris parmi les industriels produc-
teurs, les bouchers qui tuent, qui dépècent et revendent les viandes crues ;
et l'on n'a pas compris parmi les industriels les restaurateurs, qui font subir
aux viandes ainsi qu'aux végétaux des transformations bien plus labo-
rieuses.
» On a compris parmi les industriels les boulangers et les pâtissiers, en
excluant les rôtisseurs.
» On n'a pas compris parmi les industriels les nourrisseurs de bétail, les
jardiniers et les maraîchers, qui certainement sont des producteurs.
» Nous regrettons que l'enquête ne se soit pas étendue à ces diverses
catégories; mais, comme les professions auxquelles on a cru devoir se
borner sont parfaitement définies, il ne saurait en résulter ni confusion ni
cause d'inexactitudes.
» L'investigation relative à l'importance des affaires de chaque chef
d'industrie présente, sous cette désignation, le produit brut des ventes
annuelles, premièrement en 1847, secondement en 1848. On opère ainsi :
i° pour un temps de paix civile et de prospérité commerciale; i° pour un
temps d'extrême misère, de chômage immense et de production industrielle
réduite à son minimum. Ce contraste, imposé par la nature des choses, est
plein de résultats qui jettent une vive lumière sur les conditions qu'on a
trop méconnues de la prospérité, de l'existence même d'une grande cité
ma n ufacturière .
» Paris est à la fois la ville la plus peuplée, la plus industrieuse et la plus
productive de tout le continent européen. Elle renferme aujourd'hui trois
( 878 }
cent vingt-cinq industries essentiellement distinctes, et beaucoup d'entre
elles se subdivisent avec une rare intelligence, pour arriver à l'exécution la
plus économique, la plus rapide et la plus parfaite des travaux productifs.
» L'enquête explique avec soin les moyens de contrôle et de vérification
des résultats obtenus par les recensements nominatifs; elle dit comment on
vérifiait à nouveau tous ceux qui paraissaient douteux ou fautifs.
» Afin d'arriver à des points de vue généraux, d'où la lumière et l'in-
struction pouvaient sortir, on a réuni les industries qui sont analogues, au
moins quant à leur objet, en treize groupes collectifs.
Désignation des groupes Nombre des industries
d'industries. . de chaque groupe.
i °. Alimentation 17
20. Bâtiment 21
3°. Ameublement 32
4°. Vêtement 21
5°. Fils et tissus 36
6". Peaux et cuirs 7
70. Carrosserie, sellerie, équipements militaires t4
8°. Industries chimiques et céramiques 33
90. Travail des métaux, mécanique, quincaillerie 33
io°. Travail des métaux précieux, orfèvrerie, bijouterie, joaillerie. 35
1 1°. Boissellerie , vannerie, layeterie i5
1 20. Articles de Paris 34
i3°. Imprimerie, gravure, papeterie 27
Total des industries 325
» Apres avoir fait connaître le système et l'exécution de l'enquête, nous
allons en signaler les principaux résultats, qui sont d'une extrême impor-
tance.
» On a trouvé que les 6/J»8i6 chefs d'industries emploient 34a,53o tra-
vailleurs de tout âge et de tout sexe; ce qui donne en somme 407,346 per-
sonnes dont l'intelligence ou les bras sont occupés par 3^5 industries pro-
ductives, dans la ville de Paris.
» Il faut voir maintenant la corrélation de ce nombre de travailleurs avec
le produit des ventes pour chaque groupe de professions.
( *79)
Parallèle des ouvriers employés : y" pendant l'année 1847 > 2° P^'dant la crise commerciale
de 1848 (mars, avril, mai et juin), nombre qui n'avait pas même atteint son minimum en
juillet et août de cette même année.
OUVRIERS EMPLOYES.
Alimentation
Peaux et cuirs. . . . '.
Industries chimiques et céramiques
Imprimerie, gravure, papeterie. . .
Boissellerie, vannerie
Carrosserie, équipements militaires
Vêtements
Articles de Paris
Fils et tissus
Travail des métaux précieux
Travail des métaux communs
Bâtiments.
Ameublement
Total des ouvriers occupés
EN 1847.
10,428
4,573
9>737
16,705
5,4o5
13,754
90 , 064
35,679
36,685
16,819
24,894
4i ,6o3
36, 184
EN 1848.
34?., 53o
8,404
2,754
5,212
8,g5o
2,90.5
7,168
44,o5i
17,233
17,233
7,i63
10,408
14,812
9,832
1 56, 825
» Ces disproportions énormes sont d'autant plus à considérer, que cha-
cune en particulier affecte non pas une industrie unique, mais un groupe
de 10, 20, 3o, et jusqu'à 36 industries distinctes. Aussi, parmi les indus-
tries isolées, celles qui sont les plus souffrantes dépassent-elles, de beau-
coup, la misère moyenne de chaque groupe.
» Ce qui doit ensuite attirer le plus l'attention, ce sont les chiffres qui
constatent l'importance absolue des affaires ; c'est-à-dire la vente des pro-
duits dans les divers groupes d'industrie :
880 )
VENTE TOTALE DES PRODUITS.
Peaux et cuirs
Alimentation
Industries chimiques et céramiques
Carrosserie, sellerie, équipements militaires
Imprimerie
Boissellerie , vannerie
Vêtements ,
Articles de Paris
Fils et tissus
Travail des métaux précieux
Travail des métaux communs
Bâtiments
Ameublement
EN 1847
4i ,762,965
226,863,080
74, 546,606
52,357,176
5i ,171 ,873
20,482,304
240,947,293
128,658,777
io5,8i8,474
134,830,276
io3,63i ,601
145,412,679
137,145,246
EN 1848
1 ,463,628,350
28,014,000
i5o,8i 1 ,980
40,867,552
28, 106,557
27,363,484
io,o35,6o4
i 14,801 ,8o3
6o,o3o,223
45,782,971
49,657,804
37, 165,698
50,170,045
34,716,396
677,524,117
» La statistique est précieuse lorsqu'elle parvient à constater authenti-
quement des résultats d'une aussi grande conséquence.
» Il est une autre portion intéressante de l'enquête, et qui dans la pre-
mière partie forme l'objet d'un chapitre spécial. Elle fait connaître les lieux
qui sont plus particulièrement le siège des diverses industries. De là résulte
la richesse comparée et l'activité relative des divers arrondissements, qui
divisent Paris en douze villes ayant chacune un caractère et des ressources
qui leur sont propres.
POPULATION
totale.
1 12,740
1 14,616
65,35g
45,896
97,208
io4,54o
69,735
114,271
50,198
113,875
69,581
95,243
24,956
40,457
32,33i
21,042
5i,4i6
68,3 12
41,576
50,999
13,426
20,096
19,853
22,58a
IMPORTANCE
des
affaires .
102,792,486
177,668,700
127,125,591
72,35o,4oi
169,777.482
235,178,629
153,898,974
175,163,964
39.9o3>794
70,721,813
63,735,882
75,3io,634
TOPOGRAPHIE DES ARRONDISSEMENTS
Champs-Elysées, place Vendôme, Roule, Tuileries.
Chaussée-d'Antin, faubourg Montmartre, Feydeau , Palais-Royal .
Faubourg Poissonnière, Montmartre, Saint-Eustache , le Mail.
Louvre, Saint-Honoré, Banque, les Marchés.
Porte St-Martin, faub. St-Denis, Montorgueil, Bonne- Nouvelle.
Porte Saint-Denis, Lombards, Temple.
Mont-de-Piété, Sainte-Avoie , marché Saint-Jean, les Arcis.
Saint-Antoine, Marais, Popincourt, Quinze-Vingts.
Hôtel-de-Ville , Arsenal, Cité, ile Saint-Louis.
Invalides, Monnaie, faubourg St-Germain, St-Thomas-d'Aquin.
Luxembourg, Écple-de-Médecine , Sorbonne, Palais-de-justice.
Quartier St-Jacques , Observatoire , Jardin des Plantes, St-Marceau
,053,262 407,346 i,463,628,35o
(88, )
» En partant de ce tableau, nous avons calculé les chiffres du suivant,
qui sont dignes de la plus sérieuse attention.
Richesse industrielle comparée des divers arrondissements de la capitale, en prenant pour
terme de comparaison la base de 10,000 habitants.
PAR 10,000 1IAB1TASTS.
ier arrondissement ,
2e arrondissement.
3e arrondissement
4e arrondissement.
5e arrondissement
6e arrondissement,
7e arrondissement.
8e arrondissement
9e arrondissement
toe arrondissement
iic arrondissement
12e arrondissement
TRAVAILLEURS INDUSTRIELS
de tout sexe
et de tout âge.
2,2l4
4,046
4» 946
4,584
5,28g
6,534
6,i38
4,463
2,675
1,765
2,853
2,371
VESTE TOTATE DES PRODUITS
élaborés.
9,117,600
i5, 564, 100
19,450,100
15,764,000
16,745,000
22,495,200
22,724,000
15,329,000
7,g49,3oo
6,210,600
9,159,900
7,907,300
» Le chapitre des ouvriers et des salaires est un des plus intéressants de
la première partie ; il renferme, si nous pouvons parler ainsi, les conditions
d'existence de la population laborieuse.
» Il constate en premier lieu que cette population d'ouvriers présente :
204,925 hommes ,
ti2,85t femmes,
et seulement
24,714 adolescents ou enfants.
» Parmi ces derniers, on trouve :
Sexe masculin. Sexe féminin .
Enfants au-dessous de 12 ans '»249 869
Adolescents de 12 à 16 ans i5,6i4 6,982
» Il y aurait à faire un très-beau travail, et plein d'humanité, sur l'iné-
galité d'occupation entre les deux sexes, et sur le salaire du sexe le plus
faible. Ce salaire est, à mon avis, inférieur à l'intelligence, et mèmeàla puis-
sance de travail des filles et des femmes. Il faudrait en même temps montrer
C. R., i852, ^""Semestre. (T. XXXV, N°2S.) ' I l6*
( 88a )
quelles voies on pourrait ouvrir pour diminuer cette inégalité déplorable, et
ses conséquences funestes à la morale publique. Les recherches statistiques
dont l'enquête offre le détail, industrie par industrie, seraient du plus grand
secours dans les études qu'on entreprendrait afin d'atteindre ce noble but.
» Le salaire des hommes, constaté pour 204, 1 85 ouvriers payés, soit à
l'année, soit à la journée, soit à la tâche, donne ces résultats totaux :
» 195,062 hommes à la journée reçoivent 739,424 fr. par jour, c'est-à-
dire par journée moyenne 3 fr. 79 c. -~.
» Un tel salaire est plus que double du salaire qu'ont les ouvriers de
l'agriculture et de l'industrie dans 85 départements. Cette extrême inégalité
représente la supériorité des ouvriers de Paris sous les différents rapports de
l'activité, de l'adresse et de l'intelligence.
» Lorsque les soi-disant réformateurs de l'organisation du travail pro-
clamaient, comme un droit de l'homme, l'égalité des salaires entre les ou-
vriers de toutes les professions et pour toute la France, ils demandaient pu-
rement et simplement qu'on réduisît des deux tiers ou de moitié la solde
des ouvriers de la capitale; et c'est à ces derniers qu'ils adressaient de telles
propositions! Aussi, malgré toute l'éloquence des promoteurs de semblables
idées, les propositions ont été repoussées par les travailleurs de la capitale,
à la presque unanimité.
» Les ouvriers de Paris, suivant leur instruction, leur force et leur habi-
leté, sont eux-mêmes rétribués à des degrés fort inégaux et parfaitement
justifiés.
» L'enquête a trouvé :
24,463 ouvriers qui reçoivent par jour moins de 3 fr. ;
157,216 ouvriers qui reçoivent de 3 à 5 fr. ;
enfin, 10,393 simples ouvriers qui reçoivent phis de 5 fr., et dont quel-
ques-uns gagnent par jour jusqu'à ao fr. ; l'enquête dit même jusqu'à
35 fr. par jour!
» Commençons par faire observer que la première catégorie renferme la
plupart des ouvriers qui ne savent ni lire ni écrire; ceux qui n'ont pas d'in-
telligence, ni d'adresse, ni d'activité, ni de ponctualité; les hommes de
peine, les manœuvres qui servent les maçons, etc.
» Les ouvriers proprement dits, les vrais artisans de la catégorie inter-
médiaire, forment par bonheur les cinq sixièmes de la masse. Ceux là gagnent
de 3 à 5 fr., près de 4 fr- en moyenne; c'est-à-dire, à 3oo journées par an,
qu'ils gagnent plus de 1,100 fr. par année.
» Il est très- honorable pour la population parisienne d'avoir graduelle-
( 883 )
ment élevé la valeur moyenne de ses salaires jusqu'à ce taux qui démontre
sa supériorité artistique et industrielle.
» Les meilleurs ouvriers de la France ne sont pas les seuls qui, attirés
par cette juste rétribution de leurs talents, accourent à Paris. Dans beau-
coup d'industries, les plus habiles artisans de l'Allemagne, de l'Italie, de
la Hongrie, de la Suisse et de la Belgique s'empressent de mettre à profit
l'hospitalité française pour jouir du sort des ouvriers parisiens; la gratitude
aurait dû leur rappeler plus souvent les devoirs d'obéissance aux lois
d'un pays qui les accueille et les nourrit comme ses propres enfants.
» C'est une belle récompense assurée par l'industrie d'une cité, que celle
d'offrir à io,3g3 ouvriers d'élite un salaire quis'élève de i ,5oo fr. à 6,000 fr.
par année.
» Le sort de ces artisans distingués est d'autant plus heureux, qu'ils for-
ment la classe au milieu de laquelle se trouvent le plus ordinairement les
sujets qui joignent à l'habileté du travail l'esprit d'ordre, de calcul et de
commandement, indispensable au bon chef d'industrie. Chaque sujet d'élite
est libre de se classer, au moment qu'il juge opportun, parmi les maîtres
d'atelier; sa fortune alors ne dépend plus que de lui-même.
» De cette faculté résulte un mouvement annuel d'une extrême activité,
qui tend à faire monter progressivement chaque artisan, chaque artiste
capable, jusqu'au rang le plus élevé de l'opulence industrielle.
» Telle est dans la société française, et particulièrement à Paris, la véri-
table organisation du travail. Les hommes industrieux, comme les molé-
cules d'un grand fluide en équilibre, se rangent par couches d'un niveau
juste et naturel, suivant leur pesanteur spécifique, laquelle représente ici
la capacité, l'économie, l'esprit d'ordre et l'activité. Voilà l'organisation
qui, loin d'être un état imparfait, révoltant, et qu'il faille à tout prix dé-
truire, est le résultat naturel de vingt générations dont chacune a déve-
loppé, multiplié les arts utiles, et les a fécondés par les sciences qui les
dirigent en les éclairant.
» Une observation qui nous a frappés lorsque nous avons comparé des
industries très-diverses, c'est la faible différence du salaire moyen pour les
bons ouvriers dans ces nombreuses industries.
116..
( 884 )
SALAIRES MOYENS.
fr. c
Vêtements : tailleurs, bottiers, cordonniers, etc 3 33
Fils et tissus : châles, bonneterie, passementerie 3 |2
Boissellerie, vannerie : layeterie, tonnellerie, etc 3 44
Alimentation : garçons bouchers , boulangers , etc 3 50
Arts chimiques et céramiques 3 «,
Le bâtiment: charpentiers, menusiers, maçons, etc 3 81
Carrosserie : carrossiers, charrons, selliers, etc 3 86
Peaux et cuirs : tanneurs, mégissiers, chamoiseurs , etc 3,87
Ameublement: ébénistes, hronziers, sculpture pour ameublement 3, 90
Articles de Paris : facteurs d'instruments de musique , horlogers , tabletiers .... 3,g4
Métaux communs : mécaniciens, fondeurs, armuriers, etc 3,q8
Métaux précieux : orfèvres, joailliers, bijoutiers, horlogers. 4» '7
Imprimerie : gravure, lithographie 4, 18
Somme 4g, 1 1
Salaire moyen des treize groupes 3 --_l
» Une question du plus haut intérêt a, pendant plusieurs années, été
l'objet d'une incroyable controverse. On prétendait que les salaires des ou-
vriers de Paris, loin de s'accroître par la richesse publique et par le progrès des
arts, diminuaient de plus en plus. L'année même où commençait l'enquête
sur l'industrie de Paris, ces assertions étaient répétées avec plus d'assu-
rance que jamais. On s'en servait pour irriter les ouvriers contre la forme
même de la société laborieuse, et contre ce qu'on osait appeler l'organi-
sation inhumaine et stupide du travail.
» De semblables assertions tombent aujourd'hui ; elles sont pleinement
réfutées par les chiffres que l'enquête statistique a constatés pour toutes
les professions. C'est un service éminent qu'elle seule pouvait rendre à la
concorde publique.
» Loin qu'on ait lieu de regarder comme un édifice mal construit et
barbare la corrélation merveilleuse des métiers, des beaux-arts, des arts
libéraux et des sciences, dans une grande cité telle que Paris, ne doit-on
pas, au contraire, être saisi d'admiration pour cet équilibre animé, mouvant
et pourtant stable, qui coordonne tant d'esprits, d'imaginations et de forces
physiques, pour les répartir entre plusieurs centaines d'industries, et dans
chacune offrir à l'habileté, à l'activité, à la bonne conduite, des salaires
proportionnés à la puissance productive.
» Lorsque des novateurs, dont aucun n'avait perfectionné une science,
un art, un métier, un outil, ont essayé d'anéantir, à titre de progrès, cette
harmonie des travaux et des intelligences, faut-il s'étonner qu'à l'instant
( 885 )
même la richesse épouvantée se soit cachée sous la terre, que l'activité des
ateliers ait été paralysée ; et qu'aussitôt une immense misère ait démontré
l'ignorance et l'erreur de ceux qui prétendaient rebâtir sur des modèles im-
possibles les sociétés modernes, telles que les ont développées, améliorées,
embellies, quatre siècles de progrès dans les sciences et les arts ?....
» Voyez de quelle manière l'enquête statistique de l'industrie parisienne
traduit en chiffres écrasants la vérité de ces observations, pour deux années
qui se suivent sans intervalle :
» En 1847, dans l'année où les capitaux sont en paix,
les industries respectées et le travail laissé libre, l'im-
portance totale des affaires industrielles de Paris s'é-
lève à i,463,6a8,35o fr.
» En 1848, où les capitaux sont effrayés, où les sa-
laires sont taxés à titre de minimum, où la durée du
travail est réduite par force à titre de maximum, l'impor-
tance totale des affaires industrielles de Paris descend,
par une chute immédiate, à. 677,5^4? 1 1 7 fr.
» Et, dans cet appauvrissement, la moitié des citoyens de la ville d'un
million d'âmes reçoit le pain de la charité municipale !
» Nous montrerons encore un service qui peut être produit par de sem-
blables recherches statistiques.
» Toutes les fois qu'on a voulu diminuer le bienfait des caisses d'épargne,
en s'effrayant, terreur singulière! que les économies des classes laborieuses
fussent trop accumulées, on s'est efforcé de faire accroire que l'institution
était faussée. On affirmait qu'au lieu de servir aux ouvriers, elle servait sur-
tout à des classes qu'on faisait remonter jusqu'à l'opulence.
» Pour dissiper ces erreurs systématiques, il a fallu que notre respectable
confrère, M. Benjamin Delessert, fît dresser la statistique de trente mille dépo-
sants pris sans distinction dans la même année à la caisse de Paris; il a fallu
qu'on les rangeât par professions, pour reconnaître qu'en réalité les classes
assimilables au simple ouvrier formaient, à Paris, plus des 70 centièmes de
la totalité des déposants.
» Les Commissions législatives formées à diverses époques pour abaisser
la limite des dépôts, ralentir les économies et réduire les avantages des caisses
d'épargne, refusaient de croire que des charpentiers, des menuisiers, des
bronziers, en un mot de simples .artisans, pussent déposer à la fois, non pas
un franc, comme on leur offrait de le faire en créant l'institution, mais
( 886 )
jusqu'à trois cents Jrancs , limite la plus élevée des dépôts à recevoir en
une fois.
» Il a fallu, pour vaincre leur incrédulité, que MM. les directeurs de la
caisse d'épargne de Paris montrassent eux-mêmes aux incrédules officiels,
parmi les livrets anciens et récents, avec les professions des déposants régu-
lièrement inscrites, la réalité des dépôts qu'on aimait à croire impossibles.
» Si l'enquête sur l'industrie de Paris javait été publiée, il aurait suffi de
montrer io,3o,3 ouvriers qui reçoivent depuis 5 francs jusqu'à 20 francs par
jour, sans compter les ouvriers chefs d'industrie dans leur propre famille.
Alors les esprits incrédules auraient compris 'aisément combien ils suppo-
saient à tort qu'un ouvrier de la capitale ne peut s'élever qu'à des économies
misérables. Ils auraient reconnu que cet ouvrier, dans sa prospérité, doit
trouver et remplir, à la caisse d'épargne d'une grande capitale, autre chose
qu'un tronc des pauvres.
» La statistique dont nous venons d'expliquer le plan, l'exécution et
quelques-uns des résultats, répandra beaucoup de lumière sur la nature et
les rapports des diverses professions exercées par une grande population.
» La Chambre de Commerce de Paris a dépensé plus de 100,000 francs
pour faire exécuter le recensement général des industries et la publication des
résultats. Cette entreprise honore à la fois l'esprit qui dirige ce corps et sa
libéralité.
» Cette Chambre présente aux grandes cités du monde civilisé un exemple
digue d'être imité.
» Il serait d'un extrême intérêt que les capitales du premier ordre et les
principales villes manufacturières en Europe, ainsi qu'aux États-Unis, fus-
sent recensées d'après le plan qu'on a suivi pour la ville de Paris. Nous vou-
drions qu'on étudiât, au premier rang, Londres, Berlin, Vienne, Péters-
bourg, Moskow, Naples, etc., etc.; New-York, Philadelphie, Boston,
Cincinnati; ensuite Lyon, Bouen et Marseille, Manchester, Glasgow, Liver-
pool, etc., parmi les villes les plus renommées.
» Il est à regretter qne la Chambre de Commerce de Paris ait laissé son
œuvre incomplète, et qu'elle ait omis, elle, Chambre de Commerce, les
industries purement commerciales, c'est-à-dire celles qui s'occupent de
transporter, d'acheter et de revendre, soit en gros, soit en détail, pour la
ville et pour le dehors. Ce genre de professions fait travailler des classes
nombreuses : le tableau de leur vie intérieure, le dénombrement de leur
population par catégories, les taux variés des salaires, etc., présenteraient à
(887)
coup sûr un intérêt, une instruction comparables aux résultats des indus-
tries manufacturières.
» L'Académie serait heureuse de voir la Chambre de Commerce de Paris,
en accomplissant cette tâche nouvelle, doubler le service éminent qu'elle
a rendu.
» En résumé, la Statistique de l'Industrie de Paris est un travail qui nous
paraît mériter, par la sagesse du plan, la grande étendue des études et l'ex-
posé méthodique des résultats, l'approbation de l'Académie. Nous propo-
sons de décerner le prix annuel fondé par M. Montyon pour la statistique à
M. Horace Say, secrétaire à la fois de la Chambre de Commerce et de la
Commission de l'enquête, dont il est devenu le rapporteur. Il a, pendant
trois années, dirigé, surveillé les opérations du recensement et la formation
des tableaux dont nous avons indiqué les résultats.
» Nous devons aussi mentionner honorablement son fds, M. Léon Say,
et M. Rondot, qui, sous ses ordres, concouraient aux travaux de collection
et de rédaction.
M. Gayot. — Atlas statistique de la production des chevaux en France.
» M. Gayot a rempli très-honorablement des fonctions administratives
importantes dans la direction centrale des haras. Il a présenté , pour le
concours de statistique, un ouvrage in-folio intitulé : Atlas statistique de la
production des chevaux en France.
» Avant cette remarquable publication, l'auteur avait exposé dans un
ouvrage considérable [la France chevaline, 4 vol. in-8°, Paris ), l'histoire
des haras, depuis leur institution en France, sous Louis XIII, jusqu'en
18/18.
» La publication de l'Atlas statistique a pour objet de faire connaître,
par des cartes explicatives, par des dessins corrects et par des descriptions
exactes, la population chevaline de la France.
» L'auteur divise le territoire en 27 circonscriptions hippiques, savoir :
•x haras; a4 dépôts d'étalons; un dépôt de remonte. Chacune de ces circon-
scriptions est représentée par une carte indiquant le chef-lieu de la circon-
scription, les points sur lesquels les stations ont été créées, les chefs-lieux
de courses et les divers établissements qui ressortent des remontes militaires.
» Le recensement de la population chevaline, tel que le publie M. Gayot,
a été exécuté, pendant l'année i85o, par des hommes ayant une connais-
sance spéciale du cheval. Fait de village en village, par canton, par arron-
dissement, et enfin par département, ce recensement embrasse quatre-vingt-
( 888 )
trois départements, ceux de la Seine, de Seine-et-Oise et de la Corse n'ayant
pas pu y être compris. INon-seulement l'auteur a donné la population che-
valine de chaque circonscription, mais il a fait connaître l'aptitude de chaque
localité à produire des chevaux appropriés aux diverses armes de la cava-
lerie et aux besoins variés de l'agriculture et de l'industrie. Les dessins re-
présentent les types primitifs ou les anciens types, les types améliorés et
parfois même les types dégénérés qu'on rencontre dans les diverses circon-
scriptions. L' Atlas statistique est en réalité le tableau fidèle de notre popu-
lation chevaline actuelle. Il montre que toutes nos anciennes races ont été
modifiées : le plus grand nombre s'est amélioré; d'autres se sont détério-
rées. Le pur sang anglais a rendu la race normande plus active et plus éner-
gique. L'heureuse influence du sang arabe et de l'anglo-arabe se fait re-
marquer dans les produits de plusieurs de nos contrées du Midi. D'un autre
côté, l'emploi d'étalons non appropriés aux races de certaines parties de la
France, et surtout l'incurie et les préjugés des éleveurs, ont amené la dété-
rioration de certaines races qu'il eût été possible d'améliorer par elles-
mêmes. Le type de la race ardennoise, si vantée pour ses qualités solides et
sa résistance au travail, peut à peine être retrouvé; les beaux types de la
race francomtoise ont presque entièrement disparu ; enfin notre belle race
percheronne a couru plus d'un danger, par suite de croisements mal appro-
priés. Toutefois un fait consolant résulte des nombreux documents rassem-
blés dans Y Atlas statistique : la population chevaline, en France, non-
seulement a, dans ces derniers temps, acquis une augmentation considé-
rable (puisque en i85o elle est trouvée supérieure de 165,409 chevaux à
l'énumération de 18/jo), mais encore elle tend à devenir de plus en plus
appropriée aux besoins de l'armée, ainsi qu'aux nouvelles exigences de
l'agriculture et de l'industrie.
» L'Académie, reconnaissant l'importance des documents et des observa-
tions rassemblés dans l'Atlas statistique de la production chevaline en
France, accorde à l'auteur une mention honorable.
M. Bloxdel. — Statistique comparée des épidémies cholériques ,
de i83a et de 1849.
» Une statistique précise et complète peut seule fournir une base pour
faire, d'une manière exacte et fructueuse, l'histoire des grandes épidémies.
» Sans cette base, l'appréciation d'une foule d'influences, très-impor-
tantes à connaître, telles que celles des localités, des saisons, des conditions
météorologiques, des âges, des sexes, des professions, etc., ne peut être
(889)
tentée avec quelque chance de succès. Le Rapport fait par la Commission
centrale de la ville de Paris, sur l'épidémie de i832, avait fourni des docu-
ments statistiques précieux. Le Rapport de M. Blondel sur l'épidémie cho-
lérique de 1 849 n'est pas moins important ; il offre en outre un intérêt par-
ticulier, résultant de la comparaison de ces deux grandes épidémies entre
elles.
» Les deux épidémies de Paris comptent parmi les plus meurtrières
en Europe. M. Blondel a suivi ces deux épidémies dans leurs différentes
phases.
» Les deux épidémies cholériques qui ont frappé cette ville à dix-sept
années d'intervalle, en i832 et en 1849, ont commencé et fini aux mêmes
époques de Vannée; elles ont duré à peu près le même nombre de mois.
» Toutes deux ont fait irruption en mars : la première le 26 et la seconde
le 1 8 ; toutes deux se sont étendues presque simultanément dans tous les
quartiers de la capitale. Mais l'épidémie de i832, après avoir éclaté subi-
tement, a sévi dès son début avec une violence extrême; celle de 1849,
annoncée plusieurs semaines à l'avance par des cas isolés, s'est développée
avec autant de lenteur que d'uniformité. Dans les deux épidémies, l'inten-
sité de la maladie a augmenté et diminué, pour ainsi dire, aux mêmes jours
pour toutes les classes d'habitants et de malades.
» On n'aurait pas une idée juste de l'intensité relative des deux grandes
épidémies, si l'on ne considérait que le total des décès occasionnés par le
choléra. Ces décès s'élèvent pour i83a à 18,402, et pour 1849 A 18,069,
Mais, dans les dix-sept années qui séparent ces deux époques, la ville de
Paris, par l'effet d'une admirable prospérité, s'est augmentée de 279924
habitants. En ayant égard à cet accroissement, on trouve que la mortalité
produite par le choléra s'est élevée, pour 100,000 habitants de la capitale :
En i832 à 2,247;
En 1849 * li11^-
Diminution d'intensité de l'épidémie, 24 pour 100.
» Le travail de M. Blondel contient un grand nombre de tableaux où
sont donnés séparément le nombre des décès dans les maisons particulières,
dans les hôpitaux et dans les établissements publics, en distinguant les âges,
les sexes et les professions. Des tableaux graphiques rendent ces résultats
visibles aux yeux. Le nombre des décès par jour, depuis le commencement
jusqu'à la fin des deux épidémies, est également exprimé.
» Si des travaux analogues à celui de M. Blondel sont exécutés lors des
C. R., i85a, a">« Semestre. (T. XXXV, N» 83.) • ' 7
( 89o )
épidémies qui pourront attaquer ultérieurement les grands centres de po-
pulation, ces documents rapprochés les uns des autres, avec leurs résultats
éclairés par des observations topographiques et météorologiques, condui-
ront probablement à la découverte des causes qui influent sur la propaga-
tion, sur l'intensité et sur la durée des épidémies cholériques.
» D'après ces considérations, l'Académie accorde une mention honorable
au Rapport de M. Blondel sur les grandes épidémies de Paris, en i832 et
i849-
M. le général Daumas. — Ouvrages sur l'Algérie.
» Pendant seize ans passés en Afrique, M. le général Daumas a rempli
des missions variées, en exerçant des fonctions de plus en plus impor-
tantes. L'accomplissement de ces devoirs l'a mis en rapport avec les
Arabes de toutes classes, avec les chefs indigènes et les familles influentes,
soit de l'ancienne régence d'Alger, soit des pays circonvoisins. Tantôt
d'après ses propres observations, tantôt d'après les renseignements puisés
aux sources qu'il pouvait juger les meilleures, enfin d'après des documents
recueillis au Ministère de la Guerre, il a composé quatre ouvrages adressés
au concours de Statistique. En voici les titres :
» i°. Le Sahara algérien, études géographiques, statistiques et histo-
riques sur la régiou au sud des établissements français en Algérie, i vol.
in-8°. Paris, i845.
» 20. La Grande Kahjrlie, i vol. in-8°. Paris, 1 847-
» 3°. Le Grand Désert, 1 vol. in-8°. Paris, 18^9-
» 4°- Les Chevaux du Sahara, 1 vol. in-8°. Paris, i85i.
» Le premier travail du général Daumas avait pour objet de faire con-
naître, au point de vue géographique et statistique, la région située au
sud des établissements français, en Algérie. Pour atteindre ce but, l'auteur
a lui-même interrogé chaque jour pendant deux ans, des Arabes de tous ,
les pays et de toutes les conditions, au nombre de mille au moins. A chaque
fois, M. Gaboriaud, capitaine d'état-major, dessinait, séance tenante, et
coordonnait ensuite le tracé de tous les lieux dont la connaissance était
ainsi recueillie. Un second collaborateur, M. Aussone de Chancel, secré-
taire-archiviste de la direction des affaires arabes, consignait tous les faits
qui paraissaient dignes d'être notés. La carte approximative et la notice
résultant de cette longue et minutieuse enquête ont été recommencées
cinq fois. On comprend tout ce qu'il a fallu de peine et de travail pour
donner, à l'aide de cette méthode, la position à peu près exacte de toutes
(89i )
les montagnes du désert, des cours d'eau, des puits, des villes et des vil-
lages ; pour constater les diverses tribus, leurs territoires de station et de
parcours; enfin pour acquérir quelques notions sur les races, les mœurs,
le langage, l'industrie et le commerce de ces peuplades.
» Ce premier travail ayant été favorablement accueilli, le général Damnas
publia, avec la collaboration du capitaine Fabar, un nouvel ouvrage inti-
tulé : la Grande Kahjlie. Les auteurs ont esquissé à grands traits la confi-
guration matérielle et la physionomie de ce pays, dont la superficie ap-
proche d'un million d'hectares, et dont la population est supposée de
a5o,ooo âmes. Il résulte de leurs recherches historiques et de leurs obser-
vations que le peuple kabyle, en partie autochthone, en partie germain
d'origine, autrefois chrétien, aujourd'hui musulman, est resté distinct de
l'Arabe, malgré l'affinité religieuse et les contacts les plus multipliés.
» Ce peuple se compose de tribus qui se gouvernent elles-mêmes, comme
autant d'États indépendants.
» Lorsque l'armée française a pénétré dans le pays difficile, inconnu de
la Grande Kabylie, qu'elle a conquis, les indications données par l'ouvrage
que nous citons ont été du plus grand secours , et l'on en a, de la sorte,
constaté la vérité. Un service de cet ordre avait été rendu, il y a cinquante
ans, par l'illustre Volney, à notre première armée d'Afrique, lorsqu'elle
parcourait l'Egypte et la Syrie.
» Les recherches sur la Kabylie ont été suivies d'un nouvel ouvrage dans
lequel le général Daumas, de concert avec M. Aussone de Chancel, s'est
proposé d'ajouter aux connaissances que l'on possédait déjà sur le Grand
Désert. Cette partie de l'Afrique est fréquemment traversée par des cara-
vanes qui, parties des villes du Sahara, vont trafiquer dans celles du Sou-
dan. Après avoir pris un grand nombre de renseignements, soit auprès des
voyageurs des caravanes, soit auprès des nègres d'Alger, dont la plupart
sont nés au Soudan, MM. Daumas et Aussone de Chancel ont fait, de cette
partie du continent africain, une esquisse plus exacte et plus complète que
celles qui avaient été tracées jusqu'à ce jour.
» Un dernier travail du général Daumas se recommande par un nouveau
genre de mérite : ses recherches sur les chevaux du Sahara ajoutent un
complément important à ses travaux sur l'Algérie. Les hommes les plus
éclairés dans l'étude hippique reconnaissent aujourd'hui que la propagation
du sang arabe est le moyen le plus sûr d'améliorer l'espèce chevaline. On
comprend dès lors tout l'intérêt que doit offrir un travail qui fait connaî-
tre le cheval arabe du Sahara et les causes de sa perfection.
117..
( 89* )
» Les quatre traités publiés par le général Damnas, fruit de longues et
laborieuses recherches, sont écrits dans un style plein d'intérêt : ils font
penser, ils instruisent. Ils se recommandent par d'autres titres que celui
d'une statistique rigoureuse et qui procède au moyen de recensements
positifs et complets. Ils méritent tous nos éloges; mais nous ne pouvons
leur accorder qu'une mention honorable dans un concours de statistique
où le prix est remporté par une œuvre colossale, par une œuvre possible
seulement au milieu d'une société concentrée et régulièrement organisée.
M. Maurice Block. — Des Charges de l' agriculture. Paris, i85i.
» La première partie de cet ouvrage est relative à la France ; c'est la seule
qui rentre dans le programme du concours. M. Block fait observer qu'on a
considéré d'une manière trop restreinte les charges de l'agriculture, en se
bornant à celles qui résultent de l'impôt, des contributions et des rede-
vances de tout genre. Il remarque avec raison que l'agriculture, comme
toutes les industries, supporte des frais de production bien autrement
importants. Il indique aussi les charges physiques produites par la nature
du sol, par le climat, par les vicissitudes atmosphériques, et même les
charges personnelles qui pourraient provenir d'un travail et d'une admi-
nistration mal entendus. Mais, dans son ouvrage, il ne compte que les
charges économiques et sociales. Il cherche d'abord à déterminer les élé-
ments qui concourent à la production. Il trouve une population rurale de
a5 millions d'âmes, et 4'>8io,ooo hectares pour l'étendue du territoire
cultivé, non compris les forêts. Il porte à 8 milliards goo millions de
francs la valeur des produits agricoles bruts. Il passe ensuite aux charges
diverses de la production agricole. Elles s'élèvent à 5 milliards 454 millions
de francs pour les fermages, les salaires, les semences, la nourriture des
bestiaux, etc. Cette somme étant retranchée du produit brut 8 milliards
900 millions, il reste encore 3 milliards 446 millions pour le produit net
annuel de l'agriculture en France. Mais M. Block trouve que l'impôt réparti
sur les propriétés cultivées s'élève à 242 millions de francs; cette partie
de l'impôt, cette charge qui pèse sur l'industrie agricole, est à peu près
équivalente à 3 pour 1 00 du produit brut, 8 milliards 900 millions, et à 7
pour 100 du produit net, 3 milliards 446 millions.
» Nous ne suivrons pas plus loin l'auteur dans la première partie de son
ouvrage. Nous nous contenterons de dire que dans la deuxième et la troi-
sième, où il s'occupe des divers États de l'Europe, il a profité de toutes les
occasions qui se sont présentées pour faire des rapprochements qui donnent
( 893 )
un nouvel intérêt à son travail sur la France. C'est par là qu'il montre les
efforts que nous devons faire en agriculture pour soutenir la comparaison
avec les autres États de l'Europe.
» M. Block discute avec soin les faits nombreux qu'il a recueillis, et
c'est toujours avec une prudente réserve qu'il présente les résultats auxquels
il est conduit. L'Académie, voulant encourager des recherches d'une si
grande conséquence économique pour l'agriculture, mentionne honora-
blement M. Block.
MM. Talbot et Guéraud. — Petite Géographie de la Loire- /inférieure ,
i vol. in- 12, 2e édition.
» Ce livre, adopté par le Conseil d'instruction publique, est digne de cet
honneur. Il est rédigé avec méthode, écrit avec intérêt, accompagné de
notices historiques et descriptives succinctes et bien faites ; enfin les résul-
tats statistiques sont puisés aux bonnes sources et bien présentés. Nous
mentionnons avec plaisir ce modeste ouvrage.
M. J.-I. Pierre, professeur à la Faculté des Sciences de Caen. —Études sur
les Engrais de mer des côtes de la basse Normandie (Manche et Calvados),
1 vol. in-8°, i852.
» Cet ouvrage succinct est éminemment recommandable au point de vue
de l'agriculture et de l'analyse chimique des engrais de mer; mais il peut à
peine être compté comme travail de statistique.
M. Eugène Marchand, de Fécamp.— Des Eaux en général, et en particulier
des eaux employées dans les deux arrondissements du Havre et d'Yvetot.
(Manuscrit.)
» Nous ne mentionnons ici que pour Mémoire l'ouvrage très-important
de M. Eugène Marchand. C'est l'exposition complète et raisonnée d'analyses
rigoureuses telles que peut aujourd'hui les faire la chimie, pour faire con-
naître la nature de toutes les eaux potables des arrondissements du Havre
et d'Yvetot.
» Ce travail appartient à l'examen de la Section de Médecine et de Chi-
rurgie. Des prix de M. le baron de Montyon, qui comprennent l'hygiène
publique, offriront la récompense naturelle de cette œuvre si laborieuse et
si savante. La statistique des eaux a sans doute son importance, mais elle
ne suffirait pas, cette année, pour donner à l'auteur un prix digne de ses
efforts. »
(894 )
PRIX FONDÉ PAR MADAME DE LAPLACE.
■a Une ordonnance royale ayant autorisé l'Académie des Sciences à
accepter la donation, qui lui a été faite par Madame de Laplace, d'une
rente pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection
complète des ouvrages de Laplace, prix qui devra être décerné chaque
année au premier élève sortant de l'École Polytechnique,
» Le Président remettra les cinq volumes de la Mécanique céleste,
l'Exposition du système du monde et le Traité des probabilités , à M. Bout
(Jacques-Edmond-Émile), sorti le premier de l'École Polytechnique, le
23 septembre i85a, et entré à lÉcole des Mines. »
SCIENCES PHYSIQUES
pour l'année I8S2.
PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE.
RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX DE PHYSIOLOGIE
EXPÉRIMENTALE DE L'ANNÉE i852.
(Commissaires, MM. Flourens, Serres, Rayer, Duméril,
Magendie rapporteur.)
« Le prix de Physiologie expérimentale ne sera pas, cette année, décerné
à l'une de ces brillantes découvertes qui révèlent ou éclairent quelque
important phénomène de la nature vivante.
» Ce n'est pas toutefois que la matière fasse défaut au génie investigateur
des physiologistes, car la plupart des principaux actes de la vie sont encore
enveloppes de nuages plus ou moins épais; personne n'ignore, par exemple,
que certains organes, que des systèmes d'organes même ont des usages tout
à fait ignorés ou à peine entrevus.
» Tel est cet appareil nerveux désigné par les anatomistes sous les noms
de grand sympathique, nerf tris planchnique, système ganglionnaire, etc.
Bien que les physiologistes aient presque tous cherché à en deviner les usages
et qu'ils en aient fait l'objet d'hypothèses plus ou moins ingénieuses, la
vérité est que ses fonctions sont encore un mystère.
» Celui qui démontrerait expérimentalement les usages de ce système
organique ferait donc une découverte du plus haut intérêt pour la physio-
logie.
» Mais, sans arriver à un résultat aussi désirable, si un physiologiste
(895)
établissait quelques faits qui soulèveraient une partie du voile qui cache
encore les fonctions de cet important appareil, on comprend qu'il méri-
terait d'être encouragé. C'est le cas où s'est heureusement trouvée votre Com-
mission du prix de Physiologie expérimentale ; elle a reconnu dans les
recherches de MM. Budge, professeur à l'université de Bonn, et Waller,
médecin anglais, des résultats nouveaux qui établissent d'une manière cer-
taine quelques faits positifs de nature à éclairer les fonctions du système ner-
veux ganglionnaire.
» On savait par les expériences de Pourfour du Petit, anatomiste du
dernier siècle et Membre de cette Académie, que la section du grand sym-
pathique au cou détermine le resserrement de la pupille du côté correspon-
dant. On avait appris plus récemment, par une expérience de M. Biffi, de
Pise, qu'en galvanisant le bout supérieur de ce nerf coupé, il en résultait
au contraire la dilatation de la pupille. MM. Budge et Waller prouvent, par
des expériences dont vos Commissaires ont constaté l'exactitude, que ces
propriétés de la partie cervicale du grand sympathique sont en rapport avec
un segment de la moelle épinière, compris entre la septième vertèbre du
cou et la deuxième dorsale. Si l'on détruit cette partie de la moelle, l'in-
fluence du grand sympathique sur l'iris disparaît; d'où l'on tire cette consé-
quence, que c'est la moelle épinière qui influence les mouvements de la
pupille, et que le rôle du nerf sympathique est de transmettre cette influence,
au lieu de l'exercer de lui-même, comme il était naturel de le penser d'après
les expériences qui viennent d'être citées. Il résulte encore de ces recher-
ches que le filet cervical sympathique, au lieu de procéder du crâne vers le
thorax, procéderait au contraire du cou vers la tête. Une autre conséquence
qu'on pourrait encore déduire de ces expériences, est que le système gan-
glionnaire, au lieu d'avoir des fonctions indépendantes, comme beaucoup
d'auteurs l'ont avancé, serait, ainsi que les autres nerfs, une dépendance
du système cérébro-spinal. La Commission a regardé ces faits comme assez
importants et assez nouveaux pour partager entre leurs auteurs le prix de
Physiologie expérimentale de l'année i85a.
» La Commission a en outre examiné un Mémoire de M. Ségoxd, sur la
phonation et la théorie du chant; mais, comme les expériences que renferme
ce Mémoire n'ont pas pu être vérifiées par la Commission, ce travail est
réservé pour le concours de l'année prochaine.
» Par le nombre, l'importance et la variété des travaux qui ont été pré-
sentés pour le prix de Physiologie expérimentale depuis quelques années, la
Commission constate avec satisfaction que cette belle science, complément
( 896)
nécessaire de toutes les autres sciences naturelles, est aujourd'hui cultivée
et enseignée dans la plupart des universités d'Europe et d'Amérique, et
que tout fait espérer qu'elle continuera à faire de rapides et importants
progrès. »
RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LES PRIX RELATIFS AUX
ARTS INSALUBRES DE L'ANNÉE i85a.
(Commissaires, MM. Payen, Rayer, Chevreul,Pelouze, Dumas rapporteur.)
« La Commission chargée de l'examen des pièces adressées au concours
pour i852 déclare qu'il n'y a pas lieu, cette année, de décerner de prix. »
RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LES PRIX DE MÉDECINE
ET DE CHIRURGIE DE L'ANNÉE i85a.
(Commissaires, MM. Velpeau, Roux, Andral, Rayer, Magendie, Duméril,
Flourens, Lallemand, Serres rapporteur.)
« Parmi les ouvrages envoyés au concours de l'année i85a pour les prix
de Médecine et de Chirurgie, la Commission en a distingué plusieurs sur
lesquels elle vient appeler l'attention de l'Académie.
» Ces ouvrages, si divers par les sujets qu'ils traitent, embrassent l'en-
semble de la science médicale et de l'art chirurgical , ainsi que le prévoit
l'article ier de l'ordonnance du 20 août 1829.
» Mais, afin que les legs faits par M. de Montyon pour le perfectionne-
ment de la médecine et de la chirurgie produisent, au degré le plus étendu,
les avantages que le testateur avait en vue, la Commission a, plus que les
années précédentes, insisté sur les travaux relatifs à l'anatomie et à la phy-
siologie, par des motifs que nous allons brièvement exposer.
» Nous ne rappellerons pas à l'Académie que ces deux sciences ont fourni
à la médecine les données indispensables à la connaissance physique de
l'homme, et les bases sur lesquelles reposent les degrés de son application
dans l'état de maladie. Depuis trois siècles, l'histoire de l'art de guérir est
tellement empreinte de cette vérité, qu'elle constitue un de ses axiomes.
» Mais en même temps que l'histoire de la science nous révèle ce fait,
elle nous apprend aussi que ce n'est que très-tardivement que les vérités
nouvelles en anatomie comme en physiologie, se font jour dans le sanc-
tuaire des écoles, et, par suite, dans la pratique médico-chirurgicale.
» L'introduction tardive de la découverte de la circulation du sang dans
( 897 )
la clinique médicale, l'appréciation plus tardive encore des affections du
cœur et des gros vaisseaux, qui se lient si intimement à ce grand fait phy-
siologique, attestent cette lenteur si préjudiciable au bien-être de l'huma-
nité, lenteur qui se remarque au même degré en anatomie, quoique en
apparence ses vérités soient plus matérielles.
» Afin d'apprécier ce fait, il faut distinguer avec soin les deux parties dont
se compose l'anatomie. L'une est relative à la forme et à la position relative
des parties; l'autre, plus difficile, considère plus particulièrement leur struc-
ture. La première est l'œuvre du xvie siècle ; c'est celle sur laquelle la chi-
rurgie française a posé ses assises et élevé si haut l'art chirurgical. La seconde,
plus particulièrement dévolue à la pathologie interne, ouverte avec éclat
parle xvne siècle, délaissée par le xvme, paraît destinée à devenir un des titres
de gloire du xixe, grâce au perfectionnement apporté dans la composition
du microscope.
i> Les noms de Boerhave et de Haller se rattachent, par la théorie de
l'inflammation et les vues sur l'irritabilité, au perfectionnement de la méde-
cine, sorti des notions acquises sur la structure des parties. Mais c'est l'école
italienne, et en particulier Albertini Valsalva et Morgagni, qui en firent l'ap-
plication à l'étiologie des maladies internes. L'immortel traité de Sedibus
et causis morborum ouvrit avec modestie cette ère moderne de la science
qui, au fond, n'est que le perfectionnement de la méthode d'Hippocrate
et de Galien. Bichat en fut le continuateur; or, que sommes-nous pré-
sentement en médecine, sinon les émules de Haller, de Morgagni et de
Bichat?
» La Commission tenait à donner cette explication, afin de bien faire
apprécier le but qu'elle se propose en élargissant le cadre des prix de Méde-
cine et de Chirurgie.
ANATOMIE.
» Et, de suite, nous allons faire l'application de ce qui précède aux
ouvrages de MM. Bourgery, Jacob et Ludovic Hirschfeld sur l'anatomie
du système nerveux, ainsi qu'au travail de M. le Dr Follin sur les corps de
Wolf.
» L'étude du système nerveux commence et finit l'histoire de l'anatomie.
Mais si, malgré les travaux immenses dont il a été l'objet, il reste encore
bien des points à éclairer, la cause ne réside pas uniquement dans la diffi-
culté du sujet, elle réside aussi dans l'isolement où se tiennent les ana-
C. R., i85a, a"» Semestre. (T. XXXV, N° 28.) IIO
( 898 )
tomistes en négligeant les faits que nous dévoilent la physiologie et la
pathologie.
» Nulle part, en effet, le concours réciproque de ces sciences n'a été plus
efficace que dans l'étude de ce système. N'est-ce pas, en effet, à la connais-
sance physiologique et pathologique du croisement d'action des hémi-
sphères cérébraux et cérébelleux que sont dues les découvertes de l'entre-
croisement des pyramides antérieures et des faisceaux convergents de la
protubérance annulaire et du corps calleux ?
» N'est-ce pas à la physiologie expérimentale que sont dues, en premier
lieu, la délimitation des cordons composant la moelle allongée; en second
lieu, la séparation tranchée des cordons antérieurs et postérieurs de la moelle
épinière ; et, en troisième lieu, la destination si précise des nerfs moteurs et
des nerfs sensibles, qui a permis aux anatomistes de déterminer le siège
précis des ganglions intervertébraux?
» Ces exemples, que nous pourrions multiplier, ont rendu nécessaire Je
remaniement des descriptions iconographiques que l'on avait faites de l'axe
cérébro-spinal et des nerfs qui en émanent. C'est ce travail que MM. Bour-
gery, Jacob et Hirschfeld viennent d'exécuter sur nature, avec une préci-
sion qui répond aux besoins de la science. Le premier, celui de MM. Bour-
gery et Jacob, est remarquable par l'anatomie d'ensemble du système nerveux
qui se rattache au grand ouvrage sur l'anatomie qu'ils ont publié en com-
mun, et sur lequel portent plus spécialement les encouragements que nous
paraît mériter un si grand travail .
» Les planches de ce bel ouvrage, exécutées par M. Jacob, sont remar-
quables par leur exactitude; c'est la nature rendue plus expressive par l'art.
Leur composition rappelle les belles planches anatomiques d'Albinus, de
Haller et de Scarpa.
» La partie descriptive offre aussi un caractère qui lui est propre. Ce n'est
plus ce#tte anatomie morte qui rebute les sens et dégoûte l'esprit par l'aridité
de ses descriptions ; c'est la science de l'anatomie mise au service de la phy-
siologie, de la médecine et de la chirurgie.
» Quanta celui de M. Hirschfeld, que l'on pourrait croire n'être que la
répétition du précédent, un examen comparatif a permis à la Commission
d'en apprécier l'originalité, sur les points les plus difficiles et les plus con-
testés de la science.
» Pour l'encéphale, nous citerons les radiations quintuples du faisceau
innominé du bulbe et leur immersion dans le pédoncule cérébral, dans le
pédoncule moyen du cervelet et clans la valvule de Vieussens; l'origine de
( «99)
la cinquième paire, par trois ordres de filets, dont un s'anastomose avec la
racine du nerf auditif. Parmi les nerfs, nous mentionnerons ses belles études
sur le nerf facial; celles sur l'hypoglosse et le nerf spinal; celles sur la cin-
quième paire et ses ganglions, que l'auteur détache avec raison du grand
sympathique; celles sur le nerf pneumo-gastrique et le ganglion qu'il a fait
connaître, placé à la division principale des bronches. Enfin, nous signale-
rons ses observations nouvelles sur le grand sympathique, nerf sur la struc-
ture duquel les expériences physiologiques de MM. Bernard, Waller et Budge
appellent de nouveau l'attention des anatomistes.
» De ces travaux sur l'anatomie descriptive, nous passons au Mémoire de
M. le Dr Follin, relatif à l'embryogénie et à l'anatomie pathologique. Le
perfectionnement de l'organisme animal s'opère par additions de tissus, par
additions d'organes et d'appareils, d'une part, et, d'autre part, par substi-
tutions d'appareils nouveaux succédant à d'autres appareils qui cessent de
fonctionner, et, par suite, disparaissent chez l'animal parfait. Parmi les
organes temporaires qui traversent la vie embryonnaire de l'homme, il n'en
est pas de plus importants que ceux désignés sous le nom de corps de Wolf
chez les oiseaux, et de^corps d'Oken, de reins primitifs ou de faux reins,
chez les mammifères et l'homme.
» On désigne sous ces divers noms de petits organes glanduleux situés
sur les côtés de la colonne vertébrale, et s' étendant, chez certains animaux,
de la région cervicale jusqu'au bas de la région lombaire (i).
» D'où viennent ces corps ? quel est leur usage dans la vie embryonnaire
et leurs rapports avec la formation des organes génito-urinaires des animaux
vertébrés et de l'homme? Telles sont les questions qui, depuis 1806, occu-
pent les anatomistes. Leur solution intéresse à un haut degré l'embryogénie
comparée, l'anatomie pathologique et la tératologie. C'est donc avec intérêt
que la Commission a vu ces organes soumis à un nouvel examen par le tra-
vail de M. le Dr Follin.
(1) Depuis Kulman et Wolf, qui les premiers ont signalé ces organes transitoires, ils ont
été étudiés chez les oiseaux par Haller, Ratke, Christophe Muller, Valentin, Coste, Serres;
chez les mammifères et l'homme, par Oken , Meckel , Jacobson , Burdak , Valentin , Coste et
Serres; chez les reptiles, par Emmert, Hoschteter, Muller, Ratke et Valentin. Nul de ces
anatomistes n'a pu encore les reconnaître chez les poissons.
Parmi les mammifères, ils ont été particulièrement observés chez l'homme, le chien, le
chat, le lapin , le rat , la souris, le hérisson , le bœuf, le mouton , le chevreuil, le narval, le
cabiai et le cochon.
118..
( 9°° )
» Nous ferons remarquer d'abord que M. Follin ne s'occupe pas de ces
corps dans leurs rapports avec le mode d'existence propre à l'embryon; il
ne les envisage que sous le point de vue de leur origine, de leurs évolutions
et de leurs connexions avec l'apparition primitive des organes génito-uri-
naires. Par cette délimitation, il a restreint son sujet à l'organologie des
corps de Wolf ou d'Oken.
» Relativement à leur origine, on sait que M. Baé'r les fait provenir de la
lame vasculaire du blastoderme ; Muller, de la lame muqueuse, et Valentin,
des lames vasculaires et séreuses. M. Follin croit, au contraire, que leur
formation est indépendante des trois lames blastodermiques, et il se fonde
sur ce fait incontestable, qu'on les voit apparaître dès leur origine sur le
blastème situé sur les côtés des noyaux vertébraux. Mais ce blastème lui-
même, de quelle lame provient-il? Telle est la question en litige, question
qui, comme le fait observer M. Valentin, se lie intimement à l'apparition
primitive des deux aortes, ainsi qu'à celle des plaques abdominales de M. de
lîaèr, et des deux lames premières du canal intestinal de Wolf.
» Les stries dont se composent les corps de Wolf sont-elles solides, comme
le pensent MM. Muller, Jacobson, Ratke et Valenfcn? sont-elles creuses et
canaliculées, comme l'avait dit M. Oken? D'après de nombreuses observa-
tions faites sur des embryons d'oiseaux et de cocbon, M. Follin se prononce
pour cette dernière opinion.
* Le fait de la canaliculation des corps de Wolf est un des plus remar-
quables de ce travail, car il se lie à l'étude de leur canal excréteur dont
M. Follin a fait une étude spéciale, et dont il a parfaitement indiqué les
changements de position en rapport avec les évolutions de ces corps.
» Il est à regretter que M. Follin n'ait pas suivi avec le même soin les
évolutions de la bandelette rubanée et filiforme qui s'étend sur la face supé-
rieure des corps de Wolf, et qui peut-être est l'analogue des bandelettes géné-
ratrices de certains polypes et des éosphoriens parmi les infusoires. Cette
bandelette, qui, pour nous servir des expressions de M. Valentin, s'unit
plus tard à un filet bien plus épais, qui est l'organite, d'où sortent la
trompe et le conduit déférent, se loge dans un fourreau particulier du péri-
toine. Ce fourreau péritonéal devient à son tour le régulateur ou le guber-
naculum du testicule et de l'ovaire, entraînant avec lui quelques débris des
corps de Wolf.
» Afin de bien concevoir comment et pourquoi les débris de ces corps
restent toujours étrangers et à l'ovaire et au testicule, il est nécessaire de
faire remarquer que l'organite, duquel proviennent ces derniers organes,
( 901 )
est logé lui-même dans un fourreau péritonéal entièrement indépendant
primitivement du fourreau précédent.
» Cela posé, nous voyons maintenant l'application de l'embryogénie à
certains cas de l'anatomie pathologique de l'appareil génital, que M. Follin
décrit avec une précision qui ne laisse rien à désirer. Tels sont, en premier
lieu, l'organite d'Isenflam et de Rosenmuller, dans lequel Meckel avait si
bien reconnu chez l'homme un des restes des corps de Wolf, et auquel
M. Jacobson rapporte les corps jaunes que l'on rencontre aux environs de
l'ovaire chez les femelles de quelques mammifères; en second lieu, le corps
hydatifère de Morgagni, qui se rencontre tout à la fois et dans les environs
des franges du pavillon de l'ovaire, et dans les environs des franges de
l'épididyme, qui en sont les analogues; en troisième lieu, les canaux aveu-
gles ou cœcums, que Valsalva, Morgagni, Tannenberg et Haller nomment
vas aberrans, et qui, d'après les recherches de l'un de nous, se rencontrent
plus particulièrement chez les jeunes sujets; en quatrième lieu enfin, l'ap-
pareil de Malpighi et de Gartner, destiné peut-être à nous donner l'expli-
cation de l'anomalie si singulière de l'appareil génital des didelphes.
» D'après ces considérations, la Commission propose d'allouer :
» i°. A feu M. Bourgery et M. Jacob, une récompense de 2,000 francs.
» i°. A M. L. Hirschfeld, une récompense de i,5oo francs.
« 3°. A M. Follin, une récompense de 1 ,000 francs.
PHYSIOLOGIE.
» C'est dans le même esprit et d'après les mêmes vues que la Commission
propose de récompenser les recherches physiologiques de MM. Blondlot,
Duméril, Demarquay et Lecointe.
» Le premier, M. Blondlot, a envoyé à l'Académie, pour le concours
des prix de Médecine et de Chirurgie, deux Mémoires intitulés : i° Essai
sur les Jonctions du foie; a° De l'inutilité de la bile dans la digestion. Ces
deux travaux sont la suite du Traité analytique sur la digestion, du même
auteur, déjà mentionné par l'Académie il y a huit ans. Dans ces différents
ouvrages, qui se rapportent tous à l'étude des phénomènes digestifs ,
M. Blondlot a suivi une méthode expérimentale nouvelle, laquelle consiste
à recueillir sur les animaux vivants, au moyen de fistules permanentes, les
deux fluides qu'il a étudiés, la bile et le suc gastrique.
» En établissant les fistules biliaires, M. Blondlot a voulu simplement
éliminer au dehors la bile et la détourner de l'intestin, afin de juger ainsi de
son degré d'utilité dans la fonction si complexe de la digestion. Sous ce
( 9°2 )
rapport, M. Blondlot a montré que des chiens privés de bile pouvaient vivre
beaucoup plus longtemps qu'on n'aurait sans doute été porté à le croire à
priori. Mais ce fait est loin de démontrer que le fluide biliaire est absolument
inutile dans l'acte digestif.
» Relativement au suc gastrique, M. Blondlot, inspiré par l'observation
du Dr Beaumont, relative à un Canadien qui avait à l'épigastre une fistule
gastrique, a établi le premier des fistules gastriques sur des chiens, qui n'en
éprouvent aucun inconvénient et vivent en conservant une santé parfaite.
Avec des animaux soumis à cette opération, qui est devenue, on peut le
dire, une expérience courante de laboratoire physiologique, on a pu non-
seulement faire connaître d'une manière beaucoup plus approfondie la sé-
crétion et les qualités digestives du suc gastrique, mais on a pu encore
exécuter un grand nombre de recherches relatives aux modifications que
les substances médicamenteuses, les venins, etc., éprouvent dans l'estomac.
» On conçoit facilement tous les services que de pareils moyens d'ob-
servation bien institués peuvent rendre à la physiologie et à la thérapeu-
tique, qui, dans leur avancement scientifique, se trouvent nécessairement
solidaires l'une de l'autre. En conséquence, la Commission lui alloue une
récompense de i,5oo francs.
» L'étude des modifications imprimées à la température animale par l'in-
troduction des médicaments dans l'économie constitue un sujet de recher-
ches aussi neuf qu'important pour la physiologie et la thérapeutique.
» MM. Auguste Dumériî, Demarquay et Lecointe ont étudié expérimen-
talement ces modifications sur les animaux, après l'administration d'un
grand nombre de substances médicamenteuses. Les résultats auxquels sont
arrivés ces physiologistes offrent déjà beaucoup d'intérêt; cet intérêt est
accru encore par l'analogie qu'ils offrent avec ceux observés chez l'homme
malade placé dans les mêmes circonstances.
» Néanmoins, la Commission ayant reçu trop tard ce travail pour pouvoir
en vérifier tous les résultats, elle se borne pour le moment à proposer à
l'Académie d'accorder à MM. Auguste Duméril, Demarquay et Lecointe,
une récompense de i ,5oo francs.
PATHOLOGIE MÉDICALE.
» Mais nulle part les considérations que nous avons présentées dans le
préambule de ce Rapport ne sont d'une application plus directe qu'à l'his-
toire des maladies dont se compose la pathologie médicale et chirurgicale.
Plus nous avançons dans la connaissance intime de l'organisme normal de
( 9°3)
l'homme, mieux nous apprécions les modifications que lui fait subir l'état
de maladie. La physique, par l'application du microscope; la chimie, par
ses procédés analytiques si délicats, viennent augmenter la puissance de
l'observation médicale. Les travaux de MM. Lebert, Becquerel et Rodier en
sont de nouvelles preuves.
M. le Dr Lebert. — Traité pratique des maladies cancéreuses et des
affections curables confondues avec le cancer.
» L'idée principale qui domine dans cet ouvrage, c'est que beaucoup de
maladies confondues avec le cancer doivent en être séparées, et offrent
vis-à-vis de celui-ci, non-seulement des différences anatomiques incontes-
tables et incontestées, mais aussi une marche clinique essentiellement dif-
férente.
» L'histoire de la cellule cancéreuse est faite d'une manière très-com-
plète, soit pour ses caractères spéciaux, soit pour ses phases de développe-
ment et ses altérations. L'unité du cancer est un des points fondamentaux
des doctrines de cet ouvrage. Les affections cancroïdes en sont séparées, et
les diverses espèces de cancer des auteurs ne sont en réalité que des formes
d'importance secondaire. La nutrition du cancer se fait par une vascularité
complète, renfermant des artères, des veines et des capillaires, contraire-
ment à l'opinion de quelques auteurs modernes. L'auteur étudie d'abord
son accroissement régulier, puis les troubles circulatoires qui peuvent pro-
duire l'inflammation, l'ulcération, le ramollissement, la gangrène, les
épanchements hémorragiques, même l'atrophie, qui, malheureusement,
n'est qu'un phénomène local, et n'implique point la cessation de la dia-
thèse.
» A l'occasion de la propagation du cancer, l'auteur étudie l'envahisse-
ment, l'irradiation, les dépôts successifs et secondaires, et il insiste sur le
fait que les cancéreux peuvent mourir avec les signes d'une infection qui a
eu lieu directement dans le sang, sans dépôts secondaires nombreux ou
importants.
» En examinant les opinions d'exclusions par rapport au cancer, l'auteur
arrive à ce résultat, que les cancéreux peuvent se tuberculiser ; mais il n'a
jamais vu survenir le cancer dans le courant d'une affection tuberculeuse
à marche progressive.
» La fréquence comparative du cancer dans les divers organes est ensuite
établie sur une statistique à laquelle l'auteur attache la plus grande impor-
tance. En effet, tout ce livre repose sur l'analyse de quatre cent quarante-
( 9«4 )
sept observations, tres-étendues et très-détaillées, sur Je cancer propre-
ment dit , sur cent soixante-huit cas de maladies confondues avec le
cancer, et sur plus de quatre cents observations sur les tumeurs dites
bénignes.
» Dans presque tous ces faits, tous les détails cliniques sont confrontés
avec les dissections anatomiques ordinaires et des études microscopiques
minutieusement et habilement exécutées.
» Dans le chapitre où l'auteur parle des affections cancroïdes, il cherche
à démontrer que la structure anatomique des cancroïdes est complètement
différente de celle du cancer. A ces différences correspondent, d'après l'au-
teur, des différences cliniques non moins tranchées. Les tumeurs épider-
miques et fibro-plastiques, par exemple, peuvent récidiver après les opéra-
tions, mais la récidive est toujours locale. La marche de ces affections est
bien autrement lente et bénigne que celle du cancer. Les tumeurs fibro-
plastiques peuvent se généraliser dans quelques cas, comme exceptionnelle-
ment toutes les tumeurs ; les cancroïdes épidermiques ne se sont jamais
montrés généralisés dans les nombreuses observations et autopsies de l'au-
teur; leur propagation locale se borne à la zone anatomique et aux gan-
glions lymphatiques en rapport direct avec le siège primitif du mal.
» Le cancer est l'expression d'une diathèse, tandis que les cancroïdes
sont des maladies locales pendant toute leur durée, sauf des cas rares et
exceptionnels.
» L'auteur insiste sur la nécessité des opérations hardies et répétées dans
les affections cancroïdes qui ne sont que des maladies locales, et, dans le
courant de l'ouvrage, il cite de nombreux faits de guérison complète par
cette méthode, tandis qu'au contraire, dans le vrai cancer, l'opération ne
donne qu'un secours palliatif et doit être réservée pour les tumeurs stricte-
ment localisées, qui peuvent être enlevées en totalité et qui ne sont pas
encore accompagnées d'une atteinte profonde de la santé générale.
» L'auteur fait ensuite l'application des principes qu'il a exposés au trai-
tement des cancers qui peuvent affecter les divers organes, et les conclu-
sions qu'il en déduit, toujours sages et réservées, reposent sur un très-grand
nombre de faits, dont il donne, pour chaque cancer, une statistique rai-
sonnée.
» En conséquence, la Commission est d'avis d'accorder à cet important
travail une récompense de 2,000 francs.
(9°5)
MM. Becquerel, et Rodier. — Nouvelles recherches d'hématologie.
» Les auteurs ont eu surtout pour but, dans ces nouvelles recherches,
d'étudier les changements de proportion que les globules, la fibrine et l'al-
bumine du sang éprouvent dans les maladies chroniques.
» Les globules diminuent, bien que les individus continuent à se nourrir
pendant le cours de la plupart des maladies chroniques.
» L'albumine diminue dans les maladies de cœur avancées, dans la
cachexie paludéenne, dans la diathèse cancéreuse.
» Ils ont prouvé que, lorsque l'albumine diminue rapidement dans le
sang, une diminution de ce principe détermine l'hydropisie, tandis qu'il
faut que cette diminution soit beaucoup plus considérable pour la produire,
lorsqu'elle a lieu lentement.
» Us ont montré qu'un scorbut bien caractérisé peut exister sans qu'il y
ait dans le sang diminution de fibrine.
» D'après ces observations nouvelles, importantes pour l'étiologie géné-
rale des maladies qu'ils ont observées, la Commission propose d'accorder
aux auteurs une récompense de t ,200 francs.
» M. Davaine. — Avant les recherches de M. Davaine, on connaissait peu
la paralysie double de lajace; il n'en est fait mention ni dans les Traités de
pathologie les plus récents, ni dans les nombreux dictionnaires de méde-
cine qui se sont succédé depuis une trentaine d'années.
» Pour l'hémiplégie faciale, l'attention des pathologistes s'est principa-
lement fixée sur les phénomènes extérieurs, sur la distorsion de la face, si
frappante et si caractéristique. A peine avait-on indiqué d'autres symp-
tômes de la maladie présentés par le pharynx et le voile du palais, symp-
tômes que l'on considérait, du reste, comme peu graves et peu importants.
» M. Davaine a montré que dans la paralysie générale des deux nerfs de
la septième paire, surtout lorsqu'elle est incomplète, l'expression sympto-
matique extérieure était bien moins apparente, bien moins nettement des-
sinée que dans les paralysies d'un seul des nerfs de la face.
» Dans la paralysie d'un nerf facial, quel que soit le degré de cette affec-
tion, la distorsion de la face ou la déformation des traits est toujours évi-
dente et facilement reconnaissable ; dans la paralysie des deux nerfs
faciaux, la physionomie conservant sa symétrie, son peu de mobilité ou son
immobilité ne frappe pas de prime abord.
» Ce sont quelquefois des troubles fonctionnels intérieurs, observés du
C. R., i85a,a"»« Semestre. JT. XXXV, N° 23.) I 19
( 9o6)
côté du voile du palais et de la langue, qui, à raison de leur plus grande
évidence, attirent les premiers l'attention et permettent de reconnaître le
siège de l'affection.
» L'étude très-attentive de ces phénomènes de la paralysie faciale double
a permis à M. Davaine d'établir d'une manière nette la part que prennent
les nerfs faciaux dans les fonctions du voile du palais, du pharynx et de la
langue. Dans la paralysie d'un des nerfs de la septième paire, dans l'hémi-
plégie faciale, on n'avait point remarqué l'action que le nerf facial a sur la
prononciation des lettres linguales. Cette influence devient très-manifeste
dans la paralysie faciale double. D'un autre côté, la paralysie du voile du,
palais se trouve indiquée par le nasonnement et par le passage des liquides
du pharynx dans les fosses nasales, alors que la luette semble intacte et
conserve sa symétrie.
» A l'appui de ces faits pathologiques, M. Davaine cite l'expérience sui-
vante : l'excitation galvanique du bout central du glosso-pharyngien coupé,
produit dans le voile du palais des mouvements d'élévation très-évidents;
mais les mouvements cessent en grande partie, si l'on coupe le nerf facial
dans le crâne du même côté.
» L'ignorance où l'on était assez généralement de l'expression sympto-
matique de la paralysie double de la face explique, en partie au moins, le
petit nombre d'observations recueillies sur cette maladie.
» Le travail de M. Davaine, en signalant les caractères symptomatolo-
giques de cette paralysie, en rendra la connaissance plus générale et plus
complète.
» Quant au traitement de cette maladie, M. Davaine fait observer que
les chances de succès sont fort inégales, suivant que les nerfs faciaux sont
affectés dans l'intérieur du crâne, dans leur trajet et à travers le rocher, ou
dans leur portion extérieure, distinction importante qui peut aussi servir
de base au pronostic et à des indications thérapeutiques spéciales.
» La Commission propose de décerner à M. Davaine une récompense
de i ,000 francs.
» M. Facconîîeau-Dufresne. — Le Traité de Y affection calculeuse du
foie et du pancréas, publié par M. Fauconneau-Diifresne, est la mono-
graphie la plus exacte qui ait été faite sur cette matière. L'auteur a décrit
avec le plus grand soin les altérations et les symptômes produits par la
présence des calculs dans les diverses parties des voies biliaires, dans les
radicules du conduit hépatique, dans le conduit lui-même, dans la vésicule
( 9<>7 )
biliaire, dans le canal cystique, dans le canal cholédoque et jusque dans
les différentes parties de l'appareil digestif. Cette première partie est ter-
minée par l'histoire des fistules biliaires. De nombreuses observations
viennent, comme autant de pièces justificatives, témoigner de l'exactitude
des descriptions générales. Dans toutes les parties de son travail, M. Fau-
conneau-Dufresne a constamment cherché à relier les symptômes patholo-
giques et les actions thérapeutiques avec les connaissances physiologiques
et chimiques actuelles, sur la sécrétion de la bile et la composition des
calculs biliaires.
» A l'aide de cet ensemble de notions, l'auteur a réellement contribué à
l'avancement de l'histoire scientifique et thérapeutique des maladies du foie
et du pancréas.
» La Commission propose d'accorder à M. Fauconxeac-Dufresne un
encouragement de i ,000 francs.
» M. A. Richard. — M. le D* Richard a soumis à l'examen de l'Aca-
démie un Mémoire court, mais fort intéressant, sur certains kystes de
l'ovaire communiquant avec la trompe utérine.
» Ces kystes pédicules, qu'il nomme tubo-ovariens , sont distincts de
ceux dont le pédicule tient à l'ovaire même, et dont Ruisch a fait repré-
senter un bel exemple.
» La découverte de cette communication, intéressante pour rendre raison
de l'évacuation, par les parties génitales de la femme, de diverses hydro-
pisies para-ovariennes dont la science renferme un certain nombre de cas,
le devient aussi pour le pronostic de ces affections, qui ne sont pas rares.
» L'ayt a si peu de prise pour modifier les hydropisies enkystées qui se
développent dans les dépendances de l'ovaire, qu'il est heureux pour les
femmes qui en sont atteintes de voir le moyen que se fraye quelquefois
la nature pour les débarrasser elle-même d'une maladie qui les affecte si
profondément et si péniblement lorsqu'elle devient une des causes de leur
stérilité.
» En invitant l'auteur à continuer ses recherches sur un fait si curieux
d'anatomie pathologique, nous l'engageons à chercher à remonter à son
origine.
» Ne serait-ce pas une transformation pathologique des restes des corps
de Wolf ?
» D'après ces motifs, la Commission propose d'accorder à M. Richard
un encouragement de 1,000 francs.
119..
(9°8 )
THÉRAPEUTIQUE.
» La thérapeutique n'est pas seulement la partie la plus difficile de la
médecine, elle est aussi celle qui engage le plus la responsabilité du prati-
cien. Quel est le médecin qui, assistant à l'agonie d'un enfant affecté du
croup, n'ait déploré son impuissance? C'est ce sentiment, sans doute, qui
suggéra de nouveau à notre savant confrère M. Bretonneau l'idée d'ouvrir
la trachée-artère, pour livrer un passage à l'air auquel s'opposait le rétrécis-
sement de la glotte. Les résultats heureux qu'il obtint de cette pratique
hardie, qu'ilfit connaître en 18^5, fixèrent d'autantplusvivementl'attention,
qu'il posait en même temps et lesindications et le procédé de l'opération. A
partir de cetteépoque, la trachéotomie entra danslathérapeutiquede l'affec-
tion du croup, si fréquente et si dangereuse. Tout en rehaussant le mérite
de M. Bretonneau, les nouvelles recherches de M. Trousseau sur la trachéo-
tomie, pratiquée dans la période extrême du croup, n'en marquent pas
moins par elles-mêmes un progrès très-réel.
» En perfectionnant l'opération et en simplifiant de plus en plus le pro-
cédé, M. Trousseau a rendu la trachéotomie si facile à pratiquer, qu'elle
est maintenant à la portée de tous les médecins. A l'aide de cette opération,
on sauve aujourd'hui une foule de malades qui paraissaient voués autrefois
à une mort certaine. Plus de cent cinquante opérations, faites par M. Trous-
seau, et celles qu'on pratique fréquemment à l'hôpital des Enfants, permet-
tent d'affirmer que la trachéotomie, ainsi perfectionnée et simplifiée, réussit
aujourd'hui dans le tiers ou même dans près de la moitié des cas.
» En conséquence, la Commission propose d'allouer à M. Bretonneau
un prix de 2,5oo francs, et à M. le professeur Trousseau une récompense
de 2,000 francs.
M. Manec, chirurgien de la Salpêtrière. — Du traitement local du cancer
par la pâte arsenicale.
» Du croup, nous passons à la thérapeutique des affections cancéreuses.
L'emploi des préparations arsenicales, pour détruire les altérations cancé-
reuses, n'est pas nouveau dans la pratique; mais M. le Dr Manec en a suivi
les effets immédiats et consécutifs avec beaucoup plus de soin qu'on ne
l'avait fait avant lui. La méthode qu'il a employée dans le maniement de la
pâte arsenicale du frère Corne lui a permis, d'une part, de faire des appli-
cations plus sûres et plus hardies de cet agent puissant, et, d'autre part,
( 9°9 )
d'en obtenir des résultats inespérés, dans des cas tellement graves, qu'on
aurait pu les regarder comme au-dessus des ressources de l'art.
» Voici en quoi consistent les nouvelles données que M. le Dr Manec a
puisées dans la longue pratique de ce médicament :
» En premier lieu, la pâte arsenicale pénètre les altérations cancéreuses
par une sorte d'action spéciale qui s'arrête aux limites des tissus malades.
Son action n'est pas seulement escharotique, ainsi qu'on le pensait avant
lui , mais, de plus, au-dessous de la couche noirâtre superficielle que le
caustique a désorganisée immédiatement, les tissus morbides sous-jacents
paraissent frappés de mort, quoiqu'ils conservent en apparence leur texture
propre et presque leur aspect ordinaire. Plus tard, la masse cancéreuse est
séparée des tissus sains par une inflammation éliminatrice qui s'établit tout
autour de la limite du mal. Il est à remarquer que la même pâte arsenicale,
qui peut étendre son action à plus de 6 centimètres de profondeur dans des
cancers d'une texture serrée, lorsqu'elle est appliquée à dose égale sur des
ulcères rongeants superficiels, ne détruit le plus souvent que le tissu mor-
bide, quelque mince qu'il soit, et respecte en quelque sorte les parties
saines. Ce fait, dont plusieurs de vos Commissaires ont été témoins, est
des plus remarquables, quoiqu'il ne puisse être expliqué dans l'état actuel
de la science.
» En second lieu, l'absorption de l'arsenic est proportionnée à l'étendue
de la surface sur laquelle on l'applique.
» Tant que cette surface ne dépasse pas les dimensions d'une pièce de
i francs, l'absorption n'est pas suivie de danger. Si la maladie présente
ime surface beaucoup plus grande, on peut encore l'attaquer impunément
en y revenant à plusieurs reprises et en mettant un intervalle convenable
entre chaque application. C'est pour n'avoir pas pris ces précautions que
l'on a vu des malades succomber à l'intoxication arsenicale, par suite d'une
application faite sur une surface trop étendue.
» En troisième lieu, l'arsenic absorbé se trouve éliminé principalement
par les voies urinaires, dans un espace de temps qui ne dure pas moins de
cinq jours, ni plus de huit, ainsi que l'ont démontré les nombreuses ana-
lyses faites par notre confrère M. Pelouze. Il suit de là qu'en mettant un
intervalle de neuf ou dix jours entre deux applications de la pâte arseni-
cale, il devient facile d'éviter tout danger provenant de l'absorption de
l'arsenic. C'est dans la démonstration pratique de ces données capitales,
qui reposent sur plus de cent cinquante cas, que consiste le mérite du tra-
vail de M. le Dr Manec. Ces faits ne sont pas seulement nouveaux, ils offrent
( 9IQ )
encore la plus grande importance pour le traitement d'une maladie qui fait
si souvent le désespoir de la chirurgie. En conséquence, la Commission
propose d'allouer à M. Manec une récompense de 2,000 francs.
» Depuis les communications faites par l'un de nous (M. Serres) à l'Aca-
démie sur l'efficacité du sulfure noir de mercure (éthiops minéral) dans le
traitement de la fièvre entéro-mésentérique ou thyphoïde, la médication
dont il fait la base a été employée par divers médecins. Parmi les résultats
obtenus, nous mentionnerons celui de M. le Dr Ancelon, médecin de l'hô-
pital de Dieuze (1), qui annonce avoir obtenu dix-neuf guérisons sur vingt
malades affectés de cette fièvre.
» Avant d'admettre un résultat qui dépasse les avantages qu'en avait
obtenus l'un de nous, on conçoit qu'il est nécessaire de connaître avec
exactitude, d'une part, les conditions morbides dans lesquelles étaient les
malades au moment de l'administration du traitement, et, de l'autre, les
circonstances détaillées de son effet sur la marche de la maladie.
» Ces conditions, indispensables en thérapeutique, ont été parfaitement
remplies par M. A. Becquerel, médecin des hôpitaux de Paris, dans un
Mémoire sur l'emploi des mercuriaux dans le traitement de la fièvre typhoïde
(sulfure noir de mercure et frictions avec onguent mercuriel). Le résumé
qui suit, en faisant connaître ce qui est propre à l'auteur dans l'emploi de
cette médication, en précise les effets favorables avec une grande netteté :
» i°. Expérimentation faite avec le plus grand soin et la plus grande
persévérance, pendant deux ans et demi , et portant sur soixante faits de
fièvre typhoïde, la plupart graves, et divisés en trois catégories :
Première catégorie 1 5 cas ;
Deuxième catégorie 24 cas ;
Troisième catégorie 21 cas.
» i°. Persévérance de l'emploi du sulfure noir et des frictions, quelles
que fussent :
» La nature des accidents ;
» L'intensité de la maladie ;
» La forme de la maladie ;
» L'époque à laquelle elle était arrivée.
» 3°. L'association du musc et du froid aux mercuriaux pour certains
cas exceptionnels.
(1) Gazette des hôpitaux, 18 novembre i852.
(9" )
» 4°- L'étude de l'influence de la salivation sur la marche, la durée et
l'intensité de la maladie.
» 5°. L'étude de l'influence des frictions mercurielles sur le ballonne-
ment du ventre et sur sa disparition rapide.
» 6°. La faible action purgative du sulfure noir de mercure, et la sûreté
plus grande de son action quand il ne purge pas, et quand il agit surtout
sur les glandes salivaires.
» 70. Enfin l'action définitive des mercuriaux, qui se résume dans la
conclusion suivante :
» Soixante cas de fièvre typhoïde généralement graves ou très-graves :
» Cinquante-cinq guérisons, cinq morts.
» Ou divisés en trois catégories recueillies en deux ans et demi :
Première catégorie i5 cas, i4 guérisons, i mort;
Deuxième catégorie 24 cas , 22 guérisons , 2 morts ;
Troisième catégorie 21 cas, 19 guérisons, 2 morts.
Total 60 cas, 55 guérisons, 5 morts.
» Quoique ces résultats soient moins avantageux que ceux, annoncés par
M. le docteur Ancelon, quoiqu'ils portent sur une expérience de deux ans
et demi, reste à savoir si l'influence des constitutions médicales, et les varia-
tions qu'elles font éprouver à la fièvre entéro-mésentérique ou typhoïde, ne
modifieront pas les effets obtenus par cette médication; dans tous les cas,
nous ne saurions trop recommander aux praticiens l'ordre et la méthode
suivis par M. Becquerel dans l'appréciation des phénomènes morbides qui
constituent cette maladie.
» En conséquence, la Commission propose d'allouer au travail de
M. A. Becquerel un encouragement de 1 ,000 francs.
» L'ouvrage de M. Bouisson sur la Méthode anesthésique, appliquée à
la chirurgie et aux différentes branches de l'art de guérir^ ne contient
rien d'absolument nouveau ; les avantages que l'auteur accorde à l'éther
sur le chloi'oforme pour certaines opérations ne paraissent même pas admis-
sibles actuellement ; néanmoins nulle part l'éthérisation n'a été aussi com-
plètement, aussi clairement exposée, soit au point de vue historique, soit
au point de vue de l'application , soit au point de vue des résultats obtenus
et de l'appréciation physiologique. La Commission a pensé qu'une systé-
matisation si bien conçue et si habilement coordonnée à l'occasion d'une
découverte de si haute valeur ne pouvait point être oubliée; elle propose,
d'après ce motif, de lui allouer une récompense de 1 ,000 francs.
( 912 )
» M. Boinet. — Proposées par un de nous (M. Velpeau), mises en pra-
tique avec soin par un certain nombre de médecins, les injections iodées
dans le péritoine des malades atteints d'ascite soulèvent des questions de
thérapeutique trop graves pour être facilement jugées. Bien pénétré des dif-
ficultés du sujet, M. le Dr Boinet n'a pas craint de les affronter : il ne les a
pas toutes surmontées sans doute; il n'a encore démontré ni l'efficacité, ni
l'innocuité absolue du traitement de certaines ascites par les injections
iodées ; mais quelques observations qu'il a rassemblées, les faits qui lui sont
propres, les expériences qu'il invoque et les considérations auxquelles il se
livre paraissent de nature à justifier de nouvelles tentatives. En raison de la
haute importance du fait, la Commission a pensé qu'il convenait d'allouer
aux efforts de M. Boinet un encouragement de i ,000 francs.
» M. Bapdens. — Lorsque le pied est assez malade pour ôter tout espoir
de le conserver, les chirurgiens se croyaient obligés, il n'y a guère plus de
vingt-cinq ans encore, d'amputer la jambe près du genou. Aujourd'hui c'est
au-dessus des malléoles, et non plus à la partie supérieure des membres,
qu'on ampute, quand le mal ne permet pas de s'en tenir à l'ablation de la
moitié antérieure du pied. M. Baudens a pratiqué la désarticulation de cette
partie du membre, de manière à conserver toute la jambe. C'est une opéra-
tion mise en usage un grand nombre de fois déjà et souvent avec succès.
M. Baudens n'est pas le premier qui l'ait proposée, ni le seul qui l'ait appli-
quée; son procédé n'est peut-être pas même le meilleur; mais, comme c'est
une opération qui restera dans la pratique, la Commission a pensé qu'il y
avait lieu de tenir compte à M. Baudens des efforts auxquels il s'est livré
pour la faire prévaloir et pour en démontrer les avantages : en conséquence,
elle propose d'allouer à M. Baudens un encouragement de 1,000 francs.
HYGIÈNE.
» Plusieurs travaux sur le crétinisme ont été encore, cette année, soumis
à l'examen de la Commission. Nous savons encore si peu de chose sur
l'action des agents physiques qui contribuent au perfectionnement ou à la
dégradation de la race humaine, qu'il est utile d'encourager les travaux
qui, de près ou de loin, peuvent servir à éclairer cette haute question.
» C'est ce qu'a essayé de faire M. Niepce en allant pendant trois ans sur
les lieux mêmes où règne le crétinisme.
» L'auteur a d'abord observé avec soin les individus qui en étaient affec-
(9'3)
tés, et, de même que ceux qui l'avaient précédé dans cette étude, il a con-
staté que cette dégradation de l'espèce humaine frappait simultanément
l'ensemble de tout l'organisme. Par là il différencie le crétinisme de l'idio-
tie, bornée presque toujours à l'arrêt de développement des facultés men-
tales. Neuf ouvertures de cadavres faites avec beaucoup de soin viennent à
l'appui de ses assertions.
» Passant ensuite à l'examen des conditions physiques qui peuvent
amener ce résultat, M. Niepce établit qu'elles sont multiples, et non uni-
ques, ainsi qu'ont pu le croire certains observateurs.
» Ainsi, ni la présence de la magnésie dans les eaux, ni celle en excès
du sulfate de chaux, ni même l'absence de l'iode dans les plantes et dans
l'air, ne lui paraissent susceptibles à elles seules de produire un effet si
général et si profond sur l'ensemble de tout l'organisme; il faut, de plus,
la disposition des lieux qui arrête la ventilation, produit la stagnation de
l'air et le charge d'une humidité surabondante. De plus encore, dans les
localités visitées par M. Niepce, le développement du crétinisme est favo-
risé par la mauvaise nourriture et l'insalubrité des habitations.
» Au milieu du triste tableau que retrace l'ouvrage de M. Niepce, un
fait consolant se fait jour en montrant la diminution du crétinisme dans les
localités où l'industrie vient diminuer la misère de la population.
» Il ressort encore de ce travail que la dégradation humaine a des limites
qu'elle ne franchit jamais. Quel que soit le degré d'abaissement qu'il pré-
sente, l'organisme humain conserve toujours la supériorité physique que
le Créateur lui a assignée : il se dégrade sans reculer vers l'animalité.
» D'après ces considérations, d'après aussi l'utilité dont pourra devenir
cet ouvrage pour ceux qui de nouveau voudront se livrer à l'étude du cré-
tinisme, la Commission propose d'accorder à M. Niepce un encouragement
de 1,000 francs.
» M. Renault, directeur de l'Ecole vétérinaire d'Alfort, a adressé pour
le concours des prix de Médecine et de Chirurgie un Mémoire intitulé :
Etudes expérimentales et pratiques sur les effets de l'ingestion des ma-
tières virulentes dans les voies digestives de l'homme et des animaux
domestiques. Ce travail repose sur un grand nombre d'expériences faites
sur le cheval, le mouton, le porc, le chien et la poule. De ces expériences
l'auteur s'est cru autorisé à conclure à l'innocuité de ces substances ingé-
rées dans l'appareil digestif. Il pense même que la chair des animaux
n'éprouve, par cette alimentation, aucune diminution appréciable de qua-
C. R., i85a, lme Semestre. (T. XXXV, IN» 28.) * 2°
( 9'4 )
lité, et que, par conséquent, il n'existe aucune raison d'empêcher l'alimen-
tation des porcs et des poules avec les débris des clos d'équarrissage ; enfin
l'auteur ajoute qu'il n'y a aucun danger pour l'homme, à manger la viande
cuite, provenant d'animaux atteints de maladies virulentes, ou à se nourrir
du lait qu'ils fournissent. La Commission n'a pu faire répéter les expériences
que l'auteur assure avoir poursuivies pendant plus de vingt ans. Si les ré-
sultats annoncés par l'auteur sont confirmés par des expériences ulté-
rieures, la viande cuite, provenant d'animaux atteints de maladies viru-
lentes, pourra être utilisée avec sécurité pour la nourriture de certains
animaux domestiques, et, dans quelques conditions exceptionnelles, pour
celle de l'homme même.
» Toutefois la Commission a pensé que de nouvelles expériences sont
nécessaires avant que l'autorité puisse modifier les règlements qui s'oppo-
sent à la vente et à l'emploi de la viande provenant d'animaux atteints de
maladies contagieuses.
» Reconnaissant néanmoins l'importance des recherches de 31. Eue.
Renault, qui tendent à la solution d'une des questions les plus graves de
l'hygiène et de l'économie domestique, la Commission propose d'accorder
à l'auteur un encouragement de i ,000 francs.
» M. le Dr Josat a adressé, pour le concours de Médecine et de Chirur-
gie, un travail relatif aux maisons mortuaires établies dans plusieurs villes
d'Allemagne. Les asiles destinés à recevoir les corps des personnes dont
l'inhumation ne doit avoir lieu qu'après le développement des premiers
phénomènes de putréfaction, ont été créés dans l'opinion que la décompo-
sition générale du corps était le seul signe certain de la mort. Cette opinion
et la conséquence que M. Josat en a déduite, en proposant d'établir des
maisons mortuaires dans toutes les villes de France, ne peuvent être ad-
mises. Mais le travail de M. Josat contient, sur l'organisation de ces asiles,
qu'il est allé étudier sur les lieux, des renseignements qui pourront être
consultés avec fruit si le Gouvernement croyait devoir établir dans les quar-
tiers pauvres et populeux des grandes villes manufacturières, des dépôts
mortuaires , pour soustraire des familles réunies dans une chambre com-
mune au contact et aux émanations d'un cadavre plus ou moins altéré.
» D'après cette considération, votre Commission a accordé à M. Josat
un encouragement de 1,000 francs.
( 9'5 )
TOXICOLOGIE.
M. Louis Orfila.— De l'Élimination des poisons.
» En toxicologie, l'élimination des poisons était bien admise d'une
manière générale, mais elle n'avait pas été démontrée expérimentalement
pour le plomb, l'argent, le cuivre, le mercure, et c'est ce qu'a fait M. Louis
Orfila.
» Plusieurs des expériences relatives aux voies par lesquelles les poisons
sont éliminés ne sont que la confirmation de celles qui avaient été faites
antérieurement; mais il en est beaucoup qui sont propres à l'auteur et qui
renferment des faits nouveaux : telles sont, en particulier, les expériences
relatives à l'élimination du mercure, élimination qui, comme on le sait, a
été si longtemps controversée.
» En conséquence, la Commission propose d'accorder à M. Louis Orfila
un encouragement de i ,000 francs.
» Enfin, la Commission a examiné l'ouvrage de M. Ricord sur la maladie
syphilitique. Elle y a remarqué plusieurs observations relatives à des affec-
tions des viscères profonds que l'auteur considère comme vénériennes. Par
ses travaux antécédents, de même que par sa position, l'auteur étant mieux
que tout autre à même d'éclaircir ce point presque nouveau et si important
de la pathologie, la Commission lé recommande à son attention. Elle réserve
aussi pour un concours prochain deux travaux importants : l'un est celui de
M. Renault, relatif à la rapidité avec laquelle les différents virus pénètrent
dans l'économie; l'autre est le travail de M. Petrequin, sur la galvano-punc-
ture appliquée au traitement des tumeurs anévrismales.
» En résumé, après un examen approfondi des travaux qui lui ont été
soumis, la Commission a l'honneur de proposer à l'Académie :
» i°. De décerner un prix de 2,5oo francs à M. le Dr Bretonneau, pour
l'application de la trachéotomie au traitement de la période extrême du
croup;
» 20. D'allouer une récompense de 2,000 francs à M. Trousseau, pour
le perfectionnement de cette opération et la propagation de cette méthode;
» 3°. Une récompense de 2,000 francs à M. le Dr Manec, pour le trai-
tement des affections cancéreuses par la pâte arsenicale du frère Côme;
» 4°- Une récompense de 2,000 francs à feu M. Bourgery et M. Jacob,
pour leur ouvrage sur X Anatomie iconographique de l'homme;
120. .
(9'6)
r> 5°. Une récompense de a,ooo francs à M. le Dr Lebert, pour son
Traité pratique des maladies cancéreuses et des affections curables
confondues avec le cancer;
» 6°. Une récompense de i,5oo francs à M. Lud. Hirschfeld, pour
son ouvrage sur la Névrologie et les organes des sens ;
» 70. Une récompense de i,5oo francs à M. Blojîdlot, pour son Essai
sur les fonctions du Joie, etc. ;
» 8°. Une récompense de i ,5oo francs à MM. A. Duméril, Demarquay
et Lecoiste, pour leurs Recherches expérimentales sur la température
animale ;
» 90. Une récompense de 1,200 francs à MM. Becquerel et Rodier,
pour leurs Nouvelles recherches sur l'hématologie;
» ro°. Une récompense de 1,000 francs à M. Davaixe, pour son travail
sur la Paralysie générale et partielle des deux nerfs de la septième paire;
» ii°. Un encouragement de 1,000 francs à M. Renault, pour ses
Etudes expérimentales et pratiques relatives aux effets de l Ingestion des
matières virulentes dans les voies digestives ;
» 1 1". Un encouragement de 1 ,000 francs à M. A. Becquerel , pour son
travail sur l'Emploi des mercuriaux dans la fièvre typhoïde;
» 1 3°. Une récompense de 1 ,000 francs à M. Bouisson, pour son Traité
théorique et pratique de la méthode ânes t liés ique ;
» i4°. Un encouragement de 1,000 francs à M. Boinet, pour le Trai-
tement des ascites par les injections iodées;
» 1 5°. Un encouragement de 1 ,000 francs à M. Fauconneau-Dufresxe ,
pour son Traité de l'affection calcnleuse du foie et de la rate;
» 160. Un encouragement de 1,000 francs à M. Baudexs, pour sa Nou-
velle méthode de l'amputation de la jambe ;
» 170. Une récompense de 1,000 francs à M. Follin, pour ses Recher-
ches sur les corps de Wolf;
» 180. Un encouragement de 1 ,000 francs à M. Louis Orfila, pour son
travail sur Y Elimination des poisons ;
» 190. Un encouragement de 1,000 francs à M. Richard, pour son
Mémoire sur les kystes tubo-ovariens ;
» io°. Un encouragement de 1,000 francs à M. Niepce, pour son ou-
vrage sur le Crétinisme ;
» 11". Un encouragement de 1,000 à M. Josat, pour son Mémoire sur
les maisons mortuaires . »
( 9d7 )
PRIX PROPOSÉS
POUR I.ES ANNÉES 1835, I8S4 ET 18BJ5.
SCIENCES MATHÉMATIQUES.
GRAJVD PRIX DE MATHÉMATIQUES,
PROPOSÉ POUR 18S4 (t).
Newton, dans la XXXIe question de l' Optique , a signalé un grand nom-
bre de phénomènes, physiques et chimiques, qui semblent être opérés par
des forces attractives, dont la loi de décroissement est si rapide, qu'elles ne
produisent d'effets sensibles qu'à de très-petites distances des éléments
matériels dont elles émanent. Il attribua spéculativement à des actions de
ce genre l'élévation de l'eau au-dessus de son niveau dans les tubes de verre
d'un petit diamètre, son ascension entre des plaques de verre très-rappro-
chées, et beaucoup d'autres effets analogues qui se produisent par infil-
tration à travers les poussières des corps inertes, ou à travers les organes
des animaux; effets qui, ayant pour caractère commun de se manifester
spécialement dans des espaces très-restreints, se désignent sous le nom
générique de Phénomènes capillaires . Clairaut, dans son Traité de la figure
de la terre, a, le premier, signalé, analysé les directions, les résultantes et
le mode d'action propre des forces particulières qui, en se combinant avec
la pesanteur, produisent ces dérogations aux lois habituelles d'équilibre
des fluides incompressibles. Sur cet ensemble de données bien reconnues,
il forma exactement l'équation qui assure l'équilibre intérieur du fluide,
dans ce cas complexe; et il indique non moins exactement la condition que
devait exprimer celle qui l'assure à sa surface libre. Après lui, Laplace, appli-
quant à ce problème mécanique des procédés d'analyse devenus plus puis-
sants, pénétra beaucoup plus profondément dans ses détails intimes; et, en
le faisant dépendre de forces moléculaires dont l'effet est insensible à toute
distance sensible, dans la même hypothèse d'incompressibilité des fluides
qu'elles sollicitent, il parvint à enchaîner par ses formules tout l'ensemble
des phéuomènes capillaires observés jusqu'alors, avec une sûreté de con-
(i) La Commission chargée de proposer le sujet du prix était composée de MM. Cauchy,
Binet, Lamé, Liouville, Biot rapporteur.
( 9i8ï
nexion si fidèle, qu'il a pu les en déduire en nombres, jusqu'aux dernières
limites de précision que les expériences de son temps atteignaient. Plus tard,
un géomètre dont tous les travaux se distinguent par une grande généralité
de vues jointe à une grande puissance de calcul, M. Gauss, a repris la ques-
tion au point de vue d'un problème général d'hydrostatique, comme l'avait
fait Clairaut, en n'empruntant de Laplace que le caractère spécial des forces,
et la condition d'incompressibilité (t) ; puis, l'ayant soumis, dans ces termes,
à une analyse qui l'embrassait tout entier dans son abstraction la plus com-
plète, il a retrouvé tous les résultats de Laplace, mais délivrés des difficultés
de détails que ce grand génie avait rencontrées, en même temps qu'épurés
de toutes les objections que l'on aurait pu élever contre les procédés de
calcul qu'il avait employés pour en attaquer successivement les diverses par-
ties. A ces travaux mémorables ont succédé ceux de Poisson, qui, dans un
ouvrage étendu, spécial, a présenté une nouvelle théorie de l'action capil-
laire, dans laquelle, en admettant, comme ses devanciers, l'extinction sen-
sible de cette action, à toute distance sensible, il y joint la variabilité de la
densité du fluide près de ses surfaces limites; variabilité qu'il regarde comme
si essentielle aux phénomènes capillaires, que, selon lui, ces phénomènes ne
se produiraient point si elle n'existait pas. Néanmoins, soit que, par une sin-
gulière combinaison de circonstances dont on a déjà d'autres exemples, des
principes aussi différents aient pu conduire à des conséquences mathéma-
tiques pareilles, ou que la condition introduite par Poisson ne soit pas effec-
tivement aussi indispensable qu'il le suppose, les formules finales qu'il
obtient sont identiquement les mêmes que Laplace avait données. On voit
donc, qu'au seul point de vue mathématique, une révision comparée de ces
théories serait nécessaire; et, comme le dit si noblement M. Gauss : Vastus
adhuc campus superest, novam messem pollicens. Mais une considération
d'un autre ordre fortifie encore cette nécessité. Au temps où ces théories
ont été composées, leurs auteurs n'ont pu les comparer qu'à des expériences
faites occasionnellement pour en vérifier les conséquences principales, et
non pas à des études d'ensemble, étendues avec un égal esprit de précision
à toutes les formes si variées des phénomènes capillaires, dans le dessein
d'explorer, de suivre, de fixer par des mesures exactes leurs plus délicates
et trop inconstantes particularités. Déjà des recherches expérimentales qui
avaient été entreprises pour ce but, avec de grands soins, mais q\ii ont été
interrompues par la mort de leur auteur, sembleraient annoncer que les
(i) Mémoires de Gottingue, tome VII ; i83o.
( 9'9 )
lois simples, données par le calcul, s'écartent progressivement des réalités,
à mesure que les phénomènes s'opèrent dans des espaces plus étroits, c'est-
à-dire dans les cas les plus propres à faire voir ce qui pourrait manquer
encore aux théories (i). Dans cet état de la science, il nous a paru qu'il
serait utile d'appeler le concours des géomètres et des expérimentateurs sur
une question de physique mathématique aussi importante, qui semble
devoir être accessible à leurs efforts; et nous demandons à l'Académie de
la proposer comme sujet de prix pour 1 854, sous l'énoncé suivant :
Reprendre l'examen comparatif des théories relatives aux phénomènes
capillaires ; discuter les principes mathématiques et physiques sur lesquels
on les a fondées ; signaler les modifications qu'ils peuvent exiger pour s'a-
dapter aux circonstances réelles dans lesquelles ces phénomènes s'accom-
plissent ; et comparer les résultats du calcul à des expériences précises,
faites, entre toutes les limites d'espace mesurables, dans des conditions
telles, que les effets obtenus par chacune d'elles soient constants.
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille
francs.
Les Mémoires devront être arrivés au secrétariat de l'Académie avant le
ier avril i854. Ce terme est de rigueur. Les noms des auteurs seront con-
tenus dans des billets cachetés, qui ne seront ouverts que si la pièce est
couronnée.
GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES,
PROPOSÉ POUR 1880, ET REMIS AU CONCOURS POUR 1885.
(Commissaires, MM. Sturm, Liouville, Lamé, Poinsot,
Cauchy rapporteur.)
Les travaux récents de plusieurs géomètres ayant ramené l'attention sur le
dernier théorème de Fermât, et avancé notablement la question, même pour
le cas général, l'Académie proposait de lever les dernières difficultés qui
restent sur ce sujet. Elle mettait au concours, pour le grand prix de Mathé-
matiques à décerner en i85o, le problème suivant :
Trouver pour un exposant entier quelconque n les solutions en nom-
bres entiers et inégaux de l'équation xn -h y" — zn, ou prouver qu'elle n'en
a pas.
(i) Mémoire sur la capillarité, par Simon de Metz. (Annales de Chimie et de Physique,
3e série , tome XXXII , page 5. )
( 92° )
Cinq Mémoires ont été envoyés au concours et inscrits sous les numé-
ros i, 2,3, 4> & Aucun d'eux n'a été jugé digne du prix. Les Commissaires
sont d'avis que la même question soit remise au concours pour l'année 1 853,
et dans les mêmes termes, c'est-à-dire sous l'énoncé suivant :
Trouver pour un exposant entier quelconque n les solutions en nom-
bres entiers et inégaux de l'équation xn -+- y" = z", ou prouver quelle n'en
a pas.
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille
francs.
Les Mémoires devront être remis au secrétariat de l'Académie avant le
ier mars i853. Ce terme est de rigueur. Les noms des auteurs seront con-
tenus dans des billets cachetés, qui ne seront ouverts que si la pièce est
couronnée.
GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES,
PROPOSÉ POUR 1848, REMIS AU CONCOURS POUR 1835.
(Commissaires, MM. Binet, Liouville, Sturm, Cauchy,
Lamé rapporteur. )
L'Académie avait proposé, comme sujet de prix, la question suivante :
Trouver les intégrales des équations de l'équilibre intérieur d'un corps
solide élastique et homogène dont toutes les dimensions sont finies, par
exemple, d'un parallélipipède ou d'un cylindre droit, en supposant connues
les pressions ou tractions inégales exercées aux différents points de sa
surface.
Un seul Mémoire a été envoyé en temps utile, et la Commission ne l'a pas
jugé digne du prix.
Mais, considérant que le temps a pu manquer aux concurrents, et que
la question est d'une grande importance, la Commission propose de la
remettre au concours, dans les mêmes termes, pour l'année 1 853.
L'Académie adopte cette proposition.
Les pièces relatives à ce concours ont dû être remises au secrétariat de
l'Institut avant le Ier novembre i85a.
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs.
( 9ai )
GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES,
PROPOSÉ POUR 1817, ET REMIS AU CONCOURS POUR 1834.
(Commissaires, MM. Cauchy, Binet, Sturm, Lamé,
Liouville rapporteur. )
L'Académie avait proposé, comme sujet de grand prix pour l'année 1847,
la question suivante :
Etablir les équations des mouvements généraux de l'atmosphère terrestre,
en ayant égard à la rotation de la Terre, à V action calorifique du Soleil,
et aux forces attractives du Soleil et de la Lune.
Une seule pièce est parvenue au secrétariat, et elle n'a pas paru mériter
le prix.
La Commission est d'avis de remettre la même question au concours,
dans les mêmes termes, pour 1 854-
Les auteurs sont invités à faire voir la concordance de leur théorie avec
quelques-uns des mouvements atmosphériques les mieux constatés.
Lors même que la question n'aurait pas été entièrement résolue, si l'au-
teur d'un Mémoire avait fait quelque pas important vers la solution, l'Aca-
démie pourrait lui accorder le prix.
Les pièces relatives à ce concours devront être remises au secrétariat de
l'Institut avant le rer janvier 1 854- Ce terme est de rigueur. Le prix consis-
tera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les noms des
auteurs seront contenus dans des billets cachetés qui ne seront ouverts que
si la pièce est couronnée.
GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES,
PROPOSÉ POUR 1832, ET REMIS AU CONCOURS POUR 188S
(Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Binet, Duhamel,
Cauchy rapporteur, j
L'Académie avait proposé, comme sujet de prix pour i852, la question
du refroidissement d'un ellipsoïde qui rayonne dans un milieu donné.
Aucune pièce n'ayant été adressée au secrétariat, la Commission pro-
pose de remettre la question au concours, pour l'année 1 855, dans les
termes suivants :
Trouver l'intégrale de l'équation connue du mouvement de la chaleur,
pour le cas d'un ellipsoïde homogène, dont la surface a un pouvoir rayon-
C. R., i85a, im* Semestre. (T. XXXV, N°2S). I2Ï
( 922 )
fiant constant, et qui, après avoir été primitivement échaujjé d'une manière
quelconque j se refroidit dans un milieu d'une température donnée.
Les pièces relatives à ce concours devront être remises au secrétariat de
l'Institut avant le ier janvier i855. Ce terme est de rigueur.
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs.
Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés qui ne
seront ouverts que si la pièce est couronnée.
PRIX EXTRAORDINAIRE SUR L'APPLICATION DE LA
VAPEUR A LA NAVIGATION ,
PROPOSÉ POUR 1856, REMIS SUCCESSIVEMENT A 1838, A 1841, A 1844, A 1848,
ENFIN A 1853.
Un prix de six mille francs a été fondé en 1 834 par le Ministre de
la Marine (M. Charles Dupin) pour être décerné par l'Académie des Sciences,
Au meilleur ouvrage ou Mémoire sur l'emploi le plus avantageux de la
vapeur pour la marche des navires , et sur le système de mécanisme ,
d'installation, d'arrimage et d'armement qu'on doit préférer pour cette
classe de bâtiments.
La Commission chargée d'apprécier les pièces envoyées au concours
de 1 848 n'en a trouvé aucune digne du prix ; elle propose, en conséquence,
de remettre la question au concours pour 1 853.
Les Mémoires ont dû être remis au secrétariat de l'Institut avant le
ier décembre 18 5i.
PRIX D'ASTRONOMIE,
FONDÉ PAR M. DE LALANDE.
La médaille fondée par M. de Lalande, pour être accordée annuellement
à la personne qui, en France ou ailleurs (les Membres de l'Institut exceptés),
aura fait l'observation la plus intéressante, le Mémoire où le travail le plus
utile aux progrès de l'astronomie, sera décernée dans la prochaine séance
publique de i853.
PRIX DE MÉCANIQUE,
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
M. de Montyon a offert une rente sur l'État, pour la fondation d'un
prix annuel en faveur de celui qui, au jugement de l'Académie des Sciences,
(9*3)
s'en sera rendu le plus digne, en inventant ou en perfectionnant des instru-
ments utiles aux progrès de l'agriculture, des arts mécaniques ou des
sciences.
Ce prix sera une médaille d'or de la valeur de quatre cent cinquante
francs. %
PRIX DE STATISTIQUE,
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
Parmi les ouvrages qui auront pour objet une ou plusieurs questions
relatives à la Statistique de la France, celui qui, au jugement de l'Aca-
démie, contiendra les recherches les plus utiles, sera couronné dans la pro-
chaine séance publique de i853. On considère, comme admisà ce concours,
les Mémoires envoyés en manuscrit, et ceux qui, ayant été imprimés et
publiés, arrivent à la connaissance de l'Académie; sont seuls exceptés les
ouvrages des Membres résidants.
Le prix consiste en une médaille d'or équivalente à la somme de quatre
cent soixante-dix-sept francs.
Le terme des concours, pour ces deux derniers prix, est fixé au Ier avril
de chaque année.
Les concurrents, pour tous les prix, sont prévenus que l'Académie ne
rendra aucun des ouvrages envoyés au concours; les auteurs auront la
liberté d'en faire prendre des copies.
PRIX FONDÉ PAR MADAME DE LAPLACE.
Une ordonnance royale a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la
donation qui lui a été faite par Madame de Laplace, d'une rente pour la
fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection complète des
ouvrages de Laplace.
Ce prix sera décerné, chaque année, au premier élève sortant de l'École
Polytechnique.
iai.
( 9*4 )
SCIENCES PHYSIQUES.
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES,
PROPOSÉ EN 1851 POUR I80Ô.
(Commissaires, MM. Flourens, de Jussieu , Is. Geoffroy-Saint-Hilaire,
Duméril, Milne Edwards rapporteur.)
Faire connaître, par des observations directes et des expériences , le
mode de développement des vers intestinaux et celui de leur transmission
d'un animal à un autre; appliquer à la détermination de leurs affinités
naturelles les faits anatomiques et physiologiques ainsi constatés.
L'Académie désirerait que la question fût traitée d'une manière compa-
rative pour les principaux groupes naturels que Cuvier rangeait dans la
classe des vers intestinaux; mais, à défaut d'un travail général, elle pour-
rait couronner des recherches qui porteraient seulement sur le mode de
propagation et de développement des cestoïdes et des trématodes.
Les Mémoires devront être accompagnés de dessins et de pièces zoolo-
giques justificatives.
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires devront être déposés au secrétariat de l'Institut avant le
ier avnl i853.
GRAND PRE* DES SCIENCES PHYSIQUES,
proposé p.n 18S0 pour 1853.
(Commissaires, MM. Flourens, de Jussieu, Milne Edwards, Ad. Brongniart,
Élie de Beaumont rapporteur. )
Etudier les lois de la distribution des corps organisés jossiles dans les
différents terrains sédimentaires, suivant leur ordre de superposition. Dis-
cuter la question de leur apparition et de leur disparition successive ou
simultanée. Rechercher In nature des rapports qui existent entre l'état
actuel du règne organique et ses états antérieurs.
L'Académie désirerait que la question fût traitée dans toute sa généra-
lité, mais elle pourrait couronner un travail comprenant un des grands
embranchements, ou même seulement une des classes du règne animal, et
dans lequel l'auteur apporterait des vues à la fois neuves et précises, fon-
dées sur des observations personnelles et embrassant essentiellement toute
la durée des périodes géologiques.
(9*5)
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires devront être remis au secrétariat de l'Académie avant le
1er janvier 1 853. •
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES,
PROPOSÉ EN i&VJ POUR 1849, ET REMIS AU CONCOURS POUR 1853.
(Commissaires, MM. Serres, Rayer, Magendie, Milne Edwards,
Flourens rapporteur.)
Etablir, par l'étude du développement de l'embryon dans deux espèces,
prises, l'une dans L'embranchement des Vertébrés, et l'autre, soit dans l'em-
branchement des Mollusques, soit dans celui des jérticulés, des bases pour
l'embryologie comparée.
L'Académie ne désigne au choix des concurrents aucune espèce particu-
lière ; elle n'exclut pas même celles sur lesquelles il a pu déjà être fait des
travaux utiles, à condition pourtant que les auteurs auront vu et vérifié par
eux-mêmes tout ce qu'ils diront.
Le grand objet qu'elle propose aux efforts des zoologistes et des anato-
mistes est la détermination positive de ce qu'il peut y avoir de semblable
ou de dissemblable dans le développement comparé des Vertébrés et des
Invertébrés.
Les concurrents regarderont, sans doute, comme un point essentiel, d'ac-
compagner leurs descriptions de dessins qui permettent de suivre avec pré-
cision les principales circonstances des faits.
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille jrancs.
Les pièces adressées pour le concours devront être parvenues au secrétariat
avant le ier avril 1 853.
PRIX DE PHYSIOLOGD3 EXPERIMENTALE,
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
Feu M. de Montyon ayant offert une somme à l'Académie des Sciences,
avec l'intention que le revenu en fût affecté à un prix de Physiologie expé-
rimentale à décerner chaque année, et le Gouvernement ayant autorisé cette
fondation par une ordonnance en date du 22 juillet 181 8,
L'Académie annonce qu'elle adjugera une médaille d'or de la valeur de
huit cent cinq francs à l'ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui paraîtra
avoir le plus contribué aux progrès de la Physiologie expérimentale.
Le prix sera décerné dans la prochaine séance publique.
Les ouvrages ou Mémoires présentés par les auteurs doivent être envoyés
au secrétariat de l'Institut avant le ier avril de chaque année.
DIVERS PRIX DU LEGS MONTYON.
Conformément au testament de feu M. Auget de Montyon, et aux ordon-
nances du 29 juillet 1821, du 2 juin 1824 et du 23 août 1829, il sera dé-
cerné un ou plusieurs prix aux auteurs des ouvrages ou des découvertes qui
seront jugés les plus utiles à Y art de guérir, et à ceux qui auront trouvé les
moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre.
L'Académie a jugé nécessaire de faire remarquer que les prix dont il s'agit
ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à perfec-
tionner la médecine ou la chirurgie, ou qui diminueraient les dangers des
diverses professions ou arts mécaniques.
I^s pièces admises au concours n'auront droit aux prix qu'autant qu'elles
contiendront une découverte parfaitement déterminée.
Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son
travail où cette découverte se trouve exprimée : dans tous les cas, la Com-
mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la décou-
verte dont il s'agit que le prix est donné.
Les sommes qui seront mises à la disposition des auteurs des découvertes
ou des ouvrages couronnés, ne peuvent être indiquées d'avance avec préci-
sion, parce que le nombre des prix n'est pas déterminé : mais la libéralité du
fondateur a donné à l'Académie les moyens d'élever ces prix à une valeur
considérable, en sorte que les auteurs soient dédommagés des expériences
ou recherches dispendieuses qu'ils auraient entreprises, et reçoivent des ré-
compenses proportionnées aux services qu'ils auraient rendus, soit en pré-
venant ou diminuant beaucoup l'insalubrité de certaines professions, soit en
perfectionnant les sciences médicales.
Conformément à l'ordonnance du 23 août, il sera aussi décerné des prix
aux meilleurs résultats des recherches entreprises sur les questions proposées
par l'Académie, conséquemment aux vues du fondateur.
Les ouvrages ou Mémoires présentés par les auteurs doivent être envoyés,
francs de port, au secrétariat de l'Institut avant le ier avril de chaque année.
PRIX CUVIER.
La Commission des souscripteurs pour la statue de Georges Cuvier ayant
offert à l'Académie une somme résultant des fonds de la souscription, restés
( 927 )
libres, avec l'intention que le produit en fût affecté à un prix qui porterait le
nom de Prix Cuvier, et qui serait décerné tous les trois ans à l'ouvrage le
plus remarquable, soit sur le règne animal, soit sur la géologie, et le Gou-
vernement ayant autorisé cette fondation par une ordonnance en date du
9 août i83g,
L'Académie annonce qu'elle décernera, dans la séance publique de i85/j,
un prix (sous le nom de prix Cuvier) à l'ouvrage qui sera jugé le plus re-
marquable entre tous ceux qui auront paru depuis le ier janvier r85o jus-
qu'au 3i décembre 1 853, soit sur le règne animal, soit sur la géologie.
La valeur de ce prix sera de quinze cents francs.
Le concours sera clos au Ier janvier 1 854-
PRIX QUINQUENNAL A DÉCERNER EN i853,
FONDÉ PAR FEU M. DE MOROGUES.
Feu M. de Morogues a légué, par son testament en date du a5 oc-
tobre 1 834, une somme de 10,000 francs, placée en rentes sur l'État, pour
faire l'objet d'un prix à décerner, tous les cinq ans, alternativement : par
l'Académie des Sciences physiques et mathématiques, à X ouvrage qui aura
fait faire le plus de progrès à l'agriculture en France , et par l'Académie des
Sciences morales et politiques, au meilleur ouvrage sur l'état du paupé-
risme en France et le moyen d'y remédier.
Une ordonnance en date du 16 mars \%l\i a autorisé l'Académie des
Sciences à accepter ce legs.
L'Académie annonce qu'elle décernera ce prix, en 1 853, à l'ouvrage rem-
plissant les conditions prescrites par le donateur.
Les ouvrages, imprimés et écrits en français , devront être déposés, franc s
de port, au secrétariat de l'Institut, avant le Ier avril i813, terme de
rigueur.
LECTURES.
M. Laugieu, au nom de M. Arago, Secrétaire perpétuel pour les Sciences
mathématiques, qui n'a pu assister à cette séance pour cause de maladie, a
lu des fragments de la biographie de M. Gay-Lcssac.
( 9*8)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 1 3 décembre i85a, les ouvrages
dont voici les titres :
Le Bospseudohelminthe ou te diépithélium, nouveau produit organique, qualifié
de ver extraordinaire de i3m, 5o ou 60 empans de long , expulsé du corps d'un
bœuf, te 2 1 octobre 1 862, et qui peut se développer dans tous les autres animaux
domestiques, ainsi que dans les personnes, avec les moyens de le prévenir et de
le guérir; par M. Rhodes, vétérinaire à Plaisance (Gers). Auch, i852;
broch. in-8°.
Les trois règnes de la nature. Règne animal. Histoire naturelle des oiseaux
classés méthodiquement , avec l'indication de leurs mœurs et de leurs rapports
avec les arts, le commerce et l'agriculture; par Emm. Le Maout ; 3oe li-
vraison; in-8°.
Une visite au berger des Eaux-Bonnes (Pierre Sacaze-Gaston). Discours
prononcé à l'ouverture de la séance publique d'hiver de la Société Linnéenne de
Bordeaux, le 4 novembre i852; par M. Charles Des Moulins, président.
Bordeaux, 1 852 ; broch. in-8°.
Mémoire sur un enfant nosencéphale adhérent à son placenta , né et vivant à
Toulouse, le 26 juillet i85o; par MM. N. Joly et I. GuiTARD; broch. in-8°.
(Extrait des Mémoires de l Académie nationale des Sciences de Toulouse.)
Notice sur une momie américaine, du temps des Incas, trouvée dans la Nou-
velle-Grenade; par M. N. Joly; broch. in-8°. (Extrait des mêmes Mémoires.)
Considérations sur les analogies qui existent entre le lait et le contenu de l'œuf
et de ta graine; suivies d'expériences sur l'alimentation artificielle des Mammi-
fères nouveau-nés; par le même; broch. in-8°. (Extrait du Journal d'agri-
culture pratique pour le midi de la France.)
M. Blanchard et la circulation périlrachéenne des insectes; réfutation de cette
théorie anti-physiologique ; par le même. Toulouse, 1802 ; broch. in-8°. (Ex-
trait de la Gazette médicale de Toulouse, février t852.)
ERRATUM.
(Séance du 29 novembre i852.)
Page 799, liqne 7, au lieu de 49^ ^8,5, '«« 49i5 49>5-
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 27 DÉCEMBRE 1852.
PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Le Verrier réclame, dans les termes suivants, l'impression immé-
diate du discours lu au nom de M. Arago, dans la dernière séance, afin
qu'il soit possible de le réfuter :
« Lundi dernier, dans la séance annuelle, M. le Secrétaire perpétuel poul-
ies Sciences mathématiques, portant la parole en vertu du droit qu'il tient
de ses fonctions, a longuement attaqué la réforme introduite, il y a plus de
deux ans, dans l'enseignement de l'École Polytechnique.
» En autorisant cette lecture, le Bureau a donné au Rapporteur dune
Commission qui comptait plusieurs de nos confrères parmi ses Membres,
le droit de défendre son œuvre. C'est un devoir qu'il saura remplir.
» Assurément, j'aurais pris la parole dans la séance même où l'attaque
s'est produite, si nos règlements m'y eussent autorisé. Depuis cette réforme
de l'enseignement, l'Académie a tenu plus de cent vingt séances publiques
dans lesquelles il était loisible à M. le Secrétaire perpétuel d'élever la voix,
mais dans lesquelles il eût été également permis de lui répondre. M. Arago
a préféré faire choix d'une séance où ses arguments fussent garantis, par les
règlements, contre toute contradiction.
» Mais si la discussion de vive voix a été impossible, il n'en doit pas être
C. K., i85a, imeSr/n«(re. (T. XXXV, N° 26. ) 122
( 9-3o )
de même de la discussion écrite; et c'est cependant ce qui aurait lieu si
l'impression du discours de M. Arago n'était pas immédiate. Je prends la
liberté de la réclamer. »
M. Le Verrier ayant achevé la lecture de sa Note, M. Arago lui a
répondu sur-le-champ ; il s'est exprimé à peu près en ces termes :
J'imprimerai sans doute prochainement la partie de la biographie de
Gay-Lussac sur laquelle portent les observations de M. Le Verrier, mais
ce ne sera pas, qu'on le remarque bien, pour me conformer à une demande
que M. Le Verrier n'a pas le droit de m'adresser. Je dois toutefois, dès ce
moment, rétablir les faits : je ne suis entré dans aucun détail sur les modi-
fications proposées par la Commission; je me suis contenté de faire remar-
quer combien elle avait eu tort, suivant moi, en changeant l'organisation
d'un établissement qui répondait si bien aux besoins des services publics.
On disait que l'École laissait beaucoup à désirer au point de vue de la pra-
tique. Eh bien, en me plaçant à ce point de vue, j'ai prouvé, et ce n'est pas
sans motif que je me sers d'une expression aussi positive, j'ai prouvé qu'on
devait aux Elèves de l'ancienne École Polytechnique des travaux pratiques
très-importants et de l'ordre le plus élevé. Je ne me suis pas livré à l'examen
minutieux de vos programmes. Oh! si j'étais entré dans cet examen, j'au-
rais eu à signaler des choses inimaginables dans le fond et dans la forme.
Au reste, pour conserver mon droit intact, je répète que je publierai ma
biographie de Gay-Lussac quand cela me conviendra.
physique. — Etudes sur l'hygrométrie (deuxième Mémoire);
par M. V. Regxault.
« Dans un Mémoire étendu, que j'ai publié en 1 845 dans les Annales
de Chimie et de Physique, 3e série, tome XV, j'ai soumis à un examen
expérimental les diverses méthodes qui ont été imaginées jusqu'à ce jour
pour déterminer la quantité de vapeur d'eau qui existe à un moment donné
dans l'atmosphère. J'ai divisé ces méthodes en quatre classes :
» i°. J^a méthode chimique;
» 2". La méthode fondée sur les indications des hygromètres formés par
des substances organiques qui s'allongent par l'humidité;
» 3°. La méthode de l'hygromètre à condensation;
» 4°- Ea méthode du psychromètre.
(01 )
I. Méthode chimique.
» La méthode chimique, exécutée dans les conditions que j'ai indiquées
dans mon premier Mémoire (pages i5o et i63), permet d'obtenir avec une
grande précision la fraction moyenne de saturation qui existe dans l'air
pendant le temps que l'opération s'exécute. Mais c'est une expérience de
laboratoire, d'une exécution longue, et qui exige des appareils volumineux;
elle sera donc difficilement adoptée dans les observatoires météorologiques.
La méthode chimique convient éminemment à la vérification des autres
méthodes hygrométriques, et à la détermination des constantes numériques
que plusieurs d'entre elles exigent. J'en ai constamment fait usage, à ce
point de vue, dans les recherches qui font l'objet de mon premier
Mémoire.
II. Hygromètres formés par des substances organiques qui s'allongent par l'humidité.
» On admet généralement que les hygromètres les plus parfaits de cette
classe sont les hygromètres à cheveu ou hygromètres de Saussure. Les
expériences nombreuses que j'ai publiées dans mon premier Mémoire
(pages 164 et suivantes) m'ont démontré que ces instruments, lorsqu'ils
sont gradués d'après les principes de Saussure, ne sont nullement compa-
rables, et qu'ils ne présentent pas la sensibilité qu'on leur avait supposée,
puisqu'ils mettent souvent un temps assez long pour parvenir à leur état
d'équilibre. J'ai donné, dans ce même Mémoire, deux nouveaux procédés
de graduation (pages 173 et 184), par lesquels, au lieu de fixer seulement
les points extrêmes de l'échelle hygrométrique, on détermine sur chaque
instrument un grand nombre de points intermédiaires, qui permettent de
construire la courbe de la marche de l'instrument. Cette courbe est loin
d'être une ligne droite, comme le supposait Saussure. Mais ces procédés de
graduation exigent des opérations délicates et longues, auxquelles il est
difficile de se résoudre pour un instrument qui se dérange aussi facilement
que l'hygromètre à cheveu. Il esta désirer que les observateurs renoncent
définitivement à un appareil sur le bon état duquel ils ne peuvent jamais
compter.
III. Hygromètres à condensation.
» La méthode qui consiste à déterminer directement le point de rosée
est la plus précise de toutes celles qui ont été imaginées jusqu'à ce jour.
Lorsqu'elle est exécutée dans les conditions que j'ai développées dans mon
premier Mémoire (page 196), elle permet de déterminer la fraction de satu-
laa. .
(93- )
ration de l'air avec une exactitude aussi grande qu'on le désire. C'est la
seule méthode qui se prête, avec une certitude égale, à toutes les circon-
stances atmosphériques; l'exactitude de ses indications n'est influencée ni
par la température, ni par le degré d'humidité, ni par l'agitation variable
de l'air. Mais, bien que cette méthode n'exige qu'une manipulation très-
simple et toujours facile à exécuter dans un observatoire, elle recevra diffi-
cilement une application étendue, parce que, pour les observations météo-
rologiques périodiques, on donne toujours la préférence aux procédés qui
n'exigent que la lecture d'un instrument établi à poste fixe, et que l'on se
résout difficilement à avoir recours à un procédé qui exige une manipu-
lation, quelque courte qu'elle soit.
IV. Méthode du psychromètre.
» Le psychromètre est de tous les instruments hygrométriques celui qui
a reçu aujourd'hui les applications les plus étendues. Il n'est pas susceptible
de se déranger, et l'observation n'exige aucune habileté pratique de la part
de l'observateur. On sait que la méthode du psychromètre consiste à ob-
server simultanément un thermomètre sec et un second thermomètre dont
le réservoir est maintenu constamment mouillé. De la différence des tem-
pératures indiquées par les deux instruments, de la température absolue de
l'un d'eux, enfin de la pression barométrique qui a lieu au moment des
observations, on déduit la fraction de saturation de l'air dans lequel les
thermomètres sont plongés. Mais il faut connaître pour cela la formule qui
relie ces divers éléments, et il faut s'assurer, par des expériences précises,
si la même formule peut s'appliquer aux diverses circonstances dans les-
quelles les observations peuvent être faites. C'est cette étude qui fera l'objet
du présent Mémoire.
» M. August a cherché à établir cette formule d'après des considérations
théoriques que j'ai exposées dans mon premier Mémoire sur l'hygrométrie
(pages 20 1 et suivantes). Les principes physiques qui lui servent de point
de départ sont, à mon avis, fort contestables; j'ai déjà développé les prin-
cipales objections que l'on peut faire contre ces principes, et j'ai fait voir,
par des expériences nombreuses, que ces objections sont parfaitement fon-
dées. Quoi qu'il en soit, la formule théorique à laquelle à M. August arrive
est la suivante :
x = 1 j 7 H,
(933)
dans laquelle
x représente la force élastique de la vapeur qui existe dans l'air au
moment de l'expérience;
t la température de l'air donnée par le thermomètre sec ;
t ' la température indiquée par le thermomètre mouillé ;
y et y les forces élastiques de la vapeur d'eau à saturation pour les
températures t et t' ;
H la hauteur en millimètres du baromètre au moment de l'obser-
vation ;
•y la chaleur spécifique de l'air sec ;
k celle de la vapeur d'eau ;
c? la densité de la vapeur d'eau ;
enfin X la chaleur latente de vaporisation de l'eau dans l'air à la tempéra-
ture t'.
» En introduisant dans cette formule les valeurs numériques des con-
stantes, supprimant plusieurs termes qui n'acquièrent jamais que de très-
petites valeurs dans les limites des observations, on arrive à la formule
extrêmement simple
x =/' - 0,0006246 (t - t') H,
qui peut remplacer la formule théorique beaucoup plus complexe; et ses
résultats numériques différeront rarement de plus de — de ceux que l'on
déduirait de cette dernière. Or, cette approximation est plus que suffisante
dans tous les cas, car l'état hygrométrique de l'air est incessamment variable,
et, par cela même, il n'est pas susceptible d'une détermination très-rigou-
reuse.
» Il faut savoir maintenant si cette formule représente, en effet, les divers
états de saturation que l'air atmosphérique peut présenter dans les diverses
circonstances où l'observateur se trouvera placé. Cette vérification ne peut
se faire qu'en observant le psychromètre dans les conditions les plus variées,
transportant dans la formule les éléments fournis par cette observation, et
comparant les résultats que l'on en déduit, avec la tension véritable de la
vapeur aqueuse, que l'on détermine directement, soit avec l'hygromètre à
(934)
condensation, soit par la méthode chimique. Mais, avant d'aborder cette
étude, je ferai remarquer que dans mon premier Mémoire sur l'hygromé-
trie (pages 207 et suiv.), j'ai prouvé, par des expériences incontestables, que
l'état variable de l'agitation de l'air exerce une influence très-notable sur
les indications du psychromètre ; que, dans le même air, la différence de
température des deux thermomètres sec et mouillé est d'autant plus grande
que l'air est animé d'un mouvement de translation plus rapide. Cette seule
circonstance prouve que la formule théorique de M. August ne peut pas
être exacte, puisque celle-ci ne tient aucun compte de l'agitation de l'air.
On admet, au contraire, dans l'établissement de cette formule, que la boule
du thermomètre mouillé est constamment enveloppée d'une couche d'air
saturé de vapeur, ayant la même température que ce thermomètre, et se
renouvelant avec une vitesse infinie. Or il est probable qu'aucune de ces
suppositions n'est exacte.
» Cependant ces mêmes expériences démontrent que lorsque le psy-
chromètre est exposé à l'air libre, la différence de température t — t' varie
peu avec la vitesse du vent, tant que cette vitesse est inférieure à celle qui
correspond à un parcours de 5 mètres par seconde. Or il sera toujours
facile de réaliser ces conditions dans un observatoire météorologique, en
abritant convenablement le psychromètre.
» Au lieu de soumettre à une vérification expérimentale la formule
x=f — 0,0006246 (<-*') H
qui ne renferme aucun coefficient indéterminé, j'ai choisi la formule plus
générale
x = f'-K{t-t')H,
et j'ai cherché si cette formule pouvait représenter, avec une exactitude suf-
fisante, les divers états de saturation de l'air, lorsque le psychromètre con-
serve une position fixe dans chaque série d'expériences, et que l'on a
déterminé convenablement la valeur du coefficient indéterminé A . Plaçant
ensuite le psychromètre dans des conditions locales très-différentes, j'ai
cherché si la même vérification se présentait encore, soit que l'on conservât
au coefficient A une valeur constante pour ces conditions locales diverses,
soit qu'on lui attribuât pour chacune d'elles une valeur spéciale. J'ai déjà
donné dans mon premier Mémoire un grand nombre d'expériences faites à
ce point de vue. J'en ai fait, depuis, beaucoup d'autres dans des circon-
(935)
stances plus variées, et l'ensemble des résultats que j'en ai déduits me per-
met, je crois, de décider les questions que je viens de poser.
» Le mode général d'opérer consistait à comparer les fractions de satu-
ration 7. déduites de la formule d'après les indications du psychromètre,
avec les fractions de saturation que l'on conclut de la pesée directe de l'hu-
midité contenue dans un volume connu du même air. Cette dernière déter-
mination se faisait à l'aide d'un aspirateur à écoulement constant, qui, par
l'intermédiaire d'un long tube, puisait l'air atmosphérique dans le voisinage
des thermomètres du psychromètre, et faisait passer cet air à travers des
tubes desséchants tarés. Pendant l'écoulement de l'aspirateur, qui durait de
trois quarts d'heure à une heure, on observait régulièrement, de cinq minutes
en cinq minutes, les indications des thermomètres du psychromètre. Cette lec-
ture se faisait de loin avec une lunette, afin que l'instrument et l'état hvgro-
métrique de l'air ne fussent pas influencés par le voisinage de l'observa-
teur. On prenait les moyennes des indications thermométriques , et l'on
notait la hauteur moyenne du baromètre pendant la durée des observations.
Ces moyennes, introduites dans la formule du psychromètre, donnaient une
valeur de x, que l'on comparait avec celle qui se déduisait de la pesée
directe de l'humidité.
» Je donne dans mon Mémoire un grand nombre de tableaux qui ren-
ferment les résultats de ces expériences. Je crois pouvoir en déduire les
conclusions suivantes :
» i°. La formule théorique du psychromètre, donnée par M. August,
ne peut pas être regardée comme l'expression véritable des faits, car elle ne
tient pas compte de plusieurs circonstances qui exercent une grande in-
fluence sur les indications de cet instrument. Les températures relatives des
thermomètres sec et mouillé ne dépendent pas seulement de l'état de satu-
ration de l'air ; elles dépendent encore de ses divers états d'agitation, et des
conditions locales dans lesquelles l'instrument est placé. Ces thermomètres
indiquent, en effet, des résultantes qui dépendent de la température propre
de l'air ambiant, de la radiation calorifique variable des corps environ-
nants, et, en outre, pour le thermomètre mouillé, du pouvoir évaporant
(peut être variable avec la température) que l'air exerce sur l'eau, dans les
conditions de température, de saturation et de mouvement, où l'instrument
se trouve.
» En donnant au psychromètre un mouvement rapide de translation
( 936 )
circulaire autour d'un axe vertical, on diminue l'influence de l'agitation
variable de l'air et celle des conditions locales, mais on détruit la simpli-
cité qui fait le principal mérite du psychromètre.
» M. Walferdin a proposé dernièrement de se servir, pour les observa-
tions psychrométriques, d'un seul thermomètre, dont le réservoir, enve-
loppé de mousseline, est successivement sec et mouillé. On fait tourner
rapidement, en fronde, le thermomètre sec, et l'on fait la lecture qui donne
la température de l'air. On mouille ensuite la mousseline, on fait tourner de
nouveau l'instrument, et la température qu'il indique alors donne la valeur
de t' qu'il faut introduire dans la formule. Cette manière d'opérer a l'inconvé-
nient de mettre l'observateur très-près des instruments qu'il observe, circon-
stance qu'il faut toujours éviter puisqu'elle influe nécessairement sur l'état
hygrométrique de l'air. Déplus, comme il s'écoule toujours un certain temps
entre la lecture du thermomètre sec et celle du même thermomètre humide,
on n'est pas certain, surtout à l'extérieur où l'agitation de l'air est inces-
samment variable, si les deux températures correspondent au même état de
l'air. L'erreur qui peut résulter de cette non-coïncidence est loin d'être né-
gligeable, car elle porte sur la différence des températures (t — t'), qui est
souvent très-petite, surtout dans les basses températures. Dans tous les cas,
si l'on voulait opérer de cette manière, il faudrait déterminer, par une
série d'expériences directes et analogues à celles que j'ai décrites dans ce
Mémoire, la valeur du coefficient A qui s'y applique.
» Pour éviter l'influence de l'agitation variable de l'air, M. Belli a pro-
posé de renfermer le psychromètre dans un tube qui communique, par une
de ses extrémités, avec l'air, et, par l'autre, avec un soufflet aspirant à
double effet, que l'on fait mouvoir de la même manière dans chaque expé-
rience. Mais il est à craindre que les températures des deux thermomètres
ne soient notablement influencées par les changements de température que
l'air peut subir dans cet état factice de mouvement rapide, à travers un tube
étroit où il rencontre des obstacles. Mais, encore, faudra-t-il, pour chaque dis-
position d'appareil et pour la vitesse de courant adoptée par chaque obser-
vateur, déterminer par des expériences directes, la valeur de A qui convient
pour sa manière d'opérer. Je ferai d'ailleurs remarquer qu'en opérant comme
le propose M. Belli, l'observation du psychromètre donne lieu à une opéra-
tion au moins aussi compliquée que celle de l'hygromètre condenseur, et
qu'il n'y a plus alors aucune raison pour lui donner la préférence sur ce
dernier instrument, dont les indications sont absolument certaines.
( 937 >
» 20. Les expériences des première, deuxième, troisième, quatrième ef
huitième séries prouvent néanmoins que la formule
jc=J'~A(t-t')U
appliquée aux observations d'un psychromètre placé dans un espace fermé,
ou à l'air libre quand il est convenablement abrité contre l'action du vent
et contre celle des rayons solaires directs, peut représenter, avec une préci-
sion suffisante pour des observations de ce genre, les divers états habituels
d'humidité de l'air dans nos climats tempérés, pourvu que, clans chaque
localité, on ait soin de déterminer la valeur du coefficient A par des expé-
riences directes.
» La valeur de ce coefficient a été trouvée :
» Dans une petite chambre fermée A = 0,00128
» Dans une vaste salle fermée A = 0,00100
» Dans la même salle, lorsque deux fenêtres opposées
étaient ouvertes A = 0,00077
» Dans une grande cour carrée, entourée de construc-
tions élevées, le psychromètre étant exposé au nord. ... A = 0,00074
» Dans la cour de l'auberge de Taverne aux Eaux-Bonnes
( Pyrénées \ A = 0,00090
» 3°. Lorsque le psychromètre est placé dans une localité où il peut
éprouver l'action plus directe de certains vents que d'autres, ses indications
dans des conditions variées ne peuvent plus être représentées, avec la même
exactitude, par une formule unique. On le reconnaît facilement sur les
expériences de la cinquième série, qui ont été faites dans la cour sud du
Collège de France. On le remarque également dans les expériences de la
neuvième série, que M. Izarn a faites sur un plateau très-élevé et entière-
ment découvert des Pyrénées. Mais, dans ce dernier cas, les écarts de la
formule par rapport à l'état de saturation réel ne sont pas assez considé-
rables, pour que l'on ne puisse pas regarder les indications du psychromètre
comme des approximations suffisantes. Bien entendu que la valeur du coef-
ficient A avait été déterminée par les observations elles-mêmes, Cette valeur
était pour le plateau élevé des Pyrénées, A = 0,00090.
» 4°- Lorsque le psychromètre est exposé aux rayons directs du soleil,
pourvu que la quantité d'eau qui arrive sur la mousseline du thermomètre
mouillé soit suffisante pour la maintenir complètement imbibée, ses indica-
C. R., i85a, ame Semestre (T. XXXV, N° 26. ) 123
(938 )
tions sont encore représentées d'une manière satisfaisante par la formule qui
s'applique au même psychromètre placé à l'ombre. On trouve, en effet,
dans la huitième série faite sur le plateau élevé des Pyrénées, plusieurs expé-
riences pendant lesquelles le soleil frappait directement sur les thermo-
mètres, et ces expériences présentent avec la formule le même accord que
celles qui ont faites à l'ombre. Les expériences de la sixième série qui ont
été faites dans la cour sud du Collège de France, l'appareil étant en plen
soleil, semblent conduire à la même conclusion.
» 5°. Dans les circonstances atmosphériques où l'eau gèle à la surface
du thermomètre mouillé, et qui correspondent toujours à des températures
de l'air inférieures à o°, ou très-peu supérieures à o°, le psychromètre
devient de moins en moins sensible, parce que les variations de la force
élastique de la vapeur d'eau à saturation avec la température deviennent de
plus en plus faibles à mesure que la température baisse. Les expériences de
la septième série prouvent qu'une même valeur de A ne peut plus repré-
senter les véritables fractions de saturation dans toutes les parties de l'échelle
hygrométrique. Il est nécessaire de déterminer au moins deux de ces valeurs,
l'une pour l'air qui approche de la saturation, et l'autre pour l'air qui en
est éloigné. Mais il est à craindre que ces valeurs de A ne conviennent pas
pour toutes les températures basses, et qu'elles changent sensiblement avec
ces températures. C'est un point qui ne peut être éclairci que par les obser-
vateurs qui habitent les contrées très-froides, car dans nos climats on a rare-
ment l'occasion de faire des observations dans de semblables conditions.
» 11 me paraît inutile de chercher une formule qui représente les obser-
vations psychrométriques mieux que ne peut le faire la formule simplifiée
de M. August, car les indications de l'instrument sont évidemment influen-
cées par des circonstances locales et accidentelles, dont le calcul ne peut
pas tenir compte. Le psychromètre doit être considéré comme un instru-
ment empjrique, analogue à l'hygromètre à cheveu de Saussure ; il a,
sur ce dernier instrument, l'avantage d'être beaucoup moins altérable; mais
ses indications sont encore plus dépendantes des circonstances locales. Il
est à désirer que les observateurs se convainquent bien de cette vérité, afin
qu'ils ne continuent pas à observer des instruments sur les indications des-
quels ils ne possèdent aucune donnée certaine, et à entasser des observa-
tions douteuses qui seront beaucoup plus nuisibles qu'utiles aux vrais pro-
grès de la météorologie.
» Si l'on persiste à se servir du psychromètre pour les observations hygro-
(93g)
métriques continues, et ce sont les seules, à mon avis, qui présentent de
l'intérêt, il conviendra de disposer l'instrument, autant que possible, dans
un espace assez vaste, mais convenablement abrité par les constructions
environnantes, pour que les thermomètres ne soient pas exposés à l'ac-
tion directe du vent. Il faudra déterminer la constante A de la formule
oc ==/"' — A [i — t') H qui convient à la localité choisie, par des expériences
comparatives, soit avec l'hygromètre à condensation, soit par la méthode
chimique. Pour faire cette détermination, on choisira de préférence les
moments où l'air est éloigné de la saturation, parce qu'alors le terme affecté
de A a une valeur numérique plus grande. Il sera même convenable de dé-
terminer la constante A pour deux portions différentes de l'échelle thermo-
métrique : la première entre o et i o degrés, la seconde entre i o et 3o degrés.
Il est probable que ces deux valeurs ne seront pas identiques, et l'on em-
ploiera chacune d'elles entre les limites de température pour lesquelles elle
a été déterminée. En opérant ainsi, on sera certain de déduire des observa-
tions du psychromètre des valeurs de la fraction de saturation de l'air qui
ne différeront pas de plus de-^ des véritables valeurs, et c'est là une approxi-
mation parfaitement suffisante pour des observations de ce genre.
» Si l'on désirait une approximation plus grande, il faudrait avoir recours
à l'hygromètre condenseur. La meilleure disposition à donner à cet instru-
ment me paraît toujours être celle que j'ai décrite dans mon premier
Mémoire; seulement, on pourrait remplacer le petit aspirateur que j'y ai
figuré, par un aspirateur double à retournement, analogue à celui de Brun-
ner, et établi à poste fixe ; on éviterait ainsi la peine de remplir fréquem-
ment l'aspirateur. En donnant à chacun des vases de cet aspirateur une capa-
cité de 10 à 1 5 litres, on pourra, sans le retourner, faire au moins vingt ou
trente observations consécutives, c'est-à-dire plus qu'on n'en fait générale-
ment dans un observatoire pendant toute une journée. Le liquide, dont on
remplirait l'hygromètre, serait de l'éther pendantla saison d'hiver, de l'alcool
ou mieux de l'esprit-de-bois pendant l'été. Il serait facile d'ailleurs de main-
tenir ce liquide au niveau convenable dans le petit vase d'argent, sans avoir
besoin de démonter celui-ci fréquemment. A cet effet, on ferait communi-
quer ce vase par le bas, au moyen d'un très-petit tube d'argent, avec un
réservoir qui contiendrait une quantité un peu considérable du liquide vola-
til, et qui fournirait continuellement la petite quantité qui s'évapore. »
123.
(94o )
astronomie. — Nouvelle planète découverte le i5 décembre i85a;
par M. Hixd. (Lettre à M. Arago.)
« Londres, 1 8 décembre.
» J'ai l'honneur de vous annoncer la découverte que j'ai faite d'une hui-
tième planète, le 1 5 décembre au soir, à 6h 3om. Son éclat est celui d'une
étoile de 10e grandeur; sa lumière est d'un bleu pâle. Par une compafai-
son avec l'étoile 6129 du catalogue de Lalande, on a pu reconnaître les
positions suivantes.
2R
Dist. pol. nord
h m s
h m 6
0 / //
Décembre i5.
7.18.39,2
3 12. 4 ; 98
■;3. 10. 16,4
—
8.42. 2,0
3.12. 2,70
73.10. 3,9
•7-
6 . 2 . 5,9
3.I0.48.23
73. 3.26,0
» M. Bishop propose que cette planète, dans le cas où elle n'aurait pas
été découverte avant moi, porte le nom de ïhalie.
» Quant à la planète que j'ai découverte le 16 novembre, nous sommes
convenus de l'appeler Calliope.
» Oserais-je vous prier de me faire l'honneur de communiquer cette
découverte à l'Académie des Sciences (1). »
M. Augusti.v Cauchy présente à l'Académie divers Mémoires sur le
mouvement de rotation d'un corps solide et en particulier d'un corps
pesant autour d'un point fixe. Les conclusions, auxquelles l'auteur a été
conduit par son analyse, seront exposées et développées dans une pro-
chaine séance.
MÉMOIRES LUS.
physiologie végétale. — Note sur la germination des Céréales récoltées
avant leur maturité; par M. P. Duchartre. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique à laquelle est adjoint
M. Decaisne.)
« Les expériences qui servent de base à ce travail ont été faites cette
(1) Cette Lettre n'a pu être communiquée à l'Académie le lundi 20, jour de la séance an-
nuelle, mais la découverte de M. Hind a été annoncée le 22 au Bureau des Longitudes.
( 94' )
année dans le jardin de botanique agricole de l'Institut agronomique à
Versailles. Elles formaient le commencement d'un grand travail que j'ai dû
renoncer à continuer du jour où la suppression de cet établissement m'en
a enlevé les moyens. Elles ont eu pour résultat de démontrer que les grains
de nos céréales possèdent la faculté germinative longtemps avant leur matu-
rité. Elles étendent, par conséquent, aux céréales en général, ce que les
observations isolées de MM. Duhamel, Sénebier, etc., et récemment les
recherches plus suivies de MM. Kurr, Seiffer, Goeppert et surtout Cohn,
ont déjà montré avoir lieu chez le seigle d'hiver, le mais, et chez plusieurs
plantes appartenant à des familles autres que celle des Graminées.
» Mes expériences ont porté sur le seigle de mars, sur un froment ordi-
naire sans barbes, sur un poulard et sur deux variétés de l'orge commune.
Elles ont été divisées en deux séries. Dans la première série on a semé
chaque jour, à partir du 10 juillet, cent grains de chaque espèce fraîche-
ment récoltés. De chaque semis on a conservé un épi ; les grains de ces épis
conservés ont fourni la matière de nouvelles semailles, qui ont été exécutées
le 12 septembre, et qui constituent la seconde série de ces expériences. La
maturité des grains correspondants restés sur pied n'est arrivée que dans les
premiers jours du mois d'août.
» Je décris et figure l'état très-imparfait de l'embryon dans les grains
les plus jeunes mis en expérience, c'est-à-dire dans ceux qui ont été
semés le 10 juillet. Je donne ensuite le tableau des germinations survenues
à la suite de ces divers semis, et je tire de l'ensemble de mes observations
les conclusions suivantes :
» i°. Les grains de nos céréales en général sont susceptibles de germer
longtemps avant leur maturité, lorsque leur embryon est encore très-im-
parfait, et que leur albumen est presque en lait ;
» 2°. La germination m'a paru exiger un temps d'autant plus long, que
les grains semés étaient plus jeunes ; mais je ne puis exprimer ce retard en
chiffres précis, parce que n'ayant pas eu à ma disposition de grains mûrs des
mêmes espèces et variétés, je n'ai pu faire des germinations comparatives;
» 3°. Les germinations des grains très-jeunes sont à peu près en même
proportion que celles des grains plus rapprochés de leur maturité (seigle,
poulard, orge), ou même en proportion plus considérable (blé roux) ;
» 4°- Les orges paraissent avoir beaucoup plus de difficulté à germer
avant leur maturité que le seigle, et surtout que les froments ;
» 5°. La dessiccation des grains imparfaitement mûrs, ou même très-
( 94* )
jeunes, et la rétraction qui en est la suite, loin de nuire à leur germination,
la favorisent au contraire d'une manière frappante ;
» 6°. Le temps nécessaire pour la germination des grains jeunes semés à
l'état sec, ne m'a pas paru plus long que celui qu'exigent les grains mûrs;
» 70. Dans la culture, si les circonstances obligent à couper les céréales
avant qu'elles aient atteint leur maturité , même assez longtemps avant ce
terme , on ne doit pas craindre d'employer pour semence les grains pro-
venus de ces récoltes hâtives. Les expériences de ma seconde série prouvent
que ces grains jeunes, ayant eu le temps de sécher, peut être de développer
suffisamment leur embryon, dans l'intervalle de la moisson aux semailles,
seront parfaitement aptes à germer ;
» 8°. De là résulte la possibilité de commencer, au besoin, la moisson de
meilleure heure, même pour la prolonger jusqu'au terme ordinaire, et d'y
employer ainsi moins d'ouvriers pendant un laps de temps plus consi-
dérable.
» En terminant ma Note, j'établis, par mes observations, ce fait intéres-
sant, que les plantes provenues de grains récoltés jeunes ne sont ni plus
faibles ni moins développées que celles qui sont nées de grains arrivés à
leur entier développement. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
analyse mathématique. — Recherches sur l'intégration de certaines
équations linéaires aux différences partielles à coefficients constants :
intégration de. l'équation -y-f -f- -A = o; par M, A. Laurent, capitaine
du génie. (Extrait par l'auteur. )
(Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Binet.)
« On a représenté, à priori, l'intégrale générale d'une équation linéaire
aux différences partielles à coefficients constants, par une série infinie
d'exponentielles népériennes dont les exposants sont des fonctions linéaires
des variables indépendantes.
» La recherche de valeurs convenables à attribuer, dans chaque cas
particulier, aux constantes de l'intégrale générale dont il s'agit, est un pro-
blème indéterminé. Ce problème ne devient déterminé que par l'intro-
duction de conditions restrictives qui, sans être complètement arbitraires,
( 943)
peuvent varier à l'infini. Les méthodes données par Lagrange, Fourier,
Poisson, etc., pour déterminer ces constantes, ne correspondent qu'à un
système particulier des conditions restrictives dont je viens de parler.
» Ainsi les difficultés que peut présenter la détermination des con-
stantes de l'intégrale générale, sont de deux espèces essentiellement diffé-
rentes qu'il faut bien distinguer : les unes sont inhérentes à la forme des
équations aux limites, tandis que les autres ne dépendent que de la nature
des conditions restrictives admises.
» J'ignore si cette remarque est nouvelle; dans tous les cas, elle permet
de résoudre immédiatement une foule de questions auxquelles les méthodes
de Fourier et de Poisson ne seraient que difficilement applicables.
» Je me propose, dans la seconde partie, d'examiner les résultats que
l'on obtient, lorsqu'on applique la méthode d'intégration que j'expose, à
l'équation du quatrième ordre
dx> \ dx* dy* J dy> \ dx1 dz> )
» Enfin, dans une troisième partie, je démontrerai que la méthode est
directement applicable au cas de trois variables indépendantes. »
optique. — Mémoire sur un perfectionnement important de l'oculaire
quadruple des lunettes achromatiques; par M. Sécrétai». (Extrait
par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Pouillet, Despretz, Mauvais.)
« Bien que dans plusieurs Mémoires, et surtout dans sa Dioptrique , Euler
ait donné la théorie d'un grand nombre de systèmes optiques formant une
image droite et amplifiée des objets éloignés, celui de la lunette achroma-
tique et de son oculaire quadruple tel qu'on le construit généralement
d'après Dollond, lui a cependant échappé. I^es opticiens qui voudraient le
construire scientifiquement ne trouveraient ainsi, dans les ouvrages du
grand géomètre, que des indications générales. M. Sprecht, de Vienne, a
donné dans son Optique pratique les éléments de plusieurs oculaires qua-
druples de Frauenhoffer, mais ils n'y verront aucun examen analytique de
leur construction. Nous citerons aussi M. Santini,dePadoue, qui, s'occupant
de l'oculaire quadruple dans son Optique instrumentale, arrive à deux sys-
tèmes de formules qui permettent d'en faire aisément le calcul. Malheureu-
sement ces formules deviennent illusoires pour tous les grossissements
( 944 )
faibles, et donnent des oculaires très-dissemblables suivant les valeurs qu'on
attribue à cet arbitraire. M. Biot, dans un beau Mémoire publié en 1 84 • ?
a comblé ces lacunes; les opticiens y trouveront des formules très-simples,
qui ne sont jamais en défaut, et au moyen desquelles ils pourront con-
struire des oculaires aussi bons que ceux de Dollond et de Frauenhoffer.
» Mais en admettant l'emploi des lentilles achromatiques pour la con-
struction de l'oculaire en question, on peut le perfectionner très-notable-
ment. C'est ce qu'a montré, il n'y a pas longtemps, un savant de Vetzlar,
dont nous ne connaissons d'ailleurs ni les travaux, ni même le nom. Ayant
eu l'occasion de voir récemment une lunette construite d'après ses indica-
tions, nous avons réfléchi aux causes des effets très-satisfaisants qu'elle pro-
duisait, et nous pensons les avoir trouvées. On paraît avoir eu égard, dans
sa construction, aux deux principes suivants, qui seraient nouveaux ou du
moins n'auraient pas encore été énoncés explicitement. Le premier con-
siste à faire achromatiques et de nulle aberration, les lentilles de l'oculaire
que les pinceaux de lumière traversent loin de leur sommet, c'est-à-dire
lorsqu'ils ont déjà un épanouissement notable; et le second, c'est de donner
à toutes les lentilles un sens de courbure qui rende aussi normale que pos-
sible sur leurs surfaces, l'incidence des axes des pinceaux extrêmes. C'est en
réalisant ces conditions que nous avons construit la lunette qui accompagne
ce Mémoire; elle présente, à grossissement égal, un champ plus grand de
moitié que dans les instruments réputés les meilleurs, et elle produit l'effet
d'une lunette deux fois plus longue et deux fois plus coûteuse. Tous les
détails de construction sont indiqués dans le Mémoire. »
mktéokologie. — Mémoire sur la formation de la grêle et sur les
circonstances météorologiques qui accompagnent cette formation; par
M. IVoELLNER.
Ce Mémoire, écrit en allemand, est renvoyé à l'examen d'une Commis-
sion composée de MM. Regnault et Babinet.
histoire naturelle. — De la symétrie dans les trois règnes de la nature:
deuxième partie, symétrie autour d'un point [symétrie minérale);
par M. Fermond.
(Benvoi à l'examen des Commissaires nommés pour la première partie de
ce travail : MM. Brongniart, de Senarmont, de Quatrefages. )
( 945 )
M. Foi H.vicitii: adresse un Mémoire sur une balance à bascule destinée à
prévenir les fraudes sur le poids dans le commerce de détail.
Ce Mémoire est renvoyé, conformément au désir exprimé par l'auteur, à
l'examen de la Commission chargée de décerner le prix de Mécanique de la
fondation Montyon.
M. Werdet père soumet au jugement de l'Académie une Note sur une
encre de sûreté qu'il croit réunir toutes les qualités exigées quant à l'inalté-
rabilité et à la facilité d'emploi.
(Commissaires, MM. Thenard, Dumas, Pelouze.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique écrit à l'Académie pour lui
annoncer qu'il accepte les propositions qu'elle lui a faites touchant les
moyens d'augmenter la valeur intrinsèque des médailles qui doivent être
décernées, cette année, à cinq astronomes pour la découverte de planètes
entre Mars et Jupiter.
M. le Ministre de l'Intérieur, de l'Agriculture et du Commerce adresse,
pour la bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du LXXVIIe volume des
Brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de \ 79 1 .
chimie. — Quelques faits relatifs à Faction réciproque des sels
solubles ; par M. Malaguti.
« Berthollet dit que « lorsqu'un sel neutre est dissous, et qu'on ajoute
» un acide à sa dissolution, celui-ci entre en concurrence avec l'acide com-
» biné; l'un et l'autre agissent sur la base alcaline, chacun en raison de sa
» masse, comme si la combinaison n'eût pas existé. »
» L'expression chacun en raison de sa masse, implique l'idée que la
quantité d'un acide qui sera nécessaire pour opérer le partage, sera d'au-
tant plus grande que l'acide sera faible ; et si les deux acides sont de force
égale, ils se partageront la base proportionnellement au nombre de leurs
atomes : il me semble, en outre, qu'une conséquence nécessaire de ce prin-
cipe, c'est que la décomposition qui aura lieu entre deux sels ou un couple
salin dissous, si tant est que rien ne se sépare, doit être d'autant plus
C. R. , i852, •2me Semestre. (T. XXXV, Pf°2C.) 124
( 946 )
grande, que l'acide et la base la plus forte seront séparés dans les deux sels
primitifs.
» D'un autre côté, si tout doit se passer comme si les combinaisons
n'eussent pas existe', c'est-à-dire comme si l'on avait mis en présence sépa-
rément les acides et les bases, il arrivera que deux expériences inverses
donneront le même résultat, ce qui revient à dire que si l'on représentait
par deux coefficients les quantités des sels décomposés dans deux couples
salins, contenant les mêmes éléments, mais inversement distribués, les
deux coefficients seraient complémentaires.
» D'après ces vues, j'ai soumis à l'expérience quatre genres de sels :
Potasse ,
Soude,
Acétates de I Baryte,
Strontiane,
Plomb ,
Potasse ,
, ) Baryte,
2". Azotates de. . . . < J .
Strontiane,
Plomb ,
Potasse ,
Soude,
3°. Sulfates de I Magnésie,
Manganèse ,
Zinc,
Potassium ,
Sodium,
4°. Chlorures de. . . 1 Magnésium,
Manganèse ,
Zinc.
» Dans les conditions où je me suis placé pour expérimenter, je n'ai
trouvé qu'une seule exception à la règle suivante, qui est un corollaire des
propositions précédentes : « L'étendue de la décomposition réciproque de
» deux sels est en raison des affinités propres à leurs principes constituants
» et au mode de distribution de ces principes ; » ce qui revient à dire que
« lorsque, dans un couple salin, la base et l'acide les plus forts se trouvent
» primitivement réunis , la décomposition est toujours moindre que la
» moitié de l'équivalent; elle dépasse toujours la moitié, lorsque la base et
» l'acide les plus forts sont séparés dans les deux sels. »
» Voici la série des résultats et les coefficients de décomposition obtenus
(947 )
dans vingt-deux expériences
Couples salins dont le coefficient de décomposition
est supérieur à la moite de l'équivalent.
Noms des sels. Formules. Coefficient
Acétate de potasse KO, C4 B? O3
Acétate de plomb PbO, AzOs
Chlorure de potassium. . . KC1
Sulfate de zinc ZnO, SO3
Acétate de baryte BaO, C'H'C"
Azotate de plomb PbO, Az O5
Chlorure de sodium Na Cl
Sulfate de zinc. . ZnO, SO3
Acétate de baryte BaO, C* H303
Azotate de potasse KO, Az O5
Acétate de potasse KO , C4 H1 O3
Azotate de strontiane. ... SrO, AzO5
Acétate de strontiane SrO, C HJ0'
Azotate de plomb Pb O, Az Oh
Acétate de potasse KO, C H3 O3
Sulfate de soude NaO, SO3
Chlorure de potassium. . . KC1
Sulfate de manganèse.... MnO, SO3
Chlorure de potassium. . . K Cl
Sulfate de magnésie MgO, SO3
Chlorure de sodium NaCl
Sulfate de magnésie. ... MgO, SO'
92
84
177
72
72
67
65,5
[62
58
56
54, 5o
Couples salins dont le coefficient de décomposition
est inférieur à la moitié de l'équivalent.
Noms des sels. Formules. Coeffic.
Acétate de plomb PbO, C'rFO3
Azotate de potasse KO, AzO5
Chlorure de zinc Zn Cl
Sulfate de potasse . K.O, SO'
Acétate de plomb. ... PbO, C'rPO3
Azotate de baryte BaO, AzO5
Cloruie de zinc Zn Cl
Sulfate de soude NaO, SO3
Acétate de potasse KO, O H3 O3
Azotate de baryte BaO, AzO5
Acétate de strontiane SrO, CH303
Azotate de potasse KO, AzO5
Acétate de plomb Pb O, C H3 O3
Azotate de strontiane .... SrO, AzO5
9
!'7,6
29
27
36
33
Acétate de soude NaO, C H303
Sulfate de potasse KO, SO3
Chlorure de manganèse. . . MnCl
Sidfate de potasse KO, SO3
Chlorure de magnésium . . . Mg Cl
Sulfate de potasse KO, SO3
Chlorure de magnésium . . . Mg CI
Sulfate de soude Na O, SO3
42,5
43
45,8
» On voit que les coefficients les plus élevés se rapportent en général
aux couples salins où l'acide et la base les plus puissants se trouvent sépa-
rés dans les deux sels : par contre, on voit que les coefficients les moins
élevés appartiennent aux couples dont un des sels renferme l'acide et la
base les plus forts.
» On remarque une exception pour les deux couples qui renferment
l'acide azotique et l'acide acétique, la potasse et la baryte.
» Si les doubles décompositions s'effectuaient en raison des affinités, il
faudrait conclure que la baryte est une base plus puissante que la potasse.
» Dans une autre occasion, je ferai connaître de nouveaux faits qui
appuient cette manière de voir.
» Si l'on n'attache d'importance qu'au sens des coefficients, et non pas à
leur valeur absolue, il paraît certain que les doubles décompositions entre
( 948 )
sels solubles, lorsque rien ne se sépare, ont lieu suivant des lois déduites
des théories bertholliennes. »
astronomie. Éléments de l'orbite de la comète III, 18/17, découverte
par M. Mauvais, le l\ juillet; par M. E. Gautier. (Communiqués
par M. Le Verrier.)
« La durée de l'apparition de la comète s'est prolongée jusqu'en
avril i8/|8. Afin de représenter aussi exactement que possible la courbe
décrite par elle pendant toute sa période de visibilité, un premier essai de
recherche d'une orbite elliptique a été fondé sur les trois positions obser-
vées les i3 juillet 1847, '8 novembre 1847, et 3 avril 1 848.
» La valeur du demi-grand axe ainsi obtenue s'élevant à près de mille
fois le rayon moyen de l'orbite terrestre, toute préoccupation relative à la
période de l'astre devenait vaine, et je me suis borné à chercher une orbite
osculatrice à un point quelconque de sa trajectoire, au i5 juillet, par
exemple. A cet effet, les perturbations des coordonnées de la comète par
Jupiter, la Terre et Vénus, les seules sensibles, ont été calculées à partir de
ce jour et ajoutées aux erreurs de l'éphéméride obtenue au moyen du pre-
mier système d'éléments. Ces erreurs ainsi modifiées, ont donné le moyen
déformer huit lieux normaux correspondant à huit groupes d'observations
convenablement choisis, quoique de poids inégaux, et formant le tableau
suivant :
Nombres
Date.
Longitude.
Latitude.
d'observations
1847. JuiHet 12,5
89:.4'.58';9
» 1 11
70.52. 10,2
42
Août 1 3 ,5
152.37.38, 1
58 . 2 . 40 , 1
5i
Septembre i4 7
172 20.42,3
44- g. 26,0
22
Octobre 16 \
182.25.4,8
35.26.3i,6
8
Novembre 18 ~
187 .55.23,5
29.49 18,7
2
Décembre i3,5
188.18. 6,6
26 . 47 • 5 1 , 2
3
1848. Février 22,5
162. i4-42, •
i3. 20. i8,3
10
Avril 2 , 5
1 45 . 4 ' -52,6
2. 4-52,8
6
» Sept de ces lieux normaux ont concouru à la détermination des élé-
ments définitifs : j'ai cru devoir omettre, après un premier essai, celui du
i3 décembre. Ces sept lieux normaux produisent quatorze équations de
condition qui, traitées elles-mêmes parla méthode des moindres carrés, en
fournissent six nouvelles, propres à déterminer les valeurs les plus pro-
bables des corrections qu'il convient d'apporter aux éléments déjà obtenus.
( 949 )
En suivant cette marche, j'ai trouvé le système d'éléments qui suit :
Époque du passage au périhélie. . . 1847 aout 9>375o6
0 / n
Longitude du périhélie 60.48.43,2 1 .
T . j j j Q3Q a a \ Equinoxe moyen 1848,0.
Longitude du nœud 338. 16.57,1 J ^
Inclinaison 96. 33.45,o
Log de l'excentricité 9>999 3863
Log dist. périhélie o ,247 oo52
» La comparaison des positions obtenues par le calcul direct au moyen
de ces éléments avec les lieux normaux qui précèdent, m'a fourni les diffé-
rences que voici et qui m'ont paru satisfaisantes, surtout lorsqu'on se rap-
pelle que la position du i3 décembre a été éliminée de la discussion, et que
l'éclat de la comète était devenu excessivement faible dans la dernière partie
de son apparition :
(Calcul — Observation)
S l cos b gb
12,5 juillet — 0,4 +o,3
i3,5 août +3,5 — 0,4
i4,33 septembre — 0,0 +3,8
i6,33 octobre — 3,2 +3,6 .
18,75 novembre — 17,1 — 1,8
t3,5 décembre — 24,0 + /[i ,6
22,5 février +17,6 — 0,1
2,5 avril + 8,6 — 7,7
physique. — Sur quelques faits relatifs au courant et à la lumière
électriques; par M. Qitet. (Extrait par l'auteur.)
« Lorsque le vide est fait aussi exactement qu'on peut l'obtenir avec une
excellente machine pneumatique, dans le récipient connu sous le nom
d'œuf électrique, si l'on met en communication les deux tiges du récipient
avec les fds qui amènent les deux, électricités fournies par la machine
électrique que construit M. Ruhmkorff, on voit se produire dans le vide
deux lumières différentes par la couleur, la forme et la position. L'une
des lumières est violette et entoure régulièrement la boule et la tige néga-
tives; l'autre est rouge de feu; elle adhère d'un côté à la boule positive,
s'étend de l'autre vers la boule négative, et a pour limites latérales une sur-
face de révolution autour de l'axe du récipient. Cette manifestation d'une
double lumière électrique est une expérience neuve et curieuse de
M. Ruhmkorff.
( 95o )
» En étudiant cette double lumière, je suis parvenu à établir qu'elle se
compose d'une suite de couches brillantes entièrement séparées les unes
des autres par des couches obscures, ou qu'elle est comme stratifiée.
» Pour bien développer ce phénomène de stratification et lui donner de
l'éclat, je me sers du vide fait, dans un œuf ou un tube électriques, sur l'une
des vapeurs fournies par l'esprit-de-bois, l'essence de térébenthine, l'huile
de naphte, l'alcool, le sulfure de carbone, le bichlorure d'étain, etc., ou sur
un mélange de ces vapeurs et d'air, ou bien encore sur le fluorure de sili-
cium, etc.; je fais passer dans ces vides le courant d'induction fourni par
la machine électrique si remarquable que construit M. Ruhmkorff, et j'ob-
tiens alors une multitude de couches brillantes séparées par des couches
obscures formant comme une pile de lumière électrique entre les deux pôles
du récipient.
» Dans la lumière relative au pôle positif, lumière qui est ordinairement
rouge, les couches brillantes les plus rapprochées de la boule négative ont
une position et une figure sensiblement fixes, en sorte qu'il est facile d<>
constater sur elles qu'il y a discontinuité en passant de l'une à l'autre. La
couche extrême ne touche pas la lumière du pôle négatif, elle en est séparée
par une couche obscure qu'on peut rendre plus ou moins épaisse, suivant
la nature des vides et leur perfection. Mais, indépendamment des trois on
quatre couches brillantes qui sont sensiblement fixes, la lumière du pôle
positif contient une multitude d'autres couches dont la discontinuité est
plus ou moins masquée par diverses illusions d'optique que j'élimine en
m'y prenant comme il suit :
» La lumière électrique, dans ces expériences, n'a pas une durée continue;
elle consiste en une suite de décharges se succédant avec rapidité. La
machine qui la fournit contient un petit marteau magnétique qui tour à tour
se lève et tombe sur une enclume de platine, et à chaque fois qu'il se lève,
la lumière électrique se produit dans le vide. Au lieu de laisser au marteau
le jeu alternatif et très-rapide que lui donne la construction de la machine,
ou peut le manœuvrer avec la main, et en le soulevant une seule fois, on
obtient dans le vide une émission de lumière qui ne dure qu'un instant.
Dans ces conditions, toutes les illusions d'optique cessent; on n'a plus les
mouvements ondulatoires et progressifs, ni les mouvements gyratoires qui
peuvent masquer le véritable phénomène, mais on voit la pile entière de
couches alternativement brillantes et obscures se dessiner avec une forme
très-nette. En renouvelant cette manœuvre à volonté, il devient facile d'étu-
dier les détails du phénomène.
( 95' )
» L'extinction de l'une des lumières accompagnée d'une augmentation
d'éclat dans l'autre, les changements de couleur qu'on peut faire subir
séparément à l'une ou à l'autre, confirment bien l'idée que ces deux lumières
sont douées de polarité.
» La lumière du pôle positif n'est pas seule stratifiée, celle du pôle néga-
tif l'est aussi ; indépendamment d'une lueur vague qui termine ordinai-
rement la lumière du pôle négatif et qui peut s'étendre à plus d'un centi-
mètre et demi de la boule et de la «tige, on reconnaît dans cette lumière
deux couches brillantes séparées par une couche sombre. Dans certains
vides, ces couches sout entourées d'anneaux brillants et obscurs.
» Le phénomène d'une double lumière stratifiée présente des circon-
stances très-variées, suivant la nature des vides que l'on emploie. Ordinai-
rement la lumière du pôle positif est rouge et l'autre est violette, mais j'ai
trouvé que ces teintes ne sont pas nécessaires. Dans le vide fait sur le fluo-
rure de silicium, j'obtiens une lumière jaune au pôle négatif; en faisant le
vide dans des tubes de verre préalablement remplis de vapeurs d'essence de
térébenthine, j'obtiens au pôle positif de longues colonnes d'une belle
lumière blanche et phosphorescente, dont la stratification a lieu par couches
sensiblement planes et d'inégale épaisseur (1).
» La constitution de la lumière électrique que je viens de décrire semble
indiquer que le mouvement électrique, établi dans les vides, se trouve
alternativement dans des conditions opposées et telles qu'il rend lumineuse
la couche de gaz très-raréfié qu'il traverse, ou la laisse obscure suivant ces
conditions; le courant électrique paraît ainsi doué d'un caractère de pério-
dicité remarquable.
» Comme les deux lumières stratifiées sont séparées par une couche
obscure dans la plupart des vides, j'ai pensé que peut-être, en approchant
les deux boules l'une de l'autre, je parviendrais à éteindre l'une des deux
(i) Après avoir constaté expérimentalement le phénomène de stratification , j'ai fait part à
M. Ruhmkorff de ce que j'avais découvert, et je l'ai prié d'achever la construction de ma
machine électrique , pour me permettre d'examiner de suite le phénomène dans tous les vides
possibles. Sur ces indications, sans connaître ni comment j'avais éliminé les illusions d'op-
tique ni par quelles expériences j'avais été conduit à étudier les différents vides, M. Ruhm-
korff a trouvé de lui-même, en essayant la machine qu'il disposait pour moi, et en opérani
avec le vide fait sur un mélange d'air et de vapeurs d'alcool, l'un des vides qui montrent faci-
lement le phénomène de stratification , quoique toutes les illusions d'optiques ne soient pas
éliminées.
(9** )
lumières électriques. L'expérience confirme cette prévision lorsqu'elle est
faite dans le vide opéré sur l'air; c'est la lumière rouge qui disparaît
complètement, tandis que la lumière violette se ravive, au contraire. Dans
le vide fait sur le fluorure de silicium, on fait disparaître la lumière du
pôle positif, et l'on ravive et la lumière jaune du pôle négatif, et les anneaux
pourpres qui l'entourent; mais, par un rapprochement des boules plus
prononcé, on voit la lumière négative s'affaiblir, et des anneaux pourpres se
développer autour de la boule positive.
» En cherchant quelle peut être la cause de ces variations d'éclat, j'ai été
amené à faire des expériences sur la conductibilité électrique des vides.
Dans l'un des conducteurs qui portent l'électricité au récipient, j'ai inter-
posé un galvanomètre convenable. Tant que le vide n'est pas suffisamment
avancé, le galvanomètre n'indique rien, en sorte que dans ces conditions, le
gaz raréfié isole l'électricité de la machine. Lorsque le vide est tel que les
décharges successives donnent l'apparence d'une lumière continue, l'aiguille
du galvanomètre se dévie et indique l'existence d'un courant électrique; sa
déviation augmente de plus en plus à mesure qu'on raréfie davantage le gaz;
lorsque la lumière violette est bien développée sur la boule négative et
sur toute la longueur de sa tige, ce qui suppose un vide très-bien fait avec
une excellente machine pneumatique, si l'on approche les deux boules du
récipient l'une de l'autre, on voit l'aiguille du galvanomètre se dévier
davantage, et de plus en plus à mesure que la proximité des boules oppo-
sées devient plus grande. Il résulte de ces expériences, que les différents
vides obtenus avec les gaz sont conducteurs des courants électriques, et
qu'ils offrent une résistance plus ou moins considérable, suivant leur
nature, leur degré de perfection, et aussi suivant l'épaisseur de vide que
l'on emploie. Il me sera facile, par ce procédé, d'examiner l'effet de la
température sur la conductibilité électrique des gaz convenablement
raréfiés.
» En étudiant les phénomènes de la lumière électrique dans les condi-
tions que j'ai indiquées, on s'aperçoit, par les variations qu'ils présentent,
et aussi par les dépôts qui se forment sur les boules et sur les tiges, que
les gaz très-raréfiés éprouvent sous l'influence de l'électricité des modifica-
tions particulières. Cette espèce d' électrochimie des vides m'a paru mériter
«ne étude spéciale de ma part. »
; ( 953 )
physique. — Expériences sur le rayonnement solaire.
( Lettre de M. Volpicelli à M. Arago. )
<• Profitant de l'éclipsé qui eut lieu le 28 juillet 1 85 1 , assez heureux pour
avoir à ma disposition le thermo-actinomètre de M. Melloni et l'héliostat de
M. Silbermann, parfaitement construit par M. Duboscq-Soleil, j'observai
que l'intensité du rayonnement calorifique solaire croissait des bords au
centre de son disque apparent. Ce fait fut reconnu par mon docte collègue
le R. P. Secchi, qui trouva de plus que le maximum d'effet calorifique so-
laire coïncidait avec l'équateur de cet astre. En communiquant cette expé-
rience à l'Académie des Lincei (1), je rappelai que Lucas Valerio, et aussi
Frédéric Gesi, au commencement du XVIIe siècle, avancèrent que les rayons
du Soleil sont plus forts [gagliardi) dans le centre qu'aux extrémités de cet
astre; enfin je n'oubliai pas de dire que dans vos recherches sur la consti-
tution physique du Soleil, vous aviez déjà, Monsieur, proposé d'excellentes
expériences thermodynamiques pour déterminer la distribution de la cha-
leur sur le disque solaire. Depuis mon Rapport à l'occasion des intéres-
santes expériences duR. P. Secchi, M. Melloni annonça que « la proportion
» des rayons solaires transmise par une couche d'eau comprise entre deux
» verres d'Allemagne, et des mêmes rayons transmis par une plaque de
» cristal de roche enfumé, varie avec les différentes épaisseurs atmosphé-
» riques traversées par eux, et que cette variation suit des lois tellement
» différentes en passant de l'un à l'autre corps, qu'elle prend dans les mêmes
» circonstances des signes contraires. » En même temps qu'il faisait part de
ce résultat thermochroïque à l'Académie des Sciences (2) et à celle des
Lincei, M. Melloni voulut bien m'inviter à expérimenter moi-même sur ce
sujet. Pour répondre à cet appel si honorable, malgré ma juste défiance de
mes propres forces, j'entrepris alors des expériences sur la thermochrôse du
Soleil, et je me fais aujourd'hui un devoir de vous communiquer les premiers
résultats de ces expériences, que j'ai exécutées dans l'observatoire astro-
nomique pontifical. Si je puis surmonter les difficultés qui s'opposent ac-
tuellement à l'expérimentation, tant dans l'observatoire même que dans le
cabinet de physique de l'Université romaine, je continuerai mes expériences
d'après le plan que j'ai conçu, et j'aurai l'honneur de vous les transmettre.
» Des publications du professeur Melloni, des paroles par lesquelles vous
(1) Actes de l 'Académie pontificale des Nuovi Lincei , tome IV, page 5^3.
(2) Comptes rendus, tome XXXV, page i65.
C. R., 185a, am« Semestre. (T. XXXV,1N»26.) 1^5
(954)
terminiez, Monsieur et honorable Secrétaire, vos savantes observations sur les
expériences du R. P. Secchi (i), et des principes modernes de la physique
rationnelle, on doit, ce me semble, conclure que, pour connaître la distribu-
tion calorifique du disque solaire, il faut d'abord faire l'analyse de la ther-
mochrôse de cet astre, et commencer cette analyse par l'étude de l'effet ther-
mique duSoleil entier, pour ensuite passer à l'effet thermique des divers points
de son disque. Partantde cette conclusion, j'ai commencé par confirmer, au
moyen de plusieurs substances diathermiques, la découverte déjà faite par
M. Melloni pour l'eau et pour le quartz : ensuite, continuant à me servir
de l'héliostat, et représentant par ioo l'énergie calorifique du rayon so-
laire incident, j'ai reconnu que le fait découvert par M. Melloni se vérifiait
pour plusieurs substances diathermiques, et qu'il peut servir à leur classi-
fication en deux groupes, de manière que, le Soleil allant du midi au
couchant, le premier groupe se compose de ces substances qui, telles que
l'eau entre deux verres, diminuent considérablement l'énergie calorifique
du rayon solaire incident; le second groupe est formé de celles dans les-
quelles l'effet total se présente avec un caractère différent. C'est ce que dé-
montre le tableau suivant que je me propose d'étendre encore davantage.
SUBSTANCES
DE LA PREMIÈRE CLASSE.
RAYONNEMENT CALORIFIQUE
SUBSTANCES
DE LA DEUXIÈME CLASSE .
RAYONNEMENT
CALORIFIQUE
près
le méridien.
près
l'horizon.
près
le méridien.
près
l'horizon.
60
54
57
65
62
58
73
4o
45
43
52
5i
35
58
Quartz non enfumé. . .
70
84
5
6
5
12
i3
,5
46,.
55
6
5
80
93
IO
8
9
18
18
100
48
60
1 1
9
Huile de térébenthine .
Sel gemme enfumé. . .
» Bien que ces résultats numériques puissentsubir quelques modifications
(1) Comptes rendus , tome XXXIV, page 65g.
(9^5)
par suite d'expériences ultérieures, faites à un moment encore plus voisin
du coucher du Soleil, et dans de meilleures conditions atmosphériques,
cependant dès à présent nous sommes en droit d'affirmer : que les rayons
calorifiques du Soleil se composent, eux aussi, d'éléments hétérogènes -, que
l'atmosphère terrestre absorbe ces éléments de diverses manières, selon
qu'elle est plus ou moins épaisse; que cette diversité d'absorption est mani-
festée par les substances diathermiques à travers lesquelles passe le rayon
solaire après avoir été filtré par l'atmosphère ; qu'il y a deux classes de sub-
stances diathermiques, lesquelles offrent des résultats opposés par rapport
à l'absorption du rayon incident : d'où il suit que non-seulement l'intensité
du rayon solaire incident dépend de l'épaisseur de l'atmosphère terrestre par
lui parcourue, mais encore que de cette épaisseur dépend la qualité des
éléments calorifiques.
» En continuant ces expériences et donnant aux substances diathermiques
l'épaisseur d'environ i centimètre, j'ai pu arriver encore aux faits suivants :
» i°. Le quartz et le verre, tous deux limpides, sont les substances les
plus diathermiques par rapport aux rayons solaires parvenus à la surface
terrestre, ce qui établit une différence notable entre ce rayonnement et
celui des sources calorifiques terrestres. Il résulte de cette propriété spé-
ciale, que les réfracteurs sont propres à expérimenter la distribution du
calorique sur le disque solaire, -et que les lentilles à échelons sont les
meilleurs instruments pour concentrer le calorique réfléchi par la Lune,
ainsi que l'expérimenta, le premier, M. Melloni, qui obtint par ce moyen
d'heureux résultats (i). La différence entre les déviations de l'aiguille du
galvanomètre produites par le rayon solaire libre et par le rayon solaire qui
avait traversé les deux substances indiquées, fut trouvée constamment de
i degré, depuis midi jusqu'à trois quarts d'heure avant le coucher. Si donc
on appelle n le nombre des degrés de la première déviation, sera l'ex-
pression du pouvoir absorbant, soit du verre, soit du quartz, tous deux
limpides. Dès lors, en faisant abstraction des réflexions que subissent les
rayons dans les deux surfaces parallèles de la substance diathermique, on
peut dire que le quartz et le verre, tous deux limpides, laissent le passage
'libre à toute espèce de rayons calorifiques solaires, après que ceux-ci ont
traversé l'atmosphère terrestre.
» 2°. Le sel gemme diminue beaucoup la déviation de l'aiguille pro-
(i) La Thermochrôse, page 25i, par M. Melloni; Naples, i85o.
125..
( 9*« )
fluite par le rayon solaire libre; c'est pourquoi cette substance, eu égard
aux rayons solaires, se montre moins diathermique que plusieurs autres,
et spécialement que les deux précédentes; ce qui établit une autre dif-
férence remarquable entre ce rayonnement arrivé à la Terre, et celui des
sources calorifiques terrestres pour lesquelles le sel gemme jouit, au plus
haut degré, de la propriété diathermique. De plus, en négligeant les petites
différences dans les résultats numériques, qu'on pourrait même attribuer
à plusieurs causes perturbatrices, on trouve que le sel gemme diminue
toujours, à peu près de moitié, le rayonnement libre solaire, depuis midi
jusqu'à demi-heure avant le coucher. Ce qui prouve que le sel gemme
( celui que j'ai employé provient de Cardona, et est suffisamment lim-
pide) affecte de la même manière tous les divers éléments calorifiques du
Soleil, et que, par rapport à la chaleur solaire, arrivée jusqu'à nous, il con-
serve la propriété que M. Melloni lui a déjà reconnue pour les sources ter-
restres de chaleur, d'être athermochroïque. En faisant passer le rayon du
Soleil à travers le même sel gemme, de l'épaisseur d'environ om,i5, on
n'avait aucune déviation dans l'aiguille, tandis qu'avec la lampe de Loci-
telli on avait la déviation de i degré. En admettant donc que le Soleil,
comme cela me semble très-probable, soit la source de toute sorte de rayon-
nements calorifiques, nous pouvons affirmer, d'après les précédentes expé-
riences, que les atmosphères, l'une solaire, l'autre terrestre, éteignent en
grande partie les rayons qui sont abondants dans les sources lumineuses
terrestres, ceux que le célèbre Melloni distingue sous le nom de radiations
obscures^, et qui ont, selon les découvertes de ce physicien, des propriétés
spécifiques de transmission et de diffusion bien différentes de celles des
rayons de chaleur lucide.
» 3°. Il y a des substances, telles que le sel gemme enfumé, l'alun et le
sulfate de chaux cristallisés, les verres colorés, ou en bleu, ou en vert, qui,
lorsque le Soleil se trouve à des hauteurs diverses sur l'horizon, font que
les différentes déviations produites par le rayon solaire libre restent constam-
ment les mêmes, depuis midi jusqu'à trois quarts d'heure avant le coucher.
Cela amènerait à conclure qu'il y a des substances qui, par rapport aux
rayons solaires, ont le pouvoir absorbant ( = A) proportionnel en sens
inverse (inversamentè) à l'énergie du rayonnement libre (= R) incident sur
elles-mêmes; ainsi indiquant par C une constante, on obtient
A.R = C.
Cela indique également une différence entre les rayons calorifiques du
(9^7)
Soleil arrivés jusqu'à nous, et ceux des sources calorifiques terrestres.
» 4°- Plusieurs substances diathermiques, spécialement les acroïques,
comme le quartz et le verre, tous deux limpides, laissent, vers le coucher,
le passage libre aux rayons solaires, de sorte que les déviations de l'aiguille,
avant et après le passage même, se trouvent presque identiques ; cela montre
qu'à mesure que l'épaisseur de l'atmosphère augmente, les rayons calori-
fiques solaires filtrent au travers, de façon à pouvoir traverser, sans autre
modification, les substances indiquées parmi lesquelles nous comptons atissi
le verre rouge.
» 5°. Trois plaques, l'une de sel gemme, l'autre d'alun limpide, et la
troisième de sulfate de chaux cristallisé, étant réunies, le rayon solaire,
après avoir traversé ce système diaphane, donne une lumière blanche, sen-
siblement privée de calorique, à l'égard du thermo-actinomètre dont je fais
usage; ce qui prouve que les thermochrôses diverses des deux plaques, une
d'alun, l'autre de sulfate de chaux, se combattent réciproquement. Par ce
moyen, nous pouvons affaiblir tellement l'effet calorifique du rayonnement
solaire, qu'il se réduit pour le calorique au rayonnement lunaire, en con-
servant cependant une lumière plus intense.
» 6°. On observe encore ce fait, dans la lumière solaire, que la quantité
de calorique passée à travers plusieurs plaques de nature diverse, est
indépendante de l'ordre dans lequel ces plaques sont disposées.
» 7°. Le rayon solaire libre, c'est-à-dire celui qui ne traverse aucune
autre substance diathermique, excepté l'atmosphère, maintient constam-
ment son énergie calorifique depuis midi jusqu'à 3h 3om environ ; il s'affai-
blit ensuite, et ne redevient invariable que vers les trois derniers quarts
d'heure du coucher.
» Je terminerai cette Lettre par deux observations : la première touchant
les expériences déjà faites pour déterminer comment le calorique se trouve
distribué sur la surface solaire ; la seconde sur les expériences à faire pour
cette détermination.
» Premièrement, je remarque que le R. P. Secchi a trouvé que les tem-
pératures des sommets, l'un supérieur, l'autre inférieur, dans le disque so-
laire apparent, étaient très-peu différentes entre elles (i). Ce fait trouve une
explication facile en remarquant que les sommets mêmes correspondent à
deux points homologues sur la surface solaire, car chacun d'eux se trouve
à égale distance, et du respectif pôle solaire, et de la respective zone équa-
(i) Comptes rendus, tome XXXV, page 166,
(958)
toriale de cet astre. C'est pourquoi, même en tenant pour vraie l'hypothèse
que le calorique dans le Soleil diminue de l'équateur aux pôles de cet astre,
ces deux sommets doivent être d'une égale température, comme le dé-
montre précisément l'expérience. Il ne faut donc pas chercher ailleurs (1)
l'explication du fait expérimental, et il suffit, ce me semble, d'avertir, que
ces sommets sont deux points homologues sur la surface ou photosphère
solaire.
» En second lieu, si l'on veut admettre l'hypothèse de la distribution
calorifique décroissante de l'équateur au pôle sur la surface solaire, on devra
trouver, en expérimentant avec soin en déclinaison sur le diamètre qui
passe par le centre du disque apparent, de bas en haut, à l'époque où
l'équateur solaire est au-dessus du centre même, que la nature de la courbe
des intensités calorifiques est telle, qu'elle commence par décroître et attein-
dre un minimum dans le pôle austral visible; puis qu'elle remonte, en
croissant, au maximum dans l'équateur. A une autre époque de l'année, au
contraire, où l'équateur solaire se montre au-dessous du centre indiqué, la
même courbe devrait commencer en sens inverse, c'est-à-dire atteindre, en
croissant, un maximum dans l'équateur, puis en décroissant, redevenir
un minimum dans le pôle boréal visible. Jusqu'à présent, ces minima de
température n'ont pas été, que je sache, reconnus par l'expérience. En
outre, à deux autres époques de l'année, c'est-à-dire lorsque les pôles du
Soleil sont tous deux visibles et se trouvent sur le bord du disque solaire
apparent, non-seulement la courbe en question devrait se trouver symé-
trique au-dessus et au-dessous du centre du disque, mais, en expérimentant
les températures du bord solaire, on devrait obtenir une autre courbe avec
quatre points singuliers, c'est-à-dire deux maximum dans l'équateur et deux
minimum dans les pôles. Mais cette symétrie n'est pas encore évidemment
démontrée par l'expérience (2); ces quatre points singuliers n'ont pas été
cherchés non plus; cependant, en continuant à expérimenter avec le bon-
heur qu'on a eu jusqu'ici, on doit croire que les doutes disparaîtront et
que la lumière se fera. »
hydrostatique. — Note sur un appareil simple propre à montrer de quoi
dépend la pression exercée par les liquides sur le fond des vases ;
par M. G. Sire*
« Plusieurs appareils sont employés aujourd'hui pour démontrer ce prin-
(1) Comptes rendus, tome XXXV, page 166, ligne 1 4 et suiv.
( 2) Comptes rendus, tome XXXV, page 6o5.
( 959 )
cipe, à savoir, que la pression exercée par un liquide sur le fond du vase
qui le contient est indépendante de la forme du vase, ainsi que de la quan-
tité ou du poids du liquide; qu'elle dépend seulement de la grandeur du
fond et de la hauteur du liquide.
» Généralement, tous les appareils employés consistent en vases de diffé-
rentes formes, ayant des fonds de même surface, et l'opération consiste à
mesurer, soit au moyen de la balance, soit par une colonne de mercure
soulevée, la pression correspondant à une hauteur donnée de liquide. Mais
ces appareils présentent un inconvénient, c'est que l'on est obligé d'opérer
séparément avec chaque vase; ce qui est généralement une opération assez
longue.
» J'ai pensé à construire un appareil plus simple, d'une manœuvre facile,
en même temps qu'il donne lieu à une démonstration plus expéditive du
principe cité plus haut.
» Cet appareil se compose d'un tube de verre courbé en U, dont les
branches ont un diamètre intérieur de même grandeur et égal à a ou 3 cen-
timètres. A la partie supérieure des branches, sont rodés à l'émeri deux
vases de verre ayant une forme et une capacité très-différentes; l'un, un cône
tronqué renversé dont la petite section est égale au diamètre du tube en U;
l'autre, un tube droit de moins d'un centimètre de diamètre : ces vases sont
ajustés en enduisant la jointure d'une couche mince de suif. On commence
par verser du mercure dans le tube en U jusqu'à moitié de la hauteur; une
ligne xy\ menée par la partie supérieure des deux ménisques, est une ligne
parfaitement horizontale. Un index qui glisse à frottement doux sur une
tige verticale montant entre les deux branches du tube en U est amené à
la hauteur des deux ménisques. Pour opérer rigoureusement, on se sert
d'un cathétomètre et on le règle sur la ligne de niveau xj.
» Les choses ainsi disposées, on verse alternativement de l'eau dans les
deux vases, et, sans s'embarrasser de la hauteur de l'eau, on en verse dans
le deuxième vase, de manière à ce que les deux ménisques de mercure
soient sur la ligne xy. Une fois cela obtenu, on reconnaît que la hauteur
de l'eau dans les deux vases est rigoureusement la même; or les fonds
de ces vases sont ici les surfaces des deux ménisques de mercure, et
comme ces ménisques sont sur une même ligne horizontale, on en conclut
immédiatement que les pressions qu'ils éprouvent sont égales. Ce qu'il
fallait démontrer. De plus, la différence qui existe dans la forme et la capa-
cité des vases employés dans cette expérience montre assez que d'autres
vases, substitués à leur place, donneraient un résultat identique.
( 96o)
» Si d'ailleurs on voulait calculer la pression qui a lieu sur les ménisque;- ,
on le ferait en versant de l'eau dans un seul vase, et, d'après le poids de la
colonne de mercure soulevée, le calcul indique que le poids de l'eau qui
lui fait équilibre est constitué par celui d'une colonne d'eau qui a pour base
le fond du vase, et pour hauteur la hauteur de l'eau dans ce vase. »
physique du globe. — Avancement du delta du Tibre au canal de
Fiumicino; par M. Rozet.
« Chargé depuis le mois de mars dernier de l'exécution des opérations
géodésiques et de la direction des travaux topographiques dans la partie des
États Romains occupés par les troupes françaises, j'ai pu faire un certain
nombre d'observations géologiques, que je me propose de communiquer
successivement à l'Académie. Aujourd'hui, je lui demande la permission de
l'entretenir de l'avancement du delta du Tibre, dont j'ai pu suivre la marche
depuis 190 ans.-
» Au commencement de l'empire romain, la mer baignait encore les
murs d'Ostie à l'embouchure du Tibre, et les ruines de cette ville et de son
port sont actuellement à 4 5oo mètres du point où ce fleuve se jette dans la
mer; une forte barre existe à son embouchure, et les bas-fonds sont telle-
ment élevés entre Ostie et ce point, que la navigation de cette partie du
fleuve est devenue impossible.
» Pour remplacer Ostie, l'empereur Claude fit creuser un port à 4000 mè-
tres plus à l'ouest sur le bord de la mer; ce port, qui est aujourd'hui un
pâturage humide, se trouve à 2 5oo mètres de la mer, dans la direction du
canal de Fiumicino, qui remplace le Tibre pour la navigation. '
» Ayant eu à ma disposition tous les plans de cette contrée faits à diverses
époques, et M. le commandeur Canina ayant eu l'obligeance de me donner
les dates exactes de la construction de deux tours qui existent encore le
long du canal, j'ai pu calculer l'avancement du delta dans sa direction.
Au mois de juin i852, le pliare de Fiumicino était éloigné de la mer de. . . 2861"
D'après le plan fait en 1839, la distance est de • 236
Différence pour 1 3 ans 5om
Ce qui donne pour l'avancement annuel 3m,84
La distance en juin i852 était de 286m
Celle donnée par le plan de 1820 est de 160
Différence pour 32 ans. 1 26™
Donc pour l'avancement annuel 3m,94
(9«0 .
Le plan de 1839 donne 236m
Celui de 1820 donne l®°
Différence pour 19 ans 7"m
Donc pour l'avancement annuel 4"S00
Le phare de Fiumicino, construit dans la mer à 20 mètres de la rive en
1774» en est actuellement à '■ 286m
Ajoutant . . . ; , 20
On a pour 78 ans 3o6,n
D'où pour l'avancement annuel 3m,g2
La tour Alexandrine, construite sur le bord de la mer en 1662, est à
45o mètres du phare de Fiumicino, construit en 1774 à 20 mètres dans •
la mer, il y avait donc alors entre la mer et la tour Alexandrine 43°m
De 1662 à 1774» il s'est écoulé 1 12 ans, ce qui donne pour l'avancement
annuel 3m,84
Du bord de la mer au pied de la tour Alexandrine il y avait, au mois de
juin dernier 736m
De 1662 à i852, il s'est écoulé 190 ans, ce qui donne pour l'avancement
annuel 3m ,88
Somme des six résultats - 23m ,42
Moyenne 3m,go3
» Ainsi, depuis l'année 1662, l'avancement annuel du delta du Tibre au
canal de Fiumicino n'a pas varié de 1 décimètres, et il a été assez exacte-
ment de 3m,Cj. Le niveau de la mer n'a pas changé depuis l'établissement
du port d'Ostie : il existait alors des lagunes à l'est d'Ostie que les Romains
transformèrent en salines. Ces salines existent encore, et l'eau de la mer y
est amenée par un canal coudé de 6000 mètres de long, dans lequel il
n'existe pas de courant sensible quand la mer est calme. Le sol du pâturage
humide qui couvre actuellement les ruines du port de Claude, n'est pas à
plus de 1 mètre au-dessus du niveau moyen de la mer.
» Je dirai enfin que, dans la détermination du niveau moyen de la mer,
à l'embouchure du canal de Fiumicino, pour les nivellements géodé-
siques, j'ai constaté qu'il existe dans ces parages une marée régulière, dont
la hauteur ordinaire varie entre om,25 et om,3o. »
M. Corncel adresse un échantillon de fer fondu retiré de l'intérieur d'un
four à pudler du fourneau de Cyrey-sur-Blaize.
Ce fer est cristallisé et présente un clivage cubique, ainsi qu'on le voit
par les petits gradins qui existent sur la plus large face de la cassure.
Ce spécimen est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de
MM. Berthier et Combes.
C. R., i85a, a°>« Semestre. (T. XXXV, fi° 26.) l 2^
( 96* )
M. Billaut adresse une Note sur la préparation des huiles destinées aux
besoins spéciaux de V horlogerie.
M. H. IXascio exprime de nouveau le désir d'obtenir le jugement de
l'Académie sur ses communications concernant les éphémérides luni-solaives
moyennes.
L'Académie, d'après la déclaration précédemment faite par un de ses
Membres qui avait été chargé de prendre connaissance du travail de
M. Nascio, ne peut donner suite à cette demande.
M. Housez adresse, à l'occasion des nouvelles planètes qui viennent
d'être découvertes, des considérations sur les rapports qui existeraient, sui-
vant lui, entre les nombres de certains astres errants et ceux qui expriment
les intervalles des sons musicaux.
Un acteur, qui déclare n'avoir pas. voulu faire connaître son véritable
nom, adresse une Note ayant pour titre : Solution complète de l'équation
indéterminée
x2 -+■ y2 = z2.
D'après l'article du règlement de l'Académie concernant les écrits ano-
nymes ou pseudonymes, cette communication est considérée comme non
avenue.
COMITÉ SECRET.
M. de Jussieu, au nom de la Section de Botanique, présente la liste sui-
vante de candidats pour la place devenue vacante par le décès de M. Richard .
En première ligne, ex œquo et par ordre alphabétique :
M. Camille Montagne,
M. L. René Tulasne.
En seconde ligne, ex œquo et par ordre alphabétique :
M. Duchartre,
M. Trécul.
M. Brongniart développe les titres des candidats ; ces titres sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures. A.
(963)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 1 3 décembre i852, les ouvrages
dont voici les titres :
Annales de la Société entomologique de France; 2e série; tome X; 3e tri-
mestre i85a; in-8°.
Annales de la Société d'Horticulture de Paris et centrale de France; no-
vembre i85a ; in-8°.
Annales forestières , io décembre i85a; in-8°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. DE MONFOKT,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; n° 33; 12 décembre i85a ; in-8°.
Journal d'Agriculture pratique et de Jardinage , fondé par M. le Dr BlXlO,
publié par les rédacteurs de la Maison rustique, sous la direction de M. Barral;
tome V, n" 1 1 ; 5 décembre i852 ; in-8°.
L' Agriculteur-praticien. Revue d'agriculture , de jardinage et d'économie ru-
rale et domestique, sous la direction de MM. F. Malepeyre , Gustave Heuzé
et BOSSIN; décembre i852; in-8°.
Nouvelles Annales de Mathématiques. Journal des candidats aux Ecoles Poly-
technique et Normale; rédigé par MM. Terquem et GERONO; novembre 1 852 ;
in-8°.
Osservazioni... Observations météorologiques faites à Udine, de i8o3 à 1842;
par M. G. Venerio; Udine, i85i ; grand-in-4°.
Atti Actes de l'Académie pontificale des Nuovi Lincei, 5e année; session
du 28 décembre i852. Rome, i852; in-4°-
Gorrispondenza... Correspondance scientifique de Rome; nos 3g-4o ;
20 novembre i85a.
Memoria... Mémoire présenté à S. E. le Ministre du Commerce, sur l'exposi-
tion des produits de l'industrie espagnole faite en i85o. Madrid, i852; in-4°.
Royal astronomical . . . Société royale astronomique; vol. XII; n°* 7
et 8 ; i4 mai et 1 1 juin 1 85a ; in-8°.
The quarterly... Journal trimestriel de la Société géologique de Londres,
vol. VIII, partie 4; n° 32; Ier novembre i852; in-8°.
Folia orchidacea, Enumération des espèces connues d'Orchidées; par
M. LlNDLEY; partie ire; octobre i852; in-8°.
126..
(964)
Jahresbericht... Annales de la Société des Sciences naturelles de Halle;
4e année, 1 85 1, et 5e année, i85a; cahiers i et a ; in-8°
L'Athenœum français. Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Beaux- Arts; n° i[\; 1 1 décembre i852.
La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n° 33 ;
12 décembre i85a.
Gazette médicale de Paris; n° 5o; n décembre i852.
Gazette des Hôpitaux ; n°* i43 à i45; 7, 9 et 1 1 décembre i85a.
La Lumière; n° 5r ; 11 décembre 1 852.
Réforme agricole; n° 5o; octobre i852.
L'Académie a reçu, dans la séance du 27 décembre i85a, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Scietices ,
2e semestre i85a ; n° 24; in-4°.
Mémoires de l'Académie des Sciences morales et politiques de l'Institut de
France; tome VIII. Paris, i852; in-Zj0.
Annales de Chimie et de Physique ; par MM. Arago, Chevreul, Dumas,
Pelouze, Boussingault , Regnault ; 3e série; tome XXXVI ; décem-
bre i852; in-8°.
Annales des Sciences naturelles, comprenant la zoologie, la botanique, l'ana-
tomie et la physiologie comparée des deux règnes, et l histoire des corps ort/a-
nisés fossiles ; 3e série, rédigée pour la zoologie par M. Milne Edwards,
pour la botanique par MM. Ad. Brongniart et 3. Decaisne; tome XVIII;
n° 2; in-8°.
Description des machines et procédés consignés dans les brevets d invention,
de perfectionnement et d'importation dont la durée est expirée, et dans ceux
dont la déchéance a été prononcée ; publiée par les ordres de M. le Ministre de
l'Intérieur, de i Agriculture et du Commerce; tome LXXV1I. Paris, i852;
in-4°.
Traité pratique des maladies des nouveau-nés et des enfants à la mamelle,
précédé d'un précis sur l'hygiène et l'éducation physique des jeunes enfants ; par
M. E. Bouchut; 2e édition. Pans, i852; 1 vol. in-8°. (Cet ouvrage est
adressé pour le concours des prix de Médecine et Chirurgie. )
Histoire de Mardick et de la Flandre maritime; par M. Raymond de
( 965 )
Bkrtrand. Dunkerque, i85a; i vol. in-8°. (Cet ouvrage est adressé au
concours de Statistique. )
asphaltes et Naphtes. Considérations générales sur l'origine et la formation
des bitumes fossiles , de leur emploi et de leurs propriétés aux travaux publics et
privés; par M. Isidore Huguenet ; 2e édition. Paris, i852; i vol. in-8°.
Leçons élémentaires de chimie appliquée aux arts, à l'industrie, à l'agricul-
hire, à V hygiène et à l'économie domestique , professées à la chaire municipale
de Nantes; par M. Adolphe Bobierre. Paris, i852; i vol. in-12.
Du lin, du chanvre, de leur rouissage, de leurs modes de préparation, des
engrais par restitution au sol; par M. LOUIS TERWANGNE. Lille, 1832 ; broch.
in-8°.
Bulletin de l'Académie impériale de Médecine, rédigé sous la direction de
MM. F. Dubois (d'Amiens), secrétaire perpétuel, et Gibert, secrétaire
annuel; tome XVIII; n°5; i5 décembre i85s; in-8°.
Société nationale et centrale d'Agriculture. Bulletin des séances, Compte
rendu mensuel rédigé par M. Payen, secrétaire perpétuel; 2e série, tome VIII;
n° 1 ; in-8°.
Bulletin de la Classe physico-mathématique de l'Académie impériale des
Sciences de Saint-Pétersbourg; tomes IX et X ; in-4°.
Bulletin de la Classe historico- philologique de l'Académie impériale des
Sciences de Saint-Pétersbourg ; tome IX; in-4°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. DE MONFORT,
et rédigée par M. l'abbé MoiGNO; nos 34 et 35; 19 et 26 décembre i852;
in-8°.
Journal d'Agriculture pratique et de Jardinage, fondé par M. le Dr Bixio,
publié par les rédacteurs de la Maison rustique, sous la direction de M. BarraL;
20 décembre 18D2; in-8°.
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ; 20 dé-
cembre 1 852 ; in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , publié par M. le Dr A.
Martin-Lauzér ; i5 décembre i852; in-8°.
Le Magasin pittoresque,- décembre i85a; in-8°.
Recueil encyclopédique d'agriculture, publié par MM. BoiTEL et LONDET,
de l'Institut national agronomique de Versailles; tome III; 10 décembre
i852;in-8°.
Répertoire de Pharmacie. Recueil pratique rédigé par M. Bouchardat;
décembre i852; in-8°.
(966)
Revue thérapeutique du Midi. Journal de Médecine, de Chirurgie et de Phar-
macie pratiques; rédigé par MM. les D" Louis Saurel et Barbaste; i5 dé-
cembre i85a; in-8°.
Flora batava; 171e livraison; in-4°.
Annali. . . Annales des Sciences mathématiques et physiques ; par M. Barnabe
Tortolini; novembre i852; in-8°.
Délia humite... Mémoire sur l'humite et sur le péridot du Vésuve; par
M. A. Scacchi. Naples, i852; broch. in-4°.
Sulla struttura... Mémoire sur la structure intime de l organe électrique du
Gymnote, sur les conditions électromotrices de ces organes et leur comparaison
avec diverses piles électriques; par M. le Dr Ph. Pacini. Florence, i85a;
broch. in -8°.
Schiarimenti... Eclaircissements donnés par le professeur Cappello, sur la
part qu'il a prise aux travaux du congrès sanitaire, tenu à Paris; broch. in-8°.
(Extrait du Giornale Arcadico; tome CXXVIII. )
Boletin... Bulletin de l'Institut médical de Valence; novembre i85a; in-8°.
Guia del quimico... Guide du chimiste praticien, ou Compendium d'ana-
lyse chimique; par don Ramon Torres MuiiOS Y Luna. Madrid, i852;
1 vol. in-8°.
Memoirs... Mémoires de la Société littéraire philosophique de Manchester ;
2e série; tome X. Londres, i852; 1 vol. in-8°.
The astronomical... Journal astronomique de Cambridge ; n°49; vol. III;
n° 1; a3 octobre i852.
Description... Description d'un squelette du Mastodon giganteus de l'Amé-
rique du Nord; par M. J.-C. Warren. Boston, i852; 1 vol. in-4°.
Annals... Annales du lycée d'histoire naturelle de New- York; juin i852
(n°8 7 et 8); août i85a (nos 9 à i4)- New-York, i852; 2 livraisons in-8°.
Exploration... Exploration et relèvement topographique de la vallée du
grand lac salé d'Utali, comprenant une reconnaissance d'une nouvelle route à
travers les montagnes Rocheuses; par M. Howard Stansrury, capitaine du
corps des Ingénieurs topographes des États-Unis. Philadelphie, i852;
1 vol. in-8°, avec atlas géographique in -8°.
Jahrbuch... Annales de l'Institut impérial et royal de Géologie; 3e année,
i852; n° 2; avril, mai, juin. Vienne; in-4°.
Handlingar. . . Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Stockholm;
année i85o; ire et 2e parties. Stockhlom, i85i; in-8°.
Ofversigt. . . Comptes rendus de la même Académie; année i852.
Stockholm, 1 852; in-8°.
(967 )
Berâttelse... Rapport sur les progrès de l'histoire naturelle -.Mollusques,
Crustacés et autres Invertébrés, pour les années i845 à 1849; Par M- J- LovÉN.
Stockholm, i85a; 1 vol. in-8°.
Arsberâttelse. . . Rapport annuel sur les progrès de la technologie , lu à la
séance du 3i mars 1847; Par ^- G--E. Pasch. Stockholm, i85i; in-8°.
Arsberâttelse. . . Rapport annuel sur les progrès de la technologie pendant les
années 1848 et 1849; par M. G -E. PaSCH. Stockholm, i85a; in-8°.
Arsberâttelse... Rapport annuel sur les progrès de la partie de l'histoire na-
turelle concernant les Insectes, les Myriapodes et les Arachnides, pendant les
années 1849 et '85o; par M. C.-H. Boheman. Stockholm, i85a; in-8°.
o
Ars-berâttelse... Rapport annuel sur les travaux et communications concer-
nant la botanique pour l'année 1849; Par M- J.-E. WlKSTRÔM. Stockholm,
i85a; in-8°.
Arsberâttelse... Rapport annuel sur les progrès de la chimie, pour l'an-
née 1849; par M. L.-F. Svanberg. Stockhlom, i85i; in-8°.
Berâttelse. . . Rapport sur les progrès de la physique , pour l'année 1 85o ; par
M. E, EdlUND. Stockholm, i85a; broch. in-8°.
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques ; n°8 837 à 83g.
L Athenœum français. Journal universel de la Littérature, de la Science et
des Reaux-Arts; nos 2 5 et 26; 18 et 25 décembre i85a.
La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; nos 34
et 35; 19 et a6 décembre i852.
Gazette médicale de Paris; nos 5i et 52; 18 et 25 décembre i852.
Gazette des Hôpitaux; nm 146 à i5i; i4> 16, 18, ai, 23 et a5 décem-
bre i852.
Moniteur agricole ; n°* 1 à 4; 16, 19, a3 et 25 décembre i85a.
L'Abeille médicale; n° a6 ; i5 décembre i85a.
La Lumière. Revue de la Photographie ; n° 5a; 18 décembre i85a.
ERRATA.
(Séance du i3 décembre i85a.)
Page 85^, ligne 8, au.licude gyroscopique, lisez gyrocosmique.
(Séance du 20 décembre.)
Page 8g5, lignes 5 et 6, au lieu de MM. Budge, professeur à l'Université de Bonn, et
Waluh, médecin anglais, lisez MM. Budge, médecin anglais, et Waixer, professeur à
Bonn.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
TABLES ALPHABÉTIQUES.
JUILLET DÉCEMBRE l852.
TABLE DES MATIÈRES DU TOME XXXV.
Acide camphométhylique. — Note sur cet acide;
par M. A. Loir 3s8
Acide caprylique. — Sur les acides capryli
que et pélargonique anhydres; Note de
M. Chiozza 865
Acide pélarconique. — Sur une combinaison
de cet acide avec le bioxyde d'azote ; Note
de M. L. Chiozza 797
Voir aussi l'article précédent.
Acide rhodanhydrique. — M. Mazade annonce
avoir reconnu cet acide dans certaines
ammoniaques du commerce 8o3
Voir aussi l'article Ammoniaque.
Acide sulfurique. — Recherches sur les com-
binaisons de l'acide sulfurique avec les
matières organiques; Note de MM. Ger-
hardt et Chancel C90
Acide tartrique. — Sur les transformations
que la chaleur fait éprouver à cet acide ;
Note de M. Aug. Laurent j42
Acide valérianique. — Sur l'acide valériani-
que anhydre; Note de M. Chiozza 568
Aérienne (Navigation). — Mémoire intitulé:
« Machine aérienne dirigeable par l'air » ;
par M. Crochut 3gg
— Note de M. Fleureau, concernant la loco-
motion aérienne et la navigation par la
vapeur 67 1
Affinités chimiques. — Mémoire do M. Ed.
Robin, ayant pour litre : « Loi nouvelle
permettant de prévoir, sans l'interven-
tion des affinités, l'action que les corps
C. R., i852, 2™ Semestre. (T. XXXV.)
Pagei.
simples exercent sur les composés bi-
naires » ', l4 '
Affinités chimiques. — Etudes sur l'affinité chi-
mique; par M. Bunsen (première partie). 835
— Sur quelques faits relatifs à l'action réci-
proque des sels solubles ; Note de M. Ma-
laguti 945
Air atmosphérique. — Réclamation de priorité
concernant les moyens employés par
M. Regnault pour l'analyse de l'air;
Lettre de M. tlaissiat 3i
— Réponse de M. Regnault à cette réclamation. 34
— Mémoire sur la composition de l'air con-
finé dans la terre végétale; par MM. Bous-
singault et Leviy 76a
— Observations concernant la couleur de
l'air ; Note de M. Gaïetta 64
Albumine. — Administration, aux malades qui
ne digèrent point, d'aliments tout digérés
par le suc gastrique des animaux : — albu-
mine d'œuf ; Mémoire de M. L. Corvisart. 244
Alcools. — Sur l'alcool butylique; Note de
M. Y/urlt 3io
Ammoniaque. — Influcncedel'ammoniaque ajou-
tée à l'air sur le développement des plan-
tes; recherches de M. Ville sur la végé-
tation ( troisième partie ) 65o
— Sur la présence de l'acide rhodanhydrique
dans une ammoniaque du commerce; Note
de M. Mazade 8o3
— Remarques de M. Pelouze, concernant cette
communication 8o3
Ï.27
( 97
Pages.
Ammoniaque. — M. Bemou, à l'occasion de la
Note de M. ilazade et des remarques de
M. Pelouze, rappelle les résultats auxquels
il est lui-même parvenu , relativement à la
composition de l'ammoniaque, provenant
de la condensation des eaux d'usines à gaz. 856
Analyse chimique.— Sur de nouveaux procédés
d'analyse chimique; Mémoire de M. H.
Sainte-Claire Deville 242
Analyse mathématique. — Sur une classe éten-
due de systèmes d'équations différentielles
qui se rattachent à la théorie des courbes
à double courbure; Mémoire de M. Ser-
ret 5o
— Sur l'extension du théorème de M. Sturm
à un système d'équations simultanées ;
Mémoire de M. Hermite. 52
— Développement nouveau des fonctions
d'une seule variable; Mémoire de M. Ro-
dier de la Bruguière 291
— M. A. Cauchy présente une nouvelle mé-
thode pour l'intégration des équations
linéaires aux dérivées partielles sous des
conditions données relatives aux limites
des corps 297 et 322
— Application des principes établis dans de
précédentes communications à la théorie
des calorifères cylindriques; par le même. 341
— Mémoire sur plusieurs théorèmes d'ana-
lyse algébrique; par le même 588
— Sur quelques points d'analyse concernant
les fonctions gamma de Legendre; Note
de M. Liouville 3i7
— Remarques de M. Cauchy à l'occasion de
cette commun ication 322
— M. Dupré envoie une nouvelle rédaction de
son Mémoire sur la résolution des équa-
tions numériques 756
— Mémoire ayant pour titre : « Principes du
calcul différentiel et du calcul intégral ,
rigoureusement démontrés par la simple
géométrie et par l'algèbre »; par M. 1.
Morand 7g3
— Recherches sur l'intégration de certaines
équations linéaires aux différences par-
tielles à coefficients constants; par M. A.
Laurent , capitaine du génie 942
— Un auteur, qui déclare n'avoir pas fait con-
naître son véritable nom , adresse une
Note ayant pour titre : « Solution
complète de l'équation indéterminée
x' -hy' -+- z' 9<W
Anatomie comparée. — Suite de précédents
Mémoires sur le système nerveux des Mol-
lusques acéphales lamellibranches ou bi-
valves ; par M. Duvernoy 1 19
— Rapport sur un Mémoire de MM. Phili-
peaux et Vulpian, concernant la déler-
O )
Pa6« .
minalion des parties qui constituent
l'encéphale des poissons ; Rapporteur
M. Duvernoy 1 69
Anatomie comparée . —Rapport sur la première
partie d'un ouvrage de M. Wagner, con-
cernant l'anatomie microscopique des
animaux et le développement des Verté-
brés ; Rapporteur M. Duvernoy 548
Anatomie philosophique. — Observations sur
les rayons osseux supérieurs des membres
thoraciques dans quelques Mammifères;
par M. A. Lavocat (seconde partie) 69
— Études d'anatomie philosophique sur la
main et le pied de l'homme, et sur les
extrémités des Mammifères ramenées au
type pentadactyle; par MM. iV. Joly et A.
Lavocat 388
— Sur l'anatomie comparée desSolipèdes vi-
vants et fossiles; Note de M. de Christel. 565
— Remarques de M. Lavocat à l'occasion
d'une question de priorité soulevée dans
la Note de M. de Christel 739
— De la pentadactylie chez les animaux do-
mestiques ; Mémoire de M. Goubaux. . . . 853
Anthropologie. — Sur les proportions de la
tête humaine ; Mémoire de M. Fock. 62 et 969
Appareils divers.— Lettre de M. Mey, concer-
nant un appareil destiné à faciliter l'audi-
tion, inventé par M. Bobinson 21
— Membrane artificielle du tympan destinée
à faciliter l'ouïe chez les personnes qui
ont éprouvé une érosion de la membrane
naturelle; communications de M. Toyn-
bee 399 et 856
— Description et figure d'un appareil destiné
à soutirer l'électricité des nuages chargés
de grêle; Mémoire de M. Dupuy-Delcourt. 141
— Système de transmission d'une force mo-
trice à de grandes distances ; Note de
M. Panizzini 291
— Appareil de percussion pour entamer les
roches dans le creusement des tunnels;
Mémoire de M. Journet 522
— Obturateur mécanique pour la lumière du
canon ; inventé par M. Oppelt 6o3
— Voiture destinée au transport des veaux ;
Note de M. Fusz 756
— Ralance à bascule destinée à prévenir les
fraudes sur le poids; par M. Fournerie. . 945
— Appareil destiné à montrer de quoi dépend
la pression exercée par les liquides sur le
fond des vases ; Note de M. Sire g58
Arcent. — Sur le moyen de séparer pur, de
l'argent à l'état de fusion , l'oxygène qu'il
a absorbé au contact de l'air ; Note de
M. Levai 63
— Sur un nouvel alliage d'argent remarquable
par «a dureté; Note de M. G. Barruel . . 759
( 97' )
Page».
Arithmétique. — M. Arnaud demande et ob-
tient l'autorisation de reprendre desTables
démultiplication et de division qu'il avait
précédemment présentées 335
— Tables dyarithmiques pour la multipli-
cation et la division des nombres ; présen-
tées par M. Rodierre 35g,
Armes de guerre. — Obturateur mécanique
pour la lumière du canon , appareil des-
tiné à prévenir un des accidents les plus
communs dans le service des bouches à
feu ; présenté par M. Oppelt 6o3
Astronomie. — Sur les moyens d'atténuer les
vibrations produites à la surface du mer-
cure dans le voisinage des roules, des
chemins de fer et des usines, dans le but
de faciliter les observations astronomi-
ques ; Mémoire de MM. Seguin et Mau-
vais 5o3
— Nouvelle Note sur le même sujet ; par
M. Mauvais 7i3
— Observations héliométriques ; Lettre du
P. Secchi à M. Faye 6o5
— Sur le retour périodique de minimums des
taches solaires; concordance entre ces pé-
riodes et les variations de déclinaison ma-
gnétique ; Note de M. Rod. Wolf. 704
H.ges.
Astronomie. — Sur les derniers résultats pu-
bliés par M. de Struve relativement à la
61e du Cygne; Note de M. Faye 741
— Nouvelle solution du problème de Kepler;
Note de M. Hansen 746
— Ascensions droites relatives des 30 étoiles
fondamentales, déduites des observations
faites à l'observatoire de Greenwich de-
puis 1750 jusqu'en 1762, et depuis i836
jusqu'en i85o; Mémoire de M. Le Verrier. 8i5
— Note sur une nouvelle détermination de la
parallaxe de l'étoile d,Argelander; Note
de Wl.Witchmann , présentée, avec des re-
marques, par M. Faye 85g
— Considérations sur la distance du soleil aux
planètes ; par M. Save 760
Voir aussi les articles Cartes célestes.
Comètes, Planètes, etc.
Atmosphères. — Mémoire sur la théorie des
atmosphères (deuxième partie); par M. Ed.
Roche 755
Atmosphériques (Températures). — Voir l'ar-
ticle Températures atmosphériques.
Aveugles. — Sur un moyen destiné à permettre
aux jeunes aveugles de prendre part aux
travaux de la typographie ; Note de
M. Guilbaud 756
Balances. — Description d'une balance à bas-
cule destinée à prévenir les fraudes sur
le poids ; par M . Fournerie g45
Ballons. — Sur l'emploi des ballons captifs
comme moyen de détourner les orages;
Lettre de M. Letellier 22
Bateau sous-marin. — Nouvelles observations
concernant l'emploi du bateau sous-ma-
rin et la nécessité d'épurer l'air quand on
travaille dans une eau stagnante ; Note de
M. Payerne 33a
Bateaux a vapeur. — Description et 6gure d'un
propulseur articulé pour les bateaux à va-
peur; par M. Raillel 190
Bolides. — Recherches concernant la théorie
des météores lumineux, faites à l'occasion
du bolide observé le 10 juillet i85o à Tou-
louse et à Bordeaux; Note de M. Petit.. 4^7
— Sur un bolide observé le 2 avril 1 852 ; Note
de M. Petit 676
Botanique. — Rapport sur un Mémoire de
M. Parlalore, ayant pour titre : <t Sur le
papyrus des anciens et le papyrus de Si-
cile » ; Rapporteur M. de lussieu 211
— M. Vallot adresse un spécimen de Lycoper-
don pedunculatum , remarquable par une
disposition qu'il ne croit pas avoir été si-
gnalée par les botanistes 740
Boulangerie.— Lettre de M. Raboisson, concer-
nant un système de pétrissage mécanique
qu'il a i nventé 477 et 7^3
Boussoles. — Boussole de contrôle des compas
de routed'un bâtiment; Note de M. Allain. 190
— M. Morin, à l'occasion de cette communica-
tion, mentionne un appareil analogue
imaginé par M . Napier lhid.
— M. le Secrétaire perpétuel place sous les
yeux de l'Académie les deux boussoles ci-
dessus mentionnées, inventées l'une par
M. le capitaine Allain, l'autre par M. le
capitaine Napier, et exécutées à Paris par
M. Deleuil 5i8
— Note de M. Billaut, concernant une bous-
sole marine de son invention, jouissant
delà propriété de tracer la route parcou-
rue par le navire à l'aide d'un appareil
à pointage fonctionnant à courts inter-
valles 833
Bulletins bibliographiques. — 36, 65, io5,
i5i, 198, 229, 270, 295, 3i3, 336, 36g,
404, 4^6, 482, 524, 574, 611,672,708,
760, 804,840, 869, 928 et 96 3
I27..
( 97a )
Pages.
Calculs urinaires. — Note concernant des cal-
culs dans lesquels le carbonate de chaux
entrait pour une forte proportion; par
M. Higri 20
— L'auteur de cette communication dont la
signature était peu lisible fait savoir que
son nom véritable est Tigri 267
Calendrier.— Sur les moyens à prendre pour
faire adopter à tous les peuples de la terre
un même calendrier; Lettre de M. Lecoy. 44^
Caoutchouc. — Sur divers procédés pour le
travail du caoutchouc et la fabrication du
sulfure de carbone employé dans la pré-
paration de cette substance; Mémoire de
M. Gérard 25?
— Remarques de M. Velpeau sur une récla-
mation de priorité adressée par M. Bar-
thélémy, relativement aux instruments en
caoutchouc soumis par M. Gariel au juge-
ment de l'Académie 297
Capillarité. — Examen des recherches de
M. Simon, de Metz, sur la capillarité;
Mémoire de M. Artur 62
Cartes célestes. — Cartes des étoiles voisines
de l'écliptique , dressées dans le but de
permettre de découvrir eu peu de temps
toutes les petites planètes ; Lettre de
M. Vais à II. Arago 36l
— Commission nommée pour aviser aux
moyens de faciliter la publication de ces
cartes 363
— M. Vais adresse un nouveau spécimen de
C63 cartes dressées sous sa direction ; par
M. Chacornac 6o5
— Sur les cartes célestes de l'observatoire de
Markree; Lettre de M. Cooper à M. Arago. 834
Céruse.— Voir l'article Plomb [Composés du).
Chaleur. — Nouveaux nombres concernant la
propagation de la chaleur; Mémoire do
M. Despretz 54o
— Sur la conductibilité des métaux pour la
chaleur; Note de M. Gouillaud 699
— Sur les transformations que subit, sous
l'influence de la chaleur, l'acide tartrique;
Note de M. Aug. Laurent 742
Chaleurs spécifiques. — Recherches sur les
rapports entre le poids atomique moyen
des corps simples et leur chaleur spéci-
fique ; Mémoire de M. Ch. Garnier 278
— Réclamation de priorité adressée à l'occa-
sion de cette communication ; par M. Wer-
theim 3oo
Champignons. — Nouvelles recherches sur l'ap-
pareil reproducteur des champignons ; par
M. Tulasne 841
— Procédé au moyen duquel on conserve aux
champignons destinés à figurer dans les
collections botaniques leur forme et leur
texture intime; Note de M. Maurin 868
Chardon. — 31. Coulier, à l'occasion d'une com-
munication faite dans le premier semestre
de iS.Visur le pouvoir décolorant du char-
bon, rappelle qu'en 1822 il a lui-même
adressé à l'Académie une Note sur cette
question 104
Chaudières a vapeur. — Recherches sur l'in-
crustation des chaudières à vapeur alimen-
tées a l'eau de mer ; par M . Cousté 1 80
Chemins de fer. — Mémoire sur un chemin de
fer hydraulique avec distribution d'eau et
irrigations ; par M. L.-D. Girard 217
— Description et figure d'une locomotive de
montagnes; par M. Tourasse 333
— Procédé destiné à permettre d'arrêter sans
danger un convoi marchant sur un chemin
de. fer; Mémoire de M. Edwin Bâtes. . . 706
— Modification proposée pour les rails des
chemins de fer; Note de M. Laignel 79J
— Sur un moyen destiné à prévenir le dérail-
lement des convois marchant sur chemins
de fer ; Note de M. Silvestre 834
Chirurgie. — Sur la possibilité de lier l'artère
occipitale près de son origine; par M. Va-
letle (analyse d'un travail adressé au con-
cours pour les prix de Médecine et de Chi-
rurgie) 291
— Nouveau traitement des rétentionsd'urine
chez les hommes âgés ; par M. Aug. Mer-
cier 397
— Urétrométrie périnéale appliquée au trai-
tement des rétrécissements de l'urètre;
Note de M. C. Sédillot 5g.!
— Réduction d'une luxation ancienne de la
mâchoire inférieure au moyen du levier à
plaques paraboliques; Mémoire de M. P.
Bouisson 661
— Ablation de deux loupes volumineuses au
moyen de la cautérisation linéaire ; obser-
vation de MM. Lagger et Deslongchamps,
transmise par M. Legrand 73a
— Description et figure de trois nouveaux ins-
truments de chirurgie; par M. Giovanni. j33
— Nouveau traitement de l'ostéite; Note de
M. Laugier.. 83 1
( 973 )
P. «€•.
Chirurgie. — Notes de M. Toynbee sur un ap-
pareil destiné à remplacer la membrane
du tympan chez les personnes qui, par
suite de l'érosion de cette membrane,
entendent difficilement 33g et 856
Chloroforme. — Nouveau cas de mort subite
causée par le chloroforme; Note de
M. Stanski 5j3
Chlorosulfaliques (CoMBiNAisoss).— Mémoire
de M. Aug. Laurent 629
Chlorhydrates. — Noie sur le bichlorbydrate
d'essence de térébenthine ; par M. Mar-
cellin Berthelot jlib'
Chlorures. — Sur l'emploi du chlorure de ba-
ryte pour la conservation des substances
animales; Note de M. Blandet 22t
Cobalt. — Recherches sur une combinaison
nouvelle du cobalt; par M. Saint-Evre. .. 55 1
Coke. — Sur la préparation du coke destiné à
la fabrication de la fonte ; Note de M. Cal-
vert, présentée par M. Chevreul 433
— Réclamations élevées, à l'occasion de cette
communication , par M. Chenol
477) 521 et 670
Colle-forte liqcioe. — Sur la préparation de
ce produit; Note de M. Se. Dumoulin. . . . 444
Colorantes (Matières). — Sur une matière co-
lorante verte, qui vient de la Chine; Note
de M. Pcrsoz 558
Comètes. — Note sur une comète découverte le
■«'(juillet i85î; par M. Weslphal. , 191
— Observations de la comète iVEncke, faites
par M. Graham, au grand équatorial de
l'observatoire de Markree ; communiquées
par M. Le Verrier 258
— Éphémérides de la deuxième comète de
i85i; Note de M. Petersen, communiquée
par M. Paye 3og
— Découverte d'une nouvelle comète, par le
P. Secchi ; Lettre à M. Arago 334
— Eléments de la deuxième comète de i852;
Lettre de M. Valz à M. Arago 36o
— Nouvelle observation de la comète décou-
verte le 26 août i85a; Lettre du P. Secchi
à M. Arago 363
— Nouveaux cléments de la deuxième comète
de i852; Note de M. Valz, communiquée
par M. Arago 436
— Recherches sur le prochain retour de la co-
mètede D'Arrest; par M. Vi'on Villarceau. 827
— Eléments de la comète III, 1847, décou-
verte par M. Mauvais, le 4 juillet; Note
de M. E. Gautier, communiquée par M. Le
Verrier 948
Pagei .
Comètes. — Note sur les apparences lumi-
neuses des comètes; par M. Gàietta 3i2
Commissions des Prix, — Commission chargée
de l'examen des pièces de concours pour
le grand prix des Sciences mathématiques
de i85a. Commissaires : MM. Liouville,
Cauchy, Lamé, Binet, Duhamel 5i8
Commissions modifiées.— M. Valenciennes rem-
place, dans la Commission chargée d'exa-
miner un travail de M, le général Carbuc-
cia sur les dromadaires , M. de Gasparin
dont l'absence semble devoir se prolonger. 21
— M. Piobert est adjoint à la Commission
chargée de l'examen d'un Mémoire de
M. Carvallo sur les conditions de stabi-
lité des ponts suspendus 565
— Sur la demande de M. Mathieu, Président
de la Commission du prix de Statistique ,
l'Académie désigne, pour remplacer deux
membres absents de cette Commission,
MM. Boussingault et Bienaymé 822
— Commissions spéciales. — Commission char-
gée de présenter uno question pour le
grand prix de Physique de i854: Com-
missaires, MM. Liouville, Cauchy, Lamé,
Binet, Biot 5i8
Couleurs. — Sur la variation de la teinte géné-
rale de l'atmosphère aux diverses épo-
ques de l'année ; Note de M. Gaïetta. ... 64
— Sur la forme et la couleur des corps ; Note
de M. Landes 64 et io3
Voir aussi l'article Colorantes(Matières).
Couleurs accidentelles ; Note de M. J.-M. Se-
guin 476
Cristallines (Formes). — Nouvelles recher-
ches sur les relations qui peuvent exister
entre la forme cristalline, la composition
chimique et le phénomène rotatoire mo-
léculaire; Mémoire de M. Pasteur 176
— Sur la double réfraction artificiellement
produite dans des cristaux du système ré-
gulier; deuxième Note de M. Wcrtheim.. 27G
Cristallisation. — Notes additionnelles au
troisième Mémoire sur la cristallisation
des dissolutions salines sursaturées; par
M. H. Lœvel 219
Cristallisés (Corps). — Sur la structure des
corps solides; Lettre de M. Brame à
M. Babinet 666
Cuivre. — De l'extraction du cuivre par l'am-
moniaque; Note de M. G. Barrucl 18
Ctanures. — Sur l'analyse commerciale du cya-
nure de potassium; Note de MM. Fordos
et Gélis 22 }
i 974 )
Pages.
Décès. — L'Académie apprend, dans la séance
du 12 juillet, la mort d'un de ses Cor-
respondants, M. Welter, décédé le6 juil-
let i85i 37
— M. le Secrétaire perpétuel annonce (séance
du it octobre i852) la perte que vient de
faire l'Académie dans la personne de
M. Ach. Richard, Membre de la Section
de Botanique, décédé le 5 du même mois. 485
— Dans la même séance, l'Académie apprend
le décès de M. le contre-amiral Bérard,
un de ses Correspondants pour la Section
de Géographie et de Navigation Ihid.
— M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Aca-
Pagcs
demie le décès de M. deHaldat, un de ses
Correspondants pour la Section de Phy-
sique 781
Décès. — Lettre de M. Ch. de Haldat, petit-
fils du défunt, annonçant officiellement
cette mort à l'Académie 80g
Décret du Président de la République, con-
firmant la nomination de M. Bienaynu
à une place d'Académicien libre en rem-
placement de feu M. le maréchal Har-
niont , duc de Raguse 37
Dynamique chimique. — Note de M. Zantedes-
chi sur une question de dynamique chi-
mique; débattue entre lui et M. Rizio.. , 35g
Eaux Dt iluie. — Réclamation de priorité éle-
vée à l'occasion des recherches de M. Bar-
rai sur la composition chimique des eaux
de pluie ; Lettre de M. Marchand 18
Deuxième Mémoire sur les eaux de pluie
recueillies a l'Observatoire de Paris; par
M. Barrai (premier semestre de i85a).. 427
Eaux minérales. — Rapport sur un travail de
M. Filhol, concernant les eaux minérales
sulfureuses de Bagnères-de-Luchon et de
Labassère; Rapporteur M. Balard 37
-- Des eaux incrustantes de Salles -la-Source
et des eaux sulfureuses du Pont (Aveyron);
Note de M. Ch. Rlondeau 147
— Sur les eaux minérales de Neyrac ( Ardè-
che) ; Mémoire de M. ilazade 258
Eaux potables. — Recherche comparative de
l'iode et de quelques autres matières dans
les eaux qui alimentent Paris , Londres et
Turin; Mémoires de M. Chatin.. tfi et 127
Eaux thermales. — Remarques sur la cause
de la chaleur des eaux thermales; par
M. Arago 81
Éclairage. — M. de Camhacérès demande et
obtient l'autorisation de reprendre un
Mémoire sur l'application dss acides gras
à l'éclairage 335
Economie rurale. — Sur l'amélioration de la
Sologne; Mémoire de M. Becquerel .... 5j5
— Mémoire sur la composition de l'air con-
finé dans la terre végétale ; par MM. Rous-
singault et Lewy 765
— Recherches sur la compositiondes matières
solubles extraites par l'eau des terres
fertiles; Mémoire de MM. F. Verdeil et
E. Risler g5
Economie rurale. — Sur le danger qu'il y au-
rait à transformer en sels fixes le sous-
carbonate d'ammoniaque contenu dans
les engrais ; Note de M. Jacquemart ..... 725
— Réclamation adressée à l'occasion de cette
Note par M. de Sussex, qui y croit voir
une attaque indirecte contre les produits
obtenus dans un nouveau système de vi-
dange pour lequel il est breveté -n',
— Des différences observées dans l'emploi du
noir animal en agriculture ; Mémoire de
M. Rohierre -(„,
— Lettre de M. Guibal, concernant sa ma-
chine à défoncer les terres 603
— Lettre de M. Dussert, concernant la mala-
die des pommes de terre i0/,
— Lettre sur un moyen destiné à prévenir la
maladie des pommes de terre ; par
M. Bayard 304
— Emploi du sel dans le même but; Note de
M. Brière 2o5
— Remarques do M. Girard sur des insecles
qu'il a trouvés dans des pommes de terre
malades 335
— Sur les bons effets du chaulage pour la con-
servation des pommes de terre; Note de
M. Lecour U-^
— Recherches sur la maladie des pommes de
terre ; par M. Mazade g03
— Observation tendant àéclairerl'étiologiede
la maladie de la pomme de terre et de plu-
sieurs autres végétaux ; par M. Robouam. 387
— Mémoire ayant pour titre: «Moyen sim-
ple et économique de préserver la vigne de
la maladie spéciale n ; par le même 358
— Note sur une méthode de traitement pour
( 97
l'agcs
les vignes malades ; par M. Vécu . . a.>8
Économie rurale.— Expériences sur les moyens
de traiter la maladie des raisins; Lettre
de M. Chenot 268
— Question adressée à ce sujet par M. The-
nard lbid.
— Communication de M. Payen en réponse
à cette question lbid.
— Renseignements fournis , à lu même occa-
sion , par M. Chevreul 270
— Observations sur la maladie de la vigne,
faites en Piémont, en Italie et dans la
France méridionale; par M. Guérin-
Méneville 322
— Avantages de la taille tardive pour préve-
nir la maladie de la vigne; Note de M. J.
Roussel 333
— Observations sur la maladie de la vigne;
par M. Letellier 4?8
— Sur un moyen employé contre la maladie
du raisin ; Lettre de M. Regnault lbid.
— Considérations sur les causes de la maladie
de la vigne et de la pomme de terre, et sur
les moyens propres a en prévenir le déve-
loppement; Mémoires de M. Dalmas. 604 et 834
— Note sur la cause de la maladie de la vigne
etdelapomme de terre; parM. Dussugues. 604
— L'auteur de cette Note fait connaître son
nom , qui n'avait pu êire bien lu , et qui
doit s'écrire Dussurgey 7 jo
— Noie sur l'acclimatation et la culture du
tbé en Algérie; par M. Liaulaud 793
— Sur une petite phalène dont la larve nuit
aux récoltes <le blé et d'orge dans les en-
virons de Mostaganem ; Note de M.
Guyon 55g et 758
— M- Milne Edwards mentionne, à l'occa-
sion de cette Note, un travail récent de
M. Doyère sur les insectes nuisibles à
l'agriculture 708
— Sur la germination des céréales récoltées
avant leur maturité; Note de M. Du-
chartre 9,^0
— Lettre de M. Guérin-Méneville sur ses re-
cherches concernant lo ver destructeur des
olives 104
— Sur les gallinsecles de l'olivier, du citron-
nier, de l'oranger et du laurier- rose, et sur
les maladies qu'ils occasionnent dans la
province de Nice et dans le département
du Var ; Mémoire de M. Robineau-
Desvoidy . 1 83
— Résultats de la décortication partielle pra-
tiquée sur un pommier attaqué par le
puceron lanigère ; Note de II Meret 229
— Résultats des éducations pour l'acclimata-
tion des nouvelles races et l'étude des vers
à soie, faites en i852 à la magnanerie ex-
5)
P.J». -
périmentale de Sainte-Tulle; par MM.
Guêrin-Mcneville et Eug. Robert ^04
Économe rurale. — Note sur les résultats d'é-
ducations de vers à soie destinés à pro-
duire de la graine-étalon ; expériences
faites en 1HÎ2 dans le même établisse-
ment ; par les mêmes 292
— Nouveaux documents rïlatifs à de précé-
dentes communications sur la castration
des vaches par le vagin. —Résultats d'une
opération semblable pratiquée sur une
jument; Mémoire do M. Chnrlier 25-
— De la production des races chevalines de
demi-sang; Mémoire de M. Gayot 793
Élasticité. — Sur la théorie de l'élasticité des
corps solides ; Note de M. Lamé 45g
— Remarques do M. Cauchy à l'occasion de
cette communication Z53
— Réponse de M. Lamé lbid.
Élastiques (Surstances). — De leur emploi
pour atténuer les vibrations de la surface
du mercure dans les niveaux des instru-
ments méridiens. Voir, dans la Table,
l'article Astronomie , et dans le texte....
5o3 et 7 1 3
Électricité. — Sur la résislunce que les fils
opposent au courant électrique ; Lettre
du P. Secchi à M. Arago i~
— Mémoires sur le magnétisme statique et le
magnétisme dynamique; par M. du Mon-
cel 54 et 354
— Expériences sur les réactions réciproques
de l'électricité statique et de l'électricité
dynamique, et sur leurs effets à l'égard
des aimants ; par le même 3o8
— Expériences sur les relations réciproques
de deux courants voltaïqucs existant si-
multanément dans le même circuit. Note
sur la manière différente dont s'exerce
l'induction parles courants magnétiques
ou voltaïques , suivant que les corps mé-
talliques qui en subissent l'effet présen-
tent ou ne présentent pas d'éléments con-
tinus de surfaces opposées , propres au dé-
veloppement de l'électricité statique; par
le même 333
— Expériences sur les courants électriques
(circuits greffés) ; par le même 5i8
— Système de carillon électrique propre à la
sonnerie des cloches de signal dans les
grands établissements ; par le même 08y
— De la différence du pouvoir dispersif des
deux électricités; Noie de M. Zantedeschi ,
transmise par M. Arago 44 '
— Sur un moyen de fixer dans l'éclairage élec-
trique le point lumineux ; Note de
M. Briard 445
— M. Gaigaeau adresse, à l'occasion de celle
(976)
communication , une réclamation de prio-
rité en faveur de MM. Slaite et Pétrie. . . 739
Électricité. — Dixième communication sur
la pile ; par M. Despretz 449
— Observations relatives au» propriétés élec-
trochimiques de l'hydrogène ; Mémoire
de M. Edm. Becquerel 647
— Note sur la détermination approximative
du volume utile du fer pour une hélice
d'un nombre de tours donné, afin d'obte-
nir le maximum d'aimantation; Note de
M. Biche G90
— Expériences sur le magnétisme du fer
doux; Note de M. Quet 749
— Mémoire sur une macbineélectromotivc à
air comprimé ; par M. Petrowitch ^56
— Sur deux modifications de la pile de Bun-
sen qui augmentent , l'une la conductibi-
lité intérieure, l'autre la tension; Note
de MM. Liais et Fleury 802
— Sur des courants d'induction produits par
la torsion ; Note de M. Wertheim 701
— Sur quelques faits relatifs au courant et à
la lumière électrique; Note de M. Quet. . y49
— Note sur l'électricité considérée comme
cause de plusieurs phénomènes attribués
à la gravitation universelle; par M. Za-
liwski 49
— Sur le rôle que jouerait l'électricité dans
certains phénomèneî astronomiques ; Note
de M. Gaïetta 36g
— Pièces manuscrites et imprimées de M.C'Aa-
molle , concernant des projets d'applica-
tion de la force électrique à l'industrie
(transmises par M. le Ministre d'État).. 4^7
— Un Mémoire intitulé : « De l'électricité
considérée comme agent universel», ne
peut, étant anonyme, être renvoyé à l'exa-
men d'une Commission 834
— M. L. Cassai se fait connaître comme l'au-
teur de ce Mémoire 857
Électricité animale. — Nouvelles expériences
de M. Zantedeschi 4^0
— Mémoire intitulé : «Fluide électro-animal
polarisé observé dans le corps humain » ;
par M . l'abbé Chapsal 690
Éléphant. — Examen de la graisse et des con-
crétions trouvées dans le corps d'un élé-
phant femelle; par MM. E. Filhol et AT.
loir 3g3
Eloges historiques d' 'Académiciens décédés. —
M. Laugier, dans la séance annuelle du 20
décembre i85î,lit, an nom de M. Arago,
Secrétaire perpétuel pour les Sciences ma-
thématiques," qui n'a pu assister à cette
séance pour cause de maladie , des frag-
ments de la biographie de M. Gay-Lussac. 927
Pajt».
Eloges historiques. — Remarques de M. Le
Verrier à l'occasion d'un passage de la
biographie de M. Gay-Lussac 929
— Réponse de M. Arago à ces remarques. . . . Ç)3o
Embryogénie. — Mémoire sur ledéveloppement
des animaux vertébrés; par M Bemack.. 341
— Rapport sur la première livraison d'un ou-
vrage de M. Wagner, concernant l'anato-
mie microscopique des animaux et le dé-
veloppement des vertébrés ; Rapporteur
M. Duvcrnoy 548
— Recherches sur les polygenèses monova-
riennes ; par M. Lesauvage 730
Encre de sûreté. — Note sur une encre de
sûreté aussi inaltérable et d'un emploi
plus commode que celles qui sont géné-
ralement en usage; par M. Werdet père. 9^5
Évuémérides. — Notes sur la formation des
éphémérides luni-solalres moyennes; par
• M. Nascio 35,605,671,760 et 962
Épidémies. — Sur la part que peuvent avoir les
insectes dans les épidémies qui attaquent
les animaux et les végétaux; Notes de
M. Buisson 64 et 104
— Nouveaux faits à l'appui d'un Mémoire pré-
cédemment présenté sur la part des Coc-
cus, des Acariens et desAphidieus au dé-
veloppement des maladies qui attaquent
plusieurs de nos végétaux usuels ; Lettre
de M. Bobouam i5o
Voir ausi l'article Economie rurale.
Estampes. — M. Babinct présente , au nom de
M. Perrot, des estampes tirées sur un pa-
pier fabriqué avec la gulta-percha. 707 et 760
Étain {Composés de V). — Recherches sur le
stannéthyle, nouveau composé organique
contenant de l'étain ; par MM. Cahours et
Biche : 91
Étamage. — Sur un nouveau procédé d'étamage
du fer; Note de M. Girard 56
Éthers. — Sur la résine de jalap et sur l'élher
succinique perchloré; Note de M. Aug.
Laurent 379
Ktiivi.es. — Recherches sur le stannéthyle,
nouveau radical organique renfermant de
l'étain; Mémoire de MM. Cahours et
Biche 91
Étoiles filantes. — Apparition périodique du
mois d'août, observation du nombre de
ces étoiles dans les jours prévus pour
i852; Note de M. Coulvier-Gravier 266
— Étoiles filantes de la nuit du 9 au 10
août i853; Lettre de M. de Jonauières à
M. Arago 367
— Proposition faite par M. Arago à l'occasion
de cette Lettre, et nomination d'une
Commission chargée de rédiger un pro-
( 977 )
gramme pour l'observation des étoiles
filantes 368
Considérations sur la causedes étoiles filan-
tes et des bolides ; Note de M. Gàietta... .
Pâg".
'97
Fer. — Recherches sur le fer ; par M. lullien
(troisième partie), cémentation de la fonte
dans les oxydes métalliques 20
— Sur un nouveau procédé d'étamage du fer;
Note de M. Girard 56
— Note sur une masse de fer, supposé d'ori-
gine météorique, trouvée près d'Epinal
(Vosges); Note de M. Guéiy, transmise
par M. Haxo 289
— Détermination approximative du volume
utile du fer pour une hélice d'un nombre
de tours donnés, afin d'obtenir le maxi-
mum d'aimantation ; Note de M. Riche. . . 690
— Expériences sur le magnétismedu ferdoux ;
Note de M. Quet 749
— M. Cornuel adresse un échantillon de fer
cristallisé, retiré de l'intérieur d'un four
à pudler du fourneau de Cirey-sur-Blaize . o/îi
Fermentation galliqce. — Note de M. Robi-
quel 19
— Réclamation de priorité adressée à l'occa-
sion de cette communication ; par M. La-
rocque 221
— Réponse de M. E. Robiquet à cette récla-
mation 472
Firrine. — Voir l'article Sang.
Fossiles (Restes organiques). — Voir l'article
Paléontologie.
Foudre. — Sur un cas de foudre globulaire;
communication de M. Robinet 1
Focdre. — Sur un cas de foudre en boule;
Lettre de Mme Espert 192
— Cas de foudre globulaire observé à Milan
eu i84' ; Lettre de M. Rutti à M. Arago. . ia3
— Double cas de foudre en boule observé dans
un très-court espace de temps ; Lettre de
M . Meunier iq5
— Détails sur le cas de foudre observé à la
station de Beuzeville : Lettre de M. de La-
lande en réponse à une demande adressée,
au nom de l'Académie, par MM. les Se-
crétaires perpétuels 24
— Détails sur le même fait; Lettre de M. de
l'Espée à M. Pouillet 4»°
— Observations de M. Arago à l'occasion de
ces nouveaux renseignements 401
— MM. Gidel et Paillet consultent l'Acadé-
mie pour savoir si un nouveau système de
tuiles en fonte, pour lequel ils sont bre-
vetés, n'exposerait pas les bâtiments ainsi
couverts à être frappés de la foudre plus
souvent que ne le seraient des bâtiments
couverts en tuiles ordinaires 523
Fusion. — Nouvelle théorie de la fusion aqueuse
et du mode d'action de la chaleur dans la
fusion, la volatilisation et la décomposi-
tion des corps ; Mémoire de M. Ed. Ro-
bin 793
Gallique (Fermentation). — Voir l'article Fer-
mentation gallique .
Galvanoplastie. — M. Hulot présente une re-
production galvanoplastique d'une grande
planche gravée et fait remarquer que cet
emploi de la galvanoplastie, grâce aux
perfectionnements apportés au procédé
opératoire, est passé aujourd'hui à l'état
d'application industrielle 867
Céocraphie. — Note sur la hauteur des diverses
sommités du Mont-Rose ; par MM. Schla-
gintweit frères ! 02
— Sur le moyen de donner par les chiffres des
notions justes de l'étendue des différents
pays ; Lettre de M. Ralachoffk M. Arago. 836
Géologie. — Note sur la géologie de la Cochin-
chine; par M. Arnoux 188
C R., i85a, 2me Semestre. (T. XXXV.)
Géologie. — Sur les variations des roches
granitiques ; Note de M. Delesse 1 q5
— De l'altération , par voie naturelle et artifi-
cielle, des roches silicatées, au moyen de
l'acide sulfhydrique et de la vapeur d'eau ;
Mémoire de M. Ch. Sainte-Claire Deville. 261
— Recherches sur les roches globuleuses; par
M. Delesse 274
— Notice sur les systèmes de montagnes;
parM. Élie de Reaumont 298
— Sur un calcaire qui semble avoir des rap-
ports avec le marbre numidique des an-
ciens ; Note de M. Guynn 3o8
— Sur un projet d'exploration de l'Etna et
des formations volcaniques de l'Italie;
Note de M . Constant Prévost 409
— Note sur l'existence probable de terrains
128
( 97» )
salifères dans le nord de la France; Note
de M. Delanoue
Géologie. — Note sur la limite qui sépare le
terrain crétacé du terrain tertiaire; par
M. Hébert
Géométrie. — Mémoire sur la théorie des tau-
tochrones; par M. Combescure
— Mémoire ayant pour titre : « Nouvelle
théorie des parallèles , rigoureusement
établie » ; par M. A. Boillot
— Mémoire sur les développées des courbes
planes; par M. Max-Dunesme
— Démonstration élémentaire de plusieurs
propositions de géométrie; par M. Vial.
Géométrie analytique. — Sur une classe éten-
Pages.
85o
862
190
5i8
6o5
PaEf...
due de systèmes d'équations différentielles
qui se rattachent à la théorie des courbes
à double courbure ; Mémoire de M. Serret. 5o
Gllcosamides. — Sur les tannins et les gluco-
samides ; Note de M. Aug. Laurent 161
Gras (Corps). — Sur certaines transforma-
tions isomériques des corps gras ; Note de
M. Path-Duffy 284
Gutta-percha. — Mémoire sur la gutta-percha,
ses propriétés, son analyse immédiate, sa
composition élémentaire et ses applica-
tions ; par M. Payen 109
— M. Babinet présente, au nom de M. Perrot,
des estampes tirées sur un papier fabri-
qué avec la gutta-percha 707 et 760
H
Héliochromie. — Voir l'article Photographie..
Héliostat. — Description et figure d'un hé-
liostat portant un réfiecteurde très-grande
dimension et qui est destiné à faire péné-
trer la lumière solaire dans des apparte-
ments obscurs ; Notes de M. Clavel. 604 et 689
Hippopotames. Voir l'article suivant.
Histoire des sciences. — Note concernant
l'histoire de l'hippopotame; par M. de
Paravey 1 5o
— Sur les noms anciens et modernes de la
squille et de la pivoine , et sur les consé-
quences historiques qui se peuvent dé-
duire de l'étude de ces noms; Note de
M. de Paravey 399
— M. Paravey signale , dans la relation de
l'ambassade de Perse de Figueroa, deux
passages relatifs, l'un à deux comètes vues
par levoyageur, l'autre à un animal trouvé
dans les canaux souterrains qui amènent
l'eau des montagnes vers les champs cul-
tivés 8o3
— Note intitulée : Du dattier, arbre cultivé
principalement par les Phéniciens et les
Arabes, de ses noms hiéroglyphiques et
orientaux, et de sa description dans les
livres conservés en Chine et au Japon,
pays où il n'existe pas ; par M. de Paravey. 856
Hdiles. — Analyse des huiles, au moyen de
l'acide sulfurique; Note de M. Maumené. 572
— Etude sur les huiles grasses végétales; par
M. /. Lefort 734
— Sur la préparation des huiles destinées aux
besoins spéciaux de l'horlogerie; Note do
M. Billaut 962
Hoti.es essentielles. — Bichlorhydrate d'essence
de térébenthine; Note de M. Marcellin
Berthelot .. 736
Huiles essentielles. — Recherches sur les
combinaisons formées par quelques huiles
essentielles avec les bisulfites alcalins;
Note de M. Berlagnini 800
Hydrauliques (Appareils). — Note de M. Ge-
lestïn Jamln i5o
— Lettre de M. Porro, concernant les résultats
obtenus à Bologne(Italie) avec un moteur
hydraulique construit d'après son système. nS
— Système de roues à palettes mobiles , appli-
cables aux bateaux à vapeur et aux mou-
lins à vent; Mémoire de M. Veriot 733
Hydrogène. — Observations relatives aux pro-
priétés électrochimiques de l'hydrogène;
Mémoire de M. Edm. Becquerel 647
Hydrophobie. — Lettre de M. Bock, concernant
quelques observations faites sur un chien
supposé enragé i<>4
— Sur l'emploi du vinaigredans le traitement
de la rage; Note de M. Audouard 136
Hydrosilicates. — Sur la soude hydrosilkatée
rencontrée cimentant un amas bréchi-
forme dans les sables de Sablonville;
Note de MM. Krajft et Delahaye 143
Hydrostatique. — Discussion du paradoxe hy-
drostatique, et expériences faites à cette
occasion; Note de M. Dupuis 4^3
— Sur un appareil simple propre à démontrer
de quoi dépend la pression exercée par les
liquides sur le fond des vases ; Note de
M. Sire 9.Ï8
Hygiène publique. — Sur l'hygiène des ouvriers
qui travaillent les coquilles de nacre de
perle; Mémoire de MM. A. Chevallier et
Mahier 398
Hygrométrie. — Deuxième Mémoire de M. Re-
gnault sur l'hygrométrie g3o
( 979 )
toge-.
Incendies. — Sur remploi de la vapeur d'eau
pour éteindre les Incendies à bord des na-
vires ; Lettre de M. Dujardin à M. Arago. 398
— Cas d'incendie éteint au moyen de la vapeur
d'eau; Note de M. Desurmontei Lettre de
M. Dujardin ?o5 et 706
Instruments d'astronomie. — IN oie. sur une pé-
riodicité annuelle, observée dans les col-
limations du cercle mural de Fortin, de
l'Observatoire de Paris ; Note de M. Mau-
vais 77
Voir aussi l'article Astronomie.
Instruments de chirurgie. — Description et
figure d'un instrument destiné à l'explora-
lion de l'utérus ; Mémoire de M. Leriche. a5j
Instruments de physique. — Recherches sur la
construction et les avantages que présen-
teront des instruments amplifiants à deux
grossissements; Note de M. Laurent 102
— Application de la lunette réciproque avec
micromètre parallèle et du méroscope pan-
focal ; Mémoire de M. Porro 299
— Note sur un appareil désigné sous le nom
de polyoptomètre; par M. Porro 4^3
— Mémoire sur un perfectionnement impor-
tant de l'oculaire quadruple des lunettes
achromatiques ; par M. Secrélan ; 1 j3
— Notes sur les instruments d'optique; par
M. Brochet i5o, 229, 292, 3i3 et 671
— Lettre de M. Robardet, concernant un in-
strument de son invention, le Ihermo-
Pagei.
métrographe exométrique à piston 191
Instruments. — Description d'une horloge
thermomètre ; par M. Edm. Becquerel. . . 754
— Sur deux modifications de la pile de Bun-
sen, dont l'une augmente la conductibi-
lité intérieure, l'autre la tension; Note de
MM. Liais et Fleury 802
Iode. — Recherches comparatives de l'iode et de
quelques autres matières dans les eaux
qui alimentent Paris, Londres et Turin;
Mémoire de H. Chatin 46 et 127
— Rapport sur ce travail et sur les communi-
cations faites par MM. Marchand et Niepce
concernant la présence de l'iode dans l'air,
les eaux et les su I stances alimentaires;
Rapporteur M. Bussy 5o5
— Remarques de M. Thenardk l'occasion de
ce Rapport 5i(;
— M. 0. Henry exprime, à l'occasion de ce
Rapport, le regret de ne point voir son
nom cité parmi ceux des chimistes qui
ont constaté la présence de l'iodedans des
eaux autres que les eaux de la mer 833
— De l'analyse qualitative et quantitative de
l'iode et de sa séparation du brome et du
chlore au moyen de la benzine et de l'a-
zotate d'argent; Mémoire de M. Moride.. 789
Irrigations. — Lettre de M. Fourcault, concer-
nant son Mémoire sur les irrigations et sur
la télégraphie sous-fluviale 44^
Jaugeage. Voir l'article Tonnellerie.
Locomotives (Machines).— Lettre de M. Lai-
gnel , concernant des expériences compa-
ratives entre les locomotives du système
ordinaire et les locomotives modifiées par
lui 228
Lumière. — Sur les différences de lumière des
diverses parties du disque solaire; Note
de M . Meret 229
— Recherches sur la lumière; Note de M. Za-
liwski 3oo
— De la vitesse de propagation de la lumière;
Note de M. Picou 834
Lumière. — Sur le moyen de fixer dans l'é-
clairage électrique le point lumineux;
Note de M. Briard 445
— Réclamation de priorité en faveur de
MM. Slaite et Pétrie; Lettre adressée, à
l'occasion de la précédente communica-
tion,par M. Gaigneau 739
— Sur quelques faits relatifs au courant et à
la lumière électrique; Note de M. Quel, . 949
128..
( ç>8° )
M
Page».
Magnétisme. — Mémoire sur le magnétisme dy-
namique ; par M. du Moncel 54
— Mémoire sur le magnétisme statique et le
magnétisme dynamique; par le même.. . . 354
— Examen du fantôme magnétique et de ses
usages; par M. de Ilaldat 126
Voir aussi l'article Électricité.
Magnétisme terrestre. — Liaisons entre les
taches du soleil et les variations en dé-
clinaison de l'aiguille aimantée ; Lettre de
M. Wolfk M. Arago 364
— Mémoire ayant pour titre : « Du magné-
tisme terrestre et intersidéral ou cosmi-
que» ; par M. Ga'ielta 35
Marées. — Recherches sur la cause du phéno-
mène des marées ; par M. Picard 3o8
Mécanique analytique. — Sur un nouveau théo-
rème de mécanique analytique; Note de
M.. 1. Bertrand 698
Médecine. — Sur l'emploi du vinaigre dans le
traitement de la rage ; Note de M. Au-
douard 126
— Sur la principale cause des violentes dou-
leurs qui existent dans l'ophthalmie puru-
lente , et sur un moyen propre à les faire
cesser immédiatement; Notede M. Guyon. 3o6
— Analyse envoyée par M. Delasiauve de di-
vers opuscules présentés au concours pour
les prix de Médecine et de Chirurgie. . . . 333
— De l'utilité clinique du microscope pour
le diagnostic des maladies cancéreuses;
Mémoire do M. Alquiè 385
— Procédé pour faire cesser les crampes des
cholériques ; Notede M. Guyon 40î
— M. le Ministre de l'Intérieur transmet une
nouvelle copie d'un Mémoire de M. Buis-
son sur les causes des épidémies 478
— Épilepsie traitée par la trachéotomie ;
Note de M. Marshal-Hall 571
— Physiologie de l'épilepsie et de l'apoplexie
d'origine inorganique; Note de M. Mars-
hal-Hall 78i
— Sur un traitement préservatif du choléra;
nouvelle application des métaux à la mé-
decine; Notes do M. Bura 670 et 707
— Mémoire sur une nouvelle méthode curative
externe du rhumatisme; par M. Poggioli. 720
— Sur l'emploi thérapeutique des séminoïdes
de ciguë et de la conicine dans les affec-
tions cancéreuses et les engorgements ré-
fractaires ; par M. Devoy 793
Mép.idienne.— M. Leseca demande et obtient
l'autorisation de reprendre son Mémoire
Pages,
sur une méridienne portative et sur d'au-
tres instruments du même genre 44^
Métaux. — Note sur la conductibilité des mé-
taux pour la chaleur; par M. Gouillaud. . 691
Voir aussi aux noms des différents Mi-
taux.
Météorologie. — Résultats des observations
météorologiques faites à Cherbourg pen-
dant les années i848-i85i; Mémoire de
M. Liais, présenté par M. Arago 349
— Sur un cas de foudre globulaire: commu-
nication de M. Babinet. ... 1
— Tonnerre en boule, observé à Paris en
juin i8jg; Lettre de madame Espert. .. . 192
— FoudreglobulaireàMilan,eni8/|t (juin?);
Lettre de M. Butti iç)3
— Double cas de foudre en boule, observé à
Paris dans un très-court espace de temps
(juin i85a); Lettre de M. A. Meunier. . . 19S
— Sur un cas de foudre observé à la station
de Beuzeville; Note de M. de Lalande. . . 24
— M. Pouillet communique une Lettre de
M. de l'Espée, relative au même fait. . . . 400
— M. Arago fait remarquer, à cette occasion ,
que les deux relations fournies par M. de
Lalande et M. de l'Espée, quoique différen-
tes en quelques points, reposent sur le té-
moignage d'un seul et même observateur. 401
— Explosion d'un bolide près d'Epinal (Vos-
ges), observée en décembre 1842: masse
de fer météorique trouvée en juillet 1831,
et qui paraît être tombée dans les mêmes
lieux, par suite de cette explosion; Note
de M. Guéry, transmise par M. Haxo. . . 289
— M. Lemaislre, d'Aboville, adresse à l'A-
cadémie divers manuscrits du P. Cotte, t
concernant la météorologie 4"8
— Description d'un orage qui a eu lieu à
Cherbourg dans la nuit du 11 au 12 juil-
let i85a ; par M. Liais 349
— Météores ignés observés à Cherbourg, le
i5 janvier i85o; Note de M. L. Fleury. . 353
— Étoiles filantes de la nuit du 9 au 10 août
i852 ; Leitre de M. Jonauières h M Arago. 367
— Commission nommée à l'occasion de cette
communication pour rédiger un pro-
gramme destiné aux personnes qui s'oc-
cupent de ces sortes d'observations, afin
d'arriver à obtenir la parallaxe des étoiles
filantes les plus remarquables, observées
simultanément en différents lieux lhid.
— Arc lumineux observé le 29 septembre ;
Note de M. Eug. Robert Sfil
(98' )
l'âge*.
Météorologie — Sur un éclair de forme par-
ticulière ; Lettre de M. Cornuel ^38
— Corrélation entre les grandes émissions de
vents d'Afrique (sirocco) et les inonda-
tions du lîliin, du Rhône et de la Loire;
Lettre de M. Fabre-Massias à M. Arago. . 44*
— Influence du sirocco d'Afrique sur certains
phénomènes météorologiques de nos cli-
mats : M. le Secrétaire perpétuel signale,
dans un numéro du Nouvelliste vaudois,
un article sur ce sujet. . . 609
— Sur la possibilité d'annoncer d'avance les
changements do temps par l'étude de6
nuages ; Lettre de M. Tschep 44'
— M. Maille demande et obtient l'autorisa-
tion de reprendre un Mémoire sur les hy-
drométéores, précédemment présenté par
lui 8o3
— Note de M. Boura, sur une pluie rouge
tombée à Reims, tëxamen de l'eau re-
cueillie; par M. Cahours. . 832
— Mémoire sur la formation de la grêle et
sur les circonstances météorologiques qui
président à cette formation ; par M. Noell-
ner 944
— Observations météorologiques faites pen-
dant une ascension aérostatique, exécutée
le 2 décembre i852; Noie de M. Launoy. 856
Voir aussi l'article Mirage.
Météorologiques (Observations ) faites à l'Ob-
servatoire de Paris pour juin i85a 68
— Juillet 3i6
— Août 34o
— Septembre 612
— Octobre 764
— Novembre 872
— Lettre de M. DémidoJjT, concernant les ob-
servations météorologiques faites par ses
Pages.
ordres, à Nijné-Taguilsk, et l'érection
prochaine, dans le même lieu, d'un ob-
servatoire météorologique et magnétique. 21
Micrographie. — Sur un parasite qui se déve-
loppe, dans des circonstances exception-
nelles, à la surface de certaines substances
alimentaires et les fait paraître couvertes
de sang ; Lettre de M. Montagne à M. Flou-
rens , 14$
Minéralocie. — M. Dufrénoy présente, au nom
de M. liomeyko, une série de minerais
d'argent des environs de Coquimbo , série
qui contient deux espèces minérales nou-
velles 5o
Mirage.— Phénomène de mirage observé d'une
maison delà rue deFleurus, le i3 juillet
1862; Lettre de M. Blondat 102
— Mirage du clocher illuminé de la cathé-
drale de Strasbourg, observé à 10 lieues
de la ville; Lettre de M. Andraud 146
Monuments élevés a la mémoire d'hommes cé-
lèbres. — Lettre de M. Pichon-Prémelé,
concernant l'inauguration de la statue de
Conté, à Sees , département de l'Orne . . . 4°3
Morts apparentes. — M. Josat prie l'Acadé-
miede vouloir bien admettreau concours,
pour les prix de Médecine et de Chirur-
gie, un travail sur ce sujet, qu'il lui a
précédemment adressé 36o
Moteurs. — Nouvelle machine oscillante , sans
piston ni soupapes , mise en mouvement
par les forces combinées de la vapeur et
des gaz engendrés par la combustion , ou
par la vapeur et l'air, dilatés à de très-
hautes températures; Mémoirede M. Galy-
Casalat 38s
— Mémoire sur une machine électromotive à
air comprimé ; par M. Pétrowich 7 56
Navigation. — Boussole de contrôle des coin-
pas de route d'un bâtiment; Mémoire de
M. Allain 190
— Remarques de M. Morin à l'occasion de
cette communication , sur une boussole
ayant une semblable destination, et con-
struite à Paris, pour M. Napier, par
M. Deleuil Ibid.
— M. le Secrétaire perpétuel place sous les
yeux de l'Académie les boussoles men-
tionnées dans lesdeux articles précédents. 5i8
— Boussole jouissant de la propriété de tra-
cer la route d'un navire à l'aide d'un ap-
pareil à pointage fonctionnantàde courts
intervalles; Note de M. Billaut.. 833
Navigation. — Note de M. Reynaud, concer-
nant diverses inventions mécaniques, re-
latives à la navigation 36o
Nombres (Théorie des). — Note de M. de Po-
lignac, fa isant su ite à ses précéden tes com-
munications sur le même sujet 333
Nominations. — M. Bienaymé est élu à une
place d'Académicien libre en remplace-
ment de feu M. le maréchal Marmont, duc
de Baguse 10
— M. d'Abbadie est nommé Correspondant de
l'Académie pour la Section de Géographie. 91
— M. Lotin est nomméCorrespondant de l'A-
cadémie pour la même Section 747
— M. Edm. Brcauerel est désigné, par la voie
(98a)
du scrutin , comme le candidat que pré-
sentera l'Académie au choix de M. le
Ministre, pour une place de professeur de
Pagra.
Pag«3 .
Physique appliquée, vacante au Conserva-
toire des Arts et Métiers 8a3
Oiseaux. — Lettre de M. de Paravey, sur un
gallinacé de la Cochinchine, dont les
plumes caudales atteignent, dit-on, 8 pieds
de longueur 268
Optique. — Mémoire sur les anneaux colorés ;
• par M. Jamin 14
— Sur la réfraction artificiellement produite
dans des cristaux du système régulier;
deuxième Note de M. Wertheim 276
— Sur les raies longitudinales observées dans
le spectre prismatique, par M. Zanle-
deschi; Note de M. Babinet 4'^
— Sur les raies longitudinales du spectre;
Lettre de M. Porro à M. Babinet 479
— Sur l'application de la théorie du chroma-
tisme à la compensation des mouvements
angulaires que le pouvoir rotatoire im-
prime aux plans de polarisation des rayons
lumineux d'inégale réfrangibilité; Mé-
moire de M. Biot 6i3
— Sur un perfectionnement important de l'o-
culaire quadruple des lunettes achroma-
tiques ; par M . Secrétan q43
Voir aussi les articles Polarisation cir-
culaire, Vision, Instruments de physique.
Organiques (Substances). — Sur l'emploi du
chlorure de baryte pour la conservation
des substances animales ; Note de M. Blan-
det 2îi
Orcanogénie et OkganogrAphie végétales. —
Accroissement en diamètre des tiges; Note
de M . Durand a5a
— Mémoire sur l'organogénie des Puni-
cées ; par M. Payer 555
— Organogénie de la famille des Loasées et
de la famille des Philadelphées ; par
le même 65;
— Études anatomiques et organogéniques sur
la Victoria regia, et structure comparée du
Nelumbium , du Nuphar et de la Victoria;
Mémoire de M. Trécul 65/J
— Origine et développement des loupes et des
broussins ; Note de M. Trécul 68a
— Reproduction du bois et de l'écorco à la
surface du bois décortiqué; Note de
M. Trécul 846
— Nouvelles recherches sur l'appareil repro-
ducteurdes champignons; par M.Tulasne. 841
— Recherches sur la fécondation et la forma-
tion de l'embryon dans les hépatiques et
les fougères; Mémoire de M. Philibert.. 85i
Oxygénés (Radicaux). — Recherches sur les
radicaux oxygénés; par M. L. Chiotza... aa5
Pain. — Expérience ayant pour but de déter-
miner la cause de la transformation du
paiu tendre en pain rassis ; Mémoire de
M. Boussinçaull 588
— Remarqnes de MM. Thenard et Payen à
l'occasion de cette communication 591
Paléontologie. —Sur les résultais des fouilles
que l'administration du Muséum d'His-
toire naturelle vient de faire exécuter dans
la colline de Sansan (Gers), sous la di-
rection de M. Laurillard;Viole de M. Du-
vernoy 6
— Sur une concrétion siliceuse dont les for-
mes générales et les dimensions sont à
peu près celles d'une tête humaine; Note
de M. Valory 17
— M. Raoul-Rochetle communique l'extrait
d'un journal de Grèce concernant la dé-
couverte d'un gisement très-abondant
d'ossements fossiles et celle de nombreux
spécimens de végétaux fossiles 715
Papyrus. — Rapport sur un Mémoire de M.Par-
latore, ayant pour titre: ■ Mémoire sur le
papyrus des anciens et le papyrus de Si-
cile; » Rapporteur M. de Jussieu an
Paquets cachetés (Dépôt de). — L'Académie
accepte le dépôt de paquets cachetés, pré-
sentés par MM.
— Brachet, 5 juillet (deux paquets) 35
— Krafft et Delahaye , 5 juillet Ibid.
— Brachet , 12 juillet 64
— Crusell, 12 juillet Ibid.
— Frestel, 12 juillet Ibid.
— Perrot, 12 juillet Ibid.
— Brachet, 19 juillet io5
— Goulier, 19 juillet. Ibid.
(983)
Page». I
Paquets cachetés ( Dépôt de) présentés par MM.
— Jones Bence , 26 juillet i5o
— Plaut, 2r> juillet Ibid.
— Vezu, a août 197
— L'Académie décide, séance du 6 septembre,
qu'il ne sera plus fait mention du dépôt
de ces pièces dans le Compte rendu im-
primé de ses séances 335
Paquets cachetés (Reprise ou ouverture de).
— M. Brachet demande (séance du iojuil-
let) l'ouverture de deux paquets cachetés,
déposés par lui dans la séance du 5 du
même mois. 104
— SurlademandedeM. Vezu, on ouvre (séance
• lui) août) un paquet cacheté, déposé par
lui dans la précédente séance, et qui se
trouve contenir une Note relativement à
une méthode de traitement pour les vi-
gnes malades 228
— Un paquet cacheté , déposé par M. Ilam-
man, le 27 septembre i85a et ouvert sur
sa demande le 11 octobre suivant, con-
tient une Note sur un appareil destiné à
rendre sensibles les effets delà fixité du
plan de rotation dans un mouvement très-
rapide 521
Parallaxe. — Voir l'article Astronomie.
Pekdvle (Déviation apparente du plan du) par
suite du mouvement de rotation de la Terre.
— Voir l'article Rotation diurne de la Terre.
Pf.rcarboniql'ES (Combinaisons). — Mémoire
de M. Aug. Laurent 629
Phares. — Sur la question de priorité concer-
nant l'application de la réflexion totale
aux appareils d'éclairage des phares; Let-
tre de M . Fulgence Fresnel à M . Arago . . 364
'— Note de M. Brachet 64
PnosPHORE. — Sur la forme utriculaire du phos-
phore ; Note de M. Brame 728
Photographie. — Méthode pour obtenir des
épreuves directes sur glace; Note de M. 4.
Martin 20
— Epreuves lithophotographiques adressées,
au nom des auteurs, MM. Lemercier, Le-
rebours et Barreswil , par M. Arago 258
— M. Legros , en adressant divers opuscules
sur la photographie , prie l'Académie de
vouloir bien se prononcer sur l'efficacité
de ses procédés 335
— Troisième Mémoire sur l'héliochromie;
par M . Niepce de Saint-Victor 69}
— Remarques de M. Becquerel à l'occasion de
cette communication 607
— Réponse de M. Arago aux remarques de
M . Becquerel 608
Photométrie. — Sur une propriété photomé-
trique des plaques daguerriennes; Note
de M . Pouillet 3j3
v,^,.
Phtsiologie. — Expériences démontrant que
l'origine du nerf sympathique est dans la
moelle épinière; Note de M. Budge a55
— Septième et huitième Mémoires sur le sys-
tème nerveux; par M. Waller... 3oi et 56 1
— Réclamation de ta. Budge, relativement à ce
qui lui est propre dans une communication
qu'il avait faite antérieurement de concert
avec M . Waller 401
— De l'influence directe de la lumière sur les
mouvements de l'iris; Note de M. Budge. 564
— Recherches électrophysiologiques et pa-
thologiques sur les fonctions des muscles
qui meuvent l'épaule sur le tronc, et le
bras sur l'épaule; par M. Duchenne , de
Boulogne 286
— Sur le développement des animaux verté-
brés; Mémoire de M. Remak 341
— Nouveau cas de mort subite causée par le
chloroforme ; Note de M. Stanski 573
— Du phosphate de chaux dans ses rapports
avec la nutrition des animaux et la mor-
talité deB enfants; Note de M. Mouriès.. 141
— Recherches ayant pour but d'administrer
aux malades qui ne digèrent point, des
aliments tout digérés par le suc gastrique
des animaux : albumine d'œuf; Mémoires
de M. L. Corvisart 244 et 33o
— Physiologie de l'apoplexie et de l'épilep-
sie d'origine inorganique ; Mémoire de
M. Harshal-Hall -81
Physiologie comparée. — Des phénomènes
sensibles de la rumination; Mémoire de
M. G. Colin i3o
— Nouvelles expériences tendant à réfuter les
opinions concernant l'existence d'une cir-
culation péritrachéenne chez les insectes ;
Mémoire de M. N. Joly i33
Physiologie vécétale. — Mémoire de M. Gau-
dichaud, ayant pour titre : « Réponse aux
observations faites dans les séances du
3i mai et du 21 juin, par MM. A. Ri-
chard, A. Brongniart et A. de Jussieu ». .
69 et i53
— Observations sur quelques assertions de
M. Gaudichaud, concernant l'accroisse-
ment des végétaux; Mémoire deM. Trécul. 137
— Origine et composition des fibres ligneuses
et des fibres du liber ; Mémoire de M. Tre-
cul 248
— Recherches expérimentales sur la féconda-
tion des mousses; par M. Philibert i36
— Recherches expérimentales sur la végéta-
tion ; par M. Ville 464
— Recherches expérimentales sur la végéta-
tion : Influence de l'ammoniaque ajoutée
à l'air sur le développement des plantes;
par le même 65o
( 984 )
Pages.
Physiologie végétale. — Sur les mouvements
que prennent quelques végétaux exposés
à l'action de la lumière lunaire; Note de
M. Zantedeschi 522
Note sur des feuilles ramifères de toma-
tes; par M. Duchartre. . , 718
— Sur la germination des céréales récoltées
avantleurmaturité; Note de M. Duchartre. g4o
Physique do clobe. — Observations hypsomé-
triques dans les Alpes occidentales ; par
MM. Adolphe et Hermann Schlagintweit .. 17
— Note sur la hauteur des diverses sommités
du Mont- Rose ; par les mêmes 102
— Remarques de M. Arago sur la cause de la
chaleur des eaux thermales 81
— Mémoire de M. Picard, concernant la cause
du phénomène des marées 3o8
Avancement annuel du delta du Tibre au
canal de Fiumicino; Note de M. Rozet. . 960
— Liaisons entre les variations en déclinaison
de l'aiguille aimantée et les taches du So-
leil ; Lettre de M. Wolf à M. Arago 364
— Note sur le magnétisme terrestre; par
M. Gaïetta 35
Physique générale.— Sur l'électricité consi-
dérée comme cause des effets attribués à
la gravitation universelle ; Notes de M . Za-
liwski 49; 95 et 478
— Lettre de M. Duran, concernant une de ses
communications sur des questions de phy-
sique générale 3gg
Pierres figurées. — Sur une concrétion sili-
ceuse dont les formes générales et les di-
mensions sont à peu près celles d'une tête
humaine; Note de M. Valoir 17
Planètes. — Découverte d'une nouvelle pla-
nète faite, par M. Hind, dans la soirée
du 22 août l852 ; Lettre à M. Arago . 3o8
Découverte d'une nouvelle planète faite à
Marseille le 20 septembre, par M. lany-
Chacornac; Lettre de M. Valz à M. Arago. 435
Éléments de la planète Massalia; Lettre
de M. Valz à M. Arago (74
— Sur le nom donné à cette planète; Lettre
de M. Valzk M. Arago 675
— Nouveaux éléments de la planète Massalia;
Lettre de M. ValzkU. Arago 821
— Découverte d'une nouvelle planète; Lettre
de M. de Gasparis à M. Arago 478
— Éléments de la planète Melpomèue, calcu-
lés par M. Treltenoro d'après les observa-
tions des 19 juin, i3 et 18 juillet; Lettre
de M. Santini à M. Arago 4^7
— Nouvelle planète découverte, à Paris, le
i5 novembre 1802; Lettre de M. Hermann
Goldschmidt à M . Arago 757
— Observations de la nouvelle planète, faites
à l'Observatoire de Paris, le 18 et le 20 no-
Page:
vembre, par MM. Goujon, Ch. Mathieu et
Ern. Liouville 757
Planètes. — M. Le Verrier donne connais-
sance d'une Lettre de M. Goldschmidt, re-
lative aux observations qu'il a faites de
sa planète les i5, 16 et 17 novembre.... 794
— Nouvelle planète découverte le 18 novem-
bre i852, par M. Hind; Lettre à M. Le
Verrier • 758
— Nouvelle planète découverte, par M. Hind,
le i5 décembre i852; Lettre de M. Hind
à M . Arago 9^0
— Lettre de M. Rumker à M. Mauvais sur les
éléments elliptiques des deux planètes
découvertes, l'une à Naples et à Marseille,
par MM. de Gasparis et Chacornac , l'au-
tre à Paris, par M. Goldschmidt : Éphé-
mérides des positions apparentes pour le
mois de décembre i852, calculées par
M. G. Rumker fils , de Hambourg 857
Plomb {Composés du).— Note sur le blanc de
plomb comparé au blanc de zinc; par
M. Versepuy io3
Poids atomiques. — Recherches sur les rapports
entre le poids atomique moyen des corps
simples et leur chaleur spécifique; Note
de M. Ch. Garnier 278
— Réclamation de priorité adressée, à l'occa-
sion de cette communication, par M. Wer-
theim 3oo
Polarisation circulaire — Recherches sur les
relations qui peuvent exister entre la
forme cristalline, la composition chi-
mique et le phénomène moléculaire ro-
tatoire; Mémoire de M. Pasteur 176
— Expériences ayant pour but d'établir que
les substances douées de pouvoirs rotatol-
rcs, lorsqu'elles sont dissoutes dans des
milieux inaclifs qui ne les attaquent pas
chimiquement, contractent avec eux une
combinaison passagère, sans proportions
fixes, laquelle impressionne toute leur
masse et subsiste tant que le fluide mixte
conserve l'état de fluidité; Mémoire de
M. Biot 233
Ponts. — Rapport sur la deuxième partie d'un
Mémoire de M. Yvon Villarceau , relatif à
l'établissement des arches de ponts ; Rap-
porteur M . Poncelel 597
Prix décernés dans la séance du 20 décembre
i852 (concours de l'année i852).
— Prix d'Astronomie (fondation deLalande);
prix décernés à M. Hind, à M. de Gasparis,
à M. Luther, à M. Chacornac et à M. Her-
mann Goldschmidt, pour leur découverte
de nouvelles planètes 873
— Prix de Mécanique (fondation Montyon);
prix accordé à M. Triger, pour l'invention
Page».
du procédé de refoulement de l'eau dans
les terrains aquifères au moyen de l'air
comprimé 874
Prix de Statistique (fondation Montyon);
prix accordé à M. Horace Say, pour sa
Statistique de l'industrie de Paris 887
Mentions honorables à M. Léon Say, à
M. Rondo t, pour la coopération qu'ils
ont prêtée à ce travail Ibid.
A M. On] m. pour son Atlas statistique de
la production des chevaux en France. . . . 888
A M. Blondel, pour sa Statistique compa-
rée des épidémies cholériques de i83a et
de 1849 890
A M. le général Daumas, pour ses publica-
tions sur l'Algérie 89a
A M. Maurice Block, pour son livre inti-
tulé : a Des charges de l'Agriculture »... 8g3
A MM. Talbot et Guéraud, pour leur « Pe-
tite Géographie de la Loire-Inférieure ». Ibid.
A M. J.-I. Pierre, pour ses Études sur les
engrais de mer des côtes de la basse Nor-
mandie , Ibid.
Prix fondé par Madame de Laplace, obtenu
par M. Bour {Jacques-Edmond- Emile),
sorti le premier de l'Ecole Polytechnique,
le a3 septembre 18^2 894
. Prix) de Physiologie expérimentale, prix
partagé entre MM. Budge et Waller, pour
leurs recherches concernant les fonctions
du système nerveux ganglionnaire 8y5
- Prix relatifs aux Arts insalubres; il n'y a
pas eu lieu à décerner le prix relatif aux
Arts insalubres de cette année 896
Prix de Médecine et de Chirurgie.
Anatomie.
- Récompense de 2000 fr. à feu M. Bourgery
et à M. Jacob, pour la continuation du
Traite d'anatomie (système nerveux)qu'ils
ont publié en commun 901
- Récompense de 1 5oo fr. à M. L. Hirschjeld,
pour son travail sur l'anatomie du sys-
tème nerveux Ibid.
- Récompense de 1 000 fr. à M. Follin, pour
ses recherches sur les corps de Wolf. ... Ibid.
Physiologie.
- Récompense de 1 5oo fr. à M. Blondlot,
pour ses recherches sur la bile et le suc
gastrique 902
- Récompense de 1 5oo fr. à MM. A. Duméril,
Demarquay et Lecointe, pour leurs expé-
riences concernant les modifications im-
primées à la température animale par l'in-
troduction des médicaments dans l'écono-
mie Ibid.
- Récompense de 2000 fr. à M. Lebcrt, pour
son Traité pratique des maladies cancé-
reuses 904
C. U , i85a, 1™ Semestre. (T. XXXV.)
(985)
Pages.
— Récompense de 1 200 fr. à MM. Becquerel
et Bodicr, pour leurs nouvelles recherches
d'hématologie go5
Pathologie médicale.
— Récompense de 1 000 fr. à M. Davaine ,
pour ses recherches sur la paralysie dou-
ble de la face go6
— Récompense de 1 000 fr. à M. Fauconneau-
Dufrcsne, pour son Traité de l'affection
calculcuse du foie et du pancréas 907
— Encouragement de 1 000 fr. a M. Richard,
pour son travail sur les kystes tubo-ova-
riens Ibid
Thérapeutique.
— Un prix de la valeur de 25oo fr. est décerné
à M. Bretonneau , de Tours, pour avoir in-
troduit la trachéotomie dans le traitement
des cas extrêmes de croup , et un prix de
2000 fr. à M. Trousseau , pour avoir per-
fectionné et simplifié cette opération.... 908
— Récompense de 2000 fr. à M. Mancc, pour
son Traitement local du cancer par la pâte
arsenicale 910
— Encouragement de 1 000 fr. à M. A. Bec-
querel, pour ses observations 6ur l'em-
ploi des mercuriaux dans le traitement
de la fièvre typhoïde gn
— Encouragement de 1 000 fr à M. Bouisson,
pour son ouvrage intitulé: « Méthode anes-
thésique appliquée à la chirurgie et aux
différentes branches de l'art de guérir». Ibid.
— Encouragement de 1 000 fr. à M. Boinet,
pour l'emploi des injections iodées dans
le péritoine des malades atteints d'ascite. 912
— Encouragement de 1 000 fr. à M Baudens,
pour son procédé de désarticulation du
pied Ibid.
Hygiène.
— Encouragement de 1000 fr. à M. Niepce,
pour ses recherches concernant le créti-
nisme gi3
— Encouragement de 1 000 fr. à M. Renault,
pour ses études expérimentales sur l'in-
gestion des matières virulentes dans les
voies digestives de l'homme et des ani-
maux domestiques 914
— Encouragement de 1 000 fr. à M. Josat,
pour son travail relatif aux maisons mor-
tuaires de l'Allemagne Ibid.
Toxicologie.
— Encouragement de 1000 fr. à M. Orfila,
pour ses recherches sur l'élimination des
poisons gia
Prix proposés (séance annuelle du 20 dé-
cembre).
— Grand prix de Mathématiques pour i854- 917
— Grand prix de Mathématiques proposé pour
i85o, et remis au concours pour i853.. . 919
i»9
( 986 )
P»ges .
Grand prix de Mathématiques proposé pour
1848, remis au concours pour i853 930
Grand prix de Mathématiques proposé pour
i847j et remis au concours pour 1 8 54 • - - 931
Grand prix de Mathématiques proposé pour
i852, et remis au concours pour i855. . . Ibid.
Prix extraordinaire sur l'application de
LA VAPEUR A LA NAVIGATION proposé pour
i836, remis successivement à iS38, à
1841, à 1844, à 1848 et enfin à i853 922
Prix d'Astronomie ( fondation de La-
lande) H>id.
Prix de Mécanique (fondation Mon-
tyon j Ibid.
Prix de Statistique (fondation Montyon). 923
Prix fondé par Madame de Laplace Ibid.
Pages.
— Grand prix des Sciences physiques proposé
en i85i pour i853. . 924
— Grand prix des Sciences physiques proposé
en i85o pour i853 Ibid.
— Grand prix des Sciences physiques proposé
en 1847 pour ■849> et remis au concours
pour i853 9^5
— Prix de Physiologie expérimentale ( fonda-
tion Montyon) Ibid.
— Divers prix du legs Montyon 926
— Paix Cuvier, à décerner en i854 Ibid.
— Prix quinquennal fondé par M. de Morogues,
à décerner en 1 853 927
Pyhoxyline. — Recherches sur la pyroxyline;
par M. Béchamp 4?3
Résines. — Sur la résine de jalap et sur l'éther
succinique perchloré; Note de M. Aug.
Laurent 379
Rotation diurne de la Terre. — Application
de l'appareil de Bohnenberger à la démons-
tration expérimentale de ce mouvement;
Mémoire de M. Person 4' 7
— Disposition de l'appareil de Bohnenberger
pour les différentes latitudes ; Note de
M. Person 549
— Note sur le mouvement de rotation ; par
M. Person 753
— Sur une nouvelle démonstration expéri-
mentale du mouvementde la Terre, fondée
sur la fixité du plan de rotation ; Mémoire
de M . h. Foucault t\i\
— Sur les phénomènes d'orientation des corps
tournants entraînés par un axe fixe à la
surface de la Terre. Nouveaux signes sen-
sibles du mouvement diurne; Mémoire
de M . L. Foucault 4a4
— Addition aux deux précédents Mémoires ;
par le même \i >; 1
— Sur un appareil pouvant servir à démontrer
la rotation de la Terre; Notes de M. G.
Sire 43' et 621
— Un paquet cacheté déposé le 10 mars i852
par M. Hamman , et ouvert, sur sa de-
mande, le 11 octobre suivant, renferme
une Note concernant un appareil destiné
à faire ressortir les effets de la fixité du
plan de rotation dans un mouvement très-
rapide 521
— Réclamation de priori té adressée par M. La-
marle & l'occasion des dernières expé-
riences de M. Foucault, concernant la dé-
monstration du mouvement de la Terre . 574
Rotation. — Sur la tendance des rotations au
parallélisme ; Note de M. Foucault 602
— Recherches analytiques concernant le mou-
vement de rotation d'un corps solide au-
tour d'un de ses points qu'on suppose fixe
sur la Terre et entraîné avec elle dans son
mouvement de rotation diurne ; par
M. Quet Ibid.
— Recherches mathématiques faites à l'occa-
sion des expériences de M. Foucault pour
rendre sensible aux yeux le mouvement
de rotation de la Terre; Mémoires de
M. Quet 669 et 686
— Application de la théorie généraïedesmou-
vements de rotation à la théorie du gyros-
cope horizontal de M. Foucault, employé
pour mesurer, par ses oscillations, la la-
titude; Mémoire de M. Quet 688
— Nouvelle méthode appliquée au mouve-
ment de rotation d'un corps retenu sur la
terre par son centre de gravité ; Note de
M. Quet 732
— Remarques de M. Person à l'occasion d'une
des Notes de M. Quet... 68j
— Mémoire de M. Lamarle ayant pour titre .
« Résumé général présentant les bases du
calcul relatif aux effets que la rotation de
la Terre produit sur le mouvement gyra-
toire des corps entraînés)) I 89
— Analyse du pendule simple, abstraction
faite de la résistance de l'air et eu égard à
la rotation de la Terre; suivie de celle du
mouvement d'un point matériel libre dans
les mêmes circonstances; Note de M. Dieu. 792
— Nouvel appareil pour rendre sensible aux
yeux la rotation de la Terre au moyen de
la fixité du plan d'oscillation du pen-
(987)
Page».
dule; Note de M. Porro 855
Rotation. — M. Cauchy présente divers Mé-
moires sur le mouvement de rotation d'un
corps solide, et en particulier d'un corps
pesant autour d'un point fixe 940
Page--
Rotatio». — M. Demonville prie l'Académie
de vouloir bien renvoyer à l'examen d'une
Commission un appareil qu'il lui présente
et qu'il désigne sous le nom de pendule
gyroscopique 857
Sang. — Recherches d'hématologie : origine de
la fibrine. Moyen de débarrasser les glo-
bules du liquide séreux qui les tient en
suspension dans le sang vivant. Analyse
des globules sanguins ; Mémoire de M. Le-
canu 11
— Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur
M. Thenard 207
— Des formes que prend la fibrine dans les in-
flammations; Mémoire de M. Monneret. . 99
— M. Leteîlier adresse, à l'occasion de di-
verses communications récentes sur le
sang, une réclamation de priorité io3
— Réclamation de priorité en faveur do
MM. Roucher et Coulier fils, élevée a
l'occasion du Rapport ci-dessus 267
— Déclaration de M. Thenard, Rapporteur de
la Commission , à l'occasion de cette ré-
clamation qui ne lui paraît pas fondée.. . 273
— Réclamation de priorité élevée par M. Ed.
Robin à l'occasion d'une communication
de M. Blandet sur la conservation du sang
liquide au moyen du chlorure de baryte. 3ig
Sections de l'Académie.— La Section de Géo-
graphie et de Navigation à laquelle a e'té
adjoint M. Arago pour suppléer M. l'ami-
ral Roussin, absent, présente la liste sui-
vante de candidats pour la place de Cor-
respondant, vacante par suite du décès de
M. le contre-amiral Rérard : i° M. V.
Lottin; 2° exeequo , MM. Ferret et Gali-
nier. Les litres de ces candidats sont pré-
sentés par M. Duperrey 740
— La Section de Physique présente la liste
suivante de candidats pour une place de
Professeur de physique appliquée, vacante
au Conservatoire des Arts et Métiers : ex
œquo et par ordre alphabétique , M. Edm.
Becquerel , M. L. Foucault 8o3
— La Section de Botanique déclare, par l'or-
gane de M. de Jussieu. qu'il y a lieu de
nommer à la place vacante par suite du
décès de M. Richard 869
— La Section présente la liste suivante de can-
didats : i" ex œquo et par ordre alphabé-
tique, MM. Montagne et L.-René Tu-
lasne; 20 ex œquo et par ordre alphabé-
tique , M \I . Duchartre et Trécul 9O2
Sels solubles. — Sur l'action réciproque des
sels solubles; Note de M. Malaguti g45
Solaire ( Rayonnement ). — LettredeM. Vol-
picelli à M. Arago, concernant des expé-
riences sur le rayonnement solaire 9 .13
Sologne. — Communication de M. Becquerel
sur l'amélioration de la Sologne 525
Soude. — Sur la soude hydrosilicatée, trouvée
cimentant un amas bréchiforme dans les
sables de Sablonville; NotedeMM.Kra#ï
et Delahare 1 j .
Soufre. — Recherches sur les densités du sou-
fre ; Note de M. Brame . 748
Sourds-muets. — M. Baudelocque prie l'Aca-
démie de vouloir bien faire constater, par
une Commission, les résultats qu'il ob-
tient de sa méthode de traitement des
surdités congéniales 85fi
Sueur. — Recherches sur la composition chi-
mique de la sueur de l'homme; par
M. Faire 721
Sulfures. — Recherches sur les sulfures dé-
composables par l'eau ; Mémoire de
M. Fremy 27
— Préparation du sulfure de carbone; Mé-
moire de M. Gérard sur le travail du
caoutchouc 257
Symétrie. — De la symétrie considérée dans
les trois règnes de la nature ; Mémoire
de M. Fermond( première partie). 853 et 944
Système du mosde. — Note de M. Zaliwski. . . i85
Tables arithmétiques — Tables à l'usage des
employés des douanes; par M. Laquernde
Kerthoman 35
Tables dyarithmiques pour la multiplica-
tion (par addition) et la division (par
soustraction): usage de ces Tables; Me-
I29..
( 988 )
Page».
moire de M. Bodierre 35g
Tannins. — Sur les tannins et les glucosa-
mides; Note de M. Aug. Laurent iGi
Teinture. — Lettre de M. Pons, concernant
une teinture noire qu'il croit très-peu
altérable 5^3
Télégraphie électrique. — M. le Ministre de
l'Intérieur, de l'Agriculture et du Commerce
annonce que l'administration se propose
de donner prochainement une grande ex-
tension aux lignes de télégraphie électri-
que et invite l'Académie à charger une
Commission de se prononcer entre les
divers systèmes mis en essai jusqu'à ce
jour 757
— Note de M. Faye à l'occasion de cette com-
munication 8ao
— M. Dujardin, de Lille, rappelle à l'atten-
tion de la Commission nommée, sur la
demande de M. le Ministre, pour exami-
ner les différents systèmes de télégraphie
électrique, le système dont il a fait l'ob-
jet de précédentes communications 8 \< i
Températures terrestres. — Remarques de
M. Babinet à l'occasion d'une commu-
nication laite par M. Benou sur l'excès de
la température moyenne des rivières au-
dessus de la moyenne de l'air ambiant. . . 4
— Réflexions de M. Faye 6ur ces remarques ,
et communication d'un nouvel extrait
d'une Lettre de M. Benou 5
— Description d'une horloge thermomètre
donnant la température moyenne pondant
un espace quelconque de temps; Mé-
moire de M. Edm. Becquerel 754
— Note accompagnant une carte de la tem-
pérature des eaux à la surface de la mer
des Antilles, du golfe du Mexique et de la
portion voisine de l'océan Atlantique;
par M. Ch. Sainte-Claire Deville 8a3
Températures (Hautes). —Sur la température
qu'on peut obtenir par la combustion du
charbon dans l'air ; Note de M. H. Sainte-
Claire Deville 796
Tératologie. — Mémoire sur un chat iléadel-
phe à tête monstrueuse ; par M. C. lia-
reste 3a5 et 4°3
— Recherches sur les polygenèses monova-
riennes; par M. Lesauvage 73o
— Mémoire sur les kystes dermoïdes et sur
l'hétérotopie plastique; par M. Lehert. . 71.5
Térébenthine {Essence de). Voir l'article
Huiles essentielles.
Thermomètre-horloge. — Voir l'article Tempé-
ratures terrestres.
Tonnellerie. — Rapport sur un Mémoire de
M. Fournerie, ayant pour titre : « Essai
sur l'application du système métrique à
la tonnellerie»; Rapporteur M. Mathieu. 201
— M. le Ministre de l'Intérieur, en transmet-
tant une nouvelle copie de ce Mémoire,
invite l'Académie à lui faire connaître le
jugement dont il aura été l'objet 3y<)
— Lettre de M. Manneville sur un système
d'appareils au moyen desquels il fabrique
des tonneaux d'une capacité voulue 4/7
— Réclamation adressée, à l'occasion de cette
communication, par M. Claude David. . . 79}
Torsion. — Sur des courants d'induction pro-
duite par la torsion ; Note de M . Wer-
theim 702
Tremblements de terre. — Sur un signe au-
quel on reconnaît, dit-on, l'approche
d'un tremblement de terre; Lettre de
M. Bati-Menton 839
Triméthylamine. — Note sur la présence de ce
produit dans le jus extractif des harengs
salés ; par Al. Hqfmann 62
Tuiles en fonte. — Lettre de MM. Paillet et
Gidel, concernant l'action que pourraient
exercersur l'électricité atmosphériquedes
tuiles en fonte, pour lesquelles ils sont
brevetés 523
Tympan artificiel. — Sur l'emploi d'une mem-
brane du tympan artificiel dans les cas de
perforation ou de destruction de cette
partie de l'appareil auditif; Mémoires de
M. Toynbee 399 et 856
u
TJriobes (Combinaisons). — Mémoire de M. Aug. Laurent 629
Vapeur d'eau. — Sur l'emploi de la vapeur
d'eau pour éteindre les incendies à bord
des navires; Lellre de M. Dujardin h
M. Ârago 368
(9S9 )
706
Pages
Vapeur d'eau.— Nouvelle Lettrede M. Dujardin
concernant l'em ploi de la vapeur d'eau dans
le cas d'incendie, accompagnant une Note
de M. Dcturmont sur un cas dans lequel
cet emploi a été fait avec succès. 705 et
Vêcétation.— Influence de l'ammoniaque ajou-
tée à l'air sur le développement des plan-
tes; Mémoire de M. Ville 65o
— Études expérimentales sur l'action des sels,
des bases, des acides et des matières orga-
niques sur la végétation; Mémoire de
M. Chatin 786
Végétaux microscopiques. — Sur un parasite
qui se développe dans des circonstances
exceptionnelles, à la surface de certaines
substances alimentaires, et les fait paraître
couvertes de sang ; Note de M . Montagne .
Végétaux (Maladies des). Voir l'article Éco-
nomie rurale.
Ventilation. — Expériences sur l'appareil de
ventilation d'été construit pour la salle
des séances de l'Institut; Mémoire de
M. V. Cheronnet
— Mémoire sur un système de ventilation
pour les théâtres et autres lieux de réu-
nions nombreuses; par M. Journet 52a
Vers a soie. — Vers à soie nourris avec des
feuilles de mûrier saupoudrées d'une ma-
tière colorante, et qui nient une soie par-
ticipant à cette couleur; Mémoire de
M. Joly et Note de M. Roulin... i33 et
— Expériences sur l'acclimatation des nou-
velles races à la magnanerie expérimen-
tale de Sainte-Tulle, faites en i85a par
MM. Guérin-Méneville et E. Robert 264
— Éducations faites dans le même établisse-
ment en i852 dans le but d'obtenir de la
graine-étalon ; par les mêmes 292
45
344
'49
5o3
7.3
476
io3
P»K«.
Vibrations.— Moyen d'atténuer les vibrations
produites à la surface du mercure, dans le
but de faciliter les observations astrono-
miques ; Mémoire de MM. Mauvais et Se-
guin
— Sur la disposition la plus favorable à don-
ner aux appareils destinés à atténuer les
vibrations de la surface du mercure et sur
les moyens d'approprier ces appareils à
l'usage des instruments méridiens ; Note
de M . Mauvais
Vision. — Essai d'une théorie de la vision ; par
M. Trouessart 20 , 1 34, 398 et
— Notes de M. Landes sur la vision ... 64 et
— Troisième Mémoire sur les couleurs acci-
dentelles ; par M. J.-M. Seguin 47*>
— Treizième Mémoire sur la théorie de la vi-
sion ; par M . Vallée (79
Voûtes. — Examen critique et historique des
principales théories ou solutions concer-
nant l'équilibre des voûtes; Mémoire de
M. Poncelet 49i> 53 1 et
— Rapport sur un Mémoire de M. /. Carvallo,
intitulé : « Étude sur la stabilité des voû-
tes » ; Rapporteur M. Poncelet 636
Voir aussi l'article Ponts.
Voyages scientifiques. — Instructions deman-
dées par M. le Ministre de l'Instruction
publique pour le voyage de M. E. Dcville
dans l'AmériqueduSud. — Partie anthro-
pologique : Rapporteur M. Serres. — Partie
zoologique : Rapporteur M. Duméril. —
Partie botanique : Rapporteur M. de
Jussieu. — Partie physique : Rapporteur
M. Pouillet 82
— M. le Ministre de l'Instruction publique ac-
cuse réception d'une ampliation de ce
Rapport j58
557
Zisc ( Composés du). — Sur le blanc de plomb
comparéau blanc de zinc; Note de M. Fer -
sepuy IOÎ
Zoologie. — Sur une espèce de serpent à coiffe
( Naja haje) présenté vivant à l'Académie ;
Mémoire de M. C. Duméril 485
— Sur la classification des reptiles de l'ordre
des Serpents ; Mémoire de M. C. Duméril. 62 1
— Mémoire sur un nouveau genre de reptiles
sauriens et sur le rang que doivent occuper
les amphisbènes dans la classe des rep-
tiles ; par M. Aug. Duméril 3o,5
— Description des reptiles nouveaux ou im-
parfaitement connus de la collection du
Muséum d'Histoire naturelle de Paris, et
remarques sur la classification et les ca-
ractères des reptiles ; par M. Aug. Duméril. 470
Zoologie. — Note sur les trois espèces d'Oryc-
térope qui existent en Afrique ; par M. Du-
vernoy ^5
— Études sur les types inférieurs de l'embran-
chement des Annelés : branchelion de la
torpille; Mémoire de M. de Quatre/âges. . 809
— Sur une mouche venimeuse de l'Afrique
méridionale ; Note de M. W. Oswell 060
— Sur une mouche venimeuse observée dans
leSennaar; Note de M. Arnaud, transmise
par M, de la Roquette Go3
( 99° )
TABLE DES AUTEURS.
MM. P«6«-
ACADÉMIE AMÉRICAINE DES ARTS
ET DES SCIENCES DE BOSTON (l')
remercie l'Académie des Sciences pour
l'envoi de plusieurs volumes de ses publi-
cations i4>
ACADÉMIE DES SCIENCES DETURIN(l')
adresse le tome XII de ses Mémoires. . . 3ia
ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE
BAVIÈRE (l') remercie l'Académie pour
l'envoi de deux nouvelles séries des
Comptes rendus hebdomadaires.. . 191 et 3l2
ALLAIN. — Boussole de contrôle des compas
de route d'un bâtiment 190 et 5i8
ALQUIÉ. — De l'utilité chimique du micro-
scope pour le diagnostic des maladies
cancéreuses 385
ANDRAL présente, au nom des auteurs,
MM. C*>. Robin et Verdeil, un « Traité
de Chimie anatomique et physiologique». 734
ANDRAOD. — Mirage du clocher illuminé
de la cathédrale de Strasbourg, observé à
10 lieues de la ville 146
ANONYMES. — L'Académie reçoit un Mé-
moire destiné au concours pour le grand
prix des Sciences mathématiques, ques-
tion proposée pour sujet du prix de i85o,
puis proposée de nouveau pour i853.... 5i8
— L'Académie reçoit deux Mémoires des-
tinés au concours pour le grand prix
de Mathématiques, question proposée
pour 1848, puis pour i853 66g et 857
— L'auteur du premier de ces deux Mémoires
demande à retirer sa première rédaction ,
pour en présenter une nouvelle y5g
— L'Académie reçoit deux Mémoires adressés
au concours pour le prix concernant l'a-
mélioration de la navigation parla vapeur. 781
— Un auteur, qui déclare n'avoir pas voulu
faire connaître son véritable nom , adresse
une Note ayant pour titre : « Solution
complète de l'équation indéterminée
x' -H- y' = «' » 96a
— Un Mémoire, adressé sans nom d'auteur,
et portant pour titre : « Do l'électricité
MM. Page,,
considérée comme agent universel » , ne
peut, d'après un article du règlement de
l'Académie concernant les communica-
tions anonymes , être renvoyé à l'examen
d'une Commission 834
ARAGO. — M. Laugier, au nom de M. Arago
absent pour cause de santé, lit, dans la
séance publique du 20 décembre i85a, des
fragments de la biographie de M. Gay-
Lussac ■ 927
— Réponse à des remarques de M. Le Verrier
sur un passage de la biographie de
M. Gay-Lussac gîo
— Remarques sur la cause de la chaleur des
eaux thermales 81
— A l'occasion d'une Lettre relative au coup
de foudre observé sur la ligne du chemin
de fer de Rouen , Lettre de M. de
l'Espée , communiquée par M. Pouillet,
M. Arago fait remarquer que cette rela-
tion et celle qu'avait adressée précédem-
ment M. de Lalande, reposent sur les ob-
servations d'une même personne, de sorte
que dans les points peu nombreux où elles
semblent différer, on doit rester dans le
doute 4° '
— Réponse à des remarques faites par M. Bec-
querel, a l'occasion d'un Mémoire de
M. Niepce de Saint-Victor sur l'héliochro-
mic 698
— En présentant, au nom de l'auteur, M. K.
Liais, un Mémoire ayant pour titre : « Ré •
sultats des observations météorologiques
faites à Cherbourg pendant les années 1848,
1849, l85o et i85i », M. Arago indique quel-
ques-unesdes conséquences que l'auteura
déduites de ses recherches 349
— M. Arago présente , au nom de M. Zante-
deschi, une Note sur une question de dy-
namique chimique, débattue entre ce
physicien et M. Bizio 35g
— M. Arago présente, au nom du même
physicien, une Note sur la différence de
pouvoir dispersif des deux électricités.. . 44°
( 99
MM. P»ge».
— M. Arago présente, au nom du Bureau des
Longitudes , un exemplaire de V Annuaire
pour l'année l853. . 84 ■
— M. Arago, qu'une indisposition momen-
tanée empêche d'assister à la séance, en-
voie des épreuves lithophotographiques
qu'il devait présenterai! nom de MM.-Le-
mercler, Lerebours et Rarreswil 258
— Enannonçant, parmi les pièces imprimées
de la correspondance , une Note qui porte
le nom de Néocartes, M. Arago fait re-
marquer que les moyens qu'indique l'au-
teur pseudonyme pour arrivera une con-
clusion certaine , ne sauraient atteindre
le but 707
— M. Arago annonce, d'après une Lettre de
M. Ad. Richard,']^ perle douloureuse qu'a
faite l'Académie dans la personne de
M. Achille Richard, Membre de la Sec-
tion de Botanique , décédé le 5 octobre. . . 4^5
— M. Arago annonce à l'Académie la perte
qu'elle a faite d'un de ses Correspondants
pour la Section de Géographie et de Na-
vigation, M. le contre-amiral Retard. . . lbid.
— M. Arago donne communication d'une
Lettre de M. Ch. de Haldat qui annonce
le mort de son grand père, M. Charles-
Nicolas-Alexandre de Haldat du Lys, Cor-
respondant de l'Académie pour la Section
de Physique 809
— M. Arago place sous les yeux de l'Académie
deux boussoles mentionnées dans une pré-
cédente séance et inventées l'une par M. le
capitaine Allain, l'autre par M. le capi-
taine Napier, mais exécutées à Paris par
M. Deleuil 5i8
— M. Arago signale, parmi les pièces de la
correspondance, un article d'un journal
(le Nouvelliste Vaudois), concernant l'in-
fluence du sirocco d'Afrique sur certains
phénomènes météorologiques de nos cli-
mats • 609
— M. Arago fait, d'après sa correspondance
particulière, des communications rela-
tives aux questions suivantes :
— Sur la résistance que les fils opposent au
courant électrique; Lettre du P. Secchi.. 17
— Expériences sur le rayonnement solaire;
Lettre de M. Melloni i65
— Observations de foudre globulaire ; Lettres
de Mme Espert et de M. Butti. . 193 et ig3
— Rapports entre le poids atomique moyen
des corps simples et leur chaleur spécifi-
que; Lettre de M . Ch. Garnier 278
— Découverte d'une nouvelle planète faite
par M. Bind, le 23 août i85a; Lettre de
M. Hind 3o8
— Découverted'une comète faite par leP. Sec
• )
MM. pagt,
chi, le 26 août 1 852 ; LeltreduP. Secchi. 334
ARAGO. — Eléments de la seconde comète
de i852 ; Lettre de M. VaU 36o
— Plan pour la construction de nouvelles car-
tes célestes devant servir à amener, dans
un temps assez court , la découverte de
toutes les petites planètes; Lettre de
M. VaU 36,
— Observations de la comète découverte le
26 août t852 ; Lettre du P. Secchi 363
— Liaison entre les taches du Soleil et les va-
riations en déclinaison de l'aiguille ai-
mantée ; Lettre de M. Wolff. 364
— Sur la question de priorité concernant l'ap-
plication de la réflexion totale aux appa-
reils d'éclairage des phares; Lettre de
M. t. Fresnel.. , /jlrf
— Etoiles filantes du mois d'août; Lettre de
M. Jonquières; — Remarques de M. Arago
à l'occasion de cette communication. . . .
• 367 et 368
— Sur l'emploi de la vapeur d'eau pour étein-
dre les incendies; Lettres de M. Dujar-
din , de Lille 368 et 70.S
— Découverte d'une nouvelle planète faite à
Marseille le 10 septembre, par M. dm-
cornac ; Lettre de M. VaU. 435
— Nouveaux éléments de la seconde comète
de i85a ; Lettre de M . VaU 436
— Eléments de la planète Melpomène, calcu-
lés par M. Trettenoro; Lettre de M. San-
"'"' 437
— Corrélation entre les grandes émissions de
vent d'Afrique (sirocco) et les inonda-
tions du Rhin , de la Saône et de la Loire ;
Lettre de M. Fabre-Massias 441
— Découverte d'une nouvelle planète faite
par M. de Gasparis; Lettre de M. de Gas-
{""'* 478
— Eléments de la planète observée le 20 sep-
tembre, par M. Chacomac; Lettre de
M. VaU 674 et 821
— Sur le nom de Massalia donné à cette pla-
nète ; Lettre de M. VaU 67.S
— Nouvelle planète découverte par M. Golds-
chmidt, le i5 novembre t852; Lettre de
M. Goldschmidt n5j
— Cartes célestes de l'observatoire de Mar-
kree; Lettre de M. Cooper 834
— Sur le moyen de donner par des chiffres
des notions justes de l'étendue des diffé-
rents pays; Lettre de M. Balachojf.,... 836
— Nouvelle planète découverte par M. Hind,
le i5 décembre i85a; Lettre de M. Hind. 9J0
— Eipériencos sur le rayonnement solaire;
Lettre de M. Volpicelli g53
ARNAUD demande et obtient l'autorisation
( 992 )
Pages.
de reprendre des Tables de multiplication
et de division 335
ARNOUX. — Note sur la géologie de la Co-
chinchine i83
ARTUR. — Mémoire ayant pour titre: » Exa-
MM. Pa,e».
men des recherches de M. Simon (de
Metz) sur la capillarité » 61
AUDOUARD Note sur l'emploi du vinai-
gre dans le traitement de la rage 126
BABJNET. — Sur un cas de foudre globulaire. 1
— Note relative à une communication de
M. Renou, sur l'excès de la température
moyenne des rivières au-dessus de la tem-
pérature moyenne de l'air ambiant 4
— Note sur les raies longitudinales observées
dans le spectre prismatique de M. Zante-
deschi 4 ' '
— M. Babinet communique une Lettre de
M. Porro, sur les raies longitudinales du
spectre 479
— Et une Lettre de M. Brame, sur la struc-
ture des corps solides.. , 666
— M. Babinet présente , au nom de M. Pcrrot,
des estampes en taille-douce et des épreu-
ves lithographiques, tirées sur un papier
fabriqué avec la gulta-percha. . . 707 et 760
BA1LLEL. — Description et figure d'un pro-
pulseur articulé pour les bateaux à vapeur. 190
BALACHOFF. — Lettre à M. Ârago, sur le
moyen de donner, par les chiffres, des
notions justes de l'éiendue des différents
pays 836
BALARD. — Rapport sur un Mémoire inti-
tulé : « Recherches sur les eaux minérales
sulfureuses de Bagnères-de-Luchon et de
Labassèrc, suivies de considérations gé-
nérales sur les eaux sulfureuses des Pyré-
nées w ; par M. Filhol, professeur à Tou-
louse 37
BARRAL. — Mémoire sur les eaux de pluie,
recueill ies à l'Observatoire de Paris ( 1er se-
mestre 1 852 ) \<~
BARRUEL (G.). — Note sur l'extraction du
cuivre par l'ammoniaque 18
— Note sur un nouvel alliage d'argent 75g
BATES (Edwin). — Sur un moyen d'arrêter
sans danger la marche d'un convoi de
chemins de fer 756
BAUDELOCQDE prie l'Académie de vouloir
bien charger une Commission de consta-
ter les résultats qu'il obtient dans le trai-
tement de la surdi-mutité congéniale. . . 856
BAUDENS, en présentant au concours, pour
les prix de Médecine et de Chirurgie de
la fondation Montyon , quatre opuscules
imprimés, sur des questions dont il a fait
précédemment l'objet de communications
à l'Académie des Sciences, indique, dans
la Lettre d'envoi , ce que ces Traités con-
tiennent de neuf 291
— Un encouragement est accordé à M. Sou-
tiens pour son procédé de désarticulation
du pied (concours de Médecine et de Chi-
rurgie de 1 8.5:2 1 gn
BATARD. — Lettre sur un moyen destiné à
prévenir la maladie des pommes de terre. . 294
BEADFORT (l'amiral), directeur du Bureau
hydrographique, annonce l'envoi des car-
tes marines et instructions nautiques,
publiées par ordre de l'Amirauté, dans le
cours de l'année i85i ai
BEAUTEMPS- BEAUPRÉ, au nom de la
Section de Géographie, présente une liste
de candidats pour une place vacante de
Correspondant 65
— M. Beautemps-Beauprê, au nom de la
même Section , demande à l'Académie de
vouloir bien désigner un de ses Membres
pour remplacer, dans la Commission
chargée de présenter une liste de can-
didats pour une place vacante de Corres-
pondant, M. l'amiral Roussin, que l'état
de sa santé tient éloigné de l'Académie. . 679
BECHAMP(A.).— Recherches sur la pyroxy-
linc 47 >
BECQUEREL. — Communication sur l'amé-
lioration de la Sologne 5a5
— Remarques à l'occasion d'un Mémoire de
M. Niepce de Saint-Victor, sur l'hélio-
chromie 697
BECQUEREL (A.). — Une récompense est
accordée à MM. Becquerel et Rodier, pour
leurs nouvelles recherches d'hématologie
(concours de Médecine et de Chirurgie). go5
— Dn encouragement est accordé à M. A. Bec-
querel pour ses observations sur l'emploi
des mercuriaux dans le traitement de la
fièvre lyphoïde (concours de Médecine et
deChirurgie) 911
BECQUEREL (Edmond).— Observations rela-
tives aux propriétés électrochimiques de
l'hydrogène 647
— Description d'une horloge thermomètre. .. 754
M. Becquerel est présenté par la Section de
Physique comme l'un des candidats pour
(
MM. P»8«'-
la place de professeur de Physique appli-
quée aux arts, vacante au Conservatoire
des Arts et Métiers 8o3
— M. Becquerel est désigné par l'Académie
comme le candidat qu'elle présente pour la
place de professeur de Physique , vacante
au Conservatoire des Arts et Métiers. . . . 8a3
BERTAGNINl(C).— Recherches sur les com-
binaisons formées par quelques huiles es-
sentielles avec les bisulfites alcalins 800
BERTHELOT (Marcellin). — Sur le bi-
chlorhydrate d'essence de térébenthine.. 736
BERTRAND (J.).— Sur un nouveau théorème
de mécanique analytique 698
BESNOU rappelle , à l'occasion d'une commu-
nication récente de M. Valade et de la re-
marque à laquelle elle avait donné lieu
de la part de M. Pelouze, les recherches
qu'il avait faites depuis longtemps sur la
composition de l'ammoniaque provenant
dola condensation des eaux d'usines à gaz. 856
BIENAYME est nommé à la place d'Académi-
cien libre, en remplacement de feu M. le
maréchal Marmont, duc de Baguse 10
— Décret du Président de la République
confirmant cette nomination 3;
BILLAUT. — Note concernant une boussole
marine de son invention , jouissant de la
propriété de tracer la route parcourue par
le navire , à l'aide d'un appareil à pointage
fonctionnant à courts intervalles 833
— Note sur la préparation des huiles desti-
nées aux besoins spéciaux de l'horlogerie. 962
BINET est nommé Membre de la Commission
chargée de l'examen des pièces adressées au
concours pour le grand prix des Sciences
mathématiques de l'année i85a 5i8
Membre de la Commission chargée de
proposer une question pour le grand prix
des Sciences mathématiques de i85.'f • • • ■ lhid.
BIOT. — Expériences ayant pour but d'établir
que les substances douées de pouvoirs ro-
tatoires, lorsqu'elles sont dissoutes dans
des milieux inactifs qui ne les attaquent
pas chimiquement, contractent avec eux
une combinaison passagère, sans propor-
tion fixe, laquelle impressionne toute leur
masse et subsiste tant que le système
mixte conserve l'état de fluidité î33
— Sur l'application de la théorie de l'achro-
matisme à la compensation des mouve-
ments angulaires que le pouvoir rotatoire
imprime aux plans de polarisation des
rayons lumineux d'inégale réfrangibilité. 6i3
— M. Biol demande à reprendre un paquet ca-
cheté qu'il avait déposé à la séance du 10
décembre i838, et donne, à l'occasion de
ce dépôt , quelques explications 636
C . R. , i85a, a""' Semestre. (T. XXXV.)
993)
MM. P„B„.
— M. Biot fait hommage a l'Académie d'un
exemplaire des articles qu'il a insérés
dans le Journal des Savants, sur la « Cor-
respondance de Newton et de Cotes » . . . . 464
— M. Biot est nommé Membre de la Com-
mission chargée de proposer une question
pour le grand prix des Sciences mathé-
matiques de 1854 5i8
BLANDET.— Sur l'emploi du chlorure de ba-
ryte pour la conservation des substances
animales aai
BLOCK ( Maurice ) .— Une mention honorable
est accordée à M. Block pour son livre
intitulé : « Des charges de l'agriculture»
(concours de Statistique de i85a) 893
BLOND AT. — Phénomène du mirage observé
d'une maison de la rue de Fleurus, le i3
juillet i852 io-j
BLONDEAO(Ca.). — Des eaux incrustantes
de Salles-la-Source , et des eaux sulfu-
reuses du Pont ( Aveyron ) ifa
BLONDEL. — Une mention honorable est
accordée à M. Blondel pour sa Statistique
comparée des épidémies cholériques de
i83a et de 1849 (concours de Statistique
de i852 ) 890
BLONDLOT. — Une récompense est accordée
à M. Blondlot pour ses recherches sur la
bile et le suc gastrique (concours de Mé-
decine et de Chirurgie de 1 852 ) 90a
BOBIERRE (A.). — Note sur les différences
observées dans l'emploi du noir animal en
agriculture ^p/>
BOCK(de). — Lettre concernant quelques ob-
servations faites sur un chien qu'on sup-
posait enragé 1 04
BOILLOT (Alexis).— Mémoire ayant pour ti-
tre : « Nouvelle théorie des parallèles ri-
goureusement établie » 190
BOINET. — Un encouragement est accordé
à M. Boinet pour l'emploi des injections
iodées dans le péritoine des malades at-
teints d'ascite ( concours de Médecine et
de Chirurgie de i852) 912
BOUISSON ( P. ) . —Réduction d'une luxation
ancienne de la mâchoire inférieure au
moyen du levier à plaques paraboliques.. 661
— Un encouragement est accordé à M. Bouts-
son pour un ouvrage intitulé : « Méthode
anesthésique appliquée à la chirurgie et
aux différentes branches de l'art de guérir »
(concours de Médecine et de Chirurgie de
i85a) , 911
BOUR (J.-E.-E.).— Le prix fondé par madame
de Laplaceest décerné à M. Bour sorti le
premier de l'Ecole Polytechnique, le a3
septembre i85i 894
BOURGERY. — Une récompense est accordée
i3o
MM
à feu M. Bourgery et à M. Jacob pour la
continuation du Traité d'anatomie (sys-
tème nerveux) qu'ils ont publié en com-
mun (concours de Médecine et de Chirur-
gie de i85a )
BOURQ. — Note sur une pluie rouge tombée
à Reims Examen de l'eau recueillie;
par M. Cahours
BOUSS1NG AULT . — Expériences ayant pour
but de déterminer la cause de la transfor-
mation du pain tendre en pain rassis....
— Mémoire sur la composition de l'air con-
finé dans la terre végétale (en commun
avec M.Leuy)
BRACHET. — Nouvelle Note sur les phares
lenticulaires
— Nouvelles Notes sur les microscopes . 1 5o et
— Suite à ses précédentes communications
sur la théorie de la vision, et sur les in-
struments d'optique 291, 3i3 et
— Dépôt de paquets cachetés dans les séances
du 5, du 12 et du 17 juillet.. 35, 64 et
— M. Braehet demande l'ouverture de deux
paquets cachetés qu'il avait déposés dans
la séance du 5 juillet
BRAME (Ch.). — Sur la structure des corps
solides ; Lettre à M. Babinet
— Sur la forme utriculaire et la cristallisa-
tion du phosphore
— Recherches sur les densités du soufre....
BRETONNEAU, de Tours. — Un prix de
2 5oo fr. est accordé à M. Bretonneau pour
avoir introduit la trachéotomie dans le
traitement des cas extrêmes de croup (con-
coursdeMédecineetdeChirurgiedei852).
BRIARD annonce avoir trouvé un nouveau
( 994)
Pages
901
832
588
765
64
229
671
io5
104
666
728
,48
908
MM. Pages,
moyen de fixer, dans l'éclairage électrique,
le point lumineux, et d'empêcher toute
vacillation 44*>
BRIËREdit avoir remarqué que la maladiedes
pommes de terre ne se montre jamais
dans des terrains sujets à être atteints par
l'eau de mer, et propose un moyen pro-
phylactique fondé sur cette observation . . 295
BUDGE. — Expériences démontrant que l'o-
rigine du nerf sympathique est dans la
moelle épinière 255
— De l'influence directe de la lumière sur les
mouvements de l'iris 564
— Le prix de Physiologie expérimentale est
partagé entre MM. Budgeel Waller, pour
leurs recherches concernant les fonctions
du système nerveux ganglionnaire 8g5
BUISSON — Notes concernant la part qu'au-
raient les insectes aux maladies épidé-
miques qui affectent les végétaux et les
animaux 64 et 104
— Lettre sur les causes des épidémies 47$
BUNSEN. — Études sur l'affinité chimique. . . 835
BURQ. — Sur un traitement préservatif et cu-
ratif du choléra, nouvelle application des
métaux à la médecine 670 et 707
BUSSY. — Rapport sur les travaux relatifs à
la recherche de l'iode, par M. Chalin,
et sur différentes Notes ou Mémoires pré-
sentés sur le même sujet, par MM. Mar-
chand, NU'pce, Meyrac 5o5
— M. Bussy présente une Note de M. Chiozza
sur l'acide valcrianique anhydre 568
BUTT1. — Foudre globulaire observée à Mi-
lan , en 184 1 (juin ) ig3
CAHOURS (A.). — Recherches sur le stan-
néthyle, nouveau radical organique ren-
fermantde l'étain (en commun avec M. A.
Biche) .' ni
— Examen de l'eau d'une pluie rouge tombée
à Reims 832
CALVERT. — Note sur la préparation du coke
destiné à la fabrication de la fonte j:>;i
CAMBACÉRÈS(J.) demande et obtient l'au-
torisation de reprendre un Mémoire sur
l'application des acides gras à l'éclai-
rage 335
CARVALLO (J.). — Étude sur la stabilité
des voûtes. (Rapport sur ce Mémoire;
Rapporteur M. Poncelet .) 636
CASASECA. — Mémoire sur les moyens pro-
pres à former des chimistes pratiques
( transmis par M . le Ministre de l'Instruc-
tion publique) 794
CASSAL (L.) se fa il connaître comme auteur
d'un Mémoire présenté dans une précé-
dente séance sous le titre de : « L'électri-
cité considérée comme agent universel ». 857
CAUCHY (Aug.) présente à l'Académie une
nouvelle méthode pour l'intégration des
équations linéaires aux dérivées par-
tielles, sous des conditions données rela-
tives aux limites des corps 297 et 322
— M. Cauchy présente de nouvelles recher-
ches où les principes établis dans les Mé-
moires précédents sont particulièrement
appliqués à la théorie des calorifères cy-
lindriques 34 1
— M. Cauchy présente un Mémoire sur plu-
MM.
sieurs nouveaux théorèmes d'analyse al-
gébrique
— M. Cauchy présente divers Mémoires sur le
mouvement de rotation d'un corps solide,
et en particulier d'un corps pesant autour
d'un point fixe
— A l'occasion d'une communication de
M . Liouville sur les fonctions gamma de
Legendre , M. Caucliy rappelle le Mé-
moire déposé par lui sur le même sujet,
dans la séance du 28 août 1843
— Remarques à l'occasion d'une Note de
M. Lamé sur la théorie de l'élasticité des
corps solides
— M. Cauchy présente , au nom de M. de Po-
lignac, une addition aux recherches du
môme auteur sur les nombres premiers.
— M. Cauchy est nomme Membre de la Com-
mission chargée de l'examen des pièces
adressées au concours pour le grand prix
des Sciences mathématiques de l'année
i85a
— Et de la Commission chargée de proposer
une question pour le grand prix des
Sciences mathématiques de i854
CHACORN AC. — Découverte d'une nouvelle
planète, faite à Marseille, le 20 septem-
bre (Extrait d'une Lettre de M. Valz à
M. Arago)
— Une médaille de la fondation de Lalande
est décernée à M. Chacornac pour celte
découverte (concours de iS.Vj).
CHAMOLLE. — M; le Ministre de l'Instruc-
tion publique transmet divers Mémoires
imprimés et manuscrits de M. Chamolle,
concernant des projets d'application de
l'électricité à l'industrie
CHANCEL (G.). — Recherches sur les com-
binaisons de l'acide sulfurique avec les
matières organiques (en commun avec
M. Gerhardt)
CHAPSAL (l'abbé). — Mémoire ayant pour
titre : « Sur un fluide électro-animal
polarisé, observé dans le corps humain ».
CHARL1ER. — Documents relatifs à de précé-
dentes communications sur la castration
des vaches par le vagin. — Résultats d'une
opération semblable pratiquée sur une
jument
CHASLES. — En faisant hommage à l'Aca-
démie d'un exemplaire de l'ouvrage qu'il
vient de publier sous le titre de : « Traité
de Géométrie supérieure», M. Chasles
indique les points principaux par les-
quels cet ouvrage, nouveau par le titre,
peut l'être aussi à d'autres égards
CHAT1N (Ad.). — Etudes expérimentales sur
l'action des sets, des bases, des acides et
127
368
( 995 )
P«g.-J. MM. Page
des matières organiques sur la végétation. 786
588 CHATIN. —Recherche comparative de l'iode
et de quelques autres matières dans les
eaux qui alimentent Paris, Londres et
Turin £f> et
940 — Rapport sur ces recherches ; Rapporteur
M. Bussy 505
CHENOT communique les résultats auxquels
il est arrivé dans des essais ayant pour
objet la recherche d'un remède à la mala-
322 die des raisins
- A l'occasion d'un3 Note de M. Colvert,
présentée dans la séance du 27 septem-
463 bro, M. Chenot prie l'Académiedo vouloir
bien lui désigner une Commission à la-
quelle il soumettra les résultats de ses
333 recherches sur la préparation des houilles
pour la fabrication de la fonte. . 47" et
— Lettre concernant un précédent Mémoire
de l'auteur sur la préparation de combus-
1 ibles propres à remplacer le charbon de
5i8 bois
CHEKONNET (V.ï. - Expériences sur l'ap-
pareil de ventilation d'été, construit par
5i8 M. Dut'oir-Leblanc, pour la salle des séan-
ces de l'Académie des Sciences de l'Insti-
tut
CHEVALLIER (A.).— Mémoire sur l'hygiène
435 des ouvriers qui travaillent les coquilles
de nacre de perle (en commun avec
M. Makier)
873 CHEVREUL. — A l'occasion d'une question
de M. Thenard sur l'efficacité des divers
moyens proposés contre la maladie de la
vigne, M. Chevreul dit que le sulfure de
calcium avec excès de chaux a été employé
427 avec succès, et que, dans certains cas,
l'insufflation de fleur de soufre sur la
vigne humectée a été aussi pratiquée avec
avantage 270
690 — M- Chevreul présente une Note de M. Cal-
l'en, sur la préparation du coke destiné à
la fabrication de la fonte 433
690 CHIOZZA (L.). — Recherches sur les radi-
caux oxygénés 22s
— Sur l'acide valérianique anhydre........ 56S
— Sur une combinaison de l'acide pélargo-
nique avec le bioxyde d'azote 797
2Ô7 — Sur les acides caprylique et pélargonique
anhydres 8(35
CHRISTOL (de).— Sur l'anatomie comparée
des Solipèdes vivants et fossiles 565
CHRISTOPHE. — Lettre accompagnant l'en-
voi d'un ouvrage intitulé : « Exposition
de la doctrine des impondérables » 868
CLAVEL. — Description et figure d'un hé-
liostat portant un réflecteur de très-
grandes dimensions, et qui est destiné à
i3o..
521
670
344
398
MM.
faire pénétrer la lumière solaire dans des
appartements obscurs 604 et
COLIN (G.)- — Mémoire sur les phénomènes
sensibles de la rumination
COMBESCURE. - Mémoire sur la théorie
des tautochrones
CONSEILLER D'ÉTAT, DIRECTEUR DE
L' AGRICULTURE ET DU COMMERCE
(le) invite, au nom du Ministre, l'A-
cadémie à présenter, conformément à
l'article 20 de l'arrêté du Ier septembre
1843, une liste de candidats pour une
place de professeur de Physique, devenue
vacante au Conservatoire des Arts et Mé-
tiers
< OOPER Lettre à M. Arago sur les cartes
célestes de l'observatoire de Markree
CORNUEL. — Sur un éclair de forme parti-
culière
— M. Cornuel adresse un échantillon cristal-
lisé de fer fondu, retiré de l'intérieur d'un
four à pudler du fourneau de Cirey-sur-
Rlaize
CORVISART (Lucien). — Recherches ayant
pour but d'administrer aux malades qui
(996)
P.ges.
i3o
757
834
738
961
33o
10/1
MM. Pages.
ne digèrent point, des aliments tout digé-
rés par le suc gastrique des animaux: al-
bumine d'œuf 244 et
COULIER. — A l'occasion d'une communica-
tion faite en février i85a, sur le pouvoir
décolorant du charbon, M. Coulier rappelle
qu'il a traité la même question dans une
Note présentée à l'Académie en 1822. . . .
— A l'occasion d'un Rapport sur un Mémoire
de M. Lecanu ( Nouvelles études chimiques
surlesang), M. Coulier appelle l'attention
sur un travail de môme nature, publié, il
y a plusieurs années, par MM. Coulier fils
et Roucher ^67
COULVIER-GRAVIER. — Étoiles filantes du
mois d'août 266
COUSTÉ. — Recherches sur l'incrustation
des chaudières à vapeur alimentées à l'eau
de mer 186
CROCHUT. — Mémoire intitulé : « Descrip-
tion d'une machine aérienne dirigeable
par l'air » 3yg
CRUSELL. — Dépôt d'un paquet cacheté
(séance du 11 juillet) 64
D
D'A BBADIE (Antoine) est présenté par la
Section de Géographie et de Navigation
comme l'un des candidats pour une place
vacante de Correspondant 64
— M. d'Abbadie est nommé Correspondant
de l'Académie 91
M. d'Abbadie adresse ses remerciments à
l'Académie 142
DALMAS. — Note sur la cause de la maladie
de la vigne et de la pomme de terre, et
sur les moyens d'y remédier. . . . 604 et 834
DARESTE (C. ) . — Mémoire sur un chat iléa-
delphe à tête monstrueuse 3a5
— M. Dareste demande et obtient l'autorisa-
tion de reprendre ce Mémoire qu'il se
propose de publier 4°3
OAUBRÉE, doyen de la Faculté de Stras-
bourg, prie l'Académie de vouloir bien
comprendre la bibliothèque de cette Fa-
culté dans le nombre des établissements
scientifiques auxquels elle fait don du
Compte rendu hebdomadaire de ses
séances 868
DAUMAS (le général). — Une mention ho-
norable est accordée à M. Doumas pour
ses publications sur l'Algérie (concours
de Statistique de 1802' 892
DAVAINE. — Une récompense est accordée
à M. Davaine pour ses recherches sur la
paralysie double de la face (concours de
Médecine et de Chirurgie) 90G
DAVID (Claude). — Réclamation de prio-
rité à l'occasion d'une communication de
M. Manneville, sur la confection des joints
pour les douves des tonneaux 794
DÉAN demande que l'Académie veuille bien
se faire rendre compte d'un travail inti-
tulé : « L'hélice dans les courbes plané-
taires » 565
DELAHAYE (N.-B.). — Dépôt d'un paquet
cacheté (en commun avec M. L. Krafft)
( séance du 5 juillet) 35
— Note sur la soude hydrosilicaléc rencontrée
cimentant un amas bréchiforme dans les
sables de Sablonville (en commun avec
M. L. Krafft) '4^
DELANOUE — Note sur l'existence probable
des terrains salifères dans le nord de la
France 85o
DE LA ROQUETTE transmet deux Notes,
l'une de M. Oswell, l'autre de M. Arnaud,
sur une mouche venimeuse, du Sennaar.
56o et 6o3
DELASIAUVE adresse une indication des
points qu'il considère comme neufs dans
diverses publications qu'il présente au
MM. P«8'»-
concours pour les prix de Médecine et de
Chirurgie 333
DELESSE. — Note sur les variations des
roches granitiques ig5
— Recherches sur les roches globuleuses 274
DELFRAYSSÉ. — Considérations concer-
nant l'influence du moral sur le physique. 61 1
DEM ARQUAY . — Une récompense est accor-
dée & MM. Démarqua?, A. Duméril et Le-
cointe pour leurs expériences concernant
les modifications imprimées à la tempéra-
ture animale par l'introduction des médi-
caments dans l'économie (concours de
Médecine et de Chirurgie de i85a) 90a
DÉMIDOFF. — Lettre concernant les obser-
vations météorologiques faites par ses
ordres à Nijné-Taguilsk, et l'érection
prochaine, dans le même lieu, d'un obser-
vatoire météorologique et magnétique. . . 21
DEMONVILLE (de) prie l'Académie de vou-
loir bien renvoyer à l'examen d'une Com-
mission un appareil qu'il lui présente et
qu'il désigne sous le nom de pendule gy-
roscopique 857
DERBÈS remercie l'Académie pour l'envoi
d'un certain nombre d'exemplaires du
Mémoire qui lui est commun avec M. So-
lier, et qui, honoré d'un prix au concours
de 1847, a été imprimé dans le Recueil
des Savants étrangers 867
DESPRETZ. —Dixième communication sur
la pile 449
— NoteenréponseàM. Langberg, de Christia-
nia. Nouveaux nombres sur la propagation
de la chaleur dans les corps 54o
DESURMONT. — Détails sur un incendie
éteint au moyen de la vapeur d'eau , pro-
cédé de M. Dujardin 706
DEV1LLE. Voir à Sainte-Claire Deville.
DEVOY.— De l'emploi thérapeutique des sé-
minoïdes de ciguë et de la conicine dans
les affections cancéreuses et les engorge-
ments réfractaires 793
DIDIER demande et obtient l'autorisation de
reprendre un Mémoire sur la prothèse
dentaire, qu'il avait précédemment pré-
senté 671
DIEU. — Analyse du pendule simple, abstrac-
tion faite de la résistance de l'air, et eu
égard à la rotation de la Terre; — mou-
vement d'un point matériel libre dans
les mêmes circonstances 792
DIRECTEUR GÉNÉRAL DES DOUANES
(le) adresse, pour la Bibliothèque de
l'Institut, le « Tableau général du com-
merce de la France avec ses Colonies et
les Puissances étrangères, pendant l'an-
née i85i » 36o
( 997 )
I MM. pog€i
— M. le Directeur général des Douanes adresse,
pour la Bibliothèque de l'Institut, un
exemplaire du «Tableau général du mou-
vement du cabotage en i85i » 6o5
DOME"ÏKO. — Des échantillons de divers
minerais d'argent des environs de Co-
quimbo (Chili), adressés par ce géologue
pour l'École des Mines, sont mis sous
les yeux de l'Académie par M. Dufrénoy. 5o
DUCHARTRE (P.). - Note sur des feuilles
ramifères de tomates 7[g
— Note sur la germination des céréales récol-
tées avant leur maturité cAo
— M. Duchartre est présenté par la Section de
Botanique comme l'un des candidats pour
la place vacante par suite du décès de
M. Richard yfo
DUCHENNE, de Boulogne. — Recherches
électro-physiologiques et pathologiques
sur les fonctions des muscles qui meu-
vent l'épaule sur le tronc, et le bras sur
l'épaule 286
DUFRÉNOY présente, au nom de M. Do-
meyko, professeur de Chimie au collège
de Valparaiso, une série de minerais des
mines d'argent des environs de Coquimbo,
série qui renferme deux espèces minérales
nouvelles 50
— M. Dufrénoy offre à l'Académie, au nom
de M. G. Rose, présent à la séance, un
exemplaire de l'ouvrage que ce savant a
publié sous le titre de « Système de Miné-
ralogie cristallographique» 3*3
DUHAMEL est nommé Membre de la Com-
mission chargée de l'examen des pièces
adressées au concours pour le grand prix
des Sciences mathématiques de l'année
^52 518
DUJARDIN, de Lille. — Sur l'emploi de la
vapeur d'eau pour éteindre les incendies à
bord des navires ( Lettre à M. Arago). 368 et 70;')
— M. Dujardin demande que son système de
télégraphie électrique soit examiné par la
Commission nommée, sur la demande de
M. le Ministre de l'Intérieur, et chargée de
s'occuper de la question des télégraphes
électriques 8/0
DUMAS présente, au nom des auteurs .-
— Un Mémoire de M. Girard&ur un nouveau
procédé d'étamage du fer 56
— Une Lettre de M. Hofmann, sur la pré-
sence de la triméthylamine dans le jus
extractif des harengs salés 62
— Une Lettre de M . Levol sur le moyen de
séparer pur, de l'argent à l'état de fusion ,
l'oxygène qu'il a absorbé au contact de
l'air 63
MM.
DUMAS présent?, au nom des auteurs, un Mé-
moire de M. Maumené sur l'analyse des
huiles au moyen de l'acide sulfurique. . .
— Et un Mémoire de M. Bunsen, sur l'affinité
chimique
DUMÉRIL. — Instructions pour une expédi-
tion scientifique qui doit se faire dans
l'Amérique du Sud, sous la direction de
M. Emile Deville. (Partie zoologique. ) .
— Mémoire sur une espèce de serpent à
coiffe {Naja haje), présenté vivant à l'A-
cadémie
— Mémoire sur la classification des reptiles
de l'ordre des Serpents
M. Duméril présente à l'Académie un Mé-
moire de M. Aug. Duméril sur les Raies
électriques
DUMÉRIL ( Aug.).— Monographie delà tribu
des Torpédiniens ou Raies électriques. . .
— Mémoire sur un nouveau genre de reptiles
sauriens, de la famille des Chalcidiens(le
Lépidophrme ) , et sur le rang que les Am-
phisbén iens doivent occuper dans la classe
des Reptiles
— Description des reptiles nouveaux ou im-
parfaitement connus de la collection du
Muséum d'Histoire naturellede Paris, et
remarques sur la classification et les ca-
ractères des Reptiles
— Une récompense est accordée à MM. A.
Duméril, Demarquay et Lecointe pour
leurs expériences concernant les modifi-
cations imprimées à la température ani-
male par l'introduction des médicaments
dans l'économie (concours de Médecine
et de Chirurgie de i85s)
DU MONCEL. — Mémoire sur le magnétisme
dynamique
Expériences sur les réactions réciproques
de l'électricité statique et de l'électricité
dynamique, et sur leurs effets à l'égard des
aimants
Expériences sur les relations réciproques
de deux courants voltaïques existant si-
multanément dans le même circuit. Note
sur la manière différente dont s'exerce
l'induction par les courants magnétique
ou voltaïque, suivant que les corps mé-
talliques qui en subissent l'effet présen-
tent ou ne présentent pas d'éléments con-
tinus de surfaces opposées propres au
développement de l'électricité statique. . .
— Mémoire sur le magnétisme statique et le
magnétisme dynamique
— Expériences sur les courants électriques
(circuits greffés)
— Note ayant pour titre : « Système de caril-
(998 )
Pages.
692
835
86
485
621
222
395
470
902
54
3o8
333
35}
5i8
Ion électrique propre à la sonnerie des
cloches de signal dans les grands établis-
sements, aux différentes heures où il en
est besoin 1
DUMOULIN (Se). —Procédé pour la prépa-
ration de la colle-forte liquide
DUPIN fait hommage à l'Académie d'un exem-
plaire du Rapport qu'il a fait, au nom de
la huitième Commission du jury, sur une
partie de la grande Exposition de l'Indus-
trie à Londres ; . . .
DUPRE. — Mémoire sur la résolution des
équations numériques
DUPUIS. — Mémoire ayant pour titre: « Dis-
cussion du paradoxe hydrostatique et ex-
périences faites à cette occasion »
DUPUY-DELCOURT.-Description et figure
d'un appareil destiné à soutirer l'électri-
cité des nuages porteurs de grêle
DUR AN prie l'Académie de vouloir bien hâter
le travail de la Commission à l'examen de
laquelle a été renvoyé un Mémoire sur la
physique générale, qu'il a autrefois pré-
senté
DURAND, de Caen. — Recherches concernant
l'accroissement en diamètre des tiges. . . .
DUSSERT. — Lettre relative à la maladie des
pommes de terre
DUSSUGUES écrit par erreur pour
DUSSURGEY. — Note sur la cause de la ma-
ladie de la vigne et de la pomme de terre,
et sur les moyens d'y remédier
— M. Dussurgey&e fait connaître comme au-
teur de cette Note, qu'une signature peu
distincte avait fait iascrire sous le nom
de Dussugues
DUVERNOY.— Note sur les fouilles que l'ad-
ministration du Muséum d'Histoire natu-
relle a fait exécuter dans la colline de
Sansan, département du Gers, sous la
direction de M. Laurillard
— Suite des Mémoires sur le système nerveux
des Mollusques acéphales lamellibranches
ou bivalves
— Note sur les trois espèces d'Orycléropes qui
existent en Afrique
— Rapport sur un Mémoire ayant pour titre :
a Détermination des parties qui consti-
tuent l'encéphale des Poissons » ; par
MM. Philipeaux et Yulpian
— Rapport verbal sur la première livraison
d'un ouvrage de M. Wagner, concernant
l'anatomie microscopique des Animaux
et le développement des Vertébrés, ou-
vrage dont M. Ecker publie une seconde
édition entièrement refondue
P.gts
689
444
747
759
433
142
399
252
104
604
74°
"9
7:5
169
548
( 999 )
E
MM. Pages.
EDWARDS (Milne), à l'occasion d'une Note
de M. Guy on sur un lépidoptère qui at-
taque les blés dans l'Algérie, mentionne
un travail récent de M. Doyère sur les in-
sectes nuisibles à l'agriculture 758
— M. Milne Edwards présente une Note de
M. de Christol sur l'anatomie comparée
des Solipèdes vivants et fossiles 563
ÉLIE DE BEADMONT.— Instructions pour
MM. PaSt..
une expédition scientifiquequidoitse faire
dans l'Amérique du Sud, sous la direction
de M. Emile Deville. ( Partie géologique.) 8S
— M. Élie de Beaumont fait hommage à l'A-
cadémie d'un exemplaire de l'ouvrage qu'il
vient de publier sous le titre de : « No-
tice sur les systèmes de montagnes » 298
ESPERT (Madame).— Note sur un tonnerre en
boule, observé à Paris en juin 1849 '92
FABRE-MASSIAS. — Corrélation entre les
grandes émissions de vent d'Afrique (si-
rocco) et les inondations du Rhin, du
Rhône et de la Loire (Lettre à M. Arago). 44 1
FAUCONNEAU-DUFRESNE.-Une récom-
pense est accordée à M. Fauconneau-Du-
fresne pour son Traité de l'affection cal-
culeuse du foie et du pancréas (concours
do Médecine et de Chirurgie ) 907
FAVRE (P.-A.). — Recherches sur la compo-
sition chimique de la sueur chez l'homme. 72 1
FAYE. — Remarques sur une communication
de M. Babinet, et extrait d'une Lettre de
M. Renou 5
— Note sur les derniers résultats publiés par
M. de Struve, relativement à la 61e du Cy-
gne 741
— Remarques à l'occasion d'une communica-
tion de M. le Ministre de l'Intérieur, con-
cernant la télégraphie électrique 820
— Note sur une nouvelle détermination de la
parallaxe de l'étoile d'Argelander; par
M. Wichmann 85q
— M. Faye, qui avait été chargé de prendre
connaissance d'un Mémoire de M. Déan,
annonce que ce Mémoire a été imprimé,
et qu'ainsi il ne peut devenir l'objet d'un
Rapport 673
— M. Faye, également chargé de prendre con-
naissance de diverses communications de
M. Nascio, de Messine, concernant des
éphémérides luni-solaires, déclare que ce
travail n'est pas de nature à devenir l'ob-
jet d'un Rapport Ibid.
— M.ffyecommunique l'extrait d'une Lettre
de M. Petersen, contenant les éphéméri-
des de la seconde comète de i85i 3oo,
— Et l'extrait d'une Lettre du P. Secchi,
concernant des observations héliométri-
ques 6o5
FERMOND (Ch.).— De la symétrie considérée
dans les trois règnes delà nature. 853 et g44
FERRET est présenté par la Section de Géo-
graphie et de Navigation comme l'un des
candidats pour une place vacante de Cor-
respondant 64
— M. Ferret est présenté par la Section de
Géographie et de Navigation comme l'un
des candidats pour la place de Correspon-
dant, vacante par suite du décès de M. le
contre-amiral Bérard 740
FILHOL. — Recherches sur les eaux minérales
sulfureuses de Bagnères-de-Luchon et de
Labassère, suivies de considérations gé-
nérales sur les eaux sulfureuses des Pyré-
nées. (Rapport sur ce Mémoire; Rappor-
teur M. Balard.) 37
— Examen de la graisse et des concrétions
trouvées dans le corps d'un éléphant fe-
melle (en commun avec M. N. Joly).. .. 3g3
FLEDREAU. — Note faisant suite à ses pré-
cédentes communications concernant la
Tocomotion aérienne et la navigation par
la vapeur 67 1
FLEURY (L.). — Météores ignés observés à
Cherbourg, le i5 janvier t85o 353
— Note sur deux modifications de la pile de
Bunsen, dont l'une augmente la conduc-
tibilité intérieure, et l'autre la tension
(en commun avec M. Mais) 802
FLOORENS annonce à l'Académie, d'après
une Lettre do M. Aubry, la perte qu'elle
vient de faire dans la personne d'un de ses
Correspondants, M. Welter, décédé à
Paris , le 6 juillet 1 852 , à l'âge de quatre-
vingt-neuf ans 37
— M. Flourens annonce à l'Académie la perte
qu'elle vient de faire dans la personne
d'un de ses Correspondants pour la Sec-
( IOOO )
MM. P«g"-
tion de Physique, M. de Haldat 781
— M. Flourens, communique une Lettre de
M. Montagne, sur un parasite qui, en se
développant à la surface de certaines sub-
stances, les fait paraître couvertes de sang. l45
— M. Flourens annonce qu'en vertu d'une
décision de l'Académie , il ne sera plus
l'ait mention, dans le Compte rendu im-
primé de ses séances, des dépôts de pa-
quets cachetes 335
— M. Flourens communique une Lettre dans
laquelle M. Mitscherlich, récemment
nommé à une place d'Associé étranger,
prie M. le Secrétaire perpétuel de vou-
loir bien transmettre à l'Académie l'ex-
pression de sa reconnaissance 143
— M. Flourens met sous les yeux de l'Aca-
démie un opuscule imprimé de M. Budge,
contenant quelques réclamations à l'égard
d'un autre physiologiste, M. Waller, que
l'auteur a eu pour collaborateur dans un
travail précédemment présenté à l'Acadé-
mie 401
— M. Flourens donne communication d'une
Lettre de M. Lemaistre, d'Aboville, accom-
pagnant l'envoi de manuscrits du P. Cotte,
relatifs à la météorologie /(;s
— M. Flourens, en signalant, parmi les pièces
imprimées de la correspondance, un Mé-
moire de M. Mayer, sur les organes vo-
caux de l'homme et des mammifères, rap-
pelle que ce travail, présenté manuscrit à
l'Académie, en 1843, a été honoré par
elle d'une récompense ^33
— M. Flourens présente , au nom de l'auteur,
M. de Humboldt, et du traducteur, M. Ga-
lusky, le troisième volume du Cosmos.... 841
FOCK adresse, pour faire suite à son travail
sur la stature et les proportions du corps
de l'homme , des recherches sur les formes
de la tète osseuse 61 et 669
FOLLIN. — Une récompense est accordée à
M. Follin pour ses recherches sur les corps
de Wolf (concours de Médecine et de Chi-
rurgie de i85s) 901
FORCHH AMMER adresse , au nom de la So-
ciété royale des Sciences de Danemark,
trois des nouvelles publications faites
MM. P,gt.
par cette Société 36o
FORDOS(M.-J.). — Note sur l'analyse com-
merciale du cyanure de potassium (en
commun avec M. A. Gèlis) 224
FOUCAULT (Léon).— Sur une nouvelle dé-
monstration expérimentale du mouve-
ment de la Terre, fondée sur la fixité du
plan de rotation 4a'
— Sur les phénomènes d'orientation des corps
tournants , entraînés par un axe fixe à la
surface de la Terre. — Nouveaux signes
sensibles du mouvement diurne 424
— Démonstration expérimentale du mouve-
ment de la Terre. Addition aux précé-
dentes communications 4°9
— Sur la tendance des rotations au parallé-
lisme . 602
— M. Foucault est présenté par la Section de
Physique comme l'un des candidats pour
la place de professeur de Physique appli-
quée aux arts, vacante au Conservatoire
des Arts et Métiers 8o3
FOURCAULT prie l'Académiede vouloir bien
hâter le travail de la Commission à l'exa-
men de laquelle a été renvoyé son Mé-
moire sur les irrigations générales, sur
la télégraphie sous-fluviale, etc 44^'
FOURNERIE. — Essai sur l'application du
système métrique à la tonnellerie. (Rap-
port sur ce Mémoire ; Rapporteur M. Ma-
thieu. ) 201
— Une copie du Mémoire de M. Fournerie
est transmise à l'Académie par M. le
Ministre de l'Intérieur 399
— Description d'une balance à bascule, desti-
née à prévenir les fraudes sur le poids
dans le commerce de détail 94^>
FREMY (E.). — Recherches sur les sulfures
décomposables par l'eau 27
FRESNEL (Léonor). — Sur la question de
priorité concernant l'application de la ré-
flexion totale aux appareils d'éclairage
des phares (Lettre à M. Arago) 364
FRESTEL. — Dépôt d'un paquet cacheté
(séance du 12 juillet) 64
FUSZ. — Description et figure d'une voiture
destinée au transport des veaux 7S6
GA1ETTA. — Mémoire ayant pour titre :
« Du magnétisme terrestre et intersi-
déral, ou cosmique» 35
— Note sur la variation de la teinte générale
de l'atmosphère aux diverses époques de
l'année 64
GAIETTA. — Considérations sur la cause des
étoiles filantes et des aérolithes 197
— Note sur les apparences lumineuses des
comètes 3 1 2
— Note sur un projet de défense militaire de
la France; — Note sur le rôle que joue
( I
MM. paçM.
l'électricité dans certains phénomènes as-
tronomiques 369
GAIKTTA. —Nouvelle Note sur l'établisse-
ment militaire de la France, et notam-
ment sur des modifications proposées
pour l'artillerie ; — Projet d'établissement
maritime pour la France \ \ 5
— Considérations sur les moyens propres à
favoriser l'extension et la propagation des
sciences, et sur certains projets d'utilité
publique 671
GA1GNEAU réclame, en faveur de MM. Slaite
et Pétrie , la priorité relativement à un
procédé pour corriger les variations d'in-
tensité de la lumière électrique 739
GALINIER est présenté par la Section de
Géographie et de Navigation comme l'un
des candidats pour une place vacante de
Correspondant 64
— M. Galinier est présenté par la Section de
Géographie et de Navigation comme l'un
des candidats pour la place de Corres-
pondant, vacante par suite du décès de
M. le contre-amiral Bérard 74°
GALY-CAZALAT. — Nouvelle machine os-
cillante, sans piston ni soupapes, mise
en mouvement par les forces combinées
de la vapeur et des gaz engendrés par la
combustion , ou par la vapeur et l'air, di-
latés à de très-hautes températures 38a
GARNIER (Ch.). —Recherches sur les rap-
ports entre le poids atomique moyen des
corps simples et leur chaleur spécifique.. 278
GASPARIN (de) fait hommage à l'Académie
d'un exemplaire du second volume de son
« Traité d'Agriculture » 222
GASPARIS (de). — Découverte d'une nou-
velle planète ( Lettre à M. Arago ) 478
— Une médaille de la fondation de Lalande
est décernée à M. de Gasparis pour cette
découverte (concours de i852) 873
GAUDICHAUD (Ch.). — Réponses aux ob-
servations faites dans les séances du 3 1 mai
et du 21 juin , par MM. Ach. Richard, Ad.
Brongniart et Ad. de Jussieu 69 et 1 53
GAUTIER (E.). — Éléments de l'orbite de la
comète III, 1847, découverte par M. Mau-
vais (communiqués par M. Le Verrier). . . 948
GAYOT. — Mémoire sur la production des
races chevalines de demi-sang 793
— Une mention honorable est accordée à
M. Gayot pour son Atlas statistique de
la production des chevaux en France
(concours de Statistique) 883
GELIS (A ). — Note sur l'analyse commer-
ciale du cyanure de potassium (en com-
mun avec M. M.-J. Fordos) 224
GERARD. — Mémoire sur divers procédés
C. R., 1352, 2m« Semestre. (T. XXXV.)
OOI )
MM. P,g«.
pour le travail du caoutchouc et la fabri-
cation du sulfure de carbone 257
GERHARDT. — Recherches sur les combinai-
sons de l'acide sulfuriqueavec les matiè-
res organiques (en commun avec M. G.
Chancel ) 690
G1DEI. et Paillet consultent l'Académie
pour savoir si un nouveau système de
tuiles en fonte, pour lequel ils sont bre-
vetés , ne rendrait pas les bâtiments qui
en seraient couverts, plus exposés à la
foudre que les toitures ordinaires 523
. GIOVANINI (G.). — Description et figurede
trois instruments nouveaux désignés sous
les noms de trépan-scie , de scie ostéoto-
mique et de cuiller ostéotomique 733
GIRARD. — Note sur un nouveau procédé d'é-
tamage du fer (communiquée par M. Du-
mas) 56
GIRARD. — Remarques concernant des in-
sectes trouvés sur des pommes de terre
malades 335
GIRARD (L.-D.). — Chemin de fer hydrau-
lique avec distribution d'eau et irriga-
tions 217
GOLDSCHMIDT (Hembann) —Nouvelle pla-
nète découverte le |5 novembre. 757 et 795
— Une médaille de la fondation de Lalande
est décernée à M. Goldschmidt pour cette
découverte 873
GOODRICH, consul des États-Unis d'Amé-
rique , demande , an nom d'un de ses com-
patriotes, des renseignements surunpré-
tendu prix qu'aurait proposé l'Académie
des Sciences pour la découverte du mou-
vement perpétuel 610
GOU1LLAUD (H.-J.).- Note sur la conduc-
tibilité des métaux pour la chaleur 699
GOUJON. — Observations faites à l'Observa-
toire de Paris, les 18 et 20 novembre 1 852,
d'une planète découverte, le i5 du même
mois, par M. Hermann Goldschmidt. .. . 757
GOULIER. — Dépôt d'un paquet cacheté
(séance du 19 juillet) io5
GOURAUX (A.). — Mémoire ayant pour ti-
tre : « De la pentadactylie chez les ani-
maux domestiques » 853
GRAHAM (A.). — Observations faites au
grand équatorial de l'observatoire de
M. E. Cooper, à Markree (communi-
quées par M . Le Verrier) 258
GDEliADD et Talbot. — Leur « Petite géo-
graphie de la Loire-Inférieure» obtient
une mention au concours pour le prix de
Statistique, année i852 293
GUÉRIN-MÉNEVILLE annonce, de Gênes,
le résultat des premières observations
qu'il a faites en Italie sur les insectes qui
i3i
( 1002 )
MM. Page»,
attaquent l'olive 104
GUÉRIN-MÉNEVILLE. — Observations sur
la maladie de la vigne, faites en Pié-
mont, en Italie et dans la France mé-
ridionale 322
— Résultats des éducations pour l'acclimata-
tion des nouvelles races et l'étude des vers
à soie, faîtes, en i852, à la magnanerie
expérimentale de Sainte-Tulle (en com-
mun avec M. Eug. Robert) 264 et 292
GUERY. — Note sur une masse de fer météo-
rique trouvée près d'Épinal, le 7 juil-
let i85i ; transmise par M. Haxo, secré-
taire perpétuel de la Société d'émulation
du département des Vosges 289
GU1BAL. — Lettre concernant sa machine à
défoncer 6o3
MM. Pages .
GUILBAUD. — Note sur un moyen destiné à
permettre aux jeunes aveugles de pren-
dre part aux travaux de la typographie. . . 756
GUY ON . — Sur la principale cause des violen-
tes douleurs qui existent dans l'ophthal-
mie purulente, et sur un moyen propre à
les faire cesser immédiatement 3o6
— Note sur un calcaire des Portes-de-Fer qui
semble avoir des rapports avec le marbre
numidique des anciens 3o8
— Procédé pour faire cesser les crampes des
cholériques 402
— Sur une petite phalène dont la larve a
exercé en i852 des ravages sur le blé et
l'orge dans les colonies agricoles des en-
virons de Mostaganem 55g et 738
HALDAT (de). — Note ayant pour litre :
« Examen du fantôme magnétique et de
ses usages » 126
— M. de Haldat annonce l'envoi de plusieurs
exemplaires d'un ouvrage sur le magné-
tisme, qu'il vientde faire paraître, et dans
lequel il a réuni tout ce qu'il avait publié
depuis longtemps sur ce sujet 747
H AMMAN.— Un paquet cacheté, déposé par
lui le 10 mars et ouvert sur sa demande
dans la séance du ie octobre, contient
une Note concernant un appareil destiné
à faire ressortir les effets de la fixité du
plan de rotation dans un mouvement
très-rapide 5a 1
HANSEN. — Note ayant pour titre : « Nou-
velle solution du problème de Kepler » . . 746
HÉBERT (E.). — Note sur la limite qui sé-
parele terrain crétacé du terrain tertiaire. 86a
HENRY (Ossian). —A l'occasion d'un Rap-
port fait dans la séance du 1 1 octo-
bre i852 sur les travaux deM. Chatin, con-
cernant la présence de l'iode dans l'air,
les eaux et les substances alimentaires ,
M. Ossian Henry adresse une réclamation
de priorité fondée sur la publication,
qu'il a faite en 1844, de travaux exécutés
déjà depuis deux ans et qui établissaient
la présence de l'iode dans diverses eaux
minérales 833
HERM1TE. — Note sur l'extension du théo-
rème de M. Sturm à un système d'équa-
tions simultanées 52
HIND.— Découverte d'une nouvelle planète
dans la soirée du 22 août (communiquée
par M . Arago ) ... 3o8
— Lettre à M. Le Verrier, annonçant la décou-
verte, faite le 18 novembre i85a, d'une
autre planète 758
— Une médaille de la fondation de Lalande
est décernée à M. Hind pour sa découverte
de nouvelles planètes (concours de 1 852 ). 873
— Nouvelle planète découverte par lui , le
i5 décembre i85a; Lettre à M. Ârago... g4o
H1RSCHFELD (L.).— Une récompense est
accordée à M. Hirschfeld pour son travail
sur l'anatomie du système nerveux ( con-
cours de Médecine et de Chirurgie )..... 901
HOFMANN . —Sur la présence de la triméthy-
lamine dans le jus extractif des harengs
salés 62
HOUSEZ . — Considérations sur des rapports
que l'auteur suppose exister entre le nom-
bre de certains astres errants et celui qui
exprime les intervalles des sons musi-
caux 962
HULOT présente une reproduction galvano-
plastique d'une planche gravée au burin.. 867
INSTITUTION SMITHSONIENNE(l'), eu
adressant une nouvelle série de ses publi-
cations et divers autres travaux de Socié-
tés scientifiques américaines, exprime le
( ioo3 )
MM. Pages.
désir d'être comprise dans le nombre des
établissements auxquels l'Académie fait
don de ses publications .
Page..
JACOB prie l'Académie de vouloir bien com-
prendre dans le nombre des ouvrages ad-
mis à concourir pour les prix de la fonda-
tion Montyon , le troisième et dernier
volume du « Traité complet de l'anatomie
de l'homme », qu'il a publié de concert
avec feu M. Bourgery 1 5o
— Une récompense est accordée à M. Jacob
et à feu M. Bourgery, pour cette dernière
partie de leur Traité d'anatomie ( concours
de Médecine et de Chirurgie de i85a). . . 901
JACQUEMART. — Note sur le danger qu'il
y aurait à transformer en sels fixes, le
sous-carbonate d'ammoniaque contenu
dans les engrais 7a5
JAMIN (Célestin) prie l'Académie de vouloir
bien se prononcer sur la valeur d'appa-
reils hydrauliques de son invention. .. . i5o
JAMIN (J.). — Mémoire sur les anneaux co-
lorés i4
JOLY ( N ). — Nouvelles expériences tendant à
réfuter les opinions concernant l'existence
d'une circulation péritrachéenne chez les
insectes i33
— Études d'anatomie philosophique sur la
main et le pied de l'homme et sur les ex-
trémités des Mammifères, ramenées au
type pentadactyle ( en commun avec M. A.
Lavocat ) 388
— Examen de la graisse et des concrétions
trouvées dans le corps d'un éléphant fe-
melle (en commun avec M. E. Filhol).. 3o3
JOMARD fait hommage à l'Académie d'un
exemplaire de son Eloge de Conté 548
JONES (Bence). — Dépôt d'un paquet ca-
cheté (séance du 26 juillet) i5o
JONQUIÈRES(E. de). —Étoiles filantes dans
la nuit du 9 au 10 août i85a (Lettre à
M. Arago) 367
JOSAT prie l'Académie de vouloir bien ad-
mettre au concours pour les prix de Mé-
decine et de Chirurgie, son Mémoire sur
les morts apparentes et les inhumations. 36o
— Un encouragement est accordé à M. Josat
pour son travail relatif aux maisons mor-
tuaires de l'Allemagne (concours de Mé-
decine et de Chirurgie de i85a) 914
JOURNET. — Mémoire sur un système de
ventilation destiné aux théâtres et lieux
de réunions nombreuses. — Mémoire sur
un appareil de percussion pour entamer
les roches dans le creusement des tun-
nels 525
JUBINAL (A.), député de l'arrondissement
de Bagnères-de-Bigorre, prie l'Académie
de vouloir bien comprendre la biblio-
thèque de cette ville dans le nombre des
établissements auxquels elle fait don de
ses publications 224
JULLIEN. — Recherches sur le fer (troisième
partie : Cémentation de la fonte dans les
oxydes métalliques ) 20
JUSSIEU (de). — Instructions pour une ex-
pédition scientifique qui doit se faire dans
l'Amérique du Sud sous la direction de
M. Emile Deville. (Partie botanique.). . 87
— Rapport sur un Mémoire de M. Parlatore,
ayant pour titre : « Sur le papyrus des
anciens et sur le papyrus de Sicile ) 211
K
KRAFFT (L.). — Dépôt d'un paquet cacheté
(en commun avec M. N.-B. Delahaye)
(séance du S juillet),
— Note sur la soude hvdrosilicatée rencon-
35
trée cimentant un amas bréebiforme dans
les sables deSablonville(en communavec
M. N.-B. Delahaye) i43
KRAFT, écrit par erreur pour Krafft (L.). . . 35
LA1GNEL communique les résultats qu'il a
obtenus dans des expériences compara-
tives sur les locomotives construites d'a-
près le svstème ordinaire, et celles qui
i3i..
( ioo4 )
M t' . Pages.
sont construites d'après le système modi-
fié par lui 228
— M. Laignel soumet au jugement de l'Aca-
démie une Note sur une modification
qu'il propose pour les rails des chemins
de fer 794
LALANDE (de). — Détails sur le cas de fou-
dre observé à la station de Beuzeville;
Lettre en réponse à une demande adressée
par MM. les Secrétaires perpétuels 24
LAMARLE. — Réclamation de priorité re-
lativement aux dernières expériences de
M. Léon Foucault, concernant la démons-
tration du mouvement de la Terre 574
— Note ayant pour titre : « Résumé général
présentant les bases du calcul relatif aux
effets que la rotation de la Terre produit
sur le mouvement gyratoiredes corps en-
traînés » 689
LAMÉ. — Note sur la théorie de l'élasticité
des corps solides 4^9
— Réponse à des remarques faites par M. Cau-
chy à l'occasion de cette communication. Ifii
— M. Lamé est nommé Membre de la Com-
mission chargée de l'examen des pièces
adressées au concours pour le grand prix
des Sciences mathématiques de l'an-
née i85a 5i8
— Et de la Commission chargée de proposer
une question pour le grand prix des
Sciences mathématiques de i854 lbid.
LANDES. — Note sur la vision. Note sur
la forme et les couleurs des corps. 64 et io3
LAQUERN DE KERTHOMAN.— Tables des-
tinées à l'usage des employés des douanes,
et qui donnent, dans un cadre restreint,
17 000 multiples du nombre 34. . . 35
LAROCQUE. — Remarques à l'occasion d'une
communication de M. Ed. Robiquet , sur
la fermentation gallique 221
LAUGIER. — Dans la séance annuelle du 20
décembre i852 , des fragments de la bio-
graphie de Gay-Lussac sont lus par
M. Laugier, au nom de M. Arago, Secré-
taire perpétuel pour les Sciences mathé-
matiques, qui n'a pu , pour cause de ma-
ladie, assister à cette séance 927
LAUGIER.— Nouveau traitement de l'ostéite. 83i
LAUNOY. — Observations météorologiques,
faites pendant une ascension aérostatique
exécutée le 2 décembre 18Î2 856
LAURENT.— Recherches sur la construction et
les avantages que présenteront des instru-
ments amplifiants à deux grossissements. 102
LAURENT ( Ace). — Sur les tannins et les
glucosamides 161
— Sur la résine de jalap et sur l'éther succi-
nique perchloré 3;g
MM. pHCi_
LAURENT ( Acg.).— Sur les combinaisons uri-
ques, chlorosulfaliques et percarboniques. 629
— Sur les transformations que la chaleur fait
éprouver à l'acide tartrique 74a
LAURENT (A.). —Recherches sur l'intégra-
tion de certaines équations linéaires aux
différences partielles à coefficients con-
stants ; etc 942
LAVOCAT (A.). — Observations sur les
rayons osseux supérieurs des membres
thoraciques dans quelques Mammifères.. 5g
— Etudes d'anatomie philosophique sur la
main et le pied de l'homme, et sur les
extrémités des Mammifères, ramenées au
type pentadactyle (en commun avec M. N.
loly) 3S8
— Lettre relative à cette communication et
à une réclamation de priorité qu'elle a
soulevée de la part de M. de Christol.. 739
LEBER. — Résumé d'un Mémoire sur les
kystes dermoïdes et sur l'hétérotopie plas-
tique 715
— Une récompense est accordée à M. Leber
pour son Traité pratique des maladies
cancéreuses 904
LECANU. — Recherches d'hématologie : ori-
gine de la fibrine; — moyen de débarras-
ser les globules du liquide séreux qui les
tient en suspension dans le sang vivant;
— analyse des globules sanguins 11
— Nouvelles études chimiques sur le sang.
( Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur
M. Thenard.) 207 et 273
LECOINTE. — Une récompense est accordée
à MM. Lecointe , A. Duméril et Demar-
quay, pour leurs expériences concernant
les modifications imprimées à la tempé-
rature animale par l'introduction des
médicaments dans l'économie (concours
de Médecine et de Chirurgie de i852 ) . . . 902
LECOUR. — Sur les bons résultats qu'on peut
obtenir du chaulage, pour la conservation
des pommes de terre 477
LECOY. — Sur les moyens à prendre pour
faire adoptera tous les peuples de la Terre
un même calendrier 44^
LEFORT (J.). —Etudes sur les huiles grasses
végétales 7^4
LEGRAND transmet, comme pièce à l'appui
de ses précédentes communications sur
l'ablation des tumeurs au moyen de la
cautérisation linéaire, une observation
de MM. Lagger et Deslongchamps, con-
cernant l'ablation de deux loupes très-vo-
lumineuses pratiquée avec succès par celte
méthode j32
LEGROS, en adressant divers opuscules sur
la photographie, prie l'Académie de vou-
( 1
MM. Pages,
loir bien se prononcer sur l'efficacité de
ses procédés 335
LEMAISTRE, d'Aboville, annonce qu'en
examinant de nouveau les papiers que lui
a laissés son oncle, feu le P. Cotte, il en a
trouvé plusieurs qui lui semblent de na-
ture à intéresser l'Académie, et qu'il lui
adressera si elle en témoigne le désir.. . 228
— Lettre accompagnant l'envoi de ces ma-
nuscrits 478
LERICHE. — Description et figure d'un in-
strument destiné à l'exploration de l'uté-
rus , le <t spéculophore * 257
LESAUVAGE. — Recherches sur les polyge-
nèses monovariennes ?3o
LESECA demande et obtient l'autorisation
de reprendre un Mémoire précédemment
présenté sur une méridienne portative et
sur d'autres instruments du même genre. 44~>
L'ESPEE (de). — Renseignement sur un
coup de foudre extraordinaire observé,
le 1 ; mai i85a, à la station de Beuzeville
(chemin de fer de Rouen au Havre);
Lettre à M. Pouillet 4°°
LETELLIER. — Sur l'emploi des ballons cap-
tifs comme moyen de détourner les
orages 22
LETELLIER adresse, à l'occasion dediverses
communications sur la composition du
sang, une réclamation de priorité appuyée
sur un Mémoire qu'il a précédemment
présenté 1 o3
— Observations concernant la maladie de la
vigne 47^
LE VERRIER. — Ascensions droites relatives
des 36 étoiles fondamentales, déduites des
observations faites à l'observatoire royal
deGreenwich, depuis 1750 jusqu'en 1762,
et depuis i836 jusqu'en i85o 8i5
— Remarques à l'occasion d'un passage de la
biographie de Gay-Lussac, par M. Arago,
lu dans la séance annuelle du 20 dé-
cembre 92g
— M. te Verrier communique des observa-
tions faites par M . A. Graham, au grand
équatorial de l'observatoire de Markree. . 258
— M. Le Verrier communique l'extrait d'une
Lettre de M. IJind qui lui annonce avoir
découvert , le 16 novembre i852 , une
nouvelle planète. — A l'occasion d'une
autre nouvelle planète découverte à Paris
par M. Goldschmidt, M. Le Verrier com-
munique quelques détails qu'il a refus de
M. Goldschmidt lui-même ;58
— M. Le Verrier donne, dans la séance du
ao novembre, communication d'une Let-
tre de M. Goldschmidt, en date du 18 de
ce mois, et relative aux observations
oo5 )
MM. P>gcl.
qu'il a faites de sa nouvelle planète, les
i5, 16 et 17 795
— M. Le Verrier communique une Note de
M. Gautier, contenant les éléments de
l'orbite de la comète découverte le 4, juil-
let 1847 , par M. Mauvais 948
LEVOL. — Sur le moyen de séparer pur, de
l'argent à l'état de fusion, l'oxygène qu'il
a absorbé au contact de l'air 63
LE WY . — Mémoire sur la composition de l'air
confiné dans la terre végétale (en commun
avec M. Boussingault ) 765
LIAIS (Em.). — Résultats des observations
météorologiques faites à Cherbourg pen-
dant les années 1848, 1849, i85o et i85i. 349
— Description d'un orage , accompagné de
circonstances remarquables, qui a eu lieu
à Cherbourg dans la nuit du 1 1 au 12 juil-
let i852 Ibid.
— Note sur deux modifications de la pile de
Bunsen, dont l'une augmente la conduc-
tibilité intérieure, et l'autre la tension
(en commun avec M. Fleurf") 802
LIAUTAUD. — Note sur l'acclimatation et la
culture du thé en Algérie 7^3
LIOUVILLE entretient l'Académie de quel-
ques points d'analyse concernant les fonc-
tions gamma de Legendre 3 j 7
— M. Liouville est nommé Membre de la Com-
mission chargée de l'examen des pièces
adressées au concours pour le grand prix
des Sciences mathématiques de l'an-
née i852 5(8
— Et de la Commission chargée de proposer
une question pour le grand prix des
Sciences mathématiques de i854 5i8
LIOUVILLE (Ernest). — Observations faites
à l'Observatoire de Paris, les 18 et 20 no-
vembre , d'une planète découverte le 1 5 du
même mois, par M. Hermann Gold-
schmidt 757
LOEVVEL (L.)-— Notes additionnelles à son
troisième Mémoire sur la sursaturation
des dissolutions salines 21g
LOIR (A.). — Note sur l'acide camphomé-
thylique 3a8
LOTT1N (V.) est présenté par la Section de
Géographie et de Navigation comme l'un
des candidats pour une place vacante
de Correspondant . . 64
— M. Lottin est présenté par la Section de
Géographie et de Navigation comme l'un
des candidats pour la place de Correspon-
dant, vacante par suite du décès de M. le
contre-amiral Bèrard 740
— M. Lottin est nommé Correspondant de
l'Académie pour la Section de Géographie
et de Navigation 747
( ioo6 )
MM. Pages.
— M. Lottin adresse ses remereîments à l'A-
cadémie 794
LUTHER. — Une médaille de la fondation de
MM. P.ges.
Irlande est décernée à M. Luther pour sa
découverte d'une nouvelle planète (con-
cours de i85a).. 873
M
MAH1ER. — Mémoire sur l'hygiène des ou-
vriers qui travaillent les coquilles de
nacre de perle (en commun avec M. A.
Chevallier) 3g8
MAILLE demande et obtient l'autorisation de
reprendre un Mémoire sur les hydromé-
téores, présenté par lui en 1848, et qui
n'a pas été l'objet d'un Rapport 8o3
MAIRE DE LA VILLE DE REIMS (le)
prie l'Académie de vouloir bien com-
prendre la bibliothèque de cette ville
dans le nombre des établissements aux-
quels elle accorde ses publications 369
— Lettre de remereîments à l'Académie qui a
accordé cette demande 690
M A1SSIAT. — Nouvelle Lettre concernant sa
réclamation de priorité pour les procédés
employés pour l'analyse de l'air 3i
MALAGUTI. — Faits relatifs à l'action réci-
proque des sels solubles 945
MANEC. — Une récompense est accordée à
M. Manec pour son traitement local du
cancer par la pâte arsenicale ( concours de
Médecine et deChirurgie de i85a) 910
MANNEVILLE. — Lettre concernant un
système d'appareils pour la fabrication
de tonneaux parfaitement réguliers et
d'une capacité aisément déterminable... 477
MARCHAND. — Nouvelle réclamation de
priorité élevée à l'occasion d'un Mémoire
de M. Banni, sur la composition chimique
des eaux de pluie 18
— Des eaux potables et de leur influence sur
le développement du goitre et du créli-
nisme. (Rapport sur ce Mémoire; Rappor-
teur M. Busyr. ) 5i2
— Un Mémoire de M. Marchand, intitulé :
« Des eaux en général, et en particulier
des eaux employées dans les deux arron-
dissements du Havre et d'Yvetot», est
considéré par la Commission de Stati-
stique, comme n'appartenant pas à la ca-
tégorie des travaux sur lesquels elle est
appelée à se prononcer Soi
MARSHAL-H ALL . — Note ayant pour titre :
« Epilepsie traitée par la trachéotomie ». 57 1
— Physiologie de l'épilepsie et de l'apoplexie
d'origine inorganique 781
MARTIN (A.). — Méthode pour obtenir, en
photographie, des épreuves positives, di-
rectes , sur glace 29
MATHIEU. — Rapport sur un Mémoire ayant
pour titre : « Essai sur l'application du
système métrique à la tonnellerie » ; par
M. Fournerie 20 1
— M. Mathieu, au nom de la Commission
de Statistique, demande l'adjonction de
deux nouveaux Membres à raison de
l'absence prolongée de quelques-uns des
Membres primitivement nommés 822
MATHIEU (Charles).— Observations faites
à l'Observatoire de Paris, les 18 et 20 no-
vembre i85a, d'une planète découverte le
i5 du même mois, par M. Hermann Gold-
schmidt 7 J7
MAUMENÉ. — Note sur l'analyse des huiles
au moyen de l'acide sulfurique 572
MAURIN. — Procédé pour conserver les cham-
pignons destinés aux Collections botani-
ques, ou à des recherches d'organographie. 868
MAUVAIS. — Note sur une périodicité an-
nuelle observée dans les collimations du
cercle mural de Fortin à l'Observatoire
de Paris 7"
— Note sur les moyens d'atténuer les vibra-
tions produites à la surface du mercure
dans le voisinage des routes, des chemins
de fer et des usines , dans le but de facili-
ter les observations astronomiques (en
commun avec M. Seguin) 5o3
— Note sur la disposition la plus favorable à
donner aux appareils destinés a atténuer
les vibrations de la surface du mercure,
et sur les moyens d'approprier ces appa-
reils à l'usage des instruments méridiens. 713
— M. Mauvais communique une Noie de
M. G. Rumker, contenant les éléments
elliptiques des deux planètes découvertes
par M. de Gasparis et par M. Chacornac ,
avec les éphémérides des positions appa-
rentes pour le mois de décembre i852. . . 8.^7
MAX-DUNESME. — Mémoire sur les déve-
loppées des courbes planes 5 1 8
MAZADE.— Nouveau Mémoire sur l'analyse
chimique des eaux minérales de Neyrac
(Ardèche) 258
— Recherches sur la maladie des pommes de
terre 802
— Découverte de l'acide rhodanhydrique dans
une ammoniaque du commerce 80.)
( I
MM. Page».
MELLONI. — Expériences sur le rayonnement
solaire 1 65
MERCIER (Abc). — Note sur un nouveau
traitement des rétentions d'urine chez les
hommes âgés 397
MERET. — Note sur les résultats de la décor-
tication d'une partie du tronc pratiquée
sur un pommier infesté du puceron lani-
gère.— Note sur les différences de lumièro
des diverses parties du disque solaire. . . . 229
MEUNIER (Al.).— Double cas de foudre en
boule observé dans un très-court espace
de temps (Paris, juin i85">) up
MEY prie l'Académie de vouloir bien faire
examiner par une Commission un petit
appareil destiné à faciliter l'audition , in-
venté par M. Robinson 21
MEYRAC avait mentionné la présence de
l'iode dans diverses Oscillariées des eaux
thermales de Dax. (Rapport de M. Bussy
sur diverses communications relatives à
la recherche de l'iode.) 5i2
MINISTRE DE LA GUERRE (le) accuse
réception de la Lettre qui lui annonçait
qu'à l'avenir les Comptes rendus des séan-
ces de l'Académie seraient adressés cha-
que semaine à son Ministère. M. le Mi-
nistre prie MM. les Secrétaires perpétuels
de transmettre à l'Académie l'expression
de ses remerciments 62
MINISTRE DE LA JUSTICE (le) remercie
l'Académie de la décision qu'elle a prise,
concernant l'envoi régulier des numéros
des Comptes rendus hebdomadaires au Mi-
nistère placé sous sa direction io3
MINISTRE DE LA MARINE ET DES CO-
LONIES (le) accuse réception d'une co-
pie du Rapport fait à l'Académie sur les
procédés de panification inventés par
M. Rolland, et témoigne l'importance
qu'il attache à la communication de ce
document 142
MINISTRE DE LA POLICE GÉNÉRALE
(le) remercie l'Académie de la décision
qu'elle a prise, concernant l'envoi régu-
lier des numéros des Comptes rendus heb-
domadaires au Ministère placé sous sa
direction 1 \ 1
MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLI-
QUE (le) transmet une ampliation du dé-
cret du Président de la République qui
confirme la nomination de M. Bienaymè à
la place d'Académicien libre, vacante par
suite du décès de M. le maréchal Mar-
mont, duc de Raguse 37
— M. le Ministre remercie l'Académie de la
décision qu'elle a prise, concernant l'en-
voi régulierdesnumérosdes Comptes rendus
OO7 )
MM.
Pages
hebdomadaires au Ministère placé sous sa
direction 108
— M. le Ministre accuse réception d'une am-
pliation du Rapport fait à l'Académie sur
les appareils de panification de M. Rol-
land, et témoigne l'importance qu'il atta-
che à la communication de ce document. 191
— M. le Ministre annonce que la distribution
des prix du concours général entre les ly-
cées et collèges de Paris et de Versailles
aura lieu le 12 août, et que des places se-
ront réservées pour MM. les Membres de
l'Académie 222
— M. le Ministre accuse réception d'une dou-
ble copie des Instructions qui avaient été,
sur sa demande, préparées par l'Acadé-
mie pour le voyage de M.JSmile Deville
dans l'Amérique du Sud 258
— M. le Ministre transmet une nouvelle copie
d'un Mémoire manuscrit de M. Casaseca,
concernant les moyens propres à former
des chimistes pratiques 794
— M. le Ministre annonce qu'il accepte les
propositions que lui avait faites l'Aca-
démie touchant les moyens d'augmenter
la valeur intrinsèque des médailles des-
tinées aux astronomes qui, en i852, ont
découvert de nouvelles planètes 945
M1NISTREDE L'INTÉRIEUR, DE L'AGRI-
CULTURE ET DU COM31ERCE (le)
remercie l'Académie de la décision qu'elle
a prise concernant l'envoi régulier des nu-
méros des Comptes rendus hebdomadaires
au Ministère placé sous sa direction 142
— M. le Ministre, en transmettant un Mé-
moire de M. Fournerie sur la tonnellerie
métrique, exprime le désir deconnaitre le
jugement de l'Académie sur ce travail. . . jgy
— M. le Jftni'ifretransmet la copied'une Lettre
sur les causes des épidémies, Lettre dont
l'original avait été adressé directement à
l'Académie par l'auteur, M. Buisson 478
— M. le Ministre annonce que l'Administra-
tion se propose de donner prochainement
une grande extension aux lignes de télé-
graphie électrique, et invite l'Académie à
charger une Commission de se prononcer
entre les divers systèmes mis en essai jus-
qu'à ce jour 757
— M. le Ministre adresse, pour la bibliothèque
de l'Institut, un exemplaire du LXXVIe
volume des Brevets d'invention pris sous
l'empire de la loi de 1791, et un exemplaire
du VIIe volume des Brevets pris sous l'em-
pire de la loi de 1 844 62
— M. le Ministre adresse, pour la bibliothè-
que de l'Académie, le 1er volume de
« l'Annuaire des eaux de la France». ... 142
( 1
MM.. Psges.
— M. le Ministre adresse, pour la bibliothèque
de l'Institut, un exemplaire du VIIIe vo-
lume des Brevets d'invention pris sous
l'empire de la loi de 1844 47^
— M. le Ministre adresse , pour la bibliothèque
de l'Institut, un exemplaire du IXe vo-
lume des Brevets d'invention pris sous
l'empire de la loi de iS4'i 794
— M. le Ministre adresse , pourlabibliothèque
de l'Institut, un exemplaire du LXXVlIe
volume des Brevets d'invention pris sous
l'empire de la loi de 1791 94S
— M. le Ministre adresse, pourlabibliothèque
de l'Institut, un exemplaire du Rapport
fait au conseil général d'hygiène de la
Gironde , sur l'épidémie de choléra qui a
régné dans ce département en 1849 834
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈ-
RES ( le ) remercie l'Académie de la déci-
sion qu'elle a prise , concernant l'envoi
régulier des numéros des Comptes rendus
hebdomadaires au Ministère placé sous sa
direction io3
— M. le Ministre transmet une Note do
M. Rati-Menton, concernant un signe au-
quel on doit reconnaître l'approche des
tremblements de terre 839
MINISTRE DES FINANCES (le) adresse
également ses remerciments à l'Académie
pour la décision qu'elle a prise , concer-
nant l'envoi régulier des numéros des
Comptes rendus hebdomadaires au Minis-
tère placé sous sa direction 61
MINISTRE D'ÉTAT (le) transmet un Mé-
moire de M. Zaliwski, sur les phénomè-
nes de la gravitation universelle considé-
rés comme dus à l'action des forces élec-
triques g5
— M. le Ministre remercie l'Académie de lui
avoir fait connaître la décision en vertu de
laquelle un exemplaire des Comptes ren-
dus hebdomadaires sera envoyé régulière-
ment an Ministère placé sous sadirection. 191
0O8 )
MM. Pag„.
— M. le Ministre transmet diverses pièces
manuscrites et imprimées concernant des
projets d'application de la force électrique
à l'industrie , projets sur lesquels l'au-
teur, M. Chamolle, désire obtenir le juge-
ment de l'Académie 4Q7
MITSCHERL1CH , nommé récemment à une
place d'Associé étranger, adresse ses re-
merciments a l'Académie io3 et 14 >
MONNERET. — Mémoire ayant pour titre :
« Des formes que prend la fibrine dans
les inflammations » 99
MONTAGNE.— Sur un parasite qui se déve-
loppe, dans des circonstances exception-
nelles, à la surface de certaines substances
alimentaires et les fait paraître comme
couvertes de sang i45
— M. Montagne est présenté par la Section de
Botanique comme l'un des candidats pour
la place devenue vacante par le décès de
M. Richard 96*
MORAND (Jos.). — Mémoire ayant pour titre:
« Principes du calcul différentiel et du
calcul intégral rigoureusement démontrés
par la simple géométrie et par l'algèbre». 79'i
MORIDE ( Ed. ). — De l'analyse qualitative et
quantitative de l'iode , et de sa séparation
du brome et du chlore au moyen de la
benzine et de l'azotate d'argent 789
MORIN. — Remarques à l'occasion d'une com-
munication de M. Allain, sur une boussole
de contrôle des compas de route d'un bâ-
timent , 190
— M. Morin annonce qu'il est parvenu à se
procurer un portrait authentique de Cou-
lomb, et qu'il le mettra à la disposition
de l'Académie si elle juge convenable d'en
faire faire une copie pour la joindre à la
série de portraits de savants illustres
qu'elle possède déjà 673
MOORIÈS.— Du phosphate de chaux dans ses
rapports avec la nutrition des animaux et
la mortalité des enfants. 141
NASCIO (Enrico).— Note sur la formation des
éphémérides 1 uni-sol a ires moyennes 35
— Nouvelles communications relatives au
même sujet 6o5 , 67 1 , 760 et 962
NIEPCE. — Un encouragement est accordé à
M. Niepce pour ses recherches concernant
le crétinisme (concours de Médecine et de
Chirurgie de i852) gi3
— Recherches de l'iode dans l'air, les eaux et
les produits alimentaires des Alpes de la
France. (Rapport sur ce travail ; Rappor-
teur M . flusy . ) 5i6
NIEPCE DE SAINT-VICTOR. — Mémoire
sur l'héliochromie 694
NIGRI. —Voyez Tigri.
NOELLNER. — Mémoire sur la formation de
la grêle et sur les circonstances météoro-
logiques qui accompagnent cette forma-
tion 944
( loog )
MM. P»gïfc
OPPELT. — Obturateur mécanique pour la
lumière du canon ; appareil destiné à pré-
venir un des accidents les plus communs
dans le service des bouches à feu 6o3
ORFILA (L.). — Un encouragement est accor-
MM. Pagei.
dé à M. L. Orfila pour ses recherches sur
l'élimination des poisons ( concours de
Médecine et de Chirurgie de 1 85a ) 91 5
OSWELL (W.). — Sur une mouche venimeuse
de l'Afrique méridionale 56o
PALLLET et Gidel consultent l'Académie
pour savoir si un nouveau système de
tuiles en fonte, pour lequel ils sont bre-
vetés, n'exposerait pas les bâtiments ainsi
couverts à être frappés de la foudre plus
que ne le seraient des bâtiments couverts
en ardoise ou en tuiles ordinaires 523
PAN1ZZIN1 prie l'Académie de vouloir bien
faire examiner un système de transmis-
sion, à grande distance, d'une force mo-
trice, système qu'il a installé dans un des
faubourgs de Paris agi
l'ARAVEY (de).— Note concernant l'histoire
de l'hippopotame 1 5o
— Lettre concernant un oiseau de la Cochin-
chine, qui parait être une sorte de faisan,
et dont les plumes caudales atteignent,
dit-on , 8 pieds de longueur a68
— Recherches sur les noms de la Souille ma-
ritime et de la Pivoine, dans les langues
anciennes et modernes, et conséquences
historiques qui peuvent se déduire du
rapprochement de ces noms 399
— Lettre concernant deux passages d'une an-
cienne relation de voyage, l'un relatif à
deux comètes vues au commencement de
novembre, l'autre à un animal trouvé en
Perse dans des canaux souterrains 8o3
— Note sur le dattier, sur ses noms hiérogly-
phiques et orientaux, et sur sa description
dans les livres conservés eu Chine et au
Japon , pays où il n'existe pas 856
PARLATORE. — Sur le papyrus des anciens
et sur le papyrus de Sicile. (Rapport sur
ce Mémoire; Rapporteur M. de iussieu.). ai 1
PASTEUR (L.). — Nouvelles recherches sur
les relations qui peuvent exister entre la
forme cristalline, la composition chi-
mique et le phénomène rotatoire molécu-
laire 176
PATH-DUFFY. — Sur certaines transforma-
tions isomériques des corps gras 284
PAY EN.— Extrait d'un Mémoire sur la gutta-
C. R., i85a, a"" Semestre. (T. XXXV )
percha : ses propriétés , son analyse im-
médiate, sa composition élémentaire et
ses applications io<)
— A l'occasion d'une question faite par
M. Thenard, M. Par en indique, comme
ayant le mieux réussi jusqu'à présent pour
le traitement de la maladie de la vigne,
l'aspersion des plantes malades avec une
solution faible de sulfure de calcium. . . . a68
— Remarques à l'occasion d'une communica-
tion de M. Boussingault sur la cause de la
transformation du pain tendre en pain
rassis 59,
PAYER. — Organogénie des Punicées 555
— Organogénie de la famille des Loasées et
de la famille des Philadelphées 657
PAYERNE. — Nouvelles observations [con-
cernant l'emploi du bateau sous-marin,
et la nécessité d'épurer Pair quand on
travaille dans une eau stagnante 33a
PELOUZE. — Remarques à l'occasion d'une
communication de M. Mazade, relative à
la découverte de l'acide rhodanhydrique
dans une ammoniaque du commerce 8o3
PERRON écrit par erreur pour
PERROT. — M. Babinet présente, au nom de
M. Perrot, des estampes en taille-douce
et des épreuves lithographiques tirées sur
un papier fabriqué avec la gutta-percha.
707 et 760
— Dépôt d'un paquet cacheté (séance du
la juillet) 64
PERSON. — De l'application de l'appareil de
Bohnenberger pour la précession des équi-
noxes à la démonstration expérimentale
de la rotation de la Terre 417
— Disposition de l'appareil de Bohnenberger
pour les différentes latitudes 549
— Remarques à l'occasion d'une Note de
M. Quet, concernant la rotation des_£
corps 689
— Note sur le mouvement de rotation 753
,3,
( IOIO )
gi5
756
i36
u. p«6«*.
PERSOZ (J.). — Sur une matière colorante
verte qui vient de Chine 558
PETERSEN. — Éphéinérides de la seconde
comètedei85i (communiqué parM.Faj'e). 3oa
PETIT. — Recherches concernant la théorie
des météore» lumineux, faites à l'occasion
du bolide observé le 10 juillet i85o, à
Toulouse et à Bordeaux 4^7
— Note sur un bolide observé le 2 avril i85a. 676
PÉTREQOXN. — Un travail de M. Pétreauin,
sur la galvanopuncture appliquée au trai-
tement des tumeurs anévrysmales, est ré-
servé par la Commission du prix de Mé-
decine et de Chirurgie pour le prochain
concours
PÉTROWITCH. — Mémoire sur une ma-
chine électromotive à air comprimé....
PHILIBERT (H.)-— Recherches expérimen-
tales sur la fécondation dans les Mousses.
Recherches sur la fécondation et la forma-
lion de l'embryon dans les Hépatiques et
les Fougères 85i
PHILIPEAUX. — Détermination des parties
qui constituent l'encéphale des Poissons
(en commun avec M. Yulpian); Rapport
sur ceMémoire ; RapporteurM. Bwerno.r.
PICARD. — Mémoire ayant pour titre : « Re-
cherches sur la cause du phénomène des
marées »
PICHON-PRÉMELÉ. — Lettre concernant
l'inauguration d'une statue de Conté qui
doit avoir lieu à Sees (Orne), le 3 octo-
bre 1 85?
PICOU. — Note ayant pour titre : « De la vi-
tesse de propagation de la lumière ». . . .
PIERRE J.-I- )■ — Ses «Études sur les en-
grais de mer des côtes de la basse Nor-
mandie » sont mentionnées par la Com-
mission de Statistique comme rentrant
moins dans le domaine de la Statistique
que dans celui de l'Économie rurale
PLAUT. Dépôt de deux paquets cachetés
(séance du 26 juillet) :5o
POGGIOLI. — Mémoire sur une nouvelle mé-
thode curative externe pour les rhuma-
tismes 720
POLIGNAC (A. de). —Addition à de pré-
cédentes communications sur les nombres
premiers
PONCELET.— Examen critique et historique
des principales théories ou solutions con-
cernant l'équilibre des voûtes
49i) 531» el
— Rapport sur la deuxième partie du Mémoire
de M. Yvon VMarccau, relatif à l'établis-
sement des arches de pont 597
— M. Poncelet demande l'adjonction d'un
169
3o8
4o3
S34
893
333
577
MM l'"„es.
nouveau Membre à la Commission char-
gée d'examiner un travail de M. Cart'allo,
sur les ponts suspendus 565
PONCELET. — Rapport sur un Mémoire de
M. /. Carvallo, intitulé : « Étude sur la
stabilité des voûtes » 636
PONS.— Lettre concernant un envoi qui aurait
été fait précédemment de divers échantil-
lons d'étoffe teinte en une couleur noire
très-peu altérable 523
PORRO ( J.). — Lettre concernant des expé-
riences, sur un moteur hydiauliquede son
invention, faites à Boulogne (États Ro-
mains), par M. Gualandi 228
— Note ayant pour titre : « Application de
la lunette réciproque avec micromètre
parallèle, et du méroscope pan-focal » .. 2ç;9
— Note sur un instrument désigné sous le
nom de polyoptomètre 4^3
— Sur les raie» longitudinales du spectre
(Lettre à M. Babinet) 4"î)
— Nouvel appareil pour rendre sensible aux
yeux la rotation de la Terre , au moyen de
la fixité du plan d'oscillation du pendule. 855
PODILLET. — Instructions pour une expédi-
tion scientifique qui doit se faire dans
l'Amérique du Sud sous la direction de
M. Emile Deville. (Partie physique.)... 91
— - Note sur une propriété photométrique des
plaques daguerriennes 373
— M. l'ouillet communique l'extrait d'une
Lettre de M. de l'Espée, contenant des
renseignements sur le coup de foudre ex-
traordinaire qui a été observé à une des
stations du chemin de fer de Rouen le
17 mai i852 400
— M. Pouillet, en faisant hommage à l'Aca-
démie d'un exemplaire de \* sixième édi-
tion de ses « Éléments de Physique expé-
rimentale et de Météorologie », signale
les additions qu'il a faites à cette nouvelle
publication 67.5
— M. Pouillet fait hommage a l'Académie
d'un exemplaire de la seconde édition de
ses « Notions générales de Physique et de
Météorologie à l'usage de la jeunesse». . 822
PRÉVOST (Comstant). -Sur un projet
d'exploration de l'Etna etdes formations
volcaniques do l'Italie 4°')
PRÉSIDENT DE L'ACADÉMIE (le) avertit
que les séances qui auraient dû avoir lieu
le 25 octobre et le ter novembre seront re-
mises au 26 et au 2 des mêmes mois 52.)
— M. le Président annonce que le XXXIVe vo-
lume des Comptes rendus hebdomadaires
des séances de l'Académie des Sciences est
en distribution au secrétariat 7'5
IOI I
MM. Page..
QUATREFAGES ( A. de). — Études sur les
types inférieurs de l'embranchement des
Annelés( Mémoire surlesBranchellions). 809
QUET. — Recherches analytiques concernant
le mouvement de rotation d'un corps so-
lide autour d'un de ses points qu'on sup-
pose fixe sur la Terre et entraîné avec elle
dans son mouvement de rotation diurne. 602
— Recherches mathématiques faites à l'occa-
sion des expériences de M. Foucault,
pour rendre sensible aux yeux le mouve-
ment de rotation de la Terre. . . 669 et 686
MM. Pag«.
QC ET.— Application de la théorie généraledes
mouvements de rotation a la théorie spé-
ciale du gyroscope horizontal de M. Fou-
cault, employé pour mesurer par ses os-
cillations la latitude 688
— Nouvelle méthode appliquée au mouve-
ment de rotation d'un corps retenu sur la
Terre par son centre de gravité 732
- Expériences sur le magnétisme du fer doux. 749
— Note sur quelques faits relatifs au courant
et à la lumière électriques 9^9
R
RABOISSON prie l'Académie de vouloir bien
admettre au concours pour le prix con-
cernant les Arts insalubres, un système
de pétrissage mécanique qu'il a imaginé.
477 et 733
RAOUL- ROCHETTE communique l'extrait
d'un article inséré dans le journal grec le
Temps, concernant la découverte d'un
gisement très-abondant d'ossements fos-
siles et celle de nombreux spécimens de
végétaux fossiles 71")
RATI-MEISTON. —Sur un signe auquel on
reconnaîtrait l'approchedes tremblements
de terre 839
REGNAULT. — Réponse à une question de
priorité soulevée par M. Maissiat et rela-
tive aux procédés employés pour l'analyse
de l'air 34
— Études sur l'hygrométrie g3o
REGNAULT. — Lettre concernant un moyen
employé contre la maladie du raisin ... . 4?8
REMAK. — Sur le développement des ani-
maux vertébrés 34i
RENAULT. — On encouragement est accordé
à M. Renault pour ses études expérimen-
tales surl'ingestion des matièresvirulentes
dans les voies digestives de l'homme et des
animaux domestiques (concours de Méde-
cine et de Chirurgie de iS'ri) 91 4
— Un autre travail du même auteur, relatif à
la rapidité avec laquelle les différents vi-
ruB pénètrent dans l'économie, est réservé
pour un prochain concours Ibid,
RÉVEILLÉ-PARlSE(Mme veuve) envoie pour
le concours des prix de Médecine et de
Chirurgie auquel a été adressé le « Traité
de la vieillesse », publié par son mari, une
analyse de ce livre faite par M. Réveillé-
Parise lui-même 565
REÏNAUD. — Note sur diverses inventions de
mécanique concernant la navigation. ... 36o
RICHARD. — Un encouragement est accordé
à M. Richard pour son travail sur les kystes
tubo-ovariens ( concours de Médecine et de
Chirurgie do i852) 907
RICHARD (Ach.). — Sa mort, arrivée le
5 octobre, est annoncée à l'Académie. . . a}"-*
RICHE. — Note sur la détermination approxi-
mative du volume utile du fer pour une
hélice d'un nombre de tours donné, afin
d'obtenir le maximum d'aimantation. . . . 69»
RICHE (A.). — Recherches sur le stannéthyle,
nouveau radical organique renfermant de
l'étain (en commun avec M. A. Cahours). 91
RICORD. — Un ouvrage de M. Ricord sur la
maladie syphilitique présenté au concours
dei852 (prix de Médecine et de Chirurgie)
est réservé pour un prochain concours. . . 91 S
RISLER(E.). —Recherches sur la composi-
tion des matières solubles extraites, par
l'eau, des terres fertiles (en commun avec
M. F. Verdeil ) 95
ROBARDET. — Note sur un instrument que
l'auteur nomme « Thermomélrographe
exométrique à piston» 191
ROBERT (Eue). —Résultats des éducations
pour l'acclimatation des nouvelles races
et l'étude des vers à soie, faites, en i852,
à la magnanerie expérimentale de Sainte-
Tulle (en commun avec M. Guérin-Méne-
ville) 264 et 292
l32. .
I012
MM. Pa5c».
ROBERT ( Eue.).— Note sur un arc lumineux
observé le 29 septembre 4^'
ROBIN (Ed.). — Mémoire ayant pour titre :
« Loi nouvelle permettant de prévoir,
sans l'intervention des affinités, l'action
que les corps simples exercent sur les com-
posés binaires , spécialement par la voie
sèche » i ( i
— Réclamation de priorité adressée à l'occa-
sion d'une communication de M. Blan-
det, sur la conservation du sang liquide
au moyen du chlorure de baryte 3îg
— Nouvelle théorie de la fusion aqueuse et du
mode d'action de la chaleur dans la fu-
sion, la volatilisation et la décomposi-
tion des corps 79,3
ROBINEAO-DESVOIDÎ.— Mémoire sur les
gallinsectes de l'olivier, do citronnier,
de l'oranger, du laurier-rose, et sur les
maladies qu'ils occasionnent à ces végé-
taux dans la province de Nice et dans le
département du Var i83
ROBIQUET. — Recherches sur la fermenta-
tion gallique 19
— Réponse à une réclamation de priorité éle-
vée par M. Larocque à l'occasion de cette
communication 47?
ROBOXJAM. — Addition à un précédent Mé-
moire sur les Coccus, les Acariens et les
Apuidiens considérés comme principale
cause de la maladie de la vigne, de la
pomme de terre et de la betterave i5o
— Note sur un moyen simple et économique
de préserver la vignede la maladie spéciale. 358
— Mémoire sur une observation tendant à
éclairer l'étiologie de la maladie de la
pomme de terre et de plusieurs autres
végétaux 387
ROCHE ( Ed. ) . — Mémoire sur la théorie des
atmosphères 755
ROCHETTE. Voir l'article Raoul- Rochette.
RODIER. — Une récompense est accordée à
MM. Rodier et Becquerel pour leurs nou-
velles recherches d'hématologie (concours
de Médecine et de Chirurgie de i85a). . . go5
RODIER DE LA BRUGUIÈRE. - Mémoire
intitulé : • Développement nouveau des
MM. Page..
fonctions d'une seule variable » agi
RODIERRE soumet au jugement de l'Acadé-
mie deux Mémoires ayant pour titre, l'un :
« Tables dyarithmiques pour la multipli-
cation (par addition) et la division (par
soustraction ) des nombres ; » l'autre :
« Mémoire sur l'usage des Tables dyarith-
miques » 35g
RONDOT. — Une mention honorable est ac-
cordée à M. Rondot pour sa coopération à
la Statistique de l'industrie de Paris 887
ROSE. — M. Dufrénoy, en présentant au nom
de l'auteur, M. G. Rose, un exemplaire
du « Système de Minéralogie cristallogra-
phique », donne une idée du pla . de cet
ouvrage 273
ROSS (Sir James-Clark), n.i.r.mé récemment
à une place de Correspondant pour la Sec-
tion de Géographie et de Navigation,
adresse ses remerctments à l'Académie.. 191
ROULIN met sous les yeux de l'Académie un
cocon de ver à soie d'une teinte rose uni-
forme, et qui a été obtenu, ainsi que
quatre autres semblables, en nourrissant
les vers avec des feuilles de mûrier saupou-
drées de chica 1 49
ROUSSEL (Jos.). — Avantages de la taille
tardive pour prévenir la maladie de la
vigne 333
ROYL.au nom de la compagnie des Indes
orientales de la Grande-Bretagne, adresse,
pour la bibliothèque de l'Institut , un
exemplaire des ouvrages posthumes du
Dr GriJJith, publiés à Calcutta par ordre
de la compagnie 3ij
ROZET. — Avancement du delta du Tibre au
canal de Fiumicino 960
RUMK.ER. — Lettre à M. Mauvais sur les élé-
ments elliptiques des orbites des deux
planètes récemment découvertes, l'une,
à Naples et à Marseille, par MM. de Gas-
paris et Chacornac ; l'autre à Paris, par
M. Goldschmidt. — Éphémérides des posi-
tions apparentes pour le mois de décem-
bre i85a, calculées par M. Georges Rum-
ker fils, de Hambourg 857
SAINT-EVRE(Edocard). — Recherches sur
une combinaison nouvelle du cobalt.. . . 55q
SAINTE-CLAIRE DEVILLE (Ch.)— De
l'altération , par voie naturelle et artifi-
cielle , des roches silicatées , au moyen de
l'acide suif hydrique et de la vapeur d'eau. 26'
SAINTE-CLAIRE OEVILLE (C11.;. -Note
sur une carte de la température des eaux
à la surface de la mer des Antilles, du
golfe du Mexique et de la portion voisine
de l'océan Atlantique 823
SAINTE CLAIRE DEVILLE ( H . ) - Sur de
( ioi3 )
79°
437
270
88-:
887
MM. Pages-
nouveaux procédés généraux d'analyse
chimique. '->)''
SAINTE-CLAIRE DEV1LLE (H. ). — Note
sur la température produite par la com-
bustion du charbon dans l'air
SANTINI. —Éléments de la planète Melpo-
mènc, calculés par M. Trettenoro, d'après
les observations faites le igjuin, à Berlin,
au cercle méridien , et les 1 3 et 18 juillet,
à Padoue (extrait d'une Lettre à M. Arago).
SAVE. — Considérations sur la distance des
planètes au Soleil 760
SAY (Horace) fait hommage à l'Académie
d'un exemplaire de la « Statistique géné-
rale de l'industrie à Paris » , d'après l'en-
quête faite par la Chambre de Commerce.
— Le prix de Statistique de la fondation
Montyon est accordé à M. H. Say pour
cette publication (concours de i852)....
SAY (Léon). — Une mention honorable est
accordée à M. L. Say pour sa coopération
à la Statistique de l'industrie de Paris
(concours de Statistique de i85a)
SCHLAGINTWE1T (MM. Adolphe et Her-
mann). — Observations hypsométriques
dans les Alpes occidentales 17
— Note sur la hauteur des diverses sommités
du mont Rose 102
SECCHI (P.)- — Sur 'a résistance que les fils
opposent au courant électrique ( Lettre à
M. Ârago )
— Découverte d'une comète dans la constel-
lation des Gémeaux (Lettre à M. Arago).
— Nouvelle observation de la comète décou-
verte le 26 août i852 (Lettreà M. Arago).
— Observations héliothermiques ( Lettre à
M. Faj-e) 6of.
SECRÉTAIRE DE LA CORRESPONDANCE
SCIENTIFIQUE DE ROME (le), en
adressant une nouvelle série de numéros
de ce Recueil , demande à recevoir en
échange les Comptes rendus hebdomadaires
des séances de V Académie 40'-2
SECRÉTAIRE DE L'ACADÉMIE DES
SCIENCES DE HONGRIE (le ) annonce
l'envoi des volumes I à VII des Mémoires
de cette Académie, et des volumes 1 à III
d'une autre publication faite sous les aus-
pices de cette Académie : Monumenta //n-
guœ hungaricœ ar.tiquœ 224
SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ DE PHY-
SIQUE DE BERLIN (le) annonce l'en-
voi d'un nouveau volume de Vffistoire des
progrès de la Physique, année 1848, ou-
vrage publié sous les auspices de la So-
ciété et rédigé par M. Karster 62
SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ LIN-
NÉENNE DE LONDRES (le) adresse,
■7
334
363
MM. P.
au nom de cette Société, des remerci-
ments à l'Académie, pour l'envoi du vo-
lume XIII des Savants étrangers , et des
volumes XXXII et XXXIII des Comptes
rendus des séances de l'Académie
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'ACADÉ-
MIE IMPÉRIALE DES SCIENCES DE
VIENNE (le) annonce que cette Acadé-
mie, depuis sa fondation , a adressé régu-
lièrement à l'Académie des Sciences tou-
tes ses publications , et exprime la crainte
que quelques-uns des envois ne soient
pas parvenus à leur destination
Voir aussi les articles Académie et
Société.
SECRÉTAIRES PERPÉTUELS DE L'A-
CADÉMIE (les). Voir aux articles de
M. Arago et do M. Flourens.
SECRÉTAN. — Mémoire sur un perfection-
nement important de l'oculaire quadruple
des lunettes achromatiques
SEDILLOT (C). — Sur l'urétrotomie péri-
néale, appliquée au traitement des rétré-
cissements de l'urètre
SÉGOND. — Un travail de M. Ségond, sur la
phonation, est réservé par la Commission
du prixdePhysiologie expérimentalepour
un prochain concours
SEGUIN. — Note sur les moyens d'atténuer
les vibrations produites à la surface du
mercure dans le voisinage des routes , des
chemins de fer et des usines, dans le but
de faciliter les observations astronomi-
ques (en commun avec M. Mauvais)
SEGUIN ( J.-M.). — Mémoire sur les couleurs
accidentelles
SERRES. — Instructions pour une expédition
scientifique qui doit se faire dans l'Ame -
riquedu Sud, sous la direction de M. Emile
Deville. ( Partie anthropologique. )
SERRET (J.-A.).— Mémoire sur une classe
étendue de systèmes d'équations différen-
tielles qui se rattachent à la théorie des
courbe3 à double courbure
SESTIER présente au concours pour les prix
de la fondation Montyon, son «Traité
de l'angine laryngée oedémateuse »
S1LVESTRE. — Note sur un moyen destiné à
prévenir le déraillement des convois mar-
chant sur chemins de fer
SIRE (G.). — Note sur un appareil pouvant
servir à démontrer la rotation delà Terre.
43i et
— Note sur un appareil simple propre à mon-
trer de quoi dépend la pression exercée
par les liquides sur le fond des vases. . . .
SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES
DE HAMBOURG (la) annonce l'envoi
3t
■i>.\
o43
592
6c,r,
5o3
476
82
5o
i5o
834
Î2I
953
( ioi4
MM. Pages.
du deuxième volume, seconde partie, de
ses Mémoires 370
STANSK.I communique un nouveau fait de
mort subite causée par le chloroforme. . . 5^3
SUSSEX (de). — Remarques concernant une
MM. pa,,s.
Note de M. Jacquemart, sur le danger
qu'il y aurait à transformer en sels fixes le
sous-carbonale d'ammoniaque contenu
dans les engrais jg4
TALBOT et Guébàud,. — Une mention est
accordée à MM. Talbot et Guéraud pour
leur « Petite géographie de la Loire Infé-
rieure» (concoursdeStatislique.de i85a). 893
TEMMINCK , nommé h une place de Corres-
pondant pour la Section d'Anatomie et de
Zoologie, adresse ses remercîments à l'A-
cadémie roi
THENARD.— Rapport sur un Mémoire do
M. Lccnnu, ayant pour titre: « Nouvelles
études chimiques sur le sang».. 207 et 273
— A l'occasion d'une communication concer-
nant la maladie des raisins, M. Thenard
demande si les essais qui ont été faits
pour la guérison des vignes malades ont
conduit à quelque résultat satisfaisant. . 268
— Remarques à l'occasion d'un Rapport fait
par M. Bussy sur les travaux relatifs à la
recherche de l'iode, par MM. Chatin,
Marchand, Niepce et Meyrac 5i6
— Remarques à l'occasion d'une communica-
tion de M. Boussingauh , sur la cause de
la transformation du pain tendre en pain
rassis 5gi
THIBAULT. — Mémoire ayant pour titre :
« Investigation des phénomènes de la na-
ture, basée sur les lois de la physique et
de la chimie » 104
TIC-RI (A.). — Résumé de plusieurs observa-
tions concernant des calculs urinaires for-
més principalement de carbonate de chaux
( cette Note , par suite d'une signature peu
lisible, aété inscrite sousle nom de Nigri\.
20 et 267
TOURASSE. — Description et figure d'un
appareil désigné sous le nom de locomo-
tive de montagnes 333
TOYNBEE. — Sur la possibilité de remédier,
dans certains cas , à la surdité , en établis-
sant, quand il y a perforation de la mem-
brane du tympan , un tympan artificiel . . 392
— Sur l'emploi d'une membrane du tympan
artificielle , dans les cas de perforation ou
de destruction de cette partie de l'appareil
auditif 399 et 856
TRECUL (A.). — Observations sur quelques
assertions de M. Gaudichaud, concernant
l'accroissement des végétaux 137
— Origine et composition des fibres ligneuses
et des fibres du liber i/j8
— Etudes anatomiqiies et organogéniques sur
la Victoria regia , et structure comparée du
Nelumbium , du Nuphar et de la Victoria.. 65/j
— Origine et développement des loupes et des
broussins 682
— Reproduction du bois et de l'écorce à la
surface de l'aubier décortiqué 846
— M. A. Trécul est présenté, par la Section
de Botanique, comme l'un des candidats
pour la place devenue vacante par le décès
de M. Richard 962
TRIGER. — Le prix de Mécanique de la fon-
dation Montyon est accordé à M. Triger
pour son procédé de refoulement de l'eau
dans les terrains aquifères, au moyen de
l'air comprimé 874
TROUESSART.— Mémoire ayant pour titre :
« Essai d'une théorie de la vision » 20
— Notes faisant suite à ses recherches sur la
théorie de la vision i34, 398 et 4"''
TROUSSEAU. — Un prix est accordé à
M. Trousseau pour avoir perfectionné et
simplifié l'opération de la trachéotomie
(concours de Médecine et de Chirurgie
do i8b2) 908
TSCHEP. — Note sur la possibilité de prédire,
par IVtudc des nuages, les changements de
temps jusqu'à six mois d'avance. ....... tfft
TULASNE (L.-R. ). - Nouvelles recherches
sur l'appareil reproducteur des Champi-
gnons 841
— M. L.-R. Tulasne est présenté, par la Sec-
tion de Botanique, comme l'un des can-
didats pour la place devenue vacante par
suite du décès de M. Richard , 962
( ioi5 )
MM. Fa6«.
VALENCIENNES est désigné pour rempla-
cer, dans la Commission chargée d'exami-
ner un travail de M. le général Carbuccia
sur les dromadaires, M. de Gasparin, dont
l'absence parait devoir se prolonger 21
VALETTE, en adressant au concours pour
les prix de Médecine et de Chirurgie de la
fondation Monlyon , un Mémoire sur la
possibilité de lier l'artère occipitale près
de son origine, envoie une indication de
ce qu'il considère comme neuf dans son
travail 29 1
VALLEE (L.-L. ). — Mémoire ayant pour
litre: «De la vision considérée dans les
influences, en quelque sorte moléculaires,
exercées dans les réfractions, et du phé-
nomène de l'irradiation » 67g
VALLOT adresse un spécimen de Lycoperdon
pedunculatum , Linn., remarquable par
une disposition qui ne parait pas avoir
été signalée par les botanistes 7J0
VALORY (de). — Note sur une concrétion
siliceuse dont les formes générales et les
dimensions sont à peu près celles d'une
tête humaine 17
VALZ. — Eléments de la seconde comète de
i852 (Lettre à M. Ârago) 3(io
— Cartes des étoiles situées à 1 | degré au
nord et au sud de l'écliptique, destinées
à amener, dans un temps assez court, la
découverte de toutes les petites planètes
( Lettre à M. Ârago) 36i
— Nouveaux éléments do la seconde comète
de i85i (communiqués par M. Arago).. 436
— M. Vais envoie un nouveau spécimen des
cartes célestes dressées sous sa direction
par M. Chacornac fio5
— Eléments de la planète Massalia G75
— Sur le nom de Massalia donné à la nouvelle
planète Jbid.
— Nouveaux éléments de la planète Massalia. 821
VATTEMARE adresse une liste d'ouvrages
qu'il a été chargé par diverses institu-
tions scientifiques des États-Unis et par
quelques savants du même pays, d'offrir
à l'Institut pour sa bibliothèque 228
VELPEAU.— Remarques sur une réclamation
de priorité adressée par M. Barthélémy,
relativement aux instruments en caout-
MM. la!*»,
chouc soumis par M. Gariel au jugement
de l'Académie 297
— M. Velpeau fait hommage, au nom de l'au-
teur, M. Vidal (de Cassis), d'un exem-
plaire de l'ouvrage que vient de publier
ce médecin sur les maladies vénériennes. 610
VERDEIL ( F. ). — Recherches sur la compo-
sition des matières sol ubles extraites, par
l'eau, des terres fertiles (en commun avec
M. E. Risler) g5
VERIOT. — Mémoire ayant pour titre :
« Système de roues à palettes mobiles ;
application aux bateaux à vapeur, aux
moulins à vent, etc. » 73!
VERRONNA1S envoie, de Metz , au concours
pour le prix de Statistique , deux publica-
tions concernant la statistique du dépar-
tement de la Moselle 291
VERSEPTJY. —Note sur le blanc de plomb
comparé au blanc de zinc io3
VEZU. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance
du a août) 197
— M. Vezu. demande l'ouverture de ce paquet
qui se trouve contenir une Note sur une
méthode de traitement de la maladie de
la vigne 228
V1AL. — Note concernant la démonstration
élémentaire de plusieurs propositions de
géométrie ("Or>
VIDAL, de Cassis, prie l'Académie de vouloir
bien admettre au concours pour les prix
de Médecine et de Chirurgie, le • Traité
des maladies vénériennes » dont M. Vel-
peau a présenté, en son nom, un exem-
plaire 868
VILLARCEAU (Yvon). — Recherches sur le
prochain retour de la comète de d'Arrest. 827
— Mémoire relatif à l'établissement des ar-
ches de pont. (Rapport sur la deuxième
partie de ce Mémoire; Rapporteur M. Pon-
celet . ) 597
VILLE (G.). —Recherches expérimentales
sur la végétation 4^4 et ^5o
VOLPICELLI. — Expériences sur le rayonne-
ment solaire ( Lettre à M . Arago ) $53
VTJLP1AN. — Détermination des parties qui
constituent l'encéphale des Poissons ( en
commun avec M. fhilipeauz). ( Rapport sur
ce Mémoire; Rappor;eur M. Duvernoy,). 169
( ioi6 )
w
MM. Page».
WALLER. — Mémoires sur le système ner-
veux 3oi et 56i
— Le prix de Physiologie expérimentale est
partagé entre MM. Waller et Budge, pour
leurs recherches concernant les fonctions
du système nerveux ganglionnaire 8g5
WELTER, Correspondant de l'Académie ; sa
mort , arrivée le 6 juillet , est annoncée à
l'Académie 37
WERDET père. — Note sur une encre de sû-
reté de son invention 945
WERTHEIM.— Deuxième Note sur la double
réfraction artificiellement produite dans
des cristaux du système régulier 276
— Remarques à l'occasion d'une Note récente
de M. Garnier sur les chaleurs spécifiques
Jles corps composés 3oo
— Note sur des courants d'induction produits
MM. Pjg,,,.
par la torsion ^02
WESTPHAL.— Comète découverte par lui le
24 juillet i85î igi
WILSON ( J. ), secrétaire de la Société royale
d'Edimbourg, prie l'Académie de vouloir
bien lui faire savoir si elle a reçu un Mé-
moire adressé pour le concours au grand
prix de Mathématiques de i853, Mémoire
qu'il désigne par l'épigraphe mise en tète. 670
WOLF. — Liaison entre les taches du Soleil
et les variations en déclinaison de l'ai-
guille aimantée (Lettre à M. Ârago). . . . 364
— Sur le retour périodique des minimums des
taches solaires; concordance entre ces pé-
riodes et les variations de déclinaison ma-
gnétique 704
WURTZ. —Sur l'alcool butylique. 3io
YVON VJLLARCEAU. Voyez Villmceau.
Z ALE WSK1 écrit par erreur pour
ZALIWSKI.— Note sur l'électricité considé-
rée comme cause des effets attribués à la
gravitation universelle 49
M. Zaliwski demande et obtient l'autorisa-
tion de reprendre ce Mémoire 22g
— Mémoire sur les phénomènes de la gravi-
tation universelle, considérés comme dus
à l'action de forces électriques g5
— Considérations sur le système du monde,
et en partie sur la marche de la lumière
émise par les corps célestes i85
— Note intitulée : « Recherches sur la lu-
mière 3oo et 478
ZANTEDESCHI. — M/ Arago présente, au
nom de M. Zantedeschi, une Note sur une
question de dynamique chimique débat-
tue entre ce physicien et M. Bizio 359
— De la différence de pouvoir dispersif des
deux électricités (Note communiquée par
M. Arago) 441
— Nouvelles expériences d'électricité ani-
male 48"
— Note sur les mouvements que présentent
quelques végétaux exposés à l'action de la
lumière lunaire 522
ERRATA. (Tome XXXV.)
Voyez aux pages 232, 272, 5^6, 671 , 760, 808, 928 et 967.
PARIS. — IMPRIMERIE DE MALLET-BACHELIER ,
rue du Jardinet, 12.
Sa'